9531e séance – après-midi
CS/15564

Les membres du Conseil de sécurité à l’unisson pour condamner le transfert forcé de populations civiles de Gaza vers des pays tiers

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a fait part, cet après-midi au Conseil de sécurité, de sa profonde inquiétude après les déclarations de ministres israéliens favorables au transfert massif des populations civiles de la bande de Gaza vers des pays tiers.  Selon la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Ilze Brands Kehris, ces propos incendiaires alimentent les crainte d’une expulsion doublée d’une impossibilité de revenir.  L’Algérie, qui avait demandé la tenue de cette séance, a noté le « consensus rare » qui a prévalu parmi les membres du Conseil pour rejeter « tout projet de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leurs terres », projet dont Israël a nié l’existence.

Dressant un bilan des 100 jours de guerre à Gaza, le Secrétaire général adjoint, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que, depuis les « événements abominables » du 7 octobre, plus de 23 000 personnes ont été tuées à Gaza, plus de 58 000 blessées et près de 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés, selon le Ministère gazaouite de la santé.

Poursuivant, le haut fonctionnaire a précisé que, au moment où les opérations terrestres israéliennes se déplacent vers le sud du territoire, les frappes aériennes se sont intensifiées dans les zones où les civils ont reçu l’ordre de se réinstaller pour leur sécurité.  Dès lors, en a-t-il conclu, il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, où une vie humaine digne est quasi impossible.  Et à l’heure actuelle, a-t-il ajouté, difficile d’imaginer que les gens puissent retourner dans le nord.

Les pertes civiles inacceptablement élevées, la destruction quasi complète des infrastructures civiles essentielles, les déplacements massifs de populations et les conditions humanitaires abominables qui règnent dans la bande de Gaza soulèvent de graves préoccupations quant à la Commission pour crimes de guerre, a déclaré la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, avant de dénoncer les propos incendiaires de certains responsables israéliens plaidant pour une réinstallation permanente de Palestiniens « au-delà des mers ». « Cela ne doit pas se produire », a tranché Mme Kehris.

De l’Algérie à la Suisse en passant par l’Équateur et la Slovénie, ainsi que les membres permanents du Conseil, les délégations sont parvenues à un « consensus rare » pour rejeter tout transfert forcé des Gazaouites.  En vertu des Conventions de Genève, qui interdisent de tels projets, a rappelé la Suisse, des mesures devraient être prises pour empêcher cette « déportation de masse » afin d’éviter un embrasement de la région et du reste du monde, a prévenu la Fédération de Russie.

Pour l’Équateur, le transfert forcé de populations civiles est une violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, ainsi que des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, la deuxième rappelant que la bande de Gaza fait partie intégrante du Territoire palestinien occupé. Ses habitants ne doivent pas être soumis à un transfert forcé ou à une réinstallation en dehors de la bande de Gaza, a tranché le Royaume-Uni.

« Protégez notre peuple », a exhorté l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en insistant sur le fait qu’il « est là pour rester parce qu’il a le droit de vivre dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale ».  Israël a toutefois soutenu qu’il n’y a pas de transfert forcé à l’œuvre dans la bande de Gaza, affirmant que ses forces se battent simplement contre les terroristes du Hamas.  Nous avons d’ailleurs demandé l’évacuation temporaire des zones de guerre actives, a assuré la délégation.

Emboîtant le pas aux deux fonctionnaires de l’ONU, la plupart des membres du Conseil ont réitéré l’importance d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, certains exigeant que les otages détenus par le Hamas soient remis en liberté. Les États-Unis se sont émus pour leur part de l’incapacité du Conseil de condamner ce groupe armé pour ses attaques du 7 octobre, ni de reconnaître le déplacement de quelque 250 000 Israéliens qui s’est ensuivi, ni l’utilisation de la population gazaouite comme boucliers humains.  La délégation américaine a également rejeté sans équivoque les déclarations de certains ministres israéliens en faveur de l’expulsion des Palestiniens de Gaza, les jugeant « indignes et incompatibles avec une paix durable ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que depuis près de 100 jours, la guerre à Gaza est menée sans tenir compte de l’impact sur les civils, les opérations militaires israéliennes se poursuivant sans relâche.  Citant le Ministère de la santé de Gaza, le haut fonctionnaire a indiqué que plus de 23 000 personnes ont été tuées et plus de 58 000 blessées depuis les événements abominables du 7 octobre.  Quelque 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés, traumatisés et contraints de fuir alors que les bombes et les missiles pleuvent sur eux.  Sur le terrain, les abris sont surpeuplés, la nourriture et l’eau s’amenuisent, le risque de famine augmente de jour en jour, s’est alarmé le haut fonctionnaire.  Le système de santé est en train de s’effondrer, les femmes ne pouvant accoucher en toute sécurité, les enfants se faire vacciner, et les malades et les blessés être soignés.  Les maladies infectieuses sont en hausse et les gens cherchent refuge dans les cours des hôpitaux. 

Poursuivant, M. Griffiths a dit que l’hiver exacerbe la lutte pour la survie. Quelque 134 locaux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été endommagés et 148 membres du personnel de l’ONU et d’ONG tués à Gaza.  Alors que les opérations terrestres se déplacent vers le sud, les bombardements aériens se sont intensifiés dans les zones où les civils ont reçu l’ordre de se réinstaller pour leur sécurité, a relevé le Secrétaire général adjoint.  Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, s’est lamenté le haut fonctionnaire, en ajoutant qu’une vie humaine digne est presque impossible.  Rafah, a-t-il poursuivi, abrite aujourd’hui 1 million de personnes déplacées contre 280 000 avant la guerre.  À l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer que les gens puissent retourner dans le nord.

Les efforts pour acheminer des convois humanitaires dans le nord se sont heurtés à des retards, à des refus et à l’imposition de conditions impossibles, a informé M. Griffiths.  Les personnels humanitaires qui ont réussi à se rendre dans le nord ces derniers jours décrivent des scènes d’horreur absolue, avec notamment des cadavres abandonnés sur les routes.  Pour autant, l’acheminement de l’aide à Gaza est quasi impossible, l’accès à Khan Younès n’étant plus possible.  Dans le sud, une extension de l’offensive à Rafah mettrait sérieusement à mal les opérations humanitaires déjà débordées qui nécessitent des mesures extraordinaires pour prêter une assistance limitée, a prévenu le Secrétaire général adjoint. Selon lui, à Rafah et Kerem Shalom, les articles humanitaires ne suffiront pas à eux seuls à subvenir aux besoins de plus de 2 millions de personnes.  Les marchandises commerciales doivent pouvoir entrer à grande échelle dans le territoire, a plaidé M. Griffiths. 

Dans ces circonstances, a-t-il poursuivi, l’extension des hostilités vers le sud augmenterait considérablement la pression en faveur d’un déplacement massif de populations vers les pays voisins.  Certains ont déjà proposé d’accueillir des civils qui souhaitent quitter Gaza pour leur protection, s’est-il félicité.  Toutes les personnes déplacées du territoire doivent être autorisées à rentrer, comme l’exige le droit international.  Le Secrétaire général adjoint a fait part de sa profonde inquiétude à l’écoute des déclarations de ministres israéliens au sujet de plans visant à encourager le transfert massif de civils de Gaza vers des pays tiers. Ces déclarations, interdites par le droit international, suscitent de graves inquiétudes quant à la possibilité d’un transfert massif ou d’une déportation forcée de la population palestinienne de la bande de Gaza.  Toute tentative de modifier la composition démographique de Gaza doit être fermement rejetée, a-t-il invité.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a appelé à ne pas oublier les 1 200 personnes tuées, les milliers de blessés lors de l’attaque brutale menée par le Hamas et d’autres groupes armés contre Israël le 7 octobre, ainsi que les violences sexuelles odieuses commises ce jour-là. D’autant plus que les tirs de roquettes se poursuivent en direction des zones peuplées d’Israël.  Il a déploré le fait que depuis novembre, aucun otage n’a été libéré et aucune information n’a été communiquée à leurs familles et à leurs proches.  Plus de 100 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur d’Israël à la suite de l’attaque du 7 octobre par le Hamas et d’autres groupes armés et en raison des tirs de roquettes continus de groupes armés opérant à Gaza et au Liban.

Se disant extrêmement préoccupé par le risque d’une nouvelle expansion régionale de ce conflit, le haut fonctionnaire a constaté la hausse des tensions et de l’activité militaire au Liban, en mer Rouge et au Yémen. « Nous ne pouvons pas permettre que cela se métastase davantage.  Les conséquences d’une conflagration plus large seraient inimaginables », a-t-il alerté.  Ce que nous voyons depuis le 7 octobre est une tache sur notre conscience collective, a ajouté le Secrétaire général adjoint.  Si nous n’agissons pas, cela deviendra une marque indélébile sur notre humanité.  Les gens continueront à souffrir et à mourir à cause des roquettes, des bombes, des missiles et des balles, de la famine et des maladies.  « Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », a-t-il encore exhorté, avant de demander le respect du droit international humanitaire et la libération immédiate de tous les otages.  « Je réitère mon appel à un cessez-le-feu et au Conseil de sécurité pour qu’il prenne des mesures urgentes afin de mettre fin à cette guerre », a déclaré M. Griffiths en conclusion.

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme et Directrice du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que les horreurs des attaques du 7 octobre ne seront pas oubliées et ne resteront pas impunies.  Elle a précisé que depuis ce jour près de 1,9 million de Palestiniens ont été déplacés, soit 85% de la population de Gaza.  « Ce qui s’est passé à Gaza n’est pas simplement une conséquence du conflit, mais le résultat direct de la manière dont les hostilités ont été conduites. »  Si Israël a indiqué que ses ordres d’évacuer à Gaza ont été donnés? pour la sécurité des civils palestiniens, il semble qu’il a pris peu de disposition pour s’assurer que les évacuations soient conformes au droit international, s’agissant de l’accès à une hygiène de base, à des denrées alimentaires ou à un abri, a-t-elle noté.  Elle a indiqué que de telles évacuations, qui ne remplissent pas des conditions de licéité, peuvent potentiellement s’apparenter à des transferts forcés, soit un crime de guerre.  Elle a en outre souligné la confusion des ordres d’évacuation vers de soi-disant zones humanitaires, celles-ci ayant été ultérieurement prises pour cible par Israël.

Israël ne remplit pas ses obligations, y compris en tant que Puissance occupante, s’agissant du bon acheminement de l’aide et de biens de première nécessité à Gaza pour répondre aux besoins de base de la population, a-t-elle tranché.  « Plus de 90% de la population à Gaza souffre désormais d’une insécurité alimentaire aiguë, et nombre d’habitants sont au bord d’une famine pourtant évitable, qui est le fait de l’homme. »  Les pertes civiles inacceptablement élevées, la destruction quasi complète des infrastructures civiles essentielles, les déplacements massifs de population et les conditions humanitaires abominables soulèvent de graves préoccupations en ce qui concerne la commission de crimes de guerre, a-t-elle exposé.  Elle a aussi pointé du doigt l’augmentation considérable de la violence commise par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie. 

La Sous-Secrétaire générale a également dénoncé les déclarations incendiaires de certains responsables israéliens militant pour une réinstallation permanente de Palestiniens au-delà des mers.  Ces déclarations ont alimenté les peurs d’une expulsion de force de Gaza et d’une impossibilité d’y revenir, a-t-elle fait remarquer en lançant un appel: « Cela ne doit pas se produire. »  « Nous devons œuvrer à un cessez-le-feu permanent et à la libération de tous les otages », a-t-elle dit, en y voyant là des premiers pas en vue d’une solution durable.  Enfin, elle a rappelé que la violence actuelle s’inscrit dans un contexte marqué par des décennies de violations des droits humains.  Il faut en traiter les causes profondes, a-t-elle conclu.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a regretté l’absence d’action sérieuse de la communauté internationale pour mettre un terme à ce qui se passe à Gaza, « une honte pour la conscience de l’humanité » à ses yeux. « Ne suffit-il pas de tuer plus de 30 000 personnes dont plus de 10 000 enfants, de blesser plus de 60 000 personnes et de détruire plus de 60% des bâtiments à Gaza? » Le délégué s’est demandé si la communauté internationale pouvait accepter que plus de 2 millions de personnes souffrent de la faim et de maladies.  Cibler tout signe de vie à Gaza et y détruire les infrastructures revient en fait à rendre Gaza inhabitable, a-t-il constaté en pointant l’objectif de tuer tout espoir de retour des Palestiniens dans leurs foyers pour mettre en œuvre la stratégie de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leur terre. Il a relevé que cette stratégie reçoit un grand soutien de la part de responsables de la Puissance occupante qui cherchent à mettre un terme à la question palestinienne en « évacuant les Palestiniens ». 

Ce plan de transfert forcé des Palestiniens est destiné à échouer, a prévenu le délégué, martelant qu’expulser les Palestiniens de chez eux est une violation claire et nette du droit international, en particulier de l’article 49 de la quatrième Convention de Genève.  Il a demandé à la communauté internationale de parler d’une seule voie pour dénoncer cette expulsion des Palestiniens, car « se taire c’est être complice ».  Avant de conclure, il a réitéré l’appel de l’Algérie en faveur d’un cessez-le-feu urgent et permanent à Gaza et son soutien à un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que la situation des Palestiniens de Gaza est insoutenable, 1,8 million d’entre eux ayant été déplacés.  La position de son pays est claire: les Palestiniens de Gaza doivent pouvoir rentrer chez eux dès que les conditions le permettront et les civils ne pas être contraints de quitter le territoire pour quelque motif que ce soit.  La représentante a rejeté sans équivoque les déclarations de certains ministres israéliens en faveur de l’expulsion des Palestiniens de Gaza, les jugeant « indignes et incompatibles avec une paix durable ».  Or, a-t-elle observé, le Conseil a été incapable de condamner le Hamas pour ses attaques du 7 octobre, y compris la prise d’otages, ni de reconnaître le déplacement de quelque 250 000 israéliens, ni l’utilisation de la population civile comme boucliers humains. 

Pendant ce temps, a poursuivi la représentante, la violence en Cisjordanie atteint des proportions sans précédent.  Elle a condamné les attaques menées par des Palestiniens contre des civils israéliens dans les territoires occupés ainsi que la violence des colons, qui entraîne le déplacement de communautés entières.  Qui plus est, les colonies sapent la viabilité géographique de la solution des deux États et ne font qu’aggraver les tensions.  Les États-Unis continueront de répondre à cette violence croissante en imposant des restrictions à leurs auteurs, a-t-elle assuré. Elle a exhorté le Gouvernement israélien à prévenir et à enquêter sur la violence perpétrée par les colons extrémistes, et à faire preuve de retenue dans ses opérations en Cisjordanie, s’agissant notamment des infrastructures civiles.  Enfin, l’Autorité palestinienne doit adopter des réformes afin d’assurer sa revitalisation.  Pour sa part, Israël doit remettre à celle-ci les recettes fiscales qui lui reviennent. Pour la représentante, la seule façon de mettre un terme au cycle terrible de violence est de parvenir à une paix durable. 

M. VASILY A. NEBENZYA (Fédération de Russie) a déploré les milliers de blessés, de tués et de déplacés dans la bande de Gaza, le manque d’accès aux ressources vitales et les bombardements des camps de réfugiés.  « Les attaques du 7 octobre commises par le Hamas ne peuvent légitimer les violations flagrantes du droit international et ce châtiment collectif imposés par Israël à la population gazaouite », s’est-il indigné.  Selon lui, les attaques perpétrées par le Hamas ne peuvent être détachées « du contexte plus large d’oppression et d’occupation infligé par Israël depuis des décennies ».  Il a ensuite regretté que la résolution 2712 (2023) n’inclut pas un appel au cessez-le-feu immédiat en raison de l’opposition des États-Unis, « d’où sa valeur pratique quasiment nulle ».  Concernant la résolution 2720 (2023), il a rappelé que sa délégation s’oppose à la teneur du paragraphe 2 du dispositif, « car la responsabilité incombe aux États Membres qui ont donné leur accord sous pression des États-Unis ». 

Le délégué a ensuite déclaré que les tirs ciblés contre les infrastructures civiles ont pour but de contraindre les civils à quitter leur terre, ce qui révèle « le dessein d’Israël d’y rendre la vie impossible ».  En vertu de la Convention de Genève, il s’agit de prendre des mesures pour empêcher cette « déportation de masse » par les Israéliens afin d’éviter un embrasement dans la région et le reste du monde, a-t-il prévenu.  Le délégué s’est ensuite dit inquiet « du projet d’Israël d’inonder 1 300 tunnels à Gaza avec de l’eau de mer ».  « La pollution des nappes phréatiques rendra le territoire inhabitable, ce qui pourrait être qualifié d’acte génocidaire », a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, le représentant a pointé du doigt la Cour pénale internationale, « qui fait montre d’une passivité déjà observée dans le cadre d’autres conflits ».  Réitérant la nécessité d’instaurer un cessez-le-feu, d’engager une action humanitaire, de remettre en liberté les otages et d’un dialogue politique pour parvenir à une solution à deux États, il a souligné que ce conflit embrase toute la région, comme le montre les récentes attaques au Yémen.  « Apparemment, une diplomatie effective bilatérale et arbitraire a la préférence des Américains, qui affirment qu’elle fonctionne mieux que les efforts multilatéraux », a-t-il désapprouvé. Le Conseil de sécurité se doit de revenir sur cette question, sous peine de voir le Moyen-Orient s’enfoncer dans une guerre encore plus lourde de conséquences, a-t-il exhorté en conclusion. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a demandé au Conseil de sécurité de rejeter clairement le transfert forcé de la population civile en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, comme il l’a fait deux fois en 2023 dans ses résolutions 2712 et 2720, la dernière ayant rappelé que la bande de Gaza fait partie intégrante du territoire occupé.  Il a réitéré l’importance de la solution des deux États, qui doit être « pacifique, définitive et équitable pour les deux parties ».  Le délégué a regretté que les dispositions de la résolution 2712 soient loin d’être exécutées, faute de progrès.  La situation ne cesse de s’aggraver sur le terrain et les otages du Hamas sont toujours retenus captifs, s’est-il désolé en s’inquiétant pour la population civile déplacée et du risque croissant d’expansion de la violence.  Le représentant a regretté que les résolutions du Conseil n’aient qu’un impact limité sur la réalité, en constatant qu’en l’absence de cessez-le-feu humanitaire, il est impossible de mettre en œuvre ce qui a été décidé. 

Il a invité le Conseil à tout faire pour que la situation s’améliore saluant l’ouverture du point de passage de Kerem Shalom par Israël permettant l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.  Il a salué la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice des affaires humanitaires et de la reconstruction à Gaza.  Le délégué a une nouvelle fois condamné l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 ainsi que les violences sexuelles commises sur des civils.  Il faut libérer tous les otages, immédiatement et sans condition, a-t-il exigé en insistant aussi sur les garanties d’acheminement de l’aide humanitaire. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a commencé par rejeter dans les termes les plus fermes toute déclaration proposant que les Palestiniens soient réinstallés en dehors de Gaza, y compris de la part de membres du Gouvernement israélien.  Les habitants de Gaza ne doivent pas être soumis à un transfert forcé ou à une réinstallation hors de la bande de Gaza, a-t-elle tranché.  Également préoccupée par les niveaux records de violence des colons extrémistes dans le Territoire palestinien occupé et par leurs effets dévastateurs, elle a demandé au Gouvernement israélien non seulement de condamner cette violence, mais aussi de prendre des mesures directes contre ceux qui en sont responsables, de leur demander des comptes et de veiller à ce que les civils palestiniens soient protégés.  La représentante a exigé qu’Israël cesse immédiatement toutes activités de colonisation et respecte toutes ses obligations légales. 

Les colonies sont illégales au regard du droit international et leur expansion est un obstacle à une paix durable en Israël, en Cisjordanie et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, a martelé la représentante.  Elle a appuyé le cessez-le-feu, mais un cessez-le-feu durable dans lequel le Hamas ne représente plus une menace pour la sécurité d’Israël, où l’aide est acheminée sans entrave et où les Palestiniens peuvent retourner dans les zones de Gaza d’où ils ont dû fuir.  En attendant, elle a plaidé pour des pauses humanitaires immédiates et durables qui permettraient de libérer les otages et d’augmenter l’aide à Gaza.  Conformément à la résolution 2720 (2023) du Conseil, le Royaume-Uni demande à Israël de permettre l’acheminement de volumes plus importants d’aide humanitaire, par le plus grand nombre d’itinéraires possible, a conclu la représentante.

M. ZHANG JUN (Chine) a constaté que depuis le début de ce conflit il y a près de 100 jours, plus de 200 membres du personnel de l’ONU et plus de 23 000 Gazaouites ont perdu la vie alors que plus de 90% de la population de la bande de Gaza a été déplacée et 60% des maisons détruites. Il ne s’agit pas là simplement de « chiffres froids », mais de pertes humaines et de souffrances quotidiennes, s’est alarmé le représentant, en exigeant un cessez-le-feu immédiat à l’instar de l’écrasante majorité de la communauté internationale.  Regrettant qu’un seul membre permanent de Conseil s’y oppose, le délégué lui a reproché de faire preuve de deux poids, deux mesures. Face aux demandes de certaines personnalités israéliennes en vue d’un transfert forcé des Palestiniens de Gaza, pour créer une soi-disant « zone sûre », le délégué s’y est fermement opposé en martelant que « Gaza est la terre du peuple palestinien ». Vivement préoccupé par ces demandes, il a dit que si cette idée devait se concrétiser, il s’agirait d’un crime atroce au regard du droit international qui anéantirait toute perspective pour la solution des deux États. 

La Chine suit de près les intentions déclarées d’Israël, a-t-il affirmé, mais elle accorde encore plus d’attention à ce qui se passe concrètement.  Le représentant a plaidé pour un accès sans entrave à l’aide humanitaire, notant que la famine et les maladies se propagent à Gaza alors que l’ordre social y est au bord de l’effondrement.  C’est Israël qui poursuit ses bombardements indiscriminés contre Gaza et érige de nombreux obstacles à l’acheminement de l’aide, s’est emporté le représentant, en estimant que c’est tout simplement inacceptable.  La Chine appuie toutes les mesures qui seront prises par le Conseil de sécurité pour permettre à l’aide d’entrer à Gaza et demande un cessez-le-feu permanent qui permettra d’éviter que tout le Moyen-Orient ne s’embrase.  Le délégué a donc demandé à la communauté internationale d’œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu et à Israël de mettre fin à la destruction de la bande de Gaza, de lutter contre la violence des colons et de transférer les recettes fiscales à l’Autorité palestinienne sans tarder. Il a conclu en demandant à toutes les parties de respecter la Charte des Nations Unies et le droit international, et de conjuguer leurs efforts pour maintenir la paix et la sécurité au Moyen-Orient et en mer Rouge.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est alarmée de la situation catastrophique à Gaza qui provoque décès, souffrances et déplacements parmi la population civile privée des produits de première nécessité.  Les femmes et les enfants souffrent de manière disproportionnée de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la paralysie du système de santé.  Dans ces conditions, elle a réaffirmé l’urgence de faciliter véritablement l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, en ouvrant des points de passage supplémentaires et en levant les obstacles bureaucratiques arbitraires aux opérations humanitaires.  Il est tout aussi essentiel d’assurer la sécurité du personnel humanitaire et onusien, ainsi que l’intégrité de celle de leurs locaux, a-t-elle ajouté. 

Pour y parvenir, la déléguée a appelé à la mise en œuvre immédiate des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, tout en se disant impatiente de travailler avec la nouvelle Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza.  Elle a également demandé la libération immédiate et sûre des otages restants.  Selon la représentante, l’établissement d’un cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen de mettre en place une réponse humanitaire significative dans l’ensemble de l’enclave.  Le transfert forcé de populations et le transfert de populations hors des territoires occupés constituent par ailleurs une grave violation du droit international humanitaire, a-t-elle rappelé, et un crime de guerre au sens de la quatrième Convention de Genève.  Pour ce qui est de la Cisjordanie, la déléguée a exprimé sa profonde préoccupation face aux démolitions, à l’empiétement des colons illégaux et à la violence qui y persiste. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a déploré l’ampleur des souffrances à Gaza, « une des pires catastrophes au monde ».  Alors que le Conseil de sécurité a adopté les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), leur application demeure « illusoire » du fait de la poursuite des combats, a-t-il regretté.  Afin de parvenir à une désescalade du conflit et de créer des conditions propices à l’apaisement des tensions, il a souhaité que les otages soient libérés, et ce, sans condition.  Sa délégation est, par ailleurs, préoccupée par les récents discours des ministres israéliens sur la « réinstallation » de Palestiniens en dehors de la bande de Gaza.  « Toute tentative de transfert par la force est une violation du droit international », a-t-il prévenu.  Il a encouragé au contraire à créer des conditions propices au retour des civils vers leur foyer.  Le Japon continuera de tout mettre en œuvre pour la désescalade du conflit et la création d’une solution à deux États, a déclaré le délégué. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a rejeté les récentes déclarations de membres du Gouvernement israélien proposant le déplacement massif des Palestiniens de Gaza, ce qui constituerait une grave violation du droit international humanitaire et un crime de guerre.  De telles déclarations ne font qu’exacerber les tensions, a ajouté le représentant, en se disant consterné par les conditions de vie actuelles des 85% de la population gazaouite.  Les opérations militaires, y compris les bombardements aveugles, forcent les gens à fuir sans arrêt.  Saluant la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice de l’aide humanitaire et de la reconstruction de la bande de Gaza, le délégué a appelé au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme à Gaza, où aucun endroit n’est plus sûr.  Où les habitants vont-ils pouvoir revenir puisque les hôpitaux, les sites religieux, les écoles, les musées et même l’ancien port de Gaza ont été détruits? s’est-il demandé.

Le représentant a reconnu que le Hamas se sert de certaines infrastructures civiles pour poursuivre ses attaques contre Israël, se disant conscient de la brutalité de l’attaque du 7 octobre contre des civils israéliens.  Préoccupé par les informations relatives à des violences sexuelles commises par ses militants, il a exigé qu’une enquête soit ouverte à ce sujet.  Il a appelé le Hamas à libérer immédiatement tous les otages.  Mais cela ne peut justifier la destruction des infrastructures civiles et des vies gazaouites, a tranché le délégué, en condamnant une nouvelle fois les appels aux déplacements de populations à Gaza.  L’ONU doit pouvoir acheminer l’aide humanitaire à la population locale, a-t-il exhorté, avant d’exiger en conclusion un cessez-le-feu immédiat.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a condamné dans les termes les plus forts les attaques odieuses du Hamas et demandé la libération des otages. Il a dénoncé les attaques contre les civils palestiniens, ainsi que l’infliction de tout châtiment collectif. Le délégué a rejeté toute tentative visant à des transferts forcés de Palestiniens hors de Gaza et de la Cisjordanie. Il a souligné la gravité de la situation humanitaire à Gaza, ainsi que l’insuffisance de l’aide.  Le délégué a exhorté les parties à se conformer aux résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil, en vue d’aboutir à un accès humanitaire sans entrave à Gaza.  Enfin, il a demandé un cessez-le-feu permanent et plaidé pour la solution des deux États.

M. SANGJIN KIM (République de Corée) a souligné l’importance de pauses humanitaires plus durables à Gaza, en vue d’aboutir à une cessation des hostilités.  Sur cette base, l’acheminement de l’aide humanitaire doit être accru et facilité, a souhaité le délégué, en mentionnant les innombrables camions qui attendent d’entrer à Gaza.  Il a appelé tous les acteurs régionaux à faire montre de la plus grande retenue afin d’aboutir à une désescalade des tensions en Cisjordanie, en mer Rouge et le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban.  Tous les États ont le droit de se protéger et de protéger leurs citoyens, mais ce droit doit être exercé conformément au droit international, a rappelé le délégué.  Il a enfin demandé que le droit des Palestiniens de vivre sur leurs propres terres soit garanti.  « Les transferts forcés, de masse ou individuels, de Palestiniens hors de la Palestine, y compris Gaza, sont tout simplement inacceptables. »

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a exprimé sa profonde préoccupation face au transfert forcé de la population de Gaza depuis le 7 octobre.  De nombreux Palestiniens ont été déplacés à plusieurs reprises, pendant que des responsables israéliens suggèrent que le peuple de Gaza devrait être transféré de force vers des pays de la région et ailleurs.  Le Guyana, a martelé la représentante, rejette ces propositions et appelle le Conseil à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population palestinienne d’un tel sort, qui rappelle celui de 1948.  Les circonstances dans lesquelles ces personnes ont été arrachées à leurs foyers et à leurs moyens de subsistance ont entraîné une situation humanitaire catastrophique.  De plus, a-t-elle noté, la perspective de création d’un État palestinien ne peut être dissociée de la nécessité pour le peuple palestinien d’habiter le territoire qui lui appartient.  Son expulsion forcée, combiné à la colonisation croissante en Cisjordanie, ne laisse aucun doute sur le sort probable de la solution des deux États. À ce stade, un cessez-le-feu immédiat est crucial, a fait valoir la représentante. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a jugé inacceptables les transferts forcés de populations à Gaza et les restrictions imposées à l’aide humanitaire dans une bande qui souffre de bombardements intenses.  Il a dénoncé la destruction d’infrastructures civiles vitales, en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  « Le pic de l’escalade régionale du conflit au Moyen-Orient a atteint son plus haut niveau. »  Le délégué a jugé impératif que ce conflit cesse immédiatement et a appelé à faire preuve de modération et de retenue.  Le droit international relatif aux conflits doit primer sur les actions belligérantes et tous les acteurs doivent mettre fin à la violence et aux opérations militaires, a-t-il lancé.

Le représentant a misé sur un cessez-le-feu immédiat pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, en application des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, des textes qui devraient également permettre des négociations en vue de la paix.  Citant le Haut-Commissaire pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, le délégué a dit que « résoudre le problème des transferts forcés n’est pas seulement un impératif moral ou humanitaire, mais traite également de questions qui sont au cœur du mandat du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales ».  Il faut reprendre le dialogue avant que la situation ne se détériore irrémédiablement, a-t-il tranché en rappelant son soutien à la solution des deux États. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a indiqué qu’en trois mois, la bande de Gaza est devenue inhabitable et, comme le dit le Secrétaire général, « nul n’y est en sécurité ».  « La Suisse rejette et condamne toutes les déclarations visant à expulser les civils hors du Territoire palestinien occupé, y compris de Gaza. »  Il a rappelé que les Conventions de Genève interdisent le transfert forcé de populations qui peut constituer des crimes de guerre.  « Nous appelons les dirigeants de toutes les parties à s’abstenir de toute mesure unilatérale et de tout acte de provocation ou propos inflammatoire notamment ceux pouvant constituer une violation du droit international. » Il est urgent de négocier un tournant décisif pour sortir de cette crise qui menace la paix et la sécurité des Israéliens, des Palestiniens, de la région tout entière et bien au-delà, a-t-il poursuivi.  Enfin, il a estimé que la recherche d’une solution politique à deux États, prônée par ce Conseil depuis des années, est impérative.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a plaidé en faveur d’un cessez-le-feu durable, avec l’aide de tous les partenaires régionaux et internationaux, afin de pouvoir acheminer davantage d’aide humanitaire aux populations civiles de Gaza, aide à laquelle la France continuera de contribuer.  Réitérant l’appel de la France à la libération immédiate et sans conditions de tous les otages, il a appelé le Conseil à condamner dans les termes les plus forts les attaques terroristes commises par le Hamas et d’autres groupes terroristes le 7 octobre dernier.  La France poursuivra son action pour établir des sanctions contre le Hamas au niveau européen, a-t-il ajouté.

Le délégué a dit que la France continuera de s’engager dans la voie d’une sortie de crise rapide fondée sur la solution des deux États, soulignant que le Président Macron poursuit ses échanges denses avec les acteurs de la région pour y parvenir.  L’Autorité palestinienne a un rôle central à jouer dans ce processus, en Cisjordanie comme à Gaza, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que, selon la résolution 2712 (2023), le transfert forcé de populations civiles est contraire au droit international.  Il a aussi condamné la politique de colonisation, illégale également au regard du droit international et obstacle majeur à la perspective d’une solution à deux États.  Soucieux aussi d’éviter un embrasement régional, il a souligné que la stabilité du Liban et de la région nécessite le plein respect de la résolution 1701 (2006) par toutes les parties.  Enfin, il a condamné les attaques des houthistes contre les navires commerciaux en mer Rouge.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a d’abord remercié l’Afrique du Sud d’avoir saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël pour le crime de génocide.  Afin d’éviter une escalade régionale, un cessez-le-feu immédiat est indispensable, a exigé M. Mansour, estimant que sauver les vies d’enfants palestiniens est tout aussi urgent que de protéger les voies de navigation maritime.  Le peuple palestinien est confronté à des massacres à grande échelle visant à lui faire subir des transferts forcés.  C’est une Nakba qui se déroule sous les yeux du monde entier, s’est ému l’Observateur permanent, 70% des Palestiniens de Gaza étant déjà des réfugiés privés de leur droit au retour depuis des décennies.  Aujourd’hui, ils pleurent leurs proches, leurs maisons et leurs villes détruites.

En 100 jours, a poursuivi M. Mansour, pratiquement tous les Palestiniens de Gaza ont été déplacés de leurs foyers, trouvant refuge dans un abri de l’ONU ou sous une tente.  Ils ne trouvent la sécurité nulle part mais la mort partout, a-t-il résumé.  Israël a délibérément tout détruit et tué nos enfants, nos médecins, nos journalistes, nos ingénieurs, nos poètes, nos universitaires, en espérant que les Palestiniens partiraient sous la pression des bombardements.  Pour le représentant, il est injuste que leurs vies soient un enfer sur Terre simplement parce qu’ils refusent de quitter leur patrie.  Paraphrasant le Secrétaire général, l’Observateur permanent a dit que sauver des vies civiles, permettre l’accès de l’aide humanitaire, prévenir la famine, arrêter la propagation des maladies infectieuses, et empêcher l’escalade régionale sont autant de mesures qui exigent un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Israël, a estimé M. Mansour, veut que le peuple palestinien choisisse entre la destruction et les transferts forcés, entre le génocide et le nettoyage ethnique.  Il a encouragé le Conseil à agir pour mettre fin au génocide en cours, pour sauver des vies, pour mettre fin à ce carnage et pour rétablir la vie à Gaza.  Pour mettre fin à ce conflit, le consensus international est clair: il n’y a pas un peuple de trop dans la région, il manque un État indépendant.  « Agissez en conséquence.  Protégez le peuple palestinien et soutenez l’indépendance de l’État palestinien », a exhorté l’Observateur permanent, en insistant sur le fait que « le peuple palestinien est là pour rester.  Il a le droit de vivre dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale. C’est la seule voie vers une paix et une sécurité partagées.  Tous ceux qui veulent une paix et une sécurité partagées doivent soutenir un cessez-le-feu immédiat » a-t-il insisté en conclusion.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a relevé qu’après 21 séances du Conseil de sécurité sur cette question depuis le 7 octobre, en plus de deux résolutions du Conseil et deux autres de l’Assemblée générale, aucun texte n’a condamné le Hamas pour ses « massacres abominables ». Aucune discussion du Conseil n’a porté sur la libération des otages depuis 100 jours, et aucune mesure n’a été prise en vue de leur libération.  Le représentant y a vu autant de « symptômes du cancer qui gangrène l’ONU », laquelle est « exploitée par des dictateurs et des violeurs des droits humains ».  Aujourd’hui, l’ONU est devenue « une nouvelle arme dans l’arsenal des terroristes », perdant à ses yeux toute crédibilité morale. « L’ONU ne se distingue aujourd’hui que par la diabolisation d’Israël », a-t-il ajouté.  Depuis la création de ce pays, « les Palestiniens utilisent tous les moyens à leur disposition pour nous détruire », notamment l’ONU, utilisée comme « arme », et parlant de la « Nakba » comme d’un échec à détruire le peuple israélien.  Selon le représentant, chaque instance onusienne est une arme utilisée par les Palestiniens contre Israël.  « Que les choses soient claires: il n’y a pas de transfert forcé. »  Israël n’a nullement l’intention de déplacer la population de Gaza, a assuré le représentant, mais se bat simplement contre les terroristes du Hamas.  Israël a d’ailleurs demandé l’évacuation temporaire des zones de guerre actives. 

Poursuivant, le représentant a cité en exemple l’expulsion de plus d’un million d’Afghans du Pakistan sans que le Conseil n’intervienne.  Or, ce déplacement de musulmans par un pays musulman ne signifie selon lui rien pour l’Algérie puisqu’il ne concerne pas des Juifs. « Le Conseil est mené par les objectifs politiques empoisonnés de l’écrasante majorité de l’ONU », a ajouté le représentant.  Qui plus est, en 2023, l’Assemblée générale a adopté davantage de résolutions contre Israël que contre l’Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Syrie combinées.  « L’ONU est non seulement cassée, elle est aussi dangereuse », a-t-il accusé. Chaque jour, Israël facilite l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, tandis que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) refuse de faire rapport sur les victimes israéliennes des attentats du 7 octobre, attentats que n’a pas condamnés l’Autorité palestinienne. 

Le représentant a encore relevé que la RPDC a été élue au conseil d’administration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), où siègent également la Syrie et le Yémen.  Il en va de même de l’UNRWA, dont des employés ont selon lui glorifié sur Telegram les massacres du Hamas.  Des armes et des roquettes ont été trouvées dans des écoles administrées par l’UNRWA à Gaza, a-t-il ajouté, avant de dénoncer l’alimentation de la haine par une institution onusienne.  À cet égard, il a dénoncé aussi l’inaction du Conseil des droits de l’homme face à des pays tels que Cuba ou le Venezuela ou encore l’Iran, alors qu’il s’en prend à Israël à chaque session.  « Pour l’ONU, les ténèbres sont la lumière et le mal est le bien. » 

Illustration de la « réalité dystopique » de l’ONU, l’Afrique du Sud a saisi « de manière éhontée » la Cour internationale de Justice (CIJ).  « Comment est-il possible que la Convention sur la prévention du génocide, adoptée après le génocide du peuple juif, soit utilisée contre l’État juif pour servir les visées du Hamas? » s’est-il demandé, en considérant cette affaire « sans fondement ».  Il a ensuite accusé l’ONU d’être complice des terroristes du Hamas qui exploitent l’aide internationale pour alimenter sa machine de guerre.  Aucun pays n’accepterait un cessez-le-feu dans de telles circonstances, a-t-il répété. « Le moment est venu de rebâtir l’ONU », a préconisé en conclusion le délégué. 

M. BENDJAMA (Algérie) a salué les contributions substantielles faites lors de cette séance, notant le consensus parmi les membres du Conseil sur le rejet de tout projet de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leurs terres.  C’est un consensus rare, a souligné le délégué, en appelant à faire fond sur ce consensus « retrouvé ».  « Cela aurait une résonance extraordinaire au sein de l’opinion publique du monde entier et dans notre région. »  Il a enfin rappelé que le Conseil a besoin de restaurer sa crédibilité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.