En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: des crimes à grande échelle sont commis au Darfour en ce moment même, alerte le Procureur de la CPI

9851e séance – après-midi
CS/15984

Conseil de sécurité: des crimes à grande échelle sont commis au Darfour en ce moment même, alerte le Procureur de la CPI

Cet après-midi, le Conseil de sécurité a entendu le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) faire rapport sur les activités de son bureau et, à cette occasion, dénoncer la commission à grande échelle de crimes internationaux relevant du Statut de Rome « en ce moment même » dans l’État du Darfour, au Soudan.  M. Karim Khan a indiqué à cet égard préparer des mandats d’arrêt que les États devraient s’efforcer d’exécuter.  Des délégations membres du Conseil et celle du Soudan ont promis de poursuivre leur collaboration avec la CPI afin de garantir la justice et de mettre fin au cycle de l’impunité dans ce pays.  La Russie a dénoncé la présence du Procureur au Conseil.

Au cours des six derniers mois, période concernée par le rapport du Procureur, le Darfour est allé de mal en pis parce que la famine s’intensifie et le conflit bat son plein, a relaté M. Khan.  À El-Fasher, les hôpitaux et autres infrastructures civiles sont pris pour cibles. À l’appui de ses accusations de crimes internationaux relevant du Statut de Rome, il a fait valoir une analyse rigoureuse basée sur les informations et preuves recueillies auprès des communautés.

Les crimes d’aujourd’hui ressemblent à la tragédie de 2003

Le Procureur a prévenu que son bureau préparait des mandats d’arrêt en relation avec les crimes commis au Darfour occidental, souhaitant l’arrestation dès que possible des auteurs présumés.  Qui plus est, il a indiqué être « prêt pour les procès en relation avec ces crimes ».  M. Khan s’est adressé à ceux qui sont sur le terrain à El-Fasher, Geneina et dans tout le Darfour: « Respectez le droit international humanitaire, maintenant. »

Les crimes, les acteurs impliqués et les cibles de persécution d’aujourd’hui ressemblent à ceux de la tragédie de 2003, au même Darfour, a alerté le Procureur en constatant que ce sont les mêmes communautés qui sont visées et les mêmes groupes qui infligent des souffrances au peuple du Darfour.

Le point sur les affaires en cours

Revenant aux affaires en cours de traitement par son bureau, M. Khan a d’abord parlé de la procédure concernant M. Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, un membre présumé de haut rang des milices janjaouid accusé de 31 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Darfour entre août 2003 et au moins avril 2004.  La conclusion de ce premier procès marque le progrès le plus tangible dans la reddition de la justice pour les crimes commis au Darfour il y a plus de 20 ans, a-t-il noté, assurant vouloir tout faire pour s’assurer que ce procès ne représente pas une étape finale, mais un début dans les efforts collectifs de justice.

Pour les autres dossiers, il a demandé la coopération des États afin d’assurer l’arrestation d’Omar Hassan Ahmad Al Bashir, d’Ahmad Muhammad Harun et d’Abdel Raheem Muhammad Hussein, qui font tous trois l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour.  Il a aussi attiré l’attention sur les victimes et leurs familles, souhaitant que le Conseil réponde à leurs attentes. 

Les efforts de coopération du Gouvernement avec la CPI

Un optimisme prudent est de mise concernant la coopération entre le Gouvernement soudanais et son bureau, a poursuivi le Procureur en saluant notamment la nomination par le Gouvernement d’un point focal et les progrès réalisés sur les demandes d’assistance en attente. 

Le délégué soudanais a confirmé ces efforts, comme l’émission de visas facilitée pour les membres du Bureau et l’invitation permanente bénéficiant au Procureur.  Il a surtout mentionné la formation d’un comité chargé de coordonner la liaison entre le Gouvernement du Soudan et le Bureau du Procureur.  Ce mécanisme permet notamment de documenter les exactions des Forces d’appui rapide et de traiter quelque 1 000 plaintes transmises à des juridictions soudanaises ordinaires concernant les affaires liées au Darfour.  Des procédures judiciaires nationales devraient ainsi être menées, puis celles des juridictions africaines et, enfin, celles de la CPI.

Les autorités soudanaises comptent d’ailleurs faire jouer la compétence de la CPI en matière de crime d’agression, a précisé le délégué, afin que des enquêtes soient menées sur l’implication de pays étrangers à la crise au Darfour où des groupes ethniques particuliers sont ciblés. 

Si le rapport du Procureur indique que le Soudan n’a répondu que partiellement à certaines demandes, la délégation s’est justifiée en disant que certains documents, comme ceux liés à l’aéroport d’El-Fasher, ont été détruits. 

La Chine, elle, a estimé que c’était à la CPI de renforcer sa collaboration avec le Soudan, en veillant à ne pas politiser ses enquêtes et en respectant scrupuleusement le mandat que lui a confié le Conseil de sécurité. 

La reddition de la justice avance

La majorité des membres du Conseil ont apprécié les efforts déployés, la France se félicitant des progrès continus dans l’affaire concernant M. Abd-Al-Rahman dont le jugement, attendu cette année, représentera un moment crucial pour les survivants et les familles des victimes.  Cette délégation a aussi salué les progrès dans les enquêtes complémentaires sur les suspects pour lesquels des mandats d’arrêt ont déjà été émis, ainsi que la coopération accrue avec le Bureau du Procureur, les États tiers et les organisations internationales qui ont permis de faire progresser les différentes enquêtes de la Cour et d’obtenir de nouvelles preuves. 

Pour sa part, le Royaume-Uni s’est réjoui du dialogue structuré entre le Bureau du Procureur et la société civile qui devrait permettre de faire entendre les voix des victimes.  Saluant l’engagement constructif des autorités soudanaises avec la Cour, le délégué britannique les a appelées à coopérer plus avant afin d’exécuter les mandats d’arrêt délivrés contre M. Omar Al Bashir, M. Abdel Raheem Hussein et M. Ahmad Harun. 

L’Algérie a jugé importante la complémentarité entre la justice transitionnelle, l’obligation de rendre des comptes et les efforts de paix au Soudan, en particulier au Darfour.  Tout doit être mis en œuvre pour revitaliser et renforcer les structures judiciaires nationales en vue d’appuyer l’appropriation nationale de ce processus, a encouragé la délégation.

Les Forces d’appui rapide comme les Forces armées soudanaises

Si M. Khan a dit avoir discuté avec les Forces d’appui rapide afin d’obtenir des informations pertinentes pour ses enquêtes, plusieurs membres du Conseil, comme l’Algérie, se sont inquiétés du non-respect de la résolution 2736 (2024) du Conseil par ces forces qui maintiennent le siège d’El-Fasher.  Le Danemark a dit être également préoccupé par les violations graves du droit international commises par toutes les parties au conflit au Soudan.

Les États-Unis ont condamné précisément les atrocités commises à l’encontre de civils innocents par les Forces d’appui rapide et les crimes de guerre perpétrés par les Forces armées soudanaises, exigeant que les auteurs rendent des comptes.  Ceux qui ont commis des crimes au Darfour il y a plus de 20 ans continuent de jouir de l’impunité, a dénoncé la représentante américaine craignant que « si nous ne veillons pas à la reddition de compte pour des crimes commis il y a des décennies, les conflits vont persister ». 

La justice, une étape essentielle dans la stabilisation du pays

C’est pourquoi la conclusion récente du premier procès de la CPI concernant les violences au Darfour est une étape majeure, a souligné le Danemark.  La justice et la responsabilité sont primordiales dans toute approche globale de règlement du conflit au Soudan, a renchéri la Somalie pour qui la recherche d’une justice transitionnelle ne peut être dissociée du processus de stabilisation du pays.  La délégation somalienne a ainsi invité à explorer toutes les voies pour revitaliser les institutions judiciaires nationales, afin de permettre l’appropriation par le Soudan de ce processus critique. 

La Sierra Leone a confirmé que les efforts visant à s’attaquer aux causes profondes du conflit, dont l’impunité systémique, sont essentiels pour parvenir à une résolution politique durable.  C’est pourquoi elle a recommandé que la coopération entre le Soudan et la CPI s’étende à l’arrestation et à la remise des suspects dont on pense qu’ils se trouvent au Soudan.  « Le respect de ces obligations est essentiel pour rompre le cycle de l’impunité et instaurer une paix durable dans la région. » 

Pour la Fédération de Russie cependant, les activités politisées de la CPI n’ont pas contribué à un règlement pacifique du conflit.  « Au contraire, en émettant un mandat d’arrêt contre l’actuel Chef de l’État en violation des normes généralement admises sur l’immunité des hauts fonctionnaires, ce pseudo-tribunal a compliqué la réalisation d’un compromis politique et provoqué des frictions sur le continent africain. »

La représentante russe a aussi, à l’entame de son discours, dénoncé l’intervention de M. Khan devant le Conseil en invoquant l’enquête sur des accusations de harcèlement sexuel portées à son encontre, alors que l’ONU prône une politique de tolérance zéro à ce sujet. 

Quant à l’Algérie, elle s’est élevée contre l’ingérence étrangère au Soudan, demandant que celle-ci soit condamnée publiquement et fermement.  Toute ingérence empêche l’établissement d’une solution durable au conflit, a-t-elle mis en garde. 

Enfin, s’adressant aux membres du Conseil de sécurité, le Procureur leur a demandé de travailler ensemble pour renouveler et renforcer les liens entre la CPI et le Conseil, ainsi qu’avec les victimes au Darfour et toutes les victimes d’atrocité en ce jour où est célébrée la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. 

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RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Exposé

M. KARIM KHAN, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a dit que le Darfour est allé de mal en pis au cours des six derniers mois.  La famine s’intensifie et le conflit bat son plein.  La descente aux enfers semble s’accélérer en ce moment même, notamment à El-Fasher où la violence prend de l’ampleur et où les hôpitaux et autres infrastructures civiles sont pris pour cibles.  Pour le magistrat, des crimes internationaux relevant du Statut de Rome sont commis à grande échelle au Darfour.  « Je n’ai aucun doute, ils sont commis au moment où nous parlons », a insisté M. Khan dénonçant les atrocités qui y sont utilisées quotidiennement comme arme de guerre.  Il a assuré qu’il s’agit d’une analyse rigoureuse basée sur les informations et les preuves recueillies par la CPI. 

Le Procureur a compati à la souffrance des femmes et des enfants, victimes de crimes sexistes. Soulignant l’étroite coopération avec les communautés affectées, au cours des six derniers mois, dans la collecte et le traitement de preuves numériques et documentaires, notamment, M. Khan a indiqué avoir entrepris d’émettre des mandats d’arrêt en relation avec les crimes commis au Darfour occidental.  Il a dit vouloir rapidement arrêter les auteurs et être prêt à mener les procès en relation avec ces crimes.  Un message simple doit être compris par ceux sont sur le terrain à El-Fasher, Geneina et dans tout le Darfour: « Respectez le droit international humanitaire, maintenant. » 

Poursuivant, le Procureur a observé que les crimes, les acteurs impliqués et les cibles de persécution d’aujourd’hui ressemblent à ceux de la tragédie survenue en 2003 au Darfour.  Ce sont les mêmes communautés qui sont visées, les mêmes groupes qui infligent des souffrances au peuple du Darfour. 

Venant aux affaires en cours, il a indiqué qu’au cours des six derniers mois, la CPI a travaillé sur les procédures dans les affaires concernant M. Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, un membre présumé de haut rang des milices janjaouid, poursuivi pour 31 chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Darfour, entre août 2003 et, au moins, avril 2004.  La conclusion de ce premier procès marque le progrès le plus tangible dans la réalisation de la justice pour les crimes commis au Darfour il y a plus de 20 ans.  Ce procès revêt une importance particulière pour les communautés victimes sur le terrain, a-t-il dit.  Le Procureur s’est engagé envers les victimes à tout faire pour s’assurer que ce procès ne représente pas une étape finale, mais un début, dans les efforts collectifs vers la justice. 

S’agissant de la coopération avec les autorités soudanaises, M. Khan a demandé aux États d’assurer l’arrestation d’Omar Hassan Ahmad Al-Bashir, d’Ahmad Muhammad Harun et d’Abdel Raheem Muhammad Hussein, qui font l’objet de mandats d’arrêt de la Cour.  Le transfert de M. Harun est nécessaire parce qu’il est lié au procès de M. Abd-Al-Rahman, a-t-il précisé.  On sait où il se trouve, a fait savoir le Procureur, cette information ayant été communiquée au Soudan.  Le Conseil doit agir en vertu de ses propres résolutions et pour répondre aux attentes des survivants et des familles des victimes, a-t-il commenté. 

Par ailleurs, le Procureur a fait état d’un optimisme prudent concernant la coopération élargie avec le Gouvernement soudanais qui a fait de nouveaux progrès sur les demandes d’assistance en attente.  Un point focal pour la coopération a été nommé, a-t-il souligné, reconnaissant que cela a eu un impact tangible et positif sur la collaboration. Ces progrès doivent maintenant être consolidés et étendus au cours des six prochains mois, a dit M. Khan qui a indiqué par ailleurs avoir discuté avec les Forces d’appui rapide afin d’obtenir des informations pertinentes pour les enquêtes. 

Aux membres du Conseil de sécurité, le Procureur a demandé de travailler ensemble pour renouveler et renforcer les liens entre la CPI et le Conseil ainsi qu’avec les victimes au Darfour et toutes les victimes d’atrocité en ce jour où est célébrée la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance cruciale de la consolidation et de la pérennisation de la paix

9850e séance - après-midi
CS/15983

Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance cruciale de la consolidation et de la pérennisation de la paix

Le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, une déclaration de sa présidence (S/PRST/2025/3) réaffirmant l’importance cruciale de la consolidation et de la pérennisation de la paix, alors qu’un examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU doit être mené cette année. 

À cet égard, le Conseil note que cet examen sera le quatrième en date et marquera le vingtième anniversaire du dispositif de consolidation de la paix.  Il dit attendre avec intérêt les recommandations qui seront formulées à cette occasion et qui « permettront de renforcer les capacités des organismes des Nations Unies en matière de consolidation de la paix, notamment en améliorant l’efficacité et les retombées du dispositif pour pouvoir en tirer parti au maximum ». 

Saluant le travail réalisé depuis la création du dispositif, le Conseil se félicite en particulier des progrès qui ont été faits sur le terrain grâce au travail des opérations de maintien de la paix, des missions politiques spéciales et des équipes de pays des Nations Unies ainsi que celui, « important », du Fonds pour la consolidation de la paix. 

Il encourage les États Membres et le système des Nations Unies, en partenariat avec les parties concernées, à continuer de faire le nécessaire pour appliquer les résolutions pertinentes et à renforcer les efforts faits pour rendre plus cohérente l’action menée en matière de consolidation de la paix, à l’appui des initiatives nationales en la matière, notamment dans les pays touchés par un conflit.

Enfin, le Conseil se félicite que soient organisées chaque année des réunions consultatives entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) et la Commission de consolidation de la paix, et souligne l’importance des partenariats et de la coopération entre l’ONU et l’UA tels qu’ils sont prévus au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. 

 

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CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme ses résolutions 1645 (2005), 1947 (2010), 2282 (2016), 2413 (2018) et 2558 (2020), et rappelle sa résolution 2171 (2014) ainsi que les déclarations de sa présidence parues sous les cotes S/PRST/2015/2, S/PRST/2016/12, PRST/2017/27 et S/PRST/2018/20, et réaffirme l’importance cruciale de la consolidation et de la pérennisation de la paix. 

Le Conseil note avec satisfaction que le rapport du Secrétaire général sur la consolidation et la pérennisation de la paix (A/79/552*-S/2024/767*) a été publié le 27 décembre 2024, et prend note des contributions que la Commission de consolidation de la paix a, dans sa lettre datée du 13 novembre 2024, apportées à l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations Unies qui sera mené en 2025 ; il prend également note de la lettre adressée par le groupe de personnalités éminentes indépendantes le 21 novembre 2024, ainsi que des contributions issues des consultations thématiques et régionales. Il note que l’examen de cette année sera le quatrième en date et qu’il marquera le 20e anniversaire du dispositif de consolidation de la paix. Le Conseil salue à cet égard le travail important qui a été réalisé depuis la création du dispositif. 

Le Conseil se félicite des progrès accomplis dans l’application des résolutions relatives à la consolidation et à la pérennisation de la paix, notamment dans le cadre des organes intergouvernementaux compétents des Nations Unies et du système des Nations Unies, y compris grâce aux réformes engagées par l’Organisation, et en particulier des progrès qui ont été faits sur le terrain grâce au travail des opérations de maintien de la paix, des missions politiques spéciales et des équipes de pays des Nations Unies ainsi que celui, important, du Fonds pour la consolidation de la paix, et encourage les États Membres et le système des Nations Unies, en partenariat avec les parties concernées, à continuer de faire le nécessaire pour appliquer ces résolutions et à renforcer les efforts faits pour rendre plus cohérente l’action menée en matière de consolidation de la paix, à l’appui des initiatives nationales en la matière et, en particulier, dans les pays touchés par un conflit. 

Le Conseil se félicite que soient organisées chaque année des réunions consultatives entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et la Commission de consolidation de la paix et souligne l’importance des partenariats et de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine tels qu’ils sont prévus au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. 

Le Conseil attend avec intérêt les résultats de l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations Unies qui sera mené en 2025 et les recommandations qui seront formulées à cette occasion et qui permettront de renforcer les capacités des organismes des Nations Unies en matière de consolidation de la paix, notamment en améliorant l’efficacité et les retombées du dispositif pour pouvoir en tirer parti au maximum, conformément au mandat figurant dans la lettre datée du 30 avril 2024 et cosignée par le Président de l’Assemblée générale et la Présidente du Conseil de sécurité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: appels au retrait du M23 et des forces rwandaises, aux portes de Goma; la RDC demande des sanctions ciblées

9849e séance – matin
CS/15981

Conseil de sécurité: appels au retrait du M23 et des forces rwandaises, aux portes de Goma; la RDC demande des sanctions ciblées

Réuni en urgence ce dimanche, le Conseil de sécurité a entendu de nombreux appels, dont celui de la Représentante spéciale pour la République démocratique du Congo (RDC), Mme Bintou Keita, afin que le Rwanda retire ses troupes du territoire congolais et cesse son appui au M23.  Le M23 et les forces rwandaises sont en effet aux portes de Goma, créant la panique parmi la population, a dit Mme Keita.  « Nous sommes pris au piège. »

La gravité de la situation a été soulignée par l’ensemble des intervenants.  Au cours des dernières 48 heures, deux Casques bleus de la Mission de stabilisation de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) appartenant au contingent sud-africain et un Casque bleu uruguayen ont été tués, tandis que 11 Casques bleus ont été blessés et reçoivent des soins à l’hôpital des Nations Unies à Goma.  Les trois Casques bleus ayant perdu la vie ont été tués alors qu’ils essayaient de protéger Sake et Goma des avancées du M23, a dit Mme Keita, qui est également Cheffe de la MONUSCO.

Le M23 et les forces rwandaises ont pénétré dans le quartier Munigi dans la banlieue de Goma, a précisé Mme Keita.  Les routes sont bloquées et l’aéroport ne peut plus être utilisé pour des évacuations. Le M23 a par ailleurs déclaré l’aéroport fermé, en accusant de manière fallacieuse les Forces armées congolaises (FARDC) de l’utiliser pour conduire des frappes contre la population civile, a dit Mme Keita.  Elle a précisé que l’ONU a évacué son personnel non essentiel de Goma.  Le délégué du Pakistan a d’ailleurs demandé de redéployer rapidement le contingent pakistanais de Sake, pour la sécurité de son personnel et de son équipement lourd, qui ne doivent pas tomber entre les mains des forces rebelles.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a indiqué que la MONUSCO a pris des mesures d’urgence afin d’empêcher le M23 d’avancer, et pour protéger le personnel onusien.  « La MONUSCO reste déterminée à défendre fermement son mandat. »  La Mission soutient les FARDC et participe aux combats aux côtés de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en République démocratique du Congo, a précisé Mme Keita.

Mme Joyce Msuya, Sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a, elle, détaillé, les conséquences de cette escalade, alors que la situation humanitaire est déjà critique.  « Au Nord et au Sud-Kivu, des centaines de civils ont été tués et blessés au cours des dernières semaines. »  Des centaines de milliers de personnes ont fui, souvent à plusieurs reprises, pour échapper aux tirs et aux bombardements, en particulier autour de Sake et Minova, a-t-elle dit.  La Sierra Leone, qui s’exprimait au nom des A3+, a estimé à 34 000 le nombre de nouvelles personnes déplacées cherchant refuge aux environs de Goma.

Appels à l’arrêt des hostilités et au retrait du M23 et des forces rwandaises

Face à cette situation, « il est impératif que le M23 cesse immédiatement ses hostilités et se retire des territoires occupés », a déclaré M. Lacroix, comme l’ont demandé également Mme Keita et la très grande majorité des intervenants. Ils ont également demandé au Rwanda de retirer ses forces du territoire congolais et de cesser son appui au M23. Le Conseil doit condamner d’une même voix cette menace à la paix, a dit la France, estimant que la présence d’une force étrangère sur le territoire congolais est une violation de la Charte des Nations Unies.

Les États-Unis ont condamné fermement les avancées du M23 et du Rwanda contre Goma et Sake et appelé à un cessez-le-feu, tandis que la Sierra Leone a appelé « ceux » qui soutiennent le M23 à cesser de le faire.  « La souveraineté de la RDC doit être respectée. »  Même son de cloche du côté de Chine, qui s’est dite « choquée » de voir le M23 viser les positions de la MONUSCO.  Les forces extérieures devraient s’abstenir de soutenir le M23, a déclaré ce pays.  L’Afrique du Sud a appelé le Conseil à utiliser les outils à sa disposition pour agir contre ceux qui perpétuent le conflit dans l’est de la RDC, notamment en demandant leur retrait de la RDC.

« Un véritable processus politique ne pourra porter ses fruits qu’après la fin de tout appui externe aux groupes armés, en particulier au M23 et aux FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) », a appuyé la Fédération de Russie.  Mme Keita a aussi encouragé la RDC à mener des efforts « significatifs » pour neutraliser les FDLR.  La Russie a par ailleurs dénoncé la contrebande de ressources naturelles « entachées de sang » dans l’est de la RDC par des acteurs « que tout le monde connaît ».  De son côté, le Royaume-Uni a exhorté le Rwanda à cesser son brouillage des signaux GPS qui entrave la conduite des opérations humanitaires, tandis que Mme Msuya a demandé le respect du droit par toutes les parties.

Trois millions de civils pris au piège

« Le Rwanda se prépare à orchestrer un carnage à ciel ouvert, avec une brutalité qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire », a tranché la Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la Francophonie de la RDC, en s’inquiétant pour les plus de 3 millions de civils « pris en otage » par les agresseurs.  Décrivant la situation « en cet instant même », Mme Thérèse Kayikwamba Wagner a signalé que de nouvelles troupes rwandaises ont franchi les bornes 12 et 13 du poste frontalier séparant Goma de Gisenyi, pénétrant sur le territoire de la RDC en plein jour.  C’est pour elle « une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques ». 

La Ministre a mis en garde contre le piège du prétexte fallacieux avancé par le Gouvernement rwandais, qui « brandit la protection d’une de nos nombreuses minorités comme justification de son ingérence ».  « La réalité est toute autre. »  Aujourd’hui, dans les camps de déplacés congolais, les victimes sont de toutes les ethnies, y compris des Tutsis congolais, qui subissent le même sort tragique que leurs concitoyens issus d’autres communautés.  Pour la Ministre, « il est clair que cette crise est directement liée au pillage économique systématique dans l’est » de son pays. 

La RDC demande des sanctions ciblées contre les responsables de l’agression

Forte de ce constat, la Ministre a fait appel à la fermeté et à la diligence du Conseil de sécurité, lui demandant d’ordonner au Rwanda de cesser les combats et de retirer toutes ses troupes du territoire congolais.  Le Conseil devrait imposer des sanctions ciblées contre les décideurs militaires et politiques responsables de cette agression, ainsi qu’un embargo sur les exportations des minerais étiquetés comme rwandais, a-t-elle aussi requis.  Enfin, elle a souhaité que le Conseil révoque immédiatement le statut du Rwanda en tant que contributeur de troupes aux missions de l’ONU et instaure un régime de notification systématique pour toute vente et tout transfert d’armes au Rwanda. « L’histoire se souviendra de vos décisions aujourd’hui », a-t-elle lancé aux membres du Conseil.

Le Rwanda dénonce les « FDLR génocidaires »

« Cette crise aurait pu être évitée si le Gouvernement congolais s’était véritablement engagé en faveur de la paix », a rétorqué le délégué du Rwanda, en déplorant la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est du pays.  « La RDC a tous les outils à sa disposition pour un règlement durable du conflit. »  Le délégué a dénoncé « l’obsession de la RDC » pour un règlement militaire du conflit.  Les FDLR génocidaires, qui posent une menace directe pour le Rwanda, sont devenues des alliées stratégiques de Kinshasa, a-t-il fustigé.  Le délégué a dénoncé les déclarations du Président de la RDC appelant publiquement à un changement de régime au Rwanda. 

« Mon pays n’est pas hostile à la MONUSCO et personne ne doit s’en prendre à des Casques bleu », a poursuivi le délégué.  Mais il a accusé la Mission d’avoir outrepassé son mandat et rejoint une coalition cherchant un changement de régime au Rwanda, en appuyant les FDLR.  Il a estimé que la situation actuelle, qui ne peut être « une surprise pour personne », découle de l’incurie de la RDC face à un défi complexe.  La communauté internationale est aussi à blâmer lorsqu’elle ignore les causes profondes du conflit et permet à un acteur légitime d’outrepasser son mandat, a-t-il tranché.

Revenir à la feuille de route de Luanda

Sur le plan diplomatique, Mme Keita, appuyée par la quasi-totalité des délégations, a appelé la RDC et le Rwanda à poursuivre les négociations politiques dans le cadre de la feuille de route de Luanda.  « La rhétorique hostile et les accusations mutuelles doivent cesser pour laisser place à des échanges et des actions constructifs. »  Elle a aussi appelé à un deuxième sommet quadripartite de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) pour renforcer les efforts de paix.

« Nous avons besoin de revenir à des processus diplomatiques et politiques axés sur des solutions concrètes », a, de son côté, déclaré le Rwanda.  Il a estimé que de nouveaux acteurs, basés principalement en Afrique, pourraient être associés à ces solutions, avec le soutien de la communauté internationale.  Le Conseil doit agir pour que la RDC puisse exercer pleinement sa souveraineté et retrouver la paix, a déclaré le Burundi.  Enfin, l’Angola a réaffirmé la détermination de son président, facilitateur mandaté par l’Union africaine, à poursuivre cette quête de paix et de sécurité dans l’est de la RDC.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité achève son débat public sur la lutte antiterroriste menée par l’Afrique

9842e séance (reprise) – après-midi    
CS/15979

Le Conseil de sécurité achève son débat public sur la lutte antiterroriste menée par l’Afrique

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Le Conseil de sécurité achève aujourd’hui son débat public sur le thème « Lutte antiterroriste menée par l’Afrique et axée sur le développement: renforcer le leadership africain et la mise en œuvre des initiatives africaines de lutte contre le terrorisme », tenu le 21 janvier. Il entendra les huit derniers orateurs. 

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Lutte antiterroriste en Afrique: le Conseil de sécurité appelle à un partenariat « systématique, opérationnel et stratégique » entre l’ONU et l’Union africaine

9848e séance – après-midi     
CS/15978

Lutte antiterroriste en Afrique: le Conseil de sécurité appelle à un partenariat « systématique, opérationnel et stratégique » entre l’ONU et l’Union africaine

Le Conseil de sécurité a adopté cet après-midi une déclaration présidentielle (S/PRST/2025/2) dans laquelle il se dit « vivement préoccupé » par la multiplication inquiétante des attentats terroristes, « le nombre de morts de plus en plus grand » et la propagation du terrorisme, notamment au Sahel et dans les États côtiers d’Afrique de l’Ouest. 

La menace terroriste entrave les efforts de l’Union africaine visant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2030 et rend très difficile la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme 2030 de l’ONU, reconnaît-il. Fort de constat, le Conseil souligne la nécessité d’appliquer avec efficacité ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme.

Il appelle également à renforcer les capacités des États Membres afin de combattre plus efficacement le terrorisme et son financement.  Le Conseil souhaite en outre le renforcement des capacités de l’Union africaine et de ses organisations sous-régionales dans les domaines de la prévention des conflits et de la gestion des crises notamment, en fournissant du personnel et une aide technique et financière. 

Dans cette déclaration, le Conseil prend par ailleurs note du renforcement du dispositif institutionnel de lutte antiterroriste de l’Union africaine et des progrès accomplis dans le cadre du partenariat entre l’Union et l’ONU.  Dans ce droit fil, il souhaite que celui-ci continue d’évoluer jusqu’à devenir un partenariat « systématique, opérationnel et stratégique ».

Enfin, le Conseil prie le Secrétaire général de faire figurer des informations actualisées sur l’action que l’Union africaine et l’ONU mènent conjointement pour combattre le terrorisme en Afrique dans le rapport annuel que celui-ci lui présente conformément à une déclaration présidentielle de 2014.

 

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Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme que les actes de terrorisme international constituent l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationales au XXIe siècle. 

Le Conseil réaffirme sa condamnation catégorique de tous les actes ainsi que de toutes les méthodes et pratiques de terrorisme, qu’il juge criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motifs, sous toutes leurs formes et manifestations, où qu’ils soient commis et quels qu’en soient les auteurs. 

Le Conseil souligne que les actes de terrorisme international sont contraires aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et que le financement, la planification et la préparation des actes de terrorisme international, de même que toutes les autres formes d’appui à cet égard, sont pareillement contraires aux buts et principes énoncés dans la Charte. 

Le Conseil condamne dans les termes les plus énergiques le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, et tous les actes terroristes, y compris ceux qui sont fondés sur la xénophobie, le racisme ou d’autres formes d’intolérance ou commis au nom d’une religion ou d’une croyance, et réaffirme que le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation ni à aucun groupe. 

Le Conseil condamne fermement les attaques perpétrées par des groupes terroristes ou des terroristes contre des civils, des infrastructures critiques et des cibles molles, y compris les attaques transnationales et transfrontières, exige qu’elles cessent immédiatement et demande à tous les États Membres de mobiliser la volonté politique nécessaire pour dénoncer tous les actes de terrorisme. 

Le Conseil est conscient que les interventions militaires ou les forces de sécurité, les mesures répressives et les activités de renseignement ne suffiront pas à elles seules à vaincre le terrorisme, et insiste sur la nécessité de s’attaquer aux facteurs de propagation du terrorisme, notamment de développer l’action visant à prévenir les conflits de longue durée ou à les régler par des moyens pacifiques, ainsi que de promouvoir l’état de droit, la protection des droits humains et des libertés fondamentales, la bonne gouvernance, la tolérance et l’ouverture. 

Le Conseil souligne qu’il est indispensable de soutenir le développement socioéconomique pour pérenniser la paix en Afrique, grâce au développement économique, ce qui passe notamment par le développement des infrastructures transnationales et transrégionales, l’industrialisation, l’élimination de la pauvreté, la création d’emplois, la modernisation de l’agriculture et la promotion de l’esprit d’entreprise, et souligne qu’il faut continuer d’aider les pays d’Afrique en tenant compte de leurs priorités et besoins. À cet égard, il souligne également l’importance de l’état de droit à l’appui du développement socioéconomique. 

Le Conseil est conscient de l’importance de la société civile, notamment les organisations locales de la société civile et les organisations de proximité, le secteur privé, les milieux universitaires, les groupes de réflexion, les médias, les jeunes, les femmes, les personnalités du monde de la culture, les responsables de l’éducation et les chefs religieux, pour ce qui est d’accroître la sensibilisation aux menaces du terrorisme et d’y remédier plus efficacement. 

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par la multiplication inquiétante des attentats terroristes, le nombre de morts de plus en plus grand, en particulier parmi les civils, et la propagation du terrorisme sur le plan géographique, notamment au Sahel et dans les États côtiers d’Afrique de l’Ouest. Il souligne la nécessité pour les États Membres de renforcer, selon qu’il convient, les moyens mis à la disposition de leur système de justice pénale, de leurs forces de l’ordre et de leur police des frontières, ainsi que leurs capacités d’enquêter sur les réseaux de trafiquants, de les poursuivre, de les désorganiser et de les démanteler en vue de rompre les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale.  

Le Conseil sait que la menace terroriste entrave les efforts de l’Union africaine visant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2030 et rend très difficile la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme 2030 de l’Organisation des Nations Unies.  

Le Conseil note avec une vive inquiétude que les terroristes et les groupes terroristes qui sévissent, notamment en Afrique, lèvent et transfèrent des fonds par divers moyens, incluant le recours à des passeurs de fonds, l’utilisation à des fins illégales d’entreprises commerciales légitimes, l’exploitation de ressources naturelles et le produit d’activités criminelles, notamment les enlèvements contre rançon, l’extorsion, la traite d’êtres humains ainsi que le commerce illicite et le trafic de biens culturels, de drogues et d’armes légères et de petit calibre, et rappelle les obligations qu’il a imposées à tous les États Membres en matière de prévention et de répression du financement du terrorisme, notamment par ses résolutions 1373 (2001) et 2462 (2019). 

Le Conseil rappelle que les États Membres ont l’obligation de prévenir et de réprimer le financement des actes terroristes et de s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, aux entités ou personnes impliquées dans des actes de terrorisme ou associées à de tels actes, notamment en réprimant le recrutement de membres de groupes terroristes, conformément au droit international, et en mettant fin à l’approvisionnement en armes des terroristes. 

Le Conseil a prié instamment les États Membres de tenir compte des effets que les mesures de lutte antiterroriste pourraient avoir sur les activités exclusivement humanitaires, y compris médicales, menées par des acteurs humanitaires impartiaux, de manière conforme au droit international humanitaire.  

Le Conseil rappelle que tous les États doivent se prêter mutuellement la plus grande assistance lors des enquêtes criminelles et autres procédures portant sur le financement d’actes de terrorisme ou l’appui dont de tels actes ont bénéficié, y compris en vue de l’obtention d’éléments de preuve en leur possession nécessaires à la procédure, et invite instamment les États à agir conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, pour retrouver et traduire en justice, extrader ou poursuivre toute personne qui appuie ou facilite, directement ou indirectement, le financement d’activités menées par des terroristes ou des groupes terroristes, y participe ou tente d’y participer.  

Le Conseil souligne qu’il importe au plus haut point que les États Membres appliquent immédiatement et intégralement les résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017), en particulier leurs dispositions sur l’élaboration de stratégies globales et adaptées concernant les poursuites, la réadaptation et la réinsertion, et soulignant qu’il importe de prêter assistance aux femmes et aux enfants associés aux combattants terroristes étrangers, qui peuvent être victimes du terrorisme. Il note également avec une vive préoccupation les informations selon lesquelles des combattants terroristes étrangers se rendraient en Afrique pour y rejoindre des groupes affiliés à l’EIIL (Daech).  

Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que toute mesure prise pour combattre le terrorisme soit conforme à la Charte des Nations Unies et à toutes les autres obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international humanitaire, le droit international des droits humains, et le droit international des réfugiés.  

Le Conseil prend note des efforts déployés afin de renforcer le dispositif institutionnel de lutte antiterroriste de l’Union africaine, notamment dans le cadre de la Convention de l’OUA de 1999 et du Plan d’action de 2002, et prend note également de la nomination du Champion de l’Union africaine pour ce qui est de prévenir et de combattre le terrorisme en Afrique. 

Le Conseil constate l’amélioration de l’échange de renseignements dans le cadre du Comité des services de renseignement et de sécurité africains (CSRSA), la mise en place de mécanismes opérationnels tels que le Service de lutte antiterroriste de la Force africaine prépositionnée, et le renforcement de la coopération entre services de police des États membres de l’Union africaine dans le cadre d’AFRIPOL. 

Le Conseil encourage les États Membres et les organisations internationales compétentes à contribuer à renforcer les capacités de l’Union africaine et de ses organisations sous-régionales dans les domaines de la prévention des conflits et de la gestion des crises, ainsi que de la stabilisation après les conflits, notamment en fournissant du personnel et une aide technique et financière. 

Le Conseil encourage un resserrement de la coordination et de la coopération entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, y compris par la formation, la mise en commun et l’échange d’informations, l’offre d’une expertise thématique et la fourniture d’un appui opérationnel selon que de besoin. 

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer la coordination et la coopération entre la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme, dans le cadre de l’exercice de leurs mandats respectifs et de leurs rôles distincts visant à établir une concertation réelle entre l’Organisation des Nations Unies et les États Membres de manière à améliorer la mise en œuvre équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale ainsi que celle d’autres résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme, et note le rôle important qui revient aux entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, en particulier au Bureau de lutte contre le terrorisme, et aux autres prestataires de l’aide au renforcement des capacités pour ce qui est de fournir une assistance technique dans le cadre de la coopération internationale. 

Le Conseil salue les progrès accomplis dans le cadre du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, et souligne que celui-ci devrait continuer d’évoluer jusqu’à devenir un partenariat systématique, opérationnel et stratégique. 

Le Conseil est conscient de la menace terroriste qui pèse sur l’Afrique et souligne qu’il importe d’appliquer avec diligence et efficacité ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme, toutes les mesures de sanction visant les personnes, groupes, entreprises et entités désignés qui sont associés à l’EIIL (Daech), à Al-Qaida et aux éléments qui leur sont affiliés.  

Le Conseil sait combien il est nécessaire de renforcer les capacités des États Membres qui en font la demande, en vue de soutenir l’appropriation nationale afin qu’ils puissent combattre plus efficacement le terrorisme et son financement et tirer meilleur parti des instruments et mécanismes internationaux existants. 

Le Conseil prie le Secrétaire général de faire figurer, selon qu’il conviendra, des informations actualisées sur l’action que l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies mènent conjointement pour combattre le terrorisme en Afrique dans le rapport annuel que celui-ci lui présente conformément à la déclaration de son Président publiée sous la cote S/PRST/2014/27.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité décide que l’élection destinée à pourvoir un siège vacant à la Cour internationale de Justice aura lieu le 27 mai prochain

9847e séance – après-midi
CS/15976

Le Conseil de sécurité décide que l’élection destinée à pourvoir un siège vacant à la Cour internationale de Justice aura lieu le 27 mai prochain

À l’unanimité de ses membres, le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, un projet de résolution fixant au 27 mai 2025 la date de l’élection destinée à pourvoir le siège devenu vacant par la démission du Président de la Cour internationale de Justice (CIJ), le juge Nawaf Salam. 

M. Salam a démissionné de ses fonctions le 14 janvier dernier après avoir été désigné Premier Ministre du Liban et chargé de former un nouveau gouvernement par M. Joseph Aoun, élu Président du Liban le 9 janvier.   

La résolution 2770 (2025) précise que l’élection au siège devenu vacant aura lieu à des séances tenues le 27 mai 2025 par le Conseil de sécurité et par l’Assemblée générale, à sa soixante-dix-neuvième session.  Le mandat du juge ou de la juge nouvellement élu(e) commencera à la date de son élection par les deux organes. 

Le membre de la Cour élu à cette occasion achèvera le mandat de son prédécesseur, M. Salam, qui viendra à expiration le 5 février 2027. 

Texte du projet de résolution (S/2025/48)

Le Conseil de sécurité,

Prenant acte de la démission du juge Nawaf Salam de ses fonctions de membre de la Cour internationale de Justice à compter du 14 janvier 2025,

Notant que, de ce fait, un siège est devenu vacant à la Cour internationale de Justice et qu’il faut le pourvoir pour le reste du mandat du juge Salam, conformément aux dispositions du Statut de la Cour,

Notant que, selon l’Article 14 du Statut, c’est à lui qu’il revient de fixer la date de l’élection,

Décide que l’élection au siège devenu vacant aura lieu à des séances tenues le 27 mai 2025 par lui-même et par l’Assemblée générale, à sa soixante-dix-neuvième session.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité termine son débat public sur le Moyen-Orient

9841e séance (reprise) – après-midi
CS/15977

Le Conseil de sécurité termine son débat public sur le Moyen-Orient

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Après une journée de débat public sur le Moyen-Orient, lundi 20 janvier, le Conseil de sécurité entend aujourd’hui les dernières délégations inscrites sur la liste des orateurs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième jour de session d’hiver du Comité des ONG

Session ordinaire de 2025,
9e séance plénière – matin
ONG/985

Cinquième jour de session d’hiver du Comité des ONG

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) poursuit sa session annuelle.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième jour de session d’hiver du Comité des ONG

Session ordinaire de 2025,
7e et 8e séances plénières – matin & après-midi
ONG/984

Quatrième jour de session d’hiver du Comité des ONG

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) poursuit sa session annuelle.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Coordonnateur des secours d’urgence demande 4,07 milliards de dollars pour venir en aide aux enfants de Gaza en 2025

9846e séance - après-midi
CS/15975

Conseil de sécurité: le Coordonnateur des secours d’urgence demande 4,07 milliards de dollars pour venir en aide aux enfants de Gaza en 2025

M. Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a souligné cet après-midi devant le Conseil de sécurité une « rare occasion » de mettre en lumière des développements positifs à Gaza: le cessez-le-feu a permis un afflux massif d’aide humanitaire.  Alors qu’il est le Coordonnateur des secours d’urgence, il a appelé à répondre au besoin de financement de 4,07 milliards de dollars pour venir en aide aux enfants de Gaza en 2025.

En introduction, M. Fletcher a dressé le bilan effroyable des 15 derniers mois durant lesquels des enfants ont été tués, affamés ou sont morts de froid.  Plus de 17 000 enfants sont séparés de leurs familles et quelque 150 000 femmes enceintes et jeunes mères ont un besoin désespéré de services de santé.  De plus, les enfants ont perdu leurs écoles et leur système d’éducation.  Ils souffrent de maladies chroniques et sont nombreux à avoir subi des violences sexuelles. 

Citant une étude du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Secrétaire général adjoint a estimé qu’un million d’enfants ont besoin d’un soutien en santé mentale et d’une aide psychosociale pour traiter des dépressions, de l’anxiété et des pensées suicidaires. 

Deux millions de nécessiteux

C’est grâce au cessez-le-feu, a expliqué M. Fletcher, que l’ONU et ses partenaires ont pu intensifier leur réponse à travers la bande de Gaza.  Il s’est félicité d’un accès humanitaire désormais sûr et sans entrave, de l’absence d’hostilités et de la quasi-disparition des pillages. Pour maintenir un afflux élevé d’aide humanitaire à Gaza, où plus de 2 millions de personnes en dépendent, il a demandé un soutien collectif.  Pour ce qui est de la situation en Cisjordanie, il s’est inquiété des niveaux records de victimes, de déplacements et de restrictions d’accès humanitaire depuis octobre 2023.  Et l’opération militaire israélienne à Jénine a entraîné des pertes humaines et d’importantes destructions d’infrastructures.

Après avoir dressé ce bilan, M. Fletcher a supplié de maintenir le cessez-le-feu coûte que coûte, de veiller au respect du droit international dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé et, enfin, de répondre à l’appel humanitaire éclair de 4,07 milliards de dollars pour 2025.  D’autant que tous les lieux à Gaza sont devenus invivables, a appuyé Mme Bisan Nateel, du Tamer Institute for Community Education, venue donner un témoignage de première main au Conseil de sécurité. 

« Essayez d’imaginer les souffrances endurées par nos enfants, qui ont oublié ce qu’est une vie normale, ce qu’est être humain », a demandé l’oratrice espérant que les enfants puissent profiter du cessez-le-feu pour retourner à l’école et renouer avec une vie normale.  Le premier de leurs droits, celui qui a été violé, c’est le droit à la vie, a-t-elle dénoncé, ajoutant avoir elle-même perdu la notion du temps pendant cette guerre.  Après plus de 470 jours de pilonnage, elle a espéré que ce droit à la vie sera restauré et que les enfants pourront vivre leur enfance, sans être entourés de soldats.  « Nous avons tant perdu dans cette guerre. » 

Traiter les enfants blessés et reconstruire le système éducatif

Face à l’immensité des besoins des enfants de Gaza, le Royaume-Uni a demandé de veiller à ce qu’ils soient au premier plan des efforts de reconstruction. Le refus de soins aux enfants est une violation du droit international humanitaire (DIH), ont rappelé de leur côté la Sierra Leone et la Somalie en encourageant les efforts pour assurer leur traitement.  « Nous nous mobilisons pour venir en aide aux populations dans la bande de Gaza », a réagi la France qui a dit avoir participé à plusieurs opérations d’évacuation médicale dont la dernière en coordination avec l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Depuis le début de l’année, les hôpitaux français accueillent ainsi 23 enfants palestiniens.  La Grèce a annoncé avoir également pris cette voie, ayant recueilli cette semaine un enfant blessé de Gaza et se préparant à en recevoir d’autres dans les semaines à venir dans les hôpitaux de l’île. 

Les membres du Conseil ont également insisté sur la reconstruction du système éducatif et pour que les enfants aient accès à des espaces sûrs pour apprendre, se développer et jouer.  Demain sera célébrée la Journée internationale de l’éducation, a rappelé la Fédération de Russie soulignant la gravité de la destruction du système éducatif dans la bande de Gaza.  Il faut éviter que les enfants de Gaza ne perdent une deuxième année scolaire, a noté la Slovénie.  L’Algérie a demandé de veiller à ce que les 660 000 élèves retrouvent le chemin de l’école, dans des établissements scolaires reconstruits.

L’UNRWA, l’épine dorsale de l’aide

Les délégations ont insisté sur le rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans la reconstruction non seulement des écoles mais aussi des établissements sanitaires à Gaza.  La fermeture de l’UNRWA entraînera des conséquences catastrophiques pour les groupes les plus vulnérables de la population, en particulier les enfants.  On ne peut pas permettre que cela se produise, a averti la Russie. 

Il est crucial de garantir le fonctionnement continu de l’UNRWA qui est la seule agence disposant de la capacité nécessaire pour fournir la large gamme de soutien dont les civils ont besoin, a appuyé le Guyana appelant Israël à s’abstenir de mettre en œuvre sa nouvelle loi sur l’agence.  En ce moment critique, l’UNRWA reste l’épine dorsale de la réponse humanitaire élargie à Gaza, a observé le Danemark.  Cette délégation, de même que la République de Corée, a demandé que l’Office soit autorisé à délivrer des soins de santé et à apporter une éducation.  « L’UNRWA et ses écoles doivent être préservées.  Les enseignements scolaires doivent reprendre à Gaza », a également exigé l’État de Palestine.

Maintenir le cessez-le-feu et reconstruire

Par ailleurs, le délégué palestinien a invité le Conseil de sécurité à se rendre dans la bande de Gaza dévastée pour pouvoir réaliser les crimes qui y ont été commis par Israël pendant 15 mois de génocide et pour voir où peut conduire une culture d’impunité.  La jeunesse palestinienne a enduré l’horreur, confrontée à la machine israélienne, et « notre cœur saigne », a témoigné le délégué invitant le Conseil à prendre pleinement conscience de l’échelle de la catastrophe à Gaza.  L’Autorité palestinienne est prête à aider Gaza, qui fait partie intégrante de la Palestine, a-t-il dit avant de demander à Israël de libérer les milliers de travailleurs palestiniens qui ont été enlevés à Gaza et torturés en Israël.  « Gaza ne pourra pas se reconstruire sans eux. » 

« Marquons une pause et pensons aux souffrances des nombreux enfants israéliens qui ont été mutilés et assassinés le 7 octobre 2023 par le Hama », a en retour prié le délégué d’Israël.  Malheureusement, a-t-il regretté, aucune agence de l’ONU n’a levé le doigt pour les aider.  Cette réunion consacrée uniquement aux enfants de Gaza est un affront au bon sens, a-t-il accusé.  « Ceux qui ont demandé cette réunion doivent condamner le Hamas qui a tué d’innombrables vies innocentes. »  Le Hamas ne devra avoir aucun rôle dans la gouvernance de Gaza, ont soutenu les États-Unis. 

Les États-Unis ont rappelé que personne ne bénéficie de cette crise.  Le moment est donc venu d’assurer que l’aide essentielle parvienne à ceux qui en ont besoin à Gaza en vertu de l’accord de cessez-le-feu.  La délégation américaine a, dans la foulée, réitéré l’importance de financer les efforts humanitaires.  De plus, nous devons saisir l’occasion de ce cessez-le-feu pour refaçonner la région de manière à permettre à ses populations d’avancer, a-t-elle suggéré, soulignant que ce sera important pour la sécurité d’Israël et pour un avenir plus prometteur du peuple palestinien. 

Toutes les délégations ont en effet appelé à maintenir coûte que coûte le cessez-le-feu, comme l’a souhaité le Secrétaire général adjoint.  De même, elles ont appelé à saisir cet instant pour relancer le processus politique s’agissant de la solution des deux États.  La Chine, par exemple, a appelé à la reprise du dialogue politique en vue de réaliser cette solution.

L’absence de la Directrice générale de l’UNICEF expliquée par la Russie

Dans un point d’ordre avant le début de la séance, la Fédération de Russie a dénoncé le refus de la Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Catherine Russell, d’intervenir à cette réunion, jugeant ses arguments « fallacieux ».  Ce refus est tout simplement scandaleux et mérite d’être condamné dans les termes les plus forts, a lancé le délégué.  Il a rappelé que Mme Russell était pourtant venue à la séance d’information « politisée » sur les questions relatives aux enfants en Ukraine le 4 décembre dernier.  Il semble que, pour l’UNICEF, les enfants de Gaza soient moins importants que les enfants ukrainiens, s’est offusqué le délégué. 

Le délégué russe a directement accusé ses collègues américains qui sont, selon lui, en grande partie responsables de la situation à Gaza puisqu’ils ont, à six reprises, utilisé leur droit de veto et ainsi empêché le Conseil de s’impliquer pour mettre un terme au massacre israélien à Gaza. 

La Directrice générale de l’UNICEF a, à ce titre, contribué à leur dessein, a encore accusé le représentant qui a vu dans son attitude une violation de l’Article 100 de la Charte des Nations Unies.  « Mme Russell s’est comportée plus comme ressortissante américaine et moins comme fonctionnaire impartiale de l’ONU. » 

La déléguée des États-Unis a commenté ce point d’ordre en réfutant les accusations russes concernant la situation des enfants à Gaza.  « Dire que les États-Unis seraient responsables de la souffrance innommable infligée à ces enfants nous paraît tout simplement inacceptable. » 

 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

M. TOM FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, s’est réjoui d’avoir une rare occasion de mettre en lumière des développements positifs dans un contexte de besoins humanitaires catastrophiques à Gaza.  En effet, a-t-il constaté, le cessez-le-feu y a permis un afflux massif d’aide humanitaire. « Nous pouvons sauver davantage de vies si toutes les parties continuent de respecter cet accord », a encouragé le haut fonctionnaire. 

Il a toutefois rappelé avec effroi qu’au cours des 15 derniers mois, des enfants ont été tués, affamés ou sont morts de froid.  Ils ont été mutilés, rendus orphelins ou séparés de leurs familles.  Selon des estimations, plus de 17 000 enfants sont séparés de leurs familles à Gaza. Certains sont morts avant leur premier souffle, périssant en même temps que leur mère lors de l’accouchement.  Quelque 150 000 femmes enceintes et jeunes mères ont un besoin désespéré de services de santé, a encore décrit M. Fletcher. 

De plus, les enfants ont perdu leurs écoles et leur système d’éducation.  Ils souffrent de maladies chroniques et ils sont nombreux à avoir subi des violences sexuelles.  Les filles, confrontées à l’absence de soins menstruels, ont été laissées à leur sort.  Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), un million d’enfants ont besoin d’un soutien en santé mentale et d’une aide psychosociale pour traiter des dépressions, de l’anxiété et des pensées suicidaires.  C’est dans ce contexte d’horreur et dans le cadre du cessez-le-feu que l’ONU et ses partenaires ont pu intensifier leurs réponses à travers la bande de Gaza, a poursuivi le haut responsable en se félicitant de l’accès humanitaire sûr et sans entrave, de l’absence d’hostilités et de la quasi-disparition des pillages. 

Il a appelé à un soutien collectif pour maintenir un afflux élevé d’aide humanitaire à Gaza, où plus de 2 millions de personnes en dépendent.  En outre, M. Fletcher a demandé de garder à l’esprit la situation en Cisjordanie qui enregistre depuis octobre 2023 des niveaux records de victimes, de déplacements et de restrictions d’accès humanitaire.  Ces tendances se sont malheureusement intensifiées depuis l’annonce du cessez-le-feu, a-t-il signalé en parlant d’attaques de villages palestiniens par des colons qui incendient maisons et biens. Les restrictions de mouvement accrues entravent de plus l’accès des Palestiniens aux services de base et à leurs moyens de subsistance.  Le Secrétaire général adjoint a aussi alerté sur des détentions en masse dans toute la Cisjordanie.  Il a dit être préoccupé par la situation à Jénine où une opération militaire israélienne a entraîné des pertes humaines et d’importantes destructions d’infrastructures. 

Avant de conclure, M. Fletcher a fait trois demandes, en premier de maintenir le cessez-le-feu coûte que coûte.  Ensuite, de veiller au respect du droit international dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé.  Enfin, de répondre à l’appel humanitaire éclair de 4,07 milliards de dollars pour 2025. « Les enfants de Gaza ne sont pas des dommages collatéraux.  Ils méritent, comme tous les enfants du monde, sécurité, éducation et espoir.  Nous devons être présents pour eux », a encore exhorté le Coordonnateur des secoures d’urgence. 

Mme BISAN NATEEL, membre de l’ONG Tamer Institute for Community Education, a indiqué que son organisation travaille auprès des enfants de Gaza à des fins récréatives.  Tous les lieux à Gaza sont devenus invivables, a-t-elle témoigné.  « La guerre a changé la vie à Gaza. »  Les enfants de l’enclave avaient des rêves simples, ils voulaient se nourrir, s’amuser, aller à l’école, a expliqué l’intervenante. Ils ne pouvaient rien comprendre à la menace existentielle qui pesaient sur eux.  Ils n’ont pas pu trouver les mots pour décrire ce qu’ils ont vu lorsqu’ils sont parvenus en zone sûre, a expliqué Mme Nateel. 

Elle a évoqué les nombreux enfants tués, blessés ou devenus orphelins.  « Essayez d’imaginer les souffrances endurées par nos enfants, qui ont oublié ce qu’est une vie normale, ce qu’est être humain. » Elle a espéré que les enfants profiteront du cessez-le-feu pour retourner à l’école et renouer avec une vie normale.  Le premier de leurs droits, celui qui a été violé, c’est le droit à la vie, a-t-elle dénoncé, ajoutant avoir elle-même perdu la notion du temps pendant cette guerre. Après plus de 470 jours de pilonnage, elle a espéré que ce droit à la vie sera restauré et que les enfants pourront vivre leur enfance, sans soldats autour d’eux.  « Nous avons tant perdu dans cette guerre », a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.