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« Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh », un des trois thèmes du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient

GENÈVE, le 3 novembre (Reçu de l’Office des Nations Unies à Genève) -- « Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh et protéger les journalistes qui couvrent le conflit » est un des trois thèmes du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient qui a ouvert ses portes aujourd’hui à Genève.  Dans son message, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, se dit consterné par le meurtre de Shireen Abu Akleh, reporter américano-palestinienne d’Al Jazeera, tuée d’une balle le 11 mai 2022, alors qu’elle couvrait une opération des Forces de défense israéliennes dans le camp de réfugiés de Jenin, en Cisjordanie.  Le Secrétaire général, qui appelle dans son message, à la fin de toutes les attaques contre les journalistes, saisit l’occasion du Séminaire international pour insister sur la solution des deux États.

Organisé par le Département de la communication globale (DCG), le Séminaire a aussi pour thèmes « Histoires oubliées du conflit israélo-palestinien: comment l’actualité politique éclipse la couverture des défis économiques »; et « Jeunes journalistes: opportunités et défis ».  Journalistes, spécialistes des médias, groupes de réflexion, diplomates et universitaires participent à cette manifestation annuelle qui vise, depuis 31 ans, à encourager la contribution des médias à la recherche d’un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien, a rappelé Mme Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe à la communication globale.  Le Séminaire, a-t-elle ajouté, représente l’occasion d’analyser les événements et les tendances médiatiques les plus récents et d’en tirer des enseignements.  Malheureusement, certains de ces événements sont déchirants; tel est le cas de l’assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, une tragédie et un signal d’alarme sur les risques incroyables encourus par les journalistes qui couvrent le conflit.

Dans son message lu par Mme Fleming, le Secrétaire général rappelle que le Séminaire est l’occasion de favoriser le dialogue et l’entente au service de la paix.  Le monde traverse une période extrêmement difficile marquée par la montée de la violence et l’escalade des tensions et endeuillée par la mort de nombreux civils.  S’agissant de Shireen Abu Akleh, il demande une enquête indépendante et transparente pour établir les faits et traduire les responsables en justice, et appelle à la fin de toutes les attaques contre les journalistes. 

M. António Guterres plaide pour la redynamisation du processus de paix, par tous les moyens possibles car, dit-il, il n’existe aucune solution crédible autre que celle des deux États, qui verrait Israël et la Palestine vivre côte à côte, dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem comme capitale des deux États. 

M. Wolfgang Amadeus Brülhart, Envoyé de la Suisse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré que sur les plans politique, social, numérique et climatique, le monde est pris dans une dynamique d’instabilité qui se traduit par l’émergence de nouvelles tensions et de nouveaux conflits.  La Suisse, a-t-il souligné, est convaincue que seule la solution des deux États, négociée par les deux parties, peut conduire à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.  Les journalistes doivent être protégés en toutes circonstances, a-t-il en outre souligné, avant de remercier les représentants des médias présents pour tous leurs efforts et leur engagement en faveur de la paix. 

M. Cheikh Niang, Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies et Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a fait observer que l’assassinat de Shireen Abu Akleh, une journaliste chevronnée, n’est pas seulement un acte scandaleux, mais aussi une attaque contre la liberté et l’indépendance de la presse, qui joue un rôle crucial dans la couverture des conflits, la recherche de la vérité et la sensibilisation aux points de vue des victimes.  Les journalistes doivent être protégés et la liberté des médias, défendue, a-t-il insisté. 

M. Niang a rappelé que grâce à ses efforts de sensibilisation auprès des États Membres, y compris les membres du Quartet pour le Moyen-Orient et du Conseil de sécurité, le Comité qu’il préside s’efforce de mobiliser un consensus international autour de la solution des deux États.  Le Comité, a-t-il fait observer, est confronté à de nombreux défis, dont celui de contrer la désinformation sur la question de la Palestine.  Le Comité gère d’ailleurs le système d’information des Nations Unies sur la question de Palestine (UNISPAL), la plus grande collection de documents en ligne sur la question de la Palestine de 1917 à nos jours.  Le site Web a totalisé plus de 2,6 millions de pages vues depuis 2020, a précisé M. Niang. 

Malgré les efforts collectifs du Comité, a poursuivi son Président, la situation dans le Territoire palestinien occupé est à peine couverte par les médias internationaux et l’attention se déplace sans cesse vers d’autres conflits.  De plus, la pandémie de COVID-19 a éclipsé les graves violations des droits de l’homme qui y ont lieu, ainsi que la crise financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Table ronde 1: « Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh: protéger les journalistes qui couvrent le conflit » 

Le Séminaire a ensuite tenu, ce matin, sa première table ronde, consacrée au thème « Honorer l’héritage de Shireen Abu Akleh: protéger les journalistes qui couvrent le conflit ».  Animée par Mme Fleming, cette discussion comprenait des présentations de M. Gideon Levy, chroniqueur et membre du comité de rédaction d’Haaretz; du Dr Riyad Mansour, Observateur permanent de l’Etat de Palestine auprès des Nations Unies; et de M. Denis Masmejan, Secrétaire général de Reporters sans frontières, Suisse. 

Mme FLEMING a rappelé que le 2 novembre marquait la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.  A cette occasion, elle a cité le Secrétaire général des Nations Unies: « Une presse libre est essentielle au bon fonctionnement de la démocratie, à la dénonciation des actes répréhensibles, à la navigation dans notre monde complexe et à la progression des Objectifs de développement durable.  Pourtant, plus de 70 journalistes ont été tués cette année simplement pour avoir rempli ce rôle dans la société.  La plupart de ces crimes ne sont pas élucidés.  Pendant ce temps, un nombre record de journalistes sont incarcérés aujourd’hui, tandis que les menaces d’emprisonnement, de violence et de mort ne cessent de croître ». 

Mme Fleming a précisé que Shireen Abu Akleh était l’une des soixante-dix journalistes que le monde a perdus cette année et rappelait les risques que courent de nombreux journalistes dans l’exercice de leur métier.  Mme Fleming a souligné que cette première table ronde du Séminaire était consacrée à l’héritage de cette journaliste et que l’on se souviendrait d’elle comme d’une pionnière – une pionnière pour les journalistes palestiniens et arabes et pour les femmes journalistes.

Après avoir présenté les panélistes, Mme Fleming a demandé comment le monde pouvait commémorer au mieux l’héritage de Shireen Abu Akleh.  Quelles sont les leçons à tirer de sa vie et les leçons à tirer de sa mort?

M. LEVY a estimé que la meilleure façon de commémorer l’héritage de Shireen était de traduire en justice les responsables de son meurtre; il ne s’agit pas seulement de son héritage mais aussi de savoir qui a tué Shireen et qui va payer et être puni pour cela.  Shireen, a-t-il ajouté, n’est pas la première journaliste tuée et ne sera malheureusement pas la dernière.  Israël a refusé de rendre des comptes pour son meurtre, a-t-il poursuivi.  L’État d’Israël a, dans un premier temps, nié les faits et l’assassinat, puis est resté vague avant de finalement admettre qu’il s’agissait potentiellement de soldats israéliens et d’affirmer qu’il s’agissait d’une erreur.  Selon M. Levy, toutes les enquêtes montrent que Shireen était visée. 

Pour M. Levy, pour commémorer au mieux l’héritage de Shireen, il faut continuer à couvrir le sort des Palestiniens.  Israël utilise une stratégie qui consiste à qualifier d’antisémitisme toute forme de critique à son égard, a déploré M. Levy. 

M. MANSOUR a déclaré que Shireen Abu Akleh était l’héritage du peuple palestinien: elle a donné sa vie pour faire avancer la justice pour le peuple palestinien.  Le Conseil de sécurité a été unanime pour approuver la déclaration condamnant son exécution et demandant une enquête indépendante et la justice.  Les soldats israéliens l’ont tuée et la justice doit être rendue, a insisté M. Mansour. 

M. Mansour a ensuite précisé que plus de 200 jeunes journalistes palestiniens ont été diplômés dans le cadre d’un programme des Nations Unies qui s’appelle désormais le Programme Shireen Abu Akleh.  Les Palestiniens ont déjà attendu 75 ans depuis la Nakba (exode palestinien) et 55 ans depuis l’occupation: ils ne céderont pas, a poursuivi M. Mansour.  De nombreuses organisations éminentes estiment que l’occupation israélienne est un apartheid, alors que beaucoup n’ont pas encore le courage d’utiliser ce mot, a-t-il ajouté.  Selon lui, plusieurs questions doivent être posées et notamment celles des conséquences juridiques d’une longue occupation et d’un refus du droit à l’autodétermination. 

M. MASMEJAN a commencé par adresser un message de sympathie à la famille de Shireen.  Il a assuré ressentir et partager la douleur de ceux qui ont travaillé avec elle, qui la connaissaient et qui l’aimaient.  Rappelant qu’hier était célébrée la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, il a souligné que cela signifiait que les faits devaient être établis de manière indépendante.  Les journalistes qui couvrent un conflit armé sont protégés par le droit humanitaire international en tant que civils et, à ce titre, ne doivent pas être pris pour cible, a-t-il rappelé.  Les autorités israéliennes avaient initialement déclaré qu’il était impossible d’identifier l’origine du tir qui a tué Shireen et de déterminer s’il provenait d’Israël ou de Palestine, mais des enquêtes indépendantes ont conclu que les tirs ne pouvaient provenir que des rangs israéliens; Israël a alors ensuite admis qu’il était très probable qu’Israël soit à l’origine du tir, mais seulement de manière accidentelle, a rappelé M. Masmejan. 

Pour un deuxième tour de table, MME FLEMING a demandé aux intervenants, outre les dangers physiques, quels étaient les obstacles auxquels les journalistes sont confrontés lorsqu’ils couvrent les conflits. 

M. LEVY a rappelé avoir été confronté à des dangers importants en tant que journaliste alors qu’il se trouvait en mission en 1993 dans Sarajevo assiégée.  Toutefois, a-t-il affirmé, d’une manière générale en Israël, les journalistes ne sont pas confrontés à des menaces physiques ou à des pressions de la part du Gouvernement ou des services secrets.  Ce à quoi ils sont confrontés, c’est à la trahison de leurs collègues en mission, a-t-il expliqué, affirmant que les médias israéliens sont les plus grands collaborateurs de l’occupation israélienne, non pas en raison d’idéologies ou de pressions, mais pour des raisons d’intérêt, parce que les lecteurs ne veulent pas savoir; il est difficile de briser la « coalition du silence » et la société israélienne vit dans le déni, a-t-il insisté.  Tel est le cadre auquel sont confrontés les journalistes israéliens qui veulent couvrir l’occupation d’une manière professionnelle plutôt que politique.  La plus grande corruption, a insisté M. Levy, est le déni et les médias en sont les principaux responsables: les soldats israéliens sont toujours considérés comme des victimes et les Palestiniens comme des agresseurs. 

M. MANSOUR a attiré l’attention sur les conditions difficiles voire impossibles dans lesquelles les journalistes palestiniens couvrent les attaques des autorités israéliennes, souvent au péril de leur vie comme en témoigne le nombre de morts parmi eux.  La vie des journalistes palestiniens est intimement liée à celle du peuple palestinien; ils souffrent autant que le peuple. 

M. MASMEJAN a fait observer qu’il existe une censure militaire en Israël lorsque la sécurité est en jeu.  La bande de Gaza, quant à elle, est dangereuse pour les journalistes, a-t-il ajouté. 

La parole ayant ensuite été donnée aux participants, le Séminaire a entendu des déclarations des Ambassadeurs du Qatar et de la Tunisie, ainsi que de plusieurs journalistes.  Le meurtre de Shireen Abu Akleh a été clairement condamné, d’autant plus – a-t-il été souligné – qu’elle portait un gilet de presse l’identifiant clairement comme membre d’un média.  Il a été recommandé que son cas soit porté devant la Cour pénale internationale.  L’héritage de Shireen doit se poursuivre à travers le temps et toute l’attention voulue doit être accordée à la cause palestinienne, a-t-on souligné.  L’accent a été mis sur l’importance de protéger tous les reporters à travers le monde et de veiller à ce que tous les crimes commis contre les journalistes soient poursuivis, ce qui est loin d’être le cas. 

Il a été demandé à M. Levy si les Israéliens croyaient encore à la paix avec les Palestiniens, ce à quoi ce dernier a répondu qu’il s’agissait d’une question cruciale, à laquelle il n’est pas simple de répondre.  Les Israéliens ont perdu foi en la paix et en ce qu’elle signifie, a estimé M. LEVY, avant de faire observer qu’il n’y aura jamais de paix sans justice. 

M. MANSOUR a pour sa part estimé que La communauté internationale devrait se réunir et forcer Israéliens et Palestiniens à négocier, comme cela s’est produit dans le passé.  Il n’y a pas d’autre solution que celle fondée sur deux États; la responsabilité de la communauté internationale est plus grande que jamais et elle doit amener les deux parties à trouver un compromis, a ajouté l’Observateur permanent. 

M. MASMEJAN a insisté sur l’importance capitale de la lutte contre l’impunité et a souligné que cette lutte débute par l’établissement des faits: si les faits ne sont pas établis, la justice ne peut pas être rendue. 

Table ronde 2: « Histoires oubliées dans le conflit israélo-palestinien: comment l’actualité politique éclipse la couverture des défis économiques »

Le Séminaire a tenu cet après-midi une deuxième table ronde, consacrée au thème « Histoires oubliées dans le conflit israélo-palestinien: comment l’actualité politique éclipse la couverture des défis économiques ».  Animée par Mme Nanette Braun, Cheffe du Service des campagnes de communication à la Division des campagnes et des opérations nationales du Département de la communication globale des Nations Unies, cette discussion comprenait des présentations de M. Edmund Gharib, professeur à l’Université américaine; Mme Dalia Hatuqa, journaliste multimédia, spécialisée dans les affaires israélo-palestiniennes; et M. David Rosenberg, rédacteur économique à Haaretz.

MME BRAUN a fait observer que l’essentiel de la couverture médiatique dans les zones de conflit avait tendance à se concentrer sur les développements et les tendances politiques, ignorant les conditions économiques qui affectent la vie et les moyens de subsistance des gens.  Certains journalistes consacrent leurs reportages à l’économie, mais dans les situations de crise et de conflit, ils sont une minorité et leurs reportages font rarement la une des journaux, a-t-elle souligné.  La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont eu un impact sans précédent sur les économies mondiales et nationales et ont gravement perturbé le commerce, provoquant une grave crise de l’approvisionnement en nourriture et en énergie, a-t-elle rappelé.  Ces crises ont fortement touché le territoire palestinien occupé et Israël également, mais elles ont à peine dominé le récit médiatique, a-t-elle fait observer. 

Or, la pauvreté a continué de s’aggraver dans le territoire palestinien occupé, où plus d’un tiers de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, a poursuivi Mme Braun.  L’insécurité alimentaire est passée de 9% à 23% en Cisjordanie et de 50 à 53% à Gaza.  De même, à Gaza, en 2021, plus de la moitié de la main-d’œuvre était au chômage et 83% des travailleurs percevaient moins que le salaire minimum.  Il y a manifestement un problème qui nécessite une attention urgente, mais qui est sous-estimé, a insisté Mme Braun.  Aussi, a-t-elle souhaité connaître le point de vue des participants concernant l’importance de suivre la situation économique et de plaider en faveur de davantage de reportages économiques dans le contexte du conflit israélo-palestinien. 

M. GHARIB a souligné que des questions telles que la COVID-19, mais aussi la guerre en Ukraine, ont sans aucun doute eu un impact sur la vie des gens et sur l’économie.  Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le coût cumulé des restrictions imposées en Cisjordanie est estimé à 57,7 milliards de dollars.  De plus, le contrôle exercé par Israël sur le territoire occupé a entraîné le rétrécissement de l’économie palestinienne et l’encerclement des villages palestiniens par des colonies israéliennes.  Israël défend cette position au nom de la sécurité et rend les Palestiniens responsables de leurs propres privations.  Tout cela est rarement couvert par les médias, a observé M. Gharib.  Les tentatives visant à soulager les souffrances des Palestiniens sont perçues de manière négative comme un substitut destiné à surmonter l’occupation, a-t-il par ailleurs relevé. 

MME HATUQA a affirmé que la situation économique en Palestine et dans les territoires occupés n’est que le reflet du paysage politique actuel: tout ce qui a trait à la pauvreté est le reflet de ce qui se passe sur le terrain, de l’occupation israélienne et de la manière dont elle affecte les moyens de subsistance des Palestiniens.  Il ne faut pas dissocier économie et politique, a plaidé la journaliste, expliquant que les partis politiques ont tenté de se concentrer sur la paix économique comme un moyen de contourner la situation politique.  Les donateurs pensent qu’une fois l’économie rétablie, les choses iront mieux sur le plan politique; mais ce n’est pas le cas. 

M. ROSENBERG a déclaré que la question économique était très importante pour la situation en Palestine et pour toute perspective de paix.  Sur le terrain, la détresse économique est un facteur important de la vie palestinienne; elle affecte les Palestiniens ordinaires au quotidien, a-t-il souligné.  Il a fait observer que l’une des questions clés est la situation de l’Autorité palestinienne, qui n’est pas viable, ce qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l’économie palestinienne; cela a d’énormes implications politiques, dont les médias n’ont pas du tout parlé.  Le journaliste a précisé que le Liban est certainement l’un des rares pays où la situation de l’économie est dramatique et donne lieu à une couverture médiatique importante. 

Dans un nouveau tour de table, MME BRAUN a voulu savoir ce qu’il en était de la difficulté de présenter des informations économiques équilibrées. 

M. ROSENBERG a déclaré qu’il était de plus en plus difficile de couvrir les questions économiques.  Les nouvelles sont beaucoup plus axées sur ce que demande le public et sur ce qui l’intéresse, et l’économie reste « difficile à vendre », a-t-il constaté.  Il a fait observer que l’intérêt pour la situation économique de la Palestine – qui n’a guère d’impact sur le reste du monde - disparaît rapidement, alors que l’impact économique de la guerre en Ukraine retient exceptionnellement l’attention en raison du niveau élevé des exportations de blé de ce pays.  M. Rosenberg a reconnu que l’économie n’était pas une matière facile à appréhender et à exposer et que l’un des moyens de parvenir à couvrir les questions économiques était de les lier aux questions politiques. 

MME HATUQA a fait observer qu’il existe de nombreuses crises « sanglantes » au Moyen-Orient qui font passer les questions économiques au second plan.  De plus, a-t-elle ajouté, les gens n’affectionnent pas les histoires économiques et la grande quantité de chiffres qui les accompagnent souvent et il est donc difficile pour les journalistes de les intéresser à ces questions, même si des sujets restent à explorer.  Mme Hatuqa a expliqué qu’en ce qui la concerne, pour couvrir des sujets économiques, elle devait les replacer dans une perspective politique ou humanitaire.  Il faut donner aux lecteurs un type d’informations qu’ils sont prêts à comprendre et à consommer: un moyen d’y parvenir est d’aborder des sujets qui intéressent les gens, comme les start-ups ou la philanthropie communautaire, qui ont un élément humain, a expliqué la journaliste. 

Le nombre de journaux - en particulier dans les sociétés occidentales - a diminué, même si les publications locales sont, elles, toujours aussi dynamiques, a pour sa part fait observer M. GHARIB.  Il a pointé un déclin du journalisme d’investigation, qui sape la crédibilité des médias et qui entraîne un déclin de la confiance du public dans les médias.  M. Gharib a par ailleurs dénoncé un déclin, au cours de la dernière décennie, de l’image des Palestiniens dans les médias. 

Le Séminaire poursuivra ses travaux demain matin, à 10 h 30, en engageant sa troisième et dernière table ronde, consacrée au thème « Jeunes journalistes: opportunités et défis ».

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