CONF230703-CS

Le Conseil de sécurité tiendra son premier débat sur l’intelligence artificielle lors de la présidence britannique de juillet

Le Conseil de sécurité tiendra son « tout premier débat » sur l’intelligence artificielle et le maintien de la paix et de la sécurité internationales lors de la présidence britannique de juillet, a annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies, la Représentante permanente du Royaume-Uni et Présidente du Conseil pour ce mois, Mme Barbara Woodward.  Deux débats publics, le premier sur les enfants et les conflits armés et le second sur la violence sexuelle dans les conflits, seront d’autres temps forts de la présidence.

Mme Woodward a entamé sa conférence en insistant sur l’engagement de son pays en faveur d’une réforme du multilatéralisme.  Nous avons entendu les nombreuses délégations qui disent que les pays les plus puissants n’assument pas leurs responsabilités, a dit la représentante, en soulignant la nécessité de « réformer ce qui peut être préservé ».  Elle a précisé les quatre points autour desquels son pays entend articuler une réforme du multilatéralisme: réforme du Conseil de sécurité; réforme des institutions financières internationales; restructuration de la dette souveraine; commerce et technologie.

Avec ce débat sur l’intelligence artificielle, prévu le 18 juillet, nous voulons entamer un débat multilatéral sur ce bouleversement technologique sans précédent, a-t-elle dit, en louant « le potentiel considérable » de cette intelligence.  « L’humanité est au bord d’un immense bond en avant. »  Elle a ainsi indiqué que l’intelligence artificielle pourrait combler le fossé toujours plus important entre pays développés et pays en développement.  Elle a également noté que certaines missions auprès de l’ONU utilisent d’ores et déjà cet outil.

Nous devons néanmoins comprendre les risques que cette évolution peut poser pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-elle dit.  Elle a notamment pointé les risques de l’intelligence artificielle dans le domaine de la sécurité nucléaire.  Le Secrétaire général et plusieurs experts s’exprimeront lors de ce débat présidé par le Secrétaire d’État du Royaume-Uni chargé des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement, M. James Cleverly. 

Le débat sur les enfants et les conflits armés, prévu le 5 juillet, sera un autre moment marquant de la présidence britannique. Mme Woodward a tenu à rappeler que la Fédération de Russie est mentionnée dans le dernier rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé en raison de la guerre qu’elle livre en Ukraine.  C’est la première fois qu’un membre permanent du Conseil est cité dans ce rapport, a-t-elle dit. 

L’Ambassadrice a ensuite indiqué que le débat public sur la violence sexuelle en temps de conflit, le 14 juillet, visera à une meilleure application des résolutions pertinentes du Conseil pour combattre ce fléau. L’Envoyé spécial de son pays pour la prévention de la violence sexuelle et un défenseur des droits humains au Myanmar prendront la parole.  Elle a précisé que son pays compte convier des intervenants de la société civile à nombre de réunions du Conseil, comme cela sera le cas lors de la séance consacrée à la Colombie le 12 juillet.  Nous veillerons à ce que ce Conseil ne soit pas utilisé à des fins de désinformation, a-t-elle dit. 

Une séance sur la situation en Ukraine est programmée le 17 juillet après-midi, a signalé Mme Woodward avant de dénoncer l’agression de l’Ukraine par la Russie.  « Il s’agit d’une attaque calculée contre la Charte des Nations Unies. »  Elle s’est dite convaincue que la vérité finira par triompher sur les crimes de guerre commis par la Russie.  « Le Royaume-Uni veut la paix, l’Ukraine veut la paix, mais le seul à pouvoir mettre un terme à la guerre est le Président russe. »  Elle a répondu à son homologue russe, pour qui « la prochaine présidence britannique sera la pire de l’histoire du Conseil ». 

« Nous prenons cela comme une marque d’honneur », a-t-elle rétorqué.  Elle a également dénoncé les activités du groupe Wagner, en particulier au Mali, dont la sécurité dépend de ce groupe depuis le retrait de la mission de l’ONU.  « Je ne confierai pas ma sécurité à Wagner », a ironisé Mme Woodward.  Elle s’est également dite pessimiste quant à une éventuelle prorogation de l’Initiative de la mer Noire qui expire le 18 juillet.  Elle a estimé que cette initiative est prise en otage par la Russie qui joue un « jeu dangereux ». 

Mme Woodward a été abondamment interrogée sur la réforme du Conseil de sécurité.  Elle a rappelé que son pays souhaite que le Conseil accueille en tant que membres permanents l’Allemagne, le Japon, l’Inde et le Brésil, ainsi « qu’une représentation permanente africaine ».  Elle a dit comprendre la frustration de nombreuses délégations quant à la lenteur du processus intergouvernemental chargé de cette question.  Nous regrettons qu’il n’ait pas été possible que ce processus se base sur un texte pour avancer, a-t-elle dit, en soulignant la grande diversité des positions sur ce sujet.

Le mois sera en outre marqué par plusieurs adoptions. Le 14 juillet, le Conseil se penchera sur le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).  Le mandat pourrait être ajusté afin de tenir compte de ce qui se passe sur le terrain, a-t-elle précisé.  Le Conseil votera par ailleurs sur les sanctions en République centrafricaine, le 27.  Mme Woodward a insisté sur l’importance du renouvellement de l’aide transfrontalière en Syrie, question sur laquelle le Conseil se penchera le 7 juillet. 

Le Conseil devrait autoriser davantage de points de passage transfrontière et pour plus longtemps, a-t-elle recommandé.  « Le Royaume-Uni est en faveur de l’ouverture d’au moins trois points de passage pour au moins douze mois. »  Enfin, elle a indiqué que son pays suit attentivement l’opération lancée par Israël à Jénine, en Cisjordanie.  Elle a jugé probable une réunion du Conseil sur ce sujet, avant de plaider pour un usage proportionné de la force et de rappeler l’attachement de son pays à la solution des deux États.

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