Conseil de sécurité: le débat sur le Moyen-Orient exprime des revendications, avec des espoirs de reprise du processus de paix et de coopération hydrique
Intervenant au Conseil de sécurité par visioconférence, ce matin, depuis Jérusalem, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a prévenu de la détérioration de la situation économique, sécuritaire et politique dans le Territoire palestinien occupé. M. Tor Wennesland s’est aussi alarmé de la situation fiscale catastrophique de l’Autorité palestinienne et de la violence qui perdure des deux côtés. Tous ces facteurs augmentent les risques d’escalade et amenuisent l’espoir d’une solution négociée sur la voie de la solution des deux États, a-t-il craint.
Lors de ce débat public trimestriel sur la situation au Moyen-Orient, présidé par la Ministre des affaires étrangères de la Norvège, M. Wennesland s’est néanmoins dit encouragé par la deuxième réunion organisée entre le Président Mahmoud Abbas et le Ministre israélien de la défense à la suite de laquelle Israël a annoncé plusieurs mesures, comme la mise à jour de l’enregistrement de quelque 9 500 Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, une avance de 100 millions de shekels israéliens sur les recettes de dédouanement qu’Israël perçoit au nom de l’Autorité palestinienne, et la délivrance de permis d’entrée supplémentaires pour les fonctionnaires et les hommes d’affaires palestiniens.
Pour relancer le processus de paix, M. Wennesland a recommandé d’éviter une démarche parcellaire et a exigé la fin des mesures unilatérales. Il faut également mettre en œuvre des réformes politiques et économiques pour que l’Autorité palestinienne puisse gouverner sur tout le Territoire, y compris Gaza, en toute légitimité, a poursuivi le Coordonnateur. À ce sujet, il a indiqué que la Commission électorale palestinienne avait terminé, le 12 janvier, l’inscription des électeurs palestiniens pour les élections locales prévues le 26 mars, mais que ces élections ont été repoussées par l’Autorité palestinienne. Les élections législatives ayant été annoncées pour le 15 mai, M. Wennesland a appelé la communauté internationale à soutenir le Gouvernement palestinien dans leur préparation.
M. Wennesland a en outre exprimé sa profonde préoccupation face à la violence persistante tant à Gaza qu’à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie et à la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement israéliennes. Israël a reporté sine die les discussions sur les objections aux deux plans prévoyant la construction de 350 unités de logement dans la zone E1 controversée, en Cisjordanie, a-t-il fait savoir avant de mentionner également le plan de construction de 800 logements à la place de 182 actuels dans la colonie de Gilo, et le projet construction de 1 200 logements près du Kibboutz de Ramad Rashel. Martelant que ces colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international, il a sommé les autorités israéliennes à mettre immédiatement fin à ces mesures unilatérales, un appel lancé par de nombreux intervenants tout au long du débat.
Le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Palestine, M. Riad Al-Malki, a estimé que l’inaction de la communauté internationale équivaut au mieux à de la complaisance, au pire à de la complicité. Toujours profondément attaché à la solution des deux États, le Ministre palestinien a interpellé les délégations: « Depuis quand le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est-il soumis au bon vouloir de la puissance coloniale? Allez-vous accepter cet apartheid au XXIe siècle »? Rien de bon ne sortira de l’attentisme, a-t-il prévenu avant d’appeler à ne pas laisser l’agenda de la paix entre les mains des colons israéliens extrémistes.
Après avoir rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité, dont la 2334 (2016), tracent clairement la voie vers une paix juste, M. Al-Malki a mis sur le dos du Conseil la responsabilité de veiller à leur mise en œuvre, un appel repris plusieurs fois au cours de la réunion. Le Ministre a invité les membres du Conseil à se rendre en Palestine pour examiner de visu la situation sur le terrain et constater que « ce qui est adopté ici affecte la réalité là-bas ». La Ligue des États arabes a repris cette invitation à son compte alors que le Groupe des États arabes a appelé à la convocation d’une conférence de paix internationale sur la base de la solution des deux États et de l’Initiative de paix arabe. Pour sa part, la Fédération de Russie a encouragé le Quatuor à convoquer une réunion au niveau ministériel dès que possible afin de mobiliser les efforts pour sortir de l’impasse actuelle.
De son côté, le représentant d’Israël a dénoncé « les discours hypocrites » à l’encontre de son pays au Conseil de sécurité. Assis à la table du Conseil avec un pavé à la main, il s’est plaint de ne voir citées que de « façon tout à fait marginale » les attaques quotidiennes « à la pierre » visant des civils israéliens, alors qu’il s’agit « d’attentats terroristes ». Rien que l’année dernière, il y en a eu 1 775 de ce type, « mais le monde se tait », s’est-il indigné en pointant du doigt « l’audace » du ministre palestinien qui a reproché la violence aux Israéliens. Il lui a répondu que, dans la majorité des cas, il ne s’agit que de « représailles à des attaques terroristes palestiniennes ».
Sur une note plus positive, le délégué israélien a fait état de mesures prises pour accroître la coopération entre Palestiniens et Israéliens, notamment sur les dossiers de la sécurité hydrique, de l’énergie et de la protection de l’environnement. Invités à cette séance, les Directeurs israélien et palestinien de EcoPeace Moyen-Orient lui ont fait écho en se félicitant de l’accord « Green-Blue Deal » au Moyen-Orient qui pourrait transformer la région en un modèle positif de la diplomatie et de la coopération climatique. Il s’agit de tisser « des liens régionaux et des interdépendances saines » par l’échange d’énergies renouvelables et d’eau en poussant les gouvernements à agir de concert sur les questions de l’eau plutôt que de continuer à les politiser, ont-ils expliqué. Selon eux, cette démarche devrait permettre d’atteindre, de part et d’autre, la sécurité en approvisionnement en eau ainsi que la résilience climatique.
Outre le financement déficient de l’UNRWA, qui a inquiété les délégations, d’autres sujets relatifs à la région ont été abordés au cours de ce débat public qui a entendu 41 intervenants: la Syrie, dont l’Union européenne a longuement parlé, et le Golan syrien occupé; l’Iran, qu’Israël a accusé de brandir la menace de la terreur, des accusations sans fondement selon le représentant iranien; et les attaques des houthistes au Yémen et à Abu Dhabi, dénoncées notamment par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a mis en exergue la détérioration de la situation économique, sécuritaire et politique dans le Territoire palestinien occupé, « une tendance qui perdure ». La situation fiscale de l’Autorité palestinienne reste catastrophique, a-t-il constaté, ce qui menace sa capacité d’assurer les services de base de la population. La violence perdure, en particulier celle des colons, ce qui augmente les risques d’escalade en général et tout cela amenuise l’espoir de voir une solution négociée, a regretté le Coordonnateur spécial.
Il faut être franc et dire clairement ce qu’il y a lieu de faire pour inverser ces tendances et relancer le processus de paix parce qu’une démarche parcellaire ne suffira pas, a déclaré M. Wennesland pour lequel les mesures unilatérales doivent cesser. Il faut également mettre en œuvre les réformes politiques et économiques pour que l’Autorité palestinienne puisse gouverner sur tout le Territoire, y compris Gaza, en toute légitimité, a poursuivi l’Envoyé spécial pour lequel bientôt l’effondrement sera irréversible.
Tout au long de la période que couvre le dernier rapport, la violence au quotidien s’est poursuivie, a-t-il fait savoir en citant des cas concrets notamment à Gaza et les représailles des forces de sécurité israéliennes. En Cisjordanie occupée, 6 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et 249 ont été blessés, a-t-il dénoncé, recensant 28 attaques contre des Palestiniens commises par des colons et d’autres Israéliens alors que 89 attaques de Palestiniens visant des colons ont eu lieu également, faisant 15 blessés. Pour M. Wennesland, la violence des colons reste un motif de préoccupation grave. Il a étayé son propos en citant des incidents concrets qui se sont produits dans le Territoire occupé, avant d’exiger la traduction des auteurs de la violence en justice.
Venant aux activités de colonisation, il a signalé qu’Israël avait reporté sine die les discussions sur les objections aux deux plans prévoyant la construction de 350 unités de logement dans la zone E1 controversée, en Cisjordanie. Il a aussi mentionné le plan de construction de 800 logements à la place de 182 actuels dans la colonie de Gilo. Il a également parlé des plans pour la construction de 1 200 logements près du Kibboutz de Ramad Rashel. Martelant que ces colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international, il a demandé aux autorités israéliennes d’y mettre immédiatement fin. M. Wennesland a également évoqué des démolitions de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est au prétexte qu’elles n’avaient pas de permis de construction « sachant que ces permis sont pratiquement impossibles à obtenir par des Palestiniens à Jérusalem-Est ». Il a demandé aux autorités israéliennes de faire cesser l’expulsion de Palestiniens et d’approuver des plans qui permettraient à la communauté palestinienne de Jérusalem de construire des logements en toute légalité.
Rappelant que le Président Mahmoud Abbas et le Ministre Benny Gantz se sont rencontrés pour la deuxième fois, il a salué les mesures récentes annoncées et a enjoint les deux parties à poursuivre leurs discussions constructives. À la suite de la réunion, Israël a annoncé plusieurs mesures, notamment la mise à jour de l’enregistrement de quelque 9 500 Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, une avance de 100 millions de shekels israéliens par rapport aux recettes de dédouanement qu’Israël perçoit au nom de l’Autorité palestinienne, et des permis d’entrée supplémentaires pour les fonctionnaires et les hommes d’affaires palestiniens.
Après la désignation par Israël de six ONG palestiniennes en tant qu’organisations terroristes, l’ONU continue de dialoguer avec toutes les parties concernées pour recevoir davantage d’informations sur les allégations et leurs implications, a déclaré M. Wennesland.
Abordant la question des élections, il a indiqué que la Commission électorale palestinienne avait terminé, le 12 janvier, l’inscription des électeurs palestiniens pour les élections locales prévues le 26 mars, mais que ces élections ont été repoussées par l’Autorité palestinienne. Les élections législatives ayant été annoncées pour le 15 mai, M. Wennesland a appelé la communauté internationale à soutenir le Gouvernement palestinien dans leur préparation.
Il a par ailleurs indiqué que les envoyés du Quatuor pour le Moyen-Orient se sont réunis virtuellement le 14 janvier pour discuter des derniers développements politiques et de la situation sur le terrain.
L’Envoyé spécial s’est félicité de la bonne volonté affichée par le Gouvernement israélien pour accroître la circulation des biens et des personnes dans et vers la bande de Gaza et a suggéré aux parties de poursuivre leurs négociations sous les auspices de l’ONU pour aller encore plus loin. Pour ce qui est du gazoduc allant d’Israël à Gaza, il a demandé à toutes les parties de faciliter la mise en œuvre de ce projet important.
Notant que l’UNRWA a pu poursuivre ses services d’éducation et de santé grâce notamment à un financement du CERF en 2022, il a dit craindre néanmoins que l’Office reste confronté à une menace existentielle liée à son déficit financier. Le Coordonnateur spécial a donc exhorté tous les États Membres à le soutenir, voire à augmenter leurs contributions à l’UNRWA.
Le Coordonnateur spécial a ensuite parlé brièvement de la région du Moyen-Orient, notamment du Golan où il a mentionné des tensions. Il est important que les parties respectent les obligations qui leur incombent en vertu de l’Accord et s’abstiennent de prendre des mesures unilatérales sur le Golan occupé, a-t-il lancé, avant de parler du Liban où la réactivation complète du Cabinet sera importante selon lui, notamment pour soutenir de manière fiable les préparatifs des élections. La situation dans la zone d’opérations de la FINUL est restée relativement stable, malgré des incidents isolés de comportement agressif contre les soldats de la paix, a-t-il aussi indiqué.
Avant de conclure, il a plaidé pour une démarche coordonnée afin de surmonter les obstacles sur la voie du processus de paix. Les partenaires, y compris ceux de la région, ont un rôle important à jouer, a-t-il souligné, notamment pour que Gaza et la Cisjordanie soient sous une autorité palestinienne unique légitime. Les Nations Unies continueront de coopérer activement avec leurs homologues du Quatuor, les partenaires régionaux et les dirigeants palestiniens et israéliens, a assuré M. Wennesland.
Mme NADA MAJDALANI, Directrice d’EcoPeace Moyen-Orient-Palestine, a fait part des sentiments d’impuissance des parents à Gaza face aux inondations de cette semaine et aux pénuries d’eau, aux longues nuits froides et sombres sans électricité ni carburant, à la guerre, à près de 15 ans de blocus, et à l’insécurité médicale et alimentaire. À cela s’ajoutent, a dit la Directrice, les catastrophes des changements climatiques affectant la vie de deux millions de personnes. En tant qu’êtres humains, activistes, professionnels, décideurs, nous avons l’obligation de prévenir de nouvelles crises humanitaires et environnementales, a déclaré Mme Majdalani rappelant également qu’après la Conférence sur le climat à Glasgow, on s’attend à ce que les dirigeants mondiaux nous guident sur une voie, avec des étapes claires, vers de plus grandes opportunités.
Après avoir informé le Conseil de l’objectif de son organisation composée de « courageux écologistes palestiniens, jordaniens et israéliens », la Directrice a lancé un appel pour un « accord bleu-vert » au Moyen-Orient qui pourrait transformer la région en un modèle positif pour la diplomatie et la coopération climatiques. L’accord suggère de créer des liens régionaux et des interdépendances saines par l’échange d’énergie renouvelable et d’eau. Il aborde la prise de mesures proactives pour la réhabilitation du Jourdain, et le développement durable autour de l’ensemble du bassin, par la création d’entreprises et d’emplois verts. L’accord aborde les droits de l’eau des Palestiniens dans un cadre révisé qui est différent du paradigme du tout ou rien, pour faciliter la fourniture d’eau à chaque foyer palestinien, sans coût pour la sécurité de l’eau d’Israël.
La Suède, les États-Unis, l’Allemagne et d’autres membres du Conseil soutiennent notre travail, a annoncé Mme Majdalani en citant aussi un programme éducatif qui touche quelque 40 000 étudiants, jeunes professionnels et enseignants. Elle a mentionné la plateforme de réalité virtuelle créée avec l’aide de jeunes ingénieurs palestiniens, israéliens et jordaniens, ainsi que le programme d’investissement « Impact » qui soutient plusieurs entreprises vertes, toutes dirigées par des entrepreneurs locaux, fondées sur la coopération transfrontalière et le transfert de connaissances. Nous avons plaidé pour la levée d’investissements d’une valeur de plus de 500 millions de dollars pour des projets d’infrastructure d’eau et d’assainissement jordaniens et palestiniens pour répondre aux préoccupations environnementales locales et transfrontalières, a encore précisé la militante.
Pour la Directrice, la crise de l’eau en Palestine est due au conflit politique, à la médiocrité des infrastructures, aux problèmes de gestion interne et, maintenant, aux changements climatiques. En Cisjordanie, l’approvisionnement en eau est de 30 litres par habitant par jour. L’insécurité de l’eau est particulièrement grave dans la zone C, où l’occupation militaire entrave l’accès à l’eau et à l’électricité. À Gaza, la situation est encore plus grave car 97% de l’eau est impropre à la consommation humaine. Elle a rappelé que ce sont toujours les Accords de paix d’Oslo qui régissent la répartition de l’allocation de l’eau entre Palestiniens et Israéliens dans laquelle Israël se taille la part du lion.
Elle a plaidé pour que soient résolues les questions relatives à l’eau, ainsi que les crises de réfugiés, les frontières, les colonies et le statut de Jérusalem. Ne pas agir maintenant ne fera qu’aggraver l’insécurité hydrique et alimentaire palestinienne, la pauvreté et la frustration, a averti Mme Majdalani. Elle a appelé le Conseil à examiner l’« accord bleu-vert » pour le Moyen-Orient comme une voie pratique et réalisable pour parvenir à la sécurité climatique et à la diplomatie de l’eau. Les questions climatiques doivent faire partie intégrante du processus de paix au Moyen-Orient, afin de faire avancer la solution des deux États, a-t-elle avancé.
M. GIDON BROMBERG, Directeur pour Israël de l’organisation EcoPeace Middle East, a fait état d’une « fenêtre d’opportunité » qui pourrait permettre d’avancer sur la délicate question du partage de l’eau entre Israéliens et Palestiniens, tout en favorisant la confiance et la promotion de la paix. En effet, a-t-il souligné, l’impact de la crise climatique sur la disponibilité de l’eau conjugué à l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement en Israël crée un « contexte unique » ouvrant la voie à la prise de « bonnes décisions ». Pour progresser dans ce domaine, EcoPeace travaille sur le terrain avec de jeunes professionnels et des éducateurs israéliens et palestiniens, a précisé le Cofondateur de cette organisation, pour qui le fait de travailler ensemble est une question d’intérêt mutuel. Le « Green Blue Deal » que promeut EcoPeace appelle les gouvernements à agir de concert sur les questions de l’eau plutôt que de continuer à les politiser, a-t-il expliqué, assurant que cette démarche devrait permettre, de part et d’autre, d’atteindre la sécurité en approvisionnement en eau ainsi que la résilience climatique. Il a rappelé à cet égard qu’Israël est reconnu pour son leadership dans ce domaine. C’est un leader mondial dans le traitement des eaux usées et de l’irrigation pour l’agriculture, a-t-il souligné, avant de s’alarmer de la crise de l’assainissement que provoque le conflit en Cisjordanie et à Gaza. Des eaux usées israéliennes sont rejetées en Cisjordanie, ce qui provoque des dommages environnementaux et des problèmes de santé considérables, a dénoncé M. Bromberg. Parallèlement, les eaux usées de Gaza sont rejetées en Méditerranée, a-t-il indiqué, ajoutant que, pour protéger ses citoyens, Israël a créé des usines de traitement et déduit les coûts de construction de taxes payées par les Palestiniens, ce qui a pour effet d’affaiblir l’Autorité palestinienne.
Dans ce contexte alarmant, nous devons démontrer que la crise climatique est l’occasion de renforcer la coopération, Israéliens et Palestiniens en subissant les conséquences délétères. Cette crise pèse sur l’approvisionnement en eau et sur la sécurité nationale des deux côtés, a-t-il insisté, constatant que la conjugaison du conflit et des problèmes climatiques contribue à l’insécurité, entraîne des pertes de vies humaines, réduit les moyens de subsistance et rend les relations plus hostiles encore. M. Bromberg a toutefois évoqué des signes d’espoir, en particulier les récents contacts entre les partenaires de la coalition au pouvoir en Israël et l’Autorité palestinienne. Aujourd’hui, a-t-il ajouté, le « Green Blue Deal » peut assurer l’approvisionnement en eau pour les deux camps. Le Directeur pour Israël d’EcoPeace a donc demandé au Conseil de sécurité d’appuyer cette démarche fondée sur la résilience climatique en appelant les parties à conclure de nouveaux accords pour l’attribution de l’eau naturelle. Il a également exhorté l’organe onusien à reconnaître que les changements climatiques constituent une menace pour la paix.
M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine, a déclaré qu’Israël poursuit sa guerre implacable contre le peuple palestinien avant de fustiger le déni par Israël des droits des Palestiniens. Il a regretté qu’Israël, au lieu de s’excuser pour ses crimes et d’y mettre fin, continue d’accuser ses partenaires les plus proches d’antisémitisme pour avoir voté des résolutions appelant au respect du droit international et des droits de l’homme. Il a dénoncé le comportement d’Israël qui se permet d’attaquer la Cour pénale internationale (CPI), la Cour internationale de Justice (CIJ), le Conseil des droits de l’homme, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et qui insulte des dirigeants mondiaux, des lauréats du prix Nobel de la paix, des personnalités morales, des célébrités, des citoyens, pour leur position concernant la question de Palestine.
« Alors que 2021 a été l’une des années les plus meurtrières pour les Palestiniens depuis plus d’une décennie, les premiers jours de 2022 ont déjà vu le meurtre d’enfants et personnes âgées palestiniens, dont le cheik Suleiman Al-Hazaleen, populaire acteur de la résistance pacifique âgé de 80 ans », a dit M. Al-Malki avant de fustiger l’annonce du plan de construction de nouvelles unités de peuplement dans Jérusalem-Est occupée et le déplacement forcé de populations palestiniennes.
Dans ces circonstances, il a estimé que l’inaction de la communauté internationale équivaut au mieux à de la complaisance, au pire à de la complicité. Tout en soulignant la résilience du peuple palestinien, le Ministre a exhorté le Conseil de sécurité à lui épargner davantage de souffrances inutiles et de lui offrir la protection internationale à laquelle il a droit en mettant fin maintenant à l’occupation coloniale.
Au-delà de la nécessité de réparer l’injustice historique subie par le peuple palestinien et de mettre fin à des décennies d’occupation et d’oppression, le Ministre a dit l’urgence de préserver la solution des deux États. « Allez-vous accepter cet apartheid au XXIe siècle », a lancé le Ministre avant de remercier néanmoins la communauté internationale pour ses efforts en vue d’atténuer l’impact de l’occupation et les conséquences des violations des droits humains.
« Rien de bon ne sortira de l’attentisme », a prévenu M. Al-Malki avant d’appeler à ne pas laisser l’agenda de la paix entre les mains des colons israéliens extrémistes. « Depuis quand le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est-il soumis au bon vouloir de la puissance coloniale »? a encore demandé le Ministre avant de rappeler qu’aucun État Membre des Nations Unies n’a eu à accepter une telle logique. Il est illusoire, à son avis, d’attendre qu’Israël mette fin à l’occupation de lui-même. Après avoir rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité, dont la 2334 (2016), tracent clairement la voie vers une paix juste, il a mis sur le dos du Conseil la responsabilité de veiller à la mise en œuvre de ses propres résolutions. « S’il est important de promulguer la loi et de condamner ceux qui la violent, il est tout aussi important d’en poursuivre l’application et d’assurer la responsabilisation », a-t-il insisté. Face à « l’attitude dédaigneuse d’Israël » et à ses violations persistantes, le Ministre a invité les membres du Conseil à se rendre en Palestine pour examiner de visu la situation sur le terrain et voir que « ce qui a été adopté ici affecte la réalité là-bas ».
M. Al-Malki a dit que le Quatuor a également une responsabilité particulière en tant qu’organe mandaté par le Conseil de sécurité dans le but de mettre fin à l’occupation et de parvenir à la paix. « Nous ne pouvons que faire écho à l’appel de la Russie pour convoquer le Quatuor au niveau ministériel dès que possible afin de mobiliser les efforts pour sortir de l’impasse actuelle », s’est-il félicité. Il a ajouté que chaque État peut aider à faire reculer l’occupation et à faire progresser la paix en respectant ses propres obligations qui découlent du droit international et des résolutions de l’ONU. Tout en reconnaissant que de nombreuses initiatives importantes sont prises partout dans le monde pour faire progresser la justice et la paix, le Ministre a souligné la nécessité d’un agenda commun pour la paix.
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a répété d’emblée le souhait qu’il avait exprimé l’an dernier devant le Conseil, lorsqu’il avait dit espérer que les discussions sur le Moyen-Orient seraient plus équilibrées à l’avenir et mettraient l’accent sur la véritable menace qui plane sur la région: « l’Iran, dont les dirigeants continuent de brandir la menace de la terreur ». Dénonçant « les discours hypocrites » à l’encontre d’Israël, il est revenu « sur la litanie d’allégations fallacieuses du Ministre palestinien » et lui a rappelé que plus de 200 attaques ont été perpétrées le mois dernier par des Palestiniens contre des civils israéliens. Ces attaques sont citées au Conseil de sécurité de « façon tout à fait marginales », s’est-il indigné. Il s’agit d’attentats terroristes « avec des pierres », qui ne sont pas évoqués ici au Conseil, a tonné le représentant en brandissant un pavé. Rien que l’année dernière, il y a eu 1 775 attaques de ce type, « mais le monde se tait », a-t-il déploré. « Que feriez-vous si vos citoyens étaient la cible de ce genre d’attaques? » Il s’est demandé si les autorités palestiniennes condamneraient un jour ces attaques, comme le meurtre d’un guide touristique israéliens ou d’un citoyen embusqué dans sa voiture. Il a reproché son silence et son hypocrisie à la communauté internationale ainsi que sa « faillite morale » qui ne fait qu’encourager les Palestiniens à poursuivre leurs attentats. Indigné par « l’audace » du Ministre palestinien qui a reproché la violence aux Israéliens, il lui a rappelé que dans la majorité des cas il ne s’agit que de représailles à des attaques terroristes palestiniennes.
Faisant valoir qu’Israël est un pays avec un système judiciaire solide qui condamne la violence, il s’est étonné qu’il soit épinglé et condamné dans cette enceinte, ajoutant qu’à ses yeux cela équivaut à dire que « la vie des juifs ne vaut pas grand-chose ». Ce qui se passe aujourd’hui à Cheikh Jarrah en est un bon exemple, selon lui. Il s’agit de l’expulsion d’une famille palestinienne qui a volé des terres qui étaient destinées à la construction d’une école, a expliqué le représentant en invitant la communauté internationale à vérifier les faits.
Il a également invité le Conseil de sécurité à faire de l’année 2022 celle durant laquelle il commencera à tenir les Palestinien comptables de leur crimes et de la fin de son hypocrisie lorsqu’il s’agit d’Israël. Si le Conseil de sécurité croit les mensonges des terroristes et ceux de leurs suppôts, il ne sera pas possible de parvenir à une paix durable, a regretté le représentant.
Il a ensuite fait état de mesures positives pour accroître la coopération entre Palestiniens et Israéliens, en revenant notamment sur les dossiers de la sécurité hydrique et sur l’accord sur l’énergie. Israël a montré qu’il est prêt à coopérer pour améliorer la vie des Palestiniens, a affirmé le délégué, en parlant notamment de ses efforts dans le domaine de la protection de l’environnement. Il y a quelques mois, le Ministre actuel de la protection de l’environnement israélien a rencontré son homologue palestinien et lui a proposé une série d’initiatives de coopération dans ce domaine, a-t-il expliqué, tout en précisant qu’Israël attend toujours une réponse des autorités palestiniennes.
Revenant à l’Iran, le délégué israélien a estimé que les pourparlers de Vienne ont atteint une phase cruciale. « Si on laisse les Iraniens penser qu’ils peuvent impunément fabriquer une bombe, ils vont le faire », a-t-il déclaré en affirmant que l’Iran est le plus grand appui du terrorisme dans la région, ce qui en fait « un problème pour le monde entier et non pas simplement pour Israël ». Citant le cas du Yémen notamment, il a enjoint le Conseil de sécurité à se pencher sur ce problème, soulignant que c’est une véritable course contre la montre. Finissant sur une note positive, il s’est dit néanmoins confiant qu’il reste possible d’écrire un nouvel avenir pacifique pour le Moyen-Orient.
Mme ANNIKEN HUITFELDT, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a appelé à la cessation de la violence et du terrorisme et au respect des droits humains, soulignant qu’une société civile « vibrante » est cruciale en Palestine. Elle a enjoint Israël à cesser les constructions de colonies de peuplement, les démolitions et les expulsions qui entravent la solution des deux États et attisent le conflit. Le statut historique des Lieux saints à Jérusalem doit également être respecté. La Ministre a aussi exhorté Israël à réviser ses politiques qui affaiblissent l’Autorité palestinienne ainsi que l’économie, pour ensuite appeler à la mise en œuvre du programme de renforcement de l’État palestinien mis sur pied par le groupe des donateurs que préside la Norvège. L’Autorité palestinienne doit pour sa part renforcer sa légitimité démocratique, a ajouté Mme Huitfeldt qui a également engagé les factions à relancer les efforts en faveur de l’unité de la Palestine.
Poursuivant, la Ministre norvégienne a salué le fait qu’Israël ait consenti à ajuster ses politiques à Gaza, notamment en matière d’augmentation des déplacements et du commerce, tout en appelant à des solutions à long terme et à un cessez-le-feu. Elle s’est aussi félicitée de la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États arabes et a jugé essentiel que la Palestine participe également à ce processus. Des progrès significatifs dans les négociations entre Israël et la Palestine permettraient de renforcer le processus de normalisation, a-t-elle noté. La reprise des négociations est une question urgente et la question des frontières et du territoire doit être résolue avant qu’il ne soit trop tard, a par ailleurs souligné la Ministre qui a exhorté les parties à examiner par quel moyen relancer le dialogue « même si elles ne sont pas encore prêtes à le renouer ».
Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a rappelé la responsabilité commune du Conseil face à un problème qui ne peut être réglé du jour au lendemain. Soulignant l’importance du dialogue entre les parties et du soutien de la communauté internationale, elle a prévenu que les conséquences de l’inaction seront catastrophiques. Depuis la Conférence de Madrid, l’objectif d’un règlement du dossier du Moyen-Orient de façon pacifique et durable continue de nous échapper, a-t-elle remarqué. « Les souffrances éternelles du peuple palestinien et la situation au Moyen-Orient nous contraignent à essayer coûte que coûte d’atteindre notre objectif d’éviter la dégradation de la situation sécuritaire. » Mme Ayorkor Botchwey a ajouté que la situation sanitaire alarmante de la région en pleine pandémie exige une attention renouvelée de la part de la communauté internationale et une action de la part du Conseil.
La Ministre a été d’avis qu’il faut relancer les pourparlers de paix sur la base des enseignements et des initiatives passées, tout en envisageant de nouvelles possibilités. La solution des deux États reste une option viable pour parvenir à la paix et la stabilité dans la région, a estimé Mme Ayorkor Botchwey exhortant à régler la question de façon globale. Elle a recommandé que les acteurs régionaux et internationaux utilisent les outils de la diplomatique afin de maintenir l’élan imprimé par les récents accords de haut niveau. Elle a appelé les deux parties au conflit à se faire confiance, à faire preuve de bonne volonté et à discuter avec leurs populations respectives pour dessiner un avenir de prospérité et de sécurité. « Ce ne sera pas facile, mais ne rien faire serait encore plus coûteux. »
Le Ghana, a dit la Ministre, condamne tout acte de terrorisme, ainsi que les violations des droits humains et du droit international humanitaire par les parties. Celles-ci doivent s’abstenir de mesures unilatérales qui sapent les efforts visant à parvenir à une paix globale et durable pour ce conflit qui dure depuis des décennies, a-t-elle plaidé. Saluant les États Membres qui contribuent financièrement à l’UNRWA, Mme Ayorkor Botchwey a appelé à combler le déficit financier de l’Office pour qu’il puisse s’acquitter de sa mission vitale en faveur de ceux qui sont touchés par le conflit. Elle a demandé au Secrétaire général de faciliter un processus permettant de trouver des solutions au financement humanitaire, pour qu’il soit plus durable et plus prévisible pour l’UNRWA. Les parties doivent reprendre les pourparlers directs pour parvenir à une paix durable globale dans un esprit de bonne foi et de coopération, a-t-elle recommandé en conclusion, en s’adressant aussi au Conseil et aux États Membres qui doivent mener une action unifiée à cet égard.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a réaffirmé son ferme soutien à une solution à deux États, une solution dans laquelle « un État d’Israël juif et démocratique puisse vivre en paix aux côtés d’un État palestinien souverain, démocratique et viable ». Elle a espéré que le Conseil cessera de pointer du doigt injustement Israël avant de rappeler que toutes les formes de haine et de violence sont un frein à l’objectif d’une solution à deux États. Mme Linda Thomas-Greenfield s’est particulièrement inquiétée des tensions en Cisjordanie, à Gaza et à l’intérieur et autour de Jérusalem, en particulier la violence perpétrée contre les civils qui tentent de vaquer à leurs occupations quotidiennes. « Pour progresser, Israël et l’Autorité palestinienne doivent s’abstenir de mesures unilatérales qui exacerbent les tensions et sapent les efforts visant à faire avancer une solution négociée à deux États », a insisté la représentante avant de regretter les annexions de territoire, les activités de colonisation, les démolitions et les expulsions -comme à Cheikh Jarrah-, l’incitation à la violence et l’indemnisation des personnes emprisonnées pour des actes de terrorisme.
Faisant référence au voyage qu’elle a mené en Israël et en Cisjordanie en novembre 2021, la représentante a noté qu’Israéliens et Palestiniens sont enfermés dans une spirale de méfiance mutuelle, empêchant une coopération qui pourrait apporter la prospérité, la liberté et la sécurité pour tous. « Les Israéliens ne croient pas qu’ils ont un partenaire pour la paix, tandis que les Palestiniens sont piégés dans le désespoir né de l’absence totale d’horizon politique », a-t-elle dit avant d’estimer que ce manque de confiance est le plus grand obstacle au progrès politique et à la paix.
Par ailleurs, Mme Thomas-Greenfield s’est félicitée que la récente rencontre entre le Président de l’Autorité palestinienne Abbas et le Ministre israélien de la défense ait abouti à des mesures concrètes, dont le transfert par Israël de 32 millions de dollars provenant des impôts payés par les Palestiniens, la délivrance de permis commerciaux et l’approbation du statut humanitaire. Elle a dit que les États-Unis espèrent faciliter de nouvelles étapes positives, avant de saluer le rôle constructif joué par la Jordanie et l’Égypte dans la prévention d’un regain de violence. En outre, la déléguée a salué le rôle de la Norvège en tant que Présidente du Comité de liaison ad hoc pour appuyer le développement économique des Palestiniens. Elle a aussi souligné le rôle déterminant de la société civile israélienne et palestinienne dans la construction de ponts entre les peuples d’Israël, de Cisjordanie et de Gaza, et de Jordanie. Alors que la Journée internationale de la commémoration de l’Holocauste se tiendra le 27 janvier, la représentante a exprimé la détermination des États-Unis à continuer de défendre la justice pour les victimes de l’antisémitisme, ainsi que pour les survivants de l’Holocauste et leurs descendants.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que, malgré plusieurs développements positifs visant à apporter la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient, il y a encore des « tentatives perfides de propagation du chaos et du terrorisme dans la région ». Elle a dénoncé en particulier des crimes récents commis par « les milices terroristes houthistes », notamment contre des civils et des installations civiles dans son pays, en condamnant cette « escalade criminelle ». La représentante a souligné l’importance de lutter activement contre le terrorisme et de mettre fin aux crises et aux conflits de la région. Elle a réitéré l’engagement de son pays à soutenir le peuple palestinien et son droit d’établir un État palestinien indépendant et souverain, fondé sur les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, et conformément au mandat de Madrid, à l’Initiative de paix arabe et à tous les autres termes de référence internationaux convenus.
À ces fins, elle a appelé à mettre fin à toutes les pratiques illégales dans les territoires palestiniens occupés et demandé qu’Israël respecte le droit international. Elle a souligné la nécessité de maintenir le statu quo historique et juridique à Jérusalem. Il faut également, a-t-elle poursuivi, prévenir ou atténuer toute escalade qui pourrait survenir, en maintenant le dernier cessez-le-feu. Elle a salué à cet égard les efforts de l’Égypte et de la Jordanie. Soucieuse de voir relancer un processus de paix crédible, elle a misé sur la récente réunion de haut niveau entre les parties. Mme Nusseibeh a par ailleurs appelé à fournir une assistance au peuple palestinien et signalé que les Émirats arabes unis ont récemment envoyé des vaccins et une aide médicale à la bande de Gaza, en plus de leur aide pour répondre à la crise de l’eau et du soutien la construction d’une nouvelle école de l’UNRWA. En conclusion, elle a souhaité que le Conseil de sécurité s’emploie à créer un environnement propice à la paix afin de parvenir à un avenir stable pour la région. À la communauté internationale, elle a demandé de rechercher à résoudre fondamentalement les crises plutôt que de simplement les gérer.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a constaté à son tour que la confrontation entre Palestiniens et Israéliens ne faiblit pas et continue de faire des victimes de deux côtés. Cette situation, a-t-il souligné, est exacerbée par des actions illégales unilatérales, notamment la violation du statut des Lieux saints, l’expansion des colonies de peuplement, la confiscation des terres palestiniennes, les expulsions, les arrestations arbitraires et les violences contre la population civile. Dénonçant les affrontements qui ont régulièrement lieu à Jérusalem, le délégué a appelé les parties à faire preuve de retenue et à renoncer aux mesures radicales qui créent des « faits irréversibles » sur le terrain. Il les a aussi invitées à reprendre le processus de paix sur la base universellement reconnue du droit international.
La Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, attache une grande importance à la fourniture d’une aide humanitaire aux personnes dans le besoin en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi qu’aux réfugiés palestiniens présents dans les pays arabes voisins. Il a appelé à la poursuite du financement de l’UNRWA afin qu’elle puisse venir en aide aux millions de réfugiés palestiniens dans la région, précisant que la Fédération de Russie continuera à verser des contributions volontaires au budget de l’Office. Dans ce contexte, M. Polyanskiy s’est félicité de la tenue d’une réunion ministérielle du Comité de liaison à Oslo, en novembre.
Plaidant pour une relance rapide du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, le représentant s’est dit convaincu qu’un règlement ne sera possible que si des négociations directes ont lieu entre les parties. Pour cela, un climat propice doit être créé, y compris dans le cadre du Quatuor pour le Moyen-Orient, a-t-il plaidé, assurant que son pays continuera de travailler activement avec ses partenaires du Quatuor pour permettre la mise en œuvre de la solution des deux États. À ses yeux, il importe également de convoquer une réunion du Quatuor au niveau ministériel et d’établir une interaction étroite de ce mécanisme avec les Palestiniens, les Israéliens et les acteurs clefs de la région.
M. Polyanskiy a également estimé que la promotion du processus de paix nécessite la restauration de l’unité palestinienne autour de l’Organisation de libération de la Palestine. Il a affirmé que la Fédération de Russie, associée à d’autres parties prenantes, dont l’Égypte, est prête à fournir l’assistance nécessaire pour y parvenir. Enfin, il s’est inquiété des projets israéliens de colonies sur le plateau du Golan occupé. Il s’agit non seulement de la poursuite de la colonie « Ramat Trump », dont la construction a été annoncée en 2020, mais aussi de la création de deux nouvelles colonies, celles d’Asif et de Matar, avec à la clef 12 000 unités de logement, a-t-il relevé, ajoutant que l’objectif déclaré des dirigeants israéliens est de « doubler le nombre d’Israéliens sur le plateau du Golan », ce qui est contraire aux dispositions de la Convention de Genève de 1949. La Fédération de Russie, a-t-il dit, maintient sa position immuable de non-reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, lequel « fait partie intégrante de la Syrie ».
M. GENG SHUANG (Chine) a déploré le nombre de victimes causé par le conflit qui, s’est-il inquiété, n’a cessé de se dégrader depuis le début de l’année. Il a exhorté Israël à respecter ses obligations en vertu du droit international et à respecter les droits des personnes dans les territoires occupés ainsi que le statut des Lieux saints. Les préoccupations sécuritaires d’Israël doivent aussi être respectées.
Le représentant a ensuite appelé les autorités israéliennes à cesser les activités de peuplement, et à créer des conditions propices pour les communautés palestiniennes. Il s’est inquiété du projet de construction de nouvelles colonies dans le plateau du Golan, avertissant que cela risque de créer des tensions. Également préoccupé par la situation humanitaire, le délégué a appelé la communauté internationale à faire preuve de générosité, notant que l’UNRWA doit bénéficier d’une plus grande aide. Il a aussi appelé à mobiliser les efforts pour mettre en œuvre la solution des deux États, et a engagé la communauté internationale à adopter une approche objective et à redoubler d’efforts pour assurer la reprise du dialogue. La création de relations de confiance entre les parties et la réconciliation intra-palestinienne sont essentielles, a-t-il souligné pour ensuite appeler à la tenue d’une conférence de paix sous l’égide de l’ONU.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déclaré que la résolution du conflit israélo-palestinien demeure urgente et a appelé le Conseil de sécurité à insuffler un nouvel élan à la reprise des négociations directes entre les parties. Notant que plus de 40% de la population israélienne a moins de 25 ans et que plus de 70% de la population dans les territoires palestiniens occupés a moins de 30 ans, elle a insisté sur le devoir collectif de contribuer à renouveler les perspectives d’un horizon politique pour les jeunes.
Poursuivant, la représentante s’est inquiétée du niveau élevé de la violence et a appelé Israël à veiller à ce que ses opérations de sécurité dans les zones A et B de la Cisjordanie demeurent proportionnées et tiennent compte de l’impératif de protéger les civils. Elle a aussi déploré la reprise des démolitions à Cheikh Jarrah, notamment la destruction ce matin de deux domiciles, alertant de leurs graves répercussions humanitaires et des menaces au statu quo fragile de Jérusalem-Est. Elle a appelé Israël à mettre un terme à ces pratiques ainsi qu’aux colonies de peuplement illégales qui menacent la contiguïté d’un futur État palestinien. Le blocus de Gaza doit également être levé.
Après avoir salué la réunion entre le Président Abbas et le Ministre Gantz, Mme Byrne Nason a appelé à progresser sur la question des prisonniers, de la restitution de restes humains et de toute autre mesure capable de renforcer la confiance envers le processus politique. Elle s’est inquiétée de la décision d’Israël de désigner certaines organisations de la société civile palestinienne en tant qu’organisations terroristes et a par ailleurs appelé à appuyer l’UNRWA et la reprise du dialogue économique entre les États-Unis et la Palestine.
M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est inquiété du peu de progrès réalisés dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient, s’alarmant notamment de la dangereuse escalade de la violence depuis le début de l’année et de l’aggravation des tensions à Gaza qui, a-t-il ajouté, témoignent de la fragilité du cessez-le-feu de mai 2021. Il a en revanche salué la reprise récente de pourparlers directs entre des autorités israéliennes et palestiniennes de haut niveau, soulignant que le dialogue est essentiel pour répondre aux défis urgents des deux parties et relancer le processus politique. Il a espéré que ces réunions deviendront plus fréquentes.
Le représentant a par ailleurs espéré que le deuxième tour des élections locales palestiniennes se déroulera au mois de mars comme prévu, notant qu’un scrutin légitime et crédible est essentiel pour renforcer la légitimité et la crédibilité des institutions palestiniennes. Préoccupé par la situation à Gaza, il a appuyé la fourniture d’une aide humanitaire sur une base prévisible, responsable et régulière. Il s’est en outre inquiété du manque de ressources de l’UNRWA.
Au cours des 30 dernières années, nous avons assisté à différentes phases dans le conflit israélo-palestinien, a noté M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique), allant des Accords d’Oslo aux récents Accords d’Abraham, sans oublier les initiatives régionales de coopération, tels que des projets de gestion de l’eau entre la Jordanie, Israël et la Palestine promus par EcoPeace. Certains rapprochements récents vont dans le bon sens, a-t-il estimé en saluant notamment la récente réunion entre le Ministre Gantz et le Président Abbas, ainsi que le plan économique du Ministre Lapid pour Gaza. Il a ensuite exhorté les parties à maintenir les voies de communication et à consolider la coopération civile, sécuritaire et fiscale. Il a pris note de l’assouplissement des restrictions de circulation des biens et des personnes à Gaza, en demandant toutefois la levée totale et définitive du blocus de Gaza.
Le représentant s’est dit préoccupé par la poursuite des actions qui sapent la faisabilité de la solution des deux États, notamment les expulsions à Cheikh Jarrah. Il a condamné l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires occupés et a dénoncé les conséquences des appropriations, des expulsions et des démolitions de structures palestiniennes. Il a également fermement condamné l’usage de la force, qu’il s’agisse d’attaques de colons contre des civils palestiniens ou de celles des Palestiniens contre des civils israéliens. Les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue, a-t-il enjoint. M. de la Fuente Ramírez a ensuite salué les efforts de l’Algérie pour promouvoir la réconciliation intra-palestinienne, ainsi que les discussions menées par le Coordonnateur spécial de l’ONU avec ses homologues de l’Union européenne et de la Russie et a espéré que la prochaine réunion du Quatuor aura lieu bientôt.
M. T. S. Tirumurti (Inde) a dit appuyer la solution des deux États et souligné la nécessité urgente d’inverser la tendance négative sur le terrain. Il a souhaité une feuille de route pour reprendre les négociations politiques directes sur la base de la résolution 2443 (2018) qui réaffirme la ferme détermination de la communauté internationale de parvenir à la solution des deux États et qui souligne que toutes les activités de peuplement doivent cesser. Il a dit à cet égard être vivement préoccupé par l’évolution récente de la situation en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza, demandant aux parties de remédier à cette situation. Il s’est aussi inquiété de voir que les mesures unilatérales israéliennes modifient indûment le statu quo sur le terrain et sapent la viabilité de la solution des deux États. La communauté internationale doit envoyer un message clair, indiquant sans ambages que toute mesure risquant d’empêcher une paix durable entre Israël et la Palestine dans un avenir proche est inacceptable, a exhorté le représentant.
M. Tirumurti a demandé aux parties de mettre l’accent sur des mesures constructives de confiance. Il s’est dit encouragé par le nombre croissant de contacts directs entre les dirigeants israéliens et palestiniens, dont la réunion récente entre le Président Abbas et le Ministre de la défense israélienne, et l’annonce ultérieure par Israël de la poursuite de mesures socioéconomiques. Ces initiatives, qui sont dans l’intérêt des deux parties, contribuent à renforcer la stabilité et découragent les terroristes, a relevé le représentant. La mise en œuvre de ces mesures et les contacts constants à haut niveau doivent être accompagnés d’une feuille de route pour la reprise dans les meilleurs délais des pourparlers, a-t-il encore recommandé. Il a demandé à l’ONU, à la communauté internationale et au Quatuor en particulier, d’accorder la priorité à la relance de ces négociations. Enfin, il a condamné l’attentat terroriste commis à Abou Dhabi dans lequel deux Indiens ont perdu la vie.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a appelé à investir dans la compréhension et la coopération pour aider les Israéliens et les Palestiniens à gérer leurs différends dans la paix et l’harmonie. Il s’est inquiété des défis sécuritaires auxquels Israël est confronté quotidiennement. « Ce n’est pas facile de se sentir en sécurité lorsqu’un pays voisin puissant prône ouvertement votre destruction », a expliqué le représentant. « Et il est difficile de se sentir en paix quand on vit sous la menace constante d’attaques de missiles en provenance du sud et du nord du pays ». Il a défendu le droit légitime d’Israël de se défendre tout en expliquant comprendre le désespoir des Palestiniens face à l’absence de perspectives d’avenir. « L’espoir meurt en dernier, dit le proverbe, et quand il n’y a plus d’espoir, il ne reste rien d’autre. » Qualifiant le statu quo d’insoutenable et faisant part de son appui à la solution des deux États, le représentant a affirmé que la confiance est l’ingrédient le plus important pour assurer la reprise et la réussite des négociations.
Après avoir alerté que l’expansion des colonies menace la perspective d’un règlement pacifique du conflit, M. Hoxha a salué les Accords d’Abraham et appelé à une amélioration des relations entre Israël et les États arabes, se déclarant persuadé qu’une telle amélioration aura un impact positif sur les relations entre Israéliens et Palestiniens. Il a aussi souligné qu’une société civile forte et dynamique est essentielle pour autonomiser les gens, renforcer la compréhension mutuelle par des contacts interpersonnels et lutter contre les préjugés, la haine et l’hostilité. Face à l’incapacité du Conseil à trouver une solution, le représentant de l’Albanie a appelé à tout mettre en œuvre pour soutenir les initiatives permettant aux Israéliens et Palestiniens de vivre dans la sécurité, la dignité, la paix et la prospérité.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a réaffirmé qu’il est de la responsabilité du Conseil de sécurité d’œuvrer à la préservation de la solution des deux États, qui reste à ce jour la seule à même de répondre aux aspirations légitimes des peuples israélien et palestinien, de garantir la sécurité de tous et de permettre une paix juste et durable. Les paramètres de cette solution sont connus et doivent être mis en œuvre par le biais de négociations entre les parties sur l’ensemble des questions du statut final, a-t-il dit, avant de reconnaître que ladite solution ne cesse d’être fragilisée, notamment sous l’effet de la poursuite de la colonisation ces dernières décennies. Á cet égard, le représentant a condamné les nouveaux plans adoptés par les autorités israéliennes, le 17 janvier, lesquels prévoient de créer des centaines de nouvelles unités de logement à l’est de la Ligne verte, notamment à Jérusalem-Est entre Givat HaMatos et Har Homa. Il a appelé Israël à revenir sur cette décision et à suspendre définitivement les plans concernant la création d’une nouvelle colonie à Atarot et ceux visant à étendre la zone E1.
Saluant les mesures annoncées à la suite de la rencontre du Ministre israélien et du Président de l’Autorité palestinienne, M. de Rivière a cependant souhaité qu’elles s’accompagnent d’un gel des mesures unilatérales de la part des parties. Il s’est dit préoccupé par la hausse record des violences des colons, des démolitions et des évictions, en particulier à Jérusalem-Est et en zone C, ainsi que par la fragilité de la cessation des hostilités à Gaza. Il est impératif, selon lui, que l’aide nécessaire au relèvement et les équipements médicaux entrent à Gaza. Le délégué a également réitéré le soutien de la France à l’action de l’UNRWA, plus que jamais essentielle pour les réfugiés palestiniens et pour la stabilité de la région. Il s’est par ailleurs inquiété du rétrécissement de l’espace dans lequel opère la société civile, regrettant à ce sujet qu’Israël ait désigné six ONG palestiniennes comme organisations terroristes. Il a indiqué qu’en l’absence d’éléments permettant d’étayer les allégations de détournement de fonds de la part de ces ONG et leur participation ou soutien à une activité terroriste, la France continuera de leur apporter son soutien. Enfin, après avoir appelé de ses vœux la poursuite de l’enquête sur la mort en détention du militant palestinien Nizar Banat et la tenue d’élections générales palestiniennes, le représentant a exhorté le Conseil à œuvrer à la relance du processus politique, au point mort depuis 2014. Recréer un horizon politique permettra de prévenir un nouveau cycle de violence, a-t-il déclaré, avant d’assurer que la France continuera d’œuvrer en ce sens, notamment avec l’Allemagne, l’Égypte et la Jordanie.
M. James Kariuki (Royaume-Uni) a commencé par condamner dans les termes les plus forts les attentats terroristes perpétrés le 17 janvier par les houthistes contre des sites civils à Abou Dhabi. Il a ensuite remercié les deux intervenants d’EcoPeace, affirmant soutenir leurs appels à une plus grande coopération régionale sur les menaces environnementales communes. L’accord sur l’eau et l’énergie solaire conclu en novembre entre Israël, la Jordanie et les Émirats arabes unis nous montre la valeur de tels efforts, a-t-il commenté. Le délégué a également rendu hommage à la Norvège pour ses efforts en matière de coordination économique entre les parties, qui ont notamment pris la forme de la présidence, en novembre, du premier Comité spécial de liaison en présentiel depuis deux ans. Cela a permis de renforcer le dialogue et de redynamiser le Comité économique mixte, a-t-il applaudi, avant de saluer également les réunions directes entre le Ministre israélien de la défense et le Président Abbas, et les discussions entre les ministères des finances visant à améliorer les conditions économiques dans les territoires palestiniens occupés.
Le représentant a d’autre part indiqué que, le 17 janvier, des diplomates britanniques ont été les témoins de la tentative d’expulsion de la famille Salhia, qui vit et dirige une entreprise dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. Pendant la nuit, les autorités sont venues démolir la maison de cette famille et ont arrêté plusieurs de ses membres, a-t-il dénoncé, demandant à nouveau instamment au Gouvernement israélien de mettre fin à ces pratiques contraires au droit international humanitaire « en toute circonstance, sauf les plus exceptionnelles ». Il s’est également alarmé de l’approbation donnée par Israël au plan d’implantation du Bas de l’aqueduc, qui prévoit la construction de près de 1 500 logements, dont certains au-delà de la Ligne verte. Tout en exhortant le Gouvernement israélien à mettre définitivement fin à ses activités de peuplement, qui accentuent les tensions et menacent la viabilité d’un futur État palestinien, M. Kariuki a également condamné la tentative d’attaque à l’arme blanche contre un soldat de Tsahal en Cisjordanie, le 17 janvier, ainsi que les tirs de missiles depuis Gaza vers Israël début janvier. Il a exhorté les deux parties à éviter les actions unilatérales préjudiciables à la paix, appelant Israéliens et Palestiniens à travailler ensemble pour faire progresser la solution des deux États.
M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a appelé à relever les défis immédiats, avec ou sans solution politique au conflit israélo-palestinien, appelant à ne pas perdre de vue le facteur humain, moteur de ce conflit de longue date et principal responsable du manque de progrès dans la réalisation des objectifs énoncés dans les résolutions de l’ONU. C’est aussi le facteur humain qui est à l’origine des actes extrémistes qui continuent d’entraver la paix et l’établissement d’un environnement propice à un véritable processus de paix. Il a également condamné les attentats terroristes perpétrés par le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes militants affiliés contre les civils israéliens et les infrastructures civiles.
Il a souligné le besoin urgent qu’il y a pour les deux parties de dialoguer et d’avancer sur la voie de la négociation d’un règlement pacifique du conflit. Ceci devrait rester le principe d’engagement du Conseil de sécurité sur le dossier israélo-palestinienne, a fait valoir M. Kiboino. Il a dit attendre avec intérêt l’opérationnalisation des résultats concrets de la réunion du 28 décembre entre le Ministre israélien de la défense, M. Gantz, et le Président Abbas. Le représentant a également estimé que, pour aller de l’avant, il est impératif de mettre un terme à l’expansion des colonies israéliennes et aux expulsions et démolitions de structures palestiniennes. Après avoir appelé au renforcement de l’UNRWA, le représentant a salué les efforts du Comité de liaison ad hoc, présidé par la Norvège, qui contribue au renforcement des institutions palestiniennes et au développement de l’économie palestinienne.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté que la réalisation des perspectives de paix et de développement continue d’être compromise au Moyen-Orient. S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a noté que l’année 2022 commence avec la violation d’un cessez-le-feu déjà fragile par des frappes israéliennes sur Gaza, en réponse à des tirs de roquettes. Dans le même temps, les situations humanitaire et économique dans les territoires palestiniens demeurent alarmantes et sont aggravées par la crise financière sans précédent à laquelle est confrontée l’Autorité palestinienne et les problèmes budgétaires de l’UNRWA. De ce fait, le délégué a appelé toutes les parties à s’abstenir de toutes rhétoriques belliqueuses ou actions unilatérales qui ne pourraient que nourrir davantage l’escalade de la violence, à l’instar de la politique de colonisation menée par Israël et des attaques contre des civils israéliens. Ces actes, a-t-il averti, constituent des obstacles à la solution de deux États vivant côte à côte, et à la stabilité de toute la région.
Favorable à une redynamisation des négociations israélo-palestiniennes fondées sur l’application du droit international, le représentant a dit soutenir la vision d’un État palestinien coexistant avec l’État d’Israël, dans les frontières d’avant 1967, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Pour redonner vie à cette perspective, il a invité le Quatuor ainsi que tous les acteurs de la région à intensifier leurs efforts afin d’amener les dirigeants israéliens et palestiniens à reprendre le dialogue de bonne foi et de manière inclusive. Seul un dialogue « franc, constant et direct » entre les deux parties permettra d’apporter des solutions durables à ce conflit, a-t-il affirmé, avant de saluer la « rencontre historique », en terre israélienne, le 28 décembre dernier, entre le Président de l’Autorité palestinienne et le Ministre israélien de la défense.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a regretté l’échec des nombreuses tentatives de régler le conflit israélo-palestinien et a espéré que la reprise de négociations sera couronnée de succès. À cet égard, il a estimé que la coopération dans des domaines comme la sécurité alimentaire, la santé ou la gestion de l’eau ouvre de nouvelles perspectives en matière de stabilité régionale. Il a salué la signature des Accords d’Abraham et leur capacité à insuffler un nouvel élan au processus de paix, notant qu’ils ont apporté d’importants changements aux relations diplomatiques d’Israël.
Il a déploré la manière dont Israël est traitée au Conseil de sécurité et a demandé une approche plus équilibrée et juste vis-à-vis de cet État. Il faut aussi rejeter toute condamnation unilatérale, partiale et injustifiée d’Israël. Le Ministre a également appelé l’ONU et ses États Membres à mettre fin aux débats et aux déclarations anti-israéliens dont l’objectif n’est pas de trouver une solution à la situation actuelle, mais de désigner un coupable de manière unilatérale et de lui mettre sur le dos tous les problèmes de la région. Israël a le droit à la légitime défense et à protéger sa souveraineté et ses citoyens, a-t-il insisté.
Le Ministre hongrois a par ailleurs relevé que la dégradation de la situation sécuritaire provoque des flux migratoires considérables en direction de l’Europe centrale. La Hongrie, a assuré M. Szijjártó, suit de très près la montée de l’antisémitisme dans diverses régions du monde en mettant en place une politique en la matière vu que le pays abrite la plus grande communauté juive d’Europe. Le Ministre a également dénoncé les persécutions à l’encontre des chrétiens, le groupe le plus persécuté dans le monde à l’heure actuelle, y compris au Moyen-Orient, et a appelé les États Membres à défendre ces communautés.
M. OMAR KADIRI (Maroc) a déclaré que les négociations entre Israéliens et Palestiniens restent la seule voie pour résoudre le conflit. Appelant à un renouvellement des efforts diplomatiques à cette fin, il a indiqué que le Maroc continuera de jouer un rôle essentiel aux côtés de la communauté internationale pour relancer les pourparlers directs. Il a appelé les parties à préserver le caractère historique de Jérusalem et promis que le Maroc n’épargnera aucun effort à cette fin. Le représentant a ensuite fait part du soutien de son pays à des projets culturels et éducatifs vitaux dans le Territoire palestinien occupé. Condamnant par ailleurs la récente « attaque criminelle houthiste » contre les Émirats arabes unis, il a exprimé son soutien aux mesures prises par ce pays pour se défendre et a promis le soutien du Maroc à la défense des citoyens émiriens. « Le Conseil devrait condamner cette attaque et prendre des mesures pour que les auteurs soient traduits en justice », a insisté M. Kadiri avant d’appeler à préserver la paix et la sécurité internationale dans cette région.
M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a constaté que la situation continue de se dégrader dans les territoires palestiniens occupés. En 2021, a-t-il déploré, des personnes innocentes ont été tuées, des biens palestiniens ont été confisqués, des maisons détruites, et des familles entières expulsées de force. Pour le représentant, le « régime israélien » continue de mener une politique d’oppression et d’expansion, violant systématiquement les droits humains des populations des territoires palestiniens occupés. Un exemple de cette « brutalité » a, selon lui, été la guerre de 11 jours menée par Israël à Gaza en mai 2021, au cours de laquelle des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité » ont été commis. Le « régime israélien » continue aussi de mener des activités de déstabilisation de la région, notamment par le biais de violations répétées de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a accusé le délégué, avant de condamner l’annonce par Israël de nouvelles colonies de peuplement sur le plateau du Golan occupé, projet contraire au droit international et donc « nul et non avenu ». Dans ce contexte, le représentant a reproché au Conseil de sécurité d’encourager le « régime israélien » à poursuivre ses activités illégales. Le Conseil devrait au contraire sommer Israël de cesser ses violations et son occupation de territoires arabes, a-t-il martelé. Il a enfin estimé que le délégué israélien a tenté de détourner le débat en proférant des accusations sans fondement contre la République islamique d’Iran. Il est ironique, a-t-il déclaré, qu’un régime connu pour son système d’apartheid et ses crimes contre l’humanité, un régime qui stocke des armes de destruction massive, se permette de qualifier un autre pays de menace pour la paix et la sécurité internationales.
M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a rappelé que la résolution 2334 (2016) condamne les colonies de peuplement qui sont un obstacle majeur à la paix. Il a déploré que 74 ans après la Naqba, la situation dans le Territoire palestinien occupé reste en pleine détérioration, notant que les activités de peuplement israéliennes augmentent, que des maisons palestiniennes sont détruites, notamment à Cheikh Jarrah, et que les colons ne cessent de violer la loi. De plus, Israël a désigné six ONG palestiniennes en tant qu’organisations terroristes alors même qu’elles coopèrent avec l’ONU, s’est-il indigné. Dès lors il a demandé à la communauté internationale d’apporter sans tarder la protection nécessaire au peuple palestinien; de tout faire pour mettre fin aux activités illégales d’Israël, notamment les confiscations de terres et de structures palestiniennes; et de ne pas accepter la désignation de terroriste des six organisations précitées.
Le représentant a également appelé au respect du statu quo juridique et démographique à Jérusalem-Est et du statu quo juridique des Lieux saints. Il a salué les efforts de l’Algérie pour parvenir à l’unité palestinienne, indiquant par ailleurs que l’Égypte a fait don de 500 millions de dollars pour reconstruire la bande de Gaza. Le délégué a ensuite demandé l’organisation d’une conférence de paix sur la base de la solution des deux États et de l’Initiative de paix arabe afin de mettre la fin à l’occupation israélienne et de relancer le processus de paix. Il a par ailleurs fermement condamné l’attaque terroriste perpétrée par les houthistes aux Émirats arabes unis. Avant de conclure, il a déclaré qu’une paix durable ne pourra être obtenue qu’en libérant le Territoire palestinien occupé depuis 1967, en mettant un terme aux activités de peuplement israéliennes, et en respectant à la lettre les résolutions pertinentes de l’ONU.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a condamné l’attentat terroriste commis par les houthistes aux Émirats arabes unis il y a deux jours. En dépit des accords internationaux fondés sur le principe de la paix contre des terres, la situation n’avance pas, a-t-il déploré. Il a relevé qu’Israël continue de violer les droits du peuple palestinien, y compris la résolution 2334 (2016), poursuit ses activités de peuplement pour modifier la réalité sur le terrain, protège les colons qui attaquent les Palestiniens et confisquent les biens palestiniens en violation du droit international.
La communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, reste toutefois attachée à la solution des deux États, a constaté M. Abdlefattah Abdelaziz appelant à une action rapide du Conseil et du Quatuor pour préparer les négociations sur la voie d’une conférence pour la paix. Il a aussi invité à apporter de l’aide aux Palestiniens face à la Puissance occupante et aux colons en organisant des réunions afin d’examiner le rapport du Secrétaire général de 2018 sur la question, qui indique comment protéger le peuple palestinien.
L’Observateur permanent a également appelé à appuyer les réfugiés palestiniens et l’UNRWA. Israël doit rendre des comptes pour ses violations des droits humains du peuple palestinien, a-t-il exigé évoquant des crimes de génocide et des crimes d’apartheid. Il a également appelé à préserver le statu quo et l’intégrité des Lieux saints. M. Abdlefattah Abdelaziz a estimé qu’il est important de parvenir à la réconciliation nationale intra-palestinienne, organiser des élections dès que possible et appuyer tous les efforts de reconstruction. Il a reconnu ce qu’a dit la représentante des États-Unis, que « tous les membres du Conseil ont des relations avec Israël à l’heure actuelle ». Il a conclu en exhortant le Conseil à se rendre en visite officielle dans les territoires palestiniens occupés.
M OLOF SKOOG, délégué de l’Union européenne, a expliqué que l’UE surveille de près la situation sur le terrain et reste déterminée à prendre toutes les mesures idoines pour préserver la solution des deux États. « Des élections doivent se tenir sans délai », a insisté M. Skoog avant d’exhorter les factions palestiniennes à s’engager dans des pourparlers de bonne foi, à renoncer au terrorisme et à permettre à Israël d’exister et de vivre en paix et en sécurité. Après avoir souligné la nécessité de permettre à la société civile palestinienne de mener ses activités, le représentant a exhorté l’Autorité palestinienne à respecter la liberté d’expression dans les zones sous son contrôle. Notant que l’activité de l’UNRWA reste essentielle tant que n’est pas trouvée une solution juste et durable à la question des réfugiés, le représentant a appelé la communauté internationale à soutenir l’Office financièrement.
S’agissant du conflit syrien, qui perdure depuis une décennie, le représentant a appelé à une transition pacifique dans le respect de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. Il a particulièrement mis l’accent sur la nécessité du règlement de la question des personnes détenues ou disparues. Il a appelé à la tenue d’élections libres et transparente avant de souligner la pertinence d’une approche « pas à pas ». Après avoir souligné que 1 500 civils ont été tué en 2021, il a appelé à tout mettre en œuvre pour préserver le cessez-le-feu conclu dans le nord-ouest et à l’étendre à l’ensemble du territoire. Le représentant a exhorté toutes les parties au conflit à cesser les attaques contre les installations civiles. Il a ajouté que toutes les parties responsables de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme devront rendre des comptes. Il a réaffirmé la volonté de l’Union européenne de voir la question de la Syrie renvoyée devant la Cour pénale internationale. Soulignant l’importance de récolter des informations permettant de documenter les crimes, le représentant a souligné la pertinence du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables. Après avoir cité les 5,6 millions de réfugiés et les 6,7 millions de déplacés, M. Skoog a exhorté la communauté internationale à augmenter son soutien financier pour faire face aux besoins humanitaires quotidiens de 14 millions de Syriens. Dans ce contexte, il a noté que l’aide humanitaire transfrontalière continue d’être vitale en l’absence d’autres solutions.
Au nom du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. ARRMANATHA NASIR (Indonésie) a précisé que la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mm Michelle Bachelet, a, le 7 décembre 2021, informé le Comité de la situation « désastreuse » des droits de l’homme dans le Territoire palestinien occupé en citant de graves violations - dont des meurtres, des détentions arbitraires, y compris d’enfants, des restrictions aux libertés fondamentales et la discrimination affectant des millions de Palestiniens. « Le 10 novembre, des experts des droits de l’homme de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face à la recrudescence des actes de violence commis par des colons israéliens à l’encontre de Palestiniens dans le Territoire occupé », a aussi relevé le représentant, avant de s’inquiéter aussi de la montée des tensions liées à l’expansion continue des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, menaçant la viabilité de l’État palestinien. Face à cette situation, le représentant s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de blessés et de morts qui en a résulté, en citant « 6 Palestiniens tués et 1 138 autres blessés entre le 19 octobre 2021 et le 14 janvier 2022 ».
Il s’est particulièrement inquiété du risque, pour des familles palestiniennes, d’être expulsées des maisons dans lesquelles elles vivent depuis des décennies et depuis des générations dans les quartiers de Cheikh Jarrah et Silwan de Jérusalem-Est occupée. « Selon l’OCHA, depuis octobre 2021, 232 maisons et structures appartenant à des Palestiniens ont été démolies dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, déplaçant 283 personnes et affectant 5 329 femmes, enfants et hommes », a précisé M. Nasir. Ce dernier a expliqué que le Comité exhorte Israël à respecter ses obligations en droit international humanitaire et en droit international des droits de l’homme, et à cesser immédiatement la démolition et la saisie de biens palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.
Préoccupé par la situation économique de l’État de Palestine, le Vice-Président du Comité a appuyé le plan de réponse humanitaire de 510 millions de dollars lancé par la Coordinatrice humanitaire pour le territoire palestinien occupé, Mme Lynn Hastings, pour soutenir 1,6 million de personnes parmi les plus vulnérables à Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, en 2022. Soulignant la baisse constante des ressources de l’UNRWA depuis 2013 malgré les besoins humanitaires croissants des réfugiés palestiniens, le représentant s’est félicité du retour des États-Unis en tant que partenaire et donateur de l’Office qui doit répondre aux besoins de 5,8 millions de réfugiés palestiniens. Par ailleurs, il a indiqué que Gaza a besoin non seulement d’un soutien économique pour la reconstruction, mais aussi d’une levée complète du blocus israélien illégal, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité. Il a aussi plaidé pour le retour du Gouvernement palestinien légitime à Gaza, en précisant que la bande reste une partie intégrante du territoire palestinien
Alors que les organisations de la société civile palestinienne continuent de faire face à des restrictions de leurs libertés d’expression, de réunion et d’association, il a expliqué que le Bureau du Comité s’est joint au Secrétaire général, à la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, à l’Union européenne et à six autres organisations internationales de défense des droits de l’homme pour exprimer publiquement sa profonde préoccupation face à la décision d’Israël du 22 octobre de désigner six organisations de défense des droits de l’homme et humanitaires comme des « entités terroristes ». « Certaines de ces organisations sont des partenaires fiables de longue date du Comité et de l’ONU dans la défense de la protection et de la promotion des droits de l’homme du peuple palestinien », a précisé M. Nasir. Notant que les autorités israéliennes n’ont pas rendu publiques des preuves substantielles contre ces six organisations palestiniennes, il plaidé pour que les organisations de la société civile doivent être autorisées à travailler sans entrave dans la mise en œuvre de leur mandat. Il a, enfin, appelé à la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2334 (2016), ainsi que de toutes les résolutions de l’ONU et des paramètres convenus au niveau international, afin de résoudre de manière juste et durable la question de Palestine.
M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a dénoncé l’ONU qui a, à son avis, perdu son ambition dans le conflit israélo-palestinien. Le conflit fait les gros titres aujourd’hui seulement lorsqu’il y a une escalade, a-t-il remarqué en notant aussi que les appels à la retenue ont remplacé les appels à une paix pérenne. « Cela ne suffit pas, normaliser l’occupation est tout simplement inacceptable », a protesté le représentant. Il a condamné les mesures unilatérales, y compris les arrestations arbitraires, la colonisation illégale, les démolitions de maisons et des tentatives de modifier le statut de Jérusalem et d’Al-Aqsa. Ces actes nuisent à toute perspective d’une solution à deux États, en a-t-il conclu. Prenant note de la décision prise par le Gouvernement israélien de cesser pour le moment les plans de construction de colonies et de remettre à plus tard la construction d’une colonie illégale en Cisjordanie, dans la zone E, le représentant y a vu des pas dans la bonne direction. Cependant, a-t-il tempéré, la décision prise par Israël désignant les organisations de la société civile palestinienne comme « terroristes » montre que lorsqu’il fait un pas en avant, il fait aussi trois pas en arrière.
Le processus de réconciliation intrapalestinien est essentiel si nous voulons la paix dans la région, a postulé le délégué en recommandant d’appuyer non seulement l’unité des parties palestiniennes mais aussi l’économie palestinienne. Il est essentiel que les services de l’UNRWA continuent de façon durable et sans interruption, a-t-il aussi demandé avant d’attirer l’attention du Conseil sur l’importance de protéger la vie des enfants quel que soit le côté de la frontière où ils naissent. Le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit gelé et ne devrait pas être traité comme tel, a conclu M. Keçeli réitérant son appui à la solution des deux États.
M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) s’est dit attaché aux paramètres reconnus internationalement pour le règlement de la question palestinienne. Il a estimé qu’une paix complète et pérenne entre Palestiniens et Israéliens constitue un « choix stratégique ». Il s’agit en effet de mettre fin à l’un des conflits les plus longs de l’ère moderne et de permettre la création d’un État indépendant, le retour des réfugiés et la fin de l’occupation israélienne des territoires arabes, y compris dans le Golan et au Liban. Pour le représentant, il est aujourd’hui temps que le Conseil de sécurité garantisse la justice et se montre ferme face aux violations par Israël de ses résolutions pertinentes.
Le délégué a ensuite dénoncé les activités des milices houthistes qui, jour après jour, continuent de semer la violence, de mettre à mal les droits des Yéménites et de perturber la navigation internationale. Rappelant qu’il y a deux jours, ces mêmes milices soutenues par l’Iran ont mené une attaque meurtrière sur la capitale des Émirats arabes unis, Abou Dhabi, il a appelé la communauté internationale à riposter à ces agressions. De son côté, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite affirme son droit à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour faire face à de telles attaques et invite le Conseil de sécurité à faire de même. L’absence de mesures fermes contre les houthistes leur a permis de s’en prendre au peuple yéménite et de bloquer toute perspective de solution politique, a regretté le représentant, qui a par ailleurs exprimé son appui au peuple du Liban et appelé les autorités de ce pays à mettre fin au contrôle de l’État par le Hezbollah.
Après avoir condamné l’attaque perpétrée par les houthistes contre les Émirats arabes unis, M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a souligné l’importance d’établir un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem-Est comme capitale. La région ne connaîtra pas la paix tant que le statu quo insoutenable causé par l’occupation ne prendra pas fin, a-t-il déclaré. Il a dénoncé l’expulsion d’une famille palestinienne de sa maison dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem, plus tôt dans la journée et a exhorté Israël à y respecter le droit international. Soulignant l’importance d’éliminer tous les obstacles qui entravent l’économie palestinienne, le représentant a souligné qu’une solution économique ne remplacera pas une solution politique mais peut créer un environnement qui y soit propice. Il a assuré que la Jordanie poursuivra ses efforts pour protéger les lieux saints islamiques et chrétiens d’Al-Qods al-Charif et pour préserver son identité arabo-islamique et chrétienne.
M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a regretté que le Conseil de sécurité continue de ne pas adopter de mesures pour mettre la fin à l’occupation israélienne du Territoire palestinien occupé, comme le prévoit pourtant sa résolution 2334 (2016). Après 74 ans d’occupation, a-t-il constaté, Israël poursuit sa politique illégale de colonies de peuplement, en procédant à des démolitions punitives, au déplacement forcé de centaines de civils, au blocus de la bande de Gaza et à l’annexion de territoires palestiniens de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Pour le délégué, c’est l’obstruction répétée des États-Unis à l’action du Conseil de sécurité qui a autorisé l’impunité d’Israël et empêché cet organe d’assumer la responsabilité qui lui a été conférée par la Charte des Nations Unies. Cuba soutient sans restriction le principe d’une solution globale et équitable du conflit israélo-palestinien, a précisé M. Pedroso Cuesta, ajoutant que le peuple palestinien doit exercer son droit à l’autodétermination et avoir un État indépendant et souverain dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale et un droit de retour garanti pour les réfugiés.
À cette aune, a poursuivi le représentant, Cuba soutient l’admission de l’État de Palestine comme membre à part entière des Nations Unies et l’appel de son Président à la tenue d’une conférence internationale de paix. Cuba rejette le soi-disant « accord du siècle » élaboré par le Gouvernement américain, qui ignore la solution des deux États, historiquement soutenue par l’ONU, le Mouvement des pays non alignés, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique. De l’avis de la mission cubaine, la décision unilatérale de Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’établir sa représentation diplomatique dans cette ville, au mépris de son statut historique, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien constituent des violations graves de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le Gouvernement actuel des États-Unis n’a pas annulé ces décisions, ce qui complique davantage la possibilité d’une solution négociée, a déploré le délégué, avant d’exiger le retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés. Appelant par ailleurs à la levée immédiate et inconditionnelle des mesures coercitives unilatérales, « arbitraires et illégales » imposées à des nations souveraines, il a réitéré le soutien de son pays au Plan d’action global commun sur le programme nucléaire de l’Iran et au droit inaliénable des États à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire.
M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a regretté que le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient n’ait pas inclus dans son exposé les activités de colonisation israélienne dans le Golan syrien et les attaques israéliennes répétées contre la souveraineté de la Syrie, y compris les attaques contre le port commercial de Lattaquié qui ont fait des dégâts matériels importants. La Syrie, a dit le représentant, a envoyé de nombreuses lettres au Coordonnateur spécial afin de lui donner des informations sur la situation dans le Golan syrien occupé et attirer son attention sur les attaques israéliennes répétées contre la stabilité et la sécurité de la Syrie et de la région. Son exposé décevant d’aujourd’hui manque d’objectivité et d’équilibre et ne traite pas de tous les aspects de son mandat, a accusé M. Sabbagh.
Le représentant a ensuite dénoncé l’annonce par les autorités israéliennes, le 26 décembre 2021, de leur décision de doubler le nombre de colons dans le Golan syrien en leur fournissant 317 000 000 dollars pour construire des milliers d’unités d’habitation dans de nouvelles colonies. C’est une violation flagrante du droit international, a jugé le représentant en dénonçant aussi une nouvelle tentative de perpétuer l’occupation et de rayer de la carte le Golan syrien. Ce sont des provocations, a encore protesté M. Sabbagh, en plus de la confiscation de terres et de biens syriens, ainsi qu’une tentative de changement démographique et de pillage des ressources naturelles de la Syrie.
Le délégué a réitéré le droit « éternel et imprescriptible » de son pays sur le Golan syrien. La décision d’Israël visant à imposer ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé est nulle et non avenue et n’a aucun effet juridique, a-t-il tranché. Il a aussi accusé Israël de soutenir les terroristes en Syrie et d’alimenter la guerre. Il s’agit d’une nouvelle escalade qui menace la paix et la sécurité de la région, a continué M. Sabbagh, attribuant ce comportement israélien imprudent et provocateur à la protection fournie par les administrations américaines successives à Israël, la Puissance occupante. Il a appelé le Conseil à mettre un terme à son silence, à tenir Israël responsable de son comportement et à mettre fin à son impunité. Cela est nécessaire pour forcer Israël à mettre un terme à son occupation du Golan syrien occupé, a-t-il expliqué.
Après avoir condamné la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés, en particulier en Cisjordanie et à Jérusalem, le représentant a répondu au délégué de l’Union européenne « qui a fait de nombreuses références hostiles à la situation en Syrie bien que cela n’ait rien à voir avec la séance d’aujourd’hui ». Cette déclaration était de l’avis du délégué, « un exemple très clair de cécité politique truffée de nombreux préjugés ». Le délégué de l’Union européenne n’a pas appelé à mettre un terme aux activités de colonisation d’Israël au Golan syrien, a-t-il noté en jugeant cela contraire au droit international. C’est une politique de « deux poids, deux mesures » et hypocrite, a-t-il dénoncé.
M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a d’emblée exhorté le Conseil de sécurité à mettre un terme aux provocations et violations continues perpétrées par Israël, rappelant que la résolution 2334 (2016) énonce clairement que les activités de peuplement constituent une violation flagrante du droit international et compromettent les perspectives d’une paix juste. Garantir la responsabilité d’Israël est le seul moyen de mettre fin au sentiment d’impunité, a insisté le représentant. Il a appelé à assurer la protection des populations civiles palestiniennes et sauvegarder le statu quo des Lieux saints, jugeant pertinent l’établissement d’une présence internationale à Al-Qods pour assurer la sécurité du peuple palestinien et empêcher que des exactions ne se reproduisent à l’avenir.
Le représentant a aussi exhorté à appuyer l’aide humanitaire et les efforts de reconstruction à Gaza, avant d’appeler à la levée complète du blocus israélien. Il a aussi appelé la communauté internationale à soutenir l’UNRWA avec un financement durable et prévisible. Le Conseil de sécurité doit relancer activement le processus de paix bloqué, sous les auspices du Quatuor, a ajouté M. Koba qui a dit la nécessité de parvenir à une solution juste, globale et durable par le biais d’une solution à deux États et conforme aux paramètres convenus au niveau international.
M. AZRIL ABD AZIZ (Malaisie) a rappelé qu’en 2021, 345 Palestiniens ont été tués, dont 86 enfants. Dans le même temps, les pratiques israéliennes de colonies illégales, de démolitions de maisons, d’expulsions et de transferts forcés se sont également poursuivies sans relâche. L’an dernier, 902 maisons ont ainsi été détruites et 1 203 Palestiniens ont été déplacés, soit le chiffre le plus élevé depuis 2016, a-t-il dénoncé, ajoutant que, jusqu'à présent en 2022, Israël a démoli 35 structures, déplaçant 53 Palestiniens, en violation flagrante du droit international. Le délégué s’est également dit préoccupé par l’augmentation des attaques violentes perpétrées par des colons israéliens. En tant que Puissance occupante, Israël a l’obligation de protéger les Palestiniens et leurs biens de telles attaques, a-t-il signifié, avant d’appeler la communauté internationale, et le Conseil de sécurité en particulier, à agir en imposant une reddition de comptes. Qualifiant d’« apartheid » l’oppression systématique et continue des Palestiniens par Israël, le représentant a également dénoncé les attaques menées par ce pays contre les représentants de la société civile qui rendent compte de ses violations des droits humains dans le Territoire palestinien occupé.
Israël doit être amené à se conformer pleinement à toutes ses obligations, telles que prescrites par les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la 2334 (2016), a insisté le délégué, pour qui seule une solution politique négociée, fondée sur les paramètres convenus au niveau international, le droit international et les résolutions de l’ONU peuvent mener à une paix durable. Dans ce contexte, il a prié instamment le Conseil de sécurité et le Quatuor de créer les conditions nécessaires à la relance des pourparlers de paix entre les parties. Selon le délégué, le Conseil se doit d’utiliser pleinement les outils à sa disposition pour résoudre ce long conflit et mettre fin à l’occupation de la Palestine.
Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a réitéré son appui aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à édifier un État indépendant et viable reconnu par l’ensemble des nations, et le droit de l’État d’Israël à vivre dans la paix aux côtés de ses voisins. Préoccupée face à l’essor des activités de peuplement illégales israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, elle a appelé à la cessation de ses activités. Elle a ensuite condamné les tirs de roquette contre des civils en Israël, tout comme les actions violentes du Hamas et d’autres groupes armés. Les dirigeants palestiniens doivent saisir à bras-le-corps les préoccupations israéliennes vis-à-vis de la sécurité, a-t-elle lancé. Elle a aussi demandé qu’Israël, qui a le droit à la légitime défense, respecte ses obligations en droit international humanitaire et tienne compte des principes de distinction et de proportionnalité.
Pour ce qui est de la situation à Jérusalem-Est, Mme Squeff a souligné le statut spécial de la ville et condamné toute tentative unilatérale visant à modifier ce statut notamment pour ce qui est de la vieille ville. Les Juifs, les Musulmans comme les Chrétiens doivent se voir garantis le libre accès aux Lieux saints, a-t-elle revendiqué. Toute initiative visant à relativiser ou à nier le lien historique et la signification religieuse de ces Lieux saints est inacceptable et ne contribue en rien à l’objectif de trouver une solution au conflit, a déclaré la représentante avant de se prononcer pour que les questions de Jérusalem et du statut final soient tranchées par des négociations bilatérales. Après avoir demandé la cessation des hostilités immédiate et un cessez-le-feu, la déléguée a plaidé pour que la communauté internationale élabore des stratégies de financement de l’UNRWA, pour éviter d’aggraver la situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés. Pour ce qui est du Golan syrien, elle a rappelé la position de l’Argentine qui n’a pas changé: toute acquisition de territoires par la force est illégale. Mme Squeff a conclu en exhortant les Palestiniens et les Israéliens à reprendre le chemin de la paix et à agir en toute bonne foi, en faisant preuve de souplesse.
M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a réitéré que la solution à la situation au Moyen-Orient passe par deux États libres, autonomes, souverains et indépendants, qui puissent vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, basées sur les décisions et accords des Nations Unies. L’engagement du Chili pour la paix au Moyen-Orient remonte au début du XXe siècle, a précisé le représentant en rappelant que c’était l’époque où les Palestiniens ont commencé à arriver dans son pays, formant aujourd’hui la plus grande communauté palestinienne en dehors du Moyen-Orient. Il a aussi fait référence aux liens historiques et d’amitié qu’entretient son pays avec Israël, la communauté juive étant une partie importante et dynamique de la société chilienne.
En 2011, le Chili a reconnu l’État de Palestine, a-t-il poursuivi avant de saluer les élections municipales tenues en décembre dernier en Cisjordanie dont la deuxième partie doit avoir lieu en mars prochain. Soucieux du respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, le représentant a lancé un appel au dialogue. Il a dit avoir confiance dans les deux nations ainsi que dans la responsabilité de la communauté internationale pour les aider à atteindre le but de vivre en harmonie et dans la sécurité. Enfin, rappelant que 30 ans se sont écoulés depuis les Accords d’Oslo, le délégué a invité les parties à la réconciliation et à laisser de côté les éléments radicaux et les discours extrémistes. Il a appelé pour cela à la volonté politique et a condamné les actes qui portent atteinte à la vie et à la paix internationale.
M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a réaffirmé l’importance de résoudre pacifiquement le conflit israélo-palestinien en mettant fin à ses causes sous-jacentes. Dans ce contexte, il a exhorté la communauté internationale à élaborer des politiques coordonnées et efficaces pour résoudre les problèmes au Moyen-Orient, en parvenant à une vision commune de nature à relever les défis politiques, économiques et humanitaires de la région. Les efforts internationaux doivent être intensifiés, en veillant à ce que les négociations reprennent afin que la question palestinienne soit réglée sur la base d’une solution à deux États, a insisté le représentant.
Il a par ailleurs condamné les attaques des houthistes contre l’Arabie saoudite ainsi que les récentes attaques contre des infrastructures civiles aux Émirats arabes unis et la saisie d’un navire émirien. Jugeant ces agressions assimilables à des crimes de guerre, il a appelé à des mesures fermes contre ces milices « qui doivent être considérées comme des organisations terroristes ».
M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a réitéré le soutien de son pays à une solution à deux États sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des paramètres convenus au niveau international. Pour y parvenir, il convient en premier lieu de discuter des questions en suspens et d’instaurer la confiance entre les parties, a-t-il préconisé, affirmant voir d’un bon œil les rencontres entre responsables palestiniens et israéliens. Il s’est cependant déclaré préoccupé par les violences de ces derniers mois et par les activités de colonisation menées en Cisjordanie et sur le plateau du Golan. Ces actes pourraient conduire à une nouvelle escalade, a-t-il averti, avant d’appeler l’ensemble des parties à cesser toute activité susceptible d’entraver la réalisation d’une solution à deux États. Il a également encouragé les parties prenantes palestiniennes à entamer dès que possible des discussions sur la réconciliation, qui conduise le Hamas et les autres groupes militants palestiniens à renoncer à la violence.
Le représentant a d’autre part indiqué que le Japon a décidé le mois dernier d’accorder une nouvelle subvention de 2,85 millions de dollars à l’UNRWA pour ses activités en Syrie, au Liban et en Jordanie qui s’ajoute à sa contribution de 40,8 millions de dollars versée en 2021. De plus, le pays est en train de finaliser des procédures budgétaires afin de fournir 15,2 millions de dollars supplémentaires à l’Office, a précisé M. Ishikane, invitant la communauté internationale, et en particulier les pays de la région, à soutenir financièrement l’UNRWA. Il a par ailleurs rappelé que le Japon défend le « Couloir pour la paix et la prospérité », qui vise à catalyser les investissements de coopération régionale avec l’Autorité palestinienne, Israël et la Jordanie, ainsi que la Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie de l’Est pour le développement de la Palestine.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a tout d’abord condamné les attaques terroristes lancées par les houthistes à l’encontre des Émirats arabes unis. Il a ensuite déploré le manque de progrès sur la question palestinienne, dénonçant la poursuite des politiques agressives d’Israël contre le peuple palestinien, notamment l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les violences contre les femmes et les enfants palestiniens et la confiscation des terres et des propriétés palestiniennes ne cessent d’augmenter et se font dans une impunité totale, a-t-il décrié.
Après avoir rappelé le bilan des attaques de l’an dernier qui ont fait 324 victimes palestiniennes, détruit 850 maisons et déplacé plus de 1 000 personnes, le représentant a prévenu que ces « crimes » ont un effet délétère sur la reprise des négociations et mettent en péril la solution des deux États. « Ces pratiques israéliennes doivent cesser. » M. Alotaibi a insisté sur l’importance du multilatéralisme dans le cadre de l’ONU et a appelé le Conseil de sécurité à appuyer les efforts internationaux pour assurer la reprise des négociations de paix.
M. TIYANI RAYMOND SITHOLE (Afrique du Sud) a mis l’accent sur trois aspects en citant respectivement les crimes contre l’humanité et autres persécutions relevant d’un régime d’apartheid; l’importance de la solution des deux États; et la nécessité d’adhérer à la primauté du droit, dont les résolutions du Conseil de sécurité. Citant des preuves accablantes que l’État d’Israël applique un ensemble de lois qui traitent différemment les Israéliens et les Palestiniens dans tous les aspects de la vie, le représentant a dénoncé un système d’apartheid. C’est pourquoi il a appuyé les efforts internationaux qui visent à restaurer la dignité par le biais de la réalisation de la solution des deux États, la seule voie à son avis pour garantir que Palestiniens et Israéliens puissent réaliser leurs aspirations légitimes, vivre côte à côte dans des États pacifiques et sûrs, sur la base des frontières de 1967, et avec Jérusalem comme capitale commune.
« Jusqu’à quand allons-nous être témoins de la violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité par l’État d’Israël sans rien faire »? a demandé le représentant, avant de s’interroger sur la partialité de certains membres du Conseil. Il a jugé impératif, dans un souci de cohérence, que le Conseil demande des comptes à tous ceux qui violent ses propres résolutions. Il a conclu en appelant les membres de l’ONU à s’opposer à l’oppression, la tyrannie, la domination, l’autocratie, la ségrégation, le déni des droits humains fondamentaux, la destruction et le mépris du droit international, partout où ces maux sont présents.