Soixante-dix-septième session,
2e séance plénière – matin
AG/DSI/3682

Désarmement: dans un climat de tensions exacerbées par la guerre en Ukraine, la Première Commission est invitée à obtenir des résultats tangibles

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé, ce matin, son débat général sur toutes les questions à l’ordre du jour de sa soixante-dix-septièmesession.  Son Président, M. Mohan Pieris, et la Haute-Représentante aux affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, ont d’emblée mis les délégations face à leurs responsabilités, les invitant à parvenir à des résultats tangibles dans un domaine -la paix et la sécurité- qui est « la raison d’être de l’ONU ». 

Mme Nakamitsu a ainsi estimé qu’il était « grand temps que nous travaillions ensemble pour revoir nos approches existantes en matière de désarmement et unir nos forces pour élaborer une nouvelle vision de l’avenir ».  « Ce n’est un secret pour personne que la réalisation des objectifs de la Première Commission se fait attendre », a pour sa part noté M. Pieris, qui a invité les délégations à faire preuve de souplesse afin de soumettre des recommandations de fond pour répondre aux défis « complexes » qui mettent à mal l’environnement sécuritaire global. 

Tant Mme Nakamitsu que M. Pieris ont convenu que le conflit en Ukraine avait exacerbé les défis sécuritaires mondiaux émergents identifiés l’an dernier, avec pour effet une intensification, en quelques mois, des tensions internationales.  Reprenant les propos du Secrétaire général de l’ONU, la Haute-Représentante a souligné que l’occupation russe, « sans précédent d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique », de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia risquait de provoquer une catastrophe « inimaginable ».  Aussi a-t-elle battu le rappel des principes de transparence et de reddition des comptes et engagé les parties à réduire sans tarder tout risque nucléaire sur le site et dans la région.  Après avoir rappelé que l’ONU, dans la première résolution de l’Assemblée générale en 1946, s’était fixé pour objectif l’élimination des armes nucléaires, M. Pieris a estimé que le monde postpandémie offrait l’occasion aux États Membres de repenser leur politique de paix et de sécurité en replaçant l’homme au centre de leurs réflexions. 

Se voulant optimiste, la Haute-Représentante a trouvé encourageants plusieurs développements récents dans le champ du désarmement onusien: l’augmentation du nombre de ratifications du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la poursuite des sessions de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et la tenue de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « assortie d’un plan d’action ambitieux ».  Elle s’est aussi félicitée de ce que la Commission du désarmement, après une impasse de trois ans, soit parvenue cette année à adopter un programme de travail devant donner lieu à des recommandations transmises à l’Assemblée générale. 

Mais l’échec de la dixième Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était dans les discours de la vingtaine de délégations ayant pris la parole.  Les États-Unis ont toutefois argué qu’il ne s’agissait pas d’un échec, puisque « 150 pays étaient prêts à adopter un document final » et qu’un seul État, la Russie, avait tout paralysé en refusant de considérer que les centrales nucléaires ne peuvent être des cibles de guerre.  Leur représentante a déploré qu’un an après avoir pris l’engagement, aux côtés de la France, du Royaume-Uni, de la Chine et des États-Unis, de ne jamais se livrer à une guerre nucléaire, la Russie avait « choisi la voie opposée à la paix, optant de manière délibérée pour la guerre, la destruction et les pires menaces ».  Seul État doté de l’arme nucléaire à avoir fait une déclaration aujourd’hui, les États-Unis ont réitéré leur engagement de maintenir la stabilité stratégique en vigueur, tout en maintenant leur politique de dissuasion nucléaire, « sûre et crédible ».

L’Union européenne a réitéré la détermination de ses membres à œuvrer à la relance du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, tout en s’inquiétant d’agissements de l’Iran jugés incompatibles avec la conduite d’activités nucléaires strictement civiles.  Son représentant a exhorté l’Iran à coopération « sans conditions » avec l’AIEA.  Il a par ailleurs demandé à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de dialoguer de manière constructive avec toutes les parties régionales pour parvenir, dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, l’Indonésie, qui s’est félicitée de l’extension l’an dernier du traité NEW START jusqu’en 2026, a exhorté tous les États dotés de l’arme nucléaire à avancer sur les questions des zones exemptes d’armes nucléaires.  Celles-ci feront l’objet de plusieurs projets de résolution de la Commission. 

Concernant ces textes, qui seront soumis à l’approbation de l’Assemblée générale, les États-Unis ont annoncé qu’ils présenteraient un projet de résolution sur la sécurité dans l’espace qui invitera les États à prendre, comme ils l’ont fait, l’engagement de ne pas mener d’essais de missiles antisatellites dangereux dans l’espace extra-atmosphérique, afin de renforcer la paix et la sécurité internationales « tout en préservant intactes les capacités de tous les pays à tirer profit des ressources de ce patrimoine sacré et commun de l’humanité ». 

En ce qui concerne les armes classiques, les pays de la CARICOM, notamment, ont salué les actions menées par l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité pour lutter contre la présence excessive des « armes à feu criminelles » dans les Caraïbes.  Ils ont rappelé leur attachement à la réussite du Traité sur le commerce des armes et à la pleine mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies contre les armes légères et de petit calibre. 

Les pays en développement, par le biais des groupes régionaux, ont réclamé que les plus de 2 000 milliards de dollars annuels de dépenses militaires soient consacrés à la réalisation des objectifs de développement durable. 

La Commission reprendra son débat général demain, à 10 heures.  Elle entendra une déclaration liminaire du Président de l’Assemblée générale.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations liminaires

M. MOHAN PIERIS, Président de la Première Commission, a souligné que, si le désarmement reste l’un des enjeux primordiaux de l’humanité, la réalité actuelle en matière de paix et de sécurité internationale est particulièrement sombre.  La guerre et les violences continuent de ravager la vie des gens -non seulement celle des soldats, mais aussi celle des civils- et nos civilisations font face au risque d’extinction par l’utilisation d’armes de destruction massive, a-t-il ajouté.  M. Pieris a demandé aux délégations de se souvenir que la paix et la sécurité étant « la raison d’être de l’ONU », ajoutant qu’il était temps pour elles de parvenir à des résultats tangibles.  « Ce n’est un secret pour personne que la réalisation des objectifs visés par la Première Commission se fait attendre », a-t-il noté, invitant les pays à faire preuve de la souplesse nécessaire pour fournir un ensemble de recommandations de fond à même de répondre aux défis complexes qui mettent à mal l’environnement sécuritaire global. 

Pour M. Pieris, la pandémie de COVID-19, couplée à la convergence des défis traditionnels et nouveaux en matière de sécurité, a brutalement compliqué la donne.  Les conflits asymétriques, la guerre hybride, l’émergence de nouvelles menaces posées par de puissants acteurs non-étatiques ou l’innovation technologique utilisée à mauvaise escient impliquent que soit établi un véritable ordre du jour de la sécurité mondiale, a-t-il estimé.  Citant les philosophes Hobbes et Rousseau, le Président de la Première Commission s’est plu à croire que leur sagesse guiderait les délibérations de la session, qu’il a placée dans l’optique de la paix pour tous.  Il a insisté sur le fait que les défis de sécurité contemporains sont d’une complexité redoutable, les menaces provenant simultanément de sources multiples, et a cité à cet égard la « belligérance et le militarisme d’État », les politiques spatiales, les changements climatiques, la criminalité transnationale et la cybercriminalité ou encore le terrorisme nucléaire.  Il a rappelé que, dans ce contexte de tensions, « dans un monde en proie aux guerres et à la course aux armements », la Première Commission avait la responsabilité cruciale de promouvoir la coopération dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale, en particulier dans le domaine central et contournable du désarmement multilatéral. 

Après avoir rappelé que l’ONU, dans la toute première résolution de l’Assemblée générale, en 1946, s’était fixé pour objectif l’élimination des armes nucléaires et autres armes de destruction massive, M. Pieris a jugé que le monde postpandémie offrait l’occasion aux États Membres de repenser leur politique de paix et de sécurité en replaçant l’homme au centre de leurs réflexions.  Il en a appelé à l’édification d’un futur fermement ancré dans les dispositions de la Charte des Nations Unies, les délibérations de la Première Commission devant, à cette fin, contribuer à des progrès significatifs « pour faire du monde un endroit plus sûr où nous pourrions tous vivre dans la paix, la sécurité et la dignité ». 

M. IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que l’invasion de l’Ukraine en février de cette année avait exacerbé les défis présentés par le Président de la Commission.  Elle a réitéré les déclarations répétées du Secrétaire général de l’ONU que toute annexion, qui plus est par la force, d’un État par un autre constitue une violation intolérable des principes de la Charte de l’ONU.  Il doit être mis fin à cette guerre insensée et les principes de paix de l’ONU doivent être réaffirmés, a-t-elle ajouté.  Citant de nouveau le Secrétaire général, Mme Nakamitsu a indiqué que le recours aux armes nucléaires était tout aussi inacceptable aujourd’hui qu’hier et qu’il convenait en outre à cet égard de sécuriser l’espace atmosphérique et cybernétique.  Après avoir déploré que les normes sur l’utilisation et le recours aux armes soient toujours sapées, la Haute-Représentante a souligné que l’intégration de niveaux plus élevés d’autonomie en matière de sécurité remette en question la gouvernance mondiale en la matière, alors que les accords et consensus de désarmement multilatéral sont « de plus en plus lointains ». 

Mme Nakamitsu a insisté sur le fait que la guerre en Ukraine a jeté une lumière crue sur le risque existentiel pour l’humanité que fait peser le déploiement d’armes nucléaires.  Elle a exhorté les États dotés de ne plus se fier à ses armes dans leurs doctrines de sécurité, ces pays devant « respecter strictement leurs engagements au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ».  À cet égard, elle a regretté que la dixième Conférence d’examen de ce traité ait échoué à inverser les tendances les plus inquiétantes en ce qui concerne la réduction des risques associés aux renforcement arsenaux et à la prise pour cibles d’installations nucléaires dans les pays en conflit.  Rappelant les propos du Secrétaire général de l’ONU, elle a déclaré que l’occupation « sans précédent d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique » de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia risquait de provoquer une catastrophe inimaginable.  Sur ce point, elle a battu le rappel des principes de transparence et de reddition des comptes et engager les parties à réduire sans tarder tout risque nucléaire sur le site et dans la région. 

La Haute-Représentante a ensuite trouvé encourageants plusieurs développements dans le champ du désarmement onusien, comme l’augmentation du nombre de ratifications du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la poursuite des sessions de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et la tenue de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « assortie d’un plan d’action ambitieux ».  Elle a souhaité que la neuvième édition de la Convention sur les armes biologiques donne un nouveau souffle à la prévention du développement et de l’utilisation des armes de destruction massive et a salué l’efficacité de la mise en œuvre volontaire, commune et concertée de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, qu’elle a qualifiée de véritable outil de non-prolifération des armes de destruction massive. 

Par ailleurs, elle a déclaré que la préservation de l’espace extra-atmosphérique en tant que sanctuaire exempt de conflits et d’armement reste une priorité.  C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, le Secrétaire général a l’intention de convoquer un dialogue multipartite sur l’espace dans le cadre du Sommet de l’avenir.  « La table ronde conjointe de la Première et de la Quatrième Commission, le 27 octobre, sera une occasion importante pour les États d’exprimer leurs vues », a-t-elle estimé.  Cette année, le Groupe de travail à composition non limitée sur la sécurité et l’utilisation des technologies de l’information et des communications a adopté son premier rapport d’étape annuel par consensus, a ensuite signalé Mme Nakamitsu, qui s’est dite convaincue que ce travail constructif se poursuivra l’année prochaine « pour faire en sorte que le cyberespace ne devienne pas un domaine de tension et d’escalade supplémentaires ». 

S’agissant des armes classiques, la Haute-Représentante a attiré l’attention sur le fait que cette année marque le trentième anniversaire du Registre des armes classiques des Nations Unies, qui devrait, a-t-elle insisté, rester un important mécanisme mondial de transparence et de confiance.  Ainsi a-t-elle demandé aux États de revitaliser le Registre, assurant que son Bureau, par le biais notamment des centres régionaux de désarmement, déploie divers efforts pour appuyer une réglementation significative des armes classiques, y compris les armes légères, tant auprès de l’Union africaine qu’au plan national dans les différentes régions du monde. 

Enfin, concernant le mécanisme onusien de désarmement, Mme Nakamitsu s’est réjouie qu’après une impasse de trois ans, la Commission du désarmement ait pu reprendre les discussions de fond sur ses deux points de l’ordre du jour.  J’espère que cet élan positif se traduira par des recommandations concrètes l’année prochaine, a-t-elle ajouté, notant que des efforts vraiment fructueux en matière de désarmement et de non-prolifération exigent des approches inclusives et participatives. 

Après avoir encouragé les États à continuer de s’efforcer d’assurer la parité entre les sexes dans leurs délégations, la Haute-Représentante a conclu en déclarant qu’il est « grand temps que nous travaillions ensemble pour revoir nos approches existantes en matière de désarmement et unir nos forces pour élaborer une nouvelle vision de l’avenir ». 

Déclarations

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a appelé à des efforts renouvelés pour assurer le désarmement et la non-prolifération nucléaire dans tous les domaines qui demeurent la priorité absolue en matière de désarmement.  Il s’est inquiété du non-respect des dispositions de non-prolifération alors que nous sommes témoins d’améliorations quantitative et qualitative des stocks d’armes nucléaires.  Dans ce contexte, il a particulièrement salué la première rencontre des États signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tenue à Vienne du 21 au 23 juin.  Néanmoins, il a regretté les échecs des neuvième et dixième Conférences d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avant de réitérer l’importance de la sensibilisation du public sur ces questions conformément aux objectifs de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, tenue le 26 septembre. 

Après s’être félicité de l’extension du traité NEW START jusqu’en 2026, le représentant a exhorté tous les États dotés de l’arme nucléaire à avancer sur les questions des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN).  Il a regretté le manque de mise en œuvre de la résolution de 1995 appelant à la création d’une telle zone au Moyen-Orient en espérant que la troisième conférence internationale sur cette question sera l’occasion de mettre en œuvre de la résolution 73/546 de l’Assemblée générale.  Il a regretté que les États-Unis n’aient pas mis en œuvre l’engagement pris en 2018 d’adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et reste le seul État partie à la Convention sur les armes chimiques à ne pas avoir mis un œuvre un plan de destruction de son stock d’armes chimiques.  Il a salué l’adoption de la résolution 75/31 de l’Assemblée générale appelant l’interdiction de la production de nouvelles armes de destruction massive (ADM). 

Conformément au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), M. Koba a exhorté tous les pays producteurs d’ALPC à s’assurer que leurs exportations d’armes n’atterrissent pas dans les mains de groupes non autorisés.  Il a souligné l’importance des Groupes d’experts sur les liens entre les technologies de l’information et la sécurité avant de rappeler l’importance de la Conférence du désarmement en tant qu’organisation multilatérale par excellence sur le désarmement. 

M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé l’attachement de la CARICOM à l’état de droit pour garantir notre droit à une existence sûre et pacifique.  Il a exhorté tous les États à agir de manière cohérente dans le cadre de la Charte des Nations Unies sur toutes les questions de désarmement et de sécurité internationale. 

M. Smith a souligné que les armes et munitions illégales, « qui proviennent de l’extérieur de notre région », constituent une menace immédiate et profonde pour la sécurité et la stabilité des membres de la CARICOM.  Leurs conséquences sont dévastatrices pour les citoyens et les forces de l’ordre, a-t-il constaté.  Pour y répondre, l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité (IMPACS) de la Communauté s’emploie à renforcer la paix et la sécurité régionales grâce à la mise en œuvre de la feuille de route sur les armes à feu et la création d’une unité de renseignement sur les armes à feu criminelles.  Mais si la région a uni ses efforts face à ces problèmes, le représentant a insisté sur l’impératif de la coopération au niveau multilatéral dans ce domaine.  Il a réaffirmé l’attachement de la CARICOM au Traité sur le commerce des armes, « un cadre essentiel pour lutter contre le réseau du commerce illicite des armes », et au Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects.  En outre, il a appelé à la mise en œuvre d’un instrument de traçage sans plus tarder. 

Malgré tous les avantages avérés de la technologie numérique, M. Smith a constaté qu’elle permet aussi aux réseaux criminels d’opérer dans toutes les juridictions et que de telles activités sont une menace pour la sécurité des Caraïbes.  Ces réseaux compromettent aussi les stratégies nationales de développement socioéconomique et, par conséquent, il faut renforcer la résilience dans la région.  L’IMPACS met en œuvre des initiatives en collaboration avec des partenaires internationaux, dans le but d’avoir une politique régionale en matière de cybercriminalité et a développé un document d’orientation législative conforme aux objectifs de la stratégie de cybersécurité et de cybercriminalité de la CARICOM.  Comme l’a remarqué M. Smith, les pays de la CARICOM s’engagent à harmoniser leurs législations. 

Faisant partie d’une région qui a établi la première zone exempte d’armes nucléaires, conformément au Traité de Tlatelolco, la CARICOM s’est jointe à la communauté internationale pour saluer l’entrée en vigueur du Traité visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, le 22 janvier 2021.  Son soutien à ce Traité est fondé sur la ferme conviction que l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires constituerait une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, un crime contre l’humanité et une violation du droit international humanitaire, a précisé le représentant.  Il a regretté qu’alors que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires reste le fondement du régime de non-prolifération nucléaire, il existe encore une absence de confiance et de bonne foi dans les négociations sur le désarmement nucléaire.  Il est en effet regrettable que la communauté internationale n’ait pas été en mesure de s’entendre sur un document final consensuel lors de la dixième Conférence d’examen du TNP, a-t-il estimé.  Avant de conclure, il a plaidé en faveur de la participation pleine et significative des femmes et des jeunes à tous les processus décisionnels sur les questions liées au désarmement, à la non-prolifération et à la maîtrise des armements.  Dans ce contexte, Trinité-et-Tobago, avec l’appui de la CARICOM, présentera à nouveau la résolution intitulée « Femmes, désarmement, non-prolifération et maîtrise des armements » au cours de cette session de la Commission. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a réitéré l’attachement de l’ASEAN au multilatéralisme et à une coopération internationale accrue pour faire face aux grands défis de notre époque, notamment les tensions grandissantes entre les grandes puissances, la modernisation des arsenaux nucléaires, l’accélération de la course aux armements et les conflits en cours dans différentes régions du monde.  Il a exprimé son soutien aux efforts visant à instaurer un monde sans armes nucléaires, se disant convaincu que l’élimination totale de ces armes est le seul moyen d’éliminer la menace de leur utilisation.  L’ASEAN réaffirme en outre son opposition collective aux essais nucléaires et souligne l’importance d’une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), déjà ratifié par l’ensemble de ses États membres.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) constitue la pierre angulaire du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, a ajouté le représentant. 

M. Chindawongse a appelé les États parties au TNP dotés d’armes nucléaires à s’acquitter de leurs obligations en matière de désarmement et à rendre des comptes au moyen d’actions concrètes et mesurables.  Après avoir réaffirmé le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, notamment pour leur développement économique et social, il a expliqué que le Réseau des organismes de réglementation nucléaire de l’ASEAN (ASEANTOM) s’efforce de renforcer la coopération entre les organismes de réglementation nucléaire ainsi que la sécurité et les garanties nucléaires dans la région.  À cet égard, le représentant s’est dit satisfait des progrès dans la mise en œuvre des arrangements pratiques de 2019 entre l’ASEAN et l’AIEA sur la coopération dans les domaines de la science et de la technologie nucléaires.  Il a réitéré l’engagement de l’ASEAN à préserver l’Asie du Sud-Est en tant que zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive, conformément à la Charte de l’ASEAN et au Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok). 

M. Chindawongse a exprimé le ferme appui de l’ASEAN au rôle central de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en vue d’assurer le respect des normes concernant l’utilisation d’armes chimiques, biologiques et radiologiques.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans l’élimination des stocks d’armes chimiques depuis l’entrée en vigueur, en 1997, de la Convention sur les armes chimiques.  De même, l’accès à l’espace extra-atmosphérique est un droit inaliénable de tous les États, a-t-il noté, et son utilisation doit être circonscrite à des fins pacifiques, dans l’intérêt collectif de l’humanité.  Il a salué le travail du Centre régional d’action antimines de l’ASEAN (ARMAC), notamment en ce qui concerne les restes explosifs de guerre.  L’ASEAN a également actualisé sa stratégie en matière de cybersécurité pour la période 2021-2025 et créé une équipe régionale d’intervention en cas d’urgence informatique (CERT). 

Compte tenu de l’environnement sécuritaire international actuel, M. Chindawongse a conclu en plaidant pour le renforcement du mécanisme de désarmement des Nations Unies, notamment la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement. 

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine), au nom des pays membres du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a notamment réitéré l’engagement de longue date de ces pays en faveur du désarmement général et complet, de la non-prolifération et de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, autant d’aspects « que nous considérons d’une grande importance pour le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité internationale ».  Il a également rappelé l’appui du SICA à la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies contre les armes légères et de petit calibre, l’engagement des membres de celui-ci dans la lutte antimines portée par l’ONU, leur attachement à l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires ou encore la promotion qu’ils assurent pour accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  D’autre part, le représentant a appelé les États les plus puissants à consacrer leurs 2 000 milliards de dollars annuels de dépenses militaires à la réalisation des objectifs de développement durable.  Enfin, il s’est félicité de ce que la Commission du désarmement ait repris ses travaux à New York, et souhaité qu’ils donnent lieu, l’an prochain, à des recommandations de fond à l’Assemblée générale sur ses deux points à l’ordre du jour

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), au nom des pays nordiques, s’est particulièrement inquiété de la détérioration de la sécurité et stabilisation internationale en raison de l’invasion par la Fédération de Russie d’un autre pays souverain, avant d’ajouter que le recours à des armes classiques par ce pays était en contradiction avec ses engagements internationaux.  Il a condamné les « simulacres de référendums » illégaux avant de rappeler que la Russie n’avait pas respecté les garanties de sécurité dont bénéficiait l’Ukraine en échange de son renoncement à ses armes nucléaires, conformément au Mémorandum de Budapest.  « Nous condamnons également le Bélarus pour son rôle dans cette agression », a ajouté le représentant, qui a aussi regretté que la Russie ait été la seule partie à bloquer le consensus final de la dixième Conférence d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération. 

M. Hermann a également demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui doivent encore le faire de ratifier ce traité ainsi que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).  Il a exhorté tous les États à respecter un moratoire sur les essais nucléaires, ainsi qu’un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins militaires.  Il a invité l’Iran à reprendre sans plus tarder les négociations relatives au Plan d’action global commun avant de s’inquiéter que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continue de développer son programme d’armes nucléaires et balistiques.  Il a insisté sur le fait que la RPDC ne peut pas obtenir le statut d’État doté de l’arme nucléaire conformément au TNP.

Condamnant le recours à des armes chimiques en Syrie, il a particulièrement salué la pertinence du Groupe d’experts chargé d’enquêter sur les allégations d’emploi d’armes chimiques.  Appelant à éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, qui doit bénéficier à l’ensemble de l’humanité, le représentant dit l’importance du cadre des Nations Unies pour une conduite responsable dans l’espace extra-atmosphérique.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance des questions du genre dans les travaux relatifs au désarmement. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a réitéré les positions de principe du Groupe en matière de désarmement et de sécurité internationale, en particulier son attachement à l’élimination des armes nucléaires et à la réallocation des ressources qui leur sont consacrées au profit du développement.  Le multilatéralisme, sous la houlette des Nations Unies, représente le seul moyen durable pour traiter du désarmement et de la sécurité internationale, a estimé le représentant, en particulier dans le contexte actuel.  Il a fait part de la déception des membres du Groupe par rapport à l’échec de la dernière conférence d’examen du TNP. 

Réitérant l’importance du rôle des zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient, le représentant a dénoncé le refus continu d’Israël de se joindre au TNP en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire et son refus de se soumettre au régime d’inspection de l’AIEA, y voyant une menace à la paix et la sécurité régionales et internationales.  La création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’a toujours pas eu lieu, s’est-il impatienté, alors même que la décision de la création de cette zone représente une partie intégrante de l’accord en vue de la prorogation indéfinie du TNP de 1995.  Le Groupe arabe exige donc que des mesures immédiates soient prises pour la création d’une telle zone.  Le représentant a souhaité obtenir l’appui nécessaire des autres États Membres au projet de résolution sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il s’est félicité de la tenue des deux premières sessions de la conférence en vue de la création de cette zone, en attendant la tenue de la troisième session, sous la présidence du Liban, en novembre prochain.  Le Groupe arabe a également appelé au respect des trois piliers du TNP, notamment celui relatif à la coopération et aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique.

La tenue de cette session de la Première Commission coïncide avec le cinquante-deuxième anniversaire de l’entrée en vigueur du TNP, ce qui devrait inciter à prendre des mesures pour assurer sa pérennité, a estimé le représentant.  Alors que le Groupe arabe regrette l’échec des deux dernières conférences d’examen du Traité, son représentant a invité la communauté internationale à veiller à ce que la onzième conférence d’examen débouche sur l’adoption d’un document final qui consacre notamment l’universalité de ce traité et la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria), au nom du Groupe africain, s’est inquiété de l’érosion du régime de non-prolifération et de désarmement dans la foulée de la détérioration de la paix et de la sécurité internationales.  Pour relever les défis qui en découlent, il a prôné une diplomatie multilatérale vigoureuse, s’exerçant notamment au moyen de la Charte des Nations Unies et de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.  Notre sécurité collective ne peut être assurée tant que les États dotés d’armes nucléaires continuent de moderniser ces armes de destruction massive, a-t-il relevé, en ajoutant que les armes nucléaires représentent une menace existentielle pour l’humanité.  Le Groupe africain, a poursuivi le représentant, est profondément déçu par le nouvel échec de la Conférence d’examen du TNP, qui met en péril la crédibilité du Traité et, partant, notre sécurité collective.

M. Muhammad Bande a réitéré le rôle central des zones exemptes d’armes nucléaires dans la consolidation du TNP et a salué leur contribution au désarmement et à la non-prolifération nucléaires dans toutes les régions du monde.  Dans ce contexte, le Groupe africain reste attaché au Traité de Pelindaba, qui réaffirme le statut de l’Afrique en tant que zone exempte d’armes nucléaires et interdit les essais et le dépôt de dispositifs explosifs nucléaires sur le continent, constituant ainsi un « bouclier » de l’Afrique. 

Le représentant a toutefois réaffirmé le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ainsi que le rôle central de l’AIEA à cet égard.  Il a appelé la Commission à prendre en compte les conséquences humanitaires « catastrophiques » de l’utilisation d’armes nucléaires, tout en prenant acte des progrès accomplis par les États et les organisations internationales à cet égard.  « L’élimination totale des armes nucléaires reste la seule garantie absolue contre leur utilisation ou la menace de leur utilisation », a martelé le représentant. 

Après avoir salué l’entrée en vigueur « historique », en janvier 2021, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, M. Muhammad Bande a invité les États Membres, notamment ceux dotés d’armes nucléaires, à le ratifier.  De même, il a souhaité une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), en tenant compte des responsabilités particulières des États dotés d’armes nucléaires. 

Le Groupe africain est « profondément préoccupé » par le commerce, le transfert, la fabrication et la circulation illicites d’armes légères et de petit calibre, notamment sur le continent africain, a poursuivi M. Muhammad Bande.  Le représentant a souligné, à cet effet, son attachement à la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et au Traité sur le commerce des armes.  Le Groupe africain réaffirme toutefois le droit souverain des États d’acquérir, de fabriquer, d’exporter, d’importer et de conserver des armes conventionnelles, conformément à la Charte des Nations Unies.  Enfin, le représentant a plaidé en faveur de l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant visant à prévenir une course aux armements dans l’espace, qui viendrait compléter le cadre juridique international existant.

Mme JENKINS (États-Unis) a constaté que l’ordre sécuritaire international est en bute à des coups qui en fragilisent les fondements, citant l’agression russe injustifiée de l’Ukraine et sa mainmise inquiétante sur les centrales nucléaires ukrainiennes.  La Russie n’a de cesse d’agir au mépris du droit international, comme en témoigne l’organisation de simulacres de référendums que les États-Unis ne reconnaîtront jamais, a-t-elle déclaré. 

Un an après avoir pris l’engagement, aux côtés de la France, du Royaume-Uni, de la Chine et des États-Unis, de ne jamais se livrer à une guerre nucléaire, la Russie a choisi la voie opposée à la paix, optant de manière délibérée pour la guerre, la destruction et les pires menaces, a poursuivi la représentante.  Mme Jenkins a assuré la Commission que son pays continuera de privilégier « absolument » les dynamiques diplomatiques et multilatérales afin, en particulier, d’éviter toute course aux armements, « qui ne bénéficient à personne et mettent le monde en danger ». 

La représentante a ensuite indiqué que sa délégation présenterait un projet de résolution sur la sécurité dans l’espace, ce texte demandant aux États de prendre, comme son pays, l’engagement de ne pas mener d’essais de missiles antisatellites dangereux dans l’espace extra-atmosphérique, cela pour renforcer la paix et la sécurité internationales tout en préservant intactes les capacités de tous les pays à tirer profit des ressources de ce « patrimoine sacré et commun de l’humanité ». 

Pour les États-Unis, la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’a pas été un échec, puisque 150 pays étaient prêts à adopter un document final.  Un seul État à tout paralysé, a accusé la représentante, qui a accusé la Russie d’avoir refusé de considérer que les centrales nucléaires ne peuvent être des cibles de guerre. 

La représentante a redit que l’Administration Biden respectait son engagement en faveur de la stabilité stratégique en vigueur, « tout en maintenant sa politique de dissuasion nucléaire, qui est sûre et crédible ».  Enfin, elle a annoncé que les États-Unis consacreraient 90 millions de dollars supplémentaires au déminage de l’Ukraine, que la Russie a littéralement « couverte de restes explosifs de guerre ». 

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP en août n’ait pas abouti à un résultat susceptible de faire progresser la réalisation des objectifs du Traité.  Surtout, à la lumière de la situation alarmante à la centrale nucléaire de Zaporijia, laquelle, selon le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), « devient de plus en plus précaire », l’engagement de toutes les parties au Traité pour prévenir une catastrophe nucléaire devient une nécessité vitale, a-t-elle ajouté, assurant l’AIEA du plein appui de son pays à ses travaux « visant à aider l’Ukraine à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région ». 

Parce que la Russie « a clairement fait comprendre que le risque d’utilisation d’armes nucléaires est bien réel », la représentante a appelé à l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui, en visant un monde exempt d’armes nucléaires, renforce le cadre du TNP en ouvrant de nouvelles perspectives concrètes de désarmement nucléaire. 

Le Liechtenstein se félicite de l’examen de la cybersécurité par la Première Commission, a poursuivi la représentante, notant que les cyberattaques militarisées contre des infrastructures vitales, y compris les réseaux de télécommunications, les réseaux électriques, les établissements sanitaires et les institutions politiques et judiciaires « sapent les normes démocratiques et exposent les populations à des risques inédits pour leur sécurité ».  La pierre angulaire de la Charte des Nations Unies, l’interdiction du recours à la force, doit être appliquée partout, y compris lorsqu’il est une réalité dans le cyberespace, a-t-elle encore jugé. 

Mme Oehri a estimé que ce n’est que par un multilatéralisme efficace et inclusif « que nous retrouverons le chemin de la prévention des conflits, du désarmement et de la diminution des dépenses militaires », laquelle est non seulement propice à la paix et à la sécurité internationales, « mais aussi à la réalisation des objectifs de développement durable ». 

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne, s’est particulièrement inquiété de la détérioration de la sécurité et stabilisation internationales en raison de l’invasion par la Fédération de Russie d’un autre pays souverain, avant d’ajouter que le recours à des armes classiques par la Russie était en contradiction avec ses engagements internationaux.  « Ce sont les heures les plus sombres depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », a estimé le représentant, avant de condamner aussi les « simulacres de référendums illégaux sous coercition militaire ».  Il a rappelé que la Russie avait violé les garanties de sécurité accordées par le Mémorandum de Budapest de 1994, après que celle-ci eut renoncé à son arsenal nucléaire.  « Nous condamnons également le Bélarus pour son rôle dans cette agression », a ajouté le représentant, avant de rappeler le caractère contraignant de la Charte des Nations Unies dans son ensemble. 

Par ailleurs, le représentant a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP, tenue au mois d’août, n’ait pu déboucher sur un consensus en raison de l’opposition russe.  Il a réaffirmé l’engagement ferme de l’Union européenne en faveur de la mise en œuvre du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, avant de s’inquiéter d’actions de l’Iran qui sont en contradiction avec des activités que se limiteraient à des fonctions civiles.  Il a exhorté l’Iran à une coopération sans conditions avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), avant de demander à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de discuter avec toutes les parties pertinentes pour parvenir à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. 

Enfin, le représentant a appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) avant d’encourager tous les États qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer et à respecter le moratoire sur les essais nucléaires.  Il a souhaité que la neuvième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques et la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes biologiques soient couronnées de succès.  Il a appelé au renforcement de la confiance pour éviter une militarisation de l’espace extra-atmosphérique, avant de saluer les objectifs humanitaires de la Convention sur les armes à sous-munitions. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a déploré un contexte international « profondément inquiétant », marqué par la montée des tensions entre puissances militaires, les divisions politiques et une diplomatie impuissante à trouver une issue aux conflits.  Le mécanisme de désarmement souffre à son tour « d’inertie et de dysfonctionnement institutionnels », exacerbés l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Pour y remédier, nous devons revigorer notre engagement envers le désarmement et revitaliser ses mécanismes tout en restaurant la confiance entre les États, notamment en renforçant la sécurité internationale fondée sur des règles, a-t-il argué.  S’agissant des menaces croissantes envers la paix et la sécurité dans l’espace, le représentant a pris note des initiatives telles que le Groupe de travail de l’ONU sur la réduction des menaces spatiales, en espérant qu’il serve de base à la négociation d’un instrument international juridiquement contraignant visant à prévenir la course aux armements dans l’espace. 

M. Koba a appelé à renforcer les efforts en vue de réduire, par le biais de la coopération internationale, l’approvisionnement illégal en armes conventionnelles.  « Le désarmement est un besoin impératif et la tâche la plus urgente de l’humanité », a fait valoir le représentant, en appelant à renforcer le multilatéralisme.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a dénoncé l’augmentation des dépenses militaires à l’échelle mondiale avant de noter les contradictions entre les discours de certaines délégations et leurs actions sur le terrain.  Dans ce contexte, elle a souligné le travail essentiel de la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement.  Elle a exhorté tous les États Membres à adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, à la résolution 1540 du Conseil de sécurité ainsi qu’aux traités relatifs à des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), avant de mettre l’accent sur les trois piliers du TNP.  Rappelant que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est le seul traité juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, elle a exhorté les huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer.  Elle a appelé à tout mettre en œuvre afin que le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ne soit pas détourné à des fins militaires. 

Appelant à s’inspirer du Traité de Pelindaba comme un mécanisme essentiel de désarmement et de non-prolifération sur le continent africain, la représentante a appelé à avancer sur le projet de zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient.  Notant l’impact négatif de la prolifération des armes légères sur la sécurité en Afrique, elle a dit l’importance du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), de l’Instrument de traçage et du Traité sur le commerce des armes.  Elle a dit aussi la pertinence des groupes d’experts dans le domaine des technologies de l’information et des communications dans le contexte de la sécurité internationale. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a fait part de sa déception face à l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à parvenir à un résultat.  Cette absence de consensus, marquant 12 années d’échec, est un rappel de jusqu’où les États dotés d’armes nucléaires sont prêts à aller pour conserver leurs arsenaux nucléaires sans contrôle et pour faire passer leurs intérêts « étroits et égoïstes » avant la paix et la sécurité collectives, sans pour autant renoncer à œuvrer pour la destruction vérifiable et irréversible de ces armes, a accusé la représentante. 

L’élimination totale de toutes les armes de destruction massive reste l’une des principales priorités de la politique étrangère de l’Afrique du Sud, a indiqué Mme Joyini.  Saluant la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tenue en début d’année, la représentante a décrit ce traité comme une mesure nécessaire et efficace vers la cessation de la course aux armements nucléaires et vers le désarmement nucléaire.  Elle y a vu un catalyseur pour les progrès qui n’ont que trop tardé sur le pilier du désarmement du TNP.

L’Afrique du Sud se félicite de la convocation de la troisième session de la Conférence des Nations Unies sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient et appelle toutes les parties prenantes à continuer de négocier de manière constructive et de bonne foi en vue d’un accord juridiquement contraignant. 

Concernant le Plan d’action global commun (PAGC) sur le nucléaire iranien, la représentante a exhorté tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’acte de paix et de stabilité régionales et mondiales.  Nous gardons espoir que les pourparlers de proximité porteront des résultats positifs et continuons d’exhorter toutes les parties du PAGC à conclure l’accord sans plus tarder, a-t-elle déclaré. 

La représentante a apporté son soutien à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en tant que seule autorité techniquement compétente dans ce domaine.  L’Afrique du Sud appelle tous les États parties à la Convention sur les armes chimiques à redoubler d’’efforts pour cultiver une culture du consensus dans son travail, afin de restaurer un environnement de coopération et d’entente mutuelle, qui est essentiel pour la réalisation des aspirations de la Convention. 

L’Afrique du Sud reste également déterminée à renforcer la Convention sur les armes biologiques et sa mise en œuvre, a déclaré Mme Joyini, avant de défendre le point de vue selon lequel les États ont le droit de participer à l’échange de technologies, d’équipements, de matières et d’informations scientifiques à des fins pacifiques, et que les États parties qui sont en mesure de le faire devraient contribuer au développement ultérieur des connaissances scientifiques et découvertes dans ce domaine. 

Avant de conclure, la représentante a félicité le Groupe de travail à composition non limitée sur les technologies de l’information et des communications (TIC) et le fait qu’il soit parvenu à une compréhension commune de la sécurité des TIC.  Alors que les États Membres ont adopté le rapport annuel 2022 sur la sécurité internationale, elle a estimé qu’il est aujourd’hui temps de s’unir derrière un processus unique, avant de mettre en garde contre la mise en place d’un groupe de travail parallèle « qui n’est pas nécessaire ». 

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté catégoriquement les déclarations « infondées » proférées contre son pays par certaines délégations.  Alors que les tendances vers le multilatéralisme et la démocratisation sont « implacables », l’opération militaire spéciale menée par la Russie en Ukraine a mis en lumière des points « douloureux » de la politique internationale alors que des pays refusent désormais les « diktats de l’Occident », a-t-il noté.  À ses yeux, les États-Unis ne sont pas d’accord avec cette évolution et choisissent leurs intérêts égoïstes afin d’assurer leur domination militaire.  Les États-Unis voient la Russie comme un obstacle à leur hégémonie et s’y opposent par des sanctions unilatérales.  L’ordre international fondé sur les règles est une politique néocoloniale.  Les États-Unis acheminent des armes et des renseignements en Ukraine et s’en prennent aux infrastructures civiles et militaires russes, ce qui nous pousse à considérer l’Occident comme partie au conflit et pourrait dégénérer en affrontement entre puissances militaires, avec des effets catastrophiques, a ajouté le représentant, pour qui l’hypocrisie des pays occidentaux remet en question l’avenir de nombreuses organisations internationales, y compris l’ONU. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dénoncé les interventions « provocatrices » des délégations des États-Unis et de l’Union européenne.  La RPDC ne reconnaîtra jamais les résolutions du Conseil de sécurité au sujet de la péninsule coréenne, car elles sont le produit de l’hostilité des États-Unis à son égard, a affirmé le représentant.  Après avoir accusé les États-Unis de vouloir saper par la force le système social de la RPDC, le représentant a dit que le réel objectif des États-Unis n’était pas le désarmement nucléaire de son pays mais le renversement de son gouvernement.  Il a particulièrement condamné les exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et la Corée en 2020 et 2021, considérant qu’ils étaient la source de toutes les tensions.  Il a exhorté l’Union européenne à faire preuve de plus d’impartialité à l’égard de son pays à éviter de suivre aveuglement la politique d’hostilité des États-Unis. 

Le représentant de l’Ukraine a réagi aux propos de la Fédération de Russie, accusant celle-ci de mener une guerre illégale contre son pays et d’avoir violé de nombreux traités internationaux comme le Mémorandum de Budapest.  Le représentant a également rappelé que l’agression russe avait causé d’innombrables pertes civiles en Ukraine, et que la Russie s’était emparée de la centrale nucléaire de Zaporijia, « qu’elle bombarde régulièrement ».  Il a rejeté « les simulacres de référendums » organisés par la Russie dans les zones sous son contrôle, en rappelant que l’Ukraine et la communauté internationale les avaient condamnés et les considéraient comme nuls et non avenus.

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