Conseil de sécurité: après les frappes d’Israël en Iran, des appels pressants en faveur d’une région menacée de plonger dans l’inconnu
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Le Conseil de sécurité s’est réuni d’urgence, aujourd’hui, à la demande de l’Algérie, de la Chine et de la Fédération de Russie, après les frappes aériennes israéliennes en Iran, samedi dernier. Le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a condamné cette escalade. M. Khaled Khiari a prévenu que cette confrontation directe risque de plonger la région dans l’inconnu. Cette spirale incontrôlée doit cesser, a-t-il plaidé, avant que les membres du Conseil, l’Iran, Israël et l’Iraq n’appellent à la désescalade et n’étalent leurs visions divergentes pour y arriver.
Le haut fonctionnaire a fait observer que c’est la première fois que l’armée israélienne revendique la responsabilité d’attaques contre des sites en Iran, en réponse aux tirs de missiles balistiques du 1er octobre. Citant le Gouvernement iranien, il a indiqué que ces frappes qui ont visé plusieurs sites dans trois provinces et les environs de Téhéran, ont tué quatre officiers et un civil iraniens. Le Secrétaire général de l’ONU a condamné cette escalade, a rappelé M. Khiari dénonçant lui-même ces frappes.
Il est urgent de désamorcer la situation sur tous les fronts et de cesser les discours belliqueux et les menaces. Les deux parties doivent cesser de mesurer la retenue de l’autre et agir dans l’intérêt de la paix et de la stabilité dans la région.
M. Khiari a fait part des souffrances indicibles des populations du Moyen-Orient et s’est alarmé du report de la phase finale de la campagne de vaccination contre la poliomyélite dans le nord de Gaza. À Gaza comme au Liban, il faut de toute urgence un cessez-le-feu et la libération de tous les otages immédiatement et sans condition. Les responsabilités pour les crimes prévus par le droit international doivent être établies. Les parties doivent mettre fin à toutes les opérations militaires et éviter une guerre totale dans la région.
Les membres du Conseil ont appelé unanimement à la désescalade, mais se sont montrés divisés sur la manière d’y arriver. L’Algérie, la Chine et la Fédération de Russie ont condamné cette « violation » de la souveraineté iranienne, du droit international et de la Charte des Nations Unies et exhorté la communauté internationale à contrer cette escalade qui plonge le Moyen-Orient dans un cycle d’instabilité incessant.
L’Algérie a pointé du doigt la responsabilité d’Israël, affirmant que les crises au Moyen-Orient puisent leur origine dans l’occupation des terres arabes. La Fédération de Russie a dénoncé les États-Unis qui se gardent de dissuader Israël et qui n’hésitent pas à fournir à ce dernier les informations et les renseignements nécessaires au succès des frappes. La Fédération de Russie a fustigé le mépris des autorités israéliennes, soutenues par les États-Unis, pour la communauté internationale.
Israël, a rétorqué la délégation américaine, a le droit de se défendre contre l’Iran et c’est précisément ce qu’il a fait, samedi dernier, avec des attaques proportionnées, ciblées, directes, sans toucher une seule vie. Nous n’avons joué aucun rôle dans cette opération militaire, ont dit les États-Unis, ajoutant qu’ils rejettent toute nouvelle escalade.
Le risque d’un engrenage est aujourd’hui réel, a confirmé la France qui a dit discuter avec ses partenaires régionaux et internationaux pour rétablir la paix et la stabilité dans la région. Face à la perspective d’une guerre régionale que nous devons impérativement empêcher, le dialogue est la seule voie à suivre, a dit la Suisse, présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre. Elle a appelé à des solutions diplomatiques pour un arrêt immédiat des violences dans toute la région. Ceux qui ont de l’influence sur les parties doivent obtenir d’elles qu’elles fassent preuve d’un maximum de retenue.
Israël et l’Iran ont effectué des frappes l’un contre l’autre et l’on ne saurait dire que ce dernier est une victime dans cette affaire, a tranché le Royaume-Uni. L’Iran doit mettre fin à son soutien militaire et financier aux milices du Moyen-Orient, dont le Hezbollah et le Hamas. Notre ministre des affaires étrangères, a révélé le Royaume-Uni, a parlé avec ses homologues iranien et israélien, d’une désescalade immédiate. L’approche privilégiée doit être la résolution politique des conflits et le cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban.
Cette dernière évolution s’inscrit dans les attaques systématiques qu’Israël mène en toute impunité pour déstabiliser toute la région, a souligné l’Iran. Il a condamné ces actes hostiles et contraires au droit international, dont menacer d’employer la force contre des États souverains. Le Conseil, a-t-il martelé, a l’autorité et le devoir de répondre à de telles menaces à la paix et à la sécurité internationales et de reconnaître notre droit de riposter à une telle agression.
L’Iran nous a attaqués, a répondu Israël, et nous avons riposté. Aucun Gouvernement responsable ne laisserait son peuple être constamment menacé. Israël a fustigé l’incapacité du Conseil à rendre l’Iran comptable de ses actes. Israël a dit vouloir la paix mais a prévenu que cette paix n’est pas possible sous les missiles et les menaces d’annihilation. Notre riposte a été mesurée, proportionnée et empreinte de retenue.
L’Iraq a exhorté le Conseil de sécurité à agir de manière résolue pour faciliter un dialogue diplomatique et résoudre les différends de manière pacifique. Estimant que l’Iran et Israël sont suffisamment sages pour éviter un conflit plus large, la République de Corée et de nombreuses autres délégations ont exhorté les acteurs de la région, étatiques ou non étatiques, à éviter toute escalade, à en finir avec les cycles de violence et de vengeance et à reprendre la voie du dialogue et de la diplomatie.
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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Exposé
M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix, et des opérations de paix, a fait le point sur la « nouvelle escalade dangereuse » qui s’est déroulée au Moyen-Orient au cours du week-end. Aux premières heures du 26 octobre, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait mené des « frappes précises sur des cibles militaires en Iran », a-t-il relaté, des installations qui, selon Israël, fabriquaient des missiles, dont des missiles sol-air, et des capacités aériennes iraniennes. C’est la première fois que l’armée israélienne revendique la responsabilité d’attaques contre des sites en Iran, a relevé le haut fonctionnaire en précisant que les frappes étaient une riposte à celle menée par l’Iran sur Israël le 1er octobre.
Selon l’Iran, ces frappes auraient visé plusieurs sites dans les provinces du Khouzestan, d’Ilam et des environs de Téhéran, la plupart des missiles ayant été interceptés par son système de défense aérienne. Quatre officiers iraniens et un civil auraient été tués, toujours selon l’Iran, a rapporté le Sous-Secrétaire général.
Craignant que la région ne plonge dans l’inconnu après ces attaques, M. Khiari s’est fait l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général pour condamner cette escalade. Il a appelé à cesser ces actes, ainsi que les discours belliqueux et les menaces. Les deux parties doivent cesser de tester les limites de la retenue de l’autre et agir dans l’intérêt de la paix et de la stabilité dans la région, a-t-il ajouté.
M. Khiari a rappelé les souffrances indicibles que vivent les populations du Moyen-Orient. Le Secrétaire général est choqué et désespéré face aux conditions insupportables des civils palestiniens pris au piège dans le nord de Gaza, a-t-il relayé, se désolant du nombre de morts, de blessés et des destructions. Les civils sont pris au piège, a-t-il aussi déploré, parlant notamment des malades et des blessés qui sont privés de soins de santé vitaux. Il s’est également inquiété pour les familles qui manquent de nourriture et d’abris, tandis que de nombreuses personnes sont détenues. Et le report de la phase finale de la campagne de vaccination contre la poliomyélite dans le nord de Gaza met en danger la vie de milliers d’enfants, s’est encore alarmé le haut fonctionnaire.
Au Liban, a-t-il dit, les hostilités entre le Hezbollah et les Forces de défense israéliennes se sont poursuivies tout au long du week-end, le Liban déplorant 28 morts dans le sud les 27 et 28 octobre. Cinq réservistes de Tsahal auraient été tués le 26 octobre, a-t-il ajouté. Le 25 octobre, le Hezbollah a émis pour la première fois un avis de déplacement aux habitants dans le nord d’Israël, tandis qu’Israël poursuivait ses frappes aériennes dans certaines régions du Liban, notamment dans le sud, la région de la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth.
En conclusion, M. Khiari a réitéré les appels du Secrétaire général en faveur de cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban, la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et l’obligation de rendre des comptes pour les crimes de droit international. Il a appelé les parties à mettre fin à toute action militaire pour éviter une guerre régionale totale et à revenir sur la voie du dialogue et de la diplomatie.