Vingt-deuxième session,
7e séance plénière – matin
DH/5478

L’Instance permanente fait le point sur ses six domaines d’action

Les débats de l’Instance permanente sur les questions autochtones se sont axés, ce matin, sur ses six domaines d’action (développement économique et social, culture, environnement, éducation, santé et droits humains), l’occasion pour les représentants des peuples autochtones de multiplier les demandes d’excuses et de réparation. 

Les délégations ont également entendu M. Vital Babanze, membre de l’Instance permanente (Burundi), faire le point sur la réunion du Groupe d’experts internationaux sur le thème « Vérité, justice transitionnelle et mécanismes de réconciliation » tenue à Santiago, Chili, du 15 au 17 novembre 2022.  La réunion a notamment recommandé aux États et aux gouvernements de réexaminer et réviser, avec les peuples autochtones, les constitutions et les cadres juridiques nationaux afin de reconnaître de manière exhaustive les droits humains des peuples autochtones, de leur garantir un rôle de premier plan dans toutes les institutions de justice transitionnelle, et de respecter les décisions prises par les systèmes de justice autochtone.  Les experts recommandent en outre d’encourager les institutions nationales des droits humains à promouvoir les processus de vérité et de réconciliation. 

Après cette présentation, la Suède, qui s’exprimait au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège, Suède), a appelé à recourir aux connaissances autochtones pour réaliser les objectifs du développement durable (ODD).  En outre, les pays nordiques préparent chacun une loi en vue d’améliorer les relations avec les peuples sâmes, y compris la création de comités de réconciliation et de réparation.  Le Conseil international des traités indiens (CITI) a exigé réparation pour les peuples victimes des produits toxiques et chimiques, ainsi que des pesticides, recommandant en outre de réviser la gestion internationale et l’utilisation des pesticides en milieu agricole. 

Après l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), qui a sollicité la participation des femmes autochtones à ses programmes de formation et l’Équateur, qui a plaidé pour la revitalisation des langues autochtones y compris dans les universités, le National Congress of American Indians a insisté sur l’importance de la protection juridique des savoirs et des ressources génétiques autochtones, plaidant pour la création d’un traité à cette fin dans le cadre de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).  L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a ensuite fait savoir que son programme de mentorat pour les femmes autochtones, qui a été développé dans quatre pays andins, vise à renforcer la création d’entreprises autochtones. 

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a encouragé les peuples autochtones à développer leurs propres médias afin qu’ils puissent y exprimer leurs opinions et présenter leurs solutions aux défis actuels, notamment les changements climatiques. À ce propos, la Namibie a dit s’être engagée à renforcer la participation des peuples autochtones dans la lutte contre ce phénomène, ainsi que dans la vie sociale et économique.  La Colombie a estimé pour sa part que la participation des peuples autochtones ne doit pas être limitée à l’Instance permanente et que ces derniers doivent être présents dans toutes les entités des Nations Unies existantes.   

Le représentant des peuples autochtones des Chagos s’est alarmé, de son côté, de la situation des Chagossiens qui vivent en exil et a sollicité l’aide de l’Instance permanente pour permettre leur retour dans leurs îles.  Déplorant les actions des Gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni, il a demandé excuses et réparations, réclamant en outre des comptes au Gouvernement de Maurice dont la police aurait battu les militants chagossiens.  Le Conseil sâme s’est inquiété de l’impact de la transition verte sur les droits, les savoirs et les modes de vie autochtones.  L’Organisation internationale du Travail (OIT) a signalé quant à elle que 19% des 476 millions membres des peuples autochtones n’ont pas accès au marché de travail et que les travailleurs autochtones gagnent 18% moins que leurs collègues.  En Afrique du Sud, les peuples autochtones bénéficient d’un salaire minimal, et d’un accès à la santé et à l’éducation.  Et le Gouvernement a également débloqué des fonds pour la diffusion numérique des langues autochtones y compris la création de dictionnaires. 

L’Assemblée des Premières Nations du Canada a rappelé la souffrance de la dépossession subie par les Premières Nations suite à l’exploitation, sans leur consentement préalable, des richesses de leurs territoires. Le Parlement sâme a parlé du « sentiment d’anxiété généralisée » dans lequel vit le peuple sâme en raison des changements climatiques et des politiques d’assimilation forcée.  « Le Gouvernement finlandais doit débloquer les fonds nécessaires pour soutenir le bien-être psycho-social du peuple sâme. »  Au préalable, la représentante des peuples autochtones en Australie a dénoncé l’incarcération des enfants autochtones dans ce pays, y voyant un leg du colonialisme. La priorité doit être donnée à la décolonisation, a-t-elle dit, en ajoutant que la réponse carcérale n’est jamais la bonne.  « Mon pays œuvre sans relâche pour protéger les droits des peuples autochtones et prendre en compte leur voix », a assuré le délégué de l’Australie

Le représentant des peuples autochtones de la péninsule de Yamal a rappelé que les peuples autochtones représentent près de 10% de la population russe et souhaité une meilleure connaissance cartographique de leur présence.  La Fédération de Russie a assuré que les 90 peuples autochtones qui vivent sur le territoire russe jouissent d’une protection renforcée, ce qui leur a permis de préserver leur culture.  Le Grand Conseil des Cris a appelé tous les États à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en prenant pour exemple ce qui a été fait dans la Colombie britannique à ce sujet.  De son côté, la représentante du peuple autochtone Ogiek a rappelé que la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a, en 2022, ordonné au Kenya de restituer leurs terres ancestrales à ce peuple autochtone.  Le représentant des peuples autochtones de Crimée a insisté sur les violations dont sont victimes ces peuples, avant de dénoncer la déportation d’enfants vers la Russie et la conscription des hommes pour combattre en Ukraine. 

À son tour, la déléguée du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) a assuré que les peuples autochtones sont consultés avant tout projet mené par le FIDA.  « Nos projets sont conduits dans le respect de l’identité des peuples autochtones. »  Même son de cloche du côté de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui a récemment accueilli à Rome plus de 90 experts issus de ces peuples pour discuter de questions alimentaires.  Le Viet Nam a rappelé son engagement en faveur de la protection des droits des minorités ethniques, avec notamment la mise en place d’un cadre juridique renforcé.  Nombre d’enseignements scolaires se font en vietnamien et dans les langues minoritaires.  « Les peuples autochtones sont les gardiens de leurs terres », a déclaré le délégué de l’Indonésie, en passant en revue les efforts de protection de son gouvernement pour la protection de leurs forêts.  Il a néanmoins dénoncé la déclaration abusive d’un représentant des peuples autochtones, dénaturant la mission de l’Instance.  Le Guyana a ensuite fait savoir que les peuples autochtones ont été étroitement associés à l’élaboration de la stratégie de décarbonation, suivi des États-Unis qui ont reconnu que les peuples autochtones ont été victimes de la spoliation de leurs terres. 

Les six domaines d’actions de l’Instance sont en relation avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

L’Instance poursuivra ses travaux la semaine prochaine.

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