9534e séance, après-midi et soir
CS/15569

Débat ministériel du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient: le Secrétaire général juge « inacceptable » tout rejet de la solution des deux États

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a jugé « inacceptable », cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le rejet « clair et répété » de la solution des deux États exprimé la semaine dernière par le Gouvernement israélien. La solution des deux États, « laissée pour morte » à maintes reprises, reste le seul moyen de parvenir à une paix durable et équitable, a déclaré M. Guterres.  Cette position a été partagée par la quasi-totalité de la cinquantaine d’orateurs à avoir pris la parole lors de ce débat public trimestriel qui s’est tenu à un niveau ministériel.

Si le Conseil a entendu des appels insistants, y compris du Secrétaire général, pour un cessez-le-feu à Gaza afin d’acheminer de l’aide et de libérer les otages aux mains du Hamas, c’est bien la question d’une paix durable qui a dominé les débats.  « La paix entre Palestiniens et Israéliens ne peut venir que de la solution des deux États », a martelé le Secrétaire général, en y voyant le seul moyen de satisfaire les besoins sécuritaires des Israéliens et les aspirations légitimes des Palestiniens à un État.  « L’occupation israélienne doit cesser. » 

Le Secrétaire général a noté que des amis d’Israël, « y compris ceux siégeant autour de cette table », ont lancé des appels pressants en faveur de ladite solution. Son refus et le déni du droit des Palestiniens à un État ne feront que prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu un risque majeur pour la paix et la sécurité mondiales, a averti M. Guterres.  Le droit des Palestiniens à un État doit être reconnu par tous et le refus de la solution des deux États doit être condamné. 

« Quelle est l’alternative? »  Le Secrétaire général s’est en effet interrogé sur les contours d’une solution à un seul État avec, en son sein, un aussi grand nombre de Palestiniens sans réels droits, liberté et dignité.  « Cela est inconcevable ».  À cette aune, M. Guterres a estimé que le rôle de la communauté internationale est clair.  « Nous devons nous unir pour soutenir les Israéliens et les Palestiniens afin qu’ils prennent des mesures fortes en faveur d’un véritable processus de paix. » 

Une position unanimement partagée, notamment par le Vice-Premier Ministre de la Jordanie, qui a fustigé l’opposition israélienne à la solution des deux États.  « Imposez la paix, parce que si vous ne le faîtes pas, le Gouvernement israélien continuera d’imposer la guerre, la mort et la haine », a-t-il lancé aux membres du Conseil.  Face au refus d’Israël de la solution des deux États, il incombe au Conseil et à l’ONU de répondre avec la plus grande fermeté, a appuyé le Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie.

Le Ministre algérien a également fait sienne la demande d’adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU et évoqué l’initiative de l’Afrique du Sud de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant la guerre « génocidaire » à Gaza.  « Il y a deux voies possibles: la liberté des Palestiniens, menant à la paix dans la région, ou le déni de cette liberté, plongeant la région dans un conflit perpétuel », a abondé le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine. 

Il a précisé que le monde arabe, soutenu par la communauté internationale, a choisi la première voie. « Israël continue de maintenir l’illusion qu’il existe une troisième voie par laquelle l’occupation constante, le colonialisme et l’apartheid permettront de parvenir à la paix. »  Le Ministre a appelé à convoquer une conférence internationale afin de faire respecter le consensus international concernant une solution à deux États.  Le délégué de l’Union européenne a, lui, relayé les appels pour une conférence de paix lancés, la veille, par les 27 ministres des affaires étrangères de l’Union.

De son côté, le Ministre d’État du Royaume-Uni a mentionné les grands axes d’une solution pacifique, parmi lesquels, outre la reconstruction de Gaza, un gouvernement dirigé par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, la revitalisation de l’Autorité palestinienne et la solution des deux États.  Il ne revient ni à Israël ni à quiconque de décider comment les Palestiniens seront demain gouvernés, ni de l’étendue de leur souveraineté, a fait valoir le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, qui présidait la séance, en appelant également de ses vœux à une telle solution.

Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a, pour sa part, signalé avoir tenté « une nouvelle fois », avant la présente réunion, d’obtenir une réaction solidaire du Conseil en lui soumettant un projet de déclaration présidentielle exigeant un cessez-le-feu à Gaza.  « Hélas, les États-Unis et leurs alliés ont bloqué ce document, confirmant que préserver la vie des civils palestiniens n’est pas leur priorité. »  Le délégué de la Chine a, de même, déploré que le Conseil n’ait pas pu adopter de déclarations, malgré les projets en ce sens qui contenaient par ailleurs des éléments relatifs à la solution des deux États.

« L’heure est venue pour le Conseil de condamner sans ambages les atrocités et la terreur émanant du Hamas », a, de son côté, déclaré la Sous-secrétaire d’État à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits humains des États-Unis, en insistant sur la nécessité de régler la crise des otages pour avancer vers la paix. Elle a déploré l’attitude de la Russie, en particulier son refus de condamner les attaques du Hamas du 7 octobre dans le projet de déclaration présidentielle.  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une solution à deux États. 

Le représentant d’Israël a, lui, axé son propos sur le Hamas et sur l’Iran.  Le Hamas, « qui veut mener un génocide contre les Juifs », a massacré plus de 1 200 Israéliens en une journée, a-t-il rappelé en comparant avec les attaques du 11 septembre: « cela représente proportionnellement 20 fois plus de morts ».  Le délégué a exprimé son inquiétude face à un cessez-le-feu permanent tel que demandé par certains membres du Conseil, une résolution de la situation qui, selon lui, permettrait au Hamas de se renforcer et de mener un « nouvel Holocauste » en Israël.  « Mon pays n’a pas choisi cette guerre », a-t-il conclu.

Le Conseil a suspendu cette séance à 20 heures pour la reprendre demain, mercredi 24 janvier, à 15 heures.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que plus de 100 jours se sont écoulés depuis les attaques terroristes odieuses lancées par le Hamas contre Israël.  « 100 jours de chagrin et d’angoisse. »  Il a exigé la libération des otages, avant de prendre note de la proposition d’Israël d’une trêve de deux mois en échange d’une libération échelonnée de tous les otages. 

« Ces 100 derniers jours ont été dévastateurs et catastrophiques pour tous les civils palestiniens de Gaza. »  Plus de 25 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été tuées dans les opérations israéliennes et plus de 60 000 autres blessées.  « Rien ne peut justifier le châtiment collectif du peuple palestinien. »  Il a détaillé la situation humanitaire déplorable qui règne à Gaza, ainsi que l’aide que l’ONU essaye d’apporter, malgré des obstacles considérables.  Il a exhorté toutes les parties à coopérer avec la Coordonnatrice principale de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, Mme Sigrid Kaag. 

« Ne nous voilons pas la face. »  Malgré tous les efforts entrepris, aucune opération humanitaire ne peut aboutir dans les conditions qui sont celles imposées aux Palestiniens à Gaza, a tranché le Secrétaire général.  « Il est illusoire de penser que 2,2 millions de personnes peuvent survivre avec seulement une aide humanitaire. »  Il a estimé que l’acheminement de l’aide ne consiste pas à compter des camions, mais à s’assurer que l’assistance nécessaire, en volume et en qualité, soit fournie aux personnes qui en ont le plus besoin. Il a plaidé pour l’adoption d’une série de critères opérationnels pour que cette aide soit apportée.  « Nous avons besoin de sécurité. »  Les mécanismes de notification actuels ne permettent pas d’avoir une pleine confiance dans les opérations menées, a concédé le Secrétaire général. 

Nous avons besoin de davantage de points de passage vers Gaza afin de réduire les goulots d’étranglement, a-t-il poursuivi.  Il a également demandé que la fourniture de l’aide transitant par le port israélien d’Ashdod reprenne.  « Nous avons besoin d’un accès au nord. »  Il a ajouté qu’Israël a opposé un refus à la plupart des missions humanitaires, tandis que les affrontements se poursuivent dans le nord. Il a demandé un accès humanitaire sans entrave à Gaza, la cessation de toutes les violations du droit international humanitaire et la fin du recours à des boucliers humains.  Le Secrétaire général a également renouvelé son appel en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, afin d’acheminer l’aide nécessaire, de faciliter la libération des otages et de faire baisser les tensions dans la région. 

Les risques d’une escalade régionale accrue sont en effet devenus réalité, a continué le Secrétaire général, en pointant le risque très élevé d’une erreur de calcul.  Il a exhorté toutes les parties à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire et de toute activité de nature à alimenter les tensions.  Jugeant la situation en mer Rouge très préoccupante, il a estimé capitale une désescalade, en appelant à la cessation de toutes les attaques contre les navires marchands.  En Syrie, il a demandé une solution politique facilitée par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015), avant de plaider, s’agissant de la situation le long de la Ligne bleue, pour la pleine application de la résolution 1701 (2006).

Enfin, il a estimé qu’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens ne peut venir que de la solution des deux États.  Il a demandé la concrétisation des besoins sécuritaires des Israéliens et des aspirations légitimes des Palestiniens à un État indépendant.  « L’occupation israélienne doit cesser. »  Il a jugé « inacceptable » le rejet « clair et répété », la semaine dernière, de ladite solution par le Gouvernement israélien à ses échelons les plus élevés.  « Cela malgré les appels insistants des amis d’Israël, y compris ceux siégeant autour de cette table. »  Un tel refus et le déni du droit des Palestiniens à un État ne feront que prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu un risque majeur pour la paix et la sécurité mondiales, a-t-il averti. 

Le droit des Palestiniens à un État doit être reconnu par tous et le refus de la solution des deux États doit être condamné.  « Quelle est l’alternative? Quelle peut être la solution à un seul État avec, en son sein, un aussi grand nombre de Palestiniens sans réels droits, liberté et dignité? »  Cela est inconcevable, a tranché le Secrétaire général, en estimant que la solution des deux États est la seule à pouvoir répondre aux aspirations des Palestiniens et des Israéliens. 

À cette aune, il a estimé que le rôle de la communauté internationale est clair. « Nous devons nous unir pour soutenir les Israéliens et les Palestiniens afin qu’ils prennent des mesures fortes en faveur d’un véritable processus de paix. »  La solution des deux États, qui a été critiquée, dénigrée et laissée pour morte à maintes reprises au cours des deux dernières décennies, reste le seul moyen de parvenir à une paix durable et équitable, a conclu M. Guterres.

M. RIYAD AL MALIKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine, a affirmé que les circonstances actuelles sont dues à un « effort prémédité d’infliger une peine maximale au peuple palestinien » en combinant trois facteurs: des bombardements aléatoires, un siège continu privant la population des biens essentiels à sa survie, et un déplacement forcé de population.  Alors qu’on empêche le Conseil de sécurité d’appeler à un cessez-le-feu immédiat, le monde entier demande un cessez-le-feu humanitaire afin de protéger les civils et atteindre la paix, a-t-il rappelé.  Il a néanmoins relevé que, « pour les dirigeants israéliens, le peuple palestinien est une menace démographique dont il faut se débarrasser via l’épuration ethnique, le génocide ou l’apartheid ».  Il a dès lors appelé les dirigeants à être davantage préoccupés par cette réalité que par les mots utilisés pour la décrire.

Selon le Ministre, il y a deux voies possibles: la liberté des Palestiniens, menant à la paix dans la région, ou le déni de cette liberté, plongeant la région dans un conflit perpétuel.  Le monde arabe, soutenu par la communauté internationale, a choisi la première voie, a-t-il remarqué.  Pourtant, a-t-il poursuivi, Israël continue de maintenir l’illusion qu’il existe une troisième voie par laquelle une occupation continue, le colonialisme et l’apartheid permettront de parvenir à la paix.  Rappelant que les enfants palestiniens ne devraient avoir à se battre pour leur survie ou leurs droits fondamentaux, il a jugé indispensable de sanctionner le non-respect du droit international.  À cet effet, il a appelé à convoquer une conférence internationale afin de faire respecter les résolutions des Nations Unies et le consensus international concernant une solution à deux États.  Nous avons deux choix: un cessez-le-feu ou un embrasement du conflit, avec les conséquences qu’on lui connaît actuellement, a-t-il conclu. 

Le représentant d’Israël a estimé que le Moyen-Orient souffre d’un « cancer » qui ne peut être soigné par « une aspirine », mais nécessite un traitement à la racine.  Déplorant le détournement de l’aide humanitaire par le Hamas pour ses activités militaires à Gaza, il a rappelé que cette organisation, « qui veut mener un génocide contre les Juifs », a massacré plus de 1 200 Israéliens en une journée, ce qui représente proportionnellement 20 fois plus de morts que les attaques du 11 septembre.  Le délégué a exprimé son inquiétude face à un cessez-le-feu permanent tel que demandé par certains membres du Conseil de sécurité, une résolution qui, selon lui, permettrait au Hamas de se renforcer et de mener un « nouvel Holocauste » en Israël.  « Israël n’a pas choisi cette guerre », a-t-il affirmé, « mais nous défendrons notre avenir, comme vous tous défendriez l’avenir de votre pays ».

Le représentant a ensuite identifié l’Iran comme la principale menace sécuritaire dans la région.  Il a accusé le « régime des Ayatollahs » non seulement de financer le Hamas, mais aussi de fournir des armes sophistiquées à des groupes terroristes semant le chaos dans la région, notamment en Arabie saoudite, en Iraq, en Syrie, en Libye, dans les Émirats arabes unis, au Yémen… Il a illustré ses propos en montrant une photo d’armes iraniennes saisies par la marine américaine à des soldats houthistes en mer Rouge.  Il a aussi accusé l’Iran de déstabiliser des pays africains (Maroc, Mali, Niger) et européens (Albanie, Ukraine).  « La terreur iranienne va tous vous toucher », a-t-il averti. Le représentant a conclu en exhortant le Conseil de sécurité à ne pas se focaliser seulement sur l’acheminement de l’aide à Gaza, mais à reconnaître et à agir face à la véritable menace que représente l’Iran, sous peine d’un « avenir collectif très sombre ».

M. STÉPHANE SÉJOURNÉ, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les otages et a exhorté à condamner, « sans équivoque et sans tarder davantage », les attaques terroristes du 7 octobre, invitant en outre le Conseil à ouvrir les yeux sur les violences sexuelles que les terroristes du Hamas ont utilisées comme armes de guerre.  Il a également appelé à agir en faveur de la population civile de Gaza et œuvrer à un cessez-le-feu.  Le Ministre a fait savoir que plus de la moitié des 100 millions d’euros d’aide humanitaire annoncés par Paris en novembre passera par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et qu’en 2024, la France mobilisera 100 millions d’euros supplémentaires.  Il a appelé au respect des exigences posées par le Conseil dans ses deux résolutions humanitaires, notant que cela implique d’œuvrer immédiatement à un cessez-le-feu durable. 

Le Ministre a ensuite estimé que le Conseil a le devoir de déployer tous les efforts possibles en vue d’une solution politique au conflit israélo-palestinien.  Pour y parvenir, il faut une relance décisive et crédible du processus de paix, a-t-il préconisé, non sans rappeler les « paramètres de la solution »: deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité, dans des frontières sûres et reconnues sur la base des lignes de 1967, et ayant l’un et l’autre pour capitale Jérusalem.  Selon lui, il ne revient ni à Israël ni à quiconque, de décider, pour les Palestiniens, comment ils seront demain gouvernés, ni l’étendue de leur souveraineté. De même, il revient à l’Autorité palestinienne de pouvoir exercer sa pleine autorité à Gaza.  Qualifiant en outre d’inacceptables les violences perpétrées par des colons violents contre la population civile palestinienne en Cisjordanie, il a indiqué qu’avec ses partenaires, la France prendra le moment venu des initiatives pour que le Conseil se saisisse de l’ensemble de ces questions politiques. 

Le Ministre s’est par ailleurs déclaré particulièrement préoccupé par la montée des tensions autour de la Ligne bleue, de même que par les attaques commises par les houthistes en mer Rouge et les violations de la souveraineté de l’Iraq.

M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a exprimé sa gratitude au Secrétaire général pour ses efforts destinés à alléger les souffrances à Gaza, malgré les tentatives de porter atteinte à sa crédibilité par un « occupant dont la tyrannie ne connaît aucune limite ».  Les « martyrs » de Gaza, a-t-il ajouté, sont tombés « pour une patrie qui est la leur et une cause qui est la leur et la nôtre ».  Alors que « l’agression » à Gaza approche de son cinquième mois, la possibilité de dissuader l’occupant israélien semble lointaine, a reconnu le Ministre.  À cet égard, il a relevé trois défis principaux, à commencer par assurer le respect des résolutions pertinentes de l’ONU.  Nous devons en outre refuser qu’un Membre de l’Organisation bénéficie d’un traitement privilégié inacceptable.  Autre défi: celui de contraindre l’occupation israélienne à respecter le droit international et à mettre fin à l’impunité. 

Dans cette optique, le Ministre a accueilli favorablement les efforts visant à mettre fin à ce traitement privilégié en amenant l’occupant à prendre acte des responsabilités qui lui incombent.  À cette fin, il a souligné l’initiative du Président algérien de réunir des juristes afin d’engager des poursuites contre Israël devant les instances internationales.  Il a évoqué l’initiative de l’Afrique du Sud de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant la guerre « génocidaire » à Gaza.  Dans l’intervalle, la priorité absolue doit être accordée à un cessez-le-feu immédiat, a plaidé le Ministre.  Face au refus d’Israël de la solution des deux États, il incombe au Conseil de sécurité et à l’ONU de répondre avec la plus grande fermeté, a-t-il estimé.  Il a fait sienne la demande d’adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU présentée par le Mouvement des pays non alignés.  Enfin, le Ministre a réitéré la demande de son pays de convoquer une conférence internationale pour la paix sous l’égide de l’ONU. « Faisons de Gaza une leçon qui nous pousse à agir », a-t-il conclu. 

Mme TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a souligné que seul un cessez-le-feu respecté par toutes les parties permettra d’assurer la protection des civils, l’acheminement de l’aide humanitaire et le retour en toute sécurité des déplacés. Elle a condamné l’idée d’un déplacement massif des populations de Gaza défendue par certains responsables israéliens. Elle a appelé à leur retour sûr dans les différents territoires de la région.  Condamnant, une nouvelle fois, les attaques terroristes du 7 octobre, elle a réitéré son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. 

Seul un cessez-le-feu créera les conditions pour la paix, a-t-elle insisté, rappelant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit mais bien une solution à deux États qui devrait être examinée dans le cadre d’une conférence internationale sur la paix.  Un cessez-le-feu permettra aussi d’établir les responsabilités car nous ne pouvons fermer les yeux sur les nombreuses violations du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-elle précisé.  Un cessez-le-feu contribuera également à empêcher une nouvelle escalade régionale à l’heure où le conflit sert déjà de prétexte à des attaques en Cisjordanie et dans la mer Rouge.  La Vice-Première Ministre a rappelé que la liberté de navigation est cruciale pour la circulation des biens essentiels.  Enfin, a-t-elle conclu, un cessez-le-feu permettra la reconstruction de Gaza sous la direction d’une Autorité palestinienne revitalisée, avec le soutien de l’ONU et de la communauté internationale. 

M. IGNAZIO CASSIS, Conseiller fédéral et Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a condamné fermement les attaques du Hamas contre Israël et a exigé la libération immédiate de tous les otages détenus par le Hamas.  Exprimant sa préoccupation face à la persistance des violences depuis le 7 octobre, il a regretté que les civils continuent d’être victimes des combats et que le droit international humanitaire soit constamment violé, malgré l’adoption de deux résolutions essentielles par le Conseil de sécurité. 

Face à cette situation, M. Cassis a insisté sur la nécessité de ne pas céder à la frustration ni au découragement, et a souligné trois points essentiels pour une paix durable au Proche-Orient: la nécessité d’un consensus politique régional, dans un contexte qui a beaucoup changé depuis les Accords de Camp David ou d’Oslo; la nouvelle dynamique diplomatique d’Israël indiquant que des terrains d’entente sont possibles; et la création d’une solution à deux États offrant la perspective de vivre en paix et en sécurité.

Citant Eleanor Roosevelt —« Il ne suffit pas de parler de paix.  Il faut y croire.  Et il ne suffit pas d’y croire.  Il faut travailler pour elle »—, M. Cassis a appelé à passer à l’action, plaidant pour une approche qui implique toutes les parties au conflit, les États de la région et les membres du Conseil de sécurité, et qui intègre tous les éléments clefs du conflit, notamment la libération des otages, un cessez-le-feu humanitaire; l’accès sans entrave à l’aide humanitaire; et le respect du droit international humanitaire.  Le tout dans le contexte d’une solution politique.  Pour conclure, il a exprimé sa conviction que l’ONU a la capacité de changer de perspective et de bâtir un chemin vers la paix, disant préférer « l’utopie à la dystopie ».

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que cette réunion intervient à un moment véritablement dramatique.  Si des considérations politiques et humanitaires imposent d’agir urgemment pour mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien, des mesures sont également nécessaires pour empêcher la déstabilisation d’autres régions du Moyen-Orient.  Les États-Unis, a-t-il accusé, bloquent tous les efforts visant à mettre fin à l’effusion de sang dans le Territoire palestinien occupé.  L’ingéniosité de la diplomatie américaine, qui soit oppose son veto aux résolutions sur le cessez-le-feu, soit appelle à une baisse de l’intensité des hostilités à Gaza, est déconcertante.  Avant cette réunion, a confié le Ministre, la Fédération de Russie a une nouvelle fois tenté d’obtenir une réaction solidaire du Conseil en lui soumettant un projet de déclaration présidentielle exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat.  Hélas, les États-Unis et leurs alliés ont bloqué ce document, confirmant que préserver la vie des civils palestiniens n’est pas leur priorité.  Le Ministre s’est indigné de la propagation d’idées « aussi dégoûtantes » que le déplacement forcé des Palestiniens. 

Du fait de l’incapacité du Conseil à prendre des mesures globales, a-t-il poursuivi, l’escalade actuelle du conflit en Palestine s’est propagée à toute la région. M. Lavrov a accusé les États-Unis et leurs alliés de créer de nouvelles menaces à la sécurité internationale, condamnant « l’agression injustifiée » contre le Yémen et les frappes israéliennes contre la Syrie.  Avant de se concentrer sur le « lendemain » du conflit israélo-palestinien, le Conseil de sécurité doit d’abord, a tranché le Ministre, obtenir un cessez-le-feu.  En l’absence d’une telle garantie et de la création d’un État palestinien, parler de demain est non seulement prématuré, mais également inutile.  Les Palestiniens doivent décider eux-mêmes de leur sort et « l’ingénierie sociale », tant appréciée par les Occidentaux, est inacceptable, a-t-il martelé.  M. Lavrov a également insisté sur l’inviolabilité de la solution des deux États et s’est alarmé des déclarations de dirigeants israéliens et des effets « désastreux » de la diplomatie bilatérale des États-Unis, qui vise à « régler » les paramètres d’un règlement au Moyen-Orient avant les élections de novembre, sans se soucier des conséquences à long terme. Selon le Ministre, Washington a d’abord « enterré » le travail du Quatuor pour le Moyen-Orient et bloque désormais tous les efforts de désescalade au sein du Conseil de sécurité. 

La tâche d’une médiation internationale n’est pas d’interférer mais de créer les conditions extérieures les plus favorables pour restaurer la confiance entre les pays concernés.  Aussi, la Fédération de Russie propose-t-elle de convoquer des consultations au niveau ministériel pour consolider les positions des principaux acteurs régionaux et, sur cette base, promouvoir le rétablissement de l’unité palestinienne. À l’étape suivante, le format d’une conférence internationale sur un règlement au Moyen-Orient sera demandé, y compris la proclamation d’un État palestinien, garantissant une sécurité fiable à Israël et normalisant ses relations avec tous les pays arabes et musulmans, a poursuivi le Ministre.

M. DAVID MOININA SENGEH, Ministre principal de la Sierra Leone a fait valoir que l’escalade des hostilités à Gaza depuis le 7 octobre 2023 indique qu’une solution définitive à la question palestinienne est nécessaire de toute urgence. Qui plus est, cette situation continue d’avoir des conséquences considérables sur la stabilité régionale et la sécurité mondiale.  Le représentant a exprimé sa grave préoccupation face à l’escalade de la violence dans la bande de Gaza depuis 100 jours, avec un coût humain inacceptable, notamment pour les travailleurs humanitaires et le personnel de l’ONU.  Dans ce contexte, il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza afin d’assurer la sécurité des civils et des biens civils, tout en permettant l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Le représentant s’est dit profondément préoccupé par la poursuite des opérations militaires israéliennes et les discours concernant le déplacement forcé des Palestiniens de la part des autorités politiques israéliennes.  Il a rejeté toute tentative visant à expulser les Palestiniens de la bande de Gaza ou de Cisjordanie, que ce soit temporairement ou définitivement.  Il a par ailleurs exprimé son inquiétude devant la montée des tensions en Cisjordanie, le long de la Ligne bleue, au Liban, ainsi qu’en mer Rouge. 

M. TARIQ AMAD, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a estimé qu’une trêve immédiate est nécessaire à Gaza, afin d’acheminer une aide vitale et de libérer les otages.  Il a exhorté Israël à accroître l’accès humanitaire à Gaza, avant de préciser que son pays a triplé son aide au bénéfice des civils palestiniens.  Il a souligné le droit à la légitime défense d’Israël et condamné « toutes les formes de terreur ».  Il a enfin détaillé les quatre axes d’une solution pacifique.  Il a ainsi souhaité un gouvernement dirigé par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie; un plan concret visant à revitaliser l’Autorité palestinienne; un plan de reconstruction massif pour Gaza; et enfin, un horizon politique, avec la solution des deux États.

Mme UZRA ZEYA, Sous-secrétaire d’État à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits humains des États-Unis, s’est d’abord félicitée de l’ouverture d’un passage humanitaire qui a permis à des otages de rejoindre leurs proches et à davantage d’aide d’être acheminée, mais a souligné que c’était encore insuffisant.  Elle a par ailleurs salué la nomination d’une nouvelle Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, insistant sur la nécessité de lui fournir des ressources et du soutien.  Elle a ainsi exprimé l’espoir que l’équipe d’évaluation acceptée par Israël puisse rapidement se rendre à Gaza pour évaluer la situation humanitaire et garantir le retour sécurisé des déplacés.  Toutefois, de nouvelles attaques de tirs de roquettes du Hamas contre Israël ont retardé cette visite, a-t-elle justifié.

Mme Zeya a critiqué l’idée que les Palestiniens soient réinstallés hors de Gaza et a appelé Israël à mieux protéger les civils et à réduire leurs souffrances, conformément au droit humanitaire.  Déplorant le nombre élevé de victimes civiles palestiniennes ainsi que d’acteurs humanitaires (150 membres de l’UNRWA ont perdu la vie, un record), elle a appelé à leur fournir une meilleure protection.  Elle a également exprimé ses préoccupations concernant les combats autour d’hôpitaux dans l’ouest de Gaza et a condamné les attaques terroristes du Hamas contre Israël, ainsi que l’utilisation de Palestiniens comme boucliers humains. 

« L’heure est venue pour le Conseil de sécurité de condamner sans ambages les atrocités et la terreur émanant du Hamas », a-t-elle demandé, insistant sur la nécessité de régler la crise des otages pour avancer vers la paix. Elle a également dénoncé le soutien de l’Iran au terrorisme dans la région, soutien sans lequel les groupes armés ne pourraient pas mener d’attaques contre des cibles civiles. Mme Zeya a également déploré l’attitude de la Russie au Conseil de sécurité, en particulier son refus de condamner les attaques du Hamas du 7 octobre dans un projet de déclaration présidentielle. Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une solution à deux États.

Le représentant de la République de Corée a noté que 109 jours se sont écoulés depuis le massacre perpétré par le Hamas en Israël.  Dans ce laps de temps, nous avons également été témoins des souffrances extrêmes des Palestiniens à Gaza, où plus de 25 000 personnes auraient été tuées lors des opérations militaires israéliennes, a-t-il relevé, jugeant tragique que certains s’habituent au nombre toujours croissant de victimes.  « Tout ce pour quoi les Gazaouites ont lutté est désormais sous les décombres », a déploré le représentant, avant de s’émouvoir de la mort de plus de 150 travailleurs de l’ONU, « plus que tous les membres du personnel des Nations Unies décédés dans les zones de conflit et les incidents terroristes à travers le monde au cours des 12 dernières années », et de l’absence de lieux sûrs à Gaza, pas même les soi-disant « zones de sécurité ». Quant à l’aide humanitaire, elle est non seulement insuffisante mais se heurte sans cesse à des obstacles. 

Bien que le Conseil ait adopté deux résolutions depuis le 7 octobre 2023, peu de progrès ont été réalisés sur le terrain, a déploré le représentant, avant d’appeler à un cessez-le-feu humanitaire durable.  Durant cette trêve, toutes les hostilités doivent cesser, tous les otages doivent être libérés et une aide humanitaire et des biens commerciaux suffisants doivent pouvoir entrer à Gaza, a-t-il plaidé, voyant dans ces mesures la seule façon de progresser vers la solution des deux États.  Pour atteindre cet objectif, tous les acteurs non étatiques de la région devraient également cesser leurs actions provocatrices, a ajouté le représentant, enjoignant aux houthistes de cesser leurs attaques et aux parties situées de l’autre côté de la Ligne bleue entre Israël et le Liban de faire preuve de la plus grande retenue.  Enfin, après avoir qualifié d’inacceptables les transferts forcés de Palestiniens de Gaza et les activités de colonisation en Cisjordanie, il a misé sur un cessez-le-feu humanitaire durable pouvant servir de « point de départ significatif » pour la reprise de pourparlers vitaux entre Palestiniens et Israéliens. 

Le représentant du Mozambique a déclaré que l’initiative française arrive à point nommé car elle traduit la préoccupation collective face à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza.  Aujourd’hui, le conflit entre Israël et la Palestine est encore aggravé par les activités de colonisation illégales israéliennes, qui sont contraires au droit international et qui compromettent les perspectives d’un État palestinien.  Guidés par la Charte et les décisions pertinentes du Conseil, nous devons trouver les moyens d’instaurer une paix durable dans la région, a souligné le représentant.  « Refuser de l’eau, de la nourriture et des médicaments à des civils et à des innocents dans une situation de guerre est contraire aux principes fondamentaux de la dignité humaine », a-t-il ajouté.  À cet égard, il a considéré que la situation actuelle exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat et urgent.  L’intensification des opérations militaires sur le terrain aggravera les tensions entre les communautés et alimentera l’extrémisme, faisant courir le risque d’une escalade régionale, a-t-il prédit.  À ses yeux, les fondements d’une paix durable et de la sécurité régionale résident dans une solution à deux États. 

M. UEMURA TSUKASA, Envoyé spécial du Japon pour la paix au Moyen-Orient, a rappelé qu’après d’intenses négociations, le Conseil de sécurité avait adopté deux résolutions pour améliorer la situation humanitaire à Gaza. « Nous ne voulons plus de sang ni de larmes », a-t-il dit, souhaitant que ces résolutions ne finissent pas comme de « simples morceaux de papier » mais favorisent les négociations menées par de nombreux pays concernés en dehors de cette enceinte. Il importe selon lui qu’un approvisionnement accru en aide humanitaire parvienne à la bande de Gaza et que le personnel humanitaire de l’ONU puisse travailler dans un environnement sûr.  À cet égard, le représentant a demandé au Conseil d’apporter un plus grand soutien au travail de Mme Kaag, Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, qui vient de commencer sa mission, conformément à la résolution 2720 (2023).  Appelant le Hamas à libérer immédiatement et sans condition les otages qu’il détient, « point de départ de tout », il a également souhaité que davantage soit fait pour la vie et les moyens de subsistance des habitants de Gaza. 

Alors que ce conflit a des retombées en Cisjordanie, au Liban, dans la mer Rouge, au Yémen et dans d’autres régions encore, le représentant a dit craindre qu’il se transforme en une confrontation régionale à plus grande échelle. « Nous devons l’arrêter », a-t-il lancé, avant de plaider pour la solution des deux États, la seule qui puisse permettre aux peuples d’Israël et de Palestine de mener une « vie normale » sans craindre pour leur propre sécurité et leur survie.  Le Japon s’emploiera sans relâche à renforcer la confiance entre les parties par ses propres initiatives, a-t-il promis. 

Le représentant de la Chine a déploré la poursuite de la guerre à Gaza et des souffrances des Palestiniens.  Il a aussi noté les risques d’escalade régionale et souhaité que cette réunion du Conseil transmette un message d’unité et de clarté.  Il a dénoncé le veto opposé par un pays à une demande de cessez-le-feu à Gaza.  Le Conseil doit faire preuve de volonté et agir avec un sentiment d’urgence afin d’instaurer la paix, a dit le délégué, en demandant un cessez-le-feu immédiat.  Un tel cessez-le-feu permettra d’accroître l’aide à Gaza et de libérer les otages.  Israël doit changer de cap, a-t-il poursuivi, en voulant que l’on n’épargne aucun effort pour éviter tout embrasement, notamment en mer Rouge.  La solution des deux États est la seule voie pour la paix, a dit le délégué, en se disant préoccupé par les propos de responsables israéliens qui la rejettent désormais.  Il a promis que son pays fera tout pour amener le Conseil à prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à la catastrophe à Gaza. 

La représentante du Guyana a vivement condamné le traitement « violent et monstrueux » que subit le peuple palestinien et a souligné la responsabilité collective de prendre des mesures adéquates afin de protéger les civils palestiniens.  Elle s’est réjouie de la création d’un mécanisme des Nations Unies pour accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza et a appelé les parties à coopérer une fois le mécanisme en place.  Néanmoins, elle a estimé que ces interventions ne pourront se poursuivre sans un cessez-le-feu qui déboucherait sur les conditions nécessaires à une opération humanitaire efficace.  Elle a également souligné que les attaques illégales envers les populations et les infrastructures civiles ne peuvent rester impunies. 

La représentante s’est inquiétée des conséquences « exponentielles » de ce conflit sur l’éducation, l’économie ou encore les soins de santé, appelant à prendre en compte le développement à long terme des Palestiniens et à changer les idéologies profondément ancrées qui justifient les politiques de discrimination envers le peuple palestinien.  Elle a rejeté tout plan de réinstallation forcée de la population de Gaza dans des pays étrangers qui violerait le droit international et le droit à l’autodétermination, exhortant la communauté internationale à empêcher qu’une telle situation se produise.  Elle a réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, de mesures visant à améliorer les conditions de vie des populations palestiniennes et d’une solution à deux États.  La sécurité ne peut naître de l’insécurité et du chaos, a-t-elle conclu. 

Le représentant de l’Équateur a insisté sur la libération immédiate et inconditionnelle des otages israéliens.  Toutefois, la mise en œuvre intégrale des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) est essentielle pour améliorer les conditions auxquelles est confrontée la population civile de Gaza.  Il est crucial de faciliter l’arrivée sûre de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin, a-t-il noté.  À cette fin, il a jugé la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire inévitable.  Or, c’est justement pour éviter les souffrances causées par la guerre que l’ONU a été créée.  Afin que cette guerre soit la dernière de ce long conflit, nous devons mettre en place les conditions permettant d’avancer vers une solution pacifique, définitive et juste pour les parties, sur la base de la solution des deux États.  Chaque parole ou action qui compromet la possibilité d’une solution à deux États contribue à perpétuer le conflit et ne contribue en rien à améliorer la sécurité, a fait valoir le représentant. Il a donc appelé les parties à faire preuve de retenue, à éviter d’exacerber les tensions et à empêcher une nouvelle expansion de la violence dans d’autres régions.

La représentante de Malte a réitéré sa condamnation des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre dernier, continuant à appeler à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages aux mains du Hamas. Cependant, a-t-elle concédé, la punition collective de l’ensemble de la population de Gaza n’a aucune justification et les mesures prises par Israël devraient être strictement conformes aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, notamment la distinction, la proportionnalité et la précaution.  Elle a insisté pour que toutes les parties veillent à la protection des civils et des infrastructures civiles, alors qu’aucun lieu n’est sûr à Gaza du fait des bombardements israéliens.  De plus, la population de la bande vit sous le spectre d’une famine d’origine humaine, associée aux menaces imminentes de maladies, s’est-elle désolée en demandant une action urgente pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire vers et à l’intérieur de l’enclave.  Dans les conditions actuelles, seul un cessez-le-feu humanitaire peut garantir qu’une opération de réponse humanitaire suffisante et efficace puisse être correctement exécutée, a-t-elle affirmé, jugeant que cela permettrait également de créer des conditions propices au dialogue et, à terme, à la paix. 

Face à la détérioration rapide de la situation en Cisjordanie occupée, la représentante a souligné que les colonies illégales constituent une violation du droit international.  Elle a souhaité que la violence des colons israéliens soit combattue efficacement, en évitant l’impunité.  À l’échelle de la région, elle a condamné les violations commises sur la Ligne bleue, y compris les attaques contre la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), et les attaques des houthistes contre la navigation commerciale en mer Rouge, appelant toutes les parties, y compris les acteurs non étatiques, à la retenue.  Enfin, elle s’est prononcée pour une paix fondée sur une solution à deux États le long des frontières d’avant 1967. 

M. AYMAN H. SAFADI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, a indiqué que l’agression israélienne à Gaza n’a duré que trop longtemps et a « massacré bien trop de vies ». Israël se moque du droit, a-t-il dit, en déplorant que ce Conseil n’ait pas encore réclamé de cessez-le-feu. « Arrêtons ce massacre. » Le Vice-Premier Ministre a ajouté que les risques de contagion sont réels, la Cisjordanie étant au bord de l’explosion.  « Gaza est devenu un cimetière pour les enfants. »  Il a affirmé que l’idéologie de haine, soutenue ouvertement par des ministres israéliens, a normalisé le massacre de masse des Palestiniens.  À cette aune, il a estimé que l’adoption d’une résolution du Conseil pour mettre un terme à cette situation misérable est « la moindre des choses que vous puissiez faire ».  La seule voie vers la paix est la création d’un État palestinien indépendant et souverain, avec comme capitale Jérusalem occupée, a-t-il tranché, en notant l’opposition israélienne à la solution des deux États.  « Imposez la paix, parce que si vous ne le faîtes pas, le Gouvernement israélien continuera d’imposer la guerre, la mort et la haine. »

M. HAKAN FIDAN, Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, a jugé « honteux que la communauté internationale ne puisse arrêter le bain de sang en cours ».  Selon lui, les arguments de sécurité avancés par Israël pour mener cette guerre sont peu convaincants et ses partisans ne pensent pas à la sécurité des Palestiniens. Il s’est dit préoccupé par les allégations de crimes de guerre et de génocide à Gaza pour lesquels, a-t-il prévenu, les responsables devront rendre des comptes.  Il s’est félicité à cet égard de l’examen desdites allégations par la CIJ.  Estimant essentiel d’éviter une escalade régionale, il s’est alarmé des incidents récents dans plusieurs pays de la région et en mer Rouge qui pourraient déboucher sur un « chaos géostratégique ». 

La guerre qui fait rage à Gaza ne peut entraver la paix, a-t-il poursuivi, rappelant à la communauté internationale sa « responsabilité historique » de mettre fin à cette guerre.  Il faut un cessez-le-feu permanent et l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à la Gaza pour parvenir à la paix, a-t-il insisté, faisant remarquer que les mesures temporaires ne fonctionnent pas.  Selon le Ministre, il importe également de savoir comment maintenir la paix au lendemain du conflit.  À cet effet, il a jugé indispensable de mettre en place une solution à deux États, avec un État palestinien indépendant.  Si la communauté internationale s’accorde sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une solution à deux États, il a regretté qu’il n’existe pas, à ce jour, de mécanisme pour leur réalisation efficace. 

M. HOSSEIN AMIR ABDOLLAHIYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Iran, a constaté que le « régime d’occupation et d’apartheid » d’Israël ne respecte aucune ligne rouge dans le « génocide » qu’il mène contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.  Il a accusé les États-Unis, « soutien et principal complice du régime israélien », d’avoir empêché le Conseil de remplir efficacement ses fonctions consistant à mettre fin au génocide manifeste d’une nation et à établir un cessez-le-feu à Gaza.  Tout en exprimant à plusieurs reprises sa grave préoccupation face à la montée des tensions dans la région, Washington a continué de soutenir pleinement la « machine de guerre » israélienne, allant jusqu’à violer la souveraineté du Yémen en élargissant la portée du conflit, a-t-il dénoncé, avant d’exhorter les États-Unis à contraindre le « régime israélien » à mettre un terme à la guerre. 

La sécurité ne peut être assurée en recourant à la force et en commettant le crime de génocide à Gaza, a poursuivi le Ministre, avant d’appeler le Conseil de s’acquitter de sa responsabilité juridique en adoptant une résolution décisive exigeant un cessez-le-feu immédiat, l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, le retrait immédiat d’Israël de Gaza et un engagement à s’abstenir de relocaliser les Palestiniens.  Dans cette optique, il a exprimé son appui à l’action entreprise par l’Afrique du Sud. 

Le Ministre a par ailleurs estimé que les États-Unis et le Royaume-Uni ont commis une erreur stratégique en attaquant militairement le Yémen.  La sécurité, a-t-il ajouté, est un concept interconnecté, l’arrêt du génocide à Gaza étant la clef du rétablissement de la sécurité dans la région.

M. ABDALLAH BOU HABIB, Ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban, a tout d’abord exprimé sa reconnaissance aux soldats de la FINUL qui s’emploient à promouvoir la paix et la sécurité dans le sud de son pays. Depuis 70 ans, a-t-il rappelé, le Liban n’a connu ni la paix ni la sécurité, en raison du conflit israélo-palestinien qui n’a fait que transmettre la haine d’une génération à l’autre. Nous ne pouvons pas « nous annuler mutuellement » et il importe de rechercher un règlement durable, a plaidé le Ministre selon qui la solution à la question palestinienne sera la clef qui ouvrira la porte de la paix au Moyen-Orient.  Il a invité la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il quitte la Syrie, le Liban et la Palestine, et à mettre en œuvre l’initiative adoptée en 2002 à Beyrouth.  Alors qu’Israël continue de mener sa guerre à Gaza sans vision d’avenir, il convient de lui retirer le « chèque en blanc » qui lui permet d’agir impunément, a insisté le Ministre. 

Dans le contexte actuel, il s’est alarmé de l’escalade en mer Rouge et de l’évolution de la situation en Iraq, en Syrie et dans le sud du Liban.  Face au risque d’embrasement, il a exhorté tous les acteurs à ne pas tomber dans le « piège d’Israël », qui veut voir ce conflit s’élargir.  Un tel conflit pourrait engloutir l’ensemble du Moyen-Orient, a-t-il prévenu, avant d’appeler à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006), qui a permis de maintenir une paix relative autour de la Ligne bleue.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à saisir la chance qui se présente, « car si nous échouons, ce qui s’est produit le 7 octobre dernier se reproduira en pire ». 

M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a indiqué que ses pensées vont aux habitants de Gaza, qui ont perdu de nombreux membres de leur famille, et à celles et ceux qui, en Israël, ont perdu des êtres chers et subi la violence, y compris sexuelle, du Hamas lors de l’odieuse attaque du 7 octobre.  Il a jugé inacceptable tout châtiment collectif du peuple de Gaza en raison des horreurs commises par le Hamas.  Le Ministre a ensuite souligné que tout déplacement de civils hors de Gaza constituerait une grave violation du droit international humanitaire.  Il a demandé un cessez-le-feu immédiat et durable, un accès humanitaire sans entrave et la libération des otages.  « Même en ces heures très sombres, je reste convaincu que Palestiniens et Israéliens peuvent faire la paix », a déclaré le Ministre, en se ralliant à la solution des deux États.  « Nous devons désormais nous mobiliser pour un partenariat international renouvelé en vue de réaliser cette solution. »

Mme RETNO MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la justice et du peuple palestinien.  Rappelant le mandat du Conseil de sécurité, elle a réclamé un rejet clair des guerres et des génocides.  Combien de résolutions du Conseil ont été appliquées? s’est-elle ensuite demandé, remarquant qu’elles sont pourtant juridiquement contraignantes.  Alors qu’Israël tue des Palestiniens en toute impunité, elle a exhorté les membres du Conseil à mettre un terme à ce conflit. Elle a dûment condamné les propos du Premier Ministre israélien sur le fait qu’il ne permettra pas l’existence d’un État palestinien.  Le Conseil, s’est-elle impatientée, ne peut rester silencieux face à de tels propos qui traduisent l’intention d’effacer la Palestine de la carte.  Seul un cessez-le-feu permettra à la communauté internationale de travailler sur la reconstruction postconflit et la solution des deux États.  Pour sauver cette solution, elle a jugé nécessaire que la Palestine devienne un membre à part entière des Nations Unies.  Enfin, elle a appelé à mettre fin à l’afflux d’armes vers Israël, concluant que ce dernier devra être tenu pour responsable de ses actes. 

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral de l’Europe et des affaires internationales de l’Autriche, s’est d’abord ému de la dévastation et la souffrance au Moyen-Orient, exprimant sa compassion pour les Israéliens traumatisés par les attaques du 7 octobre, ainsi que pour les Palestiniens de Gaza privés d’abri, de nourriture et de soins médicaux.  Il a condamné les attaques terroristes barbares du Hamas, estimant que personne ne tolérerait un tel groupe meurtrier dans son voisinage. Tout en reconnaissant le droit et le devoir d’Israël de se défendre, il a néanmoins souligné la nécessité de protéger les civils et d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza.

Selon M. Schallenberg, le Hamas constitue une menace, aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens, de même que les bras armés de l’Iran au Liban, au Yémen et en Iraq.  Il a ainsi insisté sur la nécessité de lutter résolument contre le terrorisme, mais a mis en garde contre les actes qui risquent d’engendrer la prochaine génération de terroristes, tels que la multiplication des colonies, la violence des colons, ou encore les provocations sur les Lieux saints.  Il a plaidé pour la normalisation des relations entre Israël et ses partenaires arabes, pour la solution des deux États et pour la sécurité à long terme d’Israël.  Il n’a pas manqué d’appeler l’Autorité palestinienne à répondre aux attentes de son peuple, avant d’insister sur le rôle de la communauté internationale dans la libération des otages, l’allégement des souffrances humaines à Gaza, la lutte conjointe contre le terrorisme et la création d’un avenir pacifique et digne pour les Israéliens et les Palestiniens.

M. MOHAMAD HASAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité à appeler à un cessez-le-feu est en partie responsable du carnage perpétré à Gaza depuis plus de 100 jours.  Dénonçant les bombardements aveugles d’Israël sur l’enclave palestinienne, il a indiqué que les Gazaouites qui ne sont pas tués par les bombes ou les balles risquent la maladie et la famine.  Face à ce qui relève selon lui de crimes de guerre, le Ministre a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l’accès sans retard ni entrave de l’aide humanitaire dans Gaza.  Après avoir exigé qu’Israël rende des comptes pour ses violations flagrantes du droit international, il a salué la décision de l’Afrique du Sud d’engager une procédure contre cet État devant la CIJ.  Il a également rappelé que, le 23 juillet dernier, la Malaisie et 56 autres pays ont soumis à la CIJ une déclaration écrite pour un « avis consultatif sur les conséquences juridiques des violations continues d’Israël dans le territoire palestinien ».  Pour le Ministre, il est temps de reconnaître qu’Israël se livre à un génocide et d’accepter l’État de Palestine comme membre à part entière des Nations Unies.  Les Palestiniens ne méritent rien de moins qu’une Palestine libre et indépendante, sur la base d’une solution à deux États, fondée sur les frontières d’avant 1967, a-t-il affirmé en sommant le Conseil de prendre une action unie et décisive pour mettre fin à la guerre et sauver des vies civiles. 

M. WALEED EL-KHEREIJI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a relevé que l’agression israélienne avait accru les tensions dans la région.  Il a dénoncé « la machine de guerre » israélienne à Gaza, avant de demander la fin du « châtiment collectif » infligé aux Palestiniens.  Il a mis en garde contre une expansion de ce conflit et s’est dit préoccupé par la situation en mer Rouge.  La priorité est de mettre fin aux opérations militaires en Palestine et d’alléger les souffrances des civils, a-t-il recommandé, en pointant le rôle du Conseil.  « Vous devez agir. »  Il a rappelé la volonté de l’Assemblée générale d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza et balayé tout motif d’autodéfense pour justifier la guerre livrée à Gaza. Le Vice-Ministre a appelé à « un nouveau souffle » du processus de paix, appuyant la solution des deux États.  « Nous exigeons de ce Conseil qu’il prenne une position ferme afin qu’Israël respecte le droit », a-t-il déclaré en conclusion.

M. JARRAH JABER AL-AHMAD AL-SABAH, Vice-Ministre des affaires étrangères du Koweït, a regretté que le Conseil ne soit pas en mesure d’adopter une résolution qui mettrait fin aux crimes commis par Israël, tenant pour responsable de ce manquement le deux poids, deux mesures appliqué dans l’interprétation du droit international.  S’indignant du « châtiment collectif » que subit la population de Gaza, il a appelé les États Membres à défendre le droit international afin de préserver la stabilité mondiale et les droits des individus.  La principale cause de ce conflit est l’existence d’une occupation de longue date, a-t-il analysé, appelant à la mise en œuvre des résolutions pertinentes afin de mettre fin au conflit et de permettre au peuple palestinien de jouir de son droit à l’autodétermination.  Il a réitéré le soutien de son pays à une solution à deux États.  Condamnant l’agression flagrante et continue d’Israël envers Gaza, il a appelé à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et à la reddition de comptes pour les crimes de génocide.  Il a également exhorté le Conseil à endosser sa responsabilité et la communauté internationale à appuyer les droits du peuple palestinien. 

M. DIEGO MARTÍNEZ BELIO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et mondiales de l’Espagne, a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts face à la mort de civils innocents en Palestine, la priorité étant selon lui l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu à Gaza, afin de faciliter l’aide humanitaire et de stabiliser la situation.  Il a par ailleurs rendu hommage au travail de l’ONU sur place, mentionnant que l’Espagne a triplé ses fonds humanitaires et de coopération en 2023, les amenant à 48,5 millions d’euros. 

Tout en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre contre les attaques terroristes, M. Martínez Belio a insisté sur le respect du droit international humanitaire.  Il a en outre demandé au Conseil de sécurité d’être à la hauteur du devoir moral de stopper la souffrance des civils, et a appelé à un usage responsable du droit de veto par les membres permanents. 

Estimant que la sécurité d’Israël dépend du rétablissement de l’Autorité palestinienne à Gaza, et que les Palestiniens ont le droit de disposer de leur propre État, il a souligné que seule une solution politique permettra de mettre fin au conflit.  Dans ce but, l’Espagne a proposé la tenue d’une conférence internationale, une initiative déjà soutenue par 84 pays, y compris les membres de l’Union européenne, de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique, a-t-il fait savoir, avant d’appeler à l’engagement constructif de tous les acteurs régionaux et internationaux. 

La représentante des Émirats arabes unis a averti que le conflit actuel a peut-être atteint un « point de non-retour », comme le font craindre des débordements au Moyen-Orient.  Face à la gravité de la situation, elle a avancé trois propositions pour mettre un terme à ces crises, à commencer par un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza.  L’écrasante majorité de la communauté internationale l’a réclamé à plusieurs reprises et il est temps que l’opinion minoritaire cesse d’empêcher que cela se produise, a-t-elle argué, estimant que « nous ne pouvons pas attendre encore 100 jours » compte tenu des effets insupportables des bombardements israéliens sur Gaza.  L’impératif humanitaire doit être notre priorité absolue afin que l’aide vitale puisse arriver à grande échelle et que les otages puissent être rendus à leurs familles en toute sécurité. 

La deuxième proposition des Émirats arabes unis consiste en des trêves plus courtes, qui permettraient aux services humanitaires d’urgence de parvenir à ceux qui en ont besoin, à l’image de la trêve de fin novembre.  De même, a poursuivi la représentante, les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité doivent être pleinement mises en œuvre, notamment pour que la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza soit en mesure de remplir son mandat.  La représentante a également appelé à l’ouverture complète du poste frontière de Kerem Shalom aux flux humanitaires et au commerce, avant de proposer que toute résolution de ce conflit soit ancrée dans la solution des deux États.  Trouver une voie valide, définie, étalonnée et convenue vers cette solution est le seul moyen de mettre fin durablement au conflit et d’empêcher que le cycle de violence ne se répète à jamais, a-t-elle affirmé.

L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes s’est alarmé de la détérioration de la situation au Moyen-Orient du fait de l’arrogance d’Israël et de l’incapacité du Conseil de sécurité de créer un horizon politique susceptible de mener au règlement de la question palestinienne.  Le lancement de l’opération militaire « la plus féroce et la plus violente » jamais menée par Israël, avec des conséquences humanitaires dévastatrices, est constitutive de crimes d’apartheid et de génocide, a tranché l’orateur.  La tragédie humanitaire s’aggrave à chaque jour qui passe à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, notamment du fait du recours au droit de veto par certains membres du Conseil.  En dépit des appels de l’Assemblée générale à un cessez-le-feu immédiat, certains se demandent aujourd’hui si les règles du droit international s’appliquent à Israël comme aux autres États Membres de l’Organisation. 

Les politiques du deux poids, deux mesures pratiquées par le Conseil et la forte polarisation géopolitique qui y règne favorisent la protection des intérêts électoraux étroits.  Cette crise est d’autant plus sérieuse qu’Israël est déterminé à utiliser la faiblesse du Conseil pour élargir le conflit, comme le démontrent les attaques menées en Syrie et au Liban.  Israël ne fait qu’accuser d’antisémitisme ceux qui s’opposent à ses actions, y compris l’ONU et le Secrétaire général lui-même.  Malgré le soutien sans limite de certaines grandes puissances à Israël, l’Observateur a voulu que ce pays rende des comptes, devant la CPI et la CIJ. 

En dépit des avertissements de l’ONU et de nombreuses institutions internationales et régionales, le Conseil n’a pas été en mesure d’adopter une résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire.  Cet organe doit répondre par des mesures concrètes à l’opposition du Premier Ministre israélien à la solution des deux États et défendre le lancement de négociations politiques devant mener à l’établissement d’un État palestinien indépendant, dans le cadre d’une conférence internationale de haut niveau. En attendant, Israël doit cesser ses provocations en Syrie et au Liban et s’abstenir de tenter de changer la réalité géographique et démographique du Territoire palestinien occupé.  Les relations pacifiques avec les pays arabes ne viendront pas des Accords d’Abraham, a prévenu l’Observateur. Elles restent tributaires d’un règlement juste et global de la question de Palestine. 

Le représentant du Bahreïn a appelé le Conseil de sécurité à mettre un terme aux violations graves commises par Israël.  La communauté internationale doit protéger l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu. Il a également rappelé que la résolution 2720 (2023) doit permettre la création d’un mécanisme pour accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a condamné les tentatives du Gouvernement israélien de déplacer de force le peuple palestinien.  Dénonçant l’occupation de la bande de Gaza en violation du droit international, il a vivement condamné les pratiques illicites et les violations des droits humains commises par Israël « qui ne servent qu’à faire dérailler le processus de paix ».  Nous soutenons, a-t-il dit, les efforts de l’Afrique du Sud visant à traduire les criminels en justice.  Un cessez-le-feu durable est le seul moyen de mettre fin aux souffrances, a-t-il encore ajouté, condamnant, à nouveau, les attaques militaires.  Les crises au Moyen-Orient sont interconnectées et leurs causes profondes doivent être traitées pour parvenir à la paix.  Priant les États Membres de faire de l’État palestinien un membre à part entière des Nations Unies, il a exhorté Israël à se retirer de tous les territoires occupés, y compris le Golan syrien. 

Le représentant du Liechtenstein a exprimé sa vive inquiétude face à la situation catastrophique dans la bande de Gaza, caractérisée par une escalade croissante et une instabilité régionale.  Il a mis l’accent sur la protection immédiate des civils, exigeant que toutes les parties au conflit respectent pleinement le droit humanitaire international, y compris en garantissant un accès total et sans entrave aux organisations humanitaires.  Il a rappelé au Conseil de sécurité sa responsabilité, soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat.  Le Liechtenstein, a-t-il dit, suit de près les procédures en cours dans l’affaire intentée par l’Afrique du Sud contre Israël, et appellera au respect de toute mesure ordonnée par la Cour internationale de Justice.  Enfin, il a réaffirmé le droit des Palestiniens à l’autodétermination et réclamé l’intensification des efforts diplomatiques pour une solution à deux États, la seule permettant de parvenir à une paix stable et durable dans la région.

La représentante du Mexique a regretté que les avertissements lancés par la communauté internationale pour éviter une catastrophe humanitaire à Gaza après les attaques du Hamas n’aient pas été entendus.  Le résultat est que nous sommes désormais confrontés à une réalité inacceptable, a-t-elle déploré, rappelant que plus de 25 000 Gazaouites ont péri et qu’une large part des otages sont encore aux mains du Hamas. Face à ce sombre panorama, elle a condamné les attaques aveugles ou dirigées contre la population civile et le personnel médical et humanitaire.  Conformément à la résolution 2720 (2023), elle a appelé à l’ouverture de nouvelles routes humanitaires facilitant l’entrée des produits de base et à l’assouplissement des restrictions imposées aux travailleurs humanitaires. 

Elle a d’autre part indiqué que son pays et le Chili ont décidé de soumettre la situation dans l’État de Palestine au Procureur de la CPI afin d’enquêter sur la commission probable de crimes relevant de sa compétence.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, de garantir une responsabilisation effective afin de permettre aux victimes d’accéder à la justice en l’absence d’une juridiction en Palestine capable d’atteindre ces objectifs. Enfin, après s’être alarmée de l’augmentation des tensions au Moyen-Orient et du risque d’escalade, elle a souligné l’obligation collective du Conseil de sécurité et de la communauté internationale de promouvoir un processus politique visant une paix durable, selon le principe de deux États, qui réponde aux préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité et permette la création d’un État palestinien viable, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. 

Le représentant de l’Inde s’est inquiété des pertes en vies humaines, de la détérioration de la situation humanitaire et de l’instabilité croissante dans la région et au-delà depuis le début du conflit à Gaza.  Face à cette situation « clairement inacceptable », il a condamné fermement la mort de civils.  Rappelant la position de longue date « intransigeante » de l’Inde contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, le représentant a reconnu que le déclencheur immédiat du conflit a été les attentats terroristes perpétrés le 7 octobre dernier en Israël.  Il a ensuite relevé que ce conflit a également un impact sur la sécurité du trafic maritime commercial dans l’océan Indien, notamment à proximité de l’Inde.  Il s’agit selon lui d’un sujet de grande préoccupation pour la communauté internationale, qui a une incidence directe sur les intérêts énergétiques et économiques de son pays.

Le représentant a rappelé le message « clair et cohérent » que l’Inde a transmis, depuis le début de ce conflit, sur l’importance cruciale de prévenir l’escalade et de garantir la continuité de l’acheminement de l’aide humanitaire. À cet égard, il a salué les efforts déployés par l’ONU et la communauté internationale.  Le représentant a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États, au sein de frontières sûres, en tenant dûment compte des besoins de sécurité d’Israël.  Pour y parvenir, il a exhorté les parties à désamorcer la situation et à éviter la violence, la provocation et l’escalade, afin de mettre en place les conditions d’une reprise rapide des négociations de paix directes. 

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a déclaré que la situation à Gaza est un désastre humanitaire et que les conditions de vie de la population civile, en grande majorité déplacée, sont intolérables.  Or, a-t-il rappelé, les parties à ce conflit ont des obligations en vertu du droit international humanitaire.  Si Israël a le droit de se défendre, il est également tenu de protéger les civils et de veiller à ce que son action militaire soit ciblée et proportionnée.  Alors que les conditions sur le terrain empêchent une réponse humanitaire adéquate, le représentant a fait valoir que les civils, les acteurs humanitaires et les journalistes doivent être protégés.  Il a jugé inacceptable que les lourdes procédures d’inspection retardent la fourniture d’une aide vitale. 

Dans ces conditions, il a appelé une fois de plus Israël à faciliter immédiatement un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire, en travaillant de manière constructive avec l’ONU et les autres acteurs humanitaires.  À cette fin, il a appelé le Conseil de sécurité à aller au-delà des considérations politiques pour faire avancer la cause de la paix.  Après avoir réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États, le représentant a appelé Israël à se demander si ses efforts pour protéger ses intérêts sécuritaires légitimes finiront par rendre sa population plus ou moins sûre. « Le prix de la défaite du Hamas ne peut pas être la souffrance continue de tous les civils palestiniens », a-t-il conclu. 

Le représentant de l’Afrique du Sud a exprimé son horreur face aux atrocités commises en Palestine, soulignant les violations quotidiennes du droit international par Israël.  L’enlèvement de civils par le Hamas constitue également un crime, a-t-il affirmé.  Mais c’est selon lui l’occupation illégale de la Palestine par Israël depuis des décennies qui est la source principale de haine et de violence, rappelant la « Nakba » continue du peuple palestinien, et soulignant son droit inaliénable au retour et à l’autodétermination.  Le représentant a réitéré que la solution ultime au conflit réside dans l’établissement de deux États vivant côte à côte dans la paix, la réalisation de cette solution sous l’égide des Nations Unies nécessitant d’abord un cessez-le-feu complet. 

Les événements de ces derniers mois à Gaza ont montré qu’Israël agit contrairement à ses obligations en vertu de la Convention sur le génocide, a-t-il par ailleurs jugé.  En raison de sa « douloureuse expérience passée » avec l’apartheid, et face à « la punition collective qu’Israël inflige à tout le peuple palestinien depuis des décennies », l’Afrique du Sud a ainsi choisi de recourir à la CPI et à la CIJ, a-t-il souligné.  Pour conclure, le délégué a insisté sur la nécessité d’une action internationale cohérente en accord avec le droit international.

Le représentant des Philippines, inquiet de la récente escalade du conflit, a appelé les parties prenantes à faire du dialogue une priorité afin de parvenir à la paix.  Il est nécessaire d’éviter que le conflit ne s’étende à d’autres parties de la région, de répondre aux besoins humanitaires grâce à des pauses humanitaires plus longues, et d’assurer la sécurité des civils et des infrastructures, a-t-il poursuivi.  Appelant à mettre fin aux attaques et à libérer les otages, il est revenu sur les conséquences humanitaires et a exprimé ses inquiétudes face à la destruction des bâtiments et à la possible « génération perdue » à cause du conflit.

Le délégué a rappelé le soutien de sa délégation aux efforts des Nations Unies concernant l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en dépit des conditions dangereuses.  Il a estimé qu’une solution à deux États est une solution viable et durable pour résoudre le conflit, appelant les parties à ne pas recourir à des actions unilatérales qui compromettraient la stabilité à long terme.  Estimant que seules des négociations par le dialogue pourront résoudre le conflit, il a réitéré son soutien à l’application de toutes les résolutions onusiennes pertinentes et aux efforts diplomatiques visant à raviver le processus de paix au Moyen-Orient. 

La représentante de l’Allemagne a condamné dans les termes les plus fermes les attaques terroristes brutales commises par le Hamas en Israël depuis le 7 octobre 2023, y compris les horribles actes de violence sexuelle et fondée sur le sexe.  Israël a le droit de se défendre, a-t-elle insisté, quand le Hamas continue de l’attaquer quotidiennement à coups de roquettes et en utilisant les civils palestiniens comme des boucliers humains.  Elle a réitéré son appel au Hamas pour qu’il libère immédiatement les otages, dépose les armes et mette fin à cette guerre. 

Dans le même temps, la représentante s’est dite très préoccupée par la situation humanitaire désastreuse à Gaza.  Soyons clairs, a-t-elle dit, la vie à Gaza est un enfer.  Les souffrances des civils doivent cesser et l’armée israélienne se doit de mieux les protéger.  Elle a prôné des pauses humanitaires prolongées, un accès humanitaire amélioré et l’ouverture d’autres points de passage afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  Nous devons tout mettre en œuvre pour empêcher une escalade régionale et une détérioration de la situation en Cisjordanie, afin d’ouvrir la voie à un cessez-le-feu devant mener à une paix durable, basée sur la solution des deux États. Gaza et la Cisjordanie appartiennent aux Palestiniens qui ne doivent en aucun cas être expulsés ou déplacés de force par les colons de Cisjordanie.  Israéliens et Palestiniens ne pourront vivre côte à côte dans la paix que si chaque partie reconnaît les souffrances de l’autre et comprend que la sécurité de l’une est intimement liée à celle de l’autre, a conclu la représentante.

Le représentant du Maroc s’est dit préoccupé par la situation à Gaza et par les actes d’Israël contraires au droit international.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la libération sans condition des otages.  Rejetant le déplacement forcé des populations, il a souligné que la bande de Gaza fait partie intégrante du Territoire palestinien occupé.  Se félicitant des mesures prises pour acheminer l’aide humanitaire, il a appelé les États Membres à se montrer généreux, comme le Maroc l’a été à bien des égards.  Les actes israéliens dans le Territoire palestinien occupé nourrissent les tensions dans la région, a-t-il prévenu, en prônant une entente pacifique entre les trois religions monothéistes.  En conclusion, il a réaffirmé la solidarité de son pays avec le peuple palestinien et souhaité que ce dernier recouvre sa légitimité avec la solution des deux États. 

Le représentant du Pakistan a d’abord évoqué le massacre brutal de plus de 25 000 civils à Gaza, le déplacement forcé de plus de 2 millions de personnes et les entraves délibérées à l’aide humanitaire par l’armée d’occupation.  Des crimes qui, selon lui, constituent un génocide, et que la communauté internationale est pourtant incapable d’empêcher, malgré les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. 

Le représentant a ensuite alerté sur l’extension possible du conflit aux régions voisines de la Palestine, y compris à la frontière israélo-libanaise, à l’Iraq, à la Syrie et au Yémen, si la guerre menée par Israël ne cesse pas.  Il a salué les efforts diplomatiques pour une solution à deux États, la jugeant comme l’unique voie viable vers une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, ainsi qu’avec le monde arabe et islamique.  Cependant, il a critiqué la détermination des autorités israéliennes extrémistes à poursuivre la guerre et à ignorer la légitimité de cette solution, risquant de plonger le Moyen-Orient dans des conflits perpétuels.

Appelant le Conseil de sécurité et les membres de l’ONU à envisager des mesures pour contrer le rejet unilatéral de la paix par Israël, le délégué a affirmé son soutien à l’adoption d’une résolution pour une cessation des hostilités et pour un accès inconditionnel à l’aide humanitaire à Gaza.  Il a également insisté sur la nécessité d’une protection internationale pour la population palestinienne et d’un processus de paix mené par le Conseil de sécurité, impliquant toutes les parties concernées.  Il a conclu en soulignant l’urgence d’accueillir la Palestine comme membre à part entière de l’ONU.

Le représentant de la Libye a commencé par souligner le triste anniversaire des 100 jours d’agression contre le peuple palestinien, déplorant l’incapacité du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Qualifiant Gaza de « plus grand cimetière à ciel ouvert », il a toutefois exprimé sa gratitude envers le Secrétaire général pour son courage et son professionnalisme.  Le représentant s’est demandé pourquoi Israël participe à ce débat et pourquoi la communauté internationale reste silencieuse face à ce qu’il a qualifié de « campagne systématique de génocide ».  Il a également mis en lumière l’hypocrisie de certains États qui défendent les principes du droit international humanitaire dans d’autres contextes, y compris en Ukraine, mais semblent les ignorer quand il s’agit de la Palestine, comme si la vie d’un Gazaouite valait moins que celle d’un autre.

Il a ensuite rejeté la notion selon laquelle Israël, pourtant Puissance occupante, peut être considéré comme une victime.  Faisant allusion à des exemples historiques de résistance, le délégué a rappelé des figures telles qu’Omar Mokhtar et Nelson Mandela, qui furent autrefois étiquetés comme terroristes.  Est-ce que vous connaissez des pays qui ont acquis leur indépendance sans résistance?  Citant Nelson Mandela qui disait « l’important dans la vie, ce n’est pas ce que nous avons fait mais la différence que nous avons faite dans la vie des autres », il a salué les efforts de l’Afrique du Sud pour saisir la Cour internationale de Justice et la Cour pénale internationale au sujet des violations des droits des Palestiniens.  Enfin, le délégué a appelé à une action immédiate pour mettre fin à l’agression et a réitéré la position ferme de la Libye en faveur d’un État palestinien avec Jérusalem comme capitale.

Au nom des pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), le représentant de la Belgique a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse à Gaza et ses graves conséquences sur la population civile, en particulier les enfants.  Le droit international humanitaire doit être respecté à tout moment par toutes les parties, a-t-il rappelé.  Il a formé le vœu que la nomination de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag, permettra de faciliter la mise en œuvre de mesures opérationnelles immédiates par les parties.  Au nombre de ces mesures, le représentant a souligné l’importance d’un accès humanitaire sûr et sans entrave par tous les points de passage pertinents.  Sur la base d’un accès amélioré, il a prôné une forte hausse de l’acheminement de l’aide humanitaire afin de répondre aux besoins, notamment par la simplification des procédures de dédouanement. À cet égard, le représentant a fait valoir que le rétablissement d’un marché fonctionnel devrait être une priorité. 

La nomination de Mme Kaag saura améliorer le niveau de confiance entre les parties, a estimé le représentant, avant d’appeler celles-ci à collaborer de bonne foi avec elle pour obtenir des résultats tangibles pour la population civile. Afin d’assurer le succès du mandat de la Coordonnatrice, il a jugé impératif de mettre en place un cessez-le-feu humanitaire temporaire immédiat.  « Israël et les autres acteurs sur le terrain ont une obligation de résultat », a-t-il ajouté.  Enfin, le représentant a dit attendre avec impatience que la Coordonnatrice établisse rapidement un mécanisme de l’ONU visant à accélérer la fourniture de l’aide humanitaire à Gaza. 

Le représentant de l’Égypte a dit attendre la décision de la Cour internationale de Justice qui, saisie par l’Afrique du Sud, doit se prononcer sur des allégations de crimes de guerre et de génocide.  L’escalade du conflit et la situation actuelle dans la mer Rouge constituent de vraies menaces à la sécurité mondiale lesquelles sont indéniablement liées à la situation dans le Territoire palestinien occupé, a-t-il affirmé. Face à la situation humanitaire désastreuse, il est nécessaire d’accélérer les dispositions pour l’ouverture d’autres points de passage.  À ce titre, le représentant a précisé que l’Égypte n’a jamais fermé le point de passage de Rafah.  Ceux qui pensent que les conflits ne peuvent être réglés que par des moyens militaires se trompent, a-t-il ensuite soutenu.  Selon lui, la situation actuelle est le résultat d’une longue impasse politique et du rejet du processus de paix par Israël.  Les solutions fragmentaires sont vouées à l’échec, a-t-il insisté, prônant la solution des deux États sur la base des frontières de 1967, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Cette solution a mobilisé un consensus international sans précédent auquel seul Israël s’oppose, a-t-il fait remarquer en conclusion. 

S’exprimant au nom du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, la représentante de la Namibie a rappelé que la bande de Gaza a été soumise à l’un des bombardements les plus intenses de l’histoire moderne, qui s’est traduit par plus de 25 000 Palestiniens tués, dont une majorité de femmes et d’enfants, et plus de 61 000 blessés. À ce bilan humain s’ajoute le refus d’accès à la nourriture, à l’eau, au carburant et à d’autres fournitures essentielles, facteur de famine, de propagation de maladies et de niveaux de pauvreté extraordinaires.  Face à ce constat, la représentante a exhorté à un cessez-le-feu immédiat et à la libération inconditionnelle de tous les otages et détenus.  Elle a également appelé les parties à pleinement respecter leurs obligations en vertu du droit international, ainsi que toutes les résolutions pertinentes, notamment les résolutions ES-10/21 et ES10/22 de l’Assemblée générale et les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité. 

De l’avis de la représentante, « les attaques aveugles et disproportionnées d’Israël ont systématiquement brisé la distinction entre civils et combattants ainsi qu’entre biens civils et militaires ».  De surcroît, Israël a constamment manqué à ses obligations en tant que Puissance occupante au titre de la quatrième Convention de Genève, a-t-elle accusé, rappelant que les prisonniers doivent bénéficier d’un traitement humain et digne.  À cet égard, elle a fait état de cas de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants à l’encontre de prisonniers palestiniens, avant d’indiquer que des milliers de Palestiniens, dont des enfants, ont été arrêtés ces trois derniers mois.  Appelant par ailleurs à ne pas prendre pour cible les journalistes et les professionnels des médias ainsi que leur famille, elle a constaté que, dans tout le territoire, la liberté de mouvement et l’accès à l’aide humanitaire restent sévèrement limités malgré les dispositions claires des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Elle s’est également élevée contre l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, avant de dénoncer le fait que les soi-disant « zones de sécurité », où les civils ont été contraints de fuir, soient soumises aux attaques israéliennes. 

Plus de 1,9 million de Palestiniens à Gaza ont été déplacés de force et bon nombre sont des réfugiés de la Nakba de 1948, a poursuivi la représentante.  La majorité d’entre eux se réfugient dans les écoles et installations de l’UNRWA qui continuent de subir les attaques israéliennes, a-t-elle précisé, s’indignant des appels répétés des ministres israéliens au transfert forcé de la population civile palestinienne hors de Gaza.  Elle a aussi évoqué l’escalade de la violence perpétrée par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie occupée, devenue cette année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les enfants.  Au regard de ces événements liés à l’occupation, elle s’est réjouie que plusieurs États Membres aient porté la situation en Palestine devant la Cour pénale internationale (CPI), exigeant que des comptes soient rendus pour les crimes perpétrés contre le peuple palestinien.  Elle a aussi félicité l’Afrique du Sud pour sa demande d’ouverture d’une procédure devant la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël. 

Soulignant la nécessité d’une aide humanitaire urgente et d’efforts immédiats pour parvenir à une solution durable et juste au Moyen-Orient, la représentante a appelé à mettre fin à l’occupation et à respecter les droits inaliénables du peuple palestinien, notamment l’autodétermination et l’indépendance, ainsi que le droit au retour des réfugiés.  Elle a enfin estimé que le moment est venu de poursuivre sans hésitation la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967 et d’admettre l’État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies afin de lui permettre de prendre la place qui lui revient dans la communauté internationale.

Le représentant de l’Union européenne (UE) a demandé l’application immédiate des résolutions 2720 (2023) et 2712 (2023) du Conseil de sécurité, soulignant la crise humanitaire profonde à Gaza et le risque élevé de famine. Il a appelé à augmenter la capacité des points de passage frontaliers et à créer une voie maritime spécifique, tout en veillant à ce que l’aide humanitaire ne soit pas détournée par le Hamas et d’autres organisations terroristes.  L’UE soutiendra les efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction et portera assistance aux civils à Gaza, s’est-il engagé, en parlant d’une aide humanitaire initiale de 125 millions d’euros pour 2024, en sus des 600 millions d’euros déjà fournis par les États membres de l’UE pour le Territoire palestinien occupé depuis octobre 2023.

Le délégué a félicité les efforts de l’ONU et des acteurs humanitaires qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, déplorant la mort d’un nombre sans précédent d’agents humanitaires.  L’UE, en tant que principal donateur de l’UNRWA, continuera de soutenir cet Office dans toutes ses opérations, a-t-il promis.  Il a également exprimé sa préoccupation face à la situation en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, où l’expansion des colonies et la violence des colons ont atteint un niveau record.

Le représentant a réitéré l’engagement de l’UE en faveur d’un règlement juste et global du conflit israélo-palestinien, soutenant l’existence côte à côte d’Israël et d’un État de Palestine indépendant, démocratique, contigu, souverain et viable, avec Jérusalem comme future capitale de ces deux États.  Enfin, il a souligné la volonté de l’UE de contribuer à la relance du processus politique et a mentionné les appels à la tenue d’une conférence internationale de paix, lancés hier par les 27 ministres des affaires étrangères de l’UE. Concluant par un commentaire sur la Syrie, il a réaffirmé au peuple syrien que l’UE « ne l’oublie pas » et a insisté sur la nécessité d’une solution politique durable et globale, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.

Le représentant de la Thaïlande a estimé qu’il est plus urgent que jamais, au vu des graves conséquences humanitaires, de rétablir un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.  Il a vivement condamné toute forme de violence et d’attaques envers des civils, toutes nationalités confondues, ainsi que le déplacement forcé des populations de Gaza.  Il a rappelé l’importance de respecter le droit international humanitaire et a apprécié les efforts diplomatiques de toutes les parties impliquées qui ont facilité la libération des otages pendant le cessez-le-feu l’année dernière. Néanmoins, il s’est dit préoccupé par la sécurité des otages thaïlandais toujours détenus.  Sur la base des résolutions pertinentes, il a appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les otages.

Pour mettre en œuvre les résolutions récemment adoptées, nous avons besoin de détermination politique, a-t-il estimé, expliquant que cette détermination doit s’appliquer à une cessation durable des hostilités, à des actions immédiates pour empêcher une escalade régionale et à un réel dialogue diplomatique visant à trouver un compromis en accord avec la solution des deux États. Réaffirmant le soutien de sa délégation aux efforts collectifs pour une désescalade et un dialogue diplomatique, il a appelé le Conseil de sécurité à soutenir les efforts de paix.

La représentante du Qatar a fermement condamné les attaques israéliennes contre les infrastructures et les civils, ce qui équivaut à un châtiment collectif.  Favorable aux résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, le Qatar, a-t-elle dit, insiste sur leur pleine mise en œuvre afin d’éviter une escalade dans la région.  La communauté internationale doit assurer l’application du droit sans sélectivité, a poursuivi la représentante, avant de mettre en lumière les efforts diplomatiques déployés par son pays, en coordination avec des partenaires internationaux et régionaux, pour mettre fin à la guerre, assurer une aide humanitaire durable, libérer les otages et détenus et éviter l’embrasement régional. En collaboration avec la France, le Qatar, a-t-elle précisé, a par exemple facilité un accord pour l’acheminement de médicaments et d’aide humanitaire à Gaza.  Enfin, la déléguée a réitéré l’engagement du Qatar à œuvrer pour une solution juste et pérenne, conforme à l’initiative de paix arabe et aux résolutions internationales qui prévoient la création d’un État palestinien, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale.

Le représentant du Viet Nam a déclaré qu’après plus de 100 jours de conflit à Gaza, la grave préoccupation de la communauté internationale concernant la situation humanitaire n’a fait que s’aggraver.  Le nombre « effarant » de victimes, principalement des femmes et des enfants, souligne selon lui la nécessité cruciale d’un cessez-le-feu immédiat.  Le représentant a condamné les attaques aveugles menées contre les civils et les infrastructures essentielles, en violation du droit international humanitaire.  Les résolutions du Conseil adoptées jusqu’à présent n’ont pas réussi à endiguer la destruction et la souffrance, a constaté le représentant, avant d’exhorter cet organe à redoubler d’efforts pour remédier de toute urgence à cette crise. Pour y parvenir, la protection des civils, notamment la libération des otages, doit être une priorité absolue, a-t-il prôné en ajoutant à cela la fourniture d’une aide humanitaire rapide, sûre et sans entrave, tout aussi essentielle.  Ce conflit a en outre exacerbé les tensions en Cisjordanie, a déploré le représentant en notant que des centaines de Palestiniens y ont été tués et des milliers d’autres arrêtés.  Ces développements, qui s’ajoutent aux incidents en mer Rouge, soulignent selon lui la nécessité de faire preuve de retenue et d’engagement diplomatique. 

Le représentant de l’Australie a condamné les attaques du Hamas contre Israël, appelant à la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Si Israël a le droit de se défendre, a-t-il relevé, la manière importe.  Il a précisé que les parties doivent respecter le droit international humanitaire et protéger les civils.  Il a réitéré la nécessité d’un accès humanitaire sûr et sans entrave, réclamant aussi davantage de pauses humanitaires afin de permettre l’acheminement de l’aide et la traversée des civils en toute sécurité.  Les pauses humanitaires sont également une étape importante vers un cessez-le-feu durable, a-t-il fait valoir.  Un tel cessez-le-feu ne peut être ni unilatéral, ni inconditionnel, a-t-il néanmoins ajouté, soulignant que toute solution ne peut impliquer le déplacement forcé des populations ou l’utilisation de Gaza à des fins terroristes. 

En outre, le représentant s’est inquiété des actes dangereux commis par des acteurs régionaux cherchant à tirer profit du conflit.  Il a ainsi condamné les attaques houthistes en mer Rouge qui menacent le commerce international et la sécurité maritime.  Seul un État palestinien indépendant peut ramener la paix et la sécurité dans la région, a-t-il soutenu, insistant sur l’importance de mettre en place des actions pratiques en ce sens et de relancer le processus politique. 

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