La Sixième Commission entame son programme de travail avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international
La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé, ce matin, son programme de travail qui sera marqué par la tenue d’une trentaine de réunions jusqu’au 18 novembre, date prévue pour la dernière réunion de cette soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale.
Le Président de la Commission, M. Pedro Comissário Afonso, du Mozambique, a souligné « le rôle unique » et l’expertise de la Sixième Commission parmi les autres grandes commissions de l’Assemblée, en se disant convaincu que la présente session se déroulera dans l’esprit de consensus qui prévaut traditionnellement en son sein.
La Commission a ensuite entamé son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en entendant une majorité de délégations souligner les lacunes de la lutte antiterroriste mondiale. « Cette lutte souffre de politisation en raison des agissements de certains États », a déclaré le délégué de l’Iran, qui a condamné les récents actes terroristes ayant ciblé des jeunes filles à Kaboul, en Afghanistan.
Dans ce droit fil, le délégué de la République populaire démocratique de Corée a souligné l’illicéité des sanctions et l’ingérence de certains États. La question des combattants terroristes étrangers a été évoquée par les États-Unis et l’Iraq, qui ont appelé au rapatriement de ces derniers. Les droits humains doivent être pleinement pris en compte, a déclaré le Nigéria, au nom du Groupe africain, tandis que la Russie a rappelé l’obligation « de juger ou d’extrader » lesdits combattants.
Les délégations ont été unanimes à réclamer des mesures antiterroristes plus efficaces, à l’instar du Brésil, du Sénégal, de l’Égypte ou bien encore du Mexique. « L’Assemblée générale doit être au cœur des efforts antiterroristes », a tranché le délégué du Mexique, en déplorant que ce rôle central soit désormais assumé par le Conseil de sécurité, devenu le « véritable législateur » en matière antiterroriste.
Un élément essentiel d’une lutte antiterroriste plus efficace serait, de l’avis de nombreuses délégations, une convention générale sur le terrorisme international contenant une définition précise du terrorisme. « Un tel texte est crucial pour dissiper les ambiguïtés », a argué le Brésil, tandis que l’Arabie saoudite a souhaité la convocation d’une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU pour l’élaboration d’un tel instrument.
À l’instar de l’Iran, qui s’est exprimée aussi au nom du Mouvement des pays non alignés, la déléguée saoudienne a, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI)), souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance. « Cette distinction est entérinée par le droit », a-t-elle déclaré, tandis que son homologue d’Israël a prôné une tolérance zéro pour tous les cas de terrorisme.
Ce débat a enfin été l’occasion pour de nombreuses délégations, dont l’Union européenne, le Canada, au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et les États-Unis, de fermement condamner la guerre de la Russie contre l’Ukraine. « Il est de notre obligation en vertu du droit d’appuyer les efforts de l’Ukraine en vue de restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale », a tranché la Norvège, au nom des pays nordiques.
Il existe actuellement 55 instruments relatifs à la prévention et à la répression du terrorisme international, dont 19 sont universels et 36 régionaux.
La Commission a décidé, ce matin, de créer un groupe de travail sur la question de la responsabilité pénale des fonctionnaires et des experts en mission des Nations Unies. Il sera présidé par Mme Aahde Lahmiri, du Maroc. Le groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international, créé en vue de la finalisation d’un tel texte, sera, lui, de nouveau présidé par M. Rohan Perera (Sri Lanka).
Enfin, la Commission a créé deux groupes de travail sur, respectivement, la portée et l’application de la compétence universelle, présidé par M. Gustavo Adolfo Ramírez Baca, du Costa Rica, et sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite, que dirigera M. Vinícius Fox Drummond Cançado Trindade, du Brésil.
La Commission poursuivra son débat demain, mardi 4 octobre 2022, à partir de 11 h 30.
MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/77/185
Débat général
Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rejeté toutes les formes de terrorisme et réaffirmé son appui à la résolution 46/51 de l’Assemblée générale du 9 décembre 1991 ainsi qu’aux autres résolutions pertinentes. Les actes terroristes, a-t-elle noté, constituent une violation du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits de la personne, mettant en danger l’intégrité territoriale et la stabilité étatique, régionale et internationale. La représentante a néanmoins souligné que le terrorisme ne devait pas être confondu avec les combats légitimes des peuples colonisés, occupés ou sous domination étrangère afin d’obtenir leur autonomie et leur libération. « La violence contre les peuples sous occupation étrangère doit continuer d’être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme », a-t-elle considéré. De même, le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique et ces critères ne devraient pas justifier des mesures contre-terroristes.
Mme Ershadi a appelé les États à combattre le terrorisme en poursuivant ou extradant ses auteurs ainsi qu’en empêchant l’organisation, la préparation, l’assistance, le financement et la participation à des actes terroristes. Elle a rejeté les mesures et les menaces dirigées contre les États du Mouvement « sous le prétexte du combat contre le terrorisme ». Les combattants terroristes étrangers constituent également une profonde source d’inquiétude, de même que la déformation des religions par les groupes terroristes pour justifier leurs actions, a-t-elle ajouté, insistant sur la nécessité de contrer leurs récits de manière exhaustive. Enfin, la représentante a demandé l’organisation d’un sommet international sur le terrorisme sous toutes ses formes, sous les auspices de l’ONU, et réitéré l’importance d’une convention sur la lutte contre le terrorisme international.
Mme NIDAA HUSSAIN ABU-ALI (Arabie saoudite), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné le terrorisme, qui est une violation flagrante du droit, avant d’appeler au respect de la souveraineté de tous les pays. Elle a réaffirmé que le terrorisme ne pouvait pas être associé à une religion, une confession ou une identité ethnique. Toute tentative visant à lier l’islam au terrorisme ne cherche qu’à servir les intérêts des terroristes et promeut la haine à l’égard des musulmans, a-t-elle déclaré, avant d’appeler à un dialogue entre civilisations. La représentante a ensuite invité à adopter une approche exhaustive pour lutter contre le terrorisme, en s’attaquant à ses racines, y compris le manque de développement, le manque de perspectives socioéconomiques, les occupations étrangères et différents conflits internationaux. Elle a souligné la nécessité de « distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance ». Cette distinction est entérinée par le droit.
La représentante a jugé en outre essentiel de resserrer la coopération entre les États Membres afin de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et les empêcher d’accéder à une assistance ou des armes. L’OCI souhaite une actualisation de la Stratégie antiterroriste mondiale. La représentante a également plaidé en faveur d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme et s’est dit déterminée à trouver un consensus en ce sens, en réglant des questions en souffrance comme celle de la définition juridique du terrorisme. Il nous semble important de convoquer une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU pour finaliser les questions qui seront ensuite intégrées à cette convention, a-t-elle conclu.
M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria), au nom du Groupe africain, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et appelé à ne pas l’associer à une religion, appartenance ethnique ou autre. Il a souligné l’importance de la lutte contre les combattants étrangers, rappelant qu’il faut prendre en compte les droits humains dans le cadre de cette lutte. Il a invité les bailleurs de fonds à apporter l’assistance nécessaire pour la mise en œuvre des obligations à cet effet et soutenu l’organisation d’une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU en vue d’une convention générale sur le terrorisme international.
Le représentant s’est félicité de la création du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme, qui a permis d’élaborer une définition afin de guider, promouvoir et renforcer les capacités ainsi que la coopération et la coordination pour la mise en œuvre des engagements des États africains à cet égard. Il a indiqué que l’Afrique était prête à mettre en place un plan d’action au niveau régional. Il s’est dit préoccupé par les prises d’otages et les demandes de rançons, source de financement principale des groupes terroristes, soulignant l’importance d’éviter que les victimes soient l’objet d’abus. Il est également nécessaire de lutter contre le discours des groupes terroristes. Le délégué s’est félicité des différentes initiatives sous-régionales en Afrique, à l’image de la création du Centre d’excellence de Djibouti ou du Plan d’action pour la lutte contre le terrorisme en Afrique centrale. Il a mis l’accent sur les incidences économiques de tous les actes terroristes, notant que « l’Afrique est victime d’attaques en raison de la présence sur le continent de groupes et branches de Daech ». Enfin, il a appelé l’ONU à travailler aux côtés des États africains pour lutter contre le terrorisme.
M. NICLAS SPÅNG (Union européenne), au nom également d’un groupe de pays, a réitéré la condamnation par l’Union européenne (UE) de « l’agression flagrante » de l’Ukraine par la Fédération de Russie, renvoyant à l’interdiction par la Charte des Nations Unies et le droit international de toute violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États. De la même manière, l’UE condamne les référendums « illégaux » organisés par la Fédération de Russie dans les territoires occupés de Donetsk et Louhansk, qui constituent de fait une annexion, interdite elle aussi par le droit international. « L’Union européenne ne reconnaîtra jamais cette annexion ».
Abordant la question de la lutte contre le terrorisme, le représentant a réaffirmé que ce phénomène, de même que l’extrémisme violent, sont des menaces à la paix et à la sécurité internationales. Nous devons redoubler d’effort et réaffirmer nos principes, Al-Qaida et les Chabab représentant la plus grande menace. L’UE est disposée à travailler avec les pays africains et avec l’Afghanistan pour combattre ces groupes, a encore assuré le représentant. S’agissant des travaux sur l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international, l’UE reste favorable à ce débat. Elle reconnaît la nécessité de définir le concept du terrorisme, aux fins de clarté. La délégation regrette toutefois la prolifération de fora régionaux sur ce thème, a conclu le représentant.
M. SOVANN KE (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a noté que, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les groupes terroristes tiraient avantage de l’internet et des réseaux sociaux pour répandre la désinformation et la propagande conduisant à de nouveaux modes de radicalisation. Il a apporté le soutien de l’ASEAN à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et pris note des progrès en faveur des droits et besoins des victimes du terrorisme.
L’action de l’ASEAN, a expliqué le représentant, est guidée par le plan d’action visant à prévenir et à contrer la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent pour la période 2018-2025, le Plan d’action global pour la lutte contre le terrorisme et la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme. L’ASEAN continuera de renforcer la coopération antiterroriste transversale, a-t-il assuré, rappelant que le terrorisme ne devait pas être associé à une race, religion, nationalité ou ethnicité particulière. Le combat contre le terrorisme doit respecter la Charte des Nations Unies, le droit international humanitaire, les droits de la personne ainsi que l’égalité souveraine et le principe de la non-interférence dans les affaires intérieures, a-t-il ajouté, notant l’importance du projet de convention générale sur le terrorisme international.
Mme MIRJAM BIERLING (Norvège), au nom des pays nordiques, a souligné l’importance de la prévention de l’extrémisme violent, en rappelant que son pays préside avec la Jordanie le Groupe des Amis pour la prévention de l’extrémisme. Elle a plaidé pour une approche inclusive et globale face au défi du terrorisme, en insistant sur le rôle particulier des jeunes dans la prévention de la radicalisation. « Nous devons entendre leur voix. » Nous devons accorder une attention particulière à la façon dont les jeunes appréhendent les griefs qu’ils peuvent avoir, a ajouté la déléguée.
Mme Bierling a affirmé que toutes les mesures antiterroristes doivent être conformes au droit. Elle a condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en violation de la Charte, avant de dénoncer les prétendus référendums qui se sont tenus dans quatre régions ukrainiennes. « Il est de notre obligation en vertu du droit d’appuyer les efforts de l’Ukraine en vue de restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale », a conclu la déléguée.
M. RICHARD ARBEITER (Canada), s’exprimant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), a déclaré qu’alors que la communauté internationale s’efforce de promouvoir le droit international et l’état de droit, force est de constater qu’un État Membre de l’ONU viole le droit international en violant l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. « La Fédération de Russie doit immédiatement retirer ses troupes du territoire ukrainien », a demandé le représentant. S’agissant du terrorisme, il a rappelé l’appui des trois délégations aux mesures globales de lutte et de prévention du terrorisme, notamment la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Le terrorisme et l’extrémisme violent sont des menaces majeures et notre crédibilité dépendra de notre manière d’y répondre, a-t-il averti, appelant au respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste.
La communauté internationale doit, dans ce contexte, analyser et tenir compte des causes sous-jacentes de l’extrémisme violent, en adoptant une approche holistique. D’après le représentant, les plateformes en ligne doivent pour leur part identifier et retirer les publications haineuses en ligne. Le retour des combattants étrangers dans leurs pays d’origine doit se faire par le biais de la réhabilitation et de la réintégration dans les sociétés. Pour que les approches soient efficaces, elles doivent tenir compte des particularités comme l’âge et le sexe. Les enfants sont particulièrement vulnérables, a plaidé le représentant.
M. MARK SEAH (Singapour) a mis en garde contre l’exploitation par les groupes terroristes des vulnérabilités dans les structures sociales, qui peuvent avoir été exacerbées par les défis mondiaux. Il a annoncé que son gouvernement avait, cette année, finalisé sa stratégie nationale de lutte contre le financement du terrorisme. Celle-ci sera publiée prochainement et s’articule autour de cinq points: l’identification des risques, une structure de sanctions, un régime règlementaire robuste, des actions efficaces d’application de la loi, et la coopération internationale. Le délégué a également attiré l’attention sur la réhabilitation des individus radicalisés ainsi que sur la coopération de son pays avec d’autres États, notamment au niveau régional dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Singapour, qui est partie à 15 accords internationaux pour la lutte contre le terrorisme, a mis en place, le 21 septembre dernier, le Centre d’information sur le contre-terrorisme qui réunit des États dans l’intention de combattre le terrorisme par le biais de l’information collective et des méthodes fondées sur les données.
M. AKAD YASAR MOHAMMAD AL-KASAWNIH (Jordanie) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Rien ne justifie le terrorisme, a tranché le délégué. Il a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays. Il a réaffirmé que le terrorisme ne pouvait pas être associé à une religion, une confession ou une identité ethnique, avant de souligner la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance. Une coopération internationale robuste, dans le respect du droit, devrait nous permettre d’éliminer le terrorisme, a déclaré le délégué. Il a appelé les États à coopérer pour régler le défi des combattants terroristes étrangers, en particulier la question du rapatriement de leurs familles. Enfin, il a salué les efforts pour une actualisation de la Stratégie antiterroriste mondiale.
M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a été d’avis que la question du terrorisme mérite une attention mondiale. « La priorité doit être donnée à la lutte contre le terrorisme d’État », en particulier l’ingérence de certains États dans les affaires internes des autres, comme on le voit en Afghanistan, en Libye ou en Iraq. Les États-Unis sont selon lui un exemple de ce terrorisme d’État. En l’absence d’une convention globale sur la lutte contre le terrorisme, il faudra envisager des mesures pour lutter contre le terrorisme d’État, si l’on veut réinstaurer la confiance entre États, a insisté le délégué. Il faut éviter le deux poids, deux mesures. Il a également dit que les États-Unis, dans le cadre de leur « politique néfaste » continuent de se rendre responsables de ce terrorisme d’État, notamment en niant l’existence de la RPDC et en lui imposant des sanctions illégales. Or, la position de la RPDC est de condamner et de lutter contre toutes les formes de terrorisme.
Mme ALESSANDRA FALCONI (Pérou) a souligné l’importance de défendre la gouvernance démocratique. Le terrorisme, a-t-elle indiqué, constitue la négation de la valeur de la dignité humaine et touche souvent les plus pauvres et démunis. Afin de lutter contre le terrorisme dans le respect du droit international et des droits de la personne, il est nécessaire de promouvoir le pluralisme et le dialogue, et de réduire la pauvreté et les inégalités, a-telle préconisé, soulignant l’urgence de parvenir à des sociétés plus inclusives. Si la mise en place d’institutions efficaces à tous les niveaux est nécessaire, la lutte contre le terrorisme doit également être menée sur le terrain de la prévention en lien avec les parties prenantes de la société civile, notamment les responsables culturels et communautaires ainsi que le secteur universitaire et les sociétés privées. Il faut également coopérer pour combattre l’utilisation des réseaux sociaux et d’Internet pour répandre le terrorisme, toujours dans l’exercice de la liberté de l’information, a poursuivi la déléguée. Elle a jugé prioritaire la lutte contre le financement du terrorisme conformément à la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité et attiré l’attention sur l’importance des liens entre terrorisme et criminalité organisée, appelant à renforcer la coopération sur ce point. Elle a conclu par la nécessité d’adopter une convention générale sur le terrorisme international.
Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a condamné les récents actes terroristes qui ont ciblé des jeunes filles à Kaboul. Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant de dénoncer la « politisation » de la lutte antiterroriste mondiale « du fait de certains États ». Il a dénoncé l’assassinat en janvier 2020 du général Qassem Soleimani, ainsi que l’assassinat de plusieurs scientifiques iraniens. Les forces militaires étrangères dans la région jouent un rôle destructeur, a déploré le délégué, avant d’indiquer que « les sanctions s’apparentent au terrorisme et constituent un crime contre l’humanité ». L’Iran n’a cessé de s’acquitter de ses obligations s’agissant de la lutte antiterroriste. Les sanctions et les occupations étrangères constituent la première source de terrorisme, a insisté le délégué, avant de se prononcer en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
Mme ELIZABETH GROSSO (États-Unis) a rejeté l’agression de l’Ukraine par la Russie et les référendums illégaux. Au sujet de la lutte contre le terrorisme, si des progrès importants ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle ensuite noté, s’inquiétant notamment des camps surpeuplés en Syrie et en Iraq qui constituent une menace importante ainsi qu’une crise humanitaire. Le rapatriement par les États Membres de leurs citoyens, leur réhabilitation et leur réintégration, et leur poursuite le cas échéant, constituent de bonnes mesures. Ceux qui prônent la suprématie de la race blanche et autres extrémistes violents qui se fondent sur la race ou l’ethnie exploitent Internet afin de répandre leur idéologie, a déploré la déléguée, notant l’augmentation de 320% des attaques menées par des individus affiliés au « terrorisme de droite » tel qu’indiqué dans le rapport du Secrétaire général du 3 août dernier. Les États-Unis, a-t-elle informé, continuent leurs efforts pour mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, y compris par le biais d’efforts multilatéraux comme le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, l’Institut international pour la justice et l’état de droit, le Processus d’Aqaba, l’Appel de Christchurch et le Forum mondial de l’Internet pour la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’à travers des organisations régionales telles l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe. De plus, les États-Unis étendent et renforcent leur collaboration avec les sociétés privées de haute technologie afin de combattre le terrorisme en ligne. La déléguée a appelé les États Membres à continuer de construire des partenariats avec les parties prenantes, notamment les jeunes, afin de lutter contre la propagande terroriste. Cette lutte doit s’effectuer dans le respect des droits humains, a-t-elle conclu, notant que les efforts qui visent à étouffer la liberté d’expression, de religion et les autres droits humains étaient « contreproductifs ».
Mme RUBINSHTEIN (Israël) a dénoncé l’augmentation des actes terroristes dans le monde, avant de saluer l’organisation par le Bureau de lutte contre le terrorisme du premier Congrès mondial des Nations Unies pour les victimes du terrorisme. Elle a appelé à une actualisation constructive de la Stratégie antiterroriste mondiale, avant de dénoncer toute application « sélective » des règles devant des cas clairs d’actes terroristes. Elle a prôné une politique de tolérance zéro, les actes terroristes ne devant pas être présentés comme des actes nobles. La déléguée a ensuite dénoncé les activités terroristes menées par certaines organisations « sous couvert d’activités humanitaires ». Elle a déploré que cette question fondamentale ne soit pas prise en compte dans les différents rapports onusiens sur le sujet du terrorisme. Enfin, elle a appelé à une pleine efficacité des instruments juridiques dans la lutte antiterroriste.
M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a condamné le terrorisme, en particulier lorsque des États sont impliqués directement ou indirectement. Ces actes sapent l’intégrité territoriale et la souveraineté des États. La Malaisie, a poursuivi le délégué, est partie à 11 instruments et protocoles afférant au terrorisme et applique les normes internationales, notamment en matière de coopération judiciaire et d’extradition des auteurs et suspects d’actes terroristes. Le pays dispose également de mécanismes de prévention et de sensibilisation du grand public face aux dangers de ce phénomène. Il lutte contre le financement du terrorisme et ne souhaite pas faire partie de sa chaîne d’approvisionnement. La délégation, a encore informé son représentant, fait preuve de souplesse quant à la tenue d’une conférence de l’ONU sur le terrorisme, comme moyen d’aller de l’avant.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a attiré l’attention sur les causes et facteurs du terrorisme, notamment la pauvreté, les inégalités sociales, l’exclusion politique, la dépossession et l’absence de bonne gouvernance. « Une définition claire et universelle du terrorisme reprenant les nouvelles menaces est essentielle pour fonder l’architecture antiterroriste mondiale. » D’après le délégué, il faut redoubler d’efforts pour conclure une convention générale sur le terrorisme international et mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme. Il a également insisté sur l’importance de la lutte contre la criminalité et le détournement des technologies de l’information à des fins terroristes ou criminelles, soulignant le rôle de l’échange d’informations et d’INTERPOL à ces fins. M. Rai a appelé à une assistance financière et technologique continue en faveur des États en développement ainsi qu’à la coopération avec le secteur privé. Le Népal, a-t-il indiqué, est partie à sept instruments juridiques internationaux, intégrés dans sa législation nationale, et il met régulièrement à jour son registre national sur la base des listes des sanctions de l’ONU.
M. AHMED ABDELAZIZ AHMED ELGHARIB (Égypte) a mentionné les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme, avec la récente publication du dernier rapport sur la question. Il a invité les pays à adopter des mesures pour que leur territoire ne serve pas de base arrière pour les terroristes, avant d’appeler à lutter contre l’extrémisme mondial. Après avoir salué l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a rejeté « tout amalgame entre les actions de Daech et l’Islam ». La coopération entre institutions est cruciale dans la lutte antiterroriste, a poursuivi le délégué, indiquant qu’il n’y a pas de contradiction entre les efforts des différentes entités onusiennes chargées de cette lutte. Enfin, il a souhaité une accélération des efforts en vue de l’élaboration d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme.
Mme ESTELA MERCEDES MANSOGO (Guinée équatoriale) a indiqué qu’au niveau interne, la Guinée équatoriale avait récemment adopté un nouveau code pénal punissant les délits liés au terrorisme et mis en place des institutions telles que l’Agence nationale des enquêtes financières et la Cour des comptes afin de prévenir le financement d’activités illégales. Le pays a accueilli le dernier Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement le 28 mai. La déléguée a proposé la tenue d’une conférence internationale contre la piraterie maritime et réitéré l’importance de la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international. Elle s’est dite préoccupée par la persistance d’actes terroristes, en particulier, sur le continent africain qui a enregistré près de la moitié des décès liés au terrorisme dans le monde en 2021, avec un effet dévastateur pour le développement et la paix. Une étude globale de la menace et de son contexte est donc nécessaire, a-t-elle abondé, appelant les pays à coopérer de manière concertée et efficace pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
M. BOLIO (Mexique) a plaidé pour une lutte antiterroriste plus efficace et demandé une action plus énergique contre les discours de haine. La notion de « masculinité » doit être intégrée dans la riposte aux terroristes, a déclaré le délégué. Selon lui, l’Assemblée doit être au cœur des efforts antiterroristes, mais il a déploré que ce rôle central soit désormais assumé par le Conseil, véritable législateur en matière antiterroriste. Il a aussi regretté l’absence d’une définition universellement acceptée du terrorisme et souhaité l’élaboration d’une convention sur le sujet. « Il faut mettre un terme aux vingt années d’inaction de la Commission sur le sujet », a conclu le délégué.
M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a déclaré que le terrorisme reste un défi international qui nécessite une réaction et une action internationales, dans le plein respect du droit international. Afin d’éviter que les groupes terroristes n’exploitent les conséquences de la pandémie de COVID-19, les États doivent tout faire pour lutter contre les inégalités, la pauvreté et « promouvoir l’inclusion ». Il s’agit de combler les lacunes pour empêcher les terroristes de s’infiltrer, a précisé le représentant. Il a également affirmé que son pays, partie à 15 instruments internationaux relatifs au terrorisme et à la criminalité transnationale organisée, coopère avec les Nations Unies et Interpol. Le Viet Nam a participé aux travaux visant à un meilleur usage des technologies pour éviter que les groupes terroristes puissent les exploiter. Il coopère sur le plan judicaire avec les autres États, notamment en matière d’enquête et d’extradition, et lutte en outre et activement contre le financement du terrorisme.
M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a considéré que le terrorisme devait être abordé à partir de ses racines. Il constitue une violation flagrante du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits humains, et mine la démocratie, l’intégrité territoriale et la stabilité des États ainsi que l’ordre constitutionnel en vigueur. Le délégué s’est félicité de la deuxième conférence des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme de 2021 et a espéré pouvoir participer aux négociations autour du huitième examen de la stratégie mondiale contre le terrorisme en 2023. Il existe un lien entre le financement et les actes terroristes, a-t-il remarqué, notant que le Guatemala est la cible de réseaux internationaux qui dépassent les capacités de l’État et dont les sources de financement sont inépuisables. Le délégué a ainsi appuyé la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles, ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale, régionale et sous-régionale pour éliminer le terrorisme en renforcer la capacité des États.
M. VICTOR SILVEIRA BRAOIOS (Brésil) a rappelé l’immédiateté de l’application des mesures antiterroristes prises par le Conseil, en rappelant que celles-ci doivent être acceptées par tous. La lutte antiterroriste doit être plus efficace, a-t-il dit. Il s’est prononcé en faveur de l’adoption, sous les auspices de l’ONU, d’une convention générale sur le terrorisme international contenant une définition précise du terrorisme. Une telle convention est « cruciale pour dissiper les ambiguïtés ». Le délégué a souligné que le recours au droit à la légitime défense prévue par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies n’est valide qu’entre États. Il nous faut un cadre antiterroriste mondial cohérent, a-t-il conclu, en soulignant une nouvelle fois l’importance d’un tel instrument.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a condamné « dans les termes plus forts » le terrorisme, et en particulier le terrorisme d’État. Plus de 80 000 soldats pakistanais ont perdu la vie ou été blessés dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il rappelé. Le Pakistan a également perdu plus de 150 milliards de dollars américains ces dernières années. Le représentant a déclaré qu’il faut « s’attaquer aux causes du terrorisme, notamment dans les situations d’occupation ou de refus du droit à l’autodétermination, comme c’est le cas en Palestine et au Jammu-et-Cachemire occupé par l’Inde. » Par ailleurs, en dépit des appels visant à ne pas faire de lien entre terrorisme et religion, « l’Islam est visé », conduisant à une islamophobie dans les pays occidentaux, souvent par la voix des partis d’extrême droite, a-t-il déploré. Il a aussi indiqué que son pays est favorable à une définition « consensuelle » du terrorisme, qui établisse un distinguo clair entre le terrorisme et la lutte légitime pour l’autodétermination. Il faut aussi prendre compte des nouvelles formes de terrorisme basées sur les idéologies, a-t-il plaidé.
M. DAVID ANTONIO GIRET SOTO (Paraguay) a relevé les liens du terrorisme avec la criminalité transnationale organisée. Il a insisté sur l’importance de la coopération internationale et de la diffusion de bonnes pratiques et l’échange d’information, ainsi que sur l’importance de créer des espaces de coordination entre les organes des Nations Unies et les institutions nationales concernées pour renforcer les capacités nationales. Sur ce point, le délégué a souligné la coopération de son pays avec le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme. Le Paraguay continuera de se conformer aux normes internationales et de mettre en œuvre des politiques publiques visant à prévenir le terrorisme sous toutes ses formes. Le pays, a assuré le délégué, poursuivra ses efforts dans le cadre du futur processus d’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et appuie l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur le sujet.
M. RACINE LY (Sénégal) a déploré que le phénomène du terrorisme gagne du terrain partout, mettant à l’épreuve l’engagement international. Il a insisté sur la centralité de la Stratégie antiterroriste mondiale, avant d’appeler à des instruments plus efficaces. La coopération judiciaire doit ainsi être renforcée. Le délégué a espéré des progrès rapides en vue de l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international. « Notre lutte doit être holistique et inclure les conséquences des changements climatiques », a-t-il déclaré. Il a estimé que l’Afrique requiert une attention spéciale eu égard à la gravité de la menace terroriste sur le continent et demandé un engagement renforcé du Conseil de sécurité. Enfin, il a détaillé la politique de son pays qui s’est notamment doté d’une cellule antiterroriste.
Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a déclaré que seuls la solidarité et un travail concerté entre États et organisations régionales et internationales permettront de venir à bout de ce fléau qui menace la paix et la sécurité internationales. Le Honduras condamne toute forme de terrorisme quelles qu’en soient les raisons et les idéologies. Alors que l’unilatéralisme semble s’imposer sur le plan international, il faut au contraire changer de paradigme, a recommandé la déléguée, et prendre en compte le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. Le Honduras soutient en outre l’organisation d’une conférence de haut-niveau sous les auspices de l’ONU afin de parvenir à un projet de convention internationale sur le terrorisme. Il est également favorable à l’établissement d’un lien entre terrorisme et criminalité transfrontalière organisée.
M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a informé que son gouvernement s’est concentré sur le renforcement de ses capacités pour accroître la résilience des infrastructures nationales critiques contre les terroristes et autres cyberattaques. Il a par exemple organisé, à Oulan Bator, les 16 et 17 novembre 2021, l’atelier national sur la protection des infrastructures critiques contre les cyberattaques terroristes, en coopération avec le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme et le Conseil national de lutte contre le terrorisme de la Mongolie, avec plus de 200 participants du Gouvernement, des forces de l’ordre, des centres éducatifs, des banques et du secteur privé. Le Gouvernement a également participé à une réunion virtuelle, organisée dans le cadre du projet « CT TECH » et du programme mondial de lutte contre le terrorisme sur la cybersécurité et les nouvelles technologies avec les Nations Unies, INTERPOL et l’Union européenne. La Mongolie est en outre fermement résolue à renforcer la coopération avec l’ONU et ses organes compétents, ainsi qu’avec les organisations régionales et sous-régionales dans la lutte contre le terrorisme international, a assuré le délégué.
M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a réaffirmé que les actes terroristes constituent une violation du droit international; ils portent atteinte à l’intégrité territoriale et à la stabilité des États, et ont des conséquences néfastes sur le développement. Les médias sociaux, les outils de communication chiffrés et le dark Web sont utilisés à des fins terroristes, a-t-il regretté. Seule une action concertée aux niveaux national, régional et mondial peut faire face au terrorisme, a souligné le délégué, notant la nécessité de transcender les frontières, y compris numériques. Il a appelé à poursuivre ou extrader les auteurs d’actes terroristes, à empêcher l’organisation, le financement et la participation à des actes terroristes, et à s’abstenir d’apporter un soutien ou de servir de refuge aux groupes terroristes. Il est indispensable d’obtenir rapidement des informations essentielles sur les actes terroristes, a ajouté le délégué, et de lever les obstacles à l’échange d’information, car les lacunes en la matière sont exploitées par les terroristes. Il a donc appelé à la mise en œuvre des résolutions 2396 (2017) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité. Il a également estimé que les mesures visant à supprimer les discours violents et terroristes doivent occuper une place de choix dans les politiques antiterroristes internes. Préoccupé par le phénomène des combattants terroristes étrangers, il a souligné l’importance d’aider les États et régions les plus touchées.
Mme FUTOON ABDULRAHMAN HUSAIN AHMED ALAMMADI (Bahreïn) a détaillé l’action de son pays pour tarir le financement du terrorisme. Elle a plaidé pour une coexistence pacifique entre communautés et un dialogue entre civilisations. Nous avons un module de coopération avec l’université Sapienza de Rome, a dit la déléguée. Elle a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes du terrorisme et précisé que les lois de son pays ont été harmonisées avec les normes du droit international. Nous sommes l’un des pays « parmi les moins susceptibles d’être le théâtre d’activités de blanchiment », a conclu la déléguée.
M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a déclaré que la pratique « néfaste « de certains États visant à déstabiliser ou impulser des changements de régime dans certains pays, par le biais de campagnes médiatiques de haine et l’usage des nouvelles technologies, constitue une violation du droit international. « C’est ce que vit Cuba de la part des États-Unis. » La communauté internationale ne peut accepter, sous couvert de lutte contre le terrorisme, que certains États se livrent à des violations du droit international et du droit international humanitaire, a martelé le délégué. Cuba a connu des actes de terrorisme, notamment l’attaque de ses ambassades à Washington, en mai 2020, et à Paris, en juillet 2021. Le délégué a dénoncé « le fruit des campagnes de haine menées depuis le territoire des États-Unis », et encore déploré que les autorités des États-Unis n’aient même pas condamné les tirs dirigés contre l’ambassade.
M. JONIBEK ISMOIL HIKMAT (Tadjikistan) a indiqué être en proie à l’extrémisme et à la radicalisation, en particulier des jeunes venant d’Afghanistan, en raison notamment de l’instabilité de ce pays. Il a noté que le développement des groupes terroristes est directement lié aux avantages fiscaux qu’ils reçoivent et a insisté sur la prévention et la lutte contre le financement du terrorisme, appelant à des mesures novatrices grâce aux technologies modernes. Le Tadjikistan est partie à toutes les conventions de l’ONU et aux instruments régionaux en la matière, a informé le délégué. Il a mis en place une nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme pour la période 2021-2025 qui inclut des mesures relatives à l’éducation, la tolérance et le dialogue entre communautés, tout en mettant l’accent sur les jeunes, les femmes et les minorités. De plus, le Tadjikistan œuvre avec d’autres pays d’Asie centrale dans le cadre d’un plan d’action commun, et organise, le 19 octobre prochain, une conférence de haut niveau pour renforcer la sécurité des frontières, la coopération et la lutte contre le terrorisme.
M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a déclaré que son pays applique une politique de tolérance zéro face au terrorisme. Le Bangladesh est partie à tous les instruments internationaux sur la lutte contre le terrorisme. Il faut agir ensemble pour éliminer la menace terroriste, a dit le délégué, en appelant l’ONU à jouer un rôle plus affirmé. Il a souhaité l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme, avant d’appeler à traiter les causes sous-jacentes de ce phénomène. Le renforcement de l’état de droit aux niveaux international et national est fondamental. Enfin, il a évoqué les conséquences aggravées du terrorisme pour les femmes, avant de souligner l’importance de leur autonomisation.
M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a déclaré que la question des combattants étrangers devient une véritable problématique, en Syrie, au Moyen-Orient et en Afrique. Il en a profité pour réaffirmer la nécessité de respecter le droit international et d’en appliquer les principes comme l’irréversibilité de la peine ou l’obligation « de juger ou d’extrader ». Le représentant a également mis en garde contre les risques d’utilisation d’armes chimiques et bactériologiques par des groupes terroristes. « On voit que des États continuent de fournir des armes à des groupes terroristes sous leur contrôle dans le but de renverser des régimes », a-t-il déploré. Le représentant a constaté que les terroristes utilisent les technologies de l’information et des communications afin de diffuser leur idéologie et recruter. La Fédération de Russie demande aux États qui ont de l’influence sur les entreprises technologiques de faire en sorte que ces groupes ne puissent impunément mener leurs activités de haine en ligne. De la même manière, la Fédération de Russie est « préoccupée par la propagation d’idées extrémistes radicales, y compris le nazisme ». Ce phénomène ne touche pas que les pays occidentaux, a-t-il mis en garde.
M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a noté que la lutte contre le terrorisme appelle à une action multilatérale de la part des États, une lutte au sein de laquelle l’ONU joue un rôle essentiel. Il s’est inquiété de l’augmentation des inégalités et de la marginalisation de certains groupes, exploitées à des fins terroristes. Il est nécessaire de s’attacher aux racines profondes du phénomène, a-t-il préconisé, citant les conflits ou encore l’absence d’état de droit. Il a rappelé que l’Argentine avait été victime d’attentats graves en 1992 et 1994, qui ont réaffirmé la conviction que le terrorisme doit être combattu dans le cadre de l’état de droit et des instruments internationaux. La promotion et la protection des droits des victimes du terrorisme étant essentielles, le délégué s’est félicité de la première conférence qui s’est tenue sur le sujet à New York le mois dernier. Il s’est également dit préoccupé de la menace croissante des combattants étrangers. Par ailleurs, s’il peut exister un lien entre le terrorisme et la criminalité transnationale, cela n’est pas automatique ou intrinsèque. Il a également regretté l’incidence négative de l’absence de définition juridique claire du terrorisme, notamment sur les droits humains, jugeant nécessaire d’adopter la convention pour combler ces lacunes juridiques.
Le représentant de l'Équateur a déclaré que le terrorisme est l’une des principales menaces à la paix et à la sécurité internationales. Il a souligné l’importance de la lutte contre le blanchiment d’argent et jugé indispensable une coopération internationale accrue face au terrorisme. Il a appuyé le Bureau de lutte contre le terrorisme, avant d’insister sur les liens entre les groupes terroristes et la criminalité transnationale organisée. Enfin, le délégué a appuyé la création d’un groupe de travail en vue de l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a déclaré qu’en tant que pays qui y fait face depuis plus de 30 ans, Sri Lanka condamne le terrorisme: peu importent l’auteur, la raison ou le lieu. Le terrorisme a montré qu’il peut s’adapter, notamment en se servant des technologies de l’information qui lui permettent de recruter. Cela nécessite des actions supplémentaires, mais dans le plein respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a plaidé le représentant. À l’échelle nationale, le Sri Lanka a créé un cadre juridique permettant aux forces nationales de lutter contre le terrorisme, avec une loi spécifique en cours d’élaboration. Le pays a également mis en œuvre des mesures ciblant le financement et le blanchiment d’argent. Le représentant a invité les États à conclure, « au plus vite » une convention sur le terrorisme.
Mme LAUZA ALI (Maldives) a fait remarquer que les Maldives ont adopté un cadre juridique de lutte contre le terrorisme et créé un centre pour la lutte contre le terrorisme. La stratégie des Maldives vise à « prévenir l’extrémisme en créant des sociétés plus unies », en prenant notamment en compte le rôle et la place des femmes et des jeunes. Les perspectives de genres constituent un important aspect du processus de prévention, a-t-elle indiqué, de même que la promotion de la solidarité et d’un dialogue inclusif. La déléguée a réaffirmé que l’Islam est une religion de paix ne laissant pas de place à la haine: cette année, une campagne s’attaquant aux extrémismes et ceux qui propagent la haine a été lancée aux Maldives. Son pays a travaillé avec ses partenaires internationaux et régionaux, a-t-elle ajouté, notant que la menace terroriste ne peut être combattue que dans le cadre de la coopération internationale.
Mme KAJAL BHAT (Inde) a rappelé que le terrorisme nuit gravement à l’exercice des droits humains, ajoutant que les femmes et les enfants étaient particulièrement vulnérables. La représentante a rappelé les attaques de Bombay de 2008, déplorant que les responsables continuent d’être protégés et hébergés par un État voisin. En outre, des groupes terroristes reconnus comme tels par l’ONU continuent d’œuvrer de l’autre côté de la frontière, a-t-elle accusé. La représentante a ensuite jugé que l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux pour propager une propagande terroriste constituait une grave menace. Notant le risque pour le financement du terrorisme de l’utilisation accrue des technologies pour stocker des fonds, elle a appelé à faire preuve d’une plus grande coopération, y compris dans le secteur financier. La représentante a exhorté les États Membres à agir de concert pour sortir de l’impasse qui empêche l’adoption d’une convention, jugeant que l’ONU pouvait faire davantage et appelant à montrer « la volonté politique nécessaire ». Réagissant aux accusations d’une délégation contre l’Inde, la représentante l’a accusée de former et armer des terroristes en tant que politique d’État et a dit espérer que la Commission rejette toute politisation. « Ce pays affirme être victime de terrorisme mais accueille des terroristes espérant nuire à son voisin », a-t-elle dénoncé. « La région du Jammu-et-Cachemire fera toujours partie de l’Inde », a-t-elle conclu.
M. ALI FADHIL ALI (Iraq) a rappelé les souffrances endurées par son pays en raison des activités terroristes et souligné la détermination de l’Iraq face à Daech. Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et appelé à une réponse unie en vue notamment de s’attaquer aux racines de ce fléau. Il a plaidé pour un partage accru des renseignements. Il a appuyé le Bureau de lutte contre le terrorisme et précisé que son pays est disposé à apporter son expertise dans ce domaine. Le délégué a demandé l’extension des sanctions contre les groupes terroristes, en soulignant l’acuité de la menace posée par Daech. Il a enfin demandé le rapatriement des combattants terroristes étrangers du camp de Hol en Syrie, en précisant que les combattants iraquiens ont été rapatriés.
M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a dit continuer d’adopter la même approche en matière de lutte contre le terrorisme, c’est-à-dire sa condamnation. Le Soudan continue aussi d’identifier et de s’attaquer à ses causes premières que sont la pauvreté et la marginalisation. Le délégué a été d’avis qu’une pleine coopération et coordination de la communauté internationale sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme. Si le Soudan combat aussi le financement du terrorisme, entre autres actions, il a besoin de renforcer ses capacités, a-t-il expliqué.
M. MOHAMMAD DANIAL KIFRAWI (Brunéi Darussalam) a condamné le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes ses formes, constatant qu’ils engendraient la perte de vies innocentes et des dommages aux infrastructures et propriétés publiques et que leur idéologie constituait une menace contre les valeurs de paix, de sécurité, de droits humains et d’état de droit. Face aux nouveaux moyens utilisés par les terroristes pour agir, il a appelé à une approche nationale, bilatérale, régionale et internationale. Le délégué a rappelé le cadre juridique et les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme et son financement, afin d’être en conformité avec les normes internationales. Il a également évoqué les mesures prises en matière de sécurité, dont le cadre national sur la cybersécurité, et la coopération régionale dans le Cadre de l’ASEAN. Il a rappelé l’importance de renforcer les capacités en la matière et s’est félicité des réunions, séminaires et formations organisés par des organisations internationales, qui permettent aussi de créer des partenariats.
Mme SOPIO KUPRADZE (Géorgie) a condamné l’agression militaire injustifiée de la Russie contre l’Ukraine et la mise en scène de référendums illégaux, n’ayant « aucune validité, en raison de la violation flagrante du droit international ». La représentante a ensuite jugé urgent pour la communauté internationale de redoubler d’efforts pour lutter contre les causes du terrorisme. Elle a rappelé l’engagement de la Géorgie à cet égard, notamment en participant à des missions de maintien de la paix à l’étranger. Mentionnant les mesures prises dans son pays pour créer une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, la représentante a précisé qu’elles se fondent sur une approche impliquant toute la société, y compris la société civile. La prévention de l’extrémisme violent demeure une priorité absolue de la Géorgie, a-t-elle par ailleurs indiqué, évoquant la création d’une plateforme de dialogue public-privé. Enfin, la représentante a attiré l’attention sur la situation de la région d’Abkhazie, en raison de l’occupation de la Russie. « Cette situation grave, y compris dans le domaine de la sécurité et humanitaire, crée un terreau fertile pour les activités illicites », a-t-elle mis en garde.
M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a déploré la recrudescence des attaques terroristes à l’échelle internationale. Le terrorisme ne pourra pas être vaincu uniquement par des moyens militaires, a déclaré le délégué, en soulignant l’importance de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Il a souhaité l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme et appuyé l’idée de créer un groupe de travail en vue de faciliter les efforts pour parvenir à cet objectif. Enfin, le délégué a indiqué que son pays est en train d’amender sa législation antiterroriste pour l’adapter aux nouvelles menaces qui se font jour.
Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a déclaré que, face à l’évolution des méthodes des groupes terroristes, notamment le recours aux technologies de l’information et des communications, les outils doivent s’adapter. La délégation demande donc aux États de veiller à ce que ces technologies ne servent pas aux terroristes, notamment pour le recrutement ou le financement. Cela ne peut se faire que dans une bonne coopération entre États. Le Ghana plaide également pour que l’on s’attaque aux causes du terrorisme, notamment la pauvreté. Cela passe par une révision des mécanismes du financement international du développement, afin de mieux permettre d’atteindre les objectifs de développement durable, a conclu le délégué.
M. KHADDOUR (Syrie) a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne peut être fructueuse sans tenir compte des aspects juridiques, du respect des instruments internationaux et de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies. Il a demandé dans quelle mesure les États qui ont envoyé des combattants terroristes en Syrie avaient mis en œuvre leurs engagements internationaux. « La présence illégale continue de troupes étrangères de certains États en Syrie demeure une source de terrorisme », a-t-il dénoncé, terrorisant les citoyens syriens et pillant les ressources. Ces États continuent de prendre des mesures unilatérales prenant pour cible les moyens de subsistance du peuple syrien. Le délégué a affirmé que l’idéologie terroriste se propageait dans les zones contrôlées par les Forces américaines et turques en raison de l’absence d’institutions éducatives publiques. La Syrie, a-t-il dit, reste convaincue que la coopération est le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme et a appelé au soutien de la communauté internationale.
M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a rappelé que son pays a fait face à de graves crimes terroristes qui l’ont déstabilisé, ont porté atteinte à diverses institutions et tué de nombreux civils. « Le peuple yéménite lutte aujourd’hui contre un groupe extrémiste raciste qui fait fi de toutes les valeurs modernes de la démocratie et des droits humains », a-t-il ensuite accusé, ajoutant que celui-ci était « appuyé par le régime iranien et le Hezbollah ». Les milices houthistes ont tué des enfants et des personnes âgées, détruit maisons et lieux de culte dans une guerre absurde, a-t-il dénoncé. Le Yémen a accepté une trêve pendant six mois pour parvenir à la paix, mais les milices houthistes n’ont pas respecté les initiatives de paix et la dernière proposition du Secrétaire général. Nous appelons le Conseil de sécurité à mettre en œuvre divers mécanismes pour un embargo sur les armes et à interdire l’envoi d’armes par le régime iranien au profit des milices houthistes, a exhorté le représentant. Il a par ailleurs évoqué la stratégie de lutte contre le terrorisme mise en place par le Yémen ainsi que d’autres législations pour criminaliser toute action de participation à des actes terroristes. Malheureusement, les efforts du Gouvernement n’ont pas toujours abouti à cause du coup d’État des milices houthistes, a-t-il encore regretté, indiquant avoir créé des unités spécialisées de lutte avec l’aide de la coalition arabe et des partenaires internationaux.