Cinquième Commission: évitons une paralysie administrative et budgétaire qui plongerait l’ONU dans la crise, plaide le Président de l’Assemblée générale

Soixante-dix-neuvième session
2e séance plénière – matin
AG/AB/4466

Cinquième Commission: évitons une paralysie administrative et budgétaire qui plongerait l’ONU dans la crise, plaide le Président de l’Assemblée générale

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entendu, ce matin, un message fort du Président de l’Assemblée générale.  Bien que la dernière décennie ait été une période difficile pour le multilatéralisme, a plaidé M. Philémon Yang, nous ne pouvons pas nous permettre une paralysie administrative et budgétaire qui plongerait l’Organisation dans la crise.  L’Afghanistan, privé de son droit de vote dans les instances de l’ONU, a fait part de sa profonde déception, avant que la Commission ne se penche sur les rapports annuels de trois organes de contrôle de l’ONU.  

Les États Membres, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, doivent mettre de côté leurs divergences politiques et continuer à œuvrer ensemble pour trouver un consensus, conformément à la tradition de la Cinquième Commission.  M. Yang a demandé aux délégués de collaborer et de faire preuve de la plus grande souplesse afin de parvenir à un résultat efficace en temps voulu.  Le budget-programme pour 2025 doit être adopté bien avant la date limite du 6 décembre, a insisté le Président.  

Le budget est une chose, le cash en est une autre, a-t-il rappelé.  Adoptez un budget réaliste et réalisable, mais aussi plaidez auprès de vos capitales pour qu’elles versent leurs contributions statutaires intégralement, à temps et sans condition, a précisé le Président.  

Des consultations élargies pour éviter de nouvelles divisions 

S’agissant des négociations sur la révision du barème des quotes-parts du budget ordinaire de l’ONU et de celui des opérations de paix pour la période 2025-2028, le Président a estimé que les recommandations du Comité des contributions se fondent sur des critères objectifs.  Il a prié les délégations de parvenir rapidement à un accord pour se donner le temps de se concentrer sur le projet de budget et d’autres questions urgentes. 

Conscient des divergences sur l’inscription au budget ordinaire du système des coordonnateurs résidents, M. Yang a appelé à des consultations élargies, soulignant que si l’on veut une ONU active et capable de soutenir les efforts nationaux pour la mise en œuvre intégrale et effective des objectifs de développement durable, l’appui à ce système est essentiel.  

Nous priver du droit de vote à ce moment critique, c’est nous isoler davantage 

L’adoption sans mise aux voix du projet de résolution par laquelle la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de maintenir, malgré les retards dans le paiement des contributions au budget ordinaire, le droit de vote de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie mais pas celui de l’Afghanistan, a profondément déçu le représentant afghan.  

Il a expliqué la demande de dérogation de son pays par les dures réalités.  Nos problèmes politiques, économiques et sociaux découlent en grande partie de l’échec et de la réticence des Taliban, autorités de facto, à s’attaquer à la crise, à sortir de l’impasse et à s’engager de manière constructive pour une gouvernance équitable, responsable et inclusive.  

À ce fait, a poursuivi le représentant de l’Afghanistan, il faut ajouter les tensions géopolitiques et l’absence d’une approche internationale forte et cohérente pour faire face à la crise afghane.  Notre situation n’est pas une situation de négligence ou de réticence, mais elle est directement liée à des circonstances indépendantes de notre volonté.  

L’Article 19 de la Charte des Nations Unies reconnaît de tels cas et prévoit des dérogations, a martelé le représentant avant de dénoncer le fait que le rôle technique et consultatif du Comité des contributions ait été politisé par certains pays de sa région.  

Nous refuser le droit de vote à ce moment critique, c’est nous isoler davantage.  Il a exhorté le Comité des contributions à réexaminer la demande de dérogation à la lumière de l’Article 19 et à rétablir le droit de vote de l’Afghanistan, au nom des principes d’équité et d’impartialité. 

Les recommandations du BSCI deviendront inefficaces sans une mise en œuvre effective 

L’examen du rapport annuel du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation des Nations Unies a fait dire à l’Ouganda, au nom du Groupe des 77 et la Chine, qu’au total, 1 209 recommandations du BSCI étaient toujours en suspens au 30 juin 2024, et 289 (24%), en cours de mise en œuvre depuis plus de 24 mois.  Ces recommandations perdraient de leur efficacité si le Secrétariat et les entités du système ne les mettent pas en œuvre à temps, a tancé le représentant. 

Le délégué s’est dit vivement préoccupé par le fait que sur l’ensemble des 280 fonctionnaires du BSCI, quelque 70 fonctionnaires ne proviennent que de quatre États Membres.  Le BSCI, a-t-il réclamé, doit prendre des mesures concrètes pour améliorer sa représentativité géographique.  

Commentant le rapport du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA), le représentant ougandais a invité le BSCI à examiner le taux d’occupation du Siège de l’ONU et la question de l’utilisation « abusive » de l’aménagement des modalités de travail, en particulier dans les missions.  

Nous sommes profondément préoccupés par le fait que certains membres du personnel de l’ONU exploitent les nouvelles modalités de travail, tout en continuant de bénéficier d’indemnités et d’avantages auxquels ils n’ont absolument pas droit.  Le délégué s’est étonné que le rapport du Comité consultatif n’évoque pas les abus dans la gestion souple de l’espace de travail. 

L’établissement des responsabilités est un levier fondamental des réformes en cours 

Il est important que le BSCI examine, de manière impartiale et objective, les cas de mauvaise conduite et d’abus.  Les plaintes contre les membres de la direction de l’ONU et de ses autres entités doivent être soigneusement étudiées.  Le contrôle ne doit pas être une formalité mais une force, a souligné Israël.  Tout le personnel de l’ONU doit être comptable de ses actes.  

L’établissement des responsabilités est un levier fondamental des réformes en cours, qu’il s’agisse de la délégation de pouvoirs ou d’autres problèmes liés à la gestion, a dit la Suisse, également au nom du Luxembourg.  Pour que le BSCI puisse assumer sa charge de travail croissante, il doit avoir les ressources et le personnel nécessaires, et une structure de base performante.  À la fin de cette séance, la Cinquième Commission a entendu un exposé de la Directrice par intérim du Bureau de la déontologie.  Elle examinera demain mercredi 9 octobre, à partir de 10 heures, le projet de budget-programme pour 2025.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les représentants officiels de certains des 17 territoires non autonomes et pétitionnaires se succèdent à la tribune de la Quatrième Commission

Soixante-dix-neuvième session
3e séance plénière - après-midi
CPSD/803

Les représentants officiels de certains des 17 territoires non autonomes et pétitionnaires se succèdent à la tribune de la Quatrième Commission

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Cet après-midi, la Quatrième Commission a entamé les auditions de pétitionnaires des territoires non autonomes, les représentants officiels de Îles Vierges britanniques, de la Polynésie française, de Gibraltar, de Guam et de la Nouvelle-Calédonie ayant également eu l’occasion de s’adresser aux délégations.

Le Président de la Polynésie française, M. Moetai Brotherson, a salué le dialogue entamé par la France lors de la dernière session de la Quatrième Commission avec son gouvernement.  Il a toutefois considéré qu’un élément clef fait toujours défaut à « une décolonisation transparente, pacifique, pleine et entière sous l’égide des Nations Unies », à savoir une feuille de route vers l’autodétermination assortie d’un calendrier, qui devrait figurer dans la résolution annuelle relative à la question de ce territoire, a souhaité le Président.  Il a invité le Comité spécial des Vingt-Quatre à envisager une mission de visite dans son pays, une demande appuyée par plusieurs pétitionnaires y voyant une opportunité de faire une évaluation impartiale de la situation économique et sociale et de l’impact « des politiques coloniales ».

À la suite de cette intervention, la France, qui intervenait pour la deuxième fois sur cette question devant la Commission, a souligné qu’il n’existe pas de processus entre l’État français et la Polynésie française « qui réserve un rôle aux Nations Unies ».  Le statut d’autonomie « très poussé » de la Polynésie française permet à ses habitants d’exprimer leurs ambitions dans le respect de leurs particularités, a également fait valoir le représentant, en ajoutant que Paris veillera avant tout au développement du territoire avec les autorités locales.

À l’instar d’un député non indépendantiste de la Polynésie française à l’Assemblée nationale, les partisans de cette option ont rappelé que ce territoire bénéficie d’un statut d’autonomie « enviable » parmi les territoires d’outre-mer, avec un soutien constant et massif de la capitale, qui lui consacre chaque année 2 milliards de dollars, soit un tiers de son PIB.  Pour les « autonomistes », le traumatisme de la colonisation que certains continuent d’invoquer n’est qu’un « murmure du passé ».  L’indépendance ne serait que s’exposer à des dangers à leurs yeux : « Qui protégera demain notre ZEE de cinq millions de kilomètres carrés dans une région convoitée par des puissances obscures?  Qui sera là pour défendre notre territoire et pour gérer des compétences régaliennes telles que la monnaie, la défense ou la sécurité? »

De nombreux pétitionnaires ont pourtant dénoncé un « faux statut d’autonomie » de la Polynésie française, en revendiquant leur droit à l’autodétermination et la reconnaissance de ce droit par la Puissance occupante.  Sur ce point, il y a eu plusieurs demandes de gel du corps électoral, avec des critères clairs, pour un référendum d’autodétermination.  Les pétitionnaires ont également été nombreux à appeler la communauté internationale à soutenir le processus de décolonisation de la Polynésie française et un dialogue institutionnel, face à la politique de la « chaise vide » pratiquée 11 ans durant par la France.  Sur la question des essais nucléaires français, le représentant de l’Association Moruroa E Tatou, a soutenu que le « colonialisme nucléaire » n’est pas à conjuguer au passé.

Gibraltar

S’agissant de la question de Gibraltar, son Ministre principal, M. Fabian Picardo, a réitéré « une fois de plus » la position du Gouvernement et du peuple de ce territoire, à savoir que « l’Espagne a cédé sa souveraineté sur Gibraltar à perpétuité en 1713 ».  « Aucune résolution de l’Assemblée générale ne peut changer ce fait », a-t-il ajouté, pas plus qu’elle ne peut « restreindre notre droit l’autodétermination ».  M. Picardo a considéré « sans valeur » les résolutions de l’Assemblée générale sur lesquelles s’appuie l’Espagne pour étayer ses prétentions à propos de Gibraltar.

Évoquant l’accord conclu entre le Royaume-Uni et Maurice concernant les Chagos, le Ministre principal a estimé que les représentants espagnols « ne devraient pas se perdre en références répétées et futiles à des résolutions qui n’ont aucune valeur juridique », la dernière en date remontant à 1969.  Pour M. Picardo, adhérer à ces résolutions « obsolètes » équivaudrait non pas à une décolonisation, mais plutôt à la « recolonisation de Gibraltar par une autre puissance coloniale ».  « Le seul facteur déterminant de notre avenir sera l’expression de la libre volonté du peuple de Gibraltar », a martelé le Ministre principal, pour qui elle doit être exercée conformément à son droit à l’autodétermination.  Il s’agit selon lui de l’unique principe du droit international pertinent pour la décolonisation de ce territoire.

Alors que 96% des habitants du « Rocher » ont voté pour rester dans l’Union européenne lors du référendum de 2016, M. Picardo a dit s’efforcer de convenir, « aux côtés du Royaume-Uni », d’une nouvelle relation avec l’UE, une relation « forte, positive et fluide », offrant des solutions pragmatiques.  Il a dit travailler avec ses collègues britanniques et espagnols à la création d’une zone de « prospérité partagée » à Gibraltar et dans l’arrière-pays espagnol.  À cet égard, Gibraltar souhaite qu’un traité soit conclu le plus rapidement possible entre le Royaume-Uni et l’UE.  « La balle est donc désormais dans le camp de l’Espagne. »  Toutefois, a-t-il prévenu, il ne saurait y avoir de compromis sur « l’engagement du retrait de Gibraltar de la liste des territoires non autonomes ».

Le seul pétitionnaire sur cette question, M. Richard Buttigieg, Self-Determination for Gibraltar Group, a constaté que depuis une décennie, cette Commission n’a « absolument rien fait » pour son pays, si ce n’est d’adopter les mêmes résolutions « obsolètes » année après année.  « Vous semblez désintéressée de notre avenir », a-t-il lancé.  Alors que l’ONU a récemment envoyé une mission de visite aux Îles Vierges britanniques, elle ne daigne même pas répondre à des invitations similaires à Gibraltar.  Le désir longtemps exprimé de son peuple de rester britannique doit être respecté, a insisté l’intervenant.  Bien que l’Espagne prétende que nos souhaits « n’ont pas d’importance », Gibraltar ne peut être traité comme une possession coloniale, a-t-il prévenu.

Îles Vierges britanniques

Le Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, M. Natalio D. Wheatley, est également intervenu cet après-midi, affirmant que ce territoire poursuit son cheminement sur la voie de l’autodétermination.  Il a annoncé s’être rendu à Londres, le mois dernier, afin de rencontrer le nouveau Ministre des territoires d’outre-mer et d’autres parlementaires britanniques, se disant désireux d’améliorer la relation entre les îles et le Royaume-Uni.  Il a toutefois regretté que le Conseil habilité à suspendre la Constitution des îles demeure en place, ce qui est selon lui « antidémocratique et inutile ».

Le programme de réforme de la gouvernance de l’archipel est entré dans sa phase finale de mise en œuvre, et d’autres réformes sont en train d’être finalisées, a poursuivi M. Wheatley.  Il s’agit selon lui des réformes les plus complètes de l’histoire du territoire, qui lui permettront, à terme, de parvenir à l’autonomie dans la gestion de ses affaires publiques.  Il a appelé à la mise en place d’un nouveau partenariat moderne entre le Royaume-Uni et les territoires d’outre-mer.  Les Îles Vierges britanniques étant particulièrement affectées par les changements climatiques, le Premier Ministre s’est félicité de l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, bien qu’il n’inclue pas ce territoire.  Dans l’intervalle, l’archipel coopère avec l’ONU pour demander une assistance technique additionnelle ainsi que l’accès au financement du développement et de la résilience climatique.

Mme Eliezer Benito Wheatley, du Centre pour la science et la politique de l’Université de Cambridge, a également salué la mission de visite menée par le Comité spécial des Vingt-Quatre, en particulier son caractère impartial et professionnel, ce qui a donné confiance aux parties prenantes sur le terrain.  Aujourd’hui, la population de l’archipel doit décider quel statut politique correspond le mieux à ses intérêts, a-t-il fait valoir, et en tant que Puissance occupante, le Royaume-Uni devrait s’engager dans la poursuite du dialogue national sur la décolonisation dans le territoire, avec la coopération de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a-t-elle estimé.

Guam

Sur la question de Guam, la Commission a entendu l’intervention de M.  Clynton E. Ridgell, Chef de Cabinet adjoint du Bureau du Gouverneur de Guam, qui lui a rappelé la demande « constante » de Guam depuis 2006 d’organiser une mission de visite sur le territoire, après celle menée cette année aux Îles Vierges britanniques.  En 2023, les États-Unis ont confirmé leur soutien à une telle mission.  Il a donc demandé le soutien la Commission et de la Puissance administrante ainsi qu’une allocation de fonds en vue de pouvoir organiser cette mission.

Malgré le manque de souveraineté et d’autonomie de Guam, l’île a adhéré l’an dernier au Forum des îles du Pacifique, afin de favoriser des communautés résilientes et prospères, a-t-il signalé.  « Cependant, il existe un manque flagrant d’orientations sur la manière dont nous pouvons participer à certaines instances et si nous pouvons le faire », a-t-il déploré.  M. Ridgell a souhaité que la Commission et la Puissance administrante soutiennent un programme de formation à la diplomatie permettant aux territoires non autonomes de développer les compétences nécessaires pour intégrer les systèmes internationaux.

Il a exprimé son inquiétude quant à l’exclusion du « libellé historique » de la résolution annuelle sur Guam, demandant des éclaircissements sur la suppression d’un passage spécifique.  Ce dernier rappelait « que la menace la plus aiguë pour l’exercice légitime de la décolonisation de Guam était la militarisation incessante de l’île par sa Puissance administrante, et notait l’inquiétude exprimée concernant l’effet de l’escalade des activités et installations militaires de la Puissance administrante sur Guam ».  La présence croissante de l’armée américaine à Guam rend d’autant plus préoccupante la suppression de ce libellé, qui faisait partie intégrante de la résolution depuis 2016, a fait valoir M. Ridgell.  L’accord « inéquitable » qui lie Guam à la Puissance administrante doit donc être corrigé pour garantir que l’île agisse en tant que partenaire égal dans les activités militaires présentes.  En tant que territoire non autonome, sa relation avec les États-Unis permet à ceux-ci de prendre des décisions qui ont un impact négatif sur son développement social et économique.

Abondant en ce sens, la seule pétitionnaire inscrite au titre de la question de Guam, Mme Harmony Palaganas de la Commission de la décolonisation, a déclaré que si le peuple de Guam garde espoir, il demeure conscient de sa réalité façonnée par « le déni d’autodétermination, l’absence d’autonomie gouvernementale et de souveraineté », qui permet à la Puissance administrante de lui imposer ses politiques sans le consulter.  « Bien que nous soutenions la défense de notre île, le renforcement de la présence militaire américaine se perpétue sans le consentement des personnes qu’elle affecte. »   Face à un tel constat, elle a demandé à son tour à la Commission de rétablir, dans la résolution sur la question de Guam, le libellé reconnaissant la « militarisation incessante » comme une « menace grave à l’exercice légitime de la décolonisation de Guam ».

Nouvelle-Calédonie

Sur la question de la Nouvelle-Calédonie, l’Envoyé spécial du Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a rappelé que depuis la signature de l’accord de Nouméa, en 1998, son pays est engagé dans un processus de décolonisation et d’émancipation dont le caractère est unique et non sans difficulté.  À ce titre, M. Claude Gambey est revenu sur la crise du 13 mai 2024.  Provoquée par l’adoption du projet de loi constitutionnelle portant sur le dégel du corps électoral en l’absence de consensus dans un territoire peuplé à 41% d’autochtones mélanésiens, cette crise a eu un bilan humain très lourd, 11 civils (essentiellement Kanaks) ayant été tués ainsi que 2 gendarmes.  En outre, 3 000 autres Kanaks ont été interpellés et 120 incarcérés, dont une dizaine en France métropolitaine.  Outre le coût des dégâts, évalué à 2 milliards d’euros, l’Envoyé spécial a rappelé que le rétablissement de l’ordre public a nécessité une mobilisation importante des forces de l’ordre déployées depuis la France métropolitaine et l’application d’un couvre-feu.

Compte tenu de cette situation, le nouveau Premier Ministre français a annoncé dans sa déclaration de politique générale, la semaine dernière, devant l’Assemblée nationale, l’abandon de la loi sur le dégel du corps électoral et le report des élections provinciales « jusqu’à fin 2025 », privilégiant ainsi le dialogue et la concertation.

La tendance électorale de ces dernières années montre que la voie vers la souveraineté est une option qu’il faut envisager sérieusement pour garantir des perspectives durables pour la Nouvelle-Calédonie, a concédé le haut représentant.  En effet, même si les trois consultations se sont exprimées en défaveur de l’indépendance, le vote en faveur du OUI est en progression constante.  Les dernières élections législatives en date de septembre 2024, ont corroboré cette évolution, puisque les candidats indépendantistes ont obtenu 10 000 voix de plus que les non-indépendantistes, envoyant pour la première fois en près de 50 ans un élu indépendantiste à l’Assemblée nationale.  « La notion d’indépendance a gagné l’opinion calédonienne, notamment sa jeunesse, mais aussi les instances régionales et internationales », a souligné M. Gambey.

Le représentant de la France a qualifié les événements du 13 mai « d’épisode de violence majeur qui a eu un impact profond sur l’ensemble de la population ».  Dans l’immédiat, l’État s’est attaché à restaurer le calme, a assuré son représentant, assurant qu’il continue d’apporter une aide financière exceptionnelle pour aider au redressement de l’économie calédonienne, qui fera l’objet d’un plan quinquennal.  Il est surtout temps d’intensifier le dialogue entre les acteurs du territoire, car la violence n’est jamais une solution.  Le nouveau Premier Ministre français a redonné une impulsion à ce dialogue en annonçant des mesures visant à trouver une voie d’apaisement, ainsi que l’envoi d’une mission des présidents de l’Assemblée nationale du Sénat pour faire en sorte que les acteurs locaux « retrouvent la voie d’un avenir collectivement décidé, sur la base de l’acquis de l’Accord de Nouméa ».  Le Premier Ministre entend également visiter la Nouvelle-Calédonie.  Comme le prévoit cet accord, la France compte entretenir une coopération avec l’ONU sur cette question.  Après une mission de visite menée en 2018, elle a invité le Comité de la décolonisation à s’y rendre à nouveau, a rappelé le représentant de la France.

À l’instar de M. Brieux Frogier, certains des pétitionnaires à être intervenus au sujet de la Nouvelle-Calédonie, ont accusé « les radicaux » d’avoir méthodiquement détruit les moyens de subsistance des insulaires, comme l’a notamment soutenu M. Brieux Frogier.  Évoquant une « économie dévastée » dans le but de faire fuir les populations non mélanésiennes, le camp des non-indépendantistes a argué que ce n’est que grâce au soutien financier de la France que la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui en mesure de survivre.

Au contraire, les indépendantistes, tels M. Jean Victor Castor, de même que les représentants du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie, comme MM. Viro, Bouquet et Boula qui ont pris la parole aujourd’hui, ont reproché à la France d’avoir créé les conditions d’un chaos politique, social et économique malgré leurs mises en garde répétés.  Depuis le 13 mai, la Puissance administrante a réprimé dans la violence le mouvement d’émancipation en Nouvelle-Calédonie-Kanaky et criminalisé les défenseurs des droits des Kanaks, se sont-ils indignés.  Affirmant qu’aujourd’hui le territoire est au bord de la rupture, avec plus de 35% de chômeurs et des pouvoirs publics locaux incapables de payer leurs fonctionnaires, ces pétitionnaires ont réclamé des décisions vigoureuses pour répondre à la crise politique et économique et satisfaire leur droit à l’autodétermination.  Ils ont relevé que lorsque le nouveau Premier Ministre français, Michel Barnier, a été interpellé sur cette question le 2 octobre par le député Kanak Emmanuel Tjibaou, et qu’il n’a pas répondu.  Leur demande, c’est que le Gouvernement français retire sans ambiguïté le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral en Kanaky et organise un nouveau référendum sur l’accès à la pleine souveraineté respectueux du principe du consentement préalable du peuple autochtone Kanak, en consultation avec les autorités coutumières, comme l’ont demandé les rapporteurs des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: pour la Haute-Représentante, le désarmement multilatéral doit répondre aux défis de la guerre et de l’érosion des régimes de non-prolifération

Soixante-dix-neuvième session
2e séance plénière – matin
AG/DSI/3736

Première Commission: pour la Haute-Représentante, le désarmement multilatéral doit répondre aux défis de la guerre et de l’érosion des régimes de non-prolifération

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a démarré, ce matin, les travaux de fond de sa soixante-dix-neuvième session.  Comme le veut la pratique, l’ouverture de la séance a été confiée à la Haute-Représentantepour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, qui a axé son propos sur les enjeux de la Commission dans un contexte marqué par l’adoption récente du Pacte pour l’avenir et les commémorations de l’attaque du Hamas contre Israël perpétrée il y a un an jour pour jour. 

Plusieurs groupes de pays ont eu le temps de faire une déclaration dans le cadre du débat proprement dit malgré une suspension de séance provoquée par la Fédération de Russie.  Le représentant de ce pays avait demandé que la Commission suspende ses travaux jusqu’à ce que soit réglée la question de la non-délivrance par le pays-hôte de visas à certains membres de plusieurs délégations, dont la sienne.  La motion d’ordre présentée par la Fédération de Russie a toutefois été rejetée par un vote, par 10 voix pour, 52 contre et 63 abstentions, permettant ainsi l’ouverture du débat général. 

« La Première Commission entame son débat général exactement un an après les événements horribles du 7 octobre 2023 », a constaté la Haute-Représentante, pour qui l’attaque terroriste du Hamas a déclenché des violences qui ont fait de l’année écoulée un enjeu de taille pour cette enceinte. « Plus que jamais, les délégations devront œuvrer, au cours de cette session, pour que cesse la violence, pour faire taire les armes et rompre le cercle vicieux qui a brisé des vies et infligé de profondes souffrances humaines », a déclaré Mme Nakamitsu. 

Celle-ci a estimé qu’avec le Pacte pour l’avenir adopté lors du Sommet du même nom, les États Membres ont pris d’importants engagements pour relancer l’avènement d’un monde sans armes nucléaires, revitaliser le mécanisme multilatéral de désarmement, empêcher la militarisation de l’espace ou encore de réduire les risques associés aux technologies nouvelles, l’intelligence artificielle notamment. 

Sur le premier de ces engagements, la Haute-Représentante a appelé la Fédération de Russie et les États-Unis à reprendre la mise en œuvre intégrale du Nouveau Traité START de réduction des armes stratégiques. Concernant les autres armes de destruction massive, Mme Nakamitsu a jugé notables les progrès accomplis dans le cadre des délibérations de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction entamées, à New York, en 2019.  La cinquième session de ce processus, soutenu par le Groupe arabe et le Conseil de coopération des États arabes du Golfe représenté par le Qatar, mais auquel ne participe pas Israël, aura lieu le mois prochain sous la présidence de la Mauritanie. 

Israël et la Mauritanie –cette dernière s’exprimant au nom du Groupe arabe- se sont ensuite invectivés sur la crise au Moyen-Orient.  Dans le cadre des droits de réponse, Israël a qualifié de discours incompréhensible, décrivant une « réalité alternative », les accusations de génocide dont se serait rendu coupable son pays à Gaza et au Liban proférées par le Groupe arabe mais aussi par le Mouvement des pays non alignés représenté par l’Indonésie.  La représentante israélienne a martelé qu’à ceux qui font comme si le 7 octobre n’avait jamais existé, comme si l’Iran n’avait pas procédé, contre Israël, au tir de barrage le plus massif de l’histoire du Moyen-Orient, qu’à ceux finalement qui ne souhaitent que son extinction, son pays répondra toujours en disant la vérité et en réaffirmant sa volonté indestructible de se reconstruire et d’exister.  La Mauritanie, secondée par la Syrie et l’Iran, ont rejeté le « mépris » d’Israël, dont la politique destructrice et meurtrière ne saurait être défendue selon eux par aucune justification morale. 

Parmi les autres groupes d’État qui se sont exprimés, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), par la voix du représentant de la République démocratique populaire lao, a réitéré l’engagement de ses membres à contribuer à la mise en place des principaux instruments constitutifs du désarmement multilatéral qu’ils soutiennent activement.  Mais à ces devoirs répondent des droits, y compris celui de l’utilisation aux usages pacifiques de l’énergie nucléaire et celui, tout aussi légitime, à utiliser des armes classiques pour maintenir la sécurité intérieure et défendre l’intégrité territoriale des pays, a rappelé l’ASEAN.  Sur cette catégorie d’armes, en particulier les armes légères et de petit calibre (ALPC), le représentant a souligné l’importance de soutenir et d’accélérer la mise en œuvre du programme de formation sur les ALPC du Programme d’action pertinent de l’ONU, en particulier pour les pays en développement. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Tchad a tenu des propos similaires, ajoutant que les États africains attirent l’attention sur le fait que le transfert d’armes classiques à des destinataires non autorisés par leurs gouvernements alimente les conflits et le terrorisme.  Il est par conséquent nécessaire de renforcer la coopération visant à tenir les fabricants et exportateurs responsables de ce commerce illicite, source de prolifération des ALPC.  Le représentant a également fait observer que le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, qui célèbre cette année son trente-huitième anniversaire, continue d’offrir, malgré des ressources limitées et en partenariat avec l’Union africaine (UA), une assistance technique précieuse aux États de la région pour la mise en œuvre des instruments onusiens.  Il a appelé les pays à veiller à ce que les Centres régionaux disposent des ressources adaptées à l’exécution de leur mandat.

Au nom des pays nordiques, la Finlande, qui a une fois de plus condamné la guerre menée par la Russie en Ukraine, a déploré les initiatives de « certains États » pour saper et politiser le travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  À cet égard, sa représentante a salué le travail de l’Agence pour garantir la sécurité de la centrale de Zaporizhzhia et dénoncé les agissements irresponsables de la Russie sur ce site à hauts risques.  Elle s’est également dite inquiète du manque de coopération de l’Iran avec l’AIEA afin de respecter ses obligations en vertu de l’Accord de garanties généralisées liant les deux parties.  Elle a en outre lancé un appel à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour qu’elle renonce à son programme d’armes nucléaires.  Les délégués iranien et de la République populaire démocratique de Corée ont rejeté les propos des pays nordiques, arguant respectivement du droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et à la défense de l’intégrité territoriale. 

En tout début de séance, la Présidente de la Commission, Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica), avait déploré la sous-représentation des femmes dans les négociations de désarmement.  Rappelant que c’est seulement la deuxième fois en 79 ans d’existence de la Première Commission que cette dernière était dirigée par une femme, Mme Chan Valverde a invité à y réfléchir.  À sa suite, la Haute-Représentante a elle aussi souligné l’importance d’une pleine participation et sur un pied d’égalité des femmes aux activités des différentes composantes du Mécanisme du désarmement des Nations Unies. 

La Commission poursuivra son débat général demain, mardi 8 octobre, à 10 heures.  Elle entendra en outre une déclaration du Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang. 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclaration liminaire

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a d’abord noté que, cette année, la Première Commission serait présidée par une femme pour la deuxième fois seulement de son histoire, et a souligné l’importance d’une participation pleine et égale des femmes à toutes les discussions sur le désarmement. 

Rappelant que la Première Commission entame son débat général exactement un an après les « les événements horribles du 7 octobre 2023 », la Haute-Représentante a constaté que l’attaque terroriste du Hamas avait déclenché des violences et des effusions qui ont fait de l’année écoulée un enjeu de taille pour cette enceinte.  Les délégations devront œuvrer au cours de cette session plus que jamais pour que cesse la violence, pour faire taire les armes et rompre le cercle vicieux qui a brisé des vies et infligé de profondes souffrances humaines. 

Mme Nakamitsu a estimé qu’avec le Pacte adopté, non sans difficulté, lors du Sommet de l’avenir, les États Membres avaient pris ou renouvelé d’importants engagements touchant au désarmement et à la sécurité internationale, qu’il s’agisse de revitaliser le mécanisme multilatéral de désarmement, de relancer l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, de prendre des mesures pour prévenir une course aux armements dans l’espace ou encore de progresser dans la réduction des risques potentiels associés aux technologies nouvelles. De plus, le Pacte, « en considérant le désarmement comme une partie intégrante des efforts de paix et de sécurité de l’ONU, avertit de l’impact négatif d’une augmentation continue des dépenses militaires sur les investissements dans le développement durable et la pérennisation de la paix ». 

Mme Nakamitsu a repris les termes du Secrétaire général de l’ONU lors du Sommet, à savoir que les défis auxquels la communauté internationale est confrontée ne pourront être résolus qu’au sein d’un ordre international fondé sur le droit international, au bénéfice de tous.  Pour elle, le Pacte pour l’avenir est un pas en avant dans la reconnaissance du fait que les divisions, notamment sur les questions de désarmement, ne sont pas insurmontables et que, partant, tout doit être fait pour que les questions y relatives soient au cœur des efforts multilatéraux de paix, de sécurité et de développement. 

La Haute-Représentante a ensuite fait des observations sur les points les plus saillants de l’ordre du jour de la Première Commission: les armes nucléaires et autres armes de destruction massive, les armes classiques, les nouvelles technologies ainsi que le mécanisme onusien de désarmement. 

Sur les armes nucléaires, Mme Nakamitsu a notamment appelé la Fédération de Russie et les États-Unis à reprendre la mise en œuvre intégrale du Nouveau Traité START de réduction des armes stratégiques.  En outre, elle a considéré que si le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeure la pierre angulaire du désarmement nucléaire, il est complété par le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), que ne reconnaissent pas les États détenteurs de ces armes, et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), dont l’entrée en vigueur nécessite la ratification d’une quarantaine de pays, y compris les États-Unis et la Chine. 

Pour ce qui est des autres armes de destruction massive, Mme Nakamitsu a jugé importants les progrès accomplis dans le cadre des délibérations de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d'une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive entamées, à New York, en 2019.  Le succès de ce processus dépendant de la participation de tous les États de la région, elle a souhaité que la cinquième session de la Conférence, qui aura lieu au Siège le mois prochain sous la présidence de la Mauritanie, soit enrichie des vues d’un nombre accru d’intervenants.

Après avoir appelé au renforcement et à la consolidation des régimes d’interdiction et d’élimination des armes chimiques et biologiques, la Haute-Représentante a noté que, face à la militarisation croissante, le Registre des armes classiques de l’ONU et le Rapport des Nations Unies sur les dépenses militaires restent des instruments clefs pour inverser cette tendance néfaste au développement durable.  En cette période de tensions accrues, nous n’avons d’autre choix, notamment sur le plan régional, que d’investir dans des mécanismes qui améliorent la transparence militaire, œuvrent au renforcement de la confiance et contribuent à la réduction des risques, a-t-elle déclaré. 

Mme Nakamitsu a demandé aux délégations de traduire en actions concrètes les engagements pris par les États lors de l’adoption, en juin dernier, du document final de la quatrième Conférence d’examen du Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre (ALPC).  Elle a de même appelé les États à mettre en œuvre le Cadre mondial pour la gestion des munitions Cadre mondial pour la gestion des munitions classiques tout au long de leur cycle de vie, adopté l’année dernière, estimant qu’il peut avoir un impact réel en réduisant le double risque de détournement et d’explosions accidentelles.  Elle a aussi rappelé que l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées reste l’une des menaces les plus importantes pour les civils dans les conflits armés, comme le montrent les scènes d’horreur en Ukraine et à Gaza. 

Mme Nakamitsu a constaté avec satisfaction l’intérêt manifesté par un nombre croissant d’État quant aux répercussions potentielles de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine militaire.  Si des discussions ont eu lieu à l’ONU sur les applications civiles de l’IA, les aspects militaires n’ont pas encore été abordés, a-t-elle relevé. Elle a donc salué l’appel de plusieurs pays à la tenue de discussions intergouvernementales spécifiques sur les implications de l’IA pour la paix et la sécurité internationales. 

La Haute-Représentante a en outre dit sa satisfaction après l’adoption d’un rapport de consensus par le Groupe d’experts gouvernementaux sur de nouvelles mesures pratiques pour la prévention d’une course aux armements dans l’espace, rappelant à ce propos qu’au nom du Pacte pour l’avenir, les États Membres ont décidé de mener des négociations internationales pour empêcher une course aux armements dans l’espace « sous tous ses aspects ». 

Concernant le Mécanisme de désarmement des Nations Unies, la Secrétaire générale adjointe a relevé une continuité encourageante dans les méthodes de travail de la Conférence du désarmement en 2024, saluant une innovation qui, a-t-elle dit, devra se traduire par une reprise rapide des travaux de fond de la Conférence, afin qu’elle puisse rependre la négociation d’instruments juridiquement contraignants.  Elle a aussi plaidé en faveur d’un désarmement onusien plus inclusif, conforme en cela au souhait du Secrétaire général de l’ONU, l’ouverture des délibérations aux femmes, à la société civile, au secteur privé et aux universités étant l’un des moyens les plus efficaces de revitaliser le multilatéralisme. 

Mme Nakamitsu a conclu en rappelant que « les États Membres doivent s’acquitter de leurs obligations financières au titre des conventions sur le désarmement, faute de quoi les services de réunion sont compromis ». Il ne doit pas y avoir de retard dans l’exécution des mesures de désarmement en raison d’un manque durable de ressources, a-t-elle affirmé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’échec de la « guerre mondiale contre la drogue », la prolifération des drogues de synthèse et la cybercriminalité dominent les débats de la Troisième Commission

Soixante-dix-neuvième session,
5e et 6e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4406

L’échec de la « guerre mondiale contre la drogue », la prolifération des drogues de synthèse et la cybercriminalité dominent les débats de la Troisième Commission

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

L’attention de la Troisième Commission, en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles, qui traitait aujourd’hui des questions liées à la drogue et la criminalité, s’est notamment portée sur trois sujets majeurs: l’échec de l’approche répressive en matière de stupéfiants, l’explosion du recours aux drogues de synthèse et la cybercriminalité. 

Avant d’entamer cette discussion générale, la Commission a entendu la présentation du rapport annuel du représentant de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  À cette occasion, le Directeur de la Division de l’analyse des politiques et des relations publiques à l’ONUDC s’est félicité de la finalisation, en août dernier, d’un projet de convention internationale générale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles. Il s’agit du premier projet de traité multilatéral de lutte contre la criminalité au sein des Nations Unies depuis plus de 20 ans, s’est-il félicité. 

Inquiétudes face à la cybercriminalité et aux drogues synthétiques

À l’instar de plusieurs délégations, Singapour, qui intervenait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est inquiétée de la croissance de la cybercriminalité depuis la numérisation massive des activités ayant suivi la pandémie de COVID-19, indiquant que le préjudice des seules arnaques en ligne s’élevait à 64 milliards de dollars pour ses États membres.  L’ASEAN a créé un groupe d’intervention dédié aux urgences informatiques régionales, a indiqué Singapour, qui a ajouté qu’elle abritait un centre d’excellence de la cybersécurité. 

De même, la cité-État a déploré la « rapide croissance du marché des drogues synthétiques » dans l’ASEAN, où les saisies ont atteint un montant record de 190 tonnes de méthamphétamine en 2023.  Une inquiétude partagée par la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui a notamment évoqué l’implantation de capacités de production de cocaïne et de méthamphétamine sur son territoire. 

De son côté, la République islamique d’Iran a indiqué qu’au cours des six premiers mois de 2024, ses services avaient confisqué 220 tonnes de drogues diverses venues d’Afghanistan, en particulier des méthamphétamines, dont la production est en hausse significative dans ce pays et constitue une « menace mondiale émergente ».  Elle a par ailleurs indiqué qu’elle avait effectué 90% des saisies mondiales d’opium, 70% de morphine et 20% d’héroïne.  En tant que pays à l’avant-garde de la lutte contre la drogue, elle a réitéré ses demandes de soutien, notamment en termes de formation et d’équipements spécialisés à l’ONUDC. 

Une consommation en hausse

« La guerre mondiale contre la drogue est un échec », a affirmé la Colombie, rejointe par la Suisse sur cette ligne.  Citant le rapport du Secrétaire général à l’ordre du jour, l’État latino-américain a rappelé qu’en 2021, 296 millions de personnes avaient consommé au moins une drogue au cours des 12 derniers mois, soit une augmentation de 23% en 10 ans.  S’appuyant sur la même source, le Cameroun a ajouté qu’on estimait à 39,5 millions le nombre de personnes souffrant de problèmes liés à la drogue dans le monde. 

Constatant l’échec des approches prohibitives ou éradicatrices, la Confédération helvétique a appelé à un « changement de paradigme » donnant la priorité aux droits humains et à la santé publique plutôt qu’aux mesures répressives.  Ces dernières ont pour effet la marginalisation de certaines populations, la surpopulation carcérale, l’exclusion de la société civile et l’application fréquente de la peine de mort, a-t-elle analysé. 

Adoptant la même grille de lecture, l’Afrique du Sud et le Guatemala ont soutenu que le problème mondial de la drogue est une responsabilité partagée qui ne peut être combattue que par une coopération mettant l’accent sur les droits humains. L’Afrique du Sud a appelé à réfléchir au coût des médicaments, à leur accès, en particulier en Afrique où ils sont difficilement disponibles. 

À l’instar de la Thaïlande qui a indiqué avoir adopté une politique visant à traiter les consommateurs de drogues comme des « patients », la Jamaïque, toujours au nom de la CARICOM, a estimé qu’il fallait envisager la criminalité et la violence comme des problèmes de santé publique afin de s’« attaquer aux causes profondes du crime ». 

De son côté, la Colombie a appelé l’ONU à donner de la visibilité à toutes les composantes du système et à « faire preuve de cohérence », regrettant un cloisonnement et un manque de discussion entre New York, Genève et Vienne. 

A contrario, le Bélarus a estimé que Vienne devrait rester le principal lieu de discussion sur les questions de prévention du crime et de justice pénale.  À ses yeux, les travaux sur ces questions à New York ne devraient pas remplacer les efforts déployés dans les plateformes de fond, notamment ceux de la Commission des stupéfiants et de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale.  Quant à lui, le Directeur de la Division de l’analyse des politiques et des relations publiques à l’ONUDC a affirmé que l’ONU parlait d’une seule voix, portée par son Organisation. 

Présentant le rapport d’activité de l’ONUDC, M. Jean-Luc Lemahieu s’est par ailleurs félicité de l’inclusion dans le Pacte pour l’avenir, adopté il y a deux semaines, d’une action visant à prévenir et combattre la criminalité transnationale organisée et les flux financiers illicites associés.  Un sujet évoqué par Israël qui a dénoncé l’implication du Hezbollah dans un éventail d’activités criminelles, comme le trafic de drogue et le blanchiment d’argent notamment en Amérique latine, générant une somme d’un milliard de dollars. 

L’État hébreu a aussi dénoncé l’impact de la prolifération des drogues de synthèse, notamment du captagon, accusant la Syrie d’avoir fait de sa production « un des piliers de son économie ».  Ces accusations ont été rejetées en bloc par la délégation syrienne. 

Les liens entre le trafic de drogue et d’autres formes de criminalité

Pour leur part, le Mexique et la Jamaïque ont souligné l’importance des liens profonds entre trafic de drogue et trafic d’armes à feu, soulignant qu’il existait des « itinéraires partagés » facilitant les flux illicites de stupéfiants et d’armes à feu à travers les frontières. 

« Si nous voulons arrêter le trafic de drogue, nous devons également arrêter le flux d’armes », a martelé le Mexique.  Précisant qu’un demi-million d’armes entraient sur son territoire chaque année, la délégation mexicaine s’est préoccupée des failles créées par les différences en matière de législations nationales sur les armes.  De son côté, le représentant de l’ONUDC a appelé les États Membres ayant signé la Convention contre la criminalité transnationale organisée, et son protocole sur les armes à feu, à adopter une approche unifiée. 

Une autre convergence d’analyse entre États latino-américains s’est faite jour concernant un lien entre trafic de drogue et criminalité lié à l’environnement.  Le Brésil a évoqué des canaux communs de blanchiment d’argent entre la drogue d’un côté, et l’industrie minière illégale ou le trafic d’espèces sauvages de l’autre, des crimes environnementaux qui rapportent plusieurs centaines de milliards de dollars par an selon un rapport de la Banque mondiale.  La production de drogues provoque la déforestation de 500 000 hectares de forêt par an dans le monde, sans compter la pollution de l’eau et la dégradation du sol, a ajouté le Costa Rica, appelant à la mise en place d’activités de substitution comme l’écotourisme et l’agriculture biologique.

Le Costa Rica a également jugé essentiel d’intégrer une dimension de genre dans les stratégies de lutte contre la drogue, faisant état d’un écart notable entre les sexes pour ce qui est des taux de consommation et d’incarcération pour des délits liés au trafic de stupéfiants. 

Alors que les hommes ont une prévalence plus élevée de consommation de drogues, les femmes se livrent davantage aux activités illicites, comme le transport ou la possession de drogues, a-t-il expliqué, une situation liée à leur plus grande vulnérabilité socioéconomique. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux mardi 8 octobre, à partir de 10 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission ouvre son débat général en cherchant les clefs de la résilience et d’un meilleur financement du développement

Soixante-dix-neuvième session,
2e & 3e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3600

La Deuxième Commission ouvre son débat général en cherchant les clefs de la résilience et d’un meilleur financement du développement

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Sans intervention rapide, l’humanité pourrait entrer en crise prolongée, avec une augmentation de la pauvreté et de l’exclusion.  C’est par cette inquiétante mise en garde que M. Navid Hanif, le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a ouvert, ce matin, le débat général de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) sur le thème « Favoriser la résilience et la croissance dans un monde incertain ». 

L’économie mondiale enregistre en effet une croissance lente et inégale et la fragmentation géoéconomique s’accroît, ce qui met en péril l’éradication de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), tout en amplifiant les incertitudes, a expliqué M. Muhammad Abdul Muhith, Président de la Deuxième Commission.  La résilience, c’est « anticiper les risques, diversifier les ressources et mettre en place de solides filets de sécurité sociale », a-t-il précisé.

Les délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont mis l’accent sur les fossés qui se creusent.  Elles se sont inquiétées de la lenteur des progrès dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, à l’instar des pays en développement sans littoral (PDSL), représentés par le Botswana.  Plusieurs ODD sont même en recul, ont déploré M. Hanif ainsi que le Groupe des 77 et la Chine.  De fait, nombre des pays les moins avancés (PMA) sont plus pauvres aujourd’hui qu’en 2019, a fait remarquer le groupe de ces pays, par la voix du Népal.  Concrètement, ces pays ont vu augmenter de 15 millions le nombre d’habitants vivant dans l’extrême pauvreté et ont encore 249 millions de personnes en situation de sous-nutrition. 

Au niveau mondial, le Mexique s’est alarmé que des centaines de millions de personnes vivent dans la pauvreté et la faim, notamment des enfants.  « La pauvreté et les inégalités demeurent des défis majeurs. »  Dans un tel contexte, il est urgent de bâtir la résilience face aux crises et aux défis, a souligné l’Union européenne (UE), pour qui le financement du développement durable demeure une priorité absolue. 

La question du financement du développement a été abordée comme un fil rouge tout au long du débat de la Deuxième Commission, à commencer par l’invité du jour.  M. Jeffrey Sachs, Directeur du Centre pour le développement durable à l’Université Columbia à New York, a en effet rappelé que le problème majeur des pays pauvres est le manque de ressources budgétaires.  Le financement est au cœur de la crise du développement qui s’intensifie, a abondé la Communauté des Caraïbes (CARICOM).

Pourtant, de l’avis de M. Sachs, il est encore possible d’atteindre les ODD, à condition d’accroître les investissements dans les six domaines prioritaires que sont l’éducation et le capital humain; la santé; l’énergie; l’agriculture durable; les infrastructures urbaines et interurbaines; et les plateformes numériques.  En effet, si l’on investit suffisamment dans les infrastructures ou la fibre, par exemple, un pays pauvre peut enregistrer une croissance de 7% par an.  Or, a-t-il déploré, l’accès aux financements des pays à revenu faible est inadapté puisqu’ils sont soumis à des taux d’intérêt prohibitifs. Il y a vu une « distorsion de l’architecture financière internationale », dont les critères ne tiennent compte que du niveau de risque d’un pays pauvre mais pas de sa capacité de développement. 

Les pays pauvres se retrouvent donc pris dans « le piège de la dette » et sont dans l’incapacité d’investir à long terme, a poursuivi le professeur. En effet, le niveau de dette des pays africains est « insoutenable », ce qui a des effets négatifs sur la réalisation des ODD, a acquiescé le Groupe des États d’Afrique, par la voix du Tchad.  La dette extérieure des pays en développement a atteint un record de 1 400 milliards de dollars en 2022, ont indiqué le G77 et la Chine.  Quant aux petits États insulaires en développement (PEID), ils payent davantage pour le service de la dette que ce qu’ils reçoivent en financement du développement, a fait savoir l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), par la voix de la déléguée du Samoa, qui a jugé cette situation « injuste et non durable ». 

Les pays en développement, surtout en Afrique, se heurtent à des difficultés considérables qui les empêchent d’investir dans le développement et la résilience future, a renchéri le Ghana.  La résilience ne peut être bâtie sans un financement suffisant, notamment face aux changements climatiques, a insisté la délégation.  Le financement du développement est « crucial et urgent » pour la résilience des PMA, notamment contre les chocs des changements climatiques, a renchéri le Groupe des PMA. 

La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu en juin 2025 à Séville (Espagne), est une occasion à ne pas manquer pour faire avancer les réformes de l’architecture financière internationale, ont souligné de nombreux délégués.  « Il faudra passer de la parole aux actes », a lancé M. Sachs, rappelant que le diagnostic est connu depuis longtemps, mais que certains pays sont plus engagés dans la guerre que dans le développement durable. 

L’UE a fait savoir qu’elle est très impliquée dans ces efforts de réforme.  Celle-ci permettrait de sortir de nombreux pays en développement de la pauvreté, selon le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ).  Cette réforme est « vitale » pour fournir les outils nécessaires au financement à long terme du développement, à la restructuration de la dette et au renforcement des banques multilatérales de développement, a insisté le Rwanda. 

Toutefois, comme l’a souligné Singapour, il s’agit aussi de « réinstaurer la confiance » dans les institutions multilatérales pour faire en sorte que l’ONU, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les institutions financières internationales favorisent davantage la croissance et le développement.  Pour cela, il faut repenser les structures de gouvernance, la transparence, la redevabilité et les critères d’évaluation.  Les pays en développement doivent aussi être mieux représentés dans la prise de décisions des institutions économiques et financières internationales, pour qu’elles soient plus efficaces, crédibles, responsables et légitimes, a renchéri l’Argentine. 

Comme l’a indiqué M. Muhith à l’entame du débat, nous devons disposer d’un système de développement des Nations Unies « pertinent et agile », capable d’accélérer davantage la mise en œuvre des ODD sur le terrain.  En ce sens, il a dit compter sur un esprit de coopération et de recherche de consensus et a appelé à s’appuyer sur le Pacte pour l’avenir, adopté le 22 septembre par l’Assemblée générale. Il a par exemple souligné que les progrès technologiques rapides offrent un immense potentiel de développement durable, mais qu’il est nécessaire de réduire l’importante fracture technologique qui persiste.

À cette fin, l’Angola a dit attendre des solutions concrètes pour assurer un transfert des technologies des pays développés vers les pays en développement. Cela passe notamment par le renforcement des capacités et la coopération scientifique et technique.  De l’avis de l’Argentine, il s’agit de construire un nouveau paradigme de coopération internationale pour des solutions efficaces.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain à partir de 10 heures.

Déclaration liminaire

Le Directeur du Centre pour le développement durable à l’Université Columbia à New York, M. JEFFREY SACHS, qui intervenait par visioconférence comme principal orateur de ce débat, est revenu sur le Pacte pour l’avenir récemment adopté par l’Assemblée générale.  Ce pacte a permis de réaffirmer les engagements en faveur des objectifs de développement durable, a-t-il souligné en estimant qu’il est encore possible de les mettre en œuvre, en accroissant les investissements dans six domaines prioritaires. 

Le premier concerne l’éducation, le capital humain et les compétences, tandis que le deuxième a trait à la santé.  Le troisième domaine essentiel, de l’avis de M. Sachs, a trait à l’énergie et aux systèmes industriels visant une énergie propre, et le quatrième, à l’agriculture durable et à l’utilisation durable des terres, éléments essentiels face aux changements climatiques.  Enfin, derniers domaines prioritaires pour les investissements: les infrastructures urbaines et interurbaines (transport, assainissement…) et les plateformes numériques. Avec des infrastructures et des compétences, les entreprises se développent, mais le problème des pays pauvres est le manque de ressources budgétaires, a-t-il constaté.

Poursuivant sa démonstration, M. Sachs s’est demandé que faire face au manque de ressources pour les investissements nécessaires.  Car, par exemple, si l’on investit suffisamment dans les infrastructures ou la fibre, un pays pauvre peut enregistrer une croissance de 7% par an. Il a dès lors recommandé de financer les infrastructures et de construire le capital humain en investissant dans l’éducation, regrettant que ce processus ne fonctionne pas aujourd’hui. D’abord parce que l’accès aux financements des pays à revenu faible est inadapté puisqu’ils sont soumis à des intérêts bien plus élevés que des pays riches, à des taux prohibitifs: c’est une distorsion de l’architecture financière internationale, dont les critères ne tiennent compte que du niveau de risque d’un pays pauvre mais pas de sa capacité de développement.  Le modèle de financement actuel n’a en outre pas été conçu pour des niveaux élevés d’investissement.

Les pays pauvres se retrouvent donc pris dans le piège de la dette et sont dans l’incapacité d’investir à long terme, a poursuivi le professeur.  À son avis, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale se trompent en demandant aux ministres des finances de faire ce qu’ils peuvent plutôt que de les aider à se développer.  Dans ce contexte, M. Sachs a préconisé un système financier qui réponde aux besoins, à commencer par ceux en matière d’éducation, pour permettre le développement et faire diminuer la pauvreté. 

Pour sortir de leur catégorie et entrer dans celle des pays à revenu intermédiaire, les pays pauvres doivent enregistrer une croissance annuelle de 7 à 10%, a évalué l’économiste, ajoutant que le continent africain doit arriver à une croissance de 7% au moins: « c’est la région qui devrait croître le plus au monde ».  Si les enfants pouvaient terminer l’éducation secondaire, on en verrait les résultats dans 20 ans en termes de développement, a-t-il insisté.  « Les pays en développement peuvent croître très rapidement s’ils ont accès au financement. »

En ce sens, il a recommandé la mise en œuvre des engagements pris dans le Pacte pour l’avenir, qui plaide pour ces réformes.  Par ailleurs, la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu en juin 2025 à Séville, est une autre occasion à ne pas manquer pour faire avancer les réformes de l’architecture financière internationale.  « Il faudra passer de la parole aux actes », a-t-il prié.  Rappelant que le diagnostic est connu depuis longtemps, il a regretté que certains pays soient plus engagés dans la guerre que dans le développement durable. 

L’économiste a également appelé à un renforcement massif des banques multilatérales de développement en espérant voir évoluer le comportement de celles-ci en faveur de la croissance rapide, et non de l’austérité.  Il faut à son avis une refonte totale des agences de notation, « afin que les pays pauvres ne soient pas systématiquement punis », a-t-il également recommandé.  « La Banque mondiale et le FMI ne doivent pas simplement constater qu’il y a un besoin de financement et ne pas y répondre. »  Sachant que les dirigeants de ces institutions installées à Washington souhaitent une réforme, mais que le Gouvernement des États-Unis n’a pas donné de feu vert, M. Sachs a fait remarquer que ce sont des institutions « mondiales » et non « américaines ».

Quant à la fiscalité, qui doit elle aussi être « mondiale », M. Sachs a suggéré qu’elle permette de financer des fonds de garantie pour les pays en développement ou le fonds pour les pertes et les préjudices climatiques.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: le consensus autour du Pacte pour l’avenir mis à l’épreuve, la Déclaration sur la résistance aux agents antimicrobiens adoptée

Soixante-dix-neuvième session
18e séance plénière - matin
AG/12642

Assemblée générale: le consensus autour du Pacte pour l’avenir mis à l’épreuve, la Déclaration sur la résistance aux agents antimicrobiens adoptée

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Adopté en grande pompe à l’entame de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale le mois dernier, le Pacte pour l’avenir qui a pour objectif de revitaliser le multilatéralisme a été passé au crible par les États Membres ce matin, d’aucuns reconnaissant que si le consensus a prévalu, c’est surtout à la faveur de nombreux compromis.  Les délégations se sont accordées à dire toutefois que ce Pacte n’est pas la conclusion d’un processus, mais le point de départ d’une action transformatrice, nécessaire pour relancer un système multilatéral en crise.  Par ailleurs, l’Assemblée a adopté par consensus la Déclaration politique issue de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens qui s’est tenue le 26 septembre.

Lors de cette séance qui portait sur différents points à l’ordre du jour, notamment l’enseignement de la démocratie, objet d’un récent rapport du Secrétaire général, et la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016-2025), les États Membres ont été encouragés à partager leur point de vue sur les éléments du Pacte pour l’avenir et de ses annexes, le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures.

Sans surprise, de nombreuses divergences opposant pays du Sud et pays occidentaux sont apparues lors des interventions d’une trentaine de délégations. Ainsi la réforme de l’architecture financière mondiale doit-elle être « plus prévisible et plus solide » pour les pays en développement, a souligné la Chine qui, à l’instar du Pakistan s’exprimant au nom d’un groupe de pays, a encouragé le rôle de l’ONU à cet égard.

Une opinion débattue par la délégation des États-Unis: si elle a appuyé le principe de la réforme, elle a estimé en revanche que le Pacte « ne peut pas imposer » quoique ce soit à ces institutions financières qui ont leurs propres structures de gouvernance, leurs propres mandats et processus de décision extérieurs à l’ONU.  « De même que la dette extérieure ne fait pas partie du domaine de spécialité de l’ONU », a tranché le délégué américain.  Une approche critiquée par Cuba qui a dénoncé le fait qu’un pays en particulier bénéficie de manière disproportionnée d’un ordre économique international « archaïque et injuste ».

S’agissant de l’intelligence artificielle (IA), les pays du Sud ont perçu le Pacte numérique mondial comme l’ouverture d’une nouvelle dimension en matière de gouvernance mondiale, dont les pays en développement ne peuvent être exclus.  Plus nuancés, les États-Unis ont voulu être prudents, mettant en garde contre les doubles emplois et affirmant ne pas soutenir l’idée de création d’un bureau des Nations Unies sur l’AI.

La question du transfert de technologie soulève aussi des questions, le Royaume-Uni insistant, par exemple, sur le fait qu’il doit s’opérer « sur une base volontaire » et « dans des conditions mutuellement convenues ».

Parmi les autres sujets abordés, la paix et la sécurité internationales et le désarmement nucléaire qui, dans le Pacte, « manquent d’ambition » a regretté l’Afrique du Sud.  Selon elle, les États nucléaires ont maintenu leur position, rationalisant la nécessité de ces armes et s’opposant à des engagements plus audacieux.

Les droits humains et la place de la société civile ont également divisé les délégations.  Le Royaume-Uni, le Canada et le Japon ont souhaité que ces droits soient davantage pris en compte dans les textes finaux, tandis que l’Australie a plaidé pour le renforcement du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Une position décriée par la Syrie qui s’est distanciée des paragraphes 66, 71 et 74 du document, estimant que ces décisions menaçaient le travail intergouvernemental de l’ONU.

S’agissant des changements climatiques, si la Suisse a regretté que cette question n’ait pas eu la place qu’elle méritait dans le Pacte, l’Inde a, pour sa part, accusé les pays développés d’échapper à leurs obligations financières en la matière.  Quant au Pakistan, il a réaffirmé sa position selon laquelle la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est l’enceinte appropriée pour négocier la riposte aux changements climatiques.

Revenant sur le Sommet de l’avenir, Israël a indiqué qu’il aurait souhaité que les menaces terroristes, y compris l’utilisation de civils comme boucliers humains, soient abordées plus en détail.  La Chine a saisi cette occasion pour mettre en garde contre une guerre totale dans la région, estimant que La force ne peut remplacer la justice et les injustices imposées au peuple palestinien.

D’autres délégations, à l’instar de la Fédération de Russie ont encore déploré le « manque d’ambition » du Pacte, alors que l’Argentine s’en est tout simplement dissociée.

Le Pacte est assorti de 56 mesures couvrant le développement durable et le financement connexe; la paix et la sécurité; la science, la technologie et l’innovation; la jeunesse et les générations futures; et la transformation de la gouvernance.  En annexe de ce document de 67 pages, figurent le Pacte numérique mondial, qui devrait « définir des principes partagés pour un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous », et la Déclaration sur les générations futures. La jeune génération a d’ailleurs largement participé aux « journées d’action » de la société civile, organisées en amont du Sommet, pour montrer aux dirigeants la voie à suivre.

En fin de séance, l’Assemblée générale a fait sienne la déclaration politique issue de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens. Cette réunion a été l’occasion pour les pays et les parties prenantes de s’engager à accélérer les progrès dans la lutte contre la menace croissante que représente ce phénomène.

Le Venezuela, au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, a regretté l’exclusion, « une fois de plus », de l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la santé. Cette omission ne fait qu’ajouter un nouvel affront à l’histoire des normes accommodantes que certains États Membres appliquent à des questions qui sont cruciales pour l’humanité dans son ensemble, a déploré la délégation, un point de vue partagé par le Nicaragua, qui a déploré que les pays du Sud et en développement continuent d’être soumis à la politique de « chantage » des pays impérialistes.

L’Assemblée générale entendra la suite des explications de vote sur ce scrutin demain, mardi 8 octobre.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: les États-Unis et une vingtaine d’États s’opposent sur le taux plafond de 22% du barème des quotes-parts

Soixante-dix-neuvième session
1re séance plénière – matin
AG/AB/4464

Cinquième Commission: les États-Unis et une vingtaine d’États s’opposent sur le taux plafond de 22% du barème des quotes-parts

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa session principale, en deux temps, en s’entendant d’abord sur l’organisation de ses travaux prévus jusqu’au 6 décembre 2024, et en menant ensuite une discussion générale sur la révision du barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses de l’Organisation et celles des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  

Cette session, marquée par la crise de trésorerie à l’ONU, a obligé la Présidente de la Cinquième Commission, Mme Egriselda Aracely González López, d’El Salvador, « à lancer un appel aux États Membres à faire preuve de souplesse et de coopération, malgré les divergences, car la volonté de trouver des solutions communes feront toute la différence ».  Le 7 octobre est un jour difficile mais nous travaillerons au succès des travaux de la Commission, a promis Israël.

Dans sa déclaration d’ouverture, la Présidente, qui sera épaulée par ses trois Vice-Présidents, Mme Johanna Bischof, de l’Autriche, M. Szymon Mateusz Pekala de la Pologne, et M. Surat Suwannikkha, de la Thaïlande, et par le Rapporteur, M. Elaye-Djibril Yacin Abdillahi, de Djibouti, a dit que l’ONU fera face à des défis prévisibles et imprévisibles au fur et à mesure que la Commission avancera dans ses travaux.  

Après avoir balayé du regard la salle de conférence, elle a dit voir « un changement générationnel » et invité les délégations à faire preuve de volonté politique pour nouer des liens de confiance mutuelle laquelle permettra de travailler de manière efficace pour le bien des populations qui sont directement touchées par les décisions prises ici.

La souplesse, a-t-elle expliqué, c’est être ouvert et pragmatique pour s’adapter à la réalité et l’appel à terminer les travaux à temps ne saurait être ignoré.  « Nous devons poursuivre les bonnes pratiques de l’année dernière, qui montrent clairement qu’il est possible de respecter les délais et de conclure rapidement nos négociations », a renchéri l’Union européenne.  

Il y aura des divergences, a anticipé Mme González López, en encourageant les futurs négociateurs au dialogue.  Nous avons besoin de la contribution de chaque délégation, a-t-elle réitéré, disant: « J’espère que je ne suis pas la seule à le penser. » 

Organisation des travaux 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, la Cinquième Commission a approuvé l’organisation de ses travaux, dont la nécessité de continuer à améliorer les méthodes de travail.  Plusieurs délégations, dont Singapour au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ont prévenu qu’elles mettront un accent particulier sur les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Pacte de l’avenir, entériné ce matin-même par l’Assemblée générale.

Crise de trésorerie de l’ONU 

Ceux qui ont des arriérés de paiement doivent les apurer, a insisté le Qatar, au nom du Conseil de coopération du Golfe.  Nous devons, a ajouté l’Union européenne, être plus conscients que jamais du fait que les paiements tardifs, partiels et imprévisibles entravent la faculté de l’ONU à exécuter ses mandats, la plongeant dans une sous-performance systémique et une crise de liquidités prolongée.  

L’Australie, au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a salué l’équilibre délicat que le Secrétaire général de l’ONU s’est efforcé d’établir entre le financement des mandats nouveaux ou élargis et la discipline budgétaire.  La Norvège a insisté sur le bon financement du système des coordonnateurs résidents, « pierre angulaire du pilier “développement” de l’ONU ».  En revanche, l’Australie s’est plainte du sous-financement chronique du pilier « droits de l’homme » qui ne représente que 4% du budget ordinaire de l’ONU. 

La Norvège et le Qatar se sont alignés sur les propositions du Secrétaire général sur le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  

Révision du barème des quotes-parts 

Quant à la révision du barème des contributions au budget ordinaire de l’ONU et de celui des opérations de paix pour la période 2025-2027, l’Australie a estimé que bien que la formule actuelle ne soit pas parfaite, elle a tout de même été approuvée par tous les 193 États Membres.  

Le Groupe des 77 et la Chine ont été plus fermes: nous rejetons toute modification des éléments de la méthodologie actuelle et toute autre approche qui alourdirait « injustement » le fardeau des pays en développement.  Aller dans ce sens, c’est risquer de briser le consensus, a-t-il prévenu.    

Les éléments essentiels de la méthodologie actuelle, tels que la période de référence, le revenu national brut, les taux de conversion, le dégrèvement en faveur des pays à faible revenu, le coefficient d’abattement, le taux plancher, le taux plafond et le dégrèvement au titre de la dette, « ne sont pas négociables », a prévenu tout aussi fermement le Groupe.  

La capacité de paiement doit rester l’élément central de la répartition des dépenses de l’ONU, a ajouté Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Avec le Groupe des 77 et la Chine et celui des États d’Afrique, l’ASEAN a estimé que le plafond de 22% dont bénéficient les États-Unis est non seulement une source de distorsion fondamentale mais elle est aussi contraire au principe de la capacité de paiement.   

Nous défendrons ce taux plafond, a promis la délégation américaine, avant que la Chine ne dénonce les arriérés que les États-Unis ont accumulés et ne fasse observer que ses quotes-parts et celles des pays en développement ont été multipliées par quatre, ces dernières années.  Nous exhortons l’Assemblée générale à réexaminer le taux plafond, a-t-elle dit, en demandant aussi des informations détaillées sur « l’historique » du paiement des arriérés.  Avec le Japon et le Qatar, le Groupe des 77 et la Chine ont insisté sur le fait que le barème des quotes-parts des opérations de maintien de la paix doit refléter clairement la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité. 

À la fin de cette première séance, la Cinquième Commission a entendu un exposé de la Directrice exécutive du Bureau des Nations Unies pour les partenariats.  Elle entendra demain mardi 8 octobre, à partir de 10 heures, une déclaration du Président de l’Assemblée générale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: fin du débat sur la protection des personnes en cas de catastrophe

Soixante-dix-neuvième session
7e séance plénière – matin
AG/J/3718

Sixième Commission: fin du débat sur la protection des personnes en cas de catastrophe

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a terminé, ce matin, son débat sur la protection des personnes en cas de catastrophe, entamé vendredi dernier, avec une douzaine de délégations qui devaient encore s’exprimer sur le projet d’articles présenté par la Commission du droit international (CDI) en 2016, en vue de l’élaboration d’une convention.  Les États s’inquiètent en effet de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles ou d’origine humaine et de leurs effets destructeurs.

En ce 7 octobre 2024 marqué par la commémoration du premier anniversaire de l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël, le délégué israélien a écarté l’idée de créer des mécanismes juridiquement contraignants, garantissant que son pays continuera de fournir une assistance aux personnes dans le besoin « en accord avec la culture et les traditions juives ».  Affirmant qu’Israël coopère afin d’acheminer l’aide aux civils de Gaza et ne prend en aucun cas ceux-ci pour cibles, le délégué s’est dit « effaré par l’incapacité des Palestiniens à reconnaître le Hamas et le djihad palestinien comme terroristes ». 

Selon lui, la catastrophe dont le Hamas s’est rendu coupable aurait pu se terminer le 8 octobre 2023 si la communauté internationale s’était unie pour le combattre. Il a regretté que certains États soutiennent encore ces actes de terreur un an après.  Bien qu’Israël ait été contraint de se lancer dans cette guerre contre le Hamas pour se protéger, « nous n’avions pas l’intention de participer au débat d’aujourd’hui pour répondre aux fausses allégations de la Palestine », a ajouté le délégué israélien, assurant néanmoins que ce sera fait dans les enceintes idoines.

Exerçant son droit de réponse en fin de session, la représentante palestinienne a rétorqué que la Sixième Commission est pourtant bel et bien l’endroit pertinent pour discuter des crimes internationaux et des États qui font fi du droit international.  « Devons-nous croire le délégué d’Israël quand il nous dit que son pays répond aux besoins humanitaires et regrette que des enfants soient tués alors que les bombardements d’infrastructures civiles, les déplacements massifs et l’institutionnalisation de la torture de détenus sont documentés sous tous les angles depuis un an? »  Le « droit d’être tué » est le seul droit qu’Israël reconnaisse à sa nation, s’est-elle indignée.  Le représentant iranien a aussitôt appuyé son homologue palestinienne, estimant que « l’ampleur de la catastrophe et des souffrances entraînées par le régime israélien » devrait être débattue au sein de cette commission. 

Blâmant « une autre agression israélienne incessante », le délégué du Liban a dit que son pays est aujourd’hui plongé dans une catastrophe humanitaire.  « Une nation entière est bombardée, une nation entière est à feu et à sang. » 

Ce désastre d’origine humaine n’est pas seulement une tragédie du présent, selon lui, mais un signe avant-coureur de dommages dévastateurs à long terme.  C’est pourquoi, a-t-il dit, nous nous tournons vers le droit international et vers le multilatéralisme – des concepts qui fournissent le cadre, les orientations nécessaires pour alléger les souffrances humaines massives et apporter un soulagement crucial sur le terrain. 

Nonobstant leur soutien à une future convention internationale, les délégations du Maroc, du Pakistan ou encore de la République arabe syrienne sont revenues sur plusieurs formulations utilisées dans le projet d’articles de la CDI, insistant notamment sur l’importance de maintenir la cohésion avec les principes de droit international, tels que la souveraineté des États, l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes.  « La solidarité internationale doit se faire dans le respect de la souveraineté, des droits de l’homme et en fonction des besoins et des priorités des nations touchées », a appuyé le représentant d’Haïti. 

En dépit du niveau d’urgence et de vulnérabilité, l’acheminement de l’aide humanitaire et les mécanismes d’aide extérieure après une catastrophe ne peuvent être enclenchés que sur la demande et avec le consentement des États touchés, ont insisté les délégués marocain et syrienne, lesdits États restant responsables au premier chef de la protection de leur population.  Les délégations du Pakistan, du Myanmar et du Liban ont également appelé à opérer, dans le projet d’articles, la distinction entre catastrophe naturelle et anthropique, et ce afin de garantir une couverture juridique exhaustive qui inclue les répercussions des catastrophes causées par l’action humaine, comme les conflits. 

La Sixième Commission reprendra ses travaux le jeudi 10 octobre, à partir de 10 heures, avec l’examen du point relatif aux crimes contre l’humanité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission amorce son débat général sur la décolonisation sur fond de tensions mondiales croissantes

Soixante-dix-neuvième session
2e séance plénière - matin
CPSD/802

La Quatrième Commission amorce son débat général sur la décolonisation sur fond de tensions mondiales croissantes

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Les tensions géopolitiques mondiales découlant de la multiplication des conflits, de la crise climatique et de la gestion des ressources naturelles n’ont pas épargné les travaux de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, ce matin, à l’entame de son débat général, consacré aux points à son ordre du jour portant sur la décolonisation, leur impact sur les territoires non autonomes suscitant l’inquiétude des délégations.

Le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale a ouvert la séance en soulignant l’importance « cruciale » des tâches qui incombent à la Commission, chargée de s’attaquer à « certains des défis mondiaux les plus urgents de notre époque ».   M. Philemon Yang a invité ses membres à aborder les questions de la décolonisation, des missions de maintien de la paix ou encore de celles liées à l’exploration de l’espace à l’aide de solutions « claires, ciblées et innovantes », inspirées de l’esprit du Pacte pour l’avenir, conclu pendant la semaine de haut niveau.

Or, depuis la dernière session de la Quatrième Commission, les conflits dans le monde se sont « étendus et intensifiés », a regretté M. Yang, avec des conséquences humanitaires tragiques à Gaza, à Haïti et au Liban, ainsi qu’au Soudan et en Ukraine.  « Les solutions diplomatiques doivent primer sur la force brutale », a-t-il insisté.  Il a souligné le rôle essentiel que joue la Commission afin d’apporter un appui « désespérément nécessaire » à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), alors que des millions de réfugiés palestiniens continuent « de lutter dans les conditions les plus difficiles ».

« L’histoire regorge malheureusement d’exemples de conséquences douloureuses de déni du droit à l’autodétermination », a prévenu le Guyana en évoquant, comme l’Afrique du Sud, le Bahreïn ou encore l’Iraq, l’exemple de la question non résolue de la Palestine, à laquelle il est de notre devoir de remédier de manière « permanente, juste et pacifique ».

Face aux « crimes » commis depuis un an contre les Palestiniens à Gaza, l’Arabie saoudite a annoncé la création d’une coalition internationale pour la mise en œuvre de la solution des deux États, en coopération avec le Comité ministériel du Sommet arabo-islamique, l’Union européenne et la Norvège, seul moyen à ses yeux de mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien et d’apporter paix et stabilité au Moyen-Orient.

Au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), l’Uruguay est entré dans le vif du sujet en réaffirmant son soutien aux droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas ainsi que les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  Une position fondée sur l’intégrité territoriale de ce pays plutôt que sur le droit à l’autodétermination, a-t-il précisé, la population britannique de ces îles ayant été introduite sous « occupation illégale » et ne constituant pas un peuple au sens juridique du terme.  L’Assemblée générale et le Comité spécial de la décolonisation ont d’ailleurs reconnu que cette question « d’intérêt régional » en est une de différend de souveraineté entre Buenos Aires et Londres, a-t-il observé.

Comme le Panama et le Nicaragua, au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), le Costa Rica a appuyé ces revendications, en ajoutant que les territoires non autonomes représentent « des générations de peuples autochtones » dont le droit inaliénable à l’autodétermination est « affecté par notre retard » à agir. Sa représentante a regretté, à cet égard, la participation « nulle ou minimale » des puissances administrantes aux travaux du Comité spécial, alors que ce sont elles qui sont tenues de favoriser des dialogues constructifs et des stratégies susceptibles de conduire à des processus de décolonisation transparents.

Les résultats du référendum de 2013 sont sans appel, a répliqué le Royaume-Uni, plus de 90% de la population des Îles Falkland ayant fait le choix de demeurer un territoire d’outre-mer.  L’Argentine a toutefois observé que 10 résolutions ont déjà été adoptées sur la question, dont un texte reconnaissant l’existence d’un différend de souveraineté sur ces territoires.

Dans cette même veine, de nombreuses délégations ont dénoncé l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables des territoires non autonomes.  Pour le Costa Rica, appuyé notamment par l’Iraq, le Népal, le Panama et le Viet Nam, les investissements étrangers doivent être réalisés en accord avec les intérêts légitimes de développement durable de ces peuples, le colonialisme « sous toutes ses formes et manifestations » incluant, selon sa représentante, tant l’exploitation économique que la dépendance qui l’accompagne.

C’est animé par l’esprit de la « révolution » menée par les étudiants et les jeunes du Bangladesh pour garantir la liberté et la justice que ce pays a estimé qu’il en va de notre « responsabilité collective » de soutenir le développement économique et social des peuples des territoires non autonomes, tout en assurant l’essor de leur identité culturelle.  Loin d’être un processus uniquement politique, le Timor-Leste a fait valoir que la décolonisation est intimement liée à la redynamisation culturelle et à la « guérison de la société », afin que les peuples libérés puissent célébrer leur culture et leur histoire, éléments fondamentaux pour promouvoir « l’unité et la résilience ».

En dépit des succès du processus de décolonisation depuis l’adoption de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, lequel a non seulement permis de libérer les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie de l’oppression coloniale, mais aussi de renforcer l’ONU en augmentant le nombre et la diversité géographique de ses États Membres, la Fédération de Russie a déploré que la question des crimes commis par les colonialistes demeure « taboue ».  Considérant que le colonialisme « vit et prospère » aujourd’hui sous des formes nouvelles, telles que les mesures coercitives unilatérales, le représentant russe a indiqué qu’un projet de résolution du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies sur cette question sera examiné par la Commission lors de la présente session.

Abordant, comme l’Afrique du Sud, la question du Sahara occidental, « dernière colonie sur le sol africain », l’Angola a appelé les parties à reprendre les négociations sans plus attendre, sous les auspices de l’ONU et de l’Union africaine, afin que le peuple sahraoui puisse réaliser ses aspirations.  L’Arabie saoudite a réitéré, pour sa part, son attachement à l’initiative marocaine d’autonomie du Sahara marocain et au respect de l’intégrité territoriale du Maroc, dans le droit fil des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et du droit international.

Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes aux quatre coins du monde, le Viet Nam a trouvé réconfort dans l’engagement des États Membres en faveur des processus et des négociations pilotés par l’ONU afin de faire advenir des solutions politiques pacifiques permettant aux millions de personnes vivant dans les territoires non autonomes d’exercer leur droit à l’autodétermination, ainsi que le propose le Pacte pour l’avenir.  Confrontés aux crises climatiques, économiques et sanitaires actuelles, les peuples de ces territoires sont plus vulnérables que jamais, a noté le Népal.

Pour sa part, l’Uruguay a jugé primordial que les territoires non autonomes soient entendus par la Commission en tant que pétitionnaires, y voyant une « plateforme vitale » d’inclusion démocratique par laquelle la communauté internationale reconnaît la capacité de ces territoires à façonner leur propre destin.  Afin que personne ne soit laissé pour compte, l’Indonésie a préconisé une coopération et des partenariat internationaux renforcés, à même de contribuer à relever les défis multiformes auxquels sont confrontés les 17 territoires non autonomes.

Auparavant, la Commission s’est prononcée sur les demandes d’audition de pétitionnaires provenant de 9 des 17 territoires non autonomes inscrits à son ordre du jour.  Elle a d’abord approuvé l’inscription de trois pétitionnaires des Samoa américains, de2ux des Îles Vierges britanniques, 28 de la Polynésie française, un de Gibraltar, un de Guam, 18 de la Nouvelle-Calédonie, un des Îles Turques et Caïques, et 2 des Îles Vierges américaines.

S’agissant des 157 demandes d’inscription relatives à la question du Sahara occidental, le Maroc a exprimé sa préoccupation face à celles de deux individus qui, lors de sessions antérieures de la Quatrième Commission, ont attaqué les institutions et les symboles du Maroc, sa représentante estimant qu’une « ligne rouge » avait été franchie.  La Commission a décidé d’approuver la liste sans ces deux pétitionnaires, tout en poursuivant ses consultations sur leur inscription éventuelle.

En début de séance, le Rapporteur du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. Koussay Aldahhak, de la Syrie, a présenté le rapport 2024 du Comité.   Composé de 13 chapitres et de 2 annexes, dont l’une consacrée au Séminaire régional des Caraïbes qui s’est tenu en mai de cette année au Venezuela, ce document comprend 20 projets de résolution qui seront examinés ultérieurement par la Commission.

Le rapport évoque également la mission de visite menée par le « Comité spécial des Vingt-Quatre » aux Îles Vierges britanniques, en août dernier, une « avancée concrète » dans les efforts de l’Organisation pour atteindre ses objectifs de décolonisation, selon les mots du Rapporteur.  La Présidente du Comité spécial, Mme Menissa Rambally, de Sainte-Lucie, a précisé qu’un rapport sur cette mission, organisée à la demande de ce territoire et avec l’accord du Royaume-Uni, Puissance administrante, est en cours d’élaboration.

Les délégations du Royaume-Uni, de la République islamique d’Iran, des Émirats arabes unis, et de l’Argentine ont exercé leur droit de réponse.

La Commission poursuivra ses travaux lundi, le 7 octobre 2024, à compter de 15 heures, avec l’audition des pétitionnaires.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: les délégations insistent sur l’importance de l’éducation au numérique comme moyen de réaliser le développement social

Soixante-dix-neuvième session,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4405

Troisième Commission: les délégations insistent sur l’importance de l’éducation au numérique comme moyen de réaliser le développement social

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Au deuxième jour de l’ouverture de ses travaux pour cette soixante-dix-neuvième session de l’Assemble générale, la Troisième Commission, en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles, a poursuivi sa discussion générale, entamée hier, sur le thème du développement social. 

L’accent a surtout été mis sur le numérique et la formation à celui-ci, en particulier à destination des jeunes et des populations marginalisées.  Nombre de délégations ont également pu exprimer leur vision du développement social, ayant trait notamment au rôle du système multilatéral, à la participation des jeunes, mais aussi à la famille.  En outre, certaines se sont saisies de l’occasion pour présenter les mesures nationales prises pour réaliser leurs objectifs de développement social.

L’éducation au numérique - moteur du développement social 

Parvenir à la réduction de la fracture numérique est la « condition préalable » pour parvenir au développement social, sans laisser personne de côté, a déclaré le Pérou. De manière pratique, a poursuivi son représentant, il s’agit de promouvoir la connectivité universelle, en particulier dans les régions reculées ou difficiles d’accès, où l’accès à la technologie reste limité. 

Cet objectif passe par l’éducation au numérique des jeunes, dès le plus jeune âge, et ce, dans le contexte où leur manque de compétences dans ce domaine, les empêche de répondre efficacement aux exigences de l’éducation et du marché du travail, ont réagi le Ghana et un délégué de la jeunesse de la Roumanie.  En appui, le Burundi a noté que cette approche intégrée permettrait aux futurs citoyens d’être, non seulement consommateurs de technologies, mais aussi acteurs éclairés et responsables, contribuant ainsi à réduire les inégalités numériques à long terme. 

À son instar, plusieurs délégations ont également noté que pour réaliser cet objectif, un soutien financier adéquat et une coopération internationale « agissante » sont indispensables pour permettre aux pays du Sud mondial de bénéficier des bienfaits de l’ère numérique.  Un tel soutien permettrait de combler le fossé qui s’est considérablement creusé entre pays, alors que 2,7 milliards de personnes, en particulier dans les pays en développement, n’ont pas accès à Internet, a signalé le Ghana, notant que cet écart exacerbe non seulement les disparités existantes, mais prive aussi des millions de personnes de possibilités qu’accompagne l’ère numérique. 

Soucieux de mettre l’intelligence artificielle au service du développement durable, le Maroc a mis en place, dans le cadre de sa stratégie numérique, de nouvelles méthodes de paiement et des programmes de transfert de fonds, notamment en faveur des familles en zones rurales. 

Djibouti souhaite devenir « la plaque tournante » de l’économie régionale et continentale et couvrir son territoire des technologies de l’information et de la communication (TIC), alors que la Roumanie fait partie des États qui déploient le plus d’efforts pour élever le niveau des compétences numériques des jeunes. De son côté, l’Algérie a indiqué que le taux de connectivité sur son territoire atteint les 72,9%, avec 33,4 millions d’usagers d’Internet en 2024. 

Promotion de la pleine participation des jeunes aux processus

Certes des programmes de formations doivent être mis en place pour les jeunes, mais ces derniers ne doivent pas être eux-mêmes exclus des processus, ont plaidé pour leur part des délégués de la jeunesse qui se sont mobilisés en force, à l’instar de la Serbie qui a souhaité que les jeunes deviennent « des leaders » dans les discussions sur l’intelligence artificielle.  Les jeunes ont un potentiel de transformation à exploiter, a abondé son homologue de la Roumanie. 

Les Émirats arabes unis ont de leur côté créé des conseils de la jeunesse ainsi qu’un programme « jeunesse et climats » pour permettre aux jeunes d’occuper une place de chef de file dans la lutte contre les changements climatiques.  De son côté, le délégué de la jeunesse de la Géorgie a demandé au Secrétaire général de l’ONU, la création, dans son pays, d’une université numérique internationale pour tous les jeunes. 

Promotion de la famille et de la jeunesse

Le développement social a également été vu sous l’angle de la protection de la famille, en tant que « valeur fondamentale de la société » et de la promotion et protection de la jeunesse, dans un contexte où 461 millions d’enfants, soit un sur 5, vit dans une zone de conflit.  Le Liban a d’ailleurs signalé que, depuis la campagne coordonnée d’explosions d’appareils de communication sur son territoire, il fait l’objet d’une « agression aveugle » de la part d’Israël, laquelle empêche son développement social. L’année écoulée a battu le record de violations graves des droits des enfants, a également déploré la déléguée de la jeunesse de la Norvège. 

Ainsi, en Arabie saoudite, un programme qui renforce les valeurs morales de la famille a été mis sur pied, alors qu’en Fédération de Russie, l’année 2024 a été déclarée « Année de la famille », avec comme priorités la natalité et le bien-être. La famille, base de l’ordre social, doit jouir d’une protection sociale et économique, a souligné le Kenya, le Saint-Siège notant pour sa part qu’elle est parfois la seule source de protection sociale. 

Abordant par ailleurs la question du rôle du multilatéralisme dans la mise en œuvre du développement social, la Fédération de Russie s’est opposée à toute tentative de la part des agences de l’ONU de définir des axes de développement social. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 7 octobre, à partir de 10 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.