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Armes chimiques en Syrie: le Conseil de sécurité frustré par le manque de coopération de l’autorité syrienne avec l’OIAC

9275e séance - après-midi
CS/15220

Armes chimiques en Syrie: le Conseil de sécurité frustré par le manque de coopération de l’autorité syrienne avec l’OIAC

Le Conseil de sécurité s’est penché de nouveau, cet après-midi, sur la question des armes chimiques en Syrie, une séance marquée une fois encore par la frustration de la majorité de ses membres devant le peu de coopération des autorités syriennes avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), tandis que Fédération de Russie et Chine demeuraient silencieuses. 

Cette frustration des membres permanents occidentaux était d’autant plus forte que le Conseil avait entendu, le mois dernier, le Directeur de l’OIAC présenter un rapport -qualifié d’accablant par la France- démontrant comment l’armée de l’air syrienne avait « délibérément » largué, en avril 2018, deux barils de chlore sur des bâtiments résidentiels de Douma, provoquant la mort de 43 personnes.  Le représentant américain a ajouté que, ce jour-là, « la Russie a contrôlé l’espace aérien » de la zone.  « Chacun le sait, nous sommes ici réunis car le régime syrien a utilisé des armes de destruction massive contre sa propre population.  Des enquêtes indépendantes des Nations Unies et de l’OIAC l’ont démontré à neuf reprises », a renchéri la France, qui a en outre exhorté le régime syrien à faire « enfin la lumière sur ses stocks, car nous savons qu’ils n’ont pas tous été détruits ». 

Sur ce point également la séance a été source de frustration.  La Haute-Représentante aux affaires de désarmement a en effet reconnu que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC pour clarifier les 20 questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la République arabe syrienne « n’ont pas progressé depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question ». 

« Les efforts du Secrétariat technique de l’OIAC pour organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’autorité nationale syrienne continuent aussi d’être vains », a encore constaté Mme Izumi Nakamitsu.  Elle a annoncé que, dans ce contexte difficile, les équipes d’inspecteurs de l’OIAC continuent d’être déployées dans le pays, signe que le Secrétariat technique de l’OIAC demeure résolu à vérifier la pleine mise en œuvre par la Syrie de toutes ses exigences en matière de déclaration et à l’aider à s’acquitter de ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité.  Elle a cependant rappelé que la pleine coopération de la République arabe syrienne avec le Secrétariat est essentielle pour régler toutes les questions en suspens. 

Fait devenu rarissime, ni la Chine ni la Fédération de Russie n’ont pris la parole lors d’une séance qui avait pourtant pour objet l’état de mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) relative, notamment, aux progrès accomplis dans l’élimination du programme d’armes chimiques syrien. 

C’est sur ce point que le représentant syrien a tenté de donner des gages, tout en accusant l’OIAC de s’être laissée politiser par les Occidentaux aux seules fins de dénigrement de son pays.  Répétant que la Syrie a détruit la totalité de son stock chimique ainsi que ses installations de production en 2014, « cela dans le cadre d’une coopération constructive avec l’OIAC, il a indiqué à ce propos que l’autorité nationale syrienne avait présenté à ce jour 111 rapports sur ce processus de démantèlement aux inspecteurs et experts de l’Organisation. 

« À son secrétariat technique, nous avons fourni des photos du site de Douma, lequel a été détruit par les forces israéliennes, ce que celles-ci ont reconnu », a aussi affirmé le représentant, qui a exhorté le Conseil à condamner cette agression.  Le représentant syrien a ensuite jugé que les travaux de l’OIAC sont aujourd’hui à ce point politisés que ses rapports ne respectent même plus les méthodes d’élaboration de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, « ce qui permet aux Occidentaux de nous prendre répétitivement pour cible ». 

La France et le Royaume-Uni ont, à l’opposé, salué le travail « indépendant, impartial et professionnel de l’OIAC ».  Pour le représentant français, le Directeur général a fourni une présentation détaillée et convaincante le mois dernier et « aucune campagne de désinformation ne saura cacher la culpabilité du régime ».  Son homologue britannique a estimé que les conclusions de l’OIAC avaient à maintes reprises mis en évidence les tentatives répétées de la Russie de discréditer et de saper son autorité, dans l’unique but « d’ôter toute responsabilité au régime d’Assad ».  La désignation des Casques blancs comme boucs émissaires vise à détourner l’attention, a ajouté la représentante britannique, « alors que le travail des Casques blancs pour sauver des vies a été démontré à maintes reprises, notamment lors du récent tremblement de terre ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT - S/2023/158

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante du Secrétaire général pour les affaires de désarmement, a reconnu que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour clarifier les 20 questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la République arabe syrienne n’ont pas progressé depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question.  Elle a précisé que les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’OIAC pour organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’autorité nationale syrienne continuent aussi d’être vains. 

Mme Nakamitsu a indiqué, qu’à ce jour, le Secrétariat n’a pas encore reçu la déclaration complète des activités du Centre d’études et de recherches scientifiques et celle relative aux quantités d’agents neurotoxiques produites dans une installation de fabrication d’armes chimiques déclarée par la Syrie comme n’ayant jamais été utilisée pour fabriquer des armes chimiques.  Dans ce contexte, a expliqué la Haute-Représentante, une équipe réduite composée de certains membres de l’Équipe a été déployée dans le pays pour y mener des activités limitées du 17 au 22 janvier 2023.  « Ces activités ne prévoyaient pas de consultation technique avec l’autorité nationale syrienne, et le résultat de cette mission sera inclus dans le prochain rapport de l’Équipe d’évaluation », a-t-elle aussi indiqué. 

Mme Nakamitsu a ensuite assuré que le Secrétariat technique de l’OIAC demeure résolu à vérifier la pleine mise en œuvre par la République arabe syrienne de toutes ses exigences en matière de déclaration et à l’aider à s’acquitter de ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité.  Toutefois, a-t-elle insisté, comme cela a été souligné précédemment devant ce Conseil, la pleine coopération de la République arabe syrienne avec le Secrétariat est essentielle pour régler toutes les questions en suspens. 

À cet égard, elle a expliqué que Secrétariat avait demandé à la Syrie de fournir, entre autres, toutes les informations pertinentes concernant le mouvement non autorisé des deux cylindres de chlore employés dans l’incident relatif à des armes chimiques survenu à le 7 avril 2018 à Douma.  À la date du présent rapport, le Secrétariat n’a pas reçu de réponse à cette demande, a-t-elle dit, demandant à nouveau à la République arabe syrienne de répondre de toute urgence à toutes les demandes du Secrétariat technique de l’OIAC. 

Par ailleurs, la Haute-Représentante a noté que le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) continue de fournir un appui à la Mission de l’OIAC en République arabe syrienne, « conformément à l’Accord tripartite conclu entre l’OIAC, l’UNOPS et la Syrie », cet accord visant à faciliter les activités qui incombent au Secrétariat en Syrie concernant l’élimination complète du programme d’armes chimiques syrien.  La prorogation en vigueur de l’Accord tripartite reste valable jusqu’au 30 juin 2023 inclus, a-t-elle indiqué. 

La Mission d’établissement des faits menée par l’OIAC en Syrie prépare un nouveau déploiement dans le pays, a déclaré Mme Nakamitsu, ajoutant que l’Équipe d’enquête et d’identification du Secrétariat poursuit également ses enquêtes sur les incidents au cours desquels la Mission a déterminé que des armes chimiques ont été utilisées ou ont été probablement utilisées en République arabe syrienne. 

Mme Nakamitsu a rappelé que, le 2 février dernier, le Directeur général de l’OIAC et le Coordonnateur de l’Équipe d’enquête et d’identification avaient présenté leurs conclusions à La Haye, dans lesquelles l’Équipe concluait que l’armée de l’air arabe syrienne était responsable de l’utilisation d’armes chimiques dans l’incident survenu à Douma le 7 avril 2018 et ayant provoqué la mort d’au moins 43 personnes.  Le 7 février dernier, les membres du Conseil ont été informés de ces mêmes éléments, a-t-elle dit. 

En conclusion, la Haute-Représentante a réitéré la position du Secrétaire général de l’ONU, à savoir que toute utilisation d’armes chimiques constitue une violation du droit international et qu’il est impératif que les responsables de telles attaques soient identifiés et tenus pour responsables.  « Ce n’est pas seulement ce que nous devons aux victimes de telles attaques: il est essentiel pour la paix et la sécurité internationales d’assurer le respect continu des normes contre les armes chimiques », a-t-elle souligné, en souhaitant que les membres du Conseil de sécurité puissent s’unir sur cette question pour démontrer qu’une utilisation impunie des armes chimiques ne peut pas être tolérée.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a déclaré que le Conseil devait donner suite aux conclusions de l’enquête sur l’attaque meurtrière perpétrée à Douma en 2018 et prendre des mesures afin d’assurer la pleine mise en œuvre de sa résolution 2118.  Il doit également veiller à ce que des comptes soient rendus par le « régime d’Assad », a lancé le représentant, pour qui la voie est claire: le régime syrien doit respecter ses obligations et assurer la destruction vérifiable de son stock d’armes chimiques restant.  Il doit également permettre à l’équipe d’évaluation des déclarations de se rendre à nouveau dans le pays sans plus attendre, pour y faire la lumière sur les nombreuses incohérences et lacunes liées à la déclaration initiale de Damas. 

Le représentant a ensuite mis en cause la Fédération de Russie, assurant qu’elle contrôlait l’espace aérien syrien et était présente dans la base à partir de laquelle l’armée de l’air syrienne a lancé l’attaque à Douma, avant de rappeler que le régime avait utilisé des armes chimiques contre ses propres civils à neuf reprises au moins.  Pour leur part, les États-Unis imposent déjà des sanctions sous la forme de refus de visa à l’encontre de plus de 300 individus liés au programme d’armes chimiques syrien, a rappelé le représentant, en appelant d’autres pays à faire de même.  Il a également exhorté les États à s’abstenir de normaliser les relations avec le régime syrien jusqu’à que des réparations soient versées pour les graves atteintes portées à l’encontre du peuple syrien.  Nous continuerons, a-t-il dit, d’appuyer tout effort d’enquête entrepris dans le cadre du Mécanisme international, impartial et indépendant pour la Syrie. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a déclaré que tout incident impliquant l’utilisation d’armes chimiques devait être traité de manière transparente et, conformément à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), faire l’objet d’enquêtes approfondies et impartiales.  Le représentant a insisté de nouveau pour que les autorités syriennes s’acquittent des responsabilités qui leur incombent, et qu’elles entreprennent une coopération efficace, sans entrave, avec l’OIAC.  Il a aussi regretté que, malgré les efforts déployés depuis 2019 par l’Équipe d’évaluation des déclarations pour clarifier toutes les questions en suspens, des incohérences demeurent.  Dès lors, les déclarations de la Syrie ne peuvent être considérées comme exactes et complètes.  La République arabe syrienne devrait pourtant répondre rapidement et avec diligence à toutes les questions en suspens, a-t-il martelé.  Réitérant son soutien à la mission, M. Perez a ajouté que les conclusions du troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification établissaient des motifs suffisants pour désigner l’armée de l’air syrienne comme l’auteure de l’attaque à l’arme chimique dans la ville de Douma, le 7 avril 2018.  « L’impunité ne peut avoir cours pour les responsables de tels actes », a-t-il conclu.  

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a vu dans le dernier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification une nouvelle confirmation du « mépris » de la Syrie pour ses obligations en vertu du droit international.  Saluant les conclusions du rapport, la représentante a estimé qu’elles mettaient en évidence les tentatives répétées de la Russie de discréditer et de saper l’OIAC, afin d’ôter toute responsabilité au régime de Bashar Al-Assad.  La désignation des Casques blancs comme boucs émissaires vise à détourner l’attention alors que le travail desdits Casques blancs pour sauver des vies a été démontré à maintes reprises, notamment lors du récent tremblement de terre. 

La représentante a rappelé qu’il y a cinq ans aujourd’hui, « deux agents du GRU russe » avaient perpétré une attaque aux armes chimiques au Royaume-Uni, tuant un citoyen britannique et en blessant d’autres.  Ce n’est donc peut-être pas seulement le régime Assad que la Russie tente de protéger, a-t-elle insinué. 

La tragédie de Douma représente le neuvième cas attribué d’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, a rappelé la représentante.  Compte tenu de ce comportement constant et en l’absence de progrès sur l’une ou l’autre des questions en suspens concernant la déclaration de la Syrie, il n’est pas à exclure que le régime utilise à nouveau des armes chimiques, a-t-elle estimé.  Alors que la Syrie continue de ne pas respecter ses obligations au titre de la Convention, son programme d’armes chimiques représente une menace permanente pour la paix et la sécurité internationales.  Il incombe au Conseil de continuer à débattre de cette question et de faire pression sur la Syrie pour qu’elle coopère avec l’OIAC, a conclu la représentante du Royaume-Uni.

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a tout d’abord annoncé que son pays avait fait don de purificateurs d’eau et de sept tonnes d’aliments nutritifs déshydratés au Gouvernement syrien, dans le cadre des efforts visant à répondre aux besoins immédiats des populations touchées par le tremblement de terre.  Le Brésil condamne l’utilisation de toute arme chimique, n’importe où, par n’importe qui et en toutes circonstances, a-t-il poursuivi, ajoutant que l’emploi de telles armes représente une menace pour la paix et la sécurité internationales et une violation directe de la Convention sur les armes chimiques.  Le Brésil considère également l’utilisation ou la menace d’utilisation de toute arme de destruction massive comme incompatible avec le droit international humanitaire.  Concernant le rapport à l’examen, et compte tenu de ses conclusions préoccupantes, le représentant a réitéré la nécessité d’une coopération étroite entre l’OIAC et l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité.  Pour le Brésil, les autorités syriennes et l’OIAC doivent s’engager dans une coopération efficace, afin que toute la lumière soit faite quant aux cas d’utilisation d’armes chimiques et pour répondre aux questions en suspens relatives à l’arsenal chimique déclaré de la Syrie et à son processus de destruction.  Cette coopération est essentielle pour clore enfin le « dossier chimique syrien », a conclu le représentant.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse), notant que cela fait presque 10 ans que la Syrie, sous l’impulsion unanime du Conseil, a soumis à l’OIAC sa déclaration initiale en tant qu’État partie à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, a déploré, qu’à ce jour, 20 points de cette déclaration demeurent en suspens.  La Suisse réitère sa demande que la Syrie fournisse les réponses nécessaires au Secrétariat technique de l’OIAC, conforme aux décisions des organes politiques de l’OIAC, a-t-il ajouté.  Après avoir rappelé que l’OIAC avait indiqué au Conseil, le mois passé, que l’Équipe d’enquête et d’identification sur l’attaque survenue à Douma en avril 2018 avait conclu qu’il « existe des motifs raisonnables de croire que les auteurs de cette attaque faisaient partie de l’armée de l’air de la République arabe syrienne au moment des faits », il a souligné que la sécurité collective dont le Conseil de sécurité est le garant suprême « se base sur une ferme opposition à tout emploi et toute prolifération d’armes de destruction massive, dont les armes chimiques ».  C’est pourquoi la Suisse demande que les auteurs des attaques chimiques en Syrie répondent de leurs crimes. 

Le représentant a en outre salué la coopération formelle entre l’OIAC et le Mécanisme international, impartial et indépendant pour la Syrie, qui constitue selon lui un rouage important vers l’application de la résolution 2118 du Conseil et du droit international.  « Je tiens à réaffirmer ici notre objectif commun: empêcher l’utilisation des armes chimiques par qui que ce soit, à n’importe quel moment et dans n’importe quelles circonstances », a-t-il conclu.

Mme MAYSOUN HASSAN SALIM ALDAH ALMATROOSHI (Émirats arabes unis) a catégoriquement condamné l’emploi d’armes chimiques.  Pour avancer sur le dossier, elle a appelé à un « dialogue constructif » entre l’OIAC et la Syrie, avant d’insister sur l’importance de respecter les principes techniques sous-tendant la création de l’OIAC, y compris ceux du consensus et de la non-politisation.  Elle a espéré la venue rapide de consultations entre les parties, disant ne pas voir pourquoi elles ne pourraient avoir lieu. 

La représentante a ajouté qu’elle aurait espéré que le rapport comprenne plus de détails au sujet de la visite d’une équipe restreinte à Damas et des résultats de cette visite.  Elle a aussi jugé essentiel de se pencher sur l’usage par les groupes terroristes d’armes chimiques.  Elle a jugé déplorable que les menaces posées par Daech à la stabilité de la Syrie perdurent, citant pour preuve une récente attaque par Daech ayant fait 53 victimes à l’est de Homs.  Elle a conclu en insistant sur l’importance de faire avancer ce dossier pour régler la crise syrienne.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a déclaré: « Neuf fois.  Le régime syrien a utilisé neuf fois des armes chimiques contre son propre peuple, faisant des centaines de victimes, dont des enfants. »  Le rapport le plus récent de l’Équipe d’évaluation des déclarations, a-t-il rappelé, a conclu qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le 7 avril 2018, l’armée de l’air syrienne a mené une attaque aux armes chimiques à Douma, tuant 43 personnes et en blessant des dizaines d’autres.  Tout silence face à ces crimes abominables peut être confondu avec une incitation à réutiliser ces armes, a mis en garde le représentant.  Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation quant aux lacunes et divergences persistantes dans la déclaration initiale de la Syrie, qui doit faire preuve de coopération sur les 20 questions actuellement en suspens.  Il a dit attendre avec impatience les résultats de la neuvième série d’inspections, en septembre 2022, dans les installations de Barzah et de Jamrayah.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a regretté que les autorités syriennes n’aient toujours pas autorisé l’accès aux sites de l’incident de Douma, malgré les obligations de la Syrie au titre de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118.  Il y a vu une situation qui s’inscrit dans le cadre d’un comportement malheureux de la Syrie sur ce dossier.  Le représentant a dit attendre avec impatience la publication du rapport de l’Équipe d’évaluation des déclarations dans les prochaines semaines, à la suite de l’initiative du Secrétariat technique d’envoyer une équipe réduite de l’Équipe d’évaluation des déclarations en Syrie pour mener des activités limitées dans le pays. 

Pour Malte, la seule façon de garantir au monde que le programme d’armes chimiques de la Syrie a bien été éliminé de manière complète et vérifiable est que ce pays coopère de manière significative avec l’OIAC et fournisse les assurances nécessaires, conformément à la Convention sur les armes chimiques.  Le Conseil de sécurité doit respecter ses propres décisions et faire en sorte que la Syrie respecte les obligations qui lui incombent en vertu de la résolution 2118 et de la Convention sur les armes chimiques, a conclu le représentant.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que, « comme chacun le sait, nous sommes ici réunis car le régime syrien a utilisé des armes de destruction massive contre sa propre population ».  Des enquêtes indépendantes des Nations Unies et de l’OIAC l’ont démontré à neuf reprises, a-t-il ajouté, rappelant qu’il y quelques semaines, l’OIAC avait publié un rapport « accablant » démontrant comment l’armée de l’air syrienne a délibérément largué deux barils de chlore sur des bâtiments résidentiels, provoquant la mort de 43 personnes.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la France exhorte une nouvelle fois le régime syrien à se conformer immédiatement à ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques. 

Pour le représentant, le régime doit enfin faire la lumière sur ses stocks, « car nous savons qu’ils n’ont pas tous été détruits ».  Déplorant ensuite le fait que la Syrie n’a cessé d’entraver le travail de l’OIAC, « avec une mauvaise foi évidente », M. de Rivière a déclaré que si l’absence de progrès est frustrante, « la responsabilité en incombe intégralement au régime syrien ».  Dans ce contexte, il a souhaité saluer le travail indépendant, impartial et professionnel de l’OIAC, ajoutant qu’aucune campagne de désinformation ne saura cacher la culpabilité du régime syrien.  En effet, « exposer la vérité est essentiel afin de mettre les auteurs de ces attaques face à leurs responsabilités » et, pour la France, « il ne doit y avoir aucune impunité pour les criminels de guerre ».  En conclusion, le représentant a insisté sur le fait que la lutte contre l’impunité est le fondement de l’efficacité et de la crédibilité du régime d’interdiction des armes de destruction massive.

M. HAMAMOTO YUKIYA (Japon) a qualifié le troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification de « contribution essentielle » à la découverte de la vérité sur la tragédie survenue à Douma en 2018.  Ce document juge raisonnable de croire que l’armée de l’air syrienne y a perpétré les attaques à l’arme chimique.  Le Japon qui, une fois de plus, a condamné l’utilisation d’armes chimiques par le Gouvernement syrien, a jugé regrettable le manque de progrès concrets sur ce dossier. 

Déplorant l’absence de progrès dans l’organisation d’une réunion de haut niveau entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères, ainsi que dans la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation de la déclaration et l’autorité nationale, le représentant a cependant salué la récente visite d’un groupe de membres de ladite équipe en Syrie comme le signe d’un premier pas.  Cependant, a-t-il tempéré, la visite d’un tel groupe, de taille réduite, sans aucune consultation technique avec l’autorité nationale, demeure très insuffisante.  Le représentant a réitéré son appel à la Syrie pour qu’elle garantisse un accès complet et sans entrave au personnel de la mission.  Il a aussi exhorté la Syrie à s’engager de bonne foi avec le Secrétariat technique de l’OIAC et à fournir tous les documents requis pour résoudre les questions en suspens liées aux déclarations initiales et ultérieures soumises par la Syrie. 

Le Conseil de sécurité ne peut rester coi quant au fait que la Syrie ne respecte pas les obligations qui lui incombent en vertu de la Convention et de la résolution 2118 (2013), a conclu M. Hamamoto, pour qui aucun membre du Conseil ne peut tolérer d’excuses pour cet obstructionnisme entêté. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a appelé toutes les parties directement impliquées dans les enquêtes en cours à assumer leurs responsabilités, en coopérant avec l’Équipe d’investigation et d’identification pour établir les responsabilités.  Il s’est félicité de la coopération fournie entre l’OIAC et les autorités syriennes lors de la dernière mission du groupe restreint d’experts de l’OIAC, considérant qu’il s’agit là d’un pas supplémentaire vers la mise en œuvre complète du programme d’élimination des armes chimiques de Damas.  Pour leur part, en tant que parties à la Convention sur les armes chimiques et de l’OIAC, les A3 défendent le principe du désarmement général et universel de tous les États et préconisent un plus grand engagement et davantage de partenariats entre les États sur les questions liées au désarmement en vue de réaliser la paix et la sécurité internationales.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a souligné combien son pays s’oppose en toute chose à l’utilisation d’armes de destruction massive, demandant à cet égard au Conseil de sécurité de se souvenir du largage des bombes atomiques américaines sur les villes de Nagasaki et Hiroshima.  La Syrie est profondément attachée au désarmement et à la non-prolifération, comme l’atteste, entre autres engagements, son adhésion à la Convention sur les armes chimiques en 2013, a ajouté le représentant.  Il a répété que la Syrie avait détruit la totalité de son stock chimique ainsi que ses installations de production en 2014, cela dans le cadre d’une coopération constructive avec l’OIAC.  Il a rappelé que l’autorité nationale syrienne avait présenté à ce jour 111 rapports sur ce processus de démantèlement aux inspecteurs et experts de l’Organisation.  À son secrétariat technique, nous avons fourni des photos du site de Douma, lequel a été détruit par les forces israéliennes, ce que celles-ci ont reconnu, a aussi affirmé le représentant, qui a exhorté le Conseil à condamner cette agression et à demander que des comptes soient rendus.  C’est, a-t-il lancé, la mission même du Conseil de sécurité que de demander cela. 

Le représentant a ensuite regretté que certains pays continuent à lancer des campagnes pour dénigrer la déclaration initiale de son pays et faire croire que la Syrie ne respecte pas ses engagements et obligations internationaux.  Tout ceci, a-t-il accusé, montre combien les travaux de l’OIAC sont aujourd’hui politisés.  Il en a voulu pour preuve que, désormais, ses rapports ne respectent plus les méthodes de la Convention sur les armes chimiques, « ce qui permet aux Occidentaux de nous prendre répétitivement pour cible ».  Pendant ce temps, a poursuivi le représentant, les Casques blancs, qui ne sont rien d’autre qu’une filiale des terroristes d’el-Nosra, continuent de transmettre des informations mensongères et à préparer la fabrication d’armes de destruction massive, notamment dans la province d’Edleb.  Il faut condamner ces faits, afin d’empêcher que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains de groupes terroristes, a-t-il demandé. 

Pour le représentant, le Conseil de sécurité est entré dans un cercle vicieux coûteux en temps et ressources, ce qui l’empêche d’obtenir de vrais résultats.  Enfin, il a appelé le Secrétariat de l’OIAC à communiquer en toute bonne foi, de manière neutre et impartiale, seul moyen selon lui pour que les expertises techniques et scientifique soumises par l’autorité nationale syrienne puissent aboutir à la clôture définitive du dossier syrien.

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a condamné tout emploi d’armes chimiques, quel qu’en soit le lieu ou les circonstances.  C’est pourquoi il a condamné les pays occidentaux pour avoir appuyé le régime iraquien lorsqu’il utilisait des armes chimiques contre le peuple iranien.  Saluant le comportement exemplaire de son pays s’agissant de ses obligations envers la Convention sur les armes chimiques, le représentant a déploré une « exploitation politique » de ladite convention.  Quant au dernier rapport de l’OIAC, fondé sur des sources non autorisées, il fait fi des observations présentées par le Gouvernement syrien, a dénoncé le représentant, qui a appelé à remédier à ces lacunes pour assurer l’intégrité des futurs rapports.  Il a aussi réclamé un dialogue entre l’OIAC et les autorités syriennes, selon un « calendrier spécifique », de manière à répondre aux questions en suspens et de clore enfin le dossier, au lieu de politiser sans cesse la question et d’utiliser le principe du « deux poids, deux mesures ».  Enfin, il a jugé tout à fait contre-productives ces réunions mensuelles du Conseil en l’absence de fait nouveau et au cours desquelles les membres répètent leurs doléances.  Elles sont un gaspillage de temps et de ressources pour le Conseil de sécurité, a-t-il conclu.  

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a rappelé que les questions en suspens liées à la déclaration initiale de la Syrie demeurent et que le Secrétariat technique de l’OIAC attend toujours d’obtenir des réponses aux demandes envoyées au « régime » concernant ses centres de production d’armes chimiques et le mouvement non autorisé de cylindres utilisés lors de l’attaque de Douma en 2018.  La représentante a appelé la Syrie à respecter toutes ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques.  Dans son dernier rapport en date, a-t-elle souligné, l’Équipe d’enquête et d’identification indique que le régime syrien est coupable de l’attaque aux armes chimiques commises à Douma en 2018.  L’emploi de ces armes est inacceptable, quelles qu’en soient les circonstances, et la Türkiye continuera d’appuyer les efforts de l’ONU et de l’OIAC visant à assurer la reddition de comptes en Syrie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: au Soudan du Sud, marqué par un regain de violences, 2023 sera l’année du « ça passe ou ça casse », selon le Représentant spécial

9274e séance - matin
CS/15219

Conseil de sécurité: au Soudan du Sud, marqué par un regain de violences, 2023 sera l’année du « ça passe ou ça casse », selon le Représentant spécial

Au Soudan du Sud, alors que peu de progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé au cours de la période à l’examen et que les délais fixés par la feuille de route n’ont pas été respectés, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays a estimé, ce matin au Conseil de sécurité, que 2023 serait l’année du « ça passe ou ça casse » pour toutes les parties prenantes.   

M. Nicolas Haysom était venu présenter aux membres du Conseil le rapport du Secrétaire général couvrant les activités de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour la période allant du 1er décembre 2022 au 15 février 2023 et dont les observations finales s’ouvrent par une mise en garde: « Si les délais établis ne sont pas respectés, pour infime que soit le retard, les objectifs convenus par les parties lorsqu’elles ont prolongé la période de transition de deux années supplémentaires en adoptant la feuille de route en août 2022 auront du mal à être atteints ». 

Or, le 31 décembre dernier, le Président sud-soudanais, M. Salva Kiir, a déclaré qu’il était nécessaire de prolonger de 24 mois la période de transition, car des dispositions clefs de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit n’étaient pas respectées et que les progrès réalisés jusqu’à présent étaient compromis par les violences infranationales meurtrières.  Le Représentant spécial a repris à son compte ces inquiétudes au sujet de l’« escalade rapide » des hostilités dans les États du Haut-Nil, de Jongleï, de l’Équatoria-Central, de l’Équatoria-Oriental et de l’Équatoria-Occidental, ainsi que dans la zone administrative du Grand Pibor.  Dans son rapport, le Secrétaire général se dit consterné par les enlèvements de femmes et d’enfants perpétrés à grande échelle.  

Cette détérioration de la sécurité, alimentée par des rivalités intertribales autour de ressources limitées, rend, pour M. Haysom, d’autant plus urgents la consolidation, le renforcement et le déploiement des « forces unifiées nécessaires », de sorte que celles-ci puissent protéger les civils et aider les personnels humanitaires à prêter assistance aux nécessiteux, également mis à rude épreuve par les chocs climatiques.   

En 2023, pas moins de 9,4 millions de personnes –soit 76% de la population du Soudan du Sud, dont 350 000 réfugiés- pourraient avoir besoin d’une aide humanitaire, soit une hausse de 5% par rapport à l’an dernier, a détaillé M. Tareq Talahma, le Directeur par intérim de la Division des opérations et du plaidoyer (OAD) du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Selon lui, environ 7,8 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë d’avril à juillet, avec 43 000 susceptibles d’être en situation de « catastrophe » dans les États de Jongleï et d’Unité.  Des chiffres record, qui dépassent ce qui a été observé pendant le conflit en 2013 et 2016, s’est alarmé M. Talahma. 

Les États-Unis ont exhorté le Gouvernement provisoire d’union nationale à garantir un accès sans restriction aux travailleurs humanitaires, en particulier vers l’État du Haut-Nil.  Au cours de la période considérée, les problèmes d’accès, les obstacles bureaucratiques, la criminalité généralisée, les violences intercommunautaires et les meurtres commis par vengeance ont continué à entraver le travail des acteurs humanitaires, relève le Secrétaire général dans son rapport. 

C’est sur le front politique que les membres du Conseil ont exprimé, à des degrés divers, leur satisfaction devant un certain nombre d’avancées.  Ainsi, le Royaume-Uni s’est félicité des récentes mesures législatives adoptées - avancement du projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution et projet de loi de la Commission de lutte contre la corruption et l’absence de protections adéquates pour les lanceurs d’alerte.  La France a également salué l’accord sur le commandement unifié des forces armées et l’intégration d’un premier contingent de combattants dans les forces unifiées nécessaires, à l’instar de la Chine, qui a également noté la ratification par le Soudan du Sud de quatre conventions internationales. 

Après avoir rappelé les obligations qui incombent au Gouvernement provisoire en matière de société inclusive, le Mozambique a, au nom des membres africains du Conseil -les A3- invité la MINUSS à continuer de s’engager dans la coordination et la mise en œuvre du partenariat avec tous les acteurs concernés, tels que l’Union africaine, l’IGAD, l’Union européenne et la Troïka, « pour soutenir le Gouvernement et le peuple du Soudan du Sud en faveur d’une paix durable ».  Cet appel a trouvé un écho du côté du Soudan du Sud, qui a exhorté les partenaires internationaux et régionaux à trouver une solution rapide aux divergences récentes apparues entre les signataires de l’Accord de paix revitalisé. 

Dans ce contexte, le Représentant spécial s’est demandé aujourd’hui si la MINUSS, dont le mandat actuel expire le 15 mars, était, dans sa configuration actuelle, vraiment adaptée à la situation en vue des élections de décembre 2024, mais aussi à la lumière des tensions actuelles et de l’insécurité.  Aussi a-t-il demandé qu’une étude soit réalisée pour déterminer dans quelle mesure elle dispose des ressources suffisantes pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix, tout en soulignant l’importance pour les dirigeants sud-soudanais de se réconcilier et de faire primer l’intérêt national sur les leurs.  

Alors que le projet de résolution prolongeant le mandat de la MINUSS est en négociation, les A3 ont souhaité que les membres du Conseil adoptent une position commune sur les moyens à lui prêter pour qu’elle renforce efficacement les capacités du Soudan du Sud en matière logistique, matérielle, financière, judiciaire et protège mieux les civils.  Pour la Fédération de Russie, le projet de texte, qui doit être mis aux voix également le 15 mars, devra refléter les positions de tous les membres du Conseil et répondre aux aspirations des Sud-Soudanais. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2023/135

Déclarations

M. NICOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général au Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a commencé par faire état des priorités en cette phase cruciale de la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Nous avons tenté donc de donner effet au calendrier de la feuille de route, le Gouvernement sud-soudanais ayant précisé qu’il n’y aurait plus de demande de prorogation, a-t-il ainsi expliqué.  Or, a-t-il déploré, il faut bien reconnaître qu’au cours de la période à l’examen, peu de progrès ont été réalisés et les délais fixés par la feuille de route n’ont pas été respectés.  Ni les parties prenantes ni la communauté internationale ne peuvent envisager de prorogation, a insisté le haut fonctionnaire, pour qui 2023 sera l’année du « ça passe ou ça casse » pour toutes les parties à l’Accord de paix. 

Plusieurs obstacles de taille se posent pour finaliser la période de transition, a détaillé M. Haysom, à commencer par la rédaction d’une nouvelle constitution, un processus qui devrait être inclusif et donner voix au chapitre à l’ensemble de la population et notamment aux personnes déplacées, aux réfugiés, aux femmes et aux handicapés.  Aussi le Représentant spécial a-t-il appelé le Gouvernement à reconstituer le Comité national chargé des amendements constitutionnels, et le Parlement à reprendre sa session. 

M. Haysom a indiqué avoir l’intention d’aider les Sud-Soudanais à faire en sorte que les élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles, avec le concours de la société civile, des partis politiques et des médias.  Dans cette perspective, il faut selon lui s’atteler aux préparatifs dès à présent, en élaborant un cadre juridique solide, en reconstituant la Commission électorale nationale et en élargissant l’espace public politique et civique. 

Autre difficulté majeure à surmonter selon le Chef de la MINUSS: la consolidation, le renforcement et le déploiement des forces unifiées nécessaires, de manière que celles-ci puissent assumer leurs responsabilités en protégeant les civils et en aidant les personnels humanitaires.  Nous espérons, a poursuivi le Représentant spécial, qu’elles feront de leur mieux, alors qu’une résurgence des violences a été constatée dans les points chauds du pays, à savoir les États du Haut-Nil, de Jonglei, la zone administrative du Grand Pibor, les zones adjacentes à Abyei, à Tamboura, et les Équatoria.  Non seulement des vols de bétail alimentent les rivalités intertribales, mais des cas de violences sexuelles et sexistes ont été enregistrés, s’est alarmé M. Haysom.  Il a ensuite fait état d’une crise économique et humanitaire causée par les chocs climatiques et les ramifications du conflit, l’aide n’étant pas parvenue aux nécessiteux en raison de la détérioration des conditions de sécurité. 

S’agissant de la Mission elle-même, « nous souhaitons nous remettre en question », a déclaré son chef.  Sommes-nous vraiment adaptés à la situation en vue du cycle électoral, mais aussi à la lumière des tensions actuelles et de l’insécurité? s’est-il interrogé.  Nous nous demandons si nous devons renforcer le déploiement des personnels en uniforme dans la limite du plafond autorisé, a-t-il précisé.  Il a expliqué qu’après avoir consulté les parties prenantes concernées, il avait demandé qu’une étude soit réalisée pour déterminer dans quelle mesure la MINUSS dispose des ressources suffisantes pour mettre en œuvre l’Accord de paix. 

Pour M. Haysom, les dirigeants du Soudan du Sud doivent prendre une décision difficile: ils peuvent soit coopérer et essayer de se réconcilier afin de donner effet à l’Accord, ou bien rester les bras croisés en privilégiant leur propres intérêts.  Pour sa part, M. Haysom a souhaité que les autorités compétentes tirent le meilleur parti de la présente opportunité. 

M. TAREQ TALAHMA, Directeur par intérim de la Division des opérations et du plaidoyer (OAD) du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que, depuis que la dernière séance du Conseil consacrée au Soudan du Sud, la situation humanitaire s’était aggravée et que la violence, les déplacements, la faim, les chocs climatiques et les problèmes de santé publique continuaient d’alimenter les besoins humanitaires. 

Cette année, un nombre record de 9,4 millions de personnes -76% de la population du Soudan du Sud, dont 350 000 réfugiés- pourraient avoir besoin d’une aide humanitaire, soit une augmentation de 5% par rapport à l’an dernier, a détaillé M. Talahma.  Environ 7,8 millions de personnes seront confrontées à une crise d’insécurité alimentaire aiguë d’avril à juillet, avec 43 000 personnes susceptibles d’être en situation de catastrophe dans les États de Jongleï et d’Unité.  On estime que 1,4 million d’enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition aiguë.  Plus de 675 000 femmes enceintes et allaitantes devraient être exposées à un risque de malnutrition aiguë.  « Ces chiffres de personnes souffrant de malnutrition et d’insécurité alimentaire sévère ont atteint un record, dépassant ce qui a été observé pendant le conflit en 2013 et 2016 », a-t-il ajouté, précisant que la violence continuait d’être l’un des principaux moteurs des déplacements de population et d’insécurité alimentaire, avec des conflits armés et des violences intercommunautaires enregistrés dans tout le pays. 

Des solutions durables sont nécessaires pour permettre aux personnes touchées de retourner, de s’intégrer ou de s’installer dans un autre endroit qu’elles auront déterminé elles-mêmes, a insisté le représentant de l’OCHA.  Il existe déjà de nombreux bons exemples, a-t-il estimé, citant le cas de l’État du Bahr el-Ghazal occidental, où la Gouverneure et son équipe ont conçu un plan stratégique sur quatre ans pour soutenir les communautés touchées par le conflit et les catastrophes, aligné sur le plan stratégique du Gouvernement.  Le lancement par le Secrétaire général du Programme d’action sur les déplacements internes et la sélection du Soudan du Sud comme pays pilote offrent également l’occasion de renforcer les solutions durables pour les personnes déplacées, a-t-il ajouté. 

Exprimant sa reconnaissance aux partenaires humanitaires travaillant dans des environnements extrêmement difficiles, M. Talahma a ajouté que le Soudan du Sud demeurait l’un des endroits les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires et rappelé qu’en janvier, trois d’entre eux avaient été tués dans l’exercice de leurs fonctions, venant s’ajouter à neuf autres qui avaient perdu la vie en 2022.  Lors de la récente escalade des violences intercommunautaires dans la zone administrative du Grand Pibor, les locaux des ONG avaient été détruits et pillés.  Malgré ces défis, les partenaires humanitaires ont apporté une assistance et des services à près de cinq millions de personnes en 2022.  Plus de quatre millions de personnes ont reçu une aide alimentaire et un soutien aux moyens de subsistance. 

Appelant à faire davantage en 2023, le haut fonctionnaire a indiqué que le plan de réponse humanitaire de cette année requérait 1,7 milliard de dollars, afin d’atteindre quelque 6,8 millions de personnes parmi les plus vulnérables.  À ce jour, le plan d’intervention n’est financé qu’à hauteur de 3,5%, a-t-il déploré.  Exhortant tous les acteurs à assurer la désescalade de la violence et à respecter leur engagement à protéger les civils et leurs biens, M. Talahma a instamment demandé qu’un accès sûr et sans entrave soit garanti aux travailleurs humanitaires afin qu’ils puissent porter secours aux populations en détresse. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a salué le rôle de leadership de la MINUSS et ses partenaires, qui, tous ensemble, permettent de sécuriser chaque jour des zones entières du territoire.  Il a exprimé sa préoccupation face à l’augmentation exponentielle du nombre de meurtres de civils et de violences à l’égard des femmes signalée dans le rapport du Secrétaire général, réaffirmant que les dirigeants de la transition ont la responsabilité de mettre fin à ces violences et de traduire en justice leurs auteurs.  Pour le représentant, le Gouvernement sud-soudanais doit aussi s’acquitter de cette responsabilité de protéger les civils pour garantir un environnement électoral sûr et stable.  À ce propos, il s’est dit encouragé par le fait que la liberté de mouvements est de plus en plus assurée au Soudan du Sud. 

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a exhorté le Gouvernement provisoire d’union nationale d’assurer un accès sans restriction aux travailleurs humanitaires, en particulier vers l’État du Haut-Nil.  « 2023 sera une année cruciale, au cours de laquelle les dirigeants devront respecter leur engagement conformément à la feuille de route fixée par l’Accord de paix et leurs obligations découlant du droit international », a ajouté le représentant.  Sur la situation politique, il a rappelé que la société civile doit participer pleinement au processus électoral, processus dont le succès déterminera l’avenir de tout le pays.  Enfin, il a exhorté le Gouvernement à consacrer une part plus importante de ses revenus pétroliers, qui étaient en 2022 d’un montant de 1,6 milliard de dollars, à la fourniture de l’aide humanitaire.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a dit espérer que les premières élections de l’histoire du Soudan du Sud se dérouleront librement, pacifiquement et sans délai.  Cette phase critique exige une large participation, en particulier des femmes et des jeunes, pour renforcer le tissu social du pays.  À cet égard, le représentant a encouragé le Gouvernement à intensifier ses efforts pour atteindre le quota minimum de 35% de femmes dans les institutions et organes exécutifs de la transition.  La tenue de la première conférence internationale sur le leadership transformationnel des femmes à Djouba, il y a deux semaines, devrait être un point de réflexion et d’analyse; ses recommandations devraient être incluses de manière transversale dans le programme de paix et de développement du pays. 

Le représentant s’est en outre dit vivement préoccupé par la complexité des défis politiques, humanitaires, sécuritaires et de développement auxquels le Soudan du Sud est confronté.  Si des progrès ont été réalisés en vue de réaliser le processus électoral, le harcèlement, l’intimidation, les obstacles à la liberté d’expression et à l’exercice du journalisme, ainsi que l’intimidation de la société civile, suscitent les inquiétudes.  Le représentant a condamné les violences sexuelles, les enlèvements, les exécutions extrajudiciaires, le recrutement d’enfants et de jeunes, les meurtres et les mutilations.  Selon le dernier rapport du Secrétaire général, ces exactions sont aussi commises par des forces de sécurité, a-t-il fait observer.  Le Conseil doit intensifier ses efforts pour appeler le Gouvernement à respecter ses obligations en vertu du droit international, y compris celles relatives à la protection des enfants.  Le pays doit se conformer au plan d’action à l’intention des forces armées concernant la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits au Soudan du Sud. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a estimé que, pour que les efforts en faveur de la paix au Soudan du Sud soient couronnés de succès, la situation sécuritaire préoccupante dans le pays doit être abordée, ainsi que ses implications humanitaires.  Pour la représentante, si les seuils de violence depuis le début de l’année sont inférieurs à ceux du dernier trimestre de 2022, en raison de l’intensification des procédures menées par les autorités et de l’augmentation des patrouilles de la MINUSS, le principal défi qui se pose aujourd’hui est de trouver des moyens de mettre fin à ce cercle vicieux et de s’attaquer aux causes profondes de la crise.  Aussi a-t-elle salué les initiatives prises par la MINUSS pour promouvoir le dialogue intercommunautaire, se félicitant également des avancées réalisées par le Gouvernement en matière de réforme du secteur de la sécurité.  Elle a en outre dit espérer que le Soudan du Sud prendrait des mesures concrètes pour mettre en œuvre la législation récemment adoptée, notamment le projet de loi relatif à l’élaboration de la Constitution.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a rappelé que deux étapes clefs étaient à franchir pour le Soudan du Sud, à savoir l’élaboration de la Constitution et le premier processus électoral depuis l’indépendance du pays.  Pour y parvenir, le représentant a souligné plusieurs aspects essentiels.  D’abord, a-t-il expliqué, bâtir une nouvelle constitution revient à une transformation du contrat social.  Ce processus doit se faire de manière inclusive, en tenant compte des voix de tous, y compris des femmes. 

Le représentant s’est ensuite alarmé de la reprise du conflit armé et de l’escalade de la violence, dans l’État du Haut-Nil, notamment.  Il a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et condamné les abus des droits humains dans le pays, en particulier les violences sexuelles et celles commises contre les enfants, en soulignant une fois de plus que la responsabilité principale de la protection des civils incombait au Gouvernement.  Les dialogues intercommunautaires soutenus par la MINUSS sont indispensables pour réduire la violence et de renforcer la coexistence pacifique, a-t-il aussi rappelé. 

Enfin, le représentant s’est dit profondément préoccupé par le niveau de souffrance humaine atteint dans le pays, confronté à sa pire crise humanitaire depuis son indépendance.  Les effets des changements climatiques exacerbent les conséquences du conflit et 95% de la population dépend de moyens de subsistance sensibles au climat.  Des inondations massives dans une grande partie du pays accroissent l’insécurité alimentaire et attisent la violence au niveau infranational, notamment en lien avec les déplacements prolongés de population.  Le représentant a vivement encouragé le Gouvernement à s’attaquer à ces défis, avec le soutien de la MINUSS, y compris par des analyses et des programmes conjoints tenant compte du climat. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a exhorté les autorités du Soudan du Sud à veiller à ce que les organisations de la société civile, y compris les organisations de femmes et de jeunes, soient en sécurité et respectées, et que leur liberté ne soit pas entravée.  Après avoir déploré et condamné la mort de trois travailleurs humanitaires dans l’exercice de leurs fonctions en 2023, la représentante a rappelé le rôle essentiel du personnel humanitaire de terrain, qui fournit une assistance vitale à ceux qui en ont le plus besoin.  Leur sûreté et leur sécurité doivent être assurées à tout moment, a-t-elle insisté.  La représentante a également exprimé sa préoccupation quant au nombre élevé de crimes perpétrés par des jeunes et contre des enfants.  Sur ce dernier point, elle a salué l’effort de la MINUSS pour sensibiliser à la protection de l’enfance, notamment par le biais de l’action menée dans le pays par la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba.  Par ailleurs, rappelant que 90 % de la population sud-soudanaise dépend de moyens de subsistance vulnérables aux effets des changements climatiques, et que 8 États sur 10 sont affectés actuellement par des inondations, elle a assuré que son pays soutient plus que jamais les projets humanitaires essentiels financés par l’Union européenne pour répondre à cette situation. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil), après avoir salué l’implication croissante du Soudan du Sud dans les activités de consolidation de la paix, a rappelé que la création de conditions propices à l’acheminement de l’aide est l’une des priorités du mandat de la MINUSS, alors que ce pays reste l’un des plus dangereux qui soient pour les personnels humanitaires.  Il a regretté que le déploiement du personnel militaire et policier de la Mission reste nécessaire dans de nombreux États du pays pour assurer la sécurité des travailleurs qui fournissent une aide vitale aux personnes qui en ont désespérément besoin.  Le représentant a dit espérer que ce pilier du mandat de la MINUSS sera pleinement mis en œuvre et que les autorités traduiront en justice les auteurs de ces attaques vicieuses.  Le Brésil souhaite en outre que les agences humanitaires bénéficient bientôt d’un accès sans entrave le long du Nil pour fournir des biens et des services aux Sud-Soudanais les plus vulnérables. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé que l’Accord de paix revitalisé devait être mis en œuvre conformément aux délais établis dans sa feuille de route, comme base d’une paix durable au Soudan du Sud.  À cet égard, il a salué les progrès réalisés en matière de mise en place des forces unifiées nécessaires et des projets de loi prioritaires, tels que ceux liés au processus d’élaboration de la constitution.  En outre, le représentant a encouragé le Gouvernement provisoire d’union nationale à mettre en œuvre la feuille de route de manière inclusive, afin d’assurer la pleine participation des femmes et des jeunes au processus.  Nous tenons à souligner que la liberté d’expression est l’un des principaux facteurs de réussite du processus, a-t-il ajouté, exhortant également la MINUSS à accorder la priorité à de tels efforts. 

Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par le haut niveau de violence et le nombre élevé de violations et abus des droits humains, la large diffusion des armes à travers le pays alimentant ces violences.  C’est pourquoi il a souligné l’importance de veiller à faire respecter l’embargo sur les armes, les autorités sud-soudanaises devant à cette fin redoubler d’efforts. 

M. Ishikane a également appelé tous les acteurs à garantir un accès humanitaire complet et sans entrave et à protéger les travailleurs et les ressources humanitaires contre les attaques, les menaces et les pillages.  Enfin, après avoir noté que le Soudan du Sud a plus que jamais besoin du soutien international, il s’est félicité de l’implication croissante de la Commission de consolidation de la paix (CCP) dans le pays, ce dont attestent les deux réunions que la CCP a tenues au cours des six derniers mois.  Pour lui, la coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission devrait être encore renforcée « sur les questions d’intérêt commun ».

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a constaté que, ces derniers mois, les autorités sud-soudanaises ont progressé dans la mise en œuvre de leurs obligations au titre de l’Accord de paix: le Parlement fonctionne correctement dans le pays, le Conseil national des droits de l’homme a été créé, plusieurs lois importantes sont entrées en vigueur, et les préparatifs des élections générales de décembre 2024 ont commencé. 

La représentante a ensuite estimé que la décision des parties de prolonger la période de transition jusqu’en février 2025 était justifiée par les conditions actuelles, ajoutant que la feuille de route adoptée à cet égard devait être strictement appliquée et toutes les structures opérant dans le cadre de l’Accord de paix disposer des financements nécessaires.  Elle a toutefois regretté qu’en raison d’un certain nombre de désaccords non résolus, notamment sur les modalités de déploiement et la structure de commandement, le lancement de la deuxième phase des forces unifiées nécessaires continue de stagner. 

Mme Evstigneeva a ensuite exhorté la MINUSS à accorder une plus grande attention à la stabilisation de la situation sécuritaire et à aider les autorités sud-soudanaises à mettre en œuvre, dans les délais impartis, l’Accord de paix et la feuille de route en date d’août 2022.  Évoquant les négociations relatives à la prorogation du mandat de la Mission, la représentante a déclaré que le texte final devrait refléter les positions de tous les membres du Conseil et répondre aux aspirations des Sud-Soudanais. 

Selon M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), les récentes mesures législatives -avancement du projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution, projet de loi de la Commission de lutte contre la corruption et l’absence de protections adéquates pour les lanceurs d’alerte- sont les bienvenues.  « Il s’agit maintenant d’appliquer ces lois », a-t-il déclaré.  Appelant le Gouvernement à « prendre des mesures immédiates » pour reconstituer le Conseil des partis politiques et pour adopter la loi sur les élections nationales, le représentant s’est fait l’écho du message de M. Haysom, pour qui 2023 devait être l’année où le Gouvernement du Soudan du Sud répondrait aux attentes de son peuple. 

En matière de sécurité, le représentant a fait part de son inquiétude, indiquant que l’échec de la mise en œuvre de l’Accord de paix était à l’origine du conflit et de la souffrance des populations.  Profondément préoccupé par les informations faisant état d’actes d’intimidation dans tout le pays à l’encontre des Casques bleus et du personnel de la MINUSS par des groupes armés, il a appelé les autorités à respecter l’accord sur le statut des forces de maintien de la paix, et à veiller à ce que des enquêtes approfondies soient menées afin que justice soit rendue.  Enfin, il a réitéré son appel au Gouvernement pour que ce dernier lève les contraintes à l’accès humanitaire, et agisse de toute urgence pour remédier au pillage des ressources humanitaires. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a salué comme des avancées importantes le lancement du processus d’élaboration de la constitution, l’accord sur le commandement unifié des forces armées et l’intégration d’un premier contingent de combattants dans les forces unifiées nécessaires.  La France salue également la signature récente de plusieurs conventions importantes en matière de droits de l’homme et de désarmement. 

La représentante a néanmoins attiré l’attention sur l’importance d’une accélération de la mise en œuvre de la feuille de route, afin de rendre crédible la perspective d’élections d’ici à décembre 2024.  Les autorités ont demandé l’assistance des Nations Unies pour la préparation de ce scrutin, a-t-elle ajouté, notant que si la MINUSS est mandatée pour fournir cette assistance, « l’impulsion doit venir des autorités ».  Elle a encouragé ces dernières à allouer les ressources budgétaires nécessaires à la tenue des élections, à définir leur cadre législatif et constitutionnel et à mettre en place la Commission électorale nationale et le Conseil des partis politiques.  Il est également indispensable de créer les conditions propices à la pleine participation de la société civile, notamment des femmes et des jeunes, a-t-elle également souligné. 

Sur la situation en matière de sécurité, Mme Broadhurst Estival a jugé que la priorité est de poursuivre l’intégration des combattants et d’équiper, de rémunérer et de déployer ces forces.  Les efforts en cours doivent être accélérés pour circonscrire les attributions des différentes forces de sécurité et réduire leurs effectifs, a ajouté la représentante.  Pour elle, l’achèvement de la période de la transition ne doit pas être une fin en soi et les élections ne restaureront la paix et la stabilité que si elles consacrent des efforts réalisés en amont pour assurer leur légitimité, renforcer les institutions et l’état de droit et diminuer les violences.  « Ces chantiers ne peuvent plus être différés, au risque d’alimenter les désillusions », a-t-elle averti.  La France compte sur le soutien de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et des pays de la région pour appuyer les efforts des Nations Unies dans cette période clef ». 

M. DAI BING (Chine) a salué les étapes législatives clefs suivies par le Soudan du Sud, telles que le projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution et la finalisation de la première phase des éléments des forces unifiées nécessaires.  En outre, il s’est félicité de la ratification par le pays de quatre conventions, dont celle relative aux droits des personnes handicapées, ajoutant que de telles mesures sont essentielles pour améliorer la gouvernance du pays et ouvrir la voie à un processus électoral fluide. 

Le représentant a souligné l’urgence de mettre en œuvre l’Accord revitalisé, appelant la communauté internationale à soutenir le pays par des actions concrètes.  La MINUSS, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) jouent un rôle vital dans le processus de paix du pays, a-t-il déclaré, prenant note de la demande d’assistance électorale du Gouvernement sud-soudanais à l’ONU.  En outre, il a appelé la communauté internationale à apporter son soutien à la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée et au Mécanisme de suivi et de vérification du cessez-le-feu et des arrangements sécuritaires transitoires. 

Sur les plans humanitaire et de la sécurité, le représentant a appelé toutes les parties à cesser les hostilités et à régler leurs différends par la négociation.  Il a en outre appelé à la levée immédiate des sanctions imposées par le Conseil du sécurité au Soudan du Sud, qui entravent selon lui sa capacité à protéger les civils.  Avant le renouvellement du mandat de la MINUSS, il a demandé que des dispositions réalistes soient prises dans le projet de résolution, car son mandat s’élargit actuellement d’une manière qui pourrait outrepasser sa compétence et saper la confiance du Gouvernement. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a déclaré que la mise en œuvre en temps voulu de l’Accord revitalisé et de la feuille de route restait cruciale pendant la prolongation de la période de transition.  Il est donc impératif que les dirigeants du Soudan du Sud respectent l’Accord et redoublent d’efforts pour le mettre en œuvre.  La demande du Gouvernement concernant l’assistance de la MINUSS pour la préparation des élections est bienvenue, mais les parties doivent créer les conditions propices à des élections inclusives et « crédibles », avec un large consensus politique, en incluant les femmes, les jeunes ainsi que la société civile. 

La représentante s’est dite profondément préoccupée par la situation en matière de sécurité et par l’augmentation de la violence infranationale dans les États du Haut-Nil, de Jongleï et d’Équatoria ainsi que dans la zone administrative du Grand Pibor, violence qui a entraîné le déplacement de milliers de civils.  L’augmentation alarmante des violences sexuelles liées au conflit et des enlèvements à grande échelle de femmes et d’enfants montre, là aussi, que la protection des civils doit rester une priorité essentielle pour le Gouvernement et la Mission. 

L’Albanie, qui a fermement condamné les violences, a appelé le Gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre les violations des droits humains et obliger les auteurs à être traduits en justice.  Il s’agit notamment de progresser dans la mise en œuvre des dispositions de sécurité en « lançant la phase II » et en « déployant les forces unifiées nécessaires » avec un soutien budgétaire et logistique adéquat. 

Un nombre stupéfiant de 9,4 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire ou de protection cette année, tout en luttant contre l’insécurité due aux changements climatiques, pour une population de 11,5 millions d’habitants, a rappelé la représentante.  Elle a instamment demandé au Gouvernement du Soudan du Sud « d’assumer ses responsabilités », de répondre à la situation et d’assurer la sécurité des travailleurs humanitaires. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a salué la détermination résolue du Gouvernement provisoire à poursuivre la mise en œuvre, dans un contexte difficile, de l’Accord revitalisé.  Le représentant a également salué l’appel lancé par le Président Salva Kiir au peuple du Soudan du Sud pour qu’il renonce aux actions violentes et s’efforce de surmonter les défis prioritaires du pays.  À cet égard, les A3 se félicitent vivement de l’adoption de lois importantes, relatives notamment à la Constitution et au service national de la police, de tels instruments étant nécessaires tant pour consolider les institutions de l’État que pour ouvrir la voie à la stabilité politique et résoudre les conflits locaux qui déchirent les communautés. 

Se disant convaincu que la stabilité politique est nécessaire au Soudan du Sud pour ouvrir sans délai la voie à des élections démocratiques, le représentant a déploré la détérioration de la situation sécuritaire actuelle dans le pays.  « En sapant le processus de réconciliation nationale, les violences ne font qu’aggraver les défis économiques et humanitaires actuels auxquels est confronté le Soudan du Sud, la plus jeune nation de la communauté des nations », a-t-il dit.  Pour les trois membres africains du Conseil de sécurité, les autorités doivent tirer profit de la visite du pape François dans le pays du 3 au 5 février derniers, laquelle visait précisément à relancer le processus de paix.  M. Afonso a également salué les déclarations faites par les partenaires internationaux du Soudan du Sud, appelant à un engagement accru des parties pour mettre fin au conflit et rétablir la paix. 

Sur le volet humanitaire, le représentant a plaidé pour un soutien accru de la communauté internationale à un pays dont, a-t-il ajouté, la situation illustre de façon dramatique le lien entre insécurité et changements climatiques.  Les A3 exhortent les autorités gouvernementales à renforcer leur coopération avec les travailleurs humanitaires et à sécuriser leur environnement sur le terrain.  Après avoir rappelé les obligations internationales qui incombent au Gouvernement provisoire en matière de société inclusive, le représentant a invité la MINUSS à continuer de s’engager plus avant dans la coordination et la mise en œuvre du partenariat avec tous les acteurs concernés, tels que l’Union africaine, l’IGAD, l’Union européenne et la Troïka, « pour soutenir le Gouvernement et le peuple du Soudan du Sud en faveur d’une paix durable ».  Enfin, il a souhaité que les membres du Conseil de sécurité adoptent, lors des négociations pour le renouvellement du mandat de la MINUSS, une position commune sur les moyens à apporter pour soutenir le renforcement des capacités du Soudan du Sud en matière logistique, matérielle, financière, judiciaire et pour une protection renforcée des civils. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a souligné les graves conséquences des changements climatiques sur la population de son pays, notant qu’elle est actuellement aux prises avec une combinaison sans précédent d’inondations et de sécheresses, qui dévastent les rendements agricoles et l’élevage dans les zones rurales.  « Si le Gouvernement et la communauté internationale n’agissent pas rapidement [...], certaines régions pourraient être confrontées à une crise de famine », a-t-il mis en garde, invoquant déjà des signes imminents de famine dans les campagnes. 

Le représentant a ensuite fait observer que la prolongation de 24 mois de la période de transition avait débuté il y a 10 jours, ouvrant un nouveau chapitre vers une paix et une stabilité durables.  Il a toutefois fait état d’informations récentes selon lesquelles des divergences sont apparues entre les signataires de l’Accord de paix revitalisé s’agissant des changements au sein des ministères de la défense et de l’intérieur.  Il les a appelés à régler rapidement ces questions pour éviter qu’elles ne s’aggravent et a exhorté les partenaires internationaux et régionaux à intervenir pour trouver une solution rapide.  « Nous gardons l’espoir que le Soudan du Sud puisse avancer vers un avenir meilleur et s’appuyer sur les progrès déjà accomplis », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission reprend sa session avec des appels insistants à une issue fructueuse des discussions sur la gestion des ressources humaines de l’ONU, au point mort depuis 5 ans

Soixante-dix-septième session,
26e séance plénière - matin
AG/AB/4415

La Cinquième Commission reprend sa session avec des appels insistants à une issue fructueuse des discussions sur la gestion des ressources humaines de l’ONU, au point mort depuis 5 ans

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, a ouvert aujourd’hui sa première reprise de session, par des appels insistants à un consensus sur la gestion des ressources humaines de l’ONU.  Les discussions sont au point mort depuis cinq ans, ont rappelé les délégations mais aussi le Président de la Commission, M. Philippe Kridelka, de la Belgique, qui a estimé néanmoins possible « d’aller de l’avant ».

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie des commentaires de son Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur les rapports du Secrétaire général relatifs à la mise en œuvre des orientations de la réforme de la gestion des ressources humaines pour la période 2023-2026, aux données démographiques relatives au personnel de l’ONU, au recours aux retraités, consultants, vacataires, et Volontaires des Nations Unies, à la pratique suivie en matière disciplinaire et en cas de faits constitutifs d’infraction pénale et aux activités du Bureau de la déontologie.  

La Commission a donc approuvé son programme de travail que le Groupe des 77 et la Chine, par la voix de Cuba, a jugé « équilibré ».  Le Groupe s’est dit ouvert au compromis sur la gestion des ressources humaines, « la première richesse de l’Organisation » et « l’actif le plus précieux de l’ONU », selon le Maroc et le Royaume-Uni.  Le Groupe des 77 a espéré que les nombreux points de convergence dégagés ces cinq dernières années permettront à la Commission de s’acheminer vers le consensus.  Le temps est venu de renforcer notre gestion des ressources humaines, s’est impatientée l’Australie, en souhaitant un personnel agile, rajeuni, compétent et exemplaire.

Nous ne pouvons plus retarder l’adoption d’une résolution sur cette question, s’est également impatienté le Mexique, aux côtés de l’Uruguay qui a appelé à une discussion « ouverte » avec les hauts responsables de l’ONU avant les négociations de la Commission.  Nous ne pouvons nous offrir une nouvelle année d’inaction, ont acquiescé les États-Unis qui ont insisté sur la mobilité du personnel pour enrichir les expériences et les promotions, en particulier celle des membres des services généraux.  Le concours pour le passage de la catégorie G à la catégorie P est une chance à saisir, ont en effet estimé les Philippines.

La réforme de la gestion des ressources humaines doit servir le travail de l’ONU, a poursuivi Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a attiré l’attention sur le manque de représentation des pays en développement au sein du personnel de l’Organisation.  La « gravité » de cette situation a été dénoncée par la Chine et Oman qui a fait observer qu’il ne compte qu’un ressortissant à l’ONU alors que l’objectif est qu’il en ait entre 6 et 15.  L’Afrique du Sud s’est aussi attardée sur la question du rajeunissement du personnel, aux côtés de la République de Corée.

Les nouveaux rapports du Secrétariat sur cette réforme sont un « nouveau départ », a commenté l’Union européenne.  Nous sommes convaincus, a ajouté la Suisse, que les cinq « axes de changements » énoncés dans Notre Programme d’action commun joueront un rôle de levier précieux pour une gestion des ressources humaines plus agile, diverse et responsable, a résumé la Suisse.

Rappelons-nous, a ajouté Singapour, que pour recruter un personnel qualifié, l’ONU a besoin de ressources.  Il a dit attendre les explications du Contrôleur sur la situation de trésorerie.  En attendant, le manque de discipline du personnel, en particulier sur le terrain, a été dénoncé par le Mexique qui a promis d’examiner avec attention le travail de l’ONU en la matière.  Nous tenons à souligner l’importance du combat contre l’exploitation, les atteintes et le harcèlement sexuels et d’une approche centrée sur les victimes dans ce combat, a appuyé la Suisse.  Le Mexique a aussi insisté sur le principe de responsabilité, avec la République de Corée et les États-Unis qui, avec la plupart des délégations, ont promis également de s’attarder sur le Fonds pour la consolidation de la paix.

L’Union européenne (UE) a fait de même, aux côtés de l’Australie, d’Oman et de la Chine, deuxième plus grande contributrice au budget des opérations de maintien de la paix.  L’UE a également exprimé son intention d’examiner minutieusement les questions budgétaires structurelles et les activités de la chaîne d’approvisionnement.  Elle s’est, à cet égard, dite préoccupée par la tentative de certains de rogner sur l’indépendance des organes de contrôle, pourtant essentiels à une culture d’éthique et de transparence au sein de l’Organisation.  Le Groupe des 77 a d’ailleurs été le seul a commenté les rapports du Corps commun d’inspection dont la Cinquième Commission était saisie aujourd’hui.

Il faut surtout, a estimé la Chine, reconnaître le rôle de supervision des États Membres.  Elle a appelé à une politique des achats plus favorable aux pays en développement, avant que l’Afrique du Sud ne salue les efforts du Secrétaire général pour combattre le racisme sur le lieu de travail.  Nous devons lutter contre ce fléau et les préjugés au sein du personnel, a-t-elle déclaré, en se félicitant de la nomination d’une conseillère spéciale sur ce sujet.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Ouganda a exhorté le Secrétariat à appliquer une politique de tolérance zéro pour les cas de discriminations raciale.  La Fédération de Russie a tenu à rappeler l’importance de respecter les procédures en matière de licenciement.

Revenant avec d’autres sur les méthodes de travail de la Commission, très critiquées aujourd’hui, le Royaume-Uni a regretté le manque de souplesse, le désengagement et la polarisation, espérant un retour « à la normale », à savoir le consensus, une caractéristique à laquelle le Japon a réitéré son attachement.  La clef du succès, a affirmé la Fédération de Russie, c’est la prise en compte des points de vue de toutes les délégations.

La Cinquième Commission, qui tient la majeure partie de ses travaux à huis-clos, a prévu une autre séance publique jeudi 9 mars à partir de 10 heures pour revenir sur les questions, déjà soulevées aujourd’hui, de l’application du principe de responsabilité au sein de l’ONU et des conditions de voyage en avion. 

CORPS COMMUN D’INSPECTION

La Commission était saisie des Rapports du Corps commun d’inspection pour 2022 et programme de travail pour 2023 (A/77/34)

Note du Secrétaire général sur le rapport du Corps commun d’inspection pour 2022 (A/77/649)

Le Secrétaire général explique que cette note a été établie en application du paragraphe 17 de la résolution 65/270 de l’Assemblée générale, dans laquelle il est prié, en sa qualité de Président du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS), de veiller à ce que ladite résolution soit mise en œuvre sans délai, notamment en ce qui concerne l’appui que les secrétariats des organisations participantes sont censés apporter au Corps commun d’inspection dans l’établissement de ses rapports, notes et lettres confidentielles, ainsi que l’examen des recommandations formulées et la suite à leur donner à la lumière de ses résolutions pertinentes.

Note du Secrétaire général sur l’examen de la fonction de déontologie dans le système des Nations Unies (A/77/258)

Dans cette note, le Secrétaire général appelle l’attention des membres de l’Assemblée générale sur le rapport du Corps commun d’inspection intitulé « Examen de la fonction de déontologie dans le système des Nations Unies », consultable sous la cote JIU/REP/2021/5.

Dans une autre note (A/77/258/Add.1), le Secrétaire général communique aux membres de l’Assemblée générale ses observations et celles du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination sur le rapport du Corps commun d’inspection.

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaire (CCQAB) sur la mise en œuvre des réformes de la gestion des ressources humaines et les orientations pour la période 2023-2026 (A/77/728)

Pour l’examen de cette question, le CCQAB a examiné le rapport du Secrétaire général (A/77/590) et A/77/590/Add.1).  Dans ses observations générales, il note que ce dernier présente un cadre pour la période 2023-2026 et estime que la mise en œuvre de ce cadre requiert de définir des objectifs clairs et quantifiables assortis d’indices de référence et de délais, d’élaborer des outils adaptés de suivi et de communication de l’information ainsi que de déterminer les incidences financières.

S’agissant de la sélection du personnel, le Comité consultatif recommande que le Secrétaire général procède à une analyse plus approfondie des données pour recenser les problèmes et obstacles systémiques et structurels de la procédure de recrutement en vigueur, y compris à l’étape de la sélection.  Le Comité consultatif note que l’un des principes régissant la sélection du personnel suppose que l’Assemblée générale examine une proposition concernant le passage de la catégorie G à la catégorie P à sa soixante-dix-neuvième session.

Il note aussi que, le Secrétariat n’ayant pas encore défini les nouvelles modalités de sélection du personnel dans le cadre du programme « sélection du personnel 2.0 », des renseignements supplémentaires et des éclaircissements doivent porter sur la définition des attributions centrales et individuelles liées au recrutement; la révision des conditions actuelles à remplir par les candidats (expérience professionnelle et formation) en y intégrant, à titre d’éléments ayant le même poids, les connaissances, compétences et aptitudes nécessaires, qui devront être déterminées pour chaque poste vacant; la mise en place d’une procédure d’évaluation en bonne et due forme assortie de critères clairs et objectifs et permettant d’éviter toute partialité et d’être juste avec tous les candidats et candidates; l’élaboration de plans d’exécution détaillés et d’un calendrier concernant le programme « sélection du personnel 2.0 ».

Le Comité consultatif encourage les efforts visant à renforcer la représentation des jeunes dans le système des Nations Unies, notamment en multipliant les possibilités de stage et d’emploi, telles que le Programme des administrateurs auxiliaires, le programme Jeunes administrateurs et le programme des Volontaires des Nations Unies, en particulier pour les jeunes venant de pays en développement, dans le cadre d’un effort visant à rajeunir l’Organisation.  Il estime en outre qu’une augmentation des postes de début de carrière (classe P-2) soumis à la répartition géographique contribuerait à rendre plus efficace l’affectation des lauréats du programme Jeunes administrateurs ainsi qu’à améliorer la représentation géographique de sorte qu’elle se situe dans les fourchettes souhaitables, et qu’il faudrait saisir à cet effet les occasions offertes par le grand nombre de départs à la retraite prévus ces prochaines années.

Le Comité consultatif note encore que le Secrétariat compte lancer la campagne annuelle de mobilité en 2023 et promulguer une instruction administrative à ce sujet au premier trimestre de la même année alors que l’Assemblée n’a pas encore examiné le nouveau dispositif.  Un dispositif de mobilité d’une telle envergure aurait dû être soumis à l’Assemblée générale, avec des informations détaillées sur son application et ses incidences financières.

Le Comité consultatif recommande une nouvelle fois à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de définir une stratégie globale visant à améliorer la représentation géographique dans l’ensemble de l’Organisation, y compris des mesures concrètes, des critères et des échéances qui devraient faire partie du cadre ou de la stratégie de gestion des ressources humaines et s’inscrire dans le contexte d’un programme d’amélioration de la sélection du personnel.

La Commission était également saisie du Rapport du CCQAB sur une vue d’ensemble de la réforme de la gestion des ressources humaines pour la période 2021-2022 (A/77/728/Add.1)

Rapport du CCQAB sur la composition du Secrétariat et les données démographiques relatives au personnel (A/77/729)

Pour l’examen de ce rapport, le Comité a examiné celui du Secrétaire général (A/77/580).  Le Comité consultatif note que, pendant la période de cinq ans allant de 2017 à 2021, le nombre d’États Membres se situant dans la fourchette optimale pour ce qui est de la représentation aux postes soumis à la répartition géographique a augmenté, passant de 103 à 106, et le nombre d’États Membres sous-représentés a diminué, passant de 44 à 36.  Toutefois, il note également avec préoccupation que le nombre d’États Membres non représentés est passé de 19 à 21 et que le nombre d’États Membres surreprésentés est passé de 27 à 30.

Le Comité consultatif note avec préoccupation que si le nombre de nominations à des postes soumis à la répartition géographique a presque doublé par rapport à la période précédente, le pourcentage de nominations de fonctionnaires originaires d’États Membres non représentés ou sous-représentés a diminué, tandis que 32,4% des fonctionnaires engagés concernaient des États Membres surreprésentés.

Le Comité consultatif reste préoccupé par le nombre important de postes soumis à la répartition géographique qui restent vacants ou qui sont occupés à titre temporaire par des fonctionnaires non soumis à la répartition géographique ou engagés pour une durée déterminée.  Le Comité consultatif souligne qu’il reste nécessaire de surveiller le grand nombre de fonctionnaires de rang supérieur dans l’Organisation et de veiller à ce qu’à l’avenir, toute proposition de création de poste de rang élevé soit précédée d’un examen approfondi des fonctions et structures existantes en vue de limiter autant que faire se peut les éventuels chevauchements de responsabilité aux plus hauts échelons de l’Organisation.  Le Comité consultatif reste préoccupé par l’augmentation de l’âge moyen du personnel du Secrétariat, bien que celle-ci ait ralenti pendant la période considérée, et souligne qu’il faut inverser cette tendance.

Rapport du CCQAB sur les personnels fourni à titre gracieux, personnel retraité, consultants et vacataires, et Volontaires des Nations Unies (A/77/727)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif a examiné celui du Secrétaire général (A/77/578).  Il note que le nombre total de non-fonctionnaires engagés lors de la période biennale s’élevait à 33 648, dont 900 retraités et 23 913 consultants et vacataires, tandis que le nombre total de fonctionnaires du Secrétariat était de 35 762 au 31 décembre 2021.  Il compte que le Secrétariat se conformera à toutes les résolutions de l’Assemblée générale ainsi qu’aux règlements et règles applicables à ces catégories de personnel n’ayant pas la qualité de fonctionnaire et que tout écart devra rester véritablement exceptionnel, notamment en ce qui concerne le personnel retraité et les consultants.

Le Comité consultatif se déclare une nouvelle fois préoccupé par le recours continu au personnel retraité, qui va à l’encontre de la nécessité de rajeunir le Secrétariat.  Il recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de limiter le recours aux fonctionnaires retraités afin d’améliorer l’organisation de la relève et de favoriser le rajeunissement des effectifs.  S’il est conscient de la nécessité de recourir à des compétences extérieures spécialisées dans certaines situations, le Comité consultatif constate avec préoccupation que l’on recourt de plus en plus à des consultants et rappelle que tout doit être fait pour être moins tributaire des consultants et tirer parti des compétences internes du Secrétariat.

Le Comité consultatif estime que l’on ne sait pas bien quelles sont les principales fonctions et activités exercées par des consultants au lieu de fonctionnaires en raison du manque de compétences internes et compte que le prochain rapport comprendra une description détaillée de ces fonctions et activités ainsi que des données sur les consultants concernés ventilées par entité du Secrétariat.  Compte tenu de la différence de coût qu’il y a entre le recrutement de VNU sur le plan national et le recrutement de VNU sur le plan international et sachant qu’il importe de renforcer les capacités nationales, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de redoubler d’efforts pour recourir davantage à des VNU recrutés sur le plan national, selon qu’il conviendra.

Rapport du CCQAB sur la pratique suivie par le Secrétaire général en matière disciplinaire et en cas de faits constitutifs d’infraction pénale (A/77/730)

Le Comité consultatif a examiné le rapport du Secrétaire général (A/77/606) qui indique que l’ONU et d’autres entités centralisent les informations sur les cas avérés de harcèlement sexuel et d’exploitation et d’atteintes sexuelles dans une application appelée ClearCheck, à laquelle les entités des Nations Unies peuvent accéder pour vérifier les antécédents des candidats à un poste.  Au 28 octobre 2022, 577 personnes étaient enregistrées dans ClearCheck, dont 430 pour des faits d’exploitation et d’atteintes sexuelles et 147 pour des faits de harcèlement sexuel, les informations provenant de 19 entités des Nations Unies.

Le Comité consultatif prend note de l’augmentation du nombre d’entités utilisant ClearCheck et compte que son utilisation continuera de se généraliser.  Il compte également que le Secrétaire général continuera d’étudier les possibilités d’étendre ClearCheck à d’autres types de manquements, aussi rapidement que possible, et qu’il fera figurer des informations actualisées à ce sujet dans son prochain rapport sur les questions disciplinaires.

Le Comité consultatif estime que, dans toute la mesure du possible, les cas de faute présumée, en particulier par des membres du personnel d’encadrement, devraient être traités par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) de manière à garantir l’indépendance et l’intégrité des enquêtes.  Il recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de communiquer un ensemble complet de données ventilées sur les affaires traitées par le Bureau et l’Administration, ainsi qu’une analyse de ces données dans ses futurs rapports sur les questions disciplinaires.

Le Comité consultatif compte que le prochain rapport sur les questions disciplinaires contiendra une analyse plus approfondie des tendances et des statistiques, y compris des données établissant un lien entre les affaires disciplinaires et la notation des fonctionnaires. Il compte aussi que le Secrétaire général veillera à ce que l’obligation faite aux membres du personnel de signaler toute faute éventuelle s’applique à tous les types de faute, et à ce que les sanctions imposées en cas de défaut de signalement respectent les principes de transparence, de proportionnalité et de cohérence en matière disciplinaire, de même que les garanties d’une procédure régulière, tout en tenant compte, le cas échéant, de la protection contre les représailles des personnes qui signalent des manquements.  Il dit attendre des informations et statistiques complémentaires dans le prochain rapport.

Rapport du CCQAB sur les activités du Bureau de la déontologie (A/77/545)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif a examiné le rapport du Secrétaire général (A/77/75) qui indique qu’en 2021, le Bureau de la déontologie a été saisi de 1 848 demandes de services, contre 1 681 en 2020, 2 141 en 2019, 1 966 en 2018 et 1 490 en 2017.  Sur les 1 848 demandes reçues, 836 étaient des demandes de conseils en matière de déontologie et 128 portaient sur la protection contre les représailles; 242 avaient trait au dispositif de transparence financière, 128, à la sensibilisation, 102, à la cohérence des politiques, 27, aux normes et 218 relevaient de la catégorie Autres questions.  Le Comité consultatif relève que les demandes de services ont globalement augmenté en 2021 par rapport à 2020, mais précise que le nombre de demandes reste inférieur aux niveaux de 2018 et 2019.

En plus des 36 827 fonctionnaires que compte le Secrétariat, le Bureau de la déontologie devait s’occuper en tout de 39 065 fonctionnaires des entités des Nations Unies.  Environ 17 000 membres du personnel n’ayant pas la qualité de fonctionnaire, à l’exclusion du personnel en tenue, sont couverts par le Bureau aux fins de la mise en œuvre de la politique de protection contre les représailles, ce qui porte à environ 56 000 le nombre total estimé de personnel concerné par ses services.

Le Comité consultatif note que, malgré les services très complets fournis par le Bureau de la déontologie à un certain nombre d’entités des Nations Unies, seuls les coûts correspondant aux services dispensés dans le cadre du dispositif de transparence financière sont partagés.  Il estime qu’un accord de partage ou de recouvrement des coûts devrait être trouvé avec toutes les entités qui bénéficient des services du Bureau et recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de passer en revue les solutions possibles de partage et de recouvrement des coûts avec les entités qui bénéficient des services du Bureau.

Le Comité consultatif dit avoir voulu savoir comment étaient ventilés les coûts associés au dispositif de transparence financière, mais n’a pas obtenu les renseignements en question.  Il recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de fournir dans le prochain rapport des précisions détaillées sur les coûts associés au dispositif, y compris les montants facturés aux autres entités.

Il note que la page Web du Secrétaire général consacrée à l’initiative de déclaration publique volontaire offre des informations limitées sur le patrimoine, les dettes et les intérêts extérieurs des hauts fonctionnaires et estime d’ailleurs que qualifier cette initiative de « déclaration publique volontaire » peut donner à tort l’impression que toutes les informations communiquées au Bureau de la déontologie dans le cadre du dispositif de transparence financière sont consultables sur la page Web correspondante.  En outre, il se dit préoccupé par le fait qu’il n’est pas fixé de normes claires quant au niveau d’information rendu public par les hauts fonctionnaires ayant choisi de participer.  Le Comité est d’avis que des améliorations sont nécessaires pour qu’elle puisse atteindre pleinement ses objectifs et recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’affiner les critères correspondant au type et au niveau d’information à communiquer lorsque l’on décide de participer à l’initiative, et d’en informer l’Assemblée dans son prochain rapport.

Le Comité consultatif constate que la mise en place d’un registre centralisé en ligne de tous les dons n’a guère avancé et rappelle une fois de plus qu’il a recommandé d’analyser les avantages du projet pilote, les enseignements à en tirer et les éléments nécessaires au développement d’un tel registre avant qu’une mise en service soit envisagée dans l’ensemble du Secrétariat.  Le Comité répète qu’il est impératif de pouvoir surveiller, suivre et contrôler comme il convient la réception, la conservation et la cession des dons dans le registre mondial en ligne ainsi que les pouvoirs dont disposent les différents chefs d’entités en la matière.

Il souligne par ailleurs que les modifications proposées au rattachement hiérarchique du Bureau de la déontologie et du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit auraient une incidence sur le mandat du Bureau, puisqu’elles reviendraient à l’assimiler aux organes de contrôle indépendants.  Le Comité estime que des informations détaillées sur les conséquences plus larges des modifications proposées, en particulier sur l’incidence du caractère consultatif du rôle confié au Bureau, ainsi qu’une analyse plus approfondie de sa charge de travail et de ses fonctions, y compris par rapport aux autres entités du système sont nécessaires dans le but de permettre à l’Assemblée générale d’examiner rigoureusement ces propositions.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: les délégations dressent le bilan des obstacles structurels qui grèvent le reclassement des PMA et les empêchent de passer « du potentiel à la prospérité »

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3449

LDC5: les délégations dressent le bilan des obstacles structurels qui grèvent le reclassement des PMA et les empêchent de passer « du potentiel à la prospérité »

DOHA, 6 mars -- Afin que Doha ne soit pas « une conférence de plus », selon les mots du Premier Ministre du Mali, la quarantaine de délégations intervenues pendant la seconde journée de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) ont dressé le bilan des obstacles qui empêchent ces pays de prendre leur envol.  C’est justement parce qu’ils ne peuvent se permettre de « rester à jamais dans cette catégorie » que le Premier Ministre du Rwanda a souligné que leur reclassement est possible avec un engagement renforcé entre les PMA et leurs partenaires de développement.   

C’est aussi parce que ces partenariats ne sont pas toujours visibles que le Ministre des infrastructures physiques et des transports du Népal a souhaité que le Programme d’action de Doha soit le dernier, ou à la rigueur l’avant-dernier, car « on ne peut attendre un autre demi-siècle pour le reclassement des PMA ».  Il a rappelé que six pays seulement ont pu sortir du Groupe des PMA depuis sa création en 1971.  Pour sa part, le Népal vise l’année 2026 pour son reclassement. 

Il faut noter que l’ONU accorde une attention particulière aux PMA, les reconnaissant comme les pays les plus vulnérables de la communauté internationale et leur accordant certains avantages, notamment l’assistance au développement - subventions et prêts des bailleurs de fonds et d’institutions financières-, et des facilités commerciales -accès préférentiel aux marchés et assistance technique-.  Le Comité des politiques de développement (CPD) est chargé d’entreprendre, tous les trois ans, un examen de la liste des PMA, proposant au Conseil économique et social (ECOSOC) des pays qui devraient être rajoutés à la liste et d’autres qui mériteraient d’en être retirés. 

Pour quitter la catégorie des PMA, le Comité considère ainsi trois dimensions de l’état de développement du pays: le revenu national brut (RNB) par habitant; l’indice du capital humain; et l’indice de vulnérabilité économique.  Or ces critères sont de plus en plus décriés, notamment par le Premier Ministre des Tuvalu, qui, suivi par d’autres orateurs, a estimé que le RNB ne reflète pas pleinement la réalité des problèmes et des défis auxquels les PMA sont confrontés.  Au vu des nombreux défis que connaissent les Tuvalu, leur sortie du statut de PMA risque même d’entraver la réalisation de leurs objectifs de développement, a-t-il averti.  Il a également plaidé pour qu’un indice de vulnérabilité environnementale devienne l’un des deux indices obligatoires à considérer pour le reclassement et pour qu’un indice de vulnérabilité aux changements climatiques soit créé, étant donné la forte exposition de son pays et d’autres petits États insulaires en développement (PEID) aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Dans cet esprit, le Premier Ministre des Tonga a souhaité que l’aide internationale se poursuive pour les sept PEID qui s’acheminent vers un reclassement, dans un contexte international marqué par les appels à l’établissement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  En outre, la Ministre des affaires étrangères de Madagascar a souhaité que son pays bénéficie d’un accompagnement en tant que PMA « extrêmement vulnérable aux chocs climatiques ».  Elle l’a décrit comme « l’un des derniers paradis sur Terre » dont les richesses doivent être préservées pour les générations futures. 

Pour sa part, le Premier Ministre du Bhoutan a annoncé que son pays s’apprête à sortir de la catégorie des PMA cette année.  « C’est un moment de fierté et de joie, non seulement pour nous, mais aussi pour tous nos partenaires de développement et tous ceux qui ont travaillé avec nous au fil des décennies », s’est-il félicité.  Il est vrai que pour le Vice-Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, quitter le statut de PMA nécessite des engagements et des actions non seulement de la part des gouvernements concernés mais aussi de la communauté internationale. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Ministre du commerce extérieur et de l’investissement étranger de Cuba a dénoncé « une crise des inégalités » dans laquelle 46 pays représentant 14% de la population mondiale risquent d’être laissés pour compte, alors qu’au cours des 10 dernières années, « les 1% les plus riches de l’humanité ont accaparé plus de la moitié de toutes les nouvelles richesses mondiales ».  Pour le G77 et la Chine, la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, dont le calendrier coïncide avec les dernières années du Programme de développement durable à l’horizon 2030, nécessitera un partenariat mondial renouvelé à la hauteur des besoins des PMA.  Il a appelé à réduire le fardeau « insoutenable » de la dette de ces pays via des actions immédiates.  Il faut par ailleurs que les pays développés respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement et allouent entre 0,15% et 0,20% de leur produit intérieur brut aux PMA, a-t-il dit, avant de déplorer que les PMA, une fois reclassés, cessent de recevoir un traitement spécifique quand leur vulnérabilité est encore « évidente ». 

De même, le Ministre cubain a jugé essentiel d’accroître le transfert de technologies et le renforcement des capacités afin de mettre en œuvre le Programme 2030 dans son intégralité.  À ce propos, la science, la technologie et l’innovation au service du développement durable des PMA était le thème d’une table ronde tenue en matinée, tandis que dans l’après-midi, les délégations ont échangé sur la transformation structurelle, moteur de la prospérité dans les pays les moins avancés.

La Conférence se poursuivra demain, mardi 7 mars, avec la suite du débat général ainsi que deux tables rondes de haut niveau.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a constaté d’emblée que les PMA ont besoin de solutions pour relever les défis qui les accablent comme l’endettement, les effets des changements climatiques, l’insécurité, afin de renforcer leurs capacités et infrastructures, réduire la pauvreté et développer leurs systèmes de protection sociale, ce qui s’inscrit dans le droit fil du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) a été mise à mal dans beaucoup de pays par la pandémie, le conflit en Ukraine et les changements climatiques, a poursuivi le Président Buhari en notant que c’est particulièrement le cas des PMA.  Il a encouragé la communauté internationale à adhérer au Programme d’action de Doha pour apporter l’assistance nécessaire aux PMA afin que ces derniers puissent relever ces défis et avancer vers la prospérité.  Pour cela, il a mis l’accent sur l’importance des partenariats, tant avec les secteurs public et privé qu’avec la société civile.  Le système financier actuel est injuste, a regretté M. Buhari, arguant qu’il entrave la restructuration de la dette et empêche parfois de mettre sur pied des mécanismes d’allègement de celle-ci.  Il a également encouragé le transfert de technologies et l’accès aux plateformes de technologies de l’information et des communications (TIC) pour les PMA.  Passant aux effets des changements climatiques sur les PMA qui y sont particulièrement vulnérables, il a appelé à tout faire pour faciliter la transition vers les énergies renouvelables dans ces pays, tout en appelant la communauté internationale à globalement respecter les engagements climatiques au nom des générations futures.

M. FAID MUJLI, Vice-Président du Conseil présidentiel du Yémen, a appelé la communauté internationale à accorder la priorité aux États connaissant des conflits.  Il a expliqué que le Yémen traverse une période trouble qui n’est pas due au manque de ressources mais qui est plutôt le fait d’actions de milices menées sous le joug de l’Iran, comme c’est le cas dans d’autres États de la région où ce pays soutient des activités de déstabilisation.  Il a indiqué que cette situation sécuritaire est née du coup d’État de 2014 mené par les milices houthistes.  Ces dernières mènent une guerre permanente et confisquent les biens des populations, en les privant de tous leurs droits dans les zones sous leur contrôle, a-t-il déploré.  Il a aussi dénoncé le fait qu’elles utilisent des enfants dans leur guerre.  De plus, a encore dénoncé le Vice-Président, ces milices ciblent des infrastructures économiques vitales, dont des installations pétrolières qui sont visées par des missiles balistiques.  Ces actions ont conduit à l’arrêt de l’exportation de pétrole brut dont les revenus constituent 70% des revenus de l’État et sont la source la plus importante pour le paiement des salaires et des retraites, a-t-il expliqué.  Le Vice-Président a, en conclusion, appelé les partenaires internationaux à soutenir le Yémen sur la voie de la reconstruction, saluant au passage le soutien fourni par l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes.

M. MUHAMMAD SHEHBAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a rappelé que si les PMA représentent 14% de la population mondiale, ils ne contribuent qu’à hauteur de 1,3% au produit intérieur brut (PIB) mondial et de 1% aux échanges commerciaux mondiaux, leur croissance ayant eu tendance à chuter ces dernières années.  Le Pakistan continuera de plaider en faveur de mesures susceptibles de favoriser le développement durable dans les PMA, a-t-il assuré, notamment à travers le Programme d’action de Doha.  Le Premier Ministre a jugé urgent de remédier aux inégalités en matière de vaccins; de respecter les engagements sur l’aide publique au développement; d’alléger le fardeau de la dette des PMA qui sont souvent surendettés; de garantir l’accès universel à la protection sociale; et d’entreprendre une réforme de fond de l’architecture financière mondiale pour qu’elle puisse répondre aux vulnérabilités et aux besoins spécifiques des PMA.  Il a également insisté sur la nécessité de réduire la fracture numérique pour que ces pays puissent accéder à l’économie mondiale fondée sur les connaissances.  Pour sa part, le Pakistan salue les orientations et objectifs du Programme d’action de Doha pour la décennie 2022-2031 et M. Sharif s’est engagé à soutenir activement sa mise en œuvre, y compris à travers des projets de coopération Sud-Sud.

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, a indiqué qu’au-delà des retombées de la pandémie et des catastrophes naturelles, son pays insulaire souffre des effets de la géopolitique en Europe de l’Est, avec une flambée des prix du carburant et des perturbations dans le transport maritime et dans les investissements.  L’isolement géographique des Tuvalu par rapport au marché international crée un obstacle au commerce et à la prestation de services, a expliqué le dirigeant, pour qui les technologies émergentes et la croissance rapide des TIC sont porteuses de nouvelles opportunités pour son pays.  Il a d’autre part indiqué que, dans le cadre de ses efforts de lutte contre les changements climatiques, les Tuvalu élaborent un plan d’adaptation à long terme, qui prévoit notamment de couvrir à l’horizon 2100 l’ensemble de la population nationale face aux risques liés à la hausse du niveau de la mer.  Le Premier Ministre s’est d’autre part enorgueilli de l’incorporation des ODD dans le cadre de suivi national du Programme 2030.  Il a estimé à cet égard que le revenu national brut, qui est l’un des critères retenus pour le reclassement des PMA, ne reflète pas pleinement la réalité des problèmes et des défis auxquels son pays est confronté.  Il a averti que, compte tenu des nombreux défis de développement que connaissent les Tuvalu, leur sortie du statut de PMA risque d’entraver la réalisation de leurs objectifs de développement nationaux ainsi que des ODD.  Il a également plaidé pour qu’un indice de vulnérabilité environnementale devienne l’un des deux indices obligatoires à considérer pour le reclassement et qu’un indice de vulnérabilité aux changements climatiques soit créé, étant donné la forte exposition de son pays aux cyclones et autres sécheresses.  Enfin, le Chef du Gouvernement des Tuvalu a dit craindre que le reclassement de son pays n’entraîne le retrait du soutien international spécifique aux PMA, qui comprend l’accès à certains instruments de financement concessionnels. 

M. SIAOSI 'OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a appelé la communauté internationale à faire montre de détermination pour mettre en œuvre le nouveau Programme d’action en faveur des PMA.  Rappelant que la Conférence de Doha est aussi l’occasion de marquer le cinquantième anniversaire de la création du Groupe des PMA, il a invité les États Membres à regarder en arrière.  Il a ainsi constaté que « de nombreux engagements en faveur des PMA n’ont pas été tenus » et que ces derniers portent toujours des fardeaux disproportionnés.  Pour le Chef du Gouvernement, le moment est venu pour les PMA se « s’approprier le processus » et de passer de la promesse d’un développement humain aux actes tangibles.  Pour cela, toutes les parties prenantes doivent honorer leurs promesses, a-t-il insisté, avant de rappeler que son pays se situe dans une région particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques.  Les Tonga viennent encore d’être frappées par deux cyclones en l’espace de trois jours et les événements météorologiques de niveau 4 et 5 sont devenus courants, a-t-il indiqué.  Le Premier Ministre a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de financement climatique, en prévoyant un équilibre entre l’adaptation et l’atténuation.  Une partie de ces fonds doivent être dirigés vers les PMA et les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il ajouté, jugeant que cela donnerait aux pays comme le sien l’espace budgétaire dont ils ont besoin pour assurer la protection et le bien-être de leur population.  Enfin, après s’être félicité que sept PEID, également PMA, aient rempli les critères de reclassement, il a souhaité que l’aide internationale ne s’arrête pas à l’issue de ce processus. 

Le Premier Ministre du Bhoutan, M. LOTAY TSHERING, a expliqué que cette conférence arrive à un moment particulier pour son pays qui, après 50 ans, s’apprête à sortir de la catégorie des PMA cette année.  « C’est un moment de fierté et de joie, non seulement pour nous, mais aussi pour tous nos partenaires de développement et tous ceux qui ont travaillé avec nous au fil des décennies », a-t-il déclaré.  Guidé par la philosophie de développement primordiale du bonheur national brut, le Bhoutan a adopté un modèle de croissance équilibrée qui allie progrès économique et conservation réfléchie de ses valeurs environnementales et traditionnelles, a-t-il expliqué.  Il a fait valoir que le pays a déjà réussi à avoir un bilan carbone négatif.  Le Bhoutan a aussi enregistré l’un des meilleurs résultats en termes de lutte contre la pandémie et, depuis, s’est engagé sur la voie de la transformation nationale pour se projeter vers un reclassement durable et une stabilité économique.  Il reste cependant des défis à relever, a concédé le Premier Ministre, expliquant qu’ils sont essentiellement liés au fait que le Bhoutan est un pays sans littoral.  Il a dit que son pays compte sur le Programme d’action de Doha pour poursuivre sur sa lancée de développement durable et de bonheur national.  Notant que les changements climatiques sont la plus grande menace pour le développement durable, il a appelé la communauté internationale à soutenir les nouvelles opportunités, comme le Fonds pour l’action climatique, tout en faisant de cette lutte une priorité.  Quant à l’inflation galopante dans le monde, il s’est demandé combien de pays allaient replonger dans la pauvreté à cause de cela.  Le Premier Ministre a également argué que les investissements dans la défense auraient dû et devraient être réalloués au développement durable, en particulier celui des PMA, afin de relever collectivement ce défi.

M. MOHSEN MANSOURI, Vice-Président de la République islamique d’Iran, a prévenu que les crises actuelles ne peuvent être relevées sans des efforts conjoints, soulignant l’importance du système multilatéral pour y faire face.  Observant que la pandémie a exacerbé les inégalités en termes d’opportunités entre pays développés et en développement, il a exprimé la solidarité de l’Iran avec les PMA, non sans rappeler que pour eux, le développement passe par l’éradication de la pauvreté.  Dans ce contexte, il a demandé aux pays développés de respecter leurs engagements en matière d’aide au développement et de fourniture d’une assistance financière et technique, « sans politisation ».  Le Vice-Président a souhaité que l’ONU et ses agences spécialisées renforcent leur soutien aux PMA afin qu’ils puissent accéder plus aisément à un reclassement.  L’Iran entretient des relations solides avec de nombreux PMA et entend les maintenir dans le cadre de projets de coopération, a-t-il assuré, jugeant prioritaire de soutenir les PMA sans littoral compte tenu de leur grande vulnérabilité.  C’est pourquoi il a appuyé la création de « corridors de transit » pour ces pays fragiles.  Grâce à son emplacement géographique, l’Iran peut leur offrir un accès aux marchés mondiaux, a dit le Vice-Président, une telle assistance ayant déjà permis à l’Afghanistan d’accéder aux eaux internationales.  Il a par ailleurs dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui menacent le capital humain et industriel de nombreux pays en développement, avant de préciser que l’Iran est prêt à faire bénéficier les PMA de son expérience.  Il a conclu son intervention en rejetant les déclarations sans fondement du représentant du Yémen. 

M. CHOGUEL KOKALLA MAÏGA, Premier Ministre du Mali, a espéré que le Programme d’action de Doha ne connaîtra pas le sort de ses prédécesseurs, dont l’impact pour les PMA est resté limité.  Si en un demi-siècle quelques pays ont vu une amélioration de leur situation, si certains ont réussi leur reclassement, l’écart entre les PMA, notamment les 33 pays africains de cette catégorie, et les autres pays continue de stagner, a-t-il déploré, appelant à ce que la Conférence de Doha ne soit pas « une conférence de plus ».  Selon le Chef du Gouvernement, « les PMA n’ont besoin ni d’aumône ni d’assistance ».  En revanche, ils ont besoin de partenariats robustes, de solidarité active et de justice, en particulier dans le domaine du commerce international.  Pour aider les PMA à progresser vers leur reclassement, le nouveau Programme d’action de Doha doit bénéficier d’un financement ambitieux à la hauteur des besoins, a-t-il fait valoir, avant de plaider pour un changement de paradigme dans la lutte contre les changements climatiques afin de prendre en compte l’extrême vulnérabilité de ces pays.  Après avoir appelé à des investissements accrus dans le capital humain et dans la relance post-COVID-19 des PMA, le Premier Ministre a mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme, assurant qu’il s’agit d’une condition sine qua non pour garantir la paix et la stabilité, afin d’accélérer la réalisation des ODD. 

Pour Mme VICTOIRE TOMEGAH-DOGBE, Première Ministre du Togo, les six domaines d’action prioritaires du Programme d’action de Doha sont d’une pertinence avérée.  La grande interrogation reste de savoir comment concrétiser cette vision, parce que « la seule volonté des PMA ne suffira pour la mise en œuvre de ce programme ».  Si le diagnostic est posé, le remède est identifié et il faut maintenant l’administrer et c’est là que souvent l’on rencontre des difficultés, a constaté la Première Ministre.  Seuls quatre pays ont pu quitter la catégorie des PMA depuis 2011 et 46 en sont toujours membres dont 33 sont en Afrique, a-t-elle rappelé.  Selon elle, éradiquer la pauvreté et les inégalités, tout en stimulant la prospérité, est le défi le plus urgent pour les PMA à ce jour, or l’expérience mondiale montre que les inégalités se perpétuent et se reproduisent au fil des générations. 

Le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et le Programme 2030 trouvent dans le Programme d’action de Doha des signes d’espoir pour leur réalisation effective.  Mme Tomegah-Dogbe a appelé à un engagement ferme de toutes les parties afin d’allouer davantage de ressources et d’exploiter pleinement le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation.  Soulignant que les risques liés aux changements climatiques et à la sécheresse sont nombreux pour les PMA, notamment en termes de production alimentaire, elle a salué les innovations contenues dans le Programme de Doha parmi lesquelles la création d’un centre international de soutien à l’investissement et de stocks alimentaires.  Elle a soutenu la proposition du Secrétaire général pour que 50% des financements climatiques aillent vers les mesures d’adaptation, avec une réforme des systèmes d’éligibilité.  La Première Ministre a également mis l’accent sur la menace sécuritaire en Afrique de l’Ouest qui déstabilise les pays de la région et met à mal leurs ambitions de développement.  Pour sa part, a-t-elle expliqué, le Togo met en œuvre son plan national de développement 2020-2025, dans l’objectif de renforcer la paix et la sécurité, l’inclusion et l’harmonie sociales, de devenir un « hub logistique » et de développer des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives.

Le Premier Ministre du Rwanda, M. ÉDOUARD NGIRENTE, a mis en exergue la richesse des PMA, qu’elle soit naturelle ou qu’elle réside dans la jeunesse de leur population.  Notant qu’il y a plus de pays, depuis 1971, qui sont tombés dans la catégorie des PMA que de pays qui en sont sortis, le Premier Ministre a appelé à se poser la question de savoir pourquoi.  Il a demandé à tout faire, collectivement, pour qu’il y ait de meilleures perspectives de reclassement « car on ne peut se permettre de rester à jamais dans cette catégorie ».  Ne pas arriver aux normes minimales de qualité de vie est dramatique, s’est-il impatienté, en affirmant que le reclassement est possible avec un engagement plus fort de tous et avec des partenariats.  Pour sa part, le Rwanda a réussi à réduire de moitié la pauvreté et à tripler le revenu par habitant, même s’il reste faible, s’est enorgueilli le Premier Ministre, ajoutant que l’espérance de vie a été allongée.  Il a transmis l’espoir du Rwanda de pouvoir passer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à la fin de la décennie.  Rappelant que les programmes d’action pour les PMA adoptés par le passé n’ont pas donné les résultats escomptés, il a espéré que celui de Doha changera cette tendance en misant notamment sur l’urbanisation durable et les dividendes démographiques des PMA.  Le Premier Ministre a conclu par un vibrant appel à travailler de concert pour réaliser les objectifs du Programme d’action de Doha.

Mme TANZILA NARBAEVA, Présidente du Sénat de l’Ouzbékistan, a identifié la pauvreté comme le principal problème auquel sont confrontés les PMA à travers le monde.  C’est donc fort de ce constat que son pays a créé un ministère dédié qui cible les couches sociales les plus vulnérables de la société, a-t-elle indiqué, avant de souligner que les actions nationales ont permis de sortir un million de personnes de la pauvreté en Ouzbékistan l’an dernier.  L’intervenante a déploré que le manque d’infrastructures et les obstacles au commerce international entravent les efforts de développement des PMA.  Elle a regretté « l’isolement de l’Afghanistan », pays voisin, qui a besoin d’un soutien accru de la communauté internationale. 

M. SALEULMXAY KOMMASITH, Vice-Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a estimé que l’adoption du Programme d’action de Doha marque une étape importante pour permettre aux PMA de se remettre rapidement de la pandémie, de renforcer leur résilience face aux chocs futurs et d’éradiquer la pauvreté.  Il a cependant averti que les engagements contenus dans ce plan décennal doivent être honorés, les PMA ayant plus que jamais besoin d’un soutien international renforcé pour « passer du potentiel à la prospérité ».  Il a précisé que son pays poursuit depuis 2000 son objectif de reclassement en intégrant les programmes d’action successifs dans sa stratégie nationale de développement socioéconomique.  Après deux examens consécutifs en 2018 et 2021, et malgré les difficultés liées à la pandémie, la République démocratique populaire lao a été recommandée pour le reclassement, s’est-il enorgueilli, ajoutant toutefois que la période de transition a été étendue jusqu’en 2026 pour préparer cette sortie de la catégorie des PMA.  Quitter le statut de PMA nécessite des engagements et des actions non seulement de la part des gouvernements concernés mais aussi de la communauté internationale, a-t-il ajouté, appelant à la poursuite du partenariat, de la coopération et du soutien pendant ledit processus et au-delà.  Selon le Premier Ministre adjoint, la communauté internationale devrait en outre appuyer la diversification des exportations et la fourniture d’un accès au financement de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques sur une base concessionnelle.  

La Vice-Première Ministre du Lesotho, Mme JUSTICE NTHOMENG MAJARA, a expliqué que l’économie de son pays reste vulnérable en raison de la faiblesse de sa structure intérieure, de sa surconcentration sur les exportations de textiles et de sa dépendance à l’égard des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement, qui ont été considérablement affectés par la pandémie de COVID- 19.  Le Lesotho a toutefois entrepris des efforts pour satisfaire aux critères de reclassement, a-t-elle précisé en soulignant que le revenu national brut par habitant a connu une augmentation de 4,96% par rapport à 2020, mais qu’il reste bien inférieur au seuil de reclassement et à la moyenne des PMA.  Pour y remédier et atteindre une croissance économique durable, le Gouvernement a entrepris de stimuler la création d’emplois par le secteur privé, a-t-elle informé.  La Vice-Première Ministre a salué les six domaines d’intervention clefs du Programme d’action de Doha qui vise à accélérer les progrès vers les ODD et le redressement durable, tout en cherchant à renforcer la résilience des pays aux chocs futurs.  Les résultats concrets attendus, tels qu’une université en ligne pour les PMA, un centre international de soutien à l’investissement et un système de stockage des denrées alimentaires, sont tout à fait louables, a-t-elle estimé.  Elle a annoncé que le Lesotho a commencé une révision de son plan de développement stratégique national afin d’y inclure la mise en œuvre des dispositions du Programme de Doha et des ODD.  Elle a aussi parlé de la « position politique proactive » du Gouvernement nouvellement élu qui vise au reclassement du pays et qui est intégrée dans le plan de développement à long terme comme prémisse d’une réponse efficace pour propulser le Lesotho vers le statut de pays à revenu intermédiaire.  Le Lesotho dispose d’un énorme potentiel d’augmentation de la productivité et d’amélioration de la croissance économique grâce au développement prioritaire de secteurs tels que les ressources naturelles, le tourisme, l’agriculture, la technologie, les infrastructures et l’hydroélectricité, a-t-elle indiqué ajoutant que les principaux obstacles au développement de ces secteurs sont le manque d’investissements, le déficit d’infrastructures, la faible gouvernance et les capacités de production limitées.

M. SHRESTA, Ministre des infrastructures physiques et des transports du Népal, a rappelé que six pays seulement ont pu sortir du Groupe des PMA depuis sa création en 1971.  La moitié des PMA font partie des pays les plus pauvres au monde.  Le Programme d’action de Doha devrait être le dernier, ou à la rigueur l’avant-dernier, a-t-il plaidé, car « on ne peut attendre un autre demi-siècle pour le reclassement des PMA ».  Pour sa part, le Népal est déterminé à sortir de cette catégorie, par le biais d’un développement inclusif et total.  Récemment, a noté le Ministre, le pays est passé d’une monarchie à une république démocratique et fédérale consacrée par la Constitution de 2015.  Aujourd’hui, nous ouvrons un nouveau chapitre dans l’histoire du pays, s’est-il félicité, en ciblant l’année 2026 comme l’échéance pour le reclassement du Népal.  Pour y parvenir, il a parié sur le renforcement des partenariats du développement et les réformes structurelles.  Il a notamment appelé les pays développés à respecter leur promesse de fournir 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique.  En tant que futur président du Groupe des PMA, il a promis que son pays entendait défendre les droits de ces pays. 

M. HOJAMYRAT GELDIMYRADOV, Vice-Président au Cabinet des ministres du Turkménistan, a déclaré que son pays s’efforce d’assurer sa stabilité économique malgré les perturbations mondiales actuelles, qui frappent tout particulièrement les pays en développement, à commencer par ceux qui ne disposent pas de littoral.  Les pays enclavés sont en effet confrontés à des graves problèmes de transport, a-t-il signalé, souhaitant que cette question devienne un axe distinct des travaux de la Conférence de Doha.  L’intervenant a précisé que le Turkménistan a accueilli cette année une conférence des ministres des transports des pays en développement sans littoral, après avoir proposé la création d’un groupe spécial au sein de l’ONU pour défendre leurs intérêts en la matière.  Il a également évoqué la participation de son pays à des efforts d’intégration régionale, faisant état de la construction d’un gazoduc transnational et de la mise en service d’un système d’approvisionnement en énergie commun à plusieurs pays voisins. 

M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ, Ministre du commerce extérieur et de l’investissement étranger de Cuba, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a jugé inacceptable que les plus vulnérables des pays en développement continuent d’avoir la capacité de production la plus limitée, une marge de manœuvre budgétaire insuffisante, d’importants déséquilibres macroéconomiques, un niveau d’endettement extérieur en hausse et un faible accès aux technologies.  Depuis 1981, a-t-il relevé, la moitié des PMA ont connu une urgence alimentaire pendant plusieurs années consécutives, avec de graves répercussions sur le bien-être de leurs populations.  Pour le Ministre, il est également inconcevable que, bien qu’ils représentent moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les PMA soient en première ligne de la crise climatique.  Au cours des 50 dernières années, 69% des décès mondiaux dus à des catastrophes liées au climat se sont produits dans les PMA, a-t-il souligné.  « Nous faisons face à une crise des inégalités dans laquelle 46 pays représentant 14% de la population mondiale risquent d’être laissés pour compte, alors qu’au cours des 10 dernières années, les 1% les plus riches de l’humanité ont accaparé plus de la moitié de toutes les nouvelles richesses mondiales. »  Pour le Groupe des 77 et la Chine, la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, dont le calendrier coïncide avec les dernières années d’action du Programme 2030, nécessitera un partenariat mondial renouvelé à la hauteur des besoins des PMA. 

Pour ce faire, a plaidé le Ministre, il importe tout d’abord que l’accès aux vaccins et aux traitements pour les PMA soit garanti de manière adéquate.  Il convient aussi de réduire le fardeau insoutenable de la dette de ces pays via des actions immédiates telles que l’allégement et la restructuration de la dette ou la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés et leur nouvelle allocation.  Il faut par ailleurs que les pays développés respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et allouent entre 0,15% et 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) aux PMA, a-t-il dit, avant de dénoncer le fait que les PMA, une fois reclassés, cessent de recevoir un traitement spécifique « alors que leur vulnérabilité est encore évidente ».  Appelant à « mesurer le développement durable au-delà du PIB », il a estimé que les PMA reclassés ne seraient pas confrontés à cette dure réalité si les pays développés respectaient leur engagement de contribuer à l’APD à hauteur de 0,7% de leur PIB.  De même, il a jugé essentiel d’accroître le transfert de technologies et le renforcement des capacités afin de mettre en œuvre le Programme 2030 dans son intégralité. 

Mme RANIA EL-MASHAT, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a appelé à la complémentarité et à la solidarité au sein de la communauté internationale afin d’accompagner les PMA.  L’Égypte, a-t-elle assuré, entend apporter sa contribution à l’essor des PMA d’Afrique, notamment par des projets spécifiques placés sous la férule du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  L’Égypte prend par exemple part à la construction d’un barrage hydroélectrique en République-Unie de Tanzanie et contribue à la mise en place d’une route allant du Caire au Cap en Afrique du Sud.  La Ministre a appelé à associer le secteur privé à ces efforts d’assistance aux PMA. 

M. EDUARDO ENRIQUE REINA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a expliqué que depuis le coup d’État de 2009, le Honduras, qui était sur la voie du reclassement, est désormais criblé de dettes.  Il a dépeint une situation socioéconomique déplorable au Honduras.  Selon lui, parler des PMA oblige à parler de l’ordre international injuste.  Il a argué que le système capitaliste est un véritable problème pour les 46 PMA engagés dans un labyrinthe sans issue.  On nous indique la voie à suivre, mais, a-t-il dit, le système actuel est injuste et donc peu viable.  Et dans ces conditions, il serait illusoire de parier sur la réalisation des ODD, a-t-il dit en évoquant un « mur » fait de financements insuffisants, de guerres et d’autres obstacles.  Nous ne sommes pas responsables de problèmes géopolitiques ou de la pollution qui a conduit aux changements climatiques, a-t-il dit.  À ceux qui veulent aider les PMA, il a demandé de respecter leur souveraineté et d’aller vers eux sans essayer d’imposer leurs conditions.

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, Ministre des affaires étrangères du Libéria, qui s’exprimait au nom du Président du Libéria, M. George Manneh Weah, a espéré que la Conférence LDC5 ouvrira la voie à la mise en œuvre complète des engagements contenus dans le Programme d’action de Doha en faveur des PMA (2022-2031) et dans la Déclaration politique de Doha, en vue de réaliser le Programme 2030 et de ne marginaliser personne.  Si le Programme d’action de Doha est, selon lui, un instrument qui peut conduire les PMA vers la prospérité, les aspirations de ces pays en termes de développement continuent d’être étouffées par des défis multiformes, notamment pour traduire dans la réalité le Programme d’action d’Istanbul.  Les efforts déployés par les PMA pour mettre en œuvre leurs plans et programmes nationaux de développement restent entravés par le manque de financement adéquat, tant au niveau interne qu’externe, a souligné le représentant.  Pourtant, la reprise mondiale dépend de l’obtention par les PMA du soutien dont ils ont besoin, notamment des investissements audacieux dans des programmes de santé, d’éducation et de protection sociale, ainsi que des ressources nécessaires à la mise en œuvre intégrale du Programme 2030, a-t-il fait valoir.  Dans ce contexte, la voie de la prospérité doit commencer par des actions concrètes dans le cadre de la coopération internationale et des partenariats stratégiques, y compris l’augmentation de l’aide publique au développement et l’accès au financement du développement. 

Sur le plan national, en tant que PMA depuis plus de 30 ans, le Libéria a connu des défis majeurs, a souligné le représentant.  Néanmoins, le pays a continué à avancer à grands pas vers le développement et la prospérité, a-t-il expliqué.  Sous la houlette du Président Weah, le dernier plan quinquennal de développement national, intitulé « Programme en faveur des pauvres pour la prospérité et le développement », représente l’expression la plus complète de la détermination commune à instaurer la paix, la stabilité, le développement, la démocratie et la prospérité, et à réduire l’extrême pauvreté, à combattre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, et à s’attaquer aux obstacles structurels à la croissance économique et au développement national. 

M. MAMADOU TANGARA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des Gambiens à l’étranger de la Gambie, a indiqué que le Programme d’action d’Istanbul pour les PMA a servi à son pays de stratégie de réduction de la pauvreté et de cadre de coopération avec les partenaires de développement.  Le prédécesseur du Programme d’action de Doha, a-t-il témoigné, a aussi permis à la Gambie de mettre sur pied des politiques de croissance économique, de commencer à reconstruire en mieux et de « retrouver une place honorable dans le concert des nations ».  Le Ministre a espéré que son pays parviendra à relever les défis liés à la pandémie, au conflit en Europe et au fardeau de la dette, ainsi que ceux dus à son accès limité aux marchés internationaux, à son incapacité d’attirer des investissements directs étrangers et à sa vulnérabilité face aux changements climatiques.  Il a précisé que le Gouvernement gambien vient de lancer son plan de développement national 2023-2027 pour « passer du potentiel à la prospérité ».  Selon lui, « le processus de reclassement passe par une priorisation des urgences », à commencer par la crise climatique à laquelle le pays est très exposé, avec une fréquence accrue d’événements météorologiques extrêmes et une élévation continue du niveau de la mer.  Autant de menaces dont la Gambie est incapable de couvrir les coûts, a-t-il prévenu, avant d’appeler à l’aide bailleurs et partenaires via de nouvelles ressources pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. 

Mme OLIVIA RAGNAGHNEWENDÉ ROUAMBA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur du Burkina Faso, a expliqué que son pays a enregistré des progrès importants dans les huit domaines retenus au Burkina Faso du Programme d’actions d’Istanbul en citant une série de statistiques et de chiffres, notamment l’accroissement du taux net de scolarisation passé de 57,4% en 2010 à 69,9% en 2020, du taux d’accès à l’électricité passé de 15,6% en 2011 à 24,5% en 2020, et du taux d’accès à l’eau potable passé de 68,5% en 2012 à 76,4% en 2020.  Ces acquis ont été réalisés dans un contexte national marqué par des défis persistants dans le domaine de la sécurité ainsi que dans les secteurs sociaux de base, la création d’emplois décents, l’égalité de genre et la lutte contre la pauvreté, a tenu à préciser la Ministre.  Elle a insisté sur la mise en cohérence des actions humanitaires, de sécurité et de développement, ce qui a conduit le pays à adopter l’approche fondée sur le lien entre l’humanitaire, le développement et la sécurité par le renforcement de la résilience, de la stabilité et de la sécurité ainsi que pour l’établissement de cycles de planification conjoints.  Au 1er janvier 2023, la crise sécuritaire a entraîné le déplacement de 1 850 293 personnes dont 61,29% d’enfants et 22,12% de femmes ainsi que la fermeture de 6 253 établissements scolaires et plus de 200 centres de santé, a-t-elle précisé, faisant remarquer que cela a fragilisé davantage le pays et limité la mise en œuvre des ODD.  Malgré cela, le Burkina Faso a adopté le Plan d’action pour la stabilisation et le développement 2023-2025 qui est en phase avec le Programme d’action de Doha et qui devrait permettre, à terme, de restaurer l’intégrité du territoire, d’apporter des réponses urgentes à la crise humanitaire, d’améliorer la gouvernance et de refonder l’État ainsi que de mener à la réconciliation nationale.  La bonne mise en œuvre du Plan d’action implique un partenariat mondial favorable, une plus grande solidarité et une coopération Sud-Sud plus renforcée, a-t-elle conclu. 

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral des affaires européennes et internationales de l’Autriche, évoquant l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, a déclaré que « si nous laissons prévaloir la loi du plus fort, la sécurité du monde entier sera en danger, à commencer par la sécurité des petits pays ».  Le Ministre a en outre rappelé que des décennies de développement ont été balayées par la pandémie de COVID-19, les crises financières et les catastrophes naturelles.  Dans ce contexte, les pénuries, la flambée des prix de l’énergie et des produits alimentaires ont frappé tout particulièrement les PMA.  Exprimant sa solidarité avec ces pays fragiles, il a indiqué que l’Autriche leur prête assistance via l’aide publique au développement et l’aide humanitaire.  Après avoir jugé essentiel que l’ONU reste au centre des efforts de coopération internationale, il a rappelé que deux agences onusiennes basées à Vienne, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), jouent un rôle important pour les PMA.  Il s’est enfin félicité que le Bhoutan, PMA prioritaire pour la coopération de l’Autriche, soit reclassé cette année, se disant convaincu que beaucoup d’autres pays de cette catégorie suivront cet exemple en appliquant les recommandations du Programme d’action de Doha. 

Mme ROSE POLA PRICEMOU, Ministre du plan et de la coopération internationale de la Guinée, a expliqué que son pays est « en chantier » en matière de lutte contre la corruption, d’assainissement des finances publiques, de lutte contre le terrorisme, et pour ce qui est du retour à l’ordre constitutionnel.  Le Gouvernement a intégré le Programme 2030 dans son plan national de développement et s’attèle à l’amélioration du niveau de vie de la population, a-t-elle indiqué.  La Guinée, qui défend depuis l’indépendance la coopération Sud-Sud, a proposé la création de l’Institut international de développement et de coopération Sud-Sud qui devrait avoir son siège à Conakry et sera opérationnel cette année, a en outre annoncé la Ministre. 

M. SERGEY VERSHININ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que la situation de retard des PMA est largement due au colonialisme.  L’objectif final est d’éliminer la pauvreté, a-t-il relevé en constatant la diminution progressive de l’aide publique au développement (APD) qui reste pourtant la principale source de financement du développement des PMA.  Il a indiqué que le volume total des dépenses de la Russie en matière d’APD s’élève à 1 milliard de dollars par an, dont une part importante est consacrée aux PMA.  Il a rejeté les tentatives de « politiser » le débat par ceux qui rendent la Russie responsable de la dégradation de la situation économique mondiale.  Selon lui, il ne faut pas mélanger les causes et les conséquences.

M. FREDERICK MAKAMURA SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a estimé que les PMA sont « le champ de bataille sur lequel le Programme 2030 sera gagné ou perdu ».  En tant que pays en développement sans littoral, a-t-il dit, son pays comprend parfaitement le sort des PMA car il partage des défis similaires.  Si les conflits, les tensions commerciales, la pauvreté structurelle, les inégalités et le chômage continuent d’entraver le rythme des progrès dans les PMA, ceux d’entre eux qui n’ont pas de littoral ou font partie des petits États insulaires en développement (PEID) sont encore plus vulnérables, a constaté le Ministre, d’autant plus qu’ils font face à des coûts de production et de transport plus élevés et au faible avantage comparatif de leurs exportations.  Selon lui, la communauté internationale devrait garantir l’accès des PMA aux marchés, éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires et renforcer les capacités et le transfert de technologies vers ces pays qui ont besoin de surmonter la médiocrité de leurs infrastructures et leur faible productivité.  Il est donc grand temps selon lui que toutes les parties prenantes, dirigées par les pays développés, les institutions financières internationales, les banques multilatérales de développement et le secteur privé, tiennent leurs engagements, faute de quoi les opportunités du Programme d’action de Doha seront manquées.  Il a enfin rappelé que les PMA sont en première ligne de la crise climatique, même si leurs populations ont à peine contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

M. DANIYAR AMANGELDIEV, Ministre de l’économie et du commerce du Kirghizistan, a souligné le succès de certains pays à sortir de la catégorie des PMA.  Il faut les accompagner dans le processus de reclassement, a-t-il dit, en exhortant à ne pas diminuer l’aide internationale, en particulier l’aide publique au développement (APD).  Ces PMA ont besoin d’appui dans la lutte contre les changements climatiques, l’éducation et le financement.  Pour sa part, a informé le Ministre, le Gouvernement du Kirghizistan leur apporte une contribution en matière de préparation aux futurs chocs et dans le processus de reclassement.  Il a souligné l’importance de la libéralisation de l’économie, d’un système foncier stable, de la promotion de l’investissement, d’un système fiscal moderne, du respect des droits humains, et de la réforme juridique et judiciaire.  Le Gouvernement s’efforce en outre d’améliorer la compétitivité dans le secteur de l’exportation. 

Mme GUNDA REIRE, Secrétaire parlementaire du Ministère des affaires étrangères de la Lettonie, a rappelé que la Russie a entamé une guerre d’agression contre son paisible voisin l’Ukraine, portant atteinte au droit international et aux principes de la Charte des Nations Unies.  L’impact de cette agression s’étend bien au-delà de l’Europe.  « L’accès à la nourriture est le plus élémentaire des droits de l’homme, et nous ne devons pas permettre à la Russie de militariser ce droit », a-t-elle lancé.  L’intervenante a indiqué que la Lettonie est également prête à offrir son savoir-faire et des solutions intelligentes pour promouvoir une agriculture durable, la gestion de l’eau, ainsi que l’accompagnement et le renforcement des petites et moyennes entreprises.  En tant que pays avec l’un des pourcentages les plus élevés de professionnels de l’informatique, la Lettonie entend en outre encourager les plus jeunes à devenir des innovateurs. 

Mme YVETTE SYLLA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a plaidé pour que la sortie de la catégorie des PMA soit considérée comme un problème global nécessitant l’appui de toute la communauté internationale.  Pour s’y préparer, a-t-elle précisé, Madagascar s’est dotée d’un « plan d’émergence » qui vise à améliorer les conditions de vie du peuple malgache.  Fondé sur l’idée d’une « territorialisation du développement », ce plan prend en compte les critères économiques, politiques et de coopération internationale dans le but de réduire la pauvreté et les inégalités, a expliqué la Ministre, qui s’est félicitée qu’en cette période de ruptures majeures, le Programme d’action de Doha ait choisi de « privilégier la continuité » en reconduisant les six domaines prioritaires pour les PMA.  Dans ce cadre, « Madagascar souhaite bénéficier d’un accompagnement en tant que pays en développement extrêmement vulnérable aux chocs climatiques ».  Décrivant son pays comme « l’un des derniers paradis sur Terre », la Ministre a assuré que son gouvernement entend préserver l’île pour les générations futures.  Elle a également jugé essentiel de revitaliser les programmes d’investissement et de commerce pour les PMA et de tenir les promesses d’accès aux marchés.  Madagascar ambitionne de devenir le « grenier de l’océan Indien », a informé Mme Sylla, et s’est engagée à cette fin dans un pacte national pour l’alimentation et l’agriculture.  Elle s’est prononcée pour la création d’une banque alimentaire mondiale et a appelé à ne pas utiliser le commerce alimentaire comme outil de guerre.  Enfin, elle a exhorté les partenaires techniques et financiers des PMA à contribuer de manière qualitative et quantitative au développement de ces pays, avant de conclure sur un avertissement: « soit nous progressons ensemble, soit nous périssons ensemble ». 

Mme SIM ANN, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et du développement national de Singapour, a demandé à redoubler d’efforts pour aider les PMA qui sont confrontés de manière disproportionnée aux pires difficultés.  Ces pays ont besoin d’un accompagnement dans la résilience climatique, a précisé la Ministre qui a aussi souligné les demandes d’assistance technique et financière dans ce domaine.  Elle a appelé à régler le fardeau de la dette et préconisé la réforme du système financier international.  La Ministre a également plaidé pour combler le fossé numérique en investissant dans les infrastructures numériques et l’éducation.  Singapour s’associe à l’appel lancé pour renforcer les partenariats, notamment la coopération Sud-Sud, et le Gouvernement travaille avec les Nations Unies dans la région Asie-Pacifique.  La Ministre a précisé que quelque 150 000 représentants gouvernementaux des PMA reçoivent des formations sur différents aspects du développement à Singapour.  L’accent est mis sur la résilience et le développement du marché du carbone, a-t-elle fait savoir.  Travaillons ensemble pour que les PMA puissent atteindre leurs objectifs de développement, a-t-elle exhorté en conclusion.

M. JEREMIAH MANELE, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a appelé à réduire les inégalités entre nations.  Au sujet du reclassement de son pays prévu en fin 2024, il a souligné que le processus pour y parvenir a été entaché d’obstacles tels que la pandémie de COVID-19 et l’insécurité alimentaire.  Au vu de ce contexte, le Ministre a demandé un report de son reclassement de trois ans, qui devrait donc intervenir en décembre 2027.  Ainsi, le pays a déjà établi une feuille de route qui arrive à échéance fin 2027 et qui prépare sa transition en douceur, a-t-il expliqué.  Il a enfin appelé à modifier la méthodologie de désignation des PMA qui utilise encore exclusivement le critère du PIB par habitant.

M. JEAN VICTOR GENEUS, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a rappelé que la LDC5 a lieu pendant que son pays connaît une situation difficile marquée par l’instabilité politique, l’insécurité, la faillite du modèle économique et de multiplies défis qui rendent le pays extrêmement fragile et vulnérable.  Combinées à tout cela, l’insécurité galopante et la violence des gangs armés mettent à mal les gains réalisés au cours de la dernière décennie en matière de lutte pour la réduction de la pauvreté et le développement socioéconomique.  Le Ministre a déploré en conséquence une augmentation de l’insécurité alimentaire et l’affaiblissement des systèmes de santé déjà fragiles.  Pour accompagner les PMA, il a appelé à l’avènement d’un système multilatéral plus robuste et inclusif, fondé sur la coopération, la solidarité et la confiance mutuelle.  Ce qui demande un changement à la fois des modèles de gestion et des comportements, et un financement adéquat pour produire des résultats de qualité, a-t-il argué.  Il est donc important d’éviter la fragmentation des efforts et de mettre en commun les ressources entre les secteurs et les acteurs de manière efficace. 

M. JEYHUN AZIZ OGLU BAYRAMOV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a estimé que cette conférence, organisée tous les 10 ans, est une bonne occasion d’évaluer les réalités postpandémiques et l’efficacité du partenariat mondial au regard des difficultés générales de 1,1 milliard de personnes vivant dans 46 PMA.  Il s’agit non seulement de montrer notre solidarité avec la partie la plus vulnérable du monde, mais aussi de renouveler notre engagement envers le pacte mondial entre les PMA et leurs partenaires de développement, a-t-il déclaré, rappelant au passage que la grande majorité de ces pays sont membres du Mouvement des pays non alignés présidé depuis 2019 par l’Azerbaïdjan.  En s’impliquant étroitement dans le processus de développement mondial, l’Azerbaïdjan s’acquitte avec succès de sa mission de donateur en apportant une aide aux personnes touchées par des catastrophes naturelles ou causées par l’homme à travers le monde, ainsi qu’aux pays confrontés à des difficultés économiques, y compris les PMA, a poursuivi le Ministre.  Il a précisé à ce sujet que son pays a fourni une aide à plus de 130 pays, notamment à 43 des 46 PMA qui ont reçu une assistance éducative, technique, financière, sanitaire et humanitaire.  Pour soutenir la lutte de ces pays contre la COVID-19, l’Azerbaïdjan a également fourni une aide financière et humanitaire à plus de 80 pays, dont 25 PMA, a encore relevé le Ministre, qui a réitéré l’engagement de son pays à renforcer la résilience des PMA et à contribuer à leur développement en vue de relever les défis permanents auxquels ils sont confrontés. 

M. ODONGO JEJE ABUBAKHAR, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a dit que son gouvernement met l’accent sur la réalisation du Programme 2030 à travers son troisième plan national de développement visant à améliorer les conditions de vie et le pouvoir d’achat des populations.  Rappelant les principales priorités du Programme d’action de Doha, le Ministre a déclaré que l’Ouganda mise aussi sur l’éducation, la science, la technologie et l’innovation.  Il a dénoncé le nationalisme vaccinal durant la pandémie auquel il a conseillé de répondre par le développement d’industries pharmaceutiques dans les PMA.  Le commerce international doit donner une marge de manœuvre pour le développement de la science, de la technologie et de l’innovation en levant les restrictions liées aux propriétés intellectuelles, a-t-il recommandé.  Le Ministre a aussi demandé d’accompagner les efforts des PMA pour faciliter les échanges régionaux dans le cadre des zones de libre-échange comme celle de l’Afrique.  S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, il a parlé du projet lancé par le Gouvernement ougandais pour arrêter la dégradation environnementale et pour favoriser la reforestation.  Le Ministre a également plaidé pour une coopération internationale renforcée et pour le renouvellement des partenariats afin de surmonter les défis auxquels sont confrontés les PMA.   

M. ALEXANDER PULEV, Ministre de l’innovation et de la croissance de la Bulgarie, a décrit son pays comme une nation bâtie sur le principe de la solidarité.  Malgré ses ressources financières limitées, la Bulgarie n’a jamais cessé de soutenir les PMA via des aides, des allègements de dette et des formations, a-t-il affirmé, faisant également état de dons de vaccins au Bangladesh et au Bhoutan, ainsi que de partenariats économiques avec plusieurs pays de cette catégorie.  Se disant convaincu que la façon la plus efficace d’accompagner les PMA n’est pas de leur fournir des biens et des services mais de les soutenir dans leur capacité d’exportations et de les aider à mettre en place des sites de production locale, il a indiqué que la Bulgarie a investi dans de tels projets en Afrique et en Asie du Sud en employant des talents locaux.  De même, a-t-il ajouté, les entreprises bulgares de technologie financière développent des services mobiles dans plusieurs PMA pour aider à la création d’entreprises.  Il s’agit, a-t-il conclu, d’une politique d’investissements conjoints et de transfert de technologies au service du développement durable. 

Mme GLENYS HANNA-MARTIN, Ministre de l’éducation et de l’enseignement technique et professionnel des Bahamas, a rappelé que même si son pays est classé « pays à revenu intermédiaire », il fait face aux mêmes défis que les PMA tels que le poids de l’endettement, les difficultés à obtenir des prêts concessionnels pour le financement du développement, les critères difficiles du reclassement, les vulnérabilités aux chocs externes, la rupture des chaînes d’approvisionnement et les conséquences de la guerre en Ukraine.  Ces crises combinées ont inversé les progrès réalisés, a regretté la Ministre qui a appuyé l’attention portée par le Programme d’action de Doha sur le financement climatique.  Elle a aussi souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire et des partenariats au niveau mondial dans le cadre de l’appui aux PMA.

M. BARNABA MARIAL BENJAMIN, Ministre des affaires présidentielles du Soudan du Sud, a rappelé que son pays est le dernier né de la communauté internationale, avant de se féliciter de la tenue de cette conférence qui met en lumière les difficultés des PMA.  Il a toutefois relevé que les conférences précédentes avaient des objectifs dont la plupart n’ont pas été tenus.  À Istanbul, en 2011, les États Membres avaient ainsi pour ambition de faire sortir la moitié des PMA de leur statut d’ici à 2022.  « La leçon à tirer est que c’est à nous, pays en développement, de jouer un rôle de premier plan pour atteindre nos propres objectifs de développement », a-t-il commenté, estimant qu’il n’existe pas de modèle universel en la matière.  De plus, les plans et les politiques visant à faire sortir les PMA de leur catégorie sont souvent entravés par des catastrophes naturelles qui s’ajoutent à tous les problèmes structurels.  Rappelant à cet égard que six PMA ont connu des crues dévastatrices ces dernières années, il a souligné le fait que surmonter ces aléas climatiques exige des investissements colossaux.  Nous devons trouver des solutions techniques permettant d’atténuer les conséquences de ces crues, ce qui implique un soutien accru de nos partenaires internationaux, a-t-il plaidé, avant de constater que les programmes d’aide humanitaire seuls ne suffisent pas.  À cette aune, le Ministre a appelé l’ONU et les partenaires internationaux à assurer la transition des PMA de l’humanitaire au développement.  Il a enfin jugé que les sanctions ciblées contre son pays n’ont eu pour conséquences que de l’affaiblir.  « Notre crédibilité est menacée et les investisseurs nous fuient », a-t-il déploré, affirmant que la sécurité et la prospérité économique sont les deux faces d’une même médaille.  Il a en conclusion invité la communauté internationale à soutenir la levée de l’embargo sur les armes au Soudan du Sud.

M. RABIOU ABDOU, Ministre du Plan du Niger, a souligné que depuis la création en 1971 de la catégorie des PMA, dont le Niger fait partie, seulement sept pays ont pu se reclasser et qu’au lieu de diminuer en nombre, la catégorie est passée de 21 à 46 États aujourd’hui.  Après cinq conférences diplomatiques majeures assorties de mesures spécifiques pour répondre aux besoins de ces pays, a-t-il constaté, les défis originaux semblent restés entiers, voire aggravés par de nouveaux facteurs, comme les conflits, les changements climatiques et les pandémies.  Il en résulte que 40% des pauvres du monde vivent dans les PMA ainsi que 76% des 2,9 milliards de personnes non encore connectées à Internet.  Aujourd’hui, a noté le Ministre, le monde est entré dans une nouvelle ère qui appelle à des modes de production et de consommation durables, au moyen de technologies respectueuses de l’environnement, en mettant au centre de toutes les innovations la numérisation et la connectivité.  À l’évidence, une telle situation est porteuse de nouveaux défis pour les PMA, puisque les nouvelles technologies et la croissance verte ne sont pas encore totalement à leur portée.  Dans son rapport 2022 sur les PMA, la CNUCED a exposé les conséquences redoutables que la transition vers une économie sobre en carbone peut avoir sur la transformation structurelle des PMA, s’est inquiété le Ministre en rappelant qu’ils sont majoritairement producteurs de produits de base fossiles et monoproducteurs.  Il a donc jugé nécessaire de leur accorder un traitement spécial et différencié en matière de transition énergétique.  Il a salué le Programme d’action de Doha qui aborde cette problématique en intégrant pleinement les questions de science, de technologie, d’innovation, de changements climatiques, de résilience et de renforcement des capacités dans ses axes prioritaires. 

M. YVAN GIL PINTO, Ministre du pouvoir populaire pour les relations extérieures du Venezuela, qui a constaté le recul dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, a souhaité que le Programme d’action de Doha ne connaisse pas le même sort.  Nous sommes victimes du modèle capitaliste qui crée faim et pauvreté dans le monde, a dénoncé le Ministre.  Selon lui, il faut exiger un accès équitable aux vaccins, aux médicaments et aux financements, et garantir la sécurité alimentaire dans les PMA qui ont besoin d’un accompagnement immédiat.  En outre, les pays développés doivent respecter leurs engagements dans le cadre de l’aide publique au développement (APD) et lever les mesures coercitives unilatérales ainsi que les embargos qui frappent de nombreux pays.  Il a suggéré des mesures d’annulation ou d’allègement des dettes qui ne sont plus soutenables, et la réforme des droits de tirage spéciaux pour qu’ils deviennent des sources de financement pour le développement.  Enfin, il a plaidé pour les transferts de technologie et les partenariats Sud-Sud. 

M. SAID BIN MOHAMMED AL SAQRI, Ministre de l’économie d’Oman, s’est réjoui de la tenue de cette conférence qui est l’occasion d’œuvrer ensemble et d’échanger des solutions communes sur des problèmes communs.  Rappelant que ce rendez-vous a lieu dans un contexte international volatile, il a noté que tous les pays, y compris les pays développés, souffrent des crises induites par ces perturbations.  Mais les PMA sont également affectés par des conflits, la pauvreté extrême et un faible niveau de développement, a-t-il ajouté.  Ces pays ne peuvent prétendre au développement durable en raison de l’accumulation de leur dette et d’une crise financière exacerbée par la pandémie de COVID-19.  Tous les États doivent donc redoubler d’efforts pour aider les PMA à surmonter ces problèmes et à changer de modèle de développement, a plaidé le Ministre, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir leurs plans de reconstruction.  Se disant convaincu que la paix dans le monde est ce qu’il y a de plus important pour les peuples et leur prospérité, il a jugé essentiel que les participants à cette conférence intensifient leur coopération afin de contribuer à la paix dans les PMA et de renforcer leur trajectoire vers le développement durable. 

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a appelé à reconnaître les efforts des PMA qui sont illustrés par le fait que six pays ont pu se faire reclasser ces dernières années.  Ce succès ne cache pas les échecs, a en même temps mis en garde la Ministre pour qui les PMA ne reçoivent plus suffisamment d’aide et continuent de ployer sous le poids croissant de l’endettement.  Les PMA ont besoin d’aide pour sortir de ce cycle et pour assurer leur développement socioéconomique, a insisté la Ministre.  Elle a aussi souligné leur besoin d’infrastructures numériques pour tirer parti de la technologie numérique.  Il faut en outre soutenir les projets de reforestation des PMA, a recommandé la Ministre.  Elle a donc conclu que les pays développés peuvent faire davantage, insistant sur l’urgence de l’action climatique, notamment pour l’atténuation des effets des changements climatiques.  Les PMA nécessitent qu’on les aide à faire face aux chocs futurs, à l’endettement et au développement du numérique, a-t-elle demandé. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a observé que la LDC5 se tient alors que le contexte international est marqué par des crises multiples qui ont de graves répercussions sur les pays les plus pauvres.  Face à ces crises, la communauté internationale doit exprimer sa solidarité avec les PMA en s’efforçant de les accompagner vers le développement durable, a plaidé le représentant.  Pour ce faire, il importe d’alléger leur dette et d’appuyer la diversification de leur économie, mais aussi de leur donner accès aux marchés et aux technologies et de les aider à faire face aux catastrophes climatiques.  Le Maroc coopère avec les PMA, a-t-il affirmé, précisant qu’il s’agit là d’une priorité de sa politique étrangère.  Le Gouvernement marocain souhaite accompagner au mieux ces pays par le biais de programmes de développement et un meilleur accès aux vaccins et aux engrais.  M. Hilale a ainsi fait état de mesures destinées à favoriser les exportations vers les PMA et de bourses pour les étudiants africains.  Sur le plan climatique, il a rappelé que son pays a organisé en 2016 la COP22, au cours de laquelle un appel a été lancé pour soutenir la filière agricole face au dérèglement du climat.  Le Maroc a outre accompagné 20 pays africains sur le chemin de la résilience postpandémique, a-t-il ajouté, avant d’appeler les partenaires de développement à coordonner leurs efforts en faveur de ces pays vulnérables. 

Mme PILAR CANCELA RODRÍGUEZ, Secrétaire d’État chargée de la coopération de l’Espagne, a préconisé l’union pour affronter les défis auxquels sont confrontés les PMA.  Certains d’entre eux sont les premiers partenaires de la coopération de l’Espagne, a rappelé la Ministre annonçant l’adoption récente d’une loi qui oblige le Gouvernement espagnol à consacrer 0,7% du budget au développement, dont 10% à l’aide humanitaire.  Elle a informé que le cinquième Plan directeur de coopération de l’Espagne vise à développer des projets dans les communautés de base des pays aidés.  Le Gouvernement a aussi développé un cadre d’association avec cinq pays africains qui sera étendu à l’Éthiopie cette année, a-t-elle ajouté.  Face à l’aggravation des défis, il faut toujours garder le cap des ODD, a exhorté la Ministre annonçant la poursuite de l’aide financière espagnole dans le cadre des institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international.  À cet égard, elle a mis l’accent sur l’importance de l’allégement de la dette.  Elle a aussi souhaité voir rattraper le retard de développement accumulé à cause de la pandémie, depuis 2020.  Le Programme d’action de Doha est solide et doit être notre fil directeur pour la prochaine décennie, a-t-elle conclu. 

Mme MIRYAN VIEIRA, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Cabo Verde, a estimé qu’accélérer la marche des PMA vers la prospérité nécessite une meilleure coopération et davantage de solidarité avec ces pays, mais aussi de meilleurs outils de financement afin qu’ils puissent atteindre les objectifs inscrits dans le Programme d’action de Doha.  Rappelant à cet égard que Cabo Verde est passé de la catégorie des PMA à celle des pays à revenu intermédiaire inférieur en 2008, après avoir satisfait aux critères du PIB par habitant et de l’indice de capital humain, elle a reconnu que son pays reste confronté à de nombreux défis auxquels les PMA font face.  Bien que certains progrès aient été réalisés, les défis pour une transformation structurelle soutenue demeurent en raison de notre manque de ressources naturelles et de notre forte vulnérabilité aux changement climatiques et aux chocs externes, a-t-elle expliqué.  Alors que le Programme d’action d’Istanbul se fixait comme objectif de permettre à la moitié des PMA d’atteindre le seuil du reclassement, force est de reconnaître que la pauvreté, le manque de diversification économique et les barrières structurelles prévalent dans de nombreux PMA, principalement ceux du continent africain et ceux à haut niveau de vulnérabilités tels que les PEID, a poursuivi la Vice-Ministre, appelant à des partenariats mondiaux et inclusifs pour atteindre les objectifs révisés du nouveau programme d’action.  Sur la base de son expérience de pays reclassé, Cabo Verde est favorable à un mécanisme de suivi plus robuste, a-t-elle conclu. 

Mme PEPE LUTERU (Samoa), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a dit que cette conférence vise à ce que dans 10 ans, on n’ait plus besoin d’organiser de nouvelles réunions sur les PMA.  D’ici là, lesdits pays devraient tous être sortis de cette catégorie.  La représentante s’est inquiétée de l’impact profond de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine sur la réalisation des ODD.  Le coût du relèvement dépasse largement les possibilités, a-t-elle regretté, avant de prier la communauté internationale d’aider les PMA, en particulier les pays membres de l’AOSIS.  Elle a déploré que les besoins spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID) ne soient pas pris en compte, ce qui les éloigne de la perspective du reclassement.   Il ne faut pas oublier le milliard d’individus qui vivent toujours dans la pauvreté dans le monde et risquent d’être laissés de côté, a-t-elle conclu.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer sa coopération avec les PMA, dont la situation difficile est encore aggravée par les retombées de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Nous vivons à une époque où le régime des Taliban foule aux pieds les droits des femmes afghanes et où plus de la moitié de la population yéménite a besoin d’une aide humanitaire, a-t-elle rappelé, avant de saluer l’adoption du Programme d’action de Doha en faveur des PMA et ses domaines prioritaires.  Observant que les effets de la pandémie de COVID-19 sont durables pour ces pays, la représentante a rappelé que l’effondrement du tourisme et la chute des transferts de fonds y ont provoqué une série de problèmes économiques et sociaux.  Dans ce contexte, l’engagement de Malte et son leadership pour les PMA reste sous-tendu par le rôle directeur des ODD, a précisé la représentante, qui a détaillé les contributions de son pays à diverses agences onusiennes ainsi qu’au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Malte s’est aussi efforcée, dans le cadre de sa présidence du Conseil de sécurité, de mettre en exergue les difficultés des petits États insulaires en développement (PEID) et des États côtiers à faible élévation, dont certains sont aussi des PMA. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième table ronde de la Conférence LDC5: la transformation structurelle dans les pays les moins avancés plébiscitée comme moteur de leur prospérité

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #3, Après-midi
DEV/3451

Troisième table ronde de la Conférence LDC5: la transformation structurelle dans les pays les moins avancés plébiscitée comme moteur de leur prospérité

DOHA, 6 mars -- Dédiée à l’un des principaux piliers du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancé (PMA), la troisième table ronde organisée dans le cadre de la cinquième Conférence des Nations Unies pour les PMA (5-9 mars 2023) a permis d’échanger sur les éléments clefs d’une transformation structurelle de l’économie tels que le renforcement des capacités de production et l’augmentation de la productivité, le développement des infrastructures, l’intégration commerciale des PMA dans les chaînes de valeur mondiales et régionales, le développement de leur secteur privé et les investissements dans le capital humain.

Plantant le décor cet après-midi, le Président de la Sierra Leone, M. Julius Maada Bio, l’un des deux coprésidents de la discussion, a souligné que la réalité, dans la plupart des PMA, c’est une productivité basse et/ou en stagnation, un endettement élevé, des niveaux d’investissement en plein marasme et un capital humain ayant reçu peu d’éducation.  Il a également évoqué l’impact dévastateur des récents chamboulements des chaînes d’approvisionnement liés à la pandémie et à la guerre en Ukraine, ainsi que celui des politiques monétaires qui créent des pressions supplémentaires sur les économies des PMA et sapent leurs perspectives de développement. 

L’une des réponses consisterait à trouver des modèles de développement alternatifs pour assurer la transformation structurelle des PMA car, comme l’a dit Mme Zo Randriamaro, Présidente de WoMin African Alliance, « on ne peut plus faire l’économie d’une rupture avec le modèle néolibéral qui a conduit aux défaillances et problèmes actuels en Afrique ».  L’intervenante a argué que le passé des autres ne doit pas servir de base à l’avenir de l’Afrique. 

Il faut tirer les leçons de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine, a-t-elle aussi demandé, en appelant à briser les chaînes de la dépendance et à miser sur des chaînes d’approvisionnement plus courtes, tout en tenant compte de facteurs écologiques.  Une autre idée défendue à plusieurs reprises cet après-midi est celle de l’intégration économique régionale qui permet aux entreprises de bénéficier des marchés plus vastes et de faire des économies d’échelle, comme l’a souligné M. Francisco André, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal. 

Abondant en ce sens, M. Andrés Rodriguez Pose, professeur de géographie économique à la London School of Economics, a toutefois souligné la faiblesse de l’intégration commerciale en Afrique.  L’accord de libre-échange africain est un grand pas en avant à cet égard, s’est-il réjoui.  Le professeur Rodriguez, qui était le conférencier principal de cette discussion, s’est attardé sur certains facteurs qui conduisent au développement économique, dont le capital humain et en particulier l’éducation, ainsi que l’accès aux marchés, à l’eau, à l’électricité et à la connectivité numérique, sans oublier l’intégration du commerce aux chaînes d’approvisionnement mondiales et la bonne gouvernance.  Investir dans les institutions nationales et sous-nationales est crucial, a-t-il martelé, en comparant le développement à un vélo: « pour avancer, il faut deux roues ».  Or, constatant que jusqu’à présent, on a trop mis l’accent sur la roue des stratégies, il a recommandé de miser sur les bonnes institutions et sur des modèles de bonne gouvernance.  Sans quoi les cadres politiques et économiques requis n’existent pas ou sont inadéquats, a-t-il argumenté en soulignant le frein que cela représente pour la transformation structurelle et le développement. 

De son côté, la Sierra Leone a rappelé que ce que l’on entend par transformation structurelle: c’est le fait de passer des secteurs économiques primaires, tels que l’extraction des ressources et l’agriculture, à des activités économiques situées plus loin dans la chaîne de production, comme l’industrie manufacturière et les services, et de mettre l’accent sur l’augmentation de la productivité et de la part des PMA dans le commerce mondial.  Or, dans la plupart de ces pays, il n’existe pas de lien entre les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, des mines, d’un côté, et le secteur industriel, de l’autre, a-t-il relevé.  Le Burundi a aussi parlé du problème que pose l’insuffisance ou le mauvais état des moyens de transport modernes.  Leurs économies sont toujours basées sur l’agriculture, l’élevage et le secteur informel, a-t-il remarqué, notant que même dans ces secteurs la production reste faible et se limite souvent à la consommation immédiate et à la vente des matières premières.  Sortir de ce schéma économique devient dès lors un défi de taille, d’autant plus que l’accès aux sources de financement et le coût des prêts bancaires sont un goulot d’étranglement, a renchéri le Burkina Faso.  « Compte tenu de cela, la transformation structurelle des PMA peut ressembler à un mirage. »

Concrètement, les PMA ont donc une série de défis majeurs à relever, a concédé le Vice-Premier Ministre du Népal, M. Narayan Kaji Shrestha, qui coprésidait cette réunion, à commencer par les investissements dans le capital humain, en particulier dans une éducation de qualité, et la modernisation des infrastructures, qu’il s’agisse du secteur des transports ou de la connectivité numérique.  La science et la technologie en tant que moteur de la productivité doivent être une priorité; or, à ce jour, elles restent souvent hors de portée pour la plupart des pays de cette catégorie, a-t—il noté.  En dernier lieu, M. Shrestha et d’autres intervenants ont mis en avant l’importance d’un partenariat avec un secteur privé dynamique aux côtés du rôle que joue l’État. 

Rebondissant sur ce constat, le Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal a souligné que la réalisation du Programme d’action de Doha repose précisément sur le développement des infrastructures en vue de connecter les PMA, sur la simplification des procédures et de la bureaucratie du commerce, ainsi que sur l’amélioration des capacités de production à travers des investissements dans l’éducation, la science et la technologie.  Il a aussi souligné l’importance du renforcement des institutions et de la refonte des politiques commerciales. 

Mais tout cela suppose des moyens, et le Vice-Président de la Banque européenne d’investissement, M. Thomas Östros, est venu témoigner des ambitions « vertes » de la nouvelle branche de la Banque entièrement consacrée au développement.  Il a mis l’accent sur le fait que les politiques de développement doivent être pilotées à l’échelle nationale et s’appuyer sur la participation d’un secteur privé robuste, ce qui fait encore souvent défaut dans les PMA.  Reconnaissant que les difficultés d’accès aux financements sont un frein majeur au développement des PMA, il a évoqué l’initiative « Boost Africa » de la Banque qui mise sur la création d’opportunités d’entrepreneuriat pour les jeunes africains.  S’inscrivant dans la même logique, la Présidente de la Fondation Tony Elumelu, Mme Somachi Chris-Asoluka, a expliqué que sa fondation vise à autonomiser les jeunes entrepreneurs africains à travers la capitalisation de leurs entreprises.  Elle a affirmé que c’est le meilleur moyen d’éradiquer la pauvreté, d’autonomiser les femmes africaines et de créer de l’emploi. 

Parmi les autres exemples concrets cités cet après-midi figure l’initiative « Power Africa », des États-Unis, qui se consacre aux investissements dans les infrastructures et la transition énergétique dans le monde en développement, et en particulier dans les PMA.  Quant à la France, elle a dit œuvrer au développement, au financement et à la bonne gouvernance du secteur numérique dans les PMA à travers la stratégie « Global Gateway ».  Sur l’axe du renforcement des capacités commerciales, la France assiste de nombreux PMA dans la mise en place de la zone économique exclusive africaine, a encore témoigné la délégation.

Si le Programme d’action de Doha peut servir de boussole à la transformation structurelle, en connectant les PMA aux chaînes de valeur mondiales et régionales, en renforçant leur économie de services et leur commerce, et en augmentant de manière significative la valeur ajoutée et la composante manufacturée des exportations de ces pays, le succès de ce programme dépendra toutefois de sa pleine appropriation par les PMA, ont prévenu de nombreux intervenants.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: la deuxième table ronde de la Conférence met en avant les promesses de la technologie numérique pour accélérer le développement des pays les moins avancés

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #2 - matin
DEV/3450

LDC5: la deuxième table ronde de la Conférence met en avant les promesses de la technologie numérique pour accélérer le développement des pays les moins avancés

DOHA, 6 mars -- « La science, la technologie et l’innovation au service du développement durable des pays les moins avancés » était le thème de la deuxième table ronde organisée ce matin dans le cadre de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), qui se tient à Doha du 5 au 9 mars.  Une discussion qui a mis à l’honneur la technologie et la science comme outils particulièrement efficaces pour accélérer le développement durable de ces pays, à condition de mieux financer leur divulgation, d’optimiser leur utilisation et de former leurs populations dès le plus jeune âge.

Le Prince héritier du Royaume du Bhoutan vient de recevoir la première carte d’identité numérique émise par le pays, a informé en guise d’introduction le Premier Ministre de Bhoutan, M. Lotay Tshering, qui coprésidait la séance, pour illustrer l’importance de la technologie pour le développement des PMA.  L’autre mesure phare dans ce domaine au Bhoutan consiste en la numérisation des grossesses, depuis 2022, qui entraîne la délivrance d’un acte de naissance numérique aux enfants, a ajouté le Chef du Gouvernement.  Son homologue du Rwanda, Coprésident de la table ronde, M. Édouard Ngirente, a pour sa part rappelé aux participants la nécessité de créer des centres régionaux de technologie proches des PMA.

Pour tirer parti de la science, de la technologie et de l’innovation, M. Maikel Wilms, Directeur de Boston Consulting Group (BCG), a prévenu qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles.  Il faut plutôt mettre l’accent sur l’utilisation efficace de la technologie, a-t-il préconisé, citant l’imagerie satellitaire qui permet de prévoir la météo au niveau local et ainsi de prendre des mesures de prévention.  Il a dès lors conseillé d’investir dans les compétences humaines numériques et d’élaborer des lois qui favorisent les « petits systèmes numériques » déjà en place dans les PMA.  À cet effet, a souligné le Directeur de BCG, il y a 30 milliards de dollars de dons promis, de nombreuses technologies prêtes à l’emploi et quelque 200 partenariats en place.  « Les solutions existent. »  Et elles peuvent être obtenues rapidement et adaptées aux différents contextes, a-t-il précisé. 

Intervenante principale de ce débat, Mme Mariin Ratnik, Vice-Ministre de la coopération économique et du développement de l’Estonie, a insisté sur l’importance de la volonté politique pour réaliser ces objectifs, donnant l’exemple de son pays où plus de 80% des services publics sont offerts en ligne.  L’Estonie a copié la Finlande et l’Ukraine pour développer les codes numériques du Gouvernement, a-t-elle confié avant de dire vouloir partager son expérience à son tour.  La Vice-Ministre a précisé que ces services doivent être transparents, inclusifs et centrés sur l’humain, avec les gouvernements en première ligne dans ce domaine.  Le représentant d’Israël a fait une offre similaire, vantant l’excellence de son centre de l’innovation qui œuvre dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, des télécommunications et du tourisme.  « Venez au centre et prenez ce qui vous convient », a-t-il invité. 

M. Hasan Mandal, Président de TÜBITAK (Türkiye), a également annoncé la disponibilité de son pays à aider les PMA à réduire le fossé numérique grâce à l’éducation et au partenariat.  À cet égard, nous travaillons avec la Banque de technologies des Nations Unies basée à Istanbul, a déclaré le responsable.  Pour Mme Doreen Bogdan-Martin, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), dont l’un des objectifs est d’accompagner les gouvernements et le secteur privé des PMA en matière de numérisation, la volonté politique doit se matérialiser par la mise en place d’un cadre législatif idoine, qui encourage le financement et l’investissement dans le numérique.  L’intervenante a souligné l’importance du coût associé à la technologie, plaidant pour que celle-ci soit à la portée de toutes les bourses.  L’expérience de l’UIT a montré que la numérisation des services publics ne revient pas cher, de même que les infrastructures numériques ne sont pas chères à entretenir. 

Mme Bogdan-Martin a également fait part de l’objectif de l’UIT de connecter à Internet toutes les écoles du monde.  C’est aussi le souhait de la Sierra Leone, a dit le porte-parole du Président de ce pays qui concentre ses efforts dans ce domaine.  En outre, le Gouvernement sierra-léonais a décidé de financer l’éducation des filles qui choisissent la filière scientifique, a-t-il ajouté.  La Ministre de l’éducation des Bahamas a, elle, reconnu que c’est la pandémie de COVID-19 qui a obligé son gouvernement à introduire la connexion Internet dans les 150 écoles primaires du pays.  Également engagée dans cette direction, la Lettonie participe à un projet de l’UNESCO qui vise à faire entrer Internet dans les écoles du monde entier, a déclaré sa Secrétaire d’État aux affaires étrangères. 

Le Ministre du plan des Maldives a prévenu que l’on ne peut faire avancer tout le monde au même rythme, car la technologie ne marche pas de la même manière pour tous les pays.  Elle n’est pas toujours adaptée aux besoins nationaux, notamment dans les secteurs de la pêche et de la finance, selon lui.  La technologie cache de nombreux pièges, a prévenu le Ministre disant que le monde numérique est plein de dangers et appelant à faire preuve de prudence.  Le représentant des jeunes des PMA a lui aussi dénoncé certains risques, comme lorsque les gouvernements bloquent l’accès à Internet pour diverses raisons, y compris pour les jeunes chercheurs qui sont obligés de quitter leurs pays pour développer leurs talents ailleurs.  Ces gouvernements ont en outre coupé les bourses des jeunes chercheurs qui sont ainsi privés de financements et doivent d’autant plus changer de lieux de résidence pour poursuivre leur passion pour la technologie, a regretté le délégué de la jeunesse.  La représentante des organisations non gouvernementales a prévenu pour sa part que la technologie ne fera pas disparaître d’un coup de baguette magique les inégalités systémiques et les problèmes structurels.  Il faut des cadres politiques qui mettent l’humain au centre des préoccupations, a-t-elle recommandé.

M. Omran Hamad AlKuwari, Président-Directeur général de la Fondation internationale du Qatar, a rappelé que son organisation offre des bourses aux étudiants des pays en développement, y compris pour l’éducation numérique des filles.  M. Vellamvelly Muraleedharan, Ministre d’État des affaires extérieures et parlementaires de l’Inde, a également insisté sur l’importance de développer des plateformes numériques dans le secteur de l’éducation.  L’Inde offre plus de 30 000 bourses numériques à des étudiants issus des pays en développement africains, a-t-il témoigné.  Présidente du G20, l’Inde a milité pour faire entendre la voix des pays en développement en matière de technologie du numérique et de besoin en financement dans ce domaine, a indiqué le Ministre en expliquant contribuer au comblement rapide du fossé numérique.  À moins de 10 ans de l’échéance des ODD, le Ministre a espéré que la technologie numérique pourrait ainsi aider à rattraper le retard, en travaillant ensemble et en misant sur ce qui fonctionne.

Ce qui fonctionne, selon M. Mohamed H.A. Hassan, Président de l’Académie nationale des sciences du Soudan et Président du Conseil de la Banque de technologies des Nations Unies, ce sont la recherche scientifique, l’investissement dans la technologie et l’innovation, et une éducation numérique de qualité.  Selon lui, les PMA doivent d’urgence remédier au fait que seules trois de leurs universités sont classées parmi les 1 000 premières meilleures universités du monde.  Ils doivent aussi retenir aux pays le personnel compétent dans le numérique et allouer 10% du budget national dans l’éducation, dont 1% dans la technologie, a conseillé M. Hassan en invitant aussi à consacrer 20% de l’aide publique pour le développement (APD) à la technologie.  Il a rappelé à cet égard que Banque de technologies de l’ONU contribue au déploiement des technologies appropriées vers les PMA y compris pour la gestion des propriétés intellectuelles.  La Banque peut aider à la mise en place d’académies de sciences dans les PMA par le biais notamment du renforcement de capacités et de partenariats. 

Le Premier Ministre de Sao Tomé-et-Principe, M. Patrice Trovoada, qui s’est enorgueilli d’une numérisation avancée de son pays où 100% des 200 000 habitants de l’île ont une ligne téléphonique, a reconnu que cela n’empêche pas les jeunes de vouloir quitter le pays en masse.  C’est pourquoi il a estimé important le développement de la plateforme numérique existante afin de garder au pays les jeunes et de répondre plus généralement aux défis nationaux.  Son homologue du Togo, Mme Victoire Sidémého Tomegah-Dogbe, a dit que la technologie numérique a aidé le pays à surmonter les effets de la pandémie parce que, 10 jours seulement après les premiers cas de COVID-19, le Gouvernement a lancé le programme d’urgence de transfert d’argent pour venir en aide aux familles togolaises.  Le Gouvernement a tiré parti de cette expérience pour la numérisation des services publics, a-t-elle expliqué en appelant la communauté internationale à soutenir ce programme numérique par des investissements et des transferts de technologies.  La Ministre de la coopération internationale de la Slovénie a acquiescé en disant que la technologie numérique nécessite d’importants investissements que n’ont pas les PMA. 

À ce propos, la Secrétaire d’État à la coopération d’Espagne a annoncé l’initiative GIGA pour financer le développement numérique notamment en Amérique latine.  Une nouvelle loi sera promulguée pour consacrer 0,7% du PIB de l’Espagne à l’APD, dont 10% seront alloués à la coopération numérique, a-t-elle fait part.  Dans le même esprit, la Lettonie apporte son aide aux PMA dans l’élaboration de lois sur la technologie numérique, dans la gouvernance numérique ainsi que dans la banque numérique, a fait savoir la Secrétaire d’État aux affaires étrangères de ce pays.  La Ministre d’État des affaires étrangères de Singapour a suggéré pour sa part que les PMA construisent des réseaux à large bande, créent des universités numériques et renforcent l’accès au numérique du public, des domaines où Singapour peut apporter son aide.  La Ministre de la coopération internationale de la Suède a, elle, insisté sur l’importance de la transformation verte pour faire face aux changements climatiques dans les PMA en utilisant, comme le fait son pays, la technologie de fabrication de batteries vertes mise au point en Suède. 

L’avenir sera numérique, a conclu la Grèce insistant sur l’importance de la volonté politique pour accompagner la numérisation dans les PMA.  Il reste à ces pays à créer des plateformes adaptées et investir de façon intelligente.  Grâce à la technologie, le concept de PMA peut désormais appartenir à l’histoire, a prophétisé Israël. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: la Conférence sur les pays les moins avancés reprend à Doha avec un Programme d’action 2022-2031 pour passer « du potentiel à la prospérité »

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3447

LDC5: la Conférence sur les pays les moins avancés reprend à Doha avec un Programme d’action 2022-2031 pour passer « du potentiel à la prospérité »

DOHA, 5 mars -- Les travaux de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) ont repris aujourd’hui à Doha pour examiner les moyens d’accélérer le développement durable de ces pays qui comptent 40% des pauvres du monde.  La capitale du Qatar accueille ainsi, du 5 au 9 mars, la deuxième partie de la Conférence, qui a dû être reportée à deux reprises à cause de la pandémie de COVID-19.  La première partie avait permis, le 17 mars puis le 1er avril 2022 par l’Assemblée générale, d’adopter le Programme d’action de Doha (2022-2031), qui succède à celui d’Istanbul (2011-2020).

« Nous pouvons et nous devons nous unir » pour transformer les mots du Programme d’action de Doha en résultats tangibles, a lancé à l’ouverture de la Conférence le Secrétaire général de l’ONU,  M. António Guterres, qui a réclamé une « véritable révolution en termes d’assistance » à trois égards: une aide immédiate pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), un soutien pour mobiliser et optimiser les ressources nationales, et une réforme impérative du système financier mondial en créant un « nouveau Bretton Woods ».

Le Programme d’action de Doha est « un guide pratique » qui contient des objectifs concrets, a salué le Chef de l’ONU en citant le centre d’appui aux investissements internationaux en faveur des PMA, le Mécanisme de soutien au reclassement durable et l’université en ligne, qui doivent être mis en route conformément au Programme.  Ce sera « la feuille de route » pour résoudre les problèmes des PMA au cours de la prochaine décennie, a revendiqué l’Émir du Qatar, en sa qualité de Président de la Conférence.  M. Tamim bin Hamad Al-Thani a rappelé aux pays riches et développés leur responsabilité morale d’aider les PMA: « Ce n’est pas une faveur. »  En annonçant lui-même un don de 60 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre du Programme, l’Émir a invité les autres États Membres à suivre son exemple. 

Rappelant qu’une personne sur trois dans les PMA vit dans l’extrême pauvreté, le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, a plaidé pour que toutes les décisions aient un impact et que toutes les actions soient transformatrices.  « L’ère des promesses non tenues doit prendre fin maintenant », a martelé le Secrétaire général en exigeant que l’on accorde aux besoins des PMA la place qu’ils méritent: « au cœur de nos projets, au cœur de nos priorités et au cœur de nos investissements ».  Le Président de Djibouti, M. Ismaël Omar Guelleh, a même demandé que les PMA soient considérés comme « une zone d’investissements à fort rendement ». 

Représentant la jeunesse des 46 PMA, soit 226 millions de personnes, la jeune Reekelitsoe Molapo a exprimé combien ils sont impatients de réaliser leur potentiel, comme le thème de la Conférence –« du potentiel à la prospérité »- y appelle.  Elle a plaidé pour un partenariat avec les jeunes des PMA, de même que la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Lachezara Stoeva, a revendiqué un nouveau partenariat mondial avec ces pays.  Les PMA doivent donner le ton dans ce nouveau partenariat, a renchéri le Président Lazarus MacCarthy Chakwera du Malawi, pays qui préside le Groupe des pays les moins avancés.  

Les PMA ont été parmi les premiers à offrir leur soutien et leur solidarité à la Türkiye, a d’ailleurs souligné le Ministre turc des affaires étrangères en faisant référence aux deux séismes majeurs récents.  D’un autre côté, les pays développés n’ont pas été à la hauteur des attentes, a estimé le Président de la Zambie, M. Hakainde Hichilema, en exprimant la déception du « Sud global » face au non-respect des engagements de financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an.  Il a formé le vœu que la COP28, prévue cette année aux Émirats arabes unis, permette de rectifier le tir.

De plus, utiliser le PIB comme seul critère  de mesure du développement est apparu insuffisant.  « À chaque occasion, je plaide pour l’adoption mondiale d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle », a déclaré le Président des Seychelles, M. Wawel Ramkalawan.  Un souci que partage le Secrétaire général qui a appelé à trouver de nouvelles façons, pleines de bon sens, de mesurer l’économie des pays: par exemple en élaborant des critères de prêt qui vont au-delà du produit intérieur brut (PIB).

Le Président de la Sierra Leone, M. Julius Maada Bio, s’est pour sa part réjoui que certains pays aient pu quitter le statut de PMA depuis que s’est tenue en 1981 la Première Conférence dédiée à leur situation.  Toutefois, a-t-il nuancé, les inégalités structurelles mondiales persistantes, la pandémie, les tensions géopolitiques récentes, les vents contraires et les perturbations économiques mondiales ont inversé les gains que la plupart des PMA ont réalisés pour atteindre les ODD.  La Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a quant à elle exprimé sa fierté que son pays se soit qualifié pour un reclassement prévu en 2026.  « Tout cela, nous le devons en grande partie aux mesures de soutien internationales que nous avons négociées pour les PMA. »

Le matin, une cérémonie commémorative a suivi la séance d’ouverture, sur le thème « 50 années de PMA: construire une nouvelle génération de partenariats pour le progrès », sous la présidence de Mme Rabab Fatima, Haute-Représentante, Secrétaire générale de la Conférence LDC5 et avec la contribution notamment de musiciens yéménites et nigérians.

Outre la table ronde thématique de haut niveau tenue cet après-midi sur le thème « Investir dans les populations des pays les moins avancés pour ne laisser personne de côté », la Conférence a, dans la matinée, adopté son ordre du jour et élu les autres vice-présidents (Antigua-et-Barbuda, Bangladesh, Djibouti, Lettonie, Malte, Maroc, Mauritanie, Népal, Paraguay, Pologne, Portugal, République dominicaine et Slovénie), le Qatar ayant déjà été élu en tant que pays hôte.  Les vice-présidents du groupe des États d’Europe occidentale et autres états seront élus ultérieurement.  Le Rapporteur général de la Conférence sera M. Tumasie Blair (Antigua-et-Barbuda).

La Conférence se poursuivra demain, lundi 6 mars, avec la suite du débat général ainsi que deux tables rondes de haut niveau.

OUVERTURE DE LA CONFÉRENCE

M. TAMIN BEN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar et Président de la Cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés, a exhorté à résoudre les difficultés mondiales à la lumière de celles des pays les moins avancés (PMA), en particulier l’injustice de l’écart de développement entre ces pays et les pays riches industrialisés.  Notant que certains PMA ont réussi à s’en sortir, l’Émir a mis cette réussite sur le compte de la créativité des pays tout en interpellant les pays riches pour qu’ils s’engagent davantage.  Au passage, il a encouragé tous les pays du monde à tendre la main à la Türkiye et à la Syrie, deux pays qui subissent toujours les séquelles d’un séisme dévastateur.  Il faut venir en aide aux peuples turc et syrien, a insisté le Président de la Cinquième Conférence.  Il a aussi souligné l’importance de la solidarité internationale en faveur des PMA exigeant des solutions durables et efficaces.  « Cette conférence devra faire l’évaluation de ce qui a été fait depuis la Conférence d’Istanbul, c’est-à-dire depuis une décennie. »  Il n’en demeure pas moins que le Programme d’action de Doha devra être la feuille de route pour résoudre les problèmes des PMA au cours de la prochaine décennie, a revendiqué le Président de la Cinquième Conférence. 

L’Émir a insisté sur l’importance d’une bonne mise en œuvre, notamment par la mise en place de l’initiative de stockage d’aliments, de l’université en ligne, ainsi que par le renforcement de la résilience des PMA, l’encouragement des investissements et le soutien au reclassement de ces pays.  M. Al-Thani a rappelé aux pays riches et développés leur responsabilité morale d’aider les PMA.  Ce n’est pas une faveur, a-t-il fait savoir.  Il a en même temps souligné que les PMA eux-mêmes doivent créer des conditions propices en matière de stratégies, de plans et de législations nationales.  Les PMA ne sont pas responsables du passé, a-t-il fait valoir en exprimant leur besoin d’avoir des relations d’égal à égal avec les pays riches.  L’Émir du Qatar a surtout mis en exergue les besoins de sécurité et la nécessité d’atteindre la pleine sécurité alimentaire dans le monde, rappelant l’initiative mondiale des terres arides et la politique de pauvreté zéro du Secrétaire général de l’ONU.  Après avoir souligné la relation entre la paix et le développement, l’Émir a demandé à résoudre la crise de la dette et des changements climatiques.  Il a annoncé que son pays va donner 60 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre du Programme d’action de Doha et renforcer la résilience dans les PMA.  Il a invité les autres États à suivre son exemple. 

Dans ses remarques d’ouverture, le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé qu’il a fallu reporter soudainement cette conférence, qui devait avoir lieu en janvier 2022, à cause de la vague Omicron de la COVID-19.  Il y a vu un nouveau rappel du fait que le monde subit des changements constants et inattendus.  En effet, a-t-il dit, la guerre en Ukraine a depuis lors éclaté, avec un impact dévastateur non seulement sur les Ukrainiens mais aussi sur les pays les moins avancés (PMA), confrontés à la montée en flèche des prix des denrées alimentaires et de l’énergie alors que les tensions et les divisions dans le monde ne font que s’aggraver.  Compte tenu de cela, le Secrétaire général a appelé le monde à s’unir de nouveau, arguant qu’il n’y a peut-être pas de question plus cruciale autour de laquelle « nous pouvons et nous devons nous unir » que celle de transformer les mots du Programme d’action de Doha en résultats tangibles.  « Nous n’avons pas un instant à perdre. »

Pris au piège d’une marée montante de crises, d’incertitudes, de chaos climatique et de profonde injustice mondiale, les PMA n’ont pas les moyens de suivre l’évolution technologique ultra-rapide, a souligné le Secrétaire général en notant que leurs systèmes sont tendus, voire inexistants, qu’il s’agisse de la santé ou de l’éducation, en passant par la protection sociale, les infrastructures et la création d’emplois.  Le chômage augmente, surtout chez les jeunes, et les femmes sont mises à l’écart, a-t-il remarqué, sans compter que le système financier mondial profondément biaisé accorde aux PMA le plus mauvais des traitements.  Il a donné comme exemple les taux d’intérêts jusqu’à huit fois plus élevés que les PMA doivent payer par rapport aux pays développés.  Aujourd’hui, 25 économies en développement consacrent plus de 20% de leurs recettes publiques non pas à la construction d’écoles, à l’alimentation de leurs populations, ou encore aux opportunités offertes aux femmes et aux filles, mais uniquement au service de la dette, s’est-il indigné.

Fort de ce constat, le Secrétaire général a martelé que les PMA ont besoin d’une véritable révolution en termes d’assistance, à trois égards.  Tout d’abord, ils ont besoin d’une aide immédiate pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Pour ces pays, ces objectifs représentent la survie même, a-t-il affirmé sans ambages, que ce soit en termes d’éradication de la pauvreté, d’alimentation, de santé, d’eau potable ou d’assainissement.  Il a donc donné rendez-vous au Sommet sur les ODD de septembre prochain, qui, selon lui, sera un moment clef pour témoigner de l’engagement mondial en faveur de l’action.  À cette fin, il a rappelé avoir lancé un stimulus en faveur des ODD visant à fournir au moins 500 milliards de dollars américains par an aux pays en développement.  Il est également temps que les pays développés respectent leur engagement d’allouer entre 0,15 et 0,20% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), s’est-il impatienté.

Parallèlement le Secrétaire général a appelé à intensifier les efforts internationaux pour lutter contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites qui détournent les ressources nationales, en faisant remarquer que les pays à faible revenu perdent une proportion beaucoup plus importante de leurs recettes fiscales en raison d’abus fiscaux tout en étant ceux qui ont le moins d’influence sur les règles fiscales mondiales.  Ces pays, a-t-il souligné, ont besoin d’investissements massifs dans l’éducation et la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, dans les capacités manufacturières et technologiques et dans l’amélioration des infrastructures et des réseaux de transport.  Le Secrétaire général a en outre plaidé pour le renforcement des institutions des PMA, misant sur le Programme d’action de Doha qui est un guide pratique et qui contient des objectifs concrets tels qu’un centre d’appui aux investissements internationaux en faveur des PMA, un Mécanisme de soutien au reclassement durable et une université en ligne.  Il a donc appelé les partenaires de développement à soutenir la mise en œuvre de ces objectifs tangibles du Programme d’action de Doha.

En deuxième lieu, il a insisté sur l’impératif de réformer le système financier mondial en créant un « nouveau Bretton Woods ».  Les institutions financières internationales doivent développer des moyens créatifs pour étendre le financement là où les besoins sont les plus grands, a-t-il argué.  Cela signifie qu’il faut notamment développer le financement d’urgence et intégrer des clauses relatives aux catastrophes et aux pandémies dans les instruments de la dette.  Il est également temps d’accélérer la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) des pays les plus riches vers ceux qui ont le plus besoin d’aide.  Les banques de développement multilatérales devraient transformer leur modèle d’entreprise pour avoir un effet de levier massif en attirant des flux plus importants de financements privés à un coût raisonnable dans les pays en développement, en particulier les PMA, a encore proposé le Secrétaire général, qui a appelé à trouver de nouvelles façons, pleines de bon sens, de mesurer l’économie des pays: par exemple en élaborant des critères de prêt qui vont au-delà du produit intérieur brut (PIB) pour refléter une image fidèle de la valeur du capital naturel, comme la préservation des forêts, des bassins versants et des ressources marines.

Le troisième point du Secrétaire général porte sur la révolution en matière de soutien à l’action climatique dans les PMA.  Ces pays produisent moins de 4% des gaz à effet de serre mondiaux, mais hélas, près de sept décès sur dix liés aux catastrophes climatiques s’y produisent, a-t-il déploré en demandant aux pays développés d’accroître leur appui aux PMA pour les aider à s’adapter, à renforcer leur résilience aux changements climatiques et à passer plus rapidement aux énergies renouvelables.  Ils doivent honorer la promesse qu’ils ont faite de mobiliser 100 milliards de dollars en faveur des pays en développement et simplifier l’accès au financement de l’action climatique;  rendre opérationnel le fonds pour les pertes et dommages convenu à la dernière COP; honorer l’engagement de multiplier par deux le financement de l’adaptation; réalimenter le Fonds vert pour le climat à des niveaux plus ambitieux; et, d’ici cinq ans, appuyer la création de systèmes d’alerte précoce pour chaque personne dans le monde. 

En septembre, le Secrétaire général convoquera un sommet sur l’ambition climatique, a-t-il annoncé, qui sera l’occasion pour les gouvernements, les entreprises et la société civile de passer des paroles aux actes sur les engagements de zéro émission nette et de garantir une justice climatique aux populations qui sont les premières touchées.  Il a également plaidé pour un Pacte de solidarité climatique, afin de mobiliser un soutien financier et technique pour accélérer la transition des économies émergentes vers les énergies renouvelables et maintenir l’objectif de 1,5 degrés en vie.  « L’ère des promesses non tenues doit prendre fin maintenant », et pour cela, le Secrétaire général a exigé que l’on accorde aux besoins des PMA la place qu’ils méritent: « au cœur de nos projets, au cœur de nos priorités et au cœur de nos investissements ».

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a tout d’abord remercié le Gouvernement et le peuple du Qatar d’accueillir à Doha cette cinquième Conférence sur les pays les moins avancés (PMA).  Citant l’historien grec Plutarque, il a ensuite observé que « le déséquilibre entre riches et pauvres est la maladie la plus ancienne et la plus mortelle de toutes les communautés ».  De fait, a-t-il dit, cette conférence intervient à un moment où une action radicale pour transformer les économies des PMA n’a jamais été aussi urgente.  Selon les dernières données, et malgré tous les efforts déployés, une personne sur trois dans les PMA vit dans l’extrême pauvreté, a constaté M. Kőrösi.  Il a ajouté que ces pays fragiles subissent en outre les effets persistants de la pandémie, un « tsunami de dettes », une exposition aux catastrophes et une aggravation des inégalités.  Dans de nombreux PMA, les femmes, les filles, les minorités et d’autres groupes à risque se heurtent encore à d’importants obstacles en matière d’éducation, d’emploi et de soins de santé, a-t-il poursuivi, relevant qu’avant même l’arrivée de la pandémie, plus de la moitié des PMA étaient en situation de conflit actif.  Ces conflits seront exacerbés par les impacts désastreux des changements climatiques, a averti le Président de l’Assemblée générale, avant d’exprimer son inquiétude quant au fait que, d’ici à la fin de cette décennie, la demande en eau devrait dépasser l’offre de 40%. 

Se disant convaincu que tous les États Membres entendent tenir la promesse du Programme 2030 et transformer les économies des PMA, M. Kőrösi a souhaité que cette conférence soit l’occasion de décider de mesures de soutien international supplémentaires.  Il a plaidé pour l’établissement de partenariats renouvelés entre les PMA et les partenaires au développement en vue de surmonter les défis structurels, d’éradiquer la pauvreté, d’atteindre les objectifs de développement durable et de permettre à de plus en plus d’États de sortir de la catégorie des PMA.  Pour cela, il est impératif que les pays se sentent véritablement concernés par le Programme d’action de Doha, a-t-il affirmé, invitant les partenaires de développement à aider les PMA à surmonter leurs vulnérabilités.  Quarante-deux ans après l’adoption à Paris du Nouveau programme global d’action en faveur des pays les moins avancés, dont l’ambitieux objectif était de changer radicalement la situation socioéconomique des PMA, nous devons enfin être responsables des promesses que nous avons faites, a souligné le Président de l’Assemblée générale.  « Si nous soutenons de véritables partenariats et exploitons la technologie et l’innovation, nos objectifs peuvent encore être atteints d’ici à 2030. » Il a souhaité, pour y parvenir, que toutes les décisions aient un impact et que toutes les actions soient transformatrices.  Ce progrès ne sera pas facile, mais je ne vois sincèrement pas de meilleure option pour l’humanité, a-t-il conclu, assurant être prêt avec son équipe à accompagner les PMA sur leur « chemin historique ». 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé que cette conférence offre l’occasion de veiller à ce que, grâce à un nouveau partenariat mondial, les pays les moins avancés (PMA) soient en mesure d’atteindre les objectifs de développement cruciaux d’ici à 2030.  « Nous avons la responsabilité collective de renforcer leurs efforts de développement et de les faire tendre vers une croissance économique durable pour que tous vivent dans la paix et la prospérité », a-t-elle affirmé.  Voyant dans le Programme d’action de Doha une « nouvelle alliance multipartite pour les PMA », façonnée par l’engagement de ces pays et de leurs partenaires de développement, mais aussi des gouvernements à tous les niveaux, du secteur privé et de la société civile, elle a jugé que le système des Nations Unies est essentiel à la réalisation de cet accord « ambitieux ». 

À mi-chemin des objectifs de développement durable (ODD), nous devons tirer parti des synergies entre le Programme d’action de Doha et le Programme 2030, a plaidé Mme Stoeva.  Selon elle, ce n’est qu’en accélérant la mise en œuvre des six domaines prioritaires du Programme d’action que nous pourrons surmonter les impacts des crises en cours et retrouver un élan dans la réalisation du Programme 2030 dans les PMA.  Mais l’action d’urgence doit être complétée par des efforts à plus long terme pour assurer une reprise durable, a-t-elle ajouté, se félicitant à cet égard que de nombreux PMA soient sortis ou en train de sortir de la catégorie des PMA.  Si leur reclassement est une « étape importante pour le développement », il doit être irréversible, ce qui nécessite un soutien spécifique à chaque pays de la part de la communauté internationale, a souligné la Présidente de l’ECOSOC. 

Mme Stoeva a rappelé que tous les PMA sont vulnérables à la hausse des prix et aux contraintes d’approvisionnement en denrées alimentaires et en carburant.  De surcroît, le resserrement des conditions financières a réduit leur capacité à investir dans le développement durable et à faire face aux impacts des changements climatiques.  Pour inverser la tendance et sauver les ODD, le Secrétaire général a proposé une relance mondiale des ODD, a-t-elle souligné, exhortant la communauté internationale à se mobiliser et à donner suite à son engagement d’offrir des financements adéquats aux PMA.  Considérant que les programmes d’allégement de la dette devraient être accessibles à tous les PMA, elle a estimé que le financement public concessionnel du développement aurait dû être augmenté depuis longtemps.  De même, a-t-elle soutenu, catalyser des flux d’investissement plus élevés dans les infrastructures physiques et sociales peut stimuler la croissance verte et le développement humain, renforçant ainsi la résilience de ces pays aux chocs et aux catastrophes.  En cette année critique pour le Programme 2030, le Sommet sur les objectifs de développement durable, programmé en septembre, sera l’occasion de réorganiser nos efforts en faveur des ODD, a conclu la Présidente de l’ECOSOC, pour qui « la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Doha sera essentielle si nous voulons réussir ».

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi et Président du Groupe des pays les moins avancés, a demandé une nouvelle ère de coopération d’égal à égal entre les PMA et les pays riches et développés.  Selon le Président, les PMA doivent donner le ton dans ce nouveau partenariat.  Il a exhorté à protéger l’élan créé depuis Doha pour qu’il ne connaisse pas le même sort que le Programme d’action d’Istanbul.  Nous avons déjà les ODD, a dit le Président rappelant l’avenir radieux que le Programme 2030 offre.  Il faut achever ce qui a été commencé, a encouragé le Président du Groupe des PMA. 

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, rappelant que son pays défend la cause des PMA depuis 1974, a exprimé sa fierté qu’il se soit qualifié pour un reclassement prévu en 2026.  Le Bangladesh, a-t-elle précisé, est le seul PMA parmi les 50 plus grandes économies du monde en termes de PIB.  Il a en outre réduit son taux de pauvreté de 31,5% à 20% en une décennie et est devenu internationalement reconnu pour la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques.  Par ailleurs, a précisé la Première Ministre, les mesures de protection sociale représentent 16,75% de notre budget total et nous sommes au premier rang en Asie du Sud pour ce qui est de la réduction des disparités entre les sexes.  Après avoir consacré 6,15% de son PIB à 28 plans de relance pendant la période pandémique, le pays affichait en 2021-2022 une croissance économique de 7,10% et le revenu par habitant a triplé en une décennie, atteignant 2 824 dollars. 

Le Bangladesh est désormais un partenaire fiable dans la chaîne d’approvisionnement internationale, mais aussi une économie numérique à croissance rapide et une plaque tournante régionale pour la connectivité et la logistique, a poursuivi Mme Hasina.  Tout cela, nous le devons en grande partie aux mesures de soutien internationales que nous avons négociées pour les PMA, a-t-elle expliqué, précisant par exemple que l’accès en franchise de droits obtenu de la plupart des économies développées et émergentes a aidé le secteur privé de son pays à bâtir une base manufacturière solide.  De même, les dérogations aux brevets prévues dans le cadre de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce nous ont permis de répondre localement à 98% de nos besoins pharmaceutiques, tandis que les exemptions prévues par d’autres accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) nous ont permis de stimuler la production agricole et de lutter contre la faim et la malnutrition.  Évoquant également l’apport de l’assistance technique internationale, la dirigeante a appelé à un soutien soutenu pour aider les PMA à doubler leur part du commerce mondial.  Les objectifs d’aide publique au développement (APD) pour les PMA des pays développés doivent aussi être atteints, a-t-elle plaidé en invitant les institutions financières internationales à soutenir la viabilité de la dette des PMA.  De plus, le financement climatique des PMA doit être flexible et prévisible, le transfert de technologie vers ces pays doit être tangible, et nos travailleurs migrants ont besoin de protection, a-t-elle encore préconisé.  Relevant que la pandémie puis la guerre en Ukraine ont porté un coup dur à leurs économies, Mme Hasina a fait observer qu’à cela s’ajoutent la crise climatique et les conflits de longue date dans certains PMA.  Au Bangladesh, nous accueillons 1,2 million de Rohingya déplacés de force depuis le Myanmar sans solution immédiate, a-t-elle rappelé.  Dans un tel contexte, le Programme d’action de Doha est selon elle une « nouvelle source d’espoir » pour les pays les plus vulnérables du monde.  Dans ce cadre, la communauté internationale doit transformer structurellement les PMA et faire bénéficier les « sortants » de mesures de soutien pendant une période prolongée, a-t-elle affirmé.  Les PMA « ne demandent pas la charité », a conclu la Première Ministre.  « Ils souhaitent simplement que les engagements pris soient tenus. » 

M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre des affaires étrangères de Türkiye, qui a lu l’allocution du Président Recep Tayyip Erdogan, resté en Türkiye pour superviser les efforts de secours après deux séismes majeurs, a expliqué que pour son pays, le développement durable des PMA est une priorité absolue.  Le Président Erdogan est confiant que cette conférence constituera une étape importante dans la mise en place d’un nouveau partenariat mondial qui garantira aux PMA un développement social, économique et environnemental, mais aussi une coopération afin que le système économique et financier mondial ne crée davantage d’inégalités.  « Cet engagement doit permettre aux PMA de ne pas être freinés par des décisions prises bien au-delà de leurs frontières. »

Rappelant que le 6 février dernier, deux tremblements de terre catastrophiques ont secoué le sud-est de la Türkiye, M. Erdogan salue la solidarité internationale manifestée à l’égard de son pays.  Les PMA ont été parmi les premiers à offrir leur soutien et leur solidarité durant ces jours si sombres, et le Président les remercie pour cette main tendue qui était, dans certains cas, un sacrifice important en soi.  Soulignant la vulnérabilité extrême des PMA face aux changements rapides et aux crises dans le monde, le Président estime qu’il s’agit d’une responsabilité collective de soutenir leur développement, a poursuivi le représentant.  Pour sa part la Türkiye, en tant que partenaire de longue date et fiable des PMA, fait de son mieux et reste engagée, explique-t-il, en rappelant notamment qu’elle avait accueilli la Conférence PMA-IV à İstanbul en 2011, qui a fixé une feuille de route sur 10 ans, puis la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’İstanbul en 2016 à Antalya.  La Türkiye, avec la Belgique, est également coprésidente du Groupe des amis des PMA aux Nations Unies et elle accueille la banque de technologie, la seule agence des Nations Unies qui se consacre exclusivement à ces pays.  C’est aussi l’un des pays les mieux classés en termes d’aide au développement et d’aide humanitaire et elle contribue aux efforts des PMA dans de nombreux domaines, notamment le renforcement des capacités, précise le Président.

Nous ne pouvons pas laisser les PMA en situation de marginalisation, déclare encore M. Erdogan, en appelant à agir sans tarder en matière de sécurité alimentaire.  À ce sujet, il évoque l’Initiative céréalière de la mer Noire, négociée par son pays avec l’ONU, l’Ukraine et la Russie, et les efforts en cours pour sa bonne mise en œuvre et son extension.  Selon le Président turc, l’on ne peut plus tolérer qu’il existe aujourd’hui deux mondes séparés par un fossé numérique et technologique.  Il appelle à briser les cercles vicieux qui rendent le développement difficile, en particulier en réformant le système économique et financier mondial, et à trouver des moyens de lutter contre les changements climatiques qui affectent le plus durement les PMA.  Soulignant que le Programme d’action de Doha s’inscrit dans le droit fil des engagements du Programme d’action d’Istanbul et offre des perspectives pour renforcer la résilience, le Président invite toutes les nations à y souscrire et à intensifier les efforts internationaux. 

Mme REEKELITSOE MOLAPO, représentante de la jeunesse d’un pays moins avancé, au nom des 226 millions de jeunes des 46 PMA, a souligné leur engagement dans cette Cinquième Conférence des Nations Unies et leur fierté de faire partie du processus du Programme d’action de Doha.  Ceux qui sont ici aujourd’hui ont l’intention de porter leur voix et de faire partie des solutions aux problèmes auxquels sont confrontés ces pays, a témoigné la représentante.  Elle a dit rêver de connaître une réalité différente de celle des 28 années qu’elle a passées dans un pays moins avancé et espéré que lorsque le Programme d’action de Doha arrivera à son terme, il y aura eu de vrais changements, davantage d’opportunités et d’égalité des chances.

Ne voulant pas s’attarder sur les défis qui accablent les PMA, Mme Molapo a tenu à souligner le courage et l’audace de leur jeunesse et de ses aspirations.  Des aspirations qui incluent l’accès à un emploi décent et à une éducation de qualité, et l’esprit d’entreprise.  Des aspirations à vivre dans des sociétés justes, fortes, durables et égalitaires entre les sexes.  La jeune femme a évoqué des sociétés où les jeunes ont les moyens de réaliser tout leur potentiel et où ils sont reconnus comme des détenteurs de droits et des acteurs clefs du changement.  Les jeunes des PMA sont dynamiques et innovants, a-t-elle affirmé, et ils sont résilients parce qu’ils doivent l’être.  Ils ne se contentent pas de parler des problèmes auxquels ils sont confrontés, mais agissent en conséquence, a-t-elle assuré, notamment pour ce qui est de la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a cité l’exemple concret de Murielle Mpengekese, du Burundi, qui crée des emplois pour les jeunes vulnérables. 

Aux décideurs et chefs d’État présents dans la salle, Mme Molapo a demandé d’accélérer sans plus tarder leur action sur les problèmes auxquels sont confrontés leurs pays; de créer des environnements propices à l’épanouissement des jeunes; de reconnaître leur potentiel et d’investir d’urgence dans la jeunesse, socialement et financièrement; et d’inclure systématiquement les jeunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, arguant que son succès en dépend.  Quant aux jeunes, elle les a priés de renforcer toujours plus leur impact et d’agir de façon stratégique: « militants et manifestants quand il le faut, mais aussi prêts à s’infiltrer dans les espaces où ils peuvent influencer les politiques, les agendas et les structures ».  En fin de compte, pour passer du « potentiel à la prospérité » et réaliser le Programme 2030, il faut que tout le monde soit sur le pont, et cela passe par un partenariat avec les jeunes des PMA, a-t-elle conclu. 

DÉBAT GÉNÉRAL

M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a rappelé que depuis l’établissement de la catégorie des PMA quatre plans décennaux se sont succédé.  Aujourd’hui, 50 ans plus tard, « les mesures internationales mises en place pour accompagner les PMA n’ont pas produit les résultats escomptés », a-t-il regretté.  De plus, l’objectif d’accélération de la sortie de la catégorie des PMA se heurte à une multitude de défis.  « Les indicateurs montrent que les crises exogènes ont brutalement heurté les efforts des PMA. »  Le Président a appelé les partenaires bilatéraux et multilatéraux à tenir compte de ces facteurs dans la formulation de leur stratégie de soutien aux PMA.  Ces derniers ne doivent plus être limités à la seule catégorie de pays récipiendaires d’aides.  « Cette vision étroite, étriquée, débilitante doit être changée », a-t-il martelé.  « Les PMA doivent être considérés comme une zone d’investissements à fort rendement. » 

Dès lors, a estimé M. Guelleh, il faut s’attaquer aux failles d’un système multilatéral commercial qui ne joue pas sa fonction de développement et ne favorise pas la solidarité internationale en faveur des plus vulnérables.  D’après lui, les États membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent se réengager à mettre en œuvre toutes les décisions de ses conférences ministérielles prises en faveur des PMA, notamment en ce qui concerne l’accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent sur une base durable pour tous ces pays.  En outre, les engagements en matière d’aide publique au développement doivent être respectés.  Le Président a terminé en énumérant le vaste chantier entrepris par son gouvernement pour permettre une transformation durable de l’environnement socioéconomique de Djibouti. 

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a souligné que le monde a radicalement changé depuis la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA et l’adoption de la Déclaration politique d’Istanbul et du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020.  Depuis lors, seuls trois pays sont sortis du statut de PMA, a-t-il rappelé.  Selon lui, tous les gouvernements et les partenaires doivent réagir de manière décisive pour relever les défis auxquels nous sommes collectivement confrontés.  Il a indiqué que 25% des PMA sont des petits États insulaires en développement (PEID).  Les Seychelles ne sont pas un PMA, a-t-il rappelé, notant que sa présence dans cette salle est en fait un signe de solidarité, et un soutien régional et mondial pour « nos frères PEID et africains ».  Il a expliqué que les facteurs qui entravent le développement des PMA et des PEID sur tous les continents et les régions sont de nature similaire, malgré leur potentiel de croissance et de développement rapide.  Ce potentiel pourrait être réalisé si nous avions un accès égal aux ressources et opportunités qui conduisent à la croissance économique et à la stabilité et améliorent la vie des citoyens, a—t-il estimé.

L’objectif de sortir de la catégorie des PMA et d’atteindre les ODD n’a jamais été aussi difficile face à des crises existentielles comme celle des changements climatiques, a poursuivi le Chef de l’État.  Le soutien doit être étendu pour que ces pays puissent poursuivre leurs progrès et il faut veiller à ce que les relations traditionnelles donateur-bénéficiaire se transforment en partenariats mutuels.  « Des pays comme le nôtre continuent de rester vulnérables malgré leur passage au statut de pays à revenu élevé. ».  Les changements climatiques menacent nos moyens de subsistance et notre existence, quelles que soient les conditions économiques, a témoigné M. Ramkalawan.  La principale différence est que de nombreux pays développés ont les moyens de construire leur résilience face aux catastrophes et aux chocs extérieurs.  « Nous ne pouvons pas continuer à compter sur des solutions temporaires pour remédier aux défaillances systémiques et aux lacunes des mécanismes de coopération au développement existants », a argué le Président.  Le temps est venu pour les organisations internationales telles que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les banques multilatérales de développement de cesser d’utiliser uniquement le PIB par habitant comme mesure du développement, restreignant ainsi l’accès aux financements concessionnels pour les besoins de développement.  « C’est pourquoi, à chaque occasion, je plaide pour l’adoption mondiale d’un indice multidimensionnel de vulnérabilité », a-t-il justifié.  Il a également souligné l’importance de la coopération Sud-Sud, car la solidarité et l’unité entre les pays du Sud permettra des partenariats plus solides et durables. 

Mme NATAŠA PIRC MUSAR, Présidente de la Slovénie, a souligné la vulnérabilité extrême des PMA face aux crises mondiales, y compris la pandémie de COVID-19, les changements climatiques et les crises alimentaire et énergétique.  La réduction de la pauvreté dans le monde en est affectée tandis l’écart avec les PMA ne cesse de se creuser, a-t-elle averti.  Par conséquent, la Présidente a insisté sur l’urgence d’actions mondiales coordonnées, fondées sur la solidarité et le principe de responsabilité commune mais différenciée.  À ses yeux, l’appropriation du leadership en termes de développement incombe en premier lieu aux PMA qui doivent toutefois pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale.  La Slovénie, a-t-elle assuré, sera un partenaire du développement à cet égard. 

Abordant le thème de la science, de la technologie et du développement, la Cheffe de l’État a défendu l’idée que le développement des PMA doit s’accompagner d’investissements et de soutien technologique, tout en mettant en garde contre le risque des utilisations malveillantes des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle.  La voie vers le développement suppose en outre que les principes de non-discrimination et d’inclusion soient respectés pour ne laisser personne de côté, et il faut veiller également à la réalisation des droits humains des femmes et des filles et à l’égalité des sexes, a poursuivi Mme Musar.  « Nous avons tous la même planète », a-t-elle conclu en appelant la communauté internationale à s’engager de manière sincère pour réaliser ses objectifs communs, à commencer par ceux du Programme d’action de Doha. 

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a déclaré que depuis le 30 mars 2016, son pays connaît des avancées remarquables dans la lutte contre la pauvreté, l’état de droit, la lutte contre l’impunité, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, entre autres.  Cependant, a-t-il déploré, tous ces efforts sont amenuisés par l’embargo « injuste et illégitime » imposé depuis 10 ans sur les armes et les diamants.  Selon lui, le pays est victime de visées stratégiques liées à ses ressources naturelles.  Le Président s’est interrogé sur le point de savoir comment les PMA peuvent-ils passer « du potentiel à la prospérité » s’ils restent confrontés aux ingérences étrangères qui les maintiennent dans la dépendance, l’insécurité et l’instabilité?  La République centrafricaine, dotée d’un immense trésor géologique de plus de 470 indices miniers dont l’or, le diamant, l’uranium et les matières premières stratégiques, a-t-il rappelé, est soumise depuis son indépendance à un « pillage systématique », facilité par l’instabilité politique entretenue par « certains pays occidentaux ou leurs compagnies qui financent des groupes armés terroristes dont les principaux leaders sont des mercenaires étrangers ». 

Comment un PMA peut-il passer du potentiel à la prospérité sans un accompagnement financier et technique des partenaires internationaux? a encore demandé le Président centrafricain en dénonçant la pression de certaines puissances occidentales ayant suspendu leur aide budgétaire.  Il a condamné les campagnes de désinformation et de diabolisation menées par certains médias étrangers en vue de décourager les investisseurs sérieux.  Le peuple centrafricain est « pris en otage » et ses efforts pour atteindre les ODD sont sérieusement compromis par des visées géostratégiques auxquelles il est totalement étranger, a fustigé M. Touadera.  Il a terminé en demandant la levée des mesures de suspension de l’aide budgétaire contre son pays.  Il a en outre sollicité la mobilisation des PMA pour soutenir sa demande de levée totale de l’embargo sur les armes et les diamants afin de permettre au Gouvernement de disposer de ressources financières nécessaires à la réalisation de son plan national de défense et de sécurité et de ses programmes de développement.

M. MAHAMAT IDRISS DÉBY ITNO, Président du Tchad, s’est réjoui que cette conférence offre l’opportunité d’échanger sur les vrais obstacles qui entravent le développement des PMA, tout en permettant aux partenaires d’évaluer leurs engagements.  Sur le plan national, a-t-il indiqué, la mise en œuvre du Programme d’action de Doha 2022-2031 s’inscrit dans la Vision 2030 de son pays et les mécanismes qui en découlent, notamment le plan national de développement 2024-2028.  De l’avis du Chef de l’État, les PMA comme son pays fournissent d’énormes efforts qui devraient être soutenus par la mise à disposition de plus de ressources concessionnelles.  Pour atteindre les objectifs fixés par le Programme d’action de Doha, le Tchad s’est engagé sur la voie du développement, a-t-il dit, et le Gouvernement de transition a mis l’accent sur l’inclusion de la jeunesse, la modernisation de la fonction publique, la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Assurant que le Tchad dispose d’énormes potentialités qui ne sont pas encore exploitées, il a réitéré son engagement à accorder des facilités à tous ceux qui voudront investir dans son pays.  Le Président a ainsi encouragé les capitaux privés et publics à saisir les opportunités qu’offrent les « zones économiques spéciales » qui viennent d’être créées dans plusieurs provinces du Tchad.  Dans cette perspective, il a milité en faveur du développement de marchés sous-régionaux ainsi que pour la mise en œuvre effective de la zone de libre-échange continentale africaine. 

Le Président a cependant reconnu que des obstacles entravent cette dynamique positive, notamment les catastrophes naturelles découlant des changements climatiques, un phénomène dont les PMA subissent de plein fouet les conséquences néfastes sans en être la cause.  Il a également cité les conséquences de la pandémie de la COVID-19, les défis sécuritaires posés par le terrorisme dans la région et le poids de la pression humanitaire avec l’accueil de près de 600 000 réfugiés et de plus de 400 000 personnes déplacées internes.  À ses yeux, la rencontre de Doha ne doit pas être un « nouveau forum de déclarations sans effet ».  Les populations des PMA, a-t-il conclu, veulent des actes concrets qui impactent positivement leur quotidien. 

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a mis l’accent sur les acquis en termes d’ODD, mais aussi sur les défis rencontrés et les réorientations politiques nécessaires pour faciliter une transformation structurelle de son pays.  Pour le Timor-Leste, les voies menant à la sortie de la catégorie des PMA et au développement durable sont clairement identifiées dans son plan de développement stratégique.  Ainsi devrait-il devenir un pays à revenu moyen supérieur, avec une population éduquée et en bonne santé, d’ici à 2030.  Il s’agit, a précisé le Président, de développer et diversifier l’économie pour qu’elle soit moins dépendante des revenus du pétrole et du gaz; d’améliorer les infrastructures pour connecter les personnes et les marchés; de former une main d’œuvre qualifiée et de promouvoir la protection sociale des membres les plus vulnérables de la société.  Si le Timor-Leste a obtenu des résultats significatifs dans certains domaines clefs du développement au cours des deux dernières décennies, le Président est bien conscient qu’il va encore falloir relever plusieurs défis.  Par exemple, malgré une baisse significative de la pauvreté, la pauvreté multidimensionnelle reste élevée à 45,8% et la pandémie de COVID-19 a miné les progrès.  Sur le plan des améliorations, par exemple, le nouveau port moderne entièrement automatisé de Tibar Bay a commencé à fonctionner fin 2022 et un projet de système de câble sous-marin à fibres optiques reliant Darwin au Timor-Leste a été lancé. 

M. Ramos-Horta a reproché aux partenaires du développement des PMA leur tendance à rejeter la responsabilité des échecs sur le partenaire bénéficiaire et à ne pas remettre en question leurs propres programmes d’aide.  De plus, a-t-il dit, les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD) ne se sont jamais remis de la crise financière de 2008 et « plus personne ne parle du mirage des 0,7% du PIB national alloué à l’APD ».  Les budgets de développement ont selon lui été détournés vers la crise des réfugiés en Europe et la lutte contre l’extrémisme violent.  « Les bailleurs de fonds n’ont fait preuve ni de cœur, ni d’humanité, ni de sagesse en annulant ou en restructurant les dettes des pays fragiles, des PMA et des pays à haut risque », s’est emporté le Président.  « Comme si la pandémie de COVID-19 et les catastrophes naturelles ne suffisaient pas, nous nous sommes réveillés avec la folie de la guerre en Ukraine qui se répercute dans le monde entier », a poursuivi M. Ramos-Horta.  De plus, comme pour de nombreux autres PMA, les changements climatiques constituent une menace existentielle.  La baisse des recettes publiques provenant du pétrole et du gaz ont aussi compromis la sortie du pays de la catégorie des PMA et sa progression vers les ODD, a poursuivi le dirigeant.  En conclusion, il a plaidé pour que les partenaires du développement aident notamment les PMA dans leur transition vers des infrastructures énergétiques à faible émission de carbone.  Il a également appelé la CNUCED à leur accorder une attention particulière dans le cadre des zones économiques spéciales. 

M. IBRAHIM MOHAMED SOLIH, Président des Maldives, a rappelé que son pays a été le troisième PMA à obtenir son reclassement, avant de qualifier de « doux-amer » ce passage de PMA à la catégorie de pays à revenu intermédiaire.  Tout en saluant le fait que son peuple soit libéré de la pauvreté qui va de pair avec le sous-développement, il a reconnu que son pays « n’a pas été en mesure de réaliser pleinement la promesse de prospérité que la sortie de la catégorie de PMA est censée impliquer ».  À ses yeux, le problème réside dans le fait que le processus de reclassement ne tient guère compte des vulnérabilités sous-jacentes que les petits États continuent d’avoir malgré l’amélioration de leurs performances économiques globales.  Une fois reclassées, les Maldives ont ainsi dû lutter pour s’assurer que certains des avantages dont elles bénéficiaient en tant que PMA ne soient pas interrompus.  De l’avis du Président, certains de ces avantages auraient dû rester en place pour minimiser l’impact des vulnérabilités propres aux petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien.  Des vulnérabilités qui, a-t-il expliqué, découlent de leur taille géographique et de leur dispersion, de leur fragilité face aux changements climatiques, de leur manque de diversification économique, d’un accès insuffisant au financement du développement et des chocs géopolitiques.  Pour les PEID, ces vulnérabilités extrêmes, qui persistent bien après le reclassement, peuvent avoir pour conséquence d’anéantir des décennies de progrès et de développement, a souligné le Président, rappelant que le tsunami asiatique de 2004 a frappé son pays alors qu’il s’apprêtait à quitter la catégorie des PMA.  Depuis, la pandémie a fait des Maldives, pays à revenu intermédiaire supérieur, « un pays sans revenu pendant trois mois ».  Et alors que le pays progressait dans sa relance post-COVID-19, le conflit en Europe a fait grimper les prix des matières premières et perturbé les chaînes d’approvisionnement. 

Le Président a ensuite noté qu’aucun des pays reclassés n’a jamais atteint de manière satisfaisante le seuil de l’indice de vulnérabilité, qui est pourtant l’un des trois critères retenus pour ce processus.  Selon lui, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle actuellement discuté par l’Assemblée générale aiderait grandement à surmonter ce défi.  Il permettrait en effet d’examiner la vulnérabilité d’un pays au-delà de son PIB par habitant et d’évaluer sa résilience aux chocs, a-t-il fait valoir, appelant les institutions financières internationales à aller au-delà d’une mesure du développement fondée en grande partie sur le revenu national.  Le Président a également fait remarquer que les PMA et les PEID sont touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques, sans pour autant avoir accès à un financement adéquat, durable et prévisible pour prendre des mesures d’adaptation, réduire leurs émissions et renforcer leur résilience.  Il a donc appelé le monde développé à tenir sa promesse de financement collectif de 100 milliards de dollars par an et d’accélérer la création du fonds pour les pertes et dommages, décidée lors de la COP27.  Enfin, après avoir plaidé pour un renforcement de la gouvernance et des institutions des PMA, il a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir la mise en œuvre du Programme d’action de Doha. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, s’est félicité que certains pays aient pu quitter le statut de PMA depuis que s’est tenue en 1981 la première conférence des Nations Unies dédiée à leur situation.  Toutefois, a-t-il nuancé, les inégalités structurelles mondiales persistantes, la pandémie de COVID-19, les tensions géopolitiques récentes, les vents contraires et les perturbations économiques mondiales ont inversé les gains que la plupart des PMA ont réalisés pour atteindre les ODD.  Par conséquent, la plupart des PMA n’ont pas réussi à accéder au statut de pays à revenu intermédiaire, a constaté le Chef d’État, non sans rappeler que 14% de la population mondiale vit dans les PMA et continue de lutter contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, des soins de santé médiocres et d’autres défis structurels.  Appelant à intensifier les efforts internationaux et nationaux pour remédier de toute urgence au sort de ces pays fragiles, il a plaidé en particulier pour un allégement de la dette et pour des investissements dans la connectivité et les infrastructures qui soutiennent la diversification économique.  Il a également invité les acteurs régionaux et mondiaux à soutenir les écosystèmes de paix partagée tout en adhérant à des principes d’efficacité de l’aide tels que le respect de l’appropriation et du leadership des pays.  Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons passer « du potentiel à la prospérité », a-t-il estimé, assurant que le thème de cette cinquième Conférence sur les PMA résonne avec les aspirations de la Sierra Leone.  Nous sommes déterminés à mettre en œuvre des stratégies nationales conformes au Programme d’action de Doha pour la décennie 2022-2031, a indiqué le Président, avant de s’engager, à titre national, à faire progresser le développement du capital humain en investissant dans les personnes grâce à une éducation, des soins de santé et une sécurité alimentaire de qualité.  Il a par ailleurs promis de s’attaquer aux vulnérabilités et à l’exclusion des femmes, des filles, des jeunes, des seniors et des personnes handicapées, tout en intensifiant l’inclusion financière, le développement des compétences, la création d’emplois et la protection sociale.

M. ABDEL-FATTAH ALBURHAN ABDELRAHMAN AL-BURHAN, Président du Soudan, a estimé qu’à mi-parcours de la réalisation du Programme 2030, l’évaluation de la mise en œuvre des objectifs de développement durable est essentielle pour relever les défis qui freinent les aspirations des peuples.  Dans cet esprit, le Soudan accorde une grande importance au développement et déploie de vastes efforts pour atteindre les ODD, a affirmé le Chef d’État, indiquant à cet égard que le Gouvernement soudanais de transition a établi dès 2019 un budget national fondé sur ces objectifs.  C’est ainsi, a-t-il dit, que les ressources budgétaires allouées à l’éducation et à la santé ont dépassé celles consacrées à la défense.  Ces efforts se doublent de discussions avec les autorités américaines pour que le Soudan soit retiré de la liste des États parrainant le terrorisme, a-t-il ajouté. 

Le Président a ensuite fait état du lancement de réformes économiques et sociales destinées à garantir au pays une trajectoire de croissance diversifiée.  À ce propos, le Président soudanais a déclaré apprécier les efforts de la communauté internationale en appui à ces réformes, notamment dans le domaine bancaire.  Rappelant par ailleurs que les PMA figurent parmi les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, il a averti que ce phénomène entraîne des afflux de réfugiés au Soudan et entrave le développement du pays.  Cette pression migratoire, favorisée par la situation géographique du Soudan, exige que la communauté internationale partage ce fardeau, a-t-il plaidé, avant d’appeler à l’établissement de partenariats entre son gouvernement et les partenaires de développement pour rechercher des solutions innovantes aux différentes crises qui affectent le Soudan et préparer la fin de la période de transition. 

M. MOHAMED YOUNIS A. MENFI, Président du Conseil présidentiel de la Libye, a appelé à renforcer et repenser les mécanismes internationaux pour permettre aux PMA de surmonter les obstacles à leur développement et de pleinement réaliser leur potentiel.  Ces pays possèdent des ressources considérables qui peuvent permettre leur développement à condition que des mesures appropriées soient prises, a-t-il fait valoir, avant d’annoncer le soutien de la Libye au Programme d’action de Doha.  Il a insisté sur l’impératif de réduire le fossé numérique et technologique entre le monde développé et en développement y voyant un frein majeur.  La communauté internationale doit accorder la priorité au soutien multidimensionnel à apporter aux PMA pour faciliter la mise en œuvre tangible du Programme d’action de Doha, a-t-il estimé avant de demander à l’ONU de préparer une feuille de route à cet effet.  Malgré les circonstances exceptionnelles que la Libye connaît, le pays facilite le commerce des pays sans littoral en passant par son territoire, a-t-il expliqué.  Abordant aussi la question de la migration illégale, le Président a appelé les pays africains d’origine et de transit à encourager les réfugiés à rester dans leurs pays d’origine, ceux-ci devant miser sur le développement et les opportunités d’emploi.  Cela exige un système financier international plus juste, qui allège le fardeau de la dette des PMA, a-t-il exigé, en souhaitant qu’il facilite aussi leur reclassement.  À ce sujet, le représentant a mis en question le manque de progrès depuis la création de la catégorie des PMA.  Il a plaidé pour une action collective de la part de tous les partenaires internationaux pour parvenir aux objectifs visés par le Programme d’action de Doha.

M. HAKAINDE HICHILEMA, Président de la Zambie, a indiqué que l’adoption à l’unanimité du Programme d’action de Doha, au cours de la première partie de cette conférence, a constitué une « lueur d’espoir » pour la transformation structurelle des PMA.  Cependant, la mise en œuvre de ce plan ambitieux implique de galvaniser les engagements multipartites à tous les niveaux, a-t-il affirmé, constatant que les écarts de développement mondial sont particulièrement prononcés dans les PMA.  Dans le contexte actuel de crises multiples, le Chef d’État s’est fait l’écho de l’appel du « Sud mondial » pour une prise en compte des vulnérabilités liées à la dette et une atténuation des défis climatiques et des chocs économiques.  Saluant le rôle « catalytique » que joue les Nations Unies dans la promotion de la coopération Sud-Sud et triangulaire, il a plaidé pour une réforme du système financier international qui tient compte des besoins des PMA.  « Nous vivons dans un monde où les financements ne viennent pas là où les besoins sont les plus grands », a-t-il déploré, souhaitant que cette question soit à l’ordre du jour du dialogue de haut niveau sur le financement du développement, prévu en septembre. 

Évoquant ensuite la vulnérabilité des PMA aux changements climatiques, le Président zambien a applaudi les avancées réalisées lors de la COP27, notamment la création d’un fonds pour les pertes dommages.  Il a néanmoins exprimé la déception du « Sud mondial » face au non-respect par les pays développés de leur engagement de financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an.  Il a formé le vœu que la COP28, organisée cette année aux Émirats arabes unis, permettra de rectifier le tir, en mettant l’accent sur le nécessaire doublement du financement de l’adaptation.  Enfin, après avoir énuméré les mesures prises par son pays pour soutenir la transformation structurelle et la diversification économique, il a appelé à des partenariats et des investissements mondiaux pour aider les PMA à se reclasser durablement et à passer véritablement « du potentiel à la prospérité ». 

M. MOHAMMED OULD EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, a noté que cette cinquième édition de la conférence sur les PMA se tient dans un contexte de crises plurielles superposées qui ont eu des effets délétères pour les sociétés et les économies de ces pays et fait reculer la réalisation des ODD.  Il a salué le Programme d’action de Doha avant de rappeler que le groupe des PMA représente plus d’un milliard de personnes, dont la Mauritanie, et que leurs économies sont exposées au fardeau de la dette.  Leur situation est en outre aggravée par l’impact des changements climatiques et les questions sécuritaires, de sorte que les PMA ont plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale.  Seuls trois pays ont pu sortir de la catégorie des PMA et bénéficier d’un reclassement, a encore souligné le Chef de l’État, ce qui prouve bien l’urgence pour la communauté internationale d’accompagner davantage ces pays. 

Il a passé en revue les efforts de la Mauritanie, notamment en termes de lutte contre la pauvreté avec un régime de protection sociale et des mesures visant à rendre son économie plus résiliente.  Le pays mise en outre sur l’amélioration de la gestion de ses ressources et de la productivité par la diversification de l’agriculture, a-t-il expliqué.  Il a également cité différentes réformes visant à garantir le respect de l’état de droit et la bonne gouvernance. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de Pologne, a dénoncé la « guerre impériale » de la Russie contre l’Ukraine.  La Russie a enlevé de force plus de 100 000 enfants ukrainiens, a accusé le Président estimant que des pays en développement ont connu le même sort dans le passé.  La Pologne a déjà été victime des agressions impériales de pays voisins dans son histoire, a rappelé le Chef d’État qui a dit comprendre l’inquiétude des PMA.  Se disant partisan de relations entre États égaux, il a expliqué que c’est grâce à une relation d’égal à égal que l’on peut garantir le développement économique des pays en développement.  Conscient en outre des attentes des pays du Sud vis-à-vis des pays du Nord, le Président a reconnu l’ampleur des défis dans des pays comme le Yémen, la Syrie et l’Afghanistan.  Il a également cité les problèmes des réfugiés et des déplacés, qui sont estimés à plus de 100 millions dans le monde. 

Le Chef d’État polonais a rappelé que l’Union européenne est le plus grand donateur d’aide et consacre plus de 70 milliards de dollars pour le financement du développement dans le monde, dont 2 milliards de dollars cette année pour l’Afrique alloués à la lutte contre la faim.  L’Europe entend en outre continuer l’exportation de céréales ukrainiennes pour combattre l’insécurité alimentaire, a-t-il aussi fait remarquer.  Décriant les conséquences sur le monde, et en particulier les PMA, de la décision du Président Putin de partir en guerre en Ukraine, le Président polonais a jugé essentiel d’accompagner le développement des marchés intérieurs de ces pays.  S’agissant du Programme d’action de Doha, il a estimé qu’il permettra aux PMA de retrouver le chemin du développement socioéconomique.  Il a aussi mis en exergue la nécessité d’un accompagnement à long terme pour faire face aux chocs climatiques.  Dans les efforts d’atténuation, il a plaidé pour une approche centrée sur l’humain.  La Pologne, a enfin déclaré son président, veut développer ses missions diplomatiques en Afrique en vue d’augmenter les échanges avec les PMA et l’aide dans les domaines des équipements agricoles et des outils informatiques.

M. EVARISTE NDAYISHIMIYE, Président du Burundi, a affirmé que le Programme d’action de Doha, qui appelle à investir dans le capital humain des PMA, vient renforcer les initiatives du Gouvernement burundais, lequel a basé sa stratégie de lutte contre la pauvreté sur le développement humain.  En alliant le dividende démographique et le développement des compétences, le Gouvernement burundais a également placé les jeunes et les femmes au centre de son plan de développement, à travers un grand programme d’autonomisation économique et d’emploi, une banque d’investissement pour les jeunes, une banque des femmes et une assistance financière et technique aux coopératives de production, a-t-il précisé.  S’agissant de l’exploitation des moyens offerts par la science, la technologie et l’innovation pour lutter contre les vulnérabilités multidimensionnelles, le Chef de l’État a vanté le déploiement de la fibre optique sur tout le territoire national et la digitalisation érigée en priorité pour tirer profit de la croissance numérique.  Quant à l’appui à la transformation structurelle, l’agriculture est, au Burundi, le secteur le plus porteur de croissance, ce qui justifie les efforts de valorisation consentis par le Gouvernement, a-t-il dit, faisant état d’une mobilisation de toute la nation pour renforcer la chaîne de valeur agricole.  Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, M. Ndqyishimiye a cité en exemple le programme « Ewe Burundi Urambaye » (Burundi couvert) qui promeut la reforestation, l’éducation civique et le développement de l’agroforesterie.  Enfin, il a dit croire en la force des partenariats mondiaux et des outils innovants pour progresser sur la voie d’un reclassement durable.  « C’est un espoir particulier pour le Burundi et pour tous les autres PMA qui se projettent dans les 10 ans à venir. »

M. MSWATI III, Roi de l’Eswatini, a constaté que de nombreux défis restent à relever dans la réalisation de plusieurs ODD, en particulier la réduction de la pauvreté, l’éducation de qualité, la santé, l’énergie, la création d’emplois, l’industrie ou encore l’innovation et les infrastructures.  Bien que l’Eswatini ait dépassé le stade de PMA, les défis auxquels il reste confronté en tant que pays à revenu intermédiaire sont les mêmes, s’est-il inquiété.  Certains pays sortis de la catégorie des PMA ont été fortement touchés par la crise sanitaire et socioéconomique: il est donc urgent de les soutenir pour leur permettre de conserver leur statut et de se prémunir contre les chocs extérieurs.  L’Eswatini ayant connu une baisse substantielle de l’aide au développement, le Chef de l’État a exhorté la communauté internationale à lui apporter un soutien financier et technique plus important afin de lui permettre d’atteindre les ODD. 

Le Roi a évoqué le plan de redressement économique post-COVID-19, élaboré avec le soutien de l’ONU, et qui consiste à renforcer le système sanitaire, notamment par l’embauche de personnel médical, afin que chaque citoyen ait accès à des services de santé de qualité.  Il a invité les investisseurs du secteur pharmaceutique à installer des usines dans le Royaume.  Le fonds national de développement de l’agriculture a également été créé pour soutenir les petits exploitants agricoles, y compris les femmes et les jeunes, et leur permettre de se lancer dans l’agriculture verte.  Le Roi a expliqué que même si son pays ne produit que 0,007% des émissions mondiales de carbone, il s’est engagé à atténuer l’impact des changements climatiques.  Le secteur de l’énergie offre des opportunités d’investissement, alors que le pays cherche à atteindre sa sécurité énergétique et à créer plus d’emplois dans ce domaine.  Enfin, face à l’importance croissante des nouvelles technologies de l’information et des communications, le Chef de l’État a insisté sur l’impératif de combler le fossé numérique qui est un frein majeur au développement durable. 

M. HASSAN SHEIKH MOHAMUD, Président de la Somalie, a plaidé pour la coopération avec les partenaires du développement afin d’accélérer le développement durable dans les pays qui en ont le plus besoin.  La Somalie se trouve à la croisée des chemins de la guerre civile et de la paix, a informé le Président.  L’une de ses priorités est de rétablir les institutions de l’État, a-t-il annoncé en énumérant les défis socioéconomiques et environnementaux auquel son pays fait face.  Le Président a insisté sur l’importance de la protection sociale, y compris pour les populations rurales, en s’appuyant sur les ressources existant au niveau national.  « Le Gouvernement est décidé à passer du potentiel à la prospérité en se basant sur ses propres efforts et ressources », a assuré le Chef de l’État.  La Somalie compte aussi sur les membres de sa diaspora, les jeunes, et les femmes et les filles, a-t-il ajouté en soulignant l’importance de la promotion du capital humain.  Les progrès engrangés sont le fruit des efforts des populations et de l’aide internationale, a conclu le Président. 

M. TEUEA TOATU, Vice-Président de Kiribati, a jugé que le thème retenu pour cette conférence, « du potentiel à la prospérité », est un puissant appel à accélérer les engagements en faveur des ODD.  En tant que PEID et PMA, a-t-il cependant admis, le trajet de Kiribati vers la prospérité souffre de la multiplication des défis socioéconomiques et environnementaux.  Rappelant à cet égard que la pandémie de COVID-19 n’a pas disparu, il a remercié les partenaires au développement pour leur assistance qui a permis au pays de reconstruire son secteur du tourisme et de soulager son fonds souverain après des pertes importantes liées à la crise sanitaire et à ses retombées.  Dans ce contexte, l’adoption du Programme d’action de Doha donne un nouvel espoir à des pays comme Kiribati en raison des engagements renouvelés qu’il suscite.  À titre national, investir dans notre population reste notre priorité, a précisé le dirigeant, affirmant promouvoir un développement inclusif, transformatif et durable, dans lequel les jeunes sont considérés comme des agents de changement.  Favorable à des partenariats, il a également plaidé pour que son petit pays, à la fois reculé et vulnérable aux changements climatiques, puisse tirer parti de l’aide au développement.  Pour le Président de Kiribati, la situation de vulnérabilité des PMA impose de renforcer les infrastructures de ces pays et d’accélérer l’intégration de leurs économies dans les échanges commerciaux.  Il a assuré en conclusion que le reclassement de son pays, reporté à 2024, reste une priorité absolue. 

Mme MARIAM CHABI TALATA ZIMÉ YÉRIMA, Vice-Présidente du Bénin, s’est posée la question du bilan des PMA après un demi-siècle d’existence.  Ce bilan est-il concluant?  Pousse-t-il à l’optimisme quant à l’avenir de « notre groupe »? a-t-elle demandé, s’interrogeant sur la capacité de ces pays à mener aux changements attendus, aux transformations structurelles et durables de leurs économies.  Rappelant que depuis 1971, seulement six pays sont sortis de la catégorie des PMA, que leur marginalisation dans le commerce mondial persiste à ce jour et qu’ils se caractérisent par des effondrements fréquents de croissance, la Vice-Présidente a également rappelé que depuis 1971, quatre programmes d’actions couvrant diverses dimensions du développement pour accompagner les PMA ont été mis en œuvre, et qu’aucun n’a pleinement réalisé ses objectifs.  Arguant que le succès de ces programmes dépend des capacités et de l’esprit d’initiative des PMA, elle a constaté que ces quarante dernières années, la plupart d’entre eux ont vu leurs capacités s’amoindrir à cause notamment de la baisse de l’aide publique au développement.  Concrètement elle a reproché aux grands pays donateurs de ne même plus consacrer 0,15% de leur revenu national brut à l’aide au développement.  Dès lors on comprend pourquoi les PMA peinent à mobiliser les ressources indispensables à leurs projets de développement et à prendre librement des initiatives, a-t-elle argué.  Voilà pourquoi, 50 ans après la création du groupe des PMA, seulement six pays sont sortis de cette catégorie, s’est-elle indignée. 

Si le Bénin, rêve de transformation durable de son économie et de développement, sa quête légitime est confrontée aux problèmes de mobilisation des ressources internes et externes, de gouvernance et de sécurité à ses frontières, a-t-elle expliqué, ajoutant que ces problèmes sont partagés avec la plupart des États ouest africains.  Ces pays attendent une nouvelle génération de mesures adaptées aux contextes, aux réalités et au vécu de la sous-région, a-t-elle expliqué.  La Vice-Présidente a ajouté que pour les PMA d’Afrique subsahariens, avant même les problèmes de croissance et de développement, de graves et sérieux problèmes de sécurité et de survie se posent.  Il importe de les prendre en compte désormais, a-t-elle martelé.  Elle a ainsi exigé une réponse vigoureuse et coordonnées aux défis que constituent aussi bien la piraterie maritime dans le golfe de Guinée que le terrorisme dans la zone sahélienne.  La Cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA devra donc s’atteler à la différenciation des orientations, des stratégies et des actions de développement en ne négligeant pas les spécificités de chaque région, de chaque pays, a-t-elle souhaité.

Mme ESPERANÇA MARIA DA COSTA, Vice-Présidente de l’Angola, a dit que d’importants défis socioéconomiques doivent encore être résolus 50 ans après la création du groupe des PMA.  Elle a dénoncé les chocs nouveaux et émergeants qui obligent à focaliser l’attention sur la résilience.  Elle a demandé à renouveler et renforcer les engagements, par les PMA et leurs partenaires de développement, en faveur de leur relèvement.  Le Gouvernement angolais s’engage à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha et a lancé son programme de renforcement de la protection sociale, notamment grâce à des allocations fournies à 1,6 million de familles en 2024.  Des mesures ont été prises pour la croissance économique, y compris dans le cadre du programme de reconversion de l’économie informelle, qui emploie plus de 8 millions de personnes.  Confronté aux effets négatifs de la pandémie de COVID-19, le Gouvernement angolais a revu sa stratégie de développement pour la période 2023-2027, a expliqué la Vice-Présidente: il est maintenant focalisée sur le développement des ressources humaines afin d’augmenter la productivité, la modernisation des infrastructures afin d’améliorer la mobilité, et la diversification économique pour assurer la sécurité alimentaire.  En conclusion, la Vice-Présidente a exhorté les PMA à être décisifs dans leurs interventions afin de garantir la stabilité macroéconomique, d’accroître les capacités de production et de mieux redistribuer les revenus.

M. PHILIP ISDOR MPANGO, Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé qu’outre les conflits géopolitiques, les changements climatiques et les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, les PMA doivent faire face au fardeau insoutenable de la dette, à l’insécurité alimentaire, à la faiblesse des capacités de production et à la dépendance excessive aux produits de base.  Malgré tous les engagements pris à partir des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qu’il s’agisse du Programme 2030 ou du Programme d’action d’Istanbul, la plupart des PMA sont loin d’atteindre les objectifs envisagés, a-t-il constaté.  Le dirigeant a cependant salué le Programme d’action de Doha et ses six domaines prioritaires, y voyant un moyen pour les PMA de sauter des étapes et de passer à la vitesse supérieure. 

Dans ce cadre, il a plaidé pour la mise en œuvre de réformes politiques, institutionnelles et réglementaires, afin de faire croître l’économie, de stimuler le développement du secteur privé et d’attirer des investissements et des technologies vertes.  Il a également jugé essentiel de forger des partenariats stratégiques, notamment une collaboration régionale, et de tirer parti du financement concessionnel.  C’est la voie que la Tanzanie a suivie avec sérieux, a-t-il affirmé, indiquant qu’en dépit des épreuves, l’économie nationale reste solide avec une croissance parmi les plus rapides en Afrique subsaharienne et au sein des PMA.  Des progrès ont aussi été enregistrés en matière d’indice de développement humain, s’est-il enorgueilli, avant de vanter les innovations de son pays dans le domaine de la finance numérique, lesquelles ont permis d’étendre les services monétaires mobiles et d’intégrer financièrement les petites et moyennes entreprises.  Avec tout cela, a conclu le Vice-Président, « la sortie de la Tanzanie de la catégorie des PMA est imminente ».

M. ADRIANO AFONSO MALEIANE, Premier Ministre du Mozambique, a espéré que la Conférence LDC5 permettra la réalisation de l’engagement collectif de ne laisser personne pour compte en tirant les leçons du Programme d’action d’Istanbul.  Il a espéré qu’une voie sera ouverte pour le reclassement des PMA.  Il a précisé que le Mozambique s’est doté d’une stratégie nationale de développement visant à mettre en place un système de protection de ses citoyens en privilégiant notamment les chaînes agro-alimentaires.  Son pays attend des investissements directs étrangers pour soutenir ses efforts de développement, a-t-il averti avant de rappeler que son pays est pleinement engagé dans la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: le premier dialogue de haut niveau à Doha appelle à investir dans les populations des pays les moins avancés (PMA) pour ne laisser personne de côté

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #1 - Après-midi
DEV/3448

LDC5: le premier dialogue de haut niveau à Doha appelle à investir dans les populations des pays les moins avancés (PMA) pour ne laisser personne de côté

DOHA, 5 mars -- La première table ronde thématique d’une série de huit, organisées parallèlement au débat général de la LDC5, la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), a été consacrée cet après-midi à l’action sur les populations, en vue de ne laisser personne de côté.  « Investir dans les personnes, éradiquer la pauvreté et renforcer les capacités » est aussi l’un des six domaines d’intervention identifiés par le Programme d’action de Doha adopté en 2022.  C’est donc à juste titre que les experts du développement, les représentants d’États Membres et d’organisations internationales et non gouvernementales, ont rappelé en filigrane que le succès du programme de développement des Nations Unies réside dans la traduction de cette promesse en réalité dans les PMA.

Vu que les 334 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans les PMA représentaient 46,3% de toutes les personnes vivant dans cette situation dans le monde, des orateurs ont souligné que l’un des domaines clefs d’action est la lutte contre la pauvreté qui s’est accentuée avec la pandémie de COVID-19.  Pour M. Shameran Abed, Directeur exécutif de BRAC International, une organisation à but non lucratif basée à Nairobi, au Kenya, et dont la mission est d’autonomiser les personnes et les communautés en situation de pauvreté, il existe des programmes à même de sortir les populations des PMA de la pauvreté.  Reste maintenant la volonté politique pour les mettre en œuvre.  Il a évoqué des solutions pragmatiques, appuyées par des décennies de recherche.  De même, la lutte contre l’insécurité alimentaire occupe une place de choix.  Le Programme d’action de Doha en faveur des PMA a d’ailleurs reconnu la nécessité de faire face à l’insécurité alimentaire dans les PMA et lancé un processus visant à établir un système de stockage spécifique pour ces pays.  Le Secrétaire général de l’ONU a déjà préparé un rapport sur ce mécanisme. 

Dans ce sillage, l’Allemagne a relevé que la guerre en Ukraine et la pandémie de COVID-19 ont accentué les problèmes d’insécurité alimentaire.  C’est pourquoi le pays a lancé une alliance mondiale contre l’insécurité alimentaire, a souligné M. Jochen Flasbarth, Secrétaire d’État au Ministère fédéral de l’économie et de la coopération au développement de l’Allemagne.  Pour développer l’agriculture, la santé et la production industrielle par l’atome, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est engagée dans le renforcement des capacités des PMA, a déclaré son Directeur général adjoint, M. Hua Liu.  Il a déploré le fait que la science, la technologie et l’innovation soient inégalement réparties à travers le monde.  Pourtant, ces domaines fournissent des données cruciales pour une prise de décisions « éclairée ».  Des données plus fiables sont ainsi nécessaires pour les décideurs, a rappelé le Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), M. Omar Abdi.

À côté du chantier pour les données, une étude de la Banque mondiale a établi que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles requièrent encore d’énormes efforts, a constaté Mme Victoria Kwakwa, Vice-Présidente pour l’Afrique australe et du Sud au Groupe de la Banque mondiale.  Elle a expliqué que l’égalité des genres conduit à des retours d’investissements élevés.  Il est donc question aujourd’hui de lever les obstacles structurels et d’établir, par exemple, des programmes de mentorat en faveur des femmes pour accélérer les progrès, notamment dans les PMA.  Mettant l’emphase sur cette question, la Directrice générale du Département des relations extérieures et de la coopération de Monaco, Mme Isabelle Rosabrunetto, a appelé à « ne laisser aucune femme à la traîne ».  Il faut inclure davantage les femmes à la prise de décisions, a insisté M. Retselisitsoe Matlanyane, Ministre des finances et de la planification du développement du Lesotho.  Le moment est venu de passer à l’action dans ce domaine, a renchéri Mme Pilar Cancela Rodriguez, Secrétaire d’État à la coopération internationale d’Espagne.  En outre, M. Andrzej Duda, l’un des deux présidents de la table ronde et Président de la Pologne, a demandé de se focaliser aussi sur les jeunes et sur leur potentiel.  À sa suite, plusieurs intervenants ont rappelé la place centrale de l’éducation qui est l’un des investissements de premier choix pour les populations.  Pour M. Leonardo Garnier, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sommet sur la transformation de l’éducation, il faut que l’école soit ouverte à tous, et les enseignants doivent être des acteurs de changement.  Il a estimé que les 3 000 milliards de dollars investis dans l’éducation à travers le monde restent insuffisants.  De même, cette somme est inégalement répartie, avec 63% d’investissements faits dans les pays développés où se trouvent à peine 20% de la population mondiale en âge de scolarisation.  Dans les PMA en revanche, c’est 0,6% de cette somme globale qui est investie, ce qui contribue à perpétrer les inégalités mondiales.  Pourtant, l’éducation est un investissement qui paye, a-t-il affirmé, rappelant que chaque dollar investi dans l’éducation primaire rapporte 50 dollars dans les pays développés, et 5 dollars dans ceux en développement.  Il faut que cela passe au moins à 30 dollars dans ces derniers pays, a-t-il plaidé. 

Il faut également mentionner que le Programme d’action de Doha a confié au Secrétaire général de l’ONU le mandat d’entreprendre une étude de faisabilité en vue de la création d’une université virtuelle pour soutenir l’enseignement universitaire de deuxième et troisième cycles en ligne, dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.  En attendant, la Suisse investit chaque année 3 milliards de dollars dans la coopération internationale, notamment dans l’éducation et les compétences, car l’éducation est une richesse qui perdure, a affirmé Mme Patricia Danzi, Directrice générale de l’Agence suisse pour le développement et la coopération.  De même, la Finlande alloue près de 50% de son aide internationale à l’éducation aux PMA, a témoigné dans le discours d’ouverture Mme Tarja Kaarina Halonen, ancienne Présidente de la Finlande.  Pour elle, une éducation de qualité est essentielle pour réduire la pauvreté, faire progresser l’égalité des sexes, lutter contre les changements climatiques et contribuer au développement durable.  Le Président de la Somalie, M. Hassan Sheikh Mohamed, et le Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Philip Isdor Mpango, ont à leur tour insisté sur la place de l’éducation dans leurs pays respectifs.

L’ancienne Présidente de la Finlande a souligné l’importance des services de santé sexuelle et reproductive pour la couverture sanitaire universelle et le développement des systèmes de santé.  D’autres orateurs ont aussi mis l’accent sur le renforcement des services de santé et des filets de sécurité sociale qui ont montré leur importance en période de pandémie. 

M. Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a par ailleurs demandé aux donateurs d’investir dans l’électricité et l’eau potable dans les PMA, des domaines dans lesquels l’agence qu’il dirige est focalisée.  Seuls 33% des populations des PMA ont accès à Internet contre 80% dans les pays développés, a-t-il relevé en notant le besoin de réduire cette fracture numérique.  L’Administrateur a aussi demandé de régler le problème de l’encourt de la dette des PMA.  Il faudrait également renforcer la participation des pays en développement à la gestion des ressources marines, a souhaité M. Michael Lodge, Secrétaire général de l’Autorité internationale des fonds marins.  Le principe de base est d’investir dans les personnes, a insisté le Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. Sim Anen.  C’est d’ailleurs le capital humain qui est la seule ressource de ce petit État, a-t-il dit. 

Former les cadres et experts nationaux dans les PMA ne suffit pas, a retorqué le représentant d’Haïti au Qatar qui a fait observer que ceux-ci sont très vite attirés par les « sirènes de l’immigration ».  Il est vrai que 53% des déplacés du monde se trouvent dans les PMA et ont besoin de soutien, a indiqué M. Antonio Vitorino, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Selon lui, un soutien économique aux PMA permettrait de garder ces cadres dans leur pays et d’éviter la fuite des cerveaux.  Il est vrai qu’il faut désormais tenir compte du capital humain et ne plus se focaliser seulement sur le produit intérieur brut (PIB) comme mesure du développement, a expliqué Mme Cristina Duarte, Secrétaire générale adjointe et Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique. 

En concluant les travaux, M. Lazarus McCarthy Chakwera, Président du Malawi, et Coprésident de la table ronde, a appelé la communauté internationale à saisir l’opportunité du Programme d’action de Doha pour agir et transformer les potentiels en prospérité.  Et pour y parvenir, il faut, ensemble, développer de nouvelles stratégies pour libérer les énormes opportunités qu’offrent les PMA.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence sur la biodiversité marine approuve le texte d’un traité sur la protection de la biodiversité au-delà des zones de juridiction nationale

Reprise de la cinquième session,
69e & 70e séances plénières – matin & après-midi
MER/2175

La Conférence sur la biodiversité marine approuve le texte d’un traité sur la protection de la biodiversité au-delà des zones de juridiction nationale

 

La Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, plus connue sous l’acronyme anglais « BBNJ », a approuvé, samedi soir, le texte d’un accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

« Le navire est arrivé à bon port. »  C’est en ces termes que la Présidente de la Conférence, Mme Rena Lee, de Singapour, a annoncé aux délégations l’aboutissement de cinq cycles de négociations ardues étalées sur plus d’une décennie.  Cette nouvelle a été accueillie par une ovation debout.  « J’ai passé les meilleurs moments de ma vie à combattre des dragons avec vous », a ajouté Mme Lee, citant les paroles anglaises d’une chanson populaire, avant d’être ovationnée à son tour.  Visiblement émue, elle a alors déclaré que ces applaudissements étaient pour les délégations.

Au cours de cette séance, Mme Lee a fourni plusieurs précisions se rapportant au nouvel avant-projet d’accord dont étaient saisies les délégations depuis le samedi 25 février.  En ce qui concerne les outils de gestion par zone, elle a notamment indiqué que la Conférence des Parties décidera par consensus ou par vote, précisant qu’une délégation avait exprimé des réserves pour ce qui est de la mise aux voix.

Elle a également expliqué que les parties sont d’avis que les études d’impact sur l’environnement doivent être menées par l’État.  Afin de promouvoir la transparence, a-t-elle ajouté, il existe des dispositions qui permettent à une autre partie de faire connaître son point de vue au sujet de l’impact d’une activité prévue et à l’Organisme scientifique et technique de formuler des recommandations non contraignantes.  Cependant, les parties comprennent que c’est à l’État de décider si une activité sous sa juridiction ou son contrôle doit se poursuivre.

En ce qui concerne les outils de gestion par zone, Mme Lee a indiqué que l’article sur la zone d’application fait référence au fait que la « Conférence des Parties n’examinerait pas à des fins de prise de décisions, les propositions d’établissement d’outils de gestion par zone impliquant ou incluant des zones relevant de la juridiction nationale ».  Elle a également expliqué que l’expression « la Conférence des Parties n’examinera pas lors de cette session » signifie que la Conférence des Parties peut examiner une proposition mais ne doit pas se prononcer. 

La Conférence intergouvernementale a ensuite décidé de créer un groupe de travail à composition non limitée qui sera chargé d’apporter des modifications d’ordre technique au texte du traité, d’assurer l’uniformité de la terminologie, et de veiller à son harmonisation dans les six langues officielles de l’ONU.  La version finale de l’accord sera ensuite officiellement adoptée à une date qui reste à déterminer.  Ce sera également l’occasion pour les délégations de faire leur déclaration de clôture, a précisé Mme Lee. 

La cinquième session de travail, entamée en août 2022 et reprise le 20 février dernier, s’est achevée après un dernier marathon de négociations qui aura duré près de 36 heures d’affilée avant d’apporter la touche finale à l’accord.  Une fois adopté, celui-ci viendra notamment codifier, « dans l’immédiat et à long terme », la gestion des ressources génétiques marines, les outils de gestion par zone, y compris les aires marines protégées, les études d’impact sur l’environnement, le renforcement des capacités et le transfert de techniques marines.  Les négociations ont également porté sur un certain nombre de questions « transversales » comme les institutions nécessaires ou encore le mode de règlement des différends.

« Je ne pense pas qu’une solution ne soit pas en vue », avait déclaré vendredi, en fin d’après-midi, la Présidente de la Conférence, en encourageant les délégations à faire preuve de la plus grande souplesse afin de mettre la dernière main au texte de l’accord, avant de suspendre la séance pour leur permettre de poursuivre leurs négociations dans le cadre de séances informelles.

Dans la matinée, la Conférence avait déjà entendu plusieurs appels à une flexibilité maximale des délégations afin que les négociations, entrées dans leur dernier jour, se concluent par un texte.

« Montrez-vous plus flexibles que jamais pour cette dernière ligne droite », a notamment exhorté le Vice-Président de la Conférence, M. Martin Zvachula.  Même son de cloche du côté des Palaos qui, au nom des petits États insulaires en développement, ont souligné l’urgence d’un traité et d’un financement adéquat, avant de souligner l’« élan » récent des négociations.

La Conférence, comme à l’accoutumée, a entendu les différents facilitateurs des négociations.  Ceux-ci ont également exhorté les délégations à faire montre de compromis et se sont dits, pour certains, optimistes quant à l’issue des discussions, à l’instar du délégué des Pays-Bas en ce qui concerne les études d’impact sur l’environnement (partie IV).

Le délégué a en effet insisté sur les progrès substantiels accomplis dans le toilettage de cette partie et dans la résolution de difficultés de longue date.  Le seul problème qui n’a pas été résolu concerne la prise de décisions, et plus particulièrement la question de savoir qui décide de la poursuite d’une activité après la conclusion d’une étude d’impact, a-t-il expliqué, en se disant néanmoins confiant sur le règlement dudit problème.

Sur le renforcement des capacités et du transfert de techniques marines (partie V), la déléguée d’El Salvador a indiqué que les discussions étaient hier encore dans l’impasse s’agissant du paragraphe 1 de l’article 44 sur les modalités de renforcement des capacités et de transfert de techniques marines et sur le paragraphe 1 de l’article 45 sur les modalités de transfert de techniques marines.

« Pour surmonter cette situation, j’ai engagé plusieurs cycles de négociations et un compromis de haute lutte a pu être trouvé autour de minuit », a expliqué la déléguée.  Elle a ajouté que le compromis sera présenté aujourd’hui lors des consultations informelles, avant d’implorer les délégations à faire preuve de flexibilité.

Pour ce qui est de la mise en œuvre et respect des dispositions (partie VIII) et du règlement des différends (partie IX), la déléguée de la Nouvelle-Zélande a déclaré que les discussions ont eu trait à l’article 55 sur les procédures de règlement des différends.  Les trois options prévues par cet article sont encore sur la table, a-t-elle dit, en estimant que l’option I, dont le libellé a été ajusté, est la plus susceptible de recueillir le soutien des délégations.

S’agissant des questions transversales et du dispositif institutionnel, le représentant de l’Afrique du Sud a indiqué qu’un désaccord subsiste autour du paragraphe 6 de l’article 48 sur la Conférence des Parties et sur la possibilité pour cette dernière de demander un avis consultatif au Tribunal international du droit de la mer.  Malgré la flexibilité des délégations, nous n’avons pas trouvé de compromis, a regretté le délégué.

Le délégué de la Jamaïque a ensuite pris la parole pour indiquer que des consultations informelles se sont déroulées pour la première fois, hier, sur le préambule.  Des divergences subsistent pour plusieurs de ses paragraphes.  Une proposition a notamment été avancée afin qu’il soit fait référence à la pollution plastique, a-t-il dit.

Le représentant a ensuite fait mention des propositions visant à inclure dans ledit préambule des références au patrimoine commun de l’humanité et à la liberté en haute mer.  Devant le manque de consensus, une délégation a proposé que ces références ne figurent pas dans le préambule, a-t-il noté, en expliquant qu’un désaccord persiste entre les délégations sur ce point.

C’est par sa résolution 72/249 du 24 décembre 2017 que l’Assemblée avait décidé de convoquer la « Conférence intergouvernementale sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale », la première ayant eu lieu en septembre 2018.

La reprise de la cinquième session de travail de la Conférence sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence biodiversité marine: la Présidente exhorte les délégations à conclure le « marathon » des négociations

Reprise de la cinquième session ,
68e séance plénière – matin
MER/2174

Conférence biodiversité marine: la Présidente exhorte les délégations à conclure le « marathon » des négociations

La Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, plus connue sous l’acronyme anglais « BBNJ », a entendu, ce matin, sa présidente, Mme Rena Lee, de Singapour, filer la métaphore sportive, en exhortant les délégations à conclure le « marathon » des négociations. 

« Faites des échauffements et des étirements mais atteignons la ligne d’arrivée », a-t-elle déclaré, en notant qu’il ne reste plus que deux jours de négociation.  Depuis le samedi 25 février, les délégations sont saisies d’une dernière mouture du nouvel avant-projet d’accord actualisé, qui est à la base des discussions.  Un accord ne sera pas tâche aisée, au regard des divergences exprimées par certaines délégations aujourd’hui. 

Alors que l’Union européenne a indiqué avoir pris 39 engagements en 2023 pour les océans, avec un financement de 816 millions d’euros, le Nicaragua a rétorqué qu’il s’agit « d’une goutte d’eau », avant de faire remarquer que ce sont les pays développés les plus gros pollueurs.  Le délégué de ce pays a aussi estimé que le texte à l’examen sape la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, au lieu de la renforcer. 

Le délégué du Bangladesh s’est, quant à lui, interrogé sur la pertinence de traiter de la liberté en haute mer dans l’avant-projet, tandis que son homologue du Népal a appelé à prendre en compte les besoins spécifiques des pays en développement sans littoral.  Le représentant d’Oman a appelé les délégations à tout mettre en œuvre pour aboutir à un consensus.  « Nos positions ne sont pas si éloignées », a déclaré la déléguée de l’Union européenne. 

La Conférence, comme à l’accoutumée, a entendu les différents facilitateurs des négociations.  La déléguée du Canada a ainsi abordé le sujet du chapitre des outils de gestion par zone, qui comprennent les aires marines protégées, thème de la partie III du texte soumis à la discussion.  Elle a indiqué qu’un compromis a pu être trouvé en ce qui concerne la définition de ces aires contenue dans l’article 1.  

Sur l’article 14 relatif aux objectifs, plusieurs propositions de réécriture ont été examinées, a-t-elle dit, avant d’indiquer le soutien fort des délégations pour le libellé original.  Des préoccupations ont cependant été soulevées au sujet de la référence, au paragraphe (d), à la sécurité alimentaire, comme étant potentiellement hors du champ d’application de l’accord. 

S’agissant de l’article 19 sur la prise de décisions, elle a mentionné les différentes propositions dignes d’intérêt qui ont été avancées.  Plus globalement, la délégation a indiqué que les discussions ont permis de consolider les points de convergences et de mieux identifier les domaines pour lesquels des efforts restent nécessaires. 

En ce qui concerne les études d’impact sur l’environnement (partie IV), le délégué des Pays-Bas a évoqué les consultations approfondies qui ont eu lieu autour de l’article 34 relatif aux notification et consultation publiques.  Nous avons notamment introduit un nouveau paragraphe 2 qui permet de déterminer la notion d’« États susceptibles d’être les plus touchés », a-t-il dit.  Le paragraphe 3 ne contient désormais que l’option A après que l’option B a été supprimée. 

S’agissant du renforcement des capacités et du transfert de techniques marines (partie V), la déléguée d’El Salvador a indiqué que les discussions se poursuivent sur le paragraphe 1 de l’article 44.  Cet article se rapporte aux modalités de renforcement des capacités et de transfert de techniques marines.  Elle a indiqué que les délégations se sont accordées sur le libellé du paragraphe 1 de l’article 45 sur les modalités de transfert de techniques marines. 

La délégation de l’Afrique du Sud a ensuite fait le point sur les discussions portant sur le dispositif institutionnel (partie VI), évoquant des progrès importants sur le libellé de l’article 48 bis.  Certaines délégations ont maintenu leur position concernant le libellé alternatif des paragraphes 1, 2, et 4 de l’article 49 qui traite de l’Organe scientifique et technique.  En outre, une majorité de délégations semblent à présent préférer l’option A de l’article 50 qui concerne le secrétariat. 

Pour ce qui est de la mise en œuvre et respect des dispositions (partie VIII) et du règlement des différends (partie IX), la déléguée de la Nouvelle-Zélande a déclaré que l’article 55 sur les procédures de règlement des différends a été au cœur des discussions.  Les délégations ont pu exprimer leur préférence s’agissant de l’une des trois options prévues. 

Les délégations ont été nombreuses à appuyer l’option I, y compris une délégation qui appuyait auparavant l’option II, a-t-elle fait savoir.  « Une autre délégation a demandé que l’option III reste considérée et reçu l’appui d’une autre délégation. »  Les consultations ont globalement épousé une « trajectoire positive », a estimé la représentante. 

La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu le vendredi 3 mars, à 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.