En cours au Siège de l'ONU

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour l’organisation béninoise ONG L’Ange Gardien et sept autres ONG

Session de 2024,
5e & 6e séances plénières, matin & après-midi
ONG/966

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour l’organisation béninoise ONG L’Ange Gardien et sept autres ONG

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi, aujourd’hui, les travaux de sa session de 2024 en recommandant l’octroi du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) à huit nouvelles ONG dont la béninoise ONG L’Ange Gardien. L’examen des demandes de 75 autres a été reporté à la suite de questions adressées à ces ONG par les membres du Comité. 

Le Comité des ONG peut recommander trois différents statuts consultatifs.  Le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  Le Comité peut aussi recommander « la Liste » aux ONG qui travaillent d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites. 

Le statut consultatif spécial qui a été recommandé à ONG L’Ange Gardien est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC. 

Créée en 2017, cette ONG promeut le secteur primaire et les nouvelles technologies en milieu rural au Bénin.  En 2020, durant la pandémie de COVID-19, elle s’est mobilisée pour faire de la sensibilisation sur les bonnes pratiques d’hygiène.  En 2021, l’ONG a construit des écoles pour améliorer la qualité de l’enseignement fourni aux enfants démunis et des centres médicaux offrant des soins gratuits aux femmes enceintes. 

Le Comité a également recommandé d’octroyer le statut consultatif spécial à la sud-africaine WJ Mudolo Foundation qui appuie le renforcement des infrastructures communautaires locales comme les écoles, les dispensaires, l’eau et l’assainissement.  Si elle obtient le statut, l’ONG entend contribuer aux travaux de l’ECOSOC en apportant son savoir-faire en matière de formulation de réformes socioéconomiques au profit des groupes défavorisés africains. 

Sur les 75 ONG dont les demandes ont été reportées en attendant des compléments de réponse aux questions posées par le Comité, une poignée devra faire fonctionner ses sites Internet respectifs, notamment l’organisation pakistanaise Youth for Human Rights Pakistan et de l’indienne Y S Makhdoomi Memorial Educational Trust.  Le Service des ONG a cependant indiqué que la possession d’un site Internet n’est pas une obligation, en particulier pour les ONG du Sud. 

Le Comité des ONG se réunira de nouveau demain, jeudi 25 janvier, à partir de 10 heures. 

Demandes d’admission au statut consultatif pour lesquelles le Comité avait décidé de reporter l’examen lors de précédentes sessions  

Octroi du statut consultatif spécial  

  1. ONG L’Ange Gardien (Bénin)  
  2. Shanghai Arbitration Commission (Chine)  
  3. The Belt and Road International Lawyers Association (Chine)  
  4. WJ Mudolo Foundation (Afrique du Sud)   
  5. Women Empowerment Association For Development In Africa (Cameroun)   
  6. Asociacion Psicoanalitica De Madrid (Espagne)  
  7. Centro Intercultural de Estudios de Desiertos y Océanos A.C (Mexique)  
  8. Foundation for a Drug Free World (États-Unis)

Examen des demandes de statut  

Les ONG ont vu leur demande de nouveau reportée suite aux nouvelles questions soulevées par des membres du Comité. 

Le Pakistan a demandé des informations sur les prêts accordés par l’International Human Right Organization (Pakistan) aux personnes handicapées.  Le Nicaragua a voulu en savoir plus sur les activités prévues en 2024 par l’Islamic Relief Committee (Sri Lanka) ainsi que sur les ressources qui y seront affectées.  Kalinga Institute of Industrial Technology Deemed to be University (Inde) devra fournir des précisions, à la demande du Pakistan, sur le contenu du mémorandum d’entente signé avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

Quel est le sort des enfants pris en charge par Keshava Kripa Samvardhana Samiti (Inde)? s’est enquis le Pakistan.  L’Algérie a demandé à Lunion marocaine des conseils et association de la société civile (Maroc) des détails sur l’utilisation des 300 000 dollars mentionnés dans son rapport.  La délégation algérienne a également voulu savoir si Leaders club de développement des compétences de la vie (Maroc) a participé à un événement organisé par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 

Le Pakistan a demandé à National Agro Foundation (Inde) des informations sur les formations de renforcement de capacités des femmes entrepreneuses.  La même délégation a prié la National Association of Palliative Care for AYUSH & Integrative Medicine (Inde) de préciser les soins qu’elle donne à ses patients.  Israël a prié le National Forum for Human Rights [Yemen] (Yémen) de fournir la liste de ses sources de financement. 

Nature Labs (Inde) a été invitée par l’Inde à inclure une seule adresse valide dans sa demande.  La Chine a demandé à Non-Governmental Organization « Association Of Wives And Mothers Of Soldiers Participating In Ato » (Ukraine) des informations sur sa participation à des activités organisées par l’ONU.  Bahreïn a exigé que l’Organisation Tamaynut (Maroc) détaille la provenance et l’utilisation des fonds qu’elle a reçus. 

Quels étaient les projets de Peace Justice Humanity and Relief Foundation (Inde) en 2021 et 2022? a questionné l’Inde.  Le Pakistan a réclamé à People’s Participation (Inde) des précisions sur sa participation à des organismes gouvernementaux.  Persatuan Cinta Gaza Malaysia (Malaisie) a été priée par Israël de fournir ses états financiers de 2022. 

Comment la Pragati Foundation (Inde) compte-t-elle procéder pour contourner son problème de financement? a interrogé le PakistanPusat Komas SDN.  BHD.  (Malaisie) a été priée par la Chine d’utiliser l’appellation officielle de Taiwan dans sa demande.  Quels sont les projets de Rainbow Volunteer Club (Chine) et qui sont ses partenaires? a questionné Bahreïn

Quelles étaient les activités de Samajik Yuva Sangthan Sansthan (Inde) en 2021? a interrogé le Pakistan.  Comment la Samaritan Help Mission (Inde) parvient-elle à financer des activités sans avoir prévu des dépenses administratives? a demandé l’IndeSewa International (Inde) devra pour sa part fournir au Pakistan la liste de ses principaux donateurs. 

À la demande des États-Unis, la Shenzhen Foundation for International Exchange and Cooperation (Chine) devra expliquer son processus de prise de décisions et fournir des détails sur son financement.  Comment la Shree Someshwar Education Trust (Inde) a-t-elle contribué à la pureté de l’air et au renouvèlement des ressources naturelles? a questionné le Pakistan.  Le Nicaragua a demandé à Sichuan Haihui Poverty Alleviation Center (Chine) plus de détails sur son histoire et ses succès. 

L’Algérie a exhorté le Social and Media Studies Institute (Maroc) d’expliquer la raison de la présence d’individus de différentes nationalités parmi ses membres.  Quel est l’état des recherches menées par le Sri Sharada Institute of Indian Management Research Foundation (Inde)? s’est renseigné le Pakistan.  Cette même délégation a prié Stella Maris Institute of Development Studies (Inde) des précisions sur sa participation à la réalisation du développement durable. 

Le Pakistan a également demandé à la Suchirindia Foundation (Inde) des rapports détaillés sur son programme de travail et ses sources de financement; à The Ecumenical Christian Centre Bangalore (Inde) le détail de sa participation à des conférences organisées par l’ONU; et à The Gulmit Educational and Social Welfare Society, Hunza Gilgit (Pakistan) des précisions sur ses services de protection sociale. 

Quelles sont les mesures prises par The Trustees of Global Peace Mission Trust Foundation (Malaisie) pour améliorer son efficacité et sa crédibilité au niveau international? a questionné le Pakistan.  Quel est le lien du Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. (TAOC-IG) (Philippines) avec l’ONU? a demandé Bahreïn.  Quelle est la raison de la forte augmentation de 300% des recettes de l’United Global Organization of Development (U-GOOD) (Pakistan)? a interrogé l’Inde

Voice of Youth Organization (Inde) devra envoyer au Pakistan ses états financiers certifiés de 2021 et de 2022.  Water, Environment and Sanitation Society – WESS (Pakistan) a été priée par l’Inde d’expliquer ses critères d’adhésion.  La Chine a demandé à West Papua Interest Association (Indonésie) des détails sur sa participation aux conférences de l’ONU en 2021 et 2022.  Par ailleurs, quel est le plan de travail de l’ONG en 2024?   

World Historic and Cultural Canal Cities Cooperation Organization (Chine) a reçu beaucoup d’argent du Gouvernement chinois.  Est-elle une ONG? ont interrogé les États-Unis.  Quelles sont les manifestations internationales organisées par la World Internet of Things Convention (Chine) au cours des trois dernières années? a demandé le Pakistan.  L’Inde a ensuite invité le Y S Makhdoomi Memorial Educational Trust (Inde) à informer le Comité dès que son site Web fonctionnera à nouveau. 

Bahreïn a demandé à Youchang Consulting (Chine) des informations sur ses activités avec la Zhejiang Seven Charity Foundation.  Pourquoi les dépenses administratives de Youth Parli of Pakistan (YPP) (Pakistan) dépassent-elles largement le budget pour les projets? a interrogé l’Inde qui a également réclamé des états financiers actualisés.  Le Youth for Human Rights Pakistan (Pakistan) devra faire fonctionner son site Internet pour que le Comité des ONG puisse s’informer sur ses activités, a également souhaité l’Inde.  Suite à cela, le Service des ONG a indiqué que la possession d’un site Internet n’est pas une obligation, en particulier pour les ONG du Sud. 

Zindagi Trust (Pakistan) a été priée par l’Inde de prouver le changement de sa politique.  La Chine a voulu que Le Centre Idriss El Fakhouri des Etudes et de Recherches en Sciences Juridiques Oujda (Maroc) fournisse la liste de ses membres honoraires. 

L’Algérie a demandé à A.D.A.M. (Association d’aide aux migrants) (France) de clarifier l’amalgame fait entre la catégorie des chômeurs et celle des étudiants, notant par ailleurs que dans ses réponses, l’ONG dit avoir quatre catégories de cotisants.  Action League for Palestinians of Syria LTD  (Royaume-Uni) a été invité par la Chine à donner des exemples concrets des données et statistiques vitales échangées avec d’autres organisations humanitaires et de préciser la nature de leurs relations.  La délégation chinoise a ensuite demandé des précisions sur les mesures adoptées par All Survivors Project Foundation (Liechtenstein) pour que tous ses financements soient alignés sur ses buts et objectifs. 

La Türkiye a demandé des informations quant au recrutement de volontaires par l’Association De Solidarité Bordeaux (France) et sur la façon dont le travail de ces bénévoles est supervisé.  Quels sont les ODD du Programme 2030 qui sont les plus pertinents dans le cadre de votre travail? a demandé l’Algérie à l’Association Des Juristes Spécialisés En Droits Etrangers (France).  Constatant que les contributions des membres représentent près de la moitié des recettes de l’Association Femmes Solidaires (AFS) (France), la Türkiye a voulu savoir si les membres peuvent participer à son processus de prise de décisions. 

La Géorgie a demandé à l’Association of Civilians and Organizations for Corporate Learning Development « Mako » (Fédération de Russie) de fournir plus de précisions sur sa participation à la manifestation parallèle organisée à la veille du présidium de l’ECOSOC en 2023. La délégation lui a également demandé de mettre en conformité ses références à l’Abkhazie et à l’Ossétie du Sud avec la terminologie de l’ONU.  L’Association of Lawyers of Russia (Fédération de Russie) devra fournir une liste des organisations avec lesquelles elle a noué des partenariats et une liste des projets en cours, à la demande des États-Unis.  Au sujet du déficit financier de l’Associazione Luca Coscioni per la libertà di ricerca scientifica (Italie), la Chine a souhaité obtenir les dernières informations mises à jour, notant que dans ses réponses, l’organisation indique avoir changé la manière dont les budgets sont présentés. 

La Türkiye a demandé à l’Assyrian Cultural & Social Youth Association Inc.  (Australie) de préciser l’adresse permanente de son siège.  Notant que le Canadian Lutheran World Relief (Canada) dit être une organisation internationale, la Chine a souhaité savoir si l’ONG a l’intention de recruter du personnel étranger pour étendre sa représentation géographique et si ce personnel sera appelé à prendre des décisions.  Israël a remarqué que 0% des dépenses sont attribuées aux activités et projets de C.A.R.E Scandinavia - Citizens Against Radicalism & Extremism (Danemark).  La délégation a donc souhaité comprendre comment l’organisation les financera en 2024. 

L’Érythrée a voulu connaître les résultats obtenus par le Ceasefire Centre for Civilian Rights (Royaume-Uni) en matière d’alerte précoce sur les violences fondées sur l’identité afin d’améliorer la protection des civils dans les zones de conflit.  Le Nicaragua a souhaité obtenir plus de détails sur les organisations internationales d’outre-mer avec lesquelles le Center for Military Human Rights Korea (CMHRK) (République de Corée) a coopéré au cours des trois dernières années, et sur quels projets.  Passant à la Coalition pour l’abolition de la prostitution (CAP) (France), la délégation nicaraguayenne a demandé des informations relatives sur le processus prévu en cas de problèmes déontologiques ou de mauvaise conduite de la part de l’une de ses organisations membres. 

Notant qu’en plus des stagiaires et des bénévoles, il n’y a pas de chercheur à temps plein à la Common Good Foundation Inc. (États-Unis) à part son directeur, la Chine a voulu savoir comment l’organisation peut assurer la viabilité de ses travaux.  S’adressant au Congrès mondial Amazigh CMA (France), l’Algérie a demandé des exemples de projets et d’activités récents.  Israël a souhaité obtenir plus de détails sur les activités actuelles et prévues de Cooperazione Internazionale Sud Sud (Italie) pour 2024 et 2025.  Passant ensuite à Darius El TM (États-Unis), la délégation israélienne a souhaité savoir dans quel domaine travaille cette organisation et en quoi ses travaux contribueraient à ceux de l’ECOSOC. 

Israël a ensuite demandé à Euro-Mediterranean Human Rights Network (Danemark) de soumettre des informations ventilées par pays sur les projets que l’organisation mène au Moyen-Orient.  La European Foundation for South Asian Studies (Pays-Bas) a été invitée par la Chine à donner des exemples du type de contacts établis avec des acteurs gouvernementaux dans le cadre de ses activités de plaidoyer.  La délégation chinoise a également demandé des précisions sur le nouveau code de déontologie mentionné dans les réponses de la FIRST.Org, Inc. (États-Unis). 

Comment les organisations membres de Fn-Sambandet i Norge (Norvège) participent-elles aux politiques et aux processus décisionnels de l’organisation? a souhaité comprendre la Türkiye.  Passant à la Fondazione Pangea ONLUS (Italie), la délégation turque a réclamé plus de détails sur son travail de communication qui représente plus de 20% de ses activités.  Israël a remarqué que les états financiers du Forum of European Muslim Youth and Student Organisations (Belgique) comportent une série de mandats antérieurs et a demandé plus de détails à ce propos. 

La Chine a remarqué que les états financiers de la Fundació Josep Irla (Espagne) font état d’une dette importante, et a voulu savoir comment l’ONG peut maintenir ses activités.  A-t-elle prévu de prendre des mesures pour améliorer sa situation financière?  Le Pakistan a voulu connaître le statut juridique des engagements de Geneva Call (Suisse).  Notant que plusieurs organisations de la Global Alumni Alliance (Fédération de Russie) travaillent pour le Gouvernement russe, le Royaume-Uni a demandé plus de précisions sur la nature de ces liens. 

L’Algérie a noté que le Global Detention Project (Suisse) ne fait pas payer de frais de participation à ses membres, et a voulu savoir comment elle finance ses activités.  Bahreïn a demandé des détails sur l’autofinancement de la Hokok Coalición Internacional Contra la Impunidad (Espagne).  Provient-il de contributions volontaires de ses membres?  Et quelles sont ses autres sources de financement? a demandé la délégation, qui a relevé que l’organisation affirme avoir des problèmes de trésorerie.  La Chine a relevé que le secteur privé est le principal contributeur au financement de Humanity Diaspo (France) et a voulu savoir si ces financements sont préaffectés à des projets.

Dialogue interactif avec les ONG   

La Présidente de Sociația eLiberare (Roumanie), une ONG qui lutte contre le trafic d’êtres humains depuis plus de 10 ans, a expliqué qu’en termes de méthodes d’identification et de signalisation des cas de trafic, l’organisation travaille avec plusieurs partenaires et partage librement ses méthodes de travail. 

La Chine a demandé si l’organisation travaille avec des organisations gouvernementales ou des agences de maintien de l’ordre, ce qui a été confirmé par la représentante qui a précisé que l’organisation travaille aussi avec des urgentistes, des travailleurs sociaux et des organisations de la société civile pour identifier les cas de trafic humain. L’année dernière, l’ONG a contribué à identifier plus de 50 victimes et elle continue à leur prêter main forte. La Chine a ensuite souhaité savoir comment les fonds versés en 2021 par un bureau gouvernemental du Royaume-Uni ont été affectés.  La représentante a expliqué que les fonds reçus par l’ONG de la part d’États où se trouvent des victimes d’origine roumaine de trafic d’êtres humains sont une source majeure de financement.  La Chine a ensuite voulu savoir comment l’ONG entend réduire son déficit financier, et si la donation faite par Goldman Sachs a été preaffectée. 

Le Directeur exécutif des programmes de Hope for Justice (Royaume-Uni) a indiqué que l’ONG travaille en Europe et en Amérique du Nord pour prêter assistance aux victimes de l’esclavage, notant au passage que le phénomène représente 0,26% du PIB mondial, et travaille avec des communautés vulnérables, notamment à travers des comités de protection de l’enfance ou des actions éducatives. 

Quant à la situation financière de l’ONG, le représentant a expliqué que face à la diminution des recettes, l’ONG a misé sur des mesures de baisse des coûts et cible un panier de bailleurs de fonds précis pour des montants plus importants.  L’organisation vise également des financements sur le plus long terme pour certains projets stratégiques.  Ces mesures devraient permettre à l’ONG de résister à tout choc économique, a-t-il ajouté. 

À la question de Cuba, qui a demandé des données ventilées sur l’origine des fonds provenant du secteur privé, le représentant a expliqué que l’écrasante majorité de ces fonds privés proviennent d’individus.  Il a précisé que ces fonds ne sont pas préaffectés et que l’ONG veille à un équilibre entre fonds publics et privés pour garantir la viabilité de ses projets.  Cuba a néanmoins souhaité obtenir une ventilation de ces fonds. 

La représentante du US Institute of Diplomacy and Human rights (États-Unis) a expliqué que la mise à jour en ligne de la candidature de son organisation ne s’est pas faite à cause d’une « coquille ».  Elle a passé en revue les différents pays dans lesquels l’ONG travaille pour faire mieux comprendre les fondements des droits humains au niveau local grâce à des actions pédagogiques. 

Cuba a souhaité des informations supplémentaires sur les frais d’adhésion de ses membres relevant une incohérence dans l’application de l’ONG. La représentante a expliqué que personne n’est obligé de payer des frais d’adhésion, mais que l’organisation a mis en place des plateformes pour percevoir des contributions, notamment pour les formations qu’elle dispense.  La Chine a rebondi sur cette explication en notant que l’ONG est pourtant enregistrée comme une organisation à but non lucratif.  La représentante a précisé qu’aux États-Unis, on peut être une organisation à but non lucratif tout en percevant des fonds à conditions qu’ils soient utilisés pour ses programmes et projets.  Cuba a ensuite demandé des informations détaillées, ventilées et par écrit sur les montants perçus par l’ONG pour chaque service offert. 

Le représentant de la Human Social Care Foundation (Inde) a apporté des détails sur la marche pour la paix que la fondation a organisée à Mumbai, précisant avoir soumis ces informations par écrit en mai 2023.  L’ONG sensibilise les jeunes sur les conséquences nocives des drogues, et l’octroi du statut consultatif auprès de l’ECOSOC lui permettrait de travailler de manière plus efficace. 

Suite à une question de la Chine qui a noté que l’organisation se décrit comme internationale alors que ses membres sont exclusivement locaux, le représentant a assuré que l’ONG compte aussi des membres internationaux pour pouvoir mieux opérer dans différentes régions.  Le Pakistan est revenu sur les recettes modestes de l’organisation par rapport aux objectifs qu’elle s’est fixés.  Le représentant a expliqué qu’en 2023, l’ONG a été approuvée par le Ministère des finances, ce qui devrait encourager les donateurs à lui verser des contributions.  L’Inde a salué les informations fournies par l’ONG et a espéré qu’elle sera recommandée pour le statut consultatif. 

À son tour, le représentant de Sewa International (Inde) a expliqué que l’organisation a pour objectif de proposer des solutions pérennes aux problèmes socioéconomiques, y compris la gestion des catastrophes et de l’environnement, le développement des compétences et l’assainissement.  Il a précisé que 30 projets ont été menés à bien entre 2022 et 2023, avec un budget de 3,1 millions de dollars et le soutien de bénévoles. 

Après avoir remercié l’organisation d’avoir remplacé les noms de Hong Kong et Taiwan par la terminologie officielle, la Chine a réclamé des détails sur les bureaux de l’ONG à l’étranger, notamment aux États-Unis.  Ces organisations partenaires appuient Sewa International, a expliqué son représentant, notamment dans la gestion des catastrophes.  Le Pakistan a souhaité obtenir une réponse par écrit sur les initiatives de développement des compétences de l’ONG.  L’Inde a espéré, pour sa part, que l’ONG sera recommandée pour le statut consultatif. 

Le Directeur adjoint de Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. (TAOC-IG) (Philippines) a brossé un historique succinct et précis de la mission et des accomplissements de son organisation depuis 1997, dans des domaines d’activité comme la lutte contre le trafic de stupéfiants, la corruption et la criminalité transnationale organisée. Il a fait observer que ses dirigeants ont été invités à des conférences onusiennes sur ces thèmes, et a voulu savoir pourquoi le traitement de la demande de l’ONG, qui a été présentée pour la première fois en 2018, dure aussi longtemps.  Il a donné des exemples concrets d’affaires identifiées par l’organisation et de sa contribution à la lutte contre des terroristes et à la saisie de substances illégales.  L’organisation travaille aussi dans les domaines du renseignement, des missions médicales et de la défense de l’environnement. 

Bahreïn a noté que les accréditations auprès d’organes onusiens affichées par l’organisation sur son site Web avaient été retirées.  Le représentant a expliqué que le site Web de l’organisation a été piraté, ce qui pourrait expliquer cela.  Bahreïn a ensuite demandé si les donations versées à l’organisation proviennent d’individus ou d’organisations.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: les délégations continuent de dénoncer au Conseil de sécurité les violations du droit international dans le conflit à Gaza

reprise de la 9534e séance, après-midi
CS/15570

Moyen-Orient: les délégations continuent de dénoncer au Conseil de sécurité les violations du droit international dans le conflit à Gaza

Cet après-midi, le Conseil de sécurité a terminé son débat public trimestriel, entamé hier, en entendant une quinzaine de délégations s’exprimer sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine.  Sous l’égide de la présidence française, ce débat a vu, au total, près de 70 délégations prendre la parole sur le conflit qui fait rage dans la bande de Gaza.  Si la majorité des orateurs ont, dans la lignée des interventions d’hier, appelé à un cessez-le-feu immédiat et à une solution à deux États viable, nombre d’entre eux se sont également montrés préoccupés par les graves violations du droit international attribuées à Israël durant sa campagne militaire. 

Alors que la Cour internationale de Justice (CIJ) doit se prononcer ce vendredi sur d’éventuelles mesures conservatoires d’urgence afin de prévenir tout crime de génocide dans la bande de Gaza, plusieurs délégations, dont la Colombie, Cuba, l’Iraq et le Bangladesh, ont salué la saisie de la CIJ par l’Afrique du Sud.  Dans une requête introductive d’instance présentée le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud priait, en effet, la CIJ de se prononcer sur les allégations de crimes de génocide commis par Israël à l’encontre des Palestiniens et d’ordonner la cessation immédiate des attaques militaires dans la bande de Gaza.

Dans le même ordre d’idées, le délégué chilien a rappelé que son pays et le Mexique ont annoncé, la semaine dernière, avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour qu’elle enquête sur les éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par Israël et le Hamas.  Face à la dégradation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, la grande majorité des délégations a appelé, une fois encore, à respecter le droit international humanitaire, y compris l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et l’arrêt des bombardements à l’aveugle qui font de nombreuses victimes civiles. 

À ce titre, les représentants de la Mauritanie, au nom de l’Organisation de la coopération islamique, et de Cuba n’ont pas mâché leurs mots sur les agissements d’Israël, l’accusant, outre de génocide, de pratiques colonisatrices et d’apartheid de longue date.  La Tunisie et la Syrie ont également dénoncé les desseins impérialistes d’Israël visant à annihiler les populations palestiniennes.  « Même les conflits ont des règles », a insisté la représentante de Sainte-Lucie, au nom des 14 membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), déplorant que les civils soient les principales victimes de ce conflit en dépit du droit international censé les protéger.

Redoutant les répercussions du conflit sur les prochaines générations, plusieurs délégations, telles que l’Iraq et l’Argentine, ont rappelé au Conseil de sécurité ses responsabilités, lui demandant d’appliquer ses propres résolutions. Le représentant des Maldives a vu dans le refus du Conseil d’appeler à un cessez-le-feu une façon de perpétuer une « guerre potentiellement génocidaire ».  Face à cette inertie du Conseil, Cuba et le Bangladesh ont déploré l’usage du droit de veto qui fait obstacle, en dépit du consensus international, à la mise en place d’un cessez-le-feu. 

Outre l’urgence d’un tel arrêt des combats et de la libération des otages demandés de toute part, la quasi-totalité des délégations se sont déclarées en faveur d’une solution « juste et durable » impliquant la création d’une solution à deux États conformément aux résolutions pertinentes et selon les frontières établies en 1967.  Prônant un retour à la table des négociations afin de raviver le dialogue diplomatique, des délégations comme le Chili et la Colombie ont insisté sur le fait que les conflits ne peuvent se résoudre par davantage de violence.  « Il est temps de faire prévaloir l’humanité sur ce cycle de violence », ont tranché les représentants de Sri Lanka et du Saint-Siège. 

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Le représentant de la Mauritanie, au nom de l’Organisation de la coopération islamique, a dénoncé les atrocités commises par les forces israéliennes, qui rappellent la tragédie de la « Nakba ».  Il a déclaré qu’Israël veut anéantir l’identité palestinienne et entrave l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a rappelé les risques de contagion, notamment en Cisjordanie, avant de demander que les responsables de violations des droits humains rendent des comptes.  Il a aussi dénoncé les restrictions dans l’accès des fidèles à la mosquée Al-Aqsa.  Il a déploré que ce Conseil n’ait pas pris de mesures pour faire respecter ses propres résolutions et mettre un terme au génocide perpétré par Israël.  Il a exhorté ce Conseil à agir, avant de souligner la nécessité d’ouvrir des couloirs humanitaires à Gaza et d’apporter une protection internationale aux Palestiniens.

Le représentant de Cuba a appelé à mettre fin au « génocide israélien contre le peuple palestinien ».  Réitérant l’exigence exprimée par son pays d’un cessez-le-feu immédiat, il a estimé que la mobilisation urgente de l’aide humanitaire, sous la coordination des Nations Unies, est essentielle pour faire face à la situation catastrophique à Gaza.  Pour cela, a-t-il dit, il faut que le Gouvernement américain cesse de paralyser le Conseil de sécurité et que cet organe remplisse son mandat pour mettre fin aux punitions collectives infligées par Israël, Puissance occupante, à l’encontre de la population palestinienne.  Le Conseil ne peut non plus rester inerte face à la politique illégale d’annexion d’Israël, à ses pratiques colonisatrices et à son système d’apartheid, qui perdurent depuis plus de sept décennies, a ajouté le représentant. 

À ses yeux, une solution globale, juste et durable au conflit israélo-palestinien, fondée sur la création de deux États, ne peut être reportée, pas plus que l’admission de l’État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies.  Jugeant urgent de convoquer une conférence de paix sous les auspices de l’ONU afin de préserver les droits inaliénables du peuple palestinien, il a appuyé l’action intentée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ et a réitéré la proposition cubaine d’envoi à Gaza d’une mission de protection internationale autorisée par l’Assemblée générale.  Enfin, après avoir réaffirmé le soutien de Cuba au travail humanitaire de l’UNRWA, il a exigé le retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés, ainsi que l’arrêt des attaques militaires menées par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN au Yémen. 

Le représentant du Brésil a répété ce que son pays demande depuis des semaines au Conseil de sécurité « un cessez-le-feu immédiat à Gaza, avant qu’il n’y ait plus rien à sauver ».  Tel est l’appel urgent de la communauté internationale, traduit dans de puissantes résolutions de l’Assemblée générale, adoptées face à l’inaction du Conseil, a-t-il rappelé, faisant valoir qu’un cessez-le-feu est nécessaire pour protéger les civils non seulement contre les attaques militaires aveugles ou disproportionnées, mais aussi contre les décès dus à la faim et à la maladie. À ses yeux, la faisabilité de l’assistance vitale à Gaza, telle que déterminée par les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil, en dépend. 

Alors que les restrictions injustifiées et les retards dans l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza aggravent les difficultés des civils, le représentant a jugé urgentes les mesures provisoires demandées par l’Afrique du Sud à la CIJ, dans le but de prévenir le risque de génocide, en exigeant « la suspension immédiate des opérations militaires à l’intérieur et contre Gaza ».  Selon lui, la poursuite de l’action militaire ne fera qu’aggraver les ressentiments et la haine et, à terme, perpétuer le cycle de violence, avec des effets néfastes sur l’ensemble de la région et du monde.  Dans ce contexte, a-t-il conclu, il n’y a d’autre alternative que d’avancer de manière décisive vers la solution des deux États, avec un État palestinien vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité, à l’intérieur de frontières mutuellement convenues et internationalement reconnues.

Le représentant de l’Iraq a dénoncé le pilonnage aveugle de Gaza par Israël, avant de déplorer que le Conseil n’ait pas pu empêcher ce génocide. Nous sommes devant une situation sans précédent, a-t-il dit, avant de rappeler que l’écrasante majorité des États Membres de l’ONU veut un cessez-le-feu et la fin de l’agression israélienne.  Il a noté « l’enchevêtrement » des crises au Moyen-Orient et alerté sur les risques d’embrasement si rien n’est fait.  La solution, a-t-il martelé, passe par le respect par ce Conseil de son propre mandat.  Il a réclamé une action internationale immédiate pour répondre aux besoins humanitaires à Gaza.  Ce qui s’est passé le 7 octobre ne peut servir de prétexte à la campagne israélienne, a estimé le délégué, en rappelant que la question de Palestine est en suspens depuis des décennies.  Enfin, il a appuyé la procédure introduite par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ).

La représentante du Portugal a noté les souffrances sans précédent subies par les habitants de Gaza et déploré que de nombreux otages restent aux mains du Hamas.  En raison des bombardements israéliens, a-t-elle dénoncé, le territoire devient invivable et la colère monte au sein de la population, ce qui pose les bases d’une radicalisation de la jeunesse.  Elle a exigé la libération immédiate et sans condition des otages et un accès direct du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à ces derniers, dénonçant le châtiment collectif imposé par Israël aux Palestiniens de Gaza, qui est contraire aux principes du droit international humanitaire.  Ce niveau de destruction n’a pas d’équivalent et la population est sans défense face au Hamas et face à Israël, a-t-elle souligné, se disant extrêmement alarmée par les risques de famine et de maladies dans l’enclave. 

Dans ce contexte, il importe de mettre en œuvre de toute urgence les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) et de garantir un accès humanitaire rapide et sans entrave à Gaza, a plaidé la représentante en soulignant la contribution de 10 millions d’euros de son pays, telle que promise lors de la récente conférence de Paris.  Exprimant son appui à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, elle a salué l’engagement des travailleurs humanitaires de l’ONU sur le terrain.  Elle a par ailleurs condamné les violences des colons en Cisjordanie et à Jérusalem, avant d’appeler à tout faire pour que le conflit actuel ne fasse pas tache d’huile dans la région, notamment dans le sud du Liban, en Syrie, en Iraq et en mer Rouge. Il est temps de revenir au volet diplomatique et de se pencher sur les facteurs structurels de cette situation, a-t-elle conclu, appelant à donner un nouvel élan au processus de paix, sur la base de la solution des deux États. 

La représentante de Sainte-Lucie, s’exprimant au nom des 14 membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a regretté la situation dans la bande de Gaza mais a espéré qu’une solution puisse encore être trouvée.  Elle a posé néanmoins comme condition préalable de parvenir à un cessez-le-feu qui permettrait un retour à la table des négociations et rétablirait la confiance.  Celle-ci bénéficierait aussi de la libération de tous les otages, a-t-elle ajouté.  Afin de lutter contre les symptômes d’un conflit dont les civils innocents sont les principales victimes, elle a rappelé que l’aide humanitaire doit pouvoir être acheminée efficacement.  Même les conflits ont des règles, a-t-elle insisté, appelant les parties à respecter leurs obligations, y compris celles des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), afin d’éviter que « ce qui a été décrit comme un cimetière d’enfants ne devienne un charnier ».  La CARICOM reste engagée en faveur de la résolution 242 (1967), a-t-elle déclaré en conclusion. 

Le représentant du Bangladesh a déploré la crise humanitaire à Gaza et la brutalité d’Israël.  Il a regretté que les Nations Unies, en particulier son Conseil de sécurité, n’aient pas été capables d’empêcher les bombardements à Gaza et la perte de vies civiles, en dépit d’une majorité de deux tiers à l’Assemblée générale en faveur d’un cessez-le-feu.  Il a remis en question le droit de veto au Conseil qui fait obstacle aux efforts de la communauté internationale pour mettre fin au conflit.  Israël doit être tenu responsable de ses violations flagrantes du droit international et des droits humains, a-t-il poursuivi, félicitant l’initiative de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice et condamnant la « culture de l’impunité » en place depuis des décennies.  Appelant à un accès humanitaire rapide, durable et sans entrave, il a exhorté le Conseil à mettre en application les résolutions pertinentes, ainsi qu’à prendre immédiatement des mesures pour mettre fin à l’occupation et aux attaques israéliennes à Gaza.  Un État palestinien indépendant et souverain, sur la base d’une solution à deux États selon les frontières d’avant 1967, est la seule solution pour instaurer la paix dans la région, a-t-il conclu. 

Le représentant de la République arabe syrienne a indiqué que les crimes israéliens datent de plus de 70 ans.  Il a jugé scandaleux que les États-Unis et leurs alliés occidentaux, prétendument soucieux des droits humains, tentent de justifier cette dernière agression.  Il a également dénoncé les mensonges propagés par ces pays sur la Syrie, avant d’exhorter le Conseil à prendre des mesures immédiates pour mettre un terme à la situation à Gaza.  Il a appuyé la procédure introduite par l’Afrique du Sud devant la CIJ et accusé Israël de vouloir modifier la composition démographique du Golan syrien occupé.  Il a fustigé les desseins impérialistes d’Israël dans la région et alerté sur les risques d’un embrasement régional.  Le Conseil doit mettre un terme à l’occupation israélienne, a martelé le délégué.  Il a conclu en estimant que les propos du délégué de l’Union européenne sur la Syrie n’ont pas leur place dans cette réunion.

Le représentant du Cambodge a regretté l’absence de cessez-le-feu et la situation humanitaire dans la bande de Gaza.  Saluant les quatre résolutions récemment adoptées, il a appelé à leur mise en œuvre pour mettre fin au conflit.  Il a également jugé indispensable de remédier aux causes profondes du conflit et à le régler par des moyens pacifiques.  Il a exhorté les parties à protéger les civils et à respecter le droit international. Enfin, il a appelé à la libération sans condition de tous les otages. 

Le représentant de l’Irlande s’est ému de la situation humanitaire à Gaza, qui devient de plus en plus désespérée.  La résolution 2720 (2023) du Conseil de sécurité est un pas dans la bonne direction mais ne va pas assez loin, a-t-il estimé.  La situation actuelle nécessite un cessez-le-feu humanitaire immédiat, a-t-il martelé, exhortant le Conseil à lancer urgemment un appel en ce sens.  Le représentant a d’ailleurs regretté qu’une campagne de désinformation vise les organisations onusiennes, notamment l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 

Tout en condamnant les attaques perpétrées par le Hamas et en appelant à la libération immédiate et sans condition de tous les otages, le représentant a rappelé que le droit international limite le recours à la force dans l’exercice du droit à la légitime défense.  Ces limites sont aujourd’hui outrepassées, a-t-il estimé, en se montrant préoccupé par l’utilisation de munitions à large rayon dans des centres urbains densément peuplés de l’enclave palestinienne.  Il a appelé à des mesures concrètes en faveur de la solution des deux États et souligné qu’il faut pour cela, une véritable volonté politique.  Il est inacceptable, a-t-il jugé, que le Premier Ministre israélien rejette cette perspective, pourtant plus urgente que jamais. 

Le représentant des Maldives a déploré l’échec du Conseil de sécurité, particulièrement visible, selon lui, dans la « guerre d’agression » actuelle d’Israël contre la Palestine, et son refus d’appeler à un cessez-le-feu. Ce faisant, il perpétue une guerre potentiellement génocidaire menée par l’armée la plus puissante du Moyen-Orient contre les Palestiniens, a-t-il dénoncé.  Malgré l’adoption de la résolution 2720 (2023), nous n’avons assisté ni à une cessation des hostilités, ni à la fin des punitions collectives imposées au peuple palestinien, ni à l’adhésion d’Israël au droit international humanitaire, a regretté le représentant, pour qui le Conseil devrait enjoindre à Israël d’accepter et de mettre en œuvre immédiatement et sans condition un cessez-le-feu, d’ouvrir des couloirs humanitaires, de libérer les prisonniers, de retourner à la table des négociations et de financer la reconstruction de Gaza.  Saluant les appels des dernières semaines en faveur de la création d’un État palestinien indépendant et souverain sur les terres actuellement occupées par Israël, le représentant s’est aussi félicité de la requête déposée par l’Afrique du Sud auprès de la CIJ demandant de déclarer qu’Israël viole la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.  g

Alors que les tensions dans d’autres régions du Moyen-Orient donnent lieu à des attaques et à d’importantes pertes de vies humaines, le représentant a appelé à un engagement plus profond de l’ONU, en particulier du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, dans la promotion du dialogue, de la médiation et d’autres outils de diplomatie préventive. Il a souhaité que le Conseil de sécurité utilise ces ressources afin de déterminer les politiques qui ont fonctionné et celles qui ont échoué dans la prévention des conflits et le maintien de la paix. 

Le représentant de la Pologne a appuyé la solution des deux États et demandé la mise en œuvre des résolutions du Conseil sur l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.  Cette aide ne doit néanmoins pas tomber entre les mains des terroristes, a-t-il dit, avant de condamner l’attaque du Hamas et de demander la libération des otages.  Si Israël a le droit à la légitime défense, il lui revient de l’exercer dans le respect du droit international, a déclaré le délégué.  Il a plaidé pour une action unifiée avant d’éviter un embrasement régional, rappelant que les attaques des houthistes en mer Rouge constituent une menace à la sécurité internationale.

La représentante de la Colombie a exigé la cessation immédiate des hostilités afin de mettre fin à la spirale de violence compromettant la paix et la sécurité au Moyen-Orient depuis octobre dernier.  Notre expérience nationale nous a montré que la violence laisse dans son sillage un héritage désastreux pour les générations futures, a-t-elle mis en garde, condamnant les attaques envers les civils, les prises d’otages et les déplacements de populations.  Elle a rappelé à la communauté internationale son devoir de condamner fermement les violations du droit international humanitaire qui touchent particulièrement les femmes et les communautés vulnérables.  Déplorant l’absence de réponse définitive au conflit, elle a réaffirmé le soutien de son pays à une solution à deux États, conformément aux dispositions des résolutions pertinentes.  Elle a salué la saisie de la Cour internationale de Justice par l’Afrique du Sud, précisant que la Colombie suivra attentivement tout développement et pourrait éventuellement prendre des mesures judiciaires additionnelles en soutien au processus.  Saluant les efforts déployés pour mettre un terme au conflit, elle a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire, la libération des otages et la désescalade de la violence au Moyen-Orient. 

L’observateur du Saint-Siège a condamné, une nouvelle fois, les attaques qu’a menées le Hamas, le 7 octobre 2023.  Cependant, a-t-il précisé, il est essentiel d’éviter que toute une population paie les conséquences d’un acte terroriste.  Il est en effet déplorable que des infrastructures civiles soient attaquées et utilisées pour des activités militaires, a-t-il poursuivi, précisant que les civils doivent être protégés, conformément au droit international humanitaire, même en temps de guerre.  Chaque être humain est sacré, peu importe sa religion, a-t-il insisté, et la solution la plus viable pour parvenir à la paix reste une solution à deux États.  L’observateur a appelé les parties à chercher, avec une détermination renouvelée, une solution « afin que notre humanité prévale ». 

La représentante de l’Argentine a mis l’accent sur la protection de la vie des civils innocents, demandant que les dispositions de la résolution 2720 (2023) du Conseil de sécurité soit respectées sans délai, afin que des mesures urgentes soient adoptées pour permettre immédiatement un accès humanitaire plus large, sûr et sans entrave à la bande de Gaza et créer les conditions d’une cessation durable des hostilités.  Elle aussi exigé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages enlevés à la suite de « l’acte terroriste répréhensible » perpétré par le Hamas le 7 octobre, parmi lesquels figurent des ressortissants argentins.  La représentante a d’autre part estimé que seule la reprise d’un processus de dialogue, fondé sur une solution prévoyant deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité au sein de frontières sûres et internationalement reconnues, permettra de parvenir à une paix durable.  Avant de conclure, elle a exprimé sa reconnaissance aux membres des Nations Unies qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.

Le représentant du Chili a rappelé l’attachement de son pays à la solution des deux États, à l’intérieur de frontières internationales sûres et reconnues.  Il ne fait, selon lui, aucun doute que les actes terroristes perpétrés par le Hamas le 7 octobre et la réponse aveugle d’Israël contre la population civile vivant à Gaza violent le droit international et le droit international humanitaire.  Le représentant s’est en outre alarmé des répercussions régionales de ce conflit. C’est pourquoi il a appelé, comme l’ONU, à un cessez-le-feu immédiat susceptible de réduire les tensions.  À ses yeux, il n’existe pas de contradiction entre la légitime défense d’un État, la lutte contre le terrorisme et le respect de la vie des civils. 

Afin d’assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave à la population de l’enclave, il a prôné le respect des résolutions 2712 et 2720 de 2023.  La violence ne peut être résolue par davantage de violence, s’est-il impatienté en rappelant que son recours aveugle avait coûté la vie à des milliers de civils palestiniens tout en mettant en danger la vie des otages israéliens.  Le Chili, a-t-il indiqué, accueille la plus grande communauté palestinienne en dehors du Moyen-Orient.  Le délégué a signalé que son pays et le Mexique avaient présenté, la semaine dernière, un mémoire de saisine de la CPI concernant la situation en Palestine, afin d’appuyer les enquêtes concernant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et en Israël. 

Le représentant d’Oman a déploré que le Conseil de sécurité ait échoué à prendre des mesures pour mettre un terme à la situation à Gaza, malgré les prises de position dans ce sens du Secrétaire général et de l’Assemblée générale. Regrettant que certains aient donné leur feu vert à Israël pour qu’il poursuive son agression contre le peuple palestinien, le représentant a demandé que cesse cet « holocauste ».  Nous sommes face à des cas de génocide, de déplacements forcés et de nettoyage ethnique, a-t-il relevé, enjoignant Israël et ses appuis à tenir compte des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que l’on n’oublie pas la détermination du peuple palestinien et de tous les pays qui rejettent la colonisation et l’occupation.  La décolonisation est un projet qui exige des sacrifices, souvent avec des effusions de sang, a-t-il dit, estimant que « c’est le prix à payer pour la liberté ».  Exhortant le Conseil à assumer ses responsabilité éthiques et juridiques et à appeler à un cessez-le-feu immédiat pour protéger le peuple palestinien et demander des comptes à Israël pour ses violations du droit international, le représentant a souhaité que soient enfin mises en œuvre les résolutions qui exigent la fin de l’occupation des territoires arabes et le retrait d’Israël sur les frontières de 1967. 

Le représentant de la Tunisie a dénoncé la politique de châtiment collectif et de génocide menée par Israël à Gaza.  « L’agression israélienne est infâme. »  Nous ne pouvons pas nous taire, a dit le délégué, avant de demander une intensification des efforts internationaux pour mettre un terme à cette situation.  Il a dénoncé les visées impérialistes d’Israël, ainsi que les violations du droit commises par ce pays.  Il a refusé tout récit qui ferait de la victime l’agresseur.  Enfin, il a apporté le soutien indéfectible de la Tunisie à la cause palestinienne et appelé de ses vœux l’édification d’un État palestinien indépendant et souverain.

Le représentant de Sri Lanka a déploré la manière dont les parties prenantes gèrent le conflit, se préoccupant peu du sort de l’humanité dans leur quête de domination.  Espérant que le bon sens finira par reprendre le dessus, il a demandé instamment aux parties de prioriser le dialogue et l’empathie afin de créer des conditions favorables à des négociations pacifiques.  La violence ne fait que perpétuer un cycle de destruction, a-t-il insisté, encourageant les parties à s’engager dans un dialogue constructif et à développer la confiance nécessaire à un environnement coopératif et sûr.  Appelant à un cessez-le-feu immédiat et au respect du droit international humanitaire, il a appuyé la solution des deux États et exhorté le Conseil de sécurité à faire tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la résolution pacifique de ce conflit.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande l’octroi du statut consultatif à 44 ONG

Session de 2024,
3e & 4e séances plénières, matin & après-midi
ONG/965

Le Comité des ONG recommande l’octroi du statut consultatif à 44 ONG

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi, aujourd’hui, les travaux de sa session 2024 en recommandant l’octroi du statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) à 37 nouvelles ONG.  L’examen des demandes de 47 autres a été reportées à la suite de questions adressées à ces ONG par les membres du Comité.  Depuis hier, le Comité a recommandé l’octroi du statut consultatif à 109 ONG et reporté sa décision pour 105 autres, achevant ainsi l’examen des nouvelles demandes. 

L’après-midi était consacré à l’examen des demandes d’ONG qui avaient été précédemment reportées.  À l’issue de cet exercice, 7 ONG ont été recommandées pour l’octroi du statut consultatif, tandis 36 autres devront fournir des éléments de réponse à une nouvelle série de questions.

En tout, le Comité a recommandé, aujourd’hui, l’octroi du statut consultatif à 44 ONG et reporté sa décision sur les demandes de 83 autres organisations.

La question des sources de financement des ONG et des mesures prises pour garantir leur indépendance a été soulevée à plusieurs reprises par certains membres du Comité, dont la Chine et Cuba, que ce soit parce que l’ONG reçoit des fonds publics, comme dans le cas de Protection Approaches (Royaume-Uni) et de The Center for Victims of Torture (États-Unis), où parce qu’elle fonctionne à partir de dons comme dans le cas de Transparency International-R (Fédération de Russie).  À ce propos, les États-Unis ont fait observer que la plupart des ONG reçoivent une partie ou la totalité de leurs ressources de sources externes pour pouvoir assurer leur indépendance. 

Composé de 19 États membres, le Comité peut recommander trois différents statuts consultatifs.  Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui travaillent d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites. 

Le Comité des ONG se réunira de nouveau mercredi 24 janvier à partir de 10 heures. 

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT   

Octroi du statut consultatif spécial   

  1. Global AIDS Interfaith Alliance (États-Unis)  
  2. God Bless the Child e.V. (Allemagne)  
  3. Impact - Civil Society Research and Development e.V (Allemagne)  
  4. Humanitarian Focus Foundation (États-Unis)  
  5. Inclusion Matters by Shanes Inspiration (États-Unis)  
  6. International Human Rights Consortium (États-Unis)  
  7. International Young Leaders Organization- Internationale Organisation für junge Führungspersönlichkeiten (Autriche)  
  8. Intersecta Organización para la Igualdad (Mexique)  
  9. Just Atonement Inc. (États-Unis)  
  10. Luis De La Calle Foundation, Inc.  (États-Unis)  
  11. Mtree Inc. (États-Unis)  
  12. Nadační fond pro výzkum psychedelik (Tchéquie)  
  13. National Association of Friendship Centres (Canada)  
  14. Nonprofit Incorporated Association Africa Insight (République de Corée)  
  15. Nurturing Minds Inc. (États-Unis)  
  16. One World U Foundation (Allemagne)  
  17. Open Lunar Foundation (États-Unis)  
  18. Oromia Relief Association Australia - South Pacific Region Inc. (Australie)  
  19. Pacific Links Foundation (États-Unis)  
  20. REEF Scuba (États-Unis)  
  21. SDG Youth (République de Corée)  
  22. Sesame Workshop (États-Unis)  
  23. Siblings Keeper Corp. (États-Unis)  
  24. Smiling Angels International Inc. (États-Unis)  
  25. Stiftung Schüler Helfen Leben (Allemagne)  
  26. The Canadian Council on Rehabilitation and Work (Canada)  
  27. The University of Edinburgh (Royaume-Uni)  
  28. USAfrica Trade and Business Network, Inc. (États-Unis)  
  29. UniRef (Suisse)  
  30. United for Global Mental Health (Royaume-Uni)  
  31. Verein von Nichtregierungsorganisationen für Verbrechensprävention und Strafrechtspflege (Autriche)  
  32. Woods Hole Oceanographic Institution (États-Unis)  
  33. Word Green Design Organization (Belgique)  
  34. World Shirdi Sai Baba Organisation (Royaume-Uni)   
  35. Young Ambassadors Society (Italie)  
  36. Österreichischer Frauenring (Autriche)  
  37. Český výbor pro UNICEF (Tchéquie)  

Examen des demandes de statut   

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reporté à la suite des questions soulevées par des membres du Comité. 

Notant que le Forum de Paris sur la Paix (France) indique que parmi ses membres il y a trois États européens, le Nicaragua a souhaité savoir comment l’ONG garantit son indépendance et son caractère non gouvernemental.  La Chine a demandé plus d’informations sur les partenariats que Global Compact Network UK (Royaume-Uni) dit avoir établis avec 68 réseaux locaux et les programmes menés à bien avec eux.  La délégation chinoise a également demandé plus de précisions sur la participation de Great Barrier Reef Foundation (Australie) aux conférences et activités de l’ONU depuis 2019. 

Le Pakistan a demandé ce qu’il en est du processus d’évaluation de la performance des projets de Helvetas Swiss Intercooperation (Suisse), notamment dans le domaine humanitaire.  À la demande de la Chine, Hope for Justice (Royaume-Uni) devra fournir plus d’informations sur le programme « échange de données privées ».  De son côté, Insamlingsstiftelsen Vi Planterar Träd (Suède) devra apporter, à la demande de la Türkiye cette fois-ci, des détails sur sa présence et ses activités internationales.  A-t-elle des bureaux à l’international ou travaille-t-elle par l’intermédiaire d’autres organisations? a demandé la délégation. 

L’Algérie a relevé que le statut consultatif auprès de l’ECOSOC de la International Diabetes Federation (Belgique) a été révoqué en 2019 en raison du fait que les messages envoyés par l’ECOSOC avaient été adressés à d’anciens collaborateurs, et qu’elle n’a donc pas répondu dans les temps.  Qu’a fait l’ONG pour éviter cette situation à l’avenir? a demandé la délégation.  La Chine a demandé à l’ONG Japan Water Forum (Japon) de fournir des informations détaillées sur sa participation aux conférences et activités onusiennes au cours de la période 2021-2023.  À la demande de la Türkiye, l’organisation Kaos Gey ve Lezbiyen Kültürel Arastirmalar ve Dayanisma Dernegi (Türkiye) devra fournir davantage d’informations sur son programme de renforcement des capacités en 2023. 

Cuba a souhaité obtenir plus d’informations sur le financement de Korea Future Initiative CIO (Royaume-Uni), notant que l’ONG indique disposer de bureaux à Séoul, La Haye et Londres, alors que, d’après ses états financiers, les dépenses administratives ne représentent que 6% de son budget.  Les États-Unis ont fait observer que la candidature de cette ONG comprend déjà une réponse à cette question, ce à quoi Cuba a rétorqué que les membres du Comité sont en droit de demander plus de détails aux réponses apportées, un point de vue soutenu par la Chine.  Les États-Unis ont reconnu que les membres du Comité ont le droit de demander des précisions.  À la demande de la Türkiye, la Lehigh University (États-Unis) devra fournir plus de renseignements sur les mesures qu’elle a prises pour établir des partenariats avec des institutions universitaires dans différentes parties du monde.  La Chine a souhaité plus de détails sur la stratégie 2030 de la London School of Economics and Political Science (Royaume-Uni) et sur sa contribution au travail de l’ONU. 

L’Algérie a réclamé une liste des organisations caritatives étrangères qui fournissent 14% du budget de l’organisation Na Laga’at (R.A.) (Israël).  Cuba a remarqué que les dépenses de la National Association of Women Judges (États-Unis) sont supérieures à ses revenus.  Comment fait l’organisation pour financer ce déficit?  Israël a demandé plus d’informations sur les formations dispensées par NetHope, Inc. (États-Unis). 

La Türkiye a voulu savoir si des projets ont été menés à bien dans le cadre de la coopération entre Organization for the Professional Empowerment of Women Civil Nonprofit Company (Grèce) et d’autres organisations dans des pays tiers.  La Chine a estimé que les états financiers de l’ONG Oromo Legacy, Leadership and Advocacy Association (États-Unis) sont trop vagues et a demandé plus de détails sur ses sources de financement.  Notant que les noms de Taiwan et de Hong Kong figurent de manière erronée dans la candidature de Pro Mujer Inc. (États-Unis), la Chine a demandé à l’organisation de respecter la terminologie de l’ONU. 

La Chine a ensuite demandé à Partners In Health (États-Unis) de fournir des informations relatives à sa participation aux conférences de l’ONU depuis 2022.  À la lumière de ses états financiers, la Chine s’est également interrogée sur la capacité de Partnership With Native Americans (États-Unis) à garantir sa viabilité financière.  La délégation chinoise a également remarqué que 14% des revenus de Pikes Peak Justice and Pro Bono Center, Inc. (États-Unis) lui ont été versés en réponse à la pandémie de manière ponctuelle.  Comment l’organisation compte-t-elle se financer à l’avenir?  

Les États-Unis ont souhaité obtenir plus de détails sur les activités de plaidoyer dans le domaine des droits humains de Pro Vita e Famiglia Onlus (Italie).  Notant que Protection Approaches (Royaume-Uni) reçoit des fonds du Gouvernement britannique, la Chine lui a demandé comment elle maintient son indépendance, avant de réclamer des données ventilées sur les sources de financement de Rainbow Railroad (Canada). 

La délégation chinoise a également demandé à Rare Diseases International (Belgique) d’utiliser le bon intitulé de Hong Kong dans ses comptes rendus.  Elle souhaite en outre obtenir des informations détaillées sur la participation de Right to Education Initiative (Royaume-Uni) à une conférence sur l’éducation supérieure en 2022, de même que sur l’utilisation des nouvelles technologies dans les activités de l’ONG Rizing Starz International Inc. (États-Unis). 

Toujours à la demande de la Chinel’ONG Russian-Speaking Community Council, Inc. (États-Unis) devra préciser comment elle compte contribuer au travail de l’ECOSOC.  Le Zimbabwe a demandé les états financiers des trois dernières années de l’organisation Stichting Stop Ecocide Foundation (Pays-Bas).  Israëla ensuite voulu savoir si les recherches sur les droits humains des étudiants effectuées par Studentenes og Akademikernes Internasjonale Hjelpefond (Norvège) se feront avec d’autres ONG. 

Quels sont les partenariats développés par The Arava Institute for Environmental Studies R.A. (Israël) avec d’autres ONG au Moyen-Orient au cours des deux dernières années, a demandé la Türkiye. Notant que The Centre for Israel and Jewish Affairs (Canada) consacre 85% de ses ressources à des projets et 14% à des dépenses administratives et des salaires, Cuba a souhaité comprendre de quels salaires il s’agit.  La Chine a remarqué que dans les activités mentionnées dans son application, The Explorers Club (États-Unis) fait référence de manière erronée au « Tibet » et lui a demandé d’utiliser l’intitulé « région autonome de Chine ». 

La Türkiye a demandé des précisions sur les activités de renforcement des capacités des juristes menées par Themistocles and Dimitris Tsatsos Foundation - Centre for European Constitutional Law (Grèce) au cours des cinq dernières années.  Après que la Présidente du Comité a informé que Transparency International -R (Fédération de Russie) a fait l’objet d’une note verbale de la Fédération de Russie, en sa qualité de membre observateur du Comité, Cuba a souhaité obtenir plus d’informations sur les sources de financement de cette ONG. Les dons dont elle est bénéficiaire sont-ils associés à des projets précis?  À ce propos, les États-Unis ont fait observer que la plupart des ONG reçoivent une partie ou la totalité de leurs ressources de sources externes pour pouvoir assurer leur indépendance.  La Türkiye a souhaité savoir comment une ONG peut devenir membre de la fédération dont il est question dans l’application d’UNITEE (Belgique). 

Relevant certaines incohérences dans le dossier de US Institute of Diplomacy and Human Rights (États-Unis), Cuba a demandé des précisions sur la nature internationale, ou pas, de l’organisation.  Remarquant que VšĮ Tarptautinis pilietinių iniciatyvų centras « Mūsų namai » (Lituanie) ne semble pas avoir d’activités prévues pour 2024, les États-Unis ont réclamé une liste de ses activités qui contribueraient au travail de l’EOSOC.  Le Royaume-Uni a demandé plus de détails sur la contribution que Ashrafolanbia Charity Institute (Iran) compte apporter à l’ECOSOC et ses organes subsidiaires. 

L’Arménie a voulu savoir si les résultats des études sur le militantisme de l’Association Yesil Ay of the Republic of North Macedonia Skopje (Macédoine du Nord) pourraient être publiés.  Quel est votre plan de travail pour 2024, et comment comptez-vous contribuer au travail de l’ECOSOC à l’avenir? a demandé la Chine à CyberPeace Institute (Suisse).  Relevant que Global Healthy Living Foundation, Inc. (États-Unis) compte déjà plus de 60 000 membres, la délégation chinoise a souhaité savoir quels sont les critères pour en devenir membre. 

La Chine a également demandé des précisions sur les dépenses administratives de Hope to the Future Association (République de Corée) qui dépassent les 30% de son budget.  Relevant que The Center for Victims of Torture (États-Unis) reçoit des financements de la part du Gouvernement américain à hauteur de 59% de son budget, la Chine a souhaité savoir comment l’organisation fait pour maintenir son indépendance et garantir sa viabilité financière.  L’Arménie a ensuite invité Türkiye Eğitim Gönüllüleri Vakfı (Türkiye) à fournir des renseignements sur ses projets à venir en 2024 et au-delà. 

Les États-Unis ont demandé des informations complémentaires sur les sources de financement de l’ONG Umut Ol Uluslararsi İnsani Yardim Derneği (Türkiye) ainsi que sur ses activités pour 2024.  Relevant que le modèle de WomenStrong International (États-Unis) a évolué, la Chine a souhaité obtenir plus de précisions à ce sujet.

Octroi du statut consultatif spécial aux ONG dont la demande avait été précédemment reportée 

  1. Association Humaniste de France (Comores)  
  2. East-lake Institute for Social Advancement, Wuchang District, Wuhan (Chine)   
  3. Equipo Argentino de Antropología Forense (Argentine)  
  4. Foro Internacional de Mujeres Indígenas (Pérou)   
  5. Fourth Wave Foundation (Inde)   
  6. Gulf International Center for Legal Business Solutions (Bahreïn)   
  7. Iltizam Relief Society (Malaysie)      

Examens des demandes reportées   

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande de nouveau reporté à la suite des nouvelles questions soulevées par des membres du Comité. 

Quels sont les résultats de la campagne de sensibilisation menée par The Awakening, A Society for social & Cultural Developement (Pakistan)? a demandé le Pakistan.  Donnez des détails des campagnes et des exemples réussis des projets de ARTM- Associaçao de Reabilitaçao de Toxicodependentes de Macau (Chine), a exigé le NicaraguaIsraël a voulu des clarifications sur les états financiers de Al-Quds University (État de Palestine). 

Le Pakistan a réclamé les états financiers de All India Council of Human Rights Liberties & Social Justice (Inde), avant de demander à Analog Ventures LLP (Inde) comment l’ONG entend atteindre les objectifs de l’ECOSOC.  Quel est le résultat des activités en cours de l’Arab Organization for Arabization and Communication (Maroc)? a interrogé la Chine

Que ferait l’Asociación Civil Grupo SURES (Venezuela) si elle se voit recommander un statut? ont questionné les États-Unis qui ont voulu des précisions sur les projets menés en partenariats dans les pays de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  L’Asociaţia Obştească Centrul de dezvoltare şi susţinere a iniţiativelor cetăţenilor « Resonance » (Moldova) devra indiquer à Israël à quelles conférences internationales elle a participé, tandis que l’Association Tous pour l’intégration des migrants au Maroc (Maroc) devra préciser, à la demande de l’Inde, avec quelles organisations et dans quels pays africains elle travaille. 

L’Algérie a invité l’Association de la femme saharienne pour le développement intégré (Maroc) à fournir la liste de ses ressources financières.  À la demande l’Inde, l’Association de l’Alliance Nationale des Chourafa Naciryiene et leurs cousins, chargés des affaires de la Zaouia Naciria (Maroc) devra expliquer l’utilisation de ses fonds.  L’Algérie a demandé des explications à l’Association des Marocains victimes d’expulsion arbitraire de l’Algérie (Maroc) sur les subventions gouvernementales: 3 000 dollars ou 10 000 dollars? 

Le Pakistan a voulu des détails sur les projets menés en partenariats par l’Association for Disabled People (Inde).  L’Inde s’est étonnée que le site Internet de l’Association of Women for Awareness & Motivation (AWAM) (Pakistan) ne fonctionne pas.  Quand est-ce que ce site marchera?  Les États-Unis ont demandé à Beijing People’s Association for Friendship with Foreign Countries (Chine) une liste détaillée des bailleurs de fonds. 

Belarusian Fund of Peace (Bélarus) a été prié par les États-Unis de préciser ses compétences en matière de prise en charge des personnes handicapées. Quels sont les projets environnementaux de Bonyad Jahadi Mehr Alreza Utility (Iran)? a demandé le Royaume-Uni.  Le Center for Research and Policy Making (Macédoine du Nord) devra préciser à l’Arménie les sources de ses financements, ses projets et ses partenaires. 

Centre for Participatory Democracy (Inde) a été prié par l’Inde d’informer le Comité des ONG lorsque son site Internet sera mis à jour.  Le Pakistan a demandé au Centre for Research and Development (Inde) si l’ONG travaille avec des organisations paysannes. China Council for the Promotion of National Trade (États-Unis) devra expliquer au Pakistan comment l’ONG maintient son indépendance vis-à-vis du Gouvernement. 

La même question a été posée à la China Oceanic Development Foundation (Chine) par le Royaume-UniCommunity Care and Social Development Foundation (Pakistan) devra présenter le résultat de ses recherches sur la vulnérabilité, à la demande du Pakistan qui a ensuite réclamé les états financiers de 2023 du Council for Sustainable Peace and Development (Inde).    

L’Arménie a voulu savoir si les activités de la Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie) contribuent au développement durable.  La Chine a demandé au Dr. APJ Abdul Kalam International Foundation (Inde) son plan de travail pour 2023 et 2024.  Le Pakistan a voulu que la Edufun Foundation Trust (Inde) communique des informations sur les projets de renforcement de capacités des populations défavorisées. 

Les États-Unis ont demandé à la Fundación Venezolana por el Derecho a la Vivienda (Venezuela) la liste des activités prévues en 2024.  À quelles conférences, la Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization (Chine) a participé? ont voulu savoir les États-UnisGreen Camel Bell (Chine) devra répondre à Cuba qui a demandé les raisons de son déficit budgétaire.  Comment l’ONG peut-elle travailler tout en étant déficitaire?  

Les États-Unis ont voulu en savoir plus sur les activités menées par Human Environmental Association for Development – HEAD (Liban) qui auraient contribué au mandat de l’ECOSOC.  Le Pakistan s’est intéressé aux donateurs locaux de Human Rights Protection Organization (Pakistan).  La même délégation a demandé des détails sur les marches organisées par Human Social Care Foundation (Inde) pour sensibiliser sur les viols à l’encontre des petites filles. 

Imam Khomeini Relief Foundation (Iran) a été priée par les États-Unis de donner des détails sur les expositions organisées en 2022-2023, les activités prévues en 2024, ainsi que sur les partenariats avec les entreprises et les partenaires locaux.  Pourquoi l’ambassadeur de bonne volonté de l’Institute of International Peace Leaders (Private) Limited a été révoqué? a demandé la Géorgie.  Quelles sont les initiatives lancées par l’International Anti Terrorism Movement (Inde) pour contribuer au travail de l’ECOSOC? a questionné le Pakistan.

Dialogue interactif avec les ONG  

La Présidente de l’Asociația eLiberare (Roumanie) a informé que son organisation, qui combat la traite des êtres humains, reçoit du Gouvernement roumain un financement qui représentait autrefois 20% de son budget mais qui est passée à 10% aujourd’hui.  Les ressources baissent alors que le phénomène s’amplifie, a-t-elle déploré, notant que quelque 50 millions de personnes sont victimes de ce fléau à qui la communauté internationale consacre seulement 5 milliards de dollars.  C’est la raison qui explique notre demande de statut consultatif, a insisté la Présidente. 

Quelles sont les réalisations de l’ONG depuis sa création? a demandé la Chine qui s’est également intéressée aux technologies utilisées.  Comment identifiez-vous les victimes?  Avec quels gouvernements avez-vous travaillé?  

Notre travail a permis d’augmenter de 1% à 10% l’identification des victimes de la traite des êtres humains, a répondu la Présidente de l’ONG, précisant que ce travail ne peut être effectué qu’avec la contribution des gouvernements et des forces de l’ordre dans le cadre de partenariat stratégique. 

Le Vice-Président de Board of Deputies Charitable Foundation (Royaume-Uni) a indiqué que son organisation travaille avec les communautés juives au Royaume-Uni et dans d’autres pays, l’objectif étant de contribuer à la sécurité de tous les Juifs, de promouvoir l’héritage juif et de lutter contre l’antisémitisme.  En réponse aux interrogations de la Türkiye qui a noté que le nom qui figure sur le site Internet de l’ONG diffère de celui inscrit sur sa demande, il a confirmé que l’appellation officielle est « Board of Deputies Charitable Foundation ». 

À son tour, le Directeur exécutif de Hope for Justice (Royaume-Uni) a indiqué qu’en 2023, l’ONG a aidé au retour dans leur famille de 1 500 enfants victimes d’esclavage.  L’organisation se sert des données pour mener à bien sa mission, tout en veillant à leur confidentialité, et travaille avec des organisations internationales dans ce domaine.  La Chine a voulu savoir comment l’ONG choisit ses partenaires et les pays dans lesquels elle travaille.  Elle a également réclamé des détails sur la technologie utilisée et la constitution des bases de données.  En outre, quelles sont les mesures prévues pour stabiliser la situation financière de l’ONG?     

En réponse, le Directeur exécutif a expliqué que les gouvernements de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Cambodge ont invité l’ONG à travailler avec eux.  Concernant la technologie, il a indiqué que l’ONG effectue des simulations à l’aide de données factices. 

Le représentant de Leigh University (États-Unis) a informé que cet institut d’enseignement technique entend mener un projet de recherche sur la mobilisation des ONG dans le monde et leur participation à la réalisation des ODD. 

Comment cette université met-elle en œuvre ses programmes y compris le programme sur la réalisation des ODD? a questionné la Türkiye.  Quelles ont été les activités en 2022 et en 2023?     

Suite à cela, l’ONG a indiqué disposer de programmes qui intègrent les ODD, et que des étudiants étrangers, dont des Turcs, étudient dans sa filière ingénierie.  En 1978, l’université a également mis en place un programme d’accompagnement des jeunes et travaille actuellement avec plus de 20 ONG dans le monde.       

La Directrice exécutive de Pikes Peak Justice and Pro Bono Center, Inc. (États-Unis) a indiqué que son ONG promeut l’accès à la justice pour les familles dans le besoin dans l’État du Colorado.  L’ONG a reçu 200 000 dollars en financement de cet État pour payer les salaires de son personnel, a-t-elle fait savoir, tout en précisant que cela n’est pas une politique à long terme.  L’ONG dispose actuellement de nouvelles capacités pour accroître son offre de service d’aide juridique aux familles et aux locataires défavorisés.  Un fonds spécial alimenté par diverses fondations a également été ouvert pour augmenter notre offre de service. 

Quelles seraient les contributions de l’ONG au travail de l’ONU? a voulu savoir la Chine qui s’est également intéressée aux résultats du projet « Meta Lawyer ».  La délégation a également souligné que Taiwan est une province chinoise. 

En réponse à ces question, la Directrice exécutive a indiqué que ce que fait l’ONG dans le Colorado constitue des exemples de réalisation des ODD 5, 15 et 16.  L’ONG a aussi une expérience en matière de lutte contre le tabagisme et la consommation de drogue.  Plus de 3 000 personnes ont reçu des conseils juridiques grâce au projet Meta Lawyer et d’autres programmes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat ministériel du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient: le Secrétaire général juge « inacceptable » tout rejet de la solution des deux États

9534e séance, après-midi et soir
CS/15569

Débat ministériel du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient: le Secrétaire général juge « inacceptable » tout rejet de la solution des deux États

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a jugé « inacceptable », cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le rejet « clair et répété » de la solution des deux États exprimé la semaine dernière par le Gouvernement israélien. La solution des deux États, « laissée pour morte » à maintes reprises, reste le seul moyen de parvenir à une paix durable et équitable, a déclaré M. Guterres.  Cette position a été partagée par la quasi-totalité de la cinquantaine d’orateurs à avoir pris la parole lors de ce débat public trimestriel qui s’est tenu à un niveau ministériel.

Si le Conseil a entendu des appels insistants, y compris du Secrétaire général, pour un cessez-le-feu à Gaza afin d’acheminer de l’aide et de libérer les otages aux mains du Hamas, c’est bien la question d’une paix durable qui a dominé les débats.  « La paix entre Palestiniens et Israéliens ne peut venir que de la solution des deux États », a martelé le Secrétaire général, en y voyant le seul moyen de satisfaire les besoins sécuritaires des Israéliens et les aspirations légitimes des Palestiniens à un État.  « L’occupation israélienne doit cesser. » 

Le Secrétaire général a noté que des amis d’Israël, « y compris ceux siégeant autour de cette table », ont lancé des appels pressants en faveur de ladite solution. Son refus et le déni du droit des Palestiniens à un État ne feront que prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu un risque majeur pour la paix et la sécurité mondiales, a averti M. Guterres.  Le droit des Palestiniens à un État doit être reconnu par tous et le refus de la solution des deux États doit être condamné. 

« Quelle est l’alternative? »  Le Secrétaire général s’est en effet interrogé sur les contours d’une solution à un seul État avec, en son sein, un aussi grand nombre de Palestiniens sans réels droits, liberté et dignité.  « Cela est inconcevable ».  À cette aune, M. Guterres a estimé que le rôle de la communauté internationale est clair.  « Nous devons nous unir pour soutenir les Israéliens et les Palestiniens afin qu’ils prennent des mesures fortes en faveur d’un véritable processus de paix. » 

Une position unanimement partagée, notamment par le Vice-Premier Ministre de la Jordanie, qui a fustigé l’opposition israélienne à la solution des deux États.  « Imposez la paix, parce que si vous ne le faîtes pas, le Gouvernement israélien continuera d’imposer la guerre, la mort et la haine », a-t-il lancé aux membres du Conseil.  Face au refus d’Israël de la solution des deux États, il incombe au Conseil et à l’ONU de répondre avec la plus grande fermeté, a appuyé le Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie.

Le Ministre algérien a également fait sienne la demande d’adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU et évoqué l’initiative de l’Afrique du Sud de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant la guerre « génocidaire » à Gaza.  « Il y a deux voies possibles: la liberté des Palestiniens, menant à la paix dans la région, ou le déni de cette liberté, plongeant la région dans un conflit perpétuel », a abondé le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine. 

Il a précisé que le monde arabe, soutenu par la communauté internationale, a choisi la première voie. « Israël continue de maintenir l’illusion qu’il existe une troisième voie par laquelle l’occupation constante, le colonialisme et l’apartheid permettront de parvenir à la paix. »  Le Ministre a appelé à convoquer une conférence internationale afin de faire respecter le consensus international concernant une solution à deux États.  Le délégué de l’Union européenne a, lui, relayé les appels pour une conférence de paix lancés, la veille, par les 27 ministres des affaires étrangères de l’Union.

De son côté, le Ministre d’État du Royaume-Uni a mentionné les grands axes d’une solution pacifique, parmi lesquels, outre la reconstruction de Gaza, un gouvernement dirigé par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, la revitalisation de l’Autorité palestinienne et la solution des deux États.  Il ne revient ni à Israël ni à quiconque de décider comment les Palestiniens seront demain gouvernés, ni de l’étendue de leur souveraineté, a fait valoir le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, qui présidait la séance, en appelant également de ses vœux à une telle solution.

Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a, pour sa part, signalé avoir tenté « une nouvelle fois », avant la présente réunion, d’obtenir une réaction solidaire du Conseil en lui soumettant un projet de déclaration présidentielle exigeant un cessez-le-feu à Gaza.  « Hélas, les États-Unis et leurs alliés ont bloqué ce document, confirmant que préserver la vie des civils palestiniens n’est pas leur priorité. »  Le délégué de la Chine a, de même, déploré que le Conseil n’ait pas pu adopter de déclarations, malgré les projets en ce sens qui contenaient par ailleurs des éléments relatifs à la solution des deux États.

« L’heure est venue pour le Conseil de condamner sans ambages les atrocités et la terreur émanant du Hamas », a, de son côté, déclaré la Sous-secrétaire d’État à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits humains des États-Unis, en insistant sur la nécessité de régler la crise des otages pour avancer vers la paix. Elle a déploré l’attitude de la Russie, en particulier son refus de condamner les attaques du Hamas du 7 octobre dans le projet de déclaration présidentielle.  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une solution à deux États. 

Le représentant d’Israël a, lui, axé son propos sur le Hamas et sur l’Iran.  Le Hamas, « qui veut mener un génocide contre les Juifs », a massacré plus de 1 200 Israéliens en une journée, a-t-il rappelé en comparant avec les attaques du 11 septembre: « cela représente proportionnellement 20 fois plus de morts ».  Le délégué a exprimé son inquiétude face à un cessez-le-feu permanent tel que demandé par certains membres du Conseil, une résolution de la situation qui, selon lui, permettrait au Hamas de se renforcer et de mener un « nouvel Holocauste » en Israël.  « Mon pays n’a pas choisi cette guerre », a-t-il conclu.

Le Conseil a suspendu cette séance à 20 heures pour la reprendre demain, mercredi 24 janvier, à 15 heures.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que plus de 100 jours se sont écoulés depuis les attaques terroristes odieuses lancées par le Hamas contre Israël.  « 100 jours de chagrin et d’angoisse. »  Il a exigé la libération des otages, avant de prendre note de la proposition d’Israël d’une trêve de deux mois en échange d’une libération échelonnée de tous les otages. 

« Ces 100 derniers jours ont été dévastateurs et catastrophiques pour tous les civils palestiniens de Gaza. »  Plus de 25 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été tuées dans les opérations israéliennes et plus de 60 000 autres blessées.  « Rien ne peut justifier le châtiment collectif du peuple palestinien. »  Il a détaillé la situation humanitaire déplorable qui règne à Gaza, ainsi que l’aide que l’ONU essaye d’apporter, malgré des obstacles considérables.  Il a exhorté toutes les parties à coopérer avec la Coordonnatrice principale de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, Mme Sigrid Kaag. 

« Ne nous voilons pas la face. »  Malgré tous les efforts entrepris, aucune opération humanitaire ne peut aboutir dans les conditions qui sont celles imposées aux Palestiniens à Gaza, a tranché le Secrétaire général.  « Il est illusoire de penser que 2,2 millions de personnes peuvent survivre avec seulement une aide humanitaire. »  Il a estimé que l’acheminement de l’aide ne consiste pas à compter des camions, mais à s’assurer que l’assistance nécessaire, en volume et en qualité, soit fournie aux personnes qui en ont le plus besoin. Il a plaidé pour l’adoption d’une série de critères opérationnels pour que cette aide soit apportée.  « Nous avons besoin de sécurité. »  Les mécanismes de notification actuels ne permettent pas d’avoir une pleine confiance dans les opérations menées, a concédé le Secrétaire général. 

Nous avons besoin de davantage de points de passage vers Gaza afin de réduire les goulots d’étranglement, a-t-il poursuivi.  Il a également demandé que la fourniture de l’aide transitant par le port israélien d’Ashdod reprenne.  « Nous avons besoin d’un accès au nord. »  Il a ajouté qu’Israël a opposé un refus à la plupart des missions humanitaires, tandis que les affrontements se poursuivent dans le nord. Il a demandé un accès humanitaire sans entrave à Gaza, la cessation de toutes les violations du droit international humanitaire et la fin du recours à des boucliers humains.  Le Secrétaire général a également renouvelé son appel en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, afin d’acheminer l’aide nécessaire, de faciliter la libération des otages et de faire baisser les tensions dans la région. 

Les risques d’une escalade régionale accrue sont en effet devenus réalité, a continué le Secrétaire général, en pointant le risque très élevé d’une erreur de calcul.  Il a exhorté toutes les parties à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire et de toute activité de nature à alimenter les tensions.  Jugeant la situation en mer Rouge très préoccupante, il a estimé capitale une désescalade, en appelant à la cessation de toutes les attaques contre les navires marchands.  En Syrie, il a demandé une solution politique facilitée par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015), avant de plaider, s’agissant de la situation le long de la Ligne bleue, pour la pleine application de la résolution 1701 (2006).

Enfin, il a estimé qu’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens ne peut venir que de la solution des deux États.  Il a demandé la concrétisation des besoins sécuritaires des Israéliens et des aspirations légitimes des Palestiniens à un État indépendant.  « L’occupation israélienne doit cesser. »  Il a jugé « inacceptable » le rejet « clair et répété », la semaine dernière, de ladite solution par le Gouvernement israélien à ses échelons les plus élevés.  « Cela malgré les appels insistants des amis d’Israël, y compris ceux siégeant autour de cette table. »  Un tel refus et le déni du droit des Palestiniens à un État ne feront que prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu un risque majeur pour la paix et la sécurité mondiales, a-t-il averti. 

Le droit des Palestiniens à un État doit être reconnu par tous et le refus de la solution des deux États doit être condamné.  « Quelle est l’alternative? Quelle peut être la solution à un seul État avec, en son sein, un aussi grand nombre de Palestiniens sans réels droits, liberté et dignité? »  Cela est inconcevable, a tranché le Secrétaire général, en estimant que la solution des deux États est la seule à pouvoir répondre aux aspirations des Palestiniens et des Israéliens. 

À cette aune, il a estimé que le rôle de la communauté internationale est clair. « Nous devons nous unir pour soutenir les Israéliens et les Palestiniens afin qu’ils prennent des mesures fortes en faveur d’un véritable processus de paix. »  La solution des deux États, qui a été critiquée, dénigrée et laissée pour morte à maintes reprises au cours des deux dernières décennies, reste le seul moyen de parvenir à une paix durable et équitable, a conclu M. Guterres.

M. RIYAD AL MALIKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine, a affirmé que les circonstances actuelles sont dues à un « effort prémédité d’infliger une peine maximale au peuple palestinien » en combinant trois facteurs: des bombardements aléatoires, un siège continu privant la population des biens essentiels à sa survie, et un déplacement forcé de population.  Alors qu’on empêche le Conseil de sécurité d’appeler à un cessez-le-feu immédiat, le monde entier demande un cessez-le-feu humanitaire afin de protéger les civils et atteindre la paix, a-t-il rappelé.  Il a néanmoins relevé que, « pour les dirigeants israéliens, le peuple palestinien est une menace démographique dont il faut se débarrasser via l’épuration ethnique, le génocide ou l’apartheid ».  Il a dès lors appelé les dirigeants à être davantage préoccupés par cette réalité que par les mots utilisés pour la décrire.

Selon le Ministre, il y a deux voies possibles: la liberté des Palestiniens, menant à la paix dans la région, ou le déni de cette liberté, plongeant la région dans un conflit perpétuel.  Le monde arabe, soutenu par la communauté internationale, a choisi la première voie, a-t-il remarqué.  Pourtant, a-t-il poursuivi, Israël continue de maintenir l’illusion qu’il existe une troisième voie par laquelle une occupation continue, le colonialisme et l’apartheid permettront de parvenir à la paix.  Rappelant que les enfants palestiniens ne devraient avoir à se battre pour leur survie ou leurs droits fondamentaux, il a jugé indispensable de sanctionner le non-respect du droit international.  À cet effet, il a appelé à convoquer une conférence internationale afin de faire respecter les résolutions des Nations Unies et le consensus international concernant une solution à deux États.  Nous avons deux choix: un cessez-le-feu ou un embrasement du conflit, avec les conséquences qu’on lui connaît actuellement, a-t-il conclu. 

Le représentant d’Israël a estimé que le Moyen-Orient souffre d’un « cancer » qui ne peut être soigné par « une aspirine », mais nécessite un traitement à la racine.  Déplorant le détournement de l’aide humanitaire par le Hamas pour ses activités militaires à Gaza, il a rappelé que cette organisation, « qui veut mener un génocide contre les Juifs », a massacré plus de 1 200 Israéliens en une journée, ce qui représente proportionnellement 20 fois plus de morts que les attaques du 11 septembre.  Le délégué a exprimé son inquiétude face à un cessez-le-feu permanent tel que demandé par certains membres du Conseil de sécurité, une résolution qui, selon lui, permettrait au Hamas de se renforcer et de mener un « nouvel Holocauste » en Israël.  « Israël n’a pas choisi cette guerre », a-t-il affirmé, « mais nous défendrons notre avenir, comme vous tous défendriez l’avenir de votre pays ».

Le représentant a ensuite identifié l’Iran comme la principale menace sécuritaire dans la région.  Il a accusé le « régime des Ayatollahs » non seulement de financer le Hamas, mais aussi de fournir des armes sophistiquées à des groupes terroristes semant le chaos dans la région, notamment en Arabie saoudite, en Iraq, en Syrie, en Libye, dans les Émirats arabes unis, au Yémen… Il a illustré ses propos en montrant une photo d’armes iraniennes saisies par la marine américaine à des soldats houthistes en mer Rouge.  Il a aussi accusé l’Iran de déstabiliser des pays africains (Maroc, Mali, Niger) et européens (Albanie, Ukraine).  « La terreur iranienne va tous vous toucher », a-t-il averti. Le représentant a conclu en exhortant le Conseil de sécurité à ne pas se focaliser seulement sur l’acheminement de l’aide à Gaza, mais à reconnaître et à agir face à la véritable menace que représente l’Iran, sous peine d’un « avenir collectif très sombre ».

M. STÉPHANE SÉJOURNÉ, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les otages et a exhorté à condamner, « sans équivoque et sans tarder davantage », les attaques terroristes du 7 octobre, invitant en outre le Conseil à ouvrir les yeux sur les violences sexuelles que les terroristes du Hamas ont utilisées comme armes de guerre.  Il a également appelé à agir en faveur de la population civile de Gaza et œuvrer à un cessez-le-feu.  Le Ministre a fait savoir que plus de la moitié des 100 millions d’euros d’aide humanitaire annoncés par Paris en novembre passera par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et qu’en 2024, la France mobilisera 100 millions d’euros supplémentaires.  Il a appelé au respect des exigences posées par le Conseil dans ses deux résolutions humanitaires, notant que cela implique d’œuvrer immédiatement à un cessez-le-feu durable. 

Le Ministre a ensuite estimé que le Conseil a le devoir de déployer tous les efforts possibles en vue d’une solution politique au conflit israélo-palestinien.  Pour y parvenir, il faut une relance décisive et crédible du processus de paix, a-t-il préconisé, non sans rappeler les « paramètres de la solution »: deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité, dans des frontières sûres et reconnues sur la base des lignes de 1967, et ayant l’un et l’autre pour capitale Jérusalem.  Selon lui, il ne revient ni à Israël ni à quiconque, de décider, pour les Palestiniens, comment ils seront demain gouvernés, ni l’étendue de leur souveraineté. De même, il revient à l’Autorité palestinienne de pouvoir exercer sa pleine autorité à Gaza.  Qualifiant en outre d’inacceptables les violences perpétrées par des colons violents contre la population civile palestinienne en Cisjordanie, il a indiqué qu’avec ses partenaires, la France prendra le moment venu des initiatives pour que le Conseil se saisisse de l’ensemble de ces questions politiques. 

Le Ministre s’est par ailleurs déclaré particulièrement préoccupé par la montée des tensions autour de la Ligne bleue, de même que par les attaques commises par les houthistes en mer Rouge et les violations de la souveraineté de l’Iraq.

M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a exprimé sa gratitude au Secrétaire général pour ses efforts destinés à alléger les souffrances à Gaza, malgré les tentatives de porter atteinte à sa crédibilité par un « occupant dont la tyrannie ne connaît aucune limite ».  Les « martyrs » de Gaza, a-t-il ajouté, sont tombés « pour une patrie qui est la leur et une cause qui est la leur et la nôtre ».  Alors que « l’agression » à Gaza approche de son cinquième mois, la possibilité de dissuader l’occupant israélien semble lointaine, a reconnu le Ministre.  À cet égard, il a relevé trois défis principaux, à commencer par assurer le respect des résolutions pertinentes de l’ONU.  Nous devons en outre refuser qu’un Membre de l’Organisation bénéficie d’un traitement privilégié inacceptable.  Autre défi: celui de contraindre l’occupation israélienne à respecter le droit international et à mettre fin à l’impunité. 

Dans cette optique, le Ministre a accueilli favorablement les efforts visant à mettre fin à ce traitement privilégié en amenant l’occupant à prendre acte des responsabilités qui lui incombent.  À cette fin, il a souligné l’initiative du Président algérien de réunir des juristes afin d’engager des poursuites contre Israël devant les instances internationales.  Il a évoqué l’initiative de l’Afrique du Sud de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant la guerre « génocidaire » à Gaza.  Dans l’intervalle, la priorité absolue doit être accordée à un cessez-le-feu immédiat, a plaidé le Ministre.  Face au refus d’Israël de la solution des deux États, il incombe au Conseil de sécurité et à l’ONU de répondre avec la plus grande fermeté, a-t-il estimé.  Il a fait sienne la demande d’adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU présentée par le Mouvement des pays non alignés.  Enfin, le Ministre a réitéré la demande de son pays de convoquer une conférence internationale pour la paix sous l’égide de l’ONU. « Faisons de Gaza une leçon qui nous pousse à agir », a-t-il conclu. 

Mme TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a souligné que seul un cessez-le-feu respecté par toutes les parties permettra d’assurer la protection des civils, l’acheminement de l’aide humanitaire et le retour en toute sécurité des déplacés. Elle a condamné l’idée d’un déplacement massif des populations de Gaza défendue par certains responsables israéliens. Elle a appelé à leur retour sûr dans les différents territoires de la région.  Condamnant, une nouvelle fois, les attaques terroristes du 7 octobre, elle a réitéré son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. 

Seul un cessez-le-feu créera les conditions pour la paix, a-t-elle insisté, rappelant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit mais bien une solution à deux États qui devrait être examinée dans le cadre d’une conférence internationale sur la paix.  Un cessez-le-feu permettra aussi d’établir les responsabilités car nous ne pouvons fermer les yeux sur les nombreuses violations du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-elle précisé.  Un cessez-le-feu contribuera également à empêcher une nouvelle escalade régionale à l’heure où le conflit sert déjà de prétexte à des attaques en Cisjordanie et dans la mer Rouge.  La Vice-Première Ministre a rappelé que la liberté de navigation est cruciale pour la circulation des biens essentiels.  Enfin, a-t-elle conclu, un cessez-le-feu permettra la reconstruction de Gaza sous la direction d’une Autorité palestinienne revitalisée, avec le soutien de l’ONU et de la communauté internationale. 

M. IGNAZIO CASSIS, Conseiller fédéral et Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a condamné fermement les attaques du Hamas contre Israël et a exigé la libération immédiate de tous les otages détenus par le Hamas.  Exprimant sa préoccupation face à la persistance des violences depuis le 7 octobre, il a regretté que les civils continuent d’être victimes des combats et que le droit international humanitaire soit constamment violé, malgré l’adoption de deux résolutions essentielles par le Conseil de sécurité. 

Face à cette situation, M. Cassis a insisté sur la nécessité de ne pas céder à la frustration ni au découragement, et a souligné trois points essentiels pour une paix durable au Proche-Orient: la nécessité d’un consensus politique régional, dans un contexte qui a beaucoup changé depuis les Accords de Camp David ou d’Oslo; la nouvelle dynamique diplomatique d’Israël indiquant que des terrains d’entente sont possibles; et la création d’une solution à deux États offrant la perspective de vivre en paix et en sécurité.

Citant Eleanor Roosevelt —« Il ne suffit pas de parler de paix.  Il faut y croire.  Et il ne suffit pas d’y croire.  Il faut travailler pour elle »—, M. Cassis a appelé à passer à l’action, plaidant pour une approche qui implique toutes les parties au conflit, les États de la région et les membres du Conseil de sécurité, et qui intègre tous les éléments clefs du conflit, notamment la libération des otages, un cessez-le-feu humanitaire; l’accès sans entrave à l’aide humanitaire; et le respect du droit international humanitaire.  Le tout dans le contexte d’une solution politique.  Pour conclure, il a exprimé sa conviction que l’ONU a la capacité de changer de perspective et de bâtir un chemin vers la paix, disant préférer « l’utopie à la dystopie ».

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que cette réunion intervient à un moment véritablement dramatique.  Si des considérations politiques et humanitaires imposent d’agir urgemment pour mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien, des mesures sont également nécessaires pour empêcher la déstabilisation d’autres régions du Moyen-Orient.  Les États-Unis, a-t-il accusé, bloquent tous les efforts visant à mettre fin à l’effusion de sang dans le Territoire palestinien occupé.  L’ingéniosité de la diplomatie américaine, qui soit oppose son veto aux résolutions sur le cessez-le-feu, soit appelle à une baisse de l’intensité des hostilités à Gaza, est déconcertante.  Avant cette réunion, a confié le Ministre, la Fédération de Russie a une nouvelle fois tenté d’obtenir une réaction solidaire du Conseil en lui soumettant un projet de déclaration présidentielle exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat.  Hélas, les États-Unis et leurs alliés ont bloqué ce document, confirmant que préserver la vie des civils palestiniens n’est pas leur priorité.  Le Ministre s’est indigné de la propagation d’idées « aussi dégoûtantes » que le déplacement forcé des Palestiniens. 

Du fait de l’incapacité du Conseil à prendre des mesures globales, a-t-il poursuivi, l’escalade actuelle du conflit en Palestine s’est propagée à toute la région. M. Lavrov a accusé les États-Unis et leurs alliés de créer de nouvelles menaces à la sécurité internationale, condamnant « l’agression injustifiée » contre le Yémen et les frappes israéliennes contre la Syrie.  Avant de se concentrer sur le « lendemain » du conflit israélo-palestinien, le Conseil de sécurité doit d’abord, a tranché le Ministre, obtenir un cessez-le-feu.  En l’absence d’une telle garantie et de la création d’un État palestinien, parler de demain est non seulement prématuré, mais également inutile.  Les Palestiniens doivent décider eux-mêmes de leur sort et « l’ingénierie sociale », tant appréciée par les Occidentaux, est inacceptable, a-t-il martelé.  M. Lavrov a également insisté sur l’inviolabilité de la solution des deux États et s’est alarmé des déclarations de dirigeants israéliens et des effets « désastreux » de la diplomatie bilatérale des États-Unis, qui vise à « régler » les paramètres d’un règlement au Moyen-Orient avant les élections de novembre, sans se soucier des conséquences à long terme. Selon le Ministre, Washington a d’abord « enterré » le travail du Quatuor pour le Moyen-Orient et bloque désormais tous les efforts de désescalade au sein du Conseil de sécurité. 

La tâche d’une médiation internationale n’est pas d’interférer mais de créer les conditions extérieures les plus favorables pour restaurer la confiance entre les pays concernés.  Aussi, la Fédération de Russie propose-t-elle de convoquer des consultations au niveau ministériel pour consolider les positions des principaux acteurs régionaux et, sur cette base, promouvoir le rétablissement de l’unité palestinienne. À l’étape suivante, le format d’une conférence internationale sur un règlement au Moyen-Orient sera demandé, y compris la proclamation d’un État palestinien, garantissant une sécurité fiable à Israël et normalisant ses relations avec tous les pays arabes et musulmans, a poursuivi le Ministre.

M. DAVID MOININA SENGEH, Ministre principal de la Sierra Leone a fait valoir que l’escalade des hostilités à Gaza depuis le 7 octobre 2023 indique qu’une solution définitive à la question palestinienne est nécessaire de toute urgence. Qui plus est, cette situation continue d’avoir des conséquences considérables sur la stabilité régionale et la sécurité mondiale.  Le représentant a exprimé sa grave préoccupation face à l’escalade de la violence dans la bande de Gaza depuis 100 jours, avec un coût humain inacceptable, notamment pour les travailleurs humanitaires et le personnel de l’ONU.  Dans ce contexte, il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza afin d’assurer la sécurité des civils et des biens civils, tout en permettant l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Le représentant s’est dit profondément préoccupé par la poursuite des opérations militaires israéliennes et les discours concernant le déplacement forcé des Palestiniens de la part des autorités politiques israéliennes.  Il a rejeté toute tentative visant à expulser les Palestiniens de la bande de Gaza ou de Cisjordanie, que ce soit temporairement ou définitivement.  Il a par ailleurs exprimé son inquiétude devant la montée des tensions en Cisjordanie, le long de la Ligne bleue, au Liban, ainsi qu’en mer Rouge. 

M. TARIQ AMAD, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a estimé qu’une trêve immédiate est nécessaire à Gaza, afin d’acheminer une aide vitale et de libérer les otages.  Il a exhorté Israël à accroître l’accès humanitaire à Gaza, avant de préciser que son pays a triplé son aide au bénéfice des civils palestiniens.  Il a souligné le droit à la légitime défense d’Israël et condamné « toutes les formes de terreur ».  Il a enfin détaillé les quatre axes d’une solution pacifique.  Il a ainsi souhaité un gouvernement dirigé par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie; un plan concret visant à revitaliser l’Autorité palestinienne; un plan de reconstruction massif pour Gaza; et enfin, un horizon politique, avec la solution des deux États.

Mme UZRA ZEYA, Sous-secrétaire d’État à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits humains des États-Unis, s’est d’abord félicitée de l’ouverture d’un passage humanitaire qui a permis à des otages de rejoindre leurs proches et à davantage d’aide d’être acheminée, mais a souligné que c’était encore insuffisant.  Elle a par ailleurs salué la nomination d’une nouvelle Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, insistant sur la nécessité de lui fournir des ressources et du soutien.  Elle a ainsi exprimé l’espoir que l’équipe d’évaluation acceptée par Israël puisse rapidement se rendre à Gaza pour évaluer la situation humanitaire et garantir le retour sécurisé des déplacés.  Toutefois, de nouvelles attaques de tirs de roquettes du Hamas contre Israël ont retardé cette visite, a-t-elle justifié.

Mme Zeya a critiqué l’idée que les Palestiniens soient réinstallés hors de Gaza et a appelé Israël à mieux protéger les civils et à réduire leurs souffrances, conformément au droit humanitaire.  Déplorant le nombre élevé de victimes civiles palestiniennes ainsi que d’acteurs humanitaires (150 membres de l’UNRWA ont perdu la vie, un record), elle a appelé à leur fournir une meilleure protection.  Elle a également exprimé ses préoccupations concernant les combats autour d’hôpitaux dans l’ouest de Gaza et a condamné les attaques terroristes du Hamas contre Israël, ainsi que l’utilisation de Palestiniens comme boucliers humains. 

« L’heure est venue pour le Conseil de sécurité de condamner sans ambages les atrocités et la terreur émanant du Hamas », a-t-elle demandé, insistant sur la nécessité de régler la crise des otages pour avancer vers la paix. Elle a également dénoncé le soutien de l’Iran au terrorisme dans la région, soutien sans lequel les groupes armés ne pourraient pas mener d’attaques contre des cibles civiles. Mme Zeya a également déploré l’attitude de la Russie au Conseil de sécurité, en particulier son refus de condamner les attaques du Hamas du 7 octobre dans un projet de déclaration présidentielle. Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une solution à deux États.

Le représentant de la République de Corée a noté que 109 jours se sont écoulés depuis le massacre perpétré par le Hamas en Israël.  Dans ce laps de temps, nous avons également été témoins des souffrances extrêmes des Palestiniens à Gaza, où plus de 25 000 personnes auraient été tuées lors des opérations militaires israéliennes, a-t-il relevé, jugeant tragique que certains s’habituent au nombre toujours croissant de victimes.  « Tout ce pour quoi les Gazaouites ont lutté est désormais sous les décombres », a déploré le représentant, avant de s’émouvoir de la mort de plus de 150 travailleurs de l’ONU, « plus que tous les membres du personnel des Nations Unies décédés dans les zones de conflit et les incidents terroristes à travers le monde au cours des 12 dernières années », et de l’absence de lieux sûrs à Gaza, pas même les soi-disant « zones de sécurité ». Quant à l’aide humanitaire, elle est non seulement insuffisante mais se heurte sans cesse à des obstacles. 

Bien que le Conseil ait adopté deux résolutions depuis le 7 octobre 2023, peu de progrès ont été réalisés sur le terrain, a déploré le représentant, avant d’appeler à un cessez-le-feu humanitaire durable.  Durant cette trêve, toutes les hostilités doivent cesser, tous les otages doivent être libérés et une aide humanitaire et des biens commerciaux suffisants doivent pouvoir entrer à Gaza, a-t-il plaidé, voyant dans ces mesures la seule façon de progresser vers la solution des deux États.  Pour atteindre cet objectif, tous les acteurs non étatiques de la région devraient également cesser leurs actions provocatrices, a ajouté le représentant, enjoignant aux houthistes de cesser leurs attaques et aux parties situées de l’autre côté de la Ligne bleue entre Israël et le Liban de faire preuve de la plus grande retenue.  Enfin, après avoir qualifié d’inacceptables les transferts forcés de Palestiniens de Gaza et les activités de colonisation en Cisjordanie, il a misé sur un cessez-le-feu humanitaire durable pouvant servir de « point de départ significatif » pour la reprise de pourparlers vitaux entre Palestiniens et Israéliens. 

Le représentant du Mozambique a déclaré que l’initiative française arrive à point nommé car elle traduit la préoccupation collective face à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza.  Aujourd’hui, le conflit entre Israël et la Palestine est encore aggravé par les activités de colonisation illégales israéliennes, qui sont contraires au droit international et qui compromettent les perspectives d’un État palestinien.  Guidés par la Charte et les décisions pertinentes du Conseil, nous devons trouver les moyens d’instaurer une paix durable dans la région, a souligné le représentant.  « Refuser de l’eau, de la nourriture et des médicaments à des civils et à des innocents dans une situation de guerre est contraire aux principes fondamentaux de la dignité humaine », a-t-il ajouté.  À cet égard, il a considéré que la situation actuelle exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat et urgent.  L’intensification des opérations militaires sur le terrain aggravera les tensions entre les communautés et alimentera l’extrémisme, faisant courir le risque d’une escalade régionale, a-t-il prédit.  À ses yeux, les fondements d’une paix durable et de la sécurité régionale résident dans une solution à deux États. 

M. UEMURA TSUKASA, Envoyé spécial du Japon pour la paix au Moyen-Orient, a rappelé qu’après d’intenses négociations, le Conseil de sécurité avait adopté deux résolutions pour améliorer la situation humanitaire à Gaza. « Nous ne voulons plus de sang ni de larmes », a-t-il dit, souhaitant que ces résolutions ne finissent pas comme de « simples morceaux de papier » mais favorisent les négociations menées par de nombreux pays concernés en dehors de cette enceinte. Il importe selon lui qu’un approvisionnement accru en aide humanitaire parvienne à la bande de Gaza et que le personnel humanitaire de l’ONU puisse travailler dans un environnement sûr.  À cet égard, le représentant a demandé au Conseil d’apporter un plus grand soutien au travail de Mme Kaag, Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, qui vient de commencer sa mission, conformément à la résolution 2720 (2023).  Appelant le Hamas à libérer immédiatement et sans condition les otages qu’il détient, « point de départ de tout », il a également souhaité que davantage soit fait pour la vie et les moyens de subsistance des habitants de Gaza. 

Alors que ce conflit a des retombées en Cisjordanie, au Liban, dans la mer Rouge, au Yémen et dans d’autres régions encore, le représentant a dit craindre qu’il se transforme en une confrontation régionale à plus grande échelle. « Nous devons l’arrêter », a-t-il lancé, avant de plaider pour la solution des deux États, la seule qui puisse permettre aux peuples d’Israël et de Palestine de mener une « vie normale » sans craindre pour leur propre sécurité et leur survie.  Le Japon s’emploiera sans relâche à renforcer la confiance entre les parties par ses propres initiatives, a-t-il promis. 

Le représentant de la Chine a déploré la poursuite de la guerre à Gaza et des souffrances des Palestiniens.  Il a aussi noté les risques d’escalade régionale et souhaité que cette réunion du Conseil transmette un message d’unité et de clarté.  Il a dénoncé le veto opposé par un pays à une demande de cessez-le-feu à Gaza.  Le Conseil doit faire preuve de volonté et agir avec un sentiment d’urgence afin d’instaurer la paix, a dit le délégué, en demandant un cessez-le-feu immédiat.  Un tel cessez-le-feu permettra d’accroître l’aide à Gaza et de libérer les otages.  Israël doit changer de cap, a-t-il poursuivi, en voulant que l’on n’épargne aucun effort pour éviter tout embrasement, notamment en mer Rouge.  La solution des deux États est la seule voie pour la paix, a dit le délégué, en se disant préoccupé par les propos de responsables israéliens qui la rejettent désormais.  Il a promis que son pays fera tout pour amener le Conseil à prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à la catastrophe à Gaza. 

La représentante du Guyana a vivement condamné le traitement « violent et monstrueux » que subit le peuple palestinien et a souligné la responsabilité collective de prendre des mesures adéquates afin de protéger les civils palestiniens.  Elle s’est réjouie de la création d’un mécanisme des Nations Unies pour accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza et a appelé les parties à coopérer une fois le mécanisme en place.  Néanmoins, elle a estimé que ces interventions ne pourront se poursuivre sans un cessez-le-feu qui déboucherait sur les conditions nécessaires à une opération humanitaire efficace.  Elle a également souligné que les attaques illégales envers les populations et les infrastructures civiles ne peuvent rester impunies. 

La représentante s’est inquiétée des conséquences « exponentielles » de ce conflit sur l’éducation, l’économie ou encore les soins de santé, appelant à prendre en compte le développement à long terme des Palestiniens et à changer les idéologies profondément ancrées qui justifient les politiques de discrimination envers le peuple palestinien.  Elle a rejeté tout plan de réinstallation forcée de la population de Gaza dans des pays étrangers qui violerait le droit international et le droit à l’autodétermination, exhortant la communauté internationale à empêcher qu’une telle situation se produise.  Elle a réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, de mesures visant à améliorer les conditions de vie des populations palestiniennes et d’une solution à deux États.  La sécurité ne peut naître de l’insécurité et du chaos, a-t-elle conclu. 

Le représentant de l’Équateur a insisté sur la libération immédiate et inconditionnelle des otages israéliens.  Toutefois, la mise en œuvre intégrale des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) est essentielle pour améliorer les conditions auxquelles est confrontée la population civile de Gaza.  Il est crucial de faciliter l’arrivée sûre de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin, a-t-il noté.  À cette fin, il a jugé la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire inévitable.  Or, c’est justement pour éviter les souffrances causées par la guerre que l’ONU a été créée.  Afin que cette guerre soit la dernière de ce long conflit, nous devons mettre en place les conditions permettant d’avancer vers une solution pacifique, définitive et juste pour les parties, sur la base de la solution des deux États.  Chaque parole ou action qui compromet la possibilité d’une solution à deux États contribue à perpétuer le conflit et ne contribue en rien à améliorer la sécurité, a fait valoir le représentant. Il a donc appelé les parties à faire preuve de retenue, à éviter d’exacerber les tensions et à empêcher une nouvelle expansion de la violence dans d’autres régions.

La représentante de Malte a réitéré sa condamnation des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre dernier, continuant à appeler à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages aux mains du Hamas. Cependant, a-t-elle concédé, la punition collective de l’ensemble de la population de Gaza n’a aucune justification et les mesures prises par Israël devraient être strictement conformes aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, notamment la distinction, la proportionnalité et la précaution.  Elle a insisté pour que toutes les parties veillent à la protection des civils et des infrastructures civiles, alors qu’aucun lieu n’est sûr à Gaza du fait des bombardements israéliens.  De plus, la population de la bande vit sous le spectre d’une famine d’origine humaine, associée aux menaces imminentes de maladies, s’est-elle désolée en demandant une action urgente pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire vers et à l’intérieur de l’enclave.  Dans les conditions actuelles, seul un cessez-le-feu humanitaire peut garantir qu’une opération de réponse humanitaire suffisante et efficace puisse être correctement exécutée, a-t-elle affirmé, jugeant que cela permettrait également de créer des conditions propices au dialogue et, à terme, à la paix. 

Face à la détérioration rapide de la situation en Cisjordanie occupée, la représentante a souligné que les colonies illégales constituent une violation du droit international.  Elle a souhaité que la violence des colons israéliens soit combattue efficacement, en évitant l’impunité.  À l’échelle de la région, elle a condamné les violations commises sur la Ligne bleue, y compris les attaques contre la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), et les attaques des houthistes contre la navigation commerciale en mer Rouge, appelant toutes les parties, y compris les acteurs non étatiques, à la retenue.  Enfin, elle s’est prononcée pour une paix fondée sur une solution à deux États le long des frontières d’avant 1967. 

M. AYMAN H. SAFADI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, a indiqué que l’agression israélienne à Gaza n’a duré que trop longtemps et a « massacré bien trop de vies ». Israël se moque du droit, a-t-il dit, en déplorant que ce Conseil n’ait pas encore réclamé de cessez-le-feu. « Arrêtons ce massacre. » Le Vice-Premier Ministre a ajouté que les risques de contagion sont réels, la Cisjordanie étant au bord de l’explosion.  « Gaza est devenu un cimetière pour les enfants. »  Il a affirmé que l’idéologie de haine, soutenue ouvertement par des ministres israéliens, a normalisé le massacre de masse des Palestiniens.  À cette aune, il a estimé que l’adoption d’une résolution du Conseil pour mettre un terme à cette situation misérable est « la moindre des choses que vous puissiez faire ».  La seule voie vers la paix est la création d’un État palestinien indépendant et souverain, avec comme capitale Jérusalem occupée, a-t-il tranché, en notant l’opposition israélienne à la solution des deux États.  « Imposez la paix, parce que si vous ne le faîtes pas, le Gouvernement israélien continuera d’imposer la guerre, la mort et la haine. »

M. HAKAN FIDAN, Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, a jugé « honteux que la communauté internationale ne puisse arrêter le bain de sang en cours ».  Selon lui, les arguments de sécurité avancés par Israël pour mener cette guerre sont peu convaincants et ses partisans ne pensent pas à la sécurité des Palestiniens. Il s’est dit préoccupé par les allégations de crimes de guerre et de génocide à Gaza pour lesquels, a-t-il prévenu, les responsables devront rendre des comptes.  Il s’est félicité à cet égard de l’examen desdites allégations par la CIJ.  Estimant essentiel d’éviter une escalade régionale, il s’est alarmé des incidents récents dans plusieurs pays de la région et en mer Rouge qui pourraient déboucher sur un « chaos géostratégique ». 

La guerre qui fait rage à Gaza ne peut entraver la paix, a-t-il poursuivi, rappelant à la communauté internationale sa « responsabilité historique » de mettre fin à cette guerre.  Il faut un cessez-le-feu permanent et l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à la Gaza pour parvenir à la paix, a-t-il insisté, faisant remarquer que les mesures temporaires ne fonctionnent pas.  Selon le Ministre, il importe également de savoir comment maintenir la paix au lendemain du conflit.  À cet effet, il a jugé indispensable de mettre en place une solution à deux États, avec un État palestinien indépendant.  Si la communauté internationale s’accorde sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une solution à deux États, il a regretté qu’il n’existe pas, à ce jour, de mécanisme pour leur réalisation efficace. 

M. HOSSEIN AMIR ABDOLLAHIYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Iran, a constaté que le « régime d’occupation et d’apartheid » d’Israël ne respecte aucune ligne rouge dans le « génocide » qu’il mène contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.  Il a accusé les États-Unis, « soutien et principal complice du régime israélien », d’avoir empêché le Conseil de remplir efficacement ses fonctions consistant à mettre fin au génocide manifeste d’une nation et à établir un cessez-le-feu à Gaza.  Tout en exprimant à plusieurs reprises sa grave préoccupation face à la montée des tensions dans la région, Washington a continué de soutenir pleinement la « machine de guerre » israélienne, allant jusqu’à violer la souveraineté du Yémen en élargissant la portée du conflit, a-t-il dénoncé, avant d’exhorter les États-Unis à contraindre le « régime israélien » à mettre un terme à la guerre. 

La sécurité ne peut être assurée en recourant à la force et en commettant le crime de génocide à Gaza, a poursuivi le Ministre, avant d’appeler le Conseil de s’acquitter de sa responsabilité juridique en adoptant une résolution décisive exigeant un cessez-le-feu immédiat, l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, le retrait immédiat d’Israël de Gaza et un engagement à s’abstenir de relocaliser les Palestiniens.  Dans cette optique, il a exprimé son appui à l’action entreprise par l’Afrique du Sud. 

Le Ministre a par ailleurs estimé que les États-Unis et le Royaume-Uni ont commis une erreur stratégique en attaquant militairement le Yémen.  La sécurité, a-t-il ajouté, est un concept interconnecté, l’arrêt du génocide à Gaza étant la clef du rétablissement de la sécurité dans la région.

M. ABDALLAH BOU HABIB, Ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban, a tout d’abord exprimé sa reconnaissance aux soldats de la FINUL qui s’emploient à promouvoir la paix et la sécurité dans le sud de son pays. Depuis 70 ans, a-t-il rappelé, le Liban n’a connu ni la paix ni la sécurité, en raison du conflit israélo-palestinien qui n’a fait que transmettre la haine d’une génération à l’autre. Nous ne pouvons pas « nous annuler mutuellement » et il importe de rechercher un règlement durable, a plaidé le Ministre selon qui la solution à la question palestinienne sera la clef qui ouvrira la porte de la paix au Moyen-Orient.  Il a invité la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il quitte la Syrie, le Liban et la Palestine, et à mettre en œuvre l’initiative adoptée en 2002 à Beyrouth.  Alors qu’Israël continue de mener sa guerre à Gaza sans vision d’avenir, il convient de lui retirer le « chèque en blanc » qui lui permet d’agir impunément, a insisté le Ministre. 

Dans le contexte actuel, il s’est alarmé de l’escalade en mer Rouge et de l’évolution de la situation en Iraq, en Syrie et dans le sud du Liban.  Face au risque d’embrasement, il a exhorté tous les acteurs à ne pas tomber dans le « piège d’Israël », qui veut voir ce conflit s’élargir.  Un tel conflit pourrait engloutir l’ensemble du Moyen-Orient, a-t-il prévenu, avant d’appeler à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006), qui a permis de maintenir une paix relative autour de la Ligne bleue.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à saisir la chance qui se présente, « car si nous échouons, ce qui s’est produit le 7 octobre dernier se reproduira en pire ». 

M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a indiqué que ses pensées vont aux habitants de Gaza, qui ont perdu de nombreux membres de leur famille, et à celles et ceux qui, en Israël, ont perdu des êtres chers et subi la violence, y compris sexuelle, du Hamas lors de l’odieuse attaque du 7 octobre.  Il a jugé inacceptable tout châtiment collectif du peuple de Gaza en raison des horreurs commises par le Hamas.  Le Ministre a ensuite souligné que tout déplacement de civils hors de Gaza constituerait une grave violation du droit international humanitaire.  Il a demandé un cessez-le-feu immédiat et durable, un accès humanitaire sans entrave et la libération des otages.  « Même en ces heures très sombres, je reste convaincu que Palestiniens et Israéliens peuvent faire la paix », a déclaré le Ministre, en se ralliant à la solution des deux États.  « Nous devons désormais nous mobiliser pour un partenariat international renouvelé en vue de réaliser cette solution. »

Mme RETNO MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la justice et du peuple palestinien.  Rappelant le mandat du Conseil de sécurité, elle a réclamé un rejet clair des guerres et des génocides.  Combien de résolutions du Conseil ont été appliquées? s’est-elle ensuite demandé, remarquant qu’elles sont pourtant juridiquement contraignantes.  Alors qu’Israël tue des Palestiniens en toute impunité, elle a exhorté les membres du Conseil à mettre un terme à ce conflit. Elle a dûment condamné les propos du Premier Ministre israélien sur le fait qu’il ne permettra pas l’existence d’un État palestinien.  Le Conseil, s’est-elle impatientée, ne peut rester silencieux face à de tels propos qui traduisent l’intention d’effacer la Palestine de la carte.  Seul un cessez-le-feu permettra à la communauté internationale de travailler sur la reconstruction postconflit et la solution des deux États.  Pour sauver cette solution, elle a jugé nécessaire que la Palestine devienne un membre à part entière des Nations Unies.  Enfin, elle a appelé à mettre fin à l’afflux d’armes vers Israël, concluant que ce dernier devra être tenu pour responsable de ses actes. 

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral de l’Europe et des affaires internationales de l’Autriche, s’est d’abord ému de la dévastation et la souffrance au Moyen-Orient, exprimant sa compassion pour les Israéliens traumatisés par les attaques du 7 octobre, ainsi que pour les Palestiniens de Gaza privés d’abri, de nourriture et de soins médicaux.  Il a condamné les attaques terroristes barbares du Hamas, estimant que personne ne tolérerait un tel groupe meurtrier dans son voisinage. Tout en reconnaissant le droit et le devoir d’Israël de se défendre, il a néanmoins souligné la nécessité de protéger les civils et d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza.

Selon M. Schallenberg, le Hamas constitue une menace, aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens, de même que les bras armés de l’Iran au Liban, au Yémen et en Iraq.  Il a ainsi insisté sur la nécessité de lutter résolument contre le terrorisme, mais a mis en garde contre les actes qui risquent d’engendrer la prochaine génération de terroristes, tels que la multiplication des colonies, la violence des colons, ou encore les provocations sur les Lieux saints.  Il a plaidé pour la normalisation des relations entre Israël et ses partenaires arabes, pour la solution des deux États et pour la sécurité à long terme d’Israël.  Il n’a pas manqué d’appeler l’Autorité palestinienne à répondre aux attentes de son peuple, avant d’insister sur le rôle de la communauté internationale dans la libération des otages, l’allégement des souffrances humaines à Gaza, la lutte conjointe contre le terrorisme et la création d’un avenir pacifique et digne pour les Israéliens et les Palestiniens.

M. MOHAMAD HASAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité à appeler à un cessez-le-feu est en partie responsable du carnage perpétré à Gaza depuis plus de 100 jours.  Dénonçant les bombardements aveugles d’Israël sur l’enclave palestinienne, il a indiqué que les Gazaouites qui ne sont pas tués par les bombes ou les balles risquent la maladie et la famine.  Face à ce qui relève selon lui de crimes de guerre, le Ministre a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l’accès sans retard ni entrave de l’aide humanitaire dans Gaza.  Après avoir exigé qu’Israël rende des comptes pour ses violations flagrantes du droit international, il a salué la décision de l’Afrique du Sud d’engager une procédure contre cet État devant la CIJ.  Il a également rappelé que, le 23 juillet dernier, la Malaisie et 56 autres pays ont soumis à la CIJ une déclaration écrite pour un « avis consultatif sur les conséquences juridiques des violations continues d’Israël dans le territoire palestinien ».  Pour le Ministre, il est temps de reconnaître qu’Israël se livre à un génocide et d’accepter l’État de Palestine comme membre à part entière des Nations Unies.  Les Palestiniens ne méritent rien de moins qu’une Palestine libre et indépendante, sur la base d’une solution à deux États, fondée sur les frontières d’avant 1967, a-t-il affirmé en sommant le Conseil de prendre une action unie et décisive pour mettre fin à la guerre et sauver des vies civiles. 

M. WALEED EL-KHEREIJI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a relevé que l’agression israélienne avait accru les tensions dans la région.  Il a dénoncé « la machine de guerre » israélienne à Gaza, avant de demander la fin du « châtiment collectif » infligé aux Palestiniens.  Il a mis en garde contre une expansion de ce conflit et s’est dit préoccupé par la situation en mer Rouge.  La priorité est de mettre fin aux opérations militaires en Palestine et d’alléger les souffrances des civils, a-t-il recommandé, en pointant le rôle du Conseil.  « Vous devez agir. »  Il a rappelé la volonté de l’Assemblée générale d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza et balayé tout motif d’autodéfense pour justifier la guerre livrée à Gaza. Le Vice-Ministre a appelé à « un nouveau souffle » du processus de paix, appuyant la solution des deux États.  « Nous exigeons de ce Conseil qu’il prenne une position ferme afin qu’Israël respecte le droit », a-t-il déclaré en conclusion.

M. JARRAH JABER AL-AHMAD AL-SABAH, Vice-Ministre des affaires étrangères du Koweït, a regretté que le Conseil ne soit pas en mesure d’adopter une résolution qui mettrait fin aux crimes commis par Israël, tenant pour responsable de ce manquement le deux poids, deux mesures appliqué dans l’interprétation du droit international.  S’indignant du « châtiment collectif » que subit la population de Gaza, il a appelé les États Membres à défendre le droit international afin de préserver la stabilité mondiale et les droits des individus.  La principale cause de ce conflit est l’existence d’une occupation de longue date, a-t-il analysé, appelant à la mise en œuvre des résolutions pertinentes afin de mettre fin au conflit et de permettre au peuple palestinien de jouir de son droit à l’autodétermination.  Il a réitéré le soutien de son pays à une solution à deux États.  Condamnant l’agression flagrante et continue d’Israël envers Gaza, il a appelé à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et à la reddition de comptes pour les crimes de génocide.  Il a également exhorté le Conseil à endosser sa responsabilité et la communauté internationale à appuyer les droits du peuple palestinien. 

M. DIEGO MARTÍNEZ BELIO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et mondiales de l’Espagne, a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts face à la mort de civils innocents en Palestine, la priorité étant selon lui l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu à Gaza, afin de faciliter l’aide humanitaire et de stabiliser la situation.  Il a par ailleurs rendu hommage au travail de l’ONU sur place, mentionnant que l’Espagne a triplé ses fonds humanitaires et de coopération en 2023, les amenant à 48,5 millions d’euros. 

Tout en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre contre les attaques terroristes, M. Martínez Belio a insisté sur le respect du droit international humanitaire.  Il a en outre demandé au Conseil de sécurité d’être à la hauteur du devoir moral de stopper la souffrance des civils, et a appelé à un usage responsable du droit de veto par les membres permanents. 

Estimant que la sécurité d’Israël dépend du rétablissement de l’Autorité palestinienne à Gaza, et que les Palestiniens ont le droit de disposer de leur propre État, il a souligné que seule une solution politique permettra de mettre fin au conflit.  Dans ce but, l’Espagne a proposé la tenue d’une conférence internationale, une initiative déjà soutenue par 84 pays, y compris les membres de l’Union européenne, de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique, a-t-il fait savoir, avant d’appeler à l’engagement constructif de tous les acteurs régionaux et internationaux. 

La représentante des Émirats arabes unis a averti que le conflit actuel a peut-être atteint un « point de non-retour », comme le font craindre des débordements au Moyen-Orient.  Face à la gravité de la situation, elle a avancé trois propositions pour mettre un terme à ces crises, à commencer par un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza.  L’écrasante majorité de la communauté internationale l’a réclamé à plusieurs reprises et il est temps que l’opinion minoritaire cesse d’empêcher que cela se produise, a-t-elle argué, estimant que « nous ne pouvons pas attendre encore 100 jours » compte tenu des effets insupportables des bombardements israéliens sur Gaza.  L’impératif humanitaire doit être notre priorité absolue afin que l’aide vitale puisse arriver à grande échelle et que les otages puissent être rendus à leurs familles en toute sécurité. 

La deuxième proposition des Émirats arabes unis consiste en des trêves plus courtes, qui permettraient aux services humanitaires d’urgence de parvenir à ceux qui en ont besoin, à l’image de la trêve de fin novembre.  De même, a poursuivi la représentante, les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité doivent être pleinement mises en œuvre, notamment pour que la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza soit en mesure de remplir son mandat.  La représentante a également appelé à l’ouverture complète du poste frontière de Kerem Shalom aux flux humanitaires et au commerce, avant de proposer que toute résolution de ce conflit soit ancrée dans la solution des deux États.  Trouver une voie valide, définie, étalonnée et convenue vers cette solution est le seul moyen de mettre fin durablement au conflit et d’empêcher que le cycle de violence ne se répète à jamais, a-t-elle affirmé.

L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes s’est alarmé de la détérioration de la situation au Moyen-Orient du fait de l’arrogance d’Israël et de l’incapacité du Conseil de sécurité de créer un horizon politique susceptible de mener au règlement de la question palestinienne.  Le lancement de l’opération militaire « la plus féroce et la plus violente » jamais menée par Israël, avec des conséquences humanitaires dévastatrices, est constitutive de crimes d’apartheid et de génocide, a tranché l’orateur.  La tragédie humanitaire s’aggrave à chaque jour qui passe à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, notamment du fait du recours au droit de veto par certains membres du Conseil.  En dépit des appels de l’Assemblée générale à un cessez-le-feu immédiat, certains se demandent aujourd’hui si les règles du droit international s’appliquent à Israël comme aux autres États Membres de l’Organisation. 

Les politiques du deux poids, deux mesures pratiquées par le Conseil et la forte polarisation géopolitique qui y règne favorisent la protection des intérêts électoraux étroits.  Cette crise est d’autant plus sérieuse qu’Israël est déterminé à utiliser la faiblesse du Conseil pour élargir le conflit, comme le démontrent les attaques menées en Syrie et au Liban.  Israël ne fait qu’accuser d’antisémitisme ceux qui s’opposent à ses actions, y compris l’ONU et le Secrétaire général lui-même.  Malgré le soutien sans limite de certaines grandes puissances à Israël, l’Observateur a voulu que ce pays rende des comptes, devant la CPI et la CIJ. 

En dépit des avertissements de l’ONU et de nombreuses institutions internationales et régionales, le Conseil n’a pas été en mesure d’adopter une résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire.  Cet organe doit répondre par des mesures concrètes à l’opposition du Premier Ministre israélien à la solution des deux États et défendre le lancement de négociations politiques devant mener à l’établissement d’un État palestinien indépendant, dans le cadre d’une conférence internationale de haut niveau. En attendant, Israël doit cesser ses provocations en Syrie et au Liban et s’abstenir de tenter de changer la réalité géographique et démographique du Territoire palestinien occupé.  Les relations pacifiques avec les pays arabes ne viendront pas des Accords d’Abraham, a prévenu l’Observateur. Elles restent tributaires d’un règlement juste et global de la question de Palestine. 

Le représentant du Bahreïn a appelé le Conseil de sécurité à mettre un terme aux violations graves commises par Israël.  La communauté internationale doit protéger l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu. Il a également rappelé que la résolution 2720 (2023) doit permettre la création d’un mécanisme pour accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a condamné les tentatives du Gouvernement israélien de déplacer de force le peuple palestinien.  Dénonçant l’occupation de la bande de Gaza en violation du droit international, il a vivement condamné les pratiques illicites et les violations des droits humains commises par Israël « qui ne servent qu’à faire dérailler le processus de paix ».  Nous soutenons, a-t-il dit, les efforts de l’Afrique du Sud visant à traduire les criminels en justice.  Un cessez-le-feu durable est le seul moyen de mettre fin aux souffrances, a-t-il encore ajouté, condamnant, à nouveau, les attaques militaires.  Les crises au Moyen-Orient sont interconnectées et leurs causes profondes doivent être traitées pour parvenir à la paix.  Priant les États Membres de faire de l’État palestinien un membre à part entière des Nations Unies, il a exhorté Israël à se retirer de tous les territoires occupés, y compris le Golan syrien. 

Le représentant du Liechtenstein a exprimé sa vive inquiétude face à la situation catastrophique dans la bande de Gaza, caractérisée par une escalade croissante et une instabilité régionale.  Il a mis l’accent sur la protection immédiate des civils, exigeant que toutes les parties au conflit respectent pleinement le droit humanitaire international, y compris en garantissant un accès total et sans entrave aux organisations humanitaires.  Il a rappelé au Conseil de sécurité sa responsabilité, soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat.  Le Liechtenstein, a-t-il dit, suit de près les procédures en cours dans l’affaire intentée par l’Afrique du Sud contre Israël, et appellera au respect de toute mesure ordonnée par la Cour internationale de Justice.  Enfin, il a réaffirmé le droit des Palestiniens à l’autodétermination et réclamé l’intensification des efforts diplomatiques pour une solution à deux États, la seule permettant de parvenir à une paix stable et durable dans la région.

La représentante du Mexique a regretté que les avertissements lancés par la communauté internationale pour éviter une catastrophe humanitaire à Gaza après les attaques du Hamas n’aient pas été entendus.  Le résultat est que nous sommes désormais confrontés à une réalité inacceptable, a-t-elle déploré, rappelant que plus de 25 000 Gazaouites ont péri et qu’une large part des otages sont encore aux mains du Hamas. Face à ce sombre panorama, elle a condamné les attaques aveugles ou dirigées contre la population civile et le personnel médical et humanitaire.  Conformément à la résolution 2720 (2023), elle a appelé à l’ouverture de nouvelles routes humanitaires facilitant l’entrée des produits de base et à l’assouplissement des restrictions imposées aux travailleurs humanitaires. 

Elle a d’autre part indiqué que son pays et le Chili ont décidé de soumettre la situation dans l’État de Palestine au Procureur de la CPI afin d’enquêter sur la commission probable de crimes relevant de sa compétence.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, de garantir une responsabilisation effective afin de permettre aux victimes d’accéder à la justice en l’absence d’une juridiction en Palestine capable d’atteindre ces objectifs. Enfin, après s’être alarmée de l’augmentation des tensions au Moyen-Orient et du risque d’escalade, elle a souligné l’obligation collective du Conseil de sécurité et de la communauté internationale de promouvoir un processus politique visant une paix durable, selon le principe de deux États, qui réponde aux préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité et permette la création d’un État palestinien viable, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. 

Le représentant de l’Inde s’est inquiété des pertes en vies humaines, de la détérioration de la situation humanitaire et de l’instabilité croissante dans la région et au-delà depuis le début du conflit à Gaza.  Face à cette situation « clairement inacceptable », il a condamné fermement la mort de civils.  Rappelant la position de longue date « intransigeante » de l’Inde contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, le représentant a reconnu que le déclencheur immédiat du conflit a été les attentats terroristes perpétrés le 7 octobre dernier en Israël.  Il a ensuite relevé que ce conflit a également un impact sur la sécurité du trafic maritime commercial dans l’océan Indien, notamment à proximité de l’Inde.  Il s’agit selon lui d’un sujet de grande préoccupation pour la communauté internationale, qui a une incidence directe sur les intérêts énergétiques et économiques de son pays.

Le représentant a rappelé le message « clair et cohérent » que l’Inde a transmis, depuis le début de ce conflit, sur l’importance cruciale de prévenir l’escalade et de garantir la continuité de l’acheminement de l’aide humanitaire. À cet égard, il a salué les efforts déployés par l’ONU et la communauté internationale.  Le représentant a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États, au sein de frontières sûres, en tenant dûment compte des besoins de sécurité d’Israël.  Pour y parvenir, il a exhorté les parties à désamorcer la situation et à éviter la violence, la provocation et l’escalade, afin de mettre en place les conditions d’une reprise rapide des négociations de paix directes. 

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a déclaré que la situation à Gaza est un désastre humanitaire et que les conditions de vie de la population civile, en grande majorité déplacée, sont intolérables.  Or, a-t-il rappelé, les parties à ce conflit ont des obligations en vertu du droit international humanitaire.  Si Israël a le droit de se défendre, il est également tenu de protéger les civils et de veiller à ce que son action militaire soit ciblée et proportionnée.  Alors que les conditions sur le terrain empêchent une réponse humanitaire adéquate, le représentant a fait valoir que les civils, les acteurs humanitaires et les journalistes doivent être protégés.  Il a jugé inacceptable que les lourdes procédures d’inspection retardent la fourniture d’une aide vitale. 

Dans ces conditions, il a appelé une fois de plus Israël à faciliter immédiatement un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire, en travaillant de manière constructive avec l’ONU et les autres acteurs humanitaires.  À cette fin, il a appelé le Conseil de sécurité à aller au-delà des considérations politiques pour faire avancer la cause de la paix.  Après avoir réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États, le représentant a appelé Israël à se demander si ses efforts pour protéger ses intérêts sécuritaires légitimes finiront par rendre sa population plus ou moins sûre. « Le prix de la défaite du Hamas ne peut pas être la souffrance continue de tous les civils palestiniens », a-t-il conclu. 

Le représentant de l’Afrique du Sud a exprimé son horreur face aux atrocités commises en Palestine, soulignant les violations quotidiennes du droit international par Israël.  L’enlèvement de civils par le Hamas constitue également un crime, a-t-il affirmé.  Mais c’est selon lui l’occupation illégale de la Palestine par Israël depuis des décennies qui est la source principale de haine et de violence, rappelant la « Nakba » continue du peuple palestinien, et soulignant son droit inaliénable au retour et à l’autodétermination.  Le représentant a réitéré que la solution ultime au conflit réside dans l’établissement de deux États vivant côte à côte dans la paix, la réalisation de cette solution sous l’égide des Nations Unies nécessitant d’abord un cessez-le-feu complet. 

Les événements de ces derniers mois à Gaza ont montré qu’Israël agit contrairement à ses obligations en vertu de la Convention sur le génocide, a-t-il par ailleurs jugé.  En raison de sa « douloureuse expérience passée » avec l’apartheid, et face à « la punition collective qu’Israël inflige à tout le peuple palestinien depuis des décennies », l’Afrique du Sud a ainsi choisi de recourir à la CPI et à la CIJ, a-t-il souligné.  Pour conclure, le délégué a insisté sur la nécessité d’une action internationale cohérente en accord avec le droit international.

Le représentant des Philippines, inquiet de la récente escalade du conflit, a appelé les parties prenantes à faire du dialogue une priorité afin de parvenir à la paix.  Il est nécessaire d’éviter que le conflit ne s’étende à d’autres parties de la région, de répondre aux besoins humanitaires grâce à des pauses humanitaires plus longues, et d’assurer la sécurité des civils et des infrastructures, a-t-il poursuivi.  Appelant à mettre fin aux attaques et à libérer les otages, il est revenu sur les conséquences humanitaires et a exprimé ses inquiétudes face à la destruction des bâtiments et à la possible « génération perdue » à cause du conflit.

Le délégué a rappelé le soutien de sa délégation aux efforts des Nations Unies concernant l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en dépit des conditions dangereuses.  Il a estimé qu’une solution à deux États est une solution viable et durable pour résoudre le conflit, appelant les parties à ne pas recourir à des actions unilatérales qui compromettraient la stabilité à long terme.  Estimant que seules des négociations par le dialogue pourront résoudre le conflit, il a réitéré son soutien à l’application de toutes les résolutions onusiennes pertinentes et aux efforts diplomatiques visant à raviver le processus de paix au Moyen-Orient. 

La représentante de l’Allemagne a condamné dans les termes les plus fermes les attaques terroristes brutales commises par le Hamas en Israël depuis le 7 octobre 2023, y compris les horribles actes de violence sexuelle et fondée sur le sexe.  Israël a le droit de se défendre, a-t-elle insisté, quand le Hamas continue de l’attaquer quotidiennement à coups de roquettes et en utilisant les civils palestiniens comme des boucliers humains.  Elle a réitéré son appel au Hamas pour qu’il libère immédiatement les otages, dépose les armes et mette fin à cette guerre. 

Dans le même temps, la représentante s’est dite très préoccupée par la situation humanitaire désastreuse à Gaza.  Soyons clairs, a-t-elle dit, la vie à Gaza est un enfer.  Les souffrances des civils doivent cesser et l’armée israélienne se doit de mieux les protéger.  Elle a prôné des pauses humanitaires prolongées, un accès humanitaire amélioré et l’ouverture d’autres points de passage afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  Nous devons tout mettre en œuvre pour empêcher une escalade régionale et une détérioration de la situation en Cisjordanie, afin d’ouvrir la voie à un cessez-le-feu devant mener à une paix durable, basée sur la solution des deux États. Gaza et la Cisjordanie appartiennent aux Palestiniens qui ne doivent en aucun cas être expulsés ou déplacés de force par les colons de Cisjordanie.  Israéliens et Palestiniens ne pourront vivre côte à côte dans la paix que si chaque partie reconnaît les souffrances de l’autre et comprend que la sécurité de l’une est intimement liée à celle de l’autre, a conclu la représentante.

Le représentant du Maroc s’est dit préoccupé par la situation à Gaza et par les actes d’Israël contraires au droit international.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la libération sans condition des otages.  Rejetant le déplacement forcé des populations, il a souligné que la bande de Gaza fait partie intégrante du Territoire palestinien occupé.  Se félicitant des mesures prises pour acheminer l’aide humanitaire, il a appelé les États Membres à se montrer généreux, comme le Maroc l’a été à bien des égards.  Les actes israéliens dans le Territoire palestinien occupé nourrissent les tensions dans la région, a-t-il prévenu, en prônant une entente pacifique entre les trois religions monothéistes.  En conclusion, il a réaffirmé la solidarité de son pays avec le peuple palestinien et souhaité que ce dernier recouvre sa légitimité avec la solution des deux États. 

Le représentant du Pakistan a d’abord évoqué le massacre brutal de plus de 25 000 civils à Gaza, le déplacement forcé de plus de 2 millions de personnes et les entraves délibérées à l’aide humanitaire par l’armée d’occupation.  Des crimes qui, selon lui, constituent un génocide, et que la communauté internationale est pourtant incapable d’empêcher, malgré les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. 

Le représentant a ensuite alerté sur l’extension possible du conflit aux régions voisines de la Palestine, y compris à la frontière israélo-libanaise, à l’Iraq, à la Syrie et au Yémen, si la guerre menée par Israël ne cesse pas.  Il a salué les efforts diplomatiques pour une solution à deux États, la jugeant comme l’unique voie viable vers une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, ainsi qu’avec le monde arabe et islamique.  Cependant, il a critiqué la détermination des autorités israéliennes extrémistes à poursuivre la guerre et à ignorer la légitimité de cette solution, risquant de plonger le Moyen-Orient dans des conflits perpétuels.

Appelant le Conseil de sécurité et les membres de l’ONU à envisager des mesures pour contrer le rejet unilatéral de la paix par Israël, le délégué a affirmé son soutien à l’adoption d’une résolution pour une cessation des hostilités et pour un accès inconditionnel à l’aide humanitaire à Gaza.  Il a également insisté sur la nécessité d’une protection internationale pour la population palestinienne et d’un processus de paix mené par le Conseil de sécurité, impliquant toutes les parties concernées.  Il a conclu en soulignant l’urgence d’accueillir la Palestine comme membre à part entière de l’ONU.

Le représentant de la Libye a commencé par souligner le triste anniversaire des 100 jours d’agression contre le peuple palestinien, déplorant l’incapacité du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Qualifiant Gaza de « plus grand cimetière à ciel ouvert », il a toutefois exprimé sa gratitude envers le Secrétaire général pour son courage et son professionnalisme.  Le représentant s’est demandé pourquoi Israël participe à ce débat et pourquoi la communauté internationale reste silencieuse face à ce qu’il a qualifié de « campagne systématique de génocide ».  Il a également mis en lumière l’hypocrisie de certains États qui défendent les principes du droit international humanitaire dans d’autres contextes, y compris en Ukraine, mais semblent les ignorer quand il s’agit de la Palestine, comme si la vie d’un Gazaouite valait moins que celle d’un autre.

Il a ensuite rejeté la notion selon laquelle Israël, pourtant Puissance occupante, peut être considéré comme une victime.  Faisant allusion à des exemples historiques de résistance, le délégué a rappelé des figures telles qu’Omar Mokhtar et Nelson Mandela, qui furent autrefois étiquetés comme terroristes.  Est-ce que vous connaissez des pays qui ont acquis leur indépendance sans résistance?  Citant Nelson Mandela qui disait « l’important dans la vie, ce n’est pas ce que nous avons fait mais la différence que nous avons faite dans la vie des autres », il a salué les efforts de l’Afrique du Sud pour saisir la Cour internationale de Justice et la Cour pénale internationale au sujet des violations des droits des Palestiniens.  Enfin, le délégué a appelé à une action immédiate pour mettre fin à l’agression et a réitéré la position ferme de la Libye en faveur d’un État palestinien avec Jérusalem comme capitale.

Au nom des pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), le représentant de la Belgique a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse à Gaza et ses graves conséquences sur la population civile, en particulier les enfants.  Le droit international humanitaire doit être respecté à tout moment par toutes les parties, a-t-il rappelé.  Il a formé le vœu que la nomination de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag, permettra de faciliter la mise en œuvre de mesures opérationnelles immédiates par les parties.  Au nombre de ces mesures, le représentant a souligné l’importance d’un accès humanitaire sûr et sans entrave par tous les points de passage pertinents.  Sur la base d’un accès amélioré, il a prôné une forte hausse de l’acheminement de l’aide humanitaire afin de répondre aux besoins, notamment par la simplification des procédures de dédouanement. À cet égard, le représentant a fait valoir que le rétablissement d’un marché fonctionnel devrait être une priorité. 

La nomination de Mme Kaag saura améliorer le niveau de confiance entre les parties, a estimé le représentant, avant d’appeler celles-ci à collaborer de bonne foi avec elle pour obtenir des résultats tangibles pour la population civile. Afin d’assurer le succès du mandat de la Coordonnatrice, il a jugé impératif de mettre en place un cessez-le-feu humanitaire temporaire immédiat.  « Israël et les autres acteurs sur le terrain ont une obligation de résultat », a-t-il ajouté.  Enfin, le représentant a dit attendre avec impatience que la Coordonnatrice établisse rapidement un mécanisme de l’ONU visant à accélérer la fourniture de l’aide humanitaire à Gaza. 

Le représentant de l’Égypte a dit attendre la décision de la Cour internationale de Justice qui, saisie par l’Afrique du Sud, doit se prononcer sur des allégations de crimes de guerre et de génocide.  L’escalade du conflit et la situation actuelle dans la mer Rouge constituent de vraies menaces à la sécurité mondiale lesquelles sont indéniablement liées à la situation dans le Territoire palestinien occupé, a-t-il affirmé. Face à la situation humanitaire désastreuse, il est nécessaire d’accélérer les dispositions pour l’ouverture d’autres points de passage.  À ce titre, le représentant a précisé que l’Égypte n’a jamais fermé le point de passage de Rafah.  Ceux qui pensent que les conflits ne peuvent être réglés que par des moyens militaires se trompent, a-t-il ensuite soutenu.  Selon lui, la situation actuelle est le résultat d’une longue impasse politique et du rejet du processus de paix par Israël.  Les solutions fragmentaires sont vouées à l’échec, a-t-il insisté, prônant la solution des deux États sur la base des frontières de 1967, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Cette solution a mobilisé un consensus international sans précédent auquel seul Israël s’oppose, a-t-il fait remarquer en conclusion. 

S’exprimant au nom du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, la représentante de la Namibie a rappelé que la bande de Gaza a été soumise à l’un des bombardements les plus intenses de l’histoire moderne, qui s’est traduit par plus de 25 000 Palestiniens tués, dont une majorité de femmes et d’enfants, et plus de 61 000 blessés. À ce bilan humain s’ajoute le refus d’accès à la nourriture, à l’eau, au carburant et à d’autres fournitures essentielles, facteur de famine, de propagation de maladies et de niveaux de pauvreté extraordinaires.  Face à ce constat, la représentante a exhorté à un cessez-le-feu immédiat et à la libération inconditionnelle de tous les otages et détenus.  Elle a également appelé les parties à pleinement respecter leurs obligations en vertu du droit international, ainsi que toutes les résolutions pertinentes, notamment les résolutions ES-10/21 et ES10/22 de l’Assemblée générale et les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité. 

De l’avis de la représentante, « les attaques aveugles et disproportionnées d’Israël ont systématiquement brisé la distinction entre civils et combattants ainsi qu’entre biens civils et militaires ».  De surcroît, Israël a constamment manqué à ses obligations en tant que Puissance occupante au titre de la quatrième Convention de Genève, a-t-elle accusé, rappelant que les prisonniers doivent bénéficier d’un traitement humain et digne.  À cet égard, elle a fait état de cas de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants à l’encontre de prisonniers palestiniens, avant d’indiquer que des milliers de Palestiniens, dont des enfants, ont été arrêtés ces trois derniers mois.  Appelant par ailleurs à ne pas prendre pour cible les journalistes et les professionnels des médias ainsi que leur famille, elle a constaté que, dans tout le territoire, la liberté de mouvement et l’accès à l’aide humanitaire restent sévèrement limités malgré les dispositions claires des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Elle s’est également élevée contre l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, avant de dénoncer le fait que les soi-disant « zones de sécurité », où les civils ont été contraints de fuir, soient soumises aux attaques israéliennes. 

Plus de 1,9 million de Palestiniens à Gaza ont été déplacés de force et bon nombre sont des réfugiés de la Nakba de 1948, a poursuivi la représentante.  La majorité d’entre eux se réfugient dans les écoles et installations de l’UNRWA qui continuent de subir les attaques israéliennes, a-t-elle précisé, s’indignant des appels répétés des ministres israéliens au transfert forcé de la population civile palestinienne hors de Gaza.  Elle a aussi évoqué l’escalade de la violence perpétrée par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie occupée, devenue cette année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les enfants.  Au regard de ces événements liés à l’occupation, elle s’est réjouie que plusieurs États Membres aient porté la situation en Palestine devant la Cour pénale internationale (CPI), exigeant que des comptes soient rendus pour les crimes perpétrés contre le peuple palestinien.  Elle a aussi félicité l’Afrique du Sud pour sa demande d’ouverture d’une procédure devant la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël. 

Soulignant la nécessité d’une aide humanitaire urgente et d’efforts immédiats pour parvenir à une solution durable et juste au Moyen-Orient, la représentante a appelé à mettre fin à l’occupation et à respecter les droits inaliénables du peuple palestinien, notamment l’autodétermination et l’indépendance, ainsi que le droit au retour des réfugiés.  Elle a enfin estimé que le moment est venu de poursuivre sans hésitation la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967 et d’admettre l’État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies afin de lui permettre de prendre la place qui lui revient dans la communauté internationale.

Le représentant de l’Union européenne (UE) a demandé l’application immédiate des résolutions 2720 (2023) et 2712 (2023) du Conseil de sécurité, soulignant la crise humanitaire profonde à Gaza et le risque élevé de famine. Il a appelé à augmenter la capacité des points de passage frontaliers et à créer une voie maritime spécifique, tout en veillant à ce que l’aide humanitaire ne soit pas détournée par le Hamas et d’autres organisations terroristes.  L’UE soutiendra les efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction et portera assistance aux civils à Gaza, s’est-il engagé, en parlant d’une aide humanitaire initiale de 125 millions d’euros pour 2024, en sus des 600 millions d’euros déjà fournis par les États membres de l’UE pour le Territoire palestinien occupé depuis octobre 2023.

Le délégué a félicité les efforts de l’ONU et des acteurs humanitaires qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, déplorant la mort d’un nombre sans précédent d’agents humanitaires.  L’UE, en tant que principal donateur de l’UNRWA, continuera de soutenir cet Office dans toutes ses opérations, a-t-il promis.  Il a également exprimé sa préoccupation face à la situation en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, où l’expansion des colonies et la violence des colons ont atteint un niveau record.

Le représentant a réitéré l’engagement de l’UE en faveur d’un règlement juste et global du conflit israélo-palestinien, soutenant l’existence côte à côte d’Israël et d’un État de Palestine indépendant, démocratique, contigu, souverain et viable, avec Jérusalem comme future capitale de ces deux États.  Enfin, il a souligné la volonté de l’UE de contribuer à la relance du processus politique et a mentionné les appels à la tenue d’une conférence internationale de paix, lancés hier par les 27 ministres des affaires étrangères de l’UE. Concluant par un commentaire sur la Syrie, il a réaffirmé au peuple syrien que l’UE « ne l’oublie pas » et a insisté sur la nécessité d’une solution politique durable et globale, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.

Le représentant de la Thaïlande a estimé qu’il est plus urgent que jamais, au vu des graves conséquences humanitaires, de rétablir un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.  Il a vivement condamné toute forme de violence et d’attaques envers des civils, toutes nationalités confondues, ainsi que le déplacement forcé des populations de Gaza.  Il a rappelé l’importance de respecter le droit international humanitaire et a apprécié les efforts diplomatiques de toutes les parties impliquées qui ont facilité la libération des otages pendant le cessez-le-feu l’année dernière. Néanmoins, il s’est dit préoccupé par la sécurité des otages thaïlandais toujours détenus.  Sur la base des résolutions pertinentes, il a appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les otages.

Pour mettre en œuvre les résolutions récemment adoptées, nous avons besoin de détermination politique, a-t-il estimé, expliquant que cette détermination doit s’appliquer à une cessation durable des hostilités, à des actions immédiates pour empêcher une escalade régionale et à un réel dialogue diplomatique visant à trouver un compromis en accord avec la solution des deux États. Réaffirmant le soutien de sa délégation aux efforts collectifs pour une désescalade et un dialogue diplomatique, il a appelé le Conseil de sécurité à soutenir les efforts de paix.

La représentante du Qatar a fermement condamné les attaques israéliennes contre les infrastructures et les civils, ce qui équivaut à un châtiment collectif.  Favorable aux résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, le Qatar, a-t-elle dit, insiste sur leur pleine mise en œuvre afin d’éviter une escalade dans la région.  La communauté internationale doit assurer l’application du droit sans sélectivité, a poursuivi la représentante, avant de mettre en lumière les efforts diplomatiques déployés par son pays, en coordination avec des partenaires internationaux et régionaux, pour mettre fin à la guerre, assurer une aide humanitaire durable, libérer les otages et détenus et éviter l’embrasement régional. En collaboration avec la France, le Qatar, a-t-elle précisé, a par exemple facilité un accord pour l’acheminement de médicaments et d’aide humanitaire à Gaza.  Enfin, la déléguée a réitéré l’engagement du Qatar à œuvrer pour une solution juste et pérenne, conforme à l’initiative de paix arabe et aux résolutions internationales qui prévoient la création d’un État palestinien, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale.

Le représentant du Viet Nam a déclaré qu’après plus de 100 jours de conflit à Gaza, la grave préoccupation de la communauté internationale concernant la situation humanitaire n’a fait que s’aggraver.  Le nombre « effarant » de victimes, principalement des femmes et des enfants, souligne selon lui la nécessité cruciale d’un cessez-le-feu immédiat.  Le représentant a condamné les attaques aveugles menées contre les civils et les infrastructures essentielles, en violation du droit international humanitaire.  Les résolutions du Conseil adoptées jusqu’à présent n’ont pas réussi à endiguer la destruction et la souffrance, a constaté le représentant, avant d’exhorter cet organe à redoubler d’efforts pour remédier de toute urgence à cette crise. Pour y parvenir, la protection des civils, notamment la libération des otages, doit être une priorité absolue, a-t-il prôné en ajoutant à cela la fourniture d’une aide humanitaire rapide, sûre et sans entrave, tout aussi essentielle.  Ce conflit a en outre exacerbé les tensions en Cisjordanie, a déploré le représentant en notant que des centaines de Palestiniens y ont été tués et des milliers d’autres arrêtés.  Ces développements, qui s’ajoutent aux incidents en mer Rouge, soulignent selon lui la nécessité de faire preuve de retenue et d’engagement diplomatique. 

Le représentant de l’Australie a condamné les attaques du Hamas contre Israël, appelant à la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Si Israël a le droit de se défendre, a-t-il relevé, la manière importe.  Il a précisé que les parties doivent respecter le droit international humanitaire et protéger les civils.  Il a réitéré la nécessité d’un accès humanitaire sûr et sans entrave, réclamant aussi davantage de pauses humanitaires afin de permettre l’acheminement de l’aide et la traversée des civils en toute sécurité.  Les pauses humanitaires sont également une étape importante vers un cessez-le-feu durable, a-t-il fait valoir.  Un tel cessez-le-feu ne peut être ni unilatéral, ni inconditionnel, a-t-il néanmoins ajouté, soulignant que toute solution ne peut impliquer le déplacement forcé des populations ou l’utilisation de Gaza à des fins terroristes. 

En outre, le représentant s’est inquiété des actes dangereux commis par des acteurs régionaux cherchant à tirer profit du conflit.  Il a ainsi condamné les attaques houthistes en mer Rouge qui menacent le commerce international et la sécurité maritime.  Seul un État palestinien indépendant peut ramener la paix et la sécurité dans la région, a-t-il soutenu, insistant sur l’importance de mettre en place des actions pratiques en ce sens et de relancer le processus politique. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres du Comité chargé des ONG recommandent l’octroi du statut consultatif à 72 ONG et s’écharpent sur la réforme de sa méthode de travail

Session ordinaire de 2024
1re & 2e séances plénières, matin & après-midi
ONG/964

Les membres du Comité chargé des ONG recommandent l’octroi du statut consultatif à 72 ONG et s’écharpent sur la réforme de sa méthode de travail

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa session de 2024 au cours desquels il examinera, jusqu’au 31 janvier, 214 nouvelles demandes de statut consultatif. 

Élue en début de séance, sa Présidente, Mme Zebib Gebrekidan, a indiqué qu’il examinera également 294 demandes reportées des sessions précédentes du Comité, portant à 508 le nombre total de demandes.  Le Comité est en outre saisi de 755 nouveaux rapports quadriennaux ainsi que de 115 rapports reportés des sessions précédentes. 

Avant que ne démarre l’examen des demandes d’octroi de statut, le Costa Rica a annoncé qu’avec le Royaume-Uni, les deux délégations présenteraient au Conseil économique et social (ECOSOC) un projet de décision afin d’introduire des améliorations dans la méthode de travail du Comité des ONG en tenant compte des débats des années précédentes qui, a précisé la délégation, devraient être discutées durant cette session. 

L’Inde demandant à savoir les raisons pour lesquelles, la plénière du Comité devrait débattre de la question de la réforme de sa méthode de travail et non son groupe de travail informel, le Costa Rica a rappelé qu’en 2023, avec le Zimbabwe, les deux délégations ont mené des débats au sein dudit groupe, sans pour autant parvenir au consensus.  Les discussions, a rappelé la délégation, se sont articulées autour de trois axes: « faciliter l’examen des réponses reçues des ONG en introduisant des dates butoirs et des séances de débat lors des séances officielles »; « intégration de méthode de travail virtuel pour les segments interactifs au sein du Comité avec les ONG ayant soumis des demandes afin de traiter en priorité les demandes des ONG des pays en développement »; et « établir des modalités pour garantir des consultations annuelles avec les ONG ». 

Convenant de l’importance de la réforme pour que le Comité des ONG devienne « plus juste et plus équitable », le Royaume-Uni a pointé du doigt un petit nombre de délégations qui repoussent d’année en année les demandes d’ONG.  Les ONG qui critiquent les gouvernements sont punies par le Comité et les ONG du Sud n’ont pas la possibilité de débattre avec les membres du Comité en virtuel lors des séances de questions-réponses hybrides, ont déploré les États-Unis

À ce propos, le Mexique, membre observateur du Comité des ONG, a regretté que ces séances hybrides n’avaient pas eu lieu en 2023 avant d’exhorter le Comité à faire preuve d’impartialité dans l’examen des demandes de statut consultatif.  Consciente des contributions informées et basées sur des faits qu’apportent les ONG, l’Union européenne a appelé à mettre un terme aux reports répétés d’examen de demandes sous des prétextes fallacieux, demandant notamment l’octroi du statut consultatif à l’ONG « Panhellenic Union of Cappadocian Associations » dont la demande a été déposée depuis 2018. 

Les demandes des ONG doivent être examinées au cas par cas, a estimé la Türkiye qui a rejeté l’examen des demandes d’ONG spécifiques au détriment des autres.  L’Érythrée a demandé une prise de décision par consensus au Comité afin d’accroître sa crédibilité et son efficacité.  Les ONG doivent respecter le mandat du Comité, a tranché la Chine, qui a mis en garde contre toute tentative de forcer la réforme. 

Après avoir déploré le fait que la modernisation de la plateforme électronique du Comité s’éternise, Cuba a prié de ne pas contourner l’autorité du Comité qui doit examiner lui-même ses méthodes de travail.  Le projet de réforme qui est une tentative de limiter le rôle du Comité ne sera pas appuyé par Cuba, a prévenu le délégué qui a relevé en outre que certains pays du Sud ne sont pas favorables aux séances questions-réponses hybrides.  L’Inde a regretté une réforme qui viserait à priver les membres du Comité de leur droit de poser des questions aux ONG, suivie de l’Algérie qui a appelé au respect de la résolution 1996/31, exhortant à ne pas court-circuiter le Comité des ONG en s’adressant directement à l’ECOSOC.  La délégation a également demandé de ne pas manquer de respect aux petites délégations qui doivent pouvoir consulter le projet de décision avant son envoi à l’ECOSOC. 

Le Secrétariat a rappelé que la dernière fois que l’ECOSOC a modifié les méthodes de travail du Comité, remonte à avril 2017, et que cette réforme portait sur la diffusion en ligne de ses séances. 

Les 19 membres du Comité ont par ailleurs entendu le Directeur du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable indiquer qu’en 2023, le Bureau a reçu 845 nouvelles demandes de statut consultatif et 861 rapports quadriennaux confirmant ainsi la hausse des demandes de statut au cours de la décennie écoulée.  M. Neil Pierre a également attiré l’attention sur les difficultés financières et en ressources que traverse le Service des organisations non gouvernementales.  « Le fait de tirer le signal d’alarme ne suffit plus.  Il lui faut octroyer les ressources nécessaires et suffisantes pour faire face à la charge de travail et assurer la qualité de ses travaux », a-t-il insisté. 

« Le Service des ONG a atteint le point où il ne peut plus faire plus avec moins », a d’ailleurs prévenu son chef, M. Wook-Jin Chang, qui a signalé avoir perdu deux membres de son personnel alors qu’entre 2009 et 2023, le nombre de nouvelles demandes a été multiplié par 5, passant de 143 à 845, et le nombre de rapports quadriennaux par près de 6, passant de 202 à 1 215.  En outre, le nombre des demandes reportées s’élève actuellement à 294.  Sans le soutien des États Membres, le Secrétariat ne pourra plus exécuter pleinement ses activités, a-t-il souligné.  Il faut assurer un niveau approprié de ressources qui permettra de maintenir le haut niveau de performance atteint par le Service et le Comité et des ONG. 

M. Chang a par ailleurs annoncé la poursuite de la mise en place d’une plateforme électronique améliorée pour le Service des ONG.  Le nouveau système devrait être déployé cette année, mais risque d’être retardé en raison du manque de ressources, a-t-il déploré. « Aidez-nous à vous aider »! 

Au cours de cette séance, le Comité a recommandé l’octroi du statut consultatif à 72 ONG et reporté sa décision pour 58 ONG.  Il a également demandé à l’ECOSOC de mettre un terme à l’examen de 30 ONG qui n’ont pas répondu aux trois relances qui leur ont été adressées en trois ans.

Le Comité des ONG se réunira de nouveau mardi 23 janvier à partir de 10 heures. 

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT  

Octroi du statut consultatif spécial  

  1. AbibiNsroma Foundation (Ghana)  
  2. Africa Peace Foundation (APF) (Kenya)  
  3. Amani Hope and Education for All (Ouganda)   
  4. Asociacion Para El Analisis De Politicas Publicas Asociacion Civil (Argentine)  
  5. Association Camerounaise pour la Défense des Droits de l’Homme des Libertés et du Bien Être (Cameroun)  
  6. Association of African Entrepreneurs (Ghana)   
  7. Bedayati (Liban)   
  8. Brain Builders Youth Development Initiative (Nigéria)   
  9. Cecilian International Foundation (Nigéria)   
  10. Centro de Pensamiento Estratégico Internacional (Colombie)   
  11. Climate Aid Initiative (Nigéria)   
  12. Cohesive Communities Development Initiative (Nigéria)   
  13. Corporación Fernando González – Otraparte (Colombie)   
  14. Dr. Ambedkar Society for Socio Economic Welfare and Development (Inde)   
  15. Estijabah Foundation for Humanitarian Aid and Relief (Yémen)     
  16. Fondation Akrale (Côte d’Ivoire) 
  17. Forum for Women in Development, Democracy and Justice (Kenya)     
  18. Fundación Gran Chaco (Argentine)     
  19. Fundación Veritad Green (Paraguay) 
  20. Future Resilience and Development Foundation (Nigéria)     
  21. Green Cameroon (Cameroun)     
  22. Habitable Earth International Organisation (Nigéria) 
  23. Headfort Foundation (Nigéria)     
  24. Himaya Daeem Aataa (Liban)     
  25. Hope for Future Generations (Ghana) 
  26. ImpactHER Foundation LTD/GTE (Nigéria) 
  27. Initiative Africaine pour le Développement- International (IAD-I) (Côte d’Ivoire) 
  28. Initiatives Développement Centrafrique (République centrafricaine) 
  29. Instituto Para El Desarrollo Sostenible De La Mujer Lenca De Honduras Idesmulh (Honduras) 
  30. Instituto Verdeluz (Brésil)     
  31. International Center For Living Aquatic Resource Management (Malaisie) 
  32. Jeevan Rekha Parishad (Inde) 
  33. Kaani Assistance (Congo)     
  34. M-Kids Association (Maurice)     
  35. Mirella and Lino Saputo Foundation (Ouganda)     
  36. NIPE FAGIO (Tanzanie)     
  37. Organisation Algérienne pour l’Emploi des Diplômés (Algérie) 
  38. Promotion of Sustainable Development in Donga-Mantung Association (Cameroun) 
  39. Rights Organization for Advocacy and Development (Kenya)     
  40. Rights for Disability Development Foundation (RDDF) (Ouganda)     
  41. Save the People in Need (SPN) (République démocratique du Congo) 
  42. The Mudavadi Memorial Foundation Trust Fund Registered Trustees (Kenya)       
  43. The Virtuous Touch Int’l Initiative (Nigéria)     
  44. Union of Community Development Volunteers (Ouganda)     
  45. Vaccine Network for Disease Control (Nigéria)     
  46. Veille Citoyenne Togo (Togo) 
  47. Village Health Action (Burundi) 
  48. Wasel for Awareness and Education Co (Jordanie) 
  49. Women Rehabilitation Organization (Iraq) 
  50. Women for Positive Actions (WOPA) (Libéria) 
  51. World Changers Development Initiative (Nigéria)     
  52. World Security Federation (Brésil) 
  53. Prime location care givers foundation (Nigéria)     
  54. AO ADVOCATING OPPORTUNITY INC. (États-Unis) 
  55. ASOCIACIÓN AWAQ ONGD (Espagne)     
  56. Amazon Watch (États-Unis)     
  57. Aroha (Suisse)     
  58. Asociación Derechos en Acción, Organización Pro Derechos Humanos, Desarrollo Democrático y Humanidad Sostenible (Espagne) 
  59. Associació Plataforma per la Llengua (Espagne) 
  60. Association for Community Empowerment Solutions (États-Unis) 
  61. Blockchain Alliance International, Inc. (États-Unis) 
  62. Blue Ventures (Royaume-Uni) 
  63. CENTRO CULTURALE SAN MARTINO - REGIONE PUGLIA APS (Italie) 
  64. Canadian Arab Women Association (Canada) 
  65. Centre for Newcomers Society of Calgary (Canada)     
  66. Climate Analytics (Allemagne)     
  67. Contra o femicídio - Associação de familiares e amigas/os de vítimas de de femicídio – ACF (Portugal)     
  68. Destination Justice (France)     
  69. Disability-Inclusive Development Programs and Services – DIDEPAS (États-Unis) 
  70. European Parents’ Association (Belgique) 
  71. Exit UK Solutions CIC (Royaume-Uni) 
  72. Fondazione Mater (Suisse)     

Examen des demandes de statut   

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reporté à la suite des questions soulevées par des membres du Comité.

Le Pakistan a demandé à Aatmnirbhar NGO (Inde) de donner des exemples de projet sur le genre et l’autonomisation de femmes.  Quel est le financement en 2024 de l’Africa Foundation For Community Development (Afcod-Uganda) (Ouganda), ont demandé les États-UnisAlliance for a Green Revolution In Africa (Kenya) devra utiliser le nom onusien de Taïwan, a rappelé la Chine

La Türkiye a voulu des explications sur les écarts importants entre les recettes et les dépenses de l’Asociación Ciudadana por los Derechos Humanos (Argentine).  L’Associação Nova Escola (Brésil) devra donner à la Chine des détails sur le financement que lui a versé le Royaume-Uni.  Comment peut-elle préserver son indépendance?  Dans quels pays l’Associação Transparência e Integridade (Brésil) travaille? a interrogé Cuba

Quelles sont les activités et les priorités de Beijing YUNTU international culture exchange LLC (Chine) en 2024? ont questionné les États-Unis. Pourquoi 30% des dépenses de CarbonCare InnoLab Limited (Chine) sont consacrées à l’administration et aux salaires des quatre membres? a demandé Cuba.  Le Zimbabwe a exigé que le Centre for Human Rights and Democracy in Africa (Cameroun) fournisse une liste d’ONG internationales avec lesquelles le Centre est en relation. 

La Chine a rappelé à la Collaboration on International ICT Policy for East and Southern Africa (CIPESA) (Ouganda) que Taïwan est une province de la Chine.  Quel est le financement et quelles sont les activités de De-Tomes Ghana LBG (Ghana) en 2024, ont demandé les États-Unis qui se sont également intéressés à ses contributions aux travaux de l’ONU.  Quels sont les projets de Development Research and Project Centre Kano Ltd/Gte (Nigéria) pour les femmes? a voulu savoir le Pakistan.

Le Pakistan a demandé à Folkland International Centre for Folklore and Culture (Inde) de fournir des informations sur les manifestations organisées par l’ONG à l’échelle nationale et internationale ainsi que sur leurs participants.  Quelles sont vos activités et sources de financement pour 2024 ont demandé les États-Unis à Global Development Alliance for Africa and Asia (Tunisie). Quant à l’ONG Guangzhou Inno Public Welfare Service Promotion Society (Chine), les États-Unis ont souhaité savoir quelles sont les activités prévues pour 2024 et en quoi ces dernières contribuent aux activités de l’ECOSOC. 

Le Pakistan a demandé à Human Rights Prakahar Shodh Mohim Society (Inde) de fournir des informations sur les collèges qu’elle a créés et qui offrent une éducation gratuite.  La délégation pakistanaise a aussi demandé à India SME Forum (Inde) des détails sur ses projets et leurs participants.  La Chine a remarqué que dans le bilan financier de l’Initiative pour un co-développement durable avec le Niger (ICON) (Niger), les dépenses correspondent exactement aux recettes de l’organisation.  Le surplus de l’année en cours aurait-il permis d’effacer le déficit de l’année précédente?  

La Chine a demandé à l’Institute of Rural Management (Pakistan) d’utiliser la terminologie de l’ONU en ce qui concerne Taiwan.  Les États-Unis se sont intéressés aux mesures prises par l’International Democratic Platform Non-Governmental Organization (Ukraine) pour garantir son indépendance du Gouvernement russe.  Le Pakistan a souhaité obtenir des informations détaillées sur la participation de International Human Rights Observatory (Inde) aux conférences de l’OMS et ONU-Femmes. 

La délégation pakistanaise a également demandé des informations détaillées sur le projet d’autonomisation des femmes de l’International Human Rights and Anti-Crime Organization Trust (Inde). Quelles mesures ont été prises pour garantir votre indépendance du Gouvernement égyptien, ont ensuite souhaité savoir les États-Unis à International Organization for Development and Human Rights (Égypte).  Israël a demandé comment l’organisation Jamiat-Ulama-i-Hind (Inde) a l’intention de contribuer aux travaux du Comité du développement social. 

Notant que 100% des dépenses de Jerusalem Legal Aid and Human Rights Center (État de Palestine) sont consacrées aux frais de fonctionnement, Israël a souhaité comprendre comment cette ONG allait financer ses projets.  Le Pakistan a demandé des informations sur les abris pour personnes déplacées fournis par KurNiv Foundation (Inde).  Les États-Unis ont souhaité des précisions sur les activités de plaidoyers de Love March Movement (Jamaïque) relatifs aux droits humains. 

Notant que la demande de Mountain and Glacier Protection Organization (Pakistan) mentionne trois adresses physiques différentes et que son site Internet n’en mentionne aucune, l’Inde a souhaité savoir laquelle était la bonne.  Les États-Unis ont demandé à Nejat Society, victims of violence (Iran) de transmettre une liste des activités prévues pour 2024 et en quoi elles contribueraient aux activités de l’ECOSOC.  La délégation américaine s’est également intéressée aux activités prévues en 2024 par New Life Fellowship At. Jhankarpada, PO/Ps Hirakud, Dist. Sambalpur (Inde) et à leurs sources de financement. 

Israël a demandé une liste des gouvernements ayant fourni des fonds à RASED for Capacity Building and Development (Jordanie).  Le Pakistan a demandé à l’ONG Save Water and Safe Water Foundation (Inde) des détails sur les cinq manifestations organisées autour du thème de l’eau dont il est mention dans sa demande.  La Chine a souhaité des précisions sur la coopération que l’ONG SheDad Foundation (Afrique du Sud) entretient avec les deux organisations mentionnées dans sa demande. 

Notant que le lien qui figure dans la demande de The Enlight Lab (Pakistan) ne fonctionne pas, le Pakistan a demandé à l’ONG de soumettre une liste de ses projets actuels et futurs.  La délégation pakistanaise a également souhaité savoir à quel niveau Universal Peace Organization, Inc. (Inde) a participé au Sommet sur le leadership de 2021 à Washington.  Notant qu’une bonne partie du financement de l’organisation Udruženje Centar za edukaciju i istraživanje « Nahla » (Bosnie-Herzégovine) proviennent de contrats, Israël a souhaité des informations sur la nature de ces contrats. 

Israël a souhaité obtenir plus de détails sur les programmes créés pour les jeunes par Al-Aqsa Association for the Development of the Islamic Waqf/Endowment (Israël).  La délégation israélienne a également souhaité obtenir une liste des ONG qui financent Al-Rafah- Welfare Association in Kafr Bara (Israël).  De son côté, l’Algérie a souhaité savoir quels sont les partenaires de l’organisation Alumot Or Ltd (CC) (Israël), qu’ils soient publics ou privés. 

La Chine a demandé à l’ONG AnitaB.org (États-Unis) de fournir des informations sur sa participation aux conférences de l’ONU pendant la période 2021-2023.  La Türkiye a relevé que l’Armenian Bar Association (États-Unis) se décrit comme une institution juridique où toute voix compte, mais compte une catégorie de membres au statut d’observateur qui ne peuvent pas participer aux votes, en demandant des explications.  La Chine a ensuite demandé à Asian Cultural Center (République de Corée) de fournir un lien actualisé au Comité. 

Notant que 60% des revenus de l’Asociația eLiberare (Roumanie) proviennent du Ministère des affaires étrangères et d’ambassades de Roumanie, la délégation chinoise lui a demandé des explications. Les États-Unis ont demandé à l’Associació Amnistia i Llibertat (Espagne) de fournir des explications sur les mesures prises pour veiller à l’indépendance de ses représentants officiels.  À la demande de la Chine, AsyLex (Suisse) a été invitée à fournir plus d’informations sur ses dépenses administratives étant donné qu’elles dépassent le seuil des 30%. 

La Chine a demandé plus d’informations sur la participation d’Atomic Reporters (Autriche) à une réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Serait-il possible d’apporter plus de précisions sur le processus d’affiliation d’autres ONG au Board of Deputies Charitable Foundation (Royaume-Uni), a souhaité savoir la Türkiye.  À leur tour, les États-Unis ont demandé plus d’informations sur le travail mené par CAGE Advocacy UK Ltd (Royaume-Uni) sur « la guerre contre la terreur ». 

Cuba a réclamé des précisions sur les sources de financement de CBM Global Disability Inclusion Vereniging (Pays-Bas).  À la demande de la Chine, l’ONG Caravan Industry Association of Australia Limited (Australie) devra fournir davantage d’informations sur ses projets en matière de formation qui devaient commencer en 2022, ainsi que sur leurs résultats.  La Türkiye a demandé des informations sur la composition et l’élection des membres de Christen in Not, CSI-Österreich (Autriche). 

Remarquant que 95% des frais de Cultural Diversity and Sustainable Development for Peace (Suisse) sont administratifs, la Chine s’est interrogée sur la capacité de l’ONG à assurer sa viabilité. La délégation chinoise a également voulu savoir quand et où l’ONG EU-Russia Civil Society Forum (Allemagne) a été créée, remarquant que dans sa demande, la date d’enregistrement est février 2017, alors que sur Internet cette organisation aurait été créée en 2011.  Notant que les dépense de European Prison Litigation Network (France) dépassent ses recettes, Cuba a demandé comment l’ONG entend combler ce déficit et travailler à l’avenir. 

La Türkiye a réclamé plus d’informations sur les activités menées par Educators Without Borders International (Suisse) en Afrique. L’ONG y a-t-elle des partenaires locaux?  Le Pakistan a demandé à Ezer Mizion (Israël) de fournir des informations sur ses activités et partenaires depuis 2020 ainsi que sur ses projets pour 2024 et 2025.  L’ONG F.A.I.R. Trade Group (États-Unis) a été invitée par les États-Unis à donner des précisions sur ses activités pour 2024 et en quoi une accréditation auprès de l’ECOSOC pourrait y contribuer. 

La délégation américaine a également souhaité obtenir des informations sur les activités et le budget 2024 de Focus Asia Foundation (F.A.F.) (France).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’adjoint de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement dénonce l’utilisation de drones contre les civils ukrainiens

9533e séance, matin
CS/15568

Conseil de sécurité: l’adjoint de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement dénonce l’utilisation de drones contre les civils ukrainiens

Réuni, ce matin, pour la onzième fois à la demande de la Fédération de Russie afin d’évoquer la question des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité a entendu l’adjoint de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement dénoncer l’utilisation de drones et de missiles pour frapper les civils et les infrastructures civiles, en violation du droit international humanitaire.  Présent à cette séance, le Ministre russe des affaires étrangères a, quant à lui, estimé que « le sang de dizaines de civils morts est sur les mains et la conscience de ceux qui arment le régime de Zelenskyy ». 

S’exprimant au nom de Mme Izumi Nakamitsu, M. Adedeji Ebo a indiqué qu’au cours des derniers mois, les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis.  Il a fait état d’armes conventionnelles lourdes, telles que des chars, des véhicules blindés, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des drones de combat, ainsi que des munitions télécommandées, des armes légères et leurs munitions.  Il a ajouté que, selon des signalements, des États transfèrent ou prévoient de transférer des drones, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes, qui les utilisent en Ukraine.

Alors que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a comptabilisé 29 731 victimes civiles en Ukraine en près de deux ans, un total vraisemblablement très inférieur au bilan réel, le haut fonctionnaire a condamné les attaques constantes contre des civils et des infrastructures civiles, au mépris du droit international humanitaire.  Il s’est par ailleurs ému des informations relatives au transfert et à l’utilisation d’armes à sous-munitions, avant de rappeler que les mines et les restes explosifs de guerre entraînent une contamination généralisée des terres en Ukraine, les rendant inutilisables pour l’agriculture et entravant la circulation des personnes. 

Face à l’afflux massif d’armes et au risque de détournement, de prolifération et d’utilisation abusive, M. Ebo a estimé que des instruments juridiquement contraignants, tels que le Traité sur le commerce des armes et le Protocole relatif aux armes à feu, devraient être pleinement exploités.  Il s’est également déclaré convaincu que le nouveau Cadre mondial pour la gestion des munitions classiques tout au long de leur cycle de vie contribuera à lutter plus efficacement contre les détournements.  Il a d’autre part exhorté à nouveau les États Membres à mettre en œuvre la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, adoptée en novembre 2022. 

C’est le soutien continu de l’Occident au « régime de Kiev » qu’a dénoncé pour sa part le Ministre russe des affaires étrangères, expliquant que c’est le plus gros obstacle à la recherche d’un règlement pacifique de la crise ukrainienne.  Malgré « l’échec total » des forces ukrainiennes sur le champ de bataille, leurs protecteurs occidentaux, « avec une persistance maniaque », continuent de les pousser à une confrontation militaire insensée au motif que l’effondrement du « régime de Zelenskyy » constituerait une menace existentielle pour les Ukrainiens, a expliqué M. Sergey Lavrov. 

Accusant les États-Unis de profiter économiquement de cette guerre et leurs alliés européens d’« exécuter docilement les ordres de Washington », le Chef de la diplomatie russe a argué que les « marchands de mort » ne sont pas du tout gênés par le fait que leurs armes, y compris les munitions à fragmentation et les obus à uranium appauvri, frappent des cibles civiles.  Si Moscou décidait de mettre fin à son opération militaire spéciale, le « régime de Kiev » en profiterait pour poursuivre son « extermination » de tout ce qui est russe en Ukraine, a-t-il poursuivi, jugeant que tous les plans soi-disant pacifiques avancés par le Gouvernement ukrainien et ses « maîtres » ne sont qu’une couverture pour continuer la guerre. 

En réponse à cette diatribe, l’Ukraine a repris à son compte le motif avancé par la Fédération de Russie pour demander cette réunion, notant que les transferts d’armes et d’équipements militaires que Moscou reçoit, notamment de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), continuent d’alimenter le conflit. Après avoir salué la solidarité des Occidentaux avec son pays, illustrée notamment par une défense aérienne renforcée, il s’est félicité de la tenue, le 14 janvier à Davos, de la quatrième réunion des conseillers en matière de sécurité nationale et de politique étrangère sur la mise en œuvre de la formule de paix du Président Zelenskyy, avec la participation de plus de 80 États et organisations internationales.  Il a été rejoint sur ce point par la Suisse, qui a plaidé pour l’organisation d’une conférence de haut niveau pour poser les bases de négociations de paix « dans l’esprit de la Charte des Nations Unies ». 

Seule l’Ukraine a lancé un processus crédible pour travailler à une paix juste et durable, fondée sur les principes de la Charte, a appuyé la France, tandis que la Chine jugeait urgent d’ouvrir des négociations pour faire émerger un consensus en faveur d’un arrêt des hostilités.  Le Mozambique a, lui, invité les parties à « changer de paradigme » en passant de la force militaire à celle d’une véritable communication et de pourparlers sincères.  Une position partagée par plusieurs autres délégations, parmi lesquelles le Guyana et la Sierra Leone, cette dernière soulignant la nécessité d’éviter une catastrophe nucléaire. Les efforts internationaux doivent être accrus pour instaurer la paix non seulement en Ukraine, mais aussi à Gaza, où se commet un véritable « carnage », a renchéri l’Algérie. 

À l’instar des délégations occidentales, les États-Unis ont dénoncé une réunion visant à « faire écran » pour dissimuler les crimes commis par la Russie.  Le Royaume-Uni s’est, lui, interrogé sur la pertinence du recours par Moscou aux armes de l’Iran et de la RPDC au regard des résultats sur le terrain et des pertes économiques dues aux sanctions et à l’émigration massive de jeunes Russes.  La République de Corée s’est, pour sa part, inquiétée que la RPDC reçoive en retour de la Russie des capacités militaires importantes, en particulier des technologies nucléaires et liées aux missiles. 
 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. ADEDEJI EBO, , Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a déclaré s’exprimer au nom de Mme Izumi Nakamitsu, actuellement absente.  Il a compté les « 23 mois de morts, de destructions, de souffrances et de dévastations insupportables » depuis que la Fédération de Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, en notant que se poursuivent la fourniture d’une assistance militaire et les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes.  Selon les informations accessibles au public, a-t-il précisé, il s’agit d’armes conventionnelles lourdes telles que des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des drones de combat, ainsi que des munitions télécommandées, des armes légères et leurs munitions.  Il a ajouté que, selon d’autres informations, des États transféraient ou prévoyaient de transférer des armes telles que des drones, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes et que ces armes auraient été utilisées en Ukraine.

Faisant valoir que tout transfert d’armes doit avoir lieu dans le cadre juridique international applicable, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, M. Ebo a jugé très préoccupantes les informations relatives au transfert et à l’utilisation d’armes à sous-munitions tout au long du conflit. Rappelant que le Secrétaire général a appelé à plusieurs reprises à l’arrêt immédiat de l’utilisation de ce type d’armes, il a indiqué en outre que les mines et les restes explosifs de guerre ont entraîné une contamination généralisée des terres, les rendant inutilisables pour l’agriculture et entravant la circulation des personnes en Ukraine. Les États qui ne sont pas encore parties à la Convention sur les armes à sous-munitions et à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction devraient tout mettre en œuvre pour adhérer à ces instruments, a-t-il plaidé, avant d’exhorter toutes les parties concernées à respecter leurs obligations au titre de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques et à ne pas transférer ou utiliser de mines interdites par le Protocole II modifié de la Convention.

Ainsi que l’a souligné la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, l’afflux massif d’armes et de munitions dans tout conflit armé suscite de vives inquiétudes pour la paix, la sécurité et la stabilité, notamment en raison du détournement et de la prolifération, même après la fin du conflit, a poursuivi M. Ebo, non sans rappeler que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général appelle les États Membres à prendre des mesures pour relever les défis liés au détournement, à la prolifération et à l’utilisation abusive des armes conventionnelles aux niveaux régional, sous-régional et national.  De même, a-t-il relevé, la cible 16.4 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 précise qu’une coopération et une coordination internationales sont nécessaires pour la réduction significative des flux d’armes illicites.  Dans ce cadre, des instruments juridiquement contraignants tels que le Traité sur le commerce des armes et le Protocole relatif aux armes à feu devraient être pleinement exploités pour faire face aux risques de détournement et de trafic illicite, a estimé le haut fonctionnaire, pour qui le Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre et son instrument international de traçage restent également des outils essentiels pour lutter contre le commerce illicite sous tous ses aspects.  De même, il a misé sur la mise en œuvre du Cadre mondial pour la gestion des munitions classiques tout au long de leur durée de vie récemment adopté, afin de lutter plus efficacement contre tout détournement de munitions conventionnelles de tous types et de prévenir les explosions imprévues sur les sites de munitions. 

Après avoir mentionné l’appel lancé par le Secrétaire général à tous les États pour qu’ils évitent d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées, notamment en Ukraine et en Fédération de Russie, M. Ebo a exhorté une nouvelle fois les États Membres à approuver et à mettre en œuvre la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, adoptée en novembre 2022.  Il a espéré voir davantage d’États rejoindre la Déclaration lors de la prochaine conférence sur cette question, prévue à Oslo en avril 2024.

Le haut fonctionnaire a répété que toutes les parties à tout conflit armé ont le devoir de protéger les civils dans les conflits armés et de garantir le respect du droit international applicable, y compris le droit international humanitaire.  Il a indiqué qu’entre le 24 février 2022 et le 21 janvier 2024, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a comptabilisé 29 731 victimes civiles en Ukraine, soit 10 287 tués et 19 444 blessés.  Alors que, de son propre aveu, les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés, il s’est élevé contre l’utilisation de drones et de missiles qui frappent les civils et les infrastructures civiles, en violation du droit international humanitaire.  Dans ce contexte, a-t-il dit en conclusion, les Nations Unies continueront d’œuvrer en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies et aux résolutions de l’Assemblée générale.  À cette fin, M. Ebo a réitéré l’appel du Secrétaire général à tous les États pour qu’ils fassent leur part pour empêcher une nouvelle escalade et jettent les bases d’une paix durable. 

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a constaté que l’Occident continue de livrer des armes à l’Ukraine et que les mercenaires, dont des mercenaires français, continuent d’affluer dans le pays.  Selon lui, ce qui entrave le plus la recherche de moyens de résoudre pacifiquement la crise ukrainienne c’est le soutien continu de l’Occident au « régime de Kiev », en dépit de l’incapacité de celui-ci à infliger une défaite stratégique à la Russie.  La réalité, selon le Ministre, est que, malgré « l’échec total » des forces ukrainiennes sur le champ de bataille, leurs protecteurs occidentaux, « avec une persistance maniaque », continuent de les pousser à une confrontation militaire insensée au motif que l’effondrement du « régime de Zelenskyy » constituerait une menace existentielle pour les Ukrainiens.  Or, la Fédération de Russie a été « contrainte » de lancer une opération militaire contre un « régime criminel » qui refusait d’abandonner la guerre contre les Ukrainiens russophones dans le sud et le sud-est du pays, a-t-il justifié en argumentant que non seulement le « régime Zelenskyy » a violé les accords de Minsk, mais que l’Occident a également soutenu le coup d’État anticonstitutionnel perpétré il y a 10 ans et préparé l’Ukraine à la guerre avec la Russie.

Poursuivant, le Ministre a observé que 90% du budget militaire alloué par Washington à Kiev demeure aux États-Unis.  Ainsi, les États-Unis ne mènent pas seulement une guerre contre Moscou, ils s’efforcent également d’affaiblir l’Europe en tant que concurrent économique, a-t-il analysé. S’agissant des attaques menées sur les gazoducs Nord Stream, M. Lavrov a noté que les États-Unis bloquent toute tentative de mener une enquête internationale.  Il a par ailleurs estimé que la majorité des membres de l’Union européenne continuent « d’exécuter docilement les ordres de Washington » de fournir toujours plus d’armes à Kiev.  Les « marchands de mort » ne sont pas du tout gênés par le fait que leurs armes, y compris les munitions à fragmentation et les obus à l’uranium appauvri, frappent délibérément des cibles civiles, a-t-il asséné, faisant la comparaison avec les attaques menées le 30 décembre à Belgorod et hier à Donetsk. « Le sang de dizaines de civils morts est sur les mains et la conscience de ceux qui arment le régime de Zelenskyy. »  Selon M. Lavrov, le Gouvernement ukrainien revend sur le marché noir une partie des armes fournies par l’Occident, activité dont profitent les groupes terroristes en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine, ébranlant encore davantage des régions déjà instables.

M. Lavrov a estimé qu’en exigeant que son pays mette fin à l’opération militaire spéciale, les dirigeants occidentaux savent parfaitement que le « régime de Kiev » en profiterait pour poursuivre son « extermination » de tout ce qui est russe depuis des siècles en Ukraine.  Il a mis en garde que dans ce cas, ce « régime » continuerait à promouvoir un « nationalisme misanthrope extrême » glorifiant ceux qui, avec les nazis, ont exterminé des Juifs, des Tsiganes, des Russes, des Polonais et des Ukrainiens pendant la Seconde Guerre mondiale.  La « tromperie et la lâcheté » des autorités ukrainiennes ont été clairement démontrées, selon lui, lors de la « mise en scène ignoble d’avril 2022 à Boutcha ». 

Contrairement aux Anglo-saxons, le peuple ukrainien n’avait aucun intérêt dans la guerre contre la Russie, a encore dit le M. Lavrov.  Contrairement aux prédictions des propagandistes de Kiev, Russes et Ukrainiens vivent en paix dans les territoires récemment réunifiés à la Russie, sans que l’Occident ne soit autorisé à s’immiscer dans les relations de deux peuples frères selon la « vieille méthodologie colonialiste ».  À ses yeux, tous les plans soi-disant pacifiques mis de l’avant « par le régime de Kiev et ses maîtres » ne font que servir de couverture pour continuer la guerre et pomper l’argent des contribuables occidentaux.  À cet égard, il a jugé regrettable que le Secrétariat de l’ONU compromette sa réputation en participant au « Format de Copenhague ». 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a estimé que cette réunion est une nouvelle tentative visant à justifier l’injustifiable et à élaborer un récit où l’agresseur est la victime et la victime l’agresseur.  Depuis février 2022, plus de 10 200 civils, y compris 575 enfants, ont été tués, a-t-elle déploré.  Et la livraison de missiles balistiques et d’armes de l’Iran et de la RPDC viole les résolutions du Conseil et sape le régime de non-prolifération.  La représentante a assuré que son pays continuera d’aider l’Ukraine afin de répondre aux besoins humanitaires nés de l’agression russe.  Elle a salué toutes les procédures visant à un établissement des responsabilités, en particulier le travail de la CPI et de la CIJ. Elle a souligné que l’Ukraine a le droit de se défendre face à l’agression russe, conformément à l’Article 51 de la Charte, et exhorté la Russie à retirer ses forces. 

M. ZHANG JUN (Chine) a constaté que le conflit en Ukraine s’enlise et que plusieurs facteurs s’associent pour menacer la stabilité internationale. Dans ce contexte, la fin des hostilités et l’avènement de la paix sont plus urgentes que jamais, a-t-il plaidé, invitant toutes les parties à faire davantage dans ce sens.  De même, les États Membres doivent s’engager en faveur de l’intégrité territoriale et la souveraineté de chaque pays, a souligné le représentant.  Il a jugé que la sécurité régionale ne pourra être garantie en procédant à l’expansion d’un bloc militaire, ainsi que l’a montré, selon lui, l’expansion vers l’est de l’OTAN.  Cette tentative a affaibli la sécurité internationale et sapé la confiance entre des parties, a-t-il déploré, appelant l’Alliance atlantique à en tirer les leçons. Il a appelé à prendre au sérieux les préoccupations sécuritaires de l’Ukraine comme de la Russie et d’œuvrer en faveur d’une architecture de sécurité équilibrée.  Dans l’immédiat, il faut que les pourparlers reprennent vite, a-t-il dit, ajoutant que la paix ne sera pas possible si l’on continue à alimenter le conflit en armes.  Pour cela, les efforts diplomatiques ne doivent pas cesser, a poursuivi le représentant, pour qui il est urgent d’ouvrir des négociations pour faire émerger un consensus en faveur d’un arrêt des hostilités. 

Le représentant a souhaité que tout soit fait pour éviter que la crise se répercute dans la région, au moment où le conflit israélo-palestinien menace d’embraser le Moyen-Orient.  Notant à ce propos que les conséquences de ces deux crises sont venues « ajouter de la neige à une situation économique mondiale déjà très rafraîchie », il a appelé à éviter toute instrumentalisation, à veiller à l’intégrité des chaînes d’approvisionnement et à garantir la sécurité alimentaire pour tous. Il a enfin estimé qu’il n’est pas possible d’imposer une solution simpliste à ces conflits mais qu’il convient plutôt de redoubler d’efforts pour forger une communauté internationale qui permette une paix pour tous. 

Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) a pris note des préoccupations exprimées quant aux risques de détournement d’armes, soulignant que les transferts d’armes doivent être conformes aux instruments de désarmement pertinents et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Notant que la fourniture d’armes et de munitions dans toute situation de conflit armé est susceptible d’aggraver ou de prolonger la violence et les risques de détournement, la représentante a demandé que ces transferts soient effectués de façon transparente.  Or, a-t-elle ajouté, le seul moyen efficace de prévenir toute nouvelle escalade en Ukraine et dans la région est de mettre fin à cette guerre.  Notant que plus de 14 millions de personnes ont besoin d’aide, elle a appelé la communauté internationale à accroître son soutien humanitaire.  Enfin, la représentante a exhorté les parties à s’engager dans un processus politique et diplomatique sérieux visant à mettre fin au conflit, dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a regretté que la Russie ait à nouveau demandé une réunion du Conseil de sécurité pour affirmer que les transferts d’armes occidentaux vers l’Ukraine aggravent la crise et sapent les efforts visant à parvenir à une solution pacifique.  Dénonçant une démarche politiquement motivée de la part de la Russie, elle a soutenu que l’appui à l’Ukraine vise à l’aider à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale, conformément au droit international.  Elle a noté que, de son côté, la Russie utilise des armes obtenues de la République populaire démocratique de Corée, en violation des résolutions du Conseil, en plus de son agression qui viole la Charte des Nations Unies.  Pour la représentante, aucune personne raisonnable ne peut être convaincue par les appels à la paix lancés par la Russie, alors que celle-ci fait un nombre incalculable de victimes et de blessés.  Loin d’être une simple question européenne, ce conflit affecte l’ensemble de la communauté internationale, y compris le Japon, a-t-elle fait valoir, accusant la Russie de défier les institutions judiciaires internationales légitimes, telles que la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de Justice (CIJ), et d’ignorer les voix de l’Assemblée générale. 

Après avoir rappelé que son pays a récemment été frappé par un tremblement de terre majeur, la représentante a exprimé sa reconnaissance aux pays qui lui ont adressé des messages de sympathie et de solidarité, notamment ceux en situation difficile comme l’Ukraine.  L’agression russe est un désastre entièrement provoqué par l’homme, s’est-elle désolée, avant d’appeler à nouveau la Russie à se retirer immédiatement et sans condition de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine. « Nous resterons aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. »

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a jugé regrettable que la Russie continue de faire de ce Conseil un « théâtre de désinformation ».  Il a noté que des centaines de milliers de soldats russes sont présents sur le territoire ukrainien, et pas un seul soldat ukrainien n’est présent sur le territoire russe.  L’invasion russe de l’Ukraine constitue une violation flagrante de la Charte, a tranché le délégué.  Il a ajouté qu’aucune théorie complotiste ne saurait cacher les faits, à savoir que c’est la Russie qui a déclenché cette guerre.  Il a estimé que cette réunion vise à faire écran afin de dissimuler les crimes commis par la Russie.  Il a dénoncé les transferts d’armes à la Russie de l’Iran et de la RPDC, fragilisant le régime de non-prolifération.  Aucun pays n’a payé de plus lourd tribut que l’Ukraine et aucun pays ne veut davantage la paix que l’Ukraine, a affirmé le délégué.  Il a accusé la Russie de se dire prête au dialogue tout en lançant des salves de missiles contre l’Ukraine.  « N’écoutez pas ce que la Russie dit, mais regardez ce qu’elle fait. »  La Russie doit immédiatement retirer ses forces de l’Ukraine, a conclu le délégué. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a regretté qu’un règlement du conflit reste insaisissable alors qu’il approche de son sept-centième jour et malgré les tentatives diplomatiques.  À ses yeux, le flux incontrôlé d’armes non seulement exacerbe le conflit mais complique également tout effort de rétablissement de la paix.  De surcroît, l’implication de plusieurs États dans la fourniture d’armes aux deux parties au conflit complique encore davantage le paysage juridique international et entrave les efforts diplomatiques.  Le délégué a invité les parties à « changer de paradigme » en passant de la force militaire à celle d’une véritable communication et de négociations sincères.  Faisant remarquer que les répercussions du conflit ukrainien se font sentir jusqu’en Afrique, posant notamment des défis importants à la mise en œuvre de l’initiative « Faire taire les armes », il a aussi déploré les perturbations de l’approvisionnement énergétique, qui font augmenter les coûts, et les ruptures de chaînes d’approvisionnement, qui affectent les industries à l’échelle mondiale.  Pour jeter les bases d’une paix durable en Ukraine, il a plaidé pour le dialogue et la négociation, misant sur des mesures de confiance telles que l’échange de prisonniers organisé au début de l’année par les Émirats arabes unis.  Il a suggéré d’autres initiatives, dont des cessez-le-feu, des canaux de communication pour la gestion des crises, l’engagement dans des mesures de contrôle des armements et l’ouverture de l’accès à l’aide humanitaire. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a exprimé sa profonde préoccupation quant à la coopération militaire entre la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), s’agissant notamment de l’importation par Moscou de missiles balistiques.  Ces actions constituent à ses yeux de graves violations des résolutions du Conseil de sécurité et devraient être examinées plus en détail par celui-ci.  Comme un certain nombre de pays, la Slovénie répond à la demande d’aide de l’Ukraine en lui fournissant du matériel militaire, dans le seul objectif de l’aider à protéger ses citoyens et à défendre son territoire.  Le représentant a appelé la Russie à mettre fin à son agression et à respecter l’Acte final d’Helsinki, de 1975, sur l’inviolabilité des frontières européennes ainsi que l’Article 2 de la Charte des Nations Unies concernant l’abstention de recourir à la menace ou à l’usage de la force contre l’intégrité territoriale de tout État. Le droit international et le droit international humanitaire prônés par Moscou à Gaza s’applique également à l’Ukraine, a-t-il rappelé, en mettant en garde la Russie contre le deux poids, deux mesures.

M. MICHEAL IMRAN KANU (Sierra Leone) a appelé au plein respect de la souveraineté de l’Ukraine, avant d’exhorter les parties à prendre les mesures nécessaires en vue d’une cessation immédiate des hostilités et d’un retour à la table des négociations.  Il a indiqué que la guerre dure depuis près de deux ans et qu’aucune fin ne semble en vue. Il a pris note de la position de la Russie, selon laquelle les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine prolongent la guerre et sapent les perspectives de paix.  Il a aussi pris note des positions d’autres membres, selon lesquels la Russie reçoit des armes de la part de pays frappés de sanctions. La livraison d’armes crée des risques d’escalade, a mis en garde le délégué.  Il a ensuite exhorté les parties à cesser les hostilités et à trouver une solution politique, avant de souligner la nécessité d’éviter une catastrophe nucléaire. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) s’est inquiété de l’augmentation alarmante du nombre de victimes civiles en Ukraine du fait de l’intensification des attaques de missiles et de drones menées par la Fédération de Russie.  Il a reconnu le droit inaliénable de toute nation à la légitime défense, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Le représentant a considéré que l’afflux massif d’armes et de munitions peut contribuer à une escalade et pose des risques de détournement et de prolifération. À cet égard, il a jugé que les mesures visant à contrer de tels risques sont essentielles à la sécurité et à la stabilité régionales, au relèvement postconflit, ainsi qu’à la prévention des conflits dans d’autres régions.  Dans ce contexte, le représentant a réaffirmé la nécessité de donner la priorité à la protection des civils et des infrastructures civiles critiques.  Toute fourniture d’armes doit être effectuée conformément au cadre juridique international applicable et faire l’objet de garanties, a-t-il rappelé.  D’autre part, le représentant a réitéré l’appel urgent lancé à toutes les parties pour qu’elles garantissent un accès sans entrave des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à toutes les zones de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. 

M. JAMES KARIKUKI (Royaume-Uni) a attiré l’attention sur les plus de 300 000 militaires russes tués ou blessés depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dont les mères et épouses ont été arrêtées et ignorées, tandis que des milliers de manifestants russes contre la guerre ont été arrêtés et que des médias ont été fermés et de nombreux journalistes incarcérés. Le représentant a ensuite noté que la modernisation militaire russe a reculé de 18 ans, l’industrie de défense russe en étant réduite à démonter des réfrigérateurs pour récupérer des pièces détachées.  De plus, la Russie commande des armes à la RPDC et achète des drones à l’Iran, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il dénoncé.  Tout cela pour perdre plus de la moitié des terres dont elle s’est emparée depuis février 2022 et un cinquième de sa flotte de la mer Noire, sans compter que son économie pâtit des sanctions, à hauteur de plus de 400 milliards de dollars, et que des centaines de milliers de jeunes Russes ont émigré pour un avenir meilleur. 

Le représentant a également rappelé que, lors de sa dernière participation à une réunion du Conseil, le Ministre russe des affaires étrangères avait parlé de la protection des droits des russophones en Ukraine.  Pourtant, la seule menace qui pèse sur les civils en Ukraine continue de venir de la Russie, a-t-il observé, accusant Moscou d’empêcher les organisations humanitaires d’accéder aux millions de personnes dans le besoin, tout en se livrant à une pratique systématique de la torture contre des civils ukrainiens et en frappant intensément des centres de population.  Alors que l’Ukraine, le Royaume-Uni et quelque 80 autres pays étaient à Davos la semaine dernière pour discuter des plans de paix du Président Zelenskyy, le Chef adjoint du Conseil de sécurité nationale russe proclamait qu’il pourrait n’y avoir jamais de paix tant qu’existera un État indépendant en Ukraine, a déploré le délégué.  Voyant là une menace pour l’existence même de l’Ukraine et les prémices d’une nouvelle ère d’instabilité mondiale, il a assuré que son pays continuera à reconstituer les défenses aériennes de l’Ukraine pour l’aider à protéger ses civils de ces attaques brutales.  Il a en outre signalé la signature d’un nouvel accord de coopération en matière de sécurité entre son pays et l’Ukraine, annonçant aussi 2,5 milliards de livres sterling supplémentaires d’aide militaire et 18 millions de livres sterling d’aide humanitaire.  Comme l’a dit le Premier Ministre britannique lors de sa récente visite à Kyïv, le Royaume-Uni reste inébranlable dans son engagement en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières, afin de garantir sa capacité à se défendre, à résister à la coercition future et à choisir son propre avenir, a conclu le représentant. 

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) s’est dit préoccupé par la recrudescence des tensions dans le monde, avant de déplorer que le Conseil de sécurité ne puisse s’acquitter de son mandat, en raison d’une polarisation accrue en son sein. Les flux d’armes en direction de zones en proie à un conflit ne font qu’aggraver les souffrances des populations et sapent les perspectives de paix, a-t-il déclaré.  Il a exhorté les parties à s’acquitter de leurs obligations et à protéger les civils. Le Conseil doit encourager le dialogue, a recommandé le délégué.  Il s’est dit convaincu qu’une paix juste doit respecter les principes de la Charte et prendre en compte les préoccupations sécuritaires de toutes les parties.  Les efforts internationaux doivent être accrus pour instaurer la paix non seulement en Ukraine, mais aussi partout dans le monde, a encore encouragé le délégué.  Il a en effet dénoncé le « carnage » commis à Gaza, en rappelant qu’en trois mois 24 000 civils ont trouvé la mort, tandis qu’en Ukraine 10 000 civils ont été tués depuis deux ans.  « N’oublions pas les vies palestiniennes de Gaza, les vies palestiniennes comptent. »

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que l’un des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies est l’interdiction du recours à la force, condamnant dès lors l’agression militaire russe contre l’Ukraine en tant que violation flagrante de ce principe et exhortant « une fois de plus » la Russie à cesser immédiatement les hostilités et à retirer ses troupes du territoire ukrainien.  L’Ukraine a le droit, en vertu de la Charte, d’assurer sa sécurité et de défendre son intégrité territoriale et sa souveraineté, a ajouté la représentante, avant de souligner l’importance du respect des conventions et instruments multilatéraux relatifs aux transferts d’armes.  À ce sujet, elle a fait part de son inquiétude face aux informations selon lesquelles la Russie aurait reçu des armes et même utilisé des missiles balistiques de la RPDC lors de récentes attaques.  Elle a appelé la Russie à pleinement respecter les engagements découlant des résolutions du Conseil de sécurité, telles que la 1718 (2006) qui interdit tout transfert d’armes depuis et vers la RPDC. 

L’intensification des attaques russes sur les villes et les infrastructures de toute l’Ukraine accentue les besoins humanitaires, a poursuivi la déléguée qui a également déploré les attaques sur les civils dans l’est du pays sous contrôle russe, notamment à Donetsk ce dimanche.  Après s’être fait l’écho de l’appel des Nations Unies à répondre aux besoins des Ukrainiens à l’intérieur et à l’extérieur de leur pays pour 2024, elle a assuré que la Suisse continuera à apporter sa contribution.  Elle a d’autre part affirmé que son pays est prêt à soutenir toute initiative et tout dialogue visant à instaurer une paix conforme à la Charte des Nations Unies, saluant à cet égard la participation de 82 pays et organisations internationales à la quatrième réunion des conseillers à la sécurité nationale à Davos, la semaine dernière.  La Suisse appuie le principe d’une conférence de haut niveau pour poser les bases de négociations de paix futures, dans l’esprit de la Charte, a-t-elle dit en conclusion. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a indiqué que l’utilisation d’armes provenant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) par la Fédération de Russie constitue une violation de plusieurs résolutions du Conseil, toute transaction d’armes avec ce pays étant interdite.  Outre les munitions nord-coréennes, des missiles balistiques à courte portée fournis par la RPDC ont frappé l’Ukraine le 30 décembre, le 2 janvier et le 6 janvier, a-t-il relevé.  Le recours par Moscou à des missiles nord-coréens en Ukraine comporte également des implications sur la non-prolifération nucléaire mondiale ainsi que sur la péninsule coréenne. 

Pour le représentant, il est difficile d’imaginer les répercussions d’une violation aussi flagrante des résolutions du Conseil par un membre permanent depuis que le régime de sanctions contre la RPDC a été établi en 2006. De plus, un tel trafic génère des revenus pour la RPDC susceptibles d’être utilisés pour poursuivre le développement de ses programmes nucléaires et de missiles illégaux.  Le représentant s’est inquiété que la RPDC reçoive en retour de la Russie des capacités militaires importantes, en particulier des technologies nucléaires et liées aux missiles.  Il a fait part de sa vive préoccupation face à la récente visite du Ministre des affaires étrangères de la RPDC à Moscou, accompagné d’un haut fonctionnaire chargé du développement et de la production d’armes.  Dans ce contexte « profondément troublant », il a demandé instamment à la Russie de retirer immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien et de mettre fin à cette guerre brutale. 

M. NICOLAS DE RIVÈRE (France) a déclaré que l’édifice de mensonges de la Russie ne résiste pas devant l’évidence: la Russie peut choisir, chaque jour, depuis le 24 février 2022, de cesser son agression, sans préjudice pour sa propre sécurité.  Rappelant que le soutien de la France à l’Ukraine s’inscrit dans le cadre de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, le délégué a affirmé que le combat que mènent les Ukrainiens est également un combat « pour notre Charte et notre sécurité collective ».  « C’est un combat pour que chaque État Membre voie son intégrité territoriale respectée, sans crainte d’être agressé par un voisin. »  La Russie, elle, reste sourde aux appels, poursuit sa guerre illégale et acquiert des drones auprès de l’Iran et des missiles balistiques auprès de la « Corée du Nord » en violation des résolutions de ce Conseil, a fustigé le délégué.  Selon lui, seule l’Ukraine a lancé un processus crédible pour travailler à une paix juste et durable, fondée sur les principes de la Charte, associant un nombre croissant de pays.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a tout d’abord affirmé ne pas être surpris que la personne pour laquelle l’Ambassadeur russe a demandé cette réunion ait rapidement quitté la salle.  Il a cependant souligné l’importance de la plateforme du Conseil de sécurité pour documenter les témoignages de la « réincarnation moderne de Ribbentrop et de ses acolytes ».  Ces témoignages seront sans aucun doute utilisés dans les futurs procès contre les criminels de guerre russes, a-t-il prédit.  Soulignant les souffrances subies par la population civile du fait de la guerre russe contre l’Ukraine et de l’occupation de territoires souverains ukrainiens, il a rappelé qu’hier encore, l’armée russe a bombardé plus d’une centaine de villes et villages ukrainiens dans neuf régions du pays, les plus brutales ayant eu lieu près de Donetsk.  Évoquant ensuite le motif avancé par la Fédération de Russie pour demander cette réunion, le représentant a noté que les transferts d’armes et d’équipements militaires que Moscou reçoit, notamment de l’Iran et de la RPDC, continuent d’alimenter le conflit et d’entraîner une augmentation du nombre de victimes parmi la population civile ukrainienne.  Il a indiqué qu’avant cette réunion, un groupe d’États Membres a publié une déclaration commune à ce sujet. 

Le représentant a par ailleurs dénoncé les aveux de l’ancien Président russe Medvedev, aujourd’hui adjoint du Président Putin au Conseil de sécurité russe. M. Medvedev a exposé ouvertement sur sa chaîne Telegram les véritables objectifs de la guerre russe contre l’Ukraine, à savoir tuer tous les Ukrainiens tant qu’ils veulent avoir leur propre pays indépendant, s’est-il indigné, y voyant « le manifeste du génocide, clair et simple, qui ne peut être comparé qu’à un autre manifeste, écrit il y a près de 100 ans et connu sous le titre Mein Kampf ». Pour le délégué, le fait que la Russie accuse d’autres personnes de néonazisme pour justifier son agression procède d’un « phénomène psychologique de projection, attribuant aux autres ses propres pensées, sentiments et idées ».  De fait, a-t-il analysé, le slogan « la guerre jusqu’au dernier Ukrainien », accusation si souvent utilisée par la délégation russe dans cette salle, « correspond en fait à l’ardent désir de Moscou ». C’est pourquoi, a-t-il ajouté, la Russie est si obsédée par la résilience ukrainienne et la solidarité mondiale avec l’Ukraine, qui se traduit notamment par la fourniture d’armes pour l’aider à exercer son droit de légitime défense dans le strict respect de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.

Bien que la Russie ait augmenté le nombre de ses attaques, celui des victimes a diminué car la plupart des missiles russes n’atteignent pas leurs cibles, a relevé le représentant, saluant les résultats de la défense aérienne renforcée fournie par les alliés de son pays.  « C’est ce qui sauve littéralement nos enfants, parallèlement aux mesures d’évacuation mises en place par les autorités ukrainiennes pour protéger les habitants des zones les plus dangereuses. »  Dans ce contexte, le délégué s’est réjoui que le processus de recherche d’une paix globale, juste et durable, fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies, soit « en bonne voie ». 

Il s’est félicité de la tenue, le 14 janvier à Davos, de la quatrième réunion des conseillers en matière de sécurité nationale et de politique étrangère sur la mise en œuvre de la formule de paix, avec la participation de plus de 80 États et organisations internationales, précisant que les discussions ont porté sur des points spécifiques de l’initiative ukrainienne tels que le retrait des troupes russes et la cessation des hostilités; la restauration de la justice; la sécurité environnementale; la prévention de l’escalade et de la répétition des agressions; et la confirmation de la fin de la guerre.  En outre, deux sessions spéciales ont été organisées sur la sécurité alimentaire et les aspects humanitaires de la guerre, a-t-il indiqué, avant de rappeler que son pays célèbre aujourd’hui la « journée de l’unité », laquelle peut selon lui s’illustrer par la résilience des soldats ukrainiens, le nombre record de participants à Davos et la solidarité avec l’Ukraine.  Il s’agit d’une assistance de nos alliés visant à renforcer nos capacités de défense, mais aussi d’un engagement partagé envers les valeurs de démocratie, de liberté et de justice, a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale crée le Compte pour la consolidation de la paix et décide d’organiser une réunion sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer

Soixante-dix-huitième session,
53e séance - après-midi
AG/12581

L’Assemblée générale crée le Compte pour la consolidation de la paix et décide d’organiser une réunion sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer

L’Assemblée générale a décidé par consensus, cet après-midi, de créer le Compte pour la consolidation de la paix, un compte spécial pluriannuel destiné expressément au financement du Fonds pour la consolidation de la paix. 

En suivant les recommandations de sa Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, elle a approuvé en même temps une dotation d’un montant annuel de 50 millions de dollars qui sera financée au moyen de contributions statutaires et servira à financer ledit compte à compter du 1er janvier 2025.  Le texte précise que seront appliqués à la moitié de la dotation versée au Compte les taux de contribution utilisés pour le budget ordinaire, et à l’autre moitié, les taux en vigueur pour le financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également décidé, toujours par consensus, d’organiser une réunion de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer, le 25 septembre 2024.

Dans une explication de position, les Tonga, qui s’exprimaient au nom Forum des îles du Pacifique, ont appelé à la prudence dans l’utilisation du terme « menace existentielle » de sorte à éviter de saper certains droits ou devoirs découlant du droit international en lien avec l’élévation du niveau de la mer causée par les changements climatiques. 

La délégation s’est en outre opposée à tout libellé qui laisserait à penser que l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques constitue une menace existentielle pour le statut juridique des zones maritimes, de l’État et de la souveraineté.  Par ailleurs, le document final devra être cohérent avec les déclarations adoptées par le Forum au sujet de l’élévation du niveau de la mer causée par les changements climatiques.

« Aucun effort ne doit être épargné pour sauvegarder l’inaliénabilité de la souveraineté et du statut d’État des États Membres concernés », a appuyé les Tuvalu qui, s’exprimant au nom de la Coalition for addressing Sea-level rise & its Existential Threats (C-SET), ont estimé que la menace due à l’élévation du niveau de la mer appelle à garantir la stabilité juridique des États Membres dont l’économie dépend de leurs zones maritimes.  Leur appartenance à l’ONU continuera malgré l’élévation du niveau de la mer, a fait valoir la délégation.

Les Tuvalu ont d’autre part plaidé pour une augmentation du financement climatique pour les petits États insulaires en développement et les communautés touchées, estimant urgent d’autonomiser et d’accélérer les solutions locales pour renforcer les capacités d’adaptation et la résilience des populations affectées. La délégation s’est également prononcée pour des partenariats solides afin de faire face aux effets néfastes de l’élévation du niveau de la mer, via la mise en commun des ressources, des connaissances et des technologies.  Les efforts doivent donner aux communautés touchées l’accès à des alertes précoces efficaces, garantir des choix éclairés et permettre des parcours d’adaptation positifs, a-t-elle souligné. 

El Salvador a demandé un examen éclairé de la question des menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer au sein de la Commission du droit international, exhortant à éviter les doublons. Pour le Samoa, la Sixième Commission chargée des questions juridiques est la boussole morale en ce qui concerne les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer provoquée par les changements climatiques. 

« Plutôt que de rester les bras croisés et d’observer, l’Assemblée générale doit agir délibérément et en solidarité avec ceux qui sont en première ligne face à ce phénomène problématique », a souligné le Président de l’Assemblée générale qui s’est déclaré convaincu qu’ensemble, les États Membres peuvent progresser vers un résultat concret permettant de prévenir, de protéger et de résoudre les situations intenables résultant de l’élévation du niveau de la mer. 

M. Dennis Francis a notamment évoqué le sort des communautés les plus vulnérables et les plus gravement touchées, en particulier celles des petits États insulaires en développement et des pays dotés de zones côtières de faible altitude, rappelant que les dangers et les risques posés par ces menaces vont de la perte irrémédiable de terres ancestrales à la perte de culture et de patrimoine, sans oublier la déstabilisation durable des moyens de subsistance. 

La Fédération de Russie a souhaité pour sa part que la réunion du 25 septembre prochain se tienne dans la limite des ressources existantes, appelant en outre à accorder la priorité aux États Membres lors de cet événement.  La délégation a par ailleurs jugé que le paragraphe 2 du projet de décision, qui prévoit la tenue de consultations avec les États Membres, sous-entend que l’Assemblée générale approuvera ultérieurement les modalités définitives relatives à la tenue de cette manifestation.  

Avant de lever la séance, l’Assemblée générale a élu la Bulgarie au Comité du programme et de la coordination pour un mandant commençant le jour de son élection et se terminant le 31 décembre 2026.

Elle a également noté qu’Antigua-et-Barbuda et la République islamique d’Iran ont effectué les paiements nécessaires pour réduire leurs arriérés en deçà du montant précisé dans l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: craignant une escalade des tensions dans la région, le Conseil de sécurité se divise sur les frappes américano-britanniques

9532e séance – après-midi
CS/15565

Yémen: craignant une escalade des tensions dans la région, le Conseil de sécurité se divise sur les frappes américano-britanniques

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour débattre des frappes que les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené conjointement, dans la nuit du 11 au 12 janvier, sur des cibles sous le contrôle des houthistes au Yémen.  Ces frappes font suite aux attaques répétées des houthistes envers des navires marchands en mer Rouge depuis le 19 novembre 2023, en dépit des nombreux avertissements de la communauté internationale et de l’adoption de la résolution 2722 (2024), ce 10 janvier, par le Conseil de sécurité qui sommait les houthistes d’y mettre fin immédiatement. 

Si l’ONU n’est pas encore en mesure de confirmer les chiffres avancés par les parties concernées, M. Mohamed Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a fait état d’une « cinquantaine de frappes » menées par ces deux pays, avec le soutien de quatre autres, et du décès de 5 combattants houthistes, en sus de 6 blessés.  « Le cycle de violence auquel nous assistons présage de graves répercussions politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires au Yémen et dans la région », a-t-il mis en garde, rappelant notamment la fragilité de la situation humanitaire dans le pays.  Comme nombre de délégations, il a exhorté les parties concernées à faire montre de retenue afin d’éviter toute escalade et de restaurer une navigation maritime sûre dans la région. 

Les deux pays ayant mené ces attaques ont expliqué le fondement de leur action.  La représentante des États-Unis a ainsi invoqué la légitime défense, prévue par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, qui a été exercée après que les mesures non militaires se sont révélées inadéquates pour répondre à la menace posée.  Son homologue du Royaume-Uni a indiqué que le résumé de la position juridique du Gouvernement britannique sur l’intervention d’hier a bien été communiqué par écrit au Conseil, conformément au même Article. 

L’opportunité ainsi que la légalité au regard du droit international de ces actions ont divisé les membres du Conseil.  Si la majorité des délégations ont vivement condamné les attaques de navires commerciaux par les houthistes et déploré leur intensification malgré les mises en garde de la communauté internationale, nombre d’entre elles, comme le Mozambique, l’Algérie ou encore l’Équateur, sont restées néanmoins partagées sur les agissements américano-britanniques qu’elles ont estimé susceptibles d’aggraver l’instabilité régionale.  « Toute escalade militaire ne ferait qu’aggraver la situation et pourrait plonger le Yémen et la région entière dans un désarroi encore plus profond », a mis en garde la déléguée du Guyana.  Même son de cloche du côté de la Chine qui a estimé que « de telles actions unilatérales ne font que mettre de l’huile sur le feu ». 

Se targuant d’avoir pris des « mesures d’autodéfense nécessaires, proportionnées et conformes au droit international », le Royaume-Uni et les États-Unis ont assuré vouloir préserver la liberté de navigation et de commerce.  Pour eux, le rétablissement de la stabilité en mer Rouge va réduire, plutôt que d’exacerber, les tensions dans la région.  Ajoutant ne pas avoir pris de telles mesures « à la légère », la représentante des États-Unis a expliqué que les frappes ont été perpétrées contre des installations militaires sous le contrôle des houthistes, en veillant à minimiser toute incidence sur les civils. 

« La liberté de navigation, régie par la Convention sur le droit de la mer, ne prévoit pas d’attaquer un État Membre sous le couvert de la légitime défense », a tranché le délégué de la Fédération de Russie, tout en dénonçant l’interprétation arbitraire du droit international par les États-Unis et leurs alliés.  Abondant en ce sens, la Suisse a précisé que le droit des États Membres de défendre leurs navires contre les attaques se limite aux mesures militaires destinées à intercepter des attaques contre lesdits navires.  La Slovénie a, quant à elle, réitéré l’importance des principes de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution lors de ripostes aux attaques. 

« Personne n’est à l’abri de ces attaques dans la mer Rouge, pas même la Russie », a renchéri la représentante des États-Unis, soutenue par quelques délégations, comme celles du Japon et de la France.  Elle a rappelé que depuis novembre, pas moins de 2 000 navires ont dû être déroutés du fait des 27 attaques commises par les houthistes, qui ont également pris en otage des équipages de plusieurs pays, dont celui du Galaxy Leader, affrété par le Japon.  Ce dernier a fait remarquer que les houthistes ne font qu’ignorer les appels de la communauté internationale et, de ce fait, a dit soutenir les mesures prises par les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment leurs frappes conjointes contre des zones sous contrôle houthiste. 

Le recours à la force met pourtant en danger les efforts diplomatiques en cours dans une région déjà au bord du précipice du fait du conflit israélo-palestinien, a estimé pour sa part le Mozambique.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a informé que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient déclaré avoir lancé, avec le soutien de quatre autres pays, plus de 50 frappes aériennes et missiles sur des cibles au Yémen.  Selon les houthistes, 5 combattants sont morts et 6 ont été blessés, a-t-il rapporté.  Il a toutefois indiqué que l’ONU ne peut pas, à ce stade, vérifier ces chiffres.  Les frappes d’hier font suite aux attaques répétées des houthistes envers des navires en mer Rouge à l’aide de drones et de missiles qui ont été interceptés par les forces navales américaines et britanniques, a-t-il rappelé.  M. Khiari a ainsi rappelé que les houthistes ont lancé hier, le 11 janvier 2024, en représailles à une attaque des forces navales américaines envers des combattants houthistes le 31 décembre 2023, un missile antinavire, et ce en dépit de l’adoption de la résolution 2722 (2024) par le Conseil de sécurité la veille. 

« Nous assistons à un cycle de violences qui présage de graves répercussions politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires au Yémen et dans la région », a-t-il poursuivi.  Les progrès humanitaires au Yémen étant récents et fragiles, ils pourraient être aisément mis à mal et toucher des millions de personnes, au Yémen comme ailleurs, en raison des tensions régionales et des événements en mer Rouge, a-t-il mis en garde.  Abondant dans le sens du Secrétaire général qui a appelé aujourd’hui à la désescalade, il a exhorté les parties à réduire les tensions et à faire montre de retenue. Selon le Sous-Secrétaire général, il s’agit de redoubler d’efforts pour éviter d’entraîner le Yémen dans une conflagration régionale et de réaffirmer la sécurité en matière de navigation maritime. À ce titre, il a appelé à la libération immédiate de l’équipage du Galaxy Leader retenu en otage par les houthistes depuis le 19 novembre. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé l’agression d’un groupe de pays contre un autre pays.  L’attaque n’a pas visé un groupe mais un pays, le Yémen, a dit le délégué, en dénonçant les bombardements des États-Unis et de leurs alliés.  Il a estimé que la guerre se propage, en avertissant que les États-Unis ne veulent pas en rester là.  Il a dénoncé l’arbitraire de ce pays, ainsi que son mépris pour le droit international.  Il a rappelé que la légitime défense ne peut être invoquée s’agissant de la liberté de navigation.  Celle-ci est réglée par la Convention sur le droit de la mer, qui ne prévoit pas d’attaquer un État Membre, a dit le délégué.  Il a ajouté que le terme de « pirates » utilisé par le Président américain n’est pas valide au regard du droit international. 

Le représentant a rappelé l’opposition des États-Unis à tout texte visant à une cessation des hostilités à Gaza, pendant qu’Israël continue de tuer des femmes et des enfants palestiniens.  Il a dénoncé « l’illusion de légitimité » dans laquelle se drapent les États-Unis et leurs alliés, ainsi que leur interprétation du droit. Le délégué a rappelé l’illicéité des agissements des États-Unis en Syrie, ainsi que les visées hégémoniques de ce pays.  Enfin, il a insisté sur les risques d’escalade découlant des actions des États-Unis et de leurs alliés contre le Yémen, lesquelles doivent être condamnées.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a argué que le Royaume-Uni et le Conseil ont toujours condamné, dans les termes les plus vigoureux, les attaques illégales et injustifiées commises par les militants houthistes en mer Rouge.  Le 9 janvier, les houthistes ont attaqué des navires britanniques et américains et la nuit dernière, a-t-elle rappelé, « nous avons pris des mesures d’autodéfense limitées, nécessaires et proportionnées aux côtés des États-Unis, avec le soutien non opérationnel des Pays-Bas, du Canada, de Bahreïn et de l’Australie ».  La Royal Air Force a mené des frappes ciblées contre des installations militaires utilisées par les rebelles houthistes au Yémen en veillant à minimiser les risques pour les civils, a-t-elle précisé.

Rappelant que depuis novembre, les houthistes ont lancé plus de 100 attaques de drones et de missiles contre des navires de plusieurs pays, mettant en danger des vies innocentes, menaçant l’économie mondiale et déstabilisant la région, en dépit de la résolution 2722 (2024) du Conseil, elle a exigé que ces attaques cessent.  Pour sa part, le Royaume-Uni s’engage à continuer de travailler avec la communauté internationale et ce Conseil pour combattre cette menace internationale, a indiqué la représentante, avant de préciser que son pays a publié un résumé de sa position juridique sur les frappes de la nuit dernière et fait rapport au Conseil par écrit, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Le Royaume-Uni reste déterminé à assurer la liberté de navigation, qui est protégée par le droit international, et à défendre le commerce international, et, comme l’a fait valoir sa représentante, il est dans l’intérêt de tous de travailler ensemble pour désamorcer les tensions dans la région. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a indiqué que Washington et Londres, soutenus par l’Australie, le Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas, ont effectué des frappes conjointes contre des cibles houthistes au Yémen afin de réduire leur capacité de mener des attaques contre des navires marchands en mer Rouge.  Selon elle, ces frappes étaient nécessaires, proportionnées et conformes au droit international.  Le droit des États-Unis à la légitime défense, prévu par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, a été exercé après que les mesures non militaires se sont révélées inadéquates pour répondre à la menace posée, a précisé la représentante.  Aucun membre du Conseil n’est à l’abri des attaques menées par les houthistes, a-t-elle relevé, pas même la Fédération de Russie.  « Tant qu’un navire est vulnérable, tous les navires sont vulnérables en mer rouge », a-t-elle ajouté. 

Depuis novembre, pas moins de 2 000 navires ont dû être déroutés du fait des 27 attaques commises par les houthistes, qui ont également pris en otage des équipages de plusieurs pays, dont celui du Galaxy Leader, affrété par le Japon.  Peu après la condamnation par le Conseil de ces attaques, un navire norvégien a été frappé par un missile depuis une zone contrôlée par les houthistes au Yémen. En réaction, les États-Unis ont mis sur pied, le 18 décembre, une coalition internationale.  La représentante a dressé le bilan des opérations menées par son pays au cours des dernières semaines pour défendre les navires de commerce en mer Rouge.  Le 3 janvier, les États-Unis et 13 autres pays représentant les plus grands armateurs du monde ont prévenu que les attaques des houthistes constituaient une menace pour la liberté de commerce.  Le Conseil de sécurité a ensuite adopté une résolution demandant à cette organisation de cesser ses attaques, tout en condamnant ceux qui leur fournisse des armes. 

« Les États-Unis ne veulent pas davantage de conflits dans la région », a assuré la représentante, mais ils ont plutôt pour objectif de réduire les tensions, de rétablir la stabilité en mer Rouge, tout en respectant le principe fondamental de la liberté de navigation.  Sans le soutien de l’Iran, les houthistes seraient incapables de suivre les navires marchands qui transitent par le golfe d’Aden et la mer Rouge, a assuré la représentante. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a tenu à transmettre « trois messages simples ».  Premièrement, sa délégation condamne les attaques des houthistes en mer Rouge. Ces attaques doivent cesser immédiatement, tel qu’exigé par la résolution 2722 (2024).  Si la liberté de navigation et la sécurité maritime sont importantes pour la Slovénie, toute mesure visant à défendre les navires contre ces attaques doit néanmoins être prise dans le respect du droit international et des principes de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, il est regrettable que les progrès dans les pourparlers de paix au Yémen soient à présent menacés, le peuple du Yémen ayant déjà beaucoup souffert du conflit.  Troisièmement, il a exhorté les houthistes à faire montre de retenue et a appelé à une désescalade des tensions.  Nous sommes prêts à participer à une réponse complète à la crise qui ravage actuellement la région mais un effort du Conseil de sécurité est nécessaire pour éviter de sombrer dans l’abîme, a-t-il conclu. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que l’attaque des États-Unis et de leurs alliés a accru les tensions en mer Rouge, avant d’appeler les houthistes à cesser les leurs.  Toutes les parties doivent jouer un rôle constructif dans la préservation de la liberté de navigation.  Les actions unilatérales nourrissent des tensions et ne servent pas l’objectif recherché, a-t-il dit.  Le délégué a rappelé que le Conseil n’a jamais autorisé un pays ou groupe de pays à frapper le Yémen.  Aucun pays ne peut interpréter à sa guise les résolutions du Conseil pour aggraver les tensions en mer Rouge, a tranché le délégué, jugeant irresponsable de « mettre de l’huile sur le feu. »  Enfin, il a appelé les parties concernées, notamment les pays les plus puissants, à promouvoir le dialogue au Moyen-Orient et en mer Rouge.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) s’est dit préoccupé par l’escalade du conflit en mer Rouge et s’est associé au Secrétaire général pour demander à tous les acteurs concernés de ne pas aggraver la situation, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité régionales.  Il a rappelé avoir condamné, au Conseil, les attaques terroristes perpétrées par les houthistes contre plusieurs navires commerciaux en mer Rouge, actes qui constituent une violation flagrante du droit international et donc une menace à la paix et à la sécurité internationales.  La résolution adoptée par le Conseil de sécurité, il y a quelques jours, appelle les houthistes à mettre fin à leurs attaques et ordonne la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage, a souligné le représentant, en rappelant que ces dispositions sont contraignantes.  Tous les moyens dont dispose le Conseil pour les mettre en œuvre doivent être utilisés, conformément au droit international, a-t-il estimé, en faisant valoir que ces attaques ont une incidence directe sur l’insécurité alimentaire et la crise humanitaire au Yémen, ainsi que sur les chaînes d’approvisionnement régionales et la hausse des prix des produits de base.  Il a conclu par un appel au dialogue politique sous l’égide des Nations Unies en vue de parvenir à une paix durable au Yémen, préserver ce qui a été accompli jusqu’à présent et mettre fin à ce conflit.

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a rappelé que les attaques incessantes des houthistes envers les navires marchands en mer Rouge, ainsi que la détention du Galaxy Leader et de son équipage, constituent des violations flagrantes du droit international qui menacent la liberté et la sécurité de navigation.  Malgré les mises en garde du Conseil de sécurité et de son pays au cours des dernières semaines, les houthistes ont intensifié leurs attaques envers les navires marchands, a-t-il déploré.  Si le Conseil a exigé la cessation immédiate des attaques il y a deux jours, en sa résolution 2722 (2024), a-t-il poursuivi, les houthistes ont à nouveau ignoré les appels de la communauté internationale.  En conséquent, le Japon soutient les mesures prises par les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment leurs frappes conjointes contre des zones sous contrôle houthiste, qui visent à saper leur capacité d’attaque afin de rétablir la liberté et la sécurité de navigation.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a exprimé sa grave préoccupation face aux événements en cours au Yémen.  Moins d’un jour après l’adoption de la résolution 2722 (2023) par le Conseil de sécurité, sur laquelle le Mozambique s’est abstenu, il a jugé regrettable que les décisions du Conseil puissent être mal interprétées et vues comme une autorisation de recourir à la force.  Il s’est opposé à toute action qui mette en péril la sécurité internationale ou qui soit susceptible de conduire à l’escalade.  Le recours à la force, a martelé le représentant, met en danger les efforts diplomatiques en cours dans une région déjà au bord du précipice du fait du conflit israélo-palestinien.  Il a condamné toutes les attaques qui menaceraient les navires commerciaux et une navigation sûre et sans entrave en mer Rouge.  La situation malheureuse au Yémen constitue un terreau fertile pour les organisations terroristes, a-t-il prévenu, avant de mettre en garde contre toute escalade dans la région. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a souligné que les attaques des houthistes contre des navires en mer Rouge constituent une violation claire du droit international.  Elles mettent en danger la sécurité de l’équipage et d’autres personnes et compromettent le flux des marchandises.  Respecter les droits et libertés de la navigation en mer Rouge et à Bab el-Mandab est d’une importance capitale.  Les attaques qui menacent ces droits sont tout simplement inacceptables et doivent être condamnées avec la plus grande fermeté.  La représentante a réitéré son appel aux houthistes pour qu’ils cessent immédiatement toute attaque ou action contre la navigation commerciale.  La violence en cours dans la région risque de conduire à une situation malheureuse où l’escalade militaire ne serait presque plus inévitable.  Il est fondamental d’éviter toute autre escalade et de faire preuve de retenue, conformément à la résolution 2722.  La représentante a souligné que le droit international, y compris le droit international humanitaire, doit être respecté en tout temps. Une détérioration plus avant de la sécurité maritime aura des conséquences directes sur le commerce international et des ramifications graves pour le bien-être de la population civile du Yémen qui dépend lourdement des importations, a prévenu la représentante.

Mme ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse), inquiète des attaques des houthistes qui se sont succédé ces derniers jours en mer Rouge ainsi que des frappes militaires d’une coalition américano-britannique la nuit dernière, a constaté que les risques d’une escalade régionale grandissent. Rappelant que la résolution 2722 (2024) réaffirme l’importance du strict respect des droits et libertés de navigation en mer Rouge, conformément au droit international, elle a réitéré l’interprétation de la Suisse du troisième paragraphe du dispositif de cette résolution: « le droit des États Membres, conformément au droit international, de défendre leurs navires contre les attaques, y compris celles qui portent atteinte aux droits et libertés de navigation » se limite selon elle stricto sensu aux mesures militaires destinées à intercepter des attaques contre des navires marchands et des navires de guerre, pour protéger lesdits navires et les personnes qui se trouvent à son bord. Dans ce contexte, toute opération militaire qui dépasse la nécessité immédiate de protéger lesdits navires et lesdites personnes serait disproportionnée et donc pas couverte par la résolution susmentionnée, a prévenu la déléguée.

À un moment où les discussions de paix au Yémen connaissent des avancées importantes, la communauté internationale doit contribuer à la préservation de ces acquis, a-t-elle martelé ajoutant qu’à long terme, rien ne garantira mieux la sécurité de la mer Rouge qu’une paix durable au Yémen, incluant tous les acteurs concernés.  La déléguée a donc espéré que serait évitée toute nouvelle détérioration de la situation, estimant que « nous avons collectivement les moyens de l’empêcher ». Elle a appelé toutes les parties et les acteurs impliqués en mer Rouge et dans la région à la prudence, à la plus grande retenue et au strict respect du droit international, avant de conclure en invitant le Conseil de sécurité à l’unité sur les questions de sécurité maritime et plus globalement dans ses décisions touchant de près ou de loin cette région. 

M. HWANG JOONKOOK (République de Corée) a insisté sur l’importance vitale d’assurer la liberté et la sécurité de la navigation en mer Rouge par laquelle transite environ 15% du commerce maritime mondial.  Toute attaque contre des navires commerciaux est injustifiable et inacceptable, quelles que soient les circonstances, a-t-il déclaré en regrettant que les attaques des houthistes contre les navires marchands et commerciaux se poursuivent malgré une série d’appels internationaux les exhortant à y mettre fin.  Rappelant que la résolution 2722 (2024) du Conseil stipule clairement le droit des États Membres, conformément au droit international, de défendre leurs navires contre les attaques, y compris celles qui portent atteinte aux droits et libertés de navigation, le délégué a déclaré que toute tentative de semer la peur en prenant en otage la libre circulation du commerce en mer Rouge et d’exploiter la situation régionale est vouée à l’échec.  Une fois de plus, il a exhorté les houthistes à s’abstenir de toute provocation dangereuse et à libérer immédiatement le Galaxy Leader et son équipage.  Dans le même temps, il est impératif d’empêcher tout débordement de la situation précaire dans la région, tant pour la protection des civils que pour l’économie mondiale, a-t-il recommandé.

Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) s’est dite préoccupée par les conséquences des attaques perpétrées en mer Rouge et, maintenant, au Yémen.  Elle a souligné la nécessité d’éviter de mettre en péril les perspectives de paix dans ce pays.  Le peuple yéménite ne peut se permettre une nouvelle escalade des hostilités, a dit la déléguée, en appelant toutes les parties à la retenue.  Il convient d’éviter toute action de nature à faire dérailler les efforts en vue d’une solution durable au Yémen, a déclaré la déléguée.  « Toute escalade militaire ne ferait qu’aggraver la situation et pourrait plonger le Yémen et la région entière dans un désarroi encore plus profond », a mis en garde la représentante, avant de demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a rappelé que le 10 janvier, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2722 par laquelle il condamne les attaques houthistes visant des navires commerciaux en mer Rouge et défend la liberté de navigation.  Le représentant a insisté sur le fait que toute action prise par des États Membres, après l’adoption de ce texte, doit être conforme à cette résolution et respecter le droit international en vigueur.  Il a conclu en appelant à la libération du navire Galaxy Leader et de son équipage.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a rappelé que dans le cadre de l’adoption par le Conseil de la résolution sur la sécurité maritime, son pays a fait remarquer qu’une intervention militaire ne pouvait servir à réduire les tensions dans la région de la mer Rouge.  Il a exprimé sa grave préoccupation face aux opérations militaires en cours et aux frappes aériennes menées contre plusieurs sites et villes du Yémen.  Le représentant a appelé à la retenue et à la prudence à ce stade critique en vue d’éviter toute nouvelle escalade.  Le recours à la force ne fera que compliquer la situation au Yémen, a-t-il prédit, et pourrait saper les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour mettre fin à la guerre et relancer le processus politique en vue de parvenir à un Yémen uni.  Jugeant impératif de s’attaquer aux racines du conflit dans la région, le représentant a estimé qu’il est plus urgent que jamais de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné dans les termes les plus forts les attaques de navires commerciaux menées par les houthistes en mer Rouge. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2722 (2024) qui envoie un message de fermeté clair aux houthistes qui, par leurs actions armées, portent la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade des tensions dans la région.  Il les a aussi accusés de menacer directement 15% du commerce mondial. Appelant à nouveau à la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage, le représentant a également demandé à l’Iran, qui finance et arme les houthistes, de cesser ses actions déstabilisatrices.  Par sa résolution 2722 (2024), ce Conseil de sécurité a rappelé que l’exercice des droits et libertés de navigation doit être respecté et que les États ont, en accord avec le droit international, le droit de réagir à ces attaques, a-t-il souligné.  Il a assuré que la France continuera à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone en lien avec ses partenaires, comme elle a été appelée à le faire les 9 et 11 décembre dernier lorsque la frégate Languedoc a été conduite à détruire des drones houthistes.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour rappeler que les attaques des États-Unis n’ont aucun fondement juridique.  Il n’existe aucun mandat permettant une attaque de cette soi-disant coalition, a tranché le délégué, en accusant le « bloc anglo-saxon » d’avoir de nouveau violé le droit.  C’est leur contribution au règlement de la crise au Yémen, a-t-il ironisé.

Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, sans l’intervention de la coalition en mer Rouge, l’un des missiles tirés par les houthistes aurait pu atteindre une cible.  Elle a dit attendre une désescalade de la part des houthistes eux-mêmes, puisque ce sont eux qui mettent en danger le commerce maritime.

Mme WOODWARD (Royaume-Uni) a indiqué que le résumé de la position juridique du Gouvernement britannique sur l’intervention d’hier a bien été communiqué par écrit au Conseil, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres du Conseil de sécurité à l’unisson pour condamner le transfert forcé de populations civiles de Gaza vers des pays tiers

9531e séance – après-midi
CS/15564

Les membres du Conseil de sécurité à l’unisson pour condamner le transfert forcé de populations civiles de Gaza vers des pays tiers

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a fait part, cet après-midi au Conseil de sécurité, de sa profonde inquiétude après les déclarations de ministres israéliens favorables au transfert massif des populations civiles de la bande de Gaza vers des pays tiers.  Selon la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Ilze Brands Kehris, ces propos incendiaires alimentent les crainte d’une expulsion doublée d’une impossibilité de revenir.  L’Algérie, qui avait demandé la tenue de cette séance, a noté le « consensus rare » qui a prévalu parmi les membres du Conseil pour rejeter « tout projet de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leurs terres », projet dont Israël a nié l’existence.

Dressant un bilan des 100 jours de guerre à Gaza, le Secrétaire général adjoint, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que, depuis les « événements abominables » du 7 octobre, plus de 23 000 personnes ont été tuées à Gaza, plus de 58 000 blessées et près de 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés, selon le Ministère gazaouite de la santé.

Poursuivant, le haut fonctionnaire a précisé que, au moment où les opérations terrestres israéliennes se déplacent vers le sud du territoire, les frappes aériennes se sont intensifiées dans les zones où les civils ont reçu l’ordre de se réinstaller pour leur sécurité.  Dès lors, en a-t-il conclu, il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, où une vie humaine digne est quasi impossible.  Et à l’heure actuelle, a-t-il ajouté, difficile d’imaginer que les gens puissent retourner dans le nord.

Les pertes civiles inacceptablement élevées, la destruction quasi complète des infrastructures civiles essentielles, les déplacements massifs de populations et les conditions humanitaires abominables qui règnent dans la bande de Gaza soulèvent de graves préoccupations quant à la Commission pour crimes de guerre, a déclaré la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, avant de dénoncer les propos incendiaires de certains responsables israéliens plaidant pour une réinstallation permanente de Palestiniens « au-delà des mers ». « Cela ne doit pas se produire », a tranché Mme Kehris.

De l’Algérie à la Suisse en passant par l’Équateur et la Slovénie, ainsi que les membres permanents du Conseil, les délégations sont parvenues à un « consensus rare » pour rejeter tout transfert forcé des Gazaouites.  En vertu des Conventions de Genève, qui interdisent de tels projets, a rappelé la Suisse, des mesures devraient être prises pour empêcher cette « déportation de masse » afin d’éviter un embrasement de la région et du reste du monde, a prévenu la Fédération de Russie.

Pour l’Équateur, le transfert forcé de populations civiles est une violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, ainsi que des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, la deuxième rappelant que la bande de Gaza fait partie intégrante du Territoire palestinien occupé. Ses habitants ne doivent pas être soumis à un transfert forcé ou à une réinstallation en dehors de la bande de Gaza, a tranché le Royaume-Uni.

« Protégez notre peuple », a exhorté l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en insistant sur le fait qu’il « est là pour rester parce qu’il a le droit de vivre dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale ».  Israël a toutefois soutenu qu’il n’y a pas de transfert forcé à l’œuvre dans la bande de Gaza, affirmant que ses forces se battent simplement contre les terroristes du Hamas.  Nous avons d’ailleurs demandé l’évacuation temporaire des zones de guerre actives, a assuré la délégation.

Emboîtant le pas aux deux fonctionnaires de l’ONU, la plupart des membres du Conseil ont réitéré l’importance d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, certains exigeant que les otages détenus par le Hamas soient remis en liberté. Les États-Unis se sont émus pour leur part de l’incapacité du Conseil de condamner ce groupe armé pour ses attaques du 7 octobre, ni de reconnaître le déplacement de quelque 250 000 Israéliens qui s’est ensuivi, ni l’utilisation de la population gazaouite comme boucliers humains.  La délégation américaine a également rejeté sans équivoque les déclarations de certains ministres israéliens en faveur de l’expulsion des Palestiniens de Gaza, les jugeant « indignes et incompatibles avec une paix durable ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que depuis près de 100 jours, la guerre à Gaza est menée sans tenir compte de l’impact sur les civils, les opérations militaires israéliennes se poursuivant sans relâche.  Citant le Ministère de la santé de Gaza, le haut fonctionnaire a indiqué que plus de 23 000 personnes ont été tuées et plus de 58 000 blessées depuis les événements abominables du 7 octobre.  Quelque 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés, traumatisés et contraints de fuir alors que les bombes et les missiles pleuvent sur eux.  Sur le terrain, les abris sont surpeuplés, la nourriture et l’eau s’amenuisent, le risque de famine augmente de jour en jour, s’est alarmé le haut fonctionnaire.  Le système de santé est en train de s’effondrer, les femmes ne pouvant accoucher en toute sécurité, les enfants se faire vacciner, et les malades et les blessés être soignés.  Les maladies infectieuses sont en hausse et les gens cherchent refuge dans les cours des hôpitaux. 

Poursuivant, M. Griffiths a dit que l’hiver exacerbe la lutte pour la survie. Quelque 134 locaux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été endommagés et 148 membres du personnel de l’ONU et d’ONG tués à Gaza.  Alors que les opérations terrestres se déplacent vers le sud, les bombardements aériens se sont intensifiés dans les zones où les civils ont reçu l’ordre de se réinstaller pour leur sécurité, a relevé le Secrétaire général adjoint.  Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, s’est lamenté le haut fonctionnaire, en ajoutant qu’une vie humaine digne est presque impossible.  Rafah, a-t-il poursuivi, abrite aujourd’hui 1 million de personnes déplacées contre 280 000 avant la guerre.  À l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer que les gens puissent retourner dans le nord.

Les efforts pour acheminer des convois humanitaires dans le nord se sont heurtés à des retards, à des refus et à l’imposition de conditions impossibles, a informé M. Griffiths.  Les personnels humanitaires qui ont réussi à se rendre dans le nord ces derniers jours décrivent des scènes d’horreur absolue, avec notamment des cadavres abandonnés sur les routes.  Pour autant, l’acheminement de l’aide à Gaza est quasi impossible, l’accès à Khan Younès n’étant plus possible.  Dans le sud, une extension de l’offensive à Rafah mettrait sérieusement à mal les opérations humanitaires déjà débordées qui nécessitent des mesures extraordinaires pour prêter une assistance limitée, a prévenu le Secrétaire général adjoint. Selon lui, à Rafah et Kerem Shalom, les articles humanitaires ne suffiront pas à eux seuls à subvenir aux besoins de plus de 2 millions de personnes.  Les marchandises commerciales doivent pouvoir entrer à grande échelle dans le territoire, a plaidé M. Griffiths. 

Dans ces circonstances, a-t-il poursuivi, l’extension des hostilités vers le sud augmenterait considérablement la pression en faveur d’un déplacement massif de populations vers les pays voisins.  Certains ont déjà proposé d’accueillir des civils qui souhaitent quitter Gaza pour leur protection, s’est-il félicité.  Toutes les personnes déplacées du territoire doivent être autorisées à rentrer, comme l’exige le droit international.  Le Secrétaire général adjoint a fait part de sa profonde inquiétude à l’écoute des déclarations de ministres israéliens au sujet de plans visant à encourager le transfert massif de civils de Gaza vers des pays tiers. Ces déclarations, interdites par le droit international, suscitent de graves inquiétudes quant à la possibilité d’un transfert massif ou d’une déportation forcée de la population palestinienne de la bande de Gaza.  Toute tentative de modifier la composition démographique de Gaza doit être fermement rejetée, a-t-il invité.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a appelé à ne pas oublier les 1 200 personnes tuées, les milliers de blessés lors de l’attaque brutale menée par le Hamas et d’autres groupes armés contre Israël le 7 octobre, ainsi que les violences sexuelles odieuses commises ce jour-là. D’autant plus que les tirs de roquettes se poursuivent en direction des zones peuplées d’Israël.  Il a déploré le fait que depuis novembre, aucun otage n’a été libéré et aucune information n’a été communiquée à leurs familles et à leurs proches.  Plus de 100 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur d’Israël à la suite de l’attaque du 7 octobre par le Hamas et d’autres groupes armés et en raison des tirs de roquettes continus de groupes armés opérant à Gaza et au Liban.

Se disant extrêmement préoccupé par le risque d’une nouvelle expansion régionale de ce conflit, le haut fonctionnaire a constaté la hausse des tensions et de l’activité militaire au Liban, en mer Rouge et au Yémen. « Nous ne pouvons pas permettre que cela se métastase davantage.  Les conséquences d’une conflagration plus large seraient inimaginables », a-t-il alerté.  Ce que nous voyons depuis le 7 octobre est une tache sur notre conscience collective, a ajouté le Secrétaire général adjoint.  Si nous n’agissons pas, cela deviendra une marque indélébile sur notre humanité.  Les gens continueront à souffrir et à mourir à cause des roquettes, des bombes, des missiles et des balles, de la famine et des maladies.  « Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », a-t-il encore exhorté, avant de demander le respect du droit international humanitaire et la libération immédiate de tous les otages.  « Je réitère mon appel à un cessez-le-feu et au Conseil de sécurité pour qu’il prenne des mesures urgentes afin de mettre fin à cette guerre », a déclaré M. Griffiths en conclusion.

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme et Directrice du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que les horreurs des attaques du 7 octobre ne seront pas oubliées et ne resteront pas impunies.  Elle a précisé que depuis ce jour près de 1,9 million de Palestiniens ont été déplacés, soit 85% de la population de Gaza.  « Ce qui s’est passé à Gaza n’est pas simplement une conséquence du conflit, mais le résultat direct de la manière dont les hostilités ont été conduites. »  Si Israël a indiqué que ses ordres d’évacuer à Gaza ont été donnés? pour la sécurité des civils palestiniens, il semble qu’il a pris peu de disposition pour s’assurer que les évacuations soient conformes au droit international, s’agissant de l’accès à une hygiène de base, à des denrées alimentaires ou à un abri, a-t-elle noté.  Elle a indiqué que de telles évacuations, qui ne remplissent pas des conditions de licéité, peuvent potentiellement s’apparenter à des transferts forcés, soit un crime de guerre.  Elle a en outre souligné la confusion des ordres d’évacuation vers de soi-disant zones humanitaires, celles-ci ayant été ultérieurement prises pour cible par Israël.

Israël ne remplit pas ses obligations, y compris en tant que Puissance occupante, s’agissant du bon acheminement de l’aide et de biens de première nécessité à Gaza pour répondre aux besoins de base de la population, a-t-elle tranché.  « Plus de 90% de la population à Gaza souffre désormais d’une insécurité alimentaire aiguë, et nombre d’habitants sont au bord d’une famine pourtant évitable, qui est le fait de l’homme. »  Les pertes civiles inacceptablement élevées, la destruction quasi complète des infrastructures civiles essentielles, les déplacements massifs de population et les conditions humanitaires abominables soulèvent de graves préoccupations en ce qui concerne la commission de crimes de guerre, a-t-elle exposé.  Elle a aussi pointé du doigt l’augmentation considérable de la violence commise par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie. 

La Sous-Secrétaire générale a également dénoncé les déclarations incendiaires de certains responsables israéliens militant pour une réinstallation permanente de Palestiniens au-delà des mers.  Ces déclarations ont alimenté les peurs d’une expulsion de force de Gaza et d’une impossibilité d’y revenir, a-t-elle fait remarquer en lançant un appel: « Cela ne doit pas se produire. »  « Nous devons œuvrer à un cessez-le-feu permanent et à la libération de tous les otages », a-t-elle dit, en y voyant là des premiers pas en vue d’une solution durable.  Enfin, elle a rappelé que la violence actuelle s’inscrit dans un contexte marqué par des décennies de violations des droits humains.  Il faut en traiter les causes profondes, a-t-elle conclu.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a regretté l’absence d’action sérieuse de la communauté internationale pour mettre un terme à ce qui se passe à Gaza, « une honte pour la conscience de l’humanité » à ses yeux. « Ne suffit-il pas de tuer plus de 30 000 personnes dont plus de 10 000 enfants, de blesser plus de 60 000 personnes et de détruire plus de 60% des bâtiments à Gaza? » Le délégué s’est demandé si la communauté internationale pouvait accepter que plus de 2 millions de personnes souffrent de la faim et de maladies.  Cibler tout signe de vie à Gaza et y détruire les infrastructures revient en fait à rendre Gaza inhabitable, a-t-il constaté en pointant l’objectif de tuer tout espoir de retour des Palestiniens dans leurs foyers pour mettre en œuvre la stratégie de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leur terre. Il a relevé que cette stratégie reçoit un grand soutien de la part de responsables de la Puissance occupante qui cherchent à mettre un terme à la question palestinienne en « évacuant les Palestiniens ». 

Ce plan de transfert forcé des Palestiniens est destiné à échouer, a prévenu le délégué, martelant qu’expulser les Palestiniens de chez eux est une violation claire et nette du droit international, en particulier de l’article 49 de la quatrième Convention de Genève.  Il a demandé à la communauté internationale de parler d’une seule voie pour dénoncer cette expulsion des Palestiniens, car « se taire c’est être complice ».  Avant de conclure, il a réitéré l’appel de l’Algérie en faveur d’un cessez-le-feu urgent et permanent à Gaza et son soutien à un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que la situation des Palestiniens de Gaza est insoutenable, 1,8 million d’entre eux ayant été déplacés.  La position de son pays est claire: les Palestiniens de Gaza doivent pouvoir rentrer chez eux dès que les conditions le permettront et les civils ne pas être contraints de quitter le territoire pour quelque motif que ce soit.  La représentante a rejeté sans équivoque les déclarations de certains ministres israéliens en faveur de l’expulsion des Palestiniens de Gaza, les jugeant « indignes et incompatibles avec une paix durable ».  Or, a-t-elle observé, le Conseil a été incapable de condamner le Hamas pour ses attaques du 7 octobre, y compris la prise d’otages, ni de reconnaître le déplacement de quelque 250 000 israéliens, ni l’utilisation de la population civile comme boucliers humains. 

Pendant ce temps, a poursuivi la représentante, la violence en Cisjordanie atteint des proportions sans précédent.  Elle a condamné les attaques menées par des Palestiniens contre des civils israéliens dans les territoires occupés ainsi que la violence des colons, qui entraîne le déplacement de communautés entières.  Qui plus est, les colonies sapent la viabilité géographique de la solution des deux États et ne font qu’aggraver les tensions.  Les États-Unis continueront de répondre à cette violence croissante en imposant des restrictions à leurs auteurs, a-t-elle assuré. Elle a exhorté le Gouvernement israélien à prévenir et à enquêter sur la violence perpétrée par les colons extrémistes, et à faire preuve de retenue dans ses opérations en Cisjordanie, s’agissant notamment des infrastructures civiles.  Enfin, l’Autorité palestinienne doit adopter des réformes afin d’assurer sa revitalisation.  Pour sa part, Israël doit remettre à celle-ci les recettes fiscales qui lui reviennent. Pour la représentante, la seule façon de mettre un terme au cycle terrible de violence est de parvenir à une paix durable. 

M. VASILY A. NEBENZYA (Fédération de Russie) a déploré les milliers de blessés, de tués et de déplacés dans la bande de Gaza, le manque d’accès aux ressources vitales et les bombardements des camps de réfugiés.  « Les attaques du 7 octobre commises par le Hamas ne peuvent légitimer les violations flagrantes du droit international et ce châtiment collectif imposés par Israël à la population gazaouite », s’est-il indigné.  Selon lui, les attaques perpétrées par le Hamas ne peuvent être détachées « du contexte plus large d’oppression et d’occupation infligé par Israël depuis des décennies ».  Il a ensuite regretté que la résolution 2712 (2023) n’inclut pas un appel au cessez-le-feu immédiat en raison de l’opposition des États-Unis, « d’où sa valeur pratique quasiment nulle ».  Concernant la résolution 2720 (2023), il a rappelé que sa délégation s’oppose à la teneur du paragraphe 2 du dispositif, « car la responsabilité incombe aux États Membres qui ont donné leur accord sous pression des États-Unis ». 

Le délégué a ensuite déclaré que les tirs ciblés contre les infrastructures civiles ont pour but de contraindre les civils à quitter leur terre, ce qui révèle « le dessein d’Israël d’y rendre la vie impossible ».  En vertu de la Convention de Genève, il s’agit de prendre des mesures pour empêcher cette « déportation de masse » par les Israéliens afin d’éviter un embrasement dans la région et le reste du monde, a-t-il prévenu.  Le délégué s’est ensuite dit inquiet « du projet d’Israël d’inonder 1 300 tunnels à Gaza avec de l’eau de mer ».  « La pollution des nappes phréatiques rendra le territoire inhabitable, ce qui pourrait être qualifié d’acte génocidaire », a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, le représentant a pointé du doigt la Cour pénale internationale, « qui fait montre d’une passivité déjà observée dans le cadre d’autres conflits ».  Réitérant la nécessité d’instaurer un cessez-le-feu, d’engager une action humanitaire, de remettre en liberté les otages et d’un dialogue politique pour parvenir à une solution à deux États, il a souligné que ce conflit embrase toute la région, comme le montre les récentes attaques au Yémen.  « Apparemment, une diplomatie effective bilatérale et arbitraire a la préférence des Américains, qui affirment qu’elle fonctionne mieux que les efforts multilatéraux », a-t-il désapprouvé. Le Conseil de sécurité se doit de revenir sur cette question, sous peine de voir le Moyen-Orient s’enfoncer dans une guerre encore plus lourde de conséquences, a-t-il exhorté en conclusion. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a demandé au Conseil de sécurité de rejeter clairement le transfert forcé de la population civile en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, comme il l’a fait deux fois en 2023 dans ses résolutions 2712 et 2720, la dernière ayant rappelé que la bande de Gaza fait partie intégrante du territoire occupé.  Il a réitéré l’importance de la solution des deux États, qui doit être « pacifique, définitive et équitable pour les deux parties ».  Le délégué a regretté que les dispositions de la résolution 2712 soient loin d’être exécutées, faute de progrès.  La situation ne cesse de s’aggraver sur le terrain et les otages du Hamas sont toujours retenus captifs, s’est-il désolé en s’inquiétant pour la population civile déplacée et du risque croissant d’expansion de la violence.  Le représentant a regretté que les résolutions du Conseil n’aient qu’un impact limité sur la réalité, en constatant qu’en l’absence de cessez-le-feu humanitaire, il est impossible de mettre en œuvre ce qui a été décidé. 

Il a invité le Conseil à tout faire pour que la situation s’améliore saluant l’ouverture du point de passage de Kerem Shalom par Israël permettant l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.  Il a salué la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice des affaires humanitaires et de la reconstruction à Gaza.  Le délégué a une nouvelle fois condamné l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 ainsi que les violences sexuelles commises sur des civils.  Il faut libérer tous les otages, immédiatement et sans condition, a-t-il exigé en insistant aussi sur les garanties d’acheminement de l’aide humanitaire. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a commencé par rejeter dans les termes les plus fermes toute déclaration proposant que les Palestiniens soient réinstallés en dehors de Gaza, y compris de la part de membres du Gouvernement israélien.  Les habitants de Gaza ne doivent pas être soumis à un transfert forcé ou à une réinstallation hors de la bande de Gaza, a-t-elle tranché.  Également préoccupée par les niveaux records de violence des colons extrémistes dans le Territoire palestinien occupé et par leurs effets dévastateurs, elle a demandé au Gouvernement israélien non seulement de condamner cette violence, mais aussi de prendre des mesures directes contre ceux qui en sont responsables, de leur demander des comptes et de veiller à ce que les civils palestiniens soient protégés.  La représentante a exigé qu’Israël cesse immédiatement toutes activités de colonisation et respecte toutes ses obligations légales. 

Les colonies sont illégales au regard du droit international et leur expansion est un obstacle à une paix durable en Israël, en Cisjordanie et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, a martelé la représentante.  Elle a appuyé le cessez-le-feu, mais un cessez-le-feu durable dans lequel le Hamas ne représente plus une menace pour la sécurité d’Israël, où l’aide est acheminée sans entrave et où les Palestiniens peuvent retourner dans les zones de Gaza d’où ils ont dû fuir.  En attendant, elle a plaidé pour des pauses humanitaires immédiates et durables qui permettraient de libérer les otages et d’augmenter l’aide à Gaza.  Conformément à la résolution 2720 (2023) du Conseil, le Royaume-Uni demande à Israël de permettre l’acheminement de volumes plus importants d’aide humanitaire, par le plus grand nombre d’itinéraires possible, a conclu la représentante.

M. ZHANG JUN (Chine) a constaté que depuis le début de ce conflit il y a près de 100 jours, plus de 200 membres du personnel de l’ONU et plus de 23 000 Gazaouites ont perdu la vie alors que plus de 90% de la population de la bande de Gaza a été déplacée et 60% des maisons détruites. Il ne s’agit pas là simplement de « chiffres froids », mais de pertes humaines et de souffrances quotidiennes, s’est alarmé le représentant, en exigeant un cessez-le-feu immédiat à l’instar de l’écrasante majorité de la communauté internationale.  Regrettant qu’un seul membre permanent de Conseil s’y oppose, le délégué lui a reproché de faire preuve de deux poids, deux mesures. Face aux demandes de certaines personnalités israéliennes en vue d’un transfert forcé des Palestiniens de Gaza, pour créer une soi-disant « zone sûre », le délégué s’y est fermement opposé en martelant que « Gaza est la terre du peuple palestinien ». Vivement préoccupé par ces demandes, il a dit que si cette idée devait se concrétiser, il s’agirait d’un crime atroce au regard du droit international qui anéantirait toute perspective pour la solution des deux États. 

La Chine suit de près les intentions déclarées d’Israël, a-t-il affirmé, mais elle accorde encore plus d’attention à ce qui se passe concrètement.  Le représentant a plaidé pour un accès sans entrave à l’aide humanitaire, notant que la famine et les maladies se propagent à Gaza alors que l’ordre social y est au bord de l’effondrement.  C’est Israël qui poursuit ses bombardements indiscriminés contre Gaza et érige de nombreux obstacles à l’acheminement de l’aide, s’est emporté le représentant, en estimant que c’est tout simplement inacceptable.  La Chine appuie toutes les mesures qui seront prises par le Conseil de sécurité pour permettre à l’aide d’entrer à Gaza et demande un cessez-le-feu permanent qui permettra d’éviter que tout le Moyen-Orient ne s’embrase.  Le délégué a donc demandé à la communauté internationale d’œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu et à Israël de mettre fin à la destruction de la bande de Gaza, de lutter contre la violence des colons et de transférer les recettes fiscales à l’Autorité palestinienne sans tarder. Il a conclu en demandant à toutes les parties de respecter la Charte des Nations Unies et le droit international, et de conjuguer leurs efforts pour maintenir la paix et la sécurité au Moyen-Orient et en mer Rouge.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est alarmée de la situation catastrophique à Gaza qui provoque décès, souffrances et déplacements parmi la population civile privée des produits de première nécessité.  Les femmes et les enfants souffrent de manière disproportionnée de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la paralysie du système de santé.  Dans ces conditions, elle a réaffirmé l’urgence de faciliter véritablement l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, en ouvrant des points de passage supplémentaires et en levant les obstacles bureaucratiques arbitraires aux opérations humanitaires.  Il est tout aussi essentiel d’assurer la sécurité du personnel humanitaire et onusien, ainsi que l’intégrité de celle de leurs locaux, a-t-elle ajouté. 

Pour y parvenir, la déléguée a appelé à la mise en œuvre immédiate des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, tout en se disant impatiente de travailler avec la nouvelle Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza.  Elle a également demandé la libération immédiate et sûre des otages restants.  Selon la représentante, l’établissement d’un cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen de mettre en place une réponse humanitaire significative dans l’ensemble de l’enclave.  Le transfert forcé de populations et le transfert de populations hors des territoires occupés constituent par ailleurs une grave violation du droit international humanitaire, a-t-elle rappelé, et un crime de guerre au sens de la quatrième Convention de Genève.  Pour ce qui est de la Cisjordanie, la déléguée a exprimé sa profonde préoccupation face aux démolitions, à l’empiétement des colons illégaux et à la violence qui y persiste. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a déploré l’ampleur des souffrances à Gaza, « une des pires catastrophes au monde ».  Alors que le Conseil de sécurité a adopté les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), leur application demeure « illusoire » du fait de la poursuite des combats, a-t-il regretté.  Afin de parvenir à une désescalade du conflit et de créer des conditions propices à l’apaisement des tensions, il a souhaité que les otages soient libérés, et ce, sans condition.  Sa délégation est, par ailleurs, préoccupée par les récents discours des ministres israéliens sur la « réinstallation » de Palestiniens en dehors de la bande de Gaza.  « Toute tentative de transfert par la force est une violation du droit international », a-t-il prévenu.  Il a encouragé au contraire à créer des conditions propices au retour des civils vers leur foyer.  Le Japon continuera de tout mettre en œuvre pour la désescalade du conflit et la création d’une solution à deux États, a déclaré le délégué. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a rejeté les récentes déclarations de membres du Gouvernement israélien proposant le déplacement massif des Palestiniens de Gaza, ce qui constituerait une grave violation du droit international humanitaire et un crime de guerre.  De telles déclarations ne font qu’exacerber les tensions, a ajouté le représentant, en se disant consterné par les conditions de vie actuelles des 85% de la population gazaouite.  Les opérations militaires, y compris les bombardements aveugles, forcent les gens à fuir sans arrêt.  Saluant la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice de l’aide humanitaire et de la reconstruction de la bande de Gaza, le délégué a appelé au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme à Gaza, où aucun endroit n’est plus sûr.  Où les habitants vont-ils pouvoir revenir puisque les hôpitaux, les sites religieux, les écoles, les musées et même l’ancien port de Gaza ont été détruits? s’est-il demandé.

Le représentant a reconnu que le Hamas se sert de certaines infrastructures civiles pour poursuivre ses attaques contre Israël, se disant conscient de la brutalité de l’attaque du 7 octobre contre des civils israéliens.  Préoccupé par les informations relatives à des violences sexuelles commises par ses militants, il a exigé qu’une enquête soit ouverte à ce sujet.  Il a appelé le Hamas à libérer immédiatement tous les otages.  Mais cela ne peut justifier la destruction des infrastructures civiles et des vies gazaouites, a tranché le délégué, en condamnant une nouvelle fois les appels aux déplacements de populations à Gaza.  L’ONU doit pouvoir acheminer l’aide humanitaire à la population locale, a-t-il exhorté, avant d’exiger en conclusion un cessez-le-feu immédiat.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a condamné dans les termes les plus forts les attaques odieuses du Hamas et demandé la libération des otages. Il a dénoncé les attaques contre les civils palestiniens, ainsi que l’infliction de tout châtiment collectif. Le délégué a rejeté toute tentative visant à des transferts forcés de Palestiniens hors de Gaza et de la Cisjordanie. Il a souligné la gravité de la situation humanitaire à Gaza, ainsi que l’insuffisance de l’aide.  Le délégué a exhorté les parties à se conformer aux résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil, en vue d’aboutir à un accès humanitaire sans entrave à Gaza.  Enfin, il a demandé un cessez-le-feu permanent et plaidé pour la solution des deux États.

M. SANGJIN KIM (République de Corée) a souligné l’importance de pauses humanitaires plus durables à Gaza, en vue d’aboutir à une cessation des hostilités.  Sur cette base, l’acheminement de l’aide humanitaire doit être accru et facilité, a souhaité le délégué, en mentionnant les innombrables camions qui attendent d’entrer à Gaza.  Il a appelé tous les acteurs régionaux à faire montre de la plus grande retenue afin d’aboutir à une désescalade des tensions en Cisjordanie, en mer Rouge et le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban.  Tous les États ont le droit de se protéger et de protéger leurs citoyens, mais ce droit doit être exercé conformément au droit international, a rappelé le délégué.  Il a enfin demandé que le droit des Palestiniens de vivre sur leurs propres terres soit garanti.  « Les transferts forcés, de masse ou individuels, de Palestiniens hors de la Palestine, y compris Gaza, sont tout simplement inacceptables. »

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a exprimé sa profonde préoccupation face au transfert forcé de la population de Gaza depuis le 7 octobre.  De nombreux Palestiniens ont été déplacés à plusieurs reprises, pendant que des responsables israéliens suggèrent que le peuple de Gaza devrait être transféré de force vers des pays de la région et ailleurs.  Le Guyana, a martelé la représentante, rejette ces propositions et appelle le Conseil à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population palestinienne d’un tel sort, qui rappelle celui de 1948.  Les circonstances dans lesquelles ces personnes ont été arrachées à leurs foyers et à leurs moyens de subsistance ont entraîné une situation humanitaire catastrophique.  De plus, a-t-elle noté, la perspective de création d’un État palestinien ne peut être dissociée de la nécessité pour le peuple palestinien d’habiter le territoire qui lui appartient.  Son expulsion forcée, combiné à la colonisation croissante en Cisjordanie, ne laisse aucun doute sur le sort probable de la solution des deux États. À ce stade, un cessez-le-feu immédiat est crucial, a fait valoir la représentante. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a jugé inacceptables les transferts forcés de populations à Gaza et les restrictions imposées à l’aide humanitaire dans une bande qui souffre de bombardements intenses.  Il a dénoncé la destruction d’infrastructures civiles vitales, en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  « Le pic de l’escalade régionale du conflit au Moyen-Orient a atteint son plus haut niveau. »  Le délégué a jugé impératif que ce conflit cesse immédiatement et a appelé à faire preuve de modération et de retenue.  Le droit international relatif aux conflits doit primer sur les actions belligérantes et tous les acteurs doivent mettre fin à la violence et aux opérations militaires, a-t-il lancé.

Le représentant a misé sur un cessez-le-feu immédiat pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, en application des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, des textes qui devraient également permettre des négociations en vue de la paix.  Citant le Haut-Commissaire pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, le délégué a dit que « résoudre le problème des transferts forcés n’est pas seulement un impératif moral ou humanitaire, mais traite également de questions qui sont au cœur du mandat du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales ».  Il faut reprendre le dialogue avant que la situation ne se détériore irrémédiablement, a-t-il tranché en rappelant son soutien à la solution des deux États. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a indiqué qu’en trois mois, la bande de Gaza est devenue inhabitable et, comme le dit le Secrétaire général, « nul n’y est en sécurité ».  « La Suisse rejette et condamne toutes les déclarations visant à expulser les civils hors du Territoire palestinien occupé, y compris de Gaza. »  Il a rappelé que les Conventions de Genève interdisent le transfert forcé de populations qui peut constituer des crimes de guerre.  « Nous appelons les dirigeants de toutes les parties à s’abstenir de toute mesure unilatérale et de tout acte de provocation ou propos inflammatoire notamment ceux pouvant constituer une violation du droit international. » Il est urgent de négocier un tournant décisif pour sortir de cette crise qui menace la paix et la sécurité des Israéliens, des Palestiniens, de la région tout entière et bien au-delà, a-t-il poursuivi.  Enfin, il a estimé que la recherche d’une solution politique à deux États, prônée par ce Conseil depuis des années, est impérative.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a plaidé en faveur d’un cessez-le-feu durable, avec l’aide de tous les partenaires régionaux et internationaux, afin de pouvoir acheminer davantage d’aide humanitaire aux populations civiles de Gaza, aide à laquelle la France continuera de contribuer.  Réitérant l’appel de la France à la libération immédiate et sans conditions de tous les otages, il a appelé le Conseil à condamner dans les termes les plus forts les attaques terroristes commises par le Hamas et d’autres groupes terroristes le 7 octobre dernier.  La France poursuivra son action pour établir des sanctions contre le Hamas au niveau européen, a-t-il ajouté.

Le délégué a dit que la France continuera de s’engager dans la voie d’une sortie de crise rapide fondée sur la solution des deux États, soulignant que le Président Macron poursuit ses échanges denses avec les acteurs de la région pour y parvenir.  L’Autorité palestinienne a un rôle central à jouer dans ce processus, en Cisjordanie comme à Gaza, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que, selon la résolution 2712 (2023), le transfert forcé de populations civiles est contraire au droit international.  Il a aussi condamné la politique de colonisation, illégale également au regard du droit international et obstacle majeur à la perspective d’une solution à deux États.  Soucieux aussi d’éviter un embrasement régional, il a souligné que la stabilité du Liban et de la région nécessite le plein respect de la résolution 1701 (2006) par toutes les parties.  Enfin, il a condamné les attaques des houthistes contre les navires commerciaux en mer Rouge.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a d’abord remercié l’Afrique du Sud d’avoir saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël pour le crime de génocide.  Afin d’éviter une escalade régionale, un cessez-le-feu immédiat est indispensable, a exigé M. Mansour, estimant que sauver les vies d’enfants palestiniens est tout aussi urgent que de protéger les voies de navigation maritime.  Le peuple palestinien est confronté à des massacres à grande échelle visant à lui faire subir des transferts forcés.  C’est une Nakba qui se déroule sous les yeux du monde entier, s’est ému l’Observateur permanent, 70% des Palestiniens de Gaza étant déjà des réfugiés privés de leur droit au retour depuis des décennies.  Aujourd’hui, ils pleurent leurs proches, leurs maisons et leurs villes détruites.

En 100 jours, a poursuivi M. Mansour, pratiquement tous les Palestiniens de Gaza ont été déplacés de leurs foyers, trouvant refuge dans un abri de l’ONU ou sous une tente.  Ils ne trouvent la sécurité nulle part mais la mort partout, a-t-il résumé.  Israël a délibérément tout détruit et tué nos enfants, nos médecins, nos journalistes, nos ingénieurs, nos poètes, nos universitaires, en espérant que les Palestiniens partiraient sous la pression des bombardements.  Pour le représentant, il est injuste que leurs vies soient un enfer sur Terre simplement parce qu’ils refusent de quitter leur patrie.  Paraphrasant le Secrétaire général, l’Observateur permanent a dit que sauver des vies civiles, permettre l’accès de l’aide humanitaire, prévenir la famine, arrêter la propagation des maladies infectieuses, et empêcher l’escalade régionale sont autant de mesures qui exigent un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Israël, a estimé M. Mansour, veut que le peuple palestinien choisisse entre la destruction et les transferts forcés, entre le génocide et le nettoyage ethnique.  Il a encouragé le Conseil à agir pour mettre fin au génocide en cours, pour sauver des vies, pour mettre fin à ce carnage et pour rétablir la vie à Gaza.  Pour mettre fin à ce conflit, le consensus international est clair: il n’y a pas un peuple de trop dans la région, il manque un État indépendant.  « Agissez en conséquence.  Protégez le peuple palestinien et soutenez l’indépendance de l’État palestinien », a exhorté l’Observateur permanent, en insistant sur le fait que « le peuple palestinien est là pour rester.  Il a le droit de vivre dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale. C’est la seule voie vers une paix et une sécurité partagées.  Tous ceux qui veulent une paix et une sécurité partagées doivent soutenir un cessez-le-feu immédiat » a-t-il insisté en conclusion.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a relevé qu’après 21 séances du Conseil de sécurité sur cette question depuis le 7 octobre, en plus de deux résolutions du Conseil et deux autres de l’Assemblée générale, aucun texte n’a condamné le Hamas pour ses « massacres abominables ». Aucune discussion du Conseil n’a porté sur la libération des otages depuis 100 jours, et aucune mesure n’a été prise en vue de leur libération.  Le représentant y a vu autant de « symptômes du cancer qui gangrène l’ONU », laquelle est « exploitée par des dictateurs et des violeurs des droits humains ».  Aujourd’hui, l’ONU est devenue « une nouvelle arme dans l’arsenal des terroristes », perdant à ses yeux toute crédibilité morale. « L’ONU ne se distingue aujourd’hui que par la diabolisation d’Israël », a-t-il ajouté.  Depuis la création de ce pays, « les Palestiniens utilisent tous les moyens à leur disposition pour nous détruire », notamment l’ONU, utilisée comme « arme », et parlant de la « Nakba » comme d’un échec à détruire le peuple israélien.  Selon le représentant, chaque instance onusienne est une arme utilisée par les Palestiniens contre Israël.  « Que les choses soient claires: il n’y a pas de transfert forcé. »  Israël n’a nullement l’intention de déplacer la population de Gaza, a assuré le représentant, mais se bat simplement contre les terroristes du Hamas.  Israël a d’ailleurs demandé l’évacuation temporaire des zones de guerre actives. 

Poursuivant, le représentant a cité en exemple l’expulsion de plus d’un million d’Afghans du Pakistan sans que le Conseil n’intervienne.  Or, ce déplacement de musulmans par un pays musulman ne signifie selon lui rien pour l’Algérie puisqu’il ne concerne pas des Juifs. « Le Conseil est mené par les objectifs politiques empoisonnés de l’écrasante majorité de l’ONU », a ajouté le représentant.  Qui plus est, en 2023, l’Assemblée générale a adopté davantage de résolutions contre Israël que contre l’Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Syrie combinées.  « L’ONU est non seulement cassée, elle est aussi dangereuse », a-t-il accusé. Chaque jour, Israël facilite l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, tandis que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) refuse de faire rapport sur les victimes israéliennes des attentats du 7 octobre, attentats que n’a pas condamnés l’Autorité palestinienne. 

Le représentant a encore relevé que la RPDC a été élue au conseil d’administration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), où siègent également la Syrie et le Yémen.  Il en va de même de l’UNRWA, dont des employés ont selon lui glorifié sur Telegram les massacres du Hamas.  Des armes et des roquettes ont été trouvées dans des écoles administrées par l’UNRWA à Gaza, a-t-il ajouté, avant de dénoncer l’alimentation de la haine par une institution onusienne.  À cet égard, il a dénoncé aussi l’inaction du Conseil des droits de l’homme face à des pays tels que Cuba ou le Venezuela ou encore l’Iran, alors qu’il s’en prend à Israël à chaque session.  « Pour l’ONU, les ténèbres sont la lumière et le mal est le bien. » 

Illustration de la « réalité dystopique » de l’ONU, l’Afrique du Sud a saisi « de manière éhontée » la Cour internationale de Justice (CIJ).  « Comment est-il possible que la Convention sur la prévention du génocide, adoptée après le génocide du peuple juif, soit utilisée contre l’État juif pour servir les visées du Hamas? » s’est-il demandé, en considérant cette affaire « sans fondement ».  Il a ensuite accusé l’ONU d’être complice des terroristes du Hamas qui exploitent l’aide internationale pour alimenter sa machine de guerre.  Aucun pays n’accepterait un cessez-le-feu dans de telles circonstances, a-t-il répété. « Le moment est venu de rebâtir l’ONU », a préconisé en conclusion le délégué. 

M. BENDJAMA (Algérie) a salué les contributions substantielles faites lors de cette séance, notant le consensus parmi les membres du Conseil sur le rejet de tout projet de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leurs terres.  C’est un consensus rare, a souligné le délégué, en appelant à faire fond sur ce consensus « retrouvé ».  « Cela aurait une résonance extraordinaire au sein de l’opinion publique du monde entier et dans notre région. »  Il a enfin rappelé que le Conseil a besoin de restaurer sa crédibilité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: le Conseil de sécurité informé d’un bilan encourageant sur l’application de l’accord de paix final même si l’insécurité persiste

9530e séance – après-midi  
CS/15563

Colombie: le Conseil de sécurité informé d’un bilan encourageant sur l’application de l’accord de paix final même si l’insécurité persiste

À moins d’un mois de la mission qu’effectuera le Conseil de sécurité sur le terrain, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a fait le point cet après-midi sur les évolutions des trois derniers mois dans la mise en œuvre de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable de 2016, dans un contexte marqué par la « politique de paix totale » que promeut le Président colombien Gustavo Petro Urrego depuis son entrée en fonction en août 2022.

M. Carlos Ruiz Massieu a relevé la forte volonté politique nationale en faveur de l’accord de paix politique négocié qui fournit une feuille de route détaillée pour traiter les causes et les conséquences du conflit, comme en témoignent les engagements exprimés par le Gouvernement, les diverses institutions de l’État et la société civile.  Il a salué l’unité dont ont fait preuve la région et la communauté internationale, y compris ce Conseil, dans leur soutien à ce processus. 

Les efforts du Gouvernement pour dialoguer avec les groupes armés opérant dans le pays ont été au centre de la réunion.  Appelant à poursuivre la mise en œuvre de l’accord de paix en même temps que ces dialogues, M. Ruiz Massieu a argué que ces deux volets se renforcent mutuellement.  Il a mis l’accent sur les pourparlers en cours avec l’Armée de libération nationale (ELN) et l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP), en saluant leur évolution positive.  Il a notamment signalé la conclusion d’accords avec l’ELN lors du dernier cycle de négociations au Mexique en décembre et les progrès réalisés dans la mise en œuvre des accords précédents, y compris un cessez-le-feu bilatéral. 

Le prochain cycle de négociations doit se tenir bientôt à Cuba, a annoncé le Chef de la Mission: il portera notamment sur l’extension et le renforcement du cessez-le-feu et l’interdiction explicite des enlèvements contre rançon, formalisant ainsi des engagements importants convenus au Mexique.  M. Ruiz Massieu a également salué et appelé à poursuivre les progrès réalisés dans les négociations entre le Gouvernement et l’EMC FARC-EP, notamment à l’occasion du troisième cycle de négociations qui vient de débuter cette semaine à Bogota. 

La plupart des membres du Conseil ont salué les progrès réalisés dans les deux processus et appelé les parties à parvenir à un accord sur la prolongation de leurs cessez-le-feu respectifs. 

« L’année 2024 doit être l’année de la mise en œuvre des engagements pris », a souhaité le Représentant spécial, notamment sur le chapitre ethnique de l’Accord final. Il a également appelé à miser sur une exécution « énergique » de la politique publique de démantèlement des groupes armés illégaux et des organisations criminelles, mais également sur la consolidation des progrès réalisés et l’établissement de priorités dans les domaines de l’Accord final qui ont pris du retard.  À l’instar de plusieurs membres du Conseil, il a souligné l’importance des questions de développement, de réforme rurale et d’accès à la terre, de réintégration des anciens combattants ou encore de justice transitionnelle.  À ce titre, la France et la Suisse ont insisté sur le rôle central des femmes dans le processus de paix, le mécanisme de justice transitionnelle, le chapitre ethnique, les efforts de réintégration ainsi que dans la politique de paix du Gouvernement colombien. 

Sur le plan sécuritaire, M. Ruiz Massieu a constaté la poursuite d’assassinats ciblés visant des anciens combattants des FARC-EP, des leaders sociaux des communautés autochtones et afrocolombiennes ainsi que des femmes.  Pour y répondre et contenir cette violence, il a demandé aux autorités colombiennes de renforcer la présence de l’État dans les zones où sévissent des groupes armés.  Sur ce point, la Fédération de Russie a insisté sur l’importance des garanties de sécurité adéquates pour tous les participants aux efforts de consolidation de la paix en Colombie car, comme l’a dit le Secrétaire général, la situation alarmante en matière de sécurité reste probablement le principal obstacle à la pleine mise en œuvre de l’Accord final, et cela malgré les efforts sincères du Gouvernement.

Une représentante de la société civile colombienne, l’une des 38 145 victimes recensées de violences sexuelles dans le contexte du conflit armé en Colombie, s’est adressée au Conseil par visioconférence pour rappeler la signature de l’accord visant à accélérer la mise en œuvre du chapitre de l’Accord final consacré aux questions ethniques.  Un accord entre le Ministère de l’intérieur et l’unité chargée de l’application de l’Accord final, qui a été signé aujourd’hui même avec le soutien de la Vice-Présidente de la Colombie, Mme Francia Márquez. 

« En tant que victime directe des FARC, qui n’a pas vu la guerre à la télévision, mais l’a vécue personnellement », elle a dit préférer un accord imparfait plutôt qu’une guerre permanente.  Raison pour laquelle Mme Yolanda Perea Mosquera a appelé le Conseil de sécurité à soutenir les efforts du Gouvernement colombien pour parvenir à une paix totale avec les acteurs armés qui opèrent sur ses territoires, comme l’ELN.  Elle n’a pas manqué de souligner la nécessité de mettre en exécution le programme de garantie globale pour les femmes leaders et défenseuses des droits humains, ainsi que le programme intégral de sécurité et de protection des communautés et des organisations des territoires, qui inclut les besoins particuliers des communautés ethniques, des femmes et des filles. 

Intervenant en fin de séance, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie, M. Leyva Durán, s’est tout d’abord félicité de la prorogation d’un an de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie par le Conseil de sécurité, « sans laquelle la paix serait restée lettre morte ».  Il a rappelé que l’Accord final est enregistré en tant que document du Conseil de sécurité, un « précédent historique » qui constitue une condition préalable à la paix nationale. S’adressant aux membres du Conseil, il a souligné qu’en tant que compagnons sur le chemin de la paix, il leur incombe « d’illuminer la partie de l’humanité qui recherche la paix de façon inlassable », conformément à la politique de paix totale du Président colombien.  Le Ministre a réaffirmé l’engagement de celui-ci en faveur de la construction d’un pays fort, résilient et juste, donnant voix au chapitre à la population pour faire de la Colombie une « puissance mondiale de l’espoir ».  
 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. CARLOS RUIZ MASSIEU, a rappelé la célébration, en novembre dernier, du septième anniversaire de l’Accord de paix final, en notant les obstacles encore à surmonter mais aussi les facteurs de réussite.  Il a souligné la forte volonté politique nationale, comme en témoignent les engagements exprimés par le Gouvernement, les diverses institutions de l’État et la société civile, sans oublier une région et une communauté internationale, y compris ce Conseil, qui sont restées unies dans leur soutien au processus de paix.

Comme le décrit le dernier rapport du Secrétaire général, que M. Ruiz Massieu présentait aujourd’hui, l’année écoulée a montré qu’il existe des liens clairs entre la mise en œuvre de l’Accord final et les initiatives de dialogue du Gouvernement colombien avec d’autres acteurs armés.  L’année 2024 doit être l’année de la mise en œuvre des engagements pris, notamment pour le chapitre ethnique, a-t-il lancé en signalant l’augmentation notable de l’acquisition et de la formalisation des terres grâce à la priorité accordée à la réforme agraire.  M. Ruiz Massieu a notamment misé sur une exécution « énergique » de la politique publique de démantèlement des groupes armés illégaux et des organisations criminelles.  Il a aussi espéré la consolidation des progrès réalisés et l’établissement de priorités dans les domaines qui ont pris du retard. 

Sur le plan de la sécurité, le Représentant spécial a fait état de développements préoccupants dans plusieurs régions du pays, parlant notamment de l’assassinat de quatre ex-combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) depuis la date de clôture du rapport du Secrétaire général, et de crimes contre des leaders sociaux.  Il a condamné ces attaques « injustifiables » avant de parler de la situation difficile dans des départements tels que le Cauca où sont présentes des populations autochtones et afrocolombiennes et où sévissent des acteurs armés.  Il a plaidé pour un déploiement global de l’État dans ces zones pour freiner et contenir la violence.  Sur une note positive, il a remarqué que dans certaines régions, malgré les difficultés, il a été possible d’inverser la violence, ce dont témoigne la baisse de 16% des homicides par rapport à 2022 dans les municipalités où des programmes de développement et d’autres approches territoriales sont mis en œuvre et des municipalités historiquement touchées par le conflit comme Arauca et Meta. 

Bien qu’ils soient confrontés à des défis, les progrès constants du système de justice transitionnelle colombien sont une autre raison d’être optimiste en 2024, a poursuivi le Représentant spécial en saluant sa structure innovante et complète, qui combine des mécanismes extrajudiciaires et judiciaires. Il a noté que la juridiction spéciale pour la paix continue d’enquêter et de poursuivre les crimes graves commis pendant le conflit par d’anciens membres des FARC-EP, des membres des forces de sécurité publique, d’autres agents de l’État et des tiers civils, tout en se préparant à prononcer ses premières sentences réparatrices.  Il a insisté sur l’importance des conditions nécessaires à leur mise en œuvre, ce qui nécessitera des efforts coordonnés entre la juridiction spéciale et les autorités gouvernementales nationales et locales.

M. Riuz Massieu s’est dit encouragé par l’engagement continu en faveur de la paix de la grande majorité des anciens membres des FARC-EP.  Il a également salué l’approche multiforme du Gouvernement, avec des instruments tels que le programme de réintégration global. Il a en outre mis en exergue l’évolution positive des pourparlers entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), en saluant les accords conclus lors du dernier cycle de négociations au Mexique en décembre et les progrès réalisés dans la mise en œuvre des accords précédents, y compris le cessez-le-feu bilatéral et les travaux du comité national de participation.  M. Riuz Massieu a encouragé les parties à régler leurs différends par le dialogue.  Il s’est dit persuadé que la volonté manifestée jusqu’à présent aboutira à de nouveaux résultats lors du prochain cycle de négociations, qui doit se tenir bientôt à Cuba, notamment par l’extension et le renforcement du cessez-le-feu entre les parties et l’interdiction explicite des enlèvements contre rançon, formalisant ainsi des engagements importants convenus au Mexique. 

Il a également salué les progrès réalisés dans les négociations entre le Gouvernement et le groupe de l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP) et encouragé les parties à poursuivre sur cette voie, y compris au cours du troisième cycle de négociations qui vient de débuter cette semaine à Bogota.  Leurs discussions porteront notamment sur une analyse du cessez-le-feu en vue de son éventuelle prolongation au-delà du 14 janvier, a-t-il précisé.

Rappelant que les attentes légitimes en matière de sécurité et de jouissance des droits par les communautés dans les zones touchées par le conflit restent insatisfaites dans plusieurs régions, il a expliqué cela par les niveaux de violence élevés liés aux conflits entre groupes armés et la présence d’organisations criminelles, dans un contexte de présence limitée des institutions de l’État.  Il a soutenu l’appel lancé par le Secrétaire général à tous les acteurs armés pour qu’ils donnent des signes concrets de leur volonté réelle de paix en mettant fin aux affrontements entre eux et en respectant la population civile. 

M. Ruiz Massieu est ensuite revenu sur les élections municipales et départementales d’octobre dernier qui ont permis la prise de fonction de centaines de nouvelles autorités régionales et locales élues.  Il est essentiel de renforcer le travail coordonné de l’État entre les niveaux national, départemental et municipal, a-t-il souhaité avant de condamner la récente tentative d’assassinat du maire de Tumaco, qui illustre les risques encourus par les autorités locales et la nécessité de leur garantir une protection.  Il a conclu en demandant de poursuivre la mise en œuvre de l’accord de paix et de continuer à progresser dans les initiatives de dialogue avec d’autres acteurs armés, ces deux volets se renforçant mutuellement.

Mme YOLANDA PEREA PESQUERA, membre de la société civile colombienne, qui s’est présentée comme une victime et survivante de violences sexuelles dans le contexte du conflit armé en Colombie, s’est toutefois adressée au Conseil de sécurité « non pas en tant que victime, mais en tant que sujet ayant des droits », pour exposer la situation vécue par plus de 38 145 victimes de violences sexuelles dans son pays.  Elle a rappelé qu’est célébrée aujourd’hui la signature de l’accord visant à accélérer la mise en œuvre du chapitre de l’Accord final consacré aux questions ethniques entre le Ministère de l’intérieur et l’unité chargée de l’application de l’Accord final, avec le soutien de la Vice-Présidente Francia Márquez. « En tant que victime directe des FARC, qui n’a pas vu la guerre à la télévision, mais l’a vécue personnellement, je préfère un accord imparfait plutôt qu’une guerre permanente », a expliqué l’intervenante, en faisant part de ses recommandations.

Il faut, a-t-elle déclaré, soutenir le Gouvernement pour parvenir à une paix totale avec les acteurs armés qui opèrent sur nos territoires, comme l’ELN; convenir d’un accord humanitaire permettant de promouvoir des mesures préservant la vie, le respect des droits humains et du droit international humanitaire; et instaurer un cessez-le-feu pour toutes les formes de violence, en particulier celles commises contre les communautés ethniques, les femmes et les filles.  Mme Pesquera a ensuite encouragé à promouvoir et soutenir la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et de son plan d’action national en Colombie, afin qu’y soient consolidées la participation, la protection et le leadership des femmes et des jeunes dans la construction et le développement durable de la paix. 

La représentante a ensuite souligné la nécessité de pleinement mettre en œuvre le programme de garantie globale pour les femmes leaders et défenseuses des droits humains, ainsi que le programme intégral de sécurité et de protection des communautés et des organisations des territoires, qui inclut les besoins particuliers des peuples ethniques et des femmes et filles.  Il faut également, a-t-elle exhorté, appuyer le combat que les femmes et les personnes LGBTIQ ont mené pour l’ouverture, devant la Juridiction spéciale pour la paix, de l’affaire 11 pour enquêter sur la violence sexuelle et fondée sur le genre et les violences obstétricales, ainsi que sur d’autres crimes motivés par des préjugés à l’encontre de personnes ayant une orientation sexuelle différente.  Il faut aussi demander des garanties pour que victimes et survivants obtiennent réellement justice, vérité et réparation.  Mme Pesquera a par ailleurs exigé du Gouvernement qu’il se conforme à l’arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme dans l’affaire Jineth Bedoya Lima, victime de violences sexuelles dans le contexte du conflit. 

En conclusion, elle a demandé aux membres du Conseil de regarder une pièce de tissu présentée derrière elle, confectionnée par des victimes et des survivants de violences sexuelles.  « Notre objectif est de confectionner la plus grande courtepointe du monde, à la fois pour rendre visible la violence du conflit armé et tisser l’espoir », a-t-elle déclaré.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué l’engagement du Gouvernement colombien à accélérer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, y compris les initiatives relatives à l’accès à la terre et à la réintégration.  Il a appelé à l’adoption de nouvelles mesures pour veiller à ce que 60% de ce chapitre soit mis en œuvre d’ici à 2026, comme convenu dans le récent pacte gouvernemental.  La pleine mise en œuvre des dispositions relatives au genre et à l’origine ethnique de l’Accord final est essentielle pour lutter contre les facteurs d’inégalité et protéger les groupes vulnérables, notamment les communautés autochtones et afrocolombiennes les plus touchées par le conflit. 

Néanmoins, le représentant a exprimé sa grave préoccupation face aux violences perpétrées contre les signataires des accords de paix, les défenseurs des droits humains, les communautés, les femmes et les dirigeants sociaux, y compris les trois meurtres déjà commis en 2024.  Les garanties de sécurité constituent un élément essentiel de l’Accord final qui sous-tend les progrès dans tous les autres chapitres, y compris la réintégration, a-t-il souligné.  À cet égard, le programme global de réintégration récemment approuvé constitue une étape bienvenue.  Le représentant a ensuite réitéré son appel à la nomination d’un bureau dédié à la coordination de la mise en œuvre de l’accord au sein de la présidence.  Il a noté l’engagement de Bogota à renforcer la paix par le biais du dialogue, notamment son intention de prolonger le cessez-le-feu avec l’ELN. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a salué les efforts de la Colombie pour consolider la paix et la réconciliation nationale.  Le processus de paix dans ce pays est un exemple de règlement des conflits par le dialogue.  Face aux défis persistants, il faut renforcer les institutions et garantir la sécurité et les droits de tous les Colombiens.  Le succès de la réforme rurale est crucial, y compris pour toute la région.  Une paix durable en Colombie dépend de l’inclusion et du respect de la diversité culturelle et des droits des peuples autochtones et afrocolombiens, a commenté le représentant pour lequel le pacte pour la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, constitue un pas important pour répondre aux attentes de ces communautés.  Le rôle des femmes et des jeunes dans le processus de paix est vital et doit rester une priorité. 

Poursuivant, le délégué a déclaré que les progrès réalisés dans le dialogue et la mise en œuvre du cessez-le-feu montrent qu’il est possible de mettre fin à la violence.  Au demeurant, il faut suivre de près le dialogue avec le groupe dissident des ex-FARC-EP, appelé « État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire » (EMC FARC-EP), a-t-il ajouté, encourageant les parties à respecter l’accord de cessez-le-feu, et à protéger la population civile.  Les groupes armés doivent contribuer à une nouvelle désescalade, en réduisant les affrontements.  La fin des enlèvements est également une étape vers la paix et la stabilité en Colombie. Pour sa part, la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doit continuer à soutenir la Colombie qui emprunte la voie d’une paix stable et durable, a exhorté le représentant, impatient de participer à la visite du Conseil dans le pays le mois prochain

Au nom du Groupe A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT(Guyana) a salué la détermination et les efforts du Président Gustavo Petro, de son gouvernement et du peuple colombien pour promouvoir la paix et la sécurité dans le pays.  Elle a souligné que la question de l’accès à la terre est un élément essentiel du processus de paix en Colombie, avant de saluer les récents accords de cessez-le-feu passés entre le Gouvernement et les groupes ELN et EMC-FARC-EP, ainsi que les récentes élections municipales et départementales.  La déléguée a insisté sur l’importance de la réintégration des anciens combattants, de la mise en œuvre des réformes institutionnelles en ce sens, d’une réforme agraire complète et de la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord. Elle a relevé l’absence de progrès de fond sur ce chapitre ethnique et la poursuite des problèmes sécuritaires qui touchent avant tout les communautés autochtones et afrocolombiennes dans des zones où la présence de l’État reste limitée.  Elle a donc appelé les autorités colombiennes à rétablir la présence de l’État dans ces zones et à accélérer la mise en œuvre des composantes essentielles de l’Accord final.

M. GENG SHUANG (Chine) a souligné la nécessité de parvenir à de nouveaux résultats dans la mise en œuvre de l’Accord final, félicitant le Gouvernement colombien d’en avoir fait une priorité et d’avoir augmenté les investissements dans la réforme rurale, la redistribution des terres et la réintégration des anciens combattants.  Le représentant a estimé qu’il faut continuer de progresser dans le dialogue et les négociations, saluant les bons résultats obtenus au cinquième tour des pourparlers de paix entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale. Cependant, le peuple colombien reste exposé à des menaces sécuritaires, comme les violences criminelles qui demeurent un obstacle à la mise en œuvre de l’accord de paix, a regretté le délégué. Reste que, pour la Chine, le processus de paix en Colombie offre un exemple de règlement d’un conflit par le dialogue et la négociation, et sert de référence utile au Conseil de sécurité pour les autres crises dans le monde. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a jugé essentiel de protéger et d’intégrer tous les individus, y compris les plus vulnérables, afin de maintenir la paix en Colombie.  La mise en place d’un environnement où la sécurité, la justice et l’égalité sont assurées permettra aux populations de réaliser leur plein potentiel, dans l’intérêt de la paix et du développement du pays.  Dans ce contexte, le Japon, a dit la représentante, se félicite des progrès réalisés dans les processus de planification et de conception de plusieurs domaines de l’Accord final, tels que la protection et la réintégration, la réforme rurale globale, la promotion de l’égalité ethnique ainsi que de l’égalité entre les hommes et les femmes.  La représentante a ainsi encouragé l’ensemble des parties prenantes à coopérer à la mise en œuvre effective de l’Accord final.  Elle s’est félicitée des efforts déployés par la Mission des Nations Unies pour aider le Gouvernement colombien, notamment la mise en place de mesures préventives grâce à une approche de gestion des risques. La représentante a formé le vœu que la visite prochaine en Colombie des membres du Conseil de sécurité leur permettra d’examiner la manière dont cet organe peut jouer au mieux son rôle en faveur de la paix. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a d’ores et déjà salué la prochaine visite du Conseil en Colombie, « un signal politique de soutien aux efforts de paix ».  Une approche stratégique, holistique et interinstitutionnelle, en coopération avec les autorités locales et régionales, est essentielle au succès de l’accord de paix final ainsi qu’à la politique de paix totale du Gouvernement, a estimé la représentante ravie des nominations de M. Otty Patiño en tant que nouveau Haut-Commissaire pour la paix et de Mme Vera Grabe en tant que Cheffe de délégation pour le processus de l’Armée de libération nationale (ELN).  Les pourparlers actuels continuent de porter leurs fruits, s’est félicitée la déléguée notant que la surveillance et la vérification des cessez-le-feu ont contribué à la désescalade des hostilités bilatérales.  Elle a appelé les parties aux accords de cessez-le-feu en cours à les renouveler et à considérer l’intégration des éléments multilatéraux pour renforcer leurs effets. 

S’agissant de la protection des civils, les garanties de leur participation au processus de paix, la réintégration des ex-combattants et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants par les groupes armés doivent rester au centre des préoccupations de tous, a recommandé la représentante.  Elle a dit attendre avec intérêt la finalisation du premier plan d’action national de la Colombie sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il est important d’assurer la cohérence de ce plan avec la politique de paix totale et les dispositions de l’Accord de paix final, a-t-elle dit avant d’insister en conclusions sur le rôle central des femmes dans le processus de paix, le mécanisme unique de justice transitionnelle, le chapitre ethnique, les efforts de réintégration ainsi que la politique de paix du gouvernement en général.

Il est clair, a estimé Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), qu’il faut faire plus dans les domaines du renforcement de l’autorité de l’État, de la mise en œuvre de programmes de substitution à la drogue et de la réintégration socioéconomique et politique des anciens rebelles.  La représentante a déploré le niveau anormalement élevé de la violence contre des participants aux efforts de consolidation de la paix, notamment les anciens membres des FARC et insisté pour que la priorité soit l’offre de garanties adéquates en matière de sécurité.  Elle a dit comprendre à quel point le dialogue du Gouvernement avec d’autres groupes rebelles, tels que l’Armée de libération nationale (ELN) et l’État-major central, est difficile et laborieux.  Elle s’est donc félicitée de ce que les régimes de cessez-le-feu avec ces milices, bien que fragiles, soient généralement respectés. 

La représentante a souligné le rôle de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie et a convenu avec le Secrétaire général que la situation générale alarmante en matière de sécurité dans le pays reste, malgré les efforts sincères du Gouvernement, peut-être le principal obstacle à la pleine mise en œuvre de l’accord de paix global et d’autres accords de paix.  Pour accroître l’impact des activités de la Mission et de l’ensemble des Nations Unies dans la vérification des accords de paix actuels, la représentante a estimé qu’il serait utile que les autorités colombiennes fournissent au Conseil des idées sur les buts et objectifs de leurs efforts de consolidation de la paix et sur leur calendrier.  Une telle feuille de route aiderait les membres du Conseil de sécurité, au moment de leur prochaine visite sur place.  Ils pourront ainsi mieux évaluer les résultats des mesures déjà prises et, le cas échéant, identifier les ajustements éventuels à apporter aux modalités de travail de la Mission de vérification. 

Mme ELISABETH MILLARD (États-Unis) a réitéré le soutien ferme de son gouvernement en faveur de la mise en œuvre continue de l’Accord final, la jugeant essentielle pour que la Colombie s’achemine sur la voie de la justice pour les victimes du conflit, de même que pour garantir sécurité et stabilité et atteindre les objectifs de lutte contre le trafic de stupéfiants.  Elle a salué le fait qu’un travail préparatoire est en cours pour les peines à des fins de justice réparatrice.  La représentante s’est également félicitée du dialogue continu entre le Gouvernement colombien et l’ELN ainsi que du déploiement d’une centaine de membres du personnel pour le mécanisme de vérification du cessez-le-feu bilatéral.  Si elle s’est dite heureuse d’entendre que ce mécanisme permet de réduire les affrontements, la déléguée a toutefois exprimé sa préoccupation devant la capacité limitée du commandement central de l’ELN à maintenir le cessez-le-feu. 

À propos des discussions en cours entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP, la représentante américaine a noté qu’un troisième cycle de discussions aura lieu le mois prochain.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, continueront à suivre ces progrès avant d’envisager une nouvelle extension du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies pour y inclure le contrôle du cessez-le-feu entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a salué les progrès réalisés par le Gouvernement colombien dans la mise en œuvre de l’Accord final de 2016, et réaffirmé le soutien de son pays aux efforts déployés par la Mission de vérification des Nations Unies.  Afin d’assurer une paix durable dans le pays, notamment en s’attaquant aux causes profondes du conflit, il est impératif de mettre en œuvre une réforme rurale globale et d’autonomiser les populations marginalisées.  Le représentant s’est félicité des dispositions de l’Accord final relatives à la réforme agraire et a salué les progrès réalisés par l’Agence nationale des terres en milieu rural.  En tant que partenaire de développement de la Colombie, la République de Corée a contribué au projet sur l’accélération de l’autonomisation économique des femmes rurales et le renforcement des mécanismes de gouvernance inclusifs dans les régions touchées par les conflits, a-t-il rappelé. 

Le représentant a appelé à des mesures immédiates pour mettre fin à la violence persistante contre les anciens combattants, les dirigeants sociaux, les femmes et les filles.  Les garanties de sécurité pour les groupes vulnérables sont une condition préalable à la promulgation de peines réparatrices, a-t-il argué, en espérant que les premières condamnations seront prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix au cours du premier trimestre de 2024.  Dans l’intervalle, le délégué a dit attendre avec impatience les résultats des derniers pourparlers de paix entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN).  Selon lui, les cessez-le-feu et les négociations de paix en cours peuvent contribuer à réduire la violence de manière significative. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a exprimé son soutien sans équivoque aux travaux de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.  À l’occasion de la commémoration du septième anniversaire de la signature de l’Accord final entre le Gouvernement colombien et les ex-FARC-EP, la priorité reste sa mise en œuvre intégrale et réussie, a-t-il fait valoir.  Préoccupé par les attaques perpétrées par des groupes armés et criminels, le représentant a encouragé le Gouvernement à déployer une présence intégrée des institutions et des services de l’État, y compris dans les zones touchées par les conflits. Inquiet aussi de l’augmentation des violences à l’égard des femmes, le délégué a appelé à combattre cette violence et à adopter une approche centrée sur les survivantes pour mettre en œuvre les dispositions de l’Accord final relatives au genre. 

Le représentant a salué l’ouverture d’enquêtes visant les violences basées sur le genre, les violences sexuelles et reproductives.  Il a aussi demandé la participation des femmes au Forum de haut niveau sur l’égalité des sexes organisé par le Gouvernement ainsi qu’à l’élaboration du plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité. Enfin, il a attiré l’attention sur le lien entre les conflits, la paix et l’environnement, estimant que le processus de paix devrait être l’occasion d’autonomiser les communautés touchées par le conflit grâce à la protection de l’environnement.  La visite du Conseil de sécurité, en févier, sera une occasion de soutenir le travail de la Mission et du Gouvernement en matière de consolidation de la paix, s’est-il réjoui. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a plaidé pour une application intégrale de l’Accord final, avant de se féliciter de l’accent mis sur les peuples autochtones.  Elle a salué les progrès de la réforme agraire, ainsi que les efforts du Gouvernement visant à faire baisser la violence.  Elle a souligné l’importance d’une bonne participation des femmes au processus de paix.  Elle a demandé une prolongation du cessez-le-feu, avant de déplorer le manque de garanties sécuritaires permettant la réintégration des anciens combattants. La représentante a déploré la persistance de la violence contre les femmes et les défenseurs des droits humains. Le Gouvernement devrait renforcer son déploiement dans les régions où l’insécurité prédomine, a conclu la déléguée. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a salué les efforts du Gouvernement colombien pour négocier avec les groupes armés, en complément de la mise en œuvre intégrale de l’Accord final de 2016.  Elle s’est félicitée des négociations en cours avec le groupe autoproclamé FARC-EMC et l’annonce d’un cessez-le-feu jusqu’au 15 janvier. De même la France soutient-elle la poursuite de pourparlers entre l’Armée de libération nationale (ELN) dans l’objectif de prolonger le cessez-le-feu signé le 3 août dernier. « Ces développements doivent permettre aux communautés touchées de pouvoir enfin vivre en paix », a déclaré la déléguée. 

La France se tient prête à examiner une extension du rôle de la Mission pour surveiller la mise en œuvre des engagements pris à l’issue des discussions avec l’EMC, a-t-elle précisé.  Elle a également promis d’être attentive aux conclusions de l’Experte internationale des droits de l’homme chargée de recenser les obstacles à la mise en œuvre de l’Accord final, dont le mandat a été créé par le Conseil des droits de l’homme à l’initiative de la Colombie.  « La mission qu’effectuera le Conseil de sécurité en Colombie début février est particulièrement pertinente pour nous permettre d’apporter le soutien le plus adéquat aux efforts de paix », a jugé la représentante, en soulignant l’importance des questions de développement, de réforme rurale et d’accès à la terre ou encore de justice transitionnelle. Celle de l’égalité entre les femmes et les hommes est l’une des clefs de la réussite de ce processus, a-t-elle ajouté, en considérant qu’il s’agit d’une problématique transversale.

M. ÁLVARO LEYVA DURÁN, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, s’est d’abord félicité de la prorogation d’un an de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie par le Conseil de sécurité, sans laquelle la paix serait restée lettre morte.  L’Accord final est enregistré en tant que document du Conseil de sécurité, un « précédent historique » qui constitue une condition préalable à la paix nationale, a-t-il rappelé.  Il a aussi souligné que le caractère contraignant de la Déclaration unilatérale d’État a été reconnu par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Dans sa lettre du 27 novembre 2023 au Secrétaire général, le Président colombien a d’ailleurs reconnu que cette Déclaration comporte des obligations indispensables pour son pays qu’il s’est engagé à mettre en œuvre. 

S’agissant de la Juridiction spéciale pour la paix, le Ministre a considéré que le contenu du document émanant du Conseil de sécurité joue un rôle essentiel, les droits qui y sont consacrés ne pouvant être sapés.  Cette juridiction est donc désormais « internationalisée », a-t-il fait remarquer en rappelant que les droits qui y sont énoncés doivent être respectés.  Selon le Ministre, les négociateurs de la paix pourraient également mettre en place un tribunal hybride permettant de créer un mécanisme de clôture afin de tourner la page et d’accorder une deuxième chance aux défenseurs de la patrie. En tant que compagnons sur le chemin de la paix, il nous incombe d’illuminer la partie de l’humanité qui recherche la paix de façon inlassable, a-t-il ajouté, conformément à la politique de paix totale du Président colombien.  Le Ministre a réaffirmé l’engagement de celui-ci en faveur de la construction d’un pays fort, résilient et juste, donnant voix au chapitre à la population pour faire de la Colombie une « puissance mondiale de l’espoir ». 

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