En cours au Siège de l'ONU

9524e séance – après-midi  
CS/15551

Des frappes ukrainiennes sur la ville russe de Belgorod entraînent une nouvelle réunion convoquée en urgence ce samedi au Conseil de sécurité

Pour le second jour consécutif, le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence au sujet du conflit entre l’Ukraine et la Fédération de Russie. 

Hier, ce fut à l’initiative de l’Ukraine, qui a essuyé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une des plus lourdes attaques aériennes depuis le début de son invasion par la Fédération de Russie, voici presque deux ans; ce samedi, ce fut à la demande de la Fédération de Russie, indignée par des frappes meurtrières ayant atteint Belgorod, localité russe située à environ 30 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine.

Tout en précisant que l’ONU n’était pas en mesure de vérifier le bilan matériel et humain, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, M. Khaled Khiari, a rapporté que les attaques aériennes sur Belgorod avaient fait au moins 18 morts parmi les civils, dont 2 enfants, et endommagé plusieurs infrastructures civiles, notamment le bureau du Gouvernement régional et la faculté de médecine.

M. Khiari s’est exprimé alors même qu’on l’alertait de nouvelles attaques sur toute l’Ukraine.  « Il y a quelques heures à peine, la ville de Kharkiv aurait été attaquée et les frappes auraient blessé des civils et endommagé des infrastructures civiles », a-t-il informé les délégations. 

La Russie a vertement reproché à la République tchèque, qu’elle accuse d’avoir fabriqué les armes s’étant abattues sur Belgorod, d’avoir refusé son invitation à participer à la réunion d’urgence.  L’évaluation objective de ce qui s’est passé il y a quelques heures, a aussi formulé la Russie, est « une attaque terroriste du régime de Kiev contre des civils de la ville russe de Belgorod », une attaque commise avec la « participation directe » de consultants britanniques et américains.  La Russie a aussi usé d’un mot-valise, « Ukronazis », en accusant de complicité ceux qui gardent le silence face à leur « barbarie effrénée ». 

Des membres du Conseil ont réagi en déplorant, comme l’Albanie et le Japon, les victimes civiles de tout bord.  Dans leur majorité cependant, ils ont affirmé que la Russie s’était rendue responsable de la mort de civils russes en déclenchant la guerre.  La Suisse, d’abord, pour qui les attaques sur Belgorod sont la « conséquence tragique de la guerre déclenchée par la Russie ».  La France, aussi, qui a rappelé l’initiative russe d’attaquer l’Ukraine le 24 février 2022 et qui a invité la Russie à mesurer le coût de cette guerre pour elle-même.  « Si elle n’avait pas envahi l’Ukraine et si elle ne bombardait pas quotidiennement depuis des mois les villes et villages ukrainiens, nous ne serions pas là à nous réunir cet après-midi », a-t-elle cinglé.  Emboîtant le pas, l’Albanie a jugé que « sans agression, il n’y aurait ni victimes, ni destructions et encore moins une tentative ridicule de faire porter le chapeau à l’Ukraine ».  Enfin, le Royaume-Uni a fait valoir que « des centaines de milliers de soldats russes se trouvent en Ukraine alors qu’il n’y a pas un seul soldat ukrainien en Russie », tandis que les États-Unis ont jugé que le Président russe Vladimir Putin était « responsable de cette situation absurde ».

Si le Conseil se réunit à nouveau aujourd’hui au sujet de la guerre sur son sol, ses membres doivent se tenir prêts à se réunir « demain et chaque jour que durera la guerre russe » contre son pays, a pour sa part réagi l’Ukraine, en demandant une fois encore à la Russie, en s’appuyant sur la résolution de l’Assemblée générale du 23 février 2023, de cesser son agression, de retirer ses troupes du territoire ukrainien, de reconnaître sa responsabilité et d’accorder des réparations.

Dans un clin d’œil au réveillon du nouvel an qui s’approche, l’Équateur a espéré qu’en 2024, la diplomatie aurait le dernier mot et que les armes se tairont en Ukraine.  D’autres intervenants se sont montrés moins optimistes, notamment M. Khiari, pour qui cette dernière série d’attaques est un rappel criant du danger de l’escalade et du risque de voir le conflit se répandre.  Les Émirats arabes unis ont eux aussi craint l’escalade, avec des risques accrus pour les civils des deux pays, mais également une déstabilisation des sociétés européennes et mondiales, envisageant un scénario catastrophe où « la situation pourrait nous échapper ».

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Comme nous le craignions, a déclaré M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, le cycle des morts et des destructions de ce conflit de deux ans, a été illustré hier par l’attaque généralisée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine qui a tué 39 civils ukrainiens, avant de s’intensifier pendant la nuit.  Selon les autorités russes, les tirs de missiles et de roquettes de l’Ukraine contre la ville de Belgorod, à 30 kilomètres de la frontière ukrainienne, auraient fait au moins 18 morts parmi les civils, dont 2 enfants. 

Les attaques contre différents sites dans le centre-ville de Belgorod auraient endommagé plusieurs infrastructures civiles, notamment le bureau du Gouvernement régional et la faculté de médecine.  Ce sont les frappes les plus meurtrières lancées contre la Russie depuis le lancement de son invasion à grande échelle de l’Ukraine, en violation du droit international, a ajouté le haut responsable.  Les autorités militaires russes ont aussi signalé des attaques de drones éparses dans plusieurs régions russes, dont celle de Moscou.  Entre-temps, les autorités ukrainiennes ont rapporté plusieurs attaques de drones russes dans la région de Kherson. 

L’ONU, a-t-il précisé, n’est pas en mesure de vérifier tous ces signalements ni le nombre de victimes, alors même que de nouvelles alertes lui parviennent de toute l’Ukraine sur de nouvelles attaques.  Il y a quelques heures à peine, la ville de Kharkiv aurait été attaquée et les frappes auraient blessé des civils et endommagé des infrastructures civiles.  Cette dernière série d’attaques est un rappel criant du danger de l’escalade et du risque de voir le conflit se répandre.

Le Sous-Secrétaire général a réitéré les appels du Secrétaire général de l’ONU à une désescalade des tensions et à ce que soit mis fin aux attaques contre les civils, les centres urbains, les zones résidentielles et les infrastructures civiles et énergétiques.  Condamnant sans équivoque les attaques contre les villes et villages ukrainiens et russes, il a rappelé qu’elles constituent une violation du droit international humanitaire, qu’elles sont inacceptables et qu’elles doivent cesser immédiatement.  La protection des civils doit être la priorité absolue.  Le bain de sang doit cesser et la guerre doit prendre fin, a-t-il conclu.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est demandé où étaient, aujourd’hui, ces personnes, représentants d’États membres de l’Union européenne, à qui l’on demande d’assister en masse aux réunions.  « Où est le représentant de la République tchèque dont le pays est le lieu où ont été produits les missiles ayant frappé la Russie? »  Il a dit avoir invité le Représentant permanent tchèque à participer à la réunion, mais que celui-ci avait refusé.  « Où est le représentant de la Pologne, qui nous a parlé hier d’un missile ayant survolé son territoire? »  Le délégué a ironisé sur un missile recherché et qui n’a pu être trouvé par 500 soldats. Selon lui, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont aujourd’hui l’occasion de remplir leur devoir et de faire une évaluation objective de ce qui s’est passé il y a quelques heures, « une attaque terroriste du régime de Kiev contre des civils de la ville russe, Belgorod ».  Il a affirmé que le centre-ville et des quartiers résidentiels ont été la cible de tirs d’armes à sous-munitions provenant de la ville frontalière ukrainienne de Voltchansk, dans la région de Kharkov.  Et l’une des cibles des missiles ukrainiens était le complexe sportif Dynamo de Belgorod où se déroulaient à ce moment-là des cours de gymnastique avec des enfants, a-t-il précisé, l’autre étant une patinoire du centre-ville, où se trouvaient des parents avec enfants.  Il a évoqué l’utilisation de missiles de type Vilkha, de bombes à fragmentation, ainsi que de missiles tchèques Vampire.

Pour le représentant, il s’agit d’opérations aveugles et délibérées et non d’une frappe sur des cibles militaires.  Ce sont selon lui des « actes terroristes délibérés dirigés contre des civils ». Il a parlé de 18 personnes décédées, dont 3 enfants, et de 108 blessés, dont 5 enfants et 12 adultes qui sont dans un état critique.  Il a affirmé que l’organisation de cet attentat terroriste avait vu la participation directe de consultants britanniques et américains qui incitent régulièrement les autorités ukrainiennes à commettre des actes sanglants.  De même, l’Union européenne continue « obstinément et de manière irresponsable » de fournir des armes à la « clique dirigeante ukrainienne », a encore affirmé le représentant.

Il a rappelé que la Russie avait lancé l’opération spéciale pour mettre un terme à ce que faisait le régime de Kiev dans le Donbass, à savoir le bombardement de ses villes en toute impunité depuis huit ans.  Il a affirmé que tous les organisateurs et auteurs de ces crimes, et d’autres de la « junte de Kiev », subiraient une punition inévitable.  Garder le silence face à la barbarie effrénée des « Ukronazis et de leurs marionnettistes » s’apparenterait à une complicité, a-t-il argué.  Il a rappelé la métaphore utilisée pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale par le Président polonais qui avait comparé l’Ukraine à « un homme qui se noie et qui peut entraîner tous ceux sur lesquels il s’accroche ».  Selon lui, les dirigeants ukrainiens veulent entraîner dans leur chute non seulement le peuple ukrainien, mais aussi ceux qui leur fournissent du matériel militaire et des munitions, soi-disant pour se défendre contre la Russie. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que c’est la Russie qui a attaqué l’Ukraine le 24 février 2022, et, depuis, le coût déjà payé par le peuple ukrainien est insupportable.  Mais la Russie doit également mesurer le coût de cette guerre pour elle-même: si elle n’avait pas envahi l’Ukraine et si elle ne bombardait pas quotidiennement depuis des mois les villes et villages ukrainiens depuis, nous ne serions pas là à nous réunir cet après-midi, a-t-il argué.  Dès le mois de mars 2022, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait clairement demandé à la Russie que son armée quitte sans délai les territoires de l’Ukraine, a rappelé le délégué, qui a également appelé la Russie à cesser de violer les résolutions du Conseil de sécurité en s’approvisionnant en armements en Iran et en Corée du Nord.  Il a également regretté que la Russie, membre permanent, continue d’instrumentaliser les travaux du Conseil de sécurité.  L’Ukraine se défend et elle respecte la Charte des Nations Unies, a martelé le représentant avant de sommer la Russie à mettre fin à sa guerre d’agression.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a passé en revue les violences de ces derniers jours et déploré spécifiquement la destruction d’écoles durant ce conflit.  Il a souligné que le droit international humanitaire devait être respecté à tout moment et que les civils devaient être protégés et épargnés durant les opérations militaires.  Or les frappes aériennes montrent que, près de deux ans après le déclenchement de cette guerre, le risque que cette dernière s’étende reste majeur.  Depuis la fin de l’Initiative de la mer Noire, les activités militaires sont en augmentation dans le bassin de la mer Noire, a-t-il ajouté.  Des navires civils ont été endommagés, dont un qui a été touché par une mine la semaine dernière.  Le délégué émirien a craint une nouvelle escalade et des risques accrus pour les civils des deux pays, ainsi qu’une déstabilisation des sociétés européennes et mondiales.  « La situation pourrait nous échapper », a-t-il craint.  Il a enfin jugé qu’une solution diplomatique négociée était urgente, les risques qu’entraînaient cette guerre étant « trop importants pour la région et la communauté internationale ». 

M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a rappelé que des centaines de milliers de soldats russes se trouvent en Ukraine alors qu’il n’y a pas un seul soldat ukrainien en Russie.  Le délégué a estimé que si la Russie veut accuser quelqu’un pour le décès des Russes dans cette guerre, elle devrait d’abord accuser le Président Putin qui a déclenché cette guerre.  Comme la Russie n’a pu remporter la bataille sur le champ militaire, alors elle cible désormais les civils, a-t-il déploré en soulignant que des enfants ukrainiens font partie des victimes.  La Russie a commencé cette guerre et peut y mettre fin, a-t-il dit, ajoutant que l’Ukraine a le droit de se défendre.

M. IRIYA TAKAYUKI (Japon) a d’abord rappelé que les attaques aveugles contre des populations civiles innocentes constituent un crime de guerre. Il a ensuite appelé les membres du Conseil à ne pas perdre de vue la raison pour laquelle ils se réunissent aujourd’hui.  « Cette situation ne se serait pas produite si la Russie n’avait pas lancé son agression illégale contre l’Ukraine », a-t-il déclaré.  Le représentant a rappelé que l’écrasante majorité de l’Assemblée générale de l’ONU estime que l’agression russe viole de manière flagrante le droit international, notamment la Charte des Nations Unies.  Comme indiqué à plusieurs reprises, notamment lors de la réunion du Conseil de sécurité d’hier, le Japon continuera à se tenir aux côtés de l’Ukraine jusqu’au jour où une paix globale, juste et durable en Ukraine, une paix respectant tous les buts et principes de la Charte des Nations Unies, sera réalisée, a déclaré le délégué.  Il a enfin, « une fois de plus », demandé à la Russie de se retirer immédiatement et sans condition des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. 

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a regretté que des milliers de civils aient été tués depuis le début de la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine, évoquant notamment les victimes de l’attaque de grande ampleur lancée hier par la Russie contre l’Ukraine.  Il a reproché à la Russie de chercher à se positionner en victime alors que c’est elle qui est à l’origine de cette guerre.  La seule manière de mettre fin aux souffrances que subissent les innocents des deux côtés reste que la Russie cesse toute hostilité et se retire de l’Ukraine.  C’est ce qui aurait dû être le point saillant de la réunion d’aujourd’hui, a estimé le délégué.  Tant que ce n’est pas le cas, l’Ukraine a le droit de se défendre et de s’appuyer sur ses alliés, a-t-il insisté.

M. JOHN KELLEY (États-Unis) a regretté les pertes en vies humaines pendant ce conflit.  C’est Vladimir Putin, a-t-il martelé, qui est responsable de cette situation absurde.  L’on ne parle pas seulement de 100 000 soldats tués sur le champ de bataille mais aussi de pertes civiles et de familles déchirées dont certains membres sont obligés de partir.  La Russie pourrait mettre un terme à cette guerre aujourd’hui et saisir sa capitale plutôt que le Conseil de sécurité de ses récriminations.  Le représentant a appelé les parties à prendre des mesures pour épargner les civils, sans oublier d’exiger, une nouvelle fois, de la Russie qu’elle retire ses troupes de tout le territoire ukrainien. 

M. GUSTAVO SÉNÉCHAL DE GOFFREDO JUNIOR (Brésil) a dit avoir mis en garde, depuis près de deux ans, contre l’immense coût en vies humaines du conflit en Ukraine.  Les décès enregistrés à Belgorod illustrent une fois de plus les souffrances imposées aux civils des deux côtés de la ligne de front, a-t-il regretté.  De nombreux ressortissants brésiliens vivent et étudient dans cette région, a-t-il noté avant d’exprimer la solidarité du Brésil avec les familles de toutes les victimes et avec les personnes blessées dans l’attaque.  Pour le représentant, il est essentiel et urgent de désamorcer le conflit, de créer les conditions d’un dialogue et d’entamer des négociations en vue d’une paix durable, en tenant compte des objectifs et principes de la Charte des Nations Unies et des préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité.

L’afflux croissant d’armes dans le conflit ne fera qu’attiser la violence et ne contribuera pas à y mettre fin, a fait valoir le représentant qui reste convaincu que seule la fin de cette guerre permettra d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent.  Il a exhorté les parties à respecter les obligations qui leur incombent en droit international humanitaire et à s’engager dans la recherche d’une solution pacifique à la crise.  L’Article 33 de la Charte des Nations Unies définit les outils permettant d’atteindre cet objectif, leur a-t-il signalé en soulignant que le strict respect de la feuille de route établie par les fondateurs de l’ONU est un devoir pour tous les membres de la communauté internationale.

M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a qualifié de « mensonges éhontés » les déclarations russes selon lesquelles les frappes aériennes russes menées contre l’Ukraine n’avaient touché aucun civil.  Au contraire, les civils ukrainiens continuent d’être les victimes d’attaques acharnées.  Aujourd’hui, la Russie s’inquiète du sort des civils de Belgorod: l’Albanie, qui condamne toute attaque contre des civils, qu’ils soient ukrainiens ou russes, a appelé à ne pas se laisser tromper pour autant par un discours russe qui a, depuis longtemps, montré ses limites. 

La question centrale est que la Russie a voulu cette guerre et qu’elle est responsable à tout point de vue de ce confit.  Sans agression, il n’y aurait ni victimes, ni destructions et encore moins, une tentative ridicule de faire porter le chapeau à l’Ukraine, s’est emporté le délégué.  On essaie de nous faire croire aujourd’hui que le noir c’est du blanc, a-t-il ajouté, dénonçant un discours russe fallacieux.  La responsabilité de la situation actuelle incombe aux politiques et aux actes de la Russie. Le Kremlin poursuit l’objectif sinistre de démanteler le territoire ukrainien et de le soumettre à sa propagande, a conclu le délégué, estimant que l’Ukraine a le droit de se défendre. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a indiqué que les attaques sur Belgorod d’aujourd’hui sont une autre conséquence tragique de la guerre déclenchée par la Russie.  Il a pris note des informations faisant état de destructions dans des zones résidentielles et de victimes civiles et a appelé toutes les parties au conflit à respecter strictement le droit international humanitaire.  Pour éviter plus de souffrance dans la population civile, une désescalade est primordiale, a-t-il déclaré.  Pour cette raison, nous appelons à nouveau la Russie à cesser toutes les opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes du territoire ukrainien, a-t-il dit, tout en promettant que la Suisse continuera de s’engager en faveur d’une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a noté qu’en raison de l’intensification de la guerre, le Conseil a eu à se réunir pour la deuxième fois depuis hier. Chacune des réunions du Conseil devrait être orientée vers la recherche de solutions pour mettre fin à la guerre en Ukraine, a-t-elle estimé.  Les attaques massives de Belgorod hier et celles de « Kiev » et d’autres villes en Ukraine, le jour d’avant, sont le reflet d’une violence meurtrière qui agite l’épouvantail d’un embrasement du champ des hostilités, a-t-elle regretté avant d’appeler les parties à cesser toute escalade militaire et toute action de nature à envenimer les antagonismes.  Il est temps de mettre fin à la guerre en Ukraine, a martelé la déléguée en encourageant ses homologues à faire converger leurs énergies vers la recherche d’une solution aux conflits et non à chercher à les justifier. 

M. TARCÍSIO BALTAZAR BUANAHAGI (Mozambique), très préoccupé par les récents rapports sur une attaque de Belgorod, a estimé à regret qu’il s’agit là d’un signe supplémentaire de l’escalade de la violence dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.  Cette escalade constitue une menace sérieuse à la paix et la sécurité aux niveaux local, régional et international, a déclaré le délégué en enjoignant « une fois de plus » les parties à négocier la cessation des hostilités.  Il les a aussi exhortées à assumer leurs responsabilités en matière de protection des civils, ainsi qu’à respecter rigoureusement tous les instruments pertinents du droit international humanitaire.  « La seule façon de mettre fin à ce conflit et de jeter les bases d’une paix durable entre les deux nations est de soutenir une solution diplomatique et négociée entre les deux pays voisins », a-t-il conclu.

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a dit, s’agissant des réunions d’hier et de ce jour au Conseil, que les deux situations laissent voir la perte et la mise en danger des vies et des moyens de subsistance des civils alors que les deux pays voisins ont choisi de donner la priorité à la logique militaire pour résoudre ce différend.  La déléguée a souligné que les civils et les infrastructures civiles ne sont pas et ne devraient pas être des cibles de guerre.  Elle a appelé à la désescalade des tensions et aux efforts diplomatiques pour soutenir la cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités.  La communauté internationale ne doit ménager aucun effort pour amener les parties à résoudre, ensemble, leurs différends par un dialogue constructif et d’une manière qui assure une paix durable, a-t-elle plaidé.  La représentante a terminé son intervention en appelant la Fédération de Russie à mettre fin à sa guerre d’agression contre l’Ukraine.

M. GENG SHUANG (Chine) a constaté que le conflit en Ukraine ne fait qu’imposer des souffrances aux populations et qu’il constitue un obstacle à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer pour un dénouement diplomatique et souligné la disposition de son pays à apporter sa contribution. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a rappelé aux parties leur obligation d’épargner les personnes et infrastructures civiles.  L’agression militaire contre l’Ukraine est une tragédie pour les peuples de Russie et d’Ukraine: elle doit donc cesser, a-t-il insisté.  Exprimant une fois de plus ses craintes que la logique militaire persiste, empêche le dialogue et la négociation, et provoque une escalade et un débordement régional du conflit, le délégué équatorien a espéré qu’en 2024, la diplomatie aura le dernier mot et que les armes se tairont.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour souligner « la rengaine de certaines délégations » qui aiment dire que la Russie détourne l’attention du Conseil et que c’est elle qui a déclenché la guerre.  Il a rétorqué que si les accords de Minsk avaient été appliqués, et si les autorités ukrainiennes n’avaient pas lancé des opérations contre leur propre population au Donbass, rien de tout ce qui se passe aujourd’hui ne serait arrivé.  À la France et à Malte qui ont parlé de légitime défense de l’Ukraine, il a rappelé que la Russie ne vise que des infrastructures militaires, alors que l’Ukraine tourne ses armes sur les civils.  Il a aussi relevé que les « Ukronazis » saluent l’attaque de Belgorod sur les réseaux sociaux.  Enfin, dénonçant les propos cyniques entendus à cette séance, il a lancé aux participants: « Honte à vous! »

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a remarqué que le Conseil de sécurité s’est réuni hier, qu’il se réunit à nouveau aujourd’hui et que ses membres devraient se tenir prêts à se réunir demain et chaque jour que durera la guerre russe contre son pays.  Tant que cette guerre, déclenchée par le « dictateur du Kremlin », durera, le bilan des morts et des souffrances continuera de s’alourdir.  Hier, a rappelé le représentant, nous avons informé le Conseil du bilan dévastateur de l’attaque de missiles et de drones menée par la Russie.  Depuis, le nombre de victimes n’a cessé d’augmenter, et aujourd’hui, sept nouveaux corps ont été retirés des décombres d’un entrepôt touché hier par un missile russe. 

Alors que nous essayons de nous remettre de l’horrible attaque d’hier, de nouvelles vagues de terreur russe nous frappent.  Le représentant a fait état d’une nouvelle attaque russe contre Kharkiv et plusieurs villes et villages ukrainiens.  Il n’y a qu’un seul moyen de mettre fin aux souffrances humaines et aux destructions, a-t-il tranché: mettre fin à cette guerre.  Il est déconcertant qu’une idée aussi simple échappe aux membres de la délégation russe qui se targuent d’être des diplomates.

Le représentant a sommé la Russie de prendre la seule décision juste, comme le souligne la résolution de l’Assemblée générale du 23 février 2023 intitulée « Principes de la Charte des Nations Unies qui sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  Cette décision peut être prise immédiatement par une seule personne au Kremlin, à savoir cesser l’agression, retirer les troupes russes du territoire ukrainien et préparer ce qui suit généralement la fin d’une guerre: reconnaître sa responsabilité et accorder des réparations.  Une fois cette guerre terminée, il n’y aura plus ni souffrance humaine, ni victime civile en Europe et encore moins de raison pour le Conseil de sécurité de se réunir, à nouveau, sur cette question.

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