En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale adopte quatre résolutions sur l’aide humanitaire d’urgence en temps de COVID-19 mais se divise sur la santé sexuelle et procréative

Soixante-quinzième session,
42e & 43e séances – matin & après-midi
AG/12300

L’Assemblée générale adopte quatre résolutions sur l’aide humanitaire d’urgence en temps de COVID-19 mais se divise sur la santé sexuelle et procréative

Au titre du renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies, question rendue vitale par les impacts dévastateurs de la pandémie de COVID-19, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui quatre résolutions sans vote, à l’exception de trois paragraphes portant sur les besoins des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et procréative. 

En ouverture des débats, le Président de l’Assemblée générale a mis l’accent sur la pertinence de l’action humanitaire alors que les derniers rapports de l’ONU montrent que plus de 200 millions de personnes dans le monde en auront besoin en 2021.  Parmi elles, 161 millions nécessiteront une assistance humanitaire d’urgence, à hauteur de 35 milliards de dollars, a souligné M. Volkan Bozkir, appelant en outre la communauté internationale à se préparer à une famine, 270 millions de personnes courant actuellement un risque d’insécurité alimentaire grave. 

Face à ces défis, il convient de renforcer la coordination pour atteindre ceux qui sont dans le besoin.  Il importe aussi de tenir compte de la situation des personnes déplacées et des réfugiés qui ont du mal à recevoir cette assistance, a-t-il plaidé, non sans souligner l’importance d’intégrer ces personnes dans les plans de relance post-COVID-19.  Alors que des vaccins contre cette maladie commencent à être administrés, il faut également veiller à ce que leur distribution soit équitable, « c’est la chose la plus intelligente que nous puissions faire », a-t-il dit. 

Les crises humanitaires existaient bien avant cette pandémie et celle-ci n’a fait qu’exacerber les problèmes existants, a encore constaté M. Bozkir, pour qui il reste tout aussi urgent d’œuvrer au règlement des conflits et de relever les défis climatiques et environnementaux, dans le respect du droit international humanitaire et des droits de la personne.  Dans ce contexte, a-t-il ajouté, les projets de résolution soumis à l’Assemblée générale sont essentiels non seulement pour les travaux de l’ONU mais aussi pour les peuples du monde. 

Le premier d’entre eux sur la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles réaffirme que les États touchés ont la responsabilité principale du lancement, de l’organisation, de la coordination et de la mise en œuvre de l’aide humanitaire dans leurs territoires, a précisé Guyana, dans sa présentation au nom du Groupe des 77 et de la Chine. 

Le texte préconise l’engagement du secteur privé dans les activités de gestion des risques de catastrophe et dans l’aide humanitaire.  Il prône l’intensification des efforts de mobilisation de ressources supplémentaires par des approches de financement anticipé et un soutien prévisible et pluriannuel.  Surtout, a ajouté le Guyana, il encourage les États Membres, les organisations humanitaires et autres parties prenantes concernées à garantir l’accès à l’eau potable et à un assainissement et une hygiène adéquats et équitables, dans le contexte des catastrophes naturelles. 

Le projet de texte titré « Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » incarne l’engagement des États à renforcer la mise en œuvre du cadre de protection internationale pour tous les agents humanitaires, a souligné l’Union européenne par la voix de l’Allemagne.  Alors que le contexte de la pandémie a eu des conséquences opérationnelles et sécuritaires néfastes pour ces personnels, leur sécurité doit rester une priorité pour nous tous si nous voulons qu’ils continuent de s’acquitter de leur mandat crucial, a-t-elle fait valoir en s’élevant contre les violations du droit international humanitaire. 

Trente ans après l’adoption de la résolution 46/182, qui a fixé 12 principes directeurs en matière d’assistance humanitaire, le projet de résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies se justifie d’autant plus que les besoins ont augmenté de « façon exponentielle » ces dernières années, a relevé la Suède dans son introduction.  Du fait des répercussions de la pandémie, la progression risque d’atteindre 40% en 2020, a-t-elle averti. 

L’Assemblée générale a également adopté le projet de résolution intitulé « Assistance au peuple palestinien » qui prie la communauté internationale des donateurs, les organismes et institutions spécialisées des Nations Unies et les organisations non gouvernementales d’apporter « aussi rapidement que possible » au peuple palestinien une assistance économique et une aide humanitaire d’urgence, en particulier dans la bande de Gaza, en vue de remédier aux effets de la crise actuelle. 

Ces résolutions, qui, pandémie oblige, consistent en des mises à jour techniques des textes de l’an dernier, ont été adoptées par consensus.  Des votes ont toutefois été nécessaires sur trois paragraphes de deux des projets auxquels s’opposaient les États-Unis, la Libye et le Soudan en raison des références à la santé sexuelle et procréative.  Le maintien desdits paragraphes a été finalement approuvé par 128 voix pour et 3 voix contre.

À l’origine de ces votes, les États-Unis ont insisté sur l’importance de l’accès des femmes et des filles à la santé tout en estimant que celle-ci « ne saurait en aucun cas se focaliser sur l’avortement ».  Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne a regretté ces mises aux voix sur des textes habituellement consensuels.  « Édulcorer ces libellés est un recul que nous ne pouvons soutenir », a-t-elle martelé, rejointe par le Royaume-Uni. 

L’Algérie, le Brésil, le Chili et la Hongrie se sont quant à eux dissociés des références aux Pacte de Marrakech sur les migrations, tandis que la Fédération de Russie et les Philippines ont rejeté les mentions à la Cour pénale internationale (CPI) et au Statut de Rome. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance en personne lundi 14 décembre, à partir de 10 heures, pour se prononcer sur plusieurs résolutions et terminer sa session spéciale sur la riposte à la pandémie de COVID-19.

RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie des rapports du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies (A/75/75); l’assistance au peuple palestinien (A/75/84); la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles (A/75/238); la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire(A/75/246); et sur le Fonds central pour les interventions d’urgence (A/75/317).

Déclaration liminaire

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a ouvert la séance en soulignant que ce débat est chaque jour plus pertinent.  Le récent rapport sur l’assistance humanitaire fait en effet apparaître que plus de 200 millions de personnes auront besoin d’une assistance humanitaire en 2021, parmi lesquelles 160 millions sont plus vulnérables et ont besoin d’une assistance d’urgence à hauteur de 35 milliards de dollars.  De même, a-t-il averti, nous devons nous préparer à une famine cet année, car 270 millions de personnes courent un risque d’insécurité alimentaire grave. 

Face à ces défis, il convient de renforcer la coordination pour atteindre ceux qui ont besoin de l’aide humanitaire.  Il importe à cet égard de tenir compte de la situation des personnes déplacées et des réfugiés qui ont du mal à recevoir un soutien, a-t-il plaidé, en soulignant l’importance d’intégrer ces personnes dans les plans de relance.  Pour M. Bozkir, il est également essentiel de tenir compte des situations fondées sur le genre et d’adopter une approche prenant en considération cette problématique afin de protéger les femmes et les filles. 

Rappelant que l’ONU s’emploie à faire en sorte que nul ne soit laissé pour compte, il a formulé des recommandations, en commençant par un appel en faveur d’un vaccin contre la COVID-19 dont l’accès soit équitable.  C’est la chose la plus intelligente que nous puissions faire, a-t-il dit.  Il a aussi souhaité que les mécanismes COVAX et ACT soient bien financés.  Les crises humanitaires existaient bien avant la pandémie et celle-ci n’a fait qu’exacerber les problèmes existants, a-t-il constaté.  Il est urgent, selon lui, d’œuvrer à la résolution des conflits et de relever les défis climatiques et environnementaux, dans le respect du droit international humanitaire et des droits de la personne.  De plus, a-t-il conclu, les plans de relèvement doivent se concentrer sur un monde plus résilient et plus vert.  Dans ce cadre, les résolutions présentées aujourd’hui sont essentielles pour les travaux de l’ONU et pour les peuples du monde. 

Présentation des projets de résolution

Le texte sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » (A/75/L.11), a été présenté par M. NEIL ORIN PIERRE (Guyana), au nom du Groupe des 77 et la Chine.  Le représentant a indiqué qu’en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19 et des difficultés rencontrées pour mener virtuellement des négociations, le texte n’est qu’une mise à jour technique de la résolution de l’année dernière.  Cela étant, le texte reste pleinement pertinent et ses dispositions applicables.  Il réaffirme que les États touchés ont la responsabilité principale du lancement, de l’organisation, de la coordination et de la mise en œuvre de l’aide humanitaire dans leurs territoires.

Le projet de résolution réaffirme aussi que l’aide d’urgence doit être fournie de manière à soutenir le relèvement à court et moyen terme, afin de conduire au développement à plus long terme.  Il met un accent particulier sur les changements climatiques et son impact sur les catastrophes naturelles.  À cet égard, le représentant s’est félicité du Sommet Action Climat 2019 et a pris note des initiatives et engagements multipartenaires présentés à cette occasion.  Le projet de texte souligne en effet l’importance de prendre des mesures rapides pour minimiser et atténuer les effets des catastrophes naturelles.  Des dispositions concernent l’ampleur et la portée croissantes de ces catastrophes et la nécessité de redoubler d’efforts pour renforcer les capacités des communautés. 

Les États Membres sont encouragés à développer des approches cohérentes pour relever les défis du déplacement dans le contexte des catastrophes naturelles.  Avec les entités des Nations Unies et les autres acteurs concernés, les États sont aussi invités à promouvoir des approches fondées sur les écosystèmes et des solutions fondées sur la nature pour réduire les risques de catastrophe. 

Le projet de texte attire également l’attention sur l’engagement du secteur privé dans les activités de gestion des risques de catastrophe et dans l’aide humanitaire.  Il encourage l’intensification des efforts pour mobiliser des ressources supplémentaires par des approches de financement anticipé et un soutien prévisible et pluriannuel.  Surtout, a ajouté le représentant, le texte encourage les États Membres, les organisations humanitaires et autres parties prenantes concernées à garantir l’accès à l’eau potable et à un assainissement et une hygiène adéquats et équitables, dans le contexte des catastrophes naturelles. 

Au nom de l’Union européenne (UE), M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a présenté les projets de résolution sur « la sûreté et sécurité du personnel humanitaire et la protection du personnel des Nations Unies » (A/75/L.42) et l’« assistance au peuple palestinien » (A/75/L.43).  Il a souligné que le contexte lié à la COVID-19 a eu des conséquences opérationnelles et sécuritaires néfastes pour le travail du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire.  Or, sans agents humanitaires, aucune assistance n’est possible.  La première résolution, a expliqué le représentant, incarne donc l’engagement de la communauté internationale à renforcer la mise en œuvre du cadre de protection internationale pour tous les agents humanitaires.  Cette année, a rappelé le représentant, le monde a été témoin de violations du droit humanitaire et du non-respect des principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance.

De nombreux membres des personnels onusiens et humanitaires ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.  Leur sécurité doit donc rester une priorité pour nous tous si nous voulons qu’ils continuent de s’acquitter de leur mandat crucial.  Cette année, après consultations avec les autres États Membres de l’ONU, l’Union européenne a exceptionnellement proposé de se contenter d’une mise à jour de la résolution de l’an dernier.  Les négociations de fond reprendront l’année prochaine, a promis le représentant en parlant d’une résolution « qui a été et qui doit rester véritablement consensuelle, en tant que témoignage de notre humanité ». 

S’agissant de la résolution sur l’« assistance au peuple palestinien », l’Allemagne a souligné que l’Union européenne demeure gravement préoccupée par les conditions de vie difficiles et la situation humanitaire de ce peuple.  Elle a salué le travail du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient et prévenu que la pérennité des résultats s’agissant de l’amélioration de la situation humanitaire, de la réduction des tensions et la prévention d’un autre conflit exige « un changement fondamental ».  L’Allemagne a appelé à des mesures urgentes conformes à la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité et à la réouverture des points de passage à Gaza, tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires d’Israël.

Rappelant que l’Union européenne et ses États membres sont collectivement les contributeurs financiers les plus importants de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), l’Allemagne a promis qu’ils resteront un partisan fort, fiable et prévisible de l’Office.  La résolution, a-t-elle expliqué, exhorte les États et les donateurs internationaux à aider le peuple palestinien aussi rapidement et généreusement que possible et à ouvrir leurs marchés aux produits palestiniens.  La résolution appelle aussi la communauté internationale à accélérer la fourniture de l’aide promise pour répondre aux besoins urgents du peuple palestinien, en particulier à Gaza.

En présentant le projet de résolution sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (A/75/L.44), Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède) a rappelé que cette année marque le trentième anniversaire de la résolution 46/182.  Ces dernières années, a-t-elle constaté, les besoins humanitaires ont augmenté de « façon exponentielle », exacerbés, cette année, par la pandémie de COVID-19.  L’on parle, a-t-elle précisé, d’une hausse de 40%.  La pandémie a aussi eu des conséquences profondes sur nos méthodes de travail et nous a contraints à une mise à jour technique, a annoncé, à son tour, la représentante.  Le projet de cette année est donc « identique » à celui de 2019.  Mais, a souligné la représentante, cette mise à jour technique ne saurait constituer un précédent.  Nous espérons l’année prochaine de véritables discussions pour marquer le trentième anniversaire de la résolution 46/182 (1991), a dit la représentante. 

Débat conjoint

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne (UE), a observé que la crise sans précédent engendrée par la COVID-19 a entraîné la plus grave récession mondiale depuis les années 1930 et un retour en arrière pour des décennies de développement.  Elle a aussi provoqué une pandémie de la faim et aggravé la situation globale, en s’ajoutant aux difficultés liées à l’insécurité alimentaire, aux changements climatiques et aux conflits armés.  Dans ce contexte, les besoins humanitaires dépassent les pires prévisions, a-t-il constaté, précisant que 235 millions de personnes sont aujourd’hui concernées et que ce chiffre risque de doubler.  De plus, les catastrophes naturelles sont plus fréquentes et les conflits continuent de faire souffrir et d’entraîner le déplacement de millions de personnes.

Face à ces défis, l’UE a estimé urgent d’alléger les conditions de travail des personnels humanitaires, qui ont connu des complications opérationnelles en raison de la COVID-19.  Il convient aussi d’éviter que des barrières bureaucratiques continuent d’entraver les capacités d’acheminement de l’assistance, a souligné le représentant, déplorant que les populations de plus de 50 pays ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin pour survivre.  Il a ensuite dénoncé le mépris croissant du droit international humanitaire.  À cet égard, l’UE s’emploie à promouvoir les principes de ce droit et plaide pour un renforcement de la justice pénale internationale.  Elle appelle, d’autre part, à une meilleure protection des agents humanitaires, qui sont toujours plus ciblés par les violences, 125 au moins d’entre eux ayant péri l’an dernier.

La communauté internationale a une obligation à leur égard, a souligné le délégué, ajoutant qu’en ces temps de pandémie, ces agents sont des « personnels essentiels » qui doivent être à la fois protégés et respectés.  L’UE considère par ailleurs que cette période extraordinaire donne l’occasion d’établir des synergies entre les organismes de l’ONU pour venir en aide aux plus vulnérables et jeter les bases d’une relance verte et résiliente.  Cette initiative s’inscrit dans le droit fil du processus de réforme des Nations Unies, a souligné le représentant, assurant que l’objectif est de placer les peuples au cœur des efforts de relance.

Avant de conclure, il a rappelé que la crise actuelle exacerbe les inégalités structurelles et a plaidé pour un accès sans entrave de l’aide humanitaire partout dans le monde.  Selon lui, appuyer les projets de résolution revient à soutenir le cadre normatif des Nations Unies, qui est essentiel pour relever les défis humanitaires.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunéi Darussalam) a rappelé que la région de l’ASEAN est vulnérable à plusieurs catastrophes naturelles, dont les typhons, les inondations, les sécheresses, les tremblements de terre et les éruptions volcaniques.  La région subit des dégâts estimés à plus de 4,4 milliards de dollars chaque année.  L’Indonésie, les Philippines et le Viet Nam ont été parmi les plus exposés aux catastrophes naturelles en 2019, mais plusieurs typhons frappent toutes les terres de la région, depuis le mois dernier.  Les inondations et les glissements de terrain ont causé d’importants dégâts et des pertes en vies humaines au Cambodge, en République démocratique populaire lao, aux Philippines, en Thaïlande et au Viet Nam.  La lutte contre ces catastrophes naturelles a compliqué les efforts pour maîtriser la propagation de la COVID-19. 

La représentante s’est donc félicitée du lancement, le 14 octobre dernier, des Lignes directrices de l’ASEAN sur la protection sociale dans le contexte des catastrophes pour accroître la résilience des communautés, avec l’assistance des agences des Nations Unies et d’autres partenaires extérieurs comme l’Union européenne, la Banque asiatique de développement ou encore le Gouvernement du Canada.  L’ASEAN et les Nations Unies ont aussi adopté, le 21 octobre dernier, un plan d’action quinquennal pour mettre en œuvre leur déclaration commune sur le partenariat et améliorer la coopération dans la réduction des risques de catastrophe et les interventions d’urgence. 

Ce plan concerne aussi la gestion du Système d’intervention logistique d’urgence (DELSA), les activités du Groupe de réaction militaire et le renforcement de la capacité du Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’ASEAN pour la gestion des catastrophes (Centre AHA).  Quelque 188 catastrophes naturelles ont été enregistrées dans la région, touchant environ 13 millions de personnes et causant le déplacement de plus de 1,2 million de personnes et la destruction de plus d’un million d’habitations, s’est désolée la représentante.

Aujourd’hui, a constaté Mme AYŞE ŞEBNEM MANAV (Turquie), le système humanitaire doit s’adapter à la nature changeante des situations d’urgence.  Elle a estimé l’impact positif des fonds de financement communs lesquels sont l’un des moyens les plus faciles et les plus efficaces de répondre aux besoins urgents.  La dichotomie croissante entre les besoins croissants et les ressources limitées nous oblige à explorer les financements innovants, a estimé la déléguée, insistant sur la nécessité d’étudier de nouvelles sources de revenus pour créer un meilleur ensemble d’outils grâce un large éventail de partenariats publics-privés.  

La Turquie, a indiqué sa représentante, accorde la priorité aux politiques centrées sur l’homme dans sa diplomatie internationale.  En 2019, le pays était toujours premier donateur de l’aide humanitaire, avec 7,6 milliards de dollars.  Dans sa contribution à la lutte mondiale contre la COVID-19, il a répondu aux besoins médicaux de plus de 156 pays et 11 organisations internationales.  Depuis 2014, a poursuivi la représentante, tous les besoins humanitaires dans le nord-ouest de la Syrie ont été satisfaits par le mécanisme transfrontalier de l’ONU dont la Turquie est une pièce centrale.  Au Yémen, le pays contribue à « la plus grande crise humanitaire causée par l’homme ».  Cette année, d’Afrique en Asie-Pacifique et en Asie centrale, la Turquie va au secours des zones sinistrées.  Elle n’a pas manqué de contribuer aux efforts internationaux après l’explosion catastrophique à Beyrouth, a ajouté la représentante.

M. SORAWUT NORAPOOMPIPAT (Thaïlande) a estimé que la crise liée à la COVID-19 rend plus complexes les efforts d’assistance, les défis graves qui se posaient avant la crise sanitaire s’étant complexifiés en raison de la pandémie.  Il a souligné que le Programme 2030 et l’aide humanitaire sont interconnectés et que la couverture sanitaire universelle met en meilleure posture les pays qui l’ont adoptée face à la pandémie et d’autres urgences et défis sanitaires. 

Il a appelé à accorder une attention particulière aux conséquences disproportionnées de la pandémie sur les femmes, les filles et les autres groupes vulnérables.  Les mesures d’urgences doivent impérativement inclure une approche sexospécifique, a-t-il souligné.  Le représentant a également insisté sur l’importance de la préparation et de la résilience, citant la politique de « philosophie de l’économie suffisante » adoptée par la Thaïlande pour placer la population au cœur de ses efforts ainsi que le renforcement des capacités de ses équipes de recherche et sauvetage en ville.

Notant que le succès de l’action humanitaire est tributaire des fonds qui sont versés, le représentant a également énuméré certaines des récentes contributions financières de la Thaïlande qui a notamment contribué 100 000 dollars au Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement.  Il a de plus estimé que les vaccins et les traitements contre la COVID-19 doivent être considérés comme un bien public mondial et être distribué de manière équitable.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a noté à son tour que la COVID-19 a exacerbé la crise humanitaire dans les pays les plus vulnérables.  Il a salué à cet égard la mobilisation de l’ONU par le biais de ses agences, programmes et résolutions, se disant particulièrement impressionné par le premier Plan mondial humanitaire de riposte à la COVID-19.  En parallèle, a-t-il ajouté, les besoins humanitaires ne font qu’augmenter et le nombre des personnes contraintes à un déplacement forcé est en expansion.  Sur ce point, a-t-il dit, la Suisse se félicite des travaux du panel de haut niveau sur les déplacements internationaux, dont le secrétariat est basé à Genève. 

Déplorant que l’accès à l’assistance humanitaire soit toujours plus complexe, il a aussi observé que les mesures de confinement ont entraîné une « pandémie fantôme » de violences domestiques.  Il est urgent de répondre à ces défis induits par la pandémie et les résolutions adoptées doivent en être l’expression, a souligné le représentant, avant de réaffirmer que la fourniture de l’aide humanitaire doit se faire dans le cadre des principes d’impartialité et d’indépendance.  Il convient également de ne pas négliger les besoins qui existaient avant cette crise, a-t-il encore fait valoir, jugeant que les principes énoncés dans les résolutions doivent être respectés en permanence. 

De plus, a-t-il poursuivi, nous devons être innovants dans la localisation de l’aide et dans la promotion de la participation des personnes directement concernées.  Enfin, le droit international humanitaire doit rester le cadre universel pour la protection des populations dans les situations d’urgence et de conflits armés, a plaidé le délégué.  À ses yeux, la crise liée à la pandémie est aussi une crise de la protection. 

Mme AZNIFAH ISNARIAH ABDUL GHANI (Malaisie) a rappelé que la « crise de la COVID-19 est aussi une crise humanitaire » et a félicité l’ONU pour ses efforts à maintenir en opération le système d’aide humanitaire international.  Elle a indiqué que la pandémie a exacerbé les difficultés à acheminer une aide efficace et gravement affecté les communautés vulnérables, en particulier dans les pays en butte à la pauvreté, aux conflits, aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques ainsi qu’aux sanctions unilatérales.  Elle a par ailleurs appelé, dans les zones de conflits, les parties à respecter l’appel au cessez-le-feu mondial émis par le Secrétaire général.  La représentante a fait savoir que la Malaisie s’est engagée à apporter une contribution financière à OCHA afin d’appuyer l’aide humanitaire en Iraq.  Elle continue également de soutenir les opérations de riposte à la COVID-19 en contribuant un million de dollars par an pour couvrir les coûts opérationnels de l’Entrepôt de fournitures humanitaires des Nations Unies de Subang.

Mme Abdul Ghani s’est dite préoccupée par les problèmes de sécurité que rencontrent l’ONU et le personnel humanitaire dans des régions où ont lieu des violations du droit humanitaire et des obstacles à l’acheminement de l’aide.  Elle a déploré, particulièrement en Palestine, la crise du système de protection, les profondes carences de financement et les obstacles à l’accès à des services essentiels et appelé les parties à respecter les règles et principes du droit international, des droits de l’homme et des résolutions du Conseil de sécurité.  Notant que le monde risque d’être confronté, l’an prochain, à une crise humanitaire sans pareil, elle a exhorté la communauté internationale à avancer sur la voie de la solidarité et de la coopération internationale.

Mme FELFALD (Norvège) a félicité l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour leur leadership face à la pandémie de COVID-19.  Elle a particulièrement salué l’action des agents humanitaires qui sont en première ligne.  Elle a précisé que la Norvège copréside le Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), une nouvelle collaboration mondiale « novatrice » visant à accélérer la mise au point et la production des tests de dépistage, des médicaments et vaccins contre la COVID-19 et en assurer un accès équitable.  Par ailleurs, la représentante a appelé à renforcer la protection des civils, dans les situations de conflit, par le respect du droit international humanitaire. 

Parmi les priorités, elle a cité l’accès humanitaire et la protection des enfants, des femmes et des filles.  Nous devons redoubler d’efforts pour financer les services de santé sexuelle et procréative, a-t-elle dit, avant de souligner le besoin urgent de services de santé, de logements et d’assainissement pour les réfugiés et les déplacés.  La représentante a conclu sur la protection due aux agents humanitaires qui risquent leur vie pour sauver les autres. 

Mme ALNASER (Koweït) a indiqué que son gouvernement a doublé son aide au développement par rapport au taux internationalement convenu.  Elle a ajouté que 10% de l’aide totale du Koweït est versée aux entités de l’ONU dont 1 million de dollars pour le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) et le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et 2 millions pour l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Le Koweït a également contribué 287 millions de dollars à la riposte à la pandémie COVID-19 et apporté des dons en appui à l’Alliance du Vaccin (GAVI) pour le développement et la distribution de vaccins.  Le pays a aussi versé des aides financières pour appuyer la création d’un centre épidémiologique pour l’Afrique et appui le moratoire sur la dette des pays d’Afrique adopté par le G20.  Le Koweït a enfin accepté de prendre en charge près d’une vingtaine de personnels de l’ONU atteintes de la COVID-19 en Asie, a informé la représentante.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a salué « l’excellent travail » réalisé par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en 2020, dans des circonstances extrêmement difficiles, pour assurer la cohérence du système humanitaire, l’analyse des besoins et la réponse humanitaire dans les contextes sous-financés.  Il a particulièrement félicité l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la coordination de la riposte sanitaire mondiale, le Programme alimentaire mondiale (PAM) pour son appui logistique et alimentaire et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour ses efforts dans l’éducation et la protection de l’enfant.  Le représentant a estimé que le lien entre activités humanitaires, développement et maintien de la paix devra être une priorité de l’ONU en 2021.  Il faut des solutions multiformes et complémentaires.

Après avoir demandé que 2021 soit aussi l’occasion de mettre l’accent sur la protection des femmes et des filles, dans les situations de conflit armé ou d’urgence, le représentant a salué le travail que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et ONU-Femmes accomplissent.  Il a aussi souligné l’importance des programmes de lutte contre la violence sexuelle du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF).

Le représentant a particulièrement condamné les attaques contre tous les travailleurs humanitaires qui ont augmenté « de façon exponentielle » ces derniers mois, avant d’exhorter les États à enquêter sur ces attaques et traduire en justice leurs auteurs.  Il a remercié le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour sa contribution au respect du droit international humanitaire et pour ses efforts dans des situations de conflit armé.  Le travail du CICR mérite d’être reconnu, mais aussi son leadership dans la protection des civils, a-t-il insisté.

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a déclaré que l’année 2020 a été difficile et a remis en cause les acquis du développement, soulignant que les femmes sont les plus touchées car elles sont en première ligne, dans leurs familles ou leurs emplois, soumises de surcroît à des violences sexuelles et sexistes et privées d’un accès suffisant aux services primaires.  Le représentant a rappelé que 1,5 milliard d’enfants sont privés d’écoles dans le monde, une situation dévastatrice pour les filles, qui endurent des violences et sont plus fréquemment contraintes aux mariages forcés.

Il a souligné que 270 millions de personnes connaîtront la faim cette année, un chiffre qui s’ajoute aux 670 millions déjà dans cette situation.  « Nous sommes au bord du gouffre », a-t-il déclaré, craignant la perspective d’une famine imminente.  La riposte exige déjà 35 milliards de dollars pour aider 170 millions de personnes vulnérables, a-t-il ajouté, car « nous n’avons pas agi suffisamment ensemble pour répondre à la crise ».  Le représentant a insisté sur la nécessité d’un financement prévisible et innovant, incluant la participation du secteur privé.

Le représentant a plaidé pour la levée des obstacles au travail des agents humanitaires et déploré que leur protection ne soit pas assurée aujourd’hui.  Il a dénoncé le fait que, dans les situations de conflit, des enfants soient tués, car ils sont directement ciblés.  Ils ne sont pas des dommages collatéraux, mais ils sont poursuivis et tués.  Les auteurs de ces crimes devront répondre de leurs actes, a insisté le représentant qui a plaidé pour une assistance « directe » aux organisations locales.  La voix des plus vulnérables, des femmes, des handicapés, des migrants doit être entendue.  Aujourd’hui, a rappelé le représentant, un enfant migrant a cinq fois plus de chances d’être déscolarisé.

Le représentant a décrit les efforts spécifiques du Canada, notamment le 1,1 milliard de dollars fournis aux pays en développement pour la riposte à la COVID-19 et les 8,8 milliards déjà engagés au Sahel, au Yémen, en Amérique du Sud et en Amérique centrale, au Venezuela et au Tigré.

M. DAI BING (Chine) a estimé que la communauté internationale doit renforcer le multilatéralisme et aider les pays et les peuples qui font face à la COVID-19, parce que le tableau est « sombre ».  Il faut s’en tenir au respect du droit international et aux normes régissant les relations internationales.  L’assistance humanitaire doit se faire dans le plein respect de la Charte et la souveraineté des pays récipiendaires doit avoir être pleinement respectée, a insisté le représentant.  Toutes les parties aux conflits doivent respecter le droit humanitaire, en permettant l’acheminement de l’assistance.  Il faut aussi, a plaidé le représentant, œuvrer à la levée immédiate de toutes les mesures coercitives unilatérales.  Il faut renforcer les réponses d’urgence et les capacités en la matière des pays en développement.

Il faut, à cet égard, plus de ressources pour le renforcement des capacités dans les domaines de la santé publique et de la sécurité alimentaire, a insisté le représentant.  Parlant du premier domaine, il a souligné que les vaccins doivent être considérés comme un bien public mondial abordable.  L’être humain doit être au centre de nos efforts et l’éradication de la pauvreté, un de nos objectifs principaux à financer adéquatement.  Le représentant a rendu hommage aux personnels humanitaires des Nations Unies.  Il a salué le travail de l’ONU contre la pandémie de COVID-19 et a rappelé que la Chine a envoyé 36 équipes d’experts médicaux dans une trentaine de pays et fourni plus de 50 millions de dollars à l’OMS.  Une fois que nous aurons développé et testé nos vaccins, nous en ferons bien public mondial et nous les offrirons aux pays en développement, a promis le représentant.  « Ce sera notre contribution à la création d’une communauté de santé pour tous. »

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné le caractère alarmant de la situation humanitaire mondiale alors que sévit la pandémie de COVID-19.  À la fin de 2019, a-t-il rappelé, 145 millions de personnes avaient besoin d’une assistance humanitaire.  En 2020, ce chiffre est passé à 168 millions et il devrait atteindre 235 millions en 2021, soit une augmentation de près de 40% en l’espace d’une année.  Dans ce contexte, il importe, selon lui, de mieux comprendre les défis et de se mobiliser au service des communautés ravagées par les effets des conflits, de la faim, des changements climatiques et, maintenant, de la COVID-19.  Tout en se félicitant de ce que les Nations Unies restent « la voix des plus vulnérables », il a appelé à une action collective au sein du système humanitaire international pour sauver des vies et atténuer les souffrances des populations. 

À cette fin, a ajouté le représentant, il est impératif d’intensifier la coopération à tous les niveaux.  Pour sa part, le Maroc a fait de l’accès humanitaire un aspect fondamental de sa politique étrangère.  Il fournit des produits alimentaires, des tentes et des hôpitaux, tout en renforçant sa participation aux opérations de maintien de la paix et à l’action humanitaire.  En 2020, année marquée par la pandémie, le Maroc a ordonné l’envoi d’une aide médicale à une dizaine de pays. 

Toutefois, a relevé le délégué, l’action du Maroc ne se limite pas à l’aide d’urgence mais s’inscrit dans une optique globale visant à réduire les souffrances, notamment par le biais de la coopération Sud-Sud.  En tant que président du segment humanitaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le pays a également lancé un appel à l’action afin d’appuyer l’assistance humanitaire dans la lutte contre la COVID-19.  Cet appel, qui propose des mesures concrètes et opérationnelles, n’omet pas d’aborder la question de la spéculation, qui peut entraver l’accès à des médicaments et fournitures essentiels.  Nous appelons à cet égard à un accès libre et équitable de tous les produits médicaux.  L’appel invite aussi les États Membres à prendre en compte la situation de vulnérabilité des pays en développement, a noté le représentant.  L’aide humanitaire est une expression de la valeur de solidarité, « alors soyons solidaires », a-t-il conclu. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a souligné l’émergence de la solidarité humaine face aux besoins humanitaires alors que le monde fait face à diverses urgences exacerbées par la pandémie de COVID-19.  La région du Pacifique n’a pas été épargnée par la pandémie où la crise économique a pris le dessus sur la crise sanitaire.  Mais pour le représentant, l’aide humanitaire n’est pas la solution.  Il faut trouver une solution politique, a-t-il insisté.  Il a souligné que les partenaires et les populations locales doivent être au cœur de la prise de décisions humanitaires.  Alors que de nombreux pays de la région du Pacifique ont évité les pires effets sur la santé de la COVID-19, les impacts économiques ont été profonds, aggravés par des catastrophes de plus en plus graves. 

Le représentant a ajouté que 2021 sera une année de défis pour la communauté internationale.  Il faudra non seulement des efforts humanitaires mais aussi des solutions politiques qui comprennent l’établissement des responsabilités des parties belligérantes et l’accès humanitaire.  Il a insisté sur l’importance d’investir dans des approches multisectorielles et a ajouté qu’en 2021, l’Australie accueillera, dans un format virtuel, la neuvième Conférence ministérielle Asie-Pacifique sur la réduction et la résilience aux risques de catastrophe.  La Conférence mettra l’accent, entre autres, sur l’expérience des femmes et des filles, les connaissances locales et autochtones et les défis spécifiques auxquels la région est confrontée.

Mme JENNIFER YUE BARBER (États-Unis) a déploré l’augmentation des besoins humanitaires, aggravés par la crise de la COVID-19 et rappelé, comme les autres délégations, que 235 millions de personnes, soit une sur 33 dans le monde, auront besoin d’une aide en 2021 alors que l’année 2020 a déjà connu un record, avec 145 millions de personnes dans cette situation.  La représentante a souligné son pays, « toujours prêt à voler au secours de ceux qui en ont besoin » est le premier donateur individuel, avec 19,5 milliards de dollars engagés en 2020.  Nous sommes attachés, a-t-elle affirmé, au multilatéralisme et à l’assistance humanitaire.  Elle a salué les 10 premiers donateurs qui à eux seuls ont fourni près de 17 milliards de dollars l’année dernière.  D’autres États doivent participer à cet effort, a-t-elle martelé.

La représentante a précisé le rôle de son pays dans les efforts de réforme du système de l’aide humanitaire pour améliorer la cohérence et à l’équilibre, par une évaluation impartiale, des volets développement, consolidation de la paix et humanitaire.  Elle a particulièrement insisté sur l’attention qui doit être accordée à la situation humanitaire en Syrie et s’est félicitée de la résolution sur la sûreté des personnels humanitaires.  S’insurgeant contre les attaques subies par ces personnels, victimes d’un terrorisme odieux ou pris en otage comme au Yémen, la représentante a décrié ces violations qui reflètent « un mépris patent » du droit international.  Elle a appelé à une bonne protection de ces personnels et demandé que les coupables d’exactions à leur encontre, par exemple en Syrie, soient poursuivis en justice.  Elle a tout de même ajouté que les travailleurs humanitaires doivent être eux-mêmes confrontés à leurs responsabilités lorsqu’ils se rendent coupables d’exploitation ou de violence sexuelles.  Les organisations qui les emploient doivent se faire preuve de la plus grande vigilance, a-t-elle préconisé.

La représentante a ajouté que son pays, « en tant que meneur humanitaire et diplomatique », considère que les documents non contraignants peuvent aussi apporter des solutions.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, ne souscrivent pas « à tout » dans les accords internationaux et rejettent toute mention de la Cour pénale internationale (CPI), du Statut de Rome ou d’un prétendu « droit International » à l’avortement.  Nous ne souscrivons pas non plus au Pacte de Marrakech sur les migrations, car a expliqué la représentante, nous revendiquons notre « droit souverain » de décider de l’accès à notre.

La représentante a aussi rappelé que son pays s’est retiré de l’Accord de Paris sur le climat et qu’il n’est donc pas lié par les dispositions pertinentes des résolutions, même s’il tient compte de la préservation de l’environnement dans sa politique de sécurité énergétique.

Mme ENGELBERG (Danemark) a souligné, à son tour, que 235 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans le monde, ce qui représente le plus grand défi humanitaire que nous n’ayons jamais connu.  Les besoins humanitaires ont explosé avec les conséquences néfastes du dérèglement climatique et de l’insécurité alimentaire.  Pour la première fois en 22 ans, la pauvreté extrême est en hausse.  La solidarité internationale est plus nécessaire que jamais, a estimé la représentante.

Elle s’est attardée sur la « pandémie fantôme », à savoir les violences faites aux femmes et aux filles, qui accompagnent la pandémie, y compris au Danemark, a-t-elle noté.  En trois mois de confinement, on enregistre dans le monde plus de 15 millions de cas supplémentaire.  Tous les cas de violence et de soumission font obstacle à l’égalité des sexes prônés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cela fait partie des crises les plus généralisée dans le monde.  Le 1er janvier, a indiqué la représentante, le Danemark prendra la tête de l’appel à l’action pour la riposte à ces phénomènes, une initiative qui vise à changer « de fond en comble » la façon dont on traite de la violence sexiste dans les situations de crise humanitaire.  Il faut veiller à ce que les femmes et les filles aient voix au chapitre dans les efforts humanitaires et puissent recevoir une éducation de qualité pour créer des sociétés plus égalitaires.  Les partenaires de l’ONU doivent harmoniser leurs efforts pour contrer la violence sexiste, a insisté la représentante.

Mme NATALIA A. KARMAZINSKAYA (Fédération de Russie) a insisté sur l’importance de disposer de données fiables, notamment en ce qui concerne les attaques contre les installations humanitaires, décriant que l’ONU utilise, selon elle, des données provenant de sources non vérifiées qui n’opèrent même pas sur le terrain.

La représentante a ensuite dénoncé les restrictions imposées par les donateurs en contournant les décisions du Conseil de sécurité.  Elle a notamment jugé inhumaines les tentatives de restrictions imposées par certains pays dans le contexte de la pandémie avant de fustiger les sanctions unilatérales qui entravent la fourniture des médicaments nécessaires à l’aide humanitaire.  Le Rapporteur spécial sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme en parle avec une solide base de preuves, a précisé la représentante russe, avant de citer les appels du Secrétaire général à mettre un terme à ces sanctions unilatérales.

Mme Karmazinskaya a également signalé que les « prétendues » dérogations humanitaires ne fonctionnent pas, car les entreprises refusent de mettre en œuvre des projets humanitaires, craignant d’être incluses sur les « listes noires » des contrevenants aux régimes de sanctions.  « Les auteurs de restrictions inhumaines préfèrent fermer les yeux », a décrié la représentante, avant de fustiger les États qui, d’une main, imposent des sanctions et, de l’autre, appellent au respect des droits de l’homme et de l’humanité depuis la tribune de l’ONU.  Elle a exhorté tous les acteurs de la communauté internationale à s’abstenir de politiser l’aide humanitaire et au développement.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a estimé qu’au-delà de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19, ce sont les effets secondaires de la pandémie qui ont dévasté les populations.  Soulignant les risques de retour en arrière en matière d’éducation, le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’explorer des moyens de rendre l’enseignement à distance accessible aux enfants, dans les contextes humanitaires.  Il a ajouté que les risques pour les personnes âgées, les femmes et les filles, les réfugiés et les personnes déplacées sont aggravés par des obstacles à l’accès à l’information et à l’aide humanitaire.

Face à cela, a-t-il suggéré, le soutien et la collaboration du secteur privé dans la production et la distribution de vaccins aux plus vulnérables seront indispensables.  Des partenariats multisectoriels sont également nécessaires pour couvrir les limites de l’accès et des ressources humanitaires.  Le représentant a voulu que l’on soutienne le leadership des femmes, dans les contextes humanitaires.  Dans ces situations, ce sont les organisations locales dirigées par des femmes qui sont en première ligne.  Il faut répondre à leur engagement et assurer leur accès aux processus décisionnels, aux mécanismes de coordination et aux financements pour qu’elles puissent aider au mieux leurs communautés.

Également au nom de la Suède, M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a rendu hommage aux travailleurs qui se sont attachés à répondre à des crises humanitaires plus complexes que celles que l’on a connues précédemment.  Ces crises exigent davantage de coordination entre les différents acteurs, a-t-il estimé, car les besoins humanitaires aggravés par les conflits et la pandémie ont atteint un niveau sans précédent.  Le taux de chômage s’est accru et des millions de jeunes risquent de ne pas retourner à l’école, notamment 11 millions de filles.  Néanmoins, malgré de terribles perspectives d’emploi, les jeunes se sont mobilisés pour répondre à cette crise.  Leur leadership est à prendre en considération, a estimé le représentant. 

Internet et le numérique doivent être plus développés, a-t-il prôné, car l’intelligence artificielle peut, par exemple, contribuer à localiser les situations où des drones peuvent larguer l’assistance médicale.  Aujourd’hui, a rappelé le représentant, les Nations Unies doivent aider 160 millions de personnes dans 66 pays, ce qui nécessite une somme 35 milliards de dollars, « la plus importante de l’histoire de l’Organisation ».  Le représentant a demandé aux pays d’accroître leurs contributions et a souligné l’importance d’un financement « souple et non conditionnel ».

Nous restons attachés aux principes d’humanité, d’indépendance, de neutralité et d’impartialité dans toutes les situations humanitaires, a-t-dit.  Davantage de coordination sera nécessaire, ce qui demande la mobilisation des acteurs locaux.  Le représentant a déploré que les acteurs non étatiques, dans les conflits armés, continuent de bloquer l’assistance humanitaire.  Les attaques contre les travailleurs humanitaires sont inacceptables, a-t-il martelé.

L’Inde, a-t-il souligné, a toujours été en première ligne de l’assistance humanitaire.  Au cours de la pandémie, elle a été, comme toujours, « la pharmacie du monde » et envoyé des médicaments dans près de 150 pays.  Lorsqu’ils seront prêts, ses vaccins seront fournis dans le monde entier, a promis le représentant, qui n’a pas manqué de souligner la fierté de la Suède d’être l’un des principaux fournisseurs d’aide humanitaire grâce à des financements « souples ».  Avec la Suède, a conclu le représentant, nous sommes préoccupés par le défi de la faim, sachant que plusieurs pays sont « au bord du gouffre ».  La Suède, a-t-il ajouté, est fière d’être l’un des principaux bailleurs de fonds du Programme alimentaire mondial (PAM). 

Mme SARA OFFERMANS (Pays-Bas) a estimé que le lancement d’un plan de riposte mondial à la pandémie de coronavirus constitue un exemple de la résilience et de la persévérance de la communauté humanitaire.  Elle a rendu hommage à tous les travailleurs humanitaires sur le terrain, qui travaillent sans relâche et font face à des difficultés croissantes, avant de regretter que 125 d’entre eux aient été tués dans l’exercice de leurs fonctions en 2019, un nombre qui pourrait augmenter en 2020.  La communauté internationale doit user de son influence afin que ceux qui ont attaqué des travailleurs humanitaires aient à rendre des comptes, a-t-elle dit.  Elle a également noté les efforts des intervenants locaux, qui permettent aux travailleurs humanitaires d’atteindre les personnes dans le besoin.  Le meilleur moyen de rendre hommage aux acteurs humanitaires, c’est d’adopter par consensus toutes les résolutions examinées aujourd’hui, a-t-elle estimé.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a déploré qu’aux crises dues aux conflits armés et aux changements climatiques s’ajoute celle due à la pandémie qui révèle les faiblesses de la protection sociale et génère des problèmes alimentaires graves.  Il a prôné une coordination des efforts par une approche intégrée et complète.

Le représentant a particulièrement insisté sur les conséquences humanitaires de « l’agression russe dans l’est de l’Ukraine », qui nuit aux conditions de vie des civils et menace leur sécurité en raison de la présence dangereuse de mines antipersonnel.  Il a décrit les efforts entrepris par son gouvernement pour alléger les souffrances de la population, notamment en appuyant l’intégration sociale des déplacés internes, appelant l’ONU à s’impliquer davantage dans cette région.  Le représentant a indiqué que suite au plan intégré pour le Donbass lancé par le Président ukrainien, un demi-milliard de dollars ont déjà été engagés, « au titre de la riposte humanitaire à l’agression russe » pour l’aide alimentaire, le logement, l’éducation et la santé en faveur de 1,9 million de personnes dans l’est de l’Ukraine.  Il a de plus appelé à une réponse unie face aux crises mondiales dues aux pandémies, aux catastrophes et aux conflits armés, qui serait « la preuve de l’efficacité de l’ONU ».

M. ALISTAIR ROBERT STEVEN KELSEY (Royaume Uni) a déploré la perte, en 2020, de décennies de progrès en raison de la pandémie de COVID-19, des changements climatiques et de la poursuite de conflits qui nuisent aux civils et aux plus vulnérables, dont les femmes, qui souffrent de la famine et de l’insécurité, en particulier au Burkina Faso, au Nigéria et au Yémen.  Le représentant a rappelé, à son tour, que 235 millions de personnes nécessiteront une aide humanitaire en 2021 et a jugé important de ralentir « la progression » des besoins financiers.  Précisant qu’en tant que donateur « essentiel », le Royaume-Uni a déjà fourni 19 millions de dollars au Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) et 10 millions au Yémen, le représentant a noté que les 10 premiers bailleurs de fonds représentent à eux seuls 83% de l’aide humanitaire.

Il a mis en garde contre cette « situation intenable » qui nécessite l’implication d’autres intervenants, un travail de réflexion sur des financements plus prévisibles et un travail en amont sur des données fiables, afin de réduire les coûts d’au moins 30%, en s’attachant aussi à des solutions politiques qui sont autant de leviers de paix. 

En attendant, le représentant a appelé à la levée des obstacles à l’acheminement de l’aide et à la protection des civils, rappelant les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance de l’aide humanitaire.  Il a rendu hommage aux personnels humanitaires qui prennent des risques pour aider 80 millions de personnes sur la planète.

M. NAZIR AHMAD FOSHANJI (Afghanistan) a constaté que la situation humanitaire se dégrade en raison des conflits, de la pauvreté et de la crise climatique.  Mais à ces défis s’ajoute à présent la pandémie de COVID-19.  Dans ce contexte, les besoins humanitaires sont sans précédent en Afghanistan, a souligné le représentant, applaudissant l’action menée par les travailleurs humanitaires et les membres de la société civile.  Leur courage et leur dévouement sont un symbole de notre humanité partagée, a-t-il estimé, avant de rendre un hommage particulier aux personnels de l’ONU qui ont perdu la vie en servant des personnes vulnérables.

Le délégué a noté que, selon dernier rapport, 18,4 millions d’Afghans ont désormais besoin d’une assistance humanitaire, un chiffre en nouvelle hausse cette année.  Nous ne pouvons accepter que l’ampleur des besoins nous submerge, a-t-il dit.  Assurant que son pays met tout en œuvre pour répondre aux besoins de sa population, il a appelé la communauté internationale à lui prêter main forte.  La priorité de l’Afghanistan est de parvenir à un cessez-le-feu durable, a indiqué le représentant.  À cette fin, il a exhorté les Taliban à réfléchir aux conséquences des faits de violence alors des millions d’Afghans ont besoin d’aide pour survivre.

De même, a-t-il ajouté, nous devons veiller à ce que toutes les personnes vulnérables aient accès au vaccin contre la COVID-19.  « Nous ne pouvons nous permettre d’échouer », a insisté le représentant, précisant que son pays se prépare à une distribution dans toutes les provinces et qu’il a créé un groupe pour administrer cette riposte.  Toutefois, il lui faudra davantage d’aide pour vacciner toute sa population, a-t-il affirmé, formant le vœu que l’assistance humanitaire devienne plus durable et la coopération entre les acteurs humanitaires et de développement, renforcée.  Enfin, il a salué les solutions financières innovantes, notamment les financements par anticipation qui, selon lui, doivent être utilisés plus souvent.

Mme LAETITIA MARIE ISABELLE COURTOIS, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a mis l’accent sur les impacts de la pandémie de COVID-19, qui a mis à nu les fragilités des individus et les carences préexistantes.  Cela entraîne notamment un retour en arrière inquiétant dans les campagnes d’immunisation contre d’autres maladies, a-t-elle noté.  Selon elle, les retombées de la pandémie sur le plan humanitaire ont différentes facettes et les tendances qui existaient précédemment n’ont pas disparu.  Tout au contraire, la pauvreté s’est creusée et les inégalités ont été exacerbées, ce qui rend une riposte systémique plus essentielle.  La situation des personnes que nous servons dans les communautés touchées montre que la pandémie n’est pas la seule responsable des besoins humanitaires croissants, a insisté l’observatrice, appelant la communauté internationale à aider ces populations à gérer les chocs.  C’est, à ses yeux, « une question de dignité ».

Face à ces défis, le CICR exhorte les États à s’acquitter de leurs obligations et à s’appuyer sur une action commune fondée sur des principes.  Sa représentante a relevé, à cet égard, que l’acheminement impartial de l’aide permet de nouer des relations de confiance avec les populations.  Cet aspect sera essentiel pour garantir que les vaccins contre la COVID-19 parviennent aux plus vulnérables, a-t-elle souligné.  Il faut également veiller à ce que les acteurs humanitaires puissent opérer sans être la cible d’attaques, a poursuivi l’observatrice, indiquant qu’entre février et août, 650 incidents contre des travailleurs humanitaires ont été signalés, dans le contexte de la pandémie.

Les règles du droit international humanitaire doivent être appliquées en tout temps, a-t-elle martelé.  Elle a par ailleurs dénoncé les attaques cybernétiques contre des établissements médicaux, qui mettent gravement en danger le fonctionnement des structures de santé.  Enfin, elle a invité les organismes humanitaires à se saisir de cette crise pour moderniser leur action, en particulier par le biais d’un recours aux nouvelles technologies, en prenant soin de prévenir toute utilisation illicite des données.

M. RICHARD BLEWITT, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), a indiqué que les changements climatiques ont exacerbé les besoins humanitaires toujours croissants dans le monde.  Au cours des 10 dernières années, 83% de toutes les catastrophes naturelles ont été causées par des phénomènes météorologiques extrêmes et climatiques tels que les inondations, les tempêtes et les vagues de chaleur.  Dans une décennie, 150 millions de personnes pourraient se retrouver dans le besoin chaque année si rien n’est fait pour répondre aux changements climatiques, a-t-il averti.

Il a également signalé que ce sont les personnes les plus vulnérables qui n’ont pas la capacité d’adaptation qui souffrent le plus des effets combinés des changements climatiques et de la COVID-19.  L’IFRC a constaté qu’en 2020 seulement, 132 phénomènes météorologiques extrêmes se sont produits, et 92 d’entre eux ont croisé la pandémie de COVID-19.  Au moins 51,6 millions de personnes ont été touchées par des inondations, des tempêtes ou la sécheresse et 2,3 millions par d’importants feux de forêts, tandis que 437 millions des personnes les plus vulnérables ont dû affronter des vagues de chaleur extrême tout en gérant les répercussions sanitaires directes de la pandémie et des mesures de confinement.  Les catastrophes climatiques et la pandémie de COVID-19 ne font que souligner davantage la nécessité urgente d’investir dans la préparation et l’action précoce, a insisté M. Blewitt qui a appelé à intégrer de manière plus consistante le climat, la santé et d’autres risques dans les décisions.

En outre, a poursuivi l’observateur, la riposte mondiale n’est pas proportionnelle aux besoins mondiaux.  En dépit de sa connaissance des défis, la communauté internationale contribue trop peu, trop tard ou échoue entièrement à atteindre les personnes les plus nécessiteuses.  La Fédération craint que le monde ne saisisse pas l’occasion de se relever d’une manière plus verte, plus inclusive et résiliente.  Le monde, a alerté M. Blewitt, est en train d’enclencher des politiques et des structures qui causeront plus de dommages au système climatique et poseront des menaces existentielles à de nombreuses communautés et États.

Disant craindre que les vaccins contre la COVID-19 ne soient disponibles que pour quelques pays, l’observateur a affirmé qu’en plus des considérations d’humanité et d’équité, il est dans l’intérêt national critique de chaque pays de veiller à ce que le vaccin soit distribué rapidement dans tous les foyers d’infection du monde au risque de voir une multitude de vagues revenir menacer la vie de leurs citoyens et provoquer de nouveaux confinements.

De plus, le déploiement d’un vaccin contre la COVID-19 ne sera couronné de succès que s’il est accompagné d’un effort immédiat pour renforcer la confiance au sein des communautés grâce à une communication accrue des risques.  Garantir un accès équitable à l’ensemble des personnes les plus à risque est un impératif de santé publique, a-t-il souligné.

M. Blewitt s’est par ailleurs préoccupé du sort des migrants et des réfugiés qui, a-t-il indiqué, font face à des risques sanitaires et sécuritaires « extraordinaires » dans le contexte de la pandémie en raison notamment de leur manque d’accès aux filets de sécurité sociale et du risque de déportation et de détention injustifiées.

Droit de réponse

La Fédération de Russie a accusé l’Ukraine de politiser ce débat humanitaire, en s’appuyant sur une vision « déformée » de ce qui se passe dans le sud-est ukrainien.  Elle a rappelé que c’est en réaction au coup d’État de 2014 en Ukraine que 1,5 million de citoyens ukrainiens se sont tournés vers la Fédération de Russie pour obtenir la nationalité russe ou le statut de réfugié et le soutien humanitaire qui l’accompagne.  Pourquoi ces gens n’ont pas choisi de se tourner vers l’Ukraine pour obtenir une meilleure vie?

Déclaration de clôture

Le Président de l’Assemblée générale a repris la parole pour remercier les délégations d’avoir contribué à ce débat centré sur le rôle des Nations Unies dans la fourniture de l’aide humanitaire en cette période de pandémie.  Il a salué à cet égard l’action menée par le système de l’ONU et ses agences, à commencer par le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que celle des acteurs humanitaires locaux.  Face à une pandémie qui a aggravé la situation des personnes les plus vulnérables, les efforts doivent se poursuivre pour sauver des vies et protéger ceux qui sont dans le besoin, a-t-il conclu.

Explications de vote et de position

Toutes les résolutions ont été adoptées sans vote, à l’exception du paragraphe 62 de la résolution sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » (A/75/L.11).  Adopté par 128 voix pour et l’opposition des États-Unis, de la Libye et du Soudan, la paragraphe se lit: « Encourage les gouvernements, les autorités locales, les organismes des Nations Unies et les organisations régionales, et invite les donateurs et les autres pays fournisseurs d’aide à prendre en considération les vulnérabilités et les capacités des femmes et des filles en mettant en place des programmes soucieux de l’égalité des genres, qui tiennent notamment compte de leurs besoins en matière de santé sexuelle et procréative et envisagent des moyens de lutter, pendant des situations d’urgence et après une catastrophe, contre la violence sexuelle et fondée sur le genre et diverses formes d’exploitation, et en allouant les ressources nécessaires aux activités de réduction des risques de catastrophe, aux interventions et aux activités de relèvement qu’ils mènent en coopération avec les gouvernements des pays touchés ».

Les trois pays se sont également opposés, dans un vote au même résultat que le premier, aux paragraphes 58 et 59 de la résolution sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (A/75/L.44).  Le paragraphe 58 se lit: « Encourage les États Membres à veiller, en coopération avec les organismes humanitaires compétents des Nations Unies, à ce que les besoins humanitaires de base des populations touchées, notamment pour ce qui est de l’eau potable, de l’alimentation, du logement, des soins de santé, y compris en matière de sexualité et de procréation, de l’éducation et de la protection, de l’énergie, de l’informatique et des communications, lorsque cela est possible, soient pris en compte dans l’action humanitaire, notamment en fournissant, en temps opportun, des ressources suffisantes, tout en faisant en sorte que leur mobilisation collective respecte strictement les principes humanitaires ».

Le paragraphe 59 se lit: « Encourage également les États Membres à veiller, en coopération avec les organismes humanitaires compétents des Nations Unies, à ce que les femmes et les filles bénéficient, dès le début des situations d’urgence, de services de soins de santé de base, y compris d’un accès fiable et sans risque aux services de soins de santé sexuelle et procréative et de soins de santé mentale, et à un soutien psychosocial, estime à cet égard que cette aide protège les femmes, les adolescentes et les nourrissons contre des maladies ou des décès évitables lors des situations d’urgence humanitaire, et demande aux États Membres, à l’Organisation des Nations Unies et aux autres acteurs intéressés d’accorder à ces programmes l’attention qu’ils méritent ».

Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne a profondément regretté que les États-Unis aient demandé ces votes, sur des résolutions adoptées traditionnellement par consensus.  Nous ne comprenons pas pourquoi, alors que nous n’avons que des modifications techniques dont nous avons dûment débattu, il faut se résoudre à un vote.  Ce manque de consensus est un « retour en arrière » qui ne peut avoir que des conséquences négatives pour les femmes et les filles.  La communauté internationale s’est engagée, a rappelé l’Allemagne, en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes, ce qui passe par l’accès à la santé sexuelle et procréative.  Édulcorer ces libellés est « un recul » que nous ne pouvons soutenir, a annoncé l’Allemagne. 

À son tour, le Royaume-Uni a déploré ces votes, en réaffirmant son engagement en faveur de la santé sexuelle et procréative.  Il s’est préoccupé par les tentatives d’en restreindre l’accès aux femmes et aux filles, au risque de compromettre leur vie, surtout dans le contexte de la COVID-19.  Nous ne pouvons accepter cette tentative de revenir sur des libellés « déjà agréés », a prévenu, à son tour, le Royaume-Uni. 

Les États Unis ont dit condamner les violences sexuelles et fondées sur le sexe et toutes formes d’exploitation des femmes et des filles.  Ils ont insisté sur l’accès de ces dernières à la santé, laquelle ne saurait en aucun cas se focaliser sur l’avortement.  Ils ont donc dit se dissocier de tous les paragraphes soumis au vote et ont rappelé leur retrait de l’OMS.  Nous nous dissocions donc aussi de toute mention à cette Organisation, ont-ils ajouté.

La Hongrie s’est, quant à elle, dissociée de toutes les mentions au Pacte de Marrakech sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.  L’amélioration de la situation des migrants passe par celle des conditions de vie dans leur pays d’origine, a tranché la Hongrie.

Rappelant son opposition aux paragraphes soumis au vote, le Soudan a souligné que sa position ne remet absolument pas en question son appui aux résolutions dans leur ensemble. 

La Fédération de Russie s’est dissociée de toutes les références à la Cour pénale internationale (CPI) et au Statut de Rome auquel elle n’est plus partie.  Nous nous en sommes retirés en 2007 quand la Cour a montré qu’elle n’avait rien d’une autorité indépendante.

L’Algérie a réitéré ses réserves sur le Pacte de Marrakech sur les migrations sûres, ordonnées et régulières car ce document ne fait pas de distinction claire entre migrants légaux et illégaux.  La résolution sur la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles n’établit pas de procédures pratiques pour affronter la question des migrations illégales.  L’Algérie a attiré l’attention sur les particularités de chaque État, s’agissant des migrations.  Il faut, a-t-elle tranché, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun de ces États.  L’Algérie a insisté sur l’importance d’un « partage équitable » du fardeau des migrations et mis en garde contre la tentation de se servir de ces questions pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États.

Le Brésil a estimé que répondre aux besoins nés d’une catastrophe naturelle est « le devoir » de la communauté internationale, en particulier dans le cadre de la pandémie de COVID-19.  Toutefois, a confié le Brésil, ne nous pouvons que nous dissocier des mentions au Pacte de Marrakech.  Les questions et les cadres migratoires relèvent de la souveraineté nationale, a-t-il martelé.

À leur tour, les Philippines se sont dissociées des références à la Cour pénale internationale (CPI).  Nous nous sommes retirées du Statut de Rome et nous ne reconnaissons plus la juridiction de la Cour, ont-elles précisé.

La Libye s’est, à son tour, dissociée des références à la santé sexuelle et procréative, motivant sa décision par l’absence d’un consensus international sur ces questions et sur le fait qu’elles sont contraires aux préceptes de l’islam.

Se dissociant des références au Pacte de Marrakech sur les migrations, le Chili a expliqué qu’il est en train de réexaminer ses lois migratoires qui formeront la base des mesures législatives propres à assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières.

En tant membre du Groupe des 77 et de la Chine, le Qatar s’est dit attaché au consensus sur la résolution relative à la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite des catastrophes naturelles.  Toutefois, a-t-il précisé, nous aborderons les questions liées à la santé sexuelle et procréative à la lumière de nos « spécificités » législatives, culturelles et religieuses.  Le Qatar a avancé les mêmes arguments s’agissant de la résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies, dont il s’est porté coauteur.  Il a appelé l’ONU à augmenter le financement de cette aide d’urgence.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sur recommandation de sa Quatrième Commission, l’Assemblée générale proclame 2021-2030 quatrième Décennie de l’élimination du colonialisme et entérine 35 textes de résolution

Soixante-quinzième session,
41e séance – après-midi
AG/12299

Sur recommandation de sa Quatrième Commission, l’Assemblée générale proclame 2021-2030 quatrième Décennie de l’élimination du colonialisme et entérine 35 textes de résolution

Sur recommandation de sa Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, l’Assemblée générale a, cet après-midi, proclamé la période 2021-2030 Quatrième Décennie de l’élimination du colonialisme.  Aux termes de ce texte, adopté par 150 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 21 abstentions, l’Assemblée générale prie les États Membres de coopérer avec le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et de l’adapter au besoin et d’en faire la base du plan d’action pour la quatrième Décennie. 

Comme lors des années précédentes, l’Assemblée générale a également fait siens 17 textes concernant chacun des territoires non autonomes qui figurent encore à son ordre du jour. 

Ces textes figuraient parmi les 36 résolutions et décisions soumises pour approbation par la Quatrième Commission à l’Assemblée générale, dont trois textes relatifs à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  L’une de ces résolutions, adoptée par 169 voix pour,  2  contre (États-Unis et Israël)  et 7  abstentions, exhorte les donateurs à continuer d’intensifier leurs efforts pour répondre aux besoins prévus de l’Office, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, ainsi qu’aux besoins dont il est fait état dans les récents appels de contributions et dans les plans relatifs à la bande de Gaza, tout comme dans les plans régionaux mis en place pour faire face à la situation des réfugiés de Palestine en République arabe syrienne.

 Par une autre résolution, adoptée par 162 voix  pour,  4  contre  (Canada, États-Unis, Îles Marshall et Israël)et  9 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il est essentiel que l’Office poursuive effectivement ses activités dans toutes ses zones d’opération.  Elle se dit profondément préoccupée par les tentatives visant à discréditer l’Office, qui a pourtant démontré ses capacités opérationnelles et continue de fournir efficacement une assistance humanitaire et une aide au développement, dans le respect des résolutions pertinentes et de son cadre réglementaire et « dans les circonstances les plus difficiles qui soient ». 

L’Assemblée générale a aussi exigé « une fois de plus », aujourd’hui, l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de peuplement israéliennes dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et le Golan syrien occupé, soulignant que cela est indispensable pour sauvegarder la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967.

Par une résolution entièrement consacrée à cette question et adoptée par 150 voix pour, 7 voix contre (États-Unis, Canada, Hongrie, Îles Marshall, Israël, Libéria et Nauru) et 17 abstentions, l’Assemblée générale demande à tous les États de ne pas reconnaître le maintien de la situation créée par des mesures illégales au regard du droit international, dont celles visant à faire avancer l’annexion du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et des autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967, et de ne pas prêter aide ou assistance en la matière.

En tout, ce sont quatre résolutions sur les pratiques israéliennes qui ont été entérinées cet après-midi par l’Assemblée générale, toutes à l’issue d’un vote.

Par un autre texte sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace, adopté sans vote, l’Assemblée générale a fait siennes les décisions et mesures que le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et son Sous-Comité juridique ont prises et a convenu que le Comité devrait, en 2021, examiner les questions de fond.

  L’Assemblée générale a aussi renouvelé, aujourd’hui, son appui au Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), en adoptant par consensus une résolution par laquelle elle engage les États Membres en mesure de le faire à verser des contributions volontaires au fonds général d’affectation spéciale créé par la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), ainsi qu’à faire des contributions en nature, à l’appui des travaux du Comité et de la diffusion de leurs résultats.

Parmi les autres résolutions adoptées par consensus, il faut citer des textes portant, entre autres, sur les missions politiques spéciales et l’information.   En la matière, l’Assemblée demande au Département de la communication globale (DCG) d’évaluer sa réponse à la pandémie de COVID-19, y compris ses incidences sur les activités génératrices de revenus, ainsi que son « état de préparation général pour répondre aux besoins de communication de l’Organisation pour toute urgence mondiale future qui pourrait survenir ».

L’Assemblée prie également le DCG d’élaborer « à titre prioritaire une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières ».

RAPPORTS DE LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION (QUATRIÈME COMMISSION): ADOPTION DES RÉSOLUTIONS ET DÉCISIONS

Effets des rayonnements ionisants A/75/409

Aux termes de la résolution relative aux Effets des rayonnements ionisants, adoptée sans vote, l’Assemblée générale félicite le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants de sa précieuse contribution à l’action menée pour faire mieux connaître et comprendre les niveaux, les effets et les dangers de l’exposition aux rayonnements ionisants.  Elle se félicite également des dispositions prises par le Comité pour donner suite à son évaluation de 2013 sur les niveaux d’irradiation et les effets connexes résultant de l’accident nucléaire survenu après le grand séisme et le tsunami qui ont frappé l’est du Japon en 2011.  L’Assemblée note les trois nouvelles évaluations portant sur les seconds cancers primitifs après radiothérapie, les études épidémiologiques sur les rayonnements et le cancer et l’exposition humaine aux rayonnements ionisants provenant de sources naturelles et artificielles.

Par cette résolution, l’Assemblée générale attend avec intérêt que le Comité présente les évaluations des mécanismes biologiques présentant un intérêt pour l’inférence des risques de cancer liés à de faibles doses de rayonnement, et les évaluations de l’exposition, notamment médicale et professionnelle, des personnes aux rayonnements ionisants.  Elle engage les États Membres en mesure de le faire à verser des contributions volontaires au Fonds général d’affectation spéciale créé par la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement, ainsi qu’à faire des contributions en nature, à l’appui des travaux du Comité et de la diffusion de leurs résultats.

Coopération internationale pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique A/75/410

Aux termes de la résolution intitulée « Continuité des travaux du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique et de ses organes subsidiaires », adoptée sans vote, l’Assemblée générale fait siennes les décisions et mesures que le Comité et son Sous-Comité juridique ont prises et convient que le Comité devra, en 2021, examiner les questions de fond.  Le Comité convoquera le groupe de travail recommandé par lui et organisera des consultations intersessions en tenant compte des préoccupations de tous les pays, en particulier celles des pays en développement.

Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient A/75/411

En adoptant la résolution I relative à l’Aide aux réfugiés de Palestine, par 169 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 7 abstentions (Cameroun, Canada, Îles Marshall, Kiribati, Madagascar, Nauru et Palaos), l’Assemblée générale souligne la nécessité de poursuivre l’œuvre de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ainsi que l’importance de ses opérations, lesquelles doivent être menées sans entrave, et de ses services, y compris l’aide d’urgence, au regard du bien-être, de la protection et du développement humain des réfugiés de Palestine et de la stabilité de la région, en attendant le règlement équitable de la question des réfugiés de Palestine.  Elle exhorte tous les donateurs à continuer d’intensifier leurs efforts afin de répondre aux besoins prévus de l’Office, notamment ceux qui résultent de l’augmentation des dépenses ou qui découlent des conflits et de l’instabilité dans la région et de la gravité de la situation socioéconomique et humanitaire, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, ainsi qu’aux besoins dont il est fait état dans les récents appels de contributions et dans les plans relatifs à la bande de Gaza aux fins des secours d’urgence, du relèvement et de la reconstruction, tout comme dans les plans régionaux mis en place pour faire face à la situation des réfugiés de Palestine en République arabe syrienne ainsi que de ceux qui ont fui dans d’autres pays de la région.  L’Assemblée générale rend également hommage à l’Office pour l’aide vitale qu’il fournit aux réfugiés de Palestine et le rôle qu’il joue dans la stabilisation de la région, ainsi qu’au personnel.

Par la résolution II sur les Opérations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, adoptée par 162 voix pour, 4 voix contre (Canada, États-Unis, Îles Marshall et Israël) et 9 abstentions (Australie, Cameroun, Guatemala, Honduras, Îles Salomon, Kiribati, Malawi, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Serbie), l’Assemblée générale réaffirme qu’il est essentiel que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient poursuive effectivement ses activités dans toutes ses zones d’opération.  Elle lance un appel pressant à tous les gouvernements, ainsi qu’aux organisations et aux particuliers, pour qu’ils versent de généreuses contributions, à l’Office et aux autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales intéressées et se dirait profondément préoccupée par les tentatives visant à discréditer l’Office, qui a pourtant démontré ses capacités opérationnelles et qui continue de fournir efficacement une assistance humanitaire et une aide au développement et de s’acquitter de façon cohérente de son mandat, dans le respect des résolutions pertinentes et de son cadre réglementaire, dans les circonstances les plus difficiles qui soient.

L’Assemblée générale se félicite de la stratégie à moyen terme sur six ans de l’Office pour la période 2016-2021 et des efforts que le Commissaire général continue de faire pour accroître la transparence budgétaire et l’efficacité de l’Office, comme en témoigne le projet de budget-programme de celui-ci pour 2021.  Elle rend hommage à l’Office, qui poursuit énergiquement son entreprise de réforme interne malgré les difficultés rencontrées sur le plan opérationnel.  Elle engage les États et les organisations à maintenir leurs contributions volontaires, en particulier au budget-programme de l’Office, et, si possible, à les augmenter.

L’Assemblée engage en outre les États et les organisations qui ne contribuent pas actuellement à l’Office à envisager de toute urgence de faire des contributions volontaires à la suite des appels lancés par le Secrétaire général pour élargir la base de donateurs de l’Office afin de stabiliser son financement et de veiller à mieux répartir les charges financières en vue de soutenir ses opérations, conformément à la responsabilité permanente de l’ensemble de la communauté internationale d’aider les réfugiés de Palestine.  Elle demande aux donateurs de verser rapidement des contributions volontaires annuelles, d’affecter moins de crédits à des fins particulières et d’envisager un financement pluriannuel de l’Office.  Elle leur demande aussi d’assurer rapidement le financement intégral des programmes de secours d’urgence, de relèvement et de reconstruction énoncés dans les appels et les plans d’intervention de l’Office.

Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale demande instamment au Gouvernement israélien de rembourser rapidement l’Office de tous les frais de transit et des autres pertes financières occasionnés par les retards et les restrictions à la liberté de circulation et d’accès imposés par Israël.  Elle lui demande en particulier de cesser d’entraver la circulation et l’accès du personnel, des véhicules et des fournitures de l’Office et d’arrêter de prélever des taxes, des droits supplémentaires et des redevances, ce qui nuit aux activités de l’Office.  De plus, l’Assemblée demande de nouveau à Israël de lever entièrement les restrictions entravant ou retardant l’importation des matériaux de construction et des fournitures nécessaires pour la reconstruction et la réparation des logements de réfugiés encore endommagés, voire détruits, et pour l’exécution des projets d’infrastructure civile en suspens qui font cruellement défaut dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza.

Aux termes de la résolution III relative aux Biens appartenant à des réfugiés de Palestine et produit de ces biens, adoptée par 160 voix pour, 5 voix contre (Canada, États-Unis, Îles Marshall, Nauru et Israël) et 12 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme que les réfugiés de Palestine ont droit à la jouissance de leurs biens et du produit de ces biens, conformément aux principes d’équité et de justice.  Elle demande une fois de plus à Israël de fournir au Secrétaire général toutes facilités et formes d’assistance pour l’application de la présente résolution.  De plus, l’Assemblée générale demande à l’ensemble des parties intéressées de communiquer au Secrétaire général tous les renseignements pertinents dont elles disposent au sujet des biens et des avoirs des Arabes et de leurs droits de propriété en Israël, qui aideraient celui-ci à appliquer la présente résolution.  Elle engage instamment les parties palestinienne et israélienne à examiner, ainsi qu’elles en ont décidé, l’importante question des biens des réfugiés de Palestine et du produit de ces biens, dans le cadre des négociations de paix liées au statut final.

Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés A/75/412

Par la résolution I portant sur les Travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, adoptée par 76 voix pour, 14 voix contre et 83 abstentions, l’Assemblée générale exige une nouvelle fois qu’Israël, Puissance occupante, collabore avec le Comité spécial dans l’exécution de son mandat, conformément aux obligations que lui impose sa qualité d’État Membre de l’Organisation des Nations Unies, et déplore l’absence persistante de coopération à cet égard.

Elle déplore en outre les politiques et les pratiques d’Israël qui portent atteinte aux droits humains du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, comme il est indiqué dans le rapport du Comité spécial sur la période considérée.  L’Assemblée générale  se déclare gravement préoccupée par la situation de crise créée dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, par les pratiques et mesures israéliennes illégales, condamne en particulier toutes les implantations israéliennes et la construction du mur, le blocus de la bande de Gaza ainsi que l’usage excessif et aveugle de la force et les opérations militaires contre la population civile, les actes de violence commis par des colons, les provocations et les incitations entourant les Lieux saints, la destruction et la confiscation de biens, le déplacement forcé de civils, la détention et l’emprisonnement de milliers de civils et toutes les sanctions collectives contre la population civile palestinienne, et demande la cessation immédiate de ces agissements.

Par ce texte, l’Assemblée générale prie aussi le Secrétaire général de mettre à la disposition du Comité spécial tous les moyens nécessaires pour lui permettre d’enquêter sur les politiques et les pratiques israéliennes visées par la présente résolution, y compris ceux dont il aura besoin pour se rendre dans les territoires occupés; d’user de ses bons offices pour épauler le Comité spécial et l’aider à s’acquitter de son mandat; et de continuer de demander au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme d’aider le Comité spécial à accomplir ses tâches.

En adoptant la résolution II sur Les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, par 150 voix pour, 7 voix contre (Canada, États-Unis, Hongrie, Israël, Îles Marshall, Libéria et Nauru) et 17 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme que les implantations israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé sont illégales et constituent un obstacle à la paix et au développement économique et social.  Elle exige d’Israël une fois de plus l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de peuplement israéliennes dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, et demande à cet égard l’application intégrale de toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur la question.

Elle demande de nouveau que soient évités tous les actes de violence, de destruction, de harcèlement et de provocation de la part de colons israéliens, en particulier contre des civils palestiniens et contre leurs biens, y compris les sites historiques et religieux et notamment à Jérusalem-Est occupée, et leurs terres agricoles et que les colons israéliens ayant commis des actes illégaux dans le Territoire palestinien occupé aient à en répondre.

L’Assemblée générale demande aussi à tous les États, conformément aux obligations que leur imposent le droit international et les résolutions sur la question, de ne pas reconnaître le maintien de la situation créée par des mesures qui sont illégales au regard du droit international, dont celles visant à faire avancer l’annexion du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et des autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967, et de ne pas prêter aide ou assistance en la matière.

En adoptant la résolution III sur les Pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, par 147 voix pour, 10 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Guatemala, Hongrie, Îles Marshall, Israël, Libéria, Nauru et Papouasie-Nouvelle-Guinée) et 16 abstentions, l’Assemblée générale affirme de nouveau que toutes les mesures et décisions prises par Israël, Puissance occupante, dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en violation des dispositions applicables de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, sont illégales et n’ont aucune validité.  Elle exige d’Israël, Puissance occupante, qu’il renonce à l’ensemble des mesures contraires au droit international ainsi qu’aux lois, politiques et actes discriminatoires dans le Territoire palestinien occupé qui ont pour effet de violer les droits humains du peuple palestinien, à savoir tuer ou blesser des civils, les détenir ou les emprisonner arbitrairement, les déplacer de force, notamment chercher à transférer de force des familles bédouines, ainsi que détruire ou confisquer leurs biens, en particulier démolir les habitations, notamment en guise de châtiment collectif, en violation du droit international humanitaire, et entraver de quelque manière que ce soit l’acheminement de l’assistance humanitaire, et qu’il respecte scrupuleusement le droit des droits de l’homme et s’acquitte de ses obligations juridiques à cet égard, y compris celles découlant des résolutions des organes de l’Organisation des Nations Unies sur la question.  L’Assemblée générale demande que des mesures urgentes soient prises pour assurer la sûreté et la protection des civils palestiniens du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, conformément aux dispositions pertinentes du droit international humanitaire et comme l’a exigé le Conseil de sécurité dans sa résolution 904 (1994) du 18 mars 1994. 

L’Assemblée générale exige en outre d’Israël, Puissance occupante, qu’il mette fin à toutes ses activités d’implantation, à la construction du mur et à toute autre mesure visant à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et son pourtour, qui ont toutes des conséquences graves et préjudiciables, entre autres pour les droits humains du peuple palestinien et pour la perspective de mettre fin le plus tôt possible à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 et de parvenir à un accord de paix juste, durable et global entre les parties israélienne et palestinienne. 

L’Assemblée générale condamne tous les actes de violence, y compris les actes de terrorisme, et toutes les provocations, incitations et destructions, notamment tout emploi de la force par les forces d’occupation israéliennes contre des civils palestiniens en violation du droit international, en particulier dans la bande de Gaza, y compris contre les journalistes, le personnel médical et les agents humanitaires, lesquels ont fait un nombre considérable de morts et de blessés, dont des femmes et des enfants.  Elle condamne également tous les actes de violence commis par des militants ou des groupes armés, notamment les tirs de roquette dirigés contre des zones civiles israéliennes, qui font des morts et des blessés.

L’Assemblée générale demande à Israël de mettre un terme aux bouclages prolongés et aux autres restrictions à l’activité économique et à la liberté de circulation, y compris celles qui correspondent de fait à un blocus de la bande de Gaza et engage instamment les États Membres à continuer d’apporter une aide d’urgence au peuple palestinien pour remédier à la crise financière et à la situation socioéconomique et humanitaire catastrophique, notamment dans la bande de Gaza.  Elle insiste sur la nécessité de préserver et de développer les institutions et les infrastructures palestiniennes aux fins de la prestation de services publics essentiels à la population civile palestinienne et de la promotion des droits humains, y compris les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, et demande instamment à cet égard l’application de l’accord signé au Caire le 12 octobre 2017, ce qui constituerait un pas important vers l’unité palestinienne et conduirait, y compris dans la bande de Gaza, au fonctionnement effectif, sous l’autorité du Président Mahmoud Abbas, du Gouvernement palestinien, conformément aux engagements pris par l’Organisation de libération de la Palestine et aux principes arrêtés par le Quatuor.

En adoptant la résolution IV sur le Golan syrien occupé, par 151 voix pour, 3 voix contre (Israël, États-Unis et Libéria) et 20 abstentions, l’Assemblée générale demande à Israël, Puissance occupante, de se conformer aux résolutions concernant le Golan syrien occupé, en particulier la résolution 497 (1981).  Elle demande également à Israël de renoncer à modifier le caractère physique, la composition démographique, la structure institutionnelle et le statut juridique du Golan syrien occupé et en particulier de renoncer à y établir des implantations.  Par ailleurs, l’Assemblée générale considère que toutes les mesures et décisions législatives et administratives qui ont été prises ou seront prises par Israël, Puissance occupante, pour modifier le caractère et le statut juridique du Golan syrien occupé sont nulles et non avenues, constituent une violation flagrante du droit international et de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, et n’ont aucun effet juridique.  Elle demande à Israël de renoncer à imposer aux citoyens syriens du Golan syrien occupé la nationalité israélienne et des cartes d’identité israéliennes, et de renoncer à ses mesures de répression à l’égard de la population de ce territoire.

Déclaration après le vote

Le Brésil a pris la parole après l’adoption des résolutions sur l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient A/75/412, en soulignant que la III fait mention des lieux saints de Jérusalem, notamment du mont du Temple (Haram el-Charif). Le Brésil, qui a soutenu cette résolution, pense que le libellé de toute résolution future devrait refléter l’importance de ce lieu pour les trois grandes religions monothéistes.  Le choix du libellé pourra avoir des répercussions sur le vote du Brésil sur une future résolution.

Étude d’ensemble des missions politiques spéciales A/75/414

En adoptant la résolution sur l’Étude d’ensemble des missions politiques spéciales, sans vote, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert à toutes les parties intéressées sur les questions de politique générale relatives aux missions politiques spéciales et invite le Secrétariat à se rapprocher des États Membres avant la tenue de ce dialogue afin que la participation y soit large et fructueuse.  L’Assemblée respecte le cadre des mandats confiés aux missions politiques spéciales, tels que définis dans les résolutions respectives pertinentes, constate la spécificité de chacun d’entre eux et souligne le rôle qu’elle-même joue dans les débats tenus sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales.  Elle reconnaît qu’il importe d’établir une coordination, une cohérence et une coopération solides entre elle-même, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix et, à cet égard, note que le Conseil compte solliciter régulièrement les conseils spécialisés, stratégiques et ciblés de la Commission, suivant la pratique récemment établie, les examiner et s’en inspirer, y compris pour ce qui est d’avoir une vision à long terme propice à la pérennisation de la paix lors de la création, de l’examen ou de la réduction du mandat d’une opération de maintien de la paix ou d’une mission politique spéciale.

Questions relatives à l’information A/75/415

Aux termes de la résolution A portant sur l’information au service de l’humanité, adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande instamment que tous les pays, les organismes des Nations Unies dans leur ensemble et tous les autres acteurs intéressés coopèrent et agissent de manière concertée afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement, de manière à leur permettre, ainsi qu’à leurs médias publics, privés ou autres, d’élaborer librement et indépendamment leurs propres politiques d’information et de communication et de faire participer davantage les médias et les particuliers au processus de communication, et à assurer la libre circulation de l’information à tous les niveaux.

En outre, l’Assemblée demande instamment que les pays, les organismes des Nations Unies dans leur ensemble et tous les autres acteurs intéressés fassent en sorte que les journalistes puissent travailler librement et efficacement, et renforcent l’action régionale et la coopération entre pays en développement ainsi que la coopération entre pays développés et pays en développement en vue d’améliorer leur capacité de communication, l’infrastructure de leurs médias et leurs techniques de communication.

Aux termes de la résolution B relative aux Politiques et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière de communication globale, adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande au Département de la communication globale (DCG) d’accorder une attention particulière à la promotion d’une croissance économique soutenue et d’un développement durable, au maintien de la paix et de la sécurité internationales, au développement de l’Afrique, à la promotion des droits de l’homme, à l’égalité des genres, aux changements climatiques et à l’environnement, à l’efficacité de la coordination des opérations d’assistance humanitaire, à la défense du multilatéralisme, au désarmement, à la promotion de la justice et du droit international, au désarmement, à la lutte contre les informations erronées et la désinformation, ainsi qu’au contrôle des drogues, à la prévention du crime et à la lutte contre le terrorisme international.

L’Assemblée prie le DCG de poursuivre l’évaluation de ses produits et activités en vue d’en accroître l’efficacité, et de continuer à coopérer et à coordonner ses activités avec les États Membres.  Elle salue sa stratégie de communication globale de 2020 élaborée, qui a non seulement pour objet d’informer la population de l’état du monde et de la manière dont l’ONU s’emploie à le rendre meilleur, mais aussi de motiver les gens et de leur donner les moyens d’agir.  Elle se félicite de la couverture par le Département des mesures, actions et déclarations du Secrétaire général liées à la crise de la COVID-19 et appelle à intensifier la coopération avec le système des Nations Unies afin de diffuser plus efficacement les connaissances scientifiques, les meilleures pratiques et les informations concernant, entre autres, les nouveaux diagnostics, les médicaments, les futurs vaccins contre la COVID-19, ainsi qu’à promouvoir le principe « Un monde, une santé » en vue de prévenir et de combattre les risques d’émergence et de transmission de zoonoses et de pandémies telles que la COVID-19.

Par cette résolution, l’Assemblée demande instamment au DCG d’appuyer, les efforts que déploient le système des Nations Unies, ainsi que les équipes de pays des Nations Unies, pour mettre en évidence les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les enfants, les femmes et les filles.  Elle prend note avec satisfaction des efforts entrepris par le Département pour assurer la continuité de ses activités pendant la pandémie de COVID-19, et lui demande d’évaluer sa réponse à la pandémie, y compris ses incidences sur les activités génératrices de revenus, ainsi que son état de préparation général pour répondre aux besoins de communication de l’Organisation pour toute urgence mondiale future qui pourrait survenir.

L’Assemblée encourage le Département de la communication globale et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à poursuivre leur collaboration dans les domaines de la promotion de la culture, de l’éducation, de la communication et du multilinguisme, notamment grâce à l’éducation multilingue, comme moyens de parvenir au développement durable en utilisant les ressources disponibles, en vue de combler le fossé qui sépare actuellement les pays développés des pays en développement.

L’Assemblée demande de nouveau au DCG et aux services auteurs du Secrétariat de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans les six langues officielles, dans le respect de l’environnement et sans que cela ait d’incidences financières, et de continuer à agir en étroite coordination avec les autres entités, y compris tous les autres départements du Secrétariat et les fonds et programmes des Nations Unies, afin d’éviter, chacun pour ce qui concerne son mandat, les doubles emplois lors de la parution des publications des Nations Unies.  Elle engage, à cet égard, le DCG et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences du Secrétariat à mettre au point de nouveaux arrangements de collaboration permettant de promouvoir le multilinguisme dans d’autres produits, sans que cela ait d’incidences financières, étant donné qu’il importe de faire en sorte que toutes les langues officielles de l’Organisation soient utilisées et traitées sur un pied d’égalité, et à présenter à ce sujet un rapport au Comité de l’information à sa quarante-troisième session.

L’Assemblée se déclare inquiète de constater que, « contrairement à la demande formulée dans ses résolutions antérieures et au principe de l’égalité des six langues officielles », les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles.  Elle rappelle le rapport pertinent du Secrétaire général sur les activités du DCG et prie ce dernier d’élaborer « à titre prioritaire une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières », conformément à ses résolutions pertinentes, qui sera prête au plus tard pour la quarante-troisième session du Comité de l’information, et de faire rapport à ce dernier à ce sujet à cette même session.

L’Assemblée encourage aussi le DCG à continuer de promouvoir la diffusion d’informations objectives et impartiales au sujet de l’action de l’Organisation, et l’exhorte à appuyer les efforts déployés par le système des Nations Unies pour éliminer toutes les formes de haine, d’intolérance et de discrimination, notamment en raison de la religion ou des convictions, ainsi que le harcèlement, le racisme, les discours de haine, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, en particulier dans le cadre des crises mondiales provoquées par des pandémies telles que la COVID-19.

Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale encourage le DCG à poursuivre ses efforts pour mettre en œuvre des politiques multilingues pendant la pandémie de COVID-19 et demande au Secrétariat de rétablir la diffusion d’informations dans les six langues officielles au sujet des activités et des décisions des principaux organes de l’Organisation et de ses organes subsidiaires, y compris les résolutions relatives à la COVID-19, tant que les limites à la tenue de grandes réunions en présentiel imposées en raison de la pandémie de COVID-19 persistent.  Elle appuie et encourage l’utilisation continue par le DCG, en plus des langues officielles, du bengali, de l’hindi, de l’ourdou, du persan, du portugais, du swahili et des 106 langues en usage dans les centres d’information des Nations Unies, afin d’atteindre un public aussi large que possible et de diffuser le message de l’Organisation dans le monde entier.

L’Assemblée souligne qu’il importe de rationaliser le réseau de centres d’information des Nations Unies et, à cet égard, prie le Secrétaire général de continuer à faire des propositions dans ce sens, notamment en redéployant des ressources, si nécessaire, et de rendre compte au Comité de l’information à ses futures sessions.

S’agissant des services d’information, l’Assemblée apprécie les mesures prises par le DCG pour inclure et regrouper des informations et des contenus multimédias sur le portail en ligne coordonné et centralisé ONU Info, qui propose des contenus aux formats classique ou numérique dans les six langues officielles et en hindi, portugais et swahili, et, à cet égard, prie le Secrétariat de continuer d’appuyer ces efforts.

Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies A/75/416

En adoptant la résolution I relative aux Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e) de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, par 175 voix pour, 2 voix contre (États Unis et Israël) et 3 abstentions (France, Royaume-Uni et Libéria), l’Assemblée générale réaffirme qu’en l’absence d’une décision prise par elle-même établissant qu’un territoire non autonome s’administre complètement lui-même au sens du Chapitre XI de la Charte des Nations Unies, la puissance administrante concernée doit continuer de communiquer des renseignements au sujet de ce territoire en vertu de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte.  Elle prie les puissances administrantes concernées de respecter les obligations qui leur incombent aux termes de cet alinéa pour ce qui est de chaque territoire figurant à l’ordre du jour du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Elle les prie en outre de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général, à titre d’information, sous réserve des exigences de la sécurité et de considérations d’ordre constitutionnel, des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question, portant notamment sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la puissance administrante, dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires.

Activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes A/75/417

Aux termes de la résolution II qui porte sur les Activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes, adoptée par 174 voix pour, 3 voix contre (États Unis et Israël et Libéria) et 3 abstentions (France, République Centrafricaine et Royaume-Uni), l’Assemblée générale réaffirme le droit des peuples des territoires non autonomes à l’autodétermination conformément à la Charte des Nations Unies et à sa résolution 1514 (XV).  Elle réaffirme également qu’il incombe aux puissances administrantes, en vertu de la Charte, d’assurer le progrès politique, économique et social ainsi que le développement de l’instruction dans les territoires non autonomes, et réaffirme les droits légitimes des peuples de ces territoires sur leurs ressources naturelles. 

L’Assemblée générale demande de nouveau à tous les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait de prendre des mesures législatives, administratives ou autres à l’égard de ceux de leurs ressortissants et des personnes morales relevant de leur juridiction qui possèdent ou exploitent dans les territoires non autonomes des entreprises préjudiciables aux intérêts des habitants de ces territoires, afin de mettre fin aux activités de ces entreprises.  Par ailleurs, elle demande aux puissances administrantes de veiller à ce que l’exploitation des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires non autonomes qu’elles administrent n’enfreigne pas les résolutions de l’Organisation sur la question et n’aille pas à l’encontre des intérêts des peuples de ces territoires.

L’Assemblée générale exhorte de nouveau les puissances administrantes concernées à prendre des mesures efficaces pour sauvegarder et garantir le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles et celui de rester maîtres de la mise en valeur future de ces ressources, et demande aux puissances administrantes de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits de propriété des peuples de ces territoires, conformément aux résolutions de l’Organisation relatives à la décolonisation.  Elle demande également aux puissances administrantes concernées d’apporter toute l’assistance nécessaire aux habitants des territoires non autonomes touchés par les ouragans, phénomènes naturels et autres phénomènes météorologiques extrêmes, afin de répondre aux besoins humanitaires des populations sinistrées, d’appuyer les efforts de relèvement et de reconstruction, et de renforcer les capacités en matière de préparation aux situations d’urgence et de réduction des risques.

Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies A/75/418

En adoptant la résolution III sur l’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies, par 126 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 50 abstentions, l’Assemblée générale engage les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies qui ne l’ont pas encore fait à fournir une aide aux territoires non autonomes dès que possible.  Elle les prie, ainsi que les organisations régionales, de s’employer, dans le cadre de leurs mandats respectifs, à renforcer le soutien déjà apporté aux territoires non encore autonomes et à élaborer des programmes d’assistance propres à y accélérer les progrès dans les secteurs économique et social.

L’Assemblée générale prie en outre les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies intéressés de fournir des informations sur les problèmes environnementaux auxquels se heurtent les territoires non autonomes; les effets qu’ont sur ces territoires les catastrophes naturelles, telles que les ouragans et les éruptions volcaniques, et d’autres problèmes environnementaux, tels que l’érosion des plages et des côtes et la sécheresse; les moyens d’aider ces territoires à lutter contre le trafic de stupéfiants, le blanchiment d’argent et d’autres activités illégales et criminelles et l’exploitation illégale des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires et la nécessité d’utiliser ces ressources au profit de la population de ces territoires.  L’Assemblée générale recommande en outre que les chefs de secrétariat des institutions spécialisées et des autres organismes des Nations Unies élaborent, avec la coopération active des organisations régionales concernées, des propositions concrètes en vue de l’application intégrale des résolutions de l’Organisation sur la question et soumettent ces propositions à leurs organes directeurs et délibérants.

Dispositifs offerts par les États Membres aux habitants des territoires non autonomes en matière d’études et de formation A/75/419

Aux termes de la résolution sur les Dispositifs offerts par les États Membres aux habitants des territoires non autonomes en matière d’études et de formation, adoptée sans vote, l’Assemblée générale invite tous les États à offrir ou à continuer d’offrir aux habitants des territoires qui n’ont pas encore accédé à l’autonomie ou à l’indépendance des aides généreuses pour leurs études et leur formation et, chaque fois que possible, à contribuer au financement des voyages que devront faire les futurs étudiants.  Elle prie instamment les puissances administrantes de prendre des mesures efficaces pour que l’information concernant les moyens d’étude et de formation offerts par des États soit diffusée largement et régulièrement dans les territoires qu’elles administrent et d’accorder toutes les facilités nécessaires aux étudiants qui voudraient se prévaloir de ces offres.

Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux A/75/420

Par la résolution I relative à la Question du Sahara occidental , adoptée sans vote, l’Assemblée générale appuie le processus de négociation lancé par la résolution 1754 (2007) du Conseil de sécurité et soutenu par les résolutions du Conseil 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016), 2351 (2017) 2414 (2018), 2440 (2018), 2468 (2019) et 2494 (2019) en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et loue les efforts déployés à cet égard par le Secrétaire général et son envoyé personnel pour le Sahara occidental. 

Elle se félicite de ce que les parties se soient engagées à continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin d’entrer, de bonne foi et sans conditions préalables, dans une phase de négociation plus intensive, en prenant note des efforts consentis et des faits nouveaux survenus depuis 2006, assurant ainsi l’application des résolutions du Conseil de sécurité 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016), 2351 (2017), 2414 (2018), 2440 (2018), 2468 (2019) et 2494 (2019) et le succès des négociations.

Ce rapport comprend également une série de 14 textes (résolutions IV à XV) relatifs à 14 territoires non autonomes tous adoptés sans vote.  Ces textes portent sur les questions des Samoa américaines; Anguilla; les Bermudes; les Îles Vierges britanniques; les Îles Caïmanes; la Polynésie française; Guam; Montserrat; la Nouvelle-Calédonie; Pitcairn; Sainte-Hélène; les Tokélaou; les Îles Turques et Caïques; les Îles Vierges américaines.

En adoptant la résolution XVI sur la Diffusion d’informations sur la décolonisation, par 173 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 2 abstentions (France et Togo), l’Assemblée générale approuve les activités exécutées par le Département de la communication globale et par le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix du Secrétariat dans le domaine de la diffusion d’informations sur la décolonisation.  Elle prie le Département de la communication globale de continuer de mettre à jour les informations affichées sur le site Web concernant les programmes d’aide destinés aux territoires non autonomes.  L’Assemblée générale prie en outre le Département de la communication globale et le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix d’appliquer les recommandations du Comité spécial et de continuer à prendre les mesures voulues en utilisant tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision, Internet et médias sociaux– pour faire connaître l’action de l’Organisation dans le domaine de la décolonisation.

Aux termes de la résolution XVII qui porte sur l’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, adoptée par 132 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 45 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme une fois de plus que l’existence du colonialisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, y compris l’exploitation économique, est contraire à la Charte des Nations Unies, à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et à la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Elle réaffirme en outre sa volonté de continuer de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour que le colonialisme soit éliminé complètement et rapidement et que tous les États observent scrupuleusement les dispositions applicables de la Charte, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

L’Assemblée générale déclare de nouveau qu’elle soutient les aspirations des peuples soumis à la domination coloniale qui souhaitent faire valoir leur droit à l’autodétermination, y compris l’indépendance, conformément aux résolutions de l’Organisation des Nations Unies relatives à la décolonisation.  Elle demande aux puissances administrantes de chaque territoire inscrit à l’ordre du jour du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux d’apporter leur plein appui aux travaux du Comité spécial et de participer officiellement à ses sessions et séminaires.  Elle leur demande en outre de collaborer sans réserve avec le Comité spécial pour achever aussi rapidement que possible l’élaboration d’un programme de travail constructif répondant au cas particulier de chaque territoire non autonome et visant à faciliter l’exécution du mandat du Comité et l’application des résolutions relatives à la décolonisation, notamment celles portant sur des territoires déterminés.

En adoptant la résolution XVIII qui porte sur la Quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, par 150 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 21 abstentions, l’Assemblée générale proclame la période 2021-2030 quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  Elle prie les États Membres de redoubler d’efforts pour continuer d’appliquer le Plan d’action pour la deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme et de coopérer avec le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux pour le mettre à jour selon qu’il conviendra et en faire la base du plan d’action pour la quatrième Décennie.  L’Assemblée générale demande en outre aux puissances administrantes de coopérer pleinement avec le Comité spécial pour formuler un programme de travail constructif, au cas par cas, pour les territoires non autonomes, afin de faciliter l’exécution du mandat du Comité et l’application des résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies sur la décolonisation, y compris les résolutions concernant des territoires particuliers.

En adoptant la décision relative à la Question de Gibraltar sans vote, l’Assemblée générale demande instamment aux Gouvernements de l’Espagne et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord d’apporter, dans le prolongement de la Déclaration de Bruxelles du 27 novembre 1984, une solution définitive à la question de Gibraltar, compte tenu des résolutions de l’Assemblée générale sur la question et des principes applicables et dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tout en tenant compte des intérêts et des aspirations de Gibraltar, qui sont considérés comme légitimes au regard du droit international.

Elle note que le Royaume-Uni souhaitait conserver le Forum tripartite de dialogue et que l’Espagne considère que le Forum tripartite de dialogue n’existe plus et qu’il doit être remplacé par un nouveau mécanisme de coopération locale au sein duquel les habitants du Campo de Gibraltar et de Gibraltar sont représentés.  L’Assemblée générale se félicite des efforts déployés par toutes les parties pour résoudre les problèmes et avancer dans un esprit de confiance et de solidarité, en vue de trouver des solutions communes et de progresser sur les questions d’intérêt mutuel afin de parvenir à une relation fondée sur le dialogue et la coopération.

Projet de programme de travail et de calendrier de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) pour la soixante-seizième session de l’Assemblée générale A/75/422

En adoptant cette résolution, l’Assemblée générale adopte le Projet de programme de travail et de calendrier de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) pour la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, sans vote.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC pourvoit à des postes vacants dans neuf de ses organes subsidiaires

Session de 2021,
3e séance plénière – après-midi
ECOSOC/7030

L’ECOSOC pourvoit à des postes vacants dans neuf de ses organes subsidiaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est brièvement réuni cet après-midi dans la salle de l’Assemblée générale, afin de procéder à l’élection des membres dans 9 de ses 31 organes subsidiaires.

La Zambie a ainsi été élue à la Commission de la population et du développement pour un mandat commençant à la date de l’élection et expirant à la clôture de la cinquante-septième session de la Commission en 2024.  Pour leur part, l’Australie, le Danemark et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ont été élus à la même Commission pour un mandat de quatre ans, à partir de la première réunion de la cinquante-cinquième session en 2021 et expirant à la clôture de la cinquante-huitième session de la Commission en 2025.

Djibouti et la Finlande ont été ensuite plébiscités pour faire partie de la Commission du développement social pour une période de quatre ans qui commencera à la première réunion de la soixantième session en 2021 et expirera à la clôture de la soixante-troisième session de la Commission en 2025.

La Macédoine du Nord fera partie de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale pour un mandat commençant à la date de l’élection et expirant le 31 décembre 2021.  Le Groupe des États d’Afrique a entériné les candidatures du Cameroun, du Maroc et de la Namibie qui sont des élus à la même Commission pour trois ans à partir du 1er janvier 2021.

La Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD) aura comme nouveau membre le Cameroun qui y siègera pendant quatre ans à partir du 1er janvier 2021.

En outre, l’ECOSOC a recommandé que l’Allemagne soit élue par l’Assemblée générale au Comité du programme et de la coordination (CPC) pour un mandat de trois ans qui prend effet le 1er janvier 2021.

Le Cameroun fera également partie du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication dès le 1er janvier 2021, et ce, pendant les trois prochaines années.  Le Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (CCP) accueillera le même pays (Cameroun) pour un mandat de trois ans à partir du 1er janvier 2021.

La Norvège sera membre du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat de deux ans commençant le 1er janvier 2021.

Enfin, le Maroc a été élu à la Commission de la condition de la femme pour un mandat de quatre ans qui commencera à la première réunion de la soixante-sixième session en 2021.

La prochaine réunion de l’ECOSOC sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte à « une écrasante majorité » la résolution sur la situation en Afghanistan

Soixante-quinzième session,
40e séance plénière – matin
AG/12298

L’Assemblée générale adopte à « une écrasante majorité » la résolution sur la situation en Afghanistan

L’Assemblée, qui a adopté aujourd’hui par 130 voix pour, l’opposition de la Fédération de Russie et les abstentions du Bélarus, de la Chine et du Pakistan, la résolution sur la situation en Afghanistan, a réaffirmé le « partenariat de longue date » qui existe entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale, renouvelé par le Cadre de partenariat pour l’Afghanistan qui a été adopté à la Conférence de Genève, les 23 et 24 novembre 2020.  Il s’agit, a souligné l’Assemblée générale, de renforcer davantage la prise en main et la direction des affaires nationales par les Afghans.  Le Canada a tout de même regretté que « pour la troisième année consécutive », l’Assemblée soit passée au vote. 

Dans la résolution de 68 paragraphes de fond, présentée par l’Allemagne, facilitatrice des négociations, l’Assemblée générale se félicite d’une conférence qui a offert aux partenaires l’occasion de montrer aux deux parties aux négociations de paix en cours, à savoir le Gouvernement afghan et les Taliban, que si la nature du futur règlement politique est une décision qui appartient au peuple afghan, le résultat desdites négociations, qui doit assurer la protection des droits de tous les Afghans, y compris ceux des femmes, des jeunes et des minorités, « déterminera » l’avenir de l’aide et du soutien de la communauté internationale.  

L’Assemblée se félicite en effet de l’ouverture des négociations de paix sur l’Afghanistan à Doha, le 12 septembre 2020, ainsi que des progrès accomplis à ce jour, en particulier l’accord sur les règles de procédure conclu, le 2 décembre, entre les parties.  Elle les engage « vivement » à mettre en œuvre des mesures de confiance et à réduire la violence.  Elle les encourage à faire preuve de persévérance et de volonté, et à parvenir à un cessez-le-feu permanent et global et à un règlement politique inclusif, le but étant un Afghanistan souverain, unifié et démocratique qui soit sur la voie de la prospérité et de l’autosuffisance dans l’intérêt de tous les Afghans.  

Aujourd’hui, l’Afghanistan a salué une résolution qui « fait écho » aux espoirs et aux aspirations de son peuple.  Il a aussi relevé que le texte pointe les menaces à la sécurité et exprime la profonde préoccupation de l’Assemblée générale face à la menace posée par le terrorisme.  La résolution rappelle que les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi qu’Al-Qaida, Daech et leurs affiliés, en particulier Daech-province du Khorassan, d’autres groupes terroristes et des combattants terroristes étrangers sont responsables de la grande majorité des victimes civiles.  Le texte souligne que les Comités des sanctions du Conseil de sécurité doivent continuer d’étudier les liens entre les produits de la criminalité organisée, notamment la production et le trafic illicites de drogues, et le financement de tous ces groupes, y compris les Taliban. 

Il sera difficile, a prévenu le Pakistan, de progresser dans les négociations de paix si une partie continue d’être traitée de « terroriste ».  Il semble que cette résolution ait été rédigée en « pilotage automatique », ont commenté les États-Unis, en vantant les mérites de l’accord qu’ils ont signé le 29 février dernier avec les Taliban et en dénonçant le fait que le texte ne fasse même pas de distinction entre ces derniers et Daech.  La résolution, s’est défendu l’Afghanistan, « se base sur les faits ».  Nous voulons que toutes les parties afghanes participent et adhèrent à la paix « mais si ce n’est pas encore le cas », a-t-il asséné, jugeant « décevant » que certaines délégations pensent autrement.   

L’Union européenne a, à son tour, reproché aux Taliban de continuer à perpétrer un nombre « inacceptable » d’attaques, malgré leur engagement dans les pourparlers de paix.  La légitimité de tout pouvoir en Afghanistan commence par le respect de la vie humaine, a-t-elle rappelé.  Les responsables de ces actes de violence « horribles » contre les civils ne sauraient devenir les dirigeants de l’Afghanistan de demain, ni les partenaires de la communauté internationale, a prévenu l’Union européenne. 

Ce « mépris » pour les États de la région a été vivement dénoncé par la Fédération de Russie et la Chine.  Certains, s’est expliquée la première, essaient d’imposer un point de vue « qui n’a rien à voir avec la réalité ».  Nous nous employons, a-t-elle affirmé, à faire en sorte que toutes les forces politiques afghanes « sans exclusion » et tous les acteurs extérieurs agissent sur « une plateforme unique et sur des règles unifiées ».  C’est exactement ce que fait la troïka Fédération de Russie, Chine et États-Unis, plus le Pakistan pour promouvoir le processus de paix, a-t-elle souligné.  

L’Assemblée générale, a estimé la Fédération de Russie, aurait pu parvenir à un consensus avec d’autres méthodes de travail que celles choisies par l’Allemagne qui devrait d’ailleurs « renoncer à son rôle de facilitateur ».  Ce que nous rejetons, a précisé la Fédération de Russie, ce sont les méthodes de travail utilisées mais certainement pas l’idée d’un processus de paix inclusif dirigé par les Afghans eux-mêmes.   L’Allemagne s’est félicitée de la majorité « écrasante » des 130 pays qui ont voté en faveur de la résolution, y voyant « un message fort au peuple afghan ».  L’Assemblée, a confirmé son Président, a manifesté son soutien à l’Afghanistan mais nous devons désormais traduire ce soutien en actes concrets car beaucoup de défis restent à relever, notamment celui de l’insécurité. 

L’Assemblée générale tiendra une autre réunion en personne demain 11 décembre à partir de 10 heures pour examiner les questions liées à l’aide humanitaire fournie par le système des Nations Unies.  

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (A/75/378)

Déclaration liminaire

M. VOLKAN BOZKIR, Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, a souligné que, pendant 40 ans, cette Assemblée s’est penchée sur la situation en Afghanistan, en se concentrant sur la paix, la stabilité, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et le développement.  Cette année, s’est réjoui le Président, nous avons vu des progrès vers la paix et la réconciliation politique. 

Il a salué l’optimisme grandissant quant à un règlement négocié.  Il s’est dit encouragé par la volonté commune des parties de parvenir à un règlement pacifique.  Le Président a insisté sur le fait que la paix et la sécurité en Afghanistan sont intrinsèquement liées au développement.  Elles sont interdépendantes, a-t-il martelé, en se disant heureux de l’appui substantiel de la communauté internationale à une assistance à long terme à l’Afghanistan, lors de la Conférence de Genève cette année. 

Le Président a aussi chaleureusement salué les efforts de la Mission des Nations Unies, avant d’ajouter qu’impliquer les femmes et les autres groupes vulnérables dans les efforts de paix est une « condition sine qua non » d’une vraie paix et d’un développement inclusif.  Il a noté la participation accrue des femmes dans les secteurs public et privé et relevé la création d’un comité technique pour examiner la loi de 2009 sur l’élimination de la violence à l’encontre des femmes. 

Nous ne pouvons pas, a conclu le Président, décevoir le peuple afghan.  La violence, la menace terroriste, l’instabilité et les victimes civils peuvent faire dérailler des négociations sur la paix et la réconcliation menées et contrôlées par les Afghans eux-mêmes.  Or, c’est la seule voie vers une paix et une stabilité durables.  Les défis supplémentaires comme la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques menacent aussi les progrès en Afghanistan.  Nous devons en tenir compte pour ne pas compromettre les progrès réalisés jusqu’ici, a insisté le Président.

Présentation du projet de résolution

Le texte sur « la situation en Afghanistan » (A/75/L.45) a été présenté par l’Allemagne qui a déclaré que 2020 est une année unique dans le pays qui a vécu le début des négociations de paix, en septembre dernier.  L’Allemagne a rappelé la Déclaration commune des États-Unis et des Taliban, la libération des prisonniers, la promesse des bailleurs de fonds de débloquer une somme de 30  milliards de dollars.  Cette année exceptionnelle touche à sa fin avec l’accord des parties de commencer les négociations de fond.  Ces développements, a souligné l’Allemagne, interviennent dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et la flambée de violences et des attentats, de ces derniers mois.  Il faut, a-t-elle martelé, un cessez-le-feu complet et global pour que le processus de paix réussisse. 

La résolution, a expliqué l’Allemagne, aborde toutes ces questions, y compris celle des droits de l’homme qui joue un rôle essentiel.  Le texte a été actualisé après des heures passées à écouter toutes les délégations, en particulier celle de l’Afghanistan.  La résolution insiste sur le soutien de tous à un processus mené et dirigé par les Afghans eux-mêmes.  Elle compte plus de 60 coauteurs dont 27  coauteurs originaux, a indiqué l’Allemagne qui fait part des efforts de rationalisation.  Le projet faisait auparavant 17 pages « difficiles » à comprendre en première lecture.  Cette année, le texte est résolument tourné vers l’avenir, a affirmé l’Allemagne, qui a plaidé pour une résolution bisannuelle pour donner le temps de réfléchir à l’essentiel et d’élaborer un texte « plus stratégique ». 

Déclarations

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a salué un projet de résolution qui reflète les priorités, les progrès, les défis, les engagements mutuels ainsi que les efforts conjoints visant à l’édification d’un pays stable et prospère.  Le texte, a-t-elle souligné, fait écho aux espoirs et aux aspirations du peuple afghan à une paix tant attendue.  Le texte, a-t-elle affirmé, est appuyés « à l’unanimité ».  Il appelle à un cessez-le-feu permanent et global pour mettre fin au conflit; à élargir les acquis des deux décennies écoulées; à mettre la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale d’un Afghanistan démocratique au centre de l’action. 

Le projet de résolution fait également une synthèse des réalisations communes depuis 19 ans, grâce à l’appui des partenaires internationaux et régionaux et à l’investissement dans le « nouvel Afghanistan ».  Il salue les efforts et les progrès dans les réformes politiques, économiques, de gouvernance et sociales.  Il reconnaît l’urgence et les besoins de la population et l’importance de réduire la pauvreté.  Il consolide « notre approche commune » de fournir des services sociaux de base, de stimuler la croissance économique, de créer des opportunités d’emploi et d’accroître le revenu national. 

Le texte, a poursuivi la représentante, met l’accent sur la nécessité de continuer à promouvoir et protéger tous les droits de l’homme et libertés fondamentales, l’état de droit et les processus démocratique, qui sont les priorités « majeures » du Gouvernement.  Il accueille avec satisfaction la promotion d’un processus de paix dirigé par et pour les Afghans, notamment la participation pleine et entière des femmes et des jeunes.  Le texte met en outre l’accent sur le rôle de la coopération régionale dans la promotion, à long terme, de la stabilité, de la paix, de la sécurité, de la prospérité et du développement durable, tout comme il insiste sur les efforts des partenaires internationaux et des pays voisins, a précisé Mme Raz. 

Elle a ensuite mis en exergue la vision de l’Afghanistan pour se transformer en un réseau régional de connectivité qu’il s’agisse du transport, de l’énergie, de l’industrie et du numérique.  La représentante a mis l’accent sur l’importance du rôle et de la contribution des pays voisins, des partenaires et des organisations régionales dans la réalisation de cette vision.  Elle a aussi relevé que le projet de résolution pointe les menaces à la sécurité et exprime la profonde préoccupation face à celle posée par le terrorisme, tant en Afghanistan que dans la région du fait de la présence d’Al-Qaida, de Daech et autres organisations terroristes internationales et leurs affiliés. 

L’Afghanistan, a souligné la représentante, n’a pas baissé la garde ni réduit ses efforts pour contrecarrer les attaques menées par les Taliban et autres groupes terroristes.  Les « courageuses » Forces nationales de défense et de sécurité ont poursuivi leurs efforts « inlassables » contre ces groupes qui font montre d’une absence « ignoble » d’humanité et continuent à cibler les populations et les infrastructures civiles en totale violation des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

La représentante a aussi relevé que le projet de résolution reconnaît la grave menace et les dégâts causés par la culture de l’opium et la production et le trafic de méthamphétamines.  Dans ce contexte, a-t-elle promis, le Gouvernement afghan est un « partenaire engagé » mais pour que la lutte soit plus efficace, il faut pleinement reconnaître les corrélations entre le narcotrafic et le terrorisme.  Les revenus du trafic de drogue permettent aux groupes terroristes de financer leurs opérations. 

Le Gouvernement afghan s’attache donc à cibler, saisir, démanteler et détruire les stocks et les laboratoires illicites.  Mme Raz a appelé à une intensification du partenariat régional et international pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de ce commerce illégal, aux « refuges financiers » à la consommation et la demande de drogue, au trafic des précurseurs chimiques et aux engins explosifs improvisés. 

Le projet de résolution, a-t-elle poursuivi, accueille avec satisfaction les récents pourparlers de paix à Doha.  Les équipes de négociateurs de l’Afghanistan et des Taliban sont parvenus à un accord « sans précédent » sur les règles et procédures des négociations de paix.  Les deux équipes poursuivent actuellement leurs discussions, s’est réjouie la représentante.  

De son côté, le Haut-Conseil pour la réconciliation nationale a tenu sa première réunion et mis l’accent sur l’unité des acteurs politiques en vue d’un règlement final.  Mme  Raz a toutefois déploré la persistance de la violence, principal obstacle à la paix.  Elle a souligné que les attaques contre les établissements scolaires et l’Université de Kaboul montrent que, sans la réduction de la violence et un cessez-le-feu durable, la population continuera à vivre dans la même peur que ces quatre dernières décennies. 

Le cessez-le-feu et l’arrêt des hostilités sont donc en tête des priorités du Gouvernement pour ouvrir la voie à des pourparlers de paix, a indiqué la représentante.  Elle a également rappelé la Conférence de Genève, au mois de novembre, qui a renouvelé le partenariat entre la communauté internationale, le peuple et le Gouvernement afghans.  Le Communiqué appuyé par 66 pays et 32 organisations internationales reflète fidèlement les priorités du pays. 

Nous avons participé à cette Conférence, a confié la représentante, consciente de la nécessité d’adopter les normes les plus élevées d’établissement des responsabilités, de transparence et d’efficacité reflétées dans le nouveau « Cadre de partenariat pour l’Afghanistan ».  Le projet de résolution, a-t-elle conclu, est la « manifestation de l’appui de tous les États Membres aux priorités de l’Afghanistan » et la solidarité sera vitale pour négocier « ce carrefour critique ». 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a déclaré que l’Afghanistan entrevoit une opportunité historique pour la paix et la stabilité après des décennies d’immenses souffrances humaines.  Il a décrit le début des négociations intra-afghanes le 12 septembre comme «  un pas encourageant vers une vraie réconciliation ».  Seul un processus de paix mené par les Afghans eux-mêmes peut conduire à une paix durable  », a-t-il souligné. 

Rappelant l’engagement pris par l’Union européenne, à la Conférence de Genève, les 23 et 24 novembre derniers, le représentant a souligné l’importance de l’inclusion des femmes et des minorités religieuses et ethniques dans le processus politique.  La résolution reflète d’ailleurs « ce consensus », a estimé le représentant.  Il a condamné les violences et leur intensification sur certains aspects, depuis l’Accord de Doha et le début des négociations, et plaidé pour un cessez-le-feu qui démontre « la sincérité » des parties aux pourparlers de paix. Un Afghanistan instable menace et déstabilise ses voisins et la région entière, a martelé le représentant qui a prôné « la vigilance » afin d’éviter que les organisations terroristes n’utilisent plus le territoire afghan pour lancer des attaques dans le pays et ailleurs.  Le trafic de drogue et la traite des êtres humains doivent cesser, a-t-il ajouté. 

Le représentant a reproché aux Taliban de continuer à perpétrer un nombre « inacceptable » d’attaques, malgré leur engagement dans les pourparlers de paix. La légitimité de tout pouvoir en Afghanistan commence par le respect de la vie humaine, a-t-il rappelé.  Les responsables de ces actes de violence « horribles » contre les civils ne sauraient devenir les dirigeants de l’Afghanistan de demain, ni les partenaires de la communauté internationale, a prévenu le représentant. 

Il a confirmé que la communauté internationale est prête à soutenir les négociations intra-afghanes conformément à la résolution 2513 du Conseil de sécurité, mais que ce soutien « a des conditions » et dépend de l’engagement « véritable » des parties dans les négociations.  L’Union européenne et les membres du Conseil de sécurité y voient une « condition préalable » à leur action. Une paix durable ne peut se fonder sur l’impunité des responsables de violations flagrantes des droits de l’homme, a encore prévenu le représentant. 

Mme RAZIYE BILGE KOCYIGIT GRBA (Turquie) a qualifié la résolution de « texte important », en ce qu’il met en évidence les progrès, tout en orientant les efforts futurs et en énonçant les responsabilités de l’Afghanistan et de la communauté internationale.  Elle a relevé que l’Afghanistan traverse une phase cruciale qui devrait conduire à un accord de paix global, mettre fin à l’effusion de sang et permettre la sauvegarde des droits humains de tous les Afghans, y compris les femmes et les enfants, ainsi que le respect de l’état de droit.  Les avancées des deux dernières décennies en Afghanistan doivent être consolidées, a souligné la déléguée, avant de préciser que cela nécessite une approche globale qui aborde la sécurité, le développement et des pistes politiques en même temps. 

Nous aimerions tous voir la paix en Afghanistan, mais la paix gagnée au prix des progrès réalisés jusqu’ici « n’en n’est pas une ».  La représentante a jugé essentiel de soutenir « patiemment » les pourparlers de paix, en particulier sur des questions majeures telles que la feuille de route politique et le cessez-le-feu qui devraient être des questions plus difficiles. 

Une réduction significative de la violence est nécessaire pour créer un environnement propice aux pourparlers dont le succès dépend, a souligné la représentante, de la participation de tous les Afghans, y compris les femmes.  De même, un développement économique sain est vital pour les efforts de paix.  C’est pourquoi, a indiqué la représentante, la Turquie vient d’annoncer une aide de 75 millions de dollars en faveur de l’Afghanistan pour les deux prochaines années.  Elle a vanté les mérites des mécanismes régionaux tels que le Processus d’Istanbul-Cœur d’Asie, qui jouit d’une vaste adhésion et d’un vaste domaine d’expertise.  Ce Processus, a-t-elle estimé, doit servir de « parapluie » à ce moment critique.  Il doit pouvoir appuyer la stabilisation après le rétablissement de la paix. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a appelé toutes les parties afghanes à saisir cette occasion pour parvenir à un règlement politique durable et inclusif.  Les deux parties doivent mener les négociations de bonne foi pour arrêter l’effusion de sang.  Le représentant s’est dit préoccupé par le nombre « inacceptable » des victimes du conflit, y compris parmi des femmes et des enfants.  Il a appelé à réduire le niveau de violence et à observer un cessez-le-feu global et permanent pour faciliter les progrès dans les négociations de paix.  L’Australie, a insisté le représentant, milite pour la promotion des femmes, en tant qu’agents du changement et encourage leur participation et leur leadership complets, égaux et significatifs dans les processus de paix, de stabilisation et de prise de décisions. 

Le représentant a rappelé que son pays s’est engagé a versé une somme de 200 millions de dollars australiens entre 2021 et 2024.  Ce soutien financier est conditionné, a-t-il prévenu, à l’engagement de l’Afghanistan en faveur de la démocratie, de l’état de droit, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes et de ses obligations internationales.  Nous attendons, a ajouté le représentant, un engagement « ferme » de tous les Afghans à lutter contre la corruption.  Les perspectives de paix offrent une occasion de transformer le pays, et les prochains mois sont essentiels pour fixer le cap des années à venir, a encore déclaré le représentant. 

M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a prévenu que le processus de paix et la poursuite des violences ne sauraient aller de pair.  Il est donc important de parvenir à un cessez-le-feu.  Depuis 2003, a-t-il rappelé, l’Inde a investi pas moins de 3 milliards de dollars en Afghanistan et l’un des projets phares est la construction d’un barrage qui permettra de fournir de l’eau potable aux deux millions d’habitants de Kaboul. 

Pour faciliter les échanges de marchandises entre les deux pays, un projet de corridor aérien a permis à ce jour de faciliter pas moins de 1 000 liaisons aériennes entre les deux pays.  Le délégué a également invité la communauté internationale à établir des facilités de transit afin d’ouvrir à l’Afghanistan un accès à la mer. 

Le processus de paix doit être mené et dirigé par les Afghans eux-mêmes, et les solutions doivent être d’eux, a martelé le représentant, qui a insisté sur l’intégrité territoriale de l’Afghanistan pour faire en sorte que le territoire ne soit pas utilisé par les groupes terroristes pour menacer ou mener des attaques contre d’autres pays.  Il faut aussi que tous les États se gardent de soutenir ces groupes terroristes, et ceux qui le font doivent être tenus responsables de leurs actes, a encore martelé le représentant. 

M. SHANQUIN YAO (Chine) a salué le lancement des pourparlers intra-afghans, en parlant d’une fenêtre d’opportunités qui s’ouvre pour le règlement pacifique de la crise en Afghanistan.  Il a plaidé pour un processus de négociation mené et dirigé par les Afghans, avertissant qu’aucune force extérieure ne doit exploiter ces efforts pour servir ses intérêts.  Le représentant a réclamé le retrait ordonné des forces étrangères dont les actes criminels doivent faire l’objet d’enquêtes et de poursuites judiciaires.  

La communauté internationale, a poursuivi le représentant, doit fournir un appui financier et technique aux Forces de défense et de sécurité afghanes, notamment pour la lutte contre les stupéfiants, le terrorisme et autres menaces.  La Chine, a souligné le représentant, apporte d’ailleurs un appui bilatéral et elle sait qu’il ne peut avoir d’amélioration durable en Afghanistan sans une amélioration de la situation socioéconomique.  La Chine y contribue par le biais de son initiative « une Ceinture, une Route  ».  Elle a également envoyé des experts médicaux pour épauler l’Afghanistan dans ses efforts contre la COVID-19.  

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que l’Afghanistan a besoin de la communauté internationale pour avancer vers la paix et a salué, dans ce contexte, le rôle de la MANUA.  Rappelant que son pays est facilitateur des négociations intra-afghanes, la représentante a préconisé aux parties de faire preuve de «  sagesse et de responsabilité ».  Elle a salué le rôle des « pays amis », en particulier les États-Unis pour leurs négociations avec les Taliban.  Elle s’est félicitée des résultats « impressionnants », engrangés jusqu’ici, dont les négociations entreprises en septembre dernier pour en finir avec les violences.  Ces négociations suivaient celles du mois de juillet auxquelles avaient participé des membres de la société civile et des femmes afghanes.  La représentante s’est félicitée de ce que l’accord conclu entre les États-Unis et les Taliban ait ouvert la voie à la médiation du Qatar qui a abouti à l’échange de prisonniers.  Elle a insisté pour que les prochaines négociations soient marquées par « l’inclusivité » dont la participation des femmes et des minorités.   

M. MOHAMED AL HASSAN (Oman) a déclaré que l’Afghanistan est connu pour la bravoure de son peuple et sa contribution à la civilisation humaine.  Saluant les efforts régionaux et internationaux qui ont abouti notamment à un accord sur les règles de procédure des négociations de paix et de réconciliation, le représentant a dit attendre avec impatience la fin des souffrances en Afghanistan.  Ce pays, a-t-il martelé, mérite notre soutien et notre solidarité, et cette solidarité vient d’ailleurs de se manifester à la Conférence de Genève, s’est réjoui le représentant.  Il a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à réévaluer les sanctions imposées à l’Afghanistan.  Restaurer la stabilité et la sécurité n’est pas une sinécure, mais nous sommes certains que le peuple et les dirigeants afghans arriveront à un consensus pour créer un État civil caractérisé par la paix, la sécurité et la réconciliation, a prédit le représentant, en demandant tout de même aux autorités afghanes d’assumer leur responsabilité.  

Mme KRISTIN EMILY JANSON (Canada) a déploré le fait que, pour la troisième année consécutive, la résolution annuelle sur l’Afghanistan ne soit pas adoptée par consensus.  Elle s’est dite préoccupée par les victimes civiles et a salué « le courage » du Gouvernement afghan qui s’est engagé « de bonne foi » dans les négociations avec les Taliban.  Elle a rappelé que la résolution insiste sur la préservation des acquis de ces 19  dernières années, notamment en matière de promotion des droits des femmes et des enfants.  Elle a rappelé que la résolution plaide également pour l’élimination de toutes les formes de violence sexistes et sexuelles.  Elle s’est enfin félicitée des efforts pour parvenir à un consensus international sur l’Afghanistan. 

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est félicitée de l’annonce de l’accord que les équipes de négociations ont conclu à Doha sur les règles de procédure des négociations de paix.  Profitant de cet élan, elle a demandé aux parties de mettre fin à une violence « inacceptable » et de répondre à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial.  À son tour, la représentante a insisté sur la participation des femmes à tous les processus de prise de décisions.  Intégrer l’Afghanistan dans l’économie régionale constituera également un apport majeur pour la paix et la prospérité, a-t-elle ajouté, en parlant d’un Afghanistan soucieux de la démocratie et des droits de l’homme.  La représentante a conclu en appelant à une lutte renforcée contre les organisations terroristes. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a dit qu’un Afghanistan stable est indispensable à la paix et à la sécurité dans la région.  Le conflit dans ce pays ne sera résolu que par l’implication de toutes les parties afghanes, a indiqué le représentant qui s’est dit heureux du consensus international.  Le début des négociations à Doha, a-t-il poursuivi, a fait naître l’espoir d’un règlement politique complet.  Il revient aux dirigeants afghans de saisir cette « opportunité historique » et de parvenir à une solution sans ingérence étrangère, a souligné le délégué.  L’accord de Doha montre la volonté des Afghans de négocier et le Pakistan soutiendra ces négociations, a encore promis le délégué pour qui la communauté internationale doit respecter la volonté du peuple afghan. 

En dépit de nombreux problèmes, il a espéré que toutes les parties afghanes poursuivront leurs efforts.  Il a aussi appuyé les efforts pour empêcher les groupes terroristes de se servir du territoire afghan.  La coopération entre l’Afghanistan et le Pakistan, a-t-il conclu, a gagné en intensité.  Il fait état de visites des dignitaires, de l’échanges de renseignements et du don de matériels médicaux pour la lutte contre la COVID-19. 

M. DAVID KINNA (Royaume-Uni) a estimé qu’il y a encore beaucoup à faire en Afghanistan et que la voie vers la paix sera difficile car il faudra des compromis de la part des parties.  Pour le délégué, il n’y a pas d’alternative aux pourparlers de paix qui offrent la possibilité de mettre fin à des décennies de bain de sang.  Une paix significative signifierait que les terroristes ne pourront plus utiliser le pays pour attaquer les Afghans et la communauté internationale, a—t-il relevé.  En tant que coprésident du Groupe des Amis des femmes afghanes, le Royaume-Uni, a dit son représentant, insiste sur la place de ces dernières dans le processus de paix dont la voix doit se faire entendre à tous les niveaux.  Le principal obstacle à la paix est la violence qui doit cesser, a martelé le représentant qui a expliqué que ces violences coûtent des vies innocentes tout en frustrant les protagonistes des pourparlers de paix. 

De même qu’il a reconnu que le processus de paix doit être dirigé par les Afghans eux-mêmes, le délégué a aussi rappelé que la communauté internationale se doit de soutenir le pays, y compris dans la lutte contre la COVID-19.  Pour sa part, le Royaume-Uni a annoncé une aide de 200 millions de dollars pour le développement de l’Afghanistan en 2021, ainsi qu’une somme de 93 millions de dollars pour le soutien aux Forces de défense et de sécurité afghanes, l’année prochaine. 

Mme KARTIKA HANDARUNINGRUM (Indonésie) a pris note des derniers développements, se félicitant de l’intégration des femmes dans les efforts de paix mais déplorant l’augmentation du nombre des victimes civiles qui minent la confiance de la population dans le processus de paix.  La représentante a condamné les attaques terroristes et déclaré qu’une paix durable en Afghanistan, c’est la paix et la stabilité dans toute la région.  Elle a appelé toutes les parties au respect du cessez-le-feu demandé par le Secrétaire général et a rappelé l’appel de sa Ministre des affaires étrangères au dialogue.  Une participation inclusive, dont celle des femmes, est indispensable à la réussite du processus, a insisté la représentante, plaidant aussi pour la participation de toutes les religions et minorités.  Elle a, en conclusion, cité Albert Camus : « la paix est la seule bataille qui vaille la peine d’être menée ». 

Mme ATIQA MD AKIM (Malaisie) a réaffirmé son soutien aux efforts du Gouvernement afghan en faveur du processus de paix et de réconciliation en cours.  Un processus inclusif mené par les Afghans est la seule voie menant au règlement du conflit, a souligné la représentante. 

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a souligné que la Conférence de Genève est un jalon de plus dans le règlement de la situation en Afghanistan.  Elle a mentionné un incident contre une équipe de son pays qui mettait en œuvre des projets éducatifs en Afghanistan et qui a été ciblée dans un attentat à Kandahar.  Il faut renouveler les efforts dans la lutte contre le terrorisme, a martelé la représentante, avant d’annoncer que son pays a formé 20 000 imams en Afghanistan et rejoint le Groupe des Amis de l’Afghanistan, en solidarité avec les victimes du terrorisme.  Depuis 2003, les Émirats arabes unis participent aussi à la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) et a versé une somme d’1,7 milliard de dollars pour les efforts de secours, de développement et d’aide humanitaire.  D’autre part, les Émirats arabes unis ont consacré la somme de 27 millions de dollars aux opérations de déminage entre 2011 et 2013, ce qui a permis de nettoyer plus de 60 000 champs de mines.  Le pays travaille également avec ONU-Femmes et a rejoint le Groupe des Amis des femmes afghanes et son partenariat avec la société civile.  La représentante a encouragé les pays qui accueillent les Afghans à veiller à ne pas les immiscer dans les conflits régionaux. 

Favorable à la résolution, M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a jugé que ce texte cherche à envoyer « un message fort » sur la primauté du processus de paix pour une stabilité et une paix durables en Afghanistan.  Le représentant s’est félicité de l’appel de l’Assemblée générale en faveur de la préservation de la Constitution afghane, a salué l’approche holistique du Gouvernement afghan et invité les Taliban à cesser leurs attaques et à s’engager véritablement dans le processus de paix.  L’Iran, a affirmé le représentant, est prêt à jouer un rôle plus actif pour contribuer au succès des négociations.  Il a conseillé aux parties « souplesse et patience ». 

Le représentant a fermement condamné les attaques dont celles de Daech qui transfère ses combattants de la Syrie vers l’Afghanistan.  Il a aussi condamné le fait que « certains pays occidentaux » refusent d’inclure dans la résolution un paragraphe contre les agissements de Daech en Afghanistan.  Il a appelé à un désengagement progressif des forces étrangères et à une lutte renforcée contre la production illicite de stupéfiants.  Alors que l’Iran accueille des millions de réfugiés afghans, le représentant a indiqué que quelque 4 000  membres de Forces armées iraniennes ont perdu la vie dans les opérations de lutte contre les organisations terroristes.  L’Iran, a-t-il conclu, continue de promouvoir la coopération économique, le développement du port de Chahabar étant une des priorités. 

Explications de vote sur la résolution A/75/L.45

Les États-Unis ont déclaré que les négociations avec les Taliban ont abouti à des engagements « significatifs » mais ils ont regretté que ce progrès ne soit pas reflété dans la résolution qui ne fait même pas la distinction entre les Taliban et Daech.  Les violences sont encore trop présentes en Afghanistan et notre évaluation de la situation sur le terrain n’est pas « en pilotage automatique », ont souligné les États-Unis.  L’accord avec les Taliban prouve qu’ils sont prêts à travailler avec le Gouvernement afghan des questions « douloureuses »  et il faut, ont insisté les États-Unis reconnaître ce progrès. Ils ont par ailleurs rappelé qu’en raison de leur retrait de l’Accord de Paris sur le climat, les références aux changements climatiques ne sauraient les engager. 

Dans une motion d’ordre, l’Afghanistan a regretté l’impossibilité de parvenir au consensus sur le projet de résolution.  La représentante de l’Afghanistan a dit soutenir fermement les paragraphes 8 et 42 sur l’implication des Taliban dans la violence et le trafic de stupéfiants parce qu’ils sont basés sur les faits.  Il est vrai, a-t-elle reconnu, que les Taliban se sont engagés en faveur d’un règlement politique et qu’ils continuent de participer aux négociations.  Nous tenons à les incorporer dans le processus de paix, avec toutes les parties afghanes mais ils doivent, a prévenu la représentante, renoncer à leur alliance avec Al-Qaida.  Nous voulons que toutes les parties afghanes participent et adhèrent à la paix mais si ce n’est pas encore le cas, a asséné la représentante. 

Elle a qualifié la résolution de texte « équilibré et sans équivoque » contre les groupes terroristes en Afghanistan.  La demande d’une mise aux voix, a-t-elle souligné, n’enlève rien à la volonté de tous les États Membres de parvenir à la paix en Afghanistan.  « Je me présente devant vous en tant que représentante d’un État souverain et démocratique, des femmes afghanes, des minorités et de toutes les communautés afghanes », a plaidé la représentante, en saluant une résolution qui est « la meilleure pour le peuple afghan ».  « Je suis déçue que d’autres délégations pensent autrement.  »

À son tour, la Fédération de Russie a déploré le «  mépris » des facilitateurs de la résolution pour les États de la région et la tentative de certains d’imposer un point de vue « qui n’a rien à voir avec la réalité ». Certains essaient de nier l’évidence et de nous faire croire que Daech n’est plus en Afghanistan et que le problème des stupéfiants n’existe plus, alors que les attaques terroristes se multiplient avec les risques de déstabilisation non seulement pour l’Afghanistan mais aussi pour les pays d’Asie centrale.  

La Fédération de Russie a vu dans le « blocage » du dernier rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), « une tentative de masquer l’ampleur réelle des problèmes ».  Elle a déploré « le manque d’intérêt » des facilitateurs pour les États impliqués et les organisations régionales.  Nous nous employons, a affirmé, la Fédération de Russie, à faire en sorte que toutes les forces politiques afghanes sans exclusion et tous les acteurs extérieurs agissent sur « une plateforme unique et sur des règles unifiées ». C’est exactement ce que fait la troïka Fédération de Russie, Chine et États-Unis, plus le Pakistan pour promouvoir le processus de paix. 

L’Assemblée générale, a estimé la Fédération de Russie, aurait pu parvenir à un consensus si les négociations de la résolution avaient été transparentes.  Les méthodes de travail choisies par la délégation allemande ne pouvaient pas souffrir de la moindre critique, la position de certains États a été ignorée, « de façon ostentatoire » et aujourd’hui la mise aux voix prouve que le texte n’a jamais bénéficié du consensus.  Dans ce contexte, a annoncé la Fédération de Russie, nous ne pouvons appuyer la résolution  et  l’Allemagne doit renoncer à son rôle de facilitateur.  Ce que nous rejetons, a précisé la Fédération de Russie, ce sont les méthodes de travail utilisées mais certainement pas l’idée de processus de paix inclusif dirigé par les Afghans eux-mêmes. 

À la lumière des faits nouveaux, a embrayé la Chine, nous avions fait des propositions et nous constatons que la résolution ne reflète pas complètement l’opinion de certains États.  Quoi d’étonnant puisque les négociations ont été interrompues prématurément pas les facilitateurs, a fait observer la Chine, en espérant qu’une telle situation ne se reproduira plus.  

L’Ouzbékistan a soutenu la résolution et demandé aux États de contribuer sincèrement à la poursuite des négociations de paix. 

Le Pakistan a prévenu qu’il sera difficile de progresser dans les négociations de paix si une partie continue d’être traitée de « terroriste ». C’est la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus sur le texte, a dit le Pakistan, estimant que l’on aurait pu éviter une mise aux voix si les facilitateurs s’étaient montrés « plus souples ».  

Droits de réponse

L’Allemagne a déclaré que contrairement aux allégations, le processus d’élaboration de la résolution ne s’est pas fait en « pilotage automatique ».  Bien au contraire, a-t-elle asséné, il y a bien eu des négociations.  Une bonne partie de la résolution mentionne bien Daech et ses actes néfastes en Afghanistan. L’Allemagne s’est félicitée de la majorité « écrasante » des 130 pays qui ont voté en faveur de la résolution, y voyant « un message fort envoyé au peuple afghan ». Elle a néanmoins déploré le fait que la Fédération de Russie ait voté contre et donc « laissé tomber le peuple afghan ». 

Nous soutenons le peuple afghan, a martelé la Fédération de Russie, mais nous nous opposons à la gestion « peu responsable » du dossier afghan à l’Assemblée générale. 

Déclaration de clôture 

Le peuple afghan mérite la paix et la prospérité, a insisté le Président de l’Assemblée générale.  Aujourd’hui, s’est-il réjoui, nous avons montré notre soutien à ce peuple afghan et nous devons désormais traduire ce soutien en actes concrets.  Beaucoup de défis restent à relever notamment celui de l’insécurité.  Mais un processus inclusif est la seule voie du succès, a estimé le Président qui a constaté qu’en adoptant la résolution, l’Assemblée générale souhaite poursuivre l’appui international au peuple afghan.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission parachève ses travaux par l’adoption de la résolution sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement

Soixante-quinzième session,
8e séance plénière – après-midi
AG/EF/3545

La Deuxième Commission parachève ses travaux par l’adoption de la résolution sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a achevé ses travaux, cet après-midi, en adoptant son projet de résolution phare sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement des Nations Unies.

Le Président de la Deuxième Commission, M. Amrit Bahadur Rai, a insisté dans son discours de clôture sur le caractère unique et inédit de cette session: le travail de la Commission a été affecté par la pandémie tant dans son contenu que dans ses méthodes de travail; elle a forcé les délégations à réduire l’ampleur des changements et des résultats espérés.

Malgré cette révision des ambitions à la baisse dues aux contingences sanitaires, la Deuxième Commission a adopté cette année 36 projets de texte –soit 11 de moins que l’an dernier- après 10 semaines de débats et d’intenses négociations.  Cela n’est pas forcément une régression: des voix s’étaient inquiétées, l’an dernier, du nombre de projets records examinés, et de la pertinence de plusieurs d’entre eux.

Pour cette session comparable à aucune autre, « nous avons concentré nos efforts sur la résolution relative à l’examen quadriennal et celle sur la « Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème “L’eau et le développement durable” (2018-2028) », a souligné le Président Rai.

 « Priorité de la Commission », la résolution du jour définit l’axe et les orientations des activités opérationnelles de développement pour les quatre prochaines années.  Des années « plus importantes que jamais », en raison du gigantesque impact économique et sanitaire de la pandémie.

Le Président avait bien insisté sur la nécessité impérieuse du compromis et du consensus autour du texte en début de séance.  Bien qu’il soit « loin d’être parfait », le texte est « une réalisation importante », qui fournira les orientations dont le système des Nations Unies pour le développement a tant besoin.

Des vœux non exaucés, la Fédération de Russie ayant rompu le consensus en demandant un vote sur l’ensemble du projet, après avoir proposé deux amendements, l’un et l’autre rejetés.  Derrière la promotion de l’action climatique évoquée dans le texte se cacherait selon la Russie « une lutte pour obtenir des marchés »; derrière la promotion de la sécurité, « une tentative d’ingérence pour obtenir des marchés intérieurs ».  Le projet a finalement été adopté par un vote unanime, moins l’abstention russe.

Une attitude vivement critiquée par le Groupe des 77 et de la Chine (G77), qui a déploré des « amendements de dernière minute ».  Accusation balayée par la Russie qui a rétorqué avoir émis des réserves dès le début des travaux.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a regretté le manque de cohésion, de même que le CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) qui s’est désolé du « consensus rompu ».  « Nous ne sommes pas soudés quant au fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement », a déploré l’AOSIS.

Beaucoup de délégations, comme le Mexique, ont néanmoins félicité l’équilibre et le pragmatisme du projet, pavant la route vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et un multilatéralisme renforcé.

Le texte, long de 27 pages, prévoit notamment la mise en place d’une stratégie de financement plus durable.  Le Royaume-Uni a insisté sur la nécessité de revoir le « pacte de financement » pour tenir compte de la réalité sur le terrain.  Les États-Unis ont salué le paragraphe sur le caractère volontaire du financement, tandis que le Japon a souligné le rôle essentiel des ressources volontaires pour répondre à des besoins spécifiques sur le terrain.  L’Union européenne (UE) a toutefois regretté que son paragraphe sur le pacte de financement n’ait pas été retenu.

Pour l’UE, le texte adopté n’est pas aussi clair et consensuel qu’espéré.  L’UE s’est indignée des tensions autour des libellés concernant les violences sexuelles et les droits humains, estimant que l’autonomisation de femmes et l’égalité des sexes devraient dorénavant se retrouver mentionnées dans tous les travaux de développement.

De son côté, Israël a soulevé le risque d’une politisation du texte à cause des termes « pays et peuples sous occupation étrangère » figurant au paragraphe 10 et a proposé un amendement pour les supprimer, mais sa proposition a été rejetée.

Mme Maria-Francesca Spatolisano, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a félicité les délégations pour l’adoption du projet du jour, « feuille de route du Programme 2030 » comme l’a souligné le Saint-Siège, dans un contexte mondial aggravé par la pandémie et l’augmentation de l’extrême pauvreté.  Elle a rappelé que les travaux avaient mis en évidence la crise mondiale de la dette et les questions de reconstruction.

Dans son intervention liminaire d’octobre dernier, au début des travaux de la Commission, le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, avait commenté les graves répercussions sur les pays en développement du ralentissement économique mondial entraîné par la pandémie, en particulier sur les pays dépendant des exportations, dans un contexte d’effondrement des marchés.  Reprenant les conclusions de l’économiste, le Président Rai a rappelé que de nombreux pays voient leur dette continuer à augmenter. 

Un contexte très inquiétant, qui a rendu le thème de cette session d’autant plus à propos: « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable ».  « Cela résume l’essence de notre travail cette année et, je le pense, le travail de notre Commission dans les années à venir. »

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Décision concernant le projet de résolution et les amendements proposés

Avant la présentation des projets d’amendements sur le projet de résolution à l’examen, la Fédération de Russie a pris la parole pour reconnaître « les efforts colossaux » consentis par les délégations tout au long des travaux.  La Russie a démontré sa volonté de parvenir à un compromis et de dégager un consensus, a assuré l’orateur pour qui, dans les circonstances actuelles, une des tâches prioritaires de la communauté internationale est d’afficher sa solidarité et sa cohésion, afin d’aider les pays dans le besoin et les citoyens ordinaires. 

La Russie a donc appelé à s’abstenir d’adopter des mesures unilatérales illégales en contournant le Conseil de sécurité.  Ces mesures nuisent directement, selon elle, à la capacité des États d’acheter des biens de première nécessité et des médicaments.

La Russie a aussi attiré l’attention sur le fait que les dérogations humanitaires ne fonctionnent pas et compliquent la lutte contre la pandémie.  Par ailleurs, la délégation a estimé que la résolution ne traite pas de manière équilibrée, ni réaliste, des thèmes des changements climatiques et de l’égalité entre les sexes.

Cependant, les arguments de la Russie n’ont pas été pris en compte, a déploré l’orateur, notamment concernant l’alinéa 10 du préambule, « qui peut être interprété dans sa forme actuelle comme encourageant le travail des enfants », ainsi que les paragraphes 29 b) et 30.

La Russie a souhaité profiter de cette intervention pour présenter son amendement, mais le Président de la Deuxième Commission a préféré s’en tenir au déroulé prévu de la séance.

Examen du projet de résolution A/C.2/75/L.61

Le projet de résolution intitulé « Examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies » (A/C.2/75/L.61) a été adopté par 167 voix pour, zéro voix contre et une abstention (Fédération de Russie).

Dans ce texte, il est dit que l’Assemblée veut faire de cet examen quadriennal l’outil principal pour conseiller le système des Nations Unies pour le développement sur ses activités opérationnelles de développement, le but final étant d’aider les pays en développement à appliquer le Programme 2030.  

Sous la forme d’un examen détaillé de 27 pages, le texte passe en revue tous les aspects des activités opérationnelles de développement: leurs orientations générales, ce qu’elles apportent, la question de leur financement et de leur gouvernance.  Il examine enfin le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement.

Le texte définit d’abord les éléments qui caractérisent les activités opérationnelles de développement: l’universalité, le financement volontaire et à titre gracieux, la neutralité et le multilatéralisme.

Soulignant qu’il n’existe pas de solutions toutes faites en matière de développement, le texte explique que l’atout du système des Nations Unies pour le développement réside dans la légitimité que lui reconnaissent les pays: c’est un partenaire neutre, objectif et transparent.  Les gouvernements assument au premier chef la responsabilité du développement de leur pays, insiste le texte: ils coordonnent, en s’appuyant sur leurs stratégies et priorités nationales, toutes les formes d’aide extérieure.  

Sur la question du financement, l’Assemblée est consciente qu’intégrer le Programme 2030 aux objectifs de développement nécessite de mettre en place une stratégie de financement plus durable.  Les contributions volontaires aux activités opérationnelles de développement doivent être adaptées, tant en volume qu’en qualité.  Il s’agit de les rendre plus prévisibles, transparentes et efficaces, moins restrictives, et mieux alignées sur les priorités et plans nationaux définis par les pays de programme.

Concernant la gouvernance du système des Nations Unies pour le développement, l’examen souligne que sa structure doit être plus transparente, responsable et attentive aux besoins des États Membres.  L’indépendance, la crédibilité et l’efficacité du bureau chargé des évaluations doit être garantie: le texte prie à cet égard le Secrétaire général de donner au Conseil économique et social (ECOSOC), lors de son débat de 2021 consacré aux activités opérationnelles de développement, les informations utiles sur la structure du bureau envisagé.

Le texte prie enfin le Secrétaire général de présenter à l’ECOSOC, en 2021, 2022 et 2023, un rapport concernant l’application des dispositions de la présente résolution à l’échelle du système.

Avant le vote, la Fédération de Russie a demandé, « avec de profonds regrets », à mettre le projet aux voix.

Après le vote, le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a réaffirmé son soutien à la résolution, qui met en place des orientations stratégiques ainsi que des modalités opérationnelles au niveau du système des Nations Unies pour le développement.  Un document important, qui fournit des indications claires, afin que celui-ci puisse aider les pays à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Le Groupe s’est inquiété cependant que les délibérations soient minées par des « propositions d’amendement de dernière minute ».  Le G77 a jugé malheureux que des délégations continuent à se demander quels pays avaient le plus besoin de cette assistance.  Le Groupe a travaillé de manière constructive, fait preuve de souplesse, intégrant tous les points de vue.  Il a pleinement appuyé l’appel à éradiquer la pauvreté dans le texte.  

Le Groupe aurait préféré que le texte se concentre uniquement sur le développement, avec moins de libellés insistant sur les inégalités de genre, mais il a fait preuve de compromis.  Il a remercié toutes les délégations pour leur participation et a espéré que le système des Nations Unies pour le développement gagnerait à l’avenir en cohérence et qu’il appuierait les programmes de pays dans leurs efforts de réaliser le Programme 2030.

L’Allemagne, au nom de l’Union européenne (UE), a apprécié les améliorations sensibles apportées au texte depuis l’an dernier, notamment les références aux droits de l’homme et à l’appui humanitaire.  Les mentions sur les violences sexuelles et sexistes sont apportées pour la première fois, s’est réjouie l’UE.

Cependant, l’UE aurait préféré un processus moins chaotique, des réflexions plus approfondies, des négociations plus simples.  Le texte adopté n’est pas aussi clair et consensuel qu’espéré, selon l’UE qui s’est dite particulièrement indignée par les échanges concernant les violences sexuelles et les droits humains: ils ne sont pas de bon augure.  L’autonomisation de femmes, l’égalité des sexes devraient pourtant se retrouver mentionnées dans tous les travaux de développement dorénavant, a estimé l’UE.

L’UE a aussi regretté que son paragraphe proposé sur la participation des jeunes n’ait pas été retenu, tout comme celui sur le pacte de financement.  Concernant les changements climatiques, l’UE a relevé que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes allait de pair avec la lutte contre les changements climatiques.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le Bélize a regretté l’absence de consensus sur la résolution.  Nous ne sommes pas soudés quant au fonctionnement du système de développement des Nations Unies, a regretté la délégation qui a dénoncé un mouvement délibéré de détourner le système de son objectif.  Lorsque nous nous sommes engagés dans le cadre du Programme 2030, on aurait espéré pouvoir tirer aujourd’hui des enseignements précieux pour avancer.  « Hélas, certains ont remis en question des paragraphes. »  On ne peut pas se contenter de deux ou trois priorités, a indiqué la délégation qui a souhaité que l’examen quadriennal complet se concrétise par des actes concrets sur le terrain.  « Si nous continuons de reporter les problèmes à plus tard, comment parvenir à les résoudre si nous ne sommes pas soudés? »

Au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), le Canada a regretté que le consensus ait été rompu sur la résolution.  Il a toutefois salué l’union des États Membres pour réaliser le Programme 2030 dans les prochaines années.  Il faut renforcer les outils des Nations Unies et l’établissement des responsabilités au Secrétariat, a recommandé le Canada pour qui le système des Nations Unies pour le développement doit permettre d’anticiper les crises et de gérer les risques existants.

La délégation des États-Unis s’est dissociée du paragraphe 10 de la résolution qui constitue néanmoins selon elle une orientation stratégique importante pour le système des Nations Unies pour le développement.  La délégation a réitéré son appui à l’appropriation nationale des objectifs et des priorités de développement.  Pour elle, l’ONU et les États Membres doivent embrasser les principes humanitaires.  Elle a souligné l’importance de l’appui aux équipes pays des Nations Unies ainsi qu’à l’établissement des responsabilités, qui est « essentiel dans tout le système des Nations Unies ».  Les États-Unis ont salué le paragraphe sur le caractère volontaire du financement du développement mais se sont dit préoccupés des indicateurs de rentabilité.  Ils ont également demandé le respect des droits de l’homme reconnus par tous.  S’agissant de la transition énergétique et du Programme 2030 ainsi que de l’Accord de Paris sur le climat, la délégation a renvoyé à sa déclaration du 18 novembre sur notamment le Programme 2030.

Le Mexique s’est félicité du pragmatisme et de l’équilibre du texte, et du fait qu’il prenne en compte « les défis du siècle ».  Le facilitateur a fait preuve de compromis et fait au mieux, selon le Mexique qui a dit appuyer pleinement le texte.

Concernant le paragraphe 12 de la résolution, la Hongrie a annoncé sa préférence pour une référence plus générales aux groupes vulnérables et aux personnes en situation de vulnérabilité.  L’inclusion des migrants dans ces énumérations est inacceptable pour la délégation qui aurait voulu que le texte évite de parler des personnes en situation de vulnérabilité.

L’Afghanistan est intervenu brièvement pour déclarer que c’est l’action sur le terrain qui fera la différence et qui révélera le succès du texte et du système des Nations Unies pour le développement.

Le Japon a dit reconnaître l’importance cruciale des contributions de base qui constituent le fondement des activités des Nations Unies.  Il s’est toutefois dit convaincu que les ressources volontaires jouent aussi un rôle essentiel pour répondre à des besoins spécifiques sur le terrain, lorsqu’elles sont utilisées stratégiquement.  Les deux types de ressources se complètent l’un l’autre, selon le Japon.

Concernant le renforcement des institutions, la Japon a apprécié le fait que leur importance soit reconnue, d’autant plus dans les pays touchés par des conflits.  La mise en place d’institutions efficaces, responsables et inclusives est essentielle pour renforcer la confiance des citoyens dans leur gouvernement, condition indispensable pour s’attaquer aux causes profondes des troubles sociaux et des conflits, a fait valoir la délégation.  Selon elle, les Nations Unies peuvent apporter une contribution significative dans ce domaine, en coordination avec l’aide humanitaire et les efforts de consolidation de la paix.

Enfin, le Japon a vivement regretté que les informations concernant les incidences budgétaires n’aient pas circulé avant la fin de la semaine, sans partage d’informations préalable et sans discussion sur le sujet durant les négociations informelles.  Il a réclamé plus de transparence à l’avenir.

La Fédération de Russie a estimé que les négociations avaient laissé à désirer cette année; elles eurent été meilleures avec plus d’écoute de la part des États Membres.  Elle a qualifié de « lamentable » que des délégations refusent de négocier à la fin du processus, tout en sachant qu’il n’y avait pas de consensus.  « Cela en dit long sur le respect de l’esprit des Nations Unies par certaines délégations », a estimé l’orateur.

Pour la Russie, derrière la promotion de l’action climatique se cache une lutte pour obtenir des marchés; derrière la promotion de la sécurité se cache une tentative d’ingérence pour obtenir des marchés intérieurs.  Ces questions continueront d’être soulevées par la Russie, a prévenu la délégation.  Regrettant le manque de consensus au sein des délégations, la Russie a rejeté avec force les accusations à son encontre de proposer des « changements à la dernière minute »; au contraire, elle avait émis des réserves dès le début des travaux.

La Russie continuera à appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 « sans se laisser guider par les approches égoïstes qui ont guidé l’écriture de ce texte », a enfin déclaré la délégation.

Examen de l’amendement A/C.2/75/L.62

Israël a proposé un premier amendement (A/C.2/75/L.62) au projet de résolution L.61, qui consistait à supprimer, au paragraphe 10, la locution « et aux pays et peuples sous occupation étrangère » après « sortant d’un conflit ».  L’amendement a été rejeté, n’ayant reçu que 5 voix pour (Australie, Brésil, Canada, Israël, États-Unis), 106 voix contre et 45 abstentions.

Avant le vote, la délégation d’Israël a déclaré avoir voulu éviter de que soient politisées les questions comprises dans la résolution L.61, mais n’y être pas parvenu.  La délégation a expliqué qu’elle souhaitait modifier le paragraphe 10, pour « séparer la promotion du développement des querelles politiques ».

Le Guyana, au nom du groupe des 77 et la Chine, a dit ne pas pouvoir appuyer cet amendement proposé par Israël.

Après le vote, les États-Unis ont exprimé leurs vives préoccupations au sujet de la référence à « l’occupation étrangère » au paragraphe 10, qui va à l’encontre de l’esprit de l’Examen Quadriennal, selon eux.  « Ce paragraphe controversé continue de nous détourner de l’objectif de l’Examen Quadriennal complet », a regretté l’oratrice.

Examen de l’amendement CRP.4/Rev.1

Avant de présenter son amendement révisé au paragraphe 30, la Fédération de Russie a déclaré que ce paragraphe était « sans précédent et contre-productif ».  On y prie le Secrétaire général de « veiller à la mise en œuvre intégrale et effective, dans l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement, y compris ses institutions spécialisées, fonds et programmes, de l’Approche stratégique du système des Nations Unies face aux changements climatiques et du cadre du système des Nations Unies pour les stratégies environnementales ainsi que de leurs versions révisées ultérieures, et de continuer à œuvrer à la définition d’une méthode commune d’intégration des approches relatives à la biodiversité et des approches écosystémiques favorables au développement durable dans la planification et l’exécution des politiques et des programmes de l’Organisation, afin qu’elle soit rapidement et efficacement appliquée dans l’ensemble du système des Nations Unies, dans le respect des politiques, plans, priorités et besoins de développement définis par chaque pays. »

Cette « Approche stratégique », a insisté la Russie, est un document purement interne au Secrétariat élaboré en 2017.  « Elle n’a été ni approuvée ni discutée au niveau intergouvernemental. »  De ce fait, selon la Russie, en adoptant le paragraphe 30 en l’état, les États Membres créeraient un précédent dangereux et fâcheux et adopteraient une approche non agréée au niveau intergouvernemental.  L’amendement que propose la Russie permettra, selon elle, d’adopter la résolution par consensus.  La Russie a prévenu que, dans le cas contraire, il n’y aurait pas consensus sur la résolution dans son ensemble.  « Ce ne sera pas de notre faute », s’est dédouané la délégation.

Le Groupe des 77 et de la Chine a assuré que, durant les négociations, son Groupe avait montré la plus grande souplesse et le plus de compréhension possible pour arriver à un consensus.  Ce document constituant un tout, le Groupe n’appuiera pas l’amendement de la Russie, a-t-il annoncé.

Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne, qui a demandé un vote sur l’amendement de la Russie, a souligné que ce paragraphe avait fait l’objet de négociations délicates.  Ce paragraphe maintient un équilibre délicat sur les changements climatiques et l’environnement, selon l’UE qui a déclaré s’opposer à l’amendement de la Fédération de Russie.

La Fédération de Russie a donc présenté le texte de l’amendement qu’elle proposait (A/C.2/75/CRP.4/Rev.1) qui consistait à enlever la première partie du paragraphe 30, à savoir: « de veiller à la mise en œuvre intégrale et effective, dans l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement, y compris ses institutions spécialisées, fonds et programmes, de l’Approche stratégique du système des Nations Unies face aux changements climatiques et du cadre du système des Nations Unies pour les stratégies environnementales ainsi que de leurs versions révisées ultérieures, et ».

L’amendement a été rejeté par 146 voix contre et 2 abstentions (États-Unis et Palaos).  Seuls le Bélarus et la Fédération de Russie ont voté pour.

Après le vote, la Fédération de Russie a dit qu’elle était forcée de revenir à la version précédente de l’amendement au paragraphe 30, telle que distribuée hier, et de la présenter à nouveau au vote, en tant qu’amendement oral.

L’amendement initial de la Fédération de Russie (A/C.2/75/CRP.4) a été lui aussi rejeté par 146 voix contre, 2 pour (Bélarus, Fédération de Russie) et l’abstention des États-Unis.

Le Royaume-Uni a recommandé que, après la pandémie de COVID-19, tout le système des Nations Unies pour le développement soit recadré en vue de la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle.  La délégation s’est dite déçue que le texte ne soit pas suffisamment fort concernant les droits des personnes.  Elle a reconnu les progrès réalisés depuis l’adoption du Programme 2030, mais a regretté l’absence de coordination entre les Nations Unies et les institutions de financement pour le financement dont ont besoin les pays les plus pauvres.  La délégation a insisté sur la nécessité d’harmoniser le financement des activités de développement et de revoir ce « pacte de financement » pour tenir compte de la réalité sur le terrain.

Israël, qui a voté pour la résolution, s’est dissocié du paragraphe 10.  La délégation a dit qu’elle était préoccupée par « la politisation de la Deuxième Commission et de ses travaux ».

Le Saint-Siège a rappelé que l’examen quadriennal est une feuille de route pour la mise en œuvre du Programme 2030.  La délégation a demandé de préserver la continuité de cette mise en œuvre par les États et l’engagement de ceux-ci en ce sens.  Elle a dit qu’elle aurait aimé un consensus sur la résolution.  Elle s’est réjouie du fait que le texte réaffirme l’importance des objectifs d’éradication de la pauvreté et de la faim.  Le Saint-Siège a ajouté qu’il était préoccupé du rajout de plusieurs paragraphes qui ne sont pas du ressort de l’examen quadriennal complet.  Ce sont des tentatives de torpiller la résolution qui nous écartent des objectifs et qui minent l’approche basée sur le consensus, a-t-il analysé.  Tout ceci laisse présager des négociations difficiles au sein de la Deuxième Commission, s’est inquiété le Saint-Siège.

Clôture des travaux de la Deuxième Commission

En sa qualité de Président de la Deuxième Commission, M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a insisté, dans son discours de clôture, sur le caractère unique et inédit de cette soixante-quinzième session.  Le travail de la Commission a été affecté par la pandémie de COVID-19, tant dans son contenu que dans ses méthodes de travail.  La pandémie a forcé les délégations à réduire l’ampleur des changements et des résultats espérés, a-t-il reconnu: nous avons concentré nos efforts sur la résolution relative à l’examen quadriennal et sur la résolution portant sur la « Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème “ L’eau et le développement durable ” (2018-2028)  » (A/C.2/75/L.2/Rev.1).

M. Rai s’est toutefois estimé heureux que le Bureau, avec l’aide des délégations, ait trouvé un « langage transversal » sur l’impact de la COVID-19 dès le début des travaux.  Il s’est aussi dit reconnaissant que les 36 projets de résolution de fond contiennent des évaluations spécifiques des effets de la pandémie et des recommandations axées sur l’action.

Si la conclusion des travaux dans les temps est un succès, M. Rai a appelé à faire davantage pour « exercer notre rôle de chef de file pendant la pandémie » et a plaidé, « aujourd’hui plus que jamais », pour un multilatéralisme dont le monde a absolument besoin pour sortir de cette crise.

S’appuyant sur l’intervention de M. Joseph Stiglitz au début des travaux –le prix Nobel d’économie avait détaillé les graves répercussions sur les pays en développement du ralentissement économique mondial entraîné par la pandémie, en particulier sur les pays dépendant des exportations, dans un contexte d’effondrement des marchés–, M. Rai a sobrement rappelé que de nombreux pays voyaient leur dette continuer à augmenter fortement.

Un contexte très inquiétant, qui a rendu le thème de cette session d’autant plus à propos, selon le Président de la Deuxième Commission: « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable ».  Cela résume l’essence de notre travail cette année et, je le pense, le travail de notre Commission dans les années à venir.

Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a déclaré dans son discours de clôture que l’engagement et le travail cohérent des États Membres étaient essentiels pour se remettre de la COVID-19 et de ses conséquences économiques.

Cette session a permis de mieux comprendre l’importance d’une économie mondiale plus globale, de sociétés inclusives et d’un développement plus vert, a-t-elle apprécié.  Les travaux de la Commission ont aussi mis en évidence la crise mondiale de la dette et les questions de reconstruction.  L’oratrice a appelé, entre autres initiatives, à un développement informé des risques de catastrophe et à un relèvement durable.

Mme Spatolisano a noté que l’extrême pauvreté augmentait pour la première fois en trois décennies, avec 130 millions de personnes au bord de la famine, et que la Commission avait attiré l’attention sur l’importance des cadres politiques intégrés.  Félicitant les délégations d’avoir approuvé le projet de résolution sur l’examen quadriennal, elle s’est réjouie qu’il puisse donner une impulsion et une orientation au système des Nations Unies pour le développement, pour accélérer les progrès vers la réalisation du Programme 2030.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée prend le pouls des océans, adopte sa résolution annuelle sur la viabilité des pêches et reporte celle sur le droit de la mer

Soixante-quinzième session,
38e & 39e séances plénières – matin & après-midi
AG/12297

L’Assemblée prend le pouls des océans, adopte sa résolution annuelle sur la viabilité des pêches et reporte celle sur le droit de la mer

L’Assemblée générale a débattu aujourd’hui des questions relatives aux océans et au droit de la mer, avant d’adopter sans vote une de ses deux résolutions annuelles sur la viabilité des pêches, et de reporter l’examen de celle sur les océans et le droit de la mer, en attendant l’analyse des incidences financières par sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  

La Norvège et Singapour, qui ont respectivement présenté ces textes, l’un de 48 pages et l’autre de 62, ont souligné que ceux-ci n’avaient subi que des modifications limitées en nombre mais « importantes », alors même que le calendrier a été bousculé par les répercussions de la COVID-19.  Dans la résolution sur la viabilité des pêches, l’Assemblée générale prend acte de la décision des États parties à l’Accord de 1995 aux fins de l’application des dispositions de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer relatives à la conservation et à la gestion des stocks chevauchants et des stocks de poissons grands migrateurs.  Les États parties ont en effet décidé de remettre la reprise de la Conférence de révision de l’Accord à 2022. 

L’Assemblée prie également le Secrétaire général de convoquer la quinzième série de consultations des États parties à l’Accord, si la situation le permet, sur une période de trois jours durant le deuxième semestre de 2021: deux jours sur le thème « Mise en œuvre d’une approche écosystémique de la gestion des pêches » et un jour qui tiendra lieu de réunion préparatoire à la reprise de la Conférence de révision. 

Compte tenu des retombées de la pandémie de COVID-19, l’Assemblée décide en outre de reporter à 2022 l’examen des mesures prises par les États et les organismes et arrangements régionaux de gestion des pêches pour donner effet à sa résolution 71/123 relative à la viabilité des pêches. 

Bien que s’étant joints au consensus, la Colombie, la Turquie et le Venezuela se sont néanmoins dissociés de toute mention de la Convention sur le droit de la mer, à laquelle ils ne sont pas parties.  

L’année 2020 devait être une année exceptionnelle pour les océans mais la pandémie a compliqué les initiatives, a confié Singapour, en présentant la résolution sur les océans et le droit de la mer, dont l’adoption attend l’analyse des incidences financières par la Cinquième Commission, s’agissant notamment de la convocation en 2021 des sessions de la Commission des limites du plateau continental. 

La résolution parle du sort des gens de mer pendant la pandémie de COVID-19.  Plusieurs délégations se sont d’ailleurs enorgueillies de s’être portées coauteurs de la résolution que l’Assemblée générale a adoptée, le 1er décembre dernier, sur la « coopération internationale face aux difficultés connues par les gens de mer à cause de la pandémie de COVID-19 et en appui aux chaînes d’approvisionnement mondiales ». 

Le texte mentionne aussi l’élaboration du plan de concrétisation de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021‑2030).  Dans une déclaration lue en son nom, le Secrétaire général de l’Autorité des fonds marins explique qu’étant donné que la Décennie débutera officiellement en 2021, l’adoption du plan a été identifiée comme l’une des questions prioritaires nécessitant une décision avant la fin de l’année. 

La résolution rappelle l’importance fondamentale du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques de l’état du milieu marin pour l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  L’Union européenne, comme beaucoup d’autres délégations, a espéré la conclusion d’un accord ambitieux, « idéalement dès l’an prochain ». 

Le débat d’aujourd’hui a aussi été l’occasion de revenir sur certains différends.  La Chine, l’Iran et l’Ukraine ont évoqué respectivement, avec d’autres, la situation dans la mer de Chine méridionale, dans le golfe Persique et la mer d’Oman, et en Crimée. 

L’Assemblée générale tiendra une autre séance en personne jeudi 10 décembre, à partir de 10 heures, pour examiner la situation en Afghanistan. 

LES OCÉANS ET LE DROIT DE LA MER

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie des rapports du Secrétaire général (A/75/70, A/75/157 et A/75/340) et de ceux du Groupe de travail spécial sur le Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques à l’échelle mondiale de l’état du milieu marin, y compris les aspects socioéconomiques (A/75/362 et A/75/614).  L’Assemblée était également saisie de la lettre des Coprésidents du Groupe de travail spécial (A/75/232/Rev.1)

Présentation des projets de résolution

Le projet de résolution sur « Les océans et le droit de la mer » (A/75/L.39) a été présenté par Singapour qui a estimé que la Convention sur le droit de la mer, également appelée « Constitution des océans » fait partie des instruments juridiques les plus importants au monde.  Singapour a expliqué que, cette année, le projet de résolution n’est qu’une mise à jour technique, avec des modifications limitées en nombre « mais importantes ».  Le texte prend note des difficultés rencontrées par la Commission des limites du plateau continental, en raison de la pandémie de COVID-19 et demande le recours au Fonds de contributions volontaires pour permettre une participation virtuelle aux travaux.  Le texte prend aussi note des appels en faveur des gens de la mer qui pâtissent de la pandémie.  Il est aussi question de saluer la mise en œuvre du plan de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable.  Pour ce qui est du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques à l’échelle mondiale de l’état du milieu marin, le texte aborde différents aspects, dont le troisième cycle du Mécanisme.  

À titre national, le Singapour a rappelé que l’année 2020 devait être une année exceptionnelle pour les océans mais que la pandémie a compliqué les initiatives.  Le sort des milliers de marins bloqués sur des navires en mer sont une source de préoccupation, car les répercussions sur leur santé sont graves.  Toutefois, les petits États insulaires en développement, qui sont tributaires des océans, peuvent se réjouir du fait que la pandémie n’a pas fait baisser l’intérêt porté à la question des océans.  Des discussions se sont en effet tenues à la Sixième Commission chargée des questions juridiques sur l’élévation du niveau de la mer.  « Nous pensons que les travaux dans cette période intersessions jetteront les bases du travail à venir », s’est félicitée Singapour, en estimant que les processus multilatéraux sont « essentiels » pour surmonter la crise actuelle.  Les Nations Unies doivent être au cœur de cette « reconstruction en mieux », a souligné Singapour. 

Dans la résolution que Singapour a présentée, l’Assemblée générale prend note de la décision de poursuivre l’examen des conditions d’emploi des membres de la Commission des limites du plateau continental.  Elle souligne l’importance que revêt le fonds de contributions volontaires pour faciliter la participation des membres de la Commission originaires de pays en développement.

Elle note les difficultés auxquelles se heurte la Commission s’agissant de poursuivre ses travaux pendant la pandémie de COVID-19 et prie le Secrétariat d’aider la Commission à envisager des options permettant aux membres de la Commission de participer à distance aux travaux de la Commission et de ses sous-commissions.  L’Assemblée décide d’envisager d’utiliser des fonds de contributions volontaires pour faciliter, à titre temporaire, la participation virtuelle des membres de la Commission et des délégations représentant des États en développement.  L’Assemblée approuve la convocation par le Secrétaire général à New York, du 25 janvier au 12 mars 2021, du 6 juillet au 20 août 2021 et du 6 octobre au 23 novembre 2021, respectivement, des sessions de la Commission.

L’Assemblée note aussi que le Comité de la sécurité maritime de l’Organisation maritime internationale a adopté, le 21 septembre 2020, la résolution intitulée « Mesures recommandées pour faciliter la relève des équipages, l’accès aux soins médicaux et le voyage des gens de mer pendant la pandémie de COVID-19 ».  Elle se félicite de l’élaboration du plan de concrétisation de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021‑2030).

L’Assemblée rappelle en outre l’importance fondamentale du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques de l’état du milieu marin pour l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  L’Assemblée rappelle aussi sa décision de lancer le troisième cycle du Mécanisme, qui couvrira la période allant de 2021 à 2025 et demande au Secrétaire général de convoquer, en 2021, deux réunions au maximum du Groupe de travail spécial plénier sur le Mécanisme, d’une durée maximale de deux jours chacune, l’une au cours du premier semestre de 2021 et l’autre au cours du second semestre de 2021.

La Norvège a présenté le projet de résolution de 48 pages intitulé « Assurer la viabilité des pêches, notamment grâce à l’Accord de 1995 aux fins de l’application des dispositions de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 relatives à la conservation et à la gestion des stocks de poissons dont les déplacements s’effectuent tant à l’intérieur qu’au-delà de zones économiques exclusives (stocks chevauchants) et des stocks de poissons grands migrateurs et à des instruments connexes » (A.75.L/40).  La Norvège a expliqué qu’en raison de la pandémie de COVID-19, la version de cette année a été négociée dans des réunions virtuelles conjuguées à des procédures écrites.  Les délégations, a-t-elle dit, sont tombées d’accord pour que les modifications par rapport aux années précédentes se limitent à la préparation « indispensable » des futures manifestations, aux incidences budgétaires et au renouvellement des mandats.  

La Norvège a souligné que la pêche est une source vitale pour l’alimentation, l’emploi, le commerce et le bien-être économique des personnes partout dans le monde.  Si l’on veut réaliser l’objectif 14 de développement durable à l’horizon 2030, il importe, a-t-elle dit, d’assurer la viabilité des pêches, de lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, garantir la sécurité en mer et des conditions de travail décentes dans le milieu de la pêche et améliorer la coopération sous-régionale et régionale. 

L’Accord des Nations Unies sur les stocks de poissons étant entré en vigueur il y a 25 ans, la Norvège a déclaré que celui-ci est un tournant dans la gestion contemporaine de la pêche et qu’il représente « un régime juridique global », avec un accent particulier sur la gestion régionale.  En outre, l’Accord promeut la durabilité de certains des stocks de poissons les plus commercialisés. 

Cette année, a poursuivi la Norvège, marque également le vingt-cinquième anniversaire du Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable, qui continue d’être le cadre de référence des efforts nationaux et internationaux.  Or, chaque année, un poisson sur cinq pêché dans le monde provient de la pêche illégale, ce qui représente 10 à 23 milliards de dollars par an.  La mise en œuvre concrète de l’Accord sur les mesures du ressort de l’État du port, premier accord international contraignant qui cible la pêche illégale, non déclarée et non réglementée est l’un de moyens les plus efficaces pour combattre ce type de pêche.  La Norvège a invité les États qui ne l’ont pas fait, d’y adhérer. 

Elle a aussi rappelé que le 21 septembre 2020, l’Organisation maritime mondiale a adopté une résolution sur l’action à mener pour faciliter la rotation des équipages, leur accès aux soins médicaux et leur voyage en mer durant la pandémie de COVID-19.  La Norvège a encouragé les États à la mise en œuvre des recommandations.  Elle a également estimé que le bon fonctionnement de la Commission sur les limites du plateau continental demeure une « priorité absolue », d’où la nécessité de veiller à ce que ses membres puissent travailler dans de bonnes conditions. 

La Norvège a conseillé d’allouer des ressources au Fonds d’affectation spéciale établi pour couvrir les frais des membres de la Commission issus des pays en développement.  Elle a aussi plaidé pour que l’on déploie des moyens permettant une participation à distance tant que la pandémie durera.  Elle s’est félicitée par ailleurs du plan pour la Décennie des Nations Unies des sciences océaniques au service du développement durable.  

La Norvège a fait état de sa collaboration avec la Division des affaires maritimes pour lancer un programme d’aide au renforcement des capacités des pays en développement.  La Norvège a dit avoir versé la somme de 2,2 millions de dollars, avant de réaffirmer son soutien à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction nationale.  Ce régime doit être « pragmatique, abordable, pratique et pro-recherche et innovation ».  

Déclarations

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme  SHARON LINDO (Bélize) a fait état d’un sentiment d’urgence et d’espoir au moment où le monde se heurte à une pandémie sans précédent qui affecte la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En dépit de ces défis « sans pareil », il est essentiel de rester concentrés sur les questions océaniques.  Les océans sont en danger, a rappelé la représentante en alertant sur le réchauffement, l’acidification et l’élévation du niveau de la mer, sans oublier la détérioration de la biodiversité.  La représentante a pourtant vu dans ce « cataclysme inédit » un moyen de redéfinir les priorités et de revigorer la coopération internationale.  

Il faut, a-t-elle estimé, appréhender toutes les facettes du développement pour faire face aux difficultés communes et atténuer les difficultés à venir.  « Nous devons planifier et reconstruire en mieux » et pour réussir, tenir compte des données scientifiques et environnementales.  La représentante a plaidé pour une aide technique afin de renforcer les capacités des pays en développement, non sans vanter « les connaissances millénaires » des océans qu’ont accumulées les pays États insulaires comme le sien. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme JULIETTE ROSITA RILEY (Barbade) a regretté à son tour qu’en raison de la COVID-19 et de ses incidences, la communauté internationale n’ait pu négocier comme d’ordinaire sur la viabilité des pêches, les océans et le droit de la mer.  Toutefois, a-t-elle noté, malgré ces circonstances difficiles, nous avons pu trouver des accords sur différents mandats qui seront appliqués en 2021 et 2022.  Comme le reste du monde, les pays de la CARICOM ont dû faire face, cette année, aux impacts de la pandémie sur leurs sociétés et leurs économies, et l’attention a été malheureusement détournée de la sauvegarde et de l’exploitation durable des océans, a constaté la représentante.  

Se disant inquiète des effets de la crise actuelle, notamment pour les gens de la mer et leurs conditions de travail, elle a souligné que ces conséquences seront sans comparaison avec celles des changements climatiques si aucune action décisive n’est prise pour baisser la température de la planète.  Elle a salué à cet égard les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui ont mis en lumière les incidences de la crise climatique sur les petits État insulaires en développement (PEID).  Elle a aussi salué les rapports et initiatives du Secrétaire général qui en a fait une priorité de l’ONU.  Pour la déléguée, il est essentiel que cette mobilisation se poursuive et que les États continuent de soumettre leurs contributions déterminées au niveau national. 

Dans la région des Caraïbes, a-t-elle poursuivi, la saison 2020 des ouragans a donné lieu à des inondations sans précédent.  La question des changements climatiques devrait donc être prise en considération par tous pour favoriser des sociétés résilientes, a-t-elle fait valoir.  Elle a également souligné l’importance du processus d’évaluation des océans qui permet un état des lieux essentiel, notamment pour les pays de sa région.  À cet égard, a-t-elle indiqué, la CARICOM est particulièrement inquiète de la menace que constitue l’élévation du niveau de la mer, dont le niveau moyen est actuellement le plus élevé de l’histoire et risque encore de progresser.   

Elle a espéré que cette question pourra être examinée, l’an prochain, dans le cadre du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques.  La représentante a d’autre part estimé que la Décennie pour les sciences océaniques est l’occasion d’accroître les travaux océanographiques pour mieux comprendre les océans et favoriser l’échange de technologies marines, essentielles pour le renforcement des capacités et la mise en œuvre de la Convention sur le droit de la mer.  La représentante a aussi souhaité que le nouvel instrument juridiquement contraignant sur la protection de de la diversité marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale sera ambitieux et permettra de mettre en œuvre la vision des pères fondateurs de la Convention.   

La coopération est « fondamentale » pour garantir la santé des océans et de l’humanité, a insisté la représentant, en plaidant pour un rapprochement des institutions publiques et privées dans le bassin des Caraïbes et garantir la gestion durable des pêches.  La CARICOM, a-t-elle souligné, a une relation intrinsèque avec les océans et est le fer de lance des efforts de gestion de la pêche et des ressources halieutiques.  Elle a réclamé davantage d’initiatives dans les domaines de la collecte des données, des systèmes de gestion de la qualité des ressources, de l’analyse des filières et de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.   

M. SILVIO GONZATO de l’Union européenne a tout d’abord regretté que la pandémie de COVID-19 ait entraîné le report, cette année, de nombreuses réunions et processus connexes des Nations Unies sur les océans.  Il s’est cependant réjoui de la tenue de cette séance et de la discussion sur deux résolutions « importantes ».  Pour l’UE et ses États membres, a-t-il dit, le pilier fondamental de la gouvernance des océans est la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) qui établit le cadre juridique global dans lequel toutes les activités dans les océans et les mers doivent être menées.  Ce faisant, la Convention contribue au développement durable ainsi qu’à la paix, à la sécurité, à la coopération et aux relations amicales entre les nations, a souligné le représentant, jugeant impératif que les libertés dont jouissent tous les États en vertu de la CNUDM, ainsi que la souveraineté et les droits souverains des États côtiers sur leurs zones maritimes, soient respectés.  Cela implique, selon lui, la responsabilité de tous les États de veiller à ce que les arrangements interétatiques qu’ils concluent, y compris la délimitation des frontières maritimes, soient conformes au droit international général.  Rappelant que l’UE et ses États membres restent des Parties engagées à la CNUDM et à ses accords de mise en œuvre, il a espéré que l’objectif de la participation universelle à cette Convention sera un jour atteint.  

Estimant d’autre part que la Convention doit rester pertinente et capable de relever les défis d’aujourd'hui et de demain, le délégué a jugé important de poursuivre et finaliser les travaux dans le cadre de la Conférence intergouvernementale établie pour négocier l’instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine au-delà de la juridiction nationale (BBNJ).  Selon lui, il est nécessaire de conclure le plus tôt possible un accord de mise en œuvre ambitieux, « idéalement dès l’an prochain ».  S’agissant par ailleurs de la Conférence des Nations Unies sur les océans, dont les préparatifs ont commencé cette année avant que la pandémie ne frappe, le représentant a noté que le rapport du Secrétaire général indique clairement que les quatre cibles du quatorzième objectif de développement durable attendues en 2020 ne seront pas atteintes.  

Malheureusement, malgré nos engagements, l’état et la santé des océans ne s’améliorent pas, a-t-il déploré, évoquant des défis liés aux impacts des changements climatiques, à la pollution, notamment due aux microplastiques, aux nutriments excessifs et au bruit sous-marin anthropique, à la surpêche et à la pêche illégale, et à la perte continue de biodiversité.  « Ces menaces omniprésentes exigent notre engagement politique ferme et collectif et une action efficace conforme au principe de précaution et à l’approche écosystémique, si nous voulons réussir à atteindre et à maintenir des océans propres, sains et productifs », a-t-il plaidé. 

Dans ce contexte, les stratégies de relèvement pour faire face aux impacts socioéconomiques de la pandémie devraient également viser ces objectifs, a poursuivi le représentant, souhaitant que l’ensemble des États relèvent ces défis pendant la reprise pour devenir plus résilients aux chocs futurs.  Dans ce cadre, a-t-il affirmé, nous ne devons pas oublier que les économies océaniques durables, « l’économie bleue », sont devenues de plus en plus importantes pour aider les pays à réaliser leurs aspirations de développement.  À ses yeux, un défi supplémentaire pour la durabilité des océans est posé par les subventions néfastes qui contribuent à la surcapacité, à la surpêche et à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.  

Il a par conséquent espéré que les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la lutte contre les subventions préjudiciables pourront être conclues cette année.  Convaincu que la meilleure façon d’avancer pour se remettre de cette pandémie est de reconstruire de manière plus verte et plus bleue, le représentant a préconisé des prises de décisions sur la base des meilleures données scientifiques disponibles.  Sur le plan social et humain, l’UE, a-t-il dit, reconnaît le rôle important que jouent les gens de mer et les pêcheurs. Pourtant, des centaines de milliers d’entre eux sont bloqués à bord de leurs navires.  Le représentant s’est donc joint à l’appel lancé par le Secrétaire général pour le règlement de cette question et, une fois de plus, a salué l’adoption consensuelle par l’Assemblée générale la semaine dernière de la résolution sur « La coopération internationale pour relever les défis auxquels sont confrontés les marins résultat de la pandémie COVID-19 pour soutenir les chaînes d'approvisionnement mondiales ».  

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a énuméré les priorités « claires » de son pays: la liberté de navigation, le respect des droits des États, la protection des ressources et des écosystèmes marins et le règlement pacifique des différends.  Soulignant, à son tour, que la Convention sur le droit de la mer et ses obligations précises, constitue « une véritable constitution, une Charte pour l’utilisation des océans mais aussi pour la paix et la sécurité », le représentant a souligné que son pays reste « impartial » sur les différends en mer de Chine méridionale du Sud.  Mais, a-t-il prévenu, nous ne pouvons accepter les revendications non conformes au droit international.  Mentionnant la sentence arbitrale de 2007, le représentant s’est dit inquiet des activités dans la région, en particulier les actes posés par les « milices maritimes » et les garde-côtes.  Il a exhorté les parties à éviter les tensions et l’escalade. 

Le représentant a aussi abordé la question de l’exploitation minière et a appuyé l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la protection de la biodiversité marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale.  Il a espéré qu’il sera possible de parvenir à un accord sur une convention « qui doit être la dernière ». Il a conclu en s’inquiétant de l’élévation du niveau de la mer, problème crucial pour les pays en développement et dotés d’une zone côtière à basse altitude.  En la matière, le représentant a plaidé pour des règles juridiques « prévisibles et viables » qui tiennent compte des intérêts de tous les pays. 

M. SHUANG GENG (Chine) a estimé que la COVID-19 rappelle que l’humanité doit lancer une révolution verte pour la Planète bleue et trouver un système efficace de protection des océans.  Il faut améliorer les règles et combler les lacunes dans l’application de la Convention sur le droit de la mer.  Il s’agit, a poursuivi le représentant, d’imprimer une nouvelle dynamique au relèvement post-pandémie, mettre en place des partenariats « pragmatiques » et exploiter le potentiel du milieu marin.  Parlant du Tribunal international du droit de la mer et de la Commission des limites du plateau continental, qui jouent un rôle clef, le représentant a estimé qu’il faut pleinement respecter le droit des États à choisir les moyens de régler leurs différends.  

Le représentant a conclu sur la question de la pêche, en indiquant que son pays a établi un contrôle strict, grâce à un moratoire sur la pêche en haute mer et un système de signalement des prises.  Il a insisté sur une coopération renforcée, confessant la volonté de son pays de s’engager dans un dialogue sur « un meilleur environnement maritime partagé ». 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a déclaré que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer est l’un des instruments internationaux ayant d’importantes répercussions économiques, stratégiques et politiques.  L’objectif des négociateurs de la Convention était de trouver des solutions à toutes les questions relatives au droit de la mer, et ce, dans un instrument unique.  Les dispositions de la Convention reflètent donc un équilibre « délicat » entre droits et obligations des États. 

Elle a souhaité un traité permettant de garantir la conservation et l’utilisation durable des ressources biologiques dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale.  Elle a ensuite insisté sur la pertinence de la Convention sur le commerce international des espèces menacées.  À son tour, elle a exprimé son inquiétude quant au manque de ressources et des conditions de travail de la Commission des limites du plateau continental.  S’enorgueillissant que son pays ait été reconnu comme le « chantre » du Plan de la Décennie des Nations Unies sur les sciences océaniques au service du développement durable, la représentante a affirmé que l’Argentine s’efforce d’approfondir ses connaissances sur la mer, de renforcer la réglementation sur la pêche, de lutter contre la pêche illicite, de supprimer les subventions pour réduire la pêche illégale et la surpêche et de protéger la biodiversité.  L’Argentine, a-t-elle ajouté, a du reste créé un système national des zones marines protégées.  L’objectif est de garantir la pérennité de tous les écosystèmes. 

La représentante s’est tout de même insurgée contre le fait que, par le biais des résolutions, l’on cherche à « légitimer » les mesures adoptées par des organisation régionales qui vont au-delà de leurs prérogatives.  Ces organisations, a-t-elle dénoncé, « s’arrogent » une forme ou une autre d’autorité sur les navires dont le pays pavillon n’est pas un de leurs membres. 

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a rappelé les conséquences de la pandémie sur les océans, notamment la diminution de la navigation et les 9,4  millions de marins qui n’ont pu travailler dans le monde.  Elle a évoqué les mesures prises par son pays face à l’élévation du niveau des mers, telles que la loi sur la protection et la gestion des ressources maritimes.  Nous avons, a-t-elle rappelé, soumis un dossier amendé à la Commission des limites du plateau continental pour mieux gérer nos relations avec les pays limitrophes et explorer de nouvelles ressources marines et sous-marines.  La représentante a aussi prôné une meilleure coopération en matière de sécurité maritime, notant les conditions périlleuses du transport d’émigrés illégaux.  Il faut améliorer les opérations de sauvetages et travailler sur les causes profondes de cette émigration.  La représentante a salué le soutien technique apporté aux États comme le sien et appelé à une aide plus robuste aux communautés côtières.  Elle n’a pas manqué de plaider pour l’universalisation de la Convention sur le droit de la mer. 

Mme AMY LOIS TOWNSEND (Royaume-Uni) a rappelé que la Convention sur le droit de la mer s’applique sur 70% de la surface de la terre et a réaffirmé son engagement pour la protection des ressources et de la biodiversité marines au-delà de la juridiction nationale.  Elle s’est félicitée de l’adoption de la résolution omnibus de cette année qui a réitéré la nature internationale de la Convention sur le droit de la mer dont « l’intégrité » doit être préservée.  La représentante a regretté que l’Argentine ait présenté « un différend politique », arguant que la Convention offre le cadre juridique idoine pour régler les différends.  La représentante a par ailleurs plaidé pour la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale et dans tous les océans et les mers.  Elle s’est aussi félicitée de l’adoption de la résolution sur la viabilité des pêches, la décrivant comme cruciale parce que fondée sur le principe de précaution et sur les meilleures données scientifiques disponibles. 

M. FLORIAN BOTTO (Monaco) a indiqué que, cette année encore, la Principauté monégasque s’est portée coauteure des deux projets de résolutions.  Alors que 2020 devait marquer un jalon essentiel pour la nature et l’océan, la pandémie de COVID-19 a imposé une « nouvelle réalité », a-t-il constaté, estimant toutefois que la crise actuelle n’a pas empêché certains progrès significatifs.  Si des réunions importantes, comme la Conférences des Nations Unies pour la mise en œuvre de l’objectif 14 de développement durable, à Lisbonne, n’ont pu se tenir, plusieurs manifestations virtuelles ont tout de même eu lieu, comme la semaine de dialogues organisée en ligne du 1er au 5 juin 2020.  Le représentant a vu dans ces échanges entre parties prenantes une nouvelle pratique qui pourrait perdurer.  Plus largement, a-t-il dit, les contributions déterminées au niveau national et la vingt-sixième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), la mobilisation en vue de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique et les actions prises sous l’égide de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et des autres instruments pertinents produiront des effets mutuellement bénéfiques. 

Avertissant que la situation dans les mers et les océans sera bientôt irréversible si des actions résolues, ambitieuses, de grande échelle et de la part de tous les pays, ne sont pas entreprises sans délai, M.  Botto a relevé que les liens entre l’océan et la santé humaine sont de mieux en mieux appréhendés.  Il a indiqué qu’un symposium sur ce thème, organisé début décembre par le Centre scientifique de Monaco, la Fondation Prince Albert II de Monaco et le Boston College, a abordé les effets positifs du milieu marin pour la santé humaine mais aussi les effets négatifs de la pollution et des changements climatiques.  La science doit être le fondement de notre action collective, a-t-il ajouté, appelant à « passer de la parole aux actes » et à renforcer les partenariats et les capacités, en particulier dans les pays en développement qui sont souvent en première ligne.  En soutien à ces efforts, la Décennie pour les sciences océaniques au service de développement durable jouera un important rôle de catalyseur, a estimé le représentant, avant de saluer la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO et tous les partenaires qui feront de cette Décennie une réussite. 

M. Botto a ensuite espéré que la situation sanitaire et les conditions de travail au Siège permettront la tenue, l’été prochain, de la quatrième session de la Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction nationale.  Selon lui, la décision de reporter la session prévue en mars dernier était sage et s’imposait pour assurer une participation inclusive de toutes les délégations.  Mais « l’urgence de conclure cet accord et d’agir est toujours aussi forte », a-t-il soutenu.  Notant que la pandémie n’a pas réduit les pressions qui pèsent sur l’océan et ses ressources, il a réitéré son appel à l’établissement d’un réseau global d’aires marines protégées interconnectées.  Pour être le plus efficace possible, ces nouvelles aires marines protégées en haute mer devraient être trans-sectorielles et permettre une approche holistique de la conservation des ressources et de la biodiversité marines, a-t-il encore plaidé, formant le vœu d’une quatrième session, en 2021, qui soit « couronnée de succès par un résultat ambitieux sur tous les éléments du train de mesures de 2011 ». 

M. ROBERT RAE (Canada) a voulu que l’on continue de faire de nos océans « une priorité mondiale » et de travailler ensemble à la recherche de solutions efficaces aux énormes défis auxquels ils sont confrontés.  Alors que nous sommes à la veille de la Décennie internationale des sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), le représentant a indiqué que son pays a promis la somme de 9,5 millions de dollars pour faire avancer les activités liées à la Décennie.  Le Canada, a-t-il ajouté, a également engagé 2,7 millions de dollars pour soutenir son travail en tant que « champion » du Groupe d’action de la Charte bleue du Commonwealth sur les observations océaniques.  Dans ce rôle de leader, le Canada promeut l’océanographie pour soutenir l’utilisation durable des ressources côtières et océaniques afin de protéger et de préserver les océans de notre planète. 

Sur le front des changements climatiques, ce n'est pas le moment, a alerté le représentant, de ralentir nos efforts dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  C’est dans cette optique que le Canada présentera une contribution nationale plus ambitieuse à la COP26, a annoncé le représentant.  Nation océanique au littoral le plus long au monde, le Canada, a conclu le représentant, milite pour la santé de nos océans et de nos écosystèmes marins pour assurer notre sécurité alimentaire, notre sécurité économique et les moyens de subsistance de nos communautés côtières.  

Composées d’îles de basse altitude, les Maldives, a dit M. HASSAN HUSSAIN SHIHAB, sont d’ores et déjà affectées par l’élévation du niveau de la mer.  L’océan n’est pas seulement « l’épine dorsale » de notre économie et de nos moyens de subsistance, il fait partie de notre culture et de notre identité, a souligné le représentant. Tout impact négatif sur l’océan nous affecte tous, et 2020 est en passe de devenir l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde, a-t-il averti.  Sur le plan économique, l’augmentation de la température de l’eau, le blanchissement des coraux, l’acidification des océans et la détérioration de l’environnement marin menacent gravement les industries clefs des Maldives: le tourisme et la pêche.  

Aux Maldives, s’est enorgueilli le représentant, plus de 70 zones marines sont protégées.  Trois atolls entiers sont désormais déclarés réserves de la biosphère par l’UNESCO.  Les Maldives sont également reconnues comme un leader en matière de pêche durable grâce à l’utilisation de la canne à pêche et de la ligne à main.  Nous avons également mis en place un plan de gestion de la pêche à l’appât vivant et protégeons activement nos eaux contre la pêche illégale énumérée.  Cependant, a fait remarquer le représentant, les menaces qui pèsent sur notre océan ne peuvent être résolues par les efforts d’adaptation des seuls États les plus touchés.  Il est essentiel que la communauté internationale prenne des mesures collectives pour renforcer les instruments juridiques et politiques ainsi que les mesures scientifiques, techniques et technologiques, sans oublier de fournir les ressources financières qu’il faut.  En effet, a conclu le représentant, « nous devons nous attaquer aux menaces multidimensionnelles », notamment les changements climatiques, la croissance démographique, la surexploitation des ressources marines et la pollution, afin de faire face aux menaces qui pèsent sur nos océans. 

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA, (Philippines), a estimé que son pays est sûrement celui qui fournit le plus de gens de mer frappés aujourd’hui par la pandémie.  Un grand nombre d’entre eux ont perdu la vie et leur santé.  Nous avons réussi à en rapatrier un grand nombre, mais en raison des restrictions imposées par les États du port, certains restent en mer.  La représentante s’est donc félicitée de l’inclusion de cette question dans la résolution omnibus.  En tant qu’archipel, a-t-elle dit, les Philippines voient dans les océans une ressource « fondamentale ».  Les menaces qui les affectent sont nombreuses, mais les changements climatiques sont la plus importante.  Par exemple, l’élévation du niveau de la mer est beaucoup plus importante aux Philippines que partout ailleurs dans le monde.  

Elle a réaffirmé l’attachement de son pays à l’Accord sur les stocks de poissons de 1995 et à la Convention sur le droit de la mer.  Le règlement pacifique des différends, a-t-elle insisté, est un élément fondamental de l’état de droit.  Personne ne peut s’approprier les océans, a tranché la représentante, sn soulignant la pertinence de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux, en particulier en ce qui concerne la sentence arbitrale sur les mers de Chine.  

Mme ANA LORENA VILLALOBOS BRENES (Costa Rica) a déclaré que les projets de résolution sont particulièrement importants car les États y réaffirment certains aspects de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Les projets de résolution permettront également de poursuivre les activités reportées en raison de la pandémie de COVID-19 et d’inclure les mandats nécessaires sur la conservation des océans et l’utilisation durable des ressources marines. 

La représentante a réclamé des mesures d’urgence car le monde a atteint « le point de non-retour » dans la crise climatique.  Les répercussions de cette crise sur les océans, comme l’acidification et le réchauffement des eaux, l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes, dont ceux des dernières semaines en Amérique centrale, « sont de plus en plus évidents et de plus en plus fréquents ». 

Mme Villalobos Brenes a rappelé l’engagement pris par les États de supprimer les subventions néfastes à la pêche, un type de subventions qui contribue à la surpêche, à la pêche illégale non déclarée et non réglementée, lesquelles sont les principaux obstacles à une pêche viable.  Elle a lancé un appel aux gouvernements pour qu’ils aboutissent à un accord en 2021.  Elle a appuyé l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant pour la protection de la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale.  Comme troisième événement d’importance, la représentante a cité l’idée de proclamer une décennie des Nations Unies des sciences océaniques pour le développement durable (2021-2030).  Elle a appelé à des progrès sur certaines questions, dont celle de la Commission des limites du plateau continental dont les travaux ont accumulé des retards.  Mme  Villalobos Brenes a aussi regretté que la pandémie n’ait pas permis d’avancer sur le thème de la crise climatique et a espéré que les prochaines résolutions contiendront des solutions pour « véritablement » contrecarrer la pression que les activités humaines exercent sur la santé des océans.   

M. MOHAMMAD GHORBANPOUR NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a rappelé l’importance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dont son pays est signataire.  Mais, a-t-il indiqué, le fait que nous nous joignons au consensus sur les projets de résolution ne veut pas dire que nous y imprimons un caractère « juridiquement contraignants ».  En tant que pays limitrophe du Golfe persique et de la mer d’Oman, l’Iran, a dit son représentant, appelle les États à redoubler d’efforts dans le transfert des connaissances sur la protection des océans.  Nous accordons, a ajouté le représentant, une importance particulière à la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée car, dans le nord, notre population pâtit des effets délétères de la pêche des espèces rares, compte du déploiement de forces militaires étrangères.  

Le représentant a invité les États à s’abstenir de toute action qui mettrait en péril le milieu marin.  Il a appuyé à son tour l’élaboration d’un instrument élargi et juridiquement contraignant sur la biodiversité marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale.  Il a voulu que le texte parle du renforcement des capacités et du transfert des connaissances.  Pour désamorcer les tensions dans la région du Golfe persique, il a rappelé que son pays a proposé, cette année, une initiative de paix.  Dans le contexte de la pandémie et des mesures coercitives unilatérales, la vie des Iraniens, a souligné le représentant, est fortement perturbée.  Notre population est privée de médicaments et de matériel médical essentiels et il temps que les États concernés réexaminent leurs sanctions, a plaidé le représentant. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a indiqué que son pays est heureux de coparrainer les deux résolutions.  Rappelant que les océans sont vitaux pour notre planète et nos vies, il a jugé essentiel de comprendre l’impact de l’activité humaine sur ces derniers.  À cet égard, la deuxième Évaluation mondiale des océans constitue, selon lui, une contribution précieuse pour améliorer notre compréhension des océans.  Malheureusement, la COVID-19 nous a empêchés de tenir plusieurs événements importants et d’avancer dans les processus cette année, a déploré le représentant, évoquant en particulier le report de la Conférence des Nations Unies sur les océans et de la quatrième session de la Conférence intergouvernementale sur la conservation et l’utilisation durables de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale.  Il a cependant réaffirmé l’engagement du Brésil à mettre en œuvre de l’ODD 14 et à parvenir à un accord efficace qui aborde de manière équilibrée les questions liées à l’accès et à l’utilisation des ressources génétiques marines, au renforcement des capacités et au transfert des technologies marines.  

Réitérant également l’attachement du Brésil aux objectifs, buts et principes consacrés dans la Convention sur le droit de la mer, le délégué a reconnu l’importance des organes créés en vertu de la Convention: l’Autorité internationale des fonds marins, le Tribunal international du droit de la mer et la Commission des limites du plateau continental.  Chacun d’eux a apporté des contributions fondamentales à l’application du cadre juridique établi par la Convention, a-t-il salué. 

Il s’est en revanche déclaré préoccupé par les graves effets de la pandémie sur la santé et la sécurité des gens de mer.  Nous sommes heureux d’avoir été l’un des coauteurs de la résolution intitulée « Coopération internationale pour relever les défis auxquels sont confrontés les gens de mer du fait de la pandémie de COVID-19 pour soutenir les chaînes d’approvisionnement mondiales », qui a été adoptée la semaine dernière, a-t-il précisé.  Par ailleurs, s’agissant du renforcement de la sécurité maritime et de la conservation du milieu marin, il a appelé tous les États parties à exiger que les navires battant leur pavillon observent le système de suivi des États côtiers lorsqu'ils transitent par une zone économique exclusive.  

Cette mesure est de la plus haute importance pour assurer la mise en œuvre effective des dispositions de la Convention relatives aux obligations de prévenir, réduire et maîtriser la pollution du milieu marin et de notifier les dommages imminents ou réels, a-t-il souligné, rappelant que plus de 3 600 km de côtes brésiliennes ont été touchées l’an dernier par un grave déversement de pétrole brut lourd en mer.  Cette catastrophe, provoquée par un « dark ship », ayant cherché à éviter sa détection, a eu de graves conséquences sur le milieu marin et sur des milliers de Brésiliens qui dépendent de l’océan pour vivre.  L’année prochaine, le Brésil accordera la priorité à cette question aux Nations Unies et à l’Organisation maritime internationale (OMI), a assuré le représentant, se disant favorable à une meilleure réglementation de la navigation internationale, en particulier en ce qui concerne l’échange d’informations sur la position des navires étrangers.  Les « dark ships », a-t-il insisté, constituent une menace grave pour tous les États côtiers et pour l’ensemble du milieu marin.  

M. DINH QUY DANG, Viet Nam, s’est félicité de ce que l’on envisage des négociations virtuelles sur l’instrument relatif à la protection de la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale.  Le représentant a insisté sur le fait que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer doit rester la pierre angulaire du droit international car c’est le cadre juridique le plus exhaustif régissant les activités en mer.  Il a réitéré à cet égard, la nature « universelle et fédératrice » de la Convention en tant que socle des actions nationales, régionales et internationales face aux défis communs.  Il est essentiel de garantir son respect scrupuleux, notamment en ce qui concerne le règlement pacifique des différends et de respecter les droits États côtiers dans leur zone maritime.  L'élévation du niveau de la mer, a poursuivi le représentant, est une menace prégnante pour l’humanité et pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Il a insisté sur le fait que des discussions scientifiques sont essentielles à une meilleure compréhension de ces phénomènes.  

Le maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité maritime, ainsi que la liberté et la sécurité de la navigation dans la mer de Chine méridionale est un sujet de préoccupation du monde entier, a-t-il déclaré.  Après plusieurs incidents contre les droits du Viet Nam dans ses propres eaux, le représentant a demandé aux parties de faire preuve de retenue et de s’abstenir d’actions qui pourraient exacerber les différends, dont la militarisation de certaines zones.  Il faut respecter les processus diplomatiques et la Convention pour trancher les différends maritimes, a-t-il souligné, en se disant encouragé par les négociations entre l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) et la Chine sur un code de conduite dans la mer de Chine méridionale, dans le cadre d’un calendrier « mutuellement acceptable ».  

Mme JENNIFER YUE BARBER (États-Unis) a indiqué que, coauteur de la résolution sur les océans et le droit de la mer, son pays souligne l’importance centrale du droit international, notamment face aux tentatives d’entrave à l’exercice légal des droits et libertés de navigation.  C’est pourquoi, il est plus important que jamais que nous restions fermes dans notre détermination à faire respecter ces droits et libertés.  La représentante s’est particulièrement dite préoccupée par les restrictions à la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale et orientale.  Les revendications maritimes « illégales et généralisées », y compris les actes d’intimidation et de coercition contre l’exploitation pétrolière et gazière et la pêche, menacent l’ordre international fondé sur des règles qui ont permis à la région de prospérer.  

Les États, a insisté la représentante, ont le droit de développer et de gérer les ressources naturelles qui relèvent de leurs droits souverains et ce, sans ingérence.  

Notre position s’agissant de la mer de Chine méridionale comme partout est simple: les droits et les intérêts de toutes les nations -indépendamment de leur taille, de leur puissance et de leurs capacités militaires- doivent être respectés, a insisté la représentante.  

En mer de Chine méridionale, a-t-elle affirmé, nous cherchons à préserver la paix et la stabilité, à maintenir la liberté de navigation d’une manière conforme au droit international, à préserver la fluidité du commerce et à rejeter toute tentative d’utiliser la coercition ou la force pour régler les différends.  

La représentante a exhorté tous les États à régler leurs différends territoriaux et maritimes de manière pacifique et sans contrainte, conformément au droit international.  Les États doivent assurer la mise en œuvre effective du droit applicable à la lutte contre la piraterie et s’unir dans la dissuasion, la prévention et la poursuite des organisations criminelles.  Commentant pour finir les résolutions, la représentante s’est réjouie qu’une base solide ait été établie pour le troisième cycle du Mécanisme de notification et d’évaluation de l’état du milieu marin.  Toutefois, elle a renvoyé à la déclaration générale que son pays a faite le 18 novembre 2020 dernier, sur les « préoccupations » concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, l’Accord de Paris sur le climat, les rapports du GIEC et le transfert des technologies. 

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a souscrit à la déclaration de l’Union européenne et s’est félicité de la mouture finale de la résolution omnibus sur les océans et le droit de la mer.  Il a également appuyé l’intégrité de la Convention sur le droit de la mer.  De concert avec l’UE et les Nations Unies, il a espéré qu’un nouvel instrument juridique contraignant pourra être négocié l’an prochain pour assurer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Enfin, s’agissant du conflit sur la mer de Chine méridionale, le représentant a renvoyé à l’application des niveaux de référence concernant les archipels et du régime des îles et des rochers.  Nous avons réitéré notre position sans préjudice de toute demande parallèle et nous continuerons de défendre nos droits et intérêts, tout en nous employant à promouvoir la coopération internationale telle que prévue par la Convention, a-t-il conclu.  

Mme MARGO REMINISSE DEIYE (Nauru) a souligné que son pays est hautement dépendant des ressources marines pour sa subsistance et son développement économique.  La conservation et l’utilisation durables de l’océan sont primordiales pour la survie des États comme Nauru.  La représentante a déclaré que l’année 2020 aurait dû être la « super année » des océans, avec la Deuxième Conférence des Nations Unies sur l’océan, la conclusion des négociations de la Conférence intergouvernementale sur un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, l’échéance de plusieurs cibles de l’ODD 14.  Mais la COVID-19 en a décidé autrement.  La déléguée a estimé que compte tenu des menaces sur la biodiversité marine, il est impératif de conclure un instrument ambitieux qui permette la création d’aires marines protégées intersectorielles.  Il a émis l’espoir que 2021 soit la « super année des océans ».  Les PEID, a-t-elle plaidé, doivent être considérés comme les gardiens des océans et intégrés dans les processus pertinents. 

M. UMASANKAR YEDLA (Inde) a déclaré que notre compréhension des océans s’approfondit ainsi que notre sensibilisation aux dangers des changements climatiques et aux menaces sur la sécurité maritime.  Précisant que l’Inde est dotée de 7 500 kilomètres de côtes et de 1000 îles et qu’un tiers de sa population vit dans des régions côtières, le représentant a souligné que son pays est conscient, « en tant que pays de la mer », des défis et du rôle de l’économie bleue pour le développement durable.  Dans ce contexte, il a souligné l’importance des nouvelles technologies et d’une prise en compte de l’écologie dans la gestion des océans, en particulier au regard de la pêche illégale.  

Des accords sur le partage des technologies sont nécessaires avec les petits États insulaires en développement et les États vulnérables pour qu’ils puissent respecter leurs obligations internationales.  Nous ne pouvons nous permettre, a insisté le représentant, de laisser la loi de la jungle régner sur les océans.  Le représentant s’est attardé sur le respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de la liberté de navigation des pays.  Il a loué la collaboration entre les pays membres de l’ASEAN, encouragé le règlement pacifique des différends maritimes et regretté qu’autant de décisions prises par les organisations internationales ne soient pas respectées et que des États se livrent à une interprétation « erronée et inacceptable », des règles du droit international. 

Qu’il s’agisse de la piraterie, du terrorisme, des catastrophes naturelles ou écologiques, aucun pays, même développé, ne peut relever seul ces défis dans les océans a-t-il ajouté, encourageant à une coopération internationale pour « ce patrimoine commun de l’humanité ».  Le représentant a rappelé la diversité des actions de son pays dans le domaine, son travail dans l’océan Arctique, le développement des systèmes d’alertes antitsunami et d’industries résilientes aux catastrophes climatiques, ainsi que sa participation au Sommet sur le climat de 2019.  Il n’a pas oublié de mentionner les mesures prises par son pays pour réduire le déversement de déchets en mer et interdire totalement d’ici à 2022 l’utilisation du plastique à usage unique. 

Pour M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), la pandémie a montré que, pour mener à bon port la Décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, les politiques et programmes doivent impliquer les océans.  En conséquence, il convient, selon lui, de renforcer le cadre juridique régissant ces efforts, mais aussi de développer l’économie bleue et de mettre en exergue la nécessite de préserver la santé des océans.  Les changements climatiques demeurent toutefois la plus grande menace pour les écosystèmes marins, a-t-il souligné, avertissant que les progrès réalisés en matière de développement durable par les États insulaires sont aujourd’hui en grand péril, de même que leurs moyens de subsistance, leurs économies et leur survie même.  

Notant par ailleurs que le droit international part du principe que l’on peut déterminer des frontières maritimes, le représentant a rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer est le socle pour les établir. Selon le délégué, le droit de la mer présente un grand intérêt pour les États insulaires comme Fidji, qui sont confrontés à l’élévation du niveau de la mer.  Dès lors qu’elles sont déterminées, les frontières maritimes ne devraient pas être affectées par l’action anthropique, a-t-il fait valoir.  Si tel était le cas, cela reviendrait à obliger une victime à dédommager les auteurs du délit ou du crime qu’elle a subi.  

Les océans sont à la base même de notre identité et de notre développement durable, a insisté le représentant, se félicitant à cet égard des efforts du Secrétaire général et des préparatifs de la quatrième session de la Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. 

Le représentant a également souhaité que l’Italie et le Royaume-Uni mènent à bien la COP26 afin que des progrès soient réalisés en matière de préservation des océans et que toutes ces questions soient intégrées dans le processus découlant de l’Accord de Paris.  Saluant la résolution sur les pêches, il a formé le vœu que des mesures décisives seront prises dans le domaine de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, et s’est réjoui de la tenue en 2021 d’un sommet sur la sécurité alimentaire au cours duquel seront évoquées les zones économiques exclusives.  

Les États insulaires tels que Fidji vont devoir renforcer l’administration de ces zones, a-t-il dit, précisant que son pays met la dernière main à sa politique nationale en matière d’océans et que ces efforts devraient aboutir au début de 2021.  Avant de conclure, le délégué a estimé que la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable sera essentielle pour aider les États Membres à se doter des meilleurs outils pour protéger les océans.  

Pour M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique), les océans sont une source d’énergie renouvelable et le poumon de la terre.  Dans ce contexte de vives difficultés sanitaires, économiques et environnementales, il a invité l’ensemble des dirigeants du monde à prendre des décisions responsables pour avancer sur la voie d’une économie durable au niveau des océans.  Pays à vocation maritime, le Mexique reconnaît l’importance des océans pour l’économie nationale et internationale.  C’est la raison pour laquelle, « nous réaffirmons notre engagement en faveur de l’édification d’une économie durable des océans », a dit le représentant. 

C’est grâce à sa participation au Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable que le Mexique œuvre aux côtés de 14 autres États pour garantir la santé et la richesse des océans et y offrir une valeur économique, environnementale et sociale.  C’est là, une responsabilité pour les générations futures, a souligné le représentant avant d’insister sur le fait que son pays s’engage à gérer durablement les mers et les océans à « 100%» et exhorte l’ensemble des gouvernements à le rejoindre dans ses efforts. 

Le représentant a encouragé la création d’une coalition pour que l’ensemble de l’alimentation issue des océans soit obtenu et transformé de manière « responsable et durable » d’ici à 2030.  Il est de notre responsabilité d’opérer une transformation en profondeur et d’innover pour passer à une économie bleue durable, a conclu le représentant.  

M. TARO KAWASE (Japon) a dit croire à l’universalité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et a affirmé que la promotion et le développement d’un ordre maritime prévisible fondé sur la Convention est à la fois une responsabilité et un bienfait pour toute la communauté internationale.  C’est pour cette raison, a dit le représentant, que le Japon s’est porté coauteur de l’important projet de résolution sur « les océans et le droit de la mer ».  Déplorant des « actes qui vont à l’encontre du droit international », il a jugé « inacceptable » que des pays lancent « des affirmations juridiques » comme si elles représentaient le droit international pour les imposer à des sujets entièrement couverts par la Convention.  Tous les différends maritimes doivent être réglés pacifiquement dans le plein respect du droit international et en aucun cas par la force ou la coercition.  

Le représentant a dit partager les graves préoccupations face aux évènements en mer de Chine méridionale et de prétentions territoriales.  Il a plaidé pour un règlement pacifique des différends, avant de s’attarder sur la pêche illégale et de souligner que chaque État doit respecter les droits souverains des États côtiers dans leur zone économique exclusive et remplir ses obligations et responsabilités, en exerçant effectivement sa juridiction sur les navires battant son pavillon. 

Le représentant a rappelé que des membres d’équipage et des passagers d’un navire de croisière, le « Diamond Princess », ont été testés positifs de la COVID-19.  Mon pays, a-t-il dit, a pris l’initiative de traiter cette situation en tant qu’État côtier pour éviter la propagation du virus.  Il a enfin souligné l’importance de faire de l’état de droit une valeur universelle et d’avancer vers une zone Indopacifique libre et ouverte.  

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a d’entrée souligné que les océans et le droit de la mer sont de la plus haute importance pour son pays car la pêche a toujours été un pilier fondamental de l'économie islandaise. Nous avons depuis longtemps une politique de protection de l'environnement fondée sur la science et d'utilisation durable des ressources marines vivantes, qui ne peut être maintenue qu'en harmonie avec les autres nations. 

C’est pourquoi, a expliqué le représentant, l’Islande s’efforce de participer de manière active et constructive à la coopération internationale, tout en mettant l'accent sur le contrôle régional, le cadre de négociation des stocks et la protection des espèces. Le Tribunal international du droit de la mer est pour l’Islande une pierre angulaire du système international des océans et du droit de la mer. Le représentant a d’ailleurs annoncé la candidature du juge islandais, M. Tómas Heiðar, à un siège au Tribunal, en prévision des élections de 2023. 

Par ailleurs, le nouvel accord relevant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sur l’interdiction des subventions à la pêche sera une étape bienvenue sur le long chemin qui mène à une pêche durable dans le monde. Au cours de sa présidence actuelle du Conseil de l'Arctique, l'Islande, a souligné le représentant, a donné la priorité aux questions marines, en mettant l'accent sur la pollution au plastiques et la bioéconomie bleue, la recherche des solutions aux questions climatiques et la promotion de l'énergie verte. 

Les défis complexes des océans sont mieux traités par la science, a-t-il estimé, se félicitant, pour finir, que la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques débutera en 2021. 

M. BRICE FODDA (France) a estimé que la résolution annuelle sur le droit de la mer vient rappeler la portée unique et la visée universelle de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui précise les droits et obligations des États côtiers et le régime juridique des eaux adjacentes à leur territoire.  Il est crucial de défendre et de garantir que toutes les activités menées en mer le soient en conformité avec ce cadre juridique global, a-t-il déclaré.  Les dispositions de la partie II et IV de la Convention doivent être pleinement respectées.  La Convention prévoit que les délimitations maritimes doivent se faire conformément au droit international « dans un esprit de compréhension et de coopération ».  Toutefois, le cadre juridique établi par la Convention peut encore être renforcé, a estimé le représentant.  Il a dit appuyer activement la négociation d’un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale. 

Enfin, M. Fodda a salué le travail remarquable de la Commission des limites du plateau continental qui doit disposer de ressources viables, celui de l’Autorité internationale des Fonds marins, qui travaille à l’élaboration du code minier mais également au développement continu de mesures de protection de l’environnement, et celui du Tribunal international sur le droit de la mer ainsi que l’élection de ses nouveaux juges.  

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a indiqué que son pays se trouve géographiquement dans une zone à haut risque, s’agissant des effets des changements climatiques.  Le Honduras a souffert, en novembre, du passage destructeur des ouragan ETA et IOTA, dont l’impact se prolongera dans le temps.  La représentante a vivement exhorté à redoubler d’efforts pour contrecarrer ces effets, qu’il faut intégrer dans les solutions relatives à la pandémie de COVID-19.  Elle a défendu, avec le même sentiment d’urgence, la lutte contre la pollution marine, l’acidification de l’eau, la destruction des habitats, la dégradation des bassins d’eau, la surpêche, la perte de la biodiversité, la culture halieutique non réglementée et l’élévation du niveau de la mer.  

La représentante a soutenu que son pays a érigé en priorité les programmes et stratégies nationales, régionales et internationales visant à l’élimination du plastique et au déversement des déchets plastiques dans les mers et les océans. Elle s’est enorgueillie de ce que son pays soit l’un des membres fondateurs du Groupe des Amis de la lutte contre la contamination plastique marine lancé cette année à l’occasion de la Journée mondiale des océans.  Elle a, à son tour, souligné la nécessité de conclure les négociations autour d’un instrument juridiquement contraignant sur la protection de la biodiversité marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale.  Elle s’est enfin déclarée en faveur d’une action concertée visant à la protection du patrimoine culturel subaquatique, et de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans tous les secteurs liés aux océans.  

M. ALEXANDER S. PROSKURYAKOV (Fédération de Russie) a affirmé qu’en tant que « puissance maritime », son pays fait « tout » pour faire respecter la Convention sur le droit de la mer et les organes qu’elle a créés.  Il s’est réjoui de ce que l’Accord de 1995 soit devenu un « instrument incontournable » pour résoudre les questions relatives à la gestion des stocks de poissons.  Il a appelé les États à adopter une approche « pondérée » et « graduelle » en ce qui concerne les négociations à venir à la Conférence des États parties à la Convention.  

Mme IRINA ALEXANDRA BARBA BUSTOS (Équateur) a vu dans la pêche illicite une véritable menace à l'utilisation durable des ressources et à la protection des aires marines protégées.  Il faut, a-t-il dit, promouvoir les progrès dans les systèmes de documentation des captures et des registres internationaux des navires de pêche, dans la mise en œuvre de l’Accord de la FAO sur les mesures du ressort de l’État du port (PSMA) et dans les pratiques de pêche en haute mer, non conformes aux obligations établies dans la Convention sur le droit de la mer et dans d’autres instruments internationaux applicables.  Il est urgent, a souligné la représentante, de booster la recherche scientifique sur la façon dont la pêche dans les eaux internationales adjacentes aux zones économiques exclusives (ZEE) peut affecter la biodiversité aquatique.  La réserve marine des îles Galapagos abrite un écosystème unique et fragile et dans, le contexte de la crise liée à la Covid-19, il est urgent que la communauté internationale, à travers un multilatéralisme revitalisé, apporte le soutien nécessaire aux efforts de plusieurs de nos gouvernements qui contribuent déjà à la protection de la biodiversité marine, a-t-elle déclaré.  

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a constaté que la pandémie de COVID-19 a gravement entravé les efforts menés pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en particulier son objectif 14.  Nous pensions atteindre certaines cibles en 2020, mais le relèvement exige des mesures dans de nombreux domaines, notamment sur le plan socioéconomique, a-t-il indiqué.  Toutefois, il ne faut pas oublier le rôle que jouent les mers et les océans pour résoudre nombre de problèmes, a souligné le représentant.  Alors que les écosystèmes marins continuent de se dégrader, la coopération internationale est, selon lui, essentielle pour relever les défis en lien avec les océans.  

Il importe tout particulièrement de renforcer leur gouvernance afin de protéger l’environnement et la biodiversité marine mais aussi de garantir des relations pacifiques entre les États.  À cet égard, a-t-il relevé, la Convention sur le droit de la mer établit un cadre général dans lequel toutes les activités liées aux océans doivent s’inscrire.  Elle contribue à la paix et à la sécurité internationales ainsi qu’aux relations amicales entre pays.  À cette fin, la Convention demande aux États parties de régler tout différend par des moyens pacifiques.  C’est ainsi, a dit le représentant, que l’Ukraine s’est efforcée de régler ses différends avec la Fédérations de Russie. 

Depuis 2014, a-t-il accusé, ce pays s’est livré à des violations flagrantes des droits de l’Ukraine au titre de la Convention, en l’empêchant d’exercer ses droits maritimes et en usurpant son droit d’administrer ses eaux territoriales. Selon lui, la Fédération de Russie viole les ressources en hydrocarbures et en poissons de l’Ukraine et interfère dans la liberté de navigation dans le détroit de Kertch.  Rappelant que son pays a porté plainte contre la Fédération de Russie, le représentant a noté que la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a rejeté les objections préliminaires de Moscou et s’est déclarée compétente pour statuer.  

De surcroît, a poursuivi le délégué, la Fédération de Russie a mené en novembre 2018 une autre série de violations en saisissant des navires militaires ukrainiens et les 24 marins à bord, ce qui contrevient aux dispositions de la Convention relative à l’immunité des navires de guerre.  Bien qu’elle ait été obligée de restituer ces navires et de libérer les marins arrêtés, la Fédération de Russie a pris près de six mois, a déploré le représentant.  Moscou, a-t-il affirmé, continue de fouler au pied la Convention en s’en prenant aux marins ukrainiens.  

S’agissant enfin de la péninsule de Crimée, le représentant s’est félicité de l’adoption par l’Assemblée générale, à la veille de cette réunion, d’une résolution enjoignant à la Fédération de Russie de mettre fin au plus vite à son « occupation temporaire ».  Le texte dénonce également la fermeture de zones maritimes sous le prétexte de manœuvres militaires en mer Noire et en mer d’Azov, a-t-il précisé, appelant à nouveau la Fédération de Russie à restituer les armes de guerre saisies sur les navires.  

M. JOSE JUAN HERNANDEZ CHAVEZ (Chili) s’est félicité de ce que la Convention sur le droit de la mer, base juridique de la collaboration internationale, constitue un régime juridique « solide » qui facilite le consensus et les actions fondées sur la science, en offrant un équilibre entre la protection des ressources et leur exploitation économique.  Le représentant a évoqué, dans cet esprit, les aires maritimes qui relèvent de chaque État et a rappelé que le Chili a établi des zones maritimes protégées sur 43% de sa zone économique exclusive, s’engageant à une gouvernance solide.  

Il a par ailleurs souligné l’importance d’un nouvel instrument juridique contraignant pour les zones au-delà de la juridiction nationale.  Encourageant les États à profiter de la Décennie des sciences océanographiques au service du développement durable pour parvenir à des accords sur une économie viable des océans, le représentant a souligné la nécessité de se baser au mieux sur les connaissances scientifiques disponibles. 

Parlant de la politique nationale, il a évoqué l’interdiction des sacs plastiques à usage unique et encouragé les États d’Amérique Latine et des Caraïbes à avancer dans ce sens, notant que le travail du Groupe des Amis de la lutte contre la pollution par les plastiques pourrait augurer d’une avancée politique internationale.  Le représentant chilien a enfin témoigné de l’engagement de son pays contre la pêche illicite, notant la présence de flottes étrangères à proximité de ses zones de pêche.  Il a appelé les États Membres et les organisations régionales à renforcer leur rôle pour la conservation des ressources. 

À son tour, il a réclamé l’arrêt des subventions à la pêche, car elles contribuent à la surpêche et à la pêche illicite et plaidé pour l’achèvement des négociations à l’OMC.  Pour que le résultat soit satisfaisant, l’accord devrait être large et offrir un équilibre prenant en compte les ressources halieutiques et la sensibilité des communautés qui en dépendent.  

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a regretté qu’il ait été impossible de tenir des négociations plus approfondies sur les projets cette année du fait de la pandémie. Il a cependant tenu à souligner certains éléments.  S’agissant du texte sur les océans et le droit de la mer, il a salué les mises à jour concernant l’affectation des fonds visant à faciliter la participation virtuelle des membres de la Commission des limites du plateau continental issue des pays en développement.  Il a aussi salué la prise en compte des difficultés auxquelles se heurtent les gens de la mer du fait de la COVID-19.  Il a rappelé que son pays a été parmi ceux qui ont lancé la résolution de l’Assemblée générale sur la « Coopération internationale pour relever les défis auxquels se heurtent les gens de mer en raison de la pandémie de la Covid-19 », afin d’appuyer les chaines d’approvisionnement mondiales.  

Le secteur maritime, a souligné le représentant, est l’épine dorsale du commerce mondial, puisque plus de 80% des marchandises sont acheminés par mer, dont des denrées de base ou encore les médicaments essentiels contre la pandémie. S’agissant des mises à jour techniques dans le projet de résolution sur la viabilité des pêches, il a dit comprendre pleinement que les difficultés actuelles aient amené au report de nombreuses manifestations, notamment la Conférence d’examen de l’Accord de 1995 en 2022 et le quinzième cycle des consultations officieuses des États parties à l’Accord.  

Mme ADI ASENACA NAVOTI, Observatrice de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA), a appelé d’emblée à célébrer l’importance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer car elle a établi « la certitude » du droit de la mer et a apporté la paix et l’ordre dans les océans.  La Convention a également permis d’établir une relation équitable entre les États dans l’utilisation de l’océan et a apporté une contribution majeure à la paix et à la sécurité internationales.  De plus, s’est-elle félicitée, dans une déclaration lue en son nom, la Convention a résisté à l’épreuve du temps et elle reste pertinente pour relever les défis actuels.  En tant que « constitution des océans », ce traité est en effet une illustration frappante de la contribution collective de la communauté internationale à la vision d’une société plus juste et plus équitable. 

Poursuivant, Mme Navoti a estimé que l’un des aspects les plus importants envisagés dans la Convention est la création de l’Autorité internationale des fonds marins, chargée de contrôler et d’administrer les fonds marins et leurs ressources minérales au-delà des limites de la juridiction nationale, dans l’intérêt de l’humanité tout entière.  Elle a évoqué les accomplissements des membres de l’Autorité, notamment la mise en place d’une architecture institutionnelle solide et d’un cadre réglementaire sans cesse croissant pour la surveillance des activités dans la Zone.  C’est, a-t-elle insisté, le régime le plus complet et le plus équitable pour régir l’accès aux ressources minérales et leur utilisation, ainsi que la protection du milieu marin dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale. 

Dans ce contexte, Mme Navoti a mis l’accent sur quatre éléments clefs relatifs aux travaux de l’Autorité et d’abord la continuité dans le travail de l’Autorité en dépit du contexte difficile né de la pandémie.  Elle a ensuite cité les progrès réalisés dans l’élaboration du projet de règlement d’exploitation.  En effet, a-t-elle expliqué, la tâche prioritaire de l’Autorité est d’élaborer des règlements pour l’exploitation minière en haute mer.  Pour l’heure, a-t-elle précisé, les travaux du Conseil sur les projets de règlement ont été suspendus jusqu’en 2021.  Dans ce contexte, M. Denys Wibaux de la France a été dûment élu Président de la vingt-sixième session de l’Assemblée et le contre-amiral Md. Khursed Alam du Bangladesh, Président du Conseil. 

Mme Navoti s’est aussi réjouie des progrès importants réalisés dans la mise en œuvre de la stratégie visant à élaborer des plans régionaux supplémentaires de gestion de l’environnement.  C’est, a-t-elle dit, l’expression tangible de l’engagement de l’Autorité en faveur de la protection du milieu marin de la Zone.  Elle a également évoqué l’ambitieux programme sur les ateliers d’experts en ligne qui devrait être achevé d’ici à la fin de l’année.  

Les résultats de ces ateliers contribueront non seulement à créer un ensemble significatif de nouveaux travaux scientifiques qui aideront à protéger l’environnement marin, mais ils fourniront également une base scientifique et technique solide pour les recommandations de la Commission juridique et technique sur le développement des plans régionaux. 

Enfin, en ce qui concerne le plan d’action de l’Autorité en appui à la Décennie des Nations Unies des sciences océaniques au service du développement durable, Mme Navoti a expliqué qu’étant donné que la Décennie débutera officiellement en 2021, l’adoption du plan a été identifiée comme l’une des questions prioritaires nécessitant une décision avant la fin de l’année.  Pour finir, Mme Navoti, a tenu à réaffirmer sa volonté de faire en sorte que les dispositions de la Convention soient appliquées équitablement et dans l’intérêt de l’humanité tout entière. 

Explication de position sur la résolution relative à la viabilité des pêches (A/75/L.40) 

La Turquie s’est dissociée des références à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, à laquelle elle n’est pas partie et en particulier, des dispositions de cette Convention ayant trait à la conservation et à la gestion des stocks de poissons chevauchants et migrateurs.  Ces références ne doivent pas être interprétées comme « une obligation juridique ».  

Le Venezuela a aussi argué de son statut de non État partie à la Convention et à l’Accord de 1995. 

Non partie à la Convention, la Colombie a émis des réserves sur le libellé de la résolution qui présente le traité comme le seul cadre normatif de la gestion des océans.  Nous ne souscrivons qu’aux engagements internationaux que nous avons accepté directement, a souligné la Colombie qui a réaffirmé que, comme tous les pays, elle a l’obligation de protéger et de préserver les ressources marines.  

Droits de réponse 

La Chine a estimé que l’ONU n’est pas le bon endroit pour discuter de la question de la mer de Chine méridionale.  Notre position, a-t-elle dit, a toujours été « claire et cohérente »: notre souveraineté dans la mer de Chine méridionale a des fondements « historiques ».  Nous avons toujours souhaité, a affirmé la Chine, régler nos différends par des négociations car nous tenons à des relations amicales avec nos voisins, et d’ailleurs grâce aux négociations avec l’ASEAN, « la situation est stable ». 

La Chine a qualifié de « fallacieuses » les déclarations de certains États. La navigation en mer de Chine méridionale est l’une des plus libres et des plus sûres au monde.  Chaque année, a-t-elle précisé, plus de 100 000 navires marchands traversent cette mer.  Mais il est vrai, a-t-elle ajouté, que nous restons vigilants car certains utilisent la liberté de navigation pour transporter des armes et encourager des pays « à montrer leurs muscles ».  

La Chine a en outre estimé que le Tribunal d’arbitrage a violé le principe du consentement des États.  Son arrêté est donc « nul et non avenu ».  Nous n’accepterons, a prévenu la Chine, aucune mesure basée sur cet arbitrage.  En tant qu’État partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, nous savons que ce traité n’épuise pas l’ensemble des règles et principes du droit international.  Notre souveraineté sur la mer de Chine méridionale, s’est expliquée la Chine, ne relève pas de la Convention.  Mais, a-t-elle promis, nous continuerons à travailler avec l’ASEAN pour faire de cette mer un lieu stable. 

À son tour, la Malaisie a souligné que sa position sur le conflit en mer de Chine méridionale reste inchangée.  En raison de sa sensibilité, cette question doit, selon elle, être réglée par des moyens pacifiques grâce au dialogue et à la coopération, et ce, conformément aux principes du droit international, y compris la Convention sur le droit de la mer.  

L’Argentine a assuré respecter la directive en date du 3 août 1990, qui s’applique à l’ensemble des documents de l’Organisation.  

La Fédération de Russie a, pour sa part, regretté que l’Ukraine ait choisi de politiser les discussions d’aujourd’hui, en évoquant « ses prétentions maritimes ».  Elle a estimé que l’Assemblée générale n’est certainement pas l’enceinte idoine pour préciser les relations à cet égard. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte 66 recommandations de sa Première Commission visant à faire face aux menaces sécuritaires traditionnelles et émergentes

Soixante-quinzième session,
37e séance plénière – après-midi
AG/12296

L’Assemblée générale adopte 66 recommandations de sa Première Commission visant à faire face aux menaces sécuritaires traditionnelles et émergentes

L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, 66 résolutions et décisions, parmi les 71 textes qui lui ont été soumis par sa Première Commission (chargée du désarmement et de la sécurité internationale) pour faire face aux enjeux du désarmement sous toutes ses formes, allant des menaces traditionnelles liées aux armes de destruction massive, aux menaces émergentes liées à l’utilisation malicieuse du cyberespace, aux risques de militarisation de l’espace extra-atmosphérique, au recours à des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA), ou encore à l’utilisation de munitions fabriquées à partir d’uranium appauvri.

Cette séance d’adoption a été marquée par l’opposition fréquente des États-Unis et de la Fédération de Russie sur la perception de la sécurité dans les domaines du cyberespace et l’espace extra-atmosphérique.  Elle a aussi mis au jour la diversité des attentes et des perceptions de l’ensemble des délégations qui s’est traduite par une centaine de votes sur les textes en entier ou sur certains de leurs paragraphes.  Seul un tiers des textes a été adopté sans vote et l’examen de cinq textes a été reporté dans l’attente de précisions sur leurs incidences budgétaires.  Deux de ces textes concernent la création de groupes de travail et d’experts chargés de faire des recommandations pour une utilisation responsable du cyberespace.

Dans ses remarques liminaires, le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir a remercié le Président de la Première Commission, M. Agustín Santos Maraver ainsi que les autres Membres du Bureau d’avoir terminé avec succès la session de la Première Commission.  Il a salué les efforts déployés par celle-ci pour résoudre et surmonter les différends afin d’accroître la confiance entre les nations et de trouver un terrain d’entente pour renforcer la sécurité mondiale pour nous tous. 

M. Bozkir a notamment regretté que la pandémie ait affecté la présence physique de la société civile lors des débats de la Commission et réduit le temps à la disposition des délégations pour discuter des questions de paix et de sécurité.  « Nous devons faire en sorte que chaque seconde compte », a-t-il insisté en rappelant le combat commun que mène la communauté internationale contre une pandémie aux effets désastreux sur le climat économique et social mondial. 

De son côté, la Rapporteuse de la Première Commission, Mme María del Rosario Estrada Girón (Guatemala), a souligné une année particulière dans les travaux de la Commission qui tenu 15 réunions en personne et trois réunions virtuelles, et qui a approuvé 71 projets de résolution et de décision.  Ce sont 143 délégations qui ont prononcé des discours au cours de cette session 2020, contre 132 en 2019, a-t-elle aussi noté.  Selon elle, la Première Commission a connu « l’une de ses sessions les plus harmonieuses depuis des années » et a « atteint ses objectifs de contribuer de manière significative aux travaux de l’Assemblée générale dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale ». 

Il a cependant fallu que la Commission procède à 15 votes sur divers paragraphes avant d’adopter le texte entier, également par vote, de la résolution intitulée « Modes d’action conjoints et dialogue tourné vers l’avenir pour l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires ».  Par ce texte, les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) se disent résolus à atteindre l’objectif ultime de l’élimination des armes nucléaires.  Adopté par 150 voix pour et 35 abstentions, il a vu l’opposition de la Chine, de la Fédération de Russie, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de la Syrie.  L’Assemblée générale a aussi adopté par 130 voix pour, 42 contre et 14 abstentions un texte appelant les États à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) qui, fort de sa récente et cinquantième ratification, doit entrer en vigueur en janvier 2021.

L’Assemblée générale a aussi condamné dans les termes les plus forts possibles, l’utilisation, depuis 2012, d’armes chimiques en Iraq, en Malaisie, en Syrie et au Royaume-Uni, et l’utilisation récente d’un produit chimique toxique comme arme contre Alexeï Navalny en Fédération de Russie.

L’Assemblée a aussi adopté des textes sur des instruments tels que le Traité sur le commerce des armes et les conventions interdisant le recours à des armes à sous-munitions, des armes biologiques, des mines antipersonnel et des armes nucléaires.

Sans vote, l’Assemblée générale a adopté deux résolutions sur des mesures visant à prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive ou radioactives par des terroristes.

Face aux menaces émergentes, l’Assemblée a adopté, par 179 voix et 3 contre (Israël, Ukraine et États-Unis), une résolution sur un rapport de la Conférence du désarmement relatif à l’interdiction du développement et de la fabrication de nouveaux types d’armes de destruction massive et de nouveaux systèmes de ces armes.

Agissant sans vote, l’Assemblée a adopté une résolution contenant le rapport annuel de la Conférence du désarmement, qui est le forum multilatéral unique de négociation sur le désarmement de la communauté internationale, dont le rôle est primordial dans les négociations de fond sur des questions prioritaires.  L’Assemblée a appelé la Conférence du désarmement à intensifier davantage les consultations et à explorer les possibilités de sortir de deux décennies d’impasse.

Enfin, elle a adopté le programme de travail et le calendrier 2021 de la Première Commission dont les travaux se tiendront du 30 septembre du 5 novembre 2021.

RAPPORTS DE LA PREMIÈRE COMMISSION: ADOPTION DES RÉSOLUTIONS ET DÉCISIONS

Réduction des budgets militaires A/75/390

L’Assemblée générale a pris note du rapport intitulé « Réduction des budgets militaires Rapport de la Première Commission » contenu au document A/75/390.

Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique A/75/391

Aux termes de cette résolution portant sur le « Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande aux États visés par le Protocole III au Traité qui ne l’ont pas encore fait de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la prompte application du Traité aux territoires dont ils sont internationalement responsables de jure ou de facto et qui sont situés à l’intérieur de la zone géographique définie dans le Traité.  Elle demande également aux États d’Afrique parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui ne l’ont pas encore fait de conclure des accords de garanties généralisées avec l’Agence internationale de l’énergie atomique conformément au Traité.

Interdiction de mettre au point et de fabriquer de nouveaux types et systèmes d’armes de destruction massive: rapport de la Conférence du désarmement A/75/392

Aux termes de cette résolution intitulée « Interdiction de mettre au point et de fabriquer de nouveaux types et systèmes d’armes de destruction massive: rapport de la Conférence du désarmement » et adoptée par 179 voix pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Ukraine) et zéro abstention, l’Assemblée générale prie la Conférence du désarmement, sans préjudice de l’examen ultérieur de son ordre du jour, de maintenir la question à l’étude, selon que de besoin, afin de formuler, quand il le faudra, des recommandations concernant les négociations spécifiques à entreprendre sur des types déterminés d’armes de ce genre.

Elle engage tous les États à envisager de donner une suite favorable aux recommandations de la Conférence du désarmement dès que celle-ci les aura formulées.

Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est A/75/393

Aux termes de cette décision intitulée « Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-septième session la question intitulée « Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est ».

Progrès de l’informatique et des télécommunications et sécurité internationale A/75/394

Résolution I

Par cette résolution intitulée « Favoriser le comportement responsable des États dans le cyberespace dans le contexte de la sécurité internationale », adoptée par 163 voix pour, 10 contre et 7 abstentions (Bélarus, Cambodge, Égypte, Liban, Myanmar, Palaos et République populaire démocratique lao), l’Assemblée générale demande aux États Membres de s’inspirer, pour ce qui touche à l’utilisation des technologies numériques, des rapports de 2010, 2013 et 2015 du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Elle demande aussi aux États Membres de contribuer à l’application des mesures collectives recensées dans les rapports du Groupe d’experts gouvernementaux, afin de faire face aux menaces qui existent ou pourraient exister dans ce domaine et de garantir un environnement ouvert, interopérable, fiable et sûr en matière de technologies numériques, compte tenu de la nécessité de préserver la libre circulation de l’information. 

L’Assemblée générale se félicite du démarrage des travaux du Groupe d’experts gouvernementaux créé par le Secrétaire général en application de sa résolution 73/266, selon le principe d’une répartition géographique équitable, et se félicite du démarrage des travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Résolution II

La Première Commission a reporté à plus tard l’examen du projet de résolution intitulé « Progrès de l’informatique et des télécommunications et sécurité internationale », de même que celui des deux projets de décision contenus dans le rapport, afin de pouvoir examiner au préalable leurs incidences budgétaires.

Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient A/75/395

Par cette résolution relative à la « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient » et adopté par 174 voix pour, contre 2 (États-Unis et Israël) et une abstention, l’Assemblée générale prie instamment toutes les parties directement intéressées d’envisager sérieusement de prendre d’urgence les mesures concrètes voulues pour donner effet à la proposition tendant à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, conformément à ses résolutions sur la question et, dans la poursuite de cet objectif, invite les pays intéressés à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

L’Assemblée générale demande à tous les pays de la région qui ne l’ont pas encore fait d’accepter, en attendant la création d’une telle zone, de soumettre toutes leurs activités nucléaires aux garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Elle invite également les pays du Moyen-Orient à s’abstenir, en attendant la création de la zone, de mettre au point, de fabriquer, de mettre à l’essai ou d’acquérir de toute autre manière des armes nucléaires ou d’autoriser l’implantation sur leur territoire, ou sur des territoires placés sous leur contrôle, d’armes nucléaires ou de dispositifs explosifs nucléaires.

Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes A/75/396

Par sa résolution portant sur la « Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes » et adoptée par 125 voix pour, zéro contre et 62 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il est urgent de parvenir rapidement à un accord sur des arrangements internationaux efficaces qui garantissent les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes. 

Elle note avec satisfaction qu’il n’y a à la Conférence du désarmement aucune objection de principe à l’idée d’une convention internationale visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes, même si les difficultés que pose l’élaboration d’une approche commune acceptable pour tous ont été mises en évidence.

L’Assemblée générale engage aussi tous les États, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à œuvrer activement à la conclusion rapide d’un accord sur une approche commune, en particulier sur une formule commune qui pourrait figurer dans un instrument international ayant force obligatoire.

Prévention d’une course aux armements dans l’espace A/75/397

Résolution I

Aux termes de sa résolution intitulée « Prévention d’une course aux armements dans l’espace », adoptée par 185 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et zéro abstention, l’Assemblée générale réaffirme qu’il est important et urgent de prévenir une course aux armements dans l’espace.

Elle constate une fois encore que, comme il est indiqué dans le rapport du Comité spécial sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, le régime juridique applicable à l’espace ne suffit pas, à lui seul, à garantir la prévention d’une course aux armements dans ce milieu.

L’Assemblée générale demande à tous les États, en particulier aux États dotés de capacités spatiales importantes, de contribuer activement à la réalisation de l’objectif qui consiste à utiliser l’espace à des fins pacifiques et à prévenir la course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière.

Elle invite, en outre, la Conférence du désarmement à créer aussi tôt que possible un groupe de travail au titre du point de son ordre du jour intitulé « Prévention d’une course aux armements dans l’espace ».

L’Assemblée générale prie aussi instamment les États qui mènent des activités dans l’espace, ainsi que les États désireux d’en mener, de tenir la Conférence du désarmement informée du déroulement, le cas échéant, de négociations bilatérales ou multilatérales sur la question.

Résolution II

Aux termes de sa résolution intitulée « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable », adoptée par 164 voix pour, 12 contre et 6 abstentions (Arménie, Bélarus, Inde, Israël, Madagascar et Palaos), l’Assemblée générale affirme que tous les États doivent mener leurs activités relatives à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies, et invite instamment les États Membres à en tenir compte dans la formulation de leurs politiques spatiales.

L’Assemblée générale encourage les États qui ne sont pas encore parties aux instruments internationaux régissant l’exploration et l’utilisation de l’espace à envisager de les ratifier ou d’y adhérer, conformément à leur droit interne, et d’en incorporer les dispositions dans leur législation.

L’Assemblée générale exprime le souhait que tous les États Membres s’entendent sur la meilleure façon d’agir pour réduire les menaces pesant sur les moyens spatiaux afin que l’espace demeure un environnement pacifique, sûr, stable et durable, à l’abri d’une course aux armements et de conflits, pour le bienfait de tous, et envisagent d’établir des canaux de communication directe pour gérer les perceptions de la menace.

Elle invite les États membres et observateurs de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement à informer ces organes de leurs politiques, stratégies ou doctrines nationales en matière de sécurité spatiale, à titre volontaire, conformément aux mandats de ces organes.

L’Assemblée générale encourage les États Membres à étudier les menaces et les risques de sécurité qui existent ou pourraient exister pour les moyens spatiaux, y compris ceux découlant d’actions, d’activités ou de moyens dans l’espace ou sur Terre, à caractériser les actions et les activités qui pourraient être considérées comme responsables, irresponsables ou menaçantes et leur incidence potentielle sur la sécurité internationale, et à faire part de leurs idées sur la poursuite de l’élaboration et de l’application de normes, règles et principes de comportement responsable et sur la réduction des risques de malentendus et d’erreurs d’appréciation en ce qui concerne l’espace.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général, dans la limite des ressources disponibles, de solliciter les vues des États Membres sur les questions visées au paragraphe précédent et de lui présenter, à sa soixante-seizième session, un rapport de fond assorti d’une annexe contenant ces vues, dans la perspective de futurs débats entre les États Membres.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 12 du préambule a été adopté par 149 voix pour, 12 contre et 5 abstentions (Afrique du Sud, Arménie, Bélarus, Israël et Madagascar).

Le paragraphe 14 du préambule a été adopté par 143 voix pour, 12 contre et 10 abstentions.

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 148 voix pour, 13 contre et 5 abstentions (Arménie, Bélarus, Israël, Madagascar et Pakistan).

Résolution III

Aux termes de sa résolution intitulée « Non-déploiement d’armes dans l’espace en premier », adoptée par 132 voix pour, 34 contre et 21 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il importe au plus haut point de prévenir une course aux armements dans l’espace et que les États doivent sans plus de retard manifester la volonté de contribuer à la réalisation de cet objectif commun.

L’Assemblée générale réaffirme également que la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement, a un rôle primordial à jouer dans la négociation d’un ou, le cas échéant, de plusieurs accords multilatéraux visant à prévenir, sous tous ses aspects, une course aux armements dans l’espace.

L’Assemblée générale demande instamment que des travaux de fond débutent au plus tôt, sur la base du projet révisé de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux, présenté par la Chine et la Fédération de Russie à la Conférence du désarmement en 2008, au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Prévention d’une course aux armements dans l’espace ».

L’Assemblée générale souligne qu’en l’absence d’un tel accord, d’autres mesures peuvent contribuer à faire en sorte que des armes ne soient pas déployées dans l’espace.

L’Assemblée générale engage tous les États, en particulier ceux qui mènent des activités spatiales, à envisager la possibilité de prendre l’engagement politique de ne pas être les premiers à déployer des armes dans l’espace.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 5 du préambule a été adopté par 120 voix pour, 48 contre et 8 abstentions (Bosnie-Herzégovine, Brésil, Îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée, République de Corée, Suisse, Tchad et Turquie).

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 119 voix pour, 45 contre et 7 abstentions (Bosnie-Herzégovine, Canada, Liechtenstein, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Suisse et Turquie).

Le paragraphe 11 du préambule a été adopté par 119 voix pour, 31 contre et 21 abstentions.

Par sa décision relative aux « Nouvelles mesures concrètes de prévention d’une course aux armements dans l’espace » et adoptée par 152 voix pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Pays-Bas) et 30 abstentions, l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Prévention d’une course aux armements dans l’espace », la question subsidiaire intitulée « Nouvelles mesures concrètes de prévention d’une course aux armements dans l’espace ».

Rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement A/75/398

Par cette résolution intitulée « Rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale invite les États Membres à continuer de s’employer à mettre les progrès de la science et de la technique au service du désarmement, y compris la vérification des instruments relatifs au désarmement, à la maîtrise des armements et à la non-prolifération, et à mettre à la disposition des États intéressés les technologies relatives au désarmement. 

Elle engage les États Membres à continuer de veiller à suivre de près les récentes évolutions scientifiques et techniques qui pourraient mettre en péril la sécurité internationale, et souligne qu’il importe que les États Membres collaborent avec les experts du secteur industriel, de la communauté scientifique et de la société civile pour relever ce défi. 

Elle prend note du rapport actualisé du Secrétaire général sur les dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement, et prie le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-seizième session, un rapport actualisé sur la question.

Elle encourage le Conseil consultatif pour les questions de désarmement à poursuivre ses débats sur les dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement.

Elle engage les États Membres à organiser, aux niveaux national, régional et international, des manifestations, telles que conférences, séminaires, ateliers et expositions, consacrées au rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement en vue de faciliter des échanges multilatéraux et un dialogue entre les parties intéressées sur les dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement.

Désarmement général et complet A/75/399

Ce rapport de la Première Commission contient 36 projets de résolution et 5 projets de décision sur lesquels s’est prononcée l’Assemblée générale.

Résolution I

Aux termes de la résolution intitulé « Conséquences humanitaires des armes nucléaires » et adopté par 146 voix pour, 13 voix contre et 29 abstentions, l’Assemblée générale affirme qu’il importe, pour la survie même de l’humanité, que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, quelles que soient les circonstances. 

Elle souligne que le seul moyen de garantir que les armes nucléaires ne seront plus jamais utilisées est de les éliminer totalement et rappelle qu’on ne peut répondre de manière adéquate aux effets catastrophiques d’une explosion nucléaire, qu’elle résulte d’un accident, d’une erreur d’appréciation ou d’un acte intentionnel.

Elle demande à tous les États de prévenir, en appliquant le principe de la responsabilité partagée, l’utilisation d’armes nucléaires, de lutter contre leur prolifération verticale et horizontale et de procéder au désarmement nucléaire.

Elle exhorte les États à n’épargner aucun effort pour éliminer totalement la menace que représentent ces armes de destruction.

Résolution II

Aux termes de la résolution intitulée « Traité sur l’interdiction des armes nucléaires » et adoptée par 130 voix pour, 42 voix contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale, notant que le Traité est ouvert à la signature depuis le 20 septembre 2017 au Siège de l’ONU, à New York, se félicite que, au 30 septembre 2020, 84 États avaient déjà signé le Traité et que 46 États l’avaient ratifié ou y avaient adhéré.  Elle invite tous les États qui ne l’auraient pas encore fait à signer le Traité, à le ratifier, à l’accepter, à l’approuver ou à y adhérer dès que possible.  L’Assemblée générale engage les États qui sont en mesure de le faire à encourager l’adhésion au Traité grâce à des contacts bilatéraux, infrarégionaux, régionaux et multilatéraux, à des actions d’information et à d’autres moyens.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes de la résolution.

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 121 voix pour, 41 voix contre et 12 abstentions.

Le paragraphe 6 du dispositif a été adopté par 125 voix pour, 25 voix contre et 23 abstentions.

Résolution III

Aux termes de sa résolution portant sur la « Sécurité internationale et statut d’État exempt d’armes nucléaires de la Mongolie » et adopté sans vote,  l’Assemblée générale invite les États Membres à continuer d’aider la Mongolie à prendre les mesures nécessaires pour consolider et renforcer son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale, l’inviolabilité de ses frontières, l’indépendance de sa politique étrangère, sa sécurité économique, son équilibre écologique et son statut d’État exempt d’armes nucléaires.

Elle demande aussi aux États Membres de la région de l’Asie et du Pacifique d’appuyer les efforts menés par la Mongolie pour adhérer aux arrangements régionaux appropriés touchant la sécurité et l’économie.

Résolution IV

Par cette résolution intitulée « Effets de l’utilisation d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri », adoptée par 159 voix pour, 3 contre (Israël, États-Unis et France) et 24 abstentions, l’Assemblée générale invite les États Membres et les organisations internationales compétentes, en particulier ceux qui ne l’ont pas encore fait, à communiquer au Secrétaire général leurs vues sur les effets de l’utilisation d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri.  Elle invite aussi les États Membres qui ont utilisé des armes et des munitions contenant de l’uranium appauvri en période de conflit armé à fournir aux autorités compétentes des États touchés qui en font la demande des informations aussi détaillées que possible sur l’emplacement des zones où ils ont utilisé ces armes et munitions et sur les quantités utilisées, dans le but de faciliter l’évaluation et la décontamination de ces zones.

Résolution V

Par sa résolution intitulée « Relation entre le désarmement et le développement » et adoptée sans vote, l’Assemblée souligne le rôle central que joue l’ONU dans la relation entre le désarmement et le développement, et prie le Secrétaire général de renforcer encore ce rôle, en particulier de consolider le Groupe directeur de haut niveau sur le désarmement et le développement, afin d’assurer une coordination continue et effective et une coopération étroite entre les organismes, départements et services compétents de l’ONU. 

Elle prie le Secrétaire général de continuer à prendre, par l’intermédiaire des organes compétents et dans les limites des ressources disponibles, des mesures propres à assurer l’application du programme d’action adopté le 11 septembre 1987 à la Conférence internationale sur la relation entre le désarmement et le développement.  L’Assemblée générale invite instamment la communauté internationale à consacrer au développement économique et social une partie des ressources libérées par la mise en œuvre d’accords de désarmement et de limitation des armements, afin de réduire l’écart toujours croissant entre pays développés et pays en développement.

Résolution VI

Aux termes de sa résolution portant sur la « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement » et adoptée par 182 voix pour, zéro contre, et 3 abstentions (États-Unis, France et Israël), l’Assemblée générale encourage les États Membres à poursuivre les consultations sur les prochaines étapes menant à la convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.

Elle décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement ».

Résolution VII

Par cette résolution portant sur le « Suivi de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire de 2013 » et adoptée par 143 voix pour, 34 contre et 9 abstentions (Bosnie-Herzégovine, Canada, Finlande, Géorgie, Japon, Serbie, Suède, Suisse et Ukraine), l’Assemblée générale demande que des négociations commencent au plus tôt, dans le cadre de la Conférence du désarmement, en vue de l’adoption de mesures efficaces de désarmement nucléaire visant à parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires et, notamment, de la mise au point d’une convention globale sur les armes nucléaires.

L’Assemblée générale décide de convoquer à New York, à une date qui sera précisée ultérieurement, une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire pour faire le point sur les progrès accomplis dans ce domaine.  Elle se félicite qu’une journée internationale, célébrée le 26 septembre, soit consacrée à l’élimination totale des armes nucléaires et que des activités soient menées en vue de la promouvoir, et elle prie de nouveau sa présidence d’organiser chaque année, le 26 septembre, une réunion plénière de haut niveau d’une journée en vue de célébrer et de promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 14 du préambule qui a été adopté par 121 voix pour, 35 contre et 16 abstentions.

Résolution VIII

Aux termes de sa résolution intitulée « Mesures visant à renforcer l’autorité du Protocole de Genève de 1925 » adoptée par 182 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale demande de nouveau à tous les États de se conformer strictement aux principes et objectifs du Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, et réaffirme qu’il est vital de donner effet aux dispositions de cet instrument. 

Elle engage les États qui maintiennent leurs réserves au Protocole de Genève de 1925 à les retirer.

Résolution IX

Par cette résolution relative à la « Promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération » et adoptée par 130 voix pour, 4 voix contre (États fédérés de Micronésie, États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 51 abstentions, l’Assemblée générale gravement préoccupée par l’érosion continue et progressive du multilatéralisme dans le domaine de la réglementation des armements, de la non-prolifération et du désarmement, et considérant que l’abrogation d’instruments importants composant le dispositif de maîtrise des armements et de non-prolifération qui sont le résultat de mesures unilatérales prises par des États Membres pour régler leurs problèmes de sécurité mettrait en danger la paix et la sécurité internationales et ébranle la confiance dans le système international de sécurité, ainsi que les fondements mêmes de l’Organisation.  Elle réaffirme que le multilatéralisme est le principe fondamental qui doit régir les négociations portant sur le désarmement et la non-prolifération, si l’on veut maintenir et renforcer les normes universelles et élargir leur champ d’application.

L’Assemblée générale souligne qu’il importe de préserver les accords de réglementation des armements et de désarmement en vigueur, qui sont les fruits de la coopération internationale et des négociations multilatérales menées pour faire face aux défis auxquels se heurte l’humanité.   Elle demande de nouveau à tous les États Membres de renouveler et d’honorer les engagements qu’ils ont pris individuellement et collectivement en faveur de la coopération multilatérale, sachant qu’elle les aidera beaucoup à poursuivre et à atteindre leurs objectifs communs dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.

L’Assemblée générale invite en outre les États parties aux instruments relatifs aux armes de destruction massive à se consulter et à coopérer aux fins du règlement des problèmes résultant du non-respect de ces instruments, ainsi qu’aux fins de leur application, suivant les procédures prévues par lesdits instruments, et à s’abstenir de recourir ou de menacer de recourir à des mesures unilatérales ou de se lancer mutuellement des accusations non vérifiées de non-respect pour régler leurs problèmes.

Résolution X

Par cette résolution intitulée « Femmes, désarmement, non-prolifération et maîtrise des armements » et adoptée sans vote l’Assemblée générale, prenant en considération l’impact que la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) a eu sur les progrès réalisés en matière d’égalité des genres, de désarmement multilatéral et de maîtrise des armements, et considérant que la pandémie a encore aggravé les conditions socioéconomiques des groupes vulnérables dans le monde, ce qui a entraîné une intensification des tensions et une augmentation alarmante des cas de violence armée familiale et fondée sur le genre, exhorte les États Membres, les organisations sous-régionales et régionales concernées, les organismes des Nations Unies et les institutions spécialisées à promouvoir l’égalité des chances de sorte que les femmes soient représentées dans tous les mécanismes où sont prises les décisions touchant le désarmement, la non-prolifération et la maîtrise des armements, en particulier dans la perspective de la prévention et de la réduction de la violence armée et des conflits armés.  Elle demande instamment aux États Membres d’appuyer et de renforcer la participation effective des femmes aux travaux des organisations locales, nationales, sous-régionales et régionales dont les activités concernent le désarmement.

Des votes séparés ont toutefois été nécessaires pour adopter quatre paragraphes.

Le paragraphe 5 du préambule a été approuvé par 174 voix pour, zéro contre et 5 abstentions (Arménie, Fédération de Russie, Madagascar, République arabe syrienne et République islamique d’Iran).

Le paragraphe 9 du préambule a été approuvé par 175 voix pour, zéro contre et 4 abstentions (Algérie, Chine, Fédération de Russie et Îles Salomon).

Le paragraphe 13 du préambule a été approuvé par 158 voix pour, zéro contre et 20 abstentions.

Le paragraphe 16 du préambule a été approuvé par 155 voix pour, zéro contre et 22 abstentions.

Résolution XI

Par sa résolution relative au « Désarmement régional » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande aux États de conclure, chaque fois qu’ils le pourront, des accords sur la non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement et les mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional.

Elle soutient et encourage les efforts visant à promouvoir des mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional afin d’atténuer les tensions régionales et de faire progresser à ces deux niveaux le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires.

Résolution XII

Aux termes de sa résolution portant sur la « Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional » et adoptée par 183 voix pour, une contre (Inde) et 4 abstentions (Bhoutan, Fédération de Russie, Madagascar et Zimbabwe), l’Assemblée générale décide d’examiner d’urgence les questions que pose la maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional.

Elle demande également à la Conférence du désarmement d’envisager de formuler des principes susceptibles de servir de cadre à des accords régionaux sur la maîtrise des armes classiques, et attend avec intérêt un rapport de la Conférence portant sur ce sujet.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 7 du préambule a été approuvé par 174 voix pour et 2 voix contre (Inde et Fédération de Russie) et une abstention (Madagascar).

Le paragraphe 2 du dispositif a été approuvé par 124 voix pour, une contre (Inde) et 50 abstentions.

Résolution XIII

Aux termes de sa résolution intitulée « Adoption de mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional » et adoptée sans vote l’Assemblée générale demande instamment aux États de respecter rigoureusement tous les accords bilatéraux, régionaux et internationaux auxquels ils sont parties, y compris les accords de maîtrise des armements et de désarmement.

Elle souligne que les mesures de confiance doivent avoir pour objet de contribuer à renforcer la paix et la sécurité internationales, et être conformes au principe d’une sécurité non diminuée au niveau d’armement le plus bas.

L’Assemblée générale préconise la promotion, avec l’assentiment et la participation des parties concernées, de mesures de confiance bilatérales et régionales destinées à prévenir les conflits et à empêcher l’éclatement fortuit et non intentionnel d’hostilités.

Résolution XIV

Par sa résolution  portant sur la « Mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction » et adoptée par 169 voix pour, zéro contre et 17 abstentions, l’Assemblée générale invite tous les États qui n’ont pas signé la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction à y adhérer sans tarder; exhorte le seul État qui a signé la Convention mais ne l’a pas encore ratifiée à le faire sans tarder.  Elle souligne à quel point il importe que la Convention soit effectivement mise en œuvre et respectée dans son intégralité, et notamment que les plans d’action prévus par la Convention soient appliqués de manière suivie; se déclare vivement préoccupée par l’emploi de mines antipersonnel dans plusieurs parties du monde, y compris par les cas récemment allégués, mentionnés dans des rapports ou étayés par des éléments de preuve; demande instamment à tous les États parties de fournir au Secrétaire général, dans les délais voulus, toutes les informations visées à l’article 7 de la Convention, afin d’améliorer la transparence et de favoriser le respect de la Convention.

L’Assemblée générale invite tous les États qui n’ont pas encore ratifié la Convention ou n’y ont pas encore adhéré à fournir, à titre volontaire, des informations pour renforcer l’efficacité de l’action menée à l’échelle mondiale en vue d’éliminer les mines; demande de nouveau à tous les États et aux autres parties concernées de collaborer pour promouvoir, soutenir et améliorer les soins dispensés aux victimes des mines, de même que leur réadaptation et leur réinsertion sociale et économique, les programmes de sensibilisation aux dangers des mines et de réduction des risques liés à celles-ci, ainsi que l’enlèvement et la destruction des mines antipersonnel disséminées ou stockées dans le monde; et demande instamment à tous les États de rester saisis de la question au plus haut niveau politique et, s’ils sont en mesure de le faire, de promouvoir l’adhésion à la Convention dans le cadre de contacts bilatéraux, sous-régionaux, régionaux et multilatéraux, de campagnes d’information et de séminaires et par d’autres moyens.

Résolution XV

Par cette résolution intitulée « Respect des normes environnementales dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements » et, adopté sans vote, l’Assemblée générale réaffirme que les instances internationales s’occupant de désarmement devraient tenir pleinement compte des normes environnementales pertinentes lorsqu’elles négocient des traités et des accords de désarmement et de limitation des armements et que tous les États devraient contribuer pleinement, par leurs actes, à assurer le respect de ces normes dans l’application des traités et des conventions auxquels ils sont parties.  Elle demande aux États d’adopter des mesures unilatérales, bilatérales, régionales et multilatérales pour faire en sorte que l’application des progrès scientifiques et techniques aux domaines de la sécurité internationale et du désarmement et à d’autres domaines connexes ne porte pas atteinte à l’environnement ou ne l’empêche pas de contribuer utilement à la réalisation du développement durable.

Résolution XVI

Par cette résolution intitulée « Information sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale engage les États Membres à continuer d’adopter des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques et de les appliquer.  Elle invite les États Membres à communiquer au Secrétariat, à titre volontaire, des informations sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques; et engage les États Membres à instaurer un dialogue sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques ou à poursuivre le dialogue en cours.

Résolution XVII

Aux termes de cette résolution intitulée « Application de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction », adoptée par 152 voix pour, 8  voix contre (Cambodge, Chine, Nicaragua, Fédération de Russie, République arabe syrienne, République islamique d’Iran, Venezuela et Zimbabwe) et 23  abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’elle condamne dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques par quiconque et en quelque circonstance que ce soit, soulignant que l’emploi d’armes chimiques en tout lieu, à tout moment, par quiconque et en quelque circonstance que ce soit est inacceptable et qu’il constitue ou constituerait une violation du droit international, et se déclarant fermement convaincue que les personnes responsables de l’emploi de ces armes doivent ou devraient répondre de leurs actes.

Elle condamne dans les termes les plus vigoureux l’emploi comme arme d’un produit chimique toxique contre Alexeï Navalny en Fédération de Russie, et prend acte avec une vive préoccupation de la note datée du 6 octobre 2020 dans laquelle le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques a résumé le rapport sur les activités menées à l’appui d’une demande d’assistance technique faite par l’Allemagne.

L’Assemblée générale condamne également dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques en Iraq, en Malaisie, en République arabe syrienne et au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, depuis 2012, emploi signalé notamment par le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies et par l’Équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques dans une série de rapports du Mécanisme d’enquête conjoint et de l’Équipe d’enquête et d’identification.

L’Assemblée générale prend note à cet égard avec une profonde préoccupation des rapports de la mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques concernant les faits qui se seraient produits à Latamné (République arabe syrienne) et à Saraqeb (République arabe syrienne), ainsi que du rapport final de la mission d’établissement des faits sur l’incident relatif à une allégation d’emploi de produits chimiques toxiques comme arme à Douma (République arabe syrienne), qui a conclu à l’existence de motifs raisonnables selon lesquels un produit chimique toxique a été employé comme arme.

Elle insiste sur l’importance de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, qui contrôle le respect des dispositions de la Convention et veille à ce que tous ses objectifs soient atteints en temps voulu et avec efficacité.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter six paragraphes.

Le paragraphe 6 du préambule a été adopté par 138 voix pour, 7 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie, Iran, République arabe syrienne, République populaire démocratique de Corée, Roumanie et Zimbabwe) et 25 abstentions.

Le paragraphe 2 du dispositif a été adopté par 101 voix pour, 14 contre et 52 abstentions.

Le paragraphe 3 du dispositif a été adopté par 123 voix pour, 11 contre et 31 abstentions.

Le paragraphe 4 du dispositif a été adopté par 124 voix pour, 10 contre et 30 abstentions.

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 119 voix pour, 15 contre et 30 abstentions.

Le paragraphe 17 du dispositif a été adopté par 119 voix pour, 10 contre et 35 abstentions.

Résolution XVIII

Par sa résolution intitulée « Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale engage la communauté internationale à appuyer la mise en œuvre de la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes.

Elle engage aussi les pays de la sous-région sahélo-saharienne à faciliter le bon fonctionnement des commissions nationales qui luttent contre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre et, à cet égard, invite la communauté internationale à leur apporter son appui chaque fois que cela est possible.

L’Assemblée générale engage en outre les organisations et associations de la société civile à collaborer aux efforts des commissions nationales dans la lutte contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Elle engage enfin les organismes publics, les organisations internationales et la société civile à coopérer pour soutenir les programmes et les projets visant à lutter contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et à les collecter.

Un vote séparé a néanmoins été nécessaire pour adopter le paragraphe 16 du préambule qui a été adopté par 157 voix pour, zéro contre et 19 abstentions.

Résolution XIX

Aux termes de la résolution portant sur la Réduction du danger nucléaire et adoptée par 122 voix pour, 49 contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale demande que les doctrines nucléaires soient réexaminées et, dans ce contexte, que des mesures d’urgence soient prises immédiatement pour réduire les risques d’emploi involontaire ou accidentel d’armes nucléaires, telles que la levée de l’état d’alerte et le dépointage des armes nucléaires.  Elle prie les cinq États dotés d’armes nucléaires de prendre des mesures pour donner suite à cette demande.

L’Assemblée générale demande aux États Membres de prendre les mesures propres à empêcher la prolifération des armes nucléaires sous tous ses aspects et à favoriser le désarmement nucléaire, l’objectif étant l’élimination des armes nucléaires.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de redoubler d’efforts et de soutenir les initiatives propres à favoriser l’application pleine et entière des sept recommandations formulées dans le rapport du Conseil consultatif pour les questions de désarmement qui permettraient de réduire sensiblement le risque de guerre nucléaire, de continuer à inviter les États Membres à envisager de convoquer une conférence internationale pour définir les moyens d’éliminer les dangers nucléaires, comme il est proposé dans la Déclaration du Millénaire.

Résolution XX

Aux termes de sa résolution intitulée « Mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive » et adoptée, sans vote l’Assemblée générale demande à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.

L’Assemblée générale lance un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier, et encourage les États parties à la Convention à examiner l’application de celle-ci.

L’Assemblée générale prie instamment tous les États Membres de prendre des mesures au niveau national et de renforcer, le cas échéant, celles qu’ils ont prises, pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive, leurs vecteurs et les matières et technologies liées à leur fabrication.

Elle encourage la coopération entre les États Membres ainsi qu’entre ceux-ci et les organisations régionales et internationales compétentes en vue de renforcer les capacités nationales dans ce domaine.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’établir un rapport récapitulant les mesures déjà prises par les organisations internationales sur des questions en rapport avec les liens entre la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, de solliciter les vues des États Membres sur les mesures supplémentaires à prendre, y compris au niveau national, pour faire face à la menace que l’acquisition d’armes de destruction massive par des terroristes ferait peser sur le monde, et de lui faire rapport à ce sujet à sa soixante-seizième session.

Résolution XXI

Par sa résolution intitulée « Lutter contre la menace que représentent les engins explosifs improvisés », adoptée sans vote, l’Assemblée générale est invitée à considérer que, les approches actuellement mises en œuvre dans le cadre de la réglementation multilatérale des armements, bien que très utiles, ne permettent pas de régler entièrement la question de l’utilisation d’engins explosifs improvisés pendant un conflit et au lendemain d’un conflit.

L’Assemblée générale engage vigoureusement les États à élaborer et à appliquer, s’il y a lieu, toutes les mesures nationales qui s’imposent, y compris des activités d’information et des partenariats avec les acteurs concernés, notamment le secteur privé, pour diffuser les bonnes pratiques et accroître la sensibilisation et la vigilance de leurs nationaux, des personnes relevant de leur juridiction et des sociétés enregistrées sur leur territoire ou relevant de leur juridiction qui participent à la production, à la vente, à la fourniture, à l’achat, au transfert et au stockage de composants précurseurs et de matériaux pouvant servir à fabriquer des engins explosifs improvisés.

L’Assemblée générale demande instamment aux États Membres d’appliquer pleinement toutes les résolutions des Nations Unies sur la question, y compris celles qui portent sur les moyens visant à empêcher des groupes terroristes d’utiliser et d’acquérir des matériaux pouvant servir à fabriquer des engins explosifs improvisés.

L’Assemblée générale encourage vivement les États, dans le cadre d’initiatives comme le projet « Watchmaker » d’INTERPOL, les projets d’INTERPOL de lutte contre le trafic de substances chimiques et de détection et de réduction des risques chimiques et le programme « Global Shield » de l’Organisation mondiale des douanes, à échanger des informations, à titre volontaire, sur le détournement d’explosifs industriels et de détonateurs disponibles dans le commerce vers le marché illicite, au profit de groupes armés illégaux, de terroristes et d’autres destinataires non autorisés.

Résolution XXII

Par sa décision portant sur le « Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques », adoptée par 176 voix pour, une voix contre (République islamique d’Iran) et 10 abstentions, l’Assemblée générale note avec satisfaction que 143 États ont à ce jour souscrit au Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques, mesure concrète contre la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.

L’Assemblée générale invite tous les États qui ne l’ont pas encore fait, en particulier ceux qui possèdent des capacités en matière de lanceurs spatiaux et de missiles balistiques ainsi que ceux qui élaborent des programmes nationaux correspondants, à souscrire au Code de conduite, tout en gardant à l’esprit le droit d’utiliser l’espace à des fins pacifiques.  Elle engage les États qui ont déjà souscrit au Code de conduite à faire le nécessaire pour renforcer la participation à celui-ci et améliorer davantage sa mise en œuvre; elle prend note des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Code de conduite.

L’Assemblée générale encourageait la recherche d’autres moyens permettant de faire effectivement face au problème de la prolifération de missiles balistiques capables de servir de vecteurs à des armes de destruction massive, de prendre les mesures nécessaires pour éviter d’y contribuer, et de continuer d’approfondir le lien entre le Code de conduite et le système des Nations Unies.

Résolution XXIII

Par cette résolution intitulée « Étude de l’Organisation des Nations Unies sur l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale exprime sa gratitude aux États Membres, à l’ONU et aux autres organisations internationales et régionales, à la société civile, aux établissements universitaires et aux organisations non gouvernementales qui, dans leurs domaines de compétence respectifs, ont appliqué les recommandations figurant dans l’étude de l’ONU. Elle les engage de nouveau à continuer d’appliquer ces recommandations et de rendre compte au Secrétaire général des mesures qu’ils prennent à cette fin.

Par ce texte, l’Assemblée générale engage les États Membres, l’Organisation des Nations Unies, les institutions spécialisées et les organisations régionales et sous-régionales concernées à continuer d’envisager d’élaborer et d’appliquer des politiques et des programmes d’éducation de manière à accroître et à faciliter la participation constructive des jeunes dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’établir un rapport sur le bilan de l’application des recommandations et de nouveaux moyens de promouvoir l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération, et de le lui présenter à sa soixante-dix-septième session.  Elle prie une nouvelle fois le Secrétaire général d’utiliser autant que faire se peut les moyens électroniques pour diffuser, dans le plus grand nombre de langues officielles possible, les informations ayant trait à son rapport et tous les renseignements que le Bureau des affaires de désarmement recueille régulièrement concernant l’application des recommandations.  Elle le prie de continuer à tenir à jour le site Web « Éducation pour le désarmement: ressources pour l’éducation » et les podcasts « Disarmament Today », qui constituent des outils efficaces pour promouvoir l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération.

Un vote séparé a toutefois été nécessaire pour adopter le paragraphe 4 du dispositif qui a été approuvé par 176 voix pour, zéro contre et 4 abstentions (Fédération de Russie, Madagascar, République arabe syrienne et République islamique d’Iran).

Résolution XXIV

Par sa résolution intitulée « Application de la Convention sur les armes à sous-munitions », adoptée par 147 voix pour, zéro contre et 38 abstentions, l’Assemblée générale demande instamment aux États qui ne sont pas encore parties à la Convention sur les armes à sous-munitions de le devenir sans tarder, en la ratifiant ou en y adhérant, et aux États parties qui sont en mesure de le faire de promouvoir l’adhésion à la Convention dans le cadre de contacts bilatéraux, sous-régionaux et multilatéraux, de campagnes d’information et par d’autres moyens.

L’Assemblée générale demande instamment à tous les États parties de fournir au Secrétaire général, dans les délais voulus, toutes les informations visées à l’article 7 de la Convention, afin d’améliorer la transparence et de favoriser le respect de la Convention.

L’Assemblée générale invite tous les États qui n’ont pas encore ratifié la Convention ou n’y ont pas encore adhéré à fournir, à titre volontaire, toutes informations permettant de renforcer l’efficacité de l’enlèvement des restes d’armes à sous-munitions disséminés et de leur destruction, et celle des activités connexes.

L’Assemblée générale invite tous les États intéressés, l’Organisation des Nations Unies, les autres organisations et institutions internationales compétentes, les organisations régionales, le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations non gouvernementales concernées à participer à la deuxième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, qui se tiendra à Lausanne (Suisse) du 23 au 27 novembre 2020, et à contribuer au programme des réunions à venir des États parties à la Convention.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer de convoquer les Assemblées des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions et de continuer de fournir l’assistance voulue et d’assurer les services qui pourraient être nécessaires à l’accomplissement des tâches lui ayant été confiées en vertu de la Convention et des décisions pertinentes prises lors des Assemblées des États parties et de la deuxième Conférence d’examen.

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 14 du préambule qui a été adopté par 154 voix pour, zéro contre et 19 abstentions.

Résolution XXVI

Par sa résolution intitulée « Désarmement nucléaire » et adoptée par 123 voix pour, 41 contre et 22 abstentions, l’Assemblée générale exhorte tous les États dotés d’armes nucléaires à prendre des mesures effectives de désarmement pour que toutes ces armes soient totalement éliminées dès que possible. 

L’Assemblée générale accueille avec satisfaction et soutient les efforts de création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires dans différentes régions du globe, notamment au Moyen-Orient, sur la base d’accords ou d’arrangements librement conclus entre les États de la région intéressée, zones qui sont un moyen efficace de limiter la dissémination géographique des armes nucléaires et contribuent au désarmement nucléaire.  Elle encourage les États parties au Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et les États dotés d’armes nucléaires à intensifier les efforts pour résoudre toutes les questions en suspens.

L’Assemblée générale exhorte les États dotés d’armes nucléaires à mettre immédiatement un terme au perfectionnement qualitatif, à la mise au point, à la fabrication et au stockage de têtes et de vecteurs nucléaires.  Elle les exhorte également, à titre transitoire, à lever immédiatement l’état d’alerte de leurs armes nucléaires, à les désactiver et à prendre d’autres mesures concrètes pour réduire encore la disponibilité opérationnelle de leurs systèmes d’armes nucléaires, tout en soulignant qu’une réduction du nombre d’armes déployées et de la disponibilité opérationnelle des armes ne saurait remplacer une diminution irréversible des armements nucléaires et leur élimination totale.

L’Assemblée générale demande de nouveau aux États dotés d’armes nucléaires de prendre des mesures effectives de désarmement nucléaire en vue de parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires dans des délais déterminés. Elle leur demande d’adopter, en attendant l’élimination totale de ces armes, un instrument international juridiquement contraignant dans lequel ils s’engageraient à ne pas recourir en premier à l’arme nucléaire.

L’Assemblée générale demande instamment aux États dotés d’armes nucléaires de commencer en temps opportun à mener entre eux des négociations plurilatérales pour procéder de façon irréversible, vérifiable et transparente à de nouvelles réductions importantes qui contribueraient efficacement au désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande l’application intégrale et effective des 13 mesures concrètes pour le désarmement nucléaire énoncées dans le Document final de la Conférence d’examen de 2 000 des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2 000.  Elle demande également l’application intégrale du plan d’action présenté dans les conclusions et recommandations concernant les mesures de suivi qui figurent dans le Document final de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires TNP en 2010, en particulier les 22 mesures qui concernent le désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande instamment aux États dotés d’armes nucléaires de procéder à de nouvelles réductions de leurs armements nucléaires non stratégiques, notamment dans le cadre d’initiatives unilatérales et en tant que partie intégrante du processus de réduction des armements nucléaires et de désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande que, sur la base d’un programme de travail concerté, équilibré et complet, s’ouvrent immédiatement à la Conférence du désarmement des négociations sur un traité non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires.  Elle prie instamment la Conférence du désarmement d’entamer dès que possible ses travaux de fond à sa session de 2021, sur la base d’un programme de travail complet et équilibré couvrant toutes les priorités réelles et présentes dans le domaine du désarmement et de la maîtrise des armements, notamment l’ouverture immédiate de négociations concernant l’établissement d’une convention globale sur les armes nucléaires.

L’Assemblée générale demande que soit adopté un instrument juridique international apportant des garanties de sécurité inconditionnelles aux États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi d’armes nucléaires en quelque circonstance que ce soit.

L’Assemblée générale demande également que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur rapidement et de manière universelle et qu’il soit rigoureusement appliqué, puisque cela contribue au désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande de nouveau à la Conférence du désarmement de constituer en 2021, dès que possible et à titre de priorité absolue, un comité spécial sur le désarmement nucléaire et d’entamer des négociations sur un programme échelonné de désarmement nucléaire devant mener à l’élimination totale des armes nucléaires dans des délais déterminés.

L’Assemblée générale demande que soit convoquée, dans les meilleurs délais, une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire pour faire le point sur les progrès accomplis.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 32 du préambule a été adopté par 120 voix pour, 37 contre et 14 abstentions.

Le paragraphe 12 du dispositif a été adopté par 154 voix pour, 4 contre (États-Unis, Israël, France et Royaume Uni) et 17 abstentions. 

Le paragraphe 16 du dispositif a été adopté par 165 voix pour une contre (États-Unis) et 9 abstentions (Afrique du Sud, États-Unis, France, Israël, Madagascar, Monaco, Royaume-Uni, RPDC et Zimbabwe).

Résolution XXVII

Aux termes de sa résolution portant sur le Traité sur le commerce des armes, adoptée par 156 voix pour, une contre (États-Unis) et 28 abstentions, l’Assemblée générale accueille avec satisfaction les décisions prises à la sixième Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes, tenue selon une procédure écrite à Genève du 17 au 21 août 2020, et note que la septième Conférence se tiendra à Genève du 30 août au 3 septembre 2021.

L’Assemblée générale invite tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier, à accepter ou à approuver le Traité ou à y adhérer, selon leurs procédures constitutionnelles respectives, dans l’objectif de son universalisation.

L’Assemblée générale demande instamment aux États parties et aux États signataires de prévenir et d’éliminer le commerce illicite d’armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre, conformément aux articles 6 et 7, et d’empêcher leur détournement pour un usage final non autorisé, ou à destination d’utilisateurs finaux non autorisés, notamment en s’efforçant d’améliorer la gestion efficace des stocks.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 157 voix pour, zéro contre et 19 abstentions.

Le paragraphe 10 du dispositif a été adopté par 141 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et 30 abstentions.

Résolution XXVIII

Par cette résolution intitulée « Vers un monde exempt d’armes nucléaires: accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire », adoptée par 138  voix pour, 33 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme que chaque article du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires lie les États parties en tout temps et en toutes circonstances et que tous les États parties sont entièrement responsables du strict respect des obligations que leur impose le Traité, et demande à tous les États parties de se conformer pleinement à l’ensemble des décisions, des résolutions et des engagements issus des Conférences d’examen de 1995, de 2000 et de 2010.

L’Assemblée générale demande à tous les États parties au TNP d’œuvrer en faveur de l’application intégrale de la résolution sur le Moyen-Orient adoptée à la Conférence de 1995 des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires chargée d’examiner le Traité et la question de sa prorogation, application qui est indissociablement liée à la prorogation du Traité pour une durée indéfinie.  Elle se déclare déçue et profondément préoccupée par le fait que la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP en 2015 n’a débouché sur aucun résultat concret, notamment en ce qui concerne la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive demandée dans la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient, qui reste valide tant qu’elle n’a pas été intégralement mise en œuvre.

L’Assemblée générale demande à tous les États parties de tout faire pour rendre le TNP universel et, à cet égard, prie instamment l’Inde, Israël et le Pakistan d’y adhérer rapidement et sans condition en qualité d’États non dotés d’armes nucléaires, et de placer toutes leurs installations nucléaires sous le régime des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

L’Assemblée générale exhorte tous les États à s’employer ensemble à surmonter les obstacles qui, au sein des instances internationales de désarmement, entravent les efforts visant à faire progresser le désarmement nucléaire dans un cadre multilatéral, et prie à nouveau instamment la Conférence du désarmement d’entamer immédiatement des travaux de fond de nature à promouvoir le désarmement nucléaire, notamment dans le cadre de négociations multilatérales.

L’Assemblée générale exhorte tous les États parties au TNP à s’acquitter pleinement et sans délai des obligations et engagements que leur impose le Traité, comme il a été convenu lors des Conférences d’examen de 1995, de 2000 et de 2010.

L’Assemblée générale exhorte également tous les États parties au TNP à s’acquitter d’urgence des obligations que leur impose l’article VI afin d’asseoir la crédibilité du Traité et de son processus d’examen.

L’Assemblée générale exhorte les États dotés d’armes nucléaires à honorer les obligations et engagements qu’ils ont pris, sur les plans tant qualitatif que quantitatif, en matière de désarmement nucléaire, d’une manière qui permette à tous les États parties de suivre régulièrement les progrès accomplis, notamment en adoptant une présentation normalisée des informations détaillées qu’ils communiquent, afin d’établir un climat de confiance non seulement entre eux mais aussi entre eux et les États non dotés d’armes nucléaires, et de contribuer ainsi au désarmement nucléaire.

Elle les exhorte également à faire figurer dans les rapports qu’ils présenteront au cours du prochain cycle d’examen de 2020 du TNP des renseignements concrets et détaillés montrant qu’ils honorent leurs obligations et engagements en matière de désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale exhorte les États Membres à mener de bonne foi et sans tarder des négociations multilatérales sur les mesures efficaces qui pourraient être prises en vue d’édifier un monde exempt à jamais d’armes nucléaires, conformément à l’esprit et à l’objet de sa résolution 1(I) et de l’article VI du TNP.

L’Assemblée générale demande aux États Membres de continuer à contribuer à la définition, à l’élaboration, à la négociation et à la mise en œuvre de mesures de désarmement nucléaire qui soient effectives et juridiquement contraignantes et se félicite à cet égard de l’adoption, le 7 juillet 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter cinq paragraphes.

Le paragraphe 6 du préambule a été adopté par 145 voix pour, une contre (États-Unis) et 30 abstentions.

Le paragraphe 14 du préambule a été adopté par 117 voix pour, 36 contre et 14 abstentions.

Le paragraphe 28 du préambule a été adopté par 158 voix, pour 4 contre (États-Unis, Inde, Israël et Pakistan) et 10 abstentions.

Le paragraphe 15 du dispositif a été adopté par 157 voix pour, 4 contre (États-Unis, Inde, Israël et Pakistan) 10 abstentions.

Le paragraphe 24 du dispositif a été adopté par 118 voix pour, 37 contre et 13 abstentions.

Résolution XXIX

Par cette résolution intitulée « Suite donnée à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires » et adoptée par 136 voix pour, 33 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale souligne de nouveau la conclusion unanime de la Cour internationale de Justice selon laquelle il existe une obligation de poursuivre de bonne foi et de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire sous tous ses aspects, assorti d’un contrôle international strict et efficace. 

L’Assemblée générale demande de nouveau à tous les États d’engager des négociations multilatérales afin de parvenir sans tarder au désarmement nucléaire dans tous ses aspects, sous un contrôle international strict et efficace, y compris dans le cadre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

L’Assemblée générale prie tous les États de tenir le Secrétaire général informé des efforts qu’ils font et des mesures qu’ils prennent en application de la présente résolution et aux fins du désarmement nucléaire, et prie le Secrétaire général de lui communiquer ces informations à sa soixante-seizième session. 

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 146 voix pour, une contre (États-Unis) et 29 abstentions.

Le paragraphe 17 du préambule a été adopté par 120 voix pour, 36 contre et 13 abstentions.

Le paragraphe 2 du dispositif a été adopté par 121 voix, pour 36 contre et 13 abstentions.

Résolution XXX

Aux termes de sa résolution relative au « Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale se félicite également du fait que les États dotés d’armes nucléaires ont signé, le 6 mai 2014, le Protocole au Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et que quatre d’entre eux l’ont ratifié, et demande que le processus de ratification soit achevé au plus vite.

L’Assemblée générale se félicite en outre de la présentation, lors de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2015, de deux documents de travail, dont l’un concernait le Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et l’autre les conséquences pour l’environnement de l’exploitation de l’uranium.

L’Assemblée générale se félicite de la tenue de réunions consultatives des États parties au Traité, le 15 octobre 2009 à Achgabat, le 15 mars 2011 à Tachkent, les 12 juin 2012 et 27 juin 2013 à Astana, le 25 juillet 2014 à Almaty (Kazakhstan), le 27 février 2015 à Bichkek et le 11 avril 2019 à Nour-Soultan, au cours desquelles des mesures à mettre en œuvre conjointement par les États d’Asie centrale ont été définies aux fins de l’exécution des obligations énoncées dans le Traité et du développement de la coopération avec les instances internationales pour les questions de désarmement, ainsi que de l’adoption d’un plan d’action des États parties au Traité visant à renforcer la sécurité nucléaire, à empêcher la prolifération de matières nucléaires et à lutter contre le terrorisme nucléaire en Asie centrale.

Résolution XXXI

Par sa résolution intitulée « Renforcement et développement du système de traités et d’accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération » et adoptée par 186 voix pour, zéro contre et 3 abstentions (Géorgie, Ukraine et Palaos), l’Assemblée générale exhorte tous les États qui sont parties aux traités et accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération à appliquer les dispositions de ces instruments dans leur intégralité.

L’Assemblée générale appelle de ses vœux la poursuite de l’action menée pour renforcer le système de traités et d’accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération et pour en préserver l’intégrité et la validité aux fins du maintien de la stabilité mondiale et de la paix et de la sécurité internationales.  Elle demande à tous les États Membres de sérieusement considérer les incidences négatives que les mesures qui fragilisent ces traités et accords auraient sur la sécurité et la stabilité internationales, ainsi que sur les progrès dans le domaine du désarmement.

L’Assemblée générale exhorte tous les États Membres à appuyer les efforts déployés pour régler les questions relatives à l’application de tels traités et accords d’une manière qui soit conforme à ces instruments et au droit international, en vue d’encourager le strict respect de leurs dispositions par tous les États qui y sont parties, de maintenir ou de rétablir leur intégrité et de renforcer et développer leurs régimes.

L’Assemblée générale encourage la communauté internationale à continuer de s’efforcer de protéger l’intégrité des traités et accords existants sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération, qui va du plus grand intérêt de l’humanité.  Elle estime qu’il est indispensable de préserver l’efficacité et l’efficience ainsi que le caractère consensuel des instruments multilatéraux pertinents dans ce domaine.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer à apporter l’assistance nécessaire à la protection de l’intégrité des traités et accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération et au renforcement du système de traités et accords en la matière.

L’Assemblée générale engage les États qui sont en mesure de le faire à fournir aux États Membres qui en feraient la demande une assistance technique et un renforcement des capacités en faveur de l’application au niveau national des traités et accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération.  Elle encourage tous les États parties à s’efforcer d’élaborer, lorsqu’il y a lieu, d’autres mesures de coopération susceptibles de renforcer la confiance dans les traités et accords existants dans ce domaine et de faciliter la conclusion d’autres traités et accords de ce type.

Résolution XXXII

Aux termes de sa résolution intitulée « Mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales », adoptée par 176 voix pour, 2 contre (Israël et États-Unis) et 6 abstentions (Australie, Djibouti, Géorgie, Royaume-Uni, Palaos et Ukraine), l’Assemblée générale souligne l’importance du rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales qu’elle a examiné le 5 décembre 2013.  Elle encourage les États Membres qui le souhaitent à continuer d’examiner et de mettre en œuvre, dans toute la mesure possible et compte tenu de leurs intérêts nationaux, les mesures de transparence et de confiance proposées dans ce rapport, dans le cadre de mécanismes nationaux adaptés.

L’Assemblée générale encourage également les États Membres à avoir, conformément aux recommandations figurant dans le rapport, des échanges de vues réguliers dans le cadre du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, de la Commission du désarmement et de la Conférence du désarmement, sur les perspectives de l’application des mesures de transparence et de confiance, le but étant de la promouvoir.  Elle se félicite que les Première et Quatrième Commissions se soient réunies en 2015, 2017 et 2019, dans le cadre de séances spéciales communes, afin d’examiner les risques éventuels pour la sécurité et la viabilité des activités spatiales.

L’Assemblée générale invite les États Membres à continuer de présenter, dans les instances concernées, des informations sur les mesures concrètes de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales, qu’elles soient unilatérales, bilatérales, régionales ou multilatérales, qui sont appliquées conformément aux recommandations figurant dans le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux.

Un vote séparé a été nécessaires pour adopter le paragraphe 9 du préambule qui a été adopté par 139 voix pour, 5 contre (Australie, États-Unis, Israël, Italie et Royaume-Uni) et 27 abstentions.

Résolution XXXIII

Aux termes de cette résolution relative à la « Prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes », adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande aux États Membres de soutenir les efforts internationaux visant à prévenir l’acquisition et l’emploi par des terroristes de sources radioactives et, si nécessaire, de réprimer ces actes, conformément à leur droit interne et au droit international. Elle encourage tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire dans les meilleurs délais.

L’Assemblée générale invite les États Membres à étudier, en coordination avec l’AIEA et conformément à son statut, l’opportunité de procéder à une évaluation du cadre international applicable à la sécurité des sources radioactives et, si nécessaire, à réfléchir aux mesures qui pourraient être prises pour le consolider.

L’Assemblée générale exhorte les États Membres à renforcer leurs capacités et à prendre et à renforcer les mesures qui s’imposent au plan national pour prévenir l’acquisition et l’emploi par des terroristes de sources radioactives ainsi que les attentats terroristes contre des centrales et installations nucléaires qui entraîneraient des émissions radioactives et, si nécessaire, à réprimer ces actes, en conformité avec leur droit interne et leurs obligations internationales.

L’Assemblée générale invite les États Membres, notamment les États producteurs et fournisseurs de sources radioactives, à soutenir et à entériner les mesures de l’AIEA visant à renforcer la sûreté et la sécurité des sources radioactives, et à renforcer la sécurité de leurs sources radioactives, comme le prévoit le Plan sur la sécurité nucléaire 2018-2021.  Elle prie instamment tous les États de s’employer à suivre les orientations contenues dans le Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives de l’AIEA.

Résolution XXXIV

Par sa résolution intitulée « Modes d’action conjoints et dialogue tourné vers l’avenir pour l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires », adoptée par 150 voix pour, 4 contre (Chine, Fédération de Russie, République populaire démocratique de Corée et République arabe syrienne) et 35 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme que tous les États parties au TNP sont résolus à atteindre l’objectif ultime de l’élimination des armes nucléaires, notamment en apaisant les tensions internationales et en renforçant la confiance entre les États et le régime international de non-prolifération nucléaire, et à appliquer intégralement et continuellement le Traité sous tous ses aspects, dont l’article VI.

L’Assemblée générale invite tous les États parties au TNP à définir des mesures concrètes pour mettre en œuvre les engagements pris dans la perspective de la dixième Conférence d’examen et au-delà.  Elle encourage notamment divers modes d’action conjoints, énumérés dans le texte.

L’Assemblée générale encourage également, afin de faciliter les dialogues tournés vers l’avenir de manière à faire progresser le désarmement nucléaire, les États dotés d’armes nucléaires à énoncer clairement leurs politiques et doctrines nucléaires dans les instances internationales, et engage tous les États à tenir des débats interactifs, fondés sur ces politiques et doctrines nucléaires; tous les États à engager un dialogue sur les incidences possibles des progrès de la science et de la technologie sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération; tous les États à engager un dialogue franc sur la relation entre désarmement nucléaire et sécurité.

L’Assemblée générale réaffirme l’engagement pris de renforcer le régime international de non-prolifération nucléaire et de parvenir à la dénucléarisation complète de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, et la responsabilité qui incombe à tous les États d’appliquer intégralement toutes les résolutions du Conseil sur la question, et invite la RPDC à se remettre rapidement en situation de pleine conformité avec le TNP, notamment en ce qui concerne les garanties de l’AIEA.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter 15 paragraphes.

Le paragraphe 2 du préambule a été adopté par 157 voix pour, 2 contre (Pakistan et Inde) et 18 abstentions.

Le paragraphe 4 du préambule a été adopté par 131 voix pour 12 contre et 32 abstentions.

Le paragraphe 8 du préambule a été adopté par 163 voix pour, 2 contre (Chine et Pakistan) et 10 abstentions.

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 128 voix pour, 4 contre (Afrique du Sud, Autriche, Espagne et Irlande) et 42 abstentions.

Le paragraphe 12 du préambule a été adopté par 143 voix pour, une contre (Chine) et 30 abstentions.

Le paragraphe 17 du préambule a été adopté par 150 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et RPDC) et 19 abstentions.

Le paragraphe 19 du préambule a été adopté par 157 voix pour, une contre (France) et 16 abstentions.

Le paragraphe 20 du préambule a été adopté par 165 voix pour, 2 contre (Chine et Fédération de Russie) et 6 abstentions (Arabie Saoudite, Bahamas, Iran, Israël, République de Corée et Venezuela).

Le paragraphe 1 du dispositif a été adopté par 147 voix pour, 9 contre (Autriche, Costa Rica, Égypte, Irlande, Liechtenstein, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Afrique du Sud) et 19 abstentions.

Le paragraphe 3b du dispositif a été adopté par 139 voix pour, une contre (Pakistan) et 37 abstentions.

Le paragraphe 3c du dispositif a été adopté par 158 voix pour, 2 contre (Chine et Pakistan) et 17 abstentions.

Le paragraphe 3d du dispositif a été adopté par 120 voix pour, 7 contre (Autriche, Brésil, Espagne, Inde, Irlande, Mexique et Nouvelle-Zélande,) et 46 abstentions. 

Le paragraphe 3e du dispositif a été adopté par 154 voix pour, 2 voix contre (Fédération de Russie et Chine) et 18 abstentions.

Le paragraphe 3f du dispositif a été adopté par 164 voix pour, 2 voix contre (Chine et Fédération de Russie) et 7 abstentions (Algérie, Arabie saoudite, Bahamas, Pakistan, République de Corée, Venezuela et Israël).

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 146 voix pour, 3 voix contre (Chine, Fédération de Russie et RPDC) et 24 abstentions.

Résolution XXXV

Par sa résolution intitulée « Réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires », adoptée par 176 voix pour, 5 voix contre (États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Zimbabwe) et 4 abstentions (États fédérés de Micronésie, Israël, République de Corée et République populaire démocratique de Corée), l’Assemblée générale demande que soient prises, de façon unilatérale, bilatérale et multilatérale, des mesures pratiques et concrètes pour réduire le niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, le but étant de lever l’état de haute alerte de toutes ces armes.  

L’Assemblée générale attend avec intérêt que la question de la réduction du niveau de disponibilité opérationnelle soit examinée plus avant à la dixième Conférence des Parties chargées d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Elle invite instamment les États à la tenir informée des progrès accomplis dans l’application de la présente résolution. 

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 8 du préambule qui a été adopté par 163 voix pour, 2 contre (Fédération de Russie et États-Unis) et 7 abstentions (France, Israël, Inde, Pakistan, République de Corée, Royaume-Uni et Zambie).

Résolution XXXVI

Par sa résolution intitulée « Impératifs éthiques pour un monde exempt d’armes nucléaires » et adoptée par 134 voix pour, 37 voix contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale engage tous les États à reconnaître les conséquences humanitaires catastrophiques qu’aurait une explosion nucléaire et les risques qui y sont associés, que l’explosion résulte d’un accident, d’une erreur d’appréciation ou d’un acte que l’explosion résulte d’un accident, d’une erreur d’appréciation ou d’un acte intentionnel.  Elle prend note des impératifs éthiques pour le désarmement nucléaire et de la nécessité pressante d’instaurer un monde exempt à jamais d’armes nucléaires, qui serait un bien public des plus précieux, servant les intérêts de la sécurité nationale et collective.  

L’Assemblée générale déclare notamment que la menace mondiale que constituent les armes nucléaires doit être éliminée de toute urgence; que les débats, décisions et mesures concernant les armes nucléaires doivent porter avant tout sur les effets que ces armes peuvent avoir sur les êtres humains et sur l’environnement et tenir compte des souffrances indicibles et intolérables qu’elles peuvent causer; qu’une attention accrue doit être portée aux effets qu’une explosion nucléaire pourrait avoir sur les femmes et à l’importance de leur participation aux débats, décisions et mesures concernant les armes nucléaires.

Elle déclare également que les armes nucléaires compromettent la sécurité collective, augmentent le risque d’une catastrophe nucléaire, exacerbent les tensions internationales et rendent tout conflit plus dangereux; que tous arguments en faveur du maintien des armes nucléaires nuisent à la crédibilité du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération; que les plans à long terme de modernisation d’arsenaux d’armes nucléaires vont à l’encontre des engagements et obligations de procéder au désarmement nucléaire et font penser que certains États en posséderont indéfiniment; que dans un monde où les besoins essentiels de l’être humain n’ont pas encore été satisfaits, les ressources considérables consacrées à la modernisation des arsenaux d’armes nucléaires pourraient être réaffectées à la réalisation des objectifs de développement durable.

L’Assemblée générale déclare encore qu’étant donné les incidences humanitaires que pourraient avoir les armes nucléaires, il est inconcevable que tout emploi de celles-ci, quelle qu’en soit la cause, puisse être compatible avec les règles du droit international humanitaire et du droit international, les lois morales ou les exigences de la conscience publique; et qu’étant donné qu’elles frapperaient sans discrimination et pourraient anéantir l’humanité, les armes nucléaires sont intrinsèquement immorales.

En outre, l’Assemblée générale rappelle que tous les États responsables ont le devoir solennel de prendre des décisions visant à protéger leur population et les autres États des ravages d’une explosion nucléaire et que le seul moyen de le faire est d’éliminer totalement les armes nucléaires.

Elle souligne que tous les États ont une responsabilité morale partagée de prendre résolument et de toute urgence, avec l’appui de toutes les parties prenantes concernées, les mesures concrètes nécessaires à l’élimination et à l’interdiction de toutes les armes nucléaires, y compris des mesures juridiquement contraignantes, compte tenu des conséquences humanitaires catastrophiques que pourraient entraîner ces armes et des risques qui y sont associés.

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 11 du préambule qui a été adopté par 118 voix pour, 33 contre et 17 abstentions.

Décision I 

Aux termes de sa décision portant sur le Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires et adoptée par 184 voix pour, une contre (Pakistan) et 4 abstentions (Iran, Israël, République populaire démocratique de Corée et Syrie), l’Assemblée générale, rappelant sa décision 74/509 du 12 décembre 2019, décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires ».

Décision II 

Aux termes de sa décision intitulée « Vérification du désarmement nucléaire », adoptée par 184 voix pour, une contre (Fédération de Russie) et 2 abstentions (Iran et Syrie), l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Vérification du désarmement nucléaire ».

Décision III 

Par sa décision portant sur le Respect des accords et obligations en matière de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement et adoptée par 177 voix pour, une contre (Iran) et 9 abstentions (Bélarus, Cuba, Égypte, Nicaragua, RPDC, Russie, Syrie, Venezuela et Zimbabwe), l’Assemblée générale, rappelant sa résolution 72/32 du 4 décembre 2017 et ses résolutions antérieures sur la question, décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Respect des accords et obligations en matière de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement ».

Décision V

Par sa décision intitulée « Missiles » et adoptée par 174 voix pour, 3 contre (Israël, États-Unis et Palaos) et 6 abstentions (Australie, Japon, Panama, Ukraine, Émirats arabes unis et Uruguay), l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-septième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Missiles ».

Examen et application du Document de clôture de la douzième session extraordinaire de l’Assemblée générale A/75/400

Résolution I

Par sa résolution intitulée « Bourses d’études, formation et services consultatifs desNations Unies dans le domaine du désarmement », adoptée sans vote, l’Assemblée générale note avec satisfaction que, depuis sa mise en place il y a plus de 40 ans, le programme de bourses d’études sur le désarmement a permis de former 1033 fonctionnaires originaires de 170  États Membres, dont beaucoup occupent maintenant, au sein de l’Administration publique de leur pays, des postes de responsabilité dans le domaine du désarmement.  Elle prie le Secrétaire général de continuer, dans les limites des ressources disponibles, à exécuter chaque année le programme et de lui présenter un rapport à ce sujet à sa soixante-dix-septième session.

Résolution II

Par sa résolution intitulée « Convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires » et adoptée par 120 voix pour, 50 contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale demande de nouveau à la Conférence du désarmement d’engager des négociations en vue de parvenir à un accord sur une convention internationale interdisant en toutes circonstances de recourir à des armes nucléaires ou de menacer d’y recourir.

Elle prie la Conférence du désarmement de lui présenter un rapport sur les résultats de ces négociations.

Résolution III

Aux termes de cette résolution relative au « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale félicite le Centre pour le soutien constant qu’il apporte aux États Membres dans la mise en œuvre d’activités de désarmement, de maîtrise des armements et de non-prolifération, au moyen de séminaires et de conférences, d’activités de renforcement des capacités et de formation, de la transmission d’un savoir-faire dans le domaine des politiques et sur le plan technique, ainsi que d’activités d’information et de sensibilisation aux niveaux régional et national.   Elle salue les efforts accomplis par le Centre pour promouvoir le rôle et la représentation des femmes dans les activités de désarmement, de non-prolifération et de maîtrise des armements.

L’Assemblée générale exhorte tous les États, ainsi que les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à verser des contributions volontaires afin de permettre au Centre de mener ses programmes et ses activités et de répondre aux besoins des États d’Afrique.

L’Assemblée générale exhorte les États membres de l’Union africaine, en particulier, à verser des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, conformément à la décision prise par le Conseil exécutif de l’Union africaine à Khartoum en janvier 2006.

Résolution IV 

Par cette résolution portant sur le « Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes », adoptée sans vote, l’Assemblée générale invite tous les États de la région à continuer de s’associer aux activités du Centre, en participant à l’élaboration de son programme d’activité et en optimisant les moyens dont il dispose pour aider à résoudre les difficultés que la communauté internationale rencontre actuellement, en vue d’atteindre les objectifs de paix, de désarmement et de développement énoncés dans la Charte des Nations Unies.

L’Assemblée générale engage le Centre à continuer de mettre en place des activités, dans tous les pays de la région, dans les domaines importants que sont la paix, le désarmement et le développement, et à aider les États Membres de la région, à leur demande et conformément à son mandat, à mettre en œuvre au niveau national les instruments applicables, notamment le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et le Traité sur le commerce des armes, ainsi que le programme 1540 relatif à la non-prolifération des armes de destruction massive.

Résolution V

Aux termes de cette résolution portant sur le « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique » et adoptée sans vote,l’Assemblée générale exprime sa satisfaction au sujet des activités menées par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique durant l’année écoulée et invite tous les États de la région à continuer de les appuyer, notamment en y participant, dans la mesure du possible, et en proposant des thèmes à intégrer dans le programme d’activité du Centre afin de contribuer à la mise en œuvre des mesures en faveur de la paix et du désarmement.

L’Assemblée générale engage les États Membres, en particulier ceux de la région de l’Asie et du Pacifique, ainsi que les fondations et les organisations gouvernementales et non gouvernementales internationales à verser des contributions volontaires, qui sont les seules ressources du Centre, pour renforcer son programme d’activité et en faciliter l’exécution.

Résolution VI

Par sa résolution intitulée « Mesures de confiance à l’échelon régional: activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale », adoptée sans vote, l’Assemblée générale salue et encourage les initiatives des États membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale visant à développer des collaborations et synergies avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, en particulier la Commission de défense et de sécurité, y compris au moyen de réunions à huis clos, en vue de favoriser la mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre en Afrique centrale adoptée par le Comité.

L’Assemblée générale encourage les États membres du Comité consultatif permanent et autres États intéressés à appuyer financièrement la mise en œuvre de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage (Convention de Kinshasa), et encourage les signataires qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention.

L’Assemblée générale réaffirme son adhésion à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et à ses quatre axes, et demande aux États Membres, à l’ONU et aux autres organisations internationales, régionales et sous-régionales pertinentes de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre la Stratégie, de façon intégrée et équilibrée et en tenant compte de toutes ses dimensions.    Elle salue l’adoption, par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, à sa dix-septième session ordinaire, tenue le 30 juillet 2020, de la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme en Afrique centrale, et demande à l’Organisation des Nations Unies et aux partenaires régionaux et internationaux d’en appuyer la mise en œuvre. 

L’Assemblée générale demande à la communauté internationale de soutenir les États concernés dans l’action qu’ils mènent pour mettre en œuvre leurs programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, et engage les États concernés à veiller à ce que ces programmes tiennent compte des besoins des femmes et des enfants associés aux ex-combattants.

L’Assemblée générale demande aux États Membres et aux organes sous-régionaux de prendre immédiatement des mesures concertées pour lutter contre le phénomène du braconnage et le trafic des espèces sauvages et des ressources naturelles.

L’Assemblée générale encourage l’élaboration de mécanismes de régulation communautaire et appelle à la tenue d’une conférence de haut niveau pour discuter de questions liées au pastoralisme et à la transhumance transfrontalière en vue d’une gestion concertée et intégrée.

Elle prie le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale d’aider les États membres du Comité consultatif permanent, en collaboration avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, dans l’action qu’ils mènent, en particulier pour exécuter le Plan de mise en œuvre de la Convention de Kinshasa.

Résolution VII

Par sa résolution intitulée « Programme d’information des Nations Unies sur le désarmement » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale recommande que le Programme poursuive ses activités d’information et d’éducation de façon concrète, équilibrée et objective afin d’amener le public à comprendre combien il importe d’appuyer l’action multilatérale dans le domaine de la maîtrise des armements et du désarmement, menée notamment par l’Organisation des Nations Unies et la Conférence du désarmement.

Résolution VIII 

Aux termes de cette résolution portant sur les « Centres régionaux des Nations Unies pour la paix etledésarmement » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale réaffirme que, dans l’optique de résultats concrets, il est utile que les trois centres régionaux exécutent des programmes d’information et d’éducation visant à promouvoir la paix et la sécurité régionales et à modifier les attitudes fondamentales à l’égard de la paix, de la sécurité et du désarmement, afin de favoriser la réalisation des buts et principes des Nations Unies.

Elle engage les États Membres de chaque région qui sont en mesure de le faire, ainsi que les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à verser des contributions volontaires aux centres régionaux situés dans leur région afin qu’ils puissent mener davantage d’activités et d’initiatives.  L’Assemblée générale prie aussi le Secrétaire général de fournir aux centres régionaux, dans la limite des ressources existantes, tout l’appui dont ils ont besoin pour exécuter leurs programmes d’activité.

Examen de l’application des recommandations et décisions adoptées par l’Assemblée générale à sa dixième session extraordinaire A/75/401

Résolution I

Aux termes de cette résolution portant sur le « Quarantième anniversaire de l’Institut des Nations Unies pourlarecherche sur le désarmement » et adoptée par 180 pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale réaffirme sa conviction que l’Institut doit continuer de mener des recherches indépendantes sur les problèmes relatifs au désarmement et à la sécurité et d’effectuer des recherches spécialisées demandant un degré élevé de compétence.  Elle souligne l’importance que revêt l’Institut, organisme indépendant et autonome qui contribue, par ses travaux de recherche, ses analyses et ses activités, aux progrès en matière de désarmement et, à terme, à l’avènement d’un monde plus sûr.

L’Assemblée générale souligne également la contribution que l’Institut apporte et devrait continuer d’apporter dans le domaine de l’éducation au service du désarmement et de la non-prolifération dans toutes les régions du monde.  Elle lance un appel à tous les États Membres pour qu’ils continuent de soutenir financièrement l’Institut, si possible au moyen de contributions pluriannuelles, et les encourage vivement à ne pas préaffecter leurs contributions, de façon à concourir à long terme à la viabilité, à l’indépendance et à l’impartialité de l’Institut et à la qualité de ses travaux.

Par un vote séparé, le paragraphe 8 du dispositif de la résolution I a été approuvé par 171 voix pour, une contre (États-Unis) et 3 abstentions (Japon, Israël et Madagascar).

Résolution II

Par cette résolution portant sur le « Rapport de la Conférence du désarmement », adoptée sans vote, l’Assemblée générale estime qu’il importe que la société civile participe aux travaux de la Conférence du désarmement, conformément aux décisions prises par celle-ci.

L’Assemblée générale réaffirme le rôle de la Conférence du désarmement, unique instance multilatérale de la communauté internationale pour les négociations sur le désarmement.  Elle se félicite de l’appui sans réserve que les ministres des affaires étrangères et d’autres hauts responsables ont témoigné à la Conférence du désarmement pendant sa session de 2020 tout en prenant note de leur préoccupation face à l’impasse dans laquelle elle se trouve encore, et tiendra compte du fait qu’ils ont demandé une plus grande souplesse afin que la Conférence puisse entamer ses travaux de fond sans plus tarder.

L’Assemblée générale demande à la Conférence du désarmement d’intensifier encore les consultations et d’examiner les possibilités qui s’offrent à elle de sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis 20 ans en adoptant et en suivant un programme de travail équilibré et global le plus tôt possible pendant sa session de 2021, compte tenu de la décision sur l’établissement d’un programme de travail qu’elle a prise le 29 mai  2009, ainsi que des propositions qui ont été, sont ou seront présentées sur la question.

L’Assemblée générale prie la présidence actuelle de la Conférence du désarmement et celles qui lui succéderont de coopérer avec les États membres de la Conférence en vue de faire en sorte que celle-ci commence rapidement ses travaux de fond, notamment les négociations, à la session de 2021.   Elle estime qu’il importe de poursuivre, en 2021, les consultations sur la question de l’élargissement de la composition de la Conférence du désarmement.

Décision sur la Commission du désarmement

En rappelant ses décisions 74/511 du 12 décembre 2019 et 74/546 du 2 avril 2020 et notant avec préoccupation la situation engendrée par la maladie à coronavirus (COVID-19), l’Assemblée générale a décidé, sans vote: a) que la Commission du désarmement tiendra en 2021 une session de fond pendant trois semaines au plus, à savoir du 5 au 23 avril, et lui présentera un rapport de fond à sa soixante-seizième session; b) que la Commission du désarmement tiendra sa session d’organisation au début de 2021, avant la session de fond, afin d’élire son bureau et de traiter toute autre question d’organisation en suspens; c) d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Examen de l’application des recommandations et décisions adoptées par l’Assemblée générale à sa dixième session extraordinaire », la question subsidiaire intitulée « Rapport de la Commission du désarmement ».

Explication de vote

Intervenant après le vote, le représentant de la Fédération de Russie a dit qu’il se dissociait du consensus parce que la délégation australienne ayant parrainé ce texte n’avait pas souhaité prendre en considération les préoccupations russes.

Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient A/75/402

Par la résolution intitulée « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient »  et adoptée par 153 voix pour, 6 contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Palaos) et 25 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il importe qu’Israël adhère au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et place toutes ses installations nucléaires sous le régime des garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour que l’objectif de l’adhésion de tous les États de la région au Traité puisse être atteint.  

Elle demande à cet État d’adhérer sans plus tarder au Traité, de ne pas mettre au point, fabriquer, mettre à l’essai ou acquérir d’aucune autre manière des armes nucléaires, de renoncer à posséder de telles armes et de placer sous les garanties généralisées de l’Agence toutes ses installations nucléaires qui ne le sont pas, ce qui ferait beaucoup pour renforcer la confiance entre tous les États de la région et serait un pas vers la consolidation de la paix et de la sécurité.  

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 5 du préambule a été adopté par 163 voix pour, 3 contre (Israël, Inde et Pakistan) et 6 abstentions (Bhoutan, États-Unis, France, Israël, Luxembourg, Madagascar et Panama).

Le paragraphe 6 du préambule a été adopté par 164 voix pour, 3 contre (Israël, Inde et Pakistan), et 5 abstentions (Bhoutan, États-Unis, France, Madagascar et Panama).

Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination A/75/403

Par cette résolution relative à la « Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination », et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de prendre toutes les mesures voulues pour devenir parties le plus tôt possible à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination et aux Protocoles y afférents, tels que modifiés, afin que le plus grand nombre possible d’États y adhèrent sans tarder et que ces instruments deviennent à terme universels.

L’Assemblée générale demande à toutes les Hautes Parties contractantes à la Convention qui ne l’ont pas encore fait d’exprimer leur consentement à être liées par les Protocoles à la Convention et par l’amendement élargissant le champ d’application de la Convention et des Protocoles y afférents aux conflits armés n’ayant pas un caractère international.   Elle souligne l’importance de l’universalisation du Protocole relatif aux restes explosifs de guerre (Protocole V).

L’Assemblée générale rappelle les décisions adoptées par la cinquième conférence des Hautes Parties contractantes chargée de l’examen de la Convention.  Elle rappelle également les décisions adoptées par les Hautes Parties contractantes à la Convention à leur réunion de 2019.

L’Assemblée générale se félicite également des décisions prises par la Réunion de 2019 des Hautes Parties contractantes à la Convention concernant le Groupe d’experts gouvernementaux sur les technologies émergentes dans le domaine des systèmes d’armes létaux autonomes et prend note du rapport dudit Groupe d’experts sur sa session de 2019.

Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée A/75/404

Aux termes de cette résolution intitulée « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée » et adoptée par 181 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale réaffirme que la sécurité de la région de la Méditerranée est étroitement liée à la sécurité de l’Europe, ainsi qu’à la paix et à la sécurité internationales.

Elle invite tous les États de la région de la Méditerranée qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à tous les instruments juridiques relatifs au désarmement et à la non-prolifération issus de négociations multilatérales qui sont en vigueur, de manière à créer les conditions nécessaires au renforcement de la paix et de la coopération dans la région. 

L’Assemblée générale engage tous les États de la région à favoriser la mise en place des conditions nécessaires au renforcement des mesures de confiance mutuelle en traitant toutes les questions militaires dans un esprit de franchise et de transparence, notamment en participant au Rapport des Nations Unies sur les dépenses militaires et en communiquant des données et informations exactes au Registre des armes classiques de l’Organisation des Nations Unies. 

Elle engage aussi les pays méditerranéens à renforcer davantage leur coopération dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 2 du dispositif a été approuvé par 174 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et une abstention (Madagascar).

Le paragraphe 5 du dispositif a été approuvé par 174 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et une abstention (Madagascar).

Traité d’interdiction complète des essais nucléaires A/75/405 

Aux termes de cette résolution intitulée « Traité d’interdiction complète des essais nucléaires » et adoptée par 182 voix pour, 2 contre (États-Unis et République populaire démocratique de Corée) et 3 abstentions (Inde, Maurice et République arabe syrienne), l’Assemblée générale souligne qu’il est extrêmement important et urgent que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires soit signé et ratifié sans retard ni condition, afin qu’il puisse entrer en vigueur le plus tôt possible.

L’Assemblée générale se félicite de la contribution des États signataires aux travaux de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en particulier aux efforts entrepris pour que le régime de vérification soit capable de satisfaire aux exigences du Traité concernant la vérification dès l’entrée en vigueur de celui-ci, comme le prévoit son article IV, et engage lesdits États à poursuivre leur action en ce sens.

L’Assemblée générale souligne qu’il faut maintenir l’élan acquis en vue de la mise en place définitive de tous les éléments du régime de vérification. 

L’Assemblée générale prie instamment tous les États de s’abstenir de procéder à des explosions expérimentales d’armes nucléaires et à toutes autres explosions nucléaires, de maintenir leurs moratoires à cet égard et de s’abstenir de tout acte contraire à l’objet et au but du Traité, tout en soulignant que ces mesures n’ont pas le même effet permanent et juridiquement contraignant que l’entrée en vigueur du Traité.

Elle condamne de nouveau les six essais nucléaires auxquels la République populaire démocratique de Corée a procédé, en violation des résolutions du Conseil de sécurité sur la question, demande instamment que les obligations qui découlent de ces résolutions soient intégralement respectées, notamment l’obligation qu’a la République populaire démocratique de Corée d’abandonner son programme d’armement nucléaire et de ne procéder à aucun nouvel essai nucléaire, et réaffirme son appui à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne de manière pacifique, y compris au moyen des pourparlers à six, se félicite des efforts et du dialogue engagés à cette fin, notamment les sommets intercoréens et les sommets entre les États-Unis d’Amérique et la République populaire démocratique de Corée, et encourage toutes les parties à persévérer dans leurs efforts et à poursuivre le dialogue.

Par ce texte, l’Assemblée générale exhorte tous les États qui n’ont pas encore signé ou ratifié le Traité, ou qui l’ont signé mais ne l’ont pas encore ratifié, en particulier ceux dont la ratification est nécessaire pour qu’il entre en vigueur, à le signer et à le ratifier dès que possible et à accélérer leurs formalités de ratification de sorte qu’elles aboutissent au plus vite. 

En outre, elle encourage les États restants dont la ratification est nécessaire pour que le Traité entre en vigueur et qui ont manifesté leur intention de poursuivre et de conclure leurs formalités de ratification à continuer de montrer leur volonté. 

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 7 du préambule qui a reçu 169 voix pour, une voix contre (États-Unis) et 5 abstentions (Inde, Israël, Madagascar, Pakistan et République arabe syrienne).

Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction A/75/406

Aux termes de cette résolution portant sur la « Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale, rappelant que la neuvième Conférence d’examen se tiendra à Genève au plus tard en 2021, note avec satisfaction que les États parties à la Convention réunis à Genève du 4 au 8 décembre 2017 sont convenus, de manière consensuelle, de réaffirmer les objectifs des précédents programmes intersessions en place de  2003 à  2015 et de maintenir la structure selon laquelle les réunions annuelles des États parties sont précédées par les réunions annuelles d’experts.

L’Assemblée générale note également avec satisfaction que, étant donné la nécessité de mesurer ses ambitions d’amélioration du programme intersessions compte tenu des contraintes −en termes de moyens financiers et de ressources humaines− auxquelles les États parties se heurtent, il a été décidé d’allouer 12 journées au programme intersessions pour les années 2018 à 2020, et que les réunions d’experts s’étaleraient sur huit journées consécutives et se tiendraient au moins trois mois avant la réunion annuelle des États parties qui, elle, durera quatre jours. 

L’Assemblée générale constate qu’il a été décidé à la huitième Conférence d’examen de continuer d’améliorer la base de données mise en place par la septième Conférence d’examen et destinée à faciliter les demandes et les offres d’assistance et de coopération, et invite instamment les États parties qui le souhaitent à présenter à l’Unité d’appui à l’application leurs demandes et leurs offres de coopération et d’assistance, notamment celles qui portent sur l’équipement, les matières et les renseignements scientifiques et techniques ayant un rapport avec l’emploi d’agents biologiques et de toxines à des fins pacifiques.

L’Assemblée générale encourage les États parties à rendre compte au moins deux fois par an des mesures qu’ils auront prises aux fins de l’application de l’article X de la Convention et à collaborer pour offrir aux États parties qui en font la demande, laquelle doit revêtir une forme précise, une assistance ou des activités de formation afin de les aider à se donner les moyens, législatifs et autres, de se conformer à la Convention. 

L’Assemblée générale note qu’il a été décidé à la huitième Conférence d’examen de renouveler le programme de parrainage mis en place à la septième Conférence d’examen visant à faciliter et à renforcer la participation des États parties en développement aux réunions annuelles. 

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer de prêter l’assistance voulue aux gouvernements dépositaires de la Convention.

Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale A/75/407

Par cette décision, adoptée sans vote, l’Assemblée générale a approuvé le Programme de travail et le calendrier provisoires de la Première Commission pour 2021.

Planification des programmes A/75/408

L’Assemblée générale a pris note du rapport de la Première Commission.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: la Représentante spéciale précise devant le Conseil de sécurité la stratégie d’un retrait « graduel et responsable » de la MONUSCO

8778e séance – matin
CS/14374

RDC: la Représentante spéciale précise devant le Conseil de sécurité la stratégie d’un retrait « graduel et responsable » de la MONUSCO

La Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC), Mme Leïla Zerrougui, a détaillé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la stratégie d’un retrait « graduel, responsable et durable » de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dans un contexte de divergences persistantes entre les membres de la coalition au pouvoir.  Le retrait de la Mission a dominé les interventions des délégations, dont celle du représentant congolais qui a souhaité que la MONUSCO « réussisse sa sortie ». 

La Représentante spéciale, qui est également Cheffe de la Mission, a entamé son intervention en indiquant que, six semaines après avoir suspendu le Conseil des ministres, le Président Tshisekedi a annoncé, hier, la fin de la coalition unissant le parti Cap pour le changement (CACH) et le Front commun pour le Congo (FCC).  « Au moment où nous parlons, tout en prenant acte de la fin de la coalition décidée par le Président, le FCC a rejeté le diagnostic de crise entre le Gouvernement et le Parlement et qualifié les décisions du Chef de l’État d’inconstitutionnelles », s’est inquiétée la Représentante spéciale. 

Outre ces tensions politiques, Mme Zerrougui s’est dite préoccupée par la poursuite de la crise sécuritaire dans l’est du pays, marquée par de graves violations des droits de l’homme, des attaques de civils et de graves incidents de violence intercommunautaire dans les Nord-Kivu et Sud-Kivu.  Les activités meurtrières de groupes nationaux et étrangers armés soulignent le rôle crucial que la Mission, y compris la brigade d’intervention, doit continuer de jouer pour appuyer les forces de sécurité nationales dans l’extension de l’autorité de l’État et la prévention de la violence contre les civils.  « La protection des civils demeure la priorité centrale de la MONUSCO », a-t-elle assuré. 

Alors que le Conseil de sécurité doit se pencher sur le renouvellement du mandat à la fin du mois, Mme Zerrougui a expliqué que la stratégie d’un retrait la Mission a été arrêtée avec les autorités du pays.  « Cette transition n’est pas un processus qui vient de commencer mais bel et bien la poursuite de mesures prises au lendemain de l’ élection présidentielle de 2018 et de la passation pacifique du pouvoir », a-t-elle rappelé.   Depuis, la Mission a fermé neuf bureaux extérieurs ; elle est présente dans six provinces, en plus de son siège à Kinshasa. 

D’ici à juin 2021, la Mission se sera complétement retirée des Kasaïs et, d’ici à juin 2022, si la stabilisation s’est enracinée, elle sera en mesure de se retirer du Tanganyika.  Au regard des besoins sécuritaires distincts, Mme Zerrougui a défendu une consolidation progressive de la présence de la Mission dans les trois provinces les plus touchées par la violence: le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.  Plus globalement, la Cheffe de la MONUSCO a précisé que la transition dépendra de la capacité du Gouvernement à assurer la sécurité. 

Des étapes importantes ont été franchies, au cours de l’année écoulée, vers la stabilisation de la RDC, bien que le Gouvernement et le peuple congolais continuent de devoir relever d’importants défis et d’avoir besoin, à cette fin, du soutien de la MONUSCO et des principaux partenaires régionaux et internationaux du pays, résume le Secrétaire général dans son rapport sur la Mission dont était saisi le Conseil.  Il recommande donc que le mandat de la MONUSCO soit prorogé d’un an. 

« Nous sommes déçus par le fait que certains critères prévus par la résolution de l’année dernière sur la MONUSCO n’ont pas été remplis », a déclaré le délégué des États-Unis, tout en saluant la stratégie commune sur le retrait de la Mission.   Il a, en conséquence demandé, « un affinement des critères et un calendrier plus précis », tout en invitant la MONUSCO à entamer la remise de certaines tâches aux autorités congolaises et à l’équipe de pays des Nations Unies pour se concentrer sur la réforme du secteur de la sécurité.  

« Un transfert graduel des responsabilités ne doit pas saper les gains enregistrés », a averti le délégué de l’Estonie.  Les dates de retrait doivent être flexibles et réajustées en fonction des développements sur le terrain.  Dans ce droit fil, la Belgique a demandé une démarcation claire entre les tâches de la Mission et celles de l’équipe de pays.  La Chine a rappelé que le retrait dépendra des capacités du Gouvernement et jugé « raisonnable » le renouvellement d’un an de son mandat. 

« Toute reconfiguration de la Mission doit tenir compte de la situation sur le terrain et des priorités établies par Kinshasa et les pays fournisseurs de contingents », a appuyé le délégué de la Fédération de Russie.   De son côté, l’Afrique du Sud, qui s’exprimait aussi au nom du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a mis en garde contre un « retrait prématuré de la Mission pour des raisons budgétaires », qui serait « désastreux » et saperait des décennies d’investissement dans le maintien de la paix.  Le délégué sud-africain a jugé indispensable un plein engagement du Conseil afin de fournir à la Mission tous les moyens nécessaires à l’exécution de son mandat, en étroite collaboration avec le Gouvernement congolais.  « La MONUSCO doit atteindre sa pleine capacité opérationnelle, ce qui passe par la mise en œuvre de la reconfiguration de la Brigade d’intervention de la force », a déclaré le délégué de la France, appuyé par son homologue du Royaume-Uni. 

Dans son intervention, le représentant de la RDC a, lui aussi, appelé au renforcement des capacités offensives de la Mission, notamment de sa brigade d’intervention.  « Ce sont là les conditions sine-qua non que la MONUSCO doit suivre à la lettre pour réussir sa mission première, à savoir la protection des civils, ainsi que pour réussir sa sortie progressive responsable suivant le calendrier établi d’un commun accord avec le Gouvernement », a-t-il déclaré.  Le délégué a notamment souhaité que la brigade d’intervention soit dotée d’unités spéciales adaptées à la guerre asymétrique dans l’est du pays.  Enfin, il est revenu sur les deux années « de grâce, de patience et d’abnégation » pour préserver la coalition et qui n’auront pas réussi à éviter une situation de crise persistante.  Un « informateur », nommé conformément aux dispositions de la Constitution, sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale. 

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué, avant le renouvellement du mandat de la Mission, que le pays traverse malheureusement une période de tensions politiques accrues, marquée par des divergences persistantes entre les membres de la coalition au pouvoir.  « Six semaines après avoir suspendu le Conseil des ministres et annoncé le lancement de consultations avec un large éventail de représentants des forces politiques et de la société civile, le Président Tshisekedi s’est adressé à la Nation hier après-midi. »  Dans ce discours, le Président a annoncé la fin de la coalition unissant Cap pour le changement (CACH) et Front commun pour le Congo (FCC), et a soutenu qu’au vu de l’érosion de la majorité parlementaire actuelle, il avait décidé de nommer un informateur, mandaté pour identifier une nouvelle majorité prête à soutenir son programme de réformes, a expliqué Mme Zerrougui.  Le Président a également souligné que si cet informateur était incapable d’identifier une nouvelle majorité parlementaire, il procèderait à la dissolution de l’Assemblée nationale et demanderait au peuple congolais de lui donner une majorité par les urnes. 

« Au moment où nous parlons, tout en prenant acte de la fin de la coalition décidée par le Président, le FCC a rejeté le diagnostic de crise entre le Gouvernement et Parlement et qualifié les décisions du Chef de l’État d’inconstitutionnelles », s’est inquiétée la Représentante spéciale.  Elle a fait remarquer qu’entre temps, plusieurs représentants de la société civile et de l’opposition ont accueilli favorablement l’évaluation de la situation politique du pays par le Chef de l’État, et ont indiqué leur soutien à sa démarche.  « Nous devons malheureusement déplorer aujourd’hui des échauffourées entre militants des deux forces politiques autour du Parlement. » 

Au vu de ces tensions, la Représentante spéciale a déclaré que la MONUSCO a rencontré au cours du mois dernier de nombreux représentants des forces politiques et de la société civile concernées, pour les encourager à résoudre leurs différends par le dialogue, et éviter toutes provocations susceptibles d’inciter à la violence.  La Mission a également souligné la nécessité de concentrer leurs efforts pour trouver un accord sur les politiques de stabilisation et les réformes institutionnelles essentielles à l’amélioration de la sécurité et de la vie quotidienne des Congolais.  « Nous continuerons à faire usage de nos bons offices pour faciliter une résolution rapide et pacifique de cette situation politique délicate qui, si elle persistait, pourrait avoir des répercussions sérieuses sur la situation économique et sécuritaire du pays », a averti Mme Zerrougui. 

La Représentante spéciale s’est dite préoccupée par la poursuite de la crise sécuritaire dans l’est du pays, marquée par de graves violations des droits de l’homme, des attaques de civils et de graves incidents de violence intercommunautaire dans les Nord-Kivu et Sud-Kivu.  Les activités meurtrières de groupes nationaux et étrangers armés soulignent le rôle crucial que la Mission, y compris la brigade d’intervention, doit continuer de jouer pour appuyer les forces de sécurité nationales dans l’extension de l’autorité de l’État et la prévention de la violence contre les civils.  « La protection des civils demeure la priorité centrale de la MONUSCO », a déclaré Mme Zerrougui, ajoutant que la Mission a adopté à cette fin une approche globale impliquant ses composantes militaire, civile et policière.  Elle a ensuite condamné les attaques inacceptables contre les travailleurs humanitaires alors que ceux-ci jouent un rôle vital dans l’appui aux populations civiles vulnérables. 

La Représentante spéciale a affirmé que la protection des civils exige un établissement des responsabilités pour les crimes commis, ajoutant que la récente condamnation de Ntabo Ntaberi Sheka est une victoire pour la justice militaire congolaise dans sa lutte contre l’impunité.  Elle a ensuite salué les efforts constructifs entrepris par les autorités congolaises en vue d’engager les pays voisins pour une résolution des différends et la consolidation de la stabilité.  Ces efforts devraient se poursuivre en 2021, lorsque le Président Tshisekedi assumera la présidence de l’Union africaine. 

Mme Zerrougui a ensuite abordé le sujet du retrait de la Mission débattu avec les autorités du pays.  Ces discussions ont abouti à une stratégie commune d’un retrait graduel, par étapes, responsable et durable de la Mission.  Cette transition n’est pas un processus qui vient de commencer mais bel et bien la poursuite de mesures prises au lendemain de l’élection présidentielle de 2018 et de la passation pacifique du pouvoir, a-t-elle rappelé.  Depuis, la Mission a fermé neuf bureaux extérieurs et est présente dans six provinces, en plus de son siège à Kinshasa.  Au regard des besoins sécuritaires dans la région, la vision commune appelle à une stratégie adaptée à la situation dans les provinces et à une consolidation progressive de la présence de la Mission dans les trois provinces les plus touchées: le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.  D’ici à juin 2021, la Mission se sera complétement retirée des Kasaïs et sera, d’ici à juin 2022, si la stabilisation s’est enracinée, en mesure de se retirer du Tanganyka.  « Au bout du compte, la responsabilité première de la protection des civils incombera aux autorités de l’État. »  La Cheffe de la MONUSCO a précisé que la transition dépend de la capacité du Gouvernement à assurer la sécurité, ajoutant que la Mission l’appuie activement en ce sens.  S’agissant de la pandémie, elle a précisé que 173 membres de la Mission ont été infectés par le virus et que six d’entre eux ont trouvé la mort. 

« La situation politique que traverse actuellement la République démocratique du Congo est très incertaine. »  Selon la Représente spéciale, le Conseil de sécurité peut jouer un rôle important pour encourager une résolution négociée de cette crise politique, de sorte qu’elle privilégie des solutions durables, donnant priorité aux intérêts de la population congolaise sur des objectifs politiques à court terme qui risquent d’accroître plus encore les tensions.  « La République démocratique du Congo ne peut pas se permettre une crise institutionnelle grave et a besoin d’institutions stables et fonctionnelles se remettant au travail le plus vite possible et se concentrant sur le relèvement économique national et la stabilisation de l’est du pays, avant les élections générales prévues en 2023. »  La Mission est aujourd’hui arrivée à un point critique de soutien aux autorités nationales pour consolider la stabilité permettant de s’engager vers une paix durable et le développement, a conclu Mme Zerrougui. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a commencé par évoquer la persistance des défis sécuritaires dans l’est du pays.  Condamnant les attaques récurrentes contre les civils et les forces armées, dans les Kivus et en Ituri, il a jugé impératif de mettre fin à l’exploitation illégale des ressources naturelles, et de régler les tensions intercommunautaires en renforçant la présence de l’État pour rompre le cycle de violence.  Dans ces provinces, a-t-il dit, la MONUSCO doit concentrer son action sur la protection des populations mais aussi sur la stabilisation et le soutien aux institutions congolaises.  À cet égard, les efforts en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration, notamment du groupe FRPI, doivent être menés à terme.  Dans ce contexte, la coopération régionale doit être renforcée, a ajouté le représentant, saluant les initiatives du Président Tshisekedi et la stratégie des Nations Unies pour la région des Grand Lacs.  

Au plan humanitaire, a poursuivi M. De Rivière, alors que la onzième épidémie d’Ebola vient de s’achever, il est indispensable de garantir un accès à l’ensemble des populations dans le besoin et que les civils soient protégés.  De plus, les attaques contre le personnel humanitaire doivent cesser et les droits de l’homme doivent être respectés.  La lutte contre la COVID-19 ne justifie pas les violations de ces droits, a souligné le représentant, appelant la communauté internationale à soutenir le pays pour contrer les conséquences économiques et sociales de cette crise sanitaire.  Enfin, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité doit accompagner la transition de la MONUSCO.  Selon lui, la stratégie conjointe pour sa transition définit un cap clair en poursuivant la consolidation de l’État et de ses institutions.  Cette stratégie, qui pose les bases du transfert des tâches de la MONUSCO aux autorités congolaises, doit être progressive et séquencée.  La stabilisation durable du pays nécessitera l’engagement de tous, notamment pour la réforme de la justice et du secteur de sécurité.  Alors que le Conseil s’apprête à renouveler le mandat de la Mission, il importe également que celle-ci puisse atteindre sa pleine capacité opérationnelle, ce qui passe par la mise en œuvre de la reconfiguration de la brigade d’intervention de la force, a-t-il conclu. 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a exprimé sa préoccupation quant à la persistance de l’insécurité dans la partie orientale de la RDC.  Alors que plus des deux tiers du pays sont stables, tel n’est pas le cas au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri, a-t-il déploré, dénonçant les attaques de groupes armés, notamment les Forces démocratiques alliées (ADF), qui ont fait de nombreuses victimes parmi la population civile durant la période considérée.  Cela doit cesser, a affirmé le représentant après avoir condamné ces actes de violence, en particulier ceux visant la MONUSCO et le personnel humanitaire.  Pour parvenir à une solution durable, a-t-il dit, il importe de rechercher les causes profondes de ces conflits en se concentrant sur la restauration de l’autorité de l’État, le renforcement des capacités des forces de sécurité nationale, le rétablissement du dialogue politique et l’appui aux efforts économiques.  Une attention particulière doit aussi être accordée, selon lui, aux progrès en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration. 

Le représentant s’est par ailleurs dit inquiet de la dégradation continue de la situation humanitaire, qui est aggravée par l’insécurité, la récession économique et la pandémie de COVID-19.  Relevant que la RDC est le pays d’Afrique qui compte le plus grand nombre de personnes déplacées internes, il a constaté que 21,8 millions d’individus sont confrontés à une insécurité alimentaire aigüe en RDC, dont 5,7 millions en phase d’urgence.  Ces défis ne peuvent être éliminés sans l’aide précieuse des partenaires, a-t-il souligné, en appelant à la poursuite des efforts de soutien aux populations.  À cet égard, il a réaffirmé l’importance d’une intensification de la coopération régionale pour parvenir à la paix, à la sécurité et au développement, saluant les discussions entre la RDC, l’Angola, le Rwanda et l’Ouganda sur la situation dans la sous-région des Grands Lacs.  Enfin, le délégué s’est félicité de l’élaboration par les autorités congolaises et la MONUSCO d’une stratégie commune sur le retrait progressif de la Mission.  Il a toutefois plaidé pour une approche prudente, liée à l’évolution de la situation sur le terrain et des capacités des autorités de la RDC. 

M. KARTIKA HANDARUNINGRUM (Indonésie) a encouragé l’ONU et la région à continuer de travailler ensemble pour maintenir la paix en République démocratique du Congo (RDC).  Il a conseillé de continuer d’écouter les Congolais sur ce dont ils ont besoin et de procéder avec soin à la configuration future de l’engagement des Nations Unies, pour éviter toute rechute.  Pour le représentant, les efforts de consolidation de la paix ne devraient jamais être mis de côté.  Les défis multiformes auxquels la RDC est actuellement confrontée exigent une coopération étroite de toutes les parties prenantes.  « Nous continuons à demander une consultation plus approfondie avec les pays voisins et les organisations régionales, ainsi qu’avec les pays contributeurs de troupes et de policiers à la MONUSCO. » 

Tout en félicitant le Gouvernement de la RDC d’avoir pris des mesures rapides et décisives pour mettre fin à la onzième épidémie de maladie à virus Ebola dans la province de l’Équateur et limiter la propagation de la COVID-19, le représentant a reconnu que d’autres défis humanitaires persistent.  Près de 22 millions de personnes en RDC souffrent aujourd’hui d’une insécurité alimentaire aiguë, la plus élevée au monde, tandis que 5,2 millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays en raison du conflit, a-t-il rappelé.  Pour finir, l’Indonésie continuera à soutenir la RDC par le biais de sa contribution à la MONUSCO et se joint à l’appel du Secrétaire général pour prolonger d’un an le mandat de la Mission. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) s’est dit impressionné par les progrès accomplis par la RDC en mentionnant la récente condamnation d’un seigneur de guerre, le rôle accru des femmes dans la vie politique et les succès engrangés dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola.  Le délégué a néanmoins plaidé pour davantage de progrès dans la réforme du secteur de la sécurité et dans la planification stratégique du retrait de la MONUSCO.  Il a notamment regretté l’absence d’un cadre national de désarmement, démobilisation et réintégration, avant de mettre en garde contre les violations commises par les forces de sécurité congolaises.  Il a souligné l’importance de l’établissement des responsabilités pour les violations commises dans le Sud-Kivu.  

M. MILLS s’est ensuite dit préoccupé par les attaques répétées des Forces démocratiques alliées (ADF) qui ont fait 70 morts parmi les civils ces trois derniers mois et a exhorté l’ONU à aller de l’avant, y compris en renforçant la brigade d’intervention.  Il a plaidé pour un retrait responsable de la Mission et salué la stratégie commune et le calendrier s’agissant notamment du retrait des Kassaïs et du Tanganyka.  Le délégué s’est néanmoins dit déçu par le fait que certains critères prévus par la résolution de l’année dernière sur la MONUSCO n’ont pas été remplis.  Il a en conséquence demandé « un affinement des critères et un calendrier plus précis ».  Enfin, le délégué a invité la Mission à planifier la remise de certaines tâches aux autorités congolaises et à l’équipe pays de l’ONU pour se concentrer sur la réforme du secteur de la sécurité. 

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a confirmé son appui à la MONUSCO, saluant son travail important, indispensable dans des circonstances souvent très difficiles.  Abordant la situation politique et sécuritaire, il s’est dit préoccupé par les tensions en cours et a appelé les acteurs politiques à régler leurs différends à travers le dialogue et l’esprit de compromis.  En cette période critique de transition, M. Sautter a estimé important de mettre l’accent sur les réformes politiques nécessaires.  L’ensemble des défis ne peuvent être relevés sans prise en main congolaise forte et unifiée. 

Le représentant a fait part de sa préoccupation sur les violences dans l’est de la RDC en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ainsi que par les activités des groupes armés, tels que les ADF.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer le plan d’aide humanitaire pour la RDC, rappelant que son pays a contribué à hauteur de 62 millions d’euros pour des mesures d’aide humanitaire en 2020, y compris la riposte à la maladie à virus Ebola et la COVID-19.  M. Sautter a toutefois salué les évolutions positives, notamment l’amélioration de la situation sécuritaire dans la province du Tanganyika et dans les Kasaï.  Pour finir, il a estimé que le temps est venu de penser aux étapes suivantes en vue de reconfigurer la Mission.  

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a salué le récent sommet virtuel entre la RDC, l’Angola, le Rwanda et l’Ouganda destiné à éradiquer les forces négatives dans la région, lutter plus efficacement contre la pandémie de COVID-19 et trouver de nouvelles pistes de développement économique.  Ces efforts d’intégration sont indispensables pour résoudre les conflits et assurer la croissance régionale, a-t-il souligné.  Préoccupé par la détérioration de la situation dans l’est de la RDC, il a réitéré le soutien de sa délégation au déploiement de la MONUSCO dans les zones de conflit et à la réorganisation des forces de l’ONU dans les zones post-conflit.  Il a également encouragé le renforcement du redéploiement des forces armées congolaises dans les zones pacifiées.  Dans le même temps, il faut élaborer un cadre révisé pour le désarmement et la réintégration et poursuivre la lutte contre l’impunité, a plaidé le délégué.  Il a par ailleurs condamné les violences sexuelles et sexistes en RDC, appelant à une participation plus importante des femmes et des jeunes pour contribuer à la résolution des conflits et permettre une paix durable.  S’agissant de la situation humanitaire, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour aider les populations les plus fragiles, ce qui passe, selon lui, par des contributions au Plan de réponse humanitaire.  Il s’est également dit soulagé que l’épidémie d’Ebola ait pris fin en RDC et que la COVID-19 y ait un effet modéré.  Enfin, il a salué l’accord sur la stratégie conjointe de retrait progressif de la MONUSCO.  À ses yeux, cette stratégie et le renouvellement du mandat de la Mission doivent se fonder sur des paramètres justes qui tiennent compte des capacités du pays.  

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a salué la stratégie commune sur le retrait de la Mission, en affirmant que la protection des civils doit demeurer sa priorité et en soulignant la nécessité de la réforme du secteur de la sécurité congolais.  Le délégué a insisté sur l’importance des indicateurs régissant le retrait de la MONUSCO et sur les liens entre la paix, la sécurité et le développement.  Il a plaidé dans de dernier domaine pour un partenariat robuste entre la RDC et la communauté internationale, en ajoutant que la Belgique prendra toute sa part dans le cadre bilatéral.  « Depuis les années 60, le pays est le principal récipiendaire de l’aide publique au développement belge », a-t-il rappelé, en ajoutant qu’un nouveau cadre sera négocié en 2021 « si les conditions sont réunies ».  

Le délégué a encouragé la RDC à jouer un rôle de chef de file dans la transition avant de souhaiter une démarcation claire entre les compétences de la MONUSCO et l’équipe pays de l’ONU.  Enfin, le représentant de la Belgique a souligné l’importance du contexte régional pour la situation en RDC, compte tenu de la présence d’agents étrangers sur son sol et de l’exploitation de ses ressources naturelles.  Il a donc salué le fait que la stratégie régionale de l’ONU mette l’accent sur la diplomatie préventive. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a convenu que la situation sécuritaire dans les provinces orientales de RDC reste difficile.  Dans les Kivus et en Ituri, il s’est dit particulièrement préoccupé par les violences interethniques et les attaques contre les civils menées ces derniers mois par les Forces démocratiques alliées (ADF).  Le représentant s’est inquiété de l’augmentation du nombre de victimes parmi la population civile, ce qui a conduit à la reprise de manifestations contre les Casques bleus à Beni et dans d’autres villes.  De plus, a-t-il poursuivi, la situation dans le pays est compliquée par la crise politique interne, qui a poussé l’actuel Président à rompre sa coalition avec les partisans de l’ancien Chef de l’État congolais Joseph Kabila.  Il a donc appelé les différents acteurs à réduire le degré de tension politique à Kinshasa et à résoudre les problèmes dans le domaine constitutionnel.  Il a toutefois tenu à saluer des signes positifs, à commencer par la fin de la dernière épidémie de fièvre Ebola et les mesures efficaces prises contre la pandémie de COVID-19, en dépit d’une situation humanitaire difficile. 

Le représentant a ensuite exprimé son soutien aux efforts du Président Tshisekedi et des pays voisins pour parvenir un règlement des conflits dans l’est de la RDC.  Il a salué à cet égard le rôle de médiation joué par des organisations telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Il a souhaité qu’un élan supplémentaire soit donné à ces processus par la nouvelle stratégie régionale de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.  M. Nebenzia a également salué les mesures visant à renforcer la coordination de la MONUSCO avec les forces armées congolaises et à améliorer l’efficacité des Casques bleus, notamment par le biais de la brigade d’intervention.  Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à proroger d’un an le mandat de la MONUSCO, la Russie est prête à travailler de manière constructive à une résolution pertinente mettant en avant les tâches concrètes de la Mission, a-t-il assuré, estimant que toute reconfiguration de cette dernière doit « tenir compte de la situation sur le terrain et des priorités établies par Kinshasa et les pays fournisseurs de contingents ».  Il a plaidé pour une approche « souple », s’appuyant sur une stratégie conjointe de retrait progressif et responsable, sur la base des critères et cibles déterminés. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a salué la poursuite des opérations essentielles de la MONUSCO malgré un environnement opérationnel complexe et les défis que ne cesse de poser la pandémie de COVID-19.  Il s’est félicité en particulier du succès de la Mission à Pinga dans un environnement volatile.  Cela a permis de protéger les personnes déplacées par la violence.  Le représentant a réitéré le besoin d’être attentif dans l’exécution du mandat de la MONUSCO.  Il faut réfléchir par exemple à la question de savoir si les évasions de prisonniers dans le Nord-Kivu auraient pu être prévenues et en tirer les enseignements.  Enfin, il a appelé à une application rapide des réformes prévues par le mandat au sein de la MONUSCO et de sa brigade d’intervention. 

M. DAI BING (Chine) a jugé que la situation est stable dans le pays, même si l’est de la RDC reste en proie à la violence.  Il a souligné la nécessité de préserver la stabilité politique et appelé les partis congolais à respecter l’esprit de la Constitution et à préserver l’unité du pays.  La communauté internationale doit respecter l’indépendance et la souveraineté de la RDC.  Le délégué chinois a jugé « raisonnable » le renouvellement du mandat de la Mission pour une année, en ajoutant que son retrait dépendra de l’évolution de la situation et des capacités du Gouvernement à assurer la sécurité.  La MONUSCO doit coordonner ses efforts avec l’équipe de pays et mettre en œuvre la transition prévue, a-t-il dit, en ajoutant que les pays contributeurs de troupes doivent être tenus informés.  Le délégué chinois a appelé le Gouvernement de la RDC à se pencher sur la création d’emplois et sur le cadre d’une exploitation licite des ressources naturelles du pays.  Enfin, il a demandé l’application de la stratégie du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déclaré que la situation sur le terrain ne s’améliore pas, avec une détérioration sécuritaire dans l’est de la RDC et une augmentation des violations des droits de l’homme.  « Il est regrettable de constater qu’un grand nombre de violations continuent d’être commises par les forces de sécurité congolaises. »  Il a souligné l’importance de l’établissement des responsabilités afin d’empêcher l’enracinement d’une culture de l’impunité et d’instaurer la confiance dans les forces de sécurité.  

Mentionnant les multiples tâches de la MONUSCO, M. Jürgenson a affirmé qu’un transfert graduel de ses responsabilités ne doit pas saper les gains enregistrés.  Il a souhaité que la cessation des activités de la Mission dans les différentes provinces se fasse par étapes et suive des indicateurs pertinents.  Les calendriers de retrait doivent être flexibles et réajustés en fonction des développements sur le terrain, tandis que le Gouvernement congolais et l’équipe de pays des Nations Unies doivent se tenir prêts à remédier aux tâches laissées vacantes par la Mission.  Enfin, le délégué a souhaité que les partenaires humanitaires et les organisations de la société civile nationales et internationales soient associés à la stratégie commune. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), s’exprimant nom du groupe A3+1 (Niger, Afrique du Sud, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a noté avec préoccupation les tensions politiques observées au cours de la période considérée.  À cette aune, il a salué la rencontre organisée en RDC par le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat, entre les coalitions dirigées par le Président Félix Tshisekedi et l’ancien Président Joseph Kabila, en marge de sa visite de travail des 2 et 3 décembre 2020.  M. Matjila a espéré que cette initiative contribuera de manière positive à la recherche d’une solution durable afin de préserver la paix et la sécurité dans le pays.  Par ailleurs, il s’est dit satisfait de la mise en œuvre de l’approche stratégique de la résolution des conflits et de la consolidation de la paix en RDC et dans la région.  Le sommet virtuel entre les Présidents de la RDC, de l’Angola, du Rwanda et de l’Ouganda est révélateur, à ses yeux, de la volonté de la RDC et de la région d’aborder la menace posée par les groupes armés dans la sous-région des Grands Lacs.  

Abordant le volet sécuritaire qui s’améliore dans les différentes régions de la RDC, M. Matjila a, toutefois, réitéré la préoccupation du groupe A3+1 face aux attaques aveugles contre les civils, le personnel de sécurité, la MONUSCO et face au harcèlement et à l’enlèvement de travailleurs humanitaires par des groupes armés dans l’est de la RDC.  « Nous condamnons ces attaques dans les termes les plus forts et appelons les autorités de la RDC à traduire les auteurs en justice. »  En outre, les quatre délégations appellent les partenaires régionaux et internationaux à redoubler d’efforts pour lutter contre l’extraction et le commerce illicites des ressources minérales, qui restent un facteur clef de conflit et une source majeure de revenus qui alimente l’activité des groupes armés dans l’est de la RDC. 

En ce qui concerne la situation humanitaire et sanitaire, les délégations réitèrent leurs préoccupations face à la situation volatile.  Outre les défis posés par la pandémie de COVID-19, l'aggravation de la situation économique et les risques liés au changement climatique ont intensifié les conditions de vie difficiles pour beaucoup, a constaté le représentant sud-africain.  Les délégations réaffirment leur soutien à l'engagement de longue date de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) d'aider la RDC à atteindre une paix, une sécurité et une stabilité durables.  Pour les quatre délégations, il est indispensable que le Conseil de sécurité s’engage à fournir à la MONUSCO tous les moyens nécessaires pour exécuter son mandat en étroite collaboration avec le Gouvernement de la RDC.  Selon elles « une sortie précipitée de la MONUSCO, guidée par des considérations budgétaires, serait désastreuse et saperait des décennies d'investissement dans le maintien de la paix ». 

En conclusion, le groupe A3+1 appuie la recommandation du Secrétaire général de proroger d’un an le mandat de la MONUSCO avec ses effectifs militaires et de police autorisés actuels et ses objectifs stratégiques, à savoir la protection des civils et la stabilisation et le renforcement des institutions de l’État, ainsi que les principales réformes de la gouvernance et du secteur de la sécurité. 

M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo) a salué le rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) présenté devant le Conseil de Sécurité.  Il a voulu notamment répondre à certaines des préoccupations soulevées dans le rapport.  Sur le plan politique, l’actualité de son pays a été dominée par le discours à la nation, dimanche dernier, du Président Tshisekedi à l’issue des consultations politiques des forces vives de la nation tenues du 2 au 25 novembre. Le Chef de l’État, tenant compte de la large convergence de vues sur les questions relatives à la réhabilitation sécuritaire, économique et sociale, a annoncé la fin de la coalition entre le Front Commun pour le Congo (FFC) et le Cap pour le changement (CACH) après deux années d’efforts inlassables « de patience et d’abnégation » pour préserver la coalition.  « Deux années de grâce, selon lui, qui n’auront malheureusement pas réussi à éviter une situation de crise persistante ».  Cette décision, a expliqué le représentant, été motivée par le fait que le Gouvernement de coalition FCC-CACH institué au lendemain de l’alternance politique, en janvier 2019, n’a pas permis au Chef de l’État de mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu.  D’autre part, il n’a pas été en mesure de répondre aux attentes et aux aspirations du peuple congolais. C’est pourquoi il a été décidé de nommer un « informateur », conformément aux dispositions de la Constitution, qui sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale.  C’est avec cette nouvelle coalition que le Président mettra en place le gouvernement qui conduira son action, a annoncé M. Empole

La situation sécuritaire, a-t-il ensuite rapporté, est restée, de façon générale, « calme ».  Toutefois, dans certaines localités bien identifiées dans l’est du pays, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, elle a été marquée par des attaques de groupes armés d’origine interne et externe ainsi que d’autres milices résiduelles encore actives, causant de nombreuses pertes en vies humaines. Ces groupes terroristes, dont certains ont fait allégeance à l’État islamique, pratiquent une guerre asymétrique et continuent à s’attaquer indistinctement à la population civile, aux travailleurs humanitaires, aux Casques bleus de la MONUSCO, ainsi qu’aux forces armées de la RDC, a déploré le représentant.  À ce sujet, il a indiqué que grâce à l’offensive militaire de la RDC, menée depuis octobre 2019 avec l’appui logistique de la MONUSCO, beaucoup de ces groupes ont été affaiblis et de nombreux miliciens ont déposé les armes.  Le pays est déterminé à ce que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), avec l’appui de leurs partenaires dont la MONUSCO, poursuivent leurs offensives contre tous ces groupes, jusqu’à leur éradication complète. 

En outre, M. Empole a évoqué la stratégie en trois volets mise en place par son pays pour remédier à la situation préoccupante dans l’est du pays, notamment la promotion de la réconciliation nationale, principalement entre les communautés locales en conflit, et l’activation de la diplomatie régionale pour un apaisement des tensions.  Toutes ces initiatives ont pour objectif la paix, la sécurité et le développement de la RDC et de la région des Grands Lacs ainsi que le retour à une vie normale, a-t-il insisté.  Si ces initiatives continuent d’être soutenues, a assuré le représentant, elles permettront de changer « durablement et définitivement » la situation dans l’est de la RDC et dans la région.  Il a également appelé à lutter tant contre le trafic illicite des minerais qui financent les groupes armés terroristes, que contre le trafic des armes et la contrebande.  Il faut aussi appuyer la réforme judiciaire en cours et militer en faveur de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la stratégie du Secrétaire général pour les Grands Lacs.  Le représentant a dit qu’il faut œuvrer à l’application du mandat de la MONUSCO dans sa globalité et au renforcement des capacités offensives de la force en générale et de sa brigade d’intervention rapide en particulier. 

Ce sont là, pour le Gouvernement de la RDC, les conditions sine-qua non que la MONUSCO doit suivre « à la lettre » pour réussir sa mission première en RDC, à savoir la protection des civils, ainsi que pour réussir sa « sortie progressive responsable » suivant le calendrier établi d’un commun accord avec le Gouvernement.  « Alors que vous vous apprêtez à renouveler le mandant de la MONUSCO », a rappelé le représentant, le travail convenu a été réalisé au travers des discussions tenues au mois d’octobre 2020 entre les experts des deux parties prenantes.  Ces discussions ont conduit à une stratégie conjointe de retrait progressif échelonné de la MONUSCO de la RDC qui a été validée par les autorités politiques de son pays ainsi que par les responsables de la Mission.  Son pays, a-t-il dit, milite en faveur de l’accroissement de la capacité opérationnelle de la brigade d’intervention, notamment en la dotant des unités spéciales adaptées à la guerre asymétrique dans l’est du pays et en la renforçant par les équipements adéquats.  Pour conclure, M. Empole a fait part de la détermination de son pays à rompre le cercle vicieux du conflit armé et de l’insécurité, pour un retour à une vie normale dans cette partie du territoire national après plus de de deux décennies de turbulences. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies  »

Soixante-quinzième session,
36e séance plénière – matin 
AG/12295  

L’Assemblée générale proclame le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies  »

L’Assemblée générale a proclamé, ce matin, le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies » en adoptant sans mise aux voix une résolution qui fait part d’une vive inquiétude face aux effets dévastateurs qu’ont sur les vies humaines les grandes maladies infectieuses et les épidémies, telle la pandémie actuelle de maladie à coronavirus (COVID-19).  Elle a également fait sienne, à l’issue d’un vote, une résolution qui prie la Fédération de Russie de retirer ses forces militaires de la Crimée. 

Par la résolution proclamant la « Journée internationale de préparation aux épidémies », l’Assemblée générale dit notamment craindre que face aux crises sanitaires mondiales, les systèmes de santé, déjà surchargés, ne soient submergés, que les chaînes d’approvisionnement mondiale ne soient perturbées et que les moyens de subsistance des populations, notamment des femmes et des enfants, et les économies des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ne soient frappés de manière disproportionnée. 

La COVID-19 n’est ni la première ni la dernière épidémie, a prévenu le Viet Nam.  Et il n’est pas exclu qu’une nouvelle épidémie surgisse à tout moment et surpasse en intensité et en gravité les épidémies antérieures si aucune préparation n’est envisagée, a averti la délégation, qui a vu dans la proclamation de cette Journée un moyen important de rappeler à toutes les parties prenantes la nécessité d’avoir, en permanence, un plan de prévention. 

Notant que la COVID-19 a déjà coûté la vie à 1,5 million de personnes et provoqué de graves conséquences socioéconomiques, le Président de l’Assemblée générale a appelé, de son côté, au renforcement de l’engagement et de l’action politiques, de la coopération multilatérale et de la solidarité en matière de soins de santé, y voyant des facteurs essentiels pour soutenir la reprise économique mondiale.  M. Volkan Bozkir a également appelé les États Membres à soutenir l’initiative Vaccines4all en vue de garantir un accès juste et équitable aux vaccins et à accroître leurs investissements pour parvenir à une couverture sanitaire universelle afin de se préparer aux pires urgences sanitaires et d’établir les bases pour un meilleur avenir.

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans mise aux voix une résolution intitulée « Le rôle de la politique de neutralité et son importance pour le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et le développement durable » avant de faire sien le texte par lequel elle prie la Fédération de Russie, en tant que Puissance occupante, de retirer « immédiatement, complètement et sans condition » ses forces militaires de la Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine. 

En adoptant par 63 voix pour, 17 voix contre et 62 abstentions la résolution consacrée au « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov », l’Assemblée générale condamne en outre l’exploitation par la Fédération de Russie d’entreprises d’armement ukrainiennes saisies en Crimée occupée, et lui demande de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée. 

Elle condamne également la construction et l’ouverture du pont du détroit de Kertch et du pont ferroviaire faisant parties du projet d’autoroute de Tavrida, qui relient la Fédération de Russie et la Crimée temporairement occupée, facilitant la poursuite de la militarisation de la Crimée et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la côte de la mer d’Azov.

La Fédération de Russie a décrié l’adoption d’une « résolution politisée » qui équivaudrait, à ses yeux, à donner une nouvelle drogue à un toxicomane au lieu de le soigner, reprochant à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions « pleines d’illusions et de mensonges » et qualifiant de « honteuse » la tentative de l’Ukraine de « réécrire l’Histoire ».  

Assurant que la résolution ne cherche « rien de moins » qu’à faire respecter l’ordre dans la zone de la mer d’Azov et des alentours, l’Ukraine a affirmé que la Fédération de Russie tente de prendre le contrôle des sites nucléaires, s’immisce dans le secteur de l’éducation et bloque la circulation maritime, tandis que la circulation de vaisseaux et aéronefs russes en mer Noire lui permet désormais d’atteindre des zones comme l’Afrique.  La délégation ukrainienne s’est également préoccupée du fait que la Crimée demeure inaccessible à tout mécanisme de contrôle relevant des traités applicables, que ce soit par mer, terrestre ou aérien. 

Gravement préoccupée par le fait que la Fédération de Russie transfère des systèmes d’armes hautement déstabilisateurs vers la Crimée, l’Union européenne a pour sa part appelé tous les États Membres à rester fermes dans leur politique de non-reconnaissance de « l’annexion illégale », notant que la militarisation de la péninsule par la Fédération de Russie a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région de la mer Noire.

L’Assemblée générale poursuivra ses travaux cet après-midi, à partir de 15 heures, en se prononçant sur les projets de résolution présentés par sa Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.

SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Déclaration liminaire

M. VOZKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la tenue, la semaine dernière, de la session extraordinaire consacrée à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), fut l’occasion de renouveler l’engagement en faveur du multilatéralisme.  La COVID-19 continuera d’être ma priorité, a-t-il assuré.

M. Bozkir a rappelé l’adoption, l’an dernier, de la Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.  Il est à présent temps que notre action soit à la hauteur de nos ambitions afin d’améliorer la santé et le bien-être de tous, a-t-il lancé.  Il a notamment relevé que la moitié de la population mondiale, au moins, n’a pas une couverture complète des services de santé essentiels et que près de 800 millions de personnes dans le monde consacrent plus de 10% de leur budget à la santé.  Durant la pandémie de COVID-19, a-t-il ajouté, les personnes les plus vulnérables qui n’étaient pas protégées par une couverture sanitaire universelle ont été les plus durement frappées.

La COVID-19 a déjà couté la vie à 1,5 million de personnes et provoqué de graves conséquences socioéconomiques, a-t-il enchaîné.  C’est un coup de semonce qui appelle au renforcement de l’engagement et de l’action politiques, de la coopération multilatérale et de la solidarité en matière de soins de santé qui, a-t-il ajouté, sont essentiels pour soutenir la reprise économique mondiale et pour mieux reconstruire.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite appelé l’ensemble des États Membres à soutenir l’initiative Vaccines4all et les efforts multilatéraux connexes, afin de garantir un accès juste et équitable aux vaccins. En outre, nous devons travailler ensemble pour garantir que tous les outils nécessaires, du diagnostic aux équipements préventifs, en passant par les traitements, soient mis à la disposition de tous ceux qui en ont besoin.

M. Bozkir a également encouragé les États Membres à accroître leurs investissements pour parvenir à une couverture sanitaire universelle, notamment pour appuyer les services antituberculeux, se préparer aux pires urgences sanitaires, et établir les bases pour un meilleur avenir.

Présentation et adoption de la résolution

Au nom du Canada, du Niger, du Royaume-Uni, de Saint-Vincent-et les Grenadines et du Sénégal, le Viet Nam a présenté le projet de résolution sur la Journée internationale de la préparation aux épidémies (A/75/L/18).  Il a souligné qu’à ce jour, la pandémie de COVID-19 s’est propagée partout dans le monde, avec des répercussions dévastatrices sur la vie humaine.  Ce n’est ni la première ni la dernière épidémie, a-t-il prévenu, en évoquant le VIH/sida, Ebola, le MERS, le SARS et le H1N1, entre autres.  Il n’est pas exclu, a averti le Viet Nam, qu’une nouvelle épidémie surgisse à tout moment et surpasse en intensité et en gravité les épidémies antérieures, si aucune préparation n’est envisagée.  Le Viet Nam a renvoyé à la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU qui invite à une telle préparation.  La pandémie nous a surpris mais elle doit nous alerter sur notre état de préparation. 

Le Viet Nam a estimé en conséquence que la commémoration de la Journée internationale serait un moyen important de rappeler à toutes les parties prenantes la nécessité d’avoir, en permanence, un plan de prévention.  Le projet de résolution souligne en outre qu’il est indispensable d’élever le degré de préparation pour une riposte plus rapide et plus adéquate à toute éventuelle épidémie.  Le Viet Nam a précisé que, lors des négociations, les coauteurs de la résolution ont tenu compte des priorités de tous les États Membres.  Le texte a d’ailleurs passé la procédure d’approbation tacite.

Adoptée sans vote, la résolution fait part d’une vive inquiétude face aux effets dévastateurs qu’ont sur les vies humaines les grandes maladies infectieuses et les épidémies, telle la pandémie actuelle de maladie à coronavirus (COVID-19), qui font des ravages en compromettant le développement social et économique à long terme.  Dans ce texte, l’Assemblée générale dit craindre que face aux crises sanitaires mondiales, les systèmes de santé, déjà surchargés, ne soient submergés, que les chaînes d’approvisionnement mondiale ne soient perturbées et que les moyens de subsistance des populations, notamment des femmes et des enfants, et les économies des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ne soient frappés de manière disproportionnée.

Elle décide donc de proclamer le 27 décembre, Journée internationale de la préparation aux épidémies et invite l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à concourir à la célébration de ladite Journée, en collaboration avec les autres organisations concernées, dans le respect des dispositions de l’annexe de la résolution 1980/67 du Conseil économique et social (ECOSOC).  L’Assemblée souligne que toutes les activités qui pourraient découler de l’application de la résolution devraient être financées au moyen de contributions volontaires.

Déclarations

M. MOHD HAFIZ BIN OTHMAN (Malaisie) a déclaré qu’il faut parfois savoir « penser petit », dans un monde surarmé, y compris en armes de destruction massive, et pourtant, non préparé à lutter contre cet « ennemi invisible ».  Alors que la crise de COVID-19 « choque » le monde, les pays à faible revenu sont dans une position particulièrement difficile.  Le représentant a estimé que les États doivent se préparer aux incertitudes et équiper leurs sociétés pour les rendre résilientes, et leurs systèmes de santé, pour qu’ils soient abordables et accessibles à tous.  Une couverture sanitaire universelle efficace, et louée par l’OMS, a été mise en place en Malaisie dans les années 1990, a rappelé le représentant, en saluant ce « solide » filet de sécurité qui ouvre à tous l’accès aux soins de santé quelle que soit le pouvoir d’achat.

Mme HOE (Singapour) a souligné que des populations en bonne santé sont « indispensables » à la réalisation des objectifs de développement durable.  La représentante a mis l’accent sur le lourd impact de la COVID-19 sur l’économie et la santé mentale, ce qui risque de réduire à néant les acquis en matière de développement durable.  Les institutions multilatérales ont un rôle critique à jouer dans la coordination de la lutte contre la COVID-19, notamment pour une distribution équitable des vaccins et la réduction des risques.  La représentante a indiqué que son pays a travaillé en étroite coopération au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour mettre en place un Conseil de coordination des urgences médicales et un Fonds d’affectation spéciale.  Au niveau international, a poursuivi la représentante, nous nous efforçons d’appuyer la riposte à la pandémie, en plaidant pour un multilatéralisme renforcé dans la fabrication des vaccins.  Singapour a en effet rejoint le Mécanisme COVAX.

Les pays en développement sont ceux qui paieront le prix le plus fort à cause de la pandémie, a déclaré M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) qui a jugé essentiel que ce fléau ne fasse pas oublier d’autres maladies transmissibles comme le sida, le paludisme ou la tuberculose.  Le représentant a appelé à la fin de « la course irresponsable » aux mesures coercitives unilatérales.  Cuba, a-t-il alerté, subit maintenant un renforcement « sans précédent » du blocus économique, financier et commercial imposé depuis des décennies, avec des déficits accumulés dans le secteur de la santé estimés à plus de 3 milliards de dollars.  Nous n’avons pu, a précisé le représentant, nous fournir, comme nous aurions voulu, en médicaments, en équipements ou en pièces de rechange à cause de cette politique « injuste ».  Le peuple cubain est privé de respirateurs, de masques et autres matériels médicaux indispensables dans les circonstances actuelles, sans compter l’incidence négative sur le personnel médical.  Le représentant s’est tout de même enorgueilli que son pays ait pu déployer 39 équipes médicales pour aider d’autres pays, « convaincu que seules la solidarité et l’aide permettront de venir à bout d’une pandémie de ce genre ».

M. ASHISH SHARMA (Inde) a dit que son pays a adopté une approche holistique en matière de santé basée sur la prévention, dont la pratique du yoga et la bonne nutrition; et les soins de santé abordables, comme le Programme de santé universelle qui profite à 126 millions de personnes et encore le Programme d’assurance-maladie pour 500 millions de personnes.  L’Inde s’est aussi attachée à améliorer les infrastructures de santé, y compris les facultés de médecins, sans oublier de mettre en place des interventions spécifiques comme le Programme de nutrition à l’intention des femmes vulnérables.  La COVID-19, a poursuivi le représentant, a mis à jour les faiblesses des systèmes de santé qui doivent être comblées.  Le monde entier, a-t-il insisté, doit mieux se préparer aux crises sanitaires, en améliorant par exemple les mécanismes existants comme la COVAX pour l’accès aux vaccins et en élaborant des stratégies sanitaires à long terme d’accès à des vaccins abordables.  Pour y parvenir, a ajouté le délégué, les nouvelles technologies sont cruciales.  L’Inde, a-t-il affirmé, a pris des mesures qui lui ont permis d’avoir une longueur d’avance s’agissant de la COVID-19. 

Explication de position

Les États-Unis se sont dissociés des références à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui figurent dans la résolution.  La délégation a également renvoyé à sa déclaration du 18 novembre pour ce qui est des références au Programme 2030. 

PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS

Présentation et adoption des résolutions

Le Turkménistan qui a présenté le projet de résolution intitulé « Le rôle de la politique de neutralité et son importance pour le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et le développement durable » (A/75/L.31) a rappelé qu’il a dûment soutenu l’appel à un cessez-le-feu immédiat que le Secrétaire général a lancé au mois de mars.  Le Turkménistan a insisté sur la notion de « neutralité politique » et souligné le lien étroit entre paix et sécurité et développement durable.  C’est la neutralité des États et leur expérience de la diplomatie préventive qui contribueront à renforcer la paix et la sécurité dans le monde, a estimé le Turkménistan.  Il a attiré l’attention sur le fait que le projet de résolution parle des liens importants entre les aspects géoéconomiques de la neutralité politique.  L’adoption de ce texte permettra d’élargir le concept de neutralité politique, dans une perspective de développement durable, a affirmé le Turkménistan.  

Adoptée sans vote, la résolution invite le Secrétaire général à continuer de coopérer étroitement avec les États neutres aux fins de la mise en œuvre des principes de la diplomatie préventive et de leur application dans leurs activités de médiation.  Elle recommande à tous les États Membres, aux organisations du système des Nations Unies et aux autres organisations internationales, régionales et sous-régionales de tirer parti, selon qu’il convient, de tout ce que peuvent apporter les États neutres et la médiation au règlement pacifique des différends et à la prévention et au règlement des conflits, dans le respect de la Charte des Nations Unies.  

Dans ce texte, l’Assemblée générale se félicite de ce que le Gouvernement turkmène ait décidé d’accueillir une conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement, qui sera consacrée à la Journée internationale de la neutralité, célébrée le 12 décembre.  Elle note avec satisfaction que le Gouvernement turkmène a pris également l’initiative de créer le « Groupe des Amis de la neutralité pour la paix, la sécurité et le développement durable ».  

À son tour, l’Ukraine a présenté le projet de résolution sur le « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov » (A/75/L.38-Rev.1).  Elle a souligné que cette année, le texte porte essentiellement sur la militarisation progressive de la Crimée par la Fédération de Russie, ce qui sape la sécurité de la région et des alentours.  La Crimée demeure inaccessible à tout mécanisme de contrôle relevant des traités applicables, que ce soit par mer, terrestre ou aérien, a alerté l’Ukraine.  On voit affluer les armes, sans compter le fait que la Fédération de Russie tente désormais de prendre le contrôle des sites nucléaires, s’immisce dans le secteur de l’éducation et bloque la circulation maritime.  À quelques jours du vingtième anniversaire du Mémorandum de Budapest, l’on assiste à l’agression de l’un des signataires, a accusé l’Ukraine, en prévenant les autres délégations que la Fédération de Russie dira évidemment le contraire.  La vérité, a dit l’Ukraine, est que nous sommes devant une violation du Mémorandum et l’occupation de la Crimée par un État qui cherche à l’annexer. 

Les vaisseaux et aéronefs russes circulent dans la mer Noire, ce qui permet à la Fédération de Russie d’atteindre désormais des zones comme l’Afrique.  Le projet de résolution de cette année, a donc fait observer l’Ukraine, parle d’éléments importants comme la confiscation des entrepôts d’armes de la Crimée, l’afflux d’armes et l’exploitation illicite du territoire ukrainien.  La résolution ne cherche rien de moins qu’à faire respecter l’ordre dans la zone de la mer d’Azov et des alentours.

Adoptée par 63 voix pour, 17 voix contre et 62 abstentions, la résolution prie la Fédération de Russie, Puissance occupante, de retirer immédiatement, complètement et sans condition ses forces militaires de Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine.  Elle demande à tous les États Membres et aux organisations internationales compétentes de coopérer avec l’ONU afin de promouvoir et d’appuyer les efforts visant à mettre fin le plus rapidement possible à l’occupation russe de la Crimée et de s’abstenir de tout acte ou de tout rapport avec la Fédération de Russie concernant la Crimée qui seraient incompatibles avec cet objectif. 

Dans ce texte, l’Assemblée générale soutient les engagements et les mesures concertées pris par la communauté internationale, notamment dans le cadre des dispositifs internationaux relatifs à la Crimée, pour faire face aux difficultés nouvelles que cause la militarisation progressive de la Crimée, laquelle compromet la sécurité et la stabilité dans la région et au-delà.  Elle souligne que la présence de troupes russes en Crimée porte atteinte à la souveraineté nationale, à l’indépendance politique et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et compromet la sécurité et la stabilité des pays voisins et de la région européenne.  L’Assemblée générale condamne l’exploitation par la Fédération de Russie d’entreprises d’armement ukrainiennes saisies en Crimée occupée, et demande à ce pays de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée.  Elle condamne en outre les visites de responsables russes en Crimée temporairement occupée, y compris dans le cadre d’exercices militaires, de défilés militaires et d’autres activités.

Elle demande à la Fédération de Russie de s’abstenir d’ouvrir des établissements d’enseignement dans lesquels un entraînement au combat serait dispensé aux enfants criméens dans le but déclaré de les préparer à servir dans les forces armées russes, de s’abstenir d'instaurer des séances d'entraînement au combat dans les écoles de Crimée et de cesser de s’employer à intégrer officiellement les établissements d’enseignement de Crimée dans son système d’éducation « militaro-patriotique ». 

Elle demande à la Fédération de Russie de s’abstenir de mener en Crimée et dans certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov des activités illicites d’ordre militaire qui ne feraient qu’exacerber les tensions dans la région et au-delà.  L’Assemblée condamne également le fait que la Fédération de Russie construise des navires de guerre dans la Crimée temporairement occupée, ce qui contribue encore davantage à la concentration de forces et constitue une menace pour la sécurité et la stabilité dans la région. 

L’Assemblée générale condamne aussi la construction et l’ouverture par la Fédération de Russie du pont du détroit de Kertch et du pont ferroviaire faisant partie du projet d’autoroute de Tavrida, qui relient la Fédération de Russie et la Crimée temporairement occupée, facilitant la poursuite de la militarisation de la Crimée et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la côte de la mer d’Azov. 

Explications de position ou de vote

La République arabe syrienne a annoncé qu’elle voterait contre la résolution L.38.  Sa position se résume au fait de sa volonté de « s’opposer à la politisation de l’Assemblée générale » et à « respecter la Charte ».

La Fédération de Russie a, elle aussi, indiqué qu’elle votera contre la « résolution politisée de l’Ukraine » et a dénoncé un « spectacle » de la part de l’Ukraine, affirmant que les résidents de la presqu’île ont déjà mis en œuvre leurs droits à l’autodétermination.  Aucune consultation sur ce texte n’a été réalisée, « comme d’habitude », a ironisé la Russie, et l’absence de tentatives de l’Ukraine d’expliquer les événements récents a été dénoncée par les Criméens eux-mêmes.  Elle a accusé « les autorités de Maidan » de répandre de fausses informations sur les réseaux sociaux.  Le « virus de Maidan » c’est-à-dire la rhétorique antirusse de l’Ukraine, est un virus « peut-être encore pire que la COVID-19 », a lancé la délégation.  

« Plus tôt l’Ukraine reconnaîtra qu’il sera impossible de faire revenir la Crimée dans son giron sans l’appui des Criméens eux-mêmes, et mieux cela vaudra », a ajouté le représentant russe, après avoir appelé à voter contre le texte.

L’Azerbaïdjan a appuyé la souveraineté territoriale de l’Ukraine.  Le strict respect des normes de souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a souligné la délégation.

Le Danemark, au nom du Groupe des pays nordiques, s’est dit préoccupé par les transferts d’armes opérés par la Fédération de Russie en Crimée, ainsi que par la détérioration des droits fondamentaux en Crimée.  Il a condamné la conscription forcée des jeunes criméens et a demandé à la Russie de retirer ses forces militaires de la Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine.

Le Royaume-Uni a pleinement appuyé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et jugé que les agissements de la Russie continuent de mettre à mal l’ordre international.  La délégation a relevé que la militarisation de la Crimée passe, entre autres, par le transfert de personnel militaire de la Russie vers le territoire ukrainien, le transport d’aéronefs et l’envoi des forces criméennes vers le territoire russe.  Elle a également rappelé la saisie par la force de trois navires ukrainiens, signalant en outre que la Russie continue d’alimenter le conflit ukrainien grâce à l’assistance et à la force qu’elle apporte dans d’autres régions de l’Ukraine.  Cela est inacceptable, a-t-elle affirmé.

Singapour a souligné qu’en tant que petit État, elle a toujours appuyé les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence.  La délégation a pris bonne note des amendements dans la résolution tout en exprimant des réserves sur certains libellés. 

Les États-Unis ont déclaré que, près de sept ans après le début de l’occupation de la péninsule de Crimée par la Russie, la militarisation du territoire est une menace pour tous.  Ils ne reconnaîtront jamais l’annexion de la Crimée, par la Russie, qui appartient à l’Ukraine. 

Le Bélarus a jugé de nouveau inacceptable de présenter des résolutions devant l’Assemblée générale à des seules fins de politique: « cela n’aide en rien à régler les conflits ».  À ses yeux, le texte  L.38/Rev.1 est un cas d’espèce qui ne fait qu’attiser les tensions et amoindrir les chances de trouver une issue au conflit.  Aucune consultation n’a été tenue durant l’élaboration du document et les consultations de Minsk n’y sont pas mentionnées, a regretté le Bélarus qui a fait part de son intention de continuer d’appuyer le dialogue. 

L’Indonésie a appuyé le principe de non-ingérence et souligné l’importance du dialogue entre les États concernés.  Elle s’est abstenue de voter, car elle est consciente du fait que certains éléments du texte risquent de saper un environnement propice au dialogue.  Elle a appelé à la communauté internationale à appuyer les efforts consentis par toutes les parties prenantes pour reprendre le dialogue.  

L’Iran a estimé que cette résolution n’aurait pas dû être examinée à l’Assemblée générale car elle risque d’exacerber les différends.  La délégation a souligné l’importance du dialogue et fait part de son appui à toute solution pacifique à ce différend.  

L’Algérie a indiqué s’être abstenue, déplorant la présentation d’une résolution déséquilibrée et rédigée sans aucune consultation entre les parties pour parvenir à un libellé consensuel.  Elle ne fait que mettre à mal les mécanismes déjà agréés par les parties, a dit la délégation qui a préconisé un dialogue direct et des négociations entre les parties pour résoudre ce différend.

Déclarations

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a indiqué que le « régime de Maidan » va réussir à recevoir un appui de plus « contraire au bon sens et à la logique ».  Alors que l’Ukraine s’entête à multiplier les résolutions, pensons plutôt aux populations ukrainiennes qui continuent de souffrir, a préconisé le représentant.  Malgré leurs efforts géopolitiques, les dirigeants ukrainiens n’arrivent à rien mais « le feu de Maiden » est « bien pratique pour les Occidentaux ».  L’adoption de cette résolution, a commenté le représentant, équivaut à donner une nouvelle drogue à un toxicomane au lieu de le soigner.  Il a renvoyé au discours que l’Ukraine a prononcé lors de la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, lequel a « choqué » toutes les républiques de l’ex-Union soviétique.  C’était, s’est désolé le représentant, un discours méprisant et « très douloureux ».  Il a affirmé que les vétérans ukrainiens, qui ont sacrifié leur sang dans la lutte contre Hitler, « savent bien de quoi on parle ».  Le représentant a jugé bon de présenter ses excuses aux centaines de milliers de Juifs ukrainiens et aux vétérans de la France et d’autres pays.  Il n’a pas manqué de reprocher à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions « pleines d’illusions et de mensonges ».  Pensez-y lorsque vous adopterez d’autres textes antirusses qui sont en fait tout aussi anti-ukrainiens, a lancé le représentant.

Voilà une déclaration « sans substance », a commenté M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), en présentant une motion d’ordre.  Être critiqué par un représentant de la Fédération de Russie est en fait « un honneur », a-t-il ironisé.  S’exprimant en russe, il a relevé que la Fédération de Russie ne respecte même pas les déclarations de son propre Président, qui avait dûment condamné les pactes passés entre Staline et Hitler.  Voilà qui confirme à quel point Moscou s’écarte des faits et des réalités historiques.

M. SILVIO GONZATO, délégation de l’Union européenne (UE), a réitéré que l’UE ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Fédération de Russie.  Les actes posés par la Fédération de Russie sont en violation flagrante du droit international et des principes clefs de l’ordre international, a accusé le délégué.  Ce sont des violations des engagements internationaux et bilatéraux de la Fédération de Russie et des principes de sécurité et de stabilité régionales européennes, consacrés par l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris, textes fondateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il s’agit aussi, a ajouté le représentant, d’une violation du Mémorandum de Budapest de 1994.

M. Gonzato a rappelé que le soi-disant référendum organisé par la Fédération de Russie sur la péninsule, en mars 2014, n’a aucune validité juridique.  Il constitue une violation de la Constitution ukrainienne et ne peut donc servir de base à la modification du statut de la Crimée et de Sébastopol.  L’Union européenne, a dit son représentant, appelle tous les États Membres à rester fermes dans leur politique de non-reconnaissance de l’annexion illégale, conformément à la résolution 68/262 de l’Assemblée générale. 

Il a ajouté que, depuis cette annexion illégale, la militarisation de la péninsule par la Fédération de Russie a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région de la mer Noire.  La construction du pont du détroit de Kertch sans le consentement de l’Ukraine et le régime d’inspection arbitraire qui a suivi limitent la navigation vers et à partir des ports ukrainiens, avec des conséquences économiques négatives pour l’économie et les ports en mer d’Azov.  L’UE, a souligné son représentant, est gravement préoccupée par le fait que la Fédération de Russie transfère des systèmes d’armes hautement déstabilisateurs vers la Crimée et déploie des militaires dans le territoire de l’Ukraine.  La citoyenneté russe et la conscription obligatoire dans les forces armées de la Fédération de Russie ont été imposées aux résidents de la Crimée en violation du droit international humanitaire, a encore dénoncé M. Gonzato.

Comme l’UE l’a demandé à maintes reprises, et comme l’indique également la résolution 74/17 de décembre 2019, il est crucial que la Fédération de Russie retire ses forces militaires de Crimée et mette fin sans délai à son annexion illégale, a demandé le délégué, qui a appelé tous les États Membres à coopérer avec l’ONU pour encourager et soutenir les efforts en ce sens et à s’abstenir de tout commerce avec la Fédération de Russie  qui pourrait être considéré comme une reconnaissance « implicite de cette violation du droit international ».  Le représentant a exhorté la Fédération de Russie à garantir un accès sûr, inconditionnel et sans entrave à tous les mécanismes internationaux de surveillance, y compris la mission spéciale d’observation de l’OSCE en République autonome de Crimée « annexée illégalement » et à la ville de Sébastopol. 

Droit de réponse

« La vérité de l’Histoire a été oubliée », a déploré la Fédération de Russie, en justifiant le pacte Molotov-Ribbentrop comme « nécessaire pour préserver la paix ».  Elle a qualifié de « honteuse » la tentative de l’Ukraine de « réécrire l’Histoire » et lui a demandé d’arrêter, sous peine de « le regretter à l’avenir ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la COVID-19: l’ONU tire le bilan de neuf mois d’efforts et se projette vers l’avenir

Trente et unième session extraordinaire,
Dialogues interactifs & 2e séance (reprise), Matin, après-midi & soir
AG/12294

Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la COVID-19: l’ONU tire le bilan de neuf mois d’efforts et se projette vers l’avenir

Quelles formes a pris la riposte du système de l’ONU à la COVID-19?  Doit-on considérer le vaccin comme un « bien public mondial »?  Comment reconstruire en mieux?  Au deuxième jour de sa session extraordinaire consacrée à la pandémie, l’Assemblée générale a entendu les principaux acteurs onusiens, mais aussi des experts et des chercheurs, dialoguer avec les États Membres sur les grandes questions posées par cette crise qui, de l’avis du docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a démontré la nécessité de changer de modèles et d’investir dans la préparation, la couverture sanitaire universelle et l’action multilatérale. 

Aucun des défis auxquels a été confrontée l’ONU depuis sa création n’a été aussi « immense » que cette pandémie, qui a mis à mal le tissu même du multilatéralisme, a observé le chef de l’OMS en introduction aux tables rondes.  Si elle a montré « ce dont était capable l’humanité », la crise actuelle a aussi fait apparaître « des signes troublants d’intérêts étroits et de division », a-t-il pointé, avant de fustiger les « théories du complot » qui visent la science et font prospérer le virus. 

Alors que plus de 70 millions de cas de COVID-19 ont déjà été signalés dans le monde et que plus de 1,4 million de personnes ont succombé à la maladie, il a mis l’accent sur quatre investissements essentiels pour « reconstruire un monde meilleur ».  Les vaccins, tout d’abord, alors que des « nouvelles positives » permettent d’entrevoir « la lumière au bout du tunnel ».  Toutefois, a-t-il soutenu, ces « solutions » doivent être partagées afin que nul ne soit laissé pour compte.  En créant l’Accélérateur ACT, l’OMS a souhaité que les vaccins soient alloués de manière équitable. 

Pour le docteur Tedros, il convient aussi d’investir dans la préparation aux autres pandémies, afin de renforcer le contrôle et l’atténuation de telles crises sanitaires.  Réaffirmant l’importance du Règlement sanitaire international (RSI), instrument juridique visant à éviter la propagation des maladies, il s’est prononcé pour la création d’un nouveau mécanisme pilote d’examen périodique qui aurait pour but de faciliter l’élaboration de mesures médicales relevant de « biens publics mondiaux ». 

Avant de céder la parole aux panélistes, M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale, a fait valoir à son tour que, face à un virus qui ne connaît pas de frontières, l’approche multilatérale s’avère essentielle.  Beaucoup a déjà été fait par l’ONU pour renforcer la riposte des gouvernements, soutenir les efforts humanitaires et veiller à la solidité des chaînes d’approvisionnement, a pour sa part souligné Mme Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale.  Mais il faut « tourner une nouvelle page » et réunir pour cela les 28 milliards de dollars que nécessitent l’accès au vaccin et l’appui aux stratégies de relèvement. 

Cette question a dominé la première table ronde de la journée, qui portait sur la riposte du système des Nations Unies.  L’échange a permis aux responsables de l’OMS, du Programme alimentaire mondial (PAM), du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de faire le point sur la réponse apportée par leur agence ces neuf derniers mois. 

Il ressort de ce dialogue qu’en dépit d’un élan de solidarité sans précédent depuis 30 ans, la famille onusienne s’est trouvée contrainte par un manque de financement pour ses appels humanitaires.  Comme l’a noté le chef du HCR, M. Filippo Grandi, cette assistance vitale dépendra en 2021 de la mise en place des plans de relance.  S’il a été possible d’éviter des famines, le pari n’est pas gagné pour l’an prochain, a renchéri son homologue du PAM, M. David Beasley, lui aussi dans l’attente de fonds d’urgence.  « Être pauvre, ça coûte cher en pleine pandémie », a résumé le patron du PNUD, M. Achim Steiner, tandis que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, relevait que ce constat s’applique à tous les groupes vulnérables. 

De son côté, le docteur Mike Ryan, Directeur exécutif du Centre stratégique d’opérations sanitaires de l’OMS, a fait état d’une situation « toujours très, très difficile », quatre millions de nouveaux cas de COVID-19 et environ 70 000 morts étant dénombrés chaque semaine, alors que certaines zones géographiques enregistrent encore des taux de transmission très élevés, notamment l’Europe et les États-Unis.  « Nous espérons pouvoir ajouter les vaccins aux mesures de contrôle actuelles mais, pour le moment, la vaccination ne veut pas dire que nous allons éliminer le virus », a-t-il ajouté. 

Centrée sur le développement du vaccin contre la COVID-19, la deuxième table ronde a réuni virtuellement le couple de scientifiques Uğur Şahin et Özlem Türeci, cofondateurs de BioNTech et développeurs du vaccin de Pfizer, la professeure Sarah Gilbert, de l’Université d’Oxford, à l’origine du vaccin d’AstraZeneca, et le docteur Soumya Swaminathan, Directrice exécutive de l’OMS.  Pour ces quatre chercheurs, les succès engrangés depuis l’apparition du nouveau coronavirus en Chine, fin 2019, tiennent au fait que la communauté scientifique a su partager ses données, ce qu’a salué le docteur Sahin.  Le docteur Swaminathan a quant à elle applaudi l’élaboration d’un vaccin en 320 jours, un « record » auquel l’OMS a pris part.  En réponse aux craintes exprimées par plusieurs États Membres quant à la distribution équitable des vaccins, elle s’est voulue rassurante, rappelant qu’il s’agit d’un objectif clef du Mécanisme COVAX de l’OMS. 

La troisième et dernière table ronde s’est intéressée aux voies et moyens de la relance post-COVID-19.  « Nous espérons voir la lumière au bout du tunnel en 2021 », a confié Mme Zsuzsanna Jakab, Directrice générale adjointe de l’OMS, non sans rappeler la « tâche herculéenne » qui consistera à vacciner 20% de la population mondiale d’ici à la fin de l’an prochain. 

De l’avis de Mme Natalia Kanem, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il faudra avant tout disposer de davantage de matériel médical pour servir les plus vulnérables.  Aider ces personnes « laissées pour compte depuis des années » doit être la priorité du relèvement, a abondé M. Guy Ryder, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), parlant de « catastrophe » pour le monde du travail.  Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a souhaité que les femmes puissent reprendre leurs activités « à des niveaux prépandémiques ».  Elle a également mis en garde contre les « solutions court-termistes » dans les plans de relance, appelant les États à prendre en compte le secteur informel.  « Il faut rectifier le tir pour éviter davantage de souffrances », a conclu Mme Mari Pangestu, Directrice générale pour les politiques de développement et les partenariats à la Banque mondiale. 

Cette trente et unième session extraordinaire de l’Assemblée générale a été suspendue après la reprise du débat général interrompu la veille.  Le débat sera achevé à une date ultérieure.

SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACRÉE À LA PANDÉMIE DE MALADIE À CORONAVIRUS (COVID-19) - A/RES/75/4

Déclarations d’ouverture des dialogues interactifs

M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a souligné la nécessité d’une approche multilatérale pour lutter contre une maladie « qui ne reconnaît aucune frontière ».  Les dialogues interactifs organisés ce jour vont permettre d’entendre des experts, des parties prenantes et d’apprendre des expériences de ceux qui travaillent pour créer un monde meilleur, a-t-il déclaré. 

Trois dialogues sont organisés sur les thèmes suivants : La riposte du système des Nations Unies à la COVID-19 ; Sur la voie d’un vaccin contre la COVID-19, un bien public mondial ; Renforcer la résilience et reconstruire en mieux après la COVID-19.  Il s’agit de lutter contre les conséquences socioéconomiques de cette crise, a ajouté M. Bozkir.  Nous devons œuvrer en faveur d’une paix pérenne, durable, et de la protection des droits de la personne si nous voulons créer le monde que nous voulons, a-t-il conclu. 

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a indiqué que la riposte de l’ONU s’est concentrée sur l’apport d’un soutien aux gouvernements sur le terrain.  Elle a précisé que l’action de l’ONU a veillé à préserver le bon acheminement des services et des biens, dont les équipements de protection personnelle, à soutenir les efforts humanitaires et à renforcer la riposte des gouvernements face à la pandémie.  L’ONU a également appuyé les entreprises dans ce contexte et veillé à la solidité des chaînes d’approvisionnement.  La riposte onusienne a été conduite dans le respect des droits de la personne, en appui à 71 pays. 

Mais nous devons aller plus loin dans notre riposte, a poursuivi Mme Mohammed.  Elle a appelé à « tourner une nouvelle page » en insistant sur les décisions cruciales qui devront être prises dans les 12 prochains mois en vue d’éliminer la pauvreté, de défendre les droits des femmes ou bien encore de promouvoir « une économie verte ».  « Ce ne sera pas une tâche aisée. »

La Vice-Secrétaire générale a ensuite mentionné les 28 milliards de dollars nécessaires pour l’accès au vaccin, ajoutant que les équipes de l’ONU sont prêtes à l’appuyer dès que les ressources auront été fournies.  Elle a ensuite insisté sur la contribution de l’ONU aux gouvernements pour renforcer leurs stratégies de relèvement postpandémie, avant de souligner l’importance de prendre des mesures robustes pour protéger l’environnement.  L’ONU entend réunir en 2021 les différents acteurs concernés dans des domaines de l’alimentation, des transports, de l’éducation ou bien encore des océans pour répondre aux défis, a assuré Mme Mohammed.  Enfin, la Vice-Secrétaire générale a souligné la nécessité de fournir des ressources aux pays qui en ont le plus besoin et de réaliser le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Nous devrons retrouver en 2021 la voie du développement durable pour tous, dans une planète en bonne santé, a-t-elle conclu. 

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a estimé qu’aucun des défis auxquels a été confrontée l’ONU depuis sa création voilà 75 ans n’a été aussi « immense » que la pandémie de COVID-19, qui a mis à mal le tissu même du multilatéralisme.  Cette crise, a-t-il dit, a mis l’Organisation à l’épreuve mais a aussi montré ce que peuvent faire les Nations Unies lorsqu’elles agissent au mieux.  Dès les premiers jours, a rappelé le docteur Tedros, l’OMS a créé une équipe de gestion de la crise qui a travaillé avec toute la famille onusienne et un grand nombre de pays.  La collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’UNICEF a, par exemple, permis de renforcer les chaînes d’approvisionnement et d’envoyer plusieurs millions de tests à 171 pays et territoires.  « La pandémie a montré ce dont était capable l’humanité », au prix de grands sacrifices et d’efforts d’innovation et de solidarité.  « Mais elle a aussi fait apparaître des signes troublants d’intérêts étroits et de division », a-t-il déploré.  Rappelant que plus de 70 millions de cas de COVID-19 ont déjà été signalés et que plus de 1,4 million de personnes ont succombé au virus, il a relevé que tous les pays n’ont pas riposté de la même façon.  Certains ont réussi grâce à des outils sanitaires éprouvés et pas à la faveur d’un « coup de chance ».  Ils ont prouvé que, grâce à la science et aux sacrifices, il est possible d’endiguer ce virus.  En revanche, « là où la science est mise à mal par des théories du complot ou des intérêts particuliers, le virus prospère ». 

Le Directeur général de l’OMS a ensuite mis l’accent sur quatre domaines essentiels, sur lesquels les Nations Unies comptent s’appuyer pour « reconstruire un monde meilleur ».  Le monde doit, en premier lieu, investir dans les vaccins, a-t-il souligné, faisant état de « nouvelles positives » qui permettent d’entrevoir « la lumière au bout du tunnel ».  Toutefois, si la fin de ce combat est en vue, nous ne pouvons accepter un monde où les plus pauvres seraient écrasés par les plus riches dans cette course au vaccin, a-t-il fait valoir.  Dans cette crise mondiale, les solutions doivent, selon lui, être partagées comme des « biens publics mondiaux » et ne laisser personne pour compte.  Réduire les inégalités entre les personnes et entre les nations n’est pas une tâche à laquelle nous devons nous attaquer après la pandémie mais pendant la riposte, a martelé le docteur Tedros, y voyant le seul moyen d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  C’est pourquoi l’OMS a créé l’Accélérateur ACT, fruit d’un partenariat sans précédent destiné à élaborer des vaccins et outils de diagnostic et à les allouer de façon équitable.  Cette initiative a déjà généré des résultats, avec quelque 120 millions de tests rapides distribués et des doses de dexaméthasone fournies à plus de 4,5 millions et personnes dans le monde.  Mais elle se heurte à des difficultés de financement, 4,3 milliards de dollars étant nécessaires pour lancer les achats de masse et l’approvisionnement en vaccins, et 23 milliards de dollars pour mener à bien les opérations l’an prochain. 

Il convient également d’investir dans la préparation d’autres pandémies, a prévenu le Chef de l’OMS.  De nombreux pays n’étaient pas prêts à affronter la COVID-19, certains pensaient que leur solide système de santé les protégerait.  Or tous doivent se doter de cette même « mémoire des muscles » et investir dans le contrôle et l’atténuation des crises, a-t-il plaidé.  À cette fin, le Règlement sanitaire international (RSI) est un outil juridique puissant, que les pays doivent utiliser de manière plus efficace, a-t-il affirmé.  Le RSI doit jouir de plus de transparence et de légitimité politique, a estimé le docteur Tedros, indiquant avoir chargé un comité de formuler des recommandations.  Il a notamment évoqué la création d’un nouveau mécanisme pilote d’examen périodique qui, à l’image de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme, aurait pour but de faciliter l’élaboration de mesures médicales relevant de « biens public mondiaux ».  

Il faut, d’autre part, investir dans la santé, qui est « le socle de la paix et de la prospérité », a encore préconisé le Directeur général de l’OMS.  Alors que l’économie mondiale a connu son plus fort déclin depuis la Grande Dépression, que les écarts géopolitiques se sont creusés et que le système multilatéral est remis en cause, le sous-investissement actuel est préoccupant.  La santé représente en effet un investissement dans les sociétés et permet aux nations de prospérer, a-t-il souligné.  Si le monde consacre environ 10% de son PIB à la santé, ces dépenses visent plus à traiter qu’à prévenir, a-t-il observé, annonçant la création d’un nouveau Conseil sur l’économie de la santé pour tous.  Se félicitant de la Déclaration politique de haut niveau de l’an dernier sur la couverture sanitaire universelle, il a jugé que la pandémie ne fait que souligner l’importance d’un tel dispositif.  Nombre de pays ont ainsi donné un accès gratuit aux tests et prévoient de faire de même avec le vaccin.  Cela ne devrait-il pas s’appliquer également aux cancers, à la tuberculose, au paludisme, à la prise en charge des grossesses et à la lutte contre le tabagisme? s’est-il interrogé.  Selon lui, trop de pays ont négligé d’investir dans les fonctions les plus essentielles qui nécessitent des investissements modestes mais sont la pierre de touche de tout système de santé.  « Si le monde veut éviter d’autres crises de cette ampleur, il doit investir dans la prise en charge primaire », a-t-il insisté.  

Le docteur Tedros a, enfin, appelé à investir dans le multilatéralisme pour préserver notre avenir commun, relevant qu’il n’existe pas de vaccin contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques.  En 2015, a-t-il rappelé, la communauté internationale s’est dotée des ODD et de l’Accord de Paris sur le climat, convergeant ainsi vers un avenir commun.  Depuis, des divergences dangereuses sont apparues, les ambitions de Paris ont été remises en cause et les dispositions d’Addis-Abeba sont restées lettre morte, a-t-il regretté, avant d’appeler les pays à faire le « choix de la collaboration et de la solidarité ».  Nous devons, ensemble, répondre à l’appel du Secrétaire général à réaliser les ODD avec encore plus de détermination et appuyer le Plan d’action mondial pour une vie saine et le bien-être, a lancé le Directeur général de l’OMS.  Ce type de coopération doit caractériser l’ère postpandémie, a-t-il dit, souhaitant que le monde agisse maintenant, sans revenir aux mêmes modèles de production, aux mêmes cycles de panique et de divergences.  Cette pandémie nous a menés à un carrefour : « derrière, il y a le statu quo, et devant, un nouveau chemin dans lequel les pays ne sont pas des rivaux à somme nulle mais des compagnons de route qui partagent une même vision », a-t-il conclu. 

Table ronde 1: La riposte du système des Nations Unies à la COVID-19

La première table ronde de la journée portait sur la riposte du système des Nations Unies à la COVID-19.  Modérée par la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, ce dialogue a été l’occasion pour les hauts responsables de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Programme alimentaire mondial (PAM), du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de faire le point sur les neuf derniers mois et sur la réponse que leurs agences ont apporté à une pandémie qui a pris le monde par surprise et à laquelle personne n’était suffisamment préparé selon eux.

Des ONG partenaires de l’ONU sur le terrain, Save the Children, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFCR) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont également apporté leur point de vue à ce débat, avant d’engager une discussion avec les États Membres.

Ce qui est ressorti de ce bilan c’est qu’il y a eu un élan de solidarité sans précédent depuis 30 ans, et que la seule contrainte à laquelle la famille de l’ONU ait eu à faire face et qui l’a empêchée de faire davantage, c’est un manque de financement de ses appels humanitaires.

« La situation actuelle est toujours très, très difficile et dangereuse », a d’emblée déclaré M. MIKE RYAN, Directeur exécutif du Centre stratégique d’opérations sanitaires de l’Organisation mondiale de la Santé.  Chaque semaine on dénombre 4 millions de nouveaux cas de COVID-19 et environ 70 000 morts, et certains pays connaissent encore des taux de transmission très élevés, notamment en Europe et aux États-Unis.  La situation épidémiologique n’est pas stabilisée, a-t-il souligné.  Et les pays ou les régions qui ont réussi à stabiliser la transmission pourraient perdre le contrôle rapidement.  Il va être difficile de sortir de cette situation sans mesures ou stratégies qui soient aptes à contrôler la transmission tout en tenant compte des systèmes économiques et sociaux, a-t-il indiqué.

« Nous espérons pouvoir ajouter les vaccins aux mesures de contrôle actuelles, mais pour le moment, la vaccination ne veut pas dire que nous allons éliminer le virus », a enchaîné M. Ryan.  Le vaccin signifie juste que nous pourrons reprendre le contrôle sur la transmission et peut-être l’arrêter, a-t-il signalé.  Pour revenir à une nouvelle normalité, des efforts énormes vont être nécessaires.  Il a en outre souligné que disposer d’un vaccin est une chose, mais que vacciner les populations et veiller à la disponibilité équitable des vaccins est un tout autre défi.  Les Nations Unies ont un rôle très important à jouer à cet égard, notamment face à la défiance des populations envers le vaccin, a-t-il estimé.

M. Ryan a par ailleurs salué les efforts déployés pour mettre de côté les rivalités, relevant que la riposte mondiale à la pandémie avait démontré l’étendue de ce qui peut être accompli lorsque l’on travaille ensemble, mais également que lorsque la clarté et l’unité font défaut « nous ne faisons pas bien ».

M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a alerté que la COVID-19 a fait passer le nombre de personnes souffrant de la faim de 135 millions à 270 millions de personnes.  L’année 2021 va littéralement être catastrophique, a-t-il affirmé.  La contraction économique est réelle et les besoins ne cessent d’augmenter.  Mais si nous réagissons de façon stratégique nous pourrons éviter la déstabilisation, les migrations et les famines, a-t-il affirmé en se basant notamment sur les leçons déjà tirées de la crise.  Il a également insisté sur l’importance de fournir au PAM les fonds dont il a besoin.

Il a rappelé que le PAM s’était mobilisé pour assurer la livraison de l’aide humanitaire dans le monde lorsque l’industrie aérienne avait été stoppée au début de la pandémie et que d’autres agences, notamment l’OMS et le PNUD, fournissent un soutien nécessaire sur le terrain, en particulier aux pays qui n’avaient pas accès au secteur privé pour se procurer des tests de dépistages ou des équipements de protection personnelle, entre autres.

Pour le Directeur exécutif du PAM, 2021 risque d’être l’année de la pire crise humanitaire depuis la création de l’ONU et il va falloir faire une hiérarchisation stratégique des priorités notamment pour ce qui est de l’allocation des fonds.  Face à la limite des ressources, « il faut donner la priorité aux icebergs qui se trouvent devant le Titanic », va-t-il estimé.  M. Beasley reste cependant optimiste que le pire peut être évité à condition de travailler main dans la main et de débloquer les fonds nécessaires.  Il a conclu par un vibrant plaidoyer pour mettre fin aux conflits qui rendent la donne impossible dans le contexte de la pandémie.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que les objectifs de développement durable, même en pleine pandémie, restent essentiels.  « Ils sont notre boussole. »  Cette pandémie a des conséquences terribles pour les individus, les pays et les ODD, a-t-il dit, en indiquant que l’indice de développement humain devrait reculer l’année prochaine.  Il a insisté sur les choix fondamentaux qui attendent l’humanité, en insistant sur la notion de vulnérabilité, essentielle pour le PNUD.

M. Steiner a ensuite alerté que la moitié de la population mondiale n’a aucune forme de protection sociale et nombre de personnes tirent leurs revenus du secteur informel.  Le PNUD a été un filet de sécurité important cette année, puisqu’en moins de 100 jours, dans plus de 100 pays, à la demande du Secrétaire général, le PNUD a mobilisé son réseau pour aider les pays à faire face à la pandémie.  « C’est une chose extraordinaire. »  L’Administrateur a indiqué que dans sa riposte, le PNUD a dû remédier à deux défis: le manque de données et le genre.  S’agissant du genre, il a précisé que le PNUD a corrigé le tir afin de prendre pleinement en compte cette question, en ajoutant que 117 plans de riposte nationaux incluent un élément relatif à l’égalité entre les sexes.

Il a insisté sur l’énormité des choix à faire, en soulignant les pressions immenses pesant sur les pays en développement qui ont perdu une grande partie de leurs revenus.  « Serons-nous capables de répondre? »  M. Steiner a déclaré que le G20 a fait montre de leadership plus tôt dans l’année, en gelant le service de la dette.  « Mais soyons honnêtes, la riposte de la communauté internationale n’est pas du tout suffisante. »  Il a indiqué que les plans de relance des pays riches équivalent à 20% de leur PIB, ceux des pays émergents à 6% et ceux des pays pauvres à 2% seulement.  « Il est très cher d’être pauvre en pleine pandémie. »  Enfin, M. Steiner a indiqué qu’il est encore temps d’agir pour éviter qu’un milliard de personnes ne sombrent dans la pauvreté extrême d’ici à 2030.  C’est en effet l’un des scenarii possibles si nous ne faisons rien, a conclu M. Steiner.

Mme ASHA MOHAMMED, Secrétaire générale de la Croix-Rouge du Kenya, intervenant au nom de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que la Croix-Rouge, qui s’est beaucoup investie dans la lutte contre la COVID-19, se trouve aux avant-postes de la riposte.  Au Kenya nous avons travaillé dans les camps de réfugiés et en prison, et nous avons distribué de l’aide alimentaire notamment à ceux qui travaillent dans le secteur informel, entre autres.  Elle a indiqué que l’un des facteurs essentiels pour l’IFRC et le CICR est de savoir comment intégrer la riposte à la COVID-19 tout en continuant leurs autres activités et services.  Elle a rendu hommage aux bénévoles qui se sont impliqués, soulignant que ce sont eux les véritables acteurs locaux.

Mme Mohammed a expliqué qu’il a été compliqué pour le CICR et l’IFRC de pérenniser une riposte dans les zones de conflits.  La COVID-19 a chamboulé notre organisation, et c’est la première fois que nous avons lancé un plan de riposte de cette ampleur, a-t-elle dit.  Et nos partenariats, en tant que réseaux, ont été cruciaux.

Elle a ensuite appelé à veiller à ce que le vaccin contre la COVID-19 soit disponible pour tous.  Il faudra veiller à ce que les régions les plus reculées soient fournies en vaccin, les personnes vivant dans des zones non contrôlées par des gouvernements représentant entre 70 et 80 millions de personnes.  Pour finir, elle a souligné que les autres catastrophes ne se sont pas arrêtées avec la COVID-19.  L’urgence climatique est sûrement un défi encore plus important que la pandémie de COVID-19 qui vient souligner la nécessité de changement systémique, a-t-elle déclaré.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a braqué les projecteurs sur l’urgence humanitaire qui résulte de la pandémie de COVID-19.  Il a notamment signalé que la pauvreté dans le monde avait augmenté pour la première fois en 30 ans et que l’espérance de vie avait baissé.  Si nous finissons 2020 en évitant une famine, ce sera un acquis énorme, a-t-il dit.  Il s’est également alarmé de la « conséquence choquante » de la pandémie qui se manifeste dans le fléau de la violence à l’égard des femmes et des filles, y voyant l’expression du stress et de la frustration des hommes canalisées contre les femmes et les filles dans le monde.

S’agissant de la réponse d’OCHA à la crise, il a expliqué qu’à peine deux semaines après la déclaration par l’OMS de la pandémie mondiale, un plan de riposte humanitaire a été lancé et mis à jour deux fois depuis.  En tout, ce sont 4 milliards de dollars qui ont été levés pour ce plan qui a investi dans des campagnes visant à assurer que chaque personne ait accès aux informations nécessaires pour se protéger du virus.  Ce plan cible aussi la prise en charge des paiements de protection sociale, la mise à niveau de système de santé publique, l’assainissement et la prise en charge de réfugiés en partenariat avec le Haut- Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Se tournant vers l’avenir, M. Lowcock a appelé la communauté internationale à se concentrer sur cinq priorités à commencer par la levée de fonds auprès des États Membres, des milliardaires et d’autres partenaires pour pouvoir financer le programme humanitaire qui permettra d’atteindre 600 millions de personnes et éviter des fléaux terribles que la famine.  Il a également encouragé les pays du G20, à travers les institutions financières internationales notamment, à venir en aide aux pays les plus pauvres dans le financement de leurs plans de relance post-COVID-19.  Par ailleurs il faut veiller à ne pas financer le vaccin aux dépens des programmes humanitaires, et se concentrer sur le déploiement du vaccin via des systèmes de santé faibles.

Enfin M. Lowcock a appelé à protéger les femmes et les filles pendant cette crise de la COVID-19 en regrettant que les programmes à leur intention sont les moins financés à ce jour.  Avant de conclure le Chef d’OCHA a mis en garde contre le risque de voir un « asséchement des ONG ».  En effet, plus de 1 000 ONG africaines ne savent pas si elles vont survivre cette année et il en est de même ailleurs.  Il a demandé aux dirigeants du monde de penser aux types d’institutions qu’ils souhaitent voir survivre et d’investir dans ces institutions.

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé qu’il y a dans le monde 80 millions de déplacés et de réfugiés.  La grande majorité de ces personnes se trouvent dans des pays pauvres et sont confrontées au choc de la pandémie, à l’instar des communautés hôtes.  Le HCR a coopéré avec les acteurs locaux pour éviter des catastrophes majeures dans les endroits de forte concentration de réfugiés.  Nous étions très préoccupés au début de la pandémie de ce qui allait se passer à Cox’s Bazar, au Bangladesh, ou dans les îles grecques, mais grâce à une action humanitaire généreuse, nous avons été en mesure d’éviter des catastrophes majeures, a-t-il dit.  M. Grandi a déclaré que les crises se sont néanmoins poursuivies comme au Venezuela, dans la région du Tigré en Éthiopie, ou encore au Nagorno-Karabakh. « Partir est devenu un risque alors que c’est aussi un moyen de sauver sa vie ».

S’agissant des restrictions de déplacements liées à la pandémie, le Haut-Commissaire a salué le fait qu’une centaine de pays ont prévu des mesures d’exception pour les demandeurs d’asile.  Ces restrictions doivent être temporaires et si vous les assouplissez pour votre population, alors vous devez le faire aussi pour les réfugiés, a-t-il lancé aux gouvernements.  Il s’est inquiété des conséquences catastrophiques du confinement et les risques accrus de pauvreté, qui pourraient jeter davantage de personnes sur les routes.  Nous devons faire en sorte que les réfugiés et les personnes déplacées soient pris en compte dans les programmes d’assistance et les campagnes de vaccination des pays, a-t-il dit, en reconnaissant les difficultés politiques d’une telle prise en charge.

La pandémie de la COVID-19 est une crise des enfants, a déclaré à son tour Mme INGER ASHING, Directrice générale de Save the Children International.  Les progrès sur la voie des ODD et les progrès sur le front du droit des enfants risquent d’être mis en périls, voir détruits.  La pauvreté augmente et la pandémie risque de mettre à mal des décennies de progrès.  Il y a les conséquences d’aujourd’hui pour les enfants, mais il y a aussi les conséquences pour leur avenir, donc pour notre humanité, a-t-elle rappelé.  C’est la première fois que nous rencontrons une telle urgence sur le plan éducatif à l’époque moderne.  Des millions d’enfants ne retourneront jamais à l’école et ils sont plus vulnérables face à la faim, aux violences, et aux mariages précoces.  Selon les prévisions faites avec l’UNICEF, le nombre d’enfants vivant dans des familles pauvres pourrait augmenter de 15%.  Elle a ajouté qu’un milliard d’enfants de 2 à 17 ans sont victimes de violence physique, sexuelle ou émotionnelle chaque année.  C’était donc un problème majeur même avant la COVID-19, mais qui risque de s’aggraver.

En ce qui concerne les filles, le recueil d’informations sur le terrain indique que la fermeture des écoles et le confinement ont des conséquences très graves pour elles.  Nous craignons que les risques de violence sexuelles et sexistes augmentent: chaque mois de confinement est égal à 15 millions de violences sexistes dans le monde, a signalé Mme Ashing.  Et 500 000 fillettes de plus devaient être mariées de force cette année, ce qui s’ajoute aux 12 millions de mariages forcés déjà existants.  Cela annihile tous nos efforts, a–t-elle déploré.  S’ajoutent à cela les risques de grossesses et d’accouchement.  En outre, à cause des restrictions mises en place, les efforts de prévention de la violence sont plus difficiles à mener.  L’accès était déjà difficile avant la pandémie, mais la situation s’est empirée depuis.

En ce qui concerne la question du financement, Mme Ashing a appelé à mieux financer les appels humanitaires.  Les budgets nationaux doivent aussi prévoir des programmes de prises en charge dans le domaine des violences sexuelles et sexistes.  C’est malheureusement un des domaines où les financements sont les moins importants.  Par ailleurs, nous avons besoin de davantage de données pour bien cerner la situation, car il y a beaucoup de lacunes dans nos connaissances au sujet de la réaction face à la COVID-19.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’impliquer les populations, notamment les femmes et les filles qui doivent pouvoir s’exprimer en toute sécurité.  Ce sont ces groupes qui connaissent le mieux la réalité qui est leur quotidien, a-t-elle dit.  Enfin, il faut renforcer les efforts de sensibilisation.

« Le monde a changé, nous ne reviendrons pas à ce monde et nous ne le voulons pas, car le monde d’avant était un monde d’inégalités », a déclaré Mme MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire aux droits de l’homme.  Selon elle, les pays qui ont le mieux fait face à la pandémie sont ceux où la confiance dans les institutions étaient fortes et les filets de protection sociale robustes.  Pour sa part, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a veillé à élaborer des recommandations, en attirant l’attention sur les vulnérabilités de certains groupes face au virus.  Elle a indiqué que les plans de relèvement sont souvent basés sur des données ou des ventilations de données insuffisantes sur cette question-là.  Certains groupes ne sont pas davantage vulnérables au virus en raison de prédispositions génétiques mais en raison des discriminations qui les frappent, a expliqué Mme Bachelet, en mentionnant les réfugiés, les déplacés, les minorités ou bien encore les personnes LGBT.  Ces personnes, a-t-elle alerté, sont les plus vulnérables et n’ont pas accès aux services essentiels.

Mme Bachelet a aussi indiqué que les femmes ont été particulièrement touchées, en raison des violences domestiques liées au confinement, mais aussi en raison du fait qu’un grand nombre d’entre elles tirent leurs revenus du secteur informel ou de secteurs touchés de plein fouet par la crise, comme le tourisme et la restauration.  Les femmes n’ont pas souvent été incluses dans les commissions nationales chargées des stratégies de relèvement et il est probable que leurs besoins ne seront pas pris en compte car elles n’ont pas été conviées à la table, a-t-elle déploré.  Mme Bachelet a salué dans le même temps l’excellent travail abattu par des dirigeantes femmes face à la pandémie.  Enfin, elle a appelé à se « relever mieux » afin que la démocratie prévale.

Tour de table

À l’issue des interventions des panélistes, la modératrice de cette table ronde, Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, leur a demandé de préciser quel avait été le plus grand enseignement tiré de la pandémie de COVID-19 pour le système des Nations Unies et ses partenaires.

La réponse a été unanime pour M. Amir Abdulla, du PAM, le Coordonnateur des secours d’urgence, et le Haut-Commissaire pour les réfugiés qui ont tous salué la solidarité dont le système a fait preuve pour agir ensemble.  « En 30 ans, je n’ai jamais vu une riposte aussi solidaire », s’est félicité le représentant du PAM.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a ajouté que cette collaboration s’est traduite par les 19 réunions qui se sont tenues depuis le mois de mars, alors qu’en « temps normal » il n’y en a que deux par an.  Pour le Chef d’OCHA, la seule véritable contrainte qui a empêché le système de l’ONU de faire plus et de réduire davantage les souffrances, c’est le manque de ressources.  Le Haut-Commissaire pour les réfugiés a renchéri en martelant que si les ressources sont essentielles cette année, elles le sont également pour l’année prochaine parce que l’assistance humanitaire va devoir combler les lacunes en attendant de pouvoir mettre en place des ripostes post-COVID-19 au niveau des pays.

De son côté, la représentante de l’IFRC et du CICR a retenu de cette année la place cruciale des communautés dans la riposte.  À l’avenir, il faudra leur donner plus de pouvoir pour leur permettre d’agir car les communautés doivent être au cœur de l’action, a-t-elle martelé.  Elle a appelé ses collègues à réfléchir aux moyens de garantir l’accès aux communautés, en particulier aux plus marginalisées d’entre elles, et d’optimiser l’action au niveau local.  Allant dans le même sens, la Directrice générale de Save the Children, a souligné qu’il va falloir travailler « avec » et pas seulement « pour » les communautés, et qu’il est inquiétant de constater qu’un nombre significatif d’ONG risquent de disparaître faute de ressources.

Quelles mesures privilégier pour avoir le plus d’impact à l’avenir? a alors demandé la Secrétaire générale adjointe à la communication globale.

Pour le représentant de l’OMS, c’est la pérennisation des mesures prises pour empêcher la propagation du virus, et l’adoption, par les gouvernements de stratégies informées et basées sur la science.  Ces derniers doivent aussi miser sur la décentralisation de la riposte et apporter une information claire aux citoyens partout dans le monde.  L’autre volet est bien sûr de réussir à vacciner tout le monde, a ajouté le représentant de l’OMS, qui a souligné que le vaccin contre la COVID-19 mettra soit en exergue les inégalités dans le monde ou deviendra au contraire le symbole de la solidarité à l’échelle mondiale.

On ne peut pas non plus se permettre de sombrer dans une amnésie après la pandémie, a-t-il poursuivi, en insistant sur les liens entre l’impact de la pandémie et les injustices sociales.  Pour l’OMS, la leçon à tirer de cette pandémie c’est qu’il faut redécouvrir l’écoute, le respect mutuel et la diplomatie pour pouvoir aller de l’avant.  La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a ajouté qu’il faut des « dirigeants transparents » qui jouissent d’une confiance au sein de leur population.  La protection sociale des populations du monde est également nécessaire.

Pour sa part, l’Administrateur du PNUD a retenu des derniers mois qu’en dépit de toutes les analyses et des faits, il n’est pas toujours facile de faire vibrer « notre corde d’humanité commune » et que bien souvent ce ne sont pas les plus riches qui sont les plus généreux.  « Pensez au Liban, à la Jordanie, ou encore à la Turquie qui ouvrent leurs portes aux réfugiés alors même qu’ils connaissent de grandes difficultés ».  Pour le Chef du PNUD, il est impératif de retrouver cette solidarité.  S’adressant à ses collègues de la famille onusienne, il a estimé qu’ils avaient aussi le devoir de prendre soin de leurs personnels et de ceux de leurs partenaires.

Dialogue interactif

Dans un premier temps, la Barbade a signalé que pour les petits États insulaires en développement (PEID), notamment ceux de la Communauté des caraïbes (CARICOM), les fonds prévus pour la lutte contre le réchauffement climatique et à la réalisation des ODD ont dû être alloués à la lutte contre la COVID-19.  Que compte faire l’ONU pour que les PEID puissent continuer de mettre en œuvre les ODD, en particulier à la lumière de la crise de l’endettement, sachant que ces pays ne bénéficient pas de la suspension de la dette à l’initiative du G20?

L’Administrateur du PNUD a alors reconnu que l’échelle utilisée par l’ONU permettant de classer les pays crée une catégorisation qui n’est pas adéquate pour évaluer les besoins en aide internationale et qui ne reflète pas adéquatement la réalité.  Le PNUD tente donc de mettre en place une nouvelle catégorisation qui tienne compte des vulnérabilités, a indiqué l’Administrateur, qui a par ailleurs relevé que les PEID ont subi certaines des baisses de revenus les plus fortes au cours des 10 derniers mois, en raison de la baisse du tourisme notamment.

Étant donné la complexité de la crise actuelle, quel nouveau modèle pourrait être adapté aux nouveaux défis afin de réaliser les ODD, a demandé à son tour la Turquie.  Quand il y a une crise majeure, on se concentre sur les mesures d’urgence pour sauver des vies, mais que la seule façon de sortir de la crise humanitaire, c’est le développement, a souligné le Coordonnateur des secours d’urgence.  Lui emboîtant le pas, l’Administrateur du PNUD a rappelé que « ne pas avoir de nourriture, ça donne faim, mais surtout ça vous met en colère ».  Il faut comprendre l’intensité de la souffrance de ceux qui ont faim, a-t-il souligné, notant que cette crise demande aux acteurs humanitaires de repenser leur action.

À leur tour, les États-Unis ont voulu connaître le pourcentage de transmission du virus par des sujets asymptomatiques.  Ce mode de transmission va-t-il évoluer depuis le début de la pandémie?  Y a-t-il des variances selon l’âge ou les régions ?  La délégation a par ailleurs relevé que les données et les outils utilisés pour effectuer des évaluations lors des pandémies précédentes n’ont pas vraiment fonctionné dans le contexte de la COVID-19.  Notant que certains pays à revenu intermédiaire ne sont pas éligibles pour l’Alliance du Vaccin, elle a voulu savoir si la Banque mondiale prévoit de leur fournir une dérogation.

Le représentant de l’OMS a alors expliqué que 80% des personnes qui transmettent le virus sont asymptomatiques en faisant les principaux responsables de la propagation du coronavirus.  Il est donc essentiel que chacun continue de porter un masque, qu’on manifeste des symptômes ou non.

S’agissant du vaccin, le Coordonnateur des secours d’urgence a noté que certains pays vont être plus à même de pouvoir financer la vaccination de leur population que d’autres.  La Banque mondiale a déjà débloqué 12 milliards de dollars pour soutenir les pays qui vont avoir le plus de mal à financer leurs campagnes de vaccination.  Le mandat d’origine était de financer les pays qui avaient le plus grand mal à mobiliser des fonds à cette fin mais, a reconnu M. Lowcock, il faut à présent réévaluer cette catégorie car certains pays qui parvenait autrefois à financer leur propre campagne de vaccination ne peuvent plus le faire.

Notant que selon la Banque mondiale, il y aura 150 millions de personnes supplémentaires qui seront dans le besoin, la majorité dans les pays à revenu intermédiaire, la Haute-Commissaire aux droits de l’homme a, elle aussi, reconnu l’importance de changer notre façon de mesurer.

Que peut faire le système de l’ONU pour promouvoir l’assainissement qui représente un des meilleurs moyens de lutter contre la pandémie? a demandé l’Équateur.

L’eau est un des meilleurs exemples du dilemme que rencontrent beaucoup de pays aujourd’hui pour répondre aux besoins immédiats et à long terme, a indiqué l’Administrateur du PNUD.  Nous devons réagir à cette crise mais il faut aussi investir dans l’avenir que ce soit pour l’eau ou pour l’accès au numérique.  Le système de l’ONU doit aider les gouvernants à prendre des décisions difficiles, car la plupart d’entre eux n’ont pas les moyens de faire face à cette crise, d’où la nécessité d’impliquer le secteur privé qui détient le plus d’argent dans le monde.

« Comment l’ONU a-t-elle aidé les pays africains pour faire face à la pandémie? » a demandé le Maroc.  La délégation a aussi demandé comment mieux lutter contre la désinformation et la véritable guerre qui semble être livrée à la science aujourd’hui.  Le représentant de l’OMS a souligné l’étroite coopération nouée entre l’OMS et les pays africains, en vue d’augmenter les capacités de dépistage des pays africains qui étaient très faibles.  Au début de la pandémie, seuls deux pays africains avaient ces capacités, a-t-il rappelé.  L’OMS s’attaque aussi au problème de l’« infodémie » et veille à ce que les populations aient accès à des informations sanitaires fiables, en adaptant ses messages aux contextes locaux en vue de stopper la transmission.  La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a, elle, mentionné l’action de son Bureau pour répondre aux discours de haine visant des minorités ethniques et religieuses.

« Quels sont les enseignements tirés de l’opérationnalisation du nouveau système de développement face à la pandémie? » a demandé l’Afrique du Sud.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que tous les pays ont été touchés quasiment en même temps et que la riposte de l’ONU a été menée selon plusieurs phases, avec d’abord une phase de conseil et orientation au début de la pandémie sur, notamment, l’acquisition d’équipements de protection personnelle et les capacités de dépistage.  Puis, en avril et mai, l’ONU est entrée dans une phase de réponse aux conséquences économiques sévères de la pandémie.  De son côté, le représentant du PAM a détaillé la riposte apportée au niveau régional, avant d’insister sur l’importance des liens transversaux entre les entités du système onusien en vue de permettre une riposte collective.

Dans ce droit fil, l’Administrateur du PNUD a indiqué que l’action de l’ONU face à la pandémie a suivi trois axes en Afrique du Sud: humanitaire, sanitaire et développement.  Un secrétariat interinstitutionnel a été mis en place pour un déploiement de toutes les composantes du système, a-t-il dit, en insistant sur l’importance des ponts aériens en Afrique au début de la pandémie.  La représentante de la FIRC et du CICR a d’ailleurs loué l’excellente coordination nouée avec l’ONU au Kenya, l’Organisation ayant joué un rôle central.

De son côté, la Directrice générale de Save the Children a reconnu que la pandémie a pris tout le monde par surprise et qu’il convient d’en tirer les enseignements pour être mieux préparés à la prochaine crise.  Pour Mme Ashing, le système des Nations Unies, les gouvernements nationaux et la société civile ont cherché à apporter leur pierre à l’édifice et fait montre d’une mobilisation et solidarité sans précédent.

Table ronde 2: Sur la voie d’un vaccin contre la COVID-19; un bien public mondial

La science

Retraçant son expérience cruciale au cours des derniers mois, M. UĞUR ŞAHIN, Cofondateur de BioNTech, laboratoire allemand, a expliqué qu’il travaillait à un vaccin contre le cancer pour lequel de nouvelles technologies sont nécessaires, ainsi qu’à la préparation très rapide des vaccins.  Il a appris qu’une épidémie s’était déclarée à Wuhan en janvier, qu’il a suivie avec un certain intérêt, mais sans implication personnelle au départ.  Mais il a été alarmé par une publication chinoise laissant entendre qu’il s’agissait d’un nouveau coronavirus, contre lequel l’humanité n’avait aucune immunité.  En fait, il s’est avéré que c’était une forme grave de pneumonie qui fait que les personnes infectées étaient contagieuses, a poursuivi M. Şahin.  Il a souligné que Wuhan a un aéroport international et un système ferroviaire très avancé, et qu’en conséquence, c’est l’une des villes les plus connectées en Chine.

Le chercheur a alors contacté son épouse Özlem Türeci, cofondatrice de BioNtech, pour l’alerter sur la gravité de l’épidémie.  Ils ont décidé ensemble de modifier leurs projets pour se concentrer exclusivement sur l’élaboration d’un vaccin contre la maladie à coronavirus (COVID-19).  Les deux médecins se sont mis en relation avec plusieurs candidats et ont réuni d’autres scientifiques pour la recherche.  L’une des conditions, a précisé M. Sahin, était que les équipes acceptent des coupes de salaires.  Ils ont fait passer le message qu’il n’y avait pas de temps à perdre et qu’il fallait aussi créer des partenariats.  Cela a permis d’avancer rapidement, de développer le produit et de montrer que le vaccin obtenu était sûr et très efficace, s’est félicité M. Sahin.  S’agissant de l’approbation d’urgence, il a rappelé que le Royaume-Uni a été le premier pays à reconnaître ce vaccin développé avec la compagnie américaine Pfizer.

Mme SARAH GILBERT, professeure à l’Université d’Oxford, a dit avoir réagi dès les premiers rapports sur un nouveau type de pneumonie apparu en Chine.  Nous avions déjà travaillé sur les maladies émergentes et savions qu’il était nécessaire de créer une plateforme initiale qui soit applicable à différentes pathologies pour éviter d’avoir à réinventer la roue, en établissant des outils génériques, a-t-elle expliqué, mais nous ne disposions pas de fonds suffisant pour des vaccins.  La chercheuse a précisé que l’OMS et le monde de la recherche s’attendaient plutôt à l’apparition d’une bactérie et non d’un virus, et envisageaient plus des « flambées » qu’une pandémie.

Mme Gilbert a souligné qu’il faut normalement deux à trois ans pour arriver à un vaccin, et qu’un catalogue était prêt depuis 18 mois sans disposer de financement suffisant.  Des centres de fabrications étaient prêts au Royaume-Uni mais l’épidémie est arrivée trop vite.  « Nous ne disposions pas de vaccins contre les coronavirus et nous nous sommes basés sur des vaccins de coronavirus sur les animaux », a-t-elle témoigné.  Le 23 avril, a-t-elle ajouté, nous disposions d’un lot de vaccins mais pas assez pour des essais cliniques, d’où la nécessité d’un partenariat avec AstraZeneca, afin de créer des centres de productions à l’échelle mondiale, particulièrement en Inde, pour rendre ce vaccin accessible.  Mme Gilbert a aussi insisté sur la nécessité d’informer la population pour vaincre le scepticisme envers les vaccins et rassurer le public sur les ingrédients du vaccin.  Elle s’est réjouie de la collaboration avec AstraZeneca pour l’échelle de production et de distribution et des caractéristiques du vaccin qui, conservé entre 2 et 8 degrés centigrades, présente des avantages logistiques pour les pays.

Comme Mme Gilbert, Mme ÖZLEM TÜRECI, Cofondatrice de BioNTech, a jugé que la distribution du vaccin doit se faire à l’échelle mondiale, d’où l’importance d’un partenariat capable de réaliser cet objectif.  Nous travaillons avec tous ceux qui nous contactent dans tous les pays du monde et avec diverses organisations tout en étant confrontés à une situation tout à fait nouvelle, a-t-elle souligné.  Les stratégies doivent être élaborées dans le respect des règles en la matière, avec les Nations Unies et d’autres partenaires, comme AstroZeneca ou Pfizer.  La chercheuse a prôné un « nouveau modèle de coopération entre les scientifiques » au lieu d’une relation fondée sur la concurrence, compte tenu de l’envergure de la pandémie et des risques qu’elle engendre. 

Mme SOUMYA SWAMINATHAN, Directrice exécutive et scientifique en chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a soutenu que l’élaboration du vaccin en 320 jours constitue « un record » dans lequel l’OMS a joué un rôle important.  Elle a rappelé qu’après l’épidémie de la maladie à virus Ebola, l’OMS avait créé un cadre pour la prévention de flambées pathogènes et multiplié les préparatifs après avoir tiré les leçons de la désorganisation lors de la riposte à cette maladie.   Mme Swaminathan s’est félicitée que, dès février 2020, une réunion de haut niveau a réuni 400 chercheurs et autorités diverses pour établir une feuille de route et surtout pour harmoniser leurs données et les rendre comparables.  Cela explique le succès actuel, fruit de huit plateformes initiales, avec des vaccins dont l’efficacité dépasse de loin les espérances d’un taux de 70%, et suscite l’optimisme quant aux quantités disponibles pour la population.

La Directrice exécutive de l’OMS s’est aussi inquiétée du danger de la désinformation.  Il est normal que les scientifiques débattent et se contredisent, et cela ne doit pas inquiéter le public, mais, a-t-elle prévenu, les scientifiques doivent avoir une politique de communication transparente et crédible pour assurer la confiance des citoyens dans leurs autorités sanitaires.  Mme Swaminathan a fait part de son optimisme pour l’accessibilité du vaccin grâce au Mécanisme COVAX.  En conclusion, elle a rappelé que les 35 à 40 milliards de dollars nécessaires au lancement du vaccin ne représentent que 1,1% des sommes investies dans la relance économique des États.

Reprenant la parole, le chercheur Uğur Şahin a fourni des explications d’ordre scientifique, et expliqué qu’un vaccin est une exposition à un pathogène, pour une prévention à la fois contre une infection et contre la maladie.  Répondant à la question de savoir comment faire entrer le vaccin dans le corps humain, il a évoqué une nouvelle approche avec un vecteur viral.  Il s’agit de comprendre ce qui fonctionne le mieux et quelle est la partie du système immunitaire la plus à même de confronter le virus, a-t-il élaboré.  L’une des leçons apprises les plus importantes est que la communauté scientifique a partagé ses données, a indiqué M. Sahin, en signalant qu’un service d’échange a été créé à cet effet, ce qui aide à se mettre au courant des progrès et à avancer en tant que communauté scientifique, car « disposer du vaccin ne veut pas dire que le travail est terminé ».  Il faudra en effet veiller à préparer les doses et à déterminer qui en seront les premiers bénéficiaires.

La modératrice, Mme LYSE DOUCET, de la BBC, a félicité les deux scientifiques pour leur performance « historique » qui a consisté à mettre au point un vaccin en moins de 10 mois alors qu’en règle générale, il faut 10 ans en moyenne.  Elle s’est demandé s’il fallait différents vaccins dans chaque partie du monde, en fonction des facteurs locaux, ce à quoi Mme Türeci a répondu en invitant à la prudence: il faut procéder à des évaluations de données, certains sérums ayant la possibilité de neutraliser d’autres mutations d’ores et déjà connues.  La journaliste a mentionné à son tour le refus de certains parents de vacciner leurs enfants contre des maladies infantiles, en s’interrogeant sur les conséquences potentielles si des individus refusent que le vaccin contre la COVID-19 leur soit administré.

L’Algérie, au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré aux deux scientifiques que leur découverte était inestimable et que « le monde ne les oubliera pas ».  Après le développement du premier vaccin, nous en sommes encore aux phases expérimentales et certains pays ont déjà conclu des accords bilatéraux pour acquérir ces vaccins, a fait remarquer la délégation, en se demandant comment s’assurer que le Mécanisme COVAX, par exemple, aide tous les pays à disposer du vaccin, et comment les entités onusiennes et autres pourront aider à le stocker de manière sûre.  Dans le même esprit, Mme Doucet a ajouté que les vaccins ont été déjà achetés et qu’il semble qu’il n’y ait pas de place pour les pays pauvres.  Pour Mme Türeci, il faut appréhender cette problématique comme on aborde un problème technique à régler.  L’ONU et l’OMS doivent être à la tête de ces efforts, a-t-elle voulu.

D’ici à la fin de 2021, plusieurs vaccins auront achevé la période de tests, a souligné pour sa part Mme Gilbert, avant d’encourager les scientifiques à poursuivre leur coopération, car « plus il y aura de vaccins, plus il y aura de doses ».

Tous les panélistes ont affiché leur optimisme tant pour les vaccins que pour leur distribution, Mme Swaminathan rappelant que 35 à 41 milliards de dollars sont cependant nécessaires.  Il est dans l’intérêt de tous les pays d’aider à la vaccination de tous et pas seulement de leurs propres citoyens, a préconisé la responsable de l’OMS.

Les scientifiques, en particulier le couple fondateur de BioNTech sont « les héros de notre époque », a conclu la modératrice à la fin de la première partie de la table ronde qui s’est achevée par une vidéo de l’UNICEF, le plus grand acheteur de vaccins au monde.

Des vaccins pour tous

Cette table ronde, qui a réuni Coalition et Alliance pour veiller à ce que les vaccins soient à la fois disponibles et accessibles pour tous à un prix abordable, représente une collaboration sans précédent, a relevé la modératrice Mme LYSE DOUCET, correspondante internationale en chef de la BBC, avant de s’inquiéter du manque de moyens.  « Il n’y a pas assez d’argent » pour l’achat de ses ces vaccins, s’est-elle inquiétée en s’adressant au docteur SETH BERKLEY, Directeur général de l’Alliance du Vaccin (GAVI).

Deux milliards de doses sont d’ores et déjà disponibles pour ceux qui n’ont pas accès au vaccin, soit certains pays à faible revenu ou revenu intermédiaire ou même, parfois, à revenu élevé.  C’est la raison d’être du Mécanisme COVAX, a expliqué M. Berkley.  Il s’agit de s’assurer que les vaccins achetés soient distribués justement aux populations les plus vulnérables.  Nous avons mis en place un fonds avec l’aide des institutions financières internationales à destination des pays à revenu inférieur, a-t-il précisé.  Pour l’heure, nous disposons de 2 milliards de dollars pour commencer, a-t-il poursuivi, reconnaissant que 5 milliards supplémentaires seront nécessaires pour avancer.  Le Conseil de GAVI va décaisser 150 millions de dollars pour travailler avec les pays pour la planification en prévision de l’arrivée de ces vaccins, notamment mettre en place la chaîne de froid et d’approvisionnement.  Au-delà des beaux discours, a demandé Mme Doucet, qu’en est-il de l’accessibilité?  C’est vrai, a répondu le responsable de GAVI, « j’ai l’impression de vendre du rêve mais notre objectif est 2 milliards de doses de vaccins et nous pensons que cela sera possible avant la fin de 2021 ».

S’adressant ensuite à Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive de l’UNICEF, la modératrice s’est enquise du sort de certains pays comme le Yémen, dont la situation humanitaire est alarmante.  Mme Fore a reconnu que le marché est en effet « très complexe et mouvementé ».  Il est vrai que certains pays s’adressent au marché privé qui peut être parfois trop cher.  Souvent les produits ne seront pas disponibles, c’est là qu’intervient le Mécanisme COVAX dont la tâche est de coordonner un accès mondial équitable et juste aux vaccins.

L’UNICEF tire également parti de ses atouts uniques en matière d’engagement communautaire et d’approvisionnement en vaccins pour s’assurer que les pays participant au Mécanisme COVAX aient un accès sûr, rapide et équitable au vaccin.  Il s’agit d’une entreprise énorme et de nombreux défis restent à relever, a témoigné Mme Fore.  En effet, a-t-elle insisté, il faut associer les communautés dont le rôle est essentiel pour promouvoir la confiance auprès des populations.  Elle a encouragé l’utilisation des plateformes Internet qui peuvent aider en termes de préparation des communautés.

En tant que « premier acheteur de vaccins au monde », avec plus de deux milliards de doses acquises chaque année pour la vaccination de routine et la lutte contre les épidémies dans près de 100 pays, l’UNICEF coordonne et soutient l’achat, le transport international et la distribution dans les pays des vaccins contre la COVID-19 pour le Mécanisme COVAX.

M. RICHARD HATCHETT, Directeur général de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), a dit que COVAX est plus qu’un mécanisme pour rendre les vaccins accessibles ; c’est une solution intérimaire qui assure une coordination entre diverses organisations comme la CEPI, l’UNICEF et l’OMS, et qui s’avère précieuse pour les multiples aspects réglementaires.  « Nous avions subi une pandémie il y a 11 ans et nous savions qu’il y aurait une véritable course pour l’élaboration des vaccins », a rappelé le médecin.  Or, grâce au Mécanisme COVAX et à nos investissements, nous nous trouvons en tête de la file d’attente pour être les premiers sur le marché, s’est-il félicité.

Nous savons que les pays font face à des incertitudes énormes et pensent avant tout à leur population, ce qui implique un risque de concentration dans certains pays, c’est pourquoi nous devons axer le dialogue sur le projet d’un accès équitable, a recommandé M. Hatchett.  Il a ajouté que le défi serait avant tout de rassembler les outils nécessaires pour assurer les volumes de production.  C’est la clef de l’équité, a-t-il dit, car « la pénurie c’est la quintessence de l’iniquité ».  M. Hatchett a indiqué que COVAX permettra la distribution de deux milliards de doses de vaccin en 2021, sans nier les difficultés liées à la production et aux essais cliniques à grande échelle.  S’il a aussi abordé les difficultés des petits pays qui dépendent de produits conçus ailleurs, il a fait part de son optimisme en raison des caractéristiques révolutionnaires des nouveaux vaccins comme celui de Pfizer.  « Ces vaccins marquent le passage du processus de la biotechnologie, si coûteuse, à celui de la simple chimie, beaucoup plus facile à effectuer à petite échelle et avec moins de ressources, donc un avantage certain pour les pays moins riches. »

M. ANDREW WITTY, Envoyé spécial de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Accélérateur ACT, a informé que le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 enregistre 4,3 milliards de dollars de déficit.  Il a chiffré le budget nécessaire à 30 ou 35 milliards de dollars pour les mois à venir, une somme qui reflète les besoins du monde entier et de l’économie mondiale.  Comparée aux sommes dépensées rien que pour réparer les dégâts déjà causés par la pandémie, cette somme se révèle minime, c’est un investissement rentable, a assuré M. Witty.  Il s’est toutefois félicité du rythme de la levée de fonds.  Cinq milliards de dollars ont déjà été reçus, alors qu’un montant de ce niveau requiert en général plusieurs années.  L’Accélérateur ACT essaie de trouver une solution équilibrée, car « il est impossible de vacciner toute la planète en 2021 », a-t-il averti.  Saluant les aides déjà fournies par des acteurs comme la Fondation Gates ou l’Alliance du Vaccin (GAVI), il a recommandé de promouvoir la collaboration public/privé.

S’il existait heureusement des capacités de production prêtes avant l’épidémie, il reste nécessaire de maintenir des capacités excédentaires, a fait valoir M. Witty.  De même, les innovations doivent se poursuivre, par exemple pour les anticorps monoclonaux qui peuvent être utilisés pour les patients qui ne peuvent supporter le vaccin.  Il s’agit d’un « double défi d’ingénierie et de distribution » qui implique une mobilisation mondiale.  Si le multilatéralisme fonctionne dans le cadre du Mécanisme COVAX qui permet de nouer des contacts entre une vaste gamme de fabricants, il est important, selon l’intervenant, d’assouplir les réglementations au niveau mondial.  « Les productions de masse de vaccins ne peuvent être bloquées par un simple problème de réglementation sur leur emballage! »

Répondant ensuite à une question concernant l’Afrique, l’Envoyé spécial de l’OMS a salué les énormes avancées des chercheurs africains depuis 15 ans, en particulier sur le paludisme, mais il a ajouté qu’à l’avenir les chaînes de production devront être renforcées dans les pays du continent.  M. Witty a assuré que le vaccin est un bien commun de l’humanité.  « Quel que soit son processus de création, tous les humains y ont droit. »  « Son prix ne doit pas être un obstacle mais il faut aussi motiver ceux qui le fabriquent », a-t-il conclu.

Le monde se trouve aujourd’hui à un tournant dans la lutte contre la COVID-19, comme l’ont montré les discussions entre États Membres et la communauté scientifique.  Des vaccins très prometteurs sont en train de voir le jour.  Dès lors, se sont interrogées plusieurs délégations, comment faire de ce vaccin « pour tous » un bien commun?  Comment atteindre un tel objectif ? a voulu savoir le Cameroun, au nom du Groupe des États d’Afrique.  D’abord, « le prix ne doit pas être un obstacle », a répondu M. Witty, Envoyé spécial de l’OMS pour l’Accélérateur ACT.  En même temps, a-t-il poursuivi, il faut pousser les acteurs qui créeront ce bien à le produire et cela doit être notre aspiration à tous.  Un accès juste au vaccin demande de la transparence, comme l’ont souligné à maintes reprises les différents panélistes.

Alors comment éviter les risques de fraude pour garantir la qualité du produit ? a interrogé la Suède au nom des pays nordiques.  C’est là qu’intervient le Mécanisme COVAX, a expliqué Mme Fore, Directrice exécutive de l’UNICEF, en établissant notamment un cadre d’évaluation des produits.   Singapour a demandé ce que pouvaient faire les petits États vulnérables pour se préparer à la réception du vaccin et sa distribution.  Comment assurer la vaccination, vers la fin de 2021, une part minimale significative de leur population?  Pour M. Hatchett, Directeur général de laCoalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies(CEPI), l’objectif du Mécanisme COVAX est de distribuer deux milliards de doses de vaccins minimum et d’essayer d’atteindre environ 20% de la population de différents pays.  Il faut pouvoir protéger les travailleurs sanitaires et les membres des populations les plus vulnérables dans le contexte de chaque pays.   De plus, les petits pays doivent compter sur des produits mis au point ailleurs, alors que nous essayons de lutter contre les iniquités en matière de distribution, a-t-il continué.  Cependant, a-t-il nuancé, le vaccin de Pfizer, par exemple, implique l’utilisation d’une technologie révolutionnaire inédite et exigeante, mais cette production passe à un autre stade, celui de la chimie, un travail qui peut être réalisé à plus petite échelle et donc plus accessible pour les petits États disposant de moindres ressources.

Une autre question qui a retenu l’attention des panélistes est de savoir comment les pays de la Communauté des Caraïbes(CARICOM), qui dépendent entièrement du tourisme, pourront bénéficier d’un accès équitable à ce vaccin, synonyme de reprise économique pour eux.  Pour le docteur Berkley, Directeur général de l’Alliance du Vaccin (GAVI), il appartient aux différents pays d’établir leurs priorités en termes d’octroi des vaccins.  Pour finir, tous sont conscients que cette pandémie est une épreuve pour toutes les nations, mais les efforts colossaux consentis par tous les acteurs produiront sûrement les objectifs que nous voulons en atteindre en 2021.  « Pour que nous puissions tous prendre des vacances bien méritées et pourquoi pas à Sainte-Lucie », a souri la modératrice Lyse Doucet.

Table ronde 3: Renforcer la résilience et reconstruire en mieux après la COVID-19

Après une courte vidéo de deux minutes produite par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), consacrée aux conséquences économiques de la COVID-19 sur les travailleurs migrants originaires des pays en développement, Mme FEMI OKE, journaliste et modératrice, a demandé aux panélistes quelles actions concrètes pouvaient être prises pour renforcer la résilience et reconstruire en mieux après la COVID-19.

Pour Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il faut avant tout disposer de davantage de matériel médical pour servir les populations les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées, les enfants, les adolescents, les communautés afro-descendantes ainsi que les femmes, qui représentent 70% de la main-d’œuvre médicale.

« Il faut rectifier le tir pour éviter davantage de souffrances », a lancé la Directrice générale pour les politiques de développement et les partenariats à la Banque mondiale, Mme MARI PANGESTU, en faisant part de ses « prédictions sombres ». 

« Ne jamais gaspiller une bonne crise », a scandé la modératrice, paraphrasant une déclaration prononcée en juillet dernier par la Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, qu’elle avait trouvée très à propos.  Sollicitée de nouveau, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA a insisté sur les inégalités de genre: « il faudra bien veiller à ce que les femmes puissent reprendre leurs activités à des niveaux prépandémiques », a prévenu la Secrétaire générale adjointe.  Les secteurs des services et les secteurs informels doivent être pris en compte dans les plans de relance nationaux.  Mme Mlambo-Ngcuka a aussi appelé à « éviter les solutions court-termistes » dans les plans de relance. 

M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a parlé de « catastrophe » pour le monde du travail, et tiré de l’année 2020 cet enseignement: la crise a touché les plus vulnérables.  « Des personnes laissées pour compte depuis des années à cause des échecs de nos politiques.  Pouvons-nous mettre en place des mesures pour lutter contre ces vulnérabilités?  Si oui, peut-être que quelque chose de positif sortira de cette crise », a-t-il espéré.

« Ne pas gaspiller une bonne crise » signifie pour M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement, de veiller à ce que la reconstruction rende le monde « plus inclusif » mais aussi « plus sûr » en termes de gestion des risques.  « Aujourd’hui, le monde fait face à une pandémie; demain, ce sera peut-être une crise climatique ou un tremblement de terre.  Nous devons nous préparer à d’autres crises », a prévenu M. Piper.

Les « dégâts incommensurables causés par l’homme sur la nature » ont d’ailleurs inquiété M. PAVAN SUKHDEV, Président de la World Wildlife Federation et ambassadeur de bonne volonté du PNUE, qui a conseillé dans ce contexte de ne pas trop se féliciter de la découverte d’un vaccin par le secteur privé.  « En l’espace de 28 ans, c’est-à-dire un clin d’œil pour l’histoire de la Terre, nous avons perdu 10% de la couverture forestière en Amérique du Sud », et plusieurs virus sont apparus (SARS, grippe aviaire), a-t-il rappelé. 

Les investissements dans le secteur de la santé sont néanmoins très importants, ils sont « l’alpha et l’oméga », selon Mme ZSUZSANNA JAKAB, Directrice générale adjointe de l’OMS.  Aucune croissance ne sera possible si les systèmes sanitaires ne sont pas résilients, a-t-elle estimé, en prévenant que cela vaut aussi pour les pays développés. 

Interrogée sur la situation des femmes et des filles face à la pandémie, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a exhorté à inclure les femmes dans les processus de prise de décisions: « si les femmes ne sont pas présentes aux tables des négociations, alors les politiques mises en place ne leur seront pas favorables », a-t-elle appuyé. 

La Directrice exécutive du FNUAP a abondé en ce sens.  « Nous devons garder à l’esprit l’aspect intersectionnel », a-t-elle déclaré.  « Ces femmes et ces filles dont nous parlons ont plusieurs casquettes »; elles peuvent être chargées de la désinfection dans un hôpital, donner des soins quand elles rentrent chez elles, donner la vie...  Mme Kanem a profondément regretté que la question de la contraception soit politisée, et a appelé à penser à ceux qui prodiguent les soins dans les hôpitaux, c’est-à-dire les femmes.  Elle a remercié les hommes qui défendent les femmes, mais regretté qu’« ils ne soient pas la majorité ».  Elle a en outre évoqué le problème de la répartition des tâches domestiques et du manque de protection sociale dont les femmes souffrent.

« Comment reconstruire mieux? »  Répondant à cette question, la Directrice générale à la Banque mondiale a indiqué que celle-ci avait d’abord dû faire face à l’urgence en débloquant 12 milliards de dollars pour les activités de subsistance et les programmes de protection sociale mis à rude épreuve par la pandémie.  Notant la complémentarité des ripostes sanitaire et économique, elle a rappelé que la pandémie n’était pas terminée et qu’il fallait se concentrer sur le dépistage, l’isolement et le traitement.  « S’adapter rapidement est fondamental et pour ce faire, nous devons mesurer ‘qui a besoin de quoi’ avant de pouvoir veiller à ce que notre action ait l’impact escompté », a-t-elle indiqué. 

« Nous payons le prix de décennies d’inaction », a constaté le Directeur général de l’OIT.  « Cette crise nous pendait au nez », a-t-il dit, car nous n’avons pas su régler la question de la protection sociale ni des inégalités sociales.  Il a indiqué que 6 personnes sur 10 vivent de l’économie informelle, des personnes qui n’ont aucun filet de sécurité. 

Mettant l’accent sur la contradiction consistant à devoir débloquer des moyens considérables pour la relance alors que les économies se contractent, le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement des Nations Unies a estimé que la clef sera, dans les mois à venir, de trouver les bonnes coalitions d’investissement pour régler les problèmes existants. 

« Nous espérons voir la lumière au bout du tunnel en 2021 », a déclaré la Directrice générale adjointe de l’OMS, avant de citer la « tâche herculéenne » qui consistera à vacciner 20% de la population mondiale d’ici à la fin 2021 et de trouver les 23,9 milliards de dollars nécessaires à cette fin.  En 2021, ce sont 35 millions de femmes et de filles qui vont tomber dans la pauvreté à cause de la pandémie, a enchaîné la Directrice exécutive d’ONU-Femmes pour faire comprendre l’ampleur des conséquences.  Son homologue du FNUAP a ajouté qu’avec les contraintes liées à six mois de confinement, 47 millions de femmes ont perdu la capacité de contrôler leur fertilité, ce qui se traduit par sept millions de grossesses non désirées.

Le Directeur général de l’OIT a, lui, demandé d’utiliser cette phase de relèvement pour réfléchir aux moyens d’aider les petits exploitants.  Sachant que sur les cinq milliards de ruraux à travers le monde, 1,2 milliard travaillent et vivent sur des exploitations de moins de 2 hectares, il a recommandé de trouver les moyens de les aider à vivre dans de bonnes conditions « là où ils sont » plutôt que de les voir obligés de migrer vers les villes. 

Après le dialogue entre experts, les États Membres ont posé leurs questions sur le relèvement post-COVID, notamment pour savoir comment réaliser le Programme 2030 malgré la pandémie. 

Comment faire en sorte, a d’abord demandé la Chine, que la réalisation du Programme contribue vraiment à améliorer la situation des populations les plus vulnérables et à les protéger.  Le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement a répondu que la question de vulnérabilité n’était pas un problème nouveau et que les orientations politiques pour y remédier étaient nombreuses.  C’est qu’il faut, a ajouté le haut responsable, c’est mesurer et évaluer « les grandes données assommantes » et comprendre pourquoi les choses ne marchent pas.  Ensuite, il faut donner la parole aux personnes vulnérables et savoir à quel moment elles doivent intervenir dans la réalisation des politiques.  Ce qu’il faut aussi, a-t-il insisté, c’est mesurer les progrès réalisés. 

Les marginalisés doivent participer à l’élaboration des politiques et des stratégies, a acquiescé la Directrice exécutive du FNUAP.  Elle a ajouté à cela la nécessité de placer l’argent là où c’est utile et nécessaire.  Le FNUAP a consacré 30% de son budget pour ceux qui en ont réellement besoin, a-t-elle dit ajoutant que c’est la clef pour reconstruire en mieux. 

L’importance de la couverture sanitaire universelle a été mise en avant par la Directrice générale adjointe de l’OMS qui a rejeté la faute des revers actuels sur le manque d’investissements dans la préparation.  Pourtant, investir dans la préparation d’un individu ne coûte que 5 dollars par an, a-t-elle dit.  Si l’on maintient le niveau actuel d’investissement dans la préparation, il faudra 500 ans pour y arriver.

Dénonçant les mesures coercitives unilatérales, le Fédération de Russie a regretté que ces sanctions touchent 20% des Membres de l’ONU.  Que font les institutions pour combattre les mesures coercitives unilatérales?  La Directrice générale adjointe de l’OMS a répondu que, dans le contexte humanitaire, l’OMS continue son travail avec tous ses partenaires, y compris la société civile, comme en Syrie.  C’est le seul moyen d’atteindre les endroits les plus reculés et les populations isolées.  Il faut placer les choses dans le contexte humanitaire, a-t-elle insisté.  Le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement a répondu que les agences des Nations Unies fonctionnent conformément aux décisions des États Membres.  « C’est un dilemme et on préfère que de telles situations ne se posent pas. »  En tant qu’acteurs du Secrétariat, les agences acceptent les contraintes et continuent de mener à bien leur travail sur le terrain.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a ajouté que, en ces temps difficiles, les agences de l’ONU travaillent d’arrache-pied pour que tous les pays s’en sortent. 

Le Chili a voulu savoir quels sont les domaines prioritaires pour veiller à ce que la riposte accorde suffisamment d’attention aux femmes et aux filles dans le contexte de la relance de l’économie?  Pour la Directrice exécutive du FNUAP, il faut se montrer innovant pour avoir des informations correctes, surtout en temps de pandémie, en faisant appel notamment aux jeunes qui sont bien informés alors que bon nombre d’entre eux sont au chômage.  La COVID-19 nous ramène aussi au fossé numérique qu’il faudra combler.  Concernant les femmes, y compris les femmes âgées, il faut tenir compte de leur dignité, combattre leur solitude, entretenir les liens intergénérationnels en ligne ou face-à-face en respectant la distanciation sociale, a suggéré la Directrice exécutive. 

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a souligné l’importance d’investir dans une éducation résiliente et moderne ainsi que dans la santé des populations vulnérables.  Il faut tout mettre en œuvre pour que ces deux secteurs soient abordables et accessibles, a-t-elle conseillé.  La Directrice à la Banque mondiale a rappelé que son institution avait pris depuis longtemps l’engagement de tenir compte, dans ses programmes, du paradigme homme-femme.  Mais c’est aux gouvernements d’avoir la volonté politique de s’y atteler, a-t-elle ajouté.  Il faut traiter les filles dès leur naissance sur un même pied d’égalité que les garçons, améliorer la connaissance juridique des femmes dont beaucoup ignorent leurs droits.  Les solutions de microfinances sont aussi très efficaces, a-t-elle assuré avant de prôner l’entraide communautaire pour que les collectivités renforcent mutuellement leurs capacités. 

Pour reconstruire en mieux, il faut impérativement parler du travail des femmes, a renchéri le Président de la World Wildlife Federation.  Le secteur de l’agriculture est celui qui emploie le plus de monde avec cinq milliards de personnes qui y travaillent, dont 2,3 milliards dans des fermes de moins de 2 hectares, a-t-il ajouté en recommandant de donner à ces dernières les moyens de prospérer.  Ce modèle agricole des petites exploitations est d’ailleurs positif pour le climat, car il consomme moins d’eau.  L’expert a donc suggéré d’aider les petits exploitants agricoles à réussir là où ils sont plutôt que de les encourager à migrer vers les villes. 

Le problème de résilience des travailleurs non qualifiés a été soulevé par le Canada, au nom d’un groupe de pays, alors que les situations économique et sanitaire sont désastreuses.  Cette même délégation a demandé à ce propos à la représentante de la Banque mondiale, comment elle évaluait l’attitude de la communauté internationale face au niveau d’endettement croissant.

L’oratrice de la Banque mondiale a reconnu que les niveaux d’endettement de nombreux pays étaient déjà très inquiétants avant que la pandémie ne survienne.  Point positif, les pays du G20 ont accepté un système de suspension de la dette: il concerne 44 des pays les plus endettés de la planète.  Ce mécanisme reste cependant une bouffée d’oxygène temporaire: davantage de créanciers non traditionnels doivent participer, sans quoi la crise ne se terminera pas, a prévenu l’oratrice.  Les crises d’endettement passées ont montré qu’elles étaient longues à disparaître, durant parfois plus de 10 ans, comme l’exemple de l’Amérique latine l’a montré.  Il faut donc agir en amont et en temps voulu, le gros point d’interrogation restant la participation du secteur privé.

Interrogé sur la manière d’éviter une prochaine pandémie, l’ambassadeur de bonne volonté du PNUE a attiré la discussion sur le terrain de l’environnement: il faut selon lui commencer par mettre fin à la déforestation, au commerce illégal de vie et de faune sauvages, et changer nos régimes alimentaires, particulièrement la consommation de viande.  Il a aussi donné des recommandations aux marchés financiers, qui décident du cap de l’économie mondiale: ils doivent impérativement changer la manière dont ils opèrent ainsi que leurs critères de performance. Tels sont les grands axes pour éviter une prochaine pandémie, selon lui.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, la Sierra Leone a prévenu que les politiques d’allégement de la dette soulageaient les pays sur le court terme mais étaient délétères à moyen terme, car elles l’alourdissaient.

Elle a demandé comment éviter ce cercle vicieux, et comment alléger véritablement la dette.

La représentante de la Banque mondiale a reconnu que le problème allait s’aggraver tant que les recettes fiscales étaient insuffisantes.  Elle a qualifié « l’épongement » de la dette de question cruciale, tout comme le rôle du secteur privé.  Elle a aussi évoqué le concept de « transparence de l’endettement », soit veiller à que les pays aient « la viabilité nécessaire » pour qu’ils puissent se lancer dans une « restructuration saine », « transparente » de la dette, afin que les parties prenantes aient toutes les cartes en main pour régler les crises.  Le G20 a élaboré une approche commune, mais celle-ci n’a pas encore été mise en œuvre; or, il s’agit d’une question urgente pour la Banque mondiale.  Mais elle a prévenu qu’il fallait faire attention à ne pas faire dégringoler sur les marchés financiers la notation du pays dont on allège la dette.

Le Kenya, parlant lui aussi au nom du Groupe des États d’Afrique, a demandé des précisions au sujet des plans de relance.  L’oratrice de la Banque mondiale a expliqué que cette crise, davantage que les précédentes, avait touché de nouvelles cibles de population, au-delà des publics très pauvres habituellement touchés par les crises.  Il faudra donc élargir les cibles de ces plans.  D’autre part, il faudra prendre en compte, dans les efforts de reconstruction, la possibilité de l’apparition d’une nouvelle zoonose.  Il faudra renforcer les systèmes de santé et d’éducation, construire des infrastructures vertes et réhabiliter les côtes ou les terres dégradées.  À moyen terme, cette dernière mesure soulagera des populations telles que les agriculteurs.  Emploi, réduction de la pauvreté et amélioration de l’environnement: il faut toujours essayer d’agir en respectant ce triptyque, a-t-elle expliqué.  

Le représentant de l’OIT a, quant à lui, jugé que l’occasion de réformes présentée par la crise financière de 2008 avait été « totalement gâchée ».

La Barbade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déplacé le débat sur les changements climatiques, faisant valoir que les petits États insulaires en développement (PEID), très peu émetteurs, sont pourtant les plus vulnérables aux émissions de gaz à effet de serre.  Or « certains pays ont de façon délibérée, ou du fait de la COVID-19, réduit leurs engagements en matière d’aide publique au développement », a déploré la CARICOM.  « Comment veiller à ce que la lutte contre les changements climatiques ne soit pas mise à mal par la lutte actuelle contre la COVID? »

L’ambassadeur de bonne volonté du PNUE a d’abord estimé qu’on devrait rebaptiser les petits États insulaires en développement en « immenses pays océaniques », en raison de leur superficie marine incroyable, et donc de leur rôle important dans la sauvegarde des écosystèmes de la planète.  Le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement a opiné sur l’immense risque que ce groupe de pays courait, et a appelé la communauté internationale à ne pas se détourner de cette aide publique au développement.

Ce panéliste a aussi répondu à l’Union européenne (UE) qui voulait connaître les mesures pratiques imaginées pour inclure le numérique dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a répondu que la numérisation était l’une des manières de progresser dans plusieurs objectifs, mais que ces débats devaient être menés pays par pays.

En conclusion, les panélistes ont été d’accord pour protéger tout à la fois « les individus, la planète et la biodiversité » sans laisser aucun de ces aspects de côté.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a réclamé davantage de services publics pour les populations vulnérables.

Suite du débat général

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a souligné que la sous-région a été durement touchée par la pandémie de COVID-19.  Deux tiers des décès en Afrique ont eu lieu dans cette région où les États n’ont eu de cesse de préserver la vie des citoyens et des systèmes de santé, parfois à travers des mesures contraignantes comme le confinement ou la limitation de la circulation des biens et personnes.  Ces mesures ont durement impacté nos économies, aggravant notamment l’inflation et les inégalités.  Se référant à un rapport d’évaluation de la SADC, il a indiqué qu’il s’agit maintenant de se mobiliser pour la reconstruction et la relance de l’économie.  De plus, s’est-il inquiété, la deuxième vague qui frappe la partie occidentale de la sous-région est une source de préoccupation.  La région place son espoir dans l’obtention d’un vaccin, mais on ne sait pas si ce vaccin sera distribué de manière équitable, a-t-il dit, avant d’exhorter à adopter une riposte mondiale face à cette pandémie globale.  Les défis sont certes immenses, c’est pourquoi, a-t-il conclu, nous ferons en sorte que la paix et la sécurité continuent de l’emporter afin de bâtir un monde commun.

M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Ministre des affaires étrangères du Brunéi Darussalam, a expliqué que, dès le début de la pandémie, en mars dernier, le pays a agi rapidement et pris la difficile décision de fermer les frontières et de limiter les déplacements pour prévenir et contrôler la propagation du virus.  Aujourd’hui, le Brunéi Darussalam a mis en œuvre un vaste programme de tests et un mécanisme de traçage des contacts grâce à l’application mobile BruHealth qui identifie les foyers du virus, tant pour les cas importés que transmis localement.  M. Yusof a expliqué que le Ministre de la santé a tenu des points de presse quotidiens via les médias traditionnels et sociaux.  Une ligne téléphonique verte informe l’opinion publique et permet aux citoyens de poser des questions et faire part de leurs préoccupations.  Le Ministre des affaires étrangères a encore mis l’accent sur la responsabilisation et la sensibilisation des citoyens à l’importance de la distanciation sociale, de l’isolement volontaire et du respect des règles d’hygiène, grâce à quoi aucun cas n’a été détecté depuis début mai.  Le pays s’est aussi efforcé de procurer des outils électroniques aux élèves pour éviter « une génération perdue » en termes d’éducation.  Au niveau international, M. Yusof a loué le Mécanisme COVAX et l’Accélérateur ATC, qu’il a jugés indispensables pour garantir une distribution équitable des tests et des médicaments, ainsi que pour des traitements abordables et accessibles pour tous.

M. ANŽE LOGAR, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a estimé qu’il faut collaborer avec l’OMS qui aide les États Membres en élaborant, diffusant et mettant à jour des outils, des données et des preuves sur l’évolution de la COVID-19.  En outre, il a souligné qu’il faut encourager les innovations permettant de renforcer les systèmes de santé et d’améliorer les réponses aux défis à venir.  La santé doit appartenir à tous et ne pas être le privilège de quelques-uns, a-t-il noté.  Nous devons travailler dur pour garantir l’accès à la couverture sanitaire universelle dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il déclaré.  La crise a un impact dévastateur sur les droits des groupes les plus vulnérables et aggrave les inégalités structurelles des sociétés, ce qui se manifeste par une augmentation de la violence domestique.

M. Logar a souligné que la Slovénie fait partie de l’initiative Team Europe qui vise une reprise mondiale durable dans l’esprit de « reconstruire mieux et plus vert », notamment en mettant en œuvre les objectifs du Programme 2030 et de l’Accord de Paris.  Il a souligné que la reprise ne peut que passer par l’innovation, la transformation numérique et des solutions vertes.  Ainsi, la Slovénie s’est engagée à mettre l’intelligence artificielle au service de l’humanité, en accueillant, sous les auspices de l’UNESCO, le Centre international de recherche sur l’intelligence artificielle (IRCAI) qui a lancé la Corona Virus Media Watch pour surveiller l’évolution de la pandémie dans le monde.

M. ALEX AZAR, Secrétaire d’État à la santé et aux services sociaux des États-Unis, a reconnu le défi sanitaire sans précédent auquel est confronté le monde et a assuré que les États Membres peuvent compter sur la coopération des États-Unis pour vaincre cette crise.  Il s’est félicité du fait que nous disposons aujourd’hui, contrairement à l’époque de la grippe espagnole de 1918, des outils pour lutter contre cette pandémie.  À ce titre, il a notamment cité l’initiative américaine Warp Speed qui a appuyé la création de pas moins de six vaccins potentiels.  Grâce à l’ingéniosité des entreprises américaines et d’autres, M. Azar s’est dit optimiste que la fin de la pandémie est proche.

Il a regretté que toutes les données sur la pandémie n’aient pas été partagées de manière transparente dès le départ et a affirmé que ce « manquement de devoir » a été dévastateur pour le monde entier.  Qui plus est, s’est-il indigné, cela continue puisque l’enquête demandée à l’OMS sur les origines du virus ne sera publiée que l’année prochaine, ce qui est inacceptable.  Pour leur part, les États-Unis ont été entièrement transparents et partageront leurs outils, une fois qu’ils se seront occupés de leur citoyens.  M. Azar a espéré qu’en œuvrant ensemble il sera possible de vaincre la COVID-19 et de revenir à la normalité d’ici à quelques mois.

M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Maroc, a déclaré que la COVID-19 avait pris de cours nos systèmes de santé, nos économies et notre protection sociale.  La pandémie, a-t-il ajouté, induit aujourd’hui des choix difficiles, car à l’urgence de sauver des vies, s’ajoute celle de relancer les économies, en particulier dans les pays africains.  Cette situation implique l’abandon des vieilles recettes et le recours à des moyens plus innovants, un multilatéralisme fondé sur la responsabilité qui oriente l’action des Nations Unies vers le concret et vers les résultats.  Au vu des inégalités exacerbées par la pandémie, il a appelé à redoubler d’efforts, notant que la restructuration de la dette annoncée au G20 est un pas positif.  Le Ministre a par ailleurs décrit les mesures mises en œuvre au Maroc, tel un fonds social pour les plus vulnérables doté de 3,5 milliards de dollars, une injection de fonds dans l’économie équivalant à 11% du PIB, un fonds d’investissement stratégique pour les grands projets et une couverture santé généralisée pour tous les Marocains, accompagnés d’une aide médicale solidaire à 20 pays africains.  Il a enfin appelé la communauté internationale à prendre en compte l’impact qu’aura la pandémie sur les systèmes nationaux et internationaux à l’avenir et plaidé pour un monde plus juste et solidaire.

M. CHRISTOPHER TUFTON, Ministre de la santé et du bien-être de la Jamaïque, a indiqué que les stratégies qui ont guidé la Jamaïque au cours des derniers mois sont le fruit d’une réorientation du plan de préparation à une pandémie de grippe.  Grâce à l’OMS, à l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et à plusieurs partenaires, le pays a pu renforcer les capacités de test de telle sorte qu’il peut désormais se vanter d’un délai de 24 à 48 heures pour obtenir les résultats de tests PCR.  Mais la COVID-19 a mis en évidence plusieurs lacunes dans le système de santé, a reconnu le Ministre, expliquant que le Gouvernement avait saisi l’occasion pour renforcer ses capacités.  Par ailleurs, au cours des neuf derniers mois, la Jamaïque a connu une baisse massive de son PIB - au moins 14% en un seul trimestre.  Plus de 100 000 emplois ont été perdus et de nombreuses personnes se sont retrouvées aux prises avec de l’anxiété et des problèmes mentaux.  Mais il faut continuer de répondre à la pandémie, tout en maintenant des fonctions sanitaires essentielles.  « L’avenir n’est pas clair, mais ce qui est clair, c’est que nous nous rétablirons plus forts et que la Jamaïque, comme plusieurs autres petits États insulaires en développement, a bénéficié de partenariats, à la fois internes et externes. »  En tant que monde globalisé, nous avons appris à dépendre les uns des autres en temps de crise, a conclu le Ministre.

M. TANDI DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a souligné que la pandémie avait révélé et exacerbé les fragilités existantes et mis à nu l’absence de couverture sanitaire inadéquate dans beaucoup de pays.  Les acquis du développement risquent aussi d’être remis en question, a-t-il craint.  Le Bhoutan n’a enregistré aucun mort et a réussi à restreindre le nombre de cas, a fait valoir le Ministre, car le pays a mis l’accent sur les secteurs les plus vulnérables de la société.  D’autre part, la résilience et la solidarité ont primé malgré de graves conséquences.  Il a exhorté à aider les pays pauvres en ressources et s’est dit préoccupé sur les répercussions économiques des mesures de confinement.  L’ONU et les partenaires de développement devront assister le Bhoutan pour qu’il puisse se relever économiquement et réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il conclu.

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et Ministre de la défense de l’Irlande, a d’entrée souligné l’importance de la coopération, un élément déterminant, à ses yeux, pour l’élaboration de stratégies de santé publique.  L’Irlande a bénéficié des conseils d’experts et du leadership multilatéral de l’ONU et de l’OMS et a également cherché à aider les autres.  Elle a ainsi participé à hauteur de plus de 150 millions de dollars à la riposte mondiale à la pandémie de COVID-19 et quadruplé sa contribution financière à l’OMS.  M. Coveney a aussi énuméré différentes actions entreprises par son pays, notamment le Mécanisme COVAX dans le cadre de l’Union européenne, afin d’assurer un accès équitable aux vaccins.

Il a également indiqué que son gouvernement avait établi une stratégie solide de dépistage et de traçabilité « complète, fiable et réactive ».  M. Coveney a ensuite parlé des mesures prises pour limiter la transmission du virus.  « Il y a eu des choix difficiles à faire et les restrictions imposées par le Gouvernement ont eu des effets majeurs sur la vie économique et sociale de notre pays », a-t-il reconnu.

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a d’entrée souligné le rôle de l’OMS qui, avec son expertise et ses atouts uniques, devrait rester l’autorité directrice chargée de renforcer le système de santé mondial.  Elle doit être soutenue par toutes les entités concernées du système des Nations Unies et la Pologne est prête à engager des discussions sur la manière d’y parvenir.  Il a fait valoir que son pays a été l’un des premiers à soutenir les efforts de l’ONU pour gérer la pandémie.  Dans un esprit de solidarité, la Pologne a notamment déployé un certain nombre de missions médicales en Italie, au Bélarus et en Ukraine, et envoyé du matériel médical dans les Balkans occidentaux, dans le Caucase, au Moyen-Orient et en Afrique.  Dans un esprit de responsabilité collective, elle a également contribué au programme « Team Europe » de l’Union européenne, qui aide les pays partenaires à faire face aux conséquences humanitaires, sanitaires et socioéconomiques de la pandémie.  M. Rau a par ailleurs exhorté à assurer l’accès universel à une vaccination efficace et abordable contre la COVID-19, se disant soulagé de pouvoir bientôt bénéficier des premiers vaccins contre le coronavirus.  Cependant, a-t-il ajouté, tout en nous concentrant sur la pandémie, nous ne devons pas oublier les autres défis auxquels le secteur de la santé doit faire face.

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a tout d’abord rendu hommage aux professionnels de la santé de par le monde.  Il a noté que la crise sanitaire de la COVID-19 s’est transformée en une véritable crise humanitaire, socioéconomique et sécuritaire.  Les PIB ont chuté, a-t-il indiqué, ce qui a une incidence directe sur des millions de personnes et risque d’entraîner la faim dans le monde.  Pour sa part, l’Ukraine fera tout son possible pour assurer la sécurité alimentaire de ses citoyens et la mise en place des technologies novatrices pour leur apporter des services et des ressources pertinents, notamment pour lutter contre « l’infox » au sujet de la maladie.  Pour le Ministre, les pays devront sortir « par le haut » de cette épreuve, grâce au multilatéralisme.  Il a reproché à un petit groupe d’état d’avoir cherché à exploiter cette situation au profit d’intérêts politiques étroits.  L’Ukraine compte sur l’unité et la solidarité mondiales comme seule voie de sortie de la pandémie.

M. PAUL OQUIST KELLEY, Secrétaire privé pour les politiques nationales du Président du Nicaragua, a rappelé les propos du Président Roosevelt qui disait « nous n’avons à craindre que la peur elle-même », et noté que la crise de 1929 avait débouché sur de grands efforts pour une redistribution sociale et des réformes économiques.  Il a déploré que les États-Unis ne prennent pas de telles mesures aujourd’hui et persistent dans l’imposition de mesures unilatérales contre le Nicaragua qui, a-t-il ajouté, constituent des crimes contre l’humanité, car ils nuisent à l’effort contre la COVID-19.  Le Secrétaire a regretté que la planète compte deux milliards de victimes de mesures unilatérales imposées par des pays qui se prétendent supérieurs.  Il a aussi évoqué les changements climatiques qui ont ajouté, avec deux récents ouragans, aux difficultés subies par son pays et demandé un accès équitable aux vaccins, condition d’un relèvement inclusif de son pays.

Mme MARTA TEMIDO, Ministre de la santé du Portugal, s’est inscrite en faveur d’une riposte internationale coordonnée à la pandémie de COVID-19, dirigée par l’OMS et soutenue par le système de l’ONU, et a appuyé les « travaux importants » qui ont été menés avec persévérance par l’OMS.  La Ministre a ensuite insisté sur l’importance de la santé et l’objectif d’une couverture sanitaire universelle en tant que droit de l’homme.  Elle a d’ailleurs appelé à saisir l’occasion de cette crise sanitaire pour « redéfinir les fondements mêmes » de nos systèmes de santé.

La Ministre a également appelé à une gestion efficace de l’infodémie et de la désinformation qui y est associée, car la désinformation « coûte des vies ».  Dans ce contexte, et avec l’arrivée d’un vaccin potentiellement efficace, il est crucial, a-t-elle préconisé, de renforcer collectivement les efforts pour combattre ce phénomène.

M. BOGDAN LUCIAN AURESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a détaillé les grands axes de la politique roumaine de lutte contre la pandémie: prévention de la propagation, renforcement des capacités du système de santé, développement de la coopération avec les partenaires de l’UE et sensibilisation de la population aux risques du virus.  Dans les prochains mois, ces mesures politiques seront complétées par des activités liées à la campagne de vaccination, considérée comme une question de sécurité nationale, a-t-il expliqué.  La Roumanie a aussi réorienté plus de la moitié de son budget de coopération au développement international pour répondre à la pandémie de COVID-19, en mettant l’accent sur la consolidation des systèmes de santé et sur la lutte contre les fausses nouvelles liées à l’épidémie.

M. Aurescu a ajouté que la pandémie de COVID-19 avait montré, une fois de plus, que les défis mondiaux nécessitaient une action commune, de la solidarité et de la coopération.

M. MOHAMED T. H. SIALA, Ministre des affaires étrangères de la Libye, a estimé qu’il n’y a pas d’autre choix que celui de sauver tout le monde, sans discrimination aucune, et ce, par le biais d’une stratégie globale humaine, rapide et résolue, dans le respect de la dignité de chacun et du droit à la vie.  Il convient dès lors que « les armes pour combattre la pandémie » soient à la portée de tous, a-t-il réclamé.  Avec la production d’une dizaine de vaccins, il incombe maintenant à l’OMS de garantir leur distribution à tous les pays et à un prix abordable, a-t-il espéré.  Il a appelé les autres parties au conflit en Libye à respecter le cessez-le-feu auquel le Secrétaire général de l’ONU a appelé.  La Libye savait qu’elle n’était pas à l’abri dès le début de la pandémie alors même qu’elle était en proie à une agression, a expliqué le Ministre, en disant que son pays n’avait d’autre choix que celui de repousser l’agresseur, ce à quoi il est parvenu, et de procéder à la protection rapide de la population.  L’ampleur des défis dépasse largement les moyens à notre disposition, a-t-il déploré, avant d’énumérer les principales mesures prises comme la mise en place d’unités de quarantaine et la fourniture de matériel de dépistage.  Il a espéré recevoir plus de matériel médical pour lutter contre un virus qui s’est infiltré jusque dans les camps d’accueil des migrants.  Il a demandé à l’ONU de fournir aux migrants une assistance alimentaire et les moyens de retourner dans leur pays.  Il a aussi demandé la restitution des biens et ressources libyennes usurpés.

M. DJACOBA OLIVA TEHINDRAZANARIVELO, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a déclaré que son gouvernement avait fait le choix de prioriser la protection de la population, en instaurant, dès l’apparition des premiers cas de COVID-19, l’état d’urgence dans la capitale, puis progressivement dans les autres régions touchées.  En parallèle, les ressources humaines, financières et sanitaires du secteur médical ont été renforcées.  De cette initiative est née le CovidOrganics ou CVO, un remède de plantes médicinales à vocation préventive et curative contre le Coronavirus, a fait valoir le Ministre.  Les autorités ont en outre pris l’initiative « inédite » de faire rechercher, produire et distribuer à la population un remède traditionnel amélioré.  Grâce à ces mesures, le nombre de cas s’est maintenant stabilisé, avec un nombre de guérisons largement supérieur, depuis trois mois, à celui des nouvelles contaminations, a assuré le Ministre.

M. DINESH GUNAWARDENA, Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka, a indiqué que son pays a géré la propagation de la COVID-19 en respectant strictement les précautions sanitaires universelles et en adoptant une approche pangouvernementale, visant la transmission zéro.  Un centre national d’opérations pour la prévention de l’épidémie a été créé et une plateforme numérique facilite l’engagement du public pour la recherche des contacts, a-t-il précisé, ajoutant que les soins de santé gratuits fournis à la population ont également permis de réduire la propagation du virus.  Pour faire face à l’impact socioéconomique de la pandémie, le Gouvernement a accordé une aide financière et des rations sèches à plus de six millions de familles et groupes vulnérables, tout en créant un fonds COVID-19 pour la santé et la sécurité sociale.  S’agissant de la vaccination à venir, le Ministre a fait état de la nomination d’un comité de coordination au sein du Ministère de la santé et de l’obtention de fonds d’aide pour l’entretien des chaînes du froid des vaccins.  Appelant l’ONU à mobiliser toutes ses ressources pour que le vaccin soit un « bien public mondial », gratuit et accessible à tous, il a également plaidé pour un financement international accru et un moratoire sur la dette des pays en développement en cette période de crise.  Selon lui, une attention particulière devrait être accordée aux pays à revenu intermédiaire afin qu’ils soient éligibles à l’Initiative de suspension du service de la dette du G20.

M. E. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO, Ministre des relations extérieures du Paraguay, a énuméré les actions menées par son pays pour renforcer la protection et la promotion des droits des femmes, des enfants et des adolescents et mettre en œuvre des programmes sociaux pour répondre aux besoins des plus défavorisés dans le contexte de la crise.  Pour répondre à la nécessité d’apporter des réponses économiques et sociales structurelles à grande échelle, son pays a lancé le plan de relance économique « Ñapu’ã Paraguay » (Relevons le Paraguay), qui comprend un ensemble de mesures dans des domaines stratégiques: protection sociale, investissement public pour l’emploi et crédit pour le développement.  À cet égard, il a estimé que les institutions financières multilatérales devraient s’attaquer aux vulnérabilités des pays et appuyer leurs stratégies de relance économique.  Il s’agit également, a-t-il poursuivi, d’assurer la chaîne d’approvisionnement, de renforcer les mesures de facilitation du commerce extérieur et de l’accès à un crédit à visage plus humain.

M. MATTHEW JOHN DAVID HANCOCK, Secrétaire d’État à la santé et aux affaires sociales du Royaume-Uni, a constaté que le coronavirus se joue des frontières.  « Il nous prend pour cible en tant qu’êtres humains et cette humanité commune doit nous rassembler », a-t-il souligné.  Dans la lutte contre la COVID-19, le Royaume-Uni a appuyé la mobilisation mondiale, augmentant notamment de 30% sa contribution à l’OMS.  Le Secrétaire d’État, saluant les mesures prises par le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus pour renforcer l’efficacité de son agence, a indiqué avoir levé de près de 9 milliards de dollars, en juin dernier, pour contribuer à l’immunisation contre la pandémie.  Sur le plan intérieur, le pays a lancé son essai clinique pour le relèvement, ce qui a permis d’identifier des traitements et de sauver de nombreuses vies, a poursuivi le Secrétaire d’État.  Il a ajouté que la présidence du G7, l’an prochain, sera l’occasion pour le Royaume-Uni de soumettre une nouvelle approche en matière de sécurité sanitaire basée sur un plan en cinq points destiné à prévenir toute nouvelle pandémie.  Ce plan visera notamment à augmenter la recherche-développement dans les vaccins, à renforcer l’action sur les données, à poursuivre le travail sur les résistances antimicrobiennes et à protéger les chaînes d’approvisionnement en levant les contrôles à l’exportation.  Enfin, évoquant l’enjeu mondial que constitue la mise en place d’un vaccin sûr et efficace contre la COVID-19, M. Hancock a réitéré l’engagement de son gouvernement en faveur d’un accès pour tous.  Le vaccin développé par l’Université d’Oxford et la société AstraZeneca coûtera seulement 4 dollars et pourra être stocké à des températures de réfrigérateur, a-t-il précisé, estimant que cet élan permet d’espérer une vaccination mondiale. 

M. GINÉS GONZÁLEZ GARCÍA, Ministre de la santé de l’Argentine, a déclaré que la pandémie constitue une occasion unique de réaffirmer les valeurs de solidarité dans les politiques de relance de l’économie.  Le Ministre a décrit les mesures de protection des personnes et groupes les plus vulnérables et les efforts de la première heure déployés dans son pays pour renforcer le système de santé, doubler la production de respirateurs mécaniques, reconvertir une partie de l’industrie textile dans la production d’équipements de protection, bâtir 12 hôpitaux préfabriqués en un temps record et créer un fonds national d’équité qui assure la couverture intégrale de la population.  Il a aussi mentionné l’Unité Coronavirus qui a présenté des innovations technologiques en matière de tests.  L’Argentine participe aux recherches « Solidarity I et III » de l’OMS pour les vaccins et traitements, au dispositif visant à accélérer l’accès aux outils de lutte contre ‎la COVID-19 (Accélérateur ACT) et au Groupement d’accès aux technologies contre la COVID-19.  Le pays a, ainsi déjà procédé à l’achat anticipé de 9 millions de doses de vaccins suffisants pour 10% de la population argentine, et mène la phase d’essais cliniques de trois vaccins de Pfizer, SInofarm et Janssen, et collaborera avec le Mexique pour la production de 150 à 250 millions de doses du vaccin de l’université d’Oxford destinées aux pays d’Amérique latine.  En outre, le Ministre a rappelé l’engagement du Président argentin, lors du G20, à participer au comblement du déficit de 4,5 milliards de dollars de l’Accélérateur ACT, afin de faciliter l’accès des pays les moins favorisés aux vaccins.

Mme SIGRID KAAG, Ministre du commerce étranger et de la coopération pour le développement des Pays-Bas, a appelé à s’engager sur un nouveau chemin.  Le relèvement doit pouvoir nous lancer sur une trajectoire menant à un monde plus transparent, plus résilient et plus équitable.  Il faut que le respect et l’appui à la coopération multilatérale guident nos pas.  Notant que l’OMS n’a ni les moyens ni le mandat de répondre aux attentes immenses qui sont placées sur elle, la Ministre a appelé à trouver des solutions structurelles.  Il faut également un meilleur mécanisme de contrôle afin de mieux détecter les prémices de nouvelles flambées.  Pour finir, elle a engagé tous les pays à participer à l’Accélérateur ACT.

M. DAVID ZALKALIANI, Ministre des affaires étrangères de Géorgie, a déclaré que son pays, comme il l’a déjà fait « en 30 siècles d’histoire marqués par les guerres et les turbulences », va surmonter, grâce à son unité, le défi inédit de la COVID-19 et poursuivre ses efforts en vue d’un développement inclusif et durable.  Le Ministre a félicité le personnel de santé et le Bureau régional OMS de l’Europe pour leur aide face à la pandémie, et salué la coopération internationale sans précédent engagée pour la fabrication d’un vaccin, dont il espère qu’il sera équitablement distribué et universellement accessible.

Exhortant les Nations Unies à contribuer à cette coopération, M. Zalkaliani a vivement critiqué la Fédération de Russie qui, en occupant les régions d’Ossétie du Sud, nuit, selon lui, gravement à la sécurité et à la situation humanitaire des populations affectées par le conflit.  Ce pays poursuit également sa « propagande médiatique agressive » contre le Centre Richard Lugar de recherche en santé publique si crucial pour la riposte de la Géorgie au virus et empêche les résidents de la zone occupée de bénéficier de soins sur le territoire contrôlé par la Géorgie.  Le Ministre a ensuite indiqué que la Géorgie, dont l’économie connaissait une croissance de 5% avant la pandémie, se prépare déjà à une reprise qui requiert une aide internationale.

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a indiqué que, dans l’esprit du multilatéralisme nécessaire face à la COVID-19, le Ghana s’était joint à cinq autres pays pour rédiger une résolution sur la lutte contre la pandémie.  Le Ghana a également accepté d’accueillir le centre humanitaire régional des Nations Unies pour la COVID-19, qui est utilisé par l’OMS et le PAM pour assurer des services d’évacuation médicale et des opérations aériennes à l’appui de la réponse humanitaire mondiale des Nations Unies à la pandémie en Afrique de l’Ouest et centrale.  Sur le plan national, le Ghana a mis en place des politiques et procédures pour, entre autres, limiter et arrêter l’importation du virus, contenir la propagation nationale, fournir des soins adéquats aux malades, renforcer la gouvernance et la coordination de la riposte à la COVID-19, limiter l’impact du virus sur la vie sociale et économique, et étendre les capacités nationales, a précisé la Ministre.  À ce jour, le pays a enregistré un total de 51 667 cas positifs dont 323 décès, le nombre de cas actifs étant estimé à 797.  La Ministre a également fait état des mesures prises pour contenir l’impact sur le plan socioéconomique, dont l’accès gratuit à l’eau pour tous les ménages jusqu’à fin décembre 2020, la prise en charge de 50% des factures d’électricité par le Gouvernement, des incitations financières pour motiver les agents de santé de première ligne ainsi qu’un programme de réduction du coronavirus et de revitalisation des entreprises (CARES).  Avant de conclure, la Ministre a exhorté les institutions financières et de développement internationales à soutenir les interventions des gouvernements dans la lutte contre les effets économiques négatifs de la pandémie.

Mme WILHELMINA JALLAH, Ministre de la santé du Libéria, a salué les efforts de l’ONU tendant à préserver des vies, protéger les sociétés et les personnes les plus vulnérables en leur sein, et aider le monde à s’en relever.  En se fondant sur l’expérience acquise dans la lutte contre le virus de l’Ebola au cours des six années écoulées, le Libéria a réussi à « éviter le pire » avec le nouveau coronavirus, a-t-elle souligné, ajoutant que le pays comptait, à ce jour, 1 637 cas, dont 1 354 sont guéris et 83 décès, dont 13 seulement en milieu médical.  Elle a évoqué « une spirale de cas de viol » durant la pandémie qui a conduit à déclarer ce crime comme une urgence nationale, avec la nomination d’un procureur spécial pour le viol et la création d’un registre national de prédateurs sexuels et une équipe spéciale de sécurité sur la violence sexuelle et sexiste.  Le Libéria s’efforce également de répondre aux besoins des personnes handicapées, notamment par la mise sur pied d’un secrétariat chargé de cette question.  Le pays a dit avoir sollicité l’assistance internationale en vue du renforcement des capacités de prévention, d’identification et de riposte aux cas de COVID-19.  Il a anticipé que cette capacité d’assistance ciblera les travailleurs de la santé pour qu’ils soient mieux préparés à fournir l’aide nécessaire.  La Ministre a également fait état du plan de redressement économique qui privilégie les mesures et investissements à court terme dans des secteurs prioritaires comme l’agriculture et le tourisme.

M. GEOFFREY ONYEAMA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a réaffirmé son engagement en faveur du multilatéralisme, en particulier pour endiguer la COVID-19 et lutter contre les effets négatifs de la pandémie sans discrimination.  Le Nigéria est d’avis que les moyens les plus efficaces pour lutter contre le virus sont la solidarité mondiale et la coopération.  À cet égard, le Ministre a salué le rôle de premier plan de l’OMS, avant de faire part de ses préoccupations par rapport au fait que les pays en développement risquent d’être laissés pour compte dans l’accès aux vaccins.  Pour de nombreux pays, la voie du relèvement post-COVID-19 sera difficile, a noté le Ministre.  Par conséquent, le Nigéria a demandé aux institutions financières internationales d’accorder des prêts concessionnels et un rééchelonnement de la dette des pays en développement.

Déclarations de clôture

M. JERRY MATTHEWS MATJILA, Président du Conseil de Sécurité, a déclaré que la pandémie avait ébranlé les bases de nos systèmes politiques économiques et sociaux et imposé d’énormes pressions aux systèmes de santé nationaux.  Il a rappelé qu’il n’y a pas de meilleur moyen de vaincre la pandémie que de renforcer nos capacités multilatérales face aux crises sanitaires mondiales.  Il a aussi réaffirmé le rôle essentiel de l’ONU pour la coordination de la riposte mondiale à la pandémie.  Déplorant ses conséquences pour la paix et la sécurité mondiales, le Président a souligné l’impact disproportionné de l’épidémie sur les femmes et les filles, les réfugiés et personnes déplacées, les personnes âgées et handicapées, confiant sa crainte de voir les progrès réalisés par les pays en transition ou sortis de conflits effacés par la pandémie.

Néanmoins, a-t-il déclaré, la COVID-19, défi pour la paix et la sécurité, apporte aussi une opportunité d’en finir avec les violences et les hostilités, comme le démontre la résolution 2532 (2020) adoptée en juillet dernier qui soutenait l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu général et plaçait les humains au cœur de la riposte à la COVID-19.  Si cet appel à l’arrêt des hostilités a été entendu, le Président du Conseil a regretté que certaines parties à des conflits n’aient pas saisi cette occasion.  La pandémie nous a rappelé à quel point nous sommes interconnectés, a-t-il dit, et nous devons continuer à coopérer pour que personne ne soit laissé pour compte.

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a clos cette session extraordinaire consacrée à la COVID-19 en se félicitant du haut niveau de représentation au débat général, ce qui démontre, selon lui, l’engagement de tous les États Membres face au défi mondial de la pandémie.  En outre, a-t-il noté, les dialogues interactifs ont rappelé le grand nombre des parties prenantes qui œuvrent sans relâche à la lutte contre le virus.  Ils ont permis de prendre connaissance des travaux pionniers de la recherche et de membres de la société civile, qui ne représentent qu’une partie des efforts planétaires visant à protéger l’humanité et à reconstruire en mieux.  Pour M. Bozkir, la distribution prochaine d’un vaccin suscite l’espoir que, dans un avenir proche, chacun puisse être protégé de la COVID-19.  Pendant la prochaine session de l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, nous poursuivrons ces efforts avec la volonté de ne faire aucun laissé-pour-compte.  2021 sera l’année de l’intensification des efforts, après une année 2020 qui a vu la société civile s’adapter à la menace.  C’est en restant forts ensemble que nous lutterons contre la COVID-19, a-t-il conclu. 

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