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Décolonisation: le Séminaire régional pour le Pacifique appelle à des mesures novatrices pour ne pas réduire à néant les progrès accomplis vers les ODD

Séminaire régional pour le pacifique
AG/COL/3368

Décolonisation: le Séminaire régional pour le Pacifique appelle à des mesures novatrices pour ne pas réduire à néant les progrès accomplis vers les ODD

BALI, Indonésie (24-26 mai) -- Avec cette année pour thème « Mesures novatrices pour assurer la réalisation des objectifs de développement durable dans les territoires non autonomes », le Séminaire régional pour le Pacifique du Comité spécial de la décolonisation –communément appelé C-24–, s’est tenu les 24, 25 et 26 mai, à Bali, en Indonésie.  Son ambition?  Prioriser le règlement des nombreux problèmes auxquels sont confrontés les 17 territoires non autonomes restants dans le monde pour éviter de réduire à néant les progrès réalisés jusque-là par eux en matière de développement durable et d’autodétermination. 

Car comme l’a déclaré la Présidente en exercice du Comité spécial de la décolonisation, Mme Menissa Rambally, de Sainte-Lucie, de nouvelles voies sont indispensables pour permettre à ces territoires de se relever de l’impact de la pandémie de COVID-19, notamment sur les systèmes de santé et éducatifs et sur la génération de revenus. 

Dans un message vidéo, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a également appelé à se concentrer sur « les aspirations et les besoins des territoires » par le biais de mesures innovantes pour « garantir que les territoires disposent des ressources et du soutien dont ils ont besoin pour promouvoir les ODD, renforcer la résilience et investir dans leur avenir ».  De « nouvelles voies pour une coopération plus forte entre les territoires, les puissances administrantes et les principales parties prenantes » sont nécessaires pour relever les nombreux défis auxquels les territoires sont confrontés, selon le chef de l’ONU, notamment « les petites îles qui sont en première ligne de l’urgence climatique ». 

M. Tri Tharyat, Vice-Ministre de la coopération multilatérale de l’Indonésie, a rappelé que 15 ans s’étaient écoulés depuis 2008, date à laquelle son pays avait accueilli le Séminaire régional.  Depuis, , a-t-il dit, le paysage mondial a considérablement évolué, en particulier en termes d’accès à l’eau potable et d’assainissement, avec un impact profond sur toutes les régions, y compris les territoires non autonomes, a-t-il noté, en mettant en garde contre le fait la moitié du monde est laissée pour compte. 

Il a appelé à davantage d’action pour progresser sur les cibles des ODD dans ces territoires et au-delà, en notant que leur réalisation avait stagné, voire été inversée.  Dès lors, le thème du Séminaire de cette année lui a semblé d’autant plus opportun, M. Tharyat insistant sur la nécessité d’un « dialogue constructif » pour faire progresser le programme de décolonisation à l’approche du Sommet sur les ODD. 

Notant qu’il n’existe pas de solution unique, la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, Mme Retno Lestari Priansari Marsudi, a détaillé certaines des mesures visant à renforcer le dialogue entre les territoires et les puissances administrantes par l’intermédiaire du C-24, l’élaboration d’approches novatrices grâce à une plus grande participation des organes et agences spécialisés des Nations Unies, et l’engagement en faveur des aspirations, des besoins et du bien-être de la population des territoires, au cas par cas.  « Chaque territoire non autonome est confronté à des problèmes de développement spécifiques, aggravés par la pandémie », a-t-elle rappelé. 

Organisé sous les auspices du C-24, le Séminaire a également été l’occasion d’examiner, cette année, les moyens de faire progresser la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030). 

Les discussions du Séminaire ont porté, entre autres, sur le rôle du Comité spécial dans le renforcement de la coopération et de l’engagement avec les puissances administrantes et les parties prenantes concernées, alors qu’il explore des mesures innovantes pour faire avancer l’ordre du jour de la décolonisation. 

Les perspectives des puissances administrantes -États-Unis, France, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni– de plusieurs territoires non autonomes et d’autres parties prenantes ont été analysées au cours des discussions.  Spécialiste de la décolonisation, M. Roch Wamytan a sollicité le soutien du C-24 dans l’affaire portée devant la Cour internationale de Justice (CIJ), afin de permettre au peuple de Nouvelle-Calédonie d’exercer son droit à l’autodétermination, même après le référendum de 2021.  Il a demandé à l’ONU de jouer un rôle de médiateur afin de garantir des négociations libres et équitables avec la France.  Plus généralement, l’expert a argué que la résilience des territoires est mise à rude épreuve, la cohésion sociale, l’égalité des sexes et le bien-être de la population étant essentiels à la pleine souveraineté des populations de ces territoires. 

Les participants se sont ensuite penchés sur les développements politiques des territoires non autonomes dans les Caraïbes.  Tout en reconnaissant que le cadre de décolonisation de l’ONU est toujours très pertinent pour cette région, où le processus est inachevé, le représentant des îles Vierges britanniques a présenté cinq demandes concrètes au C-24: une mission de visite du Comité sur place en 2023; une assistance renforcée des départements compétents de l’ONU pour aider le gouvernement territorial à mener une campagne d’éducation locale sur les options permettant d’atteindre une pleine autonomie ainsi que sur la mobilisation des ressources.  Il a également exhorté l’ONU à partager officiellement l’évaluation de l’autonomie réalisée par l’expert indépendant en gouvernance, M. Carlyle Corbin, avec les membres du C-24 avant la session de fond du Comité en juin à New York. 

Les situations au Sahara occidental, aux Îles Falkland (Malvinas) et à Gibraltar ont aussi occupé le devant de la scène au cours de cette édition du Séminaire. Pour M. Sidi Mohamed Omar, du Front POLISARIO, la seule option reste l’expression « démocratique, véritable et libre » du souhait du peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable et « non négociable » à l’autodétermination et à l’indépendance.  Mme Bahiya Ghalla, qui a pris la parole en tant que représentante de la population sahraouie et Vice-Présidente élue du Conseil régional, a réfuté les affirmations du Front POLISARIO selon lesquelles le territoire est occupé par des militaires marocains.  Elle a rétorqué que la souveraineté du Maroc sur ce territoire, qui a bénéficié du lancement du modèle de développement du Sahara marocain financé à hauteur de 8 milliards de dollars depuis 2015, contribue à la promotion du développement durable dans divers secteurs sur le continent africain. 

De son côté, le délégué de l’Espagne a noté l’impact négatif de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, à laquelle s’est opposée une grande majorité des habitants de Gibraltar, affirmant que le Brexit fragilise les progrès du territoire dans la réalisation des ODD liés à l’environnement, à l’accès à l’eau et à l’assainissement, à la réduction des inégalités, sans compter l’impact sur les espaces non cédés et les zones voisines.  Il a jugé nécessaire d’atténuer ces conséquences, l’objectif ultime étant de créer une zone de prospérité partagée englobant toute la région de Campo de Gibraltar et de Gibraltar. 

Le Conseiller Karl Thrower a donné son point de vue sur le référendum retardé de Sainte-Hélène, déclarant que la principale préoccupation de l’île était sa dépendance financière à long terme vis-à-vis du Royaume-Uni, compte tenu des multiples défis auxquels le territoire est confronté, y compris son isolement géographique et une assiette fiscale qui se rétrécit. 

Les conclusions et recommandations du Séminaire, telles qu’oralement amendées, seront adoptées au mois de juin par le Comité spécial de la décolonisation. 

Les 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de l’ONU sont: Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, Guam, les Îles Caïman, les Îles Turques et Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, les Îles Falkland (Malvinas), Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental, les Samoa américaines, Sainte-Hélène et les Tokélaou. 

Le Venezuela a annoncé vouloir organiser le prochain Séminaire du C-24 à Caracas, au Venezuela, en 2024.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: appels convergents à un financement « au cas par cas » des opérations de paix de l’UA à partir des contributions fixées par l’ONU

9329e séance – matin
CS/15294

Conseil de sécurité: appels convergents à un financement « au cas par cas » des opérations de paix de l’UA à partir des contributions fixées par l’ONU

Comme il le fait depuis des années, le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur la question du financement des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine (UA) qu’il a préalablement autorisées.  Si le principe d’un financement « prévisible, durable et souple » semble désormais faire l’unanimité au sein du Conseil, il reste à trouver un consensus sur celui d’un financement à partir des contributions fixées par l’ONU. À l’instar de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politique et à la consolidation de la paix, qui a plaidé pour un tel financement « au cas par cas », l’ensemble des délégations ont appuyé ce modèle. 

Intervenant, en cette Journée de l’Afrique, sur la base du dernier rapport du Secrétaire général sur cette question, Mme Rosemary DiCarlo s’est tout d’abord félicitée de l’intensification de la coopération entre l’UA et l’ONU en matière de paix et de sécurité.  Elle a ainsi rappelé que les deux organisations ont récemment soutenu les efforts de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rétablir l’ordre constitutionnel au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, et qu’aujourd’hui, l’ONU, l’UA et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) s’emploient à ramener la paix et un ordre dirigé par des civils au Soudan.

La Secrétaire générale adjointe a cependant noté que les missions de paix africaines restent confrontées à des problèmes récurrents, en raison notamment de leurs déficits de financement et de leur manque de capacités opérationnelles et logistiques. Bien que le Conseil ait déjà accepté, en 2009, de financer partiellement la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM) -devenue depuis la Mission de transition de l’UA en Somalie (ATMIS)- à partir des contributions obligatoires de l’ONU, le besoin d’asseoir les opérations de paix de l’UA sur des bases solides se fait de plus en plus pressant, a-t-elle constaté. 

Après avoir rappelé que la résolution 2378 (2017) proposait d’examiner la création d’un mécanisme par lequel les opérations de paix de l’UA pourraient être partiellement financées par les contributions fixées par l’ONU, « au cas par cas », Mme DiCarlo a invité le Conseil à autoriser ce modèle afin d’aider l’UA à relever les défis de paix et de sécurité sur le continent.  À l’appui de cette demande, elle a fait valoir que l’UA s’est elle-même engagée à augmenter ses propres contributions financières, notamment en revitalisant son Fonds pour la paix. 

Le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA a lui aussi insisté sur les efforts financiers consentis par son organisation, précisant que l’Assemblée de l’UA a également approuvé l’opérationnalisation de la facilité de réserve du Fonds pour la paix en 2023, ce qui a permis de soutenir l’ATMIS et la Force de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) en République démocratique du Congo (RDC). M. Adeoye Bankole a aussi mis en avant le fait que l’UA progresse dans l’application des droits humains, du droit international humanitaire et des normes de conduite et de discipline. 

M. Bankole a ajouté que l’UA propose trois modèles de financement réalisables, dont certains recoupent les options avancées par le Secrétaire général: l’accès aux contributions fixées par l’ONU pour les missions hybrides; la mise en place d’un bureau d’appui de l’ONU financé au moyen des contributions de l’ONU ; et le soutien direct, par ce même biais, des opérations sous-régionales de soutien à la paix.  Alors que les crises africaines démontrent l’inadéquation de l’architecture actuelle de paix et de sécurité, « c’est le bon moment d’agir », a-t-il appuyé, rejoint dans cette analyse par Mme Bitania Tadesse, Directrice de programme d’Amani Africa Media & Research Services, pour qui l’adoption d’une résolution consacrant l’utilisation des contributions de l’ONU pour le financement des opérations de paix de l’UA aiderait à « restaurer la foi de l’Afrique dans le système multilatéral ».

Par la voix du Ghana, les trois membres africains du Conseil (Gabon, Ghana et Mozambique) se sont pour leur part félicités que, s’agissant du partage des charges, l’UA ait décidé d’affecter 25% de son budget à des activités de paix et de sécurité.  Selon eux, les deux modèles de financement présentés dans le rapport du Secrétaire général, à savoir l’établissement d’un bureau d’appui de l’ONU et le financement conjoint d’une mission hybride, fournissent des éléments utiles pour définir le meilleur cadre possible.

Cette position a été partagée par toutes les délégations, avec toutefois quelques nuances.  Les États-Unis ont souhaité que le Conseil de sécurité conserve son rôle de surveillance, après approbation au cas par cas des opérations de l’UA qu’il mandate, et que l’Assemblée générale veille au contrôle budgétaire de ces missions.  Ils ont en outre exhorté l’UA à mettre pleinement en œuvre son cadre de conformité, non sans rappeler que toute opération de paix doit viser une solution politique.  Le Royaume-Uni a, lui, invité le Conseil à discuter de la répartition du fardeau financier entre l’ONU et l’UA, en prévenant que toute interprétation erronée entraînerait le blocage de nouvelles initiatives. 

De son côté, la Chine a averti que le recours aux contributions fixées par l’ONU pour financer les opérations de paix de l’UA ne doit pas inciter les pays développés à « contourner » leur responsabilité historique vis-à-vis de l’Afrique.  Par ailleurs, sans écarter aucun des modèles proposés par le Secrétaire général, la délégation chinoise a suggéré de rationaliser le financement des opérations de maintien de la paix de l’ONU afin de réinjecter les économies réalisées dans l’appui aux missions de l’UA. 

Tout en défendant le principe des « solutions africaines aux problèmes africains », la Fédération de Russie s’est déclarée prête à se joindre aux négociations à venir sur une future résolution pertinente du Conseil.  La France a exprimé la même disposition, jugeant qu’un tel projet de résolution permettrait d’affirmer la valeur ajoutée des opérations africaines de paix conduites par les soldats africains eux-mêmes, d’avancer vers un mécanisme consultatif de planification et de décision, et de faire le point sur les efforts restant à déployer en matière de droits humains, de droit international humanitaire, de conduite et de discipline. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE - S/2023/303

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, s’est félicitée de l’intensification de la coopération entre l’Union africaine (UA) et l’ONU depuis la signature en 2017 du Cadre commun ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  Elle a rappelé que, récemment, les deux organisations avaient soutenu les efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rétablir l’ordre constitutionnel au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, et qu’aujourd’hui, l’ONU, l’UA et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) soutiennent les efforts visant à ramener la paix et un ordre dirigé par des civils au Soudan.  Au cours des 20 dernières années, a-t-elle poursuivi, l’UA a montré sa volonté de déployer rapidement des opérations de soutien à la paix en réponse aux conflits armés sur le continent.  Avec ses missions au Burundi, en République centrafricaine, aux Comores, au Mali, en Somalie et au Soudan, l’UA a contribué au maintien de la paix et de la sécurité continentales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a relevé la haute fonctionnaire. 

Toutefois, a-t-elle noté, ces missions ont été confrontées à des problèmes récurrents, en raison notamment de leurs déficits de financement et de leur manque de capacités opérationnelles et logistiques.  Bien que le soutien fourni par l’ONU et d’autres partenaires ait été utile, il a aussi souvent été imprévisible, a-t-elle constaté, estimant à cet égard que la forme de coopération la plus novatrice entre les deux organisations a été le soutien de l’ONU aux missions d’imposition de la paix de l’UA en Somalie.  En 2007, a rappelé Mme DiCarlo, le Conseil de sécurité a approuvé la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) puis, en 2009, a mandaté un soutien partiel à partir des contributions obligatoires de l’ONU pour s’assurer que l’AMISOM dispose d’un soutien durable et prévisible pour mener à bien son mandat.  L’année dernière, l’AMISOM est devenue la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), dans le but de transférer les responsabilités de sécurité aux forces de sécurité somaliennes d’ici à la fin décembre 2024. 

De fait, a souligné la Secrétaire générale adjointe, le besoin d’asseoir les opérations de paix de l’UA sur des bases solides se fait de plus en plus pressant. Notant que l’UA et les mécanismes économiques régionaux se sont efforcés ces dernières années de répondre à la nature changeante des conflits en Afrique, du Sahel à la Somalie, du Mozambique à l’est de la République démocratique du Congo, elle a reconnu que l’impératif de fournir un financement prévisible, flexible et durable aux opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA est bien connu du Conseil de sécurité. En 2015, par exemple, le rapport du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix a conclu que l’absence de mécanismes de financement durables, prévisibles et flexibles pour soutenir les opérations de paix de l’UA compromet leur durabilité et leur efficacité. Sur cette base, a-t-elle rappelé, le Conseil de sécurité a exprimé, dans la résolution 2378 (2017), son intention d’examiner plus avant des mesures pratiques pour établir un mécanisme par lequel les opérations de paix de l’UA pourraient être partiellement financées par les contributions fixées par l’ONU, au cas par cas.

Mme DiCarlo a indiqué que le Conseil est saisi aujourd’hui d’un rapport du Secrétaire général contenant des recommandations sur l’obtention d’un tel soutien pour les opérations dirigées par l’UA mandatées par le Conseil de sécurité. Elle a salué le fait que l’UA ait fait des progrès significatifs pour remplir les engagements énoncés dans les résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017), et ainsi relever le défi financier de ses opérations.  L’Union africaine, a-t-elle observé, s’est notamment engagée à augmenter ses propres contributions financières en revitalisant le Fonds pour la paix de l’UA. Pour la Secrétaire générale adjointe, les opérations de paix de l’UA doivent être considérées comme faisant partie de l’éventail des réponses aux crises en Afrique, aux côtés des mécanismes établis des Nations Unies.  Le rapport décrit à ce sujet un processus de planification consultatif, dans le cadre duquel l’ONU, l’UA et les configurations sous-régionales peuvent évaluer ensemble la réponse requise à une crise émergente.  Ce processus, a-t-elle fait valoir, peut rassurer le Conseil sur le fait qu’une situation donnée a été systématiquement examinée par toutes les entités concernées.  Il peut aussi l’aider à décider si les contributions fixées peuvent être imposées. Le rapport présente le modèle de mission conjointe et les programmes de soutien fournis par l’ONU comme les deux options les plus pratiques, le soutien étant autorisé au cas par cas, a ajouté Mme DiCarlo, formant le vœu que le Conseil acceptera d’apporter son soutien, notamment en autorisant l’accès aux contributions fixées par l’ONU.  Une action concrète sur ce problème de longue date permettra de combler une lacune critique dans l’architecture internationale de paix et de sécurité et de renforcer les efforts de l’UA pour relever les défis de paix et de sécurité sur le continent. 

M. ADEOYE BANKOLE, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, a appelé, face aux foyers d’insécurité persistants en Afrique, à un « changement de paradigme » au sujet des opérations de soutien à la paix sur le continent.  Qu’elles soient financées ou autorisées par l’UA, leur financement actuel ne peut en effet répondre aux besoins impérieux de durabilité, d’efficacité ainsi qu’aux besoins de financement innovant qui constituent l’objectif fondamental de l’UA.  Sa proposition d’aujourd’hui, à l’occasion de la Journée de l’Afrique, est que seule la contribution de l’ONU aux opérations dirigées, mandatées ou autorisées par l’UA répond aux critères de financement prévisible, adéquat et durable.  Bien heureusement, en réponse aux directives antérieures du Conseil, l’Assemblée de l’UA a adopté un document de consensus sur le financement prévisible, adéquat et durable des opérations de l’Union africaine, document proposant trois modèles de financement réalisables. Premièrement, la contribution au budget de l’ONU pour les missions hybrides; deuxièmement, la contribution au budget de l’ONU selon le modèle du Bureau d’appui; et enfin, celle évaluée au budget de l’ONU pour soutenir les opérations de soutien à la paix sous-régionales.

Pour le Commissaire, c’est le bon moment d’agir.  Les crises actuelles en Somalie, dans le bassin du lac Tchad, au Sahel, dans la région des Grands Lacs et au Mozambique fournissent des enseignements précieux sur l’inadéquation de l’architecture internationale actuelle de paix et de sécurité: la nature ad hoc des modèles en vigueur n’est pas viable, selon lui.  Demeurant attachée aux principes inébranlables d’une solution africaine aux problèmes africains, par le biais du partage des charges et des responsabilités, l’UA a doté son Fonds pour la paix de plus de 340 millions de dollars. Il est pertinent de souligner que l’Assemblée de l’UA a encore illustré ces principes en approuvant l’opérationnalisation de la facilité de réserve pour les crises du Fonds pour la paix en 2023, à partir de laquelle l’UA a soutenu la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) ainsi que la Force de la Communauté de l’Afrique de l’Est en RDC, avec 2 millions de dollars.  Il a félicité les États membres de l’UA pour cette démonstration de panafricanisme, ajoutant que la communauté internationale représentée au sein du Conseil devrait également « jouer son rôle ».

Mettant aussi en avant le fait que la Commission continue à faire des progrès significatifs dans l’intégration et la mise en œuvre des droits humains, du droit international humanitaire (DIH) et des normes de conduite et de discipline dans la planification, la conduite, la gestion et la liquidation des missions, M. Bankole s’est déclaré convaincu que les éléments du document de consensus sur le financement prévisible, adéquat et durable des opérations de soutien à la paix de l’UA, ainsi que le rapport du Secrétaire général, permettront au Conseil de décider des modalités essentielles à inclure dans un projet de résolution sur l’accès par l’UA aux contributions au budget de l’ONU.

Mme BITANIA TADESSE, Directrice de programmes à Amani Africa Media and Research Services, a souhaité que la discussion d’aujourd’hui se focalise sur le type d’arrangements qui permettent de préserver les générations futures du fléau de la guerre à un moment où ceux prévus par la Charte des Nations Unies semblent insuffisants.  Rappelant que les défis en matière de paix et de sécurité auxquels l’Afrique est confrontée représentent 60% des décisions du Conseil, elle a exhorté cet organe à soutenir la demande du Secrétaire général pour que les opérations de paix de l’Union africaine soient financées de manière prévisible et durable par le biais des contributions au budget de l’ONU.  La Directrice a suggéré de revitaliser le Fonds de l’UA pour la paix, pour une meilleure répartition des coûts.  Dans cette équation, il faut aussi prendre en compte le sacrifice énorme, parfois ultime, que consentent les personnels de l’UA, a-t-elle dit.  Pour l’intervenante, les conflits dans diverses parties du continent exigent des outils pour restaurer la paix, la stabilité et la consolidation de la paix, sans lesquels les missions en RCA, en RDC et au Mali ont été confrontées à d’énormes défis.  À l’inverse, a-t-elle estimé, de la Somalie, dans le cadre de l’AMISOM qui a disposé des ressources adéquates pour s’acquitter de son mandat.

Pour elle, l’adoption de la résolution relative aux contributions mises en recouvrement des Nations Unies pour les opérations de paix de l’UA contribuerait à restaurer la foi de l’Afrique dans le système multilatéral. Consacré par un accord institutionnel élaboré conjointement par l’UA et l’ONU, elle offrirait un cadre idoine pour que le rôle de l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales réponde aux attentes de la Charte.  « Tout semble indiquer que les opérations sous conduite africaine et financées par les quotes-parts des États Membres sont rentables », a ajouté la Directrice.  Il ne s’agit pas de signer un chèque en blanc ni de faire preuve de charité, a souligné Mme Tadesse, mais pour ce Conseil d’élaborer le cadre qui lui permettra d’assumer sa part de responsabilité dans le bien public mondial partagé que constitue le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.

Mme VIOLA AMHERD, Vice-Présidente de la Confédération suisse, a indiqué que pour remplir leurs mandats, les missions de paix doivent pouvoir s’appuyer sur un financement prévisible, durable et flexible.  Cela vaut également pour les missions régionales autorisées par ce Conseil, a-t-elle estimé.  Elle a affirmé que toutes les forces de sécurité doivent respecter la Charte, le droit international humanitaire, les droits de l’homme et le droit des réfugiés. Ce respect doit être une condition préalable à l’octroi de fonds par les Nations Unies, a souligné la représentante.

Poursuivant, la déléguée a appelé à favoriser et faciliter des solutions durables. En ce sens, a-t-elle indiqué, l’appropriation régionale des opérations de paix est centrale: les organisations régionales doivent pouvoir planifier, déployer, gérer, soutenir et financer leurs opérations de manière autonome.  Elle s’est déclarée encouragée par le Papier consensuel de l’Union africaine adopté cette année, et a estimé qu’il sera dès lors important de trouver un partage des charges ambitieux et réalisable pour les opérations de soutien à la paix.  Elle a ensuite appelé à promouvoir l’efficacité, le leadership ainsi qu’une bonne division des tâches dans la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Les processus budgétaires établis, y compris les mécanismes de supervision doivent s’appliquer sans exception à tout financement des Nations Unies, a-t-elle souligné.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a indiqué que l’évolution du contexte sécuritaire en Afrique exige une adaptation, que le Conseil doit concevoir par le biais d’approches plus « proactives » et audacieuses.  À cet égard, il a soutenu le rapport du Secrétaire général, dans lequel est mentionné la nécessité d’une nouvelle génération de missions de soutien à la paix et d’opérations de lutte contre le terrorisme, menées par des forces régionales, avec un financement garanti et prévisible.  Pour les A3, il est évident que si le Conseil entend demeurer efficace pour faire face aux situations de conflit complexes et persistantes sur le continent africain, il doit conserver sa capacité à tirer parti des partenariats existants de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales.  L’adoption des résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017) constitue une très bonne base pour libérer le potentiel des opérations de soutien à la paix de l’UA, a-t-il relevé. 

Le représentant a salué les efforts déployés par l’UA pour renforcer ses mécanismes de respect des droits humains et du droit international humanitaire. Concernant les normes prudentielles et fiduciaires, il a affirmé que l’UA a constamment progressé, en renforçant ses règles et dispositions financières, afin d’assurer la transparence dans l’utilisation des fonds.  Le renforcement de la structure et des dispositions du Fonds pour la paix de l’UA, ainsi que celles de sa facilité de réserve pour les crises, permettent également d’exercer un contrôle financier rigoureux sur les fonds engagés, en permettant de rendre des comptes à leur sujet. 

Sur la question du partage des charges, le délégué s’est félicité de la clarification apportée par l’UA concernant l’affectation de 25% de son budget à des activités plus larges en matière de paix et de sécurité, à partir de son Fonds pour la paix.  Il a jugé essentiel d’entamer les discussions sur la base du consensus, se félicitant ensuite de la pleine opérationnalisation du Fonds pour la paix, dont le solde s’élevait à 337 millions de dollars en février 2023. Attendant avec intérêt la mise en œuvre de la récente décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA d’augmenter le plafond de la facilité de réserve pour les crises de 5 millions de dollars à 10 millions de dollars pour 2023 et 2024, il a aussi pris note de la demande adressée à la Commission de l’UA d’utiliser le Fonds pour la paix pour contribuer à combler les déficits financiers des missions en cours, telles que la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS). Les deux modèles de financement présentés dans le rapport du Secrétaire général –celui du Bureau d’appui et celui du financement conjoint d’une mission hybride- fournissent des éléments utiles pour définir le meilleur cadre possible, a observé le représentant. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a déclaré que le soutien aux efforts des pays africains pour régler les crises doit se traduire par une contribution plus importante de l’ONU à l’Union africaine.  Toutefois, a relativisé le représentant, ces opérations de paix ainsi financées doivent être soumises au contrôle du Conseil de sécurité.  La décision de soutenir ou non une opération donnée, et dans quelle mesure, doit être prise au cas par cas, toujours en fonction des caractéristiques politiques, sécuritaires et humanitaires propres à chaque situation.  Pour le délégué, il est nécessaire de disposer d’un ensemble adéquat de cadres relatifs aux droits humains, au droit international humanitaire, au déploiement des troupes et au respect de la discipline pour guider ces forces. 

Il a fait valoir que ces normes deviennent encore plus importantes lorsque les opérations de l’UA doivent s’acquitter de tâches présentant des risques plus élevés, ce qui est souvent le cas lorsqu’elles dépassent le maintien de la paix.  À cet égard, le représentant a appelé à mener à leur terme les travaux sur les directives conjointes pour la planification opérationnelle, le déploiement, l’évaluation et la transition des opérations de soutien de la paix de l’Union africaine. Il faut en outre englober d’autres domaines notamment la communication stratégique afin de doter les missions des outils leur permettant de relever des défis tels que les discours de haine et la désinformation.  Il faut aussi procéder à une évaluation approfondie des capacités d’appui opérationnel disponibles, a encore préconisé le délégué.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a rendu hommage au personnel des opérations de paix dirigées par l’Union africaine (UA) et d’autres organisations sous-régionales pour son action en faveur d’une Afrique stable et prospère. Il a souligné l’avantage comparatif de l’UA dans ce domaine, compte tenu de sa compréhension des circonstances uniques de chaque situation en Afrique.  Pour relever efficacement les défis de plus en plus complexes en Afrique, l’ONU et l’UA doivent selon lui continuer à renforcer leur partenariat afin de maximiser leurs capacités combinées, tout en gardant à l’esprit que la mission de l’UA finira par soutenir seule sa capacité.  À cet égard, le représentant a soutenu la mise en place d’un mécanisme par lequel les opérations de soutien à la paix de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies seraient partiellement financées par des contributions de l’ONU, après examen au cas par cas. 

Assurant que le Japon est déterminé à poursuivre les consultations avec toutes les parties prenantes sur une éventuelle assistance aux opérations de soutien à la paix de l’UA, le représentant a plaidé pour que ces opérations aident et complètent les efforts des gouvernements nationaux, avec le soutien de la Commission de consolidation de la paix.  Il a par ailleurs préconisé une coordination étroite entre l’ONU et l’UA, considérant toutefois que le rôle central de l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité doit rester inchangé.  Une coopération efficace en matière de planification conjointe, de mandat et de partage mutuel des charges est la clef de l’éventail complet des activités de soutien de la paix tout au long de leur cycle de vie, a-t-il affirmé.  Il a enfin souhaité que toutes les opérations, qu’elles soient dirigées par l’ONU ou par l’UA, garantissent le strict respect des principes onusiens, notamment les droits humains, et a appelé de ses vœux la mise en place de systèmes de suivi, pendant et après les opérations, en vue d’une amélioration continue. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est déclarée déterminée à ce que le Conseil puisse garantir un financement durable et prévisible des opérations africaines de paix.  Ces dernières disposent en effet d’un mandat clair et peuvent obtenir des effets rapides, à des coûts « maîtrisés ».  Il est donc indispensable, selon elle, que le Conseil avance concrètement sur un projet de financement durable et prévisible, qui leur a fait défaut jusqu’à présent. 

Rappelant la position historique de la France en faveur des opérations africaines de paix et de leur financement sur contributions obligatoires de l’ONU, elle s’est dite prête à soutenir le Ghana, le Gabon et le Mozambique pour relancer les discussions au Conseil de sécurité, y compris à travers un projet de résolution, sur la base du mandat confié par l’Union africaine.  Elle a appelé à franchir un cap supplémentaire vers le principe du financement au cas par cas des opérations africaines de paix sur les « contributions obligatoires de l’ONU », afin de compléter l’engagement de l’Union africaine à financer une part de ses efforts de paix et de sécurité.  Un projet de résolution, selon elle, devrait permettre d’affirmer la valeur ajoutée des opérations africaines de paix conduites par les soldats africains eux-mêmes, d’avancer vers un mécanisme consultatif de planification et de décision, ainsi que de faire le point sur les efforts restant à déployer en matière de droits de l’homme, de droit international humanitaire (DIH), de conduite et de discipline. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit que pour prévenir, atténuer et répondre aux défis en matière de paix et de sécurité en Afrique, il faut combler les déficits de financement et de capacités des opérations qui y sont déployées, suggérant trois axes.  Tout d’abord, il faut que le Secrétariat appuie les efforts visant à déterminer les options pour chaque opération et que le Conseil joue un rôle pour déterminer la portée de la planification conjointe ONU-UA.  En outre, a poursuivi le délégué, il faut accompagner les progrès considérables de l’UA en matière de respect du droit international humanitaire, des droits humains, de déontologie et de discipline, une mise en conformité qui doit prévaloir pour toute nouvelle opération.  Il a aussi invité le Conseil à discuter de la manière de répartir le fardeau financier de ces opérations entre l’ONU et l’Union africaine, en prévenant toutefois que toute interprétation erronée entraînera le blocage de nouvelles initiatives.  Reconnaissant les avantages comparatifs que les opérations sous conduite de l’UA et d’autres opérations dirigées par l’Afrique peuvent offrir, notamment s’agissant d’une capacité de déploiement plus rapide face à certaines menaces émergentes, le représentant a souligné que celle des opérations de maintien de la paix de l’ONU était parfois inadéquate. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a estimé que les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine (UA) sont des outils pour répondre aux crises et aux conflits sur le continent.  Elle a cependant constaté que l’absence de financement souple, durable et prévisible entrave ces opérations, avant d’affirmer que son pays soutient le principe d’une utilisation des contributions de l’ONU pour les opérations de l’UA autorisées préalablement par le Conseil de sécurité.  La représentante a observé qu’en matière d’opérations de soutien à la paix, l’UA a fait montre de sa volonté politique, tout en démontrant son expertise régionale, ses compétences linguistiques et sa capacité de déploiement rapide pour réagir aux conflits sur le continent.  De fait, a-t-elle souligné, l’UA est la mieux à même de répondre aux défis sécuritaires sur le continent.  Cela étant, a poursuivi la déléguée, nous reconnaissons les exigences de contrôle associées à l’utilisation des contributions de l’ONU pour ces opérations l’UA.  Il importe selon elle que des mécanismes soient mis en place pour atténuer les risques, notamment en garantissant les normes d’autorisation adéquates.  À cet égard, elle a salué les progrès accomplis par l’UA dans ce domaine, notamment par le biais de son cadre de conformité. 

De l’avis de la représentante, il est essentiel, pour progresser sur la question du financement des opérations de paix de l’UA, de réaffirmer l’importance attachée à l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il faut veiller à ce que le Conseil autorise les opérations de soutien à la paix de l’UA au cas par cas, tout en maintenant son rôle de surveillance, comme c’est le cas ailleurs.  S’agissant du contrôle financier, elle a souhaité que, comme pour toutes les missions de l’ONU, l’Assemblée générale joue un rôle de surveillance budgétaire et d’approbation.  Elle s’est par ailleurs réjouie de voir que l’UA a fait des progrès significatifs en matière de droits humains et de conformité, appelant l’organisation régionale à les mettre pleinement en œuvre.  Toute opération de paix doit viser une solution politique, comme précisé dans les doctrines des opérations de soutien à la paix de l’UA, a-t-elle insisté. Enfin la déléguée a indiqué que les États-Unis s’engagent à un partage des coûts, comme prévu par la résolution 2320 (2016).  En œuvrant dans ces domaines, nous pourrons nous acheminer vers l’objectif commun d’une Afrique pacifique et prospère, conformément à l’Agenda 2063 de l’UA, a-t-elle conclu. 

M. ZHANG JUN (Chine), évoquant le document de consensus adopté par l’UA en février, a jugé nécessaire de doter les opérations de soutien à la paix de l’UA d’un financement prévisible, durable et souple, avec le soutien de l’ONU.  Ce sont là des « aspirations légitimes et raisonnables », a-t-il déclaré. Soulignant le principe fondamental d’une solution africaine aux problèmes africains, le représentant a souligné qu’une fois ces opérations financées par l’ONU, elles seront dirigées par l’UA: il ne s’agit, en aucun cas, d’en faire de nouvelles missions de maintien de la paix des Nations Unies.

Concernant la protection des droits humains, elle fait partie intégrante de leur mandat, « mais cette question doit occuper la place qui lui revient », a-t-il tempéré.  Les pays africains ont déjà consenti à des efforts « considérables » sur cette question, a rappelé le représentant.  Personne n’a de bilans parfaits en matière de droits humains et certaines forces des Nations Unies déployées sur le terrain ont eu des « problèmes de comportement » par le passé.  Le délégué chinois a donc mis en garde contre les « préjugés »: certains cas isolés ne doivent pas conditionner l’octroi de contributions à venir.  Surtout, les dispositions en matière de principe de responsabilité ne peuvent servir de prétexte pour reporter les financements.

Troisièmement, l’appui financier doit venir compléter le financement de l’Union africaine par les pays développés, contributeurs historiques. Ces derniers ne doivent pas en profiter pour réduire leur soutien et contourner ainsi leur responsabilité historique face à l’Afrique.  D’autre part, l’Afrique étant confrontée à des difficultés diverses, il ne saurait y avoir de modèle de financement unique.  Aucun des quatre modèles proposés dans le rapport du Secrétaire général ne doit être écarté: reste à voir lequel fera l’objet d’un consensus. Aujourd’hui, de nombreuses opérations de maintien de la paix en Afrique sont confrontées à des difficultés complexes, rendant difficile de dresser un bilan financier, a souligné le délégué. Il a suggéré de rationaliser leur financement et de réinjecter les économies ainsi réalisées dans l’appui aux missions de l’Union africaine.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a appelé à mettre en œuvre les résolutions du Conseil qui reconnaissent les efforts de l’UA, des organisations sous-régionales et régionales en matière de paix.  Il s’est inquiété des obstacles que rencontrent les opérations autorisées par le Conseil pour obtenir des ressources prévisibles, durables et souples, alors que l’UA a réalisé des progrès considérables en matière de droits humains, de conformité, de déontologie et de discipline.  L’UA a aussi progressé s’agissant du Fonds pour la paix et de la reddition de comptes financière, a ajouté le représentant.  Il a appelé à examiner l’utilisation des ressources au cas par cas, en tenant compte des circonstances particulières de chaque opération de paix, tout en donnant la priorité aux solutions politiques.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré soutenir la position des pays africains quant à la nécessité d’accroître la prévisibilité, la fiabilité et la flexibilité du financement des opérations de paix africaines menées sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il a fait valoir que les Africains connaissent mieux que quiconque la nature et les causes profondes de l’instabilité dans leur région et disposent aujourd’hui de mécanismes qui tiennent compte des spécificités locales et complètent harmonieusement les efforts de l’ONU.  Le représentant a ainsi noté que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) travaille efficacement et peut compter sur le soutien de la Commission africaine, du Groupe des sages, du Système continental d’alerte rapide et de la Force africaine prépositionnée, tandis que le Fonds pour la paix de l’UA est en train d’être abondé.  De plus, l’initiative de l’UA pour mettre fin aux conflits armés, prolongée jusqu’en 2030, est en cours de mise en œuvre et des progrès significatifs ont été accomplis dans le domaine des droits de l’homme, de la transparence et de la responsabilité des contingents militaires des pays africains.

Le délégué a rappelé que l’ONU a fourni à plusieurs reprises une assistance matérielle et financière aux efforts africains dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, notamment par le biais des contributions obligatoires des États Membres.  Il a cité comme exemples de cette aide le soutien logistique du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie aux Casques bleus africains déployés dans ce pays, la mission de maintien de la paix hybride ONU-UA au Darfour et l’assistance à la Force conjointe du G5 Sahel.  Selon lui, la nécessité d’une discussion approfondie sur la question de la garantie d’un financement prévisible et durable est dictée par la croissance incessante des situations de crise et des conflits armés en Afrique, le manque d’accès aux ressources nécessaires conduisant inévitablement à la perte d’efficacité des efforts entrepris et à la propagation de l’instabilité. 

Observant que les pays africains sont capables de prendre leurs responsabilités pour assurer la paix et la sécurité dans leur région, il en a voulu pour preuve les décisions prises par l’UA sur l’utilisation de son Fonds pour la paix et de son fonds de réserve pour la résolution des crises.  Il a également salué la volonté des dirigeants africains de parrainer 25% des dépenses totales pour les activités de paix et de sécurité menées sur le continent, y compris les opérations de paix, y voyant une confirmation du principe des « solutions africaines aux problèmes africains ».  Sur la base des recommandation formulées dans le rapport du Secrétaire général sur un éventuel processus de planification et de prise de décisions conjointe sur les missions de paix sur le continent, il a assuré que la Fédération de Russie est prête à se joindre aux discussions de fond, dans le cadre du processus de négociation à venir sur une future résolution pertinente du Conseil de sécurité. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a recommandé de mettre à profit les relations renforcées entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour développer et améliorer la gestion des crises sur le continent africain.  Favorable à des opérations de paix de l’UA correctement financées, la représentante a dit attendre avec intérêt les discussions à venir pour mieux définir leur opérationnalisation.  Un véritable engagement en vue de résoudre les questions en suspens, telles que le partage des coûts liés à ces opérations, est toujours nécessaire, a-t-elle ensuite souligné.  L’Union européenne, a rappelé la déléguée, a versé 600 millions d’euros pour 2022-2024 afin de soutenir les aspects militaires des opérations de paix dirigées par l’Afrique.  Elle est prête à poursuivre sa coopération avec l’UA, notamment en participant au projet tripartite ONU-UA-UE visant à renforcer et à rendre opérationnel le cadre de conformité de l’UA en matière de droits humains, afin de mettre en pratique les politiques de l’UA en matière de droits humains et de diligence raisonnable. Elle a également plaidé en faveur d’un financement supplémentaire provenant d’une base de donateurs élargie afin de garantir véritablement la viabilité de ces opérations.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a salué la détermination de l’Union africaine à assumer un plus grand rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique, en partenariat avec l’ONU.  Ce partenariat doit garantir un soutien financier stable et prévisible aux missions de maintien et de soutien de la paix en Afrique.  Selon lui, les défis sécuritaires auxquels l’Afrique est confrontée nécessitent une stratégie à long terme et durable qui permette la mobilisation d’un soutien à la fois financier et politique pour éradiquer la violence et les menaces à la paix et à la sécurité.  Cette stratégie, a-t-il ajouté, doit être centrée sur l’humain, sensible au genre et faire progresser la réalisation de tous les droits de chacun.

Le représentant a par ailleurs relevé que les missions de maintien de la paix sont confrontées à des menaces provenant des extrémistes armés, de la criminalité transnationale organisée et du rôle croissant des sociétés militaires privées.  Ces menaces doivent être prises très au sérieux dans les efforts visant à renforcer le partenariat UA-ONU, en plus de régler le financement complexe à long terme des opérations de paix, a-t-il estimé.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a estimé que, grâce à l’architecture de paix et de sécurité qu’elle a développée, l’Union africaine (UA) est la mieux placée pour déployer des opérations de paix en Afrique, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  En effet, a-t-elle souligné, sa connaissance de l’environnement local et de ses dynamiques est inégalée, ce qui justifie la confiance internationale dans son expertise. À ce titre, les exercices conjoints d’évaluation et de planification sont essentiels pour réagir efficacement lorsqu’une crise survient, a ajouté la représentante, pour qui les opérations de soutien à la paix de l’UA doivent être dotées des ressources nécessaires. Elle a rappelé à cet égard que, depuis 2018, le Conseil de sécurité a adopté des résolutions et des déclarations présidentielles reconnaissant la nécessité d’un financement « adéquat, durable et prévisible ».  Saluant le fait que l’UA continue de mettre en œuvre son cadre de conformité au droit international humanitaire, aux droits de l’homme, à la conduite et à la discipline, comme demandé par le Conseil de sécurité, l’intervenante s’est également félicitée de la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA d’augmenter le plafond de sa réserve de crise.  Cette décision, et les contributions supplémentaires au Fonds pour la paix de l’UA, illustrent selon elle l’engagement de l’Afrique à partager la charge financière et à s’approprier la résolution des conflits sur tout le continent. 

Pour la représentante, l’appui aux opérations de soutien à la paix de l’UA doit être adapté à chaque situation et la même logique devrait s’appliquer au financement qui les soutient.  Elle a également jugé nécessaire de s’assurer que les opérations de paix soient capables d’atteindre leurs objectifs grâce à des partenariats pertinents et à des ressources adéquates et durables.  Par conséquent, il importe que le Conseil envisage de soutenir le financement des opérations de soutien à la paix de l’UA qu’il autorise, par le biais des contributions fixées par l’ONU, et ce, au cas par cas, a-t-elle plaidé.  À ses yeux, les différents modèles présentés par le Secrétaire général, y compris une mission hybride et un bureau d’appui, ont le potentiel de faire une réelle différence sur le terrain et doivent être sérieusement pris en considération par le Conseil, en concertation avec l’UA. Un accord sur cette question servirait de « représentation tangible de l’approfondissement du partenariat entre nos deux organisations », a fait valoir la déléguée en conclusion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC conclut son débat sur les activités opérationnelles de développement sur des appels à soutenir les pays tout en gardant le cap sur la réalisation des ODD

Session de 2023
23e & 24e séances, Matin & après-midi
ECOSOC/7129

L’ECOSOC conclut son débat sur les activités opérationnelles de développement sur des appels à soutenir les pays tout en gardant le cap sur la réalisation des ODD

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, cet après-midi, son débat annuel sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies sur des appels à intensifier les efforts afin d’aider les États Membres à répondre aux crises actuelles tout en mettant l’accent sur la nécessité d’ancrer la réalisation des objectifs de développement dans la durée. 

« Nous avons entendu votre message haut et fort: il nous faut continuer de faire fond sur les réformes pour renforcer notre appui », a déclaré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, Mme Amina J. Mohammed, à la clôture du débat.  Ce segment des travaux de l’ECOSOC constitue à ses yeux un jalon « dans un voyage au long cours » qui nous mènera au Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) en septembre de cette année. 

Un pacte de financement sera cependant essentiel, a ajouté la Vice-Secrétaire générale, afin de permettre au système des Nations Unies pour le développement d’apporter un appui personnalisé aux États. Un processus transparent sera également lancé afin d’assurer un financement durable et prévisible du système des coordonnateurs résidents, « point d’ancrage » du système onusien, selon les mots de M. Albert Ranganai Chimbindi, du Zimbabwe, Vice-Président de l’ECOSOC. 

Afin de veiller à ce que la réforme du système des Nations Unies pour le développement porte ses fruits et contribue à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des ODD, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué en matinée que l’organisme qu’elle dirige travaille de manière cohérente avec les coordonnateurs résidents pour favoriser la réalisation des priorités établies par les gouvernements des pays hôtes. 

À cet égard, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe a plaidé pour que des politiques de résilience et de réduction des risques soient intégrées à l’ensemble des programmes de l’Organisation.  Des structures de réduction des risques de catastrophe et des systèmes d’alerte précoce sont déjà en place dans les bureaux régionaux, a-t-elle noté, alors que la présence des coordonnateurs résidents sur le terrain a permis aux États de prendre en charge certaines responsabilités à cet égard.  Pour appuyer ces efforts, l’ONU a concentré son action sur les 30 pays les plus exposés aux catastrophes naturelles afin d’identifier leurs lacunes et de prévoir l’aide appropriée pour y répondre. 

Les délégations se sont ensuite penchées sur les ressources régionales qu’apporte le système des Nations Unies pour le développement aux États Membres afin de les aider à répondre aux crises transfrontalières.  En Amérique latine et dans les Caraïbes, où la question des migrations transfrontalières se pose avec une acuité particulière alors que près de 43 millions de personnes vivent à l’extérieur de leur pays de naissance, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a indiqué que plusieurs pays de la région ont mis en place des plans migratoires quinquennaux. 

Une situation similaire à celle qui prévaut dans plusieurs États africains, qui sont aussi confrontés au paiement du service de la dette d’un montant global de 23 milliards de dollars.  La mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine pourrait cependant changer la donne, a considéré la Directrice régionale pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en invitant le système onusien pour le développement à cesser de traiter l’Afrique en « élève » pour la laisser trouver les solutions les mieux adaptées aux défis qui lui sont propres. 

Toutefois, a rétorqué le Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, le déficit de gouvernance constitue le principal obstacle dans les zones transfrontalières du Sahel.  Un problème auquel la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, et sa forte dimension transfrontalière, a pour objectif de remédier, grâce à des programmes de développement renforcés, à une augmentation des ressources financières et à des engagements pluriannuels de la part des donateurs. 

En après-midi, les délégations ont discuté du soutien apporté par le système des Nations Unies pour le développement afin d’assurer une transition équitable vers les ODD au niveau national dans les domaines de l’énergie, de l’alimentation et de l’éducation.  La dernière table ronde de la journée portait quant à elle sur l’obligation de rendre compte des performances et des résultats à l’échelle du système onusien pour le développement.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Déploiement des actifs du système des Nations Unies pour le développement en appui des pays confrontés à des défis transfrontaliers

Cette table ronde a permis de couvrir un large éventail de situations, avec des interventions ayant trait aux défis qui se posent au Sahel, en Amérique latine ou bien encore à trois pays d’Asie, le Bangladesh, le Népal et la République démocratique populaire lao. 

M. JOSE MANUEL SALAZAR-XIRINACHS, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a évoqué la question des migrations transfrontalières, qui est pressante en Amérique latine et dans les Caraïbes, région où 43 millions de personnes vivent à l’extérieur de leur pays de naissance.  Il a mentionné le plan migratoire quinquennal mis en place par plusieurs pays de la région, le Guatemala étant le chef de file.  « Ce projet va bon train. »  Alors que seules 25% des cibles des objectifs de développement durable (ODD) devraient être atteintes, il a détaillé la coopération régionale mise en place pour combler ce retard et mentionné la création d’un fonds de résilience pour les Caraïbes pour faire face aux conséquences des changements climatiques.  Enfin, il a rappelé la création en 2022 d’un forum sur le lithium entre la Bolivie, l’Argentine et le Chili, véritable « triangle du lithium », qui abrite, avec l’Afrique, la très grande partie des ressources mondiales de ce minerai. 

De son côté, Mme AHUNNA EZIAKONWA, Directrice régionale pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a rappelé l’acuité des défis que les pays africains doivent relever, en particulier le paiement du service de la dette, qui représente quelque 23 milliards de dollars.  Elle a aussi fustigé ces agences de notation qui présentent les pays africains comme étant systématiquement à risque.  Des tels avis négatifs ont coûté 75 milliards de dollars d’investissements aux pays africains, s’est-elle désolée.  Elle a insisté sur l’importance de la création, en cours, d’une zone de libre-échange en Afrique qui pourrait véritablement changer la donne.  L’accélération de ce processus est la priorité des décideurs économiques africains en 2023, a-t-elle dit.  Enfin, et plus globalement, elle a déclaré que le système onusien pour le développement ne doit plus traiter l’Afrique « comme un élève » en lui proposant des solutions.  Ces solutions doivent venir de l’intérieur du continent, a-t-elle tranché. 

Pour sa part, M. ABDOULAYE MAR DIEYE, Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, a indiqué que le manque de gouvernance est le principal défi qui se pose dans les zones transfrontalières du Sahel.  La stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel vise précisément à y remédier, a-t-il dit, en rappelant que 44% des actions prévues par cette stratégie ont une dimension transfrontalière.  Il a surtout insisté sur le nécessaire renforcement des programmes de développement, grâce à un accroissement des ressources financières et à des engagements pluriannuels.  Les donateurs sont une partie du problème car ils ont leurs agences de prédilection et des plans bien souvent arrêtés, a-t-il analysé.  Enfin, il a détaillé plusieurs projets en cours, dont le renforcement des mécanismes d’alerte rapide entre le Burkina Faso, le Bénin et le Togo, avant d’indiquer que les équipes de pays déployées dans la région sont des équipes transfrontalières. 

Enfin, Mme SARA SEKKENES, Coordonnatrice résidente en République démocratique populaire lao, a souligné les difficultés qui accompagnent la sortie de la liste des pays les moins avancés (PMA) vers celle des pays à revenu intermédiaire.  Le Bangladesh, la République démocratique populaire lao et le Népal ont cinq ans pour préparer cette transition et doivent être accompagnés, a-t-elle souligné. Ces pays passent en effet d’une dépendance à des financements externes à la nécessité de mobiliser des financements internes, a-t-elle expliqué, en mentionnant l’appui crucial fourni par les équipes de pays de l’ONU. 

Dans le très court débat interactif qui a suivi, le délégué de la République démocratique populaire lao a rebondi sur les propos de Mme Sekkenes en indiquant que les pays qui effectuent cette sortie de la liste des PMA vers celle des pays à revenu intermédiaire ne doivent pas être « punis » mais bel et bien soutenus.  En écho aux propos de Mme Eziakonwa, le Vice-Président de l’ECOSOC, qui vient du Zimbabwe, a insisté sur les promesses considérables que représente l’Afrique et plaidé pour un changement des mentalités des Africains et de leurs interlocuteurs.  Nous nous présentons comme des pays pauvres alors que nous sommes riches, a-t-il dit. 

Dialogue avec les chefs de secrétariat: travailler de concert pour aider les pays à relever les défis actuels

La session, présidée par le Représentant permanent du Zimbabwe auprès des Nations Unies et Vice-Président de l’ECOSOC, a permis de discuter de l’impact de la réforme du système des Nations Unies pour le développement sur sa capacité à aider les pays à répondre aux crises actuelles, tout en gardant l’attention braquée sur les objectifs de développement à long terme.  M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI a lancé le débat en invitant les participants à examiner la façon dont ce système se prépare à aider les pays à débloquer des voies de transformation et à renforcer la résilience, y compris dans la perspective du Sommet sur les ODD de septembre prochain. 

La réforme du système semble porter ses fruits et contribue à la mise en œuvre des ODD, a d’emblée reconnu le modérateur, M. BOB RAE, Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies.  Mme CATHERINE RUSSELL, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a acquiescé, faisant valoir que le travail de ce système tient compte des ODD et des priorités établies par les gouvernements. Pour ce qui concerne l’UNICEF, elle a affirmé qu’il évalue régulièrement ses programmes afin de s’assurer qu’ils tiennent bien compte de l’intérêt suprême des enfants.  La Directrice exécutive a en outre indiqué qu’au niveau des pays, son agence travaille de manière cohérente avec les coordonnateurs résidents.  En outre, sachant que près de 70% des humains vivront en ville d’ici à 2035, l’UNICEF collabore avec ONU-Habitat et d’autres partenaires pour établir des plans de prise en charge des enfants en ville. 

M. JORGE MOREIRA DA SILVA, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour l’appui aux projets (UNOPS), a déclaré que le mandat de son bureau est de soutenir les partenaires onusiens dans la mise en œuvre des ODD.  Il a assuré que l’UNOPS n’entend pas marcher sur les platebandes d’autres agences onusiennes.  Il a aussi fait valoir qu’il veille à ne point s’engager dans des projets qui ne cadrent pas avec les ODD ou qui ne sont pas écologiquement viables.  Le Directeur exécutif a rappelé que son agence est chargée de la mise en œuvre de projets et qu’elle n’a pas elle-même de mandat programmatique: l’UNOPS appuie les programmes d’autres agences sur le terrain. Au Ghana par exemple, l’UNOPS appuie les efforts du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour accompagner le pays à s’adapter aux changements climatiques.  M. Moreira da Silva a aussi évoqué le cas du Bangladesh où son bureau travaille avec le PNUD et ONU-Femmes pour accompagner leurs activités opérationnelles. 

Examinant ces activités de terrain, le Danemark a décrié un déclin des programmes nationaux en faveur du genre, ainsi qu’une baisse d’intérêt sur la question climatique.  C’est pourquoi il faut intégrer les questions des droits humains et du genre dans les politiques climatiques, a suggéré le Mexique. La délégation mexicaine a aussi insisté sur l’importance de tenir compte des droits des peuples autochtones.  La Suède a fait remarquer que la réforme du système onusien œuvrant en faveur du développement a été engagée il y a plusieurs années, regrettant que certaines entités onusiennes ne l’aient pas encore mise en route, ce qui est préjudiciable pour les résultats du système dans son ensemble.  La Directrice exécutive de l’UNICEF a partagé ce constat, promettant que son agence poursuivrait son travail en faveur des enfants tout en soutenant l’action des coordonnateurs résidents. 

Alors que le Royaume-Uni a rappelé que le rapport du Secrétaire général de l’ONU laisse voir que la coordination au niveau des pays n’est pas encore optimale, le Canada a demandé d’examiner comment les équipes de pays pourraient éviter les doublons et renforcer la coordination.  Une préoccupation partagée par les Pays-Bas et les États-Unis qui ont insisté sur une bonne relation au sein des équipes de pays, notamment entre les coordonnateurs résidents et les chefs d’agences.  La Directrice de l’UNICEF a donné l’exemple de son agence qui mène des programmes conjoints avec d’autres agences au sein des pays, tout en prévenant que l’efficacité de telles initiatives doit être bien étudiée pour en mesurer l’impact.  Interpelée également sur la question du genre, elle a répondu en rappelant que son agence est focalisée sur la question, une bonne partie de son travail ciblant d’ailleurs les jeunes filles.  À cet égard, l’UNICEF collabore avec des agences telles qu’ONU-Femmes et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) pour la question du mariage précoce chez les femmes.  L’UNOPS a assuré pour sa part suivre une « approche genre » tout au long de la mise en œuvre des projets.  Il a souligné l’importance de tenir compte du genre dans les processus d’achats notamment, afin de cibler les entreprises dirigées par les femmes. 

Intervenant par message vidéo, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, Mme MAMI MIZUTORI, a plaidé pour que la réduction des risques de catastrophe soit intégrée dans tous les programmes onusiens.  Déjà, a-t-elle estimé, la plupart des structures de réduction des catastrophes sont déjà en place, ainsi que les systèmes d’alerte précoce, notamment au Siège des Nations Unies et dans les bureaux régionaux.  Mais avec le travail sur le terrain des coordonnateurs résidents, la réduction des risques de catastrophe est de plus en plus prise en charge au niveau des pays.  Elle a souligné que tous ces efforts sont menés en collaboration avec le bureau qu’elle dirige.  Elle a appelé l’ensemble du système des Nations Unies à appuyer la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Selon elle, les alertes précoces sont les meilleurs outils pour sauver des vies.  À peu près la moitié des États en sont dotés, mais ils ne sont pas répartis également sur leur territoire.  L’ONU a de ce fait sélectionné les 30 pays les plus exposés aux catastrophes naturelles afin de se focaliser sur leurs carences et sur l’aide appropriée pour répondre aux risques qui se réalisent. 

Le Vice-Président de l’ECOSOC a tenu à saluer le rôle de l’UNICEF pour faire face à une situation de catastrophe dans son pays, le Zimbabwe, pendant les moments les plus dramatiques de la pandémie de COVID-19. 

Répondant à la Suisse qui s’interrogeait sur le partage des connaissances au sein du système onusien, le Directeur exécutif de l’UNOPS a estimé que cela passe par une évaluation sincère du travail des agences.  Pas seulement une évaluation traditionnelle en fin d’année, mais un vrai exercice de remise en question en examinant les projets réalisés afin de tirer les leçons qui s’imposent.  Pour le Kazakhstan, enfin, il est aussi question de partir du niveau national pour renforcer la coordination au niveau régional. 

Soutenir les transitions équitables vers les ODD au niveau national

Une transition « juste » dans les domaines de l’énergie, des systèmes alimentaires, des emplois verts et de la connectivité numérique peut avoir des effets multiplicateurs sur la réalisation du Programme 2030 et des ODD, a estimé le Vice-Président de l’ECOSOC, M. MAURIZIO MASSARI, à l’ouverture des débats.  Un avis partagé par la modératrice et membre du Groupe consultatif de la jeunesse du Secrétaire général sur les changements climatiques, Mme EDUARDA ZOGHBI, laquelle a considéré que le développement durable est tributaire de la création d’emplois verts et de la satisfaction des besoins locaux. 

Le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. QU DONGYU, a indiqué que la FAO travaille avec de nombreux pays et avec les collectivités locales afin de contribuer au « verdissement » des systèmes agroalimentaires malgré les obstacles à la coordination et les goulots d’étranglement.  Il est à ses yeux essentiel de trouver la voie vers une transition juste en créant des synergies dans les domaines scientifique et technologique, dans le cadre d’une approche fondée sur la coopération.  La FAO, en collaboration avec le (PNUD) et les coordonnateurs résidents, appuie les plans de transition adoptés au niveau des pays ainsi que l’élaboration de programmes conjoints.  Selon lui, la communauté internationale doit néanmoins s’efforcer de « décarboner » l’économie en faisant les compromis nécessaires pour attirer les investissements requis pour maintenir le réchauffement en-deçà de 1,5 degré Celsius. 

L’équipe de pays des Nations Unies joue en effet un rôle essentiel pour permettre aux États Membres d’emprunter la voie d’une transition juste, a confirmé M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), en évoquant le plan de développement 2018-2022 de son pays qui reposait sur une croissance inclusive et durable, l’action climatique et la réduction des risques de catastrophe, le développement social, les droits humains de même que l’état de droit. Pour maintenir cet élan, les ressources financières et institutionnelles devront toutefois être renforcées, a-t-il reconnu. 

M. LEONARDO GARNIER, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation, a expliqué qu’en préparation de ce sommet, les équipes de pays des Nations Unies et les représentants des ministères de l’éducation de 130 États avaient tenu des consultations dans le but de préparer des déclarations d’engagement au niveau national. Comme d’autres intervenants, M. Garnier a évoqué, au nombre des obstacles qu’ont rencontrés les organisateurs de cet événement, l’insuffisance des ressources financières, alors que seulement 3% des investissements sont consacrés à l’éducation, ainsi que le « gaspillage de capacité » des entités onusiennes dont la coordination doit selon lui être resserrée. 

Dans le contexte du Zimbabwe, une transition juste s’articule autour de deux questions qui se renforcent mutuellement, a expliqué le Coordonnateur résident au Zimbabwe, à savoir la lutte contre les changements climatiques et la production d’énergie renouvelable.  Le cadre opérationnel pour la période 2022-2026 met l’accent sur les priorités que constituent la planification, la population, la prospérité et la paix, a expliqué M. EDWARD KALLON. 

Concernant les efforts déployés par le secteur privé pour assurer une transition jute, M. ANKIT TODI, Directeur général adjoint du Groupe Mahindra, a prôné la mise en œuvre de stratégies de réduction à zéro des émissions de gaz à effet de serre ainsi que la création d’emplois verts au sein des communautés afin d’attirer des investissements, mesures qui bénéficient également à la croissance des entreprises. 

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rappelé que les droits humains constituent une garantie importante en temps de crise et la clef pour assurer des investissements continus ainsi qu’une transition juste dans les pays en vue de la réalisation des ODD.  

Les Nations Unies possèdent les connaissances requises pour mettre en œuvre des programmes transformateurs mais ne disposent pas nécessairement des ressources nécessaires pour y parvenir, a déploré le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation.  À l’heure actuelle, le financement des coordonnateurs résidents est « en difficulté », a reconnu le Coordonnateur résident au Zimbabwe, en réclamant la mise en place d’une structure fonctionnelle et d’un appui technique adéquat permettant de forger des partenariats efficaces et d’appuyer pleinement les États, ceux-ci devant néanmoins s’acquitter des responsabilités qui leur incombe à cet égard. 

La transition énergétique est une priorité de développement de l’Indonésie, qui a cependant besoin d’un appui en termes de transferts énergétiques et techniques afin d’assurer sa transition vers des sources d’énergie renouvelables et un État neutre sur le plan du carbone.  Un système des Nations Unies pour le développement misant davantage sur l’énergie est en effet indispensable à des transitions justes, qui se concrétiseront en faisant participer les parties prenantes, la société civile et les gouvernements, y compris le secteur privé, a estimé pour sa part le Portugal. Son délégué a vu dans le Fonds conjoint des ODD l’instrument idoine pour mener à bien la réforme du système de l’ONU pour le développement dans les secteurs de l’éducation et de l’emploi en vue d’établir une économie durable et inclusive. 

Selon l’Accélérateur mondial sur l’emploi et la protection sociale pour une transition juste, 400 millions d’emplois seront créés d’ici à 2030, un objectif « vraiment ambitieux » qui revient à créer 500 000 emplois par année, a fait observer Madagascar, en se demandant si l’Organisation internationale du Travail (OIT) dispose d’une vision « réaliste » permettant de parvenir à de tels résultats. 

Reprenant la parole, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation a considéré que les transitions justes passent par la justice, qui dépend elle-même de l’égalité.  Il a illustré son propos en mettant en exergue les disparités criantes qui existent dans le domaine de l’éducation alors que dans les pays à revenus élevés, où se trouve 10% de la population d’âge scolaire, se concentrent 63% des investissements mondiaux en éducation.  De même, les pays riches investissent 8 000 dollars par élève, contre 300 dollars dans ceux à revenus intermédiaires et 50 dollars dans les pays pauvres. 

En bout de ligne, le sous-financement des entités des Nations Unies œuvrant en faveur des transitions justes combiné à l’absence de capacités institutionnelles dans les pays en développement et aux investissements anémiques dans des domaines tels que l’éducation et l’emploi revêtent un coût plus important que d’y consacrer les ressources nécessaires, a conclu la modératrice et membre du Groupe consultatif de la jeunesse du Secrétaire général sur les changements climatiques

Table ronde sur le renforcement de la reddition des comptes s’agissant des performances et des résultats à l’échelle du système

Les intervenants de cette table ronde se sont attelés à examiner par quels moyens améliorer la reddition de comptes lors de la conduite des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente de l’ECOSOC, a proposé quelques pistes de réflexion, plaidant notamment pour un renforcement du rôle de l’ECOSOC et une prise de décisions plus éclairée et mieux informée, grâce à de meilleures données.  Le prochain examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies en 2024 sera une bonne occasion pour ce faire, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi insisté sur le caractère très technique des documents mis à disposition s’agissant de l’évaluation des performances et souligné la nécessité pour les délégations de disposer de l’expertise nécessaire. 

De son côté, Mme SIMA SAMI BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a dit que son organisation travaille en étroite collaboration avec les coordonnatrices et coordonnateurs résidents pour combler toute lacune en ce qui concerne la reddition de comptes.  Elle a souligné l’importance du Sommet sur les ODD prévu en septembre et de réaliser l’objectif d’égalité entre les sexes.  À titre d’exemple, elle a indiqué qu’au Liban, le PNUD, ONU-Femmes et l’équipe de pays ont œuvré avec les autorités du pays afin d’augmenter le nombre de femmes parlementaires.  Elle a aussi rappelé que 31% des programmes d’ONU-Femmes sont des programmes conjoints. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE, Représentante permanente du Costa Rica, a souhaité que les acteurs du développement s’approprient davantage le système des Nations Unies pour le développement, tel que récemment repositionné.  Il faut garantir le principe de responsabilité dans tout le système, a insisté la déléguée, en ajoutant que cela concerne aussi les coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  « Nous sommes à un tournant de la réforme du système. »  Enfin, elle a souligné l’importance de la question en suspens du financement et appelé à l’intégration des enjeux climatiques à tous les niveaux des stratégies de développement. 

Lors du débat interactif, les Pays-Bas ont exhorté les entités onusiennes à améliorer leurs rapports de présentation en se basant sur les performances obtenues sur le terrain, qui est le critère essentiel.  Ces dernières doivent aussi respecter la liste de vérification afin de contribuer à la réalisation des ODD.  L’Ukraine a souligné l’importance de réaliser l’égalité entre les genres.  Appuyé par la Colombie, le délégué ukrainien s’est en outre opposé à toute restriction du mandat d’ONU-Femmes, louant le travail remarquable abattu par l’entité, comme il a pu le constater de visu lors d’un déplacement en Équateur l’an dernier.  La Suède a proposé que les agences onusiennes, lorsque cela est pertinent, présentent conjointement les résultats qu’elles ont contribué à obtenir sur le terrain.  Enfin, le Danemark a rappelé que l’amélioration des performances dépend également de la volonté d’apprendre et de s’améliorer des parties prenantes.

à suivre...

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: des cas typiques de pays où se déploient le système des Nations Unies pour le développement présentés au débat sur les activités opérationnelles

Session de 2023
21e & 22e séances, Matin & après-midi
ECOSOC/7128

ECOSOC: des cas typiques de pays où se déploient le système des Nations Unies pour le développement présentés au débat sur les activités opérationnelles

Des exemples concrets d’intervention de terrain et les besoins des pays connaissant des situations particulières étaient au menu de cette seconde journée du débat du Conseil économique et social (ECOSOC) consacré aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, avec en toile de fond l’ambition renouvelée d’honorer la promesse de ne laisser personne de côté. 

Entre la République de Moldova et le Viet Nam en matinée et les groupes spécifiques de pays dans l’après-midi, avec pour finir une discussion sur les moyens de financer les activités de terrain, l’ECOSOC a permis aux délégations de détailler, au cours de sessions en présentiel et en visioconférence, les succès et les blocages de la coopération entre les Nations Unies et les pays qui reçoivent le soutien onusien dans l’optique de leur développement durable. 

Cette coopération requiert des actions coordonnées, a relevé le Ministre moldove du travail et de la protection sociale, M. Alexei Buzu, qui a invité à sortir des sentiers battus et à innover en ces temps marqués par des crises multiples.  C’est d’ailleurs ce qu’a fait son pays avec un projet pilote d’accompagnement par le système des Nations Unies: ce projet avait pour but d’aider les populations les plus vulnérables à payer les factures d’électricité alors que les coûts de l’énergie connaissaient une inflation record.     

Ce succès a été possible grâce au Fonds de vulnérabilité créé en peu de temps, a expliqué la Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République de Moldova. Elle a indiqué qu’après cette initiative menée sur un semestre, le long terme est maintenant envisagé pour parvenir à une transition énergétique douce.  Le Coordonnateur résident dans le pays a relevé pour sa part que ce projet a été mis en œuvre alors même que le pays était submergé par 800 000 réfugiés ukrainiens fuyant le conflit dans leur pays.  Plusieurs délégations, dont l’Australie et la Lettonie, ont particulièrement salué cette magnanimité du peuple moldove envers ses voisins. 

À son tour, le Représentant permanent du Viet Nam auprès des Nations Unies n’a pas hésité à saluer le soutien que le système onusien apporte à son gouvernement.  M. Dang Hoang Giang a expliqué que cet appui a permis de faire augmenter le nombre de bénéficiaires de l’assistance sociale, une augmentation chiffrée à 22% au cours des 10 dernières années. Le représentant a toutefois estimé que la coordination entre le Gouvernement vietnamien et l’ONU peut encore faire l’objet d’améliorations. L’un des défis à relever reste les priorités concurrentes de différentes agences onusiennes, a d’ailleurs reconnu la Directrice du Bureau de pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT). 

La Coordonnatrice résidente au Viet Nam a quant à elle fait valoir que l’intervention du système onusien dans le pays a permis de rendre possible ce qui semblait ne pas l’être auparavant.  Elle s’est d’ailleurs réjouie que le Viet Nam ait reçu l’an dernier le certificat Platinum qui atteste de son engagement en faveur de la durabilité. 

Dans l’après-midi, une table ronde a également tablé sur les mesures à prendre afin de rendre le système des Nations Unies pour le développement plus adapté aux contextes et besoins des pays.  La session a examiné comment le repositionnement de ce système conduit à un soutien adapté aux besoins des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement (PEID), ainsi que des pays à revenu intermédiaire.  Enfin, une dernière session a permis d’examiner les moyens de financer le système des Nations Unies pour le développement. 

Le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement se poursuivra encore demain, jeudi 25 mai. Les participants se retrouveront dès 10 heures pour échanger sur les atouts régionaux. 

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Dialogue avec les gouvernements hôtes, les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies: soutenir des politiques transformatrices et intégrées pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) 

Cette session, présidée par M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI, Représentant permanent du Zimbabwe et Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a permis de toucher du doigt le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement dans les pays.  À travers deux études de cas, la République de Moldova et le Viet Nam, les intervenants ont évoqué les succès et les blocages de la coopération entre les Nations Unies et les pays qui reçoivent son soutien dans l’optique de leur développement durable. 

République de Moldova  

Cette coopération requiert des actions coordonnées, a d’emblée préconisé le Ministre moldove du travail et de la protection sociale, M. ALEXEI BUZU, en invitant à sortir des sentiers battus et à innover en ces temps marqués par des crises multiples.  Il a donné l’exemple de son pays où un projet pilote a permis au système des Nations Unies d’accompagner les efforts du Gouvernement pour aider les populations les plus vulnérables à payer les factures d’électricité alors que les coûts de l’énergie ont connu une inflation record.  Ainsi, de novembre 2022 à avril 2023, a expliqué le Ministre, un système d’aide a été mis en route, qui a permis de couvrir 50% des dépenses d’énergie de plus de 65% des ménages.  Il salué cette solution trouvée en peu de temps. 

Ce succès a été possible grâce au Fonds de vulnérabilité créé en peu de temps, a expliqué Mme DANIELA GASPARIKOVA, Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République de Moldova.  Elle a indiqué qu’après cette initiative d’un semestre, il est désormais question de tabler sur le long terme en misant sur une transition énergétique douce.  C’est pourquoi elle a appelé à soutenir le Gouvernement qui vise la diversification des sources d’énergie et une coopération renforcée avec les distributeurs d’énergie, essentielle pour toucher les plus vulnérables. De plus, le Fonds de vulnérabilité devrait aller au-delà des questions d’énergie pour aider dans la lutte contre la pauvreté et renforcer l’équité sociale, a-t-elle espéré.  Le Coordonnateur résident en République de Moldova, M. SIMON SPRINGETT, a relevé que la coordination entre le gouvernement local et l’équipe de pays est centrale pour la suite de cette initiative.  Il a aussi relevé que ce projet a été mis en œuvre alors même que le pays était submergé par 800 000 réfugiés ukrainiens fuyant le conflit dans leur pays. 

Plusieurs délégations, dont l’Australie et la Lettonie, ont particulièrement salué cette magnanimité du peuple moldove envers ses voisins.  Le Japon a indiqué soutenir les efforts de la République de Moldova pour la prise en charge des réfugiés mais aussi pour réaliser son ambition d’adhésion à l’Union européenne.  L’Allemagne a, pour sa part, souligné apporter un appui au Fonds de vulnérabilité. Le délégué des États-Unis a aussi salué le rôle du Coordonnateur résident qui collabore étroitement avec l’ambassade américaine sur place.  Il a souhaité que ce qui est fait dans le pays soit partagé et répliqué ailleurs dans le monde.  De même, le Coordonnateur résident a salué ces États qui appuient le pays, arguant que cela permet d’attirer d’autres partenaires capables de contribuer au financement des différents fonds ouverts par l’équipe de pays et son bureau pour mener à bien leurs missions.  Le Ministre moldove a ensuite remercié ces différents partenaires, avant que la Représentante du PNUD ne précise qu’en juin prochain, une conférence nationale évaluera le travail de ce fonds de vulnérabilité énergétique, afin d’envisager comment l’améliorer. 

Viet Nam 

M. DANG HOANG GIANG, Représentant permanent du Viet Nam auprès des Nations Unies, n’a pas hésité à saluer le soutien que le système onusien apporte à son gouvernement.  Il a expliqué que cet appui a permis de faire augmenter le nombre de bénéficiaires de l’assistance sociale, une augmentation chiffrée à 22% au cours des 10 dernières années, avec également une augmentation de plus de 60% du nombre de travailleurs bénéficiant de programmes de protection sociale.  Le représentant a toutefois estimé que la coordination entre le Gouvernement et les Nations Unies peut encore faire l’objet d’améliorations. Il a ainsi plaidé pour une meilleure coordination entre les différentes institutions onusiennes sur le terrain et le Gouvernement, afin d’éviter l’approche « sapin de Noël ».  L’un des défis à relever reste les priorités concurrentes de différentes agences onusiennes, a reconnu Mme INGRID CHRISTENSEN, Directrice du Bureau de pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  « Lorsque les agences travaillent ensemble, alors les résultats sont plus probants que si une seule agence le fait. » 

Les crises nous donnent l’occasion de nous transformer et le leadership du Gouvernement est crucial pour parvenir à des réformes, a poursuivi Mme PAULINE TAMESIS, Coordonnatrice résidente au Viet Nam.  L’intervention du système onusien dans le pays a permis de rendre possible ce qui semblait ne pas l’être auparavant, s’est-elle enorgueillie, avant d’évoquer l’assistance cruciale apportée au pays pendant la pandémie pour éviter que des pans entiers de population ne tombent dans la pauvreté.  Elle a estimé qu’un investissement de 1 milliard de dollars dans les politiques sociales permettrait d’accroître le produit intérieur brut (PIB) du pays de 3,2 milliards. 

Le Canada a rappelé qu’il est l’un des partenaires du Viet Nam, tandis que la Thaïlande a souhaité connaître les principaux défis rencontrés par son voisin dans la mise en place des programmes onusiens.  La République démocratique populaire lao a demandé des précisions sur le soutien en matière de protection sociale apporté par l’ONU pendant et après la pandémie.  De même, la Norvège a demandé d’expliquer comment fonctionne l’équipe de pays des Nations Unies au Viet Nam, et notamment si le problème de concurrence pour l’accès aux fonds a été résolu. 

Selon la Coordonnatrice résidente, le fait que les 15 institutions onusiennes œuvrant dans le pays soient logées dans le même bâtiment les oblige à coopérer, par exemple dans le cadre de la gestion des équipements informatiques.  Il y a donc eu un passage de 30 à 3 serveurs et un gain de 1 million de dollars, ce qui a du coup diminué l’empreinte carbone de l’équipe de pays.  L’an dernier, l’ONU au Viet Nam a reçu le certificat Platinum qui atteste de son engagement en faveur de la durabilité, s’est-elle réjouie.  Ce nouveau local commun, « La Maison verte des Nations Unies », a permis de réaliser d’importantes économies, a-t-elle insisté. 

Le Viet Nam a répondu à certaines préoccupations des délégations en expliquant que la confiance de son pays envers les Nations Unies venait de son histoire: le Viet Nam a vu l’ONU le soutenir au moment où il sortait de la guerre et faisait face à un embargo économique.  Il a expliqué que l’une des difficultés est due à la différence entre les ambitions du pays et les ressources disponibles.  Le pays compte donc sur l’assistance des Nations Unies pour l’accompagner dans la mobilisation des fonds, ainsi que sur les partenaires internationaux.  En effet, a précisé la Coordonnatrice résidente, le Viet Nam ne peut plus recevoir l’aide publique au développement (APD) du fait de son statut de pays à revenu intermédiaire.  Elle a estimé que si les financements privés ne sont pas à négliger dans ce contexte, il faut tenir compte du cadre juridique national et des options de politique intérieure. 

Enfin, la Directrice du Bureau de pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a rappelé que son bureau travaille spécifiquement sur la formalisation des emplois dans le pays, avec un accent sur la protection sociale.  L’appropriation nationale est cruciale pour avancer au niveau national, a conclu la modératrice des deux panels, Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT, Représentante permanente de Guyana auprès des Nations Unies.  Elle s’est félicitée que, à travers ces deux études de cas, les délégations aient pu aborder des situations réelles et évoquer des solutions concrètes. 

Renforcer les réponses adaptées des Nations Unies aux différents contextes nationaux 

La Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a ouvert le second débat de la journée en indiquant que la cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), qui s’est tenue en mars de cette année au Qatar, a été l’occasion de réitérer notre attachement commun à l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Doha pour les PMA.  Cette rencontre a en effet permis d’obtenir des promesses financières revues à la hausse de la part des partenaires au développement et du secteur privé, de consolider les accords de coopération existants et de forger de nouveaux partenariats, a rappelé Mme RABAB FATIMA.  La Conférence a également permis aux coordonnateurs résidents des PMA d’échanger avec les points de contact nationaux et d’autres partenaires afin de combler le fossé qui subsiste entre les niveaux de mise en œuvre mondial et national du Programme d’action, a-t-elle encore expliqué.  À son avis, il nous faut désormais agir à tous les niveaux afin de veiller à ce que les engagements formulés à l’appui des PMA se transposent dans les programmes nationaux, avec l’appui des coordonnateurs résidents et des équipes de pays.  Mme Fatima a d’ailleurs annoncé que son bureau lancera sous peu une feuille de route attribuant des responsabilités spécifiques à chaque entité pertinente. 

S’agissant de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (PDSL) et de la quatrième Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui se tiendront toutes deux en 2024, la Haute-Représentante a estimé que le système des Nations Unies pour le développement doit jouer un rôle central dans le processus préparatoire, notamment au moyen d’évaluations régionales menées en partenariat avec les commissions régionales.  À cet égard, elle a rappelé que le rapport du Secrétaire général indique que les PDSL et les PMA considèrent que le système des Nations Unies pour le développement satisfait à leurs besoins et priorités. 

Le modérateur du débat, M. TEBURORO TITO (Kiribati), a ajouté qu’une bonne partie du travail de mise en œuvre du Programme d’action de Doha doit se faire sur le terrain, par les pays et les peuples concernés eux-mêmes, en veillant à ce que les mesures proposées soient en adéquation avec leurs priorités nationales.  Si le système des Nations Unies s’engage à soutenir ces trois groupes de pays dans la réalisation des objectifs du Programme d’action de Doha, il est tout aussi important que les pays et les partenaires de développement soient eux-mêmes investis dans sa mise en œuvre, a renchéri la Haute-Représentante

Le Programme d’action de Doha se veut un plan de transformation socioéconomique structurelle des PMA tenant compte de leurs besoins spécifiques et offrant un cadre au système de l’ONU pour mobiliser les partenaires au développement et les donateurs présents dans le pays, a expliqué M. OZONNIA OJIELO, Coordonnateur résident au Rwanda.  Il s’agit selon lui d’un complément à la réforme du système des Nations Unies pour le développement qui vient renforcer le rôle des équipes de pays afin d’aider les pays hôte à définir des programmes stratégiques plutôt qu’à mettre en œuvre des projets, tout en offrant un soutien au financement de leur développement national.  Il offre ainsi au système onusien pour le développement un cadre normatif additionnel permettant d’ancrer son soutien dans les pays hôtes, a-t-il noté. 

Mme INKA MATTILA, Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République dominicaine, a décrit les mesures mises en place dans la foulée de la pandémie de COVID-19 afin d’optimiser la riposte collective du système des Nations Unies. Ce système a apporté un soutien au Gouvernement dominicain par le biais d’une analyse intégrée afin d’identifier un « nouveau type » de politiques publiques fondées sur l’évaluation des besoins, sous l’égide des coordonnateurs résidents et avec le soutien du PNUD et de partenaires financiers multilatéraux.  Le cadre de coopération des Nations Unies 2023-2027 pour la République dominicaine a été selon elle l’occasion pour le système des Nations Unies pour le développement de renouveler son offre à l’appui des priorités nationales conformément au Programme 2030 et aux ODD, en mettant les priorités nationales au cœur du développement. 

Malgré le tableau très sombre des prévisions concernant la réalisation des ODD, le Népal a jugé que le Programme d’action de Doha pour les PMA représente une lueur d’espoir, en fixant des cibles et des engagements ambitieux permettant d’apporter des changements porteurs de transformation pour les 1,2 milliard de personnes vivant dans les PMA.  Nous devons toutefois redoubler d’efforts afin d’honorer les engagements pris en faveur d’une transition fluide permettant aux États tels que le Laos de sortir du statut de pays moins avancé de façon « irréversible », a suggéré ce pays, soucieux d’avoir pour cela un système de coordonnateurs résidents « robuste » et centré sur les priorités nationales. 

Pour y parvenir, il est essentiel que le système des Nations Unies pour le développement intègre les orientations fournies par le Programme d’action de Doha, sous la houlette des coordonnateurs résidents, a dit le Portugal.  Selon la délégation, le système des coordonnateurs résidents et le système de développement doivent établir un mécanisme d’appui durable et sur mesure à la sortie de ce statut. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes, la Barbade a souligné l’importance de tirer parti du système onusien de manière concertée afin de trouver des solutions aux défis auxquels sont confrontés les PEID, en renforçant les données et les capacités statistiques des bureaux multipays par le biais de partenariats « sincères et durables ». 

Après avoir écouté les voix sur le terrain et celles des entités des Nations Unies évoquer une embellie alors que la pauvreté est à la hausse et qu’à peine 12% des ODD sont en voie d’être réalisés, le Vice-Président du Conseil économique et social et responsable du débat sur les activités opérationnelles pour le développement s’est demandé si nous ne trouvons pas dans « deux univers parallèles ».  Il nous faut donc rappeler ce lien direct qui existe entre la réalisation des ODD et la réalisation des Programmes d’action de Doha et de Vienne ainsi que des Orientations de Samoa, a prôné M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI, tout en mettant fin aux visions cloisonnées. 

Reprenant la parole pour répondre aux questions des délégations, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a mentionné que 16 PMA, à savoir 12 en Asie-Pacifique et 4 en Afrique, se trouvent actuellement à un stade de reclassement, un nombre plus élevé que jamais.  Elle s’est en outre réjouie de la mise en place d’un centre d’aide au reclassement permettant d’aider ces pays, qui sont confrontés à des défis communs, à sortir de cette catégorie et à réaliser leurs aspirations.

Table ronde sur le financement du système des Nations Unies pour le développement

L’insuffisante mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du pacte de financement, adopté il y a quatre ans, a été au cœur de cette table ronde.  Les intervenants se sont notamment inquiétés du sous-financement chronique du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents. 

M. OSCAR FERNANDEZ-TARANCO, Sous-Secrétaire général à la coordination des activités de développement, a centré sa présentation sur la mise en œuvre de ce pacte, dont l’objectif est d’améliorer la qualité et la quantité des ressources financières au profit des activités de développement.  Il a rappelé que 88% des pays hôtes sont d’avis que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents apportent un appui efficace à leurs priorités nationales de développement, signalant par la suite que la mise en œuvre de ce pacte est mitigée.  Selon lui, la promesse, contenue dans ce pacte, de disposer d’un financement prévisible et pérenne n’a pas été honorée. Il a également avancé que 68% seulement des équipes pays des Nations Unies disposent d’un cadre budgétaire actualisé.  Près de 50% du financement de base provient de cinq donateurs, a-t-il précisé, en citant l’Allemagne, la Suède, les États-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni. 

Le Sous-Secrétaire général a en outre qualifié la tendance en ce qui concerne les contributions volontaires de préoccupante, celles-ci étant passées de 9,6% en 2010 à 7,7% en 2020.  Le fonds de financement des ODD accuse également un lourd déficit.  Il a ainsi précisé que 279 millions de dollars ont été reçus en 5 ans alors que le pacte visait à la mobilisation de 290 millions par an.  Le financement nécessaire du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, estimé à 281 millions de dollars, n’a jamais été apporté, a-t-il déploré, précisant que le déficit de 85 millions de dollars en 2022 est le plus important des dernières années. Ce pacte n’a jamais fait l’objet de débats parmi les États Membres, a-t-il regretté. 

De son côté, Mme ANNA-KARIN ENESTROM, Représentante permanente de la Suède, s’est dite également préoccupée par ce déséquilibre financier, en notant que seule une poignée de pays, dont le sien, porte le fardeau du financement des activités de développement.  Depuis 2020, la Suède a apporté 6 millions de dollars pour financer le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  Pointant les attentes qui entourent le pacte, elle a insisté sur la nécessité de la transparence et du bon établissement des responsabilités, plaidant en outre pour que les engagements pris dans le cadre de ce pacte soient honorés. 

« Nous avons besoin de débloquer des flux de financement et c’est ce que ce que nous essayons de faire au Kenya », a déclaré M. STEPHEN JACKSON, Coordonnateur résident au Kenya.  Il a expliqué que le pacte est peu connu des parties prenantes au niveau national et que ces dernières peuvent également être rebutées par les lourdeurs bureaucratiques.  Il a noté avec inquiétude la baisse des financements de base et s’est interrogé sur la possibilité de réaliser les aspirations de pays comme le Kenya.  Enfin, il a souligné l’importance des fonds communs, tel que le fonds de financement des ODD.  Il a d’ailleurs indiqué être actuellement à Rome, à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour le lancement d’un nouveau fond. 

Lors du débat interactif qui a suivi, l’Afrique du Sud, au nom des pays africains, s’est dit gravement préoccupée par le déficit s’agissant du financement du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  Notant que les ressources se raréfient alors que les crises se multiplient, il a plaidé pour un « financement hybride » de ce système.  Même son de cloche du côté de la déléguée de l’Uruguay qui a loué le travail abattu par le Coordonnateur résident dans son pays, avant de dire sa « tristesse » devant le manque de ressources financières. S’adressant aux donateurs, elle a assuré que les ressources sont bien utilisées. 

« Nous constatons une fonte des financements de base », a appuyé le Zimbabwe, tandis que le Brésil a pointé les incohérences dans le financement des différentes entités onusiennes et la fonte de l’aide publique au développement (APD).  « Cette tendance baissière est globale. »  De son côté, la déléguée du Danemark a indiqué que son pays, huitième contributeur aux activités de développement, a atteint l’objectif de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD.  Elle a plaidé pour une souplesse dans l’apport de ressources financières, en soulignant l’importance de ressources non affectées.  Le Royaume-Uni a insisté sur l’apport de ressources provenant du secteur privé pour répondre aux besoins en financement, tandis que la Norvège a indiqué que des instructions ont été données à ses ambassades afin de mieux faire connaître le pacte de financement.  Enfin, les États-Unis ont précisé avoir contribué 23 millions de dollars par an au système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: inquiétudes face à une possible suspension des aides de l’ONU aux Palestiniens et à l’escalade des violences au Moyen-Orient

9328e séance – matin 
CS/15293

Conseil de sécurité: inquiétudes face à une possible suspension des aides de l’ONU aux Palestiniens et à l’escalade des violences au Moyen-Orient

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et de nombreux membres du Conseil de sécurité ont exprimé ce matin leur inquiétude à la perspective de voir des aides essentielles à la population palestinienne des territoires occupés suspendues, faute de financement.  Les délégations ont également exprimé leurs préoccupations quant à l’escalade des violences dans la bande de Gaza au cours du mois de mai, appelant les parties à mettre en œuvre les engagements pris lors des pourparlers d’Aqaba et Charm el-Cheikh.

Dans un premier temps, M. Tor Wennesland s’est dit particulièrement alarmé par la crise de financement des agences des Nations Unies qui soutiennent les services de base pour les Palestiniens.  Il a rappelé que le Programme alimentaire mondial (PAM) suspendra la semaine prochaine l’aide en espèces à quelque 200 000 Palestiniens s’il ne reçoit pas de fonds supplémentaires, et que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) devra renoncer à fournir des services de base en septembre.  Face à cette situation, le Coordonnateur spécial a encouragé les États Membres à accroître leur soutien aux Palestiniens, afin d’éviter de graves problèmes humanitaires et, potentiellement, sécuritaires. 

La récente escalade de la violence a d’ailleurs préoccupé de nombreuses délégations, dont la Fédération de Russie et le Royaume-Uni qui s’est inquiété du « taux alarmant de victimes » en Cisjordanie occupée.  L’attention s’est aussi concentrée sur les affrontements du début du mois entre les factions palestiniennes de Gaza et l’armée israélienne, qui d’après les chiffres évoqués par le Coordonnateur spécial, ont fait 33 morts, dont 12 civils, et 190 blessés côté palestinien, et 95 blessés côté israélien.  Le travail de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis pour obtenir un cessez-le-feu, qui, à l’exception d’un incident, tient depuis le 14 mai, a été salué à de nombreuses reprises. 

Tout en notant que les efforts déployés, ces dernières semaines, par l’ONU et ses partenaires pour mettre fin aux hostilités sont cruciaux pour sauver des vies palestiniennes et israéliennes, M. Wennesland a appelé à maintenir au premier plan les questions fondamentales pour créer les conditions d’une paix durable.  Selon lui, la priorité immédiate doit être de soutenir les mesures visant à renforcer l’Autorité palestinienne et à préserver la fourniture de services essentiels au peuple palestinien. 

« Nous devons agir, non seulement pour assurer le bien-être et la gouvernance des Palestiniens, mais aussi pour mettre fin à l’occupation et rétablir un horizon politique vers une solution viable à deux États », a-t-il dit. 

Plusieurs délégations, dont les Émirats arabes unis, ont condamné la décision des autorités israéliennes autorisant notamment l’établissement de colonies de peuplement à Homesh, dans le nord de la Cisjordanie occupée.  Cette décision, comme toutes les annonces d’expansion ou de création de colonies, est contraire au droit international et contrevient par ailleurs aux engagements pris par Israël à l’occasion des réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh, a indiqué la France, les États-Unis rappelant pour leur part que l’avancée des colonies en Cisjordanie sape toute perspective de paix.  Outre qu’elles attisent la violence et la haine, les activités de peuplement se dressent sur la voie de la paix, en compromettant la contiguïté d’un État palestinien, a renchéri le Brésil.

Venue témoigner des conditions de vie dans la bande de Gaza, la Directrice exécutive de l’ONG israélienne Gisha a appelé à laisser les espoirs des jeunes gazaouis guider les diplomates dans leurs réflexions sur les mesures audacieuses que les gouvernements pourraient prendre.  Il n’y a en effet aucune raison de ne pas faciliter la liberté de mouvement dont les femmes et les jeunes ont besoin pour réaliser leurs rêves, a estimé Mme Tania Hary, selon qui 80% des enfants de Gaza souffriraient de troubles émotionnels.  « N’attendez pas qu’une nouvelle attaque militaire remette Gaza et la Palestine à l’ordre du jour », a-t-elle exhorté.

À l’instar des États-Unis, de nombreux membres du Conseil ont par ailleurs dénoncé la visite du Ministre de la sécurité nationale israélien, Itamar Ben-Qvir sur l’esplanade des Mosquées le 21 mai et les propos incendiaires qu’il y a tenus, ainsi que les slogans racistes comme « Mort aux Arabes! » proférés lors de la marche des drapeaux organisée par la droite israélienne dans la vieille ville de Jérusalem le 18 mai.  Les États-Unis et le Royaume-Uni ont en outre fustigé la déclaration du Président Abbas, qui, le 15 mai dernier, a établi un lien entre Israël et le propagandiste nazi Joseph Goebbels, les premiers parlant d’affront inacceptable aux victimes de l’Holocauste. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, s’est dit particulièrement alarmé par la crise de financement à laquelle sont confrontées les agences des Nations Unies qui soutiennent les services de base pour les Palestiniens.  Il a rappelé que le Programme alimentaire mondial (PAM) suspendra la semaine prochaine l’aide en espèces à quelque 200 000 Palestiniens s’il ne reçoit pas de fonds supplémentaires, et que l’UNRWA devra renoncer à fournir des services de base en septembre.  Rappelant que cette situation s’ajoute à la baisse du soutien des donateurs à l’Autorité palestinienne, il a encouragé les États Membres à accroître leur soutien aux Palestiniens, notamment à travers l’UNRWA et le PAM, afin d’éviter de graves problèmes humanitaires et, potentiellement, sécuritaires. 

Le Coordonnateur a indiqué que les tensions entre Israël et les factions armées palestiniennes dans la bande de Gaza s’étaient aggravées suite au décès en prison le 2 mai dernier, d’un des dirigeants du Jihad islamique palestinien, Khader Adnan, qui a succombé à une grève de la faim de 86 jours.  En réponse, le Jihad islamique palestinien a lancé plus de 100 roquettes en direction d’Israël et l’armée de l’air israélienne a mené des frappes aériennes en représailles.  Il a souligné que grâce aux efforts intensifs de l’Égypte, du Qatar et des Nations Unies, les hostilités avaient pris fin le 3 mai avant de reprendre le 9 mai, avec des raids aériens israéliens.  Il a expliqué qu’en cinq jours, Israël avait mené 323 frappes aériennes, tandis que les militants palestiniens avaient lancé plus de 1 200 roquettes et 250 mortiers en direction d’Israël. Au total 33 Palestiniens, dont au moins 12 civils ont été tués et 190 autres blessés, tandis que six Israéliens ont été modérément blessés et 89 légèrement, a-t-il détaillé. Il s’est dit particulièrement préoccupé par les souffrances des civils et consterné par le fait que les enfants continuent d’être victimes des hostilités.  Il a insisté sur l’importance d’un usage proportionnel de la force et sur la prise de toutes les mesures possibles pour épargner les civils.  Il a aussi condamné les tirs aveugles de roquettes depuis Gaza en direction d’Israël, notamment depuis des zones résidentielles densément peuplées, ce qui constitue une violation du droit international humanitaire. 

Évoquant la situation en Cisjordanie occupée, M. Wennesland a fait savoir que 17 Palestiniens, dont 2 enfants, ont été tués et que 138 autres ont été blessés par les forces de sécurité israéliennes, tandis que 33 civils israéliens et 4 membres des forces de sécurité ont été blessés par des Palestiniens.  En outre, d’importantes restrictions de mouvement ont été imposées à Jéricho, Naplouse et Hébron.  Il a rappelé que des milliers de militants israéliens de droite, dont des ministres de haut rang, avaient participé à la Marche des drapeaux dans la vieille ville de Jérusalem.  Il l’a qualifiée de « hautement provocatrice », dénonçant les slogans racistes, dont « Mort aux Arabes! », et les échauffourées qui l’ont émaillé. 

Regrettant que les plans de colonisation se poursuivent, avec la publication d’appels d’offres pour quelque 310 logements dans la zone C, M. Wennesland a rappelé que toutes les colonies sont illégales au regard du droit international.  Il a aussi déploré la démolition ou la saisie de 33 structures appartenant à des Palestiniens dans la zone C, dont une école à l’est de Bethléem, et 17 à Jérusalem-Est, déplaçant 89 Palestiniens, dont 45 enfants.  Il a appelé les autorités israéliennes à mettre fin à l’expulsion des Palestiniens et leur permettre de construire légalement pour répondre à leur besoin de développement. 

Ces dernières semaines, l’ONU, en collaboration avec des partenaires régionaux et internationaux, s’est à nouveau mobilisée pour mettre fin aux hostilités entre les factions armées à Gaza et en Israël.  Ces efforts sont cruciaux pour sauver des vies palestiniennes et israéliennes, mais il faut également maintenir au premier plan les questions fondamentales pour créer les conditions d’une paix durable, a-t-il estimé.  Selon lui, la priorité immédiate doit être de soutenir les mesures visant à renforcer l’Autorité palestinienne et à préserver la fourniture de services essentiels au peuple palestinien.  Ces étapes doivent être mises en œuvre de manière à encourager les parties à dialoguer, y compris sur les questions politiques sous-jacentes, a précisé le Coordonnateur spécial.  Et cela nécessite des actions de la part des dirigeants israéliens et palestiniens, ainsi qu’un soutien et une attention accrus de la part de la communauté internationale.  Nous devons agir, non seulement pour assurer le bien-être et la gouvernance des Palestiniens, mais aussi pour mettre fin à l’occupation et rétablir un horizon politique vers une solution viable à deux États, a-t-il conclu.

Mme TANIA HARY, Directrice exécutive de Gisha, a indiqué que cette organisation israélienne promeut la liberté de circulation et d’autres droits qui en dépendent, en particulier à Gaza.  Gisha, qui signifie « accès » en hébreu, a été fondée en 2005, en réponse au retrait par Israël de ses colonies et installations militaires de la bande de Gaza, parce que, a expliqué Mme Hary, « nous avions la certitude que l’occupation de Gaza par Israël ne prendrait pas vraiment fin ». Dix-huit ans plus tard, a-t-elle poursuivi, le contrôle exercé par Israël persiste, en particulier sur les déplacements dans, depuis et vers Gaza; sur le registre de la population palestinienne qui détermine où les gens peuvent vivre; sur l’approvisionnement en électricité de Gaza; sur ses réseaux de communication ainsi que sur ses espaces aériens et maritimes. 

Tel-Aviv et Jérusalem sont revenus à la normale, de même que Gaza.  Mais pour ses habitants, cela signifie que « les drones israéliens bourdonnent au-dessus de leur tête à toute heure », ainsi que le retour du cycle familier de la destruction, de la reconstruction, du deuil et du traumatisme.  Décrivant le quotidien entravé des habitants de Gaza, Mme Hary a notamment expliqué que si votre mère en Cisjordanie est malade, il faut prouver à l’armée israélienne qu’elle est en danger de mort pour espérer obtenir un permis, qui ne sera valable que 3 à 5 jours au maximum.  Pour créer une entreprise, l’obtention des équipements, machines et matières premières peut prendre des mois, voire des années; lorsque ce n’est pas tout simplement impossible.  De centaines d’autres manières, les décisions d’Israël continuent d’avoir un impact profond sur la vie quotidienne à Gaza, a déploré la Directrice exécutive de Gisha qui a aussi évoqué les mots cruels d’un ancien ministre de la défense israélien, qui a comparé le bombardement régulier de Gaza à « tondre la pelouse ». 

Aujourd’hui, a-t-elle repris, 2,2 millions de personnes vivent dans la bande de Gaza.  La moitié d’entre elles sont des enfants et près de 70% ont moins de 30 ans.  Les jeunes de Gaza ne connaissent pas d’autre réalité que la fermeture et la guerre.  La plupart des habitants n’ont jamais quitté la bande de Gaza où le taux de chômage est de 46%, et de 68% chez les jeunes.  Quelque 80% des enfants de Gaza souffriraient de troubles émotionnels.  Les blessures invisibles -le traumatisme, le désespoir et l’impuissance- sont les plus difficiles à guérir, a-t-elle poursuivi. 

Mme Hary a appelé à laisser les espoirs des jeunes de Gaza guider les diplomates dans les réflexions sur les mesures audacieuses que les gouvernements pourraient prendre.  Il n’y a en effet aucune raison, selon elle, de ne pas faciliter la liberté de mouvement dont les femmes et les jeunes ont besoin pour réaliser leurs rêves.  Elle a également appelé à protéger l’espace dédié au travail humanitaire et aux droits de l’homme en Israël et en Palestine, notant que dans une situation de montée de l’extrémisme, la société civile est essentielle.  Il faut aussi remédier au manque de justice: les Palestiniens sont quotidiennement punis pour des actes échappant à leur contrôle.  La communauté internationale a un rôle particulièrement important à jouer pour mettre fin à une injustice pernicieuse qui a pris une forme de « punition collective ». 

« N’attendez pas qu’une nouvelle attaque militaire remette Gaza et la Palestine à l’ordre du jour.  Mettez-les directement à l’ordre du jour, c’est la bonne chose à faire et vous le savez », a-t-elle conclu. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a qualifié le mois écoulé de « difficile pour la région ».  Elle a une nouvelle fois condamné les attaques perpétrées contre Israël et a appelé les parties à la retenue « dans les actions et les discours ». La représentante s’est cependant félicitée que, grâce à l’entremise de l’Égypte et du Qatar, les parties aient convenu d’un cessez-le-feu qui, à l’exception d’un incident, tient encore à ce jour.  Pour enrayer ce nouveau cycle de violence, la diplomatie et les négociations directes doivent être au centre des efforts de paix, a-t-elle plaidé, rappelant que les pourparlers d’Aqaba et Charm el-Cheikh ont débouché sur des engagements importants.  Il faut maintenant les mettre en œuvre et éviter toute escalade verbale, a poursuivi la déléguée, avant de dénoncer la déclaration du Président Abbas, qui, le 15 mai dernier, a établi un lien entre Israël et le propagandiste nazi Joseph Goebbels.  Il s’agit d’un affront aux victimes de l’Holocauste et c’est inacceptable à une époque où l’on constate une montée de la violence antisémite dans le monde entier, s’est-elle indignée.  Elle s’est également élevée contre les propos de M. Abbas selon lesquels les États-Unis souhaiteraient se débarrasser des juifs et tirer parti de leur présence en Palestine, les jugeant « infondés et offensants pour le peuple américain ». 

Réaffirmant son appui à tous les efforts visant à atteindre une paix complète sur la base de la solution des deux États, la représentante s’est dite préoccupée par la visite d’un ministre israélien sur l’esplanade des Mosquées, le 21 mai, et par le discours incendiaire qu’il y a prononcé.  Elle a appelé les parties à respecter le caractère sacré de ce lieu et a réitéré son soutien au statut historique dans tous les Lieux saints à Jérusalem.  La déléguée s’est par ailleurs alarmée de la décision d’Israël de permettre à des citoyens israéliens d’établir une présence permanente dans des avant-postes du nord-ouest de la Cisjordanie construits de manière illégale sur des terres palestiniennes. Cet ordre n’est pas conforme aux engagements du Gouvernement israélien actuel pris dans le cadre du processus d’Aqaba et de Charm el-Cheikh, a-t-elle tranché, avant de rappeler que l’avancée des colonies en Cisjordanie sape toute perspective de paix.  Enfin, après avoir condamné les discours racistes qui ont émaillé la marche des drapeaux en Israël, elle a appelé à venir en aide à l’Autorité palestinienne et à l’UNRWA, qui traversent tous deux une grave crise financière. 

Mme MITSUKO SHINO (Japon) a félicité l’Égypte, ainsi que le Qatar, le Liban et les États-Unis, pour leur rôle dans la négociation du cessez-le-feu qui a mis fin, la semaine dernière, aux hostilités meurtrières entre Israël et Gaza.  Notant que cet accord est globalement respecté, elle a demandé au Conseil de sécurité d’appeler toutes les parties à s’y conformer et de poursuivre ses efforts en vue d’une amélioration durable de la paix et de la sécurité régionales.  La représentante a également exhorté toutes les parties à mettre en œuvre les engagements énoncés dans les communiqués issus des pourparlers d’Aqaba et de Charm el-Cheikh, souhaitant que le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne s’abstiennent de toute provocation et travaillent ensemble de manière constructive.  Rappelant d’autre part que cette année marque le soixante-dixième anniversaire du partenariat du Japon avec l’UNRWA, la déléguée a déploré le grave déficit de financement auquel fait face l’Office et a souligné l’importance de la conférence des donateurs qui aura lieu le 2 juin prochain. Enfin, après avoir condamné les actions unilatérales inacceptables des deux parties, elle a répété que ce conflit ne pourra être résolu que par des négociations directes pour parvenir à une solution à deux États, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte dans la paix, la sécurité et le respect mutuel.

M. MOHAMED ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a dénoncé des « actions provocatrices récurrentes » à l’origine d’une escalade continue qui n’est dans l’intérêt d’aucune des parties.  Il a appelé à ce que cessent toutes les hostilités et les pratiques illégales afin d’éviter une confrontation à grande échelle.  Le délégué a condamné les raids israéliens qui ont visé la bande de Gaza, de même que les discours incendiaires prononcés lors de la marche des drapeaux, ainsi que la « prise d’assaut répétée » de la mosquée Al-Aqsa par des extrémistes, dont des membres de la Knesset et le Ministre Itamar Ben-Gvir.  Il a réitéré la position ferme de son pays s’agissant de protéger la mosquée Al-Aqsa et de respecter le rôle du Royaume hachémite de Jordanie en tant que gardien des Lieux saints à Jérusalem, conformément au droit international.  Le représentant a appelé à l’arrêt des activités de colonisation, des démolitions, des déplacements de population et des restrictions à la circulation des personnes et des biens, dénonçant des violations du droit international.  Il a condamné l’ordre du Gouvernement israélien d’établir une présence permanente dans un avant-poste du nord de la Cisjordanie et toute tentative de légitimer de tels avant-postes.  Se faisant écho de l’appel lancé dans le communiqué final du sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu à Djedda la semaine dernière, le représentant a appelé à intensifier les efforts en vue de parvenir à un règlement global et juste de la question palestinienne. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit profondément préoccupé par la perte de vies humaines, y compris d’enfants, à la suite de frappes aériennes israéliennes, ainsi que par les tirs aveugles de roquettes contre Israël au cours d’un mois sans répit.  Félicitant l’Égypte pour son rôle central dans la facilitation de la cessation des hostilités, il a appelé les parties à respecter l’accord et à intensifier leurs efforts de retenue.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, peu de temps après l’annonce du cessez-le-feu, des incidents pénibles se sont produits dans la vieille ville de Jérusalem lors d’une marche aux drapeaux où étaient présentes des personnalités israéliennes de haut rang.  Il a approuvé M. Wennesland, selon qui les dirigeants ont la responsabilité de prendre des mesures contre l’extrémisme ainsi que de condamner les actes de violence et d’incitation à la violence, sans équivoque.

Réaffirmant l’engagement de longue date du Brésil en faveur de la solution des deux États, l’orateur a critiqué l’expansion des colonies israéliennes, en violation flagrante du droit international.  Outre qu’elles attisent la violence et la haine, les activités de peuplement se dressent sur la voie de la paix, en compromettant la contiguïté d’un État palestinien, a-t-il déclaré, en s’appuyant sur des informations récentes faisant état de l’intention d’étendre encore les colonies israéliennes en Cisjordanie en grand nombre.  Il a aussi appelé Israël à mettre fin aux démolitions et aux saisies continues de structures palestiniennes, ainsi qu’au déplacement de familles palestiniennes, condamnant fermement la démolition d’une école financée par l’Union européenne dans la zone C, le 7 mai.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté que la semaine écoulée a été lourde de conséquences pour les populations civiles.  Il s’est cependant félicité du cessez-le-feu conclu par les parties au conflit, remerciant les médiateurs de leurs efforts.  Appelant à la mise en œuvre de cet accord et au maintien du calme, il a jugé que la population israélienne ne mérite pas de vivre sous la menace de tirs de roquettes de groupes terroristes et a une nouvelle fois appuyé le droit légitime d’Israël à se défendre, mais de « manière proportionnée ».  À cet égard, il s’est dit préoccupé du nombre élevé de victimes palestiniennes, rappelant que « les vies israéliennes et palestiniennes ont la même valeur ». Le représentant a ensuite dénoncé la montée d’une rhétorique de l’antisémitisme et du racisme, ainsi que la prise pour cible de journalistes, notamment lors de la marche des drapeaux en Israël.  De même, il a réaffirmé son soutien à la liberté de culte et salué le rôle du Royaume de Jordanie en tant que gardien des Lieux saints à Jérusalem, avant d’appeler les parties à faire preuve de retenue et à respecter les engagements pris lors de la réunion d’Aqaba.  Le délégué a d’autre part fait valoir que l’utilisation d’avant-postes et l’expansion des colonies par Israël sont illégales au regard du droit international.  Il a enfin salué les efforts déployés par la France, l’Allemagne, l’Égypte et la Jordanie pour rétablir un horizon politique et appelé à la reprise d’un dialogue direct en vue de parvenir à la solution des deux États, dans les frontières de 1967. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a réitéré l’appel de son pays à la cessation de l’occupation illégale et de l’agression israélienne dans les territoires palestiniens, demandant également la reprise immédiate des négociations et la revitalisation du processus de paix entre les parties au conflit.  « Sur fond de signes prometteurs de normalisation et de détente au Moyen-Orient, le sort des Palestiniens et l’érosion de toute perspective de solution à deux États sont profondément inquiétantes », a déploré le représentant.  Il a salué les efforts diplomatiques déployés récemment dans la région pour relancer le processus de paix et lever les principaux obstacles à la paix entre Israéliens et Palestiniens.  Le délégué a instamment demandé à Israël de mettre fin à l’expansion des colonies et à l’occupation des terres, des actes qui contreviennent à l’objectif d’une solution à deux États.  Puis il s’est tourné vers le Conseil pour que celui-ci exerce son influence auprès des Israéliens et des Palestiniens afin qu’ils respectent ses décisions et l’ensemble des résolutions des Nations Unies, les principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur), tout en reconnaissant le droit à la légitime défense, a rappelé que le respect des règles du droit international et du droit international humanitaire n’était pas facultatif.  Appréciant les efforts déployés pour mettre fin à la confrontation, il a instamment demandé que soit respectée la cessation des hostilités, et que le Conseil contribue par tous les moyens possibles à éviter une nouvelle escalade.  Le délégué a aussi appelé une nouvelle fois les parties à s’abstenir de toute incitation à la violence et de tout acte de provocation, les positions, discours, actions extrémistes et fanatiques étant le principal carburant de la violence.  S’opposant fermement à toutes les mesures unilatérales entravant la paix, telles que la construction et l’expansion des colonies, la confiscation de terres palestiniennes et la « légalisation » des avant-postes, la démolition de maisons palestiniennes et le déplacement de civils, l’orateur a aussi condamné la destruction d’une école en Cisjordanie, près de Bethlehem, le 7 mai.  Cette action porte atteinte au droit des enfants à l’éducation et ne contribue en rien à la création d’un climat de détente et de dialogue, a-t-il déclaré.  Abordant enfin la situation humanitaire et, en particulier, le travail de l’UNRWA et sa situation financière précaire, le délégué équatorien a appelé tous ceux qui le peuvent à contribuer à son financement.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est inquiétée de la détérioration de la situation sécuritaire en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Elle a condamné sans équivoque les tirs aveugles de roquettes contre les civils, se félicitant ensuite de l’annonce d’un cessez-le-feu entre Israël et les factions de Gaza.  Elle a exhorté toutes les parties à le respecter et à éviter la perte de nouvelles vies civiles. 

Tout en rappelant le soutien du Royaume-Uni au droit d’Israël à l’autodéfense, la représentante s’est dite alarmée par les informations faisant état d’au moins 12 décès de civils, dont 6 enfants, lors de frappes israéliennes à Gaza. Elle s’est aussi inquiétée d’un « taux alarmant de victimes » en Cisjordanie, qui, s’il se maintient, fera de 2023 l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis que les Nations Unies ont commencé à tenir des registres en 2004.  Elle a appelé les Forces de sécurité israéliennes à faire preuve de retenue dans leur usage de la force et à enquêter sur les victimes civiles.  Elle a également appelé l’Autorité palestinienne à réaffirmer son contrôle sur la zone A et à prendre des mesures pour lutter contre le terrorisme, relevant que 19 Israéliens, résidents et touristes en ont été victimes cette année.

La déléguée a appelé les deux parties à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire, regrettant que la semaine dernière, le Président Abbas ait assimilé Israël au propagandiste nazi Joseph Goebbels et que trois jours plus tard les participants israéliens à la marche des drapeaux à Jérusalem aient scandé des slogans racistes et appelé à brûler des villages palestiniens.  Elle a appelé Israël à s’attaquer à la violence croissante des colons qui, lundi, ont entraîné le transfert forcé de la population palestinienne d’Ein Samiya et à renoncer à l’expansion des colonies, illégale en vertu du droit international.  Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale à fournir un financement durable à l’UNRWA, exhortant ensuite les parties à honorer les engagements pris à Aqaba et Charm el-Cheikh.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté une escalade sans précédent de la violence dans la zone du conflit arabo-israélien.  Il a noté que depuis le début de l’année, les raids militaires israéliens en Cisjordanie, les affrontements sur fond de violations du statu quo des Lieux saints de Jérusalem et les violences dans la bande de Gaza ont déjà tué plus de 100 Palestiniens et fait des milliers de blessés.  Il a également relevé que le nombre de victimes israéliennes augmente lui aussi, avant de s’alarmer des frappes aériennes arbitraires qu’Israël continue de mener en Syrie et des incidents sur la Ligne bleue avec le Liban, qui ont donné lieu aux plus violents échanges depuis 2006.  Pour le représentant, la dégradation de la situation est le résultat d’actions unilatérales destinées à créer des faits irréversibles et à bloquer toute perspective de relance du processus de paix.  Il a ainsi dénoncé le rythme record de la construction de colonies israéliennes, avec l’approbation donnée cette année à 7 157 nouveaux logements, soit le double des chiffres de 2021 et 2022, et la légalisation rétroactive d’avant-postes, accompagnée d’expropriations et de démolition de maisons palestiniennes. Le délégué a aussi condamné l’augmentation des arrestations arbitraires de Palestiniens et le recours disproportionné à la force par Israël.  Il a regretté à ce sujet que ni les réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh, ni l’adoption de la déclaration du Conseil de sécurité contre de telles actions unilatérales, n’aient eu d’effets sur le terrain. 

Dans de telles conditions, a poursuivi le représentant, les Palestiniens comptent de plus en plus sur la résistance et intensifient leurs efforts pour protéger leurs droits légitimes dans les instances internationales, que ce soit à la Cour internationale de Justice et à la Cour pénale internationale, ainsi qu’au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale de l’ONU.  Dans le même temps, les États-Unis continuent, selon lui, de tenter à eux seuls d’inverser cette dégradation en « remplaçant le monde politique réel par celui de l’économie ».  Après avoir bloqué le travail du Quatuor pour le Moyen-Orient (Russie, États-Unis, Union européenne et ONU), ils promeuvent la normalisation arabo-israélienne, contournant ainsi une « solution juste » au problème palestinien, a-t-il dénoncé. Or, à ses yeux, Washington a perdu depuis longtemps la neutralité et l’impartialité indispensables à toute médiation honnête. Il en a voulu pour preuve les décisions de l’Administration américaine précédente de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan.  À cet égard, le délégué a salué la décision « tant attendue » de la Ligue des États arabes de rétablir la Syrie au sein de la famille arabe, se disant convaincu qu’elle contribuera à améliorer l’atmosphère dans la région.  Il a enfin estimé que seule une véritable reprise du processus de paix israélo-palestinien, avec la solution des deux États en son cœur, contribuera à réduire la violence et la radicalisation au Moyen-Orient. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), préoccupé par la poursuite des mesures unilatérales, a condamné la décision des autorités israéliennes autorisant l’établissement de colons israéliens à Homesh, dans le nord de la Cisjordanie occupée.  Cette décision, comme toutes les annonces d’expansion ou de création de colonies, est contraire au droit international, a-t-il rappelé, ajoutant qu’elle contrevient par ailleurs aux engagements pris par Israël à l’occasion des réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh.  Appelant le Gouvernement israélien à revenir sur cette décision, il a ajouté que la France ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires, ni la légalisation de « colonies sauvages ».  Il a aussi exprimé sa préoccupation après la deuxième visite du Ministre israélien de la sécurité nationale sur l’esplanade des Mosquées, le 21 mai.  « Il s’agit là d’une provocation », a-t-il déclaré, rappelant la nécessité de préserver le statu quo historique sur les Lieux saints à Jérusalem et soulignant l’importance du rôle spécifique de la Jordanie à cet égard.  Saluant le cessez-le-feu entré en vigueur le 13 mai au soir grâce aux efforts de médiation de l’Égypte, avec le soutien des Nations Unies et du Qatar, le délégué de la France a appelé à une ouverture durable des accès à Gaza et à une levée du blocus, assortie de garanties de sécurité crédibles pour Israël. 

Préoccupé du fait que les agences, fonds et programmes des Nations Unies n’ont plus les moyens financiers de fonctionner normalement dans les territoires occupés, l’orateur a rappelé que le Conseil a la responsabilité de défendre la solution des deux États et de faire respecter ses résolutions.  Saluant les efforts des États-Unis, de l’Égypte et de la Jordanie pour permettre aux parties de renouer le dialogue, il les a appelées à respecter leurs engagements, en particulier en matière de colonisation, mais aussi s’agissant du respect des prérogatives sécuritaires de l’Autorité palestinienne en zone A.

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé au respect du statu quo historique des Lieux saints à Jérusalem.  Il a déploré la visite, le 21 mai, d’un haut fonctionnaire de la sécurité israélienne, dans la mosquée Al-Aqsa pour la deuxième fois cette année, provoquant un regain de tensions.  Israël doit mettre un terme à ces provocations, garantir le droit de culte des fidèles musulmans et respecter le rôle de gardien que joue la Jordanie, a-t-il martelé.  Le représentant a ensuite appelé à mettre un terme à l’extension illégale des colonies de peuplement dans les territoires occupés.  Depuis le début de cette année, Israël a continué à mener des actions unilatérales en construisant de nouvelles colonies, a-t-il dénoncé. 

Le délégué a insisté sur le respect du droit international humanitaire, rappelant qu’une centaine de Palestiniens, y compris des enfants, ont perdu la vie, au début de cette année.  Il a également mentionné les décès de civils, côté israélien, avant d’exhorter les parties à mettre un terme à la violence contre les civils et cesser de cibler écoles, hôpitaux et autres infrastructures publiques.  De même, il a appelé à atténuer les souffrances des réfugiés palestiniens, et à satisfaire les besoins économiques et de subsistance des Palestiniens, pressant en outre Israël à lever le blocus imposé à Gaza le plus rapidement possible.  Ce sont là des exigences essentielles pour éviter toute nouvelle escalade des tensions, a-t-il estimé.

Mme ALLEGRA BONGO (Gabon) a déploré l’escalade de violences particulièrement meurtrières en ce mois de mai 2023, en dépit des nombreux appels à la retenue lancés par la communauté internationale.  L’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu le 14 mai, après une dizaine de jours de combats, est de fait un réel soulagement, a-t-elle déclaré.  Elle s’est dite consciente de la fragilité de cette accalmie, à la lumière des derniers développements qui font état de trois combattants Palestiniens tués dans le nord de la Cisjordanie occupée, dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 mai, lors d’un raid de l’armée israélienne. Aussi la déléguée a-t-elle exhortée chacune des parties à s’abstenir de toutes rhétoriques belliqueuses ou autres provocations qui pourraient raviver les tensions, avant de saluer le rôle clef joué par l’Égypte dans la cessation des hostilités, ainsi que les efforts déployés par les États-Unis, le Liban et le Qatar pour parvenir à un cessez-le-feu. Toutes les initiatives visant la paix et une issue politique négociée doivent aboutir à la concrétisation de la solution des deux États qui est gage de coprospérité et de stabilité pour l’ensemble de la région, a ajouté la représentante.

M. FELIX OSEI BOATENG (Ghana) a regretté l’escalade de la violence entre les forces de sécurité israéliennes et des groupes palestiniens, à la suite d’opérations militaires israéliennes de perquisition et d’arrestation.  Bien que ces opérations aient permis de saisir un certain nombre d’armes, elles ont aussi exacerbé les crises humanitaires dans les territoires palestiniens occupés et aggravé la situation déjà instable sur le terrain, en raison de l’arrestation massive de centaines de jeunes Palestiniens, de la démolition de bâtiments et du déplacement de familles, a-t-il remarqué. Prenant note des « préoccupations légitimes » d’Israël en matière de sécurité, il a demandé au Gouvernement israélien de toujours soupeser l’avantage militaire escompté et les dommages collatéraux attendus, afin de s’assurer que l’attaque n’est pas excessive ou disproportionnée.  Il s’est aussi dit profondément préoccupé par les projets récents de l’actuel Gouvernement israélien visant à poursuivre l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie. 

Encourageant les hauts fonctionnaires israéliens et palestiniens à mener une politique de modération afin de préserver la viabilité de la solution des deux États, le délégué ghanéen a regretté que l’aspiration collective de ce Conseil et de la communauté internationale à ce qu’Israël et la Palestine vivent pacifiquement, en tant que deux États souverains, continue d’être obscurcie par l’environnement hautement toxique de ces dernières semaines. Il a appelé les hauts responsables politiques des deux parties de s’abstenir de toute action ou rhétorique incendiaire et à renouveler leur engagement à mettre en œuvre des mesures de confiance. 

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a réitéré sa ferme opposition aux mesures unilatérales qui font obstacle à la paix, dont l’expansion des colonies israéliennes, qui sont illégales au regard du droit international, la légalisation rétroactive des avant-postes des colonies, la démolition de logements palestiniens et la poursuite du déplacement de civils palestiniens.  Elle a également condamné les démolitions de projets financés par l’UE, notamment l’école Jubbet Adh Dhib.  La représentante a ensuite dénoncé la « marche du drapeau », la semaine dernière à Jérusalem, au cours de laquelle des milliers de colons ont défilé dans le quartier musulman de la vieille ville et pris d’assaut la mosquée Al-Aqsa, sous la protection d’un important dispositif sécuritaire.  Tout en réaffirmant le droit d’Israël à se défendre, elle a rappelé que les principes de proportionnalité doivent être respectés. Profondément préoccupée en outre par la situation financière désastreuse de l’UNRWA, la déléguée a lancé un appel pour un financement durable et prévisible de ses services.  Malte, a-t-elle ajouté en conclusion, reste attachée à la réalisation de la solution des deux État.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a estimé que le risque d’engrenage de la violence reste très élevé après les incidents de la semaine dernière.  Demandant aux parties de s’abstenir de toute provocation, elle a souhaité que tout soit entrepris en vue d’une désescalade durable, notamment en mettant en œuvre les engagements pris à Aqaba et à Charm el-Cheikh, qui ont suivi la Déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité.  À cet égard, la représentante a appelé Israël à révoquer l’ordre permettant à ses ressortissants de s’établir à Homesh, un avant-poste qui est illégal au regard du droit international humanitaire.  Elle a ensuite condamné tout à la fois les frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza, les opérations militaires meurtrières en Cisjordanie et les tirs aveugles de roquettes sur Israël depuis Gaza, exhortant les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Après avoir appelé à la levée du bouclage de Gaza et à la réouverture des points de passage avec Israël, la représentante s’est déclarée préoccupée par la situation financière de l’UNRWA, qui ne permet plus de couvrir les opérations essentielles à la survie de ses bénéficiaires.  Elle a formé l’espoir que la conférence annuelle des donateurs, début juin à New York, permettra d’alléger le fardeau financier qui pèse sur l’Office.  Enfin, elle a une nouvelle fois souligné la nécessité d’une reprise d’un dialogue crédible en vue d’une solution négociée à deux États, conformément au droit international et aux paramètres convenus au niveau international.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission recommande des crédits supplémentaires pour trois opérations de paix dont la Mission au Soudan du Sud déjà dotée d’un budget de plus d’un milliard de dollars

Soixante-dix-septième session,
33e séance plénière - matin
AG/AB/4422

La Cinquième Commission recommande des crédits supplémentaires pour trois opérations de paix dont la Mission au Soudan du Sud déjà dotée d’un budget de plus d’un milliard de dollars

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a recommandé aujourd’hui à l’Assemblée générale l’ajout de crédits supplémentaires aux budgets des opérations de paix à Abyei, entre Israël et la Syrie, et au Soudan du Sud dont l’enveloppe initiale dépasse le milliard de dollars, pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023. 

La Commission s’est également saisie des observations et recommandations de son Comité consultatif sur les questions intéressant toutes les 11 opérations de paix, le compte d’appui de ces opérations, le Centre de services régional d’Entebbe et la Base de soutien logistique de Brindisi.  Ces observations et recommandations ont été commentées par Cuba, au nom du Groupe des 77 et la Chine. 

C’est un crédit supplémentaire de 8 506 500 dollars que la Cinquième Commission a recommandé d’ouvrir pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), venant s’ajouter aux 259 663 200 dollars ouverts pour l’exercice 2022-2023.*  Pour la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), il s’agit d’une somme 1 033 900 dollars à ajouter aux 64 544 500 dollars** et enfin pour la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), c’est 5 050 000 dollars, en plus du montant de 1 116 609 000 dollars déjà budgétisé.***  L’Assemblée générale se prononcera sur ces projets de résolution mercredi 31 mai, à partir de 10 heures. 

La Cinquième Commission s’est ensuite saisie des observations et recommandations du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  S’agissant de l’exécution budgétaire des 11 opérations de paix, du compte d’appui, du Centre d’Entebbe et de la Base de Brindisi, pour l’exercice 2021/22, sur un budget total de 6,4 milliards de dollars, le solde inutilisé est de 51,6 millions de dollars, ce qui ne représente que 0,8% des dépenses totales, soit le niveau le plus bas depuis deux ans.  Pour ce qui est de la proposition budgétaire pour 2023/24 qui s’élève à 6,8 milliards de dollars, l’on voit une augmentation de 359,5 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent qui s’explique par les besoins accrus des contingents et la hausse du coût des opérations aériennes. 

Les recommandations du CCQAB portent sur la planification, la budgétisation et la gestion financière des opérations de paix; et les questions générales comme le prix du carburant, la gestion de l’environnement, les projets à impact rapide ou encore la lutte antimines.  Les recommandations portent aussi sur les questions diverses, dont la coopération avec les pays hôtes des opérations de paix ou leur planification, compte tenu des moteurs et des catalyseurs des conflits, dont la cyberguerre, la guerre numérique, l’économie politique, la mésinformation et la désinformation. 

Dans le cadre de l’approche globale qui devrait permettre aux opérations de répondre à cette mésinformation et désinformation, le Comité estime que des mesures pourraient être prises pour améliorer la manière dont elles sont perçues, en étroite coopération avec les pays hôtes et les entités concernées, notamment au moyen d’activités relatives aux programmes comme le contrôle des armes détenues par des civils, la stabilisation des communautés, la réforme du secteur de la sécurité ou encore la lutte contre la violence de proximité. Parmi ces activités, le Comité place aussi les projets à impact rapide et appelle à des initiatives écologiques mieux conçues et plus percutantes. 

Il insiste sur des gains d’efficience dans tous les domaines durant la phase de planification des opérations et sur une gestion efficace et efficiente des ressources approuvées.  Le Comité prend d’ailleurs note des montants élevés atteints par les engagements non réglés au cours des exercices 202/2021 et 2021/2022, qui, sans être uniformes, continuent d’augmenter pour certaines opérations d’un exercice à l’autre.  Il dit attendre des explications, y compris pour ce qui est des sommes dues à des gouvernements et des nouveaux engagements prévus pour chaque cycle budgétaire, objet de dépense par objet de dépense, insiste-t-il. 

Le Comité demande au Secrétaire général de continuer à réduire au minimum les réaffectations entre catégories de dépenses, notamment en aidant les opérations à établir des budgets réalistes, cohérents et fiables qui respectent strictement les mandats confiés par les organes délibérants.  Il demande également des informations actualisées sur les prêts, dont le montant aurait pu être restitué aux États Membres ou déduit de leur contribution. 

Parlant en particulier de l’exercice 2023/24, le Comité prend note des efforts déployés pour améliorer l’exactitude et la cohérence des taux de vacance retenus aux fins de l’établissement des projets de budget mais relève un manque de cohérence dans leur application et une absence de justification claire dans de nombreux cas.  Au 31 décembre 2022, relève-t-il encore, 54 postes étaient vacants depuis plus de 24 mois.  Il réclame donc des informations actualisées sur l’état d’avancement des recrutements. 

L’examen des effectifs de certaines missions n’a pas abouti à des gains d’efficacité concrets, tranche le Comité qui recommande que le Secrétaire général procède à des examens périodiques des besoins en personnel civil, de manière transparente et objective, afin d’éviter les redondances et les chevauchements, notamment par la réaffectation des postes et emplois vacants. 

À ce propos, il insiste sur l’importance d’un recrutement effectué sur une base géographique aussi large que possible et demande des informations détaillées et ventilées sur celle des pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police dans les missions, ainsi que dans les départements financés au moyen du compte d’appui.  Il compte aussi que le Secrétaire général continuera de communiquer des données détaillées sur la représentation des sexes dans les missions. 

Chaque opération à ses particularités, s’agissant de la taille, de la complexité et des capacités, mais elles peuvent toutes, dit encore le Comité, laisser une empreinte là où elles opèrent en mettant en œuvre de manière fructueuse, efficace et responsable des activités dans des domaines tels que la communication stratégique, l’environnement, la déontologie et la discipline, notamment la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, la construction de logements en dur pour le personnel ou encore les projets à impact rapide.  Le Secrétaire général devrait donc, selon le Comité, élaborer une stratégie globale visant à laisser une empreinte positive, qui sera mise en œuvre tout au long du cycle de vie des missions. 

Dans ses commentaires, M. RICHARD TUR (Cuba) a exprimé la préoccupation du Groupe des 77 et la Chine, face au montant des contributions impayées qui a malheureusement augmenté au cours des cinq derniers exercices budgétaires. Il a donc exhorté, une fois de plus, tous les États Membres à s’acquitter de leurs obligations financières en temps voulu, intégralement et sans conditions.  Il a, en outre, réclamé un état actualisé des contributions pour toutes les missions. 

Toute tentative, a-t-il prévenu, d’utiliser l’évaluation des performances pour procéder à des coupes arbitraires ne peut que saper la mise en œuvre des mandats et peut même nuire aux progrès réalisés précédemment.  Insistant comme le CCQAB sur la représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, il a voulu que le Secrétariat remédie à ce « déficit historique ». 

Alors que le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États ne fournit pas un nombre important de personnel en uniforme, ses ressortissants occupent près de 40% des postes financés par le compte d’appui et près de 50% de ceux du Département de l’appui opérationnel (DOS).  Pour finir, le délégué a salué les initiatives visant à améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, qui constituent, a-t-il rappelé, l’une des principales préoccupations de son Groupe. 

* A/C.5/77/L.36 
** A/C.5/77/L.35 
*** A/C.5/77/L.37 
**** A/77/767 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG achève sa reprise de session en rejetant, à l’issue d’un vote, les demandes de deux organisations

Session de 2023
28e séance plénière - matin
ONG/962

Le Comité des ONG achève sa reprise de session en rejetant, à l’issue d’un vote, les demandes de deux organisations

Ce matin le Comité des ONG a finalisé les travaux de sa reprise de session en reportant à nouveau l’examen des demandes de 9 ONG, dont le Southern Poverty Law Center, et en rejetant, à l’issue d’un vote, la demande de 2 autres organisations.  Le statut consultatif n’a été recommandé pour aucune ONG au cours de cette séance. 

À défaut de consensus au sein du Comité et en invoquant des motivations politiques, la délégation américaine a demandé un vote nominal pour The Center for Justice and Accountability (États-Unis) et The Global Initiative against Transnational Organized Crime (Suisse), deux organisations dont la candidature au statut consultatif auprès de l’ECOSOC remonte à 2017 et qui depuis auraient, selon les États-Unis, répondu dans les délais et de manière transparente aux questions soulevées par les membres du Comité. Les deux votes se sont soldés par un « non », fermant définitivement ces deux dossiers. 

Ces demandes de mise aux voix ont provoqué une véritable levée de bouclier chez certaines délégations qui ont marqué leur opposition à cette procédure qui, selon elles, serait utilisée pour « accélérer » l’examen des demandes de certaines ONG sans tenir compte du fait que toutes les ONG doivent se soumettre aux questions des membres du Comité jusqu’à ce qu’un consensus se dégage.  Ainsi, la Türkiye, la Chine, Cuba, l’Inde, l’Algérie, le Cameroun et Bahreïn ont publiquement dénoncé cette pratique qui cherche, selon eux, à saper et à politiser le travail du Comité en remettant en cause ses méthodes de travail et le principe du consensus.  Certains membres du Comité qui ont voté contre l’octroi du statut consultatif aux deux ONG susmentionnées ont d’ailleurs précisé que leur vote ne représente pas une prise de position sur le travail de ces organisations mais un appel au respect des méthodes de travail du Comité. 

Dans ses remarques de clôture, la Vice-Présidente du Comité, Mme Petronellar Nyagura, du Zimbabwe, a fait savoir qu’au cours de cette reprise de session, ce dernier a examiné 204 nouvelles demandes de statut consultatif émanant de 56 pays différents et 296 demandes reportées de sessions précédentes, portant à 500 le nombre total de demandes examinées par le Comité. 

Au total, le Comité a recommandé à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif spécial à 155 organisations, ce qui représente 31% des demandes examinées par le Comité à la date d’hier, a-t-elle indiqué, précisant que 83% sont des nouvelles demandes et 17% des demandes différées. 

Durant cette reprise de session, le Comité a également examiné 280 nouveaux rapports quadriennaux, ainsi que 112 rapports reportés de sessions précédentes.  Le statut consultatif de 270 organisations a été suspendu, celui de 32 organisations a été rétabli et celui de 172 organisations a été retiré.  Le Comité a également pris note de 7 demandes de changement de nom. 

Le rapport du Comité sera adopté le 15 juin. 

En fin de séance, le Comité a adopté son ordre du jour provisoire pour la session 2024 ainsi que le calendrier de cette dernière.  Ainsi, la session de fond se tiendra du 22 au 31 janvier 2024 et le 9 février, et sa reprise de session du 28 mai au 5 juin 2024, puis le 14 juin pour l’adoption de son rapport. 

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste est pour les ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Celles-ci ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF DONT LE COMITÉ AVAIT DÉCIDÉ DE REPORTER L’EXAMEN LORS DE SESSIONS ANTÉRIEURES

Examen des demandes de statut 

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande de nouveau reporté suite aux questions soulevées par des membres du Comité.   

La Chine a noté que dans sa demande, SKT Welfare (Royaume-Uni) indique qu’elle est enregistrée dans quatre pays or seul le document relatif à la branche qui se trouve au Royaume-Uni a été mis en ligne. La délégation a donc demandé des informations sur les autres branches et leurs liens structurels.  Cuba a demandé à l’ONG Southern Poverty Law Center, Inc. (États-Unis) de préciser le montant alloué aux services juridiques après avoir constaté une différence dans les chiffres avancés dans sa réponse.  La Chine a voulu savoir si le projet sur le terrorisme en Somalie prévu par l’organisation Stichting InterNations Exchange (Pays-Bas) avant la pandémie avait eu lieu, tandis que l’Arménie a invité Su Politikaları Derneği (Türkiye) à fournir des informations sur les rapports récents de l’académie d’hydro politique. 

Les États-Unis ont estimé que The Center for Justice and Accountability (États-Unis), qui a fait sa demande d’accréditation à l’ECOSOC en mai 2017, avait répondu de façon transparente à suffisamment de questions depuis lors, affirmant que l’octroi du statut consultatif à cette organisation est reporté pour des raisons politiques.  La Chine a rétorqué qu’il restait encore des questions à examiner, d’autant plus que le budget de cette organisation provient essentiellement d’autres ONG.  La délégation chinoise a également voulu en savoir plus sur son service d’aide juridique, notamment s’il est rémunéré. 

Les États-Unis ont alors demandé un vote, ce à quoi Cuba a réagi en réfutant l’argument de la motivation politique.  Depuis hier, les États-Unis n’ont cessé de demander des votes pour certaines ONG qu’ils ont qualifié de crédibles, alors que d’autres organisations du Sud mondial qui sont dans la même situation n’ont pas fait l’objet d’une telle demande de leur part, a déploré la délégation cubaine.  Les États-Unis ont répondu qu’ils évaluent les ONG sur la base de trois critères (allégations de criminalité, de terrorisme ou par rapport à leur statut non gouvernemental), et ne soutiennent aucune organisation pour des raisons politiques. 

À l’issue d’un vote nominal, qui s’est soldé par 5 votes pour (Chili, Costa Rica, États-Unis, Israël, Royaume-Uni), 10 votes contre (Algérie, Bahreïn, Cameroun, Chine, Cuba, Érythrée, Inde, Nicaragua, Pakistan, Zimbabwe) et 3 abstentions (Arménie, Géorgie, Türkiye) et une absence (Libéria), le Comité a clos le dossier de cette ONG. 

Les États-Unis ont ensuite souligné que depuis juin 2017, date de dépôt de sa candidature, l’ONG The Global Initiative against Transnational Organized Crime (Suisse) a répondu dans les délais aux questions qui lui ont été posées.  La Türkiye a estimé cependant que certains aspects de ses états financiers et de sa candidature méritent plus d’attention, notamment le pourcentage de ses membres qui sont des représentants gouvernementaux.  À la suite de cette intervention, les États-Unis ont demandé un vote. 

À l’issue de ce vote de 6 voix pour (Arménie, Chili, Costa Rica, États-Unis, Israël, Royaume-Uni), 11 voix contre (Algérie, Bahreïn, Cameroun, Chine, Cuba, Érythrée, Inde, Nicaragua, Pakistan, Türkiye, Zimbabwe), une abstention (Géorgie) et un membre absent (Libéria), le Comité a clos le dossier de cette ONG. 

Le Comité doit pouvoir examiner les ONG au cas par cas pour déterminer si une organisation remplit tous les critères pour accéder au statut consultatif, a souligné la Türkiye, en regrettant ces mises aux voix « répétées et injustes » vis-à-vis d’autres organisations.  Appelant au strict respect des méthodes de travail du Comité des ONG, Bahreïn a vu dans cette démarche une façon d’accélérer l’examen des demandes de certaines ONG, « ce qui est injuste » vis-à-vis des autres candidatures.  Lui emboitant le pas, la Chine a rappelé avoir lancé un appel au renforcement de la coopération entre les membres du Comité en début de session.  Or, « certains membres » ont préféré aller à l’encontre du principe du consensus en demandant ces votes qui sont un exemple « de pratiques négatives classiques », a regretté son représentant.  Toute tentative d’octroyer « par la force » le statut consultatif contrevient au règlement intérieur du Comité et représente une pratique déloyale vis-à-vis d’autres ONG qui ne fait que semer la division. 

De son côté, l’Algérie a expliqué que ses votes ne reflètent en rien une prise de position sur le travail des ONG concernées, mais plutôt une prise de position en faveur des pratiques du Comité qui doit travailler sur la base du consensus.  Le Cameroun s’est rallié à cette position, de même que Cuba qui a insisté sur la nécessité d’augmenter le nombre d’ONG venant du monde en développement doté d’un statut consultatif, tout en soulignant que les États Membres doivent disposer du temps nécessaire pour examiner au cas par cas chaque demande.  La délégation cubaine a reproché aux États-Unis une « longue pratique de sélectivité », en rappelant que ce sont eux qui, pendant des années, ont empêché des ONG du monde en développement d’accéder à ce statut.  Le Cameroun a souligné l’importance du travail du Comité qui doit s’assurer du sérieux des ONG appelées à collaborer avec les Nations Unies, appelant à préserver ses méthodes de travail et la règle du consensus.  L’Inde a également dit soutenir la participation renforcée des ONG au travail de l’ONU tout en insistant sur la pertinence du mandat du Comité des ONG.  Elle s’est inquiétée de voir le droit des membres à poser des questions remis en cause par ces procédures de vote. 

Israël a demandé à l’organisation The Humanitarian Forum (Royaume-Uni) de fournir plus d’informations sur ses liens avec des ONG syriennes.  La Chine a demandé des précisions sur la nature et le contexte des services d’aide juridique de l’ONG The International Center for Supporting Rights and Freedoms (Suisse).  Israël a noté que la moitié du financement de l’ONG US Council of Muslim Organizations (États-Unis) provient du secteur privé et lui a demandé de fournir une ventilation détaillée de ces sources de financement.  La Chine a souhaité savoir si Uluslararası Mülteci Hakları Derneği (Türkiye) a obtenu des financements gouvernementaux et demandé une liste de ces bailleurs de fonds éventuels.  Enfin, l’Arménie a demandé des informations ventilées sur les dépenses de l’ONG Öz Gida Sanayi Ve Yardimci İşçileri Sendikasi (Türkiye).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le débat annuel sur les activités opérationnelles de développement de l’ONU s’ouvre sur des appels insistants à une réforme du financement

Session de 2023,
19e & 20e séances, Matin & après-midi
ECOSOC/7127

ECOSOC: le débat annuel sur les activités opérationnelles de développement de l’ONU s’ouvre sur des appels insistants à une réforme du financement

Le débat du Conseil économique et social (ECOSOC) sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies s’est ouvert aujourd’hui sur des appels pressants à réformer le financement du système des coordonnateurs résidents, qui est le « pilier » de ces activités, selon l’expression du Secrétaire général, M. António Guterres.

Ce dernier a joint sa voix à celles de nombreux pays pour demander que ce système soit financé par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU.  « C’est la seule solution », a tranché le Secrétaire général.  « Le modèle de contributions volontaires ne fonctionne plus », a appuyé l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des États d’Afrique.

Même son de cloche du côté du Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava, qui a demandé que les quelque 281 millions de dollars nécessaires pour financer ledit système soient débloqués.  Le système des coordonnateurs résidents est chroniquement sous-financé, a argué le Secrétaire général, en pointant le manque de 85 millions de dollars. 

L’Union européenne a répondu qu’elle était consciente des besoins de financement pour le bon fonctionnement du système de coordonnateurs résidents, tout en notant que ce système fonctionne bien. Elle s’est surtout dite prête à discuter d’un financement par le biais de contributions du budget ordinaire, ce qu’on appelle souvent les « ressources de base ».

Les pays récipiendaires ont tressé des lauriers à ce système de coordonnateurs résidents qui a été récemment réformé par le Secrétaire général afin de le mettre davantage au service des objectifs de développement durable (ODD).  « Près de 95% des pays africains considèrent que l’appui technique fourni par l’ONU est conforme à leurs priorités nationales », a déclaré l’Afrique du Sud. 

Le représentant du Sénégal a salué le « travail remarquable » abattu par la Coordonnatrice résidente dans son pays et s’est prononcé lui aussi en faveur d’une réforme du financement par le biais de contributions mises en recouvrement.  Une note dissonante est néanmoins venue de l’Australie qui, au nom du groupe CANZ, a demandé une clarification du rôle des coordonnateurs résidents.

La délégation australienne a aussi demandé que les normes de comportement les plus élevées s’appliquent à eux, en dénonçant certains comportements inacceptables.  « Les meilleurs doivent être envoyés sur le terrain », a-t-elle recommandé.  C’est précisément ce qu’a assuré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, avant de préciser que les coordonnateurs résidents viennent à 30% de l’extérieur du système des Nations Unies. 

La défense la plus vigoureuse de ce système est venue du Secrétaire général lui-même qui a indiqué que la coordination que ces derniers assurent est préférable au « chaos ».  « Les fonds sont rares, c’est pourquoi ils doivent être utilisés de manière efficace, par le biais d’une coopération renforcée », a-t-il déclaré, en dénonçant la logique de silo qui prévalait avant la réforme.

Ce débat se déroule alors que, de l’aveu même de tous les intervenants qui se sont exprimés aujourd’hui, les ODD ne seront pas réalisés d’ici à 2030 en l’état actuel des efforts.  « Il faut sauver les ODD », a déclaré le Ministre zimbabwéen, appuyé par le Népal, qui parlait au nom des pays des moins avancés (PMA).  Le Ministre a en effet rappelé que seules 12% des cibles des ODD sont actuellement en passe d’être atteintes. 

« Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur notre interdépendance », a-t-il dit.  Nous sommes très loin du compte, même s’il est encore possible de changer la donne, a conclu le Secrétaire général, alors que les yeux sont déjà braqués sur le Sommet sur les ODD prévu en septembre, dont l’importance a été soulignée par tous les intervenants.

Les discussions de l’après-midi ont été consacrées tout d’abord au rapport du Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement, pour examiner les résultats de la fonction de coordination telle que revisitée, puis sur la question du financement des ODD, sous l’angle du partenariat avec les institutions financières pour tirer parti au mieux de leur appui.

Le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, qui se tient sur trois jours, reprendra demain, mercredi 24 mai, à partir de 10 heures.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Déclarations d’ouverture 

M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI (Zimbabwe), Vice-Président du Conseil économique et social et responsable du débat sur les activités opérationnelles pour le développement, a indiqué que cette rencontre permettra aux délégations de faire le bilan de la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et de soutenir les efforts des États Membres en vue de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD).  Ce débat intervient alors que nous traversons l’une des périodes les plus turbulentes de l’histoire, a fait remarquer le Vice-Président, en soulignant qu’elle se caractérise par des conflits, la pandémie de COVID-19 et la montée de l’inflation, sur fond de crise climatique.  À ses yeux, la seule solution à ces problèmes consiste à établir des politiques intégrées innovantes ayant des effets multiplicateurs dans tous les pays.  L’accumulation des crises a également pour effet d’inverser les progrès accomplis dans la réalisation des ODD, a regretté M. Chimbindi, pour qui le système des Nations Unies pour le développement est seul à même de surmonter ces défis complexes.  Il a espéré que les dialogues interactifs qui se tiendront cette semaine permettront un partage de pratiques optimales et d’expériences.  Un débat sera ainsi consacré à chacun des mandats présentés dans l’examen quadriennal 2020 et dans les autres résolutions de l’Assemblée générale.  À mi-chemin du Programme 2030, M. Chimbindi a estimé que le système onusien de développement traverse des épreuves.  Toutefois, les réformes entreprises, notamment le système des coordonnateurs résidents, ont permis selon lui de jeter les bases de nouveaux cadres de coopération et d’amplification permanente du système des Nations Unies pour le développement, notamment dans les pays en développement. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), Vice-Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a souligné la gravité de la crise actuelle et plaidé pour un système des Nations Unies pour le développement cohérent et efficace, doté d’un financement adéquat.  Cette réunion est une occasion en or de renforcer la coordination au sein de ce système, a-t-il dit, en préconisant un meilleur ciblage des financements.  « Ne voyons pas trop grand », a-t-il recommandé tout en soulignant les besoins considérables en matière de développement. Il a appelé ce système à s’unir derrière des objectifs, au sein d’un cadre robuste de redevabilité.  Le système des coordonnateurs résidents doit demeurer notre priorité, a-t-il conclu. 

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déploré que parvenus à mi-chemin du délai prévu pour réaliser le Programme 2030, nous n’avons pas honoré nos promesses d’actions communes pour libérer le monde de la faim et de la pauvreté.  Il a noté que seulement le tiers des pays seront en mesure de réaliser les objectifs du Programme 2030, notamment en matière d’éducation, d’égalité des sexes et de lutte contre les changements climatiques.  Les données contenues dans les rapports du Secrétaire général qui seront examinés cette semaine par les délégations prouvent, selon lui, que le système des Nations Unies pour le développement permet d’obtenir des résultats concrets pour combattre ces crises interconnectées.  Les mesures conjointes ont ainsi permis d’aider des personnes supplémentaires dans 39 pays et territoires, s’est-il félicité en ajoutant que, de même, le système des coordonnateurs résidents permet de traduire des priorités mondiales en actions locales. Selon le Secrétaire général adjoint, les équipes de pays travaillent aujourd’hui de façon plus collaborative grâce au nouveau cadre de collaboration.  Le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement a en outre généré des gains en termes d’efficacité chiffrés à 135 millions de dollars.  Nous devons cependant assurer le financement adéquat du système pour continuer d’aider ceux qui en ont le plus besoin, a prévenu M. Li. 

Dialogue de haut niveau entre le Secrétaire général et les États Membres sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies

Ce dialogue a été marqué par des appels pressants, dont celui du Secrétaire général, pour remédier au sous-financement chronique du système des coordonnateurs résidents, qui est le pilier de l’appui au développement fourni par l’ONU.

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a ouvert ce dialogue en rappelant la réforme d’ampleur du système des Nations Unies pour le développement menée par le Secrétaire général. L’ONU a un rôle capital à jouer dans la réponse aux défis qui se posent aujourd’hui, a dit le Ministre, en parlant d’une « polycrise » mondiale, à la fois sécuritaire, économique ou bien encore climatique.  Ladite réforme vise à offrir une aide pour le développement qui soit plus efficace et à arriver à un meilleur alignement des priorités de développement et des partenariats disponibles, a-t-il dit.  Il a rappelé que seules 12% des cibles des ODD sont en passe d’être atteintes avant d’appeler à « sauver les ODD ».  Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur notre interdépendance, a déclaré le Ministre.  Le Ministre a en effet rappelé que lors de la pandémie, les pays développés ont pu relancer leurs économies mais en abandonnant les pays en développement à leur sort.  Certains pays africains risquent d’ailleurs de n’atteindre aucun ODD, a-t-il craint en soulignant l’importance du Sommet sur les ODD qui doit se tenir en septembre prochain. 

Le Ministre a ensuite passé en revue les efforts de son pays en vue d’atteindre lesdits objectifs, avant de demander que le système des coordonnateurs résidents ait pour priorité le développement économique.  Il a abordé la question cruciale du financement en rappelant que les ressources financières pour réaliser les ODD sont, dans leur majorité, mobilisées au niveau national.  Les sanctions frappant les pays doivent être levées, a-t-il aussi plaidé.  Au système des Nations Unies pour le développement, il a demandé un appui aux pays concernés qui déploient des efforts en vue de forger des partenariats.  Les engagements pris dans le cadre du Pacte de financement doivent être honorés, a conclu le Ministre, en demandant que les 281 millions de dollars nécessaires pour financer le système soient débloqués.  « Remettons le monde sur la voie des ODD. »

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a présenté le rapport sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Nous sommes très loin du compte pour atteindre les ODD, même s’il est encore possible de changer la donne, a-t-il dit.  Il s’est félicité que la réforme engagée, notamment du système des coordonnateurs résidents, ait été couronnée de succès.  Le leadership de ces coordonnateurs est salué par nombre de pays, a-t-il remarqué, en se félicitant du meilleur alignement de l’aide apportée sur les priorités nationales de développement.  Il a ainsi pris le cas de l’Égypte et celui du Pakistan où le système a montré son efficacité. Il a cependant souligné les difficultés qui demeurent, telles que la restructuration des dettes souveraines ou l’accès inégal aux prêts concessionnels. 

Le Secrétaire général a plaidé pour un financement adéquat du système des Nations Unies pour le développement.  Le système des coordonnateurs résidents, qui est le pilier de l’appui de l’ONU, est chroniquement sous-financé, s’est inquiété le Secrétaire général, en pointant le manque de 85 millions de dollars. Il a souligné la modicité de cette somme au regard des dépenses militaires consenties par les pays.  Il a enfin préconisé un financement du système des coordonnateurs résidents par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU.  « C’est la seule solution. »

Lors du débat interactif, Cuba, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a pointé le retard pris dans la réalisation des ODD, avant d’appeler à remédier aux lacunes dans le financement du système des coordonnateurs résidents.  « Ce financement doit être pérenne et prévisible. » 

Même son de cloche du côté de l’Afrique du Sud, qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le système des coordonnateurs résidents compte 53 bureaux sur le continent. Près de 95% des pays africains considèrent que l’appui technique fourni par l’ONU est conforme à leurs priorités nationales, s’est-elle aussi félicitée, en appelant à combler les besoins de financement pour faire fonctionner ce système au mieux.  Elle s’est à ce titre prononcée en faveur d’un financement par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU, car selon elle, le modèle de contributions volontaires ne fonctionne plus.  Au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), la Mongolie n’a pas dit autre chose, en louant l’appui sur mesure apporté par le système des coordonnateurs résidents depuis son repositionnement.  « Il nous faut désormais un modèle de financement pérenne et prévisible », a affirmé la Mongolie, appuyée par le Népal, au nom des pays les moins avancés (PMA).  Ce dernier a demandé le décaissement des quelque 280 millions de dollars pour le financement dudit système.  « Il faut sauver les ODD. ».  Le Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a souhaité que l’idée d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle soit incluse dans les réflexions.  Le délégué du Sénégal a salué le travail remarquable accompli par la Coordonnatrice résidente dans son pays, en jugeant plus urgent que jamais un financement pérenne et en écartant un financement par le biais de contributions volontaires. 

L’Union européenne a dit qu’elle était consciente des besoins de financement du système des coordonnateurs résidents, tout en notant que ce système fonctionne bien.  Elle a dit qu’elle était prête à discuter d’un financement de ce système par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU, appelées encore ressources de base.  De son côté, l’Australie, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle)Zélande), a demandé une clarification du rôle des coordonnateurs résidents, qu’il est parfois difficile de distinguer de l’équipe de pays des Nations Unies.  Elle a aussi demandé que les normes de comportement les plus élevées s’appliquent à eux, en dénonçant certains comportements inacceptables.  « Les meilleurs doivent être envoyés sur le terrain. »  De son côté, le Ministre d’État du Royaume-Uni a promis l’engagement cette année de 6 millions de dollars pour le financement de ce système, comme cela a déjà été fait l’an dernier.  Les États-Unis ont plaidé pour une amélioration globale du système des coordonnateurs résidents.

« Les fonds sont rares, c’est pourquoi ils doivent être utilisés de manière efficace, par le biais d’une coopération renforcée », a déclaré le Secrétaire général dans une reprise de parole, en dénonçant la logique de silo qui prévalait avant.  « Nous avons besoin de coordonnateurs résidents qui ont la main et disposent de ressources financières minimales. »  Il a indiqué qu’il n’avait aucun doute sur leur utilité, tant la coordination que ces derniers assurent est préférable au « chaos ».  Il a enfin tiré les leçons à propos du financement du G5 Sahel, qu’il avait souhaité voir financer par le biais de contributions mises en recouvrement: cette piste n’a pas été retenue et c’est le chaos qui l’a emporté, a-t-il reconnu. Enfin, Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a précisé que les meilleurs candidats étaient sélectionnés aux postes de coordonnateur résident et que les candidatures venaient à 30% de l’extérieur de l’ONU.

Rapport du Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, Mme AMINA J. MOHAMMED, a lancé la discussion interactive en notant que les efforts du système des Nations Unies pour le développement portent leurs fruits, tout en précisant que les résultats concrets se mesureront sur le terrain.  Les coordonnateurs résidents contribuent selon elle à la cohérence et la redevabilité du système onusien en transmettant leur expertise à l’ensemble du système de l’ONU pour la réalisation des ODD.  « Les coordonnateurs résidents sont notre épine dorsale; ils nous permettent de joindre le geste à la parole sur le terrain », a dit Mme Mohammed en soulignant qu’ils sont en première ligne en cas de crise et qu’ils contribuent à une transition en douceur et à la promotion du développement durable.  Des évaluations indépendantes et des enquêtes menées auprès des bailleurs de fonds et des États Membres montrent que les changements opérés dans le système ont un impact positif qui appelle davantage d’investissements.  Parmi les principales réalisations, la Vice-Secrétaire générale a souligné le leadership renforcé des coordonnateurs résidents.  Ainsi, 92% des pays hôtes considèrent que ceux-ci contribuent à la création de partenariats efficaces et à l’atteinte des ODD.

Le système des Nations Unies pour le développement joue par ailleurs un rôle essentiel pour faire émerger une nouvelle génération d’équipes pays, alors que 91% des États Membres considèrent que celles-ci disposent des capacités nécessaires pour contribuer aux efforts de développement national, a poursuivi Mme Mohammed.  Elle a aussi souligné l’importance de tirer profit des technologies émergentes et de renforcer l’efficacité des entités du système afin de générer des économies d’échelle tout en évitant les doublons.  Mme Mohammed a par ailleurs relevé qu’en dépit des efforts entrepris par les États Membres, le système des coordonnateurs résidents continue de souffrir d’un problème de sous-financement, notamment du fait de la réduction du fonds qui leur est destiné.  Elle a craint que cela ne mette en péril les gains durement acquis et sape notre capacité à aider les pays à réaliser les ODD.  Pour y remédier, un processus de consultation transparent sera lancé sous peu et un rapport sera remis à l’Assemblée générale d’ici à la fin de l’année, a annoncé la Vice-Secrétaire générale. 

Les grands systèmes fragmentés comme celui des Nations Unies pour le développement sont difficiles à changer, a reconnu la Norvège, d’autant plus qu’en sa forme actuelle, ce système est trop dépendant des contributions volontaires et vulnérable face aux fluctuations des bailleurs de fonds.  Pour l’Algérie, qui vient de signer un nouveau cadre de coopération 2023-2027, un financement efficace et pérenne est pourtant une condition essentielle pour que le coordonnateurs résidents puissent s’acquitter de leur mandat. 

Au nom des pays les moins avancés (PMA), le Burkina Faso a estimé que le système des coordonnateurs résidents joue un rôle essentiel pour répondre aux besoins des PMA et des petits États insulaires en développement (PEID), et à ce titre, doit bénéficier d’un financement prévisible et adéquat.  En écho à ces propos, le Cameroun et l’Égypte ont demandé que les ressources nécessaires soient prélevées sur le budget ordinaire de l’ONU.

L’aide aux pays en développement et le renforcement du système des coordonnateurs résidents demeurent tributaires d’un financement durable du développement, a renchéri l’Inde en appelant à travailler collectivement pour s’attaquer au déficit des contributions volontaires.  À cette fin, l’Indonésie a proposé d’améliorer les relations des équipes de pays avec les institutions financières internationales. 

L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a estimé pour sa part que les changements apportés aux bureaux multipays ont grandement amélioré le mode opératoire du système des Nations Unies sur le terrain.  La mise en place du bureau du Pacifique-Nord, combinée à la présence de personnel de coordination dans l’ensemble des pays et territoires d’accueil, a ainsi permis une réponse rapide et efficace aux catastrophes naturelles qui ont récemment frappé le Vanuatu et Saint-Vincent-et-les Grenadines.

Toutefois, bien que l’éradication que la pauvreté soit un domaine prioritaire du système des Nations Unies pour le développement, seulement 8% des dépenses d’aide publique au développement (APD) y sont consacrées, a relevé la Fédération de Russie, en prônant une augmentation des contributions volontaires des pays développés. 

Dans cette optique, le Mexique a favorisé la coordination entre les différentes entités de l’ONU afin d’éviter les chevauchements, tout en équipant les coordonnateurs résidents des outils nécessaires pour identifier les possibilités de coopération pour le développement ainsi que les transferts de technologie.  De son côté, l’Argentine a réclamé un engagement concret des pays développés s’agissant des transferts de technologie et des infrastructures. 

Nous devons renforcer le rôle de l’ONU en tant que chef de file pour la sélection et la formation des coordonnateurs résidents et des équipes de pays, tout en améliorant la coordination et la flexibilité des interventions lors des crises humanitaires, a fait valoir la Suède.  Ce système possède une forte valeur a ajoutée, a estimé El Salvador, et permet de soutenir et de coordonner les initiatives des équipes de pays. 

L’Arménie a toutefois fustigé les tentatives d’instrumentalisation du système des coordonnateurs résidents pour légitimer l’usage de la force et les violations du droit international, notamment en ce qui concerne l’aide au développement pour les personnes touchées par des conflits. 

La reconfiguration des équipes de pays représente un exercice difficile et de grande ampleur que nous entreprendrons l’an prochain, a précisé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en réponse à des questions des délégations.  Pour accélérer nos progrès, nous devons mobiliser les ressources et les moyens de mise en œuvre, avec la collaboration des institutions financières et à l’aide de droits de tirage spéciaux.  Si le système des Nations Unies pour le développement fonctionne sur le terrain, il s’agit d’un mécanisme « qui manque de carburant », a diagnostiqué Mme Mohammed. 

Financer les ODD: travailler avec les institutions financières et au-delà 

Après la tenue, le mois dernier, du forum sur le suivi du financement du développement, le Vice-Président du Conseil économique et social et responsable du débat sur les activités opérationnelles pour le développement, M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI, a orienté le débat sur les efforts des équipes de pays de l’ONU visant à tirer parti du financement des ODD, notamment grâce aux partenariats avec les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement, ainsi que les mesures permettant de soutenir les États Membres dans la mise en œuvre de leurs cadres nationaux intégrés.

Le modérateur de la discussion, M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a vanté les mérites des cadres nationaux intégrés en ce qu’ils permettent aux États Membres de présenter leurs besoins et la stratégie de financement dont ils disposent pour y répondre, avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  D’ailleurs l’Administrateur du PNUD, M. ACHIM STEINER, qui est aussi Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a noté qu’en 2019, 16 pays ont manifesté leur intérêt envers l’élaboration de cadres nationaux intégrés, chiffre qui est passé à 86 cette année.  Ces cadres permettent aux pays d’articuler leurs priorités nationales sur la base d’une évaluation du potentiel de financement et d’identifier de nouvelles sources de financement, avec le soutien des équipes de pays et des coordonnateurs résidents.  La coordination avec les organisations multilatérales internationales est donc essentielle pour appuyer les initiatives nationales, a jugé M. Steiner. 

« Nous sommes à un moment critique de la lutte mondiale contre la crise climatique », s’est alarmé le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’action climatique, M. SELWIN HART, alors que tous les indicateurs pointent dans la « mauvaise direction ».  Pour parvenir à l’objectif de réduction des températures de 1,5 degré Celsius, nous devons couper de moitié les émissions d’ici à 2030, moyennant des investissements de 4 trillions de dollars dans les énergies renouvelables et de 300 milliards par année dans les pays en développement.  « Nous sommes confrontés à des problèmes d’urgence et d’échelle », a-t-il résumé, en expliquant que des investissements privés seront nécessaires pour atteindre ces objectifs. 

Après l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, la Coordonnatrice résidente en Colombie, Mme MIREIA VILLAR FORNER, a expliqué qu’elle dispose aujourd’hui de capacités spécialisées de financement, d’outils et de cadres de participation avec le secteur privé, ainsi que de meilleures analyses du panorama financier du pays.  Selon elle, le Fonds conjoint pour les ODD a été un catalyseur pour la mise en place de partenariats innovants.  Alors que nous nous tournons vers le Sommet des ODD, la Coordonnatrice résidente a espéré que les États Membres pourront s’engager en faveur du Programme 2030 à l’aide de propositions nationales. 

En 2030, 575 millions de personnes vivront dans la pauvreté extrême, dont la moitié dans les PMA, a relevé le Bangladesh, en considérant essentiel le Fonds conjoint pour les ODD pour appuyer l’écosystème financier des ODD sur le terrain.  Cependant, les pays en développement peinent trop souvent à accéder au financement des banques multilatérales et des fonds climatiques tels que le Fonds vert pour le climat, a déploré le Brésil, en dénonçant les mesures bureaucratiques et demandant que les conditions d’accès soient simplifiées. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réfléchit à la meilleure façon de lutter contre l’insécurité alimentaire des civils pendant les conflits armés

9327e séance – matin & après-midi  
CS/15292

Le Conseil de sécurité réfléchit à la meilleure façon de lutter contre l’insécurité alimentaire des civils pendant les conflits armés

« Garantir la sécurité et la dignité des civils dans les conflits: agir contre l’insécurité alimentaire et protéger les services essentiels », tel a été le thème du débat public de haut niveau sur la protection des civils en période de conflit armé organisé aujourd’hui au Conseil de sécurité par le Président de la Confédération suisse, et auquel ont participé plus de 80 délégations.  Les conflits armés sont un facteur déterminant de l’insécurité alimentaire dans le monde, a expliqué le Secrétaire général de l’ONU, appuyé par la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 

L’an dernier, plus de 117 millions de personnes ont souffert de faim aiguë, principalement en raison de la guerre et de l’insécurité, une « aberration », a déclaré le Secrétaire général à l’ouverture du débat.  M. António Guterres a rappelé que moins de six semaines se sont écoulées depuis que la guerre a éclaté au Soudan.  Durant cette période, des centaines de civils ont été tués, y compris des membres du personnel des Nations Unies; 250 000 personnes ont dû fuir le pays, des hôpitaux ont été occupés et attaqués, le prix des marchandises a quadruplé dans certaines régions du pays et des entrepôts d’aide humanitaire ont été pillés.  « Aussi terrible soit-elle, cette réalité est loin d’être unique en son genre », a-t-il relevé, renvoyant à son rapport sur la protection des civils en période de conflit armé. 

M. Guterres a souligné que les dommages causés aux infrastructures critiques entravent la production alimentaire, empêchent l’acheminement des denrées et privent les populations d’eau salubre.  Il a évoqué l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, qui a contribué à la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des engrais dans le monde entier, aux dépens des populations les plus pauvres.  Dans tous les conflits armés, il faut impérativement renforcer la protection des civils et, à cette fin, consolider le respect du droit international humanitaire (DIH) et du droit international des droits de l’homme, conclut le Secrétaire général, rejoint par la majorité des intervenants. « Cela exige la mobilisation d’une volonté politique beaucoup plus forte de la part de toutes les parties à un conflit armé et de tous les États et autres parties prenantes concernées. » Le Président de la Confédération Suisse, M. Alain Berset, a appelé à son tour au respect du DIH, une priorité de longue date pour la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève et siège du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La Présidente du CICR, Mme Mirjana Spoljaric Egger, a informé que le nombre de conflits armés non internationaux a plus que triplé au cours des 20 dernières années, passant de moins de 30 à plus de 90.  Ces conflits ont tendance à se prolonger, entraînant des souffrances incessantes, aggravées par les chocs climatiques, l’insécurité alimentaire et les difficultés économiques.  Dans les villes du Soudan, de la Syrie, de l’Ukraine et du Yémen, le CICR a observé des dommages à grande échelle.  Mme Egger a donc lancé un appel urgent pour protéger les civils et les infrastructures essentielles dans les zones urbaines, étant donné que la destruction généralisée, « souvent aveugle », des habitations et des infrastructures essentielles augmente de manière disproportionnée le coût humain de la guerre. 

Le rôle des femmes dans la lutte contre l’insécurité alimentaire a été incarné aujourd’hui par la Présidente du Réseau des organisations de femmes du bassin du lac Tchad, Mme Aïchatou Mounkaila, qui a témoigné du lien entre conflit et crise humanitaire dans son pays d’origine, le Niger, hier en sécurité et aujourd’hui menacé par les attaques du groupe armé Boko Haram.  Dans le bassin du lac Tchad, la crise humanitaire, qu’elle soit climatique ou sécuritaire, a un « visage féminin », a-t-elle dit, car plus de 80% des personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes et des enfants.  Plusieurs pays ont par ailleurs condamné l’interdiction faite aux femmes de travailler dans le secteur de l’aide humanitaire en Afghanistan. 

Le Président du Mozambique, M. Filipe Jacinto a informé le Conseil des efforts de son gouvernement pour garantir la sécurité alimentaire et la fourniture de services essentiels, tout en luttant contre le terrorisme dans la province de Cabo Delgado. Dans toutes les crises complexes, la protection des civils, ainsi qu’un accès et un soutien humanitaires soutenus, doivent être garantis par ce Conseil, a martelé le Président de Malte, M. George Vella, pour qui les obstacles arbitraires, discriminatoires et bureaucratiques qui entravent la livraison rapide de l’aide humanitaire sont inacceptables.  Notant à cet égard que les sanctions, à moins qu’elles ne soient ciblées, peuvent avoir des conséquences humanitaires néfastes et imprévues sur des populations civiles innocentes, il s’est félicité comme beaucoup de délégations, dont les Émirats arabes unis, de l’adoption récente de la résolution 2664 (2022) qui prévoit une exemption humanitaire pour tous les régimes de sanctions de l’ONU. 

L’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie et la prolongation récente de l’Initiative de la mer Noire sur l’exportation de céréales et d’engrais ont marqué le débat, les deux pays comptant parmi les principaux fournisseurs mondiaux de denrées alimentaires dont de nombreux pays, notamment en développement, dépendent. La République de Corée a proposé au Conseil d’introduire un mécanisme de surveillance et de communication sur les violations graves, lequel existe déjà dans le contexte des enfants et des conflits armés. 

Appuyant la France qui a reproché à la Russie d’intégrer sciemment à sa stratégie militaire des violations du DIH, l’Ukraine a accusé ce pays de priver sa population d’un accès adéquat à l’eau et à la nourriture et d’utiliser la faim comme un instrument de torture contre les prisonniers ukrainiens incarcérés dans les territoires occupés.  L’Ukraine a également évoqué l’usage immodéré par la Russie de mines qui détruisent les terres arables.  Des accusations niées en bloc par la Russie, qui a déplacé la discussion sur le terrain de l’emploi de mesures coercitives unilatérales par les pays occidentaux.  Selon elle, l’Initiative de la mer Noire a jusqu’à présent surtout profité aux pays riches au détriment des pays les moins avancés. 

Alors que les belligérants se reprochaient l’un l’autre de saper ladite Initiative, le Secrétaire général en a lui évoqué les points positifs: stabilisation des marchés, baisse des prix et atténuation de la crise alimentaire.  L’Ukraine a pu exporter plus de 30 millions de tonnes de denrées, permettant au Programme alimentaire mondial (PAM) d’acheminer des céréales vitales en Afghanistan, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Yémen, a-t-il précisé. 

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ: RENFORCER LA CONFIANCE POUR ÉTABLIR UNE PAIX DURABLE S/2023/307S/2023/345

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord rappelé que moins de six semaines se sont écoulées depuis que la guerre a éclaté au Soudan.  Durant cette période, des centaines de civils ont été tués, y compris des membres du personnel des Nations Unies; 250 000 personnes ont dû fuir le pays, des hôpitaux ont été occupés et attaqués, le prix des marchandises a quadruplé dans certaines régions du pays et des entrepôts d’aide humanitaire ont été pillés. « Aussi terrible soit-elle, cette réalité est loin d’être unique en son genre », a-t-il relevé, renvoyant à son rapport sur la protection des civils en période de conflit armé en 2022. Après avoir constaté que les armes explosives continuent de faire des ravages, notamment dans les villes, le Chef de l’ONU a indiqué que, l’an dernier, 94% des victimes qu’elles ont faites dans des zones peuplées étaient des civils.  En tout, le nombre de personnes contraintes de quitter leur foyer en raison des conflits, de la violence, des violations des droits humains et des persécutions a atteint 100 millions, a-t-il déploré.  Des établissements de santé et d’enseignement ont été dévastés, leurs personnels blessés, enlevés ou tués, et des travailleurs humanitaires sont régulièrement menacés.  Il s’est également indigné de l’interdiction faite aux femmes de travailler dans le secteur de l’aide humanitaire en Afghanistan, mettant en danger la vie des femmes et des filles. 

Les conflits armés sont aussi un facteur déterminant de l’insécurité alimentaire dans le monde, a poursuivi le Secrétaire général.  L’an dernier, plus de 117 millions de personnes ont souffert de faim aiguë, principalement en raison de la guerre et de l’insécurité, une « aberration » selon lui.  M. Guterres a rappelé que les dommages causés aux infrastructures critiques entravent la production alimentaire, empêchent l’acheminement des denrées et privent les populations d’eau salubre.  Il a cité le cas de la Syrie, où les ressources en eau potable sont aujourd’hui 40% moins importantes qu’au début du conflit, où les marchés ne peuvent plus fonctionner et les prix s’envolent.  Il a également évoqué l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a contribué à la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des engrais dans le monde entier, aux dépens des populations les plus pauvres. Et lorsque les conflits s’ajoutent à la crise climatique, les récoltes diminuent et les populations ont faim, a-t-il ajouté, déclarant en avoir été le témoin lors de sa récente visite en Somalie, où après des années de guerre, la population fait face à la pire sécheresse depuis des décennies. 

M. Guterres a toutefois noté qu’au cours de l’année passée, des mesures ont été prises pour atténuer les effets des conflits sur les civils. Certaines parties ont œuvré pour protéger les enfants et permettre aux intervenants humanitaires d’avoir accès aux populations démunies, s’est-il félicité, indiquant à cet égard que la Coordonnatrice de la réponse et de la prévention de la famine, qu’il a récemment nommée, pilote l’action du système des Nations Unies face à la montée de l’insécurité alimentaire, tandis que le Programme d’action sur les déplacements internes vise à apporter des solutions au nombre record de personnes déplacées. Le Secrétaire général a aussi fait mention de l’Initiative de la mer Noire et du protocole d’accord sur les produits alimentaires et les engrais russes, qui ont contribué à stabiliser les marchés, à faire baisser les prix et à atténuer la crise alimentaire. L’Ukraine a pu exporter plus de 30 millions de tonnes de denrées alimentaires, permettant au Programme alimentaire mondial (PAM) d’acheminer des céréales vitales en Afghanistan, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Yémen, a-t-il applaudi.  La Fédération de Russie ayant confirmé qu’elle continuerait à participer à l’Initiative de la mer Noire pendant 60 jours supplémentaires, il a assuré que les questions en suspens continueront d’être abordées par les représentants de la Russie, de l’Ukraine, de la Türkiye et de l’ONU.

Le Secrétaire général a ensuite rappelé qu’en novembre dernier, les États ont adopté une déclaration politique qui vise à protéger les civils en limitant l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées ou en s’abstenant d’en faire usage.  Exhortant tous les États à se rallier à cette déclaration et à la traduire en actes concrets, il les a également appelés à appliquer la résolution 2664 (2022), adoptée en décembre dernier et destinée à empêcher que les sanctions de l’ONU nuisent aux civils et entravent l’action humanitaire.  M. Guterres a également demandé aux États d’exclure les activités humanitaires et médicales du champ d’application de leurs sanctions et de leurs mesures de lutte antiterroriste.  Si ces quelques mesures sont les bienvenues, « la triste vérité est que le monde ne respecte pas ses engagements en matière de protection des civils, pourtant consacrés par le droit international humanitaire ». Qualifiant les Conventions de Genève de 1949 et les Protocoles additionnels s’y rapportant de « pierre angulaire de ce cadre juridique », il a salué le travail du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), « gardien de ces traités ». 

Appelant à redoubler d’efforts pour prévenir les conflits, protéger les civils, préserver la paix et trouver des solutions politiques à la guerre, M. Guterres a indiqué que, dans les semaines à venir, il publiera une note d’orientation sur le Nouvel Agenda pour la paix en vue du Sommet de l’avenir de l’an prochain.  « Les États Membres pourront ainsi s’appuyer sur une méthode globale, adaptée à l’époque, pour aborder les questions de paix et de sécurité dans un monde en mutation », a-t-il expliqué, avant d’inviter les États à transposer le droit international humanitaire (DIH) dans leur droit interne et à l’intégrer dans la formation et les règles militaires.  Selon lui, le Conseil de sécurité a un rôle particulier à jouer en exhortant les États à respecter les règles de la guerre.  De plus, les États qui exercent une influence sur les parties aux conflits devraient entamer un dialogue politique et former leurs forces à la protection des civils, a-t-il encore plaidé, demandant également aux pays exportateurs d’armes de refuser de commercer avec toute partie qui bafoue le DIH.  Enfin, après avoir enjoint aux États d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre et de poursuivre leurs auteurs, le Secrétaire général a souhaité que tout soit fait pour mettre fin au « cycle mortel des conflits armés et de la faim », en renforçant les économies des pays vulnérables, en honorant les engagements pris en faveur des pays qui sont en première ligne de la crise climatique et en augmentant les contributions aux opérations humanitaires, qui sont financées à moins de 15%, « ce qui est une honte ». 

Mme MIRJANA SPOLJARIC EGGER, Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a informé que le nombre de conflits armés non internationaux a plus que triplé au cours des 20 dernières années, passant de moins de 30 à plus de 90.  Nombre de ces conflits se prolongent, entraînant des souffrances incessantes, aggravées par les chocs climatiques, l’insécurité alimentaire et les difficultés économiques.  Dans ce contexte, les populations civiles sont rendues vulnérables par une accumulation incessante d’attaques, de menaces, de destructions et d’impasses politiques, a pointé Mme Egger.  La Présidente du CICR a donc lancé un appel urgent pour protéger les civils et les infrastructures essentielles dans les zones urbaines, étant donné que la destruction généralisée, « souvent aveugle », des habitations et des infrastructures essentielles augmente de manière disproportionnée le coût humain de la guerre. 

Dans les villes du Soudan, de la Syrie, de l’Ukraine et du Yémen, le CICR a observé des schémas de dommages à grande échelle.  Mme Egger a rappelé au Conseil qu’en adoptant sa résolution 2573 (2021), il avait exigé des parties aux conflits armés qu’elles fassent davantage pour protéger les civils.  Dans cet esprit, le CICR a demandé instamment aux parties engagées dans une guerre urbaine de veiller à ce que la protection des civils soit une priorité; de respecter le droit international humanitaire (DIH) et notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution; d’appliquer la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées; de veiller à ce que la protection des services essentiels englobe les infrastructures, les personnes et les biens de consommation permettant aux hôpitaux, à l’eau et à l’électricité de fonctionner; et, enfin, de faciliter un acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire.

Ensuite, a poursuivi la Présidente du CICR, les États doivent prendre des mesures pour prévenir et atténuer l’insécurité alimentaire dans les zones touchées par les conflits.  La sécheresse, le manque d’investissement dans l’adaptation au climat dans les zones de conflit et les répercussions du conflit armé international entre la Fédération de Russie et l’Ukraine s’aggravent pour les populations touchées dans le monde entier.  Mme Egger a appelé à investir dans des solutions pratiques et des mesures d’adaptation pour atténuer les effets des changements climatiques dans les régions touchées par les conflits. 

Enfin, elle a insisté pour que soit permis un accès humanitaire neutre et impartial dans toute zone de conflit, notamment pour venir en aide aux communautés assiégées, ainsi qu’aux centres de détention surpeuplés, où le Comité observe des « tendances inquiétantes » en matière de mauvais traitements et de torture.  « La protection des civils signifie la protection de tous », a conclu Mme Egger, exhortant tous les États à faire respecter le DIH, y compris par l’influence qu’ils exercent sur d’autres États.  À une époque où les tendances mondiales et les tensions géopolitiques s’aggravent, le respect du DIH doit devenir une priorité politique.

Mme AÏCHATOU MOUNKAILA, Présidente du Réseau des organisations de femmes du bassin du lac Tchad, a expliqué qu’elle était originaire de la ville de Diffa au Niger, première zone de production et de commercialisation du paprika au monde et première zone de production de pétrole du pays. « Nous n’étions pas développés, il y avait des défis, mais nous avions l’essentiel et la base de tout développement, à savoir notre sécurité. »  Or depuis 2015, Diffa et toute la région du bassin du lac Tchad font face à une crise humanitaire provoquée par les attaques de Boko Haram et d’autres groupes armés, a-t-elle témoigné.  En seulement deux ans, de 2020 à 2022, 7 millions de personnes supplémentaires ont été identifiées comme ayant besoin d’aide humanitaire et de protection, portant à près de 34 millions le nombre total de nécessiteux dans les sept pays du bassin du lac Tchad et du G5 Sahel, a relevé Mme Mounkaila.

Parallèlement à ces conflits armés, la crise climatique prend de l’ampleur, a poursuivi l’intervenante.  En 2022, les fortes pluies et inondations ont eu un impact énorme dans le bassin du lac Tchad, affectant 5,5 millions de personnes, tuant près d’un millier de personnes et rendant inutilisable 1 million d’hectares, dont 70% de terres agricoles.  Dans le bassin du lac Tchad, la crise humanitaire, qu’elle soit climatique ou sécuritaire, a un « visage féminin », a dit Mme Mounkaila, car plus de 80% des personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes et des enfants.  Les combats entre les groupes armés et diverses forces de l’ordre font que des milliers d’écoles et des centaines de structures de santé restent fermées, tandis que les possibilités d’emploi et moyens de subsistance dignes se font de plus en plus rares, s’est-elle désolée.  Face à ce sombre tableau, les femmes se battent nuit et jour pour donner de l’espoir à leurs familles.  D’autres, comme elles, se sont organisées et mobilisées pour tenter de briser ce cercle vicieux. 

En 2021, des organisations dirigées par des femmes en provenance de quatre pays du bassin de lac Tchad ont créé le réseau qu’elle dirige pour relever les défis auxquels elles étaient toutes confrontées.  L’intervenante a demandé au Conseil de sécurité d’encourager la communauté des bailleurs de fonds à appuyer les moyens de subsistance dans lesquels les femmes jouent un rôle primordial, comme l’agriculture durable, de même que les opportunités économiques et l’accès aux services financiers pour les survivantes de violences, notamment sexuelles.  Par ailleurs, seules des réponses inclusives et des solutions durables axées sur les savoir-faire des communautés, devraient être privilégiées. Mme Mounkaila a insisté sur l’importance de la participation pleine et égale et du leadership des femmes et des filles dans les réponses humanitaires, tout comme dans les dialogues communautaires et les processus de négociation de paix à tous les niveaux. 

L’intervenante a en outre demandé que l’on soutienne les appels en faveur de programmes d’adaptation aux changements climatiques dans le secteur agricole, où plus de 80% des femmes évoluent, pour assurer la sécurité des semences du pays, mais aussi appuyer la transition vers une économie « verte ».  Elle a prié les membres du Conseil de sécurité de veiller à ce que chacune de ses interventions comprenne une analyse intersectionnelle assortie de données précisant le sexe, l’âge, le handicap et autres caractéristiques nécessaires selon le contexte, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre la résolution 2417 (2018).

Déclarations

M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse, a rappelé que le manque de biens et de services essentiels lors des conflits coûtait plus de vies civiles que l’impact direct des hostilités, notant que les groupes vulnérables, comme les enfants et les personnes en situation de handicap, en faisaient les frais.  Il a appelé au respect du droit international humanitaire, une priorité de longue date pour la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève et siège du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et l’une de ses priorités au Conseil de sécurité.  « Le travail du CICR est d’une valeur inestimable pour la protection des civils », a-t-il ajouté, s’inquiétant des récentes attaques sur l’impartialité de l’organisation.  Le Président a relaté ses récentes visites au Mozambique, saluant au passage le démantèlement du dernier camp de rebelles, et en République démocratique du Congo (RDC). Il a évoqué ses rencontres avec des civils ayant souffert d’assassinats de membres de leurs familles, de viols ou de pillages et salué leur résilience, avant de rappeler les États à leurs obligations internationales dans les situations de conflit. 

« Les conflits armés sont les principaux facteurs de famine », a insisté le Président: 258 millions de personnes souffrent de malnutrition aigüe dans le monde, dont les deux tiers vivent dans des zones de conflit.  S’il a déploré les conséquences de l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine, notamment la hausse massive des prix dans le monde entier, il a toutefois salué la prolongation de l’Initiative de la mer Noire et affirmé que la Suisse se tient prête à apporter son soutien.  Il a rappelé le vote par le Conseil de sécurité de la résolution 2417 (2018), qui reconnaît le lien entre les conflits et l’insécurité alimentaire, et réaffirmé que son pays, conformément à la résolution 2573 (2021), condamnait fermement l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, le refus de l’accès humanitaire et le fait de priver les civils des biens indispensables à leur survie. M. Berset a appelé à mieux mettre en œuvre lesdites résolutions qui protègent les civils en temps de guerre, en réduisant notamment les conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes explosives dans les zones densément peuplées, comme l’exige la Déclaration de Dublin signée par son pays l’année dernière.  Il a également appelé à ce que les parties qui utilisent la famine contre les civils soient tenues pour responsables de ce crime de guerre, rappelant qu’en 2019, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) avait été amendé à l’initiative de la Suisse pour que ce crime soit également poursuivi dans les situations de conflits internes, et encourageant tous les États parties à ratifier cet amendement.  Enfin, le Président a jugé primordial que les opérations de paix de l’ONU continuent à jouer un rôle clé dans la protection des civils, même en phase de transition.  Il s’est félicité de la récente adoption par ce Conseil de la résolution 2664 (2022) sur les exemptions humanitaires pour les régimes de sanctions, y voyant « une preuve des progrès réalisables ». 

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a informé le Conseil des efforts de son gouvernement pour garantir la sécurité alimentaire et la fourniture de services essentiels, tout en luttant contre le terrorisme.  Depuis qu’en octobre 2017, des groupes terroristes ont mené des attaques armées dans la province de Cabo Delgado qui ont fait plus de 2 000 morts et de nombreux blessés parmi les civils et causé des traumatismes psychologiques, la séparation des familles, des enlèvements et de la violence contre les femmes et les enfants, le Gouvernement, a dit le Président, a mené une politique de protection de la vie et de la dignité des civils, y compris par la réinsertion sociale des terroristes capturés ou qui fuient les rangs des groupes armés.  Il s’est félicité que sur un total de 800 000 personnes, environ 300 000 sont déjà retournées dans leurs lieux d’origine en raison de l’amélioration de la situation sécuritaire au cours des derniers mois. 

M. Nyusi a informé que durant sa visite dans la province de Cabo Delgado, le Président suisse, Alain Berset, a pu constater de visu les efforts du Mozambique pour protéger les civils et fournir des services essentiels.  Le Président Nyusi a expliqué qu’au Mozambique, les mesures de protection des civils font l’objet d’un débat ouvert, partagé et concerté au sein d’une commission multisectorielle composée de membres du Gouvernement et d’institutions du système des Nations Unies ainsi que de la Croix-Rouge et d’autres ONG internationales et nationales. Il a aussi indiqué que les forces de défense et de sécurité mozambicaines ont donné la priorité à la protection et à la socialisation avec les populations civiles par la participation conjointe aux activités productives et de reconstruction, aux dons, aux activités culturelles et sportives, entre autres, et au respect des règles du droit international humanitaire.  Le Président a fait valoir l’approche multidimensionnelle qui est suivie pour la protection des civils dans les situations de conflit, qui prend en compte plusieurs de ses dimensions clefs et qui se décline en programmes de développement socioéconomique dans les communautés axés sur les jeunes; programmes d’aide humanitaire; formation des forces de défense et de sécurité pour assurer la protection durable des populations et la défense de l’intégrité territoriale nationale.  Dans la province de Cabo Delgado, ont été créés plus de 50 centres de réinstallation pour accueillir les civils déplacés qui ne peuvent pas être logés dans les ménages de leur famille, a-t-il précisé. 

Enfin, le Président a fait valoir ce qui est fait pour atténuer l’insécurité alimentaire: outre la relance de l’agriculture, le Gouvernement a mis en œuvre un programme de reconstruction des infrastructures détruites et vandalisées par les terroristes à Cabo Delgado et rétabli les services publics essentiels. Il a néanmoins demandé un appui international, vu l’ampleur des destructions et des souffrances endurées par les populations civiles dans la région de Cabo Delgado, avant de lancer un appel au Conseil de sécurité pour faire cesser les hostilités dans tous les conflits qui font des victimes humaines dans le monde.  Il a exhorté les États à canaliser toutes les ressources scientifiques, technologiques, humaines et financières pour contrer tous les types de menaces telles que les guerres, les pandémies, la faim et les effets dévastateurs des catastrophes naturelles. 

M. GEORGE VELLA, Président de Malte, a constaté que la vie de millions de civils dans le monde continue d’être compromise par une multitude de crises, notamment la faim induite par les conflits, la violence ciblée, les déplacements et les changements climatiques.  De la République centrafricaine à l’Afghanistan, au Myanmar et à l’Éthiopie, la corrélation entre les conflits et la faim est évidente, a-t-il souligné, avant d’évoquer le sort des populations civiles au Soudan, pays que 700 000 personnes ont fui dans la peur depuis le 15 avril, mais aussi en Haïti, où la violence extrême des gangs a aggravé les crises sous-jacentes existantes, en Syrie, où le conflit prolongé a réduit en ruines les infrastructures de base,  et dans les territoires palestiniens, où les démolitions, expulsions et autres incidents violents continuent d’exacerber les tensions.  Parallèlement, la guerre en Ukraine continue d’affecter gravement la population civile, tant en Ukraine qu’au-delà, et aggrave l’insécurité alimentaire mondiale déjà existante, a déploré le chef d’État, selon lequel une nouvelle période de violence se fait jour dans le pays et risque d’entraîner « encore plus de morts et de destructions à l’échelle industrielle ». 

Dans toutes ces crises complexes, la protection des civils, ainsi qu’un accès et un soutien humanitaires soutenus, doivent être garantis par ce Conseil, a estimé le Président maltais, pour qui les obstacles arbitraires, discriminatoires et bureaucratiques qui entravent la livraison rapide de l’aide humanitaire sont inacceptables.  Notant à cet égard que les sanctions, à moins qu’elles ne soient ciblées, peuvent avoir des conséquences humanitaires néfastes et imprévues sur des populations civiles innocentes, il s’est félicité l’adoption récente de la résolution 2664 (2022) qui prévoit une exemption humanitaire pour tous les régimes de sanctions des Nations Unies.  Il est de notre responsabilité collective de garantir que les civils ne paient pas par inadvertance le prix des actions des personnes sanctionnées, a-t-il fait valoir. Après s’être indigné des restrictions imposées aux femmes afghanes et des discriminations dont souffrent les travailleuses humanitaires yéménites, le dirigeant a répété que, dans toutes les situations de crise, les civils ne doivent pas être des cibles, et qu’il ne va de même pour ceux qui leur viennent en aide.  Il s’est cependant réjoui de l’accord conclu par les parties au conflit ukrainien prévoyant le renouvellement de l’Initiative de la mer Noire pour une nouvelle période de deux mois, tout en déplorant les l’impact causé par la perturbation des exportations agricoles de cette région sur des marchés vulnérables très éloignés de la Corne de l’Afrique et du Levant. « La faim ne devrait jamais être brandie comme une arme, dans aucun conflit », a-t-il martelé. 

En ce qui concerne l’avenir, a poursuivi le Président, le Conseil de sécurité se doit de faire rendre des comptes à ceux qui ont violé le droit international, et en particulier ceux qui ont ordonné ou participé à la destruction, ou empêché le fonctionnement d’infrastructures civiles essentielles à la production et à la disponibilité de nourriture.  « Nous devons arrêter la faim induite par les conflits avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il dit, appelant également le Conseil à travailler plus étroitement avec les parties belligérantes pour assurer la déconfliction des infrastructures indispensables à la survie de la population civile.  Il importe aussi d’intensifier tout à la fois l’aide alimentaire d’urgence et la protection de la production agricole dans les situations de crise pour le plus grand bénéfice des populations, a-t-il plaidé, avant d’exhorter la communauté internationale à augmenter le financement des réponses humanitaires de l’ONU, lesquelles peinent à récolter des fonds alors que les dépenses militaires mondiales ont atteint un niveau record de 2 240 milliards de dollars en 2022. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a noté que bon nombre des pays touchés par les conflits sont importateurs de denrées alimentaires et que l’aggravation des hostilités aggravent encore cette vulnérabilité.  Dans ce contexte, il a estimé que la trêve et la facilitation d’exportations vers le Yémen ou l’ouverture de nouveaux couloirs humanitaires en Syrie sont des exemples éloquents de la manière dont les solutions politiques peuvent apporter des avantages significatifs à la sécurité alimentaire -et même à la survie- des populations touchées.  Le représentant a toutefois rappelé que l’acheminement de l’aide humanitaire en nature pouvait potentiellement nuire aux pays disposant encore de capacités de production en faussant les prix, au détriment des producteurs locaux, tandis qu’une aide sous forme de transferts monétaires permet aux populations de répondre à leurs besoins essentiels tout en aidant les producteurs locaux à prospérer. 

Se félicitant du renouvellement de l’Initiative de la mer Noire, étape clef selon lui pour limiter les incertitudes concernant l’approvisionnement mondial en céréales et en engrais, le délégué a ensuite critiqué l’emploi de mesures coercitives unilatérales, ainsi que la fourniture de subventions agricoles, qui « faussent le marché », ainsi que « d’autres formes de protectionnisme » qui entravent la capacité des pays en développement à mettre en place des systèmes agroalimentaires résistants et à participer pleinement aux marchés internationaux.  « Si l’on ne s’attaque pas à ces pratiques omniprésentes, ces pays continueront à faire les frais des inégalités mondiales », a-t-il déclaré. 

Mme MARIAM AL MHEIRI, Ministre du changement climatique et de l’environnement des Émirats arabes unis, a déclaré que l’une des principales raisons pour lesquelles les civils continuent de souffrir de l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits est l’absence de mise en œuvre de règles clairement énoncées.  Or, pour lutter contre l’insécurité alimentaire, a-t-elle dit, il faut commencer par relever le défi existentiel de notre époque, à savoir les changements climatiques.  Lors de la COP28, qui se tiendra dans son pays cette année, les questions des systèmes d’alimentation et d’approvisionnement en eau, ainsi que l’impact des changements climatiques sur la capacité des nations à se remettre des catastrophes, figureront en bonne place à l’ordre du jour, a annoncé la Ministre.

Quelles que soient leurs motivations, les sanctions ne peuvent être autorisées à exacerber l’insécurité alimentaire dans les situations de conflit armé, a poursuivi Mme Al Mheiri, en mettant l’accent sur l’acheminement des denrées alimentaires et des intrants agricoles ou le maintien des services essentiels.  À cet égard, la résolution 2664 (2022) a fait date en établissant une dérogation aux sanctions de l’ONU afin de préserver la fourniture de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins fondamentaux, a-t-elle rappelé en demandant à tous les États de la mettre pleinement en œuvre.  Enfin, les organisations humanitaires nationales et leur personnel féminin doivent être davantage soutenus, a considéré la Ministre, et tous les acteurs doivent veiller à ce que les femmes puissent effectuer leur travail sans entrave.  C’est pourquoi, le mois dernier, nous avons fait la demande d’un accès total, rapide, sûr et sans entrave pour les acteurs humanitaires en Afghanistan: « les Émirats arabes unis restent déterminés à soutenir le travail vital effectué par les travailleuses humanitaires afghanes », a-t-elle conclu. 

M. AMBROSE DERY, Ministre de l’intérieur du Ghana, a rappelé que 70% des populations souffrant de la faim dans le monde vivaient dans des pays affectés par des conflits.  Il a souligné le lien de causalité entre conflit et famine, notamment dans les pays africains et a appelé à briser ce « lien de causalité destructeur » en s’assurant que des systèmes alimentaires suffisamment solides soient des facteurs de paix.  Il a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre des mesures d’urgence, tout en garantissant des investissements de long terme dans le développement, afin de briser le cercle vicieux de la faim et des conflits.  Au chapitre des mesures d’urgence, il a appelé à agir pour les populations du Burkina Faso, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo (RDC), du Mali, du Soudan, du Soudan du Sud, de la Somalie et d’Haïti.  Il a exhorté à renforcer les centres humanitaires mondiaux tels que la Cité humanitaire internationale de Dubaï ainsi que les centres régionaux, comme celui d’Accra, afin que les denrées puissent être acheminées rapidement là où se trouvent les besoins.  Il a également appelé les principaux donateurs à adopter une approche intégrée évitant que les fonds soient concentrés sur les distributions de denrées au détriment de la reconstruction des systèmes alimentaires. 

Appelant à soutenir les initiatives africaines dans ce domaine, telles que la position africaine commune sur des systèmes alimentaires durables, il a aussi souhaité la mise en œuvre pleine et entière de la facilité africaine de production alimentaire d’urgence de la Banque africaine de développement (BAD) doté de 1,5 milliard de dollars.  Le Ministre a aussi appelé à la mise en place rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et à lier les objectifs de maintien de la paix avec l’établissement de systèmes alimentaires solides. 

M. TARIQ AHMAD DE WIMBLEDON, Ministre d’État pour l’Asie du Sud, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et les Nations Unies du Royaume-Uni au Bureau des affaires étrangères et du Commonwealth, et Représentant spécial du Premier Ministre pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, a rappelé que plus de 20 conflits font rage à travers le monde.  Il a constaté que la destruction des infrastructures, des hôpitaux, des économies et de la production alimentaire provoque des souffrances indicibles et qu’un quart de milliard de personnes connaissent des niveaux de faim aigus, causés en grande partie par les conflits.  Premières victimes des conflits, les femmes et les filles sont également exposées à des niveaux élevés de violence sexiste, y compris la violence sexuelle, a dénoncé le Ministre.  Évoquant par ailleurs les retombées mondiales de l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Putin, il a exhorté la Russie à mettre fin à son occupation et à permettre aux exportations ukrainiennes vitales de se poursuivre à l’avenir.  À ses yeux, mieux protéger les civils en situation de conflit armé implique d’améliorer le respect du droit international humanitaire.  Pour cela, les parties au conflit doivent être tenues pour responsables, a-t-il souligné, saluant les initiatives prises par des pays comme la Somalie, où le Gouvernement prévoit désormais une formation au droit humanitaire avant de déployer ses troupes.  Il s’est aussi félicité qu’au Soudan, les parties au conflit aient reconnu leurs responsabilités en vertu du droit international et se soient engagées à autoriser et à faciliter l’aide humanitaire. 

Le Ministre a d’autre part plaidé pour une meilleure utilisation des systèmes d’alerte, conformément à la résolution 2417 (2018), pour la faim induite par les conflits.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit agir plus rapidement sur la base des informations qui lui sont fournies afin de sauver des vies.  Il a également appelé à plus de cohérence et de coordination entre les initiatives diplomatiques, humanitaires, de développement et de paix, soulignant à cet égard l’engagement de son pays à aider les pays en situation de post conflit, à l’image de la conférence sur le relèvement de l’Ukraine qu’il organisera le mois prochain à Londres.  Nous nous engageons aussi à soutenir ceux qui sont confrontés à la convergence brutale des changements climatiques et des conflits, a-t-il ajouté, avant d’indiquer que le Royaume-Uni se joindra demain aux États-Unis, à l’Italie, au Qatar et au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour attirer l’attention sur la crise dans la Corne de l’Afrique et lever des fonds humanitaires d’urgence.  Mais au-delà, il faut aussi investir dans des solutions à long terme pour renforcer la résilience, a conclu le Ministre, souhaitant que les « paroles bien intentionnées » prononcées aujourd’hui soient suivies d’actions rapides. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a assuré que la protection des civils en période de conflit armé est une priorité du Gouvernement américain.  Elle a rappelé l’immense responsabilité du Conseil de sécurité pour protéger les personnes en danger.  Citant le rapport du Secrétaire général, la représentante a dit craindre que ces chiffres n’augmentent en 2023 du fait de l’agression de l’Ukraine par la Russie et du conflit au Soudan.  Elle a appelé à ne jamais oublier la violence déclenchée par le Président Putin en Ukraine.  Ce conflit a plongé des millions de personnes dans la famine parce que la Russie utilise les vivres comme armes de guerre, a-t-elle insisté, avant de saluer l’Initiative de la mer Noire grâce à laquelle plus de 15 millions de tonnes de céréales ont été exportées en 2022. 

La représentante a par ailleurs attiré l’attention sur les problèmes du retour de 100 millions de déplacés dans leurs foyers à travers le monde.  Les combats au Soudan pourraient déplacer plus d’un million de personnes supplémentaires cette année, a-t-elle prévenu avant d’appeler les parties soudanaises à respecter le cessez-le-feu de sept jours et l’accès humanitaire, en supprimant les obstacles bureaucratiques. Rappelant que la résolution 2417 (2018) est la réponse du Conseil à l’augmentation de la faim due aux conflits, la représentante a déploré l’absence d’informations sur sa mise en œuvre. Elle a souhaité recevoir, deux fois par an, les livres blancs du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Elle a appelé à faire davantage pour éliminer la faim et sauver des vies, en suivant l’exemple des États-Unis qui assurent la moitié des contributions reçues par le Programme alimentaire mondial (PAM).  La représentante a annoncé sa participation à une réunion qui doit se tenir demain sur la situation dans la Corne de l’Afrique.  Notant que 250 travailleurs humanitaires ont été tués en 2022, elle a encouragé les acteurs régionaux à participer à la consolidation de la paix, demandé la mise en œuvre des résolutions 2471 (2018) et 2573 (2021) et que soient traduits en justice les responsables des conflits armés. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a rappelé le lien évident entre conflit et sécurité alimentaire, et souligné que les parties à un conflit avaient l’obligation de protéger les biens de production, de stockage et d’approvisionnement en eau.  Le Conseil de sécurité doit garantir la résolution 2573 (2021) sur la protection des biens essentiels, a-t-il dit, soulignant qu’il était interdit d’attaquer ou de détruire des biens agricoles.  De même, il a condamné l’utilisation de la famine comme tactique de guerre, ainsi que le blocus de l’acheminement de l’aide humanitaire. 

Le représentant a rappelé que lors d’une conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2022 à Quito, son Directeur général a mis en garde contre la faim et l’insécurité alimentaire dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts en Haïti. La péninsule était autosuffisante, et même exportatrice de fruits et d’autres denrées, jusque dans les années 80.  Or, les catastrophes naturelles et la crise climatique ont réduit ses capacités, sans parler des gangs qui se sont emparés de larges portions de l’Artibonite, grenier à blé d’Haïti.  Le blocus et le vol de marchandises entravent la sécurité alimentaire de la péninsule, sans parler des violences commises contre les femmes qui vendent les denrées et travaillent la terre.  La moitié de la population haïtienne se trouve en état d’insécurité alimentaire aiguë, sans accès aux services essentiels.  Si une force spécialisée d’appui aux forces de police haïtiennes n’est pas mise sur pied par le Conseil de sécurité, les répercussions seront sans précédent dans toute la région, y compris en termes de déplacements de population, a prévenu le délégué équatorien. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a déclaré que les belligérants de chaque conflit doivent s’abstenir de toute entrave à l’assistance humanitaire, conformément aux conventions de Genève.  Il a également appelé les États à prendre des mesures concrètes pour protéger le personnel médical, notamment en veillant à ce que les règles d’engagement militaire respectent le droit international humanitaire.  Le Conseil de sécurité a pris un certain nombre d’engagements importants en faveur de la protection des civils dans les conflits armés dans ses résolutions 2417 (2018), 1265 (1999) et 1296 (2000), a rappelé le représentant.  Nous devons nous assurer du strict respect de ces engagements parmi lesquels figurent les faits de permettre au personnel humanitaire d’avoir davantage accès aux civils ayant besoin d’assistance; d’améliorer la sécurité et la sûreté de ces personnels; d’améliorer les mesures visant à répondre aux besoins des réfugiés et personnes déplacées sur le plan sécuritaire; et de veiller à répondre pleinement aux besoins spécifiques des enfants dans les conflits armés.  Les acteurs étatiques peuvent agir en levant les obstacles administratifs qui obèrent l’action humanitaire, a estimé le délégué.  Il les a également encouragés à infléchir les tendances spéculatives des opérateurs économiques qui tentent de profiter des crises pour faire de plus gros profits à travers l’inflation sur les denrées alimentaires.  Par ailleurs, les organisations régionales ont un important rôle à jouer dans les efforts déployés pour renforcer la protection des civils, a encore dit le représentant gabonais. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a affirmé que les flambées de violence, où qu’elles se produisent, rappellent l’absence généralisée de progrès dans le respect des engagements pris en matière de protection des civils dans les conflits armés.  Citant l’Ukraine, le Soudan, le Sahel, la République démocratique du Congo (RDC), le Yémen, le Myanmar et Haïti, il a déploré la « privatisation de la guerre », le rôle croissant joué par des milices privées de mercenaires qui rendent encore plus difficile la protection des civils.  Si le Conseil de sécurité a considérablement fait progresser le cadre normatif de la protection des civils, a constaté le représentant, ses résolutions ne sont toutefois « que des bouts de papier » si elles ne sont pas appliquées.  Elles n’ont guère de valeur quand un membre permanent utilise des missiles et des drones kamikazes pour frapper des zones résidentielles, détruire des écoles, raser des jardins d’enfants, démolir des installations électriques, et ce en toute impunité depuis plus de 16 mois.  « Cette situation érode la confiance dans le multilatéralisme et conduit à une perte de légitimité. »  Le représentant s’est félicité de l’adoption de la résolution 2601 (2021) sur la protection des écoles, regrettant que celles-ci soient systématiquement détruites lors des conflits.  Il a également déploré que la résolution 2286 (2016) exigeant la fin de l’impunité pour les attaques contre des centres de santé ne soit pas appliquée, rappelant qu’en Ukraine, plus de 800 attaques contre des infrastructures médicales et des personnels de santé ont été signalées depuis le début de l’invasion russe, soit près de 70% de toutes les attaques de ce type dans le monde en 2022. Il s’est aussi inquiété de l’augmentation des cyberattaques contre les établissements médicaux, même dans les pays en paix.  Concernant la question de l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits, le représentant a réaffirmé l’importance de poursuivre les exportations de céréales ukrainiennes, en particulier vers les pays et régions vulnérables.  Afin qu’une protection efficace des civils puisse être assurée en temps de conflit, il a aussi insisté sur l’importance de ne jamais tolérer l’impunité en cas de violation de leurs droits.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a souligné que l’insécurité alimentaire et les conflits armés sont étroitement liés, notant que selon le Global Report on Food Crises, près d’un tiers des pays en situation d’insécurité alimentaire aiguë ont été touchés par des conflits.  Il a appelé à la mise en œuvre des résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) du Conseil avant de faire le point sur l’aide fournie par le Japon pour répondre à ce problème de sécurité humaine.  Le Gouvernement a récemment donné 8 millions de dollars au PAM pour une aide alimentaire d’urgence dans l’est de la République démocratique du Congo qui compte le plus grand nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë élevée dans le monde.  Le représentant s’est également inquiété de l’impact de la guerre en Ukraine qui a aggravé l’insécurité alimentaire dans le monde et s’est félicité de la prorogation de l’Initiative de la mer Noire.  Il a ensuite indiqué que le Japon fournit, par l’intermédiaire de l’UNICEF et du PAM, un appui aux programmes de repas scolaires dans les zones de conflit pour lutter contre l’insécurité alimentaire et aider les enfants à aller à l’école afin de leur permettre de contribuer au développement et à l’édification de la paix dans leur pays.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que l’insécurité alimentaire a des causes multiples, parmi lesquelles figurent les conflits armés et les sanctions unilatérales des pays occidentaux.  Rien ne justifie l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, a-t-il dit, notant que cette règle a été consacrée dans le premier Protocole additionnel aux Conventions de Genève pour la protection des civils en temps de guerre.  Le représentant a toutefois rappelé que l’apparition de cette norme a été une conséquence directe du blocus de Léningrad par les troupes nazies et finlandaises.  Plus de 600 000 de ses habitants sont morts en raison de l’utilisation de la famine comme instrument de guerre, a-t-il rappelé, avant de s’alarmer de la menace que représentent aujourd’hui « les groupes terroristes et extrémistes qui font la guerre sans règles ».  À ses yeux, la montée continue de la menace terroriste dans la région saharo-sahélienne, ainsi que l’essor du groupe EIIL-Khorasan en Afghanistan sont particulièrement préoccupants.  Par ailleurs, si la situation se stabilise au Yémen, la crise humanitaire continue d’y faire rage et les populations manquent toujours de nourriture et de fournitures médicales, a observé le représentant.  En Syrie, les principaux problèmes sont, selon lui, dus à l’ingérence illégale dans les affaires intérieures et à l’occupation du pays. Il a dénoncé les frappes aériennes de la soi-disant « coalition étrangère » et les actions des groupes terroristes qui sévissent dans les territoires non contrôlés par Damas, ajoutant que la population civile continue de souffrir dans les territoires syriens occupés par les États-Unis et les forces contrôlées par ces derniers, notamment dans les camps de Roukban, Hol et Roj.  Appelant le Secrétaire général à continuer de suivre de près cette situation alarmante, le représentant a imputé la détérioration de la situation humanitaire en Syrie au fait que les États-Unis et l’Union européenne (UE)continuent d’appliquer des sanctions unilatérales illégales qui ont des conséquences désastreuses pour la population civile syrienne. 

Pour le représentant, la faim est aussi une « méthode de guerre économique » menée par l’Occident à travers le monde, l’un des exemples les plus clairs de cette tactique étant, selon lui, la situation entourant l’Initiative de la mer Noire.  En effet, a-t-il précisé, les pays les moins avancés reçoivent moins de 3% de tous les approvisionnements dans le cadre de l’Initiative.  De plus, en 10 mois de fonctionnement, dans le cadre des opérations humanitaires du PAM, seulement 600 000 tonnes de denrées alimentaires ont été exportées des ports ukrainiens, sur un volume total de plus de 30 millions de tonnes, soit « un maigre 2% ».  Le représentant a également attiré l’attention sur l’approvisionnement en ammoniaque, prévu dans les accords d’Istanbul. Ces livraisons pourraient assurer la fourniture de 2,5 millions de tonnes de matières premières, suffisantes pour produire sept millions de tonnes d’engrais, a-t-il fait valoir, assurant que cette quantité permettrait de produire de la nourriture pour 200 millions de personnes.  Or, alors que ces approvisionnements devaient commencer en même temps que l’exportation de nourriture ukrainienne, il n’en est rien, et à ce jour, le manque d’ammoniaque sur les marchés mondiaux est déjà de 70%, s’est-il indigné, non sans juger « surprenant » que peu de voix s’élèvent pour dénoncer cette situation et désigner les coupables.  Quant au protocole d’accord Russie-ONU sur l’exportation de produits alimentaires russes, sa mise en œuvre n’a toujours pas commencé, a déploré le représentant, avant de s’élever également contre le refus de l’UE et des États-Unis de débloquer l’accès de la Rosselkhozbank au système SWIFT et contre les autres problèmes logistiques causés par les sanctions.  Ainsi, a-t-il pointé, « Kiev et ses soutiens occidentaux bloquent l’accès à la nourriture tout en en accusant les autres ».  Malgré cela, la Fédération de Russie continue de contribuer à la sécurité alimentaire internationale, principalement pour les pays en développement.  Notre pays, qui est l’un des principaux fournisseurs de produits agricoles dans le monde, s’est imposé comme un partenaire fiable et prévisible, et il entend le rester, a-t-il conclu. 

M. ZHANG JUN (Chine) a lancé un appel au respect du droit international humanitaire en rappelant que les crises alimentaires aggravaient les souffrances des civils, et que parmi les quelque 250 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire, deux tiers d’entre elles vivent dans des zones de conflit.  Selon le délégué, la communauté internationale doit agir de manière coordonnée, en promouvant un règlement politique des crises et en garantissant l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Jugeant impératif de persévérer dans les moyens pacifiques de résolution des conflits et la médiation, le délégué a appelé à renforcer l’aide d’urgence, et à ce que les bailleurs de fonds traditionnels augmentent leur aide financière et alimentaire, sans que celle-ci ne soit délivrée pour engranger des gains politiques futurs.  Accusant les États-Unis d’avoir aggravé la crise humanitaire en Afghanistan du fait de mesures unilatérales, il les a intimés de restituer aux Afghans les biens qui sont les leurs.

Se félicitant de la prorogation de l’Initiative de la mer Noire, le délégué a demandé que soit mis fin aux difficultés rencontrées par la Russie pour exporter ses denrées alimentaires et ses engrais.  Critiquant l’adoption par « certains pays » d’une politique monétaire extraordinaire, il a demandé que cessent ces « distorsions » dont souffrent les pays en développement.  Il faut selon lui créer des conditions propices pour que ces pays règlent leurs problèmes alimentaires.  Victimes du colonialisme, ils ont des économies dépendantes de quelques produits, les empêchant de parvenir à l’autosuffisance.  Critiquant les subventions agricoles des pays développés comme « perturbatrices des marchés », le délégué a appelé à ce que les grandes entreprises du secteur mettent fin à certains monopoles, notamment celui des semences.  Enfin, les pays historiquement responsables des changements climatiques doivent selon lui aider de toute urgence les pays vulnérables. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dénoncé le fait que, dans certains conflits armés, des États et groupes armés intègrent sciemment à leur stratégie militaire des violations du droit international humanitaire, telles que les attaques contre les civils et les infrastructures civiles et l’utilisation de la faim comme arme de guerre.  « Celles commises par la Russie dans sa guerre d’agression contre l’Ukraine en constituent une inacceptable illustration, de même que celles commises par le groupe Wagner, notamment en République centrafricaine et au Mali, où le massacre perpétré à Moura en mars 2022 pourrait être constitutif de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », a accusé le représentant, pour qui « la promesse de sécurité » faite par Wagner « n’est que pure propagande ». 

La France, a-t-il dit, est également préoccupée par les attaques commises contre le personnel humanitaire et les restrictions qui lui sont imposées, comme au Yémen ou en Afghanistan, où les Taliban ont interdit aux Afghanes de travailler pour les ONG et pour l’ONU.  Pour le délégué, ce qui fait obstacle à l’efficacité de la protection des populations civiles, ce ne sont pas les normes juridiques, mais l’absence de volonté politique pour les appliquer.  Il a par ailleurs indiqué que son pays a souscrit à la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées.  Le représentant a non seulement invité les autres États Membres à rejoindre cette déclaration politique en vue de son universalisation, mais aussi à adhérer à l’Appel à l’action humanitaire, lancé par la France et l’Allemagne en 2019, et qui regroupe à ce jour 53 signataires. 

M. VAHE GEVORGYAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a affirmé que l’Azerbaïdjan impose un blocus au Haut-Karabakh depuis le 12 décembre 2022, en violation flagrante du droit international humanitaire et de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020.  Depuis six mois, 120 000 personnes, dont 30 000 enfants, souffrent d’une grave pénurie de nourriture et de fournitures médicales, n’ayant reçu que 7,5% de l’approvisionnement habituel en biens essentiels, a-t-il déclaré.  Leur situation humanitaire est aggravée par une coupure totale du gaz et de l’électricité, et des tirs réguliers visent des civils lors de leurs activités agricoles, dans le but de créer des conditions de vie « insupportables ».  Au lieu d’adhérer à l’ordonnance juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice (CIJ) émise le 22 février 2023, demandant de « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Lachin dans les deux sens », le Vice-Ministre a ajouté que les autorités azerbaïdjanaises ont installé un point de contrôle dans le corridor le 23 avril 2023, assumant ouvertement leur responsabilité dans le blocus de la région.  Selon lui, elles ne cessent d’entraver les activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des forces de maintien de la paix de la Fédération de Russie pour répondre aux besoins vitaux de la population touchée par le conflit.  Déplorant qu’il ne soit toujours pas possible d’assurer la présence des agences des Nations Unies sur le terrain, il a regretté que la promesse collective de ne laisser personne de côté soit restée lettre morte. 

Pour le Vice-Ministre, « ces actions illégales », accompagnées d’une politique appelant à la haine anti-arménienne depuis des décennies, indiquent clairement « l’intention génocidaire de l’Azerbaïdjan, avec pour objectif final le nettoyage ethnique total de la population autochtone du Haut-Karabakh ».  Après sa réunion de décembre dernier, il a appelé le Conseil de sécurité à continuer à suivre la question de la situation humanitaire dans le Haut-Karabakh et à protéger ses habitants, en accord avec le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme.

Au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, et Suède), Mme JOHANNA SUMUVUORI, Secrétaire d’État auprès du Ministre des affaires étrangères de Finlande, a déploré que cinq ans après l’adoption de la résolution 2417 (2018), les conflits armés continuent d’être le principal moteur des besoins humanitaires et de l’insécurité alimentaire dans le monde, s’inquiétant en outre des conséquences dévastatrices de la guerre d’agression de la Russie sur la sécurité alimentaire mondiale.  Elle a également noté que la lutte contre l’insécurité alimentaire et la protection des services essentiels sont particulièrement importantes dans les situations de conflits prolongés, où les besoins ne cessent d’augmenter et sont aggravés par les changements climatiques. 

L’intervenant a souligné que les femmes jouent un rôle essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et a estimé qu’elles doivent participer à la conception et l’acheminement de l’aide humanitaire.  La communauté internationale doit aussi appuyer davantage les groupes de femmes qui sont les premiers à réagir aux conflits.  Elle a par ailleurs relevé que l’accès à l’eau est une condition préalable à la protection des civils et à la sécurité alimentaire, ainsi qu’à la fourniture de services essentiels.  Or, les guerres modernes ont un impact sur les ressources hydriques en raison, notamment, de la destruction des infrastructures essentielles et de la dégradation de l’environnement.  Notant en outre que l’eau joue un rôle croissant dans les stratégies géopolitiques, elle a indiqué que la coopération dans le domaine des eaux transfrontières peut servir de levier pour ramener la paix.  L’oratrice a également demandé aux gouvernements d’investir dans la fourniture et l’accès à l’eau dans les zones marginalisées et sujettes aux conflits.  Elle a aussi appelé à investir dans les services de base et l’adaptation au climat dans ces régions. 

M. PETER MACDOUGALL, Ministre délégué aux affaires mondiales du Canada, a observé que, si de nombreux États respectent leurs obligations en matière de droit international humanitaire (DIH) afin de protéger les personnes vulnérables en temps de conflit armé, d’autres font semblant d’utiliser le DIH pour « couvrir des tactiques vengeresses visant à détruire le tissu de la vie civile de leur ennemi ».  Ainsi, des villes autrefois prospères telles que Marioupol, Alep et Sanaa sont aujourd’hui devenues des amas inhabitables de béton, d’acier et de poussière, a-t-il dénoncé, s’indignant également de l’utilisation de la faim et de la violence sexuelle comme armes de guerre.  Estimant que le succès du droit international se mesure à la manière dont les violations sont traitées collectivement par les États, le Ministre s’est félicité que, face aux violations graves, les États répondent par des sanctions ciblées et efficaces, ainsi que par l’isolement diplomatique et économique des parties coupables.  Il a aussi salué, dans ce contexte, la revitalisation d’institutions judiciaires internationales indépendantes, notamment la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Le Canada est soucieux de travailler avec les parties à un conflit armé pour renforcer leurs mécanismes de conformité au DIH, a assuré le Ministre, avant de rappeler qu’en 2018, son pays a poussé les ministres des affaires étrangères du G7 à s’engager dans ce sens auprès de partenaires étatiques et non étatiques.  Il s’agissait de les aider à incorporer le DIH dans leurs lois, leur éducation, leur formation sur le terrain et leurs règles d’engagement, tout en les encourageant à traiter efficacement leurs propres violations, le cas échéant, a-t-il expliqué, indiquant que le Canada a mis cette approche en pratique dans ses relations avec les parties aux conflits armés en Iraq et en Ukraine.  Selon lui, l’insécurité alimentaire dans les conflits armés et la destruction d’infrastructures civiles essentielles trouvent leur origine dans le non-respect de ce droit.  Il a donc exhorté les États Membres à redoubler d’efforts pour s’assurer que le DIH est systématiquement intégré dans la pratique opérationnelle des parties à un conflit armé, afin de protéger les plus vulnérables. 

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M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a jugé scandaleux que 117 millions de personnes dans le monde soient réduites à la famine à cause d’un conflit.  Il a vu dans la guerre russe contre son pays un exemple des pratiques inhumaines de Moscou dans sa tentative d’utiliser la faim comme arme de guerre, alors que l’Ukraine commémore cette année le 90e anniversaire de la grande famine des années 30 orchestrée par le régime de Staline. Selon le délégué, on peut tirer plusieurs leçons de la situation vécue aujourd’hui par l’Ukraine.  Il a dénoncé avant tout l’usage de la faim par la Fédération de Russie comme un moyen parmi d’autres de faire la guerre.  Depuis le début de son invasion, ce pays organise des blocus humanitaires et des restrictions de mouvement à l’encontre de la population, la privant d’un accès adéquat à l’eau et à la nourriture.  La Russie utilise aussi la faim comme instrument de torture contre les prisonniers ukrainiens incarcérés dans les territoires occupés. 

L’agresseur, a poursuivi le délégué, tente de récupérer les inquiétudes mondiales relatives au manque de nourriture pour créer un « sentiment de rancune » contre le pays victime de l’agression, afin de le discréditer et de promouvoir une vision prorusse du conflit.  Selon lui, la Russie tente de saper les initiatives multilatérales menées pour faire face à la crise, telles que l’Initiative de la mer Noire, par un « chantage » visant à entraver la contribution de l’Ukraine à l’approvisionnement mondial en nourriture.  Le délégué a aussi dénoncé l’usage par la Russie de mines qui détruisent et contaminent les terres arables, et détruisent des infrastructures critiques.  L’Ukraine est désormais devenu l’un des pays les plus infestés de mines et d’autres engins explosifs, ceux-ci ayant déjà condamné plus de 4 700 kilomètres carrés de terres arables.  Soulignant le rôle indispensable de médiateur joué par l’ONU, avec la Türkiye, dans l’Initiative de la mer Noire, ainsi que son aide humanitaire aux populations civiles ukrainiennes dans des conditions dangereuses, le délégué a estimé qu’une solution d’ensemble ne pourrait être trouvée que dans cadre de la Charte des Nations Unies.  Ce n’est qu’en traduisant en justice les auteurs de crimes d’agression que les conflits armés et les souffrances qu’ils entraînent pour les civils, seront évités à l’avenir.

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a jugé particulièrement inquiétant que l’agression de la Russie contre l’Ukraine ait provoqué une crise alimentaire au long cours avec des implications mondiales.  Il a donc jugé essentiel de garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave, sans aucune condition, pour répondre aux besoins impératifs de pénuries alimentaires dans les régions touchées par les conflits. Dans cette optique, a-t-il préconisé, les missions de maintien de la paix de l’ONU doivent se montrer plus proactives dans la sauvegarde de l’espace humanitaire et le renforcement de la coordination et de la coopération avec les acteurs humanitaires sur le terrain, par le biais d’un partage opportun de l’information.  Selon le délégué, le Conseil de sécurité devrait envisager d’introduire un mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves, lequel existe déjà dans le contexte des enfants et des conflits armés.  Ce mécanisme permettrait de fournir une image plus claire de toutes les violations relatives à l’insécurité alimentaire induite par les conflits et aux dommages causés aux services essentiels, a-t-il expliqué.  Enfin, les parties à un conflit armé devraient agir de manière à éviter, ou du moins à minimiser, l’impact de leurs opérations sur les services essentiels, et envisager de coopérer à cette fin.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) s’est inquiétée des proportions alarmantes atteintes par l’insécurité alimentaire avec un doublement probable des personnes atteintes cette année par rapport à 2020.  Elle a affirmé que les conflits en cours dans de nombreuses régions du monde, y compris en Ukraine et en Afghanistan, avaient exacerbé une crise affectant de manière disproportionnée les pays du Sud, faisant dérailler leurs efforts pour assurer la sécurité alimentaire et éradiquer la pauvreté d’ici à 2030.  Elle a apporté son soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général pour trouver des moyens de relever le défi de l’insécurité alimentaire mondiale et s’est félicitée de la prolongation de l’Initiative de la mer Noire.  En tant que président du G20 cette année, elle a affirmé que son pays travaille à renforcer la sécurité alimentaire et énergétique et à veiller à ce que les besoins humanitaires des communautés vulnérables soient satisfaits sans délai.  La déléguée a rappelé que l’Inde avait fourni de l’assistance humanitaire à l’Ukraine, à l’Afghanistan, au Yémen et au Myanmar.  Elle a jugé impératif de maintenir les céréales à un prix abordable, estimant que l’ouverture des marchés ne devait pas devenir un argument pour perpétuer l’inégalité et discriminer les pays du Sud.

M. TAREQ ALBANAI (Koweït), qui s’exprimait au nom du Groupe des amis de la protection des civils dans les conflits armés, a souligné que, selon le rapport du Secrétaire général sur les conflits et la faim note qu’en 2022, plus de 250 millions de personnes étaient confrontées à une faim aiguë dans 58 pays et territoires, en demandant des efforts pour prévenir et atténuer la faim dans les conflits armés.  Il a dès lors appelé à protéger les sources alimentaires, les biens et le personnel humanitaire.  L’utilisation de la faim contre les civils est interdite, a insisté le représentant demandant aux parties à un conflit armé de s’acquitter de leurs obligations découlant du droit international humanitaire, y compris la protection des outils de production et de distribution des denrées alimentaires tels que les fermes, les marchés, les systèmes d’approvisionnement en eau, les moulins, les sites de transformation et de stockage des aliments, ainsi que les centres et moyens de transport des aliments.  Le délégué a aussi rappelé que les parties doivent abstenir d’attaquer, de détruire ou d’enlever les objets indispensables à la survie de la population civile.

Le représentant a demandé la publication rapide et à temps des rapports sur les situations d’insécurité alimentaire et nutritionnelle et de famine pour que le Conseil puisse réagir par une action rapide et décisive.  Il a pris note de l’adoption récente de la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées, à Dublin, le 18 novembre 2022.  La protection des civils doit également être renforcée à son avis par la protection des infrastructures civiles essentielles à la fourniture de services de base.  Il a aussi exigé un accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave, ainsi que la sûreté et la sécurité de tout le personnel humanitaire.  Il a salué l’adoption de la résolution 2664 (2022) qui crée une exemption humanitaire aux régimes de sanctions du Conseil.  Il a aussi misé sur les efforts visant à prévenir la séparation des familles et les disparitions, à rechercher et à identifier les disparus et les victimes, et à répondre aux besoins des familles touchées.  Il est crucial d’agir rapidement dès le début d’un conflit armé, a encore suggéré l’orateur avant de plaider pour l’utilisation des nouvelles technologies pour rendre plus efficientes les opérations humanitaires et la protection des civils tout en attirant l’attention sur l’utilisation à mauvais escient des réseaux sociaux. 

M. ANTONIO M. LAGDAMEO (Philippines) a réitéré l’appui de son pays aux efforts visant à protéger les civils touchés par les conflits armés.  Cet engagement s’inscrit dans le respect du droit international humanitaire (DIH) et la conviction que le droit international des droits de l’homme s’applique également dans les situations de conflits armés, a-t-il souligné.  Notant à cet égard que les acteurs non étatiques armés ont une propension plus élevée à violer le DIH, en raison d’un manque manifeste de compréhension ou d’un refus à s’y conformer, le représentant s’est élevé contre la prise pour cible d’objectifs civils par ces acteurs, mais aussi par des États, avant de saluer l’obligation faite à tous de tenir pour responsables les auteurs de violations du DIH.  Il a ensuite estimé que le succès des opérations de maintien de la paix doit être mesuré à l’aune de la protection des civils, laquelle est une priorité de son pays, comme l’illustrent ses lois sur le génocide et autres crimes contre l’humanité, et sur la protection spéciale des enfants dans les situations de conflit armé.  Le délégué a ajouté que, l’an prochain, les Philippines prévoient de renforcer encore leur action dans ce domaine en augmentant le nombre des Casques bleus philippins sur le terrain.  À cet égard, il a réaffirmé son soutien à la Convention sur les armes à sous-munitions, faisant valoir que l’interdiction de ces armes protège les civils et les infrastructures civiles, en particulier dans les zones de conflit urbain. 

M. MACIEJ POPOWSKI, Directeur général de la protection civile européenne et des opérations d’aide humanitaire de la Commission européenne, a exprimé sa profonde préoccupation face au nombre et à l’ampleur des conflits dans le monde, notamment la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et la crise au Soudan, qui ont des retombées sur la vie de millions de civils. Notant leur impact sur la sécurité alimentaire, même dans les pays qui ne sont pas touchés par la violence, il a appelé à la protection des infrastructures civiles pour assurer la production et la distribution de nourriture, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, la fourniture d’énergie et les soins de santé.  Le représentant de l’exécutif européen s’est aussi alarmé des conséquences humanitaires résultant de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées, avant de se féliciter de l’adoption par les États Membres de la Déclaration politique relative à cette question.  Assurant que l’Union européenne (UE) reste déterminée à maintenir le DIH au cœur de son action extérieure, il a réaffirmé son engagement à poursuivre son financement en réponse à la crise alimentaire mondiale.  Après avoir invité le secteur privé et les institutions financières internationales à davantage contribuer à cet effort, il a plaidé pour une plus grande complémentarité entre les actions humanitaires, de développement et de paix afin de protéger les ressources essentielles, traiter les causes profondes et prévenir l’apparition de crises humanitaires. 

Dans l’environnement opérationnel complexe d’aujourd’hui, il importe d’aider les humanitaires à rester et à intervenir de manière efficace, a poursuivi le représentant de la Commission européenne, en s’indignant des restrictions imposées aux travailleuses humanitaires en Afghanistan et au Yémen. L’accès humanitaire est une priorité pour l’UE, a-t-il insisté, saluant l’action menée par l’ONU pour coordonner les secours d’urgence et garantir l’accès à la fourniture rapide de l’aide d’urgence, notamment par le biais de négociations avec toutes les parties concernées.  Il a d’autre part attiré l’attention sur le sort des enfants, qui restent touchés de manière disproportionnée par les conflits armés, s’inquiétant en particulier de l’augmentation alarmante des violences sexuelles contre les enfants liées aux conflits, de la multiplication des attaques contre les écoles et des impacts négatifs des conflits sur les femmes et les filles.  Dans ce contexte, l’UE reste déterminée à fournir une aide humanitaire fondée sur des principes à ceux qui en ont le plus besoin et à faire en sorte que la voix de toutes les populations touchées soit entendue, a-t-il conclu, jugeant que ce n’est qu’ainsi que l’aide pourra être efficiente et efficace

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a condamné le recours aveugle aux armes explosives, qui ont un impact sur les infrastructures civiles, contaminent les terres agricoles, détruisent les récoltes et affectent gravement la distribution des denrées alimentaires.  À cet égard, la résolution 2573 (2021) reconnaît que l’interconnectivité peut être impactée par les dommages causés aux infrastructures et, par conséquent, affecter la fourniture de services de base, a noté le délégué.  D’où l’appel répété à respecter les obligations du droit international humanitaire en matière de protection de la population civile, un appel qui reste valable et doit être renforcé par un engagement politique renouvelé, a-t-il dit. Aussi le Mexique se félicite-t-il de l’adoption de la déclaration politique portant sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, aux négociations de laquelle il a activement participé.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a relevé que l’insécurité alimentaire restait un facteur majeur dans de nombreuses crises à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, prenant en exemple le Soudan où 15 millions de personnes souffraient déjà de la faim avant le déclenchement du conflit.  Elle a condamné l’assassinat de membres du Programme alimentaire mondial (PAM) ainsi que les attaques illégales contre les civils et les infrastructures civiles, notamment le pillage et la destruction de bureaux, de véhicules et d’entrepôts où est stockée l’aide humanitaire.  La déléguée a joint la voix de son pays aux nombreux appels à un cessez-le-feu durable et au respect du droit international humanitaire au Soudan.  Évoquant le Yémen, elle s’est inquiétée de niveaux de famine sans précédent et a exhorté les parties à saisir l’opportunité de paix qui s’est présentée ces derniers mois.  À la suite de l’agression contre l’Ukraine, a-t-elle poursuivi, 6 millions de personnes luttent pour accéder à l’eau potable dans ce pays, et l’insécurité alimentaire a augmenté de façon alarmante dans le monde entier. Saluant la prolongation de l’Initiative de la mer Noire, elle y a vu une démonstration de la pertinence de la diplomatie, même dans les conflits les plus graves et malgré la paralysie du Conseil de sécurité.  La déléguée a remercié la Suisse d’avoir pris l’initiative d’un amendement au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) visant à inclure comme crime de guerre le fait d’affamer intentionnellement des civils dans des conflits armés non internationaux, et a encouragé tous les États à ratifier cet amendement.  Elle a également encouragé le Conseil à garantir une perspective crédible de reddition de comptes pour les violations du droit international humanitaire résultant d’opérations cybernétiques, renvoyant au rapport sur l’application du Statut de Rome à la cyberguerre que son pays à contribué à élaborer. 

Au nom du Groupe des Amis de l’action sur les conflits et la faim, M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a proposé que le Conseil prenne des mesures décisives sur le sujet à l’ordre du jour, qui soient éclairées par le Livre blanc du Bureau de la coordination des affaires humanitaires et par les rapports du PAM et de la FAO.  Il a aussi appelé à poursuivre l’Initiative de la mer Noire pour atténuer les impacts négatifs de l’agression non provoquée de l’Ukraine par la Russie sur l’approvisionnement en céréales des marchés du monde.  De plus, il a demandé que des mesures soient prises pour garantir la reddition de comptes pour les attaques contre des cibles civiles, citant en exemple les cas en Haïti, au Burkina Faso et au Soudan. 

En sa capacité nationale, le représentant de l’Irlande a rappelé l’obligation des parties de protéger les civils des armes et explosifs dans les zones peuplées.  Il faut aussi protéger les infrastructures civiles dont la destruction peut entraîner de graves conséquences sur la vie des générations futures, ainsi que sur leur perspective de paix et de reconstruction.  Il a rappelé la Déclaration politique sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes explosives dans des zones peuplées, adoptée en novembre 2022 à l’initiative de sa délégation, en réponse à l’appel du Secrétaire général.  Rappelant en outre les dévastations des conflits au Soudan, en Haïti, en Somalie, en Éthiopie, au Soudan du Sud, au Yémen et en Syrie, il a demandé de briser le cycle pervers de l’insécurité alimentaire provoqué par les conflits. Selon lui, la résolution 2417 (2018) donne les outils à cet égard.  « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est la volonté politique collective de les utiliser. »  Il faut veiller à ce que les erreurs du passé ne se poursuivent plus et ne hantent pas notre avenir, a prié le représentant. 

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) a rappelé que c’est sous la présidence autrichienne du Conseil de sécurité en novembre 2009 que la résolution 1894 (2009) avait été adoptée.  Le délégué a dénoncé l’utilisation d’explosifs dans des zones densément peuplées.  Il a appelé tous les États Membres à protéger les civils et les services essentiels en temps de conflit.  Se félicitant que les mécanismes d’alerte précoce soient de plus en plus utilisés, il a appelé le Secrétaire général de l’ONU à s’en servir davantage.  Pour éviter que l’insécurité alimentaire n’augmente du fait de la guerre en Ukraine, le délégué a salué l’Initiative céréalière de la mer Noire qui a été prolongée le mois dernier.  Si le Conseil de sécurité n’est pas le forum idoine selon lui pour discuter de la question des changements climatiques, il a toutefois reconnu qu’il doit en débattre au nom de la protection des civils. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie), au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, a fait état d’une érosion généralisée du respect de la vie des civils et un mépris épouvantable dans certaines régions pour les normes et les lois que les États ont pourtant établi pour éviter les effets des conflits armés et protéger leurs populations contre les atrocités criminelles. Il a dénoncé la militarisation de l’accès à l’eau potable et à la nourriture dans de nombreuses situations de conflit.  De plus, il y a de plus en plus de preuves que des États et autres parties aux conflits entravent l’accès humanitaire, y compris en bloquant le passage ou en ciblant les travailleurs humanitaires et médicaux, a dénoncé le représentant qui appelé à faciliter l’accès rapide et sans entrave de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin. 

Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à exhorter les États où les civils sont confrontés à la faim induite par les conflits à utiliser leurs ressources pour répondre aux besoins de la population.  De même, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour anticiper et prévenir l’augmentation des besoins et réduire les fragilités.  Il s’est inquiété de la pénurie des ressources et des menaces pesant sur les opérations humanitaires, avant d’inviter les États à répondre de toute urgence aux appels humanitaires de l’ONU et d’augmenter de manière prévisible et souple leur financement.  De plus, les droits des femmes et des filles doivent être respectés et protégés, y compris dans la direction et la fourniture de l’aide humanitaire. 

M. AHMED MOHAMED EZZAT AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a souligné l’existence d’un lien étroit entre insécurité alimentaire et conflits armés, en particulier dans les pays déjà confrontés à divers défis, ce qui confirme la nécessité d’efforts internationaux concertés pour atteindre rapidement le deuxième objectif du développement durable lié à l’élimination de la faim.  Par conséquent, il a souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire dans le cadre d’une perspective globale qui prévoit un soutien accru aux pays en développement, en particulier ceux qui importent des produits alimentaires.  Le représentant a également noté les dangers des pénuries d’eau dans plusieurs régions, en particulier l’Afrique du Nord, et son impact direct sur les activités agricoles et la réalisation de la sécurité alimentaire.  Cela exige de promouvoir une coopération transfrontalière efficace dans le domaine de l’eau, a-t-il souligné.  Enfin, la multiplication des conflits nécessite pour le délégué de renforcer les investissements dans les institutions nationales des pays touchés afin d’y renforcer le respect du droit international. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que la clef pour assurer la paix et la stabilité dans sa région réside dans un règlement juste et pacifique de la question du Jammu-et-Cachemire, conformément aux dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a dénoncé les privations et la faim imposées au peuple cachemiri par une armée d’occupation de 900 000 hommes, ainsi que les violations massives de leurs droits humains et la confiscation progressive de leurs biens et moyens de subsistance.  Le délégué a ensuite relevé que les conséquences d’un conflit de 40 ans sont importantes en Afghanistan où près de 95% de la population vit dans l’extrême pauvreté.  En cherchant à garantir les droits des femmes et mettre fin au terrorisme en Afghanistan, n’oublions pas que nous devons aussi éviter de condamner le peuple afghan à la pauvreté, a-t-il lancé.  Il a plaidé pour le financement des besoins humanitaires de ce pays et pour la relancer rapide de son économique, grâce par exemple au déblocage de ses avoirs à l’étranger.

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a appelé à une mise en œuvre plus systématique des cadres et instruments de protection des civils.  Le Conseil doit évaluer ces mécanismes, combler les lacunes et proposer des solutions pratiques qui répondent aux différentes situations de conflit, a estimé le représentant qui a aussi évoqué la promotion du dialogue et le partage des meilleures pratiques.  Il a insisté sur l’importance d’assurer la neutralité de l’aide humanitaire et son accès sans entraves aux zones de conflit.  Il faut aussi prévoir un écosystème solide et cohérent d’approvisionnement et de distribution de la nourriture et des éléments essentiels à la survie, a-t-il ajouté.  Le délégué a plaidé pour la pleine participation des femmes à la lutte contre l’insécurité alimentaire et la protection des services essentiels.  Il a également exhorté le système des Nations Unies, la Croix-Rouge, les organisations régionales, les ONG et les États Membres à renforcer leurs partenariats et accroître la coordination pour lutter contre l’insécurité alimentaire et protéger les services essentiels. 

M. KRZYSZTOF SZCZERSKI (Pologne) a rappelé que les attaques visant des civils et des biens indispensables à la survie des civils constituent des crimes de guerre.  Il a appelé à tenir les auteurs de tels actes pour responsables et a invité la communauté internationale à adopter une position ferme sur cette question.  À cette aune, le représentant a souhaité que les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) du Conseil de sécurité soient pleinement mises en œuvre afin de limiter le risque de famine et d’insécurité alimentaire induites par les conflits, d’assurer une meilleure protection des infrastructures civiles et de permettre la mise en place de pauses humanitaires durables.  Il a souligné l’importance d’investir dans des infrastructures résilientes pour garantir le bien-être et la sécurité de la population civile confrontée à des conflits armés.  À cet égard, il a jugé vital de remettre le Programme 2030 sur les rails, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire et l’accès aux services essentiels.  Le représentant a d’autre part rappelé que la responsabilité de faire respecter la Charte des Nations Unies et le droit international incombe aux membres permanents du Conseil de sécurité, avant de dénoncer le « mépris absolu du droit international humanitaire » dont fait preuve l’un d’eux.  L’agression de la Russie contre l’Ukraine est selon lui un exemple de « militarisation de la nourriture et de la production alimentaire ».  Tout en saluant la prolongation de l’Initiative de la mer Noire, il a répété que seuls la fin de l’agression russe et le déblocage de tous les ports ukrainiens permettront de garantir l’exportation de céréales d’Ukraine et de rétablir l’équilibre du marché alimentaire mondial. Enfin, il a indiqué que la Pologne continuera de soutenir l’Ukraine et de mener des projets humanitaires au Moyen-Orient, notamment dans les pays touchés par la crise des réfugiés induite par le conflit en Syrie. 

M. NACIM GAOUAOUI (Algérie) s’est alarmé de la montée de la famine et de l’insécurité alimentaire à travers le monde.  Il a appelé au renforcement de la coopération et de la solidarité internationales pour faire face à ces phénomènes et en cibler les causes. Entraver le travail des humanitaires ou prendre ces derniers pour cible est inacceptable, a-t-il déclaré.  Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à s’assurer que ses résolutions pertinentes sont mises en œuvre, notamment les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021).  De même, la responsabilité étant la clef du respect du droit international humanitaire, il a appelé à la pleine mise en œuvre des cadres juridiques existants, afin que quiconque commet des violations soit traduit en justice et que la politique de tolérance zéro prévale.  Dans le cadre de l’assistance humanitaire, il a souligné l’importance de la coordination avec le pays hôte et avec les organisations régionales et sous-régionales. 

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d´Iran) a noté que selon le rapport du Secrétaire général (S/2023/345), les conflits armés ont causé, en 2022, près de 17 000 morts civiles dans 12 conflits, soit une augmentation de 53% par rapport à l’année précédente.  Évoquant la situation au Moyen-Orient, elle a condamné les pratiques continues d’oppression, d’expansion et d’apartheid du régime israélien en territoire palestinien occupé, violant systématiquement les droits humains des Palestiniens et provoquant le plus grand nombre de morts civiles en Cisjordanie depuis 2005.  Elle a aussi dénoncé la situation à Gaza, « plus grande prison du monde » dans laquelle la destruction d’infrastructures vitales aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse.  Condamnant la persistance des sanctions unilatérales imposées par les États-Unis et l’Union européenne contre la République arabe syrienne, elle a également déploré le pillage de ses ressources naturelles par les « forces étrangères illégales » et les attaques israéliennes contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie, qui atteignent des infrastructures civiles.  Elle a appelé à assurer une aide non politisée au peuple afghan et à lui restituer ses avoirs gelés intégralement et sans condition, tout en appelant les autorités de facto à remplir leurs engagements, notamment concernent les droits des femmes et des filles.  La représentante a ensuite dénoncé les conséquences des mesures coercitives unilatérales sur l’insécurité alimentaire, les systèmes de santé et les organisations humanitaires.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a appelé la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour briser le cercle vicieux entre les conflits armés et l’insécurité alimentaire.  Elle a rappelé que l’Initiative de la mer Noire avait permis l’exportation de plus de 30 millions de tonnes métriques de céréales en provenance d’Ukraine, préservant la sécurité alimentaire de millions de personnes en réduisant les prix des denrées alimentaires au niveau mondial.  Évoquant les tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé la Türkiye et la Syrie en février dernier, elle s’est inquiétée de leur impact sur la situation humanitaire en Syrie, en particulier dans le nord-ouest du pays. Affirmant que l’acheminement ininterrompu de l’aide humanitaire transfrontalière vers la Syrie était plus critique que jamais, elle a assuré vouloir continuer à travailler avec toutes les parties afin de prolonger le dispositif avec l’aval du Conseil de sécurité en juillet prochain.  La représentante a également souligné la nécessité impérative pour les Nations Unies de protéger les civils palestiniens, s’inquiétant du risque de suspension des opérations du PAM en Palestine faute de financement.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rappelé qu’en 2018, l’adoption la résolution 2417 sur les conflits et la faim avait suscité de grands espoirs. Cinq ans plus tard, il y a peu de raisons de se réjouir, a-t-elle dit en citant les chiffres de l’insécurité alimentaire aiguë qui a atteint un niveau sans précédent.  Les effets de la guerre d’agression dévastatrice de la Russie contre l’Ukraine sur les prix des denrées alimentaires et des engrais, les crises du climat et de la biodiversité et d’autres défis en font un cocktail dangereux, a prévenu la représentante disant que pour protéger les civils et garantir leur accès aux biens et services essentiels, il faut premièrement des instruments solides pour garantir la reddition de comptes des auteurs des violations du DIH.  Cela signifie des mécanismes internationaux de justice et une action politique à travers le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  L’appel à l’action pour renforcer le respect du DIH et de l’action humanitaire fondée sur le droit et les principes, initiée par l’Allemagne et la France en 2019, est devenu un document de référence solide pour nos efforts visant à promouvoir l’adhésion universelle au DIH, a fait valoir la déléguée en signalant qu’à ce jour, l’appel à l’action a été signé par 52 États. 

La déléguée a par ailleurs souhaité que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, les missions de maintien de la paix et les ONG surveillent en permanence et signalent les abus.  Elle a exhorté les États Membres à se joindre à la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées et son processus de suivi.  La représentante a enfin appelé à accroître la résilience et la durabilité des systèmes agricoles et alimentaires, prônant une réforme structurelle des systèmes alimentaires mondiaux ainsi que l’architecture financière qui les soutient. Au sein du G7, nous soutenons le développement de mesures qui peuvent rendre les systèmes agricoles et alimentaires plus résilients et durables, a-t-elle fait valoir avant d’indiquer que son pays encourage activement les approches soucieuses de l’égalité des sexes.

M. DAVID ABESADZE (Géorgie) a fait valoir que le DIH complète les normes des droits de l’homme sur le droit à une alimentation adéquate en interdisant certains comportements afin de prévenir le manque de nourriture ou le refus d’accès à la nourriture dans les situations de conflit armé. Malheureusement, a-t-il dit, « nous avons été témoins d’un mépris total du DIH par la Russie lors de sa guerre d’agression contre l’Ukraine ».  Cette guerre non provoquée et injustifiée tue de nombreux civils et fait en outre grimper les prix des denrées alimentaires et des engrais dans le monde entier, et ce alors que près de 30% de la population mondiale n’ont pas accès à une alimentation adéquate, a-t-il dénoncé.  Tout en se félicitant de la prolongation de deux mois de l’Initiative de la mer Noire, le représentant a dit craindre que la Russie ne l’utilise, « comme à son habitude », pour faire pression sur la communauté internationale. 

Le délégué a ensuite indiqué que, à la suite de l’agression militaire à grande échelle de la Russie en août 2008, son gouvernement reste empêché d’étendre sa protection à la population résidant dans les régions occupées d’Abkhazie et de Tskhinvali, lesquelles sont privées de garanties minimales pour leur sécurité et continuent de souffrir de violations des droits humains.  Faisant état d’assassinats, d’enlèvements, de détentions arbitraires, de cas de torture, d’atteintes au droit de propriété et au droit à la santé, de restrictions dans l’éducation des langues et de discrimination ethnique, il a jugé que cette occupation illégale sape les principes fondamentaux du droit international et constitue une grave menace pour la paix et la sécurité dans la région et au-delà. 

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a estimé que l’agression russe contre l’Ukraine confirme le lien entre conflit, sécurité alimentaire et destruction des infrastructures civiles essentielles.  Il s’est dit horrifié par les informations du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur l’exécution possible de plus de 500 000 civils par les troupes maliennes et les troupes étrangères en mars 2022.  De nombreuses informations, a-t-il dit, pointent le doigt sur l’implication du groupe russe Wagner dans les crimes commis au Mali, en République centrafricaine et dans d’autres pays.  Des crimes, a souligné le représentant, qui rappellent le comportement inhumain de ces mercenaires en Syrie et en Ukraine.  Ces crimes doivent faire l’objet d’enquêtes et leurs responsables doivent répondre de leurs actes. 

Dès le premier jour de la guerre en Ukraine, nous avons, a affirmé le représentant, alloué rapidement des fonds pour le traitement physique et émotionnel des victimes, en particulier les filles et les femmes ayant subi la violence sexuelle aux mains des soldats russes.  Le représentant, qui a salué le travail des agences humanitaires en Ukraine, s’est aussi inquiété du sort des travailleuses humanitaires en Afghanistan et au Yémen.  Il a dûment condamné les attaques contre le personnel et les biens humanitaires, exigeant ici aussi que les responsables répondent de leurs actes.

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a appelé toutes les parties aux conflits armés à respecter les résolutions du Conseil de sécurité sur la protection des biens indispensables à la survie de la population civile.  Elles assument en effet la responsabilité principale de la sauvegarde des civils et des biens de caractère civil placés sous leur autorité, a-t-il insisté.  L’ONU, dans son ensemble, devrait encourager et faciliter une coordination plus étroite entre les États Membres, les organisations internationales ainsi que les partenaires humanitaires et de développement dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix après les conflits afin de soutenir le relèvement et de renforcer la résilience des populations locales, a argué le délégué. Il a aussi estimé que la meilleure façon de protéger les civils est encore de prévenir les conflits et de s’attaquer à leurs causes profondes. 

M. AMARA S. SOWA (Sierra Leone) s’est inquiété d’une crise alimentaire mondiale sans précédent frappant notamment les pays touchés par les conflits.  Soulignant le cercle vicieux formé par l’insécurité alimentaire et la violence armée, il a constaté que l’Afrique était particulièrement affectée.  Le représentant a jugé urgent de planifier des changements structurels des systèmes alimentaires mondiaux, en les ancrant notamment dans des pratiques agricoles durables.  Il a plaidé en faveur de l’augmentation de la production alimentaire, de la réduction de la consommation d’énergie et d’un accès facilité à l’accès aux financements pour les pays en développement. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie) a déclaré que la famine ne doit jamais être utilisée comme arme de guerre, appelant le Conseil à promouvoir et veiller à la mise en œuvre par les parties aux conflits des normes visant à assurer la sécurité alimentaire.  Ces normes pourraient prévenir des situations dans de nombreuses zones de conflit où les secteurs agricoles ont été intentionnellement endommagés afin de pousser les populations à quitter leurs terres et anéantir tout espoir de paix, a jugé le représentant. 

Pour le représentant, la lutte contre l’insécurité alimentaire dans les situations de conflit exige une approche globale reposant sur le respect des droits humains, l’accès à la nourriture, la résolution pacifique des conflits, et l’investissement dans l’agriculture et des systèmes alimentaires durables dans le cadre des efforts de consolidation de la paix.  De même, il importe de prévenir les répercussions en cascade des conflits sur la sécurité alimentaire mondiale, a préconisé le représentant qui salué l’Initiative de la mer Noire et la mise en œuvre du mémorandum d’accord sur la facilitation du commerce. 

Mme MONA JUUL (Norvège), au nom de l’Alliance mondiale pour les personnes disparues, s’est félicitée que le rapport du Secrétaire général sur la protection des civils recommande la mise en place de cadres institutionnels, juridiques et politiques qui garantissent la recherche et l’identification des personnes disparues.  Toutefois, a-t-elle relevé, le nombre toujours croissant des personnes disparues dépasse les efforts déployés pour traiter cette question.  Certaines familles attendent des nouvelles d’un ou de proches disparus depuis des décennies, a expliqué la déléguée, avant d’appeler à davantage de volonté politique et à un accès accru à l’information, y compris aux archives. 

À cet égard, elle a rappelé que la résolution 2474 (2019) du Conseil de sécurité esquisse des mesures pour prévenir le problème des personnes disparues et réaffirme les obligations des États en vertu du droit international humanitaire (DIH), des Conventions de Genève de 1949 et du Protocole additionnel de 1977.  Malgré ces efforts, le destin des personnes disparues et les besoins des familles ne sont pas pris en compte, ce qui a des conséquences à long terme pour la quête d’une paix durable, a-t-elle prévenu.  Appelant la communauté internationale à progresser sur ce point, la représentante a aussi souhaité qu’un lien soit établi entre les personnes disparues et les processus de paix.  Traiter de ce problème est essentiel pour le DIH, a-t-elle souligné.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a plaidé pour que des mesures soient prises pour limiter l’impact des conflits sur les moyens de subsistance, la production agricole et les infrastructures connexes.  Il a souligné le caractère interconnecté de l’économie qui fait qu’un conflit dans une région a des conséquences importantes sur la sécurité alimentaire dans d’autres.  Le représentant a estimé qu’il faut lier règlement pacifique des conflits et promotion du développement durable, y compris la sécurité alimentaire.  Il a aussi milité pour un programme urgent visant l’accélération de la réalisation des objectifs de développement durable, avec un accent particulier sur la sécurité alimentaire.  Voilà des éléments qui devraient être au cœur du prochain Sommet sur ces objectifs prévu en septembre 2023.

Mme GABRIELA GONZÁLEZ (Uruguay) a jugé impératif de promouvoir une application systématique des cadres et instruments juridiques existants pour faire face à l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits.  À ce titre, la résolution 2417 du Conseil de sécurité offre aux agences, fonds et programmes de l’ONU ainsi qu’aux États un nouveau cadre à utiliser pour déterminer efficacement si les civils bénéficient de l’assistance dont ils ont besoin pendant les conflits.  D’autre part, a poursuivi la représentante, nous devons aborder la question de la sécurité alimentaire dans une perspective de genre non seulement en raison de l’impact disproportionné des conflits sur les femmes et les filles, mais aussi parce que l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles peuvent accroître la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et rendre les systèmes alimentaires plus inclusifs, résilients et durables, en temps de paix comme en 

M. CORNEL FERUȚA (Roumanie) a appelé à un accès humanitaire sans entrave dans les zones de conflit.  Il s’est félicité de la prolongation de l’Initiative de la mer Noire, notant qu’une certaine prévisibilité est nécessaire pour garantir le flux des denrées alimentaires dans le monde.  Rappelant qu’en 2022, son pays avait facilité le transit de plus de 16 millions de tonnes de céréales en provenance de l’Ukraine, soit l’équivalent de la moitié du transit via l’Initiative de la mer Noire, il a voulu que les routes restent ouvertes pour éviter des crises alimentaires.  Il s’est inquiété des dernières informations du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur la montée en flèche des niveaux de malnutrition aiguë chez 2,3 millions d’enfants en Afghanistan.  Il a salué la recommandation du Secrétaire général d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de crimes de génocide, d’assurer réparation aux victimes, de donner des garanties de non-répétition et de renforcer les capacités des États en la matière.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a déclaré que pour permettre aux acteurs humanitaires d’opérer dans des contextes de plus en plus difficiles, « il faut innover ».  C’est pourquoi, a-t-il indiqué, le Luxembourg a lancé cette année, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial, un accélérateur de l’innovation humanitaire qui soutient le développement de nouvelles solutions en matière d’accès aux services.  Le représentant a noté que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a exacerbé l’insécurité alimentaire dans le monde.  Dans ce contexte, il a salué les efforts visant à assurer la continuité de l’Initiative de la mer Noire.  Il a également salué les enquêtes menées par les autorités judiciaires ukrainiennes et la Cour pénale internationale sur les attaques massives dirigées par la Russie contre des infrastructures civiles en Ukraine.

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a jugé consternant que les dispositions du droit international humanitaire continuent d’être bafouées, comme l’illustre le dernier rapport du Secrétaire général sur la protection de civils.  La résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité est pourtant claire, a souligné le représentant, rappelant que ce texte appelle à la protection des populations et des infrastructures civiles ainsi qu’au respect des mesures garantissant un accès humanitaire sans entrave.  Il a souhaité à ce propos que ceux qui utilisent la famine comme méthode de guerre répondent de leurs actes.  Le délégué a d’autre part attiré l’attention sur la protection de l’environnement naturel en temps de conflit et sur toute pollution qui pourrait être lourde de conséquence à long terme. 

Selon lui, la protection des installations hydriques devrait être prise en compte dans le règlement des conflits et dans les efforts de consolidation de la paix.  Il a également mis en garde contre les effets délétères de la dissémination des mines antipersonnel, rappelant que ces armes menacent non seulement les populations mais entravent aussi la production agricole.  Constatant comme d’autres que les conflits armés sont une des causes majeures de l’insécurité alimentaire, il a estimé qu’il serait utile de discuter des liens entre paix, sécurité et effets des changements climatiques ici même au Conseil de sécurité.  Après avoir salué la prolongation de l’Initiative de la mer Noire, il a indiqué que son pays a augmenté son aide financière au renforcement de la résilience de pays confrontés à l’insécurité alimentaire. 

M. PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a déclaré que, pour mettre en œuvre la protection des civils, il est essentiel de promouvoir l’état de droit et le principe de responsabilité, et de respecter pleinement les droits humains, le droit international et le droit international humanitaire.  Après avoir salué la création par l’Assemblée générale d’un registre international des dommages, le représentant a estimé que davantage de pays doivent reconnaître la compétence de la Cour pénale internationale (CPI). Il est par ailleurs essentiel que le Conseil de sécurité soit attentif aux risques émergents dans les conflits, qui affectent à la fois la sécurité alimentaire et la protection des services essentiels, a-t-il dit.  Les changements climatiques exacerbent ainsi le risque de violence causée par l’insécurité alimentaire, ainsi que les crises économiques et la migration, a indiqué le représentant.  De même, les conflits armés provoquent des déplacements forcés de population et de réfugiés sans précédent, qui peuvent perturber la production alimentaire.  Un autre élément à prendre en considération selon lui est l’utilisation, par des groupes armés et criminels, du contrôle de la production et de la distribution de vivres, dans le cadre de leurs tactiques de guerre.  Le Conseil et les institutions spécialisées doivent œuvrer ensemble pour que la nourriture parvienne aux nécessiteux, a-t-il recommandé.

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a déclaré que le plein respect du droit international humanitaire reste essentiel et toutes les parties à un conflit armé doivent se conformer aux principes humanitaires.  Il convient également de prêter attention aux opérations de déminage, afin que les terres arables soient sûres pour les activités agricoles et veiller à ce que les infrastructures civiles ne soient pas prises pour cible.  Si les technologies numériques et l’intelligence artificielle peuvent jouer un rôle constructif, il faut toutefois rester vigilants afin que cet outil ne soit pas utilisé au détriment des civils, par la diffusion de fausses informations ou même par le lancement de cyberattaques qui peuvent menacer des infrastructures civiles vitales.  En outre, a recommandé le délégué, nous devons agir de manière préventive, en renforçant les liens entre alerte et action précoce dans les crises alimentaires provoquées par des conflits.  Dans cette optique, chaque gouvernement devrait mener des politiques préventives et adopter des mesures d’urgence pour assurer la sécurité alimentaire de sa population, a estimé le représentant.  Pour lui, si un gouvernement n’a pas la capacité de prévenir ou d’atténuer une crise alimentaire, il doit faciliter les opérations de secours, conformément au droit humanitaire. 

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a relevé qu’en 2022, plus de 250 millions de personnes ont souffert de malnutrition aigüe dans 58 pays et territoires, dont un grand nombre en situation de conflit armé.  Il a rappelé que ces conflits et l’insécurité alimentaire s’entretenaient mutuellement.  Il a également appelé à la reddition de comptes en cas de violation du droit international humanitaire, rappelant le rôle fondamental de la Cour pénale internationale dans la lutte contre l’impunité.  Il a appelé à établir une « cartographie des victimes » de ces violations avec le concours des organisations internationales en vue de prévenir la commission de nouveaux crimes massifs contre les civils. Regrettant le faible niveau d’application des normes juridiques du droit international humanitaire dans la pratique, il a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à se doter d’outils plus robustes en vue de les mettre en œuvre. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a constaté que la situation générale reste très préoccupante, vu l’augmentation de 53% des victimes civiles depuis 2021, dont la moitié résulte de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine. Les États portent la responsabilité de cette situation et doivent pas conséquence veiller à la protection et au respecter des droits à l’alimentation, à l’eau potable et à l’assainissement.  Elle a également appelé à redoubler d’efforts pour appliquer les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021). 

La représentante a en outre préconisé d’assurer la coordination entre le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme et ses procédures spéciales, ainsi que les synergies avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le Comité international de la Croix-Rouge et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et des Croissants Rouges.  De même, il importe d’aligner les efforts dans les domaines de la paix, du développement et de l’aide humanitaire afin de s’attaquer aux causes profondes, tout en gardant à l’esprit les impacts des changements climatiques.  La représentante a par ailleurs appelé à une meilleure coordination des secours d’urgence et de la protection des travailleurs humanitaires.  Les régimes de sanctions doivent prévoir des exemptions humanitaires, conformément à la résolution 2664 (2022), a-t-elle conseillé. 

Mme MURIELLE MARCHAND (Belgique) a constaté que deux milliards de personnes, soit un quart de l’humanité, vivent désormais dans une zone touchée par la violence et que le nombre de personnes déplacées a atteint de nouveaux sommets en raison des conflits armés.  Elle a observé que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a encore exacerbé ces tendances, provoquant des déplacements massifs et une insécurité alimentaire accrue pour des millions de personnes à travers le monde.  Ces défis appellent à des actions fortes de la part de la communauté internationale, a-t-elle plaidé.  À cette fin, le Conseil de sécurité doit, selon elle, utiliser toute la gamme des outils à sa disposition pour répondre aux crises humanitaires liées aux conflits, notamment les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) qui réaffirment que l’utilisation de la famine des civils, y compris des enfants, comme une méthode de guerre est interdite. 

La représentante a d’autre part estimé que lorsque les juridictions nationales ne prennent pas de mesures en cas de violations du DIH liées à l’utilisation de la faim comme arme de guerre, le Conseil dispose des outils nécessaires pour déclencher une série de mécanismes internationaux d’enquête et de responsabilisation, tels que des missions d’établissement des faits.  Elle s’est félicitée à cet égard de l’amendement au Statut de Rome visant à inclure parmi les crimes de guerre le fait d’affamer intentionnellement des civils, y compris dans le cadre de conflits armés non internationaux.  Pour la déléguée, la Conseil devrait également continuer à sanctionner les personnes ou entités qui entravent l’accès à l’aide humanitaire.  Enfin, elle a souhaité que le Conseil fasse un meilleur usage des fonctions d’alerte précoce et de prévention de la résolution 2417 (2018) et demande des informations régulières sur les contextes où les conflits sont l’un des principaux moteurs de la faim. 

Mme SOPHEA EAT (Cambodge) a affirmé que les parties à tout conflit doivent être invitées à assumer une responsabilité égale en facilitant l’accès en toute sécurité et en toute impartialité aux organisations humanitaires. De plus, les États Membres doivent accorder la priorité à la résolution des conflits, en exhortant les parties concernées à trouver un terrain d’entente sur les causes profondes de leurs différends, afin qu’ils puissent être efficacement résolus.  « C’est plus facile à dire qu’à faire », a-t-elle cependant reconnu.  La représentante a également plaidé pour que les infrastructures civiles et les services essentiels soient préservés, y compris la production alimentaire et les chaînes d’approvisionnement, conformément au droit international humanitaire.  Les lois établies ne manquent pas et encore moins les normes, a-t-elle noté, arguant que c’est plutôt l’engagement de les honorer qui fait défaut. 

Après avoir souligné la nécessité de briser l’engrenage entre les conflits et la faim, Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a estimé que la résolution 2417 (2018) permet de prendre les devants dans les situations d’insécurité alimentaire aiguë, mais qu’il faut en faire davantage pour renforcer son application.  Aussi a-t-elle suggéré de demander au Secrétaire général de faire rapport au Conseil de sécurité lorsqu’un conflit peut mener à une grave crise alimentaire.  Davantage de rapports devraient être présentés, pour mener à des actions plus rapides de la part du Conseil, a-t-elle notamment estimé.  Tout le potentiel de la résolution doit donc être réalisé et il nous faut agir de concert afin de briser le cercle pervers entre les conflits et la faim, a insisté la représentante en conclusion. 

M. REIN TAMMSAAR (Estonie) s’est dit gravement préoccupé par la situation des civils, notamment en Afghanistan, en Somalie, au Soudan, en Syrie et en Ukraine.  Il a appelé à ce que les responsables des attaques contre des civils rendent pleinement compte de leurs actes, appelant le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à soutenir les procédures dans les cas déjà soumis à la Cour pénale internationale (CPI).  Il a affirmé que la Fédération de Russie avait tué, torturé, violé et délibérément bombardé des civils et des infrastructures civiles, et procédé à des déplacements forcés, y compris d’enfants, conduisant à l’inscription de Vladimir Poutine sur la liste des personnes les plus recherchées par la CPI. Il a appelé à ce que la Russie figure dans les annexes du prochain rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, en tant que partie commettant de graves violations à l’encontre des enfants. 

Se félicitant de la prorogation de l’Initiative de la mer Noire, il a appelé la Russie à mettre fin à sa guerre, condition nécessaire, selon lui, pour que le commerce agricole mondial reprenne son cours normal et que la sécurité alimentaire mondiale soit réellement améliorée.  Il a accusé la Russie de bloquer l’accès de l’aide humanitaire aux territoires temporairement occupés en Ukraine.  Il l’a aussi dénoncée comme responsable du plus grand nombre de décès parmi les personnels médicaux, et d’ignorer délibérément les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) du Conseil de sécurité.  Relevant par ailleurs que sur les 25 journalistes tués au cours d’un conflit, 10 l’ont été en Ukraine, il a regretté que la résolution du Conseil de sécurité sur la protection des journalistes n’ait toujours pas été mise en œuvre.  Il a rappelé que depuis février 2022, l’Estonie avait ouvert ses frontières à plus de 70 000 réfugiés ukrainiens, ce qui représente plus de 5% de sa population.  En outre, 35 permis de résidence sont octroyés chaque année à des professionnels des médias afin de protéger le journalisme libre et indépendant dans le monde entier. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a estimé que l’agression de la Russie contre l’Ukraine a provoqué la moitié du nombre des victimes des guerres dans le monde en 2022.  Le représentant a ajouté que plus de 5,7 millions d’enfants ukrainiens ne peuvent plus suivre une éducation normale et que 1,5 million d’autres souffrent de problèmes de santé mentale.  Il y a eu également des tentatives de grandes envergures de la Russie de transférer des enfants ukrainiens en Russie, a dénoncé le représentant.  Il a dit approuver le mandat d’arrêt de la CPI délivré contre M. Putin et Maria Alekseyevna Lvova-Belova pour crimes de guerre et transfert d’enfants d’une zone occupée d’Ukraine. 

Le délégué a exhorté à résister aux tentatives de la Russie d’instrumentaliser le système des Nations Unies et de rejeter ses fautes et crimes graves sur d’autres.  La résolution 2417 (2018) condamne le recours à la famine en tant que tactique de guerre et l’obstruction de l’aide humanitaire pour y faire face, a-t-il rappelé. Saluant le prolongement de l’Initiative de la mer Noire, le représentant a dit que la Russie doit arrêter de confondre alimentation et armes et doit respecter l’accord.  Il a par ailleurs exhorté les pays en développement à augmenter leurs capacités de production en engrais pour pouvoir jouer leur rôle sur les marchés mondiaux.  Les auteurs de crimes de guerre et de génocides doivent verser des réparations aux victimes, a enfin demandé le délégué qui a souhaité que la CPI exerce sa compétence sur la question. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a estimé que, bien que la responsabilité première de la protection des civils et des biens à caractère civil incombe aux parties étatiques et non étatiques au conflit, l’ONU et les agences humanitaires compétentes, en particulier le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), jouent un rôle important dans la mise en œuvre d’une telle protection. S’agissant de l’ONU, il est essentiel que la protection des civils soit au centre de ses mécanismes de règlement des conflits, y compris les processus de paix dans lesquelles elle est impliquée, a souligné le représentant, pour qui il importe également que les organes onusiens, notamment le Conseil de sécurité, garantissent que les évacuations du personnel de l’Organisation en réponse à des hostilités ne s’effectuent pas d’une manière qui compromette la protection et le bien-être des civils. 

Sur le plan juridique, a-t-il poursuivi, il est de notre intérêt commun, en tant que communauté internationale, de faire respecter les règles du droit international humanitaire (DIH) relatives à la protection des civils.  Toutefois, a soutenu le délégué, il est aussi du devoir des parties au conflit, y compris des groupes armés, de respecter les règles du DIH qui s’appliquent à la protection des civils ainsi qu’à l’environnement.  Dans ce contexte, le représentant a condamné les politiques et actions illégales d’Israël contre la population civile, les infrastructures civiles essentielles et l’environnement dans le Territoire palestinien occupé. Le Conseil de sécurité a l’autorité et la responsabilité d’agir dans les situations où la protection des civils et des biens à caractère civil est compromise, a-t-il insisté, appelant à envisager cette protection d’une manière holistique, qui maximise l’efficacité des mécanismes actuels tout en tenant compte de leurs lacunes. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a marqué sa préoccupation face à l’impact négatif des conflits armés non seulement sur la sécurité alimentaire, mais aussi sur la nutrition affectant principalement les plus vulnérables. Il a rappelé que l’interdiction d’accès de l’aide humanitaire aux civils est une violation du droit international et du droit international humanitaire.  Il a encouragé les agences humanitaires à coopérer et à travailler en étroite collaboration avec les pays hôtes et à respecter la réglementation des pays d’accueil.  Dans ce contexte, il a salué les efforts continus des missions de maintien de la paix des Nations Unies qui ont pour mandat d’assurer la protection des civils. Il a tout de même rappelé que la responsabilité première d’assurer la protection des civils et de promouvoir les droits humains revient à l’État hôte. 

Mme KRASSIMIRA TZONEVA BESHKOVA (Bulgarie) a déclaré que les parties aux conflits doivent garantir un accès humanitaire rapide et sans entrave aux populations dans le besoin et faciliter le travail des personnels sur le terrain.  Il est tout aussi important que ce Conseil se montre à la hauteur des attentes placées en lui pour apporter un soutien plus large à l’action humanitaire, a souligné la représentante.  Pour elle, les efforts visant à garantir le respect du droit humanitaire international devraient aller de pair avec des mesures visant à renforcer la responsabilité pour toutes les violations des droits humains et à garantir une approche centrée sur les survivants et sensible à la dimension de genre.  Les mesures prises au niveau national devraient être complétées par des mécanismes internationaux, a poursuivi la déléguée, qui a salué la contribution de la Cour pénale internationale à cet égard au Darfour, au Soudan, en République centrafricaine et au Mali et, depuis mars, en Ukraine.  Elle a également soutenu la création d’un registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. 

Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a déclaré que la lutte contre la faim est aussi essentielle pour prévenir les conflits.  Pour ce faire, elle a mis l’accent sur la nécessaire élimination de la pauvreté sous toutes ses dimensions, appelant en outre à combattre les inégalités grâce au renforcement des capacités de production des minorités, notamment les femmes, les peuples autochtones ou les personnes d’ascendance africaine.  Elle a mis en avant l’accord de paix conclu par le Gouvernement colombien avec la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC), qui a grandement renforcé la sécurité alimentaire en Colombie. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a axé son intervention sur l’adoption des résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) et sur leur nécessaire application.  Elle a aussi appelé à respecter strictement les dispositions du droit international humanitaire y compris l’interdiction d’affamer les civils ou de s’attaquer aux infrastructures fondamentales telles que l’approvisionnement en eau ou en énergie.  La politique étrangère du Qatar est basée sur le traitement pacifique des conflits et le renforcement du secteur de l’éducation.  Au Soudan, elle a appelé les parties à la plus grande retenue, afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, auquel le Qatar a grandement contribué. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a indiqué que 21 millions de Yéménites ont besoin d’aide humanitaire en raison de la guerre, de l’insécurité et de la détérioration des services de base.  Il a accusé les houthistes d’affamer les civils dans les zones qu’ils contrôlent, et d’accaparer une bonne partie de l’aide notamment en excluant les femmes de la distribution.  L’économie yéménite ne peut pas répondre aux besoins, a reconnu le délégué, mais le Gouvernement compte améliorer les moyens de subsistances et la production alimentaire.  Notant en outre que le Yémen est très sensible aux chocs internationaux, il a salué l’Initiative de la mer Noire.  Affirmant que les houthistes obstruent l’acheminement de l’aide, il a appelé à faire pression sur ce groupe pour qu’il accepte la trêve et participe aux efforts pour mettre un terme à la crise.  Il a également expliqué que l’aide humanitaire est importante pour la stabilité économique du Yémen. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a lancé un appel urgent pour que la lutte contre la crise alimentaire devienne une priorité de l’agenda international.  Elle a voulu que la coopération internationale ait une approche préventive et pas réactive.  Elle doit s’attaquer aux causes profondes de la faim, dans une perspective globale. Réitérant son soutien aux recommandations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) visant à maintenir ouvert le commerce des denrées alimentaires et des produits agricoles, le représentant a estimé qu’il faut accorder la priorité à la production locale et au transfert des technologies. 

Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a salué le renouvellement pour deux mois de l’Initiative de la mer Noire, félicitant le Secrétariat de l’ONU pour ses efforts de médiation.  Jugeant inacceptables les faits mentionnés dans le rapport du Secrétaire général, la représentante a appelé au respect de la résolution 2286 et plaidé pour la participation des femmes aux processus de prise de décisions, y compris en ce qui concerne la réponse humanitaire dans les conflits armés.  Elle a attiré l’attention sur la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et indiqué que son pays vient d’approuver sa première stratégie pour la diplomatie humanitaire couvrant la période 2023-2026.  Le document aborde tous les problèmes liés aux conflits, qu’il s’agisse de la faim, de la lutte contre l’impunité, de la question des réfugiés et des déplacés ou de la protection des personnes handicapées dans les conflits armés.  Elle a rappelé que son pays assumera la présidence du Conseil européen à partir du mois de juillet et promis que les questions humanitaires seront au cœur de l’agenda.

Mme CARLA MARIA CARLSON (République dominicaine) a rappelé qu’en 2020, sous la présidence de son pays, le Conseil de sécurité avait adopté une déclaration présidentielle donnant un nouvel élan à la question de l’action humanitaire en temps de conflit armé.  Le texte mettait l’accent sur les systèmes d’alerte précoce en tant que moyen de faciliter une action opportune du Conseil de sécurité.  Cependant, la réalité montre qu’il reste encore un long chemin à parcourir, a-t-elle constaté, soulignant que le Conseil a parfois été empêché de prendre les mesures nécessaires pour garantir la protection des civils contre la faim et la misère.  De ce fait, la faim est toujours utilisée comme arme de guerre aux dépens des populations vulnérables.

Selon la déléguée, il faut investir dans la prévention, dans le plein respect du droit international humanitaire et de la consolidation de la paix, afin d’éviter que les crises humanitaires ne se transforment en catastrophes.  Les conflits et la violence étant les principales causes de la faim, il faut rompre avec ce cercle vicieux et trouver des solutions politiques aux conflits, soutenir les économies des pays vulnérables et sauvegarder les moyens de subsistance, tout en renforçant le soutien aux opérations humanitaires.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a regretté que, quelques années après l’adoption de la résolution 2573 (2021), les infrastructures indispensables, notamment sanitaires, continuent d’être lourdement endommagées par les conflits armés.  Elle a déploré que s’estompe le principe de distinction du droit international humanitaire, avant de reconnaître le lien direct entre les conflits armés et l’insécurité alimentaire.  La représentante s’est indignée de voir que, dans les contextes des conflits armés, l’accès à l’assistance humanitaire soit souvent entravé du fait d’attaques commises contre des biens ou des travailleurs humanitaires, une situation aggravée par les effets dévastateurs des changements climatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes.  Il est clair que nous devons aller encore plus loin pour protéger la population pour prévenir la faim dans les conflits, a insisté la représentante. 

M. NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a fait plusieurs recommandations et d’abord que les bons offices du Secrétaire général soient respectés par tous les États. Ces bons offices, a-t-il dit, doivent être tirés par un leadership compétent, qualifié et courageux. Plaidant ensuite pour l’accès humanitaire, le représentant a jugé crucial de jeter des ponts entre aide humanitaire, développement et consolidation de la paix.  Il a aussi jugé utile que les institutions financières internationales s’efforcent d’atténuer les risques liés aux investissements dans les régions postconflit.  Il faut aussi, a-t-il poursuivi, prévenir l’escalade des conflits qui, à la longue, conduise à des guerres par procuration, au détriment des civils.  Nous devons collectivement, a estimé le représentant, exiger des grandes puissances qu’elles fassent preuve de responsabilité et qu’elles embrassent un monde multipolaire stable et équilibré.  Ces grandes puissances doivent militer pour un multilatéralisme robuste dont les lois et les accords limitent l’abus de pouvoir et ne laissent pas laisser libre cours à une impunité digne d’un système darwinien brutal.

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a souligné que les pays en développement sont touchés de plein fouet par la crise alimentaire.  Elle a appelé au respect du droit international humanitaire et des résolutions du Conseil de sécurité.  Il faut veiller, a-t-elle martelé, à ce que les responsables répondent de leurs actes lorsqu’ils foulent au pied ces textes.  C’est à l’État, a-t-elle reconnu, auquel revient la responsabilité de protéger les civils et à cet égard, la diplomatie préventive doit toujours être privilégiée tout comme la mise en place de systèmes alimentaires résilients.  En tant que deuxième plus grand contributeur de contingents aux opérations de paix des Nations Unies, le Népal, a conclu la représentante, veut que la protection des civils aille de pair avec la mise à disposition des ressources financières et technologiques.

M. BRETT JONATHAN MILLER (Israël) a souligné que son pays subit des menaces sécuritaires incessantes depuis sa création.  Attaché aux principes de l’aide humanitaire, Israël, a dit le représentant, souhaite que la protection des civils soit au cœur de tous les efforts. Plus de 4 500 roquettes, a-t-il indiqué, ont été tirées par le jihad islamique, une organisation terroriste, contre Israël, sans compter les actes du Hezbollah qui viole les résolutions du Conseil de sécurité.  Quand nous essayons de protéger les civils, d’autres en font, comme au Liban, des boucliers humains.  Les roquettes ont tué des enfants palestiniens parce que c’est le résultat des attaques terroristes qui se poursuivent quand la communauté internationale garde le silence.

Le représentant a vanté les mérites de la créativité et de la technologie qui ont permis à son pays d’intercepter plus de 370 roquettes alors que le Hamas, le Jihad islamique, le Hezbollah et d’autres marionnettes du régime iranien poursuivent leurs attaques meurtrières afin de faire obstruction à l’aide humanitaire aux dépens des Palestiniens, comme on l’a vu, il y a deux semaines.  Israël fait tout pour protéger les civils alors que les terroristes utilisent leurs enfants pour protéger leurs missiles, a conclu le représentant. 

M. DAMIANO BELEFFI (Saint Marin) a appelé au respect des résolutions 2417 et 2573 du Conseil de sécurité.  Il s’est félicité de la Déclaration politique sur la protection des civils contre les armes explosives et s’est inquiété des conditions de vie des groupes vulnérables, en particulier les enfants, dans les conflits armés.  Il a réitéré l’importance du droit international humanitaire et a appuyé tous les efforts visant l’établissement des responsabilités.  Ce n’est que par la volonté politique que l’on pourra protéger les civils en temps de conflit armé, a martelé le représentant.

M. AHMAD FAISAL MUHAMAD (Malaisie) a réitéré son appel à tous les États Membres, en particulier ceux du Conseil de sécurité, à honorer leur engagement à appuyer l’appel que le Secrétaire général a lancé en 2020 pour un cessez-le-feu mondial. Il a estimé que les opérations de paix des Nations Unies sont un outil indispensable pour la protection des civils dans les conflits armés.  Parfois, a-t-il dit, les Casques bleus participent même aux projets visant à renforcer la sécurité alimentaire des communautés locales.  Ainsi, les soldats de la paix malaisiens de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ont participé à des projets à impact rapide, distribuant matériel et équipements pour aider les communautés locales à mettre en place des infrastructures agricoles.  Le représentant a souligné les obligations des États, en vertu du droit international humanitaire.  Nous devons tous, a-t-il martelé, assurer un accès rapide, sûr et sans entrave aux agences humanitaires et accorder, ce faisant, la priorité aux groupes vulnérables dont les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Nous lançons, une nouvelle fois, un appel à toutes les parties au conflit pour qu’elles appliquent le droit international humanitaire, les droits humains et les résolutions des Nations Unies.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a rappelé la contribution de son pays aux opérations de maintien de la paix à travers le monde et l’asile offert à un million de Rohingya fuyant les atrocités au Myanmar voisin.  Il a appelé le Conseil de sécurité à lutter contre l’insécurité alimentaire due aux conflits et à faire respecter les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021).  Appelant également à un accès humanitaire sans restriction pour les personnes ayant besoin d’assistance, il s’est inquiété des difficultés d’accès que subissent les Rohingya musulmans au Myanmar au lendemain du cyclone Mocha, qui pourraient les pousser à l’exil.  Le représentant a également appelé le Conseil de sécurité à octroyer davantage de moyens aux missions de maintien de la paix afin qu’elles puissent assurer pleinement leur mandat de protection des civils.   

Mme DAKWAK (Nigéria) a souligné l’impact des rébellions, du terrorisme et de la prolifération des armes légères dans les conflits armés qui affectent notamment l’Afrique, ajoutant que ces facteurs avaient entraîné le déplacement de centaines de milliers de civils.  Elle a déploré que les violences généralisées entravent la distribution de l’aide humanitaire et que les violations du droit humanitaire international soit devenu monnaie courante.  Elle s’est également inquiétée du fait que 70% de la population mondiale souffrant de malnutrition aigüe vive dans des zones affectées par des conflits, soulignant le lien entre ces phénomènes.  Elle a relevé les conséquences négatives de la guerre en Ukraine sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire en Afrique, exacerbant encore l’insécurité alimentaire existante.  Elle a rappelé qu’un récent rapport des Nations Unies prévoit que l’Afrique atteindrait 3,8 milliards d’habitants d’ici à 2100 et dénoncé l’accaparation de ses ressources via un système commercial international injuste ainsi que la corruption.  La représentante a par ailleurs souligné le fait que si les femmes sont rarement à l’origine des conflits armés, elles en subissent souvent les pires conséquences, appelant à redoubler d’efforts pour remédier à cette situation. 

M. GIANLUCA GRECO (Italie) s’est félicité d’un débat sur des questions plus urgentes et plus alarmantes que jamais depuis l’agression militaire illégale et brutale de la Russie contre l’Ukraine et ses conséquences indirectes sur la sécurité alimentaire mondiale.  Une telle situation rend le respect du droit international humanitaire encore plus indispensable mais aussi des résolutions 2417 et 2573 du Conseil de sécurité.  Hôte de quatre agences des Nations Unies chargées des questions alimentaires, l’Italie, a dit son représentant, considère que l’Initiative de la mer Noire demeure un rayon d’espoir.  Il a tout de mème appelé la Russie à augmenter le nombre des inspections à Istanbul. 

Dès demain, a annoncé le représentant, l’Italie accueille avec l’OCHA, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Qatar, la Conférence humanitaire d’annonce des contributions pour la Corne de l’Afrique.  En tant que Présidente du segment humanitaire du Conseil économique et social (ECOSOC), elle a fait de l’insécurité alimentaire le thème central de cette session.  Avec le Kenya, elle entend faire adopter une résolution plus ambitieuse sur la sécurité alimentaire.  L’Italie, a conclu son représentant, est également honorée d’accueillir, au mois de juillet, le prochain Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui évaluera les solutions novatrices et inclusives aux défis complexes de la sécurité alimentaire. 

M. KHALID LAHSAINI (Maroc) a rappelé que, selon le rapport mondial sur les crises alimentaires, 139 millions de personnes ont plongé dans l’insécurité alimentaire en 2020, soit une augmentation de 40 millions par rapport à l’année précédente. En 2023, a-t-il indiqué, alors que les effets des changements climatiques, de la pandémie et des tensions géopolitiques se font ressentir dans le monde, l’inflation et la dette ont une incidence notoire sur la productivité alimentaire de nombreux pays. Notant à cet égard que, dans 30 ans, l’Afrique aura deux fois plus de bouches à nourrir, le représentant a observé que le continent continue d’importer plus de 43 milliards de dollars de denrée alimentaires par an et est donc tributaire de ces importations pour son alimentation.  Cette situation, a-t-il averti, a des conséquences sur la stabilité des pays vulnérables, la pénurie de ressources et l’augmentation des prix attisant les troubles sociaux.  Dans ce contexte, il a jugé essentiel d’atténuer les effets des conflits armés sur la sécurité alimentaire en évitant la destruction des cultures et des infrastructures critiques, faute de quoi, a-t-il constaté, la faim devient un défi pour les populations civiles.  Pour cela, la coopération internationale doit selon lui permettre de préparer des plans d’intervention rapide et de coordonner des ripostes pour renforcer les points faibles dans les zones de conflit.  Les partenariats entre les acteurs locaux et les organisations humanitaires internationales sont à cet égard cruciaux pour connaître les défis que rencontrent les civils, a-t-il fait valoir.   

Pour le représentant, le changement durable du système agricole et alimentaire mondial est également nécessaire si nous voulons nourrir les 800 millions de personnes qui ont faim aujourd’hui et les deux milliards supplémentaires qui seront sous-alimentés d’ici à 2050. Relevant que son pays a toujours investi dans l’agriculture et les engrais, notamment dans le cadre de la coopération Sud-Sud en Afrique, il a assuré que la sécurité alimentaire est au cœur de son modèle de développement.  Il a ajouté que son pays appuie pleinement la zone de libre-échange africaine, estimant qu’elle peut stimuler les échanges de produits agricoles tout en améliorant les revenus des agriculteurs et en promouvant l’agro-alimentaire.  Enfin après avoir appelé à renforcer la résilience en investissant dans des systèmes alimentaires durables, il a jugé essentiel d’encourager la protection des civils grâce au renforcement des capacités des pays, dans le respect de la bonne gouvernance et des droits humains, et en mettant en place des systèmes d’alerte précoce.   

Mme JEANNE MRAD (Liban) a rappelé qu’elle vient d’un pays dont les citoyens ont connu les ravages des conflits armés, à commencer par des guerres civiles qui ont déchiré son peuple, épuisé son économie, et provoqué le déplacement de sa population.  La représentante a dit parler au nom d’un pays où des civils non armés ont perdu la vie dans le bombardement du bataillon fidjien de la FINUL au Sud-Liban en 1996. Lorsque nous parlons de protéger les citoyens en période de conflits armés, y compris d’assurer leur sécurité alimentaire, cela exige que la communauté internationale exerce la pression nécessaire pour que soit acheminée auprès des populations assiégées l’aide dont elles ont besoin par l’entremise des ports, des routes et des tunnels aériens et terrestres.  Le moment est peut-être venu de changer d’approche et de revoir les priorités, en se penchant sur les causes profondes des conflits et les raisons de leur exacerbation, comme les trafics d’armes et les conflits internationaux menés par procuration, a estimé la déléguée.   

M. YASHAR ALIYEN (Azerbaïdjan) a fait observer que pendant les 30 années de l’agression contre son pays, l’Arménie a commis de multiples crimes de guerre qui ont causé la mort de dizaines de milliers de civils, sans compter le nettoyage ethnique, les destructions et l’effacement culturel.  L’ampleur des brutalités est illustrée par les près de 4 000 azéris portés disparus et les cas de torture. Pourtant, les responsables demeurent impunis et l’Arménie refuse de communiquer des informations sur les milliers de mines qu’elle a implantées.  Après avoir décrit les atrocités commises, le représentant a voulu répondre à la déclaration du Vice-Ministre arménien des affaires étrangères.   

L’Azerbaïdjan, a-t-il dit, n’a jamais créé d’obstacles à la liberté de mouvement ni à l’accès à la nourriture, aux médicaments et encore moins à l’aide humanitaire.  Les informations montrent que ce sont des allégations sans fondement.  La mise en place de postes frontières, a expliqué le représentant, est le droit souverain de tous les pays du monde et fondé sur les principes d’intégrité territoriale et le devoir d’un pays de garantir la sécurité de la circulation des biens et des personnes.  Le Conseil de sécurité, a-t-il martelé, n’a cessé de dire que les frontières sont une prérogative souveraine des États Membres.  Il est temps, a conclu le représentant, que l’Arménie comprenne que la mésinformation et la désinformation sont contraires aux objectifs de paix, de stabilité et de réconciliation. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a lié l’augmentation des taux d’insécurité alimentaire aux conflits, avant de pointer aussi la hausse des prix alimentaires dus aux changements climatiques.  Pour prévenir les conflits, son gouvernement promeut une approche globale, coordonnée, prenant en compte le caractère humanitaire et le développement, ainsi qu’un engagement à mettre en œuvre les résolutions idoines du Conseil de sécurité.  Louant la prorogation de l’Initiative de la mer Noire à l’initiative des Nations Unies et de la Türkiye, il a aussi plaidé pour un plein acheminement de l’aide humanitaire au Soudan.  La communauté internationale doit selon lui soutenir les pays affectés par les conflits afin qu’ils se dotent de la souplesse nécessaire pour faire face à leurs défis, travailler à réduire les tensions, faire respecter le droit international humanitaire et garantir que les acteurs humanitaires bénéficient d’un accès sûr et durable aux zones de conflits.   

M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a voulu que l’on reconnaisse les conflits comme l’un des facteurs contributeurs de l’insécurité alimentaire, dont souffrent particulièrement le continent africain et d’autres pays en développement. Accélérer la croissance économique et le développement durable, tout en relevant les défis du secteur agricole est donc extrêmement crucial.  Il est important, a insisté le représentant, d’appuyer les programmes nationaux de production et de productivité agricoles, tout en assurant la stabilité macroéconomique, l’allègement de la dette voire son annulation et en traitant des goulets d’étranglement des investissements.  Il faut aussi assurer la fourniture de l’aide humanitaire mais en gardant à l’esprit la nécessité de renforcer la coopération internationale même si les États ont la responsabilité première d’assurer cette aide.  Pour qu’elle soit efficace, l’aide humanitaire doit respecter les principes d’humanité, de neutralité et d’indépendance et être respectueuse des lois et de la souveraineté des pays concernés. L’aide humanitaire ne saurait être politisée et utilisée comme moyen d’influence pour des gains politiques. Il faut avoir le même souci devant tous ceux qui font face à des catastrophes humanitaires afin d’éviter toute discrimination.   

Respecter les engagements pris dans le domaine des changements climatiques est important pour fournir aux pays en développement, en particulier en Afrique, les ressources nécessaires à l’adaptation et à l’atténuation, a poursuivi le représentant.  Les effets dévastateurs de ces changements sur les ressources en eau, la couverture forestière ou la fertilité des sols est un problème existentiel pour des populations qui n’ont contribué en rien au réchauffement de la planète.  Le représentant a appelé les États à honorer leurs obligations et à investir dans la résilience et l’adaptation.  La primauté des politiques dans le règlement des conflits et la neutralité des opérations humanitaires doivent être respectées en tout temps, a-t-il conclu.   

Dans une reprise de parole, M. DINESH SETIA (Inde) a dénoncé le Pakistan qui a manipulé la réunion afin de diffuser une propagande fallacieuse contre l’Inde.  Le territoire du Jammu-et-Cachemire sera indien et sera toujours une partie inaliénable de l’Inde, a-t-il affirmé.  Il a souligné que le Pakistan n’a pas le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Inde, fustigeant l’occupation forcée de territoires indiens par le Pakistan.  Le désir de paix et de progrès sur le sous-continent indien est réel et pourrait se concrétiser lorsque le terrorisme transfrontalier prendra fin, a-t-il dit. 

Le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde, a rétorqué Mme RABIA IJAZ (Pakistan).  Cela fait près de 70 ans que l’Inde empêche les Cachemiris de jouir de leur droit à l’autodétermination, en faisant du Jammu-et-Cachemire la zone la plus militarisée au monde afin d’empêcher la réalisation des aspirations de la population.  La représentante du Pakistan a appelé la communauté internationale à inviter l’Inde à mettre un terme à ces atrocités et à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: au Soudan, « aucun signe de ralentissement » du conflit, malgré une série de cessez-le-feu dont le dernier date du 20 mai

9326e séance – matin 
CS/15291

Conseil de sécurité: au Soudan, « aucun signe de ralentissement » du conflit, malgré une série de cessez-le-feu dont le dernier date du 20 mai

Au Soudan, depuis qu’il a éclaté le 15 avril, le conflit ne montre aucun signe de ralentissement en dépit des déclarations de cessez-le-feu faites par les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide, a déploré, ce matin, au Conseil de sécurité, le Représentant spécial pour ce pays, en rappelant que ce sont les civils qui « paient un lourd tribut à cette violence insensée ». 

Après cinq semaines d’affrontements, M. Volker Perthes a fait état de plus de 700 morts et de plus d’un million de personnes déplacées, dont plus de 840 000 ont trouvé refuge dans les zones rurales et les États soudanais voisins.  Parmi elles, près de 8 000 sont des femmes enceintes, s’est alarmé M. Perthes.  L’ONU poursuit son aide sur le terrain, alors que le plan humanitaire révisé lancé le 17 mai ambitionne de lever 2,7 milliards de dollars pour venir en aide à 18 millions de personnes – soit 15 millions de plus qu’avant le début du conflit, a souligné le haut fonctionnaire.

La Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), que dirige M. Perthes, poursuit ses efforts, alors que certains de ses entrepôts ont été pillés, des actes criminels qui s’expliquent par la remise en liberté de milliers de prisonniers, a observé le Représentant spécial. Il s’est également inquiété de l’ethnicisation du conflit, alors que les affiliations communautaires sont exploitées par les belligérants, une crainte également exprimée par la France.

Pour le Représentant spécial, les priorités sont de parvenir à un cessez-le-feu stable adossé à un mécanisme de surveillance, prévenir l’escalade ou la tribalisation du conflit, protéger les civils et la livraison de l’aide humanitaire et préparer en temps opportun un nouveau processus politique avec la participation d’un large éventail d’acteurs civils et politiques, en particulier les femmes.

Il a salué la médiation de l’Arabie saoudite et des États-Unis auprès des deux parties au conflit, qui a abouti, le 11 mai à Djedda, à la signature d’une Déclaration d’engagement, étape importance vers un cessez-le-feu stable avec un mécanisme de vérification efficace.  M. Perthes a assuré les membres du Conseil que la Mission est prête à soutenir sa mise en œuvre en faisant fond sur la structure établie par le Comité du cessez-le-feu permanent pour le Darfour, présidé par la MINUATS.

De son côté, le Commissaire de l’Union africaine (UA) pour les affaires politiques, la paix et la sécurité a salué la signature par les deux parties d’un cessez-le-feu de court terme, le samedi 20 mai.  M. Bankolé Adeoye a annoncé que l’UA déploierait des envoyés spéciaux dans les États voisins du Soudan, qui accueillent un nombre croissant de réfugiés. Le Secrétaire exécutif de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), M. Workneh Gebeyehou, a également qualifié de « développement positif » ce cessez-le-feu momentané et les arrangements humanitaires afférents.

Ce dernier a toutefois rappelé que les cessez-le-feu conclus au cours des cinq dernières semaines avaient systématiquement été violés.  M. Gebeyehou a annoncé qu’une délégation de haut niveau de l’IGAD s’engagerait quotidiennement auprès des parties, avec pour intention aussi de se coordonner avec les acteurs régionaux et internationaux.  Des efforts approuvés par la Fédération de Russie, qui les a jugés préférables aux schémas « démocratiques » douteux qu’ont tenté d’imposer au Soudan les pays occidentaux.  Rejetant comme la Chine toute ingérence étrangère, la délégation russe a brandi le cas de la Libye, qu’une intervention « musclée » avait conduite au désastre, déstabilisant la moitié du continent africain.

Les A3 –Gabon, Ghana, Mozambique– se sont félicités du plan de désescalade de l’UA, de nature à contribuer selon eux aux efforts de stabilisation du Soudan.  Pour les membres africains du Conseil, le mécanisme trilatéral formé de l’ONU, de l’UA et de l’IGAD constitue le cadre idoine pour parvenir à un processus politique durable et crédible au Soudan.  Pour le Royaume-Uni, la Déclaration de Djedda du 11 mai et l’accord de cessez-le-feu conclu le 20 seront inutiles faute de mise en œuvre ou d’instrumentalisation par les parties à des fins militaires. 

La négociation est la première étape pour mettre un terme aux affrontements, apporter une protection à des millions de civils au Soudan et éviter de causer des dégâts supplémentaires aux infrastructures civiles, a estimé le Brésil, suivi par le Japon.  Partisans d’une négociation élargie, les États-Unis ont dit œuvrer à la fin de la violence et coopérer notamment avec l’Arabie saoudite, l’UA et l’IGAD, estimant qu’« il n’y a plus de temps à perdre ».

Les autorités du Soudan, a assuré leur représentant, comptent appliquer les principes de la Déclaration de Djedda intégrés au nouvel accord, tout en veillant à l’accès sans entrave aux secours d’urgence, en coopération notamment avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Il a ajouté que son gouvernement avait accepté les modalités du mécanisme de surveillance et de coordination, mais a rejeté l’allégation selon laquelle les Forces armées soudanaises n’auraient pas respecté la trêve humanitaire, fustigeant les « milices rebelles » qui continuent de les attaquer.

Le délégué soudanais a toutefois contesté les chiffres avancés aujourd’hui, considérant que la définition de « personne déplacée interne » ne s’applique pas à des ressortissants soudanais qui restent dans leur pays d’origine.  Il en va de même, selon lui, des citoyens soudanais « aisés » qui seraient partis de leur plein gré à l’étranger.  S’agissant du rôle futur de la MINUATS, le représentant a espéré que la priorité serait donnée à la consolidation de la paix. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2023/355

Déclarations 

M. VOLKER PERTHES, Représentant spécial pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a rappelé que cinq semaines après le début des combats entre les Forces armées du Soudan et les Forces d’appui rapide, le 15 avril, le conflit n’a montré aucun signe de ralentissement en dépit des déclarations de cessez-le-feu faites par les deux parties.  « Les civils paient un lourd tribut à cette violence insensée », a-t-il déploré, précisant que plus de 700 personnes auraient été tuées, dont 190 enfants, et 6 000 autres blessées.  Le haut fonctionnaire a également fait état de disparitions.  Plus d’un million de personnes sont déplacées, dont plus de 840 000 ont trouvé refuge dans les zones rurales et les États soudanais voisins, tandis que 250 000 autres ont traversé les frontières du pays.  Parmi les déplacés, près de 8 000 sont des femmes enceintes, a relevé M. Perthes. 

L’ONU poursuit son aide pour alléger le fardeau des États voisins, a expliqué M. Perthes.  Alors que les combats se poursuivent, deux tiers des hôpitaux sont fermés, de nombreux personnels de santé ont été tués et les équipements médicaux s’amenuisent.  L’utilisation des infrastructures de santé à des fins militaires est inacceptable, a protesté le Chef de la MINUATS, qui s’est dit estomaqué par la violence sexuelle perpétrée contre les femmes, les filles, et les enfants et le recrutement d’enfants soldats.  Il a également fait part de pillages, notamment des locaux de la MINUATS, une criminalité exacerbée par la remise en liberté de milliers de prisonniers.  Le Représentant spécial a dénoncé les menaces de mort visant les militants et les dirigeants politiques, les arrestations de volontaires soudanais et l’intimidation de journalistes.  Il s’est inquiété de l’ethnicisation du conflit, en faisant part de la mobilisation de tribus dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu.

M. Perthes a rappelé l’engagement pris, avant le 15 avril, par l’ONU de persuader les deux parties de soutenir le processus de transition dirigé par des civils.  Travaillant depuis Port-Soudan, la MINUATS continue de travailler avec ses partenaires soudanais, a indiqué le haut fonctionnaire, en annonçant ses priorités immédiates: parvenir à un cessez-le-feu stable adossé à un mécanisme de surveillance, en prévenant l’escalade ou la tribalisation du conflit; protéger les civils et la livraison de l’aide humanitaire; et préparer en temps voulu un nouveau processus politique avec la participation d’un large éventail d’acteurs civils et politiques, y compris les femmes.  M. Perthes a d’ailleurs informé que le plan humanitaire révisé lancé le 17 mai doit permettre de mobiliser 2,7 milliards de dollars pour 18 millions de personnes, c’est-à-dire 15 millions de plus qu’avant le conflit.  Il a salué la médiation entreprise par l’Arabie saoudite et les États-Unis auprès des Forces armées soudanaises et des Forces d’appui rapide qui a permis d’aboutir à la signature d’une Déclaration d’engagement à Djedda, le 11 mai, une étape importante vers un cessez-le-feu stable avec un mécanisme de vérification efficace.  La MINUATS est prête à soutenir sa mise en œuvre en faisant fond sur la structure établie par le Comité du cessez-le-feu permanent pour le Darfour, présidé par la Mission, a promis le Représentant spécial.  À mesure que les discussions avancent, les parties prenantes civiles et politiques doivent jouer leur rôle, a exhorté le Représentant spécial, pour lequel seule une transition menée par les civils peut ramener la paix durable au Soudan.  Le représentant a encouragé la coordination des efforts régionaux et internationaux pour mettre fin aux affrontements au Soudan afin de définir une approche commune.  L’ONU pour sa part continuera de travailler avec ses partenaires du mécanisme trilatéral, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), a terminé le Représentant spécial.

M. BANKOLE ADEOYE, Commissaire de l’Union africaine pour les affaires politiques, la paix et la sécurité, a jugé préoccupante la situation qui prévaut au Soudan.  Il a rappelé la médiation de l’UA en 2019, qui a favorisé une transition inclusive. Malheureusement, a-t-il déploré, les contradictions internes et la polarisation des acteurs politiques et militaires soudanais, combinées aux ingérences extérieures multiples, ont mené au coup d’État « irresponsable et insensé » du 25 octobre 2021.  En conséquence, l’UA a suspendu le Soudan, tout en continuant à œuvrer avec ses partenaires pour un rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel, notamment en établissant le mécanisme trilatéral en collaboration avec l’ONU et l’IGAD.  Toutefois, le déclenchement des hostilités militaires, le 15 avril dernier, entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide ont anéanti tout espoir que l’accord-cadre puisse mener à la reprise du processus de transition politique vers un régime démocratique dirigé par des civils, a constaté le Commissaire. 

Après le déclenchement des hostilités, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a condamné les combats et appelé à un cessez-le-feu immédiat, a-t-il rappelé.  Le 20 avril 2023, le Président de la Commission de l’UA a réuni les acteurs clefs de la communauté internationale afin de coordonner les efforts en vue d’un cessez-le-feu immédiat, l’organisation de l’aide humanitaire et la reprise du processus politique.  L’UA a élaboré un plan de désescalade reposant sur six piliers, à savoir une action internationale coordonnée, un cessez-le-feu immédiat, une aide humanitaire d’urgence, la protection des civils et des infrastructures, un soutien aux pays voisins et la reprise d’un processus politique inclusif.  Les dirigeants africains doivent en outre se réunir cette semaine afin d’approuver le plan de désescalade de l’UA, a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, la situation au Soudan reste désastreuse, a observé le Commissaire, dénonçant la destruction systématique des institutions sanitaires, économiques, financières et sociales du pays ainsi que les violations « endémiques » des droits humains.  Il a demandé au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités face à ce conflit « intolérable et inutile ».  M. Adeoye a cependant salué la signature par les deux parties belligérantes d’un cessez-le-feu de court terme, tout en réclamant des efforts concertés en vue d’une cessation durable des hostilités.  « Un silence complet et permanent des armes est désormais le seul remède pour le peuple soudanais », a-t-il argué. 

Considérant que les désaccords sur la réforme du secteur de la sécurité ont été le déclencheur du conflit, le Commissaire a estimé qu’il incombe aux Soudanais de définir le pays auquel ils aspirent, avec la pleine représentation de la société civile et des partis politiques.  De son côté, l’UA déploiera des envoyés spéciaux dans les États voisins du Soudan, qui accueillent un nombre croissant de réfugiés, a-t-il indiqué.  Selon lui, un effondrement complet du Soudan aurait « des conséquences insupportables pour la région, le continent africain et le monde ». 

M. WORKNEH GEBEYEHOU, Secrétaire exécutif de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), a salué le cessez-le-feu de court terme et les arrangements humanitaires agréés hier en Arabie saoudite.  Il a indiqué que ce développement positif permet de nourrir un « optimisme prudent » quant à une cessation définitive des hostilités.  Il a néanmoins rappelé que les cessez-le-feu antérieurs ont été systématiquement violés au cours des cinq dernières semaines.  Le Secrétaire exécutif a toutefois noté que le dernier accord a été signé par les parties et verra sa mise en œuvre placée sous la surveillance des États-Unis et de l’Arabie saoudite.  Détaillant le bilan des affrontements, le haut fonctionnaire a fait état de la mort de 850 civils, tandis que 700 000 personnes sont déplacées et 150 000 autres ont gagné les pays voisins, a-t-il affirmé, avant de souligner les conséquences du conflit pour le Soudan du Sud.  La délégation de haut niveau de l’IGAD, emmenée par le Président Salva Kiir, engage les parties quotidiennement et se coordonne avec les acteurs régionaux et internationaux, a précisé M. Gebeyehou, en appelant à un soutien international.

Il a estimé que l’élément essentiel pour mettre un terme à la violence au Soudan tient à une plus grande efficacité et coordination des efforts déployés.  « Nous devons poursuivre un seul objectif au Soudan, qui est de faire taire les armes et d’entamer un processus politique dirigé et contrôlé par les Soudanais eux-mêmes en vue de la formation d’un gouvernement de transition dirigé par les civils. »  Le Secrétaire exécutif a indiqué que les chances d’un règlement pacifique sont plus élevées si les pays voisins sont impliqués, en évoquant les situations en Éthiopie, en Somalie ou encore au Soudan du Sud.  Enfin, M. Gebeyehou a souligné l’engagement inébranlable de l’IGAD en vue d’un cessez-le-feu permanent et d’un processus politique inclusif au Soudan.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a qualifié le conflit au Soudan de « tragédie » à l’impact dévastateur sur le peuple soudanais.  Il a exhorté les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide à cesser immédiatement les combats, à protéger les civils et à accorder un accès humanitaire sûr et immédiat.  S’agissant des efforts diplomatiques en cours, il a souligné l’importance d’une action coordonnée des partenaires internationaux et régionaux.  Saluant à cet égard la Déclaration de Djedda du 11 mai et l’accord de cessez-le-feu conclu le 20 mai, il a averti que ces engagements seront inutiles s’ils ne sont pas mis en œuvre ou utilisés pour obtenir un avantage militaire.  Le représentant a appelé les parties à respecter pleinement leurs engagements. 

Le délégué a ensuite jugé essentiel que les voix des civils soudanais soient entendues. La société civile doit être incluse à chaque étape du processus, en particulier dans les efforts de médiation visant à mettre fin aux combats et à assurer une transition démocratique avec un gouvernement civil, a-t-il plaidé.  Il s’est par ailleurs alarmé des violations des droits humains et de la dégradation de la situation humanitaire, avant de saluer l’aide des pays voisins qui ont accueilli des réfugiés.  Enfin, après avoir appelé à la cessation immédiate des attaques contre les infrastructures civiles, y compris les maisons, les établissements de santé, les écoles et les lieux de culte, il a estimé que le pillage des biens humanitaires est tout simplement inacceptable et a demandé que les auteurs de ces actes répondent de leurs actes. 

Au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) s’est félicité du travail effectué par la MINUATS pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire ainsi que l’évacuation des civils, du personnel diplomatique et des travailleurs humanitaires des zones de combats. Il a déploré la détérioration de la situation dans le pays qui sape à ses yeux les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba.  Selon lui, le mécanisme trilatéral est crucial pour parvenir à un processus politique durable et crédible, axé sur le dialogue entre les parties.  Le représentant s’est en outre félicité du plan de désescalade de l’UA, qui contribuera selon lui aux efforts de stabilisation du pays.  À cet égard, il a souligné l’importance de la coordination entre les différentes initiatives de désescalade.  La détérioration de la situation sécuritaire au Soudan crée à ses yeux un environnement propice à l’exacerbation des affrontements intercommunautaires dans certaines régions du pays, en particulier au Darfour, au Nil Bleu et dans les États du Kordofan du Sud et de l’Ouest, en plus de constituer une menace à la sécurité des sept États voisins.

Le représentant a condamné avec la plus grande fermeté les attaques visant des locaux diplomatiques, notamment ceux des Nations Unies à Khartoum et au Darfour.  Il s’est de même inquiété des retombées de la crise sur les pays voisins, estimant qu’elles pourraient conduire à une augmentation de la violence.  Dans ce contexte, il a jugé nécessaire de renforcer la collaboration entre la MINUATS et les autres entités onusiennes.  Le délégué s’est également inquiété de l’aggravation de la situation humanitaire déjà « désastreuse » au Soudan, caractérisée par la perturbation des chaînes d’approvisionnement, exacerbant les vulnérabilités socioéconomiques.  Plus de 700 000 personnes sont présentement déplacées à l’intérieur du pays, a-t-il noté, et plus de 150 000 autres ont quitté le Soudan.  Il a appelé en terminant à la conclusion d’une trêve humanitaire et à la mise en place de couloirs humanitaires.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit préoccupé par les affrontements militaires qui continuent de se dérouler au Soudan, qualifiant cette situation de « terrible retour en arrière ».  Un autre revers serait de vouloir régler ce conflit par des moyens militaires, a dit le représentant, avant de saluer le cessez-le-feu de court terme et les arrangements humanitaires agréés hier en Arabie saoudite. Il a appelé les deux parties à faire preuve de la plus grande retenue et à privilégier la médiation et le dialogue. Négocier n’est pas se rendre, a dit le délégué, en s’adressant aux deux parties.  « La négociation est au contraire la première étape pour mettre un terme aux affrontements actuels, apporter une protection pour des millions de civils au Soudan et éviter des dégâts supplémentaires aux infrastructures essentielles civiles. »  En conclusion, il a souhaité que les parties prenantes se rendent compte des conséquences graves des affrontements actuels pour le Soudan. 

M. DAI BING (Chine) s’est dit attristé par le conflit armé au Soudan et a prié les parties de mettre un terme aux hostilités.  Saluant la signature d’un accord de cessez-le-feu, il a exhorté les parties à tenir les engagements pris en matière de protection des civils et à faciliter leur évacuation.  Le représentant a exhorté les belligérants à saisir cette occasion pour engager un dialogue.  Il a demandé à l’ONU de fournir l’espace nécessaire à la médiation, tout en affirmant que la solution au conflit ne peut être trouvée qu’à l’intérieur du pays.  Les solutions externes et les sanctions unilatérales sont « contreproductives », a-t-il fait valoir.  Le délégué s’est par ailleurs félicité de l’aide des pays voisins qui ont accueilli des réfugiés et a demandé à la communauté internationale de les soutenir.  Il importe selon lui d’éviter que l’afflux de réfugiés fasse tache d’huile.  S’agissant enfin du renouvellement du mandat de la MINUATS, il a recommandé de tenir compte des opinions du Soudan pour assurer la pérennité de la coopération entre l’ONU et ce pays. 

M. HERNAN PEREZ LOOSE (Équateur) a estimé que le Conseil de sécurité ne peut et ne doit rester immobile face à la reprise des hostilités au Soudan, avant d’appeler les parties à cesser immédiatement les actes de violence.  Selon lui, la MINUATS a un rôle critique à jouer afin de permettre le retour au calme ainsi qu’un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire. Le Conseil devra tenir compte de ces événements et renforcer les capacités de la MINUATS lors du renouvellement de son mandat, a-t-il plaidé, soulignant également le travail de la Mission au sein du mécanisme trilatéral, ainsi que son lien avec la réforme du secteur de la sécurité.  Dans le contexte actuel, le délégué s’est inquiété du déplacement de près d’un million de personnes à l’intérieur du pays, qui s’ajoutent aux 250 000 personnes qui ont fui vers les pays voisins.  Il est à ses yeux indispensable que les agences des Nations Unies disposent des moyens nécessaires pour surmonter cette crise humanitaire et protéger les civils, en particulier les femmes et les filles vulnérables à la violence fondée sur le genre.  Le représentant a exprimé l’espoir que le cessez-le-feu d’une semaine conclu entre les parties permettra d’assurer le libre accès à l’aide humanitaire ainsi que la protection des civils et des travailleurs humanitaires. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a appelé les deux parties à cesser immédiatement les combats et à revenir à la table des négociations.  Il a rejeté tout usage de la force susceptible de saper le processus de transition vers un gouvernement civil tel qu’envisagé par la Déclaration constitutionnelle de 2019.  Le représentant s’est dit sérieusement préoccupé par la situation humanitaire au Soudan et dans les pays voisins, avant de saluer le cessez-le-feu de court terme et les arrangements humanitaires agréés hier en Arabie saoudite. Enfin, il a souligné l’importance du maintien de la MINUATS nonobstant les circonstances difficiles.  Ce Conseil doit parler d’une seule voix et appuyer les efforts de la Mission, a conclu le délégué.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a jugé essentiel que le Conseil de sécurité appuie pleinement la MINUATS.  Elle a salué le cessez-le-feu de court terme et les arrangements humanitaires agréés hier en Arabie saoudite, en exhortant les parties à respecter cet accord.  Les États-Unis continuent d’œuvrer pour mettre fin à la violence et coopèrent notamment avec l’Arabie saoudite, l’Union africaine ou encore l’IGAD, a dit la représentante, pour qui « il n’y a plus de temps à perdre ».  Elle a indiqué que son pays est également engagé dans la réponse humanitaire au Soudan, avant de demander un accès sans entraves de l’aide aux personnes dans le besoin.  Soulignant à cet égard le rôle de chef de file joué par l’ONU, elle a souhaité que ne soient pas oubliés les besoins des quelque 1, 1 million de réfugiés qui se trouvaient au Soudan avant le début des affrontements actuels.  Enfin, la déléguée a appelé à la poursuite du processus de transition en vue de la formation d’un gouvernement civil au Soudan. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué le cessez-le-feu humanitaire signé samedi dernier et a souhaité qu’il soit suivi d’actes.  La représentante a regretté que le conflit actuel ait compromis les progrès réalisés ces dernières années, avant d’attirer l’attention du Conseil sur les risques de grave confrontation au Soudan.  Elle s’est aussi déclarée préoccupée par le nombre élevé de personnes déplacées, enjoignant aux parties de protéger les populations et les infrastructures civiles. Elle les a en outre appelées à cesser toute violence à l’encontre du personnel de l’ONU et des travailleurs humanitaires. Avant de conclure, la déléguée a souligné l’importance de l’accès à l’aide et aux ressources essentielles comme l’eau et les médicaments. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué le cessez-le-feu de sept jours et les modalités humanitaires convenues entre les parties. Elle a demandé la poursuite des négociations afin de parvenir à une solution pacifique à la crise.  Malgré des circonstances extrêmement difficiles, la représentante a jugé exceptionnel le travail de l’ONU sur le terrain, tout en condamnant le pillage de certains de ses centres dans le pays.  Depuis le début du conflit, les Émirats arabes unis ont évacué 1 000 personnes de plusieurs nationalités sur neuf avions.  En vertu de la déclaration de Djedda, les parties ont accepté de faciliter le passage sûr des travailleurs humanitaires, de l’aide et des biens humanitaires, a-t-elle rappelé, en espérant qu’elles sauront donner suite à ces engagements.  La fuite de plus de 200 000 personnes vers les pays voisins aggrave également la crise humanitaire alors que ceux-ci sont déjà sous pression extrême.  La déléguée a demandé que des mesures exceptionnelles soient prises pour protéger les enfants.  Selon elle, la solution à ce conflit doit reposer sur une approche régionale, avec un appui international robuste. 

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a salué le cessez-le-feu de court terme et les arrangements humanitaires sur lesquels les parties se sont entendues hier en Arabie saoudite.  Alor que des informations font état d’une recrudescence de la violence sexuelle au Soudan, le représentant a demandé la mise en place de mesures de protections spécifiques pour les femmes et les filles.  Il a également rappelé aux parties au conflit leurs obligations au regard du droit international et a demandé un accès humanitaire sans entraves.  À ce propos, le délégué a déploré la perte de plus de 14 millions de dollars de denrées alimentaires destinées aux plus démunis en raison des pillages.  Il a enfin assuré que Malte continuera d’appuyer un règlement politique au Soudan, « y compris par le biais de messages d’unité de ce Conseil ». 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est dite profondément préoccupée par la dynamique dangereuse de la situation au Soudan, où l’insécurité aggrave la crise humanitaire, posant un danger au niveau régional, à des pays voisins eux-mêmes en proie à des difficultés.  Afin de répondre efficacement à la crise actuelle au Soudan, il est nécessaire selon le représentant d’en comprendre les causes. Elle a considéré que le conflit est largement le résultat d’une mauvaise gestion du règlement politique au Soudan, dont une grande responsabilité incombe aux pays occidentaux qui, pendant longtemps, se sont crus en droit de s’immiscer dans les affaires intérieures de ce pays. « Au lieu de permettre au processus politique d’être véritablement national et dirigé par les Soudanais, des décisions hâtives non fondées sur la culture politique nationale et rejetées par la population ont été imposées de l’extérieur », a accusé la représentante.  Sa délégation a pourtant assuré à plusieurs reprises que des efforts insuffisants avaient été déployés pour mobiliser une aide financière internationale pourtant nécessaire pour stabiliser le pays.  Au contraire, a-t-elle poursuivi, il a été privé d’une telle assistance, le rendant dépendant du respect de délais artificiels et de l’obtention d’un consentement à des schémas « démocratiques » douteux.

Aussi s’est-elle félicitée des efforts régionaux déployés pour aider le Soudan.  « Il est important d’empêcher une répétition de l’expérience en Libye, qu’une intervention musclée qui a conduit au désastre, déstabilisant la moitié du continent », a insisté la représentante.  Elle a enfin estimé que, compte tenu de la situation actuelle sur le terrain, le moment n’est pas venu de compliquer les paramètres de l’assistance fournie par la MINUATS sur le terrain.  « Le mandat actuel pourrait être techniquement étendu, avec un rôle majeur donné aux efforts déployés au niveau national et régional.  Puis, après avoir surmonté la phase la plus aigüe, il sera possible de discuter à nouveau.  La fourniture d’une aide humanitaire à la population soudanaise et aux pays voisins, qui ont généreusement ouvert leurs frontières, sera de la plus haute importance, a ajouté la représentante.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que la situation n’a cessé de se détériorer depuis le 15 avril, non seulement à Khartoum mais aussi au Darfour occidental.  Elle a condamné les violences aveugles, qui violent le droit international et les engagements pris par les deux parties le 11 mai dernier à Djedda, ainsi que la poursuite de la mobilisation des groupes armés selon des affiliations communautaires.  La crise soudanaise, a-t-elle mis en garde, menace de déstabiliser la région, avec un afflux massif de personnes déplacées, de réfugiés, et de populations en situation d’insécurité alimentaire.  Après avoir salué l’action de l’ONU sur le terrain et la solidarité des pays voisins, la représentante a indiqué que le soutien de l’Union européenne s’élève déjà à plus de 150 millions d’euros pour l’année 2023.

Les parties au conflit doivent maintenant mettre en œuvre les engagements pris à Djedda en ouvrant des couloirs humanitaires et en cessant les hostilités, a insisté la déléguée.  Elle a ensuite jugé inacceptable qu’« aucune expression » du Conseil de sécurité n’ait pu être adoptée depuis le premier jour des hostilités, alors que son action est complémentaire des efforts régionaux, et notamment de l’Union africaine.  Action d’autant plus nécessaire que les parties n’ont pas répondu, jusqu’à présent, à ces efforts et se sont enfermées dans la poursuite des combats.  La représentante a en conclusion encouragé la MINUATS à appuyer les forces politiques du pays qui prônent l’apaisement, en particulier au sein de la société civile soudanaise qui, le moment venu, devra prendre part aux discussions pour parvenir à un cessez-le-feu durable et à une résolution politique de la crise.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a tout d’abord regretté que les conditions actuelles n’aient pas permis à la société civile soudanaise de participer en toute sécurité à la séance d’aujourd’hui.  Elle s’est ensuite déclarée préoccupée par la poursuite des combats, qui aggravent encore la crise humanitaire dans le pays.  Les infrastructures essentielles continuent d’être prises pour cible et les pillages à grande échelle menacent la sécurité et les moyens de subsistance des civils, a-t-elle dénoncé, faisant également état de locaux diplomatiques et d’organisations humanitaires pillés ou détruits.  Ces hostilités menacent d’accentuer les conflits déjà existants, en particulier au Darfour et dans l’État du Nil-Bleu, ce qui pourrait entraîner une nouvelle escalade, a averti la représentante, avant d’appeler les deux parties au conflit à respecter le droit international humanitaire.  Félicitant les pays de la région qui accueillent des réfugiés et des rapatriés, elle a également salué la signature à Djedda, en Arabie saoudite, de l’accord de cessez-le-feu à court terme par les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide.  Le respect d’un cessez-le-feu à long terme doit selon elle être associé à un retour aux négociations.  À cet égard, elle a appuyé les efforts diplomatiques en cours, en particulier ceux de l’Union africaine, de l’IGAD, de la Ligue des États arabes, de la MINUATS, des pays voisins et des partenaires bilatéraux.  Enfin, la déléguée a souligné que, dans la perspective d’un éventuel retour à un processus politique, les acteurs civils soudanais restent au cœur de toute solution durable. 

Reprenant la parole, Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que la déclaration de la France est une nouvelle preuve de ce qu’elle a évoqué dans sa propre intervention.  « La communauté internationale, selon nos collègues occidentaux, n’est responsable de rien », a-t-elle observé.  « Ils ne font que contribuer à la démocratie et à la paix, mais cela ne débouche jamais sur la stabilité », a dénoncé la représentante, pour qui cela s’est vérifié en Libye, en Somalie et dans de nombreuses autres régions du monde.  Quant aux efforts de paix et économiques déployés par la France en Afrique, « on sait ce qu’il en est », a-t-elle conclu. 

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) s’est félicité de la conclusion de l’accord de cessez-le-feu de court terme et d’arrangements humanitaires entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide dans le but de mettre fin aux affrontements armés.  Cet accord, qui vient renforcer la déclaration de Djedda, a pour objectif principal de protéger les civils, l’économie ainsi que le respect du droit international humanitaire et des droits humains.  Un mécanisme de surveillance et de coordination supervise son renouvellement.  Pour sa part, le Gouvernement soudanais compte appliquer les principes de la déclaration de Djedda intégrés au nouvel accord, tout en veillant à l’accès sans entrave aux secours d’urgence, en coopération notamment avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Le Gouvernement a en outre accepté les modalités du mécanisme de surveillance et de coordination afin d’assurer la coordination avec les acteurs humanitaires ainsi que la protection des civils, a assuré le représentant. 

Dans ce contexte, les autorités soudanaises ont demandé l’appui de la communauté internationale et des donateurs au financement de l’aide humanitaire, et mis à disposition le port de Port Soudan ainsi que les aéroports de Port Soudan, Dongola et Ouadi Sayyedna.  La Commission soudanaise d’aide humanitaire a ainsi achevé sa coordination avec les organisations internationales et régionales afin d’aider les personnes touchées. Selon le représentant, les Forces armées soudanaises font preuve de retenue et s’efforcent de minimiser les pertes et de faire un usage de la force proportionnel alors qu’elles repoussent les renforts militaires rebelles et les tentatives de réapprovisionner leurs forces de l’extérieur du Soudan.  Les rebelles ont notamment attaqué la ville d’El-Obeid à deux reprises dans le but de contrôler son aéroport pour mener des opérations de ravitaillement.  Il a accusé ceux-ci de cibler systématiquement les missions et le personnel diplomatiques dans le but de saboter les relations avec la communauté internationale.  Le délégué a également dénoncé la destruction et le vol de registres de l’administration foncière, de musées et d’écoles, ainsi que les exactions commises à l’encontre des civils, en particulier les femmes et les filles.  Dans ce contexte, il a demandé à la communauté internationale et au Conseil de sécurité de condamner ces « agressions » avec la plus grande fermeté. 

Malgré les déplacements de milliers de personnes, le représentant a estimé que la définition de « personne déplacée interne » ne s’applique pas et qu’elles ne peuvent donc pas être considérées comme telles tant qu’elles restent dans leur pays d’origine dont elles sont ressortissantes.  Il en va de même, a-t-il ajouté, des personnes aisées qui ont quitté selon lui le Soudan en tant que citoyens et non en tant que réfugiés.  S’agissant du rôle de la MINUATS, le délégué a considéré que le rétablissement de la paix n’est pas seulement lié au cadre politique démocratique, mais qu’il implique aussi une communication renouvelée avec les donateurs afin d’aller au-delà de l’aide humanitaire de base pour accroître les ressources disponibles.  Il a ainsi espéré que la priorité serait donnée à la consolidation de la paix par le biais de l’aide au développement, de la reconstruction, du renforcement des capacités, ainsi que de la mobilisation des ressources afin de favoriser l’intégration sociale et économique des personnes déplacées.  Le délégué a par ailleurs rejeté l’allégation selon laquelle les Forces armées soudanaises n’auraient pas respecté la trêve humanitaire, fustigeant plutôt les milices rebelles qui continuent de les attaquer. 

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