LDC5, Première session,
2e séance plénière - matin & apres-midi
DEV/3441

Pays les moins avancés: le Comité préparatoire de la Conférence de Doha achève sa première session en explorant les voies d’un reclassement durable

Le Comité préparatoire de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) a achevé, cet après-midi, les travaux de sa première session en délibérant sur les éléments du prochain programme d’action, après la tenue dans la matinée d’une ultime discussion interactive centrée sur les moyens de mobiliser la solidarité internationale, de redynamiser les partenariats mondiaux et de se doter d’outils innovants pour un développement durable qui tienne compte des risques en vue d’un reclassement durable des PMA.

En ouverture de ce débat, le Représentant permanent du Malawi, Coprésident de la séance, a rappelé que les PMA, largement tributaires des ressources publiques pour financer leur développement et assurer leur changement de catégorie, ont vu leurs besoins augmenter avec la pandémie de COVID-19.  Alors que les objectifs de l’aide publique au développement (APD) fixés par le Programme d’action d’Istanbul sont loin d’être atteints, une vingtaine de PMA sont aujourd’hui confrontés au surendettement, a signalé M. Perks Master Clemency Ligoya.  Qualifiant l’Initiative de suspension du service de la dette de « soulagement à court terme », il a estimé que des solutions à plus long terme sont nécessaires, d’autant plus que les envois de fonds ont fortement diminué.

« La crise liée à la COVID-19 risque de faire chuter de 20% les envois de fonds de la diaspora, indispensables pour le développement des PMA, au même titre que l’APD, les emprunts et les financements mixtes », a renchéri M. Taffere Tesfachew, Membre du Comité pour la politique de développement (CDP) et Conseiller principal au Tony Blair Institute for Global Change.  Afin de mobiliser ces fonds pour des projets de développement, ce dernier a plaidé pour que les coûts d’envoi soient abaissés, la cible étant de les ramener à un taux de 3%.

Appuyée par le Bangladesh et l’Érythrée, Mme Harpinder Collacott, Directrice exécutive de Development Initiatives, a souligné, de son côté, que les engagements pris en faveur des PMA ne doivent pas s’interrompre quand ces pays changent de catégorie.  Elle a d’autre part jugé que le financement public international est aujourd’hui « insuffisant pour répondre aux besoins actuels », l’APD n’ayant progressé que de 1,8% pour les PMA.  Dans ces conditions, elle s’est prononcée pour une réforme du système de développement, plaidant pour des « contributions universelles » qui, contrairement aux « promesses » de l’APD, seraient une « obligation faite à tous ».

« Si l’APD est indispensable, il faut aussi tenir compte des sources de financement privées », a renchéri Mme Preeti Sinha, Secrétaire exécutive du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), qui a elle aussi insisté sur l’importance des financements novateurs.

Préoccupé par le faible ratio taxes/PIB en Afrique, M. Thulani Shongwe, Responsable de la fiscalité internationale au Forum africain sur l’administration fiscale, a jugé crucial que les PMA du continent puissent prélever l’impôt en s’assurant que les particuliers et les entreprises s’acquittent de leur juste part, ce qui implique, a-t-il précisé, de lutter contre l’évasion et les exonérations fiscales, sans oublier les flux financiers illicites, autre fléau dont souffrent les PMA.

Face à ce sombre tableau, la Commissaire européenne aux partenariats internationaux s’est voulue rassurante.  Dans le cadre de son nouvel instrument financier « Global Europe » pour 2021-2027, l’Union européenne donnera la priorité aux PMA et aux autres pays vulnérables, a promis Mme Jutta Urpilainen, souhaitant que la Conférence de Doha s’aligne sur le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.

En clôture de cette première session, le Comité préparatoire a débattu dans l’après-midi de la teneur du nouveau programme d’action pour les PMA, qui doit être adopté à Doha en janvier prochain.  À cette occasion, le Malawi a précisé que le Groupe des pays les moins avancés soumettra une première mouture du programme d’action d’ici à la mi-juin, afin de laisser suffisamment de temps aux négociations prévues au cours de l’été. 

Dans cette perspective, le Comité a adopté l’ordre du jour provisoire (A/CONF.219/2021/IPC/L.1) de sa deuxième session prévue du 26 au 30 juillet, avant d’adopter le rapport provisoire (A/CONF.219/2021/IPC/L.2) de la présente session, tel que présenté par son rapporteur, M. Julio César Arriola Ramírez (Paraguay).

COMITÉ PRÉPARATOIRE DE LA CINQUIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Table ronde thématique 6: Mobiliser la solidarité internationale, redynamiser les partenariats mondiaux et se doter d’outils innovants pour un développement durable qui tienne compte des risques: la voie vers un reclassement durable

M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA, Représentant permanent du Malawi, a ouvert cette dernière séance thématique en rappelant que les PMA sont largement tributaires des ressources publiques pour financer leurs besoins en développement durable et assurer leur changement de catégorie.  Cependant, ces ressources publiques se révèlent insuffisantes pour couvrir les besoins et la croissance n’a augmenté que lentement dans le passé.  Avec la pandémie de COVID-19, les besoins ont augmenté tandis que les ressources disponibles ont diminué, entraînant entre autres un rétrécissement de l’espace budgétaire et une dette croissante.  Alors que les objectifs d’aide publique au développement (APD) fixé par le Programme d’action d’Istanbul sont loin d’être atteints, les PMA font également face aux défis de l’évasion fiscale et des flux financiers illicites.  De plus, une vingtaine d’entre eux sont soit en situation de surendettement, soit à haut risque de l’être.  Et si l’Initiative de suspension du service de la dette a fourni un soulagement à court terme, des solutions à plus long terme sont nécessaires, d’autant plus que les envois de fonds de la diaspora ont fortement diminué l’année dernière, contribuant à l’augmentation de la pauvreté.

Déclaration liminaire

Constatant que les effets de la pandémie de COVID-19 ont été particulièrement sévères pour les PMA, Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire européenne aux partenariats internationaux, a jugé important de favoriser une reprise durable pour les PMA en s’attaquant aux défis mondiaux tels que la pauvreté et les inégalités, les changements climatiques et la numérisation de manière intégrée.  Dans le cadre de notre nouvel instrument financier « Global Europe » pour 2021-2027, nous donnerons la priorité aux PMA et aux autres pays vulnérables, a promis la Commissaire.

De l’avis de Mme Urpilainen, les flux financiers mondiaux pour la reprise doivent soutenir le Programme 2030 et l’Accord de Paris.  Dans cet esprit, l’UE appuiera l’intégration des PMA dans l’économie mondiale, a-t-elle indiqué, jugeant que l’élimination des obstacles au commerce des biens et services qui contribuent à atténuer les changements climatiques peut apporter des contributions durables.  À ses yeux, la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés doit être pleinement alignée sur le Programme 2030 et l’Accord de Paris.  Dans ce cadre, a-t-elle conclu, l’UE continuera à travailler en étroite collaboration avec les partenaires des PMA pour une reprise durable, basée sur les ODD. 

Panélistes

Premier expert à s’exprimer, M. TAFFERE TESFACHEW, Membre du Comité des politiques de développement et Conseiller principal au Tony Blair Institute for Global Change, a mis l’accent sur l’importance des envois de fonds de la diaspora pour les PMA.  Ces 20 dernières années, a-t-il observé, ces envois de fonds ont été indispensables pour le développement de ces pays, au même titre que l’APD, les emprunts et les financements mixtes.  Chacun de ces flux a des caractéristiques particulières qui peuvent contribuer au recul de la pauvreté, au renforcement des capacités et au développement durable, a-t-il noté, avant d’insister sur la spécificité des envois de fonds.  Ces derniers représentent en effet 33% des flux financiers extraterritoriaux vers les PMA.  Au cours des 10 dernières années, ces envois ont augmenté de façon exponentielle, au point de représenter une part importante du PIB des PMA, plus d’un tiers pour des pays comme Haïti et le Soudan du Sud, et près de 25% pour le Népal.  De plus en plus, ils constituent une source majeure de développement et sont moins instables que les autres flux extérieurs, même en cas de crise financière internationale, comme celle de 2008.  La pandémie de COVID-19 a néanmoins entraîné un net recul de ces envois.  Les confinements, les longues fermetures et les mesures de rapatriement pourraient déboucher sur une baisse de plus de 20%, a averti M. Tesfachew qui a par ailleurs relevé que les deux tiers des envois de fonds viennent d’autres pays en développement.

Selon M. Tesfachew, les envois de fonds de la diaspora contribuent de manière significative à la réduction de la pauvreté, ont des effets positifs en matière d’atténuation des risques et permettent une diversification des sources de revenu des PMA.  Ces fonds dépendent cependant de l’efficacité des politiques publiques, notamment en matière de lutte contre la corruption.  Les foyers qui en bénéficient peuvent compléter leurs revenus et avoir accès aux soins de santé et aux services scolaires.  Près de 75% sont utilisés à des fins de consommation, les 25% restants allant à l’épargne ou à l’investissement.  Afin de mobiliser ces fonds pour des projets de développement, l’expert a jugé essentiel de créer des conditions permettant aux bénéficiaires d’utiliser cet argent à des fins d’investissement.  Il a aussi plaidé pour que les coûts d’envoi, au taux de 6,6% en moyenne et de 8,2% dans les PMA, soient abaissés, la cible étant de les ramener à 3%.  Enfin, il a appelé la communauté internationale à encourager les changements de catégorie des PMA.  Plusieurs de ces pays sont en phase de reclassement ou remplissent les critères pour le faire, mais ils ont des craintes pour l’après-reclassement.  Il faut donc les appuyer pour leur permettre d’avancer sur la voie du développement, a-t-il soutenu.

« Le financement public international n’a jamais été aussi important », a pour sa part constaté Mme HARPINDER COLLACOTT, Directrice exécutive de Development Initiatives.  Ce financement a notamment permis de préserver l’emploi et les moyens de subsistance quand la pandémie a porté un coup d’arrêt à l’économie mondiale.  Toutefois, a-t-elle reconnu, le système de financement public est insuffisant pour répondre aux besoins actuels.  La COVID-19 a en effet eu des effets disproportionnés sur les plus pauvres et a inversé des années de progrès en matière de développement.  Les PMA, qui abritent un grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, sont confrontés à des difficultés particulières parce qu’ils dépendent des financements publics et sont plus exposés et vulnérables aux chocs extérieurs.  Cette crise leur fait perdre une proportion importante de leurs ressources intérieures, lesquelles étaient déjà faibles, a souligné la responsable.  Selon elle, l’endettement est aussi une source de préoccupation croissante pour ces pays, le service de la dette ayant été multiplié par trois depuis 2010, avec une nouvelle augmentation à attendre du fait des emprunts.  De surcroît, les envois de fonds de la diaspora sont en chute dans les PMA, de même que l’investissement direct.  À lui seul, le secteur du tourisme enregistre une perte de recettes de 20 milliards de dollars.

Dans ces conditions, a analysé Mme Collacott, l’absence de capacités budgétaires limite la possibilité qu’ont ces pays de répondre aux crises et d’investir dans le capital humain. Si l’APD peut contribuer à atténuer les effets de la crise, elle n’a progressé que de 1,8% pour les PMA, en dépit d’une augmentation générale de plus de 3%. Il est donc fondamental, selon elle, de relever le niveau d’APD en direction des PMA et de garantir pour ces pays un relèvement équitable qui ne plonge pas les plus pauvres dans la pauvreté extrême. Cela implique de prévoir des allocations plus ciblées et de réformer le système international de développement, ce qui n’est pas une mince affaire, comme le prouve aujourd’hui la distribution des vaccins contre la COVID-19. À cette fin, a-t-elle précisé, Development Initiatives plaide pour des « contributions universelles » qui, contrairement aux « promesses » de l’APD, soient une « obligation faite à tous », avec des niveaux proportionnels aux besoins réels.  Il importe également que ces engagements ne s’interrompent pas quand les pays changent de catégorie et qu’un contrôle soit assuré en matière de gouvernance.  La Conférence de Doha devra aborder ces questions importantes, a-t-elle souligné, souhaitant que les PMA aient leur mot à dire, « car ce sont eux qui manquent de ressources ».

De son côté, M. THULANI SHONGWE, Responsable de la fiscalité Internationale au Forum africain sur l’administration fiscale (ATAF), a insisté sur la situation financière de l’Afrique, aggravée par la crise actuelle.  Sur le continent, a-t-il relevé, le ratio taxes/PIB est faible et la pandémie a eu des effets néfastes pour les ressources des pays.  Il est donc crucial qu’ils puissent prélever des impôts en s’assurant que les particuliers et les entreprises s’acquittent de leur juste part.  Bien que la collecte n’ait jamais été aussi importante qu’aujourd’hui en Afrique, il reste à mettre en place un système véritablement équitable, a-t-il estimé, rappelant que la mobilisation des ressources nationales permet de consolider le lien entre l’État et les citoyens.  Selon lui, les pays où l’impôt n’est prélevé que partiellement sont souvent victimes d’une fraude et d’une évasion fiscale d’ampleur.  Dans ceux où il y a un respect de l’imposition, la situation est différente.  Il est donc essentiel de faire payer l’impôt tout en tenant le gouvernement comptable de l’utilisation des recettes fiscales, a prôné le responsable, soulignant à cet égard le rôle majeur des partenaires de développement.

M. Shongwe a par ailleurs constaté que de nombreux pays s’appuient sur des réglementations obsolètes qui permettent aux entreprises de tirer parti des failles du système fiscal.  Or ces pays ne peuvent plus se permettre de perdre des ressources, ils doivent actualiser leur système pour satisfaire les besoins les plus fondamentaux de leur population, a-t-il souligné.  S’agissant des flux financiers illicites, autre fléau dont souffrent les PMA, le responsable a dit travailler avec différentes agences de l’ONU pour améliorer la transparence et la coopération internationale face à ce phénomène mondial.  Par ailleurs, a-t-il dit, l’APD a aussi un rôle à jouer pour réduire les exonérations fiscales, qui représentent 3% du PIB des PMA.  Selon lui, l’inclusion financière est un élément important de la réduction des inégalités au sein des PMA.  

Discussion interactive

À l’issue de ces interventions, le Bangladesh a rappelé que le Programme d’action d’Istanbul s’était fixé pour objectif de permettre le changement de catégorie de la moitié des PMA d’ici à 2020.  En 10 ans, des progrès ont été enregistrés puisque que 4 PMA ont été reclassés et que 16 sont en passe de changer de catégorie.  Toutefois, a-t-il déploré, la pandémie de COVID-19 risque de mettre en péril ces avancées.  Les pays en voie de reclassement nourrissent des préoccupations liées à la baisse de leurs ressources, déjà grevées par la lutte contre les changements climatiques.  Ils s’alarment aussi de la baisse des envois de fonds de leur diaspora.  Dans un tel contexte, des mesures de soutien globales sont indispensables pour encourager les pays en voie de reclassement à poursuivre sur cette voie, a souligné la délégation.

Pour le Bangladesh, la prochaine Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés est l’occasion pour la communauté internationale de faire montre de solidarité et mettre en avant la coopération.  Les PMA en voie de reclassement en ont besoin pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Ils ont aussi besoin d’un appui renforcé en matière de commerce international, a-t-il défendu, évoquant la proposition dans ce sens soumise à l’OMC par le Groupe des PMA.  Il a également souhaité qu’un soutien adéquat soit envisagé pour l’après-reclassement, synonyme de pertes de financements.  À cet égard, a relevé la délégation, le secteur privé peut jouer un rôle important au travers de partenariats et permettre ainsi des transitions réussies.

Prenant à son tour la parole, l’Érythrée a fait savoir que son ratio taxes/PIB est inférieur au seuil de 15% nécessaire pour assurer une croissance rapide, dénonçant en outre la fraude fiscale et les flux financiers illicites.  Selon elle, des initiatives comme celle des « inspecteurs des impôts sans frontières » doivent être renforcées et la transparence doit également s’accroître au niveau international.  Elle a d’autre part appelé les pays donateurs d’APD à honorer les engagements existants d’atteindre au moins 0,25% du revenu national brut ou d’allouer 50% de l’APD aux PMA, souhaitant également que les pays du Sud renforcent leur soutien aux PMA d’une manière prévisible.

La délégation s’est par ailleurs déclarée encouragée par les efforts visant à émettre de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS).  Mais comme ceux-ci seront basés sur le quota existant, la part allant aux PMA ne sera que de 3,5%, a-t-elle pointé, jugeant que réaffecter une part importante aux PMA garantirait que ces DTS profitent aux pays « comme le G20 l’a promis ».  De même, l’Érythrée a jugé insuffisante l’Initiative de suspension du service de la dette pour les PMA, qui ne fait que reporter le problème sans impliquer le secteur privé.  Nous avons besoin d’un mécanisme qui mène à un véritable allégement et à une restructuration, a-t-elle plaidé.  À long terme, a souligné la délégation, nous avons besoin de prêts et d’emprunts responsables avec des instruments qui tiennent compte des vulnérabilités auxquelles les PMA sont confrontés.

« Des financements novateurs sont nécessaires pour aider les PMA à réaliser les ODD », a abondé Mme PREETI SINHA, Secrétaire exécutive du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU).  Si l’APD est indispensable, il faut aussi tenir compte des sources de financement privées, a-t-elle fait valoir.  À cet égard, elle a rappelé que le dernier rapport des Nations Unies sur le financement durable insiste sur deux points: d’une part que le financement public demeure indispensable, d’autre part que des partenariats public-privé doivent soutenir les projets de développement.  Ces 50 dernières années, a souligné la responsable, le FENU s’est employé à fournir des bourses de financement centrées sur le renforcement des capacités.  Pour poursuivre sur cette voie, nous devons combiner nos bourses et fournir des prêts, a-t-elle précisé, notant que cette action se fait en partenariat avec d’autres composantes du système de l’ONU.  Nous voulons aussi utiliser les financements mixtes et être davantage présents sur les marchés internationaux, a expliqué Mme Sinha, avant de détailler les différents outils dont dispose le FENU pour offrir des prêts et des garanties.  Ces fonds ont notamment permis de financer une centrale solaire en Gambie.  D’une manière générale, a-t-elle encore indiqué, le FENU s’efforce de rassembler 5 à 10 projets en un seul afin de mobiliser plus de fonds.

Réagissant à ces commentaires et remarques, le Conseiller du Tony Blair Institute for Global Change s’est félicité que la « décision courageuse » prise il y a 10 ans ait permis à la moitié des PMA d’atteindre les critères de reclassement.  Nous y sommes presque mais les objectifs n’ont pas été atteints, a relevé l’expert, avant de plaider pour un maintien du soutien apporté aux PMA qui changent de catégorie pour leur permettre d’aller de l’avant.  Lors de la création de la catégorie, la communauté internationale s’est engagée à créer un monde où il n’y aurait plus de PMA.  Il est essentiel, selon lui, de respecter cet engagement surtout quand une crise frappe tous les pays et que les flux financiers sont sur le déclin.  À cet égard, a-t-il ajouté, l’exemple du Bangladesh est notable car ce pays, qui a répondu à toutes les attentes et a utilisé tous les outils sa disposition, risque de perdre tous ses avantages en changeant de catégorie.

« Nous avons besoin de différents modes de financement, c’est essentiel pour progresser », a soutenu pour sa part la Directrice exécutive de Development Initiatives, selon laquelle le « changement de paradigme international » sera central.  Pour garantir la réalisation de projets dans les PMA, il faut recourir à des modèles de financement mixte mais aussi procéder à de meilleurs ciblages.  De même, a-t-elle poursuivi, s’agissant de l’APD et des financements internationaux, il convient de tenir compte des objectifs et de l’ampleur des enjeux auxquels nous faisons face.  Enfin, il est crucial, selon elle, que les bailleurs de fonds s’acquittent de leurs engagements, surtout au moment où les flux de financement privés diminuent.

Concluant cette discussion thématique, le Responsable de l’ATAF a encouragé la mise en place d’un système de taxation équitable pour permettre aux PMA de mobiliser des ressources nationales en faveur du développement.  La répartition du poids fiscal doit être juste et proportionnée, a-t-il professé, assurant que des progrès en matière fiscale aideront les PMA à développer leurs infrastructures et à changer de catégorie.  À son avis, la mobilisation de ressources nationales est le meilleur moyen d’y parvenir sans dépendre des éléments complexes liés à l’APD.

Examen du projet de document final de la Conférence

Le Comité préparatoire a débattu, en fin de cette première session, des éléments du nouveau programme d’action pour les PMA qui prendra la suite du Programme d’action d’Istanbul et qui doit être adopté lors de la conférence de Doha, prévue du 23 au 27 janvier 2022, au Qatar.  La Coprésidente du Comité préparatoire, Mme Rabab Fatima (Bangladesh), a donc invité les divers intervenants à faire des propositions, tout en tenant compte des défis de l’heure auxquels font face les PMA, y compris la pandémie de COVID-19. 

La Nouvelle-Zélande, s’exprimant également au nom du Canada et de l’Australie, a estimé que le prochain programme d’action doit cibler les défis que doivent surmonter les PMA et tenir compte de nouvelles réalités apparues depuis Istanbul.  Il doit aussi contenir des mesures concrètes et des solutions, et pas seulement des contraintes.  De plus, ce document doit être terminé avant septembre, autrement les négociations prévues cet automne au Secrétariat des Nations Unies seraient difficiles à mener pour les petites délégations.

La Turquie a souhaité que l’on mise davantage sur les outils de mise en œuvre.  Il faut aussi mettre l’accent sur les technologies, en mettant en lumière le rôle de la Banque des technologies des Nations Unies.  Le Programme d’action d’Istanbul doit servir de point de départ au nouveau plan, a estimé le Brésil qui a conseillé de bâtir sur ce qui restait à faire et d’y ajouter des éléments liés à la pandémie de COVID-19.  

Selon le Royaume-Uni, la question du changement de catégorie est importante, même s’il faut bâtir le document à partir des accords internationaux de première importance, comme le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ou encore le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Il faut surtout un programme court et pragmatique et que l’on évite les documents classiques onusiens dans lesquels sont répétées à loisir des formules toutes faites, a dit la délégation.

L’Union européenne (UE) a elle aussi insisté sur les politiques favorisant le reclassement des PMA.  Il existe une corrélation étroite entre le statut de PMA et la fragilité devant les conflits, a-t-elle relevé.  Pour l’UE, il faut une approche ouverte et transparente qui tienne compte de la société civile et du secteur privé.  De ce fait, exclure des ONG du processus de préparation du programme d’action de Doha serait contre-productif.

Avant toute chose, il faut procéder à une évaluation complète du Programme d’action d’Istanbul afin d’établir ce qui n’a pas marché, a opiné à son tour l’Ouganda.  La délégation a jugé que les domaines prioritaires déjà mentionnés dans le précédent programme d’action restent pertinents, même si certains problèmes comme la fracture numérique se sont aggravés.  Sans oublier que la pandémie de COVID-19 aura probablement un impact majeur sur la capacité de développement des PMA. 

Le Malawi a expliqué que le Groupe des PMA qu’il représente entend envoyer une première mouture du programme d’action d’ici à la mi-juin, afin de laisser assez de temps pour des négociations au cours de l’été.  Il a appelé à faire figurer des engagements concrets dans le document pour changer la vie d’un milliard de personnes.  Des mesures de soutien au niveau national et international sont également nécessaires pour aider les PMA à se relever rapidement de la pandémie de COVID-19, a plaidé le Malawi, notant qu’en plus de l’accès aux vaccins, les PMA souhaitent également un soutien pour renforcer leur système de santé. 

Pour les PMA, il faut également s’assurer que le document contienne des cibles qui soient mesurables, que ce soit sur des questions comme la résilience face aux chocs externes, l’accès aux sources d’énergie renouvelables, ou encore la question cruciale du renforcement des infrastructures numériques, a poursuivi le Malawi.  Le programme d’action de Doha doit aussi insister sur le soutien aux PMA engagés dans le processus de reclassement, la coopération Sud-Sud, l’allègement de la dette, sans oublier la question de sa propre mise en œuvre.  En effet, selon le Malawi, l’une des critiques essuyées par le Programme d’action d’Istanbul est que son mécanisme de suivi fut défaillant.  Le futur mécanisme de suivi devra donc tenir compte des actions mises en œuvre sur le plan national, d’où l’importance pour les PMA d’être soutenus pour la préparation des rapports à ce sujet. 

En clôturant les travaux, M. Robert Rae (Canada), l’autre Coprésident du Comité préparatoire, a affirmé que Doha sera un moment de transition et de vérité pour la communauté internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.