Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, Dialogue de haut niveau #3 – après-midi
MER/2147

Conférence sur les océans: gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers

LISBONNE, 28 juin -- Les deux coprésidentes de la troisième table ronde de la Conférence sur les océans, Mme TANYA LIBERSEK, Ministre de l’environnement et de l’eau de l’Australie, et Mme XIMENA FUENTES, Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, ont campé les enjeux de ce dialogue interactif intitulé « gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers », en soulignant, toutes deux, l’importance de renforcer la coopération internationale pour protéger les écosystèmes marins et côtiers.  Mme Fuentes a insisté sur la nécessité des engagements financiers correspondants et de connaissances scientifiques approfondies, tandis que Mme Libersek a déclaré que son pays est pleinement engagé dans la lutte contre les changements climatiques et la restauration de ses écosystèmes, dont la grande barrière de corail australienne, véritable « joyau de la couronne. »

« La biodiversité c’est la vie, c’est le fondement du bien-être humain », a déclaré Mme ELIZABETH MREMA, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique.  Elle a plaidé pour une riposte collective face à la perte de biodiversité, qui est sans précédent: depuis 1870, la moitié des coraux a disparu des océans, tandis que 4 300 kilomètres carrés de mangrove ont disparu entre 2000 et 2016.  En outre, l’augmentation démographique et des modes de consommation exerce une énorme pression sur la biodiversité.  Il faudra bientôt 1,6 planète pour répondre aux besoins actuels, a-t-elle notamment alerté, tout en relevant que dans le même temps, les aires marines protégées ont considérablement augmenté.

Mme MARTHA ROJAS-URREGO, Secrétaire générale de la Convention de Ramsar sur les zones humides, a rappelé que la protection des écosystèmes marins et côtiers est cruciale pour réaliser l’ODD 14, et a attiré l’attention sur les bénéfices des mangroves qui stockent 55 fois plus de carbone que les forêts, contribuant ainsi à la lutte contre les changements climatiques.  Néanmoins, 21% seulement des plans d’action climatique nationaux incluent les mangroves, a-t-elle regretté, appelant de même à intégrer ces écosystèmes dans les stratégies sur les océans.  Elle a également rappelé que 2 400 zones sont protégées au titre de la Convention de Ramsar et que dans ces zones, la mangrove est mieux protégée. 

Venu plaider pour l’adoption de nouvelles approches en ce qui concerne les puis de carbone en milieu marin, M. ZHANG ZHANHAI, Envoyé spécial du Gouvernement de la Chine, a détaillé les mesures de protection des écosystèmes marins et côtiers prises par son pays, précisant que depuis 2014, 58 projets de restauration ont été menés et les aires protégées marines représentent 12 000 kilomètres carrés.  Près de 30% de la haute mer chinoise est protégée, et la Chine met aussi en œuvre la Convention sur la diversité biologique, en assurant la protection d’une grande partie des 230 espèces migratoires qui passent par son territoire. 

« La protection des océans relève de la justice intergénérationnelle », a lancé de son côté, M. MARCO LAMBERTINI, Directeur général de WWF International, qui a indiqué que grâce aux travaux scientifiques, on comprend de mieux en mieux les conséquences des activités humaines sur les océans.  Si l’on calculait le PIB des océans, ils représenteraient la septième économie mondiale, a-t-il fait savoir, signalant ensuite que 1% seulement des océans était protégé au début de ce siècle, comparé à 8% aujourd’hui.  Appelant à une nouvelle gouvernance pour les hautes mers, il a notamment exhorté à mettre un terme à la pêche intensive en demandant la fin des subventions au secteur de la pêche. 

M. TORGNY HOLMGREN, Institut international de l’eau de Stockholm, a indiqué que le cycle de l’eau est de plus en plus interrompu par le réchauffement climatique et la demande humaine exponentielle.  Si rien n’est fait, le point de bascule verrait les océans devenir émetteurs de carbone plutôt que des puits de carbone, a-t-il mis en garde.  Il a rappelé qu’il y a un an 200 personnes sont mortes dans des inondations en Europe, avant de rappeler l’importance cruciale de lutter contre la pollution plastique.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de faire les mauvais choix », a-t-il insisté, soulignant par ailleurs la nécessité d’associer les peuples autochtones aux efforts de protection. 

« Nous vivons dans un monde où les risques de catastrophe sont sans précédent », a déclaré à son tour Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale pour la réduction des risques de catastrophe, en rappelant que la plupart des catastrophes sont liées à l’eau et que les modes de consommation et de production non durables sont responsables de ces risques.  Elle a appelé à une meilleure gestion des risques systémiques, laquelle doit être au cœur des politiques de développement et de financement, estimant en outre que toutes les décisions prises pour réaliser l’ODD 14 doivent prendre en compte les risques de catastrophe.  Enfin, elle a demandé un renforcement de l’action de protection des écosystèmes marins et côtiers et souligné la nécessité d’y associer le secteur privé.  L’élan imprimé par cette Conférence ne doit pas être gaspillé, a-t-elle plaidé. 

Lors du débat interactif, le Prince Albert de Monaco a appelé à replacer les gestions locales à une échelle plus vaste afin de prendre en compte les écosystèmes marins et côtiers dans leur globalité, déplorant que moins de 8% de la surface des eaux est protégée.  Il a aussi appelé à prendre en compte le phénomène de littoralisation, puisque dans un futur proche 80% de la population mondiale vivra sur une bande côtière de moins de 100 kilomètres.  Le Premier Ministre des Fidji a rappelé que 4% seulement des îles du Pacifique est constitué de terre, le reste étant de l’eau, plaidant pour une nouvelle manière de penser, basée sur le respect de la nature.  Les Pays-Bas ont réclamé une action forte entre monde universitaire, gouvernements et secteur privé pour protéger les écosystèmes marins et côtiers.  « Nous devons adopter une approche de la source à la mer. »  De son côté, le Premier Ministre de Belize a insisté sur l’importance des « obligations bleues » grâce auxquelles son pays va parvenir à la cible de 30% d’aires marines protégées, tandis que la Guinée équatoriale a détaillé les nombreuses mesures prises pour protéger les écosystèmes marins et côtiers, notamment la protection des quatre espèces de tortues.  « Nous avons du travail à abattre, ensemble, les océans étant l’une des clefs d’un monde plus durable », a conclu la Norvège, résumant le sentiment général des délégations. 

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