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Conférence sur les océans: gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, Dialogue de haut niveau #3 – après-midi
MER/2147

Conférence sur les océans: gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers

LISBONNE, 28 juin -- Les deux coprésidentes de la troisième table ronde de la Conférence sur les océans, Mme TANYA LIBERSEK, Ministre de l’environnement et de l’eau de l’Australie, et Mme XIMENA FUENTES, Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, ont campé les enjeux de ce dialogue interactif intitulé « gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers », en soulignant, toutes deux, l’importance de renforcer la coopération internationale pour protéger les écosystèmes marins et côtiers.  Mme Fuentes a insisté sur la nécessité des engagements financiers correspondants et de connaissances scientifiques approfondies, tandis que Mme Libersek a déclaré que son pays est pleinement engagé dans la lutte contre les changements climatiques et la restauration de ses écosystèmes, dont la grande barrière de corail australienne, véritable « joyau de la couronne. »

« La biodiversité c’est la vie, c’est le fondement du bien-être humain », a déclaré Mme ELIZABETH MREMA, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique.  Elle a plaidé pour une riposte collective face à la perte de biodiversité, qui est sans précédent: depuis 1870, la moitié des coraux a disparu des océans, tandis que 4 300 kilomètres carrés de mangrove ont disparu entre 2000 et 2016.  En outre, l’augmentation démographique et des modes de consommation exerce une énorme pression sur la biodiversité.  Il faudra bientôt 1,6 planète pour répondre aux besoins actuels, a-t-elle notamment alerté, tout en relevant que dans le même temps, les aires marines protégées ont considérablement augmenté.

Mme MARTHA ROJAS-URREGO, Secrétaire générale de la Convention de Ramsar sur les zones humides, a rappelé que la protection des écosystèmes marins et côtiers est cruciale pour réaliser l’ODD 14, et a attiré l’attention sur les bénéfices des mangroves qui stockent 55 fois plus de carbone que les forêts, contribuant ainsi à la lutte contre les changements climatiques.  Néanmoins, 21% seulement des plans d’action climatique nationaux incluent les mangroves, a-t-elle regretté, appelant de même à intégrer ces écosystèmes dans les stratégies sur les océans.  Elle a également rappelé que 2 400 zones sont protégées au titre de la Convention de Ramsar et que dans ces zones, la mangrove est mieux protégée. 

Venu plaider pour l’adoption de nouvelles approches en ce qui concerne les puis de carbone en milieu marin, M. ZHANG ZHANHAI, Envoyé spécial du Gouvernement de la Chine, a détaillé les mesures de protection des écosystèmes marins et côtiers prises par son pays, précisant que depuis 2014, 58 projets de restauration ont été menés et les aires protégées marines représentent 12 000 kilomètres carrés.  Près de 30% de la haute mer chinoise est protégée, et la Chine met aussi en œuvre la Convention sur la diversité biologique, en assurant la protection d’une grande partie des 230 espèces migratoires qui passent par son territoire. 

« La protection des océans relève de la justice intergénérationnelle », a lancé de son côté, M. MARCO LAMBERTINI, Directeur général de WWF International, qui a indiqué que grâce aux travaux scientifiques, on comprend de mieux en mieux les conséquences des activités humaines sur les océans.  Si l’on calculait le PIB des océans, ils représenteraient la septième économie mondiale, a-t-il fait savoir, signalant ensuite que 1% seulement des océans était protégé au début de ce siècle, comparé à 8% aujourd’hui.  Appelant à une nouvelle gouvernance pour les hautes mers, il a notamment exhorté à mettre un terme à la pêche intensive en demandant la fin des subventions au secteur de la pêche. 

M. TORGNY HOLMGREN, Institut international de l’eau de Stockholm, a indiqué que le cycle de l’eau est de plus en plus interrompu par le réchauffement climatique et la demande humaine exponentielle.  Si rien n’est fait, le point de bascule verrait les océans devenir émetteurs de carbone plutôt que des puits de carbone, a-t-il mis en garde.  Il a rappelé qu’il y a un an 200 personnes sont mortes dans des inondations en Europe, avant de rappeler l’importance cruciale de lutter contre la pollution plastique.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de faire les mauvais choix », a-t-il insisté, soulignant par ailleurs la nécessité d’associer les peuples autochtones aux efforts de protection. 

« Nous vivons dans un monde où les risques de catastrophe sont sans précédent », a déclaré à son tour Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale pour la réduction des risques de catastrophe, en rappelant que la plupart des catastrophes sont liées à l’eau et que les modes de consommation et de production non durables sont responsables de ces risques.  Elle a appelé à une meilleure gestion des risques systémiques, laquelle doit être au cœur des politiques de développement et de financement, estimant en outre que toutes les décisions prises pour réaliser l’ODD 14 doivent prendre en compte les risques de catastrophe.  Enfin, elle a demandé un renforcement de l’action de protection des écosystèmes marins et côtiers et souligné la nécessité d’y associer le secteur privé.  L’élan imprimé par cette Conférence ne doit pas être gaspillé, a-t-elle plaidé. 

Lors du débat interactif, le Prince Albert de Monaco a appelé à replacer les gestions locales à une échelle plus vaste afin de prendre en compte les écosystèmes marins et côtiers dans leur globalité, déplorant que moins de 8% de la surface des eaux est protégée.  Il a aussi appelé à prendre en compte le phénomène de littoralisation, puisque dans un futur proche 80% de la population mondiale vivra sur une bande côtière de moins de 100 kilomètres.  Le Premier Ministre des Fidji a rappelé que 4% seulement des îles du Pacifique est constitué de terre, le reste étant de l’eau, plaidant pour une nouvelle manière de penser, basée sur le respect de la nature.  Les Pays-Bas ont réclamé une action forte entre monde universitaire, gouvernements et secteur privé pour protéger les écosystèmes marins et côtiers.  « Nous devons adopter une approche de la source à la mer. »  De son côté, le Premier Ministre de Belize a insisté sur l’importance des « obligations bleues » grâce auxquelles son pays va parvenir à la cible de 30% d’aires marines protégées, tandis que la Guinée équatoriale a détaillé les nombreuses mesures prises pour protéger les écosystèmes marins et côtiers, notamment la protection des quatre espèces de tortues.  « Nous avons du travail à abattre, ensemble, les océans étant l’une des clefs d’un monde plus durable », a conclu la Norvège, résumant le sentiment général des délégations. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence des Nations Unies sur les océans: l’économie bleue durable et l’indice de vulnérabilité multidimensionnel au secours des PEID et des PMA côtiers

Soixante-seizième session, Conférence sur les océans,
Dialogue de haut niveau #2 – matin
MER/2146

Conférence des Nations Unies sur les océans: l’économie bleue durable et l’indice de vulnérabilité multidimensionnel au secours des PEID et des PMA côtiers

LISBONNE, 28 juin -- En prélude de la deuxième table ronde de la Conférence des Nations Unies sur les océans, intitulée « Promouvoir et renforcer les économies océaniques durables, en particulier pour les petits Etats insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) », Mme NGOZI OKONJO-IWEALA, la Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a tenu à souligner l’importance de l’accord intervenu voilà deux semaines entre les 164 États membres de l’OMC, fruit de 21 ans de négociations pour revenir sur les subventions nuisibles à la pêche.  L’interdiction de ces subventions est importante pour les PEID, car 22 000 tonnes de poissons étaient jusqu’à présent « volées » chaque année aux communautés côtières, a-t-elle relevé, avant de faire état de la création d’un fonds de 10 millions de dollars destiné à fournir une assistance technique et à améliorer les règles de gestion de la pêche.  Cet accord en dit long sur la nécessité d’une solidarité mondiale pour résoudre les problèmes, notamment ceux qui affectent les biens publics mondiaux comme les océans, a souligné la Directrice générale, avant d’évoquer le potentiel économique des PEID et des PMA côtiers.  Un potentiel qui, selon elle, nécessite la mise en place de stratégies garantissant la pérennité de leurs activités traditionnelles mais aussi de développer des industries émergentes, comme les transports maritimes, les activités portuaires, la construction navale, la biotechnologie marine, le tourisme durable et l’aquaculture.

De l’avis de Mme Okonjo-Iweala, le commerce est une solution pour libérer et exploiter les possibilités ouvertes par l’économie bleue durable.  On estime en effet qu’elle a une valeur annuelle de 2 500 milliards de dollars, ce qui en fait la septième économie mondiale, a-t-elle fait remarquer, ajoutant que plus de trois milliards de personnes dépendent directement ou indirectement des océans pour leur subsistance.  En termes de soutien à la croissance de l’économie bleue, a précisé la Directrice générale, l’OMC et le multilatéralisme offrent un environnement commercial prévisible et facilitent les flux et les investissements.  C’est ce qui a favorisé le commerce et la croissance économique au fil des ans, a-t-elle estimé, jugeant que les règles de l’OMC, associées à des avancées majeures dans le domaine financier, les transports et les communications, ont permis l’innovation, appuyé la création de chaînes de valeur et peuvent à présent soutenir l’économie bleue durable.

À sa suite, Mme MARI PANGESTU, Directrice générale de la politique de développement et des partenariats au Groupe de la Banque mondiale, a mis l’accent sur l’évaluation des écosystèmes marins côtiers.  Elle a rappelé que la surexploitation des océans représente des pertes de 80 milliards de dollars chaque année.  Pour y remédier et renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes côtiers, la Banque mondiale soutient des initiatives de lutte contre l’acidification des océans et défend les approches de développement d’une économie bleue durable.  Il s’agit pour elle d’aider les pays à diversifier leurs sources de croissance économique en misant sur un traitement durable des activités océaniques, a-t-elle expliqué, citant en exemples des Etats insulaires comme Cabo Verde.  Ces dernières années, a-t-elle indiqué, la Banque mondiale a également aidé le Bangladesh sur la question des déchets plastiques, tout en soutenant des pays insulaires tels que Cabo Verde et Sao Tome-et-Principe à développer la compétitivité de leur tourisme durable.  Ces actions nécessitent d’obtenir les financements nécessaires mais aussi de faire preuve d’innovation pour favoriser l’économie bleue sous tous ses aspects, a commenté la Directrice générale.

Mme USHA RAO-MONARI, Secrétaire générale adjointe et Administratrice associée du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que l’économie océanique globale contribue à hauteur de 2 500 à 3 000 milliards de dollars par an au PIB mondial.  Pourtant, en additionnant les coûts socioéconomiques de la mauvaise gestion des océans, de la surpêche à la pollution par les nutriments en passant par les espèces envahissantes, le total est proche des 1 000 milliards de dollars par an.  Selon l’Administratrice, ces pertes massives se traduisent par moins d’emplois et de moyens de subsistance, et moins de recettes fiscales pour les États.  Dans ces conditions, a-t-elle souligné, les PEID et les PMA côtiers ont besoin d’une assistance technique et financière et d’un renforcement de leurs capacités dans un large éventail d’outils de gestion des océans, tels que la conformité et la surveillance du suivi des pêches, la planification de l’espace marin, la création d’aires marines protégées et la lutte contre la pollution marine.

En matière de financement, Mme Rao-Monari a noté que les PEID et les PMA ont besoin d’aide pour éliminer les obstacles à l’investissement privé et mettre en place des instruments financiers innovants, comme les obligations bleues, les échanges dette-nature ou encore le financement du carbone bleu.  Car outre leur éloignement, leur petite population, leur espace budgétaire étroit et leur grande dépendance à l’égard de secteurs économiques très affectés par la pandémie, les PEID ne sont pas éligibles aux financements concessionnels du fait de leur classification dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire ou élevé.  La Secrétaire générale adjointe a précisé qu’en réponse aux appels des PEID en faveur d’une réévaluation de leur éligibilité, le PNUD a développé un indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui reflète les risques traditionnels et émergents auxquels sont confrontés non seulement les PEID mais aussi tous les pays en développement.  Il en ressort que la plupart des PEID sont beaucoup plus vulnérables que peut le suggérer leur seul niveau de revenu.  Une simulation comparant les PEID aux PMA a en outre démontré que, si cet indice était utilisé comme critère de financement, au lieu du simple revenu par habitant, les PEID sur économiseraient en moyenne 1,5% de leur PIB par an en paiements d’intérêts, a-t-elle expliqué. 

À son tour, Mme SANDA OJIAMBO, Sous-Secrétaire générale du Pacte mondial des Nations Unies, a souligné l’importance cruciale de l’économie bleue pour les PEID et les PMA côtiers dont les ressources océaniques sont un moyen de se relever de la pandémie et de progresser sur la voie du développement inclusif et durable.  Ces projets nécessitant des investissements, elle s’est réjouie que, l’an dernier, le Pacte mondial ait assisté à une croissance exponentielle dans les engagements environnementaux du secteur privé.  Les chefs d’entreprise reconnaissent de plus en plus le besoin urgent de solutions innovantes, sans lesquelles on ne peut espérer voir l’économie mondiale passer au zéro carbone net.  En juin 2022, a-t-elle relevé, près de 3 200 entreprises se sont ainsi engagées dans le cadre de l’initiative des cibles basées sur la science dont le Pacte mondial est un partenaire fondateur.  Ces entreprises couvrent plus d’un tiers de l’économie mondiale, avec une capitalisation boursière d’un montant de 38 000 milliards de dollars, a insisté la Sous-Secrétaire générale.  Selon elle, des mécanismes financiers innovants et catalysant les investissements du secteur privé peuvent également aider les PEID et les PMA à surmonter certains des obstacles qui les empêchent d’accéder au capital pour développer l’économie bleue.

Dans le même ordre d’idées, M. RICARDO MOURINHO, Vice-Président de la Banque européenne d’investissement (BEI), a indiqué que, selon les estimations de l’OCDE, la valeur ajoutée de l’économie bleue est d’environ 1 500 milliards de dollars, ce qui lui permettrait de s’asseoir à la table du G7 s’il s’agissait d’un État.  Les projections montrent que, si les investissements sont au rendez-vous, cette économie bleue pourrait plus que doubler en valeur d’ici à 2030.  Ce serait aussi l’une des économies les plus rapides et les plus durables du monde.  Mais le manque d’investissements reste à régler.  C’est pourquoi, a-t-il plaidé, « nous, gouvernements, entreprises, banques, assureurs, institutions financières internationales, devons faire plus », notamment pour tirer parti des fonds publics et générer davantage d’investissements privés.  Les gouvernements seraient ainsi chargés de mieux réglementer pour internaliser correctement les risques climatiques, tandis que les assureurs et les banques évalueraient ces risques pour faciliter les investissements privés.  Rappelant que la BEI a aligné toutes ses activités sur l’Accord de Paris depuis 2021 et consacre plus de 50% de ses ressources au climat et à l’environnement, il a assuré que son établissement est aussi profondément investi dans l’économie bleue, et ce depuis longtemps.  Nous avons notamment financé un tiers des parcs éoliens offshore en Europe, ainsi que le premier parc éolien flottant, a-t-il précisé.

Dernier panéliste à s’exprimer, M. DANNY FAURE, Président de la Fondation Danny Faure et ancien Président des Seychelles, a estimé qu’un tiers des investisseurs mondiaux sont aujourd’hui intéressés par l’économie bleue durable.  Ils le sont encore davantage en voyant ce que font des pays insulaires comme les Seychelles qui, pour financer son économie bleue, a émis des obligations bleues.  En s’appuyant sur des données scientifiques, le pays a également décidé de protéger 30% de ses zones océaniques, ce qui lui permet de renforcer sa résilience et de soutenir la pêche.  Cet exemple doit être suivi dans le monde entier, a plaidé M. Faure, en soulignant le rôle pionnier joué par son pays pour la protection des océans, y compris au sein d’une coalition de 10 pays de l’ouest de l’océan Indien.

Dialogue interactif

Lors de la discussion qui a suivi ces présentations, le Premier Ministre des Fidji, qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, a fait valoir que les PEID ne peuvent choisir entre la préservation des écosystèmes marins et le développement d’une économie océanique.  À ses yeux, les deux peuvent aller de pair en trouvant un équilibre responsable entre croissance, inclusion sociale, moyens de subsistance et protection de la nature.  Nous pouvons créer un revenu bleu durable qui injecte directement des fonds dans nos sociétés, nous aide à reconstruire après les catastrophes et stimule la résilience climatique.  « Nous le savons parce que nous le faisons », a-t-il dit, avant de regretter que l’ODD 14 soit le moins financé et qu’il n’y ait pas de marchés pour la séquestration du carbone et la protection du littoral.  Son homologue des Tonga a, lui, jugé que la pleine reconnaissance des besoins particuliers des PEID, notamment ceux du Pacifique, contribuera grandement à renforcer le développement d’économies durables basées sur les océans.  Selon lui, la réalisation de la cible 14.7 du Programme 2030 doit inclure la gestion durable de la pêche, de l’aquaculture et du tourisme, ce qui passe par une connaissance fine des exigences particulières des PEID. 

Un point de vue partagé par le Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda, qui a mis en exergue la vulnérabilité des PEID vis-à-vis des chocs externes, tels que les impacts des changements climatiques ou les retombées de la pandémie de COVID-19.  En tentant de nous redresser, nous nous endettons davantage, faute d’avoir accès aux financements préférentiels, a-t-il déploré, estimant que, pour y remédier, l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel doit être prise en considération, le seul PIB ne permettant pas de mesurer la fragilité des États.  Nous ne pouvons pas renforcer la durabilité des économies basées sur les océans dans les nations insulaires sans le soutien de nos partenaires à travers le monde, a renchéri le Ministre de l’environnement des Maldives, selon lequel cela implique de finaliser les travaux sur un indice de vulnérabilité multidimensionnelle des PEID et les PMA. 

Les PEID n’ont pas les outils pour tirer pleinement parti de l’économie bleue, a insisté la Ministre du développement de Trinité-et-Tobago, en appelant à un renforcement des partenariats pour permettre des transferts de technologie et un renforcement des cadres institutionnels et juridiques.  Elle a été rejointe par la Ministre de la coopération de la Suède, pour qui les outils partagés avec PEID et PMA doivent être adaptés à toutes les régions, une proposition que la Chine a approuvée.  Cela veut aussi sur le plan financier, a pointé la Vice-Ministre de la coopération internationale de la République dominicaine, qui a souhaité que de nouveaux flux soient créés en direction de PEID et des PMA pour les aider à renforcer leurs capacités nationales. 

Les flux de financement doivent être élargis rapidement, car le fossé en termes d’investissement se creuse rapidement au détriment des PEID et des PMA, a averti l’Ocean Risk and Resilience Alliance, pour qui la priorité doit être donnée à l’augmentation de la résilience des 250 millions de personnes des zones côtières, qui sont très vulnérables aux variations climatiques.  Le représentant de l’Irlande, autre État insulaire, a, quant à lui, annoncé le déblocage d’une aide de 10 millions de dollars pour promouvoir l’économie bleue dans les PEID et les PMA, « victimes des changements climatiques alors qu’ils y ont le moins contribué ».

À Cabo Verde et dans d’autres PEID, nous apportons un soutien au renforcement des capacités de ces États à lutter contre les effets des changements climatiques dans les secteurs clefs de l’économie océanique, a précisé la Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), affirmant attendre avec intérêt la mise en œuvre du nouveau Programme d’action de Doha pour les PMA.  Les PEID et les PMA côtiers doivent bénéficier des techniques de pointe pour protéger les océans, a abondé le représentant de Singapour, soutenu par la Papouasie-Nouvelle-Guinée

Le Premier Ministre de Belize a, pour sa part, rappelé que plus de la moitié de la population de son île dépend d’activités sectorielles liées aux écosystèmes et aux récifs coraliens.  Il a regretté à cet égard que les efforts consentis par son gouvernement pour associer la santé de l’océan à sa croissance économique soient peu imités au niveau mondial.  En effet, seul 8% des océans sont protégés et un tiers des stocks halieutiques sont encore surexploités, a-t-il souligné, estimant qu’une protection de 30% des océans, comme le fait son pays dans ses eaux territoriales, permettrait de préserver les stocks de poissons, d’accroître la résilience et de faire face aux changements climatiques. 

Le continent africain a lui aussi un rôle important à jouer en matière d’action océanique, a assuré le Commissaire à l’agriculture de l’Union africaine (UA), faisant observer que, sur 55 États membres, 39 sont des États insulaires ou côtiers « et donc riches de ressources bleues », notamment de mangroves et de récifs coraliens.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le plan de relance post-COVID-19 de l’UA comprend des solutions climatiques ancrées dans l’océan.  L’Inde a souligné l’aide qu’apporte son pays à 18 PEID et PMA au travers de 59 projets d’appuis à l’économie bleue, la Directrice du droit international au Ministère des affaires étrangères du Mexique préférant exprimer la fierté de son pays d’être membre du Groupe de haut niveau pour une économie océanique mondiale durable. 

Le Ministre des transports et de la nature d’Aruba, île dépendant du Royaume des Pays-Bas, a mis l’accent sur les réalisations de son gouvernement en matière d’action océanique.  Il s’est notamment enorgueilli des mesures prises pour réduire la pollution marine, à commencer par l’interdiction dès 2017 des sacs en plastique, et plus récemment du plastique à usage unique.  Il a dit envisager une interdiction qui frapperait aussi le plastique recyclé.  Le représentant du Portugal, hôte de la conférence, a, lui, rappelé que son pays vient de créer l’aire marine protégée la plus importante de l’océan Atlantique dans l’archipel de Madeira. 

Coprésidé par M. ABRAAO VICENTE, Ministre de la mer de Cabo Verde, et M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre du climat et de l’environnement de la Norvège, ce dialogue interactif était modéré par M. KRISTIAN TELEKI, Chef du secrétariat du Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable et Directeur du Groupe des Amis de l’action océanique.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence de Lisbonne: les petits États insulaires en développement plaident pour une sauvegarde urgente des océans, dont dépend leur survie

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, 2e & 3e séances plénières – matin & après-midi
MER/2145

Conférence de Lisbonne: les petits États insulaires en développement plaident pour une sauvegarde urgente des océans, dont dépend leur survie

LISBONNE, 28 juin -- Au deuxième jour de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui se tient à Lisbonne, près de 40 chefs de gouvernement et ministres se sont succédé pour tirer la sonnette d’alarme.  Parce que si « les océans sans humains sont des océans vivants, les humains sans océans sont des humains morts », a résumé la formule de la Thaïlande, cependant que les Bahamas ont mis en garde contre « un océan en colère de nos jours ».  Une colère attestée par la montée du niveau des eaux, des coraux malades et « blanchissants », la hausse des températures, la réduction des activités de pêche et des tempêtes catastrophiques.

Il est d’autant plus impératif de préserver les océans et leurs écosystèmes marins qu’ils sont l’un de nos principaux alliés dans la lutte contre le réchauffement planétaire puisqu’ils fournissent de l’oxygène, régulent le climat et constituent d’importants puits de carbone, a fait valoir l’Allemagne, revenant au passage sur les objectifs ambitieux du Ocean Deal fixés par le G7.

Mais ceux dont la survie même est en jeu aujourd’hui sont les petits États insulaires en développement (PEID) et leurs archipels.  Ils ont été nombreux aujourd’hui à exprimer haut et fort leur détresse alors même qu’ils ne sont que marginalement responsables de la pollution marine et des autres facteurs qui affligent les océans.  Pour ces nations, une gouvernance « océanique » durable est une question existentielle.  Aussi ont-elles exhorté la communauté internationale à adopter un instrument juridiquement contraignant sur la lutte contre la pollution plastique, y compris en milieu marin, et à mener le plus rapidement possible à son terme le processus entamé pour finaliser un traité portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

Cabo Verde a demandé aussi la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant ces États, plaidant pour l’établissement de normes juridiquement contraignante dans l’optique de parvenir à une déclaration universelle sur les droits de l’océan.  Si les PEID, tout comme la plupart des pays côtiers, même ceux qui font partie des pays les moins avancés (PMA), font tout leur possible pour relever ces défis à l’échelle nationale, l’énormité de la tâche rend nécessaire une coopération régionale et internationale pour leur donner les moyens d’agir, qu’il s’agisse de lutter contre la surpêche illicite, l’acidification des océans ou le blanchiment des récifs de coraux. 

Plusieurs ont réaffirmé aujourd’hui leur volonté de ne pas faire partie des pollueurs des mers et océans en misant sur des infrastructures d’assainissement des eaux usées, de collecte et de triage des déchets et en se débarrassant des plastiques à usage unique.  Les Tonga se sont ainsi engagées à parvenir à l’établissement de 30% d’aires marines protégées et d’un cadre géospatial pour une utilisation optimale des ressources océaniques.  Sao Tomé-et-Principe s’est dite en pleine transition vers une économie bleue, tandis que la Trinité-et-Tobago a adopté l’approche du « pollueur-payeur ».  Le Belize réalise de son côté la plus grande restructuration de dette au monde pour la conservation marine et l’Indonésie a d’ores et déjà déclaré que 28,4 millions d’hectares de ses zones marines sont protégés, avec pour objectif 32,5 millions d’hectares d’ici à 2030.

Parmi les autres initiatives citées aujourd’hui, figurent celles de l’Indonésie et de la Norvège, qui consistent à associer les pêcheurs à la collecte des déchets marins et à les rémunérer à cet égard car, comme l’a dit très clairement l’Argentine, « les océans doivent cesser d’être le dépotoir de l’humanité ». 

Reste que pour les PEID et les PMA côtiers, les communautés sont en première ligne de la gouvernance des océans puisqu’elles en dépendent souvent à plus de 80%, comme l’ont fait observer les Îles Salomon.  Et compte tenu du fait que ces îles sont souvent responsables d’un espace maritime supérieur à leur superficie terrestre, elles attendent de la communauté internationale un soutien financier, technique et institutionnel pour leur donner les moyens d’assumer pleinement leur responsabilité dans la gestion durable des aires marines placées sous leur juridiction.  C’est aussi à la « famille mondiale » de prendre collectivement des mesures strictes contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), ont encouragé la Barbade et les Maldives, en arguant que les océans et les littoraux sont synonymes de sécurité nationale pour les États insulaires.

La session plénière de la Conférence des Nations Unies sur les océans se poursuivra demain matin, mercredi 29 juin, à partir de 10 heures.

CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Suite du débat général

M. JOSÉ ULISSES CORREIA E SILVA, Premier Ministre de Cabo Verde, a indiqué que les océans représentent 99% de son pays, rappelant en outre la vulnérabilité notable des petits États insulaires aux changements climatiques.  Il a appuyé la création de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant ces États et a plaidé pour l’établissement de normes juridiquement contraignante dans l’optique de parvenir à une déclaration universelle sur les droits de l’océan.  Le Chef de gouvernement a également plaidé pour un engagement fort en matière de financement climatique et la création d’accords d’échanges de « dette contre nature » pour accélérer la transition énergétique et la transition vers une économie bleue.  De même, il a préconisé des partenariats solides dans les domaines de l’innovation, de la connaissance scientifique et des ressources technologiques.  Il a par ailleurs fait part de l’empressement de Cabo Verde à accueillir dès que possible le Centre multinational de coordination maritime pour la Zone G.  Le pays a également désigné 7% de son territoire marin en tant que zone maritime protégée et est en train de réviser sa loi sur le plastique afin de renforcer les mesures de prévention de la pollution.

M. MOHAMMED SADIKI, Ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts du Maroc, s’est exprimé au nom du Groupe des États d’Afrique.  Il a relevé que les ressources naturelles maritimes restent largement inexploitées en Afrique, faisant valoir que les océans africains ont le potentiel de contribuer immensément au développement socioéconomique de la région.  L’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) a décrit l’économie bleue comme une nouvelle frontière de la Renaissance africaine, a-t-il dit.  Il a appelé à améliorer les échanges de capacités techniques et scientifiques pour générer et diffuser des connaissances et des informations factuelles sur le développement d’une économie bleue durable.  De même, il est nécessaire d’intensifier les efforts visant à relever les défis de la gestion des déchets et de la pollution plastique qui nuisent à la santé des gens, des océans et des mers, tout en menaçant la sécurité alimentaire et la biodiversité.  M. Sadiki a également dénoncé la surpêche causée par des pratiques de pêche non durables, appelant à l’adoption de pratiques de pêche durables aux niveaux mondial, régional et national. 

Le Ministre a ensuite indiqué qu’en Afrique, plus du tiers des gens ont entre 15 et 34 ans et que la part croissante de la population africaine en âge de travailler augmente son potentiel productif.  De ce fait, un développement bleu peut fournir des emplois décents aux jeunes, augmenter leurs revenus et libérer leur potentiel économique.  Pour exploiter le potentiel de l’économie bleue, M. Sadiki a appelé à une approche inclusive et innovante, marquée par des partenariats public-privé, ainsi que des partenariats Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaires. 

Intervenant en suite en sa capacité nationale, le Ministre marocain a indiqué que son pays s’est engagé dans un programme ambitieux de développement de l’économie bleue, avec pour but de renforcer l’intégration des stratégies sectorielles maritimes autour d’une vision écosystémique inclusive, performante et innovante.  Conscient de sa responsabilité partagée de lutte contre les effets des changements climatiques, le Maroc a également révisé à la hausse sa contribution en matière de réduction des gaz à effet de serre, avec l’ambition de réduire les émissions de 45,5% à l’horizon 2030. 

Au cœur de l’économie namibienne, se trouve l’océan, a déclaré Mme SAARA KUUGONGELWA-AMADHILA, Première Ministre de la Namibie.  Elle a appuyé une approche multilatérale renforcée pour faire face aux menaces sans précédent qui pèsent sur les océans.  Selon elle, seul un multilatéralisme fort permettra de relever des défis urgents tels que les changements climatiques, l’insécurité alimentaire, les maladies et pandémies, la perte de la biodiversité, les inégalités économiques et même les conflits. 

Nous devons agir maintenant pour protéger l’état de nos océans, a-t-elle plaidé.  Elle a souligné que si des mesures appropriées de contrôle de la pollution terrestre ne sont pas mises en œuvre, une pollution plus accentuée des océans s’ensuivrait.  À cet égard, les investissements devraient être accrus pour éviter et gérer la pollution à la fois sur terre que dans l’océan.  De même, le degré d’interdépendance de l’économie mondiale exige que la piraterie maritime soit considérée comme un problème commun et une menace pour nous tous, a-t-elle estimé. 

M. SIAOSI SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a mentionné le tout premier plan de gestion des océans adopté par son pays.  Les Tonga se sont ainsi engagées à parvenir à 30% d’aires marines protégées et mettent en œuvre un cadre géospatial pour une utilisation optimale des ressources océaniques.  Il a précisé que les lois de son pays sont conformes à la Convention sur le droit de la mer et souhaité que les textes internationaux en cours de négociation respectent aussi ladite convention.  Il a appelé à approfondir les connaissances scientifiques sur les océans et souhaité un transfert de technologies en faveur des pays en développement.  Il a aussi insisté sur la nécessité des partenariats pour réaliser l’ODD 14.  Enfin, il a rappelé que les Tonga sont constituées de 2% de masse terrestre et de 98% d’eau et a demandé des actions concrètes pour préserver les océans et lutter notamment contre les pêches illicites et non réglementées.

M. JORGE LOPES BOM JESUS, Premier Ministre de Sao Tomé-et-Principe, a annoncé d’emblée que son pays a démarré dès 2017, avec l’appui de la FAO, un processus de transition de l’économie nationale vers une économie bleue.  Depuis 2019, une stratégie nationale en ce domaine a été élaborée et est maintenant sur le point d’être adoptée par le Parlement, ce qui marque selon lui le seuil d’une nouvelle ère.  Cette Conférence des Nations Unies sur les océans est aussi une opportunité de plaidoyer sans pareil auprès des partenaires de Sao Tomé-et-Principe pour leur assurer la volonté du pays de persévérer sur cette voie, a-t-il déclaré.  Nous sommes conscients, a déclaré le Chef de gouvernement, du besoin des autorités et de tous les citoyens en général de devoir changer de modèle pour la protection des océans et des autres cours d’eau.  Ceci implique de nouveaux investissements, dont une mutualisation intersectorielle pour parvenir à un environnement en meilleure santé et des acquis sociaux, a souligné le Premier Ministre.  Sao Tomé-et-Principe attend donc un soutien financier et institutionnel de la part de la communauté internationale pour lui donner les moyens de réaliser ses objectifs.  Sa vaste zone économique exclusive, qui est 175 fois plus grande que sa surface terrestre, exige une gestion durable et, pour cela, le Premier Ministre a appelé la communauté internationale à soutenir son pays dans sa gouvernance bleue.  La FAO le fait déjà, a-t-il concédé, en espérant pouvoir compter sur des appuis financiers supplémentaires pour lui permettre de consolider les capacités du pays en termes de gouvernance et d’économie bleues.  Il a terminé par un appel à la communauté internationale pour lutter contre la piraterie dans le Golfe de Guinée.

M. KERIAKO TOBIKO, Secrétaire du Gouvernement du Ministère de l’environnement du Kenya, a dit que son pays développe un plan stratégique inclusif pour l’économie bleue.  Il a appelé tous les États à soutenir le secteur du tourisme qui est crucial pour de nombreuses nations.  La sienne a interdit tous les sacs plastiques à usage unique et élaboré un plan de gestion des déchets en milieu marin basé sur les principes de l’économie circulaire.  M. Tobiko a mentionné la création d’un institut universitaire à Nairobi sur les océans.  Il a souligné la nécessité de flux financiers pour la bonne mise en œuvre des engagements maritimes du Kenya.  Enfin, il a indiqué que le droit à un environnement sûr a été inscrit dans la Constitution, tandis qu’une loi historique est en cours d’examen visant à protéger les défenseurs de l’environnement et à créer le crime d’écocide.

M. FALEH BIN NASSER BIN AHMED AL THANI, Ministre de l’environnement et des changements climatiques du Qatar, a indiqué que son pays s’est doté d’un plan de gestion de l’espace marin.  Il a rappelé que le Qatar a donné 100 millions de dollars pour aider les PEID à faire face aux changements climatiques et 2 millions de dollars pour restaurer le pétrolier SAFER aux larges des côtes du Yémen.  Le Qatar s’est également doté d’une stratégie nationale de gestion des ressources marines et a interdit l’usage des sacs en plastique à usage unique, a précisé le Ministre.  Compte tenu de l’importance de la préservation des océans, le pays a aussi élaboré un plan d’action avec une série de programmes visant à notamment préserver les îles et les récifs coraliens et à enforcer les services marins dans une perspective durable.  Avant de conclure, le Ministre a espéré que la déclaration politique « Nos océans, notre avenir, notre responsabilité » sera adoptée par tous. 

M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre du Belize, a observé que cette conférence est convoquée à un moment critique, où les nations, grandes et petites, sont confrontées aux menaces provoquées par les changements climatiques, la pandémie de COVID-19, l’inflation mondiale, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, l’insécurité énergétique et maintenant l’invasion russe de l’Ukraine.  Aujourd’hui, nous devons reconnaître la nécessité d’agir collectivement pour assurer la santé et la fonctionnalité de nos océans ainsi que la reprise économique et la survie de nos peuples, a-t-il plaidé, avant d’appeler à des mesures ciblées contre la surpêche, la pollution marine et la destruction des habitats marins.  Face au réchauffement des océans, qui menace des écosystèmes assurant la subsistance de milliards de personnes, l’action climatique doit passer, selon lui, par une décarbonisation à grande échelle de l’économie mondiale.  Regrettant à cet égard que la COP26 ait débouché sur des « décisions édulcorées », il a averti que des gouvernements continuent d’approuver des projets d’extraction qui contribuent fortement aux émissions de CO2.  « Nous sommes donc sur le point d’allumer une bombe au carbone », a martelé M. Briceño.  Dans ce contexte alarmant, le Belize est fier de proposer des solutions innovantes pour garantir que les générations futures pourront bénéficier des ressources des océans, a-t-il dit, ajoutant que son pays réalise aussi la plus grande restructuration de dette au monde pour la conservation marine.  Toutefois, la concrétisation de ces objectifs mondiaux a été limitée en raison du manque de financement, notamment pour les petits États insulaire en développement, a regretté le Premier Ministre.  Malgré ces difficultés, le Belize a tenu ses deux premiers engagements, à savoir l’expansion de ses aires marines protégées et la désignation de tous ses récifs coraliens figurant au patrimoine mondial comme réserves de mangroves.  M. Briceño a également indiqué que le Belize a été le premier pays des Amériques à mettre en place une obligation maritime appelé « Blue Bond ».  En protégeant nos espaces naturels et nos écosystèmes, nous pouvons garantir des ressources productives et une pêche résiliente, développer notre secteur du tourisme axé sur la nature et renforcer notre capacité à résister aux changements climatiques, a-t-il affirmé, soulignant au passage les efforts budgétaires et financiers qu’ont impliqués ces efforts climatiques pour son gouvernement.  Maintenant, a-t-il déclaré en conclusion, nous exigeons des actions de la part de ceux qui nous ont mis dans cette position car « l’intérêt de quelques-uns ne peut passer avant l’intérêt de la planète ».

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a indiqué que son pays est une cité-État maritime et que son histoire, sa population et son économie sont indissociables de l’océan.  Notre survie et notre prospérité dépendent de l’océan, comme c’est le cas des autres États, même ceux sans littoral, a-t-il relevé.  C’est pourquoi il est essentiel d’intensifier l’action océanique basée sur la science et l’innovation pour la mise en œuvre de l’ODD 14, comme le prévoit cette conférence.  À cette fin, le Ministre a souhaité que la conservation et l’utilisation durable des océans soient menées dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Grâce à la clairvoyance de ses concepteurs, le cadre fourni par cette convention est dynamique et adaptable afin de répondre aux problématiques émergentes, a-t-il fait valoir.  D’autre part, nos efforts doivent être fondés sur des données et sur la science pour que nous puissions prendre des mesures plus efficaces pour préserver l’océan et établir un consensus en vue d’une action mondiale, a estimé M. Balakrishnan.  Il a noté, à ce propos, que la communauté internationale commence seulement à comprendre que les changements climatiques affectent la santé des océans et que ces derniers régulent le climat.  À cette aune, il appelé les États Membres à saisir l’occasion de cette conférence pour réaffirmer leur engagement à placer le multilatéralisme au cœur de leur gestion des océans.  Selon lui, un exemple frappant de ces différentes actions peut être trouvé dans les négociations en cours sur un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Le futur traité se rapportera à la Convention et renforcera la coopération multilatérale, a-t-il assuré, non sans rappeler que Singapour a présidé les différentes séances de négociations intergouvernementales.  Le Ministre a enfin annoncé que son pays a pris neuf nouveaux engagements, en plus des 10 auxquels il avait souscrit lors de la première Conférence des Nations Unies sur les océans.  Le pays a ainsi lancé trois projets de recherche environnementale pour améliorer sa compréhension de l’océan sur les plans halieutique, énergétique et climatique.  Il œuvre également au renforcement des capacités de comptabilisation du carbone dans l’industrie maritime, tout en incitant les armateurs à passer à des technologies économes en énergie et à des carburants à faible ou zéro teneur en carbone grâce à l’attribution d’une « notation verte ». 

M. CÉSAR RODRIGO LANDA ARROYO, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a rappelé que lors de la première Conférence des Nations Unies sur les océans, tenue en 2017, le Pérou avait pris sept engagements, principalement liés à la recherche marine et au renforcement des capacités en matière de gestion durable de la pêche.  Ces engagements ont été dûment remplis, s’est-il réjoui, avant d’annoncer qu’au cours de cette année, le Pérou approuvera une politique nationale d’aquaculture et un label de certification Acuicultura durable, afin de promouvoir l’utilisation durable des ressources marines.  Doté d’un littoral de plus de 3 000 kilomètres, le Pérou a aussi approuvé sa politique maritime nationale pour la période 2019-2030.  Le Ministre a ensuite rappelé que le Pérou et le Rwanda sont les têtes de proue d’une initiative visant à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant pour prévenir et réduire la pollution plastique.  Il a également souligné l’importance du multilatéralisme et de la coopération internationale pour relever, collectivement, les multiples défis auxquels est confrontée la communauté internationale dans le domaine maritime et océanique. 

M. VARAWUT SILPA-ARCHA, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la Thaïlande, a expliqué que son pays promeut le modèle d’économie biocirculaire verte (BCG) comme ligne directrice pour atteindre les objectifs de développement durable.  Un modèle pertinent pour l’espace océanique dans la mesure où il est comparable au concept d’économie bleue.  Cependant, le Ministre s’est dit d’avis qu’il faut aller encore plus loin, compte tenu de la triple crise planétaire, y compris les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.  C’est dans cet esprit que la Thaïlande a annoncé lors de la COP26 son intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 et zéro émission nette d’ici à 2065, à condition de recevoir un soutien « adéquat, opportun et équitable » en termes de financement, de transfert de technologies et de renforcement des capacités.

Le Ministre s’est dit convaincu qu’on ne peut résoudre le problème des changements climatiques sans s’occuper de l’océan car c’est l’énorme régulateur climatique.  En attendant, la Thaïlande a intégré le concept de solutions fondées sur la nature dans ses plans et politiques de gestion durable des ressources marines et côtières, tout en renforçant la résilience écologique de ses écosystèmes marins et côtiers.  La couverture des aires marines protégées est également en expansion, a indiqué le Ministre en se réjouissant de la récupération récente des ressources marines dans les aires protégées et les attractions touristiques.  La Thaïlande s’est activement engagée dans la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable et accueillera le Bureau de coordination de la Décennie pour le Pacifique occidental, a annoncé le Ministre.  Il a conclu en constatant que « les océans sans humains sont des océans vivants, mais les humains sans océans sont des humains morts ».

M. DAVID PARKER, Ministre des océans et de la pêche de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que la protection des espèces est une priorité de son ministère, avant d’indiquer que le système de gestion des pêches néo-zélandais est à la pointe du progrès.  Il a affirmé que son gouvernement travaille étroitement avec les autres pays du Pacifique pour réaliser l’ODD 14, en précisant que les questions océaniques ont reçu 68,5 millions de dollars néo-zélandais depuis 2018.  Il a salué l’entame des négociations d’un traité sur la pollution plastique et appelé à un traité ambitieux en ce qui concerne la préservation de la diversité à l’extérieur des zones de compétence nationale.  Enfin, M. Parker a souligné l’engagement de son pays à préserver les droits maritimes des États confrontés à la montée des eaux, conformément à la Convention sur le droit de la mer. 

M. SAKTI WAHYU TRENGGONO, Ministre des affaires maritimes et des pêches de l’Indonésie, a déclaré que 28,4 millions d’hectares d’aires marines sont protégés dans son pays qui vise à parvenir à 32,5 millions d’hectares d’ici à 2030.  Il a aussi indiqué que son pays va émettre prochainement des obligations bleues.  Il a détaillé le programme qui encourage les pêcheurs à participer pendant un mois au nettoyage des zones marines en collectant les déchets plutôt que de pêcher des poissons: un kilo de déchet est ainsi vendu au même prix qu’un kilo de poisson.  Ce programme vise à réduire les déchets rejetés dans l’océan de 70% d’ici 2025.  Le Ministre a précisé que son pays s’est acquitté de ses engagements s’agissant de la résilience des infrastructures côtières et a souligné que la science est au cœur de sa politique maritime.

M. XANANA GUSMÃO, Envoyé spécial pour l’économie bleue du Timor-Leste, a déclaré que, en tant petit État insulaire en développement, le Timor-Leste considère l’océan comme la pierre angulaire de sa « vision de l’avenir ».  Or, « l’océan est un organe vital qui est malade; mettant notre planète et toute l’humanité en péril », s’est-il alarmé, mettant en cause la vanité de l’homme, à l’origine de tragédies qui auraient pu être prévenues ou résolues.  Il a toutefois rappelé que tous les peuples ne portent pas la même responsabilité dans la pression exercée sur la nature, alors nous souffrons tous du résultat, à commencer par « les plus fragiles et les plus vulnérables », qui sont aussi le plus souvent celles et ceux qui vivent en harmonie avec leur environnement.

Pour sa part, le Timor-Leste, grâce notamment à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a récemment réussi à délimiter des frontières maritimes permanentes avec l’Australie, et travaille actuellement avec l’Indonésie pour parvenir au même résultat.  Cet instrument juridique est en effet essentiel à la bonne gouvernance des océans et à la réalisation de l’objectif de développement durable no 14, a observé le représentant, avant de rappeler que les zones « sans gouvernance » sont des zones où « l’incertitude » se reproduit.

« Le Timor-Leste est situé au cœur du Triangle du corail.  En fait, nos mers ont des zones caractérisées par une très grande biodiversité et l’une des plus grandes concentrations de cétacés de la planète, avec plusieurs couloirs de migration », s’est enorgueilli le délégué.  Aussi son pays souhaite-t-il établir un centre d’éducation marine, avec le soutien d’institutions internationales, a indiqué M. Gusmão, pour qui la coopération avec les pays voisins et d’autres partenaires est fondamentale à cette fin.  Il s’est enfin félicité que les petits États insulaires en développement du Pacifique, dont le Timor-Leste fait partie, adopteront plus tard aujourd’hui une déclaration conjointe sur l’Alliance pour l’adaptation aux changements climatiques.

M. FLAVIEN JOUBERT, Ministre de l’agriculture, des changements climatiques et de l’environnement des Seychelles, a appelé à des solutions novatrices pour lutter contre les dommages que provoquent les déchets plastiques sur l’environnement marin.  Que nous soyons petits ou grands, nos pays doivent agir et nous devons promettre de préserver ce patrimoine commun, a-t-il plaidé.  Le Ministre a souligné que l’économie bleue peut permettre de trouver des solutions aux changements climatiques, et d’établir le parfait équilibre entre les ressources économiques et la durabilité environnementale.  Dans ce contexte, les partenariats sont cruciaux pour faire avancer la cause des océans. 

Après avoir dénoncé la brutale agression de la Russie contre l’Ukraine, M. JOHN KERRY, Envoyé spécial du Président des États-Unis pour le climat, a rappelé que toute discussion sur les océans concerne aussi la crise climatique.  La crise des océans est une crise climatique, a-t-il souligné.  Il a plaidé pour un secteur maritime « vert », en rappelant que si ce secteur était un pays il serait le huitième plus important émetteur de carbone.  Il a appelé à accélérer les efforts de production d’énergie renouvelable en mer, avant de souligner la nécessité d’un traité ambitieux en ce qui concerne la préservation de la diversité à l’extérieur des zones de compétence nationale. 

Le délégué a également demandé la fin des pêches illicites, non déclarées et non réglementées, notant qu’un poisson sur cinq serait pêché lors de ces pêches.  Face à ce défi des plus complexes, il a plaidé pour la transparence et pour un partage de données en haute mer et dans les zones économiques exclusives.  Il a enfin précisé que son pays a lancé avec le Royaume-Uni et le Canada une alliance pour l’action contre les pêches illicites, non déclarées et non réglementées afin de lutter concrètement contre ce phénomène.  « Nous appelons tous les pays à devenir membre de cette alliance et à nous rejoindre pour faire respecter le droit. »

M. ZHANHAI ZHANG, Envoyé spécial du Gouvernement de la Chine, a déclaré que son pays accorde une grande importance à l’exploration des modèles écosystémiques et au lien entre hommes et océans, a-t-il assuré en encourageant les solutions basées sur la science pour y répondre.  La Chine, a-t-il dit, est prête à engager des partenariats en ce sens en vue de mieux comprendre les écosystèmes marins et côtiers et trouver des solutions aux problèmes existants.  Le représentant a plaidé en faveur de zones marines protégées, de télédétection des problèmes et de l’allocation de 35% des ressources à la protection des îles et d’autres écosystèmes marins.  Il faut renforcer la résilience et l’adaptation en se basant sur des solutions scientifiques, a-t-il ajouté, y voyant un impératif pour lutter contre l’impact des changements climatiques.  À cet égard, le représentant a salué la création de 31 zones écologiques protégées au cours des cinq dernières années en appelant à en faire une pratique plus largement répandue.

Beijing a l’intention d’augmenter de 11% ses activités dans les énergies issues des océans pour réduire sa dépendance des énergies fossiles, a annoncé M. Zhang.  Le représentant a également encouragé la communauté internationale à prêter assistance aux PEID, y compris par des systèmes d’alerte rapide pour les catastrophes naturelles notamment.  La Chine entend lancer un réseau de partenariats bleus, a annoncé l’Envoyé spécial, qui s’est dit aussi favorable à la convocation d’un forum mondial des zones côtières.  Avant de conclure, il a défendu le concept d’une Chine unique « dont Taiwan fait intégralement partie », reprochant aux autorités taiwanaises de jouer « à un jeu dangereux » en cherchant à impliquer d’autres États dans leur politique.

M. JITENDRA SINGH, Ministre des sciences de la Terre de l’Inde, a indiqué que son pays est en train d’élaborer une « politique économique bleue » qui sera prochainement mise en œuvre par son ministère et portera sur six domaines thématiques.  Dans le même temps, l’Inde a lancé plusieurs initiatives, programmes et politiques à travers différents ministères et départements pour protéger le milieu marin et les écosystèmes côtiers.  Le pays a également proposé de créer un institut de recherche durable sur les côtes et les océans pour répondre aux besoins et aspirations des pays insulaires du Pacifique.  En outre, l’Inde s’est engagée dans l’initiative Clean Seas Campaign et entend, dans un avenir proche, interdire complètement les plastiques à usage unique. 

M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre du climat et de l’environnement de la Norvège, a dit que la science doit être à la base de toute action de préservation des océans.  « Nous devons en faire davantage. »  Il a souhaité un traité ambitieux sur la pollution plastique en ajoutant que les pays peuvent désormais faire comme si cet instrument existait déjà.  Mettons-nous en quête des alternatives au plastique, a encouragé le Ministre.  Il a ensuite souligné l’importance des négociations d’un traité en ce qui concerne la préservation de la diversité à l’extérieur des zones de compétence nationale.  L’océan détient la clef d’une terre durable et prospère, a poursuivi le Ministre, en plaidant pour le développement de l’aquaculture.  Enfin, il a souligné l’importance cruciale de « décarboner » la navigation, se disant en faveur du développement de l’énergie éolienne.

M. JUAN CABANDIÉ, Ministre de l’environnement et du développement durable de l’Argentine, a déclaré que les océans doivent cesser d’être un « dépotoir » avant de réitérer l’engagement de son pays en faveur de l’ODD 14.  Il a demandé des actions urgentes, soulignant la responsabilité historique de certains États.  Puis il a plaidé pour une transition juste devant l’importance des conséquences des changements climatiques.  Ce sont les économies du Nord qui sont responsables de ce phénomène, a reconnu le Ministre, avant d’appeler à remédier à la pollution plastique et de demander un changement dans les modes de consommation.  Enfin, il a plaidé pour l’élargissement des zones marines protégées.

Mme STEFFI LEMKE, Ministre de l’environnement, de la protection de la nature, de la sûreté nucléaire et de la protection des consommateurs de l’Allemagne, a déclaré que la conservation marine permet de lutter contre la triple crise des changements climatiques, de la disparition de la biodiversité et de la pollution.  Elle a rappelé que sous la présidence de l’Allemagne, le G7 a passé un accord ambitieux sur la conservation des océans, par lequel il s'est notamment engagé à conclure cette année les négociations d’un accord sur la conservation de la diversité biologique des zones situées au-delà des juridictions nationales.  Le G7 demande explicitement que les zones marines en Antarctique soient enfin placées sous protection avec l’aide de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR). 

Les pays du G7 reconnaissent également les risques, pour le milieu marin, d’une éventuelle exploitation minière en haute mer et appuient l’élaboration de normes environnementales cohérentes et strictes, qui devraient être adoptées par l’Autorité internationale des fonds marins.  Elle a notamment cité l’élaboration de normes environnementales contraignantes avec des seuils quantitatifs, l’établissement d’une base uniforme et ambitieuse pour les plans régionaux de gestion de l’environnement et la prescription d’essais miniers dans le cadre d’études d’impact sur l’environnement.  En outre, plutôt que d’attendre une convention internationale sur la pollution plastique, les pays du G7 se sont engagés à agir dès maintenant sur cette question, a indiqué la Ministre qui a précisé que l’Ocean Deal du G7 contient des déclarations claires sur la lutte contre la pollution plastique.  Il faut maintenant se concentrer sur la mise en œuvre rigoureuse de ces décisions, a-t-elle souligné.

M. MARK HARBERS, Ministre des infrastructures et de la gestion des eaux des Pays-Bas, a souligné que la pression sur les océans s’accroît, notamment avec plus de parcs éoliens offshore, plus de navigation, et, malheureusement, plus de pollution, d’acidification et de réchauffement.  Pour les Pays-Bas, les enjeux sont clairs, puisque deux tiers des plaines du pays bordant la mer du Nord sont vulnérables aux inondations.  De même, les six îles néerlandaises situées dans les Caraïbes dépendent de l’océan pour leur nourriture et leur eau, et le milieu marin joue un rôle essentiel dans leur économie.  C’est fort de son engagement en faveur de l’économie bleue que le Gouvernement néerlandais et d’autres parties prenantes ont conclu l’Accord de la mer du Nord qui définit des lignes directrices pour l’utilisation durable de cette mer.  Le Ministre a également souligné l’importance de réglementer la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale et a appelé à l’avènement d’un traité sur la question.  Outre la lutte contre la pollution marine, M. Harbers a évoqué les initiatives de recherche, notamment les quatre nouveaux flotteurs Argo déployés en mer des Caraïbes afin de fournir plus de données sur la température, la salinité et la pression de l’eau.  Enfin, les Pays-Bas entendent collecter 145 millions de dollars pour trouver une solution au pétrolier SAFER abandonné au large du Yémen, a indiqué le Ministre qui a appelé à s’assurer que la mer Rouge ne devienne pas noire.

M. SHAWN EDWARD, Ministre de l’éducation, de l’innovation, des genres et du développement durable de Sainte-Lucie, a indiqué que la mer est cruciale pour toutes les activités du pays.  Le Gouvernement a donc mis sur pied une politique nationale des océans qui accompagne le pays vers une économie bleue.  Dans le même temps, le pays fait face à des dangers pesant sur l’environnement marin, dont la question cruciale des déchets marins, notamment les plastiques.  Il a appelé à des investissements conséquents et une coopération internationale accrue pour trouver des solutions aux problèmes des océans, tout en mettant en avant les besoins des pays parmi les plus vulnérables. 

L’océan est en colère, a déclaré M. VAUGHN P. MILLER, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles des Bahamas, évoquant la montée du niveau de la mer, le blanchissement des coraux, l’augmentation des températures, et des tempêtes catastrophiques.  « Pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes inextricablement liés aux océans », a-t-il constaté.  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer pour la décarbonisation, ainsi que pour les énergies renouvelables et la protection marine.  Le Ministre a évoqué la résilience du peuple des Bahamas qui « ne reste pas assis pour se plaindre ».  À preuve, le Gouvernement des Bahamas, en partenariat avec The Nature Conservancy, a réalisé une évaluation des opportunités et conditions pour le développement d’un projet de compensation du carbone bleu pour aider à financer la restauration des mangroves et soutenir la résilience des communautés côtières.  Les changements climatiques, la perte de la biodiversité ou d’autres obstacles ne retarderont pas la progression des Bahamas, a-t-il affirmé. 

Pour la Ministre en charge de la planification et du développement de la Trinité-et-Tobago, Mme PENNELOPE BECKLES, l’ODD 14 indique clairement que l’existence même de l’humanité et des océans est inextricablement liée et que l’utilisation durable des océans est essentielle pour les générations de demain.  À l’instar d’autres PEID, 81% de l’activité économique de son pays se trouve le long des côtes et le pays compte sur les ressources océaniques pour son développement.  Dans le cadre de sa stratégie de développement à l’horizon 2030, la Trinité-et-Tobago a, entre autres, misé sur l’aquaculture et un cadre de gestion intégrée des côtes et sur la transition vers une économie bleue.  Le pays refaçonne ses règles de lutte contre la pollution, notamment à travers le principe du « pollueur-payeur », a expliqué la Ministre.  Mais malgré tout, l’archipel constate une dégradation rapide de la situation.  Les océans subissent une perte d’oxygène en surface et la pollution marine s’est exacerbée alors que les financements ne suivent pas pour répondre à l’urgence de la préservation des océans.  La communauté internationale a échoué sur l’ODD 14, a-t-elle tranché en appelant à l’action de toute urgence.  Pour les PEID qui sont les gardiens des ressources marines, les partenariats avec les institutions régionales et internationales sont essentiels pour le renforcement de leurs capacités de lutte contre les changements climatiques.  La Ministre a également revendiqué un accès aux financements climatiques pour les PEID et a plaidé pour un accord juridiquement contraignant sur la pollution plastique et pour la conclusion du processus BBNJ cette année.

M. RUSLAN EDELGERIEV, l’Envoyé spécial du Président de la Fédération de Russie pour les changements climatiques, a souligné le lien entre gestion durable des océans et action climatique.  Il faut de nouvelles approches conceptuelles, qui exigent la mobilisation conjointe des gouvernements, de la société civile, des milieux académiques et du secteur privé.  Favorable à un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique des écosystèmes marins, l’Envoyé spécial considère cependant qu’il doit porter sur tout le cycle du plastique, ce qui se fait déjà en Fédération de Russie, pour éviter qu’ils ne finissent dans les océans.  D’ici à 2030, la Fédération de Russie a l’intention d’interdire complètement les plastiques à usage unique.  Le représentant a appelé à la modélisation des études sur les océans, notamment en modernisant et en équipant des navires de recherche comme le navire russe Pôle Nord qui étudie l’Arctique.  Il a assuré que le Gouvernement russe alloue des ressources sans précédent à l’étude et au suivi des océans, y compris pour avoir une idée plus claire des flux de carbone.  Dans le cadre des changements climatiques et de leur impact sur l’environnement marin, Moscou a l’intention d’intégrer cette question dans sa politique de gestion durable marine.

M. JEREMIAH MANELE, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a souligné que l’océan est un pilier essentiel du développement des Îles Salomon, et le fondement de leur avenir.  À cet égard, la santé des océans est cruciale pour le bien-être de la population et de la planète.  La politique nationale des océans des Îles Salomon a été lancée le 25 novembre 2019, à la suite de l’engagement pris par le pays au cours de la première Conférence des Nations Unies sur les océans de 2017.  Pour les Îles Salomon, les communautés sont et doivent toujours être en première ligne de la gouvernance des océans.  Le Ministre a demandé le soutien de la communauté internationale pour la surveillance des littoraux et la lutte contre la pêche illégale qui affecte le thon, principale richesse halieutique du pays.  Les déchets tels que les munitions non explosées et les déversements d’hydrocarbures provenant de navires de la Seconde Guerre mondiale doivent être traités, a plaidé M. Manele. 

M. MANGALISO NDHLOVU, Ministre de l’environnement, du climat, du tourisme et de l’industrie hôtelière du Zimbabwe, a dit que son pays, bien qu’enclavé, adhère au discours international sur la bonne santé des océans.  Il a rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer stipule clairement que les États sans littoral ont le droit d’accéder aux océans, ainsi que le droit de participer, sur une base équitable, à l’exploitation des richesses de ceux-ci.  Le Ministre a constaté que la pandémie de COVID-19 a non seulement contribué à retarder la mise en œuvre de l’ODD 14, mais également entraîné une hausse de la demande de plastiques à usage unique, tels que les masques et les gants.  Cela a intensifié la pression exercée sur le milieu marin, exacerbant le problème des déchets marins.  Pour relever ce défi, le Zimbabwe a mis sur pied « une industrie du plastique dynamique » qui contribue au recyclage des déchets plastiques et à l’amélioration des moyens de subsistance.  Lors de la vingt-septième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en Égypte, nous attendons avec impatience de voir les pays responsables des émissions les plus importantes honorer leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement des mesures d’adaptation aux changements climatiques, a-t-il ajouté.

Mme AMINATH SHAUNA , Ministre de l’environnement, des changements climatiques et de la technologie des Maldives, a déclaré que les océans se meurent à cause de nous, les hommes qui avons perturbé l’équilibre naturel des océans.  Le réchauffement climatique a entraîné un réchauffement accru de l’océan, et l’acidification des océans affecte les schémas migratoires des poissons, mettant en danger notre principale source de nourriture, s’est-elle alarmée.  Nos récifs coralliens meurent à cause du blanchissement causé par le réchauffement climatique et des quantités écrasantes de plastiques et de déchets qui tuent la vie marine et polluent nos plages, s’est-elle indignée.  Si les pratiques actuelles se poursuivent, la vie et les moyens de subsistance des États océaniques vulnérables au climat seront irrémédiablement mis en cause.  La Ministre a dit être ici pour demander à la communauté internationale d’agir de toute urgence pour préserver la santé et la richesse de nos océans.

Elle a expliqué que les habitants de l’archipel continuent d’utiliser des méthodes traditionnelles de pêche à la canne, qui sont viables sur la durée.  Son gouvernement a promulgué des lois pour lutter contre la pêche non réglementée, qui constitue actuellement une grave menace pour la pêche artisanale durable, mais ils ont besoin de la communauté internationale pour mettre fin à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) parallèlement aux subventions à la pêche nuisibles.  En outre, la Ministre a évoqué l’interdiction de l’importation, la production et la vente de 13 types différents de plastique à usage unique, dans le but de les éliminer progressivement d’ici à 2023.  Pour garantir la pérennité des ressources de ses océans, son administration a fourni une protection juridique à 79 zones marines, qui couvrent près de 14% du récif corallien avec des plans d’expansion.  Elle a conclu en lançant un vibrant appel pour que la pêche durable soit la norme et non l’exception; pour que le développement intègre la protection des océans et la résilience climatique; pour que les récifs coralliens soient sauvés en limitant la hausse de la température mondiale à 1,5 degré.

L’Envoyé spéciale du Premier Ministre de la Barbade, Mme JULIETTE BABB-RILEY, a estimé que les petits États, comme la Barbade, doivent avoir la capacité juridique et technique de gérer pleinement les ressources de leur zone économique exclusive (ZEE) et de leur plateau continental étendu.  Dans le cas des PEID, l’espace maritime dépasse souvent largement l’espace terrestre.  À titre d’exemple, la Barbade a une masse terrestre de 432 kilomètres carrés, mais exerce une juridiction sur un espace maritime qui représente plusieurs centaines de fois cette superficie, a-t-elle souligné.  Il est important que les PEID soient reconnus et une certaine valeur attribuée aux puits de carbone fournis par leurs territoires maritimes.  Dès lors, la représentante a espéré que l’instrument international juridiquement contraignant portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale sera ambitieux et permettra d’améliorer la recherche scientifique, la compréhension et la gestion des ressources marines à l’échelle mondiale et au sein des juridictions nationales.  Elle a estimé que des ressources financières adéquates sont nécessaires pour relever les défis de développement que la crise climatique pose à l’environnement marin des îles.  Nos océans et nos côtes sont synonymes de sécurité nationale des États insulaires, a-t-elle martelé, en appelant « la famille mondiale » à s’engager à suivre, contrôler et surveiller la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) qui empiète sur leurs ZEE et décime les stocks de poissons.

Mme MATILDA EMKRANS, Ministre de la coopération pour le développement international de la Suède, a salué la décision prise récemment par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) d’interdire le subventionnement des pêches illicites, non déclarées et non réglementées.  Elle a appelé à poursuivre les efforts pour interdire les subventions qui contribuent à la surpêche, plaidant par ailleurs pour de nouveaux « capitaux bleus » afin d’investir dans l’économie maritime et créer des emplois bleus.  La Ministre a ensuite indiqué que la Suède s’est engagée à contribuer 800 millions de dollars à sa stratégie globale de coopération pour le développement pour l’environnement, le climat et la biodiversité pour la période 2022-2026.  Elle a appelé à conclure un accord ambitieux pour lutter contre la pollution plastique, s’inquiétant par ailleurs de la menace que fait peser le pétrolier SAFER au large des côtes du Yémen.  La Suède a contribué 5 millions de dollars pour prévenir une telle catastrophe, a-t-elle indiqué.

M. JOAQUIM ÁLVARO PEREIRA LEITE, Ministre de l’environnement du Brésil, a appelé à conclure les négociations sur un instrument international juridiquement contraignant portant sur la biodiversité marine ne relevant pas des juridictions nationales.  Il a indiqué que 27% des zones marines de son pays sont protégées.  Le Ministre a ensuite appelé à des actions contre les déchets plastiques, avant de mentionner les actions de son gouvernement.  À titre d’exemple, il a indiqué que près de 16 millions de batteries ont été recyclées au Brésil et que le pays compte 32 000 volontaires qui aident à nettoyer les plages et zones humides comme les mangroves et les fleuves.  Des mesures ont également été mises en place pour promouvoir une pêche durable.

M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, a rappelé que les traités de gouvernance de l’océan furent les premiers traités internationaux à l’élaboration desquels contribua activement l’Organisation de libération de la Palestine.  Il a souligné que l’occupation illégale et le blocus inhumain imposé par Israël sont la cause principale de la crise environnementale qui rend la bande de Gaza inhabitable et pollue ses plages.  Il a appelé à la pleine ratification de la Convention sur le droit de la mer, soulignant en outre que les négociations en cours sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale représente une occasion importante pour assurer l’application d’une politique équitable aux océans.  Les pays développés ont en outre une responsabilité importante en matière de protection de l’océan, notamment pour ce qui est du financement, du renforcement des capacités, de la coopération dans la recherche scientifique marine, de l’atténuation et de l’adaptation.

M. MARIO ŠILJEG, Secrétaire d’État, Ministère de l’économie et du développement durable de la Croatie, a rappelé qu’en tant que petit État méditerranéen avec près de 500 îles, son pays attache une grande attention à la protection des écosystèmes marins, notamment à travers la création de zones marines protégées puisque d’ici à 2030, elles couvriront 30% de son territoire marin.  La Croatie a misé sur le traitement des eaux usées, a expliqué le Ministre, en soulignant le lien qui existe entre cela et l’ODD 14.  Le Ministre a précisé que son pays s’est doté d’un institut national de gestion des eaux qui surveille de près la nappe phréatique.  Pour ce qui est de la pollution plastique marine, il a appelé à l’utilisation circulaire et à l’interdiction des plastiques à usage unique, son gouvernement soutenant pleinement la mise en place d’un instrument juridiquement contraignant pour lutter contre ce fléau.  Il participe par ailleurs aux efforts régionaux de lutte contre la pollution plastique, y compris en milieu marin, a indiqué le représentant, qui a insisté sur l’importance de la coopération régionale et internationale en matière de politique environnementale.

Le Ministre du patrimoine et de la réforme électorale de l’Irlande, M. MALCOLM NOONAN, a expliqué que son pays défend la Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est, en vue d’une exploitation durable de mers biologiquement diverses, a-t-il expliqué.  Il collabore également avec d’autres nations par l’intermédiaire du réseau maritime de l’Union européenne, a précisé le Ministre, pour atteindre les ODD et ceux de la Convention sur la diversité biologique.  L’Irlande s’attaque à la pollution par les déchets marins, y compris le plastique, à la fois en provenance des sources terrestres et maritimes à travers un large ensemble de mesures concrètes axées sur l’économie circulaire; le contrôle des déchets et des détritus; la gestion des eaux usées, des programmes de nettoyage des plages; une initiative Clean Oceans qui encourage les pêcheurs à apporter les déchets recueillis à terre; et des mesures législatives telles que la loi sur les microbilles (interdiction) et la mise en œuvre des directives sur les plastiques et sur les installations de réception portuaires. 

M. VASSILIOS DEMETRIADES, Ministre adjoint des transports de Chypre, a indiqué que 19% des eaux maritimes de son pays sont protégées, et qu’une cartographie des habitats marins sensibles est en cours, notamment du mont sous-marin Ératosthène.  Il a insisté sur l’importance de lutter contre les déchets marins et la pollution plastique, expliquant que son pays a mis sur pied un système de tri du recyclage et des déchets organiques et limite l’emploi des produits plastiques à usage unique.  Chypre participe également activement à une initiative qui vise à aider le secteur des navires de croisière à mieux gérer leurs déchets.  Le Ministre adjoint a ensuite appelé à s’accorder sur des mesures ciblées pour faire des transports en mer un secteur à faible émission de carbone.  Il a aussi appuyé la proposition de désigner la mer Méditerranée en tant que zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre, appelant à son entrée en vigueur en 2025.

Mme LÍDIA DE FÁTIMA DA GRAÇA CARDOSO, Ministre de la mer, des eaux intérieures et de la pêche du Mozambique, a insisté sur la résilience des zones côtières.  Elle a évoqué un plan d’action national de gestion des déchets au Mozambique, ainsi que d’autres initiatives similaires qui souffrent malheureusement du déficit de fonds.  Elle a donc émis le vœu que cette conférence soit l’occasion de faire progresser la mise en œuvre de l’ODD 14, appelant notamment à élaborer un système international de financement de petits projets en rapport avec les mers et ayant le potentiel de contribuer à la lutte contre les changements climatiques. 

M. ZAC GOLDSMITH, Ministre d’État de l’environnement et du Pacifique du Royaume-Uni, a considéré qu’il est essentiel de réaliser les objectifs de Paris pour donner une chance à la nature.  Le sort des récifs coralliens de la planète, par exemple, dépend entièrement du respect de la limite de 1,5 degré de hausse des températures, et avec eux, l’avenir d’un quart des espèces marines et de millions de personnes parmi les communautés côtières, a-t-il précisé.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement britannique a fait passer la nature des marges du débat mondial sur les changements climatiques au cœur de sa réponse lors de la COP26.  « Et notre tâche maintenant –dans les mois qui précèdent le passage du témoin à l’Égypte, et au-delà– est de veiller à ce que les engagements pris à Glasgow soient pleinement honorés », a insisté M. Goldsmith.  Pour sa part, après s’être engagé à doubler le financement international du climat au niveau national pour le porter à 11,6 milliards de livres sterling, le Royaume-Uni a consacré environ un tiers de cette somme à la préservation de la nature.  Et notre Blue Planet Fund, doté de 500 millions de livres, aide certaines des communautés les plus pauvres du monde à assurer l’avenir des environnements marins dont elles dépendent, a ajouté le Ministre.  En outre, il a annoncé que son gouvernement allait investir 154 millions de livres dans son nouveau programme COAST pour aider les communautés vulnérables à sauvegarder les mangroves, les écosystèmes marins et les coraux et rendre la pêche à petite échelle plus durable. 

M. JOHN M. SILK, Ministre des ressources naturelles et du commerce des Îles Marshall, a appelé à une action décisive pour faire du secteur des transports un secteur à zéro émission de carbone d’ici à 2050, notamment en imposant une taxe carbone de 100 dollars/tonne en 2025.  Il a indiqué que dans sa région, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée est systématique et souvent liée à la criminalité organisée.  Jusqu’à un tiers des poissons du Pacifique sont volés de nos eaux, a-t-il dénoncé, plaidant pour des partenariats technologiques pour renforcer les capacités de surveillance de son pays.  Il a également appelé les partenaires étrangers à s’engager à renforcer les normes de protection des travailleurs dans le secteur de la pêche et à tenir compte du fait que les États insulaires souhaitent élaborer et renouveler les traités de pêche au bénéfice de leur propre sécurité.  Il s’est aussi inquiété de l’impact des déchets plastiques dans les océans.

M. MIYAKE SHINGO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a constaté que les océans sont confrontés à une crise mondiale, marquée par le plafonnement des prises de poissons, la diminution des espèces, l’augmentation du poids des déchets plastiques marins et la survenue plus fréquente de catastrophes naturelles liées aux océans.  Afin de promouvoir l’utilisation durable des ressources halieutiques, a-t-il indiqué, le Japon travaille en étroite collaboration avec la FAO et l’organisme régional de gestion des pêches.  Il fournit également une assistance utile aux pays en développement, notamment en Afrique, qu’il aide sous forme d’équipement des navires et de soutien au renforcement des capacités.  La fin de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée est une autre de ses priorités, comme en atteste la loi interdisant l’entrée sur le marché japonais des produits issus de ce type de pêche.  S’agissant de la pollution plastique marine, le Vice-Ministre a rappelé que, lors du sommet du G20 de 2019, son pays a présenté sa « Vision d’Osaka pour l’océan bleu », qui vise à réduire à zéro cette pollution d’ici à 2050.  À ce jour, 87 pays et régions s’y sont ralliés, a-t-il précisé, faisant également état de l’initiative « Marine », destinée à soutenir les pays en développement, y compris les PEID, pour améliorer leurs capacités de gestion des déchets.  Il a ajouté que le Japon entend participer activement aux négociations intergouvernementales prévues cette année sur le projet de traité sur la pollution plastique. 

M. HAM LINI VANUAROROA, Ministre des changements climatiques, de la météorologie, des géo-risques, de l’environnement, de l’énergie et des catastrophes naturelles de Vanuatu, a déclaré que les échecs à protéger les océans constituent à présent une menace.  Il faut donc agir vite, avant la fin de cette décennie qui apparaît comme la dernière fenêtre d’opportunités pour sauver les océans.  Il a indiqué qu’à Vanuatu, la question des récifs coralliens est critique, et que son pays compte demander à la Cour internationale de Justice (CIJ) de donner un avis juridique sur la question de la protection des océans.  Le Ministre a expliqué que cette action, qui passe par un projet de résolution que le pays va présenter à l’Assemblée générale, entend renforcer le caractère juridiquement contraignant de la protection des océans.  Il a par ailleurs estimé que de nombreux problèmes de surexploitation des ressources marines sont hérités du colonialisme qui ambitionnait une exploitation effrénée des ressources des pays dominés.

M. STEPHEN THOMAS, Directeur de l’Administration maritime du Guyana, a noté que les PEID et les États côtiers situés en basse altitude tels que son pays ont la tâche difficile de développer leurs économies bleues tout en atténuant les effets des changements climatiques.  Le Guyana, dont la zone océanique représente plus de la moitié de son territoire, se sert également de ses forêts comme de puits de carbone, a-t-il indiqué, précisant que son gouvernement a donné la priorité au rapprochement du lien terre-océan via une croissance à faible émission de carbone.  De même, a ajouté le haut fonctionnaire, le Guyana a adopté une approche stratégique à l’encontre des plastiques à usage unique afin d’aborder le problème de la pollution plastique des espaces marins.  En outre, il s’emploie à adapter son secteur de la pêche au climat en protégeant ses zones de pêche, en déplaçant ses stocks de poissons, en réduisant l’empreinte carbone de sa flotte de pêche et en sensibilisant les pêcheurs à l’adaptation climatique.  Au niveau international, le pays soutient les actions identifiées dans la Charte bleue du Commonwealth et a rejoint l’Alliance océanique mondiale pour soutenir la protection d’au moins 30% des océans d’ici à 2030.  Il est également impliqué dans les négociations portant sur un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans des zones au-delà des juridictions nationales et prévoit de prendre part aux discussions en vue de la conclusion d’un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique.

Mme GRACIELA MÁRQUEZ, Directrice de l’Institut national de géographie et de statistique du Mexique, a indiqué qu’une économie océanique durable est nécessaire et urgente afin d’assurer la justice sociale et favoriser une prospérité durable pour la population.  Elle a indiqué que son pays travaille à la mise en place d’actions permettant de maintenir et améliorer la santé des océans, notamment en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en prévenant la perte de la biodiversité, en restaurant et protégeant les écosystèmes côtiers et marins et en réduisant la pollution marine.  Pour atteindre ces objectifs, le pays mise notamment sur des financements équitables.  Elle a salué le travail des jeunes qui participent à cette conférence et qui ont délivré un message clair: il faut plus d’engagement, moins de discours et plus d’actions. 

M. IVAN POMALEU, du Département du Premier Ministre et du Conseil exécutif national de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, s’est dit préoccupé par la détérioration de la santé des océans et l’impact de multiples facteurs de stress, qui ne feront qu’augmenter à mesure que la population mondiale continue de croître.  Il a indiqué que, dans le but de protéger la santé océanique dans ses zones de juridiction nationale, son pays a adopté en 2020 un cadre intégré traitant de la gouvernance et de la gestion des océans.  Ce cadre, a-t-il précisé, réaffirme l’engagement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à mettre en œuvre l’ODD 14 et à prendre les mesures d’adaptation et d’atténuation dont ont besoin les océans.  Le pays a par ailleurs souscrit au récent accord de l’OMC visant à éliminer les subventions nuisibles à la pêche, après avoir lui-même lancé en 2021 son premier plan stratégique de la pêche 2021-2030.  Cette feuille de route a pour but de permettre une gestion durable des pêcheries nationales, notamment en travaillant avec les pays voisins et les partenaires de développement pour lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.  M. Pomaleu a également parlé d’une politique nationale de protection des zones marines, qui prévoit la conservation d’au moins 10% des zones côtières et marines, conformément à la cible 14.5 du Programme 2030.  Selon lui, la Papouasie-Nouvelle-Guinée prévoit de déclarer cette année des aires marines protégées couvrant plus de 17 000 kilomètres carrés.  Enfin, il a rappelé que, soucieux de lutter contre la pollution marine, son gouvernement a interdit en 2020 les sacs plastiques à usage unique, ouvrant la voie à l’interdiction totale de emballages plastiques dans le pays. 

Le représentant de l’Algérie a appelé à préserver la mer Méditerranée, rappelant les initiatives nationales et internationales prises par son pays pour assurer la protection des milieux marins.  Il a appelé à la mise en œuvre d’un instrument international juridiquement contraignant portant sur la gestion des ressources biologiques ne relevant pas des juridictions nationales.  La mise en œuvre entière de la Convention sur le droit de la mer est le meilleur moyen de conserver et préserver les droits des peuples sur leurs ressources marines, a-t-il souligné, ajoutant que cela vaut également pour les peuples qui vivent sous domination étrangère. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Volodymyr Zelenskyy réclame la création d’un tribunal international pour enquêter sur les crimes commis par la Russie en Ukraine

9080e séance, après-midi
CS/14951

Conseil de sécurité: Volodymyr Zelenskyy réclame la création d’un tribunal international pour enquêter sur les crimes commis par la Russie en Ukraine

Une série d’attaques meurtrières récentes contre des civils en Ukraine ont amené le Président ukrainien, M. Volodymyr Zelenskyy, à prendre part cet après-midi à la séance du Conseil de sécurité consacrée à la situation dans son pays.  S’exprimant par visioconférence, après la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, le Président Zelenskyy a réclamé la création d’un tribunal international pour enquêter sur les crimes commis par la Fédération de Russie, au lendemain de la frappe de missile qui a touché un centre commercial de la ville de Krementchouk, faisant 18 morts et 59 blessés selon un bilan provisoire.

Après avoir appelé les membres du Conseil à mesurer l’horreur de ces derniers jours, M. Zelenskyy s’est interrogé sur « l’impunité dont bénéficie un État devenu terroriste ».  Plus de huit ans se sont écoulés depuis l’agression russe contre l’Ukraine, a-t-il martelé.  « Nous devons agir de toute urgence et tout faire pour que la Russie cesse ses massacres. »  Le terme « génocide » a été utilisé de manière répétée, a-t-il dit en faisant allusion aux charniers de Marioupol, entièrement rasée par l’armée russe.  Il a rappelé que dans le cas du Rwanda, le Conseil de sécurité avait créé un tribunal international six mois après le début du génocide.  Le Président a remercié tous les États « civilisés » qui souscrivent à son point de vue et aident à défendre l’ordre juridique international.  Il est impératif de créer un tribunal pour enquêter sur tout ce que l’armée russe a fait aux Ukrainiens, a-t-il plaidé avant de demander au Conseil d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes ukrainiennes.

La Commission d’enquête sur l’Ukraine a conclu sa première mission dans le pays, a rapporté la Secrétaire générale adjointe, et les éléments recueillis sur place confirment la probabilité que de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international, susceptibles d’être qualifiées de « crimes de guerre », ont été commises en Ukraine depuis le mois de février.  « Il faudra que justice soit faite, c’est impératif pour le peuple ukrainien et pour empêcher que de tels crimes ne se reproduisent à l’avenir ailleurs dans le monde », a lancé Mme DiCarlo.  En attendant, elle a appelé à l’ouverture d’une enquête sur l’attaque de Krementchouk et sur les incidents survenus dans d’autres zones résidentielles situées loin du front.

« Les Forces armées russes ont commis des crimes de guerre en Ukraine », ont tranché les États-Unis, appuyés par l’Albanie.  « Les preuves s’accumulent. »  Face à ces attaques, on ne peut pas ne pas prendre parti, a averti le représentant américain pour qui la communauté internationale doit faire en sorte que les coupables rendent des comptes.  « La justice doit l’emporter. »  La Russie continue de violer les principes les plus élémentaires du droit international humanitaire après avoir piétiné la Charte des Nations Unies, a renchéri la France.  Les criminels de guerre seront traduits en justice, a assuré son représentant, en indiquant que la France maintiendra « la pression la plus forte possible » pour contraindre les autorités russes à mettre fin à cette guerre qui ébranle la sécurité internationale.  Une inquiétude partagée par Mme DiCarlo pour qui ce conflit, une source permanente d’instabilité en Europe, ne montre aucun signe d’essoufflement.  Le Royaume-Uni et la Norvège ont en outre reproché au Bélarus d’avoir facilité les attaques contre l’Ukraine.  

Tous les sites où se trouvent des armes et mercenaires étrangers sont des « cibles légitimes », s’est défendue la Fédération de Russie, accusant l’Ukraine d’entreposer des armes dans les centres urbains pour utiliser la population comme bouclier humain.  Le représentant russe a nié tout bombardement russe d’un centre commercial à Krementchouk, précisant que la seule frappe menée dans cette ville a visé un entrepôt d’armes françaises et américaines destinées à frapper des villes du Donbass. 

« La communauté internationale devrait créer un environnement propice à des pourparlers de paix entre les belligérants », a tempéré la Chine, appuyée par les Émirats arabes unis et le Ghana.  La Chine s’est dite convaincue que « l’envoi d’armes ne ramène pas la paix, pas plus que les sanctions ne permettent de régler les problèmes sécuritaires ». 

L’Inde, le Mexique, le Kenya et le Gabon ont insisté également sur la reprise des exportations des céréales et des engrais ukrainiens pour atténuer la crise alimentaire mondiale.  

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, a reconnu que les dévastations infligées à l’Ukraine empirent, résultats dramatiques d’attaques toujours plus aveugles contre des civils résidant dans des villes très éloignées des lignes de front.  Ce conflit, a-t-elle averti, est une source permanente d’instabilité en Europe et il ne montre aucun signe d’essoufflement.  Après avoir condamné la frappe contre le centre commercial de la ville de Krementchouk, qui s’est soldée par un bilan effroyable « et sûrement provisoire » de 18 civils tués et de 59 blessés, Mme DiCarlo a appelé à l’ouverture d’une enquête sur cet incident comme sur ceux survenus dans d’autres zones résidentielles situées loin du front. 

Sur le front, des scènes rappellent les guerres mondiales, a poursuivi Mme DiCarlo, qui a indiqué qu’en date du 26 juin le Haut-Commissariat aux droits de l’homme déplore 10 631 victimes du conflit en Ukraine, dont 4 731 tués, ces chiffres étant basés sur des incidents vérifiés, « ce qui signifie que les chiffres effectifs sont beaucoup plus élevés ». 

Elle a ajouté que la Commission d’enquête sur l’Ukraine avait conclu sa première mission dans le pays, en avançant que les éléments recueillis sur place confirment la probabilité que de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international, susceptibles d’être qualifiés de « crimes de guerre », ont été commises en Ukraine depuis le mois de février.  « Il faudra que justice soit faite, c’est impératif pour le peuple ukrainien et pour empêcher que de tels crimes ne se reproduisent à l’avenir ailleurs dans le monde », a lancé Mme DiCarlo. 

Concernant le volet humanitaire, la Secrétaire générale adjointe a signalé que 16 millions de personnes en Ukraine ont besoin d’aide, l’appel d’urgence en cours devant être maintenu jusqu’en août pour couvrir tous les besoins jusqu’à fin 2022.  D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 323 attaques ont été menées contre des établissements de santé depuis le 24 février, faisant 76 morts parmi les personnels soignants, a encore indiqué Mme DiCarlo. 

Toutes les mesures adéquates doivent être prises pour protéger les civils et les infrastructures civiles, a-t-elle ensuite martelé, rappelant qu’à ce jour un quart de la population du pays, soit 12 millions de personnes, ont fui leur foyer. 

La guerre en Ukraine a des répercussions bien au-delà des frontières du pays, entraînant une crise alimentaire, exacerbant l’inflation et la volatilité des marchés dans un monde qui fait déjà face à la pandémie et aux changements climatiques, a également déclaré Mme DiCarlo. 

Les mots manquent pour qualifier l’absurdité, la futilité et la cruauté de cette guerre, qui risque de provoquer un véritable chaos économique et social mondial, a-t-elle confié.  En conclusion, Mme DiCarlo a déclaré que les destructions doivent cesser « pour le bien de l’Ukraine, de la Russie et du monde entier ».

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, intervenant en visioconférence depuis l’Ukraine, a regretté que l’ONU n’ait pas de définition juridique du terme « État terroriste » convenue par tous les États Membres.  D’après lui, la guerre que la Russie mène contre son pays démontre toute l’urgence qu’il y a à codifier ce concept au niveau international.  Il faut punir tout État terroriste, a martelé le Président ukrainien en invitant l’assistance à prendre la mesure des horreurs de ces derniers jours en Ukraine.  Il a dressé un bilan chronologique des attaques de cette guerre « à outrance » contre son pays.  Samedi 25 juin: 62 missiles russes ont frappé son pays.

Dimanche 26 juin, 10 nouveaux missiles, dont l’un contre un bâtiment résidentiel à Kyïv où trois étages ont été démolis; un autre missile a explosé dans le jardin d’une maternelle.  Lundi 27 juin: un missile s’est abattu sur un centre commercial de la ville de Krementchouk. 

Actuellement 18 personnes y auraient été tuées, un bilan amené à être revu à la hausse, selon lui; 50 autres personnes ont été blessées et une dizaine sont portées disparues.  Des fragments de corps ont été retrouvés et si l’État russe affirme que toutes ces victimes n’ont pas péri sous les missiles russes, alors il propose que l’ONU envoie la Représentante spéciale du Secrétaire général ou une commission d’enquête afin de recueillir de manière indépendante toutes les informations et de constater qu’il s’agit effectivement d’une frappe russe.

Hier, a poursuivi le Président Zelenskyy, l’armée russe a tiré des roquettes contre des personnes qui faisaient la queue pour chercher de l’eau dans la ville de Lyssytchansk.  Des personnes ordinaires, parmi lesquelles huit personnes ont été tuées, dont Danilo, un garçon de 15 ans.  La personne la plus âgée avait 68 ans.  Le Président a égrené les noms des quatre femmes tuées dans les frappes: Victoria, Irina, Olina et Ludmila.  Presque quotidiennement, a-t-il témoigné, les frappes russes visent des civils.  Hier, 9 personnes ont été tuées et 29 blessées dont 5 enfants âgés de huit à douze ans, parmi lesquels Oleg, Mykhailo et Gregory qui ont péri dans une frappe d’artillerie russe contre des bâtiments résidentiels ordinaires.  Aujourd’hui, à cinq heures du matin, l’armée russe a frappé la région de Mykolaïv, tuant trois personnes dont Eve, une petite fille de six ans.  Parmi les blessés on compte « Volodymyr, un bébé de trois mois, gravement blessé, né après l’agression russe », s’est ému le Président.  Deux autres missiles ont frappé aujourd’hui la ville de Sloviansk dans le Donbass, quelques heures seulement avant son discours devant le Conseil de sécurité.  « Alors qui d’entre vous ne reconnaît pas qu’il s’agit bien de terrorisme? » a lancé M. Zelenskyy.  Ailleurs dans le monde, si une organisation quelle qu’elle soit agissait de la sorte, elle serait qualifiée de terroriste, a-t-il martelé avant de s’interroger sur « l’impunité dont bénéficie un État devenu terroriste ».  Pourtant, la Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité première pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il insisté, citant l’Article 6 du Chapitre II qui stipule qu’un Membre de l’ONU qui enfreint de manière persistante les principes énoncés dans la Charte peut être exclu de l’Organisation.  Bien que la Russie viole les principes fondamentaux de l’ordre juridique international, on ne lui demande pas de rendre des comptes au niveau mondial, s’est-il emporté.  De plus, a-t-il déploré, la Russie continue de siéger dans les institutions spécialisées de l’ONU et à jouir des privilèges que lui confère son siège permanent au Conseil de sécurité.  Le dirigeant a à cet égard tancé « l’absence de lucidité » des responsables politiques à la fin de la guerre froide.  Pour lui, la Russie n’a pas le droit de participer au vote s’agissant de la guerre en Ukraine.  Une guerre non provoquée, a redit le Président ukrainien, accusant ce pays d’être « colonialiste ».  C’est pourquoi il a exhorté les États Membres à faire preuve de cohérence et de volonté politique et à « priver la délégation de l’État terroriste de ses pouvoirs à l’ONU, à l’Assemblée générale.  Cela est possible, nécessaire et juste! La Russie n’a pas le droit de rester au Conseil de sécurité ».  M. Zelenskyy a fait valoir que le Chapitre VII permet de créer un tribunal spécial afin d’enquêter sur les actions des occupants russes sur le sol ukrainien.  Le terme « génocide » a été utilisé de manière répétée, a-t-il rappelé, en faisant allusion aux charniers de Marioupol, entièrement rasée par l’armée russe.  Il a fait remarquer que dans le cas du Rwanda, le Conseil de sécurité a créé un tribunal international six mois après le début du génocide.  Or, plus de huit ans se sont écoulés depuis l’agression russe contre l’Ukraine, nous devons agir de toute urgence et tout faire pour que la Russie cesse ses massacres.  Le Président Zelenskyy a remercié tous les États « civilisés qui souscrivent à son point de vue et aident à défendre l’ordre juridique international ».  Il est impératif de créer un tribunal pour enquêter sur tout ce que l’armée russe a fait aux Ukrainiens, s’est-il encore exclamé avant de demander à l’assistance de commémorer la mémoire de tous les Ukrainiens tués et de leur rendre hommage en observant une minute de silence.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que la Fédération de Russie poursuit sans relâche ses attaques massives après 125 jours de destruction et qu’elle menace véritablement l’Europe.  Après le bombardement d’un centre commercial fréquenté de Krementchouk qui a fait plusieurs dizaines de victimes, il a prévenu que la seule chose que la Fédération de Russie recherche, c’est de montrer au monde qu’elle peut frapper où elle veut, quand elle veut.  Si tel n’est pas le cas, comment justifier une frappe contre un centre commercial?  Le représentant a rappelé que les attaques contre des infrastructures civiles sont constitutifs d’un crime de guerre, parce que lorsqu’on les mène, on sait qu’on va tuer des civils.  Après s’être inquiété de l’impact du conflit sur la sécurité alimentaire mondiale, il a fait observer que quelque 8 millions de tonnes de céréales sont stockées dans les zones ukrainiennes occupées par les forces russes.  Face à cette situation, il a salué la récente décision du G7 de prendre des mesures coordonnées pour accentuer les pressions sur la Fédération de Russie.  Cette guerre ne cessera qu’avec le retrait immédiat de tous les effectifs russes de l’Ukraine, a conclu le représentant.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a dénoncé les horreurs que le peuple ukrainien subit au quotidien, provoquées par les attaques des forces de Putin.  L’attaque contre un centre commercial à Krementchouk s’inscrit dans un schéma constant de l’armée russe qui tue des civils et détruit leurs infrastructures en Ukraine, a-t-il souligné.  Le Kremlin a montré à maintes reprises qu’il tente d’assujettir l’Ukraine, sa souveraineté, son peuple et son esprit.  De plus, « Putin continue d’essayer d’intimider et de diviser les partenaires de l’Ukraine ».  Anticipant l’intervention de son homologue de la Fédération de Russie, le représentant a estimé que personne ne sera dupe et que tout le monde connaît la réalité: c’est la guerre de choix de la Russie qui a directement entraîné la destruction de centres commerciaux, de théâtres, d’hôpitaux et d’écoles et la perte en vies humaines.  Les preuves sont légion qui montrent que la Russie est seule responsable de ces attaques délibérées, a accusé le représentant.  « Les Forces armées russes ont commis des crimes de guerre en Ukraine », a-t-il déclaré.  « Les preuves s’accumulent. »  Elles ne peuvent pas être ignorées alors que des milliers de civils ukrainiens sont déplacés par la force et que des assassinats brutaux sont commis.  Le représentant a demandé aux membres du Conseil y compris à ceux qui n’ont pas condamné ce qui se passe sous leurs yeux de dire la vérité: « nous avons tous une responsabilité à assumer, nous ne pouvons pas accepter les actes de la Russie. »  Face à ces attaques, on ne peut pas ne pas prendre parti, a averti le représentant pour qui la communauté internationale doit faire en sorte que les coupables de ces attaques rendent des comptes.  « La justice doit l’emporter. »  Les dirigeants de la Russie et leur armée à tous les niveaux seront jugés coupables de crimes de guerre ou d’autres crimes atroces en Ukraine, a-t-il prévenu.  Les États-Unis soutiennent les enquêtes internationales sur ces crimes menées notamment par la Cour pénale internationale (CPI) ou par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Ils appuient aussi les autorités nationales ukrainiennes, en particulier le Procureur général.  Hier, a rapporté le représentant, les dirigeants du G7 ont réaffirmé leur solidarité et leur engagement à défendre la souveraineté de l’Ukraine.  Ils ont dit très clairement que les membres du G7 aideront l’Ukraine à se défendre et à choisir elle-même son avenir sans aucune pression ou influence extérieure.  Il a exhorté à ne pas cesser ce soutien tant que la Russie n’aura pas mis un terme à cette guerre cruelle et insensée.  Seule la Russie peut y mettre fin en retirant ses forces de l’Ukraine et en parvenant à un règlement politique avec le Gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que, depuis le début de cette guerre, la Russie a fait le choix de prendre pour cible les populations, tuant des enfants, des personnels humanitaires, des journalistes.  Elle continue à détruire sans relâche des infrastructures civiles.  Il s’agit là d’une tactique de guerre, visant à terroriser et à affaiblir le moral du peuple ukrainien, a dénoncé le représentant.  Ce faisant, la Russie continue de violer les principes les plus élémentaires du droit international humanitaire, après avoir piétiné la Charte des Nations Unies.  Les criminels de guerre seront traduits en justice, a assuré M. de Rivière.  Il a indiqué que son pays maintiendra « la pression la plus forte possible » pour contraindre les autorités russes à mettre fin à cette guerre qui ébranle la sécurité internationale.  « Nous le savons, la guerre risque de faire basculer un cinquième de la population mondiale dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire, et la Russie en porte l’entière responsabilité », a martelé le représentant, jugeant « inacceptable » que ce pays utilise la faim comme un levier politique.  Il a demandé à la Russie de lever le blocus des ports ukrainiens en mer Noire afin de permettre l’exportation des denrées alimentaires.  À cet égard, la France soutient pleinement les efforts déployés par le Secrétaire général.  Dès lors, a insisté M. de Rivière, la France appelle la Russie à mettre un terme à cette guerre injustifiable et dévastatrice.  L’accès humanitaire complet, sûr et sans entrave doit être garanti de toute urgence, en particulier dans les régions d’Ukraine les plus touchées par les combats.  Face au défi « historique » que représente le retour de la guerre en Europe, l’Union européenne a décidé d’octroyer à l’Ukraine le statut de candidat à l’adhésion, car aujourd’hui le peuple ukrainien se bat pour défendre nos valeurs et celles promues par la Charte, a dit le représentant.  La France, qui a déjà mobilisé 2 milliards de dollars pour le soutien économique et humanitaire, continuera de se tenir résolument aux côtés des Ukrainiens. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est déclaré profondément inquiet, après les dernières frappes aériennes dans des zones densément peuplées, dont celle contre le centre commercial de Krementchouk, dimanche dernier, constitue l’exemple le plus spectaculaire.  Il a instamment demandé aux parties d’autoriser une enquête indépendante et de s’abstenir de toute action susceptible d’accroître encore le nombre des victimes civiles.  Le représentant a aussi appelé les parties à respecter les obligations qui leur incombent, en vertu de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire international, dont les principes de distinction et de proportionnalité.  Prolonger les opérations militaires serait déraisonnable puisque cela éloignerait la perspective de mettre fin aux souffrances humaines.  Le représentant a donc renouvelé son appel à une cessation immédiate des hostilités et au lancement de négociations de paix, sans délai ni condition préalable.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a regretté qu’un peu plus de quatre mois après le début de son invasion illégale contre l’Ukraine, la Fédération de Russie continue de pilonner la région orientale de l’Ukraine, le Donbass, dans le but d’en prendre le contrôle.  Et pendant le week-end, la Fédération de Russie a lancé une attaque massive de missiles de croisière sur des cibles à travers l’Ukraine, y compris un centre commercial à Krementchouk avec plus de mille personnes à l’intérieur.  Quand le monde appelle à la paix, au dialogue et au respect du droit international, la Fédération de Russie répond par l’escalade et le ciblage des civils, a condamné la représentante.  Davantage d’attaques, de destruction, de morts, de propagande de guerre et de désinformation.  De même, a-t-elle poursuivi, nous ne pouvons ignorer le « rôle prépondérant » du Bélarus qu’elle a accusé d’avoir servi de « relais direct » dans ces dernières attaques.  « L’Ukraine a le droit de se défendre, comme n’importe lequel d’entre nous le ferait si ses villes et villages étaient soumis à des frappes répétées et incessantes de missiles par une armée étrangère désireuse d’anéantir son existence. »  C’est pourquoi, le Royaume-Uni continuera de soutenir l’Ukraine dans l’exercice de sa légitime défense et dans la recherche d’un futur règlement de paix fondée sur la garantie de ses privilèges en vertu de la Charte des Nations Unies.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a condamné, à son tour, la frappe russe d’hier contre un centre commercial dans la ville de Krementchouk, une attaque délibérée contre des personnes et des infrastructures civiles et une violation flagrante du droit international humanitaire.  Toutes les allégations de violations de ce droit et des droits de l’homme doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables, d’être traduits en justice.  La représentante a indiqué que les armes explosives ont fait plus de 10 000 victimes civiles dans la guerre en Ukraine.  Condamnant ces attaques aveugles et disproportionnées, elle a exprimé la détermination de son pays à veiller à ce que les responsables des atrocités criminelles commises en Ukraine répondent de leurs actes.  Elle a réitéré l’importance de l’enquête en cours à la Cour pénale internationale (CPI), arguant que le monde ne saurait tolérer l’impunité pour les pires horreurs, ni en Ukraine, ni nulle part ailleurs.  Elle a appelé « à nouveau » la Fédération de Russie à respecter ses obligations, en vertu du droit international et à retirer toutes ses forces sans condition préalable de l’ensemble du territoire souverain de l’Ukraine.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) s’est dit gravement préoccupé par les derniers développements, en particulier à Mykolaïv, Tchernihiv, Jytomyr, Lviv, Odessa et Tcherkassy ainsi qu’à Kiev, Kharkiv et Krementchouk, notant que l’intensification des bombardements signalée dans ces régions et ces villes font de plus en plus de victimes civiles.  Ces actes, a-t-il prévenu, constituent une violation de la Charte et du droit international humanitaire.  Il a condamné l’usage disproportionné de la force, l’utilisation de boucliers humains et le fait de cibler des civils, des établissements de santé, des centres commerciaux et des systèmes d’eau et d’électricité.  Il a particulièrement condamné le blocus des ports ukrainiens qui perturbe la sécurité alimentaire dans le monde, empêchant les exportations de céréales et provoquant, en conséquence, l’inflation des prix des produits alimentaires. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit préoccupé par l’intensification des bombardements en Ukraine, au cours des deux derniers jours, tuant hommes, femmes et enfants.  Il s’est alarmé de ce que les zones résidentielles deviennent des champs de bataille.  Alors que la situation actuelle jette une ombre sur la perspective de paix, le Conseil ne peut pas et ne doit pas perdre espoir, a exhorté le représentant.  Il a réclamé l’intensification des efforts diplomatiques et salué les résultats positifs des visites du Secrétaire général de l’ONU à Kiev et à Moscou, au mois d’avril, démontrant par-là la pertinence de l’ONU dans des circonstances aussi délicates.  Il a encouragé les parties à accepter les bons offices du Secrétaire général pour rétablir la confiance brisée et faire avancer des négociations au point mort.  Le délégué a plaidé pour la cessation immédiate des opérations militaires dans les zones densément peuplées et demandé la création urgente de couloirs humanitaires démilitarisés dans toutes les zones assiégées.  Les travailleurs humanitaires doivent bénéficier d’une bonne protection, a exigé le délégué qui en conclusion, a appelé les parties à la plus grande retenue. 

M. JUAN RAMON DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a déclaré que les bombardements aveugles et brutaux contre des zones résidentielles de plusieurs villes du Donbass, qui ont détruit des infrastructures essentielles de communication et de services, sont tout simplement « inqualifiables ».  Ils compromettent la fourniture des services essentiels et entravent l’accès à plusieurs villes de la région, a-t-il ajouté, ce qui entraîne la dégradation de la situation humanitaire.  Le représentant s’est également dit extrêmement préoccupé par la prolifération des armes, un facteur supplémentaire de volatilité puisque l’accès des civils à ces armes favorise la poursuite du conflit.  Enfin, il a appelé à des pauses humanitaires pour permettre l’évacuation des civils qui cherchent à fuir les zones bombardées.  Il a aussi voulu que l’on facilite de toute urgence les exportations des céréales et des engrais ukrainiens pour atténuer la crise alimentaire mondiale. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a regretté que le Conseil de sécurité ait refusé le droit de parole à la délégation de la République centrafricaine alors qu’il donne la parole aux représentants de l’Ukraine et à leurs alliés.  Il a exhorté le Conseil à cesser de pratiquer le deux poids, deux mesures, et dénoncé la guerre menée depuis huit ans par l’Ukraine contre la population civile du Donbass.  « Le seul front qui intéresse les Occidentaux est le front médiatique », a déploré le représentant.  Il a fustigé ce qu’il a appelé les « infox » de la partie ukrainienne et les fausses légendes construites autour d’un prétendu sacrifice des défenseurs de l’Île aux serpents et d’un prétendu fantôme de Kiev qui aurait abattu des dizaines d’avions russes.  Il a accablé la « propagande ukrainienne qui, à l’instar de l’ancienne propagande nazie, fait passer les soldats russes pour des barbares, des violeurs et pillards de toilettes et de théières ».  Le représentant a nié tout bombardement russe d’un centre commercial à Krementchouk, précisant que la seule frappe menée dans cette ville a visé un entrepôt d’armes françaises et américaines destinées à frapper des villes du Donbass.  Il a indiqué que tous les sites où se trouvent des armes et mercenaires étrangers sont des « cibles légitimes ».  Le représentant a aussi accusé l’Ukraine d’entreposer des armes dans les centres urbains pour utiliser la population comme boucliers humains.  De plus, a-t-il ajouté, n’importe quel expert militaire pourra confirmer que le récent bombardement d’un immeuble à Kiev n’est pas le fruit d’un missile russe mais de la chute d’un missile de la défense antiaérienne ukrainienne.  Il a prévenu que la livraison d’armes occidentales ne fera que prolonger l’agonie du « régime criminel » de Kiev et que l’opération spéciale russe se poursuivra tant que les Occidentaux essaieront de transformer l’Ukraine en anti-Russie et tant que ses dirigeants seront une menace pour la Russie. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé que depuis le début du conflit en Ukraine, son pays n’a cessé d’appeler à la cessation complète de toutes les hostilités et a prôné la voie de la paix, du dialogue et de la diplomatie.  « Nous appuyons tous les efforts visant à alléger les souffrances du peuple ukrainien, en particulier les pourparlers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie », a dit le représentant.  L’Inde a envoyé des fournitures humanitaires à l’Ukraine et à ses voisins, notamment des médicaments et d’autres matériels de secours essentiels.  Elle s’est aussi engagée à travailler de manière constructive pour atténuer l’impact négatif du conflit sur la sécurité alimentaire.  Nous avons accueilli favorablement la recommandation de l’équipe spéciale du Groupe mondial d’intervention en cas de crise, d’exempter les achats de nourriture par le Programme alimentaire mondial (PAM) des restrictions à l’exportation de denrées alimentaires, a précisé le représentant.  L’Inde a fourni une aide financière ainsi que des céréales vivrières aux pays touchés par le conflit en Ukraine.  Elle a exporté 1,8 million de tonnes de blé vers les pays dans le besoin, notamment l’Afghanistan, le Myanmar, le Soudan et le Yémen au cours des deux derniers mois.  L’Inde aide également Sri Lanka à assurer sa sécurité alimentaire.

M. JUN ZHANG (Chine) a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays.  Le représentant a demandé un cessez-le-feu et des pourparlers de paix car il ne faut ménager aucun effort pour parvenir à une désescalade et rétablir la paix le plus tôt possible, atténuer les conséquences humanitaires et stabiliser l’ordre économique mondial.  Il a regretté que le conflit se poursuive et semble vouloir durer.  La situation humanitaire reste catastrophique et le nombre de victimes civiles ne cesse de croître.  Le dialogue et la négociation sont le seul moyen de rétablir et de consolider la paix, a insisté le représentant qui a salué les bons offices du Secrétaire général sur la question des exportations de céréales ukrainiennes.  Selon lui, « la communauté internationale devrait créer un environnement propice à des pourparlers de paix entre les belligérants.  L’envoi d’armes ne ramène pas la paix, pas plus que les sanctions ne permettent de régler les problèmes sécuritaires ».  Le fait de contraindre les pays à prendre parti revient à diviser artificiellement la communauté internationale et rend le monde moins sûr, a ajouté le représentant.  Cela retarde les négociations diplomatiques et ne fait qu’exacerber le conflit.  « L’OTAN doit revoir sa position et ses responsabilités et renoncer à cette mentalité de la guerre froide fondée sur la confrontation entre les blocs », a poursuivi le représentant, avertissant que la Chine suit de très près les actions de l’OTAN.  Il a exhorté l’Alliance à ne pas utiliser la crise en Ukraine comme une excuse pour alimenter les confrontations entre les blocs et se lancer dans une nouvelle guerre froide.  « L’Alliance ne doit pas rechercher des ennemis artificiels en Asie pacifique, ne pas semer la division et la discorde. »  La Chine, a insisté le représentant, est fermement opposée à ceux qui revendiquent l’implication de l’OTAN en Asie-Pacifique.  Les troubles qui agitent certaines régions du monde ne doivent pas se produire dans cette région, a-t-il mis en garde. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a déploré l’intensification des frappes dans des zones urbaines densément peuplées et dans les villes ukrainiennes des lignes de front.  Il est plus que temps de négocier un cessez-le-feu comme première étape vers une sortie de crise durable, a-t-elle souligné, avertissant des risques d’insécurité alimentaire et énergétique dans le monde.  La Charte prévoit des outils pour mener à la fin de ce conflit par la voie du dialogue, a noté la représentante, qui a encouragé les parties à saisir l’occasion que leur est donnée de s’impliquer, sous l’égide de l’ONU, dans des pourparlers de bonne foi. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a souligné les conséquences de la guerre qui exacerbent l’insécurité alimentaire dans des pays déjà en proie à des conflits dont certains sont menacés par le spectre de la famine alors que les humanitaires rencontrent des difficultés à fournir l’aide alimentaire dont les populations ont urgemment besoin.  Face à une inflation sans précédent, qui met à mal les économies, la représentante a estimé qu’il est encore temps d’éviter le chaos et d’aider les parties au conflit à trouver un consensus sur l’exportation des tonnes de blé retenus dans les ports ukrainiens.  À cet égard, elle a salué l’action menée par l’Union africaine, en espérant qu’elle donnera des résultats dans des délais raisonnables.  Elle a expliqué que de nombreux agriculteurs, notamment africains, attendent les fertilisants. 

Après avoir condamné les frappes contre les personnes et infrastructures civiles, dont un centre commercial au centre de l’Ukraine, la représentante s’est particulièrement inquiétée de la tendance à banaliser la menace d’utiliser des armes de destruction massive.  Persuadée que la communauté internationale a des moyens d’actions pour ramener les protagonistes à la table des négociations, la représentante a plaidé pour un engagement de bonne foi et pour un recours à tous les canaux diplomatiques et politiques afin de trouver une issue négociée et consensuelle au conflit. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a demandé à la Fédération de Russie de cesser immédiatement ses attaques aveugles contre les personnes et infrastructures civiles.  Le fait de cibler des zones résidentielles est inacceptable, a-t-elle martelé.  Les populations civiles doivent être protégées et toutes les précautions doivent être prises à leur égard, conformément au droit international humanitaire.  Elle n’a manqué de condamner le Bélarus pour avoir facilité l’agression russe contre l’Ukraine. 

Reprises de parole

À son tour, le Royaume-Uni a rappelé à son homologue russe que ce sont les forces de son pays qui sont en Ukraine.  Il n’y a aucun soldat ukrainien dans la Fédération de Russie, a-t-il dit, en prévenant: nous avons un agresseur ici qui sera bientôt rattrapé par les preuves et qui devra rendre des comptes pour les crimes qu’il a commis.

Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’un pays connu pour falsifier les faits et fabriquer des affaires dans lesquelles nous serions prétendument impliqués, a rétorqué la Fédération de Russie.

Déclarations

Au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), Mme KRISTEL LÕUK (Estonie) a salué le courage du Président Volodymyr Zelenskyy et du peuple ukrainien.  Incapable de vaincre l’Ukraine sur le champ de bataille, a-t-elle accusé, l’armée russe a choisi de terroriser la population, comme en atteste le bombardement d’un centre commercial bondé de Krementchouk, et ce, sans aucune justification militaire.  Ce sont des violations flagrantes du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies.  Les violations systématiques du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et les attaques délibérées contre des biens à caractère civil et des civils constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité et peut-être même un génocide, a prévenu la représentante.  Elle a appelé la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour que les responsables de ces atrocités criminelles répondent de leurs actes. 

Elle s’est aussi dite préoccupée par la rhétorique dangereuse et irresponsable de la Fédération de Russie sur les armes de destruction massive et l’intention de renforcer la force de frappe nucléaire du Bélarus.  Elle a exhorté ces deux pays à agir conformément à leurs engagements internationaux et à cesser de déstabiliser le monde « à coups de sabre nucléaire ».  La représentante a dûment condamné l’implication du Bélarus et son rôle de complice de l’agression contre l’Ukraine.  Elle a aussi condamné le fait que la Fédération de Russie fasse des exportations des céréales une arme de guerre.  Plus de 20 millions de tonnes de céréales, s’est-elle expliquée, sont actuellement bloquées en Ukraine.  La représentante a apporté son appui aux efforts de l’ONU pour trouver une solution urgente à l’exportation des céréales ukrainiennes et a exhorté la Fédération de Russie à assurer le libre passage des navires à partir des ports ukrainiens.  Ce pays, a-t-elle conclu, doit cesser immédiatement ses attaques aveugles et retirer ses troupes sans condition préalable de l’ensemble du territoire ukrainien. 

M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a tenu à le dire « haut et fort »: au cours de ces seuls quatre derniers jours, la Fédération Russie a tiré plus de 130 missiles sur les villes ukrainiennes de Kiev, Kharkiv, Mykolaïv et Odessa.  En décidant de frapper des objectifs dénués d’intérêt militaire, il ne fait aucun doute que Moscou veut causer d’importantes pertes humaines, terroriser la population et perturber le fonctionnement des infrastructures nécessaires à la vie quotidienne des gens.  Parce que la Fédération de Russie se moque du Conseil de sécurité, il est de notre devoir, a martelé le représentant, de travailler ensemble pour recueillir les preuves de toutes les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en Ukraine.  Après avoir salué le courage des Ukrainiens, « qui résistent toujours aux forces de l’agresseur », il a exhorté la Fédération de Russie à arrêter la guerre et à retirer ses forces de l’Ukraine, « seul moyen d’éviter de nouvelles morts civiles ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le débat public sur les méthodes de travail insiste sur la transparence et la crédibilité, notamment lors de l’utilisation du veto

9079e séance,
matin
CS/14950

Conseil de sécurité: le débat public sur les méthodes de travail insiste sur la transparence et la crédibilité, notamment lors de l’utilisation du veto

Le Conseil de sécurité a débattu de ses méthodes de travail, ce matin, au cours d’un débat public qui a réuni une quarantaine de délégations.  En 2022, le Conseil de sécurité est plus que jamais sur la sellette, a déclaré la Directrice exécutive de Security Council Report, Mme Karin Landgren, en observant qu’il est scruté de toute part, au sein de l’Organisation elle-même, par les médias, les cercles universitaires et le grand public, et plus encore, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.

Ce débat a été l’occasion de commenter la récente résolution 76/262 de l’Assemblée générale, adoptée le 22 avril 2022, qui prévoit qu’elle doit se réunir à la suite de tout veto au Conseil de sécurité.  S’il est trop tôt, de l’avis de Mme Landgren, pour prédire l’évolution de cette initiative, les États-Unis se sont félicités que ce texte ait été déjà appliqué, après un véto sur la question de la prolifération nucléaire, permettant ainsi à tous les États Membres d’y réagir.  Les discussions ont aussi rappelé le Code de conduite du Groupe ACT et l’initiative franco-mexicaine sur la non- utilisation du droit de veto en cas d’atrocité de masse, tandis que le Brésil a affirmé que tout débat sur les méthodes de travail du Conseil doit avoir pour cadre général la question de la réforme du Conseil de sécurité. 

Le débat d’aujourd’hui s’est basé sur les exposés de Mme Landgren et de Mme Loraine Sievers, coauteure de la quatrième édition de l’ouvrage « The procedure of the UN Security Council » (Les procédures du Conseil de sécurité de l’ONU).  Celle-ci a jugé très positif que le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure ait décidé de publier des rapports annuels, au même titre que les autres groupes de travail thématiques du Conseil.  Elle a ensuite proposé des améliorations concernant le calendrier de travail du Conseil, les réunions en formule Arria et les évaluations mensuelles des travaux.  Pour le calendrier, elle a estimé justifié d’y inclure les dialogues interactifs informels, d’autant plus qu’il s’agit d’événements dirigés par la présidence.  De même pour les séances de formule Arria.

Ces réunions organisées par des membres individuels du Conseil sont en effet devenues un élément important de la manière dont ses membres interagissent avec l’ensemble des États Membres ainsi qu’avec la société civile, a fait observer Mme Sievers qui a donc suggéré de les inclure dans le calendrier du Conseil en faisant valoir l’argument de la crédibilité de celui-ci.  Mais pour la France, si ces séances informelles Arria sont « précieuses », elles sont aujourd’hui trop nombreuses et leur usage parfois « dévoyé ».  La Chine en a compté 32 en 2021 et y a vu un gaspillage des ressources.

En ce qui concerne la rédaction de projets de résolutions, Mme Landgren a rappelé la « véritable percée » qui a eu lieu en 2019, lorsque l’Allemagne et le Royaume-Uni ont partagé « la plume » sur le dossier du Darfour et sur les sanctions contre la Libye, instituant un précédent important.  Aujourd’hui, les États-Unis partagent la plume avec le Mexique sur Haïti, et avec l’Albanie sur l’Ukraine.  La délégation chinoise a apprécié cette pratique de nommer plusieurs porte-plumes par dossier, car cela évite qu’un membre impose une approche trop nationale.

Mme Landgren a également vanté les mérites des missions de visite du Conseil qui sont importantes pour le renforcement de la confiance.  Elles offrent aussi aux membres la possibilité de discuter de façon plus officieuse et de constater des faits sur le terrain.  Elle a fait plusieurs suggestions à ce sujet, comme avoir davantage recours aux « mini-missions » et développer les visites virtuelles.

À propos de virtualité, les États-Unis ont estimé que les séances en visioconférence, fruit de l’adaptation à la COVID-19, devraient être considérées comme des séances publiques.  Le Koweït a, lui aussi, salué les initiatives fructueuses adoptées pendant la période de pandémie, à même de renforcer la flexibilité et l’efficacité, notamment la participation à distance d’intervenants.  D’autres ont insisté au contraire sur les séances en présentiel, notamment la Fédération de Russie pour qui les réunions en personne sont essentielles pour garantir la meilleure coopération possible entre membres du Conseil.  Le Luxembourg et le Liechtenstein ont également demandé d’accorder la priorité à la tenue de réunions en personne, mais surtout parce qu’elles facilitent l’accès « en toute transparence » de tous les États et de la société civile à ses travaux.

Les États-Unis se sont réjouis à ce sujet de la volonté d’associer davantage d’intervenants de la société civile et des femmes aux travaux du Conseil.  L’objectif est que tous les points de vue soient pris en considération lorsque le Conseil de sécurité aborde des questions importantes, ont-ils argué.  Dans le même esprit, Malte, en tant que futur membre élu pour la période 2023-2024, a plaidé pour des réunions publiques plus interactives, qui permettent de trouver des solutions mutuellement acceptables par tous. 

MÉTHODES DE TRAVAIL DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2022/499)

Déclarations liminaires

Mme LORAINE SIEVERS, coauteure de la quatrième édition de l’ouvrage « The procedure of the UN Security Council » (Les procédures du Conseil de sécurité de l’ONU), qui intervenait par visioconférence, a estimé opportun ce débat qui se tient à un moment où de nouveaux défis géopolitiques ont entraîné une fragmentation accrue au sein du Conseil de sécurité.  Elle a remarqué que le Conseil est scruté de toute part -au sein de l’Organisation elle-même, par les médias, les cercles universitaires et le grand public- et plus encore, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Tous examinent la Charte des Nations Unies pour connaître ce que sont réellement les pouvoirs du Conseil de sécurité et force est de constater que le Conseil est confronté, aujourd’hui, à deux problèmes liés à la transparence, a-t-elle identifié.  Il s’agit, en premier lieu, de savoir quelle part de ses travaux, relève du « visible/public », et quelle autre part relève du « privé ».  À ce niveau « c’est vous », les membres actuels du Conseil, qui avez le plein contrôle sur la manière de trouver cet équilibre entre le public et le privé, a-t-elle tranché.

Quant au deuxième problème de transparence, il n’est pas le fait, selon elle, de ce Conseil, puisqu’il s’agit plutôt d’un problème hérité.  En effet, a expliqué Mme Sievers, au cours de ses 76 ans d’existence, l’organe exécutif a développé un corpus extrêmement complexe de précédents et d’interprétations concernant les articles applicables de la Charte, ainsi que le règlement intérieur provisoire.  Il existe aujourd’hui, par exemple, six avis consultatifs de la Cour internationale de Justice (CIJ) ayant une incidence directe sur le fonctionnement du Conseil.  En outre, depuis 2017, le Conseil a adopté 14 notes présidentielles sur les méthodes de travail, qui comprennent 168 paragraphes opérationnels.  Sans compter, les innombrables modalités qui n’ont jamais été mises par écrit, telles que « mettre une résolution en bleu » ou adopter un « texte présidentiel ».

Le contexte complexe dans lequel le Conseil fonctionne est largement méconnu, selon Mme Sievers.  En effet, a-t-elle fait observer, même lorsqu’il mène ses activités au vu et au su de tous, son fonctionnement n’est pas toujours bien compris.  C’est pourquoi, elle a proposé d’examiner quatre aspects pour remédier à cette situation.  Pour commencer, elle a qualifié d’évolution « très positive », le fait que le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure -présidé cette année par l’Albanie- ait décidé de commencer à publier des rapports annuels, au même titre que les autres groupes de travail thématiques du Conseil.  Ce Groupe est principalement connu pour avoir négocié des notes présidentielles sur les méthodes de travail, mais sa contribution est bien plus large, puisqu’il surveille, a-t-elle détaillé, la mise en œuvre des notes existantes et examine les problèmes de procédure qui se posent de manière ponctuelle.  Ses rapports annuels seront donc utiles pour faire connaître au public l’ensemble des efforts déployés par les membres du Conseil pour améliorer les méthodes de travail, a-t-elle estimé.  À cet égard, Mme Sievers a suggéré aux membres du Conseil d’envisager d’y inclure une brève indication de toutes questions de procédure importante survenues au cours de l’année au sein de l’organe exécutif, citant par exemple les votes de procédure ou encore la formulation de nouveaux points à l’ordre du jour.  Elle a rappelé que, lors des débats de l’Assemblée générale sur le rapport annuel du Conseil, certains États ont demandé que les développements procéduraux soient couverts dans l’introduction du rapport.  Mais, comme cette suggestion s’est avérée irréalisable, le rapport du Groupe de travail pourrait fournir, à son avis, une alternative viable. 

Poursuivant, elle a tenu à exprimer son soutien aux propositions visant à rendre le programme de travail mensuel du Conseil totalement exhaustif.  Au cours des premières années, le calendrier n’indiquait que les activités du Conseil publiées dans le Journal des Nations Unies, c’est-à-dire les réunions officielles et les consultations à huis clos.  Mais ce critère s’est érodé au fil du temps, le calendrier incluant désormais des activités très informelles telles que la réunion des coordinateurs politiques le premier jour ouvrable de chaque mois.  Il est désormais justifié, à ses yeux, d’y inclure les dialogues interactifs informels, d’autant plus qu’il s’agit d’événements du Conseil dirigés par la présidence. 

Venant aux réunions sous la formule Arria, répertoriées sur le site officiel du Conseil, bien qu’organisées par des membres individuels de l’Organe, sans en nécessiter le soutien dans son ensemble, elles sont devenues un élément important de la manière dont les membres du Conseil interagissent avec l’ensemble des membres des Nations Unies, la société civile et entre eux, a-t-elle fait observer.  C’est pourquoi, Mme Sievers a suggéré de les inclure dans le calendrier, ce qui donnerait, selon elle, une image plus précise de la façon dont les membres abordent globalement les questions pertinentes pour le Conseil.  Aux membres du Conseil qui s’opposent à l’inclusion de ces autres réunions dans le calendrier, elle a fait valoir l’argument de crédibilité du Conseil.

Enfin, une autre façon de jeter davantage de lumière sur les méthodes de travail du Conseil est de leur accorder une plus grande couverture dans chaque évaluation mensuelle de la présidence.  À ce sujet, elle a souhaité apporter une clarification importante à ces évaluations lancées, en 1997, par la note présidentielle S/1997/451.  Cette note, a-t-elle rappelé, précise que les évaluations sont préparées par les membres du Conseil « sous leur propre responsabilité » et « ne doivent pas être considérées comme représentant les vues du Conseil ».  De fait, a noté l’intervenante, au cours des 18 premières années de mise en œuvre de cette note -à deux exceptions près-, le taux de publication était de 100%.  Mais la situation a radicalement changé en 2015, lorsque certains membres du Conseil, apparemment « ignorants » de la note présidentielle, ont soutenu que les évaluations devraient être approuvées par consensus, ce qui a entraîné une chute spectaculaire de leur taux d’exécution.  C’est pourquoi, elle a lancé un appel pour un retour à la lettre et à l’esprit de la note présidentielle de 1997. 

L’objectif final du Conseil est d’adopter des décisions efficaces qui sont effectivement mises en œuvre, ce qui ne requiert pas seulement l’assentiment des États Membres de l’ONU, mais aussi leur engagement actif, a-t-elle insisté.  Bien que de nombreux facteurs déterminent le niveau de soutien des États Membres aux décisions du Conseil, lorsque « l’opacité » semble entourer le fonctionnement du Conseil, cela peut renforcer un « sentiment de méfiance, voire d’illégitimité », a-t-elle averti.  Dans le même temps, même dans des périodes de division comme celle-ci, si le Conseil est perçu comme agissant de bonne foi pour clarifier ses méthodes de travail, cela peut contribuer, a conclu Mme Sievers, à favoriser un partenariat plus coopératif avec l’ensemble.

Mme KARIN LANDGREN, Directrice exécutive de Security Council Report, a dit qu’en 2022, le Conseil de sécurité est plus que jamais sur la sellette.  Les questions difficiles qui lui sont soumises démontrent l’espoir placé dans ses membres dont on attend qu’ils agissent efficacement pour défendre la Charte des Nations Unies et pour prévenir les violations et y répondre.  La paix doit se faire entre adversaires, et pas entre amis, a-t-elle souligné en espérant que les méthodes de travail offrent des solutions dans le contexte difficile d’aujourd’hui.  Elle a souhaité que le travail du Conseil soit mieux connu et apprécié, ce qui aidera à renforcer sa légitimité.  Rappelant qu’au cours de l’année écoulée, le Conseil a été aux prises avec des crises telles que la guerre en Ukraine et les bouleversements en Afghanistan, en Haïti et dans un certain nombre de pays d’Afrique, elle a souligné que des mesures importantes ont été prises pour élargir l’engagement des États Membres en faveur de la paix et de la sécurité internationales. 

Rappelant en outre la résolution 76/262 de l’Assemblée générale stipulant qu’elle se réunirait à la suite de tout veto au Conseil de sécurité, Mme Landgren a indiqué qu’il est trop tôt pour prédire l’évolution de cette initiative.  « Il s’agit de voir comment une plus grande appropriation amène les Membres à réfléchir à d’autres questions. »  Mais la véritable percée a eu lieu en 2019, a ajouté l’oratrice, lorsque l’Allemagne et le Royaume-Uni ont partagé « la plume » sur le Darfour et sur les sanctions contre la Libye, constituant un précédent important.  Aujourd’hui, les États-Unis partagent la plume avec le Mexique sur Haïti, et avec l’Albanie sur l’Ukraine.  Le partage de la plume entre les membres permanents et élus élargit l’appropriation, la prise en charge et fait mieux connaître la situation, a expliqué Mme Landgren en y voyant aussi une occasion d’avoir des stratégies plus cohérentes du Conseil en faveur de la paix.  Elle a regretté qu’il n’y ait pas, à l’heure actuelle, de partage de rôle avec les présidents des comités des sanctions et les personnes qui suivent de près l’évolution de la situation dans leurs pays et qui sont susceptibles d’avoir des informations précieuses pour le Conseil. 

S’agissant du renforcement de la confiance, les missions de visite du Conseil offrent aux membres la possibilité de discuter de façon plus officieuse et de voir les faits sur le terrain, a affirmé l’oratrice.  Avant la COVID-19, le Conseil effectuait quatre ou cinq missions de visite par an.  La visite dans le bassin du lac Tchad en mars 2017 a abouti à la résolution 2349 (2017) qui traite des dimensions sécuritaires, humanitaires et environnementales négatives de la crise de Boko Haram dans la région, a-t-elle rappelé avant de parler des missions en Colombie en mai 2017 et juillet 2019 qui ont signalé le soutien politique du Conseil à la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2016.  L’accent était mis sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans le règlement des conflits en cours ou émergents dans leurs régions.  Le Conseil pourrait également accorder la priorité aux visites pour discuter de la prévention des conflits, a-t-elle suggéré avant de proposer aussi de tirer parti des visites virtuelles qui pourraient se développer.  Elle a aussi apprécié les « mini-missions », qui donnent au Conseil la souplesse nécessaire pour un engagement rapide et direct en cas de besoin. 

Mme Landgren a fait une suggestion pratique à cet égard: le Conseil devrait à son avis décider plus systématiquement des missions de visite.  Une possibilité serait qu’au début de l’année, le Groupe informel sélectionne plusieurs situations qui pourraient être intéressantes pour que le Conseil se rende sur le terrain.  Le Conseil dispose de tout une gamme d’outils à sa disposition, a noté en conclusion Mme Landgren tout en faisant remarquer que ces outils ne remplaceront jamais la volonté politique nécessaire pour faire respecter la Charte des Nations Unies. 

Déclarations

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a notamment rappelé que toute modification des méthodes du Conseil de sécurité relève de la responsabilité de cet organe.  Elle a ajouté que ces modifications doivent avoir pour unique objet de rendre le Conseil de sécurité plus efficace.  La représentante a salué le fait qu’en dépit de la crise sanitaire, le Conseil, en sachant s’adapter à cette nouvelle réalité, a réussi à assurer une continuité de ses activités.  Toutefois, « les réunions en personne sont essentielles pour garantir la meilleure coopération possible entre membres du Conseil », a-t-elle insisté.  Selon elle, il n’est donc pas utile d’institutionnaliser les mesures temporaires.  La représentante a ensuite jugé que les questions de méthode et de fond sont indissociables, or certains membres inscrivent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité des points, comme les droits de l’homme et l’environnement, qui ne correspondent pas aux compétences de l’organe.  « Le Conseil ne peut pas régler ces problèmes, si bien que les aborder ne peut que viser à exercer des pressions sur certains pays », a-t-elle affirmé.  À cet égard, elle a attiré l’attention sur les doutes grandissants de l’opinion publique quant à l’impartialité des opérations de maintien de la paix, la situation en Afghanistan étant par exemple réduite à des questions humanitaires « alors que l’économie du pays s’effondre ».  De même, la représentante a déploré que les sanctions pesant sur la République centrafricaine et le Soudan soient toujours en vigueur alors même que la situation de ces pays ne les requiert plus.  « De toute évidence, leur maintien ne sert plus aux pays occidentaux qu’à continuer d’exercer des pressions sur ces pays », a-t-elle accusé.  Au sujet du droit de veto, elle a indiqué que son examen ne relève pas des méthodes de travail du Conseil, car ce droit constitue « la pierre angulaire de tout l’édifice onusien de maintien de la paix et de la sécurité ».  Sur l’Ukraine, « on frise l’absurde », a-t-elle également lancé, qualifiant le Conseil de « plateforme de propagande des pays occidentaux ». 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), s’exprimant au nom des dix États Membres élus au Conseil de sécurité (E10), a déclaré qu’un Conseil transparent ne devrait pas se faire au détriment d’un Conseil efficace et efficient.  « Ce n’est pas un jeu à somme nulle. » Le Conseil doit trouver un équilibre sain entre les réunions publiques et privées, à la fois pour améliorer la transparence et la visibilité des travaux du Conseil et pour encourager une plus grande interactivité des discussions et la recherche de consensus.  La représentante a pensé également que la transparence et la responsabilité du Conseil peuvent être améliorées en ce qui concerne la documentation qui lui est adressée par les États Membres de l’ONU.  Dans le même ordre d’idées, il est nécessaire d’améliorer la fourniture d’informations et de documents du Conseil, passés et présents, aux membres non permanents.  « Un Conseil efficace est un Conseil agile », a fait valoir Mme Byrne Nason, soulignant l’importance d’enregistrer les meilleures pratiques et les leçons tirées des méthodes de travail instituées par le Conseil pendant la pandémie de COVID-19.

Ensuite, la représentante a jugé crucial d’intégrer les questions sexospécifiques dans les méthodes de travail du Conseil.  Elle a souhaité que les intervenants invités à s’y exprimer soient choisis dans le respect des objectifs de parité, mais aussi de la diversité en général.  Elle s’est par ailleurs dit consciente de la nécessité d’améliorer la mise en œuvre des sanctions ciblées en mettant en place des mécanismes d’examen qui permettent une évaluation claire, équitable et renforcée, pour assurer notamment que les sanctions n’entraînent pas des conséquences négatives sur les activités humanitaires.  De même, la représentante a souhaité que les inscriptions et radiations des listes du Conseil de sécurité soient fondées sur des preuves. 

Les membres du E10 soulignent la nécessité urgente d’une réforme globale du Conseil de sécurité, afin que le Conseil reflète les réalités contemporaines.  L’organe continue de manquer d’une composition véritablement représentative, a poursuivi Mme Byrne Nason.  En outre, a-t-elle relevé, depuis le dernier débat sur les méthodes de travail, le Conseil n’a pas adopté trois résolutions en raison de l’usage du droit de veto.  « L’usage ou la menace d’usage du veto peut empêcher le Conseil d’agir sur des sujets vitaux », a-t-elle averti.  Les membres non permanents appellent à la modération dans l’usage du veto, en particulier sur les actions visant à prévenir les crimes les plus graves de portée internationale - le cœur même du mandat de ce Conseil.

Mme TRINA SAHA (États-Unis) a dit que la note 507 (S/2017/507) et les notes adoptées ultérieurement sont le fruit de négociations très longues dont l’objectif est d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité.  Elle s’est réjouie de la volonté des États d’améliorer le travail du Conseil en y associant davantage d’intervenants de la société civile et des femmes.  L’objectif est que tous les points de vue soient pris en considération lorsque le Conseil de sécurité aborde des questions importantes, a-t-elle noté en insistant pour que toutes les voies soient entendues.  Saluant l’adaptation du Conseil aux contraintes de la pandémie de COVID-19, elle a estimé que les réunions virtuelles devraient être considérées comme des réunions publiques du Conseil de sécurité.  Elle a suggéré que le Conseil adopte un plan en vue de se préparer à des urgences futures et d’être mieux préparé grâce un processus de délibération bien réfléchi plutôt que de trouver ensuite des solutions à la va-vite.

Les États-Unis, a déclaré la déléguée, ont plus de 76 années d’expérience en tant que membre permanent et, à chaque fois qu’il y a eu une proposition visant à adapter les méthodes de travail du Conseil, nous avons tenu compte des répercussions à long terme de ladite proposition.  L’important est de trouver un équilibre entre la souplesse et l’adaptabilité face aux circonstances, d’un côté, et les retombées, de l’autre, a-t-elle fait valoir.  Selon la représentante, les méthodes de travail ont résisté à l’épreuve du temps.  Il faut continuer de les améliorer grâce aux consultations informelles au sein du groupe de travail dédié.  Rappelant que sa délégation est coautrice de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, elle a dit être ravie que ce texte ait été appliqué après un véto sur la question de la prolifération nucléaire, permettant ainsi à tous les États Membres de réagir à ce recours au veto.  Cela ne signifie pas nécessairement que l’Assemblée générale doit adopter une résolution sur le sujet, a prévenu la déléguée demandant un équilibre sain entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a commencé par appeler au respect du mandat du Conseil au lieu de l’utiliser pour diffuser de la propagande et de la désinformation.  Il a pointé du doigt, à cet égard, la Russie qui continue de nier qu’il s’agit d’une guerre en Ukraine alors que ses missiles ne cessent de frapper ce territoire.  Quant aux allégations de la Fédération de Russie portées contre sa délégation concernant la Libye, il a réitéré sa position, « soutenue d’ailleurs par d’autres délégations », que le retrait du groupe Wagner est un élément essentiel si « nous voulons avancer » sur ce dossier.  S’agissant du Yémen, le représentant a souligné les progrès réalisés depuis le début de l’année, se félicitant que grâce aux membres du Conseil et aux acteurs de la région, une trêve se maintient aujourd’hui.

Enfin, concernant les procédures, il a appelé à tenir compte des règle fondatrices des Nations Unies.  Malheureusement, le véritable problème aujourd’hui est posé au Conseil par un membre permanent qui bafoue la Charte et envahit un pays souverain, a-t-il dénoncé, estimant que les répercussions de ces agissements sont très lourdes et touchent de nombreuses questions dont le Conseil est saisi.  Aux États Membres qui feront part aujourd’hui de leurs préoccupations concernant les divisions au sein du Conseil, il a répondu que ce n’est pas l’ajustement des méthodes de travail qui résoudra ce problème, mais la fin de la guerre de la Russie en Ukraine.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), au nom de son pays et de l’Inde, a souligné l’importance des améliorations apportées ces dernières années aux méthodes de travail, ajoutant toutefois que les problèmes qui affectent le Conseil de sécurité vont « bien au-delà » desdites méthodes.  Pour l’Inde et le Brésil, en effet, améliorer les méthodes de travail du Conseil ne suffira jamais à corriger son problème fondamental à savoir son manque de représentativité.  « Nous sommes donc fermement convaincus que tout débat sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité doit avoir pour cadre général la question de la réforme du Conseil de sécurité », a insisté le représentant.  Réformer en profondeur le Conseil, en transformant sa taille et sa composition, est un objectif politique de premier ordre, « comme en témoignent les déclarations prononcées par nos propres dirigeants année après année au cours de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale ».  Comment pouvons-nous rester ici en ignorant ces appels? a-t-il demandé, ajoutant qu’un Conseil plus représentatif, efficace et légitime est potentiellement « un élément essentiel du système multilatéral ».  Le représentant a déclaré que si les pays veulent vraiment rendre le Conseil plus efficace, ils doivent aller au bout du processus de réforme en cours à l’ONU depuis trois décennies. 

M. ZHANG JUN (Chine) a rappelé que les méthodes de travail sont politiques et ne se résumeront jamais à une question technique.  Il a appelé les membres du Conseil de sécurité à afficher un front commun pour promouvoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a exhorté le Conseil à se concentrer sur les questions urgentes et pressantes et à éviter de se disperser sur de nouvelles questions non pertinentes.  Il a appelé à éviter l’inflation du nombre de réunions en jugeant notamment inutile de consacrer trois réunions par mois à la Syrie.  Sur le même ton, il a appelé à mieux gérer les réunions en formule Arria en faisant remarquer que les 32 réunions de ce type tenues en 2021 ont mobilisé les ressources déjà limitées des délégations.  Il a appelé à nommer plusieurs porte-plumes par dossier afin d’éviter qu’un porte-plume n’impose une approche trop nationale à un dossier particulier.  Il a espéré un meilleur « contrôle de qualité » des intervenants de la société civile invités à prendre la parole au Conseil de sécurité afin de s’assurer de l’objectivité de leurs interventions.  Enfin, notant que les tensions au Conseil de sécurité sont liées à la division des membres en « différents camps », il a précisé qu’un grand nombre de ses membres font partie d’un groupe partageant une politique étrangère similaire ou identique et ayant une influence sur les médias. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a rappelé que le Conseil de sécurité et l’ensemble du système multilatéral font face à des défis majeurs en particulier la pandémie de COVID-19 et les conséquences de l’agression russe contre l’Ukraine.  Pour y répondre, nous avons besoin d’un Conseil de sécurité tourné vers l’action et les résultats, a-t-elle résumé.  « Un Conseil de sécurité efficace, c’est tout d’abord, un Conseil réformé pour gagner en autorité et en représentativité. »  Deuxièmement, a fait valoir Mme Gasri, « nous devons trouver le meilleur équilibre entre diplomatie publique et travaux à huis clos ».  Si les réunions publiques sont utiles car elles permettent une plus grande inclusion en donnant la parole aux États Membres concernés et à la société civile, il faut veiller à préserver un espace suffisant pour les discussions non publiques et les négociations entre membres du Conseil car ce sont celles qui permettent de faire bouger les lignes et d’arriver à des compromis.  « Nous devons passer moins de temps à réitérer nos positions souvent bien connues et davantage de temps à négocier. »  De la même manière, les réunions informelles en format Arria sont précieuses mais elles sont aujourd’hui trop nombreuses et leur usage parfois « dévoyé ». 

Troisièmement, a poursuivi a déléguée, le Conseil doit savoir prendre ses responsabilités et se saisir des situations qui peuvent constituer des menaces pour la paix et la sécurité internationales.  Les organisations régionales ont un rôle important à jouer, défini au Chapitre VIII de la Charte, mais il ne s’agit pas de « dessaisir » le Conseil.  Quatrièmement, les meilleures méthodes de travail ne remplaceront jamais l’esprit de responsabilité et de compromis qui demeure indispensable pour trouver des solutions aux crises.  À cet égard, a regretté la déléguée, « le Conseil a été utilisé à plusieurs reprises ces derniers mois comme une plateforme de désinformation.  Cet usage dévoyé du Conseil affaiblit dangereusement son autorité.  Il doit cesser ».  Enfin, la France considère que la menace du recours au veto « à tout bout de champ » comme instrument de négociation n’est pas acceptable.  La France porte, conjointement avec le Mexique, une initiative qui propose la suspension volontaire et collective du recours au veto en cas d’atrocités de masse, et qui est déjà soutenue par 106 États Membres. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a estimé que disposer de méthodes de travail efficaces est utile non seulement pour assurer la vitalité du Conseil mais également pour l’ensemble de l’Organisation.  Il ne s’agit pas de réformer la Charte mais de la mettre en œuvre, a-t-il déclaré.  Pour moderniser les méthodes de travail, il ne faut pas se pencher uniquement sur les communications internes entre les États membres du Conseil et entre ce dernier et les organes subsidiaires, il faut également écouter le dialogue entre le Conseil de sécurité et les autres membres du système.  Le délégué a insisté sur l’importance de renforcer les liens entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  La revitalisation des méthodes de travail permettra, selon lui, d’avoir un organe plus efficace, assumant mieux ses responsabilités en matière de paix et de sécurité internationales.  Pour finir, il a réitéré son appui à tous les aspects de la note S/2017/507 et s’est dit favorable à son actualisation permanente.

Mme PASCALE BAERISWYL (Suisse), au nom du Groupe « Responsabilité, cohérence et transparence » (Groupe ACT), a estimé qu’une action rapide et décisive du Conseil de sécurité est nécessaire pour prévenir et répondre aux conséquences dévastatrices des conflits armés pour les civils dans le monde entier.  Le nouveau mécanisme de responsabilisation découlant de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale mobilise l’ensemble des membres de l’ONU chaque fois que le Conseil n’est pas en mesure de remplir ses fonctions en raison de l’utilisation du droit de veto d’un membre permanent, a-t-elle rappelé.  La représentante a également attiré l’attention sur l’importance de renforcer les méthodes de travail du Conseil selon trois axes: l’innovation institutionnelle, l’inclusivité, et, enfin, l’utilisation par le Conseil de tous les formats de délibération disponibles, cela « pour forger un consensus et permettre au Conseil de sécurité de répondre aux situations de menaces émergentes dont il est saisi ». 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg), qui s’exprimait au nom du Bénélux (Belgique, Pays- Bas, Luxembourg), a regretté l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité, qui n’est pas en mesure de défendre les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies, notamment en raison du nombre croissant de vetos.  « Le non-respect de la Charte des Nations Unies et du droit international a des conséquences dévastatrices pour les civils dans de nombreuses régions dans le monde, notamment en Syrie, dans les territoires palestiniens occupés, en Ukraine, en Afghanistan. »  Au vu des multiples défis, le Benelux juge crucial de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ainsi que la Commission de consolidation de la paix et les organisations régionales pour assurer la transparence des travaux du Conseil et de renforcer sa responsabilité.  « Les récents efforts entrepris dans ce sens sont les bienvenus, en particulier grâce à l’initiative sur le veto. » 

Le représentant a encouragé le Conseil de sécurité à veiller à inclure tous les États Membres et tous les acteurs concernés, en mettant un accent particulier sur la participation de la société civile aux réunions du Conseil.  « Le Conseil a tout intérêt à renforcer ses échanges avec tous les acteurs pertinents dans une situation de crise ou de conflit. » Une approche inclusive permettra selon lui de renforcer l’efficacité et la légitimité du Conseil.  La participation en personne des États Membres et observateurs aux débats publics du Conseil revêt une importance particulière dans ce contexte, a-t-il encore estimé.  Le représentant a en outre encouragé le Conseil de sécurité à reprendre la pratique des visites de terrain, permettant un échange avec un large éventail d’acteurs et d’acquérir une compréhension directe de la dynamique sur le terrain.  Il est également crucial de renforcer la mémoire institutionnelle des méthodes de travail du Conseil en y intégrant les leçons apprises pendant la pandémie de COVID-19, dans le but de renforcer l’agilité du Conseil et de mieux anticiper les défis à l’avenir.  Enfin, le Bénélux appelle tous les États Membres à adhérer au « Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre » élaboré dans le cadre du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT). 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a espéré que ce débat aidera à actualiser la note S/2017/507 estimant qu’il est possible d’améliorer les méthodes de travail du Conseil.  À cet égard, la recherche d’informations reste un élément fondamental, a estimé le représentant qui a noté une augmentation du nombre de réunions publiques du Conseil avec une plus grande participation des États Membres.  Il a souhaité davantage de réunions avec la Commission de consolidation de la paix et les autres organes de l’ONU.  Selon lui, les processus de sélection et de nomination des présidents des organes subsidiaires et des groupes d’experts doivent être plus transparents, inclusifs et équilibrés, et respecter une meilleure représentation géographique.  Le Guatemala souligne en outre l’importance de consultations fréquentes entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, ce qui permet d’améliorer les capacités du Conseil à prendre des décisions efficaces. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a pressé le Conseil de sécurité de veiller au plein respect de la Charte des Nations Unies et de s’abstenir d’adopter des décisions qui y contreviennent ou d’examiner des circonstances qui ne constituent pas une menace pour la paix et la sécurité internationales, ainsi que des questions relevant des affaires intérieures des États.  Le délégué a en outre appelé le Conseil à évaluer l’efficacité des sanctions et leurs répercussions humanitaires à différents stades du conflit et à les suspendre ou les lever si nécessaire.  Face à des défis mondiaux graves et de plus en plus complexes, le Conseil doit pratiquer et défendre un véritable multilatéralisme, qui implique de résoudre les problèmes internationaux par la collaboration, a préconisé le représentant.  Or, a-t-il déploré, un examen attentif des pratiques du Conseil révèle que son autorité et ses pouvoirs ont été abusés à plusieurs reprises par certains États qui, dans la poursuite de leurs objectifs politiques à court terme, notamment à l’encontre des pays en développement, considèrent cet organe comme leur outil privilégié pour exercer des pressions sur d’autres pays. 

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a déclaré, à propos des régimes de sanctions du Conseil de sécurité, qu’il n’existe toujours pas de dispositif d’examen exhaustif et indépendant pour appuyer leurs révisions et les radiations y relatives.  Ceci doit être corrigé, a-t-il dit, afin d’éviter toute lacune dans ce domaine et pour préserver toute la légitimité de ces régimes.  Le représentant a également estimé que le Secrétariat et le Conseil doivent continuer d’améliorer l’indépendance, l’intégrité et l’efficacité des travaux du Bureau de l’Ombudsman. 

M. BAE JONGIN (République de Corée) a estimé que toutes les initiatives visant à limiter le recours au droit de veto doivent être encouragées.  Il s’est félicité des efforts pour trouver un meilleur équilibre entre efficacité et transparence en multipliant le nombre de réunions publiques.  Il a invité le Conseil de sécurité à continuer de renforcer son interaction avec les autres organismes de l’ONU, dont l’Assemblée générale, la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Conseil des droits de l’homme.   

M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a dénoncé les attaques contre l’ordre international fondé sur des règles en citant l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Face à l’impasse au Conseil qui le rend incapable de s’acquitter de son mandat, le représentant a fait valoir que le monde a besoin d’un Conseil flexible, adapté à ses objectifs et capable de répondre rapidement aux crises mondiales.  Il a par ailleurs jugé nécessaire de permettre une répartition plus équitable du rôle de porte-plume au sein du Conseil.  Soulignant le rôle clef des membres élus dans la prise de décisions, il a souhaité voir leur position renforcée et plaidé pour davantage de transparence et d’efficacité.  Le représentant s’est également dit préoccupé par l’augmentation du recours au droit de veto.  « Le veto entrave l’efficacité du système de l’ONU, et sape sa crédibilité aux yeux de l’opinion publique internationale. »  Il a donc salué la nouvelle pratique consistant à convoquer une réunion plénière de l’Assemblée générale après un veto au Conseil de sécurité. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) dont le pays siégera à nouveau en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité à partir de 2023, a rappelé que son pays a présidé à trois reprises le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure et contribué à l’adoption de la note S/2017/507 et de ses révisions.  Il a jugé nécessaire de mettre celle-ci à jour à la lumière des notes publiées sous la présidence du Koweït et Saint-Vincent-et-les-Grenadines du Groupe de travail.  De même, le représentant a relevé les initiatives utilisant de nouvelles technologies telles que l’aide visuelle, qui constituent, selon lui, des évolutions significatives dans les méthodes de travail du Conseil.  Pour finir, a-t-il assuré, le Japon est engagé activement dans les efforts visant à améliorer davantage ces méthodes en étroite coopération avec les autres membres du Conseil, qu’ils soient permanents ou non, tout en tenant compte de bonne foi des opinions de l’ensemble des États Membres de l’ONU. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a plaidé pour que le Conseil continue de tenir compte des leçons tirées de la période de crise sanitaire, y compris l’utilisation des technologies lorsqu’elles sont utiles et appropriées pour renforcer l’inclusivité des délibérations du Conseil.  Dans le même temps, a-t-il ajouté, le Conseil devrait accorder la priorité à la tenue de réunions en personne pour faciliter l’accès « en toute transparence » à ses travaux de tous les États et de la société civile.  Le représentant a ensuite souligné que l’année écoulée avait été marquée « par d’importants développements en ce qui concerne les relations entre le Conseil et l’Assemblée générale ».  L’agression contre l’Ukraine a plongé le Conseil dans l’impasse face à une attaque dirigée contre l’ordre international, a-t-il ensuite déclaré, avant de saluer le fait que le Conseil de sécurité ait su réagir en élaborant l’Union pour le maintien de la paix.  S’agissant du droit de veto, il a appelé à la pleine application de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale.  Le représentant a par ailleurs jugé essentiel que les procès-verbaux des réunions pertinentes du Conseil de sécurité soient produits aussi rapidement que possible à l’avenir, afin de laisser un maximum de souplesse pour la programmation des réunions d’explication de l’usage du veto à l’Assemblée générale.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a mis en garde contre la pratique consistant à faire de certaines délégations les porte-plumes de telle ou telle résolution.  Cette pratique, s’est-elle expliquée, empêche les autres membres du Conseil de participer au travail rédactionnel.  Tous les membres du Conseil, a-t-elle proposé comme solution, devraient pouvoir assumer le rôle de « porte-plume ».  Elle a en effet insisté pour que le Conseil améliore la répartition du travail entre tous ses membres et, pour ce faire, qu’il soit à l’écoute de tous.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) s’est dit favorable à une réforme totale du Conseil qui, assumant sa responsabilité du maintien de la sécurité internationale, doit agir au nom de tous les membres.  À cet égard, le Conseil devrait améliorer le partage d’informations exclusives et tenir compte de la nécessité de l’équilibre entre la confidentialité et la transparence.  Les pays touchés et les régions concernées par un conflit doivent pouvoir recevoir des informations opportunes sur les dossiers examinés au Conseil, a estimé le délégué, car ce sont les véritables parties prenantes.  Il a dénoncé les retards dans la notification des États Membres qui devraient être invités et informés du travail du Conseil.  Ce dialogue contribuerait de façon constructive aux travaux du Conseil, a-t-il insisté.  De plus, a-t-il fait remarquer, ce sont souvent les pays en développement qui sont les plus touchés par les conflits.  « Leurs vues doivent être prises en compte. »  Un nombre croissant de membres non permanents sont des pays en développement dont la contribution est plus importante que jamais.  « Ils doivent assumer le rôle de porte-plume. »  De même, le délégué a mis en exergue l’importance de la coopération avec les organisations régionales.  « Aucune situation régionale n’est plus importante qu’une autre. »  Face aux crises et aux situations de conflit, il faut tenir compte des liens clairs et de l’interaction du Conseil avec la Commission de la consolidation de la paix et l’Assemblée générale ainsi qu’avec d’autres organes de l’ONU.

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) a exhorté les États Membres à recourir aux différents outils prévus par la Charte pour trouver les solutions les plus efficaces aux crises, tout en mettant en garde contre toute manipulation des Articles 37 et 39.  Pour aller de l’avant, l’actualisation des méthodes de travail du Conseil de sécurité reste cruciale, a dit le représentant qui a insisté sur l’ouverture, dont un équilibre entre le nombre des réunions publiques et privées et une participation renforcée des non membres du Conseil.  Il a aussi insisté sur la nécessité de rendre les débats publics plus interactifs et a conclu, en félicitant la Norvège pour ses idées novatrices quand elle siégeait au Conseil, dont l’introduction du programme de travail numérique qui a permis de mieux faire connaître le travail du Conseil.

M. MARK SEAH (Singapour) a invité les membres permanents du Conseil de sécurité à s’abstenir d’exercer leur droit de vote car l’objectif visant à établir les responsabilités dans une situation ou l’autre exige une certaine retenue.  Il a aussi demandé au Conseil de sécurité de rendre les débats publics plus interactifs.  Après avoir réclamé pour toutes les délégations des comptes-rendus analytiques du travail du Conseil, le représentant a appuyé l’idée de créer un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la note 507. 

M. KHAN, MOHAMMAD A. (Pakistan) a appelé le Conseil de sécurité à se montrer plus transparent et plus comptable de ses actes.  Il s’est donc opposé à la multiplication des séances à huis clos pendant lesquelles sont prises des décisions concernant directement nombre de pays non-membres du Conseil.  Les décisions sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent être prises sur un pied d’égalité, a martelé le représentant, rejetant catégoriquement la culture élitiste et franchement frustrante pour la majorité des États.  Pour améliorer la représentativité du Conseil, il faut élargir sa composition.  En attendant l’issue de la réforme, le représentant a réclamé un plus nombre de réunions publiques où seraient expliqués le pourquoi et le comment des mesures prises.  Il a aussi demandé au Conseil qu’il obtienne des États le plein respect du régime des sanctions imposées aux groupes terroriste mais aussi des résolutions relatives au Jammu-et-Cachemire et à la question de Palestine.

M. OMAR HILALE (Maroc) a dit soutenir les efforts considérables pour adapter les méthodes de travail du Conseil de sécurité pendant la période difficile de la pandémie de COVID-19.  Les nouvelles pratiques, a-t-il estimé, contribuent à rehausser aussi bien la transparence des travaux du Conseil que leur qualité et lui permettent, également, de tirer profit de la diversité des positions et des vues des États.  L’amélioration des méthodes de travail, a-t-il ajouté, est un processus permanent et évolutif.  En la matière, la note S/2017/507 constitue un acquis majeur dans la quête de transparence, d’efficacité et de renforcement de l’autorité du Conseil.  Il serait donc important de continuer d’appliquer toutes les dispositions contenues dans la note ainsi que toutes les notes adoptées par la suite, en veillant à leur mise à jour. 

Le représentant a plaidé pour l’augmentation du nombre des séances et exposés publics, en reconnaissant tout de même que les consultations sur des questions sensibles exigent une certaine discrétion.  Abordant la question épineuse du droit de veto, il a rappelé que son pays a été l’un des coauteurs de la résolution 76/262 sur le mandat permanent de l’Assemblée générale de tenir un débat en cas de recours au droit de veto au Conseil de sécurité.  Le Maroc, a-t-il aussi rappelé, souscrit au Code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACT) et soutient l’initiative franco-mexicaine.  Au nom d’un pays fournisseur de contingents, le représentant a salué les efforts du Conseil pour impliquer ces derniers dans ses délibérations.  Il a conclu en insistant sur le bien-fondé de la diplomatie préventive.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a d’entrée reconnu les progrès réalisés par le Conseil de sécurité quant à ses méthodes de travail ces 20 dernières années, y associant l’action notamment des pays membres non permanents du Conseil.  Il a souhaité, à cet égard, mentionner certaines initiatives notamment le Code de conduite lancé par le groupe ACT, sur la non-utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse.  Parmi les autres observations, le représentant a encouragé le Conseil à faire siennes certaines initiatives fructueuses adoptées pendant la période de pandémie, à même de renforcer la flexibilité et l’efficacité, notamment en permettant la participation à distance d’intervenants.  Enfin, le représentant a exhorté la mise en œuvre complète du contenu de la note 507 et insisté sur les questions de coparrainage et de porte-plume, une grande responsabilité qui doit être partagée par l’ensemble des membres du Conseil.

M. EDUARDO RAMOS (Portugal) a rappelé que grâce à l’initiative sur le veto, l’Assemblée générale a utilisé un mécanisme destiné à renforcer le système des Nations Unies et à assurer la responsabilité entre le Conseil et l’Assemblée.  Il a encouragé les membres du Conseil à joindre leur rapport spécial au prochain rapport annuel du Conseil de sécurité, accompagné d’un résumé du débat à l’Assemblée générale.  Il a également encouragé tous les États concernés à s’engager à faire preuve de modération dans l’utilisation du droit de veto dans les cas d’atrocités de masse.  En matière de transparence, le délégué a salué la tenue régulière de sessions interactives par la présidence pour discuter des priorités et conclure le mois.  Faisant écho aux suggestions faites pour renforcer le caractère inclusif du Conseil, il a souligné l’importance de la coopération avec la Commission de consolidation de la paix.  Enfin, le Portugal plaide pour une implication précoce des membres élus entrants dans les travaux du Conseil, ainsi que pour un accès équitable de tous les membres du Conseil à la présidence des organes subsidiaires et une répartition plus juste des plumes.

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a déclaré qu’en tant que membre du Groupe du consensus, son pays soutient une réforme globale du Conseil de sécurité afin de le rendre plus efficace et transparent.  Elle a aussi assuré que comme membre non permanent du Conseil en 2023-2024, Malte apportera de bonne foi et de manière active sa contribution au débat sur les méthodes de travail.  Pour elle, le Conseil doit tenir des réunions publiques plus interactives afin qu’y puissent être trouvées des solutions mutuellement acceptables par tous.  Le Conseil doit rester pertinent en se montrant plus souple, rapide et vigilant, a insisté la représentante, souhaitant que le Conseil incarne aussi les valeurs du dialogue et du multilatéralisme en optimisant les interactions avec l’Assemblée générale.  Le droit de veto n’est pas un privilège mais une responsabilité pour ceux qui le détiennent, a-t-elle encore déclaré.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a exigé que les discussions dans le cadre de ce débat soient prises en considération avant de souligner l’importance pour le Conseil de se préparer à des situations d’urgence.  Les ajustements apportés pendant la pandémie de COVID-19 aux méthodes de travail du Conseil devraient être plus clairs et faire l’objet d’une révision et d’une mise à jour régulière, a ajouté le représentant.  Cette actualisation devrait permettre une efficacité plus grande du Conseil face aux défis sécuritaires.  Il a aussi souligné la nécessité d’améliorer le processus de renouvellement des mandats des opération de maintien de la paix.  Il s’agit là d’un processus essentiel et il ne faut ne ménager aucun effort pour que le Conseil comprenne bien les circonstances réelles sur le terrain ainsi que les défis et les enjeux, a-t-il insisté.  « Il ne s’agit pas d’une simple formalité mais d’une façon pour le Conseil d’entendre les points de vue des acteurs présents sur le terrain. »  Le représentant a regretté le fait que les pays fournisseurs de contingents ne soient pas toujours écoutés dans le renouvellement et le processus de rédaction des mandats des opérations de paix.  De plus, a ajouté le représentant, le Conseil doit garantir l’inclusion des organisations régionales et sous-régionales car elles peuvent contribuer à améliorer les relations entre les missions et les pays hôtes. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a appelé à une réforme approfondie du Conseil de sécurité, y compris de ses méthodes de travail, pour en faire un organe plus représentatif, plus transparent et plus démocratique.  Il est impératif, a-t-il dit, que le Conseil passe d’un règlement intérieur provisoire à un document permanent.  Il y va de sa transparence et du devoir de tous les États Membres de l’ONU, d’être comptables de leurs actes.  Les États doivent aussi pouvoir s’impliquer quand le Conseil examine une question qui les concerne directement, et ce, conformément à l’Article 31 de la Charte, a martelé le représentant qui a aussi appelé à l’amélioration de la transparence dans les consultations privées, lesquelles doivent demeurer l’exception et non la règle. 

Or, a dénoncé le représentant, le Conseil semble privilégier ce type de consultations, empêchant ainsi les autres États Membres des Nations Unies de s’informer sur telle ou telle décision.  Il aurait pourtant tout à gagner s’il écoutait les autres, au lieu de s’accrocher à une mise en œuvre sélective de la Charte.  Pour plus de représentativité, il a plaidé pour l’élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, insistant sur une présence adéquate des pays en développement.  Il a conclu, en exhortant le Conseil de cesser d’empiéter sur les mandats des autres organes des Nations Unies et de manipuler ses méthodes et ses pratiques en fonction des intérêts politiques étroits, au risque de saper son rôle de garant de la paix et de la sécurité internationales.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a estimé que les innovations apportées aux méthodes de travail du Conseil de sécurité, pendant la pandémie de COVID-19, ont offert une chance qu’il faut exploiter.  Nous savons désormais que le Conseil pourra continuer de travailler même quand les réunions en présentiel devenaient impossibles.  Le représentant a aussi jugé essentiel de convoquer régulièrement des réunions d’information avec les différentes organisations régionales lesquelles ont été très bien placées pour analyser les situations dans leur sphère d’influence.

Mme SAŠA JUREČKO (Slovénie) a vu dans le recours à des engagements thématiques communs sur les femmes, la paix et la sécurité initié par l’Irlande, le Kenya et le Mexique, trois membres élus du Conseil de sécurité, « une étape importante et novatrice vers l’amélioration de la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité ».  Une telle approche pourrait également faire avancer d’autres questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil, a suggéré la représentante.  La pandémie de COVID-19 ayant facilité des solutions novatrices et des adaptations pour que le Conseil puisse continuer à s’acquitter de ses fonctions, elle a appelé à prendre en compte ces meilleures pratiques.  Si le développement constant des méthodes de travail est essentiel pour assurer davantage d’efficacité et de transparence, leur qualité et leur mise en œuvre ne peuvent, à elles seules, compenser les effets des réalités géopolitiques sur la capacité du Conseil à s’acquitter de son mandat.  « Le Conseil doit être plus représentatif et mieux refléter les réalités mondiales. »  La Slovénie, a réitéré la représentante, appuie la résolution de l’Assemblée générale appelant à un débat lorsqu’un veto sera opposé au Conseil de sécurité.  Elle soutient aussi l’initiative franco-mexicaine sur la suspension du recours au droit de veto en cas d’atrocités de masse, ainsi que le Code de conduite du Groupe ACT. 

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a estimé que seul un Conseil de sécurité plus transparent et fonctionnel pourrait reconquérir l’opinion publique.  Il a plaidé pour une coopération plus étroite entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix et pour le renforcement de la pratique visant à inviter société civile, notamment les groupes de femmes, aux réunions publiques du Conseil.  Les séances privées doivent redevenir une exception, comme cela était prévu à l’origine, a aussi souligné le représentant.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a notamment attiré l’attention sur la nécessité que le renforcement de la transparence et de l’efficacité du Conseil découle d’un examen constant et soutenu des méthodes de travail de cet organe.  C’est l’Argentine, en février 2000, lors de sa présidence, qui avait émis une note conviant les futurs membres non permanents à assister à certaines réunions du Conseil de sécurité, a-t-elle ajouté, avant d’appeler au renforcement de la coopération entre cet organe et la Commission de consolidation de la paix. 

M. KOUSSAY ALDAHHAK (République arabe syrienne) a déclaré que tout membre du Conseil de sécurité, y compris le Président, doit savoir communiquer avec les non membres.  Ces derniers ne doivent pas être exclus, a-t-il insisté.  Le représentant a aussi demandé de limiter le nombre de séances du Conseil.  Il a appelé à ne pas les utiliser pour attaquer ou faire pression sur des pays.  Il a ensuite prié de ne pas utiliser les méthodes de travail aux dépens des pays non membres ou des pays à l’ordre du jour du Conseil.  Le représentant a également exigé de réduire le recours aux sanctions et de les rationnaliser pour qu’elles ne privent pas les populations de vivre une vie digne.  Il a aussi plaidé pour que soit limité le temps imparti aux déclarations lors des débats publics et pour que soit donné un même temps à toutes les déclarations.  Saluant la participation des ONG et de la société civile aux réunions du Conseil, il a toutefois demandé que cette participation ne serve pas à attaquer un État Membre ou à renvoyer une image faussée d’une situation à l’ordre du jour. 

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a salué la résilience du Conseil durant la pandémie de COVID-19.  Il a invité à prendre en compte les arrangements pris durant la pandémie, comme la participation par visioconférence qui permet d’inclure un nombre important de participants.  Il faut renforcer le caractère public et ouvert des débats du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  Condamnant le dernier abus du droit de veto par la Russie, le délégué a estimé que cet exemple doit nous pousser à réformer les méthodes de travail du Conseil de sécurité.  Il a dit soutenir le Code de conduite du Groupe ACT et l’initiative franco-mexicaine.  Enfin, le délégué a souhaité voir renforcer le partage d’informations avec les pays fournisseurs de contingents et de police, ainsi que les relations du Conseil avec la Cour pénale internationale et les organes subsidiaires.  L’interaction directe entre le Conseil et les États Membres touchés par un conflit doit être étendue, a-t-il encore recommandé.

Mme MOUSTAFA (Égypte) a appelé à entendre les avis de tous les États Membres lors de la définition du programme de travail du Conseil de sécurité.  Elle a appelé à augmenter le nombre de réunions publiques du Conseil et de ses comités, en rappelant que cet organe représente tous les États Membres et agit en leur nom.  La déléguée a estimé qu’une interaction réelle et profonde avec l’ensemble des États Membres implique qu’ils soient informés des projets de résolution et de déclaration présidentielle.  Elle a jugé indispensable une meilleure collaboration entre les membres du Conseil et les pays fournisseurs de contingents et de matériel aux opérations de maintien de la paix. 

M. MARIUS ARISTIDE HOJA NZESSIOUE (République centrafricaine) a rappelé que son pays est à l’ordre du jour du Conseil de sécurité depuis dix ans de manière ininterrompue.  Il a regretté une tendance négative de l’appropriation d’un dossier par un seul ou quelques porte-plumes avec des conséquences sur la situation sur le terrain.  Certains porte-plumes, a-t-il critiqué, produisent des documents sans aucune consultation appropriée avec les pays inscrits à l’ordre du jour.  Illustrant son propos, il a indiqué que les préoccupations de la République centrafricaine n’ont aucunement été prises en compte dans le processus de renouvellement du mandat de la MINUSCA.  Face à ces difficultés, il a estimé que la création d’un siège de membre permanent africain était le meilleur moyen de promouvoir des rédactions plus inclusives des documents de travail.  S’agissant des régimes de sanctions adoptés par le Conseil de sécurité, le représentant a souhaité la mise en place d’un mécanisme d’évaluation périodique qui permette de mesurer leur cohérence et leur efficacité au regard des objectifs assignés. 

Mme POLLY IOANNOU (Chypre) a estimé important que le Conseil partage davantage les informations qu’il détient avec les États qui n’en sont pas membres, en particulier les pays hôtes des opérations de maintien de la paix. 

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a prolongé ces propos, en invoquant les droits des pays inscrits à l’ordre du jour du Conseil, qui, paradoxalement, ne sont parfois pas du tout informés des décisions qui les concernent pourtant directement.  Il a par exemple fait observer que dans les rapports des comités de sanctions, les commentaires des pays visés sont souvent ignorés.  Quant à la désignation des représentants spéciaux, il a estimé qu’il est injuste que les pays concernés n’aient pas leur mot à dire, se voyant simplement notifiés de la décision qu’a prise le Conseil, à la demande du Secrétaire général.  Les pays concernés ont le droit de faire valoir leurs points de vue et méritent d’être traités autrement, a conclu le délégué libyen. 

M. MICHAEL ALEXANDER GEISLER (Allemagne), après s’être félicité de l’augmentation des débats ouverts et publics, a appelé les membres du Conseil de sécurité à « cesser d’empêcher certains sujets, comme le Myanmar, d’être débattus publiquement ».  Souvent, a-t-il noté, des États non-membres du Conseil sont directement touchés par la situation dans les pays dont l’organe discute et ont un intérêt légitime à faire entendre leur voix.  « Limiter artificiellement le nombre de participants, comme cela a été pratiqué par certaines présidences dans le passé, portera gravement atteinte à la légitimité du Conseil », a averti le représentant.  Par ailleurs, il a rappelé qu’au cours de son dernier mandat au Conseil, l’Allemagne a encouragé la participation de rapporteurs de la société civile aux débats.  Mais l’Allemagne est très préoccupée par le fait que, dans certains cas récents, des informateurs de la société civile ont dû faire face à des menaces après leurs déclarations devant ce Conseil.  « Nous appelons chaque État Membre de l’ONU à permettre aux informateurs de la société civile de s’exprimer ouvertement au sein de ce Conseil et à contrer toute forme de pression. »  Enfin, l’utilisation du droit de veto reste la principale raison pour laquelle le Conseil ne remplit pas actuellement ses missions inscrites dans la Charte, a estimé le représentant.  « L’abus flagrant du droit de veto contrecarrant une résolution sur l’Ukraine en février a de nouveau mis cela en évidence. »  Cela doit cesser, a-t-il dit, en appuyant les initiatives visant à limiter l’usage du veto en cas d’atrocités.

M. TOUFIK LAID KOUDRI (Algérie) a dit que l’amélioration des méthodes de travail est une tâche continue à laquelle les États Membres doivent s’atteler dans le cadre d’une action multilatérale.  Saluant les arrangements trouvés pendant la pandémie de COVID-19, en particulier la souplesse et la flexibilité, gages d’efficacité, le représentant a toutefois mis en garde contre l’idée d’en faire des mesures permanentes.  Il a insisté sur la transparence dans les travaux du Conseil et appelé à des contacts étroits entre le Groupe de travail informel sur la documentation et les États Membres candidats à un siège au Conseil pour les préparer à assumer leur rôle.  Le Conseil, a conclu le représentant, doit se montrer uni et privilégier une approche globale pour comprendre les confits. 

M. MOHAMED AI-HARITH (Soudan) a appelé le Conseil à travailler avec transparence, objectivité et résilience, dans l’intérêt de toute la communauté internationale et pas seulement dans celui d’un groupe d’élites.  C’est la clef de l’amélioration des méthodes de travail, a-t-il estimé.  Après avoir critiqué la tendance du Conseil à empiéter sur les prérogatives des autres organes des Nations Unies, le représentant lui a demandé d’assurer une répartition démocratique, transparente et objective de ses tâches et responsabilités entre tous ses États membres.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par le prétendu rôle de « porte-plume », s’interrogeant sur les critères de désignation d’un tel pays au détriment d’un autre.  Comment veiller à ce que le « porte-plume » ne se transforme pas en « porte-bâton »? 

Car ce rôle, a constaté le représentant, est plus ou moins fondé sur les relations coloniales entre l’État qui tient la plume et celui devant qui on l’agite, en contradiction flagrante avec le principal objectif de la Charte sur la décolonisation.  L’énigme de la plume, a-t-il poursuivi, se corse encore davantage quand elle est portée par un membre permanent du Conseil qui, comme l’expérience l’a prouvé, ne sert que ses intérêts nationaux face à un État placé quasiment « sous tutelle ».  Le rôle de porte-plume n’est rien d’autre qu’un pouvoir autoproclamé de protectorat vis-à-vis d’un autre État.  Il faut le restructurer, le réexaminer, le réinventer et le débarrasser de toute politisation, comme on le voit quand un pays sous sanction est privé de sa souveraineté et de ses droits d’État Membre.  À propos des sanctions, le représentant a réclamé une évaluation de leur impact, avec la participation de l’État concerné.  Ces sanctions, a-t-il ajouté, doivent être ciblées pour éviter des souffrances humanitaires et les revendications des États concernés, dûment prises en compte dans la préparation de l’assistance humanitaire

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À Lisbonne, « pour sauver les océans », de nombreux intervenants plaident pour un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique d’ici à 2024

Conférence sur les océans,
Dialogue de haut niveau #1 – après-midi
MER/2144

À Lisbonne, « pour sauver les océans », de nombreux intervenants plaident pour un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique d’ici à 2024

LISBONNE, 27 juin - -Plantant le décor de ce premier dialogue interactif de la Conférence des Nations Unies sur les océans, avec pour thème « remédier à la pollution marine », la Directrice de la Division des écosystèmes du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Mme SUSAN GARDNER, a commencé par rappeler que l’océan nous relie tous et que s’il est en difficulté, « nous sommes tous en difficulté ».  La crise qu’il traverse est exacerbée par une triple crise planétaire –changements climatiques, perte de biodiversité et pollution– qui rend nécessaire d’agir maintenant.  Concrètement, les effets de nos modes de consommation non durables ne sont que trop visibles avec plus de 500 zones océaniques mortes dues au rejet d’eaux usées non traitées et au ruissellement d’engrais dans nos systèmes hydriques, auxquels viennent s’ajouter près de 11 millions de tonnes de plastique déversées chaque année dans les écosystèmes marins.  Mais, à l’instar d’autres hauts responsables et dignitaires présents ici à la Conférence des Nations Unies sur les océans cette année, elle s’est réjouie de voir que malgré les crises et la pandémie, la communauté internationale fait preuve de la volonté d’agir avec la détermination et la solidarité nécessaires pour enrayer la triple crise planétaire à l’œuvre actuellement.  À cet égard, Mme Gardner n’a pas manqué de revenir aussi sur le mandat donné par la résolution 5/14 de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui prévoit d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin –d’ici à 2024– et qui offre une opportunité de transition vers un nouveau paradigme circulaire sûr pour proposer des alternatives et innover tout au long de la chaîne de valeur des plastiques, ont été nombreux à souligner les intervenants de cet après-midi.

Pour le PNUE, il est indispensable de veiller à ce que cet instrument soit large mais clairement défini, ambitieux et inclusif.  Il doit couvrir le cycle de vie complet des plastiques tout en tenant compte des différents types de polymères et de produits plastiques.  Et il doit donner la priorité à la consommation et à la production durables, y compris l’adoption de produits secondaires et alternatifs.  Il doit déployer des modèles de réutilisation innovants et concevoir des produits qui conservent la plus grande valeur lors du recyclage du plastique.  Il doit aborder le contenu chimique des plastiques que nous utilisons pour éviter les risques sanitaires et permettre une réutilisation et un recyclage non toxiques.  Enfin, il doit éliminer les déchets résiduels tout au long de la chaîne de valeur et s’assurer que ce qui reste est collecté et géré correctement.  Et pour cela, il faut s’assurer que tous les protagonistes du secteur du plastic vont dans la même direction. 

Comme l’ont mis en exergue plusieurs représentants, ces efforts devront s’appuyer sur la science et l’innovation, qui vont devoir nous guider vers un avenir plus vert, conformément à la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable.  La science sera essentielle pour combler les lacunes actuelles dans les connaissances, soutenir une prise de décision éclairée et inclusive et accélérer de nouveaux engagements volontaires fondés sur la science, a martelé la PDG de Ocean Conservancy.  Mme JANIS SEARLES JONES rappelant que les priorités sont de réduire les quantités de plastique produites, en particulier les articles en plastique à usage unique qui finissent dans l’océan; de mieux gérer les plastiques nécessaires à la vie quotidienne, et enfin de nettoyer la pollution plastique les plages, les cours d’eau et les mers et océans.

Il ne s’agit pas seulement de mettre fin à une menace environnementale, mais aussi de créer de nouvelles opportunités économiques et de réduire la pauvreté, a notamment souligné la Directrice de la Division des écosystèmes du PNUE.  Une nouvelle économie du plastique signifie de nouveaux modèles commerciaux, de nouveaux emplois, de nouvelles opportunités de marché pour la réutilisation et le recyclage mais aussi pour la conception de matériaux et produits nouveaux et alternatifs et de nouvelles prestations.  Cela doit bien entendu s’accompagner d’innovation sociale et politique pour inciter les changements de comportement dans les actions des différentes parties prenantes tout au long du cycle de vie des plastiques.  Abondant en ce sens, Mme Searles Jones a appelé à faire fond sur l’expérience des deux dernières années qui a montré l’importance de coordonner les actions gouvernementales et étatiques avec celles de la philanthropie, de la société civile, des ONG, des réseaux de scientifiques et des organismes internationaux pour répondre aux défis mondiaux. 

Pour la PDG de Ocean Conservancy, le problème est avant tout celui du carbone, puisque nous savons tous que le plastique est en grande partie fabriqué et alimenté par des combustibles fossiles et qu’ils ne se décomposera peut-être jamais vraiment, si ce n’est en micro et nano-plastiques.  Pour y parer, davantage, il est essentiel de développer des modèles efficaces et d’impliquer davantage les différents protagonistes à tous les niveaux, a renchéri M. DAVID PARKER, le Ministre de l’environnement, des océans et de la pêche de la Nouvelle-Zélande, qui coprésidait ce dialogue. 

De son côté, le Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale, M. KITACK LIM, a mis en exergue les enjeux pour la navigation et les activités maritimes, soulignant que le transport maritime est inestimable pour le commerce mondial et la croissance économique, comme cela a été clairement démontré pendant la pandémie.  Le transport maritime assure plus de 80% du commerce mondial, offrant le moyen de transport le plus économique et le plus durable sur le plan environnemental, a-t-il fait valoir et l’OMI, à travers ses 50 conventions adoptées pour rendre la navigation plus sûre et protéger l’environnement marin, travaille sans relâche pour créer un cadre réglementaire qui répond aux nouvelles exigences et défis, tout en garantissant que personne ne soit laissé pour compte et orientant la navigation vers un mode de fonctionnement plus écologique et plus vert, a expliqué M. Lim.

De son côté, M. ALEXANDER TURRA, professeur et coordonnateur de la Chaire UNESCO sur la durabilité des océans à l’Institut océanographique de l’Université de São Paulo, a abordé les questions de pollution plastique et de déversement d’eaux usées dans nos mers, « des problèmes si complexes et difficiles à gérer que cela empêche parfois l’action ».  Il a mis l’accent sur les difficultés rencontrées dans l’hémisphère Sud pour changer la donne.  Seules la science, des données fiables et l’éducation pourront inciter à agir et orienter les efforts internationaux et nationaux pour venir à bout des déchets marins et mesurer les progrès.  Pour cela, chaque État et chaque province doivent pouvoir fournir des données afin de concevoir une vision globale du problème, a insisté l’universitaire en regrettant qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire à cet égard.  Au Brésil, par exemple, il existe une initiative qui cherche à déterminer la source des déchets marins par exemple, a-t-il expliqué, en notant que très souvent la pollution marine provient d’activités anthropiques qui devraient donc être réglementées.  Dès lors, il est impératif de miser sur des études d’impact environnemental pour pouvoir s’attaquer au problème en amont, a estimé M. Turra, qui a également tenu à mettre en exergue le lien entre pauvreté, inégalités et pollution marine: si l’océan est malade c’est parce que nos sociétés sont malades, a-t-il résumé.

Partageant cet avis, Mme ANDREA MEZA MURILLO, Secrétaire exécutive adjointe de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, est revenue sur le lien entre l’industrie des combustibles fossiles et la pollution marine, y voyant un appel à agir tant au niveau international qu’à travers des approches sociales et individuelles « parce que chacun d’entre-nous doit être impliqué dans cette lutte contre la pollution ».  Ces efforts doivent bénéficier à la société à tous les niveaux et contribuer à l’éradication de la pauvreté, a-t-elle concédé en mettant en exergue le potentiel des emplois verts et bleus.

M. CARLOS MANUEL RODRIGUEZ, Directeur général et Président du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), est venu transmettre le message de la génération de ses enfants à celles qui l’ont précédé et ont compromis leur avenir.  Le temps des approches passives est fini, a-t-il tranché en évoquant cette plage jonchée de déchets plastiques où il surfait il y a 40 ans dans un paradis écologique.  Il y a urgence à agir et le Fonds qu’il préside y œuvre en appuyant les pays, notamment pour les aider à adopter des législations interdisant le plastique à usage unique, ou développer des plans et cadres nationaux pour lutter contre la pollution et les déchets mal gérés.  Très peu de pays ont des processus permettant d’envisager l’océan dans le cadre d’un pacte social, a-t-il regretté, en blâmant les pratiques commerciales.  Alors que lui-même, en tant qu’ex-Ministre de l’environnement du Costa Rica, n’a pas réussi à changer la législation sur le plastique, il a appelé à miser sur des actions collectives et la sensibilisation du public pour soutenir ces efforts et tenir tête aux différents lobbies.

Alors qu’il reste deux ans pour conclure cet accord et l’opérationnaliser, l’heure est à l’action, mais, comme l’ont souligné les panélistes de cet après-midi, ce processus est déjà bien enclenché.

Coprésidé par M. DAVID PARKER, Ministre de l’environnement, des océans et de la pêche de la Nouvelle-Zélande et M. FLAVIEN JOUBERT, Ministre de l’environnement, de l’énergie et des changements climatiques des Seychelles, ce dialogue interactif était modéré par M. CHARLES GODDARD, le directeur éditorial de The Economist Group, Hong Kong.

Débat interactif

Que ce soit Tonga, le représentant du Forum des îles du Pacifiques ou celui des 39 pays de l’Alliance des petits États insulaires, tous les intervenants ont dénoncé la pollution plastique qui met en danger leur avenir et leur survie, mais de manière plus générale la notion d’océan en tant que « décharge ».  Estimant en être les principales victimes, y compris en termes de déchets nucléaires, ils ont réclamé haut et fort un instrument juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique, notamment dans le milieu marin, en saluant la création par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, d’un comité intergouvernemental chargé d’élaborer un tel instrument, et qui devrait achever ses travaux d’ici fin 2024.  Mais, ont-ils exigé, cet accord planétaire doit tenir compte des besoins de tous les États, et ne pas se limiter à réduire les nouvelles sources de pollution en portant sur tout le cycle du plastique.  En effet, ont-ils exigé, « il faut nettoyer nos mers ».  Les Maldives, qui disposent de 78 zones marines protégées, ont créé des sanctuaires marins et interdit la pêche de requins, sont venus témoigner du fait que malgré ces efforts, elles restent toujours victimes des déchets marins qui mettent en péril leurs écosystèmes marins et la santé de leur population, a fait valoir leur Ministre de l’environnement.

En tant qu’États océaniques, les économies de ces pays dépendent du milieu marin, ont-ils souligné, mais certaines de leurs zones de pêche connaissent un déclin des poissons lié à la pollution marine qui met à mal aussi le matériel de pêche.  Qui plus est, la pollution plastique des plages nuit au tourisme.  Or pour y répondre, il faut des fonds à la fois pour nettoyer les plages et restaurer les récifs et elle est vecteur de maladie, ont dénoncé ces pays en exigeant le concours de la communauté internationale pour leur permettre de faire leur part pour venir à bout de ce grave problème mondial.  Le Ministre de l’environnement de la Norvège est également venu témoigner de la disparition de la vie aquatique dans certains de ses fjords à la suite d’une mauvaise gestion des déchets.

L’Uruguay s’est lancé dans un vibrant plaidoyer pour une économie circulaire du plastique en dénonçant le vide juridique actuel qui doit être comblé par un instrument international juridiquement contraignant.  De son côté, la République dominicaine s’est targuée d’avoir la première législation de gestion des déchets solides, dont les plastiques, qui s’accompagne d’un programme de gestion des déchets solides et des déchets marins ainsi que d’un programme de certification écologique.

Les Émirats arabes unis, qui vont accueillir la COP28, ont regretté l’absence des jeunes alors qu’on parle beaucoup d’eux à la Conférence de Lisbonne. La Ministre de l’environnement a proposé la création d’une plateforme internationale pour regrouper les solutions apportées à la pollution marine et les mettre à échelle.  Lui emboitant le pas, le Bahreïn a expliqué qu’une fois que son pays a pris conscience que 30% de ses déchets étaient des plastiques, il a misé sur des politiques lui ayant permis de se débarrasser de tous les déchets plastiques à usage unique, en appelant d’autres pays en en faire de même « parce que cela va dans le sens de l’élimination de la pollution plastique, y compris en milieu marin ».  Le Ministre des affaires étrangères de l’Équateur a lui aussi mis l’accent sur les exigences du traitement des déchets et leur lien avec les modes de production non viables qui affectent les écosystèmes marins, en voulant pour preuve les 500 zones hypoxiques, c’est-à-dire des zones où il y a trop peu d’oxygène pour permettre la vie des organismes marins, qui ont déjà été identifiées, alors même que les peuples côtiers ont besoin des océans pour leur vie et leur survie. 

S’agissant du processus de notification des Nations Unies, une représentante du Groupe d’experts, qui évalue la santé des océans, a concédé certains progrès en termes de réduction du niveau de mercure et de déchets radioactifs dans les océans.  Cependant, la pollution marine met toujours en péril les espèces marines, surtout les particules plastiques de micro et nano taille qui ont été retrouvés dans 1 400 espèces marines, sans compter les effets néfastes de la dystrophisation.  Il faut renforcer les capacités en matière de gouvernance océanique, a plaidé l’experte, qui compte sur une vaste participation au troisième cycle d’évaluation de la situation des océans en participant notamment aux ateliers organisés par le Groupe.  

L’Australie et « son peuple océanique » ont réaffirmé leur attachement à la préservation des océans, a expliqué sa Ministre, qui a déploré les retombées sur les humains de la pollution marine en annonçant que des études récentes ont révélé « que les Australiens mangent en moyenne l’équivalent d’une puce plastique chaque semaine ».  Le pays est résolument engagé sur la voie d’une économie circulaire, a-t-elle assuré, en précisant qu’il vise 100% d’emballages recyclables d’ici à 2025.  Le Kenya a d’ores et déjà interdit les plastiques à usage unique alors que le Japon, dans le cadre de la Stratégie d’Osaka a pour objectif d’éliminer la pollution plastique d’ici à 2050, en appelant plus de pays, notamment en développement à y adhérer. 

La représentante de l’organisation non gouvernementale Young Environmentalist Program a appelé à mettre en place des politiques de sensibilisation dans les écoles, mais aussi à destination de la population locale afin de les rallier à la cause de la préservation des océans et permettre aux jeunes de faire partie des solutions apportées à la pollution marine.  Pour sa part, la Banque de développement de l’Amérique latine a tenu à mettre l’accent sur les investissements nécessaires dans les infrastructures de traitement et de gestion des eaux usées en annonçant son intention d’appuyer de façon technique et financière les efforts régionaux, avec des financements de projets qui profitent aux océans d’un montant de 1,2 milliards de dollars. 

Résumant les débats de cet après-midi, le représentant du Kenya a dit « nous sommes le problème, nous devons donc être la solution ».  Il a plaidé pour une approche « du pollueur payeur » afin de se donner les moyens de réaliser les objectifs défendus par le futur instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence des Nations Unies sur les océans s’ouvre sur des appels pressants à préserver cette ressource, « la plus fondamentale et la plus négligée »

Soixante-seizième session, Conférence sur les océans,
1re séance plénière – matin
MER/2143

La Conférence des Nations Unies sur les océans s’ouvre sur des appels pressants à préserver cette ressource, « la plus fondamentale et la plus négligée »

LISBONNE, 27 juin--La Conférence des Nations Unies sur les océans s’est ouverte ce matin à Lisbonne, au Portugal, par des appels pressants à préserver les océans, ressource aussi vitale que négligée.  Pollution plastique, destruction des barrières de corail, pêche intensive, conséquences des changements climatiques, piraterie, les intervenants n’ont pas fait mystère de l’acuité de « l’urgence océanique » et de l’effort financier qui sera nécessaire pour y remédier.  Le Secrétaire général de l’ONU, le Président du Kenya ou bien encore le Président des Palaos ont en effet rappelé que l’objectif de développement durable 14 sur la conservation et l’exploitation durable des océans est le moins financé de tous les objectifs.

C’est le Président du Portugal, nation maritime par excellence, qui a ouvert la Conférence.  « Le Portugal est une passerelle entre les océans, les cultures et les civilisations et il le montre aujourd’hui avec cette coopération avec le Kenya pour la tenue de cette conférence », a déclaré M. Marcelo Nuno Duarte Rebelo de Sousa, en rappelant que cette conférence avait été repoussée de deux années, en raison de la pandémie de COVID-19.  Heureux de retrouver son pays, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a aussitôt tenu à souligner la dimension existentielle des défis à relever. 

La crise climatique fait que les océans sont plus acides, les barrières de corail blanchissent et meurent, 80% des eaux usées et 8 millions de tonnes de plastique sont rejetées chaque année dans les océans, a-t-il déclaré.  « Sans une action drastique, la quantité de plastique pourrait dépasser la quantité de poissons dans les océans d’ici à 2050 », a averti M. Guterres, en ajoutant qu’il ne peut y avoir de planète saine sans des océans en bonne santé.  « Les océans sont donc la ressource la plus négligée sur notre planète, alors même qu’ils sont fondamentaux pour la survie de notre espèce », a constaté le Président du Kenya, M. Uhuru Kenyatta. 

Le Président kényan a en effet rappelé que trois milliards de personnes en dépendent pour leur survie et « qu’ils produisent 50% de l’oxygène que nous respirons ».  Nous ne pouvons pas exister sans les océans, a renchéri le Président de l’Assemblée générale, M. Adulla Shahid, qui a confié, qu’en tant que ressortissant des Maldives, « la mer coule dans ses veines ».  Le Président kényan, à l’instar du Secrétaire général, a aussi rappelé qu’avec une gestion plus durable des océans, ces derniers pourraient produire six fois plus de denrées alimentaires et 40 fois plus d’énergies renouvelables. 

Si les intervenants se sont félicités de certains progrès comme la mise sur les rails d’un traité sur la pollution plastique, ils ont unanimement souligné l’insuffisance de l’action entreprise jusqu’à présent.  « Ne nous faisons néanmoins pas d’illusions, nous devons en faire beaucoup plus », a déclaré M. Guterres, en demandant un niveau de financement accru sur le long terme.  Le Président du Kenya a souhaité que les participants quittent Lisbonne avec des idées précises, « notamment en matière de financement ».  Les lacunes dans le financement doivent être urgemment comblées, a renchéri le Premier Ministre des Fidji.

Dans ce droit fil, le Président de l’Angola, M. João Manuel Gonçalves Lourenço, a demandé le renforcement des capacités des pays confrontés au fléau de la piraterie, notamment dans le golfe de Guinée et dans la Corne de l’Afrique.  La protection de l’écosystème marin passe par une lutte énergique contre les pirates, a déclaré le Président angolais, qui s’est aussi inquiété des pêches illégales menées dans les eaux de son pays.  Le Président de la Colombie, M. Ívan Duque Márquez, a, lui, dénoncé les dégâts causés par la pêche au chalut, « l’équivalent en mer du déboisement sur terre ».

L’importance de la science a également été soulignée à plusieurs reprises.  Le Président de l’Assemblée générale a notamment plaidé pour une action océanique basée sur la science, en prenant l’exemple des sargasses dont la croissance excessive affecte les écosystèmes marins, les plages et la reprise économique des pays fortement tributaires du tourisme.  De son côté, M. Guterres a appelé à réaliser l’objectif de cartographier 80% des fonds marins d’ici à 2030 et exhorté le secteur privé à appuyer la recherche scientifique.  Le Président des Palaos, M. Surangel Whipps, a, lui, souhaité que les connaissances traditionnelles des peuples autochtones complètent les sciences océaniques. 

CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Déclarations d’ouverture

M. CARLOS MOEDAS, Maire de Lisbonne, a souhaité que cette conférence marque un avant et un après et qu’elle soit la preuve du courage du monde pour préserver les océans.  Il a appelé à la mobilisation de tous les acteurs, en particulier les acteurs locaux.  Le maire a précisé que Lisbonne va mettre à disposition des transports gratuits pour ses habitants.  Comptez sur les villes, comptez sur Lisbonne pour être ambitieuses et protéger les océans, a conclu le maire.

M. MARCELO NUNO DUARTE REBELO DE SOUSA, Président de la République du Portugal et Coprésident de la Conférence, a souligné que le Portugal est ce qu’il est aujourd’hui grâce aux océans.  Le Portugal est en effet une passerelle entre les océans, les cultures et les civilisations.  Et ce fut le cas dans le passé et c’est encore le cas aujourd’hui, comme le prouve cette coopération avec le Kenya pour la tenue de cette conférence.  Il a estimé que cette conférence se tient à un moment crucial après deux ans de renvoi du fait de la pandémie de COVID-19.  Il a souligné que les océans sont fondamentaux pour les générations à venir, et a noté au cours du forum sur la jeunesse et l’innovation qui a eu lieu hier, les jeunes ont dit espérer que leurs voix seront entendues.  Le Président a ensuite souligné que la pandémie et la guerre ne doivent pas faire oublier les problèmes relatifs aux océans, appelant à faire de la conférence un moment de déconfinement et d’ambition.

En tant que coprésident de la conférence, M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a rappelé que cet événement était initialement prévu pour 2020, avant d’être reporté pour cause de pandémie.  Remerciant les délégations pour leur patience et leur présence à Lisbonne, il a également rappelé que la première Conférence des Nations Unies sur les océans, organisée en 2017 par la Suède et les Fidji, avait tiré la sonnette d’alarme et montré l’urgence à agir en faveur de l’objectif de développement durable 14 pour protéger et conserver les ressources marines.  J’espère que cette conférence permettra de passer à l’action concrète, sur la base de solutions techniques et scientifiques, a-t-il déclaré, souhaitant que les participants quittent Lisbonne avec des idées précises, notamment en matière de financement.  En effet, a-t-il relevé, l’ODD 14 est le moins financé des 17 ODD.  Les océans sont donc la ressource la plus négligée sur notre planète, alors même qu’ils sont fondamentaux pour la survie de notre espèce, a constaté le Président kényan.  Les océans représentent 70% de la superficie de la planète, trois milliards de personnes en dépendent pour leur survie et ils produisent 50% de l’oxygène que nous respirons.  Mais l’action humaine fait peser une forte pression sur les systèmes océaniques, a-t-il déploré, avant de souligner que 10 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans chaque année et que 600 espèces marines sont aujourd’hui en danger, en particulier les poissons, compte tenu des bouleversements que subissent les écosystèmes marins.  La gestion non durable des océans les empêche de s’autorétablir, a averti le Chef d’État.  Pourtant, en renforçant notre résilience économique et environnementale, nous pourrions tirer des océans six fois plus de denrées alimentaires et 100 fois plus de sources d’énergie, a-t-il fait valoir.  À cet égard, la récente conférence sur l’économie bleue, coorganisée par le Kenya, a fait comprendre au monde la nécessité d’accroître la recherche scientifique pour faire avancer la gestion des océans, a relevé le Président kényan.  Affirmant parler aussi en tant que membre du Groupe de haut niveau sur l’économie des océans, il a estimé que la lutte contre la pollution et l’utilisation rationnelle des océans va de pair avec la prospérité.  Nous avons besoin de toute urgence d’ériger une économie océanique basée sur des modes de production et de consommation durables.  De même, une gestion équitable de nos ressources aquatiques dépend de notre capacité à travailler ensemble.  Il faudra donc de la volonté politique pour progresser, ici comme à la COP27 en Égypte, a-t-il conclu. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la Terre est bleue et que les océans nous unissent tous.  Malheureusement, nous faisons aujourd’hui face à une urgence océanique, a-t-il indiqué, en soulignant la hausse des températures et du niveau des océans.  La crise climatique fait que les océans sont plus acides, tandis que les barrières de corail blanchissent et meurent.  Près de 80% des eaux usées et 8 millions de tonnes de plastique sont rejetées dans les océans.  Sans une action drastique, ces déchets pourraient dépasser la quantité de poissons présents dans les océans d’ici à 2050, a averti le Secrétaire général, pour qui « nous ne pouvons pas avoir une planète en bonne santé sans des océans en bonne santé ».  Il a souligné dans le même temps les progrès significatifs en ce qui concerne l’élaboration d’un instrument juridique pour la préservation de la diversité biologique hors des zones de compétence nationale, tandis qu’un nouveau traité est sur les rails afin de remédier à la crise mondiale du plastique.  En protégeant les océans, nous agissons pour régler la crise climatique, a poursuivi M. Guterres.  « Ne nous faisons néanmoins pas d’illusions, ensemble nous devons en faire beaucoup plus. »

Le Secrétaire général a ainsi formulé quatre recommandations.  Premièrement, il a exhorté toutes les parties prenantes à investir dans des océans durables sur les plans alimentaire, énergétique et économique, ce qui requiert un niveau de financement sur le long terme.  Rappelant que l’ODD 14 est le moins financé de tous, le haut fonctionnaire a rappelé qu’une gestion durable des océans pourrait permettre de produire six fois de plus de nourriture et 40 fois plus d’énergies renouvelables.  Deuxièmement, il a estimé que les océans pourraient devenir un modèle dans la manière dont le monde gère les biens publics au bénéfice de tous, ce qui « signifie prévenir la pollution et renforcer les mesures de préservation ».  Troisièmement, il a appelé à protéger les océans, et les personnes qui en dépendent économiquement, des conséquences des changements climatiques.  Toutes les nouvelles infrastructures côtières devraient être climato-résilientes et le secteur du transport maritime devrait parvenir à une cible de zéro émission d’ici à 2050.  Quatrièmement, il a souligné la nécessité de davantage d’innovations et de connaissances scientifiques afin d’ouvrir un nouveau chapitre de l’action mondiale pour les océans.  M. Guterres a exhorté tous les acteurs à parvenir à l’objectif de cartographier 80% des fonds marins d’ici à 2030 et invité le secteur privé à rejoindre les partenariats qui appuient la recherche et la gestion durable des océans.  « J’appelle les gouvernements à revoir leur ambition à la hausse en ce qui concerne le relèvement des océans », a ajouté M. Guterres.  Après avoir ouvert son intervention par une citation de Fernando Pessoa, il a conclu par un proverbe swahili: « les océans nous conduisent partout ».  Ensemble, agissons pour les océans, a conclu le Secrétaire général. 

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a commencé par rappeler qu’il vient des Maldives, petite île et « grand État océanique ».  Il a confié que l’océan « coule dans ses veines » et ponctue le récit de sa vie, tant personnelle que professionnelle.  En tant que Maldivien, je sais que les océans sont un élément essentiel de la vie sur cette planète et que nous ne pouvons exister sans eux, a-t-il dit, affirmant parler au nom des habitants des petites îles, des populations côtières, des travailleurs du tourisme, des protecteurs des récifs coraliens et des pêcheurs.  Mais au-delà d’eux, nous dépendons tous des océans pour la moitié de l’oxygène que nous absorbons, a-t-il insisté.  À ses yeux, cette Conférence des Nations Unies sur les océans se tient à un moment à la fois critique et opportun.  D’une part, les océans font face à une myriade de menaces, des changements climatiques à la pollution plastique, en passant par la surpêche et l’acidification.  D’autre part, « nous avons l’élan et le vent avec nous ».  En effet, a-t-il salué, le quarantième anniversaire de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer a réitéré notre responsabilité partagée pour les océans.  De plus, de récents efforts, tels que l’accord historique sur la fin de la pollution plastique et le nouvel accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les subventions à la pêche, donnent de l’espoir.  Et l’optimisme est de mise quant à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale.

Cette conférence peut donner le ton de ce qui doit être fait, a souligné M. Shahid.  Elle peut aider à identifier et définir les domaines clefs de l’action océanique basée sur la science, tout en traçant les politiques à mettre en œuvre par les gouvernements pour donner lieu au changement.  Elle peut aussi renforcer les liens entre les efforts que nous menons ici et ceux sur les changements climatiques, la biodiversité, la dégradation des terres et la sécheresse, qui, tous, ont un impact sur les océans, « et vice versa ».  Pour illustrer son propos, le Président de l’Assemblée générale a pris l’exemple des sargasses.  Selon les scientifiques, a-t-il expliqué, le réchauffement climatique, la hausse des températures de l’eau et la pollution favorisent leur croissance excessive, affectant ensuite les écosystèmes marins, les plages et la reprise économique des pays fortement tributaires du tourisme. 

Ce problème complexe, ainsi que les nombreux autres défis auxquels sont confrontés les océans, exige une approche holistique, a plaidé le haut fonctionnaire, avant de se féliciter sur l’accent mis sur la science et l’innovation lors de cette conférence.  Observant que l’ingéniosité humaine a rendu possibles de grandes avancées, il a dit en voir la preuve dans la médecine, dans l’espace et dans les profondeurs des océans.  Un avenir est possible où le tourisme océanique durable pousserait les économies sans faire de dégâts, où les énergies renouvelables réduiraient les émissions de carbone et protègeraient les écosystèmes vitaux, où les économies circulaires prospéreraient et où notre production et notre consommation ne dégraderaient pas l’environnement.  Investissons dans la science et agissons en conséquence, a-t-il lancé en conclusion.  « Protégeons l’océan, tirons parti de sa puissance, savourons sa beauté, chérissons sa diversité et assurons sa santé et sa longévité. » 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que cet organe se soucie de tous les objectifs de développement durable (ODD).  Il s’est félicité que cette conférence donne l’occasion de se focaliser sur l’ODD 14 relatif à la conservation et à l’exploitation durable des océans, les mers et les ressources marines, permettant de cibler à la fois les crises des changements climatiques, de la perte de la biodiversité et de la pandémie de COVID-19.  Après avoir rappelé que les océans sont mis à mal par les activités anthropiques comme le déversement en mer des déchets plastiques par exemple, le Président s’est déclaré cependant optimiste, annonçant que le forum politique de haut niveau sur le développement durable de l’ECOSOC examinera en juillet la mise en œuvre de l’ODD 14.  Et cette conférence impulsera l’élan nécessaire à cet exercice.  La pratique des examens nationaux volontaires va également donner l’occasion de partager les pratiques optimales au niveau national, s’est-il félicité d’avance.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général de la Conférence et Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a formé le vœu que cette deuxième Conférence des Nations unies sur les océans permettra d’accélérer l’action au service des partenariats pour le rétablissement de la santé océanique.  Comme le précise le thème central de cette conférence, il s’agit pour nous de favoriser l’objectif de développement durable 14, a-t-il souligné, avant de féliciter les délégations pour l’accord intervenu sur le document final.  Toutefois, a ajouté M. Liu, nous sommes non seulement en retard pour la réalisation de l’ODD 14 mais aussi toujours en train de souffrir des effets et des incertitudes de la pandémie de COVID-19.  Assurant que toute crise est porteuse de possibilités, il s’est dit confiant quant à la promotion d’une économie bleue dans cette période difficile.  Il a notamment encouragé les États Membres à s’engager en faveur du fonds de contributions volontaires, qui se révèle fondamental pour rétablir la santé des océans.  Nous devons aussi saisir cette occasion pour accroître le soutien à la recherche océanique, notamment dans le domaine des sciences sociales afin d’alimenter les politiques sociales des pays.  Au cours de cette semaine de travaux, neuf réunions plénières permettront aux responsables de s’exprimer et huit dialogues interactifs auront lieu pour aborder les questions prioritaires de la conférence.  Ces dialogues ont aussi pour but de favoriser la participation de tous les acteurs et porteront sur les moyens de faire progresser l’ODD 14, a encore expliqué le Secrétaire général adjoint, qui a souhaité que les délégués puissent quitter Lisbonne « la tête pleine d’idées de partenariats », en vue de donner un nouvel élan à l’action océanique. 

Débat général

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a indiqué que son pays vise à étendre les limites de sa zone économique exclusive, en lien avec les entités onusiennes compétentes, afin de protéger les ressources halieutiques pillées par des flottes de pêches étrangères non autorisées.  Il a rappelé que protection des océans et lutte climatique sont étroitement liées, soulignant l’importance de prendre les mesures nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a détaillé les mesures prises par son pays pour réduire les énergies fossiles, avec notamment le lancement d’une production d’hydrogène vert.  Le Président a rappelé que la protection de l’écosystème marin passe par une lutte énergique contre les pirates, qui sévissent notamment dans le golfe de Guinée et la Corne de l’Afrique.  Le Président a appelé à une expansion de la coopération internationale avec les pays de ces régions en vue du renforcement de leurs capacités face à cette menace mondiale.  Il a déclaré que le blocus des ports de la mer Noire en Ukraine cause une crise alimentaire mondiale, exigeant un cessez-le-feu immédiat.  Enfin, il a mentionné les efforts déployés par la Communauté des pays de langue portugaise pour la protection des océans, notamment une lutte contre les pêches illicites.

M. SURANGEL WHIPPS, JR., Président des Palaos, s’exprimant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a indiqué que les États du Pacifique ne produisent que 3% des déchets plastiques se trouvant dans les océans, mais qu’ils sont parmi les plus affectés par le fléau.  Il a rappelé que les prédictions laissent voir qu’il y aura plus de déchets plastiques que de poissons dans les océans d’ici l’année à 2050, avant d’appeler à réguler davantage la navigation dans le Pacifique.  Il a également plaidé pour la mise en exergue des connaissances traditionnelles des peuples autochtones qui complètent les sciences océaniques.  Le Président a noté que l’ODD 14 est le moins financé de tous les objectifs de développement durable.  Pour pallier cet état de fait, il a espéré un apport conséquent du secteur privé et des investissements étrangers directs (IED).  Il a aussi insisté sur la préservation de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales, appelant à l’avènement d’un instrument international juridiquement contraignant sur la question. 

Sur le plan national, il a relevé qu’aux Palaos, la biodiversité marine ne cesse de diminuer.  Le pays entend se tourner vers des énergies renouvelables à 100%.  Pour ce faire, les Palaos attendent le soutien de pays technologiquement avancés pour parvenir à « la prospérité bleue ».  Il a estimé que toute l’humanité fait partie de la solution, y compris les 3 millions d’habitants de Taiwan.  « Cessez d’utiliser les océans comme poubelle », a-t-il lancé.

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a rappelé que la Colombie est l’un des plus touchés par la crise climatique, avant de souligner l’engagement de son pays à parvenir à zéro émission d’ici à 2050 et à réaliser l’ODD 14.  Nous avons augmenté de 16 millions d’hectares les aires marines protégées, et la Colombie est en passe de parvenir à l’objectif de 30% de zones marines protégées, a dit le Président, en parlant de « réalisation historique ».  Il a également détaillé l’action de la Colombie pour protéger les barrières de corail et lutter contre la pollution plastique, avant de mentionner les projets de préservation menés avec le Panama notamment.  Enfin, il a dénoncé les dégâts causés par la pêche au chalut, l’équivalent en mer du déboisement sur terre. 

M. MOHAMED YOUNIS MENFI, Président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’unité nationale de la Libye, a rappelé que, depuis l’aube de l’humanité, les êtres humains font partie des écosystèmes naturels.  Longtemps, a-t-il observé, les besoins humains ont été limités par des modes de production et de consommation qui ne menaçaient pas les écosystèmes.  Mais, au cours du siècle dernier, l’avènement de la production de masse, le recours aux pesticides et l’utilisation de carburants fossiles ont réduit nos ressources naturelles à une cadence sans précédent.  N’oublions pas que près des deux tiers des ressources planétaires sont issues des mers et des océans, a-t-il lancé, avant de faire remarquer que son pays a le plus long littoral de la mer Méditerranée, avec quelque 1 700 km de côtes qui abritent 90% de la population nationale, particulièrement tributaire de l’économie marine.  De fait, la menace d’élévation du niveau de la mer induite par les changements climatiques est une source de grande préoccupation pour la Libye.  En outre, les écosystèmes sont endommagés en raison de la situation sécuritaire du pays et nos plages sont polluées, utilisées pour la traite de migrants ou la contrebande d’armes, a souligné le Chef de l’exécutif libyen, avant d’appeler la communauté internationale à aider la Libye à s’impliquer davantage dans la protection marine.  Nous approchons tous d’un « point de non-retour », a-t-il averti en conclusion.  Nous devons protéger notre planète bleue, comme cela a été mis en exergue dans l’Accord de Paris pour le climat.

M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la Guinée-Bissau, a rappelé que les océans sont le premier écosystème de la planète.  Il a indiqué que son pays suit un modèle de développement durable, en dépit de difficultés.  Il a souligné la vulnérabilité de la Guinée-Bissau aux changements climatiques, en particulier l’érosion côtière, et appelé à mettre en œuvre l’Accord de Paris.  Le Président a également souligné l’importance des partenariats noués avec l’ONU et l’Union européenne notamment. 

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a décrit son pays comme un État côtier situé sur la façade atlantique de l’Afrique.  Un pays dont la population côtière compte plus de 2 millions d’individus, sur un total national de 31 millions d’habitants.  À l’échelle planétaire, a-t-il fait valoir, l’océan est une source de denrées alimentaires pour plus de trois milliards de personnes.  Les océans sont aussi le poumon de notre planète puisqu’ils fournissent 50% de l’oxygène que nous respirons et absorbent 25% du CO2 dû aux activités humaines.  De surcroît, les océans sont des moteurs de l’économie mondiale, à laquelle ils contribuent à hauteur de 4%.  Mais ils sont menacés par la pollution marine, la surexploitation et la perte de diversité biologique.  Dans la foulée du sommet « One Ocean » organisé en février dernier, la Conférence de Lisbonne doit permettre de renforcer la sensibilisation mondiale et de réduire la pression infligée aux océans, a plaidé le Président ghanéen.  En septembre 2021, a-t-il rappelé, l’Équateur, l’Allemagne et le Viet Nam se sont joints au Ghana pour combattre la pollution plastique.  Un projet de résolution a ainsi pu être présenté sur cette question, lors de l’Assemblée sur l’environnement à Nairobi, en vue d’appuyer l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant à l’échelle internationale sur la pollution plastique en milieu marin.  Se disant partisan d’une approche basée sur le cycle complet du plastique, le Chef d’État a par ailleurs indiqué que son pays a mis en œuvre un plan d’action national pour lutter contre la pêche illicite et non réglementée, tout en veillant à la sûreté de la navigation marchande.  Avant de conclure, il a invité participants à cette deuxième Conférence des Nations Unies sur océans à se réengager en faveur de la réalisation de l’ODD 14. 

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a affirmé que la crise climatique est également une crise des océans, puisque ces derniers absorbent environ 20 à 30% du carbone produit par les hommes.  Pour lui, la piraterie dans le golfe de Guinée a un impact néfaste sur les échanges commerciaux dans la région.  Son pays entend par ailleurs mettre sur pied des usines de recyclage des déchets plastiques afin de prévenir leur déversement dans les océans.  De même, dans sa stratégie de lutte contre la pauvreté, la Guinée équatoriale entend se tourner résolument vers l’économie bleue.  Le Président a appelé à renforcer le cadre de coopération existant dans des domaines de la biodiversité marine et à s’engager à résoudre le fléau de la piraterie. 

M. PHILIP ISDOR MPANGO, Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que l’exploitation de la zone maritime de son pays est compromise par la pollution, la perte de biodiversité, les changements climatiques et l’érosion des plages.  Des mesures ont été prises pour interdire les sacs en plastique à usage unique et 6,5% des zones côtières sont devenues des zones marines protégées.  En outre, près de 99% des pêches à l’explosif sont contrôlées et la surveillance des pêches dans les grands fonds marins a été renforcée.  Il a également indiqué que la loi de 2015 sur les pêcheries nationales vise à créer un secteur robuste et efficace qui contribue à la sécurité alimentaire et à la croissance économique tout en protégeant l’environnement marin et côtier.  Le Vice-Président a par ailleurs appelé à investir dans les technologies novatrices pour combattre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.  Des efforts supplémentaires s’imposent en outre en matière de planification de l’espace marin et d’élevage en cage dans les zones maritimes, a-t-il ajouté.

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre et Ministre des affaires iTaukei, de l’industrie du sucre, des affaires étrangères et des forêts des Fidji, qui s’exprimait au nom du Forum des Îles du Pacifique, a rappelé le danger de la montée des eaux pour les pays du Pacifique, qui ne doit pas signifier de moindres droits économiques sur les mers pour ces nations.  Il a ensuite condamné le rejet de déchets radioactifs et appelé à œuvrer lors de la prochaine COP en Égypte pour limiter la hausse des températures.  Il a rappelé que l’objectif de développement durable 14 sur la conservation et l’exploitation durable des océans est le moins financé de tous les objectifs.  Nous avons besoin de davantage de financements, a conclu le Ministre, en demandant que les lacunes dans le financement soient urgemment comblées.

M. ANTÓNIO COSTA, Premier Ministre du Portugal, a appelé à élaborer un programme mondial pour les océans axé sur des solutions pratiques fondées sur la science et dotées des ressources financières nécessaires.  La connaissance scientifique doit être au centre de notre action, et c’est dans cette optique que le Portugal a mis en place l’initiative « AIR Centre », un réseau de collaboration scientifique entre les pays et les instituts de recherche.  Il a indiqué que le Portugal a la plus importante biodiversité marine d’Europe, et vise à ce que 100% de l’espace maritime sous sa juridiction soit classé comme environnementalement sain, et que d’ici à 2030, 30% des zones maritimes nationales soit des aires protégées.  Le pays entend en outre transformer la pêche nationale en une activité durable et à faible impact environnemental. 

Le Premier Ministre a par ailleurs jugé urgent de reconnaître le lien déterminant entre le climat et les océans, ces derniers étant le principal régulateur climatique et puits de carbone.  Il a indiqué que le Portugal entend produire 10 gigawatts d’électricité d’ici à 2030 à partir des océans.  Il a également fait savoir que l’économie bleue est un élément central de la stratégie nationale de développement de son pays.  Le Portugal entend en effet promouvoir l’entrepreneuriat, l’emploi et l’innovation, notamment dans la bioéconomie de la mer, et avec l’objectif de doubler le nombre de startups de l’économie bleue, ainsi que le nombre de projets soutenus par des fonds publics.  Il a annoncé que le Forum sur l’économie bleue et l’investissement, prévu demain à Estoril, a déjà battu les records en inscriptions pour ce genre de rencontre dédié à l’économie bleue.  Le Portugal entend tenir un évènement similaire l’an prochain, a-t-il ajouté.  Avec la même ambition avec laquelle nous avons cherché à atteindre la lune ou Mars, « il est temps de descendre sur Terre, la planète bleue, notre planète », a-t-il dit, espérant que cette conférence marque une étape importante dans « les retrouvailles entre l’humanité et les océans ». 

Mme KATRIN JAKOBSDÓTTIR, Première Ministre de l’Islande, a dit constater les effets des changements climatiques avec l’inquiétant recul des glaciers qui entourent son île.  Face à cette crise, l’Islande défend des objectifs ambitieux, notamment la neutralité carbone d’ici à 2030 et le non-renouvellement des licences expirées d’exploitation pétrolière.  En Islande, a-t-elle témoigné, les pêcheurs affirment assister au quotidien aux changements climatiques.  Dans la région arctique, le réchauffement est plus important qu’ailleurs, ce qui a des conséquences dévastatrices sur les chaînes alimentaires, tandis que l’élévation du niveau de la mer menace les populations côtières, en particulier les peuples autochtones.  Elle a rappelé qu’outre la crise climatique et les effets persistants de la pandémie de COVID-19, une guerre fait désormais rage au cœur de l’Europe, laquelle menace d’engendrer une crise alimentaire extrêmement grave.  Le conflit en Ukraine nous éloigne des promesses faites en matière de climat et de développement durable, s’est-elle inquiétée.  Notant en outre qu’il reste un long chemin à parcourir pour réaliser l’ODD 14, elle a appelé à progresser dans l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale.  Enfin, après avoir rappelé que son pays s’est fait le chantre de l’alimentation bleue, elle a appelé à mettre un terme à la pêche illégale, non réglementée et non déclaré, ce qui, selon elle, favorisera le combat pour le climat et aidera à soutenir les plus démunis. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libye: le processus électoral reste au cœur des discussions du Conseil de sécurité à un mois de l’expiration du mandat de la MANUL

9078e séance,
après-midi
CS/14949

Libye: le processus électoral reste au cœur des discussions du Conseil de sécurité à un mois de l’expiration du mandat de la MANUL

À la veille d’une réunion à Genève entre les chefs de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État libyens, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a insisté aujourd’hui devant le Conseil de sécurité sur le fait que la priorité pour l’ONU en Libye reste le retour au processus électoral.  Alors que la période de transition prévue par la feuille de route s’est achevée le 22 juin sans que les élections, prévues fin décembre 2021, aient pu être tenues, Mme Rosemary DiCarlo s’est dite « ravie » des progrès accomplis par les délégués au Forum de dialogue politique intralibyen, le 20  juin, concernant une base constitutionnelle pour le scrutin. 

Mme DiCarlo a mis l’accent sur le large consensus obtenu par les parties sur la plupart des articles litigieux du projet de Constitution de 2017 et a annoncé qu’elles avaient accepté l’invitation de la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la Libye, Mme Stéphanie Williams, à une réunion à Genève les 28 et 29  juin, afin de parvenir à un accord sur les mesures régissant la période de transition menant aux élections.  Elle a également pris note du lancement, le 23 juin, de la vision stratégique du projet pour la réconciliation nationale du Conseil de la présidence, et a fait part de la disposition de l’ONU à faciliter le dialogue entre le Premier Ministre du Gouvernement d’Unité nationale Abdul Hamid Mohammed Dbeibah et Fathi Bashagha, élu Premier Ministre par intérim le 10  février dernier par la Chambre des représentants basée à Tobrouk.  Elle a enfin salué la reprise des activités de la Commission militaire conjointe 5+5 dont la réunion, le 7 juin à Tunis, a porté sur la nécessité de renforcer le cessez-le-feu. 

En revanche, la Secrétaire générale adjointe a déploré, comme après elle plusieurs membres du Conseil, la fermeture partielle du secteur pétrolier qui a conduit à une perte de revenus de 3,1 milliards de dollars.  Elle s’est également montrée préoccupée par la situation des droits de l’homme, et a demandé aux autorités d’enquêter sur toutes les allégations et les responsables de violation des droits.  Elle a aussi suggéré de proroger le mandat de la mission indépendante d’établissement des faits sur la Libye, soutenue sur ce point notamment par la France, la Norvège et l’Albanie.  À cet égard, le sort des migrants a été évoqué, notamment par le Ghana au nom des A3. 

Les A3 ont en outre souhaité que les futures élections garantissent la pleine participation des femmes et des jeunes, une préoccupation partagée en particulier par l’Irlande, alors qu’une représentante de la société civile libyenne avait témoigné de la difficulté pour les femmes d’être incluses dans une société dominée par les hommes et des traditions patriarcales.  Le représentant de la Libye a toutefois affirmé que la participation des femmes à la vie publique avait récemment connu des évolutions positives, notamment au Parlement. 

Le représentant de la Libye a en revanche déploré une impasse dans le processus politique, désormais couplée à une crise énergétique et alimentaire qui alimente la frustration de la population.  Il a exhorté le Conseil de sécurité et l’ONU à appuyer le processus électoral et à envoyer des équipes « dès maintenant », notamment pour assurer la tenue d’élections libres et transparentes.  En même temps, il a dénoncé la division du Conseil concernant la situation dans son pays et accusé certains de ses membres de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Libye.  Il a également estimé que le Conseil ne prenait pas assez en compte l’opinion de son pays et se contentait trop souvent de l’informer sans le consulter.  Il a cité à cet égard les discussions en cours pour nommer enfin, après plusieurs mois de vacances, un représentant spécial à la tête de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

La question de la direction de la Mission et de son mandat, qui doit être renouvelé fin juillet après quatre prorogations techniques depuis septembre 2021, a été abordée par plusieurs des membres du Conseil.  Les États-Unis ont souhaité que le Conseil dote la MANUL d’un mandat clair d’un an pour lui permettre de travailler en toute confiance à régler les nombreux problèmes de la Libye et ont souhaité que la Mission mette en œuvre les recommandations de l’examen stratégique de l’an dernier pour s’acquitter de son mandat de façon effective et aider à stabiliser le pays.  Le Mexique a lui aussi demandé un renforcement de la Mission grâce à un leadership et un mandat forts à la hauteur des défis auxquels est confrontée la Libye. 

La question de la direction de la MANUL a donné lieu à une passe d’armes entre le représentant de la Fédération de Russie et ceux des États-Unis et du Royaume-Uni.  La Russie a accusé le Royaume-Uni, pays porte-plume, de saper un projet de déclaration présidentielle qu’elle faisait circuler sur la question, et a reproché plus généralement aux délégations occidentales d’être prisonnières d’une pensée néocoloniale et de vouloir imposer aux Libyens leur propre scénario d’une manière cynique et inacceptable, alors qu’elles sont responsables de la crise dans laquelle se débat le pays depuis leur agression de 2011.  Les États-Unis se sont « catégoriquement opposés » à toute accusation d’entrave et le Royaume-Uni a mis en cause les mercenaires présents en Libye, accusant en particulier le groupe russe privé Wagner d’avoir des « effets délétères » sur le pays et la région, et la Russie de violer l’embargo sur les armes.

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations liminaires

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, s’est dite ravie des progrès accomplis par les délégués de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État, le 20 juin, concernant une base constitutionnelle pour les élections, alors que les institutions du pays souffrent d’un manque de légitimité démocratique, puisque, a-t-elle rappelé, la Chambre des députés a été élue en 2014 pour une durée de quatre ans, alors que le haut Conseil a été élu voici près de 10 ans.  Elle a notamment expliqué que les deux parties étaient parvenues à un large consensus sur la plupart des articles litigieux du projet de Constitution de 2017 et avaient accepté l’invitation de la Conseillère spéciale du Secrétaire général, Mme Stéphanie Williams, à une réunion à Genève du 28 au 29 juin, afin de parvenir à un accord sur les mesures régissant la période de transition menant aux élections.  Les élections sont le seul moyen de régler les désaccords sur la légitimité démocratique de toutes les institutions libyennes, a insisté Mme DiCarlo.  Il est temps de se mettre d’accord sur les questions en suspens et de faire en sorte que les élections aient lieu, a-t-elle insisté.

Déterminée à soutenir les efforts de réconciliation nationale libyenne, la Secrétaire générale adjointe a pris note du lancement, le 23 juin, de la vision stratégique du projet pour la réconciliation nationale du Conseil de la présidence, qui met l’accent sur la lutte contre les causes profondes des conflits.  Le processus de réconciliation doit être inclusif, centré sur les victimes, fondé sur les droits et sur les principes de la justice transitionnelle, a-t-elle insisté.  Il doit mettre l’accent sur la vérité, la responsabilité et les réparations, a-t-elle suggéré, rappelant que la question du pouvoir exécutif n’est pas encore résolue. 

L’ONU est prête à faciliter le dialogue entre le Premier Ministre du Gouvernement d’Unité nationale Abdul Hamid Mohammed Dbeibah et Fathi Bashagha, élu Premier Ministre par intérim le 10 février dernier par la Chambre des représentants basée à Tobrouk, a fait savoir Mme DiCarlo.  La Secrétaire générale adjointe a appelé les acteurs politiques et sécuritaires libyens à faire preuve de la plus grande retenue et à régler tous les différends par le dialogue, et a salué la reprise des activités de la Commission militaire conjointe 5+5.  La réunion, le 7 juin à Tunis, du Groupe de travail sur la sécurité de la Conférence de Berlin, avec la participation de la Commission militaire conjointe 5+5, a porté sur la nécessité de renforcer le cessez-le-feu et fourni une occasion aux observateurs libyens du cessez-le-feu de l’Est et de l’Ouest de tenir leurs premières discussions pour opérationnaliser le Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dirigé et contrôlé par les Libyens.  Une autre réunion est programmée à nouveau, à Tunis, les 28 et 29 juin, a précisé Mme DiCarlo.

Sur le plan économique, la Secrétaire générale adjointe a expliqué que la fermeture partielle du secteur pétrolier avait réduit les exportations de pétrole libyen d’un tiers, représentant pour le pays une perte de revenus de 3,1 milliards de dollars.  Le 7 juin, a-t-elle continué, l’ONU et le Ministère de la planification ont signé le premier Cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable en Libye, couvrant la période 2023-2025, qui guidera le travail de consolidation de la paix et de développement des entités des Nations Unies en Libye, conformément aux priorités nationales et à l’appui de la réalisation des objectifs de développement durable. 

S’alarmant de la situation des droits de l’homme dans le pays, Mme DiCarlo s’est montrée préoccupée par les restrictions drastiques imposées aux organisations de la société civile.  Ainsi, les défenseurs des droits de l’homme sont la cible de discours de haine et d’incitation à la violence compromettant leur sécurité.  Depuis mai, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a reçu d’autres informations faisant état de graves allégations de torture contre des Libyens, des migrants et des demandeurs d’asile dans des centres de détention et des prisons.  Les autorités doivent enquêter sur toutes les allégations et les responsables de violations des droits de l’homme doivent être tenus responsables au niveau national ou, le cas échéant, par la Cour pénale internationale, a rappelé la Secrétaire générale adjointe, qui a suggéré de proroger le mandat de la Mission indépendante d’établissement des faits sur la Libye pour enquêter et informer sur les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et contribuer ainsi à assurer une paix durable et à favoriser la réconciliation nationale fondée sur les droits en Libye.

Selon Mme DiCarlo, l’ONU avait, au 14 juin, enregistré le retour de 10 000 personnes déplacées supplémentaires dans leur lieu d’origine depuis le début de l’année.  Le nombre total des déplacés s’élève maintenant à 159 000, a-t-elle précisé, jugeant préoccupantes les menaces d’expulsions forcées de personnes déplacées.

Mme DiCarlo a conclu en insistant sur le fait que la priorité de l’ONU en Libye reste de faciliter le retour au processus électoral, sur une base constitutionnelle solide et consensuelle, afin d’organiser des élections qui sont le seul moyen de donner une légitimité démocratique aux institutions.  La prochaine réunion, à Genève, entre les chefs de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État devra aboutir à un accord final et réalisable qui conduirait aux élections le plus tôt possible.  L’appui constant et uni du Conseil à ces efforts est essentiel.

Mme BUSHRA ALHODIRI, Responsable des opérations de l’ONG locale Fezzan Libya Organisation (FLO), a indiqué avoir mené depuis 2016 plus de 30 projets de promotion de la cohésion sociale et l’autonomisation des jeunes et des femmes, en passant par le renforcement des capacités de gouvernance locale.  Elle a précisé combien il est difficile pour les femmes d’être incluses dans une société libyenne dominée par les hommes et des traditions patriarcales.  « Grâce à ces projets, j’ai été amenée à rencontrer les autorités locales, les hommes religieux et les membres de haut rang de la communauté pour analyser les indicateurs de conflit et concevoir la meilleure approche d’intervention pour rassembler les membres de la communauté » a ajouté Mme Alhodiri, avant de préciser que certains participants ont, au début, refusé de participer à une réunion dirigée par une jeune femme.  Elle a dit que la persistance de harcèlement sur les réseaux sociaux et d’agressions physiques dans la rue laissent entrevoir un avenir sombre pour les femmes libyennes.  Elle a dit que l’heure est venue pour les décideurs politiques en Libye de réaliser que l’objectif de démocratie pour tous nécessite une réelle participation des femmes.

Face à ces enjeux, Mme Alhodiri a appelé à des efforts visant à encourager la participation des femmes à la vie politique et aux activités de consolidation de la paix en Libye.  Elle a jugé essentiel d’améliorer les services destinés aux femmes et une meilleure coordination entre les instances gouvernementales, les ONG et la communauté internationale pour améliorer les programmes mis en œuvre en faveur des femmes aux niveaux national et local. 

En outre, la représentante de la société civile a dit la nécessité de renforcer la position des femmes par la législation et de porter à 50% le quota de femmes aux prochaines élections législatives.  Enfin, elle a jugé indispensable de promouvoir et de diffuser une culture d’égalité des sexes qui donne la priorité à la participation des femmes pour promouvoir la démocratie.  Enfin elle a invité la MANUL à aider les autorités libyennes à créer un cadre national pour la promotion des femmes rurales, des déplacées et des femmes victimes de violences domestiques.

Déclarations

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a constaté qu’en l’absence d’élections en décembre dernier, la feuille de route n’est pas parvenue à son terme.  Il s’est félicité des progrès réalisés entre les Chambres lors des pourparlers qui se sont tenus au Caire, ajoutant qu’il appartient désormais à celles-ci de décider du cadre juridique devant mener à des élections et à respecter le choix du peuple libyen.  La stabilité en Libye ne sera possible qu’au moyen d’un processus politique inclusif incarné par des élections libres et régulières, a-t-il rappelé.  Estimant que la présence de troupes étrangères en Libye continue de représenter un obstacle à la paix et la sécurité, il a exhorté les mercenaires à quitter le pays sans délai.  Le représentant s’est dit favorable à l’appui de la Commission militaire conjointe 5+5 pour assurer la mise en œuvre du cessez-le-feu et appelé à davantage de progrès sur cette question.  À l’approche de la date de renouvellement de la MANUL, il s’est dit prêt à des discussions constructives sur un nouveau mandat de la Mission. 

M. HAROLD A. AGYEMAN (Ghana) qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a salué les progrès accomplis par la Chambre des députés et le Haut Conseil d’État dans la recherche d’une base constitutionnelle pour les élections.  Cet élan doit être maintenu pour résoudre les problèmes en suspens, a exhorté le représentant, pour qui le processus de paix, dirigé et contrôlé par les Libyens, ne peut être réalisé sans le dialogue et la réconciliation.  Il a salué le lancement par les autorités libyennes de la vision stratégique du projet de réconciliation nationale.  Un processus de paix n’est pas exclusivement électoral, a toutefois prévenu le représentant, qui a souhaité des élections qui garantissent la pleine participation des femmes et des jeunes libyens.  Il a mis en garde contre toute tentative extérieure de dicter leur conduite aux Libyens quant à la voie de paix à suivre.  Le représentant s’est dit préoccupé par les violences à Tripoli et dans les environs et appelé les parties à renoncer à toute rhétorique incendiaire.  Les combattants étrangers, les forces étrangères et les mercenaires doivent quitter immédiatement la Libye, a-t-il ajouté, estimant qu’un tel départ aiderait à l’unification de l’armée.  Il a demandé aussi au Conseil de soutenir la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu et de respecter son embargo sur les armes. 

Estimant que le processus de paix en Libye est inextricablement lié à la stabilité de la région, M. Agyeman a jugé essentielles les consultations avec les États voisins et a demandé que l’appui international soit étendu à la coopération transfrontalière dans la lutte contre le trafic d’armes et la traite des êtres humains.  Les efforts de désarmement, de démobilisation et de réinsertion ne doivent pas seulement être concentrés en Libye, mais se dérouler aussi dans le cadre d’une approche collaborative avec les États voisins et les organisations régionales, a-t-il poursuivi.  En outre, il est nécessaire d’inclure le renforcement des capacités et l’appui en matière de lutte contre le terrorisme dans les réformes du secteur de la sécurité et les efforts de désarmement, démobilisation et réintégration. 

Le représentant a demandé que tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile soient traités avec dignité et que toute mesure concernant les avoirs gelés de la Libye soit prise en consultation avec les autorités libyennes, afin de veiller à ce qu’ils soient préservés en vue de leur retour éventuel au peuple libyen. 

M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) s’est inquiété d’un risque de détérioration en Libye en l’absence d’accord entre les parties et avec l’impasse dans laquelle se trouve le processus électoral.  Il a jugé important de voir des progrès concrets dans le retrait total et complet des forces étrangères et des mercenaires.  Il a regretté l’absence de progrès tangibles à cet égard, plus d’un an et demi après la signature de l’accord de cessez-le-feu.  Il a aussi noté que la soi-disant formation militaire dispensée par certains pays et la présence de leurs troupes sur le sol libyen constituent une violation manifeste des résolutions du Conseil de sécurité, plus précisément du paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité.  Il a jugé important de veiller à ce que le processus politique en Libye soit pleinement dirigé et détenu par les Libyens sans imposition ni ingérence extérieure.  Le représentant a aussi jugé important que la communauté internationale concentre son attention sur la menace terroriste en Afrique, en particulier dans la région du Sahel.  Notant que les rapports du Secrétaire général et du Groupe d’experts font état de la présence de camps d’entraînement de l’EIIL et de ses affiliés dans le sud de la Libye, le représentant a exhorté le Conseil à s’attaquer à cette question avant qu’il ne soit trop tard. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a encouragé les chefs des partis qui se réuniront cette semaine à Genève à assurer la tenue d’élections inclusives, libres et démocratiques aussi tôt que possible.  Les progrès réalisés depuis 2020 ne doivent pas être perdus, a-t-elle souhaité, en se référant à la détérioration des services publics, notamment l’éducation et les services de santé, et au cessez-le-feu fragile qui perdure sous les menaces.  Les autorités libyennes doivent honorer leurs obligations en matière de protection des droits de la personne, a-t-elle aussi exigé.  Elle s’est dite favorable à la prorogation du mandat de la mission d’établissement des faits de la Libye afin de faire progresser le respect des droits humains et de la réconciliation. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) s’est dit consterné que des hommes qui ne s’appuient pas sur la légitimité populaire décident qui peut détenir le pouvoir en Libye, alors que des millions de Libyens attendent toujours d’exercer leurs droits de voter pour désigner leurs dirigeants.  Pour le représentant, c’est l’unité qui peut conduire à la stabilité.  On ne peut rester dans le statu quo parce que cela implique stagnation et violence potentielle.  Le fait de dire que la feuille de route est arrivée à échéance ne change pas les faits sur le terrain, a prévenu le représentant.  Estimant que le report des élections ne pourrait que conduire à plus d’instabilité, il a rappelé que l’objectif du Forum de dialogue politique interlibyen était d’organiser des élections.

Prenant note des progrès accomplis par la Chambre des députés et le Haut Conseil d’État, M. Mills les a exhortés à surmonter leurs différends lors de la prochaine réunion de Genève, dans laquelle il a vu la possibilité d’un catalyseur pour de la tenue des élections.  S’agissant du cessez-le-feu, le représentant a réitéré l’appui des États-Unis aux parties pour parvenir à un accord sur une base constitutionnelle.  Il a demandé à la MANUL de mettre en œuvre les recommandations de l’examen stratégique pour pouvoir s’acquitter de son mandat de façon effective et aider à stabiliser le pays.  Il a demandé au Conseil de doter la Mission d’un mandat clair et d’un an, pour lui permettre de travailler en toute confiance pour régler les nombreux problèmes de la Libye. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué l’accord intervenu entre le Haut Conseil d’État et la Chambre des représentants qui a conduit aux pourparlers qui se tiennent les 28 et 30 juin à Genève.  Il a approuvé la pertinence et la légitimité de la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen et s’est félicité de la vision stratégique du projet de réconciliation nationale, exprimant son espoir de voir bientôt ce dernier pleinement mis en œuvre.  S’agissant de la paix et de la sécurité, il a regretté la poursuite des actes de violence à travers la Libye et a réitéré l’importance de l’accord de cessez-le-feu de 2020.  Il a noté que le plan d’action de la Commission militaire conjointe 5+5 est la pierre angulaire de sa mise en œuvre.  « Nous soutenons le renforcement des institutions en Libye, dirigé et réalisé par les Libyens eux-mêmes, avec une pleine appropriation nationale, et croyons fermement que ces institutions renforceront la capacité de la Libye à favoriser la paix et la sécurité », a-t-il conclu.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit préoccupé par l’évolution de la situation en Libye, qui risque d’anéantir les progrès réalisés ces dernières années.  Dans un contexte marqué par la coexistence de deux gouvernements rivaux, le risque d’une partition du pays ne doit pas être pris à la légère.  Pour le représentant, la priorité doit être de résoudre la crise du pouvoir exécutif pour parvenir à un gouvernement unifié, capable de mener le processus électoral sur l’ensemble du territoire libyen.  Il a appelé les acteurs libyens à s’abstenir de toute violence, à respecter le cessez-le-feu et à se concentrer sur la tenue des élections présidentielle et parlementaires.  Ce dialogue est nécessaire pour définir une nouvelle feuille de route pour la tenue des élections dans les meilleurs délais, a ajouté M. de Rivière, qui a encouragé les présidents des deux chambres à finaliser l’accord sur la base constitutionnelle à l’occasion de leur réunion à Genève les 28 et 29 juin, et à permettre ainsi son entrée en vigueur dès que possible. 

Le représentant a souligné l’importance du dialogue pour apaiser les tensions et préserver la stabilité.  Ce dialogue est nécessaire pour poursuivre la mise en œuvre de l’accord du cessez-le-feu, notamment le retrait de toutes les forces étrangères et des mercenaires dans les meilleurs délais, et a pour objectif la réunification des institutions libyennes, notamment militaires et sécuritaires.  Saluant la reprise des travaux de la Commission militaire conjointe 5+5, M. de Rivière a rappelé l’obligation faite à tous les États Membres de respecter l’embargo sur les armes.  Il s’est dit préoccupé par la poursuite du blocage pétrolier et a apporté son appui aux propositions de gel des revenus pétroliers.  Il a appelé enfin au renouvellement du mandat de la mission indépendante d’établissement des faits en Libye, dont le travail est essentiel au regard des violations préoccupantes des droits de l’homme, notamment des migrants, et du droit international humanitaire. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a déploré que le processus politique en Libye continue d’être affaibli par l’absence d’un véritable engagement en faveur de la tenue d’élections.  La situation est devenue « pratiquement intenable », a-t-elle noté, alors que la volonté légitime des citoyens libyens se heurte aux intérêts individuels de groupes politiques qui entravent la transition démocratique.  Dans ce contexte, la représentante a invité les membres du Conseil de sécurité à renforcer la MANUL au moyen d’un leadership et d’un mandat forts, à la hauteur des défis auxquels est confrontée la Libye. 

S’agissant de la situation sécuritaire, Mme Buenrostro Massieu a condamné les affrontements des dernières semaines près de Tripoli et appelé toutes les factions à respecter l’accord de paix.  Ces événements nous montrent qu’il est urgent de réaliser des progrès en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration, a-t-elle relevé.  Elle a par ailleurs émis l’espoir que les prochains rapports du Secrétariat des Nations Unies comporteront davantage d’informations sur la contribution spécifique de la composante des Nations Unies au mécanisme de surveillance du cessez-le-feu. 

Concernant la situation économique, la représentante a qualifié « d’injustifiables » les actions entreprises pour boycotter l’exploitation et la commercialisation du pétrole, estimant qu’elles privent le peuple libyen de ressources indispensables pour financer les services de base et faire face à la situation humanitaire.

M. DAI BING (Chine) a noté que plusieurs tâches prévues dans la feuille de route n’ont pu être réalisées dans les délais impartis et que plusieurs différends demeurent entre les parties, notamment sur la tenue des élections.  Il a estimé que ces différends ne doivent pas empêcher le processus de paix d’avancer dans la bonne direction.  Il a dit apprécier le rôle positif de l’Égypte pour maintenir la dynamique du dialogue.  Le représentant a appelé la communauté internationale à respecter la souveraineté nationale de la Libye et à renoncer à toute volonté d’imposer des solutions de l’extérieur.  Rappelant que la crise libyenne est née d’une intervention extérieure, le représentant a appelé à éviter de répéter les erreurs du passé.  Il a enfin invité les membres du Conseil de sécurité à parvenir à un consensus sur la question libyenne. 

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a imploré les parties libyennes de se mettre d’accord, dès que possible, sur un cadre politique qui ouvrirait la voie à des élections nationales libres, équitables et inclusives.  Prenant note des résultats des dernières négociations du Forum de dialogue politique interlibyen, la représentante a appelé les deux parties à éviter les actions unilatérales et à assurer aux femmes une participation pleine, égale et significative à tous les aspects de la transition politique et des efforts de consolidation de la paix en Libye.  Elle a condamné toutes les menaces, les représailles et les violences, en ligne et hors ligne visant les femmes, en particulier les défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix.  Les autorités doivent redoubler d’efforts pour prévenir ces actes odieux, demander des comptes à leurs auteurs et prendre des mesures pour permettre le travail des organisations de la société civile, a-t-elle plaidé. 

Après avoir demandé le renouvellement du mandat de la MANUL, la représentante a exprimé ses inquiétudes quant à la situation générale sécuritaire de plus en plus instable.  Elle a appelé tous les acteurs à respecter l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 et demandé le retrait complet de tous les combattants, que ce soit ceux des forces étrangères ou des mercenaires.  S’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit signifie assurer une répartition transparente, responsable, juste et équitable des richesses et des ressources publiques pour le peuple libyen et donner la priorité à la réconciliation nationale, s’attaquer aux profondes divisions politiques et construire une paix durable de bas en haut, a recommandé la déléguée.  Enfin, elle a dit attendre la nomination d’un nouveau représentant spécial du Secrétaire général pour diriger la MANUL, en ce moment important pour la Libye et son peuple. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé qu’à ce moment « critique » de la situation en Libye, suite à la conclusion du calendrier établi dans la feuille de route, les Libyens doivent continuer de s’engager dans un dialogue national responsable et une désescalade complète.  Il a salué les progrès accomplis par les parties suite au troisième cycle de consultations du Comité de suivi de la Constitution au Caire, et espéré que les réunions qui se tiendront, cette semaine, à cet effet permettront de parvenir à un consensus sur les questions en suspens.  Il a espéré que ces mesures permettront aux Libyens d’adopter des mesures pratiques, fondées sur un cadre constitutionnel, pour faciliter la tenue d’élections parlementaires et présidentielle libres et inclusives. 

Pour ce faire, il a jugé indispensable d’améliorer la situation sécuritaire, alors que les affrontements se poursuivent aux environs de Tripoli.  Il s’est félicité de la reprise de la Commission militaire conjointe 5+5, tout en insistant sur la nécessité de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité relatives au retrait des forces, des combattants étrangers et des mercenaires de Libye de manière simultanée, progressive et équilibrée.  Enfin, il a mis en garde contre les « vides sécuritaires » qui peuvent être exploités par les groupes extrémistes et terroristes ou servir de vecteurs à la propagation de discours de haine et d’incitation à la violence. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit craindre que la Libye ne puisse jamais se remettre des conséquences de l’agression occidentale de 2011.  Il a noté que le processus de rédaction de la Constitution et l’organisation des élections n’ont pu se terminer à temps alors qu’il n’y a pas eu de progrès dans l’unification des structures administratives et militaires.  Le représentant a fermement condamné la récente recrudescence de la violence entre les groupes armés à Tripoli et dans d’autres régions du pays, ainsi que les fermetures de routes le long de la côte.  Il a exhorté les parties à s’abstenir d’actions irréfléchies qui aggraveraient la scission.  Il a appelé tous les acteurs internationaux qui ont de l’influence sur les différentes forces libyennes à les inciter à une interaction constructive par des moyens politiques et diplomatiques. 

M. Polyanskiy a salué les progrès intervenus au cours du troisième cycle de négociations achevé au Caire entre les délégations de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État sur le projet d’une future Constitution, sans parvenir à un accord.  Il a jugé pertinent de respecter le cessez-le-feu et que la Commission militaire conjointe 5+5 poursuive ses travaux.  Pour la Fédération de Russie, le retrait synchronisé, équilibré, graduel et échelonné de tous les groupes armés et unités militaires étrangères, conformément aux accords conclus à Genève, l’année dernière, par la Commission militaire conjointe 5+5, est la seule approche qui permettra d’éviter la dégradation de la situation sécuritaire. 

Le représentant a estimé que la situation en Libye menaçait de devenir incontrôlable en raison de l’égoïsme des délégations occidentales.  Il a ajouté qu’une MANUL « décapitée » et sans chef ne pouvait pleinement remplir les fonctions essentielles qui lui sont confiées pour accompagner le dialogue national.  Il a accusé les délégations occidentales d’être prisonnières d’une pensée néocoloniale et de vouloir imposer aux Libyens leur propre scénario d’une manière cynique et inacceptable et s’en est pris au représentant du Royaume-Uni, pays porte-plume sur la Libye, en l’accusant de saper un projet de déclaration présidentielle soumis par la Russie.  Il a exhorté le Secrétaire général à aborder cette question de manière équilibrée et délibérée.  Il a souhaité que la candidature au poste de Représentant spécial tienne compte de l’avis des partis libyens et des acteurs régionaux, afin de ne pas succomber aux diktats des occidentaux qui considèrent la Libye comme leur « pré carré ».

M. FERIT HOXHA (Albanie) a estimé que la priorité en Libye est d’éviter toute escalade militaire et de sortir de l’impasse politique et constitutionnelle.  La rivalité entre groupes armés n’est synonyme que de retour en arrière et ne doit pas être permise, a-t-il insisté.  Il a rappelé que le peuple libyen veut un processus par et pour les Libyens devant déboucher sur des élections libres et régulières, qui sont le cadre d’une base constitutionnelle.  Le représentant a demandé aux chefs du Haut Conseil d’État et de la Chambre des députés d’échanger en toute bonne foi lors de la réunion convoquée demain à Genève.  Le Conseil ne doit pas permettre de tentatives de prendre le pouvoir par la force, a-t-il appelé.

La deuxième priorité énoncée par le délégué de l’Albanie est de préserver la stabilité sur le terrain, en prévenant un conflit.  Il a exhorté tous les acteurs politiques et institutionnels à redoubler d’efforts pour le retrait de Libye des combattants étrangers, des forces étrangères et des mercenaires.  S’agissant de la situation relative aux droits de la personne, il a appelé les acteurs politiques libyens à respecter leurs engagements en matière de droits de la personne et à ne pas les oublier pour des gains politiques à court terme.  « Le processus de réconciliation doit être axé sur les droits et sur les victimes. »  Le représentant a dit être favorable à la prolongation du mandat de la mission d’établissement des faits en Libye.  Il a soutenu les efforts du Secrétaire général pour nommer un représentant spécial. 

Reprises de parole

Reprenant la parole pour réagir aux propos du représentant de la Fédération de Russie, M. KARIUKI (Royaume-Uni) a reproché à son homologue russe de parler d’unité du Conseil de sécurité alors que la délégation russe est la seule à avoir recouru au veto.  Il a rappelé que le dernier rapport du groupe d’experts avait apporté des éléments de preuve sur les agissements du groupe Wagner, lequel a des effets délétères sur le pays et la région.  « Nous avons aussi des preuves du groupe d’experts que l’embargo sur les armes a été violé par la Russie » a encore dit le représentant.

Réagissant à son tour aux propos du représentant de la Fédération de Russie, M. MILLS (États-Unis) s’est « catégoriquement opposé » à toute accusation d’entrave à l’adoption de résultats sur la Libye au Conseil de sécurité.  Les États-Unis ont envoyé des propositions pour renforcer le texte à l’étude sous la forme d’amendements légitimes et constructifs qui ne font l’objet d’aucune visée obstructionniste, a-t-il assuré.  Contrairement à la Fédération de Russie, les États-Unis ne se sont jamais opposés à la nomination d’un représentant spécial, a-t-il ajouté. 

Déclaration finale

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a déclaré que la participation des femmes à la vie publique en Libye avait récemment connu des évolutions positives, notamment au Parlement.  Il a fait état d’un processus politique dans l’impasse, avec une crise énergétique et alimentaire qui alimente la frustration de la population.  Nous sommes aux prises avec un « cercle vicieux », alors que la troisième série de pourparlers du Caire continue d’achopper sur des éléments de base qui font obstacle à la voie constitutionnelle, a-t-il noté.  Il a dit espérer que les parties soient en mesure de sortir de l’impasse actuelle lors de la prochaine réunion de Genève, afin de progresser vers la tenue d’élections libres et démocratiques.  Les accords politiques passés, a poursuivi le représentant, ont montré que la crise libyenne est une « crise politique par excellence », un conflit entre des « super-pouvoirs » qui se battent dans notre pays. 

M. Elsonni a exhorté le Conseil de sécurité et l’ONU à appuyer le processus électoral et à envoyer des équipes « dès maintenant », notamment pour assurer la tenue d’élections libres et transparentes.  Il a toutefois dénoncé la division du Conseil, qui a pour effet d’exacerber les souffrances du peuple libyen, tandis que certains de ses membres s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Libye.  Le représentant a demandé au Secrétaire général de consulter les parties prenantes libyennes avant de nommer un représentant spécial.  Le Conseil de sécurité ne prend pas en compte les opinions du pays concerné et ne le consulte que de façon informelle, a-t-il déploré. 

Malgré ces difficultés, le représentant a émis l’espoir que le pays serait en mesure de surmonter la crise actuelle, notamment grâce à un soutien à la réconciliation nationale, qui est tout aussi importante que le processus politique, pour répondre aux besoins du peuple libyen.  Malgré les initiatives et les dialogues des dernières années, la réconciliation nationale n’a jamais été dûment abordée en tenant compte de ses causes profondes, a estimé M. Elsonni, estimant qu’il y avait là un cercle vicieux dont le pays doit sortir, en collaboration avec l’Union africaine et l’ONU.  Après les puissances qui ont donné la priorité à leurs propres intérêts, il appartient maintenant aux Libyens de donner préséance à leurs intérêts, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: face à l’escalade de la violence au Moyen Orient, le Coordonnateur spécial appelle à cesser les provocations et la rhétorique incendiaire

9077e séance,     
matin
CS/14948

Conseil de sécurité: face à l’escalade de la violence au Moyen Orient, le Coordonnateur spécial appelle à cesser les provocations et la rhétorique incendiaire

Devant l’aggravation de la violence au cours des derniers mois en Cisjordanie et en Israël, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à l’arrêt des mesures provocatrices et de la rhétorique incendiaire de part et d’autre. 

Depuis la mi-mars, 49 Palestiniens, dont 14 enfants, ont été tués lors de manifestations, d’affrontements, d’opérations de sécurité israéliennes ainsi que d’attaques contre des Israéliens et dans des violences liées aux colons, a indiqué, depuis Jérusalem, M. Tor Wennesland, à l’ouverture de la séance mensuelle du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine.  Plus récemment, les incidents meurtriers se sont multipliés dans différentes localités de Cisjordanie, notamment dans le cadre d’opérations menées par les forces de sécurité israéliennes ou d’affrontements entre Palestiniens et colons israéliens. 

Cette période a également été marquée par les plus graves attaques terroristes perpétrées en Israël depuis des années, alors que 11 Israéliens et trois ressortissants étrangers ont été tués.  Le 18 juin, une roquette tirée depuis la bande de Gaza vers la ville israélienne d’Ashkelon a été interceptée par le système « Iron Dome ».  En représailles, les Forces de défense israéliennes ont frappé des cibles du Hamas dans la bande de Gaza, sans faire de blessés, a-t-il noté.

Selon le Coordonnateur spécial, cette montée de la violence est « alimentée et exacerbée » par une rhétorique incendiaire et des mesures provocatrices.  Au nombre de celles-ci, il a condamné, comme les membres du Conseil, la poursuite des démolitions et des saisies de propriétés appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, y compris des projets humanitaires financés par la communauté internationale.  Il s’est particulièrement inquiété des retombées de l’arrêt rendu par la Haute Cour israélienne sur Massafar Yatta, qui pourrait entraîner l’expulsion forcée d’environ 1 200 Palestiniens, dont 500 enfants.  Estimant que cette nouvelle avancée des colonies de peuplement israéliennes compromet les perspectives d’une solution à deux États, il a exhorté Israël à cesser immédiatement toute activité de colonisation.

« Les projets de colonisation ne renforceront pas la sécurité d’Israël », a prévenu le Ghana, rejoint par la France, qui a demandé la suspension définitive des démolitions et des évictions de familles palestiniennes « qui alimentent le désespoir et font le jeu des extrêmes ».  En 2020, seuls 10 permis de construction ont été délivrés à des Palestiniens, contre 2 526 unités de logement dans les colonies de peuplement, a relevé l’Irlande. 

Les membres du Conseil ont aussi déploré toutes les attaques commises au Moyen Orient.  La Fédération de Russie, après avoir dénoncé celle menée par l’armée israélienne sur l’aéroport international de Damas, a dit avoir l’impression qu’Israël a « carte blanche pour mener des actions illégales et unilatérales dans la région ».  Cette « quasi-ignorance » par la communauté internationale des violations systématiques des droits des Palestiniens reflète clairement la pratique du « deux poids, deux mesures » par les pays occidentaux au regard du droit international, selon la délégation russe. 

Afin de relancer le processus de paix, M. Wennesland a jugé essentiel que les parties prennent des mesures immédiates pour faire baisser les tensions et inverser les tendances négatives qui compromettent la perspective d’établir « dans les faits » la solution des deux États.  Pour ce faire, la Chine, rejointe par les Émirats arabes unis, l’Inde et le Kenya, a exhorté Israël à respecter la résolution 2334 (2016) qui affirme que les colonies constituent un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale.  Pour les États-Unis, il s’agit là du meilleur moyen de préserver l’avenir d’Israël en tant qu’État juif démocratique aux côtés d’un État souverain et viable de Palestine.

La crise financière de l’Autorité palestinienne, aggravée par les contraintes liées à l’occupation israélienne et l’absence de réformes palestiniennes, ainsi que le déficit de 100 millions de dollars de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ont également inquiété les délégations, qui ont toutefois renouvelé leur appui à cette dernière en tant que principale entité internationale fournissant une assistance humanitaire aux Palestiniens. 

« Comme l’ont démontré les événements des derniers mois, la gestion du conflit à perpétuité n’est pas une option viable », a déclaré le Coordonnateur spécial, en exhortant les parties et la communauté internationale à prendre des mesures à même de permettre aux parties de retrouver le chemin de négociations sérieuses et de la paix.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclaration liminaire

Intervenant depuis Jérusalem par visioconférence, M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a exprimé sa vive préoccupation face à l’escalade de la violence au cours des derniers mois en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu’en Israël, qui a fait de nombreuses victimes palestiniennes et israéliennes.  Depuis la mi-mars, 49 Palestiniens ont été tués lors de manifestations, d’affrontements, d’opérations de sécurité israéliennes ainsi que d’attaques contre des Israéliens et dans des violences liées aux colons.  Cette période a également été marquée par les plus graves attaques terroristes perpétrées à l’intérieur d’Israël depuis des années, au cours desquelles 11 Israéliens et trois ressortissants étrangers ont été tués, ainsi que par le premier tir d’une roquette depuis Gaza.  Selon le Coordonnateur spécial, cette montée de la violence a été alimentée et exacerbée par des mesures provocatrices et une rhétorique incendiaire.  Dans ce contexte, il a jugé essentiel que les parties prennent des mesures immédiates pour faire baisser les tensions et inverser les tendances négatives qui compromettent la perspective de la solution des deux États.  M. Wennesland a appelé à redoubler d’efforts afin de renforcer l’Autorité palestinienne et a demandé de soutenir une stratégie visant à établir, dans les faits, les deux États.

Depuis la fin de la période considérée (19 mars-16 juin), les incidents violents se sont multipliés, a poursuivi le Coordonnateur spécial en faisant le compte des victimes: trois Palestiniens tués et six blessés le 17 juin au cours d’une opération militaire israélienne et d’affrontements armés ultérieurs à Jénine; un Palestinien abattu le 19 juin par les forces de sécurité israéliennes près de la ville cisjordanienne de Qalqilya; un Palestinien poignardé à mort par un colon israélien le 21 juin, lors d’une altercation qui a éclaté lorsque des colons israéliens ont installé des tentes sur une propriété appartenant à des Palestiniens près du village d’Iskaka; deux Palestiniens blessés par des colons israéliens le 25 juin, près du village de Mgheïr.  Il a aussi parlé d’une roquette tirée par des militants palestiniens le 18 juin dans la bande de Gaza vers la ville israélienne d’Ashkelon, qui a été interceptée par le système « Iron Dome » et n’a fait aucune victime.  En représailles, les Forces de défense israéliennes ont frappé des cibles du Hamas dans la bande de Gaza, y compris plusieurs postes d’observation, sans faire de blessés, a-t-il noté.

S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), M. Wennesland s’est dit « profondément troublé » par l’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Les colonies constituent une violation flagrante des résolutions de l’ONU et du droit international, a-t-il dénoncé, en relevant en outre qu’elles compromettent la perspective d’une solution à deux États et érodent la possibilité d’établir un État palestinien viable.  Il s’est également inquiété de la poursuite des démolitions et des saisies de propriétés appartenant à des Palestiniens, y compris des projets humanitaires financés par la communauté internationale, ainsi que de l’arrêt rendu par la Haute Cour israélienne sur Massafar Yatta.  Il a appelé le Gouvernement israélien à mettre fin à la démolition et à la saisie de biens appartenant à des Palestiniens, ainsi qu’aux expulsions, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire (DIH) et du droit international des droits de l’homme. 

M. Wennesland a condamné les attaques terroristes perpétrées au cours des derniers mois par des Palestiniens et des Arabes israéliens contre des civils en Israël.  Il a également condamné les meurtres de Palestiniens par les forces de sécurité israéliennes, y compris des enfants, notamment lors d’incidents où ils ne semblaient pas présenter une menace imminente, notant qu’en 2022, 15 enfants palestiniens ont été tués en Cisjordanie, contre 9 au cours de la même période en 2021.  Il a appelé à cet égard les forces de sécurité à faire preuve d’un maximum de retenue et à ne recourir intentionnellement à la force meurtrière que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger la vie. 

Le Coordonnateur spécial a exprimé sa préoccupation face au risque d’escalade persistant en Cisjordanie, malgré les efforts des Nations Unies et des partenaires internationaux pour améliorer la vie des Palestiniens et assouplir les restrictions.  Toutefois, maintenir le calme n’est ni suffisant ni durable, a-t-il estimé, ajoutant qu’il faut en faire plus pour améliorer la situation humanitaire et permettre à l’économie de se développer, avec pour objectif final une levée complète du blocus israélien, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité. 

Alors que la crise financière de l’Autorité palestinienne, aggravée par les contraintes de l’occupation et l’absence de réformes palestiniennes, demande une attention urgente, il s’est félicité du soutien financier accordé par l’Union européenne.  Il s’est toutefois alarmé de l’augmentation des prix des produits de base, alors que le coût de certains produits alimentaires a augmenté d’environ 20% en Cisjordanie et de plus de 40% à Gaza.  Il a aussi rappelé que le déficit de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) s’élève toujours à 100 millions de dollars.  Comme l’ont démontré les événements des derniers mois, la gestion du conflit à perpétuité n’est pas une option viable, a conclu le Coordonnateur spécial, en exhortant les parties et la communauté internationale à prendre des mesures qui permettront aux parties de retrouver le chemin de négociations sérieuses et de la paix.

Déclarations

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a condamné les tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza contre Israël qui ont interrompu une pause de deux mois.  Ces attaques doivent cesser, a exigé le représentant, qui a déploré l’escalade de la violence imputable aux colons et visant les Palestiniens, y compris la mort d’Ali Sanjar, tué en Cisjordanie sur les terres agricoles de sa famille.  Préoccupé par les risques d’expulsion à Massafer Yatta, le représentant a déclaré que ces expulsions ne devaient pas avoir lieu.  Il a demandé aux parties de s’abstenir de toute action unilatérale exacerbant les tensions et sapant les efforts pour parvenir à la solution des deux États. 

Annonçant la visite du Président Joseph Biden en juillet pour rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens, il a précisé que le Président exhorterait au calme et promouvrait la sécurité, la liberté et l’égalité pour les Israéliens et les Palestiniens.  L’administration américaine soutient la solution des deux États, qui demeure le meilleur moyen de préserver l’avenir d’Israël en tant qu’État juif démocratique aux côtés d’un État souverain et viable de Palestine, a poursuivi le représentant.

Se disant préoccupé par l’assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, M. Mills a demandé que justice soit faite sur cette tragédie.  Il s’est également dit préoccupé par la pratique qui consiste à utiliser les dépouilles humaines comme moyen de négocier et a demandé que les dépouilles soient restituées aux familles immédiatement et sans condition. 

S’agissant des conditions de vie difficiles des réfugiés de Palestine, le représentant a déclaré que les États-Unis avaient alloué 382 millions de dollars en 2021 à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont, a-t-il rappelé, ils sont le premier bailleur de fonds.  Quelque 79 millions de dollars sont déjà débloqués pour 2022 et un soutien supplémentaire sera fourni cette année, a-t-il ajouté.  Réaffirmant l’attachement de sa délégation à la solution des deux États, M. Mills a souligné l’importance d’un processus inclusif impliquant les femmes, les jeunes et la société civile.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a regretté la persistance et de la violence et de l’instabilité partout dans le Territoire palestinien occupé.  « Nous constatons des violences et des pertes de vies inutiles » a insisté le représentant avant d’appeler Israël à respecter ses obligations en matière de protection des droits humains et de plaider pour la reddition de la justice.  Après avoir précisé que le Royaume-Uni accordera 15 millions de livres à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en 2022, le représentant a exhorté les autres États Membres à accorder des financements pluriannuels prévisibles à cette agence afin de lui permettre de remplir sa mission.  Il a par ailleurs jugé urgent qu’Israël mette un terme aux restrictions à la circulation et au commerce qui affectent la vie quotidienne des Palestiniens.  « Soutenir la prospérité des gazaoui est dans l’intérêt d’Israël » a estimé le représentant en regrettant que les tensions qui persistent sapent tous les espoirs de règlement du conflit. 

Mme ALLEGRA BONGO (Gabon) a estimé que le chemin vers la paix était encore parsemé de nombreuses embûches et de défis politiques, humanitaires et sécuritaires.  La poursuite de la politique d’extension des colonies illégales, de démolition de maisons et d’autres évictions de familles constitue une entrave majeure au processus de paix, a-t-elle rappelé.  Après avoir dénoncé notamment la précarisation des Palestiniens, la représentante a appelé Israël à renoncer à tout projet expansionniste, à toute démolition ou dépossession de biens palestiniens et à s’abstenir de toute action de nature à nuire les efforts internationaux pour une résolution pacifique du conflit.  Les violences policières sont inacceptables et les actes de terrorisme ainsi que les tirs de roquettes depuis la Bande de Gaza vers Israël doivent cesser. 

Mme Bongo a appelé les deux parties à prévenir, combattre et réprimer les discours de haine et la rhétorique d’intolérance.  Les leaders d’opinion doivent être intransigeants contre toute expression de haine et toute glorification du terrorisme.  Sur le dossier des restitutions des dépouilles humaines aux familles, elle a invité les parties à trouver un accord qui puisse contribuer à créer un climat de confiance favorable à l’édification de la paix.  Elle a appelé à la levée totale du blocus de Gaza afin que l’aide humanitaire puisse être distribuée sans entrave et exhorté les parties à relancer les négociations en vue de la résolution de la crise israélo-palestinienne en vue de l’établissement d’une paix réelle et durable. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit préoccupé par les tendances à l’œuvre sur le terrain, qui menacent la viabilité de la solution des deux États, en l’absence d’alternatives viables acceptées par les parties.  Il a réitéré que la France ne transigera jamais avec la sécurité d’Israël tout en condamnant l’avancement des plans de colonies qui menacent la viabilité d’un futur État palestinien.  Le délégué a appelé Israël à mettre un terme aux procédures en cours d’extension ou de création de nouvelles colonies, en particulier les plans visant à étendre la zone E1.  Préoccupé par les premières démolitions à Massafer Yatta, en violation de la quatrième Convention de Genève, il a appelé à suspendre définitivement les évictions de familles palestiniennes et les démolitions qui alimentent le désespoir et font le jeu des extrêmes de tout bord.  Le représentant a demandé à faire plus pour améliorer la vie des Palestiniens. 

La France, a insisté le délégué, est déterminée à agir pour recréer un horizon politique aux côtés de ses partenaires, notamment la Jordanie et l’Égypte.  Il a promis son appui aux acteurs humanitaires impartiaux et à la société civile, avant de signaler que la France a augmenté ses contributions à l’UNRWA cette année, pour atteindre 35 millions de dollars.  Préoccupé par la dégradation de la situation des droits humains dans les territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne, le représentant a plaidé pour que justice soit rendue concernant l’assassinat de Nizar Banat et réaffirmé la nécessité d’une enquête transparente dans les meilleurs délais concernant les circonstances de la mort de la journaliste Shireen Abu Akleh.  La France continuera de défendre l’espace civique et humanitaire, notamment à travers la poursuite de son soutien aux six ONG récemment désignées par les autorités israéliennes, a annoncé le délégué qui a fait écho aux appels des Nations Unies pour l’organisation rapide des élections législatives et présidentielle palestiniennes repoussées depuis plus d’un an. 

M. ZHANG JUN (Chine) s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation dans le Territoire palestinien occupé.  Il s’est dit préoccupé aussi de la décision d’Israël de désigner 18% du secteur C de la Cisjordanie comme zone d’exercice militaire et 50% à d’autres fins, interdisant de fait ces zones à des projets de construction ou de développement palestiniens.  Il a aussi noté qu’un nouveau projet de construction de 4 500 unités de logement menaçait d’expulsion 1 200 Palestiniens.  La poursuite de l’extension des colonies empiète sur les terres et ressources palestiniennes et viole le droit à l’autodétermination des Palestiniens en rendant l’objectif d’un État palestinien indépendant d’un seul tenant encore plus difficile à réaliser, a ajouté le représentant.

M. Zhang a exhorté Israël à cesser d’ignorer la résolution 2334 et à mettre fin à toutes ses activités de colonisation, qui sapent les bases d’une solution à deux États.  Il a exhorté les Israéliens à lancer une enquête pénale sur la tragédie qui a couté la vie à la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh.  Il a appelé à entendre les préoccupations sécuritaires des deux parties et éviter des politiques d’hésitation et de retour en arrière en adoptant une position impartiale et objective. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’intensification des mesures unilatérales visant à créer des faits irréversibles en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.  Au cours de l’année écoulée, Israël a approuvé la construction de plus de 12 000 logements tandis que plus de 1 000 maisons palestiniennes ont été détruites, s’est alarmé le représentant en soulignant qu’il s’agit là de violations de la Convention de Genève de 1949.  Il a rappelé que son pays ne reconnaît pas la souveraineté israélienne sur le Golan, qui fait partie intégrante de la Syrie.  Il a dénoncé les arrestations arbitraires de Palestiniens et le recours disproportionné à la force par les Forces armées israéliennes dans le cadre de soi-disant opérations de sécurité, notant que le Conseil des droits de l’homme a imputé la responsabilité du meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh à l’armée israélienne. 

Après avoir dénoncé l’attaque menée par l’armée israélienne sur l’aéroport international de Damas, il a dit avoir l’impression qu’Israël a « carte blanche pour mener des actions illégales et unilatérales dans la région », avec le consentement tacite des États-Unis qui bloquent toute possibilité de relance du processus de paix.  À ses yeux, cette « quasi-ignorance » par la communauté internationale des violations systématiques des droits des Palestiniens reflète clairement la pratique du « deux poids deux mesures » par les pays occidentaux au regard du droit international.  Un règlement stable du conflit palestino-israélien ne peut être obtenu que sur la base des deux États universellement reconnus, a estimé le représentant, en affirmant son soutien aux initiatives en ce sens menées par l’Égypte et l’Algérie.  Il a appuyé à cet égard les efforts de l’UNRWA en tant que principale structure internationale à même de fournir une assistance humanitaire aux Palestiniens. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a souligné l’importance de mettre en œuvre la résolution 2334 (2016) et a demandé que des efforts soient consentis pour lancer des négociations crédibles.  Préoccupé par les tensions quotidiennes, en particulier les expulsions illégales des familles palestiniennes, le représentant a appelé au statu quo sur le terrain et à préserver la viabilité de la solution des deux États.  La communauté internationale et le Conseil doivent envoyer un message clair contre toute mesure qui empêcherait la possibilité d’une paix durable entre Israël et la Palestine. 

M. Raguttahalli a demandé à Israël de faire davantage pour améliorer la situation humanitaire, tout en dénonçant la précarité de la situation financière des Palestiniens.  L’Inde a contribué à hauteur de 20 millions de dollars à l’UNRWA sur les quatre dernières années, a rappelé le représentant, qui a ajouté que son pays avait également promis 5 millions de dollars pour les programmes de l’UNRWA au titre de 2022.  Il a appelé à un règlement pacifique de la question palestinienne et à des négociations de paix directes entre les parties, qui prennent en compte les aspirations légitimes du peuple palestinien et les préoccupations de sécurité légitimes d’Israël.  L’absence de pourparlers directs sur des questions pratiques clefs, n’augure rien de bon pour la paix à long terme de la région, a pronostiqué M. Raguttahalli, qui a réitéré son appui à la solution des deux États. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est particulièrement inquiété des nouveaux projets de construction de 4 500 unités de logement dans différentes parties de la Cisjordanie qui fait craindre l’éviction de 1 200 Palestiniens, y compris 500 enfants.  Il a prévenu que les projets de colonisation ne vont pas renforcer la sécurité d’Israël.  Il s’est en outre dit préoccupé par les meurtres récents de plus de 70 Palestiniens et a exhorté les autorités israéliennes à mener une enquête sur les recours disproportionnés de la force à l’égard des civils à la lumière des responsabilités d’Israël en droit international humanitaire (DIH).  Il a prévenu que le processus de paix ne peut être remis sur les rails dans un tel climat d’insécurité.  Après avoir condamné tout acte terroriste, le représentant a appelé les dirigeants palestiniens à faire preuve de tolérance zéro à l’égard de toutes formes de violence.  Il a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour relancer le processus de dialogue.  Les peuples palestinien et israélien méritent de pouvoir vivre en paix côte à côte, a-t-il conclu. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est dit préoccupé par l’intensification, au cours des derniers mois, de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens, qui a culminé avec des tirs de roquettes sur le territoire israélien.  Le représentant a condamné le terrorisme sous toutes ses formes ainsi que le recours à une rhétorique dangereuse et haineuse qui ne fait qu’alimenter la violence.  Afin de ranimer le processus de paix, M. Costa Filho a appelé à une désescalade de la violence et à l’adoption de mesures de confiance visant à ranimer le processus de paix. 

M. Costa Filho s’est alarmé de la crise financière qui continue d’affecter l’autorité palestinienne, plaidant pour une aide financière coordonnée par la communauté internationale.  À ses yeux, il est tout aussi important de lever les obstacles structurels imposés aux Palestiniens en matière industrielle et agricole.  Il a regretté les difficultés financières chroniques de l’UNRWA, qui ne peuvent qu’affecter sa capacité à mettre en œuvre son mandat.  Pour sa part, le Brésil a récemment annoncé une aide supplémentaire à l’UNRWA et compte appuyer la prolongation de son mandat.  Le représentant s’est félicité de la reprise de quotas pour les travailleurs de Gaza, estimant que de telles mesures ne peuvent que contribuer à l’intégration et au développement économique.  Il n’existe pas d’autre solution que celle des deux États, avec un Gouvernement palestinien réconcilié, a-t-il conclu. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a regretté de la non-application de la résolution 2334, dénonçant la construction de colonies, les démolitions et les expulsions qui se sont poursuivies depuis 2016.  Préoccupée par les projets de démolition de plusieurs villages de la région de Massafer Yatta, elle a rappelé que toutes les mesures visant à modifier la composition démographique des zones occupées sont contraires au DIH.  Elle a exhorté Israël à s’abstenir de mettre en œuvre ce plan et réitéré son appel à mettre fin à toutes les expansions de colonies, expulsions et démolitions, en insistant sur la protection des civils.  Elle a souligné que sur les 48 Palestiniens tués de janvier à mai, 14 étaient des enfants.  Elle a appelé les forces de sécurité israéliennes à agir de manière proportionnelle et conformément au droit international.  Elle a aussi condamné les tirs de roquettes et les attaques à partir de la bande de Gaza contre Israël en soulignant que ce dernier a le droit de se défendre tout en respectant le droit international. 

S’agissant de la situation de l’UNRWA, la représentante a exhorté les donateurs à augmenter leurs contributions.  La Norvège s’est engagée à travailler avec les parties pour faire évoluer l’Autorité palestinienne sur une base budgétaire plus solide, a-t-elle ajouté en encourageant les parties et les partenaires de développement à mettre en œuvre tous les engagements pris lors de la réunion de Bruxelles en mai.  Concernant la demande de la Norvège selon laquelle les denrées alimentaires provenant des colonies israéliennes doivent porter l’indication de leur provenance, elle est conforme à la réglementation de l’UE qui s’applique également à la Norvège, a souligné la déléguée qui a précisé que cette décision concernant les droits des consommateurs n’implique en aucun cas une politique de boycott d’Israël ou des produits israéliens.  Elle a conclu en réitérant l’engagement de la Norvège en faveur de la solution des deux États. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dénoncé la poursuite des activités de peuplement en rappelant que les colonies sont illégales au regard du droit international et sapent le processus de paix.  « En 2020 seuls 10 permis de construction ont été délivrés à des Palestiniens, pour 2 526 unités de logement dans les colonies de peuplement » a-t-elle relevé.  Elle a noté que l’établissement d’une zone de tir ne constituait pas une justification acceptable pour le déplacement des populations palestiniennes. 

La représentante a condamné toutes les violences, avant d’exhorter les autorités israéliennes à mener une enquête sur la mort de neuf enfants tués par les forces de sécurité israéliennes durant la période à l’examen.  Elle a mis l’accent sur le rôle clef de l’UNRWA pour faire face aux difficultés économiques et sociales de la population palestinienne, puis a souligné le rôle important de la Jordanie en tant que garante du statut des lieux saints de Jérusalem. 

Après avoir également mis en exergue l’importance de la contribution et du rôle de la société civile, Mme Byrne Nason a particulièrement regretté que les autorités israéliennes aient placé six ONG palestiniennes sur leur liste des organisations terroristes.  En conclusion, elle a déclaré que le Conseil de sécurité avait l’obligation de veiller à l’application de sa résolution 2334 (2016).

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré qu’aucun progrès n’ait été réalisé dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), alors que l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés se poursuit.  Estimant que les colonies sont incompatibles avec le droit international et constituent un obstacle à la solution des deux États, il a fait écho aux appels à la cessation des activités de colonisation, y compris l’expulsion, la destruction ou la démolition de biens palestiniens ainsi que le transfert de populations.  À cet égard, il a réitéré l’appel lancé à la Cour suprême d’Israël pour qu’elle annule son arrêt concernant Massafer Yatta, qui menace de déplacement 1200 Palestiniens. 

« Face à l’augmentation constante des incidents violents de part et d’autre, il n’est pas possible d’affirmer que le statu quo équivaut au maintien de la paix », a martelé le représentant, pour qui l’instabilité démontre que les causes sous-jacentes du conflit ne sont pas traitées.  M. de la Fuente Ramírez a appelé les forces de sécurité israéliennes à éviter tout recours disproportionné à la force, et les dirigeants palestiniens et israéliens à s’abstenir de toute provocation, incitation à la violence ou rhétorique incendiaire.  Afin de favoriser des progrès économiques et politiques sur les territoires palestiniens, le représentant a souligné l’importance d’organiser dès que possible des élections générales libres et transparentes.  Il a exprimé en terminant son appréciation pour l’apport humanitaire et stabilisateur de l’action de l’UNRWA.

M MICHAEL K. KIBOINO (Kenya) a regretté le manque de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) depuis son adoption il y a plus de cinq ans.  Après avoir souligné l’urgence de stabiliser la situation sur le terrain, le représentant a rappelé l’obligation de rendre des comptes pour les violences et les abus.  Il faut renforcer les efforts pour lutter contre les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, le Jihad palestinien et d’autres groupes militants en Israël, a-t-il réclamé.  Il a appelé à prendre des mesures immédiates pour prévenir tous les actes de violence contre les civils, rappelant les morts d’Israéliens et de Palestiniens causées par de telles attaques, y compris les récents incidents à Jénine.  Le délégué a jugé nécessaire de présenter des perspectives pour la solution des deux États, en insistant sur la responsabilité du Conseil de mettre fin à ce conflit.  Il a réitéré que la bonne mise en œuvre de la résolution 2334 dépend de la volonté politique des autorités israéliennes et palestiniennes.  En conclusion, le représentant a exhorté les deux parties à déployer des efforts communs pour lancer des processus de consolidation et de rétablissement de la paix dans le cadre de la résolution précitée.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a dénoncé les nouveaux projets de colonies de peuplement qui menacent l’existence du Territoire palestinien et la vie des populations, notamment des femmes et des enfants.  Elle a fustigé des constructions qui vont priver les habitants, notamment les agriculteurs, d’un accès à leurs terres et aux ressources en eaux.  « Nous devons respecter la résolution 2334 et éviter tous les actes de provocation et de destruction » a insisté la représentante.  Elle s’est réjouie de la prochaine visite du Président des États-Unis dans la région, prévue le mois prochain.  Elle a salué la récente tenue d’une réunion du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les questions de femmes et de paix et sécurité en notant que ce groupe de travail a mis en exergue, pour la première fois, la situation des femmes palestiniennes et leur contribution à la paix.  Elle a rappelé la détermination des Émirats arabes unis à atteindre l’objectif de parvenir à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, conformément aux aspirations nationales légitimes des deux peuples, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale des deux États.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé que la sécurité d’Israël ne sera jamais remise en question, mais que les colonies ne contribuent pas à la sécurité du pays, car elles conduisent à la violence et à la mort des deux côtés.  Il s’est dit profondément préoccupé par les menaces à la préservation du statu quo des Lieux saints à Jérusalem, et par les discours incendiaires et haineux qui exacerbent encore les tensions.  « Le discours de haine et l’incitation à la violence ne doivent être tolérés nulle part » a insisté le représentant. 

Se disant profondément troublé par l’augmentation de la violence au quotidien, M. Hoxha a condamné le terrorisme sous toutes ses formes, ainsi que l’incitation à commettre des actes aussi odieux.  Dans ce contexte, il a soutenu le droit légitime d’Israël à se défendre contre de tels actes, dans le respect de la proportionnalité et de la protection des civils.  Par ailleurs, il a estimé que le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh et la prise d’assaut de son cortège funèbre par la police israélienne, exigeaient une enquête d’une autorité indépendante et impartiale pour établir la vérité.  Il a enfin salué la visite prévue le mois prochain au Moyen-Orient du Président des États-Unis Joseph Biden. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD)

9076e séance - matin
CS/14947

Moyen-Orient: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD)

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé de six mois, soit jusqu’au 31 décembre 2022, le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD).

Adoptée à l’unanimité, la résolution 2639 (2022) reprend les mêmes termes que la dernière résolution en date sur le sujet, adoptée le 21 décembre 2021.  Le Conseil demande aux parties concernées « d’appliquer immédiatement sa résolution 338 (1973) du 22 octobre 1973 », « de respecter pleinement et scrupuleusement les dispositions de l’Accord » de 1974 sur le dégagement des forces israéliennes et syriennes, et « de faire preuve de la plus grande retenue et d’empêcher toutes violations du cessez-le-feu et incursions dans la zone de séparation ».  En outre, il prie le Secrétaire général de veiller à ce que la Force dispose des moyens et ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat en toute sécurité et lui demande de lui faire rapport tous les 90 jours sur l’évolution de la situation et sur les mesures prises pour appliquer la résolution 338 (1973).

La résolution a été adoptée à la suite de l’examen par le Conseil des rapports du Secrétaire général sur la FUNOD du 18 mars 2022 et du 1er juin 2022.  Dans chacun d’eux, le Secrétaire général constate que « le cessez-le-feu entre Israël et la République arabe syrienne a été dans l’ensemble respecté, malgré plusieurs violations de l’Accord de 1974 ».  Il rappelle aussi que, depuis l’interruption des pourparlers de paix indirects en décembre 2008, les négociations entre les parties « sont au point mort » et appelle de ses vœux un règlement pacifique du conflit entre les deux pays et une reprise de l’action en faveur d’un règlement global, juste et durable.  Face à l’instabilité dans la région, le Secrétaire général demeure « préoccupé par les violations persistantes de l’Accord sur le dégagement des forces constatées » durant le dernier semestre, dont certaines ont mis aussi en danger le personnel des Nations Unies.  Il rappelle qu’il est essentiel que les deux parties restent attachées à l’Accord sur le dégagement et apportent leur appui à la présence de la FNUOD en maintenant avec elle des contacts constants.  Quant à la FNUOD, sa priorité « demeure le redéploiement complet dans la zone de séparation ».

Texte du projet de résolution (S/2022/512)

     Le Conseil de sécurité,

     Notant avec préoccupation que la situation au Moyen-Orient est tendue et semble devoir le rester tant que l’on ne sera pas parvenu à un règlement d’ensemble de la question du Moyen-Orient sous tous ses aspects,

     Ayant examiné les rapports du Secrétaire général sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) en date du 18 mars 2022 (S/2022/247) et du 1er juin 2022 (S/2022/447), et réaffirmant sa résolution 1308 (2000) du 17 juillet 2000,

     Soulignant que les deux parties doivent se conformer aux dispositions de l’Accord de 1974 sur le dégagement des forces israéliennes et syriennes et respecter scrupuleusement le cessez-le-feu,

     Se déclarant préoccupé par le fait que les activités militaires actuellement conduites par l’une ou l’autre partie dans la zone de séparation risquent encore d’exacerber les tensions entre Israël et la République arabe syrienne, de fragiliser le cessez-le-feu entre les deux pays et de mettre en danger la population locale et le personnel des Nations Unies présent sur le terrain,

     Se félicitant à cet égard des activités de liaison menées par la FNUOD pour prévenir toute escalade de la situation au-delà de la ligne de cessez-le-feu,

     Alarmé par le fait que la violence en République arabe syrienne risque de gravement envenimer le conflit qui touche la région,

     Se déclarant préoccupé par toutes les violations de l’Accord sur le dégagement des forces,

     Prenant note du dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation dans la zone d’opérations de la FNUOD, y compris les conclusions relatives aux tirs de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu ainsi que la poursuite des activités militaires dans le secteur bravo de la zone de séparation, et soulignant à cet égard qu’il ne devrait y avoir ni forces militaires, ni matériel militaire, ni personnel dans la zone de séparation, à l’exception de ceux de la FNUOD,

     Demandant à toutes les parties au conflit syrien de cesser les actes militaires dans l’ensemble du pays, y compris dans la zone d’opérations de la FNUOD, et de respecter le droit international humanitaire,

     Constatant la menace importante pour le personnel des Nations Unies que constitue la présence dans la zone d’opérations de la FNUOD d’engins non explosés, de restes explosifs de guerre et de mines, et insistant à cet égard sur la nécessité de mener des opérations de déminage et de dépollution dans le strict respect de l’Accord sur le dégagement de 1974,

     Se déclarant de nouveau disposé à inscrire sur la Liste les individus, groupes, entreprises ou entités qui apportent leur appui à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech) et au Front el-Nosra (également connu sous le nom de Jabhat Fatah el-Cham ou de Hay’at Tahrir el-Cham), y compris ceux qui fournissent des fonds et des armes, planifient des activités ou recrutent pour le compte de l’EIIL ou du Front el-Nosra et de tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à l’EIIL et à Al-Qaida et inscrits sur la Liste relative aux sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida, notamment ceux qui participent à des attaques contre des soldats de la paix de la FNUOD ou appuient ces attaques de quelque autre manière,

     Conscient qu’il faut s’attacher à adapter en souplesse le dispositif de la FNUOD afin de réduire au minimum les risques courus par son personnel tandis qu’elle continue de s’acquitter de son mandat, tout en soulignant que l’objectif ultime est le retour des soldats de la paix à leurs positions dans la zone d’opérations de la FNUOD dès que possible,

     Soulignant qu’il importe que les pays fournisseurs de contingents et lui-même puissent prendre connaissance des rapports et des informations concernant la configuration de la FNUOD à la suite de son redéploiement et insistant à nouveau sur le fait que de telles informations lui sont utiles pour évaluer l’action de la Force et adapter ou revoir son mandat, et pour tenir des consultations éclairées avec les pays fournisseurs de contingents,

     Soulignant que la FNUOD doit pouvoir disposer de tous les moyens et ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat en toute sécurité, notamment des moyens technologiques et de l’équipement voulus pour mieux observer la zone de séparation et la ligne de cessez-le-feu et, au besoin, pour améliorer sa propre protection, et rappelant que le vol d’armes, de munitions, de véhicules et d’autres biens des Nations Unies ainsi que la destruction et le pillage d’installations des Nations Unies sont inacceptables,

     Exprimant sa profonde gratitude au personnel militaire et civil de la FNUOD, notamment à celui du Groupe d’observateurs au Golan, pour leur travail dans des conditions toujours ardues, précisant que le maintien de la présence de la Force contribue grandement à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient, se félicitant des mesures prises pour renforcer la sûreté et la sécurité du personnel de la Force, y compris du Groupe d’observateurs au Golan, et soulignant la nécessité de continuer à faire preuve de vigilance à cet effet,

     Condamnant fermement les atteintes portées à la sûreté et à la sécurité du personnel des Nations Unies,

     Sachant gré à la FNUOD, y compris au Groupe d’observateurs au Golan, d’avoir continué d’étendre sa présence dans sa zone d’opérations moyennant l’organisation de patrouilles et la remise en état de positions dans le secteur bravo,

     Prenant note du plan établi par le Secrétaire général en vue du retour progressif de la FNUOD dans le secteur bravo, qui repose sur une évaluation continuelle des conditions de sécurité dans la zone de séparation et alentour et sur la poursuite des pourparlers et de la coordination avec les parties,

     Rappelant que le déploiement de la FNUOD et l’Accord sur le dégagement de 1974 vont dans le sens d’une paix juste et durable, conformément à sa résolution 338 (1973),

     Rappelant sa résolution 2378 (2017), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, et rappelant également sa résolution 2436 (2018), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que soient prises sur la base de mesures objectives de la performance les décisions visant à reconnaître l’excellence des performances ou à inciter à l’excellence et les décisions ayant trait aux déploiements, à la remédiation, à la formation, au gel des remboursements et au rapatriement de personnel en tenue ou au renvoi de personnel civil,

     Rappelant sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il avait émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

     1.  Demande aux parties concernées d’appliquer immédiatement sa résolution 338 (1973) du 22 octobre 1973;

     2.  Insiste sur l’obligation faite aux deux parties de respecter pleinement et scrupuleusement les dispositions de l’Accord sur le dégagement des forces israéliennes et syriennes de 1974, demande aux parties de faire preuve de la plus grande retenue et d’empêcher toutes violations du cessez-le-feu et incursions dans la zone de séparation, encourage les parties à faire régulièrement appel à la FNUOD, en tant qu’instance de liaison, pour régler les questions d’intérêt commun, selon qu’il convient, et à rester en contact avec elle pour éviter toute détérioration de la situation de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu ainsi qu’à appuyer le renforcement de sa fonction de liaison, et souligne qu’il ne devrait y avoir aucune activité militaire de quelque sorte que ce soit, notamment aucune opération militaire des Forces armées arabes syriennes, dans la zone de séparation;

     3.  Souligne que la FNUOD demeure une entité impartiale et souligne qu’il importe de cesser toute activité susceptible de mettre en danger les soldats de la paix et d’accorder au personnel des Nations Unies la liberté dont il a besoin pour s’acquitter de son mandat en toute sécurité;

     4.  Exprime son plein soutien à la nomination du général de corps d’armée Ishwar Hamal comme Chef de mission et commandant de la Force;

     5.  Demande à tous les groupes autres que la FNUOD d’abandonner toutes les positions de la Force et de restituer les véhicules, les armes et tout autre matériel appartenant aux soldats de la paix;

     6.  Exhorte toutes les parties à coopérer pleinement avec la FNUOD, à respecter ses privilèges et immunités et à garantir sa liberté de circulation ainsi que la sécurité et l’accès immédiat et sans entrave du personnel des Nations Unies s’acquittant de son mandat, y compris l’acheminement sans entrave du matériel de la FNUOD et l’utilisation, le cas échéant et à titre provisoire, d’autres points d’arrivée et de départ pour assurer la relève des contingents et le ravitaillement en toute sûreté et en toute sécurité, en application des accords existants, et demande instamment au Secrétaire général de lui signaler immédiatement, ainsi qu’aux pays fournisseurs de contingents, tous actes privant la FNUOD des moyens de s’acquitter de sa mission;

     7.  Demande aux parties d’apporter à la FNUOD tout l’appui nécessaire pour qu’elle puisse tirer pleinement parti du point de passage de Qouneïtra, dans le respect des procédures établies, et de lever les restrictions liées à la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) dès que les conditions sanitaires le permettront, afin que la FNUOD puisse intensifier ses opérations dans le secteur bravo et renforcer ainsi l’efficacité et l’efficience de l’exécution de ses mandats;

     8.  Demande à la FNUOD, dans la limite des capacités et des ressources existantes, aux États Membres et aux parties concernées de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour protéger la sûreté, la sécurité et la santé de l’ensemble du personnel de la FNUOD, conformément à la résolution 2518 (2020), en tenant compte de l’impact de la pandémie de COVID-19;

     9.  Se félicite que la FNUOD continue de s’employer à renforcer sa présence et à intensifier ses activités dans la zone de séparation, notamment qu’elle ait l’intention de reprendre les inspections dans la zone de limitation du secteur bravo lorsqu’elle aura estimé que les conditions le permettent, et se félicite de la coopération qui existe entre les parties en vue de faciliter ce retour ainsi que de la poursuite des efforts visant à organiser le retour rapide de la FNUOD dans la zone de séparation, notamment la fourniture d’une protection adéquate de la Force, fondée sur une évaluation continuelle des conditions de sécurité dans la zone;

     10. Souligne qu’il importe de continuer de déployer les technologies appropriées, y compris des dispositifs de neutralisation des engins explosifs improvisés et un système de détection et d’alarme, et de mieux répondre aux besoins en personnel civil, afin d’assurer la sûreté et la sécurité du personnel et du matériel de la FNUOD, après avoir tenu des consultations appropriées avec les parties, et note à cet égard que la proposition faite par le Secrétaire général au sujet de ces technologies a été communiquée aux parties pour approbation;

     11. Encourage les Parties à l’Accord sur le dégagement à collaborer de manière constructive afin de faciliter, en coopération avec la FNUOD, les dispositions nécessaires au retour de celle-ci dans la zone de séparation, en tenant compte des accords en vigueur;

     12. Engage le Département des opérations de paix, la FNUOD et l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve à poursuivre les discussions concernant les recommandations issues de l’examen indépendant mené en 2018 en vue d’améliorer la performance de la Force et l’exécution de son mandat;

     13. Se félicite des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, rappelle que, dans ses résolutions 2378 (2017) et 2436 (2018), il a prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix soient utilisées pour améliorer le fonctionnement des missions, notamment les décisions portant sur le déploiement, la remédiation, le rapatriement et les mesures incitatives, et déclare de nouveau être favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en tenue des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, et demande à l’ONU d’appliquer ce dispositif à la FNUOD comme indiqué dans sa résolution 2436 (2018), prend note des efforts déployés par le Secrétaire général pour élaborer un système complet d’évaluation de la performance, et prie le Secrétaire général et les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la FNUOD ainsi que de veiller à la participation pleine, égale et effective des femmes parmi le personnel civil et en uniforme à tous les niveaux et dans toutes les fonctions, y compris aux postes d’encadrement de haut niveau, et de mettre en œuvre les dispositions pertinentes de la résolution 2538 (2020);

     14. Prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour s’assurer que tout le personnel de la FNUOD, civil et en tenue, y compris les membres de la direction de la mission et le personnel d’appui, respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir pleinement informé, dans les rapports qu’il lui soumettra, des progrès faits par la mission à cet égard, notamment en lui rendant compte de la date à laquelle ont débuté les examens prescrits dans la résolution 2272 (2016), des délais convenus et de leur résultat, souligne qu’il faut prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles et améliorer les mesures prises pour donner suite aux allégations, conformément à la résolution 2272 (2016), et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de continuer de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment la vérification des antécédents de tous les membres du personnel et l’organisation d’une formation de sensibilisation avant et pendant le déploiement, et de prendre les mesures qui s’imposent afin de faire en sorte que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement, en ouvrant rapidement des enquêtes conjointement avec la FNUOD, selon qu’il conviendra, d’amener les auteurs de tels actes à en répondre et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation et d’atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique;

     15. Décide de renouveler le mandat de la FNUOD pour une période de six mois, soit jusqu’au 31 décembre 2022, et prie le Secrétaire général de veiller à ce que la Force dispose des moyens et ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat en toute sécurité;

     16. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport tous les 90 jours sur l’évolution de la situation et sur les mesures prises pour appliquer la résolution 338 (1973).

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