En cours au Siège de l'ONU

9929e séance – après-midi
CS/16078

Conseil de sécurité: un nouveau projet de résolution exigeant le cessez-le-feu à Gaza se heurte au veto des États-Unis

En raison d’un veto des États-Unis, le Conseil de sécurité n’est pas parvenu à adopter, cet après-midi, un projet de résolution qui exigeait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » à Gaza. 

Ce texte, qui a recueilli 14 voix pour, exigeait aussi la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et sa distribution en toute sécurité et sans entrave à grande échelle, y compris par les entités des Nations Unies et les partenaires humanitaires, dans toute la bande de Gaza.  En négociation depuis plusieurs semaines, il a été présenté par la Slovénie au nom des 10 membres élus du Conseil. 

Il s’agit du cinquième projet de résolution relatif à Gaza auquel les États-Unis opposent leur veto depuis les attaques perpétrées contre Israël par le Hamas le 7 octobre 2023.  Le texte rappelait que le Conseil de sécurité a exigé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages encore détenus.  Une disposition jugée insuffisante par la délégation américaine, qui a trouvé ce texte « inacceptable pour ce qu’il dit et ne dit pas ».  Jamais nous n’appuierons de mesure qui ne condamne pas le Hamas, a-t-elle assuré, jugeant impensable que l’ONU n’ait pas désigné ce mouvement comme organisation terroriste. 

Le droit d’Israël de se défendre inclut, pour ce pays, de pouvoir vaincre le Hamas, a argué la représentante des États-Unis, en estimant que les éléments de langage de ce projet dressent de « faux parallèles » avec le Hamas.  Israël a remercié son allié d’avoir été du côté de la vérité et de la « clarté morale » en refusant de légitimiser un texte qui ne fait aucune mention du refus du Hamas de libérer les otages et de l’accord conclu par les États-Unis, le Qatar et l’Égypte.  Le projet de résolution d’aujourd’hui ne contredit toutefois pas le soutien indéfectible du Conseil de sécurité aux efforts des pays médiateurs pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages, a souligné la délégation de la République de Corée. 

Pour le Pakistan, le 4 juin 2025 est une journée triste.  « Gaza est en train de mourir » et « le Conseil est muselé », a constaté cette délégation, en puisant néanmoins du réconfort dans l’indignation qui semble désormais gagner le reste du monde, y compris dans les rues d’Israël.  « Aujourd’hui, nous avons tous eu une nouvelle occasion de voir qui souhaite réellement la paix au Moyen-Orient et qui continue de se livrer à des jeux géopolitiques », a déclaré la Fédération de Russie.  Même son de cloche du côté de la Chine, « extrêmement déçue » du résultat du vote, et qui a accusé Washington d’avoir « une fois de plus » abusé de son droit de veto, « en éteignant l’espoir des Gazaouites ». 

Ce Conseil ne peut-il pas agir, comme l’exige la Charte des Nations Unies, face à cette menace ouverte et permanente qui pèse sur des millions de vies humaines? s’est insurgé l’Observateur permanent de l’État de Palestine en dévisageant les membres du Conseil autour de la table.  Aussi a-t-il annoncé que sa délégation se tournerait vers l’Assemblée générale dans les prochains jours.  Ce qui peut mettre fin à ce génocide, ce sont des mesures immédiates et concrètes des États Membres pour dissuader Israël de prolonger son agression et interrompre sa marche folle à travers le Territoire palestinien occupé, a ajouté l’Observateur permanent.  « Aucune résolution ne bloquera notre chemin » pour libérer tous les otages, a rétorqué le représentant israélien, en invitant les membres du Conseil à ne pas gaspiller leur énergie à présenter une résolution à l’Assemblée. 

Si les États-Unis et Israël ont défendu la Gaza Humanitarian Foundation, seul organisme actuellement en mesure de distribuer l’aide à la population gazaouite, au prétexte que ce mécanisme l’empêche d’être détournée par le Hamas, la plupart des membres du Conseil ont considéré qu’il contrevenait aux principes d’impartialité et de neutralité de l’assistance humanitaire.  Le Royaume-Uni a ainsi relevé que des Palestiniens ont été tués par les Forces de défense israéliennes alors qu’ils se rendaient dans des points de distribution désignés, appelant, comme d’autres délégations, à une enquête sur les circonstances de ces meurtres. 

La France a estimé que la fourniture de l’aide humanitaire ne saurait être subordonnée à un cessez-le-feu, ni instrumentalisée à des fins politiques.  Tous les otages doivent être libérés sans délai et sans conditions, a ajouté la délégation, en promettant de continuer d’œuvrer en faveur de ces objectifs, avec l’Arabie saoudite, en coprésidant la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, qui se tiendra à New York du 17 au 20 juin prochains. 

À la suite de la Slovénie, la Sierra Leone, la Somalie et le Panama ont affirmé que « ce texte était le dénominateur minimal pour répondre à la situation humanitaire à Gaza », d’autant plus que les nouveaux mécanismes d’aide à la population civile sont décevants et contre-productifs.  « Nous ne pouvions rester les bras ballants », a soutenu le Danemark.  Pour l’Algérie, cette résolution est le miroir d’un multilatéralisme agonisant qui doit être ramené à la vie de toute urgence.  « Le monde vous regarde », a-t-elle mis en garde, en s’adressant à la Puissance occupante. 

Au nom du Groupe des États arabes, le Yémen a regretté l’échec du Conseil à adopter ce texte. Lui aussi a fustigé la Gaza Humanitarian Foundation, qui ne respecte pas de mesures de sécurité minimale en faisant au contraire des dizaines de victimes.  La famine est devenue une arme de guerre flagrante, a encore dénoncé le Groupe, en demandant la levée du blocus imposé à Gaza et l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur toutes les violations commises par Israël. 

Suivez les délibérations: En direct de l'ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.