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Conseil de sécurité: appels à rétablir les canaux de communications au lendemain du lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC

9376e séance, après-midi
CS/15355

Conseil de sécurité: appels à rétablir les canaux de communications au lendemain du lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC

Réuni vingt-quatre heures après le tir d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Conseil de sécurité s’est vu reproché par le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique son manque d’unité et d’action pour inverser cette trajectoire négative dans la région.  Il a également souligné l’importance de rétablir les canaux de communication, en particulier militaires. 

Dans un premier temps, M. Khaled Khiari a précisé que le missile à combustible solide, lancé le 12 juillet depuis la région de Pyongyang, a parcouru plus de 1 000 kilomètres en 74 secondes avant de tomber en mer dans la zone économique exclusive de la Fédération de Russie, ajoutant qu’il s’agit potentiellement de la durée de vol la plus longue pour un missile de la RPDC.  Il a également signalé qu’en 2022 et 2023, la RPDC a effectué plus de 90 lancements de missiles balistiques, dont 13 de portée intercontinentale. 

Or, le manque d’unité et d’action du Conseil de sécurité sur cette question empêche d’inverser la trajectoire négative dans la région, s’est inquiété M. Khiari qui a qualifié le statu quo d’alarmant et d’insoutenable.  Rappelant que dans quinze jours sera célébré le soixante-dixième anniversaire de l’accord d’armistice de la guerre de Corée, il a déploré la persistance, après sept décennies, de tensions non résolues et a appelé à la plus grande retenue.  En attendant la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, la RPDC doit maintenir le plus haut niveau de sûreté dans ses installations nucléaires, a insisté le haut fonctionnaire. 

Assurant que le tir d’essai n’a eu aucun effet négatif sur la sécurité des pays voisins, le représentant de la RPDC a condamné la convocation de cette réunion y voyant un empiètement au droit légitime de son pays à l’autodéfense, tel que reconnu par la Charte des Nations Unies.  Ce tir est un exercice du droit à l’autodéfense en vue de dissuader les mouvements militaires dangereux des forces hostiles dans le but de sauvegarder la sécurité de l’État et la paix dans la région, a justifié la délégation. 

Les États-Unis, qui ont convoqué cette réunion avec l’Albanie, la France, le Japon, Malte, et le Royaume-Uni, se sont néanmoins évertués à espérer que l’intervention de la RPDC devant le Conseil, la première depuis 2017, est une indication qu’elle est prête à participer à une diplomatie réelle, sans condition préalable.  Fustigeant les violations flagrantes de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, la délégation américaine a rappelé à ses membres leur responsabilité de s’attaquer au développement illégal et injustifiable de missiles balistiques et d’armes de destruction massive et de faire face aux menaces de prolifération nucléaire par la RPDC. Par le passé, a rappelé la France, le tir de ce type de missile était sanctionné d’une résolution du Conseil car chacun mesurait qu’il y avait là un risque majeur pour la stabilité régionale et la sécurité internationale. 

Reconnaissant que la situation est tendue, la Chine a appelé les États-Unis à traduire leurs offres de dialogue en mesures concrètes plutôt que d’imposer des sanctions.  De même, elle a plaidé pour l’établissement de mesures de renforcement de la confiance aptes à faciliter la reprise du dialogue avant d’encourager les membres du Conseil à examiner le projet de résolution présenté conjointement par la Fédération de Russie et la Chine. 

De son côté, la Fédération de Russie a dénoncé l’action des États-Unis, de la République de Corée et du Japon, qui, dans le cadre de leur « stratégie de dissuasion élargie », continuent d’effectuer des manœuvres régionales et de consolider leur coopération dans le domaine militaire.  Selon elle, c’est le renforcement des activités militaires sous la houlette active de Washington et « suivi aveuglément » par Tokyo et Séoul qui empêche la reprise des négociations. 

Regrettant les fausses équivalences que font certains entre les provocations illégales de la RPDC et les exercices militaires combinés défensifs de Seoul et Washington, la République de Corée a prévenu que chaque lancement permet à Pyongyang de faire progresser le développement technologique de moyens de plus en plus sophistiqués de livraison d’ogives nucléaires.  La délégation a toutefois assuré que la porte du dialogue reste grande ouverte, tout en exhortant la RPDC à cesser immédiatement ses actions déstabilisatrices et à répondre aux appels répétés à un dialogue sérieux. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a indiqué que le 12 juillet, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a procédé au deuxième lancement d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18, précisant qu’il s’agit d’un missile à combustible solide. Lancé depuis la région de Pyongyang, le missile a parcouru plus de 1 000 kilomètres en 74 secondes avant de tomber en mer dans la zone économique exclusive de la Fédération de Russie, a-t-il fait savoir, ajoutant qu’il s’agit potentiellement de la durée de vol la plus longue pour un missile de la RPDC.  En outre, la RPDC n’ayant pas émis de notifications sur l’espace aérien ou la sécurité maritime pour ce lancement, ces tirs inopinés représentent un risque grave pour l’aviation civile internationale et le trafic maritime, a alerté le haut fonctionnaire. 

Selon lui, l’agence de presse officielle de la RPDC a justifié ce lancement en expliquant qu’il s’agissait de dissuader les manœuvres militaires dangereuses des forces hostiles.  La RPDC a également indiqué qu’elle entend renforcer sa soi-disant dissuasion nucléaire conformément à son plan quinquennal de développement militaire de 2021 qui prévoit la poursuite des programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il a précisé que la RPDC a effectué, en 2022 et 2023, plus de 90 lancements de missiles balistiques. 

Le Sous-Secrétaire général a constaté que le manque d’unité et d’action du Conseil de sécurité empêche d’inverser la trajectoire négative dans la région, qualifiant le statu quo d’alarmant et d’insoutenable.  Rappelant que dans quinze jours sera célébré le soixante-dixième anniversaire de l’accord d’armistice de la guerre de Corée, M. Khiari a déploré la persistance de tensions non résolues même après sept décennies.  Il a souligné l’importance de rétablir les canaux de communication, notamment entre les entités militaires, de faire preuve de la plus grande retenue, et d’éviter une escalade involontaire.  En attendant la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, la RPDC doit maintenir le plus haut niveau de sûreté dans ses installations nucléaires, a encore insisté le haut fonctionnaire. 

M. Khiari s’est également dit préoccupé par la situation humanitaire en RPDC et a exhorté Pyongyang à permettre le retour et la rotation sans entrave du personnel de l’ONU et du Coordonnateur résident des Nations Unies. La diplomatie et non l’isolement, est la seule voie à suivre, a-t-il ensuite déclaré, notant que l’unité du Conseil sur la question de la RPDC est essentielle pour apaiser les tensions et sortir de l’impasse diplomatique.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a condamné dans les termes les plus forts le lancement d’un missile balistique intercontinental, le 12 juillet, par la RPDC, en violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  Ces missiles sont source de tensions en Asie de l’Est et au-delà et contribuent au développement du programme illégal d’armes de destruction massive de la RPDC.  Il a rappelé aux membres du Conseil de sécurité leur responsabilité de s’attaquer au développement illégal et injustifiable de missiles balistiques et d’armes de destruction massive et de faire face aux menaces de prolifération nucléaire.  Cette question devrait nous fédérer, a-t-il lancé, en regrettant que ce n’est plus le cas depuis 2017 puisque la Russie et la Chine empêchent le Conseil de parler d’une même voix ce qui a enhardi Pyongyang.  Les États-Unis ne permettront pas à la RPDC et à ses défenseurs de faire du Conseil de sécurité une travestie, s’est emporté le délégué.  Il a encouragé la RPDC à accepter l’invitation de s’engager dans un dialogue avec les États-Unis au plus haut niveau sans condition préalable, déplorant que cette invitation demeure lettre morte.  Qualifiant le statu quo d’intenable, le représentant a dit craindre que si le Conseil demeure silencieux, une nouvelle réunion sera organisée le mois prochain pour dénoncer le comportement illégal de la RPDC. Il a toutefois espéré que la participation de la RPDC à cette réunion indique qu’elle est prête à participer à une diplomatie réelle, sans condition préalable.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le lancement, le 12 juillet, d’un missile balistique de portée intercontinentale. Par le passé, a-t-il rappelé, le tir de ce type de missile était sanctionné d’une résolution du Conseil car chacun mesurait qu’il y avait là un risque majeur pour la stabilité régionale et la sécurité internationale.  Or ces tirs se sont multipliés et ce Conseil est resté désuni et silencieux, a—t-il déploré, ajoutant que « nous ne pouvons pas nous résoudre à l’inaction ». 

Le représentant a rappelé que la Corée du Nord a désormais lancé 20 missiles balistiques en 2023, dont 4 missiles de portée intercontinentale, en violation flagrante de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité.  Ne rien faire, ou être complaisant avec la Corée du Nord, revient à banaliser la prolifération nucléaire, a indiqué le délégué.  La France ne se résoudra pas à ce que la Corée du Nord devienne un État nucléaire, a—t-il martelé.  Pour enrayer l’escalade, il a suggéré d’appliquer pleinement toutes les sanctions internationales adoptées à l’unanimité et de lutter contre toutes formes de contournements, y compris dans les domaines cyber et maritime. Face à ces provocations, la priorité est de renouer le dialogue sans préconditions afin que la Corée du Nord abandonne ses programmes de manière complète, vérifiable et irréversible, a proposé le délégué qui a dit être résolu à trouver une solution diplomatique à cette crise. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a condamné le tir d’un missile balistique intercontinental par la RPDC mercredi dernier, dénonçant une provocation éhontée, de même que les entraves qui empêchent le Conseil à agir de manière concrète et de tenir la RPDC pour responsable.  Elle a également déploré les violations du régime de sanctions 1718, notant que la RPDC n’agit pas seule pour développer son programme d’armes nucléaires et de missiles.  La récente rhétorique incendiaire de Pyongyang est également préoccupante, a-t-elle ajouté.  La représentante a relevé que les programmes d’armes de destruction massive de la RPDC se font durement ressentir sur la situation humanitaire dans le pays.  De même, elle a accusé la RPDC de violer la Convention relative aux droits de l’enfant en ordonnant aux enfants de collecter de la ferraille afin de l’utiliser dans la fabrication d’armes. 

La déléguée a ensuite appelé la RPDC à rétablir le moratoire sur les lancements des missiles balistiques intercontinentaux, à mettre un terme aux cyberattaques et actions déstabilisatrices, à respecter les droits humains fondamentaux en mettant en œuvre les conventions ratifiées par Pyongyang et, enfin, à s’abstenir de procéder à un septième essai nucléaire. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a indiqué que le dernier missile balistique intercontinental lancé par la RPDC a atterri à 250 kilomètres de Hokkaido, au Japon, avant de condamner cet acte dangereux.  Elle a précisé que l’engin, qui serait un Hwasong-18, un nouveau modèle de missile balistique intercontinental à combustion solide, aurait parcouru 1 000 kilomètres en 74 minutes et que sa portée pourrait dépasser 15 000 kilomètres.  Cela signifie que toute l’Asie, toute l’Europe, toute l’Amérique du Nord, toute l’Afrique et même une partie de l’Amérique du Sud seraient à portée de ce système de livraison d’ogives nucléaires illégales, a-t-elle alerté. 

La représentante a ensuite rappelé que la résolution 2397 (2017) appelle le Conseil de sécurité à agir en cas de lancement, par la Corée du Nord, d’un missile balistique intercontinental.  Il n’y a aucune excuse pour que la Corée du Nord viole continuellement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et pour que ce Conseil continue d’ignorer les violations de ses propres résolutions, a souligné la représentante avant d’exhorter le Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités. Elle a également appelé la Corée du Nord à honorer toutes les résolutions pertinentes avant d’affirmer que la voie du dialogue reste ouverte.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a condamné fermement ce lancement qui constitue une violation flagrante de la résolution 2397 (2017).  Il a déploré le fait que le Conseil n’a pas été en mesure de répondre à aucun des tirs de missiles de 2022.  Cette tendance doit être inversée, car l’incapacité du Conseil à agir nuira à sa crédibilité, a-t-il averti.  Le délégué a instamment demandé à la RPDC d’engager un dialogue constructif en vue de sa dénucléarisation et de respecter ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a appelé le pays à abandonner complètement, de manière vérifiable et irréversible son programme de missiles nucléaires et balistiques; à se conformer au Traité de non-prolifération et aux garanties de l’AIEA; et à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Le représentant a par ailleurs demandé à la RPDC de rétablir l’accès au pays à l’ONU et d’autres acteurs humanitaires, afin d’apporter à la population l’aide dont elle a besoin. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a pris note de la participation de la RPDC à cette réunion du Conseil de sécurité, une première depuis 2017.  Il a condamné le lancement par la RPDC d’un énième missile balistique intercontinental.  Il s’agissait du douzième lancement du genre par la RPDC depuis le début de 2022, a-t-il indiqué, notant que les actions de la RPDC violent de multiples résolutions du Conseil de sécurité et illustre un mépris flagrant du régime international de non-prolifération nucléaire.  Nous devons être fermes et unis dans notre réponse à ces violations, a-t-il lancé, soulignant que l’inaction du Conseil ne peut pas continuer.  Il a appelé la RPDC à abandonner son programme nucléaire illégal et ses programmes d’armes balistiques, lesquels appauvrissent de surcroît sa population et déstabilisent la région.  Il a invité la RPDC à considérer les offres de dialogue, et de permettre le retour des diplomates et des ONG dans le pays.  La diplomatie est la seule voie pour progresser vers un développement durable et la paix dans la péninsule, a-t-il conclu. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a déclaré que cet énième missile balistique de longue portée, lancé le 12 juillet par la RDPC en direction de la mer de l’Est, certifie une fréquence de tirs appelé à se maintenir dans la durée et à accentuer la menace nucléaire dans la région.  La surenchère verbale qui s’ensuit contribue également à attiser les tensions et à reprendre le cycle de l’instabilité, s’est-elle inquiétée. Elle a jugé urgent de trouver des solutions durables à la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne, notant que celle-ci se fragilise chaque jour un peu plus.  Il est fondamental que l’ensemble des parties dialoguent de bonne foi et reprennent les négociations pour trouver enfin un dénouement à même de garantir la sécurité et la coexistence pacifique dans cette région, a-t-elle souligné. 

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a condamné le quatrième lancement d’un missile balistique de portée intercontinentale cette année par la RPDC, se préoccupant du risque d’escalade inhérent à un tel acte.  Elle a souligné que la RPDC est tenue de mettre en œuvre ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité ainsi que de prendre des mesures concrètes en vue d’abandonner ses armes nucléaires, ses missiles balistiques et ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible.  La représentante a par ailleurs espéré que les lourdes restrictions mises en place par la RPDC en lien avec la pandémie qui entravent gravement l’aide humanitaire internationale seront bientôt levées.  Accueillant favorablement l’appel aux bons offices du Secrétaire général, elle a ensuite encouragé la RPDC à engager un dialogue constructif avec le Conseil et le système onusien.  À l’approche de la commémoration du septantième anniversaire de l’Armistice de Panmunjom, elle a regretté qu’une solution plus pérenne n’ait pas encore pu s’établir dans la péninsule coréenne. 

M. ZHANG JUN (Chine) a appelé à œuvrer en faveur de la dénucléarisation et la stabilité de la péninsule coréenne.  La situation est tendue, a-t-il constaté, évoquant le dernier lancement de missile par la RPDC, mais également de la pression militaire très forte et l’envoi « par certains pays » d’armes stratégiques pour mener des manœuvres militaires dans cette région.  Ces incidents n’interviennent pas de manière isolée, a-t-il argué, avertissant d’un risque réel d’escalade.  Selon lui, il s’agit d’une question politique sans mécanisme de paix: la RPDC représente une menace sécuritaire aux yeux des États-Unis, tandis que les inquiétudes légitimes de la RPDC demeurent sans réponse, les États-Unis ayant organisé des manœuvres d’une ampleur sans précédent cette année. 

Le représentant a plaidé pour le dialogue et la diplomatie pour apaiser les tensions dans la péninsule et promouvoir une solution politique.  Les États-Unis devraient traduire leurs offres de dialogue en mesures concrètes plutôt que d’imposer des sanctions, a-t-il estimé, tout en encourageant des mesures de renforcement de la confiance pour faciliter la reprise du dialogue.  Il a également appelé à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, avant d’encourager les membres du Conseil à examiner le projet de résolution présenté conjointement par la Fédération de Russie et la Chine. 

Il a constaté que les effets de la guerre froide se font toujours sentir dans la péninsule coréenne, ainsi qu’au sein de l’OTAN « coincé dans cette logique » qui cherche à faire rayonner son pouvoir partout dans le monde, encourage ses membres à accroître leurs dépenses militaires bien qu’elle soit une organisation défensive, et s’ingère dans les affaires de nombreux États.  « Le véritable trouble-fête ici c’est l’OTAN », s’est-il exclamé, fustigeant ses accusations fallacieuses à l’encontre de la Chine qui, a-t-il souligné, n’a jamais envahi qui que ce soit, ne s’est jamais ingérée dans les affaires internes d’autres pays et ne mène pas de guerre par procuration.  Il a indiqué que la Chine s’est engagée à ne jamais utiliser d’armes nucléaires en premier ou contre un pays qui n’en dispose pas, et que son pays est favorable à une sécurité commune, comme en témoigne l’initiative en ce sens proposée par le Président chinois.  Il faut une architecture de sécurité équilibrée et la Chine est prête à travailler avec la communauté internationale en ce sens, a-t-il assuré. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé que ce cycle d’escalade de la RPDC doit cesser.  « La prolifération des armes de destruction massive et la stratégie de la corde raide en RPDC menacent non seulement la sécurité et la stabilité de la région, mais aussi celles du reste du monde. »  Sans avertir, la RPDC met en péril les activités maritimes et aériennes et les populations des pays voisins.  Pour le représentant, le tir effectué hier n’était pas un événement isolé.  Il a appelé la RPDC à revenir au Traité de non-prolifération et à œuvrer à la paix dans la péninsule coréenne par une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  Il lui a demandé de permettre à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de retourner dans le pays.  Le représentant a encouragé la RPDC à répondre aux appels de la République de Corée et des États-Unis et à reprendre le dialogue sans conditions préalables.  Préoccupé par les besoins humanitaires urgents de la population en RPDC, il a également exhorté Pyongyang à rétablir le dialogue avec l’ONU et à permettre le retour des organisations humanitaires dans le pays dès que possible.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé la RPDC à se conformer pleinement à ses obligations internationales en vertu de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en s’abstenant de procéder à de nouveaux lancements avec la technologie des missiles balistiques.  Le représentant s’est dit préoccupé par le risque d’affrontement militaire, notamment à la suite d’un mauvais calcul.  L’escalade des tensions et des menaces d’action militaire pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la péninsule et pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il averti.  Le Ghana exhorte donc toutes les parties concernées à prendre des mesures immédiates et concrètes pour désamorcer les tensions dans la péninsule coréenne.  Une approche raisonnée et pragmatique basée sur la diplomatie, le dialogue et l’instauration de la confiance est nécessaire pour favoriser progressivement les conditions qui permettront des engagements constructifs entre la RPDC et d’autres parties sur son programme d’armement.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné le dernier lancement par la RPDC d’un missile balistique.  Il ne s’agit pas d’un événement isolé, a-t-il constaté, mais d’un défi de plus aux résolutions du Conseil de sécurité, sapant l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération.  Dans sa résolution 2397 (2017), le Conseil a exprimé sa détermination à prendre de nouvelles mesures significatives en réponse à tout nouveau tir, a rappelé le délégué.  Il a donc demandé l’envoi sans attendre d’un signal fort pour que soient mises en œuvre les décisions de cet organe.  L’Équateur appuie les efforts en vue de parvenir à une solution diplomatique et politique qui permette la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  Le délégué a encouragé la coopération et le dialogue fondés sur la bonne foi.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a estimé que le Conseil de sécurité doit faire face à une dure réalité: « notre approche de ce dossier n’a tout simplement pas fonctionné ».  Ni l’inaction des cinq dernières années, ni les neuf séries de sanctions de la décennie précédente n’ont été en mesure de traiter de manière adéquate les programmes nucléaires et de missiles de la RPDC.  Le délégué a regretté de voir les discussions au sein du Conseil se polariser autour d’un faux choix: revenir au paradigme d’avant 2018 consistant à s’unir autour de nouvelles séries de sanctions plus larges ou garder le silence pour éviter de provoquer la RPDC.  Chaque nouveau lancement montre plus clairement qu’une nouvelle approche est nécessaire, a-t-il déclaré.  Le Conseil -et l’ONU dans son ensemble- ont un rôle important à jour à cet égard.  Il s’agit, dans un premier temps, d’aider à rétablir la confiance entre les parties, afin d’ouvrir une « fenêtre d’engagement ».  Une fois cette fenêtre ouverte, le Conseil peut utiliser son expertise et son poids politique pour aider à construire et à soutenir un processus diplomatique.  Enfin, il peut approuver et vérifier les résultats de tout accord, rendant ceux-ci plus transparents et légitimes pour toutes les parties concernées.  « Le Chapitre VI donne à ce Conseil une large boîte à outils qui reste sous-explorée dans ce dossier », a ajouté le délégué. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que la déclaration du Secrétaire général sur la question fait fi d’une série de facteurs qui ont une influence directe sur la situation dans la péninsule coréenne.  « La Russie est fermement contre toute activité militaire qui hypothèque la sécurité de la péninsule coréenne et des pays d’Asie du Nord-Est. »  La représentante a dénoncé l’action des États-Unis, de la République de Corée et du Japon, qui, dans le cadre de leur « stratégie de dissuasion élargie », continuent de renforcer des manœuvres régionales et leur coopération dans le domaine militaire. Elle a regretté que ce facteur soit laissé de côté par certains membres du Conseil.  Elle a dit avoir déjà présenté des exemples de ces tendances négatives, mais que celles-ci s’accumulent de réunion en réunion.  Ainsi, a-t-elle illustré, à la mi-juin, un sous-marin nucléaire américain a pris part à des manœuvre sur la péninsule coréenne.  Elle a aussi parlé de manœuvres aériennes américaines et sud-coréennes menées fin juin.  De telles mesures ont une influence négative sur la stabilité non seulement de l’Asie du Nord-Est mais aussi de l’ensemble de la région d’Asie et de l’océan Pacifique, a-t-elle avancé.  La déléguée a craint que cette militarisation crée de nouvelles lignes de division en établissant des unions restreintes pour lutter contre les pays qui dérangent Washington.  Il ne faut pas non plus perdre de vue les messages « profondément ambigus et contradictoires » des alliés américains en Asie du Nord-Est quant au renforcement de la coopération des États-Unis dans le domaine nucléaire, a-t-elle demandé. 

Il est clair que les activités des États-Unis et de leurs alliés dans la sous-région vont à l’encontre de la désescalade des tensions, a déclaré la représentante en demandant au Conseil de ne pas l’ignorer « malgré les tentatives de certains de ne présenter qu’un volet de la situation ».  La représentante a estimé que « le renforcement des activités militaires sous la houlette active de Washington et suivi aveuglément par Tokyo et Séoul nous empêche de reprendre les négociations ». Cela ressemble selon elle à une provocation délibérée d’une crise sur la péninsule coréenne dont les conséquences pourraient être immenses.  Elle a rappelé que les résolutions du Conseil sur la RPDC prévoient la recherche de solutions politiques et diplomatiques pour la péninsule.  Elle a attiré l’attention sur le plan d’action russo-chinois pour un règlement complet de la situation sur la péninsule coréenne, plan qui prévoit une série de mesures dans différents domaines, dont la mise en œuvre dépend du dialogue sur un pied d’égalité et de la prise en compte des préoccupations légitimes des États concernés, dont la RPDC.  Elle a dit ne pas voir, pour le moment, de volonté d’aller dans ce sens. 

La déléguée a aussi regretté qu’on prête trop peu d’attention aux problèmes dans la sous-région.  Elle a proposé de discuter et d’adopter le projet russo-chinois de règlement politique et humanitaire de la solution, « plutôt que ces projets déséquilibrés » qui vont dans une impasse et sont inhumains avec le renforcement des sanctions. « Un allègement des sanctions par le Conseil ne serait pas un cadeau pour Pyongyang », au contraire cela permettrait de rétablir la confiance, a déclaré la déléguée.  Il faut que tous les membres du Conseil soient prêts à renoncer aux théories de propagande et qu’ils honorent leurs engagements en faveur de la paix et de la sécurité internationales, a-t-elle conclu. 

M. MARTINS MARIANO KUMANGA (Mozambique) a estimé que la péninsule coréenne, comme le reste du monde, mérite la paix, la sécurité et la stabilité.  Pour que cela soit fait, toutes les parties prenantes doivent s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui peuvent mettre en danger la stabilité de la région.  Le représentant a exigé le plein respect, par toutes les parties, des résolutions du Conseil de sécurité sur la péninsule coréenne.  Tous les États Membres des Nations Unies, individuellement et collectivement, ont le devoir de contribuer à la non-prolifération des armes nucléaires, a—t-il insisté, avant d’appeler au dialogue et à des solutions négociées pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée-RPDC) a défendu le droit à l’autodéfense en tant que droit légitime d’un État souverain que personne ne peut nier puisqu’il est reconnu par la Charte des Nations Unies et le droit international.  Notre tir d’essai d’un nouveau type de missile balistique intercontinental n’a eu aucun effet négatif sur la sécurité des pays voisins, a-t-il affirmé rappelant que le Japon avait annoncé que ledit missile avait atterri en dehors de sa zone économique exclusive, ce qui équivaut à reconnaître qu’il ne posait aucun risque à sa sécurité.  Il a également justifié le tir d’essai du missile « Hwasongpho-18 » par le droit à l’autodéfense en vue de dissuader les exercices militaires dangereux de forces hostiles et pour sauvegarder la sécurité de l’État et la paix dans la région. Le délégué a catégoriquement condamné la convocation de cette réunion du Conseil de sécurité à la demande des États-Unis « et leurs partisans », y voyant une tentative d’empiéter sur le droit légitime de la RPDC à l’autodéfense.  À l’heure actuelle, les provocations militaires des États-Unis et de leurs partisans à l’encontre de la RPDC se multiplient comme jamais auparavant a dénoncé le représentant qui a qualifié la « Déclaration de Washington » d’avril dernier de plateforme pour une épreuve de force nucléaire avec la RPDC. 

Le délégué a accusé les États-Unis d’avoir déployé un sous-marin nucléaire chargé d’armes stratégiques en Corée du Sud pour la première fois depuis quarante ans, et de mener des actes d’espionnage aérien extrêmement provocateurs en s’infiltrant dans le territoire souverain de la RPDC.  Ces mouvements militaires inconsidérés constituent une provocation agressive qui pousse la situation dans la péninsule coréenne au bord d’un conflit armé, a alerté le représentant.  S’adressant à ceux qui prétendent que l’exercice, par la RPDC, de son droit à l’autodéfense constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, il a voulu savoir en quoi le déploiement de moyens nucléaires, les exercices militaires conjoints et les actes d’espionnage aérien commis par les États-Unis contribuent-ils à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne. 

Le délégué a également demandé au Conseil de sécurité d’expliquer pourquoi des dizaines d’exercices de guerre nucléaire américains ne sont pas considérés comme une menace à la paix et la sécurité internationales, alors qu’un seul tir d’essai de missile balistique de la RPDC l’est.  Le Conseil de sécurité ne peut pas persister à ignorer que les provocations militaires extrêmement dangereuses des États-Unis constituent une grave menace à la sécurité de la RPDC, a-t-il exhorté, s’inquiétant que l’organe soit engagé sur une voie dangereuse sous l’influence de « l’autoritarisme et l’arbitraire des États-Unis et de leurs partisans ». Le Conseil est-il prêt à assumer la responsabilité des conséquences de son ignorance de l’arbitraire militaire des États-Unis et de leurs alliées qui peut entraîner une guerre nucléaire sur la péninsule coréenne? a-t-il lancé.  Il a ensuite appelé le Conseil à s’abstenir d’entraver l’exercice par la RPDC de son droit à l’autodéfense et de dénoncer et de dissuader le comportement « anti-paix » des États-Unis.  Il a conclu en assurant que la RPDC assumera sa responsabilité et son rôle dans la lutte pour la sauvegarde de la paix et de la stabilité de la péninsule coréenne à l’avenir également.

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné le lancement, le 12 juillet, d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18, notant que la RPDC a effectué 90 tirs de missile balistique depuis le début de l’année, dont 13 de portée intercontinentale.  La RPDC viole donc les résolutions du Conseil de sécurité plus d’une fois par semaine, s’est-il indigné.  Le représentant a dénoncé le silence du Conseil face à un comportent inconscient, d’autant plus, a-t-il fait observer, que chaque lancement permet à Pyongyang de faire progresser le développement technologique de moyens de plus en plus sophistiqués de livraison d’ogives nucléaires. Il a constaté que le Conseil est paralysé depuis son échec à adopter une résolution suite au lancement de mai 2022, déplorant en outre qu’aucun individu ou entité n’aient été inscrits sur la liste des sanctions ces cinq dernières années.  Il a également regretté les fausses équivalences que font certains entre les provocations illégales de la RPDC et les exercices militaires combinés défensifs de la République de Corée et des États-Unis, relevant que la RPDC a élaboré son programme balistique et nucléaire sur la base de ses propres règles du jeu. 

Affirmant que la création imprudente, par la RPDC, d’un arsenal nucléaire et ses violations flagrantes et systématiques des droits humains sont les deux faces d’une même médaille, le délégué a appelé les membres du Conseil à soutenir la reprise des séances publiques consacrées à la situation des droits humains dans ce pays afin d’aborder la question de la RPDC de manière globale. Il a ensuite déclaré que la porte du dialogue reste grande ouverte, avant d’exhorter la RPDC à cesser immédiatement ses actions déstabilisatrices et à répondre aux appels répétés à un dialogue sérieux. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: les participants au forum politique pour le développement durable se mobilisent pour doper l’accès à l’énergie propre et encourager l’innovation

Session de 2023, Forum politique de haut niveau     
5e et 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7136

ECOSOC: les participants au forum politique pour le développement durable se mobilisent pour doper l’accès à l’énergie propre et encourager l’innovation

L’énergie, visée par le septième objectif de développement durable (ODD), conditionne tant le succès des autres ODD qu’elle est présente dans le libellé des deux tiers des 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Grâce à l’énergie, les pays se développent, à cause d’elle, la planète se réchauffe.  Ces enjeux considérables ont été débattus ce matin par les participants au forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui en est à sa troisième journée de session sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC): les exemples de bonnes pratiques n’ont pas manqué mais ce sont les appels à investir dans le renouvelable dans les pays en développement qui ont été les plus pressants.

Les énergies renouvelables, qui constituaient seulement 19% du mix énergétique mondial en 2020, sont encore davantage sous représentées dans les secteurs du chauffage et des transports; 80% de l’énergie consommée sur la planète est d’origine fossile.  Le diagnostic, connu de tous les participants au forum, est le suivant: pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°Celsius, l’humanité doit réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 43% d’ici à 2030 et parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050.  Autrement dit, il faut dire adieu, de manière brutale et sans espoir, au charbon et au pétrole.  Le rythme de la construction de centrales éoliennes et solaires devrait donc être multiplié par cinq, selon M. Simon Stiell, Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), si l’on veut atteindre les objectifs mondiaux de décarbonation d’ici à 2030.

Alors que l’accès à une énergie « propre » manque partout, panélistes et délégations n’ont pas manqué de relever que beaucoup d’habitants sur Terre n’ont pas accès à l’énergie du tout.  De grandes disparités régionales persistent, affectant tous les autres ODD, dont l’égalité des femmes et des hommes, l’action climatique et l’économie, a ainsi rappelé M. Leonardo Souza, de la Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales (DESA).  À l’échelle mondiale, 675 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité en 2021, quatre sur cinq vivant en Afrique subsaharienne; 2,3 milliards de personnes n’avaient pas accès à des combustibles et à des technologies de cuisson propres. 

Une volonté politique et des investissements privés sont nécessaires, particulièrement dans les pays en développement, de l’avis de l’Envoyé spécial pour le climat et la sécurité pour la Norvège, M. Hans Olav Ibrekk. L’expert a livré un implacable condensé de lacunes entravant le développement des énergies à faible émission de carbone.  D’abord, des investissements « trop faibles et mal répartis », quasi uniquement dans les économies avancées et en Chine, tandis que l’Afrique reçoit les miettes – seulement 1% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables en 2021.  Des investissements freinés par des « cadres politiques peu clairs », des réseaux électriques en piteux état et des services publics sonnés par l’inflation, la pandémie, et… la crise énergétique.  Autre aspect relevé par M. Ibrekk risquant de ralentir les avancées dans tous les pays du monde: le manque de main-d’œuvre qualifiée pour construire, en à peine quinze ans, ce qui s’apparente sans exagérer à une nouvelle civilisation. 

Les pays les moins avancés (PMA) sont venus rappeler qu’on en était encore loin: leur principal problème est le manque de fiabilité et l’intermittence de l’énergie disponible qui entrave leur développement, malgré un succès de l’Éthiopie avec la construction, financée en fonds propres, d’un barrage hydroélectrique gigantesque sur le fleuve Nil-Bleu: le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.

Le second problème des PMA, très concret, concerne le défi quotidien de la cuisson propre pour les ménages.  La pollution de l’air domestique, principalement due à la fumée de cuisson, affecte de manière disproportionnée les femmes et les enfants des PMA: elle entraîne près de 2,5 millions de décès prématurés par an. Faute de mieux, beaucoup de personnes utilisent du bois de chauffage, très émetteur et peu efficace, pour cuisiner. Bien consciente du problème, la République-Unie de Tanzanie a annoncé avoir élaboré une « vision nationale de la cuisson propre », avec pour objectif que 80% de la population utilise des combustibles et des technologies de cuisson propres dans un délai de dix ans.  Pour répondre au Sénégal, qui a annoncé ses nouvelles ambitions en matière de production d’hydrocarbures, M. Stiell, de la CCNUCC, s’est dit bien conscient que certains pays en développement ne souhaitent pas voir leurs gains en développement évaporés du fait de politiques énergétiques plus contraignantes, d’autant qu’ils ne sont pas des émetteurs historiques.  Il a cependant assuré que la construction de centrales éoliennes et solaires était aujourd’hui moins coûteuse que celle de centrales à combustible fossile dans la plupart des pays du monde.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rappelé à tous que l’énergie nucléaire disposait de nombreux atouts en termes de densité et de rendement, pour une émission de carbone quasiment nulle relative à la durée d’exploitation d’une centrale.  L’Agence place de grands espoirs dans les petits réacteurs modulaires, une nouvelle génération de petits réacteurs produits en série, relativement simples et peu coûteux.  Avec ce type de réacteurs, l’AIEA vise principalement le remplacement de centrales à charbon et l’approvisionnement en électricité de zones isolées et de réseaux de petite dimension. 

La seconde partie de la journée a eu trait à l’objectif 9, visant à bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation.  Les intervenants ont présenté leurs efforts pour avancer sur cette voie, comme l’Union européenne qui a un programme industriel et technologique « Horizon Europe » doté de 95 milliards d’euros. L’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel), elle, mène des programmes dans 120 pays notamment en vue de développer l’entrepreneuriat chez les jeunes. Le grand groupe des enfants et des jeunes a d’ailleurs appelé à éliminer les obstacles auxquels les jeunes entrepreneurs se heurtent dans le domaine des nouvelles technologies, notamment l’accès aux financements. 

La France a souligné l’importance d’une formation tout au long de la vie face aux évolutions technologiques, tandis que l’Arabie saoudite s’est targuée d’avoir ouvert plus de 100 centres de formation aux technologies numériques et d’avoir 44% de femmes parmi ses chercheur.e.s.

Le forum politique de haut niveau se poursuivra demain, jeudi 13 juillet, dès 10 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

L’ODD 7 et ses liens avec les autres ODD – énergie abordable et propre

Le monde n’est manifestement pas sur la bonne voie pour « garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable », soit l’objectif définissant l’ODD 7 et le sujet de cette première table ronde, au troisième jour du forum politique de l’ECOSOC. 

Qu’on en juge: en 2021, à l’échelle mondiale, 675 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité et 2,3 milliards de personnes n’avaient pas accès à des combustibles et à des technologies de cuisson propres, a rappelé M. LEONARDO SOUZA, Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales (DESA), en présentant les points saillants de la partie relative à l’ODD 7 contenue dans ce qui constitue le fil rouge du forum, à savoir l’édition spéciale du rapport du Secrétaire général faisant le point sur les ODD.  Le plus préoccupant, selon l’expert, est que les flux publics pour investissements dans les énergies renouvelables ont décéléré du fait de la pandémie dans les pays en développement, les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral.

La situation internationale a en effet beaucoup changé depuis 2015, a relevé Mme DAMILOLA OGUNBIYI, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de l’énergie durable pour tous et Coprésidente d’ONU-Énergie.  Elle a cité la COVID-19, la crise énergétique et l’inflation comme autant de facteurs entravant la transition énergétique, alors que l’accès à l’énergie conditionne tellement le succès des autres ODD qu’il est présent dans le libellé des deux tiers des 169 cibles du Programme 2030.

Pour M. SIMON STIELL, Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la situation n’incite pas à l’optimisme.  Pour limiter le réchauffement à 1,5°Celsius, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 43% d’ici à 2030 et parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050.  Or, les engagements actuels pris dans le cadre des contributions déterminées au niveau national n’indiquent qu’une réduction de 0,3%.  « Nous avons sept ans pour réduire les émissions de près de la moitié.  C’est un défi sans précédent, mais c’est possible. »  Comment y parvenir?  En travaillant pour que les sources d’énergie renouvelables représentent 60% de la production d’électricité d’ici à 2030, a expliqué l’expert.

Représentant la perspective des Commissions régionales, Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a appelé à renforcer les politiques et réunir les conditions propices aux investissements étrangers pour réaliser la transition verte en Afrique, enjoignant à renforcer les énergies renouvelables dans la région Caraïbes, où les besoins représentent 1,3% du budget annuel total de la région pendant dix ans.

La discussion interactive modérée par Mme SHEILA OPARAOCHA, Directrice exécutive d’Energia, s’est penchée sur l’impact des crises actuelles sur l’accès à une énergie abordable et propre, et sur la manière d’accélérer une transition énergétique équitable et juste. 

Confirmant que les financements publics nationaux s’étaient contractés ces dernières années, M. GUANGZHE CHEN, Vice-Président chargé des infrastructures au sein de la Banque mondiale, a assuré que son organisation multipliait les portefeuilles pour pallier ce manque, en prenant pour exemple son partenariat avec le Nigéria.  Garante de l’ODD 7, la Banque mondiale fournit des analyses, un suivi. Surtout, a avancé le panéliste, elle est un bailleur de fonds permettant un accès à l’énergie. 

Dans une intervention remarquée, M. HANS OLAV IBREKK, Envoyé spécial pour le climat et la sécurité pour la Norvège, a pointé les obstacles qui entravent le développement des sources d’énergie à faible émission de carbone.  D’abord, les investissements actuels sont « trop faibles, mal répartis et insuffisants ».  Plus de 90% de l’augmentation des investissements dans les énergies propres au cours des dernières années ont été réalisés dans les économies avancées et en Chine, a-t-il rapporté en prévenant que de nouvelles lignes de fracture apparaîtront si la transition vers l’énergie propre ne s’accélère pas ailleurs.  L’Afrique, le continent où l’accès à l’énergie est le plus faible, a reçu moins de 1% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables en 2021. Et dans de nombreux pays, l’investissement est freiné par des facteurs tels que des taux d’intérêt plus élevés, des cadres politiques peu clairs, des réseaux faibles, des services publics en proie à des difficultés financières et un coût du capital élevé.

M. Ibrekk a également pointé un problème très concret, et pourtant peu évoqué dans les discussions: le manque de bras.  Si « la transition énergétique offre un grand potentiel de création d’emplois », sans des personnes formées et éduquées, elle restera au stade des vœux pieux.  « Nous devons accroître massivement nos efforts en matière d’éducation et de formation pour nous assurer que nous disposons des compétences nécessaires à la transformation de nos systèmes énergétiques », a-t-il étayé.  Il a enfin plaidé pour la mobilisation des ressources nationales par la fiscalité et le renforcement des systèmes financiers locaux, y compris la garantie d’un taux d’épargne plus élevé, le développement d’institutions financières nationales pour soutenir les PME, ainsi que les prêts en monnaie locale. 

Le secteur privé s’est vu reprocher, par Mme YOKO LU, représentante de la jeunesse, de se concentrer davantage sur les profits et l’extraction des sols que sur le bien-être de la population.

En ce qui concerne les pays les moins avancés (PMA), le Népal a fait part de leurs progrès en termes non seulement d’accès à l’énergie mais aussi pour réduire les fortes disparités entre zones urbaines et rurales où l’électricité est « peu fiable », intermittente. Or une énergie fiable est nécessaire à une croissance pérenne.  Il a donc appelé à une transformation en profondeur des systèmes énergétiques.  L’Éthiopie a confirmé, citant l’insuffisance de l’approvisionnement en énergie comme principal goulot d’étranglement de sa croissance économique.  La moitié de la population éthiopienne, soit 65 millions de personnes, n’a pas accès à l’électricité; 80% des ménages utilisent le bois de chauffage comme seule source d’énergie.  Pour maintenir son niveau actuel de développement économique, qui est encore inférieur à son potentiel, l’Éthiopie doit augmenter son approvisionnement en énergie de 19% chaque année.  Le futur barrage hydroélectrique -le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne, son plus grand projet autofinancé– dopera ses capacités de production électrique. Malgré cela, le pays demeure confronté à un grave déficit d’approvisionnement en énergie, a témoigné la délégation. 

Si les ménages des PMA ont enregistré la plupart des progrès en matière d’accès à l’énergie, la pollution de l’air domestique, principalement due à la fumée de cuisson, affecte de manière disproportionnée les femmes et les enfants, une pollution liée à près de 2,5 millions de décès prématurés par an.  Ce défi de la « cuisson propre » est un point repris par beaucoup de délégations, comme le Danemark et la Finlande, qui ont remarqué qu’à l’échelle du monde, beaucoup de personnes utilisent du bois de chauffage pour cuisiner.  Prenant la balle au bond, la République-unie de Tanzanie a annoncé avoir élaboré une « vision nationale de la cuisson propre », avec pour objectif que 80% de la population utilise des combustibles et des technologies de cuisson propres dans un délai de dix ans. 

Du côté de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), son directeur général adjoint, M. LIU HUA, a rappelé qu’en tant que source d’énergie fiable, centralisée, concentrée et à faible teneur en carbone, l’énergie nucléaire contribue non seulement à la sécurité énergétique, mais aussi à la stabilité et à la résilience des systèmes énergétiques.  Le nucléaire peut aussi contribuer à la décarbonation de certains secteurs, tels que le chauffage urbain, la vapeur pour l’industrie et le dessalement.  Une cinquantaine de pays ont manifesté leur intérêt pour l’introduction de l’énergie nucléaire et sont engagés à différents stades dans des activités de planification, s’est-il réjoui.  L’AIEA est notamment très impliquée dans le déploiement d’une technologie prometteuse, celle des petits réacteurs modulaires. Ces réacteurs peuvent être installés dans des zones reculées, ils sont modifiables à l’envi: « on peut y ajouter des réacteurs supplémentaires à mesure que les besoins en énergie augmentent », a expliqué M. Liu. 

Grand contributeur de GES et pourtant rarement évoqué dans l’enceinte de l’ONU, le phénomène dit des « gaz de torche », survenant lors de l’extraction d’hydrocarbures, est pris à bras le corps par l’Algérie, qui a annoncé avoir mis en œuvre 32 projets de récupération de ces gaz, ainsi qu’un projet de stockage de dioxyde de carbone: « l’objectif à moyen terme est de réduire les gaz de torche à 1% ».  Ce phénomène concernera peut-être le Sénégal, qui a annoncé « devenir très prochainement un pays pétrolier et gazier, dans le contexte du respect des engagements de l’Accord de Paris ». Le Sénégal a tenu à rappeler que 30% de son mix énergétique est composé d’énergies renouvelables. 

M. Stiel, de la CCNUCC, s’est dit bien conscient que certains pays en développement ne souhaitent pas voir leurs gains en développement évaporés du fait de politiques énergétiques plus contraignantes.  Il a cependant assuré que la construction de centrales éoliennes et solaires était aujourd’hui moins coûteuse que celle de centrales à combustibles fossiles sur 85% de la surface du globe et que leur déploiement devrait être « cinq fois plus rapide », pour atteindre l’objectif fixé d’ici à 2030. 

L’ODD 9 et ses liens avec les autres ODD: industrie, innovation et infrastructure

Les intervenants se sont penchés sur l’ODD 9 qui vise à mettre en place une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation.  Comme pour nombre d’autres ODD, sa réalisation d’ici à 2030 semble compromise.

Mme FARYAL AHMED, Division de la statistique au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a rapidement présenté les conclusions du Secrétaire général sur les progrès en vue de la réalisation de cet ODD.  La croissance de la production manufacturière mondiale est en recul, en raison des conséquences de la pandémie et de l’inflation, a-t-elle notamment déclaré.  Elle a indiqué qu’en l’état actuel des choses la réalisation de l’ODD sera difficile.

M. NORICHIKA KANIE, de l’Université Keio (Japon), a souligné le rôle important de la science et des nouvelles technologies dans la réalisation des ODD.  Le renforcement des capacités est un levier important, a-t-il fait remarquer, en appelant à combler la fracture numérique.  Parce que la réalisation des ODD semble hors de portée, il est crucial de renverser maintenant la vapeur, a-t-il dit, en ajoutant que 2050 est une date plus réaliste que 2030.  Il a rappelé que les chercheurs ne travaillent pas dans une tour d’ivoire et qu’ils contribuent au progrès social.

Même son de cloche du côté de Mme SHAHLA NAIMI, de Google qui s’est lancée dans un véritable plaidoyer pour l’inclusion numérique des femmes, des filles et des groupes vulnérables.  Elle a détaillé l’action de Google en faveur du développement durable, qui vise notamment à tripler la vitesse d’Internet en Afrique du Sud et à améliorer l’accès à Internet au Togo.  Elle a loué les promesses de l’intelligence artificielle pour le développement, pour autant que les gouvernements s’accordent sur une coopération dans ce domaine. 

La coopération internationale a aussi été prônée par M. AXEL BERGER, de l’Institut allemand du développement durable, pour aplanir les difficultés subies par les PMA quant à l’accès au marché et à l’atténuation des conséquences des changements climatiques.  Il a souligné les bénéfices de cette coopération dans la production d’un hydrogène vert.  Il est crucial de renforcer les capacités des pays les moins avancés, a-t-il insisté.

Mme SABRINA ATWINE, jeune entrepreneure de l’Ouganda, a détaillé un programme qui vise à encourager dans son pays les vocations d’entrepreneur chez les jeunes femmes.  Il est capital de tirer profit du potentiel des jeunes entrepreneur.e.s et de les soutenir, a-t-elle dit en reconnaissant que nombre de start-up cessent leurs activités un an après leur création.  Elle a plaidé pour le renforcement des capacités des jeunes, afin qu’ils puissent réaliser tout leur potentiel.

M. NAGESH KUMAR, de l’Indian Institute for Studies in Industrial Development, a souligné l’importance d’élaborer une stratégie spécifique pour chacun des secteurs concernés par l’ODD 9, que ce soit la production d’énergie photovoltaïque ou de batteries au lithium, avec le même souci de contribuer à la transition vers une économie verte.

La Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a insisté sur la précarité des progrès réalisés au titre de l’ODD 9.  Le développement industriel est un processus de longue haleine, a-t-elle dit, en appelant à redoubler d’efforts pour réaliser l’objectif.  Elle a ajouté que l’ONUDI mène des programmes dans 120 pays notamment en vue de développer l’entrepreneuriat chez les jeunes.

Lors du débat interactif qui a suivi, les États-Unis ont indiqué soutenir la réalisation de l’ODD 9, en mentionnant l’initiative du G7 pour le développement d’infrastructures.  Le pays contribue à hauteur de 15 milliards de dollars à cette initiative, a dit la déléguée, en mentionnant également l’appui pour lutter contre la pénurie d’eau en Mongolie.  Le Mexique a, lui, assuré qu’il promeut des investissements dans les infrastructures, notamment aéroportuaires, afin de développer la connectivité.  L’ODD 9 est intégré dans notre plan de développement national, a dit la déléguée de la République-Unie de Tanzanie.  Au niveau international, elle a appelé à honorer les engagements financiers.  « Joignons le geste à la parole. »  Le grand groupe des enfants et des jeunes a appelé à éliminer les obstacles auxquels les jeunes entrepreneurs se heurtent dans le domaine des nouvelles technologies, notamment l’accès aux financements.  Il a exhorté l’ONU à refuser tout partenariat avec des entreprises responsables de « véritables catastrophes ».

« Nous devons tous nous réengager en faveur des ODD », a tranché le Royaume-Uni, tandis que le délégué du Guatemala a déclaré que 60 projets sont menés dans son pays, en vue réaliser l’ODD 9.  Il a souligné les dégâts infligés par les différentes catastrophes aux infrastructures, le Guatemala étant particulièrement vulnérable.  L’Arabie saoudite investit dans le secteur de l’éducation, afin de combler le fossé numérique dans la société, a dit le délégué de ce pays.  « Nous avons ouvert plus de 100 centres de formation aux technologies numériques. »  Il a précisé que 44% des chercheurs sont des femmes.  L’Ukraine a rappelé qu’elle était l’un des pays les mieux partis de la région pour réaliser l’ODD 9, avant que n’éclate la guerre totale voulue par la Russie.  Le délégué a estimé à 250 milliards de dollars les dégâts infligés par la Russie aux infrastructures et industries ukrainiennes.

Le délégué de la Suisse a appelé à considérer le défi climatique dans l’édification des infrastructures.  En effet, 70% des infrastructures dont le monde aura besoin en 2050 n’ont pas encore été construites, a-t-il relevé.  Une position partagée par l’Union européenne qui a appelé à construire des infrastructures intelligentes et durables. La délégation a mentionné le programme industriel et technologique « Horizon Europe » doté de 95 milliards d’euros. La France est en bonne voie pour réaliser l’ODD 9 en 2030, s’est félicité le délégué de ce pays, en soulignant l’importance d’une formation tout au long de la vie face aux évolutions technologiques.  Le Viet Nam a indiqué que 98% de la population du pays a accès à la 3G et à la 4G, tandis que le délégué du Kenya a mentionné « l’autoroute numérique » mise en place dans son pays en vue de mettre les technologies du numérique au service du développement.  Il a aussi rappelé combien les changements climatiques menacent gravement la réalisation de tous les ODD.

« Je suis venu vous parler de l’ODD en tant que jeune apprenti danois », a dit le délégué du Danemark, en soulignant l’importance de moyens de transports efficients.  « 82% de la population mondiale n’a pas de voiture. »  Le délégué des Philippines a détaillé l’accord signé avec la République de Corée en vue de la production de voitures électriques.  Son homologue du Paraguay a demandé un soutien financier et technologique pour aider les pays en développement sans littoral comme le sien à réaliser l’ODD 9.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: le Représentant spécial se félicite des progrès réalisés dans le cadre des dialogues entre le Gouvernement et différents groupes armés

9374e séance, après-midi
CS/15353

Colombie: le Représentant spécial se félicite des progrès réalisés dans le cadre des dialogues entre le Gouvernement et différents groupes armés

Réunis pour faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable en Colombie, les membres du Conseil de sécurité ont entendu, cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général se féliciter des progrès réalisés dans plusieurs domaines depuis la prise de fonction du Président Petro. 

M. Carlos Ruiz Massieu a notamment mis en valeur l’approche holistique adoptée par le Gouvernement colombien pour prioriser la poursuite du dialogue avec les principaux acteurs et groupes armés, une démarche qui a permis la récente signature d’un accord de cessez-le-feu bilatéral temporaire avec l’Armée de libération nationale (ELN), qui doit entrer en vigueur le 3 août. Elle est également à l’origine de l’annonce de la reprise des négociations de paix avec État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP), premier pas vers la mise en œuvre d’un cessez-le-feu. 

Le Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a également fait état des nombreuses dispositions du plan national de développement liées à la paix, l’attention accrue portée à la réforme rurale globale et l’allocation de fonds indispensables à la mise en œuvre de l’accord de paix.  De même, il a salué la création du Ministère de l’égalité, et les initiatives prises pour faire progresser la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord.  Cela marque des étapes importantes pour l’amélioration de la situation des communautés autochtones et afro-colombiennes et d’autres groupes vulnérables, s’est-il réjoui, tout en appelant à une planification et coordination solides pour maximiser le potentiel de ces initiatives. À cette fin, le Représentant spécial a insisté sur l’importance de donner suite à la décision de nommer, au sein de la présidence, un haut fonctionnaire chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix.

Assurant que le dialogue continuera d’être l’épine dorsale de la politique nationale de paix globale de son pays, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie a d’ailleurs affirmé que c’est précisément dans le cadre de ces nouveaux dialogues, et surtout « lorsque nous progressons sur des engagements concrets », que la participation de la communauté internationale, en tant que garante de ce qui a été convenu, revêt la plus grande importance pour le succès des processus. 

Compte tenu de ces développements positifs, les membres du Conseil ont largement soutenu la proposition d’élargir le mandat de la Mission de vérification afin qu’elle puisse surveiller et appuyer la mise en œuvre des différents engagements et cessez-le-feu.  La France a estimé qu’un tel l’élargissement serait essentiel pour faire reculer la violence qui touche encore plusieurs régions de Colombie et qui est particulièrement inquiétante à l’approche des élections locales d’octobre prochain.  Le Brésil a souhaité en outre que la Mission évalue les synergies et leur impact sur le terrain, compte tenu du fait que certains groupes armés restent en conflit pour contrôler des territoires.  La délégation brésilienne a également invité l’État colombien à élargir sa présence dans les zones touchées par le conflit et qui ont été historiquement marginalisées, notant qu’en ce sens, l’approbation du plan national de développement est une « réalisation importante ». 

En dépit des progrès, nombre de délégations se sont inquiétées de l’insuffisance des garanties de sécurité pour les anciens combattants, les défenseurs des droits humains et les représentants de la société civile.  À ce sujet, le Ministre colombien a fait savoir qu’un processus participatif de recontextualisation de l’accord et de sa mise à jour est en cours, et qu’un plan stratégique de sécurité et de protection devrait être approuvé au cours du mois d’août.  Mais, pour avoir des résultats significatifs, il faut diminuer les indices de violence dans le pays, a indiqué M. Álvaro Leyva Durán, notant que les dialogues avec les autres groupes et auteurs de violence sont essentiels pour y parvenir. 

Le Gouvernement colombien a également été appelé à poursuivre sa nouvelle approche qui met l’accent sur la réconciliation, l’accès à la terre, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes afin d’offrir de nouvelles opportunités socioéconomiques viables aux populations qui ont souffert du conflit et continuent de subir la violence des groupes armés et criminels. 

Le faible taux de participation des femmes et des transgenres à la prise de décisions a cependant été pointé du doigt par Mme Diana Salcedo López, de la Instancia Especial de Mujeres para el Enfoque de Género en la Paz, qui a demandé une intégration systématique de l’approche sexospécifique et des mesures spéciales dans les programmes de développement et la réforme agraire. 

Les États-Unis ont exhorté pour leur part le Gouvernement colombien à fournir des efforts supplémentaires pour combattre l’exclusion des peuples autochtones et d’ascendance africaine dans la mise en œuvre de l’Accord final, soulignant que son application doit être orientée par les besoins de minorités. 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53) S/2023/477

Déclarations

M. CARLOS GABRIEL RUIZ MASSIEU AGUIRRE, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, a indiqué que depuis la prise de fonction du Président Petro, l’an dernier, la mise en œuvre de l’Accord final progresse dans plusieurs domaines, y compris ceux qui ont le plus grand potentiel de s’attaquer aux causes profondes du conflit.  Il a notamment évoqué les nombreuses dispositions du plan de national de développement liées à la paix, l’attention accrue portée à la réforme rurale globale et l’allocation de fonds indispensables à la mise en œuvre de l’accord de paix.  Il a également cité la création du Ministère de l’égalité, dirigé par la Vice-Présidente Francia Márquez, et les initiatives prises pour faire progresser la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord.  Cela marque des étapes importantes pour l’amélioration de la situation des communautés autochtones et afro-colombiennes et d’autres groupes vulnérables, s’est-il réjoui.  Une planification et une coordination solides seront toutefois importantes pour maximiser le potentiel de ces initiatives en vue d’obtenir des résultats tangibles en termes de paix, a-t-il concédé. À cette fin, il a réitéré l’importance de donner suite à la décision de nommer, au sein de la présidence, un haut fonctionnaire chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix final. 

Le Représentant spécial a noté les progrès réalisés par la Juridiction spéciale pour la paix, y compris de nouveaux actes d’accusation.  Il a dénoncé les menaces de mort proférées lors des audiences organisée à Dabeiba, dans la province d’Antioquia, au cours desquelles des membres de la force publique ont livré des témoignages choquants, reconnaissant leur responsabilité dans des exécutions extrajudiciaires.  La présence de plusieurs ministres et fonctionnaires du Gouvernement à cette audience représente en outre un pas important vers l’objectif impératif de non-répétition, a-t-il estimé. 

En ce qui concerne le processus de réintégration, M. Ruiz Massieu a salué la nouvelle approche du Gouvernement qui met l’accent sur la réconciliation, l’accès à la terre, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’approbation de nouveaux projets collectifs, un soutien supplémentaire aux initiatives individuelles et l’accès à l’emploi permettront, selon lui, d’améliorer considérablement les moyens de subsistance de milliers d’anciens combattants et d’ancrer leur transition vers la vie civile. M. Massieu a toutefois regretté que la violence continue d’entraver la réalisation du plein potentiel de l’accord et a espéré que les récentes améliorations concernant les garanties de sécurité porteront bientôt leurs fruits.  Il a aussi fait état d’une augmentation de la violence à l’encontre des dirigeants paysans et des revendicateurs de terres, ainsi que des obstacles dont pâtissent les fonctionnaires qui travaillent sur la réforme agraire.  Également préoccupé par la violence persistante à l’encontre d’anciens combattants, le Représentant spécial a appelé à faire plus pour protéger ceux qui défendent les droits de communautés entières, ainsi que ceux qui ont déposé les armes de bonne foi dans le cadre de l’accord de paix. 

Le haut fonctionnaire a ensuite indiqué que les efforts déployés par le Gouvernement pour mettre en œuvre des aspects essentiels de l’accord de paix se sont accompagnés d’efforts visant à engager un dialogue avec différents groupes armés.  Les résultats obtenus à Cuba lors du troisième cycle de négociations entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN) sont très encourageants à cet égard, et la semaine dernière, la cessation des actions offensives entre les parties a marqué un pas en avant vers l’entrée en vigueur, le 3 août, d’un cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire.  De plus, le Comité national de participation débutera ses travaux dans quelques jours, ce qui favorisera une large implication de la société dans le processus de paix, a indiqué M. Massieu qui a ensuite salué l’annonce conjointe du Gouvernement et de l’État-major central des FARC-EP, le 8 juillet, concernant l’établissement d’un processus de négociations.  

Arguant qu’à ce moment critique, la volonté déterminée des parties, avec le soutien de la communauté internationale, peut consolider les processus de paix naissants, le Représentant spécial a jugé essentiel de préserver ce qui a été réalisé, d’affronter résolument les défis en matière de sécurité et de privilégier le dialogue.  Dans cette fenêtre d’opportunité, le soutien du Conseil est décisif, a-t-il insisté. 

Mme DIANA SALCEDO LÓPEZ, de la Instancia Especial de Mujeres para el Enfoque de Género en la Paz, a appelé à dépasser l’objectif de 12% des dispositions relatives à l’égalité entre les sexes de l’accord de paix.  Elle a regretté le faible taux de participation des femmes et des transgenres à la prise de décisions, demandant une intégration systématique de l’approche sexospécifique et des mesures spéciales dans les programmes de développement et la réforme agraire.  S’agissant de la participation politique, l’intervenante a salué l’adoption de la loi sur la violence à l’égard des femmes en politique et sur leur participation à tous les niveaux.  Elle a demandé une participation accrue des femmes dans le suivi de la mise en œuvre de l’accord de paix afin d’assurer la transparence de l’administration publique et la bonne utilisation des ressources.  Elle a regretté le manque de perspective pour la participation politique des transgenres. 

Concernant la sécurité et les garanties pour le travail des femmes dans les régions, Mme Salcedo López a salué la création, par le Gouvernement, du Programme complet de garanties pour les femmes dirigeantes et les défenseurs des droits humains.  Elle a aussi insisté sur l’importance de la réinsertion économique des femmes dans le processus de paix.  Préoccupée par la persistance des violences sexuelles à l’encontre des femmes dans les régions, elle a appelé à mettre en place des programmes de prévention de ce type de violence.  À cet égard, elle a rappelé la volonté des signataires de l’accord de paix de travailler avec les communautés locales dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi. 

Mme Salcedo López a exhorté le Gouvernement à améliorer la sécurité des anciens combattants, appelant à élaborer une politique de défense et de sécurité à visage humain.  S’agissant de la production illégale de drogues pour la consommation locale, elle a conseillé de promouvoir les cultures de substitution, d’améliorer la participation des personnes transgenres dans ces programmes et de reconnaître les niveaux élevés de violence dans cette catégorie de la population, insistant en outre sur l’importance de l’égalité entre la population générale et les personnes transgenres en matière de développement et de réparation. La mise en œuvre de l’accord de paix, en particulier les mesures relatives à l’égalité des sexes, peut favoriser une paix totale et donner un exemple pour d’autres conflits dans le monde, a affirmé l’intervenante pour qui le respect de la vie des femmes, des personnes transgenres et la dignité des peuples est la voie vers la paix. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué les efforts déployés par le Gouvernement colombien pour mettre en œuvre l’Accord final ainsi que l’adoption du plan national de développement, qui comprend notamment des investissements en faveur de la paix.  De tels investissements seront, à ses yeux, nécessaires pour mettre en œuvre les réformes et renforcer la présence de l’État colombien dans l’ensemble du pays.  Notant que les femmes dirigeantes et les ex-combattantes continuent d’être confrontées à la violence sexuelle liée au conflit, la représentante a également estimé que le chapitre portant sur les questions de genre est un élément essentiel de l’Accord final.  À l’approche des élections régionales d’octobre, la déléguée a encouragé les autorités colombiennes à renforcer la sécurité des signataires de la paix qui souhaitent participer au processus démocratique.  Elle a condamné à cet égard la violence perpétrée contre les anciens combattants des FARC, les défenseurs des droits humains et les dirigeants sociaux, en notant que depuis la signature de l’Accord final, plus de 375 anciens membres des FARC ont été tués.  Suite à l’annonce, en juin, d’un cessez-le-feu entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), la représentante a dit suivre de près les pourparlers en vue d’un accord de cessez-le-feu avec l’État-major central des FARC-EP. 

M. GENG SHUANG (Chine) a rappelé que la réforme agraire et la réinsertion des anciens combattants sont des éléments importants du plan de paix. Il a souligné que le développement économique est crucial pour parvenir à la paix, avant d’émettre l’espoir que la communauté internationale va appuyer le Gouvernement sur cette voie.  Il a ensuite salué les initiatives pour endiguer la violence, se félicitant en outre du cessez-le-feu conclu entre les autorités et l’ELN.  Il a salué la poursuite des pourparlers avec d’autres groupes armés et souhaité que le Conseil élargisse le mandat de la Mission de vérification pour qu’elle puisse assurer le suivi des accords de paix avec les groupes armés.

M. ADAM KUYMIZAKIS (Malte) a salué les progrès significatifs dans la mise en œuvre de l’accord de paix, complétés par la politique de « paix totale » du Gouvernement.  Il a notamment mentionné l’approbation par le Congrès du plan national de développement, qui comprend des éléments clefs de l’accord de paix ainsi que celle de projets de loi importants relatifs à la réforme rurale globale et à l’acquisition de terres.  L’aboutissement du troisième cycle des négociations de paix entre le Gouvernement et l’ELN à Cuba et l’accord sur un cessez-le-feu bilatéral national de six mois constituent également des développements positifs, a renchéri le représentant qui a également salué l’annonce par le Gouvernement de pourparlers avec plusieurs groupes armés illégaux. 

Prenant acte de la demande formulée par le Gouvernement colombien, le 14 février, en vue d’un nouvel élargissement du mandat de la Mission de vérification, le représentant a promis de travailler en étroite collaboration avec ses collègues du Conseil pour soutenir les efforts du Gouvernement pour des cessez-le-feu durables et permanents.  Profondément préoccupé par les niveaux élevés de violence perpétrés par les groupes armés illégaux et les organisations criminelles, il a condamné les actes et menaces visant des juges et des hommes politiques, des défenseurs des droits de l’homme, des leaders sociaux et des personnes de la communauté LGBTI et les civils.  Les autorités gouvernementales doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour endiguer cette violence, a-t-il estimé, notamment en redoublant d’efforts pour étendre la présence de l’État dans les zones rurales. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué l’adoption du plan national de développement du Gouvernement par le Congrès dont la mise en œuvre effective permettra de combler les écarts entre les régions urbaines et rurales et de promouvoir le développement national.  La représentante a réitéré l’importance de mettre en place des institutions et des systèmes résilients et transparents, ainsi que de renforcer les capacités de chaque individu, en plaçant la sécurité humaine au centre de tous les efforts.  Les efforts de consolidation de la paix ne seront efficaces que s’ils sont dirigés par un gouvernement qui a la confiance du peuple, a-t-elle prévenu. 

Elle a plaidé pour des élections départementales et municipales pacifiques et encouragé les autres groupes armés non signataires de l’accord de paix à engager un dialogue constructif avec le Gouvernement pour parvenir à un cessez-le-feu. Elle a pris note de la demande du Gouvernement d’élargir le mandat de la Mission de vérification afin d’appuyer ses efforts de dialogue avec les groupes armés.  La création d’un environnement propice à la réinsertion sera essentielle pour faire face à l’insécurité à long terme, a estimé la représentante, en soulignant que la stabilité à long terme n’est atteinte que quand un processus de paix est façonné par les parties prenantes, dont les femmes et les jeunes, selon leur propre vision et avec leur pleine appropriation. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est félicité des mesures prises par le Gouvernement colombien pour mettre en œuvre l’Accord final, y compris l’adoption du plan national de développement.  Si les mesures consacrées à l’élargissement de la participation politique des femmes sont importantes, elles doivent, selon lui, s’accompagner de mesures visant à renforcer leur sécurité, s’agissant en particulier de la violence sexuelle liée aux conflits.  Le représentant s’est également félicité de l’approche adoptée par le Conseil national de réintégration pour mettre en place une stratégie durable de réintégration des anciens combattants, comme le prévoit l’Accord final, y compris des garanties de sécurité.  Malgré la persistance de la violence dans le pays, il a reconnu l’engagement des parties en faveur des pourparlers de paix en cours, comme en témoigne l’accord de cessez-le-feu de six mois, conclu avec l’ELN.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a salué la conclusion, le 9 juin, d’un accord sur un cessez-le-feu national de six mois entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale.  Il a dit espérer que cette première étape permettra d’aboutir à un cessez-le-feu durable.  Il a aussi salué les efforts déployés par les autorités colombiennes pour parvenir à d’autres cessez-le-feu avec plusieurs groupes armés, en particulier avec le groupe FARC-EMC.  Il a dit soutenir la demande de la Colombie d’une extension du mandat de la Mission de vérification afin qu’elle puisse surveiller et appuyer la mise en œuvre de ces différents engagements.  Cela est essentiel, a-t-il estimé, pour faire reculer la violence qui, malheureusement, touche encore plusieurs régions de Colombie et qui est particulièrement inquiétante à l’approche des élections locales prévues en octobre prochain. 

En dépit des progrès, les garanties de sécurité demeurent insuffisantes pour les anciens combattants, les défenseurs des droits de l’homme et les représentants de la société civile, a-t-il constaté.  Le délégué a tout de même salué les récentes initiatives prises en matière de réforme rurale et d’accès à la terre, en particulier la création d’une nouvelle juridiction agraire.  Il a également salué la priorité donnée par le Gouvernement à la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord de paix.  Il a enfin salué les progrès que multiplie la Juridiction spéciale pour la paix, avant de condamner fermement les menaces formulées à l’encontre des magistrats colombiens.  Certes, il reste du chemin à parcourir, mais la Colombie est sur la bonne voie et la France se tient prête à lui apporter tout son appui, a—t-il conclu.

Au nom des A3 –Gabon, Ghana et Mozambique-, M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), a félicité le Président Petro pour sa quête incessante de la paix ainsi que les dirigeants de l’Armée de libération nationale (ELN) pour la conclusion fructueuse du troisième cycle de négociations de paix à Cuba.  Il s’est réjoui de l’approche stratégique du Gouvernement colombien visant un dialogue inclusif et constructif avec les groupes armés, quelle que soit leur classification.  En promouvant la compréhension mutuelle et la réconciliation, le Gouvernement favorise une paix et une sécurité durables dans le pays, a estimé le représentant.  Il a également salué les efforts en cours pour améliorer la sécurité dans les zones touchées par le conflit, grâce à l’adoption de politiques et de plans stratégiques visant à renforcer progressivement la présence des forces militaires et de police. 

Le représentant a insisté sur le fait que pour parvenir à la paix en Colombie et remédier aux inégalités historiques qui ont alimenté les conflits, il est essentiel de mettre en œuvre des politiques équitables et inclusives pour les communautés autochtones et afro-colombiennes.  À cet égard, il a félicité le Gouvernement colombien qui tient compte des autochtones et des Afro-Colombiens dans le processus de distribution des terres, en plus des ex-combattants des FARC-EP.  Parlant des prochaines élections, le représentant a plaidé pour une participation représentative des hommes et des femmes et pour la protection de ces dernières ainsi que des anciens combattants qui souhaitent s’engager dans le processus électoral. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) s’est dit heureux de constater que la mise en œuvre de l’accord de paix constitue l’un des axes centraux de la stratégie gouvernementale du Président Petro.  Il a invité l’État colombien à élargir sa présence dans tous les coins du pays, en particulier dans les zones touchées par le conflit et qui ont été historiquement marginalisées.  En ce sens, l’approbation du plan national de développement par le Congrès est une réalisation importante, a-t-il relevé.  Selon le délégué, la consolidation de la paix nécessite la mise en œuvre intégrale de l’accord de paix et le contrôle de la violence qui est toujours perpétrée par des groupes armés.  Cette violence a du reste un impact disproportionné sur les Afro-Colombiens, les peuples autochtones, les femmes et les enfants, ainsi que les populations les plus vulnérables. 

Le représentant a salué la tenue, en ce moment, à La Havane, des pourparlers entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN).  Il a estimé que la Mission de vérification doit jouer un rôle capital pour le succès de la mise en œuvre des étapes agréées, comme l’accord de cessez-le-feu.  Outre le degré d’avancement de chaque dialogue et accord de cessez-le-feu, le délégué a souhaité que la Mission évalue les synergies et leur impact sur le terrain, compte tenu du fait que certains groupes armés restent en conflit entre eux pour contrôler des territoires.  Dans ce contexte, il a suggéré de favoriser des avancées simultanées dans diverses négociations, sachant que tout incident avec un groupe en particulier peut avoir un impact négatif sur d’autres processus et exacerber les conflits.  Il a donc appelé le Conseil de sécurité à évaluer soigneusement la manière d’optimiser sa contribution au déroulement parallèle de ces processus.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité de l’accord sur le cessez-le-feu conclu à Cuba entre le Gouvernement de Colombie et l’ELN, soulignant que son pays n’a cessé de promouvoir le dialogue avec ce groupe. Il a appuyé la demande de l’ELN d’élargir le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies pour lui permettre de vérifier les accords avec d’autres groupes, une fois que ces accords seront conclus, rappelant dans la foulée que tous les signataires doivent participer à la mise en œuvre de l’Accord final.  Le délégué a aussi salué l’adoption de la loi sur la réforme agraire en Colombie. Il a ensuite appelé à assurer la protection physique des anciens combattants des FARC-EP, des dirigeants sociaux et des plus vulnérables, se déclarant préoccupé par le niveau élevé et continu de violence contre les anciens combattants.  Sans garanties de sécurité, il serait impossible d’intégrer les anciens combattants dans la société et l’économie, a-t-il souligné, exprimant l’espoir que la situation s’améliorera de manière significative à l’approche des élections régionales et locales d’octobre. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est félicitée de l’allocation de ressources spécifiques et des engagements inclus dans le plan national de développement afin d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord final.  Elle a également salué les récents progrès réalisés dans la législation relative à la paix, la Juridiction spéciale pour la paix ainsi que l’application des sanctions.  Établi pour la recherche des personnes disparues, le mécanisme de coordination interinstitutionnel est parvenu à de premiers résultats tangibles, a poursuivi la représentante.  À la demande de la Colombie, le Conseil fédéral suisse a approuvé un accord visant à sauvegarder, en Suisse, une copie numérique des archives de la Commission de la vérité, a-t-elle annoncé. 

Malgré ces avancés, la déléguée a exprimé sa préoccupation face à la poursuite de la violence contre la population civile.  Les affrontements entre groupes armés continuent de se propager dans les régions prioritaires de mise en œuvre de l’Accord final, a-t-elle noté, avant d’appeler les autorités colombiennes à prioriser les garanties de sécurité pour les membres de partis politiques, de la société civile et des anciens combattants.  Compte tenu de l’augmentation du recrutement d’enfants, elle a encouragé le Gouvernement colombien à redoubler d’efforts pour prévenir et mettre fin aux violations graves des droits de l’enfant.  Enfin, la représentante a salué l’approche holistique adoptée par le Gouvernement colombien dans la poursuite du dialogue avec les principaux groupes armés, notant au passage la récente signature d’un accord temporaire de cessez-le-feu bilatéral avec l’Armée de libération nationale (ELN) et la reprise des négociations de paix avec l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC-FARC), premiers pas en vue de la mise en place d’un cessez-le-feu.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué la vision et le courage du Gouvernement du Président Petro pour faire de la paix une réalité.  Notant que la paix n’est pas possible sans justice sociale, elle a insisté sur l’importance du dialogue national et l’intégration de la société civile dans la mise en œuvre de l’Accord final.  Elle s’est dite encouragée par les négociations en cours entre le Gouvernement et l’ELN, ainsi que par les progrès dans la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final et la réinsertion des anciens combattants par le truchement du plan de sécurité et de protection.  Mais il reste encore beaucoup à faire, a constaté la déléguée, notamment pour ce qui est du dialogue avec l’EMC FARC-EP ou de la justice transitionnelle.  Elle a ensuite appuyé l’élargissement du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie à la vérification des cessez-le-feu. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a rappelé que les États-Unis ont contribué 1,5 milliard de dollars à la mise en œuvre de l’Accord final depuis 2017. Il a exhorté le Gouvernement colombien à fournir des efforts supplémentaires pour combattre l’exclusion des peuples autochtones et d’ascendance africaine dans la mise en œuvre de l’Accord final, notamment en effaçant les inégalités historiques dont ils sont les victimes.  L’application de l’accord doit être orientée par les besoins de minorités et des personnes d’ascendance africaine, a martelé le délégué qui a souligné l’importance de défendre les droits des victimes du conflit.  Il a indiqué suivre de près les efforts pour élargir les négociations de paix avec l’ELN et les autres groupes issus des FARC-EP.  Saluant le dernier accord sur le cessez-le-feu, le représentant a souligné qu’il devrait entrer effectivement en vigueur en août prochain, exhortant l’ELN à mettre un terme à la violence, aux enlèvements et aux recrutements. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a souligné l’approbation du plan national de développement par le Congrès colombien, qui prévoit des mesures de mise en œuvre de l’Accord final, une réforme rurale globale, la réintégration des anciens combattants, la substitution des cultures illicites, ainsi qu’une justice transitionnelle.  De même, l’approbation d’un cessez-le-feu bilatéral entre le Gouvernement colombien et l’ELN, ainsi que le récent accord de cessez-le-feu conclu avec l’EMC FARC-EP, sont autant de mesures susceptibles de mener à une paix durable.  Le représentant a appelé à l’arrêt des violences liées au conflit, en particulier contre les femmes, les défenseurs des droits humains, les dirigeants sociaux et les anciens combattants, en majorité d’origine afrocolombienne et autochtone.  Il a ensuite incité les parties à privilégier un dialogue inclusif et à poursuivre leurs efforts visant à accroître la présence de l’État colombien dans les zones rurales.  Il s’est félicité de l’engagement de la Juridiction spéciale pour la paix envers la défense des droits des victimes, en espérant que la coopération technique établie avec la Cour pénale internationale (CPI) saura porter ses fruits. Selon le délégué, la capacité logistique de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie peut apporter une contribution importante à la mise en œuvre des accords de cessez-le-feu. 

M. ÁLVARO LEYVA DURÁN C., Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a indiqué que le dialogue entre les parties à l’accord de paix de 2016 est un élément essentiel dans la mise en œuvre de ce dernier, et que ce dialogue continuera d’être l’épine dorsale de la politique nationale de paix globale.  Il a fait savoir que le Gouvernement a mis en place une série d’initiatives institutionnelles et législatives qui permettent d’avancer vers la paix.  Il a cité comme exemples le plan national de développement et la nouvelle politique de sécurité et de défense qui mettent l’accent sur la sécurité humaine, le renforcement du contrôle du territoire et le démantèlement des structures criminelles.  Et ce qui est intéressant derrière ces initiatives nationales, a-t-il ajouté, c’est qu’elles ont cherché à maintenir le dialogue entre les différents acteurs, y compris la société civile, tout en restant à l’écoute des demandes des signataires de l’accord comme cela avait été convenu. 

Face aux enjeux ethniques, le Ministre a souligné les processus de dialogue dans lesquels l’Agence pour la réintégration et la normalisation a proposé la participation des signataires d’appartenance ethnique, afin de garantir leur réinsertion efficace au sein de leurs communautés.  Il a souligné que le plan national de développement comprend, pour la première fois, l’adoption d’une politique étrangère avec une approche sur le genre, élaborée sur la base du dialogue avec la société civile et qui envisage la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix sur le sujet. Au sujet de la Juridiction spéciale pour la paix, il a jugé utile de toujours l’ajuster à ce qui a été convenu dans l’accord de 2016.  Il est question d’une justice réparatrice qui, comme toute justice, doit exalter le principe de « pas de punition sans loi », a-t-il affirmé, assurant ensuite que le Gouvernement entend faire appliquer les peines qui avaient été communément approuvées entre les parties. 

M. Durán C. a reconnu que la plus grande préoccupation du Conseil, ainsi que des deux signataires de l’accord de 2016, a été le respect des garanties de sécurité pour les anciens combattants.  Il a promis que le Gouvernement allait continuer de travailler pour renforcer les régimes de sécurité des signataires.  Un processus participatif de recontextualisation de l’accord et de sa mise à jour est en cours, et un plan stratégique de sécurité et de protection devrait être approuvé au cours du mois d’août, a-t-il précisé. Mais, pour avoir des résultats significatifs, il faut diminuer les indices de violence dans le pays, a-t-il dit, notant que les dialogues avec les autres groupes et auteurs de violence sont essentiels pour y parvenir ainsi que pour garantir la sécurité des signataires de l’accord de paix et de la population civile.  Il a fait savoir que les discussions avec l’ELN avancent de façon positive avec des résultats concrets.  De même, il y a de grandes attentes concernant les premiers résultats des dialogues avec le groupe autoproclamé État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP).  C’est fort de cela que nous avons demandé au Conseil de sécurité d’accompagner le pays dans la vérification des cessez-le-feu proposés par les parties dans le cadre de la transition vers la paix totale, a justifié le Ministre colombien.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Russie et la Chine appellent à publier les résultats des enquêtes sur le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2

9379e séance – après-midi   
CS/15351

Conseil de sécurité: la Russie et la Chine appellent à publier les résultats des enquêtes sur le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2

À la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de Sécurité s’est penché, cet après-midi, sur la question du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, le 26 septembre dernier.  Tandis que Moscou et Beijing demandent une publication rapide des résultats des enquêtes nationales menées par l’Allemagne, la Suède et le Danemark, de nombreuses délégations, notamment occidentales, ont critiqué toute tentative de détourner l’attention du conflit en Ukraine. 

Dénonçant le « refus de coopérer » sous des prétextes ridicules de Berlin, Stockholm et Copenhague, la Russie a estimé que leur lettre collective d’information au Conseil sur l’état d’avancement de leur enquêtes nationales ressemblait à des excuses.  Elle a déploré une « inaction manifeste » destinée à dissimuler les traces des véritables coupables, fustigeant au passage une campagne de désinformation des médias occidentaux pour la rendre responsable du sabotage.  Elle a également évoqué un article de presse « très plausible » mettant en cause les États-Unis. 

En introduction des débats, un journaliste étatsunien indépendant spécialisé dans la critique des médias, a listé les raisons pour lesquelles, selon lui, la Russie n’avait pas intérêt à saboter les gazoducs, notamment car elle perdait ainsi un moyen de pression gazier sur l’Europe.  M. Bryce Green a aussi rappelé les déclarations du Président et du Secrétaire d’État étatsunien appelant à mettre un terme à Nord Stream. 

Les membres du Conseil ont également entendu un de ses confrères expliquer avoir participé, fin mai, à une expédition sur les quatre sites de l’explosion au cours de laquelle des photos des pipelines endommagés ont été prises mais pas rendues publiques.  Qualifiant le sabotage de Nord Stream d’un des mystères géopolitiques les plus pressants de notre époque, Jeffrey Brodsky s’est inquiété du fait que les conclusions des enquêtes nationales ne soient pas publiées plus rapidement.  La Chine a abondé dans ce sens, appelant à la publication de conclusions, mêmes partielles, le plus vite possible. 

Soulignant le caractère sans précédent des actes de sabotage et la complexité des enquêtes, la France et l’Albanie ont jugé compréhensibles qu’elles prennent du temps.  À l’instar des États-Unis, la France a en outre rappelé que c’était la troisième fois en moins d’un mois que la Russie demandait une discussion sur le sujet, sans qu’aucun nouveau développement ne vienne justifier cette multiplication des réunions. 

Les États-Unis ont appelé le Conseil de sécurité à rejeter les réunions qui n’ont d’autre but que de cultiver la désinformation et de détourner l’attention de sa guerre d’agression injustifiable contre l’Ukraine.  Ils ont estimé que la Russie souhaitait une enquête seulement dans la mesure où celle-ci conclurait à la responsabilité des États-Unis, réfutant catégoriquement toute allégation de culpabilité. 

Le Brésil a soutenu pour sa part la proposition de lancement d’une enquête internationale coordonnée par l’ONU, en appui aux efforts des autorités nationales, relevant qu’en l’absence de réponses près de dix mois après les explosions, les craintes et les tensions avaient augmenté, y compris au sein du Conseil. Mais aux yeux de Malte, l’ouverture de nouvelles enquêtes à ce stade risquerait d’entraver les progrès et d’avoir des effets contre-productifs sur le processus en cours.  De son côté, la Russie s’est réservé le droit de mener sa propre investigation, déplorant l’absence de retour des autorités allemandes, danoises et suédoises à ses nombreux appels demandant la tenue d’une enquête approfondie avec des représentants des autorités russes et de Gazprom.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. BRYCE GREENE, journaliste indépendant, s’est présenté comme un pigiste, spécialiste de la critique des médias et a précisé qu’il ne représentait aucun gouvernement ni aucune organisation.  Il a rappelé qu’à minuit le 26 septembre 2022 une série de fuites ont été détectées le long des gazoducs Nord Stream 1 et 2 et que les rapports sismologiques indiquaient que c’était le résultat d’un sabotage avéré et non d’un accident.  Il a affirmé que les experts, la presse et les gouvernements occidentaux avaient rapidement désigné la Russie comme coupable avéré.  Estimant que dans ce cas la Russie se serait « attaquée elle-même » car Gazprom avait dépensé des milliards de dollars pour la construction de Nord Stream, il a listé les raisons pour lesquelles, selon lui, elle n’avait pas intérêt à le faire, notamment car elle perdait ainsi un moyen de pression gazier sur l’Europe. 

M. Greene a aussi affirmé que les preuves impliquant les États-Unis étaient plus lourdes, estimant qu’ils voulaient empêcher une intégration des économies russes et européennes.  Il a rappelé qu’Anthony Blinken, le Secrétaire d’État étatsunien, avait affirmé au Congrès qu’il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher Nord Stream 2 d’être parachevé.  L’intervenant a également rappelé qu’en février 2022 le Président Joe Biden avait annoncé qu’un terme serait mis à Nord Stream 2 en cas d’attaque de la Russie sur l’Ukraine.  Il s’est référé à un article du 8 février de Seymour Hersh accusant les États-Unis d’être responsables du sabotage, de même qu’à un autre article, publié un mois plus tard, accusant un groupe pro-ukrainien.  Il a aussi évoqué un article publié en 2021 dans Politico par des ministres ukrainiens et polonais appelant à mettre fin à Nord Stream 2, avançant en outre que les Américains auraient formé les Ukrainiens pour mener des opérations similaires à celle qui a dû être lancée contre Nord Stream 2.  .  L’intervenant a estimé qu’étant donné leurs moyens techniques, les États-Unis devaient en savoir bien plus sur ce sabotage que ce qu’ils en disaient.  Il a ensuite accusé la presse étatsunienne de ne pas avoir posé les questions qui fâchent à l’Administration Biden. 

M. JEFFREY BRODSKY, journaliste indépendant, a indiqué qu’il est le seul de son métier à s’être rendu sur les quatre sites d’explosion des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, et qu’il enquête sur leur sabotage depuis le 26 septembre 2022.  Il a expliqué avoir participé, fin mai, à une expédition sur les quatre sites de l’explosion au cours de laquelle des photos des pipelines endommagés ont été prises.  Il a regretté que ces photos n’ont jamais été vues par le public alors qu’elles offrent un aperçu unique de la quantité d’explosifs utilisés, des charges et de leur localisation.  Cependant, a relativisé l’intervenant, ni les données obtenues sur l’expédition ni son enquête n’ont été en mesure d’attribuer de manière concluante le sabotage à un État-nation spécifique.  M. Brodsky a déploré le fait que l’Union européenne n’a toujours pas annoncé les mesures qu’elle entend prendre pour identifier l’auteur de l’attaque.  Il a aussi interpellé l’Allemagne, le Danemark et la Suède qui ont mené des enquêtes sur le sabotage sans en révéler les résultats. Il a indiqué avoir contacté les enquêteurs allemands, danois et suédois, mais que ces derniers ont refusé de faire tout commentaire. 

L’intervenant a affirmé qu’il existe suffisamment de motivation économique pour inciter ces trois pays à publier les conclusions de leur enquête, notant qu’une part importante de l’inflation qui touche actuellement les ménages et les petites entreprises en Europe est liée à la pénurie de gaz naturel abordable.  De plus, l’impact écologique du sabotage est énorme, a-t-il ajouté, rappelant que celui-ci avait provoqué la plus grande libération de méthane de l’histoire. 

Poursuivant, l’orateur a affirmé que les enquêteurs suédois, premiers à arriver sur place, ont enlevé des débris et du matériel de l’une des scènes de crime à au moins deux reprises, sans que l’on sache pourquoi.  Même si ces trois pays publient leurs conclusions, ils ne diront jamais qui est responsable du sabotage, a-t-il spéculé.  Qualifiant le sabotage de Nord Stream d’un des mystères géopolitiques les plus pressants de notre époque, le journaliste a souligné que l’État-nation ou les États-nations responsables de ce sabotage doivent être tenus pour responsables de leur violation du droit international.  Il a ensuite appelé à ouvrir rapidement une enquête dirigée par le Conseil. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’il était impossible de saboter les gazoducs Nord Stream sans l’implication directe ou au moins la « couverture » d’un acteur étatique, notant que la quasi-totalité des membres du Conseil ont souligné l’importance d’établir la vérité et d’identifier les auteurs.  Il a déploré le manque d’information sur l’avancement des enquêtes, notant que les autorités allemandes, danoises et suédoises n’ont toujours pas fourni de réponse intelligible aux nombreux appels de la Fédération de Russie sur la nécessité de mener une enquête approfondie avec des représentants des autorités russes et de Gazprom.  Le représentant a affirmé que leurs réponses se sont réduites à des refus de coopérer sous des prétextes « ridicules et tirés par les cheveux », rappelant que sa délégation avait fait circuler des copies de cette correspondance auprès des membres du Conseil en mars.  Après avoir reçu un nouveau « carton jaune » de la part de la majorité des membres du Conseil de sécurité, Berlin, Copenhague et Stockholm ont décidé de rédiger une lettre collective diffusée hier, a-t-il poursuivi, estimant que ce courrier ressemble beaucoup à des excuses et ne saurait remplacer un exposé complet au Conseil, au cours duquel il serait possible de leur poser des questions.  Selon lui, la formulation de cette missive implique en outre que les autorités allemandes, danoises et suédoises tentent de préparer les membres du Conseil de sécurité au fait qu’il ne faut pas attendre de résultats concrets et qu’il est impossible de dire quand ces enquêtes seront terminées. 

Le représentant a fustigé une tentative de « faire traîner les choses en longueur » afin de dissimuler les véritables coupables de ce crime, dénonçant au passage la campagne de désinformation coordonnée dans les médias occidentaux.  Alors qu’auparavant, certains journalistes tentaient activement d’affirmer que la Russie avait elle-même fait sauter ce gazoduc qui fonctionnait dans son intérêt, une autre version est apparue récemment selon laquelle certains « saboteurs pro-ukrainiens » seraient à l’origine de l’attaque, sans aucun lien avec le régime de Kiev, a-t-il relevé.  Le délégué a également évoqué la publication d’une version très plausible des événements par le journaliste d’investigation américain Seymour Hersch. 

Soulignant que tout effort visant à dissimuler les traces du sabotage en mer Baltique est voué à l’échec, le représentant a dit attendre des autorités allemandes, danoises et suédoises qu’elles prennent des mesures concrètes pour mener une enquête objective et transparente, avec la participation obligatoire des autorités d’enquête russes et d’autres parties intéressées. Entre-temps, la Russie se réserve le droit de mener sa propre enquête.  Dans ce contexte, il a attiré l’attention sur l’affirmation contenue dans la lettre des autorités allemandes, danoises et suédoises selon laquelle la scène de crime serait libre d’accès.  Les autorités d’enquête de la Russie peuvent donc l’examiner indépendamment à tout moment dans le cadre de l’affaire pénale ouverte par le Bureau du Procureur général de la Fédération de Russie en vertu de l’article relatif à un acte de terrorisme international, a-t-il dit.

M. HERNÁN PÑEREZ LOOSE (Équateur) a estimé que les explosions qui se sont produites sur les gazoducs sous-marins Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique sont des actes de sabotage qui mettent en péril la sécurité de la navigation maritime et aérienne et constituent une source incalculable de pollution de la vie marine.  Ces actes, au milieu d’une situation géopolitique mondiale extrêmement complexe, doivent être dissuadés afin de ne pas exacerber les tensions ou de déclencher des actions aux conséquences imprévisibles, a exhorté le représentant. Le délégué a ensuite rappelé l’exposé du 21 février de la Secrétaire générale adjointe, Mme Rosemary DiCarlo, appelant à éviter les spéculations et toute accusation infondée qui pourraient aggraver les tensions dans la région et entraver la recherche de la vérité. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que c’était la troisième fois en moins d’un mois que la Russie demandait une discussion sur le sujet, sans qu’aucun nouveau développement ne vienne justifier cette multiplication des réunions.  Il s’est étonné de la vive préoccupation de la Russie quant à une atteinte contre une infrastructure critique européenne au moment même où elle ne cesse de frapper les infrastructures essentielles ukrainiennes.  Mettant en doute le bien-fondé de la démarche russe, il a estimé qu’elle cherchait clairement à détourner l’attention du Conseil et de la communauté internationale. 

Soulignant le caractère sans précédent des actes de sabotage qui ont été commis et la complexité des enquêtes diligentées par l’Allemagne, le Danemark et la Suède, le représentant a estimé compréhensibles qu’elles prennent du temps.  Ne doutant pas de leur sérieux, il a estimé utile de rappeler à la Russie que les enquêtes étaient conduites conformément aux principes fondamentaux de l’état de droit, que les autorités judiciaires allemandes, suédoises et danoises sont indépendantes et les instructions qu’elles conduisent ne sauraient faire l’objet d’interférence politique. 

M. BISMARK ANYANAH (Ghana) a appuyé les enquêtes nationales menées par le Danemark et la Suède, dans les zones économiques exclusives desquelles l’incident s’est produit, ainsi que par l’Allemagne.  Il a encouragé des mises à jour fréquentes et des informations facilement accessibles sur l’état d’avancement des enquêtes afin de clarifier les faits et d’aider à déterminer la nécessité ou non d’un processus d’enquête international.  Dans l’attente de la conclusion des enquêtes nationales en cours, le représentant a demandé à tous les acteurs concernés, y compris les exploitants de gazoducs, de coopérer afin de parvenir à une version unique des circonstances ayant conduit à ce malheureux incident. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a jugé essentiel d’identifier les auteurs des explosions sur les deux gazoducs et de les tenir responsables de leurs actes. C’est pourquoi le Brésil a appuyé, en mars dernier, la proposition de lancement d’une enquête internationale coordonnée par les Nations Unies, en appui aux efforts des autorités nationales. Le représentant a dit avoir confiance dans les enquêtes menées par le Danemark, l’Allemagne et la Suède et a souhaité que les conclusions des enquêtes en cours soient divulguées dès que possible.  Outre les dommages environnementaux, les conséquences de l’incident préoccupent la communauté internationale au vu de la prolifération dans les médias de récits et de versions non confirmées des événements, a-t-il expliqué.

S’il a dit comprendre la nécessité du secret et du temps pour le bon déroulement des procédures, le représentant a relevé qu’en l’absence de réponses près de dix mois après les explosions, les craintes et les tensions avaient augmenté, y compris au sein du Conseil.  Il a donc encouragé une coopération accrue entre les États directement touchés et a souhaité des efforts supplémentaires pour prévenir la désinformation et veiller à ce que les résultats des enquêtes soient connus rapidement, dans la transparence.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a estimé que les dommages causés aux gazoducs Nord Stream sont le résultat d’un acte de sabotage et d’une violation grave du droit international.  Il a jugé intolérable la destruction et la militarisation d’infrastructures critiques transnationales telles que Nord Stream. 

Le représentant a pris acte des enquêtes ouvertes par les autorités compétentes en Allemagne, en Suède et au Danemark, et de leur engagement en faveur d’un processus juste et impartial permettant d’établir la vérité.  En mars de cette année, sous la présidence mozambicaine, une tentative d’instituer une enquête indépendante sur cet incident a été jugée prématurée afin ne pas interférer avec les enquêtes nationales en cours, a-t-il rappelé.  Or, en tant qu’organe principal responsable de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité peut légitimement demander à être tenu informé du déroulement de celles-ci, a fait valoir le représentant, d’autant plus qu’il s’agit d’une infrastructure transnationale dont la propriété est elle aussi multinationale.

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) s’est déclarée préoccupée par les actes de sabotage présumés contre les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui ont entraîné des fuites de gaz inquiétantes en septembre dernier.  Elle a salué les informations fournies dans la lettre conjointe du Danemark, de l’Allemagne et de la Suède du 10 juillet. Comme indiqué dans cette lettre, les enquêtes nationales respectives continuent d’être menées pour faire la lumière sur les faits, a-t-elle relevé.

Mme ANNETTE ANDRÉE ONANGA (Gabon) a rappelé qu’il y a presque dix mois, des explosions sous-marines ont endommagé les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique et a pris note des investigations menées par l’Allemagne, le Danemark et la Suède.  Elle a réitéré sa profonde préoccupation suite aux attaques perpétrées sur les infrastructures civiles et appelé les belligérants au respect des instruments juridiques internationaux protégeant les civils et les infrastructures civiles contre toute attaque armée.

M. ANDREA DE BONO SANT CASSIA (Malte) a réitéré sa condamnation de l’acte de sabotage visant les gazoducs Nord Stream 1 et 2.  De telles actions constituent une grave menace pour la sécurité énergétique et la stabilité régionale, entraînant des perturbations d’infrastructures énergétiques critiques, a-t-il déclaré.  De plus, les fuites qui en résultent représentent un risque important pour les pays concernés et ajoutent une pression supplémentaire sur les pays en développement, déjà touchés négativement par l’agression de la Russie contre l’Ukraine. 

Le représentant a exprimé l’espoir que les enquêtes en cours permettront d’établir la vérité sur cet acte délibéré de façon impartiale, tout en reconnaissant que les enquêtes de cette ampleur prennent du temps.  À ses yeux, l’ouverture de nouvelles enquêtes à ce stade risquerait d’entraver les progrès et d’avoir des effets contre-productifs sur le processus en cours.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a condamné les attaques contre les gazoducs Nord Stream.  Le représentant a dit appuyer les enquêtes en cours menées par les pays concernés et attendre les résultats.  Il a appelé la coopération entre les parties sur cette question.  Accusant réception de la lettre envoyée, hier, par l’Allemagne au Conseil, il a salué ce partage d’informations, tout en ajoutant qu’il devra être actualisé.  Pour le représentant, les enquêtes sont en cours et il faut éviter de préjuger de leurs résultats.  Toutefois, les attaques contre les infrastructures publiques essentielles ne sauraient être tolérées et leurs auteurs doivent être tenus responsables de leurs actes, a conclu le représentant. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est dit préoccupé par ce qui semble être un acte de sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, avant d’apporter le plein appui de son pays aux enquêtes en cours en Allemagne, Danemark et Suède. Ces pays ont des institutions traditionnellement fortes et ont toujours respecté l’état de droit, a-t-il fait valoir, en rappelant aussi que ces enquêtes ont besoin de temps. 

Après avoir réfuté la mésinformation qui circule sur Internet et les réseaux sociaux au sujet de cet incident ainsi que la rhétorique enflammée qui entoure cette question, le représentant a tenu à rappeler que la Russie mène depuis 500 jours une guerre injustifiable en Ukraine et que des questions « plus importantes » que les gazoducs Nord Stream devraient être à l’ordre du jour du Conseil, comme l’ampleur de la destruction et le coût de la reconstruction de l’Ukraine.  La Russie devrait mener une diplomatie sérieuse au lieu de demander pour la troisième fois une réunion du Conseil sur les gazoducs Nord Stream, et retirer toutes ses troupes de l’Ukraine, a-t-il ajouté.

M. GENG SHUANG (Chine) a déploré les conséquences sur l’environnement et la circulation maritime du sabotage des gazoducs.  Il a appelé à une enquête indépendante et a souligné la nécessité de conclusions « faisant autorité, impartiales et qui pourraient résister au test de l’histoire ».  Le représentant a regretté que les enquêtes nationales des pays concernés durent déjà depuis longtemps sans que des conclusions claires aient été rendues publiques, estimant que plus on attendra, plus il sera difficile de collecter des preuves, plus il y aura de spéculations, et moins les résultats seront crédibles.  Il a donc appelé à la publication de conclusions, mêmes partielles, le plus vite possible. 

Rappelant que le débat avait lieu sur fond du conflit en Ukraine, le représentant a appelé à ne pas politiser les enquêtes et à coopérer avec la Russie, en tant qu’une des principales parties impliquées par ces explosions.  Il a appelé les autres pays concernés à agir en ce sens.  En conclusion, il a réitéré l’appel de la Chine en faveur d’une présentation rapide des faits afin de punir les responsables, d’une information continue du Secrétaire général sur la question et pour que le Conseil de sécurité en reste saisi. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a souligné qu’il constatait, à l’instar d’autres délégués, que c’était la troisième fois en moins d’un mois que la Russie saisissait le Conseil de sécurité de la question des gazoducs Nord Stream.  Il a dénoncé ses efforts « cyniques » pour se servir du Conseil comme d’une plateforme de désinformation et a réaffirmé sa pleine confiance dans les enquêtes indépendantes et impartiales de la Suède, du Danemark et de l’Allemagne.  Estimant que les inquiétudes russes concernant l’impartialité et la transparence de ces enquêtes étaient infondées et qu’elles « sonnaient creux », le représentant a appelé à laisser les pays concernés mener leurs enquêtes sans ingérence, demandant à la Russie de ne pas préjuger des conclusions.  Il l’a également accusée de mépriser les juridictions d’autorités nationales compétentes, menant des enquêtes dans leur zone économique exclusive.   

Le délégué a estimé que la Russie souhaite une enquête seulement dans la mesure où celle-ci conclurait à la responsabilité des États-Unis, réfutant catégoriquement toute allégations de culpabilité contre son pays.  Il a également accusé la Russie de vouloir détourner l’attention des attaques qu’elle mène contre des hôpitaux, des écoles, des immeubles résidentiels et des centrales électriques.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil à rejeter les réunions qui n’ont d’autre but que de lui faire perdre du temps, de cultiver la désinformation et de détourner l’attention de la guerre d’agression injustifiable lancée par le Kremlin contre l’Ukraine. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a estimé que le vandalisme à l’encontre d’infrastructures critiques était inacceptable, se disant « profondément préoccupée » par l’incident sur le gazoduc Nord Stream, qui affecte la vie d’innombrables personnes et cause des dommages à long terme sur l’environnement marin.  La représentante a affirmé suivre de près les enquêtes nationales menées par les autorités allemandes, suédoises et danoises, attendant toute avancée avec impatience et estimant qu’une enquête supplémentaire risquerait de créer de la confusion. Elle a dit espérer que les résultats seraient communiqués au Conseil de sécurité, qui devrait attendre que les autorités nationales établissent les faits. 

Soulignant que la Fédération de Russie avait critiqué des visites de la zone des explosions organisées pour les médias, la représentante a rappelé que, dans certains États, la presse pouvait se rendre partout où c’était nécessaire, que ce soit sur terre ou sous la mer.  Elle a réaffirmé l’appartenance de son pays à une communauté de nations qui croit en la liberté de la presse.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que la meilleure façon d’obtenir des réponses au sabotage des gazoducs Nord Stream est de soutenir les enquêtes impartiales du Danemark, de la Suède et de l’Allemagne, exhortant le Conseil de sécurité à ne pas préjuger de leur issue, ni d’en dicter la conduite. Il a salué la dernière mise à jour envoyée par l’Allemagne au nom du Danemark et de la Suède, notant que cette lettre souligne la complexité des enquêtes en cours.  Il a affirmé qu’une fois terminées, les conclusions de ces enquêtes feront autorité. 

Reprenant la parole, M. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a demandé aux États-Unis une précision.  Puisque leur représentant a déclaré que les États concernés ont le droit de participer à l’enquête sur cet incident, il lui a demandé si, à ses yeux, la Fédération de Russie fait partie de ces États concernés ou s’il s’agit uniquement des États riverains.

Notant en outre qu’aujourd’hui la plupart des États occidentaux ont cherché à détourner le débat vers la crise ukrainienne, le représentant a estimé qu’il valait la peine de se demander qui a commis et couvert ce crime.  Le procès-verbal de cette séance du Conseil mériterait, selon lui, d’être une pièce clef de l’enquête russe et de l’enquête internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum politique débat du rôle de l’eau comme canal pour la réalisation des objectifs de développement durable

Session de 2023, Forum politique de haut niveau  
3e et 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7135

ECOSOC: le forum politique débat du rôle de l’eau comme canal pour la réalisation des objectifs de développement durable

« L’eau est un connecteur reliant de nombreux secteurs et tous les aspects de la vie. »  Ce constat qui coule de source a été fait ce matin par le Vice-Ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau des Pays-Bas.  M. Jaap Slootmaker prenait part au segment matinal du deuxième jour du forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC).  Un segment consacré à l’ODD 6, l’objectif de développement durable sur l’eau et l’assainissement.

En tant que coorganisateur, avec le Tadjikistan, de la Conférence des Nations Unies sur l’eau de mars dernier, le Ministre néerlandais a salué les près de 800 engagements pris par les participants à ce conclave, un large éventail d’acteurs (gouvernements, ONG, entreprises et universités) dans de nombreux domaines: agriculture, santé, changements climatiques, industrie.  Cela démontre les liens effectifs entre l’eau et tous les secteurs, tous les aspects de la vie.  Les idées ont d’ailleurs jailli de toutes parts pendant la matinée pour le confirmer, consacrant même cette ressource comme « un bien public mondial » dont l’accès, de même que l’assainissement, est largement reconnu comme un droit humain. 

En dépit de son importance pour le bien-être des personnes, de la planète, pour la paix et la prospérité, les progrès pour réaliser l’ODD 6, à mi-parcours de leur mise en œuvre, montrent que les efforts vont à vau-l’eau.  C’est ce qu’a expliqué M. Daniel Eshetie, de la Division statistique du Département des affaires économiques et sociales (DAES), en présentant les points saillants de l’édition spéciale du rapport du Secrétaire général.  Il a quand même relevé des avancées: entre 2015 et 2022, l’accès mondial à l’eau potable est passé de 69% à 73%, tandis que l’accès aux services d’assainissement est passé de 49% à 57%.

Malgré de tels progrès, il y avait en 2022 encore 2,2 milliards de personnes sans accès à des services d’approvisionnement en eau potable gérée de façon sûre, et 3,5 milliards de personnes n’ayant pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité.  De plus, 2 milliards de personnes n’avaient pas accès à des services d’hygiène de base.  À l’échelle mondiale, le stress hydrique reste à un niveau non dangereux de 18,2% en 2020, mais ce pourcentage masque d’importantes variations régionales et fait apparaître une augmentation de 1,2% entre 2015 et 2020, toujours selon le rapport.  Il souligne également le manque de coordination intersectorielle en matière d’utilisation de l’eau, entre l’agriculture, l’industrie, la production d’énergie et l’approvisionnement des ménages, ce qui menace la réalisation de plusieurs ODD, notamment ceux relatifs à l’alimentation, à l’énergie et à la vie terrestre. 

Surfant sur ces obstacles et défis, les participants à la session n’ont pas tari de propositions et solutions pour résoudre les problèmes de l’eau dans le monde.  La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale, Mme Rola Dashto, a communiqué les priorités établies par les commissions régionales des Nations Unies: tenir compte de la gestion intégrée des ressources en eau dans les politiques et plans nationaux de développement; promouvoir la coopération transfrontalière dans le domaine de l’eau, tout en veillant, à améliorer la collecte et le partage des données sur l’eau grâce aux plateformes d’accès libre; et mobiliser des financements pour des initiatives liées à l’eau. 

Au niveau du système des Nations Unies, plusieurs délégations, dont l’Allemagne, ont salué la perspective prochaine de nomination d’un envoyé spécial du Secrétaire général sur l’eau, qui devrait travailler en étroite collaboration avec ONU-Eau et d’autres agences onusiennes, ainsi qu’avec les États Membres et les parties prenantes, pour accélérer la mise en œuvre de l’ODD 6 et, partant, des autres objectifs.  Le Vice-Président d’ONU-Eau, M. Johannes Cullmann, a d’ailleurs rappelé que l’eau étant un bien essentiel de l’humanité, il est crucial de travailler d’une manière concertée sur les questions y afférentes.

Et ce ne sont pas les fonds qui manquent, a précisé M. Joel Kolker, de la Banque mondiale, tout en précisant que c’est leur répartition qui pose problème.  Les inégalités et la mise à l’écart des femmes et des jeunes dans la gestion des ressources hydriques ont été également mentionnées.  C’est pourquoi le besoin de données ventilées est revenu parmi les vœux émis par les uns et les autres.  Le Président de l’Assemblée générale a quant à lui souhaité que les actions dans le domaine de l’eau s’appuient sur la science. 

Le Danemark qui s’est targué d’avoir une avance en la matière a promis de partager son savoir-faire avec d’autres pays.  À ce propos, l’Éthiopie a appelé à une coopération internationale concertée afin notamment de soutenir la construction d’infrastructures.  Au milieu de cette cascade d’idées et de réalisations, l’Algérie s’est enorgueillie de ses 80 barrages à grande capacité de stockage, qui ont réduit le stress hydrique dans le pays.

L’après-midi a été consacrée à deux autres discussions, l’une portant sur les actions locales et l’autre, sur les défis des petits États insulaires en développement (PEID), dont la vulnérabilité entrave le développement.  M. Gaston Browne, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, pays qui accueillera en 2024 la Conférence des Nations Unies sur les PEID, s’est impatienté notamment au sujet de l’allègement de la dette des pays vulnérables.  « Nous répétons les mêmes choses depuis trente ans », a-t-il déclaré en misant toutefois sur le futur indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour l’aide au développement, qui sera à son avis d’un grand secours pour réaliser les ODD. 

Le forum politique se poursuit demain, mercredi 12 juillet, dès 10 heures. 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Liens entre l’ODD 6 -eau propre et assainissement- et d’autres ODD

La session de ce matin, fort courue, a permis aux participants au forum politique d’échanger sur les liens existants entre l’objectif de développement durable (ODD) 6, relatif à l’eau propre et l’assainissement, et d’autres ODD.  Pour de nombreux intervenants, l’eau peut servir de viaduc pour faciliter la mise en œuvre de plusieurs autres ODD.  Pour ce faire, il est question pour les parties prenantes de collaborer et de travailler en synergie pour une bonne gestion des questions hydriques.

C’est en substance le message transmis dans le discours liminaire prononcé par M. JAAP SLOOTMAKER, Vice-Ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau des Pays-Bas.  Prenant la parole en tant que coorganisateur de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, avec le Tadjikistan, il a salué les près de 800 engagements de différents types pris par les participants à ce conclave de mars dernier au Siège des Nations Unies.  Il a précisé que ces engagements ont été pris par un large éventail d’acteurs -gouvernements, ONG, entreprises et universités– dans toute une série de domaines –agriculture, santé, changements climatiques, industrie-.  Selon lui, cet état de fait laisse voir que « l’eau est un connecteur reliant de nombreux secteurs et tous les aspects de la vie ». 

Le Vice-Ministre néerlandais a observé que le monde ne peut plus considérer l’eau, le climat, les catastrophes, la planification et l’investissement comme des questions distinctes.  Et les cibles relatives à l’eau sont encore réalisables, a-t-il confié.  D’ailleurs, la Conférence de mars n’a-t-elle pas donné l’élan nécessaire pour inverser la tendance? a-t-il demandé en appelant à maintenir cet élan.  Il a salué l’adoption, en mars dernier, du Programme d’action pour l’eau dont le premier bilan de mise en œuvre sera bientôt présenté.  De même, il s’est réjoui de la perspective prochaine de nomination d’un envoyé spécial du Secrétaire général sur l’eau qui devrait travailler en étroite collaboration avec ONU-Eau et d’autres agences des Nations Unies, avec les États Membres et les parties prenantes pour accélérer la mise en œuvre de l’ODD 6. Enfin, il a souhaité que soit adoptée une résolution à l’Assemblée générale pour renforcer le processus intergouvernemental sur l’eau et institutionaliser la tenue régulière de conférences sur l’eau.

M. DANIEL ESHETIE, de la Division statistique du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a ensuite présenté les points saillants du rapport du Secrétaire général (édition spéciale) sur les objectifs de développement durable, notamment en rapport avec l’ODD 6.  On retient qu’entre 2015 et 2022, l’accès mondial à l’eau potable est passé de 69% à 73%, tandis que l’accès aux services d’assainissement est passé de 49% à 57%. Pour la même période, l’accès aux services d’hygiène est passé de 67% à 75%.  Cependant, des milliards de personnes n’ont toujours pas ces services essentiels.  M. Eshetie a souligné que le stress hydrique et la rareté de l’eau demeurent une préoccupation dans de nombreuses régions du monde. 

La région de l’Afrique du Nord et celle de l’Asie occidentale ont connu une augmentation inquiétante de 18% du stress hydrique entre 2015 et 2020.  Globalement, on estime que 2,4 milliards de personnes vivaient dans des pays en situation de stress hydrique en 2020, dont près de 800 millions connaissant des conditions de stress hydrique élevé et critique.  Pour remettre l’ODD 6 sur les rails, le rapport suggère de stimuler les investissements et le renforcement des capacités à l’échelle du secteur, de favoriser l’innovation et l’action fondée sur des données probantes, et d’améliorer coordination et coopération intersectorielles.

Dans les régions africaine, arabe et latino-américaine, il existe une concurrence croissante pour des ressources en eau qui sont de plus en plus rares, a observé pour sa part la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale, Mme ROLA DASHTI, en relevant le risque de conflit que cela pose au sein et entre les communautés et les pays.  La pollution de l’eau par les villes, les industries et l’agriculture sont un thème prioritaire en Europe, en Asie et en Amérique latine, a-t-elle poursuivi, tandis que la surexploitation des eaux souterraines est un problème urgent dans les régions arabes et africaines.  Ce problème menace d’ailleurs la disponibilité des réserves d’eau douce. De même, les phénomènes météorologiques extrêmes et les changements climatiques ont entraîné des pertes et dommages liés à l’eau dans toutes les régions. 

Pour atteindre les ambitions de l’ODD 6 et de la Décennie d’action pour l’eau, les commissions régionales des Nations Unies ont identifié des priorités, a rappelé Mme Dashti.  Il est d’abord question de tenir compte de la gestion intégrée des ressources en eau dans les politiques et plans nationaux de développement. Il faut aussi promouvoir la coopération transfrontalière dans le domaine de l’eau, tout en veillant à améliorer la collecte et le partage des données sur l’eau grâce aux plateformes d’accès libre. Enfin, il est crucial de mobiliser des financements pour des initiatives liées à l’eau. 

La question du financement a été abordée également par Mme KELLY ANN NAYLOR, une contributrice au rapport sur les ODD, qui a jugé crucial de modifier l’architecture financière internationale afin de favoriser les investissements relatifs à l’eau.  Elle a également proposé que davantage de femmes et de jeunes soient impliqués dans les professions liées à l’eau.  Selon elle, il serait de bon ton de créer un bureau de coordination des Nations Unies sur la question de l’eau.  Il faut effectivement agir d’une manière concertée sur les questions d’eau, vu que c’est un bien essentiel de l’humanité, a renchéri le modérateur de la session, M. JOHANNES CULLMANN qui est également Vice-Président d’ONU-Eau.

Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA, Commissaire de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau, et ancienne Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, a averti que si l’on n’agit pas aujourd’hui, la crise de l’eau aura des répercussions négatives à grande échelle, puisque l’eau relie tous les ODD.  Elle a plaidé pour de meilleures données, demandant aussi une gouvernance différente pour faire bouger les vannes.  Il faut réfléchir au coût de l’inaction, a-t-elle lancé, soulignant que l’eau est un facteur clef de la stabilité mondiale.  C’est pourquoi il est important d’investir d’abord sur la coopération hydrique, a plaidé Mme KARIN GARDES, Directrice exécutive par intérim de l’Institut international de l’eau à Stockholm. L’oratrice a appelé à une plus grande volonté politique et à tendre la main aux acteurs d’autres secteurs. Parmi les investissements nécessaires pour relancer l’ODD 6, elle a recommandé notamment de combler les besoins en matière d’infrastructures hydriques.

Les fonds sont disponibles, mais ils sont inégalement répartis, a concédé M. JOEL KOLKER, Chef du programme eau et finance à la Banque mondiale.  Les inégalités et la mise à l’écart des femmes ont été mentionnées par Mme OLGA DJANAEVA, Directrice de l’association Alga pour les femmes rurales, une ONG du Kirghizistan.  L’intervenante qui a parlé au nom du grand groupe des femmes n’a pas manqué de préciser que la mobilisation des ressources doit tenir compte des besoins des femmes et jeunes filles.  Il faut donc fournir des données ventilées par genre afin de mieux évaluer les cibles de l’ODD 6 et rendre les gouvernements plus responsables.  Le représentant du grand groupe des jeunes a, pour sa part, évoqué des innovations dont des jeunes sont à l’origine pour aider à réduire le stress hydrique.

Le Président de l’Assemblée Générale a souhaité que les actions dans le domaine de l’eau s’appuient sur la science.  M. CSABA KŐRÖSI a appelé à mettre sur pied des politiques intégrées sur l’eau, le climat et la gestion des terres au sein des Nations Unies.  Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a recommandé aux pays de partager les informations et d’adopter des approches de gestion des ressources en eau qui tiennent compte de la biodiversité.  Même son de cloche pour le Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique qui a expliqué que le cycle de l’eau dépend de la biodiversité et vice versa.  De ce fait, préserver et protéger la biodiversité contribuerait à une meilleure gestion des ressources en eau, a-t-il observé. 

Le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes a relevé que les catastrophes liées à l’eau sont parmi les plus destructrices.  Il faut donc passer du stade où on réagit face aux catastrophes à celui où on se prépare à les gérer.  Les PMA sont parmi les plus exposés aux catastrophes hydriques et à peine la moitié d’entre eux ont mis en place des stratégies de prévention des catastrophes et des mesures d’alerte précoce, a prévenu le Népal qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA).  Même la Suisse, qui est considérée comme le château d’eau de l’Europe, connaît des soucis avec ses ressources en eau, a témoigné la délégation.

Le Danemark s’est réjoui du fait que le monde a les connaissances nécessaires pour mieux gérer l’eau.  C’est pourquoi le Danemark échange son savoir-faire avec d’autres pays, comme avec l’Afrique du Sud et l’Inde.  À ce propos, l’Éthiopie a appelé à une coopération internationale concertée afin notamment de soutenir la construction d’infrastructures.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dit avoir un programme de coopération technique qui aide plus de 60 pays au monde à gérer leurs ressources en eau.  L’agence renforce donc le savoir-faire technique et les capacités des États.  La Chine a évoqué son implication dans la coopération internationale en faveur de l’eau, comme le témoigne les 28 engagements qu’elle a pris à la Conférence sur l’eau de mars dernier.  La délégation ayant dénoncé le Japon, qui déverse dans la mer des millions de mètres cube d’eau contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima, le Japon s’est défendu en arguant que ce déversement s’est fait en collaboration avec des parties prenantes internationales.  Il a d’ailleurs fait valoir avoir promis 500 millions de yens sur cinq ans pour la coopération hydrique internationale. 

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a appelé à renforcer la résilience dans les communautés, tandis que le grand groupe des territorialités locales a mis en avant les gouvernements locaux, qui doivent prendre des actions dans ce domaine, ce qui nécessite de faire avancer le processus de décentralisation.  Le Brésil a évoqué la coopération avec ses voisins pour la gestion des eaux transfrontalières comme celles du fleuve amazone.  Le pays veut amender sa Constitution afin de faire de l’accès à l’eau un droit fondamental. La Colombie a également prêché pour le respect du droit des populations vulnérables dans la gestion de l’eau, notamment les peuples autochtones. 

L’Ukraine a accusé la Russie d’avoir fait exploser le barrage hydroélectrique de Kakhovka, ce qui a conduit à des conséquences jamais vues avant en Europe.  La délégation a également évoqué l’impact de la guerre sur la qualité de l’eau dans le pays. La Fédération de Russie a estimé que c’est plutôt l’Ukraine qui est responsable de la destruction du barrage. La délégation a en outre appelé à éviter les doublons au sein des Nations Unies, faisant remarquer que d’autres entités onusiennes travaillent déjà sur les questions hydriques.  L’Allemagne, qui consacre 360 millions d’euros pour la coopération hydrique, a dit attendre impatiemment la nomination de l’envoyé spécial sur l’eau avant le Sommet sur les ODD de septembre prochain.  Le Viet Nam a appelé à la création d’un comité scientifique onusien pour la gestion des cours d’eau transfrontaliers.

ONU-Habitat est ensuite venu rappeler qu’un logement décent s’accompagne de services essentiels d’eau et d’assainissement.  Il a appelé à une économie circulaire pour mieux gérer les ressources en eau.  Cette gestion harmonieuse est déjà visible en Algérie dont le délégué s’est enorgueilli de ses 80 barrages qui ont une grande capacité de stockage.  Des infrastructures qui ont réduit le stress hydrique dans le pays, qui entend d’ailleurs partager son expérience.

Transformer en partant de la base: agir au niveau local

Le deuxième débat du jour s’est penché sur les actions à mener à l’échelon local comme conditions préalables à la réalisation des ODD. Présidé par M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI (Zimbabwe), Vice-Président de l’ECOSOC, il avait entre autres pour objectif d’évoquer les « examens locaux volontaires ». Depuis 2018, ces examens locaux, créés sur le modèle des examens nationaux volontaires, sont apparus comme un outil innovant pour les villes et leur nombre a d’ailleurs explosé, passant de quelques villes pionnières à plus de 130 examens.

La panéliste Mme ROSARIO DIAZ CARAVITO (Pérou), représentante de la jeunesse, a estimé que malgré ces succès, on ne parlait pas encore assez du Programme 2030 au quotidien, sur le terrain, alors qu’énormément de travail est abattu pour réaliser le Programme 2030 à l’échelon local.  Elle a souligné le rôle clef des communautés locales et régionales, prenant à bras le corps des politiques sur le moyen et long terme, au-delà du jeu de l’alternance politique au sommet des gouvernements.  Elle a appelé les États Membres à faire en sorte que les « examens locaux volontaires » représentent une partie significative des attentions et des ressources.

Est-il plus facile de travailler avec les « millenials » ou avec la « génération Z » pour réaliser les ODD? a rebondi la modératrice et journaliste suédoise Mme LYDIA CAPOLICCHIO, en direction de Mme Rosario.  Cette dernière lui a répondu que les deux générations se complétaient parfaitement pour réaliser le Programme 2030 au Pérou. 

M. BHAKTA BISHWAKARMA (Népal), Secrétaire général et membre fondateur de l’Asia Dalit Rights Forum, a expliqué que son organisation travaille au service de plus de 270 millions de membres de la « caste » des Dalits, une communauté faisant l’objet de discriminations multiples qui entravent la réalisation des ODD.  Une approche fondée sur les droits humains est essentielle pour aider les Dalits, aussi nommés « intouchables », parfois réduits en esclavage et privés de leurs droits fondamentaux, a développé M. Bishwakarma plaidant pour que cette communauté soit prise en compte en priorité dans les États où ses membres vivent.  Les Dalits ont bénéficié d’avancées législatives ces dernières années en Inde, a-t-il signalé, et ils sont désormais représentés à l’Assemblée nationale. « Quel est le plus grand obstacle pour mener à bien un plan d’action en faveur des Dalits? » s’est enquise la modératrice.  Selon lui, le plus urgent est d’élaborer un calendrier.

Reprenant la parole, le Président de la séance a vanté les mérites d’une « approche ascendante » tout en relevant une ambiguïté sémantique dans cette locution.  Parle-t-on de l’échelle d’une ville, d’une région, d’une province ou d’un continent?  M. Chimbindi a invité les délégations à prendre en compte ces remarques dans la discussion interactive à suivre. 

La réponse est d’abord venue de la représentante de la Suède.  Dirigeante d’une petite localité, elle a évoqué un projet de sa ville intégrant la mise en œuvre des ODD à l’échelon municipal.  « Une bonne gouvernance est une condition sine qua non à la bonne réalisation de cet engagement », a-t-elle constaté sur le terrain.  Différents objectifs ont été cartographiés; un système d’évaluation est en cours d’élaboration pour évaluer les avancées.  Les objectifs « directs », les plus directement liés à la vie quotidienne des habitants et les plus réalisables, ont été ciblés en priorité, avant de s’attaquer aux objectifs « indirects », selon une méthode concentrique.

Au Guatemala également, l’accent est mis sur le travail à l’échelon municipal pour faire progresser l’inclusivité, la qualité de l’éducation et le développement des énergies renouvelables, ainsi que la réduction du taux de mortalité.  Un « conseil de l’eau et de l’assainissement » a été créé, corollaire à la création de stations d’épuration dans le pays, a expliqué la délégation.  La Pologne a remarqué que parvenir aux ODD nécessitait des « partenariats robustes » entre gouvernements, universités et secteur privé, tandis que la Norvège a témoigné qu’en 2024, les pays nordiques procéderont à un « examen nordique conjoint »: preuve, pour la Norvège, de l’attachement des pays nordiques aux synergies, ainsi qu’aux capacités locales de résolution des problèmes à tous les niveaux.

Pour le représentant africain du grand groupe représentant les autorités locales, les examens nationaux volontaires sont « suffisamment préoccupants » pour réaliser à quel point il est important de redonner des capacités d’initiative aux gouvernements locaux, alors même que celles-ci s’amenuisent, du fait, notamment, de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les finances.  Redonner du pouvoir au niveau local est pourtant, selon lui, « la seule manière d’aller de l’avant ». 

La Zambie a mis en avant les réseaux sociaux pour redonner du vent dans les voiles de ses autorités locales, notamment pour les « activités sylvestres » et les « pratiques agricoles durables ». L’Indonésie a elle aussi mis en avant les efforts déployés pour doper les capacités au niveau local, grâce au développement du numérique et à la promotion de l’inclusion.  Une assistance financière a été octroyée aux ménages modestes pour faire face à la pandémie.  « Les villages sont devenus l’épine dorsale du redressement économique de l’Indonésie », a-t-elle par ailleurs souligné.  Rattachant l’effort national aux examens locaux volontaires mis en exergue dans ce forum, le Gouvernement indonésien a enfin annoncé qu’il préparait actuellement les examens locaux volontaires de 6 villes et de 4 provinces.

Les États-Unis se sont joints aux déclarations d’attachement à l’échelon local, via les partenariats tissés entre l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et les gouvernements locaux, en utilisant les idiomes locaux de préférence plutôt que l’anglais. Les États-Unis veulent être un partenaire « patient et humble », ont-t-ils avancé.  La représentante d’ONU-Habitat s’est dite heureuse que l’échelon local détienne désormais une place de choix dans ce forum; elle a souligné le caractère crucial de la bonne gouvernance, de la collecte de données au niveau local, ainsi que la nécessité de financements davantage canalisés vers l’échelon local, « sans quoi les efforts de localisation des ODD ne seront pas couronnées de succès ».

La France a donné l’exemple de la ville de Strasbourg qui utilise les ODD depuis 2018 pour évaluer les politiques publiques, mobiliser et partager les connaissances entre citoyens et pouvoirs publics.  L’alimentation, plus précisément la diminution de l’impact carbone de la consommation alimentaire strasbourgeoise, est le principal levier du programme.  Lutte contre le gaspillage, aide aux agriculteurs: la démarche a permis d’éveiller les consciences citoyennes tout en renforçant l’identité agricole alsacienne, a étayé la France.

Réagissant à cet éventail d’expériences relatées par les délégations, la modératrice a demandé aux panélistes comment enrayer le déficit de popularité des ODD parmi les citoyens dans le monde, et comment faire en sorte que davantage d’entre eux soient familiers avec les concepts d’ODD et de Programme 2030.  « Comment démystifier les ODD? » 

M. TURAN HANÇERLI, maire de la ville d’Avcilar (Türkiye), localité d’un demi-million d’habitants sur la rive européenne du Bosphore, a proposé de « renforcer la croissance et le développement depuis la base, et à la base »: cette modification permettrait, selon lui, de davantage cibler l’échelon local et les citoyens qui s’y trouvent. 

Selon M. ROBERT PAPA, Chef de cabinet du Gouvernement de Busia County (Kenya), il faut trouver des solutions aux problèmes concrets, quotidiens des gens; il faut trouver un lien entre les ODD et la vie quotidienne des gens.  C’est à ce moment-là qu’ils y porteront un intérêt.  Le secteur privé peut participer à la mise en œuvre de solutions. Le plus important reste selon lui de « cibler les laissés-pour-compte » - jeunes, handicapés, analphabètes, entre autres. 

Mme GARAVITO, représentante de la jeunesse, a abondé estimant que le Programme 2030 devait « tomber entre les mains du peuple » et que chaque acteur devait s’approprier le Programme 2030 à l’échelon local.  Elle a appelé à ce qu’on intègre sa génération au processus sur le terrain. 

Petits États insulaires en développement, du relèvement à la résilience face à la multiplicité des chocs

Cette session a été marquée par la franchise du Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda qui a répété ce que les petits États insulaires en développement (PEID) réclament depuis de longues années: un allègement du fardeau de la dette et l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

M. GASTON BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a en effet dit qu’il n’a rien de nouveau à dire puisque tout a été dit l’an dernier et l’année d’avant.  « Nous répétons les mêmes choses depuis trente ans », a-t-il déclaré lors de son intervention qu’il a voulu « franche et directe ».  Il a demandé un allègement de la dette des pays vulnérables qui disposent d’une marge budgétaire très restreinte.  Il faut effacer ou restructurer les dettes des PEID, a insisté M. Browne.  Il a souligné l’utilité de cet indice de vulnérabilité multidimensionnelle en cours d’élaboration.  « Cet indice sera d’un grand secours pour réaliser les ODD. » 

Les PEID sont les plus sujets aux chocs multiples, dont les catastrophes, a fait remarquer Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale pour la réduction des risques de catastrophe.  Elle a appelé à investir dans la résilience de ces pays afin de transformer les crises en opportunités, en soulignant la pertinence, à ce titre, du Cadre de Sendai.  Les PEID doivent pouvoir disposer de tous les outils de financement disponibles, a-t-elle dit.  « Le renforcement de leur résilience doit être une priorité. »  Elle a aussi plaidé pour que les risques de catastrophe soient inclus dans cet indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

Un autre militant de la résilience aux catastrophes, M. AMIT PROTHU, Coalition for Disaster Resilient Infrastructure, a souligné la nécessité de doter les PEID en infrastructures résilientes et durables, avant de détailler l’appui apporté par son organisation à cette fin. 

Car la vulnérabilité des PEID est réelle, a tenu à rappeler Mme RUTH KATTUMURI, Secrétariat du Commonwealth, en insistant sur la vulnérabilité de leur population réduite, Nauru ne comptant par exemple que 10 000 habitants.  Elle a plaidé pour une réforme des circuits de financement internationaux afin que les caractéristiques de ces pays soient pleinement prises en compte.  Il est crucial que ces pays disposent d’un accès équitable aux financements, a-t-elle tranché, en jugeant positive l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  « Pour l’heure, les financements sont insuffisants. »  Elle a enfin souligné l’acuité du défi de la dette pour ces pays.

Mobiliser les financements nécessaires afin de renforcer la résilience des PEID face aux changements climatiques a été également le leitmotiv de Mme RENEE ATWELL, Programme jeunes ambassadeurs de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui a appelé à créer des mécanismes de financement spécifiques pour ces pays.  Il faut faire le pari du capital humain et de la jeunesse, a-t-elle de plus exhorté. 

La résilience attendue passe par le renforcement des systèmes d’alerte précoce des PEID face aux changements climatiques, comme l’a exprimé Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).  Comme de précédents orateurs, elle a demandé pour cela un allègement du fardeau de la dette, avant de détailler l’appui fourni par sa Commission en vue de la prochaine conférence sur les PEID.

Mme KRSHTEE SUKHBILAS, grand groupe des enfants et des jeunes, a exhorté les PEID à investir sur leurs jeunes, avant de plaider pour un meilleur accès aux financements.  Nos pays ne sont pas seulement des destinations pour une lune de miel, a-t-elle dit.

Lors du dialogue interactif qui a suivi, l’Indonésie a appelé à la fourniture d’un appui coordonné aux PEID, notamment en vue de la mobilisation des ressources financières internationales, avant de souligner l’importance du Sommet des ODD de septembre.  « Les PEID sont durement mis à l’épreuve », a déclaré Samoa, en soulignant la pertinence de cet indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  « Il est crucial d’alléger le fardeau de la dette. »  Il a indiqué que la fenêtre d’opportunité est en train de se refermer pour les PEID qui risquent de se voir condamnés à un « avenir non viable ». 

« Nous devons agir de toute urgence et nos paroles doivent enfin se traduire en actes », a exhorté Nauru, qui a demandé un meilleur accès à l’aide publique au développement.  De son côté, le délégué de Belize a noté le recul des PEID en ce qui concerne la réalisation des ODD.  « Ces pays ont très peu de marge de manœuvre », a-t-il dit, en appelant au renforcement de leur résilience.  Il a également souligné l’importance que revêt l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour déterminer l’accès aux financements.  Une position pleinement partagée par l’Espagne, le Portugal, la Nouvelle-Zélande ou encore le Timor-Leste.  « Il faut aller au-delà du PIB », a déclaré le délégué espagnol.

Le délégué du Royaume-Uni a mentionné l’appui de son pays aux PEID, notamment par le biais d’un programme de développement des infrastructures doté de 50 millions de livres sterling.  Mon pays a proposé un mécanisme novateur permettant de différer les remboursements au titre du service de la dette en cas de choc climatique, a-t-il ajouté.  Son homologue des États-Unis a souligné la robustesse des partenariats noués par son pays avec les PEID, tandis que la France a appelé à un engagement revigoré de la communauté internationale en faveur de ces derniers. Il convient d’assurer une meilleure prise en charge assurantielle des risques de catastrophe climatique pesant sur ces pays, a déclaré le délégué français. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité constate une nouvelle fois l’absence de progrès sur la question de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

9372e séance - matin
CS/15350

Le Conseil de sécurité constate une nouvelle fois l’absence de progrès sur la question de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

Après avoir échoué, en matinée, à proroger le mécanisme d’aide humanitaire transfrontière en Syrie, les membres du Conseil de sécurité n’ont pu que constater une nouvelle fois l’absence de progrès réalisés sur la question de l’utilisation présumée d’armes chimiques dans ce pays, ainsi que leurs désaccords sur cette question.  Le bien-fondé de séances mensuelles consacrées à la question a une nouvelle fois été soulevé. 

Le Haut-Représentant adjoint et Directeur du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU, M. Adedeji Ebo, a déploré que les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour organiser la vingt-cinquième série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne soient restés vains.  Afin de résoudre les questions en suspens, le Secrétariat technique a fourni aux autorités syriennes la liste des déclarations en attente demandées par l’Équipe d’évaluation depuis 2019, a indiqué M. Ebo. 

Or, bien que la Syrie ait accepté de traiter par correspondance les questions liées à la déclaration, le Secrétariat technique n’a toujours pas reçu les documents demandés, y compris la déclaration des activités du Centre d’études et de recherche scientifique et celle concernant les quantités d’agents neurotoxiques produites dans une installation de fabrication d’armes chimiques, déclarée par les autorités syriennes comme n’ayant jamais été utilisée à cette fin.  Compte tenu des lacunes, incohérences et divergences qui subsistent, le Secrétariat technique de l’OIAC a estimé que la déclaration soumise par la Syrie ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète au titre de la Convention sur les armes chimiques, a annoncé le haut fonctionnaire. 

Ces accusations ont été balayées par le représentant de la République arabe syrienne, qui a soutenu au contraire que les autorités syriennes continuent de faire preuve de coopération conformément à la Convention et à sa décision stratégique, prise en 2013, de détruire ses stocks d’armes chimiques.  Pour preuve de sa bonne volonté, il a souligné que l’autorité nationale syrienne avait présenté ses rapports mensuels pour les mois de mai et juin 2023, et facilité deux visites d’une équipe réduite de l’Équipe d’évaluation des déclarations à Damas.  Dans ce contexte, il a appelé à se concentrer sur le prochain cycle de consultations et sur la résolution des questions en suspens. 

Le Directeur du Bureau des affaires de désarmement a, pour sa part, précisé que le Secrétariat technique avait entrepris la planification de la prochaine série d’inspections des installations du Centre d’études et de recherche scientifique de Barzé et de Jamrayah, manquant encore d’informations pour clore les questions liées à la détection, en 2018, d’un produit chimique du tableau 2.  En outre, le Secrétariat technique attend toujours la communication d’informations concernant le transfert non autorisé des deux cylindres liés à l’incident à l’arme chimique qui s’est produit à Douma le 7 avril 2018. 

Rejetant de « fausses accusations et des mensonges désespérés » proférés par certains États, le représentant syrien a rappelé que l’autorité nationale syrienne a accepté de reconduire, jusqu’au 31 décembre 2023, l’accord tripartite entre la Syrie, le Secrétariat technique de l’OIAC et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS). 

La Fédération de Russie a vu dans cette réunion un gaspillage du temps du Conseil, alors qu’il n’y a pas de nouveaux éléments à examiner, « comme c’était déjà le cas lors de la dernière réunion ».   Pour la Fédération de Russie, Damas continue de discuter avec l’OIAC mais les pays occidentaux persistent à ignorer l’action de la Syrie dans le but de dénigrer Damas, portant ainsi un rude coup à la crédibilité du Conseil.   La Fédération de Russie a souhaité un débat trimestriel sur cette question, y compris la mise en œuvre de la résolution 2118 (2013).   La Chine a elle aussi souhaité une réduction de la fréquence des séances du Conseil sur ce sujet et le Brésil a regretté le peu d’informations nouvelles méritant l’attention du Conseil.    

« Chacun le sait, nous sommes ici réunis car le régime syrien a utilisé des armes de destruction massive contre sa propre population », a en revanche déclaré la France, appuyée par le Royaume-Uni, en pointant un rapport de l’OIAC, publié en janvier, qui démontre que l’armée de l’air syrienne a délibérément largué deux barils de chlore sur des bâtiments résidentiels, provoquant la mort de 43 personnes. 

Par ailleurs, un rapport de la mission d’établissement des faits concernant l’utilisation présumée de produits chimiques toxiques à Kharbit Massasneh, les 7 juillet et 4 août 2017, n’a pas été en mesure de déterminer que des produits chimiques toxiques y ont été utilisés comme arme, a noté M. Ebo. Prenant note des conclusions de ce rapport, la Türkiye a regretté la persistance des obstacles à la tenue de la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne. 

La Syrie a regretté, à ce sujet, que les méthodes de travail « erronées » de la mission l’aient « une fois de plus » conduit à des conclusions reflétant une politique de deux poids, deux mesures à l’encontre de son pays.  Son représentant a jugé regrettable que la coopération entre le Secrétariat technique de l’OIAC et l’autorité nationale syrienne continue de se heurter « à l’ingratitude et au déni », en exagérant certains aspects procéduraux tout en se focalisant, dans ses rapports, sur les éléments négatifs.  La Fédération de Russie a accusé à son tour l’OIAC d’être un « instrument de pression des États-Unis » et de fonder ses rapports sur des conclusions politiques, en ignorant les éléments présentés par la Syrie. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2023/484)

Déclarations

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a déploré que les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour organiser la vingt-cinquième série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne continuent d’être vains.  Le Secrétariat technique a fourni à la Syrie la liste des déclarations en attente demandées par l’Équipe d’évaluation depuis 2019, qui pourraient aider à résoudre les 20 questions en suspens.  Bien que la Syrie ait accepté de traiter par correspondance les questions liées à la déclaration, le Secrétariat technique n’a toujours pas reçu les documents demandés, a-t-il noté, y compris la déclaration des activités du Centre d’études et de recherche scientifique et la déclaration des quantités d’agents neurotoxiques produites dans une installation de fabrication d’armes chimiques, qui a été déclarée comme n’ayant jamais été utilisée à cette fin.  Dans ce contexte, le Secrétariat technique a déployé une équipe réduite pour mener des activités limitées dans le pays, d’abord du 17 au 22 janvier 2023, puis du 12 au 19 avril 2023, a expliqué M. Ebo. 

Bien que le Secrétariat technique reste pleinement déterminé à s’acquitter de son mandat, la pleine coopération des autorités syriennes est essentielle, a poursuivi le Haut-Représentant adjoint.  Compte tenu des lacunes et des incohérences non résolues qui subsistent, le Secrétariat technique estime à l’heure actuelle que la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète au titre de la Convention sur les armes chimiques, a-t-il ajouté. 

Le Secrétariat technique planifie actuellement la prochaine série d’inspections des installations du Centre d’études et de recherche scientifique de Barzé et de Jamrayah prévues cette année, a précisé M. Ebo.  Toutefois, a-t-il ajouté, les autorités syriennes n’ont toujours pas fourni suffisamment d’informations techniques permettant au Secrétariat technique de clore les questions liées à la détection, en 2018, d’un produit chimique du tableau 2.  Qui plus est, le Secrétariat technique attend toujours la communication d’informations relatives au transfert non autorisé des deux cylindres liés à l’incident à l’arme chimique qui s’est produit à Douma le 7 avril 2018, et qui auraient été détruits lors d’une attaque contre une installation de production d’armes chimiques. 

S’agissant de l’invitation à une réunion en personne adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, le Directeur a noté que le Secrétariat technique est prêt à convenir d’un ordre du jour. 

Enfin, un rapport de la mission d’établissement des faits concernant l’utilisation présumée de produits chimiques toxiques à Kharbit Massasneh, les 7 juillet et 4 août 2017, a conclu que les informations analysées n’avaient pas permis de déterminer que des produits chimiques toxiques y ont été utilisés comme arme, a poursuivi M. Ebo.  Considérant que l’utilisation d’armes chimiques constitue, en toutes circonstances, une grave violation du droit international, le Directeur a appeléà identifier et tenir pour responsables les auteurs de telles attaques, dans l’intérêt des victimes et afin de dissuader toute guerre chimique à l’avenir. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a dénoncé les attaques à l’arme chimique perpétrées par le régime syrien en dépit de son adhésion à la Convention ainsi que la dissimulation des détails sur son programme d’armes chimiques.  Il a condamné l’emploi répété de ces armes « effroyables », comme cela a été confirmé par l’OIAC dans son dernier rapport, appelant au respect du principe de responsabilité.  Il a indiqué que les États-Unis travaillent avec des partenaires pour empêcher tout risque de voir le travail et les efforts de l’OIAC en Syrie entravés, évoquant notamment la cinquième session extraordinaire de la Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques. « Le régime d’Assad est du mauvais côté de l’histoire », a-t-il déclaré, en exigeant que la Syrie détruise tous ses stocks d’armes chimiques, s’acquitte de ses obligations de réparation aux victimes et poursuive les responsables en justice. 

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a regretté le gaspillage du temps du Conseil de sécurité pour discuter du dossier des armes chimiques en Syrie alors qu’il n’y a pas de nouveaux éléments à examiner, « comme c’était déjà le cas lors de la dernière réunion ».  Damas continue de discuter avec l’OIAC, a affirmé le représentant qui a souhaité un débat trimestriel sur cette question y compris la mise en œuvre de la résolution 2118 (2013).  Le représentant a accusé les pays occidentaux d’ignorer l’action de la Syrie dans le but de dénigrer Damas.  Ce faisant, ils portent un rude coup à la crédibilité du Conseil. 

S’agissant des rapports de la mission d’établissement des faits de l’OIAC en Syrie, le représentant a constaté que des données en accès libre ont été utilisées dans leur élaboration.  Il a également affirmé que l’OIAC a créé de toutes pièces son rapport sur les événements de Douma en 2018.  Cet organe fonde ses rapports sur des conclusions politiques, ignore les éléments présentés par le Syrie et tente de justifier les accusations des occidentaux, a fustigé le représentant pour qui l’OIAC est un instrument de pression des États-Unis.  Il a regretté l’absence du Directeur général de l’OIAC, M. Fernando Arias, à cette réunion, avertissant ensuite que la politique inconsidérée des pays occidentaux à l’encontre de Damas nuira à la sécurité internationale. 

S’exprimant au nom des A3 (Ghana, Gabon, Mozambique), M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a soutenu le travail de l’OIAC et salué les activités limitées menées dans le pays par un petit groupe d’experts de l’UE, disant attendre avec impatience les résultats de cette mission.  Il a également salué les mesures récentes prises par le Gouvernement syrien conformément à ses obligations en vertu de la résolution 2118 (2013).  La réponse du Gouvernement, en avril de cette année, aux résultats de l’analyse des échantillons prélevés par l’Équipe d’évaluation des déclarations, en avril 2019, est un pas dans la bonne direction, a-t-il estimé. 

Se félicitant de l’accord conclu entre le Gouvernement syrien et le Secrétariat pour tenir une réunion à Beyrouth pour discuter de toutes les questions pertinentes concernant le programme d’armes chimiques du pays, le délégué a espéré que cette réunion servirait de prélude à un échange direct de haut niveau entre le Ministre des affaires étrangères, des Syriens expatriés et le Directeur général de l’OIAC.  Il s’est dit convaincu qu’une rencontre entre les deux dignitaires serait utile pour instaurer la confiance et faire accroître la coopération, s’inquiétant touetois de « l’absence de progrès substantiels » à ce jour.  Réaffirmant l’opposition formelle des A3 à l’utilisation d’armes chimiques, quelles qu’en soient les circonstances, il a ajouté que l’élimination du programme d’armes chimiques de la Syrie constituait un pas important vers la paix et la sécurité internationales. 

M. HAMAMOTO YUKIYA (Japon) a regretté l’absence de consensus sur un document final lors de la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques.  Néanmoins, 57 États ont réaffirmé à cette occasion leur ferme condamnation de l’emploi et de la menace d’emploi d’armes chimiques en toute circonstance, y compris par la République arabe syrienne.  Il a exprimé sa profonde préoccupation concernant les lacunes et les incohérences persistantes dans les déclarations initiales et ultérieures de la Syrie, démontrées une fois de plus dans le dernier rapport mensuel du Directeur général de l’OIAC.  Le délégué s’est toutefois félicité des efforts déployés par l’OIAC pour régler les questions en suspens, y compris la deuxième série d’activités limitées menées par l’Équipe d’enquête et d’identification en Syrie, tout en notant qu’une équipe réduite ne saurait être considérée comme suffisante.  Le représentant a également déploré l’absence de progrès dans l’organisation d’une réunion entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères, ainsi que de la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a noté que le dernier rapport de l’OIAC expose une fois de plus l’absence de progrès significatifs en la matière, malgré les efforts déployés par les équipes techniques, en raison des limitations imposées par les autorités syriennes.  Fort de ce constat, il a demandé à la Syrie de se conformer pleinement aux exigences de l’OIAC, de soumettre rapidement les informations requises pour clarifier toutes les lacunes identifiées dans ses déclarations nationales et de permettre au personnel des équipes techniques de l’OIAC d’accéder sans restriction à tous les sites et lieux faisant l’objet d’une enquête.  Réitérant le contenu de la déclaration conjointe sur l’utilisation d’armes chimiques en République arabe syrienne, faite par l’Équateur au nom de 57 pays, dont 8 membres du Conseil de sécurité (Albanie, Équateur, États-Unis, France, Japon, Malte, Royaume-Uni et Suisse), dans le cadre de la cinquième session extraordinaire de la Conférence des États parties chargée d’examiner le fonctionnement de la Convention sur les armes chimiques, qui s’est tenue du 15 au 19 mai 2023 à La Haye (Pays-Bas), le représentant a renouvelé le soutien de l’Équateur aux travaux de l’OIAC.  Il a conclu en réaffirmant qu’aucune utilisation d’armes chimiques par quelque acteur que ce soit, où que ce soit, à quelque moment que ce soit et dans quelque circonstance que ce soit, ne peut ni ne doit rester impunie. 

M. MARK CISCALDI (Malte) a relevé que des enquêtes indépendantes menées par l’ONU et l’OIAC avaient démontré que la Syrie avait utilisé neuf fois des armes de destruction massive contre sa population.  De plus, a-t-il constaté, après l’adoption de la résolution 2118 il y a dix ans, la Syrie n’a toujours pas divulgué toutes les informations nécessaires concernant ses stocks. Le représentant s’est dit préoccupé par l’absence de progrès sur cette question et a demandé que la Syrie accorde l’accès nécessaire au personnel de l’OIAC pour déploiement dans le pays.  Selon lui, le récent déploiement limité d’équipes de l’OIAC le mois dernier n’est pas suffisant.  Le délégué a appelé Damas à cesser d’entraver les efforts du Secrétariat et à respecter ses obligations internationales.  Il a aussi dénoncé les dénigrements visant à saper la crédibilité de l’OIAC ou à jeter le doute sur ses conclusions. 

Le délégué a rappelé qu’en 2013, le Conseil était parvenu à une décision unanime selon laquelle les responsables de l’utilisation d’armes chimiques devraient être tenus pour responsables.  « L’utilisation d’armes chimiques ne peut et ne doit pas rester impunie. »  Il a appelé la Syrie à coopérer avec l’OIAC en fournissant des assurances concernant son programme d’armes chimiques.  Le Conseil de sécurité devrait concentrer ses efforts et ses ressources sur la réalisation de progrès significatifs dans la mise en œuvre de la résolution 2118, a-t-il estimé.  L’emploi d’armes chimiques est intolérable et ceux qui ne s’acquittent pas de leurs obligations seront tenus pour responsables de leurs actes, a réitéré le représentant.

M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a condamné avec la plus grande fermeté l’utilisation répétée d’armes chimiques par le régime syrien, soutenant tous les efforts visant à poursuivre en justice les responsables qui refusent toujours de coopérer avec l’OIAC.  Il a aussi dénoncé le refus persistant du « régime d’Assad » de se conformer à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CAC) et à la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité.  Condamnant également le refus du « régime d’Assad » de répondre aux 20 questions en suspens et d’octroyer un visa à l’expert technique principal de l’Équipe d’évaluation des déclarations, le représentant a estimé que ce comportement aberrant doit susciter le mépris du monde et, surtout, une action ferme du Conseil de sécurité. 

Il a dit attendre avec impatience les résultats de l’analyse des échantillons et ceux des inspections dans les installations de Barzé et de Jamrayah.  Elle a salué le travail de la mission d’établissement des faits de l’OIAC et de l’Équipe d’enquête et d’identification.  Il a réitéré son appel à une action internationale robuste pour s’assurer que le « régime syrien » déclare et détruise entièrement ses stocks et son programme d’armes chimiques de manière transparente et vérifiable.  Se félicitant de la tenue, en mai dernier, de la cinquième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, il a toutefois regretté l’absence de consensus autour d’une déclaration commune, en raison de l’obstruction de la Syrie et de la Russie.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a affirmé d’entrée: « Chacun le sait, nous sommes ici réunis car le régime syrien a utilisé des armes de destruction massive contre sa propre population. »  En janvier de cette année, l’OIAC a publié un rapport qui démontre que l’armée de l’air syrienne a délibérément largué deux barils de chlore sur des bâtiments résidentiels, provoquant la mort de 43 personnes, a-t-il rappelé, ajoutant que la France condamne dans les termes les plus fermes l’utilisation répétée de ces armes « horribles ». 

Près d’une décennie après l’adoption de la résolution 2118 (2013), le « régime » n’a toujours pas fait la lumière sur ses stocks d’armes chimiques, qui n’ont pas tous été détruits, a poursuivi le représentant.  Pour la France, il est impératif que les autorités syriennes autorisent le personnel de l’OIAC à exercer son mandat et cessent d’entraver les travaux du Secrétariat technique, conformément à ses obligations internationales.  Le représentant a salué à cet égard le travail de l’OIAC et la publication du dernier rapport de la mission d’établissement des faits sur les deux incidents survenus en 2017 à Kharbit Massasneh.  Aucune campagne de désinformation ne saura cacher la culpabilité du « régime », a-t-il insisté, avant de juger essentiel d’exposer la vérité, afin d’assurer l’impunité des auteurs de ces attaques.

M. SUN ZHIQIANG (Chine) a salué la tenue, à Beyrouth, de la réunion de haut niveau entre le Gouvernement syrien et l’OIAC, et a souhaité que la réunion prévue entre le Ministre des affaires étrangères syrien, l’autorité nationale syrienne et le Directeur général de l’OIAC puisse se tenir dans les meilleurs délais.  Conscient des divergences d’interprétation entre les deux parties, il les a appelées à se pencher sur des faits scientifiques et encouragé à poursuivre leurs discussions afin de régler les questions en souffrance le plus rapidement possible.  Le représentant a également appelé l’OIAC à donner suite de manière transparente aux préoccupations légitimes de la Syrie s’agissant de l’emploi d’armes chimiques par des groupes terroristes.  En dernier lieu, le délégué a appelé le Conseil de sécurité à réduire la fréquence de ses réunions sur le dossier des armes chimiques de la Syrie dans un souci d’efficacité. 

M. ROBERTO WAZIMA SZATMARI (Brésil) a regretté le peu d’informations nouvelles méritant l’attention du Conseil.  Saluant le fait que l’OIAC et l’autorité nationale syrienne aient convenu de tenir une réunion pour discuter du dossier chimique syrien, le représentant a espéré que ces contacts conduiront à une coopération accrue entre l’Organisation et la Syrie pour traiter les questions en suspens liées à sa déclaration initiale et aux violations de la Convention dans le contexte du conflit syrien. 

Le représentant a dit être préoccupé par le dernier rapport diffusé par le Berlin Group 21 à La Haye sur le processus qui a conduit à la publication du rapport final de la mission d’établissement des faits sur l’utilisation présumée d’armes chimiques à Douma, en avril 2018.  Le document soulève une foule de questions extrêmement préoccupantes que l’OIAC ne devrait pas ignorer, a-t-il estimé, souhaitant que celles-ci soient abordées de manière transparente d’ici à la prochaine session du Conseil exécutif de l’OIAC.  Il a également recommandé à l’OIAC de renforcer ses pratiques internes afin d’écarter tout soupçon de manque de rigueur technique et de garantir l’absence d’ingérence politique dans ses activités de vérification. 

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a regretté que les États membres de l’OIAC n’aient pas réussi à trouver un consensus sur le document final lors de la cinquième Conférence d’examen de la Convention à La Haye, en mai dernier, tout en relevant que « l’immense majorité » des délégations considère que le dossier des armes chimiques en Syrie reste un défi central pour la pleine mise en œuvre de la Convention.  Elle a toutefois salué la tenue d’une réunion entre l’OIAC et la Syrie les 22 et 23 juin à Beyrouth, avant de relever les échanges en cours entre l’OIAC et la Syrie en vue d’une possible reprise des consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité́ nationale syrienne et espère que ces efforts aboutiront très prochainement.  La représentante a ensuite appelé la Syrie à fournir un accès immédiat et sans entrave au personnel de l’OIAC, et à donner des réponses quant aux 20 points restés en suspens identifiés par le Secrétariat technique de l’OIAC. 

M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a réitéré son rejet de toute utilisation d’armes chimiques, y voyant une violation flagrante des dispositions de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et du droit international.  Il a encouragé un dialogue effectif entre l’OIAC et les autorités syriennes pour assurer des progrès tangibles, en gardant à l’esprit la nature technique de la question, en évitant toute politisation et en privilégiant le consensus.  La menace du terrorisme chimique reste un défi important qui exige toute l’attention de la communauté internationale, a estimé le représentant, en rappelant que Daech continue de mener des attaques terroristes sans hésitation pour restaurer son contrôle en Syrie, ce qui représente une menace à la fois pour ce pays et pour la région tout entière. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a relevé que dix ans après l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques (CIAC), l’adoption de la résolution 2118 (2013) et 117 rapports mensuels de l’OIAC, il est toujours impossible de vérifier la destruction complète du programme d’armes chimiques de la Syrie.  Selon la représentante, les autorités syriennes portent l’entière responsabilité de cette lacune.  Malgré des preuves « claires » du contraire, la Syrie a toujours nié avoir conservé des stocks d’armes chimiques, a noté la représentante, bien que l’emplacement de centaines de tonnes d’agents de guerre chimique reste incertain.  Nous devrons donc continuer de faire pression sur la Syrie pour qu’elle respecte ses obligations, jusqu’à ce que le Secrétariat technique de l’OIAC confirme qu’elle a réalisé des progrès significatifs pour résoudre les 20 questions en suspens concernant sa déclaration. 

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a réitéré son rejet des « fausses accusations et des mensonges désespérés » proférés par certains États contre son pays concernant l’utilisation d’armes chimiques.  Malgré les nombreuses observations faites par la Syrie sur le fonctionnement du Secrétariat technique de l’OIAC, les autorités syriennes continuent selon lui de faire preuve de coopération, conformément à la Convention et à sa décision stratégique de détruire ses stocks.  Ainsi, l’autorité nationale syrienne a soumis ses rapports mensuels pour les mois de mai et juin 2023 et facilité deux visites d’une équipe réduite de l’Équipe d’évaluation des déclarations à Damas. Dans ce contexte, le représentant a souligné la nécessité de se concentrer sur le vingt-cinquième cycle de consultations avec l’Équipe d’évaluation des déclarations et sur la résolution des questions en suspens. 

Le représentant a ensuite indiqué qu’au cours d’une réunion distincte tenue en juin à Beyrouth, l’autorité nationale syrienne a indiqué que l’échange de correspondance ne répond pas à l’objectif recherché.  De plus, a-t-il ajouté, celle-ci a récemment fourni des explications sur les résultats de l’analyse des échantillons prélevés en 2019 par l’Équipe d’évaluation des déclarations.  L’autorité nationale syrienne a en outre accepté de proroger jusqu’au 31 décembre 2023 l’accord tripartite entre la Syrie, le Secrétariat technique de l’OIAC et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS). De même, le délégué a réaffirmé la volonté de son pays d’organiser une réunion entre le Ministre des affaires étrangères et des expatriés, l’autorité nationale syrienne et le Directeur général de l’OIAC. 

S’agissant du rapport de la mission d’établissement des faits concernant les deux incidents survenus à Kharbit Masasnah en 2017, le représentant a regretté que les méthodes de travail « erronées » de la mission l’aient « une fois de plus » conduit à des conclusions reflétant une politique de deux poids, deux mesures.  Il a jugé regrettable que la coopération entre l’autorité nationale syrienne et le Secrétariat technique se heurte « à l’ingratitude et au déni », en exagérant certains aspects procéduraux tout en se focalisant sur les éléments négatifs.  Le délégué a appelé à un examen des « mauvaises » méthodes de travail du Secrétariat technique afin de veiller à ce qu’il ne se transforme pas en un outil servant les programmes hostiles de certains pays.

M. AMIR SAEID IRAVANI (Iran) a condamné, une nouvelle fois, l’utilisation d’armes chimiques par qui que ce soit, où que ce soit et quelles qu’en soient les circonstances, la qualifiant de violation flagrante du droit international, de crime contre l’humanité et de grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a rappelé que le 28 juin 1987, son pays a été victime d’une attaque dévastatrice à l’arme chimique dans la ville de Sardasht, dont la responsabilité incombe aux pays occidentaux, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, qui soutenaient le « régime de Saddam Hussein » pendant sa guerre contre l’Iran.  Cette complicité a conduit à l’utilisation systématique d’armes chimiques contre le peuple iranien, illustrant par là une politique flagrante de deux poids, deux mesures qui a empêché le Conseil de sécurité de demander des comptes aux auteurs de ces crimes odieux. 

Convaincu que la Syrie reste fermement déterminée à honorer ses obligations en vertu de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CAC), le représentant a salué l’approche constructive et coopérative de cette dernière à l’égard de l’OIAC.  Le rapport du Secrétariat, s’est-il expliqué, confirme que les 27 installations de fabrication d’armes chimiques déclarées en Syrie ont été détruites avec succès et que la Syrie a présenté ses rapports mensuels au Directeur général de l’OIAC.  La Syrie, a poursuivi le représentant, a aussi facilité deux visites d’une délégation réduite de l’Équipe d’évaluation des déclarations dont la réunion au plus haut niveau à Beyrouth, à la fin du mois dernier, a démontré son engagement coopérer. À cet égard, le représentant a préconisé la poursuite d’un dialogue assorti d’un calendrier précis pour traiter de toutes les questions en suspens et clore enfin le dossier de manière définitive.  Ce faisant, a-t-il dit, il essentiel d’éviter de politiser ce dossier purement technique. 

M. AHMET ERMAN ÇETIN (Türkiye) a déclaré qu’en raison des lacunes, des incohérences et des divergences identifiées, le Secrétariat de l’OIAC ne peut toujours pas considérer la déclaration initiale du régime syrien comme exacte et complète.  En outre, l’OIAC attend toujours les réponses concernant les installations de production d’armes chimiques de la Syrie et le déplacement non autorisé de bouteilles de chlore liées à l’attaque de Douma en 2018.  S’agissant des résultats de la deuxième série de missions limitées dans le pays menées du 12 au 19 avril par une équipe réduite d’évaluation des déclarations, le délégué a regretté la persistance des raisons qui empêchent la tenue de la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne. 

Le représentant a appelé le régime syrien à coopérer pleinement avec le Secrétariat technique de l’OIAC, à soumettre les déclarations et documents en suspens et à remplir ses obligations en vertu de la Convention et de la résolution 2118 (2013).  Il a ensuite pris note du dernier rapport de la mission d’établissement des faits concernant des incidents d’utilisation présumée de produits chimiques toxiques comme armes à Kharbit Masasnah les 7 juillet et 4 août 2017, et a dit soutenir les efforts déployés par l’ONU et l’OIAC pour établir les responsabilités.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: deux projets de résolution visant à proroger l’autorisation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière rejetés au Conseil de sécurité

9371e séance - matin
CS/15348

Syrie: deux projets de résolution visant à proroger l’autorisation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière rejetés au Conseil de sécurité

Deux projets de résolution visant à proroger l’autorisation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie, présentés respectivement par la Suisse et le Brésil et par la Fédération de Russie, ont été successivement rejetés aujourd’hui au Conseil de sécurité, au lendemain de l’expiration de cette autorisation.  La Fédération de Russie a mis son veto au premier texte, avant que le sien ne recueille que deux voix en sa faveur. 

L’autorisation du mécanisme établi initialement par la résolution 2165 (2014), qui permet d’acheminer de l’aide humanitaire depuis la Türkiye par le point de passage de Bab el-Haoua sans l’autorisation du Gouvernement syrien, a expiré le 10 juillet à minuit. Le Conseil devait initialement se prononcer sur sa reconduction le 7 juillet. La date avait été ensuite reportée au 10 pour tenter de trouver un compromis satisfaisant tous les membres du Conseil. 

Mais c’est sur deux textes alternatifs que les membres du Conseil ont été appelés à se prononcer.  Le premier a été présenté par le Brésil au nom des deux co-porte-plumes humanitaires sur la Syrie. Il visait à reconduire l’autorisation de passage transfrontière « pour une période de neuf mois, à savoir jusqu’au 10 avril 2024, concernant uniquement le point de passage de Bab el-Haoua ».  En outre, le projet de résolution préconisait « un élargissement des activités humanitaires en République arabe syrienne », citant à cet égard « les projets de relèvement rapide relatifs à l’eau, à l’assainissement, à la santé, à l’éducation, à l’électricité, là où c’est essentiel pour rétablir l’accès aux services de base, à la lutte antimines humanitaire et aux abris ».  Le texte demandait en outre à toutes les parties concernées de « permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les lignes de front dans toutes les régions du pays ». 

En présentant le texte, le Brésil a précisé qu’il s’agissait d’un texte de compromis, expliquant que les acteurs humanitaires de terrain avaient demandé une prorogation de l’autorisation pour un an. Il l’a qualifié de « compromis équilibré » tenant compte des différentes demandes exprimées au sein du Conseil. Au nom de cet équilibre, le Japon a apporté au texte le soutien des 10 membres élus du Conseil, après avoir salué les efforts considérables déployés par les coauteurs pour rédiger un texte qui « reflète les préoccupations légitimes des délégations et répond aux besoins humanitaires urgents du peuple syrien ». Quatre millions de personnes vivant dans le nord-ouest de la Syrie ont le plus grand besoin de cette bouée de sauvetage cruciale, surtout après les tremblements de terre dévastateurs de février dernier, a-t-il rappelé.  Les 10 membres élus ont en outre salué les efforts des trois membres africains du Conseil, qui se sont exprimés séparément par la voix du Mozambique et des Émirats arabes unis. Comme les États-Unis, les 10 membres élus ont fait savoir qu’ils auraient préféré une autorisation de mandat plus longue, mais ont reconnu l’utilité de maintenir la position unifiée du Conseil, parlant d’« effort diplomatique collectif ». 

Au contraire, la Fédération de Russie, après avoir voté contre le texte, a affirmé que les pays occidentaux n’avaient en fait cherché qu’à la pousser à recourir à son droit de veto. Qualifiant le mécanisme d’anachronisme et de violation de l’intégrité territoriale de la Syrie, elle a affirmé que la fermeture du point de passage de Bab el-Haoua ne signifierait pas un effondrement de l’aide car le Gouvernement syrien a ouvert deux points de passage supplémentaires à la suite du séisme du 6 février. 

Le vote négatif de la Fédération de Russie face à 13 voix en faveur du texte, alors que la Chine s’abstenait, a été très vivement critiqué.  La Suisse s’est dite « très déçue » de ce veto, tout en assurant qu’il n’empêcherait pas de trouver une solution.  Le Conseil de sécurité a la responsabilité de renouveler le mandat du mécanisme d’aide transfrontière, et nous veillerons à ce que nous nous acquittions de cette responsabilité, a-t-elle affirmé. 

Mais les critiques les plus virulentes sont venues des pays occidentaux, en particulier des États-Unis, qui, après avoir parlé d’un « instant triste » pour tout le peuple syrien et pour le Conseil, ont dénoncé un « geste de cruauté » de la part de la Fédération de Russie, également qualifié « d’affront » aux efforts du Conseil.  Il n’existe pas d’argument moral à s’opposer à cette résolution, a déclaré le Royaume-Uni, qui a rappelé que le Secrétaire général avait demandé une prorogation de l’autorisation pour un an et a reproché à la Fédération de Russie de prendre en otage l’aide humanitaire.  La France a en outre rappelé que l’aide humanitaire à la Syrie étaient financée à 90% par l’Union européenne et ses États membres, les États-Unis, le Canada et le Japon, alors que la Russie n’en fournissait « quasiment aucune ».    

Les trois membres occidentaux permanents du Conseil ont ensuite voté contre le projet alternatif présenté par la Fédération de Russie, que seule la Chine a soutenu tandis que les 10 membres élus du Conseil s’abstenaient.  Outre une autorisation limitée à six mois, le texte russe mettait l’accent sur le passage de l’aide à travers les lignes de front en soulignant qu’il « est impératif de maintenir un accès durable et sans entrave à travers celles-ci et entre Damas et toutes les régions » de la Syrie.  Rappelant en outre que les activités humanitaires ne se limitent pas à satisfaire les besoins immédiats de la population touchée et doivent comprendre une aide à des services essentiels au moyen de projets de relèvement rapide « et de développement durable », le texte demandait « d’intensifier davantage » les initiatives en ce sens .  Enfin, il demandait au Secrétaire général de présenter au Conseil avant le 10 décembre « un rapport spécial sur l’impact des sanctions unilatérales sur la situation humanitaire » en Syrie. 

Commentant le double rejet, la Chine l’a regretté et a dit souhaiter le maintien du mécanisme transfrontière, ou en appelant le Conseil à prendre en compte les « incohérences » du système actuel et à y remédier en élargissant le domaine des activités humanitaires.  Les États-Unis avaient annoncé avant même le vote qu’en cas de rejet, ils reviendraient sur la question lors de leur présidence du Conseil en août.  La Fédération de Russie a, elle, affirmé qu’elle n’accepterait aucune prorogation du mécanisme, pour aucune durée, si le Conseil de sécurité n’appuyait pas son propre texte.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Explications de vote avant le vote 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) au nom de son pays et de la Suisse, a présenté le projet de résolution des deux co-porte-plumes humanitaires sur le dossier syrien, en insistant en particulier sur l’écoute des acteurs humanitaires sur le terrain, lesquels, a-t-il indiqué, ont demandé une prorogation d’un an de l’autorisation du mécanisme d’aide transfrontière. 

Toutefois, la prorogation demandée dans le projet de résolution court pour neuf mois, a fait observer le représentant, expliquant que ce texte tenait compte des différentes demandes exprimées.  Il a qualifié le projet soumis au vote de « compromis équilibré ».  Son adoption montrera l’unité du Conseil sur les questions portant sur les besoins humanitaires en général et en faveur des Syriens en particulier, a-t-il conclu.

Mme SHINO MITSUKO (Japon), qui s’exprimait au nom des 10 membres élus du Conseil de sécurité, a salué les efforts considérables déployés par les coauteurs, le Brésil et la Suisse, pour rédiger un texte équilibré qui « reflète les préoccupations légitimes des délégations et répond aux besoins humanitaires urgents du peuple syrien ».  La représentante a rappelé que le projet de résolution sur la prorogation du mécanisme d’aide transfrontalière garantissait une assistance ininterrompue à 4 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, qui, surtout après les tremblements de terre dévastateurs de février, avaient le plus grand besoin de cette bouée de sauvetage cruciale. 

Saluant les efforts de toutes les délégations, notamment des trois membres africains du Conseil -les A3- et des Émirats arabes unis pour leurs propositions constructives, la représentante a affirmé que l’extension de neuf mois proposée dans le projet de résolution offre aux organisations humanitaires une meilleure prévisibilité sous le contrôle strict de l’ONU.  Elle a estimé que le texte reflétait également les questions soulevées par les membres du Conseil et le pays concerné, telles que le financement de l’aide, l’action contre les mines, les livraisons transfrontalières dans toutes les régions de la Syrie et la création de conditions propices à des retours sûrs, volontaires, informés et dignes des personnes déplacées et réfugiées.  Ajoutant que les 10 membres élus auraient préféré une autorisation de mandat plus longue, elle a reconnu l’utilité de maintenir la position unifiée du Conseil et demandé instamment à tous ses membres de voter en faveur du projet de résolution présenté, qui représente un « effort diplomatique collectif ».

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a dit avoir œuvré tout au long des négociations du projet de résolution sur le mécanisme d’aide transfrontalière à la Syrie en faveur d’un texte équilibré et acceptable par tous les membres du Conseil de sécurité.  Il a regretté que le Conseil soit néanmoins saisi aujourd’hui de deux projets de résolution sur cette question, ayant espéré une résolution consensuelle.  Il a annoncé que les A3 voteraient en faveur du projet de résolution présenté par le Brésil et la Suisse, « qui est orienté par la défense de l’intérêt supérieur du peuple syrien ».  Les A3 se sont engagés à continuer à jouer un rôle constructif pour aider le Conseil à parvenir au consensus sur cette question, a conclu le représentant.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a estimé que le vote à venir serait « lourd de sens ».  Il doit permettre de proroger le mandat d’aide humanitaire.  Si l’un ou l’autre des membres du Conseil ne vote pas en faveur de cette résolution, cela interrompra une ligne de vie critique pour le peuple syrien, a averti la représentante, qui a jugé « inenvisageable » que le flux humanitaire s’arrête au poste frontière de Bab el-Haoua .  Les enjeux de ce vote sont une question de vie ou de mort, a-t-elle insisté.  Si le Conseil ne renouvelle pas le mécanisme d’aide humanitaire, le message que le Conseil enverra est qu’il est prêt à accepter la souffrance et des pertes de vie supplémentaires. 

Ce vote ne devrait pas être controversé, a poursuivi la représentante. Ce mécanisme permet à l’aide de venir à des millions de Syriens par mois.  C’est le mécanisme le plus utile et le plus attendu dans le monde, alors que la situation en Syrie n’a jamais été aussi grave.  Douze années de guerre et le séisme de février dernier ont poussé les Syriens à bout.  Les États-Unis sont les plus grands bailleurs de fonds dans la région, a ajouté la représentante, qui a appelé les autres bailleurs à emboîter le pas de son pays. 

Pour la représentante, l’appel de Damas à utiliser aussi les deux passages frontaliers ouverts à l’initiative du Gouvernement syrien après le séisme n’offre pas de garantie suffisante.  Le régime de Damas a fait des promesses, mais s’il ne les tient pas, les États-Unis présenteront de nouveau la question au Conseil lors de leur présidence, au mois d’août, a-t-elle promis. 

Le projet de résolution présenté ne suffit pas par rapport à la demande humanitaire et aux besoins sur le terrain, a encore déclaré la représentante, qui a rappelé que le Secrétaire général avait proposé une prorogation de douze mois du mécanisme transfrontalier.  Cette résolution ne suffira pas à satisfaire pleinement les besoins d’aujourd’hui, a insisté la représentante, pour qui il n’existe toutefois aucune justification pour voter contre le texte.  Les États-Unis voteront donc pour cette résolution et exhortent tous les membres du Conseil de sécurité à faire de même, a-t-elle conclu. 

Vote sur le projet de résolution présenté par la Suisse et le Brésil

Le projet de résolution obtient 13 voix en sa faveur, une voix contre (Fédération de Russie) et une abstention (Chine).  En raison du vote négatif d’un membre permanent du Conseil, le projet est rejeté.

Explications de vote après le vote 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est dite « très déçue » que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté le projet de résolution coprésenté par son pays et le Brésil.  Au cours des dernières semaines, nous avons discuté avec les membres du Conseil et les partenaires de la région en ne ménageant aucun effort pour parvenir à un terrain d’entente, a déclaré la représentante.  Nous avons dialogué de bonne foi afin que des millions de personnes dans le besoin puissent bénéficier de l’aide humanitaire dont elles ont besoin pour survivre, a-t-elle expliqué.  Un mandat de douze mois permettrait aux acteurs humanitaires de disposer de la prévisibilité nécessaire à la planification de leurs opérations, a noté la représentante, en ajoutant qu’un compromis supplémentaire pour une période de neuf mois inclurait les durs mois d’hiver.  Elle a regretté que cette solution ait été rejetée au moyen du veto, lequel, a-t-elle assuré, ne nous empêchera pas de trouver une solution à cette question. Le Conseil de sécurité a la responsabilité de renouveler le mandat du mécanisme d’aide transfrontière, et nous veillerons à ce que nous nous acquittions de cette responsabilité, a-t-elle conclu.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a parlé d’un « instant triste » pour tout le peuple syrien et pour le Conseil, « à l’exception d’un seul de ses membres ».  La représentante a parlé d’un « geste de cruauté » de la part de la Fédération de Russie, demandant pourquoi celle-ci ne s’était pas acquittée de sa responsabilité en tant que membre permanent du Conseil.  Elle a vu dans le veto russe « un affront » aux efforts du Conseil.  Le texte présenté était déjà une solution de compromis, a-t-elle rappelé, ajoutant qu’il représentait « le strict minimum que nous pouvions accepter ».  Les États-Unis ont appuyé ce texte dans un esprit de compromis, ce que la Russie « n’est même pas capable de faire », a-t-elle ajouté.  La représentante a conclu en rappelant que la question devrait désormais être présentée devant l’Assemblée générale et qu’il faudrait poursuivre les efforts. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a profondément regretté que le Conseil n’ait pu adopter le projet de résolution et s’est dite très déçue par l’utilisation du droit de veto aujourd’hui, privant ainsi d’aide humanitaire plus de 4 millions de personnes dans le besoin.  Évoquant la violence, l’aggravation des conditions socioéconomiques, l’épidémie de choléra et les tremblements de terre du 6 février dernier, la représentante a déploré la dégradation de la situation humanitaire.  Estimant que les besoins des Syriens n’avaient jamais été aussi grands depuis le début du conflit, elle a affirmé que l’utilisation du droit de veto allait entraîner une perturbation majeure des activités humanitaires en Syrie et traduisait « le mépris le plus total des souffrances du peuple syrien ».

M. FERIT HOXHA (Albanie) a regretté le résultat du vote sur le projet de résolution, parlant « de l’une des journées les plus tristes aux Nations Unies » et s’inquiétant du sort de « millions de Syriens dans le besoin » qui attendent pourtant cette aide humanitaire au cours des douze prochains mois.  Il a signalé que 42 ONG qui travaillent en Syrie ont décrit Bab el-Haoua comme le point de passage le plus critique pour l’aide humanitaire vitale, avant de s’indigner que ce Conseil de sécurité ait été pris en otage par une nouvelle utilisation à mauvais escient du droit de véto.  C’est l’un des jours où il devient difficile de répondre à celles et ceux qui critiquent l’ONU et l’utilisation du droit de veto, a-t-il conclu. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé la volonté des pays occidentaux de pousser la Russie à recourir à son droit de veto, de même que les accusations selon lesquelles elle aurait sonné le glas du mécanisme.  Les partenaires occidentaux ont présenté quelque chose de creux au peuple syrien, et nous avons essayé en toute bonne foi de présenter un compromis, mais ils n’ont pas fait de concessions, a-t-il déploré. Selon le représentant, ces pays cherchent à utiliser le mécanisme pour soutenir les groupes terroristes, tout en prétendant qu’il est essentiel pour aider les populations.  Or, la fermeture du point de passage de Bab el-Haoua ne signifierait pas un effondrement de l’aide car le Gouvernement syrien a ouvert deux points de passage supplémentaires, a-t-il fait observer. 

Le délégué a ensuite affirmé que la Suisse n’a fait que promouvoir les positions des occidentaux en ignorant la position de la Syrie, et que son projet ne permettait pas d’améliorer le mécanisme.  Il a également estimé que s’il était acceptable il y a sept ans, ce mécanisme est à présent un anachronisme, dénonçant une violation de l’intégrité territoriale de la Syrie.  « La Suisse nous a mené à l’impasse », a-t-il déploré.  Pour en sortir, il a appelé à appuyer le projet russe, avertissant que si ce texte n’est pas appuyé, « il faudra clore le mécanisme ».

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que le Secrétaire général a demandé au Conseil de sécurité de fournir aux acteurs humanitaires un mandat de douze mois pour acheminer l’aide aux millions de personnes qui en ont besoin, tout comme les pays et les partenaires de la région.  Cependant, la Fédération de Russie a une fois de plus fait usage de son droit de veto pour empêcher l’accès de 4 millions de Syriens à l’aide humanitaire.  Il n’existe pas d’argument moral à opposer à cette résolution, a fait valoir la représentante, en ajoutant que l’aide humanitaire ne doit pas être prise en otage par la Russie.  Elle a appelé ce pays à placer ses responsabilités humanitaires au-delà de la politique et à prioriser les besoins humanitaires du peuple syrien.

Vote sur le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie  

Le projet de résolution est rejeté par 2 voix pour (Chine et Fédération de Russie), 3 voix contre (États-Unis, France et Royaume-Uni) et 10 abstentions (les 10 membres élus du Conseil). 

Explications de vote après le vote 

M. ZHANG JUN (Chine) a constaté qu’aucun des deux projets de résolution présentés n’avait pu être accepté par le Conseil et a regretté ces résultats.  Rappelant que le mécanisme d’aide transfrontière était un mécanisme provisoire, il a jugé qu’il était temps maintenant de passer à un acheminement de l’aide humanitaire à travers les lignes de front.  Il a aussi rappelé que le mécanisme avait été contesté et que, lors des derniers renouvellements de son autorisation, la durée n’avait été que de six mois, ce qui a-t-il estimé, offrait « plus de souplesse ». 

Pour la suite, la Chine souhaiterait maintenir le mécanisme transfrontière, a assuré le représentant, qui a toutefois demandé que le Conseil de sécurité prenne en compte les « incohérences » du système actuel et y remédie. En outre, les activités humanitaires devraient être élargies, en particulier en incluant le déminage dans les activités de relèvement rapide et en tenant compte de projets plus durables.  Le représentant a également appelé à lutter contre les effets néfastes des sanctions unilatérales sur l’assistance humanitaire.  Toute mesure du Conseil devrait contribuer à rassembler, a encore estimé le représentant, qui a salué les efforts des deux co-porte-plumes humanitaires sur le dossier syrien ainsi que les contributions d’autres pays, comme le Brésil, les Émirats arabes unis ou la Chine. 

Le consensus n’a pu se matérialiser, notamment sur la question des sanctions unilatérales, a constaté le représentant, pour qui le dialogue et la concertation sont pourtant les seuls moyens de régler les divergences.  Il a donc appelé les membres du Conseil de sécurité à faire preuve de patience et à éviter de politiser l’aide humanitaire. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a regretté que le projet de résolution porté par la Suisse et le Brésil, et soutenu par la quasi-totalité des membres du Conseil, n’ait pas été adopté en raison du veto utilisé par la seule Fédération de Russie.  Il a estimé que ce choix mettait en péril l’appui humanitaire international à la Syrie et la survie de millions de personnes alors que les besoins n’ont jamais été aussi importants depuis 2011.  Soulignant que le séisme du 6 février dernier avait démontré l’importance de cette voie d’acheminement, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’alternative pour porter assistance à plus de 4 millions de personnes alors que le régime syrien continuait « d’instrumentaliser l’aide à des fins politiques ». 

Malgré les demandes des Nations Unies d’un renouvèlement d’un an, la Russie n’a cessé de s’opposer à cette durée par cynisme et instrumentalisation politique, a dénoncé le délégué, estimant que le texte qu’elle avait proposé ne tenait pas compte des besoins en Syrie.  Il a rappelé que l’aide humanitaire à la Syrie étaient financée à 90% par l’Union européenne et ses États membres, les États-Unis, le Canada et le Japon, alors que la Russie n’en fournissait quasiment aucune. 

Le représentant a ensuite exposé les raisons du rejet par son pays du projet de résolution russe, rappelant que la communauté humanitaire rejetait un renouvèlement pour seulement six mois, insuffisant en termes de prévisibilité, et qui plongerait le pays dans l’incertitude en pleine période hivernale, au moment où l’aide est la plus nécessaire.  Appelant le Conseil à l’unité et à la responsabilité, il a exhorté à continuer les négociations pour renouveler « un mécanisme indispensable ». 

Mme LINDA THOMAS GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que la poursuite de l’aide humanitaire à la Syrie est un impératif moral.  Après avoir reproché à la Russie de chercher à empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire pendant les mois d’hiver, elle a souligné que les 10 membres élus étaient unis, la Fédération de Russie refusant pour sa part de participer en toute bonne foi à ces négociations.  Elle a également accusé la Russie de se comporter comme « un caïd » qui tient à imposer son point de vue, la délégation russe n’ayant pas hésité à parler de la fin du mécanisme transfrontière.  La représentante a appelé la Russie à revenir sur sa position.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a indiqué qu’il s’était abstenu lors de la mise aux voix du projet de résolution russe, car certains éléments du texte figuraient déjà dans le projet présenté par la Suisse et le Brésil.  Le Brésil a travaillé en toute transparence et de façon consensuelle et a pris en compte les besoins humanitaires du peuple syrien, a-t-il indiqué.  Il a fait savoir qu’une importante communauté brésilienne vit en Syrie, et que son gouvernement est donc particulièrement préoccupé par la situation humanitaire, notamment après le dernier séisme.  Il a affirmé que le projet dont il est le coauteur prévoyait une prorogation telle que demandée par les organisations humanitaires et prenait en compte des préoccupations légitimes de la Syrie.  Insistant sur l’impératif que l’aide parvienne à tous les Syriens sans conditions, il a appelé à trouver un terrain d’entente et un compromis.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué que le mécanisme aurait pu être sauvé en appuyant le projet de résolution présenté par son pays et en prenant des mesures concrètes pour rectifier les problèmes existants.  Il a précisé que la Fédération de Russie n’acceptera aucune prorogation du mécanisme, pour aucune durée, si le Conseil de sécurité n’appuie pas son projet de résolution. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a affirmé que son pays avait toujours adopté un comportement constructif pour satisfaire aux besoins humanitaires, en particulier après le séisme de février dernier. Cette catastrophe a accentué les besoins de solutions durables, a ajouté le représentant, qui a insisté sur la coopération de son pays avec les porte-plumes humanitaires du Conseil sur la Syrie, mais a aussi mis en exergue les faiblesses du mécanisme transfrontalier actuel.  Il a mis en avant la nécessité de faire passer l’aide humanitaire en priorité à travers les lignes de front et d’élargir l’assistance humanitaire aux projets de relèvement rapide, à l’appui au déminage et aux projets de reconstruction. Il a appelé à trouver les conditions nécessaires pour assurer le retour volontaire, digne et en sécurité des réfugiés. Il s’en est pris aux « sanctions unilatérales inhumaines » et a déploré la baisse de l’assistance humanitaire à son pays. Tout en saluant les efforts des co-porte-plumes humanitaires, le représentant a regretté qu’ils n’aient pas, selon lui, pris en compte les intérêts de la population syrienne.  Comment peut-on demander une prorogation de douze mois du mécanisme transfrontière au motif d’une nécessité de planifier l’aide alors même que moins de 12% des fonds demandés pour la Syrie ont été accordés, a-t-il demandé, avant d’estimer que le projet présenté par la Fédération de Russie représentait une solution efficace, et aussi de remercier les Émirats arabes unis pour leurs efforts en vue de parvenir à un consensus. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Développement durable: le forum politique de haut niveau esquisse les contours d’un « plan de sauvetage pour l’humanité et la planète »

Session de 2023, Forum politique de haut niveau  
1re et 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7134

Développement durable: le forum politique de haut niveau esquisse les contours d’un « plan de sauvetage pour l’humanité et la planète »

Le forum politique de haut niveau pour le développement durable s’est ouvert aujourd’hui afin de discuter des moyens de parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en 2030, dans un contexte mondial qui n’invite en rien à l’optimisme.  Dans son rapport spécial soumis à la discussion, intitulé « point sur les objectifs de développement durable: vers un plan de sauvetage pour l’humanité et la planète », le Secrétaire général indique en effet que de nombreux objectifs accusent un « retard modéré ou sérieux ». 

Deux chiffres résument son inquiétude.  Si la tendance actuelle se maintient, 575 millions de personnes vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030 et il faudra 286 ans pour combler les disparités fondées sur le genre en matière de protection juridique.  « Il est temps de tirer la sonnette d’alarme, car à mi-chemin de l’échéance de 2030, les objectifs de développement durable sont en grande difficulté », écrit le Secrétaire général.

Un diagnostic largement partagé par les intervenants de cette première journée de forum dont le thème, cette année, est « l’accélération de la relance après la COVID-19 et la pleine mise en œuvre à tous les niveaux du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». « Le monde est en difficulté », a reconnu M. Arrmanatha Christiawan Nasir, Vice-Président de l’ECOSOC, en rappelant que seulement 12% des cibles des ODD engagées sont sur de bons rails.

« Nous sommes en retard alors que nous sommes à la mi-temps », a appuyé le représentant des jeunes, M. Edward Ndopu, dans un discours remarqué.  Il a évoqué tous ceux qui sont laissés de côté, tous les marginalisés, les pauvres, les gens vivant avec un handicap, les femmes, les enfants et les populations autochtones, qui sont trop souvent oubliés.  « Nous avons relégué des millions d’enfants en marge de la société », a-t-il déploré, en dénonçant le potentiel gâché.

Néanmoins, le volontarisme et l’appel à agir ont peu à peu pris le pas sur le pessimisme, à l’image du délégué de la France, qui a appelé à ne pas céder « au fatalisme et à la résignation ».  Selon les experts, il n’est en effet pas encore trop tard, a-t-il indiqué.  Sur le plan du financement –question essentielle pour la Présidente de l’ECOSOC, Mme Lachezara Stoeva– le délégué a rappelé la récente présentation de l’Agenda de Paris pour les peuples et la planète qui vise à un « choc de financement » dans ce domaine.

Le Népal, au nom des pays les moins avancés, a, lui, demandé un véritable « plan de relance » pour les ODD.  Comme de nombreux intervenants, le représentant a exhorté les pays développés à augmenter leur aide au développement et à procéder aux transferts de technologie nécessaires.  Les États-Unis ont, eux, souligné leur engagement en faveur de la pleine réalisation du Programme 2030, tandis que l’Espagne a dit son intention de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2030.

De son côté, M. Steve MacFeely, Directeur des données et analyses à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a appelé à investir dans les données de qualité afin de progresser dans la réalisation du Programme 2030.  M. Filippo Grandi, Haut-Commissaire pour les réfugiés, a appelé à transformer « les crises en possibilités », en rappelant que l’inclusion doit être le mot clef.  « Je suis ici pour témoigner des triomphes de l’inclusion », a appuyé le représentant des jeunes. 

« Mon fauteuil roulant n’est pas une marque de mes limites, mais un témoignage des progrès illimités qu’offre l’inclusion. »  M. Ndopu a expliqué que les ODD ne sont pas simplement des cibles couchées sur du papier mais représentent « des espoirs, des rêves et la survie de millions de personnes ».  « Alors que nous nous préparons pour la seconde moitié de cette course, réengageons-nous », a-t-il exhorté.  Dans son rapport, le Secrétaire général fait cinq recommandations à cette fin. 

Il invite notamment les pays à mener pendant sept ans une « action accélérée » afin de tenir la « promesse » des objectifs et à mettre en place des politiques « concrètes, intégrées et ciblées ».  Ces politiques doivent viser à éliminer la pauvreté, à réduire les inégalités, à faire progresser les droits des femmes et des filles et à mettre fin à la « guerre livrée contre la nature ».  La communauté internationale doit également mobiliser les ressources pour que les pays en développement atteignent les ODD, préconise-t-il.

Tous les intervenants se sont accordés sur l’importance du prochain Sommet sur les ODD qui se tiendra en septembre sous les auspices de l’Assemblée générale.  « Emparons-nous de ce sommet pour agir et réaliser ces objectifs », a déclaré M. Nasir, en comparant cette année 2023 au « jour du jugement », s’agissant de l’engagement commun à créer un « monde idéal ».  Le délégué de la France a exhorté à prendre lors de ce sommet des « engagements concrets », étant donné que le Programme 2030 doit demeurer « notre boussole ». 

« Nos dirigeants seront jugés par l’histoire à l’aune des progrès accomplis », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Li Junhua, à l’unisson des autres orateurs. Enfin, la Présidente a précisé que 38 pays présenteront leur examen national volontaire lors de cette édition du forum de haut niveau sous les auspices de l’ECOSOC.  Pour la première fois, l’Union européenne présentera son examen national volontaire, s’est-elle aussi félicitée. 

Le forum, qui se déroulera sur huit journées, dont trois conjointement avec le débat de haut niveau de l’ECOSOC, poursuivra ses travaux demain, mardi 11 juillet, à partir de 10 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclaration d’ouverture de la Présidente du Conseil économique et social 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué que le forum se réunit à un moment stratégique, à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme 2030.  Il se réunit ce mois-ci sous les auspices de l’ECOSOC et se réunira en septembre sous les auspices de l’Assemblée générale, dans le même but de mobiliser les énergies en vue de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a dit la Présidente.  Elle a aussi insisté pour parler du financement, « une question clef ».  Elle a précisé que le forum se livrera à l’examen approfondi des ODD 6 (eau propre et assainissement), 7 (énergie propre et d’un coût abordable), 9 (industrie, innovation et infrastructure), 11 (villes et communautés durables) et 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).  Deux rapports nourriront les débats, le dernier rapport sur le développement durable et le rapport spécial du Secrétaire général, a dit la Présidente. Elle a enfin précisé que 38 pays présenteront leur examen national volontaire lors de cette édition du forum. Et pour la première fois, l’Union européenne présentera son examen national volontaire, s’est félicitée la Présidente. 

Discours d’ouverture

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LI JUNHUA, a rappelé que « nous sommes à mi-parcours du chemin vers la réalisation des ODD et le maintien de notre promesse de dignité, d’opportunités et de paix pour tous sur une planète saine ».  Selon lui, l’importance du forum de cette année est double.  Premièrement, il marque un pré-sommet, créant une prise de conscience et un élan vers le Sommet sur les ODD en septembre qui sera « la pièce maîtresse de nos événements de haut niveau en 2023 et le point focal des travaux des Nations Unies sur le développement durable ».  Deuxièmement, le forum politique 2023 nous rappelle qu’un changement radical est impératif si nous voulons tenir les engagements pris en 2015 et atteindre les ODD d’ici à 2030.  Au cœur de nos discussions, a-t-il poursuivi, se trouvent les examens nationaux volontaires présentés par de nombreux pays, chacun démontrant son engagement à accélérer les ODD et partageant ses réalisations avec la communauté mondiale. Il a salué la participation active de 38 pays, aux côtés de l’Union européenne, rappelant que depuis 2015, 188 pays ont mené cet exercice, témoignage de l’engagement mondial envers les ODD.  La participation continue des pays au processus des examens volontaires illustre leur engagement à évaluer de manière transparente et complète leurs progrès, a-t-il souligné. 

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que les défis sans précédent posés par la pandémie de la COVID-19 ont obligé les pays à réagir avec résilience et innovation.  De nombreux pays ont mis en place des mesures pour gérer la crise, en garantissant la gratuité des tests, des traitements et des vaccinations pour leurs citoyens et résidents.  Ils ont également travaillé avec diligence pour maintenir les services de santé et apporter un soutien par le biais de plans de relance aux ménages et aux entreprises.  Selon lui, de tels efforts témoignent de leur engagement inébranlable à ne laisser personne en arrière et démontre le rôle indispensable de la santé dans le développement durable.  Les partenariats, en particulier les collaborations public-privé, ont joué un rôle central pour faire progresser les ODD, a-t-il noté.  « Ces partenariats, forgés dans des secteurs comme le logement, le développement des infrastructures, illustrent le pouvoir de la collaboration et de l’innovation comme moteur de progrès vers le développement durable. »

Cependant, « alors même que nous célébrons ces réalisations, nous ne devons pas perdre de vue les défis persistants qui entravent nos progrès », a-t-il rappelé.  Ainsi, il a noté que les données restent un obstacle commun, avec des préoccupations concernant leur disponibilité et leur qualité, ce qui affecte le suivi des progrès des ODD.  En outre, les ressources financières limitées entravent la pleine mise en œuvre des ODD, en particulier pour les pays aux prises avec des déficits de financement. Dans certains cas, les crises sécuritaires ont exacerbé les défis, entravant les progrès et aggravant les problèmes humanitaires.  Et pour surmonter ces obstacles, les pays ont adopté des stratégies innovantes et des politiques qui méritent l’attention, a souligné M. Li.  Par exemple, une approche pangouvernementale, impliquant de multiples secteurs et parties prenantes, a joué un rôle déterminant dans la garantie d’une mise en œuvre des ODD dans certains pays, a expliqué M. Li. Il a appelé à mettre l’accent sur l’engagement des parties prenantes, y compris la société civile, le secteur privé, le milieu universitaire et les communautés locales.  Il a aussi noté que des modèles de financement et des partenariats innovants ont été proposés, offrant de nouvelles méthodes pour mobiliser des ressources et stimuler le progrès.  Il a enfin appelé à faire passer le suivi des ODD au niveau supérieur. Il faut par exemple, a-t-il dit, établir des évaluations nationales indépendantes et œuvrer pour une plus grande implication des scientifiques dans le suivi et l’élaboration des examens nationaux.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR, Vice-Président de l’ECOSOC, a évoqué un « monde en difficulté » à mi-chemin du Programme 2030, avec seulement 12% des cibles des ODD engagées sur de bons rails, et certains objectifs en régression par rapport à leur niveau de référence fixé en 2015.  En février, M. Nasir a eu l’honneur de présider le débat consacré aux questions de coordination de l’ECOSOC, débat réunissant les États Membres, les commissions techniques et les organes d’experts de l’ECOSOC, les commissions régionales des Nations Unies, les institutions spécialisées et les fonds et programmes des Nations Unies.  L’objectif de l’événement était de promouvoir un redressement accéléré, de traiter les impacts persistants de la COVID-19 et de réaliser les transformations nécessaires pour concrétiser le Programme 2030.  M. Nasir a résumé les points saillants dudit débat.  Tout d’abord, l’interdépendance des défis et le fait qu’ils ne puissent être abordés que par le biais de solutions, d’outils et d’initiatives interdépendants.  Pour y parvenir, il a appelé à supprimer les silos persistants, afin de libérer pleinement les outils et les initiatives transformatrices; et d’éliminer les goulets d’étranglement critiques dans des domaines clefs, tels que les données, les technologies numériques et le financement.  Il a aussi appelé à encourager la coopération et la solidarité internationales, ainsi qu’à renforcer la cohérence et la coordination entre l’ECOSOC, le système de l’ONU et les institutions financières internationales.

Estimant que le fait de se situer à mi-parcours du Programme 2030 était un moment-clef pour « s’autoévaluer », M. Nasir a encouragé, au cours des prochains jours, à répondre aux questions suivantes:  Avons-nous répondu de manière appropriée aux défis de développement auxquels sont confrontées les populations sur le terrain?  Nos efforts ont-ils été suffisamment résilients et agiles dans ce monde postpandémique?  Avons-nous adopté une approche assez inclusive en intégrant les risques, les défis émergents et les opportunités, tels que les risques de catastrophe, les changements climatiques et la transformation numérique, dans la conception de nos politiques, dans les prises de décision et nos actions concrètes?  Le cadre institutionnel actuel, à tous les niveaux, a-t-il la capacité et l’aptitude à mobiliser des ressources adéquates, y compris financières, et à favoriser la confiance et des politiques de développement efficaces? 

Troisièmement, il a insisté sur la nécessité d’intensifier les actions concrètes.  En l’occurrence, cette année, les « politiques et actions concrètes et transformatrices » du système des Nations Unies ont été recensées et compilées dans l’annexe au rapport du débat consacré aux questions de coordination, a-t-il indiqué, estimant que cet outil, qui contient « plus de 105 politiques et initiatives émanant de 50 organes et entités », constitue une « ressource précieuse » pour renforcer la collaboration entre les États Membres et l’ECOSOC en vue de la réalisation des ODD.  M. Nasir a enfin appelé à s’emparer du prochain Sommet sur les ODD en septembre pour agir et réaliser ces objectifs, comparant cette année 2023 au « jour du jugement », s’agissant de notre engagement commun à créer un « monde idéal ».

M. EDWARD NDOPU a parlé en tant que représentant des jeunes.  Il a affirmé prendre la parole « en tant que symbole de ce qui peut être réalisé lorsqu’on libère le potentiel en chacun de nous ».  Il a précisé être la première personne vivant avec un handicap à prononcer le discours d’ouverture du forum politique de l’ECOSOC.  Au sujet de la mise en œuvre des ODD, il a estimé que c’est le combat de notre planète pour la survie.  Or, « nous sommes en retard alors que nous sommes à la mi-temps ».  Il a évoqué ceux qui sont laissés de côté, les marginalisés, les pauvres, les gens vivant avec un handicap, les femmes, les enfants et les populations autochtones, qui sont tous trop souvent oubliés.  « Nous avons relégué des millions d’enfants en marge de la société, leur potentiel gâché et la pauvreté dominant. »  Il a également souligné que la fracture numérique s’élargit, obscurcissant davantage le chemin vers les opportunités pour ceux déjà défavorisés. 

M. Ndopu a exigé un système financier mondial au service de tous, pas seulement de quelques privilégiés.  Un système qui place les pays en développement au cœur de son agenda, qui favorise l’accès aux finances et soutienne une croissance économique durable et inclusive.  À son avis, la question n’est pas de savoir si nous en faisons assez, mais plutôt si nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir.  « Pouvons-nous honnêtement dire aux générations futures que nous nous sommes efforcés de transmettre un monde meilleur, plus juste, plus durable que celui dont nous avons hérité? », a-t-il lancé. 

« Je suis ici pour témoigner des triomphes de l’inclusion », a clamé le représentant des jeunes.  « Mon fauteuil roulant n’est pas une marque de mes limites, mais un témoignage des progrès illimités qu’offre l’inclusion. » Il a expliqué que les ODD ne sont pas simplement des cibles sur du papier, ils représentent des espoirs, des rêves et la survie de millions de personnes qui dépendent de nous pour bien faire les choses.  Alors que nous nous préparons pour la seconde moitié de cette course, réengageons-nous, a—t-il dit, appelant à plaider pour l’inclusion, l’égalité et la durabilité. Il a aussi recommandé d’agir dans la technologie, l’éducation, la santé, l’énergie propre et l’action climatique. Reconnaissant que les enjeux sont importants, il a assuré que la détermination l’est également.  Il a donc appelé à modifier le scénario et à inverser le résultat de la course.

ACCÉLÉRER LA REPRISE AU SORTIR DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 ET LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 À TOUS LES NIVEAUX (RÉSOLUTION 75/290 B DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE)

En dépit du pessimisme qui entoure la réalisation du Programme 2030, c’est bien l’urgence à agir qui a animé les intervenants de cette première discussion.  L’élaboration d’un plan de relance en faveur des objectifs de développement durable ou bien « un choc de financement » au niveau mondial ont été quelques-unes des pistes évoquées.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport spécial du Secrétaire général en affirmant que « la promesse du Programme 2030 est en péril ». Si la tendance actuelle se maintient, 575 millions de personnes vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030, a-t-il mis en garde, prévenant aussi qu’au rythme où vont les choses, il faudra 286 ans pour combler les disparités fondées sur le genre en matière de protection juridique et pour supprimer les lois discriminatoires.  Il a également souligné les conséquences alarmantes des changements climatiques.  Pour lui, « ce rapport est un signal d’alarme ». M. Li a indiqué que le Sommet sur les ODD de septembre sera un moment charnière pour renouveler les engagements en faveur du Programme 2030 et définir ce plan de sauvetage pour la population et la planète.  Il a enfin rappelé les cinq recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport.  « Nos dirigeants seront jugés par l’histoire à l’aune des progrès accomplis », a-t-il conclu.

« Nous savions que les objectifs étaient dans une mauvaise passe », a reconnu M. QU DONGYU, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avant d’appeler à une action transformatrice et à la production suffisante, notamment, de denrées nutritives.  Il a préconisé d’investir dans les infrastructures et de s’attaquer au problème du gaspillage alimentaire.  Face à ces innombrables défis, il a plaidé pour une plus grande résilience des systèmes alimentaires et pour un partenariat renforcé avec les agriculteurs. « Plus que jamais, nous devons renverser la vapeur. »

De son côté, Mme CATHERINE RUSSEL, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que 600 millions d’enfants ne savent pas lire ou écrire, et que près de 14 000 enfants meurent chaque jour de maladies pourtant évitables. Elle a aussi rappelé qu’un enfant sur cinq vit dans une zone de conflit.  Mme Russel a plaidé pour des programmes ciblés en faveur des enfants et pour que ces derniers soient au cœur du Sommet de septembre.

Depuis 2005, le nombre de personnes frappées par une catastrophe a augmenté de 80%, a signalé, quant à elle, Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale pour la réduction des risques de catastrophe. Rien ne sape autant les progrès vers le développement durable que les catastrophes, a-t-elle dit, avant de saluer le récent examen par l’Assemblée générale du Cadre de Sendaï pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030). Elle a souligné l’interconnexion des crises et plaidé pour un véritable changement de paradigme.  Nous devons investir dans la prévention des catastrophes, plutôt que de remédier aux conséquences, a-t-elle dit.  « Redoublons d’efforts en faveur de la prévention. »

« Il faut faire montre de volonté politique », a appuyé M. OVIDE MERCREDI, International Longevity Centre Canada, en rappelant les graves conséquences de la pandémie pour les peuples autochtones.  Il a souligné le droit à l’autodétermination de ces peuples, ainsi que leur droit de participer à l’élaboration des décisions publiques.  « Le Canada n’est pas notre maître, ni notre terre, mais notre partenaire », a-t-il dit, en notant que le pays se trouve sur les territoires des peuples autochtones.  Il a souhaité que les peuples autochtones aient le mot de la fin et puissent décider pour eux-mêmes. 

Lors du débat interactif avec les États Membres, le Népal, au nom des pays les moins avancés (PMA), a demandé un véritable « plan de relance » pour les objectifs de développement durable. Outre sa demande de restructuration des dettes des PMA, il a exhorté les pays développés à augmenter leur aide au développement et à procéder aux transferts de technologie nécessaires. L’Espagne a dit son intention de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2030, tandis que les États-Unis ont signalé avoir donné 14 milliards de dollars, depuis l’an dernier, pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Le Burkina-Faso a appelé à l’action dans ce domaine, en rappelant que 3 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans son pays.

Alors que la délégation américaine a souligné le rôle important des femmes dans la réalisation du Programme 2030, le groupe partie prenante LGBTQ a demandé l’élaboration de lois contre les discriminations dont souffrent les personnes LGBTQ.  Celles-ci sont souvent considérées comme des citoyens de seconde zone, a dit le groupe.

« Nous sommes à un moment bien plus défavorable qu’en 2015 mais ne cédons pas au fatalisme et à la résignation », a reconnu la France, avant de rappeler, que de l’avis même des experts, il n’est pas encore trop tard.  Le délégué français a souhaité que le prochain Sommet de septembre soit l’occasion de prendre des engagements concrets, en gardant le Programme 2030 comme boussole. Sur le plan « capital » du financement, il a rappelé la récente présentation de l’Agenda de Paris pour les peuples et la planète qui vise à un « choc de financement ». Créons un environnement favorable aux pays en développement, a conclu la Chine, en demandant de s’opposer à l’unilatéralisme et à la création de « blocs exclusifs ». 

Lors de la seconde partie de la table ronde, M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a alerté sur le nombre de déplacés et de réfugiés dans le monde (110 millions), sans compter les personnes apatrides.  « Une statistique glaçante. »  Il a rappelé que ce n’est pas un problème pour les pays riches, en dépit de ce qu’ils disent, puisque 90% de ces déplacés et réfugiés se retrouvent dans des pays en développement.  « Il nous faut transformer les crises en possibilités », a-t-il déclaré, en rappelant que l’inclusion doit être le mot clef. 

La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, a appelé à remédier aux lacunes de financement, exacerbées depuis le début de la pandémie.  Elle a plaidé pour des politiques novatrices, pour un accès pérenne aux technologies et pour un règlement du défi posé par la restructuration des dettes souveraines. 

« Les données sont bel et bien le mot clef de notre époque », a déclaré pour sa part M. STEVE MACFEELY, Directeur des « données et analyses » à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en soulignant les difficultés rencontrées par de nombreux pays dans la collecte de données.  Il a appelé à envisager les données comme un investissement essentiel, porteur de rendements considérables.  Investir dans les données permettra d’avancer grandement dans la voie de la réalisation du Programme 2030, a-t-il assuré, en pointant les sous-investissements chroniques consentis jusqu’à présent.

Mme ELHAM YOUSEFFIAN, International Disability Alliance, a dénoncé l’approche coûts-bénéfices qui prévaut habituellement à l’endroit des personnes handicapées.  Le postulat de départ est que ces personnes n’apportent pas de contribution, ce qui est faux, a-t-elle dit, en rappelant que l’inclusion est une responsabilité de la société.  Elle a souligné la question clef du financement pour l’intégration des personnes en situation de handicap. 

Lors du débat interactif, le Kenya a détaillé la riposte efficace mise en place face à la pandémie, avec notamment une formation accélérée du personnel de santé kényan.  Nous avons pris des mesures renforcées en vue de la réalisation du Programme 2030, avec un souci constant d’inclusion, a dit le délégué. L’inclusion a également été au cœur de l’intervention de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), qui a plaidé notamment pour que les lois soient mises en œuvre pour réagir à la corruption.  Le grand groupe des entreprises et de l’industrie a, lui, assuré que ses membres veulent participer à la solidarité.

Examen de l’ODD 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs) et de ses liens avec les autres ODD 

Financer notre réponse à la crise et investir dans les ODD

Cette session, présidée par le Vice-Président de l’ECOSOC, M. MAURIZIO MASSARI (Italie), était axée sur les moyens de renforcer la mobilisation des financements en faveur des ODD, notamment dans un contexte marqué par la crise de la COVID-19, la crise climatique et la guerre d’Ukraine.

D’entrée de jeu, Mme YONGYI MIN, de la Division statistique du Département des affaires économiques et sociales (DAES), est revenue sur le rapport spécial du Secrétaire général sur les ODD (E/2023/64), en mettant l’accent sur la mise en œuvre de l’objectif 17.  Elle a relevé que la croissance mondiale a baissé du fait des difficultés de nombreux pays.  Elle a noté par exemple qu’en 2022, un pays sur 4 de la catégorie du revenu intermédiaire courait un risque élevé de crise fiscale.  Pourtant, l’aide publique au développement (APD) a culminé à 206 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 15% par rapport à 2021.  Mais cela n’est pas suffisant et l’ambition de parvenir à une APD équivalant à 0,7% du revenu national brut (RNB) des pays développés reste hors de portée, a-t-elle averti.  Elle a expliqué cette augmentation de l’APD par la mobilisation internationale en soutien aux réfugiés, y compris ceux d’Ukraine. Dans le même temps, les tensions géopolitiques et la recrudescence des nationalismes ont sapé la mobilisation des fonds en faveur des ODD, a-t-elle rapporté. 

Relevant que près de 300 millions de femmes vivent dans la pauvreté, M. JASON ROSARIO BRAGANZA, de l’organisation kényane African Forum and Network on Debt and Development, a observé à regret que les gouvernements des pays en développement n’ont pas les coudées franches pour mobiliser les recettes fiscales nationales face à des crises multiples.  De même, leurs efforts de réduction des inégalités sont sacrifiés pour privilégier le remboursement des créanciers privés.  De ce fait, des citoyens sont contraints de payer de leur poche pour accéder aux services de base.  Il s’est étonné de l’appel à mobiliser les fonds du secteur privé pour financer le développement durable, notamment quand on sait que l’architecture financière internationale favorise les flux financiers illicites dont bénéficie le même secteur privé. 

Cette architecture financière internationale, il faut la réformer a tranché M. JAY COLLINS, Vice-Président de la banque d’affaires et d’investissements à la banque Citi.  Il a également souhaité que les banques internationales de développement puissent mobiliser davantage de ressources pour le développement durable.  Il a ensuite défendu le secteur privé, arguant que le montage des projets et programmes gouvernementaux n’est pas attractif pour le monde des affaires. Le financier a aussi appelé à tenir compte de la vulnérabilité de certains pays, comme ceux en proie aux conflits. 

Identifiant les femmes et les filles comme des populations vulnérables, Mme MAYADA ADIL, cofondatrice de La Loupe Creative, une ONG de jeunesse, a appelé soutenir la participation des jeunes à toutes les rencontres internationales en rapport avec les ODD.  Un avis partagé et soutenu par le représentant du grand groupe des enfants et de la jeunesse qui a plaidé pour que le système financier international privilégie les groupes vulnérables comme les femmes et les populations autochtones. 

Mme CAROLA MEJIA, analyste chargée du financement de l’action climatique au réseau LATINDADD, a relevé quant à elle que depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’attention et les dépenses de la communauté internationale vont vers ce pays-là.  Elle a demandé la mise en place d’une nouvelle approche pour gérer la crise de la dette, ainsi que de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) pour financer spécifiquement l’action climatique.  Elle s’est dite opposée aux financements mixtes qui ne suscitent pas l’engouement des investisseurs.  Le Programme alimentaire Mondial (PAM) a aussi constaté que les financements privés ne sont pas visibles dans des situations humanitaires comme les cas de famine. 

Pour la Suisse, il faut plus de solutions mondiales à ces problèmes globaux, comme une taxe sur les émissions de gaz carbonique.  La délégation a également appelé à une refondation des banques internationales de développement, afin qu’elles accompagnent la mobilisation des fonds en faveur du développement durable.  Pour la France, l’APD garde son importance, même si cela reste insuffisant. C’est pourquoi le Sommet sur le financement tenu en France récemment a proposé la réforme des banques internationales de développement.  Le pays a aussi appelé à mobiliser davantage le secteur privé et des sources innovantes comme la taxation du carbone ou des remises de dette en échange de services bénéficiant aux écosystèmes. 

Les pays les moins avancés (PMA) ne reçoivent que peu de fonds pour financer les ODD, s’est lamenté le Népal qui parlait au nom de ce groupe de pays.  La délégation a appelé les pays développés à honorer leur promesse de consacrer 0,2% de leur RNB à l’APD en direction des PMA.  Ces derniers sont d’ailleurs contraints d’emprunter à des taux élevés, a dénoncé la délégation. Le Qatar s’est enorgueilli d’avoir déboursé plus de 70 millions de dollars pour l’APD l’an dernier, alors que les États-Unis ont mis en avant les 50 milliards de dollars qui font d’eux « les plus grands donateurs au monde ».  Pour l’Union européenne (UE), c’est bien elle et ses États membres qui sont les plus grands donateurs en matière d’APD.  L’UE a également insisté sur l’importance de capter les financements privés.  Justement la représentante du grand groupe des entreprises et des industries a plaidé pour que les financements mobilisés atteignent les petites et moyennes entreprises (PME).  Elle a aussi appelé à la numérisation des systèmes fiscaux pour éviter les fraudes. 

Pour Kiribati, il ne faut pas oublier que les petits États insulaires en développement (PEID) manquent de ressources pour réaliser les ODD. Malgré la volonté politique, les ressources font défaut, s’est plainte la délégation.  « Nous sommes dans une année cruciale pour changer la donne de la mise en œuvre des ODD.  Mobilisons donc les fonds nécessaires », a conclu la modératrice de la session, Mme SARAH CLIFFE, Directrice exécutive du Centre pour la coopération internationale à New York University (NYU)

Science, technologie et innovation: lancer la transformation et un redressement basé sur la science

La troisième et dernière discussion de cette première journée avait pour mission d’explorer le rôle crucial à jouer par la science, la technologie et l’innovation (STI) pour atteindre les ODD, a expliqué Mme PAULA NARVÁEZ, Vice-Présidente de l’ECOSOC.

M. THOMAS WOODROFFE (Royaume-Uni), Coprésident du forum 2023 sur les science, technologie et innovation, a mis en avant les réalisations dudit forum, qui s’est déroulé en mai dernier, insistant sur l’importance des échanges dans le domaine scientifique et soulignant de nouveau les vœux de « numérisation équitable » inscrits dans le Pacte numérique mondial. Ce forum a aussi démontré que les avantages des technologies numériques dépassent de loin les retombées négatives qu’elles peuvent avoir, a-t-il assuré.  Le forum a aussi mis en avant une coalition numérique africaine, à laquelle participent notamment le Cameroun et le Ghana.  La modératrice de la discussion, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), l’autre Coprésidente du forum 2023 sur les science, technologie et innovation, a rebondi en invitant les intervenants à examiner les recommandations de ce forum pour réduire les inégalités de genre.

« L’innovation est le moteur le plus puissant pour régler nos problèmes », a formulé M. JOSÉ RAMÓN LÓPEZ-PORTILLO ROMANO, Président de Q Element Ltd. et membre du groupe de 10 experts pour appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.  Mais il faut dresser une liste des priorités, avec, tout en haut de la liste, l’aide aux pays du Sud, qui manquent de moyens techniques et dont les écosystèmes sont rendus déjà vulnérables par les changements climatiques.  Tout cela suppose de partager les connaissances et de mettre en place des partenariats, a estimé M. Romano, qui a proposé et brièvement décrit un « système mondial d’innovation » qui « s’alimenterait de lui-même ».  Le Mexique fait partie d’un projet pilote illustrant ce vœu, avec une approche permettant de mobiliser les fonds nécessaires pour la mise en œuvre de projets liés aux ODD, avec les banques mettant en commun leurs fonds, permettant aux « idées de prospérer », tout en fournissant des sources de financement. L’orateur a même imaginé un « réseau mondial de banques d’idées sur la base d’une plateforme numérique ».

Invitée par la modératrice à se pencher sur plusieurs exemples de changements profonds, Mme ANA CRISTINA AMOROSO DAS NEVES, Présidente de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), a évoqué les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, qui « offre des occasions en or » mais pose aussi des « dilemmes éthiques ».  Elle a évoqué les pays en développement manquant d’accès à ces nouvelles technologies et appelé à son tour à combler la fracture numérique.

Tout en approuvant les orateurs précédents sur la collaboration nécessaire entre pays et l’aide aux pays du Sud, M. PETER GLUCKMAN, Président du Conseil international des sciences, a émis un important bémol: « Nous n’avons pas du tout parlé du coût social de la transformation numérique ni des problèmes de désinformation ».  Avec des changements technologiques aussi rapides et profonds, nous avons besoin d’une approche intégrée, de tenir compte des préoccupations en matière de santé mentale si nous voulons progresser, a insisté le scientifique.  Axant la suite de son intervention sur les malentendus entre l’espace politique et l’espace scientifique, il a critiqué le fait que les scientifiques soient « marginalisés dans l’espace multilatéral » et soient inclus « de façon sporadique plutôt que de manière stratégique ».  Il a enfin appelé à la mise en place de programmes conjoints pour lutter contre la défiance des populations face à de nombreux consensus et de nombreuses vérités scientifiques aujourd’hui décriées, ainsi qu’à établir des ponts entre la science et le monde politique.

Mme CAROLINA ROJAS, représentante des jeunes, a mis en avant les atouts de la jeunesse, en pointant que cette jeunesse n’était « pas un bloc monolithique ».  Appelant à imaginer un nouvel avenir pour les jeunes, elle a plaidé pour la prise en compte de la jeunesse dans toutes les discussions, et à tenir compte du fait que les jeunes générations vivent dans un monde différent, beaucoup plus virtuel, influencé par les réseaux sociaux et les forums en ligne.

Une oratrice s’exprimant au nom de Mme PAMELA MATSON, professeure d’études environnementales au sein du Department of Earth System Science et Senior Fellow au sein du Woods Institute for the Environment de l’Université Stanford, qui n’a finalement pas pu se rendre à New York à cause de l’annulation de son vol, a parlé de l’expérience acquise par Mme Matson: celle-ci lui a appris que « la science devait être fiable, crédible et pertinente », et qu’elle gagnerait la confiance du monde politique grâce à « la recherche collaborative des scientifiques avec le monde politique et d’autres secteurs ».

Lors du débat interactif incluant les délégations, la Norvège a jugé capital que la prochaine conférence sur le financement du développement fasse preuve d’ambitions et que l’architecture du financement international soit renforcée.  Les États-Unis ont jugé que les science, technologie et innovation devaient accompagner le renforcement de l’égalité de genre et le développement durable, avant de mettre en avant ses programmes nationaux dédiés à la participation des femmes dans les science, technologie et innovation ainsi que l’ambition américaine de les voir déclinés en programmes internationaux via l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), une organisation que les États-Unis « vont réintégrer rapidement ».

Le Kenya, lui, met en œuvre son plan décennal dédié à l’économie du numérique, a déclaré son représentant, tandis que le grand groupe des femmes a appelé à un apprentissage fondé sur l’équité et l’inclusivité, afin de garantir un accès équitable aux connaissances scientifiques. La Chine a mis en avant son expérience en matière de collaboration scientifique et ses ambitions dans ce domaine via « la route de la soie ».  La Pologne a déploré que la méfiance vis-à-vis de la science perturbe les efforts d’accélération de ODD, tandis que la France a promu les réformes en cours au sein de l’Institut de recherche et de développement (IRD), qui a réorganisé sa communauté des savoirs afin de faire converger les connaissances vers une plateforme interdisciplinaire en ligne.  Celle-ci mêle savoirs locaux et implication du monde académique, afin de faire émerger des problématiques transdisciplinaires.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rappelé le rôle fondamental joué par l’énergie nucléaire pour alimenter un monde en énergie fiable et bas carbone, qui pourrait servir d’épine dorsale à un monde se convertissant à l’énergie propre, de concert avec les énergies renouvelables.  Il a insisté sur le caractère disponible à toute heure de l’énergie nucléaire.  Derrière lui, la Suède a évoqué les promesses de l’énergie basée sur la fusion nucléaire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: appels multiples au Conseil de sécurité pour ne pas laisser échapper l’opportunité actuelle de conclure un cessez-le-feu durable

9370e séance - matin
CS/15347

Yémen: appels multiples au Conseil de sécurité pour ne pas laisser échapper l’opportunité actuelle de conclure un cessez-le-feu durable

Immédiatement après avoir prolongé d’un an, à l’unanimité, le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), le Conseil de sécurité a tenu ce matin sa séance mensuelle consacrée à la situation au Yémen. L’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Hans Grundberg, s’est félicité des derniers développements positifs et a appelé les parties yéménites à se préparer à un cessez-le-feu durable à l’échelle nationale, appuyé en cela par les membres du Conseil, qui ont appelé à ne pas gâcher l’opportunité actuelle. 

Constatant que, malgré l’expiration, en octobre 2022, de la trêve conclue en avril de la même année, le pays traverse la plus longue période de calme relatif depuis le début du conflit, l’Envoyé spécial a affirmé que celle-ci ouvrait la voie à des discussions sérieuses en vue de mettre fin au conflit.  M. Grundberg a rappelé que son bureau avait récemment réuni les parties à Amman pour discuter de nouvelles libérations de détenus, en s’appuyant sur les libérations massives obtenues en mars en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge.  Il a aussi indiqué que les violations graves contre les enfants avaient diminué de 40% depuis le début de la trêve et que le carburant continuait d’affluer régulièrement dans les ports de la province de Hodeïda. 

À la suite de l’Envoyé spécial, plusieurs des membres du Conseil ont salué la reprise des vols commerciaux entre Sanaa et l’Arabie saoudite, interrompus depuis août 2016, ainsi que les libérations de prisonniers, y voyant des signes favorables en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu global.  À l’exemple de la Chine, qui a estimé que « la fenêtre d’opportunité pour la paix ne restera pas ouverte à jamais », plusieurs ont appelé les parties à ne pas gaspiller une occasion d’avancer vers un tel cessez-le-feu et une solution politique inclusive, estimant qu’il était temps de dépasser les mesures symboliques. 

Les Émirats arabes unis ont eux aussi souligné le besoin impérieux d’accélérer la conclusion d’un accord de cessez-le-feu permanent, tout en accusant les houtistes de renforcer leur arsenal militaire en violation de la résolution 2216 (2015).  Le représentant du Yémen a vanté les concessions faites par son gouvernement et sa volonté de restaurer les institutions de l’État dans tout le pays, mais dénoncé les agissements des houthistes contre une paix durable.  Il les a aussi accusés de rechercher l’escalade, mais la Fédération de Russie a estimé que l’état d’esprit des parties au conflit n’était pas à l’escalade. 

M. Grundberg a toutefois noté que la situation restait difficile et que les armes ne s’étaient pas tues, notamment à Dalea, Taëz, Hodeïda, Mareb et Chaboua.  Il a également regretté que la lutte continue aussi sur le front économique, notamment pour le contrôle des ports générateurs de revenus, des routes commerciales, du secteur bancaire, de la monnaie et des richesses en ressources naturelles.  Plusieurs délégations, dont le Brésil et le Japon, ont, elles aussi, déploré les entraves persistantes au transport des biens commerciaux des zones contrôlées par le Gouvernement vers celles contrôlées par les houthistes.  Le Japon s’est par ailleurs dit préoccupé par les mesures des houthistes visant à saper la capacité économique du Gouvernement yéménite, une inquiétude partagée par la France, qui les a exhortés à s’abstenir de tout acte susceptible de nuire davantage à l’économie yéménite, citant notamment le blocage des importations de gaz depuis Mareb. 

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya, a estimé que la détérioration de la situation économique était l’un des principaux facteurs à l’origine de l’immensité des besoins humanitaires au Yémen.  Elle a jugé à cet égard essentielle la reprise des exportations de pétrole des zones tenues par le Gouvernement, notamment pour payer les salaires du secteur public. 

Sur la situation humanitaire proprement dite, Mme Msuya a indiqué que la communauté humanitaire s’efforçait d’atteindre cette année 17,3 millions de personnes sur les 21,6 millions ayant besoin d’aide.  Mais elle a déploré que le financement, à mi-parcours, du plan d’intervention humanitaire 2023 ne soit assuré qu’à hauteur de 29%, soulignant par exemple que les activités de traitement de la malnutrition du Programme alimentaire mondial (PAM) ne couvrent que 40% des besoins.  Les États-Unis ont mis en garde contre un « sous-financement dangereux » et exhorté les bailleurs de fonds bilatéraux, en particulier ceux de la région, à accentuer leur effort. 

Mme Msuya a en outre dénoncé les contraintes d’accès rencontrées par les humanitaires sur le terrain, notamment celles imposées par les houthistes au personnel national féminin, et a rappelé que deux employés des Nations Unies sont détenus depuis novembre 2021 tandis que cinq membres du personnel de l’ONU enlevés à Abyan en février 2022 sont toujours portés disparus.  Plusieurs membres du Conseil lui ont fait écho, dont Malte et l’Équateur.  D’autres délégations, dont l’Albanie, le Royaume-Uni ou les États-Unis, se sont inquiétées de la détention par les houthistes de plusieurs membres de la communauté baha’ie. 

La situation du pétrolier Safer a été une nouvelle fois évoquée.  Le Coordonnateur résident des Nations Unies au Yémen et Coordonnateur des opérations humanitaires, M. David Gressly, a décrit les progrès en cours et annoncé que le Gouvernement yéménite avait aujourd’hui même accordé l’autorisation de transfert de plus d’un million de barils sur le pétrolier de secours Nautica.  Le Vice-Ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau des Pays-Bas, M. Jaap Slootmaker, dont le pays a contribué à l’appel de fonds visant à permettre le transfert de la cargaison du Safer et éviter ainsi la catastrophe humanitaire, environnementale et économique que constituerait une marée noire dans la zone, a mis en avant l’expertise de son pays.  Il a aussi rappelé, comme M. Gressly et la représentante des États-Unis, qu’il manquait encore 25 millions de dollars pour assurer le bouclage financier de l’opération.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a salué la plus longue période de calme relatif depuis le début du conflit, malgré l’expiration de la trêve, relevant que les violations graves contre les enfants avaient diminué de 40%.  Il a toutefois critiqué l’attaque au mortier de la semaine dernière qui a blessé cinq enfants dans le district de Hays au sud de Hodeïda, et appelé les parties à respecter leurs obligations au titre du droit international. 

L’Envoyé spécial a salué la récente reprise des vols commerciaux entre Sanaa et l’Arabie saoudite après sept ans d’interruption, permettant notamment à des pèlerins de participer au hadj.  Il a aussi souligné que le carburant continue d’affluer régulièrement dans les ports de Hodeïda.  Notant que cette période de calme relatif avait ouvert la voie à des discussions sérieuses en vue de mettre fin au conflit, M. Grundberg a remercié les acteurs régionaux, l’Arabie saoudite et Oman, pour leurs efforts constants en ce sens.  Il a rappelé que son bureau avait récemment réuni les parties à Amman pour discuter de nouvelles libérations de détenus, en s’appuyant sur les libérations massives obtenus en mars en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge (CIRC). 

M. Grundberg a toutefois noté que la situation restait difficile et que les armes ne s’étaient pas tues, notamment à Dalea, Taëz, Hodeïda, Mareb et Chaboua.  Il a appelé les parties à mettre fin aux actions militaires provocatrices et à la rhétorique violente, qui font planer le spectre d’une nouvelle escalade.  Il a regretté que la lutte continue aussi sur le front économique, notamment pour le contrôle des ports générateurs de revenus, des routes commerciales, du secteur bancaire, de la monnaie et des richesses en ressources naturelles.  Il a notamment rappelé que la valeur du riyal yéménite par rapport au dollar américain avait diminué de plus de 25% au cours des douze derniers mois à Aden, avec les citoyens yéménites pour premières victimes.  S’inquiétant du doublement des coûts de transport des marchandises en raison du conflit, il a aussi insisté sur l’urgente nécessité d’accroître le nombre de vols à l’aéroport de Sanaa.  Il a aussi fait observer que l’obligation pour les femmes et les filles de voyager accompagnées d’un parent de sexe masculin s’était considérablement accrue au cours de l’année écoulée, en particulier dans les zones contrôlées par Ansar Allah, les empêchent d’accéder à leurs besoins fondamentaux, de profiter des opportunités économiques et de participer à la vie politique et aux efforts de rétablissement de la paix. 

En conclusion, l’Envoyé spécial a appelé les parties à se préparer à un cessez-le-feu durable à l’échelle nationale, notant que des plans pour sa mise en œuvre étaient actuellement en discussion.  Les appelant également à procéder immédiatement à une « désescalade économique » et à assurer le paiement régulier des salaires du secteur public dans l’ensemble du pays, il a plaidé en faveur d’un renforcement des liens économiques entre les différentes régions du pays, notamment en rouvrant les routes.  Enfin, il a encouragé les parties à relancer de toute urgence un processus politique intra-yéménite sous les auspices des Nations Unies. 

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a déclaré qu’il ne fait pas de doute que les besoins humanitaires au Yémen resteront élevés dans un avenir prévisible.  Cette année, la communauté humanitaire s’efforce de venir en aide à 17,3 millions de personnes, sur les 21,6 millions qui ont besoin d’assistance, a-t-elle indiqué, précisant que les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, qui représentent autour de 300 000 personnes, figurent parmi les plus vulnérables, et que leur nombre ne cesse d’augmenter selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Bien qu’ils ne constituent pas le groupe vulnérable le plus important au Yémen en termes de nombre, les migrants sont confrontés à de graves risques en matière de protection puisqu’une fois au Yémen, ils sont souvent victimes d’exploitation et de violence, notamment d’extorsions, d’enlèvements, d’abus physiques et de violences fondées sur le genre. Mme Msuya a donc appelé les parties concernées à s’acquitter de leur obligation de répondre aux besoins essentiels -tels que la santé, la nourriture, l’eau et les abris- de tous les civils sous leur contrôle, en rappelant que les personnes déplacées à l’intérieur du pays sont également confrontées à une réalité précaire au Yémen. 

La détérioration de la situation économique est, selon la Sous-Secrétaire générale, l’un des principaux facteurs à l’origine de l’immensité des besoins humanitaires au Yémen.  Ce n’est qu’en stabilisant l’économie qu’il sera possible de réduire le nombre impressionnant de personnes dans le besoin.  À cet égard, la reprise, attendue depuis longtemps, des exportations de pétrole des zones tenues par le Gouvernement est essentielle, notamment pour payer les salaires du secteur public.  Il faut également s’attaquer à l’obstruction persistante au transport des biens commerciaux des zones contrôlées par le Gouvernement vers celles contrôlées par les houthistes et faire davantage pour générer des revenus et améliorer le pouvoir d’achat de la population, et pour assurer la fourniture des services de base comme l’approvisionnement en électricité, a insisté Mme Msuya.  Les Nations Unies travaillent avec leurs donateurs et leurs partenaires pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des besoins et améliorer la situation économique, conformément au cadre économique des Nations Unies, a-t-elle expliqué.  Dans le cadre de ce travail, les Nations Unies renforcent par exemple leur présence dans la ville divisée de Taëz afin de travailler avec les autorités locales et les communautés pour améliorer l’accès à l’eau potable des deux côtés de la ville et soutenir le développement socioéconomique. 

Toutefois, la Sous-Secrétaire générale a dénoncé les contraintes d’accès constantes et significatives que connaissent les opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur le terrain, expliquant notamment que, dans les zones contrôlées par les autorités de facto des houthistes, les restrictions imposées aux déplacements du personnel national féminin continuent d’entraver la capacité du Bureau à mener à bien des projets vitaux pour les femmes et les filles.  Elle a également évoqué des retards dans l’obtention de l’autorisation d’effectuer des évaluations et à des tentatives d’ingérence dans les processus d’appel d’offres.  S’agissant des zones contrôlées par le Gouvernement du Yémen, Mme Msuya a salué le fait que les autorités ont commencé à traiter les permis de travail pour le personnel de l’aide internationale après quelques retards.  Elle les a encouragées à poursuivre cette tendance positive.  L’OCHA plaide auprès des autorités compétentes pour qu’elles élargissent son espace opérationnel et demande à nouveau aux parties de s’acquitter de leur obligation de faciliter le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire, a souligné la haute responsable. 

La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a déploré que le financement, à mi-parcours, du plan d’intervention humanitaire 2023 ne soit assuré qu’à hauteur de 29%.  La triste conséquence de cette situation est que certaines activités doivent être réduites, a-t-elle mis en garde, citant à titre d’exemple les activités de traitement de la malnutrition du Programme alimentaire mondial (PAM) qui ne couvrent que 40% des besoins.  En outre, la sécurité du personnel de l’ONU reste une préoccupation majeure, a assuré Mme Msuya, qui a rappelé que cinq membres du personnel de l’ONU enlevés à Abyan en février 2022 sont toujours portés disparus et que deux employés des Nations Unies sont détenus depuis novembre 2021.  Elle a demandé leur libération immédiate et la protection de tout le personnel humanitaire. 

La Sous-Secrétaire générale a conclu en estimant que si le processus politique progresse, il faut rester vigilants et actifs sur le front humanitaire.  Avec un meilleur financement et un accès plus large, nous pouvons étendre notre portée et améliorer la protection des civils, a-t-elle déclaré, mais nous avons également besoin d’un soutien pour les mesures visant à améliorer l’économie du Yémen. 

M. DAVID GRESSLY, Coordonnateur résident des Nations Unies au Yémen et Coordonnateur des opérations humanitaires, a fait le point sur la situation de la mission des Nations Unies mise en place afin d’éviter une marée noire catastrophique autour du pétrolier Safer.  Depuis l’arrivée du navire sur le site, à la fin mai, les prestataires engagés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont déployé des efforts importants afin de préparer le retrait de plus d’un million de barils de pétrole du navire, y compris une inspection de chaque partie du navire et une évaluation complète de la quille, qui semblerait pouvoir résister au transfert.  Des mesures susceptibles de réduire les risques d’incendie et d’explosion ont été prises, a-t-il expliqué, en ajoutant que le vaisseau pourrait être amarré au Nautica pour un nettoyage plus rapide et plus efficace.  Dans ce contexte, le PNUD a été informé que le transfert de pétrole pouvait débuter avec un niveau de risque acceptable.  Le Safer a donc été pleinement stabilisé afin de permettre le transfert du pétrole d’un navire à l’autre, bien qu’un risque résiduel subsiste, a reconnu le Coordonnateur résident.  Les Nations Unies et leurs partenaires ont toutefois mis en place une équipe de gestion de crise située à Hodeïda, avec l’appui de Sanaa, afin de pouvoir réagir adéquatement en cas d’incident. 

En vertu du mémorandum d’accord signé avec les autorités yéménites, le comité technique du Safer continue de faciliter l’opération en fournissant un accès et un appui sécuritaire et technique, tout en assurant une coordination étroite avec l’ONU, a expliqué M. Gressly, qui a annoncé que le Gouvernement yéménite avait accordé aujourd’hui même l’autorisation de transfert du pétrole du Safer. Le navire de remplacement commencera à récupérer le pétrole au début de la semaine prochaine et l’opération devrait durer deux semaines.  Ainsi, a poursuivi le Coordonnateur, le pire cas de figure, celui d’une catastrophe humanitaire, environnementale et économique due à une marée noire, a pu être évité.  La prochaine étape consistera en l’installation, avant octobre, d’une ancre caténaire pour le remplacement du vaisseau. 

Un appui financier est essentiel pour assurer le succès de cette opération, a prévenu M. Gressly, qui a noté que l’unité du Conseil de sécurité sur cette question avait permis de parvenir au résultat actuel avec un budget de 143 millions de dollars, dont 118 millions proviennent des États Membres de l’ONU, d’autres contributions étant venues du secteur privé et de groupes environnementaux tels que Greenpeace et Holm Akhdar.  Le PNUD, l’Organisation maritime internationale (OMI) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont en outre partagé leur expertise, a précisé M. Gressly, tandis que l’OCHA a accordé un prêt de 20 millions de dollars provenant du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF).  Toutefois, a noté le Coordonnateur résident, il manque toujours 25 millions de dollars au budget afin de mettre un terme à cette menace environnementale et économique.

Mme BARBARA WOODWARD, (Royaume-Uni) a salué les progrès réalisés en vue d’écarter la menace de marée noire causée par le pétrolier Safer, notamment grâce aux efforts des Nations Unies et des donateurs publics et privés.  Elle a insisté sur l’urgence d’entamer le transfert de pétrole, rappelant que l’ONU avait encore besoin de 25 millions de dollars pour achever le travail.  La représentante s’est inquiétée de la politique anti-vaccination des houthistes, la qualifiant de « menace sérieuse pour la santé publique » et demandant instamment aux autorités compétentes de débloquer la situation.  Souhaitant attirer l’attention sur la détention de 13 membres de la communauté baha’ie par les houthistes, et malgré la libération encourageante de quatre d’entre eux, la déléguée leur a demandé de respecter la liberté de croyance et de libérer les autres détenus, notamment ceux qui ont besoin de soins médicaux urgents. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), a fait part de son « optimisme prudent » quant aux perspectives de paix au Yémen.  Parmi les développements positifs, il a cité la tenue de la huitième réunion du Comité de supervision de l’application de l’Accord de Stockholm sur l’échange de prisonniers le mois dernier, en Jordanie. Insistant sur la nécessité de préserver le calme relatif actuel pendant que les négociations se poursuivent, il a demandé aux parties de s’abstenir d’attiser les tensions, de donner la priorité aux intérêts de la population et de démontrer leur engagement total en faveur du processus de paix en prenant des mesures concrètes pour améliorer la situation sécuritaire fragile dans le pays. 

Le représentant a également mis l’accent sur l’importance des efforts régionaux dans la recherche d’une solution durable au conflit, reconnaissant le rôle essentiel joué par Oman et l’Arabie saoudite.  Il a noté que la crise humanitaire au Yémen est aggravée par la dégradation de la situation économique qui continue de réduire le pouvoir d’achat de nombreux Yéménites, les prix des produits de première nécessité étant hors de portée.  La situation est en outre gravement affectée par la mainmise des houthistes sur la capacité du Gouvernement à exporter du pétrole, ce qui limite sa capacité à honorer pleinement ses obligations financières, s’est-il inquiété.  Il a appelé le Conseil à étudier les moyens de mettre fin au blocus économique afin d’alléger les souffrances du peuple yéménite.  En ce qui concerne le pétrolier Safer, le représentant a salué le démarrage sans heurts du transfert des hydrocarbures du navire en décomposition.  À ce stade, la coopération de toutes les parties prenantes est essentielle pour garantir une opération de sauvetage sûre, rapide et ininterrompue, a-t-il fait valoir. 

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a appelé à la vigilance alors que la situation sur le terrain demeure volatile. Il a appelé les parties au conflit, notamment les houthistes, à consentir les efforts nécessaires pour parvenir à un cessez-le-feu national durable, étape indispensable à ses yeux pour mettre fin à cette situation de « ni guerre ni paix » et pour lancer un processus politique sous l’égide de l’ONU.  Dans cette optique, le représentant a exhorté les houthistes à s’abstenir de tout acte susceptible de nuire davantage à l’économie yéménite, citant notamment le blocage des importations de gaz depuis Mareb et les pressions exercées sur le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies. 

Sur le plan diplomatique, le délégué a réitéré son soutien à l’Envoyé spécial et salué les efforts déployés par des acteurs régionaux tels que Oman et l’Arabie saoudite.  « Seule une solution politique globale et inclusive prenant en compte les préoccupations et les intérêts de tous les Yéménites permettra de mettre fin au conflit, » a martelé le représentant.  Malgré une insécurité alimentaire croissante, le financement du plan de réponse humanitaire demeure insuffisant, a-t-il déploré.  Il s’est ensuite félicité de la baisse du nombre de recrutements d’enfants en 2022.  S’agissant du pétrolier Safer, le délégué s’est réjoui des progrès réalisés dans l’opération de sauvetage et de l’arrivée du pétrolier de secours Nautica

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est félicité des progrès continus réalisés depuis la trêve, notamment la reprise des vols depuis Sanaa vers l’Arabie saoudite pour le pèlerinage du hadj et la libération progressive des détenus sur le principe « tous pour tous ».  Il a appelé les parties à ne pas gaspiller ces fenêtres d’opportunités en vue d’un cessez-le-feu global et d’une solution politique inclusive, estimant qu’il était temps de dépasser les mesures symboliques.  Il a estimé que la récente attaque des houthistes à Dalea ayant causé la mort de six soldats prouvait la fragilité de la situation, s’inquiétant en outre du fait qu’ils continuent de bloquer les flux de biens essentiels du sud vers le nord, notamment de carburant, ce qui aggrave la crise humanitaire. Le délégué les a aussi appelés à libérer immédiatement les baha’is enlevés.  Il a également exhorté les groupes armés à libérer immédiatement les employés de l’ONU, des ONG et les civils victimes de disparitions forcées. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a jugé essentiel de maintenir les engagements de la trêve, notant que la libération de prisonniers a marqué une étape importante dans la mise en place de mesures de confiance.  Il a espéré que des progrès pourront être réalisés lors de la deuxième étape de libération des prisonniers, dans le cadre de l’accord sur l’échange de détenus.  Il a encouragé les parties à parvenir à un accord inclusif qui conduira à un cessez-le-feu définitif et à une paix durable.  C’est la seule voie possible pour que le Yémen puisse consacrer tous ses efforts à son redressement politique, économique et social, a-t-il estimé.  Le représentant s’est inquiété des obstacles qui continuent d’être imposés à l’acheminement de l’aide humanitaire et au travail du personnel féminin dans les zones les plus nécessiteuses du territoire.  Le libre accès des opérateurs humanitaires doit être garanti afin de soutenir les quelque 4,5 millions de personnes déplacées et le nombre croissant de Yéménites qui se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire, a-t-il exigé.  Il a également insisté sur la nécessité de consolider la mise en œuvre du plan d’action de 2014 et de la feuille de route de 2018 pour mettre fin et prévenir le recrutement d’enfants, ainsi que pour appuyer les actions entreprises pour sensibiliser et former les parties à la protection des enfants dans le cadre du conflit.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) s’est félicité des mesures de réconciliation entre les parties prises ces derniers mois, notamment la reprise des vols directs entre le Yémen et l’Arabie saoudite pour la première fois depuis sept ans.  Afin de profiter de cet élan, il a exhorté les parties à s’engager de manière constructive dans des pourparlers de paix visant à instaurer un cessez-le-feu officiel et permanent.  Un processus politique inclusif, dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, est le seul moyen d’apporter une paix durable au Yémen, a fait valoir le représentant. 

Malgré ces avancées, la situation humanitaire dans le pays reste désastreuse, s’est inquiété le représentant, notant que 21 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.  Il a appelé la communauté internationale à intensifier sa réponse pour aider les millions de personnes déplacées à travers le Yémen, y compris les migrants et les réfugiés.  Les contraintes bureaucratiques et administratives continuent en outre d’entraver les opérations humanitaires, a-t-il relevé, en exhortant les parties au conflit à faciliter l’acheminement sans entrave des secours humanitaires.  Le délégué a également exprimé sa préoccupation face aux informations faisant état de recrutements, de meurtres et de mutilations d’enfants au Yémen, ainsi que de l’utilisation d’écoles et d’hôpitaux par l’armée yéménite.  Il a salué en terminant les progrès réalisés afin d’éviter une marée noire provenant du pétrolier Safer, tout en invitant le États Membres à accroître le financement des opérations.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué la prorogation par consensus du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  La représentante a estimé que le maintien de la présence de la Mission à Hodeïda et son rôle de soutien aux parties dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda restent essentiels.  Alors que le Conseil de sécurité s’est engagé à soutenir les progrès d’un processus de paix durable au Yémen, sous l’égide des Nations Unies, les parties au conflit doivent comprendre qu’il n’y a pas de solution militaire, a-t-elle insisté.  Pour sa part, le Japon réitère son soutien total aux efforts de l’Envoyé spécial pour faciliter le processus visant à mettre en place des pourparlers politiques yéménites inclusifs sous les auspices des Nations Unies. 

Se disant consternée d’apprendre qu’au Yémen, des enfants sont encore recrutés comme soldats et qu’ils font l’objet de détentions arbitraires et sont également exposés au danger des mines terrestres et des restes explosifs de guerre, la représentante a déclaré qu’aucun enfant ne devrait vivre dans la crainte d’attaques, ni être contraint de se battre sur les lignes de front des conflits armés. 

Soulignant l’importance de la stabilité économique au Yémen, la représentante a rappelé que le Japon a fourni une assistance à cette fin, mais s’est dite préoccupée par le fait que les houthistes imposent des mesures visant à saper la capacité économique du Gouvernement yéménite, ce qui finira par nuire aux moyens de subsistance de la population.  Une économie plus forte, des services publics essentiels et un secteur privé actif à l’abri des interférences et des intimidations sont des éléments clefs pour la stabilité d’une nation, a affirmé la représentante, avant d’exhorter les houthistes à cesser toute action susceptible de nuire davantage à l’économie du Yémen, et à coopérer avec les Nations Unies.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité du renouvellement du mandat de la MINUAAH, rappelant que son pays avait toujours soutenu les activités de la Mission, notamment en fournissant des observateurs militaires, et soulignant l’importance économique et humanitaire des ports du gouvernorat de Hodeïda pour l’ensemble du pays.  Il s’est inquiété de l’impact persistant des mines terrestres sur la population civile du gouvernorat qui, à la faveur de la stabilisation de la situation militaire, se rend plus facilement dans d’anciennes zones de front contaminées.  Il a appelé à renforcer les capacités de lutte antimines et d’accroître les projets connexes. Le représentant a également pris note de la complexité de l’opération concernant le pétrolier Safer et a espéré que le retrait du pétrole pourra commencer prochainement. 

Se félicitant de l’augmentation récente des vols commerciaux entre Sanaa et Amman, ainsi que du premier vol entre Sanaa et l’Arabie saoudite depuis 2016, le délégué y a vu des signes d’amélioration de l’environnement politique régional.  Il s’est toutefois dit vivement préoccupé par le déficit de financement du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies qui facilite l’acheminement vers les ports yéménites de cargaisons commerciales dont le pays a grand besoin.  Il a plaidé en faveur de la reprise des exportations de pétrole, de la suppression des obstacles au transit terrestre des marchandises commerciales et de l’amélioration de la fourniture d’électricité.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a salué l’adoption unanime, ce matin, de la résolution prorogeant la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda - MINUAAH.  Il a demandé aux houthistes de se conformer pleinement à la résolution et de supprimer tous les obstacles à la liberté de mouvement de la Mission, notamment les visites sans préavis dans les ports.  Tout en reconnaissant les développements positifs ainsi que les mesures prises pour maintenir le calme depuis un an, le représentant a estimé le moment venu d’établir une paix globale allant au-delà des cessez-le-feu transitoires, une paix porteuse d’une véritable réconciliation nationale et d’une répartition équitable des richesses entre tous les Yéménites.  Dans ce contexte, il a réaffirmé le plein appui de son pays aux efforts humanitaires et politiques déployés par l’ONU, ainsi qu’à ceux consentis par Oman et l’Arabie saoudite afin d’apaiser les tensions dans le pays. 

Le représentant a « exigé » que les houthistes cessent immédiatement leurs attaques, accusant en outre ce groupe de continuer à renforcer son arsenal militaire depuis le début de la trêve d’avril 2022, en violation de la résolution 2216 (2015).  Pour les Émirats arabes unis, il donc impérieux d’accélérer la conclusion d’un accord de cessez-le-feu permanent, assorti de mesures de confiance telles que l’ouverture de routes, l’unification de l’économie, le paiement des salaires et l’échange de prisonniers. 

Dans l’intervalle, le Yémen demeure confronté à d’immenses défis humanitaires, a poursuivi le représentant, pour qui ces défis sont exacerbés par les restrictions à l’acheminement de l’aide et à la circulation du personnel humanitaire imposées par les houthistes.  Le représentant a en outre dénoncé une « guerre économique » livrée par les houthistes contre le peuple et le Gouvernement yéménites, notamment en ciblant les installations pétrolières et les ports.  Enfin, il a salué le début du transfert sûr du pétrole du Safer, avec l’appui des Nations Unies et des Pays-Bas.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a constaté un optimisme prudent au Yémen, notant qu’aucune hostilité d’ampleur n’avait été menée depuis plus d’un an et parlant d’une relative accalmie depuis la fin officielle, en octobre 2022, de la trêve.  La représentante a estimé que l’état d’esprit des parties au conflit n’était pas à l’escalade et a salué l’augmentation des vols au départ et à l’arrivée du Yémen ainsi que l’accord conclu en vue d’échanges de prisonniers.  À partir de là, les parties devraient être en mesure de parvenir à un compromis, a estimé la représentante. Pour y parvenir, elle a suggéré d’unir les efforts internationaux et régionaux de rapprochement des positions des parties au conflit, tout en exhortant les principales forces yéménites à trouver des solutions mutuellement acceptables et à renforcer la confiance.  L’objectif de la médiation internationale doit être de trouver une solution durable aux nombreux problèmes du Yémen, a-t-elle ajouté. 

Saluant le travail de l’Envoyé spécial, la représentante a fait part de la nécessité de réviser et d’actualiser le cadre juridique international en vue d’un règlement réaliste de la situation politico-militaire actuelle.  Elle s’est opposée aux sanctions internationales qui pèsent sur le pays, ajoutant que les résolutions du Conseil devraient être utilisées pour promouvoir un règlement pacifique, et non pour attiser les turbulences politiques dans la région.  Elle a protesté contre les interprétations élargies des résolutions du Conseil et contre la présence militaire étrangère dans les eaux internationales du Yémen qui procède à des inspections de navires. 

La représentante a appelé les parties yéménites à s’abstenir de toute mesure unilatérale et demandé que soit permis un accès sans entrave à la nourriture, aux médicaments et aux autres biens essentiels partout dans le pays.  S’agissant du pétrolier Safer, elle a dit espérer que les efforts en cours mettront enfin fin à cette menace, qu’elle a qualifiée de « bombe à retardement ».

M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité de l’ouverture de vols commerciaux de Sanaa à Djedda.  Avertissant que la fenêtre d’opportunité pour la paix ne restera pas ouverte à jamais, il a espéré que les parties feront preuve de la souplesse nécessaire pour avancer étape par étape vers une solution au conflit.  S’inquiétant des combats récents à Taëz, il a appelé les parties au conflit à la retenue.  Soulignant que la situation humanitaire au Yémen était la plus grave des pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, il a rappelé que des pluies torrentielles avaient entraîné des inondations dans plusieurs gouvernorats, provoquant des déplacements de population.  Il appelé à renforcer l’aide humanitaire pour le Yémen et à lever toutes les restrictions déraisonnables à son accès.  Le représentant s’est ensuite félicité de l’action des pays de la région pour le dialogue et la réconciliation, ce qui permettait d’espérer un règlement politique de la situation au Yémen.  Il a également pris note des progrès réalisés en ce qui concerne le pétrolier Safer. Qualifiant son pays « d’ami et de partenaire des pays de la région », il l’a dit prêt à travailler avec toutes les parties afin de mettre en œuvre « un vrai multilatéralisme » et parvenir à la paix au Yémen et à la stabilité à long terme au Moyen-Orient.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué les progrès dans « l’opération Safer », y voyant un modèle pour la coopération internationale au Yémen, et appelant à préserver cet élan et à trouver les 25 millions de dollars supplémentaires pour achever les deux dernières phases de cette opération et éviter une catastrophe environnementale, économique et humanitaire.  Pour la représentante, il est impératif de trouver un équilibre entre les efforts comme l’opération Safer et le fait de continuer à fournir une aide humanitaire vitale au Yémen.  Elle a mis en garde contre le sous-financement dangereux du plan de riposte humanitaire pour le Yémen, ce qui entraînera des conséquences graves pour les Yéménites.  Elle a notamment exhorté les bailleurs de fonds bilatéraux, et en particulier ceux de la région, à le financer. 

La représentante s’est félicitée de la prorogation de douze mois du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), tout en soulignant que la Mission devait avoir la marge de manœuvre nécessaire pour mener à bien ses activités vitales. 

Seize mois après l’entrée en vigueur de la trêve facilitée par l’ONU au Yémen, Mme Thomas-Greenfield a estimé que les mesures restent toutefois insuffisantes pour faire parvenir l’aide aux nombreux Yéménites dans le besoin, lesquels n’en ressentent pas encore les effets.  La représentante a également reproché aux houtistes de continuer à bloquer les exportations de pétrole du pays, aggravant encore la crise humanitaire et économique dans le pays et entravant les versements des salaires dans le secteur public.  Les États-Unis appellent les parties à coopérer avec l’Envoyé spécial de l’ONU, qui cherche à faciliter les pourparlers intra-yéménites, y compris sur la question de l’exploitation des ressources du pays. 

La représentante a appelé à libérer immédiatement et sans condition tout le personnel local de l’ambassade américaine détenu à Sanaa depuis dix-huit mois, ainsi que les 13 baha’is yéménites et les détenus juifs yéménites.  « Tous les Yéménites doivent pouvoir pratiquer leur religion sans crainte », a-t-elle fait valoir, avant d’appeler à nouveau à tout faire pour mettre un terme à cette guerre. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) s’est félicité du renouvellement du mandat de la MINUAAH. Il s’est dit préoccupé de l’effet amplificateur des changements climatiques sur la crise au Yémen, qui exacerbe les tensions autour de l’accès aux ressources, notamment à l’eau, alors que le pays est déjà fragilisé par des catastrophes naturelles et l’insécurité alimentaire.  Il s’est par ailleurs félicité des progrès accomplis dans le cadre du plan de sauvetage du pétrolier Safer et a salué l’engagement du Coordonnateur résident et du système onusien pour éviter une catastrophe environnementale en mer Rouge. 

Relevant l’engagement des acteurs régionaux sur la question yéménite, le représentant a salué la tenue de discussions à Amman le mois dernier, en vue d’un potentiel échange de prisonniers.  Il a encouragé les parties au conflit à poursuivre ces échanges et réaffirmé la disponibilité de la Suisse pour accueillir de futures discussions à ce sujet. 

Appelant les parties à faciliter un acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire, le représentant s’est préoccupé de la situation des réfugiés et des migrants arrivant de la Corne de l’Afrique, qui sont exposés à des risques accrus d’exploitation, de détention arbitraire et de refoulement.  Il s’est également inquiété de l’augmentation des discours de haine de certains dirigeants politiques à l’encontre de ces groupes vulnérables.  En conclusion, il a déploré le manque de respect des règles relatives à la conduite des hostilités par les parties au conflit, évoquant notamment l’arrestation et la détention arbitraire des membres de la communauté baha’ie à Sanaa.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour progresser vers la transition à laquelle s’attendent les Yéménites.  Dénonçant ensuite les agissements des houthistes contre une paix durable, le représentant a énuméré les actions du Gouvernement qui, a-t-il affirmé, n’a malheureusement pas de partenaires pour la paix alors qu’il entend notamment restaurer les institutions de l’État dans tout le pays. 

Le représentant a affirmé que le Gouvernement yéménite envisage toutes les options pour la paix, et qu’il a fait des concessions et des efforts pour respecter la trêve, ce qui n’est pas le cas des milices houthistes, qui veulent l’escalade, aggravant ainsi la souffrance humanitaire.  Les houthistes rejettent tous les efforts de paix, violent le droit international et restreignent les libertés, a accusé le représentant.  Ils continuent le blocus de la province de Taëz.  Ils ont recours au chantage humanitaire et envoient leurs combattants au front.  Ils continuent de recruter des enfants, imposent le tutorat des hommes sur les femmes, abusent des minorités y compris religieuses.  Ils ont enlevé des baha’is et se livrent à des disparitions forcées.  En bref, les houthistes ne respectent pas la trêve et rejettent la paix, a-t-il accusé. 

La communauté internationale doit faire pression sur les houthistes et l’Iran pour qu’ils optent pour la paix, a exhorté le représentant, qui a dénoncé la guerre économique qu’ils mènent contre les populations en dressant des obstacles aux efforts du Gouvernement pour déployer les fonctionnaires dans les provinces, entraînant ainsi la diminution des recettes publiques.  Pour sa part, le Gouvernement poursuit la réforme de l’administration en menant notamment la lutte contre la corruption, pour la responsabilisation et pour assurer l’augmentation des recettes fiscales.  Saluant l’appui de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis à son gouvernement dans les domaines économiques et humanitaires, le représentant a salué la prorogation du mandat de la MINUAAH avant de dénoncer une fois de plus les houthiste, les accusant de ne pas respecter l’Accord de Stockholm.  Il a enfin salué les efforts réalisés pour sauver le pétrolier Safer. 

M. JAAP SLOOTMAKER, Vice-Ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau des Pays-Bas, a prévenu, s’agissant du pétrolier Safer, que l’inaction entraînera des conséquences dévastatrices, tout d’abord sur la situation humanitaire déjà désastreuse au Yémen, mais également sur l’environnement national et régional.  Une marée noire perturberait en effet des voies maritimes et des chaînes d’approvisionnement énergétique et alimentaire vitales.  Pour prévenir un tel scénario, une opération de sauvetage est techniquement faisable, a assuré le Vice-Ministre, qui a ajouté que son pays possède les connaissances et l’expertise nécessaires pour éviter la catastrophe.  « Le coût de la prévention l’emporte toujours sur le coût et les souffrances d’une catastrophe » a-t-il ajouté. 

Pour cette raison, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont mené une collecte de fonds, à laquelle ont répondu plus de 20 États Membres et des donateurs privés, a expliqué le Vice-Ministre.  Ces fonds, a-t-il rappelé, ont permis d’obtenir un navire de remplacement, de contracter une entreprise de sauvetage et de démarrer les opérations. Toutefois, l’ONU a un besoin urgent de 25 millions de dollars pour mener à terme l’opération, y compris la mise en place d’une solution permanente pour empêcher qu’une crise similaire ne se reproduise à l’avenir.  Le Vice-Ministre a donc appelé les États Membres et le secteur privé à accroître leurs contributions pour atteindre cet objectif dans les plus brefs délais.  Une société néerlandaise de sauvetage a déjà effectué les inspections nécessaires et les derniers préparatifs sont en cours, a-t-il indiqué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité proroge d’un an, jusqu’au 14 juillet 2024, le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda

9369e séance - matin
CS/15346

Yémen: le Conseil de sécurité proroge d’un an, jusqu’au 14 juillet 2024, le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, à l’unanimité de proroger jusqu’au 14 juillet 2024 le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) qui est de faciliter l’application de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, comme le prévoit l’Accord de Stockholm. 

En adoptant la résolution 2691 (2023), le Conseil déclare par ailleurs son intention d’examiner le mandat de la Mission et d’y apporter toute modification rendue nécessaire par l’évolution de la situation sur le terrain, notamment un cessez-le-feu durable à l’échelle du pays. 

Conclu le 13 décembre 2018 entre le Gouvernement yéménite et les rebelles houthistes, l’Accord de Stockholm a été entériné le 21 décembre 2018 par la résolution 2451 (2018) du Conseil de sécurité qui ratifie l’Accord sur Hodeïda.  Celui-ci prévoit notamment un cessez-le-feu dans la province de Hodeïda et un redéploiement mutuel des forces de la ville de Hodeïda et des trois ports qui étaient sous contrôle houthiste.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2023/432)

Texte du projet de résolution

Le Conseil de sécurité,

Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence concernant le Yémen, notamment la résolution 2643 (2022),

Réaffirmant son ferme attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen, et son engagement à soutenir le peuple yéménite,

Rappelant qu’il a approuvé l’accord conclu en Suède par le Gouvernement yéménite et les houthistes concernant la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa (« l’Accord sur Hodeïda ») et demandant de nouveau aux parties de coopérer en vue d’en appliquer toutes les dispositions, rappelant les obstacles imposés actuellement par les houthistes à la liberté de circulation de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), notamment aux patrouilles, et insistant sur la nécessité de faciliter l’augmentation du nombre de patrouilles effectuées sans entrave par la Mission,

1.    Décide de proroger jusqu’au 14 juillet 2024 le mandat de la MINUAAH, défini dans la résolution 2643 (2022), qui est de faciliter l’application de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa comme le prévoit l’Accord de Stockholm, dont le texte a été distribué sous la cote S/2018/1134;

2.    Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, chaque mois, des progrès accomplis dans l’application de la présente résolution, conformément au paragraphe 8 de la résolution 2643 (2022);

3.    Prie également le Secrétaire général de lui faire un point complémentaire sur la Mission dans un délai d’au moins un mois avant la date à laquelle le mandat de la Mission doit venir à expiration;

4.    Déclare son intention d’examiner le mandat de la Mission et d’y apporter toute modification rendue nécessaire par l’évolution de la situation sur le terrain, notamment un cessez-le-feu durable à l’échelle du pays;

5.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.