En cours au Siège de l'ONU

9183e séance - après-midi
CS/15098

Péninsule coréenne: appels à la retenue, au Conseil de sécurité, après les récents essais de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée

Saisi par l’Albanie, les États-Unis, la France, l’Irlande, la Norvège et le Royaume-Uni après la multiplication d’essais de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), les 2 et 3 novembre, le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, une réunion qui a résonné de condamnations, mais aussi d’appels au dialogue et à la diplomatie, ainsi qu’à l’unité pour ce qui concerne ses membres. C’est la neuvième fois que le Conseil se réunit en 2022 pour discuter des essais de la RPDC, a constaté le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), qui a exhorté ce pays à revenir à la table des négociations sans tarder.  S’adressant également au Conseil de sécurité, il lui a recommandé d’exercer sa pleine responsabilité et ainsi de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une escalade, ce qui exige son unité.

M. Mohamed Khaled Khiari a précisé qu’un des missiles lancés hier (3 novembre) a été évalué comme appartenant à la catégorie des missiles balistiques intercontinentaux (MBI).  Il aurait eu une portée de 760 kilomètres et atteint un apogée d’environ 1,920 kilomètres, mais le lancement n’aurait peut-être pas réussi, a-t-il expliqué.  L’un des missiles balistiques lancés le 2 novembre serait en outre tombé dans les eaux territoriales de la République de Corée.

M. Khiari a relayé la ferme condamnation formulée par le Secrétaire général quant à ces tirs et son appel à la RPDC pour qu’elle cesse, immédiatement, toute nouvelle tentative imprudente et se conforme pleinement à ses obligations internationales découlant des résolutions du Conseil de sécurité.  La tension autour de la péninsule de Corée et l’augmentation de la rhétorique conflictuelle, y compris par les messages liés à l’utilisation des armes nucléaires par la RPDC, est une vive préoccupation de M. António Guterres, a-t-il aussi souligné, comme l’ont également exprimé la majorité des membres du Conseil.

Avec d’autres intervenants, le Japon a condamné les provocations « sans précédent » de la RPDC, tant par leur fréquence que par leur mode opératoire, mais n’a pas manqué également de reprocher au Conseil son inaction, lui rappelant qu’en vertu de sa résolution 2397 (2017), adoptée à l’unanimité, il s’était engagé à prendre des mesures en cas de lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC.

La Chine qui, avec la Russie, avait opposé, en mai, son veto à un projet de résolution sur la RPDC, a fait endosser la responsabilité de la gravité actuelle de la situation aux États-Unis et à certains pays qui, après une pause de cinq ans, ont repris leurs exercices militaires conjoints à grande échelle avec des centaines d’avions de guerre (240 avions de combat, selon la délégation de Russie).  La Chine a accusé les États-Unis d’avoir promu leur coopération avec d’autres pays sur les sous-marins nucléaires, en rappelant qu’ils avaient annoncé vouloir déployer des armes stratégiques dans la région.

Pour la Fédération de Russie, ces exercices militaires conjoints des États-Unis et de la République de Corée, débutés le 31 octobre, constituent une répétition en vue d’une action militaire massive contre le territoire de la RPDC.  Cela justifie, à ses yeux, les tirs de missiles de la RPDC, en réponse aux activités « agressives » de ces pays qui, avec le Japon ont également mené, à la fin de septembre, des exercices en mer du Japon, impliquant un sous-marin nucléaire lanceur d’engin.

La RPDC a pu jouir d’une protection de deux membres du Conseil, qui ont « tourné en dérision » cet organe en facilitant la tâche de la RPDC, ont rétorqué les États-Unis, en fustigeant le « silence assourdissant » du Conseil alors même que la RPDC a lancé pas moins de 59 missiles balistiques cette année.  « Le Conseil et ses membres ne sauraient renoncer à leurs responsabilités parce que ce pays va vous vendre des armes », ont exhorté les États-Unis, en exigeant une reddition de comptes pour la violation des résolutions.  Le monde ne veut pas d’un Conseil endormi lorsqu’un pays menace la paix et la sécurité, a renchéri l’Albanie, qui a insisté sur le devoir du Conseil d’adopter une position unifiée et ferme contre de telles violations persistantes, s’il veut être pertinent et rester crédible.

Ces lancements de missiles sont particulièrement alarmants, car ils sont directement liés au plan décrété par le dirigeant nord-coréen pour renforcer ses capacités de guerre nucléaire tactique, a averti la République de Corée.  Apportant plus de précision sur les intentions avouées de la RPDC, la France a indiqué que cette dernière poursuit inexorablement ses activités d’enrichissement, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ayant constaté une activité constante à Yongbyon et à Pungyee Rii, ainsi que la préparation d’un septième essai nucléaire.  À cet égard, l’Irlande a lancé un appel pour que la RPDC respecte le Traité sur la non-prolifération, s’acquitte de ses obligations en matière de garanties vis-à-vis de l’AIEA et respecte aussi les dispositions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Pour aboutir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la région, les membres du Conseil ont lancé, tout au long de la séance, des appels au dialogue.  « La diplomatie des tirs de missiles et l’exhibition de la force ne peuvent pas être la solution », a raisonné le Gabon.  « Nous sommes à un moment critique » a affirmé le Ghana, qui a encouragé à une action urgente pour désamorcer les tensions et éviter une confrontation ouverte dans la péninsule coréenne.  La porte du dialogue reste ouverte, a assuré la République de Corée, qui a invité son voisin nord-coréen à revenir à la diplomatie sur la dénucléarisation.

Cette réunion a en outre permis aux membres du Conseil d’exprimer leur inquiétude face à la situation humanitaire en RPDC.  M. Khiari a signalé que le système des Nations Unies, en coordination avec les partenaires internationaux et humanitaires, est prêt à envoyer du personnel et une assistance pour aider à répondre aux besoins médicaux et humanitaires.  La Norvège a signalé avec regret que les dispositions du projet de résolution du 26 mai 2022, qui n’a pas été adopté, auraient étendu les mécanismes d’assistance humanitaire.  De son côté, la Russie a souligné avoir proposé une solution sur la base d’un projet sino-russe de résolution politico-humanitaire au Conseil de sécurité. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), a indiqué que, selon diverses sources gouvernementales, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé un nombre sans précédent de missiles balistiques et d’autres types de systèmes, les 2 et 3 novembre dernier.  La RPDC n’a pas encore fourni publiquement de détails sur ces lancements, a-t-il précisé, tout en indiquant que l’un des missiles lancé le 3 novembre a été évalué comme appartenant à la catégorie des missiles balistiques intercontinentaux.  Il aurait eu une portée de 760 kilomètres et atteint un apogée d’environ 1,920 kilomètres, a informé M. Khiari, tout en indiquant que le lancement n’a peut-être pas réussi.  L’un des missiles balistiques lancés le 2 novembre serait en outre tombé dans les eaux territoriales de la République de Corée.

Le Secrétaire général condamne fermement ces tirs, a déclaré M. Khiari, en ajoutant qu’il appelle la RPDC à cesser, immédiatement, toute nouvelle tentative imprudente et à se conformer pleinement à ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le Secrétaire général est également profondément préoccupé par la tension autour de la péninsule coréenne et par l’augmentation de la rhétorique conflictuelle, y compris par les messages liés à l’utilisation des armes nucléaires par la RPDC.  Il exhorte la RPDC à retourner immédiatement à la table de négociation, invitant les parties clefs à reprendre leurs efforts diplomatiques en vue de parvenir à une paix durable et à une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.

C’est la neuvième fois que le Conseil se réunit pour discuter de la RPDC en 2022, a rappelé M. Khiari.  Il a fait remarquer qu’étant donné les risques potentiels associés à toute confrontation militaire, le Conseil de sécurité, dans l’exercice de sa responsabilité, doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une escalade.  L’unité au sein du Conseil de sécurité est cruciale et nécessaire pour accélérer et renforcer les engagements diplomatiques, a-t-il fait valoir.

Sur un autre plan, il a assuré que le Secrétaire général est toujours préoccupé par la situation humanitaire en RPDC.  Le système des Nations Unies, en coordination avec les partenaires internationaux et humanitaires, est prêt à envoyer du personnel et une assistance pour aider le Gouvernement de ce pays à répondre aux besoins médicaux et humanitaires, y compris ceux liés à la pandémie de COVID-19, a-t-il informé.  Afin de permettre une réponse rapide et efficace, il a réitéré l’appel à laisser entrer dans le pays du personnel international et des fournitures

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a critiqué la rhétorique menaçante et déstabilisatrice de la RPDC qui ne fait qu’aggraver la situation.  Faisant part de sa profonde inquiétude après le dernier essai d’un missile balistique intercontinental, et d’un autre à 60 kilomètres de la côte de la République de Corée, elle a estimé que cela va au-delà d’une simple atteinte au régime de non-prolifération nucléaire, car il s’agit de semer la peur chez les voisins, ce qui n’est pas l’acte d’un État responsable.  Rappelant que la RPDC a lancé 59 missiles balistiques cette année, elle a fustigé le silence assourdissant des membres du Conseil.  Ce pays a pu jouir d’une protection de deux membres de cet organe, qui l’ont tourné en dérision en facilitant la tâche de la RPDC, a dénoncé la représentante.  Le Conseil et ses membres ne sauraient renoncer à leurs responsabilités parce que ce pays va vous vendre des armes, a-t-elle plaidé.  Elle a exhorté à ne pas régurgiter la propagande de la RPDC, qui a affirmé, en octobre, que le lancement récent s’inscrit dans le cadre d’une action tactique pour contrer les manœuvres américaines dans la région.  La représentante a indiqué que son pays continuera à rechercher un dialogue substantiel, appelant la RPDC à faire de même.  Enfin, elle a exigé que ce pays rende compte de sa violation des résolutions et demandé au Conseil d’être uni dans son action.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a estimé que les 23 missiles lancés en moins de deux heures mercredi représentent non seulement le plus grand déploiement en une seule journée, mais aussi une escalade drastique et un comportement irresponsable du régime de Pyongyang.  Il a expliqué que les près de 59 missiles balistiques lancés par la RPDC en moins d’une année, d’une manière totalement illégale, injustifiée, non provoquée et sans précédent, démontrent que le régime totalitaire de Pyongyang est en train de devenir une menace persistante à la paix et à la sécurité internationales, au mépris du droit international et du Conseil de sécurité et de ses résolutions.  Le Conseil a le devoir d’adopter une position unifiée et ferme contre de telles violations persistantes de la RPDC s’il veut être pertinent et rester crédible, a-t-il dit.  Le délégué a déclaré que le fait de n’avoir pas pu adopter une nouvelle résolution avec un message fort, du fait d’un double veto, a envoyé un mauvais message au régime de la RPDC, qui l’a interprété comme l’autorisation de continuer à enfreindre la loi en toute impunité.  Le monde ne veut pas d’un Conseil endormi lorsqu’un pays menace la paix et la sécurité, a-t-il averti.  Il a vu le retour à un dialogue significatif et à la diplomatie comme la seule voie à suivre.  Le Conseil de sécurité devrait le dire clairement à la RPDC, a-t-il conclu.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le lancement de 29 missiles, dont plusieurs missiles balistiques, par la RPDC ces trois derniers jours.  Il a dénoncé une escalade « sans précédent » et des provocations « inacceptables ».  Il s’est dit particulièrement préoccupé par le fait qu’un missile balistique se soit abîmé du côté sud-coréen de la frontière maritime, à quelques kilomètres seulement des côtes, et a exprimé sa consternation face au tir d’un missile potentiellement intercontinental le 3 novembre.  Le représentant a souligné que la RPDC a amélioré ses capacités balistiques avec l’intention affichée de développer un programme nucléaire tactique.  Il a regretté qu’elle ait recours à une rhétorique nucléaire de plus en plus agressive comme le soulignait l’actualisation de sa doctrine nucléaire en septembre.  Inexorablement, elle poursuit ses activités d’enrichissement, a-t-il déploré, précisant que sur le terrain, à Yongbyon et à Pungyee Rii, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) constate une activité constante, et la préparation d’un septième essai nucléaire.

Affirmant que la RPDC contourne quotidiennement les sanctions, par la voie maritime, mais aussi via de cyberattaques qui permettent de financer ses programmes, M. de Rivière a recommandé de maintenir la pression et de l’adapter dans certains domaines.  Estimant que la division du Conseil offre à la RPDC une couverture pour poursuivre ses provocations, il en a appelé à la responsabilité historique du Conseil en matière de non-prolifération.

M. CAÍT MORAN (Irlande) a estimé que les 25 missiles lancés en moins de 24 heures démontrent la « voie dangereuse » que la RPDC emprunte, avec de graves risques pour le trafic maritime et aérien, ses voisins et les populations civiles.  Il est profondément inquiétant que, pour la première fois, de tels missiles aient atterri dans la zone économique exclusive de la République de Corée, a indiqué le délégué.  Il a affirmé que la RPDC ne sera jamais acceptée comme un État doté d’armes nucléaires.  Il a réitéré l’appel du Conseil à la RPDC afin qu’elle revienne au respect du Traité sur la non-prolifération (TNP), s’acquitte de ses obligations en matière de garanties vis-à-vis de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et respecte le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, sans délai.  Pour le délégué, un véritable dialogue est le seul moyen de parvenir à une paix, une sécurité et une stabilité durables sur la péninsule coréenne.  Il a en outre exhorté la RPDC à dialoguer avec l’ONU sur la situation dans le pays et à permette le retour immédiat des acteurs humanitaires.

Mme MONA JUUL (Norvège) a condamné le lancement de nombreux missiles ces derniers jours, plus près que jamais du territoire sud-coréen, et d’un missile intercontinental au-dessus du Japon.  Ces tirs mettent en danger le trafic maritime et aérien dans la région, a-t-elle averti.  La représentante a regretté l’inaction du Conseil alors même que ses résolutions sont « défiées de façon éhontée ».  LA RPDC doit choisir la voie du dialogue, a-t-elle déclaré, invitant les membres du Conseil à faire appliquer les sanctions visant à ralentir le développement du programme nucléaire.  Les dispositions du projet de résolution du 26 mai 2022, qui n’a pas été adopté, auraient étendu les mécanismes d’assistance humanitaire, a-t-elle regretté.  En conclusion, la représentante a appelé tous les États à appliquer pleinement les résolutions relatives à la RPDC.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que la salve de missiles lancés par la RPDC constitue une escalade, qui exige que le Conseil condamne ces actes.  Celui-ci doit également rappeler que le coût de ces lancements illicites est supporté par la population de son pays, alors que « les millions » dépensés pour ces tirs auraient pu nourrir cette population pendant des semaines.  Enfin le Conseil doit renouveler ses appels pour que la RPDC prenne au sérieux la proposition des États-Unis au dialogue, car, a-t-elle estimé, la diplomatie est la seule voie pour régler cette question.  La représentante a également estimé probable que deux membres du Conseil de sécurité cherchent à assimiler des exercices défensifs licites menés par les États-Unis aux actes de provocation de la RPDC, alors que la communauté internationale est tombée d’accord sur le fait que la RPDC ne doit pas posséder les armes dont il s’agit.  C’est une question de sécurité pour tous, notamment pour éviter que de telles armes tombent à 20 kilomètres des côtes de la République de Corée, comme cela s’est récemment produit, a argumenté la représentante.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a déploré que, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question, la RPDC a lancé plus de 30 missiles, dont une salve de 23 missiles, il y a quelques jours.  De plus, un essai de missile balistique intercontinental (MBI) a été annoncé le 2 novembre.  Le représentant a condamné, dans les termes les plus forts, ces tirs qui violent les résolutions pertinentes du Conseil.  Outre la menace que représente l’expansion continue de l’arsenal de la RPDC, il s’est inquiété des risques liés à l’essai de systèmes expérimentaux au-dessus de zones habitées, évoquant des rapports selon lesquels le dernier lancement d’un MBI pourrait avoir échoué après la séparation du deuxième étage du missile.  Or, tout survol du Japon par des missiles constitue un danger pour des millions de personnes, y compris la communauté de 200 000 Brésiliens vivant au Japon.  Une fois encore, la RPDC n’a émis aucun avis aux aviateurs avant les tirs, a-t-il souligné.  Le délégué a demandé à la RPDC de se conformer à toutes les résolutions pertinentes du Conseil et de respecter l’accord militaire global de 2018 avec la République de Corée.  Il a appelé toutes les parties de la région à faire preuve de retenue afin d’éviter une dangereuse escalade.  « Le Conseil de sécurité devrait faire plus, non seulement pour condamner, le cas échéant, mais aussi pour désamorcer la situation. »

M. ZHANG JUN (Chine) a dit avoir très attentivement écouté l’exposé de M. Khiari et être profondément préoccupé par l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne, en appelant à la retenue et au calme, en paroles et en actes, et à éviter toute action pouvant mener à des erreurs de calculs.  Il a notamment attribué la responsabilité de la gravité de la situation aux États-Unis et à certains pays qui, après une pause de cinq ans, ont repris leurs exercices militaires conjoints à grande échelle avec des centaines d’avions de guerre.  Il a accusé les États-Unis d’avoir promu leur coopération avec d’autres pays sur les sous-marins nucléaires et d’avoir annoncé qu’ils déploieraient des armes stratégiques dans la région.  Si chaque partie s’en tient à ses arguments et refuse un compromis, la situation ne fera qu’escalader, a-t-il mis en garde.  Il a recommandé, au contraire, de rétablir la confiance, en demandant aux États-Unis de cesser de miser sur les pressions.  Au Conseil de sécurité, il a conseillé d’éviter une confrontation, de promouvoir la compréhension et d’atténuer les problèmes politiques.  Il a encouragé à la mise en confiance et à la reprise du dialogue.  En tant que proche voisin de la péninsule coréenne, la Chine reste attachée au dialogue, en faisant face aux problèmes sur place, a dit le représentant.  Il a conclu en appelant à trouver un équilibre entre les parties grâce au dialogue et à la négociation pour prévenir toute escalade de cette situation hautement préoccupante.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a estimé que si le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de condamner à l’unisson les remises en cause de son autorité, il devrait au moins se prononcer en faveur d’un dialogue diplomatique urgent, en vue de trouver une solution globale et négociée.  « C’est peut-être là que l’on pourra trouver le terrain d’entente nécessaire pour que le Conseil de sécurité puisse s’exprimer à l’unanimité. »  Le délégué a appelé à la plus grande retenue.  Il faut s’abstenir de toute action qui conduirait à davantage de violations des résolutions ou à des confrontations supplémentaires.  En conclusion, il a insisté sur le dialogue avec la RPDC, menant à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) a noté que la RPDC avait procédé au lancement de 59 missiles cette année et qu’elle s’apprêtait à procéder à un essai nucléaire dans les prochains jours, en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il s’est inquiété des risques d’une confrontation militaire aux conséquences catastrophiques non seulement pour la région, mais pour le monde entier.  Le délégué a appelé tous les États ayant de l’influence sur les parties à les inciter à la retenue.  La RPDC devrait se soucier du bien-être de sa population au lieu de se lancer dans des aventures militaires coûteuses, a-t-il conclu.

Mme AURELIE FLORE KOUMBA PAMBO (Gabon) a condamné les tirs de missiles de la RPDC, lesquels constituent une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et exacerbent les tensions dans l’ensemble de la région.  Pour la déléguée, cette montée de la tension interpelle la communauté internationale sur l’ampleur de la menace qui pèse sur la sécurité de la péninsule coréenne et requiert une réponse urgente et concertée du Conseil.  « La diplomatie des tirs de missiles et l’exhibition de la force ne peuvent pas être la solution. »  Selon la déléguée, ce n’est ni constructif, ni viable, cela alimente la tension et ravive l’inquiétude des populations.  Elle a appelé à la désescalade, au dialogue sans condition en vue de parvenir à une solution qui garantisse la paix et l’éradication de la menace nucléaire dans la péninsule coréenne.  Elle a conclu en appelant les parties à s’engager dans les négociations diplomatiques et à reprendre les discussions sur la base des sillons tracés en 2017.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que le Conseil de sécurité ne doit pas considérer ces tirs de manière séparée tandis que la RPDC continue ses provocations.  Selon le représentant, le moment est venu de considérer ces actions comme une menace et de rappeler la RPDC à ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil.  Il faut également l’appeler à revenir à la table des négociations.  Le représentant a fait observer que les sanctions décidées par le Conseil contre la RPDC ne l’ont visiblement pas empêchée de se doter d’armes nucléaires, même si son programme a été retardé.  Il faut donc faire en sorte que tous les pays respectent ces sanctions et que ceux qui exercent une influence sur la RPDC l’encouragent à respecter ses obligations.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que les États-Unis tentent de contraindre le Gouvernement de la RPDC à un désarmement unilatéral.  Elle a rappelé que des exercices militaires conjoints des États-Unis et de la République de Corée, d’une ampleur inédite, impliquant 240 avions de combats, ont débuté le 31 octobre.  Elle a dénoncé ce qu’elle a vu comme une répétition pour une action militaire massive contre le territoire de la RPDC.  Elle a aussi rappelé que les États-Unis, la République de Corée et le Japon ont mené, à la fin de septembre, des exercices en mer du Japon impliquant un sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE).  De l’avis de la représentante, les tirs de missile de la RPDC répondent à ces activités agressives.

La déléguée a dénoncé la promotion par Washington de sa doctrine unilatérale dans la région et s’est inquiétée de la formation de nouveaux blocs militaires, tels que l’alliance AUKUS entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.  Elle a regretté que les Occidentaux n’aient pas saisi la main tendue par Pyongyang en vue d’amorcer une détente.  En outre, le renforcement des sanctions contre la RPDC outrepasse leur but affiché et font peser un risque sur la population du pays, a-t-elle regretté, prévenant que l’intensification des exercices militaires dans la péninsule pourraient avoir des conséquences incalculables en Asie du Nord-Est.  Elle a appelé à une solution sur la base du projet sino-russe de résolution politico-humanitaire au Conseil de sécurité.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a pris note du lancement par la RPDC, le 2 novembre, de missiles balistiques et d’un missile balistique intercontinental, ce qui constitue un précédent et aggrave la menace.  Elle a appelé à l’application de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur le programme nucléaire de la RPDC.  La prolifération des technologies nucléaires et de missiles est une menace délétère pour toute la région, a mis en garde la déléguée.  L’Inde, a-t-elle informé, a l’intention de poursuivre ses efforts diplomatiques en vue d’une désescalade des tensions dans la péninsule coréenne.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a mis en garde contre les tendances actuelles qui risquent de conduire à un malentendu ou à une erreur de calcul, et de déboucher sur une confrontation ouverte sur la péninsule coréenne.  Le Conseil ne peut plus fermer les yeux sur la possibilité d’une confrontation, a insisté le représentant, pour qui le monde est déjà fragile.  « Nous sommes à un moment critique! »  Lors de la dernière réunion du Conseil sur cette situation, le mois dernier, de nombreux membres se sont exprimés en faveur d’une action urgente pour désamorcer les tensions, a-t-il rappelé.  Notant que le Conseil n’a pas pu se mettre d’accord sur la façon de procéder, il l’a encore incité à aller dans ce sens, car « l’inaction n’est pas une option ».

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a rappelé qu’il y a un mois, pratiquement tous les membres du Conseil ont prié la RPDC de cesser ses essais nucléaires et balistiques.  Or, au cours des deux derniers jours, ce pays a tiré plus de 7 missiles balistiques et 10 autres missiles, et plus de 100 séries de tirs d’artillerie en une demi-journée, le 2 novembre.  Le représentant a dénoncé en particulier le lancement d’un missile balistique extraordinaire qui a franchi la frontière maritime entre les deux pays, et ce, pour la première fois.  Il a aussi rappelé que, le 3 novembre, la RPDC a lancé un missile balistique intercontinental.  Il a jugé ces lancements de missiles particulièrement alarmants, car ils sont directement liés au plan décrété par le dirigeant nord-coréen pour renforcer ses capacités de guerre nucléaire tactique.  Cette série d’actes de provocation de la RPDC violent de multiples résolutions du Conseil de sécurité et posent une menace non seulement pour la péninsule coréenne mais aussi au-delà, s’est plaint le représentant, qui a aussi déploré que cela intervienne au mépris d’une période de deuil national dans la République de Corée.

De plus, a poursuivi le délégué, la RPDC aurait dépensé des millions de dollars en une journée, des ressources qui auraient pu largement couvrir les besoins de la population en riz.  Il a encouragé les membres du Conseil de sécurité à agir à l’unisson, déplorant que celui-ci, pour la première fois, n’ait pas réussi à adopter une résolution, en mai, en raison du vote négatif de deux membres permanents, qui ont argué des manœuvres d’autres pays dans la péninsule coréenne.  Il a prié le Conseil de cesser d’avoir les bras ballants, et de se faire entendre haut et fort pour dire que rien ne saurait justifier les provocations illégales de la RPDC, qui avait lancé auparavant des missiles en l’absence de tout exercice militaire conjoint de la République de Corée et des États-Unis.  En dépit de l’escalade des provocations et des menaces sans précédent de la RPDC, la porte du dialogue reste ouverte, a-t-il toutefois conclu, invitant ce pays à revenir à la diplomatie sur la dénucléarisation.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a condamné les provocations « sans précédent » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), tant par leur fréquence que par leur mode opératoire.  Elles représentent une « menace grave et imminente pour la sécurité de la région, notamment pour le Japon et la République de Corée, et constituent un sérieux défi pour la communauté internationale ».  Le délégué a rappelé qu’en vertu de sa résolution 2397 (2017), adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité s’était engagé à prendre des mesures en cas de lancement d’un missile balistique intercontinental (MBI) par la RPDC.  Regrettant l’inaction du Conseil, il a estimé qu’après les vetos exprimés, en mai dernier, un nombre record de tirs de missiles avaient eu lieu en un court laps de temps, dont le tir d’un missile balistique au-dessus du Japon pour la première fois en cinq ans.  À la suite de cette série des tirs, a déploré le délégué, le Conseil de sécurité, réuni le 5 octobre, n’a même pas été en mesure de publier une déclaration à la presse.  Cette nouvelle absence de réaction a été suivie d’une série historique de lancements de missiles cette semaine, incluant potentiellement un MBI.  Fait sans précédent, l’un des missiles lancés le 2 novembre a franchi la ligne de démarcation septentrionale et amerri à proximité des eaux territoriales de la République de Corée, a-t-il ajouté.  « Nous sommes confrontés à une escalade due à un dysfonctionnement du Conseil », a affirmé M. Ishikane, appelant l’organe à mettre fin à ce cercle vicieux.  « Le Conseil ne doit pas se contenter de suivre les affaires internationales, mais doit les façonner activement », a-t-il martelé.  Rappelant que la RPDC avait récemment déclaré à l’Assemblée générale qu’elle ne reconnaissait pas les résolutions de l’ONU, le délégué a demandé au Conseil comment il pouvait « fermer les yeux sur ce défi flagrant à son autorité ».

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