Lutte antiterroriste en Afrique: le Conseil de sécurité appelle à un partenariat « systématique, opérationnel et stratégique » entre l’ONU et l’Union africaine
Le Conseil de sécurité a adopté cet après-midi une déclaration présidentielle (S/PRST/2025/2) dans laquelle il se dit « vivement préoccupé » par la multiplication inquiétante des attentats terroristes, « le nombre de morts de plus en plus grand » et la propagation du terrorisme, notamment au Sahel et dans les États côtiers d’Afrique de l’Ouest.
La menace terroriste entrave les efforts de l’Union africaine visant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2030 et rend très difficile la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme 2030 de l’ONU, reconnaît-il. Fort de constat, le Conseil souligne la nécessité d’appliquer avec efficacité ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme.
Il appelle également à renforcer les capacités des États Membres afin de combattre plus efficacement le terrorisme et son financement. Le Conseil souhaite en outre le renforcement des capacités de l’Union africaine et de ses organisations sous-régionales dans les domaines de la prévention des conflits et de la gestion des crises notamment, en fournissant du personnel et une aide technique et financière.
Dans cette déclaration, le Conseil prend par ailleurs note du renforcement du dispositif institutionnel de lutte antiterroriste de l’Union africaine et des progrès accomplis dans le cadre du partenariat entre l’Union et l’ONU. Dans ce droit fil, il souhaite que celui-ci continue d’évoluer jusqu’à devenir un partenariat « systématique, opérationnel et stratégique ».
Enfin, le Conseil prie le Secrétaire général de faire figurer des informations actualisées sur l’action que l’Union africaine et l’ONU mènent conjointement pour combattre le terrorisme en Afrique dans le rapport annuel que celui-ci lui présente conformément à une déclaration présidentielle de 2014.
NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE
Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité réaffirme que les actes de terrorisme international constituent l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationales au XXIe siècle.
Le Conseil réaffirme sa condamnation catégorique de tous les actes ainsi que de toutes les méthodes et pratiques de terrorisme, qu’il juge criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motifs, sous toutes leurs formes et manifestations, où qu’ils soient commis et quels qu’en soient les auteurs.
Le Conseil souligne que les actes de terrorisme international sont contraires aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et que le financement, la planification et la préparation des actes de terrorisme international, de même que toutes les autres formes d’appui à cet égard, sont pareillement contraires aux buts et principes énoncés dans la Charte.
Le Conseil condamne dans les termes les plus énergiques le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, et tous les actes terroristes, y compris ceux qui sont fondés sur la xénophobie, le racisme ou d’autres formes d’intolérance ou commis au nom d’une religion ou d’une croyance, et réaffirme que le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation ni à aucun groupe.
Le Conseil condamne fermement les attaques perpétrées par des groupes terroristes ou des terroristes contre des civils, des infrastructures critiques et des cibles molles, y compris les attaques transnationales et transfrontières, exige qu’elles cessent immédiatement et demande à tous les États Membres de mobiliser la volonté politique nécessaire pour dénoncer tous les actes de terrorisme.
Le Conseil est conscient que les interventions militaires ou les forces de sécurité, les mesures répressives et les activités de renseignement ne suffiront pas à elles seules à vaincre le terrorisme, et insiste sur la nécessité de s’attaquer aux facteurs de propagation du terrorisme, notamment de développer l’action visant à prévenir les conflits de longue durée ou à les régler par des moyens pacifiques, ainsi que de promouvoir l’état de droit, la protection des droits humains et des libertés fondamentales, la bonne gouvernance, la tolérance et l’ouverture.
Le Conseil souligne qu’il est indispensable de soutenir le développement socioéconomique pour pérenniser la paix en Afrique, grâce au développement économique, ce qui passe notamment par le développement des infrastructures transnationales et transrégionales, l’industrialisation, l’élimination de la pauvreté, la création d’emplois, la modernisation de l’agriculture et la promotion de l’esprit d’entreprise, et souligne qu’il faut continuer d’aider les pays d’Afrique en tenant compte de leurs priorités et besoins. À cet égard, il souligne également l’importance de l’état de droit à l’appui du développement socioéconomique.
Le Conseil est conscient de l’importance de la société civile, notamment les organisations locales de la société civile et les organisations de proximité, le secteur privé, les milieux universitaires, les groupes de réflexion, les médias, les jeunes, les femmes, les personnalités du monde de la culture, les responsables de l’éducation et les chefs religieux, pour ce qui est d’accroître la sensibilisation aux menaces du terrorisme et d’y remédier plus efficacement.
Le Conseil se déclare vivement préoccupé par la multiplication inquiétante des attentats terroristes, le nombre de morts de plus en plus grand, en particulier parmi les civils, et la propagation du terrorisme sur le plan géographique, notamment au Sahel et dans les États côtiers d’Afrique de l’Ouest. Il souligne la nécessité pour les États Membres de renforcer, selon qu’il convient, les moyens mis à la disposition de leur système de justice pénale, de leurs forces de l’ordre et de leur police des frontières, ainsi que leurs capacités d’enquêter sur les réseaux de trafiquants, de les poursuivre, de les désorganiser et de les démanteler en vue de rompre les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale.
Le Conseil sait que la menace terroriste entrave les efforts de l’Union africaine visant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2030 et rend très difficile la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme 2030 de l’Organisation des Nations Unies.
Le Conseil note avec une vive inquiétude que les terroristes et les groupes terroristes qui sévissent, notamment en Afrique, lèvent et transfèrent des fonds par divers moyens, incluant le recours à des passeurs de fonds, l’utilisation à des fins illégales d’entreprises commerciales légitimes, l’exploitation de ressources naturelles et le produit d’activités criminelles, notamment les enlèvements contre rançon, l’extorsion, la traite d’êtres humains ainsi que le commerce illicite et le trafic de biens culturels, de drogues et d’armes légères et de petit calibre, et rappelle les obligations qu’il a imposées à tous les États Membres en matière de prévention et de répression du financement du terrorisme, notamment par ses résolutions 1373 (2001) et 2462 (2019).
Le Conseil rappelle que les États Membres ont l’obligation de prévenir et de réprimer le financement des actes terroristes et de s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, aux entités ou personnes impliquées dans des actes de terrorisme ou associées à de tels actes, notamment en réprimant le recrutement de membres de groupes terroristes, conformément au droit international, et en mettant fin à l’approvisionnement en armes des terroristes.
Le Conseil a prié instamment les États Membres de tenir compte des effets que les mesures de lutte antiterroriste pourraient avoir sur les activités exclusivement humanitaires, y compris médicales, menées par des acteurs humanitaires impartiaux, de manière conforme au droit international humanitaire.
Le Conseil rappelle que tous les États doivent se prêter mutuellement la plus grande assistance lors des enquêtes criminelles et autres procédures portant sur le financement d’actes de terrorisme ou l’appui dont de tels actes ont bénéficié, y compris en vue de l’obtention d’éléments de preuve en leur possession nécessaires à la procédure, et invite instamment les États à agir conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, pour retrouver et traduire en justice, extrader ou poursuivre toute personne qui appuie ou facilite, directement ou indirectement, le financement d’activités menées par des terroristes ou des groupes terroristes, y participe ou tente d’y participer.
Le Conseil souligne qu’il importe au plus haut point que les États Membres appliquent immédiatement et intégralement les résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017), en particulier leurs dispositions sur l’élaboration de stratégies globales et adaptées concernant les poursuites, la réadaptation et la réinsertion, et soulignant qu’il importe de prêter assistance aux femmes et aux enfants associés aux combattants terroristes étrangers, qui peuvent être victimes du terrorisme. Il note également avec une vive préoccupation les informations selon lesquelles des combattants terroristes étrangers se rendraient en Afrique pour y rejoindre des groupes affiliés à l’EIIL (Daech).
Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que toute mesure prise pour combattre le terrorisme soit conforme à la Charte des Nations Unies et à toutes les autres obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international humanitaire, le droit international des droits humains, et le droit international des réfugiés.
Le Conseil prend note des efforts déployés afin de renforcer le dispositif institutionnel de lutte antiterroriste de l’Union africaine, notamment dans le cadre de la Convention de l’OUA de 1999 et du Plan d’action de 2002, et prend note également de la nomination du Champion de l’Union africaine pour ce qui est de prévenir et de combattre le terrorisme en Afrique.
Le Conseil constate l’amélioration de l’échange de renseignements dans le cadre du Comité des services de renseignement et de sécurité africains (CSRSA), la mise en place de mécanismes opérationnels tels que le Service de lutte antiterroriste de la Force africaine prépositionnée, et le renforcement de la coopération entre services de police des États membres de l’Union africaine dans le cadre d’AFRIPOL.
Le Conseil encourage les États Membres et les organisations internationales compétentes à contribuer à renforcer les capacités de l’Union africaine et de ses organisations sous-régionales dans les domaines de la prévention des conflits et de la gestion des crises, ainsi que de la stabilisation après les conflits, notamment en fournissant du personnel et une aide technique et financière.
Le Conseil encourage un resserrement de la coordination et de la coopération entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, y compris par la formation, la mise en commun et l’échange d’informations, l’offre d’une expertise thématique et la fourniture d’un appui opérationnel selon que de besoin.
Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer la coordination et la coopération entre la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme, dans le cadre de l’exercice de leurs mandats respectifs et de leurs rôles distincts visant à établir une concertation réelle entre l’Organisation des Nations Unies et les États Membres de manière à améliorer la mise en œuvre équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale ainsi que celle d’autres résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme, et note le rôle important qui revient aux entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, en particulier au Bureau de lutte contre le terrorisme, et aux autres prestataires de l’aide au renforcement des capacités pour ce qui est de fournir une assistance technique dans le cadre de la coopération internationale.
Le Conseil salue les progrès accomplis dans le cadre du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, et souligne que celui-ci devrait continuer d’évoluer jusqu’à devenir un partenariat systématique, opérationnel et stratégique.
Le Conseil est conscient de la menace terroriste qui pèse sur l’Afrique et souligne qu’il importe d’appliquer avec diligence et efficacité ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme, toutes les mesures de sanction visant les personnes, groupes, entreprises et entités désignés qui sont associés à l’EIIL (Daech), à Al-Qaida et aux éléments qui leur sont affiliés.
Le Conseil sait combien il est nécessaire de renforcer les capacités des États Membres qui en font la demande, en vue de soutenir l’appropriation nationale afin qu’ils puissent combattre plus efficacement le terrorisme et son financement et tirer meilleur parti des instruments et mécanismes internationaux existants.
Le Conseil prie le Secrétaire général de faire figurer, selon qu’il conviendra, des informations actualisées sur l’action que l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies mènent conjointement pour combattre le terrorisme en Afrique dans le rapport annuel que celui-ci lui présente conformément à la déclaration de son Président publiée sous la cote S/PRST/2014/27.