En cours au Siège de l'ONU

9380e séance, après-midi
CS/15358

Conseil de sécurité: l’annonce par la Fédération de Russie de sa sortie de l’Initiative de la mer Noire domine la séance consacrée à la situation en Ukraine

L’annonce aujourd’hui par la Fédération de Russie de sa sortie de l’Initiative de la mer Noire a dominé une séance du Conseil de sécurité sur l’Ukraine prévue de longue date et tenue en présence de plusieurs ministres de pays de l’Union européenne, malgré les protestations de la Fédération de Russie, dont le représentant a dénoncé le « manque de scrupules » de la présidence britannique.  La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a dressé un panorama plus vaste de la situation à l’occasion de la première séance tenue depuis qu’a été dépassé, le 8 juillet, le cap des cinq-cents jours depuis l’invasion russe. 

Mme DiCarlo a, une nouvelle fois, répété que l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie était une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international et réitéré le plein attachement des Nations Unies à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Après avoir passé en revue les derniers événements et la situation humanitaire et des droits humains, la Secrétaire générale adjointe a estimé qu’en plus des morts et des destructions en Ukraine, le conflit avait exacerbé les tensions dans différentes régions, risquait de déclencher une course mondiale aux armements et menaçait de saper les structures mêmes qui ont empêché une troisième guerre mondiale et aidé à résoudre de multiples conflits au cours des quatre-vingts dernières années.  Plus cette guerre se prolonge, plus ses conséquences sont dangereuses, y compris la possibilité d’un conflit plus large, s’est-elle alarmée. 

La Secrétaire générale adjointe a par ailleurs estimé que la décision de la Fédération de Russie de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire, annoncée quelques heures plus tôt, allait porter un coup dur aux personnes dans le besoin partout dans le monde.  Mais, a-t-elle assuré, elle n’arrêtera pas les efforts de l’ONU visant à faciliter l’accès sans entrave aux marchés mondiaux des produits alimentaires et des engrais en provenance de l’Ukraine et de la Russie. 

La Fédération de Russie a expliqué son retrait de l’Initiative de la mer Noire en la présentant comme un arrangement « à sens unique », profitant plus aux pays riches qu’aux moins avancés et devenu avec le temps une « initiative commerciale » et non plus humanitaire.  Le représentant russe a rappelé qu’en annonçant en mars une nouvelle prorogation de l’accord pour une durée limitée à soixante jours, son pays avait précisé qu’il ne prendrait de décision sur les prochaines étapes qu’après avoir examiné les progrès accomplis dans la résolution de certaines questions.  Accusant l’Ukraine de poursuivre ses attaques contre les installations civiles et militaires russes sous le couvert d’un corridor humanitaire maritime, la Fédération de Russie a donc décidé de se retirer de l’accord, ce qui, a-t-elle précisé, entraîne également le retrait des garanties de sécurité de la navigation.  La Russie, a-t-il assuré, ne sera prête à envisager son rétablissement que si des résultats concrets sont enregistrés. 

« La Russie a tué l’Initiative de la mer Noire sur les exportations de céréales », a accusé le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine.  M. Dmytro Kuleba, qui a reproché à Moscou de faire chanter le monde et d’avoir systématiquement fait obstacle au bon fonctionnement de cet accord depuis son entrée en vigueur.  

Le retrait russe de l’Initiative de la mer Noire a aussi été regretté par les membres non européens du Conseil de sécurité.  Les Émirats arabes unis ont rappelé que l’Initiative constituait l’un des rares éléments positifs qui ont émergé de ce conflit puisque l’accord d’Istanbul découlait d’un engagement déterminé des parties au dialogue.  Le Ghana a rappelé qu’elle avait permis de livrer plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires à 45 pays, avant d’insister pour qu’une solution soit trouvée aux problèmes liés aux exportations russes, pour éviter une flambée spéculative des prix des denrées alimentaires et garantir la sécurité alimentaire mondiale.  Le Brésil a ajouté qu’en l’absence d’un accord pour une paix globale et durable, les parties concernées ne devraient ménager aucun effort pour renouveler ce que Mme DiCarlo avait qualifié, lors d’une des réunions précédentes, de « lueur d’espoir ». 

Mais, comme l’ont aussi dit les Émirats arabes unis, l’annonce du retrait russe ne doit pas empêcher les actions collectives visant à mettre un terme à cette guerre. À cette fin, la Suisse a appelé à s’appuyer sur le « fondement solide » que constitue la Charte des Nations Unies.  Comme l’a rappelé la Pologne, pour espérer régler le conflit, il ne faut proposer que des « solutions légitimes », car une paix injuste ou un conflit gelé ne ferait que prolonger l’instabilité et attirerait de nouvelles agressions.  Les efforts en faveur de la paix n’auront de sens que s’ils permettent de créer les conditions d’une paix juste et durable, dans le respect des principes fondamentaux de la Charte que sont la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, a confirmé la France. 

Certains intervenants ont aussi déploré l’incapacité à agir du Conseil de sécurité et se sont tournés vers l’Assemblée générale. Il est grand temps qu’en l’absence d’un message commun de la part du Conseil, les parties gardent à l’esprit la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale qui, dans ses sept résolutions, a appelé à une cessation immédiate des hostilités et à un règlement pacifique, a ainsi déclaré le Ghana. 

Nombreuses ont été les références à la résolution adoptée le 23 février dernier par l’Assemblée générale sur les principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine.  Qualifié de « déclaration forte » par l’Équateur, ce texte constitue pour la Suisse « la base sur laquelle une paix globale, juste et durable peut être construite en Ukraine ».  Pour le Royaume-Uni, c’est le plan de paix en 10 points du Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy qui montre la voie à suivre.  Mais si la plupart des intervenants ont demandé que ce futur accord respecte les principes fondamentaux de la Charte que sont la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, le Brésil comme la Chine ont demandé qu’il prenne en compte les préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Motion d’ordre préliminaire

Le représentant de la Fédération de Russie, dans une motion d’ordre, a fait part de son désaccord de principe avec la présidence britannique du Conseil qui a invité huit États membres de l’Union européenne (UE) et le représentant de l’Union européenne, en violation de la pratique établie de trois pays participants aux réunions sur l’Ukraine.  Ces participants n’apporteront aucune « valeur ajoutée » à la discussion mais défendront les intérêts de l’OTAN, a-t-il affirmé.  Or, cette réunion est celle du Conseil de sécurité et non celle de l’OTAN. Une telle approche est non seulement révélatrice du manque de scrupules de la présidence britannique, mais aussi d’une tentative de faire pression sur les membres du Conseil.  Le représentant a rappelé qu’en février de cette année, le Conseil s’était déjà trouvé confronté à des tentatives de l’un des membres de l’Union européenne qui présidait le Conseil de transformer la réunion du Conseil sur l’Ukraine en un « spectacle politique » pour les ministres européens présents à New York.  Il a dénoncé le fait que Londres place la position et les intérêts nationaux de l’OTAN au-dessus de ses obligations de Président du Conseil de sécurité de l’ONU.

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, a qualifié d’ « enfer vivant » la vie en Ukraine plus de cinq-cents jours après le début de l’invasion à grande échelle du pays par la Fédération de Russie.  Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), 9 287 civils ont été tués et 16 384 blessés, principalement par les forces armées russes, a-t-elle rappelé, tandis que 537 enfants ont été tués et 1 117 blessés.  Le nombre réel de victimes est probablement considérablement plus élevé, a-t-elle ajouté.  L’Ukraine est le pays qui compte le plus grand nombre d’enfants tués et mutilés en 2022. C’est aussi le pays qui a connu le plus d’attaques contre les écoles et les hôpitaux. 

Aucune parcelle de l’Ukraine n’est à l’abri, a constaté Mme DiCarlo, qui a cité, parmi les actions meurtrières pour les civils, les tirs de missiles sur Kramatorsk le 27 juin, les bombardements qui ont frappé Kyïv, Odessa et Lviv le 6 juillet ou des tirs d’artillerie le 8 juillet à Lyman.  La Secrétaire générale adjointe a rappelé que les civils vivant dans les zones sous contrôle russe sont également confrontés à un danger mortel.  Le 9 juillet, quatre civils ont été tués et de nombreux autres blessés alors qu’ils recevaient une aide humanitaire dans la ville d’Orikhiv. Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles ne peuvent être justifiées et son strictement interdites par le droit international et doivent cesser immédiatement, a rappelé Mme DiCarlo. 

Réitérant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international, la Secrétaire générale adjointe a rappelé que l’ONU reste pleinement attachée à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. 

Mme DiCarlo a demandé aux parties d’éviter toute action susceptible d’aggraver davantage les tensions, rappelant qu’est totalement inacceptable toute menace d’utiliser des armes nucléaires ou d’attenter à la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires et d’autres infrastructures essentielles.  Elle a annoncé que des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont entendu, ces derniers temps, une série d’explosions qui auraient eu lieu à une certaine distance de la centrale nucléaire de Zaporijia, y voyant un rappel brutal des risques pour la sûreté et la sécurité nucléaires auxquels l’installation est confrontée. 

S’agissant du volet humanitaire, Mme DiCarlo a déclaré que l’ONU et les partenaires humanitaires ont fourni une aide à plus de 5 millions de personnes depuis le début de l’année, envoyant 65 convois interinstitutions cette année vers les zones de première ligne.  Elle a dénoncé un manque persistant d’accès humanitaire aux zones contrôlées par la Russie, qui prive 3,7 millions de personnes de l’aide dont elles ont besoin.  L’ONU poursuit le dialogue avec Moscou et de Kyïv pour sécuriser l’accès, a-t-elle ajouté, en demandant à la Fédération de Russie de s’acquitter de ses obligations internationales.  L’accès est également un problème à la suite de la destruction du barrage de Kakhovka. Les inondations ont affecté les écosystèmes locaux, exposé les déchets militaires et dangereux et déplacé les mines terrestres.  L’ONU entreprend une évaluation des besoins après une catastrophe afin de déterminer l’impact plus large à l’appui d’une stratégie de relèvement globale. 

Mme DiCarlo a rappelé que plus 6,3 millions d’Ukrainiens sont réfugiés à l’étranger et qu’environ 5,1 millions sont déplacés dans leur pays, alors qu’environ 4,76 millions initialement déplacés seraient retournés dans leurs communautés, parmi lesquels 1,1 million de réfugiés.  Comme l’Ukraine est devenue l’un des pays les plus minés au monde, l’ONU aide à enlever plus d’un demi-million de mines terrestres et de munitions non explosées. 

Au chapitre des violations des droits de l’homme, Mme DiCarlo a mentionné 864 cas individuels d’arrestations arbitraires, dont beaucoup s’apparentent à des disparitions forcées.  Parmi d’autres violations citées, elle s’est dite troublée par le fait que 91% des civils détenus par la Russie auraient été soumis à la torture ou à des mauvais traitements, y compris des violences sexuelles, et par le fait que plus de 26% des détenus ont été transférés vers d’autres lieux en violation du droit international, soit en Ukraine sous contrôle russe, soit dans la Fédération de Russie elle-même.  Elle a exhorté la Russie à garantir aux observateurs indépendants, y compris le HCDH, un accès régulier, sans entrave et confidentiel à tous les détenus.  L’impunité ne doit pas continuer. 

Mme DiCarlo a annoncé que la récente conférence sur le redressement de l’Ukraine avait recueilli plus de 60 milliards de dollars pour le redressement et la reconstruction du pays. L’Initiative de la mer Noire a permis l’exportation en toute sécurité de quelque 33 millions de tonnes de denrées alimentaires, contribuant ainsi à soulager la faim en Afghanistan, dans la Corne de l’Afrique et au Yémen.  La Secrétaire générale adjointe a estimé que la décision de la Fédération de Russie de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire portera un coup dur aux personnes dans le besoin partout dans le monde.  Mais, a-t-elle assuré, elle n’arrêtera pas les efforts de l’ONU visant à faciliter l’accès sans entrave aux marchés mondiaux des produits alimentaires et des engrais en provenance de l’Ukraine et de la Russie. 

Aujourd’hui, il est clair qu’en plus de causer des morts et des destructions inadmissibles, la guerre en Ukraine a considérablement diminué notre capacité à faire face à un avenir incertain, a déploré la Secrétaire générale adjointe.  Ce conflit a exacerbé les tensions dans différentes régions, risque de déclencher une course mondiale aux armements et menace de saper les structures mêmes qui ont empêché une troisième guerre mondiale et ont aidé à résoudre de multiples conflits au cours des quatre-vingts dernières années.  Plus cette guerre se prolonge, plus ses conséquences sont dangereuses, y compris la possibilité d’un conflit plus large, s’est alarmée Mme DiCarlo.  Pour le bien du peuple ukrainien et pour le bien de la communauté mondiale, cette guerre insensée et injustifiée doit cesser, a-t-elle conclu. 

M. JAMES CLEVERLY, Secrétaire d’État aux affaires étrangères, au Commonwealth et au développement du Royaume-Uni, a constaté que plus de cinq-cents jours se sont écoulés depuis l’invasion totale de l’Ukraine par la Russie et qu’au moins 9 000 civils innocents sont morts, dont 500 enfants, alors que des milliers d’Ukrainiens ont été enlevés, emprisonnés et torturés.  Le Ministre a concentré son intervention sur les personnes qui ont été déportées de force et sur celles qui souffrent de la faim à cause de cette guerre. 

S’agissant de personnes déportées, M. Cleverly a affirmé que plus de 19 000 enfants ukrainiens se trouvent toujours dans des camps russes , alors que leurs parents les recherchent désespérément.  Par ailleurs, 2,5 millions d’hommes et de femmes ukrainiens ont été déportés en Russie.  Il s’agit de crimes barbares, s’est indigné le Ministre en accusant la Russie de tenter d’effacer l’identité et l’histoire culturelle ukrainiennes et d’utiliser des enfants comme instruments de guerre.  Mais le monde observe la Russie et demandera des comptes aux coupables, a-t-il mis en garde, avant de saluer l’enquête de la Cour pénale internationale afin que les responsables soient traduits en justice. 

M. Cleverly a souligné que cette guerre nuit également aux pauvres et aux personnes vulnérables dans le monde entier puisque, l’année dernière, elle a fait grimper les prix de l’énergie de 20% et doubler l’inflation mondiale, alors que les disponibilités alimentaires mondiales ont fortement diminué.  Il a attribué ces fait en grande partie à la chute de plus de 40% des exportations céréalières de l’Ukraine, qui a eu des conséquences catastrophiques pour l’Afrique sub-saharienne qui en dépend.  Certaines de ces pertes ont pu être compensées par l’Initiative sur les céréales de la mer Noire, a noté le Secrétaire d’État.  Mais, a-t-il ajouté, l’annonce aujourd’hui par la Russie de son refus de reconduire cette initiative signifie que 23 millions de tonnes de denrées alimentaires ukrainiennes ne parviendront plus sur les marchés mondiaux au cours de l’année prochaine.  Le Royaume-Uni appelle la Russie à revenir à la table des négociations et à accepter de prolonger indéfiniment l’Initiative et à la mettre en œuvre sans délai. 

M. Cleverly a conclu par un appel à la paix: une paix fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies et sur la conviction commune que la force n’est pas synonyme de droit.  Le plan de paix en 10 points de M. Zelenskyy montre la voie à suivre, a-t-il estimé, en martelant que « l’Ukraine veut la paix.  Nous voulons la paix.  Le monde entier veut la paix ». 

Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a constaté qu’il y a désormais « cinq-cents jours de trop » que la Russie mène une guerre d’agression contre l’Ukraine.  La Ministre a insisté sur le fait que ce qui se joue en Ukraine concerne tous les États.  D’abord parce que cette agression, en remettant ouvertement en cause les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, crée un risque de précédent et que la manière dont nous y répondrons déterminera largement la stabilité et la sécurité collectives pour les décennies à venir.  Tous ceux qui peuvent être tentés de penser que cette guerre est trop lointaine, qu’elle est une affaire européenne ou qu’elle ne les concerne pas, doivent le mesurer: si nous acceptons que la force prime sur le droit, que la souveraineté et l’intégrité territoriale soient impunément bafouées, que l’agresseur et l’agressé soient mis sur un pied d’égalité, alors nous contribuerons à créer les conditions pour d’autres guerres, a mis en garde la Ministre. 

Cette guerre concerne le monde entier également parce que ses conséquences pèsent lourdement sur les populations, notamment celles des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, a souligné Mme Colonna.  La Ministre a rappelé que, pendant que la Russie « prétend être solidaire mais ne propose rien pour venir en aide aux autres », la France avait organiséà Paris, les 22 et 23 juin, un sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui a permis des résultats concrets, y compris sur la gestion de la dette, et de tracer une dynamique claire pour mobiliser des financements à destination des pays qui en ont le plus besoin.  « Pendant que la Russie déploie ses milices pour piller les ressources du continent africain », la France a accru ses partenariats pour le développement et est devenue le quatrième bailleur mondial d’aide publique.  Et pendant que la Russie exerce un chantage inacceptable à la reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire alors que c’est elle qui entrave la liberté de circulation en mer Noire, l’Union européenne poursuit et améliore ses « corridors de solidarité », qui ont permis d’exporter plus de 38 millions de tonnes de céréales. 

Pour la Ministre, les efforts en faveur de la paix n’auront de sens que s’ils permettent de créer les conditions d’une paix juste et durable, dans le respect des principes fondamentaux de la Charte que sont la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Elle a appelé à répondre à l’agression russe par des solutions fondées sur le droit et la justice.  L’Ukraine, pays agressé « alors qu’elle ne menaçait en rien la Russie », continue pourtant à chercher le dialogue et a placé l’ensemble de ces principes au cœur de sa vision pour la paix, répétée avec constance depuis l’an dernier, a souligné la Ministre, qui a conclu: c’est la raison pour laquelle la France la soutient. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dénoncé les nombreuses dénégations répétées de la Fédération de Russie avant l’invasion imminente de l’Ukraine.  Le soir de l’invasion, le Président Joe Biden a envoyé un message évocateur de l’avenir disant que la « guerre de Putin » entraînerait des souffrances humaines indicibles et des pertes considérables, a-t-elle rappelé, ajoutant que le monde avait été entraîné dans une crise qui touche de manière disproportionnée les personnes qui se trouvent au Moyen-Orient et en Afrique. 

Aujourd’hui, dans un nouvel acte de cruauté, la Russie a suspendu sa participation à l’Initiative de la mer Noire, semant le trouble sur les marchés alimentaires dans le monde entier et augmentant le prix, a poursuivi la représentante, pour qui ce geste entrave le travail du Programme alimentaire mondial en Afghanistan, en Somalie et au Yémen.  Citant le Secrétaire général des Nations Unies, la représentante a dit que la décision russe d’aujourd’hui portera un coup à ceux qui sont dans le besoin partout dans le monde, avant d’appeler la Fédération de Russie à poursuivre sa participation à l’Initiative. 

Rappelant la campagne de brutalité de la Russie à l’encontre du peuple ukrainien, la représentante a prié la communauté internationale de prendre des mesures pour exiger des comptes de la part des responsables et veiller à ce que justice soit rendue.  Les États-Unis et leurs alliés poursuivront leur aide humanitaire et militaire à l’Ukraine. Pour la représentante, la vérité est simple: la Russie pourrait mettre un terme à cette guerre aujourd’hui en retirant ses troupes. Les États-Unis refusent d’abandonner le caractère urgent de la paix et c’est pourquoi, ensemble avec l’Ukraine et d’autres États Membres, ils ont appuyé la résolution de l’Assemblée générale demandant une paix durable, exhaustive et continue en Ukraine.  La représentante a toutefois regretté que la Russie n’ait montré « aucun véritable intérêt »à une paix durable et juste. Elle s’est en revanche réjouie du fait que le peuple ukrainien continuera à faire preuve d’un grand courage pour défendre son pays.  Les États-Unis resteront à leurs côtés le temps qu’il faudra, a-t-elle conclu.

M. TAKEI SHUNSUKE, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Japon, a condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine avant de demander à cette dernière de retirer immédiatement et inconditionnellement ses forces d’Ukraine et de respecter l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Le Japon soutiendra l’Ukraine dans sa défense pour une paix juste et durable, a déclaré le Ministre en appelant à ne pas tolérer la violation manifeste de la Charte des Nations Unies. Si un membre permanent du Conseil de sécurité tente unilatéralement de modifier le statu quo des territoires de ses voisins par la force ou la coercition, il doit rendre des comptes et faire face à des conséquences proportionnelles à ses privilèges, a-t-il exigé. 

Reprochant à la Russie d’abuser de son droit de veto, le Ministre d’État a martelé que ce droit n’est pas synonyme d’impunité: il doit permettre aux membres permanents d’assumer des responsabilités plus lourdes.  Or, la Russie tente de menacer le monde avec une rhétorique nucléaire irresponsable, le déploiement d’armes nucléaires au Bélarus et la saisie et la militarisation de la centrale nucléaire de Zaporijia, s’est-il indigné.  Le Japon ne peut accepter les menaces nucléaires de la Russie, et encore moins l’utilisation d’armes nucléaires et ce, en toutes circonstances. 

Constatant que la crédibilité du Conseil de sécurité s’érode, le Ministre d’État a appelé à le réformer pour restaurer la confiance de la communauté internationale et représenter le monde d’aujourd’hui, et non celui d’il y a quatre-vingts ans. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé un « acte de pure agression » mené par un seul homme qui perdure maintenant depuis cinq-cents jours.  Pendant les débats du Conseil de sécurité sur l’agression contre l’Ukraine, les représentants russes ont affirmé tout et son contraire, à commencer par leurs assurances, l’an dernier, en regardant bien les membres du Conseil dans les yeux, qu’il n’y aurait pas de guerre en Ukraine.  Ils ont affirmé, avant que la Cour pénale internationale (CPI) n’émette des mandats d’arrêt contre ses dirigeants, qu’ils ne commettaient pas de crimes en Ukraine, tout comme ils ont assuré que la Russie n’attaquait jamais les infrastructures civiles mais apparemment à l’exception des quartiers résidentiels, des centres commerciaux, des centrales électriques, des établissements de santé ou encore des écoles.  Le théâtre de l’absurde est en pleine forme en Russie et même le dirigeant de « l’usine d’atrocités » qu’est le groupe Wagner a comparé les motifs de l’invasion russe à un « racket ».  La Fédération de Russie, a martelé le représentant, s’attaque à l’ordre international basé sur les règles que 143 États Membres des Nations Unies veulent et protègent, afin de passer de la culture de la guerre au désir commun de paix et de coopération.  La Fédération de Russie veut imposer à l’Ukraine ses ambitions impérialistes et consolider son influence dans ce qu’elle appelle le « monde russe ».  Aujourd’hui, s’est-il indigné, elle a choisi de se jouer des besoins humanitaires des personnes les plus vulnérables dans le monde.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a regretté l’arrêt de l’Initiative de la mer Noire, une décision politique qui touche les plus vulnérables, qui vont maintenant faire face aux conséquences tout à fait réelles de cette décision.  Cette initiative est pourtant l’un des quelques éléments positifs qui ont émergé de ce conflit, a estimé le représentant, puisque l’accord découlait d’un engagement déterminé des parties au dialogue. 

S’il a jugé difficile de calculer le véritable coût de ce conflit, le représentant a appelé les parties à respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire. Il faut aussi protéger tous les personnels médicaux, leurs moyens de transport, leur matériel ainsi que les hôpitaux et les autres installations médicales. 

Le représentant a précisé l’aide apportée par son gouvernement à l’Ukraine, notamment 100 millions de dollars destiné à l’achat de groupes électrogènes et 4 millions de dollars pour des programmes d’aide aux orphelins de la guerre.  Il a réitéré que si l’annonce du retrait russe de l’Initiative de la mer Noire est une déception, elle ne doit pas empêcher les actions collectives visant à mettre un terme à cette guerre.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé qu’il est grand temps qu’en l’absence d’un message commun de la part du Conseil, les parties gardent à l’esprit la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale qui, dans ses sept résolutions, a appelé à une cessation immédiate des hostilités et à un règlement pacifique.  Il a rappelé aux parties belligérantes que prendre pour cible des personnes et des infrastructures civiles est moralement inacceptable et constitue une violation du droit international humanitaire et des droits humains.  Le représentant a également exhorté la Fédération de Russie et l’Ukraine à adopter les cinq principes concrets proposés par le Directeur général de l’AIEA pour préserver la sûreté et la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia. 

Poursuivant, le délégué s’est dit déçu du non-renouvellement d’une initiative, qui, depuis son lancement en juillet 2022, a permis de livrer plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires à 45 pays.  Il a insisté auprès des parties pour qu’une solution soit trouvée aux problèmes liés aux exportations russes, ce qui empêcherait une flambée spéculative des prix des denrées alimentaires et assurerait la sécurité alimentaire mondiale.  Le représentant a conclu, en préconisant le dialogue et la diplomatie. 

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé la communauté internationale à trouver une solution politique afin d’éviter que le conflit en Ukraine ne dégénère.  Il a appelé à redoubler d’efforts afin de favoriser la mise en place de pourparlers et d’éviter de nouvelles souffrances aux populations civiles.  Il a décelé un « souhait ardent » de résoudre la crise provenant de partout dans le monde, notamment dans les pays en développement.  La communauté internationale doit donc s’employer à établir des conditions favorables à un cessez-le-feu et à l’ouverture de négociations. 

Pour la Chine, cette crise prouve une nouvelle fois que la quête de la sécurité absolue, en étendant les alliances militaires, constitue une pratique inutile et dépassée qui ne peut qu’entraîner une insécurité globale.  Son représentant a appelé les pays concernés à mettre un terme immédiat aux sanctions unilatérales afin d’accroître leur aide au développement et à la stabilisation de l’économie mondiale. 

À cet égard, le représentant a salué l’impact de l’Initiative de la mer Noire sur la stabilisation des marchés alimentaires dans le monde entier, en espérant que les parties au conflit sauront régler cette question au moyen du dialogue.  Il a incité celles-ci à respecter le droit international humanitaire et à suivre strictement les principes de nécessité, de distinction et de proportionnalité afin d’éviter de nouvelles souffrances aux civils.  Le transfert « irresponsable » d’armes à sous-munitions va à l’encontre de ces principes humanitaires, a fait observer le représentant, qui a aussi invité à la prudence autour des centrales nucléaires en Ukraine.  S’agissant de ce pays, il a réitéré la « position constante » de son pays, contenue dans ses 12 propositions, appelant au respect de l’intégrité territoriale de tous les États et à la prise en compte des préoccupations de sécurité de toutes les parties. 

Pour M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), la guerre en Ukraine est la tragédie du XXIe siècle, compte tenu de la destruction d’infrastructures socioéconomiques critiques et des pénuries mondiales de denrées alimentaires. La poursuite du conflit armé en Ukraine n’est pas la réponse et ne sert en rien les intérêts de la communauté internationale.  Notre incapacité collective à résoudre ce conflit sur la base des principes de la Charte risque d’éroder la confiance dans la notion de responsabilité collective en matière de paix et de sécurité, a-t-il prévenu.  Il a appelé les parties au conflit à protéger des civils et à veiller au respect du droit international humanitaire.  Il faut épuiser toutes les voies du dialogue comme le seul moyen pacifique de régler le conflit.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a soutenu les principes et objectifs clefs de la formule de paix de l’Ukraine, qui aborde également les ramifications mondiales plus larges de la guerre de la Russie sur la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, la sécurité nucléaire et l’environnement.  Il a appelé au respect du droit humanitaire international et les droits de l’homme et exigé que la Russie cesse immédiatement ses bombardements illégaux et aveugles sur les civils et les infrastructures critiques. 

À ce jour, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a recensé plus de 25 000 victimes civiles, a rappelé le représentant, qui a également exprimé ses préoccupations relatives à la situation des droits humains dans les territoires occupés par la Fédération de Russie.  Malte soutient les processus en cours de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de Justice pour tenir les auteurs responsables de leurs actes et garantir le droit des victimes à des réparations et à la justice, a-t-il indiqué.  Malte soutient en outre la création du Centre international pour la poursuite du crime d’agression contre l’Ukraine. 

Quant à l’annonce faite ce matin par la Fédération de Russie, qui a décidé de ne pas renouveler l’Initiative céréalière de la mer Noire, le représentant y a vu « un autre exemple de la politisation des besoins humanitaires dont nous avons déjà été témoins la semaine dernière ».  Il a jugé de la plus haute importance que ce processus soit étendu et sécurisé avec le consentement de toutes les parties, afin d’alléger les pressions sur la sécurité alimentaire dans le monde entier.  En conclusion, il a demandé à la Fédération de Russie d’immédiatement cesser les hostilités et de retirer inconditionnellement toutes ses forces et équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a relevé que depuis le début du mandat de son pays au Conseil de sécurité, en janvier 2023, la question de l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine a été abordée une douzaine de fois.  Les membres du Conseil ont été quasi unanimes pour réclamer la fin de l’occupation et de l’agression russes, comme l’a ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ) dans son ordonnance du 16 mars 2022.  Les membres du Conseil, a-t-il ajouté, ont également demandé presqu’à l’unanimité la recherche d’une solution pacifique définitive.  Dans cette optique, le représentant a appelé le Conseil à s’inspirer de la déclaration « forte » de l’Assemblée générale sur une paix juste et durable en Ukraine.  Nous devons passer de la logique de la domination militaire d’un État à la logique de la diplomatie.  Le représentant a insisté sur la nécessité pour les parties au conflit de respecter sans réserve leurs obligations, en vertu du droit international humanitaire. Il s’est dit profondément déçu de la décision de la Fédération de Russie de se retirer de l’Initiative de la mer Noire, qui a permis d’expédier 32 millions de tonnes de denrées alimentaires à partir des ports ukrainiens.  Il s’agit là, selon lui, d’une raison supplémentaire pour que l’agression militaire russe contre l’Ukraine ne dure pas un jour de plus. 

Pour M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil), la simple condamnation des actions illégales au cours de cette guerre ne nous rapprochera pas de la paix.  Le représentant a exhorté les parties à arrêter les affrontements et à entamer des discussions sur les paramètres d’un accord de paix global.  Cet accord devrait prendre en compte la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que des préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité. 

Les transferts massifs d’armes hautement meurtrières vers le front peuvent compromettre davantage les perspectives d’une issue pacifique, a prévenu le représentant, qui a noté que le flux d’armes dans le conflit ne fera qu’alimenter davantage de violence et ne contribuera pas à y mettre fin. 

Pour le Brésil, l’Initiative de la mer Noire a apporté une contribution importante à la stabilisation des prix internationaux des denrées alimentaires et des engrais.  En l’absence d’un accord pour une paix globale et durable, les parties concernées ne devraient ménager aucun effort pour renouveler ce que Mme DiCarlo a qualifié, lors d’une des réunions précédentes, de « lueur d’espoir », a déclaré le représentant.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que lors des conférences de Lugano en 2022 et Londres le mois dernier, la communauté internationale avait montré sa détermination à l’Ukraine dans son processus de reconstruction.  Elle a jugé essentielle cette perspective de la reconstruction, du fait de l’immensité des pertes humaines, de la dévastation des infrastructures ukrainiennes, de l’ébranlement de la sécurité alimentaire mondiale et des certitudes brisées. 

La représentante a réitéré son appel à la Russie en faveur d’une désescalade immédiate et exprimé sa « grave préoccupation » concernant l’utilisation de mines antipersonnel et d’armes à sous-munitions en Ukraine.  État partie aux Conventions d’Ottawa et d’Oslo, la Suisse appelle tous les États et parties au conflit à ne pas faire usage de ces armes, dont elle juge l’usage indiscriminé ou disproportionné constituant une grave violation du droit international humanitaire. Pour la représentante, il est également urgent de rétablir la sécurité alimentaire mondiale et les accords ont fait la différence en ce domaine.  La Suisse déplore donc l’annonce faite par la Russie concernant les accords et espère qu’ils seront reconduits dans un proche avenir.  Quant aux certitudes brisées, elles viennent du retour du « spectre de la guerre d’agression à but d’extension territoriale par un État souverain contre un autre État souverain ». 

Face à ces multiples défis, la représentante a appelé à s’appuyer sur « un fondement solide »: la Charte des Nations UniesPour elle, sa violation flagrante, loin de nuire à son pouvoir, a vu la grande majorité des États réaffirmer son importance.  Elle a estimé que la résolution adoptée par l’Assemblée générale en février dernier constitue la base sur laquelle une paix globale, juste et durable peut être construite en Ukraine. 

La représentante a toutefois ajouté que s’il est urgent de reconstruire l’Ukraine, ce n’est pas suffisant.  Il faut aussi rendre justice aux victimes, dans une approche centrée sur leurs besoins, a-t-elle affirmé. Et il est urgent aussi de rétablir la sécurité alimentaire mondiale car « la faim ne doit plus jamais devenir une arme de guerre ».  Elle a donc appelé à resserrer les rangs derrière le droit international et notamment la Charte des Nations Unies, « le bouclier qui nous protège toutes et tous ».

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a réitéré sa déception face au « mépris cynique » des règles du Conseil par la présidence britannique « au nom des intérêts égoïstes de l’OTAN ».  C’est l’Ukraine, a-t-il dit, qui a rejeté, en avril 2022, le plan de paix déjà paraphé par ses négociateurs afin de régler la crise, assorti de garanties internationales de sécurité.  Mais à la place des efforts diplomatiques, les Occidentaux ont tout fait pour fournir à l’Ukraine des armes, y compris des obus à l’uranium appauvri et des armes à sous-munitions, tout en fermant les yeux sur le bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijia par l’Ukraine et la destruction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka.  Aujourd’hui même, le « régime de Kiev » a perpétré un autre « attentat terroriste » contre le pont vers la Crimée.  En conséquence, les gouvernements occidentaux ne portent pas moins, « et peut-être même plus », la responsabilité de ce qui se passe en Ukraine que le « régime de Zelenskyy ». 

Le représentant a décrit l’Initiative de la mer Noire comme un arrangement « à sens unique », outre le fait que les exportations ukrainiennes se dirigent vers les pays riches plutôt que vers les pays les moins avancés.  En annonçant, en mars, notre accord pour prolonger de soixante jours l’Initiative, nous avions prévenu que nous ne prendrions une décision sur les prochaines étapes qu’après avoir examiné les progrès accomplis dans le règlement de certaines questions, a affirmé le représentant. En l’absence de progrès et compte tenu du fait que l’Ukraine poursuit ses attaques contre les installations civiles et militaires russes, sous couvert d’un corridor humanitaire maritime, nous avons décidé de nous retirer de l’accord.  Cette décision implique le retrait des garanties de sécurité de la navigation, la réduction du corridor humanitaire maritime et le rétablissement d’une zone temporairement dangereuse dans les eaux du nord-ouest de la mer Noire, a expliqué le représentant.  Mon pays, a-t-il averti, ne sera prêt à envisager le rétablissement de l’Initiative que si des résultats concrets sont enregistrés.

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a exhorté le Conseil de sécurité à trouver une solution pacifique à la guerre en Ukraine, et les pays exerçant une influence sur les parties au conflit à faire en sorte qu’un dialogue susceptible de mener à un accord de paix durable soit engagé.  Dans cette optique, la représentante a encouragé le Secrétaire général à faire usage de ses bons offices pour favoriser l’ouverture de pourparlers entre les parties, avec l’appui de la communauté internationale. 

Alors que prend fin, aujourd’hui, l’Initiative de la mer Noire, accord vital à ses yeux pour de nombreux pays, la représentante a exprimé l’espoir qu’il sera renouvelé pour une durée suffisamment longue pour permettre l’exportation de céréales vers les pays qui en ont besoin.  Devant la menace « permanente » de nucléarisation de ce conflit, elle a réitéré l’attachement de son pays au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ainsi que son opposition à toute politisation ou banalisation du nucléaire.  Les centrales nucléaires sont des infrastructures civiles protégées par le droit international humanitaire, a-t-elle rappelé, qui ne doivent pas être utilisées à des fins militaires. 

La représentante a également fait part de son inquiétude face à l’utilisation d’armes télécommandées et d’armes à sous-munitions, qui sont la cause de graves dommages environnementaux et qui ont des effets indiscriminés sur les populations civiles.  « Il est temps que la diplomatie l’emporte sur la prolifération des armes », a-t-elle conclu.

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a accusé la Fédération de Russie d’abuser de sa « présence illégale » au Conseil de sécurité, ajoutant que cet abus remonte à loin.  Il a évoqué notamment l’affaire du vol MH17 de la Malaysia Airlines qui a été frappé par un missile russe, en 2014, au-dessus de l’Ukraine alors que la Russie l’a toujours nié.  Le Ministre a appelé à s’opposer à la stratégie russe qui consiste à « tuer, mentir, nier », et à y opposer la stratégie inverse ancrée dans la force, la vérité et la reddition de comptes et cela, dans toutes les situations.  Le Ministre a ensuite reproché à la Russie d’avoir « tué l’Initiative de la mer Noire » sur les exportations de céréales, de faire chanter le monde et d’avoir systématiquement fait obstacle au bon fonctionnement de cet accord depuis son entrée en vigueur.  L’Ukraine veut que ses céréales soient librement exportées vers le monde, a-t-il déclaré et nous n’avons aucune exigence par rapport à cet accord alors que « Moscou persiste à bloquer illégalement nos ports ».  Le Ministre a exhorté la Russie à dépolitiser la sécurité alimentaire mondiale et à mettre fin à ses « Hunger Games ». 

S’agissant de la centrale nucléaire de Zaporijia, le Ministre a affirmé qu’elle reste sous contrôle russe et a été transformée en base militaire ce qui « nous fait vivre dans la crainte d’un incident nucléaire ».  Il a réfuté les théories du complot, « ridicules », selon lesquelles l’Ukraine chercherait à attaquer « sa propre centrale », en appelant à mettre un terme à« l’ère des crimes et des mensonges russes ».  L’Ukraine n’a jamais eu une quelconque intention d’attaquer sa propre centrale nucléaire, a-t-il assuré.  Constatant que le régime de Putin s’affaiblit chaque jour -comme l’a démontré la mutinerie du groupe Wagner– le Ministre a estimé que, quand les « principaux menteurs du Kremlin » se rendront compte que plus personne ne croit à leurs mensonges, ils seront forcés de mettre fin à cette guerre. 

Regrettant l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre des mesures concrètes depuis plus de cinq-cents jours, le Ministre a déclaré « que le problème fondamental est bien connu » en pointant du doigt « la quatrième place à la droite de la présidence du Conseil » - place occupée actuellement par le représentant de la Fédération de Russie.  Remettant une nouvelle fois en cause la légitimité de la présence de la Fédération de Russie à la table du Conseil de sécurité en tant que membre permanent, le Ministre a appelé à réformer le Conseil et à priver la Fédération de Russie de ce statut. En conclusion, le Ministre a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle vienne en aide à l’Ukraine dans son combat contre une guerre d’agression, affirmant que « notre victoire sera aussi la vôtre contre le fléau de l’agression dans le monde ». 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires et du commerce de la Hongrie, a fait état d’une guerre aux conséquences « graves et directes » pour le peuple hongrois, en dépit du fait qu’il n’en est en rien responsable.  Près de 150 000 Hongrois vivent en Ukraine, dont certains ont combattu et ont péri lors des combats contre les forces russes. Malgré les critiques et les attaques dont fait l’objet la Hongrie du fait de ses positions, le Ministre a plaidé pour le rétablissement de la paix en Ukraine le plus rapidement possible.  La solution n’est pas sur le champ de bataille mais dans des négociations diplomatiques, a martelé le Ministre, en craignant que les conditions favorables à de telles négociations s’éloignent de jour en jour. 

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a estimé que le retrait unilatéral de la Russie de l’Initiative de la mer Noire signifie qu’elle a décidé d’attiser les flammes de sa guerre impériale contre l’Ukraine en ravivant l’agression économique contre les États et les sociétés les plus nécessiteux et les plus vulnérables du Sud global.  Le Ministre a appelé les autres parties à l’Initiative de tenir leurs propres engagements.  Qualifiant l’agression russe contre l’Ukraine de « menace la plus écrasante pour la paix et la sécurité mondiales depuis la guerre froide », le Ministre a mis l’accent sur trois préoccupations majeures pour la communauté internationale dans son ensemble. 

Pour la Pologne, l’invasion russe démontre « la nature complexe et imbriquée » des menaces à la sécurité internationale.  Il a cité l’insécurité alimentaire mondiale, « l’atteinte constante » à la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia ou encore les dégâts environnementaux provoqués par la destruction du barrage de Nova Kakhovka.  Il a aussi rappelé que les conséquences de l’invasion avaient été étudiées dans plusieurs débats à l’ONU: sur les enfants dans les conflits armés, la violence sexuelle dans les conflits, la cybersécurité ou la destruction du patrimoine culturel. 

Le Ministre a ensuite appelé la communauté internationale à ne pas tolérer l’impunité pour les auteurs de crimes internationaux.  C’est pourquoi la Pologne soutient la Cour pénale internationale, la Cour internationale de Justice et la Cour européenne des droits de l’homme, est engagée dans la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression russe, appuie les efforts visant à établir un mécanisme international de réparation des dommages causés par l’invasion russe de l’Ukraine et soutient le registre des dommages mis en place par le Conseil de l’Europe. 

Enfin, le Ministre a appelé à ne proposer pour régler le conflit que des « solutions légitimes », car une paix injuste ou un conflit gelé ne ferait que prolonger l’instabilité et attirerait de nouvelles agressions.  La seule solution de paix durable doit être fondée sur la Charte des Nations Unies et son principe fondamental d’intégrité territoriale, a-t-il plaidé, appelant en conclusion le monde à « continuer à soutenir l’Ukraine, qui est une cause juste ». 

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a commencé par rappeler l’histoire de Natálja Schornyk et de son fils Artem, âgé de 15 ans, emmenés comme de nombreux autres enfants ukrainiens par des soldats russes et retenu plusieurs semaines, jusqu’à ce que sa mère puisse aller le chercher en Ukraine occupée où il était détenu et le ramener à la maison.  La Ministre a dénoncé ces crimes d’enlèvement, rappelant que, lors de sa récente visite en Ukraine et en Russie, une délégation de chefs d’État et de gouvernement africains avait clairement indiqué « qu’en ce qui concerne ces enfants, l’humanité doit primer ».  Travaillons donc sur cette question, a-t-elle suggéré, ajoutant que « quand un agresseur ne s’arrête même pas aux enfants, la tragédie se transforme en une horrible inhumanité ». 

La Ministre a donc proposé à tous les États, à titre de « première mesure de confiance », d’unir leurs forces à celles des organisations internationales, des autorités ukrainiennes et des ONG pour enquêter et trouver ensemble des moyens de ramener les enfants chez eux. « Les enfants déportés appartiennent à leurs parents.  Ils doivent être renvoyés chez eux, chez eux en Ukraine.  Maintenant », a-t-elle ajouté. 

La Ministre a ensuite accusé la Russie d’avoir « ajouté de l’huile sur le feu d’une crise alimentaire mondiale », expliquant que, de ce fait, « des familles de tous les continents ont du mal à joindre les deux bouts et leurs enfants se couchent le ventre vide tous les soirs ».  Avec l’annonce de son retrait de l’Initiative céréalière de la mer Noire, Moscou menace encore plus de personnes de famine, a-t-elle ajouté.  Rappelant que, dès l’annonce du retrait de la Russie de l’Initiative, les prix du blé avaient bondi, la Ministre a conclu en appelant la Russie à cesser d’utiliser la faim comme une arme, arrêter d’enlever des enfants et arrêter sa guerre illégale contre l’Ukraine « au nom de l’humanité ». 

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, s’exprimant au nom des pays du Benelux –Belgique, Pays-Bas et Luxembourg-, a d’abord rappelé la destruction il y a tout juste neuf ans du vol MH17 de Malaysia Airlines, « abattu par un missile russe tiré depuis un champ agricole dans l’est de l’Ukraine, un territoire qui était à l’époque sous le contrôle de la Fédération de Russie », faisant 298 morts, dont des ressortissants des pays du Benelux.  Il a réitéré l’exigence de la résolution 2166 (2014) du Conseil de contraindre les responsables de cet incident à répondre de leurs actes. 

Se disant profondément choqué par l’impact dévastateur de l’agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, le Ministre a rappelé la nécessité de mettre en œuvre les résolutions du Conseil sur la protection des infrastructures civiles, en particulier la résolution 2601 (2021) concernant la protection des écoles.  Il a aussi rappelé que, pour la première fois, les forces armées et groupes armés affiliés à un membre permanent du Conseil de sécurité ont été listés dans le rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés.  Rappelant que l’agression russe a un impact sur la sécurité alimentaire dans le monde entier, il a salué l’Initiative de la mer Noire, appelé à sa pleine mise en œuvre et à son prolongement sur le long terme.  Il a donc « vivement déploré » la décision russe de suspendre sa participation. 

Rappelant que la responsabilité pénale est essentielle pour garantir et maintenir la paix et la sécurité internationales et réaffirmant par ailleurs l’attachement des pays du Benelux aux travaux sur la redevabilité pour le crime d’agression, le Ministre s’est félicité de la création du centre international chargé des poursuites pour le crime d’agression contre l’Ukraine, qui vient de commencer ses activités à La Haye et a apporté son soutien au registre des dommages pour l’Ukraine établi par le Conseil de l’Europe.  Le Benelux soutient en outre la formule de paix du Président Zelenskyy, « un plan de paix crédible, compatible avec la Charte des Nations Unies ainsi qu’avec les aspirations des Ukrainiens ».  Le Ministre a dit voir dans le vote de l’Assemblée générale du 23 février dernier un appui de la communauté internationale à cette formule de paix. Il a, enfin, réaffirmé la solidarité pleine et entière des pays du Benelux avec le Gouvernement et le peuple ukrainiens.

Mme KAROLINE EDTSTADLER, Ministre fédérale chargée de l’Union européenne et de la Constitution à la chancellerie fédérale de l’Autriche, a rappelé qu’il y a désormais plus de cinq-cents jours que la Fédération de Russie a lancé une guerre non provoquée et injustifiable contre l’Ukraine, en violation flagrante des principes de la Charte, ajoutant qu’une attaque contre un des membres de l’ONU était une attaque contre « nous tous ».  Affirmant que le respect du droit international « n’est pas une option, c’est une obligation », la Ministre a appeléà sanctionner des violations aussi flagrantes du droit international « par des conséquences résolues ». 

Rappelant la raison d’être de l’ONU, la Ministre a qualifié de « préoccupation fondamentale » le silence du Conseil de sécurité face à l’agression russe.  Appelant à ne « jamais nous habituer » à aucune guerre dans le monde, elle a réclamé un Conseil de sécurité efficace, représentatif du monde d’aujourd’hui et outillé pour relever les défis du XXIe siècle.  Elle a dénoncé les « conséquences terribles » du conflit pour l’Ukraine, condamné avec véhémence les attaques délibérées contre les infrastructures civiles , ajoutant que leurs conséquences humanitaires ne pouvaient être surestimées.  Plusieurs de ces actes constituent des crimes de guerre et certains peuvent même constituer des crimes contre l’humanité, a-t-elle ajouté.  Consciente que l’impunité alimente le cycle des atrocités, la Ministre a affirmé que les auteurs des crimes « doivent être, et seront » tenus pour responsables. L’Autriche appuie pleinement tous les efforts en ce sens. 

Rappelant que les répercussions de la guerre en Ukraine s’étendent bien au-delà du pays, la Ministre a réaffirmé que la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie dans le monde est une « conséquence directe » de l’agression russe.  Après avoir salué le leadership du Secrétaire général et du Président Erdoğan de Türkiye dans la facilitation de l’Initiative de la mer Noire, elle a exhorté la Russie à reconsidérer sa décision annoncée aujourd’hui et à permettre sa poursuite. 

Au nom pays baltes, Mme GIEDRĖ BALČYTYTĖ, Chancelière de la Lituanie, a rappelé que la formule de paix présentée par l’Ukraine doit en être la feuille de route puisqu’elle a recueilli un large soutien à l’Assemblée générale.  Toute tentative de l’adapter ou de la simplifier risquerait d’en gommer l’essence même et reviendrait à se plier aux manipulations de la Russie.  L’Ukraine doit avoir le dernier mot sur la paix dans son territoire et les pays baltes continueront à s’opposer fermement aux appels à céder aux exigences de la Russie.  Elle a condamné le chantage exercé aujourd’hui par ce pays qui, s’il accordait vraiment la priorité à la sécurité alimentaire mondiale, cesserait d’ériger des obstacles au travail du Centre de coordination conjoint et à la poursuite de l’Initiative de la mer Noire. 

Toute paix juste et durable doit être conforme aux principes de la Charte, en particulier la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance, a insisté la Chancelière.  En tant que communauté des Nations Unies, nous devons, a-t-elle souligné, veiller à la protection des principes fondamentaux de notre coopération et condamner tous ceux qui facilitent activement la guerre de la Russie, comme le Bélarus et l’Iran.  La Russie, a ajouté la Chancelière, porte l’entière responsabilité des immenses souffrances infligées à la population ukrainienne.  Les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Vladimir Putin et Maria Lvova-Belova pour déportation forcée d’enfants ukrainiens ne sont qu’une première étape car la Russie doit également répondre de ses nombreux crimes de guerre, tels que la destruction délibérée d’infrastructures civiles et les catastrophes écologiques.  LaChancelière a d’ailleurs plaidé pour, sur la base de l’exemple ukrainien, la création d’un tribunal international spécial pour juger les auteurs de crimes d’agression.

Au nom des pays nordiques, Mme LOTTE MACHON, Vice-Ministre de la politique de développement du Danemark, a exprimé sa grave préoccupation face aux conséquences humanitaires de la guerre d’agression que mène la Russie contre l’Ukraine, en particulier au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.  Après avoir relevé les attaques de drones et les frappes de missiles russes en Ukraine, elle a rappelé que les attaques contre les civils et les infrastructures civiles sont interdites par le droit international et peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  Elle a également appelé la Fédération de Russie à garantir un accès sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires dans toutes les zones sous son contrôle militaire temporaire, ainsi qu’aux personnes qu’elle détient ou déportées de force, dont les enfants. 

Poursuivant, la Vice-Ministre s’est inquiétée de l’avenir de l’Initiative de la mer Noire qui a permis d’éviter une nouvelle aggravation de la crise alimentaire dans le monde.  Déjà, au mois de mai, les exportations étaient à leur niveau le plus bas depuis le début de l’Initiative, principalement à cause de l’obstruction russe à l’inspection et à l’immatriculation des navires.  Cette initiative, a insisté la Vice-Ministre, n’aurait pas lieu d’être sans l’agression russe.  La Russie porte donc la lourde responsabilité d’assurer sa poursuite et son bon fonctionnement.  Dans ce contexte, la Vice-Ministre a exprimé son soutien à tout effort visant à mettre fin à l’agression de la Russie, y compris le retrait complet et inconditionnel de ses forces militaires de l’ensemble du territoire ukrainien dont la souveraineté et l’intégrité doivent être dûment respectées. 

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a réitéré sa condamnation résolue de la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, ainsi que le soutien militaire apporté à l’envahisseur par l’Iran et le Bélarus.  L’Union européenne soutiendra l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, a-t-il assuré.  À cet égard, il a exprimé son profond regret devant la décision de la Russie de se retirer de l’Initiative de la mer Noire, qui entraînera selon lui une incertitude généralisée sur les marchés mondiaux, tout en aggravant la situation désastreuse des pays importateurs de denrées alimentaires.  « La Russie continue de militariser la nourriture et de saper la sécurité alimentaire mondiale », a dénoncé le représentant, pour qui la Fédération de Russie sape le système multilatéral « pièce par pièce », en bloquant l’action du Conseil de sécurité en faveur de l’aide humanitaire en Syrie et en empêchant l’extension de l’Initiative, qui a permis l’exportation de quelque 32 millions de tonnes de denrées alimentaires. 

Après avoir affirmé que les exportations russes de denrées alimentaires, d’engrais et d’autres produits agricoles n’ont jamais fait l’objet de sanctions de la part de l’Union européenne, le représentant a exhorté la Russie à reconsidérer sa décision.  Qui plus est, l’Initiative de la mer Noire n’aurait pas été nécessaire si la Russie n’avait pas lancé une invasion de l’Ukraine et bloqué ses ports sur la mer Noire, a-t-il rappelé.  Dans l’intervalle, les voies de solidarité de l’UE restent ouvertes et ont déjà permis l’exportation de plus de 38 millions de tonnes de produits alimentaires ukrainiens, a assuré M. Skoog. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que le centre international pour la poursuite du crime d’agression contre l’Ukraine avait commencé ses opérations de soutien en vue d’établir un tribunal à La Haye.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.