La Deuxième Commission engage un dialogue avec les commissions économiques régionales de l'ONU sur l'impact économique des changements climatiques

AG/EF/3256

La Deuxième Commission engage un dialogue avec les commissions économiques régionales de l'ONU sur l'impact économique des changements climatiques

27/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3256
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

Dialogue interactif - matin


LA DEUXIÈME COMMISSION ENGAGE UN DIALOGUE AVEC LES COMMISSIONS ÉCONOMIQUES RÉGIONALES DE L’ONU SUR L’IMPACT ÉCONOMIQUE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES


À l’occasion de son dialogue annuel avec les cinq commissions économiques et sociales régionales des Nations Unies, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a entendu ce matin leurs Secrétaires exécutifs présenter une perspective régionale concernant les conséquences des changements climatiques.  Ces exposés ont été suivis d’un échange entre les Secrétaires exécutifs et les représentants des États Membres.


Le réchauffement planétaire aura des coûts économiques pour les pays d’Europe, a déclaré le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), M. JAN KUBIS.  En effet, dans la mesure où une masse terrestre plus importante est concentrée dans l’hémisphère Nord du globe, la hausse des températures y sera plus importante que dans le reste du monde, a-t-il expliqué.  Outre un impact sur les bassins montagneux, le cycle des précipitations y sera perturbé, avec des conséquences pour l’agriculture, la sécurité alimentaire, les ressources en eau, les écosystèmes, la santé et le logement.  Les 56 économies de la Commission économique pour l’Europe représentent environ 51% du produit intérieur brut (PIB) mondial et 49,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, a fait observer M. Kubis.  Il a également expliqué que, dans cette région économiquement très diverse, la plupart des sous-régions s’étaient engagées en faveur de baisses significatives de leurs émissions, plusieurs d’entre elles ayant déjà mis en œuvre des initiatives allant dans cette direction.  Ce sont les États membres de l’Union européenne qui ont pris la tête des efforts d’atténuation des effets du réchauffement de la planète à la veille de Copenhague, a précisé le Secrétaire exécutif de la CEE.  Aussi la Commission économique pour l’Europe a-t-elle, entre autres, coopéré avec les autres agences des Nations Unies opérant sur le continent dans le cadre du Mécanisme de coordination régionale, ceci afin de préparer une feuille de route en prévision de Copenhague et de concevoir un plan d’action régional pour les activités d’atténuation et d’adaptation, a indiqué Jan Kubis.


M. ABDOULIE JANNEH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rappelé que ce continent africain était de loin le plus vulnérable à l’impact des changements climatiques alors qu’il n’est responsable que de moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre.  Le coût économique de ce phénomène sera ressenti à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la production agricole, de la filière énergétique, de la sécurité alimentaire, et de la santé et du logement, a-t-il prévenu.  En effet, l’agriculture pluviale contribue à 30% du PIB de la plupart des pays africains et emploie 70% de la population, a relevé M. Janneh.  L’Afrique dépend par ailleurs à 80% de la biomasse pour la satisfaction de ses besoins énergétiques, tandis que le paludisme est en train de se répandre pour la première fois dans les zones situées en haute altitude.  On estime qu’une hausse de la température de 2°C pourrait se traduire par une baisse de 5% du PIB des pays africains, principalement en raison de pertes occasionnées par les insuffisances et les baisses qui seront enregistrées dans la production agricole.  Une hausse d’un peu plus de 2,5% des températures pourrait plonger dans la faim et les pénuries alimentaires les plus sévères 128 millions de personnes, tandis que la montée du niveau des mers et des océans provoquera des dégâts inévitables pour les villes côtières, sans compter les risques sécuritaires qui pourraient découler des migrations « climatiques », a ajouté M. Janneh. 


Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique a par ailleurs rappelé que l’adaptation aux changements climatiques imposera des coûts additionnels estimés à entre 5% et 10% du PIB des pays.  Pour éviter de dépasser le seuil critique de 2°C en ce qui concerne l’augmentation des températures moyennes de la planète, des objectifs ambitieux doivent être atteints lors de la Conférence de Copenhague, a-t-il préconisé.  Il a expliqué que l’Afrique présentera à cette occasion une position commune sous le leadership du Premier Ministre de l’Éthiopie.  Pour sa part, la CEA a soutenu les délégations africaines dans leurs préparatifs pour les négociations, coopérant avec la Commission de l’Union africaine et la Banque africaine de développement pour établir le programme « Clim-Dev Africa », qui vise, entre autres, à renforcer les capacités des institutions et des parties prenantes concernées et à harmoniser les données et les informations disponibles d’un pays à l’autre.  La Commission a par ailleurs ouvert un Centre politique du climat en Afrique pour faciliter la mise en œuvre du programme « Clim-Dev Africa », a précisé le Secrétaire exécutif.


Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a axé sa présentation sur le « droit à l’avenir » dans les Caraïbes et en Amérique latine dans une ère d’après-crise économique.  La région, a-t-elle expliqué, possède un secteur agricole important, mais vulnérable, comme dans les autres régions, aux variations de températures et à l’humidité, sans compter les catastrophes naturelles auxquelles elle est exposée.  Mme Bárcena a indiqué que la région Amérique latine et Caraïbes avait aussi des atouts uniques pour lutter contre le réchauffement planétaire.  Elle a fait état des progrès significatifs enregistrés dans le domaine de l’efficacité énergétique.  Mme Bárcena a attiré l’attention des délégations sur le potentiel offert par les énergies renouvelables, la couverture forestière, et les changements observés dans l’usage des sols.  La CEPALC a lancé des études sur l’impact économique des changements climatiques, qui ont permis de définir des mesures d’adaptation et d’atténuation cohérentes d’un pays à l’autre et de concevoir des stratégies de développement faibles en émissions de carbone, a indiqué la Secrétaire exécutive.


M. ANHAR HEGAZI, Directeur de la Division du développement durable et de la productivité à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a déclaré que la réalisation du développement durable se heurtait à des défis importants dans la région couverte par la CESAO, tels que l’instabilité politique, la rareté de l’eau, une production et des schémas de consommation non viables, et des ressources financières inadéquates.  Comme l’Afrique, l’Asie occidentale est l’une des régions qui émet le moins de gaz à effet de serre, mais en subit pourtant le plus les conséquences, a-t-il rappelé.  La hausse des températures, la désertification accrue, la détérioration des sols, et la montée du niveau des mers auront un impact inévitable sur la production agricole, le tourisme et l’exploitation des hydrocarbures, notamment.  Pour faire face à cette menace grandissante, la CESAO a, lors de sa vingt-cinquièmesession ministérielle, adopté une résolution aux termes de laquelle la Commission a été chargée de préparer une étude sur l’impact des changements climatiques dans la région, en particulier sur les réserves aquifères.  La CESAO, a poursuivi M. Hegazi, est également chargée de prendre toutes les mesures nécessaires pour coopérer avec chaque État Membre afin de discuter des actions à entreprendre.  En outre, la résolution enjoint la CESAO, en partenariat avec la Ligue des États arabes et les organisations régionales pertinentes, à élaborer un Plan-cadre d’action arabe sur les changements climatiques.  La CESAO continuera par ailleurs à fournir une assistance technique à ses États membres sur les préparatifs des stratégies nationales et la formulation de mesures pour lutter contre ce phénomène, a annoncé Anhar Hegazi.


M. K. V. RAMANI, Conseiller principal à la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a relevé que le succès économique des pays d’Asie et du Pacifique s’accompagne d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre: quatre pays parmi les huit plus grands pollueurs sont en Asie, et le continent compte 10 des 12 villes côtières les plus vulnérables aux inondations, a-t-il indiqué.  La croissance économique ayant facilité l’urbanisation et l’usage d’automobiles personnelles comme moyen de transport, l’Asie a vu son niveau de pollution augmenter plus vite que celui du reste du monde, a-t-il ajouté, précisant que pour la seule période 2004-2005, la consommation d’énergie a augmenté de 10% dans la région, et la pollution de 8%.  Cette tendance, a-t-il prévenu, devrait se poursuivre, en particulier au moment ou le monde connaît une relance économique à laquelle l’Asie contribuera.  À ce rythme, a observé M. Ramani, les conséquences dévastatrices des changements climatiques affecteront gravement les régions de l’Himalaya, celles d’Asie centrale, du Sud-Ouest et du Sud notamment.  Tout en rappelant qu’au cours des deux dernières décennies, l’impact cumulé des catastrophes naturelles en Asie a été évalué à 20 milliards de dollars, M. Ramani a averti de ce que, à cause de la multiplication de ces évènements extrêmes, les pays du sud-est du continent pourraient perdre autour de 67% de leur PIB.  Enfin, s’il a reconnu que l’Asie aura toujours plus besoin d’énergie en vue d’éradiquer la pauvreté notamment, M. Ramani a jugé qu’investir davantage dans les énergies vertes devrait permettre de limiter l’utilisation des énergies fossiles.  Il faudrait par ailleurs, a-t-il conclu, réduire l’inégalité d’accès à l’énergie, en encourageant la réduction de la consommation chez les plus privilégiés afin que les populations vulnérables y aient droit elles aussi.


Au cours d’une brève discussion interactive, le représentant de l’Éthiopie a rappelé, tout comme celui de l’Indonésie, que les pays développés devaient impérativement ramener à des seuils acceptables le niveau de leurs émissions de gaz à effet de serre.  Il s’est donc félicité de la position commune adoptée par les pays africains, qui demandent à la communauté internationale de leur fournir des ressources financières et une assistance technique adéquates pour les aider à relever le défi posé par les changements climatiques.  Les commissions régionales doivent faire de leur mieux pour œuvrer à l’élaboration d’objectifs communs, a-t-il ajouté.


Le représentant de la Fédération de Russie a reconnu le rôle important que les commissions économiques régionales pouvaient jouer dans le cadre de la lutte contre le réchauffement planétaire, notamment au travers du Mécanisme de coordination régionale.  Mais il a déclaré qu’il ne faudrait pas non plus que les commissions axent leurs travaux uniquement sur ce sujet, dans la mesure où de nombreuses autres entités en ont déjà été chargées.  Aussi, a-t-il estimé que la Deuxième Commission n’était pas l’enceinte adéquate pour engager avec les commissions régionales une « discussion politique » sur les changements climatiques. 


La représentante de la Grenade s’est, quant à elle, demandée pour quelles raisons les Caraïbes n’étaient pas suffisamment représentées dans les projections et modélisations proposées par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), quand on sait, par exemple, que le simple passage d’un ouragan a exigé que son pays engage des dépenses atteignant 233% de son PIB pour en surmonter les conséquences.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les délégations adoptent treize projets de résolution appelant à la réduction du danger nucléaire

AG/DSI/3399

Première Commission: les délégations adoptent treize projets de résolution appelant à la réduction du danger nucléaire

27/10/2009
Assemblée généraleAG/DSI/3399
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

19 séance – après-midi


PREMIÈRE COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS ADOPTENT TREIZE PROJETS DE RÉSOLUTION APPELANT À LA RÉDUCTION DU DANGER NUCLÉAIRE


La Première Commission, qui entamait aujourd’hui l’adoption de tous les projets de résolution et de décision négociés par ses délégations durant ses travaux, a adopté treize projets de résolution réaffirmant la volonté de la communauté internationale de lutter contre la prolifération des armes nucléaires et, à terme, de parvenir à un désarmement nucléaire généralisé.  Ces textes seront soumis pour adoption finale à l’Assemblée générale réunie en plénière à une date ultérieure.


Cet après-midi, la Commission a notamment adopté un texte relatif à la réduction du danger nucléaire1, appelant à l’application des sept recommandations du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, ainsi qu’un texte au terme duquel l’Assemblée générale appellerait la Conférence du désarmement à lancer immédiatement des négociations pour parvenir à une convention2 sur l’interdiction de la fabrication et de l’usage des armes nucléaires.


La Commission a également adopté deux textes relatifs au « Suivi des obligations en matière de désarmement nucléaire contractées à l’issue des Conférences des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) chargées d’examiner le Traité en 1995 et en 20003, et à la « Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace de ces armes » (4).  Le représentant des États-Unis a justifié l’abstention de sa délégation lors du vote relatif à ce texte, en estimant que certaines dispositions du projet ne reflètent pas la réalité de la situation au sein de la Conférence du désarmement. 


Le représentant des États-Unis a aussi expliqué son opposition au projet de résolution5 intitulé « Risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » en regrettant que ce texte « se concentre sur les activités nucléaires d’un seul État tout en omettant de faire référence aux autres menaces de prolifération existant dans la région du Moyen-Orient ».


La Commission a adopté plusieurs textes relatifs à des zones exemptes d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est, en Afrique, et au Moyen-Orient.  Le représentant de la France a expliqué que son pays s’est abstenu concernant le texte intitulé « Traité instituant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est », car la France attendait, depuis 2002, la réponse des pays de l’Asie du Sud-Est à ses propositions de dialogue en vue de son adhésion à l’un des protocoles du Traité de Bangkok.  Intervenant sur le projet de résolution intitulé « Traité instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique », le représentant de la France, qui s’exprimait aussi au nom du Royaume-Uni, a rappelé que les deux pays s’étaient déjà acquittés de leurs obligations contenues dans le Traité de Pelindaba en signant et ratifiant les protocoles pertinents qui prévoient que les puissances nucléaires s’engagent à ne pas utiliser l’arme nucléaire ou faire usage de la menace de son utilisation contre les États africains parties au Traité.


La Première Commission poursuivra l’adoption de tous ses projets de résolution et de décision, demain, mercredi 28 octobre, à 15 heures. 


1     A/C.1/64/L.18

2     A/C.1/64/L.20

3     A/C.1/64/L.6

4     A/C.1/64/L.24

5     A/C.1/64/L.4


PRÉSENTATION ET DÉCISIONS SUR TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION SOUMIS AU TITRE DES POINTS RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Explications avant le vote


Intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Nigéria a espéré que les projets de résolution intitulés « Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique (A/C.1/64/L.33) » et « Interdiction de déverser des déchets radioactifs (A/C.1/64/L.34)» seraient adoptés par consensus. 


Le représentant du Pakistan, présentant le projet de résolution intitulé « Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace de ces armes (A/C.1/64/L.24) » a estimé insuffisantes les déclarations faites par quatre des cinq puissances nucléaires au sujet des garanties négatives de sécurité.  Il a mis l’accent sur le respect du principe du non-recours à la force ou à la menace à la force et sur celui des principes de garanties négatives et positives de sécurité.  Il a dit que l’objectif des garanties négatives de sécurité n’avait pas encore été atteint.  Il a estimé que le principe de l’octroi de garanties négatives de sécurité était affaibli par la possibilité du recours aux armes nucléaires et aux armes de destruction massive (ADM). 


Le représentant du Brésil a présenté le projet de résolution A/C.1/64/L.54 intitulé « Vers un monde exempt d’armes nucléaires », qui appelle tous les États parties de n’épargner aucun effort pour parvenir à l’adhésion universelle au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et, à cet égard, demande instamment à l’Inde, à Israël et au Pakistan d’accéder rapidement et sans condition au Traité en tant qu’États non dotés d’armes nucléaires. 


Le représentant de l’Égypte a présenté le projet de résolution publié sous la cote A/C.1/64/L.3 et intitulé « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient » en priant toutes les parties de prendre d’urgence les mesures concrètes voulues pour donner effet à la proposition de créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, en invitant les pays intéressés à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. 


Le représentant de Cuba a indiqué que son pays soutiendrait l’ensemble des résolutions sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires (L.18; L.20; L.24; L.31; et L.48).  Rappelant ensuite que Cuba considérait la résolution L.48 comme l’un des textes abordant la problématique du désarmement de la manière la plus claire, le représentant a regretté que, « comme chaque année », l’avis consultatif de la Cour pénale internationale sur la licéité de l’usage de la menace de frappes nucléaires ne soit pas pris en compte.


Le représentant de la République arabe syrienne est intervenu pour revenir sur le projet de résolution publié sous la cote A/C.1/64/L.4 et intitulé « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient ».  Il a estimé qu’alors que les stocks d’armes nucléaires augmentaient, que les menaces s’accroissaient, que les puissances nucléaires n’avaient pas honoré leurs promesses prises lors des Conférences d’examen du TNP de 1995 et 2000, des pressions étaient exercées sur des États qui cherchent simplement à jouir de leur droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a regretté qu’Israël « ait acquis des armes nucléaires et refuse de signer et de ratifier le TNP ou de soumettre ses installations aux contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ».


Intervenant au nom de l’Union européenne, le représentant de la Suède a salué la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Afrique après l’entrée en vigueur du Traité de Pelindaba le 15 juillet dernier.  Il a aussi félicité tous les pays africains pour cette contribution.


La représentante de la Nouvelle-Zélande a introduit le projet de résolution intitulé « Hémisphère Sud et zones adjacentes exempts d’armes nucléaires (A/C.1/64/L.31) »


Intervenant au nom de l’Union européenne, le représentant de la Suède, a expliqué que le soutien de l’Union européenne (UE) à la résolution L.4 sur « les risques de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » n’impliquait pas un soutien à la référence contenue dans le préambule à la résolution GC (53)/RES/17 de l’AIEA, adoptée en conférence générale, mais contre laquelle tous les États de l’Union européenne ont voté.  Le représentant suédois a regretté que la résolution L.4 ne fasse pas référence aux risques de prolifération posés par le programme nucléaire iranien, « dont le programme nucléaire constitue une menace grave ».  Il a exhorté tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au TNP.  


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit qu’il partageait l’objectif du projet de résolution intitulé « Vers un monde exempt d’armes nucléaires: accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire (L.54) », mais qu’il ne pouvait voter en sa faveur en raison de la mention qui est faite concernant son pays.  Il a estimé que le TNP était discriminatoire dans son contenu et injuste dans sa mise en œuvre.  Il a déclaré que la RPDC a adhéré au TNP en 1985 dans l’espoir que les États-Unis renonceraient à déployer des armes nucléaires dans la péninsule coréenne.  Il a dit que la RPDC ne reviendra pas au TNP tant que ses préoccupations n’auront pas entièrement été dissipées. 


Le représentant d’Israël a estimé que le projet de résolution intitulé « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient (A/C.1/64/L.4) » n’avait aucun lien avec la réalité.  Il a estimé que ce texte ne servait pas la lutte contre la prolifération nucléaire au Moyen-Orient.  Il a estimé qu’il était « cynique » que ce projet ait été présenté par la Syrie en notant que quatre des cinq cas de non- respect du TNP observés récemment dans le monde ont eu lieu au Moyen-Orient et qu’aucun ne concernait Israël.  


Le représentant de l’Iran a expliqué la position de son pays au sujet des projets de résolution « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient (A/C.1/64/L.3) », et « Risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient (A/C.1/64/L.4) ».  Il a estimé que le programme nucléaire clandestin israélien demeurait la principale opposition à l’objectif d’un Moyen-Orient sans armes nucléaires. 


Le représentant de la Norvège a fait sienne la déclaration de la Suède, faite au nom de l’Union européenne, et a appuyé le projet de résolution intitulé « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient (A/C.1/64/L.3) »



PRÉSENTATION DES PROJETS DE RÉSOLUTION


Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient (A/C.1/64/L.3)


Par ce texte que la Commission a adopté, sans vote, l’Assemblée générale prierait toutes les parties directement intéressées d’envisager de prendre d’urgence les mesures concrètes voulues pour donner effet à la proposition de créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, en invitant les pays intéressés à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Elle demanderait à tous les pays de la région, en attendant la création d’une telle zone, de soumettre toutes leurs activités nucléaires aux garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Par ce texte, l’Assemblée inviterait tous les pays de s’abstenir de mettre au point, de fabriquer, de mettre à l’essai ou d’acquérir des armes nucléaires ou d’autoriser l’implantation sur leur territoire, ou sur des territoires placés sous leur contrôle, d’armes nucléaires ou de dispositifs explosifs nucléaires. 


Avant l’adoption de ce projet dans son ensemble, la Commission s’était prononcée sur le paragraphe 3 du dispositif, qu’elle a adopté par 166 voix pour, et trois absentions (Côte d’Ivoire, Inde et Israël).


Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient (A/C.1/64/L.4)


Aux termes de ce texte, adopté par 164 voix pour, 5 contre (Israël, Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Palaos et États-Unis), et 6 abstentions (Australie, Cameroun, Canada, Côte d’Ivoire, Éthiopie et Inde), l’Assemblée générale réaffirmerait qu’il importe qu’Israël adhère au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et place toutes ses installations nucléaires sous les garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique afin de parvenir à l’objectif de l’adhésion de tous les États de la région au Traité.  L’Assemblée demanderait aussi à cet État de ne pas mettre au point, fabriquer, mettre à l’essai ou acquérir des armes nucléaires et de renoncer à posséder de telles armes.  L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de lui rendre compte à sa soixante-cinquième session de l’application de la présente résolution et déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient ».


Avant l’adoption de ce projet de texte dans son ensemble, la Commission s’était prononcée sur le paragraphe 6 du préambule dispositif, adopté par 163 voix pour, 4 contre (Israël, Inde, Palaos et États-Unis) et 6 abstentions (Bhoutan, Côte d’Ivoire, République populaire démocratique de Corée, Éthiopie, Maurice et Pakistan).


Suivi des obligations en matière de désarmement nucléaire contractées à l’issue des Conférences des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) chargées d’examiner le Traité en 1995 et en 2000 (A/C.1/64/L.6)


Aux termes de ce texte, adopté par 105 voix pour, 56 contre et 12 abstentions, l’Assemblée générale déciderait de mettre en œuvre des mesures concrètes dans le cadre des efforts systématiques et progressifs visant à appliquer l’article VI du TNP ainsi que le paragraphe 3 et l’alinéa c) du paragraphe 4 de la décision relative aux principes et aux objectifs de la non-prolifération et du désarmement nucléaires adoptée par la Conférence de 1995 des Parties au TNP, chargée d’examiner le Traité et la question de sa prorogation.


Elle demanderait à tous les États dotés d’armes nucléaires: a) de poursuivre leurs efforts visant à réduire unilatéralement leurs arsenaux nucléaires; b) de renforcer la transparence; c) d’apporter de nouvelles réductions aux armements nucléaires non stratégiques sur la base d’initiatives unilatérales; d) d’adopter des mesures concrètes concertées permettant de réduire encore la capacité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires; e) de réduire le rôle des armes nucléaires dans les politiques en matière de sécurité; f) de s’engager, dès qu’il y aura lieu, dans le processus conduisant à l’élimination totale de leurs armes nucléaires.


Avant l’adoption de ce projet dans son ensemble, la Commission s’était prononcée sur le paragraphe 6 du préambule, adopté par 109 voix pour, 48 contre et 10 abstentions (Arménie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Inde, Pérou, Fédération de Russie, Rwanda, Samoa, Serbie et Timor-Leste).


Prévention de l’acquisition de matières ou de sources radioactives par des terroristes (A/C.1/64/L.17)


Par ce texte, adopté sans vote, l’Assemblée générale déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session le point intitulé « Prévention de l’acquisition de matières ou de sources radioactives par des terroristes ».


Réduction du danger nucléaire (A/C.1/64/L.18)


Aux termes de ce texte, adopté par 113 voix pour, 50 contre et 15 abstentions par la Commission, l’Assemblée générale demanderait le réexamen des doctrines nucléaires et des mesures d’urgence immédiate pour réduire les risques d’emploi involontaire ou accidentel des armes nucléaires, notamment en levant l’état d’alerte des armes nucléaires et en les dépointant.  Elle prierait les cinq États dotés d’armes nucléaires de prendre des mesures pour donner suite au paragraphe ci-dessus.  Elle demanderait aux États Membres de prendre les mesures propres à empêcher la prolifération des armes nucléaires sous tous ses aspects et à favoriser le désarmement nucléaire, l’objectif étant l’élimination des armes nucléaires.


Par ce texte, l’Assemblée prierait le Secrétaire général de soutenir l’application pleine et entière des sept recommandations formulées dans le rapport du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, qui réduiraient très sensiblement le risque d’une guerre nucléaire, et de continuer à encourager les États Membres à envisager la tenue d’une conférence internationale pour définir les moyens d’éliminer les dangers nucléaires, comme il est proposé dans la Déclaration du Millénaire, et de lui en rendre compte à sa prochaine session.


Convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires (A/C.1/64/L.20)


Aux termes de ce texte, adopté par la Première Commission par 116 voix pour, 50 voix contre et 11 abstentions, l’Assemblée générale demanderait de nouveau à la Conférence du désarmement d’engager des négociations en vue de parvenir à un accord sur une convention internationale interdisant le recours à la menace de l’usage ou à l’emploi d’armes nucléaires.  Elle prierait aussi la Conférence du désarmement de lui présenter un rapport sur les résultats de ces négociations. 


Traité sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok) (A/C.1/64/L.23)


Par ce texte, adopté par la Commission par 172 voix pour et cinq abstentions (France Israël, États-Unis, Iles Marshall et Micronésie), l’Assemblée générale se féliciterait que la Commission pour la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est se soit engagée et employée à améliorer et renforcer encore la mise en œuvre des dispositions du Traité de Bangkok en mettant en application le Plan d’action pour la période 2007-2012, adopté à Manille le 29 juillet 2007, et que la Communauté politique et de sécurité, créée par la Charte de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), ait récemment décidé de donner la priorité à l’application du Plan d’action.  Elle soulignerait l’intérêt qu’il y aurait à renforcer et à mettre en œuvre d’autres moyens de coopération entre les zones exemptes d’armes nucléaires. 


Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace de ces armes (A/C.1/64/L.24)


Par ce texte, adopté par la Commission par 119 voix pour et 58 abstentions, la Première Commission invite l’Assemblée générale à réaffirmer qu’il faut parvenir à s’entendre rapidement sur des arrangements internationaux efficaces qui garantissent les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace de ces armes.  Par ce texte, l’Assemblée générale engagerait tous les États, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à travailler activement à la conclusion rapide d’un accord sur une approche commune, en particulier sur une formule commune qui pourrait figurer dans un instrument international ayant force obligatoire. 


Hémisphère Sud et zones adjacentes exempts d’armes nucléaires (A/C.1/64/L.31)


Aux termes de ce texte, adopté par la Première Commission par 168 voix pour, 3 contre (France, États-Unis et Royaume-Uni) et 5 abstentions (Inde, Pakistan, Israël, Palaos et Micronésie), l’Assemblée générale demanderait à tous les États concernés de continuer à œuvrer de concert pour faciliter l’adhésion aux protocoles se rapportant aux traités portant création de zones exemptes d’armes nucléaires par tous les États intéressés qui n’y ont pas encore adhéré.  Elle demanderait instamment à tous les États concernés de coopérer au règlement des questions en suspens pour permettre l’application intégrale du Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, qui est entré en vigueur le 21 mars 2009.  Elle se déclarerait convaincue du rôle important que jouent les zones exemptes d’armes nucléaires pour ce qui est de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire et d’étendre les régions du monde exemptes d’armes nucléaires et, eu égard en particulier aux responsabilités des États dotés d’armes nucléaires, prierait tous les États d’appuyer le processus de désarmement nucléaire et d’œuvrer en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.


Avant l’adoption de ce projet dans son ensemble, la Commission s’était prononcée sur le paragraphe 7 du préambule, qu’elle a adopté par 165 voix pour, 2 contre (Inde et Pakistan) et 6 abstentions (Bhoutan, France, Israël, Palaos, États-Unis et Royaume-Uni). 



Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique (A/C.1/64/L.33)


Par ce texte, adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux États visés par le Protocole III au Traité qui ne l’ont pas encore fait de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la prompte application du Traité aux territoires situés dans la zone géographique définie dans celui-ci et dont ils sont internationalement responsables de jure ou de facto.


Elle demanderait aux États africains parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui ne l’ont pas encore fait de conclure des accords de garanties généralisées avec l’Agence internationale de l’énergie atomique conformément au Traité, afin de satisfaire aux dispositions de l’alinéa b) de l’article 9 et de l’annexe II du Traité de Pelindaba quand celui-ci entrera en vigueur, et de conclure des protocoles additionnels à leurs accords de garanties en s’inspirant du Modèle de protocole approuvé par le Conseil des gouverneurs de l’Agence, le 15 mai 1997.


Interdiction de déverser des déchets radioactifs (A/C.1/64/L.34)


Par ce texte, adopté sans vote, l’Assemblée générale se déclareraitprofondément préoccupée par tout emploi de déchets nucléaires qui constituerait un acte de guerre radiologique et aurait de graves incidences sur la sécurité nationale de tous les États.  Elle engagerait tous les États à prendre les mesures voulues pour empêcher tout déversement de déchets nucléaires ou radioactifs qui porterait atteinte à la souveraineté nationale.  Elle prierait la Conférence du désarmement d’examiner, à l’occasion des négociations sur une convention interdisant les armes radiologiques, la question des déchets radioactifs comme entrant dans le cadre de cette convention.


Désarmement nucléaire (A/C.1/64/L.48)


Par ce texte, adopté par la Commission par 112 voix pour, 43 contre et 21 abstentions, l’Assemblée générale prierait les États dotés d’armes nucléaires de mettre immédiatement un terme au perfectionnement, à la mise au point, à la fabrication et au stockage de têtes nucléaires et de leurs vecteurs et de lever immédiatement l’état d’alerte de leurs armes nucléaires, de les désactiver et de prendre d’autres mesures concrètes pour réduire encore le statut opérationnel de leurs systèmes.  Elle demanderait aux puissances nucléaires de réduire progressivement la menace nucléaire et de prendre des mesures efficaces de désarmement, selon un calendrier déterminé.  Elle leur demanderait également de conclure un instrument juridiquement contraignant sur le plan international dans lequel chacun s’engagerait à ne pas être le premier à recourir aux armes nucléaires.


L’Assemblée générale appellerait aussi à l’ouverture immédiate de négociations sur un traité multilatéral, non discriminatoire et internationalement vérifiable interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  Elle demanderait que soient adoptés des instruments juridiques apportant des garanties de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires et que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur rapidement.  L’Assemblée demanderait encore à la Conférence du désarmement de constituer, début 2010, en priorité, un comité spécial du désarmement nucléaire, d’entamer des négociations sur un programme échelonné de désarmement selon un calendrier déterminé, de convoquer une conférence internationale sur le désarmement nucléaire pour élaborer et examiner des mesures concrètes de désarmement.


Vers un monde exempt d’armes nucléaires: accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire (A/C.1/64/L.54)


Par ce texte, adopté par 165 voix pour, 5 contre (France, Inde, Israël, RPDC et États-Unis) et 4 abstentions (Bhoutan, États fédérés de Micronésie, Pakistan et Royaume-Uni), l’Assemblée générale demanderait à tous les États de respecter pleinement tous les engagements pris en ce qui concerne le désarmement et la non-prolifération nucléaires et de s’abstenir de toute action susceptible de compromettre l’une ou l’autre de ces causes ou de conduire à une nouvelle course aux armements nucléaires.  Elle demanderait de nouveau à tous les États parties de n’épargner aucun effort pour parvenir à l’adhésion universelle au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et, à cet égard, demanderait instamment à l’Inde, à Israël et au Pakistan d’accéder rapidement et sans condition au Traité en tant qu’États non dotés d’armes nucléaires.


Enfin, elle prierait instamment la République populaire démocratique de Corée (RPDC) d’annuler la dénonciation du Traité qu’elle a annoncée, de rétablir sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et de rejoindre les pourparlers à six pays pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne de façon pacifique.


Avant l’adoption de ce projet dans son ensemble, la Commission s’était prononcée sur le paragraphe 4 du dispositif, adopté par 159 voix pour, 4 contre (Inde, Pakistan, États-Unis et Israël) et 2 abstentions (Bhoutan et France).   


Déclarations après le vote


Intervenant après l’adoption des résolutions relatives au désarmement nucléaire, le représentant de l’Espagne a expliqué les raisons pour lesquelles l’Espagne ne s’était pas jointe au Protocole III du Traité de Pelindaba.  Il a souligné que le Traité ne prévoyait aucune garantie de contrôle dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération que l’Espagne n’ait pas déjà mis en place.  Il a ajouté que l’Espagne était déjà dénucléarisée depuis 1976 et avait déjà mis en place toutes les mesures organisant l’interdiction de l’introduction, la production ou le stockage d’armes nucléaires sur son territoire.


Le représentant de la France est intervenu pour expliquer le vote de son pays sur la résolution L.23, intitulée « Traité instituant une ZEAN en Asie du Sud-Est ».  La France s’est abstenue car elle attendait depuis 2002, la réponse des pays de la ZEAN de l’Asie du Sud-Est à ses propositions de dialogue en vue de son adhésion à l’un des protocoles du Traité de Bangkok, a-t-il dit.  Le représentant français a toutefois estimé que les termes de la résolution L.23 constituaient un signal positif qui pourrait déboucher sur la reprise d’un dialogue constructif.  Intervenant ensuite sur le projet de résolution L.33 intitulé « Traité instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique », le représentant de la France, s’exprimant aussi au nom du Royaume-Uni, a rappelé que les deux pays s’étaient déjà acquittés de leurs obligations contenues dans le Traité de Pelindaba en signant et ratifiant les protocoles pertinents qui lui sont annexés et qui prévoient notamment que les puissances nucléaires s’engagent à ne pas utiliser l’arme nucléaire ou faire usage de la menace de son utilisation contre des États africains parties au Traité.


Le représentant de l’Inde a dit que son pays s’était abstenu sur le projet L.4 en souhaitant que l’objet de ce texte soit limité à la région visée, c’est-à-dire le Moyen-Orient.  S’agissant du projet de texte relatif au traité de Bangkok, il a dit que l’Inde respectait le choix des États souverains d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN).  Tout en souscrivant aux objectifs du projet de résolution L.48 qui vise à l’élimination totale des armes nucléaires, le représentant de l’Inde a indiqué que son pays s’était abstenu en raison de certaines références au TNP.  Quand au projet de résolution L.54, il s’est dit préoccupé par la menace que constitue la prolifération des armes nucléaires


Intervenant au sujet du projet de résolution L.23, le représentant du Royaume-Uni a indiqué que le soutien de son pays à ce texte s’expliquait par une volonté ferme de souligner l’importance du développement de ZEAN comme contribution significative à la sécurité régionale et internationale.  Il a toutefois regretté que les pays membres de l’ANASE n’aient pas procédé à des consultations avant de signer le traité instaurant une ZEAN, conformément à la feuille de conduite de la Commission du désarmement adoptée en 1999.


S’agissant du projet de résolution L.31, le représentant duRoyaume-Uni, s’exprimant également au nom de la France et des États-Unis d’Amérique, a indiqué que ces pays considéraient comme contradictoire de proposer la création d’une ZEAN composée largement de zones géographiques de haute mer et en même temps, de réaffirmer la prédominance du droit international liées à la liberté de passage dans ces mêmes zones.


Le représentant du Pakistan a déclaré que son pays partageait l’objectif du projet de résolution L.48, à savoir le désarmement nucléaire généralisé.  Néanmoins, il a indiqué que le Pakistan s’est abstenu en raison des références faites par ce texte à la conférence d’examen du TNP.  En ce qui concerne le projet de résolution L.31, le représentant du Pakistan a estimé que ce texte ne correspondait pas à la réalité sur le terrain.  Il a dit que les essais nucléaires du 11 mai 2008 avaient rompu l’équilibre stratégique dans la région d’Asie du Sud, ce qui a amené son pays à mener ses propres essais nucléaires.  Par ailleurs, il s’est dit déçu par le libellé « sélectif » du projet de résolution

L-54 qui appelle le Pakistan a adhéré au TNP, alors que la position du Pakistan est très bien connue.


La représentante duVenezuela est intervenue pour indiquer que son pays se joignait au consensus sur le projet de résolution publié sous la cote L.17 et intitulé « Prévention de l’acquisition de matières ou de sources radioactives par des terroristes ».  Elle a réaffirmé le rejet total du terrorisme par le Venezuela, quels que soient ses formes et ses objectifs.  Elle a ajouté qu’elle espérait néanmoins que lors de la prochaine Assemblée générale, le projet de résolution reconnaisse plusieurs principes: l’élimination totale des armes nucléaires est la meilleure garantie que ces armes ne tombent pas dans les mains de terroristes; les puissances nucléaires ont la responsabilité de prendre les mesures nécessaires à l’élimination de ces armes et de remplir les engagements qu’elles ont pris dans le domaine du désarmement lors des précédentes Conférences d’examen du TNP.


Le représentant duCanada a donné des explications sur l’abstention de son pays lors du vote du projet de résolution publié sous la cote L.4 et intitulé « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient ».  Il a estimé que le projet de texte était « déséquilibré et injuste » à l’égard d’Israël, puisqu’il appelait tous les États du Moyen-Orient à adhérer au TNP mais ne demandait pas aux États qui l’ont déjà ratifié de respecter leurs obligations.  Il a en particulier indiqué que la République islamique d’Iran, signataire du TNP, était aujourd’hui l’État qui posait la menace de prolifération nucléaire la plus importante de la région et ne respectait ni ses obligations internationales, ni les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.


Le représentant d’Israël est intervenu pour rappeler que son pays avait toujours appuyé le projet de résolution publié sous la cote L.3 et intitulé « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient ».  Après avoir relevé que quatre violations du TNP sur cinq se déroulaient au Moyen-Orient, il a souligné qu’il existait des menaces constantes contre l’existence d’un État, Israël, exacerbées par les déclarations de certains chefs d’État et les écarts entre leurs engagements et leurs actes.  Pour le représentant israélien, la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient exige un changement de la situation sécuritaire et politique dans la région et en particulier exige qu’il y ait des avancées dans la reconnaissance mutuelle entre États et la confiance qu’ils se font.  Pour Israël, la création d’une ZEAN au Moyen-Orient ne peut être que le résultat d’initiatives des pays de la région et d’un consensus entre ces pays.


Intervenant au sujet du projet de résolution L.18, intitulé « Réduction du danger nucléaire », le représentant du Brésil a insisté que la principale cause de la prolifération était l’existence même des armes nucléaires.


Le représentant des États-Unis a expliqué le refus de son pays de voter en faveur du projet de résolution intitulé « Risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » et publié sous la cote L.4.  Il a estimé que le texte ne remplissait pas les critères essentiels d’équilibre et de justice, car il se concentrait sur les activités nucléaires d’un seul État et omettait de faire référence aux autres menaces de prolifération existant dans la région du Moyen-Orient.


Il est également intervenu pour expliquer le refus de son pays de soutenir le projet de résolution intitulé « Vers un monde exempt d’armes nucléaires: accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire » et publié sous la cote L.54.  Il a expliqué que les États-Unis s’étaient engagés dans des négociations ardues avec les signataires du projet mais qu’aucun accord entre les deux parties n’avait pu être trouvé pour que les termes du texte soient acceptables par son pays.


Revenant enfin sur le projet de résolution intitulé « Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires  contre l’emploi ou la menace de ces armes », et publié sous la cote L.24, le représentant a justifié son abstention lors du vote.  Il a rappelé qu’« à plusieurs reprises les États-Unis avaient clairement fait part de leurs objections à l’encontre de certaines dispositions du texte qui ne reflètent pas la réalité de la situation au sein de la Conférence du désarmement ». 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée: l’ECOSOC félicité pour l’élan donné aux objectifs relatifs à la santé mais critiqué pour certains dysfonctionnements

AG/10876

Assemblée: l’ECOSOC félicité pour l’élan donné aux objectifs relatifs à la santé mais critiqué pour certains dysfonctionnements

27/10/2009
Assemblée généraleAG/10876
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-quatrième session                                 

26e séance plénière – matin


ASSEMBLÉE: L’ECOSOC FÉLICITÉ POUR L’ÉLAN DONNÉ AUX OBJECTIFS RELATIFS À LA SANTÉ MAIS CRITIQUÉ POUR CERTAINS DYSFONCTIONNEMENTS


L’Assemblée générale s’est félicitée, aujourd’hui, de l’élan donné par le Conseil économique et social (ECOSOC) à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé*, tout en le critiquant pour certains dysfonctionnements dans l’organisation de son travail.


« En mettant l’accent sur la santé publique mondiale, l’Examen ministériel annuel (EMA) de l’ECOSOC a franchi un pas de plus dans le combat contre les défis auxquels doit faire face le monde », a déclaré la représentante de l’Indonésie.  Son homologue de la Suède a affirmé que cet évènement avait marqué « un jalon dans la reconnaissance de l’importance de la santé pour le développement économique et social » et prouvé l’utilité du Conseil pour débattre de « questions essentielles ».


Se félicitant également de « l’élan politique considérable » donné par l’EMA, la Présidente de l’ECOSOC, Sylvie Lucas du Luxembourg, qui était montée à la tribune pour en présenter le rapport annuel, a en outre souligné le rôle que pouvait jouer la philanthropie dans la réalisation des OMD.


« L’ECOSOC a l’intention d’étendre ses contacts avec les milieux philanthropiques et une nouvelle manifestation philanthropique spéciale, qui traitera de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, est actuellement en préparation », a-t-elle annoncé.


Au titre de la revitalisation des travaux de l’ECOSOC, Mme Lucas a salué les exposés nationaux volontaires qui démontrent, selon elle, toute l’utilité de l’ECOSOC en tant que plate-forme permettant à la communauté internationale d’échanger des renseignements critiques pour atteindre les OMD. 


Elle a également évoqué l’accueil favorable réservé par l’ECOSOC à l’initiative de l’Organisation internationale du Travail (OIT) intitulée « Surmonter la crise: un pacte mondial pour l’emploi », avant d’affirmer, par ailleurs, que l’ECOSOC avait « indubitablement » un rôle à jouer dans le domaine de la consolidation de la paix et du développement après les conflits. 


S’agissant de l’organisation de son travail, de nombreux intervenants ont réclamé une coopération plus étroite entre l’ECOSOC et le système de l’ONU; le représentant de la Fédération de Russie soulignant la nécessité d’améliorer la coordination entre le Conseil et les institutions de Bretton Woods. 


S’il faut se féliciter des réunions de haut niveau avec ces institutions, il faut bien avouer que les résultats concrets se font encore attendre, a commenté le représentant de l’Indonésie.  D’autres délégations ont déploré le fait que les fonds et programmes, chargés pourtant des questions de développement, ne se sentaient pas réellement comptables de leurs actes devant l’ECOSOC.


L’efficacité et la pertinence de l’ECOSOC méritent d’être améliorées, a plaidé le représentant de la Suède, en jugeant que pour ce faire, il fallait clarifier la répartition des tâches entre cet organe et l’Assemblée générale. 


Il a également critiqué le fait que les projets de résolution étaient présentés vers la fin des sessions de fond de l’ECOSOC, donnant libre cours « à de mauvaises décisions ».  Évoquant, pour sa part, la possibilité pour l’ECOSOC de créer un panel d’experts sur le suivi des conférences sur le financement du développement, la représentante indonésienne a voulu qu’il ait un caractère strictement intergouvernemental.


En début de séance, l’Assemblée générale a décidé d’autoriser le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) ainsi que le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) de tenir chacun une réunion au cours de sa soixante-quatrième session.


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, mercredi 28 octobre, avec l’examen de la situation en Amérique centrale et de la « nécessité de lever le blocus » imposé à Cuba par les États-Unis.


* Objectifs 4, 5, 6 relatifs à la lutte contre la mortalité infantile, la mortalité maternelle et le VIH/sida.


RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes: Rapports du Secrétaire général


Outre le Rapport du Conseil économique et social ( A/64/3), l’Assemblée générale était saisie de la note du Secrétaire général sur le Prix des Nations Unies en matière de population pour 2009 ( A/64/207) qui rappelle qu’en 2009, le Prix a été décerné à Mahmoud Fahmy Fathalla, de l’Égypte, créateur d’une des premières organisations de planification familiale dans le monde arabe; et au Movimiento Comunal Nicaragüense, du Nicaragua, pour ses activités de formation de responsables, d’éducateurs et d’agents sanitaires bénévoles locaux.


L’Assemblée était également saisie de la note du Secrétaire général sur l’interdiction de fumer dans les locaux des Nations Unies – (A/64/335) qui passe en revue les mesures prises à New York afin d’appliquer la résolution 63/8, de même que les initiatives lancées dans les bureaux extérieurs et les commissions régionales de l’ONU.


Par ailleurs, dans son rapport sur l’application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes (A/64/87-E/2009/89), le Secrétaire général indique les liens horizontaux et verticaux qui ont été établis entre les différentes parties de l’architecture intégrée de suivi dans le but de renforcer la cohérence du suivi des conférences.


Le rapport montre comment, en permettant une évaluation en profondeur d’un thème intersectoriel commun aux textes des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU, l’Examen ministériel annuel a assumé la tâche d’assurer la cohérence du suivi des conférences quant au fond.  Il montre également que le Forum biennal pour la coopération en matière de développement, instance de haut niveau à laquelle participe un éventail équilibré des principaux intervenants représentant clairement les positions de nombreuses parties prenantes, peut contribuer à faire progresser la mise en œuvre des objectifs de développement établis au niveau international et, par ce truchement, le suivi intégré des conférences.  Enfin, le document explique comment la réunion particulière de l’Assemblée générale axée sur le développement pourrait, de son côté, renforcer la cohérence de fond des travaux de l’Assemblée et de ses commissions.


Selon le rapport, au cours des dernières années, des dispositions importantes des résolutions 50/227, 52/12 B, 57/270 B, 60/265 et 61/16 de l’Assemblée générale ont été mises en œuvre.  Le rapport vise également à démontrer qu’avec l’introduction des nouvelles fonctions du Conseil économique et social et la réunion consacrée spécifiquement au développement par l’Assemblée, il est possible de faire progresser davantage le suivi intégré et coordonné en infléchissant les efforts vers la cohérence de fond plutôt que la coordination de processus.  Pour faciliter la réorientation du suivi intégré des conférences, le rapport recommande l’établissement d’un rapport quadriennal.  Ce rapport évaluerait globalement la situation de la communauté internationale en ce qui concerne l’application des textes des conférences et réunions au sommet internationales, un an avant l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles et l’adoption de nouveaux documents stratégiques des institutions, fonds et programmes des Nations Unies.


Enfin dans son rapport sur la portée, les modalités, la forme et l’organisation de la Réunion plénière de haut niveau de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale ( A/64/263), le Secrétaire général suggère à l’Assemblée d’adopter une déclaration politique ambitieuse, à orientation pratique, comme document final de cette Réunion de sorte que celle-ci ne se borne pas à renouveler les engagements déjà pris, mais galvanise de manière décisive une action coordonnée de toutes les parties prenantes et permette d’obtenir le financement nécessaire pour assurer la réalisation de tous les objectifs cruciaux en matière de développement d’ici à 2015.


Débat commun


Mme SYLVIE LUCAS, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), qui présentait le rapport (A/64/3) de l’organe qu’elle dirige, a indiqué que cette année, les travaux du Conseil s’inscrivaient dans les efforts globaux faits pour aider les pays à surmonter la crise financière mondiale.  Elle a notamment expliqué que l’Examen ministériel annuel (EMA) de l’ECOSOC pour l’année 2009 avait porté sur la santé publique mondiale et avait donné, selon elle, un élan politique considérable pour la réalisation des objectifs dans ce domaine.  De son côté, la Déclaration ministérielle a ouvert des perspectives pour de nouvelles collaborations et de nouveaux partenariats, a-t-elle ajouté.  Mme Lucas a par ailleurs affirmé que les exposés nationaux volontaires avaient montré toute l’utilité de l’ECOSOC en tant que plate-forme permettant à la communauté internationale d’échanger des renseignements critiques pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


La Présidente a ensuite évoqué la tenue de la Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED) qui a offert, a-t-elle précisé, une première occasion pour un échange de vues global sur la crise financière et économique mondiale.  Elle a indiqué que l’attention de l’ECOSOC avait également été mobilisée par la question du suivi du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement.  Mme Lucas a par ailleurs signalé qu’il avait été proposé de prolonger de deux jours la Réunion spéciale de haut niveau de l’ECOSOC, qui doit se dérouler au printemps, et d’accorder plus de place à l’examen de la question du financement du développement par l’Assemblée générale.  Elle a ensuite indiqué que l’ECOSOC avait accueilli favorablement l’initiative de l’Organisation internationale du Travail (OIT) intitulée « Surmonter la crise: un pacte mondial pour l’emploi ».


La Présidente a poursuivi, en expliquant que lors de la session de fond de l’ECOSOC, les États membres avaient salué et encouragé le renforcement de la coordination humanitaire.  Le Conseil a de même examiné l’application des directives de l’Assemblée générale sur les activités opérationnelles, a-t-elle ajouté.  Selon elle, les résultats concrets ont montré que les États membres faisaient preuve d’un constant attachement à la résolution de 2007 de l’Assemblée générale sur l’examen triennal complet des activités opérationnelles de développement.  Mme Lucas a ensuite promis que l’ECOSOC ne perdrait pas de vue la dynamique mondiale en matière de coopération au développement.  Elle s’est notamment félicitée de la tenue, en Autriche, les 12 et 13 novembre prochain, d’un colloque sur « Une coopération pour le développement responsable et transparente: vers un cadre plus vert ».


Mme Lucas s’est également félicitée des efforts accomplis pour renforcer l’interaction et les liens institutionnels entre l’ECSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Elle a notamment signalé que le 29 octobre, l’ECOSOC et la Commission tiendraient, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), une réunion conjointe pour examiner l’impact des crises alimentaire et économique dans les pays sortant d’un conflit.  Selon elle, l’ECOSOC a « indubitablement » un rôle à jouer dans le domaine de la consolidation de la paix et du développement après les conflits.  La Présidente de l’ECOSOC a, par ailleurs, affirmé que les exposés nationaux volontaires étaient un mécanisme de responsabilisation capable d’aider la communauté internationale à affiner les politiques de développement.


S’agissant de la tenue, au mois de février dernier, de la manifestation philanthropique spéciale, Mme Lucas a affirmé que la philanthropie pouvait contribuer à réaliser les OMD dans le domaine de la santé publique mondiale.  Elle a indiqué que l’ECOSOC avait l’intention d’étendre ses contacts avec les milieux philanthropiques et qu’une nouvelle manifestation spéciale, qui traitera de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, était en préparation.


Mme NADIA OSMAN (Soudan) a, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, déclaré que les crises actuelles soulignent, si besoin en était, la centralité du multilatéralisme ainsi que la légitimité des Nations Unies qui doivent rester à la hauteur du défi.  La représentante s’est félicitée de l’adoption de la Déclaration ministérielle sur le thème de la santé publique mondiale, dont elle a dit attendre la pleine mise en œuvre.  Mme Osman a également évoqué l’Examen ministériel annuel qui, selon elle, pourrait être enrichi par la contribution des fonds, programmes et agences de l’ONU, en plus des institutions financières et économiques internationales.  Elle a aussi jugé que l’EMA serait plus fructueux si ses thèmes émergeaient des informations et des données fournies par les commissions techniques et régionales de l’ONU pour mieux surveiller la mise en œuvre des engagements et objectifs en matière de développement. 


M. HARALD FRIES (Suède), au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que le segment de haut niveau du Conseil en juillet dernier avait été un jalon dans la reconnaissance de l’importance de la santé pour le développement économique et social.  Cet évènement a également prouvé l’utilité du Conseil pour débattre de questions essentielles, a-t-il ajouté, soulignant que l’Union européenne reconnaissait son rôle central pour promouvoir l’application intégrée et coordonnée du suivi des textes issus des conférences majeures des Nations Unies.  À cet égard, a dit le représentant, l’Union européenne rappelle l’importance de renforcer le soutien du système de l’ONU aux priorités nationales de développement.  Les défis de l’assistance humanitaire, de plus en plus complexes, appellent également à un partenariat global plus engagé et plus profond, à tous les niveaux; et l’Union européenne salue l’adoption par consensus d’une résolution qui envoie un message clair sur l’unité globale en la matière, a aussi dit le représentant. 


M. Fries a salué l’adoption de la résolution sur le Pacte mondial pour l’emploi qui rappelle l’importance cruciale de l’emploi pour limiter les conséquences négatives de la crise économique et financière, ainsi que celle sur un suivi renforcé et plus efficace du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha.  Par ailleurs, le représentant a déploré une évolution négative dans le travail du Comité des organisations non gouvernementales (ONG) où les principes directeurs de l’octroi du statut consultatif sont progressivement sapés, a-t-il dit.  Il a rappelé que la société civile devrait être autorisée à soutenir et à enrichir le travail de l’ONU en offrant des perspectives complémentaires et parfois différentes de celles des États membres. 


Saluant par ailleurs les mesures prises pour améliorer l’efficacité et la pertinence de l’ECOSOC, le représentant a estimé qu’il restait beaucoup à faire.  Il faut, a-t-il dit, clarifier davantage la répartition des tâches entre l’ECOSOC et l’Assemblée générale, pour concentrer l’ordre du jour du Conseil sur des questions où il peut apporter une valeur ajoutée.  Le représentant a relevé la tendance « préoccupante » consistant à présenter les projets de résolution vers la fin de la session de fond, ce qui rend difficile, en particulier pour les petites délégations de se préparer aux consultations, et qui risque de conduire à de mauvaises décisions.  L’ECOSOC devrait se montrer plus disciplinée en la matière, a estimé le représentant.


Il a aussi jugé important que l’ECOSOC s’en tienne aux délais impartis pour chaque segment.  L’un des problèmes inhérents à l’organisation du travail de la session de fond est que les négociations sur les projets de résolution ont lieu parallèlement aux réunions plénières et aux tables rondes.  En conséquence, de nombreux délégués ne peuvent pas contribuer au débat des sessions plénières, a expliqué M. Fries, appelant là encore à davantage de discipline.


Mme ZOYA KOLONTAI (Bélarus) a déclaré qu’il était nécessaire de continuer de renforcer le rôle de l’ECOSOC dans le renforcement de l’efficacité des institutions, fonds, programmes, organismes et autres institutions des Nations Unies, avec un accent particulier sur la promotion du commerce international et l’assistance technique aux pays en développement et à revenu intermédiaire.  Le principal objectif du Conseil dans la sphère du financement du développement, a-t-elle précisé, devrait être la mise en œuvre des conclusions de la Conférence de juin dernier et de celles de Doha de 2008.


La représentante a également favorablement accueilli l’augmentation des ressources du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale et a appuyé la proposition de créer de nouveaux mécanismes de prêts pour fournir une assistance efficace aux pays confrontés à des problèmes financiers, y compris les pays à revenu intermédiaire.  Elle a estimé que l’adoption par l’ECOSOC de nouvelles formes de partenariat avec l’ONU et les autres organisations offre des moyens supplémentaires de renforcer l’efficacité des efforts internationaux.  En conséquence, elle a appelé à la poursuite des réunions de haut niveau avec le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  La représentante a en outre proposé que le Sommet prévu en 2010 se prononce sur un mécanisme de coopération étroite entre les États membres pour relever les défis mondiaux.


M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) a estimé qu’à l’heure de la crise financière et économique, la place des Nations Unies ne fait que gagner en importance, compte tenu de la nécessité de mettre en place des politiques agréées sur la mise en œuvre d’accords fondamentaux qui jettent la base d’un avenir plus équitable.  Le Conseil économique et social est l’une des bases de ce processus, a-t-il déclaré, et son objectif demeure de nous entendre sur les défis du développement, en tenant compte des résultats et des travaux d’autres instances régionales, sous-régionales et multilatérales.  Le représentant a également insisté sur la nécessité d’améliorer la coordination entre le Conseil et les institutions de Bretton Woods, ainsi que le suivi des résultats des grandes réunions et conférences.


Le représentant a particulièrement salué les travaux de l’ECOSOC sur la santé et ses répercussions économiques et sociales.  Il s’est félicité que pour la première fois, un débat intégré sur le domaine de la santé ait eu lieu, en dehors des travaux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Tout en reconnaissant le rôle central de l’OMS dans la promotion de la santé au niveau mondial, le segment de haut niveau du Conseil sur le sujet a permis de définir une stratégie politique et de mieux appréhender les enjeux et les menaces liés à ce secteur.  Nous avons jeté les bases pour garantir une réaction face aux défis existants, tout en maintenant la diversité et l’autonomie des institutions des Nations Unies et en clarifiant la répartition des tâches dans le domaine institutionnel actuel, s’est réjoui le représentant.  L’entente est indispensable en la matière, a-t-il enfin insisté, soulignant la nécessité impérieuse d’éviter les doubles emplois dans les travaux de l’ONU. 


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que l’ECOSOC était un organe essentiel pour l’amélioration de la coordination et de la coopération au sein de l’ONU.  Elle a estimé que l’ECOSOC devait être renforcé afin de lui permettre de jouer un rôle proéminent dans l’examen des questions clefs et de participer à l’amélioration de la coopération internationale et multilatérale.  Après s’être félicitée de l’adoption de la Déclaration ministérielle sur la santé publique mondiale, la représentante du Brésil a estimé que l’examen ministériel annuel devrait permettre à l’ECOSOC de se pencher sur des questions concrètes.  Elle a estimé que les actions menées par les institutions de Bretton Woods ne semblaient pas être liées à la volonté des États membres.  Souhaitant une coopération plus étroite entre l’ECOSOC et le système de l’ONU, elle a en effet déploré une responsabilisation des fonds et programmes face aux États membres.  Elle a conclu en appuyant la création d’un mécanisme d’examen de la mise en œuvre des engagements pris en matière de financement du développement, ce qui représente, selon elle, un pas dans la bonne direction.


Mme DEWI SAVITRI WAHAB(Indonésie) a estimé que la création de l’EMA et du Forum sur la coopération au développement avait été un point de départ important dans le processus de réforme visant à renforcer le rôle de l’ECOSOC dans la mise en œuvre, en temps voulu, des résultats des conférences et sommets des Nations Unies.  Cette année, en mettant l’accent sur la santé publique mondiale, l’EMA a franchi un pas de plus dans le combat contre les défis auxquels doit faire face le monde, a lancé la représentante.  La représentante a dit attendre avec impatience le prochain EMA ainsi que le deuxième Forum sur la coopération au développement.  Elle a, dans ce cadre, dit attendre avec impatience l’émergence d’une ONU plus démocratique, plus transparente, plus comptable de ses actes et opérant de manière cohérente.


Tout en se félicitant également de la Réunion de haut niveau de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, la représentante a pourtant estimé que les actions concrètes se font encore attendre.  Elle a aussi rappelé la Conférence de juin sur le financement du développement, et a recommandé à l’ECOSOC d’envisager la possibilité de créer un panel d’experts.  Si elle s’en est réjouie, elle a pourtant jugé important que les termes de référence sur son travail, sa composition et ses responsabilités soient clairs compte tenu de l’importance qu’il y a à lui imprimer un caractère intergouvernemental. 


En prévision du Sommet de 2010 sur la mise en œuvre des OMD, la représentante a jugé pertinent de préparer un rapport sur le suivi des conférences et des sommets de l’ONU, avant l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement prévu en 2012.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend maintenir ouvertes toutes les options de financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine

CS/9776

Le Conseil de sécurité entend maintenir ouvertes toutes les options de financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine

26/10/2009
Conseil de sécuritéCS/9776
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6206e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENTEND MAINTENIR OUVERTES TOUTES LES OPTIONS DE FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’UNION AFRICAINE


L’Union africaine souhaite un financement sur la base de contributions obligatoires des États Membres de l’ONU mais de nombreuses délégations s’y opposent


À l’issue d’un débat consacré à la paix et la sécurité en Afrique sous l’angle de l’appui au maintien de la paix, le Conseil de sécurité a, dans une déclaration présidentielle, exprimé son intention de continuer d’étudier toutes les options de financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine qu’il a autorisées.


Le Conseil réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin, notamment en levant des contributions auprès de leurs membres et en s’assurant l’appui de donateurs. Il se félicite de l’appui fourni par ces derniers à l’architecture africaine de paix et de sécurité par le biais de mécanismes spécifiques comme la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.


Le Conseil considère qu’en déployant des opérations de maintien de la paix autorisées par lui, l’Union africaine contribue au maintien de la paix et de la sécurité internationales conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


Le débat du Conseil de sécurité s’est déroulé sur la base d’un rapport du Secrétaire général sur l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’Organisation des Nations Unies, établi conjointement par le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques et le Département de l’appui aux missions. 


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Alain Le Roy, a estimé que, pour « aider l’Union africaine de façon crédible » à disposer des moyens d’action pour prévenir les conflits et les souffrances humaines, la communauté internationale « doit soutenir plus activement le renforcement d’une capacité africaine de maintien de la paix ».  Après avoir estimé que les efforts conjoints des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour et en Somalie constituaient « autant de rappels de la diversité de la nature et de l’ampleur des partenariats qui peuvent être mis en place entre les deux organisations, il a reconnu que de « sérieuses limitations » en termes de capacités et de moyens « n’ont pas permis à ce partenariat d’atteindre son potentiel maximal ».  En particulier, il a rappelé que les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine dépendent entièrement d’un petit nombre de donateurs.  Cela signifie qu’il n’existe aucune garantie que les capacités essentielles seront disponibles.  Si elles ne le sont pas, les prévisions peuvent être invalidées et la mission se retrouver en danger.


Le débat s’est en grande partie concentré sur les modalités d’assistance financière aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.


Pour l’Observateur de l’Union africaine, l’option la plus viable pour assurer la prévisibilité, la durabilité et la souplesse du financement des organisations régionales lorsqu’elles entreprennent de telles opérations en vertu d’un mandat des Nations Unies consiste à recourir aux contributions obligatoires des Nations Unies.  Il a appelé le Conseil de sécurité à prendre des « mesures décisives » par ce biais.


C’est aussi le point de vue défendu par le représentant de l’Ouganda qui a jugé insuffisant que le Conseil de sécurité, dans sa déclaration présidentielle, se limite à annoncer qu’il étudiera toutes les options proposées dans le rapport.  L’Union africaine espérait que cette fois, le Conseil de sécurité s’engagerait fermement, a-t-il déclaré.  


Dans le même sens, le représentant de l’Afrique du Sud a appelé le Conseil de sécurité à adopter une déclaration claire, afin « d’effacer la perception ressentie par tout Africain confronté à un conflit que la communauté internationale est apathique, indifférente ou, même pire, place les considérations financières au-dessus de la vie humaine ».


De nombreuses autres délégations ont cependant exprimé des réserves sur le financement par des contributions obligatoires des États Membres des Nations Unies.  Le représentant de la France y a vu « des problèmes sérieux, notamment juridiques » et a ajouté que « d’autres solutions plus réalistes existent », telle la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique, à laquelle, a-t-il rappelé, l’Union européenne a déjà contribué à hauteur de 740 millions d’euros.


La représentante des États-Unis qui a insisté sur les financements bilatéraux offerts par son pays et s’est montrée favorable à la création d’un fonds multidonateurs, a déclaré qu’elle ne pouvait soutenir un modèle de financement reposant sur des contributions obligatoires, ce système ayant fonctionné lors de la planification et du déploiement de l’AMISOM dans des circonstances exceptionnelles.  De même, le représentant de la Fédération de Russie a mis en avant le « caractère non répétitif » des modalités d’assistance décidées jusqu’à présent et a ajouté que leur donner une forme plus permanente serait, à ce stade, prématuré.


Le représentant du Japon a estimé que le financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine devrait être assuré par le budget de l’Union africaine et par des contributions volontaires, comme celle que son pays apporte pour les opérations menées au Soudan et en Somalie.  Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Suède a dit que sa délégation n’excluait aucune des options actuellement à l’étude, ajoutant toutefois qu’elle devrait être accompagnée d’un mécanisme adapté de responsabilisation.


PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE


Rapport du Secrétaire général sur l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’Organisation des Nations Unies (S/2009/470)


Ce rapport, présenté conformément à la Déclaration du président du Conseil de sécurité du 18 mars 2009 (S/PRST/2009/3), et établi conjointement par le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques et le Département d’appui aux missions, porte sur les moyens pratiques de soutenir efficacement l’Union africaine lorsqu’elle mène des opérations de maintien de la paix autorisées par l’ONU.  Il comporte en outre une évaluation détaillée des recommandations figurant dans le rapport du Groupe d’experts Union africaine-ONU sur les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine du 31 décembre 2008 (A/63/666-S/2008/813), connu sous le nom de « rapport Prodi ».


L’ONU « sait que les partenariats avec les organisations régionales sont essentiels pour répondre aux impératifs des opérations de maintien de la paix modernes », écrit le Secrétaire général.  Il affirme que l’Union africaine a montré qu’elle « avait la capacité de déployer rapidement des missions de maintien de la paix et des missions de médiation » pour enrayer l’escalade d’un conflit et limiter les souffrances humaines, et qu’elle « a pu déployer des troupes rapidement, malgré des ressources limitées », lorsqu’une situation difficile demandait une intervention énergique dans les meilleurs délais.  Avec l’aval du Conseil de sécurité, elle a ainsi « assumé ses responsabilités dans des situations politiques souvent complexes, lorsqu’elle avait un avantage comparatif et que l’ONU n’était pas en mesure de jouer un rôle dans le maintien de la paix ou que l’ONU et la communauté internationale dans son ensemble étaient divisées sur la méthode à suivre ».


Néanmoins, ajoute le Secrétaire général, l’Union africaine aura « d’importantes difficultés à surmonter pour répondre aux demandes découlant de ses missions actuelles et de ses objectifs à long terme ».


M. Ban présente des propositions pour « renforcer le partenariat stratégique » entre l’ONU et l’Union africaine.  Il met l’accent sur la « nécessaire cohérence des décisions » prises par le Conseil de sécurité de l’ONU et par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine, en particulier les questions sur lesquelles les deux organisations ont engagé des efforts conjoints.  La cohérence favoriserait le partenariat stratégique et opérationnel qui existe déjà entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine, estime le Secrétaire général.  Il souhaite un renforcement de la coopération entre les deux organes et annonce la création par ceux-ci d’une « Équipe spéciale conjointe sur la paix et la sécurité », qui se réunira deux fois par an au niveau des secrétaires généraux adjoints pour l’ONU et des commissaires pour l’Union africaine pour examiner les questions stratégiques et opérationnelles immédiates et à long terme.


Le Secrétaire général examine ensuite l’évaluation des divers mécanismes disponibles pour « rendre plus visible, durable et souple » le financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’ONU.  Il ajoute que « plusieurs contraintes opérationnelles critiques » sont liées à cette absence de visibilité et de prévisibilité du financement: incapacité d’obtenir les effectifs militaires prescrits; efficacité opérationnelle limitée; passage difficile, dans le cas de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), d’une opération de l’Union africaine insuffisamment financée à une opération de maintien de la paix hybride; et enfin « fardeau insoutenable des activités d’administration, de coordination et de gestion financière ».  Or, rappelle M. Ban, le déploiement de toute opération de maintien de la paix doit être fondé sur le « critère fondamental de l’obtention de ressources prévisibles, durables et souples ».


Le Secrétaire général passe en revue les différents mécanismes qui ont servi jusqu’à présent à financer les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.  Il rappelle que l’Union africaine s’est dotée d’un Fonds africain pour la paix doté de contributions statutaires et se félicite de la décision prise par l’Union d’accroître le montant prélevé sur le budget ordinaire destiné au Fonds africain pour la paix car « à terme, il incombera aux États membres de l’Union africaine de fournir les ressources nécessaires à cette dernière pour des interventions de maintien de la paix ».  Il ajoute que divers pays fournisseurs de contingents à l’Union africaine ont apporté des « ressources considérables » qui ne peuvent « cependant pas couvrir tous les besoins d’une opération de maintien de la paix ».  Quant aux contributions volontaires versées par des acteurs extérieurs, par exemple par l’Union européenne par le biais de la « Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique », il estime qu’elles se sont avérées « non prévisibles et souvent insuffisantes » pour couvrir tous les besoins.  Pour en optimiser l’utilisation, M. Ban suggère la création par l’Union africaine d’un fonds d’affectation spéciale permanent, que l’ONU pourrait aider l’Union africaine à gérer. 


Reste l’option des plans de soutien des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine approuvées par le Conseil de sécurité, fondés sur des mises en recouvrement de contributions décidées par l’Assemblée générale de l’ONU.  Au vu de l’expérience acquise avec la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le Secrétaire général estime que ces plans « n’assurent pas forcément », eux non plus, le caractère durable et prévisible des ressources nécessaires.  Il ajoute qu’ils ont été mis en place trop tardivement pour être efficaces.  Par ailleurs, fait-il remarquer, la mise en recouvrement de contributions par l’ONU « mettrait en relief le soutien politique que le Conseil de sécurité apporterait aux opérations de maintien de la paix menées par une organisation régionale ».  Par conséquent, l’ONU ne devrait autoriser de tels plans de soutien que lorsque le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se sont assurés que leurs objectifs politiques et sécuritaires de ces opérations concordent.  L’emploi de contributions mises en recouvrement par l’ONU « suppose que l’intention du Conseil de sécurité était que la responsabilité de la mission serait transférée » à terme à l’ONU, poursuit M. Ban, qui précise qu’un financement autorisé par l’Assemblée générale « serait soumis aux règles et procédures de gestion de l’Organisation ».  Il ne pourrait donc porter que sur les éléments de l’opération qui seraient normalement couverts pour une opération de maintien de la paix des Nations Unies.  Pour les autres, il faudrait donc faire appel à des sources volontaires, comme c’est le cas pour l’AMISOM où les contributions statutaires votées par l’Assemblée générale se limitent, à la demande du Conseil de sécurité, au soutien logistique.


M. Ban présente également une série de propositions tendant à renforcer les capacités institutionnelles des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.  Le maintien de la paix « fait partie d’un règlement politique et ne constitue pas une solution de rechange », rappelle-t-il.  Il ajoute que les efforts « doivent se poursuivre en parallèle pour renforcer et soutenir la diplomatie préventive, l’alerte rapide, le règlement des conflits et la médiation » et que les opérations de maintien de la paix « ne devraient être mises sur pied qu’après examen approfondi de toutes les options disponibles et doivent aller de pair avec une stratégie politique viable et une série d’objectifs clairs, qui devraient être approuvés tant par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies que par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ». 


Exposés


M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’ONU, en expliquant que la présence à ses côtés de la Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions démontrait « l’importance que le Secrétariat donne à ce sujet et notre volonté de travailler ensemble ».  Il a rappelé que le rapport s’appuie sur les recommandations contenues dans le rapport du Groupe d’experts Union africaine-ONU établi en 2008 -le « rapport Prodi »- et a ajouté que le Secrétariat allait prendre immédiatement un certain nombre de mesures pour renforcer sa collaboration avec la Commission de l’Union africaine.  Le rapport, a-t-il ajouté, doit être considéré comme une avancée du soutien des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine à long terme, mais également comme un effort collectif pour renforcer la paix et la sécurité.  Il a insisté sur le fait que le rapport soulignait l’importance de financements durables, flexibles et prévisibles pour les opérations de maintien de la paix. 


Rappelant que le débat de l’année dernière sur les organisations régionales avait permis au Conseil de sécurité de réaffirmer l’importance du partenariat stratégique entre les Nations Unies et l’Union africaine, conformément au Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, M. Le Roy a déclaré que le renforcement du rôle des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine et ses communautés économiques régionales est un « développement majeur et bienvenu » et a rendu hommage à ces opérations.  Il a jugé « louable » le principe adopté par l’Union africaine selon lequel le continent africain doit disposer des moyens d’action pour prévenir les conflits et les souffrances humaines.


« Si nous voulons aider l’Union africaine de façon crédible à atteindre cet objectif, la communauté internationale doit soutenir plus activement le renforcement d’une capacité africaine de maintien de la paix », a affirmé le Secrétaire général adjoint.  Il s’agit notamment d’une formation de chaque contributeur africain de troupes, de contributions financières aux opérations de maintien de la paix et de la volonté politique nécessaires à la résolution des conflits, a-t-il ajouté.  « Nous devons nous fixer des buts et des priorités réalistes et faire tous les efforts nécessaires pour nous assurer que les personnes déployées dans les zones de conflit disposent des équipements requis pour atteindre ces buts », a ajouté M. le Roy.


Au cours des cinq dernières années, des progrès considérables ont été faits en ce sens, notamment dans le cadre du Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, a déclaré M. Le Roy.  En même temps, a-t-il ajouté, les efforts conjoints des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour et en Somalie sont « autant de rappels de la diversité de la nature et de l’ampleur » des partenariats qui peuvent être mis en place.  En même temps, M. Le Roy a rappelé que de « sérieuses limitations » en termes de capacités et de moyens n’ont pas permis à ce partenariat d’atteindre son potentiel maximal.


Les Nations Unies ont travaillé en étroite collaboration avec l’Union africaine et ses partenaires pour veiller à ce que l’accroissement des capacités soit efficace, a déclaré M. le Roy.  En ce sens, a-t-il expliqué, il existe un large consensus pour renforcer la capacité de prévention et de maintien de la paix.  Il a jugé essentiel que l’Union africaine définisse ses propres priorités et mette au point une feuille de route globale et à long terme. 


Mais la limitation des capacités ne représente pas le seul défi, a poursuivi M. Le Roy, qui a rappelé une nouvelle fois la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de disposer de ressources durables et prévisibles.  Ces opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, a-t-il fait cependant remarquer, dépendent entièrement d’un petit nombre de donateurs, ce qui signifie qu’il n’existe aucune garantie que les capacités essentielles seront disponibles.  Ceci, en retour, peut invalider les prévisions et mettre en danger une mission, a-t-il poursuivi.  M. Le Roy a fait remarquer que le rapport du Secrétaire général passe en revue différentes options de financement, mais rappelle aussi qu’il appartient aux États Membres de l’Union africaine d’identifier les ressources à long terme.  En même temps, le Secrétaire général adjoint a rappelé que le maintien de la paix ne devrait pas remplacer la recherche de solutions politiques et qu’une opération de maintien de la paix est plus efficace quand elle est déployée en soutien à un accord de paix.


M. TETE ANTONIO, Observateur permanent par intérim de l’Union africaine (UA) auprès des Nations Unies, a déclaré que le financement des opérations de maintien de la paix conduites par des organisations régionales demeure une préoccupation centrale de l’Union africaine, compte tenu de l’expérience tirée des activités diverses qu’elles déploient en faveur de la paix et de la sécurité sur le continent.  M. Antonio a ensuite souligné que les thèmes récurrents abordés dans les documents pertinents portaient sur la structure du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales, la coordination interinstitutions et les mécanismes de consultation, l’amélioration des prestations en vue du renforcement des capacités pour les opérations de maintien de la paix, la prévention des conflit et la médiation, l’appui à la consolidation de la paix et à la reconstruction postconflit et les droits de l’homme et l’action humanitaire.  M. Antonio a indiqué qu’en matière de financement, il était évident que l’option la plus viable était le recours aux contributions obligatoires des Nations Unies.  Il s’est déclaré convaincu que la mise en place d’un financement prévisible, durable et flexible, à travers des contributions obligatoires, pour les organisations telles que l’Union africaine, permettra au Conseil de sécurité d’utiliser les avantages locaux comparatifs pour faire face de manière continue aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, qui affectent tous les pays, a-t-il affirmé. 


M. Antonio a poursuivi en notant qu’au cours de ces dernières années, l’Union africaine, avec le soutien de ses partenaires internationaux, avait fait la preuve d’une volonté renouvelée d’assumer sa part de responsabilité dans le maintien de la paix.  Il a estimé que la décision de déployer une mission en Somalie, en dépit de la situation de sécurité volatile qui prévaut sur le terrain, ainsi que les déploiements entrepris dans des pays tels que le Burundi et le Soudan, témoignent de cette détermination.  Le Conseil doit dans les prochaines étapes de son examen, tirer profit de l’environnement constructif et riche créé par la conjonction de la réflexion, du pragmatisme et des enseignements tirés, a estimé M. Antonio.  Il a ainsi appelé le Conseil à prendre des mesures décisives pour s’attaquer aux problèmes de la prévisibilité, de la durabilité et de la flexibilité du financement des organisations régionales lorsqu’elles entreprennent des opérations de maintien de la paix en vertu d’un mandat des Nations Unies, « par le biais de contributions obligatoires », a-t-il répété.  L’Observateur permanent par intérim de l’Union africaine a conclu en indiquant que les recommandations du Secrétaire général relatives au partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine constituent une bonne base pour le renforcement de la coopération entre les deux entités.


Déclarations


M. ROMANIO PRODI, Président du Groupe d’experts Union africaine-ONU sur les modalités d’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, a affirmé que le maintien de la paix en Afrique n’était « qu’une partie du grand problème » du continent, citant notamment les questions de développement.  « Nous ne pouvons plus travailler seulement de manière bilatérale, pays par pays », a-t-il déclaré.  Il n’existe pas de possibilité de développement si l’on ne traite pas l’Afrique comme continent, a-t-il ajouté, en invitant les États Membres à analyser la question du maintien de la paix en Afrique dans ce contexte plus large.  Les recommandations du Groupe d’experts vont en ce sens, a-t-il affirmé.  M. Prodi a estimé que les objections présentées aux recommandations, notamment celles qui concernent les insuffisances actuelles de l’Union africaine, étaient « logiques et compréhensibles ».  Mais notre tâche consiste à doter l’Union africaine des moyens de renforcement à long terme, a-t-il affirmé.  « Personne au sein du Groupe de travail n’a jamais pensé que toutes les conditions étaient actuellement réunies pour que l’Union africaine puisse, seule, mener des opérations de maintien de la paix.  C’est pourquoi, il faut agir en ce sens », a-t-il insisté.


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a déclaré qu’un consensus existait parmi les États Membres sur la nécessité de renforcer le dialogue entre tous les acteurs du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique, en particulier entre les Nations Unies et les organisations sous-régionales.  Il a été répété à maintes reprises que la demande de maintien de la paix à travers le monde ne pourrait être satisfaite que si des partenariats nouveaux et stratégiques se forgent entre l’ONU et les organisations régionales, a ajouté le représentant.  Il est évident que le rôle de ces organisations régionales est complémentaire à celui qu’assume le Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a encore dit le représentant de la Turquie.  Il a estimé que l’Union africaine était dans ce contexte un acteur particulièrement important, ses contributions à la paix étant cruciales pour instaurer une paix et une sécurité durables sur le continent.  Faisant référence au rapport du Secrétaire général, M. Çorman a demandé que l’accent soit mis sur trois domaines prioritaires, le développement de partenariats stratégiques entre les deux institutions aux plans politique et opérationnel, l’appui aux capacités de l’Union africaine et, enfin, la mise en place d’un mécanisme de financement prévisible, durable et flexible des opérations menées par l’Union africaine en vertu d’un mandat de l’ONU.  Avant de conclure, le représentant a estimé que la déclaration présidentielle qui sera adoptée à l’issue de la réunion, constituera la réponse du Conseil de sécurité à l’appel des acteurs du maintien de la paix en Afrique à un renforcement de la coopération stratégique entre l’ONU et l’Union africaine.  Ces deux institutions ont des objectifs communs et c’est pourquoi le renforcement de la relation stratégique qui les lie ne pourra que donner de bons résultats, a-t-il dit.


M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la réunion de ce matin démontre une fois de plus la grande importance que le Conseil de sécurité attache à l’Afrique.  Les organisations régionales africaines se montrent de plus en plus actives pour résoudre les conflits sur le continent, a-t-il fait observer, en rendant hommage au rôle des Casques bleus de l’Union africaine en Somalie et au Darfour.  « Nous devons axer nos efforts sur le renforcement des liens entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi qu’entre le Secrétariat des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine », a affirmé M. Churkin.  Il a également souhaité que l’accent soit mis sur la médiation, la diplomatie préventive et la consolidation de la paix. 


M. Churkin a estimé que l’expérience accumulée en matière de financement par les Nations Unies d’opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité n’est pas encore très étendue.  Il a rappelé que les modalités d’assistance décidées jusqu’à présent avaient un « caractère non répétitif » et a ajouté qu’il serait, à ce stade, prématuré de leur donner une forme plus permanente.  La responsabilité de trouver les ressources incombe aux États membres de l’Union africaine, a-t-il affirmé.  Le représentant russe a jugé intéressante l’idée de créer un fonds d’affectation souple pour contribuer à aider l’Union africaine à financer de telles opérations.  La priorité doit rester la création d’une capacité multidimensionnelle de l’Union africaine pour faire face aux crises qui pourraient survenir, a ajouté le représentant.  Il a rappelé que la communauté internationale contribue activement à la formation de la Force africaine de paix en attente, tout en estimant que sa structure institutionnelle doit être renforcée.  Il a ensuite rappelé que la Fédération de Russie apportait sa contribution aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, notamment par le biais de groupements d’hélicoptères.  La Fédération de Russie appuiera le projet de déclaration présidentielle, a-t-il assuré avant de conclure.


M. GÉRARD ARAUD (France) a souligné que la croissance des activités de maintien de la paix représentait un défi considérable, « car huit fois plus de Casques bleus qu’il y a 10 ans sont aujourd’hui présents sur le théâtre des opérations de la paix ».  L’Afrique est la première destination du maintien de la paix, et elle prend des responsabilités croissantes dans cet effort international, le tiers des Casques bleus étant fourni par des pays africains, a ajouté M. Araud.  Cette montée en puissance mérite le plein soutien de la communauté internationale, a-t-il dit, en précisant que dans ce contexte, l’Union africaine est confrontée à des défis qui lui sont propres.  La France entend prendre sa part à ce soutien, qui doit porter sur le renforcement des capacités et le soutien aux opérations, a poursuivi le représentant français.  Il a fait observer que l’Union européenne aidait déjà activement l’Union africaine par le biais de programmes ambitieux visant, entre autres, à valider, en 2010, la Force africaine en attente.


M. Araud a aussi indiqué que la France était active sur le front de la formation aux capacités sous-régionales, régionales et nationales en Afrique dans le domaine du maintien de la paix.  « Nous avons participé à la formation du contingent burundais déployé dans le cadre de l’AMISOM, et nous sécurisons toujours les approvisionnements de cette dernière, a-t-il dit.  Il a ensuite souscrit à la recommandation du Secrétaire général selon laquelle l’appui international à l’Union africaine s’intensifie, « l’objectif étant effectivement que l’Union africaine s’approprie progressivement ses instruments de maintien de la paix dans le respect de la Charte des Nations Unies ». 


Concernant le financement de l’Union africaine, M. Araud a souhaité que soient tirés les enseignements des modules de soutien concernant les opérations au Darfour et en Somalie.  Pour la France, le financement par contributions obligatoires pose des problèmes sérieux, notamment juridiques, a-t-il déclaré.  Le représentant a estimé que « d’autres solutions plus réalistes existent », telle la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique -à laquelle l’Union européenne a déjà contribué à hauteur de 740 millions d’euros- qu’il faut améliorer et utiliser.  M. Araud a ainsi préconisé une mobilisation accrue et innovante des donateurs potentiels et la mise en place parallèle d’un fonds fiduciaire pour financer efficacement et durablement le renforcement des capacités de l’Union africaine.  Cet effort, a-t-il conclu, n’est pas que l’affaire des Nations Unies mais aussi de l’Afrique et de ses partenaires.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé que 60% des questions traitées au Conseil de sécurité sont consacrées à l’Afrique et près de la moitié des opérations de maintien de la paix autorisées par le Conseil de sécurité sont situées en Afrique.  Il a reconnu le rôle croissant que joue l’Union africaine dans la résolution des conflits, tout en ajoutant que l’Union faisait face à des difficultés de financement évidentes.  La Chine, a-t-il dit, estime que les Nations Unies devraient prendre des mesures concrètes de soutien aux opérations de l’Union africaine et souhaite que le Conseil de sécurité des Nations Unies poursuive sa coopération avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a estimé qu’il faudrait encore des consultations entre les parties avant de constituer une équipe conjointe Nations Unies-Union africaine.


Le représentant a souhaité qu’on aide l’Union africaine à trouver des financements pour ses opérations de maintien de la paix.  Regrettant qu’il n’existe pas encore de mécanisme fiable et durable en ce sens, il a souhaité que les parties examinent les différentes options présentées par le Secrétaire général dans son rapport.  Le représentant s’est dit favorable au renforcement des capacités institutionnelles de l’Union africaine et a rappelé que les Nations Unies apportaient déjà une telle assistance dans le cadre du Programme décennal de renforcement des apacités.  Il a ensuite mis en avant la coopération stratégique et pragmatique entre la Chine et l’Afrique.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a préconisé l’instauration d’un partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine sur la base du Chapitre VII de la Charte de l’ONU.  Il a souligné la nécessité de renforcer les relations d’ordre stratégique et de développer une vision stratégique commune entre l’ONU et l’Union africaine par le biais d’arrangements fiables entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi qu’entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine.  M. Kafando a par ailleurs soutenu la mise en place d’une équipe spéciale conjointe Union africaine-Nations Unies sur la paix et la sécurité dont la mission sera de revoir les questions stratégiques et opérationnelles immédiates et à long terme.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de rendre plus prévisible et durable le financement des opérations de maintien de la paix par l’entremise de mécanismes appropriés, ainsi que la poursuite des efforts déployés par l’Union africaine pour se doter de ses propres capacités logistiques.  Sur ce dernier point, le Burkina Faso a apporté son appui au Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine.  Le représentant a dit qu’il faudrait coordonner de manière étroite l’ensemble des partenaires internationaux apportant un soutien au renforcement des capacités institutionnelles et logistiques de l’Union africaine.  M. Kafando a soutenu en conclusion les recommandations du Groupe d’experts Union africaine-ONU.


M. PHILIP JOHN PARHAM (Royaume-Uni) a déclaré que la question de l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine en vertu d’un mandat de l’ONU était particulièrement complexe.  Compte tenu de l’augmentation de la demande, il faudrait développer une approche plus efficace et stratégique tenant compte du rôle croissant des organisations régionales, au premier rang desquelles l’Union africaine, a-t-il ajouté.  Le représentant a estimé que les observations du rapport du Groupe d’experts présidé par M. Romano Prodi et les recommandations du Secrétaire général formaient une excellente contribution à la discussion en cours sur les moyens de renforcement des capacités institutionnelles de l’Union africaine.  L’élaboration d’une feuille de route est nécessaire pour assurer la planification des opérations pour la période 2009-2012 et assigner des responsabilités claires à l’Union africaine, a-t-il estimé. 


Pour ce qui est du financement prévisible, durable et souple des opérations de l’Union africaine en vertu d’un mandat de l’ONU, M. Parham a appelé l’Union africaine à intensifier les partenariats avec les donateurs.  Le représentant a déclaré que sa délégation reste ouverte à toutes les options du Secrétaire général sur le financement.  Il a cependant rappelé que l’Union européenne fournit déjà un appui très important à l’Union africaine, précisant qu’avec 300 millions d’euros déjà alloués, elle est son principal partenaire financier.  M. Parham a demandé que la question du financement à long terme des capacités opérationnelles de l’Union africaine soit passée en revue.  Le Royaume-Uni attend de discuter plus avant de ce thème sur la base d’autres rapports, a-t-il ajouté.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que c’est au cours de la présidence de son pays que le Conseil de sécurité avait demandé au Secrétaire général de présenter une analyse détaillée du « rapport Prodi ».  Il a estimé que les efforts de renforcement des capacités de l’Union africaine sont constants.  Toutefois, trouver des financements prévisibles et durables pour les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine demeure la difficulté principale à laquelle est confrontée cette organisation régionale, a-t-il affirmé.


C’est pourquoi la meilleure option sera, en tous cas dans le contexte de l’AMISOM, de continuer à utiliser les contributions obligatoires des Nations Unies, a affirmé le représentant, en se défendant d’adopter ici une position radicale.  Sa délégation, a-t-il dit, insiste avant tout sur la nécessité de rétablir la sécurité en Somalie.  C’est essentiel non seulement pour les populations, mais aussi pour la crédibilité des Nations Unies, a affirmé M. Dabbashi, avant d’estimer que les Nations Unies dépensent des sommes très importantes dans des opérations de maintien de la paix qu’il a jugées moins utiles pour la protection des populations que ne le serait une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie.  Le représentant a rappelé que le pourcentage des ressources de l’Union africaine destinées au Fonds de maintien de la paix de l’Union africaine est passé de 6% à 12% du budget ordinaire de l’Union africaine.  Il a dit apprécier le soutien apporté par l’ONU et d’autres donateurs à l’AMISOM.  Rappelant que le maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe en premier lieu au Conseil de sécurité, le représentant a estimé que les opérations de l’Union africaine ne pouvaient être déployées qu’en vertu d’un mandat défini par le Conseil de sécurité et c’est pourquoi, ce dernier devrait assumer ses responsabilités.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a estimé qu’il faudrait renforcer davantage le dialogue entre les Nations Unies et les organisations régionales, comme le confirme le rapport du Groupe d’experts présidé par M. Romano Prodi.  Il s’agit bien d’une nécessité, a poursuivi le représentant, du fait de la multiplicité et de la nature des crises.  Le représentant a estimé que la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine devrait aller bien au-delà du financement des opérations de maintien de la paix.  Les lacunes dans le maintien de la paix en Afrique sont connues de tous, a-t-il ajouté, avant d’estimer qu’il existait un « horizon plus large de collaboration » qui comprend notamment la prévention des conflits, les mécanismes d’alerte précoces et la médiation.  Il a cité les cas du Kenya, de Madagascar et de la Guinée comme des exemples du niveau de coopération qui devrait être établi entre les deux organisations. 


M. Urbina a souhaité que soient revues les modalités de coopération entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, rappelant que cette année, aucune réunion n’avait pu être tenue.  Il a estimé que le format de telles réunions était inadapté.  Sa délégation appuie cependant la proposition du Secrétaire général de créer un mécanisme officiel de consultation entre le Secrétariat des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine.  M. Urbina a estimé que si les organisations régionales peuvent présenter des avantages comparatifs évidents dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, leur vocation première reste d’offrir à leurs membres des garanties réelles de sécurité qui leur permettent de consacrer leurs ressources au développement plutôt qu’à la course aux armements, a-t-il rappelé.  C’est pourquoi, le représentant a souhaité que l’Union africaine renforce ses mécanismes de sécurité collective.  Les situations entre le Tchad et le Soudan, entre l’Érythrée et l’Éthiopie ou encore entre Djibouti et l’Érythrée illustrent bien les domaines dans lesquels l’Union africaine devrait déployer davantage d’efforts, a encore estimé M. Urbina. 


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a salué tous les efforts visant à renforcer le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, appuient pleinement les liens stratégiques entre ces deux organisations, et se félicitent de l’intention affichée par l’Union de renforcer ses capacités opérationnelles à long terme.  Pour Mme Rice, le maintien de la paix en Afrique doit se concentrer sur la médiation, la gestion des crises, la reconstruction après les conflits et la prévention des conflits armés.  Les États-Unis appuient les pays contributeurs de troupes, en tenant compte du fait que 70% des contingents sont déployés à travers le continent africain, a-t-elle dit.  Le Président Barack Obama s’est engagé à ce que les États-Unis fassent plus que dans le passé, en participant activement à la réflexion sur des mandats qui doit contribuer « à mieux répondre aux besoins des opérations de l’Union africaine en vertu d’un mandat de l’ONU », a poursuivi Mme Rice.  Elle a également souligné, à son tour, la nécessité d’un financement stable et sûr. 


Dans ce contexte, les États-Unis restent un contributeur bilatéral important, a-t-elle dit, précisant qu’ils ont, entre autres, assuré la formation de 28 bataillons de Casque bleus de 15 pays africains et qu’ils ont augmenté le volume de fourniture d’équipements importants aux contingents burundais et ougandais de l’AMISOM.  La représentante s’est dite convaincue que la création d’un fonds multidonateurs pourrait être la meilleure option pour intensifier et améliorer le financement à long terme de l’Union africaine.  Les États-Unis ne peuvent pas soutenir un modèle de financement reposant sur des contributions obligatoires, ce système ayant fonctionné dans les circonstances exceptionnelles lors de la planification et du déploiement de l’AMISOM, a-t-elle déclaré.  Mme Rice a préconisé une meilleure coordination dans le cadre des partenariats entre l’Union africaine et les donateurs et une mobilisation accrue et plus rationnelle des fonds destinés à permettre à l’Union africaine de répondre aux nombreux et complexes défis auxquels elle fait face.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a salué les efforts du Groupe d’experts présidé par M. Romano Prodi et, en particulier, les recommandations contenues dans son rapport.  Se félicitant de la contribution importante de ce document aux efforts de renforcement des capacités de l’Union africaine dans les opérations de maintien de la paix, M. Rugunda a estimé que le Secrétaire général avait fait une évaluation raisonnable des recommandations du Groupe d’experts.  Le délégué a aussi souligné que dans un contexte de responsabilité partagée croissante entre organisations internationales, régionales et sous-régionales pour les opérations de maintien de la paix, parallèlement à la responsabilité du Conseil de sécurité, les missions conjointes entre l’ONU et l’Union africaine au Darfour -avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies (MINUAD)- et en Somalie -avec l’AMISOM- étaient de bons exemples de coopération.  L’Union africaine a déjà développé des capacités en matière de prévention, de médiation et de résolution des conflits en Afrique, par le biais, notamment, de ses organisations sous-régionales, a-t-il rappelé.


Le représentant de l’Ouganda a souligné qu’un renforcement des relations entre les Nations Unies et l’Union africaine est nécessaire pour assurer le succès des efforts de paix, de stabilité et de développement.  Trois éléments sont décisifs pour le succès de cette coopération renforcée, a estimé M. Rugunda.  En matière de financement prévisible, durable et souple des opérations de maintien de la paix des organisations régionales mandatées par l’ONU, il a estimé insuffisant que le Conseil de sécurité se limite à étudier toutes les options proposées dans le rapport du Secrétaire général.  L’Union africaine espérait que cette fois, le Conseil de sécurité s’engagerait fermement, a-t-il déclaré, rappelant que le Groupe d’experts avait recommandé sans ambiguïté que soit prise en compte la possibilité pour l’ONU de recourir aux contributions obligatoires pour des opérations de maintien de la paix spécifiques, en examinant chaque situation individuellement, pour une période de six mois et pour faciliter la transition vers des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Cette recommandation, a-t-il ajouté, a été étudiée positivement par le Secrétaire général dans son rapport. 


Le représentant a ensuite appelé à un renforcement des relations entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans les domaines de prévention, de médiation, de maintien et de construction de la paix, mais aussi à un renforcement de la collaboration entre le Secrétariat des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine.  Enfin, il a plaidé pour un renforcement des capacités institutionnelles de l’Union africaine, ce qui pourrait être fait en consultation avec l’ONU ou d’autres partenaires internationaux.  Avant de conclure, le représentant de l’Ouganda a souligné qu’une coopération renforcée entre l’ONU et l’Union africaine contribuera à améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix. 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a estimé que le partenariat stratégique entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales est essentiel.  En ce sens, le renforcement des capacités de l’Union africaine est une condition préalable à tout succès sur ce continent, a-t-il estimé.  Le représentant a salué les recommandations du Secrétaire général et a invité les États Membres de l’ONU à soutenir les efforts de la Commission de l’Union africaine.


La coopération étroite entre l’Union africaine, les Nations Unies et l’Union européenne a été très utile pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales en Afrique, a estimé le représentant qui a cité le cas de la transition de laForce de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) en République centrafricaine et au Tchad à la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT).  Il a estimé qu’il faudrait examiner sérieusement le soutien à toutes les opérations de maintien de la paix autorisées par les Nations Unies.  Il a fait remarquer qu’il faudrait aussi prendre en compte, dans toutes les démarches, des aspects « transversaux », tels que le droit international et le droit relatif aux droits de l’homme, ainsi que la protection des civils dans les conflits armés, et a souhaité que les pays fournisseurs de contingents militaires et de police soient consultés. 


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a appuyé la participation des organisations régionales dans la prévention des conflits, cela en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  L’augmentation du nombre de demandes pour des opérations de maintien de la paix en Afrique exige une révision de la coopération stratégique entre les deux principaux acteurs sur le terrain que sont l’ONU et l’Union africaine, a-t-il dit.  Le représentant a également assuré que sa délégation appuyait l’idée d’établir un groupe de travail chargé d’évaluer les questions de médiation à long terme en Afrique.  Après avoir salué la décision de l’Union africaine de transférer une part importante de son budget ordinaire vers les efforts de maintien de la paix, M. Vilović a affirmé que le maintien de la paix ne devrait pas être le seul moyen de parvenir à la stabilisation du continent africain.  Les actions collectives ne peuvent pas être seulement militaires, a-t-il souligné, rappelant que les nombreux efforts de coopération en matière de prévention et de développement social et économique en cours -plus de 130 selon M. Romano Prodi- doivent être financés non seulement par l’ONU mais aussi par tous les acteurs, y compris le secteur privé.  Il a ainsi préconisé la mise en place d’un cadre d’administration pour rechercher de nouveaux donateurs du secteur privé, et il a également indiqué que son pays entendait prendre part à l’examen des diverses options de financement de l’Union africaine soumises par le Secrétaire général.  « Cet examen doit tenir scrupuleusement compte des règles et pratiques en vigueur de l’ONU en matière budgétaire », a-t-il insisté.


M. YUKIO TAKASU (Japon) a prôné un développement du partenariat stratégique ONU-Union africaine à tous les niveaux.  Pour consolider et promouvoir la paix, un processus politique est essentiel et celui-ci doit venir des dirigeants africains eux-mêmes, a déclaré le représentant, qui s’est félicité à cet égard du rôle des organisations régionales africaines.  M. Takasu a estimé qu’il faudrait aider les pays africains qui fournissent des contingents à des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine et a rappelé que son pays contribuait à améliorer ces capacités, y compris par la formation.


M. Takasu a rappelé que le lancement d’une opération de maintien de la paix suppose l’existence de personnel qualifié, de moyens et de matériel adaptés.  Les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine doivent être financées par le budget de l’Union africaine et par des contributions volontaires, a-t-il affirmé, ajoutant que le Japon apporte de telles contributions pour les opérations au Soudan et en Somalie.  M. Takasu a noté que récemment, des contributions obligatoires au titre du budget des Nations Unies avaient été utilisées pour soutenir des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité.  Il a cependant fait remarquer que les procédures des Nations Unies devraient être pleinement respectées.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a déclaré que pour parvenir à la consolidation de la paix en Afrique, il faudrait que les États se concentrent sur les questions liées que sont le règlement des conflits, la promotion du développement économique et social et la consolidation des institutions, le respect des droits de l’homme et la prévention des conflits basée sur l’élimination de leurs causes sous-jacentes.  Le représentent a en outre salué la volonté de l’Union africaine de déployer d’autres opérations pour éviter l’escalade des conflits qui sapent les efforts de développement de l’Afrique.  Pour renforcer ses capacités, il est essentiel d’assurer une plus grande cohérence et une meilleure coordination dans l’application des décisions prises par le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine, en particulier celles portant sur la médiation, a expliqué M. Heller.  Il reste beaucoup à faire dans ce domaine et pour répondre aux besoins spécifiques à chaque situation, a-t-il fait remarquer, en appelant à un échange d’informations accru sur les questions qui intéressent les deux instances, afin « de passer enfin des bonnes intentions à l’action durable ».  Concernant le financement des opérations de l’Union africaine mandatées par l’ONU, le représentant a souhaité que, pour examiner de manière approfondie les différentes options présentées par le Secrétaire général dans son rapport, le Conseil puisse se pencher rapidement sur des rapports comprenant les leçons tirées du déploiement de l’AMISOM et de la MINUAD et sur celui que va bientôt présenter l’Union africaine sur les questions de formation et de logistique. 


M. LE LUONG MINH (Viet Nam), s’exprimant en sa capacité nationale, a noté que, compte tenu de ses ressources et capacités limitées, l’Union africaine était confrontée à d’énormes difficultés pour mener les opérations autorisées par l’ONU.  Un appui accru doit être apporté pour permettre la finalisation du Programme de renforcement des capacités de l’Union africaine, en particulier en vue de mettre sur pied la Force d’attente africaine.  Le représentant a ajouté que la réussite du financement des opérations de l’Union africaine était vitale pour parvenir à la consolidation de la paix sur le continent.  Le représentant a appelé tous les donateurs à accroître leurs contributions financières et logistiques pour faciliter la mise en œuvre présente et future des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine mandatées par l’ONU, a-t-il dit, saluant l’intention de l’Union européenne d’allouer des fonds supplémentaires à la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.  Il a conclu en faisant sienne la recommandation du Secrétaire général d’accorder une attention croissante à la diplomatie préventive, à la prévention des conflits et à la médiation.  « Le maintien de la paix est une partie de la solution politique au problème, et non pas une alternative à celle-ci », a-t-il rappelé.


M. ANDERS LIDÉN (Suède), au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré qu’il faudrait poursuivre le développement des relations entre les Nations Unies et l’Union africaine et ses communautés régionales.  Il a souligné l’importance de renforcer l’efficacité des relations entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et a pris note des propositions du Secrétaire général en ce sens.  Il existe une dynamique triangulaire entre les Nations Unies, l’Union africaine et l’Union européenne, a estimé M. Lidén, qui a cité en exemple le cas de la Somalie où l’ONU et l’Union européenne fournissent un soutien important à l’AMISOM, l’Union européenne ayant, en outre, déployé l’opération navale « Atalante » pour protéger les navires affrétés par le Programme alimentaire mondial (PAM) contre les actes de piraterie.  Le représentant a rappelé que l’Union européenne contribue également à renforcer les capacités de l’Union africaine et qu’une feuille de route était en cours de finalisation entre l’Union africaine, ses organisations économiques régionales et l’Union européenne afin de rendre opérationnelle l’architecture africaine de paix et de sécurité.  Rappelant que les Nations Unies sont engagées dans un Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, M. Lidén a constaté que le Secrétaire général proposait désormais de nouvelles initiatives.  Il a estimé que l’idée d’établir une feuille de route globale est utile.  Il a insisté sur la nécessité d’assurer que l’Afrique soit en mesure de prendre en main le règlement des conflits et que soient retenues les leçons d’expériences précédentes, notamment celle de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.


En matière de financement, le représentant a dit que sa délégation n’excluait aucune des options actuellement à l’étude et s’est engagée à faire preuve de pragmatisme.  L’Union européenne reconnaît l’autorité du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale pour décider au cas par cas des modalités de soutien aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par les Nations Unies, a déclaré M. Lidén.  Toute proposition doit être accompagnée d’un mécanisme adapté de responsabilisation, a-t-il ajouté, tout en demandant que soit poursuivie la quête d’une capacité à long terme.  M. Lidén a rappelé que l’Union européenne est fortement engagée dans le maintien de la paix en Afrique et que les État membres de l’Union européenne contribuent à environ 40% des coûts tant des opérations de maintien de la paix des Nations Unies que des opérations de maintien de la paix placées sous l’autorité de l’Union africaine.  Il a rappelé l’engagement de l’Union européenne en faveur d’un renforcement de ses partenariats tant avec l’Union africaine qu’avec les Nations Unies et s’est félicité du soutien accru aux efforts de paix de l’Union africaine de la part de donateurs non traditionnels.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé l’engagement permanent et profond du Brésil pour l’Afrique du fait de ses liens historiques, culturels et politiques.  Le Brésil entend appuyer l’Afrique dans ses efforts de paix, de sécurité et de développement et contribuer également à l’instauration de la paix, a-t-elle déclaré, citant la participation de son pays à cinq missions de maintien de la paix en cours.  Le Brésil, a-t-elle poursuivi, veut aussi participer à l’instauration de la paix, notamment par le biais de la Configuration Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix.  Elle a cité les récentes initiatives du Brésil pour renforcer la coopération bilatérale avec des pays africains, comme une mission de formation militaire en Guinée-Bissau, un programme de coopération militaire au Mozambique et des consultations en cours avec d’autres pays pour définir les modalités d’une coopération militaire.  Dans un contexte où le maintien de la paix est une responsabilité au niveau international, une reconnaissance du rôle de l’Union africaine par les Nations Unies doit s’accompagner d’un accroissement des appuis nécessaires à ces missions, a plaidé la déléguée, citant une coopération entre les organisations régionales et le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU.


Estimant que le rapport du Secrétaire général sur les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine est un document riche et rempli de propositions utiles, la déléguée a souligné la nécessité d’établir un dialogue plus institutionnalisé entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, et de liens plus étroits entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine.  Elle a aussi souligné que davantage d’efforts doivent être faits sur la question du financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, appelant à des mécanismes financiers des donateurs plus stables à long terme et prévisibles.  La création d’un fonds à cette fin est une idée qui mérite d’être sérieusement prise en compte, a ajouté Mme Viotti, faisant valoir qu’une telle structure peut attirer des donateurs non traditionnels et rendre plus efficace la coordination de la coopération internationales.  Le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique ne peut se limiter aux opérations de maintien de la paix, a-t-elle affirmé, rappelant le rôle fondamental de la prévention des conflits, de la construction de la paix et du développement social et économique après un conflit pour consolider une stabilité politique dans la région.  Le Conseil de sécurité et les institutions de l’ONU devraient, dans cette perspective, redoubler d’efforts pour donner un nouvel élan à ce qui est entrepris sur tout le continent africain afin d’instaurer une paix durable.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que l’avantage comparatif de l’Union africaine face aux conflits africains lui permet de  plus en plus de réagir rapidement et de manière proactive et d’éviter ainsi l’escalade et les souffrances humaines dans des situations où les procédures des Nations Unies prennent du temps et laissent la situation sur le terrain se détériorer.  Toutefois, a-t-il ajouté, la volonté politique africaine de résoudre les conflits est freinée par l’insuffisance des ressources, qui continue de représenter la principale contrainte.  Le représentant a rappelé qu’il souhaitait voir le Conseil de sécurité assumer son rôle de principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une position claire afin d’éliminer « la perception ressentie par tout Africain confronté à un conflit selon laquelle la communauté internationale est apathique, indifférente et, pire même, place les considérations financières au-dessus de la vie humaine ».


M. Sangqu a estimé que le rapport du Secrétaire général fournissait des lignes directrices claires ainsi que des recommandations pour renforcer les relations entre les Nations Unies et l’Union africaine, qui devraient être étudiées sérieusement et appliquées immédiatement.  Il a estimé en outre que les recommandations concernant les mécanismes financiers méritent elles aussi d’être étudiées.  Le représentant a estimé que l’Assemblée générale des Nations Unies pourrait démontrer sa volonté de renforcer les capacités de paix de l’Afrique en examinant elle aussi le rapport du Secrétaire général.


M. GHAZI JOMAA (Tunisie), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Aafrique, a rappelé que, si le Conseil de sécurité porte la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, chacun sait que les organisations régionales jouent un rôle croissant dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans leurs régions respectives.  Dans ce domaine, l’Union africaine fait preuve d’une volonté politique forte, a ajouté M. Jomaa, avant de reconnaître qu’elle avait toutefois besoin d’une assistance durable en ressources et en capacités.  C’est d’ailleurs l’esprit du « rapport Prodi », a-t-il estimé, avant de qualifier ce rapport de « pas qualitatif décisif » en vue de l’amélioration du partenariat relatif aux opérations de maintien de la paix en Afrique. 


Le représentant a souhaité un renforcement du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales, et principalement l’Union africaine.  Il a pris note des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général et a rappelé que, le 15 octobre, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine les avait qualifiées de « bonne base pour un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Il a également insisté sur l’importance d’un suivi efficace des recommandations et des moyens de les mettre en œuvre. 


M. RAFF BUKUN-OLU WOLE ONEMOLA (Nigéria) a déclaré, après avoir rappelé les multiples engagements de son pays dans le secteur du maintien de la paix et de la sécurité internationales en Afrique, que si toutes les recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général étaient mises en œuvre, des fondations solides en faveur de l’action de l’Union africaine seraient posées.  Il a notamment souligné que la création d’un fonds d’affectation spéciale alimenté par des contributions de divers donateurs visant à appuyer la conduite des opérations de l’Union africaine mandatées par l’ONU représenterait « une immense avancée en vue de la résolution des nombreux défis à la paix en Afrique. »  Le représentant a également estimé essentielle la mise sur pied d’un fonds d’affectation spéciale pour renforcer les capacités opérationnelles et logistiques de l’Union africaine ainsi que l’établissement d’une équipe conjointe ONU-Union africaine chargée d’examiner l’application des propositions du Groupe d’experts présidé par M. Romano Prodi.  En conclusion, il a exhorté le Conseil de sécurité à adopter une résolution approuvant les cinq options proposées par le Secrétaire général pour financer de manière durable, efficace et souple les opérations de l’Union africaine. 


Reprenant la parole en fin de séance, l’Observateur permanent par intérim de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a indiqué avoir pris note de toutes les propositions faites et a réaffirmé la volonté de l’Union africaine d’assumer ses responsabilités.  Il a dit soutenir les propos de M. Prodi, ajoutant, qu’en effet, l’appui aux opérations de maintien de la paix ne représente qu’une partie du problème et que toute approche concernant l’Afrique doit être multilatérale.


À son tour, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a estimé, lui aussi, que M. Prodi avait bien recadré le débat.  Il a assuré que le Secrétariat était fermement engagé à travailler avec l’Union africaine et, en particulier sa Commission.  Prenant note de la demande faite par le Conseil de sécurité au Secrétaire général pour qu’il présente un nouveau rapport avant le 26 avril 2010, il s’est engagé à mettre en place d’ici là l’équipe conjointe Nations Unies-Union africaine et à restructurer la présence des Nations Unies à Addis-Abeba auprès de la Commission de l’Union africaine, afin de rendre cette présence plus efficace. 


Déclaration présidentielle


« Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions et déclarations présidentielles soulignant qu’il importe que des partenariats effectifs soient mis en place entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, conformément à la Charte des Nations Unies et les textes constitutifs des organisations régionales concernées.


Le Conseil rappelle qu’il a, en vertu de la Charte des Nations Unies, la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’une coopération avec les organisations régionales et sous-régionales portant sur les questions touchant le maintien de la paix et de la sécurité internationales, conforme aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, est de nature à améliorer la sécurité collective.


Le Conseil se félicite que l’Union africaine poursuive ses efforts importants et qu’elle joue, avec ses organisations sous-régionales, un rôle plus actif visant à prévenir et régler par la médiation les conflits sur le continent africain, conformément à ses résolutions et décisions.


Le Conseil réaffirme sa résolution 1809 (2008), dans laquelle il a affirmé qu’il fallait rendre plus prévisible, durable et souple l’appui financier offert aux organisations régionales qui entreprennent des missions de maintien de la paix avec l’autorisation de l’ONU.


Le Conseil réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin, notamment en levant des contributions auprès de leurs membres et en s’assurant l’appui de donateurs. Il se félicite de l’appui fourni par ces derniers à l’architecture africaine de paix et de sécurité par le biais de mécanismes spécifiques comme la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.


Le Conseil rappelle la déclaration présidentielle parue sous la cote S/PRST/2009/3, dans laquelle il a prié le Secrétaire général de lui soumettre un rapport sur les moyens pratiques de soutenir efficacement l’Union africaine lorsqu’elle mène des opérations de maintien de la paix autorisées par l’ONU, assorti d’une évaluation détaillée des recommandations figurant dans le rapport du Groupe d’experts Union africaine-ONU (A/63/666-S/2008/813), en particulier les recommandations se rapportant au financement, ainsi que celles concernant la création d’une équipe mixte Union africaine-ONU. Le Conseil note que le rapport susmentionné contribue de façon non négligeable aux efforts d’ensemble visant à renforcer les moyens dont dispose l’Union africaine pour mener des opérations de maintien de la paix. Il prend note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général sur l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’Organisation des Nations Unies (A/64/359-S/2009/470).


Le Conseil réaffirme qu’il importe qu’une relation stratégique plus productive s’établisse entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi qu’entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine. À cet égard, il préconise que l’ONU et l’Union africaine aient des échanges plus réguliers, coordonnent mieux leurs activités et se consultent davantage sur les questions qui intéressent les deux organisations. Le Conseil prend note des efforts poursuivis par le Secrétariat et la Commission à ce sujet.


Le Conseil souligne qu’il importe que le Programme décennal ONU-Union africaine de renforcement des capacités de l’Union africaine de 2006, principalement axé sur la paix et la sécurité, soit rapidement mis en œuvre en étroite consultation avec les autres partenaires internationaux, et en particulier que la Force africaine en attente de l’Union africaine et le Système d’alerte rapide à l’échelle du continent deviennent opérationnels. Il appuie les efforts déployés pour renforcer l’architecture africaine de paix et de sécurité et demande une nouvelle fois que les membres de la communauté internationale, en particulier les donateurs, s’acquittent des engagements énoncés dans le document issu du Sommet mondial de 2005.


Le Conseil considère qu’en déployant des opérations de maintien de la paix autorisées par lui, l’Union africaine contribue au maintien de la paix et de la sécurité internationales conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


Le Conseil note l’évaluation des options relatives au financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par lui, décrites dans le rapport du Secrétaire général et exprime l’intention de maintenir toutes ces options à l’examen.


Le Conseil note que l’Union africaine devrait renforcer ses capacités institutionnelles pour pouvoir préparer, gérer et déployer efficacement des opérations de maintien de la paix. À cet égard, il demande à l’Union africaine, dans le contexte de l’établissement de son Plan stratégique pour 2009-2012, d’élaborer un plan détaillé de renforcement des capacités portant sur le long terme, en consultation avec l’Organisation des Nations Unies et d’autres partenaires internationaux.


Le Conseil souligne qu’il faudrait que l’ONU et l’Union africaine étudient les enseignements tirés des dispositifs établis pour apporter un appui initial et un appui renforcé à la Mission de l’Union africaine au Soudan, du dispositif de soutien logistique à la Mission de l’Union africaine en Somalie et de la collaboration dans le cadre de l’Opération hybride Union africaine- Nations Unies au Darfour et du Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie, en étroite collaboration avec d’autres partenaires internationaux.


Le Conseil se félicite de l’intention du Secrétariat de l’ONU et de la Commission de l’Union africaine de mettre en place une équipe spéciale conjointe sur la paix et la sécurité afin d’examiner les questions stratégiques et opérationnelles à très court terme et à long terme.


Le Conseil prie le Secrétaire général de lui faire un rapport actualisé d’ici au 26 avril 2010 et de lui présenter un rapport d’étape le 26 octobre 2010 au plus tard. »


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission scrute le « Nouvel Horizon » des opérations de maintien de la paix et rappelle les prérogatives de l’Assemblée en matière de réforme

CPSD/436

La Commission scrute le « Nouvel Horizon » des opérations de maintien de la paix et rappelle les prérogatives de l’Assemblée en matière de réforme

26/10/2009
Assemblée généraleCPSD/436
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

Soixante-quatrième session

16eséance – matin


L A COMMISSION SCRUTE LE « NOUVEL HORIZON » DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET RAPPELLE LES PRÉROGATIVES DE L’ASSEMBLÉE EN MATIÈRE DE RÉFORME


La Commission des questions politiques spéciales et de décolonisation (Quatrième Commission) a commencé aujourd’hui son débat général sur le « Nouvel Horizon », le document « officieux » que les Secrétaires généraux adjoints aux opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions ont présenté vendredi dernier.


Le document consacre « un partenariat renouvelé » entre toutes les parties prenantes pour faire des opérations de maintien de la paix qui, ces dernières années, ont gagné en nombre et en complexité, un instrument plus efficace.  Le « Nouvel Horizon » constitue une nouvelle occasion de renforcer les opérations face aux défis qui émergent depuis la parution du rapport Brahimi*, a estimé le représentant du Japon et Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur la réforme des opérations de maintien de la paix.


Déjà, dans son rapport, Lakhdar Brahimi, alors Conseiller spécial du Secrétaire général, dénonçait une trop grande lenteur, des lourdeurs administratives excessives, un manque de moyens et une trop grande fragmentation des tâches dans les efforts de maintien de la paix. 


Sachant que le Conseil de sécurité a eu la primeur du « Nouvel Horizon » le 29 juin dernier, de nombreuses délégations ont tenu à souligner que les discussions sur la réforme des opérations relèvent des prérogatives de l’Assemblée générale et de son Comité spécial (C34). 


Aussi, le représentant de l’Algérie a-t-il prévenu que « le débat, engagé dans des cercles fermés, a introduit un élément de confusion, voire de suspicion qui ne sert pas les objectifs de rassemblement et de communauté de vision si nécessaires au succès des débats ».  


Un consensus autour de ce projet est indispensable, ont renchéri plusieurs délégations sur une entreprise qui concerne 17 opérations dans le monde et une centaine de pays qui ont fourni 115 000 militaires et civils.  Annonçant que son pays est sur le point de déployer 1 335 militaires et 200 policiers supplémentaires, le représentant du Népal a insisté sur le fait qu’il serait de l’intérêt de tous de définir les paramètres et les normes du concept « d’opération robuste » défendu dans le « Nouvel Horizon ». 


Dans ce contexte, plusieurs délégations ont estimé que la « robustesse » d’une opération devrait se juger à l’aune de sa capacité à protéger les civils.  La protection des civils, a averti le représentant du Japon, est l’un des mandats les plus importants mais aussi les plus difficiles, comme l’ont montré les situations en République démocratique du Congo (RDC) et au Darfour.


Il a prôné la conjugaison de plusieurs mesures, telles que la mobilité des unités, la communication avec les populations locales et la création de normes opérationnelles, entre autres, pour la coordination avec les agences humanitaires et les ONG.  Il ne faut pas oublier, a-t-il ajouté, que le renforcement des capacités de l’armée et de la police du pays hôte ainsi que celui de l’état de droit, par la réforme du secteur de la sécurité, peuvent considérablement alléger le fardeau des Casques bleus.


Les orateurs suivants se sont exprimés: Suède, Maroc, Mexique, Thaïlande, Jamaïque, Norvège, Algérie, République arabe syrienne, Soudan, Cuba, Afrique du Sud, Israël, Pérou, Japon, Népal, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Liban.  Les représentants libanais et syrien ont en outre exercé leur droit de réponse.


La Quatrième Commission se réunira mardi matin, à 10 heures, pour poursuivre son débat portant sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. 


* Rapport du Groupe d’étude, dirigé par Lakhdar Brahimi, sur les opérations de paix de l’ONU (A/55/305-S/2000/809). 


ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Débat général


M. ANDERS LIDÉN (Suède) au nom de l’Union européenne (UE), a souligné que l’UE soutenait fermement les efforts des Nations Unies pour améliorer les opérations de maintien de la paix.  Retenant des exposés faits par les Secrétaires généraux adjoints que « les défis posés par l’échelle et la complexité croissantes des opérations nécessitent une réponse stratégique et coordonnée de la communauté internationale », le représentant a estimé qu’un « nouveau consensus » est indispensable.  L’UE se félicite donc des recommandations contenues dans le document de travail « Nouvel Horizon ».


Par ailleurs, a poursuivi le représentant, l’UE appelle le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU à développer les procédures de consultation avec les pays contributeurs de troupes.  Des initiatives doivent être entreprises pour améliorer la gestion des missions à tous les niveaux.  L’Union européenne, a encore dit le représentant, est convaincue que le défi central pour parvenir à un maintien de la paix efficace est de renforcer les synergies entre le maintien lui-même et la consolidation de la paix.  « Il nous faut bâtir un consensus plus fort entre maintien de la paix robuste et protection des civils », a aussi souligné M. Lidén. 


Il a ajouté que l’ONU devait encore élaborer une orientation stratégique pour une politique nouvelle, le document « Nouvel Horizon » y contribuant.  Il a conclu en soulignant qu’en dépit des efforts collectifs, il restait encore beaucoup à faire pour pleinement mettre en œuvre les recommandations du rapport Brahimi et l’Agenda 2010.  Le « Nouvel Horizon » constitue un nouveau point de départ prometteur, à cet égard.


S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, Mme SAADIA EL ALAOUI (Maroc) a réitéré son engagement en faveur du rapport Brahimi, à quelques mois de son dixième anniversaire.  Elle s’est dite favorable à un échange de vues sur les aspects politiques clefs des opérations de maintien de la paix actuelles et futures.  Les efforts des États Membres doivent être rationnalisés pour établir une stratégie cohérente, a-t-elle souhaité.  Elle a, à cet égard, apporté son soutien au débat sur le projet « Nouvel Horizon » qui défend un nouveau partenariat.  Ce projet est présenté comme un processus évolutif, a-t-elle souligné en appelant le Comité des 34 à fixer les actions et les recommandations afin d’assurer un meilleur processus de planification du projet. 


Le C34 doit être engagé dans les débats afin de fournir une orientation stratégique et permettre au Département des opérations de maintien de la paix d’atteindre ses objectifs et de servir ainsi les missions de la manière la plus efficace possible.  Dans ce cadre, la représentante a jugé essentiel que les Casques bleus soient bien formés pour bien s’acquitter de leurs responsabilités.  Le Mouvement des pays non alignés souhaite que les pays contributeurs de troupes partagent leur expérience et leur savoir-faire avec les nouveaux fournisseurs de contingents.  


M. CLAUDE HELLER (Mexique), au nom du Groupe de Rio, a estimé impératif de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la capacité opérationnelle et la structure organisationnelle des opérations de maintien de la paix.  Pour répondre aux défis actuels, il est nécessaire de renforcer la coordination et l’interaction entre les différentes parties impliquées, du Secrétariat au Comité des 34, en passant par la Cinquième Commission et le Conseil de sécurité.  S’agissant du document « Nouvel Horizon », le Groupe de Rio, a assuré le représentant, est disposé à débattre des propositions dans le cadre du C34.


M. Heller a rappelé que 87% des personnels déployés dans le cadre des opérations de maintien de la paix étaient fournis par des pays en développement.  Cela exige donc, en a-t-il conclu, une implication impérative et significative dans tous les aspects et à toutes les étapes de chacune des opérations.  Il est impératif, en particulier, de maintenir un échange substantiel sur toutes les questions opérationnelles s’agissant des mandats des missions qui doivent par ailleurs être clairs et réalisables.  Les capacités doivent être adaptées, les directives claires et appropriées, et les ressources financières et logistiques à la hauteur des besoins, et ce, sans oublier la formation du personnel, a-t-il rappelé. 


Le Groupe de Rio, a poursuivi le représentant, répète que l’Assemblée générale est l’instance intergouvernementale appropriée pour la formulation et l’évaluation des politiques et directives concernant les missions de maintien de la paix.  Il est, par conséquent, le seul forum légitime pour établir les normes du système de l’ONU.  Après s’être inquiété du montant significatif des arriérés dus aux pays contributeurs de troupes, M. Heller a appelé le Secrétariat à régler ce problème au plus vite.  Enfin, a-t-il dit, le Groupe de Rio réaffirme son appui à la poursuite de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) tant que celle-ci se révélera nécessaire et en accord avec les souhaits du Gouvernement et du peuple haïtiens.


S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), M. NOPADON MUNGKALATON (Thaïlande) a débuté son propos en soulignant l’importance pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies de respecter les principes de souveraineté, d’égalité, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays.  Aujourd’hui les opérations de maintien de la paix se déroulent dans des contextes qui présentent des risques de plus en plus élevés, a reconnu le représentant.  Il a indiqué que l’ANASE est prête à entamer des consultations sur le « Nouvel Horizon ».


Il a poursuivi en appelant à ce que les Casques bleus disposent d’un appui logistique fiable et opèrent dans un cadre politique clair pour que leur mission soit la plus efficace possible dans un environnement souvent hostile.  Les mandats doivent être clairs, a insisté le représentant, et les opérations doivent être financées de manière adéquate.  Déplorant le décès récent d’un Casque bleu thaïlandais, le représentant a souhaité, à cet égard, que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département d’appui aux missions (DAM) fassent la lumière sur cette affaire.  


Rappelant ensuite les trois étapes des interventions de l’ONU à savoir la prévention des conflits, le maintien de la paix et la reconstruction après conflit, il a jugé important que les mandats soient régulièrement révisés.  Il a également demandé la mise en place d’un mécanisme efficace pour procéder, élaborer et mettre des stratégies de retrait lorsque l’heure a sonné.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné l’appui de ces pays à la résolution du Conseil de sécurité prorogeant d’une année le mandat de la MINUSTAH.  La CARICOM, qui contribue à un certain nombre de projets en Haïti, appelle la communauté internationale à continuer à soutenir ce pays dans ses efforts pour édifier un État sur des fondations stables.  Alors que la tendance actuelle est d’assister à une augmentation plutôt qu’à une baisse des besoins en matière de maintien de la paix, la CARICOM est disposée à participer activement au débat autour des propositions du document de travail « Nouvel Horizon ».  Elle réaffirme la primauté du Comité des 34 en tant que « seule instance de l’ONU mandatée pour dresser un bilan global des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects ».  M. Wolfe a exprimé l’espoir que « l’esprit de coopération et la souplesse » qui ont caractérisé le travail du C34 cette année se poursuivraient.


Le maintien de la paix étant la seule option disponible pour la communauté internationale dans sa quête d’une paix durable, la CARICOM rappelle qu’elle a toujours affirmé la nécessité pour la communauté internationale de s’attaquer aux racines des conflits à savoir la pauvreté, la compétition face à l’insuffisance des ressources, le chômage et la violation systématique des droits de l’homme, entre autres choses.  Il est aussi nécessaire de développer des systèmes de veille, de pré alerte et de réponses rapides, a-t-il souligné.  Tout cela implique notamment que les pays développés mettent pleinement en œuvre leurs engagements en matière d’assistance et de financement. 


M. Wolfe a enfin évoqué le problème posé par le fait que certains pays, dont ceux de la CARICOM, étaient désormais classés comme pays à revenu intermédiaire, ce qui implique une participation financière accrue aux opérations de maintien de la paix.  Or, a rappelé le représentant, ces pays étant frappés de plein fouet par la crise, ils sont incapables de faire face à ces obligations.  On ne peut s’attendre à ce que des économies modestes et vulnérables supportent un fardeau équivalent à celui des pays développés, a-t-il plaidé.


Commentant à son tour le « Nouvel Horizon », M. MORTEN WETLAND (Norvège) a appelé à une nouvelle alliance qui exige effectivement une réforme.  La protection des civils doit être au cœur du processus « Nouvel Horizon », a-t-il argué, en promettant la contribution de son pays à toute initiative visant à améliorer le système logistique des Nations Unies.  La Norvège, a-t-il annoncé, a décidé de financer le projet du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) sur un cadre stratégique pour les forces de police des opérations.  Le « Nouvel Horizon », associé au rapport du Secrétaire général paru au mois de juin, constitue une base solide qui doit permettre d’avancer dans le renforcement des capacités des Nations Unies à maintenir la paix et la sécurité internationales, a conclu le représentant.   


M. MOHAMED SOFIANE BERRAH (Algérie) a souligné que le document « Nouvel Horizon » constituait une « démarche globale et articulée ».  L’Algérie est déterminée à faire avancer les discussions au sein du C34.  « Nous espérons qu’un certain nombre d’orientations pourront y être adoptées, surtout que certaines mesures proposées dans le document bénéficient déjà d’un appui unanime ».  Le représentant a dit son intention d’apporter « un appui à toute proposition tendant à ce que l’examen de ce document puisse se réaliser dans un cadre transparent et inclusif ». 


Si toutefois les éléments présentés dans « Nouvel Horizon » semblent « particulièrement encourageants, « le débat, engagé dans des cercles fermés, a introduit un élément de confusion, voire de suspicion, a tranché le représentant, en estimant qu’un tel élément « ne sert pas les objectifs de rassemblement et de communauté de vision si nécessaires dans la conduite des opérations de maintien de la paix et au succès de nos débats ».  Pour l’Algérie, « une clarification du concept s’impose donc ». 


Le représentant a enfin évoqué le rôle de l’Union africaine (UA) dans le cadre du partenariat avec les organisations régionales « où il reste encore beaucoup à faire en termes de partage des rôles et de définition des modalités d’intervention en étroite collaboration avec le Conseil de sécurité.  Mais, « loin d’être suffisantes pour justifier une autonomie complète, les actions de l’UA butent encore sur le manque de ressources et sur des faiblesses capacitaires ».  L’Algérie estime qu’il convient donc de redoubler d’efforts pour accompagner solidement les initiatives africaines: « Tout le monde y gagnerait » en effet.


M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a indiqué que les opérations de maintien de la paix ont prouvé leur efficacité, notamment en accomplissant diverses missions telles que le contrôle régulier des accords de cessez-le-feu.  Ces opérations ne doivent pas être un substitut mais une mesure provisoire afin d’empêcher l’aggravation des conflits, a dit le représentant.  Cela nécessite, selon lui, d’aborder la question des conflits d’une manière sérieuse et objective.  La Syrie est attachée aux opérations de maintien de la paix, au déploiement rapide, au recrutement d’un personnel efficace et au paiement des arriérés financiers, notamment aux pays contributeurs de troupes, a expliqué le représentant. 


Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix doivent respecter le mandat qui leur incombe dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies, a poursuivi M. Taleb.  Il a souhaité que les mandats soient précis, clairs, viables, fiables et crédibles.  Concernant le projet « Nouvel Horizon », la Syrie, a-t-il dit, est prête à toutes discussions sur tous les aspects de cette question.  Le représentant a par ailleurs souhaité que des mesures soient prises pour renforcer la sécurité des bureaux régionaux des Nations Unies.  Il a dénoncé l’agression répétée par Israël du centre régional de Cana. 


M. MOHAMED KHEIR MOHAMED ANAN (Soudan) a souligné que les efforts entrepris en matière de maintien de la paix devaient s’accompagner d’efforts visant à s’attaquer aux racines des conflits, particulièrement dans les pays les moins avancés (PMA).  Il a renouvelé l’engagement de son pays à respecter les diverses résolutions du Conseil de sécurité et à œuvrer dans le cadre du Mécanisme tripartite des Nations Unies relatif à l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour (MINUAD).  Si l’on a constaté une cessation des hostilités, les agissements de certains groupes armés ou tribaux entretiennent une instabilité résiduelle, a-t-il affirmé.  Il a rappelé les efforts « très importants » qui ont mis un terme à un conflit de 20 ans au Sud-Soudan.  Il a aussi rappelé le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et a souligné que les opérations de maintien de la paix devaient demeurer ce qu’elles étaient, « des opérations de maintien de la paix et rien d’autre ».  On doit, a-t-il insisté, se garder de se servir des Nations Unies pour des objectifs politiques. 


Revenant aux relations de son pays avec la MINUAD, il a mis en garde contre la tentation de renvoyer dos à dos les autorités légitimes et les groupes rebelles, voire de les placer sur un pied d’égalité.  La Charte des Nations Unies doit être respectée à la lettre, a-t-il souligné.  L’implication des autorités nationales est d’autant plus cruciale que les missions de l’ONU n’ont pas pour vocation de demeurer éternellement dans un pays, a-t-il fait observer. 


Abordant les propositions formulées dans « Nouvel Horizon », il a qualifié ce document de « document positif », tout en soulignant que certains aspects devaient encore faire l’objet de discussions.  Il a souligné la nécessité d’un débat « clair et franc ». 


Mme REBECA HERNÁNDEZ TOLEDANO (Cuba) a noté que le maintien de la paix était l’activité de l’ONU qui était dotée du plus gros budget.  Elle a déploré que les opérations de la paix soient de plus en plus nombreuses et de plus en plus complexes.  Ces opérations, a-t-elle estimé, ne sauraient régler les causes sous-jacentes des conflits.  Elles ne sont pas un objectif en soi mais un arrangement provisoire destiné au service d’une stratégie à long terme pour le développement économique, a indiqué Mme Toledano.


Les opérations doivent respecter les buts et objectifs de la Charte, notamment l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, a ajouté la représentante.  À cet égard, a-t-elle souligné, les opérations doivent avoir des mandats clairement définis et avant leur déploiement, être dotées d’une stratégie de sortie tout aussi claire.


À l’approche du dixième anniversaire du rapport Brahimi, les initiatives prises par les États Membres et le Secrétariat ont été nombreuses pour renforcer et développer le maintien de la paix, a reconnu Mme Toledano.  Cuba, a-t-elle poursuivi, a examiné le « Nouvel Horizon » et est venu à la conclusion qu’il s’agit là d’un processus évolutif devant être analysé dans les détails.  Toutes les nouvelles initiatives doivent être menées de manière cohérente et tenir compte des processus antérieurs, a conclu Mme Toledano.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) s’est félicité du document « Nouvel Horizon » en espérant que l’on continuerait de s’inspirer du rapport Brahimi.  Il a souligné la nécessité d’améliorer la concertation entre les diverses parties prenantes et a rappelé que la protection des civils faisait partie intégrante des opérations de maintien de la paix.  L’Afrique du Sud soutient les efforts de l’ONU visant à renforcer sa coopération avec les organisations régionales; le partenariat avec l’Union africaine (UA) devant être renforcé, a-t-il dit.  Les missions des Nations Unies devraient toujours assurer la protection des droits de l’homme, ceux des femmes et des enfants en particulier, et le renforcement de la démocratie, a-t-il ajouté.  Les missions ne doivent pas être vues comme des panacées mais s’inscrire dans des processus globaux et multidimensionnels, a-t-il conclu.


M. DAVID WALZER (Israël) a souligné qu’en tant que membre du Comité des 34, Israël apporte son appui au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et au Département d’appui aux missions (DAM).  Israël, a-t-il poursuivi, connaît les circonstances difficiles et délicates dans lesquelles opèrent les soldats de la paix.  À cet égard, a-t-il dit, Israël demeure engagé dans la mise en œuvre de la résolution 1701 et continue à apporter son appui à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  À bien des égards, la FINUL a valeur de test pour la capacité de la communauté internationale de mettre en place une opération robuste. 


Le représentant a en effet estimé que l’explosion en juillet dernier d’un dépôt de munitions du Hezbollah au sud du fleuve Litani ne laisse aucun doute sur le réarmement actuel du Hezbollah dans cette partie du pays.  Il a aussi pointé du doigt l’explosion, il y a environ deux semaines, d’un bâtiment civil qui était, selon lui, un entrepôt d’armes du Hezbollah.  La réussite du mandat de la FINUL, a dit le représentant, dépend donc clairement de la mise en œuvre scrupuleuse de la résolution 1701.  Il a demandé un calendrier pour le désarmement et le démantèlement du Hezbollah et des autres groupes armés afin de supprimer la menace à la stabilité de la région.


M. GONZALO GUTIERREZ REINEL (Pérou) a tenu à mettre en relief l’expérience réussie de la MINUSTAH au sein de laquelle son pays est un acteur actif.  Il a rappelé que, outre le retour au calme, cette mission s’efforçait de répondre aux besoins urgents du peuple et du Gouvernement haïtiens.  Cela a donné une image et une « valeur sociale » à la MINUSTAH, a-t-il observé, avant de dire être conscient de la nécessité de continuer à travailler pour faire évoluer positivement les mandats des opérations de maintien de la paix.


M. NORIHIRO OKUDA (Japon) a fermement appuyé l’initiative « Nouvel Horizon » qui permettra de contribuer à la réflexion en cours.  Il a rappelé que depuis le mois de janvier, son pays dirige les discussions sur le fossé entre les mandats et leur mise en œuvre, dans le cadre du Groupe de travail du Conseil de sécurité.  Le Japon a commencé ces discussions, fermement convaincu de l’importance qu’il y a à formuler des « mandats clairs, crédibles et réalisables » et à les mettre en œuvre en les ajustant à la réalité sur le terrain, comme cela est suggéré dans le rapport Brahimi.  Au cours de la réunion du Groupe de travail, a indiqué le représentant, les participants ont soulevé de nombreuses questions, telles que la protection des civils, le renforcement des capacités des troupes, la coordination avec les activités de consolidation de la paix et la création de partenariats pour la mise en œuvre des mandats.  Ces questions, a-t-il dit, se chevauchent avec les piliers principaux du « Nouvel Horizon ». 


La protection des civils est l’un des mandats les plus importants mais aussi les plus difficiles, a prévenu le représentant.  Comme l’ont montré les situations en RDC et au Soudan, il est pratiquement impossible de couvrir de larges régions avec un personnel limité.  Dans ce contexte, nous devrions songer, a-t-il suggéré, à combiner plusieurs mesures, telles que le renforcement de la mobilité des unités et de la communication avec les populations locales, avec la création de normes opérationnelles, entre autres, pour la coordination avec les agences humanitaires et les ONG.  Il faut aussi reconnaître, a-t-il conclu, que le renforcement des capacités de l’armée et de la police du pays hôte ainsi que celui de l’état de droit, par la réforme du secteur de la sécurité, peuvent alléger le fardeau des opérations de maintien de la paix et permettre le succès des stratégies de sortie.  Le représentant a particulièrement insisté sur l’importance de la coordination entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat.


M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a estimé que le document « Nouvel Horizon » constitue une nouvelle opportunité de renforcer les opérations de maintien de la paix face aux défis émergents, particulièrement ceux apparus depuis le rapport Brahimi.  Depuis la publication de celui-ci en 2000, on tente pour la première fois de résoudre les nombreux problèmes posés par le maintien de la paix.  Il s’agit d’un « premier pas » pour l’ouverture de discussions fructueuses et pour bâtir un consensus plus large, a-t-il relevé.


Le Népal estime que l’ONU se trouve à la croisée des chemins en ce qui concerne la clarté des mandats et les limites du concept dit de « maintien de la paix robuste ».  Il serait donc de l’intérêt de tous de définir les paramètres et les normes de ce concept, a-t-il estimé, avant d’annoncer que son pays déploiera cette année 1 335 militaires et 200 policiers supplémentaires dans différentes missions dont la MINUAD, la MINURCAT et la FINUL.


Mme MARIE-JEANNE EBY, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a évoqué certains des domaines dans lesquels les missions de maintien de la paix pourraient contribuer à renforcer la protection des civils.  Tout d’abord, les Casques bleus peuvent, grâce à leurs capacités militaires, avoir une influence significative sur le comportement de ceux qui sont impliqués dans la violence armée.  En second lieu, dans certains cas, ils peuvent intervenir militairement pour empêcher de graves violations des droits de l’homme.  Par ailleurs, les Casques bleus peuvent activement contribuer à établir un environnement sûr dans lequel opèrent les organisations humanitaires et où le règne de la loi peut être rétabli, a-t-elle expliqué.  En outre, l’ONU et les pays contributeurs de troupes partagent la responsabilité de faire en sorte que, lorsque des violations sont commises, toutes les mesures nécessaires soient prises pour punir les responsables et prévenir d’autres violations.  Cela suppose qu’outre leur capacité militaire, les opérations de maintien de la paix aient aussi des compétences en matière de droit international humanitaire.


Droits de réponse


Notant les préoccupations d’Israël face à la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le représentant du Liban a argué qu’Israël a nui, à plusieurs reprises, aux troupes de la FINUL.  Concernant les explosions mentionnées par le représentant israélien, il a rappelé qu’il avait été conseillé à la FINUL de ne pas s’approcher de ce site.  Décrivant le Hezbollah comme un mouvement de libération et de protection locale, le représentant a estimé que si Israël veut parler d’un calendrier, il devrait d’abord parler de celui qui mettra un terme à l’occupation. 


À son tour, le représentant de la Syrie a dénoncé les mensonges de la « puissance occupante » qui entrent dans la campagne menée pour détourner l’attention des atrocités commises par Israël dans les territoires arabes occupés.  Israël, a-t-il poursuivi, souhaite que la FINUL s’acquitte de mettre en œuvre la résolution 1701 alors que ce pays ne cesse de violer cette résolution. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Troisième Commission: Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques juge nécessaire de garantir l’impartialité de l’ONU dans l’assistance électorale

AG/SHC/3959

Troisième Commission: Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques juge nécessaire de garantir l’impartialité de l’ONU dans l’assistance électorale

26/10/2009
Assemblée généraleAG/SHC/3959
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

28e & 29e séances – matin et après-midi


TROISIÈME COMMISSION: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES JUGE NÉCESSAIRE

DE GARANTIR L’IMPARTIALITÉ DE L’ONU DANS L’ASSISTANCE ÉLECTORALE


Le débat resurgit au sein de la Commission sur les notions d’« orientation sexuelle » et d’« identité sexuelle »


En raison de l’augmentation du nombre d’acteurs impliqués, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, a, aujourd’hui, devant la Troisième Commission, jugé nécessaire d’assurer la coordination et la cohésion et de garantir l’impartialité des Nations Unies dans l’assistance électorale.  Par ailleurs, le débat a resurgi autour des notions d’« orientation sexuelle » et d’« identité sexuelle » des individus.


M. Pascoe qui présentait le rapport du Secrétaire général sur l’affermissement du rôle des Nations Unies aux fins du renforcement de l’efficacité du principe d’élections périodiques et honnêtes et de l’action en faveur de la démocratisation », a suggéré de « trouver de nouvelles manières de garantir que les élections contribuent à la paix et à une bonne gouvernance et non à la violence et à l’instabilité ».


Le Secrétaire général adjoint a en outre recommandé aux États Membres, aux bailleurs de fonds et aux pourvoyeurs d’assistance de prendre en considération le coût du processus électoral dans le contexte d’autres priorités du développement, en particulier les Objectifs du Millénaire pour le développement.  « Des élections bien conduites constituent un investissement crucial, mais l’expérience de par le monde a prouvé que ce ne sont pas les systèmes les plus coûteux et les plus complexes qui garantissent le succès des élections », a-t-il affirmé. 


M. Pascoe s’est inquiété des techniques et des systèmes qui risquent de « rendre un pays financièrement dépendant des bailleurs de fonds, ou technologiquement dépendant de certains vendeurs et ce sur une longue durée ».


La Troisième Commission, qui poursuivait aujourd’hui l’examen des questions relatives aux droits de l’homme, a également vu d’anciens clivages resurgir autour de la notion d’ « orientation sexuelle » et d’« identité sexuelle ».  Le débat a eu lieu lors d’une discussion sur le rapport du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, M. Martin Scheinin.


Les Groupes africain et arabe, ainsi que l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) ont estimé que M. Scheinin, dans son rapport qui devait se pencher sur l’impact des mesures antiterroristes sur les femmes et la parité, n’avait pas respecté le Code de conduite des titulaires des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme en incluant des recommandations sur les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels.


Ces différents groupes ont expliqué que le terme « genre » avait été discuté lors de la Quatrième Conférence mondiale de Beijing sur les femmes, en 1995, ainsi qu’à d’autres occasions, et qu’il y avait eu un consensus sur sa définition, celle-ci n’incluant pas les personnes ayant une orientation sexuelle spécifique.


D’autres, en revanche, comme l’Union européenne, le Canada, l’Australie ou la Suisse, ont réitéré, ainsi qu’ils l’avaient fait l’an passé, que les droits de l’homme étaient indivisibles et que toute personne souffrant de discrimination devait être protégée et ses droits préservés.


De son côté, le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté le rapport sur la situation des droits de l’homme dans son pays en considérant que la résolution de l’Assemblée générale qui demandait la préparation de ce rapport avait « vu le jour suite aux ambitions politiques du Canada ».  Il a déploré le fait que le rapport ne reflète pas « fidèlement les informations objectives que son gouvernement avait communiquées ».  Il s’agit, a-t-il ajouté, d’un « catalogue d’allégations périmées ».


Ce rapport et plusieurs autres avaient été préalablement présentés par la Directrice du Bureau new-yorkais du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Mme Jessica Neuwirth.


La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a également discuté avec le Représentant du Secrétaire général pour les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays, M. Walter Kalin.  Celui-ci a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle appuie la pleine mise en œuvre de la Convention africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique, adoptée la semaine dernière à Kampala, en Ouganda, lors d’un Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur ce sujet.


Le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants, M. Jorge Bustamante, a fait part, de son côté, de sa profonde inquiétude concernant la protection des droits fondamentaux des migrants.  Dans le contexte actuel de crise économique et financière, on assiste à une recrudescence d’hostilité, d’intolérance, de discrimination et de xénophobie dans les pays de transit et de destination, a-t-il affirmé, tout en demandant que soit prise une « position ferme sur la pénalisation de la migration irrégulière ».  M. Bustamante a, de même, plaidé en faveur de la protection des droits de l’enfant migrant qui devrait être assurée « à la fois par les États d’origine, de transit et d’arrivée à chaque étape du processus migratoire et dans toutes les procédures ».


En outre, la Commission a repris son débat général auquel les délégations suivantes ont participé: Surinam, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mexique, au nom du Groupe de Rio, Suède, au nom de l’Union européenne, Liechtenstein, Japon, Fédération de Russie, Pakistan, Colombie, Chine, Maroc, Kazakhstan et Thaïlande.  L’Observateur du Saint-Siège s’est également exprimé.


La Troisième Commission reprendra ses travaux demain à 10 heures.


Promotion et protection des droits de l’homme : questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales ( A/64/211, A/64/213 et A/64/214 )


Présentation de rapport


L a protection des personnes déplacées et l’assistance à leur apporter (A/64/214)


Le Secrétaire général, dans cette note, transmet à l’Assemblée générale le rapport que son Représentant pour les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays, M. Walter Kälin, a établi conformément aux dispositions des résolutions 62/153 de l’Assemblée générale et 6/32 du Conseil des droits de l’homme.


Le  rapport du Représentant du secrétaire général offre une vue d’ensemble de la situation qui règne actuellement en matière de déplacement interne; examine les liens qui unissent changements climatiques et déplacements internes; et décrit le mandat du Représentant et les activités que celui-ci a menées entre août 2008 et juillet 2009.


Les déplacements internes comptent toujours parmi les principaux problèmes qui se posent dans le monde dans le domaine humanitaire et sur le plan des droits de l’homme, et les droits fondamentaux de nombreux déplacés sont gravement bafoués.


L’importance du respect des droits de l’homme dans le cadre des déplacements internes est de plus en plus reconnue sur la scène internationale et régionale, et il faut concrétiser cette prise de conscience en adoptant des mesures efficaces pour protéger ces droits aux échelons national et local.


Cela requiert d’adopter des lois et des politiques cohérentes, d’établir des mécanismes de coordination et d’exécution efficaces et de dégager des ressources financières et humaines suffisantes.  Tout doit être mis en œuvre pour mobiliser les volontés politiques et améliorer les cadres nationaux, afin de prévenir les déplacements internes et de protéger les droits fondamentaux des déplacés.


Le Représentant recommande donc aux États Membres de mettre leurs administrés à l’abri des déplacements internes liés à un conflit ou à d’autres formes de violence en se conformant strictement aux obligations qui sont les leurs en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.


Il leur recommande d’exercer leur devoir de précaution en protégeant les personnes des actes de violence commis par des acteurs non étatiques armés, y compris des groupes criminels, et des déplacements arbitraires.


Le Représentant engage vivement les États à continuer d’examiner ces questions dans le cadre des négociations en cours de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le nouvel instrument international qui sera élaboré, comme on l’espère, à l’issue de ces négociations
sera la pierre angulaire de toutes les grandes initiatives qui pourront être lancées dans les prochaines années pour lutter contre les changements climatiques.  Il est donc primordial que l’instrument post-Kyoto relatif aux changements climatiques tienne compte du problème des déplacements liés aux effets des changements climatiques et prévoie parmi les mesures d’adaptation des interventions appropriées.


Déclaration liminaire


M. WALTER KÄLIN, Représentant du Secrétaire général pour le droit de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays, a indiqué qu’il revenait de Kampala, en Ouganda, où il a assisté la semaine dernière au Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.  Il a assisté également à un événement historique marquant l’adoption de la Convention africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées à l’intérieur de leur pays en Afrique dont l’importance ne saurait être sous-estimée.  Il a souligné que cette Convention contraignante était la première et constituait un tournant extraordinaire et un souffle d’espoir pour environ 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur par des conflits en Afrique et pour bien d’autres déplacées par des catastrophes naturelles.  Elle représente aussi un modèle pour d’autres régions.  Il a rendu hommage à l’Union africaine pour avoir pris les devants et mis au point une telle Convention et a exhorté tous les États africains à la ratifier.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour saisir cette occasion et appuyer sa pleine mise en œuvre.


M. Kälin a fait une synthèse de ses activités au cours de l’année écoulée et a mis l’accent sur les changements climatiques et les catastrophes naturelles, les déplacements à l’intérieur et sur les processus de paix ainsi que sur la recherche de solutions durables pour les personnes déplacées à l’intérieur.


Les changements climatiques augmentent la fréquence et l’ampleur des catastrophes soudaines dues au climat, comme les inondations et les ouragans, ou plus lentes, telle que la désertification.  Les effets négatifs de telles catastrophes peuvent être jugulés par l’adoption de mesures de réduction des risques et on s’attend à ce que le nombre des personnes déplacées par ce type de catastrophes aille en augmentant.  La plupart d’entre elles resteront dans leur pays et deviendront donc des déplacées auxquelles les principes directeurs de l’ONU sur les personnes déplacées à l’intérieur s’appliquera également.  Il est crucial, en conséquence, que les gouvernements et les acteurs humanitaires leur fournissent protection et assistance.  M. Kälin a instamment invité tous les États à faire en sorte que le déplacement forcé soit aussi couvert par le régime de gestion des risques et d’adaptation du nouveau cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.


M. Kälin a affirmé que la recherche de solutions durables pour les déplacés à l’intérieur constituait un élément essentiel d’un processus de paix réussi puisque la manière dont il est abordé dans les accords de paix prédétermine la façon dont ce problème est traité au lendemain des conflits.  Il a estimé que de nombreux accords de paix ne reflétaient pas suffisamment la question des déplacés.  C’est pour cette raison qu’au cours des derniers 18 mois, en coopération avec la médiation du groupe d’appui du Département des affaires politiques, la communauté humanitaire, et les experts de médiation et des droits de l’homme, il avait élaboré un guide sur le déplacement interne et les processus de paix à l’usage des médiateurs.  Il a également travaillé plus étroitement avec la Commission de consolidation de la paix par le biais de l’engagement de pays en République centrafricaine et a salué le fait que le cadre stratégique spécifique reprenait un grand nombre de recommandations qu’il avait soumises sur la base de ses visites de travail dans ce pays en février dernier.  Il a lancé un appel aux acteurs engagés actuellement dans des processus de paix ou de maintien de la paix à aborder de manière efficace et concrète les besoins particuliers des personnes déplacées à l’intérieur à l’issue de conflits armés.


Dans plusieurs missions au cours des cinq dernières années, il a constaté qu’une solution de retour durable posait un défi considérable.  Il s’est dit choqué par la violence dont les déplacés souffrent, notamment en Somalie dans un environnement d’impunité.  Ces déplacés représentent environ 1,5 million de personnes qui sont extrêmement vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.  Il faut des plans pour transformer l’action en moyens de vie permanents pour résoudre le problème du recrutement forcé, surtout des enfants par les forces radicales.  Au Sri Lanka, il a discuté de stratégies à trois plans (retour, libération des familles et transfert dans la région avant le retour).  Il s’agit de renforcer les procédures de tri et libérer ceux qui ne posent pas de problèmes de sécurité.  Il a souligné que le retour dans le nord devait se faire conformément aux normes internationales avec le rétablissement de mouvement au plus tôt.


Les Principes directeurs sont bien établis comme un cadre de retour des personnes déplacées à l’intérieur avec une approche qui a entraîné une assistance humanitaire, a-t-il souligné.  Il s’est inquiété de voir que les conflits se faisaient au mépris de la population civile dans de nombreuses parties du monde et que l’espace humanitaire se rétrécissait dans de multiples régions.  D’autre part, de nombreuses situations de déplacement de longue durée au début de son mandat sont restées sans changement.


Échange de vues


La représentante de la Suède, au nom de l’Union européenne (UE), a rappelé qu’il s’agissait du dernier rapport de M. Kälin et a évoqué le lien entre les effets des changements climatiques et les déplacements, craignant qu’il y en ait de plus en plus.  Elle a voulu avoir plus de détails sur les discussions au sein du comité permanent sur cette question et, avec les agences humanitaires.  Évoquant les principes directeurs sur les personnes déplacées, qui constituent un cadre normatif très important, elle a demandé comment celui-ci était utilisé avec les organisations régionales et a désiré avoir des détails sur la Convention récemment adoptée par l’Union africaine sur les personnes déplacées.  Elle a également posé une question sur les accords d’entente que le Représentant du Secrétaire général avait signés.


Le délégué de la Suisse a confirmé son engagement pour la promotion des droits des personnes déplacées à l’intérieur.  Il a demandé quelles actions seraient nécessaires pour que les déplacés puissent vraiment bénéficier de la nouvelle Convention africaine.  De même, il a demandé quelles étaient les mesures prévues par les autorités sri-lankaises et d’autres acteurs afin de faire face à la situation d’environ 250 000 déplacés au Sri Lanka.  Comment créer des conditions propices au retour de ces personnes d’une manière consentie et libre et, dans le plein respect de la liberté de mouvement?


Le délégué de la Côte d’Ivoire a estimé que le rapport de M. Kälin était courageux et visait à réduire l’impact des effets climatiques, notamment sur les personnes déplacées à l’intérieur.  Comment envisager d’aider les États à s’acquitter de protéger les populations des groupes armés, a-t-il demandé.


Le représentant du Chili a noté que dans toute situation grave, il était préférable d’accorder la priorité aux organisations régionales.  Il a demandé comment la crise alimentaire avait affecté les populations, surtout dans des pays émergents d’un conflit armé.


Le délégué de la Norvège a voulu savoir comment le Représentant du Secrétaire général veillera au suivi avec les gouvernements africains pour la mise en œuvre de la nouvelle Convention sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique.


Le représentant des États-Unis a attiré l’attention sur le rôle significatif joué par M. Kälin pour attirer l’attention et résoudre le calvaire des déplacés.  Évoquant des difficultés entre la nécessité de protéger ces personnes et les effets du climat, il a demandé quels moyens pouvaient être mis en œuvre, en particulier pour les personnes déplacées de force, et quels critères allaient être utilisés pour déterminer à quel moment un déplacement devrait prendre fin.


La représentante du Royaume-Uni a fortement dénoncé l’impunité et a demandé quelles mesures de responsabilisation pourraient être mises en place pour contribuer à réduire le problème des déplacés.  L’évaluation faite par M. Kälin sur les conditions de vie des personnes dans les camps a été très utile, a-t-elle dit, demandant quelles mesures devaient prendre les Nations Unies pour remédier à la situation de long déplacement au Sri Lanka et au Pakistan par exemple.


Le représentant du Liechtenstein a jugé que les conclusions du rapport constituaient une source de préoccupation.  Les déplacements sont un défi majeur à la lumière des conséquences des catastrophes naturelles.  Il a cité les différentes organisations de l’ONU qui œuvrent à les soulager et la coordination avec le Représentant du Secrétaire général, souhaitant savoir comment faire plus et mieux.


La délégation de l’Autriche a appuyé les travaux de M. Kälin sur la promotion des droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur détaillant la coopération avec les autres organes de l’ONU dans ce domaine.  Le déplacement à l’intérieur doit être résolu sur le terrain, a-t-elle dit, s’interrogeant sur les modèles législatifs à développer.  Elle s’est demandé quels mécanismes juridiques pourraient faire de leur réinsertion un succès.


Le représentant du Brésil a évoqué l’augmentation du nombre des déplacés qui nécessite des solutions durables.  Les changements climatiques constituent une priorité.  Il a cité le paragraphe 100 du rapport sur les effets de ces changements sur les personnes déplacées, de plus en plus reconnus par les pays membres.  Il existe un lien de cause à effet mis en exergue dans le rapport.  La conclusion d’une réunion de la Convention-cadre sur les changements climatiques est claire sur la nécessité de ne pas séparer les déplacés de cette question.  L’incidence des changements climatiques est évidente.  Le degré d’incertitude augmente d’autant plus.  Il a demandé des éclaircissements à ce sujet.


La déléguée de la Serbie a fait état de la visite de suivi dans son pays en juin-juillet portant sur les déplacements des personnes depuis 10 ans dans, a-t-elle dit, les « provinces du Sud », en particulier des Albanais.  Seuls quelques milliers sont revenus dans la province car la majorité, en raison de l’instabilité et de l’hostilité dont ils font l’objet sur place.  Elle a cité parmi d’autres problèmes le chômage, le manque d’écoles, les difficultés à reconstruire des logements.  Que peuvent mettre en œuvre les acteurs sur le terrain, a-t-elle demandé.


Le représentant du Sri Lanka a salué l’attitude positive de M. Kälin qui porte un nouveau regard sur cette problématique difficile.  Sur cette question, il a confirmé la tendance à la diminution du nombre de déplacés dans les camps dans son pays, camps mis en place il y a cinq mois à cause, a-t-il dit, des violences des Tigres tamouls, lesquels ont été vaincus.  La restauration des services communs à toutes les régions dévastées et le déminage restent toutefois un défi.  Il a assuré M. Kälin de la pleine coopération de sa délégation.


Le représentant du Canada a salué les efforts de M. Kälin pour promouvoir les droits des personnes déplacées et l’intégration de ce thème au sein de l’ONU.  Il a souligné que les incidences des changements climatiques sur les personnes déplacées relevaient désormais de principes constituant un cadre normatif pour ces personnes.  Quelle a été la réponse des États Membres, notamment ceux affectés par les changements climatiques, à de tels principes, a-t-il demandé.


La représentante de la République arabe syrienne a posé une question relative aux dangers auxquels sont exposés les déplacés à l’heure du retour libre chez eux.  Elle a souhaité que ce droit ne soit pas violé par l’État.  Elle a mis l’accent sur la responsabilité de l’État dans le cas de l’occupation étrangère qui encourage parfois ces populations à se déplacer.  Comment garantir ce droit et cette assistance, quelle est la responsabilité de la communauté internationale à ce propos, a-t-elle demandé.


La représentante de l’Éthiopie a estimé qu’il était essentiel de mettre en œuvre la Convention africaine pour alléger le problème des personnes déplacées, mais que cela prendrait du temps.  Quelles mesures pourraient faciliter l’entrée en vigueur de ce nouvel instrument et sa mise en œuvre, a-t-elle demandé.


Le délégué du Soudan a jugé évident que les causes du déplacement étaient la conséquence du colonialisme qui a placé des frontières à l’intérieur des pays, créant ainsi des séparations artificielles qui ont contribué à la division des tribus et des familles.  Le Soudan est un cas extrêmement édifiant à cet égard, a-t-il dit.  Il est aussi clair que les changements climatiques ont des conséquences, a-t-il ajouté.  Comment renforcer la politique nationale pour faire face aux changements climatiques et aux problèmes des personnes déplacées à l’intérieur du pays, a-t-il demandé.


L’observateur de la Chambre de commerce international (ICC) a rappelé la commémoration du soixantième anniversaire de la Convention de Genève.  Il faut mettre les responsables devant leurs responsabilités, a-t-il dit, ajoutant que le respect de règles communes pourrait contribuer à aider à sortir de cette situation.


Le Représentant du Secrétaire général a repris la parole à la fin de la session de questions pour remarquer que plusieurs de celles-ci portaient sur les changements climatiques, les déplacements ainsi que sur les obligations des États.  Les changements climatiques ne déplacent pas les personnes, ce sont ses effets, a-t-il remarqué.  La désertification, la contamination des nappes phréatiques et d’autres phénomènes naturels et du fait de l’homme rendent la terre inutilisable et poussent au déplacement.  Durant ses cinq ans de mandat, M. Kälin a tenté d’identifier les situations typiques où le déplacement est causé par les effets des changements climatiques et d’œuvrer à l’adoption de principes normatifs à différents niveaux.  Ces principes traitent de catastrophes dues à l’action humaine.  Concernant les actions possibles, il serait nécessaire de reconnaître que, d’une part, fuir le danger peut être une manière d’y échapper, mais que cette fuite est susceptible de créer d’autres problèmes puisque cela a de nouvelles incidences sur les personnes et sur l’environnement.


Sur le cadre normatif et la mise en œuvre des principes et le travail d’organisations régionales comme l’Union africaine, il a affirmé qu’ils avaient pour vocation de devenir un instrument d’appui aux gouvernements.  Une approche du bas vers le haut est nécessaire pour travailler au niveau régional.  Il s’est déclaré satisfait de ce qui a été fait ces dernières années en la matière et a assuré qu’il continuerait de faire pression sur les gouvernements en vue de la ratification de la nouvelle Convention de l’Union africaine (UA) pour la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique.  Le vrai défi consistera à la mettre en œuvre et, donc, à établir un cadre juridique adéquat.  Parfois, des pays, même avec de la bonne volonté, ne disposent pas de cadre ou de mécanisme de mise en œuvre nécessaire.  Les pays devraient identifier les lacunes, les cadres juridiques, renforcer les capacités et allouer les ressources nécessaires.  Dans ce contexte, a-t-il dit, la communauté internationale devra également jouer son rôle.


Des directives sont adoptées pour le retour des personnes mais celui-ci échoue dans de nombreux cas puisque l’on n’examine pas tous les éléments pertinents pour un retour durable.  Il a insisté sur le libre choix des personnes à rentrer chez elles ou à rester dans le pays d’accueil.  Les solutions durables dans ces divers lieux ont été trouvées lorsque les déplacés n’avaient plus de besoins particuliers, besoins qu’ils n’auraient pas eus s’ils n’avaient pas été déplacés.  Il faut des indemnisations afin de leur permettre de reprendre une vie normale et avoir une solution durable pour refaire leur vie.  Les personnes déplacées doivent pouvoir vivre normalement, avoir un emploi, des activités économiques, etc.  Le droit au retour n’écarte pas les autres droits, a-t-il souligné.


Au Sri Lanka, où il s’est rendu en septembre 2008 pour trouver des solutions pratiques en concertation avec les autorités, il a convenu, avec le Ministre chargé des déplacés, qu’il fallait poursuivre la campagne de sensibilisation et trouver une solution durable aux nombreuses personnes qui doivent en bénéficier.  Il a évoqué une prochaine visite au Pakistan et a dit attendre une réaction des autorités du pays.  M. Kälin a observé diverses tendances de mépris pour les principes du droit humanitaire international qui affectent les personnes déplacées comme le terrorisme, la violence avec des effets directs sur les droits fondamentaux des déplacés et l’impunité.  Ces problèmes sont exacerbés par les acteurs publics et non étatiques, a-t-il affirmé.  Il existe un climat d’impunité avec un accroissement des actes de violence et des crimes contre la population civile qui aboutissent à ce que davantage de personnes se retrouvent dans une situation de déplacés qui dure.


Présentation de rapport


Les droits de l’homme des migrants (A/64/213)


Par cette note, leSecrétaire général transmet à l’Assemblée générale le rapport du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants, Jorge Bustamante, présenté conformément à la résolution 63/184 de l’Assemblée et à la résolution 8/10 du Conseil des droits de l’homme et portant sur les activités menées entre janvier 2008 et juin 2009.


Dans ce rapport, M. Bustamante s’attache en particulier à l’analyse de la protection des enfants dans le contexte des migrations.  À cet égard, il demande aux États Membres de garantir la protection de l’enfant dans toutes les situations migratoires, quel que soit son statut ou celui de sa famille au regard de l’immigration.  Il faut accorder la priorité à son intérêt supérieur dans toutes les initiatives et mesures prises le concernant à tous les niveaux, précise-t-il.


Il affirme qu’une bonne gestion des migrations devrait avoir pour principe directeur de garantir le respect des droits fondamentaux reconnus internationalement à tous les migrants –à toutes les étapes de leur processus– quel que soit leur statut au regard de l’immigration.


Dans ce contexte, les lois et politiques de l’immigration doivent comprendre des dispositions concrètes visant à protéger les droits de l’enfant dans le cadre des migrations et à répondre à leurs besoins particuliers dans diverses circonstances.


Le Rapporteur spécial invite les États Membres à tenir compte du principe de la non-expulsion des enfants non accompagnés.  En vertu de ce principe, un enfant ne peut pas, en effet, être rapatrié si cette démarche ne sert pas son intérêt supérieur, c’est-à-dire la réunification familiale.  En tout état de cause, cette expulsion ne peut se faire qu’à l’issue d’une procédure régulière.


Dans les situations où il y aurait eu des violations des droits de l’homme des migrants, il cite entre autres la détention arbitraire et la mise au secret; le rapatriement de migrants menacés de tortures dans leurs pays d’origine, le racisme, la xénophobie, la discrimination et l’intolérance connexe contre les migrants, les menaces sur la vie et la sécurité physique, les exécutions sommaires; l’usage disproportionné de la force, l’expulsion de migrants mariés à des nationaux, menaces contre la liberté d’association, déportations et expulsions collectives, disparitions forcées et violence contre les migrantes.


Le Rapporteur spécial a été au Mexique du 9 au 15 mars 2008 et son rapport à ce sujet figure comme additif à son rapport à la onzième session du Conseil des droits de l’homme.  Il y met l’accent sur certains des efforts déployés par les autorités mexicaines pour améliorer la gestion des centres de détention, surpeuplés, la formation des agents de la police des frontières, le retour et la protection des enfants.  Il s’inquiète cependant des allégations d’impunité dans des cas de corruption –notamment pots de vin et extorsion-, de violence contre les femmes et le trafic d’enfants.


Du 24 au 28 mars de la même année, le Rapporteur spécial s’est rendu au Guatemala, pays d’origine, de destination et de transit de migration en Amérique centrale.  Il a soulevé les problèmes du trafic et de la traite des personnes, de la situation des mineurs non accompagnés, des pots de vin et de l’extorsion dans le système judiciaire et la police, parmi une série de problèmes relevé dans le pays.  Après sa visite en Roumanie, du 15 au 20 juin 2009, il a souligné que la migration des travailleurs était l’une des grandes questions de la politique intérieure et étrangère de ce pays.  Il a noté deux tendances opposées: le recul de la traite des personnes d’une part et la hausse des travailleurs migrants d’autre part.


M. Bustamante a aussi effectué une visite au Royaume–Uni du 22 au 26 juin de cette année et a constaté que le Gouvernement s’était véritablement employé à mettre en place une politique migratoire qui, tout en fixant les conditions de séjour et d’expulsion des étrangers, respectait les principes des droits de l’homme.  Il reste cependant un nombre élevé d’allégations de cas de détention prolongée de migrants en situation irrégulière en attente d’être expulsés.


Il a rappelé que les migrations ne sont pas un fait nouveau pour les enfants qui en ont toujours été touchés puisque dans les pays d’origine, elles affectent les enfants qui restent au pays, que dans les pays de transit, elles ont des conséquences sur les enfants migrants avant et après leur arrivée.  Dans les pays de destination, les enfants migrants sont éprouvés à l’arrivée ainsi que lors de leur séjour.


Déclaration liminaire


M. JORGE BUSTAMANTE, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants, a rappelé les principales atteintes aux droits des migrants, notamment au sujet des droits des enfants migrants et des femmes et travailleuses migrantes.  Il a replacé ces informations dans le cadre du contexte actuel de crises économique et financière.  En effet, cette année a été particulièrement alarmante eu égard à la protection des droits fondamentaux des migrants.  Avec la baisse économique, une recrudescence d’hostilité, d’intolérance, de discrimination et de xénophobie ont augmenté dans les pays de transit et de destination.  Il a souligné le besoin d’une méthode sérieuse pour faire face au racisme et à la xénophobie.  Il a prôné une position ferme sur la pénalisation de la migration irrégulière.


M. Bustamante a insisté sur le fait que la protection des droits de l’enfant migrant, qui avait constitué un point important de son activité cette année, devrait être assurée, à la fois, par les États d’origine, de transit et de destination à chaque étape du processus migratoire ainsi que dans toutes les procédures.  Ces derniers peuvent en effet être victimes de crime transnational organisé, ce qui inclut la pornographie et la prostitution infantile.  Selon lui, il faut tenir compte de la dimension sexospécifique de la migration.


Le Rapporteur spécial en a profité pour préciser que de nouveaux États avaient adhéré à la Convention internationale pour la protection des droits de l’homme des travailleurs migrants et de leur famille.  Il a demandé à ce que les États harmonisent leur législation en vertu de cette convention.  Il a demandé la même chose au sujet de la Convention sur les droits de l’enfant, qui constitue un élément de protection des enfants migrants.


M. Bustamante a souligné l’importance qu’il y a à faire face aux lacunes de protection.  Ces lacunes, a-t-il précisé, sont l’absence de dispositions particulières sur les enfants dans les lois sur la migration et l’absence de mention aux enfants migrants dans les politiques publiques destinées aux enfants en général.  Ces deux lacunes peuvent être comblées.  La première peut l’être en harmonisant la loi avec la Convention sur les droits de l’enfant et d’autres instruments normatifs régionaux et internationaux, et la seconde en harmonisant les politiques nationales avec la Convention internationale sur la protection des droits de l’homme des travailleurs migrants et de leur famille.


Échanges de vues

Le représentant de la République islamique d’Iran a demandé si le Rapporteur spécial avait des mesures à recommander aux pays hôtes pour réduire les abus de droits humains à l’égard des migrants.  Il a évoqué la révision des droits fondamentaux des migrants à Durban.  Il a ainsi demandé des précisions sur la nouvelle méthode de lutte contre le racisme.  Il s’est aussi interrogé sur la nature de la collaboration entre M. Bustamante et les autres Rapporteurs spéciaux.


La représentante de la Suède, au nom de l’Union européenne (UE), a dit que cette question des droits des migrants devrait être abordée de manière globale compte tenu de la responsabilité des pays d’origine et de réception.  Concernant la protection des enfants, et étant donné que la situation des enfants variait, elle a demandé au Rapporteur spécial s’il avait pu établir des principes généraux qu’il recommande.


Le représentant du Mexique a déclaré que la semaine dernière, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme avait défini les droits fondamentaux dans la migration.  Elle a demandé comment promouvoir cette méthode au Nations Unies, surtout concernant les droits supérieurs de l’enfant.


Le représentant du Pérou a dit que le problème de la migration contenait des éléments qui étaient liés aux pays d’origine, de transit et d’accueil.  C’est la question d’une responsabilité partagée, a-t-il dit, notant que ce point n’était pas inclus dans les documents de l’Assemblée générale comme un élément constamment réexaminé.


La représentante du Guatemala a évoqué les visites dans son pays du Rapporteur spécial, lequel a relevé les efforts du Gouvernement pour mettre au point des méthodes de communication visant à aider les migrants.  Elle a demandé ce qui pouvait être fait pour que les migrants aient un traitement préférentiel lorsqu’ils se trouvent dans des situations irrégulières.  Elle a aussi fait état des attaques dont sont victimes les migrants dans les pays de destination.


M. Bustamante a répondu à la République islamique d’Iran que les bonnes pratiques significatives étaient celles où les pays avaient décidé d’établir un signe d’égalité entre les enfants migrants et les enfants ayant la nationalité du pays.  Au sujet de la crise, il a affirmé que l’Organisation internationale du Travail (OIT) avait parlé d’un modèle de non-retour de migrants alors que l’on pensait que les personnes reviendraient à cause du chômage, résultant de la crise.  Or, ils restent dans le pays en ayant recours à certains filets de sécurité, a-t-il expliqué.  Selon lui, l’aspect des droits de l’homme à examiner est ainsi l’exploitation des migrants en raison de la crise.  Il a rappelé qu’il y avait de grands pays d’accueil qui n’avaient pas ratifié la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.  Il s’agit d’une question de pouvoir dont la communauté internationale devrait se sentir préoccupée, a-t-il estimé.


En réponse à la question de l’Union européenne, il s’est dit préoccupé par la criminalisation des migrants dans la législation de l’Union européenne.


Concernant la question du Mexique, il a déclaré que les mesures de protection des droits de l’enfant devaient insister sur le travail des enfants.  Il s’agit, en effet, d’un phénomène important, notamment en Amérique latine, et auquel les gouvernements devraient accorder plus d’importance car il viole les normes internationales.


En réponse au Pérou sur la coresponsabilité des États dans le processus migratoire, il a souligné que le phénomène d’immigration internationale correspondait à des causes et à des conséquences bilatérales.  Or, la question de la demande particulière pour des travailleurs sans papiers est négligée dans le débat et cela a été un obstacle pour traiter le problème, a assuré M. Bustamante.


Présentation de rapport


Protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste (A/64/211)


Le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales de la lutte antiterroriste, M. Martin Scheinin, demande aux États de « prendre toutes les mesures voulues pour rechercher, établir et contrôler les effets sexistes des mesures antiterroristes sur les femmes et sur les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transsexuels et les hermaphrodites en les signalant notamment aux organisations intergouvernementales.


M. Scheinin fait l’inventaire, dans son rapport transmis par cette note du Secrétaire général,de la fréquence et de la nature des violations des droits de l’homme à motivation sexiste découlant des mesures antiterroristes et étudie le lien complexe qui existe entre la lutte pour l’égalité des sexes et la lutte contre le terrorisme.


Nombre de mesures examinées concernent les droits fondamentaux des femmes mais la problématique sexuelle ne concerne pas exclusivement les femmes.  Elle renvoie en fait aux constructions sociales qui sous-tendent la façon de définir et de comprendre les rôles, les fonctions et les responsabilités qui incombent aux femmes comme aux hommes, en relation notamment avec leur orientation et leur identité sexuelles.


Outre les droits fondamentaux des femmes, le Secrétaire général analyse donc les effets des mesures antiterroristes, différenciés selon les sexes et les diverses orientations et identités sexuelles.  Il étudie également comment l’appartenance sexuelle s’articule avec d’autres motifs prohibés de discrimination, comme la race et la religion.


Le Rapporteur spécial recommande aux États de mettre fin à l’impunité de toutes les violations sexistes des droits de l’homme, directes et indirectes, commises au nom de la lutte contre le terrorisme, y compris les violations des droits économiques, sociaux et culturels, et de prévoir des voies de recours pour les victimes.


Il les invite également à veiller à ce que les mesures antiterroristes ne ciblent ni n’empêchent des activités qui ne sont pas des actes de terrorisme, comme l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique et d’association par les défenseurs des droits fondamentaux des femmes et des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transsexuels et des hermaphrodites.


Comme il l’avait déjà fait l’année dernière, M. Scheinin réitère sa position sur les sanctions et considère que le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires devraient poursuivre le processus de réforme du mode d’inscription des individus et des entités sur la liste des terroristes pour veiller au respect intégral des droits l’homme lors de l’imposition et de l’application des sanctions qui en découlent, et inscrire dans cet examen une évaluation de la problématique sexuelle.

D’autre part, le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires devraient poursuivre le processus de réforme du mode d’inscription des individus et des entités sur la liste des terroristes pour veiller au respect intégral des droits de l’homme lors de l’imposition et de l’application des sanctions qui en découlent, et inscrire dans cet examen une évaluation de la problématique sexuelle.


Déclaration liminaire


M. MARTIN SCHEININ, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, a déclaré qu’il s’adressait à la Troisième Commission pour la cinquième fois et que, cette année, il y avait des signes prometteurs car plus de gouvernements s’écartaient de cette pratique.  Des États ont catégoriquement déclaré, par exemple, qu’ils rejetaient la torture et le recours à des actes de terrorisme.  Malgré cette note optimiste, il faut rester vigilant concernant les nouvelles formes de lutte contre le terrorisme.  Il a évoqué sa visite en Égypte, et l’engagement de ce pays à remplacer l’état d’urgence par une loi contre le terrorisme.  Il a exprimé son souhait d’assister à certains procès portant sur le terrorisme et visiter des lieux de détention.  Il a indiqué avoir dû annuler sa visite en Tunisie en dépit de ses contacts avec les autorités.  Il est invité en Islande et a souhaité avoir d’autres formes de coopération avec la Fédération de Russie notamment.


M. Scheinin a traité dans ses rapports de la question de la parité entre les sexes, notamment de la situation très difficile des femmes palestiniennes lors des contrôles accrus aux frontières. Il a attiré le fait que les femmes, et les femmes enceintes sont souvent victimes du tri lors de la recherche de terroristes.  Il faut, a-t-il dit, garantir la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Le rapport va au-delà des droits de l’homme, il se penche sur les mesures antiterroristes et sur leur impact sur les femmes, les homosexuels, les transsexuels dont les droits sont bafoués, par des viols, des exactions et des harcèlements administratifs.


Il faut inclure des schémas de réparation, a-t-il dit.  Les États doivent cesser de harceler des femmes et des enfants malmenés pour les utiliser comme indicateurs.  Cela devrait être empêché et puni, même quand ces méthodes de torture sont appliquées dans des situations de lutte contre le terrorisme.  La diversité et l’égalité entre les sexes, ainsi que les personnes appartenant à des minorités sexuelles doivent être vues comme des forces et non des groupes à surveiller ou à harceler dans le cadre de la lutte antiterroriste.  Le rapport conclut avec quatre recommandations aux organismes des Nations Unies.


Échange de vues


La déléguée de la République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe africain, a estimé que le rapport de M. Scheinin illustrait une tentative d’introduction d’une notion très controversée.  Il n’y a pas consensus sur les genres, a-t-elle en effet déclaré, jugeant inquiétant ce rapport, qui, a-t-elle dit, contient des notions d’orientation et d’identité sexuelles autres que celle internationalement agréés dans les instruments relatifs aux droits de l’homme.  Une chose est d’évoquer au passage ces notions, une autre chose est d’en faire l’essentiel de son travail, a-t-elle ajouté.  M. Scheinin a élargi son mandat au-delà du Code de conduite des procédures spéciales, a-t-elle expliqué.  Elle a cité en particulier le paragraphe 2 c) de la résolution 6/28 du Conseil des droits de l’homme qui établit le mandat du Rapporteur spécial en lui demandant d’intégrer une dimension d’égalité des sexes dans toutes les activités menées dans le cadre de son mandat.


En mettant la question des femmes sur un pied d’égalité avec celle de l’homosexualité, le Rapporteur spécial a utilisé une approche risquant de saper la crédibilité de tout le système des mandats spéciaux, a-t-elle souligné.  Elle a regretté, en outre, que les sources ne soient pas crédibles dans le rapport.  Le Rapporteur spécial a négligé son engagement à se fonder sur des faits fiables basés sur des preuves.  Elle a jugé inacceptable le fait que le Rapporteur n’ait pas pris en compte, comme il se doit, les informations particulières qui lui ont été communiquées par les États sur des situations relevant de son mandat.  Elle a indiqué avoir l’impression que tout n’a pas été fait pour que le Conseil des droits de l’homme soit le premier récipiendaire de ce rapport.  Selon elle, l’attitude du titulaire de ce mandat est en violation de l’article 12 du Code de conduite et sape son indépendance.  Elle a exprimé sa tristesse face à un tel rapport et à une telle situation.


La représentante de Sainte-Lucie a souligné sa volonté de respecter les droits de l’homme de toutes les personnes.  C’est pour cette raison que son pays appuie les mandats des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.  Il faut disposer de faits fiables et le Rapporteur a modifié son mandat, accepté à l’échelle universelle sur la question de la parité, a-t-elle dit.  Elle a estimé qu’il s’était inspiré d’autres opinions subjectives bien que les droits liés à ces personnes, notamment celui de ne pas faire l’objet de discrimination, soit compris.  Mais cela, a-t-elle poursuivi, ne s’inscrivait pas dans le mandat du Rapporteur spécial.  Elle a demandé de nouvelles mesures pour aborder cette lutte dans le cadre sexospécifique et a prié le Rapporteur spécial de respecter son mandat.


Le représentant de la Malaisie, au nom de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a mis l’accent sur l’impartialité, l’objectivité et l’indépendance des titulaires de mandat.  Le Conseil des droits de l’homme, en prolongeant le mandat du Rapporteur spécial, a pour objectif que ce dernier travaille d’abord sur ses tâches de base, en l’occurrence, ici, de s’occuper de l’incidence, sur les femmes et les hommes, des mesures antiterroristes.  Le Rapporteur spécial a outrepassé son mandat, a-t-il estimé.  Il a jugé en outre que, dans son rapport, il n’avait pas fait preuve d’objectivité en tenant compte de faits fiables, reposant sur les règles d’administration des preuves, respectant divers articles du Code de conduite.  Il a recommandé au Rapporteur spécial de s’en tenir à son mandat de base et l’a prié de renforcer la confiance dont il doit jouir en faisant en sorte que ses recommandations ne dépassent pas son mandat.  L’OCI regrette de ne pouvoir examiner cette question, a-t-il affirmé.


Le représentant du Soudan, au nom du Groupe arabe, a estimé que le rapport s’écartait du mandat du Rapporteur spécial, car il tente d’entraîner les États Membres vers un débat sur lequel il n’y a pas consensus.  De même est-il subjectif, car, a-t-il précisé, il assume les désirs et les penchants erronés de personnes ayant des implications sexuelles particulières.  Il a exprimé ses regrets devant la position de M. Scheinin qui détourne des efforts internationaux visant à garantir l’autonomisation des femmes et la garantie de leurs droits.  Il a rappelé la résolution du Conseil des droits de l’homme définissant le mandat du Rapporteur spécial.  Les définitions incluses dans son rapport sur la parité constituent une question qui fait l’objet de divergences au sein des Nations Unies, a-t-il dit.  Les titulaires de mandat doivent vérifier les faits et informations qu’ils publient dans leurs rapports, a-t-il ajouté.  Il a jugé que

ses conclusions n’avaient pas un caractère légal conformément au Code de conduite adopté il y a deux ans par le Conseil des droits de l’homme.  Le mandataire et les gouvernements ont une responsabilité partagée et le titulaire de mandat doit respecter la sienne, a-t-il dit.  Il a regretté que le rapport viole toutes ces mesures, en particulier celle figurant dans l’article 12.  Le Groupe arabe exprime son profond regret face au comportement du Rapporteur spécial, qui doit tenir compte et respecter le mandat dans lequel il doit travailler.


Le représentant des États-Unis a souligné que M. Scheinin avait abordé des questions qui ne l’avaient jamais été auparavant.  Le mot « genre » est compris dans son acception habituelle dans les conférences des Nations Unies, a-t-il dit, précisant qu’il comptait toujours sur cette définition.  Il a défendu l’indépendance des détenteurs de mandat.  Pour ce qui est des politiques antiterroristes et l’impact sur les femmes, il s’agit de protéger ces dernières, a-t-il souligné, regrettant l’effet négatif de certaines politiques de lutte antiterroriste sur les femmes et leurs familles.


L’observateur du Saint-Siège a rappelé que le terrorisme déshumanisait les êtres humains et que les hommes et les femmes faisaient face à des abus et violations.  Le terme « genre » doit être pris dans son sens ordinaire à savoir qu’il repose sur l’identité biologique homme-femme.  Il repose sur la définition de la Conférence de Beijing et celle contenue dans le Statut de Rome.  Il faut affirmer que toute personne a une valeur et une dignité, a-t-il encore expliqué.


La représentante de l’Australie a mis l’accent sur les effets que les activités terroristes et antiterroristes ont sur les femmes et les hommes.  Elle a souhaité que les lois antiterroristes soient équilibrées et a appuyé la recommandation de M. Scheinin appelant à un équilibre entre les sexes dans toutes les mesures et activités antiterroristes.  Il faut savoir aussi comment l’argent est utilisé, notamment dans le cadre des organisations non gouvernementales.  Comment de telles ONG, notamment celle des femmes, peuvent être améliorées et préservées, surtout en matière de financement.  Elle a traité du problème des demandeurs transsexuels qui ne peuvent obtenir des extraits d’acte de naissance et donc des passeports.  Elle a voulu savoir comment leur permettre de bénéficier de ces droits, notamment dans lutte antiterroriste.


La déléguée de la Suède, au nom de l’Union européenne (UE), a noté que M. Scheinin avait établi une corrélation entre la diminution du financement de certaines ONG et les mesures de lutte antiterroriste.  Elle a voulu qu’il s’explique davantage sur ce point.  Elle a insisté sur le fait que les détenteurs de mandats étaient indépendants mais aussi sur la façon d’exercer leur fonction et d’organiser leur travail.  Elle a déclaré que toute forme de discrimination, y compris pour l’orientation sexuelle, était inacceptable.  Les Rapporteurs spéciaux doivent être libres d’agir comme ils l’entendent, sans menaces directes ou indirectes, dans une totale indépendance, selon leur code de conduite, qu’elle a cité.


La déléguée de l’Argentine a réitéré son appui au travail impartial du Rapporteur spécial et s’est félicitée de l’analyse supplémentaire présentée sur les procédures du régime de sanction en intégrant le respect des droits.  Il ne peut y avoir de légitimité en matière de lutte contre le terrorisme si le Conseil de sécurité n’est pas conséquent avec lui-même.  Elle a souhaité avoir des précisions sur les définitions de terrorisme.


L’observatrice de la Palestine a vivement remercié le Rapporteur spécial pour sa visite dans les territoires palestiniens occupés et a exprimé son inquiétude face à la situation difficile des femmes palestiniennes.  Les rapports et documents qui examinent les exactions d’Israël contre les populations palestiniennes disent qu’il faut mettre fin à une situation injuste qui se prolonge depuis plus de 42 ans, car Israël pense être au-dessus de la loi, a-t-elle estimé, demandant ce qu’il fallait faire pour progresser.


La déléguée de la Finlande a demandé quelles étaient les incidences et les mesures à prendre contre l’impact des lois antiterroristes sur les autochtones et sur les femmes comme groupe cible.  Comment appuyer l’intégration des femmes, des défenseurs des droits de l’homme dans les démarches de lutte contre le terrorisme?


Le représentant de la Suisse a fait une déclaration générale sur l’indépendance des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.  Il a jugé inacceptable que certains États s’attaquent en permanence aux procédures spéciales parce qu’ils ne sont pas d’accord avec ce qui est contenu dans leur rapport.


La représentante de l’Uruguay a indiqué que la lutte contre la discrimination était une composante clef de la protection des droits et libertés fondamentales de tous les droits de l’homme.  Elle ne pensait pas que le terme « genre » allait être redéfini.  Elle a regretté que l’on ait perdu l’occasion d’examiner ce problème.


La représentante du Canada a appuyé l’impartialité des procédures spéciales.


La déléguée des Pays-Bas a cité les questions très complexes traitées dans le rapport de M. Scheinin, en particulier la situation des homosexuels, lesbiennes et transsexuels et, a estimé qu’à l’heure de l’élaboration de mesures de lutte contre le terrorisme, il était important d’en tenir compte.


Le délégué du Royaume-Uni a affirmé que son pays défendrait résolument les procédures spéciales, et que les titulaires de mandats étaient libres de toute considération politique.  La Troisième Commission doit avoir accès à des rapports consacrés à tous les droits de l’homme et toutes les questions traités dans le présent rapport sont pertinentes et leurs études doivent être poursuivie, a-t-il dit, ajoutant qu’il continuerait de s’opposer à toute tentative de les négliger.


Le délégué de l’Inde a affirmé que le rapport avait redéfini la parité et donc dilué la question de la parité entre hommes et femmes dans la lutte contre le terrorisme.  Il n’y a pas eu un débat circonstancié sur les questions figurant dans le rapport, a-t-il estimé, ajoutant que la plupart des recommandations ne traitaient pas des questions essentielles.


Le représentant du Mexique a promu la création et le renouvellement de ce mandat spécial et a reconnu les apports considérables de M. Scheinin durant ses cinq années d’activités.  L’intégrité, l’impartialité et l’indépendance sont essentielles dans son travail et les États Membres continuent à appuyer ces principes, notamment dans la lutte contre le terrorisme.  Il a désiré savoir dans quel domaine l’aide technique pouvait être utile de manière efficace dans la lutte antiterroriste.


Le délégué du Chili a déclaré qu’exclure une catégorie de personnes était discriminatoire.  Il a cherché à savoir quelle coopération serait susceptible d’être établie entre les organisations régionales pour appuyer le mandat du rapporteur.


La déléguée de la Norvège a pleinement appuyé le Rapporteur spécial et le contenu de son dernier rapport.  Elle a encouragé à promouvoir une compréhension plus approfondie de l’impact sur les femmes et les hommes des mesures antiterroristes, sans tenir compte de la race, de la religion ou de toute autre considération.  Elle a estimé essentiel que les titulaires de mandats puissent maintenir leur indépendance et intégrité.


La déléguée de Cuba a déclaré que sa délégation avait suivi de près l’évolution de ce mandat au cours des dernières années et condamné le terrorisme, la torture, les traitements cruels, dégradants ou inhumains, qu’ils aient lieu dans les territoires occupés, les bases navales ou les lieux secrets de la l’Agence centrale de renseignement (CIA).  Elle a encouragé le Rapporteur spécial à tenir compte des commentaires faits par différents pays aujourd’hui et des principes d’intégrité, d’indépendance et d’impartialité.  Elle voulu savoir ce qu’il pensait des indemnisations et des réparations de victimes de terrorisme, dont certaines sont dans diverses prisons comme c’est le cas de la base de Guantanamo.  Des gardiens de prison ont appliqué des méthodes d’interrogations sur des musulmans.  Elle encouragé le Rapporteur spécial à consacrer son prochain rapport à l’indemnisation et à la réhabilitation des victimes de la torture notamment pour qu’ils puissent avoir recours aux tribunaux.


M. Scheinin a répondu qu’il serait utile d’aboutir à un consensus sur la question de la parité.  Il a déclaré qu’il ne voyait pas, ici, de violation du Code de conduite adopté par le Conseil des droits de l’homme.  Concernant les sources, il a dit qu’il s’était appuyé sur les recommandations faites par le Conseil des droits de l’homme.  Le Code de conduite dit que le Conseil des droits de l’homme est celui qui reçoit des suggestions.  Toutefois, il est pertinent de présenter des recommandations à l’Assemblée générale car elle s’occupe de questions qui vont au-delà des droits de l’homme, notamment le terrorisme.  Sur le mot « genre », il a affirmé que ce mot s’appliquait aux personnes dans leur contexte social et ce contexte différait d’un lieu à l’autre.  La question de l’identité des sexes fait partie de ce problème.  Cela n’enlève rien à la question des droits des femmes.  Plusieurs des violations à l’égard des femmes sont liées à l’aspect sexuel car les femmes ne respectent pas le rôle que l’on attend d’elle.  Concernant la discrimination liée au sexe, il y a une base dans le droit humanitaire pour traiter de l’orientation sexuelle, a-t-il ajouté.  Les textes des Nations Uniesreconnaissent que la parité n’est pas quelque chose de statique, a-t-il expliqué.  Il a constaté que l’essentiel du rapport lié aux hommes n’avait rien à voir avec leur orientation sexuelle.  Cela concerne l’homophobie utilisée pour briser une personne.  Il s’agit de défendre le droit de quiconque, de respecter la dignité de toute personne humaine.


Comment améliorer le rôle des femmes dans les mesures antiterroristes?  Il a déclaré avoir abordé cette question dans les rapports par pays, par exemple, en Turquie au sujet de l’éducation des filles.  Il a aussi prôné l’idée que la pleine jouissance des droits des femmes était une manière de créer une société à l’abri du terrorisme.


Le Rapporteur spécial a ajouté, concernant le rôle des Nations Unies, certaines mesures devaient être utilisées par le Comité de lutte contre le terrorisme.  Il faut identifier les meilleures pratiques, a-t-il dit, soulignant la nécessité d’évaluer le genre dans l’examen des mesures contre le terrorisme.  En réponse à l’Inde, il a affirmé que plusieurs de ses recommandations traitaient directement des femmes et des droits fondamentaux dans la lutte contre le terrorisme.  Sur les territoires palestiniens occupés, le rapport de 2007 contenait des recommandations sur ce sujet.  Il s’agissait, a-t-il dit, de petites mesures puisque les grandes mesures doivent être mises en œuvre par les acteurs politiques.  En réponse à la Finlande, il a affirmé que les femmes autochtones devaient être entendues au niveau national et que la communauté internationale devait veiller à la promotion des femmes autochtones.


Déclaration liminaire


Mme JESSICA NEUWIRTH, du Bureau de New York du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, a présenté le rapport du Secrétaire Général sur le Centre sous-régional pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale (A/64/33), le rapport du Secrétaire Général sur les institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l’homme (A/64/320), le rapport du Secrétaire Général sur l’Année internationale de l’apprentissage des droits de l’homme (A/64/293), le rapport du Secrétaire Général sur la mondialisation et ses effets sur le plein exercice des droits de l’homme (A/64/265), le rapport du Secrétaire Général sur le droit au développement (A/64/256), le rapport du Secrétaire Général sur la lutte contre le dénigrement des religions (A/64/209), le rapport du Secrétaire Général sur les droits de l’homme des migrants (A/64/188), le rapport du Secrétaire Général sur la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste (A/64/186), le rapport du Secrétaire Général sur la situation des droits de l’homme dans la République Islamique d’Iran (A/64/357), le rapport du Secrétaire Général sur la situation des droits de l’homme dans la République Démocratique de Corée (A/64/319).


Pour chaque rapport, Mme Neuwirth a mis en lumière les points importants, les défis à relever et les recommandations.


Les résumés de ces rapports ont été publiés dans notre document daté du 22 octobre 2009 (AG/SHC/3956).


Échange de vues


Le représentant de la République islamique d’Iran a abordé le rapport sur son pays.  Il a affirmé que la résolution de l’Assemblée générale qui donnait droit à la préparation de ce rapport avait vu le jour suite aux ambitions politiques du Canada.  La décision qui a permis à ce rapport de voir le jour ne se justifie pas, a-t-il dit.  Le mécanisme a été utilisé par le Gouvernement canadien pour satisfaire ses ambitions politiques.  En outre, il a souligné que l’Iran avait présenté des éléments objectifs que le rapport ne reflétait pas fidèlement.  Il s’agit, au contraire, d’un catalogue d’allégations périmées qui s’efforce de présenter des éléments négatifs en fermant les yeux sur les évolutions positives.  Ce rapport souffre de partialité et n’est pas précis, a-t-il commenté.  Il a ajouté que son pays menait une politique des droits de l’homme, compte tenu de ses particularités, centrée sur une approche interactive. Cette politique implique des mesures visant à surmonter les obstacles aux droits de l’homme.  L’Iran est décidé d’utiliser son potentiel pour réaliser les droits de l’homme sur la base des instruments internationaux.  L’Iran s’engage à protéger les droits de l’homme pour le bonheur complet et entier de ses citoyens, a-t-il encore souligné.


La représentante du Cameroun s’est intéressée au rapport du Secrétaire Général sur le Centre sous-régional pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale.  Elle aurait souhaité que le centre fasse le bilan de sa dernière stratégie.  Elle a salué la nomination du nouveau Directeur du centre et, à ce titre, a demandé si le personnel du Centre avait été recruté conformément à la résolution adoptée ici en 2007.  Elle a relevé que l’Afrique centrale était en période électorale et a souhaité que le Centre contribue davantage à la sensibilisation de la société civile aux droits de l’homme.  Cela doit être inclus dans sa nouvelle stratégie, a-t-elle dit.  En outre, le rapport a relevé le problème des prisons et de la liberté de la presse en Afrique centrale.  Elle a souligné à cet égard que le Cameroun s’était engagé à tout faire pour que les prisonniers soient traités humainement.  Le Cameroun a ainsi augmenté le budget dans ce domaine.  Sur la liberté de communication, le Gouvernement du Cameroun s’attèle au renforcement des organes de presse.  Selon elle, il faut sensibiliser les journalistes au respect de la déontologie de la fonction.


Mme Neuwirth a répondu à l’Iran que le rapport utilisait des informations concernant les procédures du Haut-Commissariat aux droits de l’homme ainsi que des informations fournies par les organisations non gouvernementales.  En outre, le rapport a été partagé avec l’Iran pour tenir compte des commentaires du pays. La rédaction a été consultative.


Au sujet du Centre sous-régional pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale, elle a souligné qu’il y avait plusieurs locaux qui comptaient 11 personnes au total.  Elle a affirmé qu’une stratégie de trois ans allait être mise en place.  Il s’agit de renforcer les capacités des personnes concernant la lutte contre le racisme, les discriminations de personnes ayant un handicap ou la traite, l’appui de campagnes contre la violence à l’encontre des femmes, le renforcer de capacités des journalistes en matière de droits de l’homme.


Déclaration liminaire


M. B. LYNN PASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a décrit les activités du système des Nations Unies dans la fourniture d’assistance électorale aux États Membres au cours des deux années écoulées, conformément à la résolution 62/150 du 18 décembre 2007 de l’Assemblée générale.  Il a indiqué qu’une telle assistance était fournie aux États Membres qui en faisaient la demande ou sur la base d’une résolution émanant du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale, dans le respect du principe de l’égalité souveraine entre les États.  Il a ajouté qu’il n’existait pas une seule méthodologie ou un système électoral approprié pour tous les pays.  En sa qualité de point focal pour l’assistance aux activités électorales, M. Pascoe est responsable de la cohérence d’ordre organisationnel, politique et technique de l’Organisation en la matière.  Au cours des 20 dernières années, l’ONU a offert une assistance à 104 États Membres, à quatre territoires et, pendant la période à l’examen, à 52 États Membres et, dans huit cas, cette assistance reposait sur un mandat émanant du Conseil de sécurité.


Au fil des ans, l’ONU a accumulé une expérience significative dans ce domaine et dispose d’un fichier d’experts électoraux.  Elle a désormais une expérience certaine dans l’assistance électorale, y compris dans les environnements géographiques et les périodes post-conflits les plus difficiles.  L’atout de l’Organisation demeure son impartialité étant donné le caractère fondamentalement politique de tout processus électoral.  M. Pascoe a indiqué que le rapport mettait l’accent sur plusieurs tendances positives, notamment l’augmentation du nombre d’États Membres organisant des élections en tant que moyen pacifique de consulter leur population, le nombre croissant de nouvelles démocraties et l’augmentation de la coopération Sud-Sud entre les administrateurs électoraux.


Il a néanmoins cité plusieurs défis, notamment le potentiel que les élections soient entachées de discorde ou de violence politique, en particulier après l’annonce des résultats.  Il a également fait état des préoccupations relatives aux coûts des élections et à leur durabilité.  Avec l’augmentation du nombre des acteurs impliqués dans ce processus tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des Nations Unies, il est nécessaire d’assurer une coordination et une cohésion afin de préserver l’impartialité de l’ONU, a-t-il estimé.


La résolution 62/150 de l’Assemblée générale a réitéré l’importance du renforcement de la coordination et réaffirmé le rôle du point focal en veillant à une cohérence à l’échelle de l’ensemble du système, y compris le renforcement de la mémoire institutionnelle ainsi que le développement et la diffusion des politiques électorales.  Pendant la période à l’examen, les Nations Unies ont continué à améliorer la coopération avec d’autres organisations gouvernementales, internationales et non gouvernementales.


M. Pascoe a recommandé aux États Membres, aux bailleurs de fonds et aux pourvoyeurs d’assistance de prendre en considération le coût du processus électoral dans le contexte d’autres priorités du développement, en particulier les Objectif du Millénaire pour le développement (OMD).  Des élections bien conduites constituent un investissement crucial, mais l’expérience de par le monde a prouvé que ce ne sont pas les systèmes les plus coûteux et les plus complexes qui garantissent le succès des élections.


Le rapport conclut en rappelant que les élections sont avant tout des processus politiques et leur véritable évaluation dépendra de la réaction des populations qui y ont participé.  Il faut donc encourager chacun à y participer pour que leur résultat soit pacifique.


Échange de vues


La représentante des États-Unis a demandé à M. Pascoe quelle tendance il observait dans l’aide électorale et dans quels domaines se trouvaient les besoins particuliers.


M. Pascoe a répondu que des tendances mises en lumière dans le rapport portaient sur la possibilité que des élections conduisent à des troubles ou à des divisions dans des situations après le comptage des votes.  Le Secrétaire général adjoint est ainsi intervenu au Bangladesh ou en Mauritanie, à la demande des États.  Le coût des élections est onéreux dans le contexte des difficultés économiques actuelles.  Certains pays pauvres opèrent des choix d’élections très coûteux, ce qui préoccupe son Bureau lorsqu’il donne des conseils sur la faisabilité et le caractère durable.  Il faut garder à l’exprimer le coût des élections et la nécessité de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Au sein des Nations Unies, on veille en particulier à la cohérence et à apporter des réponses concrètes aux États Membres.


La déléguée de Djibouti a évoqué la tendance des pays à opter pour des élections aux coûts exorbitants.  Quelle explication pourrait sous-tendre cette tendance, a-t-elle demandé


M. CRAIG JENNESS, Directeur de la Division pour l’assistance électorale, a répondu que cela relevait de la volonté des États Membres qui ont le droit de choisir leur système électoral.  La raison reprise dans le rapport souligne que les Nations Unies doivent s’assurer de parler de toutes les possibilités existantes pour que l’État Membre ait toutes les données pour faire son choix.  C’est précisément ce que le rapport met en exergue, c’est-à-dire qu’il faut inclure les aspects du coût, maintenant et dans l’avenir, dans une optique de durabilité.


Le représentant de l’Afrique du Sud a posé une question se rapprochant de celle de Djibouti.  Il s’est interrogé sur les liens entre la nécessité  d’organiser des élections transparentes et honnêtes et l’utilisation des ressources disponibles.  L’Union africaine ne pourrait-elle pas offrir une approche plus productive pour combler les lacunes des États Membres en la matière, a-t-il demandé.


Des élections honnêtes et libres ne sont pas particulièrement coûteuses, a estimé M. Jenness.  Certains aspects, comme la transparence et l’impartialité ne coûte rien du tout, a-t-il dit.  Il existe, selon lui, des principes très larges auxquels tous peuvent souscrire comme la transparence, l’égalité, y compris entre les sexes, et qui ne coûtent pas cher.


La délégation de l’Afrique du Sud est revenue sur le fait que la transparence impliquait un coût, ce qu’elle a déploré.  Pour les pays en développement, les principes appliqués ailleurs ne sont pas applicables dans la pratique dans certaines régions.  En Afrique du Sud, par exemple, la transmission par les médias est difficile et coûteuse.  Comment organiser un processus transparent avec des médias qui coûtent souvent très chers, a-t-elle demandé.  La communauté internationale désire que cela soit fait dans un laps de temps déterminé et exige des résultats.  La dimension est un peu différente par rapport aux pays développés.


M. Jenness a confirmé qu’en effet ces propos étaient de plus en plus fréquents.  Certains commentaires faits sur la technologie et la durabilité ont été abordés dans le rapport.  La vraie mesure des élections sera calculée sur la base des résultats.  Il y a, en effet, diverses façons de garantir la confiance du public et, en la matière, il n’y a pas une méthode qui fonctionnerait pour tout le monde, a-t-il expliqué.


Débat général


M. HENRY MAC-DONALD (Surinam), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que les références à la Charte des droits de l’homme avaient servi de catalyseur pour développer le droit international relatif aux droits de l’homme.  Actuellement, les crises économique et financière ont des effets sur la vie des populations les plus pauvres.  La crise affecte l’exercice de plusieurs droits humains et entrave les efforts des pays en développement de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015.  Les droits économiques et culturels ne sont pas les seuls à être mis en cause, les droits politiques le sont aussi.  Les disparités économiques empiètent sur le droit à la liberté d’expression.  Alors que la communauté internationale essaie de trouver des réponses face aux crises économique et financière, il semble que les droits de l’homme ont été relégués au second plan.  La CARICOM reconnaît la responsabilité des gouvernants nationaux dans la réalisation des droits de l’homme, mais elle est d’accord avec le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et la pauvreté extrême, et juge nécessaire une coopération internationale accrue.


Concernant les pays de la CARICOM, il a fait état de progrès sur le plan socioéconomique.  Cependant, la région reste vulnérable, a-t-il dit.  Le représentant a déclaré que la crise ne devait pas être utilisée comme un prétexte des pays développés afin de diminuer l’aide aux pays en développement.  Selon lui, l’éducation aux droits de l’homme est une condition importante et représente un élément essentiel dans la mise en œuvre nationale dans la mesure où les droits de l’homme ne peuvent être appliqués que s’ils sont connus.  L’éducation est nécessaire pour renforcer une culture de respect pour les droits de l’homme.  Il a souligné également que les partenariats et la coopération renforcés étaient nécessaires afin d’aboutir aux objectifs du Programme mondial pour l’éducation aux droits de l’homme.  La CARICOM réitère l’idée selon laquelle les mesures contre le terrorisme devraient être conformes aux normes internationales.  Il a rappelé également l’opposition de la CARICOM à la torture.  Enfin, il a abordé la question de l’initiative lancée par l’Union africaine pour ériger aux Nations Unies un mémorial aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique.  Il a demandé à tous les États Membres de soutenir ce projet.


M. CLAUDE HELLER (Mexique), qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a déclaré que la composition des sociétés actuelles était le résultat des flux migratoires contemporains et historiques.  Le continent américain en est l’exemple.  Les pays du Groupe de Rio sont fiers de leur caractère pluriethnique et multiculturel.  La contribution des migrants au développement économique et social dans les sociétés d’accueil n’est pas assez reconnue, a-t-elle dit, notant que les crises économiques et financières renforçaient ce sentiment.  Il a souligné qu’il regrettait les lois qui pénalisaient les migrations de sans-papiers dans la mesure où les migrants devaient souvent surmonter des détentions illégales.  Il a demandé la suppression de la détention de personnes n’ayant pas commis de délit.  Il a aussi demandé l’élimination des lois qui, avec un objet politique, encouragent une migration périlleuse et parfois fatale pour certains.


Le représentant a remarqué la tendance vers la pénalisation et la criminalisation des migrants.  Selon lui, il faut promouvoir des attitudes positives vers des sociétés plus tolérantes et plus humaines.  Le Groupe de Rio reconnaît que la coopération et le dialogue entre les pays étaient indispensables, plus particulièrement entre les pays d’origine, de transit et de destination, pour faire face aux dimensions du phénomène de la migration de manière globale.  Les migrations impliquent des êtres humains qui ne peuvent pas être gérés de manière mécanique.  À cet égard, il est nécessaire que l’être humain soit au centre des considérations sur cette question.  En outre, la lutte contre le racisme, et la xénophobie est une tâche urgente.  Le Groupe de Rio est heureux de constater que la question des droits de l’homme avait été examinée lors de la deuxième session du Forum mondial sur la migration et le développement.  Il y a toujours des violations des libertés fondamentales des migrants dans diverses parties du monde, et ce, 60 ans après l’anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, a constaté le représentant.


Mme CHARLOTTA SCHLYTER (Suède), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé que les 60 dernières années avaient vu une évolution dans l’élaboration et la mise en œuvre du cadre normatif international en matière des droits de l’homme.  L’attitude de la communauté internationale a donc évolué et il est temps de mettre en pratique toutes les conventions et les traités relatifs à ces droits pour tous les individus dans le monde.  Certains membres ont aboli la peine de mort dans leur législation, notamment au Togo et au Burundi au cours de cette année.  D’autres, en revanche, ont pratiqué des exécutions.  Elle a rappelé le droit à la vie et a demandé à tous les États qui utilisent encore ce châtiment d’aller dans le sens de son abolition.  Elle a espéré une coopération lors de l’examen de cette question l’année prochaine.


L’Union européenne croit fermement en la tolérance, la non-discrimination et la liberté d’expression, de pensée, de conscience et de liberté de religion ou de conviction.  Ce sont là les fondements mêmes sur lesquels repose l’Union et sur lesquels ses membres se sont engagés.  Elle a plaidé en faveur de la liberté d’expression, notamment celle des médias et de leur pluralisme.  Un des défis est le recours aux restrictions de l’utilisation de technologies comme l’Internet.  Ces restrictions ne doivent exister que dans des cas précis tels que définis et stipulés par certains instruments internationaux.


Elle s’est déclarée troublée par la violence contre les défenseurs des droits de la personne et les droits de femmes, de même que les défenseurs des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transsexuels.  Elle a réitéré la position de l’Union européenne sur l’interdiction absolue de la torture, des traitements cruels, dégradants ou inhumains, et a demandé aux États d’adhérer à la Convention sur l’interdiction de la torture.  Elle a invité tous les États parties à s’acquitter de leurs obligations au titre de cette Convention.  Elle a insisté sur la protection de la liberté de religion et de conviction et a rappelé que l’Union européenne avait présenté un projet de résolution à cet égard, comme ce fut le cas l’an dernier et a fait mention de la liberté de religion, y compris celle aussi des athées.  Elle s’est déclarée préoccupée par les informations faisant état de répression ou de violence à l’égard de personnes sans confession ou n’ayant pas de religion.


L’Union européenne estime qu’il faut davantage d’efforts pour la mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels.  Il appartient aux parties du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de pleinement le mettre en œuvre.  Elle a ensuite invité à la pleine réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Elle a demandé à tous les États de n’exercer aucune forme de discrimination à l’égard des personnes et de dépénaliser les rapports des personnes du même sexe, et autres individus bisexuels et transsexuels.  C’est toujours un défi, mais il relève de la responsabilité de tous les états de respecter les droits de tous, a conclu la représentante.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé que les résultats établis par le Conseil des droits de l’homme constituaient une source de préoccupation.  En effet, il a observé un défi entre les droits et leur mise en œuvre.  Selon lui, depuis plusieurs années, nous insistons sur la nécessité de mettre en œuvre les normes existantes plutôt que d’en créer de nouvelles.  Or la réalité de notre travail n’illustre pas cette promesse.  Il faut, a-t-il dit, examiner les résultats des organes intergouvernementaux.  Il a rappelé que tous avaient convenu, lors de la Conférence mondiale sur les droits de l’homme à Vienne, que la promotion et la protection de ces derniers relevaient de la responsabilité première des États, tout en revêtant un intérêt légitime pour la communauté internationale.  Cela doit être le point de départ du travail de mise en œuvre.  Il s’agit, a-t-il poursuivi, de l’obligation d’aider les États qui n’arrivent pas à mettre en œuvre les droits de l’homme.  Il a déclaré que l’examen périodique, qui est universel, transparent et non-sélectif, a pour objectif de suivre les résultats et de fournir une aide.


Le représentant a salué le fait que les États avaient pris ce mécanisme au sérieux et avaient envoyé des délégations de haut niveau.  Cependant, il s’est demandé si l’examen périodique universel serait capable d’atteindre tous les objectifs fixés, et de jouer le rôle attendu dans la mise en œuvre.  Pour cela, le système doit être lié à d’autres aspects des travaux du Conseil, en particulier au travail des organes des traités.  En outre, le Conseil possède la compétence de réagir aux situations de violations systématiques des droits de l’homme qui ont peu à voir avec les capacités de l’État, en question, de protéger et de promouvoir les droits de l’homme.  Dans ce domaine, le Conseil continue d’obtenir des résultats très peu satisfaisants.  Il a ainsi réitéré le rôle du système de procédures spéciales qui permet de prendre en considération les situations spécifiques et qui représente un élément central du système des droits de l’homme.


Mme ASUZA SHINOHARA (Japon) a déclaré que la promotion et la protection des droits de l’homme et la consolidation de la démocratie étaient des normes universelles qui ne pouvaient exister que si tous les individus étaient élevés dans ces principes.  Le Japon œuvre au renforcement de la capacité de chaque individu et de la société civile en général à réaliser leur plein potentiel.  Dans le cadre de la crise économique et financière, il est essentiel de protéger les plus vulnérables, premières victimes de la faim, des maladies et d’autres fléaux qui diminuent la résistance humaine.  Ainsi, le Japon continuera encore et toujours à fournir une aide aux pays en faisant tout pour protéger les droits de l’homme, dans le respect des valeurs de la démocratie.  La protection des droits de l’homme ne doit pas se faire uniquement dans cette enceinte des Nations Unies mais aussi, et surtout, au niveau des pays.


La représentante a présenté une initiative japonaise sur la reconnaissance de la discrimination des victimes de la lèpre.  De nombreux malentendus mènent à des stéréotypes et le Japon a participé au processus, au sein du Conseil des droits de l’homme, qui a été adopté à sa douzième session de manière à mettre fin aux discriminations à l’encontre des personnes atteintes par la lèpre et les membres de leur famille.


Mme GALINA KHVAN (Fédération de Russie) a déclaré que les droits de l’homme ces dernières années avaient gagné en importance, mais que les normes universelles n’étaient pas pleinement mises en place.  Selon elle, cela est dû à une approche sélective des droits de l’homme et des principes de la démocratie.  Le principe, selon elle, est que chaque pays doit décider de quelle manière il doit se développer.  Il faut tenir compte des us et coutumes des sociétés, tenter d’imposer les choses de manière unilatérale étant inacceptable.


La représentante a qualifié le Conseil des droits de l’homme d’instrument essentiel.  En trois années, le Conseil a démontré toutes ces raisons d’être, a-t-elle dit.  Le Conseil des droits de l’homme est une structure nouvelle qui développe une coopération interétatique en tentant d’impliquer un maximum de participants, a-t-elle ajouté.  Selon elle, la confiance de la communauté internationale se traduit dans l’Examen périodique universel.  Cet Examen se déroule de manière constructive et les pays qui participent montrent qu’ils sont prêts à prendre des initiatives concrètes dans cette voie.  Cela ne serait pas possible sans l’aide du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Ce travail doit avoir une conception dépolitisée des droits de l’homme, a ajouté la représentante.


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a déclaré que la communauté internationale avait parcouru un long chemin dans l’élaboration d’instruments normatifs garantissant les droits inaliénables et égaux de toutes les personnes.  La mise en œuvre de ces instruments représente la lutte de millions de personnes qui continuent de souffrir au nom de la cupidité.  Il a attiré l’attention sur les personnes vivant sous occupation étrangère et a insisté sur la nécessité d’accorder la même attention aux droits économiques, sociaux et culturels, d’une part, et les droits civils et politiques de l’autre.  Il a exhorté les pays à séparer les questions politiques de la promotion et la protection des droits de l’homme.  Il a fustigé les nouvelles tendances de racisme, de xénophobie et de haine religieuse.  La liberté d’expression est sacrée mais ne doit pas servir de prétexte pour inciter à la haine et à la violence.  Il a mis en garde contre les appels à la haine sur des minorités au nom de la liberté d’expression.  Le dialogue avec les Rapporteurs spéciaux permet d’écouter leur point de vue et d’évaluer les résultats de leurs recherches et leurs conclusions.  Certains rapports contiennent des points de vue politiquement motivés ce qui va à l’encontre de leur mandat, a-t-il également observé.  Il a espéré que les rapporteurs spéciaux feraient part de leur opinion sans saper le caractère de leur mandat.


Il a ensuite décrit la constitution pakistanaise centrée sur la garantie des droits de l’homme pour les hommes, les femmes, les enfants et les libertés.  Il a fait le bilan des signatures et des ratifications de traités internationaux sur les droits de l’homme par son Gouvernement et a fait part de la création d’une Commission des droits de l’homme inspirée des Principes de Paris.  Depuis peu d’années, le Pakistan a fait un grand pas vers la démocratie, avec des élections libres, une société civile solide active et critique à l’égard du Gouvernement.  Cette société joue un rôle essentiel pour favoriser la transparence et pour aider à modifier certaines attitudes dans la société.


Le monde, et particulièrement la région du Pakistan, sont particulièrement confrontés aux défis de l’extrémisme et du terrorisme.  Le Pakistan est résolument déterminé à éliminer ces fléaux de son territoire car ils sont étrangers à son éthique.  La nation toute entière est unie dans cette détermination à faire échec à toutes ces menaces par le truchement d’une stratégie globale et efficace.  Cette stratégie a, du reste, enregistré des succès dans la lutte contre la terreur et grâce à l’aide généreuse des pays amis et des partenaires au sein de la communauté internationale.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a énuméré différentes mesures prises par son pays en matière de droits de l’homme.  Elle a notamment fait référence au Plan de développement national qui a permis des progrès significatifs au niveau des droits économiques, sociaux et culturels.  Le renforcement de l’état de droit, la baisse de la violence grâce à la police de sécurité démocratique et la démilitarisation de plus de 52 000 membres de groupes illégaux armés a eu des conséquences positives dans les domaines de la justice, de la paix et de la réparation aux victimes.  Diverses institutions et des stratégies spécifiques ont été importantes à cet égard, a-t-elle dit, citant notamment le Programme présidentiel pour les droits de l’homme.


L’État, a-t-elle ajouté, continuera à renforcer ces cadres politiques pour la protection des défenseurs des droits de l’homme.  Le budget du programme de protection du Ministère de l’intérieur et de la justice a, à cet égard, augmenté.  La représentante a, par ailleurs, prôné une coopération internationale en matière de droits de l’homme.  Elle a rappelé que, depuis 1997, son pays avait un Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme.  Le soutien de ce bureau a contribué à l’adoption de politiques efficaces afin de faire face aux défis des droits de l’homme, notamment ceux reliés à la violence causée par les groupes armés illégaux.  La Colombie dispose aussi de mécanismes bilatéraux de dialogue sur les droits de l’homme avec l’Union européenne, le Canada et l’Espagne, afin de promouvoir l’échange d’informations.


Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a centré son intervention sur la liberté de conscience et de religion dans le processus de promotion et de protection de tous les droits de l’homme.  Il ajouté qu’il n’existait aucune religion sur la planète qui ne fût pas persécutée.  Les chrétiens sont parmi les groupes qui souffrent le plus de discrimination, a-t-il dit.  Au cours des derniers mois, dans des pays asiatiques et du Moyen-Orient, les communautés chrétiennes ont été attaquées et de nombreuses personnes tuées ou blessées, leurs églises et domiciles brûlés.  De tels actes ont été commis par des extrémistes en réponse à des accusations contre des individus perçus, selon les lois contre le blasphème, comme irrespectueux envers les croyances d’autrui.  Dans ce contexte, il salué la promesse du Gouvernement pakistanais de réviser les lois en question.


La législation sur le blasphème est, selon lui, trop fréquemment devenue un prétexte pour les extrémistes qui persécutent ceux qui ont librement choisi de suivre un système de conviction d’une foi de tradition différente.  De telles lois ont été utilisées pour favoriser l’injustice, la violence sectaire et la violence entre les religions.  Les gouvernements doivent rechercher les causes profondes de l’intolérance religieuse et rejeter de telles lois en tant qu’instruments d’abus.  La législation qui restreint la liberté d’expression ne peut changer les comportements.  Il a réitéré la nécessité d’un dialogue entre les différentes religions pour une meilleure compréhension et un moyen de lutte contre la violence motivée par l’intolérance.  La coopération entre les religions est une condition préalable à la transformation de la société et doit contribuer à changer les esprits et les cœurs en vue d’une culture de la tolérance et de coexistence entre les peuples.  L’un des moyens fondamentaux consiste également à adhérer et à mettre en œuvre les instruments de base de l’ONU.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que le mécanisme des droits de l’homme devait être amélioré.  En ce sens, il a préconisé différents domaines d’actions.  En premier lieu, il faut, selon lui, respecter les particularités des diverses situations.  Les pays ont de différents défis, il ne faut pas imposer un seul et même modèle.  En deuxième lieu, il faut attacher de l’importance aux aspirations des pays en développement pour leur droit au développement.  La communauté internationale devrait ainsi démontrer une volonté politique et prendre des mesures concrètes pour bâtir un pont entre le Nord et le Sud afin de parvenir à un développement partagé.  Troisièmement, il est nécessaire de promouvoir l’édification de sociétés inclusives et de promouvoir une politique de tolérance zéro à l’égard du racisme.  Enfin, il a prôné l’amélioration du système des Nations Unies.  En effet, le Conseil des droits de l’homme, la TroisièmeCommission et les organes des traités n’ont pas pu se débarrasser de la politisation et du deux poids deux mesures dans leur travail, a-t-il estimé.  À cela s’ajoute la sous-représentation des pays en développement dans les organes des traités des droits de l’homme.  Le représentant a plaidé en faveur du respect des principes d’objectivité, d’équité et de non-sélectivité.


Concernant l’examen périodique universel, qui est une innovation du Conseil des droits de l’homme, il a observé qu’il fonctionnait lentement depuis ses origines.  Il a affirmé que son pays avait fait beaucoup de progrès dans le domaine des droits de l’homme.  Le pays a aussi développé la démocratie en ratifiant notamment 25 conventions internationales sur les droits de l’homme.  La Chine a un programme de relance face à la crise financière qui devrait améliorer le niveau de vie du peuple ainsi qu’un programme de réforme de la santé publique en vue de garantir une couverture sociale pour tous les résidents dans les campagnes et les villes.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) s’est réjoui de la densité des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme dans le cadre de l’effort de codification.  Ce référentiel est devenu incontournable dans la réalisation de tous les droits de l’homme.  Cet aspect est le troisième pilier de la coopération internationale par le truchement des Nations Unies.  Il demeure pourtant insuffisant tant qu’il ne se traduit pas par l’application sur le terrain de l’ensemble de ces outils.  Le représentant a observé par ailleurs qu’un clivage idéologique gagnait du terrain à la fois au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale, clivage qui a pris une dimension plus culturelle voire « civilisationnelle », selon le représentant marocain.  Cette tendance est dangereuse et serait susceptible de mettre en cause tout l’édifice si patiemment construit au sein des Nations Unies, a-t-il prévenu.


La cause des droits de l’homme est un patrimoine commun auquel chacun apporte sa spécificité.  Le représentant a recommandé d’avoir la sagesse et le courage de dire que les réalités et les différences culturelles sont incontournables.  Elles ne doivent pas pour autant diviser les sociétés mais les enrichir.  Les réalités culturelles ne doivent pas conduire à une mise en cause de la défense des droits de l’homme.  Ces deux thèmes ne sont pas antagonistes.  Ils sont parallèles, complémentaires et se renforcent mutuellement.  Le vrai problème de la perversion du débat sur les droits de l’homme n’est en réalité que l’exploitation de ces droits de l’homme à des fins politiques.  Cela exige à la fois de relever les progrès et les difficultés.  Le délégué du Maroc a fait état de manipulations cyniques et de petits calculs politiciens de la part de certains dans ce débat.  Ceux-ci cherchent simplement à détourner l’attention de la communauté internationale de leurs propres défaillances, a-t-il estimé.  Quant au Maroc, il s’est engagé dans un train de réformes dans le sens des droits de l’homme.  C’est ainsi qu’il s’est soumis, dès 2007, à l’Examen périodique universel et qu’il se maintiendra résolument dans cette voie.


Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a déclaré que la crise avait un effet négatif sur les droits de l’homme.  C’est pour cette raison que le Gouvernement a établi une dimension humaine en plus de la dimension économique dans ses priorités de politiques nationales.  Elle a passé en revue les instruments internationaux signés par son pays depuis la dernière session de la Troisième Commission: la Convention sur les personnes handicapées et son Protocole facultatif ont été signés, tandis que le Protocole facultatif à la Convention internationale sur les droits civils et politique et la Convention internationale pour la protection des personnes disparues ont été ratifiés.  Elle a montré que son pays coopérait avec les Comités des droits de l’homme et les procédures spéciales.  Ainsi, le Kazakhstan a soumis son premier rapport sur la mise en œuvre de la Convention internationale sur les droits civils et politiques et bientôt le pays soumettra un rapport relatif à la Convention internationale sur le pacte civil et donné un rapport sur les droits sociaux, économiques et culturels.


En novembre dernier, le Comité des Nations Unies contre la torture a publié ses conclusions en réponse au deuxième rapport périodique du Kazakhstan sur la torture.  Le Rapporteur a rendu visite au mois de mai au Kazakhstan.  Le Gouvernement a établi un plan d’action sur la mise en œuvre des recommandations du rapport.  Pourtant, le Rapporteur spécial a salué les efforts du Gouvernement kazakh mais a affirmé que dans les lieux de détention, les détenus avaient été préparés en vue de sa visite.  Or une lettre d’autorisation spéciale pour les visites lui a été donnée, et ses visites ne sont ni annoncées ni accompagnées par des officiels, a-t-il assuré.


Sur la violence contre les femmes, la représentante s’est étonnée du fait que le Rapporteur spécial ait affirmé qu’elle était répandue au Kazakhstan.  Comment a-t-il pu arriver à de telles conclusions dans la mesure où il n’a visité que des lieux de détention, s’est-elle interrogée.  Elle a affirmé que la violence domestique dans son pays ne pouvait pas être considérée comme très répandue.  Des mesures ont été prises et une loi doit être adoptée durant la session du Parlement en cours.  Son pays est décidé à maintenir une coopération efficace avec les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.  Le Gouvernement a ainsi lancé une invitation ouverte à tous les titulaires de mandat des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, ce qui est la meilleure preuve de la transparence de son pays, a-t-elle dit.  Elle a ensuite passé en revue les diverses mesures nationales concernant les droits de l’homme, notamment l’adoption d’un plan d’action des droits de l’homme 2009-2012 en vue d’améliorer la législation des droits de l’homme et de sensibiliser le public à cet égard.  Elle a exprimé sa conviction que le mécanisme d’Examen périodique universel protégeait les droits de l’homme dans la mesure où il est caractérisé par les principes d’objectivité, de non-sélectivité et d’impartialité.


M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a considéré qu’il n’y avait pas de démocratie sans respect des droits de l’homme.  Ces dernières années, en dépit des troubles intérieurs, le pays a respecté ses engagements internationaux, a-t-il dit.  Ce sont des éléments essentiels pour la justice, la transparence, la non-discrimination et autres principes relatifs aux droits de l’homme.  Le représentant s’est dit fier de la création de la commission intergouvernementale, décidée par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).  Il a assuré que son pays ferait tout pour que ce nouvel instrument joue dûment son rôle dans la consolidation du cadre des droits de l’homme au niveau de la région.  L’Examen périodique universel est l’un des mécanismes les plus innovants du Conseil des droits de l’homme.  Il a espéré que ce mécanisme assurerait une couverture universelle et un traitement égal de tous les États.  Il a dit souhaiter travailler avec tous les partenaires pour se rapprocher d’un désir partagé qui est celui du respect de tous les droits de l’homme, partout.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations saluent l’adoption en première lecture par la CDI du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales

AG/J/3374

Les délégations saluent l’adoption en première lecture par la CDI du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales

26/10/2009
Assemblée généraleAG/J/3374
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sixième Commission

15eséance – matin


LES DÉLÉGATIONS SALUENT L’ADOPTION EN PREMIÈRE LECTURE PAR LA CDI DU PROJET D’ARTICLES

SUR LA RESPONSABILITÉ DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES


La Sixième Commission entend la présentation de la Secrétaire

générale adjointe aux affaires juridiques sur l’assistance aux rapporteurs spéciaux de la CDI


L’adoption en première lecture du projet d’articles, assortis des commentaires y relatifs, sur la responsabilité des organisations internationales a été saluée par les délégations de la Sixième Commission (chargée des questions juridiques) qui ont entamé, ce matin, l’examen du rapport de la Commission du droit international (CDI) sur les travaux de sa soixante et unième session.  Au cours de cette séance, la Secrétaire générale adjointe aux affaires juridiques et Conseillère juridique des Nations Unies a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’assistance aux rapporteurs spéciaux de la CDI, soulignant la contribution essentielle de ces experts aux travaux de la Commission.


La Sixième Commission a également entendu le Président de la CDI, M. Ernest Petriè, qui présentait le rapport de son institution, en insistant sur le projet d’articles sur la responsabilité des organisations.  Il s’est félicité de l’adoption en première lecture du texte, en discussion depuis 2002, et dont la restructuration a abouti à une « plus grande clarté ».  « Le projet d’articles a été transmis aux gouvernements et aux organisations internationales pour commentaires et observations et nous attendons ces commentaires d’ici le 1er janvier 2011 », a indiqué M. Petriè.


Comme les autres délégations, l’Allemagne s’est aussi félicitée de cette adoption, en estimant qu’au final, les projets d’articles portant respectivement sur la responsabilité des organisations internationales et la responsabilité de l’État seront « deux compilations de règles qui deviendront des pierres angulaires importantes du droit international ».  De son côté, le Bélarus a estimé que le projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales devrait intégrer la question de la responsabilité internationale des États à l’égard des organisations internationales pour le préjudice subi, par exemple « dans le cas de l’inexécution des obligations découlant des accords de siège ».


Commentant le projet d’articles et en particulier la question de la « légitime défense », la France a souligné l’existence de certaines incertitudes concernant « la portée exacte qu’il convient de reconnaître à cette expression lorsqu’il s’agit d’organisations internationales et sur la mesure dans laquelle une analogie peut être faite entre les conditions d’invocation de la légitime défense selon qu’est en cause un État ou une organisation internationale ».  Le Bélarus, a dit son représentant, « ne s’oppose pas à l’exclusion de l’article 20 sur la légitime défense du projet d’articles ».


D’autres délégations se sont par ailleurs interrogées sur le moment où le comportement d’un organe d’une organisation internationale mis à disposition d’un État pouvait être attribuable à ce dernier.  Certains, comme l’Autriche, ont estimé que l’élément déterminant, dans ce cas, serait le « contrôle effectif », citant notamment l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme dans lesaffaires Behrami et Saramati où le critère de « contrôle effectif » a conduit à retenir la responsabilité des Nations Unies.  La République tchèque a soulevé, quant à elle, l’ambiguïté de la jurisprudence, tout en rappelant la décision de la Chambre des Lords au Royaume-Uni, dans l’affaire Al Jedda, qui a conclu que dans cette situation, le comportement était attribuable à un État plutôt qu’à une organisation internationale.


El Salvador a souhaité que la Sixième Commission et la Commission du droit international unissent leurs efforts pour améliorer leur coopération et œuvrer en faveur de l’évolution progressive du droit international et de sa codification.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Danemark, (au nom des pays nordiques), Mexique (au nom du Groupe de Rio), Autriche, Bélarus, Chine, Allemagne, El Salvador, République tchèque, Roumanie, France, Afrique du Sud, et Singapour.


La Sixième Commission poursuivra son examen du rapport de la Commission du droit international, demain mardi 27 octobre, à 10 heures.


RAPPORT DE LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-ET-UNIÈME SESSION


Le présent rapport (A/64/10) fait état des travaux de la Commission du droit international (CDI) au cours de sa soixante et unième session, qui s’est tenue du 4 mai au 5 juin, puis du 6 juillet au 7 août 2009.  Elle a abordé, au cours de cette session, les thèmes suivants: responsabilité des organisations internationales, réserves aux traités, expulsion des étrangers, protection des personnes en cas de catastrophe, ressources naturelles partagées, obligation d’extrader ou de poursuivre (aut dedere aut judicare), immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, clause de la nation la plus favorisée, traités dans le temps, et effets des conflits armés sur les traités.


Concernant la responsabilité des organisations internationales dont l’inscription à son programme de travail date de sa cinquante-quatrième session (2002), la Commission était saisie du septième rapport du Rapporteur qui traitait certaines questions en suspens telles que les dispositions générales du projet d’articles et la place du chapitre sur la responsabilité d’un État à raison d’un fait commis par une organisation internationale spéciale (A/CN.4/610).  Ce rapport contenait également un aperçu des observations des États et des organisations internationales sur les projets d’articles adoptés par la Commission à titre provisoire et, le cas échéant, proposait certaines modifications y relatives.  La plupart des modifications proposées dans ce document concernaient la partie relative au fait internationalement illicite d’une organisation internationale.  Sur la question de la responsabilité de l’État à raison du fait d’une organisation, le Rapporteur spécial a insisté sur les réactions généralement positives des États et des organisations internationales devant les nouvelles considérations énoncées dans le projet d’article 28 sur la responsabilité d’un membre d’une organisation internationale en cas de transfert de compétence à cette organisation internationale.


À l’issue de l’examen du sujet, la Commission a adopté en première lecture un ensemble de 66 projets d’articles, assortis des commentaires y relatifs, sur la responsabilité des organisations internationales.  Elle a aussi décidé de transmettre les projets d’articles par l’entremise du Secrétaire général aux gouvernements et aux organisations internationales pour commentaires et observations.


S’agissant du thème des réserves aux traités, le quatorzième rapport relatif au sujet contenait, entre autres, un aperçu de certains développements récents en matière de réserves et de déclarations interprétatives.  Il abordait ensuite la question de la validité des réactions aux réserves, des déclarations interprétatives et des réactions aux déclarations interprétatives.  La Commission s’est exprimée par un vote indicatif contre l’inclusion dans le Guide de la pratique d’un projet de directive sur la motivation des déclarations interprétatives.  À la fin de la session, la Commission a renvoyé au Comité de rédaction deux projets de directives sur la forme et la communication des déclarations interprétatives et sept projets de directives sur la validité des réactions aux réserves et sur la validité des déclarations interprétatives et des réactions à celles-ci.  La Commission a aussi adopté 32 projets de directives, assortis de leur commentaire.


En ce qui concerne l’expulsion des étrangers, dont l’inscription au programme de travail de la Commission date de la cinquante-sixième session (2004), le Rapporteur spécial a présenté à la Commission un document contenant des projets d’articles révisés et restructurés sur la protection des droits de l’homme de la personne expulsée ou en cours d’expulsion.  Pour la Commission, il semblait conforme à la réalité et à la pratique des États de circonscrire les droits garantis dans le cadre d’une expulsion aux droits fondamentaux de la personne humaine et à ceux dont la condition spécifique de la personne expulsée ou en cours d’expulsion imposait la réalisation.  Compte tenu des difficultés et controverses liées à l’identification des droits fondamentaux et d’un « noyau dur » de ces droits, le Rapporteur spécial s’est efforcé de dégager le « noyau dur des noyaux durs », constitué par les droits intangibles devant être garantis à toute personne faisant l’objet d’une expulsion.  Pour les prochaines sessions, le Rapporteur spécial entend dorénavant traiter de la problématique de l’expulsion déguisée, de l’expulsion pour des motifs contraires aux règles de droit international et des conditions de détention/rétention et traitement de la personne expulsée ou en cours d’expulsion, avant d’aborder les questions relatives à la procédure.


Sur la protection des personnes en cas de catastrophe, inscrit en 2007, la Commission était saisie du deuxième rapport du Rapporteur spécial (A/CN.4/615 et Corr.1) analysant la portée du sujet ratione materiae, ratione personae et ratione temporis, examinant les questions relatives à la définition du terme « catastrophe » aux fins du sujet, et abordant l’étude de l’obligation fondamentale de coopérer.  Le rapport visait à fournir des orientations concrètes au regard des questions posées dans le rapport préliminaire, notamment: la définition du concept de « protection des personnes » dans le contexte du sujet ou encore celle du terme « catastrophe ».  À cette session, le Rapporteur spécial a noté que la Commission traitait de deux relations différentes: celle des États entre eux et celle des États vis-à-vis des personnes touchées.  La distinction conceptuelle suggère une approche de l’examen en deux étapes, la première axée sur les droits et obligations réciproques des États et la suivante portant sur les droits et obligations des États à l’égard des personnes touchées.


Pour le sujet intitulé « l’obligation d’extrader ou de poursuivre (aut dedere aut judicare),la Commission a créé un groupe de travail à composition non limitée placé sous la présidence de M. Alain Pellet.  Le Groupe de travail était saisi d’un document informel préparé par le Rapporteur spécial et des exemplaires d’un rapport d’Amnesty International, de février 2009, ayant pour titre International Law Commission: « The Obligation to Extradite or Prosecute (Aut Dedere Aut Judicare) ».  À l’issue des débats, le Groupe de travail a présenté un documentqui contient la problématique générale du sujet et le régime juridique de l’obligation d’extrader ou de poursuivre.  Le cadre général ne prend pas position sur la question de savoir si l’obligation d’extrader ou de poursuivre était de nature exclusivement conventionnelle ou si elle avait également une source coutumière.  De même, il n’est pas considéré comme apportant une réponse définitive quant au caractère plus ou moins général de l’approche devant être adoptée par la Commission dans le traitement du sujet.  Il reviendra au Rapporteur spécial de déterminer l’ordre précis des questions à traiter ainsi que la structure et l’articulation des projets d’articles qu’il envisage d’élaborer sur les divers aspects du sujet. 


La Commission n’a pas examiné le sujet de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État au cours de sa session 2009. Elle a par contre débattu de la clause de la nation la plus favorisée (NPF).  Le Groupe d’étude établi pour la circonstance est convenu d’un programme de travail prévoyant l’établissement de documents dont il espérait qu’ils apporteraient des éclaircissements supplémentaires sur des questions relatives, en particulier, à la portée des clauses NPF et à leur interprétation et application.  Huit sujets à

approfondir ont été répertoriés: la catalogue de dispositions NPF,le projet d’articles de 1978 de la Commission du droit international, le rapport entre traitement NPF et traitement national, les clauses NPF au GATT et à l’OMC, les travaux de la CNUCED sur le traitement NPF, les travaux de l’OCDE sur le traitement NPF, le problème Maffezini 875 dans le cadre des traités d’investissement et les Accords d’intégration économique régionale et accords de libre-échange.


Cette année, la Commission a créé un groupe d’étude dans le cadre de son examen sur les traités dans le temps.  Ce Groupe s’est efforcé de recenser les questions à examiner et a réfléchi à ses méthodes de travail ainsi qu’aux résultats possibles des travaux de la Commission sur le sujet.  En ce qui concerne la portée du sujet, la principale question était de savoir si le Groupe d’étude devait étudier essentiellement l’accord et la pratique subséquents, ou s’ilconvenait d’adopter une approche plus large et étudier d’autres questions telles que les effets de sources ultérieures de droit international sur les traités (effets de traités successifs; apparition d’une coutume; desuetudo et obsolescence).  Au final, le Groupe d’étude a décidé, entre autres que son Président élaborera pour l’année prochaine un rapport sur l’accord et la pratique subséquents au regard de la jurisprudence de la Cour internationale de Justice (CIJ) et d’autres cours et tribunaux internationaux de compétence générale ou spécialisée.


Concernant les autres décisions et conclusions de la CDI, le rapport indique que la Commission a décidé de nommer M. Lucius Caflisch, Rapporteur spécial pour le sujet des effets des conflits armés sur les traités.  Par ailleurs, examinant la résolution 63/128 relative à l’état de droit aux niveaux national et international, la Commission a réaffirmé son attachement à l’état de droit dans toutes ses activités.  Elle a aussi réaffirmé l’importance qu’il y a à fournir et à diffuser tous les éléments démontrant la pratique des États et autres sources de droit international pertinents pour l’accomplissement de sa tâche de développement progressif et de codification du droit international.  Elle a en outre demandé que des contributions volontaires soient versées au fonds d’affectation spéciale créé afin de résorber l’arriéré de publication de l’Annuaire de la Commission du droit international.


La Commission qui a décidé de consacrer à sa soixante-deuxième session, au moins une séance à un débat sur « les clauses de règlement des différends », a également souligné que l’expertise déployée par les rapporteurs implique certaines formes d’assistance dont ils ont besoin.  Elle a également décidé que sa soixante-deuxième session se tiendrait à Genève du 3 mai au 4 juin et du 5 juillet au 6 août 2010.


Déclarations


M. ERNEST PETRIÉ (Slovénie), Président de la Commission du droit international (CDI), qui a fait une présentation des « chapitres introductifs » I à III, du chapitre IV sur la « responsabilité des organisations internationales » et du chapitre XIII sur les « autres décisions et recommandations de la Commission » du rapport, a annoncé l’adoption en première lecture d’un ensemble de 66 projets d’articles, assortis des commentaires y relatifs, sur la responsabilité des organisations internationales. 


Présentant les sujets abordés lors de cette session, il a fait part des avancées réalisées sur les réserves aux traités, en prévoyant une conclusion prochaine, en première lecture du projet de directives.  Il a également fait référence à la poursuite des débats sur les questions de l’expulsion des étrangers, de la protection des personnes en cas de catastrophe, de « l’obligation d’extrader ou de poursuivre (autdedere aut judicare), de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) et celle des traités dans le temps.  La question de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, a-t-il dit, n’a pas été examinée au cours de la session 2009.


Le Président de la Commission a rappelé l’interaction unique qui existe entre les gouvernements et la Commission dans l’accomplissement de son mandat.  Il a ainsi mis en exergue le rôle des gouvernements, caractérisé notamment par la mise à la disposition de la CDI des informations sur leur droit interne et leur pratique sur divers sujets.  « Au moment où la Commission s’intéresse à des « sujets non traditionnels », il est souhaitable que ces observations des États soient encore plus nombreuses et représentent la diversité de la Commission », a-t-il mentionné.


Concernant les méthodes de travail de la CDI, M. Petriè a salué tout d’abord le rôle des rapporteurs spéciaux.  Il s’est ensuite félicité des efforts déployés par l’Assemblée générale, réaffirmés par sa résolution 63/123 du 11 décembre 2008, sur la reconnaissance du travail de ces rapporteurs spéciaux.  Ces derniers, a-t-il dit, « sont un pivot sur lequel évoluent les réflexions de la Commission sur une question donnée ».  La CDI ne peut que faire écho au souhait de voir restaurer les horaires qui étaient accordés aux rapporteurs spéciaux en reconnaissance du rôle qu’ils jouent dans son fonctionnement, a-t-il déclaré.


Il s’est par ailleurs félicité de l’interaction entre les États Membres et la CDI sur des questions juridiques essentielles à l’évolution du droit international.


Le Président de la CDI s’est ensuite arrêté sur la première partie de ce rapport en traitant d’abord des « autres décisions ».  À ce propos, il a évoqué la coopération qui lie la CDI à d’autres organisations internationales, avant de se féliciter de la visite annuelle du Président de la Cour internationale de Justice (CIJ) à son institution et de souligner l’importance des réunions organisées entre les membres de la CDI et les juristes du système des Nations Unies.  Toujours dans le cadre des « autres décisions », il a plaidé pour que des contributions volontaires soient versées au Fonds d’affectation spéciale créé pour résorber les retards dans la publication de l’Annuaire de la CDI.


Concernant les chapitres de fond du rapport, le Président de la CDI a mis l’accent sur le chapitre relatif à la responsabilité des organisations internationales dont l’inscription au programme de travail de la Commission date de sa cinquante-quatrième session (2002).  « L’adoption en première lecture d’un ensemble de 66 projets d’articles est un succès notable », a-t-il souligné, en rappelant que la CDI a décidé de transmettre les projets d’articles par l’entremise du Secrétaire général, aux gouvernements et aux organisations internationales pour commentaires et observations, en les priant de faire parvenir ces commentaires d’ici au 1er janvier 2011.  La communication de ces commentaires et observations dans les temps est fondamentale pour terminer la deuxième lecture en 2011.


S’agissant du contenu des projets d’articles eux-mêmes, il a expliqué que la CDI a apporté une plus grande clarté au projet de document en restructurant, notamment, sa partie introductive.  L’ancien titre de la première partie est devenu le titre de la deuxième partie et les parties qui suivent étant devenues, respectivement, partie III et partie IV. 


Le Président de la CDI a ensuite cité les modifications principalement apportées cette année dans ces projets d’articles, en soulignant notamment celles menées sur l’article 2, concernant les expressions « règles de l’organisation », et « agents ».  Sur le projet d’article 9 ayant trait à l’existence de la violation d’une obligation internationale, des modifications ont été introduites au paragraphe 2, a-t-il mentionné.  De même, les articles 16 et 17 du projet d’articles ont été révisés, depuis leur dernière présentation.


Le projet d’article 20 sur la légitime défense a suscité de longs et intenses débats au cours des discussions de la CDI, a dit M. Petriè, précisant que les approches ont été partagées sur cette question.  Certains États Membres ont refusé tout parallèle avec le cas des organisations internationales.  Pour eux, il est inapproprié d’appliquer cette notion aux organisations internationales, tandis que d’autres ont estimé que le droit à la légitime défense était un droit inhérent à tout sujet de droit, a-t-il indiqué.  


Diverses solutions ont été proposées pour unifier les positions divergentes, en faisant une analogie avec les conditions d’exercice de la légitime défense telle que prévue par la Charte de l’OINU.  Finalement, a-t-il expliqué, la Commission s’est résolue à se référer dans cet article, à l’usage légal de mesures de légitime défense que peut prendre une organisation, conformément au droit international.


Le Président de la CDI a en outre appelé l’attention sur les changements apportés au projet d’article 60 qui porte sur « l’État qui cherche à se soustraire à ses responsabilités », avant d’indiquer, en ce qui concerne les nouveaux projets d’articles, que le projet d’article 21, paragraphe 1er, organise les contre-mesures prises par une organisation internationale contre une autre organisation internationale.  Si le projet d’articles, a-t-il dit, n’exclut pas par principe cette possibilité pour une organisation de prendre des contre-mesures contre un État, il vise à en restreindre l’usage possible par une organisation contre un de ses membres, a défendu le Président de la CDI.


Sur la dernière partie du projet d’articles, il a souligné l’importance de la lex specialis, en précisant que la diversité des organisations internationales ne saurait empêcher l’application du projet d’articles.  Il a ensuite expliqué que la CDI a tout fait pour que les organisations internationales n’invoquent pas toujours leurs particularités afin d’échapper à leurs obligations internationales.  La variété des organisations internationales ne doit pas aller contre la réflexion que mène la CDI sur ce sujet.


En conclusion, M. Petriè a fait mention de certaines questions qui n’ont pas été expressément traitées ni dans les projets d’articles sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite, ni dans les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Ces questions sont notamment les suivantes: quand le comportement d’un organe d’une organisation internationale mis à la disposition d’un État est-il attribuable à ce dernier? Quand le consentement donné par une organisation internationale à la commission d’un fait par un État est-il une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet État? La CDI attend les commentaires des États Membres sur ces interrogations, a-t-il assuré avant de conclure.


Mme PATRICIA O’BRIEN, Secrétaire générale adjointe et Conseillère juridique des Nations Unies, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’assistance aux rapporteurs spéciaux de la CDI, a reconnu les difficultés auxquelles sont confrontés ces experts qui œuvrent pour la Commission juridique.


Ce rapport concerne, a-t-elle insisté, la situation des rapporteurs qui travaillent avec la CDI et non ceux qui sont liés sous d’autres contrats avec les Nations Unies.  Le document rappelle non seulement l’importante contribution de ces rapporteurs spéciaux pour enrichir les réflexions et les travaux de la Commission, mais il aborde aussi le type d’assistance qui leur est fournie.  Ainsi, a expliqué la Secrétaire générale adjointe, les rapporteurs spéciaux bénéficient des moyens fournis à la Commission dans son ensemble, mais également de mesures plus ciblées et spécifiques.


Le rapport, a poursuivi Mme O’Brien, examine ensuite en détail les difficultés actuelles.  Il y a d’abord des obstacles institutionnels.  La CDI est un organisme juridique dont le rôle et le fonctionnement sont différents de ceux du Secrétariat.  Ainsi, certaines activités menées par les rapporteurs spéciaux requièrent de façon différente, une analyse approfondie qui demande énormément du temps. 


En plus de leurs travaux personnels, a-t-elle dit, les rapporteurs spéciaux doivent parfois se consacrer à des recherches pour le compte de la CDI.  Le rapport du Secrétaire général, a-t-elle indiqué, souligne aussi le fait que les rapporteurs spéciaux ont souvent engagé leurs propres ressources financières et ont souvent été contraints de modifier leur calendrier de travail, sans considération de la part du Secrétariat.  Le rapport reconnaît que les restrictions budgétaires de l’ONU n’ont pas épargné les travaux de la CDI et, par conséquent, l’assistance aux rapporteurs spéciaux.  Le rapport du Secrétaire général, a conclu Mme O’Brien, présente divers éléments qui vont permettre à la Commission de réfléchir de manière approfondie sur cette question.


M. THOMAS WINKLER (Danemark) a déclaré, au nom des pays nordiques, que la pratique des organisations internationales n’avait pas été jusqu’ici suffisamment généralisée et cohérente pour déduire des règles générales, se félicitant des travaux de la Commission du droit international.


« Il est essentiel que les travaux de la CDI reposent sur la pratique », a estimé M. Winkler, indiquant en préambule que les pays nordiques transmettront des commentaires par écrit à la CDI avant le 1er janvier 2011 sur les projets d’articles contenus dans son rapport.


Le représentant danois a cependant émis quelques doutes sur certains aspects du projet d’article 6 sur la conduite par les organes ou agents mis à disposition d’une organisation internationale par un État ou une autre organisation.  Pour M. Winkler, le commentaire du projet d’article 6 mériterait un examen plus approfondi de la Commission, au regard des décisions Behrami/Saramati rendues en 2007 par la Cour européenne des droits de l’homme, concernant la présence internationale militaire et civile au Kosovo.  La Commission pourra souhaiter envisager dans ses commentaires, une portée fonctionnelle plus large, compte tenu du personnel et des équipements que les États peuvent s’engager à fournir lorsqu’ils répondent à des demandes urgentes d’une organisation internationale.  Il est alors possible que les organes d’un État soient mis à disposition d’une organisation internationale et deviennent agents d’une organisation internationale.


Les structures du maintien de la paix doivent évoluer en fonction des besoins changeants.  Il devrait être envisagé, dans les cas où l’ONU ne peut intervenir directement, d’autoriser l’intervention pour des organisations internationales comme l’Union européenne, l’OTAN ou l’Union africaine.  Dans certains cas, des commandements unifiés pourront être mis en place entre différentes organisations internationales.  « Garantir l’intégrité des chaînes de commandement dans les missions de maintien de la paix » reste une priorité pour les pays nordiques.  Le représentant danois a ainsi rappelé qu’une organisation internationale peut conserver le contrôle ultime sur la conduite opérationnelle tout en ayant délégué de manière licite certains pouvoirs, citant à cet égard un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme.  Dans certains cas, les organisations internationales n’exercent pas de contrôle effectif.


Les pays nordiques approuvent les commentaires de l’article 6 qui stipule que le contrôle d’une organisation internationale doit être restreint à son contrôle effectif et non pas à un contrôle ultime.  En conclusion, M. Winkler a exprimé ses réserves à l’article 16 et sa préoccupation sur la suggestion d’une responsabilité internationale pour les organisations internationales.  « La portée de cet article n’est pas clairement établie », a-t-il estimé.


M. JOEL HERNÁNDEZ GARCÍA (Mexique), qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a invité les États, les organisations internationales et les autres institutions pertinentes à apporter leur soutien aux travaux de la Commission du droit international (CDI), rappelant qu’elle se basait sur la doctrine, la jurisprudence et la pratique des différents États.  Il a souhaité que les questionnaires que la CDI adresse aux États Membres soient plus ciblés sur les principaux aspects des sujets examinés.  Il a aussi suggéré d’inclure plus d’États Membres de l’ONU dans les discussions sur les travaux de la Commission et a proposé une interaction directe entre ces États Membres et la Commission.  Pour renforcer cette coopération et ce dialogue, le représentant du Mexique a également évoqué la possibilité de renforcer les contacts et les consultations entre les délégations et les rapporteurs spéciaux pendant les réunions de la Sixième Commission.  À l’heure actuelle, a-t-il relevé, seulement le Président de la CDI et un ou deux rapporteurs spéciaux peuvent assister à ces réunions, pour des raisons budgétaires.  Si tous les rapporteurs pouvaient y assister, ils seraient aussi disponibles pendant la semaine d’examen du rapport de la CDI pour répondre aux questions des délégations, a-t-il ajouté.  M. García a enfin souligné l’importance du dialogue thématique entre la CDI et la Sixième Commission, qui permet un échange de vues plus informel.


M. FERDINAND TRAUTTMANSDORFF (Autriche) a félicité le Rapporteur spécial de la CDI pour avoir permis la première lecture de l’ensemble des 66 projets d’articles sur la « responsabilité des organisations internationales ».  L’Autriche soumettra ses commentaires par écrit, a-t-il dit.  Le représentant a estimé que certains articles ont un caractère trop abstrait, inspirés par ceux de la responsabilité de l’État et ne tiennent pas suffisamment compte des différents degrés de pouvoirs transférés aux organes des organisations internationales ou des degrés d’influence des États Membres sur les décisions de ces organisations.  Abordant la première question posée par la CDI, qui concerne le comportement d’un organe d’une organisation internationale « mis à la disposition d’un État », il a considéré qu’elle est attribuable à l’État si l’organe a été explicitement mis à la disposition de l’État.  Il a ajouté que dans ce cas, l’organe doit agir sur instruction ou sous la direction ou le contrôle de l’État.


Concernant la deuxième question, « quand le consentement donné par une organisation internationale à la commission d’un acte internationalement par un État est-il une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet État? », le représentant a souligné son extrême complexité.  Pour y répondre, a-t-il dit, il faut déjà se demander quel est l’organe de l’organisation qui peut être habilité à donner un consentement valable.  Une résolution non contraignante, pour certains, ne constitue pas un consentement ayant pour effet juridique d’exclure l’illicéité selon les articles sur la responsabilité de l’État, a relevé le représentant.  Enfin, sur la question de savoir quand une organisation internationale est habilitée à invoquer la responsabilité d’un État, il a noté que ce droit est relatif à des violations d’obligations envers l’organisation elle-même.  Il peut y avoir des problèmes quand ce sont seulement un ou quelques États Membres de l’organisation qui ont une obligation envers l’organisation.  À moins que soit prévu dans son acte constitutif un droit pour l’organisation d’invoquer ces violations, elle ne peut pas semble-t-il les invoquer, a estimé M. Trauttmansdorff, avant d’inviter la CDI à examiner plus avant cette question.


M. ANDREI POPKOV (Bélarus) a appuyé la structure générale du rapport de la CDI qui couvre les différents aspects de la responsabilité des organisations internationales et des États, en rapport avec le fait internationalement illicite d’une organisation internationale.  Il a néanmoins estimé que ce projet d’articles pouvait être étendu pour intégrer la question de la responsabilité internationale des États à l’égard des organisations internationales pour le préjudice subi.  La responsabilité des États à l’égard des organisations internationales est importante.  Pour M. Popkov, si les organisations ont des droits envers les États, la réciproque doit être de mise.  Ceci est utile par exemple dans le cadre de l’exécution ou de l’inexécution des accords de siège passés entres ces deux parties.  De même, a-t-il dit, en cas de grief fait aux membres du personnel de l’ONU et aux autres individus exerçant des activités pour la communauté internationale, la possibilité de se retourner contre l’État auteur doit être offerte à l’organisation internationale.  Il a demandé à continuer à s’intéresser à la question de la responsabilité commune non liée à la responsabilité subsidiaire des États Membres et qui stipule que « l’organisation internationale responsable est tenue de réparer intégralement le préjudice causé par le fait internationalement illicite ».  Le Bélarus ne s’oppose pas à l’exclusion de l’article 20 sur la légitime défense.  Cette légitime défense est un principe reconnu aux États par l’article 51 de la Charte de l’ONU, a-t-il assuré.


Le représentant a appelé à clarifier les notions d’« obligation ressortissant à la communauté internationale dans son ensemble » et de « responsabilité à l’égard de la communauté internationale » qui joue un rôle important dans l’invocation de la responsabilité internationale.  Faisant référence au projet d’article 24, sur la responsabilité des organisations internationales, le Bélarus, a-t-il dit, émet des réserves sur la place accordée à l’expression « la nécessité en relation avec l’acte illicite ».  C’est pourquoi, il a appelé à approfondir les réflexions sur les expressions « intérêt essentiel de l’État » et « intérêt essentiel de l’organisation internationale ».


M. DUAN JIELONG (Chine) a formulé des observations sur la partie « responsabilité des organisations internationales » du rapport de la CDI.  En ce qui concerne la méthodologie et l’applicabilité universelle des articles, le représentant a estimé que ces mêmes articles continuaient de suivre la méthode de l’analogie et se fondaient sur la pratique de l’ONU et de l’Union européenne.  « Nous avons besoin d’un examen plus approfondi sur les différences qui existent entre organisations internationales et États dans les objectifs, les fonctions et dans les organisations internationales autres que l’ONU et l’Union européenne pour renforcer les articles et leur applicabilité universelle. »  Le représentant de la Chine a relevé des particularités au sein des organisations internationales, comme notamment la possibilité pour des organisations non gouvernementales de participer aux travaux des organisations intergouvernementales internationales.


« La définition de l’organisation internationale contenue dans le Convention de Vienne de 1986 répond à l’objectif de notre sujet et la définition des organisations internationales de l’article 2 du rapport de la CDI doit être limitée aux organisations intergouvernementales. »  Évoquant la relation entre responsabilité des organisations internationales et la responsabilité de leurs États Membres, aux articles 13 à 15 et 57 à 61, « les dispositions pertinentes ne sont pas très claires », selon le représentant chinois.  « Comment répartir les responsabilités d’actes illicites entre les organisations internationales et les États Membres, selon que l’acte d’un État Membre est un acte de participation au processus de décision, d’aide ou de simple participation ?», s’est-il interrogé.  La Chine propose que la CDI étudie plus en profondeur ces questions.


Mme SUSANNE WASUM-RAINER (Allemagne) a salué l’adoption de l’ensemble des 66 projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales, ainsi que les modifications proposées sur la responsabilité de l’État.  « Ces deux compilations deviendront des pierres angulaires importantes du droit international, a estimé la représentante allemande.  Elles seront d’une importance fondamentale pour les jurisprudences nationale et internationale. »  Mme Wasum-Rainer a précisé que les projets d’articles sur la responsabilité d’État avaient déjà servi à plusieurs reprises d’argument dans la jurisprudence de plusieurs hautes cours allemandes.


En ce qui concerne la question de la responsabilité d’État en lien avec la conformité à une organisation internationale, l’Allemagne a déjà signifié par écrit qu’elle rejetait la règle générale de la responsabilité d’état principalement en raison de son appartenance à une organisation internationale.  L’Allemagne accueille avec bienveillance l’inclusion des nouveaux projets d’articles 57 à 62 concernant les aspects importants des relations entre la responsabilité des organisations internationales et celle des États.  « Les relations entre une organisation internationale et ses États Membres devraient être envisagées exclusivement au regard des règles internes à cette organisation », a indiqué la représentante allemande.


Mme Wasum-Rainer a ensuite évoqué le cas de la substitution de l’action d’une organisation internationale à celle d’un État, question mise en avant par la CDI.  De l’avis de sa délégation, il n’y a donc pas lieu de mettre les organes d’une organisation internationale à la disposition d’un État.  Cependant, il serait concevable de confier à un État la responsabilité de l’action d’un organe d’une organisation internationale si cette dernière exerce un « contrôle effectif » sur l’action de cet État.  Mme Wasum-Raiser a apporté un éclairage à la question de savoir quand une organisation internationale est autorisée à invoquer la responsabilité d’État, si elle subissait un acte illicite de la part d’un État.  L’Allemagne, a-t-elle dit, souligne la distinction qui doit être établie entre les relations d’une organisation internationale avec ses États membres et avec des États tiers.  Dans le premier cas, les règles de l’organisation internationale s’imposent, dans le second cas c’est la responsabilité de l’État.  Cependant, Mme Wasum-Rainer a voulu savoir si cette question doit être tranchée dans les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales ou si elle relève uniquement du contexte de la responsabilité d’État et devrait donc être analysée uniquement dans ce contexte.  La déléguée allemande a proposé que, malgré les « difficultés pratiques », un projet d’article distinct soit adopté par la CDI sur cette question.


M. MANUEL MONTECINO GIRALT (El Salvador) a salué le travail des rapporteurs spéciaux sur la responsabilité des organisations internationales, réserves aux traités, l’expulsion des étrangers, la protection des personnes en cas de catastrophe, notamment, en appelant la CDI à poursuivre l’achèvement de ses travaux.  Il a ensuite souligné les liens qui existent entre la CDI et la Sixième Commission, en estimant qu’une coopération plus étroite est importante pour faire progresser les réflexions sur des questions importantes du droit international.  Il a fait part de la détermination du nouveau Gouvernement salvadorien à devenir un acteur « actif » dans les instances des Nations Unies.  Il a conclu en soutenant les travaux de codification et de développement progressif du droit international, menés par la CDI.


M. JAROSLAV HORÁK (République tchèque) a répondu à la première question posée par la Commission du droit international qui vise à déterminer si le comportement d’un organe d’une organisation internationale mis à la disposition d’un État est attribuable à ce dernier.  Il a estimé que la responsabilité d’une organisation internationale et celle d’un État ne s’excluent pas mutuellement.  En d’autres termes, dans certaines conditions, le comportement qui est considéré comme celui d’une organisation internationale peut aussi être attribué à un État.  Il a toutefois souligné l’ambiguïté de la jurisprudence à ce sujet, citant celle de la Cour européenne des droits de l’homme dans les affaires Behrami et Saramati où le critère de « contrôle effectif » a conduit à retenir la responsabilité des Nations Unies.  D’un autre côté, la Chambre des Lords au Royaume-Uni, dans l’affaire Al Jedda, a conclu que le comportement était attribuable à un État plutôt qu’à une organisation internationale.  Il a souligné que la pratique des États et des organisations internationales est tout aussi contrastée que la jurisprudence existante en la matière.  La solution réside, a-t-il estimé, dans le respect des personnalités juridiques séparées de l’organisation internationale et de ses États Membres.  De l’avis de sa délégation, les États Membres mettant en application un acte d’une organisation internationale seraient responsables dans trois cas seulement: quand l’État a outrepassé le champ d’application du comportement attribuable à l’organisation internationale; quand l’État était impliqué dans la mise en œuvre d’un acte de l’organisation internationale qui excédait manifestement l’autorité de l’organisation et quand l’État était directement impliqué dans la mise en œuvre d’un acte de l’organisation internationale en violation grave d’une obligation de jus cogens.


Passant à la deuxième question, qui cherche à savoir « quand le consentement donné par une organisation internationale à la commission d’un fait par un État est une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet État », M. Horák a considéré que la question du consentement de l’organisation internationale n’est pas pertinente dans les cas où l’acte de l’État est par lui-même illicite.  Un consentement valable donné par une organisation internationale à un État pour accomplir un acte exclue l’illicéité de l’acte à condition que le consentement soit donné dans les limites de l’autorité de l’organisation, que l’État ait agit strictement dans les limites du consentement et que l’acte ne soit pas en conflit avec une norme de jus cogens ne prévoyant aucune exception.  S’agissant de la troisième question, qui demande quand une organisation internationale est habilitée à invoquer la responsabilité d’un État, M. Horák a invoqué la jurisprudence de la Cour internationale de Justice selon laquelle une organisation internationale a le droit d’agir en justice contre l’État responsable.  Mais chaque organisation internationale a une compétence matérielle et une compétence d’attribution différentes, a-t-il rappelé. 


M. COSMIN DINESCU (Roumanie) a tout d’abord remercié la Commission du droit international pour la mise à jour de son site Internet concernant ses derniers travaux qui, de l’avis de sa délégation, constitue une « ressource précieuse » pour les professionnels du droit international.  Il a également salué la tenue, cette année, du Séminaire du droit international qui a fourni un cadre de travail pour les jeunes praticiens du droit pour se familiariser avec les travaux de la CDI sur des questions importantes comme la piraterie ou le rôle futur de la CDI.


La Roumanie compte transmettre certains de ses commentaires au rapport de la CDI par écrit.  Son délégué se félicite du septième rapport du Rapporteur spécial et les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  M. Dinescu a rappelé la difficulté de cet exercice, résultant notamment de l’absence de pratique dans le domaine.  « Si les projets d’articles sur la responsabilité des États pour des actes illicites au niveau international peuvent inspirer les travaux dans certaines circonstances, il convient de ne pas ignorer la nature différente des organisations internationales et de prendre en compte leur diversité, car elles sont parfois régies par des règles complètement différentes », a déclaré le représentant roumain.  Ce dernier a estimé que la première lecture des projets d’articles confirmait cette difficulté de répertorier toutes les règles sur la responsabilité d’organisations internationales diverses au sein d’un même texte.


La délégation roumaine est d’avis que les définitions des termes « règlements des organisations » et « agents » devraient être placées en bas de l’article 2 paragraphe 2.  La délégation partage l’approche sur les « dispositions générales » aux articles 63 à 66.  Ceci étant dit, « nous estimons que le projet d’article 63 sur la lex specialis, qui est d’une importance capitale, pourrait nécessiter des affinements et faire l’objet d’un examen plus poussé de la part de la Commission », a estimé M. Dinescu.


Avant de conclure, le représentant de la Roumanie a estimé que les projets d’articles 16, 60, 61 et 63 devraient être minutieusement rédigés car ils sont d’une importance cruciale.  Ces projets d’articles devraient être soigneusement examinés afin de refléter, d’une part, les similarités et les différences entre la responsabilité d’État et la responsabilité des organisations internationales et d’autre part, la diversité des organisations internationales.


Mme EDWIGE BELLIARD (France) a salué l’adoption par la CDI des 66 projets d’articles sur la responsabilité des organisations.  S’agissant de la délicate question des contre-mesures adoptées par une organisation internationale contre un de ses membres -projet d’article 21-, elle a noté avec satisfaction que des précautions de langage ont été prises afin de traiter de la manière la plus restrictive possible cette éventualité.  En ce qui concerne le projet d’article 60 relatif à la responsabilité d’un État Membre qui cherche à se soustraire à ses obligations », elle a estimé qu’elle repose sur une idée novatrice, mais s’est demandé si elle est bien fidèle aux canons du droit de la responsabilité pour fait illicite.  Elle a toutefois jugé acceptable ce projet d’article, tel qu’il a été remanié, pour autant que son champ d’application soit rigoureusement encadré.  De l’avis de la représentante, le paragraphe 7 du commentaire de ce projet d’article peut paraître encore faible lorsqu’il n’exige qu’un « lien suffisant » entre le comportement de l’État Membre et celui de l’organisation ou lorsqu’il est écrit qu’« une évaluation de l’intention précise de la part de l’État membre de contrevenir à une obligation internationale n’est pas nécessaire » et qu’elle peut être « déduite des circonstances ».  Au contraire, selon Mme Belliard, cette intention est déterminante.


Au sujet de la « légitime défense », la déléguée de la France a souligné l’existence de certaines incertitudes comme sur l’emploi de cette expression pour le recours à la force par une organisation internationale ou par l’un de ses organes ou agents, notamment dans le contexte des forces des Nations Unies.  Mme Belliard a indiqué qu’il semblerait toutefois hasardeux d’en déduire des conséquences trop générales concernant l’analogie entre le droit naturel de légitime défense de l’État en cas d’agression armée et le droit éventuel d’une organisation internationale de recourir à la force dans différents contextes.  La rédaction du projet d’article 20 lui a toutefois paru suffisamment ouverte.  Enfin, abordant les questions posées aux États Membres par la CDI, elle a répondu pour les deux premières qu’elles pouvaient être aisément résolues par analogie.  Pour la troisième question, qui demande quand une organisation internationale est habilitée à invoquer la responsabilité d’un État, elle a noté qu’elle exigeait une analyse approfondie et a demandé que la CDI évalue l’opportunité d’éventuels projets d’articles sur le sujet.


M. THEMBILE JOYINI (Afrique du Sud) a invité la CDI à coordonner et à promouvoir une coopération plus étroite avec la Commission de l’Union africaine pour le doit international, récemment créée.  M. Joyini a rappelé que l’immunité des représentants de l’État à l’égard de la juridiction pénale étrangère fait l’objet d’un débat connexe à la question de la compétence universelle, où l’Afrique du Sud a posé plusieurs questions sur le champ des immunités.  La délégation sud-africaine pense que la CDI pourrait répondre à certaines des questions qui y ont été posées et pourrait se baser sur les jugements de la Cour internationale de Justice pour répondre aux questions suivantes: qui a le droit aux immunités? Est-ce que seuls les chefs de l’État bénéficient de cette immunité ? Qu’en est-il des ministres des affaires étrangères et personnalités de haut rang?  La CIJ ne répond pas clairement à ces questions, a déclaré le représentant sud-africain.  L’immunité pour les fonctionnaires de l’État ne s’applique qu’à l’exercice de la compétence pénale au niveau national et non au niveau international par les tribunaux internationaux créés pour juger des crimes de guerre ou des génocides.


Pour ce qui est de la question de la responsabilité des organisations internationales, le représentant a rappelé qu’une organisation internationale peut ester en justice.  Il est donc important d’assurer que le profil final soit aligné sur les textes de la CDI sur la responsabilité des États.  « Les articles 57 à 60 pourraient effacer la distinction entre les faits de l’État et de l’organisation s’ils ne sont pas rédigés avec attention, surtout quand les actes de l’État sont licites et ceux de l’organisation internationale illicites », a souligné le représentant de l’Afrique du Sud.  Selon M. Joyini, le projet d’article 16 place sur l’État Membre d’une organisation internationale « une obligation de résister, même en face des plus puissants ».  Il offre la possibilité d’encourager les États à être plus vigilants afin d’éviter de légitimer des actes accomplis dans l’intérêt national et non pas dans l’intérêt collectif de tous les membres de l’organisation.


M. LIONEL YEE (Singapour) a salué la pratique de la CDI qui consiste à ce que les États Membres lui fassent part de leurs observations sur les différents sujets examinés.  Il a ensuite salué la fin de la première lecture de l’ensemble du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales qui, de l’avis de sa délégation, constituent une « contribution importante pour résoudre une question qui a une place prépondérante en droit international, aujourd’hui ».  La prolifération des organisations internationales présente un double défi, a-t-il dit.  Le premier est le fait qu’elles ne sont pas toutes des institutions intergouvernementales et le second est qu’elles ont de plus en plus des rôles et des objectifs très variés, ce qui rend complexe tout travail de codification.


Le représentant a par ailleurs estimé que les projets d’articles 16 et 60 étaient très novateurs, en ce qu’ils règlent le fait que les États Membres ne sauraient transférer leur responsabilité vers une organisation et vice-versa.  Le premier stipule qu’« une organisation internationale engage sa responsabilité internationale si elle adopte une décision obligeant un État ou une organisation internationale membres à commettre un fait qui serait internationalement illicite s’il avait été commis par elle et qui la soustrairait à une obligation internationale ».  Le second, c’est-à-dire le projet d’article 60 édicte qu’« un État Membre d’une organisation internationale engage sa responsabilité internationale s’il vise à se soustraire à une de ses obligations internationales en se prévalant du fait que l’organisation est compétente relativement à l’objet de cette obligation, incitant par là l’organisation à commettre un fait qui, s’il avait été commis par cet État, aurait constitué une violation de cette obligation ».  Sa délégation étudiera ces deux articles et fournira en temps voulu des remarques idoines, a-t-il assuré avant de conclure.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Au cours d'une table ronde, des experts et délégations de la Deuxième Commission préconisent le passage à une croissance verte

AG/EF/3255

Au cours d'une table ronde, des experts et délégations de la Deuxième Commission préconisent le passage à une croissance verte

26/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3255
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Deuxième Commission

Table ronde - matin


AU COURS D’UNE TABLE RONDE, DES EXPERTS ET DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION

PRÉCONISENT LE PASSAGE À UNE CROISSANCE VERTE


Pour le sixième des évènements spéciaux inscrits à l’ordre du jour de ses travaux, la Commission économique et financière (Deuxième Commission), s’est penchée ce matin, lors d’une table ronde à laquelle prenaient part cinq experts-panélistes, sur le thème de la croissance écologique et du développement durable.


« La croissance verte n’est point –contrairement à ce qui a parfois été écrit– une croissance qui s’effectue au détriment du capital naturel ou qui met la survie de l’espèce humaine en danger », a précisé d’entrée M. Park In-kook (République de Corée), Président de la Deuxième Commission.  « Bien au contraire », a-t-il poursuivi, « elle permet de faire face aux défis des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement, améliore notre sécurité énergétique, et assure la création de nouveaux moteurs de croissance économique ».  Dès lors, a conclu M. Park, l’une des questions essentielles est de savoir comment opérer avec succès, dans le contexte actuel de crises, le changement qui s’impose pour parvenir à une « croissance verte ». 


En guise d’interrogations subsidiaires, le Président a suggéré aux experts panélistes d’examiner, dans le cadre de la transition vers une croissance soucieuse de la préservation de la planète, les questions relatives aux investissements et aux mesures à mettre en œuvre; celles liées à la nécessaire implication du secteur privé et au changement d’habitudes de consommation parmi les populations ou encore, celles ayant trait au rôle que devraient jouer les institutions internationales.


Table ronde sur le thème « Croissance écologique et développement durable »


Déclarations liminaires


Prenant la parole à la suite de M. Park In-kook, M. ROBERT POLLIN, Codirecteur et fondateur de l’Institut de recherche en politique économique de  l’Université du Massachusetts à Amherst, a souligné l’importance particulière, dans le contexte américain, des investissements dans le domaine des énergies renouvelables.  Ces investissements seraient, a-t-il expliqué, tout autant profitables à la croissance économique qu’à la création d’emplois nouveaux, tout en constituant une « police d’assurance » contre les conséquences des changements climatiques.  La véritable question est de savoir, a ajouté M. Pollin, « ce que les Américains sont prêts à payer pour cette police d’assurance ».  Illustrant l’avantage qu’il y aurait à consacrer davantage de ressources financières au secteur des énergies renouvelables, il a estimé, qu’aux États-Unis, en y investissant 150 milliards de dollars on créerait 2,5 millions d’emplois nouveaux, alors qu’en injectant la même somme dans le secteur des énergies fossiles, on fournirait aux Américains seulement 800 000 emplois nouveaux.  Enfin, M. Pollin a conclu en se montrant favorable à des investissements dans le secteur des énergies renouvelables qui pourraient aggraver le déficit public.  Mais, a-t-il précisé, ceci vise les investissements à court terme.  Les financements à long terme devant être obtenus, selon lui, par la taxe carbone, des crédits privés, ou par le biais des échanges de droits d’émissions de carbone.


M. TIM JACKSON, auteur du rapport de la Commission britannique pour le développement durable et de l’ouvrage intitulés «  La prospérité sans la croissance? », a relevé le dilemme que représente le choix entre, d’une part, une croissance économique qui se révèle non viable et, d’autre part, une économie qui renoncerait à la croissance au risque de s’effondrer.  Confrontées à ces deux options, les politiques actuelles privilégient le « découplage » entre la croissance d’un côté, et, de l’autre, ses conséquences sur l’environnement.  Pour réussir, a expliqué M. Jackson, ce choix implique que la croissance économique finance en retour les efforts de protection de l’environnement.  Or, a-t-il constaté, pour l’heure, ce n’est toujours pas le cas.  Le modèle socioéconomique actuel, a encore jugé M. Jackson, ne favorise pas une consommation écologique.  Abordant la question des investissements dans les énergies renouvelables, au contraire de M. Pollin qui avait pris la parole avant lui, il s’est dit opposé à l’aggravation du déficit public.  Cette stratégie reposant sur l’idée fausse, selon lui, que les sommes empruntées seront remboursées plus tard.  M. Jackson a estimé qu’il convient plutôt de mettre en place des politiques fiscales, financières et macroéconomiques soucieuses de la protection de l’environnement, génératrices d’emplois et pas forcément de profits.


Tout comme les autres intervenants, M. RAE KWON CHUNG, Ambassadeur pour les changements climatiques, de la République de Corée, a noté que le modèle actuel en matière de croissance économique n’était pas tourné vers la prise en compte des préoccupations écologiques.  Il est temps, a-t-il plaidé, de passer d’une « croissance quantifiée guidée par le marché à une croissance écologique visant la protection de l’environnement et touchant aussi bien les infrastructures et les modes de vie que les technologies tout en stimulant l’économie ».  « La croissance verte est bonne pour l’économie, et le monde dispose de ressources pour la financer », a-t-il ajouté, avant d’évoquer l’exemple de la République de Corée en ce qui concerne la mise en place de mesures de découplage.  De 1975 à 2006, a-t-il expliqué, la croissance de l’économie de la République de Corée a été multipliée par 7,5, alors que sa consommation d’énergie l’était de 7,4.  Dans le même temps, le Gouvernement a entrepris de consacrer 2% du produit intérieur brut (PIB) à la réduction de la consommation d’énergies fossiles, à la sécurité énergétique, et au lancement d’une « révolution verte » inscrite dans les habitudes de consommation des populations. 


M. PAVAN SUKHDEV, auteur principal du Rapport sur l’économie verte à venir du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), s’est, pour sa part, félicité du changement progressif d’état d’esprit sur la question des changements climatiques et de la croissance économique.  Il a évoqué divers projets en cours, à l’instar de la restauration de cours d’eau en République de Corée, pour un coût de 13 milliards de dollars.  De tels investissements, a-t-il noté, s’avèrent fort productifs.  En outre, M. Sukhdev a mis en garde contre trois grands dangers auxquels le monde devra faire face suite aux changements du climat: la rareté de l’eau, la baisse de la productivité agricole et des industries halieutiques, et une plus grande fréquence des catastrophes naturelles.  Il a encore estimé que les changements climatiques pourraient entraîner la disparition des barrières de

corail, toutes choses qui aggraveraient les problèmes d’insécurité alimentaire.  Le renouveau écologique mondial doit avoir pour objectifs, a conclu M. Sukhdev, de renouveler l’économie mondiale, d’offrir de nouveaux emplois pour les populations les plus vulnérables, de réduire les émissions de carbone et la dégradation des écosystèmes, et de lutter contre la raréfaction de l’eau et la pauvreté persistante.  « L’économie verte n’est pas une option, mais une nécessité », a-t-il indiqué.


M. CARSTEN STAUR (Danemark) a relevé que la crise économique et financière mondiale offre l’opportunité de repenser la question des investissements viables.  « Il n’y a aucune contradiction entre croissance économique et politiques climatiques ambitieuses.  Une croissance verte n’est pas un obstacle à la croissance économique », a-t-il ajouté.  À 42 jours de l’ouverture de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, M. Staur a indiqué que l’accord qui devrait en ressortir a deux ambitions: donner corps au cadre légal relatif à la protection de la planète, et encourager la volonté politique dans la lutte contre les changements climatiques.  Évoquant enfin l’expérience de son pays en matière de croissance verte, le représentant du Danemark s’est félicité des résultats obtenus jusqu’ici: 17% de la consommation énergétique du pays sont d’origine verte, et les technologies vertes représentent 10% de ses exportations.  L’Afrique, a-t-il conclu, dispose d’importantes ressources encore inexploitées dans ce domaine, alors que seuls 24% de la population du continent ont accès à l’électricité. 


Dialogue interactif


Lors de la discussion qui a suivi, le représentant de la Suède qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a abordé la question du coût des réformes à effectuer, soulignant que les chefs d’État des États Membres allaient en discuter la semaine prochaine.  Il s’est par ailleurs interrogé sur le coût d’une taxe carbone dans les pays en développement, ainsi que sur les meilleurs moyens de passer des subventions en faveur de la protection de l’environnement aux financements destinés aux populations vulnérables et à la création d’emplois.  Enfin, sur l’enjeu des changements climatiques, le représentant de la Suède a tenté de comprendre si la question du transfert de technologies et des savoirs pouvait faire partie de l’accord à venir à la Conférence de Copenhague.


Le représentant de la France s’est demandé comment, dans le contexte actuel, il fallait repenser le concept de prospérité.  Son homologue du Brésil a de son côté noté, pour les pays en développement, la nécessité de rester attentifs à l’objectif d’éradication de la pauvreté tout en assurant une croissance verte dans le cadre d’un développement durable.


Réagissant à ces remarques, M. JACKSON a noté que la croissance verte devait viser les pauvres afin de les faire émerger de la situation dans laquelle ils vivent.  Le transfert de technologies vertes doit justement soutenir la lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  Tout en partageant ce point de vue, M. CHUNG a estimé que pour les pays en développement, les technologies vertes n’étaient qu’une option parmi d’autres.  Les gouvernements de ces pays peuvent, par exemple, mettre en place des politiques vertes en matière de transport sans attendre ces technologies, a-t-il noté.   Revenant à la question des subventions, M. SUKHDEV a estimé qu’elles sont en partie responsables de la pénurie qui menace les ressources halieutiques mondiales.  Enfin, concluant sur la Conférence de Copenhague, qui aura lieu dans six semaines, M. STAUR a, quant à lui, appelé à redoubler d’efforts en vue de parvenir à un accord sur divers points car, a-t-il jugé, « le verre est à moitié plein ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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L’Assemblée générale renouvelle un tiers des membres du Conseil économique et social (ECOSOC)

AG/10875

L’Assemblée générale renouvelle un tiers des membres du Conseil économique et social (ECOSOC)

26/10/2009
Assemblée généraleAG/10875
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Assemblée générale                                         

Soixante-quatrième session                                 

25e séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RENOUVELLE UN TIERS DES MEMBRES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC )


L’Assemblée générale a remplacé, ce matin, un tiers des membres du Conseil économique et social (ECOSOC).  L’Argentine, les Bahamas, le Bangladesh, la Belgique, le Canada, le Chili, les Comores, l’Égypte, les États-Unis, le Ghana, l’Iraq, l’Italie, la Mongolie, les Philippines, la Slovaquie, l’Ukraine, le Rwanda et la Zambie siègeront à l’ECOSOC à partir du 1er  janvier 2010 pour un mandat de trois ans.


L’ECOSOC, qui, aux termes de la Charte, est l’organe principal de coordination des activités économiques et sociales de l’Organisation des Nations Unies, est composé de 54 États.  Dix-huit membres sont élus chaque année par l’Assemblée générale, à la majorité des deux tiers, pour une période de trois ans; les membres sortants étant immédiatement rééligibles.


La prochaine séance de l’Assemblée générale aura lieu mardi 27 octobre à partir de 10 heures.  Elle sera consacrée à l’examen du rapport de l’ECOSOC.


Détail des votes concernant les élections à l’ECOSOC


Le nombre des bulletins valides était de 188.


Pour les quatre sièges à pourvoir dans le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, la Belgique (177 voix), le Canada (174 voix), l’Italie (179 voix), et les États-Unis (174 voix) ont été élus.


Pour les deux sièges à pourvoir dans le Groupe des États d’Europe orientale, la Slovaquie (181 voix) et l’Ukraine (182 voix) ont été élus.


Pour les cinq sièges à pourvoir dans le Groupe des États d’Afrique, les Comores (182 voix), l’Égypte (177 voix), le Ghana (183 voix), le Rwanda (178 voix), et la Zambie (180 voix) ont été élus.


Pour les quatre sièges à pourvoir dans le Groupe des États d’Asie, le Bangladesh (185 voix), l’Iraq (182 voix), la Mongolie (185 voix) et les Philippines (185 voix) ont été élus.


Pour les trois sièges à pourvoir dans le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, l’Argentine (181 voix), les Bahamas (182 voix) et le Chili (183 voix) ont été élus.


Par ailleurs, lors d’un vote séparé, l’Assemblée a procédé au remplacement des sièges occupés par la Nouvelle-Zélande, la Suède, la Grèce et le Portugal, qui ont souhaité renoncer avant la fin de leur mandat au profit de l’Australie, la Finlande, Malte et la Turquie.


Composition de l’ECOSOC à compter du 1er janvier 2010


L’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, les Bahamas, le Bangladesh, la Belgique, le Brésil, le Cameroun, le Canada, le Chili, la Chine, les Comores, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Estonie, les États-Unis, la Fédération de Russie, la Finlande, la France, le Ghana, le Guatemala, la Guinée-Bissau, l’Inde, l’Iraq, l’Italie, le Japon, le Liechtenstein, la Malaisie, Malte, le Maroc, Maurice, Moldova, la Mongolie, le Mozambique, la Namibie, le Niger, la Norvège, le Pakistan, le Pérou, les Philippines, la Pologne, la République du Congo, la République de Corée, le Royaume-Uni, Sainte-Lucie, Saint Kitts-et Nevis, la Slovaquie, la Turquie, l’Ukraine, l’Uruguay, le Rwanda, le Venezuela et la Zambie.


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Les délégations reconnaissent les progrès en faveur de la stabilisation politique du Timor-Leste, mais insistent sur le renforcement de l’état de droit et le développement économique et social

CS/9774

Les délégations reconnaissent les progrès en faveur de la stabilisation politique du Timor-Leste, mais insistent sur le renforcement de l’état de droit et le développement économique et social

23/10/2009
Conseil de sécuritéCS/9774
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6205e séance – matin


LES DÉLÉGATIONS RECONNAISSENT LES PROGRÈS EN FAVEUR DE LA STABILISATION POLITIQUE DU TIMOR-LESTE, MAIS INSISTENT SUR LE RENFORCEMENT DE L’ÉTAT DE DROIT ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


Le Vice-Premier Ministre, José Luis Guterres, a assuré aux membres du Conseil de sécurité que son pays était déterminé à investir dans les infrastructures clefs pour le développement du pays


Le Conseil de sécurité a salué, ce matin, les progrès en cours au Timor-Leste en matière de démocratisation de ses institutions politiques. 


Les délégations, après avoir entendu le Chef de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), M. Atul Khare, qui présentait l’évolution de la situation sur le terrain, ont également salué le transfert progressif de la responsabilité du maintien de l’ordre à la Police nationale. 


La vingtaine d’intervenants qui se sont exprimés au cours du débat ont exhorté le Gouvernement timorais, qui était représenté par le Vice-Premier Ministre adjoint, M. José Luis Guterres, à poursuivre jusqu’au bout les efforts de réconciliation nationale à la fois pour mettre fin à l’impunité qui protège toujours les auteurs de crimes graves perpétrés lors des crises de 1999 et de 2006 et pour faciliter la mise en œuvre des programmes de développement. 


« Les élections locales du 9 octobre dernier se sont déroulées dans le calme, la police des Nations Unies et la Police nationale timoraise ayant assuré la sécurité dans tous les centres de vote du pays », a déclaré M. Khare, qui s’est dit convaincu que la tenue de ce scrutin témoignait de la capacité et de la volonté des institutions politiques du pays à faire avancer le processus démocratique.  « En se rendant massivement aux urnes, les Timorais ont réaffirmé leur foi dans la démocratie », a-t-il ajouté.


M. Khare, qui s’exprimait pour la dernière fois devant le Conseil en tant que Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste, a assuré qu’après son départ, en décembre prochain, la MINUT continuera de soutenir chaque étape du processus de développement politique et économique du Timor-Leste. 


Il a rappelé que le mandat de la Mission, épaulée par la communauté internationale et l’ensemble des institutions de l’ONU, était précisément d’accompagner les Timorais jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de s’approprier les initiatives pertinentes dans les domaines clefs de la sécurité, de la justice, des droits de l’homme, de la gouvernance et de l’économie. 


Les délégations, en particulier les principaux partenaires du développement du Timor-Leste, ont appuyé ces propos. 


Le représentant de l’Australie a ainsi salué la fermeture des 65 camps de personnes déplacées dressés pendant la crise de 2006.  « L’Australie qui avait apporté une aide aux réfugiés d’un montant de 25 millions de dollars australiens, estime toutefois que cette fermeture ne représente que la première phase d’un processus plus large de réintégration », a-t-il affirmé.


Rappelant que l’Australie, aux côtés de la Nouvelle-Zélande, dirigeait la Force internationale de stabilisation, le représentant a expliqué que, dans la phase de transition, du conflit au développement, dans laquelle se trouve le Timor-Leste, la Force serait amenée à tenir davantage un rôle de coopération avec les structures militaires du Timor-Leste.


Son homologue de la Nouvelle-Zélande a, lui aussi, évoqué la question de la nature de la présence internationale au Timor-Leste dans un environnement en pleine évolution. 


« La situation exige que l’appui de la communauté internationale soit adapté aux besoins nouveaux sur le terrain », a estimé le représentant de la Nouvelle-Zélande.  Il a demandé que, dans le contexte actuel, l’ONU continue d’assister le Timor-Leste dans les efforts entrepris pour renforcer ses institutions et préparer la tenue d’élections pacifiques et crédibles en 2012.  Le représentant a également indiqué que son pays attendait avec impatience les recommandations de la mission d’évaluation technique qui devrait, selon lui, « confirmer que toute stratégie de sortie de la présence internationale au Timor-Leste doit s’effectuer progressivement et en tenant dûment compte de la situation en matière de sécurité ».   


Le débat a été l’occasion pour les délégations d’exhorter le Gouvernement de Timor-Leste à lutter plus énergiquement contre l’impunité. 


Le Vice-Premier Ministre timorais, M. José Luis Guterres, a répondu aux préoccupations des pays et du Secrétaire général concernant l’extradition, le 30 août 2009, d’un ancien chef de la milice Lakseur, M. Martenus Bere, accusé d’avoir participé en 1999 au massacre de près de 200 personnes dans le district de Covalima.  Il a souligné que la procédure d’extradition de ce ressortissant indonésien vers son pays d’origine était conforme à la Constitution timoraise, cette décision s’inscrivant dans les « progrès importants accomplis dans la mise en place d’un système de justice national efficace et crédible ».


M. Guterres a aussi donné des assurances en matière de développement économique.  Il a précisé que le Timor-Leste, qui dispose d’importantes ressources naturelles, avait récemment adhéré à l’Union internationale de l’industrie du gaz et que les revenus du pétrole avaient atteint 5 milliards en juillet dernier.  Il a également assuré que son gouvernement continuera d’investir dans les infrastructures de développement, dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’égalité des sexes et d’axer son action sur la création d’emplois.


Dans son rapport, le Secrétaire général note que le Gouvernement timorais est déterminé à intégrer les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans ses principales activités nationales.  À cette fin, le système des Nations Unies lui apportera tout son soutien, assure M. Ban Ki-moon.


LA SITUATION AU TIMOR-LESTE


Rapport du Secrétaire général sur la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) pour la période allant du 21 janvier au 23 septembre 2009 (S/2009/504)


Dans ce rapport, le Secrétaire général note que sur le plan de la sécurité, la situation est restée calme.  Les conséquences de la crise de 2006 ont été bien gérées par les autorités timoraises avec, en particulier, la fermeture officielle des 65 camps de personnes déplacées de Dili et de Baucau.  En outre, la réintégration des « pétitionnaires » membres de la Police militaire de Falintil-Forças de Defensa de Timor-Leste (F-FDTL) dans la vie civile s’est déroulée sans incident. 


Le rapport souligne aussi que le Timor-Leste a pu intensifier le renforcement de la Police nationale qui, comme le prévoit l’accord entre le Gouvernement et la MINUT, devra progressivement assumer de nouveau la responsabilité du maintien de l’ordre, en s’appuyant sur des ressources accrues pour soutenir la formation et la logistique.  La MINUT s’est acquittée de son rôle en dispensant une formation à la Police nationale en matière de police de proximité, avec l’aide des Gouvernements australiens et néo-zélandais. 


Dans ce contexte, la MINUT a fourni un appui à l’organisation des élections locales, qui ont eu lieu le 9 octobre dernier, en dépêchant sur place 62 Volontaires des Nations Unies.  Le Secrétaire général indique également que pendant la période considérée, le Parlement a adopté des mesures de renforcement de la gouvernance démocratique, en créant, par exemple, des commissions de lutte contre la corruption et de la fonction publique. 


Concernant l’appui de l’ONU au dialogue politique et à la réconciliation, le Secrétaire général se félicite que grâce, notamment, aux efforts de son Représentant spécial, tous les partis politiques ont continué de faire preuve de respect pour les institutions de l’État.  Néanmoins, il note que le Frente Revolucionária do Timor-Leste Independente (Fretilin) continue de nier publiquement la légitimité du gouvernement formé par l’Alliance pour une majorité parlementaire (AMP).


Au chapitre des droits de l’homme, le rapport indique que la MINUT a redoublé d’efforts pour prévenir et combattre les comportements répréhensibles liés à la discrimination, au harcèlement, y compris le harcèlement sexuel, et à l’abus de pouvoir.  Elle a continué de dispenser une formation à tous les fonctionnaires de l’ONU dans le cadre de la stratégie « UN Cares » et a organisé une campagne de sensibilisation sur le VIH/sida et la promotion de la tolérance sur les lieux de travail.


Dans ses observations, le Secrétaire général souligne que les lacunes du système judiciaire continuent d’affecter la confiance du public dans le système fondé sur le régime de droit et, notamment, la Police nationale.  Il préconise d’adopter une approche coordonnée et bien conçue de la réforme du secteur de la justice et l’identification et la fourniture de l’assistance que se doit absolument d’apporter la communauté internationale.


S’agissant du développement social et économique, le rapport indique que le Gouvernement a injecté plus de liquidités dans l’économie en 2008 qu’au cours des années précédentes, par le biais de virements s’élevant à 85 millions de dollars ciblant des groupes tels que les personnes déplacées et âgées qui ont stimulé considérablement l’activité économique.  La mise en place d’une base économique viable dépendra, toutefois, de l’investissement consacré aux secteurs productifs non pétroliers de l’économie susceptible de réduire la pauvreté, d’améliorer les conditions de vie et de créer des débouchés.


Le Secrétaire général note également que pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Gouvernement a pris des mesures pour renforcer l’éducation de base, la santé, la nutrition ainsi que la protection de l’enfance.  M. Ban Ki-moon ajoute que le Fonds pour la réalisation des OMD a décidé de financer, en 2009, un programme commun de trois ans sur la violence sexiste doté d’un budget de 4,9 millions de dollars.


Le peuple timorais, a-t-il rappelé avant de conclure, a démontré à maintes reprises qu’il était déterminé à bâtir une société démocratique, pacifique et stable.  M. Ban Ki-moon estime que sept ans après le rétablissement de l’indépendance, il reste encore beaucoup à faire au Timor-Leste, le soutien continu de la communauté internationale s’avérant indispensable pour relever les défis dans tous les domaines susmentionnés.


Déclarations


M. ATUL KHARE, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste, a indiqué que les élections locales du 9 octobre dernier s’étaient déroulées dans le calme, la police des Nations Unies et la Police nationale timoraise ayant assuré la sécurité dans tous les centres de vote du pays.  Il a estimé que ce succès témoignait de la capacité des institutions politiques du pays à faire avancer le processus démocratique, un processus dans lequel les Timorais ont réaffirmé leur « foi » en se rendant massivement aux urnes. 


Concernant le dialogue politique, M. Khare a indiqué que, conformément au vœu du Secrétaire général, la MINUT continuait d’apporter son appui au rapprochement de toutes les formations politiques du Timor-Leste.  Il a expliqué que la réconciliation était indispensable, notamment pour mettre fin à l’impunité dont jouissent encore certains fauteurs de troubles à l’origine de la crise de 2006 et les auteurs des crimes graves commis en 1999. 


La Mission poursuit ses investigations sur ces exactions, a-t-il dit, en vertu du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité dans sa résolution 1704.  M. Khare a déclaré qu’il était d’accord avec le Président José Ramos-Horta sur le fait que de telles enquêtes devront, à terme, être reprises par les autorités timoraises elles-mêmes.  C’est pourquoi, l’état de droit et le secteur de la justice doivent être renforcés par le biais d’une assistance internationale accrue, a affirmé le Représentant spécial.  M. Khare a indiqué, à cet égard, que depuis janvier, la MINUT avait continué de former les membres de la Police nationale ainsi que ceux de la Police militaire de Falintil-Forças de Defensa de Timor-Leste (F-FDTL). 


Le Représentant spécial a ensuite estimé que la stabilité de Timor-Leste dépendrait des efforts nationaux engagés pour rendre les institutions du pays plus démocratiques, responsables et efficaces.  À chaque étape de ce processus de développement, la MINUT et l’équipe de pays de l’ONU apporteront leur contribution pour accroître les capacités et la crédibilité des institutions de cette jeune nation, a-t-il dit.  Le succès viendra aussi de la capacité du Timor-Leste à répondre aux inévitables crises futures et aux aspirations du peuple timorais de pouvoir bénéficier des dividendes de la cohésion sociale et du développement social et économique du pays, a-t-il estimé. 


M. Khare a appelé à la poursuite et au renforcement de la coopération avec les donateurs bilatéraux et multilatéraux de Timor-Leste.  Il a évoqué le programme d’aide australien par lequel, au cours des quatre dernières années, 9,2 millions de dollars auront pu être consacrés à des projets d’assainissement.  Il a aussi relevé que le Fonds pour la réalisation des OMD, entièrement financé par l’Espagne, a permis de mobiliser 5,5 millions de dollars destinés à appuyer les activités des institutions de l’ONU engagées dans la promotion de la paix sociale et de la stabilité.  M. Khare a également souligné les projets de formation éducative à grande échelle menés par le Portugal et Cuba dans les 13 districts qui composent le Timor-Leste.  Il y a deux jours, la Chine avait annoncé une contribution de 30 millions de yen pour financer des opérations de modernisation de diverses infrastructures, a-t-il ajouté.  En conclusion, M. Khare qui s’adressait pour la dernière fois devant le Conseil de sécurité en tant que Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste, a rendu hommage aux Timorais qui ont « renforcé ma foi dans ces termes de la Charte des Nations Unies où il est proclamé que la quête d’une vie meilleure doit s’effectuer dans une liberté plus grande ». 


M. JOSÉ LUÍS GUTERRES, Vice-Premier Ministre de Timor-Leste, a déclaré que la démocratie du pays et son sens de la responsabilité ont été mis à l’épreuve, le 12 octobre, lors du dépôt d’une motion de censure au Parlement par le parti d’opposition Fretilin, au sujet de la remise à l’Indonésie d’un ancien milicien, de nationalité indonésienne, accusé d’avoir participé au massacre de l’église de Suai en 1999.  Il a expliqué que le débat qui a duré toute la journée, avait été très animé et retransmis en direct à la télévision.  Il s’est réjoui que la notion de censure ait été rejetée et a rappelé que toute la procédure suivie pour le milicien était conforme à la Constitution.  M. Guterres a déclaré que, le 13 octobre, une équipe internationale d’experts indépendants avait rendu son rapport sur les besoins de Timor-Leste et avait constaté des « progrès importants » dans la mise en place d’un système de justice national.


Le Vice-Premier Ministre a rappelé que l’une des plus grandes épreuves auxquelles Timor-Leste a été confronté depuis son indépendance a été la crise de 2006, qui a résulté dans le déplacement de 165 000 Timorais et la création de 65 camps.  Grâce à l’assistance de la MINUT et de la communauté internationale, toutes les personnes déplacées ont pu être réintégrées, la plupart des maisons reconstruites et tous les camps fermés, cette année, a-t-il ajouté, avant de préciser que la seconde phase d’assistance, destinée à 16 500 familles de déplacés, était actuellement en préparation.  M. Guterres a ensuite énuméré divers aspects de la politique sociale de son pays, en expliquant que le Gouvernement du Premier Ministre, M. Xanana Gusmão, estime que la mise en œuvre de telles politiques sociales représente aussi un « investissement dans la stabilité et l’harmonie sociale » du pays, laquelle s’est manifestée lors des élections locales qui se sont déroulées pacifiquement.  Il a rendu hommage au système des Nations Unies et à la communauté internationale pour l’appui apporté à l’organisation et à la supervision du scrutin.


Affirmant que la réforme du secteur de sécurité avait représenté une priorité du Gouvernement actuel depuis sa mise en place, M. Guterres a déclaré que des progrès avaient été réalisés dans le domaine de la défense, expliquant que les projets de loi sur la sécurité nationale et la défense nationale sont actuellement examinés par le Parlement, alors que plusieurs autres textes ont déjà été adoptés et que d’autres sont en préparation.  Il a ajouté que, dans le cadre d’un accord entre les Nations Unies et le Gouvernement pour remettre progressivement le contrôle du maintien de l’ordre à la Police nationale de Timor-Leste, la responsabilité de trois districts et d’une école de police avait déjà été transférée.  Tout en ajoutant que la réforme du secteur de sécurité est une œuvre de longue haleine, d’une génération peut-être, il a estimé que le pays allait dans la bonne direction.


« Pour garantir une paix durable et la stabilité, nous devons investir dans le développement du pays », a affirmé M. Guterres.  Se réjouissant que le pays dispose de ressources naturelles, il a précisé que le Timor-Leste avait récemment adhéré à l’Union internationale de l’industrie du gaz et que les revenus du pétrole avaient atteint 5 milliards, en juillet.  Il a rappelé que, selon la Banque mondiale, la croissance avait été, l’an dernier, de 12,8% et qu’elle devait être de 8 à 9% cette année.  M. Guterres a assuré que son gouvernement continuera d’investir dans les infrastructures de développement, dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’égalité des sexes et de créer de nouveaux emplois, a poursuivi le Vice-Premier Ministre. 


« Avec toutes ces institutions désormais en place, nous pourrons dire au monde qu’en tant que peuple, nous avons tourné la page sur le passé et que nous accueillons avec le sourire l’ère du développement », a déclaré M. Guterres.  Il a rappelé que des milliers de Timorais avaient, l’an dernier, accueilli avec le sourire les coureurs de nombreux pays venus participer au tour cycliste que le pays avait organisé à l’initiative du Président Ramos-Horta.  Cette année, c’est une compétition internationale de pêche qui sera organisée, a-t-il ajouté, en expliquant que ces initiatives doivent permettre de donner une meilleure image du pays et de son peuple.  M. Guterres a conclu en rappelant que Timor-Leste a encore besoin de la présence et du soutien des Nations Unies jusqu’en 2012.


M. YUKIO TAKASU (Japon) s’est dit encouragé par les efforts constants en faveur de l’instauration d’une gouvernance démocratique au Timor-Leste.  De tels progrès, a-t-il poursuivi, ont été démontré lors des récentes élections organisées avec succès dans tout le pays.  Il a exprimé son espoir que la démocratie s’établira dans le pays, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau local.  Il a élégamment réaffirmé son soutien au Représentant spécial du Secrétaire général pour son respect de la souveraineté du pays et pour ses efforts de favoriser le dialogue entre les parties.  Abordant les questions de sécurité et de réforme sectorielle, M. Takasu s’est dit conscient du rôle des Forces armées de Timor-Leste dans le processus d’indépendance du pays.  Mais, a-t-il fait remarquer, pour parvenir à une nation stable et prospère, il faut redéfinir le nouveau rôle des Forces armées du Timor-Leste en temps de paix.


Concluant sur le futur de la MINUT, le représentant du Japon a estimé qu’à la lumière des progrès enregistrés dans le pays, il était possible de revoir la structure de la Mission et de l’adapter aux besoins actuels du pays.  Il a reconnu qu’il est encore nécessaire de suivre l’évolution de la situation dans le pays et c’est pourquoi, il faut faire preuve de prudence pour éviter de prendre une décision hâtive qui risque de saper les succès réalisés à ce jour, a-t-il prévenu.  Sa délégation attend les recommandations techniques de la Mission, a indiqué M. Takasu, qui a souhaité que le rapport du Secrétaire général prévoie un examen du rôle de la Mission dans la perspective d’une édification de la paix à moyen et à long termes.


M. PHILIP JOHN PARHAM (Royaume-Uni) a déclaré que, comme le montre le rapport du Secrétaire général, des signes manifestes de progrès existent au Timor-Leste, le succès des élections locales démontrant la volonté des différentes institutions politiques du pays d’avancer dans le calme sur la voie de la démocratie.  Le représentant a aussi salué le fait que lors des transferts des responsabilités de la Police nationale dans les différents districts, aucun incident majeur n’avait été signalé.  Pour que la réforme du secteur de la sécurité soit entièrement réalisée, les Forces de défense nationales doivent avoir un mandat clair, a-t-il encore dit, en exhortant, en outre, les autorités timoraises à lutter plus activement contre l’impunité qui protège toujours les auteurs de crimes graves commis en 1999, ainsi que contre les violations des droits de l’homme qui auraient été perpétrées par des membres des forces militaires lors de la crise de 2006.  S’agissant de la reconfiguration de la MINUT « qui devra être définie en fonction des ressources disponibles », M. Parham a demandé que les ajustements de la composante police se fassent progressivement.  L’objectif à terme reste le transfert étape par étape des responsabilités politiques, socioéconomiques et en matière de sécurité vers les autorités timoraises, a conclu le représentant britannique.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) s’est félicité des efforts entrepris pour promouvoir le développement économique et la mise en œuvre des OMD et a estimé que progressivement, l’instauration de la démocratie et le développement du pays pourront être réalisés au Timor-Leste.  Le représentant s’est dit préoccupé par la lenteur de la consolidation de l’état de droit.  À ce sujet, M. Urbina a regretté la remise d’un milicien aux autorités indonésiennes qui s’est faite, selon lui, en violation de la Constitution du Timor-Leste.  Le représentant s’est en outre interrogé sur l’utilité d’une armée qui, à ses yeux, n’aura pas vraiment une fonction de défense et devrait devenir un élément de la construction nationale, par exemple en contribuant aux secours en cas de catastrophe naturelle.


Le Timor-Leste illustre bien le rôle que peuvent jouer les Nations Unies dans la consolidation de la paix et démontre l’importance qu’il y a d’intégrer rapidement la composante de consolidation de la paix dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, a estimé M. Urbina.  Le cas du Timor-Leste montre bien qu’il faut créer une association forte et dynamique entre les efforts de la communauté internationale et le leadership des acteurs locaux, a ajouté le représentant.  L’appropriation et le leadership des Timorais ont permis d’utiliser stratégiquement l’aide de la communauté internationale et de relever et construire ainsi un pays, a ajouté M. Urbina, qui a estimé que la communauté internationale devrait s’inspirer de cet exemple.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) s’est félicité que le peuple timorais continue de bâtir, avec l’aide des Nations Unies et de la communauté internationale, une nation démocratique, stable et prospère, et a estimé que le renforcement des mécanismes démocratiques et du cadre législatif et institutionnel y avaient beaucoup contribué.  Il a jugé « méritoire » l’esprit de dialogue qui a permis d’obtenir l’adhésion de l’opposition démocratique, lors de l’examen de divers projets de loi au Parlement, et y a vu la volonté des acteurs politiques de privilégier l’intérêt national aux considérations partisanes.  Il a souhaité que cette dynamique se poursuive.  Le représentant a salué la « politique de rigueur » mise en œuvre pour filtrer et certifier les agents de la Police nationale.  Il s’agit d’un « gage de crédibilité » pour l’institution qui améliorera le climat de confiance entre gouvernants et gouvernés, a-t-il estimé, avant de se réjouir du renforcement du cadre législatif et réglementaire régissant la Police.  Toutefois, a-t-il ajouté, les diverses initiatives prises dans la réforme du secteur de sécurité doivent bénéficier d’une approche réaliste et cohérente et des ressources financières adéquates.


M. Kafando a estimé qu’il faudrait soutenir davantage la promotion et la protection des droits de l’homme, y compris la lutte contre l’impunité, l’exécution des peines prononcées et l’indemnisation des victimes et des familles.  Il s’est félicité des progrès importants réalisés dans le domaine judiciaire, y compris par l’adoption du nouveau Code pénal et de la loi sur la violence familiale, tout en ajoutant qu’il faudrait désormais en assurer la mise en œuvre complète.  Le représentant a estimé que les politiques de développement social et économique sont pertinentes, mais a jugé nécessaire que le Gouvernement du Timor-Leste y intègre les OMD afin de réduire la pauvreté.  Il a exhorté les partenaires du Timor-Leste à soutenir les efforts du Gouvernement en matière de développement des infrastructures et de développement rural.  Malgré les considérables progrès réalisés, le Timor-Leste a toujours besoin du soutien de la MINUT et du système des Nations Unies, a estimé le représentant.  Il a ajouté que la MINUT devrait particulièrement aider à garantir la sécurité publique, en renforçant les capacités de la Police nationale dans la perspective d’une autonomisation totale.  À moyen terme, la MINUT devra contribuer au réajustement des politiques de développement et des programmes de relèvement, a-t-il conclu.


M. ZHANG YESUI (Chine) a salué le fait que la situation sur place soit restée calme et stable pendant la période examinée.  Le dialogue politique se poursuit, et un consensus existe entre les dirigeants des différentes factions politiques quant à la nécessité d’avancer tranquillement sur la voie de la démocratie, a-t-il dit.  Le représentant s’est félicité de la reprise de la responsabilité du maintien de l’ordre par la Police nationale et la bonne gestion par les autorités nationales du retour des déplacés de l’intérieur chez eux.  La réalisation de la paix durable appelle des efforts accrus pour améliorer les conditions de vie des populations, précisant que cela doit passer par une lutte coordonnée contre la pauvreté et le chômage, a encore considéré M. Zhang.  De l’avis de sa délégation, le Timor-Leste, assisté par la communauté internationale, doit se concentrer sur le renforcement des infrastructures mises en place pour assurer le développement social et économique, afin de supprimer les facteurs de déstabilisation.  Pour ce qui est du mandat de la MINUT, il a souhaité, à l’instar du Secrétaire général, que la Mission soit maintenue dans sa composition actuelle, sa reconfiguration devant se faire « progressivement ».  Les Nations Unies doivent agir à l’aune des réalités du pays et en continuant leurs efforts de formation des membres du secteur de la Police pour accélérer et améliorer les transferts des responsabilités à ce niveau, a souligné le représentant. 


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a déclaré que, grâce à la MINUT, mais aussi à la résilience et à la détermination du peuple et du Gouvernement timorais, le pays a pu célébrer le dixième anniversaire de son indépendance.  Il s’est félicité du fait que ces célébrations aient pu se dérouler dans le calme, trois ans après la crise de 2006 et un an et demi après l’attentat contre le chef de l’État.  Il s’est félicité de la tenue des élections locales du 9 octobre, convaincu que cela montre que le peuple timorais est attaché à la démocratie et que les partis politiques respectent les principes démocratiques.  Il s’est également réjoui que la sécurité s’améliore et que les derniers camps de personnes déplacées aient pu être fermés à la fin août.  Il a souhaité que le transfert graduel des responsabilités de la police de la MINUT à la Police timoraise continue de s’effectuer de manière aussi harmonieuse.


Les principaux problèmes qui ont contribué à la crise de 2006 -pauvreté, chômage, système foncier et faible éducation- constituent toujours de lourds défis qu’il faut continuer de relever, a rappelé le représentant.  Il a encouragé le Parlement et le Gouvernement de Timor-Leste à poursuivre leurs efforts pour obtenir un large soutien.  De même, il faudrait que les effectifs actuels de la MINUT, y compris ses effectifs de police, soient pour l’instant maintenus au même niveau, comme le recommande le Secrétaire général, a conclu le représentant.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a salué à son tour les progrès positifs au Timor-Leste.  Il faut cependant poursuivre les stratégies qui commencent à donner de bons résultats, comme le transfert graduel des responsabilités de maintien de l’ordre vers la Police nationale timoraise.  Il faut également accroître la capacité militaire timoraise, en dotant les forces nationales d’un mandat clair pour éviter tout risque de troubles, a poursuivi le représentant.  Il a noté qu’après la bonne gestion du problème des personnes déplacées de l’intérieur, les autorités timoraises et leurs partenaires devraient passer à la phase de réhabilitation sociale des réfugiés, en particulier en garantissant à ces derniers des conditions de logement décentes.  Pour ce qui est de la réforme du secteur de la justice, M. Rugunda a exhorté le Gouvernement timorais à faire « beaucoup plus » pour lutter contre l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes graves, ce dont témoigne la libération inquiétante de Matenus Bere, un ancien chef de la milice Lakseur qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité.  Il importe que le Gouvernement de Timor-Leste assume la responsabilité du développement social et économique du pays, avec l’appui de la communauté internationale, a poursuivi le représentant, soulignant que cette dernière devrait aider à renforcer les capacités du pays et à permettre aux Timorais de prendre en main le processus de développement national.


M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) a estimé que, depuis sa création, le Timor-Leste avait dû affronter de nombreuses crises mais avait réussi à les surmonter avec l’appui de la MINUT et de la communauté internationale.  Il s’est félicité des efforts entrepris pour surmonter la crise de 2006, ainsi que du bon déroulement des récentes élections locales.  Il a souligné l’importance du renforcement du secteur de sécurité et s’est félicité du transfert progressif de la responsabilité du maintien de l’ordre de la MINUT à la Police nationale, en rappelant qu’il ne se fait pas dans le cadre d’un calendrier artificiel.  Le représentant a toutefois estimé que la stabilisation du pays était potentiellement menacée par les problèmes économiques, l’impunité et des institutions faibles.  C’est dans ce contexte qu’il a appuyé les recommandations du Secrétaire général tendant à maintenir, pour l’instant, les effectifs de la MINUT au niveau actuel.


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie), se ralliant à la position qu’exprimera la Suède, au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que la sécurité et la stabilité à long terme du Timor-Leste dépendaient du fonctionnement professionnel et responsable des institutions de sécurité nationale.  À cet égard, il a salué les efforts des dirigeants du Timor-Leste pour améliorer le cadre juridique du secteur de la sécurité et leurs efforts pour établir une politique de sécurité nationale.  Ces réformes, si elles sont conçues et appliquées efficacement, permettront une révision complète du secteur de la sécurité, étayées par l’état de droit, la transparence et la responsabilité des deux institutions chargées de la sécurité, à savoir les Forces armées et la Police nationale de Timor-Leste.  Continuant sur le domaine de la sécurité et considérant l’évolution de la situation sur le terrain, M. Vilović a affirmé que la Croatie soutenait la modification éventuelle de la configuration de la composante police de la MINUT.  Sa délégation, a-t-il dit, attend que la mission technique d’évaluation entreprenne sa visite dans les mois à venir au Timor-Leste et les conclusions et recommandations qu’elle présentera.  Il a également estimé qu’à ce stade, la composante police de la MINUT doit être maintenue, en attendant que la Police nationale de Timor-Leste soit complètement constituée.


Concernant les questions des droits de l’homme, le représentant de la Croatie s’est dit encouragé par les progrès accomplis, notamment dans le domaine du renforcement du système judicaire.  La consolidation à long terme de la paix au Timor-Leste ne peut être garantie en l’absence d’un environnement viable, dans lequel le système pénal et judicaire fonctionnent de manière crédible et dans lequel l’état de droit prévaut, a-t-il estimé.  Le représentant s’est également félicité du bon déroulement des élections, estimant qu’elles constituaient la marque de progrès vers la culture du dialogue politique et de la gouvernance démocratique.  En conclusion, M. Vilović a expliqué que le Timor-Leste avait encore des défis à relever, notamment la consolidation, à long terme, de la paix et de la sécurité.  Pour ces raisons, la Croatie estime qu’une présence internationale demeure nécessaire.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) s’est félicité du climat positif de stabilité qui règne actuellement au Timor-Leste et la consolidation en cours des institutions politiques.  Le pays peut gérer son propre avenir et, dans ce contexte, la MINUT peut l’aider à aller de l’avant en matière de sécurité, de justice, des droits de l’homme et de développement social et économique, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite insisté sur le renforcement des mécanismes de transparence et de contrôle, soulignant que cela « devrait permettre la mise en place de la Commission nationale contre la corruption, une institution nécessaire pour contribuer à la gouvernance démocratique du Timor-Leste ».  M. Heller a salué le transfert de la responsabilité du maintien de l’ordre vers la Police nationale, un effort qui, jusqu’ici, était assumé par la MINUT.  M. Heller a appelé la Mission et la communauté internationale à appuyer la Commission accueil, vérité et réconciliation, en vue de mettre un terme à l’impunité qui protège encore les auteurs des crimes graves commis pendant les crises de 1999 et de 2006.  M. Heller a aussi demandé au Gouvernement de Timor-Leste d’intensifier sa coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) pour assurer une pleine réinsertion sociale des personnes déplacées, de retour dans leur foyer d’origine. 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a salué le fait que le processus de retour et de réinstallation des personnes déplacées soit pratiquement conclu au Timor-Leste, ainsi que la célébration dans le calme du dixième anniversaire du référendum d’indépendance de 1999.  Toutefois, le pays est toujours confronté à des défis importants pour réduire la pauvreté et créer de nouvelles opportunités d’emploi pour la population.  Le Gouvernement de Timor-Leste a donc raison de souligner le besoin croissant de passer d’une logique de prévention des conflits à un agenda de développement complet, a-t-il dit, estimant que la MINUT peut jouer un rôle essentiel dans cette perspective.


Le représentant a noté des progrès dans la formation de la Police nationale du Timor-Leste, ainsi que des personnels de justice.  Le rétablissement d’un état de droit qui fonctionne est crucial pour atteindre la stabilité à long terme, a-t-il rappelé.  Le représentant de l’Autriche a proposé que les militaires mettent davantage l’accent sur des domaines comme la gestion des catastrophes naturelles et le maintien de la paix, notamment en définissant une répartition claire des responsabilités et des compétences avec la Police.  Il existe des champs d’action dans lesquels les forces armées d’autres petits pays, ou des pays de taille moyenne, peuvent apporter des formations et des conseils utiles, a enfin dit le représentant, avant de rendre hommage au travail de M. Khare et de la Mission en général.  Les jalons que la MINUT a posés continuent de nous fournir un excellent cadre stratégique de travail pour évaluer nos progrès, a-t-il déclaré.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a dit accueillir avec satisfaction la stabilité qui prévaut au Timor-Leste et les avancées du pays vers la paix.  Il s’est félicité de la fermeture des camps de personnes déplacées et a mis l’accent sur la fourniture de services sociaux de base comme facteur de stabilité.  Il a rappelé que, malgré les progrès réalisés, les institutions de l’État restaient fragiles et en cours de développement, et que les causes profondes d’une possible instabilité demeurent.  Le représentant s’est cependant félicité des efforts du Président Ramos-Horta pour s’adresser à toutes les franges de la population et à tous les partis politiques.  Il a jugé important qu’on continue de renforcer les institutions de l’État.  C’est dans ce contexte que sa délégation appuie les recommandations du Secrétaire général visant à maintenir les effectifs de la MINUT à leur niveau actuel, a-t-il dit.


M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la consolidation des progrès accomplis au Timor-Leste « prendra du temps ».  Il a ajouté que la crise de 2006 avait montré les risques que ferait encourir un retrait précipité de l’ONU du pays, la MINUT étant au Timor-Leste un élément essentiel de stabilité, « au moins dans un avenir proche ».  Le représentant a souligné que, dans le cadre de la stratégie de moyen terme qui prévaut, la MINUT doit d’abord s’attacher à préparer l’appropriation par les Timorais eux-mêmes des taches assumées actuellement par la Mission.  Il a ensuite salué l’envoi d’une mission d’évaluation technique au Timor-Leste, un effort qui répond au vœu du Secrétaire général d’assurer un meilleur suivi des opérations de maintien de la paix, notamment en matière de police.  Le représentant de la France a appelé à une lutte accrue contre l’impunité des auteurs de crimes graves commis au cours des crises de 1999 et de 2006, « condition d’une réconciliation durable ».  Il a préconisé à cette fin que la MINUT appuie activement les travaux du Procureur général de Timor-Leste. 


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a estimé que le Timor-Leste avait enregistré des « progrès considérables depuis la crise de 2006 ».  La volonté de paix et le souhait de démocratie du peuple timorais sont clairs, a-t-elle estimé.  La représentante a rendu hommage au professionnalisme croissant de la police et des Forces armées timoraises.  Le transfert récent des responsabilités de police de la MINUT vers la Police nationale dans trois districts est un premier pas qui doit être suivi par d’autres mesures, a-t-elle estimé.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, sont impliqués dans la réforme du secteur de sécurité de Timor-Leste.  Mme DiCarlo a reconnu les progrès du pays en matière d’état de droit et de gouvernance démocratique et a félicité le peuple et le Gouvernement de Timor-Leste et la MINUT pour le succès des récentes élections locales.  Elle a encouragé le Gouvernement à poursuivre la réforme du secteur de la justice.


Le relèvement économique et la stabilité sociale sont liés au développement à long terme, a rappelé la représentante, qui s’est en outre réjouie de la fermeture des camps de personnes déplacées.  Elle s’est félicitée des efforts des autorités pour réduire la pauvreté.  Les États-Unis continueront à aider le Timor-Leste, a-t-elle affirmé, rappelant que les États-Unis avaient accordé au Timor-Leste 24 millions de dollars, cette année, pour financer différents programmes, y compris dans les domaines du développement rural et de la justice.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) s’est dit encouragé par les efforts déployés par le Gouvernement et le peuple du Timor-Leste, notamment en matière de maintien de la sécurité publique.  Il a également salué leur détermination à faire avancer le processus de paix et le développement du pays.  « Ma délégation salue en particulier le Président José Ramos-Horta pour son engagement personnel en faveur du renforcement de l’unité nationale », a-t-il ajouté.  Le représentant a estimé que les mesures mises en œuvre par le Président concernant, notamment, la situation des personnes déplacées, l’instauration d’un dialogue politique et d’un processus de réconciliation ainsi que l’intensification des réformes administratives et législatives et la lutte contre la corruption, permettraient aux institutions de l’État d’être mieux à même de s’acquitter de leurs tâches.


M. Minh a également dit apprécier le travail de la MINUT.  Il a notamment cité le transfert au Gouvernement des responsabilités policières dans trois districts du pays ainsi qu’au sein du Centre de formation policière.  Évoquant ensuite les défis que présentent la pauvreté, le chômage et « l’immaturité » des institutions sécuritaires, le représentant du Viet Nam a engagé la communauté internationale à assister le pays à renforcer le secteur de la sécurité et à améliorer les services en matière d’éducation, de santé et de nutrition, ainsi que la protection des enfants et le développement des zones rurales.


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a déclaré que les pays de la région continuaient d’appuyer les progrès réalisés par la jeune nation timoraise dans les domaines relevant au mandat de la MINUT.  Il a ainsi félicité le Gouvernement de Timor-Leste pour avoir réussi à organiser les élections locales du 9 octobre dernier, ce qui représente une étape fondamentale sur la voie de la démocratisation du pays.  Il a, à son tour, salué la stabilité qui règne actuellement au Timor-Leste et la bonne gestion par les autorités des différents legs encombrants la crise de 2006, comme la fermeture des 65 camps de réfugiés.  Le représentant s’est également félicité du transfert en cours de la responsabilité du maintien de l’ordre vers les services de la Police nationale timoraise.  Il a estimé que l’aide internationale devrait, dans ce contexte, se concentrer sur l’appui au renforcement des capacités de la Police nationale et sur la mise au point de mécanismes de responsabilisation et de contrôle des institutions de la sécurité.  Le représentant a en outre demandé au Gouvernement de Timor-Leste d’inclure les OMD dans ses stratégies nationales de développement.  La crise financière et économique mondiale ne doit pas être un prétexte pour limiter l’assistance aux pays dans le besoin, dont fait partie le Timor-Leste, a encore souligné M. Sinhaseni. 


M. ANDERS LIDÉN (Suède), au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que l’édification de l’état de droit au Timor-Leste depuis son indépendance, il y a 10 ans, représente un résultat très important, même si de nombreux défis demeurent.  Il a notamment rappelé que, si d’importants progrès ont été réalisés dans le domaine de la sécurité, les événements de février 2008 ont montré que la stabilité à long terme et le développement durable du pays ne peuvent être considérés comme acquis.  Il a toutefois jugé encourageant le calme qui a marqué ces derniers mois.  La MINUT devra continuer à jouer un rôle important dans la période à venir, a-t-il affirmé.


Le succès des élections locales du 9 octobre témoigne des progrès réalisés dans la mise en place d’institutions stables et démocratiques, a estimé le représentant, qui a souhaité que les élections locales de 2010 se déroulent dans le même esprit.  Il s’est également félicité de la fermeture des derniers camps de personnes déplacées et de la gestion des retours de ces personnes.  L’Union européenne appuie la recommandation du Secrétaire général visant à maintenir les effectifs de la police de la MINUT à leur niveau actuel, a poursuivi M. Lidén, qui a cependant souhaité que le transfert des responsabilités à la Police nationale timoraise se poursuive afin de préparer le terrain pour une future transition et une reconfiguration de la MINUT.


Il existe un lien entre la réforme du secteur de sécurité et la réduction à terme de la MINUT, a rappelé M. Lidén, qui a salué les efforts du Gouvernement de Timor-Leste pour renforcer la Police nationale et créer un cadre législatif pour le secteur de la sécurité.  Il a souhaité que le rôle des Forces de défense nationales en période de paix soit précisé, de même que leurs relations avec la Police nationale.  L’un des principaux défis de la période à venir sera la mise en place d’infrastructures pour assurer le développement social et économique susceptible de créer des emplois et de fournir les services sociaux de base, a déclaré M. Lidén, qui a encouragé le Timor-Leste à utiliser les ressources du Fonds pétrolier pour financer les programmes de développement dans ces secteurs et pour stimuler la partie de l’économie qui n’est pas liée au secteur pétrolier.  Il a rappelé que l’Union européenne accordait au Timor-Leste un total de 200 millions d’euros, avec une attention particulière au secteur public, et que le total de l’aide de l’Union européenne au pays depuis 1999 dépassait les 800 millions d’euros. 


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a affirmé qu’en dépit des difficultés, le Timor-Leste avait, depuis son indépendance en 1999, poursuivi des efforts considérables sur la voie de la consolidation de la paix et de la stabilité démocratique.  Le Portugal salue le Gouvernement de Timor-Leste pour les avancées réalisées dans le domaine de la sécurité et de l’économie, ainsi que dans le renforcement de la stabilité politique et du règlement de la question des personnes déplacées de l’intérieur, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite souligné le transfert progressif des responsabilités de maintien de l’ordre à la Police nationale timoraise, « formée en grande partie par les services compétents de la MINUT ».  Il a également qualifié de « jalon majeur » la tenue dans le calme des élections locales le 9 octobre dernier. 


La MINUT joue un rôle central dans le processus démocratique au Timor-Leste, a ensuite souligné M. Moraes Cabral, avant de faire sien l’appel du Secrétaire général à un renouvellement du dialogue politique entre toutes les formations politiques du pays et de tous les acteurs de la société timoraise.  M. Moraes Cabral a souligné que le peuple de Timor-Leste, qui l’a réaffirmé à maintes reprises, est déterminé à bâtir une société stable, démocratique et prospère.  Cet effort, a-t-il ajouté, exige l’appui de la communauté internationale.  Il est important que les Timorais ne soient pas seuls sur la voie de la démocratie, a-t-il dit, soulignant notamment la nécessité que l’aide internationale vienne appuyer les efforts en cours au Timor-Leste pour relancer l’économie, en s’attaquant à la pauvreté et au chômage. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a estimé que les Timorais pouvaient être fiers de ce qu’ils ont déjà construit en 10 ans d’indépendance et qu’ils pouvaient regarder l’avenir avec confiance.  Les tendances positives sont évidentes à la lecture du dernier rapport du Secrétaire général, a-t-elle ajouté, estimant qu’il décrit d’importants progrès durant les neuf premiers mois de cette année.  Mme Viotti s’est notamment félicitée du calme qui prévaut dans le pays.  Elle a jugé « particulièrement positive » la reprise du transfert graduel de responsabilités de la police internationale à la Police nationale timoraise.  Ce transfert, a-t-elle noté, n’a pas entraîné une augmentation de la criminalité.  Au contraire, le nombre d’incidents signalés chaque semaine a même baissé, a-t-elle ajouté.


Mme Viotti a de même estimé que la fermeture des derniers camps de déplacés a constitué à la fois un progrès humanitaire et politique.  Afin d’éviter toute tension et de tourner une « triste page » de l’histoire du pays, elle a souhaité qu’on tienne compte, lors des retours de personnes déplacées, de questions telles que le logement, la propriété et les activités génératrices de revenus.  La représentante s’est félicitée de la bonne tenue des récentes élections locales et a rappelé que la stabilité démocratique est essentielle pour la construction d’une nation.  Un développement économique et social fort est essentiel pour stabiliser ces réalisations, a poursuivi Mme Viotti.  Elle a estimé que les taux de croissance annoncés, y compris pour le secteur non lié au pétrole, sont de bonnes nouvelles et a jugé louables et dignes de soutien les efforts du pays pour améliorer les services sociaux de base et lui permettre de réaliser les OMD.  Elle a rappelé que le Brésil coopère avec le Timor-Leste dans de nombreux domaines et a ajouté qu’il entendait renforcer cette coopération.  Ces progrès sont le fruit de l’engagement du peuple et du Gouvernement de Timor-Leste mais aussi celui de la communauté internationale, lequel doit être maintenu, a estimé Mme Viotti.  La MINUT demeurera un acteur essentiel sur le terrain jusqu’à ce que les acquis actuels soient consolidés, a-t-elle conclu. 


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a déclaré que le Timor-Leste se trouvait dans une période cruciale de transition.  « Nous ne pouvons pas être certains que la paix et le calme actuels vont durer, a-t-il ajouté, rappelant que l’imprévisible flambée de violence de 2006 avait montré à la communauté internationale qu’il ne fallait pas « se reposer sur ses lauriers ».  Il a toutefois reconnu que le pays était sorti de la crise, « la situation évoluant du conflit vers le développement ».  Pour le représentant de la Nouvelle-Zélande, cette situation exige que l’appui de la communauté internationale évolue en fonction des besoins nouveaux sur le terrain.  L’ONU a un rôle central à jouer dans cet environnement changeant, c’est donc à elle que revient la mission d’assister le Timor-Leste dans les efforts entrepris pour renforcer ses institutions et préparer la tenue d’élections pacifiques et crédibles en 2012, a estimé M. MacLay.  Il a indiqué que son pays attendait avec impatience les recommandations de la mission d’évaluation technique qui devrait, selon lui, confirmer que toute stratégie de sortie de la présence internationale au Timor-Leste devrait s’effectuer progressivement et en tenant dûment compte de la situation en matière de sécurité.  La Nouvelle-Zélande qui participe à la Force internationale de stabilisation, estime que toute décision concernant la reconfiguration de la MINUT devrait continuer de reconnaître le lien étroit qui existe entre les opérations de l’ONU et de la Force, a conclu son représentant.  


M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a rappelé que son pays est un voisin et un ami du Timor-Leste et qu’il fera tout son possible pour l’aider à devenir un État stable et prospère.  Il s’est félicité de l’amélioration de la situation en matière de sécurité depuis les attaques du 11 février 2008 contre le Président, M. Ramos-Horta et le Premier Ministre, M. Xanana Gusmão.  Cette amélioration a été concrétisée avec le succès des élections locales du 9 octobre lesquelles, a rappelé le représentant, n’ont été marquées que par des incidents mineurs et isolés.  M. Quinlan s’est également dit satisfait de la fermeture des camps de personnes déplacées, auxquels l’Australie avait apporté 25 millions de dollars australiens en aide humanitaire.  Il a toutefois estimé que cette fermeture ne représentait que la première phase d’un processus de réintégration, ajoutant que le retour de nombreuses personnes dans des communautés dotées d’infrastructures réduites et de services très limités présentait de nouveaux risques et défis.  Il a promis l’aide de son pays au Gouvernement timorais pour garantir un retour durable des personnes déplacées.


La Force internationale de stabilisation sous commandement australien a commencé d’évoluer d’un rôle de pur appui à la sécurité à un rôle de coopération avec les structures militaires du Timor-Leste, en soutien au programme de coopération bilatéral de l’Australie, a expliqué le représentant.  Il a en outre rappelé que l’Australie a également établi un programme bilatéral pour former et renforcer la Police nationale timoraise, afin de transférer progressivement à la police locale la responsabilité du maintien de l’ordre.  Ce processus se fait en vertu d’un accord avec le Gouvernement du Timor-Leste et la MINUT, et se fait, de manière graduelle, en fonction de critères objectifs.  Cette approche permet un transfert de responsabilité dans l’ordre et fournit en outre de très importantes informations aux partenaires internationaux sur les besoins de la Police nationale timoraise, a-t-il estimé.  M. Quinlan a par ailleurs rappelé que son pays avait également établi un programme bilatéral d’assistance pour aider à mettre en place le secteur de la justice.  L’Australie achève actuellement l’élaboration d’une nouvelle stratégie d’assistance au développement du Timor-Leste pour les cinq prochaines années, a déclaré M. Quinlan.  Le représentant a expliqué que cette stratégie qui devra être approuvée à la fois par l’Australie et le Timor-Leste, reflètera mieux les priorités identifiées par le Gouvernement de ce pays.


M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a rappelé que le soutien de son pays au Timor-Leste a commencé dès 1999 avec l’envoi d’une unité de soutien humanitaire de 600 membres au sein de la Force internationale au Timor oriental (INTERFET), et qu’il avait ensuite fourni un personnel important aux missions successives des Nations Unies.  Les Philippines se sont engagées à faciliter l’édification de l’État est-timorais, notamment dans le cadre d’arrangements bilatéraux, a ajouté le représentant.  M. Davide s’est félicité des progrès réalisés par le Timor-Leste, citant notamment le calme qui a prévalu pendant la célébration du dixième anniversaire de l’indépendance, la reprise des transferts graduels de responsabilités de la police internationale à la Police nationale timoraise, les efforts entrepris pour renforcer la bonne gouvernance, ainsi que les progrès réalisés dans l’identification des priorités nationales pour le développement.


Le représentant a rappelé le rôle qu’ont joué la MINUT et l’équipe de pays au Timor-Leste, et a souligné qu’il était essentiel que la communauté internationale continue de soutenir leur travail.  Il a notamment estimé important de maintenir la présence de la MINUT pour assurer le transfert graduel des responsabilités de police et a apporté son soutien aux recommandations du Secrétaire général.  Il a estimé en outre que le Timor-Leste est l’un des plus beaux succès d’une entreprise internationale combinant les efforts des Nations Unies et de partenaires régionaux.  Il a rendu hommage aux dirigeants de Timor-Leste pour leur détermination en faveur de la démocratie et de l’état de droit et pour leurs efforts visant à assurer la stabilité, la sécurité et le développement économique et social du pays.  « Nous devons continuer à appuyer le Gouvernement et le peuple de Timor-Leste dans la poursuite de ces efforts », a-t-il souligné avant de conclure.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) s’est félicité des progrès accomplis depuis 2006 au Timor-Leste.  Il a notamment salué le Président Ramos-Horta pour le leadership dont il a fait preuve, avant d’évoquer les progrès accomplis en matière de sécurité, de dialogue et de réconciliation.  Le représentant a souligné l’importance d’adopter une approche holistique et détaillée pour assurer la réforme du secteur de la sécurité au Timor-Leste.  Il a également encouragé le Gouvernement à continuer d’intensifier ses efforts pour développer une politique nationale de sécurité.  Il est également important, a-t-il dit, de renforcer les institutions sécuritaires et judiciaires du pays.  Faisant remarquer par ailleurs que la sécurité ne pouvait être maintenue sans développement, M. Sangqu a estimé que la population timoraise devrait concentrer ses efforts sur le développement social et économique du pays, avec l’aide de la communauté internationale.  Il s’est félicité des progrès accomplis dans le domaine de l’éducation, de la santé et du développement rural, en appelant les partenaires en développement à appuyer les stratégies et les priorités du Gouvernement de Timor-Leste en la matière.  M. Sangqu a également engagé la communauté internationale à appuyer le Gouvernement et la population de Timor-Leste à long terme afin de les aider à instaurer une paix et une prospérité durables.  Tout en soulignant la nécessité de renforcer les institutions et les capacités du pays, le représentant de l’Afrique du Sud a appelé les dirigeants du Timor-Leste à travailler avec tous les segments de la société pour parvenir à la réconciliation nationale et promouvoir les droits de l’homme, la justice et la paix.  Il a également salué le travail « inestimable » de la MINUT.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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