Sur fond de crises multiples, la Troisième Commission donne le coup d’envoi de sa session 2022 en mettant l’accent sur les lacunes du développement social

Soixante-dix-septième session
1e & 2e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4342

Sur fond de crises multiples, la Troisième Commission donne le coup d’envoi de sa session 2022 en mettant l’accent sur les lacunes du développement social

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa soixante-dix-septième session, qui, pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19, se tiendront intégralement en présentiel.  Centrée sur le développement social, la discussion générale s’est ouverte sur le constat unanime des impacts délétères de l’urgence climatique, des conflits, de l’inflation galopante et de la crise du coût de la vie, qui ont pour effet une augmentation de la pauvreté extrême sans précédent depuis 1998.  Si nombre de délégations ont mis en avant le besoin d’une coopération accrue pour surmonter ces défis, d’autres ont souligné l’importance de la famille pour sauvegarder la cohésion sociale. 

Avant que la parole soit donnée aux délégations, dont bon nombre étaient représentées par des jeunes, le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA) n’a pas caché que ces crises imbriquées, facteurs d’inégalités croissantes et de recul pour l’éducation, l’emploi et l’accès aux soins de santé, risquent d’entraîner des troubles sociaux « voire des soulèvements ».  M. Navid Hanif a, par conséquent, appelé à des mesures urgentes pour « rattraper le temps perdu » et ne laisser personne de côté, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030, que le Secrétaire général propose de relancer à l’occasion du prochain sommet du G20. 

Intervenant à son tour dans le cadre d’un dialogue interactif, le Directeur du Bureau de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a, quant à lui, évoqué le récent Sommet sur la transformation de l’éducation, alors que 244 millions d’enfants ont manqué l’école ces dernières années et que 771 millions d’adultes n’ont pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul, ce qui les prive d’un accès aux services de base et limite le développement de leurs sociétés.  De l’avis de M. Eliot Minchenberg, 17 milliards de dollars seront nécessaires pour combler l’écart de financement en matière d’alphabétisation, priorité à laquelle s’ajoute la lutte contre la désinformation et les discours de haine. 

À sa suite, l’experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits humains a signalé que les violations du droit à un logement adéquat frappent particulièrement les seniors.  Relevant à ce propos le taux de mortalité élevé des personnes âgées vivant dans des maisons de soins, elle a imputé pour partie ce phénomène à l’échec de ces établissements à protéger leurs résidents.  En outre, les seniors sont plus susceptibles de souffrir d’expulsion lorsque leur retraite est insuffisante pour couvrir leur loyer, a déploré Mme Claudia Mahler, avant d’exhorter les États à combattre l’âgisme, à garantir la disponibilité de services à domicile adaptés, à mettre un terme à l’institutionnalisation des soins et à veiller à ce que les logements restent abordables.  Autant de raisons qui, à ses yeux, nécessitent l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées. 

Si la plupart des délégations ont cité la protection des seniors et des personnes handicapées dans leurs politique de développement social, certaines ont insisté sur l’importance de la famille.  Y voyant « l’élément fondamental de la société », le Saint-Siège a fait remarquer que la famille offre le meilleur environnement pour le développement des enfants et est souvent l’unique soutien des personnes vulnérables.  Observant également que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, il a souhaité que leurs droits soient respectés.  Un avis partagé par le Cameroun, qui a insisté sur les nouveaux défis qu’entraîne pour les familles le développement des Technologies de l’information et des communications (TIC).  La Fédération de Russie a, elle aussi, souligné la nécessité de protéger les « valeurs familiales traditionnelles », tandis que le Mexique présentait la famille comme « l’institution de sécurité sociale la plus importante ». 

Face au risque d’effondrement de la cohésion sociale lié aux crises actuelles, le Groupe des 77 et la Chine a attiré l’attention de la Commission sur la situation des pays en développement, en rappelant que ces derniers ont besoin d’un appui de 4 500 milliards de dollars pour se relever et espérer atteindre les ODD dans les délais impartis.  Partisan d’une augmentation de l’aide publique au développement (APD) et d’une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), il a aussi réclamé davantage d’égalité vaccinale et la poursuite de la coopération Nord-Sud.  Il a été appuyé par la Chine, selon laquelle il importe aussi de respecter le fait que le monde en développement explore sa propre voie de développement.  Le Groupe des États d’Afrique a, lui, mis l’accent sur l’initiative africaine d’accélération de l’adaptation aux changements climatiques, non sans rappeler aux pays développés leur engagement à consacrer à cette question 100 milliards de dollars par an. 

Plusieurs pays ont d’autre part dénoncé les effets des mesures coercitives unilatérales sur leur développement social, la délégation iranienne relevant que, dans son rapport remis à la cinquante-et-unième session du Conseil des droits de l’homme, la Rapporteuse spéciale en charge de cette question a reconnu que « les sanctions économiques ont sapé les efforts nationaux de l’Iran dans sa quête d’autosuffisance économique ».  Une position soutenue par la Russie, pour qui ces sanctions illégales empêchent des États souverains d’accéder aux produits de première nécessité sans lesquels il n’est pas possible d’assurer le développement durable. 

En ouverture de la séance, le Président de la Troisième Commission, M. José Alfonso Blanco Conde, de la République dominicaine, a présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes de l’instance.  Il a également félicité ses vice-présidents, Mme Almaha Mubarak Al-thani, du Qatar, Mme Marta Kaczmarska, de la Pologne et M. Stefano Venancio Guerra, du Portugal, ainsi que la Rapporteuse de la Commission, Mme Shalini Gungaram, de Maurice. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 30 septembre à partir de 10 heures. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Déclarations liminaires suivies de dialogues interactifs

M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a constaté que cette session se tient alors que le monde fait face aux effets durables de la pandémie de COVID-19, à l’urgence climatique, à la recrudescence des conflits, à l’inflation croissante et à une crise du coût de la vie.  Dans ce contexte, a-t-il relevé, la pauvreté extrême a augmenté dans le monde pour la première fois depuis 1998 et 3% des travailleurs ont perçu des revenus inférieurs à ceux d’avant la pandémie.  De surcroît, les groupes marginalisés ont été disproportionnellement touchés, ce qui a entraîné une croissance des inégalités au sein des pays et entre eux.  Parmi les effets de ces crises, le Sous-Secrétaire général a noté un recul de l’accès à l’éducation, un grand nombre de pertes d’emploi et une augmentation de la discrimination en matière de soins de santé.  Particulièrement frappés, les peuples autochtones sont aux prises avec des violations de leurs droits collectifs et individuels, a-t-il observé, faisant état d’une insécurité alimentaire croissante et d’un accès restreint aux services de base pour ces populations, comme pour les personnes âgées. 

Avertissant que ces questions risquent d’entraîner des troubles sociaux voire des soulèvements, M. Hanif a appelé à des mesures urgentes pour rattraper le temps perdu et ne laisser personne de côté.  Il a appelé à renforcer la résilience des personnes et la couverture sociale, tout en investissant dans les infrastructures et les services essentiels, notamment une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie, des services de santé abordables, une eau propre et un assainissement efficace, de même qu’un logement décent, un accès fiable à Internet et des emplois décent.  Il a également jugé crucial d’investir dans la jeunesse et de la faire participer aux décisions qui la concernent, avant de rappeler que le Secrétaire général a proposé un plan de relance des objectifs de développement durable (ODD) afin notamment de trouver de nouveaux financements.  De l’avis du Sous-Secrétaire général, le sommet sur les ODD prévu en 2023 sera un tournant pour sauver ces objectifs communs. 

Relevant d’autre part que cette année marque le vingtième anniversaire du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement, il a fait remarquer que le nombre de personnes âgées dans le monde sera supérieur à celui des jeunes en 2030, ce qui impose de prendre des mesures d’inclusivité pour tous les âges.  En vue du Sommet mondial de la famille attendu en 2024, il a souhaité que soit mené un important travail sur les politiques familiales.  Quant au Sommet mondial pour le développement social prévu en 2025, il sera l’occasion de veiller à ce que les programmes sociaux figurent au cœur de toutes les politiques, a-t-il conclu, exhortant les pays à utiliser la plateforme inclusive des Nations Unies pour continuer d’avancer sur ces questions. 

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif (DISD/DESA), a présenté les rapports au titre du point à l’ordre du jour, à commencer par le rapport du Secrétaire général sur la « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » A/77/175, qui exhorte notamment les États Membres à continuer à investir dans les capacités des populations en assurant un accès à une éducation de qualité et des soins de santé abordables sans oublier la connexion à Internet pour tous. 

Mme Bas a indiqué, en outre, que le rapport présente les résultats de la soixantième session de la Commission du développement social et analyse les politiques destinées à relever les nouveaux défis du développement social afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. 

Passant au rapport A/77/61 - E/2022/4 sur la « Réalisation et suivi des objectifs de l’Année internationale de la famille », Mme Bas a recommandé de mieux soutenir les parents qui travaillent, notamment en revoyant à la hausse les allocations familiales et en assurant des congés de paternité et maternité.  De même, elle a encouragé à faciliter l’accès des parents à Internet afin qu’ils puissent suivre et aider leurs enfants et être en phase avec la génération Z. 

La Directrice de la Division du développement social inclusif a ensuite présenté le rapport A/77/134 « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement », qui propose une analyse des incidences des technologies numériques sur les personnes âgées.  Elle a rappelé à cette occasion que d’ici à 2030, il y aura plus de personnes âgées que de jeunes.

Enfin le rapport A/77/166, relatif au « Développement sans exclusion pour et avec les personnes handicapées », examine la situation de ces personnes dans le contexte des urgences humanitaires.  Il faut tenir compte des personnes handicapées dans la protection des réfugiés ainsi que celles qui sont victimes de conflits, de catastrophes naturelles et autres crises, a insisté Mme Bas.

Dialogue interactif  

La délégation de l’Argentine s’est inquiétée du dernier rapport publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition dans le monde qui prévient que près de 70 millions de personnes continueront de souffrir de faim en 2030, soit 8% de la population mondiale.  Elle a souhaité savoir quelles étaient les attentes de Mme Bas par rapport au prochain Sommet mondial pour le développement social prévu en 2025. 

Dans sa réponse, la Directrice de la Division du développement social inclusif a indiqué qu’il s’agit d’abord d’attendre les résultats des délibérations entre les États Membres pour décider si ce sommet aura lieu.  S’agissant de la crise alimentaire, notant que notre planète ne grandit pas proportionnellement à la population, Mme Bas a appelé à ne pas l’exploiter au point où nous manquerions d’aliments. 

M. ELIOT MINCHENBERG, Directeur du Bureau de l’Organisation des Nation Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York, a présenté le rapport intitulé « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action, et l’enseignement de la démocratie » (A/77/187), profitant de l’occasion pour évoquer la tenue récente du Sommet sur la transformation de l’éducation.  Il a signalé que 244 millions d’enfants n’étaient pas sur les bancs de l’école et 771 millions d’adultes n’avaient pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul, les privant d’un accès aux services de base et limitant le développement durable des sociétés concernées. 

Il a souligné que 17 milliards de dollars seront nécessaires pour combler l’écart de financement et atteindre les objectifs en matière d’alphabétisation.  Les États Membres et les partenaires de développement doivent élaborer des programmes d’alphabétisation pour les jeunes et les adultes et investir dans l’éducation de base.

M. Minchenberg a aussi attiré l’attention sur l’importance de l’éducation pour la démocratie, s’inquiétant de l’augmentation des attaques contre la vérité.  Il a exhorté à créer et renforcer les politiques éducatives pour lutter contre la désinformation et la mésinformation, ainsi que l’augmentation des discours de haine, entre autres.

Dialogue interactif

À la suite de la présentation de M. Minchenberg, l’Argentine a regretté que le document de vision diffusé par le Secrétaire général dans la foulée du Sommet sur la transformation de l’éducation ne fasse pas mention de l’éducation sexuelle complète, laquelle est essentielle pour garantir une pleine autonomie corporelle et physique et pour assurer l’égalité des genres.  Elle a souhaité en connaître la raison.  La Mongolie a, pour sa part, voulu savoir dans quelle mesure le Sommet sur la transformation de l’éducation a mis en avant la question des compétences de base, et ce que compte faire l’UNESCO pour assurer un suivi de cette problématique. 

Le Directeur du Bureau de New York de l’UNESCO a indiqué que les documents adoptés relèvent de la décision du Secrétariat et des parties prenantes, tout en reconnaissant que l’égalité des genres et les droits des femmes et des filles devraient être incorporés dans tous les projets et programmes.  Il a précisé à cet égard que le Comité directeur ODD – Éducation 2030, placé sous la houlette de l’UNESCO et constitué des États Membres, des agences spécialisées de l’ONU et de la Banque mondiale, a été chargé du suivi.  Une réunion du Comité a été organisée au lendemain du Sommet sur la transformation de l’éducation et une déclaration politique devrait se concrétiser en vue de traduire les mots en actions, a-t-il dit.  Saluant le « tremplin politique » qu’a constitué ce sommet, il s’est félicité de la part active prise par les États Membres, faisant état de plus de 155 consultations organisées au niveau national. 

Mme CLAUDIA MAHLER, experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a indiqué que le droit à un logement adéquat a une grande influence sur la qualité de vie, la stabilité et la sécurité individuelle, notant que si ce droit est violé, d’autres risquent également d’être compromis, notamment le droit à la santé, à une vie indépendante ainsi qu’à la vie familiale, entre autres.

Elle a signalé que les violations du droit à un logement adéquat frappent particulièrement les personnes âgées, notant en outre que, lors de la pandémie de COVID-19, le taux de mortalité particulièrement élevé parmi les personnes vivant dans des maisons de soins s’explique en partie par l’échec de ces établissements à protéger de manière adéquate leurs résidents.  En outre, les personnes âgées sont plus susceptibles de souffrir d’expulsion lorsque leur retraite est insuffisante pour couvrir leur loyer, a relevé l’experte indépendante, qui a déploré les limites d’âge des programmes de logement sociaux.

Le droit au logement doit également garantir la sécurité physique des habitants, or les personnes âgées qui vivent dans des habitations de fortune ne sont pas suffisamment protégées des aléas climatiques, a-t-elle poursuivi.  Elle a aussi relevé que le manque d’accessibilité entrave la capacité des personnes âgées à vivre indépendamment, ce qui aggrave l’exclusion sociale et la marginalisation, notamment des personnes âgées handicapées ou à mobilité réduite. 

Mme Mahler a ensuite répertorié plusieurs solutions, appelant dans un premier temps à améliorer l’accessibilité financière pour l’adaptation des logements afin de permettre aux personnes âgées de demeurer autonomes.  Elle a aussi parlé des logements intergénérationnels, avant d’appeler les États à promouvoir des communautés inclusives et adaptées aux personnes âgées et à fournir des services de soutien permettant à ces dernières de rester chez elles. 

L’experte indépendante a également exhorté les États à combattre l’âgisme, y compris dans les lois relatives au logement, et à adopter des lois garantissant une prise de décision assistée.  De même, elle a insisté sur l’importance de fournir un financement adéquat pour garantir la disponibilité d’un soutien et de services à domicile adaptés, à établir des mécanismes de recours efficaces et à garantir l’accès à la justice pour les personnes âgées.

Les États doivent aussi prendre des mesures appropriées pour mettre un terme à l’institutionnalisation des soins et investir dans des infrastructures et des services de soins accessibles, abordables, intégrés et de qualité.  Des mesures appropriées doivent également être prises pour améliorer l’abordabilité du logement, a ajouté l’experte indépendante, avant d’appuyer l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées.

Dialogue interactif

Suite à cet exposé, Israël a demandé à l’experte indépendante de lui livrer ses opinions au sujet de l’aménagement adéquat des logements des personnes âgées, en comparaison aux centres de vie assistée, tandis que le Portugal s’est intéressé aux mesures de lutte contre la pauvreté des seniors.  Préoccupée par les lacunes du cadre normatif international actuel relatif aux droits des personnes âgées, la délégation portugaise a aussi appelé à l’ouverture des négociations au sein des Nations Unies sur un instrument international juridiquement contraignant.  L’Argentine a, pour sa part, voulu savoir dans quelle mesure un tel instrument permettrait de s’acheminer vers une protection pleine et entière des droits des seniors dans le monde. 

Le Canada s’est intéressé à l’aspect intersectionnel de l’âge et d’autres discriminations, suivi de l’Ordre souverain de Malte qui a souhaité savoir quelles mesures les Nations Unies pourraient prendre pour encourage à soutenir les personnes âgées par le biais du bénévolat. 

L’Union Européenne a demandé à l’experte indépendante de préciser comment les Nations Unies envisagent de collecter et d’utiliser des données sur le logement, les conditions de vie et les régimes de protection sociale afin qu’elles profitent au vaste groupe des personnes âgées.  La délégation a également souhaité en savoir plus ce que font les Nations Unies pour intégrer les préoccupations liées au vieillissement et à la vieillesse dans les politiques de logement, notamment dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes. 

Comment aborder au mieux la question complexe de l’âgisme et de l’inégalité entre les sexes pour réaliser le droit à un logement adéquat pour les femmes âgées, a demandé la Slovénie.  Prenant à son tour la parole, le représentant de la Slovaquie s’est enorgueilli d’avoir réservé une enveloppe de 750 millions d’euros pour aider les seniors, le plus grand montant décaissé dans son pays pour aider ces personnes.  De son côté, la Fédération de Russie s’est félicitée d’une politique lui permettant d’améliorer le niveau de vie des personnes âgées en leur accordant des subventions pour les aider à payer leur loyer, et en portant une attention particulière aux anciens combattants. 

Les États-Unis ont demandé à l’experte indépendante comment remédier au sans-abrisme et protéger les personnes âgées contre les expulsions forcées.  La délégation a également voulu savoir comment un instrument contraignant sur les droits des personnes âgées permettrait de combler les lacunes de protection recensées des personnes âgées en complément des lois nationales. 

L’Inde a demandé à l’experte indépendante si elle pensait nécessaire d’asseoir le rôle de la famille pour lutter contre le sans-abrisme des personnes âgées.  Évoquant les logements partagés soutenus par l’État, le Mexique a souhaité connaître les meilleurs critères pour en sélectionner les résidents, de manière à éviter les formes de discrimination multiples et intersectionnelles.

Réagissant à ces commentaires, l’experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme a vivement encouragé les États à inclure les femmes âgées dans leurs programmes, notant que ces dernières ont souvent besoin de soutien pour pouvoir rester dans leur maison.  Elle a également déploré le « cloisonnement » des lois sur les personnes handicapées et les personnes âgées.  Notant que les personnes âgées sont parmi les premières à quitter leur pays dans le contexte d’un conflit, elle a estimé qu’il convient alors de leur trouver un logement convenable, de même qu’à celles qui souhaitent rester dans leur pays.

L’experte indépendante a ensuite expliqué que l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées permettrait de les considérer comme porteuses de droit.  Les différentes agences des Nations Unies pourraient ainsi établir de nouvelles priorités et inclure davantage les personnes âgées, a-t-elle ajouté.

Une participation significative des personnes âgées est un levier que nous devons utiliser davantage, a estimé l’experte indépendante qui a constaté que les personnes âgées ne sont pas impliquées dans les discussions qui portent sur le logement, ni sur celles concernant les solutions numériques.  Les personnes âgées ont-elles d’ailleurs les moyens d’accéder aux technologies numériques qui les aideraient?  Préoccupée par le problème de la violence, elle a aussi appelé à la mise en place de mécanismes de contrôle facilement accessibles qui permettraient aux victimes de la dénoncer, puis de recevoir une aide. 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que les débats de la Commission devraient se focaliser sur des stratégies basées sur l’action afin de réaliser les ODD.  Saluant le fait que le rapport du Secrétaire général appelle à préserver les dépenses sociales, il a constaté que les progrès réalisés ces dernières années ont été balayés par les incidences des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19 qui ont exacerbé les inégalités.  Il a également observé que l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie ont fait bondir la pauvreté, ce qui exige de prendre des mesures urgentes et efficaces pour venir en aide aux plus vulnérables.  Face au risque d’effondrement de la cohésion sociale qu’implique ces crises imbriquées, il importe selon lui d’investir dans une croissance durable et inclusive afin de consolider le bien-être de tous.  Pour ce faire, il est primordial de venir en aide aux pays en développement, qui ont besoin d’un appui de 4 500 milliards de dollars pour se relever et espérer atteindre les ODD dans les délais prévus par le Programme 2030. 

Appelant dans ce cadre à une augmentation substantielle de l’aide publique au développement (APD) et à une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), le représentant a également plaidé pour plus d’égalité vaccinale et pour la mise en place de systèmes d’alerte précoce au niveau national et international.  Il s’est ensuite déclaré inquiet du peu de progrès enregistrés, en raison notamment de la volatilité des marchés mondiaux, de la hausse du chômage, des menaces sanitaires, de la montée de la corruption et des défis climatiques, estimant que l’aide au développement et la coopération Nord-Sud demeure essentielle pour y faire face.  Selon lui, les partenaires de développement se doivent de soutenir les pays en développement dans leurs programmes de développement, la coopération Sud-Sud ne pouvant se substituer à la coopération Nord-Sud.  Par ailleurs, le délégué a souhaité que l’accent soit mis sur l’importance des politiques familiales, le soutien à apporter aux séniors et l’élargissement des protection et des droits des personnes handicapées.  À ses yeux, le handicap doit être davantage incorporé dans les politiques de développement social.  Il a ajouté que son groupe soumettra, sous ce point à l’ordre du jour, trois projets de résolution lors de cette session. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a signalé que, sur son continent, la pandémie de COVID-19 a annulé les gains de développement durement acquis, tels que la réduction de la pauvreté, et exacerbé les inégalités.  Elle s’est dite préoccupée par la fragilité des systèmes alimentaires africains et par d’autres chocs tels que les changements climatiques et les infestations de criquets pèlerins et de vers légionnaires d’automne, lesquels ont entraîné une augmentation de la faim et de la malnutrition en Afrique.  Face à ces fléaux, a-t-elle indiqué, les dirigeants de l’Union africaine se sont engagés à donner la priorité à la nutrition à travers la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie, ainsi que la Stratégie régionale africaine pour la nutrition 2015-2025.  Soulignant l’importance de l’égalité d’accès aux services et infrastructures de base, elle a appelé toutes les institutions de financement du développement à travailler avec la Banque africaine de développement, en particulier, dans le financement d’infrastructures de soins de santé de qualité sur le continent.     

La représentante s’est par ailleurs félicitée du partenariat entre la Banque africaine de développement et le Global Center for Adaptation, dans le cadre du programme africain qui vise à mobiliser 25 milliards de dollars pour mettre en œuvre l’initiative africaine d’accélération de l’adaptation et demande aux pays développés de respecter leur engagement de verser à ce titre 100 milliards de dollars par an.  Elle a également appelé à l’application effective du Programme d’action d’Addis-Abeba, réaffirmant que la réalisation de tous les engagements d’aide publique au développement (APD) demeure cruciale.  À ses yeux, il est également essentiel de garantir l’accès aux marchés pour les produits africains et le transfert de technologies au continent, selon les principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciés et des capacités respectives.  Enfin, elle a réitéré l’engagement du Groupe dans la mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

Mme GULLESTRUP CHRISTENSEN, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne (UE), a dénoncé les répercussions de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine sur l’économie, la sécurité alimentaire et le système énergétique dans le monde entier.  Elle a rappelé les initiatives de l’UE sur les questions alimentaires, tout en affirmant qu’il fallait faire plus, notant que près d’une personne sur trois dans le monde n’avait pas accès à une alimentation suffisante. 

La déléguée s’est félicitée du plan REPowerEU qui réduira rapidement la dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes en accélérant la transition énergétique, notant qu’il était nécessaire d’éliminer progressivement tous les combustibles fossiles et développer les énergies renouvelables dans le monde entier.  Pour ce faire, elle a appelé à développer l’enseignement professionnel, notamment dans les pays du Sud, pour permettre à leurs habitants de développer eux-mêmes des solutions vertes et efficaces sur le plan énergétique. 

Mme KARNELUTTI, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne (UE), a ensuite rappelé que la nouvelle initiative de l’UE sur l’agenda numérique et l’éducation contribuerait à un accès inclusif et égal aux nouvelles technologies.  Elle a déploré l’augmentation inquiétante des violences faites aux femmes de la part des autorités étatiques, condamnant le contrôle de l’État sur le droit de choisir sa façon de se vêtir ou sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam), s’exprimant au nom de de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a affirmé que des « défis formidables et interdépendants » entravaient les efforts de redressement après la pandémie de COVID-19 et risquaient d’annuler les gains durement acquis depuis de nombreuses années en matière de développement social.  Il a constaté que les crises alimentaires et énergétiques, les catastrophes naturelles, l’inflation, la dette et les inégalités avaient mis la vie des personnes vivant dans les pays en développement et des groupes vulnérables sous « une pression sans précédent ».  Le monde ne semble ne pas être sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

M. Dang a affirmé que l’ASEAN était fermement résolue à faire progresser le programme de développement social, conformément à son ECO Vision 2025, aux déclarations de concorde I et II et au plan d’action de Hanoï, grâce à des « lignes directrices » qui concernent notamment la protection sociale, le travail social, les questions de genre, l’autonomisation des personnes âgées, les droits des personnes handicapées, l’élimination du travail des enfants et de la violence à l’égard des femmes.  Il s’est félicité des résultats de la réunion ministérielle de l’ASEAN sur la protection sociale et le développement qui s’est tenue en juin 2020 et a permis de renforcer la coopération interagences et intersectorielle aux niveaux national et régional pour mettre en œuvre des programmes intégrés de rétablissement postpandémie. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) qui s’exprimait au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA) a fait part de l’engagement de la SICA à mettre en œuvre des actions positives visant à prendre en charge les groupes de population les plus vulnérables, principalement les populations d’ascendance africaine, les peuples autochtones, les personnes handicapées, les personnes âgées, les migrants, les femmes, les enfants et les jeunes.  À cet égard, nous avons réitéré aux institutions régionales du SICA la demande d’incorporer, dans leurs instruments de planification et leurs programmes de travail, des actions visant une plus grande participation de ces secteurs de la société, conformément à l’aspiration à être une région plus inclusive, a-t-il indiqué.

L’intégration sociale est donc l’un des cinq piliers du SICA qui est fermement déterminé à promouvoir une croissance économique inclusive, le progrès social et le développement durable par la conception et la mise en œuvre de plans, de politiques et de programmes nationaux visant la jouissance et l’exercice universels de tous les droits humains, civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux.  Dans cette optique, a-t-il fait savoir, les pays membres du SICA ont adopté le plan de politique sociale 2020-2040 qui vise notamment à réduire les écarts structurels qui creusent les inégalités dans et entre les pays de la région, grâce à des politiques de garantie de revenus pour les populations les plus vulnérables.  L’objectif est également de faciliter l’accès aux droits à l’alimentation, la santé et l’éducation. 

M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé son engagement à atteindre les buts et objectifs définis dans la Déclaration et Programme d’action de Copenhague.  Des engagements qu’il a jugé pertinents aujourd’hui, en cette période de redressement postpandémie, en particulier l’éradication de la pauvreté, la réduction des inégalités, la promotion du plein emploi productif et la promotion de l’inclusion sociale.  Citant le rapport du Secrétaire général, le délégué a relevé que les progrès réguliers de ces dernières décennies ont été stoppés ou inversés en raison des impacts multiples et étendus des conflits, des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, qui ont également exacerbé les inégalités.  La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants et le ralentissement de la croissance économique aggravent la pauvreté et pourraient avoir des effets dévastateurs sur une grande partie de la population mondiale, s’inquiète ainsi la CARICOM.

Ces réalités ne sont pas très éloignées de celles de nos petits États insulaires en développement (PEID), qui sont déjà vulnérables aux catastrophes naturelles et aux chocs extérieurs, a poursuivi le délégué.  Dans ce contexte, il a souligné les immenses défis auxquels continuent d’être confrontés ces pays en raison des effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement.  En ce moment même, a-t-il alerté, « notre région connaît une saison active d’ouragans, dont les effets sont encore inconnus », déplorant que les ravages causés par ces catastrophes naturelles continuent de contrarier le développement des pays de la CARICOM.  Pour finir, le délégué a rappelé que la coopération internationale joue un rôle essentiel dans l’aide aux pays en développement, notamment pour renforcer leurs capacités humaines, institutionnelles et technologiques, tout en contribuant à la réduction des inégalités.  Personne ne doit être laissé pour compte alors même que nous réorientons nos ressources limitées « pour mieux reconstruire », a-t-il conclu.

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a jugé crucial que les États Membres répondent aux questions sociales, notamment pour lutter contre la pauvreté et permettre à chacun de bénéficier d’un emploi décent.  Pour assurer le relèvement post-COVID-19, il a estimé qu’il est nécessaire de travailler à des mesures concrètes, conformément à la Déclaration de Copenhague.  Dans cette optique, le rôle de « premier violon » doit échoir à la Commission du développement social, a-t-il souligné, se disant opposé à toutes les mesures visant à mettre un terme aux activités de cette instance.  Selon lui, les préparatifs du prochain Sommet social des Nations Unies doivent être pris en charge par cette Commission.  Le représentant a ensuite indiqué que, sur le plan national, le Gouvernement russe intensifie ses efforts pour fournir un soutien social en ligne à la population, en particulier pour les pensions de retraite, les prestations handicap, l’appui technique et le contrôle médico-social.  L’importance accordée aux personnes handicapées est reflétée par le programme national d’élimination des barrières destiné à permettre la participation pleine et égale de ces personnes à la société.  Une autre priorité du Gouvernement russe est « la promotion et la protection des valeurs familiales traditionnelles », a-t-il ajouté, assurant que cette politique se retrouve aussi dans l’action humanitaire de la Russie.  À cet égard, le délégué a condamné les sanctions illégales imposées par certains pays occidentaux dans des domaines qui empêchent des États souverains d’accéder aux produits de première nécessité sans lesquels il n’est pas possible d’assurer le développement durable.  Il s’est également indigné des mesures visant à « détruire la culture et la langue russes », qui vont à l’encontre des principes de la Charte des Nations Unies.  Enfin, tout en se disant « ravi » de la participation de jeunes délégués de pays occidentaux au débat général de la Troisième Commission, il a regretté que ces derniers lisent des textes « écrits par des adultes » et qu’on ne les ait pas avertis que la communauté internationale devait s’attaquer à des « questions sérieuses ». 

Mme WAGNER (Suisse) a averti que l’accumulation actuelle de crises représente un défi colossal pour les politiques de développement social.  Pour y faire face, les États Membres doivent, selon elle, collaborer afin que les populations puissent s’alimenter et ne pas tomber dans l’extrême pauvreté.  Soulignant le rôle essentiel joué dans ce cadre par l’ONU et ses différentes entités, elle a estimé que la Commission du développement social de l’ECOSOC représente un lieu d’échange essentiel d’où peuvent émerger les voix de la société civile.  Alors que l’augmentation des prix alimentaires et de l’énergie s’ajoute aux autres chocs existants, la représentante a souligné l’importance de développer les politiques sociales dans les contextes de crises.  Selon elle, des solutions doivent être trouvées urgemment pour remédier à la distribution inégale des ressources entre les nations et transformer les systèmes alimentaires mondiaux pour les rendre plus durables.  La Suisse s’y attèle, de même qu’elle continue de soutenir l’initiative de l’Organisation internationale du Travail (OIT) en faveur d’un socle minimum de protection sociale, a ajouté la représentante, avant de céder la parole à Mme HUTTERLI, déléguée de la jeunesse suisse.  Cette dernière a souligné les impacts de la pandémie de COVID-19 sur les jeunes, en particulier, dans leur transition vers le marché de l’emploi.  Relevant que le taux de chômage des jeunes est plus élevé que celui des adultes, elle a signalé que beaucoup de jeunes en viennent à abandonner leurs recherches d’emploi, ce qui constitue une perte de capital humain et de capital financier.  Elle a également rappelé que la jeunesse du monde est confrontée à un avenir incertain en raison des changements climatiques.  Malgré ces défis, a-t-elle conclu, les jeunes sont prêts à assumer leurs responsabilités pour contribuer à la paix, à la lutte contre le dérèglement climatique et au développement durable. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) s’est inquiété des crises multiples qui viennent s’ajouter à celle de la pandémie de COVID-19 et affectent négativement le développement des sociétés partout dans le monde.  Il a détaillé les mesures à caractère social prises par l’Arabie saoudite dans le cadre de sa Vision 2030, en accord avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, évoquant notamment la création d’une institution dédiée à la prise en charge des personnes handicapées, et des efforts en vue d’offrir une éducation de qualité pour tous.  À ce sujet, le délégué a rappelé que son pays avait contribué aux solutions globales pour l’éducation en période de pandémie avec le lancement de la plateforme en ligne « madrasati » (mon école) et en mettant le sujet au centre des débats lors de sa présidence du G20. 

« En tant que petit pays aux ressources naturelles limitées, Singapour a toujours considéré son peuple comme son principal atout » a affirmé M. NICHOLAS TOH (Singapour), ajoutant que la Cité-État s’était engagée à construire une société inclusive pour les personnes handicapées, conformément à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, au Programme 2030 pour le développement durable, à la stratégie régionale d’Incheon et à la Déclaration et le Plan d’action de Pékin.  Il a expliqué que son pays avait élaboré des plans directeurs d’habilitation dotés d’indicateurs pour le Gouvernement, le secteur privé, les organisations de la société civile et les particuliers afin de construire une société plus inclusive. 

M. Toh a mis l’accent sur la réalisation des objectifs de développement durable, notamment l’Objectif 4 sur l’éducation de qualité, l’Objectif 10 sur la réduction des inégalités et l’Objectif 11 sur les villes et communautés durables.  Il a mentionné « des investissements massifs » dans les services d’intervention précoce en milieu scolaire, un système de compensations salariales pour l’embauche de personnes handicapées et une accessibilité à la quasi-totalité du système de transport public.  Notant qu’il restait encore beaucoup de progrès à faire, le représentant a évoqué des efforts à venir dans les domaines de la formation, de la lutte contre la discrimination, de l’indépendance des personnes handicapées, et pour faire évoluer les mentalités. 

Mme MIRIAM EGGER, déléguée de la jeunesse de l’Autriche, a invité les participants de la Commission à porter comme elle, des lunettes, pour voir clairement le monde.  Car, a-t-elle ironisé, avec une vision floue, la moitié de la population mondiale, à savoir les jeunes de moins de 30 ans, ainsi que ses besoins et ses potentiels, ne sont pas visibles.  Elle a salué la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse ainsi que l’adoption récente d’une résolution portant création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, tout en appelant à faire davantage.  Les jeunes en ont assez d’être utilisés pour des séances photos et sont prêts à faire partie de la solution, at-elle insisté, appelant à investir dans les jeunes, libérer leur potentiel et renforcer leur participation.

M. DAI BING (Chine) a constaté qu’eu égard aux conflits, à la pandémie, et aux crises énergétique et alimentaire, il est difficile pour l’économie mondiale de se relever et atteindre les ODD dans les temps impartis.  C’est pourquoi, il a appelé à placer au premier plan la solidarité et la coopération, ainsi que le multilatéralisme qui, a-t-il souligné, doit être le socle de l’ordre international.  « Nous devons faire preuve d’entraide et nous aider les uns les autres », a-t-il insisté, exhortant les pays développés à s’acquitter de leurs responsabilités envers les pays en développement sans ressources.  Dans le même temps, ces derniers doivent explorer leur propre voie de développement, une approche que la communauté internationale doit respecter, a estimé le délégué, qui a souligné qu’aucun pays ne doit imposer de règles injustes aux autres.  Il a ensuite plaidé pour une amélioration des mécanismes de gouvernance et la promotion d’une coopération pragmatique et de partenariat.  Après avoir appuyé la tenue d’un sommet mondial pour le développement social tel que proposé par le Secrétaire général, il s’est enorgueilli qu’après 40 ans de réforme, la Chine a atteint son objectif de réduction de la pauvreté et cela 10 ans avant la date butoir. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a affirmé que les droits et le bien-être des personnes étaient au cœur du plan de développement de son pays « AmBisyon Natin 2040 » ainsi que du plan 2017-2022.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans les domaines de l’amélioration du tissu social, de la réduction des inégalités et de l’augmentation du potentiel de croissance.  Notant que la pandémie de COVID-19 avait menacé de réduire à néant des années de progrès laborieux, il a affirmé que le plan avait été actualisé en 2021 pour prendre en compte les nouveaux défis imposés par la pandémie.  Le programme de transfert de liquidités lancé en 2008 a permis de réduire les vulnérabilités des enfants nés dans les familles pauvres et un million de foyers ont pu aujourd’hui en sortir.  Le délégué a informé que les Philippines et la Tanzanie présenteront la résolution intitulée « développement inclusif par et pour les personnes handicapées » et invité tous les États Membres à la soutenir. 

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a indiqué que le plan national Vision 2030, en accord avec le Programme 2030, reposait sur des progrès dans les domaines de la protection sociale, l’éducation, la santé, le logement, la sécurité alimentaire, le travail, l’inclusion financière ainsi que la science, la technologie et l’innovation.  Elle a insisté sur le besoin d’inclure les segments les plus vulnérables de la population, notamment les personnes vivant dans la pauvreté, les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes vivant avec le VIH/sida.  Les programmes nationaux de transfert d’espèces, de lutte contre la faim et de lutte contre la pauvreté des personnes âgés sont cruciaux dans ce contexte.  La déléguée a aussi mis en avant des fonds d’entreprenariat pour les femmes, pour la jeunesse et pour la capitalisation des petites et moyennes entreprises.  Elle a souligné que le pays s’appuyait sur les nouvelles technologies, notamment pour la formation et pour l’inclusion financière via les transferts d’argent par téléphone mobile.  Un quota de personnes vulnérables dans les postes à responsabilité a aussi été mis en place, a-t-elle ajouté.

Mme MANAL MOUSSANE, représentante de la jeunesse des Pays-Bas, a dit avoir consacré à ces deux dernières années presque tout son temps libre, son énergie et même ses économies, à représenter une grande partie de la jeunesse des Pays-Bas.  Elle a voulu raconter l’histoire de trois de ses jeunes compatriotes, Leyla, Nick et Inez, et leur combat quotidien pour faire valoir leurs droits.  À 26 ans, Leyla, jeune médecin, se bat pour trouver un service hospitalier qui offre les mêmes opportunités à tous les sexes.  Son combat lui a appris ainsi qu’à tous ceux qu’elle représente, que nos systèmes d’éducation et de santé permettent encore les préjugés et la discrimination.  Nick, 15 ans, a attendu près d’un an avant d’avoir accès à des soins de santé mentale.  Aujourd’hui, il est privé d’éducation.  Son chemin de croix lui a enseigné qu’une approche systémique de la crise de la santé mentale à laquelle sa génération est confrontée fait défaut.  Enfin, Inez, 16 ans, victime de harcèlement sexuel en ligne, lui a appris que « nous n’avons pas suffisamment préparé ni fourni aux générations actuelles les bons outils » pour faire face aux aspects négatifs d’Internet et des médias sociaux.  Leyla, Nick et Inez sont des exemples de jeunes qui ont mis la lumière sur les lacunes dans nos divers systèmes.  La coopération intergénérationnelle, le partage des expériences et des connaissances représentent la voie à suivre, a-t-elle conclu.

Mme PEREIRA PORTILLA (Colombie) a estimé que les conflits et les changements climatiques sont deux des facteurs qui ont le plus d’impact sur la pauvreté et le ralentissement de la mise en œuvre des engagements mondiaux en matière de développement social.  Elle a appelé à mettre en œuvre des politiques ciblées pour répondre aux besoins spécifiques des communautés et des groupes défavorisés les plus touchés par la pandémie de COVID-19.  Dans le cadre d’une relance durable, les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les communautés rurales et les populations autochtones doivent être au cœur des efforts déployés pour vaincre l’extrême pauvreté, en ne laissant personne de côté, a-t-elle insisté. 

La représentante a également appelé à établir des stratégies pour combattre la discrimination intersectionnelle, notant que la jouissance effective des droits peut être affectée en raison de la race, du sexe, du handicap et de l’ethnicité, entre autres.  Elle a aussi encouragé la mise en place de modèles de soins pour les populations les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les jeunes.  C’est dans cet esprit, que la Colombie a récemment signé l’instrument d’adhésion à la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées, a-t-elle fait savoir.  De même, la déléguée a estimé important de proposer des programmes d’alphabétisation et des services éducatifs véritablement inclusifs dans les langues autochtones et de mettre l’accent sur les connaissances locales et autochtones des territoires dans lesquels ils sont proposés, afin de contribuer à la préservation de l’identité linguistique et culturelle

Mme NEKWAYA HELALIA NALITYE IILEKA (Namibie)a salué la création d’un bureau des Nations Unies consacré à la jeunesse, ainsi que la perspective du Sommet du futur en 2023.  La Namibie entend en effet devenir une nation prospère et industrialisée d’ici à 2030, s’est-elle expliquée.  Une grande partie de son budget national est ainsi consacrée à l’éducation.  La Namibie s’engage en outre à garantir l’accès à des technologies numériques inclusives.  Depuis 1990, la proportion de Namibiens vivant sous le seuil de pauvreté national a été réduite de moitié.  Mais, a indiqué la déléguée, la Namibie est classée parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, et son PIB masque de profondes disparités de revenus entre les riches blancs et les pauvres noirs, ainsi que la question de la dette.  « Notre maison est en feu », s’est par ailleurs émue la déléguée, évoquant les changements climatiques qui nuisent aux récoltes et aggravent la dépendance vis-à-vis des importations alimentaires.  Parmi les leçons à tirer de la pandémie de COVID-19, il y a celle de l’urgence climatique.  Une transition énergétique juste implique toutefois pour les nations en développement d’accéder durablement aux ressources naturelles dont elles disposent, a conclu la déléguée.

Mme ALVARADO (Mexique) a jugé que les effets de la pandémie de COVID-19 sont encore présents, et déploré l’impact des crises économique, sociale et climatique sur les populations les plus vulnérables.  Elle a fait savoir que le Mexique renforce la protection sociale par la mise en œuvre de programmes qui contribuent à lutter contre les inégalités et accorde une attention particulière à la protection des jeunes, notant que l’analphabétisme touche 4,7% de la population âgée de 15 ans et plus en 2020.  En 2050, 16,8% de la population mexicaine aura plus de 60 ans, or cette tranche est défavorisée vis-à vis du reste de la population, a regretté la déléguée.  C’est pourquoi le gouvernement fournit une aide directe aux personnes âgées, notamment handicapées.  Elle a estimé que la famille est l’institution de sécurité sociale la plus importante, avant de souligner que le développement social est non seulement indispensable au bien individuel et sociétal, mais aussi au fonctionnement du multilatéralisme.

M. ASHISH SHARMA (Inde) a constaté que, dans un monde globalisé, les pays subissent tous les effets des crises de régions éloignées, comme l’attestent la flambée des prix et la pénurie de céréales alimentaires, d’engrais et de carburant. Pour y répondre, nous devons collectivement reconstruire en mieux et soutenir le progrès socioéconomique, a-t-il plaidé, affirmant que son pays croit en l’harmonie des biens nationaux et mondiaux.  À cet égard, il s’est dit fier des progrès réalisés par l’Inde dans la mise en œuvre des ODD, avant de préciser que 331 et 233 millions de personnes supplémentaires ont respectivement accès à un assainissement amélioré et à du combustible de cuisson propre.  De plus, la couverture électrique est passée de 88% à 97%, bénéficiant à 183 millions de personnes de plus, tandis que les programmes de couverture santé concernent à présent plus de 500 millions de personnes.  Autres succès signalés par le représentant: la vaccination des enfants de moins de deux ans a progressé de 23%, les naissances dans un centre médical ont augmenté de 10% et le taux de mortalité infantile a diminué de 14%.  Le délégué a d’autre part indiqué que le programme de développement social de l'Inde se concentre en grande partie sur le déploiement des technologies numériques pour améliorer la prestation des services gouvernementaux.  Le système d’identification biométrique « Aadhaar » couvre désormais plus de 95% de la population indienne, facilitant l’accès aux services de protection sociale, s’est-il enorgueilli, ajoutant que plus de 460 millions de personnes, dont plus de 55% de femmes, qui n’avaient pas de compte bancaire auparavant en disposent d’un aujourd'hui, ce qui a permis de transférer des prestations à 200 millions de femmes pendant la pandémie de COVID-19.  L’Inde met également en œuvre « le plus grand programme de logements abordables au monde pour les pauvres » et fournit des rations sèches gratuites à 800 millions de personnes, a-t-il poursuivi, non sans mentionner les efforts de son gouvernement pour sécuriser les moyens de subsistance dans les zones rurales et fournir de l’eau du robinet à chaque ménage rural d’ici 2024.  Enfin, après avoir vanté la politique éducative de son pays et le dynamisme de l’écosystème indien de start-ups, il a indiqué que l’Inde renforce ses partenariats de développement avec d’autres pays en développement par le biais de la coopération Sud-Sud, notamment via le Fonds de partenariat Inde-ONU pour le développement.

Mme FADLON, déléguée de la jeunesse d’Israël, a estimé qu’il n’est pas possible de promouvoir le développement social sans aborder l’action urgente sur le front climatique.  Elle a expliqué qu’en partenariat avec le Ministère israélien des affaires étrangères et l’Université hébraïque de Jérusalem, elle a coorganisé un hackathon axé sur la durabilité, qui a inspiré plus de 300 étudiants dans la recherche de solutions pour lutter contre les changements climatiques et atteindre les ODD.  En outre, a-t-elle noté, Israël a nommé un envoyé spécial pour les changements climatiques et promeut des solutions multilatérales pour faire face à ce phénomène mondial. La déléguée de la jeunesse a ensuite indiqué que son pays mène une politique active en matière de développement social.  Pas moins de 427 organisations se consacrent spécifiquement à l’aide aux personnes handicapées, qui représentent environ 20% de la population d’Israël.  Le Gouvernement israélien a par ailleurs lancé un plan national qui investit plus de 30 millions de dollars dans le logement, la santé mentale et la promotion de l’emploi pour les personnes âgées.  Soucieux d’assurer un développement social constant, Israël investit aussi dans une éducation de qualité en mettant l’accent sur l’éducation à la démocratie, a précisé la déléguée, ajoutant que les cours des écoles des minorités religieuses et ethniques israéliennes sont dispensées dans lalangue maternelle des élèves et entièrement financées par l’État.  De plus, Israël s’engage à atteindre l’ODD4 à l’échelle mondiale, à l’image d’organisations de la société civile israélienne telles que « GoEco », qui permettent à des milliers de volontaires de voyager à travers le monde pour aider à promouvoir les compétences dans les pays défavorisés.

La famille est l’unité de base de la société, a fait valoir Mme NELLY BANAKEN ELEL BANAKEN (Cameroun), selon laquelle les enfants ont besoin d’un père et d’une mère pour leur développement affectif et psychosocial.  Alors que la famille fait face à de nombreux défis existants, la pandémie de COVID-19 et le développement sans précédent des technologies de l’information et des communications (TIC) en ajoutent de nouveaux, a-t-elle constaté, avant de dénoncer les contenus dangereux ou inappropriés, l’exploitation en ligne, y compris la cyberpornographie, le ciblage des enfants en tant que consommateurs, l’addiction à Internet et aux écrans et les problèmes de santé qui en résultent.  Estimant à cet égard que la famille est la première barrière à la cybercriminalité impliquant les enfants, elle a dit ne pas comprendre les tentatives visant à diluer le rôle des parents face à ces menaces au nom de « l’inexistant droit à la vie privée des enfants ».  La représentante a indiqué que le dispositif législatif de son pays protège à la fois la famille comme institution et les membres de la famille à titre individuel.  Pour assurer le développement social, le Cameroun tire avantage du potentiel combiné de la famille et des TIC pour lutter contre la pauvreté, promouvoir l’insertion socioéconomique et créer des emplois, a-t-elle énoncé, faisant également état du recours aux outils numériques pour l’éducation à la parenté responsable et pour le renforcement des capacités numériques des parents en vue d’une utilisation saine des médias par leurs enfants.  Pour la déléguée, la préparation du trentième anniversaire de l’année internationale de la famille en 2024 doit être « l’occasion de renforcer la protection de la famille traditionnelle par des politiques qui favorisent le renouvellement des générations et réaffirment l’autorité des parents sur leurs enfants mineurs ».

Mme FLOR KRISTEN FLORES TELLO (Panama) a affirmé que le développement social était un pilier des politiques de son pays qui a mis en place de nombreux programmes dans ce sens, notamment la stratégie nationale du Plan Colmena. Cette politique d’État vise à lutter contre la pauvreté et a permis à 114 projets communautaires de voir le jour ces trois dernières années.  Elle s’est aussi félicitée de la mise en place du plan « Panama solidaire », un programme de transfert de fonds qui a permis d’éviter que la famine ne s’empare du pays suite à la pandémie de COVID-19.  Le Programme pour la jeunesse à l’horizon 2027 a permis de réaliser un sondage auprès de 2 800 jeunes avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  La représentante a ajouté que le pays travaillait aussi sur l’inclusion des personnes handicapées et visait à atteindre les objectifs de la Convention internationale dédiée à cette question même si le chemin était encore long.  Elle s’est félicitée de la mise en place du Programme « bouge-toi pour le Panama » qui avait permis d’alphabétiser 79 000 personnes.

M. HUNG LY, délégué jeunesse de la Finlande, a expliqué que ses parents étaient des « boat people » vietnamiens ayant trouvé l’asile en Finlande.  Le monde, s’est-il inquiété, vit la pire crise de déplacement forcé depuis la seconde guerre mondiale avec 89 millions de personnes touchées dont 27 millions de réfugiés.  Il a regretté le manque de réaction de la communauté internationale et l’augmentation des discours xénophobes et racistes.  Il a dénoncé l’exploitation des jeunes réfugiés et demandeurs d’asile par des réseaux de passeurs et « le manque d’ambition des politiques d’asile dans le monde ».  Selon le jeune homme, des progrès peuvent être réalisés, notamment en raccourcissant les délais de traitement des demandes d’asile.  Rappelant que la Finlande était l’un des 21 pays du monde à accueillir des réfugiés par le biais du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il a appelé d’autres pays à en faire autant.

M. DAVID GILES, délégué de la jeunesse de l’Irlande, a déploré que la protection du système climatique soit considérée comme étant en conflit avec les ODD.  Il a estimé que le partenariat multilatéral pour atteindre les ODD est plus important que jamais pour créer un monde plus égalitaire, plus stable et plus juste, appelant à œuvrer à l’avènement de sociétés inclusives, dotées des mécanismes et des systèmes nécessaires pour accueillir et célébrer la diversité et permettre à tous de participer activement et utilement à la vie politique, économique et sociale. 

Il a ensuite cédé la parole à Mme JESSICA GILL, déléguée de la jeunesse de l’Irlande, qui a souligné que l’égalité des sexes est une nécessité pour la réalisation des droits humains et du développement social.  L’engagement durable de l’Irlande en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles se reflète d’ailleurs dans sa politique nationale et étrangère, a-t-elle fait savoir.

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a informé sur l’état du développement social dans son pays qui a été impacté par les conflits, le climat et la pandémie de COVID-19.  Des maux qui ont aggravé l’appauvrissement de nombreuses personnes, notamment les populations vulnérables telles que les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes, les enfants et les jeunes, augmentant la demande de services sociaux, a-t-il poursuivi.  Il a décrit l’impact négatif de la pandémie sur ces populations, notamment sur leurs moyens de subsistance, en particulier chez les travailleurs peu qualifiés et ceux qui œuvrent dans le secteur du tourisme ou encore dans le vaste secteur informel.  M. Milambo a aussi évoqué l’augmentation notable de la violence sexiste à l’encontre des filles et des femmes.  En réponse à la pandémie, le Gouvernement zambien a mis en place une réponse globale comprenant des transferts d’argent liquide d’urgence ciblant les personnes travaillant dans le secteur informel ainsi que les ménages avec des enfants ayant des besoins spéciaux.  Au cours des deux dernières années, le nombre de personnes ayant besoin de tels transferts a presque doublé.  Il est également important de noter que les besoins spécifiques des personnes handicapées sont pris en charge.  Pour finir, le représentant a indiqué que son gouvernement reconnaît l’importance de l’implication des jeunes à tous les stades du développement et donne donc des moyens aux organisations de jeunesse enregistrées, aux coopératives et aux entrepreneurs par le biais de divers programmes d’autonomisation.

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a déclaré qu’avec une dette multipliée par six au sortir de treize ans de dictature, 74% de la population vivant dans la pauvreté dont une personne sur dix dans l’extrême pauvreté, son pays n’a d’autres choix que de composer avec cette réalité.  C’est la raison pour laquelle le Honduras, « pour devoir survivre », doit rejeter les politiques dites « d’austérité », qui, selon la représentante, renforcent les inégalités et concentre les richesses dans les mains de quelques-uns.  Au contraire, le Honduras veut travailler dans le but de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin de permettre à chacun de vivre dignement.  À cette fin, une loi faisant de l’énergie un bien public a été adoptée, s’est félicitée la représentante. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a estimé que la communauté internationale doit coopérer davantage, notamment pour assurer le transfert des biens et de technologies en direction des pays du Sud.  Si l’on ne redistribue pas bien les ressources « l’on n’y arrivera pas », a-t-il averti.  Le représentant a plaidé pour que soit portée une attention accrue à la question du vieillissement, en faisant notamment allusion au Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  À Cuba, d’ici à 2050, plus d’un tiers de la population cubaine aura plus de 60 ans, a-t-il informé. 

Mgr GABRIELE CACCIA (Saint-Siège) a fait observer qu’à bien des égards, la dimension sociale du développement est la plus simple à reconnaître et la plus difficile à réaliser.  Mais, elle est au cœur de ce qui est requis pour le développement intégral centré sur la personne, a-t-il fait valoir, jugeant essentiel d’assurer le développement humain intégral de chaque homme, femme et enfant, à tous les âges et à toutes les étapes de la vie.  Il a toutefois affirmé que cette approche holistique du développement social ne peut se faire sans des mesures appropriées pour éradiquer la pauvreté, notamment une meilleure éducation, une meilleure formation professionnelle et de meilleures opportunités couplées à des expériences culturelles les plus enrichissantes.  Alors que beaucoup trop de personnes sont confrontées à la faim et que leur situation, déjà aggravée par la pandémie de COVID-19, est encore exacerbée par les conflits, le chômage, l’inflation et la montée de l’insécurité alimentaire, nous devons travailler pour atténuer les effets multidimensionnels de la pauvreté, y compris grâce à des systèmes de protection sociale solides, et pour briser les cycles qui ont rendu des générations démunies. 

Plaidant pour des programmes de protection sociale adaptés aux communautés locales, il a jugé important de rappeler que la famille est « l’élément naturel et fondamental » de la société et a droit à la protection de la société et de l’État.  La famille offre en effet le meilleur environnement pour le développement des enfants et est souvent le premier et unique soutien des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les personnes handicapées et les seniors, a souligné l’Observateur permanent.  De surcroît, a-t-il dit, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et ont des droits, des devoirs et des obligations qui doivent être respectés.  Il a par ailleurs jugé préoccupant que de nombreux enfants dans le monde, et en particulier dans les pays en développement, n’aient pas accès aux technologies numériques nécessaires pour poursuivre leurs études, avant de souligner l’importance de la formation professionnelle pour permettre l’accès à l’emploi, notamment pour les jeunes et les personnes âgées.  Enfin, après avoir dénoncé les pratiques d’embauche injustes et le manque d’accessibilité des lieux de travail, il a appelé la communauté internationale à unir ses efforts pour protéger les plus pauvres et les plus faibles en vue de parvenir à un véritable développement social. 

Mme FATEMEH ARAB BAFRANI (République islamique d’Iran) a souligné l’impact disproportionné de la pandémie sur les pays en développement.  Pour surmonter les inégalités entre les pays et en leur sein afin d’accélérer la reprise post-COVID-19 et de faire face aux effets négatifs des crises socioéconomiques, il est essentiel selon elle de renforcer la solidarité mondiale et la coopération multilatérale.  La représentante a noté à cet égard que, dans son rapport remis à la cinquante-et-unième session du Conseil des droits de l’homme, à la suite de sa visite cette année en Iran, la Rapporteuse spéciale sur les mesures coercitives unilatérales a souligné que « les sanctions économiques ont sapé les efforts nationaux du pays dans sa quête d’autosuffisance économique ».  Ces sanctions ont aussi conduit à une pauvreté croissante, à des inégalités socioéconomiques exacerbées et à une insuffisance de ressources pour garantir les besoins fondamentaux des personnes vulnérables.  Malgré les sanctions économiques imposées par les États-Unis au mépris du multilatéralisme et de l’ordre international fondé sur des règles, l’Iran a pris plusieurs mesures efficaces pour réduire leurs impacts négatifs, tout en faisant face à la situation pandémique et postpandémique, a assuré la déléguée, évoquant des mesures de transfert en espèces, des interventions ciblées pour soutenir les petites entreprises et les entrepreneurs, l’expansion des protections sociales et la simplification des prestations, ainsi que des allégements de dette et des prêts sans intérêt pour les entreprises et les ménages vulnérables, notamment ceux dirigés par des femmes.  Pour finir, la représentante a souligné l’importance des contributions des jeunes aux sociétés et à leur développement, avant d’appeler à la mise en œuvre de toutes les stratégies pertinentes pour éradiquer la pauvreté et la faim, tout en tenant compte de la résilience de la société et de la famille. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a constaté que la pandémie de COVID-19, les conflits et les changements climatiques ont fait reculer les progrès et creusé les inégalités.  Il a indiqué que son gouvernement s’est doté d’un plan de développement pour la période 2021-2025, dont le thème est « Une Malaisie prospère, inclusive et durable ».  Conforme aux ODD, ce plan prévoit notamment l’autonomisation de groupes cibles tels que les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les peuples autochtones et les personnes handicapées, et définit plusieurs objectifs, dont l’éradication de la pauvreté absolue d’ici à 2025. 

La Malaisie vise également à faire passer le taux de participation des femmes au marché du travail de 55,6% à 59% d’ici à 2025, tandis que des lois seront revues afin de garantir une meilleure protection des femmes.  Le représentant a également parlé de la création d’un nouveau plan national sur l’autonomisation économique des jeunes qui vise à améliorer leur employabilité, et de projets de loi protégeant les droits des personnes âgées.  Le pays compte également concevoir un développement socioéconomique plus inclusif pour la communauté autochtone Orang Asli, notamment via l’éducation.  De même, les autorités locales seront encouragées à mettre en place des structures d’accueil pour les personnes handicapées dont la protection sociale sera renforcée. 

Mmes KORNKANOK SANABUD et PINDA VIRIYAPONGSRI, déléguées de la jeunesse de la Thaïlande, ont axé leurs déclarations sur l’accès équitable à l’éducation et l’action climatique.  L’avenir des jeunes est menacé par l’absence d’éducation, a regretté la première intervenante.  La technologie doit permettre de numériser l’enseignement, a-t-elle poursuivi en rappelant les confinements imposés par la COVID-19.  À son tour, sa collègue s’est félicitée du succès de la convocation du Sommet sur la transformation de l’éducation, ainsi que de l’adoption de la déclaration des jeunes sur la transformation de l’éducation, rédigée et consultée par les jeunes.  Il incombe aux États d’inclure les jeunes dans leur lutte contre les changements climatiques, a-t-elle estimé, saluant à ce titre l’initiative thaïlandaise « ENVIRONHack ».  « Nous demandons que les jeunes aient la possibilité de contribuer en tant que partenaires égaux à la détermination de notre avenir commun, tant au niveau national qu’ici à l’ONU. »

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a insisté sur l’importance des droits humains pour son pays et souligné les actions mises en place dans le cadre du plan national de développement 2030.  Rappelant que le Qatar accueillera le quatrième Sommet mondial sur le handicap en 2028, elle a affirmé que la prochaine Coupe du monde de football sera la plus accessible de l’histoire, y compris en ce qui concerne son environnement numérique.  Elle a aussi indiqué que le Qatar consacrait 980 millions de dollars à des programmes d’éducation dans 65 pays et avait été chef de file pour l’organisation du Sommet sur la transformation de l’éducation.  Elle s’est félicitée que son pays ait lancé l’initiative « éducation avant tout » pour mobiliser des financements novateurs dans ce secteur.  Elle a ensuite souligné l’importance des politiques de promotion de la famille et rappelé que le Qatar accueillerait les célébrations du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille en 2024. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a rappelé que son pays était confronté à des difficultés démographiques et promouvait une politique visant à accompagner le vieillissement actif de sa population.  Il a notamment mentionné l’existence d’une université du troisième âge et de lieux d’échanges et de collaboration entre générations.  Il a appelé à mettre à jour le cadre juridique international des droits humains en vue d’améliorer l’inclusion des personnes âgées.  Dans la foulée, M. CIGLARIC, délégué de la jeunesse de la Slovénie, a regretté que dans son pays, il était difficile pour les jeunes de participer pleinement à la vie sociale.  Il a déploré l’absence d’opportunités professionnelles et les critiques dans la sphère publique dont souffrait trop souvent la jeunesse.  S’il s’est félicité des initiatives de l’ONU en vue de l’inclusion des jeunes, qui lui permettent notamment de participer aujourd’hui aux travaux de la Commission, il a toutefois appelé l’assistance à intensifier les efforts dans ce sens. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) a souligné que le Programme 2030 joue un rôle important pour la protection sociale et le développement économique.  Il a estimé que les jeunes sont des alliés et des partenaires dans le système du multilatéralisme, appelant à leur participation pleine, équitable et substantielle à la prise de décision.  Le représentant a attiré l’attention sur les mesures politiques, économiques et sociales mises en œuvre par la République dominicaine en faveur des populations les plus vulnérables, notamment pour les personnes handicapées, soulignant la mise en place de politiques de santé publique non-discriminatoires, y compris les services liés à la COVID-19.  Il a également évoqué la mise en œuvre d’un plan pour l’accessibilité à un logement digne et propre pour les personnes handicapées, sans oublier le statut particulier des mères célibataires handicapées qui doivent pouvoir élever leurs enfants.  La République dominicaine, a-t-il indiqué, soutient également la qualité de vie des populations âgées par le biais de programmes de distribution alimentaire ainsi que par des incitations économiques aux familles accueillant des personnes âgées à leur domicile.  La priorité est également donnée aux productions agricoles familiales afin d’appuyer la sécurité alimentaire. 

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire Lao) a rappelé que les pays dont les ressources sont limitées rencontrent des difficultés pour faire face aux nombreux chocs.  Atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et garantir les droits fondamentaux relatifs à l’hygiène, la nourriture, l’eau, les services de base, le logement ou encore la santé, reste compliqué, a-t-il souligné.  Pour surmonter ces difficultés, le représentant a appelé à imaginer des solutions inédites.  Son pays est confronté aux conséquences des catastrophes naturelles, qui détruisent des infrastructures fondamentales et des terres agricoles.  Faire face aux changements climatiques constitue une priorité.  Il a attiré l’attention sur le mécanisme de coordination des autorités compétentes mis en place dans son pays, qui a notamment permis la fourniture d’aides d’urgence aux personnes touchées et vulnérables.  « Il est nécessaire de renouveler le contrat social pour renforcer la confiance et la cohésion », a-t-il affirmé, annonçant la mise en place d’un plan de développement économique et social quinquennal qui établit des priorités, dont l’éradication de la pauvreté et un développement social inclusif.  Il a insisté sur le rôle joué par l’éducation, domaine ayant fait l’objet d’une réforme importante.

Mme LE THI MINH THOA (Viet Nam) a estimé important de s’attaquer aux causes multiples de la pauvreté et de l’inégalité, notamment en créant des emplois décents et d’autres opportunités génératrices de revenus, et en offrant une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie.  Elle a ensuite appelé à soutenir les ménages ainsi que les entreprises avec des prêts préférentiels pour restaurer, maintenir, développer et créer des emplois tout en mettant l’accent sur la formation, le recyclage et le développement d’infrastructures et de formation de haute qualité.  L’inclusion sociale et la participation des personnes défavorisées doivent être facilitées, a-t-elle insisté.  En outre, la coopération entre les pays, les partenaires et les acteurs du développement social doit servir l’intérêt des peuples.  Elle a rappelé que le Viet Nam a fait de grands progrès dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, en garantissant la sécurité sociale et les droits sanitaires, sociaux et éducatifs de ses citoyens.  Le Viet Nam présente sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025 et attend avec impatience votre précieux soutien, a conclu la déléguée. 

Mme MAKGABI (Afrique du Sud) a indiqué que son gouvernement a commandé une étude analytique sur l’état de la population de l’Afrique du Sud dans le contexte de la première vague de la pandémie de COVID-19.  Elle a fait savoir qu’en Afrique du Sud, diverses formes de soutien ont été déployées par le Gouvernement pour atténuer l’impact social de la COVID-19.  La protection sociale figure parmi les 14 principaux résultats stratégiques à moyen terme établis par le plan national de développement.  Par conséquent, a-t-elle expliqué, le Gouvernement sud-africain utilise actuellement un certain nombre d’instruments de protection sociale tels que les subventions sociales, l’éducation gratuite, le programme de nutrition scolaire, ainsi que l’accès aux services de base comme l’eau potable et l’électricité, et à un logement abordable.  En outre, le programme de protection sociale de l’Afrique du Sud couvre plus de 18 millions de personnes parmi les plus démunies, dont 11,3 millions d’enfants et plus de 4 millions de personnes âgées.  Enfin, l’Afrique du Sud continuera d’investir dans les capacités des femmes et des filles, notamment par des mesures visant à combler l’écart entre les sexes et assurer l’égalité d’accès des filles et des femmes à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, ainsi qu’à un emploi décent. 

Mme CARLA MARIA RODRIGUEZ MANCIA (Guatemala) a estimé qu’une relance inclusive centrée sur l’individu exige une architecture renforcée pour relever les défis de la mobilisation des ressources.  Elle a souhaité que la transition vers le développement durable soit socialement juste, et qu’un soutien accru soit apporté aux pays en développement, y compris les pays à revenu intermédiaire.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, de favoriser l’accès au financement et au transfert de technologies, ce qui aura un effet catalyseur sur la progression vers les ODD.

Évoquant le pourcentage élevé de jeunes que compte son pays, elle a pressé à réaliser des investissements suffisants et durables afin de promouvoir leur talent.  Investir dans la jeunesse, c’est investir dans l’avenir de notre peuple et dans sa propre viabilité, a-t-elle affirmé, jugeant impératif de travailler ensemble pour garantir la participation des jeunes dans tous les secteurs et leur offrir le plus grand nombre d’opportunités possible.  Elle a aussi appelé à protéger les droits des personnes âgées.  Deux jours avant de célébrer la Journée internationale des personnes âgées, il est important de garantir le respect de notre engagement à leur offrir une vie digne, à l’abri des abus et de la négligence, a-t-elle dit. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a rappelé comment la COVID-19 avait affecté de manière disproportionnée les personnes âgées, en particulier dans des sociétés vieillissantes comme le Portugal.  La pandémie a fait selon elle office de « signal d’alarme » pour les décideurs politiques, mettant en lumière l’existence de « lacunes » et de « limites » dans le cadre normatif international visant à protéger les droits humains des personnes âgées.  Maintenant plus que jamais, l’« âgisme » -soit la discrimination fondée sur l’âge- est une « réalité persistante et structurelle que les États doivent combattre », a-t-elle pointé.  C’est pourquoi le Portugal juge important d’ouvrir des négociations à l’ONU sur un nouvel instrument international de protection des droits humains des personnes âgées.

M. DAVITI ESATIA, délégué de la jeunesse de la Géorgie, a attesté qu’il était difficile de penser à l’avenir ou au développement lorsque l’on évoluait dans un environnement difficile, où la Charte des Nations Unies, les principes fondamentaux et les normes du droit international sont violés sans vergogne.  Il a dénoncé les répercussions de la guerre cruelle et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine qui lui rappelle « notre devoir de défendre nos valeurs et de contribuer à l’établissement d’une paix et d’une sécurité durables ».  Le délégué a jugé « essentiel » de contrer l’agresseur avec « notre position forte, notre unité inébranlable et l’intégrité de notre objectif ».  Il a également appelé tous les jeunes à utiliser toutes les opportunités possibles et à faire preuve de résilience.  Il vaut mieux allumer une bougie que maudire les ténèbres, a-t-il dit. 

Mme CHIGNESSE, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a regretté que la jeunesse souffre des guerres, du déni des droits humains et du manque d’égalité entre les genres.  « Au rythme actuel il faudrait 300 ans pour atteindre une égalité effective selon un rapport de l’ONU », a-t-elle relevé.  Elle a appelé l’assistance à se mobiliser, en mettant l’accent sur le rôle central joué par l’éducation sur cette question.  Comme elle, Mme COPPENS, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a insisté sur le besoin de travailler pour préserver la santé mentale des jeunes, notamment dans son pays.  Beaucoup de jeunes sont anxieux, a- t-elle témoigné, car ils ne peuvent atteindre des objectifs « irréalistes » et souffrent « de grandes incertitudes » quant à leur avenir.  Elle s’est également inquiétée des effets de la pandémie de COVID-19 et de l’univers numérique sur la jeunesse. 

Mme TARIELLO, déléguée de la jeunesse de l’Italie, a regretté que beaucoup de jeunes aujourd’hui ne parvenaient pas à atteindre leurs objectifs, appelant à leur meilleure inclusion au sein des sociétés.  Elle s’est toutefois félicitée d’initiatives comme « les jeunes pour le climat » qui a réuni 400 jeunes du monde entier en marge de la COP26 en 2021.  Évoquant l’organisation du Sommet sur la transformation de l’éducation, elle s’est réjouie du fait que l’ONU ouvrait ses portes à la jeunesse.  En revanche, elle a regretté que la communication institutionnelle des organisations internationales emploie trop souvent une langue difficile d’accès pour les jeunes. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a indiqué que, malgré la guerre et les sanctions unilatérales, le Gouvernement entend offrir toute la protection sociale possible aux populations, notamment celles parmi les plus vulnérables comme les orphelins et les familles des martyrs.  Il a dit que, malgré le siège économique qu’elle subit, la Syrie entend poursuivre la mise en œuvre des initiatives de développement social. 

M. KOKOU MAWOUPEMO TSOGBLO (Togo) a indiqué que son gouvernement a intensifié sa politique de développement consolidée dans le cadre de son programme national de développement (PND) 2018-2022.  Ce document est accompagné d’une feuille de route à l’horizon 2025 dont la vision est de faire du Togo une nation moderne avec une croissance inclusive et durable.  Le Togo a inscrit l’inclusion sociale et financière dans sa politique de développement social, à travers la mise en place effective du Fonds national de la finance inclusive (FNFI).  Dans la même logique, certains mécanismes ont permis de favoriser davantage l’accès des jeunes et des femmes aux services financiers.  Pour soulager les personnes vulnérables exposées aux conséquences de la COVID-19, le Gouvernement a mis en place un programme de transferts monétaires électroniques dénommé Novissi (qui signifie solidarité en langue locale), dont les femmes ont été majoritairement bénéficiaires.  Le représentant a également cité la création d’un plan national de développement sanitaire 2017-2022 comprenant le programme de la couverture sanitaire universelle et la plateforme numérique WEZOU pour prendre en charge gratuitement les femmes enceintes et les nouveau-nés.  De même, les personnes handicapées sont pleinement intégrées dans la stratégie de développement, d’éducation et de santé.  S’agissant de la jeunesse, le Gouvernement togolais a également pris plusieurs initiatives comme l’octroi de 1 492 702 de dollars de crédits aux jeunes entrepreneurs. 

M. SAHRAOUI (Algérie) a estimé que le développement social est l’un des piliers du développement économique, d’où l’importance d’établir un nouveau contrat social.  Cette dimension sociale est primordiale, a-t-il insisté, notant que la justice sociale est ancrée dans la Constitution algérienne.  Il s’est félicité qu’en dépit de la crise de la COVID-19, l’Algérie soit parvenue à atteindre un indice de développement humain de 7,45, faisant de ce pays le premier d’Afrique du Nord à atteindre ce niveau.  L’Algérie n’a pas négligé la dimension sociale pendant la pandémie de COVID-19, a-t-il assuré, soulignant les soutiens financiers apportés aux plus pauvres et au secteur informel ainsi que l’importante partie du budget national consacrée aux transferts sociaux.  Le délégué s’est félicité du succès de la politique d’éducation avec un taux de 100% dont la moitié sont des filles, se disant fier du travail accompli, avec cinq millions de diplômes universitaires.  Les universités algériennes, a-t-il précisé, ont éduqué plus de 59 000 étudiants étrangers.  Il a enfin souligné le lien entre développement social et développement durable dans le cadre du Programme 2030 et jugé nécessaire de mobiliser les moyens nécessaires.  À ce sujet, il a appelé à encourager les transferts de technologies.

M. JAVIER LEONARDO SALAS DE LOS RIOS (Pérou) a rappelé que la multiplication des crises avait ralenti les progrès réalisés pour atteindre les ODD, certaines des avancées enregistrées ayant même été effacées.  Ces crises affectent particulièrement les personnes vulnérables, a-t-il indiqué, appelant à consolider les efforts et les renforcer pour retrouver le chemin de l’égalité, lutter contre la faim et renforcer les systèmes éducatifs et de santé.  Le représentant a indiqué que le Pérou avait adopté une vision stratégique pour promouvoir le bien-être et le vivre ensemble, l’objectif étant de garantir justice, sécurité et dignité ainsi que l’accès à des services publics universels et de qualité.  Il a enfin indiqué que sa délégation présentera le projet de résolution sur « les droits humains et la pauvreté extrême ».

M. HAMID (Maldives) a indiqué que son pays fait face à une myriade de défis tels que la COVID-19 et les changements climatiques.  Les Maldives se sont engagées à atteindre l’inclusion des femmes dans tous les domaines de la vie, a-t-il assuré, mentionnant plusieurs avancées, dont l’adoption d’une loi sur l’égalité des sexes, en 2016, et l’arrivée de femmes à la Cour suprême du pays.  Sans une représentation adéquate des femmes dans les processus de prise de décisions, nous courons le risque d’apporter des réponses inadaptées aux besoins des femmes et des enfants, a mis en garde le délégué. 

Il a ensuite indiqué que la politique d’éducation inclusive de son pays a déjà permis de scolariser plus de 98% des enfants.  Il s’est en outre félicité qu’une loi sur la protection des droits de l’enfant et sur la justice des mineurs ait été ratifiée en 2019.  Nous devons également reconnaître que les changements climatiques se feront le plus durement ressentir sur les jeunes d’aujourd’hui, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite indiqué que l’accès à des soins de santé universels est encore plus précieux depuis la pandémie de COVID-19, se félicitant d’une population vaccinée à 85%.  La pandémie et d’autres crises humanitaires menacent cependant d’effacer des décennies de progrès accomplis vers un développement social durable, a déploré le délégué.

Mme SALAMATA ODETTE NIAMBA CONGO (Burkina Faso) a déclaré que son pays connaît de nombreux défis sécuritaires et climatiques qui ont poussé plus de 1,5 million de personnes à se déplacer.  Elle a ensuite cité les mesures prises par le « Gouvernement de transition » pour répondre aux obstacles rencontrés par les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Parmi ces mesures, il y a des plans de réduction des inégalités dans les services publics, des actions visant à lutter contre le chômage et pour promouvoir l’emploi, l’accès à la santé ou encore le renforcement des cadres juridiques et institutionnels, a-t-elle dit. 

Mme AHMAD, déléguée de la jeunesse des Émirats arabes unis, s’est réjouie de la confiance placée par son pays dans sa jeunesse qui le représente dans divers forums régionaux et internationaux.  Preuve en est, sa présence au sein du programme de délégués de la jeunesse de l’ONU.  Pour elle, ce programme est la meilleure plateforme pour impliquer les jeunes dans la prise de décisions sur le plan international.  Au niveau local, la déléguée a évoqué l’Union des jeunes, instaurée en 2018, en vue d’autonomiser les jeunes.  Elle a parlé du modèle des conseils municipaux qui font parvenir les recommandations des jeunes à l’ensemble des institutions publiques et privées.  Elle a cité, comme exemple, le Conseil de la jeunesse qui travaille étroitement avec le Conseil des Ministres et participe ainsi à l’examen des politiques afin de mettre en place des stratégies pour la jeunesse.  Prenant à son tour la parole, M. ALSAQQAF, délégué de la jeunesse des Émirats arabes unis, a salué la politique de son pays accordant une importance particulière à l’être humain, quel que soit l’âge, notamment les personnes âgées, et ce, afin d’honorer leurs efforts au service de la nation.  Il a évoqué, à cet égard, la politique nationale pour cette catégorie de personnes, lancée en 2018, qui vise à garantir leur participation dans la société.  De même, il a parlé de la protection des droits sociaux des personnes handicapées, garantie par des lois et législations visant leur autonomisation.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Haute-Représentante Izumi Nakamitsu lance un appel à l’unité du Conseil de sécurité face à l’utilisation « indéfendable » d’armes chimiques en Syrie

9141e séance, après-midi
CS/15044

La Haute-Représentante Izumi Nakamitsu lance un appel à l’unité du Conseil de sécurité face à l’utilisation « indéfendable » d’armes chimiques en Syrie

Après avoir constaté une nouvelle fois l’absence de progrès en vue de clarifier les questions en suspens concernant l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie, la Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement a lancé, aujourd’hui, un appel à l’unité du Conseil de sécurité afin d’exclure la possibilité d’une telle utilisation.  « C’est notre obligation à tous », a-t-elle rappelé.  

À l’occasion de son exposé mensuel sur la mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) du Conseil concernant l’élimination du programme d’armes chimiques de la République arabe syrienne, Mme Izumi Nakamitsu a indiqué que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour clarifier les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la Syrie sont à nouveau demeurés vains.   

La Syrie continue en effet de poser des conditions au déploiement de l’Équipe d’évaluation, en violation de ses obligations de coopérer avec l’OIAC en vertu de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Par conséquent, les tentatives du Secrétariat technique de l’OIAC d’organiser le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’Autorité nationale syrienne à Damas se sont avérées infructueuses, a expliqué la Haute-Représentante.   

Compte tenu de cette situation, et à moins d’un changement d’attitude de la Syrie, le Secrétariat technique de l’OIAC a proposé de remédier aux lacunes de la déclaration initiale par écrit, bien que de tels échanges soient « manifestement moins productifs » que le déploiement de l’Équipe d’évaluation sur le terrain.  Le Secrétariat technique a également fourni à la Syrie la liste des déclarations et autres documents demandés depuis 2019, afin de l’aider à résoudre les 20 questions en suspens, a-t-elle noté. 

Le Secrétariat technique, a ajouté Mme Nakamitsu, n’a toujours pas reçu les informations demandées à la Syrie concernant le mouvement non autorisé de deux cylindres liés à l’incident à l’arme chimique du 7 avril 2018, pas plus que celles concernant la détection, en novembre 2018, d’un produit chimique du tableau 2 au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS).  La mission d’établissement des faits de l’OIAC continue malgré tout d’examiner les informations disponibles concernant les allégations d’utilisation d’armes chimiques, et de dialoguer avec les autorités syriennes et d’autres États parties à la Convention concernant ces incidents. 

À ce stade, la déclaration soumise par la Syrie ne peut donc pas être considérée comme exacte et complète en vertu de la Convention sur les armes chimiques, selon le Secrétariat technique de l’OIAC, à cause de ces lacunes, délais et incohérences, « soulignés chaque mois depuis de nombreuses années ». 

À l’opposé, la Russie a fait valoir, comme la Syrie, que les discussions du Conseil sur la question des armes chimiques syriennes évoluent « dans un cercle vicieux », reprochant aux rapports de l’OIAC de répéter sans cesse les mêmes « accusations infondées » afin de démontrer le « manque de coopération » du Gouvernement syrien.  L’Iran a, quant à elle, mis en garde contre la « politisation » du travail de l’OIAC et de la mise en œuvre de la Convention, tout en saluant la publication par la Syrie, le 15 septembre dernier, d’un nouveau rapport sur la destruction d’armes chimiques.   

Comme la Russie, la Chine a en outre estimé qu’il vaudrait mieux réduire la fréquence des réunions du Conseil sur cette question.  Pourtant, ont objecté les États-Unis, ce sont les appuis de la Russie et les rebuffades de la Syrie, qui constituent autant « d’affronts » au Conseil de sécurité, qui expliquent que nous devions chaque mois revenir sur cette question pour forcer le « régime d’Assad » à s’acquitter de ses obligations. 

Le Secrétariat technique a par ailleurs demandé des précisions à la Syrie concernant l’invitation à une réunion en personne adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre des affaires étrangères et des expatriés, a indiqué la Haute-Représentante, en l’absence de réponse à la dernière version de l’ordre du jour proposée le 20 décembre 2021.  À ce propos, la Syrie a réitéré son attachement à la tenue d’une rencontre « de coordination », à Beyrouth, « avec un ordre du jour défini ».   

Il y a neuf ans, le régime syrien a délibérément assassiné avec du gaz sarin plus d’un millier de civils dans la banlieue de Damas, s’est insurgée la France, « une réalité qui n’a jamais été contestée ».  En dépit de la « désinformation et des excuses » visant à justifier le non-respect de ses obligations par la Syrie, nous devons être conscients que son programme d’armes chimiques représente un risque réel pour la paix et la sécurité internationales, s’est inquiété à son tour le Royaume-Uni, rejoint par la Norvège, l’Inde ou encore l’Irlande.  L’unité du Conseil de sécurité est essentielle à cet égard, a renchéri la Türkiye.  « Nous le devons aux victimes. » 

Évoquant le préambule de la Convention sur les armes chimiques qui appelle à « exclure totalement la possibilité de l’utilisation d’armes chimiques », Mme Nakamitsu a estimé en conclusion qu’une telle utilisation est « indéfendable », qu’elle constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, et que les responsables doivent rendre des comptes.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT S/2022/658

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour clarifier les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la Syrie n’ont pas progressé depuis son dernier exposé devant le Conseil de sécurité.  La Syrie continue en effet de poser des conditions au déploiement de l’Équipe d’évaluation, en violation de ses obligations de coopérer avec l’OIAC en vertu de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et des résolutions pertinentes du Conseil.  Par conséquent, les tentatives du Secrétariat technique de l’OIAC d’organiser le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’Autorité nationale syrienne à Damas sont demeurées infructueuses, a expliqué la Haute-Représentante.  Sous réserve d’un changement d’attitude de la Syrie, le Secrétariat technique de l’OIAC a proposé de remédier aux lacunes de la déclaration initiale par correspondance, bien que de tels échanges soient « manifestement » moins productifs que le déploiement de l’Équipe d’évaluation sur le terrain, comme cela a été le cas entre juin 2016 et avril 2019.  Afin d’aider la Syrie à résoudre les 20 questions en suspens, le Secrétariat technique lui a en outre fourni la liste des déclarations et autres documents en suspens demandés depuis 2019, a-t-elle noté. 

Le Secrétariat technique n’a toujours pas reçu les informations demandées à la Syrie concernant le mouvement non autorisé de deux cylindres liés à l’incident à l’arme chimique du 7 avril 2018, qui ont été détruits lors d’une attaque contre une installation de production d’armes chimiques, a poursuivi Mme Nakamitsu en insistant pour que la Syrie réponde de toute urgence à ces demandes afin de clore toutes les questions en suspens.  Du fait de ces lacunes et de ces incohérences, « soulignées chaque mois depuis de nombreuses années », le Secrétariat technique continue d’estimer qu’à ce stade, la déclaration soumise par la Syrie ne peut être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques.  Elle a réaffirmé à cet effet son plein appui à l’intégrité, au professionnalisme, à l’impartialité, à l’objectivité et à l’indépendance des travaux de l’OIAC.  

S’agissant de la détection, en novembre 2018, d’un produit chimique du tableau 2 au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), Mme Nakamitsu a indiqué que la Syrie n’a pas encore fourni d’explications techniques suffisantes.  En outre, le Secrétariat technique a demandé des précisions à la Syrie concernant l’invitation à une réunion en personne adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre des affaires étrangères et des expatriés, en l’absence de réponse à la dernière version de l’ordre du jour proposée le 20 décembre 2021.  Pendant ce temps, la mission d’établissement des faits de l’OIAC continue d’examiner toutes les informations disponibles concernant les allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Elle continue aussi de dialoguer avec les autorités syriennes et d’autres États parties à la Convention sur les armes chimiques au sujet de certains incidents et en vue de préparer les déploiements à venir.  

Évoquant le préambule de la Convention sur les armes chimiques qui appelle à « exclure totalement la possibilité de l’utilisation d’armes chimiques », Mme Nakamitsu a estimé qu’une telle utilisation est indéfendable et constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, et que les responsables doivent être tenus pour responsables.  « C’est notre obligation à tous », a martelé la Haute-Représentante, en réitérant son appel à l’unité du Conseil sur cette question.  

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a commencé par exprimer à la présidence sa « perplexité » et sa « profonde déception » face à son refus de convoquer dès aujourd’hui une séance du Conseil sur la situation concernant le « sabotage du gazoduc Nord Stream », comme le demandait la Fédération de Russie.  Il a estimé que le rapport d’août du Directeur général de l’OIAC n’avait « manifestement aucune urgence » alors que la réunion sur la situation autour de Nord Stream, « qui menace la sécurité énergétique de tout un continent », n’aura lieu que demain.   

Le représentant a répété que la discussion au Conseil sur la question des armes chimiques syriennes évoluait « dans un cercle vicieux », reprochant aux rapports du Directeur général de l’OIAC, Fernando Arias, sur la mise en œuvre de la résolution 2118 de répéter « sans cesse la même série d’accusations infondées » contre la Syrie.  Il a jugé ces rapports extrêmement déséquilibrés, ajoutant qu’ils ignoraient les développements et n’avaient pour but que de démontrer le « manque de coopération » du Gouvernement syrien.  Inversement, a-t-il fait observer, les nombreuses questions de la Fédération de Russie au Secrétariat de l’OIAC restent sans réponse.  Il a notamment reproché à M. Arias d’avoir de nouveau décliné, en juillet, une invitation à s’adresser au Conseil et a fait remarquer qu’il se déplaçait beaucoup, notamment aux États-Unis, mais ne s’était jamais rendu lui-même en Syrie depuis qu’il dirige l’organisation, opposant son comportement à celui du Directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui se rend personnellement sur le terrain , engage le dialogue avec les États Membres et se présente devant le Conseil dans les plus brefs délais comme doit « se comporter le chef d’une institution internationale spécialisée s’il prétend être un gardien impartial du régime de non-prolifération ».   

M. Polyanskiy a affirmé que, « malgré l’attitude peu constructive » du Secrétariat de l’OIAC, la Syrie « continue de s’engager de bonne foi » et de remplir ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques (CIAC), tout en ajoutant que le rapport examiné ne comportait « pas un mot à ce sujet ».  Pour le représentant, « c’est aux dirigeants » de l’OIAC, et non à Damas, de changer leur ligne.  Il a notamment demandé un changement de méthodologie, parlant d’un « péché originel » du Secrétariat consistant à violer les exigences de la CIAC concernant les principes d’enquête, avant d’ajouter que la même « méthodologie défectueuse » était aussi utilisée par le « groupe illégitime » d’investigation et d’identification (IAG).  Tant que l’objectif des rapports sera, non pas de reconstituer le tableau réel des événements, mais de les faire « coller » avec des conclusions sur la culpabilité des Syriens, la Fédération de Russie les rejettera, et ne verra pas l’intérêt de discuter chaque mois des « chemtrails » syriens au Conseil.  Pour le représentant, des réunions trimestrielles sur le sujet seraient suffisantes.   

M. RICHARD M. MILLS, JR., (États-Unis) a estimé que depuis l’emploi de gaz sarin à Damas, la communauté internationale a été témoin de nombreuses violations odieuses de la Convention sur les armes chimiques.  Il a noté l’échec de la Syrie à déclarer l’ensemble de son programme chimique et a déploré toutes les interférences dans le travail de l’Équipe d’évaluation des déclarations.  C’est en raison de cette attitude et des appuis russes de Damas que chaque mois nous devons revenir ici pour forcer le « régime d’Assad » à s’acquitter de ses obligations, a-t-il regretté.  Il a rappelé que, ces neuf dernières années, les travaux de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC ont confirmé de façon indépendante l’utilisation d’armes chimiques à huit reprises.  « Nous pensons que c’est au moins 50 fois depuis que la Syrie a adhéré à la Convention », a-t-il déclaré. 

Le représentant s’est aussi plaint que, en dépit de toutes nos demandes, et avec l’appui de la Russie, le « régime » de Damas a refusé de répondre aux demandes de l’équipe d’évaluation de l’OIAC.  « C’est un affront au Conseil de sécurité. »  Le délégué a affirmé que la Syrie possède toujours des stocks d’armes chimiques qu’elle pourrait employer contre sa propre population.  « Nous appelons le régime syrien à permettre à l’équipe de revenir en Syrie », a demandé le représentant en faisant valoir que le régime a démontré qu’il pouvait prendre des mesures inhumaines.  Il a demandé à cet égard que le « régime » fournisse un visa à l’expert de l’OIAC.  Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques et appelons le « régime » à s’acquitter de ses obligations, a-t-il déclaré en conclusion.  

M. ROBERTO WAZIMA SZATMARI (Brésil) a considéré qu’en raison du peu d’évolutions sur le terrain, une réunion mensuelle du Conseil de sécurité ne semblait pas constituer le meilleur usage de ses ressources et devait donc changer.  Il a rappelé que l’emploi des armes chimiques était contraire au droit international et constituait une menace à la paix et à la sécurité internationales. 

M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a déclaré que la situation n’a pas changé depuis la dernière réunion du Conseil sur ce sujet, en parlant d’une « impasse constante ».  La Syrie continue de dicter ses conditions s’agissant du déploiement d’une équipe de l’OIAC, a dit le délégué, en déplorant son manque de coopération avec cette organisation.  Il a rappelé que l’OIAC ne peut donc pas confirmer l’exactitude de la déclaration de la Syrie.  Le refus de coopérer de la Syrie, qui est appuyée par ses alliés, est inacceptable, a déclaré le délégué, en apportant le soutien indéfectible de l’Albanie à l’OIAC.  Enfin, le délégué a appelé à éviter toute politisation des travaux de l’OIAC et invité les membres du Conseil à présenter un front uni sur ce dossier. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a fait part de sa préoccupation face à l’absence de progrès significatifs dans les tentatives de régler les questions en suspens conformément à la Convention sur les armes chimiques.  Les A3, collectivement, rejettent tout recours à des armes chimiques par quiconque, où que ce soit et en toute circonstance, a-t-il insisté. 

Le représentant a réaffirmé son attachement aux normes établies en vue de prévenir l’utilisation des armes chimiques ainsi que son appui aux efforts visant à éliminer leur production et leur stockage, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil.  M. Agyeman a regretté à cet effet les divergences persistantes entre l’OIAC et les autorités syriennes concernant les lacunes et les incohérences qui subsistent.  L’élan qui avait initialement poussé la communauté internationale, y compris le Conseil, à agir sur cette question semble s’être dissipé, a-t-il regretté, en ajoutant qu’aujourd’hui, le danger que posent la production et l’utilisation d’armes chimiques, en Syrie ou ailleurs, ne peut être complètement exclu.  La communauté internationale doit donc agir collectivement pour faire respecter les principes de la Convention sur les armes chimiques afin de garantir un monde exempt de ces armes mortelles, a encore dit le représentant.  Il a encouragé à cet effet la convocation rapide d’une réunion de haut niveau, en personne, entre le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne et le Directeur général de l’OIAC, seule mesure à même de relancer les efforts en vue de la résolution finale de ces problèmes.

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a estimé que la Syrie n’avait pas répondu aux demandes répétées d’inspection de l’équipe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Il reste encore 20 points en suspens, a-t-elle rappelé.  De plus, l’OIAC a demandé des informations supplémentaires à de nombreuses reprises sur la production d’armes chimiques par la Syrie.   

La Norvège demande instamment à la Syrie de répondre aux demandes de l’équipe de l’OIAC.  Il est urgent et devient critique que la Syrie coopère en tant que membre de l’OIAC, a poursuivi la représentante, qui a jugé impossible de tolérer plus avant l’impunité et demandé que l’on fasse respecter la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et qu’on n’autorise pas l’érosion de l’OIAC. 

M. CONLETH BRADY (Irlande) a dit être préoccupé par l’absence de progrès sur la question des armes chimiques de la Syrie à cause du blocage par Damas de la vingt-cinquième série de consultations et du travail de l’OIAC.  Le représentant a dénoncé le travail de sape de la Syrie contre le travail et la réputation de l’OIAC et de ses équipes d’enquête et experts.  Le délégué a rejeté toutes les allégations infondées contre l’organe qui dispose d’un mandat précis.  Le Conseil de sécurité doit soutenir l’OIAC, a-t-il réclamé.  Il a rappelé que depuis 2013, l’OIAC et l’ONU ont à huit reprises trouvé des cas d’utilisation d’armes chimiques par la Syrie contre les Syriens.  Il n’y a pas d’impunité pour l’utilisation d’armes chimiques, a prévenu le représentant pour qui la Syrie doit régler les questions en suspens en coopération avec l’OIAC.  Il a recommandé au Conseil de faire en sorte que la Syrie respecte ses obligations.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a remarqué qu’alors que la Syrie a demandé à devenir membre de l’OIAC il y a 9 ans, il n’a toujours pas été possible de conclure que la déclaration initiale était exacte, regrettant que le Conseil se réunisse alors qu’aucun progrès n’a eu lieu sur le terrain.  La représentante a rappelé que les communications écrites ne remplacent pas les consultations en personne, exhortant les autorités syriennes à coopérer avec l’OIAC et l’ONU.  Elle a émis l’espoir que la réunion entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaire étrangères et des expatriés, qui devrait avoir lieu à Beyrouth, conduise à de réels progrès.  Elle s’est félicitée des contributions des États Membres au Fonds d’affectation spéciale pour les missions en Syrie, qui permettent à l’équipe d’évaluation des déclarations, l’équipe d’établissement des faits et l’équipe d’enquête et d’identification de remplir leur mandat.

M. SUOOD RASHED ALI ALWALI ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a appelé à régler les questions en suspens entre la Syrie et l’OIAC.  Il a regretté le désaccord entre les deux parties s’agissant du déploiement d’une équipe de l’OIAC en Syrie.  Les divergences autour de la présence d’un seul expert ne doivent pas paralyser tous les efforts, a souhaité le délégué.  Enfin, il a regretté que les communications écrites soient le seul mode de communication entre les deux parties. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est dit déçu devant l’absence de progrès sur ce volet des discussions du Conseil sur la Syrie.  Il a encouragé un engagement soutenu entre la Syrie et le Secrétariat technique de l’OIAC afin de résoudre toutes les questions en suspens.  Pour sa part, l’Inde attache une grande importance à la mise en œuvre « complète, efficace et non discriminatoire » de la Convention sur les armes chimiques.  Le représentant a réaffirmé son opposition à l’utilisation d’armes chimiques « par quiconque et où que ce soit », tout en réitérant que toute enquête sur leur utilisation se doit d’être impartiale, crédible et objective.  Nous avons à plusieurs reprises mis en garde contre la possibilité que des entités et des individus terroristes aient accès à des armes chimiques, a-t-il rappelé, en ajoutant que des progrès « sur d’autres fronts » contribueraient à faciliter le processus de paix politique global en Syrie. 

M. SUN ZHIQIANG, (Chine), s’est déclaré fermement opposé à l’utilisation d’armes chimiques quels que soient les auteurs ou les circonstances, arguant que « le monde doit être exempt d’armes chimiques ».  Il a estimé que les consultations sont la seule solution pour résoudre ce dossier.  Le représentant s’est félicité de la neuvième série d’inspections menée par le Secrétariat technique de l’OIAC ainsi que de son rapport.  Il a demandé au Secrétariat technique de tenir compte des préoccupations de l’État partie concernant la question des visas.  Ces questions devraient se limiter au cadre de la Convention sur les armes chimiques en respectant les procédures et en présentant des preuves et des conclusions crédibles, a-t-il déclaré.  Il a espéré que le Directeur général et le Secrétariat technique prendront des mesures concrètes pour respecter les règles de l’OIAC.  Enfin, il a estimé qu’il serait bon de réduire la fréquence des réunions du Conseil sur cette question. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a relevé que mois après mois, nous entendons que la Syrie ne fait aucun progrès pour remplir ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité.  Malgré les efforts de désinformation et les innombrables excuses justifiant le non-respect de ses obligations par la Syrie, nous devons être conscients que son programme d’armes chimiques représente un risque réel et permanent pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il déclaré.  

Pour le représentant, le manquement de la Syrie n’est qu’un aspect de la question.  Il a déclaré que la Russie continue à protéger le « régime d’Assad », y compris dans ses efforts pour cacher son utilisation et son stock d’armes chimiques, en trouvant des excuses pour ne pas faire avancer le dossier.  Cela montre, à son avis, qu’elle ne cherche pas à protéger la sécurité internationale.  Le délégué a souligné que le Conseil de sécurité ne doit accepter aucune érosion des règles qui ont été acceptées par tous et qu’il faut continuer à travailler pour pousser la Syrie à remplir ses obligations. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré qu’il y a neuf ans, le régime syrien avait délibérément assassiné plus d’un millier de civils dans la banlieue de Damas avec du gaz sarin, dont la réalité n’a jamais été contestée.  Il a rappelé que l’identification des auteurs des attaques reste essentielle.  Le représentant a déploré l’absence totale de progrès et l’incomplétude de la déclaration initiale de la Syrie, exhortant cet État à faire pleine lumière sur l’intégralité des stocks et à se mettre en conformité avec ses obligations internationales.  Les campagnes de calomnies à l’encontre des équipes de l’OIAC discréditent leurs auteurs, a affirmé M. de Rivière, qui a déclaré que la lutte contre l’impunité et l’interdiction totale d’armes chimiques restent les priorités. 

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a condamné l’emploi d’armes chimiques en toutes circonstances.  Il a rejeté catégoriquement toutes les accusations infondées proférées contre son pays, notamment de la part des États-Unis.  Il a présenté des informations actualisées, en indiquant que la Syrie a présenté un rapport le 15 septembre dernier sur la destruction d’armes chimiques.  « Mon pays tient à organiser une réunion de haut niveau entre son ministre des affaires étrangères et le Directeur général de l’OIAC avec un ordre du jour défini. »  Il a précisé que la réunion prévue à Beyrouth n’était qu’une réunion de coordination. 

Aucune restriction n’est apportée au déploiement d’une équipe d’experts de l’OIAC, a poursuivi le délégué.  L’exclusion d’une seule personne ne doit pas empêcher la tenue des consultations, a-t-il argué, en rappelant le grand nombre d’experts travaillant pour l’OIAC.  Il a regretté que le Secrétariat technique ait campé sur sa position en voulant l’inclusion dudit expert.  Il a demandé que l’OIAC s’acquitte de ses tâches avec impartialité et indépendance.  L’Équipe d’enquête et d’identification est illégitime, a tranché le délégué, en soulignant le caractère fallacieux de ses recommandations qui ne servent que les intérêts des pays occidentaux.  Enfin, il a regretté le manque d’attention accordée à l’emploi d’armes par des groupes terroristes en Syrie, ce qui montre bien l’approche politisée qui prévaut sur ce dossier. 

M. AMIR SAEID JALIL IRAVANI (République islamique dIran) a rappelé, que dans le passé, son pays aussi avait été victime de l’utilisation d’armes chimiques.  Il a donc demandé l’application de toutes les dispositions de la Convention sur les armes chimiques pour prévenir l’utilisation de ces armes à l’avenir.   

Plaidant pour qu’on ne politise pas le travail de l’OIAC dans la mise en œuvre de la Convention, le représentant a demandé que toutes les enquêtes soient menées de manière impartiale, et en premier lieu que les enquêteurs respectent la Convention.  Il a salué les efforts de la Syrie pour respecter la Convention en présentant, le 15 septembre, un nouveau rapport portant sur la destruction des armes chimiques et leur fabrication.  Le représentant, qui a souhaité que les parties parviennent à régler les questions en suspens, a dénoncé la partialité du traitement du dossier syrien.  Cet examen devra se faire désormais sur les aspects techniques afin que l’OIAC puisse tirer des conclusions basées sur des preuves, a-t-il conclu.

M. ÖNCÜ KEÇELI, (Türkiye), a estimé que le « régime » de Damas ne s’acquitte pas de ses obligations internationales.  Selon le rapport, a-t-il noté, il n’y a pas de progrès s’agissant de la déclaration initiale.  Dès lors, il n’y a que lacunes, disparités et incohérences, ce qui fait que la déclaration ne peut être considérée comme exacte et complète, a-t-il conclu.  Le représentant a appelé le « régime syrien » à coopérer pleinement avec le Secrétariat technique de l’OIAC et à lui fournir les informations qui lui sont demandées au titre de la Convention sur les armes chimiques.  Par ailleurs, il a estimé que la délivrance de visas aux membres de l’Équipe d’évaluation est la priorité absolue.  Le représentant s’est félicité au passage des travaux menés par cette équipe pour demander des comptes aux auteurs d’armes chimiques.  Il s’est dit opposé à toute tentative de délégitimiser le Secrétariat technique et ses équipes.  L’unité du Conseil de sécurité est essentielle à cet égard, nous le devons aux nombreuses victimes, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière – après-midi
AG/DSI/3681

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a tenu aujourd’hui sa séance d’organisation sous la présidence de M. Mohan Pieris (Sri Lanka) et a approuvé son programme de travail pour la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale.  M. Pieris a été élu aujourd’hui pour remplacer M. Magzhan Ilyassov, du Kazakhstan, qui avait été élu le 7 juin, mais dont la candidature a ensuite été retirée par son pays. 

En présentant le programme de travail, M. Mohan Pieris, a indiqué que la Première Commission tiendrait un total de 28 réunions pour achever ses travaux le 4 novembre.  Il a rappelé que cette session se décline en trois phases, celle du débat général, du 3 au 12 octobre, avec huit réunions, celle des sept débats thématiques -armes nucléaires; autres armes de destruction massive; espace extra-atmosphérique; armes classiques; autres mesures de désarmement et sécurité internationale; désarmement et sécurité sur le plan régional; mécanismes de désarmement- avec 11 réunions du 14 au 27 octobre, et celle de l’adoption des projets de résolution et décision, avec environ six séances prévues entre le 28 octobre et le 4 novembre. 

Outre ces débats, M. Pieris a annoncé les interventions de M. Csaba Kőrösi, Président de l’Assemblée générale, le 4 octobre; de Mme Tatiana Valovaya, Secrétaire générale de la Conférence du désarmement, le 12 octobre, avant de rappeler l’échange prévu avec Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, le 14 octobre. 

Par ailleurs, M. Pieris a mis l’accent sur la tenue, le 27 octobre, de la réunion conjointe entre les Première et Quatrième Commissions consacrée aux « défis potentiels de la sécurité spatiale et la durabilité », avant de souligner celle, officieuse, d’un échange entre les délégations et les représentants de la société civile, à la fin du débat général le 12 octobre.  Il a aussi indiqué que le 13 octobre serait consacré à un échange sur les méthodes de travail et la planification du programme.   

Après avoir précisé que les journées du 18 et du 25 octobre verront des débats matin et après-midi, le Président de la Première Commission a indiqué qu’il n’y aurait pas de réunion les 5 et 24 octobre, par respect des congés flottants relatifs aux fêtes religieuses de Yom Kippour et Diwali.

Le calendrier des différentes séances de travail figure dans le document A/C.1/77/CRP.1.  Le document A/C.1/77/CRP.2 présente le calendrier et le programme des discussions thématiques.

Prenant la parole avant l’adoption du programme de travail, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que les membres de sa délégation continuaient d’éprouver des difficultés pour obtenir auprès de l’Administration américaine les visas nécessaires à leurs contributions aux travaux des Nations Unies.  Rappelant que l’accord de Siège du 26 juin 1947 impose au pays hôte d’assurer aux délégations un accès sans entrave au Siège des Nations Unies, le représentant a exhorté le Secrétariat à prendre les mesures qui s’imposent afin que les États-Unis remplissent leurs obligations en matière de délivrance de visas dans les meilleurs délais.  Réagissant à cette intervention, le Président de la Commission a indiqué que le Comité des relations avec le pays hôte était saisi de cette question et a ajouté que le Secrétariat poursuivrait ses bons offices avec le pays hôte. 

Le Bureau de la Première Commission est composé cette année de Mme Szilvia Balázs (Hongrie) et de MM. Nazim Khaldi (Algérie), Daniel Rothlin (Autriche) et Marcelo Zambrana-Torrelio (Bolivie). 

La Commission a aussi rendu hommage aujourd’hui, par des applaudissements nourris, à M. Thomas Markram, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, qui participait aujourd’hui sa dernière réunion avant de mettre un terme à ses fonctions. 

La prochaine réunion de la Première Commission aura lieu lundi 3 octobre, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, adopte son programme de travail pour la 77e session

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière – matin
CPSD/747

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, adopte son programme de travail pour la 77e session

Chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la Quatrième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail et son calendrier pour la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  L’occasion pour son Président, M. Mohamed Al Hassan, d’Oman, d’annoncer que la Commission revient cette année aux modalités de travail d’avant la pandémie de COVID-19 et se réunira en présentiel. 

La Commission tiendra en tout 26 séances publiques, contre 15 en 2021, dont une table ronde conjointe avec la Première Commission au titre du point relatif à l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  Ses travaux de fond débuteront le lundi 3 octobre par l’examen des points relatifs à la décolonisation. 

La Commission va poursuivre la pratique consistant à tenir des dialogues interactifs sous les rubriques des questions relatives à l’information, à l’espace extra-atmosphérique, au maintien de la paix, aux missions politiques spéciales, aux effets des rayonnements ionisants, à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et au rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes. 

Au titre du point relatif à la décolonisation, qui sera examiné du 3 au 14 octobre, la Commission entendra les interventions de représentants des 17 territoires non autonomes inscrits à son ordre du jour.  Parmi eux, figurent les représentant des Bermudes, des Îles Vierges britanniques, de la Polynésie française, de la Nouvelle-Calédonie et de Guam.  Après le retour des pétitionnaires en 2021, ce sont au total 200 pétitionnaires (par rapport à 138 l’an dernier) qui s’exprimeront cette année en personne sur les questions relatives aux Samoa américaines, aux Îles Vierges britanniques, à la Polynésie française, à Guam, aux Îles Vierges américaines, à Sainte-Hélène, à Gibraltar, aux Îles Falkland (Malvinas), aux Îles Caïmanes, à la Nouvelle-Calédonie et au Sahara occidental. 

Ce matin, la Commission a également élu par acclamation M. Omran Sharaf, des Émirats arabes unis, en tant que Président du Groupe de travail plénier sur l’espace extra-atmosphérique. 

Le représentant du Mexique a proposé d’utiliser un chronomètre mural pour limiter le temps de parole des intervenants, conformément au temps imparti. 

Les membres du Bureau de la Commission pour la soixante-dix-septième session sont MM. Iason Kasselakis (Grèce), Klemen Ponikvar (Slovénie) et Tiyani Raymond Sithole (Afrique du Sud) élus aux postes de vice-président, ainsi que Mme María Noel Beretta Tassano (Uruguay) élue Rapporteur. 

Les séances publiques de la Commission seront retransmises en direct sur le Webcast de l’ONU et les communiqués de presse quotidiens résumant les délibérations de chaque séance publique sont publiés le jour même en français et en anglais sur le site: https://www.un.org/press/fr

La Commission tiendra sa prochaine séance plénière lundi 3 octobre, à partir de 15 heures.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, interviendra à cette occasion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité autorise pour une nouvelle année l’inspection en haute mer des navires soupçonnés de trafic d’êtres humains en provenance de Libye

9140e séance - matin
CS/15043

Le Conseil de sécurité autorise pour une nouvelle année l’inspection en haute mer des navires soupçonnés de trafic d’êtres humains en provenance de Libye

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2652 (2022), le Conseil de sécurité a autorisé, ce matin, pendant une nouvelle période d’un an, les États Membres concernés à inspecter les bateaux naviguant en haute mer au large des côtes libyennes, s’ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ou la traite d’êtres humains en provenance de Libye.  Le Conseil a en effet décidé de reconduire les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015).

Condamnant tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, le Conseil de sécurité autorise donc de nouveau les mêmes États Membres à saisir des navires inspectés « dont ils ont la confirmation qu’ils sont utilisés à des fins de trafic de migrants ou de traite d’êtres humains en provenance de Libye ».

Les États Membres concernés sont ceux qui sont « engagés dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite d’êtres humains », « agissant individuellement ou dans le cadre d’organismes régionaux », comme l’Union européenne.  Ils sont autorisés à utiliser tous les moyens « dictés par les circonstances spécifiques » pour lutter contre les trafiquants de migrants et d’êtres humains, « dans le strict respect du droit international et des droits de l’homme ».

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES S/2022/655

Texte du projet de résolution S/2022/718

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017), 2437 (2018), 2491 (2019), 2546 (2020) et 2598 (2021), ainsi que la déclaration de son président en date du 16 décembre 2015 (S/PRST/2015/25),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général daté du 30 août 2022 (S/2022/655) et notamment ses observations sur la détresse des migrants et des réfugiés en Libye,

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Se félicitant des mesures prises pour mettre en œuvre la résolution 2240 (2015) et souhaitant qu’elles continuent d’être appliquées, et prenant note de l’opération de l’Union européenne en Méditerranée EUNAVFOR MED Irini à cet égard,

Réaffirmant qu’il faut mettre fin à l’expansion actuelle du trafic de migrants et de la traite d’êtres humains en Méditerranée au large des côtes libyennes qui mettent des vies en danger et, à cette fin précise, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Condamne tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ, qui fragilisent davantage le processus de stabilisation de la Libye et mettent en péril les vies de centaines de milliers de personnes;

2.    Décide de reconduire les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015) pour une nouvelle période de douze mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution, réaffirme les dispositions du paragraphe 11 de ladite résolution et réaffirme également ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017), 2437 (2018), 2491 (2019), 2546 (2020) et 2598 (2021) ainsi que la déclaration de son président S/PRST/2015/25;

3.    Réitère, à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les demandes formulées au paragraphe 17 de sa résolution 2240 (2015), et prie le Secrétaire général de lui faire rapport, onze mois après la date d’adoption de la présente résolution, sur l’état d’avancement de son application, en particulier pour ce qui est des paragraphes 7 à 10 de sa résolution 2240 (2015);

4.    Entend suivre la situation et, le cas échéant, envisager de reconduire pour des périodes supplémentaires les autorisations découlant de la présente résolution;

5.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Palestine: la violence « perpétuelle » et l’expansion des colonies israéliennes inquiètent les membres du Conseil de sécurité

9139e séance – matin
CS/15042

Palestine: la violence « perpétuelle » et l’expansion des colonies israéliennes inquiètent les membres du Conseil de sécurité

La trajectoire actuelle nous conduit dans un état de violence perpétuelle et de conflits, a averti ce matin Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, lors de la séance du Conseil de sécurité consacrée à l’application de la résolution 2334 (2016).  Dressant un inventaire détaillé des incidents intervenus entre le 17 juin et le 20 septembre, il a exprimé son inquiétude face au développement des colonies israéliennes, notamment les projets de construction de 700 logements à Jérusalem-Est et 1 215 logements à proximité d’Umm Tuba.  Des préoccupations largement partagées par les membres du Conseil qui ont appelé à la retenue.

Dans son exposé, le Coordonnateur spécial est revenu sur la décision de la Cour suprême israélienne qui a annulé l’évacuation de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramin au motif que le site avait été alloué aux colons de bonne foi par les Palestiniens.  Il a craint qu’elle ne fasse jurisprudence pour la légalisation de colonies supplémentaires en droit israélien.  Il s’est également inquiété que 1 000 Palestiniens, dont 569 enfants, soient confrontés au risque d’une éviction imminente, évoquant notamment la pression exercée par Israël sur deux communautés palestiniennes dans la Zone C.  Les démolitions ordonnées au motif de l’absence de permis de construire israéliens l’ont aussi alarmé, surtout que de tels permis sont presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens.

L’autre sujet de préoccupation principal exprimé par M. Wennesland est l’accroissement des violences qui ont fait 29 morts et 1 813 blessés palestiniens, dont de nombreux enfants, en Cisjordanie ainsi que 49 Palestiniens tués à Gaza.  Il a également condamné les 1 100 missiles lancés par des groupes armés palestiniens sur Israël depuis la bande de Gaza ainsi que les actes terroristes menés contre les civils israéliens.  Il a fait état de nombreux incidents individuels ayant entraîné la mort ou des blessures parmi les ressortissants palestiniens et israéliens dans la période considérée, dont une liste complète sera communiquée par écrit.  Le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la France, a en effet exprimé sa préférence pour une communication écrite plutôt qu’un long exposé oral pendant la séance.

Le Coordonnateur spécial a également abordé le problème de l’absence d’unité intrapalestinienne, qui continue de nuire à l’approche commune nécessaire au règlement du conflit.  Il a exhorté les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous un gouvernement démocratique unique.  Le soutien régional et certaines mesures israéliennes récentes permettant d’améliorer l’accès des Palestiniens aux permis de travail ainsi que le développement de la 4G vont dans la bonne direction, a-t-il fait remarquer.

Une autre recommandation de M. Wennesland a porté sur le financement de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, qui doit être pris en charge par la communauté internationale pour garantir l’action stabilisatrice de l’agence.  Un appel relayé par l’Irlande, l’Inde, les États-Unis ou encore le Brésil, qui a dénoncé un sous-financement chronique de l’agence alors qu’elle a besoin de pouvoir restaurer ses capacités opérationnelles.

Dans leurs interventions, les membres du Conseil de sécurité ont avant tout exprimé leur inquiétude face à la dégradation de la situation sécuritaire.  Le Mexique a souligné qu’il s’agit de l’année la plus meurtrière depuis 2005, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  La Norvège a appelé Israël à faire preuve de retenue pour éviter que la situation n’échappe à tout contrôle, à l’instar du Kenya et du Ghana qui ont lancé des appels au calme.

La Fédération de Russie s’est inquiétée en particulier de l’expansion des nouvelles colonies israéliennes dans les territoires occupés, y voyant un des principaux obstacles à la solution des deux États.  L’extension des colonies et la multiplication des violences par les colons à l’encontre des Palestiniens ont été unanimement déplorées par les membres du Conseil, dont la Chine qui a rappelé qu’Israël, en tant que Puissance occupante, a la responsabilité d’assurer la sécurité de la population des territoires occupés.

Les récentes déclarations du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du Premier Ministre israélien Yair Lapid devant l’Assemblée générale des Nations Unies réaffirmant leur engagement en faveur d’une solution à deux États ont reçu un accueil favorable au Conseil de sécurité, l’Albanie soulignant qu’il s’agit de la première déclaration en ce sens par un dirigeant israélien depuis 10 ans.  Le représentant français a appelé à traduire ce discours en actes sur le terrain, faisant écho aux nombreux appels exprimés par les membres du Conseil de sécurité à la reprise des négociations directes.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

clarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 (2016) couvrant la période du 17 juin au 20 septembre.  Il a dressé la liste des incidents intervenus durant cette période, évoquant les tentes plantées par des colons israéliens en Cisjordanie entre le 19 et le 21 juillet et retirées, car illégales, par les autorités israéliennes, le projet de construction israélien de 1 215 maisons sur le site de l’aqueduc inférieur à proximité du quartier palestinien de Umm Tuba, y compris au-delà de la ligne verte à Jérusalem-Est, la décision de la Cour suprême israélienne du 27 juillet annulant l’évacuation de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramin au motif que le site avait été alloué de bonne foi par les Palestiniens aux colons, l’emménagement de colons dans une maison palestinienne dans le site H2 d’Hébron le 28 juillet, ainsi que le projet de construction de 700 logements à Jérusalem-Est le 5 septembre.  Les démolitions et saisies de structures palestiniennes continuent en Cisjordanie au motif de l’absence de permis israéliens de construire, presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens, a-t-il expliqué.  Il a dénombré 237 personnes, dont 116 enfants, qui ont ainsi été déplacées, sachant que 41 structures étaient financées par des donateurs. 

Le 21 juillet, a-t-il poursuivi, la Cour suprême israélienne a suspendu de manière conservatoire un décret d’éviction.  Il a également noté la destruction par les forces de sécurité israéliennes de quatre maisons appartenant à la famille de Palestiniens accusés du meurtre d’Israéliens, déplaçant 31 personnes dont 13 enfants.  Il a aussi mentionné la pression exercée par Israël sur deux communautés palestiniennes dans la Zone C pour qu’elles quittent leurs logements.  Le Coordonnateur spécial a regretté les violences quotidiennes: en Cisjordanie, a-t-il indiqué, 29 Palestiniens sont morts, dont 6 enfants, et 1 813 ont été blessés, dont 27 femmes et 194 enfants.  À Gaza, les Forces de défense israéliennes ont mené 147 bombardements et les militants palestiniens ont tiré 1 100 missiles; 49 Palestiniens ont été tués, dont au moins 26 civils, 64 Israéliens ont été blessés dont 62 légèrement, y compris 9 enfants.  Après avoir noté que les forces de sécurité israéliennes avaient procédé à 906 opérations d’arrestation dans la Cisjordanie ayant donné lieu à 1 528 arrestations, il a dressé la liste des incidents individuels ayant entraîné la mort ou la blessure de Palestiniens et d’Israéliens entre le 19 juin et le 19 août.

À ce stade de son exposé, le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la France, a demandé à M. Wennesland de transmettre par écrit plutôt que par oral, la liste des autres incidents et de présenter directement les observations du Secrétaire général au sujet de la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2334.  Le Coordonnateur spécial a acquiescé en notant néanmoins qu’une telle demande ne correspondait pas à la procédure habituelle.

Poursuivant, il s’est dit profondément préoccupé de l’extension des colonies israéliennes sur le territoire occupé de la Cisjordanie.  La décision Mitzph Kramim de la Cour suprême israélienne est également préoccupante et pourrait faire jurisprudence pour la légalisation d’avant-postes supplémentaires en droit israélien, a-t-il indiqué, rappelant que ces colonies n’ont pas de validité légale et constituent des violations flagrantes du droit international et des résolutions des Nations Unies.  Ces activités doivent cesser, a-t-il tranché.  Les démolitions et saisies des propriétés palestiniennes constituent également une importance source d’inquiétude, en particulier la situation à Masafer Yatta, ou 1 000 Palestiniens, dont 569 enfants, sont confrontés au risque d’une éviction imminente. 

Le Coordonnateur spécial a appelé Israël à mettre fin aux démolitions et aux déplacements forcés, conformément à ses obligations du droit international humanitaire et des droits humains.  De même, les morts et les blessés parmi la population civile, y compris les enfants, sont particulièrement préoccupants, a indiqué M. Wennesland, appelant Israël à prendre des précautions pour épargner les civils lors des opérations militaires.  Il a également condamné les missiles lancés par des groupes armés palestiniens.  Les violences des colons à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie, parfois en présence de forces israéliennes, restent également particulièrement préoccupantes, a-t-il ajouté.  Il a condamné les actes de terrorisme contre les civils, y compris l’attaque du 14 août contre des fidèles juifs, et a exprimé son inquiétude face à la fermeture des bureaux de sept organisations non gouvernementales palestiniennes.

Le Coordonnateur spécial a également noté que l’absence d’unité intrapalestinienne continue de porter préjudice à une approche commune pour résoudre le conflit et répondre aux besoins de sa population.  Il a donc appelé les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous un gouvernement démocratique unique et pour l’organisation d’élections.  Le soutien régional et américain aux hôpitaux de Jérusalem-Est, l’engagement israélien à améliorer l’accès palestinien au pont Allenby et la transition vers la technologie 4G pour soutenir la croissance économique constituent des développements bienvenus.  Il a également appelé la communauté internationale à soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA) afin de garantir son rôle stabilisateur dans la région.  Si certaines améliorations sont intervenues, notamment l’augmentation des permis de travail permettant aux Palestiniens de Gaza de travailler à Israël, la situation humanitaire à Gaza reste critique, a-t-il prévenu en invitant Israël à lever ses mesures restrictives conformément à la résolution 1860 (2009).  Il a craint également que la trajectoire et les tendances négatives actuelles fassent peser un risque sur la situation socioéconomique et la construction d’institutions préparées par l’Autorité palestinienne pour obtenir le statut d’État, rappelant la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.  Il s’est, à ce sujet, félicité des quatre éléments stratégiques du rapport du Bureau du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient au Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens le 22 septembre.

En conclusion, le Coordonnateur spécial a félicité le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, pour avoir réaffirmé son soutien à la solution des deux États lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 22 septembre et a noté l’engagement du Président Mahmoud Abbas à une résolution pacifique du conflit.  Il a également pris note des nombreuses réunions intervenues en marge de l’Assemblée générale sur le sujet.  Il a néanmoins regretté le peu de progrès dans l’application de la résolution 2334 depuis son adoption en décembre 2016, avertissant que la trajectoire actuelle nous conduit dans un état de violence perpétuelle et de conflits.

Mme MONA JUUL (Norvège) a salué l’appui apporté par le Premier Ministre israélien Yair Lapid à la solution des deux États dans son discours devant l’Assemblée générale la semaine dernière.  Cette solution est la seule à même de préserver les droits et la sécurité des Israéliens et des Palestiniens.  Elle a déploré le peu de progrès dans l’application de la résolution 2334 (2016), les activités de colonisation s’étant poursuivies.  Ces activités illicites aggravent les tensions et sapent la solution des deux États, a tranché Mme Juul.  Elle a condamné les violences commises par les colons et le harcèlement des Palestiniens. 

La représentante s’est dite vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie qui risque d’échapper à tout contrôle.  Tout en reconnaissant les préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël, elle a appelé à la retenue.  Il doit être fait usage de la force seulement en cas de nécessité, en veillant à minimiser les conséquences contre les civils, notamment les enfants, et à préserver la vie, a-t-elle déclaré.  Enfin, Mme Juul a souhaité attirer l’attention du Conseil sur les cinq prisonniers exécutés à Gaza le 4 septembre.  « La peine de mort est une pratique inacceptable qui doit immédiatement cesser. »

M. ZHANG JUN (Chine) a souligné que le débat général de l’Assemblée générale n’a pas oublié le sort du peuple palestinien, les participants voulant miser sur un règlement global de la question palestinienne.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité prenne des mesures concrètes pour aider le peuple palestinien, de sorte qu’il puisse jouir d’une paix durable.  Les participants au débat général ont souligné la pertinence de la solution des deux États, a encore rappelé le délégué en notant le consensus international à ce sujet.  C’est, à son avis, une question de justice et d’équité qu’il faut respecter.  Il a également noté que pour le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, la solution des deux États va dans l’intérêt d’Israël et l’avenir de ses enfants.  Rapportant aussi les propos du discours du Président palestinien, il a dit que M. Mahmoud Abbas a salué cette déclaration du responsable israélien.  Toujours est-il qu’Israël sera jugé sur sa volonté de mettre en œuvre la solution des deux États, les résolutions du Conseil de sécurité, l’initiative de paix arabe et d’autres consensus internationaux, a prévenu le représentant.

Concernant les questions sécuritaires, Israël et la Palestine sont des voisins donc la sécurité est une et indivisible, a-t-il observé.  Il a recommandé à la communauté internationale d’accorder une importance égale aux préoccupations des deux parties par le dialogue et la coopération.  La Puissance occupante doit assurer la sécurité de la population des territoires occupés, a-t-il plaidé, ajoutant que la colonisation viole le droit international et restreint l’espace de vie des Palestiniens.  Le représentant a estimé que les progrès dans ce domaine demeurent modestes, au regard du rapport du Secrétaire général.  Il a martelé qu’Israël doit cesser la colonisation et montré du doigt le manque de volonté de ce pays d’assurer la justice et l’équité.  Paraphrasant le Président Abbas, il a demandé au Conseil de sécurité de mettre en œuvre ses résolutions sur la question palestinienne en promouvant le dialogue et la coopération.  Personne n’a le droit au veto sur l’avenir du peuple palestinien, a-t-il décrété en disant que la Chine appuie la création d’un État palestinien indépendant.  Le Conseil doit s’efforcer de sortir de l’impasse, a encouragé le représentant. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a constaté « l’expansion implacable » de nouvelles colonies par Israël, en « violation flagrante » de la résolution 2334 (2016) et du droit international, et demandé à Israël de cesser toute activité de colonisation.  Il a regretté l’augmentation continue en 2022 des plans de construction de colonies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Notant que les plans d’établissement et d’expansion de colonies dans les gouvernorats de Naplouse, de Ramallah et aux abords de Jérusalem et de Bethléem constituaient la plus grande menace pour la contiguïté territoriale d’un futur État palestinien, il s’est dit particulièrement préoccupé par les zones E1, Givat Hamatos, Atarot, l’aqueduc inférieur, Givat Hashaked et Har Gilo ouest, qui auraient pour effet d’encercler Jérusalem-Est, la déconnectant des principales zones urbaines du reste de la Cisjordanie.  M. Mythen s’est en outre alarmé de la violence des colons, notant une augmentation de 34% de la moyenne mensuelle des incidents cette année par rapport à 2021 et de 83% par rapport à 2020.  Il a déploré le nombre de victimes des forces israéliennes en Cisjordanie, où plus de 80 Palestiniens ont été tués et plus de 7 400 blessés cette année.  Le représentant a demandé à Israël de ne pas procéder aux démolitions dans le village de Khallet Athaba à Masafer Yatta, expliquant que les expulsions forcées résultant des démolitions donnent lieu à des violations des droits de l’homme.  Si Israël a le droit de se défendre, il doit respecter ses obligations en vertu du droit international. 

Le représentant a soutenu l’appel de Lina Abu Akleh, la nièce de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh à une enquête indépendante sur la mort de sa tante.  Il s’est félicité que l’Irlande ait pu augmenter de 2 millions d’euros son soutien à l’Office de soutien et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), portant son soutien total à 8 millions d’euros cette année.  Il a demandé à tous les États Membres, y compris ceux de la région, d’intensifier leur soutien à l’UNRWA.  M. Mythen s’est également dit préoccupé par la crise humanitaire à Gaza, exacerbée par le blocus israélien en cours.  Il s’est encore inquiété de la situation des droits de l’homme à Gaza et a condamné l’exécution par le Hamas de cinq prisonniers le 4 septembre dernier, l’appelant à mettre fin à la pratique des exécutions et à rendre les Israéliens capturés, y compris les restes humains, à leurs proches. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé, au regard des derniers événements du mois d’août, que la situation dans les territoires palestiniens occupés restera explosive jusqu’à ce que les parties parviennent à un compromis mutuellement acceptable sur toutes les questions du statut final.  Le délégué a évoqué les éclats de violence en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, expliquant que cela est dû principalement à la stagnation du processus de paix.  Il a dénoncé les actions unilatérales des Israéliens et l’usage disproportionné de la force contre les Palestiniens.  Il a évoqué des décisions arbitraires au quotidien, comme ces incarcérations massives de Palestiniens dans les prisons israéliennes sans présentation de charges contre eux, qui concernent environ 700 personnes.  Il a aussi parlé d’actes de provocation comme la violation du statut des Lieux saints de Jérusalem.  De même, la liberté de la presse est bafouée, jusqu’au meurtre de journalistes, tandis que les restrictions sont imposées aux activités d’organisations de défense des droits humains.

Le représentant a rappelé qu’en vertu de sa résolution 2334 (2016), le Conseil de sécurité a établi que la création de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, est une violation du droit international et l’un des principaux obstacles à un règlement sur la base de la solution des deux États.  Il a noté que les actions illégales arbitraires d’Israël s’étendent au-delà de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.  Il a ainsi dénoncé de telles actions à l’égard de pays arabes, faisant référence à de nombreux épisodes de violation de leur souveraineté, y compris pour mener des attaques sur le territoire de la Syrie et du Liban.  « Nous nous opposons à une telle défense de la sécurité nationale qui crée des menaces pour d’autres pays et qui risque de transformer le Moyen-Orient en arène d’affrontement avec l’Iran », a dit le délégué.

Le représentant a plaidé pour que la communauté internationale joue son rôle constructif à la fois dans le conflit israélo-palestinien, mais également pour atténuer les graves problèmes humanitaires et socioéconomiques dans les territoires occupés, notamment dans la bande de Gaza.  Il s’est dit convaincu qu’il n’y a pas d’alternative aux négociations directes entre Palestiniens et Israéliens pour un règlement final, dénonçant les actions contre-productives de Washington qui bloquent l’activité du Quatuor de médiateurs internationaux tentant d’imposer une paix économique.

Mme AURELIE FLORE KOUMBA PAMBO (Gabon) a regretté l’absence de progrès sur la question palestinienne et la détérioration de la situation humanitaire, notamment dans les territoires palestiniens occupés, réaffirmant l’attachement de son pays à la solution des deux États sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale.  Elle a invité les parties à reprendre les négociations de bonne foi et souligné le rôle crucial des pays de la région et du Quatuor à cette fin.  La récente déclaration du Premier Ministre israélien Yair Lapid à l’Assemblée générale en faveur d’un accord avec les Palestiniens fondé sur deux États est « encourageante », a-t-elle indiqué, de même que les efforts déployés par le Quatuor et d’autres partenaires comme l’Allemagne, la France, l’Égypte, la Jordanie et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour aboutir à une solution partagée.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé à la préservation de la solution des deux États dans l’intérêt de la paix dans la région.  Il a condamné les actes terroristes perpétrés contre Israël et exhorté tous les groupes militants à se consacrer à l’élaboration d’un processus politique robuste à même d’instaurer la paix.  Nous sommes également préoccupés par l’insécurité et la situation humanitaire critique qui prévalent dans certaines zones de la Palestine, a dit le délégué, avant de dénoncer les violations commises contre les Palestiniens.  L’insécurité croissante en Cisjordanie et à Gaza sape la solution des deux États, a tranché le délégué, avant d’exhorter les parties à œuvrer à une désescalade des tensions et à revenir à la table des négociations.  Enfin, il a exhorté Israël à respecter les droits inaliénables des Palestiniens, avant de souligner une nouvelle fois l’importance capitale de réaliser ladite solution.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé l’engagement du Premier Ministre d’Israël vis-à-vis de la solution des deux États lors du récent débat général de l’Assemblée générale.  Cet engagement sans précédent a été salué par le Président de la Palestine, a souligné le représentant.  La solution des deux États est la seule manière d’assurer la paix, a-t-il estimé formant le vœu qu’Israël et la Palestine agissent pour mettre fin à ce conflit perpétuel.  Il a aussi insisté sur l’importance de maintenir le cessez-le-feu entre des militants palestiniens et Israël car la violence est une fausse promesse.  M. Hoxha a encouragé les deux parties à s’inspirer des Accords d’Oslo qui constituent un exemple pour conclure d’autres accords.  Il a souhaité la reprise dès que possible des pourparlers de paix pour la création d’un État palestinien viable et pour la sécurité d’Israël.  Il a en outre rejeté et condamné tout acte de terrorisme contre Israël.  « Ce pays a le droit de se défendre tout en respectant la loi. »  Récemment victime de cyberattaques contre ses infrastructures stratégiques, l’Albanie comprend bien la préoccupation d’Israël qui fait face à des attaques visant à détruire ses infrastructures nationales, a partagé le représentant, qui a rappelé à Israël que les colonies et leur expansion sont contraires à la solution des deux États et au droit international. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a regretté « le manque de progrès significatifs » dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), et appelé, dans le respect de la résolution, à la définition d’objectifs clairs, d’un calendrier et de solutions atteignables.  Il s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et a exhorté toutes les parties au calme.  L’établissement de colonies, les démolitions de maisons et les expulsions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est constituent selon lui des violations du droit international.  Le représentant a aussi condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, le Jihad islamique et d’autres groupes en Israël, demandant la reddition de comptes et des efforts accrus pour remédier au cycle des conflits.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a souhaité que le Moyen-Orient passe par une transformation qui permette aux peuples de la région de connaître la paix.  Elle a salué la déclaration du Premier Ministre israélien au cours du dernier débat général de l’Assemblée générale sur sa volonté de voir se concrétiser la solution des deux États.  Elle a appelé les parties à la modération et à la retenue.  La déléguée a rappelé que les colonies de peuplement sont contraires au droit international et a dénoncé les attaques des colons contre les fermiers palestiniens.  En outre, elle a insisté sur l’importance de préserver les établissements scolaires palestiniens, faisant remarquer que 56 d’entre eux font l’objet d’ordres de démolition, ce qui pourrait affecter 6 000 enfants palestiniens. 

Mme MELINA ESPESCHIT MAIA (Brésil) a réaffirmé que la solution des deux États dans le cadre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité reste la seule voie possible et s’est félicitée de la déclaration du dirigeant israélien à l’Assemblée générale, espérant qu’elle permette la reprise des négociations.  Elle a exhorté les parties à maintenir le cessez-le-feu et à faire preuve de la plus grande retenue, ainsi qu’à respecter le droit international humanitaire et à mener des enquêtes pour clarifier les violations alléguées.  La sûreté et la sécurité des sites religieux doivent également être garanties.  La représentante a rappelé la nécessité de « ne pas sous-estimer le rôle de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et du désespoir dans la création d’un terrain propice à l’extrémisme ».  L’allégement des restrictions des biens depuis et vers Gaza constitue, sur ce point, un élément positif.  En conclusion, elle a appelé à restaurer les capacités de l’UNRWA, qui joue un rôle important pour des millions de réfugiés palestiniens risquant d’être laissés sans assistance par son sous-financement chronique. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué l’appui apporté par le Premier Ministre Yair Lapid et par le Président Mahmoud Abbas à la solution des deux États dans leur discours devant l’Assemblée générale la semaine dernière.  « La solution des deux États est la meilleure chance d’une paix durable. »  Vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie, la représentante a appelé les parties à œuvrer à la désescalade des tensions.  Elle a enjoint Israël à renoncer aux démolitions prévues en Cisjordanie, de telles démolitions étant contraires au droit international.  Elle a par ailleurs condamné la récente exécution de cinq prisonniers à Gaza, en marquant l’opposition de son pays à la peine de mort.  Mme Woodward s’est également dite « horrifiée » par les attaques terroristes contre les civils israéliens.  Rien ne peut justifier de telles attaques selon elle.  Enfin, elle a appuyé le travail de l’UNRWA et appelé à un dialogue approfondi entre les parties.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré le peu de progrès et même le recul dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) pointant du doigt l’expansion des colonies israéliennes qui compromet la viabilité de la solution des deux États.  Il a déploré l’augmentation de la violence y compris le dernier attentat qui s’est produit à Holon, tuant une Israélienne.  La situation est fragile à Jérusalem-Est, a continué le délégué dénonçant les provocations sur l’esplanade des Mosquées qui peuvent avoir des conséquences désastreuses.  Il a appelé à la modération et à éviter toute action qui menace le caractère historique, démographique, religieux et culturel de la ville.  Le représentant a pris note de la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie et exhorté les forces de l’ordre israéliennes à respecter les principes de nécessité, de proportionnalité et de distinction. 

S’agissant du processus politique, le représentant a demandé que les mesures de confiance s’accompagnent d’un processus inclusif et de grande envergure auquel Israël et la Palestine participent de manière constructive, dans le but de s’attaquer aux causes structurelles du conflit.  Il a rappelé les réunions tenues pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale en vue de promouvoir des mesures pour rétablir la confiance et la solution des deux États, soulignant à cet égard le soutien de la communauté internationale et l’engagement du Président Mahmoud Abbas et du Premier Ministre Yair Lapid.  C’est le chemin à suivre et l’heure est à la reprise du processus politique, a estimé le représentant. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde)a demandé que cessent la violence et les attaques contre les civils, s’inquiétant des attentats terroristes en Israël et des incidents en Cisjordanie.  Elle a demandé « le respect du statu quo historique et juridique des lieux saints ».  Rappelant que l’Inde procurait une aide bilatérale aux Palestiniens dans de nombreux secteurs, la déléguée a ajouté que son pays avait déboursé sa contribution de cinq millions de dollars pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Enfin, elle a appelé à la reprise des pourparlers directs en vue de réaliser la solution des deux États. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, pour le Président Biden, la solution des deux États reste l’objectif ultime.  Elle a dit qu’il appartient aux deux parties de travailler de bonne foi pour parvenir à deux États, pour les deux peuples.  Selon elle, il n’y a pas de raccourci.  Elle a jugé contre-productives les méthodes utilisées telles que les attentats visant les Israéliens, les colonies de peuplement ou encore la violence perpétrée par les colons israéliens qui sont parfois escortés par les forces de l’ordre.  La déléguée a assuré que les États-Unis jouent leur rôle.  La preuve en est que le Président Biden a annoncé un financement supplémentaire pour l’UNRWA et que le pays apporte son soutien pour l’installation de la technologie 4G dans les territoires palestiniens.  « Mais nous ne pouvons tout faire seul », a lancé Mme Thomas-Greenfield en invitant également d’autres acteurs à contribuer à la cause palestinienne.  Elle a aussi appelé les autorités palestiniennes à éviter de payer les proches de ceux qui commentent des attentats contre les Israéliens.  Les États-Unis ne vont pas hésiter à coopérer avec leurs partenaires pour façonner un avenir meilleur au Moyen-Orient, a-t-elle conclu

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la priorité est l’arrêt des mesures unilatérales, soulignant que la colonisation illégale en droit international remet en cause toute possibilité de reprise du processus de paix et de la solution des deux États.  La France, a-t-il indiqué, est particulièrement préoccupée de la situation dans le quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est, et dans le gouvernorat de Bethléem.  Il a exhorté à faire cesser les démolitions et les évictions et à respecter le statu quo des Lieux saints.  Le représentant a affirmé l’urgence de relancer les négociations directes entre les parties, saluant à ce sujet l’ouverture exprimée par le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, et l’appelant à traduire ce discours en actes sur le terrain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine la validité des référendums séparatistes organisés dans les territoires ukrainiens sous contrôle russe

9138e séance – après-midi
CS/15039

Le Conseil de sécurité examine la validité des référendums séparatistes organisés dans les territoires ukrainiens sous contrôle russe

À la demande de l’Ukraine, relayée par les États-Unis et l’Albanie, le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour examiner la question des référendums séparatistes organisés dans les territoires ukrainiens sous contrôle russe. Malgré l’opposition de la Fédération de Russie, le Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a pu prendre part par visioconférence à la séance, lors de laquelle la plupart des membres du Conseil ont estimé, à l’image de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, que les scrutins ne remplissaient pas les conditions nécessaires à la libre expression de la volonté populaire.

Mme DiCarlo a estimé que les référendums, organisés par les autorités de facto des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia, à partir du 23 septembre, soit au lendemain de la dernière réunion du Conseil sur l’Ukraine, « menacent d’aggraver encore le conflit ». Elle a rappelé que les scrutins se déroulaient pendant un conflit armé actif, dans les zones sous contrôle russe et en dehors du cadre juridique et constitutionnel de l’Ukraine, et qu’ils ne pouvaient être qualifiés de véritable expression de la volonté populaire. Elle y a vu des actions unilatérales visant à donner un vernis de légitimité à la tentative d’acquisition par la force par un État du territoire d’un autre État, avant de rappeler le plein attachement de l’ONU à la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

Après avoir dénoncé des « simulacres de référendum », M. Zelenskyy a, quant à lui, jugé crucial « d’isoler complètement » la Russie, y compris en l’expulsant de toutes les organisations internationales, ou à tout le moins en suspendant sa participation.

Plusieurs des membres du Conseil ont affirmé, à la suite des États-Unis, qu’ils ne reconnaîtraient pas la validité des « simulacres de référendum ». Pour l’Irlande, « la force ne fait pas le droit ».  Le Royaume-Uni a souligné que des référendums organisés sous la menace de mitraillettes ne pouvaient être justes.  L’Albanie a estimé que les scrutins avaient été organisés pour cacher l’échec militaire de l’armée russe et légitimiser sa conquête. La France a dénoncé la même « manœuvre » que celle utilisée pour l’annexion illégale de la Crimée en 2014.  Le Ghana a regretté les tentatives de désintégrer l’autorité légitime du Gouvernement ukrainien sur son territoire et le Mexique a rappelé que toute tentative visant à détruire l’intégrité territoriale ou l’unité nationale d’un pays était incompatible avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Le Brésil a jugé déraisonnable de supposer que les populations des régions en conflit pourraient exprimer librement leur volonté et vu dans ces scrutins une nouvelle étape qui mène à une escalade du conflit, tout comme le Kenya.  La Chine, les Émirats arabes unis et l’Inde ont mis en avant le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.

Les référendums se sont déroulés dans des conditions de transparence exceptionnelles et dans le plein respect de toutes les normes électorales, a au contraire assuré la Fédération de Russie, pour qui « les habitants des régions de Kherson et de Zaporijia pourront enfin être sûrs que personne ne leur retirera le droit de parler russe et d’enseigner à leurs enfants dans leur langue maternelle ».  En refusant aux habitants du Donbass et des territoires libérés de l’Ukraine le droit à l’autodétermination, les délégations occidentales font preuve d’un double langage flagrant, puisque ces mêmes pays étaient au premier rang des partisans de l'indépendance du Kosovo, a ajouté le représentant russe, qui s’est dit conscient du fait que les anciens partenaires occidentaux de la Russie ne voudraient pas l’entendre.

De fait, les États-Unis, qui ont appelé les autres États membres à avoir « le courage de défendre la Charte, le courage de parler d’agression et le courage de lutter contre ces tentatives éhontées d’annexion », ont annoncé le dépôt prochain d’un projet de résolution visant à condamner ce « simulacre de référendum », à demander aux États membres de ne pas accepter un statut modifié de la nature de l’Ukraine et à obliger la Russie à retirer ses forces de l’Ukraine.  Si la Russie ne rend pas des comptes au Conseil, les États-Unis porteront cette résolution devant l’Assemblée générale, a, d’ores et déjà, promis la représentante des États-Unis.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L'UKRAINE

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a exprimé son opposition à l’intervention par liaison vidéo de M. Volodymyr Zelenskyy, Président de l’Ukraine.  Il a précisé que la Fédération de Russie ne s’était jamais opposée à la participation de l’Ukraine, à condition qu’elle se fasse en personne, conformément aux règles du Conseil de sécurité.  Il a déploré l’opération de « relations publiques » menée en faveur du Président ukrainien, estimant qu’elle transformait le Conseil de sécurité en « spectacle ».  Il a en outre estimé que l’exception faite en faveur du Président ukrainien constituait une discrimination au sein de l’ONU, organisée à l’initiative des pays occidentaux, et qu’il a qualifiée de russophobie.  Le représentant a déploré les « deux poids, deux mesures » de ces États au profit de l’Ukraine, en soulignant par ailleurs l’aide apportée à l’Ukraine alors que d’autres pays en ont besoin, ainsi que le traitement des réfugiés ukrainiens, qui contraste avec le traitement réservé à d’autres réfugiés.

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a noté le niveau exceptionnel d’attention porté à la guerre en Ukraine, estimant qu’il reflétait la préoccupation mondiale largement répandue au sujet de ses conséquences dangereuses et de grande envergure.  Elle a indiqué que depuis la dernière réunion du Conseil sur l’Ukraine le 22 septembre, « nous avons vu des actions qui menacent d’aggraver encore le conflit ».  En ce moment, des soi-disant « référendums » ont été organisés par les autorités de facto des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia.  Il a été demandé aux Ukrainiens s’ils approuvaient le fait que leur région rejoigne la Fédération de Russie.  Le vote a eu lieu dans les centres de vote, et les autorités de facto, accompagnées de militaires, ont également fait du porte-à-porte avec des urnes. 

Ces exercices, qui ont débuté le 23 septembre se sont déroulés pendant le conflit armé actif, dans les zones sous contrôle russe et en dehors du cadre juridique et constitutionnel de l’Ukraine; ils ne peuvent pas être qualifiés de véritable expression de la volonté populaire, a expliqué Mme DiCarlo.  Selon elle, des actions unilatérales, visant à donner un vernis de légitimité à la tentative d’acquisition par la force par un État du territoire d’un autre État, tout en prétendant représenter la volonté du peuple, ne peuvent être considérées comme légales en vertu du droit international. 

La Secrétaire générale adjointe a réitéré que l’ONU demeure pleinement attachée à la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, et conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Elle a rappelé qu’en tant que Puissance occupante, la Russie était tenue, en vertu du droit international humanitaire, de respecter les lois de l’Ukraine dans l’administration des territoires occupés.

Mme DiCarlo a dressé un bilan des événements militaires des dernières semaines, y compris le succès de la contre-offensive ukrainienne lancée à la mi-septembre.  Elle a fait état des « discours alarmants » concernant l’utilisation d’armes nucléaires, qu’elle a jugé inacceptables, ajoutant que cette rhétorique était incompatible avec la déclaration conjointe, faite le 3 janvier 2022, par les dirigeants des cinq États dotés d’armes nucléaires, sur la prévention de la guerre nucléaire.  Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général à tous les États dotés, y compris la Fédération de Russie, pour qu’ils s’engagent à nouveau à ne pas utiliser et à éliminer progressivement les armes nucléaires.

L’ONU continue d’œuvrer pour soulager les souffrances causées par la guerre, assurer la responsabilité pour les violations et les abus et violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et pour prévenir la détérioration de la situation déjà instable autour des sites nucléaires ukrainiens, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  L’ONU et les organisations partenaires ont besoin d’un accès sûr et sans entrave pour apporter une aide vitale à tous ceux qui en ont besoin, a-t-elle plaidé. 

Mme DiCarlo s’est dite gravement préoccupée par les allégations de violations commises dans certaines parties du nord-est de l’Ukraine, y compris à Izioum.  La Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, mandatée par le Conseil des droits de l’homme a conclu que des crimes de guerre étaient commis en Ukraine, a-t-elle ajouté.  Jugeant « tragique » que le « grand nombre d’exécutions et d’autres violations perpétrées par les forces russes », n’ait pas pu être empêché, elle a ajouté qu’il serait « honteux » de ne pas être capable d’assurer la justice pour les victimes et leurs proches. 

Mme DiCarlo a également marqué sa préoccupation devant les informations faisant état d’attaques incessantes, y compris la semaine dernière, à proximité de la centrale nucléaire de Zaporijia.  Elle a exhorté toutes les parties concernées à coopérer au maximum avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il est impératif que toutes les attaques contre les installations nucléaires cessent et que le caractère purement civil de ces centrales soit rétabli, a-t-elle déclaré.

Enfin, la Secrétaire générale adjointe s’est fait l’écho des inquiétudes exprimées lors du débat général de l’Assemblée générale face aux implications mondiales du conflit ukrainien sur la sécurité alimentaire et l’énergie.  Elle a déclaré que l’Initiative céréalière de la mer Noire continuait de s’accélérer, avec plus de 4,5 millions de tonnes de denrées alimentaires expédiées depuis les ports ukrainiens, notamment vers la Corne de l’Afrique, le Yémen et l’Afghanistan.  Les efforts visant à supprimer les derniers obstacles à l’exportation des produits alimentaires et les engrais se poursuivent également, a-t-elle ajouté, rappelant que ces produits ne faisaient pas l’objet de sanctions et qu’il était crucial de les ramener sur les marchés mondiaux.

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, intervenant par visioconférence, a fait remarquer que le Conseil travaille selon des règles définies mais qu’il comprend « malheureusement » en son sein la Russie.  Personne ne sera surpris si cette salle du Conseil devient une zone de violence du fait de la Russie, qui viole la Charte des Nations Unies, a prévenu le Président, en avertissant que la Russie allait bientôt « détruire » le Conseil.  « Il vous faut agir », a prévenu le Président.

Il a accusé la Russie d’avoir ignoré l’appel de l’AIEA de se retirer des centrales ukrainiennes, poussant le monde au bord d’une catastrophe nucléaire.  Le Président ukrainien a ensuite fustigé le chantage nucléaire auquel la Russie se livre, en estimant que ce pays ne peut être doté de telles armes.  M. Zelenskyy a évoqué la mobilisation entreprise par la Russie, en notant que celle-ci frappe de manière disproportionnée des hommes autochtones, que ce soit en Sibérie ou en Crimée occupée.  En Crimée, tous les hommes autochtones ont ainsi reçu des avis de conscription, a déclaré le Président, pour qui ces derniers sont victimes d’un véritable « génocide ».

Le Président ukrainien a dénoncé les simulacres de référendum qui se sont tenus dans les territoires occupés de l’Ukraine, affirmant que les électeurs ont dû glisser leur bulletin dans l’urne « sous la menace de mitraillettes ».  Il a estimé que cette tentative d’annexion de territoires, prévue de longue date par la Russie, vise à nier le droit international et à enrôler les hommes de ces territoires pour affronter leurs propres compatriotes.  M. Zelenskyy a jugé crucial « d’isoler complètement » la Russie qui ne peut, à son avis, rester au sein de ce Conseil avec son droit de veto.  Parce que cet État conduit un génocide et mène le monde au bord de la catastrophe nucléaire, il doit être exclu de toute organisation internationale, ou du moins suspendu, a tranché le Président.

Il a rappelé que toute annexion de territoire constitue un crime international, en soulignant l’attachement de tous les États au principe d’intangibilité des frontières.  Il a expliqué que toute nouvelle action militaire de la Russie ne change rien et que l’Ukraine continue à se battre pour son droit à exister et pour la défense du droit international.  « Mon pays doit recevoir tout le soutien international dont il a besoin, ainsi que des garanties juridiquement contraignantes sur les frontières de son territoire », a tranché le Président.  Enfin, M. Zelenskyy a déclaré que ce simulacre de référendums montre bien qu’il est impossible de parler au Président Putin, plaidant pour que ce dernier soit mis au ban des nations.  « Je crois en votre capacité à agir », a lancé en conclusion le Président. « Gloire à l’Ukraine. » 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, la semaine dernière, les dirigeants du monde s’étaient réunis à New York pour réaffirmer leur attachement à la Charte des Nations Unies et à nombre des principes clefs, en particulier l’intégrité territoriale, la souveraineté, la paix et la sécurité.  Au lieu de participer à la semaine de haut niveau, le Président Putin a annoncé la reprise des efforts de conscription en Russie et a préparé un référendum illégitime rapide, s’est-elle indignée.  Il a envoyé un émissaire qui a menacé le recours à l’arme nucléaire pour asseoir les avancées militaires de la Russie.

Pour la représentante, l’objectif de tout cela est sans équivoque: la Russie essaie d’annexer ces territoires et ne respecte pas le Conseil de sécurité, ni les principes de la Charte.  M. Putin entend commettre un acte que la Charte des Nations Unies est censée prévenir, a-t-elle souligné, et nous savons que c’est ce qui va se passer, étant donné que cela correspond aux habitudes du Kremlin.  Dénonçant le simulacre de référendums qui sera utilisé pour donner un semblant de légitimité à l’annexion de territoires d’un autre État souverain, Mme Thomas- Greenfield a martelé que nous savons que le résultat de ce référendum, prédéterminé à Moscou, ne représente en rien la volonté du peuple ukrainien, lequel lutte courageusement pour son pays, sa souveraineté et l’intégrité de son territoire.  Les Ukrainiens ont déjà démontré qu’ils n’accepteront jamais de se soumettre au contrôle de la Russie et le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent en faire de même, a poursuivi la représentante.  Les États-Unis ne reconnaîtront jamais un territoire que la Russie essaie de saisir ou d’annexer de manière illégitime.

Nous continuerons de coopérer avec nos partenaires et alliés pour que la Russie en paie le prix et pour appuyer l’Ukraine, a déclaré Mme Thomas- Greenfield, pour qui la justice et la protection de la Charte des Nations Unies ne demande rien de moins.  Il faut avoir le courage de défendre la Charte, le courage de parler d’agression et le courage de lutter contre ces tentatives éhontées d’annexion, a-t-elle ajouté.  La Russie a commencé cette guerre et les États-Unis espèrent que chaque membre du Conseil saura défendre le droit international et la Charte des Nations Unies en lui demandant de cesser cette guerre immédiatement.

Les États-Unis présenteront un projet de résolution pour condamner ce simulacre de référendums, pour demander aux États Membres de ne pas accepter un statut modifié de la nature de l’Ukraine et pour obliger la Russie à retirer ses forces de l’Ukraine, a annoncé Mme Thomas-Greenfield.  Associez-vous à notre effort pour relever le défi en l’attaquant de front, leur a demandé la représentante, en ajoutant que, si la Russie ne rend pas des comptes au Conseil, les États-Unis porteront cette résolution devant l’Assemblée générale.  Avant de conclure, elle a appelé tous les États Membres à être courageux et à appuyer l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé le simulacre de référendums du Kremlin dans les territoires occupés de l’Ukraine.  Il a constaté que la mobilisation décrétée par le Président Putin a poussé les Russes à quitter leur pays en masse parce qu’ils ne veulent pas combattre dans une guerre qu’ils ne reconnaissent pas.  Notant que le soi-disant vote a eu lieu dans des boutiques, dans des chambres de tortures, à la pointe des fusils, le délégué a déclaré que ce spectacle ne convainc personne.  « Ce simulacre de référendums n’a rien à voir avec la démocratie ni avec la volonté du peuple ukrainien. »  De l’avis du représentant, ce référendum a été organisé pour cacher l’échec militaire de l’armée russe et légitimiser la conquête russe.  Selon lui, la Russie panique.

Ce simulacre de référendums est contraire au droit international qui interdit la modification de frontières par la force, a rappelé le représentant, ajoutant qu’il va à l’encontre de la Constitution ukrainienne d’autant que la loi martiale qui est en vigueur en Ukraine empêche l’organisation de référendum.  « Ce simulacre de référendums est un acte d’agression. »  Il est contraire à la Charte des Nations Unies et au droit international, a réitéré le délégué albanais qui a condamné la guerre d’agression de la Russie et son simulacre de référendums.  L’Albanie ne le reconnaîtra jamais, a encore martelé le représentant qui a appelé à s’y opposer, « parce que c’est un vol des territoires de l’Ukraine ».  Par ailleurs, la Russie a commis des crimes de guerre en Ukraine, a déclaré le délégué insistant qu’il n’y aura jamais de prescription contre ces crimes.  Il faut aider l’Ukraine à défendre son territoire, a-t-il conclu.

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a condamné le « simulacre de référendums » organisé par la Russie ou ses mandataires dans les territoires occupés ukrainiens.  Ces référendums, a déclaré le représentant, sont illégaux car ils violent la Charte des Nations Unies et les obligations de la Russie en vertu du droit international, y compris le droit de l’occupation, de même que la Constitution ukrainienne, qui est la base juridique pour toute consultation affectant les limites territoriales du pays.  Ils sont également illégitimes parce qu’ils ne reflètent pas la volonté librement exprimée du peuple ukrainien, a-t-il ajouté, avant de rappeler que plus de 1 million d’habitants des territoires occupés ont été déplacés vers la Russie dans le cadre de cette invasion. 

« La force ne fait pas le droit », a souligné M. Mythen, pour qui ces référendums n’auront pas non plus d’effet juridique ou politique sur le statut de la centrale nucléaire de Zaporijia ou d’autres installations nucléaires ukrainiennes.  À ses yeux, ces référendums sont un « stratagème cynique » pour non seulement saper davantage la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais aussi tenter de relancer une guerre injustifiée en redéfinissant des régions de l’Ukraine comme parties intégrantes de la Russie.  Après avoir durement acquis le droit de s’établir comme une démocratie souveraine libre de toute ingérence étrangère, l’Ukraine « s’en tient courageusement à ce choix », a-t-il relevé, enjoignant une nouvelle fois à la Russie de mettre fin immédiatement à son agression, de respecter ses obligations en vertu du droit international et de retirer sans condition toutes ses forces du territoire ukrainien. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a souligné que l’Inde avait appelé à plusieurs reprises à la cessation immédiate des hostilités et la nécessité de résoudre le conflit en cours par le dialogue et la diplomatie, y compris, sans équivoque, par le Premier Ministre Modi lors de sa rencontre avec le Président Putin en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shangaï à Tachkent.  L’ordre mondial est ancré sur le droit international, la Charte des Nations Unies et le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, a rappelé la représentante.  Elle a affirmé que l’Inde fournit à la fois une aide humanitaire à l’Ukraine et un soutien économique à certains de ses propres voisins du Sud global, qui connaissent une détresse économique alors même que les prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais flambent du fait du conflit.  Elle a appelé à mettre fin à ce conflit en Ukraine et à revenir à la table des négociations. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a exprimé son inquiétude quant à l’agression russe en cours en Ukraine en violation des principes fondamentaux du droit international, soulignant que de telles actions sapent les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies et des normes guidant les relations internationales.  Il a mis en garde contre les menaces de l’utilisation d’armes nucléaires qui ne peuvent que « conduire à l’abîme sombre d’une catastrophe nucléaire, sans vainqueur ».  Le Ghana, a-t-il déclaré, est particulièrement inquiet de l’organisation de référendums dans les régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia, regrettant les tentatives de désintégrer l’autorité légitime du Gouvernement ukrainien sur son territoire.  Il a noté, avec inquiétude, l’augmentation des victimes humanitaires et a appelé à cesser immédiatement les hostilités, à s’abstenir de viser les civils et les infrastructures civiles, et à retirer les troupes russes des frontières internationalement reconnues de son voisin.  La situation en Ukraine renforce la nécessité d’un Conseil de sécurité réformé et réactif, a-t-il conclu.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a indiqué que les simulacres de référendum qui se sont tenus dans les régions d’Ukraine constituent une violation flagrante de la souveraineté de ce pays et des principes de la Charte.  « Il s’agit d’un effort honteux de propagande visant à justifier la présence illicite de la Russie sur le territoire souverain ukrainien », a déclaré le représentant, en ajoutant que le même processus de désinformation et d’intimidation avait eu lieu en Crimée.  Il a déclaré que, depuis l’invasion, le contrôle de la Russie sur ces régions se fait au moyen de la violence, de la torture et des disparitions forcées.  « Tout référendum se tenant sous la menace de mitraillettes ne peut être juste », a asséné le représentant, en parlant de « farce » et de « simulacre ».  Pour le Royaume-Uni, la situation en Ukraine est à un tournant, en estimant qu’aucun pays ne peut fermer les yeux devant le viol par la Russie des principes de la Charte.  Au lieu d’envoyer des milliers de Russes à la mort, le Président Putin doit mettre fin à cette guerre insensée, a conclu M. Kariuki.

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a dit partager les préoccupations concernant les référendums dans les régions d’Ukraine.  Dans les conditions actuelles, c’est encore une autre étape qui mène à une escalade du conflit, a-t-il relevé.  Loin d’exprimer la volonté du peuple des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia, les référendums tendent à éloigner encore plus la perspective de négociations de paix, a-t-il déploré.

À de nombreuses occasions dans le passé, notamment dans le contexte de la décolonisation, la tenue de référendums a été le moyen choisi par les peuples pour exprimer leur libre arbitre, a souligné le représentant, qui a toutefois ajouté que leur validité dépendait de certaines conditions.  Or, il est déraisonnable de supposer que les populations des régions en conflit peuvent exprimer librement leur volonté.  En outre, la pratique internationale recommande l’organisation de référendums sur les questions de souveraineté de manière transparente, sans restriction à la liberté d’expression et avec la possibilité de contrôle par des observateurs indépendants.  Cela ne semble pas être le cas pour les régions susmentionnées d’Ukraine, a estimé M. De Ameilda Filho.  Le Brésil s’en tient aux principes de respect de l’intégrité territoriale ou de l’unité politique des États souverains et indépendants.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a invoqué la résolution 1514 de l’Assemblée générale, qui dit que toute tentative visant à détruire l’intégrité territoriale ou l’unité nationale d’un pays est incompatible avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies, pour demander à tous les États de respecter cela.  Le Mexique appuie le droit à l’autodétermination des peuples, a assuré le représentant, tout en expliquant que l’exercice de ce droit ne saurait être considéré ou interprété comme autorisant ou encourageant une action qui menacerait l’intégrité territoriale ou l’unité politique d’un État souverain indépendant.  Compte tenu de la gravité du contexte dans lequel ont été organisés les référendums dans certaines parties de l’Ukraine, le représentant a demandé un dialogue urgent entre les parties.  Il a souhaité que les voies diplomatiques soient renforcées pour permettre une médiation et parvenir à une cessation des hostilités.

M. ZHANG JUN (Chine) a pris note de l’évolution de la situation en Ukraine.  Notre position, a-t-il ajouté, reste cohérente et claire: la souveraineté et l’intégrité territoriale de tout pays doivent être respectées.  De même, les principes et le but de la Charte des Nations Unies ainsi que les préoccupations légitimes de tous les pays doivent être respectés.  La Chine a toujours défendu la paix et reste déterminée à promouvoir la paix et le dialogue, a poursuivi le représentant, qui s’est dit préoccupé par la crise en Ukraine et ses effets dominos dans le monde.

Le représentant a rappelé que les chefs d’État qui ont participé au dernier débat général avaient demandé que cesse cette crise.  Il a dénoncé les affrontements, l’isolement et les sanctions qui ne mènent nulle part.  Il faut ouvrir la voie aux négociations le plus rapidement possible et mettre sur la table toutes les options possibles, a-t-il ajouté.  Il a rappelé l’importance du respect de l’ordre international fondé sur le droit.  Le Conseil de sécurité doit utiliser les outils de la Charte et insister sur le cessez-le-feu et les négociations.  Il doit ouvrir la voie à une solution politique, a-t-il ajouté, avant de demander qu’on empêche toute escalade.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) s’est dit préoccupé par les référendums organisés dans les oblasts de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia et par leur impact sur la paix et la sécurité internationales. Citant le Secrétaire général de l’ONU, il a rappelé que « toute annexion de territoire d’un État par un autre État résultant de la menace ou de l'usage de la force est une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international ». Bien que la Charte soit censée nous garantir l’égalité, nous sommes gouvernés par la logique destructrice de la loi du plus fort, a-t-il regretté, estimant que ces référendums compromettent les perspectives de règlement de paix négocié, tout en encourageant ceux qui croient au renforcement des alliances armées. Dénonçant en outre les graves menaces de recours à des armes de destruction massive, le représentant a appelé à la cessation immédiate des hostilités et à l’arrêt de toutes tentatives visant à modifier unilatéralement les frontières internationalement reconnues.

Le délégué a ensuite déploré que les acteurs les plus puissants mettent davantage l’accent sur la situation en Ukraine que sur les autres crises. Une action audacieuse est pourtant nécessaire pour stopper l'insécurité alimentaire et la famine dans le monde, a-t-il dit, relevant que, selon les données du Programme alimentaire mondial (PAM), les prix des engrais ont plus que doublé l’an dernier en Afrique de l’Est, tandis que la production céréalière devrait baisser de 16% en glissement annuel, avec pour effet d’augmenter le nombre de personnes souffrant de la faim de près de 7 millions. C'est une question de vie ou de mort, a-t-il martelé, tout en se félicitant du caractère prometteur de l’Initiative céréalière de la mer Noire. Il a toutefois jugé impératif que les institutions veillant au respect des sanctions garantissent la levée des blocages involontaires, avant d’exhorter les principaux producteurs de céréales et d’engrais à éviter tout stockage et toute rupture des contrats de livraison. Il a également souhaité que les efforts visant à concevoir des mécanismes de sécurité alimentaire et énergétique d’urgence s’accompagnent de plans de transformation des systèmes alimentaires dans les régions les plus exposées à l’insécurité alimentaire. C’est essentiel pour prévenir les cycles de crises humanitaires mais aussi pour permettre d’investir dans des systèmes alimentaires résilients aux changements climatiques, a insisté le représentant, pour qui il est temps, aujourd’hui, de réformer le système multilatéral et de rechercher une véritable équité entre États Membres. Dans ce cadre, a-t-il souligné, il importe que la voix et la présence des pays en développement soient renforcées de manière significative

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a regretté que la situation en Ukraine semble s’éloigner de l’objectif commun de paix et de stabilité, notant que les référendums en cours rendent plus difficiles les efforts d’un règlement pacifique du conflit.  Il a insisté sur la nécessité de respecter les principes d’intégrité territoriale, de souveraineté et d’indépendance, qui protègent les États en les mettant sur un pied d’égalité.  Il a rappelé la déclaration des membres permanents du Conseil, en janvier 2022, affirmant qu’une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit pas être combattue.  Les efforts déployés entre les parties dans les derniers mois ont récemment porté leurs fruits, a-t-il estimé, citant par exemple les échanges de prisonniers et l’accord relatif à l’exportation de graines et d’engrais, qui a permis d’atténuer la pression sur les approvisionnements et les prix des denrées alimentaires.  Le délégué a insisté sur le potentiel de construire sur la base de ces accords afin de diffuser les tensions.

Mme MONA JUUL (Norvège) a dit que le « soi-disant référendum » sur l’adhésion à la Russie est un prétexte de l’agresseur, pour essayer d’annexer davantage de territoires ukrainiens.  L’Ukraine ne l’a pas autorisé et la Norvège le rejette, a-t-elle déclaré, prévenant que, quels que soient les résultats annoncés par la Russie, ils sont contraires au droit international et n’ont aucune valeur juridique.  « Ils ne changent pas la souveraineté de l’Ukraine. »  Toute acquisition territoriale par l’usage de la force ne sera jamais reconnue comme légale, a-t-elle ajouté décrétant que la revendication de la Russie d’annexer un territoire de l’Ukraine n’enlève pas le droit de ce pays de défendre sa propre terre.  La représentante a dit que la Russie doit s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, lui recommandant de régler ses différends internationaux par des moyens pacifiques.  Elle a vu l’annonce de la mobilisation par la Russie comme une escalade dangereuse qui conduira à des souffrances accrues pour la population dans toutes les régions de l’Ukraine. 

La déléguée a rappelé les horreurs indescriptibles commises à Boutcha, à Izioum et dans d’autres lieux occupés par les forces russes.  Des crimes de guerre ont été commis en Ukraine par la Russie, selon la commission qui a également recueilli des témoignages de mauvais traitements et de tortures perpétrés au cours de détention illégale, a-t-elle fait valoir.  Elle a aussi noté que des soldats russes ont commis des violences sexuelles et sexistes.  Elle a condamné ces actes et demandé que leurs auteurs rendent des comptes.  Cette guerre se fait sentir dans le monde entier et il faut travailler d’urgence pour y mettre un terme, a exhorté la représentante qui a soutenu les bons offices du Secrétaire général.  Selon elle, aucune proposition ou accord ne peut être utilisé pour imposer à l’Ukraine un règlement qui va à l’encontre de sa volonté ou de ses droits.  La Russie doit arrêter cette guerre et retirer ses forces et ses équipements militaires de tout le territoire ukrainien, a-t-elle demandé avant d’assurer que la Norvège ne reconnaîtra jamais ces soi-disant référendums.  La Norvège défend la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a martelé la représentante.

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) s’est déclarée préoccupée par les nombreux signaux qui laissent présager un durcissement de la guerre en Ukraine.  À l’instar de la plupart des dirigeants du monde qui ont appelé à la négociation lors du débat général de l’Assemblée générale, nous ne cesserons d’appeler à la désescalade, a-t-elle affirmé, exhortant les parties au conflit à privilégier les issues pouvant garantir une coexistence pacifique.  Pour la représentante, la Charte des Nations Unies doit être la « boussole » de toutes les parties dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque membre de la communauté internationale.

Constatant d’autre part que la situation humanitaire ne cesse de se dégrader et que l’onde de choc de la guerre s’élargit, provoquant toujours plus de morts et de désolation, Mme Koumby Missambo a appelé les parties à cesser toute rhétorique outrancière de nature à envenimer la belligérance et à ne plus menacer d’un recours aux armes de destruction massive.  Enfin, la représentante a apporté son soutien aux différentes initiatives, bilatérales comme multilatérales, visant à instaurer un dialogue constructif et une paix durable entre les parties.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a commencé par rappeler que les référendums sur l’adhésion à la Fédération de Russie ont eu lieu dans les républiques de Donetsk et de Lougansk, ainsi que dans les régions de Kherson et de Zaporojie.  Leurs résultats officiels seront résumés dans les prochains jours, a-t-il déclaré.  Il s’agit d’un événement tant attendu pour les habitants du Donbass, qui devrait ramener la paix sur leurs terres, qu’ils n’ont pas vues depuis huit longues années, a-t-il argué en rappelant que depuis huit ans, les habitants de ces territoires vivent dans la peur constante pour leur vie.  Les habitants des régions de Kherson et de Zaporojie pourront enfin être sûrs que personne ne leur retirera le droit de parler russe et d’enseigner à leurs enfants dans leur langue maternelle, a poursuivi le représentant. 

Rappelant que les accords de Minsk prévoyaient un cessez-le-feu, un dialogue direct entre Kiev et le Donbass, lui accordant un statut particulier à travers l’adoption d’une nouvelle constitution, M. Nebenzia a reproché aux autorités de Kiev d’avoir cyniquement piétiné tous ces accords, et aux pays occidentaux d’avoir soutenu Kiev.  S’il n’y avait pas cette connivence criminelle et cette hypocrisie, si l’Occident avait obligé Kiev à respecter les droits humains élémentaires et ses concitoyens, aucune opération spéciale de notre part ne serait nécessaire, a affirmé le représentant. 

M. Nebenzia a rappelé que les autorités ukrainiennes avaient ouvertement déclaré que les citoyens russes et russophones de ces régions étaient des « non-humains », des « individus », et, que, dans une interview en août dernier, Volodymyr Zelenskyy avait déclaré que tous ceux qui se considèrent comme russes et aiment la langue russe, pour leur bien et celui de leurs enfants, devraient « quitter l’Ukraine pour la Russie ». 

Aujourd’hui, les habitants des régions du Donbass, de Kherson et de Zaporojie n’ont fait que donner suite à cette recommandation cynique, « retournant dans leur patrie et emportant avec eux les terres où leurs ancêtres ont vécu pendant des siècles », a déclaré le représentant.  Bien sûr, le fait que nous ayons réussi à sauver la population de Crimée du scénario tragique qui s’est déroulé dans le Donbass, qui en 2014 a fait un choix en faveur du retour en Russie, a également joué un rôle, a-t-il concédé.  À l’époque nous avons entendu tout de même des accusations d’agression et d’annexion, a rappelé M. Nebenzia, qui a affirmé qu’au cours de ces huit années, la vie en Crimée avait changé pour le mieux, que les gens vivaient sans crainte pour leur vie, que l’économie se développait activement, et que des infrastructures étaient en cours de construction.  Toutes ces années, la Fédération de Russie a investi sincèrement dans le développement de cette région et, a-t-il assuré, nous développerons de la même manière le Donbass et d’autres territoires que Kiev continue de s’efforcer de transformer en ruines. 

Se disant conscient du fait que les anciens partenaires occidentaux de la Russie ne voudront pas l’entendre, M. Nebenzia leur a quand même dit que les référendums se sont déroulés dans des conditions de transparence exceptionnelles et dans le plein respect de toutes les normes électorales.  « C’est un fait incontestable, peu importe à quel point le régime de Kiev et ses parrains essaient de prétendre le contraire », a-t-il assuré.  Plus de 100 observateurs internationaux indépendants de 40 pays ont suivi leurs progrès, mais les pays occidentaux ont d’emblée déclaré qu’ils ne reconnaîtraient pas les résultats de ces référendums et ont utilisé toute la puissance de leur machine de propagande pour les dénigrer, a-t-il ajouté.  M. Nebenzia a dit ne pas être surpris par les histoires de propagande selon lesquelles les gens seraient forcés de voter, qu’ils auraient été torturés pendant plusieurs jours afin de les forcer à faire un choix en faveur de l’adhésion à la Russie. 

M. Nebenzia a affirmé qu’en plus de cette machine de propagande, les forces armées ukrainiennes avaient déployé toute leur puissance, ou plutôt la machine militaire occidentale, intensifiant les bombardements d’artillerie des villes où se tenaient les référendums afin de semer la panique parmi les citoyens.  L’hystérie attisée par les délégations occidentales, y compris aujourd’hui au Conseil de sécurité, indique que l’expression directe de la volonté des citoyens a depuis longtemps cessé d’être un critère de choix démocratique, a-t-il ajouté.  Pour M. Nebenzia, la version occidentale de la démocratie a dégénéré en un diktat de la minorité libérale sur la majorité conservatrice. 

Le représentant a aussi opposé la position des délégations occidentales sur les référendums en cours au soutien qu’elles avaient apporté à l’indépendance du Kosovo, y voyant une autre manifestation de leur « deux poids, deux mesures » cynique.  S’adressant aux pays en développement, il a lancé: Ne vous y trompez pas.  Bien que les délégations occidentales se plaignent aujourd’hui devant les caméras de la prétendue violation du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies, en fait, elles s’en fichent complètement.  Lorsque cela sert leurs intérêts géopolitiques, comme dans le cas du Kosovo, les pays occidentaux soutiennent pleinement le droit à l’autodétermination.  Mais lorsqu’il s’agit du seul moyen possible de sauver les habitants du Donbass du génocide, ils disent qu’ils n’y ont pas droit. 

Affirmant que la Russie est, elle aussi, attachée au principe du respect de l’intégrité territoriale, et à tous les autres principes de la Charte des Nations Unies, M. Nebenzia a souligné que ce respect en vertu du droit international n’était pas pour autant inconditionnel.  Ainsi, a-t-il rappelé, dans la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies, il est dit que tous les États sont tenus de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États dont les gouvernements respectent le principe d’autodétermination des peuples et représentent tous les peuples vivant sur leur territoire.  Toutefois après le coup d’État de 2014 en Ukraine, après l’interdiction de la langue russe, de l’éducation et des médias en russe, après que les autorités de Maïdan eurent bombardé les territoires dont la population a refusé de reconnaître les résultats du coup d’État, oserait-on dire que les autorités de Kiev représentent les intérêts de la population du Donbass et de la population russophone en général? a demandé M. Nebenzia. 

Pour le représentant, chacun comprend parfaitement que le seul but de l’Occident est d’affaiblir et de saigner au maximum la Russie, de la démembrer et de la soumettre à leur volonté.  Les désirs et les intérêts de l’Ukraine ne sont absolument pas pris en compte par les parrains occidentaux de Kiev, a-t-il poursuivi, en affirmant que le peuple ukrainien, tout comme le peuple russe, veut la paix, mais qu’un tel scénario n’est pas prévu dans les plans de Londres et de Washington. 

Aujourd’hui, la population, non seulement de la Crimée et du Donbass, mais aussi des régions de Kherson et de Zaporojie s’est détournée de Kiev, a-t-il affirmé.  Ce processus ira inévitablement plus loin si Kiev ne se rend pas compte de ses erreurs et ne commence pas enfin à se laisser guider par les intérêts de ses citoyens, a mis en garde M. Nebenzia, l’invitant à ne pas remplir aveuglément la volonté de ceux qui se frottent les mains du fait qu’ils ont opposé deux peuples frères. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a noté qu’en dépit des appels qui lui sont lancés depuis sept mois pour qu’elle mette fin à sa guerre d’agression contre l’Ukraine, la Russie a choisi l’escalade dans sa violation de la Charte des Nations Unies et du droit international.  En annonçant, le 21 septembre, une mobilisation partielle de sa population, la Russie admet enfin qu’elle mène une guerre illégale en Ukraine et non pas une « prétendue opération spéciale », a fait observer le représentant.  La Russie poursuit également sa « fuite en avant » en prétendant organiser depuis le 23 septembre des simulacres de référendums dans les territoires actuellement occupés de Louhansk, Donetsk, Kharkiv et Zaporijia, qu’elle ne contrôle d’ailleurs pas entièrement, a-t-il ajouté, qualifiant de « parodie » ces consultations qui n’ont « aucun fondement juridique ni aucune légitimité ».  Pour la France, cette « manœuvre » est la même que celle utilisée pour l’annexion illégale de la Crimée en 2014: la Russie entend instrumentaliser ces simulacres de référendums pour prétendre légitimer une annexion des territoires qu’elle occupe illégalement.

Assurant que la France ne reconnaîtra jamais ces tentatives d’annexion illégale par la Russie, le représentant a jugé impératif que chaque Membre des Nations Unies rejette sans équivoque les prétendus référendums.  « Si nous laissons la Russie modifier par la force les frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, nous la laissons piétiner les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale ancrés dans la Charte des Nations Unies et le droit international », a-t-il insisté.  Ces simulacres de référendums visent, selon lui, à travestir la réalité, à savoir que l’Ukraine exerce son droit de légitime défense et se bat pour défendre son territoire; que la contre-offensive de l’armée ukrainienne porte ses fruits sur le terrain grâce au courage et à la volonté de son peuple; et que des dizaines de milliers de citoyens russes fuient leur pays pour échapper à la mobilisation et à une guerre inique.  La France, a-t-il conclu, continuera de fournir à l’Ukraine, aussi longtemps que nécessaire, le soutien dont elle a besoin pour faire respecter son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a repris la parole pour dénoncer le parallèle avec le Kosovo dressé par la Russie. Ce parallèle ne trompe personne, a déclaré le délégué. Il a ajouté qu’aucun raccourci historique ne peut aider la Russie à faire en sorte que la communauté internationale détourne les yeux de ce qui se passe en Ukraine. Il a précisé que Serbes et Albanais se parlent au Kosovo et ne se battent pas. Nous ne nous laisserons pas induire en erreur, a conclu le délégué.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour indiquer que la déclaration de l’Albanie au sujet du Kosovo confirmait les deux poids deux mesures des États occidentaux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité s’inquiète du sort des femmes en Afghanistan, appelle les Taliban à respecter leurs engagements et une gouvernance inclusive

9137e séance – matin
CS/15038

Le Conseil de sécurité s’inquiète du sort des femmes en Afghanistan, appelle les Taliban à respecter leurs engagements et une gouvernance inclusive

Le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, sa réunion trimestrielle sur l’Afghanistan, l’occasion de faire le point sur la situation dans ce pays en proie à une crise humanitaire sans précédent et où le plein exercice par les femmes et les filles de leurs droits fondamentaux fait l’objet de restrictions constantes.  Les intervenants se sont également inquiétés de la situation sécuritaire, craignant que l’Afghanistan ne soit utilisé comme « plateforme ou refuge » par les groupes terroristes.

Avant tout, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Marcus Potzel, s’est indigné de l’interdiction faite aux filles de suivre un enseignement secondaire, ce qui fait de l’Afghanistan le seul pays au monde à leur refuser le droit à l’éducation.  « Le peuple afghan est horrifié et se sent trahi parce que le monde ne réagit pas à l’apartheid dont souffrent les Afghanes », a témoigné Mme Fawzia Koofi, ancienne Vice-Présidente du Parlement afghan.  La décision d’interdire aux filles âgées de 6 à 15 ans d’être scolarisées va à l’encontre d’une religion qui a toujours mis l’accent sur l’importance de l’éducation, de la lecture et de l’écriture, a-t-elle martelé. 

À ce sujet, le Pakistan a indiqué que les pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) continuent de discuter avec les Taliban afin d’examiner l’interprétation de la charia pour trouver des réponses au droit des femmes et des filles à l’éducation. 

L’enjeu de cette réunion, initiée par la France en tant que Présidente du Conseil pour le mois en cours, est justement d’amener les Taliban à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Doha (2020) et lors de la Conférence internationale de Tachkent (2022).  M. Potzel a reconnu que la patience de nombreux membres de la communauté internationale risque d’être mise à rude épreuve s’agissant de la stratégie d’engagement avec les autorités de facto.  De fait, a-t-il expliqué, l’annonce faite par les États-Unis au sujet du décès du chef d’Al-Qaida, Aiman al-Zawahiri, à Kaboul, a mis en relief les liens persistants entre le groupe terroriste et les Taliban, ce qui a encore creusé le fossé de la confiance avec la communauté internationale.

Contrairement aux exigences clairement exprimées par le Conseil, il est clair, a abondé la France, que « les liens des Taliban avec Al-Qaida n’ont pas été rompus ».  Cela démontre, a appuyé la délégation américaine, l’importance de rester « clairvoyants » dans nos interactions avec les Taliban.  Ces derniers ont l’obligation de veiller à ce que l’Afghanistan ne devienne pas un sanctuaire pour les groupes terroristes, a résumé le délégué kényan.

Autre facteur déstabilisateur aux niveaux régional et international: le trafic de drogue.  L’Afghanistan est l’un des trois pays qui concentrent plus de 95% de la culture du pavot à opium dans le monde, ont averti plusieurs délégations.  Selon des chiffres de 2021 cités par la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la production illicite de drogues y avait atteint un chiffre record de 6 800 tonnes de pavot.  Mme Ghada Fathi Waly a également évoqué une augmentation « alarmante » de la production de méthamphétamines.  Seule une action internationale peut répondre à ces menaces contre la paix et la sécurité et soutenir le peuple afghan, a-t-elle dit.  Pour sa part, l’ONUDC fournit des moyens de subsistance alternatifs à des producteurs de pavot de Kandahar et de Helmand, des provinces où il représente 72% des cultures.

Sur le plan économique, la situation reste précaire, a encore expliqué le Représentant spécial adjoint.  Le revenu par habitant s’est effondré aux niveaux de 2007, effaçant ainsi 15 années de croissance économique.  À ce jour, le Plan de réponse humanitaire 2022 n’a reçu que 1,9 milliard de dollars pour un besoin estimé à 4,4 milliards.  Un tel déficit de financement est d’autant plus alarmant que l’hiver approche.  Dans l’immédiat, les partenaires humanitaires ont besoin, a-t-il pressé, de 614 millions de dollars pour s’y préparer, en plus des 154 millions de dollars nécessaires pour prépositionner les fournitures essentielles. 

Les États-Unis et leurs alliés ont mis en place un fonds afghan visant à préserver 3,5 milliards de dollars appartenant aux réserves de la Banque centrale afghane afin d’assurer la stabilité de l’économie, a expliqué le représentant américain.  Si leur initiative a été saluée par plusieurs délégations, elle a toutefois été dénoncée par la Fédération de Russie qui, à l’instar de l’Iran, a demandé que ces avoirs « confisqués » soient « restitués au peuple afghan». 

Le Conseil a été le théâtre d’une brève passe d’armes entre les deux délégations, la Russie ironisant sur le fait que les États-Unis « ne peuvent pas se vanter de l’Afghanistan qu’ils ont laissé l’an dernier » et les États-Unis pointant du doigt la « violence » de la Russie en Ukraine.

« L’Afghanistan traverse la pire crise économique et humanitaire de son histoire », a déclaré le représentant de ce pays.  Comme d’autres intervenants, il a souligné que l’aide humanitaire ne pouvait toutefois être une solution durable. 

Dans son dernier rapport sur la situation en Afghanistan, dont était saisi le Conseil, le Secrétaire général fait observer que dans le cadre de ses efforts visant à intensifier l’intervention humanitaire, à mettre un terme à la crise économique et à encourager le respect des libertés et des droits humains fondamentaux pour tous les Afghans, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) s’est concertée avec les autorités de facto afin de satisfaire les besoins fondamentaux et de promouvoir et de protéger les droits du peuple afghan.  « L’orientation politique actuelle des Taliban risque de semer les graines d’une instabilité future, surtout si les besoins de la population ne sont pas pris en compte, si les droits sont restreints et si la diversité du pays ne se reflète pas de manière adéquate dans les structures de gouvernance », avertit-il.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (S/2022/692)

Déclarations

M. MARCUS POTZEL, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a craint que la patience de nombreux membres de la communauté internationale ne soit mise à rude épreuve s’agissant de la stratégie d’engagement avec les autorités talibanes d’Afghanistan.  M. Potzel a déploré le maintien de l’interdiction faite aux filles de suivre un enseignement secondaire, une situation unique au monde.  L’Afghanistan se prive ainsi de la contribution significative des filles.  Les restrictions croissantes des droits des femmes indiquent que les Taliban sont indifférents à plus de 50% de la population et « prêts à risquer l’isolement international ». 

Sur le front sécuritaire, le Représentant spécial adjoint a constaté, au cours des derniers mois, une augmentation légère mais régulière des incidents de sécurité surveillés par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Les Taliban ont ignoré nos avertissements antérieurs concernant les capacités de l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K).  Mais l’EIIL-K a démontré, rien qu’au cours des derniers mois, qu’il pouvait assassiner des personnalités proches des Taliban, attaquer des ambassades étrangères et sévir au-delà de la frontière, tout en poursuivant sa campagne sectaire de longue date contre les musulmans chiites et les minorités ethniques.   M. Potzel s’est dit particulièrement préoccupé par le récent attentat à l’ambassade de Russie à Kaboul qui a tué 10 personnes, dont un diplomate russe.  Outre les attentats perpétrés par l’EIIL-K, un certain nombre d’incidents non revendiqués ont tué et blessé des Afghans dans leur vie quotidienne, notamment lorsqu’ils se rendaient dans des lieux de culte, a-t-il déploré.

Poursuivant, M. Potzel a souligné la persistance des affrontements armés entre les forces de sécurité de facto et les groupes d’opposition armés dans les provinces de Panjchir, Baghlan, Kapisa, Takhar et Badakhshan.  Des rapports inquiétants ainsi que des vidéos et des photos indiquent que de graves violations des droits de l’homme pourraient avoir été commises dans le Panjchir, a-t-il fait observer, informant que la MANUA a demandé aux autorités de facto d’enquêter sur les allégations d’exécutions extrajudiciaires dans cette province.  À ce jour, on ne sait rien de ces enquêtes, ni de leurs résultats, malgré les promesses des autorités de facto.

Sur le plan économique, la situation reste précaire, a poursuivi le diplomate.  Alors que les Taliban affirment avoir augmenté les exportations, maintenu la valeur de l’afghani et généré une solide collecte de revenus, le revenu par habitant s’est effondré aux niveaux de 2007, effaçant ainsi 15 années de croissance économique, a déploré M. Potzel qui a expliqué ce ralentissement par des problèmes de liquidités liés à l’isolement de l’Afghanistan du système bancaire international.  Les liquidités restent fortement tributaires de l’argent que la MANUA continue d’apporter pour les opérations humanitaires.  Mais même ce financement est incertain, a-t-il averti.  À ce jour, le Plan de réponse humanitaire 2022 n’a reçu que 1,9 milliard de dollars pour un besoin estimé à 4,4 milliards.  Face à des besoins croissants et à une situation de sécurité alimentaire qui se dégrade, un tel déficit de financement est d’autant plus alarmant que l’hiver approche, s’est encore inquiété le haut fonctionnaire. 

Dans l’immédiat, les partenaires humanitaires ont besoin de 614 millions de dollars pour soutenir la préparation à l’hiver, en plus des 154 millions de dollars nécessaires pour prépositionner les fournitures essentielles avant que des zones ne soient coupées par les intempéries.  Le Représentant spécial adjoint a pris note de la création par les États-Unis du Fonds pour l’Afghanistan, qui placera la moitié des 7 milliards de dollars américains de réserves afghanes sur un compte en Suisse où ils seront utilisés pour aider à stabiliser la macroéconomie dans le pays.  Il s’agit d’une mesure temporaire jusqu’à ce que l’on ait davantage confiance dans la capacité de la banque centrale afghane à mettre en place des mesures de protection contre le blanchiment d’argent et le financement potentiel de groupes terroristes.  Mais ces mesures humanitaires et économiques ne répondront pas aux besoins à long terme du peuple afghan, a-t-il expliqué.

M. Potzel a, par la suite, évoqué le rapport sur les droits de l’homme en Afghanistan publié en juillet dernier, ainsi que la Conférence de Tachkent du 26 juillet qui a constitué « une plateforme d’engagement » et une occasion pour la communauté internationale d’exprimer sa position unie sur ce qu’elle attend des autorités de facto.  Il a toutefois jugé regrettable que la délégation talibane n’ait pas saisi l’occasion de répondre de manière constructive à ces attentes.  Néanmoins, le format de Tachkent est, à ses yeux, utile et doit être maintenu. 

Il s’est dit, par ailleurs, très préoccupé par la détention, par les autorités de facto de trois femmes travaillant pour des agences des Nations Unies à Kandahar, ainsi que par les pressions croissantes exercées sur « notre personnel et nos locaux » et sur ceux d’autres agences.

Pour finir, M. Potzel a estimé que la présence signalée du chef d’Al-Qaida, al-Zawahiri, au cœur de Kaboul et l’attaque menée contre lui ont conduit à remettre en question les engagements des Taliban en matière de lutte contre le terrorisme, ce qui a encore creusé le fossé de la confiance avec la communauté internationale.

Si les Taliban ne répondent pas aux besoins de tous les éléments de la société afghane et ne s’engagent pas de manière constructive dans la fenêtre d’opportunité très limitée qui leur est offerte par la communauté internationale, la suite n’est pas claire, a mis en garde le Représentant spécial adjoint, prédisant « isolement, pauvreté, conflits internes, migration massive et un environnement national propice aux organisations terroristes comme scénarios les plus probables ».

Mme GHADA FATHI WALY, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que, lors de son dernier exposé sur la situation en Afghanistan devant le Conseil en juin 2021, elle avait signalé que la production illicite de drogues y avait atteint un chiffre record de 6 800 tonnes de pavot ainsi qu’une augmentation « alarmante » dans la production de méthamphétamines.  Les chiffres des saisies montrent une augmentation du trafic à la fois d’héroïne et de méthamphétamines en Asie du Sud, ainsi qu’en Afrique, de 2018 à 2021, a-t-elle ajouté, notant à propos de ce tableau général que les saisies d’héroïne en mer, dans l’océan Indien, se sont accentuées depuis 2021.  Sur l’Afghanistan, elle a expliqué que les événements de l’an passé avaient conduit à une situation plus incertaine que jamais, notamment en ce qui concerne la culture, la production et le trafic d’opiacés dans un pays qui reste le premier producteur au monde.  « Seule une action internationale peut répondre à ces menaces contre la paix et la sécurité, et soutenir le peuple afghan », a-t-elle jugé. 

La Chef de l’ONUDC a ensuite indiqué que l’interdiction complète de la culture et de la production de tous les stupéfiants décrétée en juillet dernier par les autorités afghanes de facto avait provoqué une explosion du prix du pavot, dont le kilo s’échange à présent au prix sans précédent de 190 dollars.  En outre, de graves épisodes de sécheresse ont détruit les récoltes de céréales, à un moment où l’économie afghane s’effondrait, plongeant plus de la moitié de la population en dessous du seuil de pauvreté et près de 19 millions de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë.  Dans ce contexte, a-t-elle dit, pour beaucoup la culture illicite de pavot reste l’unique alternative à la famine.  Mme Waly a ensuite reconnu qu’il est difficile d’identifier dans quelle mesure l’interdiction de la culture de tous les stupéfiants sera appliquée par les autorités, compte tenu donc des réalités économiques à travers le pays mais aussi de la présence d’au moins une douzaine de groupes armés contestant le régime dans quelque 18 provinces. 

La Directrice exécutive de l’ONUDC a considéré qu’en l’absence d’état de droit, les groupes criminels organisés peuvent tirer profit des drogues illicites et d’autres formes de trafic telles que les armes à feu.  « Il est du devoir du Conseil de sécurité d’empêcher que de telles menaces ne déstabilisent plus gravement encore la région », a-t-elle estimé.  Elle a de plus assuré que l’Office continue de quantifier tant la production afghane de pavot que les volumes d’héroïne qui sont tirés de cette culture, et qu’il reste en mesure d’évaluer l’importance du trafic d’êtres humains et de migrants lié à la production et au commerce de stupéfiants.  Dans les pays voisins de l’Afghanistan, nous avons renforcé les capacités de nos bureaux de liaison frontaliers, des installations portuaires et de fret, afin de mesurer l’importance du trafic illicite d’armes à feu et, partant, pour lutter plus efficacement contre ce fléau, a encore signalé Mme Waly.  Elle a aussi attiré l’attention sur les soins qu’assurent l’ONUDC et ses partenaires onusiens auprès des toxicomanes et des personnes atteintes du VIH et d’hépatites.  L’ONUDC fournit également des moyens de subsistance alternatifs à des producteurs de pavot de Kandahar et de Helmand, des provinces où le pavot représente 72% des cultures. 

Enfin, la Directrice exécutive a appelé la communauté internationale à répondre aux défis de la drogue et de leurs flux illicites émanant de l’Afghanistan, tout en s’efforçant de venir en aide aux personnes touchées par la consommation de stupéfiants à l’intérieur même du pays. 

Mme FAWZIA KOOFI, ancienne Vice-Présidente du Parlement afghan, a dit que le peuple afghan est horrifié et se sent trahi parce que le monde ne réagit pas à l’apartheid dont souffrent les Afghanes.  Elle a indiqué que ses contacts en Afghanistan se sont dits déçus que le débat général de l’Assemblée générale de l’ONU n’ait pas été l’occasion de dénoncer davantage les souffrances infligées à 40 millions d’Afghans.  Face à cette situation, elle a exhorté le Conseil de sécurité, principal organe international chargé de protéger les peuples du monde, à protéger le peuple afghan.  « Mon peuple est en prison en Afghanistan et souhaite que le monde sache ce qui s’y passe », a insisté cette personnalité politique, avant de préciser que 2,3 millions de ses concitoyens ont fui le pays depuis août 2021 et que des millions d’autres envisagent de le faire.  Elle a fustigé la brutalité des Taliban et l’absence de gouvernance qui a fait de l’Afghanistan le seul pays du monde sans constitution. 

« Imaginez qu’en tant qu’homme, vous ne soyez pas autorisé à quitter votre domicile sans être accompagné par une femme et qu’on ne vous autorise pas à vous habiller comme vous le souhaitez », a-t-elle déclaré aux membres du Conseil.  Elle a ajouté que les Taliban avaient pris 31 décisions visant à éliminer les Afghanes de l’espace public, qui rendent de facto toutes les femmes prisonnières de leur foyer.  Elle a indiqué que l’Afghanistan est devenu une prison à ciel ouvert, avant d’estimer que la décision d’interdire aux filles âgées de 6 à 15 ans d’être scolarisées va à l’encontre d’une religion qui a toujours mis l’accent sur l’importance de l’éducation, de la lecture et de l’écriture. 

« Les femmes qui représentaient 30% des fonctionnaires ne peuvent plus aller travailler et ont été remplacées par des hommes », s’est désolée Mme Koofi.  Après avoir noté que 300 médias ont été fermés en 2021 et qu’aucune Afghane journaliste n’est plus autorisée à travailler dans aucune des 17 provinces de l’Afghanistan, elle a précisé que les femmes journalistes, militaires et juges, qui ont été licenciées, sont devenues aujourd’hui invisibles.  Elle a demandé au Conseil de sécurité d’imposer des sanctions vigoureuses à tous les individus affiliés aux Taliban pour encourager le groupe à renoncer aux violences et le contraindre à s’engager en faveur de la paix.  L’ancienne Vice-Présidente du Parlement a également appelé la communauté internationale à tenir des interactions avec les Taliban assorties de conditions claires, avant de noter qu’un groupe extrémiste n’a aucune légitimité à prétendre combattre d’autres groupes extrémistes.  Elle s’est dite particulièrement inquiète que le retour au pouvoir des Taliban n’inspire d’autres groupes similaires présents aujourd’hui sur le sol afghan à réitérer cette expérience ailleurs dans le monde.  Face à ce risque, Mme Koofi a jugé indispensable et urgent le retour à un ordre constitutionnel. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a fait valoir que les femmes et les filles afghanes ont plus que jamais besoin de notre soutien.  « Un an après l’arrivée au pouvoir des Taliban, les pires craintes du peuple afghan se sont concrétisées ».  Elle a appelé à garantir l’accès humanitaire aux personnes qui en ont besoin, notamment les prisonniers, les déplacés internes et les minorités ethniques et religieuses.  La représentante s’est également inquiétée des perturbations de l’accès des femmes et des filles aux services de santé de base, avec des conséquences « potentiellement catastrophiques », dénonçant également la dissolution des mécanismes de recours pour les survivantes de violences sexistes.  Elle s’est dite alarmée par les informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires, de torture, d’arrestations et de détentions arbitraires et par l’absence d’obligation de rendre des comptes face aux graves violations du droit international.  Mme Juul s’est également émue des violences et abus contre les enfants et s’est félicitée de l’ouverture récente du Centre d’analyse et de sensibilisation sur les enfants et les conflits armés à Doha, au Qatar, affirmant son soutien au travail effectué sur l’Afghanistan. 

En tant que porte-parole pour l’Afghanistan au sein du Conseil de sécurité, Mme Juul a rappelé que la Norvège considère que l’ONU et la communauté internationale doivent continuer à soutenir le peuple afghan et, pour ce faire, s’engager auprès des autorités de facto.  Elle a détaillé le mandat renforcé de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), notamment la défense des droits des femmes, et constaté que « les autorités de facto ont choisi la voie de l’oppression et de l’exclusion ».  Rappelant qu’aucun pays au monde ne refuse aux filles le droit à une éducation secondaire, à l’exception de l’Afghanistan, elle a dénoncé une tragédie évitable.  « Les dirigeants qui oppriment la moitié de la population du pays ne gagneront pas en légitimité » a-t-elle conclu. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est inquiété de la dégradation des droits humains, de la situation sécuritaire et du contexte humanitaire, un an après la prise de pouvoir par les Taliban.  Le recul des droits des femmes et des filles, les restrictions à la liberté d’expression et les assassinats constituent autant de sources de préoccupation pour la communauté internationale.  Il a fait sien l’appel de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), de conseils religieux islamiques et de l’Union européenne réclamant la levée des restrictions imposées aux femmes.  De même, les attaques contre les écoles, les hôpitaux et les infrastructures civiles doivent cesser, a insisté le délégué, pour qui le recrutement d’enfants comme combattants constitue une violation « manifeste » de leurs droits fondamentaux.  Il s’est dit consterné, « mais pas surpris », par le fait que les autorités talibanes continuent d’abriter des groupes terroristes tels que l’EIIL-K et Al-Qaida.  Cette situation va à l’encontre des engagements pris par les Taliban en matière de lutte contre le terrorisme et compromet la sécurité du pays et de la région.  Enfin, M. Agyeman a condamné la poursuite des assassinats extrajudiciaires, des arrestations arbitraires, de la torture et autres violations visant d’anciens responsables gouvernementaux et des Forces de sécurité, en invitant les Taliban à faire un « véritable effort » de réconciliation dans le cadre de l’amnistie générale annoncée en 2021. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a indiqué qu’en réponse aux besoins humanitaires du peuple afghan ainsi qu’aux appels urgents lancés par les Nations Unies, l’Inde a envoyé, au cours des derniers mois, plusieurs cargaisons d’aide humanitaire à l’Afghanistan, soit 40 000 tonnes de blé, 36 tonnes de médicaments essentiels, 500 000 doses de vaccin contre la COVID-19 et 28 tonnes d’articles de première nécessité en cas de catastrophe.  Afin de suivre de près et de coordonner les efforts des différentes parties prenantes pour la fourniture efficace de l’aide humanitaire, une équipe technique indienne a également été déployée auprès de notre ambassade à Kaboul, a précisé la représentante.  Elle a par ailleurs indiqué que l’Inde, en tant que voisin et partenaire de longue date de l’Afghanistan, a un intérêt direct à assurer le retour de la paix et de la stabilité dans ce pays.  Il s’agit notamment de veiller à ce que son territoire ne serve à lancer des attaques terroristes contre des nations voisines, de former un gouvernement véritablement inclusif et représentatif de la société afghane, de lutter contre le terrorisme et le trafic de drogue et de préserver les droits des femmes, des enfants et des minorités, a précisé la déléguée. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a fustigé la répression exercée par les Taliban contre les civils, les défenseurs des droits humains et les journalistes.  Il a notamment condamné le recours aux châtiments collectifs contre la communauté Hazara, avant de déplorer la condition des femmes, qui sont empêchées d’étudier, « exclues du marché du travail, menacées et maltraitées ».  « Les Taliban ne savent maintenir leur contrôle qu’au dépens des femmes et des minorités », a martelé le délégué.  À l’approche de l’hiver, il s’est dit inquiet de la situation humanitaire dans le pays, sous les effets combinés de la violence, des bouleversements politiques et des changements climatiques.  Dans ce contexte, le représentant a demandé aux bailleurs de fonds de poursuivre leur aide humanitaire.  Mais il a regretté que les Taliban paralysent les opérations des agences de l’ONU et des organisations non gouvernementales, appelant les autorités de facto à assurer la sécurité des personnels humanitaires.  « Il est de notre responsabilité de prendre des mesures contre les Taliban lorsque cela est nécessaire », a-t-il poursuivi, avant de conclure que le Conseil doit s’acquitter de son mandat à cet égard. 

M. GENG SHUANG (Chine) a déploré que le peuple afghan ait enduré autant de souffrances ces 20 dernières années, estimant que le retrait des troupes étrangères a permis de mettre fin à une guerre et d’entamer la reconstruction.  « Cela prouve que les interventions étrangères ne fonctionnent pas », a-t-il soutenu.  Le délégué a ensuite appelé la communauté internationale à demeurer aux côtés du « Gouvernement intérimaire » sans le mettre sous pression, tout en appelant ce dernier à bâtir un système de gouvernance « modéré et inclusif ».  Il a constaté que la crise humanitaire risquait de s’aggraver avec l’hiver, exhortant la communauté internationale à « ne pas politiser » son assistance.  Le délégué a appelé le Gouvernement intérimaire à préserver les droits des femmes et des filles, ajoutant qu’elles ont, comme tous les Afghans, grand besoin de l’aide internationale.  Il a demandé la restitution « intégrale et rapide » des avoirs gelés de la Banque centrale d’Afghanistan au peuple afghan.  Le représentant a ensuite souhaité que les autorités coupent les liens avec tous les groupes terroristes, encourageant leurs efforts dans la lutte contre la culture du pavot.  Il a rappelé l’engagement de la Chine au sein des organisations régionales et internationales, notamment l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l’ONU, ainsi que dans le cadre des relations bilatérales, à soutenir le peuple afghan. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a indiqué que son pays avait déboursé 306 millions de dollars d’aide humanitaire et d’aide au développement pour l’Afghanistan et qu’il s’est engagé à y consacrer 306 millions de dollars supplémentaires en 2023.  Nous sommes le deuxième contributeur au Fonds pour la reconstruction de l’Afghanistan de la Banque mondiale, a-t-elle précisé, et nous continuons de travailler à la stabilisation économique du pays avec le Fonds monétaire international (FMI).  Si l’appui humanitaire et financier peut aider, il ne résoudra toutefois pas les problèmes de l’Afghanistan, a averti Mme Woodward.  Pour ce faire, les Taliban doivent défendre les droits de l’homme, plutôt que de les réprimer; ils doivent permettre un accès humanitaire sans entrave et respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Doha.  La représentante a déclaré que les Taliban ont également le devoir de créer un environnement propice à l’augmentation des investissements, notamment en veillant à ce que les recettes et le budget soient transparents, et à ce que soit assurée la participation des femmes aux activités économiques. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est dite particulièrement inquiète de la régression des droits des femmes et des filles malgré les engagements des Taliban.  Elle a demandé aux Taliban de revenir sur leur décision d’empêcher les filles d’accéder à l’enseignement secondaire.  Par ailleurs, elle a évoqué les liens directs qui existent entre Al-Qaida et les Taliban.  Notant que des récentes attaques terroristes ont frappé une représentation diplomatique russe et de nombreux groupes minoritaires, la représentante a prévenu que le territoire afghan ne peut redevenir une base arrière ou un nouveau sanctuaire pour terroristes.  Dans ce contexte, elle a jugé pertinent d’appuyer le relèvement économique de l’Afghanistan, sans négliger la protection des droits humains et la lutte contre le terrorisme. 

Par ailleurs, la représentante a cité des estimations laissant entendre que l’interdiction faite aux filles d’accéder à l’enseignement secondaire s’est traduite par une perte de 500 millions de dollars pour l’économie afghane depuis 2021.  De même, elle a indiqué que les institutions internationales prévoient une contradiction du PIB afghan d’un tiers entre fin 2021 et fin 2022.  « Comment les Taliban osent-ils demander de l’aide à la communauté internationale pour relancer l’économie afghane alors même qu’ils s’opposent à la participation des femmes à la vie économique? », s’est insurgée la représentante avant d’exhorter les pays de la région à user de toute leur influence pour mettre fin aux souffrances de 20 millions d’Afghanes. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déclaré que les défis économiques, humanitaires et sécuritaires auxquels l’Afghanistan est confronté nécessite des efforts concertés.  Selon lui, les Taliban doivent s’engager dans un dialogue afin d’améliorer les moyens de subsistance des Afghans et prendre des mesures destinées à unifier le pays, notamment au moyen d’un gouvernement inclusif représentant les intérêts des communautés ethniques et des groupes vulnérables, y compris les femmes.  La situation sécuritaire demeure très préoccupante, alors que le mois d’août a été marqué par une série d’attaques de l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), des affrontements récurrents avec les forces d’opposition et la présence de groupes terroristes étrangers.  Les Taliban ont l’obligation de veiller à ce que l’Afghanistan ne devienne un sanctuaire pour les groupes terroristes, a-t-il noté.  À la suite de l’interdiction, en avril de cette année, de la culture de l’opium, le représentant a encouragé les agences, fonds et programmes de l’ONU et les partenaires internationaux à soutenir les efforts visant à fournir aux agriculteurs, les ressources nécessaires pour se tourner vers des cultures alternatives.  S’agissant des avoirs afghans gelés, il a exhorté les parties prenantes à travailler ensemble pour identifier les mécanismes appropriés permettant leur décaissement afin de relancer l’économie.  M. Kiboino a dénoncé pour finir, les restrictions imposées aux femmes et aux filles, en espérant que celles-ci puissent contribuer légitimement au développement de leur pays. 

Mme AURÉLIE FLORE KOUMBA PAMBO (Gabon) a renouvelé l’appel de son pays à l’endroit des Taliban « à mettre fin aux restrictions des libertés des femmes et des filles, et aux violations de leurs droits, durement acquis ».  L’accès à l’éducation des filles, notamment aux études secondaires, doit pouvoir être garanti, a-t-elle ajouté, soulignant que le droit à l’éducation est un « droit fondamental inaliénable ».  Concernant la situation sécuritaire, la représentante a considéré que l’expansion du trafic de stupéfiants, l’intensification des attaques terroristes commises par l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) ces derniers mois, combinées aux affrontements fréquents entre l’opposition et les forces de sécurité, ainsi que la présence de forces étrangères sur le territoire afghan, « sont autant d’éléments d’inquiétude ».  « Nous condamnons le recours à la terreur et l’utilisation d’engins explosifs improvisés contre les populations civiles notamment les enfants », a-t-elle poursuivi.  Pour ce qui est de la situation humanitaire, la représentante l’a qualifiée « des plus alarmantes », l’insécurité alimentaire ayant atteint un niveau préoccupant alors que la saison hivernale approche.  Aussi est-il urgent que le plan d’intervention humanitaire soit effectif pour porter assistance aux afghans les plus vulnérables.  Après avoir appelé les donateurs à poursuivre leur élan de solidarité en contribuant davantage au plan d’intervention humanitaire, Mme Koumba Pambo a réaffirmé l’importance que se tienne un dialogue entre les forces vives afghanes.  Enfin, elle a réitéré le plein soutien de son pays à la MANUA. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité de l’action de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et des points positifs relevés dans le rapport du Secrétaire général: le retour d’anciens gouvernants, les liens renoués entre membres des autorités de facto et des représentants de groupes politiques et de la société civile, et la baisse du nombre de victimes en comparaison avec la même période en 2021.  Il s’est toutefois dit préoccupé par les violations des droits humains de la part des membres des forces de sécurité des autorités de facto et des « politiques discriminatoires » menées contre les femmes et les filles, appelant au respect de leur droits.  Le représentant a regretté que, contrairement à ses engagements, l’administration de facto semble ne pas être en mesure de prendre des décisions sincères en faveur de la constitution d’un gouvernement inclusif avec la participation des femmes et des minorités ethniques et religieuses.  Il a estimé que les interdictions de voyager contre les dirigeants de facto devraient faire l’objet d’un examen en profondeur, car elles pourraient s’avérer contre-productives et favoriser « la ligne dure » au sein des autorités.  Il a également appelé à la levée du gel des avoirs afghans et à une politique souple dans l’attribution de visas humanitaires. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est dite attristée de voir le peuple afghan pris au piège de multiples catastrophes qui le privent de son droit fondamental à mener une vie digne, tandis que les autorités de facto s’activent à rendre la situation plus désastreuse encore.  Celles-ci ont en effet rétabli « l’oppression totale » des femmes en les privant de tout ce que la communauté internationale a affirmé, en paroles et en actes, comme des droits universels.  Ce faisant, les autorités de facto traitent la moitié de la population comme des « êtres inférieurs » et les privent de leur humanité.  « Il ne peut y avoir aucune justification pour exclure et opprimer les femmes », a poursuivi la représentante, ni la situation économique, ni la situation sécuritaire, ni l’interprétation « erronée » de la tradition et de la religion.  Il s’agit là, à ses yeux, « d’une aberration, d’un affront à notre connaissance morale commune » qui ne peut faire l’objet d’aucun marchandage sous le prétexte de résoudre des problèmes plus urgents. 

Après avoir exprimé son appui au travail de la MANUA, Mme Dautllari a appelé les autorités de facto à assurer pleinement la liberté de mouvement de ses personnels.  Elle a également soutenu le déblocage des avoirs afghans, tout en exigeant des autorités de facto qu’elles coupent tout lien avec les organisations terroristes responsables d’attaques violentes en Afghanistan et au-delà. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a craint de voir les Afghanes pâtir les premières de la diminution de l’aide humanitaire prédite par l’OCHA.  L’économie nationale doit être revitalisée a poursuivi la déléguée, saluant des initiatives telles que la création d’un fonds afghan annoncée par les États-Unis.  Les Émirats, s’est-elle félicitée, ont eux aussi cherché à faire montre de solidarité avec la population afghane, rappelant qu’avec le Comité international de la Croix-Rouge, ils avaient convenu d’une subvention de quatre millions de dollars pour aider les hôpitaux afghans.  Redresser l’économie sera toutefois impossible si la moitié de la population est exclue de la vie sociale et économique du pays, a-t-elle noté.  La déléguée a regretté que le Conseil n’ait pu s’accorder sur une déclaration –au début du mois– sur l’éducation des fillettes afghanes: ses membres, a-t-elle mis en garde, doivent éviter les pièges des « fausses dichotomies » sur ce dossier.  Évoquant l’émergence de groupes anti-Taliban, la représentante a considéré que la gouvernance actuelle ne pouvait qu’encourager le mécontentement.  Si le Conseil doit insister sur ses attentes envers le pouvoir taliban, il devrait aussi maintenir « ouvertes les lignes de communication » avec ce dernier, a ajouté la déléguée, sous peine de ne pas réaliser les progrès qu’escompte la communauté internationale. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a fustigé l’attitude de ses collègues occidentaux qui, avec à leur tête les États-Unis, déplorent les conséquences de douze mois de pouvoir taliban, « alors que la situation que nous vivons est la conséquence de la guerre qu’ils ont menée pendant 20 ans en Afghanistan ».  Elle s’est néanmoins inquiétée des récents attentats terroristes orchestrés par les militants de Daech au Khorassan, qui ont visé les représentants des minorités religieuses et ethniques, y compris des femmes et des enfants.  Elle a aussi cité le décès tragique, début septembre, de deux employés de l’ambassade russe à Kaboul aux mains des terroristes.  D’après elle, Daech utilise tous les moyens pour créer en Afghanistan un foyer d’instabilité qui pourrait s’étendre à l’Asie centrale, puis à la Russie.  Elle s’est inquiétée de l’incapacité des autorités talibanes à contrôler ce qui se passe dans le pays, avant de citer un niveau de production record de stupéfiants. 

Mme Evstigneeva a dénoncé le transfert des avoirs afghans « confisqués » sur un compte spécial suisse pour être consacrés à des projets éphémères.  « Nous demandons que ces avoirs soient restitués au peuple afghan » a-t-elle insisté.  « Construire une paix durable en Afghanistan est impossible sans fournir une assistance internationale à son peuple pour le rétablissement d’après conflit », a argué la représentante avant d’appeler à la relance, au développement économique et à la résolution de problèmes anciens dans les domaines du terrorisme et de la drogue.  Pour ce faire, elle a exhorté la communauté internationale à travailler avec les autorités afghanes « en évitant tout chantage et en évitant de conditionner à des objectifs en matière de droits humains la participation des Taliban à des pourparlers ». 

La Russie a toujours prôné le développement de la coopération avec « le peuple frère d’Afghanistan », a insisté la représentante.  Elle a ajouté que son pays continuera de fournir une aide humanitaire aux Afghans « malgré certaines tentatives d’exclure la Russie, l’une des plus grandes puissances agricoles du monde, de la scène commerciale internationale et de mettre des barrières sur la route de la coopération russe avec le Programme alimentaire mondial (PAM) ».  Nous poursuivrons notre dialogue avec l’Afghanistan dans le cadre de contacts bilatéraux avec les autorités de facto et d’autres Afghans, et en formats régionaux, y compris le format de Moscou, et des réunions au niveau régional à travers l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation de coopération de Shanghai, et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) », a encore précisé la représentante. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déploré « l’incidence néfaste » de la prise de pouvoir par les Taliban, marquée notamment par la détérioration de la situation humanitaire, l’aggravation de la situation sécuritaire et les restrictions en matière d’éducation imposées aux femmes.  Il a dénoncé les récents attentats commis à Hérat et Kaboul, ainsi que les informations voulant que les Taliban n’aient pas rompu leurs liens avec les organisations terroristes telles que Al-Qaida, ce qui montre l’importance de demeurer « clairvoyants » dans nos interactions avec les Taliban.  Alors que le 17 septembre marquait le premier anniversaire de l’interdiction pour les jeunes filles de fréquenter l’école secondaire, il a regretté que « certains membres » aient empêché le Conseil de marquer ce fait de façon plus formelle.  « Il nous faut agir », a martelé le représentant, en rappelant que, pendant 20 ans, les filles ont pu fréquenter l’école secondaire, bien que sous la menace des Taliban.  Le Secrétaire d’État des États-Unis a par ailleurs annoncé, la semaine dernière, la création d’une alliance destinée à accroître la résilience économique des femmes afghanes. 

Les États-Unis et leurs alliés ont annoncé récemment la création d’un fonds afghan visant à préserver 3,5 milliards de dollars appartenant aux réserves de la Banque centrale afghane afin d’assurer la stabilité de l’économie, a expliqué le représentant.  Selon lui, le Conseil devrait concentrer son attention sur les façons d’améliorer les perspectives économiques et humanitaires en Afghanistan.  Les États-Unis ont, quant à eux, octroyé récemment 307 millions de dollars d’assistance humanitaire, ce qui porte à 1,5 milliard de dollars le total de leurs contributions depuis août 2021.  Enfin, le représentant a rappelé que « la Russie a été chassée d’Afghanistan dans les années 90 et n’est donc pas en mesure de donner des leçons à qui que ce soit ». 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a dénoncé les violations des droits humains en Afghanistan, en particulier ceux des filles et des femmes, en dépit des engagements pris par les Taliban, « qui entendent régir tous les aspects de leur vie quotidienne ».  La persistance des violences envers les femmes et leur exclusion de la vie publique, notamment l’imposition du voile intégral et les restrictions à l’accès aux services publics, y compris à l’enseignement secondaire, constituent une vive source de préoccupation.  La déléguée a demandé la fin de l’impunité pour les auteurs de telles violations et la mise en œuvre des recommandations de la MANUA concernant les droits de l’homme, estimant qu’il ne saurait y avoir de redressement économique sans la pleine participation des femmes et des filles. 

Pendant ce temps, la situation sécuritaire demeure « très précaire », s’est encore inquiétée Mme Broadhurst Estival, alors que Daech au Khorassan poursuit ses attaques terroristes dans de nouvelles provinces.  Contrairement aux exigences clairement exprimées par le Conseil, il est clair à ses yeux que « les liens des Taliban avec Al-Qaida n’ont pas été rompus ».  Le trafic de drogue reste aussi un facteur déstabilisateur aux niveaux régional et international, alors que l’Afghanistan demeure l’un des trois pays qui concentrent plus de 95% de la culture du pavot à opium dans le monde, a-t-elle déploré.  Enfin, la situation humanitaire demeure préoccupante, malgré la participation de la France au financement de l’action de l’Union européenne qui a mobilisé, avec ses États membres, plus d’un milliard d’euros au début de cette année.  La déléguée a exigé à nouveau l’accès complet et sans entrave de toute la population à l’aide humanitaire. 

Mme EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a repris la parole pour répondre aux allégations de son homologue des États-Unis selon lesquelles la Russie n’aurait rien apporté à l’Afghanistan.  À ce titre, il convient de se rappeler l’Afghanistan laissé par l’URSS, a-t-elle martelé.  Des Afghans s’en souviennent bien.  En ce qui les concerne, les États-Unis ne peuvent se targuer des méthodes qu’ils ont utilisées pour faire passer cet héritage soviétique, ni de l’Afghanistan qu’ils ont façonné.  « Ils ne peuvent pas se vanter de l’Afghanistan qu’ils ont laissé l’an dernier », a-t-elle ironisé.  La Russie est opposée à ce que Washington tienne pour responsable qui que ce soit de ce qu’il a fait ces 20 dernières années, a-t-elle tranché. 

M. DELAURENTIS (États-Unis) a rétorqué que son homologue russe est déterminée à vouloir démontrer que les États-Unis sont aussi « violents, manipulateurs et fourbes » qu’eux en Ukraine.  « Vous n’y parviendrez jamais », a assuré le représentant. 

M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a noté que l’Afghanistan souffre actuellement de l’impact combiné des défis mondiaux et de graves crises sociale, politique, économique et humanitaire à la suite de la prise de pouvoir des Taliban.  Il a condamné l’exclusion des femmes et filles afghanes vivant sous le « régime » des Taliban de toutes les sphères de la vie sociale, politique et économique, appelant au rétablissement de leurs droits.  Indiquant que plus de 24 millions d’Afghans avaient besoin d’une aide humanitaire et que 19 millions souffraient d’une insécurité alimentaire aiguë, il a appelé à ce que toutes les personnes vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les minorités aient accès à l’assistance.  « L’Afghanistan traverse la pire crise économique et humanitaire de son histoire », a estimé le représentant.  Il a cependant souligné que l’aide humanitaire ne pouvait être une solution durable. 

M. Faiq a condamné des « violations flagrantes » des droits humains par les Taliban: exécutions extrajudiciaires, tortures, détentions arbitraires, déplacement forcé de certains groupes ethniques dans différentes provinces d’Afghanistan, notamment Baghlan, Panjchir, Takhar, Sar-e Pol et Badakhshan.  Il a estimé que des poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI) étaient nécessaires et appelé à la mise en place d’un mécanisme efficace de rapport, de surveillance et d’enquête pour lutter contre l’impunité.  Le représentant a estimé que la mort du chef d’Al-Qaida à Kaboul le mois dernier prouvait la persistance de liens entre l’organisation Al-Qaida et les Taliban.  De plus, les attaques de Daech - Province du Khorassan contre des cibles civiles, notamment des Hazara chiites, des hindous, des sikhs et des soufis, témoignent de l’incapacité des Taliban à assurer la paix et la sécurité dans le pays. 

Mme ZAHRA ERSHADI (Iran) a déploré que les femmes et les filles afghanes soient privées de leurs droits les plus fondamentaux, en premier lieu celui à l’éducation.  Elle a ajouté que l’aide humanitaire et au développement pour essentielle qu’elle soit n’est pas, contrairement à la revitalisation de l’économie, une solution à long terme.  La représentante a ainsi appelé à la restitution « sans condition » des avoirs gelés.  L’Afghanistan est un pays membre de la communauté internationale, ce que doivent reconnaître les autorités afghanes de facto pour s’acquitter de leurs responsabilités, a-t-elle aussi souligné, considérant que seul un gouvernement comprenant tous les Afghans et toutes les Afghanes permettra de restaurer et préserver les droits de ces derniers. 

Concernant la montée en puissance préoccupante de groupes terroristes affiliés à Daech et Al-Qaida, la représentante a exhorté les autorités de facto à lutter contre ce fléau, en protégeant, notamment comme il se doit, les locaux diplomatiques et consulaires de toute attaque.  Les efforts de lutte contre le trafic de drogue sont tout aussi importants, a-t-elle poursuivi, relevant que l’Iran a joué un rôle actif en la matière, ces dernières années.  Quatre mille membres des services iraniens de répression ont perdu la vie dans la lutte régionale contre ce trafic, a-t-elle dit.  Par ailleurs, la représentante, qui a rappelé que son pays accueille des millions de réfugiés afghans et n’a jamais fermé ses frontières avec leur pays, a exhorté la communauté internationale à intensifier son aide et à partager ce « fardeau migratoire ».  Elle a appuyé les efforts déployés par la MANUA pour régler la crise humanitaire et aider à la stabilité politique du pays. 

M. MEDER UTEBAEV (Kirghizistan) a d’abord souligné qu’en dépit du « changement des priorités internationales face au conflit en Ukraine », la question de l’Afghanistan demeure « pertinente », puisqu’elle occupe un rôle clef dans la stabilité régionale.  Il a salué l’interdiction par les Taliban de la production de stupéfiants –notamment du pavot– ainsi que l’amnistie générale annoncée par le pouvoir, souhaitant sa « mise en œuvre pratique complète ».  La priorité de la communauté internationale, pour le représentant, devrait maintenant être le redressement de l’économie afghane et la « réintégration du pays dans les processus économiques interrégionaux ».  Exhortant les autorités à créer un gouvernement inclusif et respectueux des droits humains, le délégué a aussi espéré voir la communauté internationale « avancer de manière coordonnée sur le dossier afghan ».  Celle-ci, ajoute-il, devrait « coopérer activement les uns avec les autres », animée par un objectif, celui de faire tout ce qui est en son pouvoir pour améliorer la situation en Afghanistan. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) s’est inquiété de la situation de l’Afghanistan qui fait face à l’absence d’un système bancaire fonctionnel.  Il a appelé à l’avènement d’un pays en paix avec lui-même et avec le monde, respectant tous les Afghans quelles que soient leurs origines.  « En tant que voisin, le Pakistan à des intérêts majeurs pour la paix en Afghanistan », a dit le représentant, avant de s’inquiéter de la recrudescence du terrorisme, du trafic de stupéfiants et des flux de réfugiés.  Il a dit que 4,2 milliards de dollars étaient nécessaires à l’aide humanitaire et économique de l’Afghanistan.  Il a estimé que la reprise des activités de reconstruction et le développement de projets de connectivités en Asie centrale pourraient ouvrir la voie à la stabilisation économique du pays.  « Cela implique des fonds et une stabilisation financière. » 

En ce qui concerne les droits humains, notamment des jeunes, des filles, le représentant a dit que les pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) continuent de discuter avec les Taliban sur l’interprétation de la charia pour trouver des réponses au droit des femmes et des filles à l’éducation.  Il a appelé à faire preuve de patience avant d’expliquer que de nombreuses familles envoient leurs filles au Pakistan pour y être scolarisées.  Selon lui, l’annonce d’une amnistie générale constitue une évolution de nature à nous permettre d’avancer vers une meilleure inclusion dans la gouvernance afghane.  En attendant, le représentant a jugé urgent d’éviter que le territoire afghan soit utilisé par des forces terroristes pour mener des attaques contre l’Afghanistan et le reste du monde.  Il a espéré que les Taliban pourront lutter contre toutes les menaces terroristes.  « L’accord de Doha et les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité par la suite contiennent des éléments pouvant constituer une feuille de route pour un retour à la normale en Afghanistan », a conclu le représentant, avant de saluer le potentiel du Groupe des voisins et amis de l’Afghanistan avec la Russie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au Conseil de sécurité, des appels pressants se font entendre pour une action urgente face à la « triple crise » que subit Haïti

9136e séance – après-midi 
CS/15037

Au Conseil de sécurité, des appels pressants se font entendre pour une action urgente face à la « triple crise » que subit Haïti

Trois hauts responsables de l’ONU et l’ensemble des délégations à avoir pris la parole ont exhorté, cet après-midi, le Conseil de sécurité à prendre des « mesures urgentes » pour remédier à la « triple crise » –politique, économique et sécuritaire– que connaît Haïti, en proie notamment à la violence de gangs criminels.  Les États-Unis ont annoncé la présentation dans les prochains jours d’un projet de résolution sur ce dossier dont elle est porte-plume avec le Mexique.  Le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, qui a dénoncé les « pêcheurs en eaux troubles » à l’origine du chaos dans son pays, a quant à lui estimé que la situation est « globalement sous contrôle ».

Première intervenante de cette séance convoquée à la demande de la Chine, la Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Mme Helen La Lime, a déclaré que le pays se trouve depuis quelques semaines à « l’effrayante intersection de trois crises ».  Une crise sécuritaire liée aux activités des gangs ayant poussé plus de 20 000 personnes à fuir leurs foyers et une crise économique qui étrangle Haïti, avec une envolée notamment des prix des denrées alimentaires, a-t-elle expliqué.

La crise est également politique puisque simultanément, « les acteurs politiques ne parviennent pas à s’accorder sur la tenue d’élections ».  La Représentante spéciale a rappelé que, sitôt l’annonce faite le 11 septembre de la fin des subventions aux produits pétroliers, l’une des plus larges alliances de gangs a bloqué le principal terminal pétrolier du pays, à Varreux, à Port-au-Prince.  Le siège a duré plus d’une semaine, malgré les opérations policières, entraînant des pénuries à travers tout le pays. 

Mme La Lime a néanmoins loué les efforts de la Police nationale d’Haïti en vue de démanteler ces barrages, efforts qui ont restauré un semblant de confiance envers elle au sein de la population.  Néanmoins, des quartiers entiers demeurent hors de son contrôle et la situation autour du terminal précité demeure tendue, a-t-elle expliqué, en rappelant que l’insécurité entrave le bon acheminement d’une aide humanitaire aux 4,9 millions d’Haïtiens qui en ont besoin. 

« La situation est désespérée », a appuyé la Directrice générale adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM).  Mme Valérie Guarnieri a averti que la crise alimentaire va aller en s’aggravant, trois millions de personnes se trouvant en situation d’urgence.  Les manifestants ont pillé un tiers des stocks alimentaires prépositionnés sur l’île par le PAM, soit plus de 2 000 tonnes, a-t-elle précisé, en appelant la communauté internationale à faciliter l’accès humanitaire en Haïti.

Un ton alarmiste partagé par Mme Ghada Waly, la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui a considéré que la criminalité organisée et les affrontements entre gangs rivaux compromettent les perspectives de développement durable du pays.  « Haïti a besoin d’une police compétente et d’un système judiciaire indépendant pour que la justice puisse fonctionner et l’impunité cesse », a insisté la haute fonctionnaire, en soulignant l’importance de la coopération régionale pour endiguer la violence. 

Face à la gravité de la situation en Haïti, Mme La Lime a exhorté le Conseil à prendre des mesures dans les meilleurs délais.  Un appel à l’action que toutes les délégations ont fait leur, à l’instar de la France qui a indiqué qu’il « y a urgence à agir ».  Nous suivons de près la mise en œuvre de la résolution 2645 (2022), qui rappelle notre engagement collectif à accompagner Haïti vers la sortie de crise, en définissant nos attentes ainsi qu’en mobilisant l’ONU sur place, a expliqué la représentante française.  Le Conseil doit suivre en permanence les nouveaux développements sur le terrain afin d’examiner la pertinence de nouvelles mesures, a appuyé le Brésil.

Ce dernier a ainsi considéré indispensable d’entamer des discussions approfondies sur les dispositions de ladite résolution relatives à l’interdiction du transfert d’armes de petit calibre, d’armes légères et de munitions à des acteurs non étatiques, dans le cadre de paramètres stricts, notamment s’agissant des sanctions.  La Chine a quant à elle demandé que le BINUH communique au Conseil les noms des responsables des gangs criminels, avant de demander, à l’instar de la Russie, l’élimination de tout transfert d’armes vers ces gangs. 

« Nous avons l’intention de présenter, avec le Mexique, un projet de résolution dans les jours à venir avec des mesures claires en ce sens », ont déclaré les États-Unis.  Il ne s’agit pas de « punir » le Gouvernement, encore moins la population, mais de demander des comptes à ceux qui fournissent ou acquièrent les armes illégales, a affirmé le Mexique.  Toute action du Conseil en Haïti doit tenir compte des échecs passés et s’accompagner d’un important renforcement de la confiance, a déclaré le Kenya au nom des A3.

« Le Gouvernement a rétabli la sécurité dans le pays », a assuré le Ministre haïtien des affaires étrangères, en estimant que le calme était revenu, à l’exception de quelques cas isolés.  Inquiet des effets dévastateurs des gangs, alimentés par certains secteurs économiques et quelques acteurs politiques, il a appelé la communauté internationale à soutenir la Police nationale d’Haïti.  La décision de certains pays d’envisager d’imposer des sanctions à l’égard de ceux et celles qui participent aux activités criminelles et à l’insécurité dans le pays est un « grand pas » dans la « bonne direction », a conclu le Ministre.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Déclarations liminaires

Mme HELEN LA LIME, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a déclaré que le pays se trouve depuis quelques semaines à « l’effrayante intersection de trois crises ».  Une crise en raison des activités des gangs qui ont poussé plus de 20 000 personnes à fuir leurs foyers.  Une crise économique qui étrangle le pays, avec une envolée des prix des denrées alimentaires, l’essence n’étant plus disponible que sur le marché noir.  Et « pendant ce temps, les acteurs politiques ne parviennent pas à s’accorder sur un terrain d’entente s’agissant de la tenue d’élections ».  Elle a rappelé que le Premier Ministre haïtien a annoncé le 11 septembre la fin des subventions sur l’essence, lesquelles coûtent environ 400 millions de dollars par an.  Des barrages sont aussitôt apparus, paralysant tout le pays.  Le 18 septembre, alors que le Premier Ministre s’était adressé à la nation plus tôt dans la journée, l’une des plus larges alliances de gangs a bloqué le principal terminal pétrolier du pays, à Varreux, à Port-au-Prince.  Le siège a duré plus d’une semaine, malgré les opérations policières, entraînant des pénuries dans tout le pays.

La Représentante spéciale a précisé qu’elle a poursuivi ses efforts de médiation auprès de tous les secteurs de la société haïtienne, en indiquant que les parties prenantes ont repris leurs engagements avec un sentiment d’urgence renouvelé.  Elle a noté les nouvelles consultations qui ont été lancées en vue de forger un consensus autour de la tenue d’élections.  Il est aussi encourageant de voir que les responsables du secteur privé se sont engagés à s’acquitter de leurs obligations légales et fiscales, a noté Mme La Lime.  Une amélioration dans la collecte des recettes sera le signe le plus tangible de la manière dont ces engagements sont respectés, a-t-elle dit, en pointant le rôle d’intérêts privés dans la survenue de la crise.

Elle a déclaré que les troubles ont mis au défi la Police nationale d’Haïti, en louant son travail pour éliminer les barrages.  Ces efforts ont restauré un semblant de confiance en la police au sein de la population.  Néanmoins, des quartiers entiers demeurent hors du contrôle de la police et la situation autour du terminal précité demeure tendue.  La Cheffe du BINUH a estimé qu’au moins 1,5 million de personnes ont été directement affectées par la violence des gangs, l’insécurité ayant entravé l’accès humanitaire.  Des stocks du PAM ont aussi été pillés.  Avant les récentes violences, près de 4,9 millions d’Haïtiens avaient besoin d’une aide. 

En conclusion, la Représentante spéciale a déclaré que cette triple crise –sécuritaire, économique et politique– a abouti à une catastrophe humanitaire.  Elle a plaidé pour une solution politique menée par les Haïtiens eux-mêmes afin de remédier à la crise, tout en enjoignant ce Conseil à prendre « des mesures urgentes » pour appuyer ces efforts.

Mme VALÉRIE GUARNIERI, Directrice générale adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM), a dit s’être rendue à plusieurs reprises à Haïti où elle a été frappée par les besoins et difficultés rencontrées par cet organisme humanitaire et ses partenaires pour apporter l’aide aux nécessiteux, même si, jusqu’à récemment, des signes d’espoir avaient été relevés, notamment pour distribuer des repas équilibrés aux enfants à l’école.  Plus de 450 000 personnes bénéficiaient d’une aide alimentaire avec des stocks prépositionnés sur place.  Aujourd’hui la situation est désespérée, a-t-elle constaté en expliquant qu’en un an, le panier de la ménagère a augmenté de 51% et l’inflation est de 31%.  Le carburant ne peut plus entrer dans le pays par voie portuaire et l’eau se fait rare, alors que les enfants sont déscolarisés à cause de l’insécurité.  « Voilà la réalité que vivent depuis des mois les Haïtiens », a déploré la haute fonctionnaire.

Selon elle, la crise alimentaire va croître avec trois millions de personnes en situation d’urgence, sachant que l’insécurité rend difficile les prestations humanitaires.  Les manifestants ont pillé un tiers des stocks alimentaires prépositionnés sur l’île par le PAM, soit plus de 2 000 tonnes, sans compter ceux d’autres organisations, a précisé Mme Guarnieri, en soulignant la gravité de ces actes en pleine saison des ouragans.  Elle a assuré vouloir rester sur place, même s’il est impossible à ce stade d’apporter le soutien requis aux populations dans le besoin.  Le PAM lance donc un appel à la communauté internationale pour faciliter l’accès humanitaire en Haïti, a-t-elle déclaré, avant de rappeler que le plan de riposte humanitaire pour Haïti n’est financé qu’à hauteur de 22%, que l’accès aérien est difficile pour éviter les zones contrôlées par les gangs et qu’il faut renforcer la sécurité du personnel et des entrepôts humanitaires sur l’île.  Haïti a besoin d’aide maintenant, a-t-elle tranché, et le PAM compte sur votre soutien, a-t-elle lancé aux membres du Conseil.

Mme GHADA FATHI WALY, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a considéré que la violence, le crime organisé et les affrontements entre gangs armés compromettent la sécurité, l’état de droit et les perspectives de développement durable en Haïti.  Les frontières maritimes et terrestres poreuses du pays le rendent particulièrement vulnérable aux trafics en tous genres, notamment de stupéfiants, d’armes et de munitions.  La coopération régionale est donc essentielle pour endiguer la récente flambée de violence et ses implications transfrontalières, notamment avec la République dominicaine, a-t-elle expliqué.  L’ONUDC, en collaboration avec la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’emploie à mettre en œuvre la feuille de route des Caraïbes pour lutter contre le trafic illicite d’armes à feu. 

Il est essentiel de soutenir les autorités judiciaires et policières haïtiennes pour venir en aide à la population civile et prévenir la déstabilisation régionale, a poursuivi Mme Waly.  En mars de cette année, une équipe de l’ONUDC a mené une mission en Haïti, en collaboration avec le BINUH, afin de renforcer les capacités du Gouvernement en termes de sécurisation des frontières, des ports et des aéroports internationaux.  Le Gouvernement haïtien a en outre confié à l’ONUDC la tâche de l’aider à améliorer sa gestion des frontières, notamment en cartographiant des activités transnationales en Haïti et leur impact régional.  L’ONUDC compte par ailleurs demeurer présent dans le pays pour prendre, « lorsque les conditions sécuritaires le permettront », des mesures renforcées.  En outre, l’ONUDC, le BINUH et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) coopèrent dans le cadre d’un programme conjoint destiné à soutenir la Police nationale d’Haïti.  Haïti a besoin d’une police compétente et d’un système judiciaire indépendant pour que la justice puisse fonctionner et l’impunité cesse, a insisté la Directrice exécutive. 

Déclarations

M. GENG SHUANG (Chine) a déclaré que la situation en Haïti a empiré avec la suppression brutale des subventions de carburant, déclenchant des protestations.  Il a appelé au démantèlement des gangs et jugé nécessaire que le Conseil passe des paroles aux actes sur le dossier haïtien.  Le délégué a encouragé les États-Unis et le Mexique, délégations porte-plumes, à présenter un projet de résolution dès que possible à ce sujet.  Le BINUH devrait donner les noms des gangs criminels au Conseil, a dit le délégué.  Il a demandé l’élimination de tout transfert d’armes aux gangs criminels, sans qu’une telle décision n’affecte la coopération avec les autorités haïtiennes.  Le Conseil devrait par ailleurs aider le pays dans la gestion des douanes et des ports.  Enfin, il a rappelé que l’aide internationale ne joue qu’un rôle catalyseur –l’impasse politique dure depuis des années en Haïti–, avant d’inviter les entités onusiennes sur place à travailler de manière décloisonnée.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a dit que son gouvernement s’efforce de faire face aux troubles en Haïti pour assurer la sécurité de tous les Haïtiens, comme l’a rappelé le Président Biden la semaine dernière à la tribune de l’Assemblée générale.  Il a condamné les actes de pillage et de destruction perpétrés la semaine dernière en Haïti, notamment dans les locaux du PAM et de l’ONUDC.  Nous savons tous que la sécurité en Haïti s’est détériorée au cours de l’année écoulée à cause de la montée en puissance des gangs, a-t-il relevé, en ajoutant qu’ils recrutent même des mineurs.  Par conséquent, le représentant a appelé à soutenir la Police nationale d’Haïti de toute urgence, Washington ayant dépêché des experts antigangs sur place et fourni des équipements de protection dans le cadre d’une enveloppe de 80 millions de dollars, a annoncé le représentant.  En outre, les États-Unis vont contribuer de 3 millions de dollars au panier de fonds sécuritaire de l’ONU, a encore indiqué le représentant, en affirmant que les États-Unis maintiendront leur aide à Haïti tout en cherchant à appuyer des solutions prises en main par les Haïtiens eux-mêmes.  Il a appelé le Conseil à agir et à faire fond sur sa résolution 2645, les États-Unis et le Mexique ayant l’intention de présenter un projet de résolution dans les jours à venir avec des mesures claires en ce sens.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ(Mexique) a condamné le pillage récent des entrepôts du PAM en Haïti et réitéré son appui au travail du BINUH, qui opère dans des conditions « extrêmement difficiles ».  Face au niveau « alarmant » des violences perpétrées ces derniers jours, « nous ne pouvons pas attendre que le pire se produise », a-t-il mis en garde.  Selon lui, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent adopter de toute urgence pour Haïti des mesures plus efficaces que celles prises jusqu’à présent.  Il s’est également inquiété de la détérioration de la situation des droits humains et de l’impact de la violence sur les enfants du pays, notamment en ce qui concerne l’accès à l’éducation et à la santé.  Pour faire face à la criminalité organisée et aux gangs, qui exercent un contrôle sur l’économie locale et la vie quotidienne à Port-au-Prince et ses environs, la Police nationale d’Haïti a besoin d’un soutien efficace de la part de la communauté internationale, a préconisé le délégué.  Il a donc dit attendre avec impatience les informations du Gouvernement concernant les mesures qu’il a prises pour relancer les processus politique et électoral.  Alors que la crise multidimensionnelle en cours exige une solution centrée sur la lutte contre la violence et l’insécurité, simultanément au dialogue, à la gouvernance et à un processus électoral libre, « rien de tout cela ne se produit », a déploré M. de la Fuente Ramírez.  « Si la violence des gangs ne cesse pas, il ne sera pas possible de stabiliser le pays », a encore dit le représentant, en précisant qu’il ne s’agit par de « punir » le Gouvernement, et encore moins la population, mais de demander des comptes à ceux qui fournissent ou acquièrent les armes illégales sources de violence. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a réitéré son inquiétude quant à la situation précaire en Haïti, notant que les troubles civils s’y poursuivent, de même que les violences et les enlèvements à l’instigation des gangs.  Les opérations de l’ONU sont également suspendues en raison d’obstacles logistiques et sécuritaires, a-t-elle relevé.  Face à cette situation, la déléguée a réitéré la nécessité de prévoir des solutions sécuritaires durables dirigées par les Haïtiens eux-mêmes, notamment le renforcement des capacités de la Police nationale d’Haïti.  Relevant qu’aucune solution aux crises politique, socioéconomique et sécuritaire ne pourra émerger sans l’implication du pays et de ses voisins, la représentante s’est félicitée à cet égard de l’engagement de la CARICOM, du Canada et de la République dominicaine à renforcer la police et à contrôler les flux d’armes légères et de petit calibre dans le pays.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit qu’Haïti a un besoin « désespéré » d’aide, en soulignant la nécessité de neutraliser les gangs qui étranglent le pays et sa population.  Il est crucial de rétablir l’ordre, a-t-il dit, en affirmant que les autorités ne semblent pas en état de prendre les mesures énergiques qui s’imposent.  « Le pays est au bord de la faillite et la classe politique ne paraît pas concernée », a constaté le délégué, pour qui on a le sentiment que cette classe et le peuple sont deux entités séparées.  Il a appelé les autorités à entendre les manifestants et à organiser des élections en vue de rétablir la légitimité de l’État dans le pays.  Enfin, le Conseil a demandé le renforcement du BINUH et souhaité qu’il agisse au plus vite en ce sens.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a salué les efforts de l’ONUDC pour remédier à la prolifération des armes de petit calibre en Haïti, avant de dénoncer le recours à la violence sexuelle par les gangs pour assoir leur pouvoir auprès de communautés d’ores et déjà traumatisées.  Il a ensuite condamné le meurtre le 11 septembre de deux journalistes, Tayson Latigue et Frantzsen Charles.  La crise multidimensionnelle que connaît le pays ne pourra qu’empirer sans l’acheminement d’une aide humanitaire, a poursuivi le délégué, en fustigeant le pillage des stocks du PAM.  Il a demandé la reprise d’un dialogue constructif dans le pays, avec l’appui de la communauté internationale.  Les efforts pour parvenir à un accord politique doivent être désormais à la hauteur des souffrances endurées par les Haïtiens, a conclu M. Gallagher.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana, Kenya), a considéré que toute action soutenue par le Conseil en Haïti doit tenir compte des échecs passés et être accompagnée d’un important renforcement de la confiance, de la transparence et du respect.  La confiance du peuple haïtien dans tous les efforts promus par le Conseil spécifiquement, et l’ONU en général, est un minimum, a exigé M. Kimani.  Il a salué les mesures positives prises par la CARICOM en exhortant tous les partenaires internationaux à travailler en étroite collaboration avec elle pour trouver les ressources financières et techniques qui seront déployées en fonction des besoins et des priorités haïtiennes.  En tant que représentants africains, les A3 se sont engagés à s’impliquer davantage au niveau politique et technique en estimant que l’expérience des pays africains en ferait des partenaires de choix.

L’objectif immédiat devrait être d’offrir à la Police nationale d’Haïti une formation et un équipement suffisants pour affronter efficacement les gangs.  Il serait particulièrement utile que la formation soit assurée par des pays qui en ont l’expérience en la matière et dont les professionnels de la police peuvent s’entendre avec leurs homologues haïtiens, a préconisé le représentant.  Il a recommandé un cadre de coopération conçu et coordonné par Haïti pour permettre, si besoin, le déploiement d’une police soutenue et mandatée par l’ONU avec des compétences spécifiques dans la réponse aux gangs violents.  Cependant, une police plus forte ne réussira que si son travail s’accompagne d’un système judiciaire renforcé, a souligné M. Kimani, en parlant notamment d’accélérer le traitement des dossiers par les tribunaux et d’éliminer les détentions provisoires prolongées.  Il a également mis l’accent sur l’impératif d’un État compétent et donc d’investir dans la formation de la fonction publique.  Quant à l’insécurité alimentaire, il s’est félicité des mesures bilatérales et multilatérales pour fournir une aide immédiate, mais cela devrait s’accompagner d’efforts ambitieux pour accroître la productivité agricole et améliorer les moyens de subsistance sur place.

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) s’est dite préoccupée par la détérioration continue de la situation sécuritaire en Haïti, qui ne fait que renforcer les défis multidimensionnels auxquels Haïti est confrontée et exacerber les vulnérabilités de la population.  Elle a condamné le pillage du Bureau et de l’entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) aux Gonaïves, qui empêchera l’aide de parvenir à des milliers de personnes parmi les plus vulnérables d’Haïti.  La représentante a encouragé tous les acteurs à travailler de manière constructive pour trouver des solutions urgentes et soutenir le redressement.  En outre, les parties prenantes haïtiennes doivent redoubler d’efforts pour résoudre l’impasse politique, a souligné la déléguée, qui leur a demandé de reprendre le dialogue politique et de garantir l’environnement sécuritaire nécessaire à la tenue d’élections libres et équitables dans les meilleurs délais.  Enfin, elle a dit attendre avec impatience les résultats de l’examen stratégique des options en vue de soutenir la sécurité en Haïti.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a fait part de sa « profonde inquiétude » face à l’escalade en Haïti, notamment les attaques contre les civils et les infrastructures civiles.  Elle a condamné les actes de violence qui sapent les efforts déployés pour instaurer une paix durable en Haïti, estimant qu’une telle situation souligne le besoin urgent d’un dialogue « calme et inclusif » permettant au pays de reprendre le chemin d’une solution politique durable.  Alors que près de la moitié de la population se trouve en situation d’insécurité alimentaire chronique, la représentante a trouvé particulièrement odieux le pillage des entrepôts humanitaires, notamment ceux du PAM.  Nous devons assurer de toute urgence l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire afin de freiner la détérioration des conditions de vie des Haïtiens.  L’aggravation de la situation en Haïti met également en relief le besoin urgent de renforcer les capacités du secteur de la sécurité, y compris le système judiciaire et la Police nationale d’Haïti, a fait valoir Mme Alhefeiti.  À ce titre, l’ONUDC a un rôle essentiel à jouer, a-t-elle jugé, dans l’attente de résultats « tangibles » de ses programmes.  Les défis sécuritaires, économiques, humanitaires et politiques en Haïti nécessitent une approche globale et inclusive.  Les prochains rapports du Secrétaire général ainsi que les mises à jour sur l’évolution politique du pays qui seront fournies par le Gouvernement haïtien au cours des prochains mois seront fondamentaux pour orienter les discussions du Conseil, a-t-elle conclu. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a exprimé sa vive préoccupation face à l’instabilité politique, à la violence et à l’agitation sociale qui continuent d’entraver le développement économique et social d’Haïti.  L’accès aux services de base demeure insuffisant et les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter, tandis que des rapports font état de violences sexuelles et sexistes, s’est-elle alarmée.  Devant ces problèmes, la représentante a exhorté les parties prenantes à désamorcer la crise et à s’abstenir de tout recours à la violence, conditions nécessaires à un accès humanitaire sûr et sans entrave aux personnes vulnérables.  Les Haïtiens, a-t-elle noté, sont confrontés au quotidien aux grands défis internationaux de notre époque décrits lors du débat général, des changements climatiques aux violations des droits humains.  Elle a donc invité les dirigeants politiques et l’opposition à reconnaître la gravité de la situation et à faire les compromis qui s’imposent dans l’intérêt du peuple haïtien.  Dans l’attente du prochain rapport du Gouvernement haïtien sur ses activités politiques, prévu en octobre, elle a estimé que seule une solution inclusive et menée par les Haïtiens saura inverser les développements négatifs actuels, avec l’appui de la communauté internationale.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a jugé regrettable que le Conseil soit convoqué une fois de plus pour discuter d’une nouvelle flambée de violence en Haïti.  Malheureusement, ces incidents deviennent sans cesse plus fréquents et dangereux, a-t-il relevé, alors que « les frontières entre la violence criminelle et politique deviennent de plus en plus floues ».  Il s’est dit préoccupé des conséquences humanitaires de grande envergure de la crise si la question de l’approvisionnement en carburant n’est pas réglé rapidement.  M. Filho a toutefois salué les pourparlers initiés par des organisations politiques rivales afin de sortir de l’impasse politique.  Il a exhorté tous les acteurs politiques haïtiens à approfondir le dialogue et à s’entendre de toute urgence sur une voie politique permettant de mettre fin à la violence, de rétablir les institutions nationales et, à terme, d’organiser des élections équitables.

Pour sa part, le Brésil n’a cessé de plaider en faveur du renforcement du soutien de l’ONU à Haïti, notamment en renforçant les capacités du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a rappelé le délégué.  À ses yeux, la situation en Haïti doit rester une priorité de la communauté internationale, et le Conseil suivre en permanence les nouveaux développements sur le terrain afin d’examiner la pertinence de nouvelles mesures.  Dans ce contexte, il a considéré indispensable d’entamer des discussions approfondies sur les dispositions de la résolution 2645 (2022), en particulier celles relatives à l’interdiction du transfert d’armes de petit calibre, d’armes légères et de munitions à des acteurs non étatiques, dans le cadre de paramètres stricts, notamment s’agissant des sanctions.  Au-delà des considérations sécuritaires, « la résolution d’une crise multidimensionnelle exige une réponse multidimensionnelle », a résumé le délégué en conclusion.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit qu’Haïti est au bord de la catastrophe, avec une violence persistante des gangs.  La situation a empiré après la suppression des subventions au carburant, a dit le délégué, en pointant le rôle joué par les « oligarques » dans les récentes violences.  Il a regretté le manque de mesures pour remédier à la crise nationale, en rappelant que l’histoire d’Haïti est connue de tous.  Les responsables de l’assassinat du Président Jovenel Moïse doivent être punis, a ajouté le représentant, qui a invité la communauté internationale à corriger ses erreurs sur le dossier haïtien, en invitant à cesser toute ingérence.  Il faut concentrer notre attention sur le trafic d’armes qui alimente la violence, a-t-il souligné en conclusion.

« Il y a urgence en Haïti », a lancé d’emblée Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France), en exprimant sa vive préoccupation face à la récente escalade de la violence.  Face aux attaques et au pillage qui se multiplient dans l’ensemble du pays, les autorités haïtiennes doivent réagir et la communauté internationale se mobiliser davantage.  Nous suivons de près la mise en œuvre de la résolution 2645 (2022), qui rappelle notre engagement collectif à accompagner Haïti vers la sortie de crise, en définissant nos attentes ainsi qu’en mobilisant les Nations Unies sur place, a expliqué la représentante.

Mme Broadhurst Estival a exhorté les acteurs politiques haïtiens à parvenir à un accord visant la tenue d’élections démocratiques, « lorsque les conditions sécuritaires le permettront ».  Pour ce faire, elle a appelé la classe politique à faire preuve de responsabilité afin de renouer le dialogue et sortir de l’impasse actuelle.  Alors que les groupes criminels multiplient les exactions en toute impunité, sapent l’autorité de l’État et pillent ses ressources, la déléguée a souligné l’importance de mettre fin à la violence des gangs, notamment en renforçant, par le biais du BINUH, la Police nationale d’Haïti.  « Sans sécurité, il n’y aura ni état de droit, ni développement. »  Enfin, elle a appelé à freiner la dégradation de la situation économique et humanitaire.  En retour, le Gouvernement haïtien doit renforcer la gouvernance et réformer ses institutions, notamment la lutte contre la corruption. 

M. JEAN VICTOR GENEUS, Ministre des affaires étrangères d’Haïti, a indiqué que, le 12 septembre dernier, des manifestations violentes avaient éclaté dans le pays suite à la décision gouvernementale de cesser la subvention des produits pétroliers entraînant l’augmentation du prix des carburants.  Cette décision, quoique difficile, était impérative, a-t-il affirmé, notant que l’État perdait 400 millions de dollars par an et devait assainir les finances publiques en adoptant un budget d’austérité par des réformes macroéconomiques.  Le Gouvernement a également entrepris une réforme de l’administration douanière pour lutter contre la contrebande et le trafic d’armes, ainsi que pour augmenter les recettes, permettant de collecter 8 milliards de gourdes en août, soit une hausse de 40%.

Il a critiqué « les pêcheurs en eaux troubles » du système politique ayant instrumentalisé l’inflation pour créer une situation chaotique, bloquant les villes et détruisant des infrastructures avec l’aide de gangs lourdement armés.  Face à la brutale détérioration de la situation, le Gouvernement a rétabli la sécurité dans le pays, a annoncé M. Geneus, qui a estimé qu’à l’exception de quelques cas isolés, la situation était globalement sous contrôle et le calme revenu dans le pays. 

Le Chef de la diplomatie haïtienne a exprimé la préoccupation et l’inquiétude du Gouvernement haïtien devant les effets dévastateurs des gangs, alimentés par certains secteurs économiques et quelques acteurs politiques, sur l’économie et le quotidien de la population.  Les manifestations violentes et les difficultés de livraison de carburants menacent de paralyser l’État, a-t-il mis en garde, notant que certaines entreprises ont menacé de quitter le pays, que certains hôpitaux ont dû fermer, tandis que la réouverture des établissements scolaires est à ce stade hasardeuse.

Le Ministre a appelé la communauté internationale à soutenir la Police nationale d’Haïti, notant que la décision de certains pays d’envisager d’imposer des sanctions à l’égard de ceux et celles qui participent aux activités criminelles et l’insécurité dans le pays est un « grand pas » dans la « bonne direction ».

M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a remercié le Conseil de sécurité pour l’adoption de la résolution 2645 en date de juillet dernier, laquelle a prorogé d’un an le mandat du BINUH.  Cependant, les résultats attendus du Bureau dépendent de la conclusion par les Haïtiens d’un accord national comme point de départ afin de combattre et neutraliser les gangs et, en deuxième lieu, d’organiser la tenue d’élections dès que les circonstances le permettront.  Malheureusement, jusqu’à présent, ce processus n’a pas abouti et, pour cette raison, le Gouvernement dominicain considère que les efforts de stabilisation en Haïti doivent être axés sur la pacification immédiate et le dialogue politique comme seuls moyens adéquats pour faire face à la violence et au chaos, a fait valoir le Ministre.  Notant la quasi-absence de progrès en termes de soutien à la Police nationale d’Haïti, il a estimé que la communauté internationale doit consolider l’assistance à la formation de la police pour en faire une force robuste, capable de rétablir la paix et de mettre fin à la violence des gangs armés qui sont « infiltrés par le pouvoir politique et économique ».  La seule réponse durable et viable à la crise haïtienne doit venir des Haïtiens eux-mêmes, a ajouté le Chef de la diplomatie dominicaine.

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a relevé que la situation en Haïti est critique, avec des gangs armés qui encerclent Port-au-Prince et mettent en danger la sécurité de ses résidents, notamment les enfants qui ne peuvent pas aller à l’école.  Il a parlé de la pénurie chronique d’aliments et de l’insécurité alimentaire qui augmente.  À Cité-Soleil, a-t-il poursuivi, les femmes enceintes ne peuvent pas recevoir les services de santé de base à cause de la violence des gangs.  Avec, en plus, les commerces qui ferment, les Haïtiens fuient le pays ou se déplacent, a-t-il ajouté tout en rendant hommage à la résilience du peuple.  Le représentant a appelé la communauté internationale à faire preuve de davantage de volonté pour aider les Haïtiens et indiqué que le Canada poursuit son engagement envers Haïti.  Il a ainsi signalé que la semaine dernière, en collaboration avec les partenaires des Caraïbes, le Premier Ministre Justin Trudeau a présidé une rencontre du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti du Conseil économique et social et exprimé son souhait du renforcement de son appui à court et à long terme.  Cette aide est notamment destinée à identifier les causes profondes des défis complexes et interconnectés auxquels le pays est confronté.

Le représentant a appelé à appuyer Haïti pour que le pays crée les conditions propices à un dialogue national inclusif afin de permettre à l’ensemble de la population de dessiner les pourtours d’un parcours vers des élections crédibles et un retour à un gouvernement stable et démocratique.  Il a souligné à cet égard l’importance de donner l’opportunité aux femmes et aux jeunes de jouer le rôle important qui leur revient.  Pour aider la Police nationale d’Haïti, le Canada a créé avec elle et l’ONU, en le finançant, un panier de fonds géré par le PNUD, a encore indiqué le délégué.  Il a ajouté que le Canada est prêt à appuyer le Gouvernement d’Haïti à renforcer sa capacité à combattre la corruption, les crimes économiques, ainsi que le blanchiment d’argent, ce qui passe par le renforcement des capacités des institutions juridiques haïtiennes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale clôt son débat général alors que l’humanité entre dans une nouvelle ère de défis et de profondes transformations

Soixante-dix-septième session,
14e séance, Matin
AG/12452

L’Assemblée générale clôt son débat général alors que l’humanité entre dans une nouvelle ère de défis et de profondes transformations

« L’humanité est entrée dans une nouvelle ère de défis complexes et de profondes transformations. »  C’est l’observation principale qu’a tirée le Président de l’Assemblée générale à la conclusion du débat général de la soixante-dix-septième session de l’organe, mettant ainsi fin à un marathon qui a commencé le 20 septembre et qui aura vu défiler à la tribune 190 orateurs, dont 76 chefs d’État et 50 chefs de gouvernement, mais seulement 23 femmes, pour débattre du thème « un tournant décisif: des solutions transformatrices face à des défis intriqués ».

« Cette nouvelle époque, nous ne l’avons pas encore nommée, ni décrite scientifiquement, mais nous sentons qu’elle est arrivée », a déclaré M. Csaba Kőrösi, se disant sûr que de nouvelles pages de l’histoire sont en train d’être écrites, avec de nouveaux défis et de nouvelles priorités, de même que de nouvelles divisions et de nouvelles alliances.

Parmi les autres points communs recensés tout au long de cette semaine de débats, le Président de l’Assemblée générale a cité les préoccupations suscitées par la guerre en Ukraine, de même que les changements climatiques qui « sont en train de nous détruire petit à petit », ainsi que de multiples plaidoyers en faveur d’une amélioration de la situation des droits humains.

Des appels ont également été lancés pour moderniser l’ONU, revitaliser l’Assemblée générale et réformer le Conseil de sécurité, ce qui s’accorde avec ma propre conviction que l’Assemblée générale doit être en mesure de mieux répondre aux défis intriqués et le Conseil de sécurité doit refléter les réalités de ce siècle, a indiqué M. Kőrösi.

Aujourd’hui encore, la guerre en Ukraine se sera imposée comme sujet de vive préoccupation à l’instar du Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des Congolais de l’étranger de la République du Congo qui, s’exprimant en russe, a imploré la Russie et l’Ukraine de donner une réelle chance à la paix.  M. Jean-Claude Gakosso les a ainsi invitées à s’engager, sans délai, dans des négociations sous l’égide des Nations Unies, afin que les affrontements ne fassent pas basculer l’humanité dans une guerre nucléaire généralisée.

Attirant l’attention sur la perturbation des approvisionnements alimentaires et énergétiques provoquée par le conflit, le Ministre des affaires étrangères de la coopération et des Mauritaniens à l’étranger de la Mauritanie, a noté que, sans les efforts des Nations Unies et de la Türkiye pour aboutir à l’accord relatif à la reprise de l’exportation de céréales et d’engrais, le monde aurait connu une catastrophe.  M. Mohamed Salem Ould Merzoug a néanmoins estimé que les mesures prises par la communauté internationale restaient limitées, appelant notamment à l’annulation de la dette extérieure des pays du continent africain.

Au sujet des changements climatiques, autre thème récurrent de cette dernière journée du débat général, le Ministre des affaires étrangères du Cameroun, M. Lejeune Mbella Mbella, a jugé plus qu’urgent que des actions soient menées pour finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris.  À son instar, de nombreux dignitaires ont espéré que la COP27 en Égypte débouchera sur des solutions décisives.  La représentante de Nauru a toutefois dit appréhender la COP27 « sans naïveté », les grands émetteurs de CO2 manquant, selon elle, d’engagements et d’actions pour réduire les effets sur le climat.

Pour le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, les changements climatiques, ainsi que les guerres, les conflits, et la crise économique et alimentaire, seraient les conséquences de l’hégémonie de certains pays qui veulent s’approprier les richesses d’autrui, semant la destruction.  Appelant à la levée des sanctions imposées à plusieurs pays dans le monde, dont le sien, M. Fayssal Mekdad a également dénoncé la politisation de la question humanitaire par les pays occidentaux.

Exhortant, lui aussi, à mettre fin aux blocus qui témoignent de la « perversion du système et du modèle impérialiste et capitaliste », le Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, M. Denis Ronaldo Moncada Colindres, a exigé la reconnaissance des particularités, des modes de vie et des aspirations diverses de la communauté internationale, appelant à faire plus pour une ONU représentative de tous ses Membres.  La Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, Mme Retno Lestari Priansari Marsudi, a proposé pour sa part un ordre mondial basé sur un nouveau paradigme d’engagement et de collaboration, déplorant la prévalence d’une gouvernance économique mondiale qui justifie la règle du plus fort.

Le volet des droits humains a été plus abondamment abordé par la Ministre des affaires étrangères du Canada qui, évoquant la situation dans la région du Xinjiang en Chine, a soutenu qu’on ne peut se cacher derrière le prétexte de la souveraineté nationale pour commettre des violations.  Il y a des limites à « défendre l’indéfendable », a affirmé Mme Mélanie Joly.  La Ministre s’est aussi inquiétée du non-respect du droit à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles dans de nombreux pays, assurant que le Canada défendra toujours le droit des femmes de choisir.

Le Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, M. Franciso Bustillo, a lui aussi fait un plaidoyer vibrant en faveur des droits humains, demandant toutefois que le débat sur cette question se fasse de manière « non politisée ».

L’Assemblée générale, qui a entendu près d’une dizaine de pays exercer leur droit de réponse, a par ailleurs décidé de réélire M. Filippo Grandi, de l’Italie, en tant que Haut-Commissaire pour les réfugiés pour une période de deux ans et demi commençant le 1er juillet 2023 et se terminant le 31 décembre 2025.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans Journal des Nations Unies.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. FAYSSAL MEKDAD, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a déclaré que les guerres, les conflits, la crise économique et alimentaire, ainsi que les changements climatiques sont les conséquences de l’hégémonie de certains pays qui veulent s’approprier les richesses d’autrui, semant la destruction.  En Syrie, ils ont qualifié les terroristes de membres de l’opposition modérée et imposent des sanctions qui sont une méthode de punition collective contre les populations syriennes.  La guerre contre la Syrie est une tentative de l’Occident de dominer le monde, a-t-il ajouté, tout en se déclarant ravi que cette guerre a échoué même si elle est pénible et douloureuse pour les Syriens. 

M. Mekdad a également dénoncé Israël qui pousse la région dans l’insécurité, pointant son escalade militaire, la judaïsation des terres arabes, l’occupation, les arrestations arbitraires et la discrimination raciale.  Ces crimes sont inacceptables et Israël doit rendre des comptes, a insisté le Ministre avant de réitérer son appui à la création de l’État de Palestine, au retour des réfugiés palestiniens dans leur terre et à l’adhésion de la Palestine à l’ONU.  Il a aussi vertement critiqué l’occupation du Golan syrien depuis 1967, décriant les changements démographiques imposés par Israël et l’exploitation des ressources naturelles syriennes.  De même, il a accusé Israël de soutenir le Front el-Nosra et Daech et de détruire des ports civils, entre autres, avant de souligner que la Syrie se réserve le droit de se défendre contre l’agression israélienne.

Notant que toute présence militaire illégale en Syrie va à l’encontre de la souveraineté du pays, le Ministre a souligné que la lutte contre le terrorisme doit se faire avec la Syrie dans le respect du droit international, enjoignant les milices séparatistes à s’abstenir d’appuyer les occupants.  Depuis la crise en 2011, la Syrie a privilégié le dialogue en décrétant l’amnistie pour les crimes terroristes afin d’appuyer la réconciliation nationale et de la stabilité.  Cet effort sera poursuivi car il a permis le retour à la vie normale pour de nombreux Syriens, a indiqué M. Mekdad.  Il a ensuite évoqué l’organisation des élections des conseillers locaux auxquelles se sont présentés 59 000 candidats.

Le Ministre a ensuite fait part de son soutien aux réunions dans le cadre du format d’Astana et demandé à la Türkiye de respecter les résultats de ce format.  De même, il a dit suivre avec intérêt le travail de la Commission constitutionnelle.  Il a pourfendu le vol des ressources naturelles syriennes dont les pertes de 2011 à 2022 ont atteint 107 milliards de dollars.  La Syrie demandera des compensations, a fait savoir le Ministre.  Offrant l’aide de son gouvernement à l’ONU pour venir en aide aux réfugiés, il a dénoncé la politisation par les pays occidentaux de la question humanitaire.  Avant de terminer, il a soutenu le droit de la Russie et de l’Iran à se défendre contre l’hégémonie occidentale et a fait part de son appui à une Chine unie.  Il a aussi dénoncé le blocus contre Cuba, appelé à mettre un terme aux manœuvres militaires dans la péninsule coréenne, demandé la levée des sanctions contre la Syrie, la Russie, l’Iran, le Zimbabwe, le Venezuela, la RPDC, le Nicaragua et l’Érythrée. 

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des Congolais de l’étranger de la République du Congo, a appelé les États à adopter une approche consensuelle, solidaire, apaisée et coordonnée pour faire face à la situation qui aggrave les fragilités communes et met en évidence les vulnérabilités collectives.  En raison de l’énorme risque de désastre nucléaire causé par la guerre en Ukraine, il a appelé les protagonistes et les puissances étrangères pouvant influencer le cours des événements à tempérer leurs ardeurs et à tourner le dos à la « vanité des puissants » qui ferme pour l’instant la porte au dialogue.  Il les a invités à s’engager, sans délai, dans des négociations de paix sous l’égide des Nations Unies, afin que les affrontements ne fassent pas basculer l’humanité dans un cataclysme irrémédiable sous forme d’une guerre nucléaire généralisée. 

S’exprimant en russe, il a exhorté la Russie et l’Ukraine à faire cesser cette guerre, les invitant à se battre pour la vie, comme ils avaient combattu ensemble avec courage et abnégation contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.  Il les a implorées de donner une réelle chance à la paix avant qu’il ne soit trop tard.  Repassant au français, il a dressé un parallèle avec la situation dramatique que vit la Libye depuis 2011, soulignant les efforts de paix déployés par son pays, à l’image des consultations entre plusieurs acteurs libyens à Brazzaville les 14 et 15 juillet derniers.

Soulignant que les forêts du bassin du Congo constituent le second réservoir écologique de la planète et attendent toujours un soutien à la hauteur de l’enjeu qu’elles représentent, le Ministre a exhorté les pays riches à tenir les engagements pris depuis Copenhague jusqu’à Glasgow, mais jusque-là non tenus.  Il a également émis l’espoir que la COP27, qui aura lieu en Afrique, permette enfin de mobiliser des ressources substantielles en faveur des pays pauvres que le dérèglement climatique a rendus encore plus vulnérables.  Le Ministre a signalé la mise en place du fonds bleu pour le bassin du Congo, qui démontre l’engagement de la République du Congo à la préservation de l’environnement, et a annoncé le lancement prochain d’un partenariat des leaders sur les forêts et le climat.  Enfin, il a plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité, pour que l’Afrique soit prise en compte et ait sa place dans le concert des Nations.  Avant de conclure, il a appelé à mettre fin à l’embargo sur Cuba, qu’il a jugé anachronique et désuet.

M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a jugé condescendant pour certains États de vouloir dominer d’autres, et ne pas leur laisser des choix indépendants et souverains dans leur politique internationale.  Il a pris l’exemple du Moyen-Orient où ce genre de politiques à conduit à des épisodes d’instabilité, ce qui laisse croire que « ce système n’est pas fonctionnel et ne convient pas aux intérêts des peuples du Sud ».  Le Ministre a également décrié l’individualisme outré qui sape le tissu social, ainsi que le consumérisme qui a conduit au dérèglement climatique.  L’Érythrée a subi les foudres des sanctions internationales et d’autres actes visant à saper sa souveraineté, a-t-il ajouté, appelant à corriger cette tendance fâcheuse.  Il a ensuite plaidé pour que l’ONU mette en place un nouvel ordre mondial consensuel.  Il a appelé au respect de l’indépendance politique et la souveraineté de tous les peuples, et à une refonte de l’ordre international. 

M. FRANCISCO BUSTILLO, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a dénoncé la guerre de la Russie en Ukraine et demandé le retrait des troupes russes.  S’agissant des changements climatiques, il a espéré que la communauté internationale parviendra à un accord à la prochaine COP27.  Pour faire face aux crises internationales, le Ministre a préconisé de renforcer l’efficacité du système multilatéral et les organisations régionales pour qu’ils soient plus préventifs.  Réitérant l’engagement de l’Uruguay pour la réalisation du Programme 2030, M. Bustillo a regretté les difficultés que rencontrent les pays en transition pour trouver des financements consensuels afin de soutenir leur développement. 

Le Ministre a ensuite fait un plaidoyer vibrant en faveur des droits de l’homme qui doivent être respectés par tous les acteurs internationaux.  Il a demandé toutefois que le débat sur cette question se fasse de manière « non politisée ».  Préoccupé par les flux migratoires et les abus perpétrés contre des millions de personnes déplacées dans le monde, M. Bustillo a également rappelé le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) contre les atrocités de masse et le génocide.  Réaffirmant le soutien de son gouvernement aux opérations de paix de l’ONU, il a informé que l’Uruguay a adopté en janvier son plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a en outre demandé un engagement ferme de la communauté internationale sur la non-prolifération et le désarmement.  Pour faire face aux trafics de drogue et aux crimes organisés, le Ministre a annoncé l’augmentation du niveau de sécurité de son pays.  S’agissant de la cybercriminalité, l’Uruguay a fait une demande pour intégrer à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité.  Enfin, préoccupé par la remise en question de la démocratie et l’état de droit dans le monde, il a plaidé pour la protection de ces valeurs face aux menaces et aux défis. 

M. MOHAMED SALEM OULD MERZOUG, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens à l’étranger de la Mauritanie, a souligné que la guerre en Ukraine avait perturbé les approvisionnements alimentaires et énergétiques, entraînant une hausse des prix des matières premières.  Sans les efforts des Nations Unies et de la Türkiye pour aboutir à l’accord relatif à la reprise de l’exportation de céréales et d’engrais, le monde aurait connu une catastrophe, a-t-il noté.  Il a néanmoins estimé que les mesures prises par la communauté internationale restaient limitées, appelant notamment à l’annulation de la dette extérieure des pays du continent africain. 

Préoccupé par le fossé qui se creuse entre, d’une part, un monde qui est entré dans la quatrième révolution industrielle et l’ère de l’intelligence artificielle et, d’autre part, un monde qui souffre encore du poids de la pauvreté et du sous-développement, le Ministre a appelé à évaluer l’efficacité des approches et des plans adoptés pour relever les défis communs.  La Mauritanie, a-t-il fait savoir, a franchi des étapes importantes sur la voie de l’établissement des valeurs d’égalité, de justice et de démocratie.  Il a également cité les libertés individuelles et collectives, ainsi que la liberté de la presse, de concertation et de participation de la société civile dans les stratégies de développement.  De même, il a mis l’accent sur les efforts visant à protéger et à promouvoir les droits de la personne en luttant contre les formes modernes d’esclavage et la traite des êtres humains, ainsi qu’en luttant contre l’immigration clandestine.  Il a, enfin, évoqué le renforcement des infrastructures et le développement du système de santé, le contrôle du prix des matières premières, ainsi que les programmes en faveur de la formation de la jeunesse et de la participation des femmes. 

Insistant ensuite sur la nécessité d’une approche intégrale pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, le Ministre mauritanien a affirmé que le G5 Sahel constituait un cadre indispensable et a appelé au soutien de la communauté internationale pour faire face aux obstacles auxquels ses États sont confrontés.  Il s’est par ailleurs félicité que 40% de l’énergie totale produite par la Mauritanie est renouvelable et a souligné les résultats prometteurs des efforts visant à enrayer la désertification, rationaliser l’exploitation des ressources marines et restaurer la biodiversité.  Dans ce cadre, la Mauritanie fonde de grands espoirs sur la COP27 en Égypte, a-t-il indiqué, avant d’exhorter les pays industrialisés à respecter leurs engagements et réduire les émissions conformément à l’Accord de Paris.  Enfin, le Ministre des affaires étrangères a renouvelé son appui à la création d’un État palestinien indépendant et appelé à trouver une solution pacifique au Yémen, au Sahara occidental, au Mali et en Ukraine. 

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a proposé un ordre mondial basé sur un nouveau paradigme.  « Un paradigme gagnant-gagnant, et pas à somme nulle.  Un paradigme d’engagement et pas d’endiguement.  Un paradigme de collaboration et pas de compétition. »  Elle a expliqué la raison d’être de ce nouveau paradigme par le besoin de raviver l’esprit de paix.  Le déficit de confiance engendre la haine et la peur et peut conduire à un conflit, a-t-elle averti.  Elle a appelé à la confiance stratégique et au respect du droit international, sachant que les principes fondamentaux de souveraineté et d’intégrité territoriale ne sont pas négociables.  Nous devons également appliquer ce nouveau paradigme pour faire une percée en Palestine et en Afghanistan, a-t-elle préconisé.

La solidarité mondiale s’estompe, a encore déploré la Ministre, alors que l’injustice et l’égoïsme abondent.  La gouvernance économique mondiale est utilisée pour justifier les règles du plus fort, a-t-elle dénoncé.  Pour elle, la pandémie nous a enseigné une leçon précieuse: personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas.  Cette leçon façonne les priorités de la présidence indonésienne du G20, a-t-elle indiqué.  « Le monde entier place ses espoirs dans le G20 pour être un catalyseur de la reprise mondiale, en particulier pour les pays en développement. »  À cet égard, Mme Marsudi a souligné l’importance de la responsabilité collective pour réaliser le Programme 2030 et lutter contre les changements climatiques, et plaidé pour le renforcement du partenariat régional.  « L’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) refuse d’être un pion dans une nouvelle guerre froide », a-t-elle affirmé.  Au lieu de cela, a poursuivi la Ministre, l’ASEAN promeut activement le paradigme de la collaboration entre États.  L’engagement de l’Indonésie est de forger l’unité de l’ASEAN comme locomotive pour la paix, la stabilité et la prospérité de la région, et de renforcer la centralité de l’Association dans le façonnement de l’ordre régional dans la région Indopacifique.  Enfin, en ce qui concerne le Myanmar, la Ministre a marqué sa préoccupation face à la non mise en œuvre du consensus en cinq points par les autorités.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a déploré la polarisation des relations internationales manifestée notamment par la crise en Ukraine.  Cette situation montre l’urgence de garantir l’égalité et la parité entre tous les États pour mettre un terme à la marginalisation des pays en développement.  Les défis mondiaux exigent des solutions intégrées et transformatrices, a estimé le Ministre qui a fait savoir que l’Algérie s’apprête à accueillir le Sommet de la Ligue arabe en novembre, l’occasion pour les pays arabes de contribuer aux résolutions des défis régionaux et internationaux.

Poursuivant, M. Lamamra a souligné que la question de la Palestine est la clef de stabilité et de la paix au Moyen-Orient.  Il a soutenu le droit des Palestiniens à un État indépendant et souverain et la demande de la Palestine de devenir membre à part entière de l’ONU.  Le Ministre a aussi appuyé le droit du peuple du Sahara occidental à mettre un terme à l’occupation.  L’ONU doit redoubler d’effort pour appuyer la reprise des négociations directes afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable.  Au Mali, il a demandé à la communauté internationale de soutenir les parties maliennes dans la mise en œuvre de tous les engagements pris dans le cadre de la transition et à mettre un terme aux ingérences étrangères dans ce pays.  Il a ensuite appelé à aider la Libye à organiser des élections justes afin de mettre en place un État démocratique et moderne.

Au Sahel, l’Algérie entend renforcer ses efforts en coordination avec les États concernés pour garantir des réponses à la hauteur du défi du terrorisme, a fait savoir M. Lamamra, ajoutant que son gouvernement promeut l’intégration économique et le développement durable, la paix et la sécurité dans la région.  Au niveau continental, il s’est insurgé contre les ingérences extérieures en Afrique et exhorté la communauté internationale à soutenir l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le continent africain est capable d’offrir un modèle de civilisation qui place l’homme au cœur des préoccupations sur la base de la justice et de la liberté, a-t-il soutenu, avant d’annoncer la candidature de l’Algérie au Conseil de sécurité pour la période 2024-2025.

M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a dénoncé le comportement colonialiste et impérialiste de l’Europe et de l’Amérique du Nord et leur tentative d’imposer une société gouvernée et administrée par eux, les qualifiant de « criminels contre l’humanité ».  Le Ministre a exigé la reconnaissance des particularités, des modes de vie et des aspirations diverses de la communauté internationale, appelant à faire plus pour une ONU représentative de tous ses Membres.  Il a exhorté à mettre fin aux blocus, sanctions ou agressions illicites qui témoignent, selon lui, de la « perversion du système et du modèle impérialiste et capitaliste », et à se rebeller contre le capitalisme.  Il a défendu l’application du principe d’égalité souveraine des États dans le cadre d’un monde multipolaire.

M. Moncada Colindres a exprimé sa solidarité avec le Venezuela, Cuba, le peuple palestinien, la Fédération de Russie dans sa bataille « contre le fascisme et pour la sécurité », et l’intégrité et la paix en général.  Il a embrassé la résistance et le développement de la Chine qui génère tant d’inquiétude et d’envie chez les « ennemis du bien commun ».  Le Ministre a encore affirmé être uni avec la Syrie, la République arabe sahraouie démocratique, le Bélarus, les peuples d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et des Caraïbes dans le combat pour l’avènement d’un autre monde, « indispensable et inévitable ».

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a salué le fait que « Notre programme commun » du Secrétaire général table sur des solutions communes pour parvenir au développement durable.  Il a déploré que certains peuples soient laissés de côté alors qu’ils font face à divers défis.  Nos peuples se demandent si la communauté internationale sera capable d’entreprendre des solutions transformatrices et surmonter les crises mondiales qui ne cessent de s’aggraver, a noté le Ministre, pour qui les solutions d’aujourd’hui devraient prévenir les problèmes de demain.  Déplorant le traitement circonstanciel des crises qui ne touchent pas aux racines, il a appelé à des solutions nouvelles et justes.  Ces solutions ne peuvent être élaborées qu’en collaboration et coordination avec les Nations Unies, en tenant compte d’autres cadres appropriés, a-t-il relevé.

Le Ministre a appelé à une nouvelle approche de la gestion de la dette, en tenant compte de la situation spécifique de chaque pays.  Il a notamment plaidé pour une restructuration de la dette, insistant en outre sur l’importance de restituer aux peuples leurs biens volés.  Estimant qu’on ne peut venir à bout des défis actuels sans faire valoir la paix et la sécurité internationales, il a appelé à gérer les situations de conflit, notamment en œuvrant pour une Palestine indépendante.  Il n’y a pas de modèle universel qui convienne à tous, a-t-il rappelé, tout en insistant sur le fait que les choix de chaque pays incombent aux autorités nationales.  Pour sa part, la Tunisie a fait le choix de la démocratie.  Il a souligné que les enjeux actuels exigent que chacun fasse preuve d’une volonté commune pour passer du diagnostic à l’action et renforcer le multilatéralisme.  Nos peuples ne veulent plus de promesses creuses, et il est temps de bâtir un monde meilleur, a déclaré M. Jerandi.

M. TANDI DORJI, MBBS, MD, Ministre des affaires étrangères du Royaume du Bhoutan, a lu une lettre de Chimi, une fillette originaire du village himalayen de Lunana dont la survie est menacée par le réchauffement de la planète.  « Je suis sûre que si nous nous unissons, nous pourrons non seulement sauver notre petit village, mais aussi rendre notre Terre sûre pour tous les êtres vivants », a-t-elle écrit, malgré la fonte des glaces sur les montagnes environnantes.  Les effets négatifs des changements climatiques affectent de manière disproportionnée les communautés les plus vulnérables du monde, et ce, à un rythme accéléré, s’est inquiété M. Dorji. « Et, la grande ironie est que ce n’est pas leur faute. »  Il n’est pas trop tard pour inverser ces tendances, a assuré le Ministre, mais la fenêtre se referme rapidement.

Afin d’atteindre les objectifs de développement durable et de mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat, nous devons assurer un financement prévisible, un soutien technologique adéquat et le renforcement des capacités des pays en développement sans littoral, des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement (PEID), a insisté le Ministre.  Il faut renforcer la résilience des communautés qui vivent dans les montagnes et leur offrir des alternatives durables leur permettant de continuer à vivre en harmonie avec la nature, notamment au moyen d’une agriculture et d’un tourisme durables.  Juste au moment où nous nous relevions de la pandémie de COVID-19, nous avons été frappés par un conflit qui a entraîné une flambée des prix des denrées alimentaires, de l'énergie et des engrais, amplifiant la faim et la malnutrition, a en outre déploré M. Dorji.  Le Bhoutan se prépare par ailleurs à déployer sa première unité militaire dans le cadre d’une opération de maintien de la paix, au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a indiqué le Ministre.

Mme MÉLANIE JOLY, Ministre des affaires étrangères du Canada, a estimé que les défis actuels sont immenses et plaidé pour plus de multilatéralisme et des Nations Unies qui soient efficaces, efficientes, pertinentes et responsables.  Elle a indiqué que la semaine dernière, la délégation canadienne dirigée par le Premier Ministre Justin Trudeau a rencontré des dirigeants et des membres d’associations civiles du monde entier, prenant note des préoccupations soulevées à cette occasion au sujet de la guerre en Ukraine, du redressement inéquitable suite à la COVID-19, de la réalisation des ODD et des changements climatiques, entre autres.

Elle a décrié la décision du Président Putin d’enrôler plus de jeunes dans « sa guerre de choix », s’indignant, en outre, des charniers découverts à Izioum.  Les répercussions de cette guerre illégale se font profondément ressentir dans le monde entier, s’est inquiétée la Ministre qui a encouragé à aborder la crise mondiale de la sécurité alimentaire et les autres conséquences de l’invasion illégale avec imagination et détermination.  Elle a souligné que ceux qui enfreignent la loi doivent être punis par la force de la loi, notant qu’un siège permanent au Conseil de sécurité n’accorde pas une licence pour tuer, et encore moins l’impunité.

Passant aux conséquences de la COVID-19 qui a fauché la vie de près de 6,5 millions de personnes dans le monde, elle a fait part de la détermination de son gouvernement à mettre fin à cette pandémie et à en prévenir d’autres.  Elle a aussi indiqué que la semaine dernière, le Premier Ministre Trudeau s’est engagé à investir 1,2 milliard de dollars pour soutenir le combat contre le VIH, la tuberculose et la malaria.  Elle a appelé à agir un sentiment d’urgence face aux changements climatiques, précisant que le Canada s’est doté d’un plan crédible pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45% d’ici à 2030, et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.  Mon pays sera également heureux d’accueillir le monde, à Montréal, pour la COP15 sur la biodiversité, sous la présidence de la Chine, a-t-elle ajouté.

S’agissant de la démocratie et de la problématique de la désinformation, la Ministre s’est alarmée que certains pays restreignent les libertés civiles et violent les droits de la personne.  Ce phénomène est particulièrement visible dans la région du Xinjiang en Chine, a-t-elle relevé, estimant que la publication du rapport des Nations Unies sur les droits de la personne constitue une étape essentielle.  On ne peut se cacher derrière le prétexte de la souveraineté nationale pour violer les droits humains, a soutenu Mme Joly pour qui il y a des limites à « défendre l’indéfendable ».

Fière de la politique étrangère féministe du Canada, la Ministre s’est inquiétée du sort des femmes et des filles en Afghanistan, empêchées par les Taliban d’aller à l’école.  Au Myanmar, des femmes courageuses qui réclament le retour du système démocratique sont emprisonnées par la junte militaire, torturées et soumises à d’horribles actes de violence sexuelle, a-t-elle dénoncé.  Et en Iran, les femmes qui manifestent contre la mort de Mahsa Amini sont arrêtées ou menacées à l’arme à feu.  Elle a indiqué que son premier Ministre a annoncé, aujourd’hui même, que les responsables seront sanctionnés, y compris la soi-disant « police de la moralité » iranienne et ses dirigeants.

La Ministre s’est aussi inquiétée de la montée de la violence et de la répression, et du non-respect du droit à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles dans de nombreux pays, déplorant un choix délibéré et assurant que le Canada défendra toujours le droit des femmes de choisir.  Elle a aussi fait part de la détermination de son pays à lutter contre le racisme systémique et à prendre des mesures concrètes pour poursuivre la réconciliation avec les peuples autochtones.  « Nous travaillons sans relâche pour aborder ce chapitre sombre de notre histoire », a-t-elle dit.

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des affaires étrangères du Cameroun, a constaté que les rivalités entre puissances se développent partout et dénoncé les effets collatéraux de ces foyers de tensions, qui se traduisent par des pertes en vies humaines et en matériels, des migrations, des détériorations de l’environnement, des dérèglements des systèmes financiers et des crises alimentaire et énergétique.  Pour ce qui est du conflit russo-ukrainien, le Ministre a rappelé que son pays a, dès le début de la crise, appelé les deux parties à ouvrir des négociations en vue de parvenir à une solution concertée.  S’agissant des conflits qui perdurent en Afrique, il a regretté que certains partenaires viennent très souvent avec des « recettes préconçues ».  À ses yeux, il importe que la voix de l’Afrique soit écoutée et soutenue, surtout lorsqu’elle est portée par l’Union africaine.  Dans un contexte mondial où les engagements internationaux ne sont plus tenus ou le sont « au compte-gouttes », il n’est pas exagéré, selon lui, d’affirmer que « le sort de l’homme et le destin de l’humanité sont en jeu ». 

Face au principal défi, à savoir la crise climatique, le Ministre a appelé au respect des engagements pris dans le cadre des conférences internationales.  Il est plus qu’urgent que des actions soient menées pour finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris, a-t-il plaidé, affirmant attendre de la COP27 en Égypte des solutions décisives.  Le Cameroun a pris l’engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et mis sur pied un cadre juridique et institutionnel pour y parvenir.  De plus, grâce au massif forestier du bassin du Congo, l’un des poumons écologiques du globe, les pays d’Afrique centrale apportent une contribution majeure à la recherche de solutions, a relevé M. Mbella Mbella, avant de réclamer qu’en contrepartie, les ressources financières et technologiques promises par les pays développés leur soient enfin octroyées.  Il en va de même pour les financements nécessaires à la mise en œuvre de l’initiative « Sahel vert » ou de la restauration du bassin du lac Tchad. 

Abordant ensuite la question migratoire, qu’il a qualifiée de « tragédie humaine », le Ministre a rappelé que le Cameroun accueille plus d’un demi-million de réfugiés et de demandeurs d’asile, ce qui le classe au dix-neuvième rang des pays d’accueil de réfugiés dans le monde.  Il a précisé que son pays, où s’est tenue en avril dernier la Conférence ministérielle régionale sur les solutions aux déplacements forcés liés à la crise centrafricaine, prend une part active à toutes ces initiatives, conformément au Pacte mondial sur les réfugiés.  Il a d’autre part alerté sur la recrudescence des opérations terroristes de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et la partie septentrionale du Cameroun, appelant à la mutualisation des moyens de lutte contre ce fléau pour renforcer les capacités des États qui en sont victimes.  Tout en remerciant les partenaires qui prêtent assistance à la Force multinationale mixte mise sur pied par les pays du bassin du lac Tchad pour éradiquer Boko Haram, il a souhaité que cette aide soit accrue, compte tenu du foisonnement des groupes terroristes régionaux affiliés à Daech.  Enfin, après avoir souligné les efforts consentis par son gouvernement pour mettre fin à la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, M. Mbella Mbella a assuré que son pays reste engagé à parachever le projet démocratique qu’il s’est fixé.

M. BHARAT RAJ PAUDYAL, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que le monde vit un moment décisif.  Mais il y a un espoir, a-t-il ajouté, citant l’exemple du Népal où 96% de la population a été vaccinée contre la COVID-19.  Il a cependant regretté que ce ne soit pas le cas partout plaidant pour l’équité vaccinale afin que personne ne soit laissé de côté.  Il a fait savoir que le Népal a besoin d’un investissement annuel moyen de 19 milliards de dollars pour atteindre tous les ODD.  Toutefois, en raison du manque de financement, les gains sont menacés à un moment où le pays s’apprête à sortir, d’ici à 2026, de la catégorie des pays les moins avancés, s’est inquiété le Ministre qui a souligné que le Népal a besoin d’investissements supplémentaires, de transfert de technologie, d’aide au commerce et d’assistance technique.  Il faut en outre garantir des réglementations commerciales ouvertes, équitables et transparentes afin que tous les pays puissent en bénéficier, a-t-il ajouté avant d’appeler à la réforme de l’architecture financière internationale, pour la rendre inclusive, équitable et bénéfique pour tous.

Pour faire face au fardeau des changements climatiques, le Gouvernement a élaboré des plans d’adaptation, a ensuite informé le Ministre avant d’exiger que les grands pollueurs prennent des mesures pour maintenir l’objectif climatique de 1,5 °C.  L’engagement de 100 milliards de dollars de financement climatique doit devenir une réalité et la COP27 doit passer des promesses à l’action, a insisté M. Raj Paudyal.  Il a aussi milité pour l’élimination dans un délai clair des armes nucléaires et le désarmement en général, y compris les armes biologiques, chimiques, nucléaires et radiologiques, exprimant en outre son opposition à la course aux armements dans l’espace.  Le Ministre a également demandé de relancer le Processus de Katmandou.  Préoccupé par les répercussions de la guerre en Ukraine, il a appelé à une cessation urgente des hostilités et de la violence et exhorté les parties à faire preuve de retenue et à reprendre la voie du dialogue.  Il a également touché mot de la situation au Myanmar, plaidant pour le respect de la volonté du peuple d’élire ses représentants et le rétablissement du processus démocratique.

M. MARC HERMANNE GNINADOOU ARABA, (Bénin), a appelé au respect du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine.  Il a estimé que la menace terroriste et la piraterie maritime qui sévissent en Afrique de l’Ouest étaient loin d’être des problématiques purement régionales, et ajouté qu’elles nécessitent de facto une « réponse immédiate de la communauté des nations ». Au sujet du développement durable, « le temps n’est plus au diagnostic » a déclaré le délégué.  Le développement de l’Afrique doit continuer de faire l’objet de réflexions fécondes, a-t-il estimé, mais il est urgent de les accompagner par des actions concrètes. Pour sa part, le Bénin s’est engagé à assurer à tous ses citoyens un minimum social commun pour satisfaire leurs besoins vitaux.  Le pays, a-t-il expliqué, s’investit à trouver les fonds nécessaires à son développement, notamment à travers l’émission d’Euro bonds consacrés aux objectifs de développement durable (ODD).

M. Araba a appelé à des efforts conjugués face aux changements climatiques, qui constituent une menace « existentielle » pour le Bénin.  Il a mentionné notamment la désertification, l’érosion côtière, la salinisation continue des eaux douces qui frappent le pays.  À ce titre, le Bénin nourrit de grands espoirs à l’approche de la COP27.  Le Bénin continuera d’apporter sa contribution pour promouvoir et faciliter activement toutes les initiatives concourant à l’atteinte des ODD, a assuré le délégué.  Ceux-ci constituent le moyen le plus concret et le plus sûr de garantir le respect des droits de la personne humaine, a-t-il ajouté.  Il a déclaré que le Bénin s’investit dans la mobilisation des ressources afin d’assurer aux populations les plus vulnérables l’accès à l’alimentation, l’éducation ou la santé.  Le délégué a plaidé pour le renforcement d’un multilatéralisme véritablement inclusif, et rappelé que son pays soutient nombre d’initiatives diplomatiques en cours au à l’ONU.

M. SONG KIM, (République populaire démocratique de Corée), a noté à son tour que le monde a été confronté à des défis de toutes sortes au cours de l’année écoulée et que son pays n’y a pas échappé.  Il a ainsi indiqué que la crise sans précédent, provoquée par le « virus malin », s’est propagée fin avril à travers la RPDC, entraînant une riposte immédiate de son gouvernement.  Cette politique antiépidémique scientifique, transparente et rapide a permis de vaincre le virus en l’espace de 100 jours, s’est-il enorgueilli, saluant l’unité d’action volontaire et l’éthique sociale de l’entraide propre au système socialiste de son pays, mais aussi les pays et organisations internationales qui ont prêté assistance à la RPDC.  Malgré cette crise sanitaire mondiale, à laquelle s’ajoutent des conditions météorologiques anormales, le Gouvernement a réussi à développer et améliorer les moyens de subsistance de la population nationale, grâce à une croissance régulière des secteurs agricole et industriel, a-t-il encore affirmé, vantant une atmosphère sociale « pleine de dynamisme et de vigueur ».

Le représentant a toutefois relevé que ces succès ont été enregistrés alors que la péninsule coréenne traverse un cycle de tensions dû à l’hostilité croissante des États-Unis et de leurs alliés à l’égard de la RPDC.  Selon lui, l’un des principaux prétextes des États-Unis et de leurs vassaux, pour justifier leurs menaces, est que la RPDC possède des armes nucléaires d’autodéfense.  Répondant au Président américain, qui a accusé la RPDC de violer de manière flagrante les résolutions de l’ONU, il a indiqué que son pays ne reconnaîtra jamais de telles résolutions qui « nous imposent des sanctions parce que nous ne respectons pas les règles édictées unilatéralement par les États-Unis ».  Alors que d’autres pays détiennent des armes nucléaires, la RPDC est la seule à être soumise à des « résolutions de sanctions », s’est-il indigné, en dénonçant la « connivence » de l’ONU.  De plus, a-t-il poursuivi, les États-Unis prévoient de mener des exercices militaires conjoints, ce qui pourrait conduire la péninsule coréenne aux portes d’une guerre.  C’est dans ce contexte de menaces militaires qu’une loi sur la politique des forces nucléaires nationales a récemment été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée populaire suprême, reflétant la volonté générale de tout le peuple coréen, a souligné le délégué, pour qui les États-Unis entendent maintenir leur hégémonie en élargissant des systèmes d’alliances militaires qui sont l’héritage de la guerre froide.

Face à cette réalité, l’ONU doit selon lui s’acquitter pleinement des missions inscrites dans sa Charte et faire respecter les principes d’impartialité et d’objectivité, notamment au sein de son Conseil de sécurité.  Tant que les « deux poids, deux mesures », l’injustice, l’autoritarisme et l’arbitraire des États-Unis ne sont pas supprimés, les décisions du Conseil ne pourront ni avoir une force contraignante ni contribuer à la paix et à la sécurité mondiales, a-t-il martelé, avant de se prononcer pour une meilleure représentation des pays en développement, majoritaires à l’ONU, au sein de cet organe.  Pour que l’ONU conserve une crédibilité, les principes de sa Charte, à commencer par l’égalité souveraine des États et l’autodétermination des peuples, doivent être strictement observés, a renchéri le représentant, non sans profiter de l’occasion pour appeler à la levée de l’embargo américain contre Cuba et exprimer sa solidarité avec les peuples syrien et palestinien, ainsi qu’avec tous ceux qui luttent pour repousser l’ingérence étrangère et sauvegarder leur indépendance, leur souveraineté et leur intégrité territoriale.

Mme AKSOLTAN ATAEVA, (Turkménistan), a pressé pour le rétablissement de la confiance et d’une culture de dialogue dans le traitement des questions problématiques.  Il a indiqué que son pays a l’intention de proposer à l’Assemblée générale l’examen d’un projet de résolution intitulé « Le dialogue -une garantie de paix », convaincu que l’adoption d’un tel texte confirmera l’engagement de tous les États en faveur d’une solution pacifique et négociée aux situations de conflit.  Il a également proposé que la communauté internationale proclame 2025 année de la paix et de la confiance et assuré que le Turkménistan continuera de travailler activement avec ses partenaires pour élargir le cercle des participants au « groupe des amis de la neutralité ».  Ma délégation a également l’intention de soumettre un projet de résolution sur le rôle du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, et son action dans la consolidation des mécanismes de coopération régionale, a-t-il ajouté, précisant que ledit Centre siège au Turkménistan.

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par les menaces croissantes qui pèsent actuellement sur la sécurité alimentaire mondiale.  Afin de rechercher conjointement des solutions aux problèmes complexes de l’approvisionnement des pays les plus vulnérables, il a proposé d’organiser un forum international sur la sécurité alimentaire au Turkménistan.  Évoquant la problématique des changements climatiques, il a fait savoir que son pays se prépare à établir un centre régional de technologie climatique pour l’Asie centrale à Achgabat.  Le Turkménistan, avec ses partenaires, est prêt à rechercher de nouvelles approches et de nouveaux moyens pour relever les défis auxquels l’humanité est confrontée, a indiqué le représentant qui a assuré qu’en s’appuyant sur la coopération stratégique avec les Nations Unies, son pays mettra tout en œuvre pour atteindre ces objectifs.

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA, (Angola), a déclaré que son pays continue de déployer des efforts importants pour contribuer à la paix et à la stabilité sur le continent africain et dans sa sous-région en particulier.  En tant que Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Angola n’a ménagé aucun effort à cette fin, notamment en ce qui concerne le conflit en République centrafricaine, mais aussi en ce qui concerne le différend frontalier entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ainsi qu’entre l’Ouganda et le Rwanda, où « nous avons modestement essayé de faire de notre mieux, car, comme nous le savons, la solution dépend toujours et avant tout de la volonté politique des parties directement impliquées ».  C’est pourquoi, s’est-elle enorgueillie, les efforts de l’Angola pour la construction de la paix sur le continent africain ont mérité la reconnaissance spéciale de l’Union africaine, qui a désigné son Président, M. João Manuel Gonçalves Lourenço, « Champion de l’Union africaine pour la paix et la réconciliation », lors du sommet extraordinaire sur « le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique ».

S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, la représentante a estimé que le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte représentent une option viable pour rétablir les droits et les aspirations légitimes du continent africain et pour corriger les injustices.  Sur le plan interne, l’Angola a tenu ses cinquièmes élections générales le 24 août dernier, caractérisées par un environnement de paix, d’harmonie et de transparence, a-t-elle rappelé, soulignant la détermination du gouvernement nouvellement élu de continuer à travailler sur les réformes en cours, basées sur l’état de droit et le bien-être de notre peuple.  Pour finir, Mme Ferreira a annoncé que l’Angola accueillera le dixième Sommet de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS), du 6 au 10 décembre 2022, à Luanda.

M. MOHAMED AL HASSAN, (Oman), a dit que son pays œuvre et continue d’œuvrer, par une coopération constructive avec toutes les parties, à l’instauration de la paix au Yémen.  Tout en nous félicitant de la prolongation de la trêve, a-t-il déclaré, nous appelons toutes les parties yéménites à accepter le passé douloureux et à se concentrer sur la formulation d’un avenir meilleur pour leur pays, qui préserverait l’unité, la sécurité et la stabilité du Yémen, sur la base de termes de référence convenus d’un commun accord, notamment l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe, les résultats du dialogue entre Yéménites et les résolutions pertinentes des Nations Unies.  Oman, a déclaré son représentant, continuera à fournir une assistance humanitaire aux différentes régions et gouvernorats yéménites « sans exclusion ».  Pour le Sultanat, la résolution de la question palestinienne reste également un pilier essentiel de la stabilité au Moyen-Orient, et, par conséquent, il estime que la solution des deux États, conformément aux résolutions internationales et à l’Initiative de paix arabe, est un besoin urgent et une nécessité stratégique pour parvenir à une paix durable dans la région.

Le délégué a indiqué que, pour son gouvernement, les changements climatiques sont une question cruciale, raison pour laquelle il a élaboré une stratégie nationale de protection de l’environnement et de lutte contre ce fléau, qu’il met en œuvre en partenariat avec la communauté locale, les institutions de la société civile et le secteur privé.  Ainsi, a été créé le Comité national pour les changements climatiques et la protection de la couche d’ozone, composé de 31 agences gouvernementales qui mettent en œuvre des plans d’adaptation en vue d’atténuer les effets des fluctuations climatiques et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7% d’ici à 2030, avec pour objectif ultime d’atteindre la neutralité zéro.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH, (Djibouti), a soutenu le plan de relance des objectifs de développement durable, en précisant qu’une attention prioritaire doit être accordée aux pays les moins avancés, qui représentent 1,1 milliard d’êtres humains.  De multiples chocs exogènes tels que la hausse des prix alimentaires mondiale frappent Djibouti, a-t-il déploré, mais ils n’ont pas entamé la détermination du pays.  C’est dans cet esprit que Djibouti a élaboré le Plan national de développement 2020-2024 « Djibouti ICI ».  Le représentant est revenu sur les trois axes stratégiques qui le définissent: inclusion, connectivité et institutions.  Les changements climatiques posent un péril existentiel à l'humanité, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il n’était « plus possible d’accepter passivement, de COP en COP, de dresser le constat que nous n’avons pas suffisamment fait ».  Il a réaffirmé l’engagement de Djibouti vis-à-vis de l’Accord de Paris et vanté sa politique environnementale, avertissant toutefois que son pays est négativement affecté par les mêmes risques climatiques que ses voisins de la Corne de l’Afrique.

M. Doualeh s’est félicité du résultat de la dernière réunion consacrée aux ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria tenue sous le leadership du Président Biden.  Il a ensuite rappelé le vote de Djibouti en faveur de la résolution condamnant l’agression de l’Ukraine par la Russie.  Le représentant a réaffirmé le soutien de son pays à une amélioration de la représentation du continent dans les instances internationales, en particulier le Conseil de sécurité, d’une manière qui « reflète les réalités du XXIe siècle ».  Il a émis plusieurs suggestions à ce sujet, dont l’examen par la Cour internationale de Justice (CIJ) de la conformité du droit de veto par rapport aux buts et principes des Nations Unies.  Djibouti est profondément attaché au règlement pacifique des différends, a assuré M. Doualeh, expliquant que le pays a multiplié les appels en direction de l’Érythrée voisine afin d’accélérer la normalisation des relations entre les deux pays.  Il a appelé l’Érythrée à accepter de résoudre les questions en suspens par le biais du dialogue bilatéral, la médiation ou un arbitrage contraignant.  Enfin, il a salué l’élection du Président, M. Hassan Sheikh Mohamud en Somalie et le combat de ce dernier contre les Chabab.  Il s’est réjoui des espoirs nés de la trêve observée au Yémen, et a appelé à l’intensification des pourparlers.

Mme MARGO REMINISSE DEIYE, (Nauru), a souhaité que la communauté internationale tire parti de la force du multilatéralisme pour surmonter les crises interconnectées qui affectent le monde.  Elle a rappelé à cet égard que, l’an dernier à la même époque, son pays était fier de se déclarer exempt de COVID-19.  Hélas, ce n’est plus le cas, a-t-elle dit, assurant toutefois que, grâce au soutien de ses partenaires, Nauru a pu atteindre des taux de vaccination élevés pour sa population.  Elle s’est également élevée contre les campagnes de désinformation en matière de santé publique, prévenant qu’une épidémie dans une partie du monde peut produire une onde de destruction planétaire.  Pour renforcer notre résilience au niveau national, Nauru donne la priorité à une stratégie préventive mais a besoin d’un accompagnement et d’une expertise technique, a souligné la représentante, avant de relever que la bataille contre les maladies transmissibles implique aussi de surmonter les défis liés à l’insécurité alimentaire et à la nutrition.  Pour elle, parler de transformation et de résilience suppose par ailleurs de donner la priorité à l’urgence climatique, face à laquelle le Pacifique est en première ligne.  Invitant le Secrétaire général à nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité, et à entreprendre immédiatement une évaluation de la capacité de l’ONU à répondre aux catastrophes climatiques, Mme Deiye a dit appréhender la COP27 « sans naïveté », les grands émetteurs de CO2 manquant, selon elle, d’engagements et d’actions pour réduire les effets sur le climat.

Nauru, comme d’autres nations insulaires, vit avec les réalités des changements climatiques depuis un certain temps déjà, a signalé la représentante, avertissant que ce fléau menace la capacité des gouvernements et des institutions à fournir des services de base à court et à long terme.  Pour y faire face, nous avons besoin d’une assistance financière et technique pour construire une infrastructure climato-résiliente, a-t-elle affirmé, ajoutant que cet effort concerne aussi la transition énergétique.  À ce propos, elle a estimé que « les minéraux des profondeurs marines apportent des solutions aux petits États insulaires en développement ».  Il s’agit d’une priorité pour Nauru au sein de l’Autorité internationale des fonds marins, a-t-elle insisté, appelant à davantage de soutien et d’investissements pour assurer la mise en place et le respect d’un mécanisme de gouvernance solide dans ce domaine.  Elle a d’autre part regretté la suspension des travaux de la cinquième session de la Conférence intergouvernementale sur la diversité biologique marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale, assurant que son pays fera tout pour faire aboutir les négociations.  Nous devons parvenir à un consensus sur le partage des avantages en haute mer, qui est crucial pour l’économie des nations insulaires, a-t-elle plaidé, avant de souligner l’importance des travaux en cours sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a déclaré, en clôture, que 190 orateurs se sont exprimés au cours du débat général, dont 76 chefs d’État, 50 chefs de gouvernement, 4 vice-présidents, 5 vice-premiers ministres, 48 ministres et 7 chefs de délégation.  Vingt-trois femmes ont pris la parole, ce qui représente environ 10% des orateurs.  C’est une faible participation, a-t-il déploré.

Parmi les points communs des déclarations, il a relevé une prise de conscience grandissante que l’humanité est entrée dans une nouvelle ère, confrontée à des défis complexes, et qu’une profonde transformation est en cours.  Nous n’avons pas encore nommé, ni décrit scientifiquement cette nouvelle époque, mais nous sentons qu’elle est arrivée, a constaté M. Kőrösi.  De nouvelles pages de l’histoire sont en train d’être écrites, avec de nouveaux défis et de nouvelles priorités, de même que de nouvelles divisions et de nouvelles alliances.

Le deuxième message entendu, a continué le Président, c’est que la guerre en Ukraine doit cesser.  Ses conséquences se font ressentir dans le monde entier, mais il y a près de 30 autres conflits dans le monde et aucun d’entre eux n’est en train de s’améliorer.

Le troisième point commun, a poursuivi le Président, est que les changements climatiques sont en train de nous détruire petit à petit.  Des appels ont été lancés en faveur de la justice climatique et du respect des engagements.  Or, certains ne semblent toujours pas croire que la croissance économique puisse aller de pair avec la réduction des émissions et la protection de la biodiversité, s’est-il inquiété.

M. Kőrösi a également indiqué avoir entendu plaider en faveur d’une amélioration de la situation des droits humains.  Évoquant la tenue de la réunion de haut niveau sur la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, il a souligné que la diversité est une force.  Des appels ont également été lancés pour moderniser l’ONU, revitaliser l’Assemblée générale et réformer le Conseil de sécurité.  Cela s’accorde avec ma propre conviction que l’Assemblée générale doit être en mesure de mieux répondre aux défis intriqués et le Conseil de sécurité doit refléter les réalités de ce siècle, a-t-il dit.

Droits de réponse

Réagissant aux propos « erronés » du Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, la délégation de l’Arménie a rejeté un discours « fabriqué de toutes pièces » dans l’intention de détourner l’attention de la communauté internationale des politiques constantes de recours à la force par ce pays conformément à ses visées expansionnistes dans la région.  Les dernières attaques militaires lancées par ce pays, plus tôt ce mois-ci, ont pris pour cible l’est et le sud-est de l’Arménie et ont fait plus de 200 morts y compris parmi la population civile.  Près 26 soldats ont été capturés, 8 000 personnes, y compris des femmes et des enfants, sont déplacées temporairement, a déploré la délégation.  En violation « odieuse » des Conventions de Genève et du droit humanitaire international, l’Azerbaïdjan emprisonne, torture et assassine des soldats arméniens, y compris des femmes, a-t-elle accusé.  Ces atrocités ont été enregistrées et font l’objet de « célébrations » sur les réseaux sociaux en Azerbaïdjan.  Pour finir, la délégation arménienne a appelé à mener des enquêtes sur les exactions perpétrées par l’Armée de l’Azerbaïdjan et à traduire en justice leurs auteurs.

Le représentant de la Serbie a regretté la déclaration du Premier Ministre de l’Albanie qui a appelé à la reconnaissance du Kosovo par la Serbie.  Il a indiqué que cette déclaration « cynique » nuisait aux négociations et était contraire au droit international, rappelant que la résolution 1244 (1999) a reconnu que le Kosovo était une province autonome de la République serbe.  Il a affirmé l’appui de la Serbie au processus permettant de négocier avec l’Albanie et appelé cet État à coopérer.

La déléguée du Kirghizistan, en réponse à l’allocution émise par le Tadjikistan le 24 septembre, a condamné une agression non provoquée et injustifiée de la part du Tadjikistan sur le territoire kirghize, commise du 14 au 17 septembre 2022, faisant 62 morts ainsi que 200 blessés et provoquant le déplacement de 140 000 personnes.  Elle a dénoncé les accusations sans fondement du Tadjikistan qui, a-t-elle déploré, a lancé une campagne de désinformation et d’information afin de discréditer les actions défensives du Kirghizstan qui, a-t-elle ajouté, détient toutes les preuves de l’agression et des crimes commis par les soldats tadjikes.  Elle a souhaité que le différend frontalier soit résolu à la table des négociations.

Le représentant de la République de Corée a réagi aux déclarations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) concernant la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne.  Il a rappelé que la RPDC est le seul pays à avoir mené des essais nucléaires au XXIe siècle et qu’il est sur le point de procéder à un septième essai.  Il a ajouté que la RPDC a procédé au lancement de 32 missiles balistiques cette année, chacun de ces tirs constituant une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour le représentant, la RPDC est tenue, en vertu de ces résolutions, de renoncer à toute arme et programmes nucléaires de manière complète, vérifiable et irréversible.  Condamnant ces graves menaces pour la paix et la sécurité dans la région et au-delà, il a souligné que toute tentative de justifier un recours aux armes nucléaires ne peut être reconnue par la communauté internationale.  Il a également justifié les exercices militaires conjoints effectués par son pays aux côtés des États-Unis, estimant que « se prémunir face aux menaces est le devoir de tout gouvernement responsable ».  De même, a-t-il ajouté, nous ne pouvons accepter que l’on choisisse ou non de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, car il s’agit d’une obligation juridique.  En conclusion, le délégué a exhorté la RPDC à cesser ses provocations et revenir aux pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Répondant à la délégation de l’Algérie, la représentante du Maroc a dénoncé une nouvelle instrumentalisation de l’Assemblée générale pour véhiculer « des contre-vérités » sur le Sahara marocain.  Selon elle, la question du Sahara marocain est une question de recouvrement de la souveraineté territoriale du Maroc et non de décolonisation.  Précisant que le Maroc a récupéré ce territoire par la négociation et de manière pacifique, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, elle a estimé que son pays a irrévocablement recouvré sa souveraineté sur le Sahara marocain au travers de la signature de l’Accord de Madrid, le 14 novembre 1975.  Elle a également relevé que cette question est inscrite sur l’agenda du Conseil de sécurité sous le Chapitre VI de la Charte relatif au règlement pacifique des différends, avant d’assurer que « le Sahara a toujours été marocain et le restera éternellement ».  Le Sahara marocain connaît un fort développement et sa population vit dans la quiétude et dans la pleine jouissance de ses droits, a assuré la déléguée, ajoutant que le Conseil de sécurité, seule instance en charge de sa situation, a établi les paramètres devant présider au règlement définitif, comme stipulés dans les résolutions pertinentes.  Relevant à cet égard que lesdites résolutions définissent les participants au processus de tables rondes, elle a souligné que « l’entité fantoche », citée par la délégation algérienne, n’est pas reconnue par l’ONU et ne fait nullement partie des discussions.  Alors que l’Algérie a réclamé la reprise du processus onusien, le Maroc lance un appel à l’Algérie pour qu’elle reprenne sa place dans les tables rondes, qui sont l’émanation du Conseil de sécurité, a conclu la représentante.

Le représentant de l’Iran a rejeté les accusations sans fondement de l’Albanie concernant les attaques cybernétiques dont cet État a été victime, notant que l’Iran était elle-même fréquemment victime de telles attaques.  Il a condamné avec force les actions des Forces de police albanaise contre les installations diplomatiques iraniennes à Tirana le 8 septembre 2022, qui ont été suivies de la fin des relations diplomatiques décrétées par le Gouvernement albanais.

Le délégué a également condamné la déclaration des Émirats arabes unis concernant les îles de Grande Tunb, Petite Tunb et Abu Moussa dans le Golfe persique.  Il a rappelé que ces trois îles ont toujours été et restent partie intégrante du territoire iranien et que la souveraineté iranienne sur les îles est non négociable.

Au sujet des allusions de certains pays sur les femmes iraniennes, il a indiqué que des enquêtes étaient en cours pour faire la lumière sur ces décès tragiques.  Pour l’instant, a-t-il souligné, il n’existe pas de preuve de la culpabilité de responsables gouvernementaux iraniens et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures doit être respecté.

La délégation de l’Azerbaïdjan, a accusé l’Arménie de fermer les yeux sur les efforts diplomatiques en cours pour normaliser leurs relations.  Il a accusé l’Arménie de mener une campagne de désinformation à l’intention de la communauté internationale, déplorant que ses dirigeants sans vergogne ont inventé le concept honteux d’« incompatibilité ethnique » entre Arméniens et Azerbaïdjanais.  Les autorités arméniennes ont mené et ordonné l’assassinat de milliers de civils azerbaïdjanais, commis une purge ethnique et réduit en cendre des villages et des villes.  Quel peut être le poids des discours arméniens au sein de l’Assemblée générale, alors qu’elle ignore et refuse de mettre en œuvre les résolutions de l’Organisation?

La déléguée de l’Albanie a réagi aux propos des délégations de la Serbie et de l’Iran.  Elle a souligné qu’il n’y a pas d’autre avenir dans les Balkans que celui de l’étroite coopération et l’amitié, espérant que cette perception puisse être partagée par les autres pays de la région, y compris le Kosovo.  Elle a ensuite accusé l’Iran de s’être efforcée de perturber la prestation de services essentiels en Albanie.  Ce n’est pas la première fois que Téhéran agit de la sorte, a-t-elle renchéri, alertant qu’il pourrait y avoir à l’avenir d’autres victimes.

Le représentant des Émirats arabes unis a repris la parole pour répondre à l’Iran, réitérant que les îles de la grande Tunb, petite Tunb et Abou-Moussa faisaient partie intégrante des Émirats arabes unis, refusant de manière catégorique l’occupation iranienne de ces trois îles.  Il a renouvelé l’appel lancé à l’Iran pour trouver une solution, par le biais de négociations directes ou par le biais de la Cour internationale de Justice (CIJ), et souligné la nécessité de travailler avec l’Iran et de renforcer les intérêts communs.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a souhaité réagir aux déclarations provocatrices de la République de Corée à l’égard de son pays.  La RPDC, a-t-il fait valoir, a développé ses capacités de défense en raison de la politique hostile que mènent les États-Unis à son endroit.  Pour cette raison, la RPDC a été contrainte de se doter de capacités de défense nucléaires, a ajouté le délégué, assurant que son pays n’entend en aucun cas entrer en conflit avec la République de Corée.  Dans ce contexte, l’adoption de notre loi sur les forces nucléaires nationales est une décision souveraine de la RPDC et nul n’est autorisé à la remettre en question, a-t-il souligné, avant d’appeler la communauté internationale à accorder plus d’attention à l’attitude « hostile » des États-Unis, qui plonge la péninsule coréenne dans un cycle vicieux de tensions.  Exhortant enfin les forces de la République de Corée et des États-Unis à remettre en question leur comportement provocateur, il les a engagées à agir « de manière cohérente ».

Reprenant de nouveau la parole, la délégation de l’Arménie a dénoncé la propagande de l’Azerbaïdjan et sa déformation des faits.  La concentration de masse de troupes azerbaïdjanaises et l’utilisation intense d’armes lourdes montrent la nature préméditée de l’agression de grande ampleur contre l’Arménie.  Le Conseil de sécurité a d’ailleurs condamné l’utilisation de la force et exigé la fin du conflit et la fin du bombardement du territoire de l’Arménie et le retrait des forces à leur position initiale.

Le représentant de l’Iran a repris la parole pour répondre aux Émirats arabes unis, qui ont à nouveau « insulté l’intégrité territoriale de l’Iran ».  Il a réitéré la souveraineté de l’Iran sur ces îles.  Il a par ailleurs rejeté toute cyberattaque sur les infrastructures albanaises et a rappelé l’intervention des forces albanaises sur le territoire diplomatique iranien à Tirana sans son consentement le 8 septembre 2022.

À son tour, le représentant de l’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’asséner des mensonges et de déformer les faits.  La déclaration de l’Arménie pendant le débat général est un exemple parfait de cette tentative de miner le dialogue et d’opter pour une attitude hostile qui consiste à répéter des non-vérités.  Les interprétations erronées ne sauraient absoudre l’Arménie de ses crimes et de son idéologie raciste, a martelé le délégué.

Le représentant des Émirats arabes unis a repris une deuxième fois la parole pour préciser que, contrairement à ce que prétend l’Iran, Grande et Petite Tunb ainsi qu’Abu Moussa sont des îles des Émirats arabes unis du golfe Persique.  Dénonçant un conflit provoqué par l’Iran, il a souhaité que ce pays collabore avec les Émirats arabes unis pour le régler une bonne fois.  Faute d’un tel arrangement, nous serions contraints de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il ajouté.

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