Soixante-dix-septième session,
12e séance plénière – matin
AG/DSI/3691

Première Commission: les États dotés de l’arme atomique se rejettent la responsabilité des tensions et de l’échec des efforts de désarmement

Lors de la deuxième journée consacrée par la Première Commission (désarmement et de sécurité internationale) à la thématique des armes nucléaires, plusieurs d’États dotés de telles armes ont aujourd’hui pris la parole pour défendre leur choix, toujours dans un but défensif selon eux, pour vanter leurs efforts en vue du désarmement nucléaire et pour se rejeter la responsabilité des tensions nucléaires actuelles. 

Ainsi, les États-Unis et le Royaume-Uni, suivis de plusieurs délégations d’États non dotés, dénonçant une nouvelle fois l’agression russe contre l’Ukraine, y ont vu l’origine des tensions actuelles et de l’ombre projetée sur les négociations internationales en matière de désarmement, encore assombrie par une « rhétorique nucléaire profondément irresponsable ».  Rappelant la déclaration commune du P5 de janvier 2022 affirmant qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée, la représentante des États-Unis a aussitôt ajouté que, « malheureusement, les coups de sabre nucléaires de la Russie et sa guerre brutale contre l’Ukraine jettent un doute sur son engagement envers cette déclaration ».  De même, Les États-Unis se sont dits déterminés à mettre en œuvre pleinement et efficacement le traité NEW START et « prêts à négocier rapidement un nouveau cadre de contrôle des armements pour le remplacer lorsqu’il expirera en 2026 », mais, a ajouté la représentante, une telle négociation nécessite un partenaire volontaire opérant de bonne foi.

La Fédération de Russie a rétorqué que c’était elle qui était à l’origine de la prorogation en 2021 du traité NEW START pour cinq ans et que ce sont les États-Unis qui ont mis à mal le dialogue stratégique initié à cette occasion.  Un travail de désarmement ne pourra se faire que dans le cadre d’une relation égalitaire et dans le respect des intérêts russes, a averti le représentant russe.

Celui-ci a assuré que son pays respectait ses obligations au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ajoutant qu’il avait conclu, dans ce cadre, une série d’accords internationaux de réduction ou de limitation de telles armes.  D’ailleurs, a-t-il ajouté, la Fédération de Russie a adopté des mesures de désarmement importantes, y compris de manière unilatérale.  Pour preuve: son potentiel d’armements stratégiques a été réduit de 85% par rapport aux valeurs maximales des années 1980 et le nombre de ses armes nucléaires non stratégiques, de trois quarts par rapport au stock de l’Union soviétique en 1991.  De même, la doctrine militaire de la Fédération de Russie a un caractère exclusivement défensif et les conditions de recours à l’arme nucléaire se limitent à des circonstances exceptionnelles très précisément définies dans les documents directeurs accessibles à tous. 

Toutefois, a ajouté le représentant russe, la détention d’armes nucléaires reste pour le moment la seule réponse possible à des menaces extérieures très concrètes.  Évoquant « l’évolution de la situation en Europe », il a dénoncé ceux qui violent le principe d’une sécurité unique et indivisible et accusé l’OTAN de miser sur une expansion effrénée et dangereuse « vers nos frontières, aux dépens de la sécurité de la Russie ». 

Pour sa part, la Chine a rappelé son engagement à ne pas recourir aux armes nucléaires en premier et à ne jamais les utiliser ou menacer de les utiliser contre les États non dotés et les zone exemptes d’armes nucléaires.  Ne conservant que des forces d’une capacité minimale, la Chine n’a aucune intention de se lancer dans une course aux armes nucléaires avec quelque pays que ce soit.  Face au caractère contre-productif de « l’hégémonie et la confrontation entre blocs », son représentant a exhorté l’ONU à promouvoir un « véritable multilatéralisme » pour parvenir à « une sécurité exhaustive bénéficiant à tous ».  Néanmoins, a-t-il ajouté, les États-Unis et la Russie, en tant que principales puissances nucléaires, doivent s’acquitter de leurs responsabilités particulières et procéder à des réductions de leurs arsenaux comme étape vers un désarmement généralisé.  La Chine propose aussi que les cinq puissances nucléaires officielles s’entendent sur un traité sur le non-recours en premier à l’arme nucléaire. 

Mais les États-Unis considèrent que la Chine développe un arsenal nucléaire diversifié et ne fait pas preuve de transparence.  « Rien que l’année dernière, la Chine a lancé plus de missiles balistiques que le reste du monde réuni », a notamment relevé leur représentante, qui a aussi rappelé que la Chine est le seul pays au sein du P5 à refuser de respecter un moratoire sur la production de matières fissiles pour les armes nucléaires et de limiter ainsi la croissance potentielle des stocks nucléaires.

Puissance nucléaire non partie au TNP, l’Inde s’est présentée comme un « État responsable doté de l’arme nucléaire » dont la politique consiste à maintenir une dissuasion minimale fondée sur une posture de non-utilisation initiale de l’arme nucléaire et de non-utilisation contre des États non dotés.  Elle reste d’ailleurs fermement attachée à un désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable et souhaite que la Conférence du désarmement entame des négociations sur une convention générale relative aux armes nucléaires.  Elle reste en revanche opposée au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et affiche pour principale préoccupation de ne pas voir des terroristes ou autres acteurs non étatiques accéder à des armes, matières et technologies nucléaires, tout en isolant les États qui les soutiennent sur leur sol.

Quant à la République populaire démocratique de Corée (RPDC), elle justifie la mise en place de sa force de dissuasion nucléaire par « l’hégémonie haineuse » des États-Unis, qu’elle accuse de vouloir la désarmer pour renverser son gouvernement.  Son représentant a ensuite expliqué qu’il était impossible à son pays de respecter les résolutions de l’ONU car elles sont le produit de l’hostilité américaine, tout en évoquant le droit à la légitime de défense prévue à l’Article 51 de la Charte.  La République de Corée lui a répondu que la Charte n’était pas un document à choix multiples et que son Article 25 exhortait les États Membres à respecter les décisions de l’ONU.  Enfin, le représentant de l’Iran a déclaré qu’il ne servait à rien de demander à son pays de ne pas développer d’arme nucléaire puisque l’Iran considère qu’un tel développement constitue un acte criminel.  Il a imputé les blocages du Plan d’action global commun au manque de volonté et à une approche contre-productive des États-Unis.

La Première Commission poursuivra son débat sur les armes nucléaires demain, mardi 18 octobre, à partir de 10 heures.

DÉBAT THÉMATIQUE SUR DES QUESTIONS PRÉCISES ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Armes nucléaires (suite)

Mme MALLORY STEWART (États-Unis) a souligné que le rôle fondamental des armes nucléaires américaines dans la doctrine de dissuasion de son pays est de dissuader les attaques nucléaires contre lui, « nos alliés et nos partenaires ».  Et surtout, a-t-elle ajouté, cette politique reflète le fait que les États-Unis continueront de prendre des mesures pour réduire le rôle des armes nucléaires, tout en veillant à ce que la dissuasion nucléaire américaine reste sûre, sécurisée et efficace et que les engagements de dissuasion étendus des États-Unis envers ses alliés restent à toute épreuve et crédibles.

En janvier de cette année, a rappelé la représentante, dans une démarche visant à réduire collectivement l’importance des armes nucléaires, les États-Unis et les autres États dotés d’armes nucléaires parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ont publié une déclaration commune affirmant qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée, et que les armes nucléaires doivent servir à des fins défensives.  « Malheureusement, les coups de sabre nucléaires de la Russie et sa guerre brutale contre l’Ukraine jettent un doute sur son engagement envers cette déclaration », a déclaré la représentante.  Elle a toutefois assuré que son pays reste déterminé à rechercher des mesures et des accords de maîtrise des armements limitant le risque de guerre nucléaire et évitant des courses aux armements déstabilisatrices.  Les États-Unis sont déterminés à mettre en œuvre pleinement et efficacement le traité NEW START, a-t-elle également assuré, citant le Président Biden qui, lors de la Conférence d’examen du TNP en août, a déclaré que les États-Unis « sont prêts à négocier rapidement un nouveau cadre de contrôle des armements pour remplacer le traité NEW START lorsque celui-ci expirera en 2026 ».  Or, une telle négociation nécessite un partenaire volontaire opérant de bonne foi, a noté Mme Stewart

L’agression brutale et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine a brisé la paix en Europe et constitue une attaque contre les principes fondamentaux de l’ordre international, ce qui a entraîné la détérioration de l’environnement sécuritaire mondial, a analysé la représentante.  Elle a ajouté que, dans le même temps, la Chine développe rapidement un arsenal nucléaire plus vaste et plus diversifié, tout en restant réticente à s’engager de manière substantielle dans des mesures de transparence ou de réduction des risques.  Rien que l’année dernière, la Chine a lancé plus de missiles balistiques que le reste du monde réuni et elle s’écarte dangereusement du comportement des puissances nucléaires responsables en rejetant généralement la pratique de notifier ces lancements, a expliqué Mme Stewart.  La représentante a donc exhorté la Chine à adhérer au Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques, qui est un instrument multilatéral unique de renforcement de la confiance et de transparence et qui contribue à notre sécurité collective. 

La représentante a également signalé qu’afin de renforcer encore la sécurité et la stabilité collectives, les États-Unis ont déclaré et respectent un moratoire sur la production de matières fissiles pour les armes nucléaires « afin de limiter la croissance potentielle des stocks nucléaires ».  Après avoir rappelé que seule la Chine, parmi les cinq États dotés officiellement d’armes nucléaires, a refusé de respecter une telle mesure, elle a déclaré que les États-Unis continuent de soutenir l’ouverture immédiate de négociations sur un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles, basées sur le consensus et impliquant la participation de tous les États clefs.

Enfin, Mme Stewart a attiré l’attention sur l’engagement de son pays dans des initiatives telles que le Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire et « Créer un environnement propice au désarmement nucléaire », ainsi que leur attachement à une féminisation accrue des mécanismes de désarmement et de sécurité internationale. 

M. JONELLE JOHN S.  DOMINGO (Philippines) a réitéré son engagement à maintenir le statut de région dénucléarisée de l’Asie du Sud-Est.  Il a exhorté les États qui ne l’ont pas fait à rejoindre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a apporté son soutien à l’assistance aux victimes et la restauration environnementale dans le contexte des essais nucléaires.  Il a regretté l’échec de l’adoption d’un document final lors de la Conférence d’examen du TNP, mais s’est félicité de la proposition, par l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, de créer un groupe de travail pour le renforcement de la procédure d’examen du TNP. 

Le représentant a par ailleurs exhorté les États dotés d’armes nucléaires à respecter leurs obligations en matière de désarmement.  Il les a appelés à mettre fin à l’expansion de leur arsenal nucléaire et à s’engager en faveur d’un moratoire sur la production de matières fissiles.  Les efforts de réduction du risque nucléaire ne sont que des mesures intermédiaires, a-t-il déclaré, ajoutant qu’elles « ne légitiment pas la poursuite de l’existence des armes nucléaires, qui nous met tous en danger ».

Mme HARSHANA GOOLAB (Afrique du Sud) a déclaré que l’application de l’article VI du TNP est continuellement minée par la modernisation des armes nucléaires, certaines déclarations politiques et la dépendance persistante des doctrines de sécurité à l’égard de ces armes.  La représentante s’est d’ailleurs dite préoccupée par l’augmentation du nombre d’États qui mettent l’accent sur la valeur de la dissuasion nucléaire et s’appuient toujours davantage sur les armes nucléaires dans leur doctrines militaires et sécuritaires. 

La représentante a déploré qu’en outre, les États dotés d’armes nucléaires justifient le maintien et le renforcement de leur doctrine par l’environnement de sécurité actuel, qui ne serait pas propice au désarmement tel que le demandent les États non dotés.  Or, pour la représentante, cette approche des États dotés n’est fondée ni au plan juridique, ni au plan moral ou éthique.  C’est pourquoi l’Afrique du Sud appelle les États dotés et tous les États qui dépendent de ces armes inhumaines et dévastatrices pour leur sécurité, à prendre des mesures urgentes et claires en vue de leur élimination totale.  Nous devons briser le statu quo de l’inaction de ces États en matière de désarmement nucléaire, a poursuivi la représentante, qui a réaffirmé que les objectifs universaux du TNP ne pourront jamais être réalisés si le Traité est utilisé comme un moyen de protéger les intérêts de quelques-uns, « cela aux dépens de l’humanité dans son ensemble ».  Selon elle, cette situation a pour effet direct et contradictoire d’encourager la prolifération. 

Par ailleurs, Mme Goolab a souligné l’absence de progrès dans la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  À cet égard, la représentante a tenu à rappeler le potentiel de ce traité pour répondre aux aspirations pacifiques de la communauté internationale et contribuer à la libération du monde et l’humanité de la menace omniprésente de guerre nucléaire.  Cette menace ne pourra être levée tant que le TICE ne sera pas entré en vigueur, a insisté la représentante, qui a accusé certains États de retarder son entrée en vigueur « pour servir leurs intérêts particuliers et étroits ».  L’Afrique du Sud réitère donc son appel urgent et fort à tous les États figurant à l’annexe 2 du TICE de signer et de ratifier le Traité sans plus tarder, afin que son entrée en vigueur devienne enfin réalité.

Mme ERIN MORRISS (Nouvelle-Zélande) a rappelé que la toute première résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, il y a 77 ans, était consacrée au désarmement nucléaire, ajoutant que cette question est aujourd’hui plus urgente que jamais.  L’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie constitue une violation flagrante du droit international, a poursuivi la représentante, pour qui cette agression a « vidé de sa substance » le concept de garanties de sécurité négatives et a ravivé le débat sur la destruction mutuelle assurée.  Dans ce contexte, la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en juin de cette année, a été à ses yeux un rare point positif. 

La représentante s’est par ailleurs félicitée des nombreuses nouvelles ratifications du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires cette année, qui nous rapprochent de l’universalité.  Elle a demandé à cet effet à tous les États à soutenir la résolution sur le TICE présentée par l’Australie, le Mexique et la Nouvelle-Zélande.  La Conférence d’examen du TNP a mis en évidence le fossé qui continue de se creuser entre les obligations relatives au désarmement des États dotés d’armes nucléaires et leur mise en œuvre, a par ailleurs dénoncé Mme Morriss, qui s’est inquiétée d’un risque de nouvelle course aux armements comme conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui pourrait aboutir à un monde plus polarisé et plus dangereux. 

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) a commencé par constater qu’« aujourd’hui est le deux cent trente sixième jour d’une invasion à grande échelle déclenchée par la Russie terroriste contre mon pays », avant d’ajouter que la Russie avait intensifié ses attaques contre les infrastructures critiques et les zones résidentielles dans différentes régions d’Ukraine au cours des dernières semaines, y compris ce matin même, avec des attaques de drones de combat iraniens sur Kyïv qui ont tué quatre personnes. 

Après avoir estimé que l’utilisation des armes nucléaires est la menace la plus grave à laquelle l’humanité n’a jamais été confrontée, le représentant a rappelé que l’Ukraine n’a cessé d’appeler à la promotion du régime international de non-prolifération nucléaire et à l’intensification des efforts de désarmement nucléaire.  L’Ukraine continue d’apporter son soutien à la mise en œuvre effective et à l’universalisation du TNP en tant qu’élément fondamental du régime mondial de non-prolifération nucléaire en regrettant que la question de l’efficacité et de l’intégrité du TNP se soit beaucoup compliquée depuis 2014, a poursuivi le représentant.  Pour lui, l’agression militaire russe contre l’Ukraine a créé un dangereux déséquilibre de l’architecture internationale de maîtrise des armements et de non-prolifération et a sapé l’efficacité et la fiabilité des régimes de non-prolifération des armes de destruction massive.

« En occupant la Crimée en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et d’un certain nombre d’accords internationaux, dont le Mémorandum de Budapest, la Russie a démontré que les obligations légales d’une puissance nucléaire de respecter l’indépendance et la souveraineté d’un État non nucléaire ne valent rien », a accusé le représentant ukrainien.  Pour l’Ukraine, le régime de non-prolifération a également été sapé lorsque la Russie a, de facto, élargi la zone géographique de son déploiement d’armes nucléaires après l’occupation de la Crimée et utilisé des missiles capables d’emporter des ogives nucléaires, sur les villes ukrainiennes depuis le territoire du Bélarus.  « Aujourd’hui, la Russie menace d’utiliser des armes nucléaires » a ajouté le représentant, qui a affirmé que la Russie avait également relevé ses niveaux d’alerte nucléaire, sapant ainsi la crédibilité de son engagement pris aux termes de la Déclaration du P5 de janvier dernier. 

M. Zlenko a condamné fermement les récents lancements de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a considéré la question du Plan d’action commun iranien comme une préoccupation internationale qui dépend toujours du respect par l’Iran de ses engagements liés au nucléaire.  Il a estimé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) reste l’un des principaux objectifs des efforts multilatéraux dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, avant d’appeler à l’adoption d’un Traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.

M. MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a expliqué que son pays a un programme nucléaire substantiel à des fins exclusivement pacifiques dans le cadre du respect le plus strict des normes consacrées par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Pour l’Argentine, le TNP est la pierre angulaire du régime de désarmement, de non-prolifération et des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Le représentant a donc regretté qu’en dépit des efforts du Président de la dixième Conférence d’examen du TNP, pour la deuxième fois consécutive il n’ait pas été possible d’adopter un document final ou des recommandations pour faire avancer la mise en œuvre du Traité.

La contribution à la paix et à la sécurité aux niveaux régional et mondial que signifiait le Traité de Tlatelolco de 1967 a été réelle et efficace, a fait observer le représentant, avant d’indiquer que l’Argentine demande une fois de plus aux États dotés d’armes nucléaires de retirer toutes les déclarations interprétatives aux Protocoles I et II du Traité de Tlatelolco et de respecter le caractère dénucléarisé de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Au niveau régional, l’engagement de l’Argentine en faveur de la non-prolifération est également manifeste à travers l’Agence brésilo-argentine de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires (ABACC), créée en 1991, et qui s’inscrit dans le cadre d’une politique d’État.  L’année 2021 a marqué le trentième anniversaire de l’Agence, qui a été l’occasion de partager les résultats de cette expérience, a expliqué le représentant, convaincu du fait qu’elle peut servir d’inspiration pour d’autres régions du monde, comme l’a reconnu l’adoption par consensus de la résolution 76/52 de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Mme Squeff a réaffirmé la pertinence du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) y voyant un instrument concret qui créera la confiance et permettra d’avancer vers un monde exempt de ces armes.  Pour cela, elle a appelé à sa prompte entrée en vigueur, par sa signature et sa ratification par tous les pays cités à l’annexe 2 du TICE, sans conditions préalables.  Après avoir condamné les essais nucléaires effectués par la République populaire démocratique de Corée, le représentant a appelé ce pays à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, à rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant qu’État non doté, et à reprendre le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

M. ALEXANDER KMENTT (Autriche) a déclaré que la guerre « brutale » qui se déroule en Ukraine avait un impact mondial « grave », alors que des menaces nucléaires ont été proférées par la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité et État dépositaire du TNP.  Ces menaces ont de plus été prononcées dans le cadre d’une agression contre un État non doté d’armes nucléaires, en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a exprimé sa profonde inquiétude devant une rhétorique nucléaire de plus en plus stridente, caractérisée notamment par des discours « irresponsables » sur l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, mettant en garde contre le risque de « normaliser » cette menace. 

L’impact humanitaire et environnemental d’un conflit nucléaire serait catastrophique et pourrait mettre fin à la civilisation humaine, a poursuivi le représentant, en s’interrogeant sur la légitimité d’imposer ces risques à l’humanité.  Nous ne pouvons pas attendre une catastrophe pour réagir, a-t-il insisté, avant d’appeler à l’abandon de la croyance erronée en la théorie de la dissuasion nucléaire.  Pour le représentant, l’argument voulant que la dissuasion nucléaire empêche les guerres est « bancal », à la lumière des nombreux conflits par procuration du passé ou de la guerre actuelle en Ukraine.  « Nous avons donc besoin d’un nouvel élan, d’un changement de paradigme », a fait valoir M. Kmentt, en donnant son aval au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaire. 

Le représentant a appelé à l’ouverture de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires et réitéré son appel à des négociations urgentes en vue de parvenir à un accord plus large pour succéder au Traité NEW START.  Il a réaffirmé son soutien à la pleine mise en œuvre du Plan d’action global commun et exprimé ses préoccupations concernant les actions de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée.  

M. KONSTANTIN VORONTSOV (Fédération de Russie) a plaidé pour une approche de réduction progressive et fiable dans le cadre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires préservant impérativement l’équilibre stratégique fondé sur le principe d’une sécurité égale.  Les États non dotés de l’arme nucléaire, tout comme les États dotés, doivent concrètement œuvrer pour une réduction générale du niveau de tension au niveau mondial et pour définir un ordre du jour en matière de désarmement mondial réaliste, a-t-il ajouté.  Il a assuré que la Fédération de Russie respectait ses obligations au titre du Traité, ajoutant qu’elle avait conclu, dans ce cadre, une série d’accords internationaux pour réduire et limiter les armes nucléaires. 

Nous avons également adopté des démarches unilatérales importantes en ce domaine, aboutissant à une réduction de notre potentiel d’armement stratégique de 85% par rapport aux valeurs maximales des années 1980, a souligné M. Vorontsov.  Le représentant a indiqué qu’en ce qui concerne les armes nucléaires non stratégiques, la Fédération de Russie avait procédé à une réduction des trois quarts par rapport au nombre d’armes dont était dotée l’Union soviétique en 1991.  Il a ensuite évoqué la prolongation pour cinq années supplémentaires du Traité NEW START, « à l’initiative de la Russie au mois de février de l’année dernière ».  Les États-Unis ont mis à mal le dialogue que nous avions instauré, a-t-il accusé, ajoutant que son pays reste « en principe » ouvert à un travail visant à réduire les tensions, à agir contre une course aux armements et pour minimiser les risques stratégiques.  Néanmoins, a-t-il lancé, cela ne pourra se faire que dans le cadre d’une relation égalitaire et dans le respect des intérêts russes. 

M. Vorontsov a expliqué que la doctrine militaire de la Fédération de Russie a un caractère exclusivement défensif, les conditions qui permettent le recours à l’arme nucléaire se limitant à des circonstances exceptionnelles très précisément définies dans les documents directeurs russes accessibles à tous.  Il a affirmé que la détention d’armes nucléaires reste pour le moment la seule réponse possible à des menaces extérieures très concrètes, évoquant « l’évolution de la situation en Europe ».  À cet égard, il a accusé ceux qui violent le principe d’une sécurité unique et indivisible.  L’OTAN semblant miser sur une expansion effrénée et dangereuse « vers nos frontières, aux dépens de la sécurité de la Russie », affirmé le représentant.  Il a ajouté que les initiatives russes visant à développer des accords contraignants et qui auraient permis de « rétablir une certaine prévisibilité et une stabilité à nos frontières occidentales et dans l’espace européen, ont été rejetées ».  De ce fait, a-t-il dit, la Fédération de Russie a été contrainte de prendre des mesures en réponse pour protéger la sécurité le long de ses « frontières extérieures », les États-Unis et l’OTAN ayant utilisé ces actions comme un prétexte pour passer à une opposition totale à son pays, « qui est au bord du conflit armé aujourd’hui », cela « en raison de la crise ukrainienne provoquée par Kiev et ses parrains occidentaux ». 

Pour le représentant russe, « plus que jamais les grandes puissances doivent se comporter avec retenue et responsabilité », la Fédération de Russie restant profondément attachée à l’idée que la guerre nucléaire ne peut être gagnée qu’elle ne doit donc jamais être livrée, conformément à la déclaration du trois janviers derniers. 

La Fédération de Russie considère le TNP comme la pierre angulaire du régime de sécurité internationale, a poursuivi M. Vorontsov, qui a déploré que la remise en cause du Traité ces dernières années ait abouti à ce que soient sapés les engagements en matière de contrôle des armements.  Il a expliqué l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP par l’aggravation de désaccords entre les États parties quant à la manière de mettre en œuvre « de manière équilibrée » les trois piliers du Traité. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a déclaré que les États dotés d’armes nucléaires avaient passé les sept dernières années à faire fi des dispositions du TNP et à procéder à une modernisation complète de leurs programmes nucléaires, plutôt qu’à œuvrer en faveur du désarmement multilatéral.  « Le risque d’utilisation a augmenté à des niveaux terrifiants », s’est alarmée la représentante, avant de saluer l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier 2021 et la tenue de sa première réunion des États parties, en juin dernier, laquelle a adopté une déclaration et un plan d’action. 

Après avoir exhorté le monde à surmonter sa « misogynie militariste » la représentante a souligné l’urgence de mettre fin à la sous-représentation chronique des femmes dans le désarmement.  Elle a estimé que le manque d’inclusion des femmes est à l’origine du problème nucléaire et que la seule voie vers le progrès était une approche intersectionnelle et le renversement du « patriarcat nucléaire ».  « Sans intégrer une optique de genre, le monde coure le risque de ne jamais comprendre pleinement l’impact sexospécifique des rayonnements ionisants » a insisté la représentante avant de souligner le caractère crucial de la résolution présentée par Trinité-et-Tobago sur les femmes, le contrôle des armements et la non-prolifération. 

Mme Valverde a invité la communauté internationale à changer sa perception de la sécurité humaine en s’éloignant de la sécurité nationale et en s’orientant vers la coopération plutôt que la projection de puissance et la compétition.  Elle a estimé que réaliser le désarmement nucléaire était plus que se mettre d’accord sur un document final, mais était aussi une occasion de repenser les économies dépendantes des armes, supprimer le langage genré comme l’utilisation de la dichotomie masculin-féminin des États dotés d’armes nucléaires et non nucléaires.

Mme LINDA KESSE ANTWI (Ghana) a exhorté les États dotés d’armes nucléaires et leurs alliés à reconsidérer le cœur nucléaire de leur doctrine de sécurité et de se rapprocher des aspirations à l’établissement d’un monde plus sûr.  Pour le représentant, les doctrines de dissuasion nucléaire ne font qu’augmenter le risque de prolifération d’armes nucléaires et le risque que celles-ci tombent entre de mauvaises mains.  Les interdire et les éliminer permettra d’abolir la peur et la méfiance entre les pays, a-t-il ajouté, avant d’alerter quant au coût humain, écologique et financier « incommensurable » de la reconstruction après une détonation nucléaire. 

Le Ghana estime qu’une mise en œuvre équilibrée des trois piliers du TNP, le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, représente un outil irremplaçable en vue de bâtir un monde sans armes nucléaires et où le développement durable nourrirait le progrès humain.  Rappelant le droit inaliénable des États parties au Traité à développer et utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques, il a salué l’efficacité du cadre de supervision et de vérification de ces activités mis en place par l’Agence internationale de l’énergie atomique. 

M. THOMAS GÖBEL (Allemagne) a regretté que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) n’ait pas été en mesure d’adopter un document final parce que la Russie a bloqué un consensus auquel tous les autres États parties étaient prêts à se joindre.  Même si ce document avait des lacunes aux yeux de nombreux membres du TNP, il aurait tout de même fourni une bonne base et, dans certains domaines, des progrès substantiels pour faire fond sur les efforts conjoints lors du prochain cycle d’examen, a estimé le représentant.  Il a appelé à poursuivre la tâche, soulignant qu’il faut réduire le risque d’escalade nucléaire et voir comment ouvrir un espace diplomatique pour de nouvelles mesures de contrôle des armements nucléaires et de désarmement, tout en tenant compte des conditions de l’environnement de sécurité actuel. 

Avec ses partenaires de l’Initiative de Stockholm et de l’Initiative de non-prolifération et de désarmement, l’Allemagne a proposé de nombreuses mesures concrètes qui pourraient servir de premier pas vers le désarmement nucléaire ainsi que de catalyseur, comme la réduction des risques nucléaires, a fait valoir le représentant.  Des progrès en matière de désarmement nucléaire peuvent également être réalisés en développant des mécanismes de vérification transparents, a-t-il poursuivi, en indiquant qu’en 2022, l’Allemagne et la France ont mené un deuxième exercice NuDiVe qui a montré que les États dotés d’armes nucléaires et les États non dotés d’armes nucléaires peuvent travailler ensemble avec succès et que des progrès sur des questions de vérification technique complexes sont possibles. 

Constatant que 26 ans après l’ouverture du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à la signature, le TICE n’est toujours pas entré en vigueur, le représentant a renouvelé l’appel de l’Allemagne à tous les États qui ne l’ont pas encore signé et ratifié –en particulier ceux visés à l’annexe 2– à faire preuve de leadership et à le faire sans tarder.  Concernant la question des matières fissiles, il a estimé qu’il était grand temps d’entamer des négociations en vue d’un traité en interdisant la production, ajoutant que les divergences sur certains aspects ne doivent plus servir de prétexte pour ne pas avancer.  Pour tous les États dotés d’armes nucléaires, déclarer ou maintenir les moratoires existants sur la production de matières fissiles pour les armes nucléaires dans le prochain cycle d’examen du TNP serait une étape importante, a ajouté le représentant, pour qui d’autres mesures courageuses sont également nécessaires.

Le représentant a ensuite exhorté l’Iran à accepter « l’accord viable disponible » pour rétablir le plan d’action global commun (PAGC) et à mettre fin à toutes les activités nucléaires incompatibles avec ce plan.  L’Allemagne demande aussi à l’Iran de ratifier le Protocole additionnel de l’AIEA et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et réitère son ferme appel à l’Iran pour qu’il s’abstienne d’utiliser des missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires et qu’il cesse notamment les transferts d’armes de pointe aux groupes armés.  À cet égard, l’Allemagne condamne la fourniture par l’Iran de systèmes aériens de combat sans personnel à l’appui de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a déclaré que le désarmement nucléaire est aujourd’hui en difficulté alors que nous assistons à la mise en place d’une véritable course aux armements.  Certains pays ont recours à la force pour affirmer leur hégémonie alors que le principal coupable, qui vient saper les bases du régime de non-prolifération et du désarmement, ce sont les États-Unis, qui ont recours à la menace et au chantage contre les États non dotés.  Les États-Unis cherchent à préserver leur hégémonie nucléaire avec des investissements « astronomiques » dans la modernisation de leur arsenal, a déploré le représentant.  Ils cherchent de plus en plus à reproduire en Asie-Pacifique le modèle nucléaire de l’OTAN, forts de leur arsenal le plus puissant et le plus développé dans le monde. 

Après le chantage exercé par les États-Unis contre la RPDC, nous avons la ferme intention de contenir ces menaces et de continuer de développer nos forces de manière proportionnée, a assuré le représentant, notamment au moyen de la loi sur la politique des forces en matière nucléaire.  Les États-Unis doivent comprendre que leur politique « hostile et haineuse » des 30 dernières années contre la RPDC est la cause de la réalité que nous observons aujourd’hui, a poursuivi le représentant.  Il s’est dit très préoccupé par la décision « irresponsable » du Japon de déverser des eaux contaminées de la centrale de Fukushima dans l’océan.  Pour sa part, la RPDC demeure engagée à défendre une position pacifique, a-t-il conclu. 

M. LI SONG (Chine) a dit soutenir l’interdiction complète et la destruction des armes nucléaires et que ses forces sont de nature défensive.  La Chine applique une politique pacifique et s’est engagée à ne pas recourir aux armes nucléaires en premier et à ne jamais les utiliser ou menacer de les utiliser contre les États non dotés et les zone exemptes d’armes nucléaires, a expliqué le représentant.  Il a ajouté que la Chine conservait des forces d’une capacité minimale et ne se lance pas dans une course aux armes nucléaires avec quelque pays que ce soit, « contrairement à ce qui a été dit par certains ».  Il a souligné que la politique de la Chine ne changera pas, qu’elle a contribué au processus de désarmement international et continuera à le faire.

Le représentant a noté la dégradation de l’environnement sécuritaire en appelant l’ONU à trouver une réponse à la direction que prend le désarmement.  Il a demandé à la communauté internationale de travailler dans le cadre d’un véritable multilatéralisme pour parvenir à une sécurité exhaustive, cesser de se lancer dans une course aux armements stratégiques et s’abstenir de faire passer la sécurité de certains avant celle d’autres.  Le harcèlement et la course à l’hégémonie entraînent des conséquences dramatiques pour les États non nucléaires et doivent cesser, a tranché le représentant. 

La Chine appelle les États-Unis et la Fédération de Russie à réduire leurs arsenaux nucléaires et à les gérer de manière responsable.  De manière générale, les États dotés d’armes nucléaires doivent limiter la place de ces armes dans leurs doctrines de sécurité et s’engager à respecter le principe du non-recours en premier, a poursuivi le représentant.  S’adressant aux quatre autres puissances nucléaires officielles, il les a exhortées à conclure un traité sur le non-recours en premier aux armes nucléaires.  C’est à la Conférence du désarmement de négocier et conclure cet instrument.  Revenant sur la déclaration commune des P-5 de janvier, le représentant a appelé à l’appliquer scrupuleusement, et à mieux communiquer autour de questions telles que la stabilité stratégique et les risques nucléaires, en regrettant que certains fassent passer leurs intérêts politiques au-delà de la sécurité nucléaire, citant la coopération en matière de sous-marins nucléaires.

Les États parties au TNP doivent appeler et renforcer la valeur et l’efficacité du Traité, a encore déclaré le représentant, qui a appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et à lancer sans tarder les négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.

M. DAMOUA GURLLAUME AMGORA (Côte d’Ivoire) a déclaré que l’engagement de son pays en faveur d’un monde sans armes nucléaires s’articule autour des principes de la reconnaissance des conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires, de l’interdiction de l’emploi ou de la menace de l’emploi de telles armes, de même que des essais nucléaires, de la création de zones exemptes d’armes nucléaires ainsi que du multilatéralisme en tant que cadre de promotion du désarmement et de la non-prolifération.  Il a réitéré son adhésion à l’initiative sur l’impact humanitaire de l’emploi des armes nucléaires ainsi que son soutien, en qualité de co-auteur, à la résolution annuelle relative aux conséquences humanitaires des armes nucléaires. 

L’adhésion de la Côte d’Ivoire au Traité de Pelindaba établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique est une expression tangible son engagement à l’instauration progressive d’un monde débarrassé de telles armes, a déclaré le représentant.  Il a également noté la participation de son pays à l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire, qui vise à prévenir l’accès des terroristes aux matières nucléaires et radioactives.  Il a appelé au respect strict des engagements des États Membres en matière de désarmement nucléaire au titre du TNP et du Traité d’interdiction des armes nucléaires.  Il a renouvelé son plaidoyer en faveur d’un multilatéralisme renforcé afin de faire face à la menace nucléaire, seule voie possible à ses yeux pour la construction du monde libéré de ces armes.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a appelé les États dotés d’armes nucléaires à démontrer leur véritable volonté politique pour permettre à la onzième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de produire un résultat significatif, tangible et durable pour renforcer davantage le régime du Traité.  « Le Bangladesh estime que la création de zones exemptes d’armes nucléaires en vertu de l’article VII du TNP est une mesure concrète pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires », a ajouté le représentant, qui a apporté son soutien à la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive.  Il a également soutenu fermement l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant fournissant des assurances aux États non dotés d’armes nucléaires contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de telles armes par les États dotés.  Les États dotés ont dépensé 82,4 milliards de dollars américains pour leurs armes nucléaires en 2021, en plein bilan économique de la pandémie, s’est indigné le représentant qui s’est demandé ce qui aurait pu être accompli avec de telles ressources dans le domaine du développement, notamment dans la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques. 

M. CHEIKH AHMADOU BAMBA GAYE (Sénégal)s’est inquiété de l’incapacité de la dixième Conférence d’examen du TNP à parvenir à un document final consensuel et a ajouté que cet échec devait nous amener à une plus grande prise de conscience et davantage d’efforts pour avancer dans la réalisation de notre objectif commun d’élimination complète, irréversible et vérifiable des armes nucléaires.  Dans ce cadre, le représentant a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier 2021 et l’adoption d’une déclaration et d’un plan d’action lors de sa première réunion des États parties, tenue en juin dernier. 

Tout en estimant que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires renforce le pilier « désarmement nucléaire » du TNP, le représentant a rappelé que c’est aux États dotés d’armes nucléaires qu’il incombe, avant tout, de s’entendre sur un programme irréversible, vérifiable et plus ambitieux d’élimination de leurs arsenaux.  Il a souligné le rôle de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) pour l’adoption de mesures efficientes propres à enrayer la prolifération verticale et horizontale des armes nucléaires, avant d’appeler à un instrument universel, inconditionnel, non discriminatoire et juridiquement contraignant visant à garantir tous les États non dotés contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes. 

M. Gaye a estimé que l’universalisation des zones dénucléarisées devait figurer parmi les priorités du désarmement nucléaires, car elles constituent une étape importante vers l’instauration d’un monde exempt d’armes nucléaires et renforcent la paix et la sécurité mondiales et régionales.  Il a réitéré son attachement au Traité de Pelindaba, qui fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires et a appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a demandé à tous les pays concernés de participer activement et de bonne foi à la troisième session de la Conférence relative à cette question. 

Après avoir appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le représentant a aussi demandé la conclusion d’un instrument universel interdisant la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire, la prise en considération des conséquences humanitaires de l’emploi des armes nucléaires ainsi que la promotion du nucléaire civil. 

« Les mesures de non-prolifération ne devraient pas porter atteinte au droit inaliénable de tous les États d’acquérir, de transférer et d’utiliser des matières, équipements et technologies nucléaires à des fins de développement », a déclaré M. Gaye avant d’inviter les États à faire preuve d’une grande diplomatie et d’un plus grand sens de la responsabilité pour préserver les acquis obtenus, notamment dans le cadre du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, des accords sur la limitation des armements stratégiques offensifs en Europe et du processus de dénucléarisation de la Péninsule coréenne.

Mme SZILVIA BALÁZS (Hongrie) a réaffirmé que le TNP reste la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération nucléaires et y a vu le salut pour la poursuite du désarmement nucléaire.  Elle a regretté que la dixième Conférence d’examen n’ait pas débouché sur un consensus, en appelant la communauté internationale à se concentrer sur les questions « qui nous unissent sur les trois piliers » pour aller de l’avant.  Les efforts respectifs doivent contribuer à la création d’un monde plus sûr, a-t-elle déclaré en appelant les P-5 à faire fond sur leur déclaration de janvier, tout en concédant que le conflit en Ukraine augmente les risques de voir des armes nucléaires utilisées. 

La représentante a appelé à redoubler d’effort à l’unisson pour se rapprocher d’objectifs concrets à travers une approche progressive.  L’une des étapes sur cette voie est l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-elle fait valoir.  Une autre étape logique serait l’interdiction des matières fissiles, a-t-elle poursuivi, en appelant à relancer les négociations sur un traité en ce sens.  La mise en place de mécanismes de contrôle et de vérification efficace fait également partie des étapes vers le désarmement nucléaire, a souligné la représentante en rappelant que la Hongrie fait partie du partenariat international pour la vérification des armes nucléaires. 

M. HEIDAR ALI BALOUJI (République islamique d’Iran) a souligné la responsabilité particulière des États dotés de l’arme nucléaire et qui continuent de maintenir des arsenaux totalisant 13 000 têtes nucléaires.  Il a accusé les États-Unis et le Royaume-Uni d’être à l’avant-garde de la course aux armements avant de noter qu’aucune des cinq puissances nucléaires ne participait actuellement à des négociations de désarmement.  Le représentant a précisé que toutes les puissances nucléaires ont des plans à long terme pour maintenir et développer leurs forces nucléaires avant d’alerter sur les conséquences humanitaires catastrophiques potentielles du recours à ces armes.  Face à ce constat, il a appelé à créer un environnement favorable au désarmement nucléaire.  Il a dénoncé une approche contre-productive des États-Unis, caractérisée notamment par leur retrait en 2019 du Traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire avec la Russie.

Par ailleurs, le représentant a estimé que le deuxième échec consécutif à parvenir à un consensus sur un document final de la conférence d’examen du TNP risquait de porter atteinte à la crédibilité du Traité.  Face à ce constat, il a dit la responsabilité particulière en matière de désarmement et non-prolifération des États nucléaires et des États qui bénéficient d’un « parapluie nucléaire », en exhortant ces pays à s’entendre sur des critères de référence et des objectifs et calendriers spécifiques de désarmement. 

Pour l’Iran, les États dotés ont la responsabilité de permettre l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Le représentant a accusé les États-Unis et Israël d’être un frein au désarmement nucléaire en s’opposant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient.  Il a exhorté Israël à adhérer au TNP et à soumettre ses installations nucléaires militaires au contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  S’adressant aux délégations de l’Allemagne et de la France, il a assuré que son pays respectait ses engagements au titre du Plan d’action commun avant de leur suggérer de demander aux États-Unis de respecter les leurs.  Par ailleurs, il a déclaré qu’il ne servait à rien de demander à son pays de ne pas développer d’arme nucléaire puisque l’Iran considère que le développement d’armes nucléaires est criminel.

M. NAZIM KHALDI (Algérie) a rappelé que le désarmement nucléaire est une obligation internationale et un impératif éthique.  Partant, l’Algérie plaide pour la mise en mettre en œuvre de manière équilibrée, pleine et entière et non-discriminatoire des trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a souligné l’importance que les États dotés honorent leurs engagements et obligations en vertu de l’article VI du Traité et a salué la tenue, à Vienne en juin dernier, de la première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui a donné lieu à un plan d’action ambitieux.  Il a également attiré l’attention sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires comme élément essentiel du régime de non-prolifération, et sur l’apport à la sécurité régionale et internationale que représenterait la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Sur ce dernier point, il a appelé toutes les parties prenantes à la Conférence pour la création d’une telle zone, à participer de façon constructive aux travaux de sa troisième session, qui aura lieu à New York le mois prochain. 

M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni) a estimé que le Traité de non-prolifération continue de jouer un rôle central dans la réalisation de la vision d’un monde sans armes nucléaires, tout en assurant la sécurité de tous les États.  Depuis la fin de la Guerre froide, le Royaume-Uni a réduit de moitié son stock d’armes nucléaire, a fait observer le représentant, et il est l’unique État doté d’armes nucléaires à avoir réduit sa capacité de dissuasion à un seul type de vecteurs. 

Toutefois, a ajouté le représentant, la guerre illégale de la Russie contre l’Ukraine et sa rhétorique nucléaire « profondément irresponsable » jettent une ombre sur les négociations internationales en matière de désarmement.  M. Liddle a par ailleurs exprimé sa vive préoccupation face aux activités de prolifération de la République populaire démocratique de Corée et de l’Iran. 

Alors que le blocage par la Russie de l’adoption par consensus d’un document final lors de la dixième conférence d’examen du TNP a constitué une profonde déception, le représentant a salué le fait que tous les autres pays étaient prêts à se joindre au consensus.  Dans ce contexte sécuritaire difficile, le Royaume-Uni considère la réduction des risques stratégiques comme l’une de ses principales responsabilités et il a produit à cet effet, avec la France et les États-Unis, un document de travail pour la Conférence d’examen sur les principes et les pratiques responsables pour les États dotés d’armes nucléaires, a rappelé M. Liddle.  Le Royaume-Uni a également co-écrit, avec la Norvège, un document concernant le principe d’irréversibilité et son application au désarmement.  Le représentant a décrit les efforts déployés par son pays pour renforcer le cadre multilatéral du désarmement nucléaire, notamment au moyen de la signature de traités établissant des zones exemptes d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, dans le Pacifique sud, en Afrique et en Asie centrale. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a rappelé le contexte géopolitique « complexe et effrayant » dans lequel se déroule le débat thématique sur les armes nucléaires, puisqu’un État doté de telles armes a envahi un État non doté en Europe, en violation des garanties de sécurité précédemment accordées.  « La menace russe d’utiliser des armes nucléaires est dangereuse, irresponsable et inacceptable », a affirmé le représentant, avant d’ajouter que ces menaces proférées par la Fédération de Russie allaient à l’encontre des engagements de la déclaration du P-5 de janvier 2022.

Dans ce contexte, M. Malovrh a appelé la Russie à s’abstenir de proférer des menaces nucléaires, avant de rappeler que toute attaque armée et menace contre des installations nucléaires civiles constitue une violation manifeste des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, y compris les normes de sûreté nucléaire et les orientations en matière de sécurité nucléaire de l’AIEA.  La Slovénie réaffirme son plein appui au Traité de non-prolifération des armes nucléaires et à ses trois piliers -désarmement nucléaire, la non-prolifération et utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire- qui se renforcent mutuellement.  Le représentant a ajouté que l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, tel qu’envisagé à l’article VI du Traité, devrait continuer d’être un objectif final, notamment grâce à la mise en œuvre intégrale du Plan d’action de la Conférence d’examen de 2010. 

Par ailleurs, préoccupé par les lancements de missiles balistiques effectués par la RPDC depuis septembre 2021 et par l’intention de ce pays de préparer un autre essai nucléaire, M. Malovrh a dénoncé des actions qui sont une menace à la paix et à la stabilité.  En tant qu’État aligné sur l’initiative de Stockholm, il a dit l’importance de mesures pour réduire le risque nucléaire.  Il a appelé les États dotés d’armes nucléaires à maximiser la transparence sur leurs arsenaux, à prendre des mesures pratiques pour réduire davantage ceux-ci et à faire preuve de retenue nucléaire au plus haut niveau politique.  Dans ce sens, il a salué la prorogation du Traité NEW START pour cinq années supplémentaires ainsi que la progression constante du nombre de ratifications du TICE.

M. SARMAD MUWAFAQ MOHAMMED AL-TAIE (Iraq) a plaidé en faveur du renforcement de l’universalité et l’application des instruments internationaux en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération.  Il a pointé du doigt le déséquilibre dans la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en reprochant notamment aux puissances nucléaires de poursuivre le développement de leurs arsenaux. 

Regrettant aussi l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, le représentant a mis en garde contre les dangers des atermoiements dans la mise en œuvre de la résolution de 1995 sur une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a appelé à appuyer les efforts internationaux en vue de la création de cette zone, en souhaitant voir la troisième session de la Conférence sur cette zone couronnée de succès.  Il a toutefois estimé qu’il serait impossible de mettre en œuvre de la résolution sur la zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient sans l’adhésion d’Israël au TNP et sans qu’Israël soumette toutes ses installations au régime de vérification et de contrôle de l’AIEA.  Il a souligné l’importance croissante du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en appelant les États qui ne l’ont pas encore fait, en particulier ceux visés par l’annexe 2, à le signer et le ratifier sans tarder.

M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA (Sri Lanka) a rappelé que les armes nucléaires sont les plus destructrices, aveugles et inhumaines jamais inventées.  Or, le pilier de désarmement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’avance pas et les armes nucléaires, en raison de leur existence même, continuent de représenter une menace pour l’humanité tout entière, a déploré le représentant.  Il a notamment regretté que les deux dernières conférences d’examen du Traité n’aient pas pu aboutir à un document final compte tenu de l’aggravation des tensions internationales et de désaccords entre États dotés.  Ces derniers doivent honorer leurs engagements en vertu de l’article VI du Traité et, dans le contexte actuel de proférations de menaces d’utilisations d’armes nucléaires, participer à des négociations sur l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant donnant des assurances de sécurité négative aux États don dotés, a souligné le représentant. 

Considérant que les zones exemptes d’armes nucléaires renforcent de manière efficace la sécurité collective, le représentant a souhaité plein succès la présidence libanaise de la troisième session de la Conférence pour une zone au Moyen-Orient exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive, le mois prochain. 

Mme RUTH HILL (Australie) a estimé que le TNP offre des avantages tangibles pour tous les pays en matière de sécurité, malgré la mauvaise foi de la Russie.  Afin de réaliser des progrès dans les principaux domaines de convergence de la conférence du TNP, la représentante a souligné la nécessité d’adopter des mesures pratiques dans le domaine de la réduction du risque nucléaire.  À cette fin, l’Australie et les Philippines coprésideront l’an prochain un atelier du Forum régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est sur la réduction des risques nucléaires. 

La représentante a plaidé pour une plus grande transparence dans les rapports de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement tout au long du cycle d’examen, tout en approuvant la mise en place d’un groupe de travail consacré au renforcement du processus d’examen.  Elle a exhorté les États participant à la Conférence du désarmement à ouvrir dès que possible des négociations sur un traité sur les matières fissiles, en prônant dans l’intervalle l’imposition d’un moratoire sur la production de matières fissiles destinées aux armes nucléaires et aux dispositifs explosifs. 

L’entrée en vigueur du TICE est une étape essentielle sur la voie du désarmement nucléaire, a aussi fait valoir Mme Hill.  En tant que pays ayant subi les conséquences des essais nucléaires, l’Australie salue l’attention accrue accordée aux questions d’héritage nucléaire dans sa région, notamment au sein du Forum des îles du Pacifique.  La représentante a enfin condamné le développement de programmes nucléaires et de missiles balistiques illégaux par la République populaire démocratique de Corée. 

M. ALBERTO MIRANDA DE LA PEÑA (Espagne) s’est dit préoccupé par le discours nucléaire de la Russie dans le cadre du conflit ukrainien.  Le représentant a regretté le blocage de tout document final, par la Russie, lors de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, estimant que l’échec de la Conférence mettait en exergue la fragilité de l’architecture internationale du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Le document final, qu’avaient accepté l’ensemble des délégations à l’exception de la Russie, a pourtant traduit la volonté collective de renforcer le TNP, a estimé le représentant.  Il a appuyé la pertinence des trois piliers du TNP et l’impératif d’avancer sur chacun d’eux lors de la prochaine Conférence d’examen.  Saluant l’Initiative de Stockholm, à laquelle l’Espagne a adhéré, il a fait valoir sa contribution concrète.

L’Espagne appelle à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et invite les États qui ne l’ont pas encore fait à le signer et ratifier.  L’Espagne appuie de manière déterminée toute mesure en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaire, y compris la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant a également mis en exergue le rôle de l’AIEA et son appui technique en matière de technologies nucléaires au service du développement.

M. JAIME WALSH (Irlande) a condamné les menaces nucléaires répétées de la Fédération de Russie et ajouté que les actes irréfléchis de ses forces militaires étaient préoccupants.  L’Irlande réitère son soutien à l’AIEA et regrette que les États ne soient pas parvenus à s’entendre sur un résultat lors de la dixième Conférence d’examen du TNP, uniquement en raison de la décision de la Fédération de Russie de bloquer le consensus.  Il ne fait aucun doute que toutes les obligations découlant du TNP conservent leur valeur et doivent être honorées, a ajouté le représentant.  À cet égard, l’Irlande se prépare pour le prochain cycle et se concentre sur la responsabilité, le genre et les conséquences humanitaires. 

Le représentant a apporté son soutien au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et à la Déclaration de Vienne de juin dernier, ainsi qu’au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, appelant les huit États figurant à l’annexe du traité qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier, et tous les États à respecter un moratoire sur les essais jusqu’à son entrée en vigueur.  Les zones exemptes d’armes nucléaires sont importantes pour la paix et la sécurité régionales, a encore estimé le représentant, qui a apporté son soutien à la création d’une telle zone au Moyen-Orient. 

M. Wash a salué le rôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique, de son accord de garanties généralisées et des règlements de contrôle des exportations.  Il a estimé que le Plan d’action global commun est le seul moyen d’avoir confiance dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.  Quant à la République populaire démocratique de Corée, elle doit revenir au respect du TNP et adhérer au TICE.  L’Irlande continuera à soutenir l’adoption d’une perspective de genre, notant l’impact disproportionné des rayonnements ionisants.  Le monde doit reconnaître que les armes nucléaires ne créent pas la sécurité, a conclu le représentant.  

M. JAROSLAV ŠTĚPÁNEK (République tchèque) a condamné la rhétorique nucléaire de la Russie, qui est irresponsable et déplorable « mais doit nous pousser à trouver des solutions multilatérales pour la paix et garantir la survie de l’humanité ».  Le représentant a souligné que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est un outil irremplaçable dans la quête du désarmement nucléaire et du droit à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et de développement.  Il a ensuite évoqué l’occupation « dramatique » de la centrale nucléaire de Zaporijia par la Russie, qui est la raison pour laquelle un document final n’a pas pu être conclu lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Pour le représentant, cette situation exige que nous continuions à renforcer le régime de sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  À cet égard, il a exhorté la République populaire démocratique de Corée à placer ses installations sous ce régime, ajoutant que le déploiement préoccupant de missiles à double capacité était alarmant et ne concernait pas que ce pays.  C’est pourquoi il a souhaité qu’il soit mis fin aux failles qui permettent cette prolifération.  Il a aussi estimé que la prorogation du traité NEW START pourrait être l’occasion d’améliorer le contrôle des armements au-delà de sa date d’expiration. 

M. ANUPAM RAY (Inde) a noté qu’en tant qu’État responsable doté de l’arme nucléaire, l’Inde a pour politique de maintenir une dissuasion minimale, fondée sur une posture de non-utilisation initiale de l’arme nucléaire et de non-utilisation contre des États non dotés.  Toutefois, elle reste fermement attachée à un désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable.  Le représentant a estimé que la Conférence du désarmement a le mandat et la composition nécessaires pour entamer des négociations sur une convention générale relative aux armes nucléaires, en ajoutant que la résolution annuelle présentée par l’Inde depuis 1982 demande à la Conférence du désarmement d’entamer des négociations sur une telle convention.  De même, la résolution sur la réduction du danger nucléaire, présentée par l’Inde depuis 1998, appelle à des mesures visant à réduire le risque d’une utilisation involontaire ou accidentelle des armes nucléaires, a-t-il expliqué. 

Le représentant a réaffirmé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, négocié en dehors du cadre de la Conférence du désarmement, ne crée aucune obligation pour l’Inde et ne constitue en aucun cas un élément du droit international coutumier ni ne contribue au développement de celui-ci.  Toutefois, a-t-il précisé, l’Inde est prête à travailler avec tous les pays pour atteindre l’objectif commun du désarmement nucléaire.  Il a appuyé les efforts de la communauté internationale en vue d’empêcher les terroristes et les acteurs non étatiques d’avoir accès aux armes, matières et technologies nucléaires, en soulignant l’importance d’isoler les États qui les soutiennent sur leur sol.

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté les accusations infondées à l’encontre de son pays et liées à la centrale nucléaire de Zaporojie notamment.  Il a rappelé qu’à la suite des récents référendums, les régions de Donetsk et Lougansk font désormais partie de la Fédération de Russie et que cette centrale relève donc de la juridiction russe.  Il a dénoncé les bombardements ukrainiens de cette centrale nucléaire en fonctionnement en mettant en garde contre les potentielles graves conséquences de ces actes.  Pour la Fédération de Russie, ces tirs d’artillerie seraient impensables sans un soutien occidental à Kiev.  La Fédération de Russie a tout fait pour que la mission dans cette centrale puisse avoir lieu, a-t-il rappelé, avant d’apporter le soutien de principe de son pays à la mise en place d’une zone de sécurité proposée par le Directeur général de l’AIEA à condition d’en définir les paramètres.  Le représentant a rejeté toutefois les demandes de démilitarisation de cette zone en arguant qu’elle doit être protégée à tout moment.  Rappelant la récente rencontre entre le Président Putin et le Directeur général de l’AIEA, M. Grossi, il a assuré que son pays avait l’intention de poursuivre cette coopération.

Le représentant des États-Unis a répondu à la Russie que c’est elle, et elle seule, qui a attaqué l’Ukraine, créé la pire crise sécuritaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et provoqué une crise économique mondiale.  Il a assuré que son pays continuera à aider l’Ukraine et tous les pays qui souffrent directement des comportements de la Russie, laquelle, a-t-il insisté, avait le choix entre la diplomatie et la guerre « et a choisi la guerre ».  Le représentant a par ailleurs estimé que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) se moque de l’ordre international en lançant des missiles à longue portée qui posent un danger inacceptable pour le Japon et sa population.  Il a exhorté ce pays à éviter toute nouvelle provocation et à entamer un dialogue digne de ce nom sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

Le représentant du Japon, réagissant aux propos de la délégation de la RPDC concernant le traitement des eaux usées de la centrale de Fukushima, a déclaré que son pays avait mené des discussions transparentes, sur des bases scientifiques, notamment avec l’AIEA, et pris des mesures conformes au droit international et à la pratique internationale.  Des études d’évaluation sur l’environnement humain ont conclu que l’impact est minime, tandis que des examens se poursuivent, a-t-il assuré. 

Le représentant de lIran a apporté des précisions quant aux drones fabriqués par son pays qui seraient utilisés en Ukraine.  L’Iran n’a eu de cesse de demander aux États Membres de respecter les principes de la Charte des Nations Unies et de soutenir la paix en plaidant pour la retenue dans le contexte de ce conflit.  L’Iran appuie les efforts continus des Nations Unies pour trouver une solution pacifique à ce conflit, tout en les encourageant à veiller à l’impartialité, a expliqué le représentant.  Il a catégoriquement rejeté toute allégation non fondée quant à la vente par l’Iran de véhicules non pilotés utilisés dans ce conflit et a fait part de la disposition de son pays à participer à des activités de coopération pour lever tous les doutes relatifs à ces accusations infondées.  Il a également souligné que l’Iran continue de respecter les dispositions du Plan d’action global commun, en rappelant que son protocole est un élément facultatif.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a accusé les États-Unis de diaboliser son pays en mentant sur le fait qu’il représenterait une menace à la paix « alors qu’il ne fait qu’exercer son droit à la légitime défense », cela « contre les exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et la Corée ».  Il n’y aura pas de négociation car nous n’avons rien à nous dire, a encore réagi le représentant, qui a affirmé que la RPDC s’arme de moyens d’autodéfense légaux contre l’hostilité haineuse des États-Unis. 

Le représentant de la République de Corée a rejeté les allégations concernant les armes nucléaires et estimé que toute tentative de justification de la part de ce pays ne sera pas reconnue par la communauté internationale.  Il a retracé l’historique des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC en violation du dialogue et des accords conclus.  Des réponses mesurées sont donc nécessaires pour face aux intentions hostiles qui se sont fait jour ces dernières années de la part d’un pays qui a tenté de nous envahir, a ajouté le représentant, pour qui les programmes nucléaires et balistiques illicites de la RPDC constituent autant de menaces pour la paix et la sécurité internationales et régionales. 

Le représentant l’Ukraine a réagi aux propos de la Fédération de Russie au sujet de la centrale de Zaporijia.  Il a rejeté toute allégation de pilonnage par l’Ukraine de la centrale en affirmant qu’il n’y a qu’un seul pays responsable des actions contre elle: ce sont les forces russes qui ont occupé et bombardé cette centrale.  Le 6 octobre, la Russie a cherché à prendre le contrôle de cette centrale, mais pour l’Ukraine, le décret du Président Putin en ce sens est nul et non avenu.  Le représentant a insisté sur l’impératif de faire en sorte que la centrale revienne sous contrôle ukrainien et qu’une zone de sécurité soit mise en place par l’AIEA. 

Le représentant du Japon s’est dit ouvert à la discussion de toutes ses politiques, cela au sein des instances internationales spécialisées

Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté les propos insidieux des États-Unis et de l’Ukraine, son pays ayant lancé une opération pour protéger la population du Donbass, « après que Kiev et ses soutiens occidentaux ont fait une croix sur les accords de Minsk ».  Il a ajouté que la centrale de Zaporojie était la propriété de la Fédération de Russie puisqu’elle se trouve sur son territoire. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déclaré que tant que la politique hostile des États-Unis continuera, son pays n’aura d’autre choix que de disposer d’une force de dissuasion nucléaire.  Quels que soient les efforts de la République de Corée, nous continueront de dénoncer les exercices conjoints, a-t-il assuré, estimant qu’on assistait actuellement à une « politique de confrontation extrêmement violente », alors que la République de Corée continue de développer son arsenal pour répondre à son complexe d’infériorité militaire face à la RPDC.

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