En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité se penche sur la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes, sur fond de développements porteurs d’espoir au Moyen-Orient

9845e séance – matin
CS/15974

Le Conseil de sécurité se penche sur la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes, sur fond de développements porteurs d’espoir au Moyen-Orient

La séance annuelle du Conseil de sécurité sur la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes, ce matin, a été l’occasion pour les membres de l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales de plaider pour un renforcement de la coordination entre les deux organisations à la lumière des récents développements dans la région arabe. 

Quelques jours à peine après l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages entre Israël et le Hamas, les intervenants ont été nombreux à espérer qu’il marque le premier pas sur la voie d’une paix durable et qu’il jette les bases d’une solution à deux États.  L’autre développement porteur d’espoir vers une désescalade dans la région est l’accord de cessation des hostilités au Liban entre le Hezbollah et Israël. 

Ces événements, auxquels s’ajoutent la recomposition de la Syrie après la chute du Président Bashar Al-Assad, l’impasse politique en Libye et le conflit au Soudan, nécessitent une collaboration régionale et internationale plus étroite, d’où l’importance cruciale de la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes, se sont accordés à dire le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, M. Mohamed Khaled Khiari, le Secrétaire général de la Ligue, M. Ahmed Aboul Gheit, et le représentant de l’Égypte, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes.

Une coopération solide et multiforme

Dans ce contexte régional complexe, l’engagement de la Ligue en faveur des divers efforts de médiation de l’ONU dans la région et sur le front humanitaire reste essentiel.  À cet égard, tout en saluant la contribution du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis à la trêve conclue à Gaza, M. Khiari a remercié la Ligue pour son « soutien vocal » à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), destiné à permettre à l’agence onusienne de s’acquitter de son mandat dans toutes ses zones d’opérations.  Pour sa part, le Secrétaire général de la Ligue a appelé à préserver l’Office des pressions israéliennes. 

Le partenariat entre l’ONU et la Ligue doit aussi contribuer à mettre un terme à l’impasse politique dans plusieurs crises dans le monde arabe.  Comme l’a résumé le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, « il n’est plus raisonnable que les processus de paix stagnent pendant des années sans que les deux organisations ne puissent jouer un rôle et faire pression pour encourager le dialogue et résoudre les conflits de manière pacifique ».

Dans son exposé, le Sous-Secrétaire général Khiari a mis en exergue la longue coopération multiforme entre l’ONU et la Ligue, en rendant hommage au rôle joué par l’organisation régionale dans les efforts visant à faire cesser les hostilités au Moyen-Orient et à créer un horizon politique.  « Nous nous engageons à poursuivre notre partenariat pour intensifier nos efforts conjoints visant à améliorer la vie des populations de la région arabe et au-delà », a-t-il dit, non sans relever que cette « coopération solide » constitue un aspect important de la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir adopté en septembre dernier par les États Membres. 

Appels à un partenariat honnête et efficace, loin des ingérences extérieures

Le chef de la diplomatie algérienne, qui présidait cette séance, a plaidé en faveur d’une relation de complémentarité et d’un partenariat honnête et efficace, loin des ingérences extérieures, qui redonnerait au travail diplomatique arabe son rôle en matière de maintien de la paix dans la région.  Aligné sur cette position, le Secrétaire général de la Ligue a appelé de ses vœux une coopération accrue avec l’ONU pour remédier aux défis que connaissent les pays arabes.  À cet effet, M. Aboul Gheit a proposé une visite du Conseil de sécurité au Siège de la Ligue au Caire, la dernière visite remontant à 2016.  Il a également souhaité que des consultations plus étroites aient lieu pour la sélection des responsables onusiens dans les pays arabes et que des échanges plus réguliers se tiennent avec les représentants et envoyés spéciaux de l’ONU pour les pays de la région. 

Lui aussi favorable à une intensification du partenariat stratégique entre l’ONU et la Ligue, notamment via le lancement d’initiatives communes et l’adoption d’une approche unifiée, le représentant de la Somalie a salué le rôle joué par le bureau de liaison des Nations Unies ouvert en 2019 au Siège de la Ligue au Caire, qui veille à entretenir le dialogue et la coopération entre les deux organisations. 

Par la voix de l’Égypte, le Groupe des États arabes a demandé que la Ligue soit consultée lors de la rédaction des projets de résolution du Conseil de sécurité sur les questions relatives au Moyen-Orient, arguant que les solutions et règlements de ces questions doivent émerger en premier lieu de la région.  C’est aussi l’une des bases de la revendication du Groupe concernant sa représentation au sein du Conseil dans les deux catégories de membres. 

La Ligue en soutien du peuple palestinien

M. Khiari a rappelé que la Ligue a toujours soutenu le peuple palestinien et ses efforts pour rallier le soutien international à un cessez-le-feu. Mais « le cessez-le-feu à Gaza n’est pas une solution permanente », a souligné de son côté M. Aboul Gheit. La paix au Moyen-Orient ne sera possible qu’en réalisant le droit du peuple palestinien à un État indépendant, sur les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-il fait valoir.  Sur ce point, le Pakistan et d’autres intervenants ont souligné le rôle de premier plan joué par la Ligue pour revitaliser le processus diplomatique de la solution des deux États.  La France a rappelé qu’elle coprésidera avec l’Arabie saoudite, en juin à New York, une conférence internationale sur la mise en œuvre de cette solution. 

Appelant à faire fond sur l’élan imprimé par l’accord de cessez-le-feu à Gaza, les États-Unis ont avancé la possibilité de l’étendre aux Accords d’Abraham et de promouvoir ainsi l’intégration régionale.  Ils ont annoncé leur souhait de travailler avec les membres de la Ligue sur cette approche.  En réponse, la Fédération de Russie a mis en garde contre les modèles de normalisation proposés par « des médiateurs extérieurs à la région », en insistant sur l’impératif d’obtenir l’aval des Palestiniens sous peine de retomber dans la spirale de violence. 

Une coopération à l’œuvre dans toutes les situations de crise de la région

Élargissant le débat, la délégation russe a également jugé justifié d’étendre la coordination entre l’ONU, la Ligue des États arabes et l’Union africaine, « compte tenu du lien inextricable entre les régions ».  Elle s’est déclarée convaincue que la clef d’une solution durable et à long terme aux crises de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord réside dans des accords collectifs avec la participation active des pays arabes, « sans imposer de recettes toutes faites de l’extérieur ». 

Le Sous-Secrétaire général a par ailleurs salué l’étroite collaboration entre l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie et la Ligue, qui vise à coordonner le soutien à un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Syriens.  Si le Groupe des États arabes s’est dit d’avis que l’ONU et la Ligue ont la responsabilité d’accompagner la Syrie autour d’un projet national qui réponde aux aspirations des Syriens, les États-Unis et d’autres membres du Conseil ont été plus prudents. 

Quoique favorables à une transition inclusive et non sectaire en Syrie, les États-Unis ont conditionné leur soutien à un projet dans lequel le pays vivrait en paix avec ses voisins, respecterait les droits des minorités et ne redeviendrait pas le terrain de jeux de l’État islamiste ni un moyen pour l’Iran de diffuser le terrorisme.  Alors que la Ligue a indiqué avoir envoyé une mission en Syrie, M. Aboul Gheit a espéré que la transition arrivera à son terme sans interférence extérieure.  Il a également alerté sur les visées expansionnistes d’Israël en Syrie en appelant à préserver l’accord de 1974 sur le désengagement et en rappelant que l’occupation du Golan est illicite.

Avec l’élection d’un président au Liban, après un vide de plus de deux ans, et la nomination d’un premier ministre, M. Khiari a espéré que ces avancées ouvriront la voie à la sécurité et à la stabilité du pays. Les Nations Unies sont prêtes à soutenir le gouvernement libanais, dès lors qu’il sera formé, dans ses efforts de réforme et de reconstruction, a-t-il assuré, saluant le rôle joué par la Ligue, qui a contribué à la cessation des hostilités entre le Liban et Israël « grâce à un plaidoyer et un engagement inlassables ».  De son côté, le Secrétaire général de la Ligue a exigé qu’Israël se retire du territoire libanais. 

Les deux hauts responsables ont aussi évoqué les situations au Yémen, au Soudan et en Libye, et la collaboration entre l’ONU et la Ligue sur ces dossiers. 

L’action climatique, nouveau cheval de bataille commun 

La France et la Slovénie ont quant à elles abordé l’impact des changements climatiques sur la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient, notamment le stress hydrique.  Elles ont encouragé l’ONU et la Ligue à travailler de manière conjointe en ce sens. Pour la délégation slovène, cela devrait commencer par l’adhésion des États membres de la Ligue arabe au mécanisme des Nations Unies pour le climat, la paix et la sécurité. 

En guise de synthèse, le Guyana a souligné que les organisations régionales et sous-régionales sont non seulement mieux placées pour soutenir l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de prévention des conflits et d’alerte précoce, mais ont aussi un intérêt dans l’issue des règlements.  « En un mot, nous avons beaucoup à apprendre d’elles », a souligné le Danemark. 

 

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COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Ligue des États arabes (S/2025/39)

Exposés

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a mis en exergue la longue coopération multiforme entre l’ONU et la Ligue des États arabes, rendant hommage au rôle joué par l’organisation régionale dans les efforts visant à faire cesser les hostilités au Moyen-Orient et à créer un horizon politique.  Évoquant le récent accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza, il a salué la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis.  Les Nations Unies font maintenant leur part pour garantir l’augmentation rapide de l’aide humanitaire, a-t-il indiqué, appelant toutefois à « travailler tous ensemble pour en assurer le succès ». À cet égard, il a insisté sur l’impératif de permettre à l’UNRWA de remplir son mandat dans toutes ses zones d’opérations, avant de remercier la Ligue pour son « soutien vocal » à cette agence vitale.  Préoccupé par la poursuite de la violence en Cisjordanie occupée, en particulier par l’opération militaire de grande envergure en cours à Jénine, qui aurait fait des victimes palestiniennes, M. Khiari a relevé que la Ligue a toujours soutenu le peuple palestinien, notamment en s’efforçant de rallier le soutien international en faveur d’un cessez-le-feu. 

La communauté internationale a la responsabilité partagée de soutenir les efforts en vue d’un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, a-t-il insisté en plaidant pour une solution négociée à deux États, « seule voie viable pour garantir la paix, la sécurité et la coexistence des Israéliens et des Palestiniens ».

Alors que la Syrie cherche à tracer une nouvelle voie après la chute du régime Assad, le Sous-Secrétaire général a informé le Conseil que l’Envoyé spécial, M. Pedersen, poursuit son engagement étroit avec la Ligue et ses États membres pour coordonner le soutien à un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Syriens, basé sur les principes clefs de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  L’ONU est prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider le peuple syrien à réaliser ses aspirations légitimes. 

Avec l’élection d’un président au Liban, après un vide de plus de deux ans, et la nomination d’un premier ministre, il a espéré que ces avancées ouvriront la voie à la sécurité et à la stabilité du pays.  Les Nations Unies sont prêtes à soutenir le Gouvernement libanais, dès lors qu’il sera formé, dans ses efforts de réforme et de reconstruction, a-t-il assuré, saluant le rôle joué par la Ligue, qui a contribué à la cessation des hostilités entre le Liban et Israël « grâce à un plaidoyer et un engagement inlassables ». 

Regrettant qu’au Yémen, les progrès politiques soient bloqués par les attaques des houthistes contre les navires marchands en mer Rouge et contre Israël, M. Khiari a espéré que le cessez-le-feu et l’accord sur les otages à Gaza conduiront à une désescalade dans la région.  À l’avenir, a-t-il dit, le soutien des partenaires régionaux -y compris celui de la Ligue- sera essentiel pour promouvoir la désescalade, rétablir la confiance et progresser vers une feuille de route des Nations Unies pour un règlement politique global et inclusif du conflit.

Face à l’impasse politique en Libye et au fragile statu quo, M. Khiari a rappelé que la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a récemment lancé une initiative politique intralibyenne inclusive pour amener le pays à des élections. À cet égard, la Ligue est un partenaire important des Nations Unies, a-t-il souligné, notant qu’elle est bien placée pour rallier et démontrer le soutien collectif des pays arabes à des solutions menées et contrôlées par les Libyens, dans le cadre du processus facilité par l’ONU.

Pour ce qui est du Soudan, il a appelé à intensifier les efforts diplomatiques pour mettre enfin un terme au conflit.  Alors que l’Envoyé personnel, M. Lamamra, travaille sans relâche pour soutenir les efforts de médiation et promouvoir le dialogue, M. Khiari a salué les efforts déployés par la Ligue, notamment pour renforcer la coordination multilatérale en convoquant la première réunion du groupe consultatif sur le Soudan en juin de l’année dernière.

Alors que la situation au Moyen-Orient reste fragile et que plusieurs conflits majeurs se poursuivent sans relâche, le cessez-le-feu à Gaza, la cessation des hostilités au Liban et l’évolution de la situation en Syrie représentent « une opportunité de changement positif significatif dans la région », a relevé le Sous-Secrétaire général.  Dans ce contexte, il a dit attendre avec impatience que la Ligue accueille la seizième réunion sectorielle des deux organisations, sur le thème de la « coopération dans le domaine des droits de la femme et de la protection de l’enfance dans les conflits armés », plus tard cette année. 

En guise de conclusion, il a assuré que les Nations Unies s’engagent à poursuivre leur partenariat avec la Ligue des États arabes afin d’accroître leurs efforts conjoints « pour améliorer la vie des populations dans la région arabe et au-delà ».

M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a appelé à une intensification de la coopération avec l’ONU tant les préoccupations sont communes.  Il a mentionné la rivalité actuelle entre deux grandes puissances qui engendrent des tensions délétères pour les dossiers arabes du Conseil.  Il a salué les efforts de médiation qui ont abouti à un accord de cessez-le-feu après 15 mois de génocide à Gaza, tout en relevant que ce cessez-le-feu n’est pas une solution permanente et en appelant à l’édification d’un État palestinien indépendant et viable. « La solution des deux États doit être mise en œuvre. »

M. Gheit s’est ensuite félicité que le Liban se soit doté d’un nouveau président et a demandé la préservation du cessez-le-feu entre Israël et le Liban. Israël doit se retirer des zones du Sud-Liban, a-t-il exhorté.  S’agissant de la Syrie, M. Gheit a précisé qu’une mission a été envoyée dans ce pays, avant d’espérer que la transition arrive à son terme sans interférence extérieure.  Il a mis en garde contre les visées expansionnistes d’Israël en Syrie. L’occupation du Golan est illicite, a-t-il rappelé.

La Ligue soutient l’unité du Soudan, a-t-il poursuivi, avant d’exhorter les parties soudanaises à reprendre le dialogue dans l’intérêt du pays. « Nous sommes prêts à coopérer avec le Conseil pour réaliser les aspirations du peuple soudanais. »  S’agissant de la Libye, il a salué la coordination accrue avec l’ONU pour une consolidation du processus en cours en vue de mettre un terme à cette crise complexe sans ingérence extérieure.  Un nouvel envoyé spécial connaissant bien la situation et la culture arabe devrait être nommé, a-t-il déclaré. 

De manière générale, il a souhaité plus de réunions entre les représentants des deux organisations, y compris au Siège de la Ligue, au Caire. M. Gheit a appelé à préserver l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) contre les visées israéliennes.  Cet office joue, selon lui, un rôle irremplaçable. « Nous souhaitons une coopération accrue avec l’ONU pour remédier aux défis que connaissent les pays arabes », a conclu le Secrétaire général.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième jour de session d’hiver du Comité des ONG

Session ordinaire de 2025,
5e et 6e séances plénières – matin & après-midi
ONG/983

Troisième jour de session d’hiver du Comité des ONG

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) poursuit sa session annuelle.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: face à la violence des gangs en Haïti, les appels à transformer la Mission multinationale d’appui à la sécurité en mission de paix de l’ONU se font plus insistants

9844e séance – après-midi
CS/15973

Conseil de sécurité: face à la violence des gangs en Haïti, les appels à transformer la Mission multinationale d’appui à la sécurité en mission de paix de l’ONU se font plus insistants

Le Conseil de sécurité a entendu cet après-midi des appels de plus en plus insistants pour transformer la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en une mission de paix de l’ONU afin d’endiguer la grave insécurité en Haïti. La transformation de cette mission, dont le financement repose sur des contributions volontaires, en une mission de paix permettrait de la renforcer sur les plans financier et logistique, ont estimé une majorité de délégations, tandis que d’autres ont exprimé quelques réserves.

« 5 600 personnes. »  Ce nombre des tués en Haïti l’année dernière en raison de la violence des gangs armés a été cité par plusieurs intervenants, dont le Danemark, pour illustrer la gravité de la situation sécuritaire en Haïti.  « Les défis que doit relever la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par la MMAS, demeurent immenses », a reconnu Mme María Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Elle a notamment mentionné le manque d’équipements et l’insuffisance des formations. 

La Représentante spéciale a néanmoins fait état de certains progrès, tels qu’une meilleure planification des opérations et la récente nomination d’un secrétaire d’État à la sécurité publique.  Le paysage politique en Haïti a également connu des évolutions positives, a-t-elle dit.  « La nomination d’Alix Didier Fils-Aimé au poste de Premier Ministre, le 11 novembre, a amélioré la collaboration entre le Gouvernement et le Conseil présidentiel de transition. »  Cette coopération a permis de faire avancer des dossiers clefs en matière de gouvernance, s’est-elle félicitée.

Malgré ces progrès sur le plan politique qui peuvent alimenter un espoir fragile, la transition demeure instable, a-t-elle déclaré, en estimant qu’une assistance internationale accrue à Haïti est capitale.  L’intervention la plus frappante a probablement été celle de la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Mme Ghada Fathi Waly, qui a détaillé les tentatives des différentes coalitions de gangs pour étendre leur contrôle sur des territoires stratégiques, tout en se livrant à des confrontations meurtrières avec la population et les forces de l’ordre. 

« Les gangs recourent à des tactiques de plus en plus brutales, comme en témoignent les massacres horribles, dont celui de 115 personnes par le gang Gran Grif, au mois d’octobre dernier, dans le département de l’Artibonite, ou encore l’exécution de plus de 200 personnes dans le quartier de Wharf Jérémie, au mois de décembre. »  La Directrice exécutive a également pointé le gang Viv Ansanm qui a intensifié ses attaques et pris le contrôle de zones clefs à Port-au-Prince et aux alentours. Malgré l’embargo, armes et munitions continuent d’affluer en Haïti et de tomber entre les mains des gangs, a-t-elle alerté.

Elle a donc réclamé le renforcement des capacités pour enregistrer, contrôler et tracer les armes et les munitions en Haïti, y compris les armes saisies et les stocks privés.  Elle a en outre demandé le renforcement des contrôles maritimes et terrestres entre Haïti et la République dominicaine, grâce à des équipements, des ressources humaines et un meilleur partage d’informations.  Des contrôles plus stricts sont nécessaires sur les navires qui quittent la Floride pour Haïti, mais aussi aux Bahamas et aux Îles Turques et Caïques, devenues points de transit. 

Mais c’est bien la question de la transformation de la MMAS en mission de paix des Nations Unies qui a dominé les débats.  Le Suriname, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que la MMAS est en effet « sous-équipée, sous-financée et sous-armée », appuyant la transition vers une mission de paix de l’ONU avec un soutien accru et un financement durable.  « Cette transition est capitale pour permettre aux Haïtiens de reprendre le cours de leur vie sans peur et d’améliorer la confiance en l’État haïtien. » 

Cette mission n’a pas répondu aux attentes en raison principalement des contraintes financières, a expliqué la République de Corée, en pointant la dégradation de la situation sécuritaire.  Même son de cloche du côté d’Haïti, qui a souligné que la mission actuelle reste gravement sous-financée et sous-équipée, alors que la violence des gangs armés continue de faire peser « une menace existentielle ».  Le Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti a indiqué que la Mission ne dispose pas du support aérien nécessaire lors de ses opérations, sachant en plus que certains de ses équipements ne sont pas adaptés à la réalité. 

« Ces quelques limitations, sans être exhaustif, entravent sa capacité opérationnelle à répondre efficacement à l’intensité des défis sécuritaires que nous connaissons. »  À cette aune, le Ministre a demandé la transformation de la MMAS en une mission de maintien de la paix des Nations Unies, dotée d’un mandat clair, de ressources adéquates et d’une expertise renforcée.  « Cette transition n’est pas seulement une nécessité logistique, mais une exigence stratégique pour répondre aux menaces multiples qui pèsent sur notre pays. » 

Si plusieurs pays, dont la Grèce ou encore les États-Unis, ont dit attendre les prochaines recommandations du Secrétaire général, la France a plaidé en faveur d’un plus grand engagement des Nations Unies, convaincue que ces dernières peuvent apporter une expertise stratégique et opérationnelle, ainsi qu’un soutien logistique essentiel.  « Il nous faut répondre à la demande exprimée par Haïti de considérer une transition de la Mission multinationale vers une opération de maintien de la paix dès que possible », a déclaré la France, appuyée par le Panama ou encore le Kenya.  « Le Kenya est prêt à assurer un rôle de leadership et à déployer du personnel supplémentaire lors de cette transition », a dit son délégué.

« Le moment est venu pour l’ONU d’assumer un rôle plus efficace et plus direct dans le rétablissement de la paix en Haïti en accompagnant les autorités haïtiennes, c’est ce que le peuple haïtien et toute notre région attendent avec impatience », a renchéri le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine.  Le Pakistan n’a pas dit autre chose en rappelant que le Conseil est saisi de la situation en Haïti depuis près de trois décennies.  « De toute évidence, un plan d’action solide, complet et bien réfléchi, élaboré avec les dirigeants haïtiens, est nécessaire afin de répondre aux défis complexes d’Haïti », a tranché la délégation pakistanaise.

De son côté, la Fédération de Russie a appelé les donateurs à fournir ce qu’ils ont promis aux fins du déploiement complet de la MMAS.  « C’est seulement après avoir pleinement atteint le potentiel de la Mission multinationale qu’il sera possible d’évoquer toute adaptation de la présence internationale en Haïti », a argué la Russie.  Le Guyana, qui s’exprimait au nom des A3+, a également jugé crucial le déploiement intégral du personnel de la MMAS et appelé à honorer les engagements pris.

La Chine a dénoncé l’ingérence des États-Unis en Haïti, en estimant que ce pays a une responsabilité dans le sort actuel du pays et de son peuple.  « Les États-Unis ont été à l’initiative de la création de la MMAS, ils sont donc responsables au premier chef des obligations financières découlant de son mandat. »  L’ONU ne peut jouer qu’un rôle complémentaire et non pas déterminant pour régler la crise en Haïti, a tranché la Chine, en espérant que le Secrétaire général s’appuiera, pour ses recommandations, sur une analyse des racines profondes de la crise en Haïti.

La République de Corée a annoncé avoir donné 10 millions de dollars la semaine dernière au Fonds d’affectation spéciale en faveur de la MMAS.  La France a également augmenté ses contributions à hauteur de 10 millions de dollars dédiés en partie aux formations prédéploiement en français et en créole.  Enfin, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie, appuyé notamment par le Pakistan, a rappelé que toute décision prise par le Conseil devra respecter la souveraineté et la volonté du peuple haïtien et des autorités haïtiennes.

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LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI S/2025/28

Exposés

Mme MARIA ISABEL SALVADOR, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a rappelé que l’aéroport international de Port-au-Prince a été fermé après une attaque de gangs armés contre un avion de ligne le 11 novembre.  Peu après, les gangs armés ont lancé plusieurs attaques coordonnées dans la capitale, y compris dans des zones qui avaient été jusqu’alors épargnées par la violence.  Ce cycle de violence dans la capitale a fait au moins 220 morts et a causé le déplacement de près de 41 000 personnes.  Elle a également précisé qu’en décembre les gangs armés ont fait 207 morts lors d’une attaque dans la commune de Cité-Soleil.  Dans ce contexte, elle a signalé le déploiement de 217 policiers kenyans supplémentaires le 18 janvier, en sus de 150 éléments du Guatemala et de 8 soldats d’El Salvador. 

Elle a ensuite détaillé les progrès enregistrés par la Police nationale haïtienne (PNH), appuyée par la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), afin de répondre à la violence.  Les opérations contre les gangs sont mieux planifiées et la récente nomination d’un Secrétaire d’État à la sécurité publique est un signal positif, selon elle. La Représentante spéciale a également salué les 739 policiers, dont 213 femmes, frais émoulus de l’Académie nationale de police.  « Cependant, les défis que la PNH doivent relever demeurent immenses », a-t-elle reconnu, en mentionnant notamment le manque d’équipements et l’insuffisance de formations.  « Une assistance internationale accrue est capitale. »  Elle a également redit la détermination de l’ONU à renforcer sa présence dès que les conditions sécuritaires le permettront.

Le paysage politique en Haïti a connu des évolutions positives depuis ma dernière intervention devant ce Conseil, a-t-elle dit.  « La nomination d’Alix Didier Fils-Aimé au poste de Premier Ministre le 11 novembre a amélioré la collaboration entre le Gouvernement et le Conseil présidentiel de transition. »  Cette coopération a permis de faire avancer des dossiers clefs en matière de gouvernance, s’est-elle félicitée.  La Représentante spéciale a indiqué qu’une meilleure coordination entre le Conseil présidentiel de transition et le Gouvernement actuel a permis d’affiner et de cibler avec succès les « priorités des priorités » de la transition -« sécurité, élections et apaisement social »- et a contribué à faire avancer certaines décisions clefs de gouvernance qui étaient auparavant en suspens.  Elle a en outre salué la nomination des deux membres restants du Conseil électoral provisoire.  « Quatre des 9 membres sont désormais des femmes, une étape importante vers une plus grande inclusion du genre dans le processus électoral », s’est-elle réjouie. 

Malgré ces progrès sur le plan politique qui peuvent alimenter l’espoir, la transition demeure fragile, a-t-elle déclaré, en mentionnant les critiques formulées contre le Conseil présidentiel de transition.  Trois de ses membres sont en effet visés par de graves allégations de corruption.  Elle a ensuite détaillé l’acuité de la crise humanitaire en Haïti, plus de 6 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, ayant besoin d’aide. L’insécurité alimentaire touche 48% de la population.

« En cette période cruciale, Haïti a plus que jamais besoin de votre soutien continu. »  Pour organiser un processus de révision constitutionnelle et des élections crédibles, participatives et inclusives dans ce contexte de crise, les acteurs haïtiens doivent surmonter leurs différences et collaborer, a-t-elle prié.  En conclusion, la Représentante spéciale a estimé qu’une solution durable nécessite des progrès simultanés sur les fronts politique et sécuritaire, « soutenus par une solidarité internationale constante ».

La Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Mme GHADA FATHI WALY, a indiqué que les différentes coalitions de gangs tentent toujours d’étendre leur contrôle sur des territoires stratégiques, tout en se livrant à des confrontations meurtrières avec la population et les forces de l’ordre. Les gangs recourent à des tactiques de plus en plus brutales, comme en témoignent les massacres horribles, dont celui de 115 personnes par le gang Gran Grif, au mois d’octobre dernier, dans le département de l’Artibonite, ou encore l’exécution de plus de 200 personnes dans le quartier de Wharf Jérémie, au mois de décembre. 

L’expansion territoriale de ces gangs résulte d’une action calculée, plutôt que d’une violence arbitraire, dans le but de contrôler les ressources, en collaboration avec les élites politiques et économiques.  Aujourd’hui, ces gangs se partagent environ 85% de Port-au-Prince et leur emprise sur le pays est facilitée par le trafic illicite d’armes, de drogues et autres ainsi que par la corruption et le blanchiment d’argent, comme le démontre le sixième rapport de l’ONUDC. 

Parmi les développements les plus notables, la Directrice exécutive a pointé le gang Viv Ansanm qui a intensifié ses attaques et pris le contrôle de zones clefs dans et autour de Port-au-Prince.  Malgré l’embargo, armes et munitions continuent d’affluer en Haïti et de tomber entre les mains des gangs.  L’itinéraire de ce trafic change.  Au cours de la période considérée, les saisies d’armes ont été principalement signalées à Port Everglades, et non à Miami, alors qu’en Haïti, la plupart de ces saisies ont été signalées à Cap-Haïtien, et non à Port-au-Prince. 

L’ONUDC réclame donc le renforcement des capacités pour enregistrer, contrôler et tracer les armes et les munitions en Haïti, y compris les armes saisies et les stocks privés.  Il réclame aussi le renforcement des contrôles maritimes et terrestres entre Haïti et la République dominicaine, grâce à des équipements, des ressources humaines et un meilleur partage des informations.  Des contrôles plus stricts sont nécessaires sur les navires qui quittent la Floride pour Haïti, mais aussi aux Bahamas et aux Îles Turques et Caïques, devenus points de transit.

Au cours des dernières décennies, Haïti est devenue une plaque tournante du trafic de drogue, et les preuves suggèrent qu’un petit groupe d’individus conserve une influence considérable sur ce commerce depuis les années 80. Il s’agirait d’anciens militaires haïtiens, d’agents des forces de l’ordre, de membres du Parlement et d’hommes d’affaires, opérant en Haïti et aux États-Unis, ainsi que dans d’autres pays de la région.  Pour l’ONUDC, il est impératif de démanteler ce réseau profondément enraciné et selon certains rapports, des personnalités politiques et du secteur privé utiliseraient l’industrie de l’anguille et autres espèces sauvages pour blanchir les revenus de la drogue.  Les autorités haïtiennes ont besoin d’aide pour s’attaquer à ce problème, a souligné la Directrice exécutive. 

L’insécurité, l’instabilité et les difficultés économiques continuent de pousser les gens à fuir Haïti.  La fermeture de l’espace aérien, les politiques anti-migratoires strictes de la région et la fermeture de l’aéroport international de Port-au-Prince incitent les Haïtiens à prendre plus de risques pour s’échapper, s’appuyant sur les passeurs clandestins qui empruntent des routes dangereuses vers la République dominicaine, les Bahamas, la Jamaïque ou les Îles Turques et Caïques, pour chuter aux États-Unis et au Canada. 

Haïti vit également une augmentation alarmante de la traite des êtres humains, et en particulier de la traite des enfants par les gangs.  Les lois doivent être appliquées de manière plus efficace par des forces de l’ordre formées et équipées.  Sur une note positive, la Directrice exécutive a signalé qu’au mois de décembre, Haïti avait franchi une étape importante dans la lutte contre la corruption, avec la création d’un groupe de travail interinstitutionnel soutenu par l’ONUDC, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation des États américains (OEA).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: les combats à Catatumbo soulignent l’urgence de mettre en œuvre l’Accord final, affirme le Représentant spécial devant le Conseil de sécurité

9843e séance – matin
CS/15972

Colombie: les combats à Catatumbo soulignent l’urgence de mettre en œuvre l’Accord final, affirme le Représentant spécial devant le Conseil de sécurité

À l’occasion de sa réunion trimestrielle sur la situation en Colombie, le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général dans ce pays plaider avec force pour une mise en œuvre effective de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable, après les affrontements qui ont ensanglanté ces derniers jours la région reculée de Catatumbo, dans le nord-est.  M. Carlos Ruiz Massieu s’est toutefois réjoui de la présence à cette séance de représentants du Gouvernement colombien, dont le Ministre des affaires étrangères, et de représentants de ex-Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), y voyant le reflet de leur engagement continu en faveur du processus de paix. 

Selon M. Massieu, le bain de sang survenu à Catatumbo est le résultat d’une attaque menée par l’Armée de libération nationale (ELN) –avec laquelle le Président Gustavo Petro a suspendu tous pourparlers– dans une zone tenue par un groupe armé rival se faisant appeler Estado Mayor de los Bloques y Frentes (« État-major général des blocs et des fronts »), anciennement État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (EMC FARC-EP).  « C’est dans le vide de la présence de l’État que les groupes armés illégaux se battent pour le contrôle territorial et social », a expliqué le Représentant spécial, pour qui la mise en œuvre de l’Accord final n’en est que plus essentielle afin de trouver des solutions durables et de résoudre les causes du conflit armé. 

Saluant le ferme engagement pris par le Gouvernement colombien à cet égard, M. Massieu s’est réjoui de la détermination du Président Petro à protéger les budgets de l’Accord final, et ce, malgré les difficultés financières actuelles.  En ce qui concerne la réforme rurale, qui a connu des progrès significatifs au cours de l’année écoulée, le financement sera essentiel pour l’adjudication des terres et la formalisation des droits de propriété foncière, a-t-il ajouté.  Le Représentant spécial a également jugé crucial d’accélérer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, qui met l’accent sur les besoins des communautés afro-colombiennes et autochtones de Colombie, notamment celui de protection. 

Accélérer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final 

Sur ce point, le Secrétaire général du Forum de haut niveau sur les populations autochtones de Colombie a regretté que, huit ans après le début de la mise en œuvre de l’Accord final, seulement 28% des dispositions du chapitre ethnique soient appliquées, alors même que le Gouvernement avait fixé en 2023 un objectif de 60% d’ici à la fin de son mandat.  M. Armando Wouriyu Valbuena a, par conséquent, exigé une accélération du processus, en particulier pour ce qui concerne la participation des populations autochtones dans les différents mécanismes prévus par l’Accord final.  Il a d’autre part prié le Gouvernement d’intégrer la perspective ethnique dans l’élaboration des plans nationaux de réforme rurale. 

À son tour, le représentant de la haute partie contractante à la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final a jugé inquiétant que le chapitre ethnique de l’accord de paix de 2016 soit l’un des domaines où les progrès sont « les moins visibles ».  M. Diego Tovar a rappelé que 60% de la population touchée aujourd’hui par la violence appartient à des peuples ethniques.  De plus, 25% des ex-combattants, soit près de 3 000 personnes, ont une « identité ethnique », a-t-il précisé, avant de constater que le plan d’action rapide du Gouvernement sur la réforme rurale intégrale n’a toujours pas été mis en œuvre, trois mois après son annonce.  La répartition inéquitable des terres est pourtant l’une des causes fondamentales du conflit, a fait valoir le représentant, selon lequel un financement adéquat est nécessaire de toute urgence pour atteindre les objectifs de l’Accord final sur cette question.

La réintégration des ex-combattants et la justice transitionnelle

Quant au processus de réintégration des ex-combattants, il reste « précaire », pas moins de 76% d’entre eux étant au chômage, s’est encore inquiété M. Tovar.  Le Représentant spécial a quant à lui qualifié cette réintégration d’« exemple inspirant de la manière dont la paix change la vie des anciens combattants et des communautés », affirmant l’avoir lui-même constaté il y a deux semaines, lors de sa visite du secteur territorial de formation et de réintégration de Tierra Grata, dans le département de Cesar.  Il a toutefois reconnu que, là où vivent les anciens combattants partout dans le pays, d’importants défis restent à relever pour garantir la durabilité des projets, l’amélioration des logements et la garantie de la sécurité. 

À propos du processus de justice transitionnelle, M. Massieu s’est félicité des progrès réalisés par la Juridiction spéciale pour la paix, notamment la mise en accusation sans précédent de 158 personnes considérées comme responsables de graves crimes commis au cours du conflit.  Il a dit attendre les premières sanctions cette année, appelant l’État colombien à les mettre en œuvre.  « Il en va du succès du processus de justice transitionnelle et de l’Accord final en général. »

Dialogue à poursuivre avec les acteurs armés

S’agissant enfin des différents processus de dialogue en cours dans le pays, le Représentant spécial a souhaité que le Gouvernement poursuive les échanges en ce sens, en tenant compte des appels lancés aux acteurs armés qui y participent pour qu’ils s’engagent à respecter le droit international humanitaire et en faisant en sorte que ces efforts soient accompagnés de stratégies de sécurité efficaces axées sur la prévention et la protection des communautés. 

Les membres du Conseil –à l’exception notable des délégations africaines, qui n’ont pas participé à la discussion– ont pris acte de ces évolutions, tout en exprimant leur inquiétude pour le processus de paix après les affrontements meurtriers de Catatumbo, qui ont fait plus de 100 victimes, dont des signataires de l’Accord final, et entraîné le déplacement de milliers de personnes. L’ELN et l’Estado Mayor de los Bloques y Frentes doivent mettre un terme à leurs actions violentes et exprimer leur engagement en faveur du dialogue pour donner au processus politique « une chance de succès », a plaidé le Royaume-Uni, rejoint par la France, qui a toutefois salué la volonté du Gouvernement de poursuivre le dialogue avec les groupes armés, avec le soutien de la mission de bons offices du Représentant spécial.

Voisin de la Colombie, le Panama a regretté, par la voix de son Vice-Ministre des affaires étrangères, « l’incident tragique » survenu à Catatumbo.  Tout en se joignant à l’appel en faveur d’un cessez-le-feu durable et vérifiable qui garantisse la protection intégrale des droits humains et de la vie des communautés et des signataires de l’accord de 2016, M. Carlos Ruíz-Hernández a reconnu les efforts déployés par le Gouvernement colombien pour consolider et mettre en œuvre le processus de paix.  De l’avis du Vice-Ministre, la Colombie est « un exemple qui montre que la volonté politique et un dialogue constructif avec toutes les parties sont essentiels pour guérir le tissu social d’un État ».

Une stratégie sécuritaire demandée

Indiquant pour leur part avoir alloué 2,1 milliards de dollars à la mise en œuvre de l’Accord final et 125 autres millions pour aider la Colombie à engager des plans de développement dans les communautés touchées par le conflit, les États-Unis ont condamné non seulement la violence qui a touché la région de Catatumbo mais aussi celle qui vise toujours les leaders sociaux et défenseurs des droits humains, avec « des effets glaçants sur les communautés ».  Face à ces agissements, ils ont prôné une stratégie sécuritaire pour pousser les groupes armés à négocier et lutter contre l’impunité. 

La Chine et la Fédération de Russie ont également appelé à une action rapide des autorités et des forces armées du pays pour rétablir l’ordre dans la région de Catatumbo.  La délégation russe a par ailleurs jugé qu’à bien des égards, la responsabilité du « dérapage » de la mise en œuvre de l’Accord final repose sur le précédent Gouvernement colombien, « qui a ouvertement torpillé et remplacé le processus de paix ».

La Colombie assure rejeter la violence et continuer de progresser

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie a déclaré rejeter la violence de l’ELN et des éléments dissidents de l’ex-Front 33 des FARC, assurant que son gouvernement ne baissera pas les bras tant que les auteurs de ces actes contre les signataires de l’accord de paix ne seront pas traduits en justice.  « C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de suspendre les pourparlers de paix avec l’ELN », a déclaré M. Luis Gilberto Murillo, avant d’exhorter la communauté internationale à exiger de cette organisation armée qu’elle renonce à la violence. 

En dépit de ces accrocs au processus, « la Colombie et les Colombiens n’ont pas renoncé à la paix », a assuré le Ministre, mettant en avant les avancées récentes, notamment le lancement du plan d’action rapide pour la mise en œuvre de l’Accord final.  Pour continuer de progresser, il importe selon lui que la Juridiction spéciale pour la paix s’associe aux efforts de l’État colombien et parvienne rapidement à définir le statut juridique des signataires de l’accord de paix.

Enfin, rappelant que la Colombie est candidate à un siège de membre non permanent du Conseil pour la période 2026-2027, il a affirmé que son pays entend mettre à la disposition de la communauté internationale toute son expérience en matière de consolidation de la paix et de réconciliation.  « Notre pays est la preuve qu’en dépit des blessures et des obstacles, l’humanité peut triompher », a-t-il conclu.

 

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (S/2024/968)

Exposés

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, s’est dit honoré de s’exprimer devant le Conseil de sécurité en présence de représentants du Gouvernement colombien et des ex-Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP).  Il y a vu le reflet de leur engagement continu en faveur du processus de mise en œuvre qui nécessite leur coopération active.  Rappelant que les Colombiens ont célébré l’an dernier le huitième anniversaire de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable, il s’est dit attristé par les actions qui ensanglantent la région reculée de Catatumbo, dans le nord-est de la Colombie, depuis la fin de la semaine dernière.  Parmi les dizaines de victimes figuraient d’anciens combattants, signataires de l’Accord final, ainsi que des dirigeants locaux et des membres des communautés. 

Ce bain de sang, a expliqué le Représentant spécial, est le résultat d’une attaque de l’Armée de libération nationale (ELN) dans une zone tenue par un groupe armé rival connu sous le nom d’Estado Mayor de los Bloques y Frentes (« État-major général des blocs et des fronts »).  Il s’inscrit dans le cadre de la confrontation en cours entre les groupes armés dans différentes zones du pays où la présence de l’État est limitée et où ils se disputent le contrôle des économies illégales. Appelant une nouvelle fois les groupes armés à cesser toute action mettant en danger la population civile et à permettre un accès sans entrave aux intervenants humanitaires, il a indiqué que les équipes locales de la Mission de vérification ont aidé à évacuer les personnes à risque, notamment des anciens combattants, des zones de conflit. 

Selon M. Massieu, « c’est dans le vide de la présence de l’État que les groupes armés illégaux se battent pour le contrôle territorial et social ». De fait, la mise en œuvre de l’Accord final est essentielle pour trouver des solutions durables afin de prévenir et de résoudre les causes du conflit armé.  Après avoir salué le ferme engagement du Gouvernement en faveur de la mise en œuvre de l’Accord final, il a estimé que tout progrès dépend non seulement d’une volonté politique continue, mais aussi de la définition d’objectifs et de priorités clairs, de la préservation des ressources et de la résolution des obstacles à la coordination.  À cet égard, il s’est réjoui que le Président Petro ait assuré que les budgets de l’Accord final seraient protégés malgré le climat financier complexe.  En ce qui concerne la réforme rurale, qui a connu des progrès significatifs au cours de l’année écoulée, le financement sera essentiel pour l’adjudication des terres et la formalisation des droits de propriété foncière, a-t-il ajouté. 

Pour le Représentant spécial, il est également crucial d’accélérer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, qui met l’accent sur les besoins et les priorités des communautés afro-colombiennes et autochtones de Colombie, y compris leur protection.  Les Bari et les Yukpa font partie des populations touchées par les violences qui se déroulent dans le Catatumbo, a-t-il indiqué, avant de former le vœu que les dispositions de l’Accord final relatives au genre progresseront plus rapidement dans leur mise en œuvre, en synergie avec le nouveau plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité.  Autre priorité, la réintégration continue d’être un exemple inspirant de la manière dont la paix change la vie des anciens combattants et des communautés, a souligné M. Massieu, qui a pu le constater il y a deux semaines lors de sa visite du secteur territorial de formation et de réintégration de Tierra Grata, dans le département de Cesar.  Il a toutefois reconnu que, dans les endroits où vivent les anciens combattants partout dans le pays, d’importants défis restent à relever pour garantir la durabilité des projets, l’amélioration des logements et la garantie de la sécurité. 

S’agissant du processus de justice transitionnelle, M. Massieu a évoqué les avancées réalisées par la Juridiction spéciale pour la paix, notamment la mise en accusation sans précédent de 158 personnes considérées comme responsables de graves crimes commis au cours du conflit, leurs aveux et leurs contributions à la vérité.  À ses yeux, il est fondamental de poursuivre un dialogue constructif pour trouver des solutions qui permettent de satisfaire les droits des victimes et de garantir la sécurité juridique des participants au processus.  De son côté, la Mission continuera de fournir ses bons offices aux parties, a-t-il assuré, rappelant que les justes demandes des victimes nécessitent une réponse qui englobe une large gamme d’instances qui ne se limitent pas à la seule Juridiction spéciale pour la paix, laquelle est appelée à remplir la fonction de « tribunal de transition » dont le succès sera déterminé par sa capacité à contribuer à la fois à la justice et à la paix. 

Le Représentant spécial s’est dit convaincu que les premières sanctions de la Juridiction spéciale seront émises cette année.  Elles nécessiteront la participation active des entités pertinentes de l’État, notamment les Ministères de la défense et de la justice, l’Agence pour la réintégration et l’Unité de mise en œuvre de l’Accord final, a-t-il dit, estimant que l’attribution des ressources nécessaires sera une condition indispensable pour y parvenir.  L’État doit démontrer sa capacité de mise en œuvre à partir des premières sanctions prises, « il en va du succès du processus de justice transitionnelle et de l’Accord final en général », a insisté M. Massieu.

Abordant enfin les différents processus de dialogue en cours en Colombie, le Représentant spécial a relevé que les temps de crise sont aussi des moments propices à la réflexion et aux ajustements.  Observant que des appels sont lancés pour que les acteurs armés participant au dialogue s’engagent à respecter le droit international humanitaire et, d’autre part, pour que ces efforts soient accompagnés de stratégies de sécurité efficaces axées sur la prévention et la protection des communautés, il s’est dit sûr que le Gouvernement prendra en compte ces mouvements tout en maintenant sa volonté de poursuivre les échanges.  En conclusion, il a invité le Conseil à maintenir son soutien unanime et sa solidarité à ce processus de paix historique. 

Le représentant de la haute partie contractante à la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final, M. DIEGO TOVAR, a rappelé que rien qu’au cours des six derniers jours, 1 000 personnes ont été tuées dans la région de Catatumbo.  Et cette violence menace de s’étendre à d’autres régions, a-t-il prévenu. L’impunité reste très élevée en ce qui concerne les meurtres d’ex-combattants - elle atteint 90% selon les Nations Unies, a-t-il relevé, tout en déplorant également les meurtres de dirigeants sociaux.  Si la manière de mettre en œuvre la politique de paix totale n’est pas corrigée, c’est l’accord de paix qui risque de dérailler, s’est-il inquiété. 

M. Tovar a jugé urgent de renforcer la coordination interinstitutionnelle dans la mise en œuvre de l’Accord et de renforcer la présence de l’État dans les régions.  Il a trouvé inquiétant que le chapitre ethnique de l’accord de paix soit l’un des domaines où les progrès sont les moins visibles.  Il a rappelé que 60% des personnes touchées par la violence appartiennent à des populations autochtones.  En outre, le processus de réintégration ne progresse pas pour 25% des ex-combattants d’identité ethnique, soit près de 3 000 personnes, a-t-il regretté.

Concernant la Juridiction spéciale pour la paix, M. Tovar a remarqué qu’elle n’a pas rendu une seule sentence.  Il a noté que chaque magistrat a une méthodologie différente et que la Juridiction n’a pas connaissance des critères de sélection tels qu’ils ont été définis.  De ce fait, de nombreux ex-combattants restent détenus, a constaté M. Tovar en remettant en question ce fonctionnement par rapport à la capacité de la Juridiction spéciale à juger et punir les principaux responsables du conflit armé.

En outre, a indiqué M. Tovar, huit ans après l’Accord final, le processus de réintégration reste précaire: aujourd’hui, 76% des ex-combattants sont au chômage.  Il a appelé le Gouvernement à remplir ses obligations envers les milliers d’anciens combattants qui avaient volontairement déposé les armes il y a 8 ans. 

Enfin, s’agissant de la réforme rurale intégrale, il a constaté que trois mois après son adoption, le plan d’action rapide du Gouvernement n’a toujours pas été mis en œuvre.  Il a rappelé que la répartition inéquitable des terres est l’une des causes fondamentales du conflit.  Selon lui, un financement adéquat est nécessaire de toute urgence pour atteindre les objectifs de l’Accord final sur cette question.

M. ARMANDO WOURIYU VALBUENA, du Forum de haut niveau sur les populations autochtones de Colombie, a rappelé que ces populations représentent un dixième des Colombiens et occupent un tiers du territoire.  Il a regretté que, huit ans après le début de la mise en œuvre de l’Accord final, seulement 28% de l’Accord soit mis en œuvre s’agissant des dispositions sur les populations autochtones.  Pourtant en 2023, a observé M. Wouriyu Valbuena, le Gouvernement avait fixé l’objectif d’atteindre 60% de mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord d’ici à la fin de son mandat. 

Le représentant a dès lors demandé d’accélérer l’application de l’Accord, en particulier en ce qui concerne la participation des populations autochtones dans les différents mécanismes prévus par l’Accord.  Il a aussi appelé à activer la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final.  Il faut également, a-t-il insisté, reconnaître le Forum de haut niveau sur les populations autochtones comme un interlocuteur au niveau national et lui apporter un soutien approprié pour assumer son mandat. 

M. Wouriyu Valbuena a prié le Gouvernement colombien d’intégrer la perspective ethnique dans le processus de mise en œuvre de l’Accord, notamment dans l’élaboration des plans nationaux de réforme rurale.  Puis, il a dénoncé les déplacements forcés dont est victime le peuple autochtone Bari.  De plus, a-t-il encore noté, les communautés d’accueil commencent à subir des pénuries alimentaires.  Préoccupé par la situation des peuples et communautés autochtones face au conflit armé, l’intervenant a demandé au Groupe de haut niveau du Système général de sécurité pour l’exercice de la liberté politique de renforcer les mécanismes d’autoprotection des communautés ethniques prévus par l’Accord final.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième jour de session d’hiver du Comité des ONG

Session ordinaire de 2025,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
ONG/982

Deuxième jour de session d’hiver du Comité des ONG

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) poursuit sa session annuelle, commencée hier.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat des moyens de renforcer le leadership africain dans la lutte contre le terrorisme sur le continent

9842e séance – matin & après-midi
CS/15971

Le Conseil de sécurité débat des moyens de renforcer le leadership africain dans la lutte contre le terrorisme sur le continent

Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui un débat public sur le thème « Lutte antiterroriste menée par l’Afrique et axée sur le développement: renforcer le leadership africain et la mise en œuvre des initiatives africaines de lutte contre le terrorisme ».  Présidée par le Ministre algérien des affaires étrangères, de la communauté nationale à l’étranger et des affaires africaines, M. Ahmed Attaf, cette réunion constituait l’un des événements phares de la présidence algérienne du Conseil en janvier. 

Le pays qui a lui-même « vaincu le terrorisme » dans les années 90, selon les mots de M. Attaf, entendait ainsi « souligner l’impérieuse nécessité de raviver l’intérêt mondial et de relancer la dynamique internationale pour s’attaquer sérieusement à ce fléau ».  Dans une lettre datée du 10 janvier (S/2025/23) et adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, il est souligné que, selon le Centre de l’Union africaine (UA) pour la lutte contre le terrorisme, entre janvier et septembre 2024, les pays d’Afrique ont été la cible de 3 200 attaques terroristes ayant fait 8 400 victimes civiles.  Une menace qui compromet l’initiative de l’UA « Faire taire les armes » et entrave les progrès de l’Agenda 2063 de l’organisation régionale, précise la lettre.

Le terrorisme est aujourd’hui la menace la plus importante pour la paix, la sécurité et le développement durable sur le continent africain, a confirmé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Mme Amina J.  Mohammed a constaté que les groupes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique ont étendu leurs tentacules meurtriers aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec une augmentation des attaques violentes de plus de 250% en seulement deux ans. Elle a évoqué l’attaque du 8 janvier au Bénin, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), la plus meurtrière depuis 2021.  Quelques jours plus tôt, le 4 janvier, des extrémistes avaient lancé une attaque brutale contre une base militaire de Sabon Gida, à Damboa, au Nigéria, tuant six soldats. 

Un nouvel élan donné par le Pacte pour l’avenir

Dans d’autres régions d’Afrique, des groupes terroristes tels que les Chabab en Somalie, les Forces démocratiques alliées en République démocratique du Congo et Ahl al-Sunna wal-Jama‘a au Mozambique continuent de déchaîner une violence horrible.  À ce rythme, en Afrique de l’Ouest, l’avenir est en jeu, a-t-elle mis en garde.  La marginalisation des jeunes, associée à l’explosion du chômage, a laissé toute une génération vulnérable aux groupes extrémistes, a constaté Mme Mohammed.  Selon elle, « si nous n’agissons pas, nous risquons de perdre cette génération dans les horreurs du terrorisme ». 

En outre, les terroristes exploitent et brutalisent fréquemment les femmes par le biais de violences sexuelles et sexistes, provoquant un traumatisme profond qui se répercute sur des communautés entières, s’est émue la Vice-Secrétaire générale.  Dans ce contexte, elle a estimé que le Pacte pour l’avenir, adopté en septembre dernier, donne un nouvel élan aux efforts mondiaux contre le terrorisme.  Trois domaines sont selon elle prioritaires dans cette lutte.  Il faut d’abord continuer de s’attaquer aux moteurs du terrorisme, lequel se nourrit de la fragilité et de la pauvreté, des inégalités et de la désillusion.  Elle a également appelé à des approches s’appuyant sur des institutions responsables et inclusives.  Elle a enfin présenté la coopération régionale comme le « pivot de toute stratégie antiterroriste efficace », jugeant que la fragmentation des efforts joue en faveur des terroristes.  Mais les engagements ne suffisent pas: des ressources adéquates doivent être mises en place, a-t-elle prescrit. 

Soutenir une réaction régionale cohérente 

L’UA et l’ONU doivent apporter un financement prévisible, durable et flexible aux opérations de paix dans un contexte d’antiterrorisme, a renchéri le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA.  Pour ce faire, M. Bankole Adeoye a appelé à l’activation rapide de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité sur le financement des missions de soutien à la paix de l’UA. 

Rappelant que, pour la première fois depuis un demi-siècle le terrorisme touche aujourd’hui cinq régions d’Afrique, le Commissaire a indiqué que l’UA a procédé à un recalibrage de son approche.  « Nous avons adapté nos politiques en nous appuyant sur des projections faisant état d’une escalade des activités terroristes de 10 à 15% en 2025 », a-t-il relevé.  M. Adeoye a ensuite indiqué que, dans le cadre du renforcement du leadership de l’UA sur la problématique terroriste, son centre de lutte contre ce fléau deviendra prochainement un établissement d’excellence promouvant une approche à l’échelle des sociétés. 

En plus de ses répercussions graves sur la sécurité, la stabilité économique et la cohésion sociale, le terrorisme perturbe le commerce, le tourisme et les investissements, ce qui entrave considérablement le développement économique du continent, a fait observer M. Said Djinnit, conseiller principal à l’African Centre for the Constructive Resolution of Disputes (ACCORD). Pour y répondre, cet ancien responsable de l’ONU et de l’UA a préconisé une combinaison de mesures de sécurité, de gouvernance et socioéconomiques, en mettant fortement l’accent sur la prévention et la lutte contre les inégalités systémiques. 

Même si la responsabilité première de la protection des populations contre le terrorisme incombe aux États et à leurs forces de défense et de sécurité, les organisations de la société civile jouent un rôle complémentaire essentiel, a souligné M. Djinnit.  Malgré leurs ressources limitées, ces organisations contribuent activement à favoriser la résilience des communautés, à mettre en œuvre des programmes de lutte contre la radicalisation, à faciliter la réhabilitation et la réintégration des communautés, et à veiller à ce que tous les segments de la société soient pris en compte dans le processus d’élaboration des stratégies de lutte contre le terrorisme. 

Une action exclusivement militaire ne peut suffire

Faisant part de l’expérience de son pays en la matière, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Somalie a fait état de mesures visant à contrecarrer la propagande et l’idéologie des groupes terroristes, en complément des opérations militaires.  Plus de 500 comptes bancaires des Chabab et de leurs affiliés ont ainsi été fermés en Somalie et en dehors du pays.  Au niveau idéologique, le Gouvernement fédéral somalien a organisé une conférence nationale de dirigeants religieux et de spécialistes de la question, ce qui a permis de dénoncer les approches erronées et les interprétations fallacieuses de l’islam par les groupes terroristes.  Le haut dignitaire a également salué le rôle essentiel qu’a joué la force de l’UA en appui à ces efforts, tout en reconnaissant qu’une solution exclusivement militaire ne peut suffire à elle seule. 

La France a développé la même analyse, jugeant essentiel, en sus de l’action militaire destinée à protéger les civils et à défendre les cibles vulnérables, de renforcer la résilience des communautés sur le long terme, en lien avec les États de la région.  Cela passe par la prise en compte des facteurs socioéconomiques qui contribuent au recrutement terroriste, y compris la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques, a soutenu la délégation.  Le Royaume-Uni a quant à lui rappelé qu’il a fourni 60 millions de dollars aux efforts régionaux contre les Chabab et Daech, avant de plaider à son tour pour une approche antiterroriste multidimensionnelle, avec le plein soutien de l’ONU, des États et de la société civile.

Le développement socioéconomique comme parade au terrorisme 

« Il est crucial de restaurer un contrat social avec les jeunes et de miser sur leur potentiel », a insisté le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone en évoquant des mesures sociétales en plus de l’action militaire contre le terrorisme.  Il a appelé de ses vœux des ripostes adaptées aux contextes locaux, non sans exiger un financement adéquat des opérations de paix africaines. Dans la même veine, la Slovénie a suggéré de s’attaquer à la conjoncture sociale et économique, aux violations des droits humains, aux effets des changements climatiques et à la concurrence pour les ressources naturelles, ainsi qu’aux tensions intra et intercommunautaires. 

De son côté, le Panama a proposé, par la voix de son Vice-Ministre des relations extérieures, de donner la priorité aux programmes d’éducation, à l’emploi des jeunes et l’autonomisation des communautés, avec un financement tiré des partenariats public-privé qui sont alignés sur les objectifs de l’Agenda 2063 de l’UA.  Étant entendu que les femmes jouent un rôle fondamental dans la détection précoce de la radicalisation, ainsi que dans la réconciliation des communautés.

Comment le Conseil de sécurité peut-il apporter son appui?

Par souci d’efficacité, les États-Unis ont exhorté les membres du Conseil à inscrire sur les listes des sanctions davantage de groupes terroristes affiliés à Daech afin qu’ils fassent l’objet d’un gel des avoirs.  Une mesure similaire devrait être prise pour les personnes coopérant avec les Chabab, ont-ils ajouté, avertissant que les liens entre ces derniers et les houthistes yéménites peuvent conduire à des conséquences délétères pour l’Afrique et le Moyen-Orient.  Le Pakistan, qui s’est vanté d’avoir « une longue histoire contre le terrorisme », a pour sa part déploré l’absence de consensus sur les questions de financement des groupes extrémistes, ce qui selon lui entrave les stratégies de lutte antiterroriste à l’échelle mondiale. 

Consciente de cette situation controversée, la Chine a mis en garde contre le « deux poids, deux mesures » et une lutte sélective contre le terrorisme au nom d’intérêts géopolitiques.  Elle a averti qu’une telle approche pourrait conduire à un « effet boomerang ».  La Fédération de Russie s’est, elle, élevée contre l’hypocrisie des Occidentaux, constatant qu’au Sahel, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et d’autres pays sont presque seuls à lutter contre le terrorisme international.  La délégation russe a également jugé que la destruction de l’État et de l’économie de la Libye, à la suite de « l’agression militaire occidentale » contre ce pays en 2011, a créé un terrain propice au renforcement du terrorisme sur le continent.  En outre, elle n’a pas manqué d’accuser l’Ukraine d’avoir fourni une assistance à l’attaque contre Forces armées maliennes à la frontière avec l’Algérie, dans la zone de Tin-Zaouatène, en juillet 2024. 

Plus centré sur ses intérêts nationaux, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Soudan du Sud a demandé au Conseil de lever l’embargo sur les armes et les sanctions ciblées qui lui sont imposées, faisant valoir que ces mesures limitent souvent la capacité des pays africains à répondre efficacement aux menaces sécuritaires. 

Enfin, le Chef de la diplomatie algérienne s’est enorgueilli du fait que son pays a vaincu le terrorisme « grâce à la force de ses institutions, à la globalité de sa réponse et, surtout, à l’unité, à la résilience et à la détermination de son peuple ».  Il a assuré que son pays continue de remplir ses devoirs au niveau continental, en sa qualité de champion de l’UA dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, une haute mission que les chefs d’État et de gouvernement africains ont confiée au Président Abdelmadjid Tebboune.  Le succès de l’Afrique sera un succès mondial, a-t-il prophétisé, estimant que « son échec serait préjudiciable à nous tous »

 

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MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Lutte antiterroriste menée par l’Afrique et axée sur le développement: renforcer le leadership africain et la mise en œuvre des initiatives africaines de lutte contre le terrorisme (S/2025/23)

Déclarations liminaires

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a relevé que l’Afrique est « tragiquement restée l’épicentre du terrorisme mondial ».  Sous toutes ses formes et manifestations, le terrorisme est aujourd’hui la menace la plus importante pour la paix, la sécurité et le développement durable sur le continent africain, a-t-elle affirmé.  Elle a noté que l’Afrique subsaharienne représente désormais près de 59% de tous les décès liés au terrorisme dans le monde, le Sahel étant le « point zéro » de cette crise.  En effet, ces trois dernières années, le nombre de décès liés au terrorisme y a dépassé les 6 000, soit plus de la moitié de tous les décès dans le monde.  Et dans cette vague meurtrière, le Burkina Faso est en tête de classement avec une augmentation stupéfiante de 68% des décès et peu de soutien apporté pour inverser la tendance.

Les groupes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique ont étendu leurs tentacules meurtriers aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec une augmentation des attaques violentes de plus de 250% en seulement deux ans, a indiqué Mme Mohammed.  Elle a évoqué l’attaque du 8 janvier au Bénin, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), la plus meurtrière depuis 2021.  Quelques jours plus tôt, le 4 janvier, des extrémistes avaient lancé une attaque brutale contre une base militaire de Sabon Gida, à Damboa, au Nigéria, tuant six soldats. 

Pendant ce temps, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale, un nouveau groupe connu sous le nom de « Lakurawa » mène des attaques transfrontalières dans le nord-ouest du Nigéria, au Niger et au Tchad.  Les risques d’infiltration et de radicalisation augmentent également dans les régions du nord du Ghana, ainsi qu’au Togo, en Côte d’Ivoire et au Nigéria. Dans d’autres régions d’Afrique, des groupes terroristes tels que les Chabab en Somalie, les Forces démocratiques alliées en République démocratique du Congo et Ahlu Sunnah Wal Jama’a au Mozambique continuent de déchaîner une violence horrible.  À ce rythme, en Afrique de l’Ouest, l’avenir est en jeu, a-t-elle mis en garde.  La marginalisation des jeunes, associée à l’explosion du chômage, a laissé toute une génération vulnérable aux groupes extrémistes, a constaté Mme Mohammed. Selon elle, « si nous n’agissons pas, nous risquons de perdre cette génération dans les horreurs du terrorisme ». 

En outre, les terroristes exploitent et brutalisent fréquemment les femmes par le biais de violences sexuelles et sexistes, provoquant un traumatisme profond qui se répercute sur des communautés entières.  Mme Mohammed a souligné que les réseaux terroristes mettent désormais en commun leurs ressources, finances, combattants et expertise, tout en affinant leurs capacités grâce à de nouvelles technologies, notamment des systèmes aériens sans pilote.  Le terrorisme évolue et nous devons évoluer en conséquence, a-t-elle argué, plaidant pour une approche innovante qui place le respect des droits humains et de l’état de droit au cœur de ses préoccupations.

La Vice-Secrétaire générale a estimé que le Pacte pour l’avenir donne un nouvel élan aux efforts mondiaux contre le terrorisme.  Il réaffirme l’engagement des États Membres à renforcer leurs capacités à prévenir et à combattre le terrorisme, tout en renforçant le rôle du système des Nations Unies.  Trois domaines doivent être prioritaires, selon elle.  D’abord continuer à s’attaquer aux moteurs du terrorisme, lequel se nourrit de la fragilité et de la pauvreté, des inégalités et de la désillusion.  De ce fait, lorsque le financement du développement régresse, lorsque des institutions fragiles s’accompagnent d’une gouvernance faible, lorsque les femmes et les jeunes sont exclus de la prise de décisions, lorsque les services publics sont rares ou inégaux, ces conditions créent un terrain fertile pour la radicalisation et le recrutement.  « Construire des sociétés inclusives, résilientes et durables doit donc être notre objectif. »  Pour Mme Mohammed, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une feuille de route pour y parvenir. 

La haute fonctionnaire a également appelé à des approches de lutte contre le terrorisme ancrées dans des institutions responsables et inclusives. Trop souvent, les mesures antiterroristes aboutissent à des violations évitables des droits humains, a-t-elle déploré. À ses yeux, cela expose les pays à une aggravation de l’instabilité et de l’insécurité, tout en érodant la confiance dans les institutions étatiques.  Elle a enfin présenté la coopération régionale comme « le pivot de toute stratégie efficace de lutte contre le terrorisme », jugeant que la fragmentation de nos efforts ne fait que jouer en faveur des terroristes. 

Avant de conclure, Mme Mohammed a évoqué le rôle majeur de l’Union africaine (UA) et des communautés économiques régionales, ainsi que celui de la Mission d’appui et de stabilisation de l’UA en Somalie (AUSSOM) et de la Force multinationale mixte dans le bassin du lac Tchad.  Les solutions menées et détenues par les Africains doivent prendre l’initiative dans la lutte contre le terrorisme sur tout le continent, a—t-elle souligné.  Mais les engagements seuls ne suffisent pas: des ressources adéquates doivent être mises en place.  Elle a ainsi salué la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité qui répond à l’appel de longue date des États d’Afrique pour un financement adéquat, prévisible et durable des opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA.

M. BANKOLE ADEOYE, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), a précisé qu’il y a eu pour la seule année 2024 plus de 3 400 attaques terroristes sur le continent, faisant plus de 13 900 morts.  Ces groupes armés non étatiques entravent la gouvernance démocratique et une croissance inclusive en Afrique, a-t-il tranché.  « Nous sommes en train d’atteindre un point de non-retour. »  Les hautes aspirations du continent, telles que contenues dans l’Agenda 2063, sont menacées si notre réponse collective n’est pas à la hauteur, a-t-il poursuivi. Rappelant que pour la première fois depuis un demi-siècle le terrorisme touche cinq régions d’Afrique, il a indiqué que l’UA a procédé à un recalibrage de son approche.  « Nous avons adapté nos politiques en nous appuyant sur des projections faisant état d’une escalade des activités terroristes de 10 à 15% en 2025. » 

Il a rappelé l’adoption en 2022 de la Déclaration de Malabo qui souligne la nécessité d’approches multidimensionnelles pour réaliser la paix, la sécurité et le développement durable.  La stratégie régionale de l’UA pour la stabilisation, le redressement et la résilience du bassin du lac Tchad est un exemple majeur de ce lien fait entre sécurité et développement.  Selon lui, les résultats obtenus sont encourageants avec le retour en toute sécurité des personnes déplacées et de la reconstruction des infrastructures sociales essentielles.  Il a précisé qu’aux fins du renforcement du leadership de l’UA sur ce dossier, son Centre pour la lutte contre le terrorisme sera renforcé pour devenir un centre d’excellence promouvant une approche à l’échelle des sociétés.

L’UA et l’ONU doivent apporter un financement prévisible, durable et flexible aux opérations de paix dans un contexte d’antiterrorisme, a-t-il estimé, en appelant à une « activation rapide » de la résolution 2719 (2023).  « L’UA réaffirme son plein soutien à l’opérationnalisation du cadre prévu par cette résolution. »  L’Afrique ne doit pas devenir un havre de paix pour les terroristes et les rebelles, a-t-il conclu.

M. SAID DJINNIT, Conseiller principal à l’African Centre for the Constructive Resolution of Conflicts (ACCORD), a déclaré que « rien n’est plus précieux pour le peuple africain que sa sécurité ».  Il a constaté cependant que cette sécurité a été gravement mise à mal par des conflits internes, en particulier ceux à dimension ethnique qui ont éclaté au début des années 1990, et par la montée du terrorisme « avec une ampleur, une intensité et une complexité sans précédent ».  Cela a eu des répercussions graves sur la sécurité, la stabilité économique et la cohésion sociale, a-t-il souligné ajoutant que récemment, les attaques terroristes sont devenues plus fréquentes, plus importantes et se sont étendues à des régions qui n’étaient pas touchées auparavant. De plus, le terrorisme a perturbé le commerce, le tourisme et les investissements, ce qui a considérablement entravé le développement économique du continent.

Alimenté par les problèmes de gouvernance, la pauvreté, l’instabilité politique, les conflits, la marginalisation et l’ingérence extérieure, la lutte contre le terrorisme nécessite une approche globale et intégrée, a estimé M. Djinnit.  Cette approche doit, selon lui, combiner des mesures socioéconomiques, de sécurité et de gouvernance en mettant fortement l’accent sur la prévention et la lutte contre les inégalités systémiques.  Elle doit permettre aux communautés marginalisées de rejeter les récits extrémistes, veiller à ce que les réponses militaires minimisent les dommages causés aux civils et promouvoir la responsabilité et la justice pour les victimes. En outre, la nature transfrontalière et la propagation du terrorisme en Afrique, ses liens avec des groupes extrémistes mondiaux et, dans certains cas, son association avec des milices locales impliquées dans des conflits internes, font qu’une coopération régionale et internationale solide est essentielle à l’efficacité des efforts de lutte contre le terrorisme.

En ce qui concerne la gouvernance, l’intervenant a mis en avant l’importance d’une forte présence de l’État dans les territoires, notant que les autorités locales doivent être dotées de ressources adéquates pour jouer un rôle actif dans la prévention de l’extrémisme.  Leur proximité avec les communautés les place dans une position unique pour répondre aux griefs locaux et favoriser la résilience, a souligné M. Djinnit tout en concédant que la gestion de vastes territoires reste un défi de taille pour de nombreux États africains.

Dans les régions touchées par le terrorisme, on a pu constater que lorsque les civils s’opposaient au terrorisme et se sentaient protégés par leur État et ses structures de défense et de sécurité, les efforts de lutte contre le terrorisme étaient plus fructueux, a-t-il signalé.  De plus, même si la responsabilité première de la protection des populations contre le terrorisme incombe aux États et à leurs forces de défense et de sécurité, les organisations de la société civile jouent un rôle complémentaire essentiel.  Malgré leurs ressources limitées, ces organisations contribuent activement à favoriser la résilience des communautés, à mettre en œuvre des programmes de lutte contre la radicalisation, à faciliter la réhabilitation et la réintégration des communautés, et à veiller à ce que tous les segments de la société soient pris en compte dans le processus d’élaboration des stratégies de lutte contre le terrorisme.  Les cadres de lutte contre le terrorisme adoptés par l’Union africaine et l’ONU tiennent d’ailleurs compte du rôle de la société civile, a-t-il relevé.  Les diverses initiatives prises par l’Union africaine reflètent aussi la détermination de ses États membres à faire face collectivement à la menace terroriste sur le continent.  Toutefois, des capacités limitées, des ressources insuffisantes et l’instabilité politique dans certains pays entravent l’efficacité de ces efforts.

Interventions des États et organisations non membres

Nombre des délégations des États et organisations non membres du Conseil, notamment l’Allemagne, l’Autriche et les Philippines ainsi que des pays africains et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), se sont accordées sur l’importance du leadership de l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme sur le continent.  Notant que la pauvreté et le sous-développement en sont les principales causes, elles ont insisté sur la nécessité de réaliser le Programme 2030, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’Architecture africaine de paix et de sécurité.

Des délégations comme le Nigéria et la CEDEAO ont exhorté les gouvernements à prendre des mesures pratiques appropriées pour faire en sorte que leurs territoires respectifs ne soient pas utilisés pour l’organisation ou le financement d’actes terroristes devant être commis contre d’autres États.  Elles se sont également levées contre les ingérences étrangères qui exacerbent les conflits et nuisent à l’efficacité du Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité, selon les mots du Nigéria. 

Le Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda et son homologue de l’Angola, entre autres, ont pointé l’importance de lutter contre la radicalisation des jeunes par les groupes terroristes, appelant à des mesures drastiques pour combattre le recrutement d’enfants et développer des opportunités économiques pour les jeunes. Il faut promouvoir un dialogue interconfessionnel pour contrer la radicalisation des jeunes, a suggéré le Ministre ougandais.  Le Japon a annoncé pour sa part la publication prochaine d’une étude sur les liens entre les jeux en ligne et l’extrémisme violent en Afrique.

Plusieurs pays africains ont également mis l’accent sur la nécessité d’assurer un financement pérenne et prévisible des efforts du continent pour contrer le fléau du terrorisme.  « Les États africains sont confrontés à la nécessité d’allouer une partie de leur budget national à la lutte contre le terrorisme, ce qui détourne des fonds indispensables des priorités sociales et des programmes gouvernementaux destinés à favoriser le développement », a expliqué le Ministre des relations internationales et de la coopération de la Namibie.

À ce propos, l’Union européenne (UE) a rappelé qu’elle a investi plus de 600 millions d’euros par an dans des programmes nationaux visant à renforcer les forces de sécurité, à prévenir la radicalisation et à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Ses missions de formation en Somalie et au Mozambique, ainsi que le soutien ciblé apporté aux pays d’Afrique de l’Ouest pour contrer les débordements terroristes en provenance du Sahel, font également partie de cet engagement. 

Mais aucun de ces efforts ne peut aboutir si l’on ne s’attaque pas aux causes profondes, a insisté l’UE qui a appelé à investir dans l’éducation, l’autonomisation des femmes et de la société civile et le renforcement des communautés locales afin de contrer la radicalisation.  « Et soyons clairs: il faut promouvoir le respect des droits humains et de l’état de droit. » 

L’Égypte a fait le lien entre terrorisme et désertification, tandis que le Rwanda a engagé les pays africains à créer des canaux de partage de renseignements sécurisés.  La lutte contre le terrorisme doit être enracinée dans les principes d’impartialité, de justice et un vrai attachement à la paix, et donner la priorité à la coopération régionale et au partage de renseignements, a insisté la délégation.

À cet égard, l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) a indiqué que son réseau sécurisé permet l’échange d’informations en temps réel et regroupe 132 000 profils de terroristes.  INTERPOL fournit en outre aux 54 États membres africains une assistance technique sur mesure, notamment en ce qui concerne les opérations frontalières et maritimes, la formation et le renforcement des capacités.

La lutte contre le terrorisme en Afrique doit être menée par les pays africains, axée sur l’état de droit, la responsabilisation des forces armées et la prévention, ont souligné l’Allemagne et l’Afrique du Sud.

De son côté, l’Éthiopie a appelé à mobiliser les moyens financiers nécessaires pour réaliser le développement durable « qui reste toujours le meilleur moyen pour défendre nos intérêts contre le terrorisme ».  Les pénuries de financements de la lutte contre le terrorisme sont un obstacle de taille, ont renchérit les Émirats arabes unis.

Le Ministre des relations extérieures de l’Angola a plaidé pour un plus grand partage de l’information et le renforcement des capacités intégrées du Centre antiterroriste de l’Union africaine.  Selon lui, il est essentiel que les actions de lutte contre le terrorisme soient soutenues par des ressources financières durables et un soutien technique et logistique, notamment grâce à des synergies accrues entre l’ONU et l’UA, en particulier pour la mobilisation de fonds dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2719 (2023) sur le financement des opérations de paix menées par l’UA. 

L’Afrique ne doit pas être abandonnée son sort, a plaidé Israël.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG ouvre sa session de 2025

Session ordinaire de 2025,
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
ONG/981

Le Comité des ONG ouvre sa session de 2025

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) a entamé aujourd’hui sa session annuelle, qui se déroulera fin janvier- début février, puis fin mai-début juin.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: « lueur d’espoir » après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas

9841e séance – matin et après-midi
CS/15970

Conseil de sécurité: « lueur d’espoir » après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas

Un jour après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages entre Israël et le Hamas, le Secrétaire général a présenté, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, quatre actions d’accompagnement, insistant en particulier sur le renforcement de l’aide humanitaire et la protection des civils.

Après avoir exhorté les parties à veiller à ce que cet accord conduise à la libération de tous les otages et à un cessez-le-feu permanent à Gaza, M. António Guterres a estimé que celui-ci doit également permettre à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et aux autres entités de l’ONU d’exercer leurs fonctions sans entrave, avec un accès rapide et sûr aux populations.

Il a également insisté sur la création de conditions de sécurité et d’un environnement opérationnel propices à l’intensification de la fourniture d’aide et de services essentiels.  De même, il faut veiller à ce que la population accède à une aide vitale, y compris aux évacuations médicales, et à des fournitures commerciales suffisantes pour répondre aux besoins « écrasants » de la population de Gaza, a ajouté le chef de l’ONU qui a aussi exhorté à assurer la protection des civils.  « Cela est fondamental ».

Admettant être profondément préoccupé par la menace existentielle qui pèse sur l’intégrité du Territoire palestinien occupé, M. Guterres a exhorté en outre l’Autorité palestinienne à assumer ses responsabilités à Gaza. 

Cet appel a été entendu par la Ministre d’État aux affaires étrangères et aux expatriés de l’État de Palestine qui a assuré que son gouvernement est prêt à assumer la gestion administrative de la bande de Gaza avec la Cisjordanie, notamment pour fournir des services essentiels, à garantir le retour des déplacés et à se préparer pour la phase de reconstruction.  « Cette lueur d’espoir doit tenir et devenir un cessez-le-feu complet et définitif », a espéré Mme Varsen Aghabekian.  Le cessez-le-feu devra aussi se traduire par le retrait complet des forces d’occupation de la bande de Gaza, l’établissement d’une voie politique fondée sur la résolution 2735 (2024) et la fin de l’occupation. 

Rappelant pour sa part les souffrances « inimaginables » endurées ces 472 derniers jours par les trois jeunes israéliennes libérées hier, Israël a exhorté le Conseil à demander la libération des otages, en déplorant qu’aucune mesure n’ait été prise contre le Hamas. 

Le Conseil doit qualifier le Hamas comme l’organisation terroriste qu’il est, a insisté la déléguée, notant qu’Israël est scruté de prêt alors qu’aucune mesure n’est prise contre « ceux qui enlèvent des bébés ».  Cela envoie le message que les organisations terroristes peuvent agir en tout impunité, sans peur de représailles, s’est-elle inquiétée avant de prévenir que « cette guerre ne se terminera pas tant que les otages n’auront pas été libérés et le Hamas démantelé ».

« Nous sommes devant une occasion historique de transformer radicalement le Moyen-Orient et les États-Unis feront tout pour aider Israéliens et Palestiniens à saisir cette chance », a encouragé la délégation américaine, également convaincue que le Hamas ne doit plus dominer le paysage politique à Gaza.  Les efforts ont été compliqués pour mettre un terme à ce carnage, a par ailleurs témoigné la déléguée, tout en estimant que cet accord aurait dû intervenir plus tôt. 

« Gaza n’est pas une terre sans propriétaire »

Estimant que le cessez-le-feu doit être un début et pas une fin, le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie a souhaité pour sa part que cet accord permette de revitaliser le processus politique sous l’égide de l’ONU en vue de résoudre le conflit israélo-palestinien. 

M. Ahmed Attaf a ainsi appelé le Conseil de sécurité à renforcer l’accord de cessez-le-feu et à surveiller sa mise en œuvre « dans toutes ses dimensions », exhortant en outre l’organe à apporter un soutien ferme aux efforts de médiation internationaux.  « Gaza n’est pas une terre sans propriétaire et son avenir doit être déterminé par les Gazaouites eux-mêmes, sans ingérence extérieure », a-t-il insisté.

Pour la France, l’avenir de la bande de Gaza doit s’inscrire dans celui d’un futur État palestinien.  Il faut éviter que le Hamas ne reprenne pied à Gaza et préparer le retour dans l’enclave de l’Autorité palestinienne, a proposé le délégué français qui a appelé à faire en sorte qu’aucun massacre tel que celui commis le 7 octobre 2023 ne puisse jamais se reproduire contre le peuple israélien.

« Sans sécurité pour Israël, la paix sera inaccessible, et sans justice et dignité pour les Palestiniens, la stabilité sera illusoire », a noté le Ministre panaméen des affaires étrangères, selon qui la cessation des hostilités n’est pas une fin en soi mais devrait être le point d’un engagement politique durable.

Pleurant les « 47 000 victimes de Gaza », la Fédération de Russie a relevé que l’accord qui a été conclu n’est pas fondamentalement différent de celui discuté en décembre 2023. « Cela valait-il la peine d’attendre ces dizaines de milliers de vies perdues depuis lors à Gaza?  Et combien d’otages israéliens vivants auraient pu être sauvés à ce moment-là? »

La délégation russe n’en a pas moins estimé que la mise en œuvre de l’accord donne une lueur d’espoir non seulement pour une normalisation durable dans le contexte du conflit palestinien, mais aussi pour créer les conditions préalables à l’amélioration à long terme de la situation au Liban, en Syrie et au Yémen.  

Au cours de cette séance, plusieurs délégations ont par ailleurs fait part de leur opposition aux textes de loi israéliens qui visent à interdire l’UNRWA et qui pourraient prendre effet dès la fin du mois.  Soulignant le rôle « indispendable et irremplaçable » de l’UNRWA, Mme Aghabekian a refusé à Israël le droit d’empêcher cette agence de servir les réfugiés palestiniens. 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclaration liminaire

Notre responsabilité est d’aider ces peuples du Moyen-Orient à sortir de cette période mouvementée dans la paix, la dignité et un horizon d’espoir fondé sur l’action, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES. Au Liban, la présence israélienne dans le sud doit cesser, comme le prévoit dans l’accord de cessez-le-feu, et les Forces armées libanaises doivent être présentes dans tout le territoire national.  M. Guterres a rappelé que la zone située entre la Ligne bleue et le Litani doit être débarrassée de tous personnel et équipements militaires autres que ceux du Gouvernement libanais et de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL). Il a demandé aux parties d’appliquer pleinement la résolution 1701 et de mettre fin à la violence une fois pour toutes. 

Concernant Gaza, le Secrétaire général a estimé que le cessez-le-feu et l’accord de libération des otages offrent une lueur d’espoir.  L’ONU s’efforce d’intensifier la livraison de l’aide humanitaire.  Plus de 630 camions chargés de fournitures de secours sont entrés à Gaza hier, dont au moins 300 vers le nord.  M. Guterres a insisté sur le fait que rien ne saurait justifier les effroyables attaques terroristes du 7 octobre perpétrées par le Hamas ni le nombre de morts et de destructions à Gaza.  Les parties doivent maintenant tenir leurs engagements et mettre pleinement en œuvre l’accord qui devrait aboutir à la libération de tous les otages et à un cessez-le-feu permanent. 

Pour le chef de l’ONU, le cessez-le-feu doit permettre à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d’exercer ses fonctions sans entrave avec un accès rapide et sûr.  D’autres organisations humanitaires, y compris les ONG locales et internationales et le secteur privé, doivent également bénéficier d’un passage sûr et sans entrave. 

Deuxièmement, pour acheminer l’aide, l’ONU a besoin d’équipements techniques, de protection et de systèmes de communication.  Les parties doivent rétablir l’ordre public et la sécurité afin d’empêcher les pillages.  Troisièmement, les gens doivent pouvoir accéder à une aide vitale, y compris les évacuations médicales.  Les marchandises en nombre suffisant doivent être autorisées à entrer à Gaza pour faire face aux besoins de la population.

Quatrièmement, les civils et ceux qui cherchent à retourner dans leur pays d’origine doivent être protégés et avoir un passage sûr.  Les munitions explosives doivent être enlevées.  La récupération des restes humains doit être menée dans la dignité et le respect.  Enfin, les médias internationaux doivent également être autorisés à entrer à Gaza.

M. Guterres a demandé à l’Autorité palestinienne d’assumer son rôle et ses responsabilités à Gaza.  Je suis profondément préoccupé par une menace existentielle qui pèse sur l’intégrité du Territoire palestinien occupé, a avoué le Secrétaire général, pointant les changements opérés par les Israéliens au cours des deux dernières années.

Enfin, sur la Syrie, il ne faudra pas que la flamme de l’espoir se transforme en un chaos infernal.  L’ONU est déterminée à travailler avec les Syriens et la communauté internationale pour soutenir un processus dirigé par les Syriens qui garantisse une transition politique crédible et inclusive, conformément aux principes clefs de la résolution 2254 du Conseil de sécurité.  L’ONU appuie un processus inclusif dans lequel les droits de tous sont pleinement respectés, et qui ouvre la voie à une Syrie unie et souveraine et dont l’intégrité territoriale est pleinement rétablie. 

Intervention des États non membres

À leur tour, une cinquantaine de délégations non membres du Conseil ont loué l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu à Gaza après 15 mois de conflit.  Saluant les efforts de médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, le Ministre des relations internationales et de la coopération de la Namibie a souhaité que cette trêve jette les bases d’une paix juste, permette d’augmenter l’aide humanitaire dans l’enclave et contribue à mettre fin au programme israélien d’annexion et d’expansion des colonies. 

Sur la même ligne, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie a enjoint aux parties de parvenir à une négociation conduisant à un cessez-le-feu définitif ainsi qu’à la pleine garantie des droits humains et du droit international humanitaire dans la bande de Gaza.  Pour la délégation de l’Afrique du Sud, pays qui a intenté un procès au Gouvernement israélien devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour violations de la Convention de 1948 sur le génocide, le meurtre et le déplacement des Palestiniens ne sont pas la solution, pas plus que l’annexion de la Palestine, de la Syrie et d’autres terres.  « La solution réside dans le dialogue et un accord négocié permettant aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre côte à côte dans la paix. » 

Au nom du Groupe des États arabes, l’Égypte s’est réjouie d’une situation qui « va enfin dans le bon sens ».  Reste qu’Israël a « détruit tout ce qui était lié à la vie » dans l’enclave, a-t-elle dénoncé, établissant une comparaison avec les destructions à grande échelle provoquées par les explosions nucléaires à Hiroshima et Nagasaki. « Le fait d’affamer ou de tuer des civils ne peut pas être oublié, il faut des réparations », a ajouté la délégation, avant d’appeler Israël à s’engager à respecter les résolutions de l’ONU et les avis consultatifs de la CIJ, et à rendre des comptes pour les crimes commis.  Le Qatar a, pour sa part, exhorté le Conseil à adopter une résolution contraignante sur la mise en œuvre de l’accord.

Le Ministre des affaires étrangères par intérim de la Libye a, quant à lui, constaté que l’accord de cessez-le-feu est intervenu après 471 jours d’effusion de sang, « un véritable génocide que le Conseil de sécurité n’a pu arrêter ».  Ce conflit a démontré l’incapacité de la communauté internationale à prévenir les guerres et à tenir les criminels pour responsables, a-t-il renchéri, jugeant nécessaire de contrôler la mise en œuvre de l’accord « afin d’éviter que ce chapitre douloureux ne se reproduise ». 

Condamnant le génocide commis à Gaza par « la machine à tuer sioniste », la Tunisie a loué la résilience du peuple palestinien et les efforts ayant conduit à la cessation des massacres.  Du même avis, la République islamique d’Iran a ajouté que la crise humanitaire dans l’enclave est l’illustration de l’échec moral de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, en particulier face à la politique d’apartheid d’Israël. Le cessez-le-feu est certes à saluer, mais il doit devenir permanent et céder la place à un plan de reconstruction, a-t-elle plaidé, invitant le Conseil à défendre l’intégrité de Gaza. 

Dans l’immédiat, a argué le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, il importe de mettre fin à la catastrophe humanitaire et de s’assurer que l’aide circule librement et sans obstruction dans la bande.  De même, les travailleurs humanitaires doivent être autorisés à opérer en toute sécurité et les efforts de reconstruction doivent être préparés, ce qui implique une levée du blocus qui, depuis 18 ans, étrangle l’économie de Gaza.  Dans ce cadre, le rôle de l’UNRWA est indispensable, a-t-il souligné, rejoint dans ce plaidoyer par un grand nombre de délégations, notamment par le Maroc, le Viet Nam ou encore le Brésil, ce dernier se disant convaincu que « la préservation du mandat inestimable de l’Office est essentielle à la réussite de la mise en œuvre de l’accord ».

De l’avis de la délégation brésilienne, la trêve entamée dimanche devrait être le « point de départ » de la prochaine conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, que présideront en juin prochain l’Arabie saoudite et la France.  Ce rendez-vous, a souligné l’Observateur permanent de la Ligue des États arabes, constitue un objectif majeur pour donner corps à un règlement global.  « Il faut y travailler sans procrastination », a-t-il insisté, appelant à la reconnaissance par tous de la Palestine comme membre de plein droit de l’ONU.  Cette admission représenterait « une étape clef pour corriger l’injustice historique contre le peuple palestinien et avancer vers une résolution définitive du conflit », a estimé Cuba.  L’Espagne a réitéré que seul un État palestinien viable, réaliste et d’un seul tenant, comprenant Gaza et la Cisjordanie et ayant Jérusalem-Est pour capitale, sera en mesure de satisfaire les aspirations légitimes à la paix. 

Si l’accord de cessez-le-feu est une avancée cruciale, l’urgence reste de stabiliser la situation à Gaza, notamment en y faisant entrer une aide suffisante pour répondre à la catastrophe humanitaire, a souligné la Jordanie qui a précisé avoir envoyé dans l’enclave plus de 65 000 tonnes de vivres via 141 convois humanitaires.  Il importe aussi de lancer des efforts de reconstruction afin de satisfaire les besoins de la population et de rétablir les infrastructures de base, ce qui exige une coopération internationale d’ampleur, a-t-elle poursuivi.  Il faut plus que jamais changer la trajectoire de ce conflit et instaurer une paix durable, ont plaidé les Émirats arabes unis. 

Pour l’Union européenne, il est essentiel que l’accord soit pleinement mis en œuvre pour permettre la libération de tous les otages et garantir la fin définitive des hostilités.  Mais il faut en outre soutenir activement des mesures concrètes et irréversibles vers la solution des deux États, en relançant le processus politique à cette fin, notamment par la tenue d’une conférence internationale de paix dès que possible.  Pour l’heure, la priorité doit être de venir en aide aux Palestiniens dans le besoin, a ajouté la délégation, rappelant que l’UE a annoncé la semaine dernière un nouveau programme d’aide humanitaire pour Gaza d’une valeur de 120 millions d’euros.

De son côté, la République arabe syrienne s’est indignée de la promotion par certains officiels israéliens d’une « carte historique d’Israël » qui comprendrait des parties de la Syrie, de la Jordanie, du Liban et de la Cisjordanie.  Elle a aussi condamné les incursions militaires israéliennes sur son territoire, appelant à une action urgente du Conseil de sécurité.  Elle a enfin affirmé que, soucieuse d’assurer la stabilité de la région, la nouvelle Administration syrienne n’a pas l’intention de s’engager dans de nouveaux conflits.  Toutefois, a-t-elle averti, cela ne signifie en aucun cas « renoncer aux droits syriens établis dans le Golan syrien occupé ou accepter les tentatives israéliennes d’établir une nouvelle réalité d’occupation sur le territoire syrien ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: appels pour que les forces de l’ONU au Liban et dans le Golan syrien puissent opérer sans entrave, et pour qu’Israël se retire de ces territoires

9840e séance – après-midi    
CS/15969

Conseil de sécurité: appels pour que les forces de l’ONU au Liban et dans le Golan syrien puissent opérer sans entrave, et pour qu’Israël se retire de ces territoires

Réuni à la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité s’est penché cet après-midi sur la question de la sécurité des soldats de la paix dans la région du Moyen-Orient, en particulier ceux déployés dans le cadre de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), alors que la région a connu un épisode de tensions sans précédent depuis octobre 2023.

Actuellement, l’accord de cessation des hostilités conclu le 26 novembre 2024 entre le Liban et Israël, bien que fragile, continue de tenir, a déclaré le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, en visioconférence depuis le Liban où il s’est rendu avec le Secrétaire général.  Depuis l’accord, les forces israéliennes ont entamé leur retrait, en même temps que se déploie l’Armée libanaise dans le secteur sud du fleuve Litani.  Mais alors qu’il ne reste que 10 jours avant la fin de la période de 60 jours prévue par l’accord pour le retrait des Forces de défense israéliennes (FDI) du territoire libanais, il a exhorté celles-ci à respecter ce délai, une demande reprise à leur compte par la plupart des membres du Conseil. 

Le retrait nécessaire des forces israéliennes du Sud-Liban

Alors que sept semaines se sont écoulées depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessation des hostilités, les activités militaires des FDI obligent la plupart des contingents de la FINUL à rester confinés dans leur base et parfois à s’abriter dans des bunkers, s’est impatienté M. Lacroix.  Il a dit que la Force avait protesté contre toutes les restrictions de mouvement qui lui ont été imposées, un point sur lequel il entend insister lors de ses réunions avec les responsables libanais cette semaine. Malgré ces difficultés, la Force arrive à augmenter le nombre et l’intensité de ses opérations, a-t-il salué. 

Sur ce point, la Fédération de Russie a tenu à rappeler quelors de la récente invasion terrestre du Liban, les unités des FDI avaient occupé une partie du territoire au nord de la Ligne bleue et avaient attaqué les installations de la FINUL, y compris avec des chars d’assaut.  Au plus fort de la guerre, les dirigeants militaires et politiques israéliens ont même exigé le retrait des forces de maintien de la paix du Sud-Liban, en violation des résolutions 1701 (2006) et 2749 (2024) du Conseil de sécurité, a déploré le représentant russe, ce qui a été corroboré par la déléguée du Liban.

Cette dernière a également reproché à Israël d’avoir mené plus de 681 attaques aériennes et terrestres sur le territoire libanais entre le 27 octobre et le 22 décembre 2024.  Pas plus tard que le 4 janvier 2025, Israël aurait détruit une tour de guet de l’Armée libanaise tandis que ses forces de défense continuent de bombarder les villages frontaliers libanais, de bloquer les routes et de détruire des quartiers résidentiels dans le but d’empêcher le retour des Libanais dans leurs maisons, a dénoncé la représentante libanaise.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à condamner ces agissements et à prendre des mesures pour qu’Israël respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban.  « Ces actions sapent les efforts visant à ramener le calme le long de la frontière. »

Ces violations du cessez-le-feu sont une infraction à la résolution 1701 et menacent de faire dérailler les progrès vers une paix permanente de part et d’autre de la Ligne bleue, s’est inquiétée la République de Corée qui préside le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix. Au nom du principe de responsabilité, l’Algérie et la Chine ont demandé des enquêtes impartiales sur les attaques délibérées à l’encontre du personnel de la FINUL et de ses locaux par les mains des Forces de défense israéliennes.

En réponse, le représentant d’Israël s’est prévalu de centaines de lettres envoyées par son pays montrant la montée en puissance du Hezbollah dans le Sud-Liban et dans la zone tampon avec la Syrie.  « Nos appels ont été ignorés », s’est indigné le représentant en faisant remarquer que ce n’est que lorsqu’Israël a réagi que le Conseil a retrouvé sa voix, sans pour autant condamner les agissements du Hezbollah qui a transformé le Sud-Liban en forteresse. 

« Aujourd’hui, le Hezbollah a essuyé des lourdes pertes.  Le Liban a un nouveau président, c’est un pas de géant. »  Et pourtant, ni le Conseil ni la FINUL n’ont fait face aux réseaux terroristes du Hezbollah, a tancé le délégué israélien en faisant observer que c’est Israël qui l’a fait. Ce faisant, Israël a donné la possibilité au Liban de recouvrer sa souveraineté, s’est-il félicité avant de mettre néanmoins en garde ses collègues.  « Une occasion se présente de libérer le Liban, mais cela ne va pas durer », a-t-il prédit en expliquant que le Hezbollah essaye de se reconstituer.  « Nous ne permettrons pas que l’histoire se répète. »

Le respect attendu de l’Accord sur le dégagement 

Pour ce qui est de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), c’est le général de division Patrick Gauchat, à la tête de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), qui a détaillé les conséquences de la chute du Gouvernement Assad pour les activités de la Force, la liaison avec la Syrie en étant affectée.  La Force est en train d’œuvrer à l’établissement de canaux de communication stables avec les autorités de transition, a-t-il indiqué, tout en notant la détermination desdites autorités en faveur de l’application de l’Accord sur le dégagement des forces israéliennes et syriennes, qui date de 1974.

Dans ce contexte, les membres du Conseil ont insisté pour que la Syrie et Israël respectent cet accord, ce qui implique pour Israël de se retirer de la zone tampon et de cesser ses opérations sur le territoire syrien.  La présence et les actions d’Israël dans la zone tampon du plateau du Golan violent l’Accord, a rappelé le général de division Gauchat.

Le délégué de la Syrie a, à ce propos, réfuté la position du Premier Ministre Netanyahu selon lequel l’Accord en question ne vaudrait plus, après avoir rappelé que des incursions récentes d’Israël ont eu lieu sur le territoire syrien.  L’Accord est garanti par les normes du droit international et demeure d’actualité en dépit des changements de régime, a-t-il argumenté.  « Cet accord entre Israël et la Syrie est en effet toujours valide », a confirmé le général de division Gauchat.  Il a ajouté que les mouvements du personnel onusien sont entravés par la présence des forces israéliennes et les obstacles qu’elles opposent. 

Comme l’ont rappelé, entre autres, le Royaume-Uni et la Slovénie, le plateau du Golan est un territoire occupé et son annexion par Israël n’est pas reconnue. Israël a admis que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie est plus important que jamais alors qu’elle s’engage dans une transition politique vers un avenir plus sûr et plus pacifique.  Il a justifié sa présence dans la zone de séparation en assurant qu’elle était nécessaire pour neutraliser des menaces immédiates en Syrie, tout en assurant qu’elle serait « limitée et temporaire ».  « Ces mesures n’ont pas été prises à la légère, elles étaient nécessaires à la protection de la population israélienne. » 

Israël est attaché à l’accord de 1974, a toutefois assuré son représentant, tout en prévenant que cela ne doit pas être considéré comme un signe de faiblesse. Tout au long de la séance, Israël a été appelé à respecter sa parole et le Royaume-Uni lui a même demandé d’établir un calendrier pour son retrait de cette zone. 

Laisser les missions de l’ONU opérer sans entrave

Ces derniers mois, les trois opérations de maintien de la paix des Nations Unies, la FINUL, la FNUOD et l’ONUST, ont joué un rôle clef pour enrayer le cycle des violences et apaiser les tensions, a constaté la France, qui, aux côtés des États-Unis, a facilité l’accord de cessation des hostilités entre le Hezbollah et Israël.  Il est crucial que ces trois opérations puissent mettre en œuvre leur mandat sans entrave, a insisté la délégation, appuyée en cela par les autres membres du Conseil. Ils ont de manière générale appelé à assurer la sécurité et la liberté de mouvement de ces personnels et à lever toutes les entraves à l’accomplissement de leur mandat. 

« La paix est fragile si les engagements ne sont pas respectés. »  Le moment est venu pour les acteurs de la région de tenir les promesses faites et les accords conclus, qu’ils soient récents ou vieux de plusieurs décennies, a conclu la Slovénie.  C’est aussi le moment pour les acteurs de la région de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale, a souligné la délégation en priant de faire preuve de retenue pour éviter toute nouvelle escalade.

 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, a fait le point sur la situation de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), alors qu’il se trouve actuellement sur place au Liban avec le Secrétaire général.  Il a confirmé que la cessation des hostilités entre le Liban et Israël, bien que fragile, continue de tenir. 

M. Lacroix a dit s’être rendu dans la zone d’opérations de la FINUL et avoir rencontré l’Armée libanaise et le Premier Ministre intérimaire à Beyrouth.  Selon ses observations, les autorités libanaises semblent déterminées à respecter les engagements qu’elles ont pris dans le cadre de la cessation des hostilités et de la résolution 1701 (2006).  Pour leur part, les Nations Unies, y compris la FINUL, sont absolument déterminées à soutenir les parties à cet égard, leur a-t-il assuré. 

Au 15 janvier, l’Armée libanaise s’est déployée sur 93 sites au sud du fleuve Litani avec l’aide de la FINUL, a poursuivi M. Lacroix.  Faisant état du plan visant à envoyer 6 000 soldats supplémentaires au sud du Litani, il a indiqué que l’Armée libanaise avait déployé 262 nouvelles recrues dans ce secteur, tandis que 673 autres recrues sont en cours de formation. À cela devrait s’ajouter 600 autres personnes qui font l’objet d’un examen préalable au recrutement. 

Pour faciliter une coordination plus étroite avec l’Armée libanaise, la FINUL a posté un officier de liaison au quartier général de l’Armée libanaise pour le secteur sud du Litani, a indiqué M. Lacroix qui a vu dans ces capacités supplémentaires dans le sud, et dans l’engagement renouvelé de l’Armée libanaise à remplir ses obligations au titre de la résolution 1701, le signe d’une collaboration encore meilleure avec la FINUL à l’avenir.

La poursuite du déploiement de l’Armée libanaise est toutefois subordonnée au retrait préalable des Forces de défense israéliennes (FDI), a-t-il noté.  Quoique encouragé d’apprendre qu’un plan de retrait des FDI et de déploiement de l’Armée libanaise, soigneusement échelonné, a été présenté lors de la réunion du mécanisme de cessation des hostilités, le 6 janvier, le Secrétaire général adjoint a constaté qu’à 10 jours de la fin de la période de 60 jours prévue pour le retrait des forces israéliennes du Liban, les démolitions israéliennes de tunnels, de bâtiments et de terres agricoles se poursuivent, tout comme des frappes aériennes et des violations de l’espace aérien libanais.  Il a demandé aux FDI de se retirer du territoire libanais sans délai, avant la fin de la période prévue. 

L’année écoulée a clairement démontré la présence importante de personnel armé, de biens et d’armes non autorisés liés au Hezbollah et à d’autres groupes armés non étatiques au sud du Litani, a concédé le haut responsable.  Encouragé de constater que l’Armée libanaise a fait preuve d’une plus grande détermination dans la lutte contre ces groupes au cours des dernières semaines, M. Lacroix a précisé que la FINUL a elle-même localisé 116 caches d’armes et de munitions, notamment des lance-grenades propulsés par fusée, des roquettes, des mines antichars et des fusils.  Il est essentiel que les autorités libanaises continuent d’agir de la sorte, a insisté M. Lacroix, ajoutant que le Secrétaire général soulignera ce point lors de ses réunions, à Beyrouth demain, avec le Président de la République nouvellement élu, le Président du Parlement et le Premier Ministre intérimaire. 

Dans le même temps, la FINUL a ajusté et intensifié ses activités opérationnelles pour soutenir la cessation des hostilités, en mettant notamment l’accent sur le déminage, la neutralisation des munitions non explosées et l’ingénierie afin de dégager les routes dans les zones où la situation en matière de sécurité le permet.  Elle s’efforcera d’utiliser des technologies pour renforcer sa capacité de surveillance le long de la Ligne bleue et dans l’ensemble de sa zone d’opérations, et compte sur l’acceptation par les parties du recours à ces technologies. Cela témoignerait de leur engagement continu à faire respecter la cessation des hostilités et à prendre des mesures concrètes en vue de la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701, a argué M. Lacroix. 

En attendant, sept semaines après l’entrée en vigueur de la cessation des hostilités, la plupart des contingents de la mission restent confinés à leur base et doivent parfois s’abriter dans des bunkers en raison d’activités militaires des FDI à proximité ou à leur demande.  La mission a protesté contre toutes les restrictions de mouvement imposées aux parties, a signalé M. Lacroix en disant vouloir insister sur ce point lors de ses réunions avec les responsables libanais cette semaine.  Mais il a assuré que, malgré ces difficultés, la mission augmente le nombre et l’intensité de ses opérations.

L’élection d’un nouveau président au Liban et la désignation d’un premier ministre sont des étapes importantes vers le renforcement des institutions de l’État et l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais, a-t-il enfin relevé.  À cet égard, le soutien politique et matériel sans équivoque des autorités libanaises au déploiement renforcé de l’Armée libanaise au sud du fleuve Litani, de même que leur soutien continu aux actions de la FINUL, sera vital selon le Secrétaire général adjoint qui a conclu en appelant la communauté internationale à renouveler son soutien à ces efforts.

Le général de division PATRICK GAUCHAT, chef de mission et chef d’état-major de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), a détaillé les conséquences de la chute du gouvernement Assad pour les activités de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), la liaison avec la Syrie étant affectée.  La Force est en train d’œuvrer à l’établissement de canaux de communication stables avec les autorités de transition, a-t-il dit, tout en notant l’engagement desdites autorités en faveur de l’Accord de dégagement des forces de 1974.  Le personnel de la Force continue d’occuper les positions tenues avant décembre 2024 et s’acquitte de ses tâches, y compris la surveillance de la ligne de cessez-le-feu et la conduite de patrouilles dans la zone de séparation, où les forces israéliennes demeurent présentes.  Ces forces se sont d’ailleurs attelées à un travail de construction dans cette zone avec du matériel lourd, a-t-il signalé en mentionnant aussi le matériel de communication qu’elles y placent.  Il a précisé avoir informé Israël que sa présence et ses actions dans la zone de séparation constituent des violations de l’accord précité.  « Cet accord entre Israël et la Syrie est en effet toujours valide. »  De plus, les mouvements du personnel onusien sont entravés par la présence des forces israéliennes et des obstacles qu’elles opposent, a-t-il protesté.

Le général de division a précisé que les résidents de la zone se sont rapprochés de la Force pour demander le retrait des forces israéliennes et le démantèlement des barrages routiers.  Il a fait état d’échanges positifs avec les autorités israéliennes en vue de remédier à ces difficultés.  « Il est capital que les soldats de la paix puissent s’acquitter de leur mandat sans obstruction. »  Aucune force militaire autre que la FNUOD ne doit être présente dans la zone de séparation, a-t-il tranché.  « Il est impératif que toutes les parties s’acquittent de leurs obligations en vertu de l’accord de 1974 et préservent la stabilité du Golan. » En conclusion, il a demandé que la Force soit dotée des moyens nécessaires à l’exécution de son mandat, avant de rendre hommage au général de brigade Jha décédé le 23 décembre dernier dans l’exercice de ses fonctions de commandant adjoint de la Force.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’ONU craint une internationalisation du conflit en Ukraine

9839e séance – après-midi
CS/15968

Conseil de sécurité: l’ONU craint une internationalisation du conflit en Ukraine

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a prévenu, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que l’implication présumée des troupes de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans les combats aux côtés des forces russes continue de susciter de graves inquiétudes quant à l’internationalisation future du conflit « déjà dangereux » en Ukraine. 

Mme Rosemary DiCarlo a également signalé que les attaques constantes ont redoublé d’intensité pendant les fêtes, et qu’en 2025, 12,7 millions d’Ukrainiens auront besoin d’aide humanitaire, soit un besoin de 2,6 milliards de dollars en financement. 

La capture récente de deux militaires de la RPDC dans la région de Koursk, en Fédération de Russie, a été évoquée à plusieurs reprises, à commencer par l’Ukraine qui a souligné que les deux soldats « n’étaient pas des mercenaires ». 

« Le transfert d’armes entre la RPDC et la Russie, et l’implication des troupes de la RPDC combattant aux côtés de la Russie constituent une escalade majeure aux conséquences mondiales de grande portée », s’est inquiétée l’Estonie, au nom des pays baltes.  La guerre en Ukraine n’est pas une affaire uniquement européenne, c’est un problème mondial, a également averti la Roumanie, le Royaume-Uni s’inquiétant lui aussi du risque d’une expansion du conflit.

L’Union européenne a condamné le renforcement de la coopération militaire entre la Russie, la RPDC et l’Iran, enjoignant aux pays tiers de cesser immédiatement toute assistance à l’agression russe, qu’il s’agisse d’un soutien militaire direct ou de la fourniture de biens à double usage.  L’accroissement du soutien militaire nord-coréen, avec l’engagement direct de troupes, traduit les difficultés croissantes rencontrées par la Russie, a analysé la France. 

Affirmant que la Russie aurait dépensé plus de 18 milliards de dollars en frappes de missiles et de drones depuis le début de l’invasion, le délégué ukrainien a jugé essentiel de tarir ses sources de revenus en renforçant les sanctions contre l’économie russe. 

La Pologne a alerté pour sa part du risque d’escalade en mer Baltique, affirmant que la situation y est particulièrement préoccupante, notamment en raison « d’actions agressives » impliquant des navires civils.  « Il s’agit d’un effort concerté de la part de la Russie pour saper la sécurité des pays de la région et atteindre ses propres objectifs géopolitiques tordus », a accusé la délégation polonaise. 

Souhaitant décrire « la situation réelle en Ukraine », la Fédération de Russie a indiqué qu’au cours des 10 derniers jours, les troupes russes auraient repris huit localités.  Des centaines de soldats ukrainiens et étrangers auraient été capturés et des équipements militaires détruits.  Et les forces russes s’approcheraient à présent des limites administratives des grandes villes « et de la région de Dnepr ».  Le délégué a aussi fait état de milliers de déserteurs ukrainiens et de cas de répression et de mauvais traitements infligés à ceux qui contestent le « régime ukrainien » ou cherchent à fuir. 

Au cours de cette séance, outre leur condamnation des agissements de la Russie, les États-Unis ont dénoncé la Chine, « le seul pays au Conseil qui n’a jamais condamné la Russie mais qui soutient son effort de guerre en exportant des produits qui alimentent directement l’industrie de défense russe. »  Piquée au vif, la Chine a réfuté « ces accusations fallacieuses » avançant que si elle avait vraiment fourni du matériel militaire à la Russie, la situation sur le champ de bataille aurait été différente.

Dès le départ les États-Unis ont utilisé la guerre en Ukraine pour faire avancer leurs propres intérêts.  Ils ne veulent rien d’autre qu’une Russie faible et un isolement de la Chine, et attaquent mon pays « dans un acte de désespoir » pour détourner l’attention de leur position au Moyen-Orient, a affirmé le délégué. 

Dans son intervention, Mme DiCarlo a par ailleurs jugé encourageants les efforts déployés pour obtenir un échange de prisonniers et la reprise du dialogue. À ce propos, l’Ukraine a précisé qu’hier, le premier échange de prisonniers de 2025 a permis de libérer 25 Ukrainiens.  La délégation a cependant décrié les traitements inhumains qui auraient été infligés à ces derniers durant leur captivité ainsi que le manque de soins médicaux.

Aussi a-t-elle demandé aux membres du Conseil de renforcer leur pression sur la Russie par le biais de mécanismes multilatéraux et d’efforts bilatéraux afin de garantir que tous les détenus soient ramenés sains et saufs des prisons russes. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Exposé

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a fait remarquer que depuis l’invasion massive de l’Ukraine par la Fédération de Russie en février 2022, la population ukrainienne subit de lourdes pertes humaines et matérielles.  Les attaques constantes, qui ont redoublé d’intensité pendant les fêtes, ont, selon l’ONU, tué plus de 12 000 civils et blessés plus de 28 000 personnes, sachant que les chiffres réels sont peut-être encore plus élevés.  Les infrastructures civiles, notamment les écoles et les hôpitaux, subissent également des dommages importants, tandis que les attaques contre les installations énergétiques privent des millions de personnes de services de base en plein hiver, a encore décrit Mme DiCarlo. 

Sur le plan humanitaire, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, la situation reste désastreuse.  Elle a remercié les donateurs qui ont fourni plus de 2,2 milliards de dollars en 2024 et ainsi permis à l’ONU d’aider quelque 8,5 millions de personnes, dont 60% sont des femmes et des filles.  En 2025, a-t-elle prévenu, 12,7 millions d’Ukrainiens auront besoin d’aide humanitaire, même si certaines améliorations sont prévues dans les grandes villes, soit un besoin de 2,6 milliards de dollars. 

La Secrétaire générale adjointe a fait savoir que les régions proches des lignes de front et les territoires occupés par la Russie continuent de souffrir d’un accès limité à l’aide, ce qui aggrave la crise.  Elle a donc lancé un appel pour obtenir un financement accru et une meilleure protection des travailleurs humanitaires, souvent exposés à de graves dangers, pour répondre aux besoins des populations en détresse.

Elle a également évoqué la capture de militaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans la région de Koursk, en Fédération de Russie. L’implication présumée des troupes de la RPDC dans les combats aux côtés des forces russes continue de susciter de graves inquiétudes quant à l’internationalisation future de ce conflit déjà dangereux, a-t-elle dit. 

En outre, des allégations de torture et d’exécutions sommaires, bien que pas toutes confirmées, soulèvent des préoccupations majeures.  Dans ce contexte, elle a jugé encourageants les efforts déployés pour obtenir un échange de prisonniers et la reprise du dialogue.  Elle a réitéré les appels de la communauté internationale en faveur d’une désescalade et pour la recherche d’une solution pacifique alors que le conflit continue de causer des souffrances humaines indescriptibles. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.