Après un nouveau tir de missile balistique intercontinental de la RPDC, les membres du Conseil de sécurité étalent de nouveau leurs divisions
Après un nouveau lancement de missile balistique par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 13 avril -le pays en a tiré plus de 80 depuis le début de 2022-, le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi à la demande du Japon et de plusieurs de ses membres occidentaux. Présidente du Conseil en ce mois d’avril, la Fédération de Russie a dit avoir accédé à cette demande, bien qu’à titre national, elle s’oppose résolument à cette « avalanche » de séances du Conseil sur la RPDC « à des fins de pure propagande » et de pression. La réunion a de nouveau étalé les divisions du Conseil sur la question.
Dans son exposé, M. Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a précisé que le tir du 13 avril était le premier par la RPDC d’un missile balistique de longue portée à combustible solide, le missile Hwasong-18. Ce type de missile n’ayant pas besoin d’être ravitaillé en carburant avant son lancement, il peut être lancé plus rapidement que les missiles à combustible liquide, ce qui signifie aussi qu’il est plus difficile de détecter à temps la préparation d’un tel lancement. Le tir de ce nouveau missile à propulsion solide témoigne donc de l’avancée continue du programme nord-coréen, s’est inquiété M. Khiari, tout en relevant qu’il est conforme au plan quinquennal de développement militaire de la RPDC qui a été rendu public lors du huitième Congrès du parti en janvier 2021.
Estimant, comme la France, que la menace que fait peser la « Corée du Nord » sur ses voisins est bien réelle, les pays qui ont demandé la réunion se sont inquiétés du progrès technique que semble représenter le nouveau missile, mais ont plus encore déploré et dénoncé l’absence d’unité du Conseil. Invitée de la séance, la République de Corée a jugé indubitable que la RPDC profite de la mise en œuvre affaiblie des sanctions du Conseil de sécurité et de la paralysie de cet organe pour développer ses systèmes nucléaires. « Frustrés » par cette paralysie « inacceptable » du Conseil sur ce dossier, les États-Unis ont reproché aux « deux membres responsables » de cette inaction de continuer de défendre le comportement de la RPDC.
La Fédération de Russie a rétorqué que certains membres du Conseil « à l’origine de ces discussions », notamment les États-Unis, participent directement à l’escalade en faisant référence aux exercices militaires conjoints qu’ils mènent avec la République de Corée, ce qui a suscité une réaction des États-Unis, qui ont argué que lors de la reprise des manœuvres conjointes américano-sud-coréennes en août 2022, la RPDC avait déjà tiré 31 missiles en violation des résolutions du Conseil.
La Fédération de Russie a également fait observer que les pays qui parlent de l’importance de la mise en œuvre des résolutions du Conseil concernant la RPDC oublient constamment que ces résolutions prévoient également la recherche d’une solution politique et diplomatique. Il ne s’agit pas là de « pures déclarations », mais de mesures concrètes qui démontreraient une réelle volonté de reprendre le dialogue et de rechercher des moyens mutuellement acceptables de résoudre la situation, a affirmé le représentant russe, qui s’est dit fermement convaincu que les discussions du Conseil doivent être axées sur les résultats.
L’argument a été aussi présenté par la Chine, pour qui on ne saurait se limiter à observer la situation actuelle. Il faut comprendre comment on en est arrivé là, a défendu son représentant, estimant que « le legs de la guerre froide continue de faire planer son spectre » sur la région. Aucun mécanisme de paix n’a été mis place pour la RPDC, a—il constaté, et les demandes légitimes exprimées par ce pays sont toujours ignorées, alors que les États-Unis viennent de mener des exercices militaires dans la région, renforçant de fait le « sentiment d’insécurité » de la RPDC. C’est dans ce contexte que la Chine a appelé toutes les parties concernées à faire montre de retenue et à œuvrer à une solution politique et à la dénucléarisation de la péninsule.
La Chine s’est également dite opposée à une déclaration présidentielle qui ne condamnerait qu’une seule partie, au risque d’attiser la confrontation. Rappelant à son tour que les résolutions du Conseil ne portent pas seulement sur les sanctions mais évoquent aussi la reprise du dialogue, le représentant a rappelé les initiatives portées conjointement par son pays et la Fédération de Russie et appelé les autres membres du Conseil à examiner leur proposition de résolution.
À l’image du Secrétaire général dans sa déclaration du 13 avril, les autres membres du Conseil ont toutefois fermement condamné le nouveau tir de missile et réitéré leurs appels à la RPDC pour que celle-ci renonce immédiatement à toute nouvelle action déstabilisatrice, respecte pleinement ses obligations internationales en vertu de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et reprenne le dialogue en vue d’une paix durable et d’une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. Les violations des résolutions du Conseil sont trop graves pour être ignorées, a ainsi estimé le Royaume-Uni en appelant les autres membres du Conseil à mettre de côté « nos différences » et envoyer un message unifié pour dire que le comportement de la RPDC est inacceptable.
Mais si des pays comme les Émirats arabes unis ont appelé à renforcer encore le régime de sanctions contre la RPDC pour ralentir le développement de ses capacités balistiques et nucléaires, le Brésil a estimé qu’un éventuel dixième train de sanctions, aussi dur soit-il, serait insuffisant à lui seul à changer la donne puisque le pays a démontré sa capacité et sa disposition à opérer sous les sanctions les plus lourdes afin de poursuivre ce qu’elle considère, « à tort ou à raison », « comme une question existentielle ». Le Brésil a donc préconisé une approche globale, replaçant les sanctions, légitimes, dans un cadre plus vaste comprenant un processus politique susceptible d’atténuer les tensions et d’avancer vers une solution globale du dossier. Pour le Brésil, le Conseil de sécurité devrait faire un meilleur usage des outils prévus au Chapitre VI de la Charte pour promouvoir l’engagement et non l’isolement, établir des processus et recommander des mesures d’ajustement, en étroite collaboration avec le Secrétariat de l’ONU.
NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
Déclarations
M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a indiqué que, selon l’agence de presse officielle de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), un nouveau type de missile balistique intercontinental aurait été lancé le 13 avril. La RPDC a déclaré qu’elle avait procédé au tir d’essai du missile balistique -qu’elle a désigné sous le nom de Hwasong-18- pour confirmer « les performances des moteurs à combustible solide à forte poussée pour les missiles à étages multiples ».
Il s’agit du premier lancement par la RPDC d’un missile balistique de longue portée à combustible solide, a précisé le Sous-Secrétaire général en expliquant que les missiles à propergol solide n’ont pas besoin d’être ravitaillés en carburant avant le lancement. Ils peuvent donc être lancés plus rapidement que les missiles à combustible liquide, ce qui signifie également qu’il peut être plus difficile de détecter à temps la préparation d’un tel lancement. Le Secrétaire général a condamné dans les termes les plus fermes ce lancement, a rappelé M. Khiari, et il a réitéré ses appels à la RPDC pour que celle-ci renonce immédiatement à toute nouvelle action déstabilisatrice, qu’elle respecte pleinement ses obligations internationales en vertu de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et qu’elle reprenne le dialogue en vue d’une paix durable et d’une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.
Le Sous-Secrétaire général a également rappelé que le Ministère des affaires étrangères et la Commission militaire centrale de la RPDC avaient, le 10 avril dernier, mis en garde contre des « contre-mesures » en réponse aux exercices militaires dans la région. Plus tôt dans la journée, le maréchal de l’armée populaire coréenne a publié une déclaration s’opposant à la réunion d’aujourd’hui du Conseil.
La RPDC continue de mettre en œuvre son plan quinquennal de développement militaire, rendu public lors du huitième Congrès du parti en janvier 2021, qui prévoit le développement de capacités spécifiques, dont beaucoup impliquent que la RPDC poursuive ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a souligné M. Khiari, ajoutant que la RPDC affirme avoir franchi des jalons importants dans son plan quinquennal, y compris depuis la dernière réunion du Conseil du 20 mars. Ce plan prévoyait notamment la mise au point d’un nouveau missile balistique intercontinental à combustible solide, ce qu’elle a réussi à faire avec le lancement du 13 avril.
Les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité interdisent à la RPDC « tout lancement utilisant la technologie des missiles balistiques », a rappelé le Sous-Secrétaire général, ce qui inclut les ogives multiples, les armes nucléaires tactiques, les satellites de reconnaissance militaire et les nouveaux systèmes aériens sans pilote. Conformément à son plan quinquennal, la RPDC a considérablement accru ses activités de lancement de missiles en 2022 et 2023, avec notamment plus de 80 lancements utilisant la technologie des missiles balistiques, a constaté le haut responsable, ajoutant que la plupart des systèmes testés sont capables de frapper des pays dans sa région immédiate, alors que les systèmes testés le 13 avril, le 16 mars et le 18 février, ainsi qu’à deux reprises l’année dernière, sont capables d’atteindre la plupart des points de la Terre.
La RPDC n’a émis aucune notification de sécurité aérienne ou maritime pour ces lancements, a souligné le Sous-Secrétaire général, affirmant que bien qu’elle prétende le contraire, ces lancements non annoncés représentent un risque sérieux pour l’aviation civile internationale et le trafic maritime.
L’absence d’unité et d’action au sein du Conseil de sécurité ne contribue guère à ralentir la trajectoire négative dans la péninsule coréenne, s’est inquiété M. Khiari, qui a noté que la RPDC n’a aucune contrainte et que les autres parties sont obligées de se concentrer sur la dissuasion militaire.
Alors que le Conseil examine ses options, plusieurs mesures pratiques pourraient réduire les tensions, inverser la dynamique dangereuse et créer un espace pour explorer les voies diplomatiques, a fait valoir le Sous-Secrétaire général. Premièrement, la RPDC doit prendre des mesures immédiates pour reprendre le dialogue en vue d’une paix durable et d’une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. La RPDC doit notamment s’abstenir de procéder à de nouveaux lancements utilisant la technologie des missiles balistiques ou à des essais nucléaires. Deuxièmement, la RPDC doit reprendre les canaux de communication, y compris entre militaires. Depuis le 7 avril, la RPDC ne répond plus aux appels de routine quotidiens via les lignes de communication intercoréennes, a-t-il précisé estimant qu’il est essentiel d’éviter une escalade involontaire. En dernier lieu, le Sous-Secrétaire général a fait valoir que la réduction de la rhétorique de confrontation contribuera à diminuer les tensions politiques et à créer un espace pour explorer les voies diplomatiques.
Abordant un autre volet de la situation en RPDC, M. Khiari a fait part des préoccupations de l’ONU au sujet de la situation humanitaire dans le pays. Les Nations Unies sont prêtes à aider la RPDC à répondre aux besoins médicaux et autres besoins fondamentaux des populations vulnérables, a-t-il indiqué, avant de saluer le retour des diplomates d’un État Membre à Pyongyang le 27 mars. Le Sous-Secrétaire général a réitéré l’appel de l’ONU à la RPDC pour qu’elle permette l’entrée sans entrave du personnel international, y compris le Coordonnateur résident, et des fournitures humanitaires, afin de permettre une réponse rapide et efficace.
M. Khiari a conclu en soulignant à nouveau que l’unité du Conseil de sécurité sur la RPDC est essentielle pour apaiser les tensions et sortir de l’impasse diplomatique. La responsabilité première de la paix et de la sécurité internationales incombe à ce Conseil, a-t-il rappelé.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a constaté qu’« une fois de plus », nous sommes ici réunis pour une réunion extraordinaire d’urgence du Conseil de sécurité après le lancement d’un nouveau missile balistique intercontinental. « Si vous avez l’impression d’être réunis ici tous les jours sur cette question, c’est parce que c’est en réalité le cas », a-t-elle ironisé. Elle a fait remarquer qu’une fois de plus, Pyongyang a tiré ce missile sans avertissement, mettant en danger des civils et des navires. Selon l’agence de presse nord-coréenne, ce tir renforce les positions et les capacités de contre-attaque de la RPDC, prouvant au passage qu’elle entend continuer de développer ses programmes de missiles balistiques et d’armes de destruction massive, a noté la déléguée. Elle a mis l’accent sur la volonté affirmée du Conseil de répondre aux violations répétées par la RPDC, dans plusieurs de ses résolutions, rappelant qu’il fut un temps où tous les membres de cet organe s’exprimaient à l’unisson pour dire qu’il ne saurait y avoir de justification à de tels agissements. La représentante s’est dite frustrée par la paralysie « inacceptable » du Conseil, les deux membres responsables de cette inaction continuant de défendre le comportement de la RPDC.
Lorsque nous avons repris des manœuvres avec la République de Corée en août 2022, la RPDC avait déjà lancé 31 missiles balistiques, dont 6 missiles intercontinentaux, et la reconstruction de sites de lancement était en cours, a argué la déléguée américaine. Elle a ajouté que, lors de la planification de ces manœuvres, son pays avait respecté tous les protocoles d’alerte pour éviter toute erreur de calcul et toute erreur d’interprétation, « à l’inverse des tirs de missiles balistiques lancés par Pyongyang, qui sont une menace pour la paix et la sécurité internationale ». La représentante a ensuite dénoncé le fait que des acteurs nord-coréens aient pris pour cible, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, des institutions bancaires et des institutions travaillant dans le domaine des cryptomonnaies, pour contribuer au financement de missiles nucléaires, au lieu d’utiliser cet argent pour alimenter les populations. Les États-Unis, a-t-elle assuré, continueront de rechercher le dialogue avec la RPDC et de négocier de bonne foi avec tous les membres du Conseil de sécurité. « Mais si nous n’agissons pas, je crains que nous nous retrouvions à nouveau réunis dans cette salle prochainement », a-t-elle prévenu craignant aussi que s’éloigne l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré ne pas être surpris par le nouveau lancement d’un missile balistique par la RPDC. Nous avions pourtant dit, a-t-il rappelé, que si le Conseil de sécurité restait les bras croisés alors que le régime de Pyongyang menace la paix et la sécurité internationales en toute impunité, cela serait le signe de la faiblesse de cet organe. Or la RPDC continue de défier la communauté internationale et de violer les résolutions du Conseil. Pour la quinzième fois cette année, ce pays a mis à l’essai des armes plus difficiles à détecter et plus mobiles, a constaté le représentant.
« Nous condamnons ce comportement irresponsable et demandons que ceci cesse », a déclaré le représentant avant de reconnaître que, du fait de son inaction, le Conseil a laissé entendre à la RPDC que ses actions resteraient sans conséquences. Si le Conseil ne s’est pas désintéressé de cette menace, il faut qu’il réponde à l’unisson et agisse maintenant afin d’empêcher l’irréparable, a-t-il poursuivi, non sans regretter que le Conseil n’ait rien fait pour démontrer que l’exemple donné par la RPDC n’est pas à suivre par d’autres. Nous devons dire aux voisins de la RPDC que nous entendons répondre promptement à cette menace, « non pas en tolérant l’excusable et en ignorant l’injustifiable, mais en utilisant les outils à notre disposition », a-t-il poursuivi.
En mettant ses maigres ressources au service du développement d’armes de destruction massive, le régime de Pyongyang appauvrit sa population qui est confrontée à la faim, c’est son choix et lui seul en est responsable, a déploré le représentant, avant d’inviter la RPDC à coopérer pour rejoindre la communauté internationale. Dans ce contexte, l’Albanie continuera à mener ses efforts de diplomatie préventive et à veiller à ce que le régime nord-coréen ferme ses programmes de missiles balistiques.
Pour Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), le premier lancement par la RPDC d’un missile intercontinental à combustible solide représente une augmentation significative des capacités de ce pays en matière de missiles balistiques. Ces missiles pourraient potentiellement atteindre la majeure partie du globe, a mis en garde la représentante, et bien qu’elle ait choisi de limiter la distance de vol cette fois-ci, les actions imprudentes de la RPDC ont néanmoins suscité l’inquiétude et la peur de la population japonaise, qui est directement menacée par ces lancements.
Ces violations des résolutions du Conseil sont trop graves pour être ignorées, s’est indignée la représentante en appelant les membres du Conseil de sécurité à mettre de côté « nos différences » et envoyer un message unifié pour dire que le comportement de la RPDC est inacceptable. Le Royaume-Uni est prêt à travailler avec tous les membres du Conseil pour envoyer ce message clair, ainsi que pour construire un cadre pour la reprise du dialogue et pour faciliter l’aide.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a relevé que des réunions sur la question à l’ordre du jour sont organisées tous les mois à cause des violations constantes des résolutions du Conseil par la RPDC, qui pose ainsi une menace à la région et au-delà. Notant que le Conseil a demandé à maintes reprises de cesser ces violations, il a estimé qu’il devrait « passer à l’action maintenant ». Après avoir condamné le tir du 13 avril, le représentant a exhorté les membres du Conseil à montrer leur engagement collectif à s’opposer fermement à ces provocations. Il a fait une sorte de bilan en énumérant les conséquences de l’inaction du Conseil. D’abord, la RPDC a procédé à des lancements répétés de missiles et a progressivement développé des gammes, des types et des modalités diversifiés de missiles et d’autres systèmes d’armes, dont un « drone d’attaque nucléaire sous-marin » autoproclamé qui générerait un tsunami contaminé radioactif. Il a ensuite noté que ce pays a publiquement exprimé son intention de produire en masse des ogives nucléaires. De plus, il aurait testé un nouveau type de MBI à combustible solide, l’un des objectifs de développement de son « plan militaire quinquennal », a noté le délégué avant de rappeler que la RPDC a critiqué publiquement, intimidé et tenté de faire taire le Secrétaire général pour avoir fait son travail sur cette question, « sans parler du Conseil de sécurité ». La menace est permanente et croissante, a martelé le représentant du Japon.
Le représentant a encore tenu à rappeler que la RPDC a annoncé son « plan militaire quinquennal » en janvier 2021, faisant remarquer que nous assistons maintenant à sa mise en œuvre et y voyant la preuve que le silence du Conseil n’a pas du tout ralenti mais plutôt accéléré et diversifié les activités de ce pays. « La RPDC profite pleinement de l’inaction du Conseil. » Le délégué a regretté que le refus du Conseil d’appliquer ses propres résolutions ait sapé sa crédibilité. Il a conclu en demandant une fois de plus à tous les États Membres d’appliquer pleinement les résolutions pertinentes et en exhortant la « Corée du Nord » à se conformer immédiatement et pleinement à toutes les résolutions pertinentes, à faire preuve de diplomatie et à accepter les offres répétées de dialogue. Mettons fin au « cycle d’action négative-inaction » entre la RPDC et ce Conseil, a-t-il lancé.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est déclarée profondément préoccupée par le nouveau lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC, en violation des multiples résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. Ce lancement confirme selon elle que la RPDC continue de développer et d’améliorer ses capacités en matière de missiles balistiques, en dépit de la résolution 2397 (2017) adoptée à l’unanimité par le Conseil en réponse au lancement d’un tel engin par Pyongyang. Alors qu’il avait été décidé d’imposer de nouvelles restrictions à la RPDC si celle-ci procédait à un tir supplémentaire de missile balistique, le Conseil est resté « figé » face aux 11 lancements effectués depuis le début de 2022, se montrant incapable de répondre à ces graves menaces à la paix et à la sécurité régionales et internationales, a regretté la représentante. Dans ces circonstances, les civils de toute la région vivent dans la peur et le trafic aérien et maritime est gravement mis en danger, a-t-elle dénoncé, condamnant cette grave menace pour la paix et la sécurité internationales qui sape les efforts mondiaux de non-prolifération. La déléguée s’est également alarmée de la possibilité d’un septième essai nucléaire par la RPDC et de l’annonce d’une nouvelle doctrine définissant les conditions dans lesquelles ce pays pourrait utiliser des armes nucléaires, y compris de manière préventive.
« Nous ne pouvons pas continuer à rester les bras croisés alors que nos décisions, telles que définies dans nos résolutions, et notre crédibilité sont constamment foulées au pied », s’est-elle emportée, soutenant une mise en œuvre rigoureuse des sanctions contre la RPDC. La déléguée a donc déclaré soutenir le projet de déclaration présidentielle proposé par les États-Unis, avant d’appeler une nouvelle fois la RPDC à s’engager dans un dialogue constructif en vue de la dénucléarisation de la péninsule. La RPDC, a-t-elle ajouté, doit abandonner complètement, de manière vérifiable et irréversible son programme de missiles nucléaires et balistiques, revenir au Traité sur la non-prolifération et aux garanties de l’AIEA, et signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais. Enfin, après avoir exprimé sa grande préoccupation face à la situation humanitaire que connaît ce pays, elle a exhorté le régime de Pyongyang à permettre l’accès de l’ONU et d’autres acteurs humanitaires à son territoire afin que sa population puisse recevoir l’aide dont elle a besoin. Bien que les membres du Conseil défendent des positions différentes sur ce dossier, tous partagent l’objectif de paix et de dénucléarisation de la péninsule coréenne, a-t-elle conclu, appelant de ses vœux une action collective et sans délai.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a regretté que les sirènes d’alerte aient eu à retentir une nouvelle fois sur l’île japonaise d’Hokkaido après le tir d’un missile balistique de longue portée le 13 avril, avant de rappeler que la menace que fait peser la Corée du Nord sur ses voisins est bien réelle. S’adressant à ses homologues, il a constaté que depuis plus d’un an, face à la multiplication des tirs, « nous sommes restés désunis et silencieux ».
Pour sa part, la France condamne fermement ce nouveau tir, insistant sur le fait que le Conseil ne peut pas se résoudre à l’inaction. Le tir de ce nouveau missile à propulsion solide témoigne de l’avancée continue du programme nord-coréen, a poursuivi le représentant, rappelant que Pyongyang se prépare selon ses propres mots à une « guerre réelle » et menace de transformer le Pacifique en « stand de tir », alors que la « Corée du Nord » s’est déclarée puissance nucléaire « irréversible ».
La France ne se résoudra pas à ce que la « Corée du Nord » devienne un État nucléaire, a répété le représentant, qui a estimé que ne rien faire, ou être complaisant avec la « Corée du Nord », revient à banaliser la prolifération nucléaire. Cela revient à accepter de voir, demain, les crises de prolifération se multiplier ailleurs dans le monde. Cela revient enfin à accepter une remise en cause directe de l’autorité des décisions de ce Conseil.
Pour enrayer l’escalade, il faut appliquer pleinement toutes les sanctions internationales adoptées à l’unanimité et lutter contre toutes formes de contournement, en particulier dans le domaine cyber, a tranché le représentant. Face à ces provocations, la priorité est de renouer le dialogue, sans préconditions, a-t-il insisté, en notant que des propositions en ce sens ont été faites. Il appartient aux autorités nord-coréennes de les saisir, et aux États de la région de les y encourager afin de parvenir à l’objectif de la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la « Corée du Nord », a conclu M. de Rivière.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a déclaré que le tir de jeudi dernier d’un missile balistique continental à combustible solide (Hwasong-18), le premier par la RPDC, est une confirmation inquiétante de la détermination du régime à disposer d’une complémentarité et d’une préparation opérationnelle pour ses vecteurs d’armes nucléaires aux niveaux stratégique et tactique. La représentante a donc appelé instamment à une approche programmatique fondée sur des principes, la diplomatie, le dialogue et le renforcement de la confiance, afin de favoriser progressivement les conditions permettant des engagements constructifs pour résoudre cette question. Aussi a-t-elle exhorté toutes les parties à prendre des mesures pour désamorcer les tensions dans la péninsule coréenne, demandant en particulier à la RPDC de s’abstenir de tout nouveau tir de missile balistique et de se conformer aux demandes existantes du Conseil de sécurité. Il est impératif, a ajouté la déléguée, que la RPDC coopère avec la communauté internationale en vue de l’élimination complète et irréversible de ses capacités d’armes de destruction massive, y compris ses capacités d’enrichissement d’uranium et de traitement du plutonium, conformément à ses obligations au titre du Traité sur la non-prolifération ainsi qu’aux garanties de l’AIEA.
M. ZHANG JUN (Chine) a constaté que les tensions perdurent sur la péninsule coréenne, avec des risques de confrontation croissants. Il a regretté, dans ce contexte, que certains membres du Conseil condamnent les positions d’autres pays de façon catégorique, « comme si la situation sur la péninsule n’avait rien à voir avec leurs agissements ». Observer la situation actuelle ne suffit pas, il faut comprendre comment on en est arrivé là, a-t-il défendu, estimant que « le legs de la guerre froide continue de faire planer son spectre » sur la région. Le représentant a ainsi regretté qu’aucun mécanisme de paix n’ait été mis place pour la RPDC et que les demandes légitimes exprimées par ce pays soient toujours ignorées. Alors que les États-Unis viennent de mener des exercices militaires dans la région, renforçant de fait le « sentiment d’insécurité » de la RPDC, il a appelé toutes les parties concernées à faire montre de retenue et à œuvrer à une solution politique et à la dénucléarisation de la péninsule. Afficher notre bonne volonté s’impose, a-t-il souligné, avant de rappeler que les États-Unis et la RPDC avaient signé un accord nucléaire en 2005 et que les dirigeants des deux pays s’étaient rencontrés et avaient mis en place un mécanisme de paix et de dénucléarisation. Mais en raison des « fluctuations » des États-Unis et de leur retour aux sanctions, la possibilité de régler le problème n’a pas été saisie et ces pourparlers sont tombés dans l’impasse, a regretté le délégué, pour qui il importe que Washington s’intéresse au « nœud du problème » et prenne des mesures de renforcement de la confiance mutuelle.
Il faut reprendre la voie du dialogue, a insisté le représentant, ajoutant qu’aucun pays ne peut garantir sa sécurité aux dépens des autres. À ses yeux, tous les acteurs concernés devraient comprendre les préoccupations de chacun et réunir les conditions d’une reprise des discussions. Plaidant pour une approche « étape par étape », il a jugé qu’une entente sur la dénucléarisation et un mécanisme de paix sont indispensables. Toutes les parties devaient œuvrer dans ce sens, a-t-il dit, souhaitant que cette approche à « deux volets » soit bien calibrée afin que le Conseil puisse endosser son rôle. De même, a-t-il poursuivi, les résolutions du Conseil doivent veiller à faire baisser les tensions et ne pas être un « instrument de sanctions ». Se déclarant hostile à une déclaration présidentielle qui ne condamnerait qu’une seule partie, au risque d’attiser la confrontation, il a rappelé que les résolutions du Conseil ne portent pas seulement sur les sanctions mais évoquent aussi la reprise du dialogue. Dans ce contexte, il a rappelé les initiatives portées par la Fédération de Russie et la Chine et a appelé à examiner leur proposition de résolution.
M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a condamné le lancement d’un nouveau modèle de missile par la RPDC, disposant vraisemblablement d’une propulsion à propergol solide. La RPDC développe ainsi des vecteurs nucléaires de plus en plus dangereux et multiples, s’est-il inquiété. Il a appelé à renforcer les efforts en faveur de la non-prolifération, du désarmement et du maintien du tabou nucléaire avant de souligner que ces tirs sont en violation des résolutions juridiquement contraignantes du Conseil de sécurité. Il a également souligné que la RPDC est tenue de mettre en œuvre ses obligations en vertu des résolutions du Conseil et de prendre des mesures concrètes en vue d’abandonner ses armes nucléaires, ses missiles balistiques et ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible.
Le représentant a par ailleurs relevé que les lourdes restrictions mises en place par la RPDC en lien avec la pandémie entravent gravement l’aide humanitaire internationale et a dit espérer qu’elles seront levées pour que l’aide humanitaire puisse reprendre rapidement. Le développement des programmes nucléaire et militaire reste possible uniquement au prix de violations graves des droits de l’homme et d’une situation humanitaire précaire, a-t-il déploré. Pour trouver une solution politique, le Conseil doit sortir de son silence, a ajouté le délégué qui a encouragé tous les membres dans la recherche d’un consensus.
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a vigoureusement condamné le lancement de missiles balistiques intercontinentaux par la RPDC le 13 avril. Le lancement a violé les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, mis en danger la sécurité maritime et aérienne ainsi que les populations voisines en danger, entraînant la publication d’un ordre d’évacuation à Hokkaido, au Japon, a rappelé le représentant. Au-delà de ces risques, le lancement de jeudi représente une « dangereuse » évolution du programme de missiles de la RPDC et de ses capacités nucléaires, ce pays étant passé d’un missile intercontinental à combustible liquide à un à combustible solide en à peine six ans.
« Six ans, c’est significatif. C’est le temps qui s’est écoulé depuis le dernier train de sanctions décidé par le Conseil de sécurité, le plus sévère et le plus vaste à ce jour, qui à l’époque faisait de la RPDC peut-être le pays le plus sanctionné au monde », a relevé le représentant. Or, a-t-il ajouté, un éventuel dixième train de sanctions, aussi dur soit-il, sera insuffisant à lui seul à changer la donne. La RPDC a montré à maintes reprises qu’elle est disposée à, et capable de, continuer à opérer sous les sanctions les plus lourdes jamais imposées afin de poursuivre ce qu’elle considère, « à tort ou à raison », « comme une question existentielle », a argué le représentant.
Il est clair qu’une approche globale est nécessaire dans ce dossier, a jugé le représentant, en rappelant que les sanctions peuvent être légitimes et efficaces lorsqu’elles sont convenues au niveau multilatéral, stratégiquement ciblées et conçues pour avoir un impact minimal sur la population civile. Elles doivent s’inscrire dans le cadre d’un vaste ensemble comprenant un processus politique susceptible d’atténuer les tensions et d’avancer vers une solution globale du dossier. Le représentant a donc suggéré que le Conseil fasse un meilleur usage des outils mentionnés au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies pour promouvoir l’engagement, établir des processus et recommander des mesures d’ajustement, en étroite collaboration avec le Secrétariat de l’ONU. Car l’engagement, « et non l’isolement », reste la meilleure voie vers la réalisation de notre objectif commun d’une péninsule coréenne stable, pacifique et exempte d’armes nucléaires, a conclu le représentant du Brésil.
Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a condamné le nouveau tir de missile balistique auquel la RPDC a procédé jeudi 13 avril au-dessus de la péninsule coréenne et a appelé les parties concernées à la retenue. Alors que le climat de tension né de la multiplication de ces tirs fait « redouter l’irréparable », le Conseil de sécurité doit pouvoir trouver une solution à cette situation, a affirmé la représentante, avant de réitérer l’appel de son pays à la négociation, « seule voie de sortie crédible ».
Pour le Gabon, tout doit être mis en œuvre pour ramener les parties prenantes à coopérer dans le cadre d’un dialogue franc, sans condition et orienté vers la recherche d’une solution pérenne, à travers les mécanismes existants. Après avoir enjoint les parties à démontrer le même engagement que celui qui avait conduit à l’accord de 2017, afin d’inverser la tendance actuelle marquée par la « surenchère de la force militaire », la représentante a invité les membres du Conseil à se dresser unanimement contre tout risque de banalisation de la menace nucléaire. Il est urgent de trouver des solutions consensuelles, viables et durables en vue de parvenir à la désescalade et d’apaiser la tension dans la péninsule coréenne, a-t-elle conclu.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a exprimé sa plus vive inquiétude à la suite du nouveau lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC, y voyant un pas fâcheux dans l’escalade des tensions. Le lancement de ce missile constitue, à ses yeux, un facteur qui est lui-même une menace grave pour la paix et la sécurité, pas seulement dans la péninsule coréenne mais dans le monde dans son ensemble.
Le Mozambique se définit comme un pays épris de paix et un ardent défenseur de la coexistence pacifique entre les peuples et les États, a ajouté le représentant, d’où son inquiétude face à la prolifération des armes et d’une éventuelle utilisation de celles-ci où que ce soit à travers le monde. Pour finir, le représentant a réitéré son appel à la RPDC d’éviter de contribuer à l’escalade des tensions, l’exhortant à respecter les différentes résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Mme MONICA SOLEDAD SANCHEZ IZQUIERDO (Équateur) a réitéré sa condamnation la plus ferme du dernier tir en date d’un nouveau type de missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC. Le Conseil de sécurité, qui a estimé que le tir d’un missile intercontinental constituait une menace pour la paix et la sécurité régionales et internationales, a également la responsabilité d’utiliser tous les outils à sa disposition pour promouvoir le respect de ses propres dispositions par la RPDC, a estimé la représentante. Elle a appuyé les efforts visant à parvenir à une solution diplomatique et politique qui permette la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. La déléguée a exhorté la RPDC à respecter pleinement ses obligations en vertu du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, et à cesser ses tirs qui fragilisent l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a condamné le lancement d’un nouveau missile balistique intercontinental par la RPDC, le dix-septième tir de missile balistique effectué par ce pays en 2023. Notant que selon les médias d’État de la RPDC, ce missile utilise une technologie à combustible solide, il a estimé que cette arme constitue une escalade claire et dangereuse pour la région et pour le monde. Face à cette menace, le Conseil de sécurité doit apporter une réponse à l’attitude de la RPDC, d’autant plus qu’il n’y a aucun signe d’apaisement de la part de Pyongyang et que le pays viole les résolutions de la communauté internationale et met des vies en danger. Le Conseil devrait donc condamner les actions illicites de la RPDC et renforcer le régime de sanctions contre ce pays afin de ralentir l’élaboration et le développement de ses capacité balistiques et d’armes nucléaires, a plaidé le représentant, avant d’appeler le régime nord-coréen à revenir à la table des négociations et à faire le choix de la diplomatie et du dialogue. Dans l’immédiat, a-t-il ajouté, la RPDC doit cesser ses essais illégaux, se conformer au Traité sur la non-prolifération, renoncer à ses programmes de missiles et d’armes nucléaires, mettre en œuvre le régime de garanties généralisée de l’AEIA et s’acquitter de ses obligations en matière de dénucléarisation. Le délégué s’est également déclaré inquiet de la situation humanitaire en RPDC, où plus de cinq millions de personnes ont besoin d’une aide urgente. Il a appelé instamment la RPDC à permettre aux agences des Nations Unies de revenir dans le pays. Le Conseil, a-t-il conclu, doit rester déterminé sur cette question et doit trouver une manière d’avancer par la voie du dialogue.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a d’entrée rappelé que depuis le début de cette année, le Conseil de sécurité s’est réuni cinq fois, à la demande d’États membres, pour discuter de la RPDC sous différentes formes. En tant que présidente du Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie a accédé aujourd’hui à la demande d’un certain nombre de pays d’organiser une nouvelle séance, bien qu’à titre national, elle s’oppose résolument à cette « avalanche » de réunions du Conseil « à des fins de pure propagande » et de pression.
Certains membres du Conseil motivent une telle ligne par de sérieuses inquiétudes concernant les derniers développements autour de la péninsule coréenne, a constaté le représentant. Cependant, un certain nombre d’États à l’origine de ces discussions, notamment les États-Unis, participent directement à cette escalade. Rien de nouveau n’a été dit aujourd’hui, puisqu’on nous soumet à nouveau une présentation partiale des événements, dans laquelle les auteurs sont évidemment identifiés, et la réaction potentielle à celle-ci doit strictement coïncider avec la position de Washington, a-t-il commenté.
La position de la Russie sur cette question est bien connue, a rappelé M. Nebenzia: elle s’oppose à toute activité militaire mettant en danger la sécurité de la péninsule coréenne et des pays d’Asie du Nord-Est. Le représentant a rappelé avoir répété à maintes reprises que le Conseil de sécurité doit examiner la situation dans la péninsule coréenne « dans son ensemble ».
Certains États, qui ont beaucoup parlé aujourd’hui de l’importance de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité concernant la RPDC, oublient constamment que ces résolutions prévoient également la recherche d’une solution politique et diplomatique, a insisté le représentant. Pour la Fédération de Russie, il ne s’agit pas là de « pures déclarations », mais de mesures concrètes qui démontreraient une réelle volonté de reprendre le dialogue et de rechercher des moyens mutuellement acceptables de résoudre la situation. Le représentant s’est dit fermement convaincu que les discussions du Conseil doivent être axées sur les résultats.
De fait, M. Nebenzia a déploré les exercices menaçants comportant des simulations d’attaques contre la RPDC, l’introduction de nouvelles sanctions unilatérales illégitimes, surtout sans tenir compte de la situation humanitaire en RPDC, ainsi que les discours politisés au Conseil de sécurité.
Pour lui, la forte augmentation de l’activité militaire en Asie du Nord-Est est générée par la « volonté irresponsable » de Washington et de ses alliés d’augmenter les sanctions et les pressions énergiques sur Pyongyang dans le cadre de leur soi-disant concept de « dissuasion élargie ».
Pour la Fédération de Russie, il est donc raisonnable de se demander quels objectifs poursuivent réellement Washington et ses alliés. Parallèlement à la promotion par les États-Unis de leur doctrine de sécurité unilatérale dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique et à la volonté de créer de nouveaux clivages dans cette région, la militarisation accélérée de l’Asie du Nord-Est acquiert un caractère nettement destructeur, a averti le représentant, qui en a vu pour preuve la mise en place du partenariat américano-anglo-australien AUKUS, dont les projets suscitent de sérieuses inquiétudes, notamment dans le contexte du respect du TNP.
En conclusion, le représentant a souligné que c’est précisément la répétition mensuelle des mêmes positions au Conseil de sécurité sans aucune perspective qui risque de saper son autorité. La Russie, aux côtés de la Chine, a présenté à plusieurs reprises diverses initiatives visant à trouver des solutions mutuellement acceptables et résoudre la situation dans la péninsule coréenne, en tenant compte des intérêts de toutes les parties, a-t-il rappelé. Elles sont toujours « sur la table », a-t-il fait savoir, se disant toujours prêt à en discuter de manière approfondie.
M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné, dans les termes les plus vigoureux, les tirs répétés de missiles balistiques par la RPDC, y compris le dernier en date, qui viole de manière flagrante plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Les médias officiels de Pyongyang ont annoncé que le dirigeant de la RPDC a assisté à ce tir, le tout premier d’un nouveau type de missile intercontinental à combustible solide. Depuis le début de 2022, la RPDC a tiré plus de 80 missiles balistiques, dont 11 missiles intercontinentaux, a rappelé le représentant, pour qui c’est clairement le moyen de faire progresser le développement de systèmes d’armes nucléaires de plus en plus sophistiqués et redoutables, en profitant de la mise en œuvre affaiblie des sanctions du Conseil de sécurité et de la paralysie de cet organe. Or, la RPDC profite massivement de ses cyberactivités malveillantes, qui ont un effet gravement déstabilisateur, un problème contre lequel le Conseil devrait faire davantage.
Le représentant a également appelé tous les États Membres de l’ONU à expulser tous les travailleurs étrangers en provenance de la RPDC et à veiller à ce qu’aucune autorisation de travail ne leur soit renouvelée ou accordée, conformément à la résolution 2375 du Conseil de sécurité. Il a par ailleurs rejeté l’argument selon lequel les tirs de missiles par la RPDC sont principalement liés aux manœuvres militaires entre la République de Corée et les États-Unis. Pyongyang a clairement déclaré que son soi-disant tir de Hwasong-18 la semaine dernière était préparé dans le cadre d’un plan à long terme, a-t-il fait observer, ajoutant que lorsque l’Institut de recherche scientifique sur la défense nationale de la RPDC a testé un drone d’attaque nucléaire sous-marin, ce dernier était en développement depuis 2012, selon leur annonce officielle.
La quête dangereuse d’armes nucléaires par la RPDC n’aura pour résultat que la consolidation de l’alliance dont fait partie la République de Corée et le renforcement de nos capacités de dissuasion et de défense étendues, a affirmé le représentant et ce, « même si nous restons largement ouverts à tout dialogue et diplomatie avec la RPDC sans aucune condition préalable », a-t-il précisé en conclusion.
Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a repris la parole pour corriger les observations de son homologue russe. Elle a tout d’abord indiqué que le partenariat trilatéral AUKUS a pour but de renforcer la paix et la stabilité dans la région. Les affirmations selon lesquelles ce partenariat représente un risque de prolifération sont fallacieuses, a-t-elle tranché, précisant qu’au titre de ce programme, l’Australie doit acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire pour renforcer sa flotte. L’Australie ne dispose pas de l’arme nucléaire, est partie au Traité sur la non-prolifération et continuera de respecter ses obligations, comme l’a rappelé son gouvernement, a assuré la représentante.
Par ailleurs, après avoir rappelé que les États-Unis ne sont pas les seuls à condamner les agissements de la RPDC, la représentante a dénoncé le lien établi par la délégation russe entre les sanctions et la situation humanitaire dans ce pays. Cette situation est le fait de la RPDC et son dirigeant pourrait apaiser les souffrances de sa population en permettant aux organisations humanitaires d’entrer dans le pays et en investissant dans l’aide plutôt que dans ses programmes d’armement illicites, a-t-elle fait valoir. La politique répressive de la RPDC permet à son gouvernement d’utiliser ainsi ses ressources sans que la population puisse broncher, a-t-elle ajouté, précisant que la communauté internationale ne pouvait financer un système d’assistance humanitaire dont les fonds seront détournés pour financer un programme d’armes de destruction massive.
M. ZHANG (Chine) a repris la parole pour expliquer la position de son pays sur la coopération dans le cadre du projet AUKUS. Pour le représentant, les faits sont « très clairs », ce type de coopération suppose le transfert sans précédent de matières nucléaires qui sont aux mains d’États disposant de l’arme nucléaire vers des États qui n’en disposent pas. Or, ceci constitue, à ses yeux, un exemple flagrant de prolifération.
Ces États non nucléaires qui acceptent ces matières dépassent, à son avis, le « seuil nucléaire ». Dès lors, a-t-il démontré, la coopération dans le cadre du programme AUKUS est donc une violation flagrante de l’objet et de la finalité du Traité sur la non-prolifération . Elle met également à « nu le visage véritable des pays concernés » qui ignorent leurs obligations en matière de non-prolifération ainsi que les inquiétudes de la communauté internationale en la matière.
De tels agissements, bien évidemment, n’ont rien à voir avec la situation en RPDC, a affirmé le représentant, pour qui cette application du deux poids, deux mesures « mine et minera gravement » les efforts de la communauté internationale pour défendre le TNP.