Soixante-dix-septième session,
21e séance plénière – après-midi
CPSD/767

La Quatrième Commission examine le rôle des missions politiques spéciales dans la consolidation de la paix et adopte un projet de résolution

Saisies du rapport du Secrétaire général sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales, les délégations de la Quatrième Commission ont réaffirmé, cet après-midi, le rôle central des missions dans la consolidation de la paix et adopté, sans vote, un projet de résolution. 

Si elle venait à adopter le projet de résolution sur l’étude d’ensemble des missions politiques spéciales, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert sur cette question.  Elle respecterait le cadre des mandats confiés aux missions, et constaterait qu’il importe d’établir à cet égard une coordination, une cohérence et une coopération entre elle-même, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  L’Assemblée engagerait par ailleurs les missions politiques spéciales à continuer de forger des partenariats inclusifs avec des organisations régionales et sous-régionales, notamment durant les transitions, et à collaborer étroitement avec les équipes de pays de l’ONU. 

Venue présenter le rapport, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix s’est inquiétée de la détérioration de l’environnement international en matière de paix et de sécurité, exacerbée par des défis majeurs qui « convergent rapidement », pendant que la capacité des États Membres à prendre des mesures collectives pour relever ces défis interdépendants est compromise par un regain de concurrence géostratégique à des niveaux que « nous n’avions pas vus depuis des décennies ».  « Il est clair que le monde est arrivé à un point d’inflexion », a jugé Mme Rosemary DiCarlo. 

Or, le travail des missions politiques spéciales dans les domaines de la diplomatie préventive, du rétablissement et de la consolidation de la paix joue un rôle important pour aider les États Membres à prévenir les conflits, à promouvoir des processus de paix complexes, à gérer les transitions politiques et les processus électoraux, et à construire une paix durable, a noté la Secrétaire générale adjointe.  De même, leur diversité et leur flexibilité permettent de concevoir des réponses adaptées aux défis actuels. 

Alors que les conflits armés n’ont jamais été aussi nombreux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Finlande, qui s’est également exprimée au nom du Mexique en tant que délégations porte-plume de la résolution, a relevé, comme Mme DiCarlo, que la prévention des conflits et la consolidation de la paix occupent une place centrale dans le Nouvel Agenda pour la paix présenté dans le rapport du Secrétaire général intitulé «  Notre Programme commun », occasion unique à ses yeux d’étoffer la «  boîte à outils diplomatique » des Nations Unies.  Si ces missions constituent un instrument flexible pouvant être utilisé à différentes phases des conflits, il incombe aux États Membres de veiller à ce qu’elles soient dotées des ressources nécessaires, y compris un financement prévisible pour la consolidation de la paix. 

En écho à cette déclaration, la Suisse, en tant que bailleur de fonds de premier plan au Fonds pour la consolidation de la paix, a rappelé que la récente réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix a mis en exergue le financement insuffisant de ces activités, malgré leur rôle essentiel lors des phases de transition.  Les missions politiques spéciales ne sont pas que des outils de gestion des crises à court terme, mais constituent une approche visant à soutenir la paix dans la durée, ont soutenu à leur tour les Philippines, en faisant leurs les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) concernant l’amélioration des dispositifs de financement des missions au moyen d’un compte spécial à leur intention. 

L’augmentation du financement qui accompagne la multiplication des missions politiques spéciales pourrait toutefois avoir pour effet de réduire l’appui au développement fourni aux pays qui ne font pas l’objet de telles missions, s’est inquiétée l’Égypte.  Ces missions, mandatées par le Conseil de sécurité, sont en effet financées à même le budget ordinaire de l’ONU, a noté son délégué, avant de demander à son tour la création d’un compte spécial extrabudgétaire pour assurer le financement adéquat des missions politiques spéciales. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, le Maroc a pour sa part appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à adopter des mandats « réalisables », fondés politiquement, sur la base d’évaluations objectives, et financés selon les mêmes critères que les opérations de maintien de la paix. 

Comme nombre de délégations, la Secrétaire générale adjointe a souligné l’importance de renforcer les partenariats des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales, élément essentiel de la prévention des conflits et du rétablissement de la paix aux niveaux national et régional.  Ainsi, trois bureaux régionaux, UNOWAS, UNOCA et UNRCCA, et deux envoyés régionaux, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs, respectivement, disposent de mandats régionaux, servant ainsi de plateformes avancées pour la diplomatie préventive dans leurs régions respectives. 

Opérant en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, les missions politiques spéciales se caractérisent par leur diversité, a noté le Japon, requérant des mandats adaptés à chaque contexte.  Son délégué a appelé à cet effet le Conseil de sécurité à veiller à ce qu’elles soient dotées de mandats ciblés, prioritaires et réalisables, reflétant les circonstances uniques de chaque mission. 

Afin d’approfondir les partenariats entre les missions politiques spéciales et les organisations régionales et sous-régionales, l’Indonésie, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a estimé qu’une meilleure représentation géographique au sein des missions politiques spéciales permettrait d’accroître leur légitimité en tant qu’outil de prévention des conflits. 

Le lundi 7 novembre 2022, à 10 heures, la Commission tiendra son débat général sur les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

ÉTUDE D’ENSEMBLE DES MISSIONS POLITIQUES SPÉCIALES

Déclarations liminaires

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, venue présenter le rapport du Secrétaire général sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques, a rappelé qu’au cours du débat général de l’Assemblée générale, en septembre, les dirigeants mondiaux avaient exprimé leur inquiétude face à la détérioration de l’environnement international en matière de paix et de sécurité, exacerbé par des défis majeurs qui convergent rapidement – conflits plus complexes, inégalités croissantes, changements climatiques, perturbations technologiques, terrorisme, reprise difficile après la pandémie et flambée des prix des denrées alimentaires et du pétrole.  Dans le même temps, la capacité des États Membres à prendre des mesures collectives pour relever ces défis interdépendants est compromise par le regain de concurrence géostratégique à des niveaux que nous n’avions pas vus depuis des décennies, a-t-elle noté.  Il est clair à ses yeux que le monde est arrivé à un « point d’inflexion », et que les États Membres doivent travailler ensemble pour traverser cette période d’incertitude.  Dans ce contexte, a jugé Mme DiCarlo, le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité, et la « boîte à outils diplomatique de la Charte » doit être utilisée à son plein potentiel. 

Les missions politiques spéciales sont un élément essentiel de cette boîte à outils, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  Leur travail dans les domaines de la diplomatie préventive, du rétablissement et de la consolidation de la paix joue un rôle important pour aider les États Membres à prévenir les conflits et à construire une paix durable.  De même, leur diversité et leur flexibilité nous ont permis de concevoir différents types de réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés, afin de faire avancer des processus de paix complexes.  Mme DiCarlo a cité l’exemple du Yémen où, grâce à « d’intenses » efforts diplomatiques, l’Envoyé spécial a aidé à négocier une trêve nationale en vigueur pendant six mois, ce qui a entraîné une réduction significative de la violence.  En Somalie, en Libye et ailleurs, les missions aident les autorités nationales à gérer les transitions politiques et les processus électoraux.  En Iraq, la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a fourni une assistance électorale renforcée aux élections législatives d’octobre 2021 en déployant 150 experts électoraux internationaux des Nations Unies et environ 550 membres du personnel d’appui national, a-t-elle expliqué.  En Colombie, la Mission de vérification des Nations Unies travaille en collaboration avec les parties à l’Accord de 2016 pour instaurer la confiance et consolider une paix inclusive et durable. 

S’attardant sur le dixième rapport du Secrétaire général sur cette question, la Secrétaire générale adjointe a estimé que les missions politiques spéciales jouent un rôle essentiel dans la concrétisation des engagements pris dans la foulée du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Conformément à la résolution 2493 (2019) du Conseil de sécurité, nous avons organisé des réunions stratégiques de haut niveau pour promouvoir la participation des femmes aux processus de paix, a-t-elle noté.  Au Soudan, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS) a facilité des consultations qui ont mené à la création d’un groupe des droits des femmes soudanaises. 

S’agissant de la promotion d’une approche régionale de la paix et de la sécurité, la haute fonctionnaire a détaillé le renforcement des partenariats de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales, qui fait partie intégrante de la vision du Secrétaire général d’un multilatéralisme en réseau et inclusif.  Elle est également essentielle pour notre travail de prévention des conflits et de rétablissement de la paix aux niveaux national et régional.  Ainsi, trois bureaux régionaux, UNOWAS, UNOCA et UNRCCA, et deux envoyés régionaux, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs, ont des mandats régionaux.  Ils servent de plateformes avancées pour la diplomatie préventive dans leurs régions, aidant les États Membres à résoudre des problèmes transfrontaliers et interrégionaux tels que la lutte contre le terrorisme et la gestion des ressources naturelles partagées.  « Ce partenariat n’est nulle part plus visible qu’en Afrique », où se tiendra cette année le vingtième anniversaire de la création de l’Union africaine et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  Ces deux organisations, a rappelé Mme DiCarlo, ont plaidé pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel dans les pays qui ont connu des coups d’État militaires, appelant à un dialogue politique inclusif et à la recherche d’un consensus avant les élections. 

Afin de faire face à l’environnement mondial complexe actuel, le Secrétaire général, dans son rapport sur « Notre Avenir commun », s’est engagé à préparer un nouvel ordre du jour pour la paix.  Elle a expliqué que ce document, préparé par le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), permettra de renforcer le travail en matière de prévention, de rétablissement et de consolidation de la paix. 

M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a fait observer que le rapport annuel du Secrétaire général sur les missions politiques spéciales offre une bonne vue d’ensemble de l’ampleur et de la complexité des tâches qu’elles entreprennent.  Les moyens permanents mobilisables en renfort, gérés par le Département de l’appui opérationnel, constituent une réserve de personnel expérimenté et qualifié du Secrétariat de l’ONU, qui peut être déployé à court terme afin de fournir un soutien supplémentaire dans des situations spéciales.  Cela a été le cas pour venir en appui à la Commission militaire mixte du cessez-le-feu de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) en octobre 2021 et, plus récemment, des renforts ont été déployés à plusieurs postes essentiels pour appuyer le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). 

Par ailleurs, les fiches d’évaluation environnementale annuelles du Département fournissent aux États Membres une vue d’ensemble des progrès de chaque mission dans le domaine de la gestion environnementale et M. Khare s’est dit fier de constater une amélioration constante des performances au cours des cinq dernières années. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite mis l’accent sur cinq missions.  En Somalie, le Département fournit, par l’intermédiaire du Bureau d’appui des Nations Unies sur place, un ensemble complet d’appui opérationnel à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).  Le contexte de la Somalie est unique, puisque le Département soutient à la fois une mission politique spéciale et une opération de paix dirigée par l’Union africaine.  Au Soudan, le Département s’est concentré sur le démarrage de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), qui lui a temporairement délégué l’autorité. 

La Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a fourni une assistance électorale renforcée pour les élections parlementaires du 10 octobre 2021, en déployant 150 experts électoraux internationaux des Nations Unies et environ 550 membres du personnel d’appui national dans tous les gouvernorats.  Au Yémen, malgré les contraintes, le Département continue à travailler avec les parties pour appuyer le travail des deux missions politiques spéciales, le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen et la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  Quant à l’Afghanistan, le Département a été en mesure d’aider à la réinstallation et à l’évacuation du personnel de la MANUA et de l’équipe de pays des Nations Unies en août 2021.  Il a continué à fournir des conseils et un appui à la mission tout au long de la crise. 

Les missions politiques spéciales sont des partenaires essentiels dans l’architecture de la paix et de la sécurité, a conclu M. Khare, qui s’est dit résolu à appuyer leurs efforts pour remplir leurs mandats. 

Débat général

La représentante du Maroc, au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné le rôle vital des missions politiques spéciales pour la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  Elle a rappelé l’importance du consensus sur l’élaboration des politiques liées aux missions politiques spéciales.  La représentante a insisté sur l’importance du respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance des États dans ce contexte.  Elle a également appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à adopter des mandats « réalisables » sur la base d’une évaluation objective, avec un fondement politique suffisant et des ressources appropriées.  Il faut « permettre une plus grande cohérence » entre les mandats et les ressources des missions politiques spéciales, a-t-elle déclaré.  À cet égard, elle a appelé à les financer selon les mêmes critères que les opérations de maintien de la paix.  Elle a, enfin, invité le Secrétaire général à améliorer la transparence, l’équilibre géographique et la représentation des femmes au sein de l’Organisation et des missions politiques spéciales. 

Le représentant de l’Indonésie, s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est félicité des efforts déployés par le Secrétaire général pour réformer l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU.  Il a estimé que la réforme devrait également renforcer l’efficacité des missions politiques spéciales.  Le délégué a souligné l’importance de l’appropriation nationale pour soutenir la paix, notamment en renforçant la coordination entre les missions et les pays d’accueil.  L’ASEAN souhaite également le renforcement des liens entre les missions et les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il ajouté, en soulignant l’importance des partenariats avec l’ONU dans la prévention des conflits, la médiation et l’appui à la paix.   L’inclusivité est également essentielle pour s’attaquer aux causes profondes et venir en aide aux personnes vulnérables, y compris les femmes.  Il a plaidé à cet égard pour une meilleure représentation des femmes à toutes les étapes des processus de paix et une représentation géographique dans la composition des missions politiques spéciales afin de renforcer leur légitimité en tant qu’outil de l’ONU pour la prévention des conflits.  Le représentant a défendu en terminant un financement durable et prévisible des missions politiques spéciales.  Enfin, il considéré que la paix et le développement durable, étant deux parties d’une même médaille qui se renforcent mutuellement, doivent être soutenus.  

Le représentant de Finlande, qui s’est exprimé également au nom du Mexique, en tant que délégations porte-plume de la résolution portant sur l’étude d’ensemble des missions politiques spéciales, s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur cette question.  Alors que le nombre de conflits n’a jamais été aussi élevé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne saurait trop insister sur l’importance de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et du maintien de la paix, a-t-il noté.  La prévention des conflits et la consolidation de la paix occupent en outre une place centrale dans le Nouvel Agenda pour la paix présenté dans le rapport du Secrétaire général intitulé « Notre Programme commun », qui représente à ses yeux une occasion importante de renforcer la « boîte à outils diplomatique » des Nations Unies.  Les missions politiques spéciales constituent en effet un outil polyvalent et flexible, qui peut être utilisé à différentes phases des conflits.  Pour faire en sorte que le personnel des missions politiques spéciales soit en mesure de remplir ses fonctions, nous devons veiller à ce que celles-ci disposent des capacités et des ressources nécessaires, y compris un financement prévisible et durable pour la consolidation de la paix, a insisté le représentant. 

Le représentant a souligné l’importance d’une approche inclusive de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et du maintien de la paix, avec la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix ainsi qu’à l’intégration de la dimension de genre dans le travail de prévention.  Il a dit attendre avec impatience le rapport sur le Nouvel Agenda pour la paix, qui sera publié l’an prochain, tout en se disant prêt à prendre en compte toute implication sur les questions de politique générale relatives aux missions politiques spéciales lors des prochaines négociations.  Une référence à la résolution 76/305 sur le financement de la consolidation de la paix, qui a un impact direct sur les missions politiques spéciales, a été également inclus dans la résolution, a expliqué le représentant. 

Le représentant du Pérou a jugé essentiel de créer des synergies entre les États et la société civile en passant par les missions politiques spéciales, ajoutant qu’il est nécessaire que les missions veillent au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de tous les États où les missions assurent un mandat.  Les missions politiques spéciales doivent accorder la priorité à la prévention des conflits, à la démobilisation, à la réinsertion et au renforcement des capacités, en tenant compte des causes des conflits, comme la pauvreté ou la discrimination, a poursuivi le délégué.  En outre, le renforcement de la gouvernance crée un climat de confiance et assure la recomposition du tissu social, a estimé le représentant. 

Le représentant des Philippines a souligné que les missions politiques spéciales constituent des « plateformes avancées pour la prévention des conflits ».  Il a soutenu les efforts des organisations régionales et sous-régionales visant à déployer des opérations de maintien de la paix sur la base du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  La prévisibilité et la durabilité de leur financement lorsqu’ils mènent ces opérations doit à ce titre être renforcées, a-t-il estimé.  Le représentant a appelé une meilleure collaboration avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la base du Plan d’action pour la mise en œuvre de la déclaration conjointe sur le partenariat entre l’ASEAN et l’ONU (2021-2025).  Il a également exhorté à nommer plus de femmes à des postes de direction.  Le délégué a, enfin, plaidé pour l’amélioration du financement des missions politiques spéciales afin de renforcer leur capacité à remplir leur mandat. 

La représentante de la Colombie s’est inquiétée de l’escalade des tensions, qui « exigent des réponses audacieuses et globales » pour protéger les populations civiles affectées par les conflits.  Dans ce contexte, elle a estimé que les missions politiques spéciales constituent « un exemple tangible de ce qu’il est possible de réaliser en tenant compte des réalités particulières du terrain, de l’appropriation nationale et du renforcement des institutions démocratiques ».  La représentante a réaffirmé l’engagement de son gouvernement envers l’Accord de paix avec les FARC.  À cet égard, elle s’est félicitée que les priorités de son gouvernement sur ce sujet, présentées lors de la session du Conseil de sécurité le 12 octobre dernier, puissent offrir « une expérience positive » pour les missions politiques spéciales. 

Le représentant de l’Iraq s’est félicité des efforts déployés par l’UNAMI et rappelé l’importance du rôle de reconstruction des Nations Unies.  Il a exhorté les États Membres à plus de soutien dans la lutte contre le terrorisme, notamment contre Daesh, en limitant les mouvements des combattants étrangers et en fournissant un appui technique.  Le délégué a également appelé à prendre des mesures pour prévenir les discours de haine.  Par ailleurs, l’UNAMI a appuyé l’Iraq pour réinstaller la bonne gouvernance et permettre la réalisation de l’objectif de développement durable 16, a-t-il indiqué.  Le représentant a proposé de recruter des fonctionnaires nationaux afin de favoriser les consultations avec le gouvernement iraquien lors des rapports trimestriels pour la situation en Iraq.  Il a, enfin, insisté sur l’importance de la représentation iraquienne conformément à son importance géographique, évoquant notamment la nécessité d’accroître le nombre de postes accordés aux ressortissants dans l’Organisation. 

Le représentant de l’Égypte a salué le travail varié des missions politiques spéciales, qui contribue au maintien de la paix et de la sécurité ainsi qu’au règlement des conflits en s’attaquant à leurs causes profondes.  Il a demandé à cet égard un financement adéquat afin que les missions puissent s’acquitter de leur mandat, notamment en mettant l’accent sur la diversification des sources de financement.  Le représentant s’est en outre prononcé en faveur du renforcement des partenariats avec les organisation régionales et sous-régionales afin de parvenir à une meilleure coordination et intégration des efforts en vue d’une paix durable.  Il s’est toutefois inquiété de la multiplication des missions politiques spéciales et de la hausse du financement qui l’accompagne, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire l’appui au développement fourni aux pays qui n’ont pas de missions politiques spéciales.  Ces missions, mandatées par le Conseil de sécurité, sont financées à même le budget ordinaire de l’Assemblée générale, a-t-il noté.  Le représentant a donc demandé le réexamen du mode de financement des missions politiques spéciales en créant un compte spécial extrabudgétaire pour les financer.  Il a en outre considéré inacceptable le manque de représentation géographique équitable au sein des missions politiques spéciales, qui exige selon lui une révision rapide et équitable par le Secrétaire général. 

Pour la représentante d’Afrique du Sud, les missions politiques spéciales sont particulièrement importantes pour la prévention car la médiation est au centre de leur fonctionnement.  Elle s’est félicitée de la politique du Département des affaires politiques à l’égard des femmes et de l’inclusion de la dimension de genre pour la paix dans le monde et les processus politiques.  L’inclusion des jeunes est également importante, a poursuivi la représentante, car leur participation relève non seulement de leur droit mais permet aussi de bâtir un meilleur avenir.  Pour mettre en œuvre leur mandat et assurer la protection des populations, ces missions doivent recevoir les outils nécessaires et les ressources suffisantes.  Ce financement doit être prévisible, a souligné la représentante, plaidant pour la création d’un Fonds spécial à cet effet. 

Le représentant d’El Salvador a estimé qu’un partage renforcé des informations entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU est essentiel pour garantir une approche cohérente et coordonnée du déploiement des missions politiques spéciales.  À cela s’ajoute le rôle consultatif important de la Commission de consolidation de la paix.  En outre, son pays estime que pour assurer l’efficacité de ces mécanismes, il est nécessaire de veiller à ce que leurs mandats tiennent compte des réalités spécifiques sur le terrain, que leurs objectifs soient viables et réalisables et que des ressources suffisantes leur soient attribuées.  En tant que contributeur actuel de personnels de police, El Salvador est pleinement engagé à continuer à fournir une assistance aux missions politiques spéciales, a affirmé le représentant, en se disant pleinement convaincu de l’importance de garantir la participation pleine, égale et significative des femmes à la prévention et à la résolution des conflits.  Pour sa délégation, les reconfigurations de la présence des Nations Unies sont des processus essentiels pour garantir que les résultats des missions politiques spéciales soient maintenus dans le temps.  « Les transitions, qui surviennent souvent dans des situations complexes, exigent une planification minutieuse et des ressources adéquates », a souligné le représentant.  Il a enfin considéré que la composition des missions politiques spéciales devrait être élargie en termes de représentation géographique, de même que la représentation des femmes. 

Le représentant de la Libye a déclaré que les missions politiques spéciales des Nations Unies constituent des outils importants pour parvenir à la sécurité et à la stabilité politique.  Selon lui, il ne fait aucun doute que la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a un rôle central à jouer pour rapprocher les parties libyennes, rétablir la confiance et renforcer une coopération constructive.  Il a salué à cet égard le rôle de facilitateur et d’appui joué par la MANUL en vue de mettre en place un dialogue et un consensus permettant de mettre fin à la crise et de s’engager vers l’étape de la transition devant mener à des élections générales. 

Le représentant de la Suisse a souligné qu’une paix durable ne peut être atteinte que si le plus large éventail de parties prenantes est impliqué, ce qui inclut les acteurs non étatiques, la société civile ainsi que les organisations régionales et sous-régionales.  Pour la quatrième fois depuis 2016, la Suisse s’associera au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) pour organiser une conférence régionale sur la prévention de l’extrémisme violent à Dakar en février 2023, a annoncé le représentant.  Il a ajouté que le Conseil de sécurité, lorsqu’il mandate les missions politiques spéciales, doit veiller à inclure des dispositions relatives à des analyses axées sur le genre et la parité hommes-femmes.  Par ailleurs, ces missions peuvent veiller à ce que la protection des civils et des droits humains soit ancrée comme une priorité dans la planification et la mise en œuvre des tâches de transition, afin d’éviter des lacunes dans la sécurité de la population civile. 

Enfin, le représentant a jugé qu’un financement prévisible et adéquat est indispensable.  Le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, dont les contextes de transition constituent l’une des trois priorités, joue un rôle essentiel à cet égard, mais la récente réunion de haut niveau sur le financement de la consolidation de la paix a mis en lumière le déficit de financement et la nécessité d’augmenter les contributions.  En conclusion, le représentant a félicité la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), l’UNOWAS et le Bureau du Coordonnateur des programmes d’assistance humanitaire et économique des Nations Unies pour l’Afghanistan (UNOCA) de leurs efforts visant à intégrer les risques sécuritaires liés au climat dans leur analyse politique quotidienne, ce qui est un bon exemple de la manière dont les questions de climat, de paix et de sécurité peuvent être traitées dans les mandats des missions. 

Le représentant du Bangladesh a rappelé que son pays accueille plus d’un million de Rohingya venant du Myanmar, exhortant cet État à reconnaître le mandat de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général au Myanmar afin d’aboutir à une solution durable à la crise actuelle.  À ce titre, il a espéré que l’Assemblée générale étendrait le mandat de l’Envoyée spéciale et lui accorde les ressources nécessaires.  Le représentant a plaidé pour une approche coordonnée, « au sein et au-delà des Nations Unies », pour garantir l’efficacité du travail des missions politiques spéciales.  La Commission de consolidation de la paix joue, à ce titre, un rôle « critique », a-t-il souligné.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance de l’inclusivité des genres dans les travaux des missions politiques spéciales.  Enfin, le représentant a noté la nécessité d’accorder des ressources adéquates pour les activités de consolidation de la paix des missions politiques spéciales. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a estimé que les missions politiques spéciales constituent les principaux instruments des Nations Unies afin d’asseoir la paix et la sécurité internationales sur la base du principe de sécurité collective.  Il s’agit également d’un instrument permettant d’exercer une diplomatie préventive à travers des efforts de médiation et des bons offices afin de bâtir une paix durable fondée sur les buts et principes de l’ONU.  Il faut selon lui assurer l’appropriation nationale des missions politiques spéciales et lier la sécurité nationale au développement économique et social afin de renforcer les capacités des États.  Pour y parvenir, nous devons renforcer les missions politiques spéciales, qui jouent un rôle important de consolidation de la paix, afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs obligations.  À cette fin, le représentant a prôné le renforcement de la coordination avec les organisations régionales et entre les États Membres.  S’agissant de la situation au Yémen, il a réitéré son appui à l’Envoyé spécial dans ce pays et appelé à une solution politique à même de mettre un terme au conflit et de parvenir à un cessez-le-feu.  Il a toutefois réitéré le droit de son pays de défendre son territoire et ses citoyens contre les attaques systématiques menées contre les milices houthistes. 

Le représentant du Japon s’est dit convaincu qu’en ces temps difficiles, les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix comptent parmi les fonctions les plus importantes des Nations Unies et incarnent les « grands idéaux » de l’Organisation, notamment l’état de droit et le règlement pacifique des conflits.  Opérant en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, les missions se caractérisent en outre par leur diversité, ce qui requiert des mandats adaptés sur le terrain selon les contextes dans lesquels elles opèrent.  Le représentant a appelé à cet effet le Conseil de sécurité à veiller à ce qu’elles soient dotées de mandats ciblés, prioritaires et réalisables, reflétant les circonstances uniques de chaque mission.  En tant que nouveau membre du Conseil pour la période 2023-2024, le Japon s’engage à œuvrer en faveur de l’unité du Conseil sur cette question, a annoncé le représentant. 

Bien que chaque mission soit unique, il existe des éléments communs qui devraient être prioritaires dans toute mission politique spéciale, a-t-il poursuivi, en particulier la participation des femmes aux processus de paix.  Il a notamment salué les efforts consentis par la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM) et la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) pour assurer la participation des femmes aux récents processus électoraux.  Lorsque le travail de consolidation de la paix est entrepris par un large éventail de partenaires, y compris les agences, fonds et programmes des Nations Unies, les institutions financières internationales, ou encore les organisations régionales et civiles, les missions politiques spéciales peuvent jouer un rôle important dans la coordination et l’intégration de tous ces efforts sur le terrain, a-t-il conclu. 

La représentante de l’Érythrée a estimé que la coopération n’est possible que s’il y a des progrès en matière de paix et de sécurité.  Pour que le multilatéralisme fonctionne pour tous, a-t-elle conseillé, il faut chercher à rétablir la crédibilité des Nations Unies sapée par trois décennies de tentatives d’imposer un certain ordre, et que le Conseil de sécurité soit plus représentatif.  Chaque pays contribue à la paix en fonction de ses capacités, a-t-elle ajouté.  Les missions politiques spéciales s’acquittent de leur mandat dans un monde de plus en plus complexe et elles ne peuvent contribuer au maintien de la paix et de la sécurité que si elles sont déployées avec un mandat et une stratégie de sortie clairs.  L’Érythrée progresse pour ce qui est de l’inclusivité, a conclu la représentante.  Elle veut réaliser l’unité dans la diversité, et a évité la radicalité et le terrorisme qui affectent la région par ailleurs. 

Le représentant du Brésil a noté le recours plus fréquent aux missions politiques spéciales aux dépens des opérations de maintien de la paix.  Il a en effet indiqué qu’il est plus simple d’obtenir l’approbation du Conseil de sécurité en raison de coûts plus faibles et d’une meilleure acceptation par les États hôtes.  Les missions politiques spéciales travaillent dans le cadre d’un système hybride, a-t-il indiqué, soulignant qu’elles sont décidées par le Conseil de sécurité, mais sont financées par le budget ordinaire.  Il a donc plaidé pour qu’un plus grand nombre d’États participent au débat relatif à leur établissement dans le cadre de l’Assemblée générale et des délibérations de la Quatrième Commission en particulier. 

Décision sur le projet de résolution

Étude d’ensemble des missions politiques spéciales (A/C.4/77/L.8)

Par ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale prendrait acte du rapport du Secrétaire général sur cette question et le prierait d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert à toutes les parties intéressées.  Elle respecterait le cadre des mandats confiés aux missions politiques spéciales, et soulignerait le rôle qu’elle-même joue dans les débats tenus sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales.  Elle constaterait encore qu’il importe d’établir une coordination, une cohérence et une coopération solides entre elle-même, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, et engagerait à cet égard le Conseil à continuer de solliciter les conseils spécialisés, stratégiques et ciblés de la Commission. 

L’Assemblée générale engagerait les missions politiques spéciales à continuer de forger des partenariats inclusifs avec des organisations régionales et sous-régionales et d’autres parties prenantes, notamment durant les transitions, et à collaborer étroitement avec les équipes de pays des Nations Unies, ainsi qu’avec les partenaires concernés, afin de favoriser la cohérence et la coordination.  Elle prierait en outre le Secrétaire général d’inclure dans son prochain rapport des informations sur l’effet des réformes sur l’exécution des mandats des missions politiques spéciales, notamment en matière de transparence et de responsabilité. 

Explication de position

Bien qu’elle se soit jointe au consensus sur le projet de résolution, le représentant de la Fédération de Russie a souligné que, malgré la nature largement technique des mises à jour du texte de cette année, des dispositions relatives à un « Nouvel Agenda pour la paix » ont été ajoutées par les coauteurs.  « Les avis divergent sur l’opportunité d’une telle mesure, ainsi que sur la formulation possible », a-t-il révélé. 

Pour sa part, sa délégation rappelle que le concept est toujours en cours d’élaboration et que des contributions substantielles ont été demandées aux États Membres.  Le Secrétariat de l’ONU doit encore les analyser et les compiler et nous espérons que cela sera fait de manière équilibrée, a poursuivi le représentant.  « À cet égard, nous partons du principe que les principes mentionnés dans la résolution 76/6 de l’Assemblée générale pour la poursuite de l’examen par les États Membres de « Notre Programme commun » s’appliqueront également au « Nouvel Agenda pour la paix » en tant que partie intégrante de celui-ci, et que ce document ne sera pas présenté comme un « document final ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.