En cours au Siège de l'ONU

Assemblée générale: un débat contradictoire provoque le report de la décision relative à la poursuite des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité

Soixante-quinzième session,
80e & 81e séances plénières – matin & après-midi
AG/12338

Assemblée générale: un débat contradictoire provoque le report de la décision relative à la poursuite des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité

L’Assemblée générale a entendu, aujourd’hui, 35 interventions sur la décision orale de son Président qui, portant sur la poursuite des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité, s’est heurtée aux amendements du Brésil.  Las, le Président a décidé de donner plus de temps aux délégations pour s’entendre et de convoquer une autre séance, mardi 22 juin.  

La réforme du Conseil de sécurité, dont le but est de le rendre « plus représentatif, plus démocratique, plus efficace et plus transparent », porte sur les catégories de membres; la représentation géographique; la relation avec l’Assemblée générale; la taille et les méthodes de travail; et la question du droit de veto.  Aujourd’hui, le Président de l’Assemblée a présenté une décision orale en vertu de laquelle l’Assemblée déciderait de poursuivre à la prochaine session, les négociations intergouvernementales en plénière informelle, « en tirant parti » des réunions informelles de cette session-ci et du document intitulé « Éléments de convergence et de divergence » préparé par les coprésidents, ainsi que des positions et des propositions des États Membres, contenues dans le « Document-cadre » de 2015.  Cette décision « technique » de reconduction des négociations a été saluée par de nombreuses délégations dont celle d’« Unis pour le consensus » qui y a vu « un dénominateur commun cohérent avec la pratique établie, ces dernières années ». 

Le Brésil n’a pas été d’accord.  Les négociations intergouvernementales se déroulant depuis plus de 10 ans, il a, au nom du Groupe des Quatre -Allemagne, Brésil, Inde, Japon-, réclamé une référence à « l’engagement des chefs d’État et de gouvernement représentant les peuples du monde à insuffler une nouvelle vie aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité ».  Il a donc estimé que l’Assemblée ne devrait pas seulement « tirer parti » des documents précédents mais bien « y fonder » les négociations.  Les négociateurs, a-t-il fait valoir, ont besoin « d’un document de base » sur lequel travailler.  

Déjà en 2019, l’Inde professait: « dans le système des Nations Unies, un processus normal, c’est un processus où l’on commence par échanger nos points de vue, puis l’on passe à un document rédigé par ceux qui le facilitent, lequel document devient la base de négociations transparentes, dans lequel on attribue à chacun ses ajouts, ses suppressions et ses amendements ».  Il nous semble, a dénoncé aujourd’hui l’Allemagne, que le Président n’écoute qu’un seul groupe de pays, ce qui est « irrespectueux ».  Il nous faut, a-t-elle tranché, plus de temps pour parfaire les choses.  Voilà une autre tentative de « diviser », avec des amendements « inacceptables » qui ne portent en rien sur la procédure mais qui veulent remettre en cause tout le processus des négociations intergouvernementales, a tranché le Pakistan, membre d’« Unis pour le consensus ».  Pourquoi faire des « Éléments » des coprésidentes un « document de base » alors qu’elles ont elles-mêmes dit qu’il ne s’agit que de leurs points de vue, a fait observer la Chine, avec d’autres.

En revanche, la majorité des délégations ont adhéré aux remarques du Groupe des États d’Afrique et du Comité des Dix de l’Union africaine, résumées entre autres par le Sénégal qui a jugé « incompréhensible » l’omission de la Déclaration de Syrte dans les « Éléments » des coprésidentes, alors que le consensus d’Ezulwini y figure.  Il est connu de tous, a martelé le Sénégal, que ce sont les deux composantes « indivisibles » de la position africaine commune sur la réforme du Conseil de sécurité.  Ces documents sont comparables à l’oxygène et l’hydrogène de l’eau: l’un ne va pas sans l’autre, s’est essayée la Libye, en demandant comme les autres une correction dans la décision orale du Président.

L’Assemblée a ensuite adopté par 80 voix contre 14 et 70 abstentions, la résolution sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie (Géorgie) et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, présentée par la Géorgie qui a fait part de l’absence de progrès sur la question mais qui s’est réjouie de l’arrêt que la Cour européenne des droits de l’homme a rendu le 21 janvier 2021, stipulant clairement « qu’en contrôlant effectivement les territoires géorgiens illégalement occupés, la Fédération de Russie est responsable des graves violations de droits de l’homme ».

Avant la réunion prévue mardi 22 juin, l’Assemblée compte tenir une séance plénière vendredi 18 juin à partir de 9 heures pour nommer le Secrétaire général de l’ONU.

QUESTION DE LA REPRÉSENTATION ÉQUITABLE ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DES MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Au titre de cette question, l’Assemblée a été saisie d’une décision orale de son Président dans laquelle elle réaffirme son rôle central en la matière et décide de poursuivre immédiatement, à la prochaine session, les négociations intergouvernementales en plénière informelle, en tirant parti des réunions informelles de cette session-ci et du document intitulé « Éléments de convergence et de divergence » préparé par les coprésidentes, lequel a été distribué le 29 avril 2021, ainsi que des positions et des propositions faites par les États Membres, contenues dans le document distribué le 31 juillet 2015.  L’Assemblée décide aussi, si les États le souhaitent, de convoquer son Groupe de travail à composition illimitée.

Au nom du Groupe des Quatre –Allemagne, Brésil, Inde, Japon-, le Brésil a présenté un amendement, en déplorant le peu de temps alloué aux consultations sur la décision orale, « une mise à jour technique » qui ne reflète pas les avancées du processus intergouvernemental, cette année.  Il a donc jugé bon d’ajouter une référence à « l’engagement des chefs d’État et de gouvernement représentant les peuples du monde pour insuffler une nouvelle vie aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité ».  Le Brésil a estimé que l’Assemblée ne devrait pas seulement « tirer parti » des documents précédents mais bien « fonder » ses prochaines discussions sur eux.

Ne pas tenir compte de l’engagement pris par les chefs d’État et de gouvernement lors du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU serait contraire à la volonté des États Membres, a soutenu le Brésil.  En outre, a-t-il argué, les négociateurs ont besoin « d’un document de base » pour poursuivre leurs discussions.  Nos amendements, a-t-il expliqué, ouvrent la voie à un travail « plus productif et plus transparent ».  Il nous semble, a-t-il encore avoué, que l’examen de la décision orale a été précipité pour éviter les modifications.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Érythrée a insisté sur la position africaine commune telle que consacrée dans le consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.  Faire référence à l’un en ignorant l’autre n’a aucun sens puisque ce sont les deux composantes « indivisibles » de la position du continent.

Au nom du Groupe L.69, Saint-Vincent-et-les Grenadines a soutenu l’amendement du Brésil sur l’engagement pris dans la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Il a insisté pour que les Éléments de convergence et de divergence servent « de base » aux futures discussions.  Les amendements du Brésil, a-t-il estimé, permettraient de progresser dans un processus davantage axé sur les résultats.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a par ailleurs soutenu la proposition du Groupe des États d’Afrique.  Il est regrettable, a-t-il martelé, que ces modifications aient été tout simplement ignorées.

Au nom du BENELUX -Belgique, Pays-Bas et Luxembourg- la Belgique s’est prononcée en faveur des amendements du Brésil, rappelant à son tour que dans leur Déclaration sur la commémoration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, les chefs d’État et de gouvernement se sont engagés à « donner une nouvelle vie » au processus de réforme du Conseil.  Les États Membres ont désormais le devoir de mettre en œuvre cet engagement politique, a-t-elle tranché.

Au nom du Groupe des États arabes, le Koweït a approuvé la décision orale, jugeant qu’il faut trouver une solution consensuelle à une véritable réforme du Conseil.  Les négociations intergouvernementales sont le meilleur moyen possible de trouver des points de convergence, tout en garantissant la transparence et la souplesse.

Au nom du Comité des Dix de l’Union africaine, la Sierra Leone s’est dite déçue, à son tour, que les documents sur la position commune africaine ne soient pas tous les deux mentionnés dans la décision orale, alors qu’ils représentent la voix des peuples d’Afrique et leur aspiration légitime à une représentation équitable au Conseil de sécurité.  Mentionner l’un sans l’autre va à l’encontre des intérêts de l’Afrique, a-t-elle martelé.  Les pays africains ne sauraient adhérer à une décision orale qui ne reflèterait fidèlement leur position et ils l’ont dit clairement dans la lettre qu’ils ont adressée le 3 mai dernier au Président de l’Assemblée générale.  

Au nom du groupe « Unis pour le consensus », l’Italie a soutenu la décision orale du Président car c’est un dénominateur commun « cohérent » avec la pratique de ces dernières années.  Les amendements du Brésil, a-t-elle estimé, vont à l’encontre du consensus et sapent même le processus intergouvernemental.  Ces amendements compromettent en effet toute nouvelle perspective sur l’issue du processus intergouvernemental.  Elle a demandé au Brésil de les retirer au risque de créer un précédent négatif.  

L’Allemagne s’est dite « choquée » de voir la décision orale, sans qu’il y ait eu, comme dans le passé, des consultations avec le Groupe des Quatre.  La décision, a-t-elle dit à son tour, ne mentionne nullement le mandat que les États Membres ont donné à l’Assemblée à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Elle a reproché au Président de l’Assemblée d’avoir ignoré la proposition des deux coprésidentes qui insistaient pour que les futures négociations soient « basées » sur un document.  Le Président, a poursuivi l’Allemagne, n’a pas non plus tenu compte de la position africaine qui demandait un seul document consolidé sur lequel fonder les négociations.  

Il nous semble, a poursuivi l’Allemagne, que le Président n’écoute qu’un seul groupe de pays, ce qui est irrespectueux à l’égard des autres délégations dont celles du Groupe des Quatre.  Elle a aussi souligné la pertinence des propos tenus par le Groupe des États d’Afrique.  Il nous faut, a-t-elle tranché, plus de temps pour parfaire les choses.  Utilisons les trois mois qui nous restent au cours de cette session pour le faire, a conseillé l’Allemagne qui a tenu à préciser qu’elle se permet de critiquer le Président de l’Assemblée parce qu’elle est attachée à l’ONU et à la légitimité et la pertinence du Conseil de sécurité.  Nous défendons l’état de droit et non pas la loi du plus fort, a conclu le représentant.

À son tour, le Japon s’est opposé à la décision orale du Président et a soutenu l’amendement du Groupe des États d’Afrique.  L’Inde a naturellement soutenu le Brésil et appuyé les propos du Groupe des États d’Afrique.  Elle a jugé urgent de donner un nouveau souffle à ce processus « à l’agonie » et de ne pas laisser s’évaporer les progrès réalisés jusqu’ici.  Il faut éviter, a conseillé l’Inde, de transformer le processus en « un écran de fumée » derrière lequel pourraient se cacher ceux qui ne souhaitent pas modifier la composition du Conseil de sécurité. 

La Chine a estimé que la décision orale du Président respecte « scrupuleusement » la pratique établie puisque c’est une décision « technique » pour poursuivre les négociations intergouvernementales.  Elle s’est donc fermement opposée à l’idée de présenter des amendements « à la dernière minute ».  Le plus important, a-t-elle dit, c’est de poursuivre les discussions sur cette question « sensible » et les points les plus controversés peuvent être laissés à plus tard.  Les amendements du Brésil font partie de ces points, a tranché la Chine.  Nous devons, a-t-elle souligné, « tirer parti » du document préparé par les deux coprésidentes, tout en reconnaissant l’importance du Document-cadre de 2015.  Ces deux documents sont « des références importantes » même si les Éléments de convergence et de divergence ne représentent que les points de vue des coprésidentes.  Il serait donc incongru d’en faire « la seule base » des futures discussions, a estimé la Chine qui a dit soupçonner certaines délégations de vouloir faire dérailler le processus avec pour objectif ultime de stopper les négociations intergouvernementales.

La Syrie a estimé, à son tour, que les discussions sur la réforme du Conseil de sécurité ne peuvent s’appuyer sur des textes et libellés non consensuels que certains veulent imposer comme « base » des négociations intergouvernementales.  Elle s’est opposée à toute idée d’imposer des calendriers ou des délais « artificiels et irréalistes » et a exhorté les États à s’abstenir de toute démarche contraire au mandat des deux coprésidentes.  Il est tout simplement « contreproductif », a-t-elle estimé, de présenter des amendements « à la dernière minute » pour modifier une décision déjà agréée.  Elle a voulu que la réforme mène à un Conseil de sécurité qui ne serve plus d’écran de fumée pour justifier les agressions contre les États.  

La Libye a rejeté le document présenté par les deux coprésidentes qui ne fait référence qu’au consensus d’Ezulwini.  C’est un oubli « délibéré et inacceptable », a-t-elle estimé, en voyant « un acte tout aussi délibéré pour ignorer l’Afrique ».  Cette pratique doit cesser, a-t-elle martelé, en demandant que la Déclaration de Syrte soit mentionnée aux côtés du consensus d’Ezulwini.  Ces deux textes sont comme l’eau qui est composée d’oxygène et d’hydrogène: l’un va avec l’autre. 

La Fédération de Russie a elle aussi soutenu la décision orale du Président de l’Assemblée générale, reprochant à l’Allemagne « ses réflexions déplacées ».  La présentation d’amendements « à la dernière minute », risque de remettre en cause tout le processus intergouvernemental, a prévenu la Fédération de Russie qui a jugé la chose « tout simplement irresponsable ».  Ne perdons pas de vue l’essentiel, à savoir notre format de discussion, a demandé la Fédération de Russie qui s’est opposée aux tentatives du Groupe des Quatre de délégitimer les négociations intergouvernementales. 

À son tour, le Bélarus a jugé la décision orale du Président de l’Assemblée « conforme » à la pratique.  Les amendements du Brésil, a-t-il estimé, ne sont qu’une tentative de nuire à l’équilibre des négociations intergouvernementales, à l’intégrité du processus et à la confiance mutuelle.  « Il faut faire baisser la tension », a plaidé l’Égypte, en souhaitant que le processus suive son cours normal.  Évitons la polarisation et privilégions la recherche du consensus, faisons montre d’esprit constructif et renonçons aux tentatives de faire dérailler la réforme.  Elle a donc insisté, à son tour, sur l’importance égale du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte. 

L’Équateur a dûment soutenu la décision orale, saluant les avancées « importantes » reflétées dans le document des deux coprésidentes.  Il a fait appel à la diplomatie et à la bonne foi pour obtenir des résultats dans un processus « qui risque de s’éterniser ».  C’est la raison, a dit l’Équateur, pour laquelle nous aurions préféré que cette réunion ait lieu plus tard pour assurer une adhésion plus large à la décision orale.  Nous soutenons, a-t-il souligné, la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU et nous jugeons que nous devons poursuivre les négociations « en se basant » sur les Éléments de convergence et de divergence. 

La Namibie a pris la parole pour dire à quel point il est « inacceptable » que les documents de la position africaine ne soient pas tous les deux mentionnés dans la décision orale.  Le Zimbabwe n’a pas dit autre chose.  Il a insisté sur l’importance du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte, comme position commune de l’Afrique et a fermement appuyé les amendements du Brésil.  Il a estimé que la décision orale du Président n’a pas fait l’objet de négociations, ce qui explique les critiques aujourd’hui.   

Adhérant pour sa part à la décision orale du Président, le Mexique a souligné que le document des deux coprésidentes reflète les discussions mais ne sont en aucun cas un consensus.  Il a donc regretté les amendements du Brésil « qui ajoutent aux divisions ».  Ces amendements sont « tout simplement inacceptables » et le document « non consensuel » des coprésidentes ne saurait être « le socle » des négociations intergouvernementales.  La réforme du Conseil de sécurité, a professé le Mexique, doit servir les intérêts de toute la communauté internationale et non pas seulement « ceux d’une poignée d’États ».  Le Costa Rica a aussi appuyé la décision orale qui représente « une mise à jour technique, inclusive et neutre », et rejeté les amendements du Brésil.  Nous ne voyons pas l’intérêt de présenter des amendements à un texte qui n’est qu’une mise à jour technique, a tranché à son tour la Colombie.

De son côté, la Guinée équatoriale a insisté sur la position commune africaine, en faisant observer que le document des deux coprésidentes ne reflète pas l’aspiration de tout le peuple africain et de ses dirigeants.  Le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte doivent tous deux être intégrés dans tout document de base, a martelé l’Ouganda qui s’est réjoui que la position commune africaine soit « largement » soutenue par les États Membres.  Le Burundi aussi a regretté que le document des coprésidentes se contente de mentionner le consensus d’Ezulwini, tout en ignorant la Déclaration de Syrte.  Ces deux documents reflètent pourtant la position africaine, a-t-il fait observer à son tour.  Craignant que les discussions sur la décision orale du Président ne remette en cause tout le processus des négociations intergouvernementales, il l’a soutenue et s’est opposé aux amendements du Brésil.  Le Document-cadre de 2015, qui reflète pleinement la position africaine, et les Éléments de convergence et de divergence de cette session pourraient tous deux servir de « guide utile » aux futures négociations, a estimé le Burundi, en insistant sur un processus « crédible et transparent » sur les cinq points de la réforme.  

La République de Corée a dit n’avoir jamais douté de « l’impartialité » du Président de l’Assemblée et des deux coprésidentes.  Elle a apporté son appui à la décision orale du Président de l’Assemblée et a regretté que la pratique ancienne qui veut que l’on adopte ce texte technique de reconduction par consensus ait été mise à mal aujourd’hui, au risque d’endommager la nature même des négociations.  Le document présenté par les deux coprésidentes ne reflète que leurs propres points de vue, a fait remarquer la République de Corée, et il ne saurait par conséquent devenir « le socle unique » des négociations, qui doivent être pilotées par tous les États Membres.  Elle a espéré que le Brésil retirera ses amendements et prôné l’équilibre entre la politique et la diplomatie.

Une réforme souhaitée par une minorité d’États ne peut être imposée au plus grand nombre, a tranché la Turquie.  Elle a salué la décision orale du Président et rejeté l’idée de présenter des amendements dans le but d’imposer ses vues et de mettre de côté les préoccupations communes.  Il est en effet « fort regrettable », a renchéri le Pakistan, que certaines délégations choisissent de poursuivre leur tentative de diviser, en présentant à la dernière minute des amendements « inacceptables » pour un grand nombre d’États Membres.  Ce ne sont pas des amendements de procédure mais bien des modifications qui veulent remettre en cause le processus des négociations intergouvernementales.  La décision orale du Président, a poursuivi le Pakistan, est « complète et équilibrée » et devrait permettre de renforcer les convergences et de réduire les divergences, dans la recherche du consensus.  Alors, a dit le Pakistan au Groupe des Quatre, retirez vos amendements et cessez de vouloir diviser l’Assemblée générale et de provoquer un recul de plusieurs années.

Ces amendements ne reflètent même pas les discussions en cours, a tranché l’Argentine, qui a ajouté que le document des coprésidentes ne peut être vu que comme une compilation de leurs points de vue.  Nous soutenons, a-t-elle dit, la décision orale du Président qui n’est qu’une mise à jour technique pour garantir la poursuite du processus intergouvernemental.  La République islamique d’Iran a fait de même, saluant des propositions « défendues ».  Quant au document des coprésidentes, il relève uniquement de leur responsabilité comme elles l’ont dit elles-mêmes. 

Le Maroc a souscrit aux déclarations du Groupe des États d’Afrique, du Groupe des États arabes et du Comité des Dix de l’Union africaine.  Il a à son tour estimé que le document des coprésidentes ne reflète que leurs propres points de vue et analyse des discussions.  Il a aussi regretté l’absence de la référence à la Déclaration de Syrte, dans la mesure où elle va de pair avec le consensus d’Ezulwini.  Il a appuyé la demande « claire, juste et légitime » de l’Afrique telle que définie dans ces deux documents et exprimé son attachement au format actuel des négociations intergouvernementales.

Malte a souscrit pour sa part à l’intervention d’« Unis pour le consensus » et la décision orale du Président de l’Assemblée générale.  Elle a rejeté les amendements du Brésil « qui ne sont pas purement des amendements de procédure ».  L’Espagne a aussi salué la décision orale du Président et s’est opposé aux amendements du Brésil en ce qu’ils s’attaquent à des questions de fond.

Prenant la parole, à son tour, le Rwanda a jugé « tout simplement incompréhensible » que la Déclaration de Syrte ait été omise alors qu’il est connu de tous qu’avec le consensus d’Ezulwini, elle forme les « composantes indivisibles » de la position africaine commune.  L’ajout de ces deux documents dans les Éléments des deux coprésidentes est « indispensable », a insisté le Rwanda.

Le Sénégal a aussi jugé « incompréhensible » l’omission de la Déclaration de Syrte, à côté du consensus d’Ezulwini, alors qu’il est connu de tous que ce sont les deux composantes « indivisibles » de la position africaine commune.  La décision orale du Président, a-t-il asséné, marque « un recul regrettable » dans la prise en compte adéquate des demandes du continent.  Notre continent, déjà victime d’une injustice qui n’a que trop duré, ne peut qu’exprimer son désaccord et émettre sa ferme réserve, tout en exigeant la rectification, « sans délai », de cette omission afin de garantir le reflet complet et exact de la position africaine sur les cinq groupes thématiques des négociations intergouvernementales, a insisté le Sénégal.  Il s’est dit préoccupé par l’absence de consensus sur une décision de reconduction, contrairement aux années passées.  Le Groupe des États d’Afrique s’est toujours joint au consensus, dans l’esprit de préserver l’unité et la confiance mutuelle entre les Membres, mais aussi pour faire avancer la réforme du Conseil de sécurité, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, a conclu le Sénégal.

ADOPTION DE LA RÉSOLUTION SUR LA SITUATION DES DÉPLACÉS ET DE RÉFUGIÉS D’ABKHAZIE ET DE LA RÉGION DE TSKHINVALU/OSSATIE DU SUD EN GÉORGIE (A/75/L.99)

Par ce texte, l’Assemblée reconnaît le droit qu’ont tous les déplacés et réfugiés, et leurs descendants, indépendamment de leur origine ethnique, de rentrer chez eux partout en Géorgie.  Elle souligne qu’il faut préserver les droits patrimoniaux de tous les déplacés et réfugiés touchés par les conflits et s’abstenir d’acquérir des biens au mépris de ces droits.  Elle réaffirme que les changements démographiques imposés sont inacceptables.  Elle invite tous les participants aux pourparlers de Genève à redoubler d’efforts en vue d’établir une paix durable, à s’engager à renforcer la confiance et à prendre immédiatement des mesures pour faire respecter les droits de l’homme et instaurer des conditions de sécurité propices au retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers.  Elle souligne aussi qu’il faut fixer un calendrier pour ce retour volontaire. 

En présentant la résolution, M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a, sans vouloir raconter l’histoire du conflit, souligné que depuis le début des années 90, en violation flagrante de la série d’accords de cessez-le-feu, la population géorgienne et d’autres groupes ethniques sont ciblés et expulsés en masse de l’Abkhazie, comme l’ont d’ailleurs reconnu plus de 80 résolutions, déclarations présidentielles et communiqués de presse du Conseil de sécurité.  Malheureusement en 2009, la Fédération de Russie a exercé son droit de veto pour bloquer la Mission d’observation des Nations Unies, après qu’elle a procédé à une véritable agression militaire en 2008.  Malgré l’accord de cessez-le-feu du 13 août 2008, la Fédération de Russie, a accusé le représentant, refuse toujours que le seul mécanisme d’observation, celui de l’Union européenne, exécute son mandat dans les territoires occupés.  

Le rapport le plus récent du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a poursuivi le représentant, parle de diverses formes de discrimination ethnique.  Il souligne aussi que personne n’est tenu pour responsable des quatre cas de « privation arbitraire de vie » déplorés entre 2014 et 2019 en Abkhazie et en Ossétie du Sud.  Le représentant a jugé particulièrement alarmant que ces dernières années, aucune procédure spéciale des Nations Unies ni aucun représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou du Conseil de l’Europe n’ait été autorisé à se rendre les régions occupées. 

Le 21 janvier 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a établi la responsabilité de la Fédération de Russie dans la violation du droit au retour des déplacés et des réfugiés, au nombre de 400 000, a rappelé le représentant.

Expliquant son vote, la Syrie a estimé que la résolution ignore les préoccupations véritables des habitants de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.  Les auteurs de ce texte ont préféré « une politisation », qui pourrait avoir des effets négatifs.  Ils cherchent à attiser les tensions entre les parties, en manipulant la situation humanitaire.  Nous appelons donc, a dit la Syrie, à voter contre la résolution.  Un appel entendu par la Fédération de Russie qui a dénoncé des projets humanitaires masquant d’autres desseins pour exercer des pressions sur des États souverains et mettant à mal les discussions de Genève.  Elle a demandé à la Géorgie et à ses partenaires de cesser leurs attaques et d’afficher leur volonté de discuter véritablement des questions humanitaires.  L’Équateur a insisté sur le droit de tous les déplacés et réfugiés de rentrer chez eux, quelle que soit leur origine ethnique.  Il a appelé toutes les parties à respecter les libertés fondamentales des populations, y compris les droits à la liberté et à la propriété foncière, et à faciliter l’accès humanitaire.  Il faut miser sur le dialogue et renforcer les discussions de Genève, a prié l’Équateur qui a appelé à s’abstenir des mesures unilatérales qui pourraient hypothéquer les initiatives internationales pour résoudre cette question. 

Au nom de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique-Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldova (GUAM), M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a regretté qu’en dépit des appels de la communauté internationale, des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés des régions géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud soient toujours privés de leur droit « fondamental » au retour.  Aucun changement majeur n’a été observé, comme en témoignent les détentions illégales, les enlèvements le long de la ligne d’occupation, les violations des droits à caractère ethnique, les assassinats et l’interdiction de l’enseignement dans la langue maternelle géorgienne.  

Dans ce contexte, il a salué les résolutions du Conseil des droits de l’homme qui appellent à un accès immédiat et sans entrave à ces régions du HCR et autres mécanismes internationaux et régionaux des droits de l’homme.  Les États membres du GUAM réitèrent leur soutien indéfectible à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie, a ajouté le représentant avant de parler en sa capacité nationale.

Il est revenu sur la décision de la Cour européenne des droits de l’homme, avant d’exhorter les « autorités d’occupation russes » à mettre fin à leurs pratiques illégales et à respecter leurs obligations, en tant que Puissance occupante au titre du droit international.  Il a aussi attiré l’attention des Membres de l’ONU sur le fait que 13 ans après le début de son agression et de son occupation des territoires géorgiens, la Fédération de Russie refuse toujours de mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008 négocié par l’UE.  La Fédération de Russie doit mettre fin à l’occupation temporaire de l’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du Sud, régions de Géorgie, a-t-il martelé. 

Au nom des pays baltes et nordiques, M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a réitéré leur ferme soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie lesquelles continuent d’être violées par la Fédération de Russie laquelle renforce d’ailleurs son contrôle.  À son tour, il est revenu à l’arrêt « historique » de la Cour européenne des droits de l’homme qui stipule clairement qu’en contrôlant effectivement les territoires géorgiens illégalement occupés, la Russie est responsable des graves violations de droits de l’homme.  À ce jour, plus d’une décennie après la première résolution de l’Assemblée sur cette question, aucun progrès n’a été réalisé en ce qui concerne le retour volontaire des déplacés et des réfugiés.  

Le représentant a salué les efforts du Gouvernement géorgien, en étroite coopération avec les organisations internationales, pour offrir aux déplacés des solutions « alternatives » pour s’intégrer là où ils sont ou se réinstaller ailleurs dans le pays.  Le représentant a dénoncé l’impunité qui entoure les graves violations des droits humains.  À son tour, il a fait observer que ces dernières années, aucun mécanisme international de surveillance des droits de l’homme n’a obtenu un accès illimité aux régions occupées.  Il a exigé un accès immédiat pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et d’autres mécanismes internationaux et régionaux des droits de l’homme.  

Réitérant le soutien des pays nordiques et baltiques au processus des pourparlers de Genève, le représentant s’est joint à l’appel du Secrétaire général de l’ONU pour que toutes les parties prenantes redoublent d’efforts et fassent des progrès tangibles sur les principales questions de sécurité et humanitaires.

M. VIKTOR DVOŘÁK, de l’Union européenne (UE), a réaffirmé son appui à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Il a exprimé la détermination de l’UE à soutenir la consolidation de la paix et le règlement du conflit en Géorgie, notamment dans le cadre de la Mission de surveillance sur le terrain.  Nous sommes, a-t-il ajouté, préoccupés par la situation dans les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et par la détérioration continue de la situation des droits de l’homme dans ces régions.  Il a souligné l’importance du droit de retour des réfugiés et des déplacés et a regretté qu’aucun progrès n’ait été réalisé jusqu’à présent même si la solution à ces questions est « une tâche essentielle » des discussions internationales de Genève.  Le représentant a salué les initiatives du Gouvernement géorgien sur la réinstallation des déplacés et l’a encouragé à s’attaquer aux difficultés d’accès à l’eau potable et à l’irrigation, au chauffage, aux moyens de subsistance et aux infrastructures sociales et médicales. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité fait le bilan de l’adaptation de ses méthodes de travail aux « circonstances extraordinaires » imposées par la pandémie de COVID-19

8798e séance – matin
CS/14553

Le Conseil de sécurité fait le bilan de l’adaptation de ses méthodes de travail aux « circonstances extraordinaires » imposées par la pandémie de COVID-19

Le Conseil de sécurité a fait, ce matin, le bilan de l’adaptation de ses méthodes de travail lors de la pandémie de COVID-19, avec notamment le recours aux réunions à distance la majeure partie de l’année écoulée.  Alors que le Conseil se réunit de nouveau en présence depuis le début de ce mois, les orateurs se sont félicités de la continuité des travaux du Conseil pendant les « circonstances extraordinaires » imposées par la pandémie, tout en insistant sur certains coûts de cette adaptation, tels que les atteintes au multilinguisme et les dérogations aux règles de vote. 

Première oratrice de ce débat intitulé « agilité et innovation: les leçons de la pandémie », la Présidente du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure a rappelé que la pandémie a perturbé de manière significative le travail du Conseil.  Ce dernier a néanmoins été en mesure d’assurer un fonctionnement continu, en tendant vers la transparence, l’efficacité et l’efficience, a-t-elle affirmé. 

Mme Rhonda King a toutefois souligné que la technologie ne peut remplacer une communication interactive et un engagement de qualité entre membres du Conseil en présentiel.  Malgré les défis formidables, le processus d’amélioration de nos méthodes de travail et de leur adaptation aux circonstances ne doit pas faiblir, a déclaré Mme King, en louant l’agilité du Conseil. 

De son côté, la Directrice exécutive de « Security Council Report », Mme Karin Landgren, a fait valoir les avantages de ces réunions à distance, « qui peuvent faire gagner un temps considérable », et qui permettent a davantage de ministres et de chefs de gouvernement de présider les débats ouverts du Conseil, tandis que les réunions des organes subsidiaires ne sont jamais contraintes par le manque de salles.  

Dans le même temps, a poursuivi Mme Landgren, les restrictions liées à la COVID-19 ont frappé « le cœur de la diplomatie internationale », laissant les membres du Conseil sans négociations en face-à-face et les privant d’opportunités informelles d’explorer les voies possibles à suivre.  De fait, la nouvelle meilleure pratique du Conseil peut être trouvée dans des méthodes de travail hybrides qui « équilibrent le distant et le proche », a noté la Directrice exécutive de « Security Council Report ».

Mme Landgren a aussi noté l’apparition de certains défis procéduraux, relevant que la décision de désigner les réunions à distance comme « informelles » a peut-être apporté des « contraintes involontaires » aux processus du Conseil.  Le vote des résolutions, caractéristique des réunions formelles, a été encombré d’une procédure écrite, tandis que les explications de vote orales ont été supprimées, et les votes de procédure n’ont pas eu lieu. 

Pour Mme Lorraine Sievers, coauteure du livre « The Procedure of the UN Security Council », la question qui se pose à présent est de savoir si ces nouvelles pratiques en matière de réunion par visioconférence doivent être consolidées à l’avenir.  Elle a proposé plusieurs options dont l’une consisterait à adopter une note présidentielle sur les méthodes de travail spécifiques qui s’appliqueraient à la fois en période de restriction et dans des conditions régulières.  Une autre option pourrait être une note d’information du Secrétariat, similaire à celle sur les réunions de « formule Arria ». 

À l’instar de l’ensemble des orateurs, le délégué de la Chine a salué la reprise des réunions en personne du Conseil, tout en souhaitant que certaines pratiques nées de cette période soient préservées.  Son homologue du Royaume-Uni s’est dite « frappée » par la facilité avec laquelle la technologie permet au Conseil d’inclure des voix plus diverses sur le terrain et a souhaité que cette pratique se poursuive.  La déléguée britannique n’a néanmoins pas fait mystère de certains inconvénients, en rappelant l’importance de « réagir aux problèmes émergents ». 

« Or, faute de mécanismes procéduraux de résolution des désaccords, nous n’avons parfois pas été en mesure de discuter de manière plus approfondie des points nouveaux ou existants de l’ordre du jour », a-t-elle regretté.  La France a, elle, déploré que l’adaptation du Conseil à la situation sanitaire se soit faite aux dépens du multilinguisme « qui est une valeur fondamentale de notre organisation ».  Le délégué français s’est félicité qu’avec le retour en salle, le Conseil tienne désormais ses réunions publiques et consultations dans toutes les langues officielles. 

« Le Conseil doit renouer avec ses méthodes habituelles de travail, ce qui implique d’en finir avec les réunions virtuelles », a-t-il tranché.  Même son de cloche du côté du représentant de la Fédération de Russie qui a jugé « évident » qu’aucune autre méthode de travail ne peut remplacer l’interaction personnelle des membres du Conseil de sécurité, même si les réunions à distance ont leurs avantages. 

« Le délégué a enfin assuré que ces réunions ne peuvent être considérées comme des réunions officielles du Conseil de sécurité, ni en termes procéduraux, ni juridiques, ni en termes logiques. »  En conséquence, mon pays ne voit pas la nécessité d’institutionnaliser ces « mesures temporaires », a conclu le délégué de la Fédération de Russie. 

Les États-Unis ont toutefois estimé qu’à l’instar de l’Assemblée générale, qui a adopté une décision d’urgence lui permettant de voter électroniquement sur les résolutions au cas où elle ne serait pas en mesure de tenir des réunions en personne, le Conseil devrait pouvoir adopter une décision de procédure établissant que « les réunions virtuelles sont bien des réunions du Conseil de sécurité » et que le Règlement intérieur provisoire du Conseil s’y applique. 

La délégation a notamment regretté que les discussions virtuelles n’aient pas eu le statut de « véritables réunions » du Conseil de sécurité et qu’en raison des objections d’un de ses membres au début de la pandémie, le Conseil n’ait pu fonctionner « régulièrement » pendant plus d’un an.  De ce fait, il a été dans l’incapacité de voter sur les décisions de procédure, même lorsque la grande majorité des membres auraient pu soutenir la décision en question, a-t-elle déploré. 

Au nom des 10 membres non-permanents du Conseil de sécurité, le Kenya a lui aussi souhaité que les réunions en visioconférence soient considérées comme des réunions formelles du Conseil. 

Avant de lever la séance, le Président du Conseil a cité les noms des États Membres ayant soumis des déclarations écrites au sujet de cette réunion, à savoir l’Argentine, l’Autriche, le Brésil, le Chili, Chypre, El Salvador, l’Iran, l’Italie, le Japon, le Koweït et Singapour. 

MISE EN ŒUVRE DES DISPOSITIONS DE LA NOTE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PARUE SOUS LA COTE S/2010/507

Méthodes de travail du Conseil de sécurité S/2021/527

Déclarations

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure, a rappelé que la pandémie a perturbé de manière significative le travail du Conseil.  Si la centralité de son mandat est restée inchangée, notre capacité à nous acquitter de ce mandat a été mise au défi, a dit Mme King, en détaillant le nouveau fonctionnement du Conseil pour assurer la continuité de ses travaux.  Il s’est ainsi réuni en présentiel et à distance, a adopté des résolutions, a renouvelé les mandats et a continué d’engager les autres membres de l’ONU.  Malgré des questions en suspens, le Conseil a été en mesure d’assurer un fonctionnement continu, en tendant vers la transparence, l’efficacité et l’efficience, a affirmé la Présidente. 

Les circonstances extraordinaires qui ont prévalu la grande majorité de l’année dernière ont souligné la nécessité pour ce Conseil de rester agile et de répondre à toutes les situations qui pourraient interrompre son fonctionnement, a-t-elle poursuivi.  Mme King a jugé que l’agilité est, aux côtés de la transparence, de l’efficacité et de l’efficience, un aspect essentiel des travaux du Conseil.  Dans ce contexte, les membres de l’ONU considèrent que les pratiques temporaires adoptées pendant la pandémie peuvent l’être aussi lors de circonstances ordinaires en vue du renforcement de sa capacité. 

« Pour assurer un fonctionnement efficace, efficient et transparent du Conseil, pendant des circonstances à la fois ordinaires et extraordinaires, nous devons continuer d’appliquer toutes les dispositions de la note 507 », a déclaré Mme King.  La Présidente a ensuite rappelé que les réunions en présentiel ont progressivement repris en juillet 2020, même si les réunions à distance ont été le format majoritaire des réunions ces derniers mois.  Ce mois-ci, la majorité des réunions devrait avoir lieu en présentiel, dans la salle du Conseil.  Il y a fort à faire afin de tirer les leçons de la pandémie, en ce qui concerne notamment le statut des réunions à distance, l’encouragement de la participation des autres membres de l’ONU à ces réunions, la préservation du multilinguisme et la manière dont il est possible de procéder à un vote lorsque les réunions en présentiel ne peuvent se tenir, a déclaré Mme King. 

La Présidente a tenu à souligner la « position générale » selon laquelle la technologie ne peut remplacer une communication interactive et un engagement de qualité entre membres du Conseil en présentiel, y compris en marge des réunions prévues du Conseil.  Malgré les défis formidables, le processus d’amélioration de nos méthodes de travail et de leur adaptation aux circonstances ne doit pas faiblir, en vue de la transparence, de l’efficacité et de l’efficience du Conseil, a conclu la Présidente. 

Mme LORRAINE SIEVERS, coauteure du livre « The Procedure of the UN Security Council », 4e édition, a jugé important d’évaluer comment le Conseil a répondu aux défis des restrictions imposées en raison de la COVID-19, non seulement pour discerner les meilleures pratiques pour les situations futures, mais aussi pour identifier les méthodes de travail utilisées durant la pandémie qui mériteraient d’être reconduites en temps normal.  Elle a relevé que l’année dernière, la question la plus urgente pour le Conseil était de savoir comment adopter des résolutions étant donné qu’il avait été contraint de réduire le nombre de réunions en personne après le 12 mars.  Les résolutions du Conseil de sécurité étant contraignantes, toute alternative au vote en personne devrait faire l’objet d’un examen juridique rigoureux.  Le Conseil a ainsi adopté une procédure de vote par écrit qui, bien qu’elle mérite d’être encore améliorée, a satisfait aux exigences nécessaires de légalité et de vérifiabilité. 

Mme Sievers a indiqué qu’il existe à présent 16 lettres présidentielles sur les méthodes de travail du Conseil en cas de pandémie, certaines reflétant l’évolution des pratiques en matière de réunion par visioconférence.  La question est donc de savoir si le Conseil doit consolider ces méthodes de travail pour en faire une référence pour l’avenir.  Selon elle, il existe plusieurs options.  L’une serait d’élaborer une note du président qui distillerait en un seul document les éléments les plus à jour contenus dans ces lettres.  Une autre option serait d’adopter des notes présidentielles autonomes sur les méthodes de travail spécifiques qui s’appliqueraient à la fois en période de restriction et en temps normal. 

Une troisième option pourrait consister à suivre le modèle des lignes directrices de Wisnumurti de 1996 ou de la « lettre Bessho » de 2017, a-t-elle poursuivi.  Dans les deux cas, un représentant du Conseil, à titre individuel, a rédigé un document de référence sur le processus de nomination du Secrétaire général.  Une quatrième option consisterait à élaborer une note d’information du Secrétariat, similaire à celle sur les réunions en formule Arria, lue par le Président lors d’une réunion formelle du Conseil, puis inclus dans les manuels du Conseil de sécurité publiés par le Japon.  Elle a aussi indiqué certains membres du Conseil ont proposé des modalités supplémentaires ou alternatives qui n’ont pas été agréées mais qui pourraient mériter une considération future.

Mme Sievers a ensuite rappelé qu’en vertu du Règlement intérieur provisoire du Conseil, qui s’applique á toutes les réunions officielles, les désaccords procéduraux peuvent être résolus par des votes procéduraux.  Cela n’est pas le cas lors des réunions dites non officielles, y compris les réunions par visioconférence qui ont lieu pendant la pandémie, et pour lesquelles pratiquement toutes les décisions procédurales nécessitent un consensus, ce qui a parfois créé des retards voire des blocages. 

Elle a noté que le Règlement intérieur provisoire conserve encore le qualificatif de « provisoire » ce qui peut être source de malentendus lorsque certains supposent que ce terme signifie « projet », puis concluent que le Règlement intérieur n’a jamais été adopté, mais existe plutôt sous forme de directives vagues qui peuvent être mises de côté au gré des caprices des membres du Conseil.  Selon elle, cette supposition a nui inutilement à la réputation du Conseil.  Elle a souligné que ce règlement a été adopté lors de la première réunion du Conseil de sécurité pour lui permettre de commencer ses travaux officiels, puis publié sous la côte S/96.  

Contrairement aux autres organes onusiens, le terme « provisoire » a été maintenu dans le libellé du Règlement intérieur du Conseil de sécurité car celui-ci demeurait bloqué sur une question à laquelle les autres organes de l’ONU n’ont pas été confrontés: celle des modalités de vote énoncées dans l’Article 27 de la Charte.  Reflétant les tensions de la guerre froide, les membres du Conseil n’ont pas pu se mettre d’accord sur la mesure dans laquelle les modalités de vote devraient être précisées dans le règlement.  Et c’est pour cette raison que le mot « provisoire » a été conservé, afin d’indiquer que le Conseil avait l’intention de réexaminer les questions de vote en suspens, a-t-elle indiqué, précisant que ces problèmes ont ensuite été résolus par la pratique pendant les années 1950. 

Mme Sievers a reconnu que le malentendu sur le statut juridique du règlement pourrait être levé si le Conseil parvenait à un accord pour supprimer le mot « provisoire » du titre.  Elle a cependant indiqué que pour se faire, il faudrait procéder à un examen de l’ensemble des règles, y compris de celles qui sont devenues désuètes, et que ce processus pourrait potentiellement être source de division.  Tout en convenant qu’une mise à jour du Règlement intérieur serait bénéfique, elle a estimé que le faire à ce stade ne donnerait pas de résultat optimal.  Dans l’attente d’un tel exercice, a-t-elle ajouté, il est rassurant de savoir que les règles qui méritent d’être mises à jour concernent principalement la documentation. 

Mme KARIN LANDGREN, Directrice exécutive de Security Council Report, s’est réjouie que, ce mois-ci, le Conseil tienne toutes ses réunions en personne, sauf une, pour la première fois depuis la mi-mars 2020.  Ce mois-là, confronté aux effets de la pandémie de COVID-19 sur la ville de New York, le Conseil avait agi de manière décisive en s’accordant sur des méthodes de travail provisoires, a-t-elle rappelé, saluant le fait que les membres aient respecté l’Article 28 de la Charte et rapidement repris leurs réunions en continu.  Ce faisant, le Conseil a été le premier des principaux organes, à part le Secrétaire général, à reprendre ses activités.  Qualifiant d’historique l’accord pris rapidement par le Conseil sur de nouvelles méthodes de travail, Mme  Landgren a noté que ces dispositifs novateurs ont été testés sur 15 mois pendant lesquels les membres ont constaté que les réunions VTC peuvent faire gagner un temps considérable.  De plus, a-t-elle relevé, davantage de ministres et de chefs de gouvernement peuvent se joindre et présider les débats ouverts du Conseil, les réunions des organes subsidiaires ne sont jamais contraintes par le manque de salles, tandis que les ordres du jour quotidiens et les projets de résolution sont diffusés par voie électronique.  « Les plateformes numériques ont donc montré leur valeur au Conseil. »

Dans le même temps, a poursuivi Mme Landgren, les restrictions liées à la COVID-19 ont frappé « le cœur de la diplomatie internationale », laissant les membres du Conseil sans négociations en face-à-face et les privant d’opportunités informelles d’explorer les voies possibles à suivre.  De fait, la nouvelle meilleure pratique du Conseil peut être trouvée dans des méthodes de travail hybrides qui « équilibrent le distant et le proche », a noté la Directrice exécutive de Security Council Report, avant de rappeler qu’au-delà des difficultés techniques qui ont progressivement été résolues, certains défis procéduraux sont apparus.  L’un d’eux était de savoir si les réunions VTC seraient considérées comme des réunions officielles du Conseil.  Et si tel n’était pas le cas, il fallait déterminer comment le Conseil accomplirait certaines tâches essentielles, telles que l’adoption de résolutions pour renouveler des mandats. 

En fait, le Conseil a rapidement trouvé des moyens d’accomplir ses tâches les plus essentielles et les VTC ont rendu tout cela possible, parfois même en lui facilitant le travail, a relevé Mme  Landgren.  Au cours de l’année écoulée, les dysfonctionnements techniques sont devenus moins nombreux et les utilisateurs plus compétents.  Si le niveau de risque de sécurité perçu dans les plateformes numériques du Conseil pourrait être réévalué, le Conseil n’a ajouté aucun nouveau point à l’ordre du jour, a-t-elle noté.  Cela étant, la décision de désigner les réunions VTC comme « informelles » a peut-être apporté des « contraintes involontaires » aux processus du Conseil, a estimé la responsable.  Le vote des résolutions, caractéristique des réunions formelles, a été encombré d’une procédure écrite, tandis que les explications de vote orales ont été supprimées.  De même, les consultations fermées, destinées à permettre une discussion franche et à éviter les déclarations préparées, semblent avoir pris une « formalité accrue », alors que l’utilisation d’éléments de presse pour tenir le public informé semble avoir diminué.  Enfin, les votes de procédure, qui nécessitent une réunion formelle, n’ont pas eu lieu lors des VTC, a précisé Mme  Landgren, ajoutant que les membres du Conseil voudront peut-être envisager les moyens de permettre les votes procéduraux, ainsi que de traiter les réunions du VTC comme officielles. 

Au fur et à mesure que les réunions en personne et les voyages reprennent, rien n’est plus urgent qu’un engagement en direct avec les opérations de paix et d’autres situations préoccupantes, a fait valoir Mme  Landgren, non sans rappeler que la dernière mission de visite du Conseil remonte à 20 mois.  Certains membres élus sont sur le point d’entamer le dernier quart de leur mandat au Conseil sans jamais avoir bénéficié d’une visite sur le terrain du Conseil, a-t-elle noté, jugeant que ces visites sont d’autant plus importantes que l’ONU cherche à renforcer l’impact d’Action pour le maintien de la paix.  Selon elle, plus de valeur peut être tirée de ces visites sur le terrain.  Le Conseil pourrait ainsi envisager de regrouper son propre programme de voyage et celui des chefs des comités des sanctions, d’autres organes subsidiaires et de la Commission de consolidation de la paix, pour plus de cohérence et d’efficacité.  Il pourrait aussi réfléchir à la nécessité de missions de visite à grande échelle du Conseil, en examinant le coût et la charge de travail de ces visites.  

Indiquant à cet égard qu’au cours des dernières années, le Conseil de sécurité a déployé avec succès des mini-missions d’un sous-ensemble de ses membres, Mme  Landgren a rappelé que le plus récent remonte à novembre 2012, lorsque six membres élus du Conseil se sont rendus au Timor-Leste peu avant la fermeture de cette opération des Nations Unies, passant quatre jours dans le pays.  À ses yeux, le temps supplémentaire sur le terrain peut élargir les possibilités d’une diplomatie efficace.  Cela pourrait, selon elle, être également envisagé pour des visites concernant des situations non inscrites à l’ordre du jour du Conseil.  Les membres du Conseil qui restent à New York pourraient, à des moments choisis, rejoindre ces missions virtuellement via VTC, a-t-elle préconisé.  Alors que le Conseil revient aux réunions en personne, a conclu la Directrice exécutive de Security Council Report, « le Conseil peut conserver les bonnes pratiques existantes, ressusciter d’anciennes initiatives valables et continuer à innover ».

M. SHUANG GENG (Chine) a plaidé pour l’amélioration continue des méthodes du travail du Conseil.  Celui-ci a mis au point des méthodes de travail provisoires en raison de la pandémie, a relevé le délégué, en appelant à tirer les leçons de cette période.  « L’unité et la décision collective doivent être maintenues, dans le respect d’un multilatéralisme réel », a souhaité le représentant qui a appelé à un respect mutuel entre membres, la force du Conseil étant dans son unité.  Il convient de prendre en compte les préoccupations de chacun et d’œuvrer à forger un consensus, en évitant de recourir au vote dès qu’un désaccord survient, a recommandé le délégué. 

Le représentant a ensuite fait remarquer que le Conseil ne peut être partout, eu égard aux nombreux défis de toute nature que le monde doit relever.  Il a estimé que le Conseil doit se concentrer sur les défis liés à la paix et à la sécurité et l’a appelé à se montrer vigilant lors de l’introduction de nouveaux points à son ordre du jour.  Le délégué a plaidé pour une interaction accrue avec la Commission de consolidation de la paix et pour une amélioration de la relation avec les médias.  « Les consultations doivent demeurer confidentielles », a-t-il ajouté.  Les pays non-porte-plumes doivent pouvoir participer à l’élaboration des textes, a aussi plaidé le représentant.  Enfin, estimant que le « tournant » de pandémie a permis au Conseil d’« enrichir » ses méthodes de travail, il a suggéré de préserver certaines pratiques nées de cette période, en saluant toutefois la reprise des réunions en personne. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya), s’est exprimé au nom des 10 membres non permanents du Conseil de sécurité: Estonie, Inde, Irlande, Kenya, Mexique, Niger, Norvège, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Tunisie et Viet Nam.  Il a jugé important de réfléchir aux méthodes de travail liées à la COVID-19 et de formaliser celles qui peuvent continuer à renforcer les travaux du Conseil.  « L’agilité » a pris une place forte dans notre travail, surtout en cette saison extraordinaire, a relevé le délégué.  Et il faut tirer les leçons apprises au cours de cette période, afin que cette saison sans précédent puisse servir à améliorer le fonctionnement du Conseil. 

Le représentant a notamment souhaité que les réunions en visioconférence soient considérées comme des réunions formelles du Conseil auxquelles les mêmes règles de procédure provisoires s’appliquent.  Cela permettrait la participation des États non-membres, de voter en temps réel sur des questions de procédure et de fond, d’assurer le multilinguisme, et de vérifier la participation des membres, à défaut d’élaborer de nouvelles mesures spéciales temporaires. 

Il a également appelé à plus de transparence de l’organe qui devrait tenir plus de réunions publiques, renforcer la participation des femmes, de la société civile et des jeunes, entre autres, ainsi que l’interaction avec les médias.  L’un des avantages de travailler dans un format virtuel est la capacité d’obtenir la participation de briefers d’un large éventail de parties prenantes, a-t-il ajouté.  Le représentant a aussi salué la pratique des présidences de publier des engagements mensuels sur la mise en œuvre de la Note 507 et des huit Notes connexes de 2019.  L’un des plus grands défis de la continuité opérationnelle du travail est la capacité technologique du Secrétariat, et la volonté politique de garantir que des débats virtuels ouverts puissent inclure la participation de l’ensemble des membres de l’ONU.  De même, une approche progressive consisterait à tenir des réunions qui combinent la participation en personne et virtuelle, afin d’attirer un large éventail de briefers. 

Attirant l’attention sur l’importance des visites qu’effectue le Conseil sur le terrain, M. Kimani a estimé que la créativité et les progrès technologiques peuvent permettre à celles-ci de se faire virtuellement, en période de pandémie notamment.  Il a également demandé des efforts pour assurer l’interprétation, y compris au cours des réunions à huis clos.  De même, il a plaidé pour une répartition équitable du travail entre tous les membres du Conseil, et le renforcement de la coopération entre les membres sortants et entrants afin d’assurer une certaine continuité.  Pour assurer ce roulement en douceur, il a suggéré le renforcement des capacités des nouveaux membres immédiatement après leur élection.  Il a également souhaité que les porte-plumes actuels acceptent de partager leur fonction avec les 10 membres non-permanents.  Le processus de sélection doit être mené de manière transparente et les points de vue des nouveaux membres doivent être pris en compte dans la répartition des rôles, a-t-il insisté. 

Les 10 membres non-permanents ont également souligné l’importance de la responsabilité et la transparence dans les travaux des Comités de sanctions.  Ils ont insisté sur la nécessité d’accroître l’efficacité des sanctions de l’ONU en renforçant l’équité et des procédures claires dans les régimes de sanctions, notamment en créant des mécanismes similaires à celui de l’ombudsman du Comité 1267 pour d’autres régimes de sanctions.  Une méthodologie transparente, ouverte et fondée sur des données probantes doit être suivie, afin de maintenir la crédibilité du travail des comités, et partant du Conseil de sécurité, ont-ils souligné. 

M. Kimani a ensuite souligné que les engagements périodiques avec les organisations régionales ne doivent pas être limités aux événements de signature, mais aussi couvrir des questions d’actualité telles que des échanges d’expériences en matière de gestion régionale de la pandémie.  Il a en outre constaté que l’utilisation ou la menace d’utilisation du droit de veto continue d’empêcher le Conseil d’agir sur des sujets vitaux.  Il a donc appelé à la retenue des détenteurs de ce droit, en particulier sur les actions visant à prévenir et mettre fin aux atrocités de masse. 

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a reconnu que le Conseil de sécurité s’est largement adapté aux circonstances difficiles au cours de l’année écoulée.  Elle s’est dite « frappée » par la facilité avec laquelle la technologie lui permet désormais d’inclure des voix plus diverses sur le terrain et a souhaité que cette pratique se poursuive.  De plus, a-t-elle relevé, organiser virtuellement des débats au niveau des dirigeants a donné une plus grande visibilité et un plus grand poids aux questions de préoccupation internationale, telles que les impacts des changements climatiques sur la sécurité.  Cela étant, a observé la représentante, il y a aussi eu des inconvénients.  « L’agilité ne signifie pas seulement être capable de se réunir », a souligné Mme  Woodward, affirmant qu’il s’agit d’abord de « réagir aux problèmes émergents ».  Or, nos méthodes de travail ont inhibé cela et en raison des objections d’un seul membre du Conseil, celui-ci n’a pas tenu de réunions formelles via VTC depuis mars dernier.  Faute de mécanismes procéduraux de résolution des désaccords, nous n’avons parfois pas été en mesure de discuter de manière plus approfondie des points nouveaux ou existants de l’ordre du jour, a-t-elle aussi regretté.  

Afin de « reconstruire en mieux », la représentante a appelé les membres du Conseil à se pencher sur leur efficacité.  Rappelant que le Conseil se concentre sur la résolution des problèmes par le biais d’un débat interactif, d’une analyse critique, d’un consensus puis d’une prise de décisions qui font avancer les problèmes, elle a noté que cela implique parfois de davantage parler en privé qu’en public, voire de discuter de nouveaux problèmes inconfortables pour certains.  « Mais il est plus important que jamais que nous fassions face aux risques de conflit avant qu’ils ne s’aggravent si le Conseil veut rester pertinent et efficace », a-t-elle fait valoir. 

Le Conseil doit d’autre part réfléchir à son efficience, a poursuivi Mme  Woodward, saluant à cet égard les progrès réalisés dans la réduction des temps de parole au Conseil.  Toutefois, a-t-elle déploré, le Conseil passe encore trop de temps dans de longues réunions en utilisant des déclarations préparées qui ne font pas avancer les questions.  Enfin, le Conseil doit, selon elle, soigner sa transparence afin de rester pertinent et connecté avec l’ensemble des membres et du public de l’ONU.  Il convient donc de recommencer à utiliser régulièrement des éléments de presse pour aider à la transparence et faire entendre la voix du Conseil lorsque nous sommes d’accord, a-t-elle préconisé, plaidant également pour un « ensemble diversifié d’intervenants » afin de continuer à promouvoir la participation de la société civile. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que le Conseil de sécurité a su s’adapter à la situation sanitaire mais que cette adaptation a eu un coût.  « Nous avons dérogé à nos règles de procédure et porté sérieusement atteinte au multilinguisme qui est une valeur fondamentale de notre organisation. »  Il s’est félicité qu’avec le retour en salle, le Conseil tienne désormais ses réunions publiques et consultations dans toutes les langues officielles.  Il a appelé le Conseil à renouer avec ses méthodes habituelles de travail, ce qui implique d’en finir avec les réunions virtuelles.  Le retour à la normale ne peut être que graduel dans le contexte sanitaire actuel, a-t-il reconnu. 

Le délégué a assuré que la France est engagée en faveur de la réforme du Conseil de sécurité pour renforcer sa légitimité et son efficacité.  Il a rappelé avoir fait des propositions avec le Mexique pour la suspension volontaire et collective du recours au veto en cas d’atrocités de masse.  Nous nous réjouissons que les cinq nouveaux membres élus vendredi dernier soutiennent cette initiative, a-t-il dit.  M. de Rivière a aussi rappelé que la France a œuvré avec tous ses partenaires pour une procédure de sélection du Secrétaire général transparente et prévisible.  Il s’est dit disposé à compléter la Note 507 pour plus d’efficacité, de transparence et d’inclusivité, même si le travail de codification et de clarification ne doit pas se faire au détriment de la flexibilité. 

« Il convient de préserver la liberté pour tout État membre du Conseil de présenter un texte à tout moment sur tout sujet », a-t-il dit, en jugeant que toute allocation ex ante ou automatique des « plumes » serait nuisible à l’efficacité du Conseil.  Il a précisé que la France n’est pas par principe opposée à la présidence d’organes subsidiaires par les membres permanents, en ajoutant que l’attribution desdites présidences aux membres élus permet une rotation régulière qui est utile pour éviter les blocages et créer des impulsions. 

Au-delà de nos méthodes de travail, notre priorité doit être de veiller à l’efficacité de l’action de ce Conseil dans notre pratique de tous les jours, a déclaré le représentant.  Il s’est ainsi dit favorable à l’organisation de dialogues interactifs et de réunions en format Arria qui contribuent à éclairer le Conseil sur des enjeux importants.  « Ces réunions ne doivent pas cependant alourdir notre programme de travail au détriment du temps nécessaire pour la réaction aux crises. »  Il a aussi appelé à éviter qu’un excès de réunions publiques ne se fasse au détriment de la prise de décision.  « Or, nous passons trop de temps à présenter nos positions, et trop peu de temps à travailler à des compromis et des actions communes. »  De plus, si les réunions publiques sont importantes, elles tendent à polariser les positions, de l’avis de la France.  « Il convient de trouver un bon équilibre dont nous sommes encore loin. »

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé l’intention de modifier la Note 507, qui est d’une grande importance en tant que recueil des pratiques de travail du Conseil de sécurité et est activement utilisée par les membres non permanents comme une source d’information.  Il a mis en garde contre toute précipitation inutile et souhaité que les efforts sur cette voie soient axés sur la recherche d’un consensus. 

Le représentant a indiqué que malgré les difficultés qui ont surgi en 2020, le Conseil de sécurité a pu prouver sa capacité à agir rapidement et en temps opportun.  Pour s’adapter à la nouvelle situation, des mesures temporaires spéciales ont été arrêtées.  Alors que la situation à New York évoluait et que la phase de réouverture commençait, la Fédération de Russie a préconisé le retour rapide des membres du Conseil dans leur salle de conférence, sous réserve des précautions nécessaires.  Il a rappelé l’appui de sa délégation aux premières réunions en personne du Conseil de sécurité qui se sont tenues en juillet de l’année dernière sous la présidence de l’Allemagne dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC).  C’est guidé par ce même principe que la Fédération de Russie a tenu sa présidence du Conseil en octobre 2020, marquée par de nouvelles mesures barrières comme l’érection de cloisons en plexiglas autour de l’hémicycle.  Il est devenu évident qu’aucune autre méthode de travail ne pouvait remplacer l’interaction personnelle entre les membres du Conseil de sécurité, a noté le délégué. 

Comme il a été initialement convenu lors de la mise en œuvre des séances par visioconférence, ces réunions ne peuvent être considérées comme des réunions officielles du Conseil de sécurité, ni en termes procéduraux, ni en termes juridiques, ni en termes logiques, a expliqué M. Polyanskiy.  En conséquence, la Fédération de Russie ne voit pas la nécessité d’institutionnaliser ces « mesures temporaires ».  Et en cas de réapparition d’une crise similaire à celle de l’année dernière, le Conseil dispose une réponse, inscrite dans les lettres de ses Présidents, à laquelle il peut toujours se référer.  Il a toute de même reconnu que les réunions en visioconférence ont tout de même leurs avantages, et a appuyé leur utilisation continue lors des dialogues interactifs et des réunions informelles selon la « formule Arria ». 

Poursuivant, le représentant a estimé que parmi les centaines de documents produits chaque année par le Conseil de sécurité, la valeur ajoutée de certains d’entre eux est hélas discutable.  De même, l’engouement excessif souvent observé pour la micro-gestion dans les résolutions n’est pas bon pour le Conseil.  Les « produits » finaux du Conseil de sécurité doivent être laconiques, clairs pour la compréhension, et surtout, « orientés vers l’action », a insisté M. Polyanskiy.  En outre, ces dernières années, la pratique consistant à examiner des sujets thématiques au Conseil est devenue plus fréquente, en particulier ceux qui relèvent de la compétence de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et d’autres organes de l’ONU.  Cela viole la « division du travail » bien établie et détourne le Conseil de sécurité de l’accomplissement des tâches prioritaires sur lesquelles il peut et doit prendre des décisions spécifiques, a-t-il affirmé. 

La Fédération de Russie a en outre abordé la question de la répartition des tâches au sein de Conseil de sécurité, prônant l’élargissement du cercle des « porte-plumes » aux membres non permanents.  « Les membres individuels du Conseil ne devraient pas considérer certains pays, voire certaines régions, comme leurs « fiefs » et agir en tant que mentors sur « certaines questions », a décrié le représentant.  Il s’est ensuite opposé à la pratique d’utilisation des contraintes de temps pour forcer les délégations à adopter les textes en les publiant en retard.  Malgré le fait que les dates d’adoption des résolutions sont connues à l’avance, « nous recevons encore de nombreux projets avec un retard déraisonnable », ce qui ne nous permet pas de mener une expertise complète et des consultations, a-t-il déploré.  Parfois, on a le sentiment que le libellé des résolutions du Conseil de sécurité change parfois quelques minutes avant le vote, a encore dénoncé le délégué qui a évoqué des « instructions données au Secrétariat ». 

Sur la question des visites de terrain, il a estimé que le fait que certaines délégations du Conseil ne soient pas présentes au cours de ces visites, envoie un message politique et a appelé tous les membres du Conseil à y prendre part.  M. Polyanskiy a enfin estimé que le droit de veto est la pierre angulaire qui permet au Conseil de prendre des décisions équilibrées, et que cela ne rentre pas dans le cadre des discussions sur les méthodes de travail. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité que le Conseil de sécurité ait fait montre de persévérance pendant la pandémie et qu’il ait adopté des méthodes innovantes de « maintien de la continuité » afin de remplir ses « fonctions vitales ».  Il s’est également réjoui que le Conseil ait mis en œuvre un processus de correspondance écrit pour l’adoption de ses résolutions, s’assurant ainsi de pouvoir renouveler les mandats de maintien de la paix et les textes de sanctions, et de pouvoir répondre aux crises du moment, à commencer par la pandémie de COVID-19.  Le représentant a d’autre part noté que, grâce à l’utilisation des technologies de visioconférence, le monde a pu constater que le Conseil continuait à recevoir des exposés, à participer à des débats et à jouer son rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. DeLaurentis a néanmoins regretté que ces discussions virtuelles n’aient pas eu le statut de « véritables réunions » du Conseil de sécurité.  Comme il ne s’agit pas à proprement parler de réunions du Conseil, « le règlement intérieur provisoire du Conseil ne s’y applique pas », a-t-il relevé, déplorant qu’en raison des objections d’un de ses membres au début de la pandémie, le Conseil n’ait pu fonctionner « régulièrement », et donc tenir des « réunions », pendant plus d’un an.  De ce fait, il a été dans l’incapacité de voter sur les décisions de procédure, même lorsque la grande majorité des membres auraient pu soutenir la décision en question.  De plus, a encore dénoncé le représentant, les règles 2 et 3, qui exigent que le Président du Conseil convoque une « réunion du Conseil », ont été érodées au cours de la dernière année et demie, ce qui « n’est pas acceptable ».  Il convient donc d’y remédier afin d’avoir une base juridique et procédurale solide « au cas où le Conseil de sécurité ne serait pas en mesure de se réunir à nouveau en présentiel à l’avenir ».

Á l’instar de l’Assemblée générale, qui a adopté une décision d’urgence lui permettant de voter électroniquement sur les résolutions au cas où elle ne serait pas en mesure de tenir des réunions en personne, le Conseil devrait pouvoir adopter une décision de procédure établissant que « les réunions virtuelles sont bien des réunions du Conseil de sécurité » et que le règlement intérieur provisoire du Conseil s’y applique, a plaidé M. DeLaurentis, avant d’exprimer la reconnaissance de la communauté internationale pour le « travail acharné » du Secrétariat de l’ONU tout au long de la pandémie. 

Reprenant à son tour la parole, la Directrice exécutive de Security Council Report a observé que de nombreux orateurs ont signalé combien il était difficile de dialoguer dans le cadre des méthodes de travail du Conseil.  Si plusieurs recommandations ont été faites à cette fin, il serait aussi bon de rappeler que le Conseil dispose de la possibilité de se réunir hors de New York, a indiqué Mme Landgren.  Ce serait, selon elle, l’occasion de se concentrer sur une région ou un pays, ce qui n’a plus été le cas depuis 2004.  Alors qu’on a rappelé aujourd’hui certaines pratiques passées, celle-ci pourrait être ajoutée à la liste, a-t-elle noté.  

Reprenant la parole, Mme SIEVERS, coauteure du livre « The Procedure of the UN Security Council », a indiqué que le débat de ce matin lui a permis de comprendre à quel point le rôle du Président du Conseil fut crucial pendant la pandémie et lors des séances en visioconférence.  Elle a également rendu hommage au rôle joué par le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure. 

Á son tour, Mme  KING a estimé que les débats ouverts sont des « occasions en or » pour les membres du Conseil de renforcer leur relation avec les membres de l’ONU.  Elle a espéré que la prochaine réunion sur le sujet pourra se tenir avec la participation de tous les États Membres de l’ONU.  Elle a dit attendre d’autres propositions pour renforcer les liens entre les membres du Conseil et le reste des membres de l’ONU.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité spécial: la France explique les différents scénarios selon le résultat du référendum d’autodétermination prévu le 12 décembre 2021 en Nouvelle-Calédonie

Session de 2021,
4e séance plénière – matin
AG/COL/3345

Comité spécial: la France explique les différents scénarios selon le résultat du référendum d’autodétermination prévu le 12 décembre 2021 en Nouvelle-Calédonie

La France a confirmé ce matin au Comité spécial de la décolonisation, la tenue le 12 décembre 2021 d’une troisième consultation référendaire sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté et à l’indépendance.  À l’issue de ce scrutin, a-t-elle annoncé, elle s’engage à ne pas demander « de manière unilatérale » le retrait de la Nouvelle-Calédonie de la liste des territoires non autonomes avant le 30 juin 2023.  Pour sa part, Guam a demandé l’appui de l’Administration du Président Joe Biden à l’organisation d’un référendum d’autodétermination. 

Le Comité spécial, qui a entamé aujourd’hui la deuxième journée de sa session de fond 2021, a examiné outre les questions de la Nouvelle-Calédonie et de Guam, celles de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène, des Îles Turques et Caïques et des Îles Vierges américaines, mais sans débat.  Il a en outre décidé de tenir son Séminaire régional des Caraïbes à la Dominique, du 25 au 27 août 2021. 

M. Nicolas de Rivière, Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, a indiqué qu’après avoir décidé d’organiser une troisième consultation référendaire le 12 décembre prochain sur l’accession du territoire de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté et à l’indépendance demandée par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, le Premier Ministre français a réuni les principales formations politiques calédoniennes à Paris du 26 mai au 1er juin 2021, sur la base d’un document de travail préparé par l’État, sur les implications pratiques du « oui » ou du « non » pour la population de Nouvelle-Calédonie, notamment en termes juridique, économique, financier et matériel.  

À travers ce document, a indiqué M. de Rivière, la France propose de mettre en place une période de convergence, de discussion et de stabilité ou « de transition » afin de sécuriser la fin de l’Accord de Nouméa qui devra permettre de définir, dans un cadre conforme au résultat du scrutin, les nouvelles institutions de la Nouvelle-Calédonie.  Les discussions sur ce projet donneront lieu à un nouveau référendum d’ici au 30 juin 2023.  

M. de Rivière a annoncé que la France ne demandera pas de manière unilatérale le retrait de la Nouvelle-Calédonie de la liste des territoires non autonomes avant que le droit à l’autodétermination, qui est garanti par la Constitution française, ait pu être pleinement exercé, c’est-à-dire avant la fin de cette période de transition. 

La réunion de Paris, a-t-il poursuivi, a permis d’apporter des clarifications sur ce qui se passera à l’issue du troisième scrutin.  La première consultation référendaire de 2018 avait donné un résultat de 56,67% en faveur du « non » à l’indépendance et la deuxième de 2020, un résultat de 53,36% également en faveur du « non », avec une très large participation de plus de 80% dans les deux cas.  

À Paris, les participants ont discuté, en cas de victoire du « oui », de la durée de la transition, courte pour certains sujets comme les transferts financiers depuis la métropole, longue pour d’autres comme la formation des cadres nécessaires à la souveraineté.  Ils ont aussi parlé de l’accès à la double nationalité sous certaines conditions mais pas pour tous les citoyens du nouvel État, de la recherche sincère d’un partenariat avec la France, sans garantie de réussite, du refus de la partition du territoire. 

En cas de victoire du « non », les parties ont débattu de la garantie sur l’absence d’une demande unilatérale de retrait de la liste des territoires non autonomes à l’ONU, de l’irréversibilité des compétences déjà transférées par l’État aux institutions de la Nouvelle-Calédonie, de l’ouverture partielle du corps électoral pour les élections provinciales, du soutien de la France à la conduite des principales réformes, s’il est demandé, et une nouvelle fois, du refus de la partition du territoire. 

Alors que s’ouvre cette nouvelle phase importante du processus en Nouvelle-Calédonie, M. de Rivière a dit vouloir maintenir avec le Comité spécial et avec les Nations Unies en général une étroite coopération.  Mon pays est prêt, a-t-il promis, à accueillir une nouvelle mission de visite en amont du troisième référendum, si le Comité en fait la demande, de manière physique ou virtuelle en fonction des contraintes liées à la situation pandémique.  La France continuera également de solliciter l’assistance électorale des Nations Unies, pour la révision complémentaire des listes électorales et lors du scrutin du 12 décembre 2021.

Pour Mme Sonia Backès, pétitionnaire favorable au maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la France, ce troisième référendum devra marquer la fin d’un processus de décolonisation engagé il y a plus de 30 ans.  Le choix de l’indépendance, a-t-elle averti, c’est le choix de perdre la nationalité française pour certains Calédoniens ou pour leurs enfants, c’est le choix de ne plus bénéficier de la protection militaire ou sanitaire de la France, c’est le choix, enfin, d’une indépendance qui se transformerait rapidement en dépendance de l’aide internationale.    

Il n’y a plus en Nouvelle-Calédonie, a-t-elle affirmé, une puissance administrante et un peuple colonisé.  Aujourd’hui, aucun Calédonien, quelle que soit son origine, ne se trouve sujet « à une subjugation », « à une domination » ou à « une exploitation » étrangères.  Aujourd’hui encore, a-t-elle dénoncé, ce sont plus de 20% des résidents calédoniens parfois installés depuis plus de 20 ans qui ne pourront pas voter au prochain référendum.  

Pour la pétitionnaire, l’avenir c’est la fin de l’Accord de Nouméa et la délicate problématique de la désinscription de la Nouvelle-Calédonie de la liste des territoires non autonomes.   En décidant par trois fois, de manière libre et volontaire de rester intégrée à la France, la population calédonienne intéressée aura exercé son droit à l’autodétermination.   « Ma conviction c’est que ce sera à nous Calédoniens, de prendre en main notre destin en décidant nous-mêmes quand et comment doit continuer de s’exercer le droit à l’autodétermination », a lancé Mme Backès.  

Au nom du Gouverneur de Guam, M. Anthony M. Babauta a dénoncé l’opposition des États-Unis à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple chamorro et la poursuite de la militarisation de son territoire, laquelle a engendré la violation des droits à un environnement propre, à la culture, à la santé et à la vie, a martelé le représentant qui a souhaité voir ses revendications reprises dans la résolution de cette année.  M. Babauta a affirmé que la présence militaire américaine est une entrave à la pleine réalisation du potentiel social, économique et politique de Guam.  

Le Gouvernement de Guam poursuit ses efforts pour éduquer la population sur ses droits politiques car il est déterminé à organiser un référendum d’autodétermination.  Le représentant du Gouverneur a demandé à la Puissance administrante de repenser le statut colonial de Guam.  Alors que l’Administration du Président Joe Biden a reconnu les inégalités qui existent dans sa relation avec ses territoires, notamment en termes de droit de vote, le Gouverneur l’a appelé à corriger son passé colonial et le statut politique de Guam.  

Le Gouverneur a aussi prévenu que rien ne peut se substituer à l’exercice du droit à l’autodétermination et d’un référendum à Guam.  Il a personnellement demandé l’appui de l’administration américaine à une législation en ce sens.  Le peuple chamorro mérite la même chance de déterminer son avenir politique que les pères fondateurs de la Puissance administrante de Guam, a insisté le Gouverneur.  

Aujourd’hui, son représentant a demandé au Comité spécial d’organiser une mission de visite à Guam.  Il a espéré être en mesure d’annoncer une date pour un référendum d’autodétermination à Guam, l’année prochaine au Comité.  Soulignant que la sécurité de la région est en large partie assurée par les États-Unis, M. Max Hufanen, représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a estimé que l’autonomie de Guam pourrait parfaitement coexister avec la présence américaine dans la région. 

La prochaine séance plénière du Comité spécial sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: seul un règlement politique négocié peut « renverser la vapeur » au Yémen, réaffirme l’Envoyé spécial au terme de son mandat

8797e séance – matin
CS/14552

Conseil de sécurité: seul un règlement politique négocié peut « renverser la vapeur » au Yémen, réaffirme l’Envoyé spécial au terme de son mandat

Appelé à exercer les fonctions de Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et de Coordonnateur des secours d’urgence, l’Envoyé spécial pour le Yémen a dressé ce matin, devant le Conseil de sécurité, le bilan de ses trois années à ce poste, jugeant que seul un règlement politique négocié peut véritablement « renverser la vapeur » dans ce pays en guerre depuis près de sept ans.  Il a souhaité que les parties yéménites soient assez « courageuses » pour choisir cette voie plutôt que la poursuite du conflit.

Évoquant une succession d’« opportunités manquées puis perdues » ces dernières années, M. Martin Griffiths a surtout regretté qu’en dépit des navettes diplomatiques, les parties n’aient pas réussi à surmonter leurs divergences.  Face à Ansar Allah, bras politique des houthistes, qui insiste sur un accord autonome pour le port d’Hodeïda et l’aéroport de Sanaa comme condition préalable au cessez-le-feu et au lancement du processus politique, le Gouvernement yéménite veut que ces questions soient mises en œuvre « comme un tout », a-t-il résumé, déplorant qu’aucune des solutions proposées pour rapprocher ces positions n’ait été acceptée par les deux camps.

Pour l’Envoyé spécial, un cessez-le-feu à l’échelle nationale doit rester la priorité.  Il permettrait non seulement de faire taire les armes mais aussi d’ouvrir des routes vitales, notamment à Mareb et à Taëz, et ramènerait un sentiment de sécurité chez les civils vivant près des lignes de front.  M. Griffiths a également appelé à la réouverture de l’aéroport de Sanaa et à la levée des restrictions sur le carburant dans les ports d’Hodeïda, non sans rappeler que l’Accord de Stockholm, conclu fin 2018, comprenait l’Accord « historique » sur Hodeïda, lequel a établi un cessez-le-feu dans la province côtière et permis la distribution d’une aide humanitaire, tout en entraînant une réduction « spectaculaire » du nombre de morts et de blessés parmi les civils. 

Selon le haut fonctionnaire, le seul moyen de sortir de ce « bourbier » est que les dirigeants s’engagent à dialoguer pour résoudre leurs différends à long terme.  À ses yeux, le Yémen a besoin d’un processus politique inclusif pour parvenir à un règlement qui reflète les intérêts des diverses parties et des personnes plus touchées.  Reste que, tout au long du conflit, les acteurs armés et politiques se sont multipliés et l’ingérence étrangère s’est accrue.  De fait, « ce qui était possible en termes de résolution de conflit il y a des années n’est plus possible aujourd’hui », a-t-il noté en se disant inquiet pour l’avenir. 

Convaincu que le processus politique facilité par l’ONU peut ouvrir la voie à un « avenir pluraliste » au Yémen, M. Griffiths a averti que chaque jour de cette guerre menace davantage une telle perspective.  Un avis partagé par l’actuel Coordonnateur des secours d’urgence, qui a indiqué qu’il n’y a pas de « pénurie d’options » pour mettre un terme à la guerre.  « Mais c’est aux parties de faire en sorte que cela devienne réalité et, jusqu’à présent, cela n’est pas encore le cas », a souligné M. Mark Lowcock. 

Sur le plan humanitaire, M. Lowcock a indiqué que la famine devrait pouvoir être évitée cette année encore, même s’il est encore trop tôt pour en avoir la certitude.  Réclamant d’autre part un accès sans entraves pour les travailleurs humanitaires au Yémen, il a exhorté les parties, à commencer par Ansar Allah, à faciliter leur travail qui bénéficie à plus de 10 millions de personnes chaque mois dans le pays.  Cela permettra d’achever de convaincre les donateurs de pérenniser le financement des opérations pour l’année en cours, a-t-il relevé. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence a par ailleurs plaidé pour une meilleure protection des civils en rappelant qu’en moyenne cinq civils sont tués ou blessés lors d’hostilités chaque jour au Yémen.  L’offensive contre Mareb, apparemment conduite par Ansar Allah, continue de faire peser une menace directe sur des millions de personnes, a-t-il alerté, avant de réclamer un établissement des responsabilités pour les violations commises. 

Cet appel a fait écho au témoignage de Mme Najiba Al Naggar, fondatrice et Chef de programme de l’ONG « SOS Center for Youth Capabilities Development », qui a fait part des souffrances endurées par des millions de femmes yéménites victimes du conflit.  Le déclin alarmant de l’économie et de la monnaie depuis le début de la guerre, combiné à l’impact dévastateur de la COVID-19, a rendu la vie de millions de Yéménites ordinaires insupportable, surtout les femmes qui sont affectées de manière disproportionnée, a-t-elle expliqué, parlant d’une résilience « proche du point de rupture ».

Malgré le rôle essentiel que les femmes yéménites ont joué dans l’action humanitaire, où elles représentent 80% des secouristes, ainsi que pour négocier des cessez-le-feu locaux, elles restent exclues de rôles significatifs dans le processus de paix dirigé par l’ONU, a déploré l’activiste, notant qu’elles sont aussi complètement écartées du nouveau gouvernement, une première en deux décennies.  « Nous avons besoin de votre aide, et nous en avons besoin maintenant », a-t-elle lancé aux membres du Conseil, dont plusieurs ont salué sa supplique poignante.

Prenant à son tour la parole, le représentant du Yémen a imputé aux houthistes le blocage de la situation et des efforts de paix.  Les attaques brutales contre Mareb reflètent, selon lui, les « tendances terroristes et criminelles » de ces milices soutenues par le « régime iranien » qui entend semer le « chaos » dans la région.  Par leur faute, a-t-il ajouté, les conditions sécuritaires se sont gravement détériorées à Hodeïda, ville où converge 80% de l’aide humanitaire pour le pays.  Les houthistes continuent en outre de recruter des milliers d’enfants dans leurs zones de contrôle, tout en utilisant le pétrolier en perdition SAFER comme « objet de marchandage et de chantage ».

Exhortant le Conseil de sécurité à exercer une « pression maximale » sur les houthistes afin d’éviter une catastrophe qui détruirait les écosystèmes de la mer Rouge, frapperait le secteur régional de la pêche, polluerait les puits d’eau et affecterait la navigation internationale et l’économie mondiale, il a conclu son propos en invitant, au nom de son gouvernement, Ansar Allah à s’asseoir à la « table du dialogue » afin de faire avancer les intérêts du peuple yéménite et de mettre fin à ce conflit. 

LA SITUATION AU YÉMEN

Déclarations

M.  MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial pour le Yémen, a commencé par indiquer que cet exposé serait son dernier à ce titre devant le Conseil de sécurité.  Il a ensuite constaté que des hommes, des femmes et des enfants yéménites souffrent chaque jour parce que les personnes au pouvoir ont « raté les opportunités » qui s’offraient à elles de faire les concessions nécessaires pour mettre fin à la guerre.  En conséquence, a-t-il noté, « les Yéménites sont obligés de vivre dans la violence, l’insécurité et la peur, avec des limites à leur liberté de mouvement, de religion et d’expression ».  Jugeant que seul un règlement politique négocié peut véritablement « renverser la vapeur » au Yémen, il a souhaité que les parties soient assez courageuses pour choisir cette voie plutôt que la poursuite du conflit.  Au cours des trois dernières années, « nous leur avons offert de nombreuses opportunités, mais en vain », a-t-il déploré, avant de remercier les membres du Conseil, en particulier les États-Unis, ainsi que l’Arabie saoudite et le Sultanat d’Oman, pour leur soutien diplomatique inlassable aux efforts de l’ONU dans le dernier cycle de médiation.

Évoquant les négociations en cours, M. Griffiths a regretté qu’en dépit des navettes diplomatiques, les parties n’aient pas surmonté leurs divergences.  Il a indiqué que Ansar Allah, bras politique des houthistes, insiste sur un accord autonome pour les ports d’Hodeïda et l’aéroport de Sanaa comme condition préalable au cessez-le-feu et au lancement du processus politique.  De son côté, a-t-il ajouté, le Gouvernement yéménite veut que ces questions soient acceptées et mises en œuvre « comme un tout », y compris le début du cessez-le-feu.  « Nous avons proposé différentes solutions pour rapprocher ces positions.  Malheureusement, aucune n’a été acceptée par les parties », a-t-il reconnu, espérant que les efforts entrepris par Oman et d’autres porteront leurs fruits.  Pour l’Envoyé spécial, un cessez-le-feu à l’échelle nationale permettrait de faire taire les armes, d’ouvrir des routes vitales, notamment à Mareb et à Taëz, et ramènerait un sentiment de sécurité chez les civils vivant à proximité des lignes de front.  Il a donc jugé que la fermeture de l’aéroport de Sanaa ainsi que les restrictions sur le carburant dans les ports d’Hodeïda sont « injustifiables » et doivent être corrigées.

Á cet égard, M. Griffiths a rappelé que l’Accord de Stockholm comprenait l’Accord « historique » sur Hodeïda, lequel a établi un cessez-le-feu dans la province côtière et permis la distribution de biens vitaux arrivant par les trois ports de la mer Rouge auparavant perturbés par des lignes de front instables. L’Accord sur Hodeïda a également entraîné une réduction spectaculaire du nombre de morts et de blessés parmi les civils, mais les violations du cessez-le-feu restent quotidiennes, a-t-il observé.  En outre, des progrès insuffisants ont été réalisés pour réactiver le Comité de coordination du redéploiement, qui est pourtant un élément essentiel pour garantir le cessez-le-feu, depuis sa suspension en mars 2020.  Relevant que la guerre a aussi exacerbé les divisions dans les provinces du Sud, le haut fonctionnaire a aussi plaidé en faveur d’une poursuite du partenariat établi entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud grâce aux « efforts exceptionnels » de l’Arabie saoudite.  Selon lui, le seul moyen de sortir de ce « bourbier » est que les dirigeants s’engagent dans le dialogue pour résoudre leurs différends à long terme.

Au-delà de ce « tableau sombre », M. Griffiths a tenu à souligner les réalisations des Yéménites qui travaillent à ouvrir des routes et à libérer des prisonniers, indépendamment de la médiation diplomatique entre leurs dirigeants. Ils ont formé des alliances et mené des initiatives qui vont des plateformes médiatiques non partisanes à l’organisation de la société civile et des réseaux de sécurité communautaire.  « Ces efforts courageux sont l’espoir et l’avenir du pays, il est de notre devoir de les soutenir », a souligné le responsable onusien, avant de revenir sur ce qu’il a appris ces trois dernières années.  A ses yeux, le Yémen est « une histoire d’opportunités manquées puis perdues ».  Parfois, les dirigeants ont « failli faire le choix », qu’il s’agisse d’un échange de prisonniers ou d’une désescalade, mais lorsqu’un côté était prêt à faire des concessions, l’autre ne l’était pas, a-t-il relaté, dénonçant les polémiques qui s’en suivaient sur les médias sociaux.  « Ce qui a été le plus frustrant pendant mon mandat d’Envoyé spécial a été l’absence de pourparlers de paix globaux », a-t-il ajouté, non sans relever que la dernière fois que les parties se sont réunies pour discuter des questions politiques et de sécurité essentielle pour mettre fin à la guerre, « c'était au Koweït, en 2016 ».  Un constat « choquant », selon lui.  

De l’avis de M. Griffiths, le Yémen a besoin d’un processus politique inclusif, « voire d’un règlement, s’il veut sortir des cycles de violence et de conflit ».  Pour cela, le dialogue sera long et complexe, même si les principes directeurs de cette vision sont déjà clairs: partenariat politique, gouvernance responsable, souveraineté, justice économique et sociale et citoyenneté égale.  De fait, a poursuivi l’Envoyé spécial, un règlement politique devra refléter les intérêts des diverses parties au conflit, tout en garantissant les intérêts et les droits de ceux qui sont les plus touchés.  « Ces acteurs doivent faire partie intégrante de la définition de la feuille de route vers la paix au Yémen », a-t-il insisté, reconnaissant toutefois que « le temps n’est pas du côté du Yémen ».  En effet, au cours du conflit, les acteurs armés et politiques se sont multipliés et l’ingérence étrangère s’est accrue.  « Ce qui était possible en termes de résolution de conflits il y a des années n’est plus possible aujourd’hui », a noté le haut fonctionnaire. 

Indiquant avoir passé son mandat à demander aux parties de pourvoir aux besoins humanitaires de leur peuple, M. Griffiths a cependant estimé qu’un véritable leadership va au-delà de la recherche du bien-être immédiat des personnes pour garantir leurs droits et leur avenir.  « Mon inquiétude ne porte pas tant sur le cessez-le-feu que sur l’avenir », a-t-il souligné, réaffirmant que le Yémen a besoin d’un avenir politique pluraliste et que le processus politique facilité par l’ONU doit leur ouvrir la voie pour y parvenir.  Or, chaque jour de cette guerre menace davantage cet avenir, a-t-il averti.  « Mettons fin, pour le bien du Yémen, à cette guerre sans tarder afin que nous puissions commencer la bataille réelle et finale, la bataille pour la paix ».

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que le monde peut améliorer la situation au Yémen comme il l’a fait en 2018-2019, lorsqu’il a stoppé une grave famine.  Certains signes laissent à penser que nous pourrons éviter la famine cette année encore, même s’il est encore trop tôt pour en avoir la certitude, a dit M. Lowcock.  Il a indiqué qu’il existe une entente sur ce qu’il convient de faire au Yémen, y compris au sein de ce Conseil, ajoutant que l’enjeu désormais est de traduire cette entente dans les faits.  Il a ainsi plaidé pour une meilleure protection des civils en rappelant qu’en moyenne cinq civils sont tués ou blessés lors d’hostilités chaque jour au Yémen.  Le mois de mai a été le plus meurtrier, plus de 60 personnes ayant été tuées.  Il a déclaré que l’offensive contre Mareb, apparemment conduite par Ansar Allah, continue de faire peser une menace directe à l’encontre de millions de personnes, y compris le million de personnes qui ont fui leurs foyers.  Les parties doivent toujours protéger les civils et les biens civils lors de leurs opérations militaires, a-t-il dit, en demandant un établissement des responsabilités pour les violations commises. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, avant d’attirer l’attention du Conseil sur le sort des migrants et réfugiés au Yémen.  Hier, un bateau transportant plus de 150 migrants a sombré au large des côtés yéménites.  Selon les informations locales, 25 corps ont été rendus par les eaux, tandis que des dizaines de personnes sont portées disparues.  M. Lowcock a réclamé un accès sans entraves pour les travailleurs humanitaires au Yémen, rappelant que les agences humanitaires aident plus de 10 millions de personnes chaque mois dans le pays.  « La plupart des difficultés, mais pas toutes, sont localisées dans les zones contrôlées par Ansar Allah ».  Il a donc appelé à la levée des restrictions injustifiées qui entravent les déplacements des travailleurs humanitaires, en exhortant les parties, en particulier Ansar Allah, à faciliter leur travail.  Cela permettra d’achever de convaincre les donateurs de pérenniser le financement des opérations pour l’année, a déclaré M. Lowcock. 

Sur ce plan financier, le Secrétaire général adjoint a indiqué que la réponse humanitaire est financée à hauteur de 43% alors qu’elle l’était à hauteur seulement de 15% avant la conférence d’annonce des contributions le 1er mars dernier.  « Il s’agit là de progrès substantiels. »  Le Programme alimentaire mondial a repris sa distribution de rations à six millions de personnes, alors qu’elle avait été interrompue.  Mais l’argent pourrait rapidement venir à manquer, a averti M. Lowcock, en demandant que les promesses d’apporter plus de 200 millions de dollars soient honorées.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a indiqué que les deux moyens de remettre sur pied l’économie yéménite sont la libéralisation des importations et un taux de change plus solide.  Il a rappelé que le Conseil a, pendant des années, donné son accord pour que les importations puissent entrer en quantité adéquate par tous les ports du pays.  « Mais cela n’est toujours pas la réalité. »  Les importations de carburant transitant par Hodeïda de janvier à mai dernier ne sont qu’à un cinquième de leur niveau de l’année dernière.  La levée des restrictions pour toutes les importations aiderait des millions de personnes, a assuré M. Lowcock.

Enfin, le Coordonnateur des secours d’urgence a indiqué qu’il n’y a pas une pénurie d’options pour mettre un terme à la guerre.  « Mais c’est aux parties de faire en sorte que cela devienne réalité et jusqu’à présent cela n’est pas encore le cas. »

Mme NAJIBA AL NAGGAR, fondatrice et Chef de programme de « SOS Center for Youth Capabilities Development », une ONG qui travaille sur la gouvernance, la consolidation de la paix, le développement et les droits humains, a indiqué qu’elle fait partie des millions de femmes yéménites qui ont subi le fléau de la guerre, racontant ses pérégrinations d’Aden à Sanaa en passant par Taëz pour échapper à la guerre.  Sur le plan économique, elle a rappelé que même avant le déclenchement de la guerre, le Yémen était le pays le plus pauvre de la région et à ce jour, le pays a perdu 90 milliards de dollars de production économique.  Le déclin alarmant de l’économie et de la monnaie depuis le début de la guerre, combiné à l’impact dévastateur de la COVID-19, a rendu la vie de millions de Yéménites ordinaires insupportable, surtout les femmes qui sont affectées de manière disproportionnée.  Pour survivre, beaucoup parmi elles réduisent leur alimentation pour donner plus de nourriture à leurs enfants, limitent le nombre de repas ou doivent emprunter de la nourriture à des amis ou à des parents.  Les familles qui s’endettent pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires deviennent la norme et les femmes subissent de plus en plus de pression à mesure que le nombre de ménages dirigés par une femme augmente. 

Notre résilience est proche du point de rupture, a témoigné Mme Al Naggar. Elle a également indiqué que les violences basées sur le genre sévissent et sont souvent non signalées en raison de la peur des survivants d’être tués, détenus ou exposés à de nouvelles violences, ainsi que la stigmatisation et la faiblesse de l’état de droit.  Malgré ce contexte extrêmement difficile, 80% des secouristes sont des femmes.  En effet, les femmes yéménites ont fourni une aide humanitaire vitale, même lorsque la communauté internationale n’a pas été en mesure d’atteindre les communautés qui en avaient désespérément besoin.  Lorsque les villes sont assiégées ou que les routes deviennent dangereuses pour l’acheminement de l’aide humanitaire, les femmes yéménites sont intervenues pour négocier des cessez-le-feu locaux et ont appelé avec succès les parties belligérantes à ouvrir des couloirs humanitaires, a-t-elle affirmé.  Les femmes ont aussi joué un rôle important dans la lutte contre les tensions tribales et les conflits communautaires parce qu’elles connaissent leurs propres communautés, elles comprennent mieux leurs besoins ainsi que les facteurs qui déclenchent les tensions et les conflits.  Les femmes font tout cela contre vents et marées, remettant en cause les normes de genre et avec bien trop peu de soutien et de ressources de la part des acteurs nationaux et internationaux, a déploré Mme Al Naggar.  Malheureusement, de plus en plus au cours de la dernière année, les femmes du nord du Yémen sont confrontées à un obstacle supplémentaire dans leurs efforts car les autorités imposent le « mahram », la pratique selon laquelle les femmes doivent être accompagnées d’un parent de sexe masculin lorsqu’elles voyagent. 

Malgré le rôle essentiel que les femmes yéménites ont joué dans l’action humanitaire ainsi que dans la consolidation de la paix, elles ont été exclues de rôles formels et significatifs dans le processus de paix dirigé par l’ONU, a encore déploré l’activiste, notant qu’elles sont complètement exclues du nouveau gouvernement, une première en deux décennies.  De ce fait, l’ONU et les autorités yéménites doivent faire davantage pour garantir la participation formelle et directe des femmes, la norme consacrée dans la résolution 1325 (2000).  En outre, pour garantir que les femmes yéménites puissent continuer à jouer un rôle actif dans la vie publique, il est essentiel qu’elles puissent le faire sans crainte de représailles. 

Le peuple yéménite se sent abandonné par la communauté internationale et perd espoir.  Nous avons besoin de votre aide, et nous en avons besoin maintenant, a-t-elle dit.  Elle a plaidé pour un cessez-le-feu durable et a voulu que soit assurée la participation pleine, égale et significative des femmes, des jeunes et de la société civile de tous horizons politiques et de toutes les régions du Yémen, y compris le Sud, dans toutes les voies diplomatiques et étapes du processus de paix, en garantissant d’urgence un quota minimum de 30% de femmes.  De même, Mme Al Naggar a appelé à accroître considérablement le soutien aux organisations locales et nationales dirigées par des femmes et aux organisations de défense des droits des femmes, en particulier un financement de base, flexible et à long terme.  Elle a aussi souhaité que les efforts cruciaux et légitimes des femmes artisanes de la paix et humanitaires soient reconnus publiquement.  

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué le déplacement de l’Envoyé spécial à Sanaa, tout en notant que les houthistes ont attendu les derniers jours de son mandat pour l’inviter à Sanaa pour la première fois depuis plus d’un an. Les houthistes ont de nouveau ciblé des civils à Mareb, faisant 10 morts, a-t-elle déploré, en dénonçant également l’attaque houthiste contre une école saoudienne dimanche.  Les houthistes continuent également de saper les libertés et les droits des femmes yéménites et des minorités ethniques.  Elle a souhaité que le processus au Yémen soit plus inclusif, avec une participation renforcée des femmes et des jeunes.  Devant les graves pénuries en carburant, elle a appelé à une solution pérenne s’agissant des importations et demandé une distribution égale dans tout le pays desdites importations de carburant.  Enfin, s’agissant du pétrolier SAFER, la déléguée a exhorté les houthistes à agir afin d’éviter une catastrophe.

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a fermement condamné les deux attaques de missiles lancées contre Mareb au cours des 10 derniers jours et qui ont fait des victimes civiles.  Aucun effort ne doit être épargné pour traduire en justice les auteurs de ces attaques odieuses contre les civils et les infrastructures civiles, a-t-elle dit.  Elle a invité à prendre des mesures préventives afin que le Yémen ne devienne pas un exportateur de terrorisme et d’extrémisme violent dans la région, à travers le golfe d’Aden jusqu’à la Corne de l’Afrique et au-delà.  Elle a aussi exhorté toutes les parties à faire preuve d’un engagement politique sincère et véritable en mettant en œuvre « au minimum » la cessation de la violence.

Le Kenya a recommandé fortement que le processus de résolution et de relèvement de la paix intègre le processus de « désarmement, démobilisation et réintégration plus » qui, a souligné la représentante, doit être mené de manière à garantir que les anciens combattants ne rechutent pas dans un conflit armé et ne tombent pas dans la radicalisation par des groupes terroristes.  De même, la communauté internationale doit délibérément investir dans les jeunes pour les doter de compétences qui leur permettraient de gagner décemment leur vie et de contribuer au développement national.  La représentante s’est ensuite félicitée des mesures prises par les donateurs pour accroître leur financement des efforts de secours humanitaire.  Mme Toroitich a par ailleurs espéré que les pourparlers entre l’ONU et les houthistes conduiront au déploiement rapide de l’équipe d’inspection du pétrolier SAFER pour éviter une catastrophe environnementale imminente qui aurait un impact dévastateur sur le Yémen et la région environnante.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a exhorté les parties au conflit à cesser les violences et à s’engager dans un processus de paix.  Il a appuyé les efforts de l’ONU en ce sens, en reconnaissant la tâche complexe de l’Envoyé spécial.  Il a mentionné la réunion qui s’est tenue le 26 mai en Russie entre le Ministre des affaires étrangères russe et son homologue yéménite, avant d’insister sur le rôle constructif joué par les pays de la région pour le règlement de la crise.  La cessation des hostilités doit s’accompagner d’une série de mesures de confiance, a-t-il dit, en demandant notamment un accroissement de l’aide humanitaire.  Le délégué a demandé la levée du blocus aérien et maritime contre le Yémen, ainsi qu’un acheminement sans entraves des biens de première nécessité.  L’aide humanitaire doit être acheminée en toute impartialité, a-t-il affirmé.  Enfin, le délégué a demandé au Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) à jouer un rôle constructif en ce qui concerne le dossier du pétrolier SAFER.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué l’intervention de Mme Najiba Al Naggar, soulignant qu’une participation, équitable et significative des femmes peut ouvrir de nouvelles voies vers la paix.  La représentation directe des femmes n’est pas facultative, c’est leur droit, a-t-elle souligné, notant en outre que les jeunes méritent eux aussi d’occuper leur place à la table.  Elle s’est déclarée encouragée par la visite qu’a pu effectuer l’Envoyé spécial à Sanaa pour la première fois depuis plus d’un an, pour ensuite appeler les parties au conflit à faire preuve de volonté politique pour progresser sur la voie d’un dialogue politique inclusif.  Elle a également appelé les houthistes à mettre fin à leur offensive sur Mareb. 

Mme Byrne Nason a relevé que l’impact économique du conflit continue d’avoir des conséquences humanitaires désastreuses.  Le prix de la nourriture grimpe en flèche et les denrées de base sont hors de portée pour des millions de personnes qui souffrent d’une faim chronique, s’est-elle inquiétée.  La représentante a également appelé les houthistes et l’ONU à conclure rapidement un accord au sujet de l’accès au pétrolier SAFER.

M.  DINH QUY DANG (Viet Nam) a constaté d’emblée qu’aucun changement significatif n’a été enregistré dans le processus de paix au Yémen malgré les efforts de l’Envoyé spécial.  Au contraire, a-t-il dit, on a continué d’assister à une escalade militaire dans de nombreuses régions, avec de nombreuses victimes civiles.  Dans ce contexte, le représentant a réaffirmé qu’il n'y a pas de solution militaire à ce conflit qui dure depuis près de sept ans.  Selon lui, toutes les parties doivent cesser les hostilités et n’épargner aucun effort pour parvenir à l’acceptation de la proposition de paix dirigée par les Nations Unies. De plus, a-t-il ajouté, l’inclusion des femmes dans le processus politique devrait également être garantie et encouragée. 

Sur le plan humanitaire, le délégué s’est félicité que les récents financements de donateurs aient permis au Programme alimentaire mondial (PAM) de reprendre ses distributions mensuelles à six millions de Yéménites dans les zones où le taux d’insécurité alimentaire est le plus élevé.  Cependant, il a estimé que des progrès supplémentaires sont nécessaires pour assurer la stabilité de l’aide au cours des mois restants de cette année.  Compte tenu du conflit, de la crise économique, de la pénurie de carburant, du risque de famine et de la propagation de la pandémie de COVID-19, il a réitéré son appel à un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave.  Il a également jugé urgent de lever davantage le blocus maritime pour assurer un approvisionnement prévisible en nourriture et en carburant.  Enfin, après avoir souhaité une nouvelle fois que l’équipe technique de l’ONU puisse accéder sans délai au pétrolier SAFER au large du Yémen, il a remercié M. Martin Griffiths pour ses efforts inlassables en tant qu’Envoyé spécial. 

Mme INGA RHONDA KING, Saint-Vincent-et-les Grenadines, a condamné la poursuite des affrontements en mai, qui a été l’un des mois les plus meurtriers du conflit cette année.  Elle a dénoncé les attaques contre les écoles, qui violent le droit international, et demandé aux parties d’élaborer un plan pour prévenir les graves violations contre les enfants.  Elle a plaidé pour un cessez-le-feu à l’échelle nationale et pour la reprise des pourparlers politiques, les civils continuant de payer le prix fort du conflit.  Qualifiant la situation humanitaire de critique, elle a demandé un redoublement des efforts humanitaires, avant de s’inquiéter de la situation des migrants et réfugiés dans le pays.  Les négociations politiques doivent être inclusives pour réussir, a dit la déléguée, en demandant qu’elles associent la pluralité des voix dans le pays.  Le processus devra être dirigé et contrôlé par les Yéménites.  Enfin, elle a plaidé pour une solution adéquate s’agissant du pétrolier SAFER, afin d’éviter une catastrophe.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a plaidé pour que cessent les attaques contre les civils au Yémen, et que les responsables soient traduits en justice.  Elle a aussi demandé que cessent les transferts d’armes vers le Yémen.  Pour faire face à la crise sanitaire de la COVID-19 qui affecte également le Yémen, elle a indiqué que le Mexique va débourser 50 000 dollars d’aide à ce pays et a invité les bailleurs de fonds à apporter leur appui.  La déléguée a ensuite appelé Ansar Allah et le Gouvernement yéménite à faciliter les activités humanitaires dans le pays, notant que la cessation de la violence et la liberté de circuler sont cruciales pour apporter l’assistance nécessaire aux populations dans le besoin.   

Sur le plan politique, Mme Buenrostro Massieu a souhaité que se poursuivent les pourparlers entre les diverses parties, tout en insistant pour l’engagement d’Ansar Allah dans ce processus piloté par l’ONU.  Elle a également plaidé pour la pleine participation des femmes dont le rôle fut marquant pour la récente libération de prisonniers.  Elle a en outre invité Ansar Allah à collaborer avec l’ONU pour faciliter l’inspection du pétrolier SAFER.  

M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé qu’il n’existe pas d’alternative à une solution négociée inclusive qui tienne compte des intérêts de tous les Yéménites sans exception.  La poursuite du conflit a prouvé que les options militaires consistant à « privilégier la logique de la force » n’ont fait qu’entraîner davantage de victimes, de destructions et de déplacements, compromettant les chances de paix, a-t-il constaté, jugeant inacceptable que cette situation perdure, surtout à la lumière de la détérioration de la situation humanitaire.  Dans ce contexte, il a appelé les parties au conflit à s’engager sur la voie d’un règlement politique, à déclarer un cessez-le-feu global et à placer l’intérêt suprême du Yémen et de son peuple « au-dessus de toute considération ».  Condamnant la poursuite des assauts contre Mareb, qui contribue à compliquer davantage la situation, le représentant s’est également élevé contre les attaques répétées sur le territoire de l’Arabie saoudite et la prise pour cible des civils.  Il a appelé les houthistes à mettre un terme à de tels actes.

Soulignant que le Yémen connaît « la plus grande crise humanitaire, sociale et économique au monde », le représentant a rappelé que cette situation est exacerbée par la poursuite des opérations militaires et la perturbation des opérations de secours, en plus des effets de la pandémie de COVID-19.  Il a donc réitéré son appel à faciliter l’accès sans entrave de l’aide humanitaire et médicale, à lever les restrictions sur les ports et les aéroports, et à fournir un financement approprié pour répondre aux besoins urgents du peuple yéménite.  Quant au pétrolier SAFER, qui menace de provoquer une catastrophe environnementale, économique et humanitaire sans précédent dans la région, il a une nouvelle fois souhaité que des experts internationaux puissent effectuer les inspections techniques et les réparations nécessaires dans les meilleurs délais.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a relevé qu’en l’espace d’un an, l’Envoyé spécial a négocié une proposition pour alléger les restrictions autour du port d’Hodeïda et l’aéroport de Sanaa, établir un cessez-le-feu et lancer des pourparlers inclusifs. Les Gouvernements saoudien et yéménite ont fait part de leur volonté à adhérer à cette proposition, mais les houthistes ont refusé de dialoguer et de discuter du cessez le feu, préférant poursuivre leur offensive dévastatrice contre Mareb.  Il a condamné les actes terribles provoqués par les houthistes qui continuent de bafouer les appels du Conseil de sécurité, déplorant notamment l’attaque du 6 juin contre une station essence qui a fait 21 morts, dont une fillette brûlée au point d’être méconnaissable.

Poursuivant, le représentant a appelé le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud à accorder la priorité aux intérêts du peuple yéménite qui, a-t-il souligné, a besoin d’un gouvernement uni capable de fournir les services et de mettre un terme à la crise.  Il a espéré que les négociations sur la mise en œuvre de l’Accord de Riyad porteront leurs fruits.  Notant que 66% de la population a besoin d’une aide, il souligné que la mise en place d’un cessez-le-feu durable et l’identification d’une solution politique inclusive représentent le seul moyen de mettre un terme à la crise humanitaire.  Il a appelé à assurer la libre circulation des articles humanitaires par les ports de la mer Rouge pour éviter toute détérioration des conditions de vie dans les zones contrôlées par le houthistes. 

S’agissant du pétrolier SAFER, M. DeLaurentis a déploré l’absence de progrès depuis la réunion consacrée à ce sujet par le Conseil de sécurité il y a un an.  Il a appelé les houthistes à garantir un accès sans entraves et sans conditions à l’équipe de l’ONU pour qu’elle puisse inspecter et effectuer des réparations dans plus tarder.  Toute catastrophe écologique incomberait aux houthistes et à eux seuls, a-t-il prévenu.  Le représentant s’est par ailleurs félicité du renouvèlement prochain du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).

Mme MONA JUUL (Norvège) a noté que selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 400 000 enfants yéménites de moins de cinq ans mourront probablement de faim en 2021.  « Une tragédie impensable ».  Les houthistes porteront une très lourde responsabilité s’ils continuent d’ignorer les parties prêtes à la paix et de rejeter un accord de cessez-le-feu à l’échelle nationale, a déclaré Mme Juul en appelant toutes les parties à s’engager dans des pourparlers inconditionnels pour mettre fin aux souffrances du peuple yéménite.  Elle a plaidé pour la participation des femmes et les groupes de la société civile au processus de paix, étant donné qu’ils ont une expérience considérable dans la négociation de trêves locales, la réouverture de routes et la libération de prisonniers.  « Nous devons donner aux personnes les plus touchées par le conflit les moyens d’être au centre de l’élaboration de solutions », a plaidé la représentante, arguant que la participation ne devrait pas être limitée à ceux qui recourent à la violence.  Elle a rappelé qu’il existe d’autres groupes ayant une influence importante au Yémen, notamment les partis politiques, les tribus et les autorités locales.  De même, les négociations devront également s’attaquer aux causes profondes du conflit.

Concernant le pétrolier SAFER et les demandes croissantes des houthistes, elle a noté qu’il est manifestement irréaliste de réparer le navire et de le rendre à nouveau opérationnel en raison de son état de vétusté.  Même si l’ONU devait réparer le navire, il faudrait d’abord l’inspecter pour évaluer les besoins, a-t-elle expliqué.  Elle a invité les membres du Conseil de sécurité à appeler les dirigeants houthistes à agir de manière responsable et à parvenir à un accord.  En outre, la Norvège s’est inquiétée de la situation humanitaire qui continue de se détériorer dans le contexte de la COVID-19, avant de demander une analyse détaillée sur le Yémen dans le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a constaté que les combats en cours dans plusieurs régions du Yémen, notamment à Mareb, sapent les perspectives de paix.  Malgré d’intenses efforts diplomatiques régionaux et internationaux, y compris de la part de l’ONU, une percée pour mettre fin aux hostilités n’est malheureusement pas encore à l’ordre du jour, a-t-il indiqué, avant d’appeler toutes les parties au conflit à prendre des mesures concrètes vers la désescalade.  Affirmant qu’il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit, il a averti que « la prolongation des hostilités ne profitera à personne, à l’exception des groupes terroristes comme Al-Qaida, qui exploiteront la situation à leur profit, aggravant ainsi encore la situation humanitaire et sécuritaire ».

Le délégué s’est ensuite déclaré préoccupé par la reprise des attaques menées depuis le Yémen contre des navires commerciaux naviguant en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, condamnant également les attaques transfrontalières contre des infrastructures civiles et énergétiques critiques en Arabie saoudite.  Selon lui, une application stricte de l’embargo sur les armes prévu dans la résolution 2216 (2015) et une surveillance efficace sont nécessaires pour éliminer de telles menaces à l’avenir.

S’agissant de la crise humanitaire, M. Raguttahalli a soutenu qu’aucune amélioration ne pourra être enregistrée sans mettre fin au conflit, ce qui passe par un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Saluant les récentes autorisations délivrées par le Gouvernement yéménite pour ravitailler les navires entrant dans le port d’Hodeïda, il a jugé qu’une solution durable à ce problème, qui traite aussi de la gestion appropriée des revenus liés au pétrole, est une « exigence urgente ».  Il a d’autre part estimé qu’un financement plus soutenu des donateurs est nécessaire pour permettre la poursuite des opérations humanitaires.  Enfin, après avoir exhorté Ansar Allah à fournir un accès rapide à l’ONU pour inspecter le pétrolier SAFER et effectuer les réparations essentielles sans plus tarder, il a souligné que les pays de la région ont un rôle majeur à jouer pour inciter les parties yéménites à cesser les combats et à poursuivre les initiatives de paix et de réconciliation.  « Ce Conseil devrait envoyer un signal fort et clair sur la nécessité de mettre fin à la violence et d’entamer des négociations politiques », a-t-il conclu.

« Si la main tendue de la coalition, ainsi que la forte mobilisation diplomatique au plan régional et international, constituent un réel motif de continuer à croire à une revitalisation des pourparlers de paix, les récentes attaques, au moyen de missiles balistiques et de drones piégés, ayant pris pour cible une station d’essence à Mareb sont, quant à elles, très regrettables », a déclaré M. ABDOU ABARRY (Niger).  Il a appelé les houthistes à mettre fin à leur offensive sur Mareb, à donner suite aux propositions de cessez-le-feu de la Coalition, ainsi qu’aux propositions de l’Envoyé Spécial.  La situation humanitaire continue de se dégrader en atteignant, aujourd’hui, des proportions insoutenables pour les populations, en raison de la pandémie de la COVID-19, le déficit de financement des programmes d’assistance, la poursuite des combats dans le pays, ainsi que l’insécurité alimentaire, s’est-il inquiété.

M. Abarry a jugé cruciale la levée des obstructions liées à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays, notamment à travers le port d’Hodeïda et l’aéroport de Sanaa.  Enfin, s’agissant de la situation du pétrolier SAFER, le délégué a regretté que les équipes de l’ONU n’aient toujours pas obtenu les garanties de sécurité nécessaires pour l’accès au pétrolier.  Il a appelé les houthistes à faire preuve de responsabilité et à honorer leurs engagements, en délivrant toutes les autorisations ainsi que les garanties nécessaires permettant à l’équipe des Nations-Unies d’accéder au SAFER et d’entamer, en toute sécurité, l’inspection du pétrolier. 

M. SHUANG GENG (Chine) a demandé la cessation des hostilités, y compris les attaques comme celles de ces derniers jours à Mareb.  Selon la Chine, la situation sur le terrain montre clairement qu’aucune partie ne peut vraiment l’emporter.  Il serait donc de bon aloi qu’elles discutent et que la communauté internationale joue de son influence pour les y encourager.  Insistant sur la protection des civils, M. Geng a salué les efforts de l’Envoyé spécial en faveur des pourparlers de paix.  La Chine s’est félicitée à cet égard de la volonté politique affichée par le Gouvernement yéménite et a notamment salué son approbation de l’accès au port d’Hodeïda de navires, dont des pétroliers.  Au sujet du pétrolier SAFER, le représentant a demandé aux houthistes de permettre enfin aux experts onusiens d’inspecter le navire afin d’éviter une catastrophe écologique.  La Chine a terminé en saluant le travail des deux hauts fonctionnaires onusiens ayant fait des exposés à cette séance et qui quittent leur fonction. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a demandé la pleine mise en œuvre des conclusions du groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés, notant que les enfants yéménites subissent depuis des années les six violations graves définies par le Conseil.  Elle a condamné les recrutements et utilisations massifs d’enfants par les houthistes à Mareb et a demandé à ces derniers d’y mettre fin.  La représentante a également demandé aux houthistes de donner à l’ONU immédiatement et sans préconditions l’accès au pétrolier SAFER, qui, a-t-elle alerté, représente un risque écologique, économique et humanitaire majeur pour le pays et l’ensemble de la région. 

Nous demandons aux houthistes de choisir la voie de la négociation, a poursuivi Mme Broadhurst, sans quoi ce Conseil devra envisager les mesures qui s’imposent.  Elle les a notamment appelés à poursuivre leurs échanges avec Oman et s’engager dans un dialogue constructif avec l’Envoyé spécial en vue d’un accord sur la conclusion et le respect dans la durée d’un cessez-le-feu à l’échelle du pays. 

Mme Broadhurst a ensuite appelé à tout faire pour alléger les souffrances de la population yéménite, notamment des plus de quatre millions de personnes déplacées, ainsi que pour accélérer la campagne de vaccination contre la COVID-19 et permettre un accès équitable à ce vaccin.  Dans ce contexte, il est plus que jamais indispensable de garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes dans le besoin, particulièrement dans les zones contrôlées par les houthistes. 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déploré la poursuite des hostilités, en dépit de tous les efforts régionaux et internationaux en vue de parvenir à un cessez-le-feu.  Il a exhorté les parties à mettre fin aux hostilités, y compris l’attaque des houthistes contre Mareb et les attaques transfrontalières contre l’Arabie saoudite.  Les parties doivent faire montre de volonté en vue de conclure un cessez-le-feu et de parvenir à un processus politique inclusif, a-t-il dit, en réclamant une participation des femmes aux efforts de paix.  Le délégué a exhorté les parties à se conformer à leurs obligations en vertu du droit international.  Il a également appelé le Gouvernement yéménite et les houthistes à permettre au groupe d’experts de se rendre au Yémen.  Enfin, le délégué a réclamé un accès humanitaire sans entrave et souligné la nécessité de parvenir à un accord de long terme s’agissant des importations commerciales depuis Hodeïda.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a souligné que le Gouvernement yéménite réitère son plein soutien à l’initiative actuelle pour mettre fin au conflit et aux efforts déployés par les Nations Unies à travers son Envoyé spécial pour le Yémen, M. Martin Griffiths, ainsi que ceux de l’Administration américaine, de l’Arabie saoudite ou encore d’Oman.  Alors que le Gouvernement yéménite a exprimé son implication positive face aux propositions et à tous ces efforts diplomatiques et politiques, faisant preuve de flexibilité et démontrant sa volonté de parvenir à une paix globale et à une réconciliation nationale qui n’exclut personne, les milices houthistes en revanche sont opposées à ces attitudes positives.   

Pour le représentant, les attaques brutales contre Mareb, visant notamment des civils et leurs biens, reflètent les tendances terroristes et criminelles du comportement et des positions de ces milices, et leur dépendance envers le régime iranien qui, a-t-il affirmé, entend déclencher le chaos et les guerres et provoquer des crises.  Même si le Gouvernement yéménite tient la milice des houthistes entièrement responsable d’avoir entravé les efforts de paix, il continuera à tendre la main pour la paix, car il estime que le grand peuple yéménite mérite de vivre dans la sécurité, la paix et la prospérité. 

M. Al-Saadi a ensuite montré au Conseil de sécurité la photo d’une fillette de 5 ans, victime d’un tir de missiles balistiques lancé par les houthistes contre une station de carburant à Mareb, alors que des dizaines de voitures faisaient la queue pour s’approvisionner en essence.  « Je ne vous montrerai pas la photo de son corps calciné », a-t-il dit.  Il a expliqué que cette attaque fut suivie d’autres à Mareb contre des quartiers, des biens civils et des camps de réfugiés, dans le but de provoquer le plus grand nombre de victimes parmi les civils et contrecarrer tous les efforts et tentatives de mettre fin à cette guerre.  Il a aussi rappelé les attaques contre Hodeïda ou Taëz qui est sous le siège des houthistes depuis six ans déjà. 

Le représentant a affirmé qu’à Hodeïda, ville dont le port reçoit environ 80% de l’aide humanitaire, la situation humanitaire y est pire qu’avant l’Accord de Stockholm, et que les conditions sécuritaires et militaires s’y sont dramatiquement détériorées.  Il a appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien généreux pour faire face aux défis humanitaires et économiques au Yémen, en appuyant les plans et programmes gouvernementaux visant à fournir des services de base aux citoyens et mettre en œuvre des projets de développement.  M. Al-Saadi a insisté sur la nécessité d’établir un mécanisme de décaissement des fonds des donateurs par l’intermédiaire de la Banque centrale du Yémen, ce qui contribuera à stabiliser la valeur de la monnaie nationale et à soutenir l’économie nationale. 

Le représentant a en outre affirmé que les houthistes continuent de recruter des milliers d’enfants dans leurs zones de contrôle et de les expulser de force des maisons et des écoles vers des « camps de la mort » sur divers fronts, les nourrissant d’une « culture de haine et de terrorisme ».  Il a appelé la communauté internationale à sortir de son silence et à agir pour mettre fin à cette violation flagrante et sans précédent de toutes les lois et chartes internationales relatives au droit de l’enfance.  Il a également expliqué au Conseil de sécurité que les houthistes utilisent le dossier du pétrolier SAFER comme objet de marchandage et chantage.  Le rôle et la responsabilité du Conseil de sécurité sont importants et nécessaires pour empêcher la catastrophe imminente qui détruirait les écosystèmes de la mer Rouge, frapperait le secteur de la pêche dans la région, polluerait les puits d’eau et affecterait la navigation internationale et l’économie mondiale, a-t-il averti.  Il a donc invité le Conseil à exercer une nouvelle fois une pression maximale sur les houthistes pour éviter cette catastrophe.  Pour terminer, le délégué a invité les houthistes à s’asseoir à la table du dialogue afin de faire avancer les intérêts du peuple yéménite et de mettre fin à ce conflit.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Coup d’envoi de la session de fond 2021 du Comité spécial de la décolonisation avec les questions des Tokélaou, de Gibraltar et du Sahara occidental 

Session de 2021,
2e & 3e séances - matin & après-midi
AG/COL/3344

Coup d’envoi de la session de fond 2021 du Comité spécial de la décolonisation avec les questions des Tokélaou, de Gibraltar et du Sahara occidental 

Aujourd’hui, le Comité spécial de la décolonisation a donné le coup d’envoi de sa session de fond 2021, celle de 2020 n’ayant pas eu lieu en raison des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19.  L’année dernière, le Comité a mené ses travaux par des échanges de lettres et s’est prononcé sur les projets de textes, selon la procédure d’approbation tacite.

Réunis en personne, aujourd’hui, les membres du Comité spécial ont adopté, sans vote, leur programme de travail provisoire révisé, ainsi que trois projets de résolution, qui ne sont que des mises à jour techniques: Diffusion d’informations sur la décolonisation; Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, et Question de l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires . 

Ont participé aux débats, les représentants des gouvernements de Gibraltar et des Tokélaou, de l’Espagne et de la Nouvelle-Zélande, mais également des pétitionnaires, dont le représentant du Front POLISARIO, et des membres du Comité spécial sur la question du Sahara occidental. 

Les défenseurs du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ont continué de s’opposer aux tenants de la « marocanité du Sahara » et de l’initiative d’autonomie élargie que le Maroc a proposée pour ses « provinces du sud », y voyant une alternative crédible et réaliste pour venir à bout du différend.  À l’instar du Burkina Faso, beaucoup d’intervenants ont placé ce différend dans le contexte plus large de la stabilité et de la sécurité de toute la région du Sahel.  

À ce jour, 20 représentations consulaires, la plupart africaines, ont été ouvertes à Dakhla et à Laayoune.  Le Front POLISARIO a pourtant souligné « l’échec » du Maroc qui, profitant de ce que les  États-Unis aient reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental, a fait pression sur les autres pays.  Le Maroc a répondu par des arguments circonstanciés pour prouver que ce différend ne correspond à aucun des critères fixés pour les situations coloniales, qu’ils soient géographiques, démographiques, religieux ou culturels.  

Dès lors, a martelé le Maroc, rien ne justifie le maintien de la question du Sahara à l’ordre du jour du Comité spécial et de l’Assemblée générale; le Conseil de sécurité étant le seul habilité à s’en saisir.  En attendant, les intervenants, dont le Maroc lui-même, ont multiplié les appels à la nomination d’un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général pour donner un nouvel élan au processus politique, sous les auspices des Nations Unies, et poursuivre le processus des tables rondes de Genève, salué par toutes les délégations en ce qu’il réunit le Maroc, la Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie. 

Le Maroc a prévenu que la solution « politique, réaliste, pragmatique, durable et de compromis », demandée par le Conseil de sécurité ne pourra être conçue que dans la cadre de sa souveraineté, de son intégrité territoriale et de son unité nationale, et ce, sur la base de son initiative d’autonomie.  En sa qualité de « pays voisin observateur qui place les principes d’autodétermination et de liberté au cœur de sa politique étrangère », l’Algérie a promis de continuer à remplir, en toute transparence, ses devoirs envers la population réfugiée de Tindouf et le peuple du Sahara occidental.  

Le Comité spécial, qui a élu M. Bassam Sabbagh de la Syrie au poste de rapporteur, reprendra ses travaux demain mardi 15 juin à partir de 10 heures. 

DIFFUSION D’INFORMATIONS SUR LA DÉCOLONISATION

Mme Nanette BRAUN, Chef des campagnes de communication de la Division de la communication stratégique du Département de la communication globale (DCG), a assuré que son Département fait de son mieux pour appuyer le travail du Comité spécial.  Présentant le dernier rapport du Secrétaire général sur la diffusion d’informations sur la décolonisation, elle a indiqué que le DCG a publié 22 communiqués de presse sur les réunions du Comité spécial diffusées en direct sur WebTV.  Le DGC compte également détacher un attaché de presse pour couvrir le Séminaire régional au mois d’août.  Entretemps, le site de l’ONU sur la décolonisation a été visionné plus de 100 000 fois pendant la période sous considération et une Semaine de solidarité avec les peuples des territoires non autonomes a été organisée.  Mme Braun a également passé en revue le travail des centres d’informations des Nations Unies sur les questions de décolonisation.

Mme JOSIANE AMBIEHL, Chef du Groupe de la décolonisation du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a présenté une mise à jour du travail de son équipe pour la période allant d’avril 2020 à mars 2021.  Le Groupe a préparé les documents de travail sur les territoires non autonomes, en coopération avec les puissances administrantes.  Elle a aussi actualisé le site Web sur la décolonisation, en y intégrant tous les rapports du Secrétaire général, y compris sur Porto Rico, et des informations sur les modifications des méthodes de travail du Comité spécial, pendant la pandémie de COVID-19.  Le Groupe a produit une vidéo sur l’historique de l’ensemble des territoires en anglais intitulée « ONU et la décolonisation, d’hier à aujourd’hui ».  Cinq vidéos dans les autres langues officielles sont en train d’être diffusées, en prévision de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030).

RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX TERRITOIRES NON AUTONOMES COMMUNIQUÉS EN APPLICATION DE L’ALINEA E DE L’ARTICLE 73 DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a appelé les puissances administrantes à respecter l’Article 73 e de la Charte car c’est « indispensable » pour permettre au Comité spécial d’examiner de manière informée la situation des 17 territoires non-autonomes.  Il a regretté que certaines puissances administrantes ne respectent pas leurs obligations, ce qui pourrait compromettre la pleine mise en œuvre de la quatrième Décennie internationale d’élimination du colonialisme.

La décolonisation, a souligné M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), est une des questions centrales des travaux de l’ONU qui concerne le bien-être des habitants des territoires non autonomes.  Nous devons, a-t-il estimé, nous concentrer sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans les 17 territoires non autonomes.  Plus que jamais, nous devons faire montre de volonté politique pour favoriser le dialogue, a conclu le représentant, en encourageant le Comité spécial à améliorer sa communication et à trouver les voies et moyens d’avancer, selon l’approche au cas par cas.

Le mandat du Comité spécial est de promouvoir les droits inaliénables de « tous » les peuples des territoires non autonomes, a souligné, à son tour, M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), en insistant sur les droits à la souveraineté et à l’intégrité territoriale.  Nous devons tenir compte des attentes de ces territoires et faire en sorte que les puissances administrantes prêtent la meilleure attention à leur situation économique et sociales.  Le représentant a fait observer que cinq des territoires non autonomes se trouvent dans la région du Pacifique dont deux viennent d’organiser des referenda, à savoir les Tokélaou, appuyés par la Nouvelle-Zélande, et la Nouvelle-Calédonie.  Nous comptons sur la bonne tenue du troisième referendum attendu à la fin de l’année en Nouvelle-Calédonie, a conclu le représentant.  

QUESTIONS DE GIBRALTAR, DES TOKÉLAOU ET DU SAHARA OCCIDENTAL

Au nom du Ministre en chef de Gibraltar, M. DAVID GUERRERO LISTON a rappelé que le peuple de Gibraltar est une communauté d’à peine 30 000 personnes sur un territoire de deux fois la taille de Central Park.  C’est une combinaison d’identités et de nationalités différentes, façonnée au fil du temps.  C’est, a insisté le représentant, « un peuple unique et indivisible à part entière ».  Gibraltar a été capturé en 1704 et cédé par traité à perpétuité, à savoir « pour toujours » en 1713.  À partir de ce moment-là, une nouvelle population s’y est installée, forgeant l’identité gibraltarienne pendant plus de 300 ans.  Nous sommes un pays d’immigrants, transformé par le mouvement des personnes venues d’ailleurs.  Nous sommes un peuple séparé et distinct –ethniquement et culturellement– de la Puissance administrante.  Nous sommes un peuple qui réclame son droit à l’autodétermination.  

Nous ne sommes plus, a poursuivi M. Liston, ni en 1704 ni en 1713.  Nous sommes en 2021 et ce qui compte, c’est le souhait des peuples de décider de leur propre destin.  Nous ne pouvons redessiner les frontières, en nous basant sur ce qu’était l’Europe, il y a 300 ans.  Ce qui a été fait est fait! et il faut envisager un avenir où le dialogue et la coopération remplacent le conflit et la confrontation.

Faisant état d’une collaboration étroite avec l’Espagne pendant la pandémie de COVID-19, le représentant a rappelé que le 31 janvier 2020, Gibraltar a quitté l’Union européenne avec le Royaume-Uni pour entrer dans une période de transition qui s’est terminée le 31 décembre 2020.  Ces mois ont été mis à profit pour convenir du texte d’un accord-cadre sur un traité relatif aux relations futures de Gibraltar et l’Union européenne, couvrant le tabac, l’environnement, la coopération policière et douanière et les droits des citoyens.  En outre, une convention fiscale, négociée par Gibraltar, a été conclue entre l’Espagne et le Royaume-Uni, en tant qu’État responsable des relations extérieures de Gibraltar. 

La Convention prévoit l’échange d’informations et le règlement des différends relatifs à la résidence fiscale maintenant que Gibraltar ne fait plus partie de l’Union européenne.  Ces symboles de coopération ont contribué à réduire la méfiance « compréhensible » qui s’était installée depuis des décennies entre Gibraltar et l’Espagne.  Le Gouvernement de Gibraltar espère d’ailleurs vivement qu’un nouveau traité sera conclu.  Aujourd’hui, Gibraltar apporte une contribution économique positive à l’Espagne, a estimé M. Liston, faisant état des 15 000 Espagnols qui vivent sur son territoire.  

Les intérêts des citoyens et des entreprises des deux côtés de la frontière bénéficieraient donc énormément de la sécurité offerte par un nouveau traité.  Ils bénéficieraient également d’une frontière fluide et d’une zone de prospérité encore plus grande.  Au nom du Gouvernement de Gibraltar, M. Liston a invité les membres du Comité spécial à se rendre à Gibraltar pour en savoir plus sur cette nouvelle situation.  « Parlez avec les gens dont la protection est le devoir sacré de votre Comité.  Découvrez nos aspirations légitimes à déterminer notre propre avenir », a-t-il dit.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a regretté que la « situation coloniale anachronique » de Gibraltar n’ait pas encore trouvé de réponse.  Il a souligné que si le Traité d’Utrecht a cédé Gibraltar à la Couronne britannique en 1713, les eaux territoriales relèvent toujours de la souveraineté espagnole.  L’ONU, a-t-il dit, a dûment reconnu la spécificité du processus de décolonisation de Gibraltar, en soulignant que la situation coloniale porte atteinte à l’intégrité territoriale de l’Espagne.  Nous partageons pleinement « cette doctrine » et nous estimons, a insisté le représentant, que toute solution définitive implique la restitution du territoire, qu’il s’agisse de la partie couverte par le Traité d’Utrecht ou de celle occupée illégalement et sans aucun titre par le Royaume-Uni. 

Le représentant a confirmé que, dans le cadre des négociations visant à assurer une sortie aussi ordonnée que possible du Royaume-Uni de l’Union européenne, son pays a négocié avec les autorités britanniques un accord international relatif à Gibraltar sur la fiscalité et quatre protocoles d’accord sur les droits des citoyens, la police et la coopération douanière, l’environnement et le tabac et autres produits afin d’atténuer certains des effets les plus négatifs du Brexit. 

L’Accord international relatif à la fiscalité et à la protection des intérêts financiers entre le Royaume d’Espagne et le Royaume-Uni, conclu ad referendum à Madrid et à Londres le 4 mars 2019, et le Mémorandum d’accord sur les droits des citoyens, signé le 29 novembre 2018, sont en vigueur.  De même, le 31 décembre 2020, l’Espagne et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord qui devrait servir de base à un futur accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni concernant Gibraltar.  Le but ultime est la création d’une zone de prospérité partagée. 

Mais, a prévenu le représentant, rien dans ces documents n’implique une modification de la position juridique de l’Espagne en ce qui concerne sa souveraineté et sa juridiction sur Gibraltar.  Il n’y a pas d’autre solution au différend qu’un processus de décolonisation négocié, selon les termes établis par les Nations Unies.  Le représentant a donc souligné une fois de plus l’importance qu’il attache aux travaux du Comité spécial et à la nécessité de respecter la procédure établie par cette Organisation en matière de décolonisation.  Il a espéré le début des négociations avec le Royaume-Uni, comme le demande l’ONU dans ses résolutions successives depuis près de 50 ans. 

Au nom des « Anciens et du peuple des Toukélaou », M. CRAIG JOHN HAWKE s’est réjoui que les restrictions au mouvement imposées à cause de la pandémie de COVID-19 ont fait que l’atoll a échappé à cette pandémie.  En avril 2020, des mesures ont été prises pour assurer le ravitaillement de l’île et le rapatriement des étudiants, des patients et des familles des Tokélaou vivant en Nouvelle-Zélande.  Face à la pandémie, la Nouvelle-Zélande a mis en place des infrastructures de santé, d’éducation, de logements et de transport.  Avec les Tokélaou, le Gouvernement néo-zélandais a renforcé la gestion du transport intermodal, construit une piste d’atterrissage et placé des câbles sous-marins afin d’améliorer la connectivité et la communication.   

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a indiqué que le plan de vaccination contre la COVID-19 démarrera dès le mois prochain même si la fermeture de la frontière a permis de tenir la pandémie à distance.  Il a indiqué que son pays a versé une somme de 4,6 millions de dollars pour améliorer les services de santé aux Tokélaou et pour les quatre prochaines années, le Gouvernement a élaboré une stratégie numérique destinée en particulier aux jeunes et à promouvoir l’éducation à distance.  Ce projet visera aussi à renforcer la gouvernance et à améliorer la connectivité, les secteurs de la pêche et des ressources halieutiques.  

Audition de pétitionnaires sur le Sahara occidental

Mme GHALLA BAHIYA, Vice-Présidente du Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab, a dit avoir été élue à ce poste lors des récentes élections menées sous l’égide du Royaume du Maroc.  Elle a attiré l’attention sur la détermination du Royaume de développer les infrastructures dans le Sahara marocain.  Quelque 22 pays, s’est-elle enorgueillie, ont ouvert des consulats chez nous.  Elle a aussi salué la décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara marocain.  Cette reconnaissance facilitera la mise en œuvre du statut d’autonomie, a-t-elle estimé.

M. MHMED ABBA, Membre du Conseil régional Laayoune-Sakia El Hamra, s’est félicité de la tenue de plusieurs élections qui ont été suivies de près par les observateurs internationaux.  Nous gérons le développement local, conformément aux projets décidés par le Roi du Maroc, a-t-il déclaré, se réjouissant que le Sahara marocain soit de plus en plus ouvert au monde.  Les organes élus jouent un rôle central dans la gestion quotidienne, pour stimuler la croissance économique et créer des emplois. 

Le Front POLISARIO est le « représentant légitime » du Sahara occidental, a martelé, son représentant, M. SIDI MOHAMED OMAR, en invoquant les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a dénoncé une évolution « inquiétante » de la situation qui voit le Royaume du Maroc déployer des forces dans la zone tampon, en violation de l’accord de cessez-le-feu et des résolutions pertinentes.  Face à cette « agression » qui se poursuit dans l’impunité, la population n’a d’autre choix que d’exercer son droit à la légitime défense, a expliqué le représentant qui a attiré l’attention sur l’absence de progrès depuis la création de la Mission des nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), il y a 30 ans.  

Nous ne voyons ni cessez-le-feu concret, ni référendum, s’est impatienté le représentant, imputant cette situation au refus de « l’État occupant » de respecter le droit à l’autodétermination.  Il a accusé la communauté internationale de fermer les yeux sur les violations « odieuses » des droits de l’homme au Sahara occidental, voyant le territoire comme « une marchandise qui se vend à Wall Street ».  À « l’État occupant », le représentant a dit: « nous ne renoncerons jamais à nos droits que nous défendrons par tous les moyens légitimes ». 

M. AHMED MOHAMED FALL, de la Fédération de militants des droits de l’homme au Sahara occidental, a dénoncé les crimes « odieux » perpétrés par le Maroc contre la population sahraouie qui continue d’attendre un référendum qui mettrait fin à la colonisation.  Il a dénoncé l’annexion récente d’autres territoires par le Maroc, « ce qui a relancé la guerre ».  Le dialogue, a-t-il dit, est une condition sine qua non à l’instauration de la paix.  Pour mettre fin à lutte de quatre décennies contre les pratiques violentes du Maroc, le pétitionnaire a appelé à fixer, au plus vite, une date pour la tenue d’un référendum.  

S’opposant à l’occupation de son territoire par le Maroc, M. MOHAMAD HICHAM RADOUI, a demandé à la communauté internationale et, en particulier les États-Unis qui sous l’Administration Trump, ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara, à assurer la protection des civils sahraouis contre la « Puissance occupante » et à garantir le droit à l’autodétermination.  Il a parlé des militants et des activistes sahraouis qui « croupissent » dans les prisons marocaines.

Mme TOURIA HMYENE a dénoncé la « situation désastreuse » dans les camps de Tindouf où elle et ses pairs sont détenus par le Front POLISARIO, privés de toute protection internationale.  Cela permet au Front POLISARIO de perpétrer des violations des droits de l’homme « en toute impunité depuis près de 40 ans ».  Dans ces camps, les femmes sont victimes de toutes sortes d’abus et de violences dont l’esclavage, la servitude, le mariage forcé, a affirmé la pétitionnaire qui a contesté « l’autorité » du Front POLISARIO et dénoncé le silence de la communauté internationale. 

M. KHALID BEN DRISS a dénoncé l’absence de recensement des populations dans les camps de Tindouf depuis 40 ans.  Le Front POLISARIO et la Puissante occupante refusent systématiquement la demande du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les différentes résolutions qui appellent à ce recensement qui servirait pourtant à évaluer les besoins humanitaires.  La communauté internationale doit prendre acte de ce refus qui est une violation du droit humanitaire international.  Le Parlement européen l’a fait en 2015 dans une résolution, a souligné le pétitionnaire. 

M. MOHAMED ALI ARKOUKOU, du Bureau du Front POLISARIO aux États-Unis, a souligné l’échec du Comité spécial et de l’ONU incapables d’organiser le référendum d’autodétermination.  Alors que le cessez-le- feu est un fait du passé et que de nombreux combattants sahraouis sont morts, le siège militaire marocain continue tout comme le pillage des ressources naturelles.  Le Maroc a profité de la reconnaissance des États-Unis pour faire pression sur les autres pays mais il a échoué, s’est réjoui le pétitionnaire qui a demandé que l’on dénonce cette démarche « comme l’a fait l’ancien Secrétaire général, M. Ban Ki-moon ».  Le pétitionnaire a demandé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution pour que « nous puissions vivre en République démocratique arabe sahraouie ».  

M. AGRON POLI a rappelé que le Sahara occidental est inscrit sur la liste des territoires non autonomes depuis 1963.  Il a dénoncé l’occupation et l’annexion illégales marocaines, comme l’ont dénoncé aussi le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il a affirmé que le Sahara occidental fait l’objet d’un « projet d’ingénierie démographique » pour y implanter des colons marocains, « ce qui devrait être considéré comme un crime contre l’humanité ».  Le Sahara occidental, a-t-il dit, est le seul territoire non autonome « occupé militairement », sans puissance administrante reconnue.  Le pétitionnaire exige de l’ONU et du Comité spécial des Vingt-Quatre d’assumer leur responsabilité, s’indignant du silence « complice » des puissances occidentales devant les agissements illégaux du Maroc.   

M. CHRIS SASSI a affirmé que le peuple sahraoui ne veut que la paix et son indépendance, pendant que le Maroc est figé dans son « aveuglement colonial », ne voulant rien entendre du droit à l’autodétermination et encore moins d’indépendance.  C’est le Maroc, a poursuivi le pétitionnaire, qui a empêché l’organisation du référendum d’autodétermination, un droit que le Front POLISARIO continue de réclamer face à une politique de peuplement de plus en plus agressive.  Les Sahraouis, a-t-il prévenu, sont frustrés par l’impasse diplomatique, après 45 ans d’attente et ils s’indignent des politiques démographiques pour implanter des Marocains.  Face au « geôlier chérifien », leur seule option semble être la résistance armée, a soutenu le pétitionnaire affirmant que les Sahraouis se sentent chaque jour oubliés un peu plus par la communauté internationale.  

Mme ROMINA PERINO a aussi dénoncé le fait que le référendum d’autodétermination n’ait pas encore été organisé.  Pour avoir vécu avec eux dans les camps, je peux, a-t-elle dit, témoigner de la détermination et de la résistance des Sahraouis mais aussi de la société qu’ils ont créée, « l’une des plus éduquée en Afrique, des plus tolérantes et où les femmes occupent la même place que les hommes ».  Elle a dénoncé la propagande du Maroc et exhorté les Nations Unies et le Comité spécial à ne pas rester « les bras croisés » alors que le peuple sahraoui n’a toujours pas pu exercer son droit à l’autodétermination.

M. MOHAMMED ELISSAOUI a déclaré que les enfants des camps de Tindouf sont obligés de participer à des activités militaires, en violation des principes humanitaires des droits de l’homme.  « Les mercenaires » du Front POLISARIO exploitent leur innocence et les séparent de leur famille, avant de les envoyer à l’étranger.  Les camps de Tindouf sont « une plaque tournante » du trafic d’armes vers le Sahel et du soutien aux groupes terroristes.  

Débat général

M. BRAHIMA TOURE (Côte d’Ivoire) a salué les avancées notables enregistrées par M. Horse Kholer, ancien Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, dont les bons offices ont permis notamment, la tenue de deux tables rondes, en décembre 2018 et mars 2019 en Suisse, avec la participation de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et du « POLISARIO ».  Mon pays reste « optimiste » quant à l’engagement exprimé lors des deux premières rencontres à participer à une troisième, dans le même format, en vue d’approfondir le débat sur les éléments de convergence.  Dans cette perspective, la nomination d’un envoyé personnel du Secrétaire général est vivement souhaitée afin de poursuivre et consolider la dynamique positive enclenchée par son prédécesseur.

Le représentant a espéré une solution politique qui devrait contribuer au renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe, à la stabilité et à la sécurité de la région du Sahel, sans compter les retombées socioéconomiques.  Dans ce contexte, il a salué les efforts du Maroc, notamment son initiative d’autonomie du Sahara occidental visant à parvenir à une solution politique négociée et mutuellement acceptable, basée sur le réalisme, telle que recommandée par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Cette initiative est conforme au droit international, aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a dit la Côte d’Ivoire qui a dit apprécier le nouveau modèle de développement du Sahara occidental lancé par le Maroc en 2015 et devant conduire à l’autonomisation politique, économique, sociale et culturelle.  Il a loué les efforts du Maroc visant à promouvoir les droits de l’homme dans la région, ainsi que ses actions en faveur d’un large accès des populations locales au vaccin contre la COVID-19.

Mme LEYLA VÁSQUEZ (Chili) a dit que la situation au Sahara occidental doit être résolue de manière pacifique et juste.  Saluant les efforts déployés par toutes les parties pour trouver une issue à la situation, la représentante a voulu que les avancées réalisées par le Maroc ne soient pas non plus ignorées.

M. PEDRO LUIS PEDROSO Cuesta (Cuba) a réitéré l’importance de parvenir à une solution pacifique et durable qui devrait aboutir à l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination.  Il a demandé aux parties de travailler avec le HCR et encouragé le Secrétaire général à nommer rapidement son envoyé personnel.  Depuis 1976, a conclu le représentant, Cuba forme des jeunes Sahraouis dont plus 2 000 ont obtenu des diplômes dans les universités cubaines.  Soixante-seize étudiants sahraouis y poursuivent actuellement leurs études. 

M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a insisté d’emblée sur l’impératif de l’accès aux vaccins pour tous, y compris pour les populations des territoires non autonomes.  Cette responsabilité incombe aux puissances administrantes, a-t-elle rappelé.  Quant à la question du Sahara occidental, elle a félicité le Maroc pour son programme de vaccination et les efforts déployés pour appuyer le processus politique en cours, sous la houlette du Secrétaire général de l’ONU, en vue de parvenir à une solution politique à ce différend.  Le représentant a demandé la nomination d’un nouvel envoyé personnel en vue de faciliter ce processus et a salué les dernières rencontres à Genève.  Ce processus politique, a-t-il souhaité, doit être un processus de compromis, au nom de la stabilité et de la sécurité de la région du Sahel.  

Mme LOREEN RUTH BANNIS-ROBERTS (Dominique) a aussi dit suivre de près le processus politique et a appelé à parvenir à une solution politique acceptable.  Elle a appuyé l’initiative d’autonomie élargie proposée par le Maroc et a demandé aux quatre parties concernées de rester engagées pour faire avancer le processus.  Elle a aussi plaidé pour le recensement de la population dans les camps de Tindouf. 

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie) s’est dit préoccupé par le fait que trop de territoires dans le monde attendent toujours leur décolonisation.  S’agissant de la question du Sahara occidental, il a précisé que la résolution 2494 (2019) du Conseil de sécurité appelle à une solution politique durable.  Dans ce contexte, il appuyé le processus des rencontres de Genève et souligné que la résolution 2548 (2020) demande au prochain envoyé personnel de continuer ce processus.  Il a appuyé l’initiative d’autonomie élargie du Maroc qui est « un bon compromis respectueux du droit international ».

M. FRED SARUFA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) s’est dit encouragé par le processus politique menée par l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour parvenir à une solution durable et répondre aux attentes de toutes les parties.  Il a, à son tour, appuyé le processus de Genève et a pris note des gestes de bonne volonté initiés par le Maroc en 2020.  Quant à la question des Tokélaou, il s’est dit satisfait de l’attitude de la Nouvelle-Zélande et a encouragé le Comité spécial à s’inspirer de la manière dont est gérée cette question. 

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a soutenu le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, jugeant urgent de parvenir à un règlement politique de cette « situation coloniale ».  Il a exhorté les parties à redoubler d’efforts dans leurs négociations.

Depuis notre retrait, aucun autre territoire n’a été retiré de la liste du Comité spécial, a fait observer M. EMANUEL DE JESUS DA COSTA TILMAN (Timor-Leste).  Il est impératif, a-t-il dit, d’accélérer le processus de décolonisation.  Il a encouragé le Comité spécial à faciliter le dialogue entre les puissances administrantes et les représentants des territoires et a insisté sur l’impératif de traiter les situations coloniales au cas par cas.  Pour ce qui est du Sahara occidental, le représentant a soutenu le droit à autodétermination du peuple sahraoui et a demandé au Secrétaire général de l’ONU de nommer au plus vite un envoyé personnel pour faciliter les négociations entre le Maroc et le Front POLISARIO.

M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur) a encouragé le dialogue entre les puissances administrantes et les peuples des 17 territoires non autonomes pour trouver des solutions de compromis.  Il a réitéré son soutien aux droits à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui.  Il a lancé un appel à l’application des instruments internationaux à la question du Sahara occidental et mener à bien l’exercice du droit à l’autodétermination.  Le représentant a insisté sur la relance des négociations entre les deux parties. 

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a rappelé que son gouvernement a reconnu la République arabe sahraouie démocratique dès 1976.  Elle a regretté que le peuple sahraoui n’ait toujours pas pu exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance.  La MINUSRSO, a-t-elle tranché, n’a pas rempli son mandat et il faut rejeter toutes les tentatives de sortir le Sahara occidental de la liste du Comité spécial.  Soulignant l’importance de reprendre le dialogue, la représentante a réclamé la désignation rapide d’un envoyé personnel et l’envoi d’une mission du Comité spécial sur le terrain pour obtenir des informations de première main. 

M. REDAE GIRMAY ABRAHA (Éthiopie) a appelé les parties au Sahara occidental à trouver une solution selon le principe « aux problèmes africains, solutions africaines ».  Il a aussi appelé le Comité spécial à ne pas perdre de vue les problèmes structurels et les inégalités hérités du colonialisme.  

M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a voulu qu’aucun effort ne soit épargné pour honorer les buts et principes de la Charte, le droit international et les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Le dialogue et les négociations doivent être vus comme la clef pour consolider le droit du peuple du Sahara occidental de décider de son avenir.

M. NERISSA WILLIAMS (Grenade) a encouragé, à son tour, les parties à trouver une solution juste basée sur le compromis, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  Il a aussi salué les deux rencontres de Genève et les importants efforts déployés par le Maroc pour faire avancer le processus.

M. OMAR HILALE (Maroc) a dit ne voir aucune raison qui justifierait le maintien de la question du Sahara marocain à l’ordre du jour du Comité et à celui de la Quatrième Commission.  Cette question, a-t-il estimé, devrait être exclusivement discutée au Conseil de sécurité.  Le Sahara, a répété le représentant, a toujours fait partie intégrante du Maroc.  Même l’appellation de soi-disant « Sahara occidental » ne lui a été donnée qu’après son occupation par l’Espagne.

Ainsi, après avoir obtenu son indépendance de la France, le Maroc a engagé des négociations avec l’Espagne qui ont abouti au recouvrement progressif des régions situées dans le sud du Royaume, conformément à l’Accord de Madrid, validé par l’Assemblée générale par sa résolution 3458B du 10 décembre 1975.  La « marocanité » du Sahara a été également confirmée par l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), du 16 octobre 1975, qui a établi l’existence de liens légaux et historiques d’allégeance entre les tribus du Sahara et les Rois du Maroc.  C’est cette allégeance du peuple marocain à la Monarchie, de Tanger à Lagouira, enracinée dans l’histoire millénaire du Royaume du Maroc, qui est le socle de la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de ses territoires, y compris son Sahara.

Depuis la signature de l’Accord de Madrid, le principe de l’autodétermination a définitivement cessé de s’appliquer au Sahara marocain.  Les paramètres édictés par les résolutions fondatrices de l’autodétermination ne sont nullement prédicables au Sahara marocain.  Le Sahara n’est pas géographiquement séparé du Maroc.  Il en est la continuité naturelle, a poursuivi le représentant, exhibant une carte.  Les composantes tribales et ethniques de la région du Sahara marocain sont les mêmes que celles du nord du Royaume.  La population du Sahara marocain a la même religion que le reste du Royaume: l’islam.  L’arabe et le dialecte hassani sont les langues maternelles et la culture hassanie est le patrimoine partagé entre les régions du Sahara et celles plus au nord du Royaume.

Le Sahara marocain n’est ni une prétendue question de décolonisation, ni un sujet d’autodétermination, et encore moins un soi-disant « territoire non autonome ».  Une simple comparaison avec les territoires inscrits sur l’agenda du C24 démontrera qu’il n’existe aucune similarité avec les situations des 16 « territoires non autonomes ». 

Le Maroc, a souligné le représentant, demeure engagé dans le processus politique sous les auspices exclusifs des Nations Unies, et la facilitation de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU.  Il réaffirme également, son attachement au processus de tables rondes, avec la participation de l’Algérie, de la Mauritanie et du « polisario ».  Le prochain envoyé personnel devra reprendre ce processus de tables rondes, là où il s’est arrêté avec M. Horst Köhler, avec les mêmes participants et selon les mêmes modalités.  

La solution « politique, réaliste, pragmatique, durable et de compromis », demandée par le Conseil de sécurité, a prévenu le représentant, ne pourra être conçue que dans le cadre de la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Royaume, et ce sur la base de l’initiative marocaine d’autonomie.  Le Conseil de Sécurité s’en félicite et la considère comme une solution sérieuse et crédible dans toutes ses résolutions depuis 2007, a rappelé le représentant, et un très grand nombre d’États Membres de l’ONU l’appuient. 

Une autre marque de reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara est la proclamation historique, le 10 décembre 2020, par les États-Unis, de la souveraineté pleine et entière du Royaume du Maroc sur son Sahara, ainsi que l’ouverture de 22 consulats généraux, de pays africains, arabes, des caraïbes et autres, dans les villes de Laayoune et Dakhla au Sahara marocain, a ajouté le représentant. 

Après le blocage par les milices armées séparatistes du « polisario » pendant plus de trois semaines, du passage routier de Guergarate, entre les frontières du Maroc et de la Mauritanie, le Maroc a entrepris, le 13 novembre 2020, une action de génie civil par laquelle il a rétabli, une fois pour toutes, la libre circulation des personnes et des biens dans ce passage.  Le représentant a réaffirmé à ces milices du « polisario », qui se comportent comme des brigands, qu’ils ne mettront plus jamais les pieds dans cette partie du Sahara marocain. 

La communauté internationale, a encore dit le représentant, s’inquiète du sort des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, où un blocus inhumain leur est imposé.  Le chef du groupe séparatiste « polisario », Brahim Ghali, est poursuivi en Espagne, ce qui démontre le vrai visage hideux de ce groupe armé séparatiste qui non seulement prive les populations des camps de Tindouf de leurs droits, mais les spolie également de l’assistance humanitaire.  Plus grave encore, le « polisario » a recours impunément à l’enrôlement militaire des enfants des camps de Tindouf et les envoie, de force, dans des centres d’instruction militaire.  Le représentant a appelé la communauté internationale à entreprendre les démarches nécessaires afin que le HCR puisse assurer l’enregistrement des populations des camps de Tindouf.  

M. LANG YABOU (Gambie) a salué les efforts déployés par le Maroc qui a élargi la campagne de vaccination aux populations du Sahara.  Nous sommes conscients des défis actuels, lesquels doivent être surmontés pour régler une fois pour toutes, ce problème régional, a dit le représentant qui a appelé à une solution politique de compromis.  Le règlement de ce différend régional, a-t-il ajouté, incombe à tous les pays de la région.  En toutes choses, a-t-il conclu, il faut respecter l’intégrité territoriale du Maroc dont le Sahara marocain fait partie.

Mme PETRONELLAR NYAGURA (Zimbabwe) a rappelé que le Sahara occidental, inscrit à la liste des territoires à décoloniser depuis 1963, est « le dernier vestige » du colonialisme sur le continent africain.  Elle a salué les efforts déployés par les Nations Unies pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, dont les dispositions appelant à la tenue d’un référendum d’autodétermination.  Alors que la période 2021-2030 a été déclarée quatrième Décennie internationale d’élimination du colonialisme, le Comité spécial, a estimé la représentante, doit assumer sa responsabilité de protéger les droits des Sahraouis.  Elle a appuyé l’idée d’une mission sur le terrain pour obtenir des informations de première main.  

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est félicité du processus des tables rondes à Genève et a estimé que le nouvel envoyé personnel doit poursuivre ces efforts, pour une solution réaliste, politiquement durable et de compromis.  Il a salué l’initiative d’autonomie élargie du Maroc ainsi que les nouveaux plans de développement pour le Sahara occidental et les mesures contre la pandémie.  Soulignant que ce qui doit prévaloir, ce sont la coexistence pacifique et le respect des droits de l’homme, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies, le représentant a exhorté les parties à trouver un accord pour mettre fin à ce différend prolongé.  Un tel accord contribuerait à la paix et à la stabilité de toute la région, a-t-il dit, à son tour.

M. MELUSI MARTIN MASUKU (Eswatini) a réitéré l’appel du Conseil de sécurité aux deux parties pour qu’ils parviennent à un résultat concret. Il salué les efforts de l’ancien Envoyé personnel qui ont porté des fruits et a souhaité que son successeur accorde tire parti de tout le travail abattu.  Il a soutenu l’initiative d’autonomie élargie du Maroc, une solution saluée par le Conseil de sécurité dès 2007.  Une solution politique, a souligné le représentant, contribuerait à la stabilité et la sécurité de “toute” la région du Sahel. 

M. INÁCIO VIRGÍLIO CHICO DOMINGOS  (Mozambique) a soutenu les efforts pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et regretté que la MINUSRSO n’ait pas pu exécuter cet aspect de son mandat.  Le représentant a encouragé le Comité spécial à assumer ses responsabilités et demandé au Sahara occidental et au Maroc de continuer de chercher une solution juste et durable.  Il a rappelé aux deux parties la nécessité de tenir compte du rôle de l’Union africaine. 

M. WAJDI HASSAN M. MOHARRAM (Arabie saoudite) a exprimé son soutien aux efforts du Maroc pour parvenir à une solution politique réaliste fondée sur le compromis et les résolutions du Conseil de sécurité.  Il s’est félicité de la tenue des tables rondes et a appelé à davantage d’efforts pour mettre fin à ce conflit prolongé.  Il a soutenu l’initiative d’autonomie lancée par le Maroc, qui est compatible avec le droit international, la Charte des Nations Unies et les décisions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a appuyé les efforts du Secrétaire général pour parvenir à une solution politique « réaliste » de la question du Sahara occidental et s’est félicité du processus des tables rondes, sous les auspices des Nations Unies.  Il est important, a-t-il dit, de préserver la dynamique insufflée par ces tables rondes.  Il a également applaudi les « efforts sérieux » déployés par le Maroc dans le cadre de l’initiative d’autonomie élargie.  Alors que la pandémie du COVID-19 continue de frapper l’Afrique, il a salué le Maroc pour avoir lancé très tôt sa campagne de vaccination, y compris dans ses provinces du sud.  Le représentant a confirmé que son pays a ouvert une représentation consulaire à Dakhla.

M. MOHANNAD ADNAN MOUSA SHADDAD (Jordanie) a expliqué que la solidarité et la coopération sont deux éléments essentiels des relations historiques tissées entre son pays et le Maroc.  Il a appuyé l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc et a salué l’initiative d’autonomie élargie qui tient compte des spécificités de la région et s’inscrit dans l’intégrité territoriale et la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara.  Le représentant a également souligné l’impact du plan de développement marocain au Sahara et la campagne de vaccination contre la COVID-19 que le Maroc y a mené. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a déploré qu’après plus de 50 ans, il n’y a toujours pas de processus d’autodétermination au Sahara occidental.  Elle a dénoncé les violations du cessez-le-feu par le Maroc, des faits négatifs qui ont des conséquences graves sur toute la région.  Le Maroc et le Sahara occidental doivent respecter l’accord militaire N°1, a-t-elle martelé, en demandant aussi la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Union africaine.  Elle a prié le Secrétaire général de désigner son envoyé personnel afin de générer l’élan nécessaire pour contourner l’impasse actuelle.  Le référendum d’autodétermination ne devrait pas être reporté davantage, a averti la représentante, en appelant le Comité spécial à assumer ses responsabilités et à défendre les droits politiques, socioéconomiques et culturels du peuple sahraoui ainsi que ses ressources naturelles.  Elle a aussi réclamé l’envoi d’une mission de visite pour obtenir des informations concrètes.  Il faut agir alors que les droits du peuple sahraoui sont bafoués continuellement, a estimé la représentante. 

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a rappelé les tables rondes de Genève qui ont vu la participation de représentants du peuple sahraoui.  Il s’est dit impatient de voir la désignation prochaine du nouvel envoyé personnel du Secrétaire général qui devrait reprendre les négociations là où elles sont arrivées.   Il a salué l’initiative marocaine d’autonomie comme « une alternative crédible » et s’est dit attentif au règlement de ce différend afin de parvenir à une solution politique contribuant à la stabilité et la sécurité de toute la région du Sahel.  Il a appelé au respect du cessez-le-feu et a rappelé que son gouvernement a ouvert un consulat général à Dakhla. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a regretté que le mandat de la MINURSO ait été mis à mal par la « Puissance occupante », en violation flagrante des résolutions des Nations Unies.  Elle a jugé urgent de nommer un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général pour relancer le processus politique.  

M. ZEPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a estimé que la montée de l’instabilité au Sahel appelle à la finalisation urgente du processus politique en cours.  Il a exhorté les parties à travailler à une solution de compromis, conforme au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Il a salué les initiatives du Maroc et le nouvel élan impulsé par le processus des tables rondes avec la participation de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et du « POLISARIO ».  Il a souligné la pertinence des résolutions du Conseil de sécurité et a jugé important de procéder au recensement de tous les réfugiés.

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana) a souligné son appui au droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.  Il s’est donc dit préoccupé par l’effondrement du cessez-le-feu de 1991 et par la confrontation militaire.  Il a plaidé pour la nomination rapide d’un envoyé personnel du Secrétaire général pour relancer le processus de paix et les négociations de fond.  Implorant les parties d’appuyer le processus de paix, en s’abstenant de toute provocation susceptible de déstabiliser la situation, le représentant a appelé le Comité spécial à faire sa part, compte tenu du pillage continu des ressources, des violations des droits de l’homme, de l’agression militaire et des défis posés par la pandémie de COVID-19.  Il est temps de dépêcher une mission sur le terrain, a-t-il dit, en exprimant son ferme appui à la décolonisation totale du Sahara occidental, « la dernière colonie africaine ».  L’exercice du droit à l’autodétermination et l’accession à l’indépendance constitueront une contribution positive à la paix et à la sécurité de l’ensemble de l’Afrique, a martelé le représentant.

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola) a pressé le Secrétaire général de nommer un nouvel envoyé personnel et exhorté le Comité spécial à appuyer activement les efforts de ce dernier pour relancer le processus de paix, avec des négociations de fond entre le Front POLISARIO et le Maroc.  Le but ultime, a-t-elle souligné, c’est de permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.

M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie) a regretté que la liste des territoires non autonomes n’ait pas changé en 20 ans, profitant de ce constat pour appeler à redoubler d’efforts pour mener à bien les processus de décolonisation, y compris celui du Sahara occidental.  Invoquant l’avis consultatif « historique » rendu en 1975 de la Cour internationale de Justice (CIJ) et réaffirmant l’applicabilité de la résolution 1514 (XV) au Sahara occidental, le représentant a appelé à nouveau à garantir le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Toutes les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité ont réaffirmé la nécessité du libre exercice de ce droit, a souligné le représentant, en insistant sur la toute dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité en octobre 2020 qui a maintenu le mandat de la MINURSO avec toutes ses composantes, principalement l’organisation d’un référendum d’autodétermination.  En un mot, aucun fait accompli, ni aucune tentative de modifier la composition démographique de la population du Sahara occidental, et certainement aucune déclaration ou action unilatérale, ne peut réécrire ces faits ou avoir un effet juridique sur un principe de jus cogens, a tranché le représentant. 

Il est regrettable, a-t-il poursuivi, qu’en 58 ans d’action de l’Assemblée générale, il y ait eu si peu de progrès et il en va de même pour le Conseil de sécurité qui, depuis 30 ans, avec la création de la MINURSO, peine à faire appliquer son mandat.  Il y a eu trop d’initiatives entravées et d’occasions manquées d’obtenir une solution juste et définitive à la question du Sahara occidental.  Pour n’en citer que quelques-unes, le représentant a parlé du plan de règlement ONU-OUA de 1991, des négociations de Houston en 1997, du plan de paix Baker en 2003, puis de la lueur d’espoir de Horst Kohler qui s’est rapidement éteinte. 

L’Union africaine a également contribué aux efforts de paix.  Le récent Sommet du Conseil de paix et de sécurité tenu en mars 2021 est un exemple clair de cet engagement.  Malheureusement, les atermoiements et les obstacles délibérément créés empêchent toujours l’ONU et l’UA de tenir le référendum sur le Sahara occidental.  Pire encore, cette entrave aux efforts de paix a conduit à la détérioration de la situation sur le terrain.  Le cessez-le-feu s’est effondré, le processus de paix ne voit aucune perspective avec le poste d’envoyé personnel vacant depuis plus de deux ans, le Conseil de sécurité est dans l’impasse et le Comité spécial est incapable ou peu disposé à assumer ses responsabilités. 

Pendant ce temps, dans un contexte de pandémie, le peuple sahraoui lutte toujours et subit de graves violations de ses droits humains et politiques, privé de son droit de décider, tandis que ses ressources naturelles sont systématiquement pillées.  Cette situation, a souligné le représentant, appelle davantage d’efforts pour rompre cette impasse.  L’Algérie, a-t-il ajouté, attend un engagement accru du Comité spécial, ainsi que de l’Assemblée générale, et surtout du Conseil de sécurité, dans la mise en œuvre de leurs propres résolutions.

La reprise de pourparlers directs et substantiels entre le Royaume du Maroc et le Front POLISARIO est la voie évidente pour parvenir à une solution juste et durable.  Dans cet esprit, l’Algérie, a rappelé le représentant, a exhorté le Secrétaire général à nommer rapidement un nouvel envoyé personnel dans l’espoir qu’il contribuera à relancer le dialogue entre les deux parties, défendra l’exercice du droit à l’autodétermination et apportera une contribution substantielle pour faire avancer le processus de paix.  Il a également demandé au Comité spécial de remplir son mandat et d’utiliser tous les outils à sa disposition, y compris les missions de visite, pour assurer la protection des droits politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple du Sahara occidental et soutenir la réussite du processus de décolonisation.  Pour sa part, l’Algérie, en sa qualité de pays voisin observateur qui place les principes d’autodétermination et de liberté au cœur de sa politique étrangère, continuera à remplir, en toute transparence, ses devoirs envers la population réfugiée de Tindouf et le peuple du Sahara occidental, a assuré le représentant. 

Mme ALYAA SAYED SALMAN ALAWI AHMED SALMAN (Bahreïn) a dit soutenir les « efforts sérieux et crédibles » déployés par le Royaume du Maroc pour offrir un statut d’autonomie au Sahara.  Elle a dit soutenir l’intégrité territoriale du Maroc, après avoir indiqué que son pays vient d’ouvrir un Consulat au Sahara marocain.

M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a regretté que la question du Sahara occidental tarde à être réglée et ce depuis des décennies.  Il a rappelé le plan de règlement de l’Union africaine auquel les deux parties ont adhéré il y a trois décennies, avant de condamner les attaques du mois de novembre 2020 dans la zone tampon au cours desquelles des civils ont été arrêtés, torturés et tués.  Il est regrettable que la population sahraouie doive toujours subir les violences des forces armées marocaines, a avoué le représentant, en exhortant le Conseil de sécurité à permettre enfin la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental et en appelant les parties à s’abstenir de toute démarche de nature à faire dérailler le processus politique.

M. FRANKLIN JOACHIM MAKANGA (Gabon) a demandé au prochain envoyé personnel du Secrétaire général de s’inscrire dans la lignée des efforts entamés par son prédécesseur pour régler le différend au Sahara marocain.  Le représentant a salué l’initiative de paix marocaine qui est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et a indiqué que le nouveau modèle de développement lancé par le Roi du Maroc a recueilli l’adhésion de son pays.  Notre gouvernement, a-t-il indiqué à son tour, a ouvert un consulat général au Sahara marocain.  Il a salué les efforts du Maroc sur les droits humains et le respect du cessez-le-feu, en se disant en revanche préoccupé par les violations des droits humains dans les camps de Tindouf.  

M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a réitéré son plein appui à la souveraineté du Maroc au Sahara marocain et à l’initiative de paix du Maroc qui est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité.  Il a rappelé que son pays a ouvert un consulat à Laayoune et a salué les initiatives du Maroc en faveur des droits humains, comme en attestent les dernières élections législatives organisées au Sahara marocain.

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a déclaré que l’initiative d’autonomie avancée proposée par le Maroc reste le cadre approprié et conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Elle prend également en compte la question des réfugiés dans les camps de Tindouf, en application du droit international humanitaire comme reconnu dans les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité dont la dernière en date est la résolution 2468 (2020).  « Les avancées accomplies par le Gouvernement du Maroc sur le terrain, notamment en matière de promotion des droits de l’homme et de démocratie ainsi que les efforts considérables déployés pour favoriser le développement économique et social du Sahara marocain, tout en assurant l’autonomisation de son peuple, ont fini de témoigner de la volonté du Maroc de résoudre pacifiquement ce différend », a estimé le représentant. 

Il a salué la gestion responsable et pacifique, par le Royaume du Maroc, de la restauration de la libre circulation dans le passage de Guergarate à la suite de son blocage en novembre 2020.  Pour marquer son soutien à ces efforts et compte tenu de ses plus de 6 000 ressortissants vivant au Sahara dont 2 500 environ à Dakhla, le Sénégal a inauguré, le 05 avril 2021, un consulat général dans cette ville qui symbolise l’ouverture du Maroc à la région ouest-africaine, a ajouté le représentant.  Il a exhorté les parties à rester mobilisées dans la dynamique constructive insufflée par les deux tables rondes de Genève pour accompagner le processus politique engagé par les Nations Unies jusqu’à son aboutissement, en faisant preuve de réalisme et d’esprit de compromis.  Le représentant a encouragé le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui à coup sûr contribuera à la stabilité et à la sécurité de la région et du Sahel, dans le sens des résolutions du Conseil adoptées depuis 2007.  Le représentant a appelé les parties au respect du cessez-le-feu de 1991, en souhaitant que ce différend progresse vers une solution pragmatique et pacifique. 

M. ISSIMAIL CHANFI (Comores) s’est félicité de la tenue des tables rondes à Genève, sous les auspices de l’ONU, et a demandé au prochain envoyé personnel du Secrétaire général de reprendre là où M. Kohler s’est arrêté.  Il a appelé l’Algérie, le Maroc et le Front POLISARIO à faire preuve de bonne volonté et de compromis, avant de soutenir l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc, y voyant une alternative viable pour une solution politique de consensus.  Le représentant a pris note des efforts de développement au Sahara marocain et de la campagne de vaccination anti-COVID-19 qui y a eu lieu.  Mon pays, a-t-il indiqué, a ouvert un consulat général à Laayoune et demande à toutes les parties de respecter le cessez-le-feu car « il y va de la stabilité et de la sécurité de toute la région ». 

M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (Iran) a rappelé que la Charte des Nations Unies consacre le droit des peuples coloniaux à décider de leur avenir politique.  Il a donc appuyé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et le processus de négociation en cours, pour parvenir à une solution juste et pérenne.  Il est impératif, a-t-il ajouté, que la communauté internationale s’engage à mettre en œuvre toutes les résolutions des Nations Unies sur le Sahara occidental et aide le peuple du Sahara occidental dans sa quête d’indépendance et d’autodétermination, a conclu l’intervenant.

QUESTIONS DES SAMOA AMÉRICAINES, D’ANGUILLA, DES BERMUDES, DES ÎLES VIERGES BRITANNIQUES, DES ÎLES CAÏMANES ET DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

M. NATALIO WHEATLEY, Vice-Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, a regretté qu’« il n’y ait aucun mouvement » vers la faculté de son territoire de s’autogouverner.  Les institutions n’ont pas été en mesure de fonctionner, a-t-il expliqué, en citant un large éventail de préoccupations, dont la tendance croissante aux retards ou aux rejets des lois au Parlement.  Le Gouverneur, a-t-il précisé, a échoué à entériner une loi relative à la gestion des catastrophes et le Royaume-Uni a rejeté une loi sur le cannabis médical pourtant approuvée par le Gouvernement élu.  Il a aussi dénoncé la campagne médiatique lancée contre son territoire laquelle a fini par inquiéter les pays de la région des Caraïbes.  Après avoir cité plusieurs lois qui attendent d’être adoptées, le Vice-Premier Ministre a fait part des efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19, en indiquant que le Royaume-Uni a ouvert l’accès aux vaccins et fourni des conseils techniques.  Comme l’impact de la pandémie sur l’économie a été considérable, les efforts de relance se concentrent sur les objectifs de développement durable.  Nous vous invitons, a dit le Vice-Premier Ministre au Comité spécial, à venir chez nous cette année et à voir par vous-mêmes la situation sur le terrain.

M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a insisté sur les liens anciens et variés de son pays avec les Îles Vierges britanniques, décrivant ce territoire comme « un fruit mûr » du processus global de décolonisation.  Or, a-t-il dénoncé, les derniers développements montrent que le Gouvernement britannique ne respecte pas pleinement les principes d’autodétermination.  À son tour, il a insisté pour que le Comité spécial organise une mission de visite sur le terrain.

Audition d’un pétionnaire sur les Îles Vierges britanniques

M. ELIEZER BENITO WHEATLEY, Envoyé spécial du Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, a rappelé aux Nations Unies qu’elles ont la responsabilité d’évaluer les progrès des processus de décolonisation dans les 17 territoires non autonomes.  Il s’est interrogé sur l’avenir des relations avec le Royaume-Uni et a soutenu qu’une révision de la Constitution serait nécessaire.  Beaucoup de citoyens ont le sentiment qu’il faut sensibiliser l’opinion publique à la possibilité de tenir un référendum d’ici à 2030 au plus tard, a-t-il affirmé.  Il faut que les populations comprennent mieux ce que sont les statuts d’association et d’autonomie et l’ONU devrait mettre un programme d’éducation en place.  À son tour, le pétitionnaire a exhorté le Comité spécial à se rendre aux Îles Vierges britanniques. 

M. MANUEL TERAI, Chef de service à la Délégation des affaires internationales, européennes et du Pacifique de la Polynésie française, a attiré l’attention du Comité spécial sur la situation sanitaire de son territoire, dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Il a salué la campagne vaccinale qui a permis à la Polynésie d’ouvrir ses frontières, au début du mois de mai, aux Américains entièrement vaccinés, alors que les autres visiteurs doivent toujours avoir des raisons « impérieuses » pour se rendre en Polynésie française.  La situation sanitaire est maitrisée mais nous restons prudents parce que si 59% des personnes de plus de 60 ans sont vaccinées, seulement 15% des 18-39 ans le sont.  La Polynésie française a fait le choix de maintenir le pays ouvert aux visiteurs, tout en maitrisant la situation sanitaire, a affirmé M. Terai, en jugeant qu’« il faut apprivoiser le virus avant de prendre le taureau par les cornes ».   

Comme le pays vit principalement du tourisme, des moyens budgétaires énormes sur fonds propres ont été consacrés au soutien de ce secteur.  Le pays a tout intérêt à ce que l’activité économique reprenne pour se substituer aux mesures d’aide qui s’essoufflent.  Il faut, a martelé M. Terai, traiter le présent et préparer l’avenir.  La première étape est de remettre l’économie sur les rails dès que la reprise sera là.  Quant à l’intégration de la Polynésie dans sa région, il a indiqué que son territoire a participé virtuellement aux réunions du Forum des îles du Pacifique et que le Président Fritsch a participé à la Conférence des États du Pacifique, organisée par les États-Unis.  M. Terai a aussi parlé d’un projet de câbles sous-marins qui s’est concrétisé. 

Abordant la question du nucléaire, « un sujet sensible », il a dit que la France doit aux Polynésiens la vérité, la justice et le respect.  Il est indéniable, a-t-il admis, qu’un dialogue constructif et plus ouvert s’est établi avec la France.  Le Président Macron semble décidé à écouter les Polynésiens.  Il présidera d’ailleurs une table ronde de haut niveau, en juillet 2021.  M. Terai a conclu en demandant une nouvelle fois le retrait de son territoire de la liste du Comité spécial, arguant que pour la plupart des Polynésiens, la Polynésie française n’est pas un territoire à décoloniser, ni un peuple opprimé.

Audition d’un pétionnaire sur la Polynésie française

M. CARLYLE G. CORBIN a souligné la relation « asymétrique » entre le territoire et la Métropole, en parlant des ressources naturelles, des essais nucléaires et du processus électoral.  La prochaine étape logique, a-t-il martelé, est le lancement d’un véritable programme de décolonisation.  Il a affirmé que les arrangements actuels « de dépendance » n’ont pas vocation à s’éterniser.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Soudan appelle le Conseil de sécurité à « reconsidérer » les sanctions prises contre lui à la lumière des « développements positifs » au Darfour

8795e séance – matin
CS/14550

Le Soudan appelle le Conseil de sécurité à « reconsidérer » les sanctions prises contre lui à la lumière des « développements positifs » au Darfour

Le Soudan a appelé, aujourd’hui, le Conseil de sécurité à « reconsidérer » le régime de sanctions pris à son encontre en vertu de la résolution 1591 (2005), estimant que sa levée serait justifiée compte tenu des « développements positifs » au Darfour.  Le Président du Comité des sanctions concernant le Soudan a toutefois jugé qu’une telle décision serait prématurée au regard de la recrudescence des affrontements dans cette région de l’ouest du pays. 

« La situation sécuritaire au Darfour s’améliore de jour en jour », a pourtant assuré le représentant du Soudan, selon lequel le cessez-le-feu en vigueur dans toutes les parties de la région « n’a pas été rompu depuis son annonce ».  En outre, a-t-il souligné, les dispositions de l’Accord de paix de Djouba, signé en octobre dernier, sont mises en œuvre par le Gouvernement soudanais en coopération avec les partenaires de paix, tandis que le Conseil de souveraineté a été reconstitué pour y inclure les dirigeants des parties au processus de paix. 

Le représentant a ajouté que, soucieux d’améliorer la situation sécuritaire au Darfour, le Gouvernement collecte les armes non autorisées et fait en sorte que la justice agisse, tout en mettant en œuvre le plan national de protection des civils, en intégrant l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) au processus de paix et en prenant des mesures pour empêcher les combats tribaux.  Les autorités s’emploient également à protéger les civils, notamment les enfants touchés par le conflit qui font l’objet d’une attention particulière des forces régulières soudanaises. 

Dans ces conditions, a-t-il affirmé, les « mesures punitives » imposées il y a plus de 15 ans au Soudan ont « perdu toute raison d’être » puisque le Darfour connaît actuellement une « transition cruciale de la guerre à la consolidation de la paix ».  À ses yeux, la levée de ces sanctions permettrait au Gouvernement de reconstruire la capacité des forces de sécurité et des forces de l’ordre en vue de consolider la paix « non seulement au Darfour, mais dans toute la région », où des groupes criminels organisés restent actifs. 

Avant lui, le Représentant permanent de l’Estonie et Président du Comité du Conseil de sécurité créé en vertu de la résolution 1591 (2005) a fait valoir que le régime de sanctions n’a d’autre but que d’aider le Soudan à parvenir à la paix.  « Les sanctions ciblées visent à contrecarrer ou à empêcher des actions susceptibles de nuire à la paix », a relevé M. Sven Jürgenson, ajoutant que « l’embargo actuellement en place au Darfour sert à empêcher une nouvelle prolifération des armes ».  

S’appuyant sur le rapport trimestriel remis au Comité le 28 mai dernier par le Groupe d’experts sur le Soudan, M. Jürgenson a constaté que, bien que les signataires de l’Accord de Djouba continuent à le soutenir, « sa mise en œuvre est restée limitée ».  Les experts ont ainsi signalé que la violence intercommunautaire continue de s’intensifier dans plusieurs régions du Darfour, provoquant de nouveaux déplacements de population.  Le Président du Comité a également dit avoir été informé de la présence en Libye de mouvements darfouriens signataires et non signataires de l’Accord de paix de Djouba. 

Tout en prenant acte du lancement, en juin 2020, d’un plan national de protection des civils destiné à répondre à la recrudescence des affrontements dans différentes parties du Darfour, M. Jürgenson a observé que, selon le Groupe d’experts, l’obligation de rendre des comptes pour les violations et abus des droits de l’homme, y compris pour les actes de violence sexuelle et sexiste, a « continué d’être difficile au cours de la période considérée ». 

S’agissant de la demande du Soudan de rayer de la liste les personnes sanctionnées, le Président du Comité 1591 a indiqué qu’à la suite du processus d’examen achevé le 8 juin, une personne a été retirée de ladite liste, trois autres personnes restant sous le coup de sanctions.  Il a cependant réaffirmé que le Comité est prêt à examiner d’éventuelles futures demandes de radiation sur la base d’informations supplémentaires.  Enfin, il a assuré que le Comité appuie le prochain examen des mesures de sanctions et se tient prêt à travailler avec le Soudan et toutes les parties prenantes concernées « pour faire de la paix une réalité ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: vifs échanges entre le Kenya et la Somalie à l’occasion de la présentation de la Présidente du Comité des sanctions

8796e séance – matin
CS/14551

Conseil de sécurité: vifs échanges entre le Kenya et la Somalie à l’occasion de la présentation de la Présidente du Comité des sanctions

Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, après l’intervention de la Présidente du Comité des sanctions concernant la Somalie, de vifs échanges entre le représentant de la Somalie et son homologue du Kenya, le premier dénonçant les attaques meurtrières perpétrées par le Kenya contre son pays.  « Un incendiaire ne peut pas se transformer en pompier », a-t-il dit, en brandissant les photos de victimes de ces attaques.  Le représentant kényan a rejeté ces « accusations fallacieuses » et assuré de l’engagement de son pays en faveur du processus de paix en Somalie. 

La séance du Conseil s’est ouverte sur la présentation, de nature technique, de la Présidente du Comité du Conseil de sécurité créé en application de la résolution 751 (1992) concernant la Somalie, Mme  Géraldine Byrne Nason, de l’Irlande.  Celle-ci a tout d’abord détaillé les activités du Comité entre le 26 février et le 14 juin 2021, en indiquant que le Comité a inscrit sur sa liste des sanctions trois individus assumant différentes fonctions au sein des Chabab.  « Une Liste actualisée peut être un outil important d’appui aux efforts du Gouvernement fédéral de la Somalie contre les Chabab », a-t-elle déclaré. 

La Présidente a précisé que, le 14 mai, le Comité a reçu l’évaluation actualisée de mi-mandat du groupe d’experts, qui a été discutée lors d’une réunion le 4 juin.  Elle a indiqué que les éléments clefs de ladite évaluation sont la menace continue posée par les Chabab; les violations du droit international humanitaire; les enquêtes en cours s’agissant des ressources financières; la gestion des armes et des munitions par le Gouvernement fédéral de Somalie et les interdictions d’exportations du charbon depuis la Somalie. 

Mme Byrne Nason a noté que les procédures de gestion efficace des armes et des munitions mises en place par les autorités sont essentielles pour empêcher que des équipements militaires fournis au Gouvernement fédéral somalien ne tombent entre les mains des Chabab.  En ce qui concerne les demandes d’exemptions à l’embargo et les notifications, le Comité a reçu quatre notifications de la part de la Somalie et une de la part d’un État fournisseur, a conclu la Présidente. 

Après avoir rappelé que le régime de sanctions dont son pays fait l’objet est le plus ancien encore en vigueur, le délégué de la Somalie a soumis à l’attention immédiate du Conseil les « attaques » par les Forces armées kenyanes dont la Somalie a été l’objet, notamment à l’encontre des civils et des propriétés, particulièrement entre mars et août 2019.  Le 2 mars 2019, les Forces armées kényanes ont fait usage d’armes interdites par les conventions internationales, a-t-il accusé, ajoutant que cela a été par la suite confirmé par un rapport d’un groupe d’experts sur la Somalie. 

Plus récemment, le 3 juin 2021, des avions de combat kényans ont mené des raids en territoire somalien et se sont attaqués à une famille qui dormait.  Une mère de famille est morte et ses cinq enfants ont été blessés, dont trois enfants de 8, 9 et 11 ans, a ajouté l’orateur, en montrant aux membres du Conseil des photos de chaque enfant.  L’attitude des Forces armées kényanes équivaut à des crimes de guerre, a affirmé le délégué somalien, qui a réclamé une enquête immédiate de la part de la Cour pénale internationale sur ces faits, ainsi qu’une « position ferme du Conseil ». 

Mon pays ne saurait tolérer de telles attaques à ses frontières, commises par des forces chargées de maintenir la paix et la sécurité en Somalie, a asséné le délégué somalien.  Ces actes remettent en question le rôle du Kenya en tant que contributeur de soldats de la paix, ainsi que le mandat même de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a-t-il poursuivi.  La destruction systématique de propriétés et d’infrastructures fait-elle partie des prérogatives d’une opération de maintien de la paix? a-t-il fait mine de demander, avant d’exhorter le Kenya à cesser ses « opérations de destruction ». 

« Le Kenya est attaché à une politique de bon voisinage et à une Somalie stable et pacifique, au sein d’une région protégée des attaques des Chabab qui sont notre ennemi commun », a réagi le délégué du Kenya, en admettant qu’il ne comptait pas prendre la parole en début de séance.  Le délégué a rappelé que la Somalie avait, plus tôt dans l’année, rompu ses relations diplomatiques avec le Kenya avant de les rétablir par la suite.  Il a enfin formé le vœu que le processus de paix se poursuive en vue de la restauration de la paix et de la sécurité en Somalie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial appelle à ne pas laisser sombrer le Mali dans une nouvelle instabilité

8794e séance – matin
CS/14549

Conseil de sécurité: le Représentant spécial appelle à ne pas laisser sombrer le Mali dans une nouvelle instabilité

Quatre jours après l’annonce de la suspension des opérations militaires conjointes de la France avec les Forces armées maliennes, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali a déclaré, ce matin au Conseil de sécurité, que le Mali est à un tournant critique et a appelé à ne pas le laisser sombrer dans une nouvelle instabilité aux conséquences dramatiques pour la sous-région et au-delà. 

M. El-Ghassim Wane, qui intervenait par visioconférence depuis Bamako, devant un Conseil réuni en présentiel, a souligné la nécessité du soutien continu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale en général pour le Mali, avant d’inviter les nouveaux dirigeants du pays à s’élever au-dessus de la politique partisane et des intérêts personnels et de travailler ensemble pour faire face à la crise, dans l’intérêt de leur pays et de son avenir. 

Une action immédiate est maintenant requise pour engager des réformes cruciales et jeter les bases d’un processus électoral crédible.  Cela implique une approche inclusive, un leadership malien fort et un compromis politique.  Et le soutien indéfectible des partenaires internationaux restera vital, a souligné M. El-Ghassim Wane qui est également Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

« La priorité absolue doit être l’organisation de l’élection présidentielle, le 27 février 2022, à laquelle les autorités en charge de la transition ne pourront pas concourir », a insisté la France à l’instar d’un grand nombre de délégations, précisant par ailleurs que la suspension de sa coopération militaire s’est faite dans l’attente de clarifications après le coup d’État du 24 mai  

M. Wane a fait savoir que le Président et le Premier Ministre de la transition, MM. Assimi Goïta et Choguel Maïga, ont assuré qu’ils respecteraient le calendrier de transition qui prévoit des élections d’ici à février, et qu’ils ne seront pas candidats.  Ils ont également réitéré leur engagement à travailler avec les groupes armés membres du Gouvernement et signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Un chantier jugé d’ailleurs crucial par la majorité des orateurs. 

Le Mali a de son côté réclamé « une solidarité internationale plus agissante » pour que réussisse le processus de transition, se disant inquiet des mesures prises à la suite des derniers événements politiques.  Appelant à la « compréhension » des partenaires la délégation a ainsi sollicité la levée des sanctions frappant un pays « déjà fragilisé par plusieurs années de crise politique, sécuritaire, économique, et sanitaire ». 

Alors que le mandat de la MINUSMA expire en fin du mois, le Représentant spécial a décrit une situation sur le terrain marquée par la persistance de l’insécurité dans le nord et le centre du pays et la menace d’attentats terroristes affectant d’autres régions du pays. 

À l’aune de ce contexte fragile, la France a proposé, pour le renouvellement du mandat, d’en conserver les deux priorités stratégiques, à savoir le soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et l’appui à la stabilisation du centre du pays.  La délégation a ajouté qu’elle compte aussi proposer de maintenir la tâche de protection des civils, et de « poser sérieusement » la question d’une hausse des moyens et du plafond des troupes.  « Dans tous les cas, le traitement de ces questions demeurera partiel tant qu’il n’y aura pas, de la part des Maliens, de stratégie politique claire et d’action résolue pour traiter l’ensemble des dimensions de la crise », a-t-elle insisté. 

« Malgré tous les désaccords, dans la situation actuelle, il serait irresponsable de laisser le pays à son sort, notamment en réduisant l’aide militaire ou économique qui lui est accordée », a estimé à son tour la Fédération de Russie.  La délégation a en outre considéré que l’idée avancée par la Commission de l’Union africaine sur le déploiement de forces africaines de manière permanente dans la région du Sahel mérite une étude approfondie, insistant sur le principe de « problèmes africains, solutions africaines ».  Il est temps pour ce Conseil d’emboîter le pas à l’Union africaine et de prendre le climat et la sécurité au sérieux, a aussi dit la Norvège en évoquant le futur mandat. 

Pour sa part, le groupe A3+1 a appelé les partenaires du Mali à reconsidérer leur position en réactivant leur coopération militaire avec ce dernier.  Il a également jugé important de « réajuster l’intervention internationale », y compris le rôle de la MINUSMA.  « Une formule de soutien plus opérationnelle et efficace, telle que la création du bureau d’appui des Nations Unies dédié à la Force conjointe du G5 Sahel est d’une grande importance et pertinence », a dit le groupe A3+1, appuyé sur ce point par la France et le Mali qui a appelé le Conseil à un financement « prévisible et pérenne » du G5 Sahel. 

De son côté, la Présidente de la Coalition des femmes leaders nord, sud et centre du Mali (NSC), Mme Fatima Maiga, a  recommandé au Conseil d’envisager un nouveau mécanisme  sur la prise en compte optimale des questions d’égalité femmes-hommes, et de modifier le mandat de la Mission pour renforcer le volet « femmes, paix et sécurité », avec des indicateurs précis notamment sur la question du traitement judiciaire des cas de violences sexuelles liées au conflit, et la prise en charge holistique des survivantes de ces violences.  

LA SITUATION AU MALI - S/2021/519, S/2021/520

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. EL-GHASSIM WANE, a rappelé que le 24 mai, l’armée a pris le pouvoir lors d’un coup d’État qui a été condamné par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 30 mai, et par l’Union africaine (UA) le 1er juin.  Les deux organisations ont suspendu le Mali, et la CEDEAO a réaffirmé la nécessité de respecter le calendrier de transition, y compris la date du 27 février 2022 fixée pour l’élection présidentielle.  La CEDEAO a appelé à la nomination immédiate d’un Premier Ministre civil et a réitéré les décisions antérieures selon lesquelles le Président de transition, le Vice-Président et le Premier Ministre ne devraient en aucun cas être candidats à la prochaine élection présidentielle. 

Le colonel Assimi Goïta a prêté serment en tant que Président de la transition à Bamako le 7 juin, et le même jour, il a signé un décret nommant le chef du M5-RFP, M. Choguel Maïga, au poste de Premier Ministre, lequel a par la suite annoncé la formation de son gouvernement le 11 juin.  Selon le Représentant spécial, une action immédiate est maintenant requise pour engager des réformes cruciales et jeter les bases d’un processus électoral crédible.  Cela implique une approche inclusive, un leadership malien fort et un compromis politique.  Le soutien indéfectible des partenaires internationaux restera vital, a-t-il ajouté.   

M. Wane a indiqué que le Président et le Premier Ministre de la transition ont assuré aux partenaires internationaux qu’ils respecteraient le calendrier de transition qui prévoit des élections d’ici á février, et que ni le Président ni le Premier Ministre ne se présenteraient aux élections.  Ils ont également réitéré leur engagement à travailler avec les mouvements armés signataires qui sont représentés dans le nouveau Gouvernement, en vue d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord.  Selon le Représentant spécial, ces engagements doivent maintenant se traduire par des actions urgentes et concrètes, et le moment est venu pour les dirigeants maliens de s’élever au-dessus de la politique partisane et des intérêts personnels et de travailler ensemble pour faire face à la crise, dans l’intérêt de leur pays et de son avenir. 

L’appui de la MINUSMA restera essentiel, a estimé son Chef, arguant que cela est d’autant plus nécessaire que la situation sécuritaire dans le nord et le centre du Mali reste extrêmement préoccupante.  Il y a en effet plus de Maliens déplacés aujourd’hui qu’au plus fort de la crise en juin 2013, a-t-il signalé.  Dans le centre du Mali, près de la moitié des écoles sont fermées, principalement en raison de la menace des groupes armés.  Ces fermetures ont d’ailleurs atteint 84% dans certaines zones marquées par la présence de groupes extrémistes violents.  Il a souligné que l’insécurité et le manque d’accès à l’éducation, à l’eau et à d’autres services de base ont été identifiés comme des défis majeurs affectant la vie des Maliens en dehors de Bamako.  Dans ces régions où la présence de l’État est très faible, la MINUSMA est souvent considérée comme l’unique fournisseur de sécurité et de services de base.  Mais elle ne sera pas en mesure de répondre à toutes les attentes de ces populations locales, a-t-il signalé.  La Mission devra donc renforcer ses efforts de communication stratégique, les Maliens ayant peu de compréhension au sujet de ce que fait la MINUSMA dans les régions.  

Le Représentant spécial a ensuite fait savoir que la Mission a élaboré un plan de 60 jours décrivant les actions prioritaires à mettre en œuvre d’ici á la fin de son mandat à la fin du mois de juin.  Un plan d’action pour le centre du Mali où les civils sont les plus menacés sera lancé par ses soins demain à Mopti.  Ce plan, intitulé « AN KA BARO KÈ » (« Parlons ensemble »), vise à promouvoir l’engagement politique pour stabiliser le centre ; renforcer la protection des civils; favoriser l’engagement communautaire, la cohésion sociale et la réconciliation; et faciliter le retour de l’administration et des services de l’État, tout en renforçant la résilience et la participation des femmes et des jeunes.  La mise en œuvre du plan bénéficiera dans certaines zones de la mise en place de la Force d’intervention mobile, élément central du plan d’adaptation de la MINUSMA, a-t-il précisé.   

Selon M. Wane, la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et la transition politique nécessitent l’appropriation des dirigeants maliens à tous les niveaux et l’adhésion des communautés, notamment dans le centre du Mali.  Une vision coordonnée et cohérente du Gouvernement de transition et une présence renforcée de l’État sont indispensables pour que les Casques bleus de la MINUSMA soient efficaces, a-t-il ajouté.  Dans le même temps, la MINUSMA s’engage également à favoriser une approche davantage centrée sur les personnes et orientée vers l’action.  « Je suis convaincu que placer les gens au centre de la façon dont nos opérations sont planifiées et mises en œuvre les rendra plus responsables, ancrées localement et efficaces », a espéré le Chef de la MINUSMA.  En fin de compte, nous serons jugés en fonction de l’impact que nous avons sur la vie des personnes qui souffrent le plus, a-t-il relevé. 

M. Wane a aussi jugé essentiel de tirer parti des partenariats pour garantir que le Mali reçoive tout le soutien disponible.  Parvenir à une plus grande représentation des femmes dans les processus décisionnels politiques et économiques est un autre aspect essentiel, a affirmé le Représentant spécial.  Il reste encore un long chemin à parcourir pour garantir que leurs intérêts et leurs expériences soient correctement représentés et pris en compte, a-t-il reconnu, regrettant que de nombreux groupes extrémistes violent les droits des femmes et cherchent à éliminer complètement les femmes de la sphère publique. 

Le Représentant spécial a par ailleurs engagé les partenaires à faire davantage pour aider le Gouvernement à relever le défi de taille que sont les changements climatiques, alertant que leurs effets vont intensifier encore la concurrence pour les ressources et exacerber les conflits.  Il a conclu en soulignant la nécessité du soutien continu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale en général.  « Le Mali est à un tournant critique et nous ne pouvons pas le laisser sombrer dans une nouvelle instabilité avec des conséquences dramatiques pour la sous-région et au-delà », a—t-il plaidé.

Mme FATIMA MAIGA, Fondatrice et Présidente de la Coalition des femmes leaders nord, sud et centre du Mali (NSC), a fait état d’une détérioration marquée des droits des femmes avant et pendant l’actuelle Transition.  Au titre des progrès, elle a indiqué que neuf femmes des partis signataires siègent pour la première fois depuis six ans dans le Comité de suivi de l’Accord (CSA) pour la paix et la réconciliation.  Pour autant, la situation globale des droits des femmes maliennes reste critique.  Ainsi, 2,9 millions de femmes et de filles ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.  Dans les zones sous contrôle partiel de groupes armés, soit environ deux tiers du territoire, et parfois en vertu d’accords locaux entre ces groupes et les populations assiégées, des centaines de milliers de filles et de femmes sont privées d’accès à l’école, aux centres de santé, aux marchés ou aux champs. 

Par ailleurs, un trop grand nombre d’entre elles continue de subir des violences sexuelles, y compris le viol collectif et l’esclavage sexuel en toute impunité des auteurs et sans avoir connaissance ou accès aux services encore trop peu nombreux de prise en charge holistique.  Le traitement judiciaire des 115 cas de violences sexuelles et basées sur le genre liées au conflit commis depuis 2012-2013, soit il y a près une décennie, n’a connu aucune avancée à ce jour, a-t-elle déploré.  Elle a aussi regretté les violations répétées de la loi 052 (loi genre) dans tous les gouvernements mis en place depuis sa promulgation en 2018 et de manière accentuée lors de la centaine de nominations de haut niveau effectuées par les autorités de la transition de septembre 2020 à nos jours. 

Mme Maiga a souligné que le Conseil de sécurité et la MINUSMA ont un rôle essentiel à jouer pour remettre la question du genre et de l’application de la résolution 1325 (2000) au cœur des priorités de la transition.  Elle a relevé que les questions liées au genre, notamment la prévention et prise en charge des violences sexuelles, n’avaient pas été retenues parmi les six priorités de la feuille de route initiale de la transition.  Le processus attendu d’ajustement de ces priorités pour les neuf mois restants de la transition doit donc être mis à profit pour essayer d’en renforcer le caractère inclusif aussi bien du point de vue des parties prenantes que de la couverture géographique et thématique, a-t-elle souhaité.  Selon elle, cet agenda doit cesser d’être « juste l’affaire de tous » pour être la responsabilité bien définie et soumise à l’évaluation de certaines parties prenantes clefs. 

Aussi, a-t-elle recommandé au Conseil de sécurité d’élargir le mandat politique et opérationnel de la MINUSMA de manière à incorporer les efforts actuels de réconciliation et de paix à travers le dialogue politique et les négociations avec les groupes armés, y compris ceux désignés comme « terroristes » dans le centre du Mali.  Elle a également demandé au Conseil de renforcer urgemment le mécanisme institutionnel du genre et les moyens d’action des organisations de la société civile féminine.  Un nouveau mécanisme sur la prise en compte optimale des questions d’égalité femmes-hommes pourrait être envisagé.  Elle a enfin demandé que dans le nouveau mandat de la MINUSMA, l’agenda « femmes, paix et sécurité » soit resserré avec des indicateurs précis, notamment sur la question du traitement judiciaire des cas de violences sexuelles liées au conflit, et la prise en charge holistique des survivantes de ces violences. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que la France a fermement condamné le coup d’État ayant abouti à la démission forcée du Président de transition et de son Premier Ministre et pris acte de la suspension du Mali des instances de la CEDEAO et de l’Union africaine.  « La priorité absolue doit être l’organisation de l’élection présidentielle, le 27 février 2022, à laquelle les autorités en charge de la transition ne pourront pas concourir. »  Il a précisé que la France a suspendu, à titre conservatoire et temporaire, ses opérations militaires conjointes avec les Forces armées maliennes dans l’attente de clarifications.  

À l’aune de ce contexte fragile, le délégué a jugé que la MINUSMA reste un outil essentiel et proposé, pour le renouvellement du mandat, d’en conserver les deux priorités stratégiques.  « D’abord, le soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui reste un enjeu central pour la stabilisation du Mali, ensuite, l’appui à la stabilisation du centre du pays. »  Il compte aussi proposer de maintenir la tâche de protection des civils, alors même que les violences intercommunautaires persistent.  Dans tous les cas, le traitement de ces questions demeurera partiel tant qu’il n’y aura pas, de la part des Maliens, de stratégie politique claire et d’action résolue pour traiter l’ensemble des dimensions de la crise, a précisé le représentant. 

M. de Rivière a ensuite relevé que les moyens de la MINUSMA demeurent limités pour faire face à la situation au centre du Mali, en rappelant que cette priorité a été attribuée à la MINUSMA en 2019 sans lui fournir de moyens supplémentaires.  « Dans cette zone, la Mission ne compte que 2 000 Casques bleus et trois hélicoptères mis à disposition une semaine sur deux. »  Il a donc souhaité poser sérieusement la question d’une hausse des moyens et du plafond des troupes afin de permettre à la Mission de mieux protéger les civils et de favoriser la réconciliation entre les communautés, sans remettre en cause son action sur le reste du territoire malien.  « Ce renforcement serait complémentaire de la mise en œuvre du plan d’adaptation, que nous soutenons et appelons à mettre pleinement en œuvre. »

Estimant que le mécanisme de soutien à la Force conjointe du G5 Sahel via la MINUSMA est très utile mais pas suffisant, M. de Rivière a jugé essentiel un soutien accru et prévisible de l’ONU à la Force conjointe.  « Cela prendrait la forme d’un bureau de soutien, financé sur contributions obligatoires », a-t-il dit, en précisant que cette solution ne nécessite pas de placer la Force conjointe sous le Chapitre VII.  Enfin, le représentant est revenu sur les annonces effectuées le 10 juin dernier par le Président français sur la transformation du dispositif militaire français au Sahel.  Le nouveau cadre préservera nos engagements auprès de la MINUSMA et de nos partenaires internationaux présents sur le terrain à nos côtés, a-t-il assuré. 

M. ABDOU ABARRY (Niger), au nom du Kenya, de la Tunisie, de Saint-Vincent-et les Grenadines et de son pays (A3+1), a encouragé les Maliens à surmonter les récentes turbulences et à remettre sur les rails le processus de transition, y compris la formation d’un gouvernement dirigé par un premier ministre civil.  Dans le même temps, le groupe a jugé nécessaire que la communauté internationale maintienne son soutien au processus jusqu’à l’organisation d’élections « crédibles, inclusives et transparentes en février 2022 ».

Sur le plan sécuritaire, M. Abarry a relevé que l’extrémisme violent, la violence intercommunautaire et le crime organisé transnational sont en hausse et exigent une plus grande attention de la part du Conseil de sécurité.  Le groupe est préoccupé par les attaques continues contre les civils, la MINUSMA et les Forces armées maliennes, régionales et internationales, alors même que l’annonce de la suspension de la coopération militaire des partenaires du Mali, y compris la réduction progressive de l’opération Barkhane, suscite des « inquiétudes ». 

Sur le plan humanitaire, M. Abarry a relevé que les effets de la COVID-19 et l’insécurité alimentaire nécessitent un financement urgent du Plan de réponse humanitaire 2021, alors que seulement 14,3% des 563 millions de dollars nécessaires ont été versés.  La saison des pluies risque d’être « lourde de conséquences » si l’aide nécessaire n’est pas fournie à temps, a-t-il alerté.  

Le groupe A3+1 a recommandé que « les Maliens eux-mêmes » s’approprient le processus de stabilisation et de réconciliation dans leur pays, et qu’à ce titre, il était important de « réajuster l’intervention internationale », y compris le rôle de la MINUSMA. 

M. Abarry a encouragé les autorités maliennes à capitaliser sur les progrès réalisés dans la première phase de la transition, en veillant au respect du calendrier des élections et de la durée de 18 mois de la transition, conformément aux recommandations de la CEDEAO, ainsi qu’à accélérer la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix. 

Estimant que « les sanctions compliqueront davantage la situation sécuritaire et humanitaire déjà préoccupante », le groupe A3+1 a appelé les partenaires du Mali à « reconsidérer leur position en réactivant leur coopération militaire avec le Mali ».   

M. Abarry a enfin appelé à accorder un mandat « plus robuste » à la MINUSMA, et à lui « retirer la tâche supplémentaire de soutien à la Force conjointe assignée par la résolution 2391 (2017 », afin de lui permettre de mieux se concentrer sur ses priorités stratégiques.  « Une formule de soutien plus opérationnelle et efficace, telle que la création du bureau d’appui des Nations Unies dédié à cette force régionale est d’une grande importance et pertinence », a-t-il conclu.  

M. BING DAI (Chine) a constaté que situation au Mali a un impact sur la sécurité au Sahel et dans le tout continent africain.  Il a fait valoir qu’un Mali « prospère et stable » constitue pour toutes les parties prenantes un « intérêt commun ».  Á cette aune, le représentant a espéré que les parties donneront la priorité au bien-être du peuple malien et lutteront conjointement contre les problèmes que connaît le pays.  Il a espéré que les parties maliennes pourront promouvoir le processus électoral et régler leurs différends par le dialogue.  Tout en se félicitant de la poursuite des efforts visant à permettre l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015, il a appelé de ses vœux un renforcement de l’autorité de l’État, appuyant l’idée de « trouver des solutions africaines aux problèmes africains ».  

Préoccupé par la détérioration de la situation dans le nord et le centre du pays, M. Dai a déploré les pertes civiles et l’aggravation de la crise humanitaire. Á ses yeux, la communauté internationale doit aider le Mali à combattre le terrorisme et à protéger les populations civiles, tout en appuyant ses efforts de lutte contre la pauvreté, l’objectif étant d’éradiquer les causes profondes du conflit sur le long terme.  Dans ce contexte, a-t-il observé, la MINUSMA s’est acquittée de son mandat dans des circonstances difficiles.  Promettant l’appui de son pays à la prorogation du mandat de la Mission, il a également salué le renforcement de la coopération entre l’Union européenne, l’ONU et le G5 Sahel. Enfin, après avoir condamné les attaques mortelles perpétrées contre des Casques bleus, il s’est félicité qu’en mars dernier, plusieurs suspects aient été condamnés.  Selon lui, il est essentiel de mettre en œuvre la résolution 2518 (2020), en s’attachant à renforcer toujours plus les capacités des missions de maintien de la paix. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a regretté l’intervention armée ayant abouti à l’arrestation et à la démission du Président et du Premier Ministre de transition le mois dernier.  Cette deuxième suspension de l’ordre constitutionnel en moins de neuf mois entrave la transition démocratique et contribue à l’affaiblissement de l’État, « ce qui ne peut que profiter aux groupes extrémistes », a-t-il estimé.  Il a exhorté les nouveaux dirigeants à reprendre le processus de transition dès que possible, la priorité étant l’organisation d’élections libres, inclusives et crédibles.  M. de la Fuente a réclamé la plus grande attention de la part du nouveau gouvernement et de la communauté internationale sur la résolution des questions en suspens, telles que la finalisation du cadre juridique électoral et la composition de la commission électorale.  Il faut aussi garantir la participation des femmes au processus politique et leur accorder au moins 30% des postes à responsabilité.  

Les activités terroristes et les violences intercommunautaires au Mali continuant de faire des victimes civiles, le représentant s’est inquiété de l’expansion des actes violents vers le sud, de leur escalade dans les pays voisins tels que le Burkina Faso, et de la « complexité croissante des attaques », avec des équipements de plus en plus sophistiqués.  M. de la Fuente a appelé le Représentant spécial à s’exprimer sur les mesures supplémentaires à prendre pour lutter contre les réseaux d'approvisionnement en armes et en matériel militaire des groupes armés.  Si la responsabilité première de la protection de la population contre la violence incombe à l’État malien, le Mexique a appelle la MINUSMA et les forces internationales à coordonner leurs actions pour renforcer les capacités des forces de sécurité maliennes, afin qu’elles puissent garantir la protection des civils et les droits de l’homme de la population.  Condamnant l’attaque meurtrière lancée en avril contre une base de la MINUSMA à Anguelhok, le représentant Mexique a enfin souhaité que les autorités maliennes combattent « les campagnes de désinformation visant à alimenter l'animosité contre la MINUSMA ». 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a appelé à une transition au Mali en vue de la mise sur place d’un gouvernement démocratiquement élu.  Il a appuyé l’établissement par la CEDEAO d’un mécanisme de surveillance lors de la période de transition en vue de la tenue de l’élection présidentielle le 27 février 2022, « comme prévu ».  Il a condamné la détention de l’ancien Président de la transition et du Premier Ministre, avant d’ajouter que son pays allait considérer plusieurs options en réponse à toute action entravant ladite transition.  Le délégué a jugé crucial que les élections de février 2022 soient libres et transparentes et souhaité un nombre important de candidates.  Le délégué a appelé le Gouvernement de transition à consolider l’autorité de l’État dans le pays et à prendre des mesures concrètes pour combattre toutes les formes d’impunité. 

Le renouvèlement du  mandat de la MINUSMA devra répondre à la fragile transition vers une gouvernance démocratique, fournir un soutien logistique et sécuritaire pour les élections de 2022 et donner la priorité à la protection des civils et à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.  Le délégué a indiqué que la MINUSMA n’est qu’un élément pour une paix durable au Mali et ne peut se substituer au Gouvernement malien.  Enfin, eu égard à l’ampleur des tâches de la MINUSMA, le délégué a insisté sur l’importance de maintenir une distinction claire entre le contreterrorisme et le maintien de la paix, afin de protéger l’impartialité de l’ONU.  Ni les fonds pour le maintien de la paix, ni une autorisation en vertu du Chapitre VII ne sont indiqués pour appuyer la Force conjointe du G5 Sahel, qui est une opération offensive contre le terrorisme, a-t-il estimé.  

Pour Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), les événements qui se déroulent au Mali sont « profondément préoccupants ».  Le fait que le Président du Gouvernement de transition et le Premier Ministre restent en résidence surveillée est « tout à fait inacceptable », a-t-elle souligné, réitérant son appel à leur libération immédiate.  Saluant le leadership de la CEDEAO et de l’Union africaine dans la résolution de cette crise et les bons offices fournis par la MINUSMA, la représentante a appelé au respect de la Charte de transition, qui garantit un gouvernement civil inclusif et démocratiquement élu pour les citoyens du Mali. Selon elle, tout report des élections présidentielle et législatives risque de provoquer une nouvelle crise politique.  Il importe donc qu’un organe de gestion électorale unique soit créé dès que possible, a-t-elle plaidé, avant d’encourager la MINUSMA à poursuivre ses activités de sensibilisation en faveur de l’Accord pour la paix et la réconciliation. 

La représentante a ensuite remercié Mme Maiga pour son « puissant appel à l’action ».  Jugeant que l’égalité des sexes n’est pas de l’idéalisme mais « une question de paix et de sécurité », elle a souhaité que les femmes soient habilitées à participer pleinement aux prochaines élections et à figurer dans les postes du Cabinet.  Elle s’est d’autre part alarmée du manque de justice rendue aux victimes et survivants de violences sexuelles liées au conflit, appelant la MINUSMA à soutenir les autorités maliennes dans la poursuite des auteurs.  Á ses yeux, l’impunité pour les violations continues des droits humains commis par plusieurs acteurs, y compris les forces armées, doit cesser.  En tant que contributeur des troupes à la MINUSMA, l’Irlande se félicite à cet égard de la première condamnation prononcée pour le meurtre d’un Casque bleu, a-t-elle indiqué, exprimant en conclusion le soutien de son pays au renouvellement du mandat de la Mission à la fin du mois. 

M. ODD-INGE KVALHEIM (Norvège) a indiqué que le coup d’État au Mali risquait de compromettre des gains engrangés de haute lutte.  Il a appelé à la libération immédiate des anciens dirigeants de la transition et souhaité la tenue d’élection présidentielle inclusive, transparente et crédible d’ici à mars 2022, en rappelant que les autorités en charge de la transition ne pourront pas y concourir.  Alors que le mandat de la MINUSMA doit être renouvelé, le délégué a mentionné trois priorités pour son pays, la première étant la protection des civils, en particulier des enfants.  Il a précisé que les attaques et menaces des groupes armés sont responsables de la fermeture de plus de la moitié des 1 300 écoles fermées au Mali.  Le Mali a besoin de dirigeants qui défendent l’intérêt de ses enfants, a-t-il dit.  

M. Kvalheim a cité la promotion des droits humains et l’établissement des responsabilités comme deuxième priorité de son pays, qu’il a vus comme un préalable pour restaurer la confiance.  Il a appuyé les efforts de la MINUSMA pour enquêter sur les allégations de violations et rappelé que son pays, avec la France, a fourni une unité policière de renforcement des capacités au sein de la MINUSMA à cette fin.  Enfin, en tant que troisième priorité, le représentant a cité les conséquences négatives des changements climatiques sur la sécurité.  « Il est temps pour ce Conseil d’emboîter le pas à l’Union africaine et de prendre le climat et la sécurité au sérieux. » 

Pour Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), l’amélioration de la situation au Mali, la mise en œuvre de l’Accord de paix, l’éradication du terrorisme et le redressement de la situation socioéconomique dépendent avant tout de la stabilité politique interne.  La lutte pour le pouvoir qui a entraîné deux crises aiguës au cours de l’année écoulée n’y contribue guère.  La Fédération de Russie a pris note des assurances des nouvelles autorités que tous les engagements antérieurs concernant la mise en œuvre de la période de transition, y compris la tenue d’un référendum constitutionnel et d’élections générales démocratiques dans les délais impartis, seront respectés.  Nous attendons une accélération du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants et le déploiement de nouvelles unités dans le nord du pays, a indiqué la représentante.  S’agissant de la réforme de l’administration publique et de la création des conditions pour la relance socioéconomique des zones touchées, les intérêts de tous les peuples du pays, et surtout ses territoires nordiques doivent être pris en compte. 

La situation dans la bande frontalière du Mali, du Niger et du Burkina Faso, où a récemment eu lieu une terrible attaque terroriste contre des civils, est profondément troublante.  Mme Evstigneeva a espéré que les autorités du Mali et des États voisins agiront avec encore plus de détermination pour éradiquer le terrorisme sur leur sol.  De même, la situation humanitaire est très préoccupante et cela nécessite une réponse appropriée de la part des agences humanitaires.  Il faut garder à l’esprit que la situation au Mali est un facteur clef de la sécurité régionale, a rappelé la représentante, soulignant que l’idée avancée par la Commission de l’Union africaine sur le déploiement de forces africaines de manière permanente dans la région du Sahel mérite une étude approfondie.  Notant qu’il est impératif de poursuivre la coopération entre la MINUSMA et Bamako, la Fédération de Russie a insisté sur le principe de « problèmes africains, solutions africaines ».  Dans ce contexte, elle soutient les efforts de médiation de la CEDEAO et de l’Union africaine.  En même temps, la représentante a déclaré que « malgré tous les désaccords, dans la situation actuelle, il serait irresponsable de laisser le pays à son sort, notamment en réduisant l’aide militaire ou économique qui lui est accordée ».  Les enjeux sont trop importants pour la sécurité du Mali et de la région, a-t-elle conclu, en confirmant la disponibilité de la Fédération de Russie pour une interaction étroite avec tous les acteurs internationaux afin de stabiliser la situation au Mali et dans toute la région. 

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est tout d’abord déclarée préoccupée par le récent coup d’État au Mali et ses conséquences sur la stabilité du pays et de la région, et la capacité des institutions étatiques à faire respecter l’état de droit.  Elle a appelé les nouvelles autorités à s’assurer que les conditions fixées par la CEDEAO sont remplies, à savoir la préparation des élections sans délai, la libération sans condition des personnes encore détenues et la priorité donnée au dialogue et au compromis durant la période de transition.  Pour la représentante, les nouvelles autorités devraient s’appuyer sur les mesures prises par l’ancien gouvernement qui vont « dans la bonne direction », notamment celles qui visent à rendre le processus politique plus inclusif et à lutter contre l'impunité pour les violations et les abus des droits humains.  Saluant à cet égard la condamnation des responsables du meurtre d’un Casque bleu, elle y a vu une « étape encourageante ».  Cependant, beaucoup plus de Maliens attendent toujours qu’on leur rende justice, a noté Mme Woodward, exhortant les autorités de transition à progresser dans les poursuites et à redoubler d’efforts pour protéger les civils, avec l’appui de la MINUSMA. 

La représentante a également exhorté les autorités de transition à renouveler leur attachement à l’Accord pour la paix et la réconciliation, appelant de ses vœux une pleine appropriation par toutes les parties signataires.  Elle a d’autre part estimé que la réunion organisée le mois dernier par son pays avec la France sur la mise en œuvre concrète du programme femmes, paix et sécurité au Mali a démontré la « valeur réelle » d’une participation accrue des femmes au processus de paix.  

Selon M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde), les divergences sur la nomination des membres du Gouvernement de transition ayant abouti à l’arrestation du Président de la transition et du Premier Ministre le 24 mai par les forces armées reflètent clairement les « relations ténues » entre les parties prenantes maliennes. L’impact que ces développements pourraient avoir sur le calendrier de la transition est, pour l’Inde, très préoccupant. 

Le délégué a appelé les autorités maliennes à reprendre rapidement le processus de transition et à convoquer des élections législatives et présidentielle, comme prévu, au début de 2022.  Il a également souligné que la mise en œuvre des dispositifs clefs de l’Accord pour la paix et la réconciliation demeure essentielle pour assurer un paix durable au Mali. 

Préoccupé par la situation sécuritaire précaire, notamment dans le centre et le nord du pays, le haut fonctionnaire a considéré que l’absence d’État avait contribué à l’augmentation des attaques de groupes armés contre les civils et les forces internationales. 

Se félicitant des mesures de confiance prises par la MINUSMA, en particulier les accords de paix locaux au Mali central ayant contribué à réduire la violence intercommunautaire et à promouvoir la réconciliation, l’Inde a réaffirmé la nécessité d’un soutien plus solide du Conseil et de la communauté internationale à la Force du G5 Sahel. 

Rappelant l’attaque meurtrière du camp de la MINUSMA à Aguelhok le 2 avril, le représentant indien a réitéré son appel engageant la Mission à renforcer renforce la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  « Ce récent incident souligne une fois de plus le besoin urgent d’améliorer l’infrastructure de sécurité des camps des Casques bleus », a-t-il jugé, avant de demander au Gouvernement malien de traduire en justice les auteurs d’attaques contre les soldats de la paix. 

Estimant que la responsabilité première de la lutte contre les terroristes et les groupes armés extrémistes incombait aux forces maliennes, le représentant indien a appelé à « mettre fin à la tendance consistant à confier aux Casques bleus des responsabilités qui devraient incomber en premier lieu à l’État hôte, ou à d’autres organisations internationales compétentes »

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a estimé que les développements récents au Mali représentent des risques pour la transition et menacent de compliquer encore l’application de l'Accord de paix de 2015.  Exhortant toutes les parties prenantes à régler les différends par le dialogue, il a souligné la nécessité d’assurer la pleine mise en œuvre de la transition et de prévoir la participation significative des femmes aux premiers stades du processus politique.  Préoccupé par la détérioration continue de la situation sécuritaire, notamment dans le centre et le nord du Mali, le représentant a appelé à un engagement plus fort pour la réconciliation nationale et à l’extension de l’autorité de l’État.  Il a d’autre part jugé impératif de fournir un passage sûr et fluide à l’aide humanitaire, tout en garantissant l’accès aux services de base pour ceux qui en ont besoin.  

Saluant ensuite l’action de la MINUSMA, notamment pour l’approvisionnement logistique qu’elle a fourni à la Force conjointe du G5 Sahel dans sa lutte antiterroriste, le représentant a noté que la Mission est déployée dans un environnement complexe et dangereux.  Dans ce contexte, il a condamné les attaques contre les civils, les forces de sécurité et les soldats de la paix des Nations Unies, en souhaitant que la MINUSMA dispose d’équipements et de ressources adéquats pour remplir son mandat.  Il a également appuyé la prorogation d’un an du mandat de la MINUSMA, avec son plafond actuel d’effectifs en tenue.  Enfin, il a appelé à une « approche cohérente et intégrée » des défis sécuritaires, humanitaires et de développement social au Mali, « y compris pour faire face aux impacts des changements climatiques ». 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a qualifié d’extrêmement préoccupante l’instabilité au Mali et condamné la démission forcée du Président de transition et de son Premier Ministre.  Il a estimé que l’Accord issu du processus d’Alger demeure le fondement du processus de paix au Mali, avant de souligner la nécessité de progresser s’agissant du redéploiement des unités reconstituées et de la consolidation de la présence de l’État dans le nord du pays.  Tous ceux qui entravent le processus de paix devront rendre des comptes, a-t-il ajouté.  

Le délégué a appelé à la tenue d’élections inclusives par le biais d’un processus transparent, prévoyant une large participation des femmes.  Il a invité le Gouvernement malien à adopter une approche stratégique globale pour remédier à la situation sécuritaire critique dans le centre du Mali.  Les efforts régionaux et internationaux vont se poursuivre mais leur but est de venir en soutien des efforts gouvernementaux, a-t-il affirmé.  Il a ainsi réclamé une appropriation forte par les autorités maliennes du processus de restauration de la présence de l’État.  Enfin, le représentant a dénoncé la persistance des violations massives dans le nord et le centre du pays, les civils en payant le prix fort.  Le seul moyen d’instaurer une paix durable est de prendre des mesures concrètes afin de briser l’impunité et de s’assurer que les auteurs de violations soient traduits en justice, a conclu M. Auvaart. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a d’abord rappelé les développements ayant conduit la Cour constitutionnelle malienne, par un arrêt du 28 mai, à constater la vacance de la présidence et à consacrer le colonel Assimi Goïta en qualité de Président de la transition.  Le 7 juin, le colonel a procédé à la nomination d’un Premier Ministre civil qui a formé un « gouvernement de large ouverture », dans lequel figurent notamment « des représentants des mouvements signataires, six femmes », soit 22% sur les 30% exigés par la loi. 

Il a souligné les assurances données par le Président de la transition, lors de sa rencontre avec les mouvements signataires, sur sa volonté de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.  Le Président de la transition s’est aussi engagé à organiser, dans les délais impartis, des élections crédibles, justes et transparentes, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.  Le délégué a également affirmé que le nouveau gouvernement est résolument engagé à poursuivre devant la justice les auteurs des violations aux droits de l’homme et qu’il continuerait d’œuvrer à améliorer la situation sécuritaire et humanitaire dans les régions du nord et du centre du Mali. 

Réclamant « une solidarité internationale plus agissante » pour que réussisse le processus de transition, M. Konfourou s’est inquiété des conséquences de certaines mesures prises à la suite des événements du 24 mai 2021.  Selon lui, elles comportent le risque d’annihiler les fragiles acquis enregistrés depuis plusieurs années, non seulement dans la mise en œuvre de l’Accord, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme.  La remise en cause de ces progrès difficilement obtenus pourrait aggraver dangereusement l’instabilité au Mali et dans l’ensemble de la région du Sahel, a prévenu M. Konfourou.  «  Le Mali a donc plutôt besoin de soutien et de solidarité » de la part de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux.  « Il aurait bien voulu se passer de sanctions dans le contexte actuel », a ajouté le délégué, avant d’appeler à « la compréhension » des partenaires et de solliciter la levée des sanctions frappant un pays « déjà fragilisé par plusieurs années de crise politique, sécuritaire, économique, et sanitaire ».

Face à l’augmentation des attaques terroristes au Mali et au Burkina Faso voisin, M. Konfourou a appelé le Conseil à un financement « prévisible et pérenne » de la Force conjointe duG5 Sahel, et demandé de créer un bureau d’appui au sein de la MINUSMA en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel.  Rappelant combien le rôle de la MINUSMA était important dans la protection des populations civiles et dans l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, il a fortement appuyé la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation de son mandat pour un an.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Ghana entrent au Conseil de sécurité à partir du 1er janvier 2022 pour un mandat de deux ans

Soixante-quinzième session,
78e & 79e séances - matin & après-midi, 77e séance (reprise) - après-midi
AG/12336

Assemblée générale: l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Ghana entrent au Conseil de sécurité à partir du 1er janvier 2022 pour un mandat de deux ans

L’Assemblée générale a renouvelé aujourd’hui cinq sièges non permanents du Conseil de sécurité en élisant, à la majorité des deux tiers, l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Ghana pour un mandat de deux ans commençant le 1er janvier 2022.  L’Assemblée a confirmé la nomination de Mme Rebeca Grynspan, du Costa Rica, au poste de Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour un mandat de quatre ans dont le début sera annoncé plus tard, avant d’entamer son débat sur le rapport annuel du Conseil de sécurité et d’achever sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida.

Seuls candidats présentés par leur Groupe régional respectif, l’Albanie a été élue par 175 voix, le Brésil, 181 voix, les Émirats arabes unis, 179, le Gabon, 183 et le Ghana 185 voix.  Ces pays remplacent les membres dont le mandat se termine le 31 décembre 2021 après avoir siégé deux ans au Conseil, à savoir: l’Estonie, le Niger, Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie et le Vietnam.  Du 1er janvier au 31 décembre 2022, le Conseil sera donc composé des cinq membres que sont la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni; les nouveaux élus rejoignant l’Inde, l’Irlande, le Kenya, le Mexique et la Norvège.

Il faut espérer que leurs prochains rapports d’activités auront meilleure presse que la dernière édition, couvrant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020, présentée aujourd’hui à l’Assemblée générale.  Le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin et Représentant permanent de l’Estonie s’est pourtant enorgueilli de ce que l’organe des Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales ait pu, malgré l’impact de la pandémie de COVID-19, tenir 81 réunions en personne et 269 par visioconférence, après avoir approuvé des méthodes de travail « exceptionnelles ».  Le Conseil a ainsi adopté 57 résolutions en personne et par procédure écrite, 13 déclarations présidentielles et publié 46 déclarations à la presse, sans être néanmoins en mesure d’effectuer des missions sur le terrain.

Ce sont surtout les divisions et l’échec à s’acquitter de son mandat que le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, a dit avoir retenus du Conseil, l’année dernière, y compris les graves conséquences et les indicibles souffrances humaines que cette paralysie a causées.  Les succès ou les échecs du Conseil sont vus comme ceux des Nations Unies, a-t-il asséné, parce que le Conseil est le « visage » de l’Organisation.  De nombreuses délégations ont d’ailleurs relevé que le Conseil a pris quatre mois pour soutenir, dans une résolution, l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu mondial pour garantir une aide humanitaire sans entrave pendant la pandémie et qu’il s’est heurté à trois reprises au droit de veto.

C’est peut-être le Costa Rica qui a le mieux résumé le sentiment général devant le rapport annuel du Conseil.  Il a critiqué « l’absence totale d’analyse et de substance », laquelle empêche tout débat informé sur les questions les plus urgentes de la paix et de la sécurité internationales.  Le rapport, a-t-il tranché, n’est rien de plus qu’une compilation de résolutions, de lettres de la présidence, de dates et de symboles accompagnés du nom des questions inscrites à l’ordre du jour.  Sa partie prétendument substantielle et analytique se réduit peu à peu à « une peau de chagrin », passant de six lignes en 2018, à quatre en 2019 pour n’être plus que trois lignes en 2020.  Le rapport parle des crises sans les énumérer.

Les évaluations mensuelles des présidences du Conseil ont été réduites à une simple liste, plusieurs présidents n’ayant même pas procédé à l’exercice, dont deux membres permanents.  Le Conseil doit pouvoir expliquer pourquoi après des délibérations sur une situation donnée, il choisit d’adopter une résolution, une déclaration présentielle ou un communiqué à la presse, a martelé le Costa Rica.  Ces documents sont appelés « résultats » mais, ont tranché à leur tour les Émirats arabes unis, de vrais résultats c’est lorsqu’on a fait une différence sur le terrain.  Le Conseil, se sont-ils impatientés, doit cesser de croire que quand il adopte une résolution, il a fait son travail.  Bien au contraire, c’est là que les choses commencent.

Quand une résolution n’est pas adoptée, le Conseil doit aussi dire pourquoi, a renchéri l’Iran, qui s’est par exemple étonné que le rapport ne dise rien sur la raison pour laquelle 13 des membres du Conseil se sont opposés au projet de résolution présenté par les États-Unis, le 14 août 2020, pour lui imposer un embargo sur les armes.  Il s’agissait, a souligné l’Iran, de rejeter une violation « claire » de la résolution 2231 (2015) sur le Plan d’action global commun.  

Le manque de transparence, l’opacité et le caractère exclusif de la prise de décision au Conseil ont été vivement critiqués par le Pakistan.  Une large part des travaux a lieu à huis clos, érodant « la culture d’ouverture ».  Le Conseil est en effet devenu « plus fermé que jamais », sans interaction avec les autres États membres, validant l’idée que sa nature « fermée et élitiste » ne peut être changée que par l’arrivée de nouveaux membres non permanents.

Pour le rapport annuel de 2021, le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence Groupe (Groupe ACT) a dit attendre une analyse de l’impact de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales, sur les travaux et les outils dont dispose le Conseil et l’énumération et l’évaluation de toutes les réunions virtuelles, qualifiées aujourd’hui de « visioconférences » ou de « réunions informelles ».

L’Assemblée générale a aussi entendu aujourd’hui les derniers orateurs de sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qu’elle a entamé le 8 juin dernier, en adoptant une Déclaration politique fixant des objectifs « ambitieux » à réaliser d’ici à 2025, pour pouvoir concrétiser l’objectif 3 sur la santé et le bien-être du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’Assemblée a prévu une autre séance publique mercredi 16 juin à partir de 10 heures pour se prononcer sur plusieurs résolutions.

ÉLECTION DE MEMBRES NON PERMANENTS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/75/2)

Déclarations liminaires

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a souligné l’importance du débat d’aujourd’hui, le Conseil de sécurité étant chargé d’agir au nom de tous les États Membres des Nations Unies.  Il a indiqué que l’examen du rapport du Conseil est une responsabilité prévue par la Charte et l’occasion de tenir les Quinze responsables « de qu’ils ont fait ou pas fait ».  Le Président de l’Assemblée a félicité ces derniers pour avoir présenté leur rapport annuel dans des délais satisfaisants, « pour la première fois de l’histoire récente ».  C’est un premier pas positif pour renforcer la transparence et la responsabilité du Conseil vis-à-vis de tous les États Membres des Nations Unies. 

Le Président a salué l’activité soutenue du Conseil en 2020 malgré les effets négatifs de la pandémie.  Il a aussitôt noté avec regret les cas où le Conseil a affiché ses divisions et échoué à s’acquitter de son mandat, engendrant de graves conséquences et d’indicibles souffrances humaines.  Les succès ou les échecs du Conseil sont vus comme les succès et les échecs des Nations Unies, a-t-il dit, en rappelant que le Conseil est le « visage » de l’ONU.  Le Président a exprimé sa détermination à assurer, avec la présidence du Conseil, un processus de sélection du Secrétaire général « transparent et inclusif ».  « J’espère que ce processus s’achèvera avec succès la semaine prochaine lorsque tous les membres de l’ONU se réuniront pour la décision finale. »

Le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin et Représentant permanent de l’Estonie a présenté le rapport annuel (A/75/2), couvrant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020.  M. SVEN JÜRGENSON a indiqué que malgré l’impact de la pandémie de COVID-19, le Conseil a tenu 81 réunions en personne et 269 par visioconférence.  Il a approuvé des méthodes de travail « exceptionnelles » pour permettre la poursuite de ses travaux dont la plupart ont été maintenues au cours de chaque présidence, de mars à décembre.

Au cours de la période considérée, le Conseil a adopté 57 résolutions en personne et par procédure écrite, 13 déclarations présidentielles et publié 46 déclarations à la presse, mais il n’a pas été en mesure d’effectuer des missions sur le terrain.  Le Conseil a continué de se concentrer sur les situations qui affectent la paix et la sécurité en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique latine, dans les Caraïbes et au Moyen-Orient.  Il a également continué d’examiner des questions thématiques, générales et transversales, notamment la non-prolifération, les menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes, la protection des civils dans les conflits armés, les enfants et les conflits armés, le maintien et la consolidation de la paix, les femmes, la paix et la sécurité et la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.

Le Conseil a aussi entendu des exposés sur les travaux de ses organes subsidiaires, y compris ses comités des sanctions.  Il a organisé un débat public annuel sur ses méthodes de travail en mai 2020 pour examiner la mise en œuvre de la Note S/2010/507 et discuter des moyens d’assurer la transparence, l’efficience et l’efficacité des travaux.

Le Président du Conseil s’est dit heureux de pouvoir dire qu’en dépit des restrictions aux méthodes de travail du Conseil, imposées par la pandémie de COVID-19, le Conseil a pu terminer et adopter son rapport encore plus tôt que l’année dernière.  L'examen de ce rapport par l’Assemblée est un aspect très important de la transparence, a souligné M. Jürgenson qui s’est engagé à transmettre les points de vue exprimés aujourd’hui à ses collègues du Conseil.

Déclarations

Au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a commencé par indiquer que l’une des priorités du Groupe est de promouvoir l’interaction significative entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale et plus de transparence de la part du Conseil.  Il a salué le fait que ce dernier ait adopté son rapport trois jours avant la date butoir du 30 mai et que son examen par l’Assemblée générale intervienne immédiatement après.  Ce rapport, a estimé le représentant, donne un aperçu « utile et factuel » des travaux du Conseil, profondément impactés en 2020 par la crise liée à la pandémie de COVID-19.  Le Conseil a donc dû renoncer à plusieurs réunions en personne et aux missions sur le terrain.

Soucieux que la mémoire institutionnelle des méthodes de travail du Conseil soit préservée en cas de circonstances exceptionnelles, le représentant a encouragé des discussions régulières sur les leçons apprises de cette crise, en gardant à l’esprit les objectifs tels que la préparation aux éventualités et l’efficacité, l’efficience et la transparence des travaux.

Le représentant s’est félicité des efforts déployés pour un retour progressif dans la salle du Conseil de sécurité et aux méthodes de travail qui y sont associées, compte tenu de l’évolution de la situation à New York.  Il a cependant regretté qu’en 2020, les restrictions sanitaires aient affecté l’inclusivité du Conseil à la fois pour les non-membres du Conseil et pour les autres parties prenantes.  Il a par ailleurs salué l’introduction d’intitulés clairs sur les dossiers individuels et thématiques, tout en jugeant que les contributions des rapporteurs d’autres organes de l’ONU ou de la société civile, ainsi que celles des non-membres du Conseil lors des réunions pertinentes, pourraient être mieux reflétées.

Le représentant a également encouragé des évaluations mensuelles par les présidences du Conseil, notant que ces documents constituent d’importantes références pour refléter les points de vue des membres et éclairer les travaux du rédacteur du rapport annuel et des délibérations du Conseil en la matière.  Selon lui, ces évaluations ne doivent pas être considérées comme le point de vue du Conseil dans son ensemble et assujetties au consensus.  Le représentant a d’autre part salué les efforts visant à accroître la transparence des activités du Conseil, notamment les séances d’information organisées pour tous les membres et les sessions de synthèse, respectivement au début et à la fin des présidences successives.  Il a encouragé tous les membres actuels et futurs du Conseil à poursuivre et à renforcer cette pratique. 

Enfin, dans la perspective du rapport annuel 2021 et au-delà, il a prévenu que l’année en cours sera encore marquée par les effets de la pandémie, tant pour le fonctionnement du Conseil de sécurité que pour la quasi-totalité des points inscrits à son ordre du jour.  De fait, a-t-il dit, le Groupe ACT réitère ses appels au Conseil pour qu’il prenne en considération, dans l’introduction du rapport 2021, l’impact de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales et sur les travaux et outils.  Il a invité les membres du Conseil à discuter de cette option, y compris dans le cadre du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure.  Il a également espéré que le Conseil tiendra dûment compte, dans le rapport annuel 2021, de toutes les réunions qui ont eu lieu dans un format virtuel, bien qu’elles aient été qualifiées de visioconférences ou de réunions « informelles » dans le programme de travail depuis avril 2020.  Le Groupe ACT, a-t-il dit en conclusion, se réjouit de collaborer avec la France qui dirigera le processus de rédaction du rapport 2021.

Mme LIVIA LEU (Suisse) a d’emblée souligné la réactivité du Conseil de sécurité aux défis de la paix et de la sécurité internationales.  Saluant le « potentiel d’amélioration », elle a voulu soulever trois points importants et d’abord la souplesse du Conseil dont elle s’est félicitée, pour assurer la continuité de son action au cœur de la pandémie.  Le Conseil, a-t-elle estimé, est parmi les organes de l’ONU qui ont réagi le plus vite et qui sont restés opérationnels même pendant le confinement total à New York.  Cependant, la représentant a regretté que l’adaptation à la nouvelle donne se soit faite au détriment de la participation des États non membres aux travaux du Conseil.

Malgré des négociations « longues et difficiles », le Conseil, s’est encore félicitée la représentante, a finalement pu envoyer « un signal fort » de responsabilité par la résolution 2532 (2020) soutenant l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, élément crucial pour garantir un accès humanitaire sans entrave.  Poursuivant, la représentante a fait observer que 2020 a sonné les 20 ans de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, dont la mise en œuvre a connu une évolution encourageante.

Dans un troisième point, la représentante a dit saisir l’ampleur face de la tâche assignée au Conseil en 2020 et a salué l’exploitation de la large palette d’instruments à sa disposition.  La représentante a donné pour exemple la Mission au Soudan qui joue un rôle essentiel dans le soutien à la transition en cours.  En revanche, elle a regretté l’affaiblissement du mécanisme d’assistance humanitaire transfrontalière en Syrie, un pays qui représente le plus grand engagement humanitaire de l’histoire de la Suisse.  La représentante a conclu en indiquant que son pays va présenter dans un an et pour la toute première fois, sa candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité, afin d’assurer sa contribution à la paix et la sécurité internationales.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), qui a fait sienne la déclaration du Portugal au nom du Groupe ACT, a critiqué un « rapport quantitatif » et réclamé des analyses, des informations et des détails sur les réunions, qui sont importants pour les États Membres.  Quels sont les points qui ont fait l’objet d’un accord?  Quelles sont les difficultés auxquelles le Conseil de sécurité s’est heurté?  Quelle est l’évaluation des menaces à la paix et à la sécurité internationales?  Comment la pandémie de COVID-19 continue-t-elle d’influer sur le travail des missions sur le terrain?  Quel impact a eu sur le terrain la résolution 2532 (2020) sur le soutien du Conseil à l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général?  Ce sont des réponses à toutes ces questions que nous aurions souhaitées, a martelé le représentant.  M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a critiqué « l’absence totale d’évaluation et de substance » dans le rapport du Conseil de sécurité, laquelle empêche tout débat informé sur les questions les plus urgentes de la paix et de la sécurité internationales.  Le rapport n’est rien de plus qu’une compilation de résolutions, de lettres de la présidence, de dates et de symboles accompagnés du nom des questions inscrites à l’ordre du jour, s’est indigné le représentant.  Sa partie prétendument substantielle et analytique se réduit peu à peu à « une peau de chagrin », passant de six lignes dans le rapport 2018, à quatre en 2019 pour n’être plus présenter que trois lignes dans le rapport 2020.

La seule partie substantielle du rapport 2020 se limite à dire qu’« en 2020 la situation internationale s’est caractérisée par différentes crises, malgré l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial afin que les efforts se concentrent sur la lutte contre la pandémie ».  Le rapport n’énumère même pas la liste de ces crises ni les raisons qui ont empêché la concrétisation de l’appel urgent à un cessez-le-feu mondial.  Le Conseil a attendu quatre mois pour adopter une résolution en faveur de cet appel et s’exprimer sur la pandémie de COVID-19.

Le représentant a aussi noté que les évaluations mensuelles des présidences du Conseil ont été réduites à une simple liste, sans aucune évaluation ni analyse, plusieurs présidents n’ayant même pas procédé à l’exercice, dont deux membres permanents.  Le représentant a dit attendre du Conseil un rapport annuel plus analytique, réflexif et prospectif, et non une simple compilation.  Il a réclamé une analyse du processus de prise de décisions, en particulier des points de divergence et de convergence.  Le Conseil doit expliquer pourquoi après des délibérations sur une situation donnée, il choisit d’adopter une résolution, une déclaration présentielle ou un communiqué à la presse. 

Le Conseil doit aussi, a conclu le représentant, rendre ses débats plus inclusifs et plus participatifs en adaptant, en conséquence, ses méthodes de travail.  Enfin, le représentant a proposé que les résolutions, quand elles portent sur des menaces à la paix internationale et à la sécurité internationale, soient ouvertes au coparrainage de tous les États Membres et pas seulement aux 15 membres du Conseil.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a estimé que les rapports annuels du Conseil devraient démontrer ce que dernier a apporté comme changements dans le monde et ne pas se contenter de donner un aperçu du nombre de réunions qu’il a eues ou des déclarations qui ont été prononcées.  Bien qu’il puisse être difficile de lier directement un résultat du Conseil à un effet sur un conflit ou une menace à la paix et à la sécurité, « le monde attend quand même du Conseil qu’il produise des résultats ».  Le Conseil pourrait, par exemple, mesurer l’effet de son actions sur le programme « femmes, paix et sécurité » en déterminant si plus de femmes ont été impliquées dans les processus de médiation. De même, il pourrait évaluer son soutien à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial et voir les conséquences, avec de véritables données.

Les résolutions du Conseil et les déclarations présidentielles sont appelées « résultats », mais nous devrions ne pas perdre de vue que les résultats réels consistent à savoir si ces résolutions ou déclarations font une différence.  Le Conseil devrait donc veiller à assurer le suivi de ses décisions et ne pas penser que le travail est fait lorsqu’une résolution est adoptée.  « En fait, c’est à ce moment-là que le travail commence », a-t-elle relevé, ajoutant qu’en tant que membre potentiel du Conseil pour 2022-2023, son pays s’efforcera de renforcer autant que possible la nature axée sur les résultats du Conseil.

Deuxièmement, a poursuivi la représentante, « le Conseil est plus efficace lorsqu’il est uni ».  Alors que les défis de sécurité sont de plus en plus complexes et qu’il devient difficile d’atteindre l’unanimité, nous devons créer les conditions qui permettent le compromis et le consensus, a-t-elle plaidé.  Bien que la pandémie ait rendu les négociations impossibles, le retour aux réunions en présentiel devrait permettre au Conseil de créer un espace pour des échanges privés et francs qui aident à surmonter les obstacles politiques et à rapprocher les positions sur des questions épineuses afin que chacun se sent à l’aise pour partager ses points de vue.

Toutefois, a nuancé la représentante, nous ne devons pas fonder nos espoirs sur un Conseil plus uni uniquement grâce à des réunions en présentiel.  Nous devons également nous efforcer de parvenir à un consensus sur la prorogation des mandats, en particulier lorsque les soldats de la paix sont en danger.  En 2019, a-t-elle noté, 84% des renouvellements de mandat ont été effectués à l’unanimité mais ce chiffre est tombé à 77% l’an dernier.  « Nous ne pouvons pas laisser la politique éroder le soutien aux missions de maintien de la paix et saper les mandats que le Conseil de sécurité leur a confiés », a-t-elle martelé.

Enfin, observant que la pandémie de COVID-19 a été un défi pour tous, la représentante s’est félicitée que le Conseil ait pu adapter ses méthodes de travail relativement rapidement, prouvant ainsi qu’il peut se montrer résilient et innovant si besoin.  Le partage des bonnes pratiques de gestion des réunions virtuelles par les présidences successives a joué un rôle clef en permettant au Conseil de faire face aux premiers défis liés au changement soudain de ses méthodes de travail, a-t-elle constaté, avant de former le vœu que cet esprit d’innovation sera maintenu, alors que l’on s’achemine vers une « nouvelle normalité ».

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a jugé le débat d’aujourd’hui important pour plusieurs raisons et d’abord parce que le Conseil de sécurité a l’obligation, au titre de la Charte, de présenter un rapport annuel à l’Assemblée générale.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, les membres du Conseil élus ou non élus, agissent au nom de l’ensemble des États Membres, et ce débat est un mécanisme propre à les tenir comptables de leurs actes, ce qui est important, pour la relation entre les deux organes.  Enfin, ce débat permet aux membres de l’Assemblée générale de faire connaître leur point de vue sur les activités du Conseil.  Compte tenu de cela, le représentant a réclamé des rapports plus analytiques avec davantage de réflexion en lieu et place des statistiques sur le nombre des lettres échangées et des textes adoptés.

Le rapport est loin d’être le document de fond qui permettrait aux États Membres d’évaluer en profondeur les activités du Conseil, a tranché le représentant.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déploré le manque de transparence du Conseil, ainsi que la lenteur des progrès s’agissant de la réforme de ses méthodes de travail.  Il a vu une « tendance préoccupante » dans le fait que le rapport demeure incomplet sur les activités du Conseil mais surtout sur les domaines où le Conseil échoue à agir.  Le Conseil n’a pas assumé son rôle de leadership pendant la pandémie, a asséné le délégué, en lui reprochant d’avoir tardivement soutenu l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial.  Rappelant que la sécurité humaine doit être au cœur de ses travaux, il a estimé que le Conseil n’est pas à la hauteur des responsabilités que la Charte lui confie.  Il a ainsi dénoncé la décision de restreindre à un strict minimum l’assistance humanitaire transfrontalière en Syrie, une aide vitale qui est devenue « un objet de marchandage » entre des pays d’abord et avant tout soucieux de leurs intérêts nationaux, a-t-il dit.  Le délégué a fustigé l’exercice à trois reprises du droit de veto en 2020.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a concédé que par rapport aux années précédentes, le rapport 2020 est « une amélioration ».  Le rapport parle de ce que le Conseil n’a pas pu faire et mentionne des résolutions qui n’ont pas pu être adoptées.  Mais il aurait dû inclure des explications, et notamment sur les trois  « vétos » de l’année dernière.  Se défendant de vouloir critiquer les membres du Conseil, le représentant leur a expliqué que l’introduction d’un peu plus de transparence sur les défis auxquels ils sont confrontés les aiderait à aller de l’avant sur les questions difficiles.  Il a salué le fait que le rapport ait été présenté dans les délais impartis, estimant que le respect du calendrier montre « le sérieux » du Conseil.  Il s’est dit « encouragé » par le fait que presque tous les présidents du Conseil aient présenté leur évaluation mensuelle, avant de regretter l’absence de consultations sur l’élaboration du rapport, les dernières remontant à 2002.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a, à son tour, critiqué un rapport sans informations substantielles et analytiques sur les grandes tendances de la paix et de la sécurité internationales.  Ce document, a-t-il tranché, ne remplit pas les conditions prévues par la Charte, parce qu’il ne permet pas à l’Assemblée d’apprécier dans le fond la performance du Conseil.  Le représentant a pris pour exemple l’acte terroriste, commis sur ordre du Président des États-Unis, le 3 janvier 2020, et qui a violé la souveraineté de l’Iraq, tuant « deux héros » de la lutte régionale contre la terreur, dont le général Qasem Soleimani.  Alors que cet « aventurisme militaire » de la part d’un membre permanent du Conseil a précipité une région déjà volatile au bord d’une guerre totale, le Conseil est resté silencieux.

Le représentant a également rappelé que, le 14 août 2020, les États-Unis ont présenté un projet de résolution imposant un embargo sur les armes à son pays, un texte rejeté par 13 membres du Conseil.  Le rapport mentionne ce fait mais il ne dit rien sur la raison de cette « forte opposition » qui est la violation de la résolution 2231 (2015).  L’actuelle administration américaine affirme avoir changé de cap sur le Plan d’action global commun.  Certes, a dit le représentant, mais ce changement nous semble sémantique, parce que la politique de pression maximale continue.  Il a dénoncé les sanctions américaines contre son pays et a prévenu que les pourparlers en cours à Vienne permettront à l’Iran mesurer « la sincérité » des États-Unis.  Il a dit attendre de ces derniers un véritable changement de cap, l’abandon de sa politique de pression maximale et de son « terrorisme économique ».  Le représentant n’a pas voulu conclure sans dénoncer l’échec « misérable » du Conseil face aux violations commises par le régime israélien qui encouragé par le silence du Conseil, a mené une guerre totale de 11 jours à Gaza. Compte tenu du fait que les répercussions humanitaires, sociopolitiques et économiques de la pandémie de COVID-19 sur la paix et la sécurité internationales continueront d’être présentes dans les mois et les années à venir, en particulier dans les pays les plus vulnérables, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a jugé que l’action du Conseil, en collaboration avec l’Assemblée générale et d’autres organes de l’ONU, sera d’une importance particulière.  C’est précisément pour ces raisons que l’on ne peut ignorer qu’en 2020, certains projets de résolution, dont l’objectif principal était de faciliter l’accès humanitaire sans restriction dans les zones de conflit, ont fait l'objet d’un véto sur lequel le rapport du Conseil ne donne aucune explication. 

Tout cela, a-t-il dit, souligne une fois de plus la nécessité d’adopter des mécanismes formels pour garantir la transparence et la responsabilité du Conseil de sécurité envers la communauté internationale.  Le Mexique en a profité pour réitérer son appel aux membres permanents du Conseil de sécurité de renoncer à leur droit de veto en cas d’atrocités de masse, et pour exhorter la communauté internationale à se joindre à l’initiative franco-mexicaine, qui compte déjà 105 signataires.

Le représentant a également relevé une omission importante « qui a des implications », à savoir que le rapport n’identifie pas clairement les communications envoyées au Conseil de sécurité en vertu de l’Article 51 de la Charte sur le droit de légitime défense.  Certains États ont invoqué cet Article dans des contextes qui dépassent son champ d’application, créant un précédent dangereux sur l’usage de la force, a mis en garde le représentant. Il a d’ailleurs rappelé que cette question a été évoquée lors de la réunion en formule Arria que son pays a convoquée le 24 février dernier. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est tout d’abord félicité que le Conseil de sécurité ait adopté son rapport plus tôt que les années précédentes.  Cette amélioration est encourageante mais on ne saurait en dire autant sur son contenu, a-t-il relativisé.  S’il fournit une compilation utile des délibérations, le rapport ne fait pas la lumière sur la façon dont le Conseil fait face à des situations particulière et prend ses décisions, a regretté le représentant.  Notant que la Charte de l’ONU fait obligation au Conseil de fournir un rapport annuel sur ses travaux à l’Assemblée générale, il a souhaité que cette obligation ne devienne pas un « simple rituel ».  En effet, a-t-il pointé, le processus de prise de décision du Conseil est critiqué pour son opacité et son caractère exclusif.  Une large part de ses travaux a lieu à huis clos, ce qui n’a pas toujours été le cas.  Alors que ces travaux étaient ouverts à tous les États Membres au cours des premières années de l’ONU, cette culture d’ouverture s’est progressivement affaiblie, comme en témoigne la fréquence des réunions à huis clos qui ne sont pourtant pas prévues par le règlement intérieur du Conseil.

Certains non-membres ne pouvant participer aux séances publiques réservées de plus en plus aux membres, le Conseil est devenu « plus fermé que jamais », sans interaction avec les autres, ce qui compromet son rôle qui est d’agir au nom de tous les États Membres.  Cela valide l’idée selon laquelle la nature fermée et élitiste du Conseil peut être changée non pas seulement par l’arrivée de nouveaux membres mais en renforçant son inclusivité et en augmentant le nombre des membre non élus.  Alors que le Conseil reprend ses réunions en présentiel, il doit parvenir à un équilibre entre fonctionnalité et ouverture, a plaidé M. Akram.  Il faut, selon lui, que les non-membres puissent participer aux travaux, en particulier sur les questions qui les concernent.  De plus, il importe de ne pas perpétuer les restrictions lies à la pandémie de COVID-19.

De l’avis de M. Akram, le huis clos de certaines réunions et l’absence de transparence contribuent à « travestir la réalité ».  Alors que les tensions augmentent dans le monde et que les conflits prolifèrent, peu de progrès ont été accomplis sur les situations existantes, a constaté le représentant, citant l’exemple du Jammu-et-Cachemire.  Le Conseil n’a examiné cette situation qu’à deux reprises en 2020, alors que c’est un des points qui figurent depuis le plus longtemps à son ordre du jour.  Selon lui, l’accord intervenu cette année entre les autorités militaires du Pakistan et de l’Inde le long de la ligne de contrôle a montré leur engagement à prévenir une escalade.  Le Secrétaire général s’est lui-même félicité de cette évolution positive et a émis l’espoir d’un rapprochement entre les parties, a insisté M. Akram, ajoutant que ce ne sera possible que si l’Inde prend des mesures pour créer les conditions propices à ce dialogue.

Or, a-t-il déploré, l’Inde poursuit sa politique de répression dans le Jammu-et-Cachemire occupé et essaie de modifier la composition démographique de ce territoire.  Pour le représentant, ce différend pourrait être réglé de manière durable grâce à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil.  Pour l’heure, la crise humanitaire et les tensions continuent de représenter une « menace constante » pour la paix et la sécurité internationales.  Évoquant ensuite la période « historique » que traverse l’Afghanistan, M. Akram a souhaité que les parties afghanes saisissent cette occasion de réconciliation et continuent d’avancer sur la voie du processus de paix de Doha pour arriver à une fin des hostilités.  Il a également espéré que la communauté internationale et le Conseil approuveront les efforts visant à un règlement négocié et limiteront le rôle des « fauteurs de troubles ».  Pour le représentant, la poursuite de la tragédie palestinienne est un autre exemple de l’incapacité du Conseil à assurer la mise en œuvre de ses propres résolutions.

Dénonçant la paralysie du Conseil sur cette situation, il a également estimé que les innombrables autres conflits ne peuvent être séparés du phénomène croissant d’islamophobie et des discours de haine à l’encontre des musulmans.  Face à cette « nouvelle forme émergente de terrorisme », il a appelé la communauté internationale et le Conseil à lutter contre les groupes fascistes et totalitaires qui diffusent ces idées.  Il a en outre souhaité que le Conseil élargisse le champ du régime de sanctions pour y inclure les groupes « aspirés par ces nouvelles théories de haine contre les musulmans ».

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a exigé un rapport annuel complet et transparent pour que les États Membres puissent réfléchir aux travaux menés et à leurs incidences pour le maintien de paix et la sécurité internationales.  Elle a appelé le Conseil à enrichir son rapport avec davantage de contenus analytiques et l’a exhorté à tenir des débats publics sur la situation en Géorgie pour discuter des conflits prolongés de manière plus approfondie.  Elle a regretté que le débat que le Conseil a tenu en 2020 au titre des questions diverses sur l’agression militaire de la Fédération de Russie ne figure pas dans le rapport.

Rappelant que son pays était membre du Conseil en 2020, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a tout de même regretté un rapport peu analytique, empêchant de mieux comprendre les efforts du Conseil.  Elle a regretté que la question du Sahara occidental soit complètement en suspens et dénoncé l’incapacité du Conseil à agir sur la question de Palestine et du Moyen-Orient, en général.  Elle a pointé du doigt « la lenteur » dans la réforme du Conseil dont les mêmes ont tout de même pu se montrer « dynamiques » dans le programme « femmes, paix et sécurité ».  Soulignant la place importante de l’Afrique dans l’ordre du jour du Conseil, elle a demandé à la pérennisation des consultations annuelles avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19, c’est réformer le Conseil pour le rendre plus représentatif, a conclu la représentante.

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a jugé encourageant le fait de tenir enfin une réunion en présentiel sur le rapport du Conseil.  Il a remercié les membres du Conseil qui informent le reste des Membres de l’ONU des activités du Conseil en début et en fin de mois.  Il s’est félicité de la référence contenue dans le rapport à l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial et à la résolution du Conseil qui l’a entériné.  Malheureusement, le rapport ne fait pas état de l’application de ladite résolution, a-t-il dit.  Il ne contient pas non plus de compte rendu des réunions en formule Arria.  Ce rapport doit être plus analytique, a martelé à son tour le représentant.  L’accent doit être mis sur le fond.

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a indiqué qu’il souhaiterait que le rapport du Conseil de sécurité contienne une perspective plus analytique, et davantage de renseignements sur les tendances et l’évolution de la situation, en particulier sur les sujets se rapportant à des régions ou à des pays précis.  Il a également pressé « ardemment » le Conseil de sécurité de continuer de solliciter l’avis de la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui a été présidée par le Canada au cours de la période visée, et de s’y fier.  Il a constaté qu’il a fallu trop de temps avant que l’on ne s’attaque aux conséquences de la pandémie de COVID-19 proprement dite.  Il s’agit d’un échec lamentable, en particulier dans la mesure où le Secrétaire général, avec l’appui du Canada et d’un grand nombre d’États membres, a presque immédiatement appelé à un cessez-le-feu mondial afin de se concentrer sur la lutte contre la COVID-19, a-t-il déploré.

Le représentant a relevé que la capacité pour le Conseil de se réunir virtuellement est cruciale, et que celle-ci a également facilité la participation de représentants de haut niveau de certains États membres du Conseil et de certains présentateurs, « une nouveauté qu’il convient de pérenniser ».  Cependant, l’accès des États non membres aux travaux du Conseil a été coupé, même lors de débats soi-disant « ouverts », a-t-il regretté.  Il a appelé à prendre rapidement des décisions pour leur permettre de reprendre leur participation. 

Le multilinguisme a également souffert de la pandémie et du passage aux rencontres virtuelles, a-t-il poursuivi, notant que le secrétariat et les États membres du Conseil ont tardé à adopter des solutions technologiques.  Des inégalités se sont ainsi créées entre les délégations ici même, à New York.  Et le problème est encore bien plus grand pour ce qui est de la participation des personnes sur le terrain, qui ont la meilleure connaissance des situations de conflit, a-t-il signalé.

M. Rae s’est par ailleurs dit préoccupé par la question de la participation des femmes aux travaux du Conseil et a appelé les membres du Conseil et sa présidence à donner préséance aux présentatrices et aux expertes au moment d’établir les programmes de travail mensuels.  Le problème est causé par un manque d’ambition, et non par le manque de femmes occupant des postes importants dans le domaine de la paix et de la sécurité, a-t-il affirmé.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a, à son tour, remercié le Conseil d’avoir adopté son rapport avant la fin du mois de mai et su adopter des méthodes de travail souples, compte tenu des contraintes imposées par la pandémie de COVID-19.  Il a invité tous les membres du Conseil à faire des évaluations mensuelles à la fin de leur présidence respective et a insisté sur un rapport annuel contenant des analyses plus poussées sur les travaux et les différentes positions des États Membres.  Pour le Chili, le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies en Colombie et la sécurité de celle déployée en Haïti sont des questions d’une importance particulière.  Le représentant a plaidé pour plus de transparence dans les processus de prise de décision du Conseil de sécurité, au nom du multilatéralisme et de la confiance de l’opinion publique.

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a félicité les membres du Conseil pour avoir respecté la date butoir pour l’adoption et la présentation de leur rapport et observé qu’à l’évidence, les travaux du Conseil ont été affectés par la pandémie de COVID-19.  Toutefois, a-t-il fait remarquer, cette crise n’a pas amoindri la charge de travail ni réduit les obligations du Conseil au regard de la Charte de l’ONU.  Or, l’année 2020 a été marquée par une aggravation des tensions et des turbulences dans le monde, parfois en raison des effets de la pandémie, a constaté le représentant.  Il est donc essentiel que le Conseil puisse poursuivre ses travaux et traiter des différentes situations, a-t-il plaidé, avant de regretter la menace que fait peser le droit de veto sur la prise de décision.

Le représentant a aussi regretté que les membres du Conseil n’aient pas réussi à s’entendre sur des mesures intérimaires comme le vote virtuel en temps réel.  En vue du prochain rapport, il a souhaité que le Conseil précise les répercussions de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales ainsi que les leçons qu’il tire de cette crise pour ses travaux.  Il a également souhaité que les travaux du Conseil cessent d’être perturbés par les tensions et les dissensions.  Il importe donc, selon lui, que le Conseil soit transparent dans son fonctionnement et soit comptable de ses actes.  « Le débat de ce jour est un pas dans la bonne direction », a-t-il conclu. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a de nouveau appelé le Conseil à prendre des mesures afin de respecter les délais de présentation de son rapport à l’Assemblée, et ce dans un cadre « plus complet et analytique ».  Elle a réitéré la position de principe de son pays quant à la tenue de consultations ouvertes avant et pendant l’élaboration de ce rapport.  Ceci permettrait, à ses yeux, de démocratiser les travaux au niveau de l’organe exécutif et de refléter une vision d’ensemble.  De plus, la représentante a jugé important que figurent dans le rapport une analyse du processus de prise de décisions, ainsi que des éléments susceptibles d’éclairer les motivations qui ont mené les membres permanents à utiliser leur droit de veto.  Pour finir, elle a préconisé que le Conseil de sécurité se concentre à l’avenir sur la formulation d’une stratégie politique.  C’est un élément central dans la modification et l’élaboration des opérations de maintien de la paix.

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a relevé que la présentation plus rapide du rapport avait permis son examen deux mois plus tôt que dans le passé et a souhaité que cette pratique se poursuive, tout en suggérant que celle-ci soit accompagnée d’une mise à jour du travail du Conseil.  Il a relevé que la structure du rapport n’avait pas évolué et a souhaité que celui-ci contienne un aperçu plus stratégique de la mise en œuvre du mandat du Conseil et davantage de perspectives en matière de tendance et d’indicateurs de conflit.  Par-dessus tout, le rapport devrait adopter une approche plus coopérative envers l’Assemblée générale, a-t-il estimé, évoquant le respect de chaque État Membre envers les décisions du Conseil.  « La mise en œuvre ne peut être absente du rapport du Conseil. »  Il a également engagé le Conseil à améliorer ses relations avec les États Membres directement concernés par les points inscrits à son ordre du jour et avec ceux qui accueillent des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Le représentant a ensuite alerté qu’un effort est en cours pour tenter d’annuler les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil au sujet de la question de Chypre.  Une campagne sur le terrain cherche à créer suffisamment de faits accomplis pour rendre ces résolutions inapplicables, a-t-il dit.  Il a appelé le Conseil à empêcher ces développements, estimant que l’action la plus immédiate concerne la mise en œuvre sans plus tarder de ses décisions sur Varosha.

Il est certes utile d’inclure dans le rapport les documents que le Conseil reçoit ou élabore, mais ce qu’il faut, a insisté M. YURIY VITRENKO (Ukraine), c’est « au moins une idée de ce qui se passe sur le terrain » et les raisons pour lesquelles telle ou telle résolution a été rejetée.  Le Conseil pourrait expliquer même brièvement quel aspect de quel document a été perçu différemment par ses membres.  Il devrait s’attarder sur les résolutions qui n’ont pas été adoptées comme celle tant attendue, en octobre, sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le représentant s’est dit déçu du libellé « indélicat » sur le conflit entre son pays et la Fédération de Russie.  Il est « essentiel », a-t-il martelé, d’utiliser le bon libellé.  Il a particulièrement insisté sur la réunion d’information avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et estimé que la mention « de la crise dans l’est de l’Ukraine » promeut la propagande de la Fédération de Russie qui veut faire croire qu’il s’agit d’une crise interne et pas internationale.  C’est là, a tranché le représentant, une tentative de « l’agresseur » de cacher son rôle.  Le représentant s’est aussi dit particulièrement déçu qu’un libellé « arrangé » ait été utilisé dans le rapport au lieu des faits exposés clairement par le représentant de l’OSCE.

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a souligné le fait remarquable qu’a constitué l’absence de réunions du Conseil en présentiel en raison de la pandémie, avant de se féliciter de la continuité des travaux du Conseil.  Il a plaidé pour une action du Conseil flexible et innovante face à la recrudescence des dangers, dans le respect d’un bon équilibre entre transparence et efficacité.  Le délégué a demandé des méthodes de travail plus efficaces et souhaité un rapport plus inclusif et analytique.  La présentation de ce rapport n’est pas qu’une question de procédure, a-t-il dit, en insistant sur son importance pour les relations avec l’Assemblée.  Le délégué a remercié les membres du Conseil qui ont tenu une séance à la fin de leur présidence pour informer les autres Membres de l’ONU.  Enfin, il a pointé l’existence d’un consensus sur la nécessité d’une réforme du Conseil pour renforcer sa légitimité et son efficacité.

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a rappelé que la pandémie a affecté les activités de tous les organes des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité qui a dû adapter ses méthodes de travail aux nouvelles circonstances.  Les nouvelles modalités ont permis au Conseil de poursuivre ses travaux et de s’acquitter de son mandant.  Cependant, le représentant a relevé des incidences sur l’exécution, la souplesse et l’agilité dans la prise de décisions, de même que sur l’inclusion et la transparence des travaux.  Les plus affectés, a-t-il constaté, ont été les membres non permanents du Conseil.  Pour lui, « la pandémie a démontré l’importance de la diplomatie en présentiel ».  C’est pourquoi l’Argentine milite pour un retour à la normale dans son fonctionnement en prenant bien sûr les précautions nécessaires.  Son représentant a exhorté, en conclusion, les présidences du Conseil à procéder à des réunions-bilan dans les délais et avec le sérieux que cet exercice mérite.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) s’est félicité qu’en dépit des perturbations causées par la pandémie de COVID-19 en 2020, le Conseil de sécurité ait su s’adapter aux circonstances en prenant des mesures provisoires afin de s’acquitter de son mandat.  Bien que les travaux du Conseil restent marqués par un « niveau élevé d’opacité », il a salué le fait que cet organe ait pu continuer à travailler.  Rappelant que la Charte de l’ONU fait obligation au Conseil de maintenir une interaction avec les principaux organes de l’Organisation, le représentant a souhaité que la présentation de ce rapport à l’Assemblée générale ne soit pas la seule occasion où le Conseil doive rendre des comptes.  À cet égard, il appelé de ses vœux une mobilisation des synergies afin de rendre le travail de cet organe plus efficace.  S’agissant des rapports réguliers du Conseil de sécurité, M. de Souza Monteiro a estimé que cette ressource pourrait être utilisée plus souvent pour informer les États Membres. 

Le rapport annuel présenté aujourd’hui est principalement « descriptif », a constaté le représentant, jugeant qu’il mériterait d’être enrichi en y faisant figurer des éléments relatifs aux difficultés rencontrées au quotidien par le Conseil et des précisions sur ses méthodes de travail.  Il est évident que la COVID-19 a perturbé les travaux du Conseil mais une analyse transversale des incidences de ces difficultés sur la paix et la sécurité serait « bienvenue », a-t-il dit.  Selon lui, le rapport annuel devrait également recenser les tendances et les questions qui intéressent la communauté internationale dans son ensemble et prévoir la possibilité de tenir des échanges de vue interactifs directs avec tous les États Membres pour la rédaction de son introduction.  M. de Souza Monteiro a d’autre part souhaité que les évaluations faites chaque mois par les présidents du Conseil soient intégrées au rapport pour le rendre plus informatif.  Cela déboucherait sur un produit de meilleure qualité et tourné vers l’avenir, a-t-il assuré, avant d’appeler à ce que le prochain rapport fasse figurer le prochain cycle de dialogue avec les États contributeurs de troupes et avec les organes subsidiaires.  Enfin, il a jugé que « seule une réforme d’ensemble, avec la création de nouveaux sièges dans les deux catégories, permettra au Conseil d’être plus responsable et plus transparent ». 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a salué la remise dans des délais rapides de ce rapport qui vise à renforcer la transparence des travaux du Conseil et à favoriser les synergies.  Il a plaidé pour une bonne adaptation des méthodes de travail du Conseil aux défis de la sécurité et de la paix, avant de mentionner certaines résolutions portées par son pays lors de son mandat au Conseil.  Le délégué a ainsi pointé l’unité du Conseil lors du vote d’une résolution sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.  Il a plaidé pour une plus grande coordination entre l’Assemblée générale et le Conseil dans le respect de leurs mandats et pour une interaction accrue avec les pays contributeurs de troupes.  Enfin, le délégué indonésien a appelé de ses vœux un Conseil plus représentatif.

M. NICCOLÒ FONTANA (Italie) a salué l’évolution positive qui consiste à présenter le rapport du Conseil de sécurité en juin.  Il a toutefois regretté une approche non analytique de ses activités alors que 2020 a été une année extraordinaire.  Ainsi le Conseil n’a-t-il pas donné les raisons qui expliquent ses activités y compris le recours au droit de veto.  Ce qui rend plus pertinent les propositions du groupe ACT pour la réforme du Conseil, selon le représentant.  Il a souligné l’importance d’améliorer la transparence dans les relations de travail entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, notamment sur les questions de paix et de sécurité.  Enfin, le représentant a estimé que pour améliorer le rôle du Conseil, il faudrait l’élargir afin qu’il soit plus démocratique et plus représentatif. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a estimé que la pertinence du Conseil de sécurité implique que la présentation de ses rapports annuels ne soit plus un « exercice formel et non critique ».  À cet égard, il a jugé regrettable qu’année après année, on ignore que la majorité des États Membres demandent que ces rapports soient complets et analytiques afin de contribuer à un véritable exercice de responsabilité.  Pour le représentant, le rapport 2020 se limite à dresser la liste des réunions, des activités et des résolutions du Conseil, ce qui ne facilite pas l’évaluation des implications de ses décisions.  Par exemple, a-t-il pointé, le rapport n’évalue pas l’impact qu’ont eu les méthodes de travail temporaires utilisées par le Conseil à partir de la mi-mars 2020 sur l’exécution de son mandat.  De fait, les méthodes imposées par la pandémie de COVID-19 n’ont pas permis d’assurer la pleine participation des États membres du Conseil à des discussions ouvertes par visioconférence et ont limité la participation des États non membres aux consultations à huis clos sur les questions qui les concernent.  

Pour le délégué, il est « honteux » que le rapport omette les violations de ses propres résolutions, en particulier la résolution 2334 (2016), tandis qu’Israël continue d’étendre ses colonies illégales en toute impunité dans les territoires palestiniens occupés et menace d’annexer les territoires de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.  Il est regrettable que l’impasse sur cette question prolonge les souffrances du peuple palestinien, a-t-il martelé, avant d’appeler à plus de transparence dans les travaux du Conseil.  À ses yeux, celui-ci devrait représenter les intérêts de tous les États Membres de l’ONU, afin de préserver le multilatéralisme et la crédibilité de l’Organisation.  En ce sens, a-t-il ajouté, Cuba préconise que les consultations et les réunions non officielles du Conseil soient des exceptions.  Enfin, le représentant a dénoncé la manipulation sélective des travaux du Conseil comme outil de pression contre des États souverains ainsi que ses interférences dans des questions qui ne relèvent pas de sa compétence mais de celle de l’Assemblée générale. 

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a jugé essentielle une interaction régulière entre le Conseil et l’Assemblée.  Faire rapport est un mécanisme essentiel pour la transparence du Conseil et la responsabilité, a-t-il affirmé.  Il a appelé le Conseil à être plus transparent, avant de demander des échanges plus fréquents entre membres et non-membres du Conseil, en particulier avec les pays inscrits à l’ordre du jour du Conseil.  Il a déploré, à son tour, que le rapport ne présente pas d’analyses concrètes et approfondies, « comme on pourrait l’attendre du Conseil ».  Il a proposé que pour les futurs rapports, le Conseil devrait donner un résumé des votes et expliquer pourquoi telle ou telle délégation choisit d’exercer son droit de veto.  Il nous faut, s’est impatienté le représentant, un rapport plus analytique.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a salué la capacité d’adaptation du Conseil de sécurité malgré les difficultés dues à la pandémie de COVID-19.  Il en voulu pour preuve les 81 réunions en présentiel et 269 réunions en visioconférences, les 57 résolutions et les 13 déclarations présidentielles adoptées.  Un résultat somme toute comparable à celui de 2019, a-t-il fait observer.  Dans sa résolution 2532 (2020), le Conseil a notamment appuyé l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu immédiat dans le monde.  Un effort louable, selon lui, même si le caractère « sacré » de cet appel a été malheureusement enfreint à maintes reprises.  Poursuivant, le représentant a regretté que l’Afrique continue d’occuper une grande partie de l’ordre du jour du Conseil, malgré les efforts visant à contrer les crises sur le continent.  Les défis persistent, a-t-il reconnu, citant notamment la situation terrible des personnes réfugiées et déplacées pendant la pandémie.  De plus, les récentes attaques au Burkina Faso qui ont fait plus de 169 morts, montrent bien, selon lui, la fragilité de la situation sécuritaire de certains des pays du continent.  Le Ghana se félicite donc du partenariat tissé entre le Conseil et l’Union africaine pour lutter contre les crises et se réjouit de voir cette interaction s’approfondir.

Pour finir, le Ghana qui vient d’être élu membre non permanent du Conseil de sécurité à partir de janvier 2022, a fait part de sa disposition à coopérer avec l’ensemble des États Membres de l’ONU pour promouvoir la paix et la sécurité et garantir un développement inclusif et durable.

M. OBAIDA ABDULLAH ABOU ELABASS ELDANDARAWY (Égypte) a mis l’accent sur le rôle de la Commission de la consolidation de la paix que préside son pays.  Il faut renforcer l’interaction entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, a plaidé le représentant qui a regretté qu’il n’y ait pas d’analyse des mégatendances des crises dans le monde dans le rapport annuel du Conseil.  Ce faisant pourtant, le Conseil pourrait montrer ses capacités à résoudre les nombreux conflits dans le monde.  Prenant bonne note de la publication rapide du rapport, le délégué a toutefois demandé des débats approfondis à son sujet.  « Ce rapport doit être plus analytique. »  Il faut aussi que le Conseil présente des rapports spécifiques si l’Assemblée en fait la demande.  Enfin, le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité se tienne aux côtés de l’Assemblée générale pour faire face aux défis liés à la sécurité et à la paix dans le monde, et pour tirer des enseignements de la pandémie de COVID-19. 

M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) s’est félicité à son tour de ce que le rapport annuel du Conseil de sécurité ait été adopté et présenté à l’Assemblée générale avant la date butoir.  Il a ajouté qu’en tant que pays membre du Conseil depuis six mois, il souhaite la bienvenue aux nouveaux membres élus.  Notant ensuite que le débat de l’Assemblée générale sur le rapport du Conseil a souvent mis en évidence l’importance de l’analyse, il a regretté que cette question reste négligée.  Selon lui, il est important que le Conseil prête davantage attention aux rapports qu’il présente à l’Assemblée générale plutôt que de considérer ce processus comme une « simple formalité ».  Il s’agit d’une disposition à part entière de la Charte de l’ONU, a-t-il fait valoir, appelant le Conseil à pleinement informer les États Membres sur les mesures qu’il a prises pour maintenir la paix et la sécurité internationales au cours de la période considérée. 

L’Assemblée générale, a insisté le représentant, a besoin de plus d’informations sur la façon dont les missions de maintien de la paix fonctionnent et sur les raisons qui président à leur renforcement, à leur retrait ou à leur interruption, a-t-il souligné, avant de rappeler que la plupart des Casques bleus viennent de pays non membres du Conseil.  Le délégué a par ailleurs jugé déplorable que le Pakistan utilise cette plateforme onusienne pour tenir des propos « infondés » et agir « de manière inappropriée ».  Il a affirmé à cet égard que la décision prise par le Parlement indien sur le Jammu-et-Cachemire relève des affaires intérieures de l’Inde.  Plaidant pour que les divergences sur cette question se règlent de façon pacifique, il a estimé qu’il incombe au Pakistan de créer un environnement propice, notamment en faisant en sorte qu’aucun des territoires sous son contrôle ne soit utilisé pour agresser l’Inde. 

Droit de réponse

Le délégué du Pakistan a souhaité réagir à la déclaration de l’Inde.  « Nous voulons être clairs, le Jammu-et-Cachemire ne fait pas et ne fera jamais partie de l’Inde. »  L’Inde, qui est l’agresseur, pense qu’elle peut imposer sa volonté par la force, a affirmé le délégué, en ajoutant que le Jammu-et-Cachemire sera un jour libre.  « C’est une question de justice. »  Aucune rhétorique, aucune déclaration vide de sens ne pourra changer cela, pas plus qu’elles ne pourront changer les résolutions du Conseil sur le sujet, a poursuivi le délégué.  Enfin, il a invité l’Inde à « balayer devant sa porte ».

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Débat général (suite)

Mme CYNTHA FORDE, Ministre de l’autonomisation et des personnes âgées de la Barbade, a salué le fait que la Déclaration politique mette l’accent sur la réponse aux inégalités et sur les déterminants sociaux de l’épidémie de VIH/sida.  La pandémie de COVID-19 a entravé notre réponse au VIH/sida et la concrétisation de la cible 90-90-90, a admis la Ministre.  Elle a indiqué que l’une des principales leçons qu’elle a tiré de la pandémie de COVID-19 est la nécessité de préserver les systèmes de soins malgré les priorités divergentes.  Mme Forde a souligné la nécessité pour des pays comme le sien d’avoir accès à des mécanismes de financement.  Enfin, la Ministre a demandé aux agences de prêts de reconsidérer la classification de son pays, afin de mieux s’atteler à la réalisation du Programme 2030.

Mme JELENA BOROVINIĆ BOJOVIĆ, Ministre de la sante du Monténégro, a souligné que le Département de la santé de son pays met en œuvre le programme national de lutte contre le VIH/sida, conformément à la législation nationale et internationale.  À cet égard, a-t-elle poursuivi, le Fonds mondial et le système des Nations Unies ont toujours été des partenaires de choix.  Citant les données du registre du VIH/sida de son pays, Mme Bojović a indiqué qu’un total de 318 personnes infectées ont été enregistrées, depuis le début de l’épidémie en 1989 jusqu’à la fin de 2020.  Le programme national pour la période 2021-2024 englobe des mesures médicales, de santé publique, éducatives et communautaires.  Pour elle, le succès d’un programme exige avant tout un travail continu et systématique au sein du système de santé, une approche multidisciplinaire et la participation de la société civile.  Dans ce cadre, a-t-elle conclu, le respect des droits de l’homme des personnes vivant avec le VIH et de la population concernée, ainsi que la promotion de leurs droits, sont essentiels. 

Mme ANNA GOLAWSKA, Sous-Secrétaire d’État à la santé de la Pologne, a affirmé que son pays a fait de grands progrès ces dernières décennies en matière de prévention et de contrôle du VIH/sida et qu’il est aujourd’hui en bonne voie pour mettre fin au sida d’ici à 2030.  Avec une incidence de 3,4 pour 100 000 habitants, la Pologne fait partie des pays à situation épidémiologique stable à faible, a-t-elle souligné, ajoutant qu’en 2020, 93 millions de dollars ont été décaissés par l’État pour assurer l’accès universel au traitement pour toutes les personnes infectées. 

La Sous-Secrétaire d’État a rappelé que la Pologne a été parmi les premiers pays d’Europe centrale et orientale à proposer un accès gratuit aux soins pour les personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle a ajouté que le nouveau programme national 2022-2026 met l’accent sur la prophylaxie, l’approvisionnement ininterrompu en médicaments et la continuité des traitements, notamment pour les personnes séropositives bloquées chez elles en raison de la pandémie de COVID-19.  À cette aune, elle a dit attendre beaucoup de la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026.  « Les engagements pris sont le gage d’une lutte efficace contre le VIH/sida dans les années à venir », a-t-elle estimé. 

Depuis des décennies, la Jamaïque a constamment élaboré et mis en œuvre des stratégies pour endiguer l’épidémie par la prévention, le traitement et un environnement favorable, grâce à une approche axée sur les droits de l’homme, a déclaré Mme JULIET CUTHBERT FLYNN, Ministre d’État de la santé et du bien-être de la Jamaïque.  Le succès, a-t-elle affirmé, a été au rendez-vous comme en témoigne la prévalence chez les travailleurs du sexe qui est passée de 12% en 1993 à 2% en 2017.  L’adoption de l’initiative « Treat all » en 2017 et les fonds publics substantiels pour acheter des médicaments antirétroviraux ont entraîné une augmentation de 29% des personnes sous traitement et une augmentation subséquente de 51% des personnes à charge virale nulle. 

Cependant, a déploré Mme FLYNN, la pandémie de COVID-19 a détourné des ressources déjà limitées et fait courir au pays, comme à de nombreux autres pays en développement, le risque de perdre des gains durement acquis.  La riposte à la double épidémie a mis en évidence les lacunes et si la Jamaïque a pris des mesures pour les combler au sein du système de santé et par des stratégies et des modalités nouvelles, elle ne peut tout simplement poursuivre seule les efforts.  La Ministre a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts, conformément aux principes de solidarité mondiale et de responsabilité partagée.  En attendant, a-t-elle conclu, la Jamaïque réaffirme son engagement à créer un cadre renforcé et amélioré pour mettre fin efficacement à l’épidémie de sida d’ici à 2030, par le biais notamment du nouveau plan stratégique 2020-2025.

M. GUSTAVO ROSELL DE ALMEIDA, Vice-Ministre de la santé publique du Pérou, a indiqué qu’en dépit de la pandémie de COVID-19, son pays fait en sorte que les personnes vivant avec le VIH aient accès à leur traitement afin de maîtriser cette épidémie apparue en 1983.  À cette fin, le Gouvernement a mis en place des brigades mobiles en milieu urbain et dans les lieux les plus reculés du pays, notamment dans les zones amazoniennes.  Il travaille également avec les communautés pour que soit fournie une aide médicale et psychologique aux personnes qui souffrent de cette épidémie.  Les efforts portent par ailleurs sur la numérisation des services, a-t-il ajouté, évoquant le lancement d’applications qui permettent de localiser les centres de diagnostics et de traitement.  En recourant à des nouvelles technologies telles que la télésanté et la télémédecine, nous avons pu assurer la continuité des soins, s’est félicité le Vice-Ministre, non sans préciser qu’en raison de la pandémie actuelle, les médicaments sont fournis pour une durée de trois mois.  Le Pérou a d’autre part élargi sa capacité de diagnostic grâce à la plateforme « GeneXpert » et continue de faire de l’éducation l’un de ses axes de travail.  « Nous devons communiquer pour éviter de nouvelles infections et surtout pour informer les personnes à tous les âges de la vie », a-t-il expliqué. 

Mme TATIANA ZATIC, Secrétaire d’État au sein du Ministère de la santé, du travail et de la protection sociale de la République de Moldova, a soutenu d’emblée la nouvelle Déclaration politique sur la lutte contre le VIH/sida.  Elle a indiqué que la République de Moldova a fait des progrès significatifs ces dernières années en adaptant son cadre juridique et ses politiques publiques sur le VIH aux recommandations internationales et en garantissant le respect des droits humains.  Elle a évoqué un ensemble de services de prévention, de réduction des risques et de thérapie de substitution qui, a-t-elle affirmé, ont produit des résultats, transformé des vies humaines et contribué au développement d’une société saine et prospère. 

Faisant partie des premiers pays de la région à développer et à mettre en œuvre un programme national holistique sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, fondé sur des preuves et financièrement quantifié, la République de Moldova est actuellement en train de consolider ses efforts en vue d’assurer l’éducation des jeunes pour leur permettre de prendre des décisions responsables et éclairées en matière de santé, a expliqué Mme Zatic.  L’accent est également mis sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, la réduction de la violence sexiste et de la violence sexuelle, et la couverture universelle de la population par les services de santé, y compris pour les traitements liés au VIH.

La Secrétaire d’État a par ailleurs appelé la communauté internationale à veiller à ce que tous les pays, y compris ceux à revenus faibles et intermédiaire, aient accès à des technologies innovantes à des prix raisonnables, et puissent assurer l’accès universel aux services de santé.

M. LUIS ALEXANDER MOSCOSO OSORIO, Vice-Ministre de la santé publique de la Colombie, a reconnu que son pays fait face à d’importants défis pour contrôler l’épidémie de VIH/sida.  Avec 10 000 nouveaux cas par an en moyenne, la prévalence chez les personnes âgées de 15 à 49 ans est de 0,4%.  Cependant, a-t-il expliqué, l’épidémie est concentrée dans les populations clefs, en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les femmes transgenres, pour lesquels la prévalence est parfois supérieure à 20%.  Conformément à la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026, le pays met en œuvre des stratégies de prévention axées sur l’autotest et la prophylaxie pré-exposition, a précisé le Vice-Ministre, avant de faire état de progrès dans la réduction de la transmission mère-enfant du VIH, avec un taux de 2% ces deux dernières années. 

Soulignant l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les services de santé, M. Moscoso Osorio a averti que ces difficultés compliquent la réalisation de l’objectif 95-95-95.  Pour surmonter ces obstacles, l’État s’est engagé à renforcer la participation communautaire et à lutter contre toute forme de stigmatisation ou de discrimination, a-t-il précisé, se réjouissant à cet égard que la Déclaration politique évoque la promotion des droits sexuels et reproductifs, la prévention de la violence sexiste et l’élimination des pratiques néfastes telles que les mutilations génitales ou les mariages précoces.  Enfin, soulignant l’importance du financement de la riposte au VIH/sida, le Vice-Ministre a indiqué que la Colombie a investi en 2020 environ 130 millions de dollars pour répondre à cette épidémie, en plus des 6 millions de dollars versés par le Fonds mondial pour renforcer les actions de type communautaire.

Mme MARISELA BERMUDEZ, Vice-Ministre des réseaux collectifs de santé du Venezuela, a souligné l’importance pour son pays des soins de santé accessibles et de qualité, des services « difficiles à obtenir avec le modèle de santé capitaliste et privatisé ».  Le Venezuela, a-t-il dit, dispose d’une loi sur la promotion et la protection du droit à l’égalité pour les personnes vivant avec le VIH/sida et leurs familles, promulguée en 2014.  Cette législation prévoit l’accès gratuit aux traitements antirétroviraux, y compris pour les résidents étrangers.  Saluant les résultats engrangés par le plan national de renforcement de la riposte au VIH, à la tuberculose et au paludisme, la Vice-Ministre a remercié le Fonds mondial pour sa contribution.  Elle s’est également félicitée du soutien apporté à son pays par l’ONUSIDA et les agences du système des Nations Unies, avant d’appeler à plus de financement afin de pérenniser les acquis. 

Pour Mme Bermudez, les objectifs ambitieux visant à mettre fin à l’épidémie de sida doivent s’accompagner d’une levée des mesures coercitives unilatérales imposées au Venezuela par les États-Unis et certains de leurs alliés, qui restreignent l’achat de médicaments, de tests de diagnostic et d’autres fournitures de santé.  Enfin, annonçant que son pays a entamé la vaccination contre la COVID-19 des personnes vivant avec le VIH, elle a rendu hommage à des pays amis comme Cuba, la Fédération de Russie, la Chine et la Turquie, « qui ont contribué à réduire les effets du blocus économique ».

M. WANG HESHENG, Vice-Ministre de la Commission nationale de la santé et Commissaire de l’Administration pour la prévention et le contrôle des maladies de la Chine, a indiqué qu’au fil des ans, le Gouvernement chinois a mis en œuvre plusieurs plans d’action quinquennaux et amélioré ses politiques de contrôle du VIH/sida.  Dans le même temps, il a continué à accroître les investissements dans la prévention et le traitement, tout en assurant la participation de l’ensemble de la société.  Ainsi, la transmission mère-enfant et la consommation de drogues par injection ont été réduites à leur niveau le plus bas de l’histoire du pays, s’est félicité le Vice-Ministre, avant de souligner que la détection des personnes infectées et la réussite des traitements antirétroviraux ont tous deux atteint un taux supérieur à 90%.  De plus, a-t-il ajouté, la qualité de vie des personnes touchées par le VIH/sida s’est encore améliorée, tandis que la discrimination sociale liée à cette maladie a été réduite.

Après le déclenchement de la pandémie de COVID-19, a poursuivi le Vice-Ministre, la Chine a rapidement mis en place un dispositif de prévention et de contrôle, tout en garantissant la poursuite des traitements antirétroviraux, ce qui a permis de réduire l’impact de la pandémie sur le travail de prévention et de contrôle du VIH/sida.  Se disant toutefois conscient qu’il faudra redoubler d’efforts pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida.  Il a précisé qu’à cette fin, la Chine s’engage à renforcer quantitativement ses mesures de prévention, à fournir des services complets tout au long du cycle de vie et à protéger les droits des personnes vivant avec le VIH/sida.  Le Vice-Ministre a par ailleurs affirmé que son pays continuera de promouvoir la coopération internationale en matière de prévention et de lutte contre le VIH/sida, et soutiendra les efforts déployés par des organisations internationales telles que ONUSIDA pour assurer la coordination mondiale et faire progresser la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a donc appelé la communauté internationale à adhérer au multilatéralisme et à approfondir sa solidarité en vue de parvenir à l’élimination de cette maladie.

M. ALEXANDRE TARASENKA, Vice-Ministre de la santé du Bélarus, a indiqué que son pays continue de mener une politique spécifique dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida et de réaliser les engagements pris dans le cadre de la Déclaration politique de 2016.  Celle-ci est appliquée à travers un programme national de sécurité sanitaire, avec la mise en place d’un système d’accès universel aux consultations et au dépistage, et la garantie d’un traitement pour tous les séropositifs quel que soit leur statut sanitaire.  Cette politique s’est traduite par une tendance vers la réduction de cette épidémie, s’est félicité le Vice-Ministre.  Le Bélarus continue de réduire la transmission mère-enfant à travers notamment une stratégie de sensibilisation.  Pour finir, le Vice-Ministre a souligné que les partenaires du Bélarus ainsi que les membres de la société civile et autres secteurs ont réalisé une évaluation de son action.  Pour lutter contre la stigmatisation, a-t-il ajouté, des amendements ont été apportés à plusieurs projets de loi.

M. ANTONIO SALES, Vice-Ministre de la santé du Portugal, a d’entrée rappelé les progrès et les résultats obtenus dans le monde entier, et en particulier dans son pays en matière de lutte contre le VIH/sida.  Il a cité, dans ce contexte, l’adoption de la recommandation de l’OMS de « traiter toutes les personnes vivant avec le VIH », la réalisation des objectifs 90-90-90 de l’ONUSIDA, la mise en œuvre de l’autodiagnostic, la dépénalisation de la consommation de drogues, depuis 2002 et la gratuité du traitement de l’hépatite C pour tous.  Le Portugal peut être fier de ses réalisations, mais nous savons aussi, a-t-il nuancé, que de nombreux défis restent à relever.  Le Vice-Ministre a réaffirmé son profond engagement à travailler avec l’ONUSIDA, l’OMS, la société civile, y compris les personnes vivant avec le VIH et le sida, les professionnels de la santé, l’industrie pharmaceutique et le secteur privé, afin de progresser vers l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’assistance.  L’objectif étant de mettre ainsi fin aux infections, en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.

Mme MARINA SERENI, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a souligné que son pays a soutenu la lutte contre le VIH/sida, notamment par le biais de l’activité précieuse du Fonds mondial.  Lors de la dernière Conférence de mobilisation des ressources à Lyon, en octobre 2019, nous avons annoncé une augmentation de notre contribution au Fonds, a rappelé la Vice-Ministre. 

Plusieurs ONG, institutions de recherche et universités italiennes sont particulièrement actives sur le terrain, travaillant avec les communautés.  Il y a quelques jours, le 21 mai dernier, l’Italie a coorganisé le Sommet mondial sur la santé avec la Commission européenne, dans le cadre de la présidence italienne du G20.  À cette occasion, la Déclaration de principes de Rome sur la préparation et la réponse aux pandémies a été adoptée.  Le VIH/sida, bien avant la pandémie de COVID-19, a révélé de manière « frappante » la nature interconnectée de la sécurité sanitaire au sein des nations et entre elles.  C’est pourquoi, a estimé la Vice-Ministre, le multilatéralisme et la coordination sont essentiels pour parvenir à la sécurité sanitaire mondiale, en ne laissant personne de côté.

M. ANDREI ROMICĂ BACIU, Secrétaire d’État à la santé de Roumanie, a souligné les efforts de son pays pour garantir l’accès universel au traitement et aux soins depuis le début des années 1990, en se concentrant principalement sur les enfants entre la fin des années 1980 et le début des années 1990.  Ainsi, des soins et des thérapies spécifiques ont été mis en place pour tous les patients, indépendamment notamment du niveau de la charge virale.  Dans le même contexte, le taux de survie des anciens enfants infectés entre 1988 et 1990, qui sont aujourd’hui des adultes, reste élevé, même aujourd’hui, 30 ans après leur diagnostic.  En ce qui concerne les objectifs 95-95-95 de l’ONUSIDA en matière de dépistage et de traitement, il est encore nécessaire de consolider les efforts principalement pour les populations spécifiques, c’est-à-dire les consommateurs de drogues injectables, les professionnels du sexe, les sans-abri, et d’améliorer les stratégies qui permettent de maintenir ces patients dans des soins spécialisés. 

S’agissant des femmes enceintes, grâce au plan national lancé en 1999, la transmission mère-enfant est réduite.  Cependant, toutes catégories sociales confondues, il faut encore tenir compte des risques encourus par les femmes enceintes qui consomment des drogues. 

C’est pourquoi il est crucial d’adapter une approche sociale qui tienne compte des vulnérabilités et qui se concentre sur le dépistage et le traitement du VIH, ainsi que sur la prophylaxie ou le traitement des enfants.  En ce qui concerne la pandémie de COVID-19 et la gestion du VIH au niveau national en 2020, il faut mentionner, a conclu M. Baciu, que, comme cela s’est produit dans la plupart des pays touchés par cette nouvelle maladie, l’impact s’est fait ressentir sur les programmes nationaux de lutte contre le VIH, ce qui a entraîné une baisse des taux de dépistage et une diminution de l’accessibilité aux cliniques de maladies infectieuses dont l’activité principale est la gestion des patients atteints de COVID-19.   

M. FAISAL SULTAN, Assistant spécial du Premier Ministre pour les Services nationaux de la santé, les Régulations et la Coordination du Pakistan, a estimé que pour mettre fin au sida d’ici à 2030, la communauté internationale doit évaluer les ravages causés par la pandémie de COVID-19 et tirer des leçons des expériences des uns et des autres.   Les cibles des objectifs de développement durable liés à la santé restent des priorités pour le Pakistan, qui a fait des progrès significatifs dans la lutte contre le VIH/sida, a ajouté l’Assistant spécial.   Dans le contexte de la COVID-19, le Gouvernement a augmenté le personnel, renforcé les activités de proximité dans le secteur de la santé et fourni du matériel de protection individuelle à tous les agents de santé, tout en facilitant la distribution de médicaments antirétroviraux.   Le Gouvernement s’emploie à la couverture sanitaire universelle, y compris pour le dépistage et le traitement du VIH/sida.  La pandémie de COVID-19, a fait observer l’Assistant spécial, a aidé la communauté internationale à dépasser ses divergences.  Il s’est donc félicité de la Déclaration politique et a réclamé « un pacte mondial » pour veiller à ce que personne ne soit jamais privé de son droit à la santé. 

M. JOSE LUIS SATDJIAN, Sous-Secrétaire d’État à la santé publique de l’Uruguay, a estimé que toute politique de lutte contre le VIH/sida doit mettre les personnes les plus vulnérables en son centre.  En Uruguay, a-t-il décrit, le travail en la matière a pris la forme d’un dialogue permanent avec les acteurs impliqués au sein de la Commission nationale de lutte contre le sida, qui implique la société civile, le Gouvernement, le monde universitaire et les agences des Nations Unies.  En agissant de manière coordonnée contre cette épidémie, le pays a réussi à augmenter d’année en année le nombre de tests VIH, de patients en traitement et de personnes ayant une charge virale indétectable, a souligné M. Satdjian. 

L’an dernier, a-t-il indiqué, l’information épidémiologique sur le VIH a été centralisée pour effectuer un suivi spécifique de la maladie dans le cadre de la pandémie de COVID-19.  Le travail se concentre à présent sur l’impact qu’a eu cette crise sur les soins du VIH et sur l’élimination effective de la transmission verticale.  Parmi les défis à relever, le pays compte réaliser la « cascade 95-95-95 » proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Le Sous-Secrétaire d’État a cependant reconnu que la réduction des tests en raison de la pandémie risque d’affecter les résultats.  Quarante ans après l’apparition des premiers cas de VIH, a-t-il dit en conclusion, « nous restons en quête de réponses et l’expérience de la COVID-19 nous incite à avoir confiance dans la science ».  

Mme TAMAR GABUNIA, Première Vice-Ministre des populations déplacées des territoires occupés, du travail, de la santé et des affaires sociales de la Géorgie, a indiqué que, grâce à la mobilisation de ressources locales et d’un appui international, son pays a été en mesure de maintenir les services essentiels de lutte contre le VIH/sida pendant ces temps de pandémie de COVID-19.  Le programme national est reconnu pour ses succès, surtout en ce qui concerne l’accès universel aux services de prévention, de diagnostic et de traitement.  La Vice-Ministre a précisé que, ces deux dernières années, l’accent a été mis sur la décentralisation des services.  Pour accélérer le dépistage du virus, la Géorgie a introduit une plateforme en ligne pour des autodépistages.  Nous devons, a conclu la Vice-Ministre, accélérer la réponse globale pour surmonter la pandémie de COVID-19 et renouveler notre action pour éliminer le virus du VIH/sida d’ici à 2030.

M. JOSE RUALES, Vice-Ministre de la gouvernance et de la vigilance de la santé au Ministère de la santé de l’Équateur, a estimé qu’une réponse efficace à l’épidémie de VIH/sida nécessite le renforcement d’approches centrées sur les populations et s’appuyant sur le travail conjoint des États et de la société civile.  À cet égard, il a jugé que certaines actions doivent être prioritaires, à commencer par le renforcement des stratégies mettant l’accent sur les groupes de population clefs.  Dans ce cadre, il a appelé les pays à intégrer dans leurs plans d’action l’éducation sexuelle complète et la santé sexuelle et reproductive, et de reconnaître le rôle joué par les organisations communautaires à l’égard des personnes vivant avec le VIH/sida.  De même, a poursuivi le Vice-Ministre, il convient de réduire la vulnérabilité des femmes en mettant en place des programmes axés sur la prévention et l’élimination de la violence fondée sur le genre, ce qui est un des piliers de la réponse de l’Équateur.  

Dans le même temps, M. Ruales a exhorté les États à s’employer à supprimer les obstacles à un accès équitable et fiable aux médicaments, diagnostics, dispositifs médicaux et technologies de qualité.  Il leur a aussi demandé de faciliter leur introduction sur le marché, de réduire les coûts et d’améliorer la qualité de la fabrication et de la distribution locales.  Il a également jugé essentiel d’élargir les sources de financement pour mettre en œuvre la Déclaration politique 2021.  En atteignant des objectifs communs tels que le 95-95-95, nous pourrons réduire les nouvelles infections de VIH, stopper la transmission mère-enfant et éliminer les décès dus au sida, a-t-il dit, appelant à renforcer les systèmes de santé centrés sur la personne et à promouvoir la capacité des organisations de la société civile à fournir des services de prévention et de traitement.  

S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme MARTINE JOSPEH MOÏSE, Première Dame d’Haïti, a commencé par se féliciter des progrès accomplis dans l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  « Ces progrès sont importants pour nous en tant que membre du CARICOM, car sept de nos pays ont été validés par l’OMS pour l’élimination de la transmission mère-enfant ».  Elle s’est déclarée heureuse d’annoncer aussi que, sur la base de statistiques récentes, les États membres de la CARICOM sont en bonne voie d’atteindre leurs objectifs 90-90-90.  « En 2019, 77% des personnes vivant avec le VIH dans les Caraïbes connaissaient leur statut; 81% des personnes diagnostiquées séropositives suivaient un traitement.  Et 80% des personnes résidant dans les Caraïbes sous traitement antirétroviral ont vu leur charge virale devenir indétectable », s’est enorgueilli l’intervenant.

Elle s’est également félicitée du fait que, dans les Caraïbes, les décès dus au sida aient diminué de 37% et les nouvelles infections à VIH de 29% depuis 2010.  Notre région, a-t-elle expliqué, a été en mesure d’y parvenir « parce que nous avons adopté des approches autochtones compatibles avec notre environnement politique, social et culturel ».  Cependant, alors que nous célébrons les progrès réalisés au fil des ans, il reste encore beaucoup de travail à faire pour mettre fin au sida, a reconnu Mme Moïse, qui s’est dit préoccupé par le fait que les Caraïbes continuent d’avoir les taux de prévalence de VIH/SIDA les plus élevés en dehors de l’Afrique subsaharienne.

C’est dans ce contexte que les gouvernements de la sous-région et autres parties prenantes de la région se sont réunis pour élaborer le Cadre stratégique régional des Caraïbes (CRSF) 2019-2025 qui vise à réduire les nouvelles infections à VIH, à lutter contre les disparités en matière de santé et les inégalités sociales.  « Nous reconnaissons que de multiples éléments doivent évoluer ensemble afin de réaliser la vision d’une Caraïbe sans sida », a déclaré la CARICOM.  Dans l’ensemble, nous devons nous assurer que nous donnons aux personnes vivant avec le VIH, à risque de le contracter et affectées par la maladie les moyens d’adopter des modes de vie sûrs et sains, a plaidé l’intervenant.  Des tests de laboratoire et de dépistage accessibles, équitables et de haute qualité sont la pierre angulaire de notre riposte au VIH, a-t-elle souligné, avant de dire que les services de santé intégrés étaient de plus en plus présents dans la sous-région pour traiter également les coinfections et les comorbidités, en plus des services de santé sexuelle et reproductive.

Intervenant ensuite en sa capacité nationale, la Première Dame d’Haïti a indiqué que le VIH/sida reste l’une des principales préoccupations de santé publique de son pays et que des avancées extraordinaires ont été accomplies, l’épidémie ayant été stabilisée avec une prévalence de 2%.  Les dernières estimations affichent une baisse de 30% des nouvelles infections entre 2015 et 2020, et entre 2014 et 2020 les décès dus au virus ont diminué de moitié, s’est-elle félicitée.  À la fin de mars dernier, près de 124 000 personnes étaient actives sous antirétroviraux.  Cependant, la prise en charge pédiatrique demeure toujours un grand défi.

Mme Moïse a aussi cité des défis majeurs liés à la grande vulnérabilité socioéconomique des personnes les plus à risque, la persistance de la stigmatisation et de la discrimination à l’égard des populations clefs, et la grande vulnérabilité des femmes et des jeunes impliqués dans le sexe transactionnel.  Elle a également évoqué une loi limitant l’accès des adolescents aux services de santé sexuelle et reproduction sans accord des parents ou tuteurs ainsi que les contraintes en rapport avec les aspects culturels et religieux.

La Princesse Stéphanie de Monaco a rappelé qu’en 2016, le Prince Albert II et elle- même ont pris des engagements qu’elle a dit renouveler aujourd’hui pour mettre fin à l’épidémie du VIH/sida.  Malgré les progrès accomplis, les objectifs de la Déclaration de 2016 n’ont pas été tenus, et ce au regard du nombre de morts qui reste au-dessus du seuil fixé pour l’année 2020.  Alors que d’autres pandémies touchent le monde, le chapitre de l’épidémie du VIH/sida n’est pas clos.  La Princesse a voulu que l’on tire les enseignements des épidémies concomitantes du VIH et de la COVID-19, pour instaurer des systèmes de santé plus forts et plus aptes à relever les prochains défis sanitaires.  Pour elle, la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026, adoptée en mars dernier, fixe des objectifs ambitieux basés sur le respect des droits de l’homme et sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’accent est mis sur la réduction des inégalités et sur la prévention, en particulier pour les populations clefs.  La prévention primaire est un pilier incontournable de cette Stratégie pour qu’à terme, les investissements dans la prévention et le dépistage dépassent ceux des traitements.

La Princesse a assuré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA du « plein soutien » de Monaco, dont le sien en tant que « votre Ambassadrice internationale de bonne volonté », dans la réforme que vous avez engagée.  Avec son association « Fight Aids Monaco », la Princesse a dit s’être engagée depuis 2004 auprès des personnes vivant avec le VIH pour que grâce à la « Maison de Vie » ils se sentent une nouvelle fois « acteurs de leur qualité de vie et plus largement de leur santé ».  Elle s’est dite fière que son pays ait été le premier à réunir, dès 2018, gouvernement, mairie et sa propre association autour de l’initiative « Vers Monaco sans sida ».  Un objectif qui, comme partout, ne pourra être atteint qu’en renforçant « notre approche globale et pluridisciplinaire ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida met l’accent sur le rôle déterminant des communautés pour vaincre la maladie d’ici à 2030

Soixante-quinzième session,
77e séance - après-midi
AG/12335

Assemblée générale: la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida met l’accent sur le rôle déterminant des communautés pour vaincre la maladie d’ici à 2030

Au terme de trois jours de travaux, marqués par l’adoption d’une nouvelle Déclaration politique pour la période 2021-2025, l’Assemblée générale a suspendu aujourd’hui sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida après avoir entendu une trentaine d’orateurs, ministres pour la plupart, s’engager à tout mettre en œuvre pour éliminer ce fléau d’ici à 2030, de nombreuses délégations soulignant l’importance d’une plus grande implication des communautés pour atteindre cet objectif ambitieux.

L’Inde, a dit son Ministre de la santé et de famille, s’est fixé comme objectif d’atteindre 100% des personnes vivant avec cette « maladie redoutable ».  Ce pays de 1,3 milliard d’habitants sait qu’il faudra « réduire à zéro » le nombre des nouvelles infections « si nous voulons tenir notre promesse de mettre fin au sida dans les 10 prochaines années ».  À cette fin, le programme national « rénové » se concentre sur les populations difficiles d’accès.  Le dépistage communautaire pour un diagnostic précoce a ainsi été intensifié, dans l’espoir notamment d’éliminer la transmission mère-enfant.

À une autre échelle, la Bolivie a dit s’employer elle aussi à atteindre les communautés vivant dans des endroits reculés, soutenue dans ces efforts par des organisations de la société civile.  Le Ministre bolivien de la santé et des sports a précisé à cet égard que la campagne de communication gouvernementale sur le VIH/sida, diffusée en espagnol, en aymara et en quechua sur les réseaux sociaux et les ondes radio, a touché plus de 500 000 personnes au cours de la période de confinement due à la pandémie de COVID-19.

Dans le même ordre d’idées, la Ministre de la santé de l’Angola a plaidé pour que la solidarité internationale permette de diriger davantage de ressources vers le travail communautaire accompli par les organisations de la société civile, tandis que son homologue du Chili s’enorgueillissait des efforts déployés par son pays pour garantir l’accès à la santé des populations migrantes et autochtones, saluant le rôle et l’engagement des ONG travaillant au niveau communautaire sur le sida.

S’agissant des groupes de population à haut risque, tels que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues, l’Allemagne garantit l’accès à des services de prévention complets qui vont du dépistage au traitement, y compris la prophylaxie en cas de préexposition, a indiqué son Ministre fédéral de la santé.  Le pays fournit en outre un soutien financier pour renforcer et autonomiser les organisations communautaires dans le cadre de la réponse nationale.

À l’instar de nombreux autres intervenants, la Ministre d’État de la santé et du bien-être de la Jamaïque a mis l’accent sur des stratégies de prévention, de traitement et de soutien basées sur les droits humains.  Le succès de cette politique est confirmé, à ses yeux, par la baisse de la prévalence chez les travailleurs du sexe, qui est passée de 12% en 1993 à 2% en 2017.  L'adoption de l’initiative « Treat all » en 2017 et les fonds publics substantiels décaissés pour acheter des médicaments antirétroviraux ont entraîné une augmentation de 29% des personnes sous traitement et une augmentation subséquente de 51% des personnes à charge virale nulle, s’est-elle félicitée.

Rappelant que, depuis son apparition il y a 40 ans, l’épidémie de VIH/sida a coûté la vie à 32,7 millions de personnes dans le monde, dont 700 000 dans son pays, le Secrétaire d’État des États-Unis a quant à lui plaidé pour un accès équitable aux services de santé de sexuelle et reproductive, en particulier pour les personnes LGBTI, les toxicomanes, les minorités ethniques, les femmes et les filles.  Entraver l’accès à ces services ne fait qu’augmenter les risques de contamination et contrevient aux principes des Nations Unies, a-t-il soutenu.

De son côté, le Ministre de la santé du Kirghizistan a indiqué que la riposte de son pays, axée sur l’élargissement des programmes de prévention et de dépistage, repose en grande partie sur une collaboration étroite avec les ONG et la société civile.  Il a toutefois indiqué que son gouvernement est hostile à la légalisation de la prostitution, de l’homosexualité ou de la toxicomanie, ce qui explique ses réserves par rapport à la Déclaration politique de 2021.  À l’inverse, son homologue du Bouthan a présenté la dépénalisation de l’homosexualité comme l’une des mesures les plus importantes de son dispositif anti-VIH/sida.

La problématique communautaire a également été soulevée lors des cinq tables rondes organisées lors de cette session et dont les conclusions ont été présentées en fin de réunion.  La première sur la lutte contre les inégalités, a indiqué la Suède qui l’a présidée, a ainsi fait valoir qu’une réponse participative et inclusive peut contribuer à l'élaboration de politiques, au plaidoyer, à la sensibilisation du public et à la prestation de services.  « La responsabilisation de l'individu et de la communauté permettra des décisions saines et réduira le risque de contracter le VIH », a-t-elle noté.  

Le Guyana, le Ghana, le Canada et la Fédération de Russie ont présenté les résumés des tables rondes sur une riposte centrée sur les individus et les communautés, le financement, l’égalité des sexes dans la riposte contre le VIH/sida et l’impact de la COVID-19 sur cette riposte.

Suspendue en fin de journée, la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida reprendra à une date ultérieure pour entendre les derniers orateurs du débat général.  La séance s’est terminée aujourd’hui avec une déclaration préenregistrée de Sir Elton John, fondateur de la « Elton John Aids Foundation », qui finance des initiatives visant à prévenir les infections, lutter contre la stigmatisation et fournir des traitements antirétroviraux.

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique demain vendredi 11 juin à partir de 10 heures pour, entre autres, élire les membres non permanents du Conseil de sécurité.

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Débat général (suite)

M. ST. CLAIR PRINCE, Ministre de la santé, du bien-être et de l’environnement de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a fait état de nets progrès dans son pays s’agissant de la transmission mère-enfant et de la prévalence du VIH/sida qui a baissé considérablement grâce à la prévention et la prise en charge des séropositifs.  La pandémie de COVID-19, a-t-il dit, a rappelé que la santé est un bien public mondial et qu’il faut défendre le droit à la santé.  Pour cela, il faut s’attaquer aux injustices sociales et faire en sorte que les efforts de lutte contre le VIH/sida ne deviennent pas un fardeau supplémentaire alors que les pays se relèvent à peine de la COVID-19. 

Mme LYONPO DECHEN WANGMO, Ministre de la santé du Bhoutan, a appelé le monde à faire preuve de davantage de détermination pour mettre fin à l’épidémie de VIH/Sida.  Elle a indiqué que son pays a progressé dans la réalisation de la cible 90-90-90.  Ainsi, 95% des personnes diagnostiquées reçoivent un traitement antirétroviral.  Néanmoins, nous devons en faire plus, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que son pays est en bonne voie pour parvenir en 2023 à la triple élimination de la transmission de la mère à l’enfant du VIH, de la syphilis et de l’hépatite B.  L’une des mesures les plus importantes prises par mon gouvernement a été la dépénalisation de l’homosexualité, a dit la Ministre qui a ajouté que tous les tests de dépistage et les traitements sont gratuits.  Enfin, la Ministre a rappelé que la prévention du VIH/Sida a toujours bénéficié du plus haut soutien politique dans son pays.

M. JANEZ POKLUKAR, Ministre de la sante de la Slovénie, s’est dit particulièrement préoccupé par tous ceux qui risquent d’être « laissés pour compte », comme les groupes vulnérables et les personnes vivant avec le VIH dans les pays en développement.  Il est de notre responsabilité commune, a-t-il souligné, de trouver des moyens de garantir la prévention et les soins de santé à tous ceux qui en ont besoin.  À cet égard, il a suggéré de renforcer les investissements dans les systèmes de santé pour être prêts à faire face aux nouvelles pandémies.  En Slovénie, a-t-il indiqué, le taux de prévalence du VIH est faible et en baisse, grâce à la prévention, la détection précoce et l’accès universel au traitement.  La lutte contre la stigmatisation et la discrimination et la promotion de l’égalité des sexes et des droits de l’homme font partie intégrante de la stratégie nationale contre le VIH/sida.  Le représentant a encouragé une lutte acharnée contre les inégalités et pour l’accès de tous à la prévention, à l’éducation sexuelle complète et à la santé sexuelle et reproductive.  C’est essentiel pour mettre fin aux infections, en tant que menace pour la santé publique. 

Mme EUN KYEONG JEONG, Commissaire de l’Agence coréenne de contrôle et de prévention des maladies, a indiqué que son pays a poursuivi ses efforts pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida, en renforçant les politiques dans tous les secteurs, y compris la fourniture de tests de dépistage anonymes, un soutien aux dépenses médicales, des conseils et autres programmes pour les personnes vivant avec le VIH, et la diffusion de directives pour améliorer les connaissances et la compréhension des travailleurs de la santé.  Il n’en reste pas moins que la tendance au déclin s’est ralentie dans le monde entier.  Mme Jeong a appelé à plus de solidarité pour maintenir le nombre des nouvelles infections et des décès en-deçà des cibles fixées et venir à bout de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination.  

Pour atteindre l’objectif commun d’éliminer le sida d’ici à 2030, il faut donner la priorité aux programmes combinés de prévention et ouvrir l’accès aux diagnostics et aux traitements précoces.  Préconisant des efforts « plus agressifs » pour mettre fin à toutes les stigmatisations et discriminations, elle a encouragé la réforme des lois et politiques restrictives et le détricotage des fausses idées et des préjugés, tout en créant un cadre propice à des soins de santé sûrs et confortables.

Mme MERESEINI WAKOLO RAKUITA, Ministre de la condition de la femme des Fidji, a rappelé l’attachement de son pays à la lutte contre le VIH/sida et la stigmatisation des personnes vivant avec le virus. Elle a souligné les progrès engrangés, qui ont étayé la riposte nationale à la pandémie de COVID-19.  La Ministre a néanmoins affirmé que ces progrès restent encore insuffisants, en deçà des engagements pris, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins des personnes les plus vulnérables. Elle a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts de son pays en vue de l’élimination du fléau du VIH/sida.

Quelque 260 000 personnes vivent avec le VIH en Ukraine dont 53% reçoivent une thérapie antirétrovirale et ont une charge virale nulle, a affirmé M. VICTOR LIASHKO, Ministre de la santé de l’Ukraine, qui a donné un aperçu de la nouvelle « Stratégie nationale de riposte à la tuberculose, au VIH et à l’hépatite d’ici à 2030 ».  C’est guidée par les normes internationales que l’Ukraine améliore les conditions de diagnostic et d’accès au traitement.  L’expérience ukrainienne montre que si un pays à revenu moyen inférieur, qui a souffert d’un conflit militaire au cours des sept dernières années et qui, comme de nombreux autres dans le monde, a été gravement touché par la pandémie de COVID-19, est capable de fournir un traitement, des services de prévention aux populations clefs, des soins et un soutien aux personnes vivant avec le VIH, alors tout le monde peut le faire. 

Dans sa lutte, le Gouvernement ukrainien apprécie grandement le soutien financier des organisations internationales et augmente progressivement la part du financement public.  Le Gouvernement reconnaît, en outre, le rôle essentiel de la société civile et pour la seule année 2020, a financé à hauteur de 7,5 millions de dollars les programmes de 90 ONG.

Alors que nous continuons à veiller à ce que toutes les personnes vivant avec le VIH aient accès au traitement antirétroviral, il reste encore du travail à faire pour garantir un accès équitable, a reconnu Mme ISABELLA DAGEAGO, Ministre de la santé de Nauru, en parlant de son pays.  Il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle ajouté, pour que les personnes vivant avec le VIH puissent vivre librement, sans crainte de stigmatisation et de discrimination.  La pandémie de COVID-19 et l’épidémie de VIH/sida nous ont montré que les maladies transmissibles aggravent les risques pour les petites populations de pays comme Nauru, a alerté la Ministre.  Elle a donc appelé à des efforts pour atteindre les cibles nationales et les engagements internationaux car nous voulons tous une vie saine, résiliente et prospère pour nos sociétés.

M. KAILESH KUMAR SINGH JAGUTPAL, Ministre de la santé et du bien-être de Maurice, a indiqué que son pays est confronté à une circulation locale concentrée du VIH.  Les consommateurs de drogues injectables représentent 32% du taux de prévalence, le groupe transgenre, 28%, tandis que le taux pour l’ensemble de la population s’élève à environ 1%, a-t-il détaillé, assurant que Maurice entend maîtriser cette épidémie d’ici à 2030.  Dans le cadre de ces efforts, les services proposés aux patients séropositifs sont gratuits et décentralisés à travers l’île pour améliorer la couverture sanitaire.  De plus, les stratégies visant à déterminer le statut VIH comprennent des services de dépistage en établissement et des tests dirigés par la communauté au sein des populations difficiles à atteindre, a expliqué le Ministre, avant de souligner le travail de terrain essentiel effectué par les ONG. 

Par ailleurs, a-t-il ajouté, le programme d’échange de seringues et les traitements de substitution aux opioïdes ont prouvé leur efficacité en permettant de réduire de 32% en 2017 à 22% en 2020 la transmission du VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues.  Autre réussite signalée par M. Jagutpal: les efforts de prévention de la transmission mère-enfant ont fait chuter la transmission verticale à moins de 1% en 2020.  Enfin, il a précisé que les services de lutte contre le VIH n’ont pas été interrompus pendant les périodes de confinement dues à la pandémie de COVID-19.  

M. JENS SPAHN, Ministre fédéral de la santé de l’Allemagne, a commencé par se féliciter de l’adoption de la Déclaration politique et s’est engagé à réaliser les objectifs « ambitieux » qu’elle contient.  Au cours des dernières décennies, l’Allemagne a enregistré de grands progrès dans sa riposte nationale au VIH.  Dans le cadre de sa stratégie, elle s’est concentrée sur la prévention, en utilisant une approche fondée sur les droits qui engage et responsabilise les jeunes et les groupes de population les plus à risque.  Elle propose une éducation sexuelle complète à l’école et garantit l’accès à des outils et services de santé sexuelle et reproductive pour tous les jeunes, en particulier les filles, a expliqué M. Spahn en affirmant que l’expérience allemande a prouvé que lorsque les jeunes ont les connaissances et les compétences requises, ils adoptent un comportement plus sûr.

S’agissant des groupes de population à haut risque, comme les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues, l’Allemagne garantit l’accès à des services de prévention complets qui vont du dépistage au traitement, y compris la prophylaxie en cas de pré-exposition.  Elle fournit un soutien financier pour renforcer et autonomiser les organisations communautaires dans sa réponse nationale, a précisé le Ministre.

Constatant que l’accès aux traitements et la prévention restent un défi à l’échelle mondiale, M. Spahn a souligné que les barrières structurelles, l’exclusion sociale et la stigmatisation fondées sur le genre, l’identité et l’orientation sexuelles, l’origine ethnique ou le comportement aggravent les vulnérabilités et contribuent à la propagation du virus.  Sur la base des 40 années d’enseignements tirés de la lutte contre le VIH, il a encouragé les États Membres à faire preuve d’engagement et de leadership pour traduire les approches éprouvées dans leurs politiques nationales.  Il faut travailler ensemble pour surmonter les obstacles qui entravent toujours la mise en œuvre de la riposte, a-t-il conclu, en faisant part de la disposition de l’Allemagne à continuer de contribuer à cet effort mondial sur les plans technique et financier.

M. OLIVIER VÉRAN, Ministre des solidarités et de la santé de la France, a réaffirmé l’engagement de son pays en vue d’une élimination mondiale du VIH/sida d’ici à 2030.  Malgré la crise liée à la pandémie de COVID-19, a-t-il dit, la France reste mobilisée pour atteindre cet objectif et continuera de soutenir les acteurs de la riposte que sont l’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et UNITAID.  Comme l’atteste sa participation à la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, la France demeure un contributeur de premier plan aux efforts internationaux, avec, ces 10 dernières années, plus de deux milliards d’euros consacrés à la lutte contre le sida, a souligné le Ministre.  Il a cependant reconnu que la pandémie a entraîné un « recul dramatique » des avancées durement acquises en santé mondiale.  Nous devons veiller à ce que cette pandémie n’altère pas notre mobilisation face au VIH/sida et éviter tout effet d’éviction qui serait « catastrophique », a-t-il alerté. 

Pour M. Véran, il ne s’agit pas de « remplacer une priorité sanitaire par une autre », mais de renforcer la santé mondiale dans son ensemble et de s’assurer que les pays et les régions sont à même de relever les défis sanitaires.  S’agissant du VIH/sida, il a jugé essentiel d’accélérer les efforts en matière de prévention et d’accès aux traitements abordables, sûrs et efficaces.  À ses yeux, la technologie de l’ARN messager ouvre des « perspectives prometteuses » et permet d’espérer un vaccin.  Néanmoins, a-t-il ajouté, il faut continuer à renforcer les systèmes de santé et viser une couverture sanitaire universelle.  Cet accès équitable est par ailleurs indissociable de l’innovation en matière de traitements, a relevé le Ministre, saluant le rôle déterminant d’UNITAID qui a permis une baisse considérable du prix des traitements antirétroviraux. 

M. BOUNFENG PHOUMMALAYSITH, Ministre de la santé de la République démocratique populaire lao (RDPL), a souligné les efforts déployés par son pays pour traduire en action la Déclaration politique de 2016.  Nous avons veillé à ce que la prévalence reste faible, a-t-il déclaré, faisant état d’approches innovantes de prévention, y compris le dépistage dans les communautés, les autotests et les traitements ciblant les populations clefs.  À cette fin, le Gouvernement a augmenté les financements et alloué un budget pour l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux, tout en facilitant l’accès au régime national d’assurance maladie pour les personnes vivant avec le VIH.  Il a également élaboré un plan stratégique national 2021-2030 et lancé un plan d’action 2021-2025 pour la prévention et la lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles, aligné sur la Stratégie mondiale de lutte contre le sida.

Malgré ces avancées, le Ministre a reconnu que son pays reste confronté à des défis importants, notamment le manque de sensibilisation des jeunes et l’augmentation de la prévalence parmi les populations clefs.  Nous avons également un sous-financement persistant, ce qui freine la réalisation des objectifs mondiaux d’ici à 2030, a-t-il alerté, indiquant que la pandémie de COVID-19 a eu un impact sur l’accès aux services et sur les ressources nécessaires à la lutte contre le VIH/sida.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’adoption de la Déclaration politique 2021 et a souhaité que la communauté internationale travaille ensemble à l’objectif d’une élimination du sida d’ici à 2030. 

M. FRANCISCO JOSÉ ALABI MONTOYA, Ministre de la santé d’El Salvador, a déclaré que son pays a été l’un de ceux qui a rempli les engagements pris dans le cadre des déclarations politiques précédentes pour contenir l’épidémie de VIH, et qu’au cours des cinq dernières années, des progrès considérables ont été enregistrés.  Il a cité la diminution constante du nombre des nouvelles infections par an, avec l’application de nouvelles stratégies axées sur les populations clefs.  Il a cité la baisse du taux de mortalité, la diminution de 95% de la transmission de la mère à l’enfant, la gratuité de la thérapie antirétrovirale et la mise en place d’un système d’information (SUMEVE) qui permet de mieux comprendre l’épidémie et de prendre des décisions informées. 

El Salvador, en tant que l’un des pays sélectionnés pour promouvoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030, est déterminé à renforcer son  approche contre le VIH/sida, a assuré M. Montoya, en affirmant que sont privilégiées l’autonomisation des femmes et l’élimination des inégalités entre les sexes et de toutes les violations des droits des personnes vivant avec le VIH et des personnes les plus vulnérables telles que les femmes transgenres, les travailleuses du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.  Bien que nous ayons fait de grands progrès, nous avons encore des défis et des limites financières, d’où la nécessité d’une assistance technique, a reconnu le Ministre qui a jugé impératif de surmonter les inégalités, la stigmatisation et la discrimination, pour que nos compatriotes aient accès à un traitement complet, que les enfants, adolescents et adultes vivant avec le VIH connaissent leur statut, aient les informations nécessaires et jouissent d’une vie de qualité.

M. ENRIQUE PARIS, Ministre de la santé du Chili, a jugé important pour les pays de mettre en place un cadre juridique propre à protéger les droits des personnes vivant avec le VIH et la diversité sexuelle.  Il s’est enorgueilli des efforts de son pays pour garantir l’accès à la santé des populations migrantes, autochtones et autres groupes sociaux.  M. Paris a tout particulièrement salué le rôle et l’engagement des organisations autochtones travaillant sur le sida, lesquelles ont été déterminantes, en particulier à la frontière nord du pays.  Il a estimé qu’il faut continuer à approfondir l’approche consistant à s’attaquer aux causes et aux inégalités socio-structurelles, laquelle offre des solutions « plus définitives ».

Le Ministre a ensuite salué la création d’instances et d’initiatives collectives et solidaires pour mutualiser les efforts et les ressources, comme une avancée substantielle dans la réduction de « l’énorme fossé économique » qui existe dans la riposte au VIH entre le monde industrialisé et les pays en développement.  Il a également rendu hommage aux initiatives mondiales et régionales pertinentes, en particulier le Processus de Quito, dont son pays a assumé la présidence en 2020 et auquel il participe activement.

Mme FAEQA VINT SAEED AL-SALEH, Ministre de la santé de Bahreïn, a rappelé que depuis 40 ans, son pays est entièrement engagé à mettre en œuvre tous les plans d’action mondiaux en vue d’éliminer le VIH/sida dans le respect de l’égalité de tous.  Nous avons, a-t-elle dit, mis en place un Comité interministériel et promulgué une nouvelle loi pour garantir aux personnes qui vivent avec le VIH la gratuité des traitements.  Après avoir insisté sur le fait qu’il est indispensable de faire prévaloir les droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre l’épidémie, la Ministre a estimé qu’il faut poursuivre ce travail au niveau international, en dépit du fardeau représenté par la pandémie de COVID-19.

Mme PAVITHRA DEVI VANNIARACHCHI, Ministre de la sante de Sri Lanka, a souligné l’importance des percées scientifiques majeures dans les approches de la prévention et du traitement du VIH.  Cependant, le coût des antirétroviraux, qui sont administrés à vie, peut épuiser des budgets de santé déjà limités dans de nombreux pays, a prévenu la Ministre, en se réjouissant de la faible prévalence de 0,02% dans son pays.  En 2019, Sri Lanka a atteint l’objectif d’éliminer la transmission de la mère à l’enfant du VIH et a reçu la certification de validation de l’OMS.  Toutefois, la pandémie de COVID-19 a posé de nouveaux défis pour la prévention du VIH et la fourniture des soins aux personnes vivant avec le VIH.  Elle a voulu que l’accent soit mis sur la prévention, en attirant l’attention sur les personnes vivant avec le VIH qui ont contracté la COVID-19.  Ils doivent être traités sans discrimination aucune, a-t-elle martelé. 

M. JEYSON AUZA PINTO, Ministre de la santé et des sports de la Bolivie, a rappelé que son pays a enregistré son premier cas de VIH en 1984 et que, depuis lors, 29 418 cas ont été signalés.  En Bolivie, a-t-il noté, l’épidémie de VIH/sida a un « visage jeune » puisque 35% des personnes vivant avec le virus ont entre 15 et 24 ans.  En 2020, malgré l’urgence sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, les autorités du pays ont maintenu la continuité des services de dépistage et des traitements antirétroviraux, a indiqué le Ministre.  En dépit du confinement, près de 11 500 personnes reçoivent aujourd’hui des médicaments et plus de 90% des patients ont continué leur traitement pendant cette crise sanitaire. 

Dans de nombreux cas, a-t-il expliqué, le personnel de santé, soutenu en cela par des organisations de la société civile, s’est déplacé pour atteindre les patients vivant dans des endroits reculés.  Le Gouvernement s’est également efforcé d’empêcher la transmission de la COVID-19 aux patients et au personnel de santé.  Sa campagne de communication, menée sur les réseaux sociaux et à la radio, avec des messages en espagnol, en aymara et en quechua, a touché plus de 500 000 personnes au cours de la période de confinement, a relevé M. Auza Pinto.  Enfin, a-t-il ajouté, des équipements de protection individuelle ont été fournis aux médecins et au personnel des centres de diagnostic et de prise en charge du VIH, tandis qu’une vaccination prioritaire était prévue pour les personnes vivant avec le VIH.  

M. HARSH VARDHAN, Ministre de la santé et de la famille de l’Inde, a commencé par applaudir les efforts des agents de santé et des travailleurs de première ligne qui ont risqué leur vie pendant la pandémie de COVID-19 pour faire en sorte qu’aucune personne vivant avec le VIH ne se retrouve sans médicaments.  En Inde, a-t-il indiqué, la loi de 2017 sur la prévention et le contrôle du VIH/sida fournit un cadre juridique pour protéger les droits humains des populations infectées et affectées.  Le pays a un modèle unique de prévention centré sur un « programme d’interventions ciblées » mis en œuvre avec le soutien de la société civile, a expliqué le Ministre, ajoutant qu’un traitement antirétroviral est fourni gratuitement à près de 1,4 million de personnes et que les médicaments indiens bénéficient également à des millions de personnes vivant avec le VIH en Afrique.

Selon M. Vardhan, le programme national indien de lutte contre le sida a été révisé et rénové pour se concentrer sur les populations difficiles à atteindre et à risque.  Les installations de dépistage de la charge virale ont ainsi été étendues, tandis que le dépistage communautaire pour un diagnostic précoce a été intensifié pour atteindre l’objectif d’élimination de la transmission mère-enfant.  Assurant que l’Inde entend atteindre 100% des personnes vivant avec cette « maladie redoutable », il s’est dit conscient qu’il faudra « réduire à zéro » le nombre des nouvelles infections « si nous voulons tenir notre promesse de mettre fin au sida dans les 10 prochaines années ». 

Le Ministre de la santé du Kirghizistan, M. ALYMKADYR BEYSHENALIEV, a appuyé les objectifs de prévention, de dépistage et de traitement du VIH/sida, compte tenu, en particulier, du fait que les infections en Asie centrale sont en hausse et essentiellement par voie hétérosexuelle.  Le Kirghizistan, a-t-il dit, s’est doté d’un programme inspiré de la Déclaration politique de 2016.  Afin d’honorer ses engagements, le Gouvernement a augmenté chaque année les financements publics, pour couvrir notamment le diagnostic précoce des nourrissons et le dépistage salivaire.  La riposte nationale vise principalement à élargir les programmes de prévention et de dépistage, a expliqué le Ministre, et elle repose en partie sur une collaboration étroite avec des ONG et la société civile.  Le Kirghizistan ne souhaite pas légaliser la prostitution, l’homosexualité ou la toxicomanie, ce qui explique ses réserves par rapport à la Déclaration politique de 2021, a encore expliqué le Ministre.

M. ANTONY BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a rappelé que l’épidémie de VIH/sida a coûté la vie à 32,7 millions de personnes dans le monde, dont 700 000 aux États-Unis, depuis son début il y a 40 ans.  Plus de 1,2 million de personnes vivent avec le virus aux États-Unis, a-t-il souligné, avant de détailler la riposte de son pays et citer la robuste initiative lancée en 2003 par le Président George W. Bush.  Les États-Unis ont investi 85 milliards de dollars, en vue notamment du renforcement des systèmes de santé dans 44 pays.  Les ripostes à l’épidémie d’Ebola puis à la pandémie de COVID-19 ont d’ailleurs fait fond sur la riposte initiale au VIH/sida.  M. Blinken a plaidé pour un accès équitable aux services de santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les personnes LGBTI, les toxicomanes, les minorités ethniques, les femmes et les filles.  Entraver l’accès à ces services ne fait qu’augmenter les risques de contamination et contrevient aux principes des Nations Unies, a déclaré le Secrétaire d’État.  « Nous pouvons éradiquer le VIH/sida pour tous, partout. »

Mme SILVIA PAULA VALENTIM LUTUCUTA, Ministre de la santé de l’Angola, a souligné l’adhésion de son pays aux différents engagements pris par le continent africain sur le VIH/sida, en particulier la Déclaration d’Abuja.  Elle a également indiqué que, conformément à la Stratégie mondiale établie dans la Déclaration politique de 2016, son pays a lancé sa propre riposte.  L’Angola a ainsi mis en place fin 2018 un plan opérationnel qui vise à réduire la transmission verticale de 46% et à soigner les enfants séropositifs, tout en gardant les mères en bonne santé.  Au cours des cinq dernières années, a-t-elle ajouté, l’Angola a aussi augmenté le nombre d’unités de santé proposant des services de diagnostic, de traitement et de prévention de la transmission verticale, ces efforts étant financés à plus de 70% par le Gouvernement. 

Selon les estimations de l’ONUSIDA, nous avons réduit les nouveaux cas d’infection et le taux de mortalité lié au sida, s’est-elle félicitée, avant de préciser que, dans le cadre des stratégies de justice et de droits humains, l’accent est mis sur la réduction de la stigmatisation et de la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH et les populations clefs.  Plaidant en conclusion pour que plus de ressources soient dirigées vers le travail communautaire de la société civile, elle s’est dite convaincue que la solidarité internationale permettra d’éliminer le sida, en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.  

M. TEYMUR MUSAYEV, Ministre de la santé de l’Azerbaïdjan, a fait état de programmes lancés par son gouvernement en faveur des populations vulnérables, dont le dernier s’est achevé en décembre 2020.  Il propose, a-t-il précisé, des services de dépistage et des traitements antirétroviraux gratuits.  Le Ministre a reconnu l’importance de continuer à se mobiliser contre le fléau du VIH/sida, en dépit du poids que fait peser la lutte contre la pandémie de COVID-19 dans le monde entier.

M. ABDOULAYE SABRE FADOUL, Ministre de la santé du Tchad, a dit que la COVID-19 a eu des conséquences négatives sur la riposte au VIH/sida dans son pays.  Le Ministre a ajouté que l’incidence du VIH/sida reste élevée dans la catégorie des jeunes de 16 ans à 25 ans et les populations carcérales.  La Stratégie de riposte du Tchad pour la réduction des nouvelles infections passe particulièrement par le traitement de la transmission de la mère à l’enfant.  Le Tchad a d’ailleurs participé à l’élaboration de la politique africaine de riposte au VIH/sida, a indiqué le Ministre, qui exhorté à abattre les obstacles qui empêchent de vaincre les inégalités et de mettre fin au VIH/sida.

Pour le Ministre de la santé du Gabon, M. GUY PATRICK OBIANG NDONG, le fait que l’objectif d’éradiquer le VIH/sida soit inscrit dans les objectifs de développement durable met en exergue le lien qu’il y a entre cette maladie et le développement.  Dans le cadre de la mise en œuvre des Déclarations politiques de 2011 et de 2016, le Gabon a mis en place la gratuité du dépistage, la prise en charge médicale de la femme enceinte et des soins pour les personnes vivant avec le VIH/sida.  Au Gabon, la lutte contre cette maladie est loin d’être gagnée, a concédé le Ministre, en expliquant que les femmes sont une nouvelle fois victimes d’une inégalité supplémentaire avec des taux de contamination plus élevés que les hommes.  C’est la raison pour laquelle le programme national met l’accent sur l’éducation des femmes et sur la prévention.  Avant de conclure, le Ministre a appelé à une solidarité internationale renforcée et à des ressources supplémentaires pour pouvoir venir à bout du VIH/sida.

M. AHMED ROBLEH ABDILLEH, Ministre de la santé de Djibouti, a parlé du plan stratégique de son pays qui est renouvelé tous les cinq ans depuis 2003.  Ce plan, a-t-il souligné, est conforme aux priorités nationales et aux directives de l’ONUSIDA.  Djibouti offre ainsi une prise en charge médicale gratuite, même aux étrangers.  Ces personnes ont le même droit que les Djiboutiens et ont accès aux mêmes services s’agissant du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose.  Le Ministre a promis une accentuation des efforts de son pays pour mettre en place des approches différenciées du dépistage et du traitement du VIH, abattre toutes les barrières pour obtenir des résultats, mobiliser des ressources pérennes pour financer la riposte nationale et intégrer le VIH/sida dans les systèmes de santé et de protection sociale.

M. JORGE ALCOCER VARELA, Secrétaire d’État à la santé du Mexique, a appelé à redoubler d’efforts pour remédier aux inégalités d’accès aux soins et à la stigmatisation et parvenir ainsi aux objectifs fixés pour 2030.  Il a prôné une approche spécifique au bénéfice des personnes les plus vulnérables, telles que les homosexuels et les personnes transgenre.  Les peuples autochtones sont une population clef et doivent être pris en compte dans les stratégies de financement, a-t-il ajouté.  Il a demandé plus d’efforts pour un accès équitable aux services de santé sexuelle et reproductive et à une éducation sexuelle complète.  Le Secrétaire d’État a appelé à lutter contre la transphobie et l’homophonie et à reconnaître la diversité des orientations sexuelles.  Il faut axer les systèmes de santé sur les personnes, a-t-il martelé, en soulignant la nécessité d’une réponse au plus haut niveau.  « Inspirons-nous de la riposte à la COVID-19 pour la riposte au VIH/sida. »

M. BRUCE BILIMON, Ministre de la santé des Îles Marshall, a affirmé que son pays a parcouru un long chemin depuis que le premier cas de VIH/sida y a été diagnostiqué en 1984.  À ce jour, il y a eu en tout 32 cas et dès le départ, le Ministère de la santé et son personnel ont non seulement mis l’accent sur le traitement mais aussi sur la lutte contre la stigmatisation et la discrimination.  Le Ministre a reconnu « le défi de taille » qu’a été la tâche de sensibiliser les communautés locales « parce que parler ouvertement de la santé sexuelle est un tabou dans nos coutumes et nos traditions ».  Il a parlé de la coopération de son Ministère et des Services sociaux avec des ONG pour sensibiliser la population au VIH/sida et aux maladies sexuellement transmissibles.  Aujourd’hui, les Îles Marshall ne comptent que 8 personnes vivant avec le VIH, 4 hommes et 4 femmes.  Tous sont sous traitement antirétroviral et ont une charge virale nulle, a assuré M. Bilimon, en remerciant pour leur soutien les partenaires comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Mme LIA TADESSE, Ministre de la santé de l’Éthiopie, a décrit la mise en œuvre par son pays de la riposte accélérée au VIH/sida ainsi que sa large approche multisectorielle.  Notant que l’épidémie en Éthiopie est concentrée dans les zones urbaines, surtout dans « les points chauds », elle a déclaré que le Gouvernement prévoit des tests rapides, une prophylaxie pré-exposition et des modèles de prestation de services différenciés, en s’efforçant de mettre fin à la transmission de la mère à l’enfant.  Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, des adaptations rapides ont été effectuées pour assurer la continuité des services.  À l’avenir, les priorités incluront la réduction des nouvelles infections chez les adolescentes et les jeunes femmes, la garantie des traitements et des services dans les zones de conflit et l’élargissement de l’accès aux tests sur la charge virale.  Ces activités sont inscrites dans le nouveau plan stratégique national 2021-2025, qui a été adopté à la suite des consultations approfondies avec un large éventail de parties prenantes, a affirmé la Ministre de la santé.

M. ABDERRAHMANE BENBOUZID, Ministre de la santé et de la réforme hospitalière de l’Algérie, a souligné que la lutte contre le VIH/sida est rendue difficile par le défi supplémentaire de la lutte contre la COVID-19.  Le Gouvernement algérien, a-t-il indiqué, a mis sur pied un programme national de lutte contre le sida pour 2020 et un mécanisme national qui regroupe les efforts de toutes les parties prenantes y compris la société civile.  Le Gouvernement assume 97% des dépenses dans la lutte contre le VIH/sida, ce qui a pour résultat une faible incidence.  Le pays assure aussi 70% des besoins nationaux en antirétroviraux, a dit le Ministre qui a insisté sur l’importance de la coopération internationale, avec l’ONUSIDA comme chef d’orchestre.  Il a aussi insisté sur la liberté et la souveraineté des États dans leur politique de lutte contre le VIH/sida.  Il a terminé en rappelant l’adoption en 2015 de la Déclaration d’Alger sur l’accélération du dépistage du VIH/sida en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  

M. ZAHID MALEQUE, Ministre de la santé du Bangladesh, a prévenu que si son pays est toujours considéré comme ayant une faible prévalence, il reste extrêmement vulnérable compte tenu de la forte mobilité de la grande population, des relations sexuelles transactionnelles et du nombre important de personnes en contact avec les pays voisins.  L’émigration est une pratique courante, en particulier parmi les jeunes qui se rendent ainsi vulnérables au VIH/sida.  Dès 1989, le Bangladesh a créé un comité national et son quatrième Plan stratégique 2018-2023 est aligné sur le Programme national de la santé, de la nutrition et de la population (HNPSP) et sur d’autres engagements pris aux niveaux national, régional et international, en particulier la Déclaration politique de 2016 visant à mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030.  Je suis fier de déclarer, a dit le Ministre, que le Bangladesh prévoit de fournir des services de prévention intégrés dans les établissements de santé publique et auprès des communautés.  Cependant, a-t-il nuancé, nous constatons une diminution notable du soutien financier. 

Le Ministre de la santé des Maldives, M. SHAH ABDULLAH MAHIR, a expliqué que depuis le premier cas signalé en 1991, le VIH/sida est considéré comme un problème national de santé publique et bénéficie toujours du plus haut niveau d’engagement politique.  Les Maldives, a-t-il dit, ont réussi à maintenir un taux de prévalence de moins de 0,1% et tous les cas signalés de personnes vivant avec le VIH sont sous traitement, avec 82% d’entre eux sans charge virale.  Maintenir une faible prévalence, en particulier parmi les populations clefs, nécessite un engagement et des investissements, a fait remarquer le Ministre, même pendant les périodes difficiles dues à la pandémie de COVID-19. 

Aux Maldives, a-t-il assuré, le Gouvernement a veillé à la continuité des services liés au VIH, en particulier à un accès ininterrompu aux médicaments antirétroviraux « salvateurs ».  Le plan stratégique national sur le VIH, l’hépatite et les autres maladies sexuellement transmissibles sera élaboré sur la base d’une récente étude, avec des stratégies affinées qui iront de la sensibilisation à la prévention, et aux traitements, y compris des consommateurs de drogues.  Le Ministre a indiqué en outre qu’aux Maldives les transmissions mère-enfant du VIH et de la syphilis ont été éliminées en 2018, et que des efforts sont en place pour maintenir ce jalon et relever les défis rencontrés par les plus vulnérables pour accéder aux services de prévention.  Par conséquent, l’accent est mis sur la mise en place d’un environnement permettant aux personnes d’accéder aux services sans stigmatisation ni discrimination.

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