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La Troisième Commission achève sur des dissensions son débat sur la promotion et la protection des droits de l’homme

AG/SHC/3961

La Troisième Commission achève sur des dissensions son débat sur la promotion et la protection des droits de l’homme

28/10/2009
Assemblée généraleAG/SHC/3961
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

32e & 33e séances – matin et après-midi


LA TROISIÈME COMMISSION ACHÈVE SUR DES DISSENSIONS SON DÉBAT SUR LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME


La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé aujourd’hui son débat, entamé le 20 octobre, sur la promotion et la protection des droits de l’homme, laissant apparaître une nette différence d’approche dans la manière d’aborder de tels droits.


Plusieurs États ont ainsi critiqué une certaine hiérarchisation entre les droits civils et politiques d’une part, et les droits économiques, sociaux et culturels d’autre part.  Cette différence d’appréciation n’est pas nouvelle et a déjà profondément divisé les États Membres lors des dernières sessions de cette commission de l’Assemblée générale.


« Les droits économiques, sociaux et culturels sont aussi des droits légitimes de tous les être humains », a affirmé le Myanmar, et la « distinction artificielle » entre les droits civils et politiques, d’une part, et les droits économiques, sociaux et culturels, d’autre part, doit être supprimée.


Le Sénégal a recommandé de mettre en avant le dialogue et la concertation dans les délibérations en Troisième Commission, à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme, « en lieu et place d’une logique de confrontation visant à clouer au pilori certains États et dont la conséquence la plus fréquente est la division et le déchirement de la communauté internationale ». 


Il faut, a dit son représentant, « éviter de vouloir ériger une culture ou une communauté en modèle de référence, au mépris des croyances et des valeurs civilisationnelles de chacun des peuples et de scinder, du coup, le monde en blocs dont les rapports ne peuvent être autres que conflictuels ».


Un petit pays enclavé comme le Lesotho a remis le débat en perspective en décrivant les difficultés de son pays, principalement agricole.  Dans ce contexte, il a mis l’accent sur le droit à l’alimentation et à la corrélation incontournable entre la jouissance des droits de l’homme et l’extrême pauvreté.


Pour sa part, le Zimbabwe a déclaré que beaucoup de pays en développement faisaient face aux séquelles provoquées par un système commercial international injuste, dont la crise actuelle confirme que les formules économiques néolibérales avaient pour résultat l’érosion des droits des peuples.


Ce pays et bien d’autres du monde en développement ont instamment invité les pays développés à honorer leurs engagements, confirmés dans des instruments internationalement négociés, afin que « les peuples du Sud réalisent leurs droits à la vie, à l’éducation, à l’alimentation, à la santé et au développement ».


La Suisse a dénoncé, elle, une volonté d’introduire, depuis quelques années, «le relativisme culturel dans les instances internationales des droits humains et dans le quotidien de millions de personnes ».  Cette conception restreint les libertés et les droits fondamentaux, autrement dit, a expliqué son représentant, « moins de droits pour les femmes et les jeunes filles au nom de valeurs familiales, déni de droits pour les homosexuels au nom de la morale, limitations des droits des minorités ethniques au nom de la sécurité, déni des droits pour les défenseurs des droits humains au nom de la raison d’État ». 


À cela, l’Arabie saoudite représentée par une jeune femme, a déclaré, dans un droit de réponse à l’intervention de la Suède, au nom de l’Union européenne, que son pays avait choisi d’évoluer sur la voie du développement en gardant son histoire, sa culture et son identité religieuse.  « Pour aller vers le modernisme, nous ne devons pas être guidés par d’autres », a-t-elle estimé, priant l’Union européenne de s’abstenir de « donner des leçons aux pays en développement alors que des tendances au racisme, à la discrimination religieuse et à l’islamophobie existent dans cette région ». 


Sur une autre pomme de discorde, la peine de mort, la Suède, au nom de l’Union européenne, l’Ukraine, le Togo et l’Australie ont appelé à son abolition.

Le premier Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques prévoit un mécanisme pour donner suite aux plaintes relatives à la violation du Pacte par un État signataire.  Il a été voté, comme le Pacte lui même, le 16 décembre 1966 par l’Assemblée générale, et est entré également en vigueur le 23 mars 1976.

Le second Protocole facultatif invite chaque État partie à « prendre toutes les mesures voulues pour abolir la peine de mort dans le ressort de sa juridiction ».  Il a été voté le 15 décembre 1989 par cette même Assemblée et est entré en vigueur le 11 juillet 1991.

Ont participé au débat les États suivants: République de Corée, Bangladesh, Grèce, Émirats arabes unis, Moldava, Népal, Argentine, Pérou, Bahreïn, Sri Lanka, Suisse, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Inde, Cameroun, Mauritanie, Serbie, Sénégal, Monaco, République islamique d’Iran, Zimbabwe, Nigéria, Ukraine, Burkina Faso, Australie, Myanmar, Lesotho, Togo et Canada.

L’observatrice de la Palestine a également pris la parole ainsi que les représentants de l’Organisation internationale des migrations (OIM), de l’Union interparlementaire (UIP) et de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).


Les délégations de la Turquie, de Chypre, du Japon, de la Guinée, de l’Arabie saoudite, du Zimbabwe, de la République islamique d’Iran, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC),du Myanmar et du Soudan ont exercé leur droit de réponse.


La Troisième Commission poursuivra ses travaux le jeudi à 10 heures. 


Promotion et protection des droits de l’homme ( A/64/81 )


Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales ( A/64/160, A/64/171, A/64/175, A/64/186, A/64/188, A/64/209, A/64/216, A/64/219, A/64/256, A/64/265, A/64/293, A/64/304, A/64/320, A/64/333 , A/64/159 , A/64/170 , A/64/181, A/64/187 , A/64/211 , A/64/211/Corr.1 , A/64/213 , A/64/213/Corr.1 , A/64/214, A/64/226, A/64/255, A/64/272, A/64/273 , A/64/279, A/64/289 et A/64/290 )


Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux ( A/64/319 , A/64/319/Corr.1 , A/64/334 , A/64/357 , A/64/224), A/64/318 et A/64/328)


Suite du débat général


M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a déclaré que la mondialisation avait renforcé la nécessité de la coopération internationale, en particulier dans le domaine des droits de l’homme.  Aujourd’hui les droits de l’homme touchent tous les aspects de la vie humaine et la violation des droits de l’homme dans un pays touchent d’autres pays ou régions.  Pour ces raisons, un pays, seul, ne peut pas résoudre tous les problèmes liés aux droits de l’homme.  Il a jugé regrettable que nous ayons été témoins d’une confrontation accrue plus que d’une coopération entre différents groupes, au nom de la protection des droits de l’homme.  Les principes guidant la promotion et la protection des droits de l’homme doivent être l’universalité, l’impartialité, l’objectivité, le dialogue constructif et la coopération.  Ces principes se retrouvent dans le mécanisme de l’examen périodique universel.  Beaucoup de pays ayant fait l’objet de cet examen ont pu renforcer les droits de l’homme tout en coopérant avec les mécanismes des droits de l’homme.


Cependant, le représentant a souligné que cet examen ne suffisait pas à s’attaquer aux graves violations des droits de l’homme dans certains pays.  Il a donc manifesté son appui aux titulaires de mandats.  Le mécanisme de l’examen périodique universel et les procédures spéciales se complètent selon lui.  Il faut consolider les liens entre l’examen périodique universel, les organes des traités et les procédures spéciales.  Il a souligné que son gouvernement continuerait aussi d’appuyer l’élargissement et l’indépendance du Bureau des Nations Unies du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il a salué son service de réaction rapide qui peut se déployer promptement après les crises.  Il a souligné que la République de Corée accordait une grande importance aux droits politiques, civils, économiques, sociaux et culturels, qu’elle était liée par les conventions pertinentes qu’elle appliquait au niveau national en collaboration avec des organisation non gouvernementales.  Elle est prête, a-t-il dit, pour l’examen de son troisième rapport périodique devant la Commission des droits culturels, économiques et sociaux qui doit avoir lieu en novembre.


M. IQBAL AHMED (Bangladesh) a assuré que son pays basait sa conception des droits de l’homme sur les principes de l’universalité, de la non-sélectivité, de l’impartialité et de l’objectivité, et que sa Constitution incorporait les principes et provisions de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Le Bangladesh est déjà partie à la plupart des instruments en matière de droits de l’homme et revoit constamment sa législation pour la mettre en harmonie avec les obligations internationales, a-t-il ajouté.  Une Commission nationale des droits de l’homme a notamment été créée en 2008, financièrement indépendante et avec le pouvoir de demander des informations au Gouvernement.  De même, une Commission de l’information a été mise en place.  Il s’agit, a-t-il dit, d’un corps indépendant qui fait appliquer la loi et répond aux plaintes en matière d’information.  Le Bangladesh accorde une grande importance aux droits de l’homme dans la formation de ses forces de police et de ses soldats de la paix, a aussi affirmé le représentant.


M. Ahmed a en outre souligné que les droits de l’homme étaient indivisibles.  Ainsi, le droit au développement doit être examiné en suivant une approche basée sur le droit lui-même, en considérant les besoins particuliers des pays en développement.  Il reste encore beaucoup à faire à l’avenir, a-t-il dit, assurant que malgré de nombreux défis, le Bangladesh demeurait engagé dans la protection et la promotion des droits de l’homme dans le monde.  Le pays reconnaît notamment l’importance des mandats spéciaux dans ce combat, a-t-il conclu, annonçant pour le mois de décembre les visites de l’expert indépendant chargé d’examiner la question des obligations en rapport avec les droits de l’homme qui concernent l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et celle de son homologue sur la question des droits de l’homme et de l’extrême pauvreté.


M. DIMITRIOS KARAMITSOS-TZIRAS (Grèce) a indiqué que l’invasion militaire de la Chypre par la Turquie avait conduit à des violations massives des droits de l’homme.  Il est regrettable qu’en dépit des résolutions du Conseil de sécurité, le problème des droits de l’homme en Chypre n’ait pas encore de solutions concrètes.  L’accord qui a été signé n’a été que partiellement respecté par la partie chypriote.  Plus de 500 monastères et églises orthodoxes grecs ont été pillées ou brûlées, des objets de culte ont été volés et ont fait l’objet de contrebande.  Il a plaidé en faveur des droits des personnes disparues ainsi que des membres de leurs familles vivant avec ce traumatisme.  Il a appuyé le Comité bicommunautaire qui traite des personnes disparues que son pays soutient financièrement.  Depuis septembre dernier, il y a eu des négociations entre le Président et le dirigeant chypriote sous les auspices du Secrétaire général.  Il a souhaité que cela conduise à une solution bicommunautaire conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et au règlement du problème des personnes disparues.


Mme NADYA RASHEED, Observatrice de la Palestine, a déclaré que le rapport de M. Richard Falk, présenté la semaine dernière devant cette Commission, avait rapporté fidèlement la situation dans les territoires occupés palestiniens, une situation où les droits de tout un peuple sont violés.  À cet égard, il faut réaffirmer les droits de l’homme et le droit humanitaire.  L’existence du peuple palestinien en tant que peuple occupé et apatride ne les prive pas des droits auxquels tous les peuples ont droit.  Elle a relevé que les droits du peuple palestinien, peuple subissant l’occupation d’Israël depuis 42 ans, sont violés systématiquement par la puissance occupante, par le biais de politiques illégales.  Ces violations, a-t-elle précisé, incluent Jérusalem-Est, et a-t-elle ajouté, ont entraîné une situation grave.  Elle a dénoncé une occupation militaire illégale, caractérisée selon elle par l’apartheid, l’oppression et la colonisation, le meurtre de civils, y compris des femmes et des enfants, les assassinats extrajudiciaires, la détention arbitraire de milliers de civils, la destruction de maisons.


La puissance occupante, a-t-elle affirmé, essaie de déformer les faits et toutes ces violations sont commises au mépris des résolutions des Nations Unies et du droit international.  Si Israël n’est jamais tenu pour responsable, il continuera à bafouer les droits comme il l’a montré lors de l’agression lancée le 27 décembre 2008 à Gaza qui a causé la mort de 1 400 civils dont plus de la moitié étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, Israël continue de faire obstacle à la reconstruction des infrastructures à Gaza.  Elle a fait état du rapport du juge Goldstone qui conclut que la campagne militaire israélienne était planifiée dans toutes ses phases comme une attaque systématique et disproportionnée visant à terroriser, punir et humilier le peuple civil palestinien, diminuant sa capacité économique.  Elle a déclaré qu’Israël devait cesser toutes les violations au droit international et que la communauté internationale avait une responsabilité claire à cet égard.  Les responsables doivent être traduits en justice, a-t-elle poursuivi.


M. KHALIFA ALMAZROOEI (Émirats arabes unis) a déclaré que la Constitution de son pays, la législation et les règles intérieures nationales garantissaient l’égalité, la justice sociale, les droits et les libertés fondamentales de tous les citoyens, y compris le droit d’association et l’interdiction de la torture et de la détention arbitraire.  Son pays est partie aux quinze Traités internationaux relatifs aux droits de l’homme et a accompli des progrès significatifs dans la promotion et la protection de ces droits pour toutes les personnes sur son territoire par l’établissement de mécanismes nationaux des droits de l’homme visant à l’application des dispositions des instruments internationaux.  Au nombre de ces mécanismes, figure la mise en place d’un Comité national de lutte contre la traite des personnes, sachant que le pays accueille plus de trois millions de travailleurs migrants originaires de nombreux pays et appartenant à des cultures variées.  Ces migrants travaillent avec des contrats temporaires et le Gouvernement a pris les mesures nécessaires pour protéger leurs droits, notamment en leur garantissant l’accès à la santé, à une assurance médicale, au changement d’emploi et au règlement des litiges avec les employeurs.  Il a également pris des mesures spéciales en faveur des travailleurs domestiques en vue de réguler les heures de travail, les vacances, la résolution des litiges et le droit aux soins de santé.  En outre, le Gouvernement a édicté une loi régissant les rapports entre les travailleurs domestiques et les employeurs.  Cette loi, qui constitue une première dans la région, sera conforme aux normes internationales et à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.


Le représentant a salué l’adoption du rapport Goldstone par le Conseil des droits de l’homme sur les violations graves commises par les forces israéliennes occupantes contre la population palestinienne à Gaza.  Il a exhorté la communauté internationale à appliquer les recommandations contenues dans le rapport et à appliquer les principes du droit international et de la justice internationale à l’encontre de ceux qui se sont rendus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ainsi que de violations des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, y compris les droits des enfants et des femmes.


M. ALEXANDRU CUJBA (République de Moldavie) a déclaré que la création de l’état de droit représentait une aspiration majeure du Gouvernement de l’alliance pour l’intégration européenne qui a été constitué après les élections législatives de juillet 2009.  Le nouveau programme de gouvernance est basé sur trois piliers principaux: la liberté, la démocratie et la prospérité.  Un processus de réformes aux niveaux politique et législatif a été mis en place.  La justice indépendante est un élément clef de l’état de droit et de la démocratie.  Une série de réformes structurelles et de procédurales a été lancée dans ce domaine.  L’objectif est de restructurer l’organisation judiciaire, d’éradiquer la corruption, de réformer l’accusation qui doit être démilitarisée, indépendante et soumise à aucun parti politique.


En outre, le Gouvernement a pris des mesures pour s’attaquer à certaines priorités telles que l’éradication de la torture, l’accès à un procès équitable, la liberté d’expression.  Cela implique la modernisation du système judiciaire dans l’esprit des valeurs européennes qui améliore les conditions de détention, respecte les droits de l’homme, assure la transparence et améliore l’image des forces de l’ordre dans la société.  Il a ainsi cité la coopération avec le Rapporteur spécial Manfred Nowak qui s’est rendu dans son pays en juillet 2008.  Les recommandations faites à la suite de ces visites sont examinées par les autorités compétentes, a-t-il dit, précisant que son gouvernement était ouvert à un dialogue constructif.  Un objectif essentiel pour le nouveau Gouvernement est d’examiner les circonstances qui ont mené à des actes de violence après les élections du 7 avril dernier.  Une commission d’enquête a été mise sur pied.  Elle est constituée de représentants de la société civile et d’organisations internationales, a indiqué le représentant.


M. SUDHIR BHATTARAI (Népal) a affirmé que les Nations Unies avaient fait de grandes avancées dans la promotion et la protection des droits de l’homme et avaient joué un rôle essentiel en établissant des mécanismes très précieux.  De plus l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne ont eu une incidence sans pareille dans ce domaine.  Il a recommandé d’œuvrer de concert pour relever les défis, sans sombrer dans la partialité.  Les procédures spéciales ne doivent pas s’engager dans des procédures pour montrer certains états en particulier.  Depuis 2006, le Conseil des droits de l’homme a joué un rôle essentiel à travers l’Examen périodique universel.  Il devrait, selon lui, tenir compte des spécificités des pays et améliorer sa crédibilité.  L’Assemblée générale devrait s’engager dans des domaines qui servent cette cause et la Troisième Commission ne devrait pas traiter de thèmes qui le sont déjà par la Conseil des droits de l’homme.  Il faut veiller à la mise en œuvre des droits, notamment au développement et à la diversité culturelle.


Le représentant a présenté les dispositions prises depuis 2008 dans le cadre de la Constitution intérimaire de son pays, lesquelles seront affirmées par la nouvelle Constitution qui sera, elle, directement adoptée par les élus.  Il a réitéré l’engagement de son gouvernement à garantir le respect de cette Constitution et le droit fondamental de toutes personnes à la justice, à la fin de l’impunité qui a sévi pendant de nombreuses années dans le pays.  La responsabilisation contribuera aussi à l’affermissement des institutions constitutionnelles.  Le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales des peuples autochtones a visité le Népal qui est engagé à réaliser les droits de l’homme lesquels découlent des instruments internationaux, a-t-il affirmé.


M. DIEGO LIMERES (Argentine) s’est associé à la déclaration du Mexique, au nom du Groupe de Rio, en particulier sur les droits des migrants.  Il a ajouté d’autres concepts prioritaires pour son pays, notamment la garantie de l’impunité qui se produit dans un vide législatif, juridique et moral dans certaines sociétés.  Cette impunité constitue une des principales menaces contre les droits de l’homme des citoyens et il faut que la communauté internationale, unanimement, fasse passer un message clair et poursuive ceux qui ont commis des crimes contre les droits de l’homme.  Il a ainsi salué le travail de la Cour pénale internationale (CPI).  La Convention internationale sur les disparitions forcées a été ratifiée, à ce jour, par 16 États, et reconnaît que les disparitions forcées sont un crime contre l’humanité tout comme elle réaffirme le droit à la vérité, à la justice et aux réparations. Il a espéré que quatre autres États la ratifieront bientôt pour qu’elle puisse entrer en vigueur d’ici à la fin de l’année en cours.  À cet égard, l’Argentine et la France ont présenté un projet de résolution, qu’il a souhaité voir adopté par consensus.


Le représentant a affirmé que l’Argentine condamnait tout acte qui directement ou indirectement gêne ou rend difficile la tâche des titulaires de mandats.  Son pays appuie les défenseurs des droits de l’homme et condamne tous les actes visant à entraver ou à interdire leurs activités.  Commentant le rapport du Rapporteur spécial sur les mesures antiterroristes, il a fait part de son inquiétude devant l’utilisation par certains pays de concepts vagues ou trop larges pour définir le « terrorisme » et poursuivre des groupes de femmes défenseurs des droits de l’homme ou porter atteinte à la dignité de tout personne en raison de son orientation et de son identité sexuelle, entre autres.  Il a estimé que les sociétés devaient d’urgence avoir un débat sur l’homophobie et les violations des droits de l’homme fondées sur le sexe, l’orientation sexuelle ou l’expression du genre.  Il en est de même, a-t-il dit, pour la persécution ou la discrimination à l’égard des personnes à cause de leur appartenance religieuse.


M. EDGARD PEREZ ALVAN (Pérou) a centré son intervention sur la protection des migrants.  Il a déclaré que les migrations constituaient un outil pour le développement.  Le Pérou prône le principe d’une responsabilité partagée entre les pays d’origine et d’accueil.  Selon lui, les États doivent assurer la protection des droits de l’homme des migrants, indépendamment de leur condition de migrants.  Il est donc important que toute violation des droits humains des migrants soit pénalisée conformément à la législation en vigueur.  Les migrants enrichissent la société et la culture des pays d’accueil.  Pour cette raison, les États doivent empêcher les actes de xénophobie envers les migrants.


Les conditions de travail des travailleurs migrants doivent aussi être respectées.  Le représentant a rappelé que certains pays criminalisaient les migrants en situation irrégulière.  Il est important que les États évitent des périodes de détention excessive et surtout qu’ils envisagent de mettre en place des moyens alternatifs à la détention pour les migrants irréguliers.  Il a déclaré que le durcissement des politiques migratoires stimulait les formes illégales de migration dont la traite des personnes.  Les États doivent encourager des politiques qui régularisent les migrants.  Il a rappelé le processus à l’œuvre en Amérique latine qui favorise une circulation des personnes et, vise à établir une citoyenneté sud-américaine, conformément à la Déclaration de Quito de 2009.  Il a, enfin, mis l’accent sur les initiatives nationales de son pays en faveur des migrants.


M.HUSSAIN MOHAMMED ALAM (Bahreïn) a fait référence au dialogue avec le Rapporteur spécial sur la traite des personnes et a considéré que la cause principale de ce fléau était l’activité illégale des trafiquants dans le cadre de la criminalité transnationale organisée.  Plusieurs pays ont pris des mesures de prévention, avec l’aide, notamment, des organisations de la société civile.  Le secteur privé est chaque fois plus sensibilisé à cette problématique et à la nécessité d’y mettre fin.  À ce propos, les domaines législatifs et exécutifs doivent mener les actions nécessaires pour créer un cadre juridique solide en vue de l’élimination de la traite des personnes.  Bahreïn a traduit en lois les textes internationaux liés à ce problème.  Un Comité national a pour mission d’élaborer et d’appliquer des programmes spécifiquement orientés vers la lutte de la traite.  Une maison d’accueil a aussi été construite pour accueillir les victimes.  Une ligne verte a été créée pour renseigner les travailleurs migrants qui arrivent dans le pays et pour les sensibiliser au fonctionnement de la criminalité transnationale organisée.


Le représentant a ajouté que le Royaume avait organisé une Conférence sous le titre « Le trafic des personnes à la croisée des chemins », avec la collaboration du Mouvement de la femme pour la paix, présidé par la Première Dame d’Égypte.  Cette Conférence a abouti à la Déclaration de Manama qui a invité l’Assemblée générale à adopter un programme d’action contre ce phénomène et à soutenir la campagne « Cessez la traite des personnes maintenant ».  Le Bahreïn a, d’autre part, continué de devenir partie de conventions internationales liées aux droits de l’homme.  Les efforts déployés pour mettre fin à la traite des personnes émanent de son souci de renforcer les structures régionales et internationales et de respecter les droits de tous, sur les principes et les valeurs de la Charte de 1981, intégrée à la Constitution nationale. 


M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka) a déclaré qu’il n’y a avait pas de doute quant aux progrès faits dans le développement d’un cadre normatif pour les droits de l’homme.  Le défi aujourd’hui est de combler le fossé entre les normes et leur mise en œuvre et d’intégrer une culture des droits de l’homme dans la vie quotidienne.  Il faut travailler en coopération et progresser sans que certains n’imposent leurs vues aux autres.  Il est aussi nécessaire que les tentatives de mise en œuvre soient uniformes dans la mesure où des efforts sélectifs contribueraient à une diminution de la crédibilité des normes des droits de l’homme.  Il a ensuite énuméré ce qui était implémenté dans son pays, qui, a-t-il dit, fait son possible pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Sri Lanka est partie à plusieurs instruments internationaux des droits de l’homme.  Dans la Constitution, figurent des dispositions détaillées sur les droits fondamentaux.  Une Commission nationale des droits de l’homme a été mise en place il y a dix ans pour enquêter sur les plaintes du public concernant les infractions aux droits de l’homme.


En outre, le Sri Lanka travaille avec le système des Nations Unies pour renforcer le mécanisme national.  Avec la fin de la campagne terroriste, il va mettre en place une culture de paix.  Le Gouvernement a entrepris un processus visant à s’attaquer aux problèmes postconflits, notamment celui des civils déplacés en leur fournissant des aliments et un abri.  Il a indiqué par ailleurs que son pays rejetait les allégations portées par la Suède, au nom de l’Union européenne, sur les personnes déplacées.


M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) a constaté différentes tendances contradictoires.  D’une part, la communauté internationale a abouti à un accord avec le Document final de la Conférence d’examen de la Conférence sur le racisme.  Celui-ci souligne, entre autres, l’importance fondamentale de la liberté d’expression dans la lutte contre le racisme.  Toutefois, ce droit est rejeté quotidiennement dans de nombreux pays.  Certains adoptent une législation qui restreint la liberté de presse, d’autres tentent de museler la presse par des menaces, par la peur ou encore par l’interdiction de manifester et par des restrictions des partis politiques.  En somme l’espace social et politique qui permet le débat et l’échange d’idées se voit sévèrement limité.  Le représentant s’est déclaré particulièrement préoccupé par des efforts visant à restreindre les libertés individuelles au nom de valeurs traditionnelles, religieuses ou morales.  Depuis quelques années, a-t-il dit, une volonté d’introduire le relativisme culturel se renforce dans les instances internationales des droits humains et dans le quotidien de millions de personnes.  Il a considéré que cette conception restreignait les libertés et les droits fondamentaux.  Ceci aboutit à moins de droits pour les femmes et les jeunes filles au nom de valeurs familiales, au déni de droits pour les homosexuels au nom de la morale, aux limitations des droits des minorités ethniques au nom de la sécurité, au déni des droits pour les défenseurs des droits humains au nom de la raison d’État, a résumé le délégué suisse.  Il a rappelé que les valeurs qui réunissent ici sont celles de la Charte des Nations Unies et donc celles d’une société démocratique et plurielle dont les libertés individuelles constituent un pilier fondamental.


Le représentant a, par ailleurs, appuyé le rôle d’un pouvoir judiciaire performant et juste, qui sanctionne les auteurs des violations et rende justice aux victimes.  Aucune autre instance ne peut se substituer à un tribunal pour juger, et aucun organe autre qu’étatique ne peut exécuter les peines prescrites, toute autre forme de « justice » est contraire aux droits humains.  Il a aussi déploré que les exécutions extrajudiciaires et arbitraires s’ajoutent à des situations déjà critiques quant au respect des droits fondamentaux.  Le recours à cette forme de sanction est malheureusement aussi utilisé parfois pour réduire la liberté d’expression en introduisant un élément de terreur dans un contexte déjà tendu.  Il a rappelé la tenue du Quatrième Congrès contre la peine de mort qui se tiendra à Genève en février 2010 et, a invité tous les États Membres à y participer.


M. PAK TOK HUN (République populaire démocratique de Corée), a déclaré que dans son pays les droits de l’homme étaient garantis dans les lois et dans la pratique.  Ce sont des droits inviolables, a-t-il dit.  La République populaire démocratique de Corée (RPDC) remplit ses obligations internationales comme le montre sa participation à la cinquantième session des droits de l’enfant en janvier 2009, qui a examiné le rapport de la RPDC sur la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant.  En outre, son pays va soumettre son rapport pour l’examen périodique universel en décembre prochain.


Le représentant a, par ailleurs, estimé que les droits de l’homme ne pouvaient être séparés du principe de respect de la souveraineté nationale.  Ces droits sont donc violés dans des pays où la souveraineté nationale est elle-même violée, a-t-il dit, citant les cas de l’Afghanistan, de l’Iraq et des territoires palestiniens occupés.  De même, selon lui, les obstacles au dialogue devraient être éliminés.  Il y a encore certaines forces qui s’accrochent à des attitudes issues d’une pensée venant de la Guerre froide.  Il est temps, a-t-il ajouté, de mettre un terme aux pratiques de dénonciation et d’adoption de résolutions contre des pays en développement.  Ceci est, selon lui, un vestige des principes de sélectivité et de deux poids deux mesures et ce, alors que le mécanisme de l’Examen périodique universel et le Conseil des droits de l’homme sont basés sur les principes d’égalité, d’impartialité et d’universalité.  Enfin, le représentant a jugé que les violations passées des droits de l’homme devraient être résolues de manière adéquate.  Il a ainsi cité l’exemple du Japon qui, selon lui, ne prend pas ses responsabilités et refuse de fournir des réparations aux victimes pour les crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale.


M. SHRI SYED SHANHAWAZ HUSSAIN (Inde) a souligné que, depuis des centaines d’années, l’Inde était un foyer pluriel, avec de nombreuses cultures et religions.  Un des piliers les plus sacrés de sa Constitution réside dans les droits de l’homme et des libertés fondamentales.  L’article 19 protège tout citoyen en lui accordant la liberté d’expression et de parole, d’assemblée pacifique et de mouvement dans tout le territoire.  Il respecte le droit de tout individu à pratiquer et à diffuser sa religion.  La politique d’État se base sur des principes directeurs pour les années à venir.  Une Commission nationale des droits de l’homme a été établie il y a près de 16 ans et des commissions similaires ont été mises en place au niveau provincial pour examiner les plaintes relatives aux violations des droits de l’homme.  Des commissions similaires sur les droits des femmes existent également.


Le représentant a souligné que l’Inde avait également adopté une loi sur le droit à l’information pour assurer la transparence et l’information sur les activités du Gouvernement.  Pour mettre fin aux différends dans l’intérêt du public, les plus vulnérables bénéficient d’un organe visant à rendre la justice et à apporter de l’aide aux démunis, aux enfants et à toutes les personnes ne pouvant assurer leur défense.  Il a encouragé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour lutter contre tous ceux qui commettent toutes les violations épouvantables abordées au cours de l’examen de cette question en Troisième Commission.


Mme CECILE MBALLA EYENGA (Cameroun) s’est félicitée de l’adoption de nouveaux instruments juridiques internationaux destinés à promouvoir et à protéger les droits de l’homme ainsi que de l’adhésion des États Membres à ces instruments.  Leur mise en œuvre dépend de la capacité commune à instaurer des conditions économiques, sociales et culturelles nécessaires à leur plein épanouissement.  Mais, a-t-elle dit, nous sommes loin de l’objectif qui veut que chaque homme, femme et enfant vive dans la dignité, ne connaisse pas la faim et soit protégé de la violence et de la discrimination, avec tous les bénéfices du logement, de la santé, de l’éducation et des chances égales.  Cette situation est d’autant plus aggravée par les crises mondiales, alimentaire, financière, énergétique et les changements climatiques.  La communauté internationale doit donc accorder une égale priorité à la promotion du droit à un niveau de vie suffisant, à l’éducation, à l’alimentation ainsi qu’à la santé et à l’épanouissement du cadre institutionnel et politique des activités humaines.  Car les droits civils et politiques ne peuvent s’épanouir pleinement que si les droits économiques et sociaux sont également garantis.


La représentante a souligné que son pays prenait note du rapport du Secrétaire Général relatif au Centre sous-régional des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale.  En ce qui concerne les questions abordées dans ce rapport, le Gouvernement du Cameroun est résolument engagé à tout faire pour que les prisonniers soient traités humainement, avec dignité et considération, ceci à travers la réforme entamée de son système pénitencier et avec l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux.  Cette réforme inclut notamment l’amélioration du fonctionnement des institutions judiciaires et carcérales et des conditions de détention.  En outre, dans le contexte actuel de crises multiples qui secouent le monde, le Cameroun, a-t-elle dit, s’attèle à prendre des mesures d’ordre économique et social en vue d’améliorer les conditions de vie de ses populations.  Il prend en compte et privilégie le dialogue et la concertation, l’information et la sensibilisation.


M. SIDI OULD GHADI (Mauritanie) a affirmé que la Constitution de son pays garantissait tous les droits des citoyens de même que les libertés individuelles et générales et que toutes les institutions exerçaient leurs droits sans restrictions.  La Mauritanie, a-t-il dit, a ratifié de nombreuses Conventions relatives aux droits de l’homme.  Elle a aussi adopté une législation interdisant l’esclavage.  Elle a mis en œuvre des programmes centrés sur le développement et la justice sociale.


Le représentant a également indiqué que le Gouvernement mauritanien avait progressivement cherché des solutions définitives à la situation des travailleurs migrants originaires du Sénégal et du Mali et qui avaient dû quitter le territoire mauritanien.  Certains sont définitivement partis, d’autres sont revenus et se sont réintégrés, tandis que les anciens fonctionnaires parmi eux, ont pu reprendre leurs fonctions au sein de l’administration mauritanienne.


M. FEDOR STARČEVIĆ (Serbie) a montré que le niveau de protection des droits de l’homme dans son pays s’était amélioré depuis 10 ans.  La Serbie a adhéré à la plupart des instruments internationaux et mène une intense activité législative au niveau national en vue d’harmoniser les dispositions internationales.  Il attiré l’attention de la Commission sur l’adoption d’une loi globale antidiscrimination en mars de cette année laquelle définit en détail la protection contre toute forme de discrimination.  Il a ensuite axé son intervention sur la situation des droits de l’homme au Kosovo.  Selon lui, les manquements à la loi et l’impunité, en particulier pour les crimes ethniques, persistent, créant une atmosphère d’insécurité pour les communautés non-albanaises et empêchant des Serbes, Roms et autres populations non-albanaises, qui avaient quitté le Kosovo en 1999, de retourner chez eux dans la sécurité et la dignité.  Les droits les plus communément violés au Kosovo sont le droit à la liberté, la sécurité, la liberté de mouvement et d’expression, de religion, a-t-il dit. La protection du droit de propriété reste un problème.  L’occupation illégale des habitations demeure, quels que soient les efforts de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) pour aider les occupants originels à reprendre possession des lieux.  De plus, l’héritage culturel serbe est constamment menacé et parfois dénié, a-t-il dit.


Le représentant a indiqué que la Serbie n’était pas en mesure de faire un rapport sur la mise en œuvre des instruments internationaux au Kosovo, sachant que, depuis 1999, son administration a été confiée à la MINUK et à la Force pour le Kosovo (KFOR), et, en 2008 à la Mission européenne de police et de justice au Kosovo (EULEX), conformément à la résolution 1244.  La Serbie demande aux Comités respectifs de demander à la MINUK de soumettre des informations sur la mise en œuvre des conventions des Nations Unies au Kosovo.  Le Conseil des droits de l’homme, dans ses conclusions sur la mise en œuvre de la Convention sur les droits civils et politiques, a exprimé ses inquiétudes et a affirmé que les membres des communautés minoritaires avaient un accès limité à la conduite des affaires publiques, aux services public et, que la discrimination envers les minorités était importante.  Il a cité d’autres rapports, notamment d’organisations non gouvernementales, sur cette question, rapports qui arrivent aux mêmes conclusions.  Il a conclu en affirmant que les désaccords sur le statut du Kosovo ne devaient pas empêcher la détermination de toutes les parties prenantes à agir pour améliorer la situation des droits de l’homme de tous les habitants du Kosovo.


M. PAUL BADJI (Sénégal) a réaffirmé, avec force, l’engagement de son pays en faveur de la promotion et de la défense des droits de l’homme, question d’une haute importance qui est un élément fondamental dans la quête pour le développement socioéconomique des pays et pour l’instauration de la paix et de la sécurité internationales.  Cet engagement du pays se fonde sur la conviction qu’aucun processus de développement ne saurait prospérer sans la garantie d’un exercice libre et de la jouissance effective des droits fondamentaux et l’assurance d’une égalité de chances et d’opportunités pour tous les citoyens.  Les efforts pour résoudre les conflits, consolider la paix et vaincre le sous-développement resteront vains si, parallèlement, nous ne parvenons pas à éradiquer toutes les formes de discrimination sur la base de la religion, de l’appartenance raciale et ethnique, des opinions politiques et des convictions, qui sont le prétexte pour des groupes radicaux et extrémistes de s’adonner à des dérives injustifiées.


Les crises économique, financière et alimentaire qui ont frappé le monde, ont particulièrement affecté les plus vulnérables.  Cette situation, dans certains cas, a exacerbé le réflexe identitaire et communautaire, et a servi de motif pour commettre des exactions contre des hommes, des femmes et des enfants dont le seul tort est d’appartenir à une minorité ou à un groupe racial, ethnique ou religieux.  Le représentant a plaidé en faveur du respect et de la sauvegarde de la liberté d’expression et de culte, du droit à la santé, à l’éducation des minorités, des femmes, des enfants et des migrants, qui sont souvent les premières victimes de l’intolérance.  Le Gouvernement du Sénégal consacre, quant à lui, plus de 42% de son budget à l’éducation, 10% à la santé et, a opté pour des politiques volontaristes en faveur des jeunes et des femmes.  Le Sénégal a d’ailleurs signé, au mois de septembre dernier, le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Il a recommandé de privilégier l’éducation, la prévention et la coopération pour obtenir des résultats appréciables en matière de protection des droits de l’homme.  Il a également recommandé de mettre en avant le dialogue et la concertation dans les délibérations à la Troisième Commission, à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme, en lieu et place d’une logique de confrontation visant à clouer au pilori certains États et, dont la conséquence la plus fréquente est la division et le déchirement de la communauté internationale.  Il faut, selon lui, éviter de vouloir ériger une culture ou une communauté en modèle de référence, au mépris des croyances et des valeurs civilisationnelles de chacun des peuples et de scinder, du coup, le monde en blocs dont les rapports ne peuvent être autres que conflictuels.


Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a relevé qu’à la veille de l’examen des Objectif du Millénaire pour le développement (OMD), un triste record historique avait été atteint: plus d’un milliard d’êtres humains souffrent de malnutrition ou de graves carences alimentaires alors que la production céréalière, par exemple, n’a jamais été aussi importante.  En deux ans, leur nombre a augmenté de 200 millions.  Les crises multidimensionnelles qui ont sévi ces deux dernières années ont mis en exergue la nécessité de concentrer les efforts sur l’agriculture en lui reconnaissant son rôle central pour la sécurité alimentaire.  Elle a soutenu les recommandations du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, M. Olivier De Schutter, qui préconise, au-delà des politiques visant à assurer des niveaux de production alimentaire suffisants, d’inscrire ces dernières dans la durabilité, de prendre en compte les réalités locales et de promouvoir les semences traditionnelles.


Le Gouvernement contribue à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la malnutrition dans le cadre de sa politique de Coopération internationale au développement, notamment en Afrique, par la mise en œuvre de projets au niveau multi et bilatéral.  Ainsi, dans le domaine de la lutte contre la malnutrition, 150 000 enfants bénéficient chaque année de programmes de lutte contre la malnutrition.  Auprès des femmes, ces mesures se sont traduites par une baisse de la mortalité néonatale et infantile et une amélioration des soins de santé liés notamment à la grossesse.  Récemment le Gouvernement princier s’est conjointement engagé auprès du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Programme alimentaire mondial (PAM) en vue de réduire la vulnérabilité des femmes en âge de procréer.


M. FARHAD MAMDOUHI (République islamique d’Iran) a appelé l’attention de la Commission sur la discrimination sur la base de la religion, la race, l’ethnicité dans les États de l’Union européenne, laquelle, selon lui, progresse depuis ces dernières années contre les migrants d’autres origines, musulmans en particulier.  On les empêche parfois d’exercer leur culte ou de porter leurs vêtements traditionnels, a-t-il dit.  Par ailleurs, ils sont la cible des services de police.  Différents organes créés par des traités aux Nations Unies, comme le Comité contre la discrimination raciale, ont récemment manifesté leur préoccupation par rapport à ces atteintes des droits de l’homme.  Un nombre disproportionné de femmes aborigènes au Canada sont détenues et font l’objet de sévices de la part de gardes ou d’autres détenus adolescents en particulier.  Les communautés autochtones continuent aussi de vivre dans la pauvreté, sans accès à l’eau, à l’assainissement et, sont soumises à différentes formes d’abus.


Le représentant a ajouté que le Comité de la discrimination raciale s’était déclaré dans sa session de 2008 très préoccupé par la situation des Afro-américains et des personnes d’origine latino-américaine aux États-Unis, qui font l’objet de discrimination fondée sur leur appartenance raciale.  Dans la lutte contre le terrorisme, un climat général d’impunité a été institué.  Le Gouvernement américain appuie, par ailleurs, le traitement inhumain contre les Palestiniens par Israël.  Il a appelé à mettre fin à de telles injustices.


Mme SOPHIA NYAMUDEZA (Zimbabwe) a accepté toutes les définitions inclusives des droits de l’homme qui mettent l’accent sur l’indivisibilité des droits civils et politiques d’un côté, et des droits économiques, sociaux et culturels de l’autre.  Beaucoup de pays font face aux séquelles provoquées par un système de commerce injuste.  La crise économique a confirmé que la mise en œuvre de formules économiques néolibérales avait pour résultat l’érosion des droits des peuples, surtout dans les pays en développement.  Elle a demandé aux pays développés d’honorer leurs engagements afin que les peuples du Sud réalisent leurs droits à la vie, l’alimentation, l’éducation et le développement.  Les droits de l’homme ne peuvent pas être assurés dans un environnement de pauvreté abjecte, a-t-elle assuré.  Selon elle, les mesures de coercition sont contraires au droit international, au droit humanitaire et à la Charte des Nations Unies.  Elles ont, en outre, un impact négatif sur la paix et la sécurité, les relations internationales, le commerce, l’investissement et la coopération.


La représentante a affirmé que son pays était victime de sanctions unilatérales car le Gouvernement avait entrepris un processus de redistribution des terres.  Elle a rejeté les tentatives de certains pays qui veulent subordonner la souveraineté de son pays à ce que l’on présente faussement comme des questions de droit et de démocratie alors qu’il s’agit d’intentions hégémoniques.  Elle a demandé la levée des sanctions pour que son pays puisse aller de l’avant.  Selon elle, la politisation des droits de l’homme ne contribue pas aux progrès des droits de l’homme.  Les allégations de l’Union européenne et de la Nouvelle-Zélande sont fausses et proviennent de pays qui veulent changer le régime en place au Zimbabwe.  Elle a rappelé que son pays avait un système judiciaire indépendant.  Le vrai problème du Zimbabwe, a-t-elle dit, est que l’Occident refuse de lever les sanctions contre ce pays.  Elle a attiré l’attention contre les violations faites aux droits de l’homme en Union européenne, ainsi que dans les pays formant la CANZ. 


M. LUCA DALL’OGLIO, de l’Organisation internationale des migrations (OIM), a déclaré que les crises économiques et financières avaient eu un impact significatif sur le bien-être des migrants.  Alors que seulement un petit nombre de pays ont enregistré une baisse importante des flux migratoires, la crise a augmenté la vulnérabilité de tous.  Cela est particulièrement vrai pour les migrants en situation irrégulière.  L’association de la migration irrégulière avec les réseaux de trafic sont des questions qui ont été exacerbées par les crises économique et financière.  Empêcher la migration irrégulière et en même temps protéger les droits des migrants illégaux est l’une des plus grandes difficultés du monde d’aujourd’hui.  La Haut-Commissaire aux droits de l’homme, dans sa déclaration au début des délibérations, a réitéré son appel en vue de mettre fin à l’emprisonnement des migrants irréguliers.  La détention des migrants irréguliers n’est pas contraire, en elle-même, au droit international, bien que les pratiques de détention dans de nombreux pays soient trop souvent en violation de ces droits.  Quand cela arrive, les États ignorent les obligations aux droits de l’homme au nom du contrôle des frontières ou de la sécurité nationale.  Cependant, les droits de l’homme s’appliquent universellement et ne dépendent pas du statut de résidence.


Il est crucial pour les gouvernements d’adopter et de mettre en œuvre des lois sur la migration, d’augmenter leur capacité pour faire face aux défis de l’immigration en conduisant des entraînements pour la police, les gardes-frontières et les fonctionnaires chargés de l’application de la loi.


La question des migrations irrégulières ne doit pas faire oublier que la migration régulière apporte des bénéfices à la fois aux migrants et aux sociétés.  L’OIM, en coopération avec le Centre pour les études migratoires organisera une Conférence sur la migration irrégulière, à New York, en janvier 2010.  La Conférence est organisée pour la communauté diplomatique, la société civile et le monde universitaire afin de revoir et de discuter des politiques et des aspects légaux concernant la migration illégale.


M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a déclaré que les droits économiques, sociaux et culturels ne devaient pas être négligés car ils représentaient pour les pays en développement les mêmes défis que les droits civils et politiques, auxquels les partenaires des pays développés semblaient attacher davantage d’importance.  Il a lancé un appel à l’ONU et à toutes ses organisations et agences, aux Comités chargés du suivi des traités et à la communauté internationale pour qu’ils accordent la même attention aux droits économiques, sociaux et culturels.  L’état de droit est devenu un fait majeur au Nigéria.  Il a affirmé que son gouvernement s’employait à aligner ses institutions et ses lois avec les normes internationales relatives aux droits de l’homme.  Il s’est aussi efforcé d’adhérer et de ratifier un certain nombre d’instruments et de conventions internationales.  Il a signé, cette année, la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées.  Il a adhéré au Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi qu’à la Convention sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, à la Convention sur la prévention et la pénalisation des crimes de génocide et à celle sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.


Au niveau national, le Nigéria a adopté un plan d’action pour la promotion et la protection des droits de l’homme, soumis au Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il a également établi un fonds d’allocations qui aide à la réhabilitation et à la réinsertion des victimes de la traite humaine.  Le Nigéria s’est en outre soumis cette année à l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme, à l’issue de consultations avec un large éventail de personnalités politiques, de chefs traditionnels et religieux, de syndicats, de représentants de groupes de femmes et de jeunes universitaires ainsi que d’autres organisations.  Ce forum national a été formalisé pour se tenir tous les ans et est devenu, pour de nombreux pays, un modèle de préparation du rapport national dans le cadre de l’Examen périodique universel.


M. ROMAN TODER (Ukraine) a déclaré que son pays avait créé des bases pour protéger les droits de l’homme.  Ainsi, la promotion des droits de l’homme dans les écoles primaires et secondaires a pris de plus en plus d’importance.  Selon lui le respect des droits de l’homme est inconditionnel.  De même, il faut unir les efforts contre le terrorisme en respectant les droits de l’homme.  Il s’est dit convaincu que les Nations Unies jouaient un rôle important pour le dialogue, suivre les performances des États, aider les pays à harmoniser leur législation en accord avec les instruments internationaux.  L’Examen périodique universel permet d’organiser une interaction entre plusieurs instruments des droits de l’homme.  Il a souligné l’importance d’éviter les doublons entre les deux mécanismes des droits de l’homme.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’avoir une relation complémentaire qui serve la crédibilité de l’Examen périodique universel.


Le représentant a estimé que lutter contre la pauvreté était un moyen de promouvoir les droits de l’homme.  Il a réitéré l’opposition de l’Ukraine à l’application de la peine de mort, qu’il a qualifiée de traitement « inhumain, irréversible qui n’empêche pas que les crimes se reproduisent ».  Le système des procédures spéciales a prouvé être un des mécanismes les plus efficaces pour promouvoir les droits de l’homme, a-t-il dit, soulignant qu’il devait couvrir les pays de manière globale.  Il faut, selon lui, identifier les doublons, les lacunes afin de les supprimer et de faire en sorte que le Conseil des droits de l’homme ait un système de procédures spéciales efficace.  Concernant son pays, il a déclaré que l’Ukraine empêchait la restauration d’une idéologie totalitaire.


M. ARNAUD OUEDRAOGO (Burkina Faso) a déclaré que le passage de son pays devant le Conseil des droits de l’homme dans le cadre de l’Examen périodique universel, institué par la résolution 60/125 de ce conseil, avait été concluant, bénéfique et plein d’enseignements en ce sens qu’il avait permis de passer en revue tous les domaines des droits de l’homme et de formuler certaines recommandations pertinentes qui sont en parfaite adéquation avec les orientations politiques de son gouvernement.  Le Gouvernement voit dans les mécanismes de surveillance des droits de l’homme un outil stratégique de première importance pour la promotion et la protection des droits de l’homme.  Cette surveillance est le meilleur garant de l’effectivité des instruments internationaux.  Il faut impliquer la société civile dans ce cadre dans le processus d’évaluation et de mise en œuvre des recommandations, aux côtés des structures étatiques.


Le Burkina Faso a mis en place un cadre institutionnel spécifique pour le suivi des recommandations issues de l’évaluation des droits de l’homme.  Il en a appelé une fois de plus à la coopération technique, non seulement entre États, mais aussi entre les États et les organes des Nations Unies disposant d’expertise en la matière, en vue de renforcer les compétences des structures nationales chargées du suivi des accords internationaux des droits de l’homme et de permettre ainsi aux États d’être à jour vis-à-vis des instances d’évaluation.


M.GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que depuis sa prise de fonctions il y a deux ans, son gouvernement avait traduit son engagement envers les droits de l’homme en progrès réels.  En effet, le Gouvernement a commencé par mettre l’accent sur les populations les plus marginalisées.  Les excuses du Premier Ministre, au nom de la nation, aux Australiens autochtones, a marqué le début d’une nouvelle relation entre les Australiens autochtones et non-autochtones.  Le Gouvernement a mené une consultation nationale des droits de l’homme via des débats publics dans toute l’Australie.  La consultation a fourni au Gouvernement australien des renseignements sur ce que l’Australie fait de bien, et sur ce qui peut être amélioré afin d’assurer une plus grande protection des droits de l’homme.  La réalisation de l’égalité de genre est fondamentale pour la réussite du développement économique.


Le Gouvernement australien a pris des mesures pour renforcer les arrangements institutionnels afin d’assurer l’autonomisation de la femme, a-t-il ajouté.  De même, il a permis aux couples de même sexe et leurs enfants d’avoir les mêmes droits que les autres couples.  Le représentant a, par ailleurs, appelé à un moratoire sur les exécutions et plaidé pour l’abolition de la peine de mort.  Il a affirmé que certains États avaient pris des initiatives afin d’améliorer la situation des droits de l’homme, citant ainsi la République démocratique populaire lao, le Burkina Faso, le Brésil, Vanuatu, Tonga et Tuvalu.  En revanche, d’autres pays connaissent des problèmes, a-t-il dit.  Il a affirmé que la situation à Fidji avait empiré depuis avril dernier quand le régime militaire a abrogé la Constitution, imposé des régulations et un état d’urgence.  Il a appelé le régime à supprimer ces règles et à organiser des élections honnêtes et libres.  En Iran, les citoyens doivent pouvoir protester pacifiquement, a-t-il ajouté, se déclarant préoccupé par l’emprisonnement de certains opposants au régime.  Concernant la situation au Myanmar, il a appelé à des réformes démocratiques et à la libération de tous les prisonniers politiques.  Il s’est également affirmé aussi préoccupé par la manière dont le Gouvernement du Sri Lanka traitait les personnes déplacées internes.


M. THAUNG TUN (Myanmar) a encouragé à une approche équilibrée et reposant sur la coopération.  Il a déclaré que, par le passé, dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme, l’accent était davantage mis sur les droits civils et politiques, au détriment des droits économiques, sociaux et culturels, qui pourtant ne sont pas moins importants.  Ils sont aussi des droits légitimes de tous les être humains.  La distinction artificielle entre les droits civils et politiques, d’une part, et les droits économiques, sociaux et culturels, d’autre part, doit être supprimée, a-t-il recommandé.  Le représentant a déploré que certaines nations puissantes aient eu recours aux sanctions économiques pour exercer des pressions contre des pays en développement.  Les mesures coercitives unilatérales sont non seulement contraires à l’esprit et à la lettre de la Charte des Nations Unies, mais aussi injustes au regard des droits de l’homme.  D’autre part, la Charte sur les droits économiques et les obligations des États proclamées par l’Assemblée générale dans sa résolution 3281 de décembre 1974, stipule qu’aucun État ne doit utiliser ni encourager les mesures économiques, politiques ou autres comme moyens coercitifs.  Le Conseil des droits de l’homme et son mécanisme d’Examen périodique universel, qui doit être transparent et non-coercitif, étaient supposés être universels, transparents, objectifs et non-sélectifs.  L’expérience montre que ce processus a non seulement eu des effets positifs quant à la volonté des pays de coopérer avec les mécanismes des droits de l’homme mais aussi d’améliorer la situation des droits de l’homme au niveau national.


Il n’en reste pas moins troublant, selon lui, de voir que certains pays continuent de pointer du doigt d’autres pour des violations présumées des droits de l’homme.  Hier, les représentants de la Suède, au nom de l’Union européenne, de la Nouvelle-Zélande et du Japon et, aujourd’hui, celui de l’Australie, ont fait des commentaires sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.  De telles évaluations sont totalement subjectives, a-t-il affirmé, soulignant que les pays concernés devraient respecter le droit à ce que la situation du Myanmar soit examinée de façon équitable et juste.  Cibler certains pays de manière sélective et en utilisant le « deux poids deux mesures » est contraire aux normes de la promotion et la protection des droits de l’homme, a-t-il estimé.  L’utilisation des droits de l’homme comme un instrument à des fins politiques, y compris par la sélection de pays individuels ciblés contrevient à la Charte des Nations Unies.  Cette pratique est préoccupante d’autant plus que le Myanmar est à la croisée des chemins avec les futures élections de 2010.  Le Myanmar continue d’être engagé pour atteindre ses objectifs et est prêt à renforcer sa coopération avec d’autres pays pour protéger les intérêts de son peuple, a déclaré son représentant.


M. MOTLATSI RAMAFOLE (Lesotho), après avoir souligné l’importance que revêtaient les droits de l’homme dans son pays, a concentré son exposé sur le droit à l’alimentation et aux droits de l’homme dans la pauvreté extrême.  L’agriculture représente la base du développement socioéconomique du pays, a-t-il dit.  Or la crise alimentaire et les changements climatiques ont créé un climat d’insécurité.  Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 450 000 personnes dans son pays vont tomber dans l’insécurité alimentaire en 2009-2010.  Le Gouvernement a mis en place une série de mesures pour revitaliser le secteur agricole.  Il a souligné l’importance de la solidarité internationale afin d’assurer le droit alimentaire.


Concernant l’extrême pauvreté, son pays a mis en place des mesures de protection sociale.  Le Lesotho cherche à réaliser l’éducation universelle, a-t-il poursuivi  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’adopter une approche de protection sociale dans les droits de l’homme.  Le travail des Nations Unis sur les droits de l’homme doit se concentrer sur l’amélioration du Conseil des droits de l’homme, a-t-il également déclaré.


Mme NAKPA POLO (Togo) a affirmé que son pays avait fait un saut qualitatif important dans sa législation et dans ses pratiques pénales en rejoignant les pays qui se sont prononcés sans ambiguïté contre la peine de mort.  Elle a précisé que ce choix d’établir une justice saine, qui limite les erreurs judiciaires, qui corrige, éduque et garantit véritablement les droits inhérents à la personne humaine n’est plus compatible avec une législation pénale qui conserve encore, dans son arsenal judiciaire, la peine de mort.


La représentante a souligné qu’il n’existait aucune corrélation entre l’évolution de la criminalité et l’absence ou la présence de la peine de mort.  La peine de mort entérine une faillite sociale et son abolition répond à un principe éthique.  L’abolition de ce châtiment extrême considéré comme une peine inhumaine, dégradante et cruelle par la communauté des nations respectueuses de la personne humaine, s’est clairement imposée à la conscience collective des Togolais depuis plus de 30 ans, a-t-elle indiqué, en ajoutant que la dernière exécution d’un condamné à mort dans son pays remontait à 1978.  Depuis, le pays est considéré comme abolitionniste de fait.  Elle a rappelé que le droit à la vie était consacré par la Constitution togolaise dans son article 13 et que, le 23 juin 2009, une loi abolissant la peine de mort avait été adoptée.  Elle a exhorté les nations qui y recourent encore à envisager la possibilité d’y renoncer.


M. HENRI-PAUL NORMANDIN (Canada) a déclaré que le respect et la mise en œuvre des normes relatives aux droits de la personne demeuraient un défi pour tous, y compris le Canada.  Sur le plan national, les gouvernements doivent mettre en place des institutions qui ont pour mandat de protéger ces droits.  L’adoption de mécanismes multilatéraux peut également contribuer aux efforts nationaux.  Lorsque certains États Membres n’ont pas la volonté politique nécessaire ou ne prennent pas toutes les mesures voulues, la communauté internationale a l’obligation de s’exprimer devant cette Commission et d’utiliser les outils dont elle dispose pour empêcher toute violation des droits de la personne.  L’histoire récente a montré que les violations des droits de la personne sont particulièrement susceptibles de se produire à la suite de crises constitutionnelles ou électorales.


Le représentant a affirmé que le monde a été choqué par les cas graves de violation des droits de la personne qui se sont produits en Guinée, il y a quelques semaines.  Depuis le coup d’État, le Canada répète les appels au rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée et au respect des droits fondamentaux des citoyens de ce pays, a-t-il dit.  Il a aussi fait mention des violents actes de répression en Iran à l’issue de l’élection de juin 2009.  Selon lui, les droits de la personne, déjà bafoués dans ce pays, sont encore moins respectés.  L’Iran doit veiller à ce que les personnes incarcérées soient traitées dans le cadre d’une procédure judiciaire équitable, conformément à ses obligations internationales.  Au Honduras, il a demandé le respect sans condition de tous les droits de la personne et des libertés fondamentales, ainsi que le rétablissement de la démocratie et de la primauté du droit dans ce pays.  Il a également estimé que les autorités du Myanmar devaient permettre à tous les citoyens d’exercer leurs droits de participer à une élection libre et juste en 2010.  Il s’est déclaré aussi préoccupé par la situation des droits de la personne au Bélarus.  Il a demandé, en outre, aux autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de faciliter les travaux du Rapporteur spécial.  Dans toutes ces situations, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit continuer de protéger et de promouvoir le travail remarquable fait par les défenseurs des droits de la personne.


Mme ROCHELLE ROCA HACHEM, de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a affirmé que dans ses activités pour encourager la diversité culturelle, l’UNESCO avait une approche fondée sur les droits de l’homme, en particulier pour les femmes, les filles dans les pays en développement, ainsi que les minorités, les migrants et les personnes marginalisées.  Le rapport mondial de suivi de l’éducation pour tous sera publié sous peu.  L’UNESCO continuera d’apporter aux États Membres des conseils en matière de politique et d’appui technique pour favoriser les réformes de l’éducation et atteindre les Objectifs de l’éducation pour tous, y compris l’éducation d’urgence.  Les principes des droits de l’homme, de la tolérance, de la diversité et du respect doivent être inclus dans les programmes d’enseignement et les enseignants doivent être préparés à les transmettre.  Il y a juste une semaine, le 20 octobre, l’UNESCO a rendu public le rapport mondial « Investir dans la diversité culturelle et le dialogue entre les cultures ».  2010, a-t-elle dit, sera l’Année internationale du rapprochement entre les cultures et, à cette occasion, l’UNESCO sera l’organisation phare.  Dans l’exercice des droits et des libertés fondamentales associées à la diversité culturelle, le dialogue interculturel constitue un outil clef, a-t-elle ajouté, en mettant en exergue le rôle de l’éducation et de la diversité culturelle dans le développement durable.


Mme ANDA FILIP, de l’Union interparlementaire (UIP), a déclaré que les parlements étaient bien placés pour promouvoir et protéger les droits de l’homme.  Ceux-ci, a-t-elle dit, doivent être équipés pour comprendre leur rôle de gardiens des droits de l’homme.  L’UIP a établi des Comités à l’intérieur des parlements afin d’assurer que les droits de l’homme deviennent une préoccupation pour tous les parlements.  L’UIP aide les parlementaires à se familiariser avec les organes des droits de l’homme créés par les traités.


Concernant l’Examen périodique universel, l’expérience montre que les gouvernements ne font pas participer les parlementaires.  Or, les rapports devraient être débattus devant les parlements avant d’être finalisés.  Les parlementaires devraient aussi être inclus dans les délégations qui présentent le rapport au Conseil des droits de l’homme.  En outre, les parlementaires peuvent être les gardiens des droits de l’homme à l’unique condition qu’ils bénéficient eux-mêmes de ces droits.  Or l’UIP a relevé des cas de violations des droits de l’homme de parlementaires, qui incluent des meurtres, des disparitions forcées, des persécutions politiques, des détentions arbitraires.  Certaines de ces violations ont eu lieu durant des coups d’État, a-t-elle dit, citant notamment le coup d’État à Madagascar cette année, au cours duquel le Parlement a été suspendu et certains membres arrêtés et détenus.  Les violations les plus communes des droits de l’homme des parlementaires sont celles qui bafouent la liberté d’expression.  Dans plusieurs pays, les parlementaires perdent leur mandat s’ils ne votent pas en masse avec leur parti.


Droits de réponses


Le représentant de la Turquie a relevé les allégations, qu’il a qualifiées de sans fondement, du représentant de la Grèce.  À entendre le représentant grec, on pourrait croire que le problème de Chypre a commencé en 1974.  Or, la force de maintien de la paix de l’ONU a été déployée en 1964.  Les Chypriotes turcs se rappellent de cette période.  Il a rappelé que, de 1963 à 1974, les conditions, dans lesquelles les Chypriotes turcs vivaient, étaient caractérisées par un état de siège et par les atrocités commises par les Chypriotes grecs.  Le délégué grec a décrit la situation comme s’il y avait eu une invasion en 1974, a-t-il ajouté.


Le représentant de Chypre a déclaré que les affirmations du représentant turc étaient fausses.  L’armée turque continue d’occuper une partie d’un pays libre et indépendant et mène une activité sécessionniste, a-t-il dit.  Que penser d’un pays qui fait partie des membres non permanents du Conseil de sécurité et qui occupe 30% d’un pays membre de l’Union européenne à laquelle il veut appartenir, a-t-il demandé.  Si la Turquie veut régler le problème, il faut qu’elle retire les troupes d’occupation et permette aux Chypriotes turcs et grecs de vivre ensemble.


Le délégué du Japon en réponse à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répété ce qui a déjà été dit.  Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Japon a fait des excuses sincères et proposé des indemnisations aux les femmes de confort.  Certes, les deux pays n’ont pas normalisé leurs relations mais, le mois dernier, devant l’Assemblée générale, le Premier Ministre du Japon a affirmé la disposition de son pays à le faire, conformément aux accords de Pyongyang.  Il ne faut toutefois pas justifier la situation préoccupante des droits de l’homme en RPDC par une diversion.  Ce pays doit respecter les droits de l’homme de sa population, notamment le droit à l’alimentation, la fin de la torture et des exécutions.


Le délégué de la Guinée a affirmé que les instruments des droits de l’homme devaient continuer de guider les travaux de la Commission dans un cadre concerté et coordonné empreint d’un esprit de dialogue et de coopération.  Les représentants de l’Union européenne et du Canada ont fait référence à la Guinée, notamment par la condamnation des conséquences tragiques survenues à la suite de la manifestation non autorisée du 28 septembre 2009.  Le représentant guinéen a indiqué que la prise de pouvoir en Guinée par le Conseil national pour la démocratie et le développement, le 23 décembre 2008, à la suite du décès de Lansana Conté, s’est faite sans effusion de sang.  Les motivations profondes de cette prise de pouvoir, les objectifs fixés, les efforts déployés pour les atteindre ont été favorablement accueillis par la population et appréciés par la communauté internationale.  Sur le plan politique, une concertation continue a été établie entre le Gouvernement et les forces politiques et sociales du pays, avec, à plusieurs occasions, la participation du Groupe international de contact, ce qui a favorisé l’adoption d’un document consensuel sur la tenue d’élections.  Ainsi, les élections législatives devraient avoir lieu en décembre 2009 et les présidentielles en janvier 2010 et, éventuellement le deuxième tour de ces présidentielles en mars 2010.


Le représentant a expliqué que les événements du 28 septembre avaient été organisés principalement pour protester contre la candidature éventuelle du Président Moussa Dadis Camara.  Les conséquences regrettables de ces événements ont endeuillé le peuple de Guinée, ce qui a conduit le Président de la république a présenter ses condoléances aux familles des victimes et de décréter deux jours de recueillement à leur mémoire, de prendre des dispositions en faveur des blessés, de suggérer la désignation par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’un médiateur, de proposer la mise en place d’une commission nationale et internationale d’enquête sous les auspices des Nations Unies et la formation d’un Gouvernement d’union nationale.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, il convient de noter avec satisfaction la nomination par la CEDEAO d’un facilitateur en la personne de M. Blaise Campaoré, Président du Burkina Faso, qui s’emploie sérieusement à la recherche d’une solution à la crise guinéenne.  L’examen de la question des droits de l’homme doit se faire avec discernement, ce qui exclue, a-t-il dit, la sélectivité et le principe de deux poids deux mesures.


La représentante de l’Arabie saoudite a exercé son droit de réponse par rapport à l’intervention de l’Union européenne du 27 octobre.  Elle a précisé que le Royaume disposait d’instruments de protection de tous les droits, y compris des femmes.  Le pays a fait des progrès dans l’amélioration des droits de l’homme et ne doit pas être guidé en la matière.  Le droit des femmes fait partie intégrante de sa démarche.  Elle a précisé que sa génération de femmes saoudiennes agissait en toute liberté et réalisait ses propres choix dans une société moderne.  Malheureusement, l’Union européenne donne des leçons sur les droits de l’homme dans les pays en développement alors que ses membres enregistrent une montée de la discrimination, du racisme et de la tendance à l’intolérance à l’égard d’autres communautés.


La déléguée du Zimbabwe, en référence à la déclaration de l’Australie sur l’annulation de la visite du Rapporteur spécial Manfred Nowak dans le pays, a déclaré qu’en réalité, la date de cette visite avait été reportée car son pays organisait une conférence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et que le Gouvernement désirait mettre tout à la disposition du Rapporteur spécial.  La visite sera organisée dès qu’il pourra le faire.  Elle a prié l’Australie de mettre à jour ses informations avant de prendre position.


Le délégué de la République islamique d’Iran a répondu au Canada que ses accusations étaient infondées.  C’est le résultat de la politique interne du Gouvernement canadien et une violation des mécanismes des droits de l’homme aux Nations Unies.  Le Canada s’octroie le « leadership » des droits de l’homme, or il n’a pas vraiment de quoi se féliciter quant à la situation dans son pays.  Le Gouvernement du Canada n’a pas toujours respecté ses engagements à cet égard.  Le Comité des droits de l’homme et celui sur la torture ont été clairs face à l’hésitation du Canada à mettre en œuvre les recommandations de ces Comités figurant dans son deuxième et troisième rapport périodiques.  Les personnes d’origine arabe et musulmane, ainsi que les Afro-canadiens et les autochtones, entre autres, sont la cible d’actes de discrimination et de racisme.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui réagissait aux interventions, d’hier et d’aujourd’hui, du Japon, a rappelé que ce pays avait infligé de lourdes pertes à son pays.  Il refuse de revoir ses attitudes criminelles du passé.  La question, ici, est qu’il reconnaisse les crimes passés et pourtant il a une attitude très agressive en refusant d’indemniser.  Il est évident que l’on peut normaliser les relations entre les deux pays, mais, a-t-il dit, le Japon doit être conscient que cela est difficile sans la reconnaissance et le règlement des problèmes hérités du passé.  Les crimes ont été perpétrés par l’armée du gouvernement et ce n’est pas par le biais d’un fonds d’indemnisation aux femmes de confort que tout sera réglé, a-t-il estimé.  Il a fallu bien des années pour que le Japon reconnaisse en partie ces crimes horribles contre l’humanité.  La communauté internationale va attendre encore combien de temps pour que le Japon se décide à une véritable indemnisation de tous ses crimes, a-t-il demandé.


Le représentant du Myanmar a répondu à l’Union européenne, aux États-Unis, à la Nouvelle-Zélande, au Japon, à l’Australie et au Canada.  Il a déclaré s’opposer à la sélectivité et à la politique de deux poids-deux mesures.  Utiliser les droits de l’homme à des fins politiques en pointant du doigt certains pays est contraire à la Charte des Nations Unies, a-t-il dit.  De plus, les informations ayant servi à ces déclarations proviennent de groupes qui luttent contre le Gouvernement, a-t-il affirmé.  Les efforts pour promouvoir et protéger les droits de l’homme peuvent porter leurs fruits s’ils se basent sur une approche équilibrée.


Le représentant du Soudan a répondu au Canada dont il rejette les allégations notamment sur les droits des femmes.  Dans son pays, les femmes participent à la direction du Gouvernement, a-t-il souligné.  Elles ont obtenu le droit de vote avant celles de nombreux pays du monde.  Ces allégations sont sans preuves, a-t-il insisté, ajoutant que son pays avait coopéré avec tous les responsables des Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme.  Il a également assuré que la presse au Soudan était libre.


Le représentant du Japon a déclaré avoir déjà expliqué sa position.  Le Japon fait sincèrement face à son passé, a-t-il dit.  Il a estimé que la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC) posait un danger à sa population.  Il a appelé l’attention de la Commission sur les abus en RPDC qui se succèdent et se multiplient.  Il a demandé à la RPDC de prendre des mesures concrètes sur les droits de l’homme.  Les enlèvements constituent la principale question avec les problèmes liés aux armes nucléaires dont il faut s’occuper pour normaliser les relations entre les deux pays.  Il a demandé à la RPDC de mettre en œuvre les promesses qu’elle avait faites à ce sujet.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déclaré que le Japon continuait ses allégations sans fondements, et, sans voir ses crimes passés.  Cela, a-t-il dit, ne fait qu’augmenter la honte du Japon.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations de la Sixième Commission, tout en saluant les travaux de la CDI, sont divisées sur les projets de textes relatifs aux réserves aux traités et à l’expulsion des étrangers

AG/J/3376

Les délégations de la Sixième Commission, tout en saluant les travaux de la CDI, sont divisées sur les projets de textes relatifs aux réserves aux traités et à l’expulsion des étrangers

28/10/2009
Assemblée généraleAG/J/3376
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sixième Commission

17e& 18eséances – matin & après-midi


LES DÉLÉGATIONS DE LA SIXIÈME COMMISSION, TOUT EN SALUANT LES TRAVAUX DE LA CDI, SONT DIVISÉES

SUR LES PROJETS DE TEXTE RELATIFS AUX RÉSERVES AUX TRAITÉS ET À L’EXPULSION DES ÉTRANGERS 


Au troisième jour de l’examen du rapport de la Commission du droit international (CDI), la Sixième Commission (chargée des questions juridiques), a débattu aujourd’hui en particulier des thèmes des « réserves aux traités » et de « l’expulsion des étrangers », qui sont traités aux chapitres V et VI du rapport.  Elle a aussi achevé l’examen des projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.


Abordant le sujet complexe des réserves, à l’étude depuis 1993, le Président de la CDI, M. Ernest Petric, a indiqué avoir renvoyé au Comité de rédaction des projets de directives sur la forme et la communication des déclarations interprétatives, sur la validité des réactions aux réserves, ainsi que sur la validité des déclarations interprétatives et des réactions à celles-ci.  Les directives élaborées par la CDI sur la question des réserves aux traités ont pour but de faciliter l’application des Conventions de Vienne de 1969 sur le droit des traités.


Les réserves formulées à l’encontre de certaines dispositions d’un traité peuvent susciter des réactions différentes, les objections ou l’acceptation des réserves qui comportent des difficultés sur le plan juridique, notamment pour déterminer leur validité et leurs effets.  Sous la direction du Rapporteur spécial, M. Alain Pellet, la CDI cherche à résoudre ces questions malgré les avis divergents des délégations.


Ces dernières années, de nombreux États ont soulevé des objections à l’égard des réserves invalides, a rappelé la représentante de l’Allemagne, citant le cas de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ou encore du Pacte international sur les droits civils et politiques.


« Toutes les réactions à ces réserves ne sont pas pour autant valides », a relevé le représentant de la République islamique d’Iran.  Pour la représentante de la France, il n’y a pas de raison de soumettre les objections aux réserves à des conditions de validité.  Les véritables difficultés se situent sur le terrain des effets des réserves et des objections, a-t-elle fait observer.


Le débat a aussi porté sur les déclarations interprétatives et, en particulier, sur la forme qu’elles doivent revêtir.  Pour le représentant de l’Autriche, il faut tenir compte du fait que le dépositaire ne peut jouer son rôle que si les déclarations sont transmises par écrit.  Concernant les effets des déclarations interprétatives, cette délégation a estimé qu’ils doivent être identiques à ceux des réserves.  Les représentants du Royaume-Uni et de l’Italie ont cependant insisté sur le fait que les déclarations interprétatives ne constituent pas des réserves.


La Commission du droit international qui examine la question de l’expulsion des étrangers depuis 2005, a décidé, au cours de sa dernière session, de reporter à l’an prochain l’examen des projets d’articles révisés.  Le Rapporteur spécial de la CDI chargé de cette question, M. Maurice Kamto, s’est efforcé de dégager un « noyau dur des noyaux durs », constitué par les droits intangibles devant être garantis à toute personne faisant l’objet d’une expulsion, a expliqué le Président de la CDI.


Cette démarche a été contestée par certaines délégations qui ont fait remarquer que l’État qui prend la décision d’expulser devrait respecter, à l’égard des personnes expulsées, l’ensemble des droits de l’homme.  Le représentant de la Norvège, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a rappelé que les droits de l’homme ont une nature indivisible et qu’ils doivent tous être respectés.  « Il ne faut pas donner l’impression de créer une différente catégorie de droits de l’homme », a soutenu le représentant de l’Autriche.


Plusieurs délégations ont, en outre, fait valoir que l’expulsion des étrangers relève avant tout de la souveraineté des États.  Ce n’est pas une question que la CDI doit tenter de régler, a affirmé le représentant du Royaume-Uni.  L’observateur de la Commission européenne a souligné combien les avis divergent sur ce thème controversé, qu’il considère aussi bien délicat sur le plan juridique que sur le plan politique.


Après l’examen des questions, la Sixième Commission a entendu le Président de la Commission du droit international qui a présenté les chapitres VII et VIII du rapport, qui ont trait à « la protection des personnes en cas de catastrophe » et aux « ressources naturelles partagées ».


La Sixième Commission a par ailleurs entendu la représentante de la Grèce qui a présenté, au nom de ses coauteurs, un projet de résolution par lequel l’Assemblée générale engagerait les États à prendre des mesures pour que les infractions pénales commises par un fonctionnaire ou un expert en mission des Nations Unies ne restent pas impunies, les encourageant notamment à coopérer entre eux et avec l’ONU par un échange d’informations.  Elle se prononcera sur ce projet de résolution à une date ultérieure.


La prochaine séance publique de la Sixième Commission aura lieu demain, jeudi 29 octobre, à 15 heures.



RAPPORT DE LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-ET-UNIÈME SESSION ( A/64/10 (Supp) et A/64/283)


Première partie: Chapitre III: responsabilité des organisations internationales


Suite des déclarations


M.GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), se ralliant à la déclaration du Mexique, a indiqué que la coordination et les échanges entre les États Membres et la Commission du droit international (CDI) doivent être améliorés.  Il a également souhaité que davantage d’États Membres participent directement à l’élaboration du droit international.  Le représentant a ensuite salué l’adoption en première lecture des 66 projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Son pays, a-t-il dit, transmettra ses observations et commentaires avant la date butoir du 1er janvier 2011.  À titre liminaire, il a néanmoins souligné que même si ces projets d’articles sont équilibrés, il faudrait poursuivre d’autres réflexions afin d’envisager d’autres situations.  Il s’est en outre dit en faveur de l’approche restrictive adoptée en matière de contre-mesures.


Abordant la question de la légitime défense qui est prévue par le projet d’article 20, le représentant a estimé que l’on pouvait imaginer son inclusion dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Cependant, si une telle mention de la légitime défense peut être utile, elle doit, en droit international, être précisée.  Il a aussi demandé de clarifier l’expression « violations graves »  qui apparaît souvent dans le texte.  Le représentant a ensuite salué la décision de la CDI d’ajouter des dispositions générales dans la sixième partie du projet d’articles.  Il a conclu en réitérant son attachement aux efforts de la CDI et a espéré qu’elle achèvera ses discussions sur la responsabilité des organisations internationales dans les mois à venir.


M. EBENEZER APPREKU (Ghana) a demandé que la CDI progresse sur les questions de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, des ressources naturelles partagées, en particulier concernant le pétrole et le gaz et sur celle des traités dans le temps.  À ce sujet, il a suggéré que l’on regroupe les questions ayant un lien évident en droit international, comme les réserves et les traités dans le temps.  Il a ensuite estimé que dans l’exercice de sa responsabilité de discuter avec d’autres organes, la CDI doit nouer des relations avec la Commission africaine de droit international, récemment créée.  Il a par ailleurs partagé l’opinion de la CDI sur l’assistance aux Rapporteurs spéciaux et a souligné la nécessité d’améliorer les honoraires de ces experts.  En tant que Président du Comité consultatif de l’ONU sur l’étude, l’enseignement, la diffusion et une plus large appréciation du droit international, le Ghana accorde une importance au développement progressif du droit international, a-t-il dit.  Ce droit est le fondement même des relations internationales, a-t-il souligné, en appelant à donner une large place à cette matière.  Cela exige aussi des ressources financières supplémentaires.


Le représentant a par ailleurs annoncé que son pays transmettra des observations et commentaires d’ici au 1er janvier 2011, comme le souhaite la CDI.  Présentant des commentaires liminaires, le représentant s’est félicité de la nouvelle formulation du projet d’article 1, paragraphe 2. 


Il a demandé de préciser les limites des responsabilités de l’organisation internationale régionale, en donnant l’exemple de l’Union africaine.  Sa délégation, a-t-il mentionné, estime que le texte final du projet d’articles ne doit pas contenir des dispositions qui prévalent sur les autres règles de droit international ou sur la Charte des Nations Unies.  S’agissant de la légitime défense, il a estimé que la Charte de l’ONU a déjà réglé la question en conférant ce droit uniquement aux États.  Pour M. Appreku, introduire ce concept de légitime défense collective au bénéfice des organisations internationales risque d’entraîner des controverses et un usage abusif.  C’est pourquoi, il faudrait réexaminer les dispositions de ce projet d’article, a-t-il souhaité.


M. MANUEL DE JESÚS PIREZ (Cuba) a souhaité que la CDI examine de manière approfondie certains aspects de la responsabilité des organisations internationales.  Il a estimé que les liens entre les États et les organisations internationales, en matière de réparation doivent être mieux précisés, en gardant à l’esprit les contributions que les États apportent déjà à ces institutions.  Le représentant a ensuite appelé à renforcer la coopération entre les États Membres et la CDI, en souhaitant que les délégations jouent un rôle plus actif en répondant aux demandes de commentaires faite par la Commission du droit international.


M.ABDELRAZAG E. GOUIDER (Jamahiriya arabe libyenne) a salué l’adoption du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Les États doivent, à travers leurs commentaires et observations, aider la CDI à accomplir son mandat, a-t-il souhaité, en précisant que sa délégation se réserve le droit de réagir à la demande de commentaires en temps utile.  Il s’est ensuite félicité de la mise à jour du site Internet de la Commission qui aidera de nombreux juristes, à travers la planète.  Le représentant a cependant regretté que le projet de directives relatives aux traités ne soit pas adopté et que la CDI n’ait pu examiner de manière approfondie la question de l’obligation d’extrader ou de poursuivre (aut dedere aut judicare).  Il a noté également que la Commission n’ait pas pu examiner la question de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État.  C’est pourtant une question fondamentale, a-t-il estimé, rappelant qu’elle permet aussi d’examiner la question des poursuites pénales sur le plan international.


Le représentant a demandé par ailleurs que des contributions volontaires soient versées au Fonds d’affectation spéciale créé pour résorber le retard dans la publication de l’Annuaire de la CDI.  Après avoir salué le travail des Rapporteurs spéciaux auprès de la CDI, il a appelé à rétablir les honoraires qui leurs sont offerts et à améliorer l’assistance qui leur est fournie.  Il a conclu en appuyant l’idée de permettre aux rapporteurs spéciaux de participer aux travaux de la Sixième Commission.


M. PATRICK HETSCH, observateur de la Commission européenne, a formulé quelques commentaires sur certains articles du projet de document sur la responsabilité des organisations internationales.  Abordant la cinquième partie de ce projet d’articles, il a noté avec satisfaction la nouvelle version de l’article 60 qui a été rebaptisée« responsabilité d’un État Membre qui cherche à se soustraire à ses obligations ».  Ce qui est une amélioration sensible, a-t-il estimé.  Il y a aussi, a-t-il ajouté, une meilleure clarté de cet article par rapport à sa version antérieure.  Dans le projet d’article 63, la CDI a raison d’inclure la disposition qui stipule que « les présents articles ne s’appliquent pas dans les cas et dans la mesure où les conditions d’existence d’un fait internationalement illicite ou le contenu ou la mise en œuvre de la responsabilité internationale d’une organisation internationale ou d’un État à raison d’un fait internationalement illicite d’une organisation internationale sont régis par des règles spéciales du droit international ».  Après être revenu sur le projet d’article 55, l’observateur a souligné que la Commission, qui a toujours soutenu le travail de la CDI, estime que le contenu de l’ensemble du projet d’articles a été énormément amélioré.  Il a conclu en prenant note de la demande faite par la CDI aux États Membres et aux organisations intergouvernementales concernées de fournir des commentaires et observations avant le 1er janvier 2011.


Deuxième partie: Chapitre V: Réserves aux traités et Chapitre VI: Expulsion des étrangers


En présentant le ChapitreV du rapport portant sur les réserves aux traités, le Président de la Commission du droit international (CDI), M. ERNEST PETRIC, a d’abord rappelé que la Commission était saisie du quatorzième rapport du Rapporteur spécial qui abordait entre autres la question de la forme des déclarations interprétatives et les modalités de leur communication, ainsi que la validité des réactions aux réserves, des déclarations interprétatives et des réactions aux déclarations interprétatives.


À la fin du débat, a-t-il dit ensuite, la Commission a renvoyé au Comité de rédaction deux projets de directives sur la forme et la communication des déclarations interprétatives, et sept projets de directives sur la validité des réactions aux réserves et sur la validité des déclarations interprétatives et des réactions à celles-ci.  La Commission a aussi adopté 32 projets de directives, assortis de leur commentaire.


Abordant ces projets de directives, il a d’abord mis l’accent sur les projets de directives 2.8.1 à 2.8.12 qui traitent des formes d’acceptation des réserves.  La première, a-t-il dit, a trait à l’acceptation tacite des réserves et prévoit qu’à moins que le traité n’en dispose autrement, une réserve est réputée avoir été acceptée par un État ou une organisation internationale si ces derniers n’ont pas formulé d’objection à la réserve dans les délais fixés par la directive.


Après avoir passé en revue les contenues des directives suivantes, M. Petric a insisté sur le projet de directive 2.8.10 qui concerne l’acceptation d’une réserve à un acte constitutif qui n’est pas encore entré en vigueur et prévoit que lorsque l’acte constitutif n’est pas encore entré en vigueur, une réserve est réputée avoir été acceptée si aucun des États ou des organisations internationales signataires n’a formulé d’objection à cette réserve à l’expiration des 12 mois qui suivent la date à laquelle ils en ont reçu la notification.


Afin d’encourager la large diffusion des réactions aux déclarations interprétatives, le projet de directive 2.9.5 affirme que l’approbation, l’opposition et la requalification d’une déclaration interprétative devraient, de préférence, être formulées par écrit.  Il a enfin fait mention du projet de directive 2.9.10 dont l’examen est mis entre parenthèses pour le moment et qui prévoit que les projets de directives 2.6.1 à 2.8.12 sont applicables, mutatis mutandis, aux réactions des États et des organisations internationales aux déclarations interprétatives.  Le Président de la Commission du droit international a ensuite présenté les projets de directives 3.2 et 3.2.1 à 3.2.5 relatifs à la validité des réserves et des déclarations interprétatives.  Il a ainsi également fait uniquement la présentation et la lecture du contenu de chacune des directives. 


Concernant la question de l’expulsion des étrangers, qui fait l’objet du Chapitre VI du rapport, le Président de la CDI a expliqué que le Rapporteur spécial s’était efforcé de dégager un « noyau dur des noyaux durs », constitué par les droits intangibles devant être garantis à toute personne faisant l’objet d’une expulsion.  Ces droits étaient analysés à la lumière des instruments de protection des droits de l’homme à caractère universel ou régional, de la jurisprudence internationale, y compris celle des organes de contrôle et des juridictions régionales des droits de l’homme, sans oublier certaines décisions nationales.


Des réserves, a dit le Président de la CDI, ont été exprimées à propos de la démarche du Rapporteur spécial consistant à identifier une liste de droits fondamentaux, ou intangibles, devant être respectés à l’égard des personnes faisant l’objet d’une expulsion.  Ainsi, plusieurs membres estimaient que l’État qui expulse devrait respecter, à l’égard de ces personnes, l’ensemble des droits de l’homme.  Certains ont fait remarquer que la question n’était point de savoir si un droit était « fondamental » ou pas, mais s’il était pertinent au regard de la situation et s’il existait des motifs juridiquement valables pour le restreindre ou y déroger.  Par ailleurs, d’autres membres ont proposé d’élargir la liste des droits énoncés dans les projets d’articles, en suggérant d’inclure un projet d’article énonçant le droit d’une personne expulsée, ou en cours d’expulsion, au respect de certaines garanties procédurales, en particulier le droit à un recours afin de contester la légalité d’une expulsion, le droit d’être entendu et le droit aux conseils d’un avocat.


Le Rapporteur spécial a présenté à la Commission un document contenant des projets d’articles sur la protection des droits de l’homme de la personne expulsée ou en cours d’expulsion, révisés et restructurés à la lumière de ce débat.  Sur le projet d’article 8 qui prévoit que « toute personne expulsée ou en cours d’expulsion a droit au respect de ses droits fondamentaux ainsi que de tous autres droits dont sa condition spécifique impose la réalisation », ont estimé les délégations.


Le projet d’article 9était consacré au premier de ces droits, à savoir le droit à la vie, qui pouvait aussi s’entendre comme une obligation de protéger la vie des personnes en cours d’expulsion, tant dans l’État expulsant qu’au regard de la situation dans l’État de destination a été fortement discuté durant les réunions, a indiqué le Président de la CDI.  Si certains membres ont appuyé le projet d’article 10, d’autres membres ont tenu à ce que l’on n’écarte pas de ce projet d’article, le droit à la dignité qui pour eux n’est pas un droit distinct.  Sur le projet d’article 11, plusieurs observations ont été faites, notamment le fait de savoir si dans ce cadre il fallait couvrir les actes privés des individus, a indiqué le Président de la CDI, précisant qu’il a été aussi proposé de reformuler le paragraphe 1er.  Le projet d’article 12 a recueilli un appui général, les délégations ayant simplement demandé de préciser le sens de « droits de l’enfant ».


M. BORGE ALSVIK (Norvège), s’exprimant au nom des pays nordiques -Danemark, Finlande, Islande et Suède-, a salué les progrès réalisés par la Commission du droit international sur le thème des réserves aux traités, en particulier à travers les travaux du Rapporteur spécial, M. Alain Pellet.  Il a souhaité que la Commission finalise son projet de texte sur le sujet le plus tôt possible et que le projet de guide soit établi selon un format qui convienne à tous.


Concernant l’expulsion des étrangers, les pays nordiques se félicitent des discussions qui ont eu lieu sur la base du cinquième rapport du Rapporteur spécial, M. Maurice Kamto, mais ont exprimé des doutes sur le fait de dresser une liste des droits devant être respectés dans des situations d’expulsions.  Il a rappelé que les droits de l’homme ont une nature indivisible et qu’ils doivent tous être respectés.  Les pays nordiques ont réitéré leurs doutes sur l’élaboration d’articles relatifs à cette question, alors qu’existent déjà des instruments relatifs à l’expulsion dans le droit relatif aux droits de l’homme et le droit relatif aux réfugiés.


S’agissant des ressources naturelles partagées, les pays nordiques se félicitent des travaux de la CDI sur les projets d’articles sur les aquifères transfrontalières, a indiqué M. Alsvik.  Il a souligné que les difficultés associées aux réserves d’hydrocarbures transfrontalières sont différentes, en faisant observer que les aquifères transfrontalières peuvent concerner un plus grand nombre d’États.  Les questions associées aux réserves d’hydrocarbures transfrontalières ont déjà été traitées dans les relations bilatérales depuis plusieurs années et ne semblent pas poser de problèmes insurmontables dans la pratique, a estimé M. Alsvik.  Par conséquent, il serait plus productif pour la Commission de prendre acte d’une telle pratique plutôt que d’entamer des travaux de codification sur le sujet.


Abordant, avant de conclure, la question de l’obligation d’extrader ou de poursuivre, le représentant norvégien a souligné que c’est un domaine dans lequel il existe un potentiel significatif pour la Commission de contribuer à une meilleure compréhension du droit international, rappelant que les États sont souvent appelés à déterminer la portée et l’application des conventions.


M. FERDINAN TRAUTTMANSDORFF (Autriche) a reconnu que la CDI a fait des progrès en adoptant des projets de directives sur les réserves.  Il a ensuite axé son propos sur le projet de directive 2.4.0, relatif à la forme des déclarations interprétatives, en expliquant qu’il faut tenir compte du fait que le dépositaire ne peut jouer son rôle que si les déclarations sont transmises par écrit.  Le fait que le projet de directive 2.8.1, qui concerne les formes d’acceptation des réserves, établit une sorte d’égalité entre toutes les formes possibles présente des risques, a-t-il fait remarquer.  Il faut, a-t-il insisté, faire une distinction entre la réserve valide et la réserve non valide.  Les projets de directives 2.8.7 et 2.8.8 ne clarifient pas de situation juridique, quand on les met en perspective avec la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités.  S’agissant de l’organe compétent pour accepter une réserve à un acte constitutif, idée qu’il n’a pas partagée, le représentant a soutenu que la liste des organes énumérés dans le projet de directive pertinent ne pourrait être exhaustive.  De l’avis de sa délégation, les projets de directives 2.8.7 et 2.8.9, placés côte à côte, semblent indiquer que le silence équivaut au rejet de la réserve.  Si tel est le cas, il faut le préciser dans le texte, a-t-il dit.  Le représentant a souhaité que la CDI précise les effets des déclarations interprétatives, estimant qu’elles produisent des effets identiques à ceux des réserves.


En ce qui concerne l’appréciation de la validité des réserves, le représentant a estimé que tous les acteurs ont le droit d’apprécier cette validité.  Néanmoins, il lui semble évident que l’appréciation par un organe unique peut être plus efficace.  Si les différentes parties ont une interprétation différente, cela n’encouragera pas une application du traité lui-même.  Il a rappelé que cette possibilité avait déjà été évoquée par la CDI en 1997.  Il était utile que la CDI distingue entre les conclusions liminaires et les directives, a-t-il ajouté, avant d’indiquer que sa délégation appuyait la position de la CDI sur la motivation des réserves.


Passant à la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a formulé quelques commentaires généraux.  Pour sa délégation, il serait utile et logique d’examiner la question des droits de l’homme en cas d’expulsion.  Il s’est cependant demandé si les États doivent respecter seulement certains droits de l’homme, et s’il y a véritablement des droits intangibles.  Il ne faut pas donner l’impression de créer une différente catégorie de droits de l’homme, a-t-il souligné.  Le représentant a également appelé à prendre en compte le fait que des mesures urgentes et exceptionnelles peuvent parfois justifier des expulsions.


M. ANDREI POPKOV (Bélarus) a souligné que les directives sur les réserves doivent servir de base pour les travaux des praticiens du droit, en estimant que l’étude de la CDI sur les traités dans le temps permettra d’enrichir cette réflexion sur les réserves.  Concernant le projet de directive 2.4.0, il ne fait pas de doute, a-t-il dit, d’envisager la possibilité pour un État de faire des déclarations interprétatives à un traité.  Mais, dans ce cas, les intérêts de l’État et des autres parties ne seront protégés que si la déclaration en question est faite par écrit, a-t-il souligné.  La CDI doit, dans cette étude sur les réserves, veiller à ce qu’il y ait une meilleure application du droit des traités, a-t-il soutenu, en faisant un rapprochement entre les déclarations interprétatives conditionnelles et les réserves.  Le Bélarus estime qu’il faut étendre aux premières le régime juridique des réserves.


Le représentant a ensuite salué le travail du Rapporteur spécial sur cette question, et a estimé que cette réflexion aidera à la stabilité des traités internationaux.  Il a également soutenu que le rôle du dépositaire est important mais secondaire dans les réflexions actuelles.  Le représentant a insisté sur les compétences des organes de contrôle pour déterminer la validité des traités.  À ce sujet, a-t-il déclaré, il n’est pas souhaitable d’empiéter sur les droits souverains des États en la matière.  Le droit reconnu à des parties non étatiques de formuler des réserves doit être délégué par les parties aux traités elles-mêmes, a-t-il rappelé.


M. CLAUDIO TRONCOSO (Chili) a pris note des activités de la Commission du droit international (CDI) et a déclaré que le Séminaire sur le droit international a permis de mieux faire connaître les travaux de la Commission.  Concernant la responsabilité des organisations internationales, il a déclaré que la Commission devrait préciser, lors de la seconde lecture de ces projets d’articles, si les contre-mesures peuvent être prises par un État membre d’une organisation internationale ou par une organisation internationale dans les situations pour lesquelles les règles de l’organisation ne prévoient ni expressément ni implicitement les moyens de les régler.  Il a, en outre, fait remarquer que l’Assemblée générale avait adopté, il y a 10 ans le projet d’articles sur la responsabilité des États pour les actes internationalement illicites et qu’à ce jour, aucun progrès n’a été réalisé sur cette question cruciale.  Le projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales ne devrait pas subir le même sort.  Il a estimé qu’une décision rapide devrait être prise concernant la tenue d’une conférence internationale en vue d’adopter une convention sur la responsabilité des États.  Les résultats de cette conférence permettront de déterminer le sort qui sera réservé au projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.


S’agissant du projet de directives sur les réserves aux traités, le représentant a souhaité que la CDI adopte un guide sur la pratique à suivre sans affecter ni modifier les Conventions de Vienne de 1969 et 1986 sur le droit des traités.  Les projets de directives sur les déclarations interprétatives devraient être précisés pour éviter que la formulation d’une déclaration déguisée ne constitue une réserve.  Lorsque les travaux de la CDI sur les effets des réserves, les déclarations interprétatives et les réactions à ces réserves seront achevés, la CDI devrait simplifier le format des projets de directives, a-t-il suggéré.


Mme SUSANNE WASUM-RAINER (Allemagne) a salué le travail du Rapporteur spécial sur la question des réserves aux traités et a ensuite estimé qu’il était important de faire la différence entre les termes « validité » et « permissibilité ».  Comme les effets juridiques des réserves non valides ne sont « pas clairement formulés », il faut suivre la pratique des États en la matière.  De l’avis de sa délégation, si toutes les parties contractantes acceptent une réserve, alors la réserve invalide est acceptée.  Ces dernières années, de nombreux États ont soulevé des objections à l’égard des réserves invalides, faites dans le cadre de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ou encore du Pacte international sur les droits civils et politiques.  La CDI doit se pencher sur les effets de ces réserves invalides, a-t-elle indiqué.


Abordant ensuite le sujet de l’expulsion des étrangers, la représentante a estimé que cette question est très sensible.  La mondialisation, a-t-elle dit, a causé une augmentation du nombre de migrants sur la planète.  À ce sujet, comme l’a déjà déclaré l’Allemagne à plusieurs reprises, il est nécessaire de déterminer le groupe de personnes devant être identifiées comme « étrangers ».  Le projet d’articles présenté cette année par la CDI ne doit pas mettre en exergue certains droits de l’homme au détriment d’autres droits, a rappelé la représentante.


M. JESSE CLARKE (Royaume-Uni) a estimé que les déclarations interprétatives conditionnelles, visées par le projet de directive 3.5.2n’étaient pasacceptables telle que rédigées actuellement.  Pour lui, les déclarations interprétatives ne sont pas des réserves.  Concernant le projet de directive 3.5.3, il a contesté la compétence de certains organes pour apprécier la validité des réserves.  Si une telle possibilité peut exister pour certains organes, elle doit découler de la volonté des États parties au traité. 


S’agissant de la forme des déclarations interprétatives, le représentant du Royaume-Uni a estimé qu’il ne saurait y avoir, pour les États, une obligation de forme particulière à suivre pour leurs déclarations interprétatives.  Les conditions qui s’imposent à eux doivent être uniquement le respect de l’objet et du but du traité et les normes du jus cogens.  Par ailleurs, concernant la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a rappelé que pour son pays, cette question relevait avant tout de la souveraineté des États.  Ce n’est pas un sujet qui doit être examiné par la CDI, a t-il rappelé.


Mme EDWIGE BELLIARD (France), intervenant tout d’abord sur la question des réserves aux traités, a rappelé que la Convention de Vienne de 1969 n’offre pas directement de réponses aux questions de la « validité » des réactions aux réserves, des déclarations interprétatives et des réactions aux déclarations interprétatives.  Ces questions intéressent surtout pour les réactions qu’elles suscitent et devront être abordées dans la quatrième partie du guide que proposera la CDI, a-t-elle souligné.  Se référant au projet de directive 3.4 du Rapporteur spécial, le professeur Alain Pellet et, distinguant le cas des acceptations de celui des objections, Mme Belliard a exprimé des doutes sur la notion de possible « validité » de l’acceptation d’une réserve elle-même invalide, estimant que la question ne se pose pas en ces termes, mais plutôt sur le plan des effets qu’il convient de reconnaître à l’acceptation.  La solution préconisée à l’issue du débat de la Commission par le Rapporteur spécial est moins satisfaisante que le projet de directive initial.  Elle a estimé qu’il était difficile de comprendre la justification de l’affirmation du caractère non valide de l’acceptation expresse d’une réserve non valide.


S’agissant des objections, la délégation française est également d’avis qu’il n’y a pas de raison décisive de les soumettre à des conditions de validité, a indiqué Mme Belliard, qui considère que les véritables difficultés se situent sur le terrain des effets des réserves et des objections.  Elle a fait mention toutefois de la particularité des objections dites à « effet intermédiaire », dont l’analyse faite par le Rapporteur spécial lui semble devoir être approuvée.  Bien que le projet de directive finalement proposé par le Rapporteur spécial ne puisse résoudre la question des effets qu’il conviendrait de reconnaître à de telles objections, la France ne voit que des bénéfices à souligner qu’un État ne devrait pas pouvoir tirer parti d’une objection qu’il fait à une réserve afin de modifier, hors du délai prescrit pour formuler des réserves, d’autres dispositions du traité sans rapport ou sans lien suffisant avec celles sur lesquelles porte la réserve.


Concernant les déclarations interprétatives et les réactions à celles-ci, il ne semble guère possible, a souligné Mme Belliard, d’aller au-delà de l’affirmation du Rapporteur spécial selon laquelle un État peut formuler une déclaration interprétative, à moins que la déclaration interprétative ne soit interdite par le traité.  Elle a, en revanche, émis des réserves sur la possibilité d’approfondir, sous l’angle de la validité, la question des déclarations interprétatives et des réactions à ces dernières.  


Mme Belliard a ensuite abordé le thème de l’expulsion des étrangers, indiquant que sa délégation, compte tenu de la décision de reporter à l’an prochain l’examen des projets d’articles révisés au cours de la dernière session par le Rapporteur spécial, ne fera pas d’observations détaillées sur les questions soulevées dans le cinquième rapport du professeur Maurice Kamto.  Elle a toutefois exprimé sa préoccupation sur le sujet, estimant que plusieurs propositions pourraient être problématiques en raison d’une trop grande généralité ou de l’insuffisance de la pratique permettant d’en démontrer le caractère coutumier.


M. CZAPLINSKI (Pologne) a salué les progrès accomplis sur la question des réserves aux traités, à travers l’adoption de 32 projets de directives, assortis de leurs commentaires.  Il a expliqué que le nombre croissant de directives peut à long terme créer des problèmes et limiter leurs effets.  Au cours de la dernière session, le projet de directives proposé par le Rapporteur spécial allait dans la bonne direction, a-t-il dit.  La validité substantielle des déclarations interprétatives manque de clarté, a-t-il dit, estimant qu’il est prématuré à ce stade de l’examiner.  L’objectif poursuivi par le projet de directive 3.4.2, relatif à la validité matérielle de l’objection à une réserve, démontre clairement qu’il s’agit ici de contre- réserves.  Le représentant a ensuite appuyé le libellé proposé par la CDI concernant le projet de directive 3.1.6, en soulignant que la notion de requalification interprétative doit être examinée de manière plus approfondie, en relation avec les effets juridiques des déclarations.


Abordant la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a estimé que bien que le Rapporteur spécial reconnaisse la nécessité de respecter les droits de l’homme, la formulation de certains articles peut susciter des inquiétudes, notamment le projet d’article 8.  Il a déclaré qu’il n’était pas du tout convaincu de la nécessité d’ajouter une disposition sur les droits fondamentaux dans ce texte.  Le représentant a ensuite démontré le vague qui entoure le contenu de la notion de droits fondamentaux, à la fois sur le plan juridique et sur le plan jurisprudentiel.  Comme le Rapporteur spécial reconnaît l’absence de définition de cette notion, il ne devrait pas en faire mention dans le projet d’articles, a-t-il dit.  Compte tenu des nombreuses critiques sur la question de l’expulsion des étrangers et sur le projet d’articles proposé par la CDI, le représentant a souhaité que le Rapporteur spécial approfondisse l’examen de cette question.


M. LIONEL YEE (Singapour) a relevé la complexité des travaux sur le sujet des réserves aux traités, qui est liée au fait qu’ils se basent sur le droit des traités qui ne peut se référer à un acteur ultime pour se prononcer sur la validité d’une réserve.  Pour ce qui est de l’expulsion des étrangers, il a constaté que le caractère spécifique des projets d’articles à l’examen et la nécessité de respecter les droits de l’homme ont rendu les travaux de la CDI plus difficiles lors de sa dernière session.  Il a espéré que la CDI continuera ses travaux sur cette question.  Abordant le projet d’article 9, il n’a pas accepté la deuxième phrase qui laisse entendre qu’un État qui a aboli la peine de mort a l’obligation de ne pas expulser une personne condamnée à mort dans un État où cette personne risque d’être exécutée sans la garantie qu’elle ne sera pas exécutée dans cet État.  Or, a-t-il souligné, il n’existe pas d’obligation de ce type en droit international.  Le droit à la vie n’entraîne pas l’interdiction de la peine de mort, a-t-il dit, rappelant l’absence de consensus au niveau international sur cette question.  Il n’y a pas non plus d’obligation coutumière en ce sens, a-t-il ajouté.  Passant au projet d’article 8, qui dispose que toute personne expulsée a droit au respect de ses droits fondamentaux, il a indiqué ne pas comprendre l’utilité de la distinction qui est faite entre différentes catégories des droits de l’homme.  Il a donc émis des réserves sur ce projet d’article et a averti que l’on risque de mener un débat long et contreproductif sur cette question.  Il a insisté sur la nécessité de respecter tous les droits de l’homme sans faire de distinction.


M. MATEUS KOWALSKI (Portugal), tout en reconnaissant la valeur du travail réalisé par la Commission du droit international sur les réserves, a estimé qu’elle est allée très loin.  Il a souhaité que la CDI garde à l’esprit la différence qui existe entre les réserves et les déclarations interprétatives.  Ce sont des notions différentes.  Il a par ailleurs reconnu la volonté de la Commission de poursuivre son travail en séparant les réserves valides des réserves non valides, mais il a estimé qu’il était prématuré de s’engager dans cette voie.  L’analyse de la CDI doit plutôt porter sur les effets des réactions aux réserves ou même sur la nature juridique des déclarations interprétatives conditionnelles et leurs effets.  Le représentant a passé en revue les projets de directives 3.4 et 3.5.2, avant de soutenir les dispositions du projet de directive 2.9.10 qui concerne les « réactions aux déclarations interprétatives conditionnelles ».  Il s’est aussi interrogé sur la nécessité ou non de procéder à une analyse de la question des réserves aux traités dans le cadre de la succession d’États qui est abordée de façon superficielle par la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités.  Concernant la terminologie utilisée dans les projets de directives, le représentant a estimé que le terme « requalification » au lieu de « reclassement » qui a été choisi par la CDI dissipe les doutes qui préexistaient.  Il a achevé son propos à ce niveau en appelant à une conclusion rapide du guide pratique. 


Abordant ensuite la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a reconnu la nécessité de respecter les droits fondamentaux de l’individu en cas d’expulsion.  Il a par ailleurs réaffirmé que son pays s’opposait à la peine de mort et a demandé à la Commission de véritablement souligner cette interdiction dans son étude.  Il a de même demandé que soit opérée une distinction claire entre « expulsion » et « extradition ».


M. MILAN DUFEK (République tchèque) a abordé la question de la validité des réactions aux réserves et en particulier, les objections et l’acceptation des réserves.  La véritable question ne vise pas à déterminer si la réaction est permise, mais plutôt à connaître les effets de ces réactions aux réserves, a-t-il précisé.  Commentant le projet de directive 3.4.1, il a indiqué ne pas comprendre pourquoi il devrait y avoir deux régimes séparés, l’un pour l’acceptation tacite et l’autre pour l’acceptation explicite.  La Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités ne fait pas cette distinction, a-t-il fait observer, proposant plutôt de parler de « validité substantielle ».  La République tchèque a aussi des doutes sur le projet de directive 3.4.2 qui concerne la possibilité de formuler des objections avec des effets intermédiaires.  Il a noté le manque de clarté sur le caractère permissible ou non de ces objections.  Le critère le plus significatif pour évaluer les objections étendues est celui de l’article 21, paragraphe 3 de la Convention de Vienne de 1969, a-t-il ajouté.  Passant ensuite à la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a partagé les conclusions de la CDI sur l’importance de l’analyse de tout un éventail de questions et de jurisprudence.  Il s’est félicité du plan de travail révisé, comportant la liste des questions que la CDI devrait examiner, notamment celle des garanties de procédure pour les personnes expulsées ou qui risquent d’être expulsées.


M. LIU ZHENMIN (Chine), intervenant tout d’abord sur la question des réserves aux traités, a estimé qu’il existe encore des lacunes en ce qui concerne l’approbation d’une déclaration, ainsi que sur l’interprétation possible du silence pour déterminer s’il y a acceptation tacite ou non.  Il a ensuite convenu que si des organes compétents pour accepter une réserve à un acte constitutif peuvent exister et veiller à l’évaluation de la validité des réserves, leur action ne peut dépendre que de la volonté des États parties au traité.  Leur compétence doit être attribuée par les États.  Il a estimé que le projet de directive 3.5.1 doit être précisé, notamment pour déterminer si une déclaration universelle constitue une réserve ou non.


Abordant la question de l’expulsion, et en particulier les projets d’articles révisés présentés par le Rapporteur spécial chargé de la question, M. Maurice Kamto, le représentant a reconnu que ce nouveau projet d’articles est plus clair.  Il a souligné que le projet d’article 10 aura des effets évidents dans la pratique.  Il a estimé également que la nouvelle approche est bonne, tout en suggérant que le projet d’article 8 soit transféré dans la partie « règles générales ».  La CDI doit prioritairement étudier la pratique des États avant de poursuivre cette réflexion, a-t-il souligné, avant de conclure.


M. HOSSEIN PANAHI AZAR (République islamique d’Iran) a estimé que les projets de directives ne devraient pas aller au-delà de ce qui avait été prévu pour les travaux de la CDI.  Celle-ci devrait en effet se limiter à l’examen des réserves aux traités, en développant des directives pour l’application des Conventions de Vienne de 1969 sur les traités.  Il a estimé que certaines délégations, par leur déclaration interprétative, cherchent à aller au-delà des limites inhérentes aux réserves.  Ajouter des directives détaillées sur les déclarations interprétatives peut avoir des conséquences pratiques sur leur applicabilité et poser des problèmes, a-t-il averti.  On ne peut pas éviter de faire une distinction entre réserves et déclarations d’interprétation, a-t-il estimé, notant que la nature différente de ces deux notions juridiques implique que deux systèmes juridiques s’appliquent.  Sur la validité des objections aux réserves, il a estimé que, quel que soit le droit de formuler des réserves, toutes les réactions ne sont pas pour autant valides.  Il a rappelé un avis consultatif rendu en 1951 par la Cour internationale de Justice (CIJ) selon lequel l’objet et le but de la Convention limitent à la fois la liberté de faire des réserves et celle de faire des objections à ces réserves.


Les nombreux cas d’objection aux réserves ces dernières années démontrent l’intérêt de directives sur la validité de ces objections, a-t-il relevé.  Le terme « objection aux réserves » devrait être défini au regard des principes du droit international.  L’objection à une réserve devrait être formulée conformément au principe selon lequel aucun État ne peut être tenu par une obligation contre son gré.  De plus, les objections ne devraient pas être contraires à l’objet d’un traité ni à une norme de jus cogens, a-t-il rappelé.  S’agissant de la validité de l’objection à effet intermédiaire, le représentant a estimé que ces objections ne sont pas permises, au risque de menacer l’intégrité même d’un traité.  Avant de conclure sur ce sujet, il a demandé qu’aucun projet de directive ne soit approuvé s’il n’y a pas suffisamment de pratique des États pour la justifier.


Passant à la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a rappelé que le droit d’expulser des étrangers relève avant tout de la souveraineté d’un État.  Un expulsé doit jouir des mesures de protection spécifique telle qu’elle est reconnue par le droit international des droits de l’homme, a-t-il affirmé.  Le représentant a demandé que le projet d’article 8 soit révisé, ce qui éviterait de maintenir les autres projets d’articles en relation avec celui-ci.  Si toutefois ces projets d’articles étaient conservés, ils devraient contenir des dispositions générales, a-t-il souhaité.  Sur le projet d’article 10, il a affirmé que le respect de la dignité des personnes est un droit fondamental et a suggéré de l’inclure au projet d’article 8.  Il s’est aussi dit préoccupé par la nature de l’obligation de non-discrimination (article 14) qui est un principe fondamental et non un droit spécifique.


Mme MARIA TELALIAN (Grèce) s’est ralliée à la position exprimée par la CDI sur le projet de directives sur les réserves.  Elle a estimé que les États n’ont pas besoin de motiver les déclarations interprétatives qu’ils formulent.  Elle a cependant jugé utile de connaître les motifs en cas de réactions aux réserves.  Les articles 20 et 21 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités ne s’appliquent pas dans le cas des réserves invalides car ils ne tiennent pas compte de l’objet et des buts des traités.  L’absence de réaction à une réserve invalide ne signifie pas acceptation à cette réserve, a-t-elle dit.  Sa délégation souscrit au point de vue du Rapporteur spécial sur les critères de validité des déclarations interprétatives, contenus dans le projet de directive 3.5.1.  Une déclaration « qui n’est pas réputée être une réserve », ne doit donc pas bénéficier du même régime juridique que la réserve, conformément à la Convention de vienne de 1969, a-t-elle indiqué.  Comme le Rapporteur spécial, la représentante de la Grèce a également estimé que la déclaration interprétative conditionnelle représente une réserve et relève ainsi du même régime juridique qu’elle.  Mais, a-t-elle tenu à nuancer, toutes les déclarations de ce type ne constitueront pas toujours des réserves.


Passant ensuite à la question de l’expulsion des étrangers, la représentante a estimé que le nouveau projet de plan de travail est utile car il éclaire sur les futurs points à aborder.  Mme Telalian a rappelé que le droit d’expulser un étranger est une question de souveraineté et est lié au droit d’un État à assurer sa sécurité.  Elle a reconnu cependant la nécessité de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire en la matière.  La représentante a demandé au Rapporteur spécial d’apporter des précisions sur la question avant de poursuivre ses réflexions.  Elle a ensuite évoqué le contenu de divers projets d’articles.  Concernant le projet d’article 8, elle a estimé qu’il faudrait éviter d’établir une hiérarchie entre les droits de l’homme.  Faisant référence au projet d’article 9, elle a rappelé qu’il n’existe aucune obligation de respecter les droits de la personne expulsée.  Mme Telalian a estimé en outre que l’interdiction de discrimination, dans ce cadre de l’expulsion, restreint le droit de l’État à expulser. 


Seul le droit au respect à la vie familiale doit primer dans le projet d’article 12, a-t-elle souligné.  Elle s’est aussi félicitée de l’ajout de l’expression « pour assurer l’intérêt des enfants » et a appelé à examiner de manière plus approfondie cette question. 


M. OLEKSIY SHAPOVAL (Ukraine) a commenté les projets d’articles sur l’expulsion des étrangers, sujet qu’il estime complexe car il faut concilier le droit d’expulser et le respect des droits de l’homme.  Les personnes ayant des nationalités multiples ne peuvent pas être traitées différemment en matière d’expulsion, a-t-il poursuivi, avant de demander à la CDI d’examiner ce cas plus avant.  Il a rappelé les limites du droit d’expulser, comme l’obligation de protéger les personnes réfugiées ou apatrides.  La CDI devrait continuer à préciser les régimes existants, a-t-il souhaité.  Sur la question des réserves aux traités, le représentant a reconnu que la CDI avait précisé le projet de directive 3.2 en suivant fidèlement les articles 20, 21 et 23 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités - qui a été complétée en 1986 - selon lesquels les États ou organisations internationales parties au traité peuvent évaluer la validité des réserves aux traités.  Il a estimé que ces entités pourraient avoir la compétence d’évaluer ces réserves.  Il faut garder à l’esprit qu’un État ne peut pas annuler les dispositions centrales d’un traité en faisant des réserves à leur sujet, a-t-il aussi rappelé.  Certaines déclarations interprétatives peuvent constituer des réserves implicites, a-t-il averti.  L’Ukraine estime que le projet de directive 3.2.4 offre les meilleurs mécanismes d’évaluation de la validité des réserves.


Mme NAMIRA NABIL NEGM (Égypte), qui n’a abordé que la question de l’expulsion des étrangers, a estimé que la CDI devrait trouver un équilibre juridique entre la souveraineté des États, les droits des personnes et le droit des États qui les accueillent.  Les droits propres aux expulsés, a-t-elle dit, posent des problèmes dans la mesure où ils s’opposent ou portent atteinte à la souveraineté des États.  Sa délégation, a-t-elle souhaité, estime que la CDI, contrairement à l’énumération à laquelle elle procède, veille à laisser aux États le choix de déterminer les droits à protéger, lors de l’expulsion des étrangers.  De même, la Commission doit éviter de faire appliquer les décisions prises dans d’autres régions et par d’autres États à l’ensemble de la communauté.  De l’avis de sa délégation, le droit à la vie peut être interprété comme étant la nécessite de respecter la vie des individus afin que la personne concernée ne soit pas expulsée vers un État qui applique la peine de mort.  Mais, a-t-elle poursuivi, l’interdiction de la peine capitale n’est pas reconnue dans tous les États.  La Commission ne saurait l’oublier, a-t-elle rappelé.


M. ISTVÁN HORVÁTH (Hongrie) a rappelé que, depuis 1993, son pays appuyait le travail de la CDI sur les réserves aux traités.  Il s’est félicité du projet de directive 3.2 sur l’évaluation des réserves permises.  Sa délégation estime que les projets de directives pour l’application des Conventions de Vienne de 1969, sur les traités comblent un vide.  Il a espéré que les travaux seraient achevés d’ici à 2011.  Concernant la question de l’expulsion des étrangers, il a partagé l’avis de ceux qui préfèrent des articles ne faisant référence qu’aux obligations générales des États pour la protection des droits des personnes expulsées.  Passant au sujet de la protection des personnes en cas de catastrophe, il a approuvé le texte des cinq projets d’articles élaboré par la CDI.  Il s’est félicité de l’exclusion des conflits armés comme cas de catastrophe, estimant qu’il faut éviter un chevauchement avec le droit international humanitaire.  Le représentant a aussi parlé des ressources naturelles partagées et de l’obligation de poursuivre ou d’extrader.  Même après le troisième rapport sur cette dernière question, le but et la portée du projet restent vagues, a-t-il estimé.  Quant aux questions de la « clause de la nation la plus favorisée » et des « traités dans le temps », il a remercié les groupes d’étude travaillant sur ces questions et a espéré que leurs travaux ne dureraient pas autant que ceux sur les réserves aux traités.


M. JOEL HERNANDEZ GARCIA (Mexique) a estimé qu’étant donné qu’en marge des déclarations unilatérales, il ne semble pas possible de déduire un critère matériel de détermination d’une déclaration interprétative, celle-ci équivaut à une réserve.  À moins qu’un État ne soit prêt à saisir un organe pour apprécier la requalification, tout laisse entendre que la déclaration interprétative constituera une réserve, a-t-il dit.  Concernant les projets de directives eux-mêmes, le représentant s’est félicité de la nouvelle formulation du projet de directive 3.4.2.  Les éléments contenus dans ce nouveau projet de directive sont essentiels pour déterminer les effets escomptés par l’État qui la formule.  Le représentant a conclu en félicitant la CDI et le Rapporteur spécial chargé de la question qui continuent à œuvrer au développement progressif du droit international.


M. PAOLO GUIDO SPINELLI (Italie) a appelé la CDI à faire preuve d’une certaine cohérence dans la détermination du caractère valide ou non d’une réserve.  Le projet de directive 3.3 précise le cas d’invalidité d’une réserve quand elle vise à s’opposer à une interdiction contenue dans le traité lui-même, sans qu’il soit besoin de faire une distinction entre les conséquences de cette interdiction, a-t-il rappelé.  Le représentant a aussi cité les projets de directives 2.8.1 et 2.6.13, dont il a déduit que quand, en réponse à une réserve invalide, un État ou une organisation internationale partie garde le silence pendant la durée prévue à la directive 2.6.13, la réserve invalide ne signifie pas qu’elle est acceptée.  L’an dernier, sa délégation, a rappelé M. Spinelli, avait indiqué que la CDI ne devrait pas discuter des déclarations interprétatives dans le cadre du chapitre sur les réserves aux traités.  Leur effet juridique pose des questions délicates, qui devraient être examinées dans un contexte différent, a-t-il estimé.  La Commission du droit international aurait dû indiquer que ces déclarations ne sont pas des réserves, a-t-il ajouté.  M. Spinelli a ensuite noté que le Rapporteur spécial a présenté un rapport dense sur l’expulsion des étrangers.  Le projet d’articles sur ce sujet devrait préciser quel État est responsable d’assurer les droits protégés, a-t-il dit.


M. COSMIN DINESCU (Roumanie) a déclaré que la question des réactions aux réserves aux traités était, aux yeux de sa délégation, très importante.  Il a estimé que la structure des projets de directives devrait être simplifiée.  Concernant la forme des déclarations interprétatives et les réactions à ces déclarations, les parties concernées devraient être encouragées à présenter leur position par écrit.  La question du silence ne devrait pas être traitée de manière restrictive.  Cette question doit au contraire être déterminée, compte tenu des circonstances de chaque situation particulière. 


Concernant la question de l’expulsion des étrangers, le représentant a déclaré que le rapport de la CDI a révélé que cette question était à la fois controversée et importante pour les États.  Il ne faudrait pas établir de distinction entre les droits fondamentaux et les autres droits, a-t-il dit.  La CDI devrait plutôt encourager les États à respecter tous les droits et à s’acquitter de toutes leurs obligations en vertu du droit international.  L’examen de cette question, à ce stade, risque d’établir une hiérarchie entre les différents instruments en matière des droits de l’homme.  La CDI devrait examiner les conditions visant à imposer des restrictions.


Intervenant sur la question de l’expulsion des étrangers, M. PATRICK HETSCH, Observateur de la Commission européenne, a relevé combien les avis divergent sur ce thème controversé qui, a-t-il dit, est aussi délicat sur le plan juridique que sur le plan politique.  La Commission européenne considère que nombreux d’autres propositions sont problématiques dans le cinquième rapport du Rapporteur spécial chargé de la question, M. Maurice Kamto.  Il a émis des doutes, par exemple, sur le fait qu’une interdiction absolue de discrimination fondée sur la nationalité puisse être considérée comme partie intégrante du droit international tel qu’il s’applique en matière d’expulsion.  Il a précisé à cet égard que la Cour européenne des droits de l’homme a reconnu le droit pour les États membres de l’Union européenne d’octroyer un traitement préférentiel aux nationaux d’autres États membres, y compris en matière d’expulsion.  Il y a aussi des motifs pour justifier que des États peuvent appliquer des règles différentes aux « étrangers », a-t-il observé.  Enfin, a-t-il indiqué, en application du droit communautaire, l’article 12 du Traité de Rome instituant la Communauté européenne, qui interdit les discriminations selon la nationalité dans le champ d’application du Traité, ne peut être invoqué que par les ressortissants des pays membres.  Il a donc appelé la CDI à une plus grande réflexion, en particulier sur les normes et principes proposés, qui ne reflètent pas nécessairement la pratique des États.


Troisième partie: Chapitre VII: la protection des personnes en cas de catastrophe et Chapitre VIII: ressources naturelles partagées


Sur le chapitre VII relatif à la protection des personnes en cas de catastrophe, M. ERNEST PETRIC (Slovénie), Président de la Commission du droit international, a limité son intervention au second rapport du Rapporteur spécial.  Ce rapport analyse la portée du sujet ratione materiae, ratione personae et ratione temporis, examine les questions relatives à la définition du terme « catastrophe » aux fins du sujet, et aborde l’étude de l’obligation fondamentale de coopérer.  Dans ce débat, l’approche du sujet fondée sur les droits a été appuyée comme base de l’examen, même s’il a été évoqué l’approche fondée sur les besoins des personnes, a-t-il dit.  Entrant dans le détail, il a expliqué que des membres ont exprimé leur désaccord sur l’équation entre « droits » et « besoins », affirmant que tandis que les « droits » renvoyaient à une notion juridique, les « besoins » faisaient référence à des situations concrètes particulières.


Un accord s’est par ailleurs exprimé sur les conclusions du Rapporteur spécial concernant l’inapplicabilité de la notion de « responsabilité de protéger », bien que certains membres aient estimé qu’une telle décision de la Commission ne devait pas préjuger de la pertinence éventuelle du concept à l’avenir, a assuré le Président de la CDI.


Abordant le projet d’article 2, il a rappelé que la définition proposée du terme « catastrophe » dans ce projet d’article par le Rapporteur spécial s’inspirait de la définition contenue dans la Convention de Tampere de 1998, a été appuyée par certains membres, d’autres ont exprimé leur préférence pour une définition axée sur la survenance d’un événement.  C’est l’idée de limiter la définition aux pertes effectives qui a semblé recueillir le plus d’assentiment.  En outre, une préférence a été exprimée pour traiter l’exclusion des « conflits armés » dans une clause « sans préjudice » réservant l’application du droit international humanitaire.  De l’avis de certaines délégations, a relevé le Président de la CDI, il serait difficile dans certains cas de distinguer une situation de conflit armé d’une catastrophe proprement dite.


Concentrant ensuite son propos sur le Chapitre VIII sur les ressources naturelles partagées, en discussion au sein de la CDI depuis 2002, M. Petric a indiqué qu’il a été décidé de reconstituer un groupe de travail sur les ressources naturelles partagées, sous la présidence de M. Enrique Candioti, qui a été saisi d’un document de travail sur le pétrole et le gaz.


À l’issue de ses travaux, le Groupe de travail a décidé de recommander que la Commission attende sa soixante-deuxième session pour décider si elle doit ou non entreprendre des travaux sur le pétrole et le gaz.  Il a été aussi décidé, a dit le Président, que dans l’intervalle, le questionnaire de 2007 sur le pétrole et le gaz soit adressé une nouvelle fois aux gouvernements.  Ces derniers sont encouragés à communiquer des observations et des informations sur toute autre question touchant le pétrole et le gaz, en particulier la question de savoir si la CDI doit ou non étudier le sujet.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: des délégations aspirent à rétablir l’ONU dans son rôle de soutien à la promotion du développement et d’une mondialisation juste

AG/EF/3258

Deuxième Commission: des délégations aspirent à rétablir l’ONU dans son rôle de soutien à la promotion du développement et d’une mondialisation juste

28/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3258
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

23e & 24e séances – matin & après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS ASPIRENT À RÉTABLIR L’ONU DANS SON RÔLE DE SOUTIEN À LA PROMOTION DU DÉVELOPPEMENT ET D’UNE MONDIALISATION JUSTE


Les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont de nouveau plaidé aujourd’hui pour une réforme des institutions financières internationales et du système des Nations Unies dans leur ensemble afin de les rendre capables de promouvoir le développement dans un contexte de mondialisation et d’interdépendance.  La Commission s’est saisie conjointement de la situation des pays à revenu intermédiaire, qui sont souvent négligés, alors qu’ils concentrent les deux tiers de la population mondiale.


C’est la raison pour laquelle, à la suite du Secrétaire général dans son rapport* –présenté par Manuel Montes, Chef du Service de l’analyse et de l’élaboration des politiques du Département des affaires économiques et sociales-, plusieurs délégations ont estimé qu’en venant en aide à ces pays, il serait possible de relancer la croissance mondiale.


Ayant subi de plein fouet la baisse de 50% des flux d’investissement direct étranger en 2007, les pays à revenu intermédiaire n’ont pas d’autre recours que de s’endetter auprès du Fonds monétaire international, ce qui limite considérablement leur marge de manœuvre budgétaire et les empêche d’adopter les politiques contre-cycliques dont ils ont besoin en situation de crise, a fait observer le représentant de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).


Dans son rapport** sur la mondialisation et l’interdépendance, présenté par Nikhil Seth, Directeur du Bureau de l’appui au Conseil économique et social au Département des affaires économiques et sociales (DESA), le Secrétaire général indique que les crises des carburants, de l’alimentation et des changements climatiques ainsi que la crise économique et financière actuelle amplifient les inégalités déjà existantes entre pays et mettent en péril les acquis du développement.  M. Ban Ki-moon y plaide pour un multilatéralisme plus affirmé et la participation équitable de tous les pays, développés et en développement, aux processus de prise de décisions.


Reprenant à leur compte ces conclusions, la plupart des délégations qui se sont exprimées sur cette question ont estimé que seule une réforme du système des Nations Unies pourrait redonner à l’ONU, « principale institution de multilatéralisme sans exclusive », le rôle important qui est le sien en appui au développement.


Au cours d’un autre débat, le rapport*** du Secrétaire général sur les technologies de l’information et des communications, présenté hier, a été discuté par une vingtaine de délégations.  Si elles ont reconnu les progrès accomplis pour résorber la fracture numérique Nord/Sud, elles n’en ont pas moins souligné les disparités qui persistent entre pays développés et pays en développement dans l’accès à ces mêmes technologies, considérées comme des facteurs de développement et de facilitation à l’intégration à la mondialisation.


Enfin, la Deuxième Commission a entendu quatre délégations prendre la parole sur le thème de la mise en valeur des ressources humaines, considérées également comme des vecteurs de développement.  Le rapport****, également présenté par M. Seth, reconnaît « la relation de renforcement mutuel entre la mise en valeur de ces ressources et la croissance économique durable » et il exhorte les pays à adopter des stratégies en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Par ailleurs, deux projets de résolution**** ont été présentés aujourd’hui par la représentante du Soudan à la Deuxième Commission, l’un relatif aux produits de base, et l’autre aux modalités de la Quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.  Ils seront mis aux voix ultérieurement.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi, le 29 octobre, à partir de 10 heures, par l’examen du point de son ordre du jour intitulé « Commerce international et développement ».


*     A/64/253

**    A/64/310

***   A/64/64-E/2009/10

****  A/64/329

*****A/C.2/64/L.5 et A/C.2/64/L.7


LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT (A/64/64-E/2009/10)


Débat général


M. AMAR DAOUD (Soudan), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a relevé que les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) recèlent un potentiel important dans la lutte contre la pauvreté.  Cependant, a-t-il poursuivi, pour les plus pauvres du monde, le fossé numérique qui les sépare des riches continue de se creuser, en dépit des résolutions prises lors du Sommet mondial sur la société de l’information.  Le représentant du Soudan a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle honore ses engagements, notant qu’une bonne utilisation des TIC peut permettre de progresser dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « Elles sont vitales pour aider les pays en développement à participer à l’économie mondiale et à profiter de la mondialisation », a encore précisé M. Daoud.  Le représentant a, en outre, exhorté le système des Nations Unies et la communauté internationale à prendre des actions concrètes en vue de faciliter et de surveiller la mise en œuvre des recommandations du Sommet sur la société de l’information, dont celle relative, notamment, au financement du Fonds mondial pour la solidarité numérique.  Il a conclu en soulignant, une fois encore, la pertinence des conclusions des Sommets de Tunis et de Genève sur la société de l’information dans la réalisation des OMD. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme SOPHIE BELFRAGE BECKER (Suède) a réaffirmé l’attachement de ses États membres aux technologies de l’information et des communications (TIC) et en particulier à deux questions essentielles: la bonne gouvernance de l’Internet et le fossé numérique.  L’Internet constitue en effet une partie vitale de l’infrastructure économique des pays, facilitant le travail dans des domaines aussi divers que la prévention des risques environnementaux et des conflits, l’accès aux marchés de l’information ou encore, le renforcement des processus démocratiques.  Compte tenu du retard accusé par l’Afrique subsaharienne, l’Union européenne reconnaît le besoin d’investir dans les infrastructures et les réseaux transfrontières dans cette région, a indiqué la représentante.  Le manque de fonds disponibles, aggravé par la crise financière, exige donc de mettre l’accent sur la mobilisation des ressources nationales et internationales pour développer les TIC dans ces régions.  Aussi Mme Becker a-t-elle relevé le potentiel incommensurable des câbles sous-marins en Afrique de l’Est pour développer les réseaux régionaux et réduire les coûts.  Mais si la disparité entre les régions qui possèdent l’Internet et celles qui ne l’ont pas a été le point central du débat sur les TIC pendant de nombreuses années, ce débat est devenu aujourd’hui celui du fossé qui se creuse entre les pays qui disposent du haut débit et ceux qui ne l’ont pas.  Or, ces populations sont de nouveau principalement concentrées en Afrique, a fait observer la représentante, qui a ajouté que l’Union européenne était favorable à l’établissement d’une société de l’information juste et ouverte à tous.


S’exprimant au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) a exprimé son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et relevé que les technologies de l’information et des communications sont essentielles à la mondialisation et au développement économique et social.  Cependant, a-t-elle aussi regretté, de nombreuses couches sociales n’en bénéficient toujours pas alors même que leur plus grand usage fait partie des OMD.  Mme Wahab a exprimé le soutien de l’ANASE aux recommandations des rencontres de Tunis et Genève sur la société de l’information. 


L’ANASE, a-t-elle en outre indiqué, a entrepris diverses initiatives en vue de développer l’usage des TIC qui constituent une priorité pour cette organisation.  Ces initiatives incluent le renforcement des capacités, la promotion de l’usage de l’Internet notamment à tous les niveaux de l’éducation et parmi les populations de femmes, la promotion de l’éducation en ligne, et le développement d’une force de travail hautement qualifiée dans ce domaine.  Un plan régional est en marche pour la période 2009-2015, a-t-elle encore noté, avant d’évoquer la place qu’occupe la promotion du haut débit dans la mise en place de la communauté économique régionale.  La représentante de l’Indonésie s’est, en conclusion, félicitée de l’action du système des Nations Unies en vue d’édifier une véritable société de l’information au niveau mondial.


S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. MANI RATMA SHARNA (Népal) a déclaré que les TIC étaient des instruments efficaces de développement socioéconomique.  Mais il s’est dit préoccupé de constater que les promesses des TIC n’avaient toujours pas été tenues dans les pays les moins avancés et qu’elles avaient au contraire contribué à creuser encore davantage l’écart qui existe entre le monde développé et le monde en développement.  « Nos efforts en vue d’une création d’une société de l’information équitable seront voués à l’échec sans les investissements nécessaires dans les pays qui en ont besoin », a fait observer le représentant, qui a donc demandé un transfert des technologies à bon marché, parallèlement à la mobilisation des ressources adéquates.  De ce point de vue, les Nations Unies ont un rôle unique à jouer, notamment au travers de la coopération interagences, a estimé M. Sharna.  « Un ordre de l’information pour les pauvres, inclusif et juste, devrait être au centre des débats sur le développement et déboucher sur un accord plus large sur les transferts de technologies et la mobilisation de ressources afin de rendre les TIC disponibles pour tous », a ajouté le représentant en conclusion.


M. GONZALEZ SEGURA (Mexique), qui s’exprimait au nom des pays du Groupe de Rio, a rappelé, à la lumière des recommandations du Sommet mondial sur la société de l’information, la contribution des technologies de l’information et des communications à la lutte contre la pauvreté.  « Elles peuvent faciliter la réalisation des OMD notamment ceux relatifs à l’éducation », a-t-il ajouté.  Le représentant du Mexique a plaidé en faveur du renforcement de la coopération internationale en vue de faciliter le transfert et la dissémination de ces technologies, ajoutant qu’il était nécessaire d’assurer un accès universel et sans discrimination à ces outils. 


Le représentant s’est en outre félicité des efforts du système des Nations Unies dans la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes.  Il a rappelé l’importance du respect des engagements internationaux pris à Tunis et Genève avant d’exprimer sa préoccupation sur les retards dans la mise en place d’une gouvernance plus transparente, inclusive et représentative de l’Internet.  Il a enfin lancé un appel au renouvellement, pour un mandat de cinq ans, du forum sur la gouvernance de l’Internet.


M. CHEN MING (Chine) a déclaré que le fossé numérique continue de se réduire avec la moitié de la population mondiale connectée et 80% à 90% de la population mondiale couverts par un réseau cellulaire.  Rien qu’en Chine, à la fin de 2008, le nombre d’Internautes avait atteint le chiffre de 298 millions, dont 270 connectés par l’intermédiaire d’un fournisseur d’accès, s’est félicité le représentant.  En dépit des progrès enregistrés, et de la réduction progressive du fossé numérique, de nombreux défis continuent de se poser.  En effet, le nombre d’usagers dans les pays en développement ne représentant que 12% de leurs populations, comparé aux 23,6% dans le reste du monde.  Aussi, la Chine a-t-elle préconisé de renforcer la coopération et de lutter contre toutes les formes de disparité en veillant à ce que les pays développés tiennent leurs promesses d’accroître leur assistance technique et leurs contributions financières, a dit M. Chen Ming.  En outre, le représentant a recommandé de mettre l’accent sur la recherche et le développement, et de consolider les infrastructures de communication.  Enfin, il a estimé qu’il fallait renforcer la confiance mutuelle et coopérer pour garantir la sécurité de l’information, notamment contre les « hackers ».


M. ABDEL BEN LAGHA (Tunisie) a exprimé le soutien de son pays à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et relevé le rôle de son pays dans la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information, dont la première phase a eu lieu à Tunis.  Il a indiqué que la Tunisie a enregistré récemment un taux de pénétration du téléphone portable de l’ordre de 85% et ajouté qu’avec 26,8% de la population ayant accès à Internet, la Tunisie est le pays africain ayant connu la croissance la plus importante dans ce domaine.  La Tunisie est en outre, a-t-il indiqué, un pôle d’attraction de l’offshoring des nouvelles technologies.  C’est une tendance que le pays entend maintenir, a-t-il précisé.  Cependant, a constaté le représentant de la Tunisie, le fossé numérique s’aggrave pour les pays africains notamment qui enregistrent les plus grands retards dans le développement des technologies de l’information.  Il a conclu par un appel à la communauté internationale afin qu’elle mette en œuvre les recommandations du Sommet mondial.


M. LILIAN SILVEIRA (Uruguay) a indiqué que le Gouvernement uruguayen avait lancé un plan national pour élargir la connectivité à l’échelle du pays et faire en sorte que chaque habitant dispose d’un accès à l’Internet.  Un vaste programme prévoit également de fournir à chaque enfant uruguayen un ordinateur portable afin de garantir que tous les enfants puissent disposer d’un accès égalitaire à l’éducation, a-t-elle précisé.  Un autre projet a pour objectif d’élargir l’accès aux activités récréatives sur l’Internet, a souligné la représentante, qui a réaffirmé la volonté du Gouvernement uruguayen d’introduire dans le pays un changement profond et de favoriser la création d’une société plus inclusive et moins asymétrique.


Mme DRAGAN MICIC (Serbie), tout en rejoignant la déclaration de l’Union européenne, s’est félicitée de la réduction, il est vrai inégale, a-t-elle ajouté, du fossé numérique.  La sécurité des réseaux est une condition préalable à remplir pour le développement de l’Internet, a-t-elle encore souligné, estimant que la criminalité sur Internet ne devait pas être sous-estimée.  Mme Micic a invité la Commission à prêter une attention plus grande au traitement des adresses IP qui doivent, selon elle, être traitées confidentiellement, surtout dans un contexte ou certains moteurs de recherche disposent d’une position dominante.  La représentante de la Serbie a enfin évoqué les efforts de son pays en vue de garantir l’avènement d’une véritable société de l’information en Serbie, regrettant l’impact de la crise mondiale sur l’usage des technologies de l’information, et ceci dans les pays en développement en particulier.


M. SHIN BOO-NAM (République de Corée) a déclaré qu’un fossé persistait dans le domaine des TIC.  Tandis que 80% de la population mondiale jouissent d’un réseau de téléphonie mobile, seuls 12% disposent d’un accès au haut débit Internet, a-t-il fait observer.  Les coûts d’accès à ces technologies sont en effet particulièrement élevés, notamment pour les pays d’Afrique subsaharienne privés de ressources et situés dans un environnement difficile, a-t-il fait observer.  Soucieuse de réduire cette disparité, la République de Corée a dépensé, rien qu’en 2006, par l’intermédiaire de son Agence de coopération technique, 25 millions de dollars pour développer les TIC dans les pays en développement.  En outre, des bénévoles coréens sont partis dispenser des formations aux TIC auprès de 90 000 personnes dans 66 pays différents.  Un accès prononcé à l’information et à la communication peut soutenir des processus démocratiques plus transparents en plus de créer un environnement propice pour l’investissement, a estimé en conclusion le représentant.


Ayant exprimé le soutien de son pays aux déclarations du Groupe des 77 et de la Chine et du Groupe de Rio, M. FABIO MOREIRA CARBONELL FARIAS (Brésil) a estimé que le système des Nations Unies doit encore, en dépit des progrès réalisés, soutenir la mise en place de mécanismes de financement effectifs pour combler le fossé numérique et favoriser l’établissement d’une gouvernance démocratique de l’Internet.  Sur ces deux points, a-t-il ajouté, beaucoup reste à faire.  La gouvernance mondiale de l’Internet doit être ouverte, inclusive et démocratique, a plaidé M. Farias, estimant que les Nations Unies sont le cadre idéal dans ce domaine.  L’Internet doit être un espace public, a-t-il encore ajouté, se félicitant du rôle joué par le Forum sur la gouvernance de l’Internet.  Il s’est aussi félicité de la transition en cours vers une gouvernance de l’Internet moins dépendante de la seule ICANN.  Ces progrès, a-t-il conclu, doivent se poursuivre.


M. SANJAY NIRUPAM (Inde) a exprimé son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et a noté la puissance de transformation des technologies de l’information, illustrée par l’usage, désormais largement répandu de l’ordinateur, du téléphone portable ou de l’Internet avec des conséquences positives pour l’économie.  Les pays en développement, a-t-il plaidé, doivent apprivoiser ces outils.  M. Nirupam a noté que le taux de pénétration du téléphone portable a atteint de 60% à 100% dans certains pays en développement et s’est réjoui de ce que son pays compte parmi ceux où des politiques publiques intelligentes ont permis de réduire les monopoles dans ce domaine.  Le représentant de l’Inde a indiqué qu’il fallait davantage investir dans les infrastructures en vue d’améliorer davantage l’usage des technologies de l’information.  Ce secteur, s’est félicité M. Nirupam, représente désormais presque 6% du PIB du pays et constitue une des dimensions de la gouvernance.  L’Inde, a-t-il poursuivi ambitionne de favoriser le développement de programmes en langues locales et d’assigner un numéro d’identification à chacun de ses citoyens.  Il a conclu en rappelant la place centrale de son pays dans le domaine des services liés à l’Internet.


Mme DHAMMIKA SEMASINGHE (Sri Lanka) a, comme les autres intervenants, déclaré que le pourcentage d’utilisateurs de l’Internet était sévèrement limité dans de nombreux pays.  Pas seulement en raison du manque d’investissements, d’infrastructures ou de ressources disponibles, mais aussi en raison du manque de diffusion de l’information dans les langues locales, a-t-elle estimé.  La reconnaissance de l’importance d’un contenu local devrait figurer au cœur des politiques de développement des TIC, a-t-elle affirmé.  Ainsi, au Sri Lanka, la volonté d’intégrer l’économie rurale dans l’économie nationale et internationale est très présente, a fait observer la représentante, qui a expliqué que des efforts étaient déployés pour réduire les disparités qui existent entre les villes et les campagnes.  Pour ce faire, diverses mesures ont été prises, comme par exemple la systématisation d’un clavier trilingue -anglais, sinhala et tamil-, sur tous les ordinateurs utilisés dans le pays.  Des centres d’appel ont également été établis afin de répondre dans les trois langues aux préoccupations des usagers, a-t-elle encore indiqué, tandis que des programmes de formation ont été mis en place au niveau des villages et des communautés.


Mme LILIT TOUTKHALIAN (Arménie) a relevé l’importance centrale des technologies de l’information et des communications dans le développement des économies des pays en développement et de l’Arménie en particulier.  Depuis une décennie, le développement de ces technologies est une priorité pour le Gouvernement de son pays, a-t-elle ajouté, avant d’évoquer les initiatives qu’il a mis en œuvre.  En Arménie, comme dans d’autres pays, l’aide internationale et celle du système des Nations Unies notamment, est plus que jamais nécessaire, a-t-elle conclu. 


M. HAMAD FAREED AHMED (Bahreïn) a déclaré que les technologies de l’information et de la communication étaient devenues indispensables au fonctionnement de toute société moderne.  Saluant les recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport, notamment celles qui visent à accroître la connectivité de l’Afrique à l’Internet, le représentant a indiqué que le Gouvernement de son pays avait promulgué en 2007 un décret royal visant à renforcer l’accès de la population aux TIC et à faire du Gouvernement bahreïnite le premier « e-Gouvernement » du Golfe et le cinquième de l’Asie occidentale.  Il a annoncé en outre l’organisation d’un forum des TIC par le Bahreïn dans les mois à venir.


M. FARID JAFAROV (Azerbaïdjan) a exprimé son soutien à la déclaration de l’Union européenne et rappelé le rôle central des technologies de l’information dans les processus de développement.  Bien que le fossé numérique Nord/Sud se réduise, certaines régions sont toujours à l’écart, a-t-il poursuivi, tout en souhaitant un usage plus répandu de ces technologies.  M. Jafarov a relevé le rôle que doit notamment jouer le secteur privé avant d’évoquer les initiatives menées par son pays, tant aux plans national que régional.  Le représentant de l’Azerbaïdjan a enfin encouragé les Nations Unies à poursuivre leurs efforts en vue de combler le fossé numérique. 


M. DENIS ZDOROV (Bélarus) a rappelé que la présence des TIC dans un pays dépend en grande partie du degré de développement des infrastructures locales et transnationales.  Tout en demandant aux Nations Unies de renforcer leur rôle à cet égard, le représentant a déclaré que les pays devaient aussi prendre des initiatives en faveur du renforcement de ses infrastructures.  Il a fait état de la décision du Belarus d’accueillir deux centres de formation technologiques et d’organiser un Sommet qui aura pour objectif de redonner un élan à la coopération interrégionale en matière des TIC.


Mme CHERRY ANN MILLARD-WHITE (Trinité-et-Tobago), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a exprimé son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine avant de consacrer son propos aux initiatives mises en œuvre dans la région des Caraïbes dans le cadre du développement des technologies de l’information et des communications.  Elle a évoqué le projet régional de rendre plus accessible l’Internet par câble ainsi que les autres projets mis en place au niveau national en Jamaïque, à Trinité-et-Tobago et à la Barbade notamment. 


Dans la région des Caraïbes, a poursuivi Mme Millard-White, un projet régional dénommé « technologies de l’information et des communications pour le développement » (ICT4D) a été lancé et vise à intégrer les 14 pays membres de la CARICOM dans les réseaux mondiaux.  L’objectif est de maximiser l’accès à ces technologies, promouvoir la croissance des infrastructures dans ce domaine, développer un cadre juridique approprié et fournir les formations nécessaires, a indiqué Mme Millard-White.  Les TIC, a-t-elle conclu, peuvent fournir une voie royale vers le développement de nos pays, raison pour laquelle elles représentent désormais une de nos priorités.


M. JULIO ESCALONA (Venezuela) a déclaré que les Nations Unies devaient jouer un rôle essentiel dans la mise en place de synergies afin de réduire les disparités persistantes dans le domaine de l’accès aux technologies de l’information et des communications.  Il a estimé que les TIC participent de l’avènement d’une société à la fois plus démocratique et plus moderne.  Pour sa part, le Venezuela a lancé un processus de démocratisation de l’usage des TIC pour garantir l’accès des générations actuelles et futures à ces technologies.  Pour y parvenir, il est impératif d’élaborer des « stratégies électroniques » multilatérales et multisectorielles, a-t-il assuré.  Son pays, a-t-il ajouté, a vu le nombre d’usagers de l’Internet croître de 830% entre 1998 et 2008 et s’est doté de centres publics d’accès à l’Internet, tandis que le taux de pénétration de la téléphonie mobile a dépassé les 45%.  Plus de huit millions de Vénézuéliens possèdent désormais un téléphone cellulaire, acquis au cours des six dernières années, s’est félicité M. Escalona.


M. MODEST JONATHAN MERO(République-Unie de Tanzanie) a noté que sans préparation, il était difficile de faire face au développement des technologies de l’information et des communications.  La Tanzanie, a-t-il poursuivi, a mis en œuvre diverses initiatives en ce sens, éliminant par exemple l’imposition de taxes sur les ordinateurs importés et en augmentant l’investissement public dans le secteur des TIC.  Le nombre d’utilisateurs d’Internet et du téléphone portable, a-t-il ajouté, a nettement augmenté depuis quelques années.  Poursuivant l’évocation des efforts de la Tanzanie, le représentant s’est enfin félicité du soutien international apporté à son pays dans le développement des technologies de l’information et des communications. 


Mme ANDA FILIP, Observatrice de l’Union interparlementaire, a indiqué que lors de la troisième réunion de haut niveau du Conseil d’administration du Centre mondial pour les TIC de l’Union interparlementaire, qui s’est tenue en mars 2009, des objectifs avaient été formulés par les parlementaires afin d’améliorer l’accès à ces technologies.  Il a été notamment proposé d’établir des politiques nationales et internationales en vue de créer une société de l’information plus équitable et plus inclusive et de renforcer la connexion entre les législatures et l’électorat.  Le Conseil d’administration a également estimé que les TIC devaient améliorer l’égalité dans l’accès aux processus législatifs nationaux.  En outre, a ajouté la représentante, il faut développer un programme d’assistance technique plus robuste et mieux coordonné en ce qui concerne la promotion des TIC.


MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE


Rapport du Secrétaire général sur la coopération pour le développement avec des pays à revenu intermédiaire (A/64/253)


Ce rapport du Secrétaire général note que les pays à revenu intermédiaire, qui comptent environ les deux tiers de la population pauvre du monde, sont d’une importance considérable dans le cadre des efforts de promotion de l’agenda des Nations Unies pour le développement pour tous, et notamment pour la concrétisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Ils jouent également un rôle croissant dans la promotion d’une croissance équitable et durable de l’économie mondiale.  Le document constate qu’au cours de ces deux dernières décennies, de nombreux pays à revenu intermédiaire ont enregistré de remarquables avancées économiques et sociales dans maints domaines.  Des défis colossaux se dressent cependant encore devant eux.  Le système des Nations Unies et les institutions financières multilatérales ont été des partenaires et des facilitateurs majeurs de la coopération au développement internationale avec les pays à revenu intermédiaire.  Ces efforts, souligne le Secrétaire général dans ce rapport, doivent cependant être intensifiés afin de tirer les enseignements de l’initiative « Unis dans l’action » et d’autres tentatives d’amélioration de la cohérence au niveau général du système.


L’analyse contenue dans ce rapport indique que le système des Nations Unies a, à l’heure actuelle, besoin d’un agenda mieux défini afin de pouvoir aborder les défis ordinaires et idiosyncrasiques auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire.  Elle estime que même si la mise en évidence pourrait varier en fonction des besoins domestiques, il conviendrait d’accorder la priorité aux défis de développement pérennes, dont l’éradication de la pauvreté et la stabilité financière, ainsi qu’aux nouveaux problèmes, dont notamment la lutte contre les changements climatiques.


Même si les accents peuvent varier d’un pays à l’autre, poursuit le rapport, les axes prioritaires de la coopération pour le développement avec tous les pays à revenu intermédiaire, pris dans leur ensemble, devaient être: l’éradication de la pauvreté; l’amélioration de la gouvernance; la réduction des inégalités économiques et sociales; le renforcement de la diversification nécessaire à la réduction de la vulnérabilité face aux échanges commerciaux et aux chocs de financement externes; la coopération Sud-Sud et les efforts concertés centrés sur le renforcement des mesures d’adaptation, d’atténuation, de développement et de transfert technologique, sans oublier les questions de financement, afin de permettre aux pays à revenu intermédiaire de faire face aux défis imposés par la problématique du changement climatique mondial.


Rapport du Secrétaire général intitulé « Mondialisation et interdépendance: rôle des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance » (A/64/310)


Ce rapport du Secrétaire général note que la mondialisation a souvent été vue comme une occasion et une opportunité de croissance, d’innovation et de transformation économique.  Mais, poursuit-il, la répartition de ses bienfaits était et reste sérieusement déséquilibrée, de même que ses coûts et ses conséquences préjudiciables.  Les crises des carburants, de l’alimentation et des changements climatiques ainsi que la crise économique et financière actuelle amplifient ces inégalités et mettent en péril les acquis du développement.  Selon le document, les populations les plus pauvres et les plus vulnérables des pays en développement sont frappées de plein fouet, et beaucoup commencent à douter du bien-fondé même de la mondialisation.  La crise économique actuelle est vue de plus en plus fréquemment comme une crise de la mondialisation, et plus précisément de la mondialisation financière.  Elle a déjà fait chuter les cours des matières premières et réduit les échanges commerciaux et les flux d’investissement.  Si les flux de l’aide commencent à diminuer eux aussi, l’impact sur les pays à faible revenu et les pauvres va être encore plus catastrophique.


Cette étude suggère cependant que la crise offre à la communauté internationale l’occasion rare de mettre l’économie mondiale sur les rails de la croissance et du relèvement économiques durables en s’attaquant plus efficacement aux défis de l’insécurité alimentaire et des changements climatiques.  Cet objectif peut être atteint par un multilatéralisme plus affirmé et avec la participation équitable de tous les pays, développés et en développement.  À un moment où les ressources sont rares, il faut, suggère le rapport, trouver des angles de financement innovants pour parvenir à réduire la pauvreté et assurer le développement économique durable.  Les nouvelles méthodes doivent être élaborées dans un esprit de partenariat, de coopération et de solidarité, en ayant à l’esprit aussi bien les intérêts communs que les priorités nationales de chaque pays.  L’ONU, principale institution de multilatéralisme sans exclusive, a un rôle important à jouer à l’appui de ces efforts.


Le rapport conclut enfin que la mondialisation ne doit pas être rejetée mais plutôt être mieux comprise et mieux gérée au profit des pays en développement.  Dans leurs interventions face à la crise, soutient Ban Ki-moon dans ce rapport, les pays développés doivent analyser les conséquences de leurs actions pour les pays en développement.  De leur côté, les pays en développement doivent mettre en œuvre des politiques qui leur permettent de consolider leur économie.


Débat général


S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme SOPHIE BELFRAGE-BECKER (Suède) a reconnu que les opportunités offertes par la mondialisation s’étaient accompagnées d’inégalités croissantes.  Comme l’observe le Secrétaire général dans son rapport, les crises des carburants, de l’alimentation et du changement climatique, ainsi que la crise économique et financière actuelle, amplifient ces inégalités et mettent en péril les acquis du développement.  L’Union européenne serait favorable à une discussion plus poussée sur la manière dont les pays sont affectés par la mondialisation et les moyens dont ils auraient besoin pour prendre part à ses bienfaits, a indiqué la représentante, pour qui une réforme des institutions de Bretton Woods serait indispensable afin de les rendre plus représentatives de l’ensemble de la communauté internationale.  Un autre aspect important soulevé dans le rapport du Secrétaire général est l’aspect social de la mondialisation et l’idée que la protection sociale est assimilée à un investissement dans les ressources humaines, a souligné Mme Belfrage-Becker.  Pour sa part, l’Union européenne a réitéré son engagement en faveur du renforcement de la dimension sociale de la mondialisation, et de la promotion de l’emploi et du travail décent pour tous, a-t-elle souligné.  Elle a dit que l’Union européenne était cependant désireuse de savoir comment les Nations Unies coopèrent avec d’autres entités du système multilatéral pour protéger les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, notamment au travers du Dispositif mondial d’alerte contre les vulnérabilités et les impacts.  S’agissant enfin du rapport du Secrétaire général sur la coopération pour le développement avec des pays à revenu intermédiaire, la représentante a souligné les défis « ordinaires et idiosyncrasiques » auxquels sont confrontés ces pays, auxquels l’Union européenne continuera d’apporter son soutien, sans pour autant négliger les pays les mois avancés.


S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. HEMRAJ TATER (Népal) a déclaré que seul un petit nombre de pays avait goûté aux fruits de la mondialisation.  « Ce qui ne signifie pas que notre groupe de pays rejette la globalisation comme un privilège réservé aux pays les riches », a précisé le représentant, qui a cependant plaidé en faveur d’une mondialisation capable d’aider les plus pauvres et de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Pour y parvenir, il est urgent de mettre en œuvre la Déclaration d’Istanbul de 2007 et que les partenaires de développement respectent leurs engagements vis-à-vis des PMA, a indiqué le représentant.  La coopération Nord-Sud pour le développement peut constituer un atout de premier plan pour faire de la mondialisation un système dans lequel tout le monde serait gagnant, a-t-il précisé.  Nous attendons aussi une coordination renforcée du système des Nations Unies pour minimiser les effets négatifs de la mondialisation sur les PMA, a conclu M. Tater.


M. JIMENEZ SAUMA (Mexique) qui s’exprimait au nom des pays du Groupe de Rio a rappelé que la crise mondiale actuelle est la conséquence de déséquilibres structurels inhérents aux économies des pays développés.  Rappelant les recommandations du rapport du Secrétaire général intitulé « Mondialisation et interdépendance: rôle des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de  l’interdépendance » (A/64/310), le représentant du Mexique a noté l’impact disproportionné de la crise mondiale actuelle sur les pays pauvres, la nécessité de promouvoir un développement durable et celle de réaffirmer le rôle central des Nations Unies dans le contexte de crise actuel.  Il a, en outre, appelé à renforcer l’engagement politique vis-à-vis de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et contre les tendances protectionnistes tout en souhaitant le succès du prochain Sommet de Copenhague sur les changements climatiques et une plus grande coopération face aux crises alimentaire et énergétique.


Abordant l’enjeu de la coopération avec les pays à revenu intermédiaire, M. Sauma a noté que dans la mesure où ces pays représentent les deux tiers des pauvres vivant à travers le monde, une attention particulière devrait être accordée à leurs besoins singuliers par les acteurs internationaux de développement, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs internationaux de développement.  Il s’est réjoui de ce que, de plus en plus, la situation particulière de ces pays soit reconnue dans les forums internationaux.  « Certes », a-t-il observé, « ils ont accompli de nombreux progrès, mais beaucoup reste à faire ».  Notant que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes font presque tous partie du groupe des pays à revenu intermédiaire, le représentant du Mexique à exprimé la solidarité du Groupe de Rio à Haïti –qui fait partie de celle des pays les moins avancés (PMA)– de même qu’à tous les PMA, aux pays sans littoral et aux petits États insulaires en développement (PEID).


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a rappelé, à la suite du Secrétaire général, que les pays à revenu intermédiaire continuaient de se débattre dans des difficultés qui sont souvent par erreur tenues pour négligeables, comme l’inégalité entre hommes et femmes, la dégradation de l’environnement, l’exclusion sociale, la pandémie de VIH/sida, ou encore le cadre institutionnel fragile.  En l’absence de capacités suffisantes, la plupart de nos pays n’ont pas d’autres choix que d’emprunter auprès du Fonds monétaire international (FMI).  C’est une situation qui ne fait qu’alimenter la crainte de ne pas pouvoir rembourser les dettes ainsi contractées, a déploré le représentant.  Figurant parmi les plus endettés au monde, certains pays sont dans l’impossibilité de consentir les investissements qui leur sont pourtant nécessaires dans des domaines critiques, comme ceux de la santé, de l’éducation et des régimes de protection sociale, a fait observer M. Wolfe.  Préoccupée par la baisse de moitié des flux de capitaux allant en direction des pays à revenu intermédiaire en 2007, la CARICOM soutient la recommandation du Secrétaire général, qui suggère que les institutions financières internationales fournissent à ces pays des liquidités suffisantes pour compenser la tendance à la baisse des flux de capitaux et veiller à ce que la dette des pays concernés soit maîtrisable.  Mais, plus que de prêts, ce dont nos pays ont le plus besoin, a souligné le représentant, c’est de ressources additionnelles afin de financer leur développement.


M. WANG QUN (Chine) a relevé que la mondialisation peut à la fois favoriser le développement et, à l’inverse, affaiblir davantage des économies qui étaient déjà fragiles.  La crise économique mondiale, qui affecte davantage les pays du Sud, aggrave le fossé qui les sépare des pays développés, a-t-il ajouté.  Dès lors, a indiqué le représentant de la Chine, il faut prendre les mesures suivantes: agir collectivement contre la crise; promouvoir un développement équilibré; assurer la représentativité des pays en développement dans les forums de gestion de l’économie mondiale; réaffirmer le rôle central des Nations Unies.  M. Wang Qun a enfin noté que l’expansion du commerce et de l’investissement, et une bonne utilisation des ressources générées par les migrations internationales peuvent contribuer à une mondialisation profitable à tous.


M. ALI ANWAR ANSARI (Inde) a déclaré que, dans un contexte de crises internationales, de nombreux pays à revenu intermédiaire n’étaient pas en mesure de stimuler leurs économies en adoptant des mesures contre-cycliques.  Pour sa part, l’Inde a mis en place une stratégie visant à accélérer « la croissance rapide et inclusive », a-t-il relaté, expliquant qu’une loi avait été adoptée pour garantir 100 jours de travail à chaque famille vivant en milieu rural tandis que des programmes de développement de l’infrastructure en milieu rural avaient permis d’étendre l’approvisionnement en eau et en électricité dans les campagnes.  De manière générale, ce qui est essentiel, a estimé le représentant, c’est de mettre en place un environnement international qui permette aux pays en développement de choisir les politiques appropriées à leurs priorités respectives.  Aussi a-t-il reconnu, à la suite du Secrétaire général, que l’un des problèmes actuels était l’absence de gouvernance mondiale efficace, ce qui exige une réforme des institutions internationales qui offrirait davantage de représentativité et de visibilité aux pays en développement.  Le représentant a également plaidé pour une réforme du régime actuel de propriété intellectuelle pour permettre à ces pays de mettre au point des technologies pour s’adapter aux changements climatiques.


M. KAIRE M. MBUENDE (Namibie) a estimé, au contraire d’autres intervenants, que la mondialisation pose davantage de problèmes qu’elle n’en résout.  La crise actuelle en est une illustration, a-t-il poursuivi, avant de plaider pour une plus grande coopération internationale, seule capable, selon lui, d’en modérer les effets négatifs.  Pour l’heure, a poursuivi M. Mbuende, de nombreux pays n’en subissent que les retombées les moins plaisantes.  Enfin, évoquant le rapport du Secrétaire général sur la coopération pour le développement avec des pays à revenu intermédiaire (A/64/253), il a appelé à soutenir davantage les pays à revenu intermédiaire qui hébergent un peu moins de 64% de la population mondiale vivant avec moins d’un dollar par jour. 


Mme ANA CECILIA GERVASI (Pérou) a déclaré que la crise actuelle n’avait fait que souligner la nécessité d’assurer une meilleure participation des pays en développement aux processus de prise de décisions au sein des institutions financières internationales.  Le rôle des Nations Unies dans la réponse à la crise économique doit être renforcé sous peine de ne pas pouvoir réaliser les OMD, a poursuivi la représentante.  Elle a ensuite réaffirmé l’importance de la coopération technique et du financement en faveur des petites et moyennes entreprises dans les pays en développement, car elles représentent un maillon essentiel du dispositif économique de ces pays.  Selon elle, la situation économique actuelle doit être considérée comme une opportunité pour les Nations Unies de renforcer la cohérence de leur système dans son ensemble.


Mme HYEO KYEONG LEE (République de Corée) a noté qu’en dépit des critiques et de l’impact de la crise mondiale actuelle, la mondialisation mérite d’être maîtrisée afin d’être profitable à tous.  D’où, a-t-elle poursuivi, la nécessité de disposer de mécanismes de régulation du système financier international, de systèmes de protection sociale, et de moyens de lutte contre l’insécurité alimentaire et les changements climatiques.  La représentante de la République de Corée a plaidé en faveur d’un multilatéralisme renouvelé sous l’égide du système des Nations Unies.  Mme Hyeo Kyeong Lee a enfin évoqué les initiatives lancées par son pays en faveur du soutien au développement des pays africains, notamment en vue de favoriser l’établissement d’une « mondialisation plus humaine ».


M. HIEW KING CHEU (Malaisie) a estimé qu’une mondialisation mieux maîtrisée exigeait que l’on pose un regard aussi objectif que possible sur ce phénomène et que l’on agisse sur chaque aspect qui en a besoin.  Il faut donc trouver les moyens d’améliorer les capacités d’analyse et de collecte de données sur la mondialisation, a-t-il estimé.  Par ailleurs, il faut promouvoir, au niveau mondial, des efforts en vue de réorienter le système financier international dans son ensemble pour lui permettre de répondre aux préoccupations de tous les pays et non pas seulement aux besoins de quelques-uns, a poursuivi le représentant.  Enfin, une plus grande attention devrait être accordée à des questions émergentes telles que la règlementation des marchés financiers.  Mais les pays doivent aussi entreprendre des réformes à l’échelle nationale afin de se doter de systèmes financiers plus efficaces et plus résistants, a-t-il préconisé.


M. MAKOTO HAYASI (Japon) a noté que si la mondialisation comporte de nombreux bénéfices, elle a cependant fait émerger de nouveaux enjeux tant au niveau national que transnational.  Reprenant les conclusions du rapport du Secrétaire général intitulé « Mondialisation et interdépendance: rôle des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de  l’interdépendance » (A/64/310), il a noté que la mondialisation a accentué les inégalités entre riches et pauvres tout en créant de nouvelles menaces.  Notant l’importance des réponses internationales face à la crise mondiale, le représentant du Japon a cependant insisté sur la nécessité de disposer de solutions nationales intégrant les points de vue de divers acteurs et visant à assurer la sécurité humaine.


M. EDUARDO R. MEÑEZ (Philippines) a déclaré qu’en dépit de la formidable capacité des Nations Unies à collecter des données et des informations sur la mondialisation, la volonté d’entreprendre des actions directes incombait, avant tout aux Etats Membres.  « Alors que nous savons ce qu’il faut faire pour améliorer les conditions de vie des plus pauvres, pour répondre aux besoins alimentaires et pour atténuer le réchauffement planétaire, nous succombons à l’inaction, du fait de nos intérêts, qui sont rivaux tant au niveau international que national », a-t-il ajouté.  Le représentant a par ailleurs soutenu l’appel en faveur d’un endettement qui soit tolérable, lancé par le Secrétaire général en ce qui concerne les pays à revenu intermédiaire.


Tout en souscrivant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a noté que « le partage plus harmonieux des plus-values de la mondialisation passe impérativement par l’intégration des pays en développement à l’économie mondiale ».  À cette fin, il a plaidé en faveur, notamment, de la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha et du maintien de flux financiers conséquents du Nord vers le Sud.  En outre, M. Loulichki a estimé que la crise mondiale actuelle révèle la faiblesse de la gouvernance économique mondiale, et il s’est félicité des diverses initiatives internationales prises face à la crise, avant d’appeler à une gestion responsable et solidaire de l’interdépendance mondiale.  Le représentant du Maroc a enfin évoqué les engagements de son pays face à la crise et dans la protection de l’environnement.


M. DENIS ZDOROV (Bélarus) a affirmé que l’ampleur de la crise économique et financière actuelle exigeait de réformer le système international.  Il a plaidé pour le renforcement du rôle que les pays à revenu intermédiaire peuvent jouer à cet égard.  Évoquant les rapports du Secrétaire général, il a appuyé ses recommandations, soulignant qu’il convenait de se concentrer sur l’élaboration de mesures d’assistance qui pourraient être prises pour appuyer les pays à revenu intermédiaire.  Il a soutenu la proposition du Secrétaire général de créer de nouveaux mécanismes de crédit atypiques pour leur venir en aide.


M. LAURENT DABIRE (Burkina Faso) a noté qu’à l’image des autres pays les moins avancés (PMA) et des pays sans littoral, le Burkina Faso évolue dans un environnement difficile caractérisé, entre autres, par la baisse continue du volume du commerce et des flux des capitaux en direction des pays en développement.  Cependant, a-t-il poursuivi, des actions entreprises par le pays lui ont permis de stabiliser sa situation économique, même si elle reste exposée aux chocs extérieurs.  Face aux inondations qui ont fait des dizaines de victimes au Burkina Faso, M. Dabire a demandé un soutien international dont il a souhaité qu’il soit par ailleurs renforcé dans le domaine de la réalisation des objectifs internationaux de développement.


ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT


Rapport du Secrétaire général sur la mise en valeur des ressources humaines (A/64/329)


Ce rapport du Secrétaire général, préparé en réponse à la résolution 62/207 de l’Assemblée générale, est un aperçu des stratégies de mise en valeur des ressources humaines ainsi que des progrès et défis que posent leur application et les enseignements tirés.  Y sont cités, à titre d’exemple, des pays appliquant et d’autres n’appliquant pas de stratégies de mise en valeur des ressources humaines nationales globales; et les implications des stratégies de mise en valeur des ressources humaines adoptées pour le développement économique et social de ces pays y sont expliquées.


Le rapport prend pour base un consensus croissant concernant la relation de renforcement mutuel entre la mise en valeur des ressources humaines et la croissance économique durable, et il exhorte les pays à adopter des stratégies de mise en valeur des ressources humaines globales en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et la promotion du développement économique et social.  Comme stipulé lors des travaux de l’Assemblée, le rapport se concentre sur le rôle de la communauté internationale, du système des Nations Unies et d’autres entités (y compris le secteur privé) dans la promotion de la mise en valeur des ressources humaines et émet des recommandations concernant les étapes futures.  Il décrit également le rôle crucial de la mise en valeur des ressources humaines dans la répression des effets les plus néfastes de la crise économique mondiale et dans la construction d’une base pour un redressement durable.


Dans ce rapport, le Secrétaire général recommande d’établir des systèmes tripartites entre employeurs, syndicats et gouvernements afin de faciliter l’intégration de politiques et d’objectifs économiques, du marché de l’emploi et de ressources humaines à l’échelle nationale.  Il propose également de promouvoir l’adoption de politiques de renforcement des filets de sécurité existants; de protéger les groupes vulnérables et de stimuler la consommation nationale en atténuant les effets de la récession et en empêchant la pauvreté de gagner du terrain.  Le Secrétaire général suggère en outre à la communauté internationale d’aider les pays en voie de développement à formuler des politiques de mise en valeur des aptitudes efficaces conçues pour mettre en adéquation l’offre et la demande de nouvelles aptitudes et capacités.



Débat général


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme NADIA OSMAN (Soudan) a affirmé le soutien des pays de ce Groupe à la mise en valeur des ressources humaines pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Se félicitant de la reconnaissance par le Secrétaire général dans son rapport, de « la relation de renforcement mutuel entre la mise en valeur des ressources humaines et la croissance économique durable », elle s’est dite convaincue que l’optimisation des ressources humaines pouvait être un facteur de développement.  Elle a donc encouragé la communauté internationale à aider les pays en voie de développement à formuler des politiques de mise en valeur des aptitudes efficaces conçues pour mettre en adéquation l’offre et la demande de nouvelles aptitudes.


S’exprimant au nom des pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. HENRY MAC DONALD (Suriname) a exprimé son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine avant de noter que la lutte contre la pauvreté est devenue un des plus grands défis de notre temps.  Il a observé que l’éradication de la pauvreté extrême à l’horizon 2015 –qui constitue le premier des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)- devrait être un objectif à atteindre à tout prix.  Il a lancé un appel afin que les pays développés honorent leurs engagements internationaux en matière d’aide au développement. 


En outre, M. Mac Donald a déploré l’aggravation du problème de la faim dans le monde et a plaidé pour son élimination.  Il a souhaité que la communauté internationale trouve des financements additionnels pour faire face à l’insécurité alimentaire, et qu’elle promeuve davantage la coopération Sud-Sud et le développement de l’agriculture.  Le représentant du Suriname s’est aussi dit préoccupé par la classification arbitraire de la plupart des pays des Caraïbes dans le groupe des pays à revenu intermédiaire, ce qui les prive de ce fait de certaines aides internationales.  M. Mac Donald s’est enfin étendu sur la nécessité de la démarginalisation des pauvres par le droit et sur celle d’aider les pays de la région des Caraïbes dans la lutte contre les changements climatiques.


M. URI RESNICK (Israël) a indiqué que l’accent mis par le rapport du Secrétaire général sur le rôle de l’émancipation des femmes dans la lutte contre la pauvreté était un jalon de l’approche de son Gouvernement envers la promotion du développement durable.  Ainsi, un Centre de formation installé à Haïfa prend en compte depuis 50 ans la relation entre la condition des femmes, la réduction de la pauvreté et le développement durable.  En outre, a poursuivi le représentant, Israël a développé des stratégies d’autonomisation des femmes afin d’intensifier la prise de conscience des responsables politiques en ce qui concerne les droits économiques et sociaux des femmes.  Rappelant que son pays était pionnier dans le domaine de l’innovation agrotechnologique, M. Resnick a indiqué qu’Israël avait développé des systèmes d’irrigation et des programmes de formation à succès destinés aux jeunes les plus défavorisés.


M. TACHASIT PRASITTIRAT (Thaïlande) a exprimé son soutien aux déclarations du Groupe des 77 et la Chine et à celle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) faite, pour cette dernière, lors de l’examen du point de l’ordre du jour portant sur l’élimination de la pauvreté il y a une semaine.  Il a ensuite fait état des succès de son pays dans la lutte contre la pauvreté, rappelant que la Thaïlande a atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à cette question.  « Investir dans ses populations est le meilleur investissement qu’un pays puisse faire », a relevé M. Prasittirat.  L’accès à l’éducation et à la santé contribuent, a-t-il conclu, à l’élimination de la pauvreté.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission poursuit ses travaux en procédant à l’adoption de 25 projets de texte négociés par les délégations des États Membres

AG/DSI/3400

La Première Commission poursuit ses travaux en procédant à l’adoption de 25 projets de texte négociés par les délégations des États Membres

28/10/2009
Assemblée généraleAG/DSI/3400
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

20eséance – après-midi


LA PREMIÈRE COMMISSION POURSUIT SES TRAVAUX EN PROCÉDANT À L’ADOPTION DE 25 PROJETS

DE TEXTE NÉGOCIÉS PAR LES DÉLÉGATIONS DES ÉTATS MEMBRES


La Première Commission, qui poursuivait aujourd’hui l’examen et l’adoption des projets de résolution et de décision négociés par les délégations des États Membres au cours de ses travaux, a adopté 25 projets de résolution. 


Elle a appuyé les initiatives de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive autres que les armes nucléaires.  Elle a, à cet égard, adopté, sans vote, trois projets de résolution.  Le premier a trait aux mesures destinées à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive, tandis que les deux autres concernent les Conventions sur les armes bactériologiques et chimiques.  En adoptant le projet de résolution portant sur la Convention sur les armes chimiques, la Commission appelle l’Assemblée générale à réaffirmer l’obligation qu’ont les États de détruire leurs stocks dans les délais prévus par la Convention.  Sur cette question, la République islamique d’Iran a fait part de ses préoccupations, après que de nombreux États aient indiqué qu’ils ne pourraient pas respecter les délais de mise en œuvre prévus par la Convention.


Trois projets de résolution ont également été adoptés sans vote par la Commission dans le domaine des armes classiques.  Présenté par le Mali, au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le texte relatif à l’assistance aux États pour la lutte contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre inviterait la communauté internationale à fournir un appui technique et financier pour renforcer les actions des organisations de la société civile dans ce domaine, s’il était adopté par l’Assemblée générale.


Pour ce qui a trait à la sécurité et au désarmement régional, la Commission a adopté un projet de résolution sur la maitrise des armes classiques à l’échelle régionale, par 173 voix pour, 1 voix contre (Inde) et 2 abstentions (Bhoutan et Fédération de Russie).  Le représentant de l’Inde a estimé, pour justifier son opposition à ce texte, que la Conférence du désarmement n’avait pas à faire des recommandations déjà faites par la Commission du désarmement.  Celui de la Fédération de Russie a, quant à lui, regretté que le projet de résolution ne fasse pas référence à la nécessité de négocier un nouveau traité sur les armes classiques en Europe. 


La Commission a également adopté sans vote un projet de résolution portant sur le lien entre le désarmement et le développement.  Les délégations de la France et du Royaume-Uni ont décidé de ne pas prendre part à la prise de décisions relatives à ce texte.  Expliquant sa position, le représentant de la France a indiqué que sa délégation rejetait le libellé du texte, notamment l’emploi du terme « symbiotique » utilisé par les auteurs du projet de résolution pour qualifier la relation entre désarmement et développement.  Quant à la délégation du Royaume-Uni, elle a contesté l’existence d’un lien « automatique » entre désarmement et développement et a souligné que la relation entre ces deux objectifs était « complexe ».


La Première Commission a également adopté un projet de résolution destiné à prévenir une course aux armements dans l’espace.  Le texte adopté par les délégations invite l’Assemblée générale à demander à tous les États, en particulier ceux dotés de capacités spatiales importantes, d’œuvrer activement pour l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques et de s’abstenir de poser des actes incompatibles avec cet objectif.  Les délégations des États-Unis et d’Israël ont voté contre ce projet, sans donner d’explication sur leurs positions.


Dans le domaine des mécanismes de désarmement, la Commission a adopté, sans vote, cinq projets de résolution.


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi, le 29 octobre à partir de 15 heures.



PRÉSENTATION ET DÉCISIONS SUR TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION SOUMIS AU TITRE DES POINTS RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Suite des déclarations après le vote des projets de résolution (A/C.1/64/L.3) et (A/C.1/64/L.4)


Cet après-midi, les représentants de la Nouvelle-Zélande et de la Suisse ont regretté que le projet de résolution L.4, portant sur « le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » ne mentionne qu’un État, sans citer les autres pays qui posent des problèmes de prolifération au Moyen-Orient.  


Le représentant de la République arabe syrienne s’est dit convaincu de l’importance du projet de résolution L.3, portant sur « la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient ».  Il a rappelé que la Syrie compte parmi les premiers pays à avoir demandé que le Moyen-Orient soit débarrassé de toutes les armes de destruction massive.  Il a insisté qu’Israël refusait toujours de placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA et disposait d’un arsenal nucléaire supérieur à celui détenu par les Français et les Britanniques.  Il a fustigé « une politique israélienne d’ambigüité nucléaire » et a invité son homologue canadien à relire le rapport de l’AIEA, en regrettant que son intervention d’hier ait donné l’impression que son pays appuyait les violations d’Israël en matière de prolifération.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que son vote n’avait pas été pris en compte hier lors de l’adoption du projet de résolution L.4.


La représentante de l’Australie a indiqué que son pays s’était abstenu lors du vote du projet de résolution L.4, car ce texte soumis citait un seul pays sans faire référence aux autres pays de la région concernée qui font l’objet d’une enquête par l’AIEA.  Par ailleurs, elle a indiqué que l’opposition australienne au projet de résolution L.20 ne remettait pas en cause l’attachement de l’Australie à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Elle a assuré que l’Australie mettra tout en œuvre pour favoriser la réussite de la Conférence d’examen 2010 du Traité de non-prolifération (TNP)


Le représentant du Pakistan a demandé que le vote du Pakistan, qui a été enregistré comme un vote « contre » sur le projet de résolution L.6 soit modifié au profit d’une « abstention ».


Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction ( A/C.1/64/L.15)


Par ce texte, adopté sans vote par la Première Commission, l’Assemblée générale appellerait de nouveau tous les États signataires de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction qui n’auraient pas encore ratifié la Convention à le faire sans tarder.  Elle inviterait aussi les États qui ne l’ont pas encore signée à le faire rapidement pour contribuer à son universalisation.  Elle exhorterait aussi les États parties à continuer de coopérer avec l’Unité d’appui à l’application du Secrétariat général.  L’Assemblée prierait le Secrétaire général de continuer à prêter l’assistance voulue aux gouvernements dépositaires de la Convention et de fournir les services nécessaires pour l’application des décisions et recommandations des conférences d’examen, y compris toute l’assistance qui pourrait être requise pour les réunions annuelles des États parties et les réunions d’experts.  L’Assemblée générale déciderait enfind’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction ».


Mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive (A/C.1/64/L.19)


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale demanderait à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.  Elle lancerait un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée engagerait tous les États Membres à prendre des mesures au niveau national pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs et les matières et technologies liées à leur fabrication.


Enfin, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’établir un rapport sur les mesures déjà prises par les organisations internationales sur les liens entre la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, de solliciter les vues des États Membres sur les mesures supplémentaires à prendre, y compris au niveau national, pour faire face à la menace que les terroristes feraient peser sur le monde en acquérant des armes de destruction massive.


Application de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (A/C.1/64/L.35)


Par ce texte que la Première Commission a adopté sans vote, l’Assemblée générale réaffirmerait l’obligation qu’ont les États parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques de détruire leurs stocks et de transformer les installations de fabrication de ces armes dans les délais prévus par la Convention.  Elle réaffirmerait l’importance de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques pour contrôler le respect des dispositions de la Convention.  Elle demanderait aussi à tous les États parties à la Convention de s’acquitter intégralement et ponctuellement de leurs obligations.  L’Assemblée déciderait enfin d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Application de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction ».


Déclarations après l’adoption sans vote des résolutions


Le représentant du Pakistan est intervenu à propos du projet de résolution intitulé « Mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive (A/C.1/64/L.19) ».  Il a rappelé que le meilleur moyen d’empêcher que des terroristes accèdent à des armes de destruction massive était la destruction complète de ces armes.  Il a estimé que les États devaient prendre des mesures de contrôle interne strictes sur les transferts d’armes de destruction massive (ADM).  Il a souhaité que des mesures provisoires soient également mises en place au niveau international, citant en exemple le Comité créé aux termes de la résolution 1540.  Il a ensuite rappelé qu’il existait encore des stocks considérables d’ADM et regretté que le processus de désarmement soit si lent.  Il a enfin demandé le renforcement de la Convention sur les armes biologiques, appelant à l’ouverture de négociations sur un nouveau traité pour combler les lacunes du régime actuel.


Le représentant de la République islamique d’Iran est intervenu sur le projet de résolution intitulé « Application de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (A/C.1/64/L.35) ».  Après avoir rappelé que son pays s’était joint au consensus qui a permis l’adoption sans vote du texte, il a rappelé que tous les États parties à la Convention devaient s’acquitter de leurs obligations.  Il a notamment fait part des préoccupations de la République islamique d’Iran concernant les retards pris par de nombreux États qui ont indiqué qu’ils ne pourraient pas respecter les délais de mise en œuvre prévus par la Convention.


Prévention d’une course aux armements dans l’espace (A/C.1/64/L.25)


Par ce texte que les délégations de la Première Commission ont adopté par 176 voix pour, et 2 abstentions (Israël et États-Unis), la Commission invite l’Assemblée générale à réaffirmer l’urgence de prévenir une course aux armements dans l’espace et d’appeler tous les États à travailler à cet objectif commun, conformément aux dispositions du Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes.  Par ce texte, l’Assemblée demanderait à tous les États, en particulier ceux dotés de capacités spatiales importantes, d’œuvrer activement pour l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques et la prévention d’une course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière, afin de maintenir la paix et la sécurité dans le monde et de servir la coopération internationale. 


Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre (A/C.1/64/L.5)


Intervenant au nom de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le représentant du Mali a présenté le projet de résolution (A/C.1/64/L.5), relatif à l’ « Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre ».  Il a dit que ce texte était l’expression de la volonté des pays de la CEDEAO de créer les conditions d’une réelle sécurité au sein de leur espace géographique.  Nous pensons, a-t-il ajouté, que l’adoption de ce texte constituera un pas important vers la paix et la sécurité internationales.


Par ce texte (A/C.1/64/L.5), adopté sans vote par la Première Commission, l’Assemblée générale inviterait la communauté internationale à fournir un appui technique et financier pour renforcer la capacité des organisations de la société civile à prendre des mesures pour contribuer à la lutte contre le trafic des armes légères.  Elle inviterait également le Secrétaire général, ainsi que les États et les organisations qui le peuvent, à continuer d’apporter une assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères.



Convention sur les armes à sous-munitions (A/C.1/64/L.16)


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale se féliciterait de l’offre du Gouvernement de la République démocratique populaire lao d’accueillir la première réunion des États parties à la Convention sur les sous-munitions après son entrée en vigueur.  Elle prierait le Secrétaire général, conformément au paragraphe 2 de l’article 11 de la Convention, de prendre les dispositions voulues pour convoquer la première réunion des États parties à la Convention après son entrée en vigueur.


Problèmes découlant de l’accumulation de stocks de munitions classiques en surplus ( A/C.1/64/L.44)


Par ce texte, adopté par la Commission sans vote, l’Assemblée générale engagerait chaque État intéressé à évaluer, à titre volontaire, si des parties de ses stocks de munitions classiques doivent être considérées comme des excédents, d’établir si ces stocks excédentaires éventuels représentent un risque pour la sécurité, de préciser comment ils seront détruits le cas échéant et si une assistance extérieure est nécessaire.  Elle demanderait aussi aux États en mesure de le faire d’apporter leur assistance aux États intéressés, dans un cadre bilatéral ou au sein d’organisations internationales ou régionales, à titre volontaire et de manière transparente.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée engagerait aussi vivement les États à appliquer les recommandations figurant dans le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’étudier de nouveaux moyens de renforcer la coopération sur la question de l’accumulation des stocks de munitions classiques en surplus.  Elle déciderait enfin d’inscrire cette question à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-sixième session.


Déclarations après le vote


Le représentant de l’Égypte a dit que son pays s’est rallié au consensus sur le projet de résolution L.16 tout en regrettant que ce texte ne réponde pas aux préoccupations de tous les États.  Il a regretté que ce texte contienne des références politiques.


La représentante du Venezuela a dit que son pays s’est rallié au consensus sur le projet de résolution L.44 en rappelant qu’il appartenait à chaque État de déterminer s’il y a accumulation de stocks de munitions classiques en surplus.  Elle a insisté sur l’importance du marquage des armes et des munitions en demandant aux États exportateurs de marquer les armes avant leur exportation afin qu’elles puissent être tracées.  


Le représentant de l’Inde a dit que son pays s’est rallié au consensus sur le projet de résolution L.16 bien que l’Inde ne soit pas un signataire de la Convention sur les armes à sous-munitions.   


Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que son pays appuyait le projet de résolution L.16 tout en s’opposant à la création de processus parallèles de négociations.  Il s’est opposé à la pratique consistant à financer sur le budget ordinaire de l’ONU des manifestations parallèles au forum de désarmement des Nations Unies. 


Le représentant d’Israël a salué la référence que constitue la Convention sur les armes chimiques en matière d’équilibre entre les considérations humanitaires et militaires.  Il a souhaité que le soutien de sa délégation au projet de résolution L.16 ne soit pas interprété comme un appui à la Convention sur les armes à sous-munitions.


Le représentant de Singapour a souligné le rôle central des Nations Unies en tant qu’instance centrale de négociations sur les armements en souhaitant que l’on évite d’avoir recours à des instances ou forum parallèles. 


Le représentant de la République de Corée a indiqué que son pays reconnaissait la nécessité de réduire les souffrances humanitaires liées à l’utilisation des armes à sous-munitions.  Néanmoins, il a déclaré que compte tenu de sa situation sécuritaire, la République de Corée ne pouvait se prononcer sur ce projet de résolutions relatif aux armes à sous-munitions.  Par ailleurs, il a précisé que son pays avait adopté une nouvelle directive sur les armes à sous-munitions qui recommande la mise au point d’autres systèmes d’armes qui pourraient à terme, remplacer ce type d’armes.  


Sécurité et désarmement régional


Le représentant du Pakistan a présenté trois projets de résolutions.  

À propos du projet intitulé « Désarmement régional (A/C.1/64/L.28) », le représentant a rappelé que la promotion du désarmement au niveau régional avait des effets bénéfiques au niveau international.  Le texte souligne aussi que les approches régionales se complètent entre elles et sont bénéfiques pour la sécurité internationale.


À propos du projet intitulé « Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional (A/C.1/64/L.29) », le représentant pakistanais a précisé que le préambule du texte soulignait le rôle crucial de la paix et de la sécurité et celui des États appartenant à la même région.  Le texte rappelle aussi que la sécurité est garantie par les niveaux les plus bas d’armement et de forces armées.  Il souligne la responsabilité des États dans la poursuite des objectifs de maitrise des armes classiques.  Le texte demande aussi à la Conférence du désarmement de faire des propositions pour encadrer des accords régionaux sur la maitrise des armes classiques au niveau régional.


Concernant enfin le projet intitulé « Mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional (A/C.1/64/L.30) », le représentant pakistanaisa rappelé que les mesures de confiance diminuaient les risques de conflit, en favorisant le dialogue, les médiations ou les ententes bilatérales.  Le texte rappelle aussi aux États la nécessité de ne pas avoir recours à la force en cas de conflit et de privilégier les solutions négociées.


Le représentant de l’Indonésie est intervenu pour présenter, au nom du Mouvement des non-alignés, le projet de résolution intitulé « Application de la Déclaration faisant de l’océan Indien une zone de paix (A/C.1/64/L.8) ».  Le texte invite l’Assemblée générale à prendre note du rapport du Comité spécial de l’océan Indien.



Explication avant le vote


Le représentant de l’Iran est intervenu pour prévenir que son pays ne participerait pas au vote concernant le projet de texte intitulé « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée (A/C.1/64/L.49) ».  Il a indiquéque « compte tenu de la situation dans la bande de Gaza et des exactions commises par le régime sioniste », le texte donnait une image très optimiste de l’évolution des pourparlers de paix au lieu d’offrir une vision objective et réaliste de la situation.


Application de la Déclaration faisant de l’océan Indien une zone de paix (A/C.1/64/L.8)


Par ce projet de résolution, adopté par la Commission par 128 voix pour, 3 contre (France, États-Unis et Royaume-Uni) et 44 abstentions, la Première Commission invite l’Assemblée générale à prendre note du rapport du Comité spécial de l’océan Indien.  Par ce texte, l’Assemblée générale se déclarerait de nouveau convaincue que la participation de tous les membres permanents du Conseil de sécurité et des principaux utilisateurs maritimes de l’océan Indien aux travaux du Comité spécial est importante et faciliterait grandement un dialogue bénéfique pour tous.  L’Assemblée générale prierait également le Président du Comité spécial de poursuivre ses consultations officieuses avec les membres du Comité et de lui en rendre compte à sa soixante-sixième session.  L’Assemblée générale prierait enfin le Secrétaire général de continuer à fournir au Comité spécial, dans les limites des ressources existantes, toute l’assistance nécessaire, y compris avec l’établissement de comptes rendus analytiques.


Désarmement régional (A/C.1/64/L.28)


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale inviterait les États à conclure, chaque fois qu’ils le pourront, des accords sur la non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement et les mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional.  Elle affirmerait que le désarmement mondial et le désarmement régional sont complémentaires et qu’il faut donc mener de front les deux processus dans l’intérêt de la paix et de la sécurité régionale et internationale.  Elle accueillerait avec satisfaction les initiatives que certains pays ont prises aux niveaux régional et sous-régional en faveur du désarmement, de la non-prolifération des armes nucléaires et de la sécurité.  Elle soutiendrait et encouragerait les efforts visant à promouvoir des mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional afin d’atténuer les tensions régionales et de faire progresser à ces deux niveaux le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires.


Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional (A/C.1/64/L.29)


Par ce texte, adopté par la Commission par 173 voix pour, 1 voix contre (Inde) et 2 abstentions (Fédération de Russie et Bhoutan), l’Assemblée générale déciderait d’examiner d’urgence les questions que pose la maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional en priant la Conférence du désarmement d’envisager de formuler des principes susceptibles de servir de cadre à des accords régionaux sur la maîtrise des armes classiques.  Elle prierait le Secrétaire général de s’enquérir entre-temps des vues des États Membres sur ce sujet et de lui présenter un rapport à sa soixante-cinquième session.


Mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional (A/C.1/64/L.30)


Aux termes de ce texte, adopté sans vote par la Première Commission, l’Assemblée générale demanderait aux États Membres de s’abstenir d’employer la force et de menacer de le faire, et elle réaffirmerait qu’elle tient à ce que les différends soient réglés par des moyens pacifiques, incluant la recherche d’une solution par la négociation, la médiation, la conciliation, l’arbitrage, le règlement judiciaire, le recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques choisis par les parties.  Elle réaffirmerait également la pertinence des moyens relatifs aux mesures de confiance et de sécurité que la Commission du désarmement a énoncées dans son rapport sur les travaux de sa session de 1993.  L’Assemblée demanderait aussi instamment aux États de respecter rigoureusement tous les accords bilatéraux, régionaux et internationaux auxquels ils sont parties, y compris les accords de maîtrise des armements et de désarmement.  Elle prierait enfin le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-cinquième session, un rapport exposant les vues des États Membres sur les mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional.  Elle déciderait également d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Adoption de mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional ».


Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée ( A/C.1/64/L.49)


Au terme de ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale inviterait tous les États de la région de la Méditerranée qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à tous les instruments juridiques relatifs au désarmement et à la non-prolifération.  Elle encouragerait aussi tous les États à participer au renforcement des mesures de confiance mutuelle, notamment en communiquant des données et informations exactes au Registre des armes classiques de l’ONU.  Elle appelleraitles pays méditerranéens à renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, contre la criminalité internationale et les transferts illicites d’armes et contre la production, la consommation et le commerce illicites de drogues.


Déclarations après le vote


Le représentant de l’Inde a expliqué que sa délégation avait voté contre le projet de texte intitulé « Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional (A/C.1/64/L.29) ».  Le projet demande à la Conférence du désarmement de définir des principes pour élaborer un cadre pour des accords régionaux sur le contrôle des armes classiques.  L’Inde considère que la Conférence du désarmement, seul forum multilatéral de négociations sur le désarmement, est chargée de développer des instruments à vocation internationale.  À partir du moment où la Commission du désarmement a adopté par consensus en 1993 des recommandations pour le désarmement régional, la Conférence du désarmement n’a pas à le faire à son tour, a estimé le représentant.


Le représentant de la Fédération de Russie a expliqué son abstention sur le projet de résolution intitulé « Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional (A/C.1/64/L.29) ».  Il a indiqué que son pays estimait que le Traité sur le contrôle des forces armées conventionnelles en vigueur en Europe était dépassé.  Il a regretté que le projet de résolution ne fasse pas référence à une adaptation nécessaire ou à la négociation d’un nouveau traité.


Autres mesures de désarmement et de sécurité internationale


Déclarations avant le vote


La représentante de Cuba a insisté sur l’importance des trois projets de résolution L.10, L.12, et L.13, présenté par le Mouvement des non-alignés (NAM) au nom de ses 118 États membres, en raison de l’accent mis sur les liens entre le désarmement et le développement.  Elle a réaffirmé la proposition de Cuba concernant la création d’un fonds géré par les Nations Unies, et dont le niveau de ressources représenterait au moins la moitié des moyens consacrés aux dépenses militaires.


Intervenant au nom du Mouvement des non-alignés (NAM), le représentant del’Indonésie a présenté les projets de résolution L.10. L.12 et L.13.  Il a notamment souhaité que la mise en œuvre des accords de désarmement intervienne dans le plus grand respect de l’environnement mondial et des principes de développement durable. 


Les représentants des États-Unis et de la France ont indiqué qu’ils ne prendront pas part au vote sur le projet de résolution L.10, relatif aux liens entre le désarmement et le développement.  


La vérification sous tous ses aspects, y compris le rôle de l’ONU dans ce domaine (A/C.1/64/L.2)


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale, rappelant sa résolution 62/21 adoptée à l’unanimité le 5 décembre 2007, déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-sixième session la question intitulée « La vérification sous tous ses aspects, y compris le rôle de l’Organisation des Nations Unies dans ce domaine ».


Examen de l’application de la Déclaration sur le renforcement de la sécurité internationale ( A/C.1/64/L.7)


Par ce texte, que la Première Commission a adopté sans vote, l’Assemblée générale déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-sixième session la question intitulée « Examen de l’application de la Déclaration sur le renforcement de la sécurité internationale ».


Relation entre le désarmement et le développement (A/C.1/64/L.10)


Par ce texte, adopté par la Première Commission sans vote, et tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer à prendre des mesures en vue de l’application du programme d’action adopté en 1987 à la Conférence internationale sur la relation entre le désarmement et le développement.  Elle inviterait instamment la communauté internationale à consacrer au développement économique et social une partie des ressources obtenues grâce à la mise en œuvre d’accords de désarmement et de limitation des armements, afin de réduire l’écart toujours croissant entre pays développés et pays en développement.  Elle inviterait à nouveau les États Membres à communiquer au Secrétaire général des renseignements sur les mesures et les efforts visant à consacrer au développement économique et social une partie des ressources obtenues grâce à la mise en œuvre d’accords de désarmement et de limitation des armements.


Respect des normes environnementales dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements (A/C.1/64/L.12)


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée demanderait aux États d’adopter des mesures unilatérales, bilatérales, régionales et multilatérales pour assurer l’application des progrès scientifiques et techniques dans le contexte de la sécurité internationale, du désarmement et des domaines connexes, sans porter atteinte à l’environnement ou à sa contribution effective à la réalisation du développement durable.  L’Assemblée générale inviterait aussi tous les États Membres à communiquer au Secrétaire général des informations sur les mesures adoptées pour promouvoir les objectifs énoncés dans la présente résolution, et demanderait au Secrétaire général de lui présenter, à sa prochaine session, un rapport contenant ces informations.


Promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération (A/C.1/64/L.13)


Par ce texte, adopté par la Commission par 126 voix pour, 5 contre (Israël, États-Unis, Royaume-Uni, États fédérés de Micronésie et Palaos) et 49 abstentions, l’Assemblée générale demanderait à tous les États intéressés de participer sans aucune discrimination et en toute transparence aux négociations multilatérales sur la réglementation des armements, la non-prolifération, et le désarmement.  Elle demanderait de nouveau à tous les États Membres de renouveler et d’honorer leurs engagements individuels et collectifs en faveur de la coopération multilatérale en tant qu’important moyen de poursuivre et de réaliser leurs objectifs communs dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Elle réaffirmerait que le multilatéralisme est le principe fondamental qui doit régir les négociations menées dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération en vue de maintenir et de renforcer les normes universelles et d’en élargir la portée.


Le rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement (A/C.1/64/L.21)


Par ce projet de décision, que la Première Commission a adopté sans vote, l’Assemblée générale est invitée à décider d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Le rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement ».


Législations nationales relatives au transfert d’armes, de matériel militaire et de produits et techniques à double usage (A/C.1/64/L.26) 


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale inviterait les États Membres qui sont en mesure de le faire à adopter des lois, réglementations et procédures nationales leur permettant d’exercer -sans préjudice des dispositions prévues par la résolution 1540 (2004) du 28 avril 2004 et les résolutions ultérieures pertinentes du Conseil de sécurité-  un contrôle efficace sur le transfert d’armes, de matériel militaire et de produits et techniques à double usage, ou à améliorer celles qui existent, tout en veillant à ce que ces lois, réglementations et procédures soient conformes aux obligations que les traités internationaux imposent aux États qui y sont parties. 



Information objective sur les questions militaires, y compris la transparence des dépenses militaires (A/C.1/64/L.43)


Par ce texte, adopté sans vote par la Première Commission, l’Assemblée générale inviterait les États Membres à présenter au Secrétaire général chaque année, le 30 avril au plus tard, un rapport sur leurs dépenses militaires du dernier exercice pour lequel des données sont disponibles, en utilisant dans la mesure du possible l’instrument de publication recommandé dans sa résolution 35/142 B.


Par ce texte, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer à envoyer chaque année aux États Membres une note verbale pour leur demander de communiquer des données au système des Nations Unies pour l’établissement de rapports normalisés sur les dépenses militaires, en leur fournissant le modèle de rapport et les instructions pertinentes, et de publier en temps utile dans les moyens d’information appropriés des Nations Unies la date à laquelle les données sur les dépenses militaires doivent être transmises.  Par ce texte, les États Membres sont également invités à informer le Secrétaire général des problèmes que pourrait leur poser le système pour l’établissement de rapports normalisés et des raisons pour lesquelles ils ne communiquent pas les données demandées.


Déclarations après le vote


Le représentant du Royaume-Uni a expliqué le vote de son pays en faveur du projet de résolution intitulé « Relation entre le désarmement et le développement » et publié sous la cote A/C.1/64/L.10.  Il a salué l’intégration des problèmes de désarmement dans les politiques de développement, en particulier pour ce qui a trait aux armes classiques, aux armes légères et de petit calibre (ALPC) et aux questions de démobilisation et de réintégration.  Il a toutefois rejeté l’existence d’un lien « automatique » entre désarmement et développement.  Soulignant une « relation complexe » entre ces deux objectifs, il a regretté que le projet de résolution ne décrive pas cette complexité et que le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur cette question n’ait pas accordé plus d’importance aux actions unilatérales, bilatérales ou multilatérales dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.  Il a proposé la création d’un instrument de partage des informations sur les ressources investies par les États dans le développement, via leurs actions en faveur du désarmement et du contrôle des armes.  Il a précisé que le Royaume-Uni continuerait de rendre disponibles les informations sur l’assistance croissante au développement qu’il fournit.


Le représentant des États-Unis, intervenant également au nom de la France et du Royaume-Uni a indiqué au sujet de la résolution L.12 relative au « Respect des normes environnementales dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements », que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni suivaient des règlementations strictes en ce domaine. 


Le représentant de la France est intervenu pour expliquer le vote de son pays contre le projet de résolution intitulé « Relation entre le désarmement et le développement » et publié sous la cote A/C.1/64/L.10.  Il a indiqué que son pays reconnaissait le lien entre les questions de désarmement et de développement dans la mesure où dans les zones ayant été le théâtre de conflits armés, la création d’un environnement sûr et stable était indispensable au succès de toute politique de reconstruction et de développement.  Il a toutefois regretté que le projet de résolution n’intègre pas un certain nombre d’éléments.  La France rejette en particulier le terme « symbiotique » utilisé dans le paragraphe 7 du préambule pour qualifier la relation entre désarmement et développement.  La France rejette aussi l’idée contenue dans le même paragraphe selon laquelle les moyens consacrés aux dépenses militaires sont détournés du financement du développement.  Le représentant a rappelé que le désarmement avait un coût « qu’il ne fallait pas oublier » et que les dépenses de défense contribuaient aussi à la stabilité et à la paix internationale, notamment pour les missions de maintien de la paix ou les réponses aux situations de catastrophe naturelle. 


La représentante de l’Australie a indiqué que son pays s’est abstenu sur le projet de résolution L.13 parce qu’il ne pouvait accepter le passage mentionnant que le multilatéralisme était « le seul moyen » de parvenir à des négociations sur le désarmement.  Elle a estimé que les efforts unilatéraux, bilatéraux et multilatéraux se complétaient et que les mesures bilatérales et régionales étaient tout aussi importantes que les mesures multilatérales pour atteindre des objectifs de désarmement.    


Mécanismes de désarmement


Le représentant de l’Indonésie est intervenu pour présenter le projet de résolution intitulé « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement (A/C.1/64/L.9) » et le projet intitulé « Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement (A/C.1/64/L.11) ».


Explications avant le vote


La représentante de Cuba a fait part de l’appui de son pays au projet de résolution L.11.  Elle a insisté sur la demande faite à l’Assemblée générale pour qu’elle examine la question de la convocation du Groupe de travail afin de parvenir à organiser une quatrième session extraordinaire sur le désarmement.  Elle a également fait part de l’appui de Cuba aux projets de textes intitulés « Rapport de la Commission du désarmement(A/C.1/64/L.52) », et « Rapport de la Conférence du désarmement (A/C.1/64/L.41) ».  Elle s’est notamment réjouie de l’adoption d’un Programme de travail par la Conférence du désarmement après une décennie de blocage et a souhaité que cela permette de nouvelles avancées, en particulier en définissant le désarmement nucléaire comme priorité absolue et en permettant le lancement de négociations sur un projet de traité visant à l’élimination totale des armes nucléaires dans un délai déterminé.


Le représentant des États-Unis a indiqué que son pays ne se prononcerait pas sur le projet de résolution intitulé Rapport de la Commission du désarmement (A/C.1/64/L.52).


Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement (A/C.1/64/L.9)


Par ce texte, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale -rappelant sa résolution 62/29 du 5 décembre 2007 et ses décisions 62/552 du 11 septembre 2008 et 63/519 du 2 décembre 2008- déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement ».



Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement (A/C.1/64/L.11)


Par ce texte que la Commission a adopté sans vote, l’Assemblée générale réaffirmerait l’importance des activités menées par l’ONU au niveau régional pour faire progresser le désarmement et accroître la stabilité et la sécurité des États Membres, ce qui pourrait être facilité de manière concrète par le maintien et la revitalisation des trois centres régionaux pour la paix et le désarmement.  Elle réaffirmerait aussi qu’afin d’obtenir des résultats positifs, les trois centres régionaux doivent exécuter des programmes de diffusion et d’éducation permettant de promouvoir la paix et la sécurité.  Par ce texte, l’Assemblée engagerait également les États Membres de chaque région, les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à faire des contributions volontaires aux centres régionaux de leur région afin de renforcer leur capacité d’action et d’initiatives.  L’Assemblée générale déciderait enfin d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement ».


Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes ( A/C.1/64/L.22)


Par ce texte, adopté sans vote par la Première Commission, l’Assemblée générale réaffirmerait son appui au Centre régional des Nations Unies en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Elle inviterait celui-ci à prendre en considération les propositions que lui soumettront les pays de la région pour promouvoir les mesures de confiance, la maîtrise et la limitation des armements, la transparence, le désarmement et le développement au niveau régional.  Elle exhorterait également les États Membres, les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales à apporter au Centre régional les contributions volontaires qui lui sont nécessaires, et à les accroître pour renforcer son programme d’activité et en assurer l’exécution.  L’Assemblée générale appellerait aussi le Secrétaire général à lui rendre compte, lors de sa soixante-cinquième session, de l’application de la présente résolution.  Elle déciderait enfin d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session la question intitulée « Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes ».


Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique ( A/C.1/64/L.45)


Par ce texte, adopté sans vote, par la Première Commission, l’Assemblée générale se féliciteraitque le Centre régional pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique opère effectivement à partir de Katmandou.  Elle engagerait aussi les États Membres, les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à verser des contributions volontaires, seules ressources du Centre régional, pour renforcer ses programmes d’activité.  L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-cinquième session, un rapport sur l’application de la présente résolution.



Rapport de la Commission du désarmement ( A/C.1/64/L.52)


Par ce texte, que la Commission a adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait la Commission du désarmement de poursuivre ses travaux conformément au mandat qui lui a été attribué et de faire tout son possible pour formuler des recommandations concrètes sur les questions inscrites à son ordre du jour, notamment sur les « Moyens d’améliorer le fonctionnement de la Commission du désarmement ».  Elle recommanderait aussi que la Commission du désarmement continue d’examiner à sa session de fond de 2010 les questions suivantes: a) « Recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires »; b) « Éléments d’un projet de déclaration faisant des années 10 la quatrième décennie du désarmement »; c) « Mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques ».  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale prieraitla Commission du désarmement de se réunir en 2010 pendant trois semaines au plus, du 29 mars au 16 avril.  Elle prierait le Secrétaire général de mettre à la disposition de la Commission du désarmement et de ses organes subsidiaires tous les services requis d’interprétation et d’allouer, à titre prioritaire, toutes les ressources et tous les moyens nécessaires à cet effet. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: face à l’augmentation substantielle du volume des achats de l’ONU, les délégations insistent sur le contrôle interne et la représentation géographique des fournisseurs

AG/AB/3924

Cinquième Commission: face à l’augmentation substantielle du volume des achats de l’ONU, les délégations insistent sur le contrôle interne et la représentation géographique des fournisseurs

28/10/2009
Assemblée généraleAG/AB/3924
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission

9eséance – matin


C INQUIÊME COMMISSION: FACE À L’AUGMENTATION SUBSTANTIELLE DU VOLUME DES ACHATS DE L’ONU, LES DÉLÉGATIONS

INSISTENT SUR LE CONTRÔLE INTERNE ET LA REPRÉSENTATION GÉOGRAPHIQUE DES FOURNISSEURS


La Cinquième Commission (chargée des questions administratives et budgétaires) a examiné, ce matin, la question de la mise en œuvre des mesures de réforme des achats proposées par le Secrétaire général en 2006, qui visent à renforcer le système de contrôle interne, à optimiser le processus de passation des marchés et à instaurer une gestion stratégique des activités d’achat de l’Organisation.


Sachant que le volume des achats des Nations Unies a presque triplé entre 2004 et 2008, passant de 1,3 milliard de dollars à 3,2 milliards de dollars, et que 85% de ces achats sont destinés aux opérations de maintien de la paix, les délégations ont insisté sur l’importance de mécanismes de contrôle et de surveillance adéquats afin de maximiser autant que possible l’efficacité et l’efficience de la fonction d’achats des Nations Unies.


Le représentant du Canada, qui s’exprimait également au nom de l’Australie et de la Nouvelle Zélande (CANZ), a rappelé que l’Organisation doit tenir compte du rapport qualité/prix; respecter l’équité, l’intégrité et la transparence; assurer une concurrence internationale effective ainsi que l’intérêt de l’Organisation.  Les représentants de groupes régionaux, comme le Groupe des 77 et la Chine et le Groupe de Rio ont, quant à eux, mis l’accent sur la nécessité d’offrir davantage de débouchés commerciaux aux fournisseurs des pays en développement et en transition.  À cet égard, M. Warren Sach, Sous-Secrétaire général aux services centraux d’appui, a fait remarquer qu’au cours des quatre dernières années, le volume de contrats passés avec des fournisseurs de ces pays avait augmenté de 45 à 60%.  Cela s’explique par une série de mesures prises à cet effet, notamment un processus simplifié pour améliorer l’agrément des fournisseurs des pays en développement et en transition.  « Plus il y a de concurrence, plus les prix baissent et cela va dans le sens de l’intérêt de l’Organisation », a déclaré M. Sach.


L’initiative pilote visant à créer un bureau régional des achats à Entebbe (en Ouganda) va également dans ce sens.  Elle devrait renforcer la structure de gouvernance des opérations de maintien de la paix et améliorer les délais pour répondre aux besoins des quatre missions de maintien de la paix en Afrique de l’Est.  Si la représentante de l’Angola, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a appuyé cette proposition, d’autres délégations comme la Fédération de Russie, le Canada et le Pakistan ont reconnu le bien-fondé de cette dernière mais souhaitent obtenir des informations supplémentaires.  Une telle initiative doit s’intégrer dans une nouvelle stratégie d’ensemble des achats, ont souligné certaines délégations, notant cependant qu’elle n’a pas encore été discutée.


Face à ces interrogations, M. Sach a expliqué que la proposition de créer un bureau régional des achats s’inscrit dans une logique de coopération avec les missions sur le terrain et d’amélioration de la capacité de l’ONU d’acheter des biens et services dans les pays en développement.  « Il faut pouvoir aller de l’avant parce que cette proposition a une incidence sur les activités des missions déployées en Afrique », a-t-il expliqué.  M. Sach a invité les délégations à prendre en considération tous les éléments avancés en faveur de cette initiative qui est essentielle pour les services centraux d’appui.  Il a expliqué que pour pouvoir faire face à la complexité et à la taille croissante des opérations de maintien de la paix, l’Organisation doit se doter d’une structure plus souple et de meilleures méthodes pour l’approvisionnement.


En début de séance, les délégations avaient entendu les présentations de M. Warren Sach, Sous-Secrétaire général aux services centraux d’appui, concernant le rapport du Secrétaire général sur les activités d’achat des Nations Unies; de Mme Susan McLurg qui a présenté le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le rapport du Secrétaire général; et de Mme Inga-Britt Ahlenius, Secrétaire générale adjointe au Bureau des services de contrôle interne (BSCI), concernant l’audit de la gestion des achats du Secrétariat.


La Cinquième Commission entendra demain, jeudi 29 octobre à 10 heures, le Secrétaire général qui présentera, au cours de sa séance publique, le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011.


EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES


Achat (A/64/284, A/64/284/Add.1, A/64/284/Add.2, A/64/501 et A/64/369)


Documentation


Rapport détaillé du Secrétaire général sur les activités d’achat de l’Organisation des Nations Unies ( A/64/284 )


Ce rapport fournit des éléments d’information sur la mise en œuvre des mesures de réforme des achats proposées par le Secrétaire général en 2006, qui visent à renforcer le système de contrôles internes, à optimiser le processus de passation des marchés et à instaurer une gestion stratégique des activités d’achat de l’Organisation, tout en offrant davantage de débouchés commerciaux aux fournisseurs des pays en développement ou en transition.  Il définit avec précision dans ses additifs la structure de gouvernance proposée pour la fonction achats du Secrétariat (A/64/284/Add.1) ainsi que le concept de durabilité appliqué aux achats (A/64/284/Add.2).


La Division des achats contribue notablement aux opérations de maintien de la paix et fournit un appui essentiel aux missions extérieures dans l’exercice de leur mandat.  Au cours des trois dernières années, les meilleures pratiques existantes en matière de prestation de services aux clients ont été adoptées, tant au Siège que sur le terrain.  La réforme en profondeur récente de la Division a été axée sur un certain nombre d’objectifs essentiels, comme le renforcement de la supervision et de la gestion; l’élargissement de l’éventail des vendeurs; et la maîtrise des contrôles internes.


Parallèlement, les bases d’une approche stratégique des achats ont été jetées, à la veille de la mise en place du progiciel de gestion intégré.  Le Secrétariat considère la réforme des achats comme un processus en devenir et demeure donc déterminé à améliorer constamment l’exercice de la fonction achats et des activités connexes qui accompagnent les acquisitions.


Le Secrétaire général note que la passation de marchés est une fonction unique et complexe du Secrétariat, à laquelle il faut apporter tout l’appui nécessaire.  En effet, lors du processus d’acquisition, l’Organisation prend des risques sur les plans opérationnel, stratégique et économique, mais elle met aussi sa réputation en jeu.  Certains risques sont intrinsèques aux activités entreprises par les fonctionnaires chargés des achats, d’autres tiennent à des facteurs extérieurs à l’ONU sur lesquels elle n’exerce aucune prise.


Afin d’atténuer et de gérer ces risques, le Secrétaire général précise qu’il faut s’appuyer sur trois piliers essentiels: l’informatique et la télématique; un personnel constitué d’experts; des directives générales et un plan de formation.  Actuellement, le Secrétariat n’est pas doté des ressources nécessaires pour s’acquitter de la fonction achats et il a besoin du plein appui des États Membres pour faire face à l’augmentation exponentielle des besoins des missions de maintien de la paix.  Le Secrétaire général est déterminé à maximiser la performance de la fonction achats mais il faut pour cela que les investissements nécessaires en matière d’équipement, de ressources et de financement soient consentis par l’Organisation.



Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le rapport détaillé du Secrétaire général sur les activités d’achat de l’Organisation des Nations Unies ( A/64/501 )


Le CCQAB estime que le rapport du Secrétaire général ne fournit pas d’éléments d’appréciation permettant d’évaluer les améliorations introduites dans la fonction achats ou la validité du dispositif de contrôle interne.  Le rapport aurait aussi dû indiquer clairement les gains de productivité réalisés au niveau de la fonction achats.  Il prie le Secrétaire général d’indiquer à l’avenir le volume global des achats pour l’ensemble du Secrétariat, y compris les bureaux extérieurs, les Tribunaux pénaux internationaux et les commissions régionales.


Le Comité consultatif estime aussi que le rapport ne donne pas d’explications sur les dispositions adoptées pour contrôler périodiquement les délégations de pouvoirs accordées au personnel des services des achats et les obligations liées aux responsabilités correspondantes dans les bureaux extérieurs, les Tribunaux pénaux internationaux et les commissions régionales.  Il souligne que l’exercice des pouvoirs délégués doit faire l’objet d’une surveillance régulière et que les bureaux devraient évaluer et gérer les risques en la matière.


Le CCQAB souligne que la question de la mesure de la charge de travail n’a pas été traitée de manière satisfaisante dans le rapport.  Il invite à inclure dans le prochain rapport des indicateurs de résultats et une analyse quantitative pour aider la Division des achats à suivre l’évolution de sa charge de travail et à contrôler l’efficacité de ses opérations d’achat en fournissant une base de comparaison dans le temps.  Ces données seraient extrêmement utiles pour l’évaluation des besoins en personnel supplémentaire.  Le Comité demande aussi au Secrétaire général de donner des précisions sur les progrès réalisés dans le réexamen des règles et procédures applicables aux achats pour répondre aux besoins opérationnels immédiats des missions de maintien de la paix.


Le Comité souligne que le service régional des achats devrait faire l’objet d’une proposition plus détaillée qui serait communiquée à l’Assemblée dans le contexte de l’examen de la stratégie qui doit être examinée.  Le Comité invite notamment à expliquer les problèmes que l’approche régionale est censée résoudre et démontrer pourquoi le choix d’un troisième site permettrait d’améliorer le fonctionnement du système de gestion des achats.


En ce qui concerne la restructuration de la Division des achats, le CCQAB note des efforts accomplis par la Division pour être mieux en phase avec les besoins des clients, en augmentant les possibilités de participation des fournisseurs de pays en développement ou en transition aux appels d’offres.  Le Comité consultatif estime que la notion de conflit d’intérêts va au-delà des activités d’achat et exige une définition globale applicable à l’ensemble de l’Organisation.  La définition de la notion de conflit d’intérêts proposée au paragraphe 23 du rapport (A/64/284) doit être affinée davantage en consultation avec le Bureau des affaires juridiques et les organes de contrôle compétents.


Le Comité consultatif encourage le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour accroître les débouchés commerciaux offerts aux fournisseurs des pays en développement ou en transition et se félicite de l’approche dynamique adoptée pour trouver des moyens d’accroître la participation de ces pays aux activités d’achat de l’ONU.  Il est d’avis que la mise en œuvre de la politique d’achat viable devrait faire l’objet d’une étude minutieuse, compte tenu des pratiques optimales du marché d’aujourd’hui et des principes régissant les achats de l’ONU, à savoir le meilleur rapport qualité/prix; l’équité, l’intégrité et la transparence; une concurrence internationale effective; et l’intérêt de l’Organisation.   Le Comité consultatif souligne que si l’Assemblée générale venait à approuver cette politique, elle ne devrait pas constituer un nouvel obstacle à la participation des pays en développement ou en transition aux activités d’achat de l’ONU.


Rapport du Bureau des services de contrôle interne sur l’audit de la gestion des achats au Secrétariat ( A/64/369 )


Le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a procédé à l’audit de la gestion des achats au Secrétariat en vue de vérifier que les systèmes et contrôles internes concernant la gouvernance, la stratégie, la passation des marchés et l’information étaient conçus et appliqués de sorte à garantir l’utilisation efficace et rationnelle des ressources de l’ONU.  L’audit a porté sur les activités de la Division des achats au Siège pour la période 2006-2008.  L’état d’avancement des réformes lancées depuis 1995 a également été examiné.  Cheville ouvrière de la réformes des achats, la Division est responsable de la majeure partie des marchés passés par l’Organisation.  Le BSCI a estimé que pour renforcer la gestion des achats au Secrétariat, il faudrait remédier à plusieurs risques importants, en ce qui concerne en particulier l’application de la réforme des achats, la formulation d’une stratégie générale et la mise en place d’une info structure efficace. 


Les principaux résultats de l’audit sont récapitulés ci-dessous:


- La Division des achats a progressé dans la mise en œuvre de la réforme, notamment la formation du personnel chargé des achats et la mise à jour du Manuel des achats.  Le BSCI est néanmoins d’avis que les activités qualifiées de « réforme des achats » ne peuvent pas toutes être considérées comme des mesures de réforme à proprement parler.


- Certaines réformes essentielles restent à mener, en ce qui concerne notamment la structure de gouvernance, le système de contestation des adjudications, le progiciel de gestion intégré et les directives déontologiques.  Par exemple, la structure de gouvernance applicable aux achats des missions reste imprécise et contribue à l’inefficacité du suivi des marchés.


- La délégation de pouvoirs à la Division des achats pour les marchés d’une valeur importante doit être réexaminée en ce qui concerne les contrats de courte durée relatifs au soutien logistique et aux transports (fret aérien et maritime), qui ne sont pas soumis au Comité d’examen des marchés du Siège lorsque leur montant n’excède pas 5 millions de dollars.  Or, il n’est pas prévu, pour compenser cette lacune, de soumettre les marchés à un examen a posteriori.


- Le montant annuel des achats est passé de 2,1 milliards de dollars en 2006 à 3,3 milliards de dollars en 2008.  La principale cause en est l’augmentation du nombre et de la taille des missions.  Le BSCI n’a trouvé trace d’aucune stratégie générale faisant intervenir la haute direction, même si une stratégie est ponctuellement appliquée au niveau de l’exécution.  Une stratégie appliquée de façon concertée par les principales parties intéressées, en particulier la Division des achats et le Département de l’appui aux missions, est nécessaire pour accroître l’efficacité et l’efficience des opérations d’achat.  Pour le Département de la gestion, l’augmentation imprévue des besoins associés aux missions expliquait que la stratégie adoptée avait nécessairement un caractère ponctuel: elle permettait d’effectuer en temps opportun l’achat de biens, de matériel et de services.


L’absence de stratégie générale consacrée par des textes a fréquemment conduit à des situations dans lesquelles la décision de passer ou de proroger certains marchés n’était pas ou ne pouvait pas être justifiée et les adjudications étaient effectuées ou approuvées a posteriori sans justification valable.  Elle a également restreint la capacité de l’Organisation de recourir aux divers types de contrat à sa disposition pour dégager des économies d’échelle et améliorer la fourniture des biens et services.  Les opérations d’achat semblaient être menées au coup par coup et, parfois, de façon inefficace et contraire aux intérêts de l’Organisation.


La Division des achats ne disposait pas d’une infrastructure appropriée pour appuyer ses opérations et ses activités de contrôle.  Diverses lacunes ont été relevées, dont des contrôles de validation limités et la saisie incomplète des données qui pouvaient contribuer à la vulnérabilité des systèmes et au manque de fiabilité des données.  Le système « Procure Plus » ne prévoyait pas de contrôle automatique des limites ou seuils préétablis permettant de déclencher des exceptions.  C’est pourquoi, la Division des achats ne pouvait pas suivre, consulter et analyser systématiquement les données relatives aux achats pour déceler les risques et les manquements aux règles et règlements de l’ONU.


Les fonctionnaires de l’ONU chargés des achats ont jugé satisfaisant le fonctionnement de la Division des achats.  Cependant, cette dernière n’avait pas arrêté d’indicateurs de référence pour comparer ses résultats d’une période à l’autre et définir les domaines à améliorer.  Le BSCI a fait plusieurs recommandations au Département de la gestion en vue d’atténuer les risques constatés et de régler ces questions.  Ces recommandations figurent en annexe de ce rapport. 


Débat général


M. MAGID YOUSIF (Soudan), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que le Groupe a été très impliqué dans la réforme des achats des Nations Unies et se félicite que le Secrétariat accorde de l’importance à cette question, compte tenu de la complexité et de la taille croissante des opérations menées par l’Organisation des Nations Unies.  Le Groupe des 77 et la Chine partage l’opinion du CCQAB qui estime que les rapports dont la Cinquième Commission est saisie aujourd’hui ne permettent pas d’évaluer concrètement les progrès réalisés dans le domaine de la passation de marchés de l’ONU.  Pour le Groupe, il est important d’offrir davantage de débouchés commerciaux aux fournisseurs des pays en développement ou en transition.  Les compagnies de ces pays doivent avoir un accès équitable, juste et non discriminatoire aux appels d’offre de l’Organisation.   Reconnaissant les efforts engagés en ce sens par les Nations Unies, le Groupe des 77 et la Chine reste cependant convaincu qu’il faut aller plus loin pour parvenir à une meilleure représentation géographique des fournisseurs de l’ONU.  Abordant la question des achats pour les opérations de maintien de la paix, le Groupe des 77 et la Chine accueille favorablement la proposition de créer une centrale d’achats régionale à Entebbe, en Ouganda, à partir de juillet 2010.  Le Groupe des 77 et la Chine insiste en outre sur l’importance de la transparence et de l’impartialité dans la passation des marchés, a indiqué le représentant.


Mme MARIA HAKANSSON (Suède), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a assuré que l’Union européenne a toujours soutenu la réforme de la gestion de l’ONU, en particulier en ce qui concerne les achats.  Cette réforme, a-t-elle dit, est essentielle.  La représentante a rappelé que le volume des achats avait beaucoup augmenté ces dernières années, faisant remarquer que cela créait des risques supplémentaires pour l’Organisation.  Elle a donc appelé à appliquer une politique des achats qui soit transparente, efficace et qui fasse l’objet d’un contrôle interne, conformément aux principes généraux de l’ONU en la matière.  La réforme des achats est une tâche difficile, a-t-elle ajouté, saluant les efforts accomplis par le Secrétariat, tout en relevant les améliorations qui peuvent encore être réalisées.  La représentante a aussi demandé au Secrétariat d’intégrer le concept d’achats durables dans les pratiques suivies dans les procédures d’achats.  Par ailleurs, l’Union européenne prend note de l’intention du Secrétariat de lancer un projet pilote pour le Bureau régional des achats effectués sur le terrain.


M. PHILIPPE LAFORTUNE (Canada), s’exprimant également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a noté que les activités d’achats des Nations Unies ont été marquées par une expansion importante au cours des cinq dernières années.  Il a souligné que le volume a triplé entre 2004 et 2008, passant de 1,3 milliard de dollars à 3,2 milliards de dollars.  Face à cette augmentation substantielle, il est essentiel que les États Membres puissent s’assurer que l’Organisation a mis en place des mécanismes de contrôle et de surveillance adéquats afin de maximiser autant que possible l’efficacité et l’efficience de sa fonction d’achat.  Pour le CANZ, tout effort allant dans ce sens doit être guidé par les quatre grands principes de l’ONU en la matière, à savoir le rapport qualité/prix; l’équité, l’intégrité et la transparence; une mise en concurrence internationale effective; et l’intérêt de l’Organisation.  Le représentant a regretté que le rapport du Secrétaire général sur la réforme des achats n’offre pas de données spécifiques sur la performance du système d’achats des Nations Unies.  M. Lafortune a souligné qu’il était urgent que cette absence d’indicateurs de performance soit corrigée.  Sa délégation, a-t-il ajouté, estime que la notion de gouvernance et la manière dont il faut répondre aux exigences de fonctionnement des opérations de maintien de la paix sont primordiales.  Dans ce contexte, le CANZ prend note de la proposition du Secrétariat de créer un bureau régional d’approvisionnement à laquelle participeront des membres du personnel de la Division des achats et du Département de l’appui aux missions.  Tout en reconnaissant le bien-fondé de ce bureau commun, le CANZ souhaite obtenir des informations supplémentaires sur cette proposition, a indiqué M. Lafortune.


M. CARLOS RUIZ MASSIEU (Mexique), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a réitéré l’importance de la mise en œuvre de la réforme des achats qui vise à renforcer les mécanismes de contrôle interne, à adopter une approche stratégique pour les fonctions d’achats et à promouvoir des opportunités pour les fournisseurs des pays en développement et des pays en transition.  Il a estimé que le rapport n’avait pas présenté clairement les économies réalisées dans le cadre des achats et a expliqué qu’il aurait préféré une présentation plus détaillée du volume des achats au Secrétariat qui se chiffraient à 160,4 millions de dollars en 2008.  Il a souhaité que le Secrétariat fournisse des informations précises sur le volume des achats par bureau hors Siège, pour les Tribunaux pénaux internationaux et pour les commissions régionales, a-t-il demandé.  Le Groupe de Rio est aussi préoccupé par la façon dont le rapport traite de la question de la délégation d’autorité, a ajouté M. Ruiz Massieu, notant que le rapport n’explique pas les mécanismes d’examen de cette délégation et de la responsabilité du personnel dans les bureaux hors Siège, les Tribunaux pénaux internationaux et les commissions régionales.


Le représentant s’est aussi dit préoccupé par le fait que 73 postes sur les 377 postes approuvés demeurent vacants.  Il a noté l’intention du Secrétariat de créer un bureau régional des achats pour répondre à l’augmentation du volume des achats et à la complexité des procédures d’achats.  Il a cependant voulu connaître le lien qui existe entre cette proposition et la stratégie d’appui sur le terrain qui doit être présentée à l’Assemblée générale en 2010.  M. Ruiz Massieu a aussi exprimé sa préoccupation concernant les constatations faites par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI), qui a noté l’absence de stratégie pour améliorer la représentation géographique des fournisseurs.  Il a demandé au Secrétariat de fournir des explications à ce sujet.  Il a insisté pour que tous les États Membres soient représentés de façon transparente et a demandé des détails sur la participation des pays de sa région.


Mme ELSA DE JESUS PATACA (Angola), intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a noté l’importance de la réforme des achats, compte tenu de la complexité et du nombre croissant des opérations menées par l’Organisation.  Elle a rappelé les propositions antérieures visant à renforcer l’efficacité et la transparence de la procédure d’achats des Nations Unies.  Elle a insisté sur la nécessité d’augmenter la responsabilité dans ce domaine.  L’augmentation du nombre des opérations de maintien de la paix au cours de ces dernières années a conduit à une augmentation du volume des achats, a-t-elle rappelé.  Cette évolution, a-t-elle fait remarquer, ne s’est pas traduite par un meilleur équilibre dans la passation de contrats avec les fournisseurs des pays en développement.  Cela constitue pourtant un aspect important de la réforme des achats, a-t-elle estimé.  La représentante a ensuite pris note des progrès accomplis dans le processus d’enregistrement des fournisseurs et la gestion du fichier de fournisseurs.  Elle a encouragé le Secrétaire général à assurer la mise en œuvre intégrale, en juillet 2010, de l’initiative pilote visant à créer un bureau régional des achats à Entebbe (Ouganda), qui devrait renforcer la structure de gouvernance des opérations de maintien de la paix et améliorer les délais pour répondre aux besoins des quatre missions de maintien de la paix en Afrique de l’Est.  Sa délégation encourage le Secrétaire général à continuer d’intensifier ses efforts pour trouver d’autres moyens de promouvoir des possibilités d’achats pour les fournisseurs de ces pays, a-t-elle ajouté.  La proposition relative aux achats responsables doit être examinée avec prudence, en tenant compte des meilleures pratiques et en respectant les principes établis par les Nations Unies en matière d’achats, a-t-elle suggéré.


M. IRFAN SOOMRO (Pakistan) a souligné les besoins croissants des opérations de maintien de la paix, qui représentent environ 85% du volume global des achats des Nations Unies qui était de 3,3 milliards de dollars en 2008.  La réforme des achats devrait porter tant sur les impératifs de contrôle interne que sur l’application de mandats juridiques, a rappelé le représentant.  Sa délégation, a-t-il dit, regrette que le rapport du Secrétaire général sur la réforme des achats ne fournisse pas des indicateurs de performance pour pouvoir mesurer les améliorations réelles.  Il déplore en outre le manque de transparence dans l’attribution des marchés de l’ONU tant au Secrétariat que sur le terrain, et l’absence d’une stratégie d’achat globale et d’un système de contrôle interne efficace qui permettraient d’éviter les irrégularités.  Une procédure d’achats transparente, simple, réalisable et qui se base sur des règles claires est une condition sine qua non de l’efficacité de la fonction d’achat de l’Organisation, a-t-il poursuivi. 


Prenant note de la proposition du Secrétaire général de créer une centrale d’achat régionale pour mieux satisfaire les besoins des opérations de maintien de la paix, le délégué a demandé que cette initiative fasse l’objet d’une étude approfondie préalable de la procédure des achats de manière à en assurer l’efficacité, à la rendre plus transparente et non discriminatoire et à garantir le meilleur rapport qualité/prix à l’Organisation.  S’agissant de l’élargissement de l’éventail des fournisseurs des Nations Unies afin d’assurer une meilleure représentation des pays en développement et des pays en transition, le représentant a indiqué que le Pakistan appuyait les mesures prises en ce sens, mais encourage le Secrétariat à aller plus loin.  Cela pourrait avoir un impact significatif sur les économies de ces pays, a-t-il dit.  À cet égard, le délégué a demandé à ce que le concept des « achats durables  » ne devienne pas une nouvelle condition qui risque de pénaliser les fournisseurs des pays en développement et des pays en transition.


M. ALI ANWAR ANSARI (Inde) a souligné l’importance de la procédure d’achats  qui permet à l’ONU de s’acquitter de ses mandats, en particulier concernant les opérations de maintien de la paix.  Parallèlement, ce domaine risque de ne pas être soumis à un contrôle interne efficace et de connaître des cas de corruption, a-t-il rappelé.  Soulignant que le volume des achats est passé de 1,3 milliard de dollars en 2004 à 3,2 milliards en 2008, il a insisté sur la nécessité de faire preuve de vigilance en la matière.  Le CCQAB a constaté que le rapport du Secrétaire général sur les achats ne fournit pas d’éléments permettant d’évaluer les améliorations ni le fonctionnement du régime de contrôle interne, a noté le représentant.  Le rapport ne fournit pas non plus de données pour prouver les progrès accomplis dans la réforme des achats, a-t-il ajouté.  Pour justifier le besoin de personnel supplémentaire, il ne suffit pas d’invoquer le volume croissant des achats, mais il faut également se baser sur une analyse quantitative des avantages résultant de la réforme, a poursuivi M. Ansari.  Il a aussi insisté sur l’importance d’une délégation d’autorité bien définie, notamment pour les achats sur le terrain.  En ce qui concerne la proposition de créer un bureau régional des achats, M. Ansari a déclaré attendre avec intérêt les discussions sur ce point, de même que sur la stratégie d’appui sur le terrain.  Il a enfin salué les efforts de la Division des achats visant à offrir des opportunités aux fournisseurs des pays en développement et des pays à économie en transition.  Il a aussi appelé à examiner avec prudence la question des achats durables.


M. VLADIMIR PROKHOROV (Fédération de Russie) a attaché beaucoup d’importance à la réforme des achats qui vise à renforcer la transparence et à améliorer l’accès des fournisseurs de tous les pays.  Il a salué le travail effectué par les services d’achats pour le portail Internet de la Division des achats.  L’augmentation du volume des achats au cours de ces dernières années a engendré un travail supplémentaire pour le personnel concerné, a-t-il noté.  Les États Membres ont adopté plus d’une dizaine de résolutions depuis les années 90 qui visent tous les aspects de la réforme, a-t-il rappelé, avant de demander au Secrétariat d’appliquer strictement les décisions prises par les États Membres.  Sa délégation, a-t-il poursuivi, partage les préoccupations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires et celles du Bureau des services de contrôle interne concernant les éléments nouveaux présentés par le Secrétariat qui se limitent à l’organisation de nouveaux cours de formation à l’intention du personnel et à la publication d’un manuel sur les achats.  Les délégations, a ensuite fait remarquer le représentant, ne disposent pas d’informations sur les résultats concrets de la réforme.  Il a souhaité que des informations exhaustives sur la délégation de pouvoir pour la prise de décisions sur le terrain soient fournies.  Concernant la proposition de créer un bureau régional d’achat, le représentant s’est inquiété de son coût d’autant plus que cela serait intégré dans une nouvelle stratégie qui n’a pas encore été discutée.  Pour ce qui est des achats durables, il a rappelé la nécessité de privilégier un bon rapport qualité/prix.  Avant de conclure, le représentant a remercié le Secrétariat pour sa proposition sur la définition du concept de conflit d’intérêts.  À ce jour, les États Membres n’ont pas reçu de propositions visant à inclure dans le règlement financier de l’ONU un mécanisme interdisant ce conflit d’intérêts.  Le délégué a jugé délicates certaines questions qui se posent dans le cadre de la discussion sur l’amélioration de la participation des fournisseurs des pays en développement et des pays en transition.


M. MUYAMBO SIPANGULE (Zambie), rappelant l’importance vitale des activités d’achats à l’ONU, a souligné la nécessité d’adopter les critères les plus élevés des meilleures pratiques du commerce international.  Il a exprimé son soutien en faveur de la réforme en cours pour les achats et des réformes adoptées depuis 1995.  Bien que ces réformes soient en vigueur, elles n’ont pas encore donné des résultats, a-t-il regretté, avant d’encourager la Division des achats à travailler activement en ce sens.  Après avoir noté l’augmentation du volume des achats depuis 2004, le représentant de la Zambie s’est félicité des mesures prises pour augmenter le nombre des contrats passés avec des fournisseurs de pays en développement ou de pays à économie en transition.  Il a salué les mesures prises par la Division pour améliorer la participation de ces fournisseurs et l’a invitée à prendre des mesures pour assurer une meilleure représentation géographique des fournisseurs


M. ANTHONY BANBURY, Sous-Secrétaire général à l’appui aux missions, a mis l’accent sur l’intérêt de la création du bureau régional d’achats à Entebbe, en Ouganda.  Ce bureau pourrait contribuer à éliminer les difficultés rencontrées par les missions de maintien de la paix en matière d’achats, a-t-il dit, soulignant que ces missions doivent pouvoir réagir rapidement et leurs activités sont souvent retardées en raison des délais des procédures d’achats.  M. Banbury a estimé que cela permettrait aussi d’améliorer la compréhension entre l’acheteur et lesfournisseurs de services, et d’augmenter le nombre de fournisseurs dans la région, a-t-il ajouté.  M. Banbury a noté que le bureau régional d’achats pourrait commencer à fonctionner en juillet 2010, afin d’éviter de perdre une année dans l’élaboration des plans d’acquisition annuels.  En ce qui concerne le lien entre le bureau régional d’achat et la stratégie qui va être examinée par l’Assemblée générale, il a fait remarquer que si cette stratégie était approuvée, cela permettrait d’établir des échanges avec le bureau.  Il a assuré que ce bureau comporte des avantages évidents.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée: adoption de résolutions sur le blocus contre Cuba et la Commission contre l’impunité au Guatemala et débat sur le retour de la démocratie au Honduras

AG/10877

Assemblée: adoption de résolutions sur le blocus contre Cuba et la Commission contre l’impunité au Guatemala et débat sur le retour de la démocratie au Honduras

28/10/2009
Assemblée généraleAG/10877
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-quatrième session                                 

27e et 28e séances plénières – matin et après-midi


ASSEMBLÉE: ADOPTION DE RÉSOLUTIONS SUR LE BLOCUS CONTRE CUBA ET LA COMMISSION CONTRE L’IMPUNITÉ AU GUATEMALA ET DÉBAT SUR LE RETOUR DE LA DÉMOCRATIE AU HONDURAS


« Raison d’espérer » ou « sentiment d’optimisme », c’est dans une ambiance très différente que l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui, par 187 voix pour, l’opposition d’Israël, de Palaos et des États-Unis et les abstentions des Îles Marshall et des États fédérés de Micronésie, sa résolution annuelle* visant à obtenir des États-Unis la levée du blocus économique, commercial et financier imposé depuis 50 ans à Cuba.


Les 35 délégations qui se sont exprimées aux côtés du Ministre cubain des affaires étrangères, se sont déclarées encouragées par le changement de politique qui semble s’amorcer à Washington, depuis l’élection du Président Barack Obama.  Les délégations en ont voulu pour preuves les mesures « certes insuffisantes » que sont la levée de toutes les restrictions sur les voyages et sur les envois de fonds à Cuba, la relance des négociations sur les questions migratoires, la reprise du courrier postal direct et les propositions sur la reprise des services de télécommunication.


Le Ministre des affaires étrangères de Cuba n’a pas adhéré à cette analyse.  Bruno Rodríguez Parilla a, au contraire, affirmé que depuis l’arrivée de la nouvelle Administration américaine « le blocus demeure intact ».  Il a rappelé la disposition de son gouvernement à négocier tous les problèmes bilatéraux et a dit attendre avec impatience la réponse des États-Unis sur la proposition relative à l’agenda du dialogue bilatéral que son gouvernement a présentée au mois de juillet dernier.


Les mesures prises jusqu’ici, a répondu la représentante des États-Unis, démontrent bien la disposition de « mon pays à dialoguer avec Cuba ».  Les États-Unis, a-t-elle affirmé, s’attachent à écrire un nouveau chapitre de l’histoire.  La résolution ne reflétant pas cette nouvelle réalité, la délégation américaine n’a pu que s’y opposer, s’est justifiée la représentante. 


La résolution « demande de nouveau instamment » aux États d’abroger ou d’annuler les lois ou mesures unilatérales qui portent atteinte à la liberté des échanges commerciaux et dont les effets extraterritoriaux font obstacle à la souveraineté d’autres États ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation.


L’Assemblée générale a consacré la deuxième partie de ses travaux à l’examen de la situation en Amérique centrale, lequel a donné lieu à l’adoption sans vote de la résolution sur la Commissioninternationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) et à des commentaires sur la suite donnée à l’Accord de San José du 27 juillet dernier visant à résoudre la crise institutionnelle au Honduras, après le renversement du Président Manuel Zelaya, le 28 juin dernier, et son expulsion au Nicaragua.


La représentante du Brésil a rappelé que le Président Zelaya et sa famille se trouvent depuis le 21 septembre 2009 à l’ambassade brésilienne au Honduras, laquelle est « soumise à un véritable siège ».  Son homologue du Honduras, que le représentant américain n’a pas démenti, a indiqué que le dialogue engagé connaît une nouvelle étape grâce à l’intervention du Département d’État des États-Unis. 


Nous espérons, a-t-il confié, que dans les prochains jours, nous aurons avancé vers le retour des institutions constitutionnelles.  L’objectif est d’aboutir à un processus électoral qui puisse bénéficier de la légitimité et de l’approbation de la communauté internationale, a-t-il précisé.


Appuyée par plusieurs pays, dont le Venezuela, la représentante du Brésil a souligné qu’à l’heure actuelle les conditions ne sont tout simplement pas réunies pour organiser, en novembre prochain, des élections libres, justes, transparentes et démocratiques. 


Dans sa résolution** sur la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala, créée en 2007 à la demande du Gouvernement guatémaltèque, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de prendre les mesures requises pour remédier aux graves difficultés d’ordre opérationnel qui résultent du statut actuel de la Commission en tant qu’organe ne relevant pas de l’ONU.


Par ailleurs, le Président de l’Assemblée générale a présenté aujourd’hui ses sincères condoléances aux familles des cinq membres du personnel de l’ONU tués en Afghanistan au cours d’un raid terroriste qu’il a qualifié de « choquant et odieux ».  Condamnant tout acte de violence perpétré contre le personnel humanitaire et de l’ONU, il a engagé les États Membres à honorer leurs obligations en assurant la protection de ces personnels.


L’Assemblée reprendra ses travaux demain jeudi 29 octobre, à 10 heures, avec la présentation des rapports de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI).


* A/64/L.4

 ** A/64/L.6



NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE


Rapport du Secrétaire général ( A/64/97 )


Dans ce rapport, le Secrétaire général présente les réponses écrites de 130 États Membres et 26 organismes des Nations Unies.  Dans leur ensemble, les États et organes des Nations Unies condamnent et se prononcent pour la levée des sanctions, les jugeant contraires aux principes de la Charte des Nations Unies et aux principes d’égalité souveraine des États, de non-intervention et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États, mais aussi contraires à la liberté du commerce et de navigation.


États et organes se déclarent également préoccupés par les conséquences de cet embargo sur le bien de la population, notamment les plus vulnérables, et sur le processus de réalisation des objectifs de développement.  Dans certains cas, l’embargo a des incidences financières importantes en plus d’entraver l’assistance et la fourniture de matériels pour la coopération humanitaire et technique, avec de graves répercussions dans des domaines comme la santé, l’éducation ou la culture, disent les organes des Nations Unies.  Dans ce rapport plusieurs États réaffirment également leur refus d’appliquer les mesures de sanctions demandées par les États-Unis, certains affirmant aussi avoir des relations économiques normales avec Cuba.


Déclarations


M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, réaffirmé la ferme opposition de son Groupe à l’embargo.  Il a rappelé que le 25 septembre dernier à New York, les ministres des affaires étrangères du Groupe « ont fermement rejeté l’imposition de lois et de règles extraterritoriales et toutes les formes de mesures économiques coercitives, y compris les sanctions unilatérales contre des pays en développement, et ont réitéré la nécessité urgente de les supprimer immédiatement.  Ils ont souligné que de telles actions ne compromettent pas seulement les principes inscrits dans la Charte et le droit international, mais menacent aussi gravement la liberté de commerce et d’investissement.  Ils ont par conséquent appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître ces mesures ou à ne pas les appliquer ».


Revenant au rapport du Secrétaire général, le représentant a déploré que l’embargo reste largement inchangé alors que la crise économique mondiale aggrave encore les conditions de vie difficiles du peuple cubain.  Appelant les États-Unis à mettre fin à cet embargo et à adhérer aux principes de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un « pays frère », le représentant a souligné que cet embargo contrarie les efforts visant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et affecte négativement la coopération régionale dans ce domaine. 


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rejeté toute adoption ou application de mesures ou de lois coercitives extraterritoriales ou unilatérales qui cherchent à faire pression sur les pays non alignés afin de les empêcher d’exercer leur droit de décider librement de leurs systèmes politique, économique et social.  Il a donc appelé tous les États à ne pas reconnaître ce type de mesures ou de lois.  Le Mouvement des pays non alignés, a poursuivi le représentant, soutient également les demandes d’indemnisation des États ciblés et des pays tiers pour les dommages découlant des sanctions.  Après 50 ans d’embargo, ce sont 70% des Cubains qui sont nés sous embargo, a rappelé le représentant, malgré les multiples résolutions demandant aux États-Unis de revenir sur cette décision, dont la plus récente, l’année passée, a été soutenue par 185 pays.  Il a rappelé qu’en juillet dernier, durant leur Sommet, les chefs d’État et de Gouvernement du Mouvement des non-alignés ont adopté une Déclaration spécialement consacrée à la levée de l’embargo. 


Cet embargo, en plus d’être unilatéral et contraire à la Charte des Nations Unies et au droit international, continue de causer des pertes matérielles économiques et financières énormes qui ont des conséquences négatives sur le bien-être de la population de Cuba, a-t-il accusé.  Soulignant que Cuba a, au cours de ces trois dernières années, dynamisé ses relations avec toutes les régions du monde, le représentant a noté que la nouvelle Administration américaine s’était engagée sur un chemin d’ouverture et d’engagement avec le monde extérieur.  Il a donc dit attendre avec impatience une nouvelle politique qui s’appliquerait aussi à Cuba et qui conduirait à une levée immédiate de cet embargo qui n’a que trop longtemps duré. 


M. DELANO FRANK BART (Saint-Kitts-et-Nevis), qui intervenait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré, à son tour, l’opposition de la CARICOM à l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.  Il a dénoncé l’« entêtement » à maintenir cet embargo malgré les critiques internationales et la logique d’un monde qui a incommensurablement changé depuis l’imposition de ce blocus.  Le représentant a ajouté que la CARICOM était particulièrement préoccupée par l’embargo du fait de « l’histoire, de la culture et de la fraternité » qu’elle partage avec Cuba. 


M. Bart a précisé que la CARICOM s’inquiétait des répercussions économiques de l’embargo et de son impact humanitaire, notamment dans les domaines de la santé et de l’alimentation; Cuba étant, par exemple, dans l’incapacité de se procurer de nouveaux équipements médicaux.  Les tempêtes et les ouragans de plus en plus violents qui frappent Cuba de plus en plus fréquemment rendent l’impact humanitaire de l’embargo encore plus inacceptable, a ajouté le représentant.  Il a également signalé que le blocus avait coûté plus de 100 milliards de dollars à Cuba depuis son imposition.


M. Bart a ensuite qualifié de remarquable le fait que malgré les catastrophes naturelles qui l’ont frappé, Cuba continue d’aider d’autres pays en développement, à commencer par ses voisins des Caraïbes.  Il a notamment évoqué la formation universitaire et les services médicaux gratuits.  Étant donné sa position pacifique, généreuse et coopérative, Cuba ne doit pas être isolé ou exclu des processus régionaux et hémisphériques, a-t-il estimé. 


Ma délégation, a-t-il ajouté, lance un appel pour la levée de cet embargo qui a contribué à maintenir un état de tension entre deux pays voisins et qui est source de préoccupation dans l’ensemble des Caraïbes.  Le représentant a également regretté le renouvellement de la loi américaine sur le commerce avec des entités ennemies, laquelle cible uniquement Cuba.  Il a dit espérer que la réaffirmation de l’engagement des États-Unis en faveur du multilatéralisme débouchera sur une volonté manifeste de prendre en considération les opinions et préoccupations des « amis et partenaires ».


Pour la dix-huitième fois consécutive, a dit M. CLAUDE HELLER (Mexique), le Gouvernement mexicain prend la parole pour réitérer son rejet de l’embargo économique, financier et commercial contre Cuba et son opposition au recours à des sanctions coercitives contraires à la Charte des Nations Unies.  L’adhésion au multilatéralisme et le respect du droit international et des règles et principes qui régissent la coexistence entre nations ainsi que la promotion d’un dialogue respectueux sont et restent, a dit le représentant, les seuls moyens de résoudre les controverses et de garantir la paix internationale.


L’opposition unanime de la communauté internationale à ce genre de mesures montre, a estimé le représentant, que les sanctions politiques, économiques ou militaires ne peuvent être imposées unilatéralement mais qu’elles doivent toujours venir des organes habilités de l’ONU, conformément à la Charte et au droit international.  Le représentant a donc souligné que son pays a toujours appuyé l’intégration de Cuba dans tous les mécanismes régionaux, entre autres le Groupe de Rio et plus récemment, l’Organisation des États américains (OEA). 


À cet égard, le représentant s’est félicité de la décision des États-Unis de lever toutes les restrictions aux transferts d’argent et aux voyages à Cuba des Cubains-Américains.  Quoique modestes, ces mesures contribuent à améliorer le climat ambiant, a estimé le représentant, en soulignant néanmoins qu’il reste beaucoup à faire pour alléger véritablement et substantiellement les effets négatifs de l’embargo économique, commercial et financier contre Cuba. 


M. ZHANG YESUI (Chine) a assuré que son pays conduisait une politique étrangère de paix indépendante, engagée à développer des relations amicales avec tous les pays.  Ces 17 dernières années, l’Assemblée générale a, chaque année, adopté à une écrasante majorité une résolution qui rejette les mesures et lois compromettant la souveraineté d’autres États, a-t-il dit, déplorant que ces résolutions successives n’aient pas été appliquées.  Ce n’est pas seulement une violation grave des objectifs et des principes de la Charte des Nations Unies mais c’est aussi un obstacle important à l’exercice par les Cubains de leur droit au développement, a-t-il déclaré.


La communauté internationale est maintenant confrontée à de graves défis posés par les crises financière, alimentaire, énergétique et climatique, ce qui rend cet embargo et les sanctions contre Cuba plus irraisonnables que jamais, a estimé le représentant, saluant néanmoins la levée de certaines restrictions en matière de voyage.  Lorsque des controverses apparaissent, le dialogue sur un pied d’égalité et les consultations amicales sont les meilleurs moyens de les résoudre, a ajouté M. Yesui, assurant que l’espoir de la Chine allait toujours vers le dialogue plutôt que vers la confrontation.    


Mme GIRIJA VYAS (Inde) a déploré le fait que malgré l’adoption par l’Assemblée générale des résolutions qui condamnent l’adoption de lois ayant un impact extraterritorial, l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba était maintenu.  Elle a signalé que cet embargo entravait les programmes humanitaires et de développement de l’ONU dans ce pays, relevant notamment que les projets du Programme de l’ONU pour le développement (PNUD) y coutaient 15% de plus.  La représentante a également signalé que le secteur sanitaire et médical cubain avait été particulièrement frappé et que l’impact de l’embargo s’était d’autant plus fait ressentir après les catastrophes naturelles qui ont frappé l’île ces derniers temps.


Mme Vyas a poursuivi en affirmant que les liens économiques et commerciaux entre Cuba et les États-Unis, deux proches géographiquement, semblaient évidents.  Elle a notamment relevé que les États-Unis étaient le plus important exportateur de produits agricoles vers Cuba, et que ce commerce ne pourrait qu’augmenter une fois le blocus levé.  La représentante s’est ensuite dite encouragée par l’intention de la nouvelle Administration américaine de réduire les restrictions sur les voyages et les envois de fonds des Cubains-Américains et sur les services de télécommunication.  En conclusion, Mme Vyas a réaffirmé l’opposition de l’Inde à l’application de mesures unilatérales qui entravent la souveraineté d’un autre État.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a estimé que l’embargo contre Cuba avait coûté des pertes de plusieurs milliards de dollars à l’économie cubaine et infligé des épreuves au peuple cubain, particulièrement, a-t-il précisé, aux femmes et aux enfants, rendant extrêmement difficile, a-t-il poursuivi, le rétablissement du pays après les catastrophes naturelles et la mise en œuvre des objectifs de développement.  En conclusion et reprenant les propos du Président américain selon lesquels « la démocratie ne peut être imposée de l’extérieur », le représentant a rejoint la majorité des États Membres, en demandant la levée des sanctions pour atténuer les tensions et créer un climat propice à la normalisation des relations entre les deux pays, dans l’intérêt de la paix, de la stabilité et du développement de la région tout entière.  


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a estimé que la mise en œuvre des OMD serait un domaine de coopération dans lequel les deux parties auraient tout à gagner.  La crise économique, les changements climatiques et les crises énergétique et alimentaire ont eu de graves conséquences sur les efforts de Cuba pour atteindre les OMD et les États-Unis pourraient apporter une assistance cruciale au pays en levant l’embargo, a plaidé le représentant.  Ceci aiderait un pays en développement comme Cuba à poursuivre ses efforts d’élimination de la pauvreté et de la faim et amènerait la prospérité à des millions de Cubains, a-t-il assuré, regrettant que les résultats tangibles pour régler cette situation se fassent toujours attendre.  Mais, a-t-il estimé, cette année, nous avons des raisons d’être optimistes.  Des mesures sont prises et confirmées par des signes encourageants, a-t-il affirmé, en ajoutant qu’il s’agit d’une étape essentielle qui mérite l’appui de tous.  Tous ces changements créent un climat d’espoir pour un changement fondamental, a insisté le représentant.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a déclaré qu’au moment où les valeurs de dialogue, de coopération, de solidarité et d’assistance mutuelle s’imposent, le blocus apparaissait comme une exception, « un mouvement à contre-courant de l’évolution du monde ».  Ma délégation, a-t-il ajouté, exprime une fois de plus sa profonde préoccupation quant à la persistance de ce blocus, et réitère son appel à sa levée.  M. Benmehidi a également estimé que ce blocus constituait une atteinte à la souveraineté nationale d’un État Membre de l’ONU.  Le peuple cubain, « digne et courageux », ne mérite pas un tel traitement.  Qui n’a pas eu à apprécier la détermination de Cuba pour faire prévaloir les Principes de la Charte de l’ONU, ou, parmi les pays en développement, na pas eu l’occasion de bénéficier de la coopération cubaine particulièrement dans le domaine de la médecine et les services de santé, a-t-il lancé. 


Le représentant a réaffirmé le soutien de son pays aux positions adoptées par le dernier Sommet du Mouvement des pays non alignés et par le deuxième Sommet du Sud, ainsi qu’à toutes les déclarations qui ont rejeté les mesures économiques coercitives et les lois à caractère extraterritorial imposés aux pays en développement.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que le fait que 185 États aient voté pour la fin de l’embargo l’année dernière, montre bien que le moment de le lever est arrivé.  Reconnaissant à tout État le droit souverain d’adopter des lois nationales, il a cependant souligné que lorsque ces lois ont une portée extraterritoriale, elles ont un impact réel sur la raison d’être de l’ONU.  Pendant cet embargo, a rappelé le représentant, Cuba n’a cessé de tendre une main amicale et solidaire aux autres peuples du monde.  Le représentant a insisté sur le rôle joué par Cuba dans l’histoire de la libération de l’Afrique du Sud.  Indiquant qu’au mois de novembre prochain, Cuba sera l’hôte de la sixième session de la Commission bilatérale avec l’Afrique du Sud, le représentant a souligné que le blocus est un obstacle au développement économique et social du pays.  Si nous accueillons avec satisfaction le rapprochement positif initié par l’actuelle Administration américaine et l’encourageons dans cette voie, a conclu le représentant, nous appelons les États-Unis à revenir sur leur décision unilatérale d’isoler Cuba.  Nous encourageons les États-Unis à engager un dialogue substantiel avec Cuba pour accélérer le démantèlement de ces sanctions injustes, a encore dit le représentant.


M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) s’est, à son tour, dit convaincu que le maintien de l’embargo est une violation du droit international.  Il a estimé que la résolution que l’Assemblée adopte tous les ans pour la levée de l’embargo démontre clairement le conflit entre le blocus et les principes régissant les relations internationales.  La levée de l’embargo est donc la meilleure voie à suivre, a-t-il dit.  Au cinquantième anniversaire de cet embargo, la communauté internationale devrait envoyer le message fort selon lequel elle se préoccupe du sort du peuple cubain et qu’ensemble, les Nations Unies travaillent à la levée des sanctions.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a affirmé que les coûts de l’embargo sont gigantesques pour l’économie cubaine et qu’ils représentent le double du montant du Plan Marshall.  Cet embargo, a-t-il dit, affecte aussi le peuple du Venezuela.  Le Gouvernement américain, s’est-il expliqué, vient de refuser d’autoriser une multinationale à procéder à une transaction commerciale, menée avec l’appui de Cuba, et qui impliquait la vente de défibrillateurs au Venezuela.  Notant les attentes suscitées par le Président américain, il a estimé qu’à partir du moment où les lois et autres arrangements administratifs sous-tendant les sanctions sont toujours en place, rien n’indique que le blocus contre Cuba sera suspendu.  Le Vice-Président américain, a poursuivi le représentant, a, sans être démenti, prévenu que les États-Unis maintiendront leurs sanctions comme moyen de pression.  Interpelant le prix Nobel de la paix qu’est Barack Obama, le représentant lui a rappelé que pour répondre aux espoirs du monde, il devrait être attentif à l’appel de l’Assemblée générale pour la levée du blocus, qui est une question symbolique. 


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a estimé que l’embargo qui a été imposé sous le prétexte « d’accélérer la transition démocratique » à Cuba visait à renverser le système social que le Gouvernement et le peuple cubains s’étaient choisi.  Il s’agit là d’une grave violation des principes de respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, tels que définis dans la Charte des Nations Unies et par le droit international, a-t-il accusé, estimant que l’embargo est une guerre économique silencieuse et un acte inhumain et illégal qui n’a aucune justification en termes politique, juridique et moral. 


Les informations d’une certaine presse font état de changements probables dans la politique des États-Unis vis-à-vis de Cuba depuis l’arrivée au pouvoir de l’Administration Obama mais, a prévenu le représentant, dans les faits, il n’y eu aucun changement dans la politique américaine de se servir de l’embargo pour faire pression sur Cuba.  Les États-Unis, a-t-il suggéré, devraient prendre des mesures substantielles, débarrassées de la mentalité obsolète de la guerre froide, conformément aux attentes des peuples du monde.  La RPDC continue de s’opposer à toutes les formes d’ingérence ou de menaces contre des États souverains, a-t-il souligné, appelant à une levée immédiate de l’embargo et à l’octroi d’indemnisations pour les pertes économiques qui lui sont imputables.


Mme SUSAN WAFFA-OGOO (Gambie) a relevé que les femmes et les enfants de Cuba subissaient de plein fouet les conséquences de l’embargo imposé par les États-Unis.  Ma délégation, a-t-elle ajouté, se joint à la majorité écrasante et réclame la levée de cet embargo.  La représentante a également rappelé que l’Assemblée générale rejetait ce blocus depuis des années.  De plus, pratiquement tous les secteurs de la société cubaine en subissaient les conséquences.  Le maintien de l’embargo ne sert à rien d’autre qu’à punir le peuple cubain en raison de ses convictions politiques, a estimé la représentante.


Relevant les propos du Président américain, Barack Obama, elle a engagé les États-Unis à adhérer à une nouvelle période d’engagement et à ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec Cuba, à commencer par le démantèlement du régime des sanctions extraterritoriales  Nous espérons que cette année la résolution inaugurera une nouvelle époque de respect mutuel, a-t-elle conclu.


M. MIKHAIL Y. SAVOSTIANOV (Fédération de Russie) a rappelé que son pays condamnait avec détermination le blocus américain contre Cuba.  La levée de l’embargo et la normalisation des relations entre les deux pays permettront la réintégration de Cuba dans les instances régionales et continentales, a-t-il souligné, qualifiant l’embargo de « contre-productif » de la part des États-Unis.  C’est un anachronisme qui ne correspond pas aux réalités du monde actuel, a-t-il insisté.  Saluant la levée de certaines restrictions sur les visites des Cubains-Américains à Cuba et le transfert d’argent, il a espéré que cela ouvrira la voie à une levée totale du blocus.  Tant que cela ne sera pas le cas, la Fédération de Russie continuera d’appuyer les résolutions sur la question, a averti le représentant.


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a fait part de sa préoccupation que des mesures coercitives continuent d’être imposées malgré les nombreux appels et résolutions de l’Assemblée générale.  Il est utile de se rappeler le paragraphe 102 du Plan d’action de Johannesburg sur le développement durable qui exhorte les pays à éviter les mesures unilatérales empêchant le développement économique et social des populations ou créant des obstacles pour la pleine jouissance des droits de l’homme, notamment en matière de santé et d’alimentation, a-t-il dit.  L’embargo contre Cuba va à l’encontre des principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il aussi insisté, et constitue une violation patente des principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Le représentant a également épinglé les conséquences graves sur les conditions de vie ainsi que sur la capacité de Cuba à éradiquer la pauvreté et la faim, et à réaliser l’ensemble des OMD. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé que la nécessité de mettre fin au blocus commercial et financier contre Cuba est un thème qui préoccupait l’Assemblée générale depuis presque 50 ans, estimant qu’il existait aujourd’hui des raisons d’être optimiste.  Le premier mouvement concret a été la pleine intégration de Cuba au sein du Groupe de Rio, a-t-elle dit, suivie au mois de juin dernier de la décision de mettre fin à l’exclusion de Cuba de l’Organisation des États américains (OEA).  Ces avancées nous rapprochent un petit peu plus des idéaux de la Charte des Nations Unies, fondés sur les principes de solidarité et de bon voisinage, a-t-elle estimé.


Nous suivons donc avec un très grand intérêt et saluons les décisions prises dans le but de réduire les restrictions de mouvement des personnes ayant de la famille ou des amis à Cuba, a poursuivi la représentante, ainsi que le dialogue bilatéral entre les États-Unis et le Gouvernement cubain sur les migrations, et l’installation des entreprises de télécommunications à Cuba.  Malgré ces progrès récents ou justement en raison de ces progrès, l’embargo est plus irraisonnable et plus anachronique que jamais, a-t-elle enfin dit.


M. BRUNO RODRÍGUEZ PARILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a affirmé que depuis l’élection de Barak Obama, le blocus économique, commercial et financier « n’a fait l’objet d’aucune modification.  Il demeure intact ».  Ces interdictions, inhumaines et d’une autre époque, a-t-il ajouté, ne s’appliquent pas seulement à Cuba, mais également aux pays que vous représentez, a insisté le Ministre cubain.  Les autorités des États-Unis, a-t-il poursuivi, mentent lorsqu’ils affirment que le blocus est une question bilatérale.  Durant la dernière période, les mesures du blocus ont été appliquées à au moins 50 pays, et il appartient donc à l’Assemblée générale de s’occuper de cette question, a-t-il estimé.


Le Président américain, a-t-il noté, a semblé prisonnier du passé lorsque, le 11 septembre dernier, il a prolongé d’une année supplémentaire l’application du blocus.  Aucune personne sérieuse ne peut soutenir que Cuba constitue une menace pour la sécurité nationale de l’unique puissance, a-t-il poursuivi.  Le Président Obama, a souligné le Ministre, a l’occasion historique de conduire un changement de politique envers Cuba et de lever le blocus.  Il dispose, en plus, de pouvoirs exécutifs suffisants pour, maintenant et de manière souveraine, modifier substantiellement l’application des mesures de blocus aux moyens de licences générales, de dispenses ou d’exception humanitaire ou au motif de l’intérêt national, et cela sans même que soient modifiées les lois sur lesquelles sont fondées ces restrictions, a plaidé le Ministre cubain.


Abordant la question « d’importants volumes de produits agricoles » acquis par son pays aux États-Unis, le Ministre a estimé qu’on ne peut pas qualifier de commerce des opérations qui manquent de la réciprocité la plus élémentaire en vertu de laquelle Cuba pourrait exporter ses produits aux États-Unis.  Il a poursuivi en disant que le Gouvernement des États-Unis ment « honteusement » lorsqu’il affirme que son pays est le principal fournisseur d’aide humanitaire à Cuba.  Les données qu’il utilise sont fausses, a tranché le Ministre, en dénonçant le mélange de chiffres fantaisistes et trompeurs.


Il a jugé « positives mais extrêmement limitées et insuffisantes » la suppression des « brutales » restrictions aux voyages des émigrés cubains et à l’envoi de fonds à leurs parents ainsi que la relance des négociations bilatérales en matière migratoire et le courrier postal direct.  La réalité, a-t-il dit, est que l’on n’est même pas revenu au niveau de 2004.  Les quelques vagues propositions en matière de télécommunication sont tout simplement « inapplicables », a-t-il poursuivi, avant de rappeler la disposition de son gouvernement à débattre de toutes les questions et à négocier tous les problèmes bilatéraux, sur la base du respect et de l’égalité souveraine et sans porter atteinte à l’indépendance et à l’autodétermination de Cuba.


« Nous avons dit clairement que nous ne négocierons ni nos questions internes ni notre ordre constitutionnel », a rappelé le Ministre, qui a dit attendre la réponse des États-Unis sur la proposition d’agenda pour le dialogue bilatéral que son gouvernement a présentée au mois de juillet dernier.


Explications de vote


La représentante des États-Unis a déclaré que les « paroles hostiles » prononcées par le Ministre cubain des affaires étrangères tiraient leur inspiration de la guerre froide.  Ma délégation ne réagira donc pas à une rhétorique familière.  Elle a indiqué que l’Administration américaine actuelle s’attachait à écrire un nouveau chapitre dans l’histoire entres ces deux pays et avait promulgué de nombreuses mesures allant dans ce sens, comme, notamment, la levée des restrictions sur les voyages et les envois de fonds des Cubains-Américains, ainsi que l’augmentation de l’aide humanitaire. 


Nous espérons que ces mesures démontreront que les États-Unis sont prêts à dialoguer avec Cuba.  Elle a également évoqué la reprise des discussions bilatérales sur la migration et la reprise du courrier postal direct.  La représentante a par ailleurs indiqué que les États-Unis étaient prêts à fournir une aide humanitaire à Cuba si ce pays venait à être frappé par une nouvelle catastrophe naturelle.  Elle a ensuite regretté que la résolution ne reflète pas ces évolutions positives. 


La représentante a poursuivi en affirmant que les États-Unis pouvaient adopter la conduite politique qui leur convenait dans leurs relations avec un pays tiers.  Elle a engagé Cuba à respecter la Charte de l’ONU ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Elle a affirmé que les États-Unis étaient engagés à appuyer le peuple cubain et à l’aider à définir son propre avenir.  Nous ne faisons qu’entendre les arguments du passé, ce qui ne nous aide en rien, a-t-elle ajouté.  Elle a par ailleurs estimé que l’emploi par le Ministre cubain du terme « génocide » était un abus qui n’aidait aucunement la cause cubaine. 


La représentante a ensuite expliqué que les États-Unis étaient le principal fournisseur de matériel médical, humanitaire et agricole vers Cuba, ainsi que son cinquième partenaire commercial.  Nous appelons le Gouvernement cubain à prendre les mesures qui s’imposent pour aider le peuple cubain à jouir de ses droits économique, politique et culturel, a-t-elle lancé.  Elle a réclamé la libération des centaines de prisonniers de conscience cubains, ainsi que la signature de pactes sur les libertés civiques et politiques, la liberté d’expression et les visites, à Cuba, du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et la torture.


Ne perdons pas de vue que les restrictions imposées par Cuba à ces libertés entravent son développement économique et sont la principale cause de son retard dans ce domaine, a-t-elle dit.  Parce que le contenu de la résolution ne reflète pas la situation actuelle, la délégation américaine votera contre le texte, a conclu la représentante. 


Le représentant de la République du Congo a déclaré que l’embargo imposé à Cuba ne constituait pas un procédé acceptable de règlement des différends entre États.  Il a estimé que cet embargo s’exerçait en violation flagrante des dispositions de la Charte de l’ONU et des principes du droit internationale, mais aussi au mépris du commerce et de la navigation internationale.  Le Congo, qui souhaite vivement la levée de cette mesure, n’entend pas s’y associer de quelque manière que ce soit et votera en faveur du projet de résolution.  Le représentant a conclu en prenant note des signes encourageants observés récemment et qui donnent les raisons d’espérer qu’un règlement de la question est possible.


La représentante du Nicaragua a estimé que le blocus imposé par les États-Unis était l’expression la plus claire d’une politique cruelle et inhumaine sans légalité et légitimité aucunes et qui vise délibérément à provoquer la faim, les maladies et le désespoir parmi la population cubaine.  Cette politique doit cesser maintenant, s’est emportée la représentante.  Les États-Unis ne peuvent continuer d’ignorer les résolutions de l’Assemblée générale.  Il est temps que les États-Unis renoncent à leur politique impérialiste et résolvent les différends de manière « civilisée » par le dialogue et la négociation.  Dans le cas de Cuba, le dialogue devrait se passer sans condition préalable et sur un pied d’égalité pour les deux parties. 


Pourquoi les États-Unis poursuivraient-ils leur politique criminelle alors qu’ils savent très bien que les Cubains ne cèderont jamais? s’est interrogée la représentante.  Ma délégation, a-t-elle dit, encourage les États-Unis à suivre l’exemple de Cuba et à concentrer leur énergie et leurs ressources sur la coopération au développement de la région.  La représentante a ensuite indiqué qu’en suivant l’exemple cubain, le Nicaragua et la Bolivie avaient réussi à éliminer l’analphabétisme.  Le Nicaragua réitère son appui inconditionnel au peuple héroïque de Cuba dans sa lutte « titanesque » contre les agressions constantes de l’empire, a conclu la représentante. 


Le représentant de la Suède a, au nom de l’Union européenne (UE), réitéré sa conviction que la politique commerciale des États-Unis envers Cuba est une question « fondamentalement » bilatérale.  Toutefois, a-t-il tempéré, des lois comme celles de 1992 et 1996, ont étendu les effets de l’embargo à des pays tiers, mesures extraterritoriales auxquelles l’Union européenne s’est toujours opposée.  Le représentant s’est félicité des dernières décisions américaines sur les voyages et les envois de fonds, tout en soulignant que l’Union européenne ne peut accepter des mesures unilatérales qui entravent ses relations économiques et commerciales avec Cuba. 


Réaffirmant la validité de sa Position commune, l’Union européenne, a dit le représentant, a décidé en juin 2008 de lever les mesures politiques imposées à Cuba en 2003.  Le dialogue avec Cuba a repris sans condition et sur la base de la réciprocité et de la non-discrimination, a souligné le représentant.  Cuba, a-t-il rappelé, n’a pas encore ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et celui sur les droits économiques, sociaux et culturels.  Cuba continue de nier à ses citoyens des droits internationalement reconnus, a-t-il poursuivi, avant de réitérer la préoccupation de l’Union européenne sur la poursuite des violations des droits de l’homme « même si le nombre des prisonniers politiques a baissé ».  Le représentant a donc demandé la libération de tous les prisonniers politiques, et la garantie de la liberté d’expression et d’accès à l’information, avant d’ajouter que la politique économique de Cuba empêche aussi le développement de l’île.


Il a conclu en se disant convaincu que la levée du blocus ouvrirait l’économie cubaine, avant de réaffirmer son opposition à toute mesure unilatérale, contraire aux règles communément acceptées du commerce international.  En ce sens, a conclu M. Lidén, l’Union européenne a voté unanimement en faveur du projet de résolution.


Le représentant de l’Uruguay, qui intervenait au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a expliqué que la position de sa délégation devait être considérée comme une défense du multilatéralisme, du principe de non-ingérence et de la résolution pacifique des différends.  Les États membres et associés du MERCOSUR rejettent par principe toutes mesures unilatérales et extraterritoriales et condamnent l’application de mesures unilatérales coercitives qui entravent le libre-échange, provoquent des dommages irréversibles au bien-être des personnes et compromettent le processus d’intégration régionale. 


La représentante de la République démocratique populaire lao a estimé que la poursuite de l’imposition du blocus économique, commercial et financier sur Cuba par les États-Unis est une violation des principes de l’égalité des États, de la non-intervention et de la non-ingérence dans les affaires d’un autre État, ainsi qu’une atteinte à la souveraineté du peuple cubain et de son droit au développement.  Sa prolongation ne fera que susciter davantage de tensions dans le contexte des relations bilatérales entre les deux pays et entraîner de nouvelles souffrances et difficultés pour le peuple cubain, a-t-elle assuré.


Le représentant de la Bolivie a estimé qu’il était nécessaire de mettre fin au blocus économique, commercial et financier contre Cuba, qui n’a aucun sens au XXIe siècle.  Il n’a aucune légitimité et a des conséquences négatives pour la population cubaine et pour le développement économique et social du pays, comme le souligne le rapport du Secrétaire général sur la question, a-t-il rappelé, dénonçant une violation flagrante des droits de l’homme.  Il est temps de changer cette situation et d’exiger un changement d’attitude contraire à la Charte des Nations Unies et incompatible avec elle, a-t-il aussi déclaré, réaffirmant que des pressions externes ou des politiques irrégulières comme celles que subit le Gouvernement et le peuple cubains ne peuvent ni ne doivent exister. 


L’intégration de Cuba à l’Organisation des États américains (OEA) est un pas important et un exemple tangible d’une volonté de changements.  Le représentant a appelé Barack Obama, Président des États-Unis, à mettre fin au blocus de manière immédiate et inconditionnelle.  Pourquoi aller à contre-courant des changements qui se sont exprimés dans de multiples fora internationaux?, a-t-il fait mine de s’interroger.


Le représentant du Ghana a estimé que le blocus a eu des conséquences négatives sur le développement de Cuba, des conséquences qui sont exacerbées dans le contexte actuel des crises économique, financière, énergétique et alimentaire.  Saluant les dernières avancées dans la politique américaine, il a appelé à la poursuite des efforts de dialogue et de coopération entre les deux pays.


Ma délégation est attristée de voir encore aujourd’hui des réminiscences de la guerre froide, a déclaré la représentante des Îles Salomon, saluant l’aide dont son pays a bénéficié de la part de Cuba en matière de santé.  Plus de 100 étudiants originaires des îles du Pacifique étudient actuellement à Cuba, a-t-elle indiqué.  Nous, Membres des Nations Unies, devons continuer à ériger des passerelles au-dessus de ce blocus, au nom de la paix, de la sécurité et du droit des Cubains au développement, a-t-elle dit, appelant à un nouveau départ entre Cuba et les États-Unis. 


Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que tous les États Membres devaient respecter la Charte de l’ONU.  L’embargo unilatéral imposé à Cuba entrave le droit international et le droit international humanitaire, et s’oppose à l’égalité souveraine des États dans leur souveraineté.  C’est un défi sans précédent au droit international, a-t-il ajouté.  Il a ensuite salué l’engagement de Cuba à poursuivre un dialogue constructif avec les États-Unis et à respecter les Principes de la Charte de l’ONU et du bon voisinage.  Ma délégation, a-t-il dit, affirme le droit de tous les peuples à choisir librement leur système politique.  Il a rappelé que le recours à des mesures économiques coercitives pour contrer la position politique d’un pays était récusé par la communauté internationale.  Ma délégation espère que tout embargo imposé à Cuba ou à d’autres pays, y compris le mien, sera levé.  Relevant qu’Israël a voté contre le projet de résolution « car ce pays ne reconnait pas le droit international », le représentant a estimé que cela rendait la situation d’autant plus difficile pour les États-Unis qui cherchent à « réintégrer la communauté internationale ».


Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a insisté sur les conséquences du blocus sur la population cubaine et son développement.  Ce sont des mesures abusives qui violent les lois internationales et qui compliquent encore davantage une situation plutôt que de la régler, a-t-il dénoncé.  Avec la volonté politique nécessaire, il est possible de changer; et les mesures récentes prises par les Américains suscitent l’optimisme, a-t-il enfin estimé.


L représentant de la Norvège a indiqué que sa délégation estimait que l’embargo imposé à Cuba était une question bilatérale.  Il a dit pouvoir appuyer l’imposition de sanctions lorsqu’elles sont décidées par l’ensemble de la communauté internationale, à travers l’ONU, mais pas des mesures unilatérales à l’encontre d’un pays tiers.  Ma délégation ne peut donc accepter que des mesures unilatérales imposées par les États-Unis déterminent les relations entre la Norvège et Cuba, a-t-il dit.  Après s’être félicité de la levée des restrictions sur les voyages et les envois de fonds, le représentant a espéré que les deux pays feront des efforts pour reprendre leurs relations bilatérales. 


Tout en saluant les progrès faits en matière des droits de l’homme à Cuba, il a engagé le Gouvernement à libérer tous les prisonniers politiques et à garantir la liberté d’expression et le libre accès à l’information.  L’isolement n’est pas la réaction appropriée à l’évolution des choses à Cuba, a ajouté le représentant, pour qui le dialogue représente la meilleure voie à suivre.


Le représentant de l’Ouganda a dénoncé un embargo « injustifié » contre Cuba qui a, en outre, des conséquences négatives sur la population du pays depuis trop longtemps.  De plus, l’Ouganda ne soutient pas les mesures unilatérales ayant des applications extraterritoriales qui ne sont pas conformes avec les Principes de la Charte des Nations Unies, le droit international et le droit international humanitaire, a-t-il déclaré.


Le représentant du Bénin a expliqué que sa délégation avait voté en faveur de la résolution car elle était en faveur du maintien des relations amicales entre les États.  Il a estimé que la situation actuelle était une situation historique à saisir pour régler à l’amiable la question du blocus imposé par les États-Unis à Cuba, et ce, du fait des mutations profondes qu’ont connues récemment ces deux peuples.  Le Bénin lance un appel pressant aux États-Unis et à Cuba pour les engager à normaliser leurs relations, a-t-il ajouté.  Il s’est ensuite félicité des mesures récemment adoptées par l’Administration du Président Obama pour faciliter les voyages et les envois de fonds, lesquelles représentent, selon lui, un pas important vers le dégel de la situation.


Le représentant du Bélarus a rappelé que près de 99% des États Membres demandaient aux États-Unis de lever l’embargo et a espéré que cette fois, le message de la communauté internationale sera entendu à Washington.  Il a appelé les États-Unis à joindre l’acte à la parole après les déclarations d’intention sur un nouveau partenariat, prononcées récemment.  Compte tenu de la crise économique actuelle, un mécanisme de sanctions unilatérales, comme cet embargo, est particulièrement malvenu, a-t-il dit.


Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a indiqué que sa délégation avait voté en faveur de la résolution, car elle était convaincue que les réalités politiques et économiques actuelles exigent que soit mis un terme à cet embargo.  Il a jugé essentiel d’assurer de plus amples contacts entre les peuples américains et cubains.


Le représentant de Cuba a d’abord émis des réserves sur les « leçons des droits de l’homme » que prétend donner l’Union européenne.  Il a ensuite demandé aux États-Unis la libération des cinq « héros » de la Révolution cubaine détenus et torturés dans les prisons américaines, a-t-il dit, après avoir lancé que les prisonniers politiques auxquels a fait allusion la représentante américaine sont, en fait, des mercenaires financés par les États-Unis.  Revenant sur l’usage du mot « génocide », il a renvoyé les pays récalcitrants à l’emploi de cette notion aux conséquences du blocus et à la définition de la Convention de Genève. 


M. ALI ABDUSSALAM TREKI, Président de l’Assemblée générale, a insisté sur le strict respect des objectifs énoncés dans la Charte de l’ONU.  « Je caresse l’espoir, a-t-il ajouté, que l’appel lancé aujourd’hui par l’Assemblée générale en adoptant cette résolution, sera entendu et mis en œuvre ».  Il a relevé un appui grandissant en faveur du dialogue et du multilatéralisme et a réclamé la clôture de l’ère des embargos et des sanctions.


LA SITUATION EN AMÉRIQUE CENTRALE: PROGRÈS ACCOMPLIS VERS LA CONSTITUTION D’UNE RÉGION DE PAIX, DE LIBERTÉ, DE DÉMOCRATIE ET DE DÉVELOPPEMENT


Rapport sur l’activité de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (A/64/370)


Le rapport indique que la Commission s’est dotée d’une structure opérationnelle, de locaux nécessaires et de services de sécurité de base et a établi des contacts avec les institutions gouvernementales partenaires.  Elle a notamment renforcé la coopération avec la justice guatémaltèque, avec la création en septembre 2008, d’un Bureau du Procureur spécial pour la Commission au sein du Bureau du Procureur général.  Dans le cadre de cette collaboration, de nombreuses enquêtes et arrestations ont été réalisées dont celle de 2 des 11 suspects identifiés dans une affaire d’incendie d’un autobus nicaraguayen ayant coûté la vie à 16 personnes.  Elle est également partie civile dans les affaires impliquant Alvaro Matus, ancien chef du Service des crimes contre la vie au Bureau du Procureur général et dans celle de l’ancien Président Alfonso Portillo.


Le rapport fait aussi état des difficultés rencontrées par la Commission, qui sont de nature à entraver ses objectifs.  Il évoque en particulier la procédure dite amparo (le fait d’invoquer l’habeas corpus et les garanties constitutionnelles), par laquelle les personnes mises en cause contestent la validité de la participation de la Commission à des enquêtes et poursuites.  Une réforme de ce système a par ailleurs été proposée aux Gouvernement et Congrès guatémaltèques par la Commission.


D’autres propositions faites par l’organe figurent aussi dans le rapport, dont la prise de mesures législatives portant sur les armes et les munitions, les immunités des personnalités publiques, la lutte contre la corruption et des mesures disciplinaires dans le secteur de la justice pénale.  Grâce à ces propositions, poursuit le rapport, le Congrès a approuvé une loi qui établit le fondement juridique pour l’institution de tribunaux spéciaux à la compétence élargie pour connaître des affaires ayant un grand retentissement.


Le rapport établit également le bilan de la lutte contre la corruption au sein du système judiciaire.  Ainsi, plus de 1 500 membres de la Police civile nationale et une dizaine de procureurs en chef et autres membres du Bureau du Procureur général ont été suspendus ou licenciés, car rendus coupables d’entraves au déroulement des enquêtes et des procédures judiciaires.


Côté financier, on y lit que « le montant total des fonds versés à la Commission depuis sa création s’élève à 19 495 560 dollars et les dépenses enregistrées en 2007 et 2008 s’établissent à 11 300 042 dollars.  Ce montant et les contributions annoncées à ce jour permettent à la Commission de disposer de 11 796 458 dollars pour 2009, soit 67,74 % du budget total de 2009 estimé à 17 414 700 dollars ».


Le rapport souligne aussi les problèmes de sécurité auxquels la Commission doit faire face, du fait de son implication dans des affaires liées au crime et à la drogue. Il souligne la nécessité de garantir la sécurité des personnels mais aussi des témoins et personnels impliqués dans des enquêtes. La sécurité, dit le rapport, représente « une source de préoccupation et constitue un défi pour le fonctionnement des institutions judiciaires du Guatemala ».


Le statut juridique de l’organe et des personnels est également abordé dans le document.  Il est relevé que, du fait de sa non-intégration au système des Nations Unies, il a été difficile de recruter des spécialistes chevronnés, y compris au sein des Nations Unies.  Les personnels ne jouissent par ailleurs pas des mêmes avantages, en particulier les personnels guatémaltèques auxquels leur Gouvernement a refusé l’octroi de l’immunité dans leurs fonctions.


En conclusion, le rapport présente les actions à mener pour l’année à venir.  Il énumère l’objectif de démantèlement des services de sécurité clandestins et l’amélioration du fonctionnement du système judiciaire.  La Commission compte aussi encourager la mise en place rapide de la loi sur la compétence pénale dans les procédures à haut risque et l’installation des tribunaux spéciaux.


Le Secrétaire général et le Gouvernement du Guatemala affirment par ailleurs examiner le moyen le plus approprié de surmonter les difficultés opérationnelles décrites dans le présent rapport qui tiennent, reconnaissent-ils, dans une large mesure, à la nature particulière de la Commission.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a, reprenant les propos de son Président, souligné que la Commission compte sur le solide soutien non seulement du Gouvernement mais aussi de toute la société civile.  Pour cette raison, a-t-il dit, nous avons renouvelé l’Accord entre le Gouvernement du Guatemala et les Nations Unies en vue de proroger le mandat de la Commission pour deux années supplémentaires.  Présentant le projet de résolution, il a indiqué que la Commission reflète « notre profonde conviction » de la nécessité de répondre, grâce à la coopération internationale, aux organisations et groupes qui opèrent en toute impunité.  Avant de conclure, le représentant a apporté son soutien au Président du Honduras, Manuel Zelaya, car a-t-il dit, la situation concerne toute notre région


M. ANDERS LIDÉN (Suède), au nom de l’Union européenne, a estimé que la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) continuait d’être une force positive pour le pays et un acteur clef de la sécurité et de la justice.  Malgré des avancées significatives dans certains secteurs, il a néanmoins fait part de sa profonde préoccupation face au degré de violence et d’impunité qui persiste au Guatemala, et a appelé à relever les défis qui continuent à se poser, notamment s’agissant de la sécurité du personnel de la Commission.  Il est important que le travail de la Commission soit institutionnalisé par l’État guatémaltèque afin de garantir sa pérennité au-delà de son mandat, a-t-il ajouté, en assurant du soutien de l’Union européenne. 


Par ailleurs, le représentant a rappelé que l’Union européenne avait restreint ses contacts avec le gouvernement de facto du Honduras et suspendu sa coopération bilatérale au développement.  Elle est prête à prendre des mesures restrictives supplémentaires, a-t-il averti, notamment à l’égard des membres du gouvernement qui bloqueraient le processus de négociation basé sur l’Accord de San Jose.  M. Lidén a exhorté toutes les parties à poursuivre ce processus de manière constructive, afin de rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays.  Il a apporté un soutien ferme aux initiatives de l’Organisation des États américains (OEA) pour résoudre pacifiquement la situation.


Mme HEIDI GRAU (Suisse) s’est félicitée de la prolongation du mandat de la CICIG pour une nouvelle période de deux ans.  Elle a estimé que dans un contexte marqué par un niveau de violence et de corruption « inquiétant », la Commission méritait le plein soutien de la communauté internationale.  La représentante a cependant estimé que plusieurs défis devaient être relevés pour lui permettre de s’acquitter de sa mission.  Des mesures de protection et de sécurité renforcée pour son personnel se révèlent cruciales.  Elle a affirmé que la Suisse serait prête à s’engager dans des discussions avec d’autres États Membres sur un renforcement des modalités existantes.  Il est essentiel, a-t-elle ajouté, de doter la Commission des moyens pertinents pour assurer son fonctionnement optimal, tout en lui garantissant la protection adéquate.


Mme Grau s’est ensuite penchée sur le besoin de ressources financières additionnelles et a indiqué que la Suisse apportait son soutien à la Commission et mettait également des experts à sa disposition.  Du point de vue de la représentante, il serait logique que la communauté internationale renforce les résultats obtenus par la Commission en adaptant son soutien dans les domaines de la justice et de la sécurité, dans le sens des recommandations de la Commission.


M. GONZALO GUTIÉRREZ REINEL (Pérou) a estimé que la CICIG témoignait de l’engagement de l’ONU et de l’État guatémaltèque à faire respecter l’état de droit, de même que de l’engagement de la communauté internationale à lutter contre l’impunité.  Il a rappelé que la Commission faisait face à certains défis opérationnels dus à son caractère sui generis.  M. Reinel a par ailleurs estimé que la Commission devait mettre en place un processus capable d’assurer le transfert de ses capacités aux institutions nationales.  Il a également souligné l’importance de maintenir le dialogue avec la société civile.


Passant ensuite à la situation au Honduras, le représentant a évoqué les importants progrès accomplis dans la région en matière de démocratisation, en qualifiant de déplorable le « terrible recul » qui s’est produit au Honduras le 28 juin dernier.  Il a estimé que le Président Zelaya devait reprendre ses fonctions et a rappelé que son retour pacifique avait été appuyé par les États membres du Groupe de Rio.  Le Pérou réitère son appel rigoureux à la protection de l’intégrité physique du Président Zelaya et de ses proches, ainsi qu’au respect de l’inviolabilité du siège diplomatique du Brésil à Tegucigalpa, a-t-il dit.  Il a indiqué que sa délégation avait été encouragée par le processus de Tegucigalpa, lequel proposait d’apporter une solution hondurienne à une crise hondurienne.  Il a ensuite regretté l’impasse grave dans laquelle se trouvent actuellement les négociations.  De son avis, le dialogue est la meilleure voie à suivre pour résoudre le différend.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a d’abord rappelé à l’Assemblée générale que le Président Zelaya et sa famille étaient depuis, le 21 septembre 2009, refugiés dans l’ambassade brésilienne au Honduras.  Il y avait été reçu et y reste, a poursuivi la représentante, en tant que chef d’État constitutionnel et dirigeant légitime du pays, a-t-elle expliqué.  Depuis ce jour, l’ambassade brésilienne a été virtuellement en état de siège.  Les mesures prises par les autorités de facto constituent des violations flagrantes et inacceptables des obligations auxquelles le Honduras a souscrit en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et les droits des personnes à l’intérieur de l’ambassade.


La représentante a rappelé que le 25 septembre, les membres du Conseil de sécurité avaient condamné les mesures d’intimidation des autorités de facto, de même que l’OEA, le 21 octobre dernier.  Il est grand temps, a lancé Mme Ribeiro Viotti, que les autorités de facto entendent les appels unanimes de la communauté internationale et honorent les obligations du droit international.  Ce comportement, a-t-elle conclu, est incompatible avec la dignité du peuple hondurien.


Concluant, elle a estimé que le retour de Manuel Zelaya était indispensable.  Les coups d’État ne sont plus acceptables dans une région qui a acquis sa maturité, a-t-elle martelé.  Les élections en elles-mêmes ne résoudront pas le problème, puisque leur légitimité serait gravement compromise.  À l’heure actuelle, les conditions ne sont tout simplement pas réunies pour des élections libres, justes, transparentes et démocratiques.  Elle a dit compter sur le soutien de la communauté internationale, en particulier des pays qui ont une influence directe sur les autorités de facto.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a estimé que la CICIG avait été un acteur fondamental de la lutte contre l’impunité au Guatemala dès sa mise en place en août 2007.  Les résultats positifs qu’elle a obtenus montrent qu’il est possible de lutter efficacement contre ce fléau grâce à un mécanisme international de coopération qui restaure progressivement la confiance des citoyens dans leurs institutions.  Concernant la situation au Honduras, le représentant a estimé que le 28 juin dernier, l’ordre constitutionnel avait été rompu de manière « inacceptable » avec l’expulsion illégale de son Président, Manuel Zelaya.  Le Mexique condamne sans ambigüité cette situation et salue les efforts inlassables de l’OEA, tout comme d’autres organisations régionales, pour permettre le retour de M. Zelaya. 


Depuis le coup d’État, nous avons été témoins de nombreuses actions du gouvernement de facto qui vont à l’encontre du droit international et sont des violations des droits de l’homme du peuple hondurien, a poursuivi le représentant, appelant au respect des institutions démocratiques.  Il a également dénoncé le comportement « illégal et inhumain » de ce gouvernement vis-à-vis du Président Zelaya et de ses partisans au sein de l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa.  La communauté internationale ne doit pas tolérer ce type d’actions d’intimidation contre un personnel diplomatique, lesquelles actions sont contraires au droit international et représentent des atteintes à la sécurité et à l’intégrité physique de M. Zelaya et de ses partisans, a-t-il dit. 


M. MASUD HUSAIN (Canada) a estimé que la résolution d’aujourd’hui arrivait à un tournant décisif pour la CICIG.  Cette Commission continue à jouer un rôle central dans les efforts visant à remettre publiquement en cause des intérêts considérés comme immuables, y compris à demander plus de justice.  À cet égard, il a salué le processus de nomination à la Cour suprême du Guatemala qui, bien que controversée, a représenté un progrès en terme de transparence.  À l’heure où la Commission s’engage dans la deuxième étape de son mandat, certains enjeux demeurent, qui découlent directement de son statut, un organisme ne relevant pas des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Le Canada invite donc fortement l’ONU à accroître son aide à la CICIG, de façon à renforcer sa sécurité, sa crédibilité, ses capacités et sa stabilité.  Le représentant a soutenu les mesures visant à accorder immédiatement toutes les protections et privilèges diplomatiques à son personnel.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a salué les efforts du Guatemala et de la communauté internationale pour créer la CICIG et ainsi consolider l’état de droit dans le pays.  Il s’est également félicité de la condamnation de l’ex-commissaire militaire, Felipe Cusanero, pour son implication dans la disparition de paysans durant une guerre civile de 36 ans au Guatemala.  Malheureusement, le coup d’État au Honduras pourrait ouvrir la voie à une nouvelle vague de dictatures dans la région, a-t-il averti, dénonçant « le renversement, la séquestration et l’exil » de Manuel Zelaya, un Président « digne et démocratique ».  Les élites oligarchiques, qui cherchent à perpétuer leurs grossiers privilèges, se sont attaquées à l’ordre constitutionnel d’une nation, a-t-il accusé, estimant qu’il était impossible aujourd’hui de dire que tous les Gouvernements d’Amérique centrale ont été élus librement. 


Le Venezuela appelle donc tous les États à ne pas reconnaître d’autre gouvernement au Honduras que celui du Président Zelaya, et condamne le harcèlement contre l’ambassade du Brésil et les partisans de M. Zelaya.  Il appelle en outre au respect du droit international et de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à ne pas reconnaître le processus électoral organisé par le gouvernement de facto.  À nos yeux, il s’agit d’un nouveau modèle de coup d’État qui entend se légitimer par un processus électoral, a-t-il déclaré, saluant la décision de Ban Ki-moon de suspendre l’assistance technique et financière de l’ONU au Tribunal électoral suprême du Honduras.  Les auteurs du coup d’État doivent être traduits devant les instances nationales et internationales afin de payer pour leurs crimes, a-t-il martelé, appelant la communauté internationale à envoyer un signal clair aux putschistes du Honduras. 


M. JUAN ANTONIO YAÑEZ-BARNUEVO (Espagne) a estimé que la CICIG était un acteur positif pour le Guatemala ainsi que pour d’autres pays de la région.  Il a relevé les défis sécuritaires que connaissent ses membres et collaborateurs et a souhaité l’amélioration de cette situation afin de garantir la pleine efficacité de ses travaux.  Le représentant a indiqué que l’Espagne se tenait prête à continuer d’apporter son soutien financier et technique à la CICIG.  Passant ensuite à la situation au Honduras, le représentant a signalé que sa délégation estimait que les incidents du 28 juin dernier constituaient un coup d’État, et les avait par conséquent fermement condamnés.  Il a lancé un appel pour le retour à la constitutionalité démocratique au Honduras et s’est dit favorable à recherche d’une solution pacifique à la crise. 


De son avis, l’Accord de San Jose est un point de référence pour toute solution.  Il a déploré l’interruption du dialogue entre les parties et a estimé important de continuer d’exercer des pressions sur le gouvernement de facto.  Une solution concertée bénéficiant de l’appui international est nécessaire pour garantir la crédibilité du processus électoral, a-t-il dit.  Il a également estimé que l’accent devait être mis sur le rejet ferme par la communauté internationale des prises de pouvoir par la force, lesquelles relèvent, selon lui, d’une autre époque.


M. DIEGO LIMERES (Argentine) s’est félicité des progrès importants accomplis par la CICIG et des efforts déployés par le Gouvernement guatémaltèque.  Il a ensuite signalé que l’Argentine avait fermement condamné le coup d’État perpétré au Honduras le 28 juin dernier.  Ma délégation exige la restitution inconditionnelle du Président Zelaya dans des fonctions pour lesquelles il a été élu par le peuple hondurien.  Le représentant a également déploré le fait que malgré les nombreux efforts déployés par l’intermédiaire de l’OEA et l’ensemble de la communauté internationale, le « Gouvernement légitime » du Honduras n’avait pu être restitué. 


M. Limeres a ensuite expliqué que la Présidente Kirchner et le Président sortant de l’Assemblée générale avaient joué un rôle actif pour trouver une issue à la crise.  Il faut préserver les deux valeurs fondamentales pour notre région que sont la démocratie et le respect des droits de l’homme, a-t-il dit.  Citant ensuite les propos de la cheffe d’État argentine, le représentant a averti qu’à moins d’établir une stratégie multilatérale forte capable d’assurer le retour de la démocratie au Honduras, et d’y assurer le respect des droits de l’homme et des élections libres et démocratiques, un précédent grave serait établi dans une région qui a connu de nombreuses ruptures de démocratie.  Il a ensuite affirmé l’appui sans faille de sa délégation aux efforts régionaux.


Mme CARMEN MARIA GALLARDO (El Salvador) a souligné que la région d’Amérique centrale est dotée de forces multiples dont il faut tirer profit en faveur du développement.  Nous faisons aussi face à des défis qui nécessitent l’aide de la communauté internationale, a poursuivi la représentante, citant la pauvreté, la lutte contre les gangs, la traite des personnes, le trafic de drogues.  Nous avons une aspiration à l’intégration régionale, a-t-elle dit, annonçant que son pays avait proposé la date du 14 octobre comme date de célébration de l’intégration régionale.  C’est un jour qui doit nous permettre de réaffirmer notre engagement en la matière, a-t-elle lancé.  Cet engagement est aussi le reflet de la volonté d’El Salvador de prendre des initiatives régionales orientées vers la mise en place de l’Agenda social stratégique, a-t-elle insisté.


El Salvador est aussi attaché à l’union douanière, a-t-elle plaidé, qui est une étape pour l’intégration régionale.  Elle a présenté SICA, système d’intégration de l’Amérique centrale, en appelant à l’organisation d’un sommet des chefs d’État pour faire le point et donner de la crédibilité à cette intégration.  Commentant les situations au Guatemala et au Honduras, elle a d’abord invité le Gouvernement guatémaltèque à apporter tout son appui à la CICIG afin de garantir la viabilité d’institutions fortes.  S’agissant du Honduras, la représentante a réaffirmé la position d’El Salvador qui est de condamner le coup d’État, d’appeler au rétablissement sans condition du Président Manuel Zelaya, de demander au régime de facto de respecter l’intégrité physique du Président et de respecter l’inviolabilité de l’ambassade du Brésil et des personnes qui s’y trouvent, a-t-elle conclu.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a indiqué que sa délégation appuyait la CICIG et a estimé que la prorogation de son mandat permettrait de mettre en œuvre des mesures vitales pour garantir la justice au Guatemala.  Indiquant ensuite que l’Amérique latine avait été une véritable vitrine « d’horreurs dictatoriales », le représentant du Costa Rica a signalé que pour la région, le chemin vers la démocratie n’avait pas été sans douleur et avait été souvent baigné de sang.  Il a ensuite condamné l’interruption du processus démocratique au Honduras et a demandé le retour au pouvoir du Président Zelaya.  Après avoir rappelé que le Président du Costa Rica jouait un rôle important de médiateur pour résoudre la crise au Honduras, le représentant a estimé que l’esprit de l’Accord de San Jose demeurait une référence pour la communauté internationale et représentait le point de départ d’une réconciliation nationale et du retour du Gouvernement Zelaya.


M. Urbina a ensuite réitéré la condamnation par son gouvernement du siège de l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa.  Nous sommes solidaires du Gouvernement du Brésil et notre soutien est absolu, a-t-il dit.  Il a exhorté le Gouvernement constitutionnel et les autorités de facto du Honduras à reprendre le dialogue dans un esprit constructif et de redonner au peuple hondurien l’espoir d’un avenir meilleur à l’abri du militarisme.


M. JORGE ARTURO REINA (Honduras) a souligné que les initiatives pour arriver à une solution politique au conflit interne dans son pays bénéficiaient de la collaboration « courageuse » du Président du Costa Rica et de l’OEA.  Le dialogue engagé depuis le retour du Président Zelaya au Honduras, réfugié à l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa, connaît une nouvelle étape grâce à l’intervention de hauts fonctionnaires du Département d’État des États-Unis, qui sont en ce moment dans la capitale hondurienne pour venir à bout des obstacles à un accord de consensus, a-t-il rappelé, avant de présenter les profonds remerciements de son pays au Costa Rica et au Brésil, en particulier.


Nous espérons que dans les prochains jours, nous aurons avancé de manière positive vers le retour des institutions constitutionnelles et de la démocratie dans notre pays, a poursuivi le représentant, prévenant que le Honduras se réserve néanmoins le droit d’introduire un projet de résolution devant l’Assemblée générale, si les efforts poursuivis actuellement ne portent pas leurs fruits et si les élections sont manipulées afin de légitimer le coup d’État.  L’objectif est d’aboutir à un processus électoral qui puisse bénéficier de la légitimité et de l’approbation de la communauté internationale, a-t-il expliqué.


M. ALEJANDRO D. WOLFF(États-Unis) a estimé que le règlement de la situation au Honduras doit passer par le dialogue et par une solution pacifique, pour le bien du peuple du Honduras.  C’est pour cette raison que des représentants des États-Unis se trouvent aujourd’hui au Honduras pour renforcer la capacité du peuple du Honduras à résoudre cette crise par la voie pacifique.  Toutes les parties, a-t-il poursuivi, sont tombées d’accord sur les points de l’Accord de San Jose, excepté a-t-il précisé, sur le rétablissement du Président Zelaya.  Le peuple du Honduras aspire à une démocratie fonctionnelle et à l’organisation d’élections libres, a-t-il poursuivi.  Nous devrions continuer à trouver une solution avant les élections prévues pour novembre, a-suggéré le représentant.


Abordant la question de l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa, le représentant américain s’est dit attentif à ce qu’y passe.  Nous apportons notre aide au Brésil et nous appelons les autorités de facto à respecter la Convention de Genève, a-t-il lancé avec insistance.  Concluant, il a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de l’OEA en vue d’un règlement pacifique de la situation au Honduras. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les pays contributeurs de troupes appellent à une véritable « coopération triangulaire » entre eux, le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU

CPSD/437

Quatrième Commission: les pays contributeurs de troupes appellent à une véritable « coopération triangulaire » entre eux, le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU

27/10/2009
Assemblée généraleCPSD/437
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

Soixante-quatrième session

17eséance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: LES PAYS CONTRIBUTEURS DE TROUPES APPELLENT À UNE VÉRITABLE « COOPÉRATION TRIANGULAIRE » ENTRE EUX, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ET LE SECRÉTARIAT DE L’ONU


Les pays contributeurs de troupes ont fait entendre leur voix ce mardi matin lors de la poursuite du débat général sur les opérations de maintien de la paix, entamé lundi par la Quatrième Commission (Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation).  À l’instar des Philippines, elles ont toutes rappelé qu’elles souhaitaient être impliquées au maximum dans toutes les étapes des opérations de maintien de la paix, de leur conception à leur retrait.


La délégation de l’Ukraine a regretté que les pays contributeurs de troupes demeurent « le chaînon manquant ou plutôt l’angle absent d’un triangle » virtuel dont les deux autres sommets sont constitués par le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies.  Car, comme l’a souligné le Kenya, il est essentiel, pour assurer la réussite des missions, de « renforcer la coopération triangulaire entre les preneurs de décisions, ceux qui les planifient et les gèrent et ceux qui les mettent en œuvre ».


Si la plupart des délégations ont continué d’apporter leur appui au « Nouvel Horizon », document de travail sur la réforme des opérations de maintien de la paix dont elles sont saisies, elles ont souligné que celui-ci n’était pas une fin en soi mais bien le point de départ d’une réflexion et d’un débat de fond.  La majorité des États Membres qui se sont exprimés depuis lundi se sont dit d’avis que le Comité des 34, chargé de l’examen de toute la question du maintien de la paix, est l’instance appropriée pour ce faire.


Le document de travail dont le titre complet est « Un nouveau partenariat: définir un nouvel horizon pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies », a été présenté vendredi à la Commission par le Département des opérations de maintien de la paix et par le Département de l’appui aux missions.  Il avait déjà fait l’objet d’un débat public du Conseil de sécurité en juin dernier.


Sur le fond, la délégation du Canada, qui s’exprimait aussi au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a rappelé que trois questions fondamentales ne faisaient pas consensus entre les États Membres, à savoir le concept d’opération robuste, la problématique de la protection des civils et les processus de consolidation de la paix. 


À l’issue de ce débat, les délégations de la Fédération de Russie et de la Géorgie ont exercé leur droit de réponse.  Auparavant, les délégations suivantes avaient participé au débat: Canada au nom du CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), Brésil, Philippines, Égypte, Sri Lanka, Viet Nam, Ukraine, Chine, République islamique d’Iran, Indonésie, Géorgie, Tunisie, Fédération de Russie, Uruguay, Kenya et Pakistan.


La Quatrième Commission se réunira demain matin, à 10 heures, pour achever son débat général sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.


ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (A/64/359-S/2009/470 ET A/64/494)


Débat général


M. CHRISTOPHER SIMONDS (Canada), au nom de son pays, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a souligné que la « nature en constante évolution des opérations de maintien de la paix » continuait de mettre à l’épreuve les forces déployées.  « De plus en plus, les conflits se caractérisent par des enjeux pluridimensionnels et par des menaces asymétriques ».  Après avoir rappelé les attaques récentes contre des Casques bleus, le colonel Simonds a souligné que « ces incidents illustraient clairement le contexte dangereux et imprévisible dans lequel les soldats, les policiers et les civils devaient œuvrer tous les jours ».  En revanche, a-t-il observé, « nous constatons une amélioration importante de la capacité de planifier et de gérer des opérations de maintien de la paix. 


Nos délégations soulignent la nécessité de poursuivre sur cette lancée.  Elles se félicitent par conséquent de la publication du document de réflexion intitulé « Un nouveau partenariat: définir un nouvel horizon pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ».  Les principes sous-jacents et les recommandations de ce document « doivent faire l’objet d’un débat élargi et approfondi entre les États Membres », a-t-il souligné.


Afin d’établir les conditions de base nécessaires à la réussite d’une opération de maintien de la paix, nous devons tendre à une conception commune de sa raison d’être.  Cela implique une compréhension des buts et objectifs d’une mission émanant d’un consensus impliquant toutes les parties, a-t-il ajouté.  Cela implique par conséquent le renforcement des partenariats entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les États Membres, et entre les institutions onusiennes et les organisations régionales.  Les trois délégations exhortent le Conseil de sécurité et le Secrétariat à continuer de mettre à contribution les mécanismes de consultation par un dialogue continu.


Le colonel Simonds a rappelé que trois questions fondamentales ne faisaient pas consensus, comme l’a souligné le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix lors de la présentation du document de travail devant le Conseil de sécurité.  Il a cité un maintien de la paix robuste, la protection des civils et la consolidation de la paix.  « Les attaques récentes contre des soldats de la paix nous rappellent, tristement mais avec acuité, la nécessité urgente de dégager un consensus à cet égard », a-t-il affirmé.  Après avoir relevé par ailleurs l’importance grandissante du rôle de la police dans les missions, il a exhorté le Secrétariat à poursuivre ses efforts pour renforcer les opérations de police.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a estimé que si le Conseil de sécurité est l’organe le plus visible dans le maintien de la paix, l’Assemblée joue toutefois un rôle vital dans la création et la gestion des opérations.  Pour des millions de personnes, le maintien de la paix est l’une des facettes les plus concrètes de l’effort des Nations Unies, a-t-elle souligné.  Elle a expliqué que l’action coordonnée entre le Conseil de sécurité, la Commission des questions administratives et budgétaires et le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34), est essentielle pour garantir le bon fonctionnement des missions.  Cela est important notamment lorsque nous entamons un examen global du maintien de la paix, a-t-elle mis en avant.  Elle a expliqué que les nouvelles exigences et attentes vis-à-vis des missions de maintien de la paix exigent une réflexion approfondie sur la façon dont l’ONU doit décider de déployer des Casques bleus.  La représentante a, à cet égard, mis l’accent sur le document « Nouvel Horizon », en appelant à une réflexion sur le lien entre maintien et consolidation de la paix.


M. ELMER G. CATO (Philippines) a rendu hommage aux Casques bleus tombés dans l’exercice de leurs fonctions, rappelant que le Comité des 34 avait souligné la responsabilité des Nations Unies de faire en sorte que le personnel médical affecté aux missions soit qualifié.  Des décès sont en effet survenus à la suite de négligences ou d’incompétences, a-t-il dit, après avoir mentionné le cas d’un soldat philippin mort du paludisme.  Les Philippines, a-t-il poursuivi, sont encouragées par les réformes entreprises ou envisagées afin de mieux répondre aux exigences de l’heure en matière de maintien de la paix.  Elles sont favorables à l’institutionnalisation des mécanismes de consultation entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, en particulier.  En tant que pays contributeur, les Philippines souhaitent être « impliquées autant que faire se peut » à toutes les étapes des opérations de maintien de la paix.  Il a rappelé l’appel lancé par son pays pour que d’autres États Membres partagent le fardeau supporté actuellement par des pays en développement aux capacités limitées qui, pourtant, fournissent les contingents.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a rappelé qu’à l’aune du dixième anniversaire du rapport Brahimi, le fossé entre le mandat des missions de maintien de la paix, leurs actions sur le terrain et les ressources dont elles disposent restent à combler.  Les pays qui accueillent les missions dépendent de plus en plus de celles-ci pour renforcer la capacité nationale dans le domaine de la défense et de la sécurité, a souligné le représentant.  Si un certain nombre d’initiatives ont été prises pour améliorer les opérations de maintien de la paix, un débat sur le nouveau document « Nouvel Horizon » est essentiel pour renforcer les missions, a-t-il expliqué. 


M. Abdelaziz a formulé quelques idées pour revitaliser les opérations.  Tout d’abord, il a rappelé que le maintien de la paix est un outil tout comme la diplomatie préventive, les systèmes d’alerte ou la consolidation de la paix.  Le mandat des opérations doit être clair, notamment lorsqu’il s’agit de la protection des civils.  Ensuite, a-t-il poursuivi, il faut définir une stratégie de sortie, parallèlement à un processus politique.  Il a rappelé que le maintien de la paix est une partie de la solution politique mais qu’il ne doit pas s’y substituer. 


Le représentant a appelé à la poursuite de cette réflexion, en prenant en compte le fait que le partenariat entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents est essentiel.  Il a défendu l’idée d’élargir la base des pays fournisseurs de contingents et de renforcer la coopération avec les organisations régionales et leur capacité à développer leur propre système de règlement pacifique des conflits. 


M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a souligné que les opérations de maintien de la paix constituaient un exemple évident de la manière dont le multilatéralisme pouvait se révéler fructueux.  « Le consentement des parties -particulièrement des gouvernements élus-, l’impartialité et la neutralité continuent d’être des règles de base y compris dans le contexte du maintien de la paix multidimensionnel et robuste », a-t-il souligné.  Par ailleurs, en améliorant les règles d’engagement entre les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité, il est possible d’opérer un changement positif dans l’approche du maintien de la paix, a-t-il aussi souligné.


Le représentant du Sri Lanka a estimé nécessaire une auto-évaluation des initiatives passées, avant de se féliciter, en conséquence, du débat sur le « Nouvel Horizon ».  Après avoir rappelé la contribution de son pays, notamment en Haïti, M. Kohona a évoqué brièvement les domaines où des améliorations étaient nécessaires.  Il a souhaité une meilleure coordination entre les décideurs au Siège et les responsables sur le terrain, particulièrement dans les situations d’urgence.  Il a aussi souhaité une meilleure diffusion de l’information s’agissant des contributions positives des Casques bleus dans les régions qui les accueillent.  Il a souligné que le site Web des opérations de maintien de la paix de l’ONU constituerait un portail adéquat, à cet égard.


Avec quelque 117 000 militaires et civils engagés dans 17 opérations dans le monde, M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a rappelé l’ampleur, la complexité et le niveau de risques des opérations de maintien de la paix.  Les missions doivent aujourd’hui aller au-delà des mandats qui leur sont confiés, a-t-il déploré, la demande croissante ayant dépassé les capacités des Nations Unies.  Le représentant a rappelé que les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de la Charte des Nations Unies, tels que le consentement des parties concernées, l’impartialité ou encore la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. 


Le représentant a poursuivi son propos en mettant l’accent sur le « Nouvel Horizon ».  Près de 10 ans après le rapport Brahimi, ce document constitue une base pour poursuivre les discussions, a-t-il estimé, en jugeant que ces discussions doivent s’attacher à la cohésion des politiques, des stratégies et des objectifs.  Pour que les missions réussissent, elles doivent être dotées de mandats clairs et réalisables et disposer des ressources adéquates, a insisté le représentant.  Enfin, il a conclu son propos en condamnant les attaques ciblées et les actes de violence contre les Casques bleus.


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) s’est félicité des recommandations formulées dans le « Nouvel Horizon », tout en notant qu’il y avait souvent loin de la coupe aux lèvres.  « Il y a toujours un long chemin entre l’élaboration des idées et leur mise en œuvre, particulièrement ici, aux Nations Unies », a-t-il dit.  L’Ukraine se félicite et adhère totalement à la philosophie sous-jacente du « Nouvel Horizon ».  Mais, bien qu’aux côtés de nombreux autres États Membres elle ait plaidé depuis longtemps pour l’établissement d’un plus grand niveau de coopération entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat, elle constate, à son grand regret, que lesdits pays contributeurs demeurent « le chaînon manquant ou plutôt l’angle absent de ce triangle » virtuel.  La délégation ukrainienne espère par conséquent que le processus entamé par le « Nouvel Horizon » contribuera à redresser la situation.


M. Kyslytsya a ensuite évoqué les problèmes de sécurité, rappelant qu’en mars dernier son pays avait perdu un policier au Kosovo tandis qu’une vingtaine d’autres avaient été blessés.  Il convient d’assurer un niveau adéquat de sécurité et en faire une donnée centrale de toute opération de maintien de la paix, a-t-il souligné.  Il a indiqué au passage une lacune dans le document de travail, à savoir la nécessité pour les pays contributeurs d’avoir de la compétence pour mener des enquêtes sur des crimes commis contre leurs ressortissants qui œuvrent sous le drapeau de l’ONU.


Face à l’ampleur et à la demande croissante des opérations de maintien de la paix, M. LIU ZHENMIN (Chine) a estimé que des changements sont nécessaires.  De nombreuses tentatives ont été entreprises, mais l’aspect multidimensionnel des missions n’a pas permis aux Nations Unies de répondre aux défis, a-t-il ajouté.  Afin de consolider les opérations de maintien de la paix, l’appui des États Membres est indispensable, a-t-il estimé, en mettant en avant quelques principes nécessaires à la réussite des missions.  Des mandats clairs et réalisables sont la condition préalable, a dit M. Liu Zhenmin, en jugeant que les Secrétaires généraux adjoints aux opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions ont identifié et présenté clairement les priorités.  Il a souhaité que des décisions rationnelles soient prises sur la base des ressources humaines et des moyens logistiques disponibles. 


Le représentant a, par ailleurs, mis en avant les recommandations du document « Nouvel Horizon » sur la stratégie de sortie des opérations de maintien de la paix.  Ce point aidera le Secrétariat à gérer et à fixer les objectifs et le développement des opérations en fonction de leurs capacités, a-t-il dit.  Renforcer la formation des Casques bleus est une priorité, a-t-il aussi estimé, en appelant les pays développés qui disposent de ressources financières à contribuer aux opérations.  Les pays en développement sont les plus grands fournisseurs de contingents et consentent aux plus grands sacrifices, a noté le représentant.  Si les États Membres ont pour obligation de fournir les ressources adéquates aux opérations, le Secrétariat doit, quant à lui, évaluer et gérer au mieux les dépenses, a-t-il souhaité.  Comme l’objectif ultime est d’optimiser et d’accélérer le déploiement des missions de maintien de la paix, il faut utiliser de nouveaux outils pour accroitre cette efficacité, a-t-il suggéré, en pointant du doigt l’instrument que constituent les organisations régionales, telles que l’Union africaine (UA). 


M. AMIR HOSSEIN HOSSEINI (République islamique d’Iran) a rappelé que les Nations Unies ne devraient pas perdre de vue le fait que les opérations de maintien de la paix ne seraient pas pleinement fructueuses tant que les causes sous-jacentes des conflits ne seraient pas traitées.  Il a souligné par ailleurs qu’il convenait de mettre un terme aux actes unilatéraux décidés sans l’aval des Nations Unies et en contradiction avec le droit international et la Charte de l’ONU.  Cela signifie qu’il est grandement nécessaire de prendre des mesures nouvelles et d’adopter des démarches novatrices pour invalider de tels actes afin d’empêcher qu’ils ne se répètent dans l’avenir, a-t-il ajouté.


Le représentant de l’Iran s’est félicité des « initiatives positives » prises par le Conseil de sécurité, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions.  Il a jugé qu’un dialogue sérieux et significatif doit s’instaurer entre les États Membres -y compris le Mouvement des pays non alignés- et le Secrétariat sur le « Nouvel Horizon ».  Il a estimé que le Comité des 34 est la meilleure instance pour la tenue d’un tel dialogue.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a indiqué que les opérations de maintien de la paix ont gagné en nombre et en complexité et que les défis que doivent relever les Casques bleus sont de plus en plus importants.  Le représentant a mis l’accent sur la volonté de son pays, principal fournisseur de contingents, d’assumer ses responsabilités.  L’Indonésie, a-t-il ajouté, participe aux opérations de maintien de la paix depuis 1956, avec aujourd’hui quelque 1 770 Casques bleus déployés dans six missions de maintien de la paix, a souligné le représentant. 


Le partenariat mondial et unique que représentent les opérations de maintien de la paix doit, avant tout, se baser sur le consentement des parties, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et le non-recours à la force, a rappelé M. Kleib.  Selon lui, la priorité doit être de définir des mandats clairs et réalistes, car la situation sur le terrain et la situation des civils sont en jeu.  Il faut, a demandé le représentant, que le Conseil de sécurité prenne des mesures appropriées et que des orientations réalistes et pragmatiques soient données en matière de protection des civils.  M. Kleib a jugé essentiel la formation des Casques bleus.  Il est indispensable de disposer d’une capacité civile qui puisse déployer ses compétences rapidement, a-t-il dit. 


Par ailleurs, le représentant a appuyé une plus grande collaboration des Nations Unies avec les organisations régionales.  Ces dernières sont un atout et contribuent d’une manière importante aux opérations de maintien de la paix, telle que l’Union africaine en Somalie, a mis en avant le représentant.  Il s’est saisi de cette occasion pour indiquer que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), en tant qu’organisation régionale, est un partenaire essentiel.  Il a conclu son propos en indiquant que les soldats de la paix ne peuvent réussir que s’il y a une paix à préserver, et que, sans un processus de paix suffisamment appuyé, c’est la vie des Casques bleus qui est en danger. 


M. GIORGI TEVZADZE (Géorgie) s’est félicité des exposés de M. Le Roy et de Mme Malcorra, avant d’évoquer précisément le cas de l’opération de maintien de la paix ayant eu pour cadre l’Abkhazie, en Géorgie.  Il a rappelé que deux éventualités avaient été envisagées au départ par le Conseil de sécurité, au tout début des discussions relatives à cette région, en 1994.  La première prévoyait le déploiement d’un contingent onusien, ce qui impliquait qu’aucun pays contributeur ne fournissait plus du tiers du contingent; la seconde consistait en une force militaire multinationale, non dirigée par l’ONU et consistant en des unités fournies par les États Membres intéressés dont la Fédération de Russie.  « Malheureusement, c’est la deuxième option qui a été retenue, ce que l’on doit certainement considérer comme une erreur historique », a-t-il observé.  Car cette opération, officiellement menée par la Communauté des États indépendants pendant une quinzaine d’années, était en fait l’œuvre d’un seul pays voisin de la Géorgie.  Cela était dès le départ en contradiction avec l’esprit d’impartialité des opérations de maintien de la paix, selon la délégation géorgienne.


L’une des tâches principales des forces de maintien de la paix était de créer les conditions permettant le retour des personnes déplacées, parties à la suite du nettoyage ethnique dont l’Abkhazie avait été le théâtre.  Malheureusement, aucune d’entre elles n’a pu rentrer en l’absence de garanties en matière de sécurité et de protection.  « Il a été largement reconnu que le format de l’opération de maintien de la paix n’était tout simplement pas adéquat pour faciliter un véritable processus de réconciliation », a ajouté l’orateur.  Il suffit pour cela de constater que la majorité de la population abkhaze s’est vue accorder la citoyenneté du seul pays contributeur de troupes.  Cela démontre clairement que la force de maintien de la paix n’était pas une formation impartiale accomplissant les responsabilités prévues dans son mandat, mais plutôt une force œuvrant à détacher une partie du pays.  En outre, en août 2008, l’opération de maintien de la paix a servi l’objectif d’annexion, les agents de la paix devenant alors partie intégrante des forces étrangères ayant envahi la Géorgie, a expliqué le représentant géorgien.


M. Tevzadze a conclu que cette expérience douloureuse pouvait constituer un enseignement utile alors qu’une réflexion de fond est entamée sur l’avenir des opérations de maintien de la paix.  Il s’agit là « malheureusement du seul élément positif d’une mission mal conçue menée pendant 15 ans en Géorgie ».


S’exprimant au sujet du « Nouvel Horizon », M. GHAZI JOMAA (Tunisie) a indiqué qu’il était important que tous les États Membres participent aux débats.  C’est le bon fonctionnement et l’efficacité des missions qui demeurent la priorité, a-t-il rappelé.  À cet égard, l’Assemblée générale est le cadre propice pour discuter des questions relatives au maintien de la paix, a-t-il poursuivi et insisté: « il faut promouvoir le partenariat entre les États Membres, le Conseil de sécurité et le Comité des 34 ». 


La Tunisie, en tant que fournisseur de contingents, appuie les opérations de maintien de la paix, a indiqué le représentant.  À cet égard, a-t-il poursuivi, de nombreuses questions doivent être débattues et notamment la question du cadre structurel général qui régit l’organisation des missions.  Il faut, par ailleurs, garantir la transparence des opérations et modifier les mandats en fonction des circonstances, a souhaité le représentant.  Nous devons conjuguer nos efforts et harmoniser le contenu des opérations, a-t-il indiqué.  À cet effet, le représentant a rappelé que l’approbation des parties concernées lors d’une opération de maintien de la paix, le non-recours à la force et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États sont des principes de base. 


M. NITIKA ZHUKOV (Fédération de Russie) a estimé que le document de travail constituait « une bonne base » de réflexion.  Il s’agit pour le Conseil de sécurité d’élaborer des mandats clairs, a-t-il souligné, afin de maintenir non seulement la paix, mais aussi d’entreprendre la stabilisation et la réforme des sociétés concernées.  Ces opérations de maintien de la paix doivent se faire en accord avec les États concernés, en impliquant les organisations régionales, a estimé le représentant.  Il convient de se pencher sur le concept de maintien de la paix robuste, en gardant à l’esprit que l’élargissement des mandats n’est pas toujours justifié, a-t-il ajouté.  Il convient d’améliorer la concertation entre pays contributeurs, Conseil de sécurité et Secrétariat, a-t-il dit, à son tour.


S’agissant de l’interaction avec les pays contributeurs, il a espéré leur plus grande participation dans la prise de décisions, notamment sur les aspects militaires des missions.  Le plein respect du Conseil de sécurité en tant que premier responsable du maintien de la paix et de la sécurité doit être garanti, a estimé le représentant.  Une attention particulière doit être accordée à l’expertise militaire, a-t-il ajouté, rappelant que son pays était favorable à la revitalisation du Comité d’état-major des Nations Unies.  Dans le contexte de la restructuration du DOMP et du DAM, le Secrétariat dispose de toutes les capacités pour s’acquitter de toutes ces tâches. 


M. Zhukov a évoqué par ailleurs la participation russe aux opérations de maintien de la paix, soulignant en particulier l’apport des unités d’hélicoptères.  Répondant à la délégation géorgienne, il a estimé que le fait d’affirmer que l’on avait commis une « erreur historique », et que l’opération de maintien de la paix en Abkhazie était d’emblée vouée à l’échec, constituait une affirmation étrange, alors que la paix a pu être maintenue dans cette région pendant une quinzaine d’années.  Nous connaissons tous les raisons des événements survenus l’an dernier, lesquels ont été provoqués par une action militaire unilatérale qui a entraîné la mort de soldats de la paix, a-t-il conclu.


M. MARTÍN VIDAL (Uruguay) a indiqué que la complexité des missions a mis à l’épreuve l’efficacité du maintien de la paix, mais également le rôle joué par les pays fournisseurs de contingents.  Il a salué, à cet égard, la volonté du Conseil de sécurité de discuter avec les pays fournisseurs de contingents, « car il faut les associer à tout processus de prise de décisions ».  Concernant « Nouvel Horizon », le représentant a demandé qu’un débat ait lieu entre les États Membres, le Conseil de sécurité et le Comité des 34 sur ce document.  « Nouvel Horizon » ne propose pas de solutions définitives mais encourage les discussions, a-t-il noté.  Le document nous est d’ailleurs soumis avec un délai suffisamment long pour que l’on entame des discussions et que l’on parvienne à un consensus avant son examen par le Comité des 34.  « Nouveau Horizon » est, selon lui, une réalité qui va s’intensifier dans un avenir proche.  Nous devons renforcer le Comité des 34 et revitaliser la question du maintien et de la consolidation de la paix, en prenant en compte l’importante question de la protection des civils, a souhaité le représentant.


M. ZACHARY D. MUBURI MUITA (Kenya) a rappelé que son pays avait fourni des hommes et des femmes à de nombreuses missions de par le monde dont cinq actuellement en Afrique.  La relation entre pays contributeurs, Conseil de sécurité et Secrétariat est vitale pour le succès des opérations de maintien de la paix, a-t-il estimé.  Afin d’assurer la réussite des missions, il est essentiel de « renforcer la coopération triangulaire entre les preneurs de décisions, ceux qui les planifient et les gèrent et ceux qui les mettent en œuvre », a-t-il insisté.


Il s’est dit préoccupé par les questions de sécurité qui se posent aux missions.  Même si, de par sa nature, ce type d’exercice comporte des risques, « il est essentiel que tous les efforts soient faits pour assurer le bien-être du personnel ».  « La meilleure assurance contre ces risques est de faire en sorte que les missions de maintien de la paix soient déployées sur la base d’une évaluation réaliste de la situation.  Les mandats doivent être définis de manière claire et recevoir les ressources adéquates », a insisté le représentant.  Il a par ailleurs appelé à ce que le problème posé par le non-versement des indemnités aux proches de Casques bleus morts dans l’exercice de leurs fonctions soit réglé rapidement.


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a rappelé qu’au cours des quatre dernières décennies, la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix avait été la plus cohérente.  Aujourd’hui, avec 11 000 soldats de la paix, il est le plus gros contributeur de troupes, les Pakistanais représentant jusqu’à 10% de tous les Casques bleus dans le monde.  « Le maintien de la paix étant considéré comme l’activité phare des Nations Unies, les succès des Casques bleus ces dernières années ont galvanisé la confiance dans l’ONU », a-t-il affirmé.  Mais cela constitue en même temps un défi multiple en matière de planification, de déploiement et de gestion des opérations de maintien de la paix.


Depuis la présentation du rapport Brahimi en 2001, jusqu’aux propositions de réforme présentées par le Secrétaire général en 2007, les États Membres ont consacré du temps, de l’énergie et des ressources à cet objectif prioritaire, a—t-il rappelé, le document officieux « Nouvel Horizon » étant la dernière initiative de réforme en date.  Le Pakistan est d’avis qu’il est nécessaire d’accroître la synergie et d’identifier les complémentarités entre toutes les initiatives passées dans le but « d’assurer la continuité du processus de réforme ».


La délégation du Pakistan a rappelé que les missions de maintien de la paix devaient être basées sur des mandats clairs, réalistes et atteignables.  Cela suppose un haut degré de cohérence entre les preneurs de décisions au sein du Conseil de sécurité qui rédigent les mandats, et les pays contributeurs de troupes qui doivent les mettre en œuvre sur le terrain.  Cela suppose aussi naturellement que les ressources adéquates soient fournies, a-t-il rappelé.  Enfin, toute mission de maintien de la paix serait vaine en l’absence d’efforts pour résoudre les conflits et pour consolider la paix par la suite.  Le représentant du Pakistan a conclu son intervention en rappelant la priorité à accorder aux questions de sécurité, soulignant que 15 Casques bleus pakistanais avaient été tués depuis janvier 2008.


Droits de réponse


Le représentant de la Géorgie a répondu à la délégation russe en rappelant que la Commission d’établissement des faits avait démontré que l’on avait assisté à une concentration de troupes russes autour de l’Abkhazie.  Les forces russes sont entrées de manière illégale sur le territoire géorgien, a-t-il ajouté, alors que la Fédération de Russie fournissait une assistance militaire à l’Ossétie du Sud dès avant le 7 août.  Le rapport de la Commission d’établissement des faits fait également état de toutes sortes de provocations avant cette date, a insisté le représentant.


Le représentant de la Fédération de Russie a souligné que le représentant de la Géorgie avait évoqué la question de manière « très sélective ».  La Commission d’établissement des faits de l’Union européenne a montré de manière non équivoque qui était le responsable de la tragédie.  Ses conclusions montrent que le début des événements dans le Caucase était attribuable aux initiatives militaires géorgiennes qui ont fait des victimes parmi les agents de la paix russe, ainsi que dans la population ossète.  Par ailleurs, a poursuivi le représentant, l’action de la Fédération de Russie peut être justifiée par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies relatif à la légitime défense individuelle et collective.  La Commission a en revanche souligné le caractère totalement illégitime des actions de la Géorgie, a-t-il souligné.


Le représentant de la Géorgie a rétorqué qu’il était d’accord avec son collègue sur le fait qu’il suffisait de relire ce fameux rapport pour comprendre ce qui s’était passé et comment.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: l’expert indépendant sur les effets de la dette préconise une définition universellement acceptée de la « dette illégitime »

AG/SHC/3960

Troisième Commission: l’expert indépendant sur les effets de la dette préconise une définition universellement acceptée de la « dette illégitime »

27/10/2009
Assemblée généraleAG/SHC/3960
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

30e & 31e séances – matin et après-midi


TROISIÈME COMMISSION: L’EXPERT INDÉPENDANT SUR LES EFFETS DE LA DETTE PRÉCONISE UNE DÉFINITION UNIVERSELLEMENT ACCEPTÉE DE LA « DETTE ILLÉGITIME »


Le ton monte entre pays du Sud et du Nord à la reprise du débat général sur les droits de l’homme


Une définition universellement acceptable de la « dette illégitime » devrait faire valoir les principes de l’inclusion, de la transparence, de la responsabilité, de la primauté du droit, de l’égalité et de la non-discrimination, lesquels constituent des normes universellement agréées, a déclaré aujourd’hui l’expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure, M. Cephas Lumina.


M. Lumina était au nombre des trois titulaires de mandats accueillis aujourd’hui par la Troisième Commission, chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles.  Outre M. Lumina, la Commission a en effet eu des échanges de vues avec le Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation, M. Vernor Muñoz Villalobos, et le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, M. Philip Alston, lequel a été fortement critiqué par certains pays traités dans son rapport, en particulier le Kenya. 


M. Lumina a estimé que, dans les cas de dettes dont la légitimité est mise en doute, « tous les États devraient appuyer la création d’un mécanisme d’arbitrage indépendant faisant appel aux Nations Unies en tant qu’organe équitable et impartial ayant l’autorité voulue pour déterminer l’illégitimité de la dette ».  Il a affirmé en particulier que les pays créanciers et les pays débiteurs étaient responsables au même titre de la prévention et du règlement d’une dette insoutenable.  L’Expert indépendant, qui se base entre autres sur des études récentes concluant à l’inefficacité des initiatives les plus récentes d’allégement de la dette multilatérale, a appelé de ses vœux un « nouveau cadre de gouvernance économique, axé sur les droits de l’homme et la population ».  Il a estimé que les crises économique et financière actuelles offrent une « occasion unique » pour réévaluer les décisions économiques de principe au niveau international, y compris celles qui concernent la dette extérieure.


La Troisième Commission a repris son débat général sur les questions relatives à la promotion et à la protection des droits de l’homme.  Au total, elle aura jusqu’à présent dialogué, au cours de la présente session qui s’achèvera le 25 novembre, avec 39 titulaires de mandats au titre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.  Dans beaucoup de cas, les Rapporteurs spéciaux, qui sont indépendants et régis par un code de conduite stricte ont déploré que la prise en compte des droits individuels et des libertés fondamentales soit absente d’importantes négociations actuelles au niveau international, notamment en ce qui concerne les solutions à trouver aux changements climatiques et aux crises alimentaire, économique, énergétique et financière actuelles.  Tous ont aussi rappelé que les droits de l’homme formaient néanmoins un cadre clairement défini et universellement reconnu sur lequel il faudrait articuler les efforts visant à trouver une solution juste, équitable et durable aux problèmes posés par ces crises.


Le Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation, M. Vernor Muñoz Villalobos, a défendu aujourd’hui l’apprentissage permanent des droits de l’homme tout au long de la vie.  Cette perspective de continuité a aussi été recommandée par d’autres Rapporteurs spéciaux pour leurs mandats respectifs.


M. Alston a déclaré que plus de deux tiers des États auxquels il avait fait une demande de visite avaient, soit rejeté ses demandes, soit omis de répondre.  En l’absence d’une telle coopération, des cas apparents d’exécutions extrajudiciaires resteront non élucidés, a-t-il regretté.  Le Rapporteur spécial a surtout traité du Kenya et de la République démocratique du Congo (RDC).


D’autre part, le débat général a été marqué par des manifestations évidentes de différends, avec des échanges tendus entre plusieurs délégations.  C’est ainsi que la Suède, au nom de l’Union européenne, a été interrompue à plusieurs reprises ainsi que les États-Unis.  Résumant ce malaise, Cuba a affirmé que les pays du Sud étaient las de la « cupidité », de la « politique deux poids deux mesures » et de l’« hypocrisie » des pays du Nord, tant dans cette Commission qu’au Conseil des droits de l’homme.


Les États-Unis, de leur côté, ont ouvertement demandé à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions musclées contre la République islamique d’Iran, le Myanmar et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), et de rejeter toute motion d’ordre provenant de ces pays « étant donné la déplorable situation des droits de l’homme » qui y prévaut.


Le Bénin s’est érigé contre le fait que « la politique a pris le pas sur la nécessité d’assurer la pleine jouissance de tous les droits de l’homme pour tous » et ce, en dépit des nouveaux mécanismes et du remplacement de la Commission des droits de l’homme par le Conseil des droits de l’homme.  « Le moment est venu de nous regarder en face et de nous retourner vers les véritables enjeux des droits de l’homme qui sont ceux de donner à tous les hommes et toutes les femmes la possibilité de se réaliser pleinement en tant qu’individus », a-t-il observé.


La déclaration de l’Union européenne a en particulier déclenché l’ire de la RPDC, du Soudan, de la République islamique d’Iran, du Pakistan, qui ont tous exercé leur droit de réponse.  Exerçant son droit de réponse au rapport de M. Alston, le représentant de la RDC a considéré que celui-ci était « truffé de contre-vérités » et ne reflétait « en rien la situation qui prévaut actuellement sur le terrain ».


La Troisième Commission a entendu les interventions du Japon, de l’Égypte, du Bélarus, de la Norvège, du Brésil, de la Suède, au nom de l’Union européenne, de la Malaisie, également au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), des États-Unis, du Viet Nam, Singapour, de Cuba, de la République islamique d’Iran, de la Nouvelle-Zélande, des Philippines, de l’Indonésie, de Chypre et du Bénin.


La Troisième Commission reprendra ses travaux demain matin à 10 heures pour achever son débat général sur les droits de l’homme.


Promotion et protection des droits de l’homme ( A/64/81 )


Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales ( A/64/273 , A/64/289 et A/64/187 )


Droit à l’éducation ( A/64/273 )


Le Secrétaire général, dans cette note, transmet aux membres de l'Assemblée générale le rapport intermédiaire sur le droit à l’éducation soumis par le Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation, M. Vernor Muñoz, conformément à la résolution 8/4 du Conseil des droits de l’homme.


      Le Rapporteur spécial présente un résumé des activités auxquelles il a participé et assisté pendant l’exercice de son mandat, couvrant la période depuis la finalisation du dernier rapport présenté à l’Assemblée générale (A/63/292).


Le Rapporteur spécial soulève ici le problème de l’apprentissage permanent et des droits de l’homme.  L’apprentissage doit être considéré comme une expérience de toute une vie, un processus demeurant inachevé.  L’apprentissage permanent englobe l’enseignement formel, informel et non formel.  Les initiatives visant la promotion de l’apprentissage permanent aux niveaux national et international, dans les secteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, sont exposées dans le présent rapport.


Le Rapporteur spécial est d’avis que l’apprentissage permanent doit se rapprocher du contexte des droits de l’homme, étant donné qu’il est essentiel à l’évolution vers une société exempte de toute forme de préjudice, d’exclusion et de discrimination et vers la mise en place d’une culture mondiale des droits de l’homme.


Le Rapporteur spécial présente également le concept d’apprentissage des droits de l’homme et démontre son interdépendance avec l’apprentissage permanent, et évoque plusieurs concepts et initiatives concernant l’apprentissage des droits de l’homme qu’il a constatés dans la pratique.


Effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels ( A/64/289 )


Le Secrétaire général, dans cette note, transmet à l’Assemblée générale le rapport établi en application de la résolution 11/5 du Conseil des droits de l’homme par l’expert indépendant, M. Cephas Lumina, chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels.


Dans son rapport initial au Conseil des droits de l’homme (A/HRC/11/10), l’expert indépendant a fait observer que le débat concernant la responsabilité de la dette souveraine contractée dans des conditions contestables avait une longue histoire mais qu’il avait pris, depuis le Consensus de Monterrey, une place prépondérante dans les discussions concernant le règlement juste, équitable et durable du problème de la dette des pays en développement.


En particulier, le fait qu’il est admis dans le Consensus de Monterrey que les pays créanciers et les pays débiteurs sont responsables au même titre de la prévention et du règlement d’une dette insoutenable, a ouvert le débat sur la question de la coresponsabilité des créanciers à l’égard de ce qui est appelé « dette illégitime ».


Dans le présent rapport, l’expert indépendant souligne l’importance du concept de la dette illégitime pour les efforts entrepris au niveau mondial en vue de trouver une solution juste et durable à la crise de la dette.  Il fait valoir que les questions concernant les droits de l’homme doivent faire partie des efforts visant à formuler en termes précis le concept de dette illégitime.


L’expert présente d’abord les activités entreprises par l’expert indépendant depuis le dépôt de son rapport initial à l’Assemblée générale en 2008.  Puis, il passe en revue les diverses définitions de la dette illégitime présentées par les partisans de l’allégement de la dette et autres personnes et fait valoir que les principes relevant des droits de l’homme qui concernent la participation, l’inclusion, la transparence, la responsabilité, la primauté du droit, l’égalité et la non-discrimination, offrent des orientations fort utiles pour les efforts visant à formuler une définition de la dette illégitime qui soit acceptée sur le plan international.  Il est aussi déclaré que les audits nationaux des portefeuilles de la dette et de l’emprunt et l’arbitrage international constituent des outils potentiellement utiles pour aborder le problème de la dette illégitime. 


L’expert indépendant appelle brièvement l’attention sur les limites des initiatives d’allégement de la dette et demande que des efforts concertés soient entrepris d’urgence au niveau international en vue de réformer le système financier mondial.


Il offre, en conclusion, un certain nombre de recommandations au titre desquelles, notamment, tous les États sont appelés à appuyer les efforts visant à trouver une définition précise et rationnelle du concept de dette illégitime, à créer un mécanisme international d’arbitrage indépendant sur la dette et à réformer le système financier international.


Exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires (A/64/187)


Le présent rapport porte sur les exécutions imputables au vigilantisme et sur la justice populaire.  Un sondage effectué par le Rapporteur spécial révèle que des exécutions de ce type sont signalées un peu partout dans le monde, ce qui dénote l’existence d’un problème dont tous les États pourraient avoir à se préoccuper.


Le rapport analyse le phénomène sous différents angles : victimes et auteurs, conséquences sur les droits de l’homme et sur la sécurité, contexte et motifs.

Les exécutions imputables au vigilantisme constituent un problème dans nombre de pays dans lesquels le Rapporteur spécial s’est rendu, notamment le Brésil, le Nigéria, le Kenya, les Philippines, la République centrafricaine et le Guatemala.  Des recherches plus approfondies ont montré qu’il s’agissait d’un phénomène répandu dans le monde entier, qui n’était l’apanage ni de telle ou telle région ni lié à telle ou telle phase du développement socioéconomique de tel ou tel pays.


Le vigilantisme n’est pas aisé à définir dans la mesure où les actes imputables au vigilantisme sont très divers.  Fondamentalement, les exécutions vigilantistes sont des meurtres commis, en violation du droit, par des personnes ou des milices privées qui prétendent lutter contre la criminalité ou contre des comportements qu’elles qualifient de délinquant ou d’immoral.  Le vigilantisme est à distinguer de la légitime défense, des meurtres commis par des mercenaires et des membres de groupes insurrectionnels.  L’État peut avoir un rôle dans les exécutions vigilantistes  notamment une approbation  implicite ou  une participation officielle.


Les victimes d’actes de violence vigilantistes sont le plus souvent des délinquants présumés, en général jeunes et de sexe masculin, et plus particulièrement des personnes soupçonnées de vol.  Les auteurs varient : ce peut être des personnes connaissant la personne exécutée ou des milices privées plus organisées.


Le rapport formule un certain nombre de recommandations.  Les États devraient prendre les dispositions voulues pour garantir qu’ils n’encouragent ni ne soutiennent en aucune façon, ni directement ni indirectement, les exécutions vigilantistes.  Pour réduire le nombre des exécutions imputables au vigilantisme, il est crucial de diligenter rapidement des enquêtes sur les faits, de poursuivre les auteurs et de les punir.


La solution devra généralement s’inscrire dans le cadre plus large d’une réforme de la police et de la justice pénale.  Les réformes doivent s’appuyer sur une analyse du contexte spécifique où opère le vigilantisme en question.  Pour être efficace, la réponse que les États et la communauté internationale entendent apporter à des exécutions imputables au vigilantisme doit s’appuyer sur une détermination préalable du profil général des victimes et des exécuteurs dans un pays ou une région donnée.


Déclaration liminaire


M. VERNOR MUÑOZ VILLALOBOS, Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation, a présenté son rapport (A/64/273) en axant notamment son intervention sur l’apprentissage permanent, notamment l’apprentissage permanent des droits de l’homme.


L’apprentissage doit être considéré comme l’expérience de toute une vie, un processus demeurant inachevé.  L’apprentissage permanent englobe l’enseignement formel, informel et non formel.  Le Rapporteur spécial s’est penché sur les initiatives visant la promotion de l’apprentissage permanent aux niveaux national et international, dans les secteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, citant notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Conseil de l’Union européenne et diverses initiatives nationales.


Échanges de vues avec le Rapporteur sur le droit à l’éducation


Le représentant de la Suisse a demandé quelle était la différence entre éducation aux droits de l’homme et apprentissage aux droits de l’homme.  En effet, ces deux concepts sont complémentaires mais certains les opposent, à Genève ou à New York,  a-t-il déclaré.  Il a demandé comment réconcilier ces deux notions qui forment un tout.


La représentante de la Suède, au nom de l’Union européenne, a affirmé que l’éducation était un droit inaliénable pour toute société.  Ce droit, a-t-elle dit, peut conduire à la discrimination quand il est mal pratiqué.  Dans ces conditions, elle a demandé comment éviter ce risque.  En outre, elle a demandé quels étaient les moyens à mettre en œuvre par le système éducatif pour favoriser l’apprentissage.  Elle a souhaité que soient formulées des recommandations sur les moyens concernant l’apprentissage des droits de l’homme.


La représentante du Canada a salué l’approche du Rapporteur spécial sur l’apprentissage tout au long de la vie.  Il lui a demandé comment faire pour que ces questions fassent partie intégrante de son mandat.  Il lui a également demandé des précisions concernant l’éducation des filles.


La représentante des États-Unis a rappelé l’importance de l’apprentissage pour les personnes ayant un handicap.  Elle a ainsi demandé si le Rapporteur spécial avait une stratégie à proposer.  Des efforts ont été lancés pour encourager l’apprentissage à distance, a-t-elle dit, notant l’implication de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Elle a demandé comment les agences des Nations Unies pouvaient y participer, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources.


La représentante de Cuba a demandé si le Rapporteur spécial pouvait indiquer quelles étaient les institutions gouvernementales les plus engagées dans l’apprentissage communautaire.


Le représentant du Bénin a affirmé qu’il y a deux ans, quand la délégation du Benin avait pris l’initiative d’introduire un projet de résolution sur l’apprentissage des droits de l’homme, certaines délégations s’étaient interrogées.  Il a donc exprimé sa satisfaction de voir cette question traitée.  Il a demandé au Rapporteur spécial de préciser certains détails concernant l’apprentissage aux droits de l’homme.  Dans ce cadre, quel sera notamment le rôle des citoyens?  De plus, l’éducation informelle peut-elle être considérée comme un apprentissage?  Enfin, il a demandé quel sens le Rapporteur spécial donnait à la dignité dans l’ensemble du processus d’apprentissage des droits de l’homme.


La représentante du Cameroun a relevé l’importance du Centre sous-régional des droits de l’homme d’Afrique centrale.  En effet, le Centre a contribué, selon elle, au renforcement des capacités de protection et de promotion des droits de l’homme.  Elle a exprimé sa reconnaissance envers ceux qui soutiennent le Centre et a dit que sa délégation allait présenter un projet résolution sur ce sujet.


L’observateur de la Commission européenne a cité les programmes européens dans lesquels les droits de l’homme sont intégrés.  Quant à la nécessité d’intégrer les droits de l’homme dans l’apprentissage tout au long de la vie, il a demandé si le Rapporteur spécial connaissait de bonnes pratiques et quel pouvait être le rôle de certaines institutions à ce sujet.


Le représentant du Maroc a demandé des précisions sur les termes de droits de l’homme dans le contexte de l’éducation et de l’apprentissage.


La représentante du Costa Rica a relevé la confusion existante entre différentes notions telles que l’éducation ou l’apprentissage.  Elle a souhaité savoir quelle était la complémentarité entre ces concepts, comment ils pouvaient se compléter et quelle était la synergie entre les différentes initiatives existantes.


Le Rapporteur spécial a répondu en exprimant tout d’abord sa satisfaction quant aux progrès réalisés en matière d’éducation.  Il a ainsi cité à ce sujet les rapports de l’UNESCO.  Pourtant, a-t-il affirmé, jamais on a vu autant de personnes éduquées tuer d’autres personnes.  À cela, s’ajoutent des problèmes d’environnement, d’exclusion et de discrimination.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué que le XXe siècle avait été le siècle le plus violent de l’humanité, a-t-il rappelé.


Selon lui, la question centrale qu’il faut poser est: « À quoi sert l’éducation? ».  Une éducation qui ne promeut pas les droits de l’homme est une éducation inutile et de faible qualité, a-t-il estimé.  Quand on parle d’éducation, on pense pratiques pédagogiques, formation des maîtres.  L’éducation est un tout.  La dignité, selon lui, est la possibilité pour un individu d’assumer ses droits.  Ces droits de l’homme doivent être appris dans la pratique.  L’apprentissage des droits de l’homme va au-delà du cadre éducatif.  Ils doivent être appris dans la famille, dans les communautés.  C’est une pratique de vie.


En outre, il est important selon lui de développer la pensée critique chez les élèves.  L’éducation met l’accent sur le processus de socialisation et le partage d’information, mais met de côté la responsabilisation des élèves pour ce qui est des droits de l’homme.  Il faut une éducation qui combat les principes patriarcaux, qui développe une pensée inclusive.  Il a indiqué que seules 1 à 5% de personnes handicapées étaient intégrées dans le processus scolaire.  Afin d’avancer dans la construction d’un espace scolaire, il faut lancer une réforme pour le contenu de l’enseignement, embaucher des maîtres handicapés, a-t-il dit.


Enfin, il a relevé que le rôle des associations nationales des droits de l’homme était essentiel.  Elles doivent aider à l’apprentissage des droits de l’homme au niveau communautaire, a affirmé le Représentant spécial.


Déclaration liminaire


M. CEPHAS LUMINA, expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, a présenté son dernier rapport axé sur la « dette illégitime » dont il expose la définition, soumise par les partisans de l’allégement de la dette et faisant valoir les principes de l’inclusion, de la transparence, de la responsabilité, de la primauté du droit, de l’égalité et de la non-discrimination.  Ces normes, universellement agréées, offrent des orientations judicieuses pour les efforts visant à formuler une définition de la dette illégitime acceptable sur le plan international.  Il a, en particulier, souligné que les pays créanciers et les pays débiteurs étaient responsables au même titre de la prévention et du règlement d’une dette insoutenable.  À cet égard, la question de la coresponsabilité des créanciers et des créditeurs compte tenu de la « dette illégitime » est au cœur d’un système financier mondial équitable.


Dans ses conclusions, M. Lumina appelle les États à appuyer les efforts tendant à trouver une définition précise et rationnelle du concept de la dette illégitime et à créer un mécanisme international d’arbitrage indépendant sur la dette et réformer le système financier international.  La crise économique mondiale a eu des effets sérieux de par le monde, en particulier sur les pays les plus pauvres.  Les gouvernements de nombre de ces pays ne disposent pas de filets de sécurité pour protéger leurs citoyens et les autres personnes vivant sur leur territoire de l’extrême pauvreté et des privations.  Ils ne sont pas dotés de l’espace fiscal approprié pour parer aux effets de cette crise.  Les groupes vulnérables, y compris les femmes, les enfants, les migrants, les minorités et les personnes handicapées, ont tous d’ores et déjà souffert de la discrimination et des abus de pouvoir et sont maintenant affectés par la crise d’une manière disproportionnée.  Cette crise menace tous les droits de l’homme, notamment celui à un standard de vie adéquat, ainsi que les droits à l’éducation, au logement, à la nourriture et à la santé.


Citant des estimations de la Banque mondiale, l’expert indépendant a indiqué que pour chaque année de crise, environ 400 000 enfants vont mourir avant d’atteindre l’âge de cinq ans simplement parce que leurs familles ne peuvent payer la nourriture ou leur dispenser des soins médicaux nécessaires à la prévention de maladies.  Cela est intolérable, a commenté M. Lumina, affirmant qu’il s’agissait là d’un défi au fondement même des droits de l’homme, le principe de dignité humaine.


Bien qu’on ne puisse encore mesurer l’effet de la crise sur les droits civils et politiques, il a néanmoins mis en garde contre les troubles sociaux à mesure que les populations crient leur malaise à travers des protestations publiques face à l’incapacité des gouvernements de les protéger de l’impact de la crise si répression par les pouvoirs publics des émeutes alimentaires et du carburant de 2008 dans le monde se répètent.


Il a remarqué par ailleurs que les répercussions de la crise sur les droits de l’homme sont largement absentes du langage des débats autour de cette crise et en général, personne ne reconnaît la nécessité d’apporter des réponses à ses implications sur les droits de l’homme.  Il a déploré que, lors de la Conférence de l’ONU sur la crise en 2009, l’on n’ait pas réaffirmé les obligations en matière des droits de l’homme dans ce contexte, et les efforts du G-20, bien que louables, semblent ignorer la facette des droits de l’homme dans cette crise.


Il incombe également, au premier chef, aux États de créer un climat propice à la jouissance par tous les individus de tous les droits de l’homme, y compris les droits économiques, sociaux et culturels.  Les États doivent d’abord respecter, protéger et favoriser la jouissance de tous ces droits et, avant tout en période de crise.  Une obligation fondamentale consiste à protéger les citoyens contre les atteintes aux droits de l’homme par des tiers, notamment en régulant les activités des acteurs non étatiques et en garantissant la fourniture de remèdes aux victimes.  Il s’agit aussi pour les États de garantir les ressources maximales, en particulier l’assistance et la coopération internationale, pour la réalisation des droits de l’homme et l’exercice des droits sur une base non discriminatoire.


Il a noté que la législation internationale en matière des droits de l’homme ne prescrivait pas un système économique défini, mais elle fournissait un cadre clair et universellement reconnu susceptible de servir de guide pour l’élaboration et la mise en œuvre de mesures de règlement de la crise.  Ainsi, la législation en matière des droits de l’homme offre des normes minimales sur la base les actions et les omissions des gouvernements pourraient être évalué.


Il a estimé impératif d’élargir et d’approfondir les initiatives actuelles d’allégement de la dette par des subventions et non au travers de nouveaux prêts.  Cela contribuera à améliorer la capacité fiscale des gouvernements de pays en développement sans qu’ils aient à nouveau besoin d’emprunter, mais également aux fins d’éviter l’accumulation de prêts insoutenables et de créer une nouvelle crise de la dette.


La crise économique mondiale est un problème qui exige une véritable solution mondiale.  Aucune solution équitable et durable ne résultera de forums auxquels participent une poignée de pays triés sur le volet, a affirmé M. Lumina qui a plaidé en faveur de la participation de tous les pays, sur un pied d’égalité, à la réforme du système économique mondial.  Dans ce cadre, l’ONU représente la seule institution globale inclusive jouissant d’une légitimité suffisante pour présider à ces efforts de réforme.


En conclusion, M. Lumina a estimé que les crises économique et financière actuelles offraient à la communauté internationale une occasion unique pour réévaluer la manière dont avaient été prises jusqu’ici les décisions économiques de principe au niveau international, y compris celles qui concernent la dette extérieure.  Il a jugé qu’un nouveau cadre de gouvernance économique axé sur les droits de l’homme et la population permettrait non seulement aux réformes économiques et financières d’être plus solides et de résister aux crises à venir mais aussi aux pays endettés d’avoir la latitude nécessaire pour choisir des politiques qui servent les intérêts et les besoins de leurs populations.


Échange de vues


La représentante des États-Unis comprend les difficultés auxquelles font face les pays endettés.  C’est pour cela que son pays a adopté des mesures d’allégement.  Les prêteurs et débiteurs doivent faire preuve de responsabilité.  La représentante s’est déclarée préoccupée par le fait que l’on propose un nouveau cadre d’endettement qui prive les pays en développement des ressources dont ils pourraient avoir besoin à l’avenir.  Elle a aussi exprimé son inquiétude quant à l’impact de la dette sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le délégué du Lesotho a évoqué la crise mondiale et l’endettement.  Il a partagé les vues de l’expert sur l’annulation de la dette et la nécessité de la réduire.  Avec la dette, des pays comme le sien ont déjà un fardeau menaçant de conduire à un niveau d’endettement insoutenable et, qui risque de saper les efforts à la réalisation du développement.  Il a posé une question sur le projet d’un moratoire sur la dette extérieure. 


La représentante de Cuba a apprécié les efforts de M. Lumina sur la dette.  Les pays en développement continuent de financer le luxe du Nord, a-t-elle commenté en remarquant que l’allégement de la dette restait un chantier inachevé qui avait un impact évident et lourd sur les pays en développement.  Elle a souligné la nécessité de restructurer les systèmes économique et financier mondial et jugé impératif d’annuler la dette extérieure impayable des pays du Sud, à la lumière de toutes les crises auxquels ils font face.


L’expert indépendant a pris acte de la déclaration des États-Unis.  Pour lui, l’endettement est certes un mode de financement du développement, mais les pays endettés doivent avoir l’espace de politique publique adéquate.  Souvent, on ne tient pas compte du fait que les pays débiteurs ne disposent pas d’espace politique dans ce système.  Cette absence ne permet pas de liberté fiscale pour leurs politiques publiques.  Il a décrit un aspect clef de son mandat centré sur l’élaboration d’un projet de directives sur la dette extérieure et les droits de l’homme.  Cela ne couvrait pas l’endettement et le recouvrement des prêts en général.  La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a lancé un projet de trois ans, financé par le Gouvernement suédois, pour la mise en place d’un cadre financier responsable.  L’expert indépendant œuvre à ce projet qui vise à créer un cadre responsable de prêt et d’endettement.


Au Lesotho, il a répondu qu’il était au courant du moratoire de la dette qui n’est qu’un répit dans le cadre d’une dette insoutenable pour les pays en développement.  Les pays peuvent différer leur paiement jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de payer.  Cela met néanmoins l’expert mal à l’aise, puisque, avec les crises, les termes de l’échange se sont détériorés et les pays en développement sont défavorisés.  Les perspectives d’une amélioration économique ne sont pas brillantes et il faut penser à des solutions à plus long terme.


M. PHILIP ALSTON, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a déclaré qu’aucun pays n’était exempt de violations des droits de l’homme, d’où le défi de s’assurer que le système de reddition de comptes établi sous les auspices des Nations Unies soit capable de fonctionner comme il se doit dans autant d’États que possible.  Pendant les deux dernières années, plusieurs États ont pleinement coopéré avec le Rapporteur spécial en l’invitant à visiter leurs pays.  Il s’agit, en l’occurrence, des États-Unis, du Brésil, de l’Afghanistan, de la Colombie, du Kenya et de la République démocratique du Congo (RDC).  M. Alston a néanmoins ajouté qu’il importait de dire à l’Assemblée générale que plus des deux tiers des États auxquels il avait fait une demande de visite avaient, soit rejeté ses demandes, soit omis de répondre.  Il n’a pas pu se rendre dans 11 pays membres du Conseil des droits de l’homme qui s’étaient tous engagés à coopérer avec lui: Bangladesh, Chine, Égypte, Inde, Indonésie, Kirghizistan, Mexique, Pakistan, Fédération de Russie, Arabie saoudite et Afrique du Sud.  Cette situation, a-t-il dit, entrave sa capacité à assumer ses responsabilités vis-vis du Conseil des droits de l’homme.


M. Alston a fait état de cas apparents d’exécutions extrajudiciaires qui resteront non élucidées à cause de cette absence de coopération.  Il faut reconnaître que quelque chose ne va pas dans le système d’un pays donné lorsque ces allégations persistent et que le Gouvernement n’autorise pas une enquête des Nations Unies pour établir les faits.  Il a évoqué le problème des assassinats ciblés, devenu presque banal dans certains endroits.  Il recommande que les États Membres fassent un effort pour veiller à ne pas appuyer ou encourager de tels actes.  Des personnalités de haut rang, par exemple, en ne prenant pas des positions publiques contre ces actes, ne remplissent pas leurs responsabilités.


Sur la situation en RDC, où il se trouvait il y a un peu plus d’une semaine, il a recueilli des preuves très convaincantes concernant l’exécution par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) d’au moins 50 personnes, et probablement de beaucoup plus, de civils, en plus des viols d’environ 40 femmes à Salhia (Nord-Kivu) entre le 27 et le 30 avril 2009.  Des représailles par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), à Busurungi, ont fait 96 morts parmi les civils.  Cet incident met en lumière trois problèmes séparés, a-t-il expliqué: les FARDC constituent une coalition de fortune composée d’anciens miliciens mal formés, mal payés, souvent indisciplinés et fortement enclins à la violence; le deuxième problème tient au fait que ces Forces sont entièrement appuyées par la Mission de l’Organisation des NationsUnies en RDC (MONUC), conformément aux résolutions du Conseil de sécurité; le troisième problème concerne l’impunité.


Il faut, a dit le Rapporteur spécial, renoncer à la politique qui consiste à permettre l’impunité, sous le slogan de « la paix d’abord, la justice plus tard ».  L’ONU ne devrait plus appuyer cette approche, a-t-il dit.  En outre, le Conseil de sécurité devrait insister pour que tous les membres des FARDC portent des uniformes, avec leurs noms et celui de leurs unités.  Il a, en outre, souligné la nécessité de mener une campagne internationale concertée contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), laquelle continue d’être très active dans le pays et dans la région en général.  Les conséquences en termes de meurtres, enlèvements, pillage et déplacement à grande échelle sont horribles, a encore affirmé M. Alston.  De même, la garde républicaine doit, selon lui, être pleinement intégrée dans les FARDC, sinon elle deviendra intenable et constituera un obstacle explosif vers la tenue d’élections libres et une gouvernance démocratique.  Enfin, il convient d’examiner de près, et de toute urgence, les conditions de vie dans les prisons.  À l’issue de sa visite en RDC, il s’est dit plus convaincu que jamais de la nécessité pour le Conseil des droits de l’homme de nommer immédiatement un rapporteur spécial sur les droits des détenus, une zone chroniquement négligée dans le monde entier.


Au Kenya, qu’il a visité en février dernier, il a identifié le problème des escadrons de la mort soupçonnés d’être à l’origine d’assassinats de centaines de personnes de manière brutale et arbitraire.  Il a demandé le limogeage du patron de la police dont la responsabilité a été prouvée.  Depuis, il a changé de fonctions et a été promu au sein du Gouvernement.  Le deuxième problème dans ce pays est la torture et les exécutions illégales commises par la police et les militaires au Mount Elgon.  Là encore, aucune mesure n’a été prise, a-t-il dit.


En Colombie, il n’a pas trouvé de preuves selon lesquelles les assassinats auraient été décidés au sommet.  Ces massacres ont toutefois été perpétrés par des membres de l’armée nationale.  De nombreux juges militaires négligent les décisions du Parlement et de la Cour constitutionnelle et font tout leur possible pour transférer ces affaires devant des tribunaux ordinaires.


Sur la mission aux États-Unis, il a noté qu’il n’avait rien entendu du Gouvernement.  Il a dénoncé l’utilisation de drones ou de prédateurs pour réaliser des exécutions ciblées.  Cela est cohérent et approuvé par le droit international.  Cependant, il faut respecter les principes de précaution et de proportionnalité.


Échanges de vues


Le Représentant permanent du Kenya a déclaré qu’après les violences de 2007 son pays avait été confronté à un défi extraordinaire.  Depuis, il a réformé le service public de la police, le système judiciaire et l’armée.  Son gouvernement a souvent travaillé avec les procédures spéciales qui contribuent à la promotion et à la protection des droits de l’homme dans tous les domaines.  Il a assuré que le Gouvernement ne tenterait pas d’esquiver ses engagements.  Il s’est inquiété de la manière dont le Rapporteur spécial avait réalisé son mandat cette année.  L’utilisation de termes injurieux est non seulement inacceptable mais viole aussi le Code de conduite.  Son action est une interférence avec l’organisation interne et politique du Gouvernement.  Il a estimé que ce rapport ressemblait de très près à celui de la Commission kenyane des droits de l’homme.  Il a choisi de le rendre public par une conférence de presse sans le soumettre au Gouvernement, ce qui est prescrit dans son mandat et le Code de conduite.  Un débat houleux a eu lieu au sein du Conseil des droits de l’homme autour de ce rapport.  Plusieurs délégations avaient espéré une démission du titulaire du mandat.


La représentante de la Suède, au nom de l’Union européenne, a affirmé son engagement pour que des criminels ne soient pas exécutés avant d’avoir eu droit à un procès équitable.  Elle a insisté sur la nécessité de l’abolition de la peine de mort.  Les États qui appuient aussi le lynchage d’un individu par une foule agissent de manière inacceptable et les pays doivent cesser toutes formes d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.  Dans les massacres où la police n’a pas fait son devoir, les États doivent réagir.  Quelles mesures pourraient être prises à cet égard, a-t-elle demandé.  À mesure qu’approchent les élections de 2010, on craint une montée de la violence et des actes de ce genre.  Quelles mesures pourrait-on prendre pour empêcher ces massacres?  Elle a appelé à la mise en place d’une commission d’enquête après les événements de Conakry, en Guinée.  Le Rapporteur spécial a-t-il l’intention de se rendre en Guinée pour jeter les bases d’une enquête?  Elle a demandé ce qu’il pouvait recommander aux gouvernements pour éviter la répétition de violence à grande échelle, par exemple par la création d’un corps indépendant de police.  Quel cadre juridique pourrait être adopté sur les assassinats ciblés?


La déléguée de la Suisse a rappelé que le rapport traitait de la justice populaire et du vigilantisme.  Que faut-il faire pour endiguer ce phénomène si répandu dans le monde, a-t-elle demandé.  Quand va-t-il livrer ses conclusions sur cette thématique?  Elle s’est également interrogée sur l’éventualité de la nomination d’un rapporteur spécial sur les droits des détenus.


La représentante des États-Unis a souligné que le rapport mettait en lumière la question des lynchages.  Comment tailler sur mesure des systèmes nationaux afin d’éviter ce genre de pratiques, a-t-elle demandé.


La représentante du Canada a estimé qu’il n’y avait pas assez de contrôle des forces de l’ordre et la corruption et, a regretté l’absence de règles claires.  Quelles actions pourraient prendre les États pour décourager ce genre de lynchages et punir les auteurs, a-t-elle demandé.


La déléguée de la Nouvelle-Zélande a appuyé l’indépendance de ce mandat crucial.  Aucun État n’est exempt de violations des droits de l’homme, a-t-elle dit.  Elle a souhaité obtenir des détails sur le genre d’analyses qu’il faut, pour comprendre un tel problème.


Aux remarques du délégué du Kenya, M. Alston a rétorqué que son pays n’avait pris, à aucun moment, des mesures spécifiques pour répondre concrètement de manière substantielle ces questions.  Un pays qui a un système où un commissaire de police chargé de superviser les actes de groupes de milice qui massacrent des centaines de civils n’est pas en droit de demander la démission du Rapporteur spécial, a-t-il estimé.  Quant aux allégations selon lesquelles son rapport aurait été préparé par la commission kenyane des droits de l’homme, il a répété à plusieurs reprises que « pas un seul mot » ne provient de ladite Commission.  Cette insulte très grave n’a aucun fondement, a-t-il déclaré.  Il a également assuré que le Ministre de la justice avait reçu une copie du rapport la veille de sa publication.  Il a rappelé que le Premier Ministre kenyan, présent à la session du Conseil des droits de l’homme, l’avait remercié pour son travail et celui de l’ONU.


Concernant la question des massacres perpétrés par les milices et posée par quasiment toutes les délégations, il a répondu qu’il n’existait pas de solutions magiques.  Dans certains pays, la population décide de se faire justice.  La criminalité est un vrai problème et, parfois, les individus et la société civile déclarent naturellement qu’il faut se faire justice.  Cela met en danger tout le monde car les foules sont incontrôlables, ce qui sape et détruit l’efficacité des forces de l’ordre.  Ces phénomènes de justice populaire, souvent appuyés par le Gouvernement et la population, doivent être évités.  Il faut se concentrer sur ces pays où la justice populaire semble totalement négligée par l’État.


Réponse


Le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, M. Alston, a indiqué qu’il n’avait que brièvement rendu compte de la situation en Colombie car le rapport final n’était pas encore sorti et parce qu’il avait bénéficié d’une grande coopération de la part du Gouvernement de ce pays.  Il l’a souligné pour ne pas donner l’impression que les échanges difficiles avec un pays particulier étaient la norme dans sa manière de travailler.  En Colombie, il a rencontré le Président de la République lequel a montré qu’il prenait très au sérieux ses recommandations, notamment dans le contexte de la réforme en cours.  Il s’agit d’un échange exemplaire avec un État Membre, a-t-il dit.


Sur le rôle d’un tribunal national au Kenya, il a souligné que ce pays avait prouvé sa capacité par la commission exemplaire d’instance d’enquête.  Le rapport Wake est un modèle sur lequel pourraient reposer bien d’autres pays avec cette même expérience.  Cependant, ses conclusions sont restées lettre morte.  Quelque chose d’utile doit être fait pour mettre fin à l’impunité, a-t-il affirmé.


À l’Inde, il a indiqué qu’elle avait raison car son rapport était par nature abstrait.  On voit des situations où le lynchage se développe dans plusieurs pays.  La solution doit être adaptée au cas d’espèce.  C’est une question de politique publique.


L’indépendance des Rapporteurs spéciaux contribue grandement à la crédibilité du système des Nations Unies en matière des droits de l’homme.  La délégation kenyane a fait des critiques très sévères, a-t-il répondu au Botswana, précisant que le Gouvernement lui avait néanmoins permis de se rendre dans le pays où il a rencontré le Premier Ministre et d’autres responsables, ce qui est manifeste d’une bonne volonté.


Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales ( A/64/160, A/64/171, A/64/175, A/64/186, A/64/188, A/64/209, A/64/216, A/64/219, A/64/256, A/64/265, A/64/293, A/64/304, A/64/320, A/64/333 , A/64/159 , A/64/170 , A/64/181, A/64/187 , A/64/211 , A/64/211/Corr.1 , A/64/213 , A/64/213/Corr.1 , A/64/214, A/64/226, A/64/255, A/64/272, A/64/273 , A/64/279, A/64/289 et A/64/290 )


Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et

représentants spéciaux ( A/64/319 , A/64/319/Corr.1 , A/64/334 , A/64/357 , A/64/224), A/64/318 et A/64/328)


Suite du débat général


M. NORIHIRO OKUDA (Japon) a indiqué qu’en raison de la crise financière et économique qui se prolongeait, il y aurait davantage d’obstacles à la prospérité économique, d’où la nécessité vitale de veiller à la promotion et à la protection des droits de l’homme dans le monde.  Bien qu’il incombe principalement aux gouvernements individuels de protéger les droits de l’homme, la communauté internationale peut et doit également exprimer sa préoccupation quand les circonstances l’exigent.  Une approche fondée sur le dialogue et la coopération est adoptée par le Japon, qui continue d’apporter son assistance aux pays pour un respect accru des droits de l’homme, notamment ceux des groupes vulnérables, en prenant en considération l’histoire, la tradition et la culture du pays concerné.  Il s’est félicité des progrès accomplis par le Gouvernement et le peuple du Cambodge dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratisation, d’autant plus que ce pays a connu une période tragique.  Il a salué en particulier la tenue des élections démocratiques il y a un an et le début du procès des Khmers rouges ainsi que l’adoption d’un Code pénal et de la législation sur les personnes handicapées, autant d’éléments qui permettront de renforcer l’état de droit.  Les procès des Khmers rouges permettront aussi de rendre justice là où des crimes ont été commis.  Le représentant a salué le consensus récent au sein du Conseil des droits de l’homme sur la résolution relative au renforcement des capacités techniques au Cambodge, qui a également renouvelé le mandat du Rapporteur spécial.  Il a recommandé que le Sri Lanka garantisse une solution urgente aux déplacés internes et coopère étroitement avec les organisations internationales et les bailleurs de fonds.  Il a jugé nécessaire de faire connaître davantage les efforts du Sri Lanka en matière des droits de l’homme et de l’action humanitaire.


Le dialogue et une assistance dans le développement peuvent créer des synergies et à cet égard le Japon a développé un dialogue en Asie notamment.  Le Japon apprécie aussi la tendance au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) vers la démocratie.  Des procédures spéciales relatives à des mandats axés sur les droits de l’homme ne sont pas en contradiction avec le respect des droits de l’homme.  Celles-ci devraient jouer un rôle maximum pour aboutir à des améliorations.  Il s’est déclaré inquiet face aux violations graves et systématiques des droits élémentaires dans la République démocratique du Congo (RDC).


Sur la question des enlèvements, en dépit des accords avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il n’y a pas eu d’évolution.  Comme le Premier Ministre japonais l’a déclaré l’an dernier, des progrès de la part de la RPDC aideraient grandement.  Au sujet du Myanmar, il a profondément regretté la condamnation de Daw Aung San Suu Kyi en août dernier.  Il a demandé au Gouvernement du Myanmar de libérer tous les prisonniers politiques et de favoriser un climat propice à la tenue d’élections libres en février 2010, conformément à la feuille de route sur le processus de démocratisation dans ce pays.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a déclaré qu’alors que tant d’efforts étaient déployés aux niveaux international, régional et national pour assurer le respect des droits de l’homme, certains tentaient d’imposer de nouvelles notions qui sont loin de bénéficier d’un consensus international, tout en attaquant le Conseil des droits de l’homme en l’accusant de porter une attention exclusive sur certains points.  Il importe, a-t-il dit, de confronter le « sentiment de supériorité » de certains et de ne pas limiter l’examen de la question des droits de l’homme uniquement aux droits civiques et politiques, au détriment des droits économiques, sociaux et culturels.  De plus, a-t-il ajouté, le droit au développement doit être considéré comme un droit fondamental.  Pour ce faire, il a recommandé le renforcement de la participation des pays en développement au sein des institutions de Bretton Woods, ainsi que le rétablissement de l’équilibre institutionnel entre les principaux organes de l’ONU.  Il ne faut plus se servir du Conseil de sécurité comme outil pour politiser la question des droits de l’homme, a-t-il notamment déclaré.  Le représentant a également estimé qu’il ne fallait pas dépasser les mandats de la Troisième Commission, pour ensuite dénoncer l’adoption, par le Conseil des droits de l’homme, de résolutions ciblant des pays précis, ou encore la nomination, au sein des programmes de développement de l’ONU, de fonctionnaires chargés de surveiller la situation des droits de l’homme essentiellement dans les pays en développement.


Le représentant a poursuivi en insistant sur la nécessité de combattre avec détermination toutes les formes d’extrémisme, de discrimination, de racisme et de xénophobie.  Il a notamment évoqué la diffamation religieuse et la profanation des symboles religieux.  Il faut promouvoir le respect de la diversité culturelle, a-t-il ajouté, espérant que les médias s’acquitteront de leur responsabilité de promouvoir ce dialogue.  M. Abdelaziz a par ailleurs affirmé que le respect des droits de l’homme devait être maintenu pendant la lutte contre le terrorisme.  Le représentant a ensuite signalé que l’Égypte s’attachait à promouvoir la liberté d’opinion et de la presse, et encourageait la participation de la société civile et du secteur privé au renforcement du processus démocratique.  Des mesures ont également été prises pour assurer l’indépendance du secteur judiciaire, et le Gouvernement accorde une attention particulière à l’éducation et à l’autonomisation des femmes, a-t-il expliqué.


Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a plaidé en faveur d’une approche des droits de l’homme qui ne serait pas basée sur la confrontation.  La question des droits de l’homme doit se baser sur les particularités sociales et culturelles de chaque pays.  Elle a rappelé qu’en 2006, son pays avait proposé un projet de résolution sur la promotion d’un dialogue dans ce domaine, le texte ayant été adopté lors de la soixante et unième session de l’Assemblée générale.  En outre, elle a relevé le succès de l’Examen périodique universel, instrument qui permet d’analyser les choses grâce au dialogue.  L’important est de conserver une atmosphère de confiance et de coopération, a-t-elle déclaré.  Selon elle, les mécanismes de coopération internationale jouent un rôle important.


La représentante a souligné l’importance des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.  Elle a ainsi parlé de la visite dans son pays de la Rapporteuse spéciale sur la traite des personnes, en particulier les femmes et les enfants.  Elle a souligné que son pays voulait renforcer sa coopération avec d’autres titulaires de mandat.  Elle s’est félicitée du dialogue de son pays avec l’Union européenne sur les droits de l’homme.  Elle a prôné un dialogue ouvert, sans manipulation du thème des droits de l’homme.


Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que soixante ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les femmes et les filles étaient encore perçues comme des personnes de catégorie inférieure aux quatre coins du monde.  L’expérience de son pays a démontré que l’autonomisation des femmes et des filles favorisait au contraire des acquis dans d’autres domaines économique et politique notamment.  L’amélioration de la participation des femmes est un acte de volonté politique et résulte de politiques systématiques de l’émancipation des femmes du point de vue juridique, économique et politique.  Un coup d’œil au rapport sur le développement montre à l’évidence que le niveau d’égalité entre les sexes et la croissance a eu grande corrélation avec la prospérité des pays.  La violence sexuelle est un phénomène horrible de la guerre depuis des temps immémoriaux et on ne fait que commencer à reconnaître cette violence et à la pénaliser en tant que crime de guerre et crime contre l’humanité, voire comme un acte de génocide dans des situations données.  Elle a recommandé d’interdire de tels actes et de poursuivre les acteurs de tels crimes, qu’ils sont perpétrés par temps de paix ou de guerre.  Elle a salué le fait que plusieurs États se soient engagés en faveur de la parité dans le contexte de l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme.


La représentante a aussi traité d’un thème prioritaire pour son pays, la liberté d’expression, sans laquelle les efforts de protection des droits de l’homme seraient virtuellement impossibles.  Elle a néanmoins estimé que l’on n’aiderait pas les communautés marginalisées en entravant le débat au nom de la sensibilité culturelle.  Elle a indiqué que la Norvège présenterait un projet de résolution à la présente session sur la promotion et la protection des défenseurs des droits de l’homme.  Son pays coopérera également pour atteindre un consensus sur le projet de résolution relatif à la protection et à l’assistance aux personnes déplacées.  Elle s’est félicitée de l’adoption il y a une semaine, par l’Union africaine, de la Convention sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées à l’intérieur de l’Afrique.  Cette convention, a-t-elle estimé, est une pierre angulaire pour la protection des droits de millions de personnes déracinées dans ce continent.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a déclaré que son pays était convaincu de l’importance de promouvoir les droits de l’homme, surtout quand ces droits sont menacés par un certain nombre de défis, comme les crises économique et financière actuelles.  Elle a ainsi salué l’adoption de deux résolutions importantes par le Conseil des droits de l’homme.  Elle a souligné que dans les débats sur les droits de l’homme, l’être humain devait être placé au centre.  De plus, il n’y a pas de hiérarchie parmi les droits de l’homme.  Son pays est engagé à œuvrer en faveur du progrès de tous les droits de l’homme, qui sont universels, indivisibles, interdépendants.  La représentante a, en outre, souligné l’importance de la coopération et mis l’accent sur la nécessité de soutenir les mécanismes des droits de l’homme établis.


Ainsi, le Brésil est convaincu des avantages du dialogue, des négociations et de la coopération comme moyens visant à assurer le plus haut niveau d’engagement de tous les acteurs pertinents dans le domaine des droits de l’homme.  Elle a réitéré l’engagement de son pays en faveur du système des droits de l’homme des Nations Unies, dans lequel le Conseil des droits de l’homme joue un rôle fondamental.  Le Brésil soutient un Conseil plus fort, qui, au nom des accords collectifs, peut mettre pleinement en œuvre les droits de l’homme.  Elle a estimé que l’Examen périodique universel représentait un mécanisme institutionnel significatif.  La pratique selon laquelle un dialogue a lieu avec les titulaires de mandats spéciaux, les présidents des organes des traités des droits de l’homme et les présidents des groupes de travail dans cette commission, est selon elle, recommandée.


M. PER ORNEUS (Suède), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a souligné que la réalisation complète des promesses contenues dans la Déclaration des droits de l’homme impliquait une responsabilité de réagir aux violations en la matière.  L’Assemblée générale ne peut pas rester silencieuse, a-t-il dit, réaffirmant l’obligation incombant à chaque État de traduire en justice les responsables de violations des droits de l’homme, et de combattre l’impunité.  Il a souhaité sur ce sujet un débat ouvert et franc, dans un esprit de dialogue avec les pays concernés par ces violations, estimant que la gravité de la situation au Myanmar et en République populaire démocratique de Corée (RPDC) appelait l’Assemblée générale à l’action, et justifiait par conséquent les projets de résolution sur ces deux pays.


Au Myanmar, terme auquel il a associé également celui de « Birmanie », il n’y a pas eu d’amélioration: la population continue de souffrir de restrictions alarmantes de leur liberté d’expression et de réunion, et de graves discriminations à l’égard des minorités.  La libération de Daw Aung San Suu Kyi et de tous les autres prisonniers politiques est nécessaire pour la crédibilité des élections de 2010 dans le pays, a déclaré M. Orneus.  De même en RPDC, les violations dramatiques et systématiques des droits civiques et politiques, comme des droits économiques, sociaux et culturels, se sont poursuivies, dans un contexte humanitaire extrêmement fragile.  Le représentant a appelé les autorités à coopérer avec l’ONU, en particulier avec les travaux des Rapporteurs spéciaux assignés à la situation des droits de l’homme dans ces deux pays.


M. Orneus a aussi rappelé que la région du Darfour au Soudan continuait d’être le théâtre de violations massives et systématiques des droits de l’homme, ainsi que de graves entorses au droit humanitaire international.  Le Gouvernement du Soudan doit mettre fin à l’impunité et coopérer pleinement avec la Cour pénale internationale, a-t-il estimé, dénonçant notamment le recours à la peine de mort, y compris envers des mineurs, et les restrictions en matière de liberté d’expression et de réunion.  Au Zimbabwe également, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les enseignants, les avocats, les fermiers ainsi que les mineurs sont victimes de harcèlement et d’intimidations, et la détention de Roy Bennett, motivée politiquement, est source de préoccupation, a-t-il déclaré.


Concernant l’Iran, l’Union européenne est extrêmement préoccupée par les arrestations et le possible recours à la torture qui a suivi les élections du 12 juin dernier.  Le nombre élevé d’exécutions, y compris de mineurs, et de prisonniers retenus uniquement pour avoir exercé leur droit d’expression, sont de sérieux sujets d’inquiétude, et les autorités iraniennes doivent respecter leurs obligations internationales en la matière, y compris dans la défense de la liberté de culte.  Au Sri Lanka, également, le représentant a dénoncé une absence d’amélioration des droits de l’homme.  Arrestations arbitraires, atteintes à la liberté d’expression et menaces se sont poursuivies, dans un climat d’impunité auquel il doit être mis fin, a-t-il dit, et une enquête crédible et indépendante sur ces violations doit être lancée par le Conseil des droits de l’homme.  En outre, les camps de déplacés doivent être mis sous le contrôle de civils, a-t-il estimé, et la liberté de mouvements doit y être garantie, y compris pour les agences humanitaires de l’ONU.


M. Orneus a également dénoncé les violations des droits de l’homme au Bélarus, en particulier de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, appelé l’Ouzbékistan à libérer tous les défenseurs des droits de l’homme et à mettre ses processus électoraux en conformité avec les engagements de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et l’Afghanistan à garantir l’égalité en droits des femmes et des minorités.  En outre, le Pakistan doit garantir la protection des plus vulnérables, notamment des femmes et de sa minorité chrétienne, et Cuba doit libérer ses prisonniers politiques et les défenseurs des droits de l’homme encore emprisonnés, a-t-il dit.


Le représentant s’est aussi inquiété de la situation au Honduras depuis le mois de juin, déplorant des atteintes à la liberté de la presse et des détentions arbitraires.  Il a également souligné les graves lacunes en matière de droits de l’homme en Arabie saoudite, où le recours extensif à la peine de mort, les discriminations à l’égard des femmes et l’absence de liberté de culte sont les principaux sujets de préoccupation.  En République démocratique du Congo (RDC), des violations préoccupantes des droits de l’homme et humanitaire ont continué d’être perpétrées, alors qu’en Guinée, la violence brutale contre les manifestants, en septembre dernier, est inacceptable et exige une enquête internationale, a-t-il dit.  Enfin, il a dénoncé l’érosion des droits politiques et civiques à Fidji, appelant les autorités à prendre des mesures urgentes pour restaurer les droits de l’homme et l’état de droit, et organiser des élections dans le pays.


M. HAMIDON ALI (Malaisie) au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) a affirmé que la création, le 23 octobre, de la Commission intergouvernementale de l’ANASE sur les droits de l’homme constituait un tournant historique pour le processus de renforcement des communautés de la région.  Après avoir dressé les grandes lignes du processus qui a permis à cet organe de voir le jour, le représentant a expliqué que la Commission avait pour but de promouvoir la stabilité et l’harmonie, et la coopération entre les États membres de l’ANASE.  La Commission fera également la promotion des droits de l’homme dans un contexte régional, a-t-il ajouté, et respecta la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale.  Elle adhérera également aux principes de l’état de droit et de la bonne gouvernance et respectera les libertés fondamentales ainsi que l’universalité des droits de l’homme.  La Commission reconnaît également qu’il incombe à chaque État membre de promouvoir et de protéger les droits de l’homme et admet la nécessité d’adopter une approche constructive et non conflictuelle, a souligné le représentant.


M. MICHAEL POSNER (États-Unis) a souligné que son gouvernement avait une approche sur les droits de l’homme à triple volets, tant ici qu’au sein du Conseil des droits de l’homme à Genève: la fidélité à la vérité, l’engagement aux principes énoncés et le désir d’appliquer en permanence le droit international en matière des droits de l’homme et le droit humanitaire.  Il a dénoncé les atteintes flagrantes aux droits de l’homme en République islamique d’Iran et a dressé une longue liste de personnes et de groupes brimés, avant d’exprimer sa profonde inquiétude face à la manière brutale dont le Gouvernement iranien a répondu aux manifestations pacifiques de ses citoyens qui appelaient à une enquête transparente au lendemain des élections présidentielles.  Plus préoccupant encore, selon lui, le recours par le Gouvernement iranien à des tribunaux publics pour recueillir des confessions par la force de centaines de citoyens, dont certains n’étaient même pas activement engagés dans les manifestations.  Il a appelé l’Iran a respecter ses obligations internationales en garantissant à ses citoyens leur droits élémentaires, y compris la liberté d’expression, la liberté de rassemblement, de culte, et le droit à un procès équitable.


Évoquant la « Birmanie » -à la réprobation du représentant du Myanmar qui a fait une motion d’ordre pour que l’on utilise le nom officiel de son pays au Nations Unies– le délégué américain a indiqué qu’il s’agissait de l’un des pays les plus répressifs au monde avec un gouvernement militaire qui dénie le droit à un système judiciaire indépendant ou la liberté d’expression.  Le Gouvernement, a-t-il dit, limite les activités des opposants et de la société civile, comme il s’attaque aux minorités ethniques et assujettit de nombreuses personnes au travail forcé, à la torture et au déplacement.  La prix Nobel de la paix Daw Aung San Suu Kyi a récemment été condamnée à une peine de 18 mois alors qu’elle se trouvait déjà depuis près de 20 ans en résidence surveillée, a-t-il rappelé, ajoutant que le Gouvernement refusait à ses citoyens toutes les libertés fondamentales, la liberté de la presse, les journaux étrangers, la liberté d’association.  Il a, en outre, fait état d’exécutions sommaires, d’actes de torture et d’autres pratiques condamnées à l’échelle internationale.


Concernant la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a souligné que la population continuait de subir des atteintes criantes aux droits de l’homme et que le Gouvernement contrôlait pratiquement tout à l’intérieur de son territoire.  Les personnes qui ont pu y échapper et quitter la « Corée du Nord », a-t-il dit, font état de l’existence de camps-prisons, d’exécutions sommaires en public et d’avortement forcés.  En résumé et étant donné la situation déplorable des droits de l’homme dans ces pays, il a exhorté l’Assemblée générale à passer des résolutions musclées sur l’Iran, le Myanmar et la RPDC et à rejeter les motions qui seraient introduites par ces pays.


Le représentant a souligné la volonté de l’Administration Obama d’appliquer en permanence les instruments internationaux des droits de l’homme et du droit humanitaire et de défendre les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il a cité l’exemple de la décision prise par le Président américain, au deuxième jour de son mandat, de mettre fin aux interrogatoires abusifs et de fermer le centre de détention de Guantanamo.  M. Obama a, en outre, décidé de revoir les politiques de détention sécuritaire, ce qui montre bien l’engagement américain à appliquer ces principes universels, a-t-il expliqué.


Tout en défendant le principe de liberté d’expression, de liberté de religion ou de conviction, il a en revanche manifesté sa préoccupation devant le concept « de dénigrement des religions ».  Comme le Président Obama l’a déclaré au Caire, les États-Unis sont disposés à combattre les stéréotypes religieux.  Il a condamné les idéologies de haine et a encouragé à respecter toutes les communautés religieuses, en particulier les minorités et à défendre vigoureusement le droit des individus à pratiquer leur religion librement ainsi que leur liberté d’expression.


Mme NGUYEN CAM LINH (Viet Nam) a affirmé que la promotion et la protection des droits de l’homme avaient toujours été sur l’agenda politique de son pays.  Elle a estimé que les droits internationaux étaient efficaces quand ils étaient mis en œuvre harmonieusement.  La promotion et la protection des droits de l’homme relèvent en premier lieu de la responsabilité des États.  Dans le monde d’aujourd’hui, la coopération internationale et le dialogue sur cette question doivent se faire sur la base de l’égalité du respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État.


Selon ces principes, le Viet Nam a, ces dernières années, amendé la Constitution et une douzaine de nouvelles lois dans tous les secteurs de la vie.  Elle a énuméré les plans et mesures mis en œuvre par son pays, qui ont eu pour résultats une augmentation de la participation politique, une amélioration des conditions économiques.  Une attention particulière a aussi été portée aux groupes vulnérables, comme les femmes, les enfants, les minorités ethniques, les personnes infectées par le VIH/sida et les personnes handicapées.  En outre, le Viet Nam accorde une grande importance aux instruments internationaux de promotion des droits de l’homme, a-t-il dit, précisant qu’il avait ratifié la plupart des traités internationaux.  Le Viet Nam a également été soumis à l’Examen périodique universel il y a quelques mois et a soutenu ce processus, a ajouté son représentant.


M. TAN ENG TAT (Singapour) a affirmé qu’au lieu d’employer des mots qui divisent plutôt que d’unir ou d’afficher des postures, au lieu de persuader, une approche d’humilité et d’accommodation aiderait mieux à trouver une solution commune aux problèmes.  Le développement économique est la base nécessaire de n’importe quel système politique qui fait progresser la dignité humaine, a-t-il estimé.  Après tout, ce serait une cruelle plaisanterie pour un gouvernement que de se complaire dans des revendications pompeuses du respect des droits humains, lorsque les besoins essentiels de son propre peuple ne sont pas satisfaits, a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué que son pays accordait une  importance similaire à la protection non seulement des droits individuels, mais aussi des droits sociétaux.  Singapour, a-t-il dit, continue sur sa propre voie de développement, ne cherchant pas à imposer ses vues sur les autres.  Il a estimé qu’une approche pragmatique des droits de l’homme était une des voies pour parvenir à de réels progrès.


MmeCLAUDIA PÉREZ ÁLVAREZ(Cuba) a espéré que les travaux de la Troisième Commission tiendraient compte du dialogue et de la coopération.  Elle a estimé que bien souvent le Nord regardait le Sud avec mépris et supériorité.  Nos diversités et nos ressources sont notre capital et des pays cherchent à diminuer cela en tentant d’assouvir leurs soif et cupidité insatiable, a-t-elle dit.  Des interventions reprennent des listes de pays unilatérales et sélectives, a-t-elle relevé, notant que c’étaient toujours les pays du Sud qui étaient visés.  Nous n’allons pas rester les bras croisés, a-t-elle déclaré, en ajoutant que les pays du Sud étaient aussi victimes de nombreuses violations des droits de l’homme de la part des pays du Nord.  Nous allons aussi commencer à présenter une liste de pays du Nord qui ont imposé leur joug colonial pendant de nombreuses années, a-t-elle dit.  Nos citoyens sont parfois victimes de discrimination en Europe de la part de partis fascistes, a-t-elle affirmé. Elle a souligné que l’Union européenne, présidée par la Suède, avait permis des vols aériens au-dessus du territoire cubain pour transporter des prisonniers.  Nous ne pouvons pas autoriser ce principe de sélectivité, d’hypocrisie, de politique de « deux poids deux mesures », a-t-elle déclaré.  Selon elle, les pays du Sud doivent coopérer pour faire barrage aux pays qui veulent faire la loi dans cette Commission et au sein du Conseil des droits de l’homme où les pays du Sud travaillent véritablement sur la base de la transparence, de l’indivisibilité, de la non-sélectivité et de l’impartialité dans la promotion et la protection des droits de l’homme.


M. FARHAD MAMDOUHI (République Islamique d’Iran) a dénoncé les points de vue culturels et politiques de certains pays qui cherchent à imposer leur système de valeur.  La mondialisation a provoqué des flux et des contacts entre les personnes, a-t-il dit, notant que l’augmentation qu’un sentiment d’appréhension vis-à-vis de la perte de son identité culturelle représentait une menace à la coopération entre les nations.  Il a ainsi relevé les tendances qui émanent d’un sentiment de supériorité culturelle: une approche sélective, des pratiques partiales et une exploitation des droits de l’homme.  Les gouvernements et la société civile ont un rôle à jouer, a-t-il assuré. 


Le représentant a estimé que le Mouvement des pays non alignés illustrait cette diversité culturelle et politique et occupait une position idéale à cet égard.  La diversité culturelle est une richesse, a-t-il expliqué, notant que le Mouvement des pays non alignés avait appuyé une Conférence sur les droits de l’homme et la diversité culturelle à Téhéran en 2007.  Les conférenciers ont recommandé que la question des droits de l’homme soit intégrée dans des programmes ministériels.  Un centre a été créé, à cet effet à Téhéran, l’objectif étant de mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Téhéran.  Ce centre a reçu l’appui de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI).  Un livre sur les droits de l’homme et la diversité culturelle a ainsi été publié pour sensibiliser la population à ces questions.  Un site Internet chargé de diffuser ce type de message, qu’il a nommé message du dialogue et de la compréhension, a été lancé.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a estimé que l’Assemblée générale avait un rôle important à jouer dans la surveillance et la mise en lumière des abus de droits de l’homme.  Le représentant s’est ensuite attaché à détailler les préoccupations de son pays en matière de droits de l’homme dans certaines régions du monde.  Citant nommément la République démocratique populaire de Corée (RPDC), il a dénoncé les exécutions publiques, les tortures, les détentions cruelles et inhumaines, les privations de liberté, avant d’appeler le pays à autoriser l’accès sur son territoire au Rapporteur spécial des Nations Unies, en guise de premier pas vers un dialogue avec la communauté internationale.  Il a également cité le cas du Myanmar.  Le Gouvernement suit de très près, a-t-il dit, la situation, y compris les restrictions de liberté d’expression d’association et de rassemblement, ainsi que les discriminations contre les minorités ethniques.


Le représentant a également exprimé sa préoccupation concernant la situation des droits de l’homme en Israël et dans les territoires occupés.  L’ultime objectif, a-t-il estimé, doit être un retour aux négociations, directement vers une solution de deux États.  Il a dit admettre que les questions soulevées par le rapport Goldstone exigeaient une sérieuse considération.  De même, il a jugé inacceptable que l’Iran poursuive une politique discriminatoire contre les minorités ethniques et la pratique de la peine de mort à l’encontre des mineurs.  Il a aussi exprimé sa préoccupation au sujet de l’Afghanistan et du Zimbabwe où, a-t-il poursuivi, le besoin d’un gouvernement engagé vers des reformes politiques et économiques en faveur des droits de l’homme et de l’état de droit n’a jamais été aussi grand.  S’agissant des îles Fidji, il a prôné un retour au dialogue avec la communauté internationale et l’organisation rapide d’élections libres.


M. HILARIO G. DAVIDE JR (Philippines) a déclaré que le respect des droits de l’homme constituait une priorité pour son gouvernement.  La Constitution des Philippines garantit le plein respect des droits de l’homme, a-t-il dit, faisant état d’un bureau indépendant, appelé Commission des droits de l’homme.  À l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 2008, le Président philippin avait ordonné à toutes les agences gouvernementales de renforcer les droits de l’homme selon leurs mandats respectifs.  Cela, a-t-il ajouté, a donné naissance à un plan d’action 2010-2014, développé avec la participation de toutes les parties prenantes.  Le Gouvernement philippin prend au sérieux toutes les violations de droits de l’homme, particulièrement les meurtres politiques.  Des agences ont été créées pour mener des enquêtes rapides, notamment dans le cas d’exécutions extrajudiciaires.  La Cour suprême des Philippines a désigné des cours spéciales pour traiter des cas de meurtres d’activistes politiques et de responsables de médias.


Selon le représentant, le vrai défi consiste à promouvoir les droits de l’homme dans les situations difficiles, lorsque les pays sont confrontés à la pauvreté et aux conflits.  Il a ensuite axé son intervention sur les droits de l’homme des migrants.  Le traitement équitable des migrants ne se limite pas à l’égalité, a-t-il dit, ajoutant que la Troisième Commission devrait saisir l’opportunité d’examiner la façon dont les migrants peuvent avoir un impact sur la manière dont leurs droits humains sont respectés dans nos sociétés.


M. HAMIDON ALI (Malaisie), qui s’exprimait cette fois-ci au nom de son pays, a déclaré que la communauté internationale devait traiter des droits de l’homme d’une manière juste et équitable.  La promotion et la protection des droits de l’homme doivent être appréhendées par tous les pays dans le plein respect des particularités nationales et régionales et des circonstances culturelles, sociales, économiques et politiques.  Chaque État a le droit inaliénable de choisir ses systèmes politique, économique, social et culturel, sans aucune forme d’interférence de la part d’un autre État.  Tels sont les principes de base des droits de l’homme internationalement reconnus et qui ne sauraient être pris à la légère.


Le représentant a remarqué que dans de nombreux cas, lors des débats sur les droits de l’homme, des considérations politiques s’étaient manifestées pour faire de cet exercice une tentative de diktat du fort sur le faible.  En termes pratiques, ces tentatives visent à légitimer des interprétations des droits de l’homme qui ne sont pas internationalement agréées ni reconnues.  De la même façon, il s’est étonné du fait que certains pays continuaient de choisir, à leur guise, les droits qu’ils désiraient mettre en valeur.


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a déclaré que le développement, les droits de l’homme et la démocratie étaient interdépendants.  Entre le milieu des années 70 et le milieu des années 90, l’Indonésie a concentré ses efforts sur le développement économique, au détriment du développement politique, a-t-il dit.  Une telle politique a produit de multiples crises.  Il est important de trouver une harmonie entre le développement économique et le développement politique.  Depuis, une réforme démocratique a permis à l’Indonésie d’avoir un système décentralisé, démocratique.


Cette année marque la dernière année du deuxième plan pour les droits de l’homme (2004-2009), a-t-il expliqué, précisant qu’il s’agissait d’une stratégie nationale pour la protection des droits de l’homme.  Cette stratégie est basée sur six piliers: la consolidation des agences; la préparation de la ratification des instruments internationaux des droits de l’homme; l’harmonisation des institutions avec les instruments internationaux des droits de l’homme; la diffusion des droits de l’homme dans l’éducation; la mise en place des normes des droits de l’homme et, le suivi et l’évolution des mécanismes.  L’Indonésie reconnaît aussi l’importance d’un accès à la justice comme un point fondamental des droits de l’homme.  C’est pour cela qu’en octobre dernier, une stratégie nationale a été mise en place, a-t-il souligné.  Un pas important a été franchi le 23 octobre dernier en Asie avec l’inauguration de la Commission intergouvernementale de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) sur les droits de l’homme, a-t-il déclaré.


M. MINAS A. HADJIMICHAEL (Chypre) a rappelé le contexte historique de son pays.  Aujourd’hui, l’occupation des forces turques nient à la population le droit de vivre en paix, a-t-il affirmé.  Cette occupation a entraîné des violations aux droits de l’homme, comme la négation du droit de propriété, la destruction de l’héritage culturel et religieux, la division forcée le long de lignes ethniques.  Cela a été condamné par des résolutions de l’ONU et de la Cour européenne des droits de l’homme, a-t-il expliqué.


Il a rappelé les rapports des Nations Unies qui faisaient état de la situation et a souligné le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme qui, dans son jugement du 10 mai 2001, a estimé qu’il y avait des violations graves de 14 des articles de la Convention européenne des droits de l’homme.  Le jugement pointait la responsabilité de la Turquie, vu que ce pays contrôlait la partie occupée de Chypre.  De plus, il a abordé d’autres problèmes comme la question des personnes disparues ou la destruction du patrimoine culturel.  Il souligné que, malgré la pléthore de résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale sur la question, les violations aux droits de l’homme continuaient à affecter la vie des Chypriotes.  Chypre est la nation des Chypriotes turcs et grecs, quelle que soit leur origine ethnique, mais pas de la puissance occupante, a-t-il conclu.


M. BANZA NGOY KATUMWE (Bénin) a déclaré que les droits de l’homme étaient une question de libertés fondamentales.  Il a estimé que les droits des femmes, des enfants, des autochtones, des minorités, et autres sujets traités ici, relevaient tous des droits de l’homme, c'est-à-dire des questions liées à la vie quotidienne.  Or, a-t-il regretté, la politique a pris le pas sur la nécessité d’assurer la pleine jouissance de tous les droits de l’homme pour tous.  Il a réitéré l’indéfectible soutien du Bénin au Conseil des droits de l’homme pour faire un mécanisme sans faille d’examen de la jouissance des droits de l’homme.  Il a demandé à minimiser les facteurs de friction et de frustration.  La vérité est qu’aucun État n’est épargné lorsqu’il s’agit des droits de l’homme, a-t-il affirmé.


Le moment est venu, selon lui, de se regarder en face et de se tourner vers les véritables enjeux des droits de l’homme qui sont ceux de donner à tous les hommes et les femmes la possibilité de se réaliser pleinement en tant qu’individus.  C’est le citoyen, a-t-il assuré, qui crée la richesse nationale et doit avoir la liberté de choisir son représentant.  L’un des moyens est de lui permettre la connaissance des droits de l’homme comme mode de vie.  La participation responsable des populations concernées à toutes décisions les concernant est une condition sine qua non à la réalisation des objectifs du développement.


Droits de réponses


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a répondu aux déclarations des États-Unis, du Japon et de l’Union européenne.  Il a déclaré qu’il était arrogant de la part du Japon et des États-Unis de parler de la situation des droits de l’homme dans son pays dans la mesure où ces derniers sont responsables de sa partition.  Il a souligné que certains pays essayaient d’imposer des modèles de démocratie à des pays en développement.  Ceux-ci devraient aussi parler des violations des droits de l’homme dans leurs propres pays, notamment des tueries et des discriminations raciales, a-t-il dit, évoquant des massacres de l’armée américaines en Afghanistan et en Iraq.  Selon lui, quand ce type de comportement cessera, la Commission pourra remplir son mandat originel.


Concernant les remarques de l’Union européenne, il a déclaré que ces dernières étaient fabriquées.  Cette attitude est faite pour internationaliser la question des droits de l’homme de son pays et donner une mauvaise image de ce dernier.  En outre, il a relevé que les propos de la délégation européenne n’étaient pas cohérents avec ses actes.  En effet, l’Union européenne a oublié d’aborder les violations des droits de l’homme dans ses propres pays ainsi que l’occupation militaire de certains autres pays ou le manque de protection des demandeurs d’asile.


Le représentant a également déclaré que le Japon ne pouvait pas parler des droits de l’homme dans d’autres pays car il a commis le pire crime possible dans le passé.


Le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a déclaré avoir pris acte du rapport du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.  Selon lui, ce rapport est truffé de contrevérités et ne reflète en rien la situation qui prévaut actuellement sur le terrain.  Cela n’est pas étonnant, a-t-il dit, lorsqu’on sait que le Rapporteur spécial a rédigé son rapport sur la base d’informations ramassées à la va-vite, à l’issue d’une petite semaine de séjour dans un coin de la RDC, un pays aux dimensions sous-continentales et qu’on ne peut prétendre couvrir en une semaine.


Sur la question de l’impunité, les opérations initiées par le Gouvernement pour combattre l’impunité commencent à porter leurs fruits, a-t-il dit, citant l’opération tolérance zéro.  S’agissant de la situation des prisons, le Gouvernement congolais est en train de favoriser les conditions carcérales des détenus notamment en rénovant les établissements pénitentiaires.  Évoquant la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI), la RDC n’a pas de leçon à recevoir de qui que ce soit car elle a été et demeure le modèle de coopération par excellence avec la Cour depuis sa création.


Le représentant du Soudan a déclaré que les critiques de l’Union européenne venaient au moment où la situation des droits de l’homme dans son pays ne cessait de s’améliorer.  D’ailleurs, cela a été reconnu par les Nations Unies, a-t-il dit.  Il s’est déclaré étonné qu’un représentant de l’Union européenne parle d’exécutions sommaires contre les mineurs, alors que la loi stipule que la peine de mort ne peut être appliquée aux moins de 18 ans.


Concernant les allégations d’enlèvements au Soudan, ces dernières n’ont aucun fondement.  L’Union européenne n’est pas consciente des efforts du Gouvernement soudanais pour clarifier les choses en collaboration avec les organisations d’assistance.  Il a demandé quel était le rôle de l’Union européenne et quelle était sa position sur l’enlèvement de personnes qui travaillent dans l’assistance internationale.


Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu aux déclarations de l’Union européenne et des États-Unis.  Selon lui, il est décevant d’entendre de l’Union européenne des jugements injustes sur la situation des droits de l’homme en Iran.  Le point 64 c est souvent mal utilisé pour pointer du doigt de manière sélective des pays en développement à des fins politiques, a-t-il dit.  Ces États ne doivent pas être fiers de leurs propres résultats.  Ils ferment les yeux sur leurs pays et diffusent des stéréotypes sur les autres.  En effet, selon lui, ces pays ont connu des violations des droits de l’homme: islamophobie, discrimination ethnique, violence contre les demandeurs d’asile.  Ce même modèle de violations des droits de l’homme se retrouve aux États-Unis, où, a-t-il affirmé, les minorités et les peuples autochtones souffrent de violations de droits de l’homme.  Il aussi rappelé les actes des forces armées américaines en Iran et en Afghanistan.


Le représentant du Pakistan a répondu à la déclaration de l’Union européenne.  Le Gouvernement de son pays, élu démocratiquement n’a pas besoin de leçons, a-t-il dit.  Le Pakistan a signé la Convention sur les droits civils et politiques.  Il a aussi une société civile indépendante et les activistes des droits de l’homme ont une réputation internationale.  Le pays a aussi une presse libre.  Il a rappelé les cas de violations des droits de l’homme des minorités dans l’Union européenne, notamment les musulmans d’origine arabes et les roms.  De plus, selon lui, l’Union européenne aurait dû parler de la discrimination des musulmans au Moyen-Orient.  Mais, a-t-il souligné, l’Union européenne n’en a soufflé mot.  Cette méthode est celle des deux poids deux mesures, a-t-il ajouté.


Le représentant de la République de Corée a contesté la gestion de cette réunion, qui l’a empêché, a-t-il dit, de faire sa déclaration.  Les droits de réponse ont bouleversé l’emploi du temps, a-t-il précisé, demandant au secrétariat d’informer les délégations des difficultés d’emploi du temps.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission commente les travaux de la CDI sur la responsabilité des Organisations internationales en procédant à un examen par analogie avec les articles sur la responsabilité des États

AG/J/3375

La Sixième Commission commente les travaux de la CDI sur la responsabilité des Organisations internationales en procédant à un examen par analogie avec les articles sur la responsabilité des États

27/10/2009
Assemblée généraleAG/J/3375
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sixième Commission

16eséance – matin


LA SIXIÈME COMMISSION COMMENTE LES TRAVAUX DE LA CDI SUR LA RESPONSABILITÉ DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

 EN PROCÉDANT À UN EXAMEN PAR ANALOGIE AVEC LES ARTICLES SUR LA RESPONSABILITÉ DES ÉTATS


Poursuivant ce matin son débat sur la « responsabilité des organisations internationales », dans le cadre de l’examen du rapport de la Commission du droit international (CDI), les délégations de la Sixième Commission ont encore commenté les projets d’articles préparés par la CDI sur cette question, qui s’ajoutent aux projets d’articles adoptés en 2001 sur la « responsabilité des États ».


Comme hier, l’ensemble des délégations a félicité la CDI pour avoir achevé la première lecture de ces 66 projets d’articles, qui finalise les travaux de la Commission sur la question plus générale de « la responsabilité pour fait internationalement illicite ».  Avec les articles sur la responsabilité des États, les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales vont compléter une œuvre qui constituera un « code de la responsabilité internationale », comme l’a expliqué le représentant de la Pologne.


« Les organisations internationales sont des sujets de droit international, créées par la volonté des États, qui doivent respecter toutes les normes péremptoires du droit international ainsi que leurs propres règles », a indiqué le représentant de la République islamique d’Iran.  « Toute mesure adoptée par une organisation internationale qui serait contraire à ces normes serait illicite et sans effet contraignant », a-t-il expliqué.  C’est dans ce cas que se pose la question de la responsabilité des organisations internationales.


Si les délégations ont noté les similitudes entre de nombreux articles sur la responsabilité des États et les projets d’articles correspondants sur la responsabilité des organisations internationales, certains ont prévenu des risques d’un examen par analogie qui irait au-delà des règles établies.  C’est l’argument soutenu par le représentant du Royaume-Uni.  Le représentant de l’Iran a, pour sa part, invité à tenir compte de la nature et des fonctions spécifiques des organisations internationales.  De l’avis dureprésentant des États-Unis, le projet d’articles sur les organisations internationales ne peut s’appliquer qu’à un petit nombre de ces organisations.


Plusieurs intervenants ont demandé des éclaircissements sur l’application de la notion de « légitime défense » aux organisations internationales, telle que prévue au projet d’article 20.  Le représentant des États-Unis, notant que cette notion ne peut s’appliquer qu’aux organisations internationales administrant un territoire ou qui déploient des forces armées, s’est interrogé sur l’utilité d’inclure cet article dans le texte final.


D’autres ont évoqué la question des « contre-mesures », que prévoit le projet d’article 51, et ont appelé à adopter une approche prudente.  Pour le représentant de l’Inde, les contre-mesures ne sont envisageables que dans le cas où les règles de l’organisation internationale les ont déjà prévues.  C’est une question à la fois sensible et importante, a déclaré pour sa part le représentant de l’Irlande.


Les délégations se sont également efforcées à répondre aux trois questions en suspens que la CDI leur avait posées, et qui sont les suivantes: Quand le comportement d’un organe d’une organisation internationale mis à la disposition d’un État est-il attribuable à ce dernier? Quand le consentement donné par une organisation internationale à la commission d’un fait par un État est-il une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet État? Quand une organisation internationale est-elle habilitée à invoquer la responsabilité d’un État?


Plusieurs délégations ont proposé d’y répondre en procédant à une étude par analogie avec les articles sur la responsabilité des États.  De l’avis de la délégation des Pays-Bas, si ces questions doivent être traitées au sein de la CDI, il ne faut pas les ajouter à l’ensemble du projet des 66 articles.  Pour la Suisse et le Mexique, l’élément déterminant pour l’attribution d’un comportement d’un organe d’une organisation mis à disposition d’un État par une organisation internationale devrait être le critère du contrôle effectif.  Mais le représentant du Royaume-Uni a émis la crainte que cette notion ne puisse être appliquée en toute circonstance, compte tenu de la diversité des relations existant entre les organisations et leurs États membres.


Certaines délégations, comme celle du Royaume-Uni, ont invité la CDI à revoir ses méthodes de travail.  À l’instar du représentant de la Pologne et de la Hongrie, plusieurs ont regretté que la Commission n’ait pas examiné, cette année, des questions comme celles de « l’impunité des représentants officiels de l’État » ou « l’expulsion des étrangers ».  Le Japon a émis des réserves sur la « prolifération de groupes de travail au sein de la CDI » et a regretté que la CDI ne se soit pas penchée davantage sur des questions relatives au droit de l’environnement.


Outre ceux déjà cités, les représentants de la Fédération de Russie, de l’Italie, du Portugal, de la Grèce, de l’Indonésie et de l’Espagne ont également fait une déclaration.


La Sixième Commission poursuivra l’examen du rapport de la Commission du droit international demain, mercredi 28 octobre, à 10 heures.



RAPPORT DE LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE ET UNIÈME SESSION (A/64/10 ET A/64/283)


Déclarations


M. PAUL SEGER (Suisse) a fait un certain nombre de remarques et d’observations en réponse à  des questions posées par la CDI.  Concernant la question de savoir quand le comportement d’un organe d’une organisation mis à disposition d’un État est attribuable à ce dernier, il a estimé que dans un tel cas de figure, deux éléments pourraient s’avérer déterminants.  En premier, le critère de contrôle effectif, comme prévu par le projet d’article 6 et en second, le critère de l’exercice des prérogatives de puissance publique.  Il a poursuivi en spécifiant que sa délégation était d’avis que l’élément déterminant pour l’attribution d’un comportement d’un organe d’une organisation mis à disposition d’un État par une organisation internationale devrait être le critère du contrôle effectif.


S’agissant du moment où le consentement donné par une organisation internationale à la Commission d’un fait par un État constitue une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet organe, le représentant a estimé qu’il n’y a pas lieu de distinguer entre une situation dans laquelle une organisation internationale donne son consentement à un Etat et les situations déjà prévues dans le présent projet d’articles et celui portant sur la responsabilité des États, qui traite du comportement d’un organe d’un État mis à la disposition d’un autre État.  Pour déterminer quand une organisation internationale est habilitée à invoquer la responsabilité d’un État, sa délégation estime que l’on peut procéder à un raisonnement par analogie basé sur les projets d’articles 42 et 48, qui sont eux-mêmes, calqués sur les articles correspondants dans le cadre de la responsabilité des États.


Pour le représentant, le projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales est très complet et prend en compte tous les acteurs concernés, y compris les États.  Le projet d’articles sur la responsabilité des États, quant à lui, ne tient pas compte des organisations internationales.  Cela est naturellement dû au fait que certaines questions ne se sont pas posées à cet égard que lors de l’examen de la responsabilité des organisations internationales.  Le représentant a estimé que le raisonnement par analogie procure une certaine insécurité juridique qui serait regrettable et c’est pourquoi, ces questions devraient être traitées expressément par la CDI et les résultats de ses travaux devraient, le cas échéant, prendre la forme de projets d’articles.


Mme ANASTASIA TEZIKOVA (Fédération de Russie) a estimé que les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales élaborés par la CDI sont équilibrés.  Elle a apprécié la nouvelle structure et la présentation de la partie introductive qui précise le champ d’application et définit les termes employés.  En ce qui concerne la définition de l’expression « règles de l’organisation », elle a souhaité des explications plus détaillées sur les « autres actes », en donnant des exemples concrets.  La représentante a estimé que les documents finaux de conférences internationales qui avaient donné lieu à la création de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) et plus tard l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sont des instruments de droit international.  Elle a cependant fait remarquer que l’OSCE n’a pas la personnalité juridique propre et ne remplit pas les critères de la définition d’organisation internationale prévus par le projet d’articles de la CDI, a-t-elle ajouté.  La détermination des règles de l’organisation doit donc être abordée avec prudence, a-t-elle suggéré.  Le projet d’article 7, sur « l’excès de pouvoir ou comportement contraire aux instructions » doit être précisé, a estimé la représentante.  Sa délégation exprime des doutes sur le fait de limiter les cas de responsabilité des organisations internationales.  Les dispositions de plusieurs projets d’articles du chapitre IV se chevauchent, a-t-elle noté, avant de proposer d’examiner la possibilité d’éliminer ces chevauchements.  Elle a ensuite déclaré que sa délégation acceptait les parties 3, 5 et 6 sur le fond.


Concernant les questions posées par la CDI, la représentante a indiqué que sa délégation avait répondu aux deux premières en procédant par analogie avec le projet d’articles sur la responsabilité des États.  Pour la troisième question, elle a rappelé qu’on peut invoquer la responsabilité d’un État s’il existe des motifs et conditions et a estimé qu’au contraire, s’il y a des raisons d’invoquer la responsabilité de l’organisation internationale, il faut envisager une responsabilité conjointe.  Cette question devrait être examinée plus avant par la CDI, a-t-elle reconnu.  Pour ces trois questions, elle a proposé que la CDI envisage dans quels cas les articles relatifs à la responsabilité des États ne s’appliquent pas par analogie à la responsabilité des organisations internationales et quel serait dans ces cas le droit applicable.


M. PAOLO GUIDO SPINELLI (Italie) a rappelé que l’an dernier, sa délégation avait suggéré que la CDI concentre ses efforts, à chaque session, sur un thème unique au lieu de s’attaquer à une diversité de sujets.  Ceci aurait pour avantage d’approfondir les réflexions sur les questions étudiées.  Il a soutenu que l’adoption rapide, au cours de la dernière session de la CDI, du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales résultait de cette approche sélective.  Concernant les commentaires faits par la CDI sur le projet d’articles, il a indiqué que certains d’entre eux étaient trop courts et ceux sur les réserves aux traités semblaient avoir un effet contraire à celui escompté, particulièrement quand ils entrent dans les détails de l’historique de la codification du droit des traités.  À ce propos, M. Spinelli a indiqué qu’il aurait préféré que la CDI suive une approche plus uniforme quand elle adopte ses commentaires, en trouvant un format standard.  L’objectif est de formuler un commentaire précis sur les dispositions auxquelles il se rapporte et de guider dans leur application.


Passant ensuite aux travaux de la CDI sur la responsabilité des organisations internationales, le représentant a appelé les États et les organisations internationales à faire état de leur pratique concernant les questions posées dans le projet d’articles.  Il a ensuite refusé toute exclusion des contre-mesures dans les relations entre les États et les organisations internationales.  Il a par ailleurs fait observer que le projet d’articles sur la responsabilité des États ne prévoyait rien sur la responsabilité des États à l’égard des organisations internationales et qu’il était donc nécessaire que le projet d’articles de la CDI sur la responsabilité des organisations internationales comble ces lacunes.  C’est pourquoi, il a estimé nécessaire d’examiner cette question, en suggérant à ce sujet l’application par analogie des articles 42 et 48 de la responsabilité des États, pour invoquer la responsabilité d’un État par une organisation internationale.


M. DANIEL BETHLEHEM (Royaume-Uni) a tenu à rappeler que l’inscription d’un nouveau point à l’ordre du jour de la CDI devrait, au préalable, être discutée par les délégations de la Sixième Commission.  Il a aussi invité la CDI à revoir ses méthodes de travail.  Abordant la question de la responsabilité des organisations, il a salué l’adoption en première lecture par la CDI du projet d’articles qu’il qualifie d’étape très importante.  Il s’est félicité de la demande faite par la CDI aux États membres et organisations intergouvernementales de remettre, avant 2011, leurs commentaires et observations sur la question. 


Concernant le projet d’articles proprement dit, le représentant a rappelé que le Royaume-Uni a toujours appelé à veiller dans cette réflexion, au respect de la souveraineté des États et à prendre en compte la diversité des organisations internationales.  Ce projet d’articles représente « un bon point de départ, mais il faut voir s’il convient d’élaborer d’autres règles plus spécifiques aux organisations internationales, en évitant d’étendre l’analogie avec les États au delà des règles établies », a-t-il souligné.  Le représentant s’est ensuite interrogé sur l’application des notions de « nécessité » et de « légitime défense », aux organisations internationales, en appelant à une clarification de ces termes.  Il a par ailleurs proposé que la CDI révise toutes les notions vagues qui persistent dans ce projet de texte.


S’agissant de la notion du « contrôle effectif », le représentant a dit que le Royaume-Uni craint que cette notion de « contrôle effectif » ne puisse être appliquée en toute circonstance, compte tenu de la diversité des relations existant entre les organisations et leurs États membres.  Ce principe ne saurait, à lui seul, être le principe universel en matière d’attribution du comportement soit à l’État, soit à l’organisation.  En faisant référence aux affaires Behrami et Saramati, la CDI a laissé entendre qu’il s’agit là d’une règle générale.  Ce qui ne peut être le cas, a-t-il rappelé, en demandant à la Commission du droit international de repréciser sa conclusion.  Concernant le droit d’un État à invoquer la responsabilité d’une organisation internationale, il a précisé qu’il faudrait avant tout savoir si l’État est membre de cette entité et/ou si les règles de l’organisation le prévoient.  Pour ce qui est des contre-mesures, le représentant a dit ne pas être convaincu que celles-ci exigent un examen détaillé car la pratique est rare.  Tout droit interne d’une organisation internationale doit prévoir si l’organisation peut ou non prendre des contre-mesures.  En conclusion, il a souligné que l’État ne peut transférer ses responsabilités à une organisation dont il est membre.


M. JOEL HERNÁNDEZ (Mexique) a relevé que le rôle croissant des organisations internationales exige d’établir un régime juridique international qui définisse clairement leurs responsabilités et leurs relations avec les autres institutions.  Ce sont de véritables acteurs dans le système juridique international, a-t-il ajouté.  Le représentant a estimé que le régime juridique de la responsabilité des organisations internationales ne dépend pas exclusivement des travaux de la Commission du droit international (CDI) mais aussi de la jurisprudence et de la doctrine.  Si les juridictions se servent des travaux de la CDI, celle-ci se base, dans l’accomplissement de ses travaux, sur des décisions rendues par les cours et tribunaux sur les sujets qu’elle étudie.  Le représentant a, dès lors, invité les États à apporter leurs contributions aux travaux de la CDI pour lui permettre de procéder à des analyses juridiques avec efficacité.  Abordant les questions posées par la CDI, le représentant a considéré qu’il existe toujours une ambiguïté à propos de l’attribution de la responsabilité telle qu’elle est prévue au projet d’article 4(a).  L’élément clef de l’attribution, selon le représentant, est le contrôle effectif des actes.  Il a aussi suggéré au rapporteur spécial d’examiner, dans son prochain projet d’articles, la question de savoir quelle juridiction serait compétente pour invoquer la responsabilité d’une organisation internationale.  Même si elles ont une personnalité juridique propre, les organisations internationales n’ont pas la capacité d’ester en justice, a-t-il fait remarquer.


M. REMIGIUSZ HENCZEL (Pologne) a félicité la CDI pour avoir achevé la première lecture des 66 projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales, qui finalise les travaux de la Commission sur un problème plus général du droit international, qui est « la responsabilité pour fait internationalement illicite ».  S’ajoutant aux projets d’articles sur la responsabilité des États, adoptés par la CDI en 2001, les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales vont constituer un « code de la responsabilité internationale », a expliqué le représentant.  Il a cependant considéré que ces nouveaux projets d’articles sont moins élaborés d’un point de vue théorique que ceux de 2001, notant en particulier l’insuffisance des arguments qui oblige à demander des éclaircissements.  Le représentant a noté que la Commission semble avoir ralenti le rythme de ses travaux, car elle n’a pas examiné cette année des questions comme celle de « l’impunité des représentants officiels de l’État » ou « l’expulsion des étrangers ».  Pour expliquer ce constat, il a invoqué le fait que les gouvernements ne communiquent pas les informations nécessaires permettant aux rapporteurs spéciaux de s’acquitter de leurs fonctions.  Il a donc invité la CDI à demander avec insistance ces informations aux gouvernements et à revenir à son ancienne pratique qui consiste à leur poser des questions sur tous les sujets étudiés.  À cet égard, M. Henczel a souhaité que les rapporteurs spéciaux bénéficient d’une assistance adéquate.


M. ISTVÁN HORVÁTH (Hongrie) a salué le travail remarquable accompli par la CDI, qui a notamment adopté en première lecture les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Il a toutefois regretté que la Commission n’ait pas progressé sur des questions comme « l’impunité des représentants officiels de l’État ».  S’agissant des articles sur la responsabilité des organisations internationales, il a estimé qu’il serait utile de déterminer si les questions posées par la CDI aux gouvernements peuvent être résolues par analogie avec les projets d’articles de la CDI relatifs à la responsabilité des États ou s’il faut les régler expressément.  Il a donc demandé au rapporteur spécial chargé de cette question de préparer un rapport sur les questions résiduelles.  Passant aux questions déjà réglées qui font l’objet de projets d’articles, il a apprécié que l’expression « et autres actes » ait été gardée dans l’article 2 b) qui définit les termes utilisés dans le texte.  Cet article dispose que « l’expression « règles de l’organisation » s’entend notamment des actes constitutifs, des décisions, des résolutions et autres actes de l’organisation adoptés conformément aux actes constitutifs, ainsi que de la pratique bien établie de l’organisation ».


En ce qui concerne la définition du terme « agent » (article 2 c)) qui « comprend les fonctionnaires et autres personnes ou entités par l’intermédiaire desquelles l’organisation agit », le représentant a noté que si certaines organisations exercent un contrôle sur leurs agents et organes, il y a des organisations où ce n’est pas le cas.  C’est notamment le cas du Programme alimentaire mondial (PAM) qui ne les contrôle pas complètement, a-t-il signalé.  Le représentant s’est demandé si le comportement des entités fonctionnellement autonomes peut être considéré comme un acte de l’organisation malgré l’absence de contrôle effectif.  La Hongrie appuie aussi le nouveau libellé du paragraphe 2 b) du projet d’article 15, qui porte sur la contrainte exercée sur un État ou une autre organisation internationale.  En ce qui concerne la légitime défense, c’est un droit des organisations internationales, a-t-il aussi reconnu.  En outre, il a appuyé le nouveau libellé du projet d’article 28, sur le maintien du devoir d’exécuter l’obligation.


M. MIGUEL DE SERPA SOARES (Portugal) a fait des observations générales sur le travail de la CDI, en se disant déçu que la question de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État n’ait pas été examinée au cours de sa session 2009.  Il a ensuite estimé nécessaire que la CDI examine d’autres questions, notamment l’étude de « la hiérarchie des normes et sa question connexe du jus cogens ».  Il a expliqué que les déclarations des membres de la Sixième Commission et les débats de conseillers juridiques sont, parmi tant d’autres, des initiatives intéressantes à perdurer car elles enrichissent le travail de la CDI. 


Concernant l’adoption du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales, le représentant a soutenu que le projet d’articles suit de trop près celui sur la responsabilité des États.  Ceci éloigne la CDI de son but qui est de trouver des réponses spécifiques aux problèmes des organisations internationales, a estimé M. De Serpa Soares.  Il a cependant reconnu que la restructuration du projet d’articles est utile, car le texte est désormais plus clair.  S’agissant des dispositions sur les contre-mesures, le représentant du Portugal a réitéré que cette question demeure très problématique pour les organisations internationales.  Il a suggéré de faire une distinction entre les contre-mesures et les mesures qui pourraient avoir des effets juridiques similaires.  Ainsi, les sanctions du Conseil de sécurité ne peuvent être considérées comme des contre-mesures, a-t-il rappelé.


Faisant référence au projet d’articles 39 qui concerne les mesures visant à assurer l’exécution effective de l’obligation de réparation,le représentant a estimé qu’il n’existe, en droit international, aucune obligation subsidiaire des membres envers la partie lésée.  Les États doivent cependant contribuer au budget de l’organisation internationale dont ils sont membres.  Il a appuyé la proposition visant à inclure de nouvelles dispositions à ce projet d’article 39.  Il a conclu en exprimant le doute de sa délégation sur l’inclusion du projet d’article 66 relatif à la Charte des Nations Unies.


M. HOSSEIN PANAHI AZAR (République islamique d’Iran) a félicité la Commission du droit international (CDI) d’avoir adopté en première lecture le projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales, réaffirmant que ces organisations internationales sont des sujets de droit international créées par la volonté des États.  Ces organisations doivent donc respecter toutes les normes internationales, a-t-il ajouté, en faisant référence aux principes et normes péremptoires de droit international, à l’acte constitutif de l’organisation et à son droit interne.  Toute mesure adoptée par une organisation internationale qui serait contraire à ces normes serait illicite et sans effet contraignant, a-t-il expliqué.  C’est dans ce cas que se pose la question de la responsabilité des organisations internationales.  En outre, lorsqu’une organisation est dans l’incapacité ou ne veut pas s’acquitter de ses obligations en vertu du droit international, les États membres doivent prendre les mesures nécessaires pour permettre à l’organisation de remplir son mandat, a-t-il estimé.  Le représentant a souhaité qu’on tienne compte de la nature et des fonctions spécifiques des organisations internationales pour retenir leur responsabilité, en évitant d’appliquer à ces organisations les articles sur la responsabilité des États.  Il a considéré en particulier que les projets d’articles sur les circonstances excluant l’illicéité des articles sur la responsabilité des États ne devraient pas s’appliquer aux organisations internationales.


Le représentant a attiré l’attention sur les éléments déterminant le recours d’une organisation à la légitime défense si elle était victime d’une attaque armée.  Il a souhaité aussi que la question des contre-mesures soit examinée avec une grande prudence car, selon lui, ce n’est pas une mesure appropriée pour les organisations internationales.  Le projet d’article 65, a-t-il estimé, couvre la responsabilité individuelle de toute personne qui agit au nom d’une organisation internationale ou d’un État.  Passant au projet d’article 61, il a jugé bon de faire une distinction entre les cas où une organisation internationale autorise ses États membres à adopter certaines mesures et les cas où elle leur ordonne de prendre des mesures.  Si une organisation autorise un État membre à prendre une certaine mesure, elle lui confère un droit, mais l’État membre n’est pas tenu d’agir.  Dans ce cas, le comportement de l’État ne peut être attribué à l’organisation, a-t-il estimé.  Le représentant a également souhaité que les États membres de l’organisation fournissent une assistance à celle-ci pour lui permettre de verser une indemnisation pour les conséquences préjudiciables d’un acte internationalement illicite.  Il a aussi soutenu l’approche du projet d’article 46, qui stipule que « lorsque plusieurs États ou organisations internationales sont lésés par le même fait internationalement illicite d’une organisation internationale, chaque État ou chaque organisation internationale lésé(e) peut invoquer séparément la responsabilité de l’organisation internationale pour le fait internationalement illicite ».  Il a souhaité que la Commission précise qui est habilité à intenter une action en justice.


Mme LIESBETH LIJNZAAD (Pays-Bas) a salué à son tour l’adoption du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Elle a indiqué que comme le demande la CDI, son pays transmettra en temps voulu ses commentaires et observations.  Les Pays-Bas estiment que lorsque la CDI a entamé ses travaux des questions, il faudrait s’attendre à ce que de nouveaux points émergent, au cours et à la fin de son examen.  Ces travaux ont soulevé de nouvelles questions et permis d’envisager de nouvelles perspectives, comme l’indique le rapport de la CDI, a-t-elle dit, en soulignant les trois questions suivantes: quand le comportement d’un organe d’une organisation internationale mis à la disposition d’un État est-il attribuable à ce dernier? Quand le consentement donné par une organisation internationale à la commission d’un fait par un État est-il une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet État? Quand une organisation internationale est-elle habilitée à invoquer la responsabilité d’un État?


La représentante s’est interrogée sur ce qui peut être fait, et de quelle manière, pour faire face à ces situations.  Elle a estimé que lorsque de nouvelles questions, comme celles qui viennent d’être citées apparaissent, elles doivent être traitées au sein de la CDI.  Néanmoins, a-t-elle soutenu, il ne faut pas ajouter de nouvelles questions à l’ensemble du projet des 66 articles.  La CDI, a-t-elle poursuivi, a toujours refusé l’idée de copier simplement les dispositions relatives à la responsabilité des États.  En traitant de la responsabilité des organisations internationales, la CDI ne doit pas calquer le texte précèdent.  La représentante a estimé qu’une approche par analogie sera insuffisante à long terme.


Par ailleurs, avant de poursuivre ses réflexions sur cette responsabilité des organisations internationales, la CDI devrait attendre les commentaires et les recommandations des États membres, a recommandé Mme Lijnzaad, qui n’exclut pas la possibilité pour la CDI de travailler sur d’autres articles relatifs à la responsabilité des États.  Concernant les autres décisions du rapport, la représentante a indiqué que sa délégation continuera de suivre avec attention les mesures qui seront prises pour le règlement des différends et, notamment, la promotion par la CDI de l’acceptation de la juridiction obligatoire de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Elle a enfin salué la décision de tenir une réunion sur les méthodes de travail de la CDI.  Il est important de voir si ces méthodes sont encore adaptées aux réalités actuelles, a souligné la représentante, tout en s’interrogeant sur le rôle qui sera assigné aux rapporteurs spéciaux.


Mme PHANI DASCALOPOULOU-LIVADA (Grèce) a relevé que malgré les similitudes entre le projet d’articles sur la responsabilité des États et celui sur la responsabilité des organisations internationales, la question examinée cette année par la Commission du droit international (CDI) est plus complexe qu’il n’y paraît.  Elle a particulièrement apprécié les commentaires dont les articles sont assortis, même si certains requièrent encore des éclaircissements.  Elle a mentionné notamment le projet d’article 6, sur « le comportement des organes ou agents mis à la disposition d’une organisation internationale par un État ou une autre organisation internationale », pour lequel elle estime qu’il faudrait dire clairement que l’attribution du comportement revient à l’organisation qui exerce le contrôle ultime, à l’exclusion de l’État qui a pris le contrôle des opérations, comme cela a été jugé par la Cour européenne des droits de l’homme dans les affaires Behrami et Saramati.  Concernant le principe selon lequel le comportement des « organes placés à la disposition d’un État » peut être attribué à l’État, la représentante a rappelé que cette question avait été exclue expressément de la portée du projet d’articles sur la responsabilité des États.  Par conséquent, a-t-elle dit, il n’est pas possible d’appliquer par analogie le projet d’article 6 de la responsabilité des États.  La Commission devrait donc inclure une disposition traitant de cette question, a-t-elle estimé.


Pour déterminer si le consentement donné par une organisation internationale à un État pour un acte internationalement illicite est une circonstance excluant la responsabilité de l’État, la représentante a estimé que celle-ci pourrait être basée sur l’article 20 du texte sur la responsabilité des États.  Le projet d’article 19 sur la responsabilité des organisations internationales ne traite pas du consentement, mais pose implicitement le principe selon lequel le consentement exclut l’illicéité, a-t-elle noté.  Le projet d’article 19 ne traite cependant pas du consentement de l’organisation internationale à un acte illicite commis par un État.  En application des articles 57 et 20 sur la responsabilité des États et des projets d’articles 19 et 64 du projet sur la responsabilité des organisations internationales, c’est bien la responsabilité de l’État qui doit être recherchée dans ce cas mais le consentement de l’organisation peut être invoqué par l’État pour exclure l’illicéité.  Enfin, concernant la troisième question relative au cas où une organisation internationale peut invoquer la responsabilité d’un État, elle a estimé que cette question doit être réglée par les articles sur la responsabilité des États.  Néanmoins, cette question doit être distinguée de la responsabilité d’un État à l’égard d’une organisation internationale dont il est membre, a suggéré la représentante.


M. JAMES KINGSTON (Irlande) a rappelé toute l’importance que sa délégation attache au travail de la CDI, en saluant l’adoption du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Il a dit attendre avec intérêt les commentaires sur les questions mentionnées dans le rapport de la Commission.  Concernant le projet d’article 51 sur les contre-mesures qui est, selon lui, une question à la fois sensible et importante, le représentant a estimé que la CDI devrait examiner le cas d’une organisation qui n’a pas de mécanismes de règlement des différends et dont les règles internes interdisent tout recours à des contre-mesures.  Il est temps que la CDI envisage le cas de ces organisations qui ne peuvent prendre de telles mesures.  Il a ensuite pris note de l’amendement du projet d’article 60.  S’agissant de la question de la diversité des organisations, le représentant a appuyé le nouveau projet d’article 63.  Il est important de savoir que les organisations diffèrent à la fois en ce qui concerne leurs buts, leur nature, leurs compétences et dans leurs relations avec les États membres, a-t-il souligné.  Sa délégation, a-t-il assuré avant de conclure, félicite la CDI pour le travail accompli.


M. MASATAKA OKANO (Japon) a fait remarquer que la CDI s’était écartée du champ principal de son travail et n’avait pas répondu aux besoins cruciaux actuels de la communauté internationale.  Sa délégation, a-t-il dit, a des réserves sur la prolifération de groupes de travail au sein de la CDI.  Même si l’étude sur la fragmentation du droit international était intéressante d’un point de vue universitaire, il faut garder à l’esprit les sujets qui peuvent faire l’objet de conventions internationales, a-t-il rappelé.  Il a par ailleurs regretté que la CDI ne se soit pas penchée davantage sur des questions relatives au droit de l’environnement.  Le représentant a cependant jugé intéressante la proposition faite sur le droit de l’atmosphère et a invité à l’examiner de manière approfondie.  Sur la question de la responsabilité des organisations internationales, le représentant a mentionné le parallélisme entre les projets d’articles sur la responsabilité des États et les projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Le représentant a noté que les travaux de la CDI montrent que l’examen par analogie a entraîné des inconvénients.  La plupart des actes commis par les soldats de la paix et les membres du personnel des organisations internationales ne constituent pas des actes internationalement illicites, c’est-à-dire des violations d’obligations internationales ou des crimes définis par le droit international, a fait remarquer le représentant.  En général, le cas d’un tiers qui a conclu un contrat avec une organisation internationale et qui ne peut pas tenir ses engagements pour des raisons financières relève du droit national et non du champ d’application des projets d’articles sur la responsabilité des organisations internationales, a-t-il estimé.


En ce qui concerne la légitime défense, le représentant a souligné que ce droit se fonde sur une attaque armée.  Une organisation internationale peut y recourir dans ce cas, mais cela dépend des règles fondamentales fixées en matière de légitime défense.  Or, les conditions d’exercice de la légitime défense ne sont pas bien définies en droit international et elles sont d’autant moins certaines dans le cas d’organisations internationales.  Sur les questions spécifiques posées par la CDI aux gouvernements, le représentant du Japon a estimé que la première et la troisième peuvent être résolues en appliquant mutatis mutandis les articles de la responsabilité des États.  Il faudrait déterminer à quelle fréquence ces questions se posent dans la réalité, avant de demander à la CDI de formuler des articles supplémentaires sur la responsabilité des États, a-t-il estimé.


M. T.K.S. ELANGOVAN (Inde) s’est félicité de l’adoption en première lecture du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Il a ensuite insisté sur les contre-mesures, en expliquant que les différends entre une organisation internationale et ses membres doivent être résolus par les règles internes de cette organisation.  Pour le représentant, les contre-mesures ne sont envisageables que dans le cas où les règles de l’organisation internationale les ont déjà prévues.  Face aux risques d’un usage « imprécis » de ces contre-mesures, il a appelé à adopter, à ce stade, une attitude prudente dans cette réflexion.


Concernant la clause de la nation la plus favorisée, le représentant a salué le travail du groupe chargé de la question et des perspectives qu’il offre sur cette réflexion.  Il a également soutenu l’idée de revoir le montant des honoraires des rapporteurs spéciaux, particulièrement ceux qui viennent des pays en développement.


M. ARIF HAVAS OEGROSENO (Indonésie) a estimé que pour répondre à la question de savoir quand le comportement d’un organe d’une organisation internationale mis à la disposition d’un État doit être attribué à ce dernier pour déterminer sa responsabilité, il faudrait établir si le contrôle effectif de l’organisation a été délégué à l’un de ses membres.  De toute évidence, a-t-il dit, le comportement de l’organe doit être attribué à l’organisation, sauf si des preuves montrent que ce comportement est effectivement contrôlé par un État membre en particulier.  Il a invité la CDI à étudier des exemples concrets qui se posent dans la pratique.  Pour ce qui est du consentement donné par une organisation internationale à un État pour un acte qui exclurait l’illicéité pour cet État, le représentant a rappelé que le consentement donné par l’organisation internationale est restreint par son statut et parce qu’il découle du consentement collectif des États membres.  Il a demandé à la Commission de traiter plus en détail la question des mesures excédant le consentement donné.  Pour ce qui est du cas où une organisation internationale peut invoquer la responsabilité d’un État membre, il a noté que, souvent, la poursuite de la responsabilité est accompagnée de sanctions à l’encontre de l’État membre.


Mme CONCEPCIÓN ESCOBAR HERNÁNDEZ (Espagne) a félicité, à son tour, la CDI pour l’adoption en première lecture du projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.  Ce projet d’articles s’inspire de celui de la responsabilité des États mais contient des éléments spécifiques propres à la responsabilité des organisations internationales, a-t-elle dit.  Sa délégation appuie les précisions des dispositions générales.  L’Espagne transmettra en temps voulu ses observations et commentaires à la CDI, a-t-elle dit.  La représentante a ensuite abordé les trois questions en suspens que la CDI a posées aux délégations de la Sixième Commission.


Concernant la première question qui a trait à l’attribution à un État du comportement d’un organe mis à sa disposition, la représentante a estimé que la réponse à cette question doit être donnée en tenant compte de divers facteurs comme le degré de contrôle sur l’agent et la nature des faits commis par le représentant de l’organisation.  Pour déterminer que le moment où le consentement donné par une organisation internationale à la commission d’un fait par un État est une circonstance excluant l’illicéité du comportement de cet État, la représentante a souhaité un examen nuancé qui tienne compte du fait que l’État est ou non membre de l’organisation.  Pour déterminer quand une organisation internationale est habilitée à invoquer la responsabilité d’un État, elle a souhaité d’examiner les relations qui existent entre les États et les organisations internationales, en tenant compte de la qualité de membre de l’État, de la nature et des compétences de l’organisation qui veut invoquer la responsabilité de l’État.  Elle a conclu en appelant la CDI à approfondir sa réflexion sur ces trois questions.


M. TODD BUCHWALD (États-Unis) a estimé que le respect universel du droit international est essentiel pour le maintien de relations pacifiques entre les États, remerciant la Commission du droit international pour sa contribution au développement de ce droit.  Sur la responsabilité des organisations internationales, il s’est félicité des travaux de la Commission tout en se disant préoccupé par l’approche adoptée.  En se référant constamment aux projets d’articles sur la responsabilité des États, la CDI risque d’éluder les différences qui existent entre les États et les organisations internationales, et de faire abstraction des grandes différences qui existent entre les organisations internationales elles-mêmes.  De l’avis du représentant, le projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales ne peut s’appliquer qu’à un petit nombre de ces organisations.  Il a donné l’exemple de la légitime défense prévue au projet d’article 20 qui, a-t-il dit, ne peut s’appliquer qu’aux organisations internationales administrant un territoire ou qui déploient des forces armées.  Le représentant s’est interrogé sur l’utilité d’inclure un article qui a une application si restreinte.  Sa délégation apprécie le principe qui découle du projet d’article 63, qui limite l’application des projets d’articles dans des domaines régis par des règles spéciales du droit international, y compris les règles propres à certaines organisations.  Il a ajouté que sa délégation se félicite de l’invitation faite par la CDI aux gouvernements pour lui communiquer leurs observations et commentaires avant le 1er janvier 2011.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: l’occupation des territoires palestiniens par Israël y est la principale cause de la pauvreté et de la crise humanitaire, jugent des délégations

AG/EF/3257

Deuxième Commission: l’occupation des territoires palestiniens par Israël y est la principale cause de la pauvreté et de la crise humanitaire, jugent des délégations

27/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3257
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

22e séance – après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: L’OCCUPATION DES TERRITOIRES PALESTINIENS PAR ISRAËL Y EST LA PRINCIPALE CAUSE DE LA PAUVRETÉ ET DE LA CRISE HUMANITAIRE, JUGENT DES DÉLÉGATIONS


Plus d’un mois après la publication du rapport Goldstone, la question de l’occupation par Israël des territoires palestiniens était, pour la première fois cette année, au centre des débats de la Commission économique et financière (Deuxième Commission).  Abordant cette question sous l’angle des répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien et de la population arabe du Golan syrien occupé, les délégations qui sont intervenues ont majoritairement à la fois souligné son coût humain et matériel, et dénoncé la politique de l’État d’Israël tout en interpellant la communauté internationale sur le règlement de ce conflit. 


À l’occasion de ce débat, les délégations étaient saisies d’une note* du Secrétaire général présentant un rapport de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale, qui juge que « les restrictions imposées par Israël à la liberté de mouvement et le système de fermeture du territoire restent la principale cause de la pauvreté et de la crise humanitaire qui prévalent dans le territoire palestinien occupé ».


Confirmant cette analyse, l’Observateur de la Palestine a en outre ajouté que cette situation « est le produit de politiques discriminatoires » pratiquées par Israël vis-à-vis des Palestiniens, estimant qu’« une telle situation n’est tolérée nulle part ailleurs dans le monde ».  Cette dénonciation du représentant palestinien a reçu le soutien du Groupe des États arabes, et individuellement, de la République arabe syrienne, de la Tunisie et de l’Arabie saoudite notamment qui ont appelé à la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. 


Tout en regrettant l’inscription de la question de la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, à l’agenda « déjà fort chargé », selon lui, de la Deuxième Commission, le représentant d’Israël a qualifié les propos des intervenants qui l’ont précédé de « distorsions, mensonges, fausses prétentions et calomnies ».  Plus encore que d’autres enjeux, a-t-il poursuivi, « celui de l’exploitation des ressources naturelles oblige Palestiniens et Israéliens à une coopération qui se porte au mieux ».


À la fin du débat, le représentant de la République arabe syrienne et l’Observateur de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.


Enfin, abordant l’enjeu des technologies de l’information et des communications au service du développement, avant l’ouverture demain du débat général sur la question, le rapport** soumis par le Secrétaire général à la Commission a été présenté par Mme Dong Wu, représentante de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Elle a souligné « que même si la fracture numérique a continué de se résorber en 2008, de larges disparités subsistent sur le plan de la pénétration et de l’accessibilité économique, que ce soit dans les pays et les régions, ou encore d’un pays et d’une région à l’autre.  Dans l’ensemble des pays en développement, 12% seulement de la population utilisent l’Internet », a relevé Mme Dong Wu.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain mercredi, le 28 octobre, à partir de 10 heures pour débattre des technologies de l’information et des communications au service du développement.


*     E/2009/13

**    A/64/64.E/2009/10


Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles (A/64/77-E/2009/13)


Dans cette note, le Secrétaire général montre que l'occupation par Israël du territoire palestinien continue d'aggraver les difficultés économiques et sociales des Palestiniens.  Les restrictions imposées par Israël à la liberté de mouvement et le système de fermeture du territoire restent la principale cause de la pauvreté et de la crise humanitaire qui prévalent dans le territoire palestinien occupé et restreignent l'accès des Palestiniens aux ressources naturelles et aux services sociaux de base, ainsi qu'à l'emploi, aux marchés et aux réseaux sociaux et religieux, précise le rapport.  Suite à l'opération « Plomb durci », quelque 1 766 Palestiniens ont été tués, en grande majorité dans la bande de Gaza, indique le Secrétaire général dans ce document.  À la fin de 2008, quelque 193 700 colons israéliens vivaient dans Jérusalem-Est occupée, et 289 600 dans la bande de Gaza, relève-t-il en outre.  Il précise que la pauvreté dans la bande de Gaza, au cours de l’année 2007, touchait 80% des foyers contre 45% en Cisjordanie.  En outre, 38% de la population palestinienne vivent dans l'insécurité alimentaire, tandis que l'occupation israélienne continue d'avoir un impact négatif sur les conditions de vie de la population syrienne vivant dans le Golan occupé.  Pour leur part, les Nations Unies continueront à jouer leur rôle pour concrétiser la vision de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité, conclut le Secrétaire général.


Observations après la présentation du rapport


Réagissant à la présentation du rapport, l’Observateur de la Palestine a critiqué certaines de ses imprécisions, notamment lorsqu’il y est fait état de l’utilisation de la force excessive sans qu’il soit fait mention des actes de la partie israélienne.  Le rapport met essentiellement l’accent sur la partie palestinienne.  Le rapport, a-t-il encore regretté, ne donne pas suffisamment de détails sur le nombre de victimes palestiniennes causées par Israël depuis 8 ans, alors qu’il compte et insiste sur les 639 victimes occasionnées parmi les soldats israéliens dans la même période.  L’Observateur de la Palestine a en outre regretté que le rapport ne fasse pas une évocation détaillée des agressions israéliennes contre le peuple palestinien. 


Le représentant de la République arabe syrienne a quant à lui exprimé le soutien de sa délégation aux critiques que venait de faire son homologue palestinien, et il a dit que la Syrie espérait que de futures améliorations soient apportées au rapport, afin qu’il puisse refléter les souffrances du peuple palestinien. 


Débat général


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. AMAR DAOUD (Soudan) a dénoncé l’attaque israélienne « barbare » commise contre Gaza en décembre et janvier derniers, et les violations qui l’ont accompagnée.  Israël a imposé des restrictions aux mouvements des Palestiniens avec des bouclages systématiques depuis 2007, ce qui a conduit à des difficultés pour acheminer l’aide humanitaire vers Gaza, a dit M. Daoud.  Le représentant s’est ensuite élevé contre l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et la poursuite de la construction du mur de séparation, qui se poursuit en dépit de la décision de la Cour internationale de Justice, ainsi que contre la confiscation des terres et des ressources en eau du Golan syrien occupé.  La population syrienne se voit donc privée de ses droits les plus fondamentaux, a estimé le représentant, qui a exhorté en conclusion Israël à respecter les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.


M. AMMAR HIJAZI, Observateur de la Palestine, a rappelé que les actes de cruauté, de destruction et les abus multiples causés par l’État d’Israël contre les Palestiniens des territoires occupés depuis plus de 42 ans se sont multipliés au cours des derniers mois avec pour ambition de chasser de leurs terres les populations de la Palestine.  Ces populations, a-t-il poursuivi, sont cependant décidées à rester sur leurs terres ainsi que l’ont fait leurs ancêtres avant elles. 


M. Hijazi a jugé qu’Israël mène une guerre silencieuse contre le peuple palestinien dont un des aspects consiste en l’exploitation et la dégradation des ressources naturelles du territoire du peuple palestinien.  Les politiques israéliennes, a-t-il accusé, ont contribué à la raréfaction de l’eau pour les Palestiniens, un problème que ne connaissent pas les colons israéliens.  Quatre-vingt-dix pour cent (90%) des ressources en eau sont utilisées par Israël contre 10% aux Palestiniens, a-t-il indiqué.  L’Observateur de la Palestine a en outre dénoncé les confiscations de terres palestiniennes, la construction du mur de séparation, dont 58% des 705 kilomètres sont achevés, la persistance de 120 colonies illégales en Cisjordanie et de 13 autres dans la vielle ville de Jérusalem-Est.  Ceci fait que, pour les paysans palestiniens, il est impossible de cultiver, d’avoir des revenus et de mener une vie digne, a-t-il encore précisé. 


Citant divers rapports, M. Hijazi a souligné que ce sombre portrait de la situation des Palestiniens n’était pas le produit de leur imagination.  « Une telle situation n’est tolérée nulle part ailleurs dans le monde, et elle est le produit de politiques discriminatoires », a-t-il poursuivi.  Abordant la situation des Palestiniens de la bande de Gaza, sous embargo depuis trois ans, l’Observateur de la Palestine a estimé qu’ils étaient victimes des mêmes abus.  Il a relevé que le sort infligé aux populations de Gaza équivaut à une « punition collective » et A dénoncé les difficultés d’accès imposées aux organisations humanitaires par l’État d’Israël.  Le siège de Gaza, a-t-il ajouté, affecte tous les secteurs de l’économie.


Enfin, évoquant les conséquences environnementales de la politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens, M. Hijazi a observé que celles-ci étaient visibles tant par la dévastation des infrastructures de voirie, que par celle du système d’égouts notamment.   L’Observateur de la Palestine a cependant conclu en soulignant que le portrait qu’il a dressé de la situation dans les territoires palestiniens occupés vise non pas à créer le désespoir, mais à pousser à l’action conformément aux résolutions et engagements internationaux.  Il a souhaité que l’État d’Israël soit rappelé à l’ordre par la communauté internationale.  Le peuple palestinien, a-t-il conclu, souhaite parvenir à son autodétermination par l’établissement d’un État palestinien viable afin de garantir la paix dans la région.


M. TARIQ ALFAYEZ (Arabie saoudite) s’est livré la description de l’état des lieux, fort préoccupant, de la situation à Gaza, avant de souligner que le seul moyen d’éviter qu’elle ne s’aggrave davantage était de réaliser la paix israélo-arabe et de contraindre Israël à respecter les résolutions internationales.  Il a rappelé que les Arabes avaient fait preuve d’un engagement continu en faveur d’une paix juste et durable sur la base d’une légitimité internationale.  Selon le représentant, la poursuite des activités de peuplement dans les territoires arabes occupés rend les négociations inutiles et compromet sérieusement les possibilités de parvenir à la paix.  De plus, a estimé M. Alfayez, il est illogique d’imposer des conditions au peuple palestinien sous occupation tout en faisant des concessions aux autorités israéliennes.  Selon lui, l’Initiative de paix arabe représente la seule véritable occasion historique de reprendre le processus de paix et d’atteindre le résultat tant espéré, dans la mesure où toutes les parties concernées peuvent négocier sur la base des résolutions agréées au niveau international.  Aux termes de cette initiative, tous les pays arabes sans exception ont promis de mettre fin au conflit israélo-arabe et de signer un accord de paix permanent qui garantira la sécurité et la reconnaissance de tous les pays de la région, en échange du retrait d’Israël de tous les territoires occupés depuis 1967.  Malheureusement, Israël continue d’humilier quotidiennement les Palestiniens, a regretté le représentant, qui a demandé aux autorités israéliennes de mettre un terme à cette situation.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a relevé que l’occupation des territoires palestiniens est responsable de la pauvreté et du chômage de la population, eux-mêmes aggravés par la crise mondiale actuelle et la fluctuation des prix des denrées alimentaires, tout cela compromettant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Regrettant l’incapacité de la communauté internationale à honorer l’objectif de libérer le peuple palestinien, M. Kleib a estimé que tout indique qu’en ce moment les choses se détériorent.  En outre, le représentant de l’Indonésie a estimé que la croissance des colonies israéliennes était le plus grand défi imposé aux Palestiniens et le plus grand obstacle posé tant à la paix qu’à l’établissement d’un État palestinien viable.  Il a lancé un appel à mettre fin aux souffrances des Palestiniens par une stratégie à la fois à long terme et à court terme, en mettant fin notamment à l’occupation.  à propos d’occupation, celle de la bande Gaza est le plus grand problème auquel font face les populations palestiniennes, a-t-il ajouté.  Revenant à la nécessité de soutenir la solution de deux États, M. Kleib a évoqué les efforts déployés par son pays en vue de préparer les Palestiniens à se doter d’un État dont la construction, a-t-il observé, ne se fera pas en un jour.  Il a exprimé son soutien à l’avènement d’une Palestine libre, indépendante et démocratique, et la naissance de la paix dans la région.


M. ELYES LAKHAL (Tunisie) a rappelé le soutien de sa délégation à l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  Il a aussi déclaré que l’occupation israélienne doit prendre fin, et a accusé cette occupation d’avoir causé la détérioration de la situation économique et sociale des Palestiniens.  M. Lakhal a également dénoncé le fait que 262 barrages soient actuellement dressés en Cisjordanie par Israël, tandis que 80% des familles de Gaza vivent en dessous du seuil de pauvreté, sans compter qu’un énorme travail de reconstruction reste à accomplir dans cette région.  Il faut maintenant que la communauté internationale se mobilise pour mettre fin à l’occupation israélienne et œuvre à la création d’un État palestinien indépendant, a ajouté le représentant.


M. KHALID SHAWABKASH (Jordanie) a exprimé le soutien de son pays à la déclaration du Groupe des États arabes et s’est dit préoccupé par l’occupation des territoires palestiniens par Israël.  Le mur de séparation, a-t-il ajouté, a des répercussions graves sur la vie des Palestiniens.  L’occupation et la colonisation réduisent les chances de parvenir à la paix dans la région et affectent l’économie et la survie même du peuple palestinien, a-t-il encore déclaré.  M. Shawabkash a dénoncé les projets israéliens de constructions de colonies dans les territoires palestiniens, notant que les politiques de l’État d’Israël ont des répercussions aux niveaux politique, économique et social, mais aussi au niveau de l’environnement.  Il a expliqué que le système d’évacuation des eaux usées mis en place par les Israéliens cause la pollution des nappes phréatiques en territoire palestinien.  Le représentant de la Jordanie a enfin lancé un appel à Israël afin qu’il mette fin à l’occupation des territoires palestiniens occupés et à la communauté internationale afin qu’elle soutienne les efforts des organisations humanitaires présentes aux côtés des populations palestiniennes.


Mme CLAUDIA LOZA (Nicaragua) a déclaré qu’après 60 ans de lutte palestinienne et plus de deux ans d’un blocus économique « criminel » et une récente invasion militaire, la bande de Gaza était devenue « un camp de concentration de 365 km2 ».  Ses habitants ne peuvent pas se consacrer pleinement à leur développement économique et social, puisqu’ils sont occupés à survivre, a-t-elle affirmé.  Le peuple du Nicaragua, qui a subi l’occupation étrangère à plusieurs époques de son histoire, réaffirme la légitimité de la lutte du peuple palestinien pour obtenir la création d’un État indépendant dans des frontières sûres et légitimes, a poursuivi la représentante.  La Deuxième Commission ne doit pas oublier la terreur que subit le peuple palestinien, qui a été expulsé de ses propres terres et logements, a-t-elle ajouté, avant de dire: « cette institution ne devait pas continuer d’être complice de ce massacre ».


M. SALEM AL DHANHANI (Émirats arabes unis) a rappelé que suite à l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, entre 2008 et 2009, ce territoire a vu son produit intérieur brut (PIB) baisser de 80%, alors que 60% de sa population n’ont plus accès à l’électricité et 50% à l’eau potable.  L’occupation des territoires palestiniens par Israël depuis 1967 a causé une augmentation de la pauvreté de l’ordre de 80% à Gaza et 45% en Cisjordanie, a-t-il ajouté.  Le représentant des Émirats arabes unis a déploré le fait qu’en dépit des résolutions et avis internationaux, la construction du mur de séparation par Israël se poursuive.  M. Dhanhani a rappelé la solidarité de son pays avec le peuple palestinien et a appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour obliger Israël à respecter les lois internationales.  Enfin, il a plaidé pour la mise en œuvre des recommandations du rapport Goldstone.


M. OSAMA ALI (République arabe syrienne) a déclaré que le rapport de la CESAO mettait en évidence les souffrances endurées par les Palestiniens et les crimes commis par les autorités israéliennes contre eux.  Attirant l’attention sur la situation dans le Golan syrien occupé, il a rappelé que l’occupation de ce territoire durait depuis 1967, affirmant qu’elle continuait d'avoir un impact négatif sur les conditions de vie de la population syrienne locale.  Le représentant s’est élevé contre l’exploitation des ressources en eau du Golan et l’imposition de taxes injustes aux commerces locaux par Israël, avant de demander que prenne fin cette occupation.


M. URI RESNICK (Israël) a regretté, comme lors des années passées, l’inscription de la question de la « souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles » à l’agenda « déjà fort chargé », selon lui, de la Deuxième Commission.  Réagissant aux propos des intervenants qui l’ont précédé, le représentant d’Israël les a qualifiés de « distorsions, mensonges, fausses prétentions et calomnies ».  M. Resnick a noté que plus encore que d’autres enjeux, celui de l’exploitation des ressources naturelles oblige Palestiniens et Israéliens à coopérer.  L’Accord d’Oslo et divers autres accords entre les deux parties abordent cette question, a-t-il ajouté.  La coopération en matière de gestion de l’eau est au mieux, a poursuivi M. Resnick, qui s’est dit surpris de ce que ni les débats en cours, ni le projet de résolution à l’étude n’en fassent état.  Ce projet de résolution, a-t-il regretté, est une attaque politique voilée contre l’État d’Israël.  M. Resnick a conclu en relevant que l’inscription à l’ordre du jour des travaux de la Deuxième Commission d’un point qui met en cause un pays en particulier ne rend pas service à la cause de la paix.  Il a protesté « contre la terminologie tendancieuse et les informations manipulées », et a appelé à la fin de telles pratiques.


M. ISLAM TAGURI (Jamahiriya arabe libyenne) a dénoncé la multiplication des crimes commis contre le peuple palestinien, dont l’agression perpétrée par Israël l’hiver dernier et ses conséquences pour les populations locales.  Par ailleurs, l’édification, contraire au droit international, d’un mur de séparation en Cisjordanie morcèle le territoire palestinien et remet en cause la possibilité de la création d’un État palestinien viable, a-t-il dit.  La population palestinienne vit dans une situation tragique, a poursuivi le représentant, qui a dénoncé les conditions de vie des femmes et des enfants, l’assèchement des sols et les difficultés qui sont faites aux Palestiniens pour travailler ou se déplacer.  Il a en conclusion réitéré le soutien de sa délégation à l’autodétermination du peuple palestinien.


M. ALI AL-BADI (Qatar) a estimé que la recherche d’une solution juste à la question israélo-palestinienne doit être la priorité de la communauté internationale.  L’occupation israélienne constitue, a-t-il ajouté, un obstacle au développement des territoires palestiniens et du Golan syrien occupés.  M. Al-Badi a relevé que la construction du mur de séparation a contribué à l’aggravation des violations des droits des Palestiniens.  Revenant en détail sur les dégâts causés par l’opération israélienne « plomb durci » dans la bande de Gaza, le représentant du Qatar a déploré la crise humanitaire inégalée et la destruction des infrastructures qu’elle a entrainées.  Il a déploré l’augmentation de la pauvreté et relevé que l’occupation était un obstacle majeur au développement socioéconomique.  Il a, enfin, rappelé l’engagement de son pays en vue de contribuer au relèvement du niveau de vie dans les territoires palestiniens occupés.


M. JULIO ESCALONA (Venezuela) a dénoncé, lui aussi, le triste sort réservé par Israël aux Palestiniens.  Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont pourtant adopté des résolutions pertinentes au cours des dernières décennies sur la question, mais elles n’ont jamais été respectées, a-t-il déploré.  Il a ensuite demandé à Israël, puissance occupante, de ne plus exploiter ou mettre en danger les ressources naturelles des territoires arabes occupés, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé.  Le représentant a reconnu le droit du peuple palestinien à une compensation pour les crimes commis contre lui.  Israël doit compenser les Palestiniens, a-t-il affirmé.  M. Escalona a par ailleurs rappelé que le mur de séparation érigé par Israël sur le territoire palestinien occupé allait à l’encontre du droit international.


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, l’Observateur de la Palestine a contesté le propos du représentant d’Israël selon lequel la Deuxième Commission ne devait pas aborder la question de l’occupation.  L’occupation, a-t-il expliqué, est à l’origine de tous les problèmes des Palestiniens et ce forum, a-t-il conclu, est le lieu indiqué pour en débattre tant que l’occupation se poursuit.


Répondant à son tour, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que les accusations du représentant d’Israël reflétaient les positions du régime israélien et son mépris du droit international.  Cette question, d’une importance fondamentale, continuera d’être inscrite à l’ordre du jour de la Deuxième Commission tant qu’Israël n’aura pas restitué les territoires arabes occupés, a-t-il ajouté.


Les technologies de l’information et des communications au service du développement (A/64/64-E/2009/10)


Dans ce rapport, élaboré à la demande du Conseil économique et social (ECOSOC), le Secrétaire général fait le bilan des progrès réalisés aux niveaux international et régional dans la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial et recense les obstacles et les problèmes rencontrés.  Le rapport a été élaboré sur la base des renseignements fournis par 20 organismes internationaux et régionaux du système des Nations Unies et sur les efforts que ces organismes ont faits en 2008 pour mettre en œuvre les résultats du Sommet mondial, le but étant de partager les pratiques optimales et efficaces et les enseignements tirés de l’expérience.


Le document constate d’entrée qu’à maints égards, la fracture numérique a continué de se résorber en 2008: plus de la moitié de la population de la planète a au moins atteint un niveau élémentaire de connectivité.  En outre, poursuit le Secrétaire général dans ce rapport, 80 à 90% des habitants du globe vivent aujourd’hui à portée d’un réseau de téléphonie mobile, soit deux fois plus qu’en l’an 2000.  Il estime encore que le fossé qui sépare les pays développés des pays en développement en ce qui concerne l’accès à l’Internet se comble également, quoique plus lentement.  Fin 2008, note-t-il, la moitié des utilisateurs d’Internet habitaient dans des pays en développement, en particulier en Asie.  Sur le plan régional, l’Afrique et le Moyen-Orient connaissent la croissance la plus rapide en ce qui concerne la téléphonie mobile et l’Internet.  Cependant, le rapport du Secrétaire général constate aussi qu’en dépit de ces tendances positives, de nombreux problèmes continuent de se poser.  De larges disparités subsistent sur le plan de la pénétration et de l’accessibilité économique, que ce soit dans les pays et les régions ou d’un pays et d’une région à l’autre. Dans l’ensemble des pays en développement, 12% seulement de la population utilisent l’Internet.


En conclusion, le Secrétaire général note que des progrès considérables ont été réalisés en 2008 en vue de la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial.  Les différentes entités du système des Nations Unies ont fait état de très nombreuses activités mais, regrette-t-il, il n’existe pas de mécanisme permettant aux autres parties prenantes de faire part de leurs activités et il est donc difficile pour les facilitateurs des grandes orientations et pour les commissions régionales d’évaluer les efforts de la société civile, des entités commerciales et des partenariats regroupant diverses parties prenantes, de même que de faire rapport à ce sujet au secrétariat de la Commission de la science et de la technique au service du développement.  Le Secrétaire général suggère à la Commission de mettre l’accent sur les politiques et les applications en faveur des pauvres, notamment l’offre du haut débit au niveau local, afin de rétrécir le fossé numérique entre les pays et au sein d’un même pays.  Enfin, écrit-il, si le développement des infrastructures reste prioritaire pour les pays en développement, il importe de reconnaître que l’augmentation du taux de pénétration d’Internet n’est pas nécessairement suffisante pour créer une société de l’information pour tous.  Un accès véritable, que ce soit des individus ou des collectivités, demande plus qu’une simple infrastructure, constate-t-il.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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