Conseil de sécurité: face à l’escalade de la violence au Moyen Orient, le Coordonnateur spécial appelle à cesser les provocations et la rhétorique incendiaire
Devant l’aggravation de la violence au cours des derniers mois en Cisjordanie et en Israël, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à l’arrêt des mesures provocatrices et de la rhétorique incendiaire de part et d’autre.
Depuis la mi-mars, 49 Palestiniens, dont 14 enfants, ont été tués lors de manifestations, d’affrontements, d’opérations de sécurité israéliennes ainsi que d’attaques contre des Israéliens et dans des violences liées aux colons, a indiqué, depuis Jérusalem, M. Tor Wennesland, à l’ouverture de la séance mensuelle du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine. Plus récemment, les incidents meurtriers se sont multipliés dans différentes localités de Cisjordanie, notamment dans le cadre d’opérations menées par les forces de sécurité israéliennes ou d’affrontements entre Palestiniens et colons israéliens.
Cette période a également été marquée par les plus graves attaques terroristes perpétrées en Israël depuis des années, alors que 11 Israéliens et trois ressortissants étrangers ont été tués. Le 18 juin, une roquette tirée depuis la bande de Gaza vers la ville israélienne d’Ashkelon a été interceptée par le système « Iron Dome ». En représailles, les Forces de défense israéliennes ont frappé des cibles du Hamas dans la bande de Gaza, sans faire de blessés, a-t-il noté.
Selon le Coordonnateur spécial, cette montée de la violence est « alimentée et exacerbée » par une rhétorique incendiaire et des mesures provocatrices. Au nombre de celles-ci, il a condamné, comme les membres du Conseil, la poursuite des démolitions et des saisies de propriétés appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, y compris des projets humanitaires financés par la communauté internationale. Il s’est particulièrement inquiété des retombées de l’arrêt rendu par la Haute Cour israélienne sur Massafar Yatta, qui pourrait entraîner l’expulsion forcée d’environ 1 200 Palestiniens, dont 500 enfants. Estimant que cette nouvelle avancée des colonies de peuplement israéliennes compromet les perspectives d’une solution à deux États, il a exhorté Israël à cesser immédiatement toute activité de colonisation.
« Les projets de colonisation ne renforceront pas la sécurité d’Israël », a prévenu le Ghana, rejoint par la France, qui a demandé la suspension définitive des démolitions et des évictions de familles palestiniennes « qui alimentent le désespoir et font le jeu des extrêmes ». En 2020, seuls 10 permis de construction ont été délivrés à des Palestiniens, contre 2 526 unités de logement dans les colonies de peuplement, a relevé l’Irlande.
Les membres du Conseil ont aussi déploré toutes les attaques commises au Moyen Orient. La Fédération de Russie, après avoir dénoncé celle menée par l’armée israélienne sur l’aéroport international de Damas, a dit avoir l’impression qu’Israël a « carte blanche pour mener des actions illégales et unilatérales dans la région ». Cette « quasi-ignorance » par la communauté internationale des violations systématiques des droits des Palestiniens reflète clairement la pratique du « deux poids, deux mesures » par les pays occidentaux au regard du droit international, selon la délégation russe.
Afin de relancer le processus de paix, M. Wennesland a jugé essentiel que les parties prennent des mesures immédiates pour faire baisser les tensions et inverser les tendances négatives qui compromettent la perspective d’établir « dans les faits » la solution des deux États. Pour ce faire, la Chine, rejointe par les Émirats arabes unis, l’Inde et le Kenya, a exhorté Israël à respecter la résolution 2334 (2016) qui affirme que les colonies constituent un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale. Pour les États-Unis, il s’agit là du meilleur moyen de préserver l’avenir d’Israël en tant qu’État juif démocratique aux côtés d’un État souverain et viable de Palestine.
La crise financière de l’Autorité palestinienne, aggravée par les contraintes liées à l’occupation israélienne et l’absence de réformes palestiniennes, ainsi que le déficit de 100 millions de dollars de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ont également inquiété les délégations, qui ont toutefois renouvelé leur appui à cette dernière en tant que principale entité internationale fournissant une assistance humanitaire aux Palestiniens.
« Comme l’ont démontré les événements des derniers mois, la gestion du conflit à perpétuité n’est pas une option viable », a déclaré le Coordonnateur spécial, en exhortant les parties et la communauté internationale à prendre des mesures à même de permettre aux parties de retrouver le chemin de négociations sérieuses et de la paix.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclaration liminaire
Intervenant depuis Jérusalem par visioconférence, M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a exprimé sa vive préoccupation face à l’escalade de la violence au cours des derniers mois en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu’en Israël, qui a fait de nombreuses victimes palestiniennes et israéliennes. Depuis la mi-mars, 49 Palestiniens ont été tués lors de manifestations, d’affrontements, d’opérations de sécurité israéliennes ainsi que d’attaques contre des Israéliens et dans des violences liées aux colons. Cette période a également été marquée par les plus graves attaques terroristes perpétrées à l’intérieur d’Israël depuis des années, au cours desquelles 11 Israéliens et trois ressortissants étrangers ont été tués, ainsi que par le premier tir d’une roquette depuis Gaza. Selon le Coordonnateur spécial, cette montée de la violence a été alimentée et exacerbée par des mesures provocatrices et une rhétorique incendiaire. Dans ce contexte, il a jugé essentiel que les parties prennent des mesures immédiates pour faire baisser les tensions et inverser les tendances négatives qui compromettent la perspective de la solution des deux États. M. Wennesland a appelé à redoubler d’efforts afin de renforcer l’Autorité palestinienne et a demandé de soutenir une stratégie visant à établir, dans les faits, les deux États.
Depuis la fin de la période considérée (19 mars-16 juin), les incidents violents se sont multipliés, a poursuivi le Coordonnateur spécial en faisant le compte des victimes: trois Palestiniens tués et six blessés le 17 juin au cours d’une opération militaire israélienne et d’affrontements armés ultérieurs à Jénine; un Palestinien abattu le 19 juin par les forces de sécurité israéliennes près de la ville cisjordanienne de Qalqilya; un Palestinien poignardé à mort par un colon israélien le 21 juin, lors d’une altercation qui a éclaté lorsque des colons israéliens ont installé des tentes sur une propriété appartenant à des Palestiniens près du village d’Iskaka; deux Palestiniens blessés par des colons israéliens le 25 juin, près du village de Mgheïr. Il a aussi parlé d’une roquette tirée par des militants palestiniens le 18 juin dans la bande de Gaza vers la ville israélienne d’Ashkelon, qui a été interceptée par le système « Iron Dome » et n’a fait aucune victime. En représailles, les Forces de défense israéliennes ont frappé des cibles du Hamas dans la bande de Gaza, y compris plusieurs postes d’observation, sans faire de blessés, a-t-il noté.
S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), M. Wennesland s’est dit « profondément troublé » par l’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. Les colonies constituent une violation flagrante des résolutions de l’ONU et du droit international, a-t-il dénoncé, en relevant en outre qu’elles compromettent la perspective d’une solution à deux États et érodent la possibilité d’établir un État palestinien viable. Il s’est également inquiété de la poursuite des démolitions et des saisies de propriétés appartenant à des Palestiniens, y compris des projets humanitaires financés par la communauté internationale, ainsi que de l’arrêt rendu par la Haute Cour israélienne sur Massafar Yatta. Il a appelé le Gouvernement israélien à mettre fin à la démolition et à la saisie de biens appartenant à des Palestiniens, ainsi qu’aux expulsions, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire (DIH) et du droit international des droits de l’homme.
M. Wennesland a condamné les attaques terroristes perpétrées au cours des derniers mois par des Palestiniens et des Arabes israéliens contre des civils en Israël. Il a également condamné les meurtres de Palestiniens par les forces de sécurité israéliennes, y compris des enfants, notamment lors d’incidents où ils ne semblaient pas présenter une menace imminente, notant qu’en 2022, 15 enfants palestiniens ont été tués en Cisjordanie, contre 9 au cours de la même période en 2021. Il a appelé à cet égard les forces de sécurité à faire preuve d’un maximum de retenue et à ne recourir intentionnellement à la force meurtrière que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger la vie.
Le Coordonnateur spécial a exprimé sa préoccupation face au risque d’escalade persistant en Cisjordanie, malgré les efforts des Nations Unies et des partenaires internationaux pour améliorer la vie des Palestiniens et assouplir les restrictions. Toutefois, maintenir le calme n’est ni suffisant ni durable, a-t-il estimé, ajoutant qu’il faut en faire plus pour améliorer la situation humanitaire et permettre à l’économie de se développer, avec pour objectif final une levée complète du blocus israélien, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité.
Alors que la crise financière de l’Autorité palestinienne, aggravée par les contraintes de l’occupation et l’absence de réformes palestiniennes, demande une attention urgente, il s’est félicité du soutien financier accordé par l’Union européenne. Il s’est toutefois alarmé de l’augmentation des prix des produits de base, alors que le coût de certains produits alimentaires a augmenté d’environ 20% en Cisjordanie et de plus de 40% à Gaza. Il a aussi rappelé que le déficit de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) s’élève toujours à 100 millions de dollars. Comme l’ont démontré les événements des derniers mois, la gestion du conflit à perpétuité n’est pas une option viable, a conclu le Coordonnateur spécial, en exhortant les parties et la communauté internationale à prendre des mesures qui permettront aux parties de retrouver le chemin de négociations sérieuses et de la paix.
Déclarations
M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a condamné les tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza contre Israël qui ont interrompu une pause de deux mois. Ces attaques doivent cesser, a exigé le représentant, qui a déploré l’escalade de la violence imputable aux colons et visant les Palestiniens, y compris la mort d’Ali Sanjar, tué en Cisjordanie sur les terres agricoles de sa famille. Préoccupé par les risques d’expulsion à Massafer Yatta, le représentant a déclaré que ces expulsions ne devaient pas avoir lieu. Il a demandé aux parties de s’abstenir de toute action unilatérale exacerbant les tensions et sapant les efforts pour parvenir à la solution des deux États.
Annonçant la visite du Président Joseph Biden en juillet pour rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens, il a précisé que le Président exhorterait au calme et promouvrait la sécurité, la liberté et l’égalité pour les Israéliens et les Palestiniens. L’administration américaine soutient la solution des deux États, qui demeure le meilleur moyen de préserver l’avenir d’Israël en tant qu’État juif démocratique aux côtés d’un État souverain et viable de Palestine, a poursuivi le représentant.
Se disant préoccupé par l’assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, M. Mills a demandé que justice soit faite sur cette tragédie. Il s’est également dit préoccupé par la pratique qui consiste à utiliser les dépouilles humaines comme moyen de négocier et a demandé que les dépouilles soient restituées aux familles immédiatement et sans condition.
S’agissant des conditions de vie difficiles des réfugiés de Palestine, le représentant a déclaré que les États-Unis avaient alloué 382 millions de dollars en 2021 à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont, a-t-il rappelé, ils sont le premier bailleur de fonds. Quelque 79 millions de dollars sont déjà débloqués pour 2022 et un soutien supplémentaire sera fourni cette année, a-t-il ajouté. Réaffirmant l’attachement de sa délégation à la solution des deux États, M. Mills a souligné l’importance d’un processus inclusif impliquant les femmes, les jeunes et la société civile.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a regretté la persistance et de la violence et de l’instabilité partout dans le Territoire palestinien occupé. « Nous constatons des violences et des pertes de vies inutiles » a insisté le représentant avant d’appeler Israël à respecter ses obligations en matière de protection des droits humains et de plaider pour la reddition de la justice. Après avoir précisé que le Royaume-Uni accordera 15 millions de livres à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en 2022, le représentant a exhorté les autres États Membres à accorder des financements pluriannuels prévisibles à cette agence afin de lui permettre de remplir sa mission. Il a par ailleurs jugé urgent qu’Israël mette un terme aux restrictions à la circulation et au commerce qui affectent la vie quotidienne des Palestiniens. « Soutenir la prospérité des gazaoui est dans l’intérêt d’Israël » a estimé le représentant en regrettant que les tensions qui persistent sapent tous les espoirs de règlement du conflit.
Mme ALLEGRA BONGO (Gabon) a estimé que le chemin vers la paix était encore parsemé de nombreuses embûches et de défis politiques, humanitaires et sécuritaires. La poursuite de la politique d’extension des colonies illégales, de démolition de maisons et d’autres évictions de familles constitue une entrave majeure au processus de paix, a-t-elle rappelé. Après avoir dénoncé notamment la précarisation des Palestiniens, la représentante a appelé Israël à renoncer à tout projet expansionniste, à toute démolition ou dépossession de biens palestiniens et à s’abstenir de toute action de nature à nuire les efforts internationaux pour une résolution pacifique du conflit. Les violences policières sont inacceptables et les actes de terrorisme ainsi que les tirs de roquettes depuis la Bande de Gaza vers Israël doivent cesser.
Mme Bongo a appelé les deux parties à prévenir, combattre et réprimer les discours de haine et la rhétorique d’intolérance. Les leaders d’opinion doivent être intransigeants contre toute expression de haine et toute glorification du terrorisme. Sur le dossier des restitutions des dépouilles humaines aux familles, elle a invité les parties à trouver un accord qui puisse contribuer à créer un climat de confiance favorable à l’édification de la paix. Elle a appelé à la levée totale du blocus de Gaza afin que l’aide humanitaire puisse être distribuée sans entrave et exhorté les parties à relancer les négociations en vue de la résolution de la crise israélo-palestinienne en vue de l’établissement d’une paix réelle et durable.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit préoccupé par les tendances à l’œuvre sur le terrain, qui menacent la viabilité de la solution des deux États, en l’absence d’alternatives viables acceptées par les parties. Il a réitéré que la France ne transigera jamais avec la sécurité d’Israël tout en condamnant l’avancement des plans de colonies qui menacent la viabilité d’un futur État palestinien. Le délégué a appelé Israël à mettre un terme aux procédures en cours d’extension ou de création de nouvelles colonies, en particulier les plans visant à étendre la zone E1. Préoccupé par les premières démolitions à Massafer Yatta, en violation de la quatrième Convention de Genève, il a appelé à suspendre définitivement les évictions de familles palestiniennes et les démolitions qui alimentent le désespoir et font le jeu des extrêmes de tout bord. Le représentant a demandé à faire plus pour améliorer la vie des Palestiniens.
La France, a insisté le délégué, est déterminée à agir pour recréer un horizon politique aux côtés de ses partenaires, notamment la Jordanie et l’Égypte. Il a promis son appui aux acteurs humanitaires impartiaux et à la société civile, avant de signaler que la France a augmenté ses contributions à l’UNRWA cette année, pour atteindre 35 millions de dollars. Préoccupé par la dégradation de la situation des droits humains dans les territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne, le représentant a plaidé pour que justice soit rendue concernant l’assassinat de Nizar Banat et réaffirmé la nécessité d’une enquête transparente dans les meilleurs délais concernant les circonstances de la mort de la journaliste Shireen Abu Akleh. La France continuera de défendre l’espace civique et humanitaire, notamment à travers la poursuite de son soutien aux six ONG récemment désignées par les autorités israéliennes, a annoncé le délégué qui a fait écho aux appels des Nations Unies pour l’organisation rapide des élections législatives et présidentielle palestiniennes repoussées depuis plus d’un an.
M. ZHANG JUN (Chine) s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation dans le Territoire palestinien occupé. Il s’est dit préoccupé aussi de la décision d’Israël de désigner 18% du secteur C de la Cisjordanie comme zone d’exercice militaire et 50% à d’autres fins, interdisant de fait ces zones à des projets de construction ou de développement palestiniens. Il a aussi noté qu’un nouveau projet de construction de 4 500 unités de logement menaçait d’expulsion 1 200 Palestiniens. La poursuite de l’extension des colonies empiète sur les terres et ressources palestiniennes et viole le droit à l’autodétermination des Palestiniens en rendant l’objectif d’un État palestinien indépendant d’un seul tenant encore plus difficile à réaliser, a ajouté le représentant.
M. Zhang a exhorté Israël à cesser d’ignorer la résolution 2334 et à mettre fin à toutes ses activités de colonisation, qui sapent les bases d’une solution à deux États. Il a exhorté les Israéliens à lancer une enquête pénale sur la tragédie qui a couté la vie à la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh. Il a appelé à entendre les préoccupations sécuritaires des deux parties et éviter des politiques d’hésitation et de retour en arrière en adoptant une position impartiale et objective.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’intensification des mesures unilatérales visant à créer des faits irréversibles en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Au cours de l’année écoulée, Israël a approuvé la construction de plus de 12 000 logements tandis que plus de 1 000 maisons palestiniennes ont été détruites, s’est alarmé le représentant en soulignant qu’il s’agit là de violations de la Convention de Genève de 1949. Il a rappelé que son pays ne reconnaît pas la souveraineté israélienne sur le Golan, qui fait partie intégrante de la Syrie. Il a dénoncé les arrestations arbitraires de Palestiniens et le recours disproportionné à la force par les Forces armées israéliennes dans le cadre de soi-disant opérations de sécurité, notant que le Conseil des droits de l’homme a imputé la responsabilité du meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh à l’armée israélienne.
Après avoir dénoncé l’attaque menée par l’armée israélienne sur l’aéroport international de Damas, il a dit avoir l’impression qu’Israël a « carte blanche pour mener des actions illégales et unilatérales dans la région », avec le consentement tacite des États-Unis qui bloquent toute possibilité de relance du processus de paix. À ses yeux, cette « quasi-ignorance » par la communauté internationale des violations systématiques des droits des Palestiniens reflète clairement la pratique du « deux poids deux mesures » par les pays occidentaux au regard du droit international. Un règlement stable du conflit palestino-israélien ne peut être obtenu que sur la base des deux États universellement reconnus, a estimé le représentant, en affirmant son soutien aux initiatives en ce sens menées par l’Égypte et l’Algérie. Il a appuyé à cet égard les efforts de l’UNRWA en tant que principale structure internationale à même de fournir une assistance humanitaire aux Palestiniens.
M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a souligné l’importance de mettre en œuvre la résolution 2334 (2016) et a demandé que des efforts soient consentis pour lancer des négociations crédibles. Préoccupé par les tensions quotidiennes, en particulier les expulsions illégales des familles palestiniennes, le représentant a appelé au statu quo sur le terrain et à préserver la viabilité de la solution des deux États. La communauté internationale et le Conseil doivent envoyer un message clair contre toute mesure qui empêcherait la possibilité d’une paix durable entre Israël et la Palestine.
M. Raguttahalli a demandé à Israël de faire davantage pour améliorer la situation humanitaire, tout en dénonçant la précarité de la situation financière des Palestiniens. L’Inde a contribué à hauteur de 20 millions de dollars à l’UNRWA sur les quatre dernières années, a rappelé le représentant, qui a ajouté que son pays avait également promis 5 millions de dollars pour les programmes de l’UNRWA au titre de 2022. Il a appelé à un règlement pacifique de la question palestinienne et à des négociations de paix directes entre les parties, qui prennent en compte les aspirations légitimes du peuple palestinien et les préoccupations de sécurité légitimes d’Israël. L’absence de pourparlers directs sur des questions pratiques clefs, n’augure rien de bon pour la paix à long terme de la région, a pronostiqué M. Raguttahalli, qui a réitéré son appui à la solution des deux États.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est particulièrement inquiété des nouveaux projets de construction de 4 500 unités de logement dans différentes parties de la Cisjordanie qui fait craindre l’éviction de 1 200 Palestiniens, y compris 500 enfants. Il a prévenu que les projets de colonisation ne vont pas renforcer la sécurité d’Israël. Il s’est en outre dit préoccupé par les meurtres récents de plus de 70 Palestiniens et a exhorté les autorités israéliennes à mener une enquête sur les recours disproportionnés de la force à l’égard des civils à la lumière des responsabilités d’Israël en droit international humanitaire (DIH). Il a prévenu que le processus de paix ne peut être remis sur les rails dans un tel climat d’insécurité. Après avoir condamné tout acte terroriste, le représentant a appelé les dirigeants palestiniens à faire preuve de tolérance zéro à l’égard de toutes formes de violence. Il a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour relancer le processus de dialogue. Les peuples palestinien et israélien méritent de pouvoir vivre en paix côte à côte, a-t-il conclu.
M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est dit préoccupé par l’intensification, au cours des derniers mois, de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens, qui a culminé avec des tirs de roquettes sur le territoire israélien. Le représentant a condamné le terrorisme sous toutes ses formes ainsi que le recours à une rhétorique dangereuse et haineuse qui ne fait qu’alimenter la violence. Afin de ranimer le processus de paix, M. Costa Filho a appelé à une désescalade de la violence et à l’adoption de mesures de confiance visant à ranimer le processus de paix.
M. Costa Filho s’est alarmé de la crise financière qui continue d’affecter l’autorité palestinienne, plaidant pour une aide financière coordonnée par la communauté internationale. À ses yeux, il est tout aussi important de lever les obstacles structurels imposés aux Palestiniens en matière industrielle et agricole. Il a regretté les difficultés financières chroniques de l’UNRWA, qui ne peuvent qu’affecter sa capacité à mettre en œuvre son mandat. Pour sa part, le Brésil a récemment annoncé une aide supplémentaire à l’UNRWA et compte appuyer la prolongation de son mandat. Le représentant s’est félicité de la reprise de quotas pour les travailleurs de Gaza, estimant que de telles mesures ne peuvent que contribuer à l’intégration et au développement économique. Il n’existe pas d’autre solution que celle des deux États, avec un Gouvernement palestinien réconcilié, a-t-il conclu.
Mme MONA JUUL (Norvège) a regretté de la non-application de la résolution 2334, dénonçant la construction de colonies, les démolitions et les expulsions qui se sont poursuivies depuis 2016. Préoccupée par les projets de démolition de plusieurs villages de la région de Massafer Yatta, elle a rappelé que toutes les mesures visant à modifier la composition démographique des zones occupées sont contraires au DIH. Elle a exhorté Israël à s’abstenir de mettre en œuvre ce plan et réitéré son appel à mettre fin à toutes les expansions de colonies, expulsions et démolitions, en insistant sur la protection des civils. Elle a souligné que sur les 48 Palestiniens tués de janvier à mai, 14 étaient des enfants. Elle a appelé les forces de sécurité israéliennes à agir de manière proportionnelle et conformément au droit international. Elle a aussi condamné les tirs de roquettes et les attaques à partir de la bande de Gaza contre Israël en soulignant que ce dernier a le droit de se défendre tout en respectant le droit international.
S’agissant de la situation de l’UNRWA, la représentante a exhorté les donateurs à augmenter leurs contributions. La Norvège s’est engagée à travailler avec les parties pour faire évoluer l’Autorité palestinienne sur une base budgétaire plus solide, a-t-elle ajouté en encourageant les parties et les partenaires de développement à mettre en œuvre tous les engagements pris lors de la réunion de Bruxelles en mai. Concernant la demande de la Norvège selon laquelle les denrées alimentaires provenant des colonies israéliennes doivent porter l’indication de leur provenance, elle est conforme à la réglementation de l’UE qui s’applique également à la Norvège, a souligné la déléguée qui a précisé que cette décision concernant les droits des consommateurs n’implique en aucun cas une politique de boycott d’Israël ou des produits israéliens. Elle a conclu en réitérant l’engagement de la Norvège en faveur de la solution des deux États.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dénoncé la poursuite des activités de peuplement en rappelant que les colonies sont illégales au regard du droit international et sapent le processus de paix. « En 2020 seuls 10 permis de construction ont été délivrés à des Palestiniens, pour 2 526 unités de logement dans les colonies de peuplement » a-t-elle relevé. Elle a noté que l’établissement d’une zone de tir ne constituait pas une justification acceptable pour le déplacement des populations palestiniennes.
La représentante a condamné toutes les violences, avant d’exhorter les autorités israéliennes à mener une enquête sur la mort de neuf enfants tués par les forces de sécurité israéliennes durant la période à l’examen. Elle a mis l’accent sur le rôle clef de l’UNRWA pour faire face aux difficultés économiques et sociales de la population palestinienne, puis a souligné le rôle important de la Jordanie en tant que garante du statut des lieux saints de Jérusalem.
Après avoir également mis en exergue l’importance de la contribution et du rôle de la société civile, Mme Byrne Nason a particulièrement regretté que les autorités israéliennes aient placé six ONG palestiniennes sur leur liste des organisations terroristes. En conclusion, elle a déclaré que le Conseil de sécurité avait l’obligation de veiller à l’application de sa résolution 2334 (2016).
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré qu’aucun progrès n’ait été réalisé dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), alors que l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés se poursuit. Estimant que les colonies sont incompatibles avec le droit international et constituent un obstacle à la solution des deux États, il a fait écho aux appels à la cessation des activités de colonisation, y compris l’expulsion, la destruction ou la démolition de biens palestiniens ainsi que le transfert de populations. À cet égard, il a réitéré l’appel lancé à la Cour suprême d’Israël pour qu’elle annule son arrêt concernant Massafer Yatta, qui menace de déplacement 1200 Palestiniens.
« Face à l’augmentation constante des incidents violents de part et d’autre, il n’est pas possible d’affirmer que le statu quo équivaut au maintien de la paix », a martelé le représentant, pour qui l’instabilité démontre que les causes sous-jacentes du conflit ne sont pas traitées. M. de la Fuente Ramírez a appelé les forces de sécurité israéliennes à éviter tout recours disproportionné à la force, et les dirigeants palestiniens et israéliens à s’abstenir de toute provocation, incitation à la violence ou rhétorique incendiaire. Afin de favoriser des progrès économiques et politiques sur les territoires palestiniens, le représentant a souligné l’importance d’organiser dès que possible des élections générales libres et transparentes. Il a exprimé en terminant son appréciation pour l’apport humanitaire et stabilisateur de l’action de l’UNRWA.
M MICHAEL K. KIBOINO (Kenya) a regretté le manque de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) depuis son adoption il y a plus de cinq ans. Après avoir souligné l’urgence de stabiliser la situation sur le terrain, le représentant a rappelé l’obligation de rendre des comptes pour les violences et les abus. Il faut renforcer les efforts pour lutter contre les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, le Jihad palestinien et d’autres groupes militants en Israël, a-t-il réclamé. Il a appelé à prendre des mesures immédiates pour prévenir tous les actes de violence contre les civils, rappelant les morts d’Israéliens et de Palestiniens causées par de telles attaques, y compris les récents incidents à Jénine. Le délégué a jugé nécessaire de présenter des perspectives pour la solution des deux États, en insistant sur la responsabilité du Conseil de mettre fin à ce conflit. Il a réitéré que la bonne mise en œuvre de la résolution 2334 dépend de la volonté politique des autorités israéliennes et palestiniennes. En conclusion, le représentant a exhorté les deux parties à déployer des efforts communs pour lancer des processus de consolidation et de rétablissement de la paix dans le cadre de la résolution précitée.
Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a dénoncé les nouveaux projets de colonies de peuplement qui menacent l’existence du Territoire palestinien et la vie des populations, notamment des femmes et des enfants. Elle a fustigé des constructions qui vont priver les habitants, notamment les agriculteurs, d’un accès à leurs terres et aux ressources en eaux. « Nous devons respecter la résolution 2334 et éviter tous les actes de provocation et de destruction » a insisté la représentante. Elle s’est réjouie de la prochaine visite du Président des États-Unis dans la région, prévue le mois prochain. Elle a salué la récente tenue d’une réunion du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les questions de femmes et de paix et sécurité en notant que ce groupe de travail a mis en exergue, pour la première fois, la situation des femmes palestiniennes et leur contribution à la paix. Elle a rappelé la détermination des Émirats arabes unis à atteindre l’objectif de parvenir à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, conformément aux aspirations nationales légitimes des deux peuples, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale des deux États.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé que la sécurité d’Israël ne sera jamais remise en question, mais que les colonies ne contribuent pas à la sécurité du pays, car elles conduisent à la violence et à la mort des deux côtés. Il s’est dit profondément préoccupé par les menaces à la préservation du statu quo des Lieux saints à Jérusalem, et par les discours incendiaires et haineux qui exacerbent encore les tensions. « Le discours de haine et l’incitation à la violence ne doivent être tolérés nulle part » a insisté le représentant.
Se disant profondément troublé par l’augmentation de la violence au quotidien, M. Hoxha a condamné le terrorisme sous toutes ses formes, ainsi que l’incitation à commettre des actes aussi odieux. Dans ce contexte, il a soutenu le droit légitime d’Israël à se défendre contre de tels actes, dans le respect de la proportionnalité et de la protection des civils. Par ailleurs, il a estimé que le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh et la prise d’assaut de son cortège funèbre par la police israélienne, exigeaient une enquête d’une autorité indépendante et impartiale pour établir la vérité. Il a enfin salué la visite prévue le mois prochain au Moyen-Orient du Président des États-Unis Joseph Biden.