Soixante-dix-septième session,
2e & 3e séances plénières – matin & après-midi 
AG/EF/3565

La Deuxième Commission cherche la formule qui relancerait le développement durable malgré les guerres, les crises multiples et l’inflation

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a ouvert son débat général ce lundi dans un contexte de « profondes incertitudes », a euphémisé sa Présidente Lachezara Stoeva, contexte encore assombri par la guerre en Ukraine et des perspectives de croissance mondiale orientées à la baisse.

Alors que la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie entraîne une crise du pouvoir d’achat dans les pays en développement, les objectifs de développement durable (ODD) sont « en danger », notamment parce que la pandémie a inversé les progrès réalisés en matière d’éradication de la pauvreté.  Partant, Mme Stoeva a recommandé aux délégués d’insister sur quatre « domaines critiques » dans leurs travaux, à savoir l’impact de l’état de l’économie mondiale sur les ODD; les conséquences des crises actuelles sur la pauvreté et la sécurité alimentaire; le développement durable; et la situation de groupes de pays en situation particulière.

Le thème du débat général, « Transformer les engagements politiques en actions pour un redressement durable - reconstruire un avenir durable pour tous », a été choisi pour répondre directement à ces défis.  Le professeur d’économie et de politique publique américain Michael Kremer, prix Nobel de sciences économiques en 2019, s’est exprimé sur le sujet.  Dans une intervention longuement applaudie, il a expliqué que l’innovation comprend les nouvelles façons de gouverner et de proposer des services de base, comme l’éducation primaire.  Notant que l’innovation est à l’origine de progrès en matière de santé et de bien-être, l’expert a recommandé de « se tourner vers l’avenir » et d’imaginer de nouvelles institutions sociales pour accélérer l’innovation et répondre aux besoins des populations.

Il y a urgence pour les pays en développement, « pris entre le marteau et l’enclume », selon les mots du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales Li Junhua.  Nombre d’entre eux ont du mal à se remettre de la pandémie de COVID-19 tandis que l’inflation élevée, la hausse des coûts d’emprunt et le ralentissement des grandes économies freinent leurs perspectives de croissance.  Un phénomène qualifié par M. Li de « grande fracture financière ».  Le Secrétaire général adjoint a dès lors réclamé des mesures urgentes pour combler les écarts de financement ainsi que pour faire face à la hausse des coûts d’emprunt et aux risques accrus liés à la dette.  Le plan de relance des ODD proposé par le Secrétaire général comprend des mesures sur les prêts des banques de développement, l’allégement de la dette, la fourniture de liquidités et le financement des donateurs, a-t-il rappelé.

Paraphrasant la formule du Secrétaire général appelant à envisager des mesures allant « au-delà du PIB » pour l’accès aux financements concessionnels, le Groupe des 77 et de la Chine a appelé à mobiliser de toute urgence « au moins 1 000 milliards de dollars par an » pour investir dans des infrastructures durables des pays en développement, sans oublier que les pays développés doivent tenir leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique et au moins doubler le financement pour l’adaptation.  Le Groupe des pays les moins avancés a, lui, réitéré son appel à leur fournir au moins 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) pour répondre à leurs besoins urgents de liquidités.

Avec leur marge de manœuvre budgétaire limitée, leurs vulnérabilités inhérentes et leur fort endettement, les petits États insulaires en développement (PEID) ont attiré l’attention sur leur situation précaire.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a réclamé une opportunité équitable pour accéder à des financements « qui ne [les] enfonceront pas davantage dans l’endettement ».  L’Alliance a aussi dénoncé les critères « incongrus » appliqués par les institutions financières et de développement internationales pour classer de nombreux PEID dans la même catégorie de revenus que les pays développés.  Elle n’a pas hésité à dire que cette application « biaisée » du revenu élevé par habitant est pour l’AOSIS une des conditions compromettant le développement des pays de l’Alliance.

Le souci fréquemment exprimé de prendre en compte les besoins particuliers des PEID et des autres pays vulnérables -les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral- s’est traduit par des appels à des avancées quant à la mise au point d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour conditionner l’accès à des financements.  La Communauté des Caraïbes (CARICOM) et l’AOSIS ont salué, à cet égard, la publication du rapport intérimaire du Groupe d’experts de haut niveau consacré à cet indice en devenir.

Les perspectives de la COP27, en novembre en Égypte, et des conférences de l’ONU prévues en 2023 sur les PMA, au Qatar, et sur l’eau, ont été l’occasion pour les États Membres de pointer les efforts à poursuivre et à renforcer dans ces domaines.  Le Tadjikistan a lancé un appel à mieux utiliser et gérer la ressource vitale que constitue l’eau, assurant que son pays et les Pays-Bas, à la tête des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, « travaillent dur et de manière déterminée » pour en faire un moment décisif pour le monde entier.

Le débat général de la Deuxième Commission se poursuivra demain mardi 4 octobre, à partir de 10 heures.

Déclarations liminaires

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente de la Deuxième Commission, a observé que les travaux démarrent dans un contexte de « profondes incertitudes », assombries par la guerre en Ukraine et des prévisions de croissance mondiale orientées à la baisse.  La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie entraîne une crise du coût de la vie dans les pays en développement, a-t-elle noté, en relevant aussi que « l’urgence d’agir contre les changements climatiques se rappelle à nous chaque jour ».  Selon Mme Stoeva, les objectifs de développement durable (ODD) sont en danger, notamment parce que la pandémie a inversé les progrès réalisés en matière d’éradication de la pauvreté.  Le thème du débat général, « Transformer les engagements politiques en actions pour un redressement durable - reconstruire un avenir durable pour tous », répond selon elle directement à ces défis.

Pour remettre les ODD sur les rails, elle a appelé à être ambitieux et à travailler activement à la recherche de solutions en étant guidés par le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et par les importants accords et conventions « façonnés ensemble aux Nations Unies ».  La possibilité de se réunir de nouveau en personne doit être l’occasion d’interagir, « de nous écouter les uns les autres » et de trouver des solutions communes, a-t-elle invité.

Mme Stoeva a ensuite mentionné quatre domaines critiques que la Commission devra aborder.  Premièrement, l’impact de l’économie mondiale sur les ODD: alors même que nos pays sont encore confrontés aux retombées persistantes de la pandémie, ils ont été frappés par de nouveaux problèmes d’inflation et d’instabilité économique.  « Je vous demande instamment de procéder à une évaluation détaillée de ce qui doit être fait. » Deuxièmement, l’impact des crises actuelles sur la pauvreté et la sécurité alimentaire.  Un certain nombre de résolutions porteront sur ces questions, et la session conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) du 11 octobre, ainsi qu’une manifestation parallèle officielle de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le 13 octobre, devraient se révéler fort utiles.  Troisièmement, la situation de groupes de pays en situation particulière, notamment les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral.  À ce sujet, la Présidente a rappelé que la Commission devra décider des modalités de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral ainsi que celles de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PEID, qui se tiendront en 2024.  La Commission sera peut-être aussi en mesure de donner des orientations politiques pour mettre en œuvre les résultats de la cinquième conférence des PMA à Doha « avec l’urgence qu’ils méritent ».  Dernier domaine critique, le développement durable: la Présidente a jugé important d’établir un lien entre les travaux et « les grands processus en cours qui se déroulent ailleurs, notamment la COP27 sur les changements climatiques ».

Pour chaque point de l’ordre du jour, la Deuxième Commission devra « se tourner vers l’avenir » et « viser des politiques innovantes » pour se remettre de la pandémie, « faire face à la crise économique et financière actuelle » et « revenir à la réalisation des ODD », a conclu la Présidente Stoeva.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a fait remarquer que la situation économique et financière mondiale est marquée par des « turbulences », avec des prévisions « inquiétantes ».  Les perspectives économiques mondiales se sont nettement détériorées en 2022, avec une augmentation de la production mondiale annuelle de seulement de 2,5 à 2,8% cette année, ce qui est nettement inférieur aux prévisions, a-t-il prévenu.

M. Li a constaté que de nombreux pays en développement ont du mal à se remettre complètement de la pandémie: « en fait, nombre d’entre eux sont encore aux prises avec la pandémie, tandis que l’inflation élevée, la hausse des coûts d’emprunt et le ralentissement des grandes économies freinent leurs perspectives de croissance ».  La hausse des prix de l’énergie rend la vie encore plus chère pour des centaines de millions de personnes dans le monde, et les besoins fondamentaux en matière d’alimentation, de soins de santé et d’éducation ne sont pas satisfaits, a-t-il énuméré.  Le phénomène, qu’il a qualifié de « grande fracture financière », réduit fortement la capacité de nombreux pays en développement à investir dans une reprise durable et transformatrice.  M. Li a réclamé des mesures urgentes pour combler les écarts de financement et faire face à la hausse des coûts d’emprunt et aux risques accrus liés à la dette.  Le plan de relance proposé par le Secrétaire général comprend « des mesures sur les prêts des banques de développement, l’allégement de la dette, la fourniture de liquidités et le financement des donateurs », a-t-il rappelé.

Au-delà de ces actions urgentes, « tous les flux financiers doivent être alignés sur le développement durable » pour attaquer de front les changements climatiques, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Jugeant essentiel de mobiliser des ressources pour l’adaptation, il a noté que la prochaine Conférence sur les changements climatiques de Charm el-Cheikh, qui se tiendra en novembre, est un événement clef, « où les parties s’efforceront de relever le niveau d’ambition de l’action climatique ».  Pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050, il a rappelé qu’il faudra accélérer la transition énergétique mondiale, recommandant de « profiter des contraintes actuelles en matière d’approvisionnement énergétique pour transformer nos modes de production et d’utilisation de l’énergie ».

Concernant l’éradication de l’extrême pauvreté, il a souligné que les progrès ont été freinés par l’impact économique de la pandémie de COVID-19, à laquelle s’’ajoutent les crises combinées de l’inflation croissante et de la guerre en Ukraine.  « On estime que 75 à 95 millions de personnes supplémentaires vivront dans l’extrême pauvreté en 2022 par rapport aux projections antérieures à la pandémie », selon M. Li, pour qui sans soutien et action internationale, l’éradication de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement durable deviendront hors de portée, d’autant que l’assainissement des finances publiques et la pression de la dette risquent de provoquer de nouvelles réductions des dépenses en matière de protection sociale, de soins de santé, d’éducation, d’infrastructures et d’autres domaines importants pour l’éradication de la pauvreté et la progression globale des ODD.

« Trop d’ODD se sont égarés en cours de route », a plaidé M. Li, pour qui « les pays en développement sont pris entre le marteau et l’enclume ».  Confrontés à de multiples crises interdépendantes et se renforçant mutuellement, ces pays ont de plus en plus besoin d’investir dans les ODD, a-t-il noté, tout en relevant que leur marge de manœuvre politique et les ressources disponibles pour les investissements se réduisent.  Les pays en situation particulière restent en tête de l’ordre du jour de la Deuxième Commission, a-t-il insisté, espérant que le Programme d’action de Doha, récemment adopté, forge de nouveaux partenariats entre les pays les moins avancés (PMA) et leurs partenaires internationaux.

M. MICHAEL KREMER, professeur d’économie et de politique publique à University of Chicago, et prix Nobel de sciences économiques en 2019 avec les chercheurs Abhijit Banerjee et Esther Duflo en récompense de leurs travaux sur la pauvreté, s’est exprimé sur le thème du débat général de cette année: « Transformer les engagements politiques en actions pour une reprise durable – reconstruire un avenir durable pour tous ».  Selon M. Kremer, le concept d’innovation concerne notamment les nouvelles façons de gouverner, pour proposer des services de base, l’éducation primaire par exemple.  Notant que l’innovation a été à l’origine des progrès en matière de santé et du bien-être humain, l’expert a recommandé de se tourner vers l’avenir et d’imaginer de nouvelles institutions sociales pour accélérer l’innovation et répondre aux besoins des populations.

Dans une perspective historique, M. Kremer a rappelé que la population mondiale a été multiplié par 2,5 depuis 1961 alors que la surface de terres arables a stagné.  Pourtant, la faim a fortement reculé depuis 1961, car le rendement des cultures a été multiplié par 3, grâce à l’innovation.

L’innovation permet de faire face à de nombreux défis auxquels le monde est confronté, notamment les changements climatiques, les menaces sanitaires, l’insécurité alimentaire, a poursuivi M. Kremer.  Il a invité à ne pas négliger l’innovation sociale, en matière de sensibilisation des populations à la vaccination par exemple.  Toutefois, selon lui, les institutions actuelles façonnent le rythme des innovations et les investissements nécessaires sont insuffisants.  Il a jugé probable que les grandes entreprises ou les pouvoirs publics ne souhaitent pas investir ce qui est nécessaire pour faire face à une nouvelle pandémie, sans parler du coût de l’innovation pour faire face aux changements climatiques.

Tout en notant que le prix des technologies pour l’énergie renouvelable a diminué, il a constaté que d’autres innovations technologiques sont nécessaires et doivent être associées à une innovation sociale.  De l’avis de l’économiste, rémunérer les agriculteurs pour la préservation de l’environnement peut, par exemple, contribuer au recul des émissions de gaz à effet de serre.  Les consommateurs n’ont pas à assumer le prix des efforts, a estimé M. Kremer.

Les changements climatiques contribuent à la crise alimentaire, dans un contexte de production alimentaire stagnante et de demande en hausse, a-t-il encore fait remarquer.  Mais là aussi, selon lui, les innovations technologiques peuvent permettre d’avancer.  Il a cité en exemple le développement de nouvelles semences ou de systèmes agricoles basés sur la téléphonie mobile pour permettre aux exploitants d’avoir accès aux informations nécessaires sur la météorologie ou des événements climatiques.

M. Kremer a encore mentionné l’intérêt de produits financiers innovants et d’une protection sociale innovante, par exemple en cas d’inondation ou de sécheresse.  Selon lui, il est très important de ne pas perdre de vue les défis auxquels font face les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, par exemple en termes d’assainissement, d’hygiène ou d’expansion de mégalopoles.  De nouveaux vaccins devront être trouvés sur des maladies qui affectent de manière disproportionnée ces pays-là, davantage de services fondamentaux devront être fournis en matière d’éducation, de santé et de protection sociale.

Les Gouvernements dans les pays à revenu élevé financent certains programmes, mais ceux-ci restent très ciblés par manque de visibilité sur les résultats tangibles d’autres types d’innovation.  Il faut imaginer d’autres mécanismes allant au-delà de la dimension de marché pour accompagner ces investissements dans l’innovation, a suggéré M. Kremer.  Il a recommandé d’utiliser des techniques expérimentales, par exemple pour lancer des projets pilotes et tester de nouvelles idées, avec une évaluation rigoureuse.  Cette approche est comparable avec celle des essais randomisés en médecine, a-t-il fait observer, en plaidant pour une approche transparente et rigoureuse, garante de l’efficacité.  Il a évoqué notamment le Laboratoire pour l’innovation et le développement de University of Chicago, qui est prêt à accompagner ces initiatives, ou le Fonds pour le développement dirigé par Esther Duflo.

S’agissant d’institutionaliser le soutien à l’innovation, M. Kremer a estimé que des agences de l’ONU pourraient créer des initiatives pour encourager l’innovation, par exemple pour la recherche de nouveaux vaccins disponibles plus rapidement dans les pays les plus pauvres.  Si les marchés génèrent de l’innovation, celle-ci ne correspond pas toujours aux besoins sociaux des populations, a-t-il mis en garde, en recommandant de s’appuyer sur des fonds pour que l’innovation atteigne son but.  Les Gouvernements et les institutions multilatérales peuvent utiliser diverses approches pour accélérer l’innovation et faire face aux défis mondiaux, a conclu M. Kremer.

Discussion interactive

Après l’exposé du professeur Kremer, le Sénégal a demandé quels types d’innovations pourraient prévenir les prochaines crises, une préoccupation partagée par la Sierra Leone.  Le professeur Kremer a estimé que les innovations qui auraient plus d’impact sur les pays en développement viendraient notamment des technologies de l’information et des communications (TIC) et de l’amélioration des services publics.  De même, il a indiqué que les avancées en biologie pourraient avoir un fort impact sur les pays en développement, y compris dans des secteurs comme la médecine et l’agriculture.  Pour lui, les pays peuvent aussi tirer parti de leur dividende démographique lié à la jeunesse.  Il réagissait ainsi à la demande du Malawi au sujet de l’importance du vivier de jeunes des pays africains et globalement, de la plupart des pays les moins avancés (PMA).

Le Mexique a demandé des précisions sur le concept de bien mondial dans le contexte de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Pour le professeur Kremer, un bien commun mondial a des bénéfices pour tous les pays.  Même si la définition de bien commun mondial nécessite des précisions, à son avis on peut ranger sous ce concept la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les mesures pour lutter contre les pandémies et même l’innovation.  Il a évoqué un programme du Mexique de soutien aux plus démunis, par lequel le Gouvernement effectue des transferts mensuels de fonds pour des bénéficiaires qui s’engagent en retour à envoyer leurs enfants à l’école et à leur fournir les soins de santé primaires.  La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement essayent de vulgariser ce programme, a-t-il précisé, tout comme d’autres pays en Amérique latine.  Selon lui, ce transfert de liquidités sous condition peut, à certains égards, être considéré comme une approche innovante, et cela peut s’apparenter à un bien public mondial.

À la République arabe syrienne qui a demandé l’avis de l’économiste sur l’impact des sanctions économiques unilatérales sur les capacités nationales d’innovation, le professeur Kremer a reconnu ne pas être un expert en régime de sanctions et ne pouvoir, de ce fait, apprécier leur impact sur la capacité nationale d’innovation.  Comment faire face aux grands défis d’aujourd’hui et imaginer des solutions structurelles, y compris contre les changements climatiques? a enchaîné le Pérou.  Le professeur Kremer a recommandé notamment d’augmenter les capacités de production de vaccins afin de prévenir les prochaines crises sanitaires.  On a l’impression que cela exige beaucoup d’argent, mais « le bénéfice de cette préparation n’a aucune mesure avec le coût éventuel de chaque pandémie, qui coûte des milliers de dollars au monde », a-t-il argué.  Il a précisé qu’il faut des innovations fondées sur des preuves.  M. Kremer a également proposé des solutions qui adoptent une approche globale.  Par exemple, on peut faire des analyses à partir des métadonnées, afin de tirer des conclusions à partir d’informations venant de multiples pays du globe.

Alors que la République-Unie de Tanzanie s’est inquiétée des chances de réduction du fossé technologique entre le Nord et le Sud, le professeur Kremer a suggéré de mettre en place des structures de gouvernance appropriées dans les pays en développement afin de tirer parti des innovations venant du Nord.  Dans le Grand Sud, on ne manque pas d’innovations, mais la question qui se pose est celle de l’exploitation de ces innovations, a objecté le Bangladesh, avant que le professeur Kremer ne précise que toutes les innovations ne portent pas des fruits, car il y en a qui sont inefficaces.  Selon lui, tester plusieurs fois chaque innovation peut permettre d’arriver à des résultats probants sur quelques idées, pour ensuite essayer de convaincre les investisseurs de financer l’innovation.

Débat général

M. MUNIR AKRAM (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a expliqué que les crises en cascade avaient contraint de nombreux gouvernements des pays en développement à faire des choix difficiles et à subir la crise de liquidité et des inégalités engendrées par la pandémie.  « La richesse mondiale est concentrée dans les mains de quelques-uns, 26 personnes les plus riches possèdent la moitié de la richesse mondiale », s’est-il indigné.  Pour faire face, le Groupe a appelé à immédiatement étendre le financement concessionnel des banques multilatérales et régionales de développement, réduire le coût d’emprunt pour les pays en développement et allouer 500 milliards de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) - soit par une allocation générale, soit par la réorientation des DTS existants non utilisés.  À cet égard, le Groupe a salué la proposition du Secrétaire général d’un « plan de relance des ODD » pour permettre aux pays en détresse économique de se relancer.  Le Groupe a aussi salué la proposition du Secrétaire général d’envisager des mesures allant « au-delà du PIB » pour l’accès aux financements concessionnels.  Les critères révisés doivent compléter les mesures existantes et inclure les dimensions sociales, économiques et environnementales de manière équilibrée, a précisé l’orateur.

Il a aussi appelé à mobiliser, de toute urgence, au moins 1 000 milliards de dollars par an pour investir dans des infrastructures durables pour les pays en développement, entre autres, dans les domaines de l’énergie, des transports, du logement, de l’industrie, de l’agriculture et de la facilitation du commerce.  De plus, les pays développés doivent tenir leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique et au moins doubler le financement pour l’adaptation, a encouragé le délégué.  Le Groupe a aussi appelé à un accès commercial préférentiel aux pays en développement et à la promotion d’une croissance tirée par les exportations.  Les restrictions commerciales unilatérales, incompatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi que les autres mesures de distorsion des échanges préjudiciables aux pays en développement, y compris dans le domaine du commerce agricole, devraient être éliminées de préférence, a plaidé le représentant.

Il a aussi prôné l’établissement d’un « régime fiscal équitable » de manière inclusive par le biais d’un processus intergouvernemental.  « Nous réaffirmons la nécessité de transformer le Comité d’experts en matière fiscale en un organe intergouvernemental composé d’experts représentant leurs gouvernements respectifs », a statué l’orateur, pour qui les pays en développement doivent recevoir « la part qui leur revient dans tous les organes de décision économique ».  De plus, selon l’orateur, le système de quotas du Fonds monétaire international (FMI), basé sur les contributions, devrait tenir compte des besoins des pays en développement.

Enfin, il a constaté que l’actuelle fracture numérique élargit celle du développement, alors que selon lui les technologies numériques devraient plutôt contribuer à combler le fossé du développement.  À son avis, les pays en développement devraient pourtant bénéficier d’un accès préférentiel aux technologies numériques, et les technologies alignées sur les ODD devraient leur être transférées, ou mises à leur disposition.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, Mme MANUELA RÍOS SERNA (Colombie) a fait savoir que le Groupe avait tenu sa septième réunion ministérielle le 22 septembre dernier, en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale.  Au cours de cette réunion, les membres se sont mis d’accord sur l’urgente nécessité de procéder à des réformes systémiques au sein et en dehors des Nations Unies afin de se tourner vers un paradigme de coopération pour le développement plus efficace et plus juste, pour que les pays en développement puissent réaliser les ODD et se sortir de la pandémie de COVID-19.  Cette transformation exigera en outre des mesures immédiates pour l’accès de ces pays aux financements, la hausse de leur marge budgétaire et la soutenabilité de leur dette, en particulier dans le contexte actuel de crise.  La représentante a dit compter sur le soutien des États Membres et des partenaires de développement en la matière.

Actuellement, les pays à revenu intermédiaire représentent 75% de la population mondiale et comptent 82% de la population tombée dans l’extrême pauvreté après la pandémie, a fait observer la représentante.  Les progrès durement acquis au cours des ans ont fortement été entamés, notamment sur des questions telles que la pauvreté multidimensionnelle, les inégalités, la création d’emplois décents, l’éducation, les systèmes de santé universels, la sécurité alimentaire et la transition énergétique.  La représentante y a encore ajouté la fracture numérique pour souligner que l’économie numérique doit être renforcée et accessible à tous.

Sur la question plus générale des politiques macroéconomiques, elle a jugé fondamental d’envisager de nouvelles mesures pour veiller à la soutenabilité de la dette et au traitement effectif de la dette, en tirant les leçons de l’Initiative de suspension du service de la dette.  En outre, les agences de notation doivent adapter leur critère de risque à la situation sans précédent générée par la pandémie et des mécanismes doivent être mis en place pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts de lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité.  Elle a cité en exemple l’allocation de droits de tirage spéciaux non utilisés à ces pays, ou même une nouvelle émission de DTS.

Quant à l’élimination de la pauvreté, a poursuivi la déléguée, elle doit aller de pair avec la création d’emplois décents et la protection sociale.  Elle a appelé la Deuxième Commission à soutenir les propositions du Secrétaire général en la matière et ses objectifs de créer 400 millions d’emplois décents, notamment dans l’économie verte, l’économie numérique et le secteur du soin, et d’étendre la couverture de protection sociale à 4 milliards de personnes.  Elle y ajouté un nécessaire compromis sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition, de même que des mesures ambitieuses pour l’autonomisation de toutes les femmes et toutes les filles.  Plus généralement, les résultats de cette session de la Deuxième Commission doivent être à la hauteur des enjeux posés par les multiples crises mondiales.

Poursuivant son propos en sa capacité nationale, Mme Ríos Serna a évoqué des sujets particulièrement importants pour son pays.  Tout d’abord, elle a estimé nécessaire de placer l’inclusion et la justice sociale et environnementale au cœur du débat pour parvenir à une reprise et à un avenir durable.  Aussi, a-t-elle plaidé pour un changement urgent de modèle économique et de coopération pour le développement, en particulier par l’adoption d’indicateurs reflétant correctement les vulnérabilités endogènes et exogènes de tous les pays.  En outre, elle a plaidé pour que la sécurité et la souveraineté alimentaires soient un droit de toutes les nations.  En tant que pays très vulnérable aux effets des changements climatiques, la Colombie juge prioritaire d’avancer dans la mise en œuvre des engagements et politiques de protection du climat et de la nature, à la mesure et à la vitesse que nécessite la triple crise planétaire en cours.  La représentante a dit attendre beaucoup de la COP27 en Égypte.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a appelé à inverser la vapeur face à de nombreuses tendances alarmantes sur le plan économique.  Selon lui, il faut continuer d’accorder une attention particulière aux plus vulnérables et aux jeunes.  Il a relevé que l’invasion de l’Ukraine a eu un impact sur la sécurité alimentaire et la malnutrition dans le monde, ce à quoi l’UE a réagi en prenant des mesures appropriées.  Elle est également engagée pour renforcer l’accès à l’éducation, notamment par les moyens du numérique, a ajouté le représentant.  Étant donné que la reprise mondiale a ralenti, il a plaidé pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’adoption des mesures pour se tourner vers une économie verte.

Il faut agir ensemble et mettre pleinement en œuvre les engagements de Glasgow sur le climat, a demandé le délégué qui a appelé à respecter la promesse de maintenir l’augmentation de la température terrestre à 1,5 degré Celsius d’ici à 2050.  À la veille de la Conférence des parties (COP) qui se tiendra en Égypte, il a également invité la communauté internationale à œuvrer à la neutralité carbone d’ici à 2050, notamment en adoptant des cibles ambitieuses pour 2030.  De même, à quelques mois de la COP de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, l’UE a promis de débourser 7 milliards de dollars pour soutenir ses partenaires les plus vulnérables dans le cadre de la préservation de la diversité biologique.  Le représentant a aussi parlé de la Conférence internationale des Nations Unies sur l’eau, prévue en 2023, pour rappeler que cette question est cruciale et qu’elle nécessite la création d’un poste d’envoyé spécial de l’ONU sur l’eau.  Enfin, le délégué de l’UE a appelé au respect des droits de femmes et une plus grande implication des jeunes.  À cet égard, il a salué la mise en place du Bureau des Nations Unies pour les jeunes.

M. TUMASIE BLAIR, (Antigua-et-Barbuda), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a décelé plusieurs opportunités pour garantir que le développement durable des PEID continue d’être une priorité au sein de la Commission et que soient réalisés les ODD, l’Accord de Paris et les objectifs des Orientations de SAMOA.  Même avant la pandémie de COVID-19, les PEID étaient mal embarqués dans le Programme 2030, a-t-il rappelé.  La pandémie de COVID-19 a en fait mis à nu, d’un seul coup, « de nombreux défauts sous-jacents du système de développement des Nations Unies ».  Les retombées de cette pandémie et la perte des acquis en matière de développement des PEID montrent clairement que le chemin de la reprise sera plus long pour notre groupe de pays, a relevé l’orateur.  Pour cette raison, la quatrième Conférence internationale des PEID en 2024 est « de la plus haute importance », et toutes les branches du système des Nations Unies et les autres parties prenantes doivent être activées et engagées pour aborder dans sa totalité les besoins des PEID, a-t-il recommandé.

Le représentant a dénoncé les critères « incongrus » appliqués par les institutions financières et de développement internationales ainsi que par les gouvernements qui contrôlent leurs politiques, pour classer de nombreux PEID dans la même catégorie de revenus que les pays développés.  Il a expliqué cela par l’application de la mesure « biaisée » du revenu élevé par habitant, en déduisant que ce « sont l’une des conditions qui compromettent notre développement ».  Depuis des décennies, de nombreux PEID se voient en effet refuser l’accès à des financements concessionnels en raison de ce seul critère, a-t-il noté.  Or, le critère du revenu élevé par habitant ne tient pas compte des limitations structurelles à inclure, des ressources naturelles limitées, et « du fait que nous soyons obligés d’importer un grand pourcentage de biens pour la consommation », a-t-il plaidé.

Avec leur marge de manœuvre budgétaire limitée, leurs vulnérabilités inhérentes et leur fort endettement, les PEID se trouvent dans une situation précaire et réclament une opportunité équitable pour accéder à des financements « qui ne nous enfonceront pas davantage dans l’endettement », a appuyé le représentant de l’AOSIS.  Il leur faut également construire des infrastructures plus solides, résistantes aux chocs climatiques, capables de répondre à la demande mondiale croissante et rapide ainsi qu’aux progrès technologiques, a-t-il concédé.  Des solutions « sur-mesure » pour répondre aux vulnérabilités globales des PEID restent primordiales pour l’AOSIS, qui loue le travail du Groupe d’experts de haut niveau pour l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel pour les PEID.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a regretté le retard pris dans les engagements mondiaux, notamment au regard des ODD.  La question des inégalités reste en particulier prioritaire en Afrique, où le système de santé ne tient plus qu’à un fil, a averti le représentant.  Il a rappelé qu’il est nécessaire de garantir l’accès aux vaccins contre la COVID-19 pour tous les pays d’Afrique où, de plus, l’accès à certaines thérapeutiques restent également très difficile.  Sur la question des changements climatiques, le représentant a souligné que l’Afrique y contribue peu mais en subit de graves effets, en particulier au Sahel: l’Afrique n’émet que 3% des gaz à effet de serre dans le monde mais est très vulnérable aux effets des changements climatiques.  Dans ce contexte, il a dit se réjouir de la tenue de la COP27 en novembre en Égypte, espérant que ce sera l’occasion de passer de la parole aux actes pour mettre réellement en œuvre l’Accord de Paris.

L’agriculture doit aussi s’adapter aux circonstances actuelles, avec par exemple une gestion de l’eau plus efficace, a plaidé le représentant, en rappelant que l’Afrique est confrontée à une crise alimentaire sans précédent, liée à la rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales.  Il a prôné une approche holistique associant action immédiate et mesures à long terme.  Il a aussi fait observer que la crise de l’endettement public est réelle en Afrique, la fracture numérique également.  Le représentant a ajouté que les flux financiers illicites continuent de faire souffrir le continent, appelant à une convention mondiale pour lutter contre ce fléau.  Pour le Groupe africain, la coopération triangulaire, ou Sud-Sud, est très importante, a-t-il ajouté, arguant qu’elle permet de sortir ensemble de la COVID-19 et d’avancer ensemble sur le front du développement humain.

M. SOVANN KE (Cambodge), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que les objectifs communs contenus dans la Vision communautaire 2025 de l’ASEAN complètent le Programme 2030.  Alors que les efforts sont focalisés sur la reprise postpandémie, l’ASEAN a réitéré son engagement à maintenir l’ouverture des marchés pour le commerce et l’investissement, tout en améliorant la transparence et en s’abstenant d’imposer des droits non tarifaires inutiles.  La croissance économique de l’ASEAN, qui était de 3% en 2021, pourrait passer à 5% en 2022, a-t-il relevé.  Il a affirmé que le Groupe reste optimiste quant à la solidité de ses fondamentaux macroéconomiques dans le cadre de la reprise après la pandémie de COVID-19.  Selon lui, l’entrée en vigueur du Partenariat économique global régional en 2022, la plus grande zone commerciale du monde, stimulera le commerce et les investissements dans la région et au-delà.

L’ASEAN, a poursuivi M. Ke, reconnaît que la période de reprise est un moment de développement et de mise en pratique des politiques pour un développement plus inclusif et durable, tout en profitant des opportunités offertes par la révolution numérique.  Il a souligné que les technologies numériques ont joué un rôle important pour maintenir la solidité de l’ASEAN pendant la pandémie, espérant que cela se poursuive après la COVID-19.  À cet égard, l’ASEAN a adopté la stratégie consolidée pour la quatrième révolution industrielle, ainsi qu’un plan de mise en œuvre y relatif.  En outre, l’ASEAN a lancé le Cadre de l’ASEAN pour l’économie circulaire, question de lutter contre le gaspillage des ressources tout en renforçant la croissance économique et en réduisant la pression sur l’environnement.  De plus, l’ASEAN attache également une grande importance à la coopération sur l’économie bleue et appelle à la mise en œuvre de la Déclaration des dirigeants de l’ASEAN sur l’économie bleue.  Le représentant a également évoqué le fait que la région entend coordonner sa réponse aux catastrophes naturelles.  Enfin, l’ASEAN entend renforcer sa collaboration avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) pour promouvoir les complémentarités entre la Vision 2025 de l’ASEAN et le Programme 2030.

M. COLLEN V. KELAPILE (Botswana), au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a indiqué que si le PIB moyen par habitant de ce Groupe a augmenté de 4,1% en 2021, leur vulnérabilité et des conditions économiques mondiales défavorables continuent de limiter leur capacité à se remettre pleinement des impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19.  Il s’est dit préoccupé par le fait que les défis mondiaux actuels et émergents, parmi lesquels l’espace financier et fiscal restreint dans les pays en développement sans littoral, entravent considérablement les progrès dans presque tous les domaines prioritaires du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030.  Par exemple, les pays du Groupe ont été les plus durement touchés par les restrictions sur les mouvements transfrontaliers imposées pour contenir la propagation du virus, ce qui a gravement réduit les échanges commerciaux et la circulation des biens essentiels.  En outre, le nombre de décès dus à la COVID-19 dans les pays en développement sans littoral a plus que triplé entre avril 2021 et avril 2022, 26% seulement de la population étant vaccinée.

Le Groupe s’inquiète aussi de leur niveau d’endettement élevé et de l’impact de cette dette dans les investissements relatifs à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030.  Selon les données de la Banque mondiale, leur dette extérieure est passée d’une moyenne de 58,1% du PIB en 2019 à 64% en 2020.  Neuf pays en développement sans littoral sont classés comme présentant un risque élevé de surendettement et un pays a déjà basculé, a précisé le représentant.  Réitérant l’importance pour la Deuxième Commission d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et de fournir un soutien au Groupe des pays en développement sans littoral, l’orateur a réclamé des partenariats renforcés entre les pays en développement sans littoral, les pays de transit, les partenaires de développement et les organisations internationales.

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a relevé que la Deuxième Commission se réunit à un moment où l’objectif du Programme 2030 n’a jamais été aussi important et jamais aussi hors d’atteinte.  Il s’est alarmé du recul de l’indice de développement humain durant deux années consécutives, en 2020 et 2021.  Ce recul a été particulièrement grave pour les femmes et les filles, près d’un demi-milliard d’entre elles vivant dans l’extrême pauvreté.  L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué de nouvelles souffrances, rendant la reprise encore plus difficile dans le monde entier, a déploré le représentant, en relevant que le niveau d’insécurité alimentaire sape non seulement le développement durable, mais menace également la stabilité mondiale.  Plus de 800 millions de personnes vont se coucher affamées tous les soirs, a martelé M. Fifield, et 50 millions de personnes dans 45 pays sont au bord de la famine.

Il faut réagir d’urgence aux changements climatiques, a-t-il lancé.  Les délégués de la Deuxième Commission ont le devoir de veiller à la mise en œuvre du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba, de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai, a-t-il ajouté, car ces accords historiques représentent les priorités convenues de la communauté internationale pour le développement international.  Il a jugé indispensable de tenir compte des besoins spéciaux et différenciés des pays en situation particulière, notamment les PEID et les PMA, a dit M. Fifield, qui s’est félicité, à cet égard, des travaux en cours pour mettre en place un indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui permettra au système des Nations Unies de mieux répondre aux besoins et aux situations uniques.  Pour la délégation, il est également nécessaire de parvenir à l’égalité des genres pour une communauté mondiale stable et prospère.

M. STAN ODUMA SMITH (BAHAMAS), a pris la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Il a souligné la vulnérabilité des pays de la région qui souffrent du fait de leur statut de PEID.  Chaque année, a-t-il rappelé, la CARICOM tire la sonnette d’alarme sur les conséquences des changements climatiques.  Il a appelé tous les partenaires au développement à intensifier leur soutien aux PEID pour la mise en œuvre des Orientations de Samoa, avant de souligner l’importance du financement climatique pour les PEID.  Les efforts de notre région pour renforcer la stabilité économique face aux crises multiples ont été bloqués en raison de la cessation des relations de correspondant bancaire, a déploré le délégué.  Il a donc invité les Nations Unies à tirer parti de leur position de centre du système multilatéral, à faire progresser l’établissement de normes plus inclusives et transparentes ainsi qu’à favoriser la coopération fiscale et le renforcement des capacités en faveur des pays en développement.  La CARICOM réitère son appel à la réforme du système financier mondial pour l’adapter aux réalités du monde, a plaidé M. Smith qui a notamment appelé à une plus grande représentativité au sein des organes de gouvernance et à combler les lacunes en matière d’équité dans l’architecture de la dette.  Selon le représentant, l’annulation de la dette serait un bon début, car les États de la CARICOM ont massivement souffert de difficultés économiques en raison de la pandémie imprévue de COVID-19.  En conséquence, la dette liée à la COVID-19 est supérieure à celles consenties au cours de diverses crises mondiales, a-t-il souligné.

Par ailleurs, le délégué a indiqué que le classement des pays qui se base uniquement sur le revenu par habitant ne correspond pas à la réalité sur le terrain.  Cela ne tient pas également compte des vulnérabilités spécifiques de ces pays qui nécessitent une action appropriée pour réaliser les Orientations de SAMOA et le Programme 2030.  À cet égard, il a salué la publication du rapport intérimaire du Groupe d’experts de haut niveau sur l’Indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui saisira la véritable vulnérabilité des PEID.  Il a espéré que cela permettra à tous les PEID d’accéder à des financements concessionnels, des investissements, un soutien technique supplémentaire, et de bénéficier du renforcement des capacités pour augmenter leur résilience face aux futurs chocs mondiaux.

Selon Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi), parlant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), la croissance du PIB à moyen terme de nombreux pays du Groupe devrait tomber en dessous du niveau d’avant la pandémie.  Elle a constaté que les investissements destinés à stimuler la reprise sont fortement limités par une marge de manœuvre budgétaire restreinte et une vulnérabilité croissante de la dette.  De plus, les pressions inflationnistes ainsi que les perturbations du commerce international et des marchés financiers liées à la pandémie et aux conflits exacerbent les pertes de production et les inégalités.  Dans ce contexte, l’oratrice a réclamé des actions mondiales urgentes, par le biais de collaborations internationales pour faire face à ces défis et réaliser le Programme 2030.  Elle a d’ailleurs appelé les États Membres, la Banque mondiale, le système des Nations Unies, le FMI et d’autres entités financières à établir des « plans complets, assortis de délais » pour mettre pleinement en œuvre les objectifs, les cibles et les engagements du Programme d’action de Doha.

Alors qu’environ 690 millions de personnes sont contraintes de survivre avec moins de 1,90 dollar par jour et que plus de la moitié d’entre elles vivent dans les PMA, la représentante s’est inquiétée que l’engagement historique des partenaires de développement de consacrer 0,15% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) n’a pas été respecté au cours des 50 dernières années.  En outre, malgré les promesses répétées de résoudre les problèmes d’endettement des pays du Groupe, 5 d’entre eux sont encore en situation de surendettement et 22 présentent un risque élevé de surendettement.  « Le moment est venu pour la communauté internationale de respecter ses engagements en matière d’APD et d’allégement de la dette », a insisté Mme Chimbiri Molande. 

Profondément inquiète de l’aggravation de la crise climatique, alors qu’ils sont les moins responsables de cette crise, les PMA ont appelé à un renforcement des objectifs de réduction des émissions des pays afin de limiter le réchauffement à 1,5°C, à la mise en place d’un financement pour faire face aux pertes et dommages causés par les changements climatiques, et à un bilan mondial pour évaluer les progrès de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  L’architecture financière internationale s’est une fois de plus révélée très insuffisante pour assumer sa responsabilité de soutenir les pays en développement et les PMA, a regretté la représentante qui a lancé un appel à la réorganiser.  Si l’allocation de DTS par le FMI est une initiative bienvenue, « les PMA ne peuvent guère en bénéficier », a-t-elle tempéré.  Le Groupe réitère son appel à fournir au moins 100 milliards de dollars de DTS aux PMA pour répondre à leurs besoins urgents de liquidités, a dit la représentante, avant de miser sur la Conférence de Doha, qui se tiendra en mars 2023 au Qatar, comme une « occasion extraordinaire » de générer un soutien politique et une dynamique mondiale en faveur des PMA.

M. AYELE LIRE (Éthiopie) a déploré les crises sans précédent auxquelles le monde fait face, qui sont des menaces pour les pays en développement, en particulier les PMA, ce qui remet en cause les progrès réalisés jusqu’à présent.  Il a aussi fait remarquer que le financement du développement, inadéquat, empêche les pays pauvres de réagir à temps et efficacement aux crises et d’investir dans leurs plans de développement nationaux.  Les promesses faites pour faire face aux défis du développement ne se sont, en outre, pas concrétisées, a encore regretté le représentant.  Quant aux promesses de mobilisation de ressources financières suffisantes et prévisibles pour le climat, elles ont été presque oubliées par les pays développés, ce qui a pour résultat que ce sont les pays les moins émetteurs qui souffrent des pires conséquences des changements climatiques.

Le monde doit changer de paradigmes pour traduire en actes les accords sur le climat, a ajouté le représentant, qui a espéré que la COP27 déboucherait sur des solutions.  Il en a également appelé à une réforme des termes des échanges au niveau du commerce international afin de mieux répondre aux besoins des pays en développement et de réaliser le Programme 2030.  Pour sa part, l’Éthiopie a, malgré les difficultés, entrepris de profondes réformes politiques et économiques, suivant en cela sa promesse d’apporter la prospérité à tous les Éthiopiens, a fait valoir le délégué.

M. SHEIKH ABDULRAHMAN BIN ABDULAZIZ F.A. AL-THANI (Qatar) a attiré l’attention sur le fait que le Qatar respecte ses engagements collectifs au niveau international et qu’il a contribué à hauteur de 500 millions de dollars aux programmes d’aide humanitaire en 2021.  Il a dit que le pays va poursuivre ses efforts pour accomplir ses engagements relatifs au Programme 2030.  Le représentant s’est félicité que le Qatar ait participé aux réseaux d’accélération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), solution innovante aux problèmes de développement.  Selon lui, l’élan positif en termes de coopération internationale pour le développement permettra d’aider notamment les PMA, ce qui contribue à la réalisation du Programme d’action de Doha.  Le Qatar contribue aussi à la réunion de haut niveau pour les besoins humanitaires dans la Corne de l’Afrique, à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars, a-t-il ajouté.  Pour conclure, le représentant a assuré que le prochain championnat du monde de football qui aura lieu au Qatar sera positif sur le plan environnemental.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a estimé que ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de transformer les engagements politiques en actions, afin de tracer la voie d’une reprise durable et de construire un avenir durable.  Il a donc demandé à la communauté internationale de poursuivre une mise en œuvre harmonieuse et coordonnée de ces politiques et engagements pris, guidé par le principe de justice, d’équité et l’ambition, en veillant à ne laisser personne de côté.  Le délégué a appelé la communauté internationale à honorer ses engagements officiels en matière d’APD et de fournir des programmes complets d’allégement de la dette aux pays en développement surendettés.  En outre, le partage des connaissances scientifiques et des technologies est essentiel, car la science, la technologie et l’innovation sont non seulement une condition préalable à la lutte contre les catastrophes et à la réduction des vulnérabilités, mais aussi des éléments nécessaires pour atteindre les ODD.  Le représentant a également parlé des perturbations des chaînes d’approvisionnement, de la baisse des envois de fonds et des exportations dans les PMA, en suggérant de les compenser par une aide pour le commerce adéquate, des mesures de facilitation des échanges, un renforcement des capacités et d’autres mesures de soutien.  Il a enfin appelé à la réalisation des objectifs de financement climatique pris dans le cadre de divers accords, avec une garantie d’un accès facile à ces fonds.  Pour sa part, le Népal s’est engagé à atteindre zéro émission nette d’ici à 2045, a fait valoir le représentant.

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a estimé que l’insécurité alimentaire croissante et la hausse des prix de l’énergie -exacerbés par l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine- mais aussi les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution de l’environnement, sont autant de défis interconnectés qui déstabilisent notre monde.  Face à ces défis, il est crucial de réaffirmer notre engagement pour la mise en œuvre du Programme 2030, notre feuille de route commune pour un développement durable, a-t-elle plaidé.  Elle a souligné que ce Programme est universel, et qu’il relève de la responsabilité primaire des États de faire avancer sa réalisation avec des politiques nationales ciblées et efficaces.

La déléguée a indiqué que l’engagement international de la Suisse a pour mission de soulager les populations dans le besoin et de lutter contre la pauvreté, ainsi que de promouvoir le respect des droits humains, la démocratie, la coexistence pacifique des peuples et la préservation des ressources naturelles.  Pour elle, une des responsabilités centrales de la Deuxième Commission est de guider le système de développement onusien.  Elle a souligné l’importance particulière, à cet égard, de la résolution sur les activités opérationnelles pour le développement, en vue de la mise en œuvre effective des réformes.  En tant que facilitatrice de cette négociation, la Suisse se réjouit de travailler avec toutes les délégations afin d’arriver à un résultat ambitieux et consensuel.  En outre, la Suisse se mobilisera sur la question des changements climatiques vus comme « multiplicateur de risques » dans le cadre de son siège au Conseil de sécurité en 2023-2024.

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a réclamé un engagement multilatéral pour répondre aux défis actuels, étant donné le système géopolitique complexe.  Son pays ayant été frappé par l’ouragan Fiona, il y a deux semaines à peine, la représentante a appelé à mettre en place un système plus coopératif pour relancer l’économie des pays touchés par les catastrophes.  Elle s’est par ailleurs positionnée en faveur de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, appelant à cet égard à honorer les engagements pris et à créer de nouveaux outils de financement pour les pays les plus touchés par les changements climatiques.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a regretté l’élargissement du fossé économique entre pays, dû à la pandémie, ainsi que les problèmes d’insécurité alimentaire en hausse dans le monde.  Les pays à revenus moyens comme la Namibie sont également touchés par l’inflation des denrées alimentaires, a-t-il fait valoir.  Il a souligné que pour beaucoup de pays, notamment sur le continent africain et dans le Sud, un soutien extérieur supplémentaire est nécessaire en termes de développement des capacités pour la mobilisation des ressources.  En complément, des stratégies et des politiques délibérées doivent être déployées pour améliorer l’efficacité du développement et l’autosuffisance.  À cette fin, l’intégration d’indices de vulnérabilité multidimensionnelle contribuera grandement à enrichir les programmes de développement des pays en développement, a argumenté M. Gertze.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) s’est dit persuadé que la Deuxième Commission est plus utile que jamais pour organiser un dialogue professionnel et non politisé au niveau international.  Certaines causes des crises sont trop souvent passées sous silence, alors que d’autres sont enflées, a précisé le représentant.  Il a déploré des tentatives des délégations des pays occidentaux d’attribuer aux événements en Ukraine toutes les crises actuelles.  Le représentant a dénoncé les sanctions illégales et la militarisation des systèmes financiers.  Pourquoi ne pas parler des pratiques non compétitives, a-t-il aussi lancé, soulignant que ce sont les pays les plus pauvres qui en font les frais.  Les prix de l’énergie sont, selon lui, artificiels et relèvent des intérêts nationaux de certains pays.  Il a ajouté que des milliards de dollars sont injectés dans l’économie par les banques occidentales, ce qui a des conséquences très graves pour les pays en développement endettés.

Il est plus simple pour certains d’expliquer les problèmes par la situation en Ukraine et de tout mettre sur le dos de la Russie, a insisté le représentant, ce qui à son avis n’aidera pas à résoudre les problèmes mondiaux en matière de développement durable.  La Deuxième Commission est une plateforme nécessaire pour aider les pays les plus vulnérables, a-t-il estimé, disant attendre des actions concrètes de solidarité, dont la réforme de l’architecture financière mondiale est un élément clef.  De plus, il a jugé important de renforcer le système des Nations Unies pour le développement.

Mme SHARON BERNADETH JUAREZ ARGUETA (Guatemala) a souligné que la pandémie de COVID-19 a montré à quel point les pays sont interdépendants.  Ils affrontent, en outre, les effets négatifs des changements climatiques, les pressions économiques et financières ainsi que les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine.

Le Guatemala a lancé une « grande croisade nationale pour la nutrition », qui propose une approche holistique prenant en compte le caractère multidimensionnel du problème, a expliqué la représentante.  Par ailleurs, en tant que pays très vulnérable aux effets des changements climatiques, le Gouvernement guatémaltèque en appelle à une action plus ambitieuse pour le renforcement des capacités, a-t-elle dit, en misant sur la mise en commun des efforts pour investir dans des projets qui permettent une reprise économique durable, génératrice d’innovation, d’emploi et de nouvelles perspectives.  La représentante a aussi souhaité aborder la thématique de la migration et s’est intéressée en particulier aux droits humains des migrants, et surtout à ceux des mineurs non accompagnés.  De la même façon, elle a jugé très importante la résolution que prépare la Deuxième Commission sur la coopération internationale avec les pays à revenu intermédiaire.

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a indiqué que le Honduras a été victime d’une crise économique qui a eu un impact direct sur le bien-être de la population, en plus des 13 années de dictature après le coup d’État de 2009, de deux fraudes électorales distinctes protégées par la communauté internationale, de l’assaut du trafic de drogue et de la corruption et des multiples catastrophes naturelles.  Le Gouvernement actuel a ainsi hérité d’une dette publique qui a été multipliée par six, ainsi que d’un indice de pauvreté de 74%, soit le plus élevé de l’histoire du Honduras.  La représentante a dénoncé un monde qui vit aujourd’hui sous la dictature monétaire, avec les inégalités qui ont augmenté de façon exponentielle.  « Nous sommes à la merci des spéculations macroéconomiques et financières dictées par le modèle économique néolibéral », a—t-elle clamé.  Malgré cette réalité nationale dégradée, le Honduras s’est engagé à la mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable dans son ensemble et tout en ne laissant personne de côté.  Elle a toutefois fait valoir qu’en tant que pays à revenu intermédiaire, le Honduras a de moins en moins la possibilité d’accéder à des sources de financement abordable.  En fait, le mécanisme actuel de classification des pays en fonction des revenus ne permet pas une hiérarchisation adéquate dans l’allocation des ressources de la coopération au développement, a-t-elle tranché.  C’est pourquoi la représentante a rappelé que le Honduras réitère la nécessité de migrer vers des indicateurs multidimensionnels pour mesurer les réalités du développement.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a relevé que sur la base des leçons tirées de la pandémie de COVID-19, la solidarité s’impose.  Il faut donc arrêter de bloquer les chaînes alimentaires, a-t-elle réclamé, en demandant aussi de faciliter l’accès aux financements, entre autres.  Le Liban n’est pas exempt de la crise alimentaire et le pays dépend énormément des céréales ukrainiennes, a-t-elle dit.  Il en résulte que le Liban n’est plus en mesure d’accueillir les réfugiés, l’impact de la crise étant trop lourd.  Il faut donc que d’autres pays prennent le relais, a demandé la représentante.  Elle a recommandé, en outre, que la vulnérabilité des pays en développement soit prise en compte par un indice multidimensionnel de vulnérabilité et par des mesures d’allégement de la dette publique, qui doivent cibler les pays en développement, y compris pour les pays à revenu intermédiaire.  Pour la déléguée, les politiques en matière d’énergie doivent tenir compte de la réalité climatique.  Elle a enfin appelé Israël à régler les dédommagements dus au Liban du fait des marées noires provoquées sur les côtes de ce dernier.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a noté que les inégalités s’aggravent entre et au sein des pays.  Quelle que soit la nature des efforts entrepris pour relancer le développement durable, la marge de manœuvre est étroite, a-t-il estimé, recommandant donc de faire de la relance économique la priorité absolue.  Plus que la relance, les économies ont surtout besoin d’un accès à un financement rapide, a relevé l’orateur.  Sri Lanka a besoin de restructuration de sa dette et de recevoir des financements accrus, mais les institutions financières internationales doivent revoir leurs méthodes, a décrété le représentant, louant au passage la coopération Sud-Sud pour son aide précieuse.  Pays vulnérable aux changements climatiques, la Sri Lanka a aussi besoin de voir les principaux pays émetteurs s’acquitter de leurs engagements, a-t-il lancé.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a appelé à une stabilisation des marchés et à redoubler d’efforts pour reconstruire en mieux.  Il a demandé de conserver le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme unique feuille de route, en donnant une priorité absolue à l’objectif de mettre fin à la pauvreté.  Il a regretté que les pays développés soient bien en-deçà de leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), alors que les dépenses militaires sont en hausse.  Le monde s’éloigne de l’Accord de Paris, a-t-il constaté, ce qui ne peut qu’avoir des conséquences désastreuses pour toute l’humanité.  L’orateur, dont le pays a une empreinte carbone très faible, a encouragé les pays émetteurs à agir de toute urgence.

M. DAI BING (Chine) a évoqué la crise économique et la situation difficile dans le monde aujourd’hui qui empêchent d’atteindre les ODD.  Il a plaidé pour un véritable multilatéralisme et pour une coopération ouverte et inclusive en faveur d’un avenir commun de l’humanité.  Il faudrait aussi revitaliser les partenariats mondiaux pour le développement, notamment renforcer la coopération Sud-Sud, entre autres.  Renforcer le système d’échanges commerciaux et maintenir les chaînes d’approvisionnement plutôt que de construire des murs constituent une autre priorité pour la Chine, a expliqué le délégué.  Il a souligné que son pays a toujours défendu le développement et a atteint certains des ODD bien avant l’heure, notamment la réduction drastique de la pauvreté.  La Chine, a-t-il ajouté, a fourni plusieurs milliards de doses de vaccins et apporté de l’aide humanitaire à de nombreuses reprises cette année.  Il a aussi rappelé que le Président chinois a présidé cette année le dialogue de haut niveau sur le développement durable où il a annoncé un fonds de développement pour la coopération Sud-Sud.  « La Chine est prête à partager des expériences de développement avec d’autres pays afin de créer un avenir positif et prospère pour tous. »

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraq) a souligné que la pandémie a touché tout le monde sans exception et a remercié tous ceux qui travaillent dans le domaine médical, qui ont risqué leur vie durant cette crise sanitaire.  L’économie est essentielle pour le développement et elle est impossible sans paix et stabilité, a-t-il fait remarquer.  Il a indiqué que l’Iraq fait face à des défis réels, en raison de divers obstacles complexes, dont le terrorisme.  Le délégué a dit soutenir le travail des coordonnateurs résidents et a plaidé pour une meilleure représentation géographique.  Il a parlé de la sécurité alimentaire et de la sécurité énergétique, qui sont au cœur des préoccupations et, bien évidemment, associées à la pauvreté.  « Nous devrions nous appuyer sur la solidarité plus que jamais auparavant. »  Le représentant a en effet misé sur cette solidarité pour atteindre l’ODD 1 d’élimination de la pauvreté et l’ODD 2 d’élimination de la faim.

M. ENKHBOLD VORCHILOV (Mongolie) a salué le fait que 66,9% de la population cible en Mongolie a été entièrement vaccinée contre la COVID-19.  Pour restaurer l’économie touchée par la pandémie au cours de la période 2021-2023 et protéger la santé, le Gouvernement a mis en œuvre une série de programmes, a témoigné le représentant.  Il a dit que son pays mobilise une approche globale de la mise en œuvre des ODD en termes de structure institutionnelle, d’organisation et de financement.  La Mongolie est l’un des pays les plus touchés par les changements climatiques, a-t-il souligné, avant d’évoquer d’autres problèmes comme la désertification et les tempêtes de poussière.  Il s’est réjoui de l’initiative du Président de la Mongolie visant à planter un milliard d’arbres, lancée en 2021, qui a connu la participation du Secrétaire général de l’ONU lors d’une action de plantation d’arbres en Mongolie en août dernier.  La Mongolie se prépare à présenter son deuxième examen national volontaire en 2023 au forum politique de haut niveau de l’ECOSOC afin de partager ses réalisations et son expérience dans la mise en œuvre des ODD et d’autres politiques et programmes nationaux de développement, a indiqué M. Vorchilov.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est d’emblée interrogé: « Si nous connaissons les objectifs que nous devons poursuivre, qui sont nécessaires pour parvenir à un développement international efficace, alors, pourquoi n’agissons-nous pas? »  Il a estimé que la réponse simple est l’énorme déficit de volonté politique de la part du monde et des institutions habilitées à transformer les engagements en actions concrètes.  « Il est temps que le monde développé arrête de parler du bout des lèvres et agisse rapidement sur les engagements pris envers les pays en développement en matière de changements climatiques. »  Cela est nécessaire en particulier, a-t-il précisé, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour garantir l’octroi de 100 millions de dollars par an aux pays en développement pour le financement des mesures d’adaptation.  Il est temps que les pays développés honorent leurs engagements non tenus en matière d’APD, a-t-il ajouté.  Il est temps que le monde développé comble le déficit de financement des ODD qui s’élève actuellement à 4,3 milliards de dollars par an, a-t-il encore plaidé.  Il est temps que les pays développés honorent leurs engagements d’accélérer le transfert de technologie vers les pays en développement à des conditions favorables, y compris à des conditions concessionnelles et préférentielles, a-t-il ajouté avant de conclure

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a déclaré que pour faire face au ralentissement des économies, aux conflits et aux catastrophes naturelles, l’année 2022 devra être celle de la résilience.  « La pandémie nous a aussi appris à davantage anticiper », a-t-il relevé.  Il a toutefois noté que les ressources des pays en développement sont grandement affaiblies et que la réalisation des ODD s’éloigne.  Les partenariats public-privé pourraient là jouer un rôle important, selon l’orateur, qui a appelé au passage les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD.  Ce n’est qu’avec le multilatéralisme que le monde pourra lutter contre les défis de demain tels que les changements climatiques, a-t-il estimé.  Pour le représentant, la transition énergétique durable devra être garantie si nous voulons que les ODD se concrétisent.

M. OMAR HILALE (Maroc) a appelé à intensifier les approches multilatérales et à adopter une approche multidimensionnelle pour le financement du développement durable, allant au-delà des simples critères de PIB, comme l’a déjà évoqué le Secrétaire général de l’ONU.  Le Maroc base son développement sur plusieurs piliers, a-t-il dit, en citant le renforcement du tissu économique national, la consolidation du capital humain, l’inclusion de la population marocaine dans les opportunités de développement durable, la réduction des disparités sociales et la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et des filles.  Il a ajouté que le Maroc s’est aussi engagé à soutenir les efforts pour faire face aux changements climatiques.  Par ailleurs, après deux ans de crise sanitaire, le représentant s’est réjoui de l’ouverture des frontières et de la relance du tourisme, qu’il travaille à rendre vert et durable.

M. MATTHEW CHAN (Singapour) a souligné que la guerre en Ukraine a perturbé, après la pandémie, les chaînes alimentaires et énergétiques, poussant les prix à la hausse.  De plus, les changements climatiques déclenchent plus fréquemment des événements climatiques extrêmes, a-t-il fait observer, en demandant d’affronter ces problèmes de toute urgence.  Il a rappelé l’importance de la coopération multilatérale, en particulier le rôle clef des Nations Unies, pour parvenir à un consensus sur la réponse collective à apporter aux défis de notre temps.  Le représentant a souhaité mettre trois priorités an avant.  Tout d’abord, continuer à renforcer le système multilatéral fondé sur des règles, avec l’ONU en son centre, qui représente la meilleure chance de mobiliser les ressources pour construire un avenir meilleur et durable.  Deuxième priorité: rétablir les chaînes d’approvisionnement mondiales et stabiliser la fourniture et les prix des denrées alimentaires et de l’énergie.  Enfin, à l’heure où le monde se relève de la pandémie, il ne faut pas perdre de vue les autres défis de notre temps, et en particulier les changements climatiques, qui exigent des investissements dans l’atténuation des risques et pour la transition vers des économies à bas carbone.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a évoqué les vulnérabilités de nombreux pays aggravées par la pandémie et la persistance d’un « ordre international injuste et inéquitable ».  Vingt-cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté ont été anéantis, s’est inquiété le représentant, sans compter le nombre de nouvelles personnes qui sont tombées dans la pauvreté.  Il a déploré que les inégalités perdurent, alimentées par les crises dans le monde.  Parmi d’autres exemples, le représentant a cité le chiffre de 2,3 milliards de personnes qui n’ont pas pu correctement se nourrir en 2021.  Les pays en développement sont placés face au choix cornélien de nourrir leur population ou de rembourser la dette, a-t-il expliqué.  Promouvoir et protéger le multilatéralisme est la seule solution, sans exclusion et sans discrimination, a insisté le représentant qui a demandé que le système financier soit entièrement revu, « car aujourd’hui, seule une élite prend des décisions pour tous ».  Le système international ne peut pas justifier des mesures unilatérales imposées par les plus puissants aux plus faibles, a lancé le délégué, estimant que cela va à l’encontre du monde juste, équitable et inclusif.  Les engagements internationaux des pays en développement ont toujours été honorés, ce qui n’est pas le cas des pays développés, a-t-il fait valoir, en comparant avec les dépenses militaires qui se multiplient dans le monde.

M. ALAN EBUN G GEORGE (Sierra Leone) a appelé la communauté internationale à se réengager à atteindre les ODD.  Au milieu des défis mondiaux qui s’aggravent, la Sierra Leone reste résolue à la mise en œuvre du Programme 2030 par le biais de son Plan de développement national 2019-2023, a-t-il assuré.  « Notre plan se concentre sur le développement du capital humain, avec une forte orientation sur l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire », a-t-il expliqué.  Dans ce contexte, il a dit que l’objectif d’offrir une éducation gratuite de qualité reste une priorité absolue du Gouvernement.  Concernant l’ODD 16, il a expliqué que la Sierra Leone maintient son engagement de longue date en faveur d’une justice centrée sur les personnes.  Le secteur de la justice a en effet connu des progrès accélérés dans la promotion de l’accès à la justice en faveur des populations défavorisées, s’est enorgueilli le représentant.  Par ailleurs, alors que s’approche la deuxième partie de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA à Doha en mars 2023, le délégué a affirmé la nécessité pour les États Membres d’accroître le partenariat en vue de renforcer le soutien technique et l’utilisation d’outils innovants pour relever les défis spécifiques des PMA.

M. JONIBEK ISMOIL HIKMAT (Tadjikistan) a relevé que, parce qu’à la traîne sur de nombreux ODD, le Gouvernement du Tadjikistan a pris des mesures audacieuses pour intégrer ces objectifs dans les politiques nationales et les plans de développement.  Malgré des progrès substantiels, il a fait état de risques importants, tels que des aléas climatiques et des catastrophes naturelles susceptibles de ralentir ou d’inverser la trajectoire du Tadjikistan vers la réalisation du Programme 2030.  Par conséquent, le délégué a réitéré l’importance d’augmenter le niveau d’APD pour répondre aux besoins des pays en développement, en particulier ceux en situation particulière tels que les PMA, les PEID et les pays en développement sans littoral.

M. Hikmat a souligné qu’alors que nous sommes tous aux prises avec les conséquences des catastrophes naturelles liées à l’eau, « nous prenons de plus en plus conscience que l’eau est un don de Dieu et une ressource que nous devons valoriser, protéger, utiliser et gérer efficacement ».  Le Tadjikistan a fait avancer cette cause depuis plus de deux décennies en la défendant à travers ses différentes initiatives et résolutions liées à l’eau à tous les niveaux, a-t-il rappelé.  Selon le représentant, la Conférence des Nations Unies sur l’eau 2023 sera une bonne occasion pour nous tous d’examiner et évaluer les progrès réalisés, ainsi que les lacunes et les obstacles dans la réalisation des objectifs de la Décennie de l’eau.  Le Tadjikistan et les Pays-Bas, à la tête des préparatifs de cet événement mondial, travaillent dur et de manière déterminée pour faire de la Conférence un moment décisif pour le monde entier, a indiqué le délégué.  En outre, le Président du Tadjikistan, M. Emomali Rahmon, a proposé de déclarer 2025 comme l’année internationale de la préservation des glaciers.  Un projet de résolution sur cette initiative sera présenté à la Deuxième Commission, a annoncé le représentant.

Mme NADJA MICAEL (Érythrée) a appelé à une « transformation radicale » du financement international alors qu’à huit ans de son terme, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est non seulement pas prêt d’être rempli, mais, dans certains secteurs, les changements nécessaires n’ont « pas même été effleurés ».  Vulnérable aux sécheresses et aux changements climatiques, l’Érythrée est confrontée à des défis permanents, alors qu’elle ne contribue que très peu à l’émission de gaz à effet de serre, a fait remarquer la représentante.  Elle a demandé « où étaient les milliards promis » pour lutter et s’adapter à ces changements climatiques.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a regretté un déficit du financement durable.  Fortement importatrice de denrées alimentaires, l’Égypte est impactée par la guerre en Ukraine, a-t-il signalé, en disant que sa population en pâtit et se désolant que la réalisation des ODD s’éloigne.  Hôte en novembre 2022 de la COP27, l’Égypte estime que les pays développés doivent tenir leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique, a dit le représentant.  Il a mis l’accent sur le manque d’eau, menace existentielle pour l’Égypte, qui la condamne à répéter à la communauté internationale de tenir ses promesses en matière de développement durable.  Concernant le financement du développement, le défi de l’augmentation des besoins en financement est patent, a conclu le représentant égyptien.

M. NASIR ISA KWARRA (Nigéria) s’est félicité de la pertinence du thème du débat de cette année, qui souligne le besoin urgent pour la communauté internationale de redoubler d’efforts pour faire face aux besoins complexes et divers de notre époque.  Travailler sur le programme de développement dans cette Deuxième Commission est essentiel et sera bénéfique à la communauté internationale puisque qu’il vise à mettre un terme à la pauvreté et à la faim, entre autres.  Le travail de la Commission devrait se concentrer également sur l’élimination de la dette, ainsi que des flux financiers illicites qui font fuir de nombreuses ressources des pays en développement, a préconisé le représentant.  Il a aussi jugé nécessaire de négocier une convention fiscale des Nations Unies pour s’attaquer aux paradis fiscaux.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a évoqué les nombreux défis auxquels la communauté internationale est confrontée, notamment les répercussions de la pandémie et des changements climatiques.  Le représentant a lancé un appel à la paix et à la coopération, notamment sur l’alimentation et l’énergie, et ce, dans l’esprit de l’égalité des droits.  La Jordanie est confrontée à un éventail de défis inédits, a-t-il signalé, estimant qu’investir dans les opportunités qui les accompagnent lui permettra de mieux affronter l’avenir.  Il a rappelé que la Jordanie accueille de très nombreux réfugiés à qui elle fournit les services de base.  Le représentant a, pour conclure, rappelé le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a estimé essentiel que la communauté internationale envisage de toute urgence un éventail complet de sources financières et non financières pour mettre en œuvre le programme des ODD et relever les défis de financement des différents partenaires.  Il a souligné que les plus vulnérables, à savoir les pays africains, les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID, ont besoin d’un soutien accru, à cet égard, afin qu’ils puissent s’adapter aux contextes spécifiques et s’aligner sur leurs objectifs et besoins de développement.  Poursuivant, le représentant s’est dit gravement préoccupé par la triple crise planétaire que sont les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.  De fait, a-t-il étayé, à Glasgow, en novembre 2021, nous avons démontré la nécessité de viser une économie verte, inclusive et durable.  Or, a-t-il dit, il est regrettable que tous les efforts n’aient pas été suffisants pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  C’est pourquoi, M. Rupende a dit fonder ses espoirs sur la COP27 prévue dans quelques semaines à Charm el-Cheikh.  Il a exhorté toutes les parties prenantes à éviter l’approche habituelle et à faire preuve de la volonté politique nécessaire afin de prendre des initiatives concrètes à la mesure des « énormes défis auxquels nous sommes tous confrontés ».

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a expliqué que les pays en développement sont confrontés à divers défis pour mettre en œuvre leurs plans de relance socioéconomique du fait des contraintes budgétaires croissantes et du fardeau de la dette.  Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de coopération pour le développement, notamment en ce qui concerne l’APD.  Il a souligné le caractère fondamental du soutien des banques multilatérales, notamment par le biais de financements à des conditions favorables, comme des crédits concessionnels pour développer les économies des pays en développement.  Face à une crise planétaire multidimensionnelle, marquée par le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité, la pollution, avec des conséquences directes sur le développement, le représentant a appelé à une action globale basée sur des responsabilités communes mais différenciées.  Le pays a lancé un Plan national de transition vers la neutralité carbone d’ici à 2050, ainsi qu’un Plan national pour l’adaptation aux changements climatiques, a-t-il indiqué.  De plus, il a signalé que l’Équateur a créé une nouvelle réserve marine aux Galapagos, appelée « Hermandad », afin de protéger ce patrimoine naturel de l’humanité.

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) s’est d’entrée réjoui de la croissance économique de son pays estimée en 2021 à 36,9% en lieu et place des 31,6% escomptés.  Cela est le résultat, selon lui, des mesures économiques mises en œuvre pendant la pandémie et des politiques fortes adoptées par le Gouvernement pour la reprise économique postpandémie.  En 2022, avant le début de la guerre en Ukraine, a indiqué M. Zuhuree, l’économie des Maldives devait croître de 13%.  Toutefois, ces prévisions ont été légèrement revues à la baisse, à 12,4%.  Sur le plan du tourisme, le représentant a répertorié 1,1 million d’arrivées jusqu’à présent cette année, estimant que les Maldives sont donc en bonne voie pour atteindre l’objectif de 1,6 million d’arrivées de touristes en 2022.  Il s’agit là, a-t-il insisté, d’un signal fort pour la poursuite de la reprise économique.  Cependant, a-t-il nuancé, les Maldives, en tant que PEID, continuent de faire face à de multiples contraintes, dont les changements climatiques.  Il a donc insisté sur la nécessité d’un financement du climat à la fois suffisant et accessible pour les pays en développement, en particulier les PEID.  Dans ce contexte, il a regretté l’accès limité des PEID aux sources de financement du développement et pressé, en conclusion, pour que ces fonds soient « adéquats, prévisibles et accessibles ».

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a appelé la communauté internationale à conjuguer ses efforts pour créer un environnement paisible et stable, propice au développement économique.  À l’heure actuelle, le monde est confronté à de nombreuses crises et défis, mais la plus grande menace, a-t-il dit, est l’ingérence et l’entrave des forces extérieures qui tentent de contenir la souveraineté et le droit au développement d’États souverains.  La communauté internationale doit résolument rejeter et s’opposer à l’unilatéralisme et au protectionnisme commercial qui ont des effets négatifs sur la paix et la sécurité mondiales et la réalisation des ODD 2030, a plaidé le délégué.  Il a ensuite appelé à réformer l’ordre économique mondial existant, afin d’établir une nouvelle relation économique internationale fondée sur l’impartialité, l’égalité et le bénéfice mutuel.  Certains pays développés pillent les ressources naturelles et la main-d’œuvre des pays en développement en tirant parti de leur situation économique et technologique puissante, a ajouté M. Kim.  Il a en outre condamné le Japon pour son acte imprudent de rejet en mer d’une grande quantité d’eau polluée par les débris nucléaires, malgré une forte opposition de nombreux pays.

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