En cours au Siège de l'ONU

La Quatrième Commission examine le rôle des missions politiques spéciales dans la consolidation de la paix et adopte un projet de résolution

Soixante-dix-septième session,
21e séance plénière – après-midi
CPSD/767

La Quatrième Commission examine le rôle des missions politiques spéciales dans la consolidation de la paix et adopte un projet de résolution

Saisies du rapport du Secrétaire général sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales, les délégations de la Quatrième Commission ont réaffirmé, cet après-midi, le rôle central des missions dans la consolidation de la paix et adopté, sans vote, un projet de résolution. 

Si elle venait à adopter le projet de résolution sur l’étude d’ensemble des missions politiques spéciales, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert sur cette question.  Elle respecterait le cadre des mandats confiés aux missions, et constaterait qu’il importe d’établir à cet égard une coordination, une cohérence et une coopération entre elle-même, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  L’Assemblée engagerait par ailleurs les missions politiques spéciales à continuer de forger des partenariats inclusifs avec des organisations régionales et sous-régionales, notamment durant les transitions, et à collaborer étroitement avec les équipes de pays de l’ONU. 

Venue présenter le rapport, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix s’est inquiétée de la détérioration de l’environnement international en matière de paix et de sécurité, exacerbée par des défis majeurs qui « convergent rapidement », pendant que la capacité des États Membres à prendre des mesures collectives pour relever ces défis interdépendants est compromise par un regain de concurrence géostratégique à des niveaux que « nous n’avions pas vus depuis des décennies ».  « Il est clair que le monde est arrivé à un point d’inflexion », a jugé Mme Rosemary DiCarlo. 

Or, le travail des missions politiques spéciales dans les domaines de la diplomatie préventive, du rétablissement et de la consolidation de la paix joue un rôle important pour aider les États Membres à prévenir les conflits, à promouvoir des processus de paix complexes, à gérer les transitions politiques et les processus électoraux, et à construire une paix durable, a noté la Secrétaire générale adjointe.  De même, leur diversité et leur flexibilité permettent de concevoir des réponses adaptées aux défis actuels. 

Alors que les conflits armés n’ont jamais été aussi nombreux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Finlande, qui s’est également exprimée au nom du Mexique en tant que délégations porte-plume de la résolution, a relevé, comme Mme DiCarlo, que la prévention des conflits et la consolidation de la paix occupent une place centrale dans le Nouvel Agenda pour la paix présenté dans le rapport du Secrétaire général intitulé «  Notre Programme commun », occasion unique à ses yeux d’étoffer la «  boîte à outils diplomatique » des Nations Unies.  Si ces missions constituent un instrument flexible pouvant être utilisé à différentes phases des conflits, il incombe aux États Membres de veiller à ce qu’elles soient dotées des ressources nécessaires, y compris un financement prévisible pour la consolidation de la paix. 

En écho à cette déclaration, la Suisse, en tant que bailleur de fonds de premier plan au Fonds pour la consolidation de la paix, a rappelé que la récente réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix a mis en exergue le financement insuffisant de ces activités, malgré leur rôle essentiel lors des phases de transition.  Les missions politiques spéciales ne sont pas que des outils de gestion des crises à court terme, mais constituent une approche visant à soutenir la paix dans la durée, ont soutenu à leur tour les Philippines, en faisant leurs les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) concernant l’amélioration des dispositifs de financement des missions au moyen d’un compte spécial à leur intention. 

L’augmentation du financement qui accompagne la multiplication des missions politiques spéciales pourrait toutefois avoir pour effet de réduire l’appui au développement fourni aux pays qui ne font pas l’objet de telles missions, s’est inquiétée l’Égypte.  Ces missions, mandatées par le Conseil de sécurité, sont en effet financées à même le budget ordinaire de l’ONU, a noté son délégué, avant de demander à son tour la création d’un compte spécial extrabudgétaire pour assurer le financement adéquat des missions politiques spéciales. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, le Maroc a pour sa part appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à adopter des mandats « réalisables », fondés politiquement, sur la base d’évaluations objectives, et financés selon les mêmes critères que les opérations de maintien de la paix. 

Comme nombre de délégations, la Secrétaire générale adjointe a souligné l’importance de renforcer les partenariats des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales, élément essentiel de la prévention des conflits et du rétablissement de la paix aux niveaux national et régional.  Ainsi, trois bureaux régionaux, UNOWAS, UNOCA et UNRCCA, et deux envoyés régionaux, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs, respectivement, disposent de mandats régionaux, servant ainsi de plateformes avancées pour la diplomatie préventive dans leurs régions respectives. 

Opérant en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, les missions politiques spéciales se caractérisent par leur diversité, a noté le Japon, requérant des mandats adaptés à chaque contexte.  Son délégué a appelé à cet effet le Conseil de sécurité à veiller à ce qu’elles soient dotées de mandats ciblés, prioritaires et réalisables, reflétant les circonstances uniques de chaque mission. 

Afin d’approfondir les partenariats entre les missions politiques spéciales et les organisations régionales et sous-régionales, l’Indonésie, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a estimé qu’une meilleure représentation géographique au sein des missions politiques spéciales permettrait d’accroître leur légitimité en tant qu’outil de prévention des conflits. 

Le lundi 7 novembre 2022, à 10 heures, la Commission tiendra son débat général sur les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

ÉTUDE D’ENSEMBLE DES MISSIONS POLITIQUES SPÉCIALES

Déclarations liminaires

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, venue présenter le rapport du Secrétaire général sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques, a rappelé qu’au cours du débat général de l’Assemblée générale, en septembre, les dirigeants mondiaux avaient exprimé leur inquiétude face à la détérioration de l’environnement international en matière de paix et de sécurité, exacerbé par des défis majeurs qui convergent rapidement – conflits plus complexes, inégalités croissantes, changements climatiques, perturbations technologiques, terrorisme, reprise difficile après la pandémie et flambée des prix des denrées alimentaires et du pétrole.  Dans le même temps, la capacité des États Membres à prendre des mesures collectives pour relever ces défis interdépendants est compromise par le regain de concurrence géostratégique à des niveaux que nous n’avions pas vus depuis des décennies, a-t-elle noté.  Il est clair à ses yeux que le monde est arrivé à un « point d’inflexion », et que les États Membres doivent travailler ensemble pour traverser cette période d’incertitude.  Dans ce contexte, a jugé Mme DiCarlo, le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité, et la « boîte à outils diplomatique de la Charte » doit être utilisée à son plein potentiel. 

Les missions politiques spéciales sont un élément essentiel de cette boîte à outils, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  Leur travail dans les domaines de la diplomatie préventive, du rétablissement et de la consolidation de la paix joue un rôle important pour aider les États Membres à prévenir les conflits et à construire une paix durable.  De même, leur diversité et leur flexibilité nous ont permis de concevoir différents types de réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés, afin de faire avancer des processus de paix complexes.  Mme DiCarlo a cité l’exemple du Yémen où, grâce à « d’intenses » efforts diplomatiques, l’Envoyé spécial a aidé à négocier une trêve nationale en vigueur pendant six mois, ce qui a entraîné une réduction significative de la violence.  En Somalie, en Libye et ailleurs, les missions aident les autorités nationales à gérer les transitions politiques et les processus électoraux.  En Iraq, la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a fourni une assistance électorale renforcée aux élections législatives d’octobre 2021 en déployant 150 experts électoraux internationaux des Nations Unies et environ 550 membres du personnel d’appui national, a-t-elle expliqué.  En Colombie, la Mission de vérification des Nations Unies travaille en collaboration avec les parties à l’Accord de 2016 pour instaurer la confiance et consolider une paix inclusive et durable. 

S’attardant sur le dixième rapport du Secrétaire général sur cette question, la Secrétaire générale adjointe a estimé que les missions politiques spéciales jouent un rôle essentiel dans la concrétisation des engagements pris dans la foulée du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Conformément à la résolution 2493 (2019) du Conseil de sécurité, nous avons organisé des réunions stratégiques de haut niveau pour promouvoir la participation des femmes aux processus de paix, a-t-elle noté.  Au Soudan, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS) a facilité des consultations qui ont mené à la création d’un groupe des droits des femmes soudanaises. 

S’agissant de la promotion d’une approche régionale de la paix et de la sécurité, la haute fonctionnaire a détaillé le renforcement des partenariats de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales, qui fait partie intégrante de la vision du Secrétaire général d’un multilatéralisme en réseau et inclusif.  Elle est également essentielle pour notre travail de prévention des conflits et de rétablissement de la paix aux niveaux national et régional.  Ainsi, trois bureaux régionaux, UNOWAS, UNOCA et UNRCCA, et deux envoyés régionaux, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs, ont des mandats régionaux.  Ils servent de plateformes avancées pour la diplomatie préventive dans leurs régions, aidant les États Membres à résoudre des problèmes transfrontaliers et interrégionaux tels que la lutte contre le terrorisme et la gestion des ressources naturelles partagées.  « Ce partenariat n’est nulle part plus visible qu’en Afrique », où se tiendra cette année le vingtième anniversaire de la création de l’Union africaine et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  Ces deux organisations, a rappelé Mme DiCarlo, ont plaidé pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel dans les pays qui ont connu des coups d’État militaires, appelant à un dialogue politique inclusif et à la recherche d’un consensus avant les élections. 

Afin de faire face à l’environnement mondial complexe actuel, le Secrétaire général, dans son rapport sur « Notre Avenir commun », s’est engagé à préparer un nouvel ordre du jour pour la paix.  Elle a expliqué que ce document, préparé par le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), permettra de renforcer le travail en matière de prévention, de rétablissement et de consolidation de la paix. 

M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a fait observer que le rapport annuel du Secrétaire général sur les missions politiques spéciales offre une bonne vue d’ensemble de l’ampleur et de la complexité des tâches qu’elles entreprennent.  Les moyens permanents mobilisables en renfort, gérés par le Département de l’appui opérationnel, constituent une réserve de personnel expérimenté et qualifié du Secrétariat de l’ONU, qui peut être déployé à court terme afin de fournir un soutien supplémentaire dans des situations spéciales.  Cela a été le cas pour venir en appui à la Commission militaire mixte du cessez-le-feu de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) en octobre 2021 et, plus récemment, des renforts ont été déployés à plusieurs postes essentiels pour appuyer le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). 

Par ailleurs, les fiches d’évaluation environnementale annuelles du Département fournissent aux États Membres une vue d’ensemble des progrès de chaque mission dans le domaine de la gestion environnementale et M. Khare s’est dit fier de constater une amélioration constante des performances au cours des cinq dernières années. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite mis l’accent sur cinq missions.  En Somalie, le Département fournit, par l’intermédiaire du Bureau d’appui des Nations Unies sur place, un ensemble complet d’appui opérationnel à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).  Le contexte de la Somalie est unique, puisque le Département soutient à la fois une mission politique spéciale et une opération de paix dirigée par l’Union africaine.  Au Soudan, le Département s’est concentré sur le démarrage de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), qui lui a temporairement délégué l’autorité. 

La Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a fourni une assistance électorale renforcée pour les élections parlementaires du 10 octobre 2021, en déployant 150 experts électoraux internationaux des Nations Unies et environ 550 membres du personnel d’appui national dans tous les gouvernorats.  Au Yémen, malgré les contraintes, le Département continue à travailler avec les parties pour appuyer le travail des deux missions politiques spéciales, le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen et la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  Quant à l’Afghanistan, le Département a été en mesure d’aider à la réinstallation et à l’évacuation du personnel de la MANUA et de l’équipe de pays des Nations Unies en août 2021.  Il a continué à fournir des conseils et un appui à la mission tout au long de la crise. 

Les missions politiques spéciales sont des partenaires essentiels dans l’architecture de la paix et de la sécurité, a conclu M. Khare, qui s’est dit résolu à appuyer leurs efforts pour remplir leurs mandats. 

Débat général

La représentante du Maroc, au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné le rôle vital des missions politiques spéciales pour la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  Elle a rappelé l’importance du consensus sur l’élaboration des politiques liées aux missions politiques spéciales.  La représentante a insisté sur l’importance du respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance des États dans ce contexte.  Elle a également appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à adopter des mandats « réalisables » sur la base d’une évaluation objective, avec un fondement politique suffisant et des ressources appropriées.  Il faut « permettre une plus grande cohérence » entre les mandats et les ressources des missions politiques spéciales, a-t-elle déclaré.  À cet égard, elle a appelé à les financer selon les mêmes critères que les opérations de maintien de la paix.  Elle a, enfin, invité le Secrétaire général à améliorer la transparence, l’équilibre géographique et la représentation des femmes au sein de l’Organisation et des missions politiques spéciales. 

Le représentant de l’Indonésie, s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est félicité des efforts déployés par le Secrétaire général pour réformer l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU.  Il a estimé que la réforme devrait également renforcer l’efficacité des missions politiques spéciales.  Le délégué a souligné l’importance de l’appropriation nationale pour soutenir la paix, notamment en renforçant la coordination entre les missions et les pays d’accueil.  L’ASEAN souhaite également le renforcement des liens entre les missions et les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il ajouté, en soulignant l’importance des partenariats avec l’ONU dans la prévention des conflits, la médiation et l’appui à la paix.   L’inclusivité est également essentielle pour s’attaquer aux causes profondes et venir en aide aux personnes vulnérables, y compris les femmes.  Il a plaidé à cet égard pour une meilleure représentation des femmes à toutes les étapes des processus de paix et une représentation géographique dans la composition des missions politiques spéciales afin de renforcer leur légitimité en tant qu’outil de l’ONU pour la prévention des conflits.  Le représentant a défendu en terminant un financement durable et prévisible des missions politiques spéciales.  Enfin, il considéré que la paix et le développement durable, étant deux parties d’une même médaille qui se renforcent mutuellement, doivent être soutenus.  

Le représentant de Finlande, qui s’est exprimé également au nom du Mexique, en tant que délégations porte-plume de la résolution portant sur l’étude d’ensemble des missions politiques spéciales, s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur cette question.  Alors que le nombre de conflits n’a jamais été aussi élevé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne saurait trop insister sur l’importance de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et du maintien de la paix, a-t-il noté.  La prévention des conflits et la consolidation de la paix occupent en outre une place centrale dans le Nouvel Agenda pour la paix présenté dans le rapport du Secrétaire général intitulé « Notre Programme commun », qui représente à ses yeux une occasion importante de renforcer la « boîte à outils diplomatique » des Nations Unies.  Les missions politiques spéciales constituent en effet un outil polyvalent et flexible, qui peut être utilisé à différentes phases des conflits.  Pour faire en sorte que le personnel des missions politiques spéciales soit en mesure de remplir ses fonctions, nous devons veiller à ce que celles-ci disposent des capacités et des ressources nécessaires, y compris un financement prévisible et durable pour la consolidation de la paix, a insisté le représentant. 

Le représentant a souligné l’importance d’une approche inclusive de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et du maintien de la paix, avec la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix ainsi qu’à l’intégration de la dimension de genre dans le travail de prévention.  Il a dit attendre avec impatience le rapport sur le Nouvel Agenda pour la paix, qui sera publié l’an prochain, tout en se disant prêt à prendre en compte toute implication sur les questions de politique générale relatives aux missions politiques spéciales lors des prochaines négociations.  Une référence à la résolution 76/305 sur le financement de la consolidation de la paix, qui a un impact direct sur les missions politiques spéciales, a été également inclus dans la résolution, a expliqué le représentant. 

Le représentant du Pérou a jugé essentiel de créer des synergies entre les États et la société civile en passant par les missions politiques spéciales, ajoutant qu’il est nécessaire que les missions veillent au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de tous les États où les missions assurent un mandat.  Les missions politiques spéciales doivent accorder la priorité à la prévention des conflits, à la démobilisation, à la réinsertion et au renforcement des capacités, en tenant compte des causes des conflits, comme la pauvreté ou la discrimination, a poursuivi le délégué.  En outre, le renforcement de la gouvernance crée un climat de confiance et assure la recomposition du tissu social, a estimé le représentant. 

Le représentant des Philippines a souligné que les missions politiques spéciales constituent des « plateformes avancées pour la prévention des conflits ».  Il a soutenu les efforts des organisations régionales et sous-régionales visant à déployer des opérations de maintien de la paix sur la base du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  La prévisibilité et la durabilité de leur financement lorsqu’ils mènent ces opérations doit à ce titre être renforcées, a-t-il estimé.  Le représentant a appelé une meilleure collaboration avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la base du Plan d’action pour la mise en œuvre de la déclaration conjointe sur le partenariat entre l’ASEAN et l’ONU (2021-2025).  Il a également exhorté à nommer plus de femmes à des postes de direction.  Le délégué a, enfin, plaidé pour l’amélioration du financement des missions politiques spéciales afin de renforcer leur capacité à remplir leur mandat. 

La représentante de la Colombie s’est inquiétée de l’escalade des tensions, qui « exigent des réponses audacieuses et globales » pour protéger les populations civiles affectées par les conflits.  Dans ce contexte, elle a estimé que les missions politiques spéciales constituent « un exemple tangible de ce qu’il est possible de réaliser en tenant compte des réalités particulières du terrain, de l’appropriation nationale et du renforcement des institutions démocratiques ».  La représentante a réaffirmé l’engagement de son gouvernement envers l’Accord de paix avec les FARC.  À cet égard, elle s’est félicitée que les priorités de son gouvernement sur ce sujet, présentées lors de la session du Conseil de sécurité le 12 octobre dernier, puissent offrir « une expérience positive » pour les missions politiques spéciales. 

Le représentant de l’Iraq s’est félicité des efforts déployés par l’UNAMI et rappelé l’importance du rôle de reconstruction des Nations Unies.  Il a exhorté les États Membres à plus de soutien dans la lutte contre le terrorisme, notamment contre Daesh, en limitant les mouvements des combattants étrangers et en fournissant un appui technique.  Le délégué a également appelé à prendre des mesures pour prévenir les discours de haine.  Par ailleurs, l’UNAMI a appuyé l’Iraq pour réinstaller la bonne gouvernance et permettre la réalisation de l’objectif de développement durable 16, a-t-il indiqué.  Le représentant a proposé de recruter des fonctionnaires nationaux afin de favoriser les consultations avec le gouvernement iraquien lors des rapports trimestriels pour la situation en Iraq.  Il a, enfin, insisté sur l’importance de la représentation iraquienne conformément à son importance géographique, évoquant notamment la nécessité d’accroître le nombre de postes accordés aux ressortissants dans l’Organisation. 

Le représentant de l’Égypte a salué le travail varié des missions politiques spéciales, qui contribue au maintien de la paix et de la sécurité ainsi qu’au règlement des conflits en s’attaquant à leurs causes profondes.  Il a demandé à cet égard un financement adéquat afin que les missions puissent s’acquitter de leur mandat, notamment en mettant l’accent sur la diversification des sources de financement.  Le représentant s’est en outre prononcé en faveur du renforcement des partenariats avec les organisation régionales et sous-régionales afin de parvenir à une meilleure coordination et intégration des efforts en vue d’une paix durable.  Il s’est toutefois inquiété de la multiplication des missions politiques spéciales et de la hausse du financement qui l’accompagne, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire l’appui au développement fourni aux pays qui n’ont pas de missions politiques spéciales.  Ces missions, mandatées par le Conseil de sécurité, sont financées à même le budget ordinaire de l’Assemblée générale, a-t-il noté.  Le représentant a donc demandé le réexamen du mode de financement des missions politiques spéciales en créant un compte spécial extrabudgétaire pour les financer.  Il a en outre considéré inacceptable le manque de représentation géographique équitable au sein des missions politiques spéciales, qui exige selon lui une révision rapide et équitable par le Secrétaire général. 

Pour la représentante d’Afrique du Sud, les missions politiques spéciales sont particulièrement importantes pour la prévention car la médiation est au centre de leur fonctionnement.  Elle s’est félicitée de la politique du Département des affaires politiques à l’égard des femmes et de l’inclusion de la dimension de genre pour la paix dans le monde et les processus politiques.  L’inclusion des jeunes est également importante, a poursuivi la représentante, car leur participation relève non seulement de leur droit mais permet aussi de bâtir un meilleur avenir.  Pour mettre en œuvre leur mandat et assurer la protection des populations, ces missions doivent recevoir les outils nécessaires et les ressources suffisantes.  Ce financement doit être prévisible, a souligné la représentante, plaidant pour la création d’un Fonds spécial à cet effet. 

Le représentant d’El Salvador a estimé qu’un partage renforcé des informations entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU est essentiel pour garantir une approche cohérente et coordonnée du déploiement des missions politiques spéciales.  À cela s’ajoute le rôle consultatif important de la Commission de consolidation de la paix.  En outre, son pays estime que pour assurer l’efficacité de ces mécanismes, il est nécessaire de veiller à ce que leurs mandats tiennent compte des réalités spécifiques sur le terrain, que leurs objectifs soient viables et réalisables et que des ressources suffisantes leur soient attribuées.  En tant que contributeur actuel de personnels de police, El Salvador est pleinement engagé à continuer à fournir une assistance aux missions politiques spéciales, a affirmé le représentant, en se disant pleinement convaincu de l’importance de garantir la participation pleine, égale et significative des femmes à la prévention et à la résolution des conflits.  Pour sa délégation, les reconfigurations de la présence des Nations Unies sont des processus essentiels pour garantir que les résultats des missions politiques spéciales soient maintenus dans le temps.  « Les transitions, qui surviennent souvent dans des situations complexes, exigent une planification minutieuse et des ressources adéquates », a souligné le représentant.  Il a enfin considéré que la composition des missions politiques spéciales devrait être élargie en termes de représentation géographique, de même que la représentation des femmes. 

Le représentant de la Libye a déclaré que les missions politiques spéciales des Nations Unies constituent des outils importants pour parvenir à la sécurité et à la stabilité politique.  Selon lui, il ne fait aucun doute que la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a un rôle central à jouer pour rapprocher les parties libyennes, rétablir la confiance et renforcer une coopération constructive.  Il a salué à cet égard le rôle de facilitateur et d’appui joué par la MANUL en vue de mettre en place un dialogue et un consensus permettant de mettre fin à la crise et de s’engager vers l’étape de la transition devant mener à des élections générales. 

Le représentant de la Suisse a souligné qu’une paix durable ne peut être atteinte que si le plus large éventail de parties prenantes est impliqué, ce qui inclut les acteurs non étatiques, la société civile ainsi que les organisations régionales et sous-régionales.  Pour la quatrième fois depuis 2016, la Suisse s’associera au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) pour organiser une conférence régionale sur la prévention de l’extrémisme violent à Dakar en février 2023, a annoncé le représentant.  Il a ajouté que le Conseil de sécurité, lorsqu’il mandate les missions politiques spéciales, doit veiller à inclure des dispositions relatives à des analyses axées sur le genre et la parité hommes-femmes.  Par ailleurs, ces missions peuvent veiller à ce que la protection des civils et des droits humains soit ancrée comme une priorité dans la planification et la mise en œuvre des tâches de transition, afin d’éviter des lacunes dans la sécurité de la population civile. 

Enfin, le représentant a jugé qu’un financement prévisible et adéquat est indispensable.  Le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, dont les contextes de transition constituent l’une des trois priorités, joue un rôle essentiel à cet égard, mais la récente réunion de haut niveau sur le financement de la consolidation de la paix a mis en lumière le déficit de financement et la nécessité d’augmenter les contributions.  En conclusion, le représentant a félicité la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), l’UNOWAS et le Bureau du Coordonnateur des programmes d’assistance humanitaire et économique des Nations Unies pour l’Afghanistan (UNOCA) de leurs efforts visant à intégrer les risques sécuritaires liés au climat dans leur analyse politique quotidienne, ce qui est un bon exemple de la manière dont les questions de climat, de paix et de sécurité peuvent être traitées dans les mandats des missions. 

Le représentant du Bangladesh a rappelé que son pays accueille plus d’un million de Rohingya venant du Myanmar, exhortant cet État à reconnaître le mandat de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général au Myanmar afin d’aboutir à une solution durable à la crise actuelle.  À ce titre, il a espéré que l’Assemblée générale étendrait le mandat de l’Envoyée spéciale et lui accorde les ressources nécessaires.  Le représentant a plaidé pour une approche coordonnée, « au sein et au-delà des Nations Unies », pour garantir l’efficacité du travail des missions politiques spéciales.  La Commission de consolidation de la paix joue, à ce titre, un rôle « critique », a-t-il souligné.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance de l’inclusivité des genres dans les travaux des missions politiques spéciales.  Enfin, le représentant a noté la nécessité d’accorder des ressources adéquates pour les activités de consolidation de la paix des missions politiques spéciales. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a estimé que les missions politiques spéciales constituent les principaux instruments des Nations Unies afin d’asseoir la paix et la sécurité internationales sur la base du principe de sécurité collective.  Il s’agit également d’un instrument permettant d’exercer une diplomatie préventive à travers des efforts de médiation et des bons offices afin de bâtir une paix durable fondée sur les buts et principes de l’ONU.  Il faut selon lui assurer l’appropriation nationale des missions politiques spéciales et lier la sécurité nationale au développement économique et social afin de renforcer les capacités des États.  Pour y parvenir, nous devons renforcer les missions politiques spéciales, qui jouent un rôle important de consolidation de la paix, afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs obligations.  À cette fin, le représentant a prôné le renforcement de la coordination avec les organisations régionales et entre les États Membres.  S’agissant de la situation au Yémen, il a réitéré son appui à l’Envoyé spécial dans ce pays et appelé à une solution politique à même de mettre un terme au conflit et de parvenir à un cessez-le-feu.  Il a toutefois réitéré le droit de son pays de défendre son territoire et ses citoyens contre les attaques systématiques menées contre les milices houthistes. 

Le représentant du Japon s’est dit convaincu qu’en ces temps difficiles, les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix comptent parmi les fonctions les plus importantes des Nations Unies et incarnent les « grands idéaux » de l’Organisation, notamment l’état de droit et le règlement pacifique des conflits.  Opérant en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, les missions se caractérisent en outre par leur diversité, ce qui requiert des mandats adaptés sur le terrain selon les contextes dans lesquels elles opèrent.  Le représentant a appelé à cet effet le Conseil de sécurité à veiller à ce qu’elles soient dotées de mandats ciblés, prioritaires et réalisables, reflétant les circonstances uniques de chaque mission.  En tant que nouveau membre du Conseil pour la période 2023-2024, le Japon s’engage à œuvrer en faveur de l’unité du Conseil sur cette question, a annoncé le représentant. 

Bien que chaque mission soit unique, il existe des éléments communs qui devraient être prioritaires dans toute mission politique spéciale, a-t-il poursuivi, en particulier la participation des femmes aux processus de paix.  Il a notamment salué les efforts consentis par la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM) et la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) pour assurer la participation des femmes aux récents processus électoraux.  Lorsque le travail de consolidation de la paix est entrepris par un large éventail de partenaires, y compris les agences, fonds et programmes des Nations Unies, les institutions financières internationales, ou encore les organisations régionales et civiles, les missions politiques spéciales peuvent jouer un rôle important dans la coordination et l’intégration de tous ces efforts sur le terrain, a-t-il conclu. 

La représentante de l’Érythrée a estimé que la coopération n’est possible que s’il y a des progrès en matière de paix et de sécurité.  Pour que le multilatéralisme fonctionne pour tous, a-t-elle conseillé, il faut chercher à rétablir la crédibilité des Nations Unies sapée par trois décennies de tentatives d’imposer un certain ordre, et que le Conseil de sécurité soit plus représentatif.  Chaque pays contribue à la paix en fonction de ses capacités, a-t-elle ajouté.  Les missions politiques spéciales s’acquittent de leur mandat dans un monde de plus en plus complexe et elles ne peuvent contribuer au maintien de la paix et de la sécurité que si elles sont déployées avec un mandat et une stratégie de sortie clairs.  L’Érythrée progresse pour ce qui est de l’inclusivité, a conclu la représentante.  Elle veut réaliser l’unité dans la diversité, et a évité la radicalité et le terrorisme qui affectent la région par ailleurs. 

Le représentant du Brésil a noté le recours plus fréquent aux missions politiques spéciales aux dépens des opérations de maintien de la paix.  Il a en effet indiqué qu’il est plus simple d’obtenir l’approbation du Conseil de sécurité en raison de coûts plus faibles et d’une meilleure acceptation par les États hôtes.  Les missions politiques spéciales travaillent dans le cadre d’un système hybride, a-t-il indiqué, soulignant qu’elles sont décidées par le Conseil de sécurité, mais sont financées par le budget ordinaire.  Il a donc plaidé pour qu’un plus grand nombre d’États participent au débat relatif à leur établissement dans le cadre de l’Assemblée générale et des délibérations de la Quatrième Commission en particulier. 

Décision sur le projet de résolution

Étude d’ensemble des missions politiques spéciales (A/C.4/77/L.8)

Par ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale prendrait acte du rapport du Secrétaire général sur cette question et le prierait d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert à toutes les parties intéressées.  Elle respecterait le cadre des mandats confiés aux missions politiques spéciales, et soulignerait le rôle qu’elle-même joue dans les débats tenus sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales.  Elle constaterait encore qu’il importe d’établir une coordination, une cohérence et une coopération solides entre elle-même, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, et engagerait à cet égard le Conseil à continuer de solliciter les conseils spécialisés, stratégiques et ciblés de la Commission. 

L’Assemblée générale engagerait les missions politiques spéciales à continuer de forger des partenariats inclusifs avec des organisations régionales et sous-régionales et d’autres parties prenantes, notamment durant les transitions, et à collaborer étroitement avec les équipes de pays des Nations Unies, ainsi qu’avec les partenaires concernés, afin de favoriser la cohérence et la coordination.  Elle prierait en outre le Secrétaire général d’inclure dans son prochain rapport des informations sur l’effet des réformes sur l’exécution des mandats des missions politiques spéciales, notamment en matière de transparence et de responsabilité. 

Explication de position

Bien qu’elle se soit jointe au consensus sur le projet de résolution, le représentant de la Fédération de Russie a souligné que, malgré la nature largement technique des mises à jour du texte de cette année, des dispositions relatives à un « Nouvel Agenda pour la paix » ont été ajoutées par les coauteurs.  « Les avis divergent sur l’opportunité d’une telle mesure, ainsi que sur la formulation possible », a-t-il révélé. 

Pour sa part, sa délégation rappelle que le concept est toujours en cours d’élaboration et que des contributions substantielles ont été demandées aux États Membres.  Le Secrétariat de l’ONU doit encore les analyser et les compiler et nous espérons que cela sera fait de manière équilibrée, a poursuivi le représentant.  « À cet égard, nous partons du principe que les principes mentionnés dans la résolution 76/6 de l’Assemblée générale pour la poursuite de l’examen par les États Membres de « Notre Programme commun » s’appliqueront également au « Nouvel Agenda pour la paix » en tant que partie intégrante de celui-ci, et que ce document ne sera pas présenté comme un « document final ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Péninsule coréenne: appels à la retenue, au Conseil de sécurité, après les récents essais de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée

9183e séance - après-midi
CS/15098

Péninsule coréenne: appels à la retenue, au Conseil de sécurité, après les récents essais de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée

Saisi par l’Albanie, les États-Unis, la France, l’Irlande, la Norvège et le Royaume-Uni après la multiplication d’essais de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), les 2 et 3 novembre, le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, une réunion qui a résonné de condamnations, mais aussi d’appels au dialogue et à la diplomatie, ainsi qu’à l’unité pour ce qui concerne ses membres. C’est la neuvième fois que le Conseil se réunit en 2022 pour discuter des essais de la RPDC, a constaté le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), qui a exhorté ce pays à revenir à la table des négociations sans tarder.  S’adressant également au Conseil de sécurité, il lui a recommandé d’exercer sa pleine responsabilité et ainsi de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une escalade, ce qui exige son unité.

M. Mohamed Khaled Khiari a précisé qu’un des missiles lancés hier (3 novembre) a été évalué comme appartenant à la catégorie des missiles balistiques intercontinentaux (MBI).  Il aurait eu une portée de 760 kilomètres et atteint un apogée d’environ 1,920 kilomètres, mais le lancement n’aurait peut-être pas réussi, a-t-il expliqué.  L’un des missiles balistiques lancés le 2 novembre serait en outre tombé dans les eaux territoriales de la République de Corée.

M. Khiari a relayé la ferme condamnation formulée par le Secrétaire général quant à ces tirs et son appel à la RPDC pour qu’elle cesse, immédiatement, toute nouvelle tentative imprudente et se conforme pleinement à ses obligations internationales découlant des résolutions du Conseil de sécurité.  La tension autour de la péninsule de Corée et l’augmentation de la rhétorique conflictuelle, y compris par les messages liés à l’utilisation des armes nucléaires par la RPDC, est une vive préoccupation de M. António Guterres, a-t-il aussi souligné, comme l’ont également exprimé la majorité des membres du Conseil.

Avec d’autres intervenants, le Japon a condamné les provocations « sans précédent » de la RPDC, tant par leur fréquence que par leur mode opératoire, mais n’a pas manqué également de reprocher au Conseil son inaction, lui rappelant qu’en vertu de sa résolution 2397 (2017), adoptée à l’unanimité, il s’était engagé à prendre des mesures en cas de lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC.

La Chine qui, avec la Russie, avait opposé, en mai, son veto à un projet de résolution sur la RPDC, a fait endosser la responsabilité de la gravité actuelle de la situation aux États-Unis et à certains pays qui, après une pause de cinq ans, ont repris leurs exercices militaires conjoints à grande échelle avec des centaines d’avions de guerre (240 avions de combat, selon la délégation de Russie).  La Chine a accusé les États-Unis d’avoir promu leur coopération avec d’autres pays sur les sous-marins nucléaires, en rappelant qu’ils avaient annoncé vouloir déployer des armes stratégiques dans la région.

Pour la Fédération de Russie, ces exercices militaires conjoints des États-Unis et de la République de Corée, débutés le 31 octobre, constituent une répétition en vue d’une action militaire massive contre le territoire de la RPDC.  Cela justifie, à ses yeux, les tirs de missiles de la RPDC, en réponse aux activités « agressives » de ces pays qui, avec le Japon ont également mené, à la fin de septembre, des exercices en mer du Japon, impliquant un sous-marin nucléaire lanceur d’engin.

La RPDC a pu jouir d’une protection de deux membres du Conseil, qui ont « tourné en dérision » cet organe en facilitant la tâche de la RPDC, ont rétorqué les États-Unis, en fustigeant le « silence assourdissant » du Conseil alors même que la RPDC a lancé pas moins de 59 missiles balistiques cette année.  « Le Conseil et ses membres ne sauraient renoncer à leurs responsabilités parce que ce pays va vous vendre des armes », ont exhorté les États-Unis, en exigeant une reddition de comptes pour la violation des résolutions.  Le monde ne veut pas d’un Conseil endormi lorsqu’un pays menace la paix et la sécurité, a renchéri l’Albanie, qui a insisté sur le devoir du Conseil d’adopter une position unifiée et ferme contre de telles violations persistantes, s’il veut être pertinent et rester crédible.

Ces lancements de missiles sont particulièrement alarmants, car ils sont directement liés au plan décrété par le dirigeant nord-coréen pour renforcer ses capacités de guerre nucléaire tactique, a averti la République de Corée.  Apportant plus de précision sur les intentions avouées de la RPDC, la France a indiqué que cette dernière poursuit inexorablement ses activités d’enrichissement, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ayant constaté une activité constante à Yongbyon et à Pungyee Rii, ainsi que la préparation d’un septième essai nucléaire.  À cet égard, l’Irlande a lancé un appel pour que la RPDC respecte le Traité sur la non-prolifération, s’acquitte de ses obligations en matière de garanties vis-à-vis de l’AIEA et respecte aussi les dispositions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Pour aboutir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la région, les membres du Conseil ont lancé, tout au long de la séance, des appels au dialogue.  « La diplomatie des tirs de missiles et l’exhibition de la force ne peuvent pas être la solution », a raisonné le Gabon.  « Nous sommes à un moment critique » a affirmé le Ghana, qui a encouragé à une action urgente pour désamorcer les tensions et éviter une confrontation ouverte dans la péninsule coréenne.  La porte du dialogue reste ouverte, a assuré la République de Corée, qui a invité son voisin nord-coréen à revenir à la diplomatie sur la dénucléarisation.

Cette réunion a en outre permis aux membres du Conseil d’exprimer leur inquiétude face à la situation humanitaire en RPDC.  M. Khiari a signalé que le système des Nations Unies, en coordination avec les partenaires internationaux et humanitaires, est prêt à envoyer du personnel et une assistance pour aider à répondre aux besoins médicaux et humanitaires.  La Norvège a signalé avec regret que les dispositions du projet de résolution du 26 mai 2022, qui n’a pas été adopté, auraient étendu les mécanismes d’assistance humanitaire.  De son côté, la Russie a souligné avoir proposé une solution sur la base d’un projet sino-russe de résolution politico-humanitaire au Conseil de sécurité. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), a indiqué que, selon diverses sources gouvernementales, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé un nombre sans précédent de missiles balistiques et d’autres types de systèmes, les 2 et 3 novembre dernier.  La RPDC n’a pas encore fourni publiquement de détails sur ces lancements, a-t-il précisé, tout en indiquant que l’un des missiles lancé le 3 novembre a été évalué comme appartenant à la catégorie des missiles balistiques intercontinentaux.  Il aurait eu une portée de 760 kilomètres et atteint un apogée d’environ 1,920 kilomètres, a informé M. Khiari, tout en indiquant que le lancement n’a peut-être pas réussi.  L’un des missiles balistiques lancés le 2 novembre serait en outre tombé dans les eaux territoriales de la République de Corée.

Le Secrétaire général condamne fermement ces tirs, a déclaré M. Khiari, en ajoutant qu’il appelle la RPDC à cesser, immédiatement, toute nouvelle tentative imprudente et à se conformer pleinement à ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le Secrétaire général est également profondément préoccupé par la tension autour de la péninsule coréenne et par l’augmentation de la rhétorique conflictuelle, y compris par les messages liés à l’utilisation des armes nucléaires par la RPDC.  Il exhorte la RPDC à retourner immédiatement à la table de négociation, invitant les parties clefs à reprendre leurs efforts diplomatiques en vue de parvenir à une paix durable et à une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.

C’est la neuvième fois que le Conseil se réunit pour discuter de la RPDC en 2022, a rappelé M. Khiari.  Il a fait remarquer qu’étant donné les risques potentiels associés à toute confrontation militaire, le Conseil de sécurité, dans l’exercice de sa responsabilité, doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une escalade.  L’unité au sein du Conseil de sécurité est cruciale et nécessaire pour accélérer et renforcer les engagements diplomatiques, a-t-il fait valoir.

Sur un autre plan, il a assuré que le Secrétaire général est toujours préoccupé par la situation humanitaire en RPDC.  Le système des Nations Unies, en coordination avec les partenaires internationaux et humanitaires, est prêt à envoyer du personnel et une assistance pour aider le Gouvernement de ce pays à répondre aux besoins médicaux et humanitaires, y compris ceux liés à la pandémie de COVID-19, a-t-il informé.  Afin de permettre une réponse rapide et efficace, il a réitéré l’appel à laisser entrer dans le pays du personnel international et des fournitures

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a critiqué la rhétorique menaçante et déstabilisatrice de la RPDC qui ne fait qu’aggraver la situation.  Faisant part de sa profonde inquiétude après le dernier essai d’un missile balistique intercontinental, et d’un autre à 60 kilomètres de la côte de la République de Corée, elle a estimé que cela va au-delà d’une simple atteinte au régime de non-prolifération nucléaire, car il s’agit de semer la peur chez les voisins, ce qui n’est pas l’acte d’un État responsable.  Rappelant que la RPDC a lancé 59 missiles balistiques cette année, elle a fustigé le silence assourdissant des membres du Conseil.  Ce pays a pu jouir d’une protection de deux membres de cet organe, qui l’ont tourné en dérision en facilitant la tâche de la RPDC, a dénoncé la représentante.  Le Conseil et ses membres ne sauraient renoncer à leurs responsabilités parce que ce pays va vous vendre des armes, a-t-elle plaidé.  Elle a exhorté à ne pas régurgiter la propagande de la RPDC, qui a affirmé, en octobre, que le lancement récent s’inscrit dans le cadre d’une action tactique pour contrer les manœuvres américaines dans la région.  La représentante a indiqué que son pays continuera à rechercher un dialogue substantiel, appelant la RPDC à faire de même.  Enfin, elle a exigé que ce pays rende compte de sa violation des résolutions et demandé au Conseil d’être uni dans son action.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a estimé que les 23 missiles lancés en moins de deux heures mercredi représentent non seulement le plus grand déploiement en une seule journée, mais aussi une escalade drastique et un comportement irresponsable du régime de Pyongyang.  Il a expliqué que les près de 59 missiles balistiques lancés par la RPDC en moins d’une année, d’une manière totalement illégale, injustifiée, non provoquée et sans précédent, démontrent que le régime totalitaire de Pyongyang est en train de devenir une menace persistante à la paix et à la sécurité internationales, au mépris du droit international et du Conseil de sécurité et de ses résolutions.  Le Conseil a le devoir d’adopter une position unifiée et ferme contre de telles violations persistantes de la RPDC s’il veut être pertinent et rester crédible, a-t-il dit.  Le délégué a déclaré que le fait de n’avoir pas pu adopter une nouvelle résolution avec un message fort, du fait d’un double veto, a envoyé un mauvais message au régime de la RPDC, qui l’a interprété comme l’autorisation de continuer à enfreindre la loi en toute impunité.  Le monde ne veut pas d’un Conseil endormi lorsqu’un pays menace la paix et la sécurité, a-t-il averti.  Il a vu le retour à un dialogue significatif et à la diplomatie comme la seule voie à suivre.  Le Conseil de sécurité devrait le dire clairement à la RPDC, a-t-il conclu.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le lancement de 29 missiles, dont plusieurs missiles balistiques, par la RPDC ces trois derniers jours.  Il a dénoncé une escalade « sans précédent » et des provocations « inacceptables ».  Il s’est dit particulièrement préoccupé par le fait qu’un missile balistique se soit abîmé du côté sud-coréen de la frontière maritime, à quelques kilomètres seulement des côtes, et a exprimé sa consternation face au tir d’un missile potentiellement intercontinental le 3 novembre.  Le représentant a souligné que la RPDC a amélioré ses capacités balistiques avec l’intention affichée de développer un programme nucléaire tactique.  Il a regretté qu’elle ait recours à une rhétorique nucléaire de plus en plus agressive comme le soulignait l’actualisation de sa doctrine nucléaire en septembre.  Inexorablement, elle poursuit ses activités d’enrichissement, a-t-il déploré, précisant que sur le terrain, à Yongbyon et à Pungyee Rii, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) constate une activité constante, et la préparation d’un septième essai nucléaire.

Affirmant que la RPDC contourne quotidiennement les sanctions, par la voie maritime, mais aussi via de cyberattaques qui permettent de financer ses programmes, M. de Rivière a recommandé de maintenir la pression et de l’adapter dans certains domaines.  Estimant que la division du Conseil offre à la RPDC une couverture pour poursuivre ses provocations, il en a appelé à la responsabilité historique du Conseil en matière de non-prolifération.

M. CAÍT MORAN (Irlande) a estimé que les 25 missiles lancés en moins de 24 heures démontrent la « voie dangereuse » que la RPDC emprunte, avec de graves risques pour le trafic maritime et aérien, ses voisins et les populations civiles.  Il est profondément inquiétant que, pour la première fois, de tels missiles aient atterri dans la zone économique exclusive de la République de Corée, a indiqué le délégué.  Il a affirmé que la RPDC ne sera jamais acceptée comme un État doté d’armes nucléaires.  Il a réitéré l’appel du Conseil à la RPDC afin qu’elle revienne au respect du Traité sur la non-prolifération (TNP), s’acquitte de ses obligations en matière de garanties vis-à-vis de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et respecte le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, sans délai.  Pour le délégué, un véritable dialogue est le seul moyen de parvenir à une paix, une sécurité et une stabilité durables sur la péninsule coréenne.  Il a en outre exhorté la RPDC à dialoguer avec l’ONU sur la situation dans le pays et à permette le retour immédiat des acteurs humanitaires.

Mme MONA JUUL (Norvège) a condamné le lancement de nombreux missiles ces derniers jours, plus près que jamais du territoire sud-coréen, et d’un missile intercontinental au-dessus du Japon.  Ces tirs mettent en danger le trafic maritime et aérien dans la région, a-t-elle averti.  La représentante a regretté l’inaction du Conseil alors même que ses résolutions sont « défiées de façon éhontée ».  LA RPDC doit choisir la voie du dialogue, a-t-elle déclaré, invitant les membres du Conseil à faire appliquer les sanctions visant à ralentir le développement du programme nucléaire.  Les dispositions du projet de résolution du 26 mai 2022, qui n’a pas été adopté, auraient étendu les mécanismes d’assistance humanitaire, a-t-elle regretté.  En conclusion, la représentante a appelé tous les États à appliquer pleinement les résolutions relatives à la RPDC.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que la salve de missiles lancés par la RPDC constitue une escalade, qui exige que le Conseil condamne ces actes.  Celui-ci doit également rappeler que le coût de ces lancements illicites est supporté par la population de son pays, alors que « les millions » dépensés pour ces tirs auraient pu nourrir cette population pendant des semaines.  Enfin le Conseil doit renouveler ses appels pour que la RPDC prenne au sérieux la proposition des États-Unis au dialogue, car, a-t-elle estimé, la diplomatie est la seule voie pour régler cette question.  La représentante a également estimé probable que deux membres du Conseil de sécurité cherchent à assimiler des exercices défensifs licites menés par les États-Unis aux actes de provocation de la RPDC, alors que la communauté internationale est tombée d’accord sur le fait que la RPDC ne doit pas posséder les armes dont il s’agit.  C’est une question de sécurité pour tous, notamment pour éviter que de telles armes tombent à 20 kilomètres des côtes de la République de Corée, comme cela s’est récemment produit, a argumenté la représentante.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a déploré que, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question, la RPDC a lancé plus de 30 missiles, dont une salve de 23 missiles, il y a quelques jours.  De plus, un essai de missile balistique intercontinental (MBI) a été annoncé le 2 novembre.  Le représentant a condamné, dans les termes les plus forts, ces tirs qui violent les résolutions pertinentes du Conseil.  Outre la menace que représente l’expansion continue de l’arsenal de la RPDC, il s’est inquiété des risques liés à l’essai de systèmes expérimentaux au-dessus de zones habitées, évoquant des rapports selon lesquels le dernier lancement d’un MBI pourrait avoir échoué après la séparation du deuxième étage du missile.  Or, tout survol du Japon par des missiles constitue un danger pour des millions de personnes, y compris la communauté de 200 000 Brésiliens vivant au Japon.  Une fois encore, la RPDC n’a émis aucun avis aux aviateurs avant les tirs, a-t-il souligné.  Le délégué a demandé à la RPDC de se conformer à toutes les résolutions pertinentes du Conseil et de respecter l’accord militaire global de 2018 avec la République de Corée.  Il a appelé toutes les parties de la région à faire preuve de retenue afin d’éviter une dangereuse escalade.  « Le Conseil de sécurité devrait faire plus, non seulement pour condamner, le cas échéant, mais aussi pour désamorcer la situation. »

M. ZHANG JUN (Chine) a dit avoir très attentivement écouté l’exposé de M. Khiari et être profondément préoccupé par l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne, en appelant à la retenue et au calme, en paroles et en actes, et à éviter toute action pouvant mener à des erreurs de calculs.  Il a notamment attribué la responsabilité de la gravité de la situation aux États-Unis et à certains pays qui, après une pause de cinq ans, ont repris leurs exercices militaires conjoints à grande échelle avec des centaines d’avions de guerre.  Il a accusé les États-Unis d’avoir promu leur coopération avec d’autres pays sur les sous-marins nucléaires et d’avoir annoncé qu’ils déploieraient des armes stratégiques dans la région.  Si chaque partie s’en tient à ses arguments et refuse un compromis, la situation ne fera qu’escalader, a-t-il mis en garde.  Il a recommandé, au contraire, de rétablir la confiance, en demandant aux États-Unis de cesser de miser sur les pressions.  Au Conseil de sécurité, il a conseillé d’éviter une confrontation, de promouvoir la compréhension et d’atténuer les problèmes politiques.  Il a encouragé à la mise en confiance et à la reprise du dialogue.  En tant que proche voisin de la péninsule coréenne, la Chine reste attachée au dialogue, en faisant face aux problèmes sur place, a dit le représentant.  Il a conclu en appelant à trouver un équilibre entre les parties grâce au dialogue et à la négociation pour prévenir toute escalade de cette situation hautement préoccupante.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a estimé que si le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de condamner à l’unisson les remises en cause de son autorité, il devrait au moins se prononcer en faveur d’un dialogue diplomatique urgent, en vue de trouver une solution globale et négociée.  « C’est peut-être là que l’on pourra trouver le terrain d’entente nécessaire pour que le Conseil de sécurité puisse s’exprimer à l’unanimité. »  Le délégué a appelé à la plus grande retenue.  Il faut s’abstenir de toute action qui conduirait à davantage de violations des résolutions ou à des confrontations supplémentaires.  En conclusion, il a insisté sur le dialogue avec la RPDC, menant à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) a noté que la RPDC avait procédé au lancement de 59 missiles cette année et qu’elle s’apprêtait à procéder à un essai nucléaire dans les prochains jours, en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il s’est inquiété des risques d’une confrontation militaire aux conséquences catastrophiques non seulement pour la région, mais pour le monde entier.  Le délégué a appelé tous les États ayant de l’influence sur les parties à les inciter à la retenue.  La RPDC devrait se soucier du bien-être de sa population au lieu de se lancer dans des aventures militaires coûteuses, a-t-il conclu.

Mme AURELIE FLORE KOUMBA PAMBO (Gabon) a condamné les tirs de missiles de la RPDC, lesquels constituent une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et exacerbent les tensions dans l’ensemble de la région.  Pour la déléguée, cette montée de la tension interpelle la communauté internationale sur l’ampleur de la menace qui pèse sur la sécurité de la péninsule coréenne et requiert une réponse urgente et concertée du Conseil.  « La diplomatie des tirs de missiles et l’exhibition de la force ne peuvent pas être la solution. »  Selon la déléguée, ce n’est ni constructif, ni viable, cela alimente la tension et ravive l’inquiétude des populations.  Elle a appelé à la désescalade, au dialogue sans condition en vue de parvenir à une solution qui garantisse la paix et l’éradication de la menace nucléaire dans la péninsule coréenne.  Elle a conclu en appelant les parties à s’engager dans les négociations diplomatiques et à reprendre les discussions sur la base des sillons tracés en 2017.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que le Conseil de sécurité ne doit pas considérer ces tirs de manière séparée tandis que la RPDC continue ses provocations.  Selon le représentant, le moment est venu de considérer ces actions comme une menace et de rappeler la RPDC à ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil.  Il faut également l’appeler à revenir à la table des négociations.  Le représentant a fait observer que les sanctions décidées par le Conseil contre la RPDC ne l’ont visiblement pas empêchée de se doter d’armes nucléaires, même si son programme a été retardé.  Il faut donc faire en sorte que tous les pays respectent ces sanctions et que ceux qui exercent une influence sur la RPDC l’encouragent à respecter ses obligations.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que les États-Unis tentent de contraindre le Gouvernement de la RPDC à un désarmement unilatéral.  Elle a rappelé que des exercices militaires conjoints des États-Unis et de la République de Corée, d’une ampleur inédite, impliquant 240 avions de combats, ont débuté le 31 octobre.  Elle a dénoncé ce qu’elle a vu comme une répétition pour une action militaire massive contre le territoire de la RPDC.  Elle a aussi rappelé que les États-Unis, la République de Corée et le Japon ont mené, à la fin de septembre, des exercices en mer du Japon impliquant un sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE).  De l’avis de la représentante, les tirs de missile de la RPDC répondent à ces activités agressives.

La déléguée a dénoncé la promotion par Washington de sa doctrine unilatérale dans la région et s’est inquiétée de la formation de nouveaux blocs militaires, tels que l’alliance AUKUS entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.  Elle a regretté que les Occidentaux n’aient pas saisi la main tendue par Pyongyang en vue d’amorcer une détente.  En outre, le renforcement des sanctions contre la RPDC outrepasse leur but affiché et font peser un risque sur la population du pays, a-t-elle regretté, prévenant que l’intensification des exercices militaires dans la péninsule pourraient avoir des conséquences incalculables en Asie du Nord-Est.  Elle a appelé à une solution sur la base du projet sino-russe de résolution politico-humanitaire au Conseil de sécurité.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a pris note du lancement par la RPDC, le 2 novembre, de missiles balistiques et d’un missile balistique intercontinental, ce qui constitue un précédent et aggrave la menace.  Elle a appelé à l’application de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur le programme nucléaire de la RPDC.  La prolifération des technologies nucléaires et de missiles est une menace délétère pour toute la région, a mis en garde la déléguée.  L’Inde, a-t-elle informé, a l’intention de poursuivre ses efforts diplomatiques en vue d’une désescalade des tensions dans la péninsule coréenne.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a mis en garde contre les tendances actuelles qui risquent de conduire à un malentendu ou à une erreur de calcul, et de déboucher sur une confrontation ouverte sur la péninsule coréenne.  Le Conseil ne peut plus fermer les yeux sur la possibilité d’une confrontation, a insisté le représentant, pour qui le monde est déjà fragile.  « Nous sommes à un moment critique! »  Lors de la dernière réunion du Conseil sur cette situation, le mois dernier, de nombreux membres se sont exprimés en faveur d’une action urgente pour désamorcer les tensions, a-t-il rappelé.  Notant que le Conseil n’a pas pu se mettre d’accord sur la façon de procéder, il l’a encore incité à aller dans ce sens, car « l’inaction n’est pas une option ».

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a rappelé qu’il y a un mois, pratiquement tous les membres du Conseil ont prié la RPDC de cesser ses essais nucléaires et balistiques.  Or, au cours des deux derniers jours, ce pays a tiré plus de 7 missiles balistiques et 10 autres missiles, et plus de 100 séries de tirs d’artillerie en une demi-journée, le 2 novembre.  Le représentant a dénoncé en particulier le lancement d’un missile balistique extraordinaire qui a franchi la frontière maritime entre les deux pays, et ce, pour la première fois.  Il a aussi rappelé que, le 3 novembre, la RPDC a lancé un missile balistique intercontinental.  Il a jugé ces lancements de missiles particulièrement alarmants, car ils sont directement liés au plan décrété par le dirigeant nord-coréen pour renforcer ses capacités de guerre nucléaire tactique.  Cette série d’actes de provocation de la RPDC violent de multiples résolutions du Conseil de sécurité et posent une menace non seulement pour la péninsule coréenne mais aussi au-delà, s’est plaint le représentant, qui a aussi déploré que cela intervienne au mépris d’une période de deuil national dans la République de Corée.

De plus, a poursuivi le délégué, la RPDC aurait dépensé des millions de dollars en une journée, des ressources qui auraient pu largement couvrir les besoins de la population en riz.  Il a encouragé les membres du Conseil de sécurité à agir à l’unisson, déplorant que celui-ci, pour la première fois, n’ait pas réussi à adopter une résolution, en mai, en raison du vote négatif de deux membres permanents, qui ont argué des manœuvres d’autres pays dans la péninsule coréenne.  Il a prié le Conseil de cesser d’avoir les bras ballants, et de se faire entendre haut et fort pour dire que rien ne saurait justifier les provocations illégales de la RPDC, qui avait lancé auparavant des missiles en l’absence de tout exercice militaire conjoint de la République de Corée et des États-Unis.  En dépit de l’escalade des provocations et des menaces sans précédent de la RPDC, la porte du dialogue reste ouverte, a-t-il toutefois conclu, invitant ce pays à revenir à la diplomatie sur la dénucléarisation.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a condamné les provocations « sans précédent » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), tant par leur fréquence que par leur mode opératoire.  Elles représentent une « menace grave et imminente pour la sécurité de la région, notamment pour le Japon et la République de Corée, et constituent un sérieux défi pour la communauté internationale ».  Le délégué a rappelé qu’en vertu de sa résolution 2397 (2017), adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité s’était engagé à prendre des mesures en cas de lancement d’un missile balistique intercontinental (MBI) par la RPDC.  Regrettant l’inaction du Conseil, il a estimé qu’après les vetos exprimés, en mai dernier, un nombre record de tirs de missiles avaient eu lieu en un court laps de temps, dont le tir d’un missile balistique au-dessus du Japon pour la première fois en cinq ans.  À la suite de cette série des tirs, a déploré le délégué, le Conseil de sécurité, réuni le 5 octobre, n’a même pas été en mesure de publier une déclaration à la presse.  Cette nouvelle absence de réaction a été suivie d’une série historique de lancements de missiles cette semaine, incluant potentiellement un MBI.  Fait sans précédent, l’un des missiles lancés le 2 novembre a franchi la ligne de démarcation septentrionale et amerri à proximité des eaux territoriales de la République de Corée, a-t-il ajouté.  « Nous sommes confrontés à une escalade due à un dysfonctionnement du Conseil », a affirmé M. Ishikane, appelant l’organe à mettre fin à ce cercle vicieux.  « Le Conseil ne doit pas se contenter de suivre les affaires internationales, mais doit les façonner activement », a-t-il martelé.  Rappelant que la RPDC avait récemment déclaré à l’Assemblée générale qu’elle ne reconnaissait pas les résolutions de l’ONU, le délégué a demandé au Conseil comment il pouvait « fermer les yeux sur ce défi flagrant à son autorité ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission entérine par consensus sept textes, mais voit la lutte contre le néonazisme cristalliser les tensions nées de la guerre en Ukraine

Soixante-dix-septième session
45e séance – matin
AG/SHC/4365

La Troisième Commission entérine par consensus sept textes, mais voit la lutte contre le néonazisme cristalliser les tensions nées de la guerre en Ukraine

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a commencé, ce matin, à se prononcer sur ses projets de résolution en faisant siens huit textes, dont sept par consensus.  Un vote a cependant été requis pour entériner celui relatif à la « lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ». 

En vertu de ce projet de résolution présenté par la Fédération de Russie, et adopté par 105 voix pour, 52 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale se déclarerait profondément préoccupée par la glorification, quelle qu’en soit la forme, du mouvement nazi, du néonazisme et des anciens membres de l’organisation Waffen-SS. 

Mais la pomme de discorde est née de l’adoption, par 63 voix pour, 23 voix contre et 65 abstentions, d’un amendement présenté par l’Australie, lequel stipule que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et souligne qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la République tchèque a estimé que le projet de texte dans son ensemble s’inscrit « en contrepied » dans la mesure où la Fédération de Russie a supprimé le paragraphe qui prend note du rapport de la Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, libellé réintroduit par la délégation russe lors d’un amendement oral.  L’Australie a précisé pour sa part que son amendement est tiré du rapport de ladite Rapporteuse spéciale.  Il s’agit d’une réaction à l’instrumentalisation grave et évidente des droits humains par la Russie, et c’est pourquoi « nous reprenons mot pour mot » le passage du rapport, a souligné la délégation. 

La Macédoine du Nord et le Libéria ont estimé que cet amendement permet de corriger l’interprétation de la résolution selon laquelle l’auteur a souhaité officiellement justifier son invasion pour procéder à ce qu’il appelle une « dénazification » de l’Ukraine.  Une telle position mine gravement les efforts de lutte contre le nazisme et le néonazisme, ont estimé ces délégations, l’Ukraine décriant de son côté « le comble de l’hypocrisie ».

Pour la Fédération de Russie, l’amendement, dont elle s’est dissociée, visait tout simplement à empêcher l’adoption de la résolution.  Il ne s’agit pas d’une approche constructive, a-t-elle regretté.  La République arabe syrienne et la Chine, ainsi que par le Burundi et l’Égypte, entre autres, ont regretté pour leur part que l’incorporation de l’amendement vienne « politiser » une résolution thématique. 

Au préalable, la Troisième Commission a adopté par consensus son projet de résolution sur l’alphabétisation qui demande notamment aux gouvernements d’accroître leurs investissements dans l’enseignement préprimaire. 

Elle a également fait sienne un texte sur les droits des Peuples Autochtones qui appelle à renforcer d’urgence leur capacité d’adaptation et leur résilience face aux changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes.  Ce projet encourage également les États Membres et le secteur privé à faire en sorte que les entreprises tiennent compte des répercussions environnementales négatives de certaines de leurs activités sur les terres et les territoires habituellement occupés par les peuples autochtones.  Le texte cite notamment l’exploitation illégale des ressources forestières et minières, l’expansion incontrôlée de l’agrobusiness, les projets non durables de développement des infrastructures à grande échelle et les industries extractives. 

Le droit à la vie privée à l’ère numérique a lui aussi été soutenu par l’ensemble des États Membres qui ont appuyé un projet de résolution par lequel l’Assemblée générale demanderait à examiner plus avant les conséquences que des phénomènes nouveaux, tels que la tendance à l’adoption généralisée des technologies de la chaîne de blocs et de réalité virtuelle et augmentée, ainsi que le développement de neurotechnologies de plus en plus puissantes, ont sur l’exercice des droits à la vie privée et à la liberté d’opinion et d’expression si aucun garde-fou n’est prévu. 

La Commission a également entériné par consensus trois projets de résolution soumis par le Conseil économique et social (ECOSOC), dont un texte inédit visant à renforcer l’action menée aux niveaux national et international, y compris avec le secteur privé, pour protéger les enfants contre l’exploitation et les atteintes sexuelles.  L’autre porte sur la réduction de la récidive grâce à la réadaptation et à la réinsertion, et par le troisième, la Troisième Commission recommande à l’Assemblée générale de tenir le quinzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale en 2026.

Autre projet adopté sans vote, celui en vertu duquel l’Assemblée générale déciderait de porter de 107 à 108 le nombre d’États Membres du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. 

La Troisième Commission poursuivra l’adoption de ses projets de résolution jeudi 10 novembre, à partir de 10 heures.

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Développement social

Aux termes du projet de résolution intitulé « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action » (A/C.3/77/L.16/Rev.1), présenté par la Mongolie et adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux gouvernements à tous les niveaux de renforcer leurs programmes d’alphabétisation, notamment numérique, en prêtant une attention particulière à ceux qui sont en situation de vulnérabilité. 

Elle demanderait aux États Membres de continuer d’accroître leurs investissements dans une éducation de qualité inclusive et équitable, notamment l’enseignement préprimaire, les programmes ou initiatives d’alphabétisation des jeunes et des adultes, le renforcement des compétences et l’apprentissage tout au long de la vie. 

Elle inviterait en outre les États Membres, l’Organisation des Nations Unies, les organisations régionales et les autres partenaires intéressés à œuvrer de concert au renforcement de la capacité des directeurs d’établissement scolaire, des enseignants et des éducateurs d’assurer l’alphabétisation. 

L’Assemblée générale demanderait également aux États Membres de travailler avec les parties concernées afin de prendre des mesures pour réduire les fractures numériques.  De même, elle exhorterait les États Membres et les autres parties prenantes à prendre des mesures pour assurer la formation adéquate des enseignants et autres professionnels de l’éducation en matière d’utilisation des outils numériques. 

Déclarations générales

Avant l’adoption du projet de texte, les États-Unis ont indiqué que leur administration a mis l’accent sur le financement de l’éducation, aussi bien au niveau national qu’à l’étranger.  La délégation a dit appuyer fortement les objectifs de cette résolution.

À la suite de l’adoption, le Nigéria a rappelé que sa population compte 270 minorités ethniques et a appelé à promouvoir les langues vernaculaires.  La délégation a indiqué que son pays a entamé en 2020 l’évaluation de ses capacités en la matière.  Par ailleurs, elle a exhorté à combler le fossé numérique entre pays développés et en développement afin de promouvoir l’éducation et d’appuyer l’apprentissage, notamment des femmes et des jeunes.  Enfin, elle a réaffirmé la volonté de son pays de mettre en œuvre l’Objectif de développement durable 4. 

Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés et questions humanitaires

Par le projet de résolution « Élargissement de la composition du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés » (A/C.3/77/L.37), présenté par l’Angola et adopté sans vote, l’Assemblée générale déciderait de porter de 107 à 108 le nombre d’États Membres du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.  Elle prierait également le Conseil économique et social d’élire, à une séance de son débat consacré à la gestion en 2023, le membre qui occupera le siège supplémentaire. 

Droits des peuples autochtones

En vertu du projet de résolution intitulé « Droits des Peuples Autochtones » (A/C.3/77/L.20/Rev.1), présenté par l’État plurinational de Bolivie et adopté sans vote, l’Assemblée générale exhorterait les États Membres, agissant en consultation et en coopération avec les peuples autochtones, à prendre des mesures appropriées pour atteindre les objectifs définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  

Par ce texte, l’Assemblée générale soulignerait qu’il faut d’urgence renforcer la capacité d’adaptation et la résilience et réduire la vulnérabilité des peuples autochtones face aux changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Elle encouragerait les États Membres et le secteur privé à faire en sorte que les entreprises adoptent un comportement plus durable, plus respectueux de l’environnement et plus responsable, qui tienne compte des répercussions environnementales négatives de certaines de leurs activités sur les terres et les territoires habituellement occupés par les peuples autochtones et sur leur bien-être.  Le texte cite notamment l’exploitation illégale des ressources forestières et minières, l’expansion incontrôlée de l’agrobusiness, les projets non durables de développement des infrastructures à grande échelle et les industries extractives.

Elle exhorterait en outre les États à prendre les mesures nécessaires pour garantir les droits, la protection et la sécurité des peuples autochtones, y compris des dirigeants autochtones et des défenseurs autochtones des droits humains.

Par ce texte, l’Assemblée générale constaterait par ailleurs l’importance des langues autochtones en tant que moteurs de la réalisation des objectifs de développement durable, et demanderait aux États Membres d’inscrire leur préservation, leur promotion et leur revitalisation dans le cadre plus large des efforts menés afin d’exécuter le Programme 2030.

Déclaration générale et explications de position

La Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait aussi au nom de l’Australie et du Canada, a estimé qu’en dépit des efforts déployés par ces pays, beaucoup leur reste à faire, notamment sur les questions de la réconciliation et de la lutte contre les inégalités.  Ces pays promeuvent l’adoption de pratiques inclusives pour les peuples autochtones, y compris dans la conduite de leur politique étrangère, et se félicitent de ce que la résolution s’attelle à lutter contre la disparition des langues vernaculaires des populations autochtones, a indiqué la délégation. 

La Hongrie, qui a rappelé avoir voté contre le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en 2018, a dit ne pas pouvoir accepter de références à ce pacte, au motif que les politiques migratoires sont l’apanage des seuls États.  Si elle s’est jointe au consensus sur ce projet de texte, elle se dissocie des paragraphes 10 du préambule et 20 du dispositif. 

La Roumanie, parlant au nom d’un groupe de pays, a dit ne pas reconnaître de droits collectifs à quelque groupe que ce soit.  Elle a donc expliqué qu’elle ne pouvait souscrire aux références aux peuples autochtones en tant que groupe distinct. 

L’Inde a estimé que les peuples autochtones doivent participer au travail des Nations Unies sur toutes les questions qui les concernent.  Elle a toutefois fait valoir que leur participation ne peut être utilisée pour semer la discorde dans des pays où les peuples ont vécu dans la concorde.  Conformément à la définition donnée par la Convention de 1989 relative aux peuples indigènes et tribaux (no 169) de l’Organisation internationale du Travail (OIT), notre peuple est autochtone en Inde, a ajouté la délégation, indiquant s’être jointe au consensus sur le projet de texte. 

Le Sénégal s’est dissocié de deux termes du projet de résolution : les « formes multiples et intersectionnelles de discrimination » et les « soins de santé ». 

Le Royaume-Uni a rappelé que les droits humains doivent s’appliquer à tous dans l’égalité.  À cette aune, il a dit ne pas reconnaître le concept de droits différentiés, en vertu du droit international. 

La Libye a déclaré ne pas accepter les concepts qui vont à l’encontre des spécificités nationales, culturelles et religieuses, et se dissocier par conséquent des paragraphes 11 et 12 du préambule et 20 du dispositif.  L’Iraq a, quant à lui, fait observer que la vision mentionnée par le projet de résolution sur les formes multiples et croisées de discrimination ne fait pas l’objet d’un consensus international.  Des réserves similaires ont été exprimées par l’Égypte, ainsi que par la Malaisie, celle-ci déplorant une « terminologie non conforme ». 

Le Saint-Siège a jugé à son tour que les termes portant sur la discrimination sont « problématiques », avant d’exprimer ses réserves sur d’autres termes « flous » et « sans définition internationale », ainsi que sur les références faites au genre par le projet de texte. 

Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée

En vertu de son projet de résolution intitulé « Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée » (A/C.3/77/L.5), présenté par la Fédération de Russie et adopté, tel que révisé oralement et amendé, par 105 voix pour, 52 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale se déclarerait profondément préoccupée par la glorification, quelle qu’en soit la forme, du mouvement nazi, du néonazisme et des anciens membres de l’organisation Waffen-SS. 

D’autre part, l’Assemblée générale constaterait avec inquiétude que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et soulignerait qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Par ce texte, l’Assemblée générale exhorterait les États à éliminer toutes les formes de discrimination raciale par tous les moyens appropriés, y compris des mesures législatives si les circonstances qui l’exigent. 

Elle se déclarerait alarmée de ce que des groupes extrémistes, notamment les groupes néonazis, et des personnes professant des idéologies de haine utilisent les technologies de l’information, Internet et les médias sociaux pour recruter de nouveaux membres, en ciblant en particulier les enfants et les jeunes, et pour diffuser et propager leurs messages haineux. 

L’Assemblée générale demanderait aux États de prendre les mesures qui s’imposent pour faire face aux menaces nouvelles et émergentes découlant de la multiplication des attentats terroristes motivés par le racisme, la xénophobie et d’autres formes d’intolérance, ou commis au nom d’une religion ou conviction. 

Elle encouragerait les États à renforcer les capacités des services de police et autres forces de maintien de l’ordre afin de lutter contre les infractions racistes et xénophobes et de prévenir les pratiques de profilage racial.  Par ailleurs, elle condamnerait sans réserve tout déni ou tentative de déni de l’Holocauste ainsi que toute manifestation d’intolérance religieuse, d’incitation à la haine, de harcèlement ou de violence à l’égard de personnes ou de communautés en raison de leur appartenance ethnique ou de leurs croyances religieuses. 

De surcroît, elle se dirait profondément préoccupée par la multiplication des actes de racisme, d’antisémitisme et de discrimination fondée sur la religion, la conviction ou l’origine, en particulier les actes islamophobes, arabophobes, afrophobes et xénophobes signalés lors de manifestations sportives et demanderait aux États, aux organisations internationales, aux fédérations sportives et aux autres parties prenantes concernées de renforcer les mesures visant à mettre fin à de tels actes. 

En outre, elle condamnerait fermement le recours dans les structures éducatives à des programmes et à des discours didactiques qui promeuvent le racisme, la discrimination, la haine et la violence fondés sur l’origine ethnique, la nationalité, la religion ou la conviction.  Elle demanderait aux États d’adopter des mesures pour renforcer la liberté d’expression, qui peut jouer un rôle essentiel dans la promotion de la démocratie et la lutte contre les idéologies racistes et xénophobes fondées sur la notion de supériorité raciale. 

Lors de sa présentation, la Fédération de Russie a indiqué qu’à l’issue des consultations sur le projet de texte, un amendement oral a été ajouté au paragraphe 2 du dispositif, qui précise que l’Assemblée générale prendrait note du rapport que la Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée a établi pour faire suite à la demande qu’elle a formulée dans sa résolution 76/149.

Préalablement au vote sur le projet de résolution dans son ensemble, l’Australie a présenté le projet d’amendement A/C.3/77/L.52, par lequel l’Assemblée générale constaterait avec inquiétude que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et soulignerait qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Le projet d’amendement a été adopté par 63 voix pour, 23 voix contre et 65 abstentions. 

Déclarations et explications de vote sur le projet d’amendement

Avant le vote, lAustralie, qui avait initialement soumis deux projets d’amendement aux côtés du Japon, du Libéria et de la Macédoine du Nord, a tout d’abord indiqué qu’à la suite de la révision annoncée par la Fédération de Russie, le premier avait été retiré car il était devenu « redondant ».  Elle a par ailleurs précisé que le libellé de l’amendement maintenu est tiré du rapport de la Rapporteuse spéciale, lequel note avec inquiétude que la Fédération de Russie a essayé de justifier son invasion militaire de l’Ukraine en avançant l’élimination du néonazisme.  Il s’agit d’une réaction à l’instrumentalisation grave et évidente des droits humains par la Russie, a souligné la délégation.  C’est pourquoi, a-t-elle déclaré, « nous reprenons mot pour mot » le passage du rapport. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la République tchèque a rappelé que la lutte contre le racisme est un principe fondateur de l’UE qui, depuis 10 ans, prend une part active et constructive à cette résolution.  Le projet de texte présenté cette année s’inscrit, selon elle, « en contrepied » dans la mesure où la Fédération de Russie a supprimé le paragraphe qui prend note du rapport de la Rapporteuse spéciale.  La raison de la suppression de ce paragraphe est évidente et ne peut être justifiée par des raisons techniques, a-t-elle fait valoir.  En effet, le rapport prend note avec inquiétude que la Russie a justifié son invasion militaire de l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme.  Il s’agit pour la délégation d’une « instrumentalisation de préoccupations vives concernant les droits humains ».  L’utilisation sous forme de prétexte du néonazisme pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau, a déploré la délégation, qui a expliqué que pour toutes ces raisons, l’UE votera en faveur de l’amendement. 

À sa suite, la Macédoine du Nord et le Libéria ont estimé que cet amendement corrige l’interprétation de la résolution selon laquelle l’auteur a souhaité officiellement justifier son invasion pour procéder à ce qu’il appelle une « dénazification » de Ukraine.  Une telle position mine gravement les efforts de lutte contre le nazisme et le néonazisme, ont estimé les délégations, qui ont appelé à la mobilisation pour ne pas faire du projet de résolution une « arme de propagande » aux mains de l’agresseur.

Hostile à ce projet d’amendement, la Fédération de Russie a appelé à voter contre.  Rappelant qu’elle mène, d’année en année, des négociations ouvertes sur ce texte, elle a estimé que le but de l’amendement est de « politiser le sujet ».  Nous avons toujours été disposés à mener un dialogue et à aborder toute proposition constructive, a assuré la délégation.  Néanmoins, nous rejetons toute proposition visant à modifier l’essence ou la finalité de la résolution, dont l’objectif n’est pas de pointer du doigt, a-t-elle ajouté, relevant qu’il s’agit d’un texte thématique qui évoque des problèmes « transfrontières » concernant de nombreux pays du monde.  Cette position a également été soutenue par l’Azerbaïdjan

Avant le vote sur le projet de résolution dans son ensemble, tel que révisé oralement et amendé, l’Arménie, qui s’exprimait au nom de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), a indiqué que ce texte jouit d’un large soutien parmi les États membres de cette organisation, qui font front commun contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Ils le font grâce à la bravoure de leurs citoyens, qui, au prix de leurs vies, ont libéré les peuples d’Europe du nazisme, a-t-elle souligné, en s’élevant contre les « campagnes politiques » de certains pays qui visent à « réécrire l’histoire ». 

Le Canada et les États-Unis ont, de leur côté, exprimé leur opposition à ce projet de résolution qui vise, selon eux, à légitimer un discours basé sur la désinformation.  Ils ont été appuyés par le Japon et le Royaume-Uni, ce dernier constatant que le « régime de Putin » est en train de se livrer aux actes les plus dévastateurs, semblables à ceux de certains des pires régimes du XXe siècle.  Quant à l’Ukraine, elle a estimé que ce projet de texte n’a rien à voir avec l’intitulé de la résolution, mais est, au contraire, un prétexte utilisé par la Russie pour justifier sa guerre brutale contre son pays et les crimes abjects commis contre l’humanité.  La délégation y a vu le « comble de l’hypocrisie ». 

Après le vote du projet de résolution, le Mali s’est déclaré en faveur du texte, tout comme Singapour qui a cependant estimé qu’une question aussi importante ne doit pas être politisée, « ce qui est malheureusement le cas aujourd’hui ».  Le Venezuela, en tant que co-auteur de ce projet « opportun », a regretté l’amendement, qui, selon lui, ne contribue pas à l’objectif final.  Il s’est donc dissocié de ce passage, à l’instar du Nicaragua qui a regretté les tentatives visant à détourner l’attention de la lutte pour l’éradication de toutes ces idéologies néfastes et extrémistes. 

La Croatie a dit avoir voté contre ce texte « pour la première fois en 10 ans ».  Même remarque de l’Australie, qui a appelé à une approche plus inclusive pour lutter contre les formes contemporaines du racisme et de la xénophobie.  La Russie doit nouer un dialogue transparent autour de cette résolution, a-t-elle plaidé.  À son tour, la Slovénie a exprimé son rejet de l’approche défendue par le texte, de même que l’Islande, qui, au nom d’un groupe de pays, a rejeté une « instrumentalisation » destinée à justifier une agression contre un pays souverain.  Quant à la Suisse, qui s’est abstenue, elle a estimé que le projet de résolution ne reflète pas les formes les plus contemporaines de ces fléaux. 

Le Guatemala a ensuite dit avoir voté en faveur du projet de texte, tout comme Cuba, qui s’est dite pleinement engagée dans la lutte contre toutes les formes de nazisme et du néonazisme, y voyant « les manifestations les plus extrémistes de théories visant à mettre en place la suprématie d’une race ».  Abondant dans le même sens, Sri Lanka a regretté l’amendement au texte, avant de rejeter une approche ciblant un pays en particulier. 

La Fédération de Russie a remercié tous les États Membres qui ont voté en faveur d’une résolution « fondamentale pour le système des Nations Unies ».  Elle a ensuite condamné les manifestations les plus graves de glorification du nazisme, notamment la destruction de monuments érigés à la mémoire de ceux qui ont lutté contre le nazisme.  Pour la délégation, l’issue du scrutin n’a fait que confirmer que l’objectif de l’amendement était tout simplement d’empêcher l’adoption de la résolution.  Il ne s’agit pas d’une approche constructive, a-t-elle dénoncé, avant de se dissocier de l’ajout fait au texte.  À son tour, le Bélarus a rendu hommage à ceux qui ont permis au monde de « ne pas sombrer dans les abysses de la haine sous l’étendard du nazisme » et s’est également dissocié du paragraphe ajouté, tout comme le Vietnam, la Malaisie et l’Afrique du Sud, celle-ci estimant en outre que la Troisième Commission n’est pas le « forum idoine » pour examiner les droits humains dans des pays spécifiques.  Favorables au texte soumis par la Fédération de Russie, ces pays ont été rejoints par la République arabe syrienne et la Chine, également hostiles à l’amendement, ainsi que par le Burundi et l’Égypte.  Ces délégations, qui se sont portées co-auteurs du projet de texte, ont regretté que l’incorporation de l’amendement vienne « politiser » une résolution thématique.  L’Algérie a, pour sa part, indiqué avoir voté en faveur du texte dans son ensemble, mais s’être abstenue sur le projet d’amendement. 

Pour finir, Israël est revenu sur l’Holocauste, jugeant que la « plus sombre période de l’histoire du peuple juif » a démontré à quel point l’être humain peut être « vil au plan moral ».  C’est, hélas, un phénomène contemporain dont il est impératif d’identifier les racines profondes, a-t-il affirmé, appelant à la mobilisation des gouvernements et de la communauté internationale ainsi que des plateformes de réseaux sociaux.  La délégation a ajouté que, si elle s’est prononcée en faveur du texte, son vote ne doit pas être considéré comme un « feu vert » donné à un pays qui envahit un État souverain. 

Questions relatives aux droits humains, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits humains et des libertés fondamentales

Par le projet de résolution intitulé « Le droit à la vie privée à l’ère du numérique » (A/C.3/77/L.38), présenté par le Brésil et adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait à tous les États de respecter et de protéger le droit à la vie privée, tant en ligne que hors ligne, y compris dans le cadre des communications numériques et des technologies nouvelles et naissantes. 

Elle demanderait notamment aux États d’inviter toutes les parties concernées à examiner plus avant les conséquences que des phénomènes nouveaux, tels que la tendance à l’adoption généralisée des technologies de la chaîne de blocs et de réalité virtuelle et augmentée et le développement de neurotechnologies de plus en plus puissantes, ont sur l’exercice des droits à la vie privée et à la liberté d’opinion et d’expression si aucun garde-fou n’est prévu. 

Les États, de même que toutes les entreprises qui collectent, stockent, utilisent, échangent et traitent des données, seraient également appelés à redoubler d’efforts pour lutter contre la discrimination résultant de l’utilisation de systèmes d’intelligence artificielle. 

En adoptant ce texte, l’Assemblée générale engagerait les États et, le cas échéant, les entreprises à exercer systématiquement la diligence voulue en matière de droits humains tout au long du cycle de vie des systèmes d’intelligence artificielle qu’ils conceptualisent, conçoivent, mettent au point, déploient, vendent, obtiennent ou exploitent, notamment en effectuant de manière périodique et exhaustive des études d’impact sur les droits humains. 

Elle soulignerait par ailleurs qu’à l’ère numérique, les journalistes et les autres professionnels des médias doivent pouvoir disposer d’outils de chiffrement et de protection de l’anonymat pour être à même de pratiquer librement leur profession et d’exercer leurs droits humains, et demanderait aux États de ne pas empêcher les journalistes et les autres professionnels des médias d’utiliser de telles technologies. 

Déclaration générale et explications de position

Avant l’adoption du projet de résolution, l’Allemagne a estimé que le développement des technologies numériques peut indubitablement améliorer les vies.  Le « revers de la médaille » est que les populations sont de plus en plus exposées aux violations de leur droit à la vie privée, a-t-elle toutefois constaté, notant que ce défi est celui que tente de relever cette résolution depuis 2013.  Dans le projet de texte de cette année, qui est guidée par le principe que les droits humains doivent être protégés tant hors ligne qu’en ligne, la délégation a expliqué avoir demandé aux États Membres d’améliorer les garanties techniques, juridiques et éthiques, et à ne pas faire d’ingérence en cryptant ou en utilisant des outils d’anonymat.  En outre, elle a indiqué avoir pris note avec préoccupation que les outils développés par les acteurs privés pour des activités de surveillance et de brouillage des communications ont une interférence dans la vie privée et professionnelle des individus.  Cette résolution est un document-clef s’agissant de la protection des droits humains dans le monde numérique, a-t-elle souligné en conclusion. 

Après l’adoption du texte, les États-Unis ont expliqué se joindre au consensus car cette résolution réitère le droit à la vie privée et l’importance d’exercer le droit à la liberté d’opinion et de réunion, tel que prévu dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  La délégation a également réitéré son attachement à protéger les travaux des défenseurs des droits humains, tout en notant que les menaces pesant sur ces droits sont complexes et multidimensionnelles, en ligne et hors ligne.  Elle a souligné l’importance de travailler en coopération pour contrer les activités de surveillance à leur égard.  Par ailleurs, elle a indiqué que cette résolution s’inscrit dans la vision américaine concernant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, avant de rappeler que, selon l’article 17 de ce pacte, les parties ne sont pas obligées à prendre en compte le principe de proportionnalité dans la mise en œuvre de leurs obligations. 

Le Royaume-Uni s’est dit attaché au droit à la vie privé, renvoyant à l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  Il a salué le fait que les libellés du projet de texte respectent la nécessité d’inclure les personnes en situation de handicap. 

Prévention du crime et justice pénale

Aux termes du projet de résolution «Suite à donner au quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du quinzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale » (A/C.3/77/L.2), recommandé par le Conseil économique et social (ECOSOC), soumis par le présidence de la Troisième Commission et adopté sans vote, l’Assemblée générale inviterait les gouvernements à prendre en compte la Déclaration de Kyoto visant à faire progresser la prévention de la criminalité, la justice pénale et l’état de droit: vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adoptée par le quatorzième Congrès, dans l’élaboration de leur législation et de leurs directives. 

L’Assemblée générale déciderait de tenir le quinzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale en 2026, avec l’objectif de continuer à tenir un congrès tous les cinq ans, à la lumière du processus de suivi intensif que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale a entrepris pour veiller à l’application de la Déclaration de Kyoto. 

Elle inviterait les États Membres à présenter des suggestions concernant le thème général, les points de l’ordre du jour et les sujets des ateliers du quinzième Congrès, et prierait le Secrétaire général d’inclure ces suggestions dans le rapport sur la suite à donner au quatorzième Congrès et les préparatifs du quinzième Congrès dont la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sera saisie à sa trente-deuxième session. 

Le Secrétaire de la Troisième Commission a indiqué que les activités de préparation du quinzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale devraient accroître la charge de travail du Secrétariat en 2025 et 2026, ce qui entraînerait des répercussions sur le projet de budget-programme de ces années.  Il a toutefois relevé que la configuration du congrès proposé pourrait être révisée par rapport à celle des précédents congrès.  Dès lors, il a dit ne pas être en mesure d’examiner les ressources nécessaires.  Le projet de résolution A/C.3/77/L.2 n’a donc aucune incidence pour le budget-programme 2023, a-t-il précisé, ajoutant que les incidences budgétaires du texte seront examinées dans le projet de budget-programme des années concernées. 

En vertu du projet de résolution intitulé « Réduction de la récidive grâce à la réadaptation et à la réinsertion » (A/C.3/77/L.3), recommandé par le Conseil économique et social (ECOSOC), soumis par le présidence de la Troisième Commission et adopté sans vote, l’Assemblée générale encouragerait les États Membres à élaborer des stratégies ou des plans d’action globaux propres à réduire la récidive grâce à des interventions efficaces en faveur de la réadaptation et de la réinsertion des personnes délinquantes. 

L’Assemblée générale encouragerait notamment les États Membres à donner aux personnes délinquantes accès à des programmes de formation professionnelle et technique et à des programmes éducatifs afin de les aider à acquérir les aptitudes nécessaires à leur réinsertion.  Elle encouragerait aussi les États Membres à promouvoir des approches et des programmes de réadaptation dans leurs systèmes judiciaires habilités à traiter des questions sociales ou de santé mentale. 

L’Assemblée générale prierait par ailleurs l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime de convoquer la réunion d’un Groupe intergouvernemental d’experts à composition non limitée, en vue d’élaborer des stratégies types propres à réduire la récidive qui pourraient être utiles aux États Membres. 

Par le projet de résolution intitulé « Renforcer l’action menée aux niveaux national et international, y compris avec le secteur privé, pour protéger les enfants contre l’exploitation et les atteintes sexuelles » (A/C.3/77/L.4), recommandé par le Conseil économique et social (ECOSOC), soumis par le présidence de la Troisième Commission et adopté sans vote, l’Assemblée générale engagerait les États Membres à instaurer et à renforcer des partenariats et des dialogues public-privé avec les fournisseurs d’accès à Internet et de services en ligne afin de faciliter le recours à des services sûrs, qui ne compromettent pas la sécurité des enfants, et d’appliquer des mesures appropriées pour la détection et le signalement des actes d’exploitation sexuelle et des atteintes sexuelles en ligne visant les enfants.  Elle engagerait également les États Membres à prendre les mesures voulues pour restreindre l’accès aux contenus montrant des atteintes sexuelles sur enfants dans le cyberespace. 

L’Assemblée générale prierait instamment les États Membres d’incriminer toutes les formes d’exploitation et d’atteintes sexuelles visant les enfants et de mettre en place les outils voulus pour identifier les victimes, lutter efficacement contre l’exploitation et les atteintes sexuelles visant les enfants et traduire en justice les auteurs de telles infractions.  Elle prierait en outre les États parties au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, de respecter les obligations juridiques qu’ils ont contractées. 

Elle encouragerait aussi les États Membres à adopter des mesures législatives pour prévenir les violences et pour protéger les enfants contre de tels actes, notamment en envisageant de prévenir, de détecter, de signaler et de supprimer les contenus en ligne montrant des actes d’exploitation sexuelle et des atteintes sexuelles sur enfants. 

L’Assemblée générale engagerait par ailleurs les États Membres à échanger des informations sur leurs législations, politiques, procédures et pratiques nationales respectives, et à prendre conscience de la nécessité de disposer d’ensembles de données communs sur les contenus montrant des atteintes sexuelles sur enfants, tels que la base de données internationale sur l’exploitation sexuelle des enfants de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL). 

Enfin, elle demanderait à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime d’aider les États Membres qui le souhaitent à concevoir des stratégies et des mesures adaptées à l’âge et au genre pour prévenir et combattre l’exploitation et les atteintes sexuelles visant les enfants. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​La Première Commission achève ses travaux sur d’ultimes divergences autour de la revitalisation de la Conférence du désarmement

Soixante-dix-septième session,
31e séance plénière – matin
AG/DSI/3706

​​​​​​​La Première Commission achève ses travaux sur d’ultimes divergences autour de la revitalisation de la Conférence du désarmement

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a achevé, aujourd’hui, les travaux de sa soixante-dix-septième session de fond.  Avant de tirer le rideau sur une session tendue marquée par l’adoption de 74 projets de résolution et de décision et plus de 510 interventions au cours des débats général et thématique, les délégations se sont prononcées notamment sur des textes relatifs au désarmement régional et au mécanisme du désarmement.  Ce dernier a été l’occasion d’un nouvel affrontement entre pays occidentaux et Fédération de Russie à propos du rapport de la Conférence du désarmement, à l’image d’une session lors de laquelle seuls 28 des 75 textes proposés ont été adoptés sans vote –un a été rejeté- et marquée par l’exercice de plus de 135 droits de réponse, sans compter les reprises. 

Adopté traditionnellement sans vote, le projet de résolution sur le rapport annuel de la Conférence du désarmement -principale instance de négociation des traités multilatéraux mais à l’arrêt depuis plus de deux décennies faute d’accord sur son programme de travail- a dû, cette année, être mis aux voix.  En cause: une proposition tardive d’amendement de la Fédération de Russie qui a divisé les délégations et donné lieu à une trentaine d’interventions.  La Fédération de Russie insistait pour insérer dans le rapport un fragment de phrase par laquelle l’Assemblée générale aurait pris note des discussion « à l’ordre du jour » de la Conférence, ce qui éliminait les autres discussions liées à l’actualité internationale.  Les délégations occidentales s’y sont opposées, y voyant une nouvelle tentative d’obstruction et d’atteinte grave au consensus.  L’amendement russe a été rejeté dans la division, par 57 voix contre, 30 pour et 61 abstentions.  Aux termes du projet de résolution, finalement adopté par 157 voix pour et 12 abstentions, dont celle de la Fédération de Russie, l’Assemblée générale « prierait la présidence de la Conférence de coopérer avec les États membres de la Conférence en vue de faire en sorte que celle-ci commence rapidement ses travaux de fond, notamment les négociations, à la session de 2023 ». 

C’est en vue de permettre cette reprise des négociations à Genève qu’a été présenté un projet de résolution demandant l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  La France, les États-Unis ou encore le Canada ont appelé les délégations à le soutenir, estimant que plus rien ne s’oppose au démarrage immédiat de négociations sur un tel traité.  Ils ont par ailleurs rejeté un amendement de l’Iran, qui a été lui aussi considéré comme une tactique pour bloquer la reprise des travaux de fond de la Conférence du désarmement.  Le projet de résolution a finalement été adopté par 169 voix, seuls le Pakistan, la Chine et la République islamique d’Iran votant contre. 

Les délégations ont en outre adopté sans opposition un projet de résolution sur le renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée.  Seuls Israël et les États-Unis se sont abstenus, le représentant israélien déplorant un libellé qui ne mentionne pas les principales menaces à la sécurité dans la région, l’Iran et la Syrie.  Le délégué iranien, qui a rappelé que le texte ne porte pas sur le Moyen-Orient, a quant à lui regretté qu’il ne signale pas que le régime israélien est la principale source de danger sécuritaire en Méditerranée.  Le projet de résolution demande en l’état à tous les pays de la région de la Méditerranée d’adhérer aux instruments juridiques pertinents relatifs au désarmement et à la non-prolifération issus de négociations multilatérales, de manière à créer les conditions nécessaires au renforcement de la paix et de la coopération dans la région.

La Commission, cette année encore, a adopté sans vote des projets de résolution saluant les activités des centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement et appelant à leur financement pérenne.  Par ailleurs, les délégations ont approuvé son programme de travail pour 2023, qui prévoit 28 séances de fond entre le 2 octobre et le 3 novembre, précédées d’une séance d’organisation le 28 septembre. 

À l’issue de cette dernière séance, le Kazakhstan, l’Égypte, l’Inde, la Chine et le Brésil ont salué les efforts déployés par la présidence qui, dans la difficulté et un contexte parfois houleux, a su diriger les travaux de main de maître pour que des mesures importantes puissent être prises pour renforcer le mécanisme onusien du désarmement. 

Réagissant à ces déclarations, le Président de la Première Commission, M. Mohan Pieris, Ambassadeur de Sri Lanka, a tenu à rappeler le rôle critique que tient toujours cette instance multilatérale pour répondre aux défis sécuritaires au maintien de la sécurité internationale.  « Face aux obstacles dressés devant nous, la Commission a fait des progrès importants en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires ou encore de cybersécurité », a-t-il déclaré.  « Nos capacités sont intactes pour relever ces défis et nous devons trouver les ressources pour que l’ONU soit de nouveau en mesure de changer la donne », a-t-il ajouté, appelant à ne pas se résoudre au rôle de plus en plus marginal qu’on prête à l’Organisation pour apporter des solutions à la « déliquescence de l’ordre international ».

« Nous sommes des diplomates, mais d’abord des femmes et des hommes épris de paix qui, de par notre nature profonde, avons besoin les uns des autres.  Il faut rallumer la flamme de la paix et de la vie, pour que nos travaux vaillent la peine d’être menés et contribuent à un monde plus sûr », a conclu M. Mohan Pieris.

DÉCISION SUR TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION DÉPOSÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Groupe thématique 6 – Désarmement régional et sécurité

Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est

Aux termes du projet de décision « Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est » (A/C.1/77/L.12), adopté sans vote, l’Assemblée générale déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-neuvième session la question intitulée « Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est ».

Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée

Aux termes du projet de résolution intitulé « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée » (A/C.1/77/L.24), adopté par 172 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale réaffirmerait que la sécurité de la région de la Méditerranée est étroitement liée à la sécurité de l’Europe, ainsi qu’à la paix et à la sécurité internationales.  Elle Inviterait les pays méditerranéens à consolider leur action pour contribuer activement à éliminer toutes les causes de tension dans la région et à résoudre de manière juste et durable, par des moyens pacifiques, les problèmes qui perdurent.  Elle demanderait à tous les pays de la région de la Méditerranée d’adhérer aux instruments juridiques pertinents relatifs au désarmement et à la non-prolifération issus de négociations multilatérales, de manière à créer les conditions nécessaires au renforcement de la paix et de la coopération dans la région.  Elle les engagerait à renforcer davantage leur coopération dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, y compris le risque d’utilisation d’armes de destruction massive par des terroristes.

L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de lui présenter à sa soixante-dix-huitième session un rapport sur les moyens de renforcer la sécurité et la coopération dans la région de la Méditerranée.

Votes séparés

Paragraphe 2 du dispositif: adopté par 166 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et zéro abstention

Paragraphe 5 du dispositif: adopté par 165 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et zéro abstention

Désarmement régional

Aux termes du projet de résolution « Désarmement régional » (A/C.1/77/L.33), adopté sans vote, l’Assemblée générale soulignerait que des efforts soutenus sont nécessaires, dans le cadre de la Conférence du désarmement et sous les auspices de l’ONU, pour progresser sur toutes les questions de désarmement; elle affirmerait que les approches mondiale et régionale du désarmement sont complémentaires et qu’elles doivent donc être suivies simultanément pour promouvoir la paix et la sécurité régionales et internationales.

L’Assemblée générale demanderait aux États de conclure, chaque fois qu’ils le pourront, des accords sur la non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement et les mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional.

Elle accueillerait avec satisfaction les initiatives que certains pays ont prises aux niveaux régional et sous-régional en faveur du désarmement, de la non-prolifération des armes nucléaires et de la sécurité.  Elle soutiendrait les efforts visant à promouvoir des mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional afin d’apaiser les tensions régionales et de faire progresser à ces deux niveaux le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires.

Adoption de mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional

Aux termes du projet de résolution intitulé « Adoption de mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional » (A/C.1/77/L.34), adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux États Membres de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, dans le respect des buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies; elle réaffirmerait qu’elle tient à ce que les différends soient réglés par des moyens pacifiques comme le veut le Chapitre VI de la Charte. 

L’Assemblée générale demanderait instamment aux États de respecter rigoureusement tous les accords bilatéraux, régionaux et internationaux auxquels ils sont partie, y compris les accords de maîtrise des armements et de désarmement.  Elle soulignerait que les mesures de confiance doivent avoir pour objet de contribuer à renforcer la paix et la sécurité internationales et être conformes au principe d’une sécurité non diminuée au niveau d’armement le plus bas.  Elle préconiserait la promotion, avec l’assentiment et la participation des parties concernées, de mesures de confiance bilatérales et régionales destinées à prévenir les conflits et à empêcher l’éclatement fortuit et non intentionnel d’hostilités.

L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-dix-huitième session, un rapport exposant les vues des États Membres sur l’adoption de mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional.

Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous‑régional

Aux termes du projet de résolution intitulé « Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous‑régional » (A/C.1/77/L.35), adopté par 174 voix pour, une contre (Inde) et une abstention (Fédération de Russie), l’Assemblée générale demanderait à la Conférence du désarmement d’envisager de formuler des principes susceptibles de servir de cadre à des accords régionaux sur la maîtrise des armes classiques, et attendrait avec intérêt un rapport de la Conférence portant sur ce sujet.  Elle prierait le Secrétaire général de s’enquérir entre-temps des vues des États Membres sur ce sujet et de lui présenter un rapport à sa soixante-dix-huitième session.

Votes séparés

Alinéa 7 du préambule: adopté par 166 voix pour et 2 voix contre (Fédération de Russie et Inde) et une abstention (Pologne)

Paragraphe 2 du dispositif: adopté par 115 voix pour, une voix contre (Inde) et 49 abstentions

Explications de vote après le vote

La Fédération de Russie a indiqué s’être abstenue sur le projet de résolution L.35, ne pouvant pas accepter un libellé qui rappelle un accord de 1997 sur les armes classiques en Europe « qui a depuis longtemps perdu toute efficacité ».  Pour la Fédération de Russie, il n’est par ailleurs pas opportun de discuter de ces armes à la Conférence du désarmement, la meilleure instance pour cela étant la Commission du désarmement. 

Israël a estimé que le projet de résolution L.24, sur lequel il s’est abstenu, ne reflète pas la réalité en matière de sécurité au Moyen-Orient, puisqu’il ne fait pas référence aux menaces posées par l’Iran ou la Syrie. 

L’Inde a expliqué avoir voté contre le projet de résolution L.35, la vocation de la Conférence du désarmement étant de négocier des accords de désarmement internationaux par consensus.  Elle n’a pas à établir de principes généraux sur certaines armes ou doctrines de défense régionales ou intrarégionales. 

La République islamique d’Iran a indiqué avoir voté pour le projet de résolution L.24, même s’il ne souligne pas que la source du danger sécuritaire numéro un dans la région est représentée par le régime israélien, car il porte sur toute la région de la Méditerranée, et non sur le Moyen-Orient, ce qu’Israël ne semble pas comprendre. 

Groupe thématique 7 - Mécanisme pour le désarmement

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que le Mécanisme du désarmement est une plateforme de négociations essentielle.  En vue de sortir de l’impasse, la Russie s’efforce de travailler sur la Convention sur les armes biologiques et à toxines.  La Conférence du désarmement continue d’être saisie par les demandes de la Russie et de la Chine sur la prévention de la menace de l’utilisation de la force dans l’espace.  Hélas, en dépit d’avancées et de discussions, les Occidentaux ont entraîné l’annulation de tous ces efforts.  La campagne antirusse des États-Unis a sapé le travail de la Conférence, cela était clair dans les travaux des organes subsidiaires.  Au lieu de mener un dialogue de fond, ce fut une succession d’accusations sans fondement de leur part.  La Conférence du désarment a été tenue en otage du fait des seuls objectifs spécifiques des Occidentaux.  Cela est dû au fait qu’ils ne sont pas disposés à la mise en œuvre des décisions de la Première sessions extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au développement, s’agissant de la mise en place d’une nouvelle plateforme de négociations. 

Les Occidentaux font une fois encore cavalier seul, avec ce principe de « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous », a accusé le représentant.  Le règlement intérieur et la règle du consensus de la Conférence du désarmement ont été violés sans vergogne, a-t-il ajouté, estimant que le projet de résolution L.25, pourtant technique et consensuel, a été sapé par les Occidentaux.  Cela est dû à la présidence de l’Équateur, qui a soumis ce document à la Première Commission en connaissance de cause, en sachant pertinemment qu’il ferait l’objet d’un vote, a poursuivi le représentant.  Le consensus a été sapé dès le début du processus, alors que la Russie avait pourtant proposé de nombreux libellés alternatifs.

Le représentant a proposé d’ajouter, après le mot « discussions » au paragraphe 5 du dispositif du projet de résolution L.25, la formule « prend note d’autres discussions sur les points à l’ordre du jour de la conférence du désarmement tenue lors de la session de 2022 ».  Cet amendement n’a qu’un objectif: maintenir l’intégrité des travaux, a affirmé le représentant. 

Le représentant du Canada, en collaboration avec l’Allemagne et les Pays-Bas, a présenté le projet de résolution L.47, relatif au projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Le projet de cette année reconnaît les moratoires volontaires adoptés par certains États, a-t-il expliqué.  Plus que jamais, ceci constitue une étape pour instaurer la confiance, a relevé le représentant qui a ensuite critiqué « l’amendement hostile » de l’Iran (L.77) sur le paragraphe 1 du dispositif du projet L.47.

Le représentant du Cameroun, au nom de l’Afrique centrale, a présenté le projet sur les mesures de confiance à l’échelle régionale en Afrique centrale.  Le groupe a précisé que le projet était destiné à consolider les cadres normatifs pour la paix dans la sous-région.

Le représentant de l’Équateur a présenté le projet de résolution L.25 (Rapport de la Conférence du désarmement), qui contient le rapport annuel de la Conférence, instance qu’il préside actuellement.  Il a aussi, en sa capacité nationale, déploré la paralysie persistante de la Conférence, partageant la frustration de nombreuses délégations pendant les débats. 

Le Brésil a appuyé les propos de l’Équateur, appelant les États à prendre des mesures pour sauver la Conférence.  Le Brésil votera pour le projet de résolution. 

L’Égypte a regretté que le projet de résolution L.25 ne soit pas adopté par consensus cette année, en raison de la situation sécuritaire internationale.  Elle votera sur le texte dans son ensemble. 

L’Union européenne, sur ce même texte, a dit souhaiter que soit renforcé le travail de fond à la Conférence du désarmement, qui doit redevenir une instance décisive du désarmement internationale.  Il faut en particulier lancer sans délais des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires à la Conférence, pour la sortir de sa paralysie et avancer concrètement sur la voie d’un monde plus sûr.  L’Union européenne appelle à la nomination de toute urgence d’un coordonnateur spécial sur l’élargissement de la composition de la Conférence et souligne l’importance de sa féminisation.  La Russie attente à la règle du consensus à Genève comme ici avec son amendement, poursuivant une politique d’obstruction et de réécriture de l’Histoire, qui ne devrait plus avoir d’incidence sur le désarmement multilatéral. 

La Fédération de Russie a repris la parole pour rejeter les déclarations incorrectes de plusieurs délégations, répétant qu’à la Conférence du désarmement c’est l’Ukraine qui a violé le règlement de certaines séances en modifiant l’ordre du jour, notamment celle du 3 mars dernier. 

La République islamique d’Iran a indiqué qu’elle avait présenté un amendement (L.77) au projet de résolution L.47 pour contribuer à un monde exempt d’armes nucléaires, contrairement à ce que suggère le Canada.  Cet amendement est un libellé consensuel tiré d’un document final d’une conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et n’a donc pas pour but de diviser ou de bloquer nos travaux.  Le Pakistan a réagi en déclarant que, malgré les efforts de l’Iran, le texte n’est toujours pas acceptable pour sa délégation.  La Pakistan votera contre ce texte L.47 dans son ensemble, qui refuse toujours de se pencher sur la question des stocks de matières fissiles. 

Le Canada, au nom également de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que ces pays voteraient contre l’amendement de la Russie sur le projet de résolution L.25, pour les raisons invoquées dans la déclaration générale du représentant canadien sur le texte.  Pour ces trois pays, les obstructions russes ne sauraient empêcher que la Conférence du désarmement négocie des traités, parle de son agression brutale et illégale contre l’Ukraine ou encore de la féminisation de cette instance

Les États-Unis ont regretté l’amendement oral au paragraphe 5 du projet L.25, présenté par la Russie à la dernière minute.  Quand les États-Unis avaient proposé un amendement à cet amendement, la Russie avait menacé de bloquer toute discussion, et les États-Unis n’avaient pas insisté devant tant d’entêtement.  Ils ont évoqué l’invasion russe en Ukraine et appelé tous les États Membres à rejeter l’amendement proposé par la Fédération de Russie.

L’Afrique du Sud, au sujet du projet L.47, a exprimé sa déception, car ses contributions à la discussion pour plus d’inclusivité n’ont pas été prises en compte dans le texte. 

L’Ukraine a expliqué les raisons de ses votes contre l’amendement au paragraphe 5 du projet L.25 et contre le projet L.25 dans son ensemble.  L’agression russe contre l’Ukraine ne figure pas dans le document tel quel, ni la question de la cybersécurité.  Le libellé actuel du paragraphe 5 n’est pas parfait donc, mais le libellé serait encore plus restreint si l’on y ajoutait l’amendement russe.

Le Brésil, s’agissant du projet L.47, a évoqué les quelque 1 400 tonnes métriques d’uranium enrichi détenues par les États Membres dotés d’armes nucléaires, alors qu’il n’en faut que quelques kilos pour fabriquer une ogive.  Le Brésil a procédé à des calculs inquiétants quant au potentiel de destruction de tout cet uranium enrichi déjà existant.  Il a estimé que les approches n’abordant pas la question du désarmement en parallèle de la non-prolifération seraient vouées à l’échec.

La Chine a loué son propre rôle dans le travail de la Conférence sur le désarmement mais a aussi évoqué les difficultés rencontrées depuis le début de l’année.  Le rapport annuel de la Conférence du désarmement fait l’objet de grandes divergences entre États Membres, et la Chine est en désaccord avec les États Membres critiquant l’utilité de la Conférence.  La Chine votera pour l’amendement russe et l’ensemble du projet.

La France s’est expliquée en son nom et au nom du Royaume-Uni et des États-Unis au sujet du projet L.47.  Les trois pays, puissances nucléaires, sont déterminés à poursuivre une approche graduelle et sécurisée en matière de désarmement nucléaire.  Un monde nucléaire n’est imaginable qu’avec l’arrêt de la production de matières fissiles.  Pour les trois pays, le projet de résolution accomplit un pas dans la bonne direction.  La Conférence est le lieu idoine pour en discuter avant l’adoption du traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. 

La République arabe syrienne a loué le rôle et le travail de la Conférence du désarmement, mais a déploré que certains pays utilisent des projets pour marquer des points politiques, dans un esprit égoïste.  La Syrie a souffert de la politisation de la Conférence ces dernières années et de sa prise en otage par des questions n’ayant rien à voir avec le mandat de la Conférence.  Au vu des circonstances actuelles, la Syrie appuiera la proposition russe d’amendement du paragraphe 5 du projet L.25.

Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement

Par ce projet de résolution intitulé « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement » (A/C.1/77/L.6), adopté sans vote, l’Assemblée générale, rappelant que le Groupe de travail à composition non limitée sur la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement a mené à bien ses travaux consistant à examiner les objectifs et l’ordre du jour de la quatrième session extraordinaire et à adopter par consensus un rapport et des recommandations de fond, encouragerait les États Membres à poursuivre les consultations sur les prochaines étapes menant à la convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.

Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement

Aux termes du projet de résolution intitulé « Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement » (A/C.1/77/L.9) et adopté sans vote, l’Assemblée générale réaffirmerait que, dans l’optique de résultats concrets, il est utile que les trois centres régionaux exécutent des programmes d’information et d’éducation visant à promouvoir la paix et la sécurité régionales et à modifier les attitudes fondamentales à l’égard de la paix, de la sécurité et du désarmement, afin de favoriser la réalisation des buts et principes des Nations Unies.

L’Assemblée générale engagerait les États Membres de chaque région qui sont en mesure de le faire, ainsi que les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à verser des contributions volontaires aux centres régionaux situés dans leur région afin qu’ils puissent mener davantage d’activités et d’initiatives.  Elle prierait aussi le Secrétaire général de fournir aux centres régionaux, dans la limite des ressources existantes, tout l’appui dont ils ont besoin pour exécuter leurs programmes d’activité.

Rapport de la Commission du désarmement

Aux termes du projet de résolution intitulé « Rapport de la Commission du désarmement » (A/C.1/77/L.21) adopté sans vote, l’Assemblée générale prendrait note du rapport de la Commission du désarmement.  Elle réaffirmerait qu’il importe de renforcer encore le dialogue et la coopération entre la Première Commission, la Commission du désarmement et la Conférence du désarmement, noterait que cela fait cinq sessions que la Commission du désarmement ne lui a pas présenté de recommandations et encouragerait donc une revitalisation des travaux de celle-ci au cours du cycle triennal actuel. 

L’Assemblée générale prierait la Commission du désarmement de poursuivre ses travaux conformément au mandat qu’elle lui a confié, et de tenir une session de fond en 2023 pendant trois semaines au plus, à savoir du 3 au 21 avril, et une session d’organisation au début de 2023 préalablement à la tenue de la session de fond, afin d’élire les membres de son bureau et de régler les autres questions d’organisation qui ne l’ont pas encore été, et de lui présenter un rapport de fond à sa soixante-dix-huitième session.

Conférence du désarmement

Aux termes du projet de résolution intitulé « Conférence du désarmement » (A/C.1/77/L.25) et adopté par 157 voix pour et 12 abstentions tel que présenté initialement, l’Assemblée générale se féliciterait de l’appui sans réserve que les ministres des affaires étrangères et d’autres hauts responsables ont témoigné à la Conférence du désarmement pendant sa session de 2022 tout en prenant note de leur préoccupation face à l’impasse dans laquelle elle se trouve encore, et tiendrait compte du fait qu’ils ont demandé une plus grande souplesse afin que la Conférence puisse entamer ses travaux de fond sans plus tardé. 

L’Assemblée générale prendrait note avec satisfaction de la décision de la Conférence du désarmement du 22 février 2022, concernant la création, pour la session de 2022, d’organes subsidiaires chargés de chacun des points 1 à 4 de l’ordre du jour et d’un organe subsidiaire chargé des points 5, 6 et 7, et de l’adoption par la Conférence des rapports de fond des organes subsidiaires 3 et 5.  Elle prendrait note des autres discussions tenues au cours de la session 2022.

L’Assemblée générale prierait la présidence actuelle de la Conférence du désarmement et celles qui lui succéderont de coopérer avec les États membres de la Conférence en vue de faire en sorte que celle-ci commence rapidement ses travaux de fond, notamment les négociations, à la session de 2023.  Elle estimerait qu’il importe de poursuivre, en 2023, les consultations sur la question de l’élargissement de la composition de la Conférence du désarmement.  Elle prierait la Conférence du désarmement de lui présenter, à sa soixante-dix-huitième session, un rapport sur ses travaux.

Votes séparés

La Fédération de Russie a présenté un amendement au paragraphe 5 du dispositif visant à le modifier ainsi: L’Assemblée générale prendrait note des autres discussions « sur les questions figurant à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement » tenues au cours de la session 2022.  L’amendement a été rejeté par 57 voix contre, 30 voix pour et 61 abstentions. 

Paragraphe 5 du dispositif (version initiale maintenue): adopté par 101 voix pour, 6 voix contre (Afrique du Sud, Bélarus, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua et République arabe syrienne) et 46 abstentions

Mesures de confiance à l’échelon régional: activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale

Aux termes de la version actualisée en 2022 du projet de résolution intitulé « Mesures de confiance à l’échelon régional: activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale » (A/C.1/77/L.28), adopté sans vote tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale se féliciterait de l’adoption par les experts à Kinshasa, le 24 juin 2022, du projet de stratégie régionale et de plan d’action pour la prévention et la lutte contre les discours de haine dans les supports de communication écrite, audiovisuelle et numériques en Afrique centrale, et encouragerait son endossement politique dans les meilleurs délais par les États membres du Comité consultatif permanent en vue de développer une approche commune aux pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale pour déconstruire ces discours et promouvoir le vivre-ensemble.  L’Assemblée générale déciderait d’évaluer tous les trois ans l’action du Comité consultatif permanent sous l’angle de la pertinence et de l’efficacité afin d’arrimer son champ de compétence aux constantes mutations de l’environnement institutionnel et nombreux défis qui interpellent l’Afrique centrale.

Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique

Aux termes du projet de résolution intitulé « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique » (A/C1/77/L.31) adopté sans vote, l’Assemblée générale féliciterait le Centre du soutien constant qu’il apporte aux États Membres dans la mise en œuvre d’activités de désarmement, de maîtrise des armements et de non-prolifération.  Elle saluerait les efforts accomplis par le Centre pour promouvoir le rôle et la représentation des femmes dans les activités de désarmement, de non-prolifération et de maîtrise des armements.

L’Assemblée générale inviterait les États Membres et les autres parties prenantes bilatérales et multilatérales à continuer de donner au Centre les moyens d’apporter aux États Membres d’Afrique une assistance adéquate en matière de maîtrise des armements et de désarmement du point de vue de la sécurité humaine, en particulier dans les domaines suivants de la maîtrise des armements: la prévention de l’extrémisme violent; les jeunes et la paix et la sécurité; les femmes et la paix et la sécurité.  Elle exhorterait tous les États, ainsi que les fondations et organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, à verser des contributions volontaires afin de permettre au Centre de mener ses programmes et ses activités et de répondre aux besoins des États d’Afrique.  Elle exhorterait également les États membres de l’Union africaine, en particulier, à verser des contributions volontaires au fonds d’affectation spéciale pour le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, conformément à la décision prise par le Conseil exécutif de l’Union africaine à Khartoum en janvier 2006.  Enfin, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer à fournir au Centre l’appui dont il a besoin pour renforcer son action et ses résultats

Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique

Aux termes du projet de résolution intitulé « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique » (A/C.1/77/L.37) adopté sans vote, l’Assemblée générale exprimerait sa satisfaction au sujet des activités menées par le Centre régional durant l’année écoulée.  L’Assemblée générale exprimerait sa gratitude au Gouvernement népalais pour sa coopération et son appui financier, grâce auxquels le Centre peut opérer à partir de Katmandou.  Elle soulignerait l’importance que revêt le processus de Katmandou comme moyen de développer les concertations régionales sur la sécurité et le désarmement.

Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes

Aux termes du projet de résolution intitulé « Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes » (A/C1/77/L.44), adopté sans vote, l’Assemblée générale réaffirmerait son ferme attachement au rôle que joue le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes pour ce qui est de relayer dans ses États Membres les activités que mène l’ONU aux niveaux régional et sous-régional en vue de renforcer la paix, le désarmement, la stabilité, la sécurité et le développement.  Elle inviterait tous les États de la région à continuer de s’associer aux activités du Centre, en participant à l’élaboration de son programme d’activité et en optimisant les moyens dont il dispose pour aider à résoudre les difficultés que la communauté internationale rencontre actuellement, en vue d’atteindre les objectifs de paix, de désarmement et de développement énoncés dans la Charte des Nations Unies.  L’Assemblée générale engagerait le Centre à continuer de mettre en place des activités, dans tous les pays de la région, dans les domaines importants que sont la paix, le désarmement et le développement, et à aider les États Membres de la région, à leur demande et conformément à son mandat, à mettre en œuvre au niveau national les instruments applicables, notamment le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et le Traité sur le commerce des armes, ainsi que le programme 1540 relatif à la non-prolifération des armes de destruction massive.

Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires

Aux termes du projet de résolution intitulé « Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires » (A/C.1/77/l.47), adopté dans son ensemble par 169 voix pour, 3 voix contre (Chine, Iran et Pakistan) et 7 abstentions (Cuba, Égypte, Fédération de Russie, Israël, Nicaragua, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée), l’Assemblée générale prierait instamment la Conférence du désarmement d’ouvrir immédiatement des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

Elle demanderait aux États Membres d’apporter des contributions innovantes dans toutes les instances formelles et informelles appropriées afin de faciliter des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

Elle demanderait aux États qui possèdent des armes nucléaires de déclarer, s’ils ne l’ont pas déjà fait, et d’appliquer un moratoire volontaire sur la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

Votes séparés

Alinéa 3 du préambule: adopté par 155 voix pour, une contre (Pakistan) et 9 abstentions (Chine, Djibouti, Fédération de Russie, Iran, Israël, République arabe syrienne, République populaire démocratique de Corée, Serbie et Soudan)

Alinéa 6 du préambule: adopté par 157 voix pour, 2 contre, (Chine et Pakistan) et 7 abstentions (Cuba, Inde, Iran, Israël, Nicaragua, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée)

Paragraphe 1 du dispositif: adopté par 151 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et Pakistan) et 10 abstentions

Paragraphe 2 du dispositif: adopté par 157 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et Pakistan) et 8 abstentions (Bélarus, Cuba, Égypte, Iran, Israël, Nicaragua, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée)

Paragraphe 3 du dispositif: adopté par 139 voix pour, 9 contre (Algérie, Chine, Égypte, Inde, Jordanie, Libye, Nigéria, Pakistan et Tunisie) et 17 abstentions

Rejet préalable d’un amendement

L’amendement A/C.1/77/L.77, proposé par la République islamique d’Iran, prévoyait d’ajouter à la fin du premier paragraphe du dispositif l’expression « en prenant en considération aussi bien les objectifs de désarmement nucléaire que les objectifs de non-prolifération nucléaire ».  Il a été rejeté par 49 voix contre, 34 voix pour et 59 abstentions.

Explications de vote après le vote

Cuba a dit avoir voté en faveur du projet de résolution L.25, conformément à son engagement vis-à-vis de la Conférence du désarmement, dont le consensus est l’élément essentiel.  Cuba regrette que la version du texte cette année ait été polluée par des éléments polémiques.  Par ailleurs, Cuba s’est abstenue sur le projet de résolution L.47, un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires qui n’engloberait pas les matières existantes n’étant pas suffisant.  C’est pourquoi Cuba a voté en faveur de l’amendement présenté par l’Iran sur ce texte. 

L’Indonésie a indiqué avoir voté en faveur du projet de résolution L.25, pour que le mécanisme de désarmement fonctionne de nouveau à plein.  Elle a ajouté avoir également appuyé le projet de résolution L.47, appelant à l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires équitable servant les intérêts du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  L’Inde a indiqué avoir elle aussi appuyé le projet de résolution L.25 et le projet de résolution L.47 pour ces mêmes raisons, ajoutant toutefois que son pays ne soutient pas l’instauration d’un moratoire sur les matières fissiles. 

L’Autriche s’est abstenue sur le projet de résolution L.25, souhaitant que le texte soit de nouveau adopté sans vote l’an prochain et non plus pris en otage à des fins politiques. 

La République islamique d’Iran a remercié les délégations ayant appuyé son amendement sur le projet de résolution L.47, ajoutant qu’elle n’avait pas pu voter en faveur du texte dans son ensemble, ses principaux auteurs ayant refusé toute proposition de rééquilibrage.  La République islamique d’Iran a en outre regretté que certains comportements à la Première Commission alimentent les blocages à la Conférence du désarmement. 

L’Égypte s’est abstenue sur le projet de résolution L.47 dans son ensemble, le texte envisageant un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires qui ne serait qu’un instrument de non-prolifération de plus, puisque n’incluant pas les stocks existants, et partant, ne pouvant contribuant à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires. 

La Nouvelle-Zélande a appuyé le projet de résolution L.47 dans son ensemble, convaincue qu’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires doit être exhaustif.  La représentante a regretté les appels à des conditions pour démarrer des négociations à la Conférence du désarmement. 

Le Mexique a dit avoir appuyé le projet de résolution L.47. 

Au sujet du projet de résolution L.47, l’Algérie a expliqué que le traité qu’elle souhaite voir adopté devra mener à l’élimination complète des armes nucléaires, y compris les stocks existants.  En raison des préoccupations soulevées par le nouveau libellé du paragraphe 3 du dispositif, l’Algérie a voté contre ce paragraphe mais en faveur du projet dans son intégralité.

La République de Corée, en son nom et en celui de l’Australie, a jugé regrettable que le consensus ne puisse être atteint cette année à propos de la Conférence du désarmement.  Le mandat de la Conférence du désarmement ne doit être en aucune circonstance être remis en question, même dans le contexte actuel de l’invasion russe en Ukraine.  La République de Corée, qui a voté pour le texte, juge extrêmement regrettable le dépôt projet d’amendement russe quelques heures seulement avant le vote du projet L.25. 

La Suisse a voté pour le projet L.25, mais s’est dite préoccupée que le consensus n’ait pas été trouvé, pour la première fois depuis 1979.

La Fédération de Russie a relevé, au sujet du projet L.47, que les discussions doivent être menées dans le cadre du programme de travail sur le désarmement.  La position russe est que les tentatives de débat allant au-delà du mandat de la Conférence du désarmement pourraient empêcher les négociations.  La Russie s’est abstenue sur le Projet L.25 et a l’intention d’user de son droit de réponse à la suite d’accusations infondées lancées à son encontre. 

La Chine a reproché aux pays occidentaux, auteurs du projet L.47, d’avoir apporté des amendements troublants, notamment au premier paragraphe, que la Chine juge parfaitement équilibré tel quel.  La Conférence du désarmement, en tant qu’instance de négociations du projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, a été biffée, comme si un nouvel outil pouvait être créé à sa place.  La Conférence est pourtant la seule instance de négociation idoine sur cette question. 

Israël, qui s’est abstenu sur le projet de résolution L.47, a jugé qu’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires pourrait faire partie d’un nouveau dispositif de sécurité au Moyen-Orient.  Hélas, a ajouté le en particulier, les conditions préalables sont loin d’exister.

L’Irlande a dit s’être abstenue sur le projet de résolution L.25, car elle estime qu’il ne reflète pas la crise que traverse la Conférence du désarmement. 

La Malaisie a appelé les États à veiller à éviter une érosion « fatale » de la Conférence du désarmement, ajoutant qu’elle avait voté en faveur du projet de résolution L.25 dans son ensemble. 

L’Argentine a estimé que le libellé du projet de résolution L.47 prête à confusion sur les conditions de démarrage de négociations pour un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  C’est pourquoi elle s’est abstenue sur ce texte.

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé son effort constant pour éviter toute politisation des débats.  Il a en outre relevé que le projet de résolution L.25, en dépit de ce qui a été dit des agissements de son pays par les Occidentaux, n’a pas été adopté par une majorité totale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité, en même temps que l’Assemblée générale, élit M. Leonardo Brant, du Brésil, juge à la Cour internationale de Justice

9182e séance - matin
CS/15097

Le Conseil de sécurité, en même temps que l’Assemblée générale, élit M. Leonardo Brant, du Brésil, juge à la Cour internationale de Justice

Ce matin, le Conseil de sécurité a élu, simultanément avec l’Assemblée générale, M. Leonardo Nemer Caldeira Brant, du Brésil, au poste de juge à la Cour internationale de Justice (CIJ), pour remplacer son compatriote, Antônio Augusto Cançado Trindade, décédé le 29 mai dernier.  Son mandat, qui prend effet immédiatement, s’achèvera le 5 février 2027.

Le Statut de la CIJ stipule que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité procèdent indépendamment l’un de l’autre à l’élection des membres de la Cour.  Pour être élu, un candidat doit obtenir la majorité absolue au sein de ces deux organes.

La candidature de M. Brant a recueilli 13 voix au Conseil de sécurité et la majorité absolue à l’Assemblée générale.  Un seul tour de scrutin a suffi pour qu’il l’emporte sur les deux autres candidats, M. Paulo Borba Casella, du Brésil, qui a recueilli 2 voix, et M. Marcelo Gustavo Kohen, de l’Argentine, qui n’en a recueilli aucune.

Le nouveau juge a une longue carrière internationale en tant que professeur de droit dans plusieurs universités, notamment au Brésil et en France.  Il a obtenu un doctorat de l’université Paris X - Nanterre et sa thèse lui a valu, en l’an 2000, le prix du Ministère de la recherche du Département des Sciences de la Société de la République française.  Il détient également une maîtrise de l’École de droit de l’Université fédérale de Minas Gerais, au Brésil.  Organisateur de la collection « Comprendre le droit international », M. Brant, qui parle portugais, français, anglais et espagnol, est également l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur le droit public international, dont plusieurs sur le système des Nations Unies et le Conseil de sécurité.

Instituée en juin 1945, la CIJ est l'un des six organes constitutifs de l’ONU et le principal organe judiciaire du système des Nations Unies.  Basée à La Haye (Pays-Bas) –la CIJ est le seul de ces six organes à ne pas avoir son siège à New York– elle a pour mandat de régler, conformément au droit international, les différends d’ordre juridique qui lui sont soumis par les États Membres.  Elle peut également rendre des avis consultatifs sur les questions juridiques que peuvent lui poser les organes et les institutions spécialisées de l’ONU, avec l’autorisation préalable de l’Assemblée générale.

La Cour, composée de 15 juges élus, est assistée du Greffe, son organe administratif.  Ses langues officielles sont le français et l’anglais.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale élit le brésilien Leonardo Brant juge à la Cour internationale de Justice (CIJ)

Soixante-dix-septième session,
29e séance - matin
AG/12466

L’Assemblée générale élit le brésilien Leonardo Brant juge à la Cour internationale de Justice (CIJ)

L’Assemblée générale a élu, ce matin, M. Leonardo Nemer Caldeira Brant, du Brésil, juge à la Cour internationale de Justice (CIJ), pour remplacer le juge Antônio Augusto Cançado Trindade (Brésil), décédé le 29 mai dernier.  Son mandat prend effet, aujourd’hui, et va jusqu’au terme prévu du mandat du juge Trindade, le 5 février 2027.

M. Brant a été élu au premier tour de scrutin à la majorité absolue de 121 voix sur 188 votants, battant l’Argentin Marcelo Gustavo Kohen (67 voix) et le Brésilien Paulo Borba Casella (aucune voix).  Conformément à la procédure, il a aussi remporté la majorité absolue des voix lors du scrutin tenu simultanément par le Conseil de sécurité.

Né en 1966 à Belo Horizonte, au Brésil, le juge Brant est Professeur titulaire de droit international à l’Université fédérale de Minas Gerais et Président et fondateur du Centre de droit international (CEDIN) au Brésil.  Il a travaillé comme juriste auprès de la CIJ en 2003.  Sa thèse de doctorat, obtenue à l’université Paris X - Nanterre, a reçu le Prix du Ministère français de la recherche.

Instituée en juin 1945 par la Charte des Nations Unies, la CIJ est l’organe judiciaire principal de l’Organisation, et siège au Palais de la Paix, à La Haye (Pays-Bas).  C’est le seul des six principaux organes des Nations Unies à ne pas avoir son siège à New York.  C’est aussi la seule juridiction internationale de caractère universel à compétence générale.  Elle a pour mission de régler les différends soumis par les États et d’émettre des avis consultatifs sur les questions juridiques que peuvent lui poser les organes et les institutions spécialisées de l’ONU autorisés à le faire.  

À ce jour, 73 États ont fait une déclaration d’acceptation de juridiction obligatoire de la CIJ, s’engageant notamment à comparaître au cas où ils seraient cités par un ou plusieurs autres États ayant fait cette déclaration.  

En vue d’assurer une certaine continuité, les 15 juges de la Cour sont renouvelables par tiers tous les trois ans et sont rééligibles. 

La composition de la CIJ est la suivante: Joan E. Donoghue (États-Unis d’Amérique), Présidente; Kirill Gevorgian (Fédération de Russie), Vice-Président; Leonardo Nemer Caldeira Brant (Brésil); Peter Tomka (Slovaquie); Ronny Abraham (France); Mohamed Bennouna (Maroc); Abdulqawi Ahmed Yusuf (Somalie); Xue Hanqin (Chine); Julia Sebutinde (Ouganda); Dalveer Bhandari (Inde); Patrick Lipton Robinson (Jamaïque); Nawaf Salam (Liban); Yuji Iwasawa (Japon); Georg Nolte (Allemagne); et Hilary Charlesworth (Australie). 

L’Assemblée générale se réunira de nouveau lundi 7 novembre, à partir de 10 heures, pour débattre de la revitalisation de ses travaux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’issue d’un vote, la Cinquième Commission recommande la nomination de M. Larbi Djacta, de l’Algérie, comme Président de la CFPI

Soixante-dix-septième session,
11e séance - matin
AG/AB/4399

À l’issue d’un vote, la Cinquième Commission recommande la nomination de M. Larbi Djacta, de l’Algérie, comme Président de la CFPI

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, est passée, aujourd’hui, au vote pour pouvoir recommander à l’Assemblée générale la nomination de M. Larbi Djacta, de l’Algérie, comme Président de la Commission de la fonction publique internationale (CPFI).  La Commission a également recommandé 26 candidats pour pourvoir les sièges vacants dans ses organes subsidiaires.

M. Djacta a été élu par 121 voix, contre M. El Hassan Zahid, du Maroc, qui a obtenu 67 votes, sur une majorité requise de 93.  Toujours à la Commission de la fonction publique internationale (CFPI), la Cinquième Commission a recommandé la nomination de MM. Andrew Gbebay Bangali (Sierra Leone), Ali Kurer (Libye), Boguslaw Winid (Pologne), João Vargas (Brésil) et Xavier Bellmont Roldán (Espagne) pour un mandat de quatre ans qui prendra effet le 1er janvier 2023.

Au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), ont été recommandés M. Ji Haojun (Chine), Mme Ji-sun Jun (République de Corée), Mme Matsuda Yukiko (Japon), M. Olivio Fermin (République dominicaine), M. Udo Klaus Fenchel (Allemagne) et M. Carlos Jacobucci (Italie) pour un mandat de trois ans qui commencera le 1er janvier 2023.

En outre, Mme Stefani Scheer (États-Unis) fera son entrée au CCQAB à partir du 1er janvier 2023 jusqu’au 31 décembre 2023 en remplacement de sa compatriote Mme Donna-Marie Chiurazzi-Maxfield, démissionnaire.  M. Surendra Kumar Adgana (Inde) remplacera Mme Vidisha Maitra pour un mandat qui commencera à la date de sa nomination par l’Assemblée générale jusqu’au 31 décembre 2023. 

En ce qui concerne le Comité des contributions, la Cinquième Commission a recommandé la nomination ou la reconduction de M. Cheikh Tidiane Dème (Sénégal), M. Joseph Masila (Kenya), Mme Helena Concepćion Felip Salazar (Paraguay), M. Bernardo Greiver del Hoyo (Uruguay), M. Gordon Eckersley (Asutralie) et M. Marcel Jullier (Suisse) pour un mandat de trois ans qui prend effet le 1er janvier 2023.

La Cinquième Commission a aussi recommandé à l’Assemblée générale la nomination comme membres ordinaires du Comité des placements de MM. Jens Fricke (Allemagne), Michael Klein (États-Unis) et Luciane Ribeiro (Brésil) pour un mandat de trois ans qui commencera le 1er janvier 2023, et de M. Simon Jiang (Chine), pour un mandat d’un an qui prend effet le 1er janvier 2023.  M. Macky Tall (Mali) devrait être reconduit pour un mandat d’un an commençant le 1er janvier 2023. 

Au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA), ont été recommandés ou reconduits MM. Suresh Raj Sharma (Népal) et Anton V. Kosyanenko (Fédération de Russie) pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2023. 

Enfin, la Cinquième Commission a recommandé la nomination de M. Yamada Jun (Japon) au Comité des pensions du personnel de l’ONU en remplacement de M. Tomoya Yamaguchi, démissionnaire, pour un mandat qui commencera à partir de sa nomination par l’Assemblée générale jusqu’au 31 décembre 2024. 

La Cinquième Commission, qui tient la majeure partie de sa session à huis clos, a prévu une autre séance publique, lundi 7 novembre à partir de 10 heures, pour examiner les dépenses et les demandes de subvention au Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient conclut ses discussions par une table ronde sur le thème « Jeunes journalistes: opportunités et défis »

PAL/2245

Le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient conclut ses discussions par une table ronde sur le thème « Jeunes journalistes: opportunités et défis »

GENÈVE, le 4 novembre (Reçu de l’Office des Nations Unies à Genève) -- Ouvert hier à Genève, le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient a conclu ses travaux aujourd’hui par une table ronde sur le thème « Jeunes Journalistes: opportunités et défis ». 

Animée par Mme Alessandra Vellucci, Directrice du Service de l’information des Nations Unies à Genève, cette troisième et dernière table ronde a bénéficié de la participation de M. Ali Ghaith, Analyste des communications au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); de M. Montaser Marai, Responsable des initiatives médiatiques à Al-Jazira Media Institute; et de Mme Pnina Pfeuffer, Journaliste à +972. 

Mme Vellucci a fait observer que le conflit israélo-palestinien a affecté les jeunes générations, qui représentent un tiers des personnes touchées par le conflit, aussi bien dans la société palestinienne que dans la société israélienne.  Pour autant, pendant longtemps, les jeunes ne se sentaient pas capables de faire entendre leur voix mais grâce à l’essor des médias numériques, la situation a changé.  Les jeunes ont repoussé leurs limites, a souligné la Directrice du Service de l’information. 

Elle leur a demandé d’en dire plus sur les principaux problèmes auxquels se heurtent les jeunes journalistes dans le Territoire palestinien occupé et en Israël.  Le taux de chômage des diplômés en journalisme est de 44,3% dans le Territoire palestinien, a indiqué M. Ghaith, en parlant d’une situation qui frappe surtout les femmes.  Il a aussi parlé des barrières linguistiques qui empêchent l’intégration des jeunes Palestiniens dans le métier et tout simplement de la peur de publier des articles dans un contexte d’occupation. 

L’autocensure, a poursuivi Mme Pfeuffer, est également un problème en Israël.  Les craintes sont différentes de celles des Palestiniens, mais parler de l’occupation n’est pas encouragé dans l’atmosphère politique actuelle.  Les politiciens israéliens font des efforts considérables en direction des médias parce qu’ils ont compris que c’est un élément clef de conservation du pouvoir. 

De nombreux journalistes palestiniens ont été licenciés pour s’être exprimés et en raison de la censure, le contenu des médias sociaux est limité, a poursuivi M. Marai.  Les journalistes sont la voix des sans-voix mais qui les écoute, en particulier les journalistes palestiniens?  Mes collègues, a-t-il dit, se plaignent souvent de ne pas être considérés sur un pied d’égalité, ce qui est particulièrement évident si l’on compare avec le cas de l’Ukraine, où les journalistes sont immanquablement salués pour leur bravoure. 

Quelle est la différence entre journalisme et activisme? a demandé Mme Vellucci.  Les journalistes sont des êtres humains mais leur déontologie leur interdit le militantisme, a répondu M. Marai.  « Vous devez savoir qui vous voulez être. »  Les Palestiniens, a expliqué M. Ghaith, ont grandi sous la pression d’une occupation qui a dominé leur vie et chez les journalistes, cela a engendré une forme d’activisme qui, il est vrai, s’écarte de l’approche journalistique.  Le fait qu’ils se livrent parfois à de l’activisme fait qu’ils ne sont pas toujours pris au sérieux ni dans le Territoire palestinien occupé ni à l’étranger.  Mais être journaliste, c’est être militant, a contré Mme Pfeuffer.  Toute la question, c’est de se garder de faire de la désinformation.  Chacun a son opinion, dans les médias, et c’est très bien tant que l’on s’en tient aux faits et que l’on propose une analyse honnête. 

Comment le paysage numérique a-t-il motivé les gens à devenir journalistes ou activistes et quel est le rôle de la société civile dans le respect de la déontologie de ce nouveau type de journalisme? s’est interrogée Mme Vellucci.

La vague numérique a créé de multiples plateformes, qui conviennent à différents types de personnes, ce qui représente à la fois une opportunité et un obstacle, a analysé M. Ghaith.  Selon lui, il est important que le milieu universitaire et la société civile prennent une part active dans la formation des journalistes.  Si les jeunes journalistes palestiniens avaient les ressources, la liberté de mouvement et les débouchés pour créer des agences de presse, ils pourraient diffuser des informations fiables sur le conflit.  S’ils vivaient dans un environnement propice à leur épanouissement, leurs papiers seraient également différents.  M. Ghaith a jugé vital d’offrir de nouvelles opportunités et une protection à ces journalistes. 

Compte tenu de cette situation, a dit M. Marai, les gens ont pris le rôle des journalistes, dans les médias sociaux, au détriment des médias traditionnels.  Bien que ces « journalistes citoyens » ne soient pas des professionnels et qu’ils fassent parfois des erreurs, ils projettent tout de même la voix des Palestiniens dans le monde entier et ont besoin de soutien.  C’est un phénomène très positif, a acquiescé Mme Pfeuffer.  Le défi aujourd’hui est de savoir comment toucher le public israélien, qui fait partie de l’équation. 

Les jeunes journalistes israéliens et palestiniens doivent interagir et s’entraider, par exemple, en retweetant des papiers ou en demandant de l’aide pour recadrer un article afin d’atteindre un autre public, ont dit les intervenants, dans l’échange qui a suivi.  Les journalistes sont des agents de changement, car la possibilité de s’exprimer librement a un impact majeur sur les sociétés.  S’agissant des femmes journalistes, souvent exploitées comme « stagiaires professionnelles », un engagement a été pris d’en former 100, dans le Territoire palestinien en 2023, avec l’aide des Nations Unies. 

Concluant les travaux du Séminaire, Mme Nanette Braun, Cheffe du Service des campagnes de communication du Département de la communication globale, a transmis les salutations de Mme Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies.  Elle s’est dite enrichie par des discussions qui ont mis en lumière le rôle essentiel des journalistes dans le discours sur le conflit israélo-palestinien et a souhaité que les efforts se poursuivent en vue de contribuer au règlement du conflit. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: Fournisseurs de contingents et pays hôtes appellent à faire de la sécurité un enjeu central de la réforme des opérations de paix

Soixante-dix-septième session
20e séance plénière – après-midi
CPSD/766

Quatrième Commission: Fournisseurs de contingents et pays hôtes appellent à faire de la sécurité un enjeu central de la réforme des opérations de paix

États hôtes et pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont échangé leurs vues sur les réformes et les défis auxquels sont confrontées les missions de paix, aujourd’hui, au dernier jour du débat général de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, consacré à l’étude d’ensemble de la question des opérations de paix. 

Fort d’un contingent de plus de 7 000 personnels en tenue et policiers déployés dans huit opérations de maintien de la paix aux quatre coins du globe, le Bangladesh, en tant que plus important pays fournisseur de contingents des Nations Unies, s’est félicité des efforts concertés déployés au cours des dernières années pour rendre les opérations plus ciblées et efficaces, notamment en ce qui concerne l’intégration stratégique et opérationnelle. 

Autre pays contributeur de troupes prenant part à cinq missions, le Paraguay a estimé à son tour que les pays contributeurs comme les États hôtes doivent appuyer les réformes visant à renforcer la sécurité des Casques bleus face aux menaces émergentes, en renforçant l’évaluation des risques et l’identification des menaces potentielles.  De même, la protection des civils doit être incluse de façon implicite et expresse dans les mandats de chaque mission, à titre prioritaire et au moyen de règles claires.  Comme le Soudan, le Royaume-Uni et la Serbie, la Malaisie a prôné pour sa part une formation préalable au déploiement de qualité, combinée à l’adaptation logistique et stratégique continue, afin de permettre aux soldats de la paix de remplir leur mission en sécurité. 

En tant que pays limitrophe du Sahel et fournisseur de contingents sur le continent africain, le Togo a estimé que son engagement dans les opérations de maintien de la paix est d’autant plus important que l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest continue d’être confrontée aux défis de la stabilité politique et de la montée du terrorisme, mettant en péril les efforts de développement. 

Près de 10 ans après le déploiement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), l’une des plus importantes dans le monde, le peuple malien attend toujours qu’elle remplisse son mandat, a déploré le Mali.  Depuis, la situation sécuritaire de ce pays n’a cessé de se détériorer, s’est alarmé son représentant, tandis que les parties prenantes continuent d’exiger un changement de doctrine et de posture de la Mission, qui évolue dans un environnement des plus hostiles.  « Nous devons changer de paradigme », a exhorté la délégation, en demandant à la MINUSMA de « sortir des camps » et de renforcer la coopération et la coordination avec les forces maliennes.  Malgré les réformes entreprises par le Gouvernement afin d’assurer la stabilisation du pays, le délégué a fait valoir que les opérations de paix n’atteindront leurs objectifs que lorsqu’elles seront en mesure d’intégrer les besoins réels des États où elles sont déployées. 

Hôte depuis 1964 de l’une des plus anciennes opérations de maintien de la paix dans le monde, Chypre a considéré pour sa part que la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) conserve son importance afin d’assurer le maintien du cessez-le-feu et la protection des civils.  La Mission agit selon sa délégation comme un « rempart » contre la « consolidation de l’agression » par l’armée d’occupation, en assurant l’ordre public et le retour à des conditions normales.  Toutefois, à la lumière de l’occupation continue de plus d’un tiers de son territoire et des récents faits accomplis sur le terrain, Chypre a souligné la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de disposer d’un accès libre et sans entrave aux zones où elles sont mandatées pour opérer. 

Les opérations de maintien de la paix doivent en outre disposer d’une compréhension adéquate du contexte local ainsi que des priorités nationales du pays hôte et de sa population, notamment les femmes et les jeunes, a renchéri le Timor-Leste qui, en tant qu’ancien pays hôte qui participe aujourd’hui aux missions de paix dans le monde entier, possède une expérience unique en la matière. 

Après avoir relevé l’inadéquation entre les conflits d’aujourd’hui, plus longs, destructeurs et complexes que lorsque la plupart des opérations de paix actuelles ont été établies, l’Érythrée a observé que, dotées d’objectifs clairs et de ressources appropriées, elles permettent de créer l’espace nécessaire pour donner aux acteurs nationaux, régionaux et internationaux les moyens de s’attaquer aux causes des conflits.  Il arrive toutefois trop souvent, à ses yeux, que les mandats du Conseil de sécurité ne soient pas assortis d’un véritable engagement en faveur d’une solution politique aux conflits.  Pourtant, « l’appui aux solutions politiques doit être au centre de tout maintien de la paix », a martelé la Norvège, pour qui des moyens militaires et techniques ne sauraient mener seuls à une paix durable. 

Dans ce contexte, l’Iran a souligné l’importance de la participation active des pays contributeurs de troupes à la formulation des politiques et aux processus décisionnels à tous les stades des opérations de maintien de la paix.  La responsabilité du succès des opérations de maintien de la paix n’incombe pas qu’aux pays contributeurs, a rappelé la Jordanie, mais également aux pays hôtes. 

Face à ces défis, la Slovaquie a argué que le maintien de la paix doit être abordé de manière holistique, en s’appuyant sur une réforme du secteur de la sécurité inclusive permettant de traiter progressivement les causes profondes de l’insécurité et de créer un environnement favorable au développement durable et à la paix.  Le soutien international et l’appropriation nationale sont également nécessaires au renforcement des capacités, qui joue un rôle crucial dans la mise en place de l’état de droit et d’institutions résilientes, piliers des sociétés pacifiques. 

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 4 novembre 2022, à 15 heures, avec l’étude d’ensemble des missions politiques spéciales. 

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Suite du débat général

M. VAHID GHELICH (République islamique d’Iran) a considéré que le déploiement d’opérations de maintien de la paix doit se faire en stricte conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies.  Il a souligné le travail essentiel accompli par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix en tant que forum unique des Nations unies mandaté pour examiner l’ensemble des opérations de paix, et pris acte de l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général.  Il est essentiel, selon le délégué, de respecter les principes du maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Le respect des principes de l’égalité souveraine, de l’indépendance politique, de l’intégrité territoriale de tous les États et de la non-intervention dans les affaires qui relèvent essentiellement de leur compétence nationale doivent également être assurés. 

S’agissant de la protection des civils, le délégué a estimé que la responsabilité première incombe aux pays hôtes et que les missions de paix doivent soutenir les efforts nationaux.  Par conséquent, toute intervention militaire de l’ONU ou de forces étrangères sous le prétexte de protéger les civils doit être évitée, a insisté le représentant.  Il en va de même pour l’utilisation des technologies modernes et du renseignement dans les missions de maintien de la paix, qui doit être examinée au cas par cas, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  L’amélioration de la sécurité des Casques bleus est une responsabilité partagée par toutes les parties prenantes, a-t-il noté, et les normes de discipline les plus strictes doivent être observées par le personnel de l’ONU.  Le représentant a en outre précisé que les accords régionaux ne doivent en aucun cas supplanter le rôle des Nations Unies ni les dégager de leur responsabilité première en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Dans ce contexte, la diversité culturelle et l’appropriation nationale des pays d’accueil doivent être prises en compte lors de l’octroi de tout soutien aux pays en conflit.  Il a souligné à cet égard l’importance de la participation active des pays contributeurs de troupes et de personnel de police à la formulation des politiques et aux processus décisionnels à tous les stades des opérations de maintien de la paix, afin de parvenir au partenariat dont ont besoin les missions. 

M. SULTAN NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie) a rappelé que la Jordanie avait participé à des opérations de maintien de la paix depuis des décennies maintenant.  Elle est un exemple de discipline et de morale et ne tolérera aucun abus, a-t-il assuré.  Quarante-quatre « martyrs jordaniens » ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, a rappelé ensuite le représentant.  La responsabilité du succès des opérations de maintien de la paix n’incombe pas qu’aux pays contributeurs, elle repose aussi sur les pays hôtes.  Le partenariat triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs et essentiel, a-t-il ajouté en conclusion. 

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a estimé que les opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent disposer de mandats clairement définis, d’une planification ainsi que de ressources financières et matérielles adéquates.  Les opérations de maintien de la paix doivent également être dotées d’une compréhension suffisante du contexte local et opérationnel, ainsi que des priorités nationales du pays hôte et de sa population, notamment la société civile, les femmes et les jeunes.  Le représentant s’est félicité de la reprise des travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, sur la base de discussions qui aboutiront à l’approbation de mises à jour substantielles de son rapport annuel.  En tant qu’ancien pays hôte, le Timor-Leste possède une expérience unique en la matière et participe aujourd’hui aux missions de maintien de la paix des Nations Unies dans le monde entier, a-t-il noté.  Il a établi à cet effet, en 2018, des centres de formation au maintien de la paix à l’intention des policiers et des militaires, avec la participation d’instructeurs certifiés en maintien de la paix de l’ONU.  Le représentant a salué l’initiative du Département des opérations de paix de créer un réseau de coopération régionale pour faciliter la formation et l’évaluation de l’état de préparation des soldats de la paix pendant la période avant déploiement.  Le Timor-Leste, a poursuivi le représentant, est engagé à respecter pleinement la politique de tolérance zéro du Secrétaire général en matière d’exploitation et d’abus sexuels dans le cadre de missions de paix. 

M. PATRYK JAKUB WOSZCZEK (Pologne) a déclaré qu’il est urgent de définir la prochaine phase de l’initiative Action pour le maintien de la paix, avant de soutenir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, qui reste une question centrale concernant la transformation du maintien de la paix.  Seul un système de formation spécialisé et bien adapté peut garantir une opération réussie, a estimé le délégué, en demandant une bonne protection pour les soldats de la paix et les civils.  L’amélioration de la performance et de la responsabilité des Casques bleus reste l’une des priorités de la Pologne, a dit M. Woszczek, dont l’objectif principal est de les transformer en soldats de la paix compétents qui respectent les valeurs des Nations Unies dans l’accomplissement de leur mandat.  Le représentant s’est ensuite livré à un plaidoyer pour des opérations de maintien de la paix répondant aux défis climatiques.  Il a aussi souligné le rôle clef de la Commission de consolidation de la paix, l’importance de l’efficacité énergétique et l’autonomie énergétique pour rendre les missions plus résilientes, avant de souligner l’importance de limiter l’empreinte des missions et opérations de l’ONU pour renforcer leur viabilité. 

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a rappelé que son pays est à la tête des initiatives de maintien de la paix au sein des Nations Unies, et qu’il a accru sa participation en termes de chiffres et de capacités pour devenir l’un des plus importants contributeurs de contingents depuis des décennies, avec plus de 7 000 Casques bleus répartis dans huit missions à travers le monde.  Il s’est félicité des efforts concertés déployés au cours des dernières années pour rendre les opérations plus ciblées et plus efficaces, notamment les progrès réalisés dans l’intégration stratégique et opérationnelle.  Le délégué s’est toutefois dit vivement préoccupé par l’augmentation des attaques perpétrées contre les Casques bleus à l’aide d’engins explosifs improvisés, en saluant à cet égard l’action de MEDEVAC.  S’agissant de la coordination avec les autorités nationales, il est essentiel d’allouer les ressources nécessaires pour que les missions se déroulent correctement, a-t-il noté.  Il est en outre essentiel d’accroître la responsabilisation des soldats de la paix, notamment au moyen de la formation préalable au déploiement et du renforcement des capacités, a-t-il ajouté, et le Bangladesh est prêt à y contribuer à son Centre d’excellence.  Le délégué s’est attardé sur les liens positifs entre le maintien et la consolidation de la paix afin d’assurer une transition réussie et une paix pérenne.  Les troupes du Bangladesh ont pris part à cet effet à des processus démocratiques sur le terrain tels que la démobilisation, la réintégration et le développement d’infrastructures et d’institutions culturelles, tout en réduisant leur empreinte environnementale.  Le Bangladesh a également accru le nombre de femmes Casques bleus et appuie fermement le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a noté le représentant. 

MAJID KHAMIS GHARIB ALNAKHI AL ALI (Émirats arabes unis) a loué le travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et jugé important de fournir de nouvelles directives au Secrétariat pour que les opérations de maintien de la paix réalisent leurs objectifs.  Il a aussi mis l’accent sur la contribution efficace des femmes à la promotion de la paix et déploré le nombre toujours bas -et la croissance limitée– du nombre de femmes dans les missions.  Les Émirats arabes unis continuent de former des soldates de la paix en Afrique et au Moyen-Orient, en partenariat avec ONU-Femmes, a précisé le représentant.  Il a également insisté sur l’importance d’introduire des sources d’énergie renouvelable dans le fonctionnement des opérations de maintien de la paix, soutenant l’objectif de l’ONU de faire en sorte qu’elles recourent aux énergies renouvelables à hauteur de 80% d’ici 2030.  Le délégué a enfin soulevé le nombre sans précédent de victimes faites au sein des opérations de maintien de la paix, notamment d’engins explosifs improvisés. 

Mme RONA MARIE PANTELI (Chypre) a jugé nécessaire de renforcer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, notamment au moyen de la mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix, qui vise à faire en sorte qu’elles soient véritablement adaptées à leur objectif.  Elle a mis en exergue la responsabilité des Casques bleus de même que la responsabilité envers ceux-ci, ainsi que la nécessité de coopérer avec les pays hôtes.  Les opérations doivent être en état de s’acquitter pleinement de leur mandat, protéger les civils, remédier aux violations du statu quo militaire et empêcher la création de faits accomplis sur le terrain susceptibles d’entraver la résolution des conflits.  Selon la représentante, les décisions concernant les opérations de maintien de la paix ne doivent pas se fonder sur des considérations politiques ou financières, mais sur la situation sur le terrain, tout en favorisant une approche axée sur la performance. 

La Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), l’une des plus anciennes au monde, conserve son importance pour le maintien du cessez-le-feu sur l’île et la protection des civils, a soutenu la représentante.  L’occupation continue de plus d’un tiers du territoire chypriote et les violations constantes par l’armée d’occupation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de Chypre, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, soulignent la nécessité de maintenir une force de maintien de la paix.  Le mandat de l’UNFICYP, tel qu’il a été accepté par Chypre, vise en effet à agir comme un rempart contre la consolidation de « l’agression », en assurant l’ordre public et le retour à des conditions normales.  Toutefois, a prévenu la déléguée, le succès de cette mission est actuellement compromis par l’acceptation de faits accomplis sur le terrain, tels que les violations dans la zone clôturée de Varosha.  À la lumière de ces développements, Chypre souligne la nécessité pour les opérations de maintien de la paix d’un accès sans entrave et d’une pleine liberté de mouvement afin qu’elles puissent remplir leur mandat. 

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix sont un facteur crucial de maintien d’un certain niveau de stabilité dans le cadre de conflits violents.  Il a soutenu l’approche robuste adoptée par les Nations Unies afin de garantir la poursuite de processus politiques complexes, le maintien de la stabilité et la protection des civils.  Au cours des deux dernières décennies, la portée et l’intensité des conflits ont changé de manière « spectaculaire », a-t-il relevé, et les opérations de maintien de la paix ont été confrontées à des défis croissants qui font peser de graves menaces sur la sécurité des Casques bleus.  Selon le représentant, le maintien de la paix doit être abordé de manière holistique, en s’appuyant sur une réforme du secteur de la sécurité inclusive permettant de traiter progressivement les causes profondes de l’insécurité et de créer un environnement favorable au développement durable et à la paix.  En tant que coprésident du Groupe des Amis de la réforme du secteur de la sécurité, le délégué a estimé que la réforme du secteur de la sécurité est directement liée à la protection des civils et à l’état de droit, deux tâches qui font désormais partie intégrante de presque toutes les opérations de paix.  Le soutien international et l’appropriation nationale sont également nécessaires au renforcement des capacités, qui joue un rôle crucial dans la mise en place d’institutions résilientes, piliers fondamentaux des sociétés pacifiques.  De même la réforme du secteur de la sécurité doit selon lui intégrer les principes de bonne gouvernance, de gestion professionnelle et efficace des ressources publiques et de respect des droits de l’homme.  La Slovaquie soutient fermement la participation pleine et égale des femmes, qui représentent près de 12% des forces armées slovaques, aux efforts maintien de la paix, a indiqué le représentant. 

Pour M. AHIDJO (Cameroun), l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus suscite des attentes parmi les populations des pays hôtes sur les plans de la sécurité et du renforcement des capacités institutionnelles, des structures et des autorités locales.  Elle a révélé l’importance d’adopter une vision cohérente et multidimensionnelle qui englobe les opérations de maintien de la paix dans toute leur complexité.  Dans la perspective d’un maintien de la paix durable, les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales doivent être renforcés et une aide à la formation et à la préparation des Casques bleus fournie aux pays contributeurs de troupes.  Ce renforcement des capacités devrait porter, entre autres, sur le développement d’aptitudes au sein des entités civiles pouvant intervenir sur l’ensemble de la chaîne structurelle d’une opération de paix, y compris sous la forme d’une assistance aux institutions nationales de formation des États Membres. 

Mme MEALEA HENG (Cambodge) a déclaré que, pour soutenir les opérations de maintien de la paix de l’ONU, son pays, qui est un important contributeur de troupes, a déployé plus de 8 300 soldats servant dans neuf pays, à savoir la République centrafricaine, le Tchad, Chypre, le Liban, le Mali, le Soudan, le Sud-Soudan, la Syrie et le Yémen.  Les Casques bleus cambodgiens servent dans les domaines du déminage, de l’élimination des munitions non explosées, de la police militaire, de l’hôpital, ou encore du génie de l’air.  En outre, le Cambodge s’est également engagé à faire progresser programme pour les femmes et la paix et la sécurité, qui met l’accent sur le rôle majeur que jouent les femmes dans le processus de maintien et de consolidation de la paix, a souligné la représentante, qui a rappelé que plus de 15% des soldats de la paix cambodgiens sont des « femmes ».  Pour sa délégation, les mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent être clairs, crédibles, réalisables et dotés de ressources suffisantes.  Aussi, un financement sûr et adéquat pour la consolidation de la paix est immensément nécessaire pour mener à bien les opérations de maintien de la paix et les efforts de consolidation de la paix, a considéré Mme Heng.  Et pour permettre aux Casques bleus de remplir leur mandat de manière efficace et efficiente, il convient d’accorder la priorité à des investissements accrus dans les domaines du renforcement des capacités et des mentalités. 

M. JOSÉ EDUARDO PEREIRA SOSA (Paraguay) a exprimé son appui à l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus afin de réformer les opérations de paix des Nations Unies.  En tant que pays contributeur de contingents participant à cinq missions des Nations Unies, le Paraguay juge prioritaire de respecter et promouvoir la mise en œuvre efficace des mandats qui leurs sont confiés.  Pour ce faire, il a renforcé son centre d’entraînement conjoint des opérations de paix au sein des forces armées afin d’assurer la formation préalable au déploiement et le renforcement des capacités.  Face aux menaces émergentes contre les Casques bleus dans un monde de plus en plus complexe, le représentant a estimé que les pays contributeurs comme les États hôtes doivent continuer à appuyer les réformes visant à renforcer leur sécurité en évaluant mieux les risques et en identifiant les menaces.  À son avis, la protection des civils doit être incluse de façon implicite et expresse dans les mandats de chaque mission, à titre prioritaire et au moyen de règles claires.  Il a réitéré son engagement en faveur de la levée des barrières à la participation des femmes aux opérations de paix ainsi qu’au programme pour les femmes et la paix et la sécurité. 

M. ENKHBOLD (Mongolie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix évoluaient dans des contextes difficiles avec des équipements limités, face à des menaces de plus en plus complexes, telles que les campagnes de désinformation à leur égard.  Il est donc indispensable qu’elles soient dotées de mandats clairs, applicables, et voir leurs équipements modernisés en fonction des exigences opérationnelles.  La Mongolie, « pays épris de paix », demeure un contributeur de troupes important.  Elle collabore avec l’ONU pour déployer ses capacités militaires, environ 20 300 militaires mongols sont actuellement déployés au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU, dont 900 femmes.  Afin de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, la Mongolie est à pied d’œuvre pour renforcer les capacités du personnel militaire féminin; une femme sera bientôt promue générale, une première dans l’histoire militaire du pays.  En juin dernier, a précisé le délégué, la Mongolie a accueilli une conférence sur les femmes Casque bleus, qu’elle espère organiser tous les cinq ans. 

CARL CHRISTIAN HARRIS (Royaume-Uni) a souligné la nécessité de consentir des investissements supplémentaires pour adapter la planification et la coordination, les capacités et l’amélioration des performances globales des missions.  La planification doit se fonder sur des données et des preuves.  Une planification efficace repose sur les bons personnels et les capacités adéquates, au bon moment, et doit inclure les femmes à tous les niveaux et à des postes clefs, a exigé le représentant.  Le personnel britannique a patrouillé longtemps parmi les populations locales, mené des opérations de bouclage et de recherche, intercepté des combattants de groupes armés terroristes et soutenu la composante civile de la MINUSMA pour enquêter sur les droits humains, s’est enorgueilli le délégué.  Il faut en outre former et équiper les Casques bleus adéquatement, établir des normes de performance claires et cohérentes, et donner des évaluations.  Toutes les parties prenantes doivent de respecter les normes de conduite et de discipline les plus élevées en matière de maintien de la paix.  Les Casques bleus auront du mal à donner le meilleur d’eux-mêmes si les missions sont confrontées à des restrictions à leur liberté de mouvement et à des campagnes de désinformation ciblées, a estimé le représentant.  La présence du groupe de mercenaires russes Wagner exacerbe ces risques, a-t-il mis en garde.  L’impact de leur présence ne peut être ni ignoré ni nié.  Le délégué a dit soutenir l’investissement de l’ONU dans les capacités de communication stratégique et les efforts des missions pour documenter et signaler les obstructions. 

M. SHAMSURI BIN NOORDIN (Malaisie) a précisé que les contingents militaires et policiers de son pays sont déployés dans cinq opérations de maintien de la paix de par le monde.  La Malaisie est convaincue du rôle critique de la formation dans le succès des opérations de maintien de la paix.  À cet égard, le Centre de maintien de la paix de la Malaisie est un lieu éminent qui a formé plus de 900 participants à des formations préalable au déploiement, y compris sur la protection des civils et le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Face aux attaques perpétrées contre les Casques bleus, le représentant a prôné l’adaptation logistique et stratégique continue afin qu’ils puissent remplir leur mandat. 

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a préconisé de renforcer les capacités de protection des civils des missions des Nations Unies, et encouragé leur association avec les polices locales.  Il a aussi appelé à des efforts soutenus en vue de protéger les civils lors de la phase de sortie des missions.  Pour parvenir à l’équilibre femmes-hommes que la Norvège appelle de ses vœux, l’orateur a appuyé le recrutement de femmes à l’aide d’une assistance financière et d’une incitation pour les pays fournisseurs de contingents. 

Des agents se sentant en sécurité sont mieux à même de sécuriser les civils à leur tour: les auteurs d’attaques contre les opérations de maintien de la paix doivent rendre des comptes, a tranché le représentant.  Les activités de renseignements doivent être encouragées à cet égard, a-t-il poursuivi, en condamnant la désinformation, qui compromet la réconciliation intercommunautaire et vient jeter le discrédit sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 

Une paix pérenne ne sera pas possible uniquement avec une opération militaire, a-t-il souligné.  D’autres éléments jouent un rôle essentiel: la politique doit être au centre de tout; le dialogue avec les femmes et les jeunes est aussi un élément essentiel.  Dans certains contextes, l’ONU ne doit pas assumer toutes les responsabilités: l’orateur a à cet égard salué le travail de l’Union africaine dans ses efforts de maintien de la paix.  Le délégué a enfin appelé à un financement prévisible et durable des opérations de maintien de la paix afin de garantir leur plein succès, demandant que l’on mette l’accent sur les nouvelles technologies comme élément transversal au sein des opérations. 

Mme ELSA HAILE (Érythrée) a relevé que les conflits d’aujourd’hui sont plus longs, plus destructeurs et plus difficiles à résoudre que lorsque la plupart des opérations de maintien de la paix actuelles ont été mandatées.  Les opérations de paix sont déployées dans des endroits où il n’y a pas de paix à maintenir, a constaté la représentante, alors que les groupes armés, les terroristes, la criminalité transnationale organisée et les grandes puissances s’efforcent de conserver leur influence.  Cependant, lorsqu’elles sont déployées avec un objectif clair et dotées des ressources nécessaires, les missions permettent de sauver des vies et de créer l’espace nécessaire pour permettre aux acteurs nationaux, régionaux et internationaux de s’attaquer aux causes des conflits.  Mais il arrive trop souvent que les mandats ne s’accompagnent pas d’un engagement sérieux pour trouver une solution politique à un conflit, a-t-elle déploré.  L’Érythrée se félicite à cet égard de l’accent mis par le Secrétaire général sur la primauté de la politique et la mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Pour assurer le succès des opérations de maintien de la paix de l’ONU, la déléguée a plaidé pour le plein le respect des principes de la Charte des Nations Unies, à savoir le consentement des parties concernées, la stricte neutralité et le non-recours à la force sauf en cas d’autodéfense et de protection du mandat. 

M. DOLLO (Mali) a rappelé que son pays abrite la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) depuis le 1er juillet 2013, pour aider le Gouvernement à rétablir son autorité sur l’ensemble de son territoire et protéger les populations civiles.  Presque 10 ans après sa création, le MINUSMA n’a pas rempli son mandat.  Pire, la situation sécuritaire au Mali s’est considérablement dégradée.  Les autorités et les populations maliennes ainsi que certains dirigeants africains ne cessent de soulever des interrogations quant à l’efficacité de cette mission et exigent un changement de doctrine des opérations de paix des Nations Unies en Afrique.  Le mandat de la MINUSMA a été prorogé jusqu’au 30 juin 2023, avec un effectif maximal fixé à 13 289 militaires et 1 920 policiers, avec un accent particulier sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et la protection des droits humains, s’est désolé le représentant. 

Selon lui, la poursuite des attaques par des groupes terroristes suscite l’incompréhension des populations qui exigent des autorités maliennes des mesures fortes pour changer la donne.  Le Mali exhorte donc à changer de paradigme pour assurer une plus grande efficacité de la MINUSMA qui doit changer de posture en sortant des camps pour mieux protéger les populations victimes des attaques criminelles des groupes terroristes.  Elle doit aussi améliorer et renforcer la coopération entre la force onusienne et les forces armées maliennes.  Il est indispensable d’assurer une meilleure coordination des opérations des forces en présence sur le terrain.  C’est dans cet objectif que son gouvernement a été amené à prendre des mesures idoines, considérées par certains partenaires à tort comme des restrictions, s’est justifié le délégué.  Les autorités maliennes ont conscience que le tout sécuritaire ne suffira pas à ramener la paix et la sécurité.  À cet égard, le Gouvernement a entrepris une série de réformes visant à assurer la stabilisation du pays et à améliorer les conditions de vie des populations.  Les opérations de paix ne seront couronnées de succès que lorsqu’elles intégreront les besoins réels des États pour lesquels elles ont été créées, a encore affirmé le représentant. 

M. SISSOKO (Soudan) a déclaré que les opérations de maintien de la paix exigent une vaste coordination entre les Nations Unies, les États Membres et les parties prenantes afin de définir les priorités et les besoins.  Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est l’unique plateforme pour discuter de toutes les questions relatives aux opérations de maintien de la paix et fournir des recommandations pertinentes, a-t-il noté.  La poursuite des réformes périodiques des opérations de maintien de la paix est nécessaire pour combler les failles, partager les expériences et améliorer la coordination et les partenariats avec les organisations régionales.  Le représentant a réaffirmé à cet égard l’importance du respect de la souveraineté du pays hôte, comme le veut la Charte des Nations Unies.  Toutefois, il n’existe pas de modèle préétabli à mettre en œuvre lors des opérations de maintien de la paix, a considéré le délégué, en affirmant que chaque situation présente des particularités qui lui sont propres.  Il a considéré malsaine la mentalité de certains responsables des opérations de maintien de la paix de l’ONU selon laquelle les pays hôtes sont incapables de préserver leur souveraineté et les droits de leurs citoyens, qu’ils exposent à de mauvais traitements.  L’expérience de l’approche à deux niveaux dans le cadre de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) a mené selon lui à des résultats positifs et peut servir de modèle à l’avenir pour les opérations sur de vastes étendues.  Le Gouvernement poursuit par ailleurs ses efforts de protection des civils dans la foulée de l’accord de Djouba, a-t-il fait savoir, notamment les mesures de démobilisation et de réintégration. 

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a rappelé que l’invasion de son pays par la Russie avait obligé l’Ukraine à suspendre sa participation aux opérations de maintien de la paix – 300 soldats dans six missions.  Un grand nombre de ses Casques bleus sont rentrés dans leur pays pour se défendre contre l’agression de la Russie, qui a un impact sur la crédibilité des opérations de maintien de la paix en général.  En effet, si les opérations de maintien de la paix viennent en aide aux populations civiles et restaurent l’état de droit, comment donc l’ONU peut-elle composer avec un pays, la Fédération de Russie, qui est coupable de crimes de guerre?  Pour l’orateur, la réponse est claire: la Russie ne peut participer aux opérations de maintien de la paix.  Le délégué a dit que son pays soutient les efforts collectifs pour que les opérations de maintien de la paix soient plus efficaces, espérant que des résultats solides, pratiques, émergeront de la nouvelle phase du Programme d’action.  L’ONU devrait évidemment continuer à renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales, à l’instar de l’Union européenne et de l’Union africaine, entre autres.  L’orateur a cependant demandé au Secrétaire général de revoir sa collaboration avec l’OTSC, puisque cette organisation inclut la Russie et le Bélarus. 

Selon Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), les opérations de maintien de la paix doivent être menées conformément aux principes du respect absolu de la souveraineté des États hôtes et de la Charte, ainsi qu’à la stricte adhésion aux principes fondamentaux du maintien de la paix - consentement des parties, impartialité et non-recours à la force, hormis la légitime défense et la protection du mandat.  Les Casques bleus doivent souvent opérer dans des environnements complexes, ambigus, voire dangereux, et le recours à la force peut porter atteinte à leur statut de neutralité et les transformer en participants actifs à un conflit, avec des risques inévitablement accrus pour la vie et l’intégrité physique, a pointé la déléguée.  Elle s’est dite entièrement d’accord avec l’idée que la sécurité des Casques bleus doit être améliorée sur les plans logistique et de la formation professionnelle pour réaliser cet objectif.  L’introduction des nouvelles technologies doit tenir compte de la nécessité de respecter la souveraineté de l’État hôte et des États voisins, ainsi que de la protection de la vie privée des citoyens, a mis en garde la déléguée.  De même, l’absence de perspectives claires pour mettre fin à des décennies d’opérations de maintien de la paix a sérieusement ébranlé la confiance de la population locale, comme vu récemment en RDC.  La coopération de la mission et du Secrétariat avec les autorités du pays hôte doit être une priorité: ni la société civile ni les ONG ne peuvent la remplacer, a encore dit la représentante. 

M. SOUMANI (Togo) a rappelé que son pays fournit des contingents dans plusieurs pays du continent africain et fait partie des principaux contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Cet engagement est d’autant plus important dans le contexte politique et sécuritaire qui prévaut en Afrique de l’Ouest, qui continue d’être confrontée aux défis de la stabilité politique et de la montée du terrorisme, a-t-il noté.  En tant que pays limitrophe du Sahel, le Togo n’est pas épargné par ce phénomène « abject » qui risque de compromettre les efforts de développement.  Il a salué à cet égard la réforme entreprise par le Secrétaire général par le biais de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus, et appelé au renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine. 

Mme JELENA PLAKALOVIC (Serbie) a déclaré que, parallèlement à son engagement militaire sur le terrain, son pays est prêt à apporter son soutien à l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus » (A4P+), pour la période allant de 2021.  La performance et la responsabilité sont des domaines importants pour l’engagement futur de la Serbie dans les opérations de maintien de la paix, a indiqué la déléguée.  Elle a souligné l’importance de la formation préalable au déploiement des forces armées serbes en tenant compte des nouvelles circonstances.  Mme Plakalovic a aussi mis en avant la nécessité de disposer d’équipements adéquats et de respecter les règles d’engagement.  La Serbie plaide aussi plus la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, a relevé la représentante, qui a dit que 14% des militaires serbes sont des femmes.  Malheureusement, la situation n’est pas la même en ce qui concerne la catégorie des observateurs militaires et des officiers d’état-major, a regretté la déléguée, en faisant la promesse de prendre des mesures supplémentaires pour garantir des candidatures féminines lors des futures nominations au sein de la MINUSCA.  Elle a terminé en demandant la mise en œuvre de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité sur la MINUK, avec une portée non diminuée et un mandat inchangé. 

Mme AMEDY (Israël) a salué la présence de forces de maintien de la paix dans une région caractérisée par la violence et l’instabilité.  Les opérations de maintien de la paix doivent s’adapter à la nouvelle réalité dans laquelle des organisations terroristes laissent les populations locales sans défense et stockent leurs armes dans les infrastructures civiles, au mépris du droit international.  À ses yeux, nous devons être conscients du fait que le port du Casque bleu ne garantit pas la protection.  La représentante a réitéré son attachement à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), malgré les violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité par le Hezbollah.  Les opérations de maintien de la paix doivent présenter des rapports détaillés au Conseil de sécurité afin d’établir les responsabilités, a-t-elle ensuite noté.  Les activités terroristes du Hezbollah et de l’Iran contre la FINUL empêchent celle-ci de remplir son mandat, a-t-elle accusé en conclusion. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a loué les approches dynamiques et pluridimensionnelles, préconisées dans le dernier Programme d’action.  Appelant à lutter de manière efficace contre le fléau de la désinformation, elle s’est félicitée des initiatives visant à renforcer la santé mentale du personnel en uniforme.  En tant que société postconflit, la Namibie connaît la valeur de ce genre d’initiatives.  Pleinement attachée à la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, la Namibie estime que la participation des femmes est garante d’une paix durable.  Étant donné que la majorité des missions sont déployées sur le continent africain, elle a aussi mis l’accent sur l’appel de l’Union africaine à des financements adéquats. 

Droits de réponse

En réponse à Israël, la représentante de l’Iran a dit que ce régime est la seule source d’instabilité dans la région en raison de son agression et de son occupation des territoires arabes qui a contraint l’ONU à déployer des opérations de paix.  Elle a dénoncé l’agression systématique d’Israël en Syrie et au Liban notamment la livraison d’armes à des groupes terroristes.  La déléguée a enfin fustigé l’inaction du Conseil de sécurité, demandant à la communauté internationale de tenir Israël pour responsable de ses actes. 

Le représentant du Liban, en réponse à Israël, a dit détenir des preuves de la violation par Israël du territoire aérien et maritime du Liban ainsi que d’attaques commises par l’armée israélienne contre la FINUL.  Ces attaques font l’objet de plaintes déposées auprès des tribunaux libanais, a-t-il précisé.  

En réponse à la « Puissance occupante » Israël, la Syrie a rétorqué qu’il n’existe pas de frontière septentrionale entre ces deux pays mais plutôt une zone occupée dans le plateau du Golan, qui fait partie de la Syrie, et qui est administrée par la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh », un des trois thèmes du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient

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« Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh », un des trois thèmes du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient

GENÈVE, le 3 novembre (Reçu de l’Office des Nations Unies à Genève) -- « Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh et protéger les journalistes qui couvrent le conflit » est un des trois thèmes du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient qui a ouvert ses portes aujourd’hui à Genève.  Dans son message, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, se dit consterné par le meurtre de Shireen Abu Akleh, reporter américano-palestinienne d’Al Jazeera, tuée d’une balle le 11 mai 2022, alors qu’elle couvrait une opération des Forces de défense israéliennes dans le camp de réfugiés de Jenin, en Cisjordanie.  Le Secrétaire général, qui appelle dans son message, à la fin de toutes les attaques contre les journalistes, saisit l’occasion du Séminaire international pour insister sur la solution des deux États.

Organisé par le Département de la communication globale (DCG), le Séminaire a aussi pour thèmes « Histoires oubliées du conflit israélo-palestinien: comment l’actualité politique éclipse la couverture des défis économiques »; et « Jeunes journalistes: opportunités et défis ».  Journalistes, spécialistes des médias, groupes de réflexion, diplomates et universitaires participent à cette manifestation annuelle qui vise, depuis 31 ans, à encourager la contribution des médias à la recherche d’un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien, a rappelé Mme Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe à la communication globale.  Le Séminaire, a-t-elle ajouté, représente l’occasion d’analyser les événements et les tendances médiatiques les plus récents et d’en tirer des enseignements.  Malheureusement, certains de ces événements sont déchirants; tel est le cas de l’assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, une tragédie et un signal d’alarme sur les risques incroyables encourus par les journalistes qui couvrent le conflit.

Dans son message lu par Mme Fleming, le Secrétaire général rappelle que le Séminaire est l’occasion de favoriser le dialogue et l’entente au service de la paix.  Le monde traverse une période extrêmement difficile marquée par la montée de la violence et l’escalade des tensions et endeuillée par la mort de nombreux civils.  S’agissant de Shireen Abu Akleh, il demande une enquête indépendante et transparente pour établir les faits et traduire les responsables en justice, et appelle à la fin de toutes les attaques contre les journalistes. 

M. António Guterres plaide pour la redynamisation du processus de paix, par tous les moyens possibles car, dit-il, il n’existe aucune solution crédible autre que celle des deux États, qui verrait Israël et la Palestine vivre côte à côte, dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem comme capitale des deux États. 

M. Wolfgang Amadeus Brülhart, Envoyé de la Suisse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré que sur les plans politique, social, numérique et climatique, le monde est pris dans une dynamique d’instabilité qui se traduit par l’émergence de nouvelles tensions et de nouveaux conflits.  La Suisse, a-t-il souligné, est convaincue que seule la solution des deux États, négociée par les deux parties, peut conduire à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.  Les journalistes doivent être protégés en toutes circonstances, a-t-il en outre souligné, avant de remercier les représentants des médias présents pour tous leurs efforts et leur engagement en faveur de la paix. 

M. Cheikh Niang, Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies et Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a fait observer que l’assassinat de Shireen Abu Akleh, une journaliste chevronnée, n’est pas seulement un acte scandaleux, mais aussi une attaque contre la liberté et l’indépendance de la presse, qui joue un rôle crucial dans la couverture des conflits, la recherche de la vérité et la sensibilisation aux points de vue des victimes.  Les journalistes doivent être protégés et la liberté des médias, défendue, a-t-il insisté. 

M. Niang a rappelé que grâce à ses efforts de sensibilisation auprès des États Membres, y compris les membres du Quartet pour le Moyen-Orient et du Conseil de sécurité, le Comité qu’il préside s’efforce de mobiliser un consensus international autour de la solution des deux États.  Le Comité, a-t-il fait observer, est confronté à de nombreux défis, dont celui de contrer la désinformation sur la question de la Palestine.  Le Comité gère d’ailleurs le système d’information des Nations Unies sur la question de Palestine (UNISPAL), la plus grande collection de documents en ligne sur la question de la Palestine de 1917 à nos jours.  Le site Web a totalisé plus de 2,6 millions de pages vues depuis 2020, a précisé M. Niang. 

Malgré les efforts collectifs du Comité, a poursuivi son Président, la situation dans le Territoire palestinien occupé est à peine couverte par les médias internationaux et l’attention se déplace sans cesse vers d’autres conflits.  De plus, la pandémie de COVID-19 a éclipsé les graves violations des droits de l’homme qui y ont lieu, ainsi que la crise financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Table ronde 1: « Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh: protéger les journalistes qui couvrent le conflit » 

Le Séminaire a ensuite tenu, ce matin, sa première table ronde, consacrée au thème « Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh: protéger les journalistes qui couvrent le conflit ».  Animée par Mme Fleming, cette discussion comprenait des présentations de M. Gideon Levy, chroniqueur et membre du comité de rédaction d’Haaretz; du Dr Riyad Mansour, Observateur permanent de l’Etat de Palestine auprès des Nations Unies; et de M. Denis Masmejan, Secrétaire général de Reporters sans frontières, Suisse. 

Mme FLEMING a rappelé que le 2 novembre marquait la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.  A cette occasion, elle a cité le Secrétaire général des Nations Unies: « Une presse libre est essentielle au bon fonctionnement de la démocratie, à la dénonciation des actes répréhensibles, à la navigation dans notre monde complexe et à la progression des Objectifs de développement durable.  Pourtant, plus de 70 journalistes ont été tués cette année simplement pour avoir rempli ce rôle dans la société.  La plupart de ces crimes ne sont pas élucidés.  Pendant ce temps, un nombre record de journalistes sont incarcérés aujourd’hui, tandis que les menaces d’emprisonnement, de violence et de mort ne cessent de croître ». 

Mme Fleming a précisé que Shireen Abu Akleh était l’une des soixante-dix journalistes que le monde a perdus cette année et rappelait les risques que courent de nombreux journalistes dans l’exercice de leur métier.  Mme Fleming a souligné que cette première table ronde du Séminaire était consacrée à l’héritage de cette journaliste et que l’on se souviendrait d’elle comme d’une pionnière – une pionnière pour les journalistes palestiniens et arabes et pour les femmes journalistes.

Après avoir présenté les panélistes, Mme Fleming a demandé comment le monde pouvait commémorer au mieux l’héritage de Shireen Abu Akleh.  Quelles sont les leçons à tirer de sa vie et les leçons à tirer de sa mort?

M. LEVY a estimé que la meilleure façon de commémorer l’héritage de Shireen était de traduire en justice les responsables de son meurtre; il ne s’agit pas seulement de son héritage mais aussi de savoir qui a tué Shireen et qui va payer et être puni pour cela.  Shireen, a-t-il ajouté, n’est pas la première journaliste tuée et ne sera malheureusement pas la dernière.  Israël a refusé de rendre des comptes pour son meurtre, a-t-il poursuivi.  L’État d’Israël a, dans un premier temps, nié les faits et l’assassinat, puis est resté vague avant de finalement admettre qu’il s’agissait potentiellement de soldats israéliens et d’affirmer qu’il s’agissait d’une erreur.  Selon M. Levy, toutes les enquêtes montrent que Shireen était visée. 

Pour M. Levy, pour commémorer au mieux l’héritage de Shireen, il faut continuer à couvrir le sort des Palestiniens.  Israël utilise une stratégie qui consiste à qualifier d’antisémitisme toute forme de critique à son égard, a déploré M. Levy. 

M. MANSOUR a déclaré que Shireen Abu Akleh était l’héritage du peuple palestinien: elle a donné sa vie pour faire avancer la justice pour le peuple palestinien.  Le Conseil de sécurité a été unanime pour approuver la déclaration condamnant son exécution et demandant une enquête indépendante et la justice.  Les soldats israéliens l’ont tuée et la justice doit être rendue, a insisté M. Mansour. 

M. Mansour a ensuite précisé que plus de 200 jeunes journalistes palestiniens ont été diplômés dans le cadre d’un programme des Nations Unies qui s’appelle désormais le Programme Shireen Abu Akleh.  Les Palestiniens ont déjà attendu 75 ans depuis la Nakba (exode palestinien) et 55 ans depuis l’occupation: ils ne céderont pas, a poursuivi M. Mansour.  De nombreuses organisations éminentes estiment que l’occupation israélienne est un apartheid, alors que beaucoup n’ont pas encore le courage d’utiliser ce mot, a-t-il ajouté.  Selon lui, plusieurs questions doivent être posées et notamment celles des conséquences juridiques d’une longue occupation et d’un refus du droit à l’autodétermination. 

M. MASMEJAN a commencé par adresser un message de sympathie à la famille de Shireen.  Il a assuré ressentir et partager la douleur de ceux qui ont travaillé avec elle, qui la connaissaient et qui l’aimaient.  Rappelant qu’hier était célébrée la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, il a souligné que cela signifiait que les faits devaient être établis de manière indépendante.  Les journalistes qui couvrent un conflit armé sont protégés par le droit humanitaire international en tant que civils et, à ce titre, ne doivent pas être pris pour cible, a-t-il rappelé.  Les autorités israéliennes avaient initialement déclaré qu’il était impossible d’identifier l’origine du tir qui a tué Shireen et de déterminer s’il provenait d’Israël ou de Palestine, mais des enquêtes indépendantes ont conclu que les tirs ne pouvaient provenir que des rangs israéliens; Israël a alors ensuite admis qu’il était très probable qu’Israël soit à l’origine du tir, mais seulement de manière accidentelle, a rappelé M. Masmejan. 

Pour un deuxième tour de table, MME FLEMING a demandé aux intervenants, outre les dangers physiques, quels étaient les obstacles auxquels les journalistes sont confrontés lorsqu’ils couvrent les conflits. 

M. LEVY a rappelé avoir été confronté à des dangers importants en tant que journaliste alors qu’il se trouvait en mission en 1993 dans Sarajevo assiégée.  Toutefois, a-t-il affirmé, d’une manière générale en Israël, les journalistes ne sont pas confrontés à des menaces physiques ou à des pressions de la part du Gouvernement ou des services secrets.  Ce à quoi ils sont confrontés, c’est à la trahison de leurs collègues en mission, a-t-il expliqué, affirmant que les médias israéliens sont les plus grands collaborateurs de l’occupation israélienne, non pas en raison d’idéologies ou de pressions, mais pour des raisons d’intérêt, parce que les lecteurs ne veulent pas savoir; il est difficile de briser la « coalition du silence » et la société israélienne vit dans le déni, a-t-il insisté.  Tel est le cadre auquel sont confrontés les journalistes israéliens qui veulent couvrir l’occupation d’une manière professionnelle plutôt que politique.  La plus grande corruption, a insisté M. Levy, est le déni et les médias en sont les principaux responsables: les soldats israéliens sont toujours considérés comme des victimes et les Palestiniens comme des agresseurs. 

M. MANSOUR a attiré l’attention sur les conditions difficiles voire impossibles dans lesquelles les journalistes palestiniens couvrent les attaques des autorités israéliennes, souvent au péril de leur vie comme en témoigne le nombre de morts parmi eux.  La vie des journalistes palestiniens est intimement liée à celle du peuple palestinien; ils souffrent autant que le peuple. 

M. MASMEJAN a fait observer qu’il existe une censure militaire en Israël lorsque la sécurité est en jeu.  La bande de Gaza, quant à elle, est dangereuse pour les journalistes, a-t-il ajouté. 

La parole ayant ensuite été donnée aux participants, le Séminaire a entendu des déclarations des Ambassadeurs du Qatar et de la Tunisie, ainsi que de plusieurs journalistes.  Le meurtre de Shireen Abu Akleh a été clairement condamné, d’autant plus – a-t-il été souligné – qu’elle portait un gilet de presse l’identifiant clairement comme membre d’un média.  Il a été recommandé que son cas soit porté devant la Cour pénale internationale.  L’héritage de Shireen doit se poursuivre à travers le temps et toute l’attention voulue doit être accordée à la cause palestinienne, a-t-on souligné.  L’accent a été mis sur l’importance de protéger tous les reporters à travers le monde et de veiller à ce que tous les crimes commis contre les journalistes soient poursuivis, ce qui est loin d’être le cas. 

Il a été demandé à M. Levy si les Israéliens croyaient encore à la paix avec les Palestiniens, ce à quoi ce dernier a répondu qu’il s’agissait d’une question cruciale, à laquelle il n’est pas simple de répondre.  Les Israéliens ont perdu foi en la paix et en ce qu’elle signifie, a estimé M. LEVY, avant de faire observer qu’il n’y aura jamais de paix sans justice. 

M. MANSOUR a pour sa part estimé que La communauté internationale devrait se réunir et forcer Israéliens et Palestiniens à négocier, comme cela s’est produit dans le passé.  Il n’y a pas d’autre solution que celle fondée sur deux États; la responsabilité de la communauté internationale est plus grande que jamais et elle doit amener les deux parties à trouver un compromis, a ajouté l’Observateur permanent. 

M. MASMEJAN a insisté sur l’importance capitale de la lutte contre l’impunité et a souligné que cette lutte débute par l’établissement des faits: si les faits ne sont pas établis, la justice ne peut pas être rendue. 

Table ronde 2: « Histoires oubliées dans le conflit israélo-palestinien: comment l’actualité politique éclipse la couverture des défis économiques »

Le Séminaire a tenu cet après-midi une deuxième table ronde, consacrée au thème « Histoires oubliées dans le conflit israélo-palestinien: comment l’actualité politique éclipse la couverture des défis économiques ».  Animée par Mme Nanette Braun, Cheffe du Service des campagnes de communication à la Division des campagnes et des opérations nationales du Département de la communication globale des Nations Unies, cette discussion comprenait des présentations de M. Edmund Gharib, professeur à l’Université américaine; Mme Dalia Hatuqa, journaliste multimédia, spécialisée dans les affaires israélo-palestiniennes; et M. David Rosenberg, rédacteur économique à Haaretz.

MME BRAUN a fait observer que l’essentiel de la couverture médiatique dans les zones de conflit avait tendance à se concentrer sur les développements et les tendances politiques, ignorant les conditions économiques qui affectent la vie et les moyens de subsistance des gens.  Certains journalistes consacrent leurs reportages à l’économie, mais dans les situations de crise et de conflit, ils sont une minorité et leurs reportages font rarement la une des journaux, a-t-elle souligné.  La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont eu un impact sans précédent sur les économies mondiales et nationales et ont gravement perturbé le commerce, provoquant une grave crise de l’approvisionnement en nourriture et en énergie, a-t-elle rappelé.  Ces crises ont fortement touché le territoire palestinien occupé et Israël également, mais elles ont à peine dominé le récit médiatique, a-t-elle fait observer. 

Or, la pauvreté a continué de s’aggraver dans le territoire palestinien occupé, où plus d’un tiers de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, a poursuivi Mme Braun.  L’insécurité alimentaire est passée de 9% à 23% en Cisjordanie et de 50 à 53% à Gaza.  De même, à Gaza, en 2021, plus de la moitié de la main-d’œuvre était au chômage et 83% des travailleurs percevaient moins que le salaire minimum.  Il y a manifestement un problème qui nécessite une attention urgente, mais qui est sous-estimé, a insisté Mme Braun.  Aussi, a-t-elle souhaité connaître le point de vue des participants concernant l’importance de suivre la situation économique et de plaider en faveur de davantage de reportages économiques dans le contexte du conflit israélo-palestinien. 

M. GHARIB a souligné que des questions telles que la COVID-19, mais aussi la guerre en Ukraine, ont sans aucun doute eu un impact sur la vie des gens et sur l’économie.  Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le coût cumulé des restrictions imposées en Cisjordanie est estimé à 57,7 milliards de dollars.  De plus, le contrôle exercé par Israël sur le territoire occupé a entraîné le rétrécissement de l’économie palestinienne et l’encerclement des villages palestiniens par des colonies israéliennes.  Israël défend cette position au nom de la sécurité et rend les Palestiniens responsables de leurs propres privations.  Tout cela est rarement couvert par les médias, a observé M. Gharib.  Les tentatives visant à soulager les souffrances des Palestiniens sont perçues de manière négative comme un substitut destiné à surmonter l’occupation, a-t-il par ailleurs relevé. 

MME HATUQA a affirmé que la situation économique en Palestine et dans les territoires occupés n’est que le reflet du paysage politique actuel: tout ce qui a trait à la pauvreté est le reflet de ce qui se passe sur le terrain, de l’occupation israélienne et de la manière dont elle affecte les moyens de subsistance des Palestiniens.  Il ne faut pas dissocier économie et politique, a plaidé la journaliste, expliquant que les partis politiques ont tenté de se concentrer sur la paix économique comme un moyen de contourner la situation politique.  Les donateurs pensent qu’une fois l’économie rétablie, les choses iront mieux sur le plan politique; mais ce n’est pas le cas. 

M. ROSENBERG a déclaré que la question économique était très importante pour la situation en Palestine et pour toute perspective de paix.  Sur le terrain, la détresse économique est un facteur important de la vie palestinienne; elle affecte les Palestiniens ordinaires au quotidien, a-t-il souligné.  Il a fait observer que l’une des questions clés est la situation de l’Autorité palestinienne, qui n’est pas viable, ce qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l’économie palestinienne; cela a d’énormes implications politiques, dont les médias n’ont pas du tout parlé.  Le journaliste a précisé que le Liban est certainement l’un des rares pays où la situation de l’économie est dramatique et donne lieu à une couverture médiatique importante. 

Dans un nouveau tour de table, MME BRAUN a voulu savoir ce qu’il en était de la difficulté de présenter des informations économiques équilibrées. 

M. ROSENBERG a déclaré qu’il était de plus en plus difficile de couvrir les questions économiques.  Les nouvelles sont beaucoup plus axées sur ce que demande le public et sur ce qui l’intéresse, et l’économie reste « difficile à vendre », a-t-il constaté.  Il a fait observer que l’intérêt pour la situation économique de la Palestine – qui n’a guère d’impact sur le reste du monde - disparaît rapidement, alors que l’impact économique de la guerre en Ukraine retient exceptionnellement l’attention en raison du niveau élevé des exportations de blé de ce pays.  M. Rosenberg a reconnu que l’économie n’était pas une matière facile à appréhender et à exposer et que l’un des moyens de parvenir à couvrir les questions économiques était de les lier aux questions politiques. 

MME HATUQA a fait observer qu’il existe de nombreuses crises « sanglantes » au Moyen-Orient qui font passer les questions économiques au second plan.  De plus, a-t-elle ajouté, les gens n’affectionnent pas les histoires économiques et la grande quantité de chiffres qui les accompagnent souvent et il est donc difficile pour les journalistes de les intéresser à ces questions, même si des sujets restent à explorer.  Mme Hatuqa a expliqué qu’en ce qui la concerne, pour couvrir des sujets économiques, elle devait les replacer dans une perspective politique ou humanitaire.  Il faut donner aux lecteurs un type d’informations qu’ils sont prêts à comprendre et à consommer: un moyen d’y parvenir est d’aborder des sujets qui intéressent les gens, comme les start-ups ou la philanthropie communautaire, qui ont un élément humain, a expliqué la journaliste. 

Le nombre de journaux - en particulier dans les sociétés occidentales - a diminué, même si les publications locales sont, elles, toujours aussi dynamiques, a pour sa part fait observer M. GHARIB.  Il a pointé un déclin du journalisme d’investigation, qui sape la crédibilité des médias et qui entraîne un déclin de la confiance du public dans les médias.  M. Gharib a par ailleurs dénoncé un déclin, au cours de la dernière décennie, de l’image des Palestiniens dans les médias. 

Le Séminaire poursuivra ses travaux demain matin, à 10 h 30, en engageant sa troisième et dernière table ronde, consacrée au thème « Jeunes journalistes: opportunités et défis ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.