En cours au Siège de l'ONU

Session de 2023, Forum politique de haut niveau     
14e séance – matin
ECOSOC/7140

La session ministérielle de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau se penche sur les efforts régionaux pour le développement durable

Nous avons « une dernière chance peut-être, une chance unique » d’apporter un changement permettant d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  C’est ce qu’a rappelé ce matin, au débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC), la Présidente de la sixième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui est Ministre au Maroc de la transition énergétique et du développement durable.  Son message clef a été de traiter le relèvement au sortir de la pandémie et la réparation de la planète comme allant de pair. 

La Ministre Leila Benali était venue présenter les messages de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement au forum politique de haut niveau pour le développement durable et à l’ECOSOC, qui sont réunis pendant trois jours en session ministérielle.  La Présidente de cette Assemblée s’est basée sur les leçons apprises de la COVID-19, qui fut « une piqure de rappel » pour tous les pays.  « Trois ans après le confinement, avons-nous oublié cette piqure de rappel? »  Le confinement nous a rappelé que l’équilibre fragile de la nature a été rompu par l’humain, a souligné Mme Benali en avertissant que le relèvement exige d’accélérer la transformation économique et sociale nécessaire pour faire face aux urgences de la planète. 

Sous la houlette de Mme Lachezara Stoeva, Présidente de l’ECOSOC, la matinée a entendu également le point de vue des grandes régions du monde sur la réalisation des ODD, les secrétaires exécutifs des commissions économiques régionales de l’ONU étant venus les présenter pour en débattre avec les délégations.  Ces responsables ont synthétisé les enseignements tirés des derniers forums régionaux sur le développement durable organisés par les cinq commissions.

Outre la préoccupante insuffisance de progrès pour arriver à l’année 2030 en ayant atteint les ODD, le besoin de partenariats renforcés pour y arriver a été un élément commun de leurs déclarations.  Or les commissions régionales jouent un rôle de plateforme pilote pour les partenariats, a fait valoir la Coordinatrice de ces commissions, qui est à la tête de la CESAP, celle de l’Asie et du Pacifique. 

Concrètement, le forum régional de la Commission économique pour l’Europe a misé sur la disponibilité de données statistiques fiables ainsi que sur les énergies renouvelables, avant de souligner l’importance d’un renforcement des systèmes de transports urbains.  Des intérêts partagés par la région Amérique latine et Caraïbes, qui a un caractère très urbain (8 personnes sur 10 vivent en ville) et qui accorde une importance fondamentale à l’accès à l’énergie. Mais l’élimination de la pauvreté reste le principal défi à relever, a reconnu la Présidente du forum de la région.

« Avec de l’ambition, nous pouvons regagner du terrain et réaliser les ODD », a assuré celle qui a présidé le même forum pour l’Afrique, la Ministre de l’environnement et de la lutte contre la désertification du Niger.  Elle a indiqué que le forum régional africain a proposé de soutenir les initiatives transformatrices, comme la grande muraille verte et la grande muraille bleue, et de mettre la science au cœur des stratégies d’application du Programme 2030. Quant à la région arabe, elle continue de se mobiliser pour la réalisation des ODD, nonobstant les crises internationales et les ressources limitées, a déclaré le Ministre de la planification et de la coopération internationale du Yémen, qui a présidé le forum régional. À cette occasion, les pays arabes ont insisté sur la valeur ajoutée du secteur privé dans les efforts de développement.  L’occasion de rappeler l’importance des partenariats avec la société civile, comme l’a fait également le forum Asie-Pacifique, a précisé le Directeur général de la planification du Cambodge, qui l’a présidé.

« Il n’y a rien de plus fort et de plus efficace que de rassembler tous les organes environnementaux pour un même combat », avait relevé Mme Benali en début de séance.  Les processus régionaux sur le développement durable participent de cet effort, ce qui a fait dire à la Fédération de Russie qu’il fallait les approfondir.  En écho, le Directeur de recherche à Cepei (Argentine) a exhorté les pays présentant leur examen national volontaire à y inclure un volet détaillant leur stratégie régionale. 

La journée s’est d’ailleurs poursuivie avec trois séries d’examens nationaux volontaires (Saint-Kitts-et-Nevis, Bahreïn, Belgique, Croatie, République-Unie de Tanzanie; Brunéi Darussalam, Islande, Timor-Leste; France, Lituanie, Singapore), entrecoupées par la suite du débat général. 

La session ministérielle de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau se poursuivra demain, mercredi 19 juillet, à 9 heures.

DÉBAT DE HAUT NIVEAU, Y COMPRIS LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DE TROIS JOURS DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Messages de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement

Sous la présidence de Mme Lachezara Stoeva, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), cette session a donné la parole à l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, organe de l’ONU qui contribue à la mise en œuvre effective et à la pleine intégration de la dimension environnementale du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en reconnaissant qu’un environnement sain est essentiel au développement durable. 

« Nous sommes à la croisée des chemins, la croisée de défis et des chances », a déclaré la Présidente de la sixième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, Mme Leila Benali, qui est Ministre de la transition énergétique et du développement durable du Maroc.  C’est pour elle « une dernière chance peut-être, une chance unique » d’apporter un changement.  Chacun des objectifs de développement durable (ODD) exige qu’on accélère l’action climatique, a-t-elle rappelé en citant le Secrétaire général. Sachant que le monde est déjà 1,1 degré Celsius plus chaud que lors de l’ère industrielle, et que la hausse des températures mondiales moyennes devrait dépasser 1,5 degré Celsius au début des années 2030, elle a rappelé les risques d’extinction de faune et de flore.  Elle a aussi alerté sur le fait que les populations des zones vulnérables sont 15 fois plus susceptibles de mourir dans des inondations, des sécheresses ou des tempêtes, et pas simplement de perdre leur unique source de revenu ou de migrer.  Les progrès ont ralenti à cause de la superposition des crises, a-t-elle reconnu en rappelant qu’à l’heure actuelle, 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent davantage pour le service de la dette que pour financer les secteurs de l’éducation et de la santé. 

La Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement est revenue sur la crise de la COVID-19, qui a laissé une trace sans précédent sur le monde.  Ce fut également une piqure de rappel pour tous les pays.  « Trois ans après le confinement, avons-nous oublié cette piqure de rappel? »  Si le confinement nous a rappelé que l’équilibre fragile de la nature a été rompu par l’humain, le relèvement exige selon elle d’accélérer la transformation économique et sociale nécessaire pour faire face aux urgences de la planète.  « Le relèvement au sortir de la pandémie ainsi que la réparation de la planète doivent aller de pair.  C’est la clef de voute de mon message aujourd’hui. »  Nous devons mettre à contribution les connaissances scientifiques et autochtones, et renforcer la gouvernance pour financer les ODD, a recommandé la Ministre marocaine. 

Mme Benali a appelé à « repenser à nos réalisations en tant que communauté internationale au cours des cinquante dernières années », voyant même dans les accords multilatéraux chargés de protéger l’environnement, « une réalisation historique ».  Nous disposons des instruments nécessaires, a-t-elle assuré avant de demander de promouvoir la participation active à ces accords.  Elle a, enfin, résumé les principales recommandations de l’Assemblée pour l’environnement: l’interface science, politique et décision; le renforcement du lien entre conservation et utilisation durable de la biodiversité et santé publique; la promotion de la circularité pour avoir des moyens de subsistance à l’aide d’infrastructures résilientes.  Elle a aussi promu la participation du secteur privé, faisant remarquer combien les données et le savoir-faire de ce secteur ont beaucoup joué pendant la pandémie.  Il n’y a rien de plus fort et de plus efficace que de rassembler tous les organes environnementaux pour un même combat, a-t-elle conclu.

Les messages des régions: dialogue

Le point de vue des grandes régions du monde sur la réalisation des ODD a pu se faire entendre lors de cette table ronde, qui a synthétisé les enseignements des derniers forums régionaux sur le développement durable organisés par les cinq Commissions régionales des Nations Unies.

« Les progrès en vue de la réalisation des ODD sont insuffisants dans toutes les régions du monde », a déclaré Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et Coordinatrice des Commissions régionales, à l’ouverture de cette table ronde.  Pour remédier à ces retards, elle a appelé à miser sur la protection sociale et l’égalité entre les genres, avant d’exhorter à des partenariats renforcés au niveau local pour une bonne mise en œuvre des ODD.  Les Commissions régionales de l’ONU continuent de jouer leur rôle de plateforme pilote à cette fin, a-t-elle dit.

Même son de cloche du côté de Mme GARAMA SARATOU RABIOU INOUSSA, Ministre de l’environnement et de la lutte contre la désertification du Niger et Présidente du forum africain sur le développement durable, qui a confirmé que les pays africains ne sont pas sur la trajectoire de réalisation des ODD.  Elle a rappelé que, lors de sa dernière édition, le forum régional africain a proposé de soutenir les initiatives transformatrices, comme les initiatives de la grande muraille verte et de la grande muraille bleue; de mettre la science au cœur des stratégies d’application du Programme 2030 et de renforcer le système des coordonnateurs résidents.  Les pays africains doivent également accroître leurs efforts pour l’assainissement de l’eau et pour un accès universel à l’électricité, a-t-elle dit. « Avec de l’ambition, nous pouvons regagner du terrain et réaliser les ODD. »

« La région arabe continue de se mobiliser pour la réalisation des ODD, nonobstant les crises internationales et les ressources limitées », a déclaré M. WAED ABDULLAH BADHIB, Ministre de la planification et de la coopération internationale du Yémen et Président du forum arabe sur le développement durable.  Il a notamment rappelé que la région arabe souffre du taux de chômage le plus élevé au monde.  Le forum a invité les pays arabes à lutter contre la corruption, avant d’insister sur l’importance du rôle du secteur privé.  Il a appelé à investir dans les infrastructures afin d’améliorer la compétitivité de la région arabe.  Enfin, il a exhorté les donateurs à aider les pays arabes dans la réalisation des ODD et à appuyer le Yémen dans ses efforts de reconstruction. 

M. PAGNATHUN THENG, Directeur général de la planification du Cambodge, Président du Forum Asie-Pacifique sur le développement durable, a précisé que le dernier forum régional s’est tenu à Bangkok du 27 au 30 mars dernier.  L’importance des partenariats a été abondamment soulignée lors des discussions, en particulier avec la société civile.  Les difficultés posées par les restructurations des dettes souveraines ont été également largement évoquées.  Enfin, il a appelé à une approche transformatrice afin d’appuyer la réalisation des ODD dans la région Asie-Pacifique.

M. MILOS PRICA, Directeur du Conseil de mise en œuvre des ODD de la Bosnie-Herzégovine et Vice-Président de forum régional sur le développement durable organisé par la Commission économique pour l’Europe a, d’emblée, tenu à souligner les lourdes conséquences de la guerre en Ukraine.  La région n’atteindra que 21 cibles des ODD, en l’état actuel des choses, a-t-il dit, en estimant que le panorama d’ensemble n’invite pas à l’optimisme.  Il a également souligné l’importance de données statistiques fiables pour mesurer la réalisation des ODD.  L’autre Vice-Président, M. MARKUS REUBI, délégué du Conseil fédéral pour le Programme 2030, de la Suisse, a souhaité la mise en place d’un cadre de suivi des engagements pris.  Il a en outre plaidé pour un plus grand recours aux énergies renouvelables, avant de souligner l’importance d’un renforcement des systèmes de transports urbains. 

Mme MARISOL MERQUEL, Présidente du Conseil national pour la coordination des politiques sociales de l’Argentine et Présidente du forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable, a précisé que le dernier forum s’est tenu du 25 au 28 avril au Chili.  Les divers obstacles, financiers et institutionnels, entravant la réalisation des ODD ont été décortiqués.  L’importance fondamentale de l’accès à l’énergie est également ressortie des débats.  Elle a rappelé le caractère très urbain de cette région du monde, puisque 8 personnes sur 10 vivent en ville.  À mi-chemin de 2030, les pays de la région sont encore loin du compte, a-t-elle dit, puisque 24,6% seulement des cibles devraient être atteintes.  « L’élimination de la pauvreté reste le principal défi à relever. »

De son côté, M. JAVIER SURASKY, Directeur de recherche à Cepei, Argentine,  a appelé à une action régionale « dynamique » pour réaliser les ODD.  « Les régions sont capitales dans la mise en œuvre du Programme 2030 ».  Si nous oublions les régions, nous risquons alors de rompre les chaînes de gouvernance nécessaires à la bonne mise en œuvre dudit Programme, a-t-il averti.  Enfin, il a exhorté les pays présentant leur examen volontaire national à y inclure un volet détaillant leur stratégie régionale. 

Dans le débat interactif qui a suivi ces présentations, le délégué des Comores a détaillé la déclaration de Moroni pour une action en faveur de l’océan et du climat en Afrique récemment adoptée par des États insulaires et côtiers africains.  Cette déclaration initie le processus de Moroni qui vise à remédier aux défis environnementaux et climatiques, en soutenant notamment l’initiative de la grande muraille bleue.  Un autre objectif est la séquestration de quelque 100 millions de tonnes de carbone. « C’est une feuille de route dirigée par l’Afrique. ».  Le Maroc a, lui, espéré que le prochain Sommet sur les ODD marquera un tournant et permettra de regagner le terrain perdu, tandis que la Fédération de Russie a appelé à approfondir les processus régionaux sur le développement durable.

Le délégué de l’Indonésie a déclaré que son pays devrait atteindre l’ODD 6 sur l’accès à l’eau.  Son homologue d’Israël a signalé que le défi principal dans sa région du monde est la rareté de l’eau, avant de proposer les solutions développées par son pays pour y remédier, notamment la désalinisation.  Il a aussi évoqué un projet hydrique mené avec la Jordanie.  Une représentante du Groupe LGBTI, venue du Zimbabwe, a appelé les pays africains à « refuser la peur » et à combattre les efforts visant à marginaliser les sexualités.  Enfin, le Guatemala a indiqué qu’il allait présenter son quatrième examen volontaire national, tandis que le Zimbabwe a demandé un allègement du fardeau de la dette des pays les moins avancés, ainsi que la levée des sanctions qui entravent la réalisation des ODD.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.