Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Colombie parle des élections, du rétablissement de l’autorité de l’État et de la violence
À l’approche des élections législatives et présidentielle prévues aux mois de mars et de mai en Colombie, cinq ans après l'Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies dans le pays a insisté, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, sur l’urgence qu’il y a de consolider l’autorité de l’État dans l’ensemble du territoire et d’adopter une politique efficace de démantèlement des groupes armés illégaux.
Présentant le rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU, M. Carlos Ruiz Massieu a jugé qu’il faut agir collectivement pour faire cesser cette violence « insensée ». Les responsables de cette violence profitent de l’absence de l’État, a-t-il alerté. L’Accord final de paix, a-t-il dit, a consacré le principe selon lequel dans la Colombie actuelle, il n’y a aucune alternative au dialogue, a-t-il fait valoir devant une ancienne combattante des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), Mme Luz Marina Giraldo, et le Conseiller de la présidence colombienne pour la stabilisation et la consolidation, M. Emilio José Archila.
L’année 2022, a souligné le Représentant spécial, sera une « année importante », porteuse d’opportunités, car au mois de mars, les Colombiens éliront leurs représentants au Congrès, et pour la première fois, ceux des 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix, créées en vertu des dispositions de l’Accord final de paix. Plus de 400 candidats sont en lice, dont la moitié sont des femmes et de nombreux autres, autochtones et Afro-Colombiens.
Cette année, a encore indiqué M. Ruiz Massieu, sera également déterminante pour le système de justice transitionnelle, la Commission Vérité s’apprêtant, par exemple, à présenter son rapport final, dont la société colombienne pourrait se servir pour mener une réflexion collective sur son passé et épargner la violence aux générations futures. La Juridiction spéciale pour la paix avance, quant à elle, dans la défense des droits des victimes, grâce à la contribution de toutes les parties prenantes, a ajouté le Représentant spécial.
La nécessité de protéger les familles des anciens combattants a été mise en exergue par Mme Giraldo, signataire de l’Accord final de paix et promotrice d’initiatives de réintégration. Elle a rappelé que, dans les 310 pages de l’Accord de 2016, le mot « famille » apparaît 92 fois. Nous avons accepté de déposer les armes par foi dans la démocratie et nous réclamons aujourd’hui la sécurité « dans une démarche humaniste », s’est-elle expliquée, elle dont le mari, ancien combattant des FARC-EP, a été tué. « Il s’était engagé pour la paix et a été rattrapé par la violence. »
Mme Giraldo, a affirmé le Conseiller de la présidence colombienne, illustre les garanties politiques offertes par l’État colombien, comme en atteste l’arrestation des 70 complices dans le meurtre de son mari. M. Emilio José Archila a d’ailleurs fait observer que c’est à la demande de son gouvernement que le mandat de la Mission des Nations Unies a été élargi au suivi des sanctions décidées par la Juridiction spéciale pour la paix.
Lors de sa visite pour le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix, a-t-il encore affirmé, le Secrétaire général a pu constater les progrès réalisés en matière de garanties de sécurité, d’efforts de réintégration, de substitution des cultures illicites et de développement intégré. Il a pu voir que la priorité est accordée aux anciens combattants et aux membres de leurs familles, notamment aux sept domaines de garanties prévus par l’Accord.
Cela n’a pas empêché la Norvège et les États-Unis de se montrer impatients face à la lenteur de la mise en œuvre des dispositions relatives au genre, tout en se félicitant des efforts visant à garantir une participation pleine, égale et significative des femmes au processus de paix. L’action gouvernementale, s’est enorgueilli le Conseiller à la présidence, va au-delà de ce que prévoit l’Accord qui, selon, le Kenya, est l’un des accords de paix « les plus complets et les plus audacieux » depuis la création des Nations Unies. Le dossier colombien, a renchéri le Brésil, fournit des outils que le Conseil de sécurité pourrait actionner dans d’autres situations dans le monde.
La clôture par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de l’examen préliminaire sur la Colombie, ouvert en 2004, témoigne de la confiance croissante de la communauté internationale dans les institutions judiciaires de transition de la Colombie, ont commenté les États-Unis, dont le Gouvernement a retiré de sa liste des organisations terroristes, l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Mais nous resterons vigilants, ont-ils promis, face à ceux qui s’attaquent aux processus de paix.
À ce propos, le Conseiller de la présidence a tenu à préciser que la persistance de la violence n’est aucunement le signe d’un non-respect de l’Accord final de paix qui ne prévoyait pas l’identification de toutes les routes de la drogue ni le démantèlement des cartels qui opéraient dans le pays. Ces groupes, qui ont toujours profité du trafic de stupéfiants et des activités illégales, sont les principaux responsables des assassinats, a-t-il soutenu.
Dans la perspective des élections législatives et présidentielle des mois de mars et de mai, l’Irlande a plaidé pour que la mise en œuvre de l’Accord final de paix soit consacrée comme « non négociable, non partisane et vue comme valeur commune ». Elle a prôné l’adoption d’une loi d’application car « il n’y a pas de temps à perdre ». La Fédération de Russie a en outre mis en garde contre toute tentative de modifier certains éléments de l’Accord pour les remplacer par des dispositions « unilatérales et non agréées » par tous les signataires, au risque de provoquer une escalade des tensions et un recul.
LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53) - S/2021/1090
Déclarations
M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, a salué la présence du Conseiller de la présidence pour la stabilisation et la consolidation de la Colombie, M. Emilio José Archila, et son appui constant au travail de la Mission. Il a aussi salué la présence de Mme Luz Marina Giraldo, « une importante figure » du processus de réintégration qui, en 2019, a perdu son époux, ancien combattant, en raison de la violence. « Elle est un exemple clair de la réinsertion économique, sociale et politique. »
Passant au dernier rapport du Secrétaire général (S/2021/190), M. Ruiz Massieu a rappelé le cinquième anniversaire de l’Accord final pour la paix, lequel est une occasion de célébrer les acquis, de reconnaître les défis persistants et de s’engager à nouveau en faveur de sa mise en œuvre globale. La visite du Secrétaire général en Colombie, a-t-il souligné, a réaffirmé l’engagement des Nations Unies en faveur du succès du processus de paix. M. Ruiz Massieu a insisté sur le fait que cette « année importante » est porteuse d’opportunités. En effet, au mois de mars, les Colombiens éliront leurs représentants au Congrès, et éliront pour la première fois, ceux des 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix. Plus de 400 candidats sont en lice, dont la moitié sont des femmes et de nombreux autres sont des autochtones et des Afro-Colombiens.
C’est une occasion « historique », prévue dans l’Accord, qu’il convient de protéger. Alors que la campagne électorale va bon train, les autorités, s’est réjoui le Représentant spécial, prennent les mesures qui s’imposent pour garantir des élections inclusives et pacifiques. À la fin du mois de décembre, le Gouvernement a expliqué ses stratégies pour garantir la sécurité de tous les 2 800 candidats et plus et de tous les électeurs. L’amélioration des dispositions de l’Accord final relatives aux garanties en matière de sécurité est « fondamentale » pour ces élections, en particulier dans les régions prioritaires qui continuent de subir la violence. Le Représentant spécial a appelé tous les candidats à promouvoir la non-violence et l’inclusivité.
Le Chef de la Mission de vérification a salué le fait que le Conseil national pour la paix, qui comprend le Gouvernement, les institutions publiques et des représentants de la société civile, ait lancé une politique de réconciliation, de coexistence et d’inclusivité, envisagée par l’Accord final de paix. La politique de réinsertion est au cœur du processus de paix, a souligné M. Ruiz Massieu, ajoutant qu’en tant qu’électeurs, membres de partis, fonctionnaires locaux ou membres du Congrès, les hommes et les femmes qui ont déposé les armes, sont désormais des participants actifs de la démocratie colombienne.
Ces cinq dernières années, a-t-il poursuivi, la réinsertion socioéconomique de plus de 13 000 anciens combattants a progressé grâce à une « myriade » d’initiatives. Les entités publiques ont joué un rôle majeur dans l’appui financier et technique, avec le soutien du secteur privé et de la communauté internationale. Il a cependant jugé qu’il faut accélérer les efforts liés à l’accès à la terre et au logement. M. Ruiz Massieu a en effet incité à la vigilance face aux menaces auxquelles les anciens combattants font encore face. Tout en notant la baisse du nombre des assassinats par rapport à l’année dernière, il a dénoncé les acteurs armés illégaux qui profitent de l’absence de l’État dans certaines parties du pays.
M. Ruiz Massieu a souligné l’urgence de consolider la présence de l’État partout dans le pays et d’adopter une politique de démantèlement des groupes illégaux. Il faut agir collectivement pour faire cesser cette violence « insensée » et cela est d’autant plus important dans cette année de défis, y compris électoraux. L’Accord final, a-t-il dit, a consacré le principe que dans la Colombie actuelle, il n’y a aucune justification à la violence ni aucune alternative au dialogue. L’année 2022 sera également déterminante pour le système de justice transitionnelle. L’Unité pour la recherche des personnes portées disparues continue sa tâche « titanesque » et la Commission Vérité s’apprête à présenter son rapport final, dont la société colombienne pourrait se servir pour mener une réflexion collective sur son passé et épargner la violence aux générations futures. Le Représentant spécial a conclu en affirmant que le travail de la Juridiction spéciale pour la paix avance dans la défense des droits des victimes, grâce à la contribution de toutes les parties prenantes.
Mme LUZ MARINA GIRALDO, Ancienne combattante des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP) signataire de l’Accord de paix et promotrice d’initiatives de réintégration, a mis l’accent sur la dimension liée à la protection des familles des anciens combattants, rappelant que dans les 310 pages de l’Accord final de paix le mot « famille » apparaît 92 fois. Les FARC, qui ont livré la guerre à cause des inégalités sociales, sont aujourd’hui, a affirmé l’oratrice, en face de leur responsabilité « historique » de promouvoir la tolérance et de la réconciliation. Exprimant ses remords pour le nombre des victimes de la guerre, elle a appelé à se mobiliser pour promouvoir le pluralisme et lutter contre la stigmatisation et la discrimination sociales qui ont empêché l’état de droit de s’établir partout en Colombie. Les enfants des anciens combattants sont traités « avec légèreté » alors qu’ils ne sont en rien responsables du conflit.
Au nom des veuves et des enfants des personnalités de la société civile et des anciens combattants assassinés, elle a plaidé pour une protection sociale, dont une pension de réversion ou revenu minimum. Nous avons accepté de déposer les armes par foi dans la démocratie et nous réclamons aujourd’hui la sécurité « dans une démarche humaniste ». Les veuves et les orphelines doivent pouvoir bénéficier d’une approche différenciée et d’un plan qui les mette à l’abri de la pauvreté et de la discrimination. Je m’adresse aujourd’hui au Conseil, a-t-elle conclu, parce que mon mari qui s’était engagé pour la paix a été rattrapé par la violence. Elle a remercié la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie pour le rôle qu’elle joue pour la promotion de la paix et exhorté la communauté internationale à ne pas abandonner ceux qui ont décidé de déposer les armes au nom de la paix.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est félicité de ce que le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix, en novembre, ait donné aux parties prenantes l’occasion de mesurer les progrès « historiques » réalisés jusqu’ici et de faire le point sur les défis qui restent à relever. Il convient à présent de maintenir l’élan vers la pleine réalisation de l’Accord et de veiller à ce que ces efforts se poursuivent pendant la période électorale à venir, a plaidé le représentant, selon lequel le système de justice transitionnelle sera une des clefs de ce processus en 2022. Nous avons hâte de voir le rapport final de la Commission Vérité, ainsi que les premières condamnations prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix, a-t-il déclaré, qualifiant ces dernières d’étape importante dans le processus de réconciliation et de justice pour les victimes.
Tout en saluant la baisse du nombre de meurtres d’anciens combattants de 2020 à 2021, le délégué s’est dit inquiet des menaces croissantes que font peser les groupes armés illégaux, lesquelles menaces ont entraîné la relocalisation d’anciens combattants et de leurs familles. Il s’est également alarmé de la persistance des meurtres et des menaces ciblant les leaders écologistes, les défenseurs des droits humains, les femmes dirigeantes et les chefs de communautés autochtones et afro-colombiennes. Évoquant le meurtre, cette semaine, d’un jeune militant écologiste autochtone, âgé de seulement 14 ans, il a exhorté le Gouvernement colombien à continuer d’améliorer ses mesures de protection, d’élargir la présence de l’État dans les zones touchées par le conflit et de renforcer les institutions judiciaires. Il a conclu en appelant tous les acteurs politiques à garantir des élections pacifiques et inclusives. Il a souhaité en particulier que les 16 sièges du Congrès réservés aux victimes permettent de mieux faire entendre leur voix dans les processus législatifs et de paix.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a félicité les parties à l’Accord de paix pour s’être mis debout, ensemble en novembre dernier, pour commémorer la paix et les résultats « impressionnants » de ces cinq années d’efforts communs. Elle a félicité le peuple colombien pour son engagement soutenu en faveur de la paix, la justice et la réconciliation. Parlant des progrès de la justice transitionnelle, la représentante a particulièrement loué la Juridiction spéciale pour la paix et a dit attendre avec impatience le rapport final de la Commission Vérité, car panser les plaies exige la vérité et la réconciliation sera le socle d’une paix inclusive, stable et durable.
Dans la perspective des prochaines élections, Mme Byrne Nason a mis l’accent sur la mise en œuvre de l’Accord final de paix qui doit être consacrée comme « non négociable, non partisane et vue comme valeur commune ». Elle a donc insisté sur l’adoption d’une loi d’application car « il n’y a pas de temps à perdre ». Elle a en outre jugé que la création des circonscriptions électorales provisoires spéciales pour la paix est un « jalon important » et une véritable expression d’autodétermination pour les victimes et les survivants. Elle s’est réjouie par ailleurs que 202 femmes en soient candidates.
S’agissant de la violence, la représentante a plaidé pour que les intimidations et les menaces posées par ceux qui tirent profit de l’insécurité et de la crise ne sapent pas la démocratie et ne mettent pas en péril des progrès si durement acquis. L’Accord de paix n’apporte pas toutes les solutions mais, a-t-elle reconnu, c’est une feuille de route pour régler les problèmes en suspens et garantir la présence de l’État dans des zones historiquement négligées. L’Accord fournit, avant tout, l’espace indispensable pour un dialogue continu et fondamental à même de garantir un avenir pacifique à tous les Colombiens.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que l’Accord final de paix qui vient de fêter ses cinq ans, est un acquis historique qui fait de la Colombie un exemple pour la communauté internationale. Après un demi-siècle de conflit meurtrier, l’ancienne guérilla a déposé les armes et s’est transformée en parti politique, a rappelé Mme Broadhurst Estival, avant d’ajouter que 13 000 anciens combattants s’efforcent désormais de construire la paix au quotidien. La représentante s’est aussi félicitée ce que la Juridiction spéciale pour la paix et la Commission Vérité ouvrent la voie à la réconciliation, en plaçant les victimes au cœur du processus.
Le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix, a aussi estimé la représentante, est l’occasion de dresser un bilan « lucide ». Les élections approchent et avec elles, le risque d’une aggravation des tensions. Elle a invité les autorités à garantir la sécurité des lieux de vote et des candidats, et en particulier dans les 16 circonscriptions électorales pour la paix. Deuxièmement, a poursuivi la représentante, la clôture par le Procureur de la Cour Pénale internationale (CPI) de l’examen préliminaire sur la Colombie, ouvert en 2004, est très « encourageante ». Elle a salué les progrès constants du système global pour la vérité, la justice, les réparations et la non-répétition, s’agissant en particulier des affaires 01 et 03.
Troisièmement, face aux meurtres de plusieurs centaines d’anciens combattants, de défenseurs des droits humains et de leaders sociaux, elle a jugé important de renforcer la présence de l’État dans les zones reculées, et de renforcer les institutions qui peuvent enquêter et poursuivre les criminels. Par ailleurs, la représentante a appelé les autorités à réunir plus fréquemment la Commission nationale des garanties de sécurité et à mettre en œuvre la politique de démantèlement des groupes armés. Pour gagner la paix, la représentante a souligné qu’il faut offrir des opportunités socioéconomiques viables et justes à tous. Dans ce contexte, il faut faire plus pour la réforme rurale et l’accès à la terre et au logement. Les chapitres de l’Accord qui touchent à l’inclusivité et au sort des femmes sont doivent absolument être mis en œuvre, a-t-elle conclu, avant de souhaiter que l’Accord final de paix devienne irréversible.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a noté que, cinq ans après, le dialogue reste le socle de référence de la mise en œuvre de l’Accord final de paix et ce, en dépit des défis persistants auxquels s’ajoutent aujourd’hui la pandémie de COVID-19. Il s’est félicité des actions menées sur le terrain pour favoriser la participation de toute la population colombienne aux prochaines élections, en particulier les minorités ethniques jusqu’ici écartées de la vie démocratique du pays. Le représentant a aussi salué les résultats encourageants du système de justice transitionnel et applaudi les investissements importants menés par les autorités colombiennes dans des programmes de développement rural. À cet égard, il a encouragé le Gouvernement à avancer dans ses réformes foncières, soulignant leur rôle moteur pour la réinsertion des anciens combattants.
Le délégué s’est cependant déclaré préoccupé par la recrudescence des violences dans le pays, qui obèrent les progrès permis par l’Accord. Il a condamné les récents assassinats de défenseurs des droits humains et jugé primordial que la sécurité des anciens combattants soit renforcée. Dans le même ordre d’idées, il a dit soutenir la poursuite du dialogue dans le cadre du Conseil national de réintégration et a appelé les deux groupes dissidents des FARC à déposer les armes et à participer au processus de paix. Enfin, il a souhaité que des réponses adéquates soient apportées aux problématiques liées au genre, à la participation effective des femmes au processus de consolidation de la paix et à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
La paix en Colombie est le succès de son peuple, a déclaré M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), qui a loué la décision de ce pays voisin d’impliquer les Nations Unies dans la surveillance et l’application de l’Accord final de paix. Il a toutefois souligné que la « stricte adhésion » au mandat est indispensable pour susciter la confiance entre la communauté internationale et les parties colombiennes. À cet égard, il a mis en exergue le rôle « très important » joué par le Conseil de sécurité mais a appelé ce dernier à ne jamais perdre de vue cet aspect. La Colombie, a-t-il estimé, pourrait être un dossier offrant au Conseil les outils à activer dans d’autres situations, sachant que sans une participation et une appropriation réelles des parties au conflit, une paix durable a peu de chances d’être réalisée. M. Costa Filho s’est déclaré optimiste pour l’avenir de la Colombie. Il a salué les progrès de l’Accord final de paix, arguant que la Colombie a démontré sa volonté politique, comme en atteste un investissement de 2,6 milliards de dollars dans sa réforme rurale.
Nous sommes conscients, a dit le représentant, des problèmes socioéconomiques, géographiques et logistiques auxquels se heurtent le Gouvernement colombien pour renforcer l’autorité de l’État sur tout le territoire mais nous savons que le pays a les connaissances, les moyens et les ressources pour relever ses défis. Le représentant a également tenu à mentionner l’accord de coopération signé avec la Cour pénale internationale (CPI), définissant la responsabilité mutuelle relative à la justice transitionnelle, premier accord du genre entre la CPI et un État partie au Statut de Rome.
M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a jugé rassurant les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord final de paix, ces derniers mois, avant de saluer la promulgation de la loi créant les 16 circonscriptions électorales. Il est réconfortant de voir qu’un nombre record de 202 femmes ont déposé leur candidature aux élections et de voir les premiers réquisitoires de la Juridiction spéciale pour la paix, les activités de la Commission Vérité et la clôture, par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), de l’examen préliminaire sur la Colombie ouvert en 2004. Mais il faut regretter que certains aspects de la mise en œuvre de l’Accord continuent de se heurter à des obstacles. Les différends entre groupes armés illégaux, y compris les groupes dissidents des FARC-EP, sur le contrôle territorial et les routes stratégiques du trafic illicite restent préoccupants. En revanche, on peut se réjouir que les autorités colombiennes prennent les mesures appropriées pour mettre en œuvre les garanties de sécurité, élargir l’accès au logement et lancer les réformes foncières.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que les précieuses leçons apprises au cours des cinq dernières années doivent renforcer notre conviction que, moyennant des efforts déterminés, la consolidation de la paix et la réconciliation peuvent être réalisées progressivement. Il a salué le fait que le peuple colombien s’appuie sur les structures et les institutions de l’État pour favoriser le dialogue et instaurer la confiance. Il a souhaité que les dispositions de l’Accord final de paix relatives à l’égalité des sexes soient prioritaires et a appelé à l’accélération de la réinsertion économique et sociale des anciens combattants autochtones et afro-colombiens, ainsi que de tous les groupes vulnérables gravement touchés par le conflit armé.
Toutes les parties, a-t-il ajouté, doivent respecter le système de justice transitionnelle et le Gouvernement colombien ainsi que tous les acteurs politiques doivent appuyer l’avancement des réformes institutionnelles et démocratiques. À cet égard, les prochaines élections législatives et présidentielle offrent aux Colombiens une occasion unique de réaliser leurs aspirations démocratiques, a encore dit le représentant, avant d’appeler tous les groupes armés dissidents et autres mouvements illégaux à abandonner la lutte armée et à rejoindre le processus de paix sans conditions préalables. Il a lancé un appel à la Mission de vérification et à l’équipe de pays des Nations Unies pour qu’elles tirent parti de leurs mandats et programmes respectifs et soutiennent les efforts de paix, y compris sur les questions de réintégration, de garanties de sécurité, de justice, de réforme rurale et de moyens de subsistance alternatifs.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé que l’Accord final de paix historique en Colombie avait garanti l’appui de la communauté internationale, des Nations Unies et du Conseil de sécurité au processus de paix mais qu’en dépit des progrès accomplis, le « gros du travail reste à faire ». Il a voulu que l’on s’attaque aux causes sous-jacentes des divisions et regretté le manque d’informations sur les progrès dans les pourparlers entre le Gouvernement et le groupe armé Armée de libération nationale (ELN). Il a également souhaité une normalisation des relations avec le Venezuela pour réduire la criminalité en Colombie et les tensions dans la région. M. Polyanskiy a en outre mis en garde contre toute tentative de modifier certains éléments de l’Accord final de paix pour les remplacer par des dispositions « unilatérales et non agréées » par tous les signataires, ce qui risquerait de mener à une escalade des tensions et à un recul.
Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes Unis) a jugé essentiel de garantir le succès des élections prévues aux mois de mars et mai et de promouvoir un dialogue constructif entre les parties avant et après le processus électoral. Elle s’est félicitée de la loi sur les 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix, ce qu’elle va faciliter une participation plus large aux élections. Insistant sur celle des femmes et des jeunes, la représentante a jugé impératif de laisser les anciennes combattantes jouer un rôle essentiel dans le processus de paix. Pour ne pas obscurcir les perspectives, elle a voulu que devienne une priorité la lutte contre les menaces et à la violence que subissent les leaders communautaires, les anciens membres des FARC et les membres des partis politiques. Malgré la diminution du nombre des meurtres entre 2020 et 2021, la représentante a noté que cette violence et ces menaces persistantes démontrent pourquoi les efforts, tels que les mécanismes d’alerte précoce, doivent être renforcés. Elle a conclu, en saluant le travail de la Juridiction spéciale pour la paix.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a vu dans le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix un jalon important marquant le courage et la sagesse de tout un peuple et une source d’inspiration bien au-delà du pays. L’Accord a défini une voie claire pour traiter les causes profondes du conflit et dans ce cadre, le système de justice transitionnelle constitue un investissement important pour une paix durable. Le délégué a salué le travail de la Commission Vérité mais des efforts redoublés sont toutefois nécessaires pour lutter contre la violence communautaire et restaurer l’autorité de l’État là où elle est contestée par les groupes dissidents des FARC-EP. Assurer la responsabilisation reste également essentiel pour le succès global des dispositions sur les garanties de sécurité de l’Accord final de paix, a-t-il ajouté.
Les autorités colombiennes, a-t-il aussi estimé, doivent continuer à tirer pleinement parti de leur boîte à outils institutionnelle pour dialoguer avec les différentes parties car il n’y a pas d’alternative au dialogue, notamment dans le cadre du Conseil national de réintégration. Avant de conclure, le représentant a souligné l’importance des femmes dans la consolidation de la paix. Le fait que 64 % des anciennes combattantes participent à des projets productifs reflète à ses yeux l’accent mis sur le genre dans la mise en œuvre de l’Accord et confirme le rôle déterminant des femmes
La visite du Secrétaire général en Colombie à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord final de paix illustre l’engagement de la communauté internationale, a déclaré Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) qui, tout en partageant l’optimisme de M. António Guterres, s’est jointe à son appel pour que le Gouvernement et les entités pertinentes appliquent toutes les dispositions de l’Accord final, dont celles sur les garanties de sécurité et le rétablissement de l’autorité de l’État sur tout le territoire pour concrétiser le « potentiel transformateur » dudit Accord. La représentante a particulièrement insisté sur la lutte contre la violence, principal défi à la consolidation de la paix, à la veille des processus électoraux. La sécurité des participants aux élections doit être prioritaire, surtout dans les 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix, a-t-elle souligné.
Parallèlement, a-t-elle dit, il faudrait prêter attention aux victimes des déplacements, notamment les 25 000 garçons et filles déplacés. Elle a espéré que, cette année, la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final améliorera sa coordination avec les communautés ethniques, en tenant dûment compte des questions de genre, et répondra aux besoins spécifiques des enfants autochtones et afro-colombiens. De l’avis de la représentante mexicaine, le processus de paix restera incomplet tant que les 42 indicateurs liés au genre ne sont pas respectés. Elle a également insisté sur l’importance du Système intégral vérité, justice, réparation et non-répétition. S’agissant des peines que doit prononcer la Juridiction spéciale pour la paix, elle a réitéré que le fait que cette dernière doit servir d’exemple pour d’autres processus dans le reste du monde. Elle a aussi mis l’accent sur le caractère indispensable de l’établissement des responsabilités, du principe de proportionnalité et des enquêtes sur les faits du passé qui sont certes des processus douloureux, mais nécessaires pour bâtir l’avenir auquel tous les Colombiens aspirent.
M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a estimé que la Colombie s’est dotée de l’un des accords de paix « les plus complets et les plus audacieux » depuis la création des Nations Unies. Félicitant les dirigeants du pays pour leur créativité et le peuple colombien pour sa patience et sa résilience, le représentant a insisté sur la mise en œuvre du « chapitre ethnique » de l’Accord final de paix, compte tenu des siècles de souffrances endurées par les Africains arrachés à leurs villages avant d’être chargés dans des bateaux d’esclaves pour traverser l’Atlantique. Contrairement à de nombreux autres pays, a-t-il reconnu, la Colombie a pris des mesures audacieuses dans le sens de l’équité, de l’égalité et de la justice, comme en témoigne le « chapitre ethnique » qui avance néanmoins trop lentement. Le représentant a donc exhorté le Gouvernement à donner la priorité à la pleine mise en œuvre dudit chapitre et à ne ménager aucun effort pour remédier aux injustices « historiques » faites aux Afro-Colombiens.
M. SHUANG GENG (Chine) a estimé que l’Accord final de paix, d’une importance cruciale pour la Colombie et pour toute l’Amérique latine, a prouvé qu’il est possible de construire la paix par la voie du dialogue. Il a d’ailleurs salué le fait que les partis politiques et les candidats aux prochaines élections aient intégré l’Accord dans leurs programmes. Le parti des Communs, ex-FARC, s’est-il réjoui, a approuvé 41 candidats, dont des anciens combattants. Le délégué s’est cependant déclaré préoccupé par la poursuite d’affrontements armés dans le pays, saluant à cet égard le renforcement de la présence des forces de sécurité dans plusieurs régions, l’intensification de la répression les groupes armés illégaux et l’adoption de mesures pour la protection des anciens combattants. La réintégration sociale de ces derniers est, selon lui, essentielle pour garantir une paix durable. Il a applaudi, à ce sujet, les efforts accomplis par le Conseil national de réintégration en matière de logement et d’attribution des terres, avant d’appeler à la poursuite des réformes rurales et des programmes agricoles de substitution. Il a enfin estimé qu’en dépit des progrès remarquables engrangés ces cinq dernières années, le peuple colombien a toujours besoin d’aide pour progresser dans sa quête de paix et de développement. C’est pourquoi, a-t-il dit, la Chine appuie la Mission de vérification des Nations Unies et souhaite qu’elle renforce sa collaboration avec l’équipe de pays des Nations.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord final de paix depuis un an, en notant que 16 sièges de la Chambre des représentants ont été réservés à des victimes du conflit. Il a souligné que la Juridiction spéciale pour la paix a émis des actes d’accusation contre les FARC et des responsables militaires colombiens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et reçu des informations sur des atrocités et des abus commis par eux. Le représentant a aussi estimé que la clôture par le procureur de la Cour pénale internationale de l’examen préliminaire sur la Colombie, ouvert en 2004 témoigne de la confiance croissante de la communauté internationale dans les institutions judiciaires de transition de la Colombie.
Le 30 novembre, a rappelé le représentant, mon Gouvernement a retiré de sa liste des organisations terroristes, l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Mais, a-t-il prévenu, nous resterons vigilants face à ceux qui menaceront la paix et refuseront de déposer leurs armes. Tout en saluant les progrès, le représentant a pinté le doigt sur les domaines à améliorer. Il a ainsi estimé que les dispositions relatives au genre continuent d’être mises en œuvre et financées à un rythme plus lent que d’autres parties de l’Accord final de paix. Il a aussi noté que les communautés ethniques, notamment les communautés autochtones et afro-colombiennes, subissent de manière disproportionnée la violence. Il a aussi regretté la lenteur dans la mise en œuvre des programmes de développement et de sécurité ruraux. Soulignant que le caractère inadéquat des protections sécuritaires et judiciaires a menacé la réforme agraire, le développement des cultures de substitution à la coca et le déminage, M. DeLaurentis a prôné la mobilisation des différents forums pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord final, dont la Commission de suivi et de vérification, ainsi que les forums ethniques et de genre.
Mme MONA JUUL (Norvège) a insisté sur la mise en œuvre des dispositions de l’Accord final de paix relatives au genre. Elle s’est félicitée des efforts pour assurer aux femmes une participation pleine, égale et significative au processus de paix mais elle s’est dite troublée par les niveaux élevés de violence subis par les communautés ethniques, les défenseurs des droits humains, les leaders sociaux et les anciens combattants des FARC. La représentante a particulièrement condamné les récents meurtres des défenseurs des droits humains Luz Marina Arteaga et Breiner David Cucuñame, âgé à peine de 14 ans. Bien que le nombre des anciens combattants tués ait diminué par rapport à l’année dernière, la représentante a voulu que l’on n’épargne aucun effort pour maintenir et renforcer cette tendance. Elle a appelé le Gouvernement à mettre en œuvre ses stratégies de prévention et de protection pour sécuriser les élections.
La représentante s’est par ailleurs dite heureuse que le nombre des anciens combattants qui participe à des projets productifs augmente régulièrement. Elle a, à son tour, appelé à des progrès sur l’accès à la terre et au logement, insistant pour que le Gouvernement colombien poursuivre ses efforts visant à garantir la réinsertion effective des jeunes adultes. Elle a conclu en saluant le travail de la Juridiction spéciale pour la paix et le fait qu’elle se soit mise d’accord avec la Mission des Nations Unies sur la composition, les objectifs et les fonctions du « Mécanisme de suivi et de vérification ».
M. EMILIO JOSÉ ARCHILA, Conseiller de la présidence colombienne pour la stabilisation et la consolidation, a commencé par saluer l’intervention de Mme Luz Marina Giraldo, qui illustre selon lui les garanties politiques offertes par l’État colombien aux anciens combattants. Elle et sa famille, a-t-il précisé, ont reçu un appui économique complet de la part du Gouvernement, qui leur a également fourni une aide en matière de logement, laquelle n’était pas prévue dans les dispositions de l’Accord final de paix. Cette ancienne combattante des FARC-EP a, en outre, pu aller à l’université et obtenir des diplômes, tout en bénéficiant d’importantes mesures de protection. Certes, son mari n’aurait jamais dû être assassiné, mais 70 personnes ont été arrêtées en lien avec ce crime, a poursuivi M. Archila, avant d’évoquer les événements marquants de l’année écoulée, s’agissant du processus en cours.
À notre demande, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité a renouvelé une nouvelle fois le mandat de la Mission de vérification des Nation Unies et l’a élargie au suivi des sanctions décidées par la Juridiction spéciale pour la paix. Lors de sa visite, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord, le Secrétaire général a pu constater les progrès réalisés en ce qui concerne les garanties de sécurité, les efforts de réintégration, la substitution des cultures illicites et le développement rural intégré, a déclaré le responsable gouvernemental, faisant également état d’un important travail de cadastre foncier, avec l’officialisation de 50 000 titres de propriété, effectuée dans le respect des perspectives sexospécifique et ethnique. Selon lui, le Secrétaire général a vu que la priorité est accordée aux anciens combattants et à leurs familles, et que le Gouvernement respecte les sept domaines de garanties prévus par l’Accord. Il a ainsi parlé de « progrès historiques » et s’est déclaré plein d’espoir pour les « dividendes de la paix », a rapporté le Conseiller de la présidence.
Le Gouvernement colombien entend poursuivre sur cette voie, afin de rendre l’Accord final « irréversible », a poursuivi M. Archila. Alors que l’application de l’Accord est prévue sur une période de 15 ans, le Gouvernement actuel est responsable de 26,5% du processus, a-t-il expliqué, assurant à ce propos que la persistance de la violence dans le pays n’est aucunement le signe d’un non-respect de l’Accord. En effet, celui-ci ne prévoyait pas l’identification de toutes les routes de la drogue ni le démantèlement des cartels qui opéraient dans le pays. Ces groupes, qui ont toujours profité du trafic de stupéfiants et des activités illégales, sont les principaux responsables des assassinats, a soutenu le Conseiller de la présidence, avant de mettre l’accent sur les efforts de réintégration, qui ont permis la réinsertion de 13 000 personnes démobilisées.
Aujourd’hui, a-t-il indiqué, 70% des individus réintégrés disposent de sources de revenu et une large majorité d’entre eux est intégrée à des projets productifs. De plus, 57% de ces personnes ont accès à l’éducation, 77% participent à des programmes de formation professionnelle et 88% bénéficient d’une assistance psychosociale. Des efforts importants ont aussi été consentis en matière de logement, de santé, d’accès au crédit et de subventions. En 2019, a encore expliqué le responsable, des obstacles ont empêché certains secteurs territoriaux de réintégration de devenir des zones définitives, ce qui a rendu nécessaire des relocalisations concertées, effectuées avec l’aval des personnes concernées.
La participation politique est une autre garantie essentielle, tant pour les personnes réintégrées que pour les victimes, a ajouté M. Archila. Il a relevé à cet égard que les membres du parti des Communs, fondé par les ex-FARC, exercent normalement leurs fonctions au Congrès, tandis que 16 sièges sont réservés à des représentants des victimes dans la prochaine Assemblée. Cela étant, la sécurité des anciens combattants reste la priorité du Gouvernement et de toutes les entités publiques, l’objectif étant de parvenir à « zéro menace », a affirmé le Conseiller de la présidence. Il a indiqué à ce propos que la Juridiction spéciale pour la paix a donné des instructions en matière de sécurité et que plus de 60 mesures spéciales ont été prises pour protéger les populations réintégrées, avec des résultats encourageants.
Le responsable a par ailleurs souligné l’importance du système de justice transitionnelle qui agit en toute indépendance. Nous avons toujours eu à cœur de parvenir à la non-répétition des violences et une attention particulière est accordée aux instructions concernant les dossiers confiés à la Juridiction spéciale, a-t-il assuré. Enfin, des instances pour l’égalité des sexes sont prévues pour chacun des chapitres de l’Accord afin de permettre aux femmes impliquées dans les programmes de réintégration de participer à des projets productifs. Dans ce domaine, comme dans celui des engagements ethniques, l’action gouvernementale va au-delà de ce que préconise l’Accord, a conclu le responsable, en invitant la communauté internationale à maintenir son soutien à la Colombie dans son « pari pour la paix ».