Soixante-dix-septième session,
2e séance plénière – après-midi
CPSD/748

La Quatrième Commission ouvre son débat général par des appels au règlement « juste et définitif » du différend autour des Îles Falkland (Malvinas)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a ouvert cet après-midi son débat général en dressant le constat d’une décolonisation inachevée, notamment dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, où le statut final des Îles Falkland (Malvinas) a interpellé nombre de délégations. 

« Les systèmes coloniaux ont laissé de douloureux passés derrière eux », a lancé en début de séance le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi.  « C’est à nous de nous assurer que cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme sera la dernière en son genre », a-t-il souligné. 

Le Rapporteur du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. Bassam Sabbagh (République arabe syrienne), a ouvert la séance en présentant le rapport de la session 2022 de cet organe.  « La décolonisation n’est pas encore terminée », a prévenu le Vice-Président du Comité, M. Pedro Luis Pedroso Cuesta (Cuba), pour qui « l’avenir et le destin » des peuples des territoires non autonomes dépendent « de notre volonté et de notre action politique ». 

L’avenir de ces territoires doit en effet être déterminé par le droit international, y compris la Charte des Nations Unies, et par le règlement pacifique des différends, a renchéri le Président de l’Assemblée.  Toutefois, a noté le Mexique, le débat sur la relation entre le droit à l’autodétermination des peuples et le principe de l’intégrité territoriale des États, notions parfois contradictoires du droit international, reste entier.  Si celui-ci ne permet pas de donner la priorité à l’un sur l’autre, la résolution 1514 (XV), qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, affirme à ses yeux la validité « juridique et historique » des droits de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes. 

Ce différend représente en effet une situation coloniale qualifiée par les Nations Unies de « spéciale et particulière », selon le Guatemala, pour qui « nous avons affaire à un territoire colonisé et non à une population colonisée, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une population originelle mais d’une population transplantée par le Royaume-Uni ».  Un avis partagé par l’Uruguay, au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), qui a estimé qu’on ne peut faire référence à l’autodétermination étant donné que la population britannique a été introduite sur ces îles de manière « illégale » et ne constitue donc pas un peuple « au sens strict ». 

À ce propos, l’Argentine a regretté que le Royaume-Uni, en violation des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, ait choisi de lier la reprise des négociations sur le statut des Îles Malvinas à la volonté de ses habitants.  De même, le Royaume-Uni continue selon elle de mener des activités contraires à la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui exhorte les parties à s’abstenir de toute activité d’exploration et d’exploitation illégale des ressources renouvelables et non renouvelables dans la zone contestée. 

Le Royaume-Uni a déclaré n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les « Îles Falkland », ni sur le droit à l’autodétermination de leur peuple.  Il ne peut y avoir de dialogue sur la souveraineté que si les habitants le souhaitent, a-t-il rétorqué, avant de mentionner que le dernier référendum en date a clairement démontré que ce n’était pas le cas.  La délégation britannique a également affirmé que le Royaume-Uni ne militarise pas les Îles Falkland et que sa présence militaire sur place est strictement défensive.  Elle a reproché à l’Argentine de continuer à nier le droit à l’autodétermination des habitants de ces îles avant de faire valoir le partenariat qui existe entre Londres et ses territoires d’outre-mer. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), l’Équateur a noté que sur les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Commission, plus de la moitié se trouvent dans cette sous-région.  La CELAC a donc invité les puissances administrantes à adopter les mesures qui s’imposent pour parvenir à une décolonisation rapide de ces territoires, en tenant compte de la situation spécifique de chacun. 

Nous sommes en effet entrés dans une nouvelle ère dans laquelle le colonialisme n’a plus sa place, a confirmé le Président de l’Assemblée générale.  « Les décisions que vous prendrez au sein de cette commission devront avoir pour but non seulement d’y mettre fin, mais aussi d’empêcher que les atrocités de cette époque difficile ne se reproduisent », a-t-il exhorté. 

Le Guatemala, rejoint par Cuba, a par ailleurs soulevé une motion d’ordre concernant la liste des intervenants à la Commission, déterminée par le rang du diplomate qui s’exprime plutôt que par l’ordre d’inscription.  Il s’est également objecté à une directive voulant que les délégations qui prennent la parole au nom d’un groupe ne puissent intervenir à titre national.  Le Président de la Commission a assuré qu’il se penchera sur ces questions avec le Secrétariat. 

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 4 octobre 2022, à partir de 15 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Déclaration liminaire

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que nous vivons une époque de crises sans précédent, multiformes et imbriquées, alors que de nombreuses personnes souffrent de la faim et que l’inflation monte en flèche.  « La nature fait son travail: elle n’accepte pas notre mode de vie non durable », a-t-il affirmé.  Il a dit constater une « récurrence déplorable du recours à la force dans les relations internationales », alors qu’une trentaine de conflits armés sont en cours, y compris, « en tout premier lieu », la guerre sanglante qui sévit en Ukraine.  Le leadership de l’ONU, « véhicule le plus universel du multilatéralisme », s’est engagé à mener des réformes afin que l’Organisation soit prête à répondre aux défis auxquels nous sommes et serons confrontés.  « Vous m’avez élu pour vous aider à trouver des solutions fondées sur la solidarité, la durabilité et la science », a rappelé le Président, en appelant les États Membres à agir en se concentrant sur la recherche de solutions.  À cet égard, les preuves scientifiques irréfutables doivent éclairer nos discussions, animées par la solidarité et la recherche de consensus.  Leurs résultats doivent en outre répondre aux attentes des populations que nous servons, tout en reflétant nos deux priorités de « gestion de crise et de transformation », a-t-il ajouté. 

« Les systèmes coloniaux ont laissé de douloureux passés derrière eux », a poursuivi M. Kőrösi: « C’est à nous de nous assurer que cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme est la dernière en son genre ».  L’avenir de ces territoires doit être déterminé par le droit international, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies et du règlement pacifique des différends.  « Nous sommes dans une nouvelle ère, un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité », a-t-il jugé, en ajoutant qu’il n’y a plus de place aujourd’hui pour le colonialisme.  « Les décisions que vous prendrez au sein de cette commission devront avoir pour but non seulement d’y mettre fin, mais aussi d’empêcher que les atrocités de cette époque difficile ne se reproduisent », a insisté le Président. 

Si nous luttons pour décoloniser la Terre, nous ne devrions certainement pas commencer à coloniser l’espace, a encore dit M. Kőrösi, pour qui notre responsabilité envers les générations futures exige une atmosphère spatiale pacifique.  Bien que les technologies visant à étendre nos capacités à l’espace extra-atmosphérique soient en partie liées à des considérations de défense, « la militarisation de l’espace est impensable et doit être condamnée », a-t-il tranché.  La recherche spatiale doit plutôt être mise au service de la réalisation du Programme à l’horizon 2030.  « Tournons-nous vers le ciel pour y trouver des solutions, et non un levier militaire », a ajouté M. Kőrösi. 

Le Président a exprimé sa reconnaissance aux forces de maintien de la paix pour leur travail consistant à « prévenir les crises, si possible, et à les calmer, si nécessaire ».  Malheureusement, ces dernières années, nous avons assisté à une multiplication des attaques ciblées, des menaces et de la désinformation contre les forces de maintien de la paix des Nations Unies, a déploré M. Kőrösi.  En 2022, 72 personnes ont payé le prix ultime alors qu’elles servaient sous le drapeau de l’ONU, a-t-il rappelé, avant d’inviter les États Membres à honorer leur mémoire en surmontant leurs différences afin de favoriser une action plus unie pour le maintien de la paix, notamment au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Les Casques bleus sont la matérialisation la plus visible du travail de l’ONU, a encore noté le Président, « un exemple sur le terrain du multilatéralisme en action ».  Il en va de même de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui fournit une éducation à un demi-million d’enfants, des services de santé à trois millions de réfugiés et une protection sociale à six millions de personnes.  Il a « imploré » les États Membres à combler d’urgence le déficit de 732 millions de dollars du financement de l’UNRWA afin de créer les conditions pour que la paix s’épanouisse. 

Déclarations

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’attachement de ses États parties au processus de décolonisation et au droit à l’autodétermination des peuples en regrettant que, sur les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Commission, plus de la moitié se trouvent dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Lors de son sixième Sommet des chefs d’État et de gouvernement qui s’est tenu à Mexico en septembre 2021, la CELAC a réitéré son engagement à continuer à travailler, dans le cadre du droit international, en particulier de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, pour faire de l’Amérique latine et des Caraïbes un territoire exempt de colonies, a-t-il précisé.  Dès lors la CELAC invite les puissances administrantes à coopérer et à participer pleinement aux travaux du Comité spécial, ainsi qu’à ses futures sessions et séminaires, et à adopter les mesures nécessaires pour parvenir à la décolonisation rapide de chacun des territoires non autonomes, en tenant compte de la situation spécifique de chacun, y compris des situations coloniales définies comme « spéciales et particulières ». 

La CELAC, a poursuivi le représentant, réaffirme sa position concernant la question des Îles Malvinas et réitère son soutien le plus ferme aux droits légitimes de l’Argentine dans le conflit de souveraineté relatif aux Îles Malvinas, aux Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et aux zones maritimes environnantes.  Il a insisté pour que les gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni reprennent leurs négociations afin de trouver dans les meilleurs délais une solution pacifique et définitive à ce différend, conformément à la résolution 2065 (XX) de l’Assemblée générale et aux autres résolutions pertinentes des Nations Unies et de l’Organisation des États américains (OEA).  À cet égard, le délégué a souligné l’attitude constructive permanente et la volonté du gouvernement argentin de parvenir, par la négociation, à une solution pacifique et définitive à cette situation coloniale « anachronique » sur le sol sud-américain. 

Lors du sixième Sommet de la CELAC, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté ont réitéré le caractère latino-américain et caribéen de Porto Rico et également pris note des résolutions sur ce territoire adoptées par le Comité spécial sur la décolonisation.  Le représentant a évoqué dans ce contexte la Déclaration de La Havane de 2014, dans laquelle les chefs d’État et de gouvernement ont chargé le Quatuor de la CELAC, avec la participation d’autres États membres qui souhaitent se joindre à ce mandat, de présenter des propositions pour faire avancer la question de Porto Rico.  En ce qui concerne les petits territoires insulaires des Caraïbes et du Pacifique, qui constituent la majorité des territoires non autonomes, la CELAC, a encore indiqué le représentant, considère qu’il est nécessaire de continuer à prendre des mesures pour faciliter la croissance soutenue et équilibrée de leurs économies fragiles et de les autoriser à exercer leur droit à l’autodétermination.  Elle reste par ailleurs préoccupée par la situation dans les Îles Turques et Caïques et souligne la nécessité d’assurer une gouvernance véritablement inclusive, démocratique et représentative dans ce territoire. 

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant de l’Équateur a également réaffirmé l’attachement de son pays au droit à l’autodétermination des peuples, avant de dire qu’il est fondamental de promouvoir le dialogue entre puissances administrantes et territoires non autonomes.  Il a également réitéré que le seul moyen de régler la question des Îles Malvinas passe par la reprise de négociations bilatérales entre les Gouvernements argentin et britannique, conformément au droit international, aux buts et principes de la Charte et aux dispositions pertinentes des résolutions de l’Assemblée générale et du Comité de la décolonisation. 

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), s’exprimant au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a réitéré son appui à l’Argentine s’agissant du différend de souveraineté concernant les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Dans ce cas, il a estimé qu’on ne peut faire référence à l’autodétermination étant donné que la population britannique a été introduite sur ces îles de manière illégale et ne constitue pas un peuple au sens strict.  Il convient à ses yeux de respecter le principe d’intégrité territoriale des États, conformément aux principes du droit international, notamment la résolution de 1965 par laquelle l’Assemblée générale et le Comité sur la décolonisation ont précisé que le différend au sujet des Îles Malvinas doit être résolu au moyen d’un règlement pacifique.  Les chefs d’État du MERCOSUR ont réaffirmé, cette année, dans un communiqué conjoint, les droits légitimes de l’Argentine à cet égard.  Ce litige de longue date avec le Royaume-Uni doit déboucher sur une solution le plus tôt possible, a-t-il insisté.  En outre, conformément à la résolution 3149 de l’Assemblée générale, il est essentiel que le Royaume-Uni mette un terme à l’exploitation des ressources naturelles dans la zone litigieuse ainsi qu’aux mesures unilatérales.  Selon lui, la question des Îles Malvinas constitue un cas particulier de colonisation qui doit faire l’objet d’un règlement pacifique, juste et définitif, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a appelé à venir à bout de la décolonisation au cours de cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  Il est impératif, selon lui, que malgré l’impact de la pandémie et les revers infligés à la réalisation des objectifs de développement durable, se poursuivent les efforts pour éliminer « une fois pour toutes » les obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples qui vivent encore sous occupation coloniale et étrangère.  En tant que membre du Comité spécial de la décolonisation, le Nicaragua, a indiqué M. Castillo, œuvre activement à ce que les peuples des territoires non autonomes puissent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination, à l’indépendance ainsi que leur droit au développement.  Le délégué a ensuite réaffirmé le soutien du Nicaragua au droit « solennel » à l’autodétermination et à la souveraineté nationale du peuple de la République arabe sahraouie démocratique.  L’organisation d’un référendum, supervisé par l’ONU, est essentiel à cet égard, a-t-il estimé.  M. Castillo a également revendiqué la restitution de la souveraineté argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Le Nicaragua souhaite en outre que l’Assemblée générale examine de manière globale et sous tous ses aspects la situation coloniale de Porto Rico. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a noté la résurgence du débat sur la relation entre le droit à l’autodétermination des peuples et le principe de l’intégrité territoriale des États, notions de droit international parfois contradictoires.  Or, pour le Mexique, une interprétation « harmonieuse » du droit international ne permet pas de donner la priorité à l’un sur l’autre.  Le représentant a jugé « anachronique » que, 60 ans après le grand mouvement d’émancipation des peuples sous régime colonial, qui a permis à quelque 150 nouveaux États de devenir membres des Nations Unies, cette tâche reste inachevée.  Se référant à la résolution 1514 (XV), qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, il a affirmé, « avec une conviction absolue et la plus grande force », la validité juridique et historique des droits de la République argentine dans le conflit de souveraineté sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Il s’agit là du seul différend qui subsiste entre les Amériques, d’une part, et un pays européen, d’autre part, découlant d’une situation coloniale, a-t-il relevé, phénomène « manifestement incompréhensible » étant donné l’attachement des deux régions au droit international et au règlement pacifique des différends.  Il est donc essentiel que l’Argentine et le Royaume-Uni reprennent les négociations de bonne foi afin de parvenir à une solution juste, pacifique, définitive et mutuellement acceptable de la question des Îles Malvinas, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Dans l’intervalle, il a invité les parties à se conformer aux dispositions de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale et à s’abstenir de prendre des décisions impliquant des changements unilatéraux de la situation.  Selon lui, le droit international fixe des limites claires à cet égard, afin de sauvegarder les droits des parties et d’éviter de causer des dommages irréparables. 

S’agissant du Sahara occidental, le délégué a réaffirmé son soutien aux efforts pour parvenir à une solution juste et durable du conflit, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Il a souligné l’importance d’écouter la volonté du peuple sahraoui et de respecter son droit à l’autodétermination, en ajoutant qu’une paix durable doit reposer sur l’organisation d’un référendum avec l’acceptation du résultat par les parties concernées.  Il a également souligné l’importance de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) en tant que garant de la stabilité et du cessez-le-feu sur place, tout en considérant opportun de renforcer la surveillance des droits humains dans ce territoire. 

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a dit soutenir les efforts du Maroc en faveur d’une solution politique crédible et acceptable pour le Sahara occidental et apprécier les mesures prises par le Secrétaire général pour tenter de parvenir, avec toutes les parties concernées, à une solution réaliste et durable.  Il s’est associé à l’appel lancé aux parties concernées pour qu’elles maintiennent un esprit de coopération avec le Secrétaire Général et son Envoyé personnel, en saluant les efforts inlassables de ce dernier, M. Staffan De Mistura, en vue de faciliter la relance du processus politique.  Il a notamment cité les deux visites de M. De Mistura à Rabat, à Tindouf, à Alger et à Nouakchott, en janvier, juillet et septembre 2022.  Fidèle à sa tradition de solidarité régionale, le représentant a déclaré que la République dominicaine soutient les revendications de souveraineté « justes » de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  De même, le représentant a appuyé les déclarations faites à ce sujet par le Groupe des 77 et la Chine et la CELAC.  La voie pacifique et la négociation sont, selon lui, la meilleure direction possible pour parvenir à une solution à ce différend.  M. Blanco a ensuite apporté le soutien de son pays aux efforts de bons offices du Secrétaire général des Nations Unies sur cette question.  Pour conclure, il a évoqué le Communiqué spécial sur la question des Îles Malvinas du vingt-septième Sommet ibéro-américain, qui s’est déroulé en Andorre le 21 avril 2021, que la République dominicaine présidait en sa qualité de président pro tempore de l’Union ibéro-américaine. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a réitéré la volonté de son pays de résoudre la question coloniale des Îles Malvinas, conformément aux dispositions pertinentes de l’Assemblée Générale.  « Comme l’ont reconnu à de nombreuses reprises l’Assemblée générale et le Comité spécial sur la décolonisation, à commencer par la résolution 2065 (XX), la question des Îles Malvinas est une situation coloniale spéciale et particulière qui implique un différend de souveraineté entre deux États Membres de l’ONU, l’Argentine et le Royaume-Uni », a rappelé la représentante.  Dans ce contexte, elle a regretté que malgré les appels de l’Organisation des États américains, de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CARICOM), du MERCOSUR, du Sommet ibéro-américain et du Groupe des 77 et la Chine, le Royaume-Uni a indiqué ne pas souhaiter de négociations tant que les habitants du territoire ne le demanderont pas.  La déléguée a rappelé que ni la résolution 2065 (XX) ni aucune des résolutions ultérieures sur la question ne mentionne la volonté des habitants du territoire comme condition.  Elle a insisté sur le fait que les Îles Malvinas constituent une situation particulière d’un territoire colonisé par le Royaume-Uni, sans qu’un peuple ne soit soumis à une domination coloniale. 

Mme Squeff a rappelé que le Royaume-Uni a occupé les Îles Malvinas par la force en 1833, alors que ce territoire se trouvait sous contrôle argentin, expulsant les autorités légitimes pour y introduire des sujets britanniques, dans l’objectif d’imposer une réalité démographique qui lui permettrait de renforcer son emprise coloniale.  La déléguée a estimé que la position britannique actuelle est contredite par son attitude passée, puisque le Royaume-Uni est tombé d’accord avec l’Argentine en 1966 pour entamer des négociations sur la souveraineté, lesquelles ont duré 16 ans.  Elle a précisé que les deux gouvernements avaient présenté leurs positions respectives pour mettre fin à ce différend, dont le transfert de l’exercice de la souveraineté à l’Argentine ou la gestion conjointe des îles, dans laquelle le Royaume-Uni a reconnu la souveraineté argentine sur l’archipel.  Elle a mentionné les alternatives examinées par les deux parties, qui ont envisagé des garanties spéciales pour la population insulaire afin de veiller à ce que leurs intérêts soient dûment protégés.  La représentante a regretté que les pourparlers bilatéraux sur la souveraineté aient été interrompus après que le Royaume-Uni a décidé de conditionner la reprise des négociations au consentement des habitants. 

En outre, elle a rappelé que l’Assemblée générale, par sa résolution 37/9, a demandé à l’Argentine et au Royaume-Uni de reprendre les négociations en 1982, avant de souligner que les victoires militaires de cette année-là n’ont pas modifié la nature du différend de souveraineté sur les Îles Malvinas.  Mme Squeff a expliqué que le Gouvernement argentin autorise les vols à caractère humanitaire depuis les îles vers le continent, pour permettre aux habitants d’avoir accès aux systèmes publics de santé et d’éducation.  Elle a aussi cité le lancement d’un programme de bourses pour les étudiants des Îles Malvinas qui souhaitent suivre des cours de premier cycle, de cycles supérieurs et de troisième cycle dans les six universités de Patagonie.  Puis elle a accusé le Royaume-Uni de continuer de mener des activités contraires à la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui exhorte les parties à s’abstenir d’actions unilatérales dans la zone contestée jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée au différend.  Illustrant son propos, elle a cité les activités d’exploration et d’exploitation illégales de ressources renouvelables et non renouvelables dans la zone contestée, qui ont fait l’objet de protestations répétées de la part de l’Argentine. 

M. JUAN ANTONIO BENARD ESTRADA (Guatemala) a salué la volonté politique l’Argentine de résoudre son différend de souveraineté avec le Royaume-Uni au sujet des Îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes par la négociation et le dialogue.  Cependant, le Royaume-Uni refuse systématiquement de reprendre les négociations, a regretté le représentant.  Le refus de se conformer aux obligations de reprendre les négociations est aggravé par l’introduction continue par le Royaume-Uni d’actes unilatéraux tels que l’exploration et l’exploitation de ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, ainsi que par sa présence militaire, a dénoncé le délégué.  Il les a jugés contraires à la lettre et à l’esprit des résolutions pertinentes des Nations Unies qui exhortent les deux parties à s’abstenir de prendre des décisions qui impliqueraient l’introduction de modifications unilatérales de la situation alors qu’un processus de négociations recommandé par l’Assemblée générale est en cours. 

Le différend susmentionné représente une situation coloniale qui a été spécifiquement qualifiée, selon cette Organisation, de « spéciale et particulière », car elle comporte des caractéristiques qui la distinguent des autres cas de décolonisation.  « Comme cela a été dit à plusieurs reprises, nous avons affaire à un territoire colonisé et non à une population colonisée, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une population originelle mais d’une population transplantée par le Royaume-Uni au début de l’usurpation », a argué M. Benard Estrada.  Plus que jamais selon lui, il est donc nécessaire que le Secrétaire général de l’ONU continue d’aider les parties à se conformer aux demandes de l’Assemblée.  Par ailleurs, sur la question du Sahara occidental, le Guatemala a réitéré son soutien aux efforts du Maroc pour rechercher une solution politique au différend régional sur le Sahara, considérant que l’initiative d’autonomie présentée par Rabat en 2007 constitue une base réaliste, crédible et sérieuse pour parvenir à une solution négociée entre les parties. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a souligné la cohérence de la diplomatie de son pays, qui soutient depuis la création, il y a 61 ans, du Comité spécial.  L’anticolonialisme est une politique d’État au Pérou, a-t-il ajouté, avant de rendre hommage aux contributions déterminantes du Comité dans l’accès à l’indépendance de 81 peuples au cours des six dernières décennies. 

Concernant les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, le représentant a estimé qu’elles constituent un cas spécifique sui generis où il est actuellement impossible d’appliquer le principe d’autodétermination en raison des changements démographiques intervenus dans ces territoires, et qui sont une conséquence directe du litige autour de leur souveraineté opposante l’Argentine et le Royaume-Uni.  Le représentant a appelé à un règlement pacifique de ce différend conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU, notamment celles de l’Assemblée générale demandant aux deux parties de reprendre des négociations et de ne mener aucune action unilatérale sur les territoires faisant l’objet du différend tant que celui-ci n’a pas été résolu. 

Par ailleurs, le représentant a appelé au rétablissement du cessez-le-feu au Sahara occidental et à la relance du processus d’autodétermination et d’indépendance de ce territoire.  Le Pérou fournit ses bons offices en maintenant des relations diplomatiques entre la République arabe sahraouie démocratique et le Royaume hachémite du Maroc, a-t-il a précisé en conclusion. 

M. FABIO CUNHA PINTO COELHO (Brésil) a réaffirmé le soutien du Brésil au droit de souveraineté de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Il a regretté la résurgence de situations coloniales sur le continent, dont la situation des îles Malvinas, auxquelles le principe de l’autodétermination ne s’applique pas mais plutôt celui de l’intégrité territoriale, a précisé le représentant en appelant les deux parties à revenir à la table des négociations pour parvenir à une solution pacifique, juste et durable au différend.  Il est troublant de voir les violations des dispositions existantes, a affirmé le délégué, en faisant notamment référence aux résolutions pertinentes sur cette question, qui demandent aux parties de ne pas contribuer à modifier unilatéralement la situation sur place.  Or, le Royaume-Uni persiste à exploiter les ressources naturelles de la zone, a-t-il dénoncé.  L’Amérique latine est une zone de paix, a-t-il rappelé en conclusion, en demandant au Secrétaire général de poursuivre ses bons offices auprès de l’Argentine et du Royaume-Uni. 

Mme ZORAYA DEL CARMEN CANO FRANCO (Panama) a déclaré que la résolution 1541 (XV) de l’Assemblée générale, datée du 15 décembre 1960, qui contient l’engagement de mettre fin au colonialisme sous toutes ses formes, reste plus pertinente que jamais.  Elle a appelé au respect intégral de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, soulignant l’engagement de son pays en faveur du droit inaliénable de tous les peuples à accéder à leur indépendance, conformément à toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée.  La déléguée a appuyé les revendications légitimes de l’Argentine sur la souveraineté des Îles Malvinas, avant d’appeler à poursuivre les négociations en vue d’un règlement pacifique entre les parties.  Enfin, elle a appelé au respect de la résolution 31/49 qui exhorte les deux gouvernements à poursuivre les négociations en s’abstenant de toute décision qui entrainerait des changements unilatéraux de la situation sur le terrain.  « Les Îles Malvinas appartiennent à l’Argentine comme le Canal appartient à Panama », a indiqué la représentante, se disant persuadée de la possibilité de trouver de nouvelles formules pour rectifier des situations qui n’ont pu l’être jusqu’à présent. 

M. VAHID GHELICH (Iran) a déclaré que son pays estime qu’il est temps que la communauté internationale se lance énergiquement dans l’éradication du colonialisme sous toutes ses formes, y compris l’exploitation économique et sociale des « peuples coloniaux ».  L’ONU doit prendre ses responsabilités pour accélérer le processus de décolonisation, conformément à la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté.  Le délégué a ensuite souligné l’importance que puisse s’exercer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, conforment à la résolution 1514 de l’Assemblée générale.  Seule une solution politique garantissant ce droit permettra de régler le différend, a-t-il indiqué, appelant à la poursuite du processus de négociation dans le cadre des pourparlers prévus et organisés par l’ONU.  Enfin, si son pays soutient le Comité spécial depuis sa création il y a 61 ans, il convient selon lui de fournir aux peuples coloniaux les outils leur permettant de « vraiment » jouir de leurs droits inaliénables à l’indépendance et à la liberté. 

M. BRAMANTYA DWIPUTRA WIDODO (Indonésie) a remercié le Président de la Commission pour les condoléances présentées à son pays à la suite des évènements qui se sont produits dans un stade de football.  Il a tenu à préciser que le Président indonésien a pris une série de mesures, à commencer par offrir des soins médicaux aux victimes, mais également de mener une enquête approfondie sur les causes de cet incident.  Il a également suspendu le championnat de football jusqu’à ce que l’enquête soit terminée. 

Droits de réponse

Le représentant du Royaume-Uni a réagi à l’intervention du l’Équateur qui s’exprimait au nom de la CELAC, en lui disant n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les Îles Falkland, ni sur le droit à l’autodétermination de leur peuple.  Il ne peut y avoir de dialogue sur la souveraineté que si les habitants le souhaitent, a-t-il insisté, or le dernier référendum en date a clairement montré qu’ils ne le veulent pas.  Le représentant a également affirmé que le Royaume-Uni ne militarise pas les Îles Falkland et que sa présence militaire sur place est strictement défensive.  Il a de plus reproché à l’Argentine de continuer à nier le droit à l’autodétermination des habitants de ces îles avant de faire valoir le partenariat qui existe entre le Royaume-Uni et ses territoires d’outre-mer. 

Réagissant à l’intervention du Royaume-Uni, le représentant de l’Argentine, a réaffirmé la déclaration formulée par son président cette année devant l’Assemblée générale, qui a rappelé que les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes font partie intégrante du territoire national argentin et sont illégalement occupées par le Royaume-Uni.  « Cette occupation illégale a amené l’Assemblée générale à adopter 10 résolutions sur la question à commencer par la résolution 2065 (XX) qui invite les deux parties à négocier », a insisté le représentant avant de rappeler au Royaume-Uni les obligations qui lui incombent pour résoudre ce différend de bonne foi par la négociation.  Il a estimé que la présence britannique dans les Îles Malvinas est le fruit d’un acte unilatéral sans aucune valeur juridique, réaffirmant la volonté de son Gouvernement de reprendre avec le Royaume-Uni les négociations qui ont été interrompues. 

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