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Le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient conclut ses discussions par une table ronde sur le thème « Jeunes journalistes: opportunités et défis »

GENÈVE, le 4 novembre (Reçu de l’Office des Nations Unies à Genève) -- Ouvert hier à Genève, le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient a conclu ses travaux aujourd’hui par une table ronde sur le thème « Jeunes Journalistes: opportunités et défis ». 

Animée par Mme Alessandra Vellucci, Directrice du Service de l’information des Nations Unies à Genève, cette troisième et dernière table ronde a bénéficié de la participation de M. Ali Ghaith, Analyste des communications au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); de M. Montaser Marai, Responsable des initiatives médiatiques à Al-Jazira Media Institute; et de Mme Pnina Pfeuffer, Journaliste à +972. 

Mme Vellucci a fait observer que le conflit israélo-palestinien a affecté les jeunes générations, qui représentent un tiers des personnes touchées par le conflit, aussi bien dans la société palestinienne que dans la société israélienne.  Pour autant, pendant longtemps, les jeunes ne se sentaient pas capables de faire entendre leur voix mais grâce à l’essor des médias numériques, la situation a changé.  Les jeunes ont repoussé leurs limites, a souligné la Directrice du Service de l’information. 

Elle leur a demandé d’en dire plus sur les principaux problèmes auxquels se heurtent les jeunes journalistes dans le Territoire palestinien occupé et en Israël.  Le taux de chômage des diplômés en journalisme est de 44,3% dans le Territoire palestinien, a indiqué M. Ghaith, en parlant d’une situation qui frappe surtout les femmes.  Il a aussi parlé des barrières linguistiques qui empêchent l’intégration des jeunes Palestiniens dans le métier et tout simplement de la peur de publier des articles dans un contexte d’occupation. 

L’autocensure, a poursuivi Mme Pfeuffer, est également un problème en Israël.  Les craintes sont différentes de celles des Palestiniens, mais parler de l’occupation n’est pas encouragé dans l’atmosphère politique actuelle.  Les politiciens israéliens font des efforts considérables en direction des médias parce qu’ils ont compris que c’est un élément clef de conservation du pouvoir. 

De nombreux journalistes palestiniens ont été licenciés pour s’être exprimés et en raison de la censure, le contenu des médias sociaux est limité, a poursuivi M. Marai.  Les journalistes sont la voix des sans-voix mais qui les écoute, en particulier les journalistes palestiniens?  Mes collègues, a-t-il dit, se plaignent souvent de ne pas être considérés sur un pied d’égalité, ce qui est particulièrement évident si l’on compare avec le cas de l’Ukraine, où les journalistes sont immanquablement salués pour leur bravoure. 

Quelle est la différence entre journalisme et activisme? a demandé Mme Vellucci.  Les journalistes sont des êtres humains mais leur déontologie leur interdit le militantisme, a répondu M. Marai.  « Vous devez savoir qui vous voulez être. »  Les Palestiniens, a expliqué M. Ghaith, ont grandi sous la pression d’une occupation qui a dominé leur vie et chez les journalistes, cela a engendré une forme d’activisme qui, il est vrai, s’écarte de l’approche journalistique.  Le fait qu’ils se livrent parfois à de l’activisme fait qu’ils ne sont pas toujours pris au sérieux ni dans le Territoire palestinien occupé ni à l’étranger.  Mais être journaliste, c’est être militant, a contré Mme Pfeuffer.  Toute la question, c’est de se garder de faire de la désinformation.  Chacun a son opinion, dans les médias, et c’est très bien tant que l’on s’en tient aux faits et que l’on propose une analyse honnête. 

Comment le paysage numérique a-t-il motivé les gens à devenir journalistes ou activistes et quel est le rôle de la société civile dans le respect de la déontologie de ce nouveau type de journalisme? s’est interrogée Mme Vellucci.

La vague numérique a créé de multiples plateformes, qui conviennent à différents types de personnes, ce qui représente à la fois une opportunité et un obstacle, a analysé M. Ghaith.  Selon lui, il est important que le milieu universitaire et la société civile prennent une part active dans la formation des journalistes.  Si les jeunes journalistes palestiniens avaient les ressources, la liberté de mouvement et les débouchés pour créer des agences de presse, ils pourraient diffuser des informations fiables sur le conflit.  S’ils vivaient dans un environnement propice à leur épanouissement, leurs papiers seraient également différents.  M. Ghaith a jugé vital d’offrir de nouvelles opportunités et une protection à ces journalistes. 

Compte tenu de cette situation, a dit M. Marai, les gens ont pris le rôle des journalistes, dans les médias sociaux, au détriment des médias traditionnels.  Bien que ces « journalistes citoyens » ne soient pas des professionnels et qu’ils fassent parfois des erreurs, ils projettent tout de même la voix des Palestiniens dans le monde entier et ont besoin de soutien.  C’est un phénomène très positif, a acquiescé Mme Pfeuffer.  Le défi aujourd’hui est de savoir comment toucher le public israélien, qui fait partie de l’équation. 

Les jeunes journalistes israéliens et palestiniens doivent interagir et s’entraider, par exemple, en retweetant des papiers ou en demandant de l’aide pour recadrer un article afin d’atteindre un autre public, ont dit les intervenants, dans l’échange qui a suivi.  Les journalistes sont des agents de changement, car la possibilité de s’exprimer librement a un impact majeur sur les sociétés.  S’agissant des femmes journalistes, souvent exploitées comme « stagiaires professionnelles », un engagement a été pris d’en former 100, dans le Territoire palestinien en 2023, avec l’aide des Nations Unies. 

Concluant les travaux du Séminaire, Mme Nanette Braun, Cheffe du Service des campagnes de communication du Département de la communication globale, a transmis les salutations de Mme Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies.  Elle s’est dite enrichie par des discussions qui ont mis en lumière le rôle essentiel des journalistes dans le discours sur le conflit israélo-palestinien et a souhaité que les efforts se poursuivent en vue de contribuer au règlement du conflit. 

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