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L’Assemblée générale adopte des textes liés aux réunions de haut niveau sur l’élévation du niveau de la mer et la résistance aux agents microbiens

Soixante-dix-huitième session
102e séance plénière – matin
AG/12616

L’Assemblée générale adopte des textes liés aux réunions de haut niveau sur l’élévation du niveau de la mer et la résistance aux agents microbiens

Examinant plusieurs points à son ordre du jour, l’Assemblée générale a débattu, ce matin, du deuxième rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, après avoir fait siens trois textes, dont une résolution relative à la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer.

Prévue le 25 septembre prochain à New York, pendant la semaine de haut niveau de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, cette réunion portera sur « la lutte contre les menaces que représente l’élévation du niveau de la mer », selon la résolution (A/78/L.100), qui en définit également la portée, les modalités, le format et l’organisation.  Ce texte, présenté par le Président de l’Assemblée et adopté par consensus, permettra d’intensifier les efforts « pour honorer nos engagements et atténuer les inquiétudes des millions de personnes » vivant dans les petits États insulaires en développement (PEID) et les zones côtières de faible altitude du monde entier, pour qui l’élévation du niveau de la mer est une menace immédiate, a souligné M. Francis Dennis, de la Trinité-et-Tobago, pays insulaire.

Dans le cadre de ce même point de l’ordre du jour, les délégations ont adopté sans vote un projet de décision (A/78/L.101), tel qu’oralement révisé, intitulé « Intensifier l’action face à l’élévation du niveau de la mer »Selon le Secrétariat, cette décision entraînera une incidence budgétaire d’un montant de 43 200 dollars pour 2025 et de 38 900 dollars pour 2026, en raison d’une charge de travail supplémentaire.

En vertu de ce texte, l’Assemblée générale décide de prier le Secrétaire général d’établir un rapport qui lui sera soumis vers la fin de sa soixante-dix-neuvième session ou au début de sa quatre-vingtième session et qui comportera des informations sur les défis liés à l’élévation du niveau de la mer et sur les moyens et stratégies permettant d’y faire face.  Elle prie, en outre, sa présidence d’organiser une réunion plénière de haut niveau d’une journée, au plus tard le dernier jour du débat général de sa quatre-vingt-unième session, en vue de poursuivre l’examen de cette question. 

Ces deux textes, bien que « loin d’être parfaits », ont le potentiel de donner une visibilité politique à cette question et un élan à tous les processus qui en discutent déjà, ont fait remarquer les Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS).  Lui emboîtant le pas, le Timor-Leste a appelé à une action collective pour s’attaquer aux causes mondiales de l’élévation du niveau de la mer et soutenir les efforts d’adaptation aux changements climatiques dans les pays les plus touchés.

Reste que, comme l’a relevé l’Allemagne, au nom de la coalition pour la lutte contre l’élévation du niveau de la mer et la menace existentielle qu’elle représente, les résultats restent limités face aux ambitions nécessaires et aux besoins des populations et communautés touchées.  Si la majeure partie des délégations ont salué les efforts déployés par les cofacilitateurs, le Costa Rica et la Nouvelle-Zélande, pour parvenir à un consensus, ont, en revanche, regretté que l’accent n’ait pas été mis davantage sur l’action.  Un point de vue partagé par le Forum des îles du Pacifique, qui, par la voix des Fidji, a saisi cette occasion pour annoncer une réunion au cours de ce mois aux Tonga sur le thème « Un Pacifique résilient ». 

Appelant également à l’action, l’Union européenne (UE) s’est félicitée de la nature ouverte, inclusive et transparente des modalités de la réunion plénière de haut niveau de septembre.  De fait, la résolution encourage d’y inviter à s’exprimer des chefs ou représentants de haut niveau d’États Membres, des parlementaires ou des représentants des autorités locales, des entités compétentes des Nations Unies et des représentants de la société civile, d’organisations régionales et sous-régionales, d’ONG, des peuples autochtones, des collectivités locales, du secteur privé, du milieu universitaire et du monde des sciences, ainsi que d’organisations dirigées par des jeunes.

La Fédération de Russie a, pour sa part, émis un avis discordant en estimant que cette réunion n’apportera pas de « valeur ajoutée » car la problématique de l’élévation du niveau de la mer est déjà traitée dans le cadre d’une série de processus, notamment dans les conférences internationales consacrées au PEID.

L’Assemblée générale a ensuite entériné par consensus un projet de décision (A/78/L.97), tel qu’amendé, portant sur la « participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens », par lequel elle décide d’approuver la participation de celles et ceux qui figurent dans la liste en annexe de ce texte. 

Un projet d’amendement (A/78/L.103), présenté par les États-Unis, avait auparavant été adopté par 70 voix pour, 6 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie, Inde, Nicaragua, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée) et 45 abstentions, demandant l’ajout de sept organisations à la liste figurant en annexe du projet de décision. 

Avant le vote sur ce projet d’amendement, qu’elle a soutenu, l’UE a regretté que certaines délégations continuent d’utiliser la procédure d’approbation tacite pour tenter de bloquer des ONG sur la base de considérations politiques sans rapport avec l’objectif de la réunion de haut niveau sur la résistance antimicrobienne. Une position également défendue par le Royaume-Uni, qui y a vu un moyen de miner les efforts de lutte contre les défis sanitaires mondiaux auxquels la société civile doit pouvoir apporter son expertise.  Lui aussi favorable à cet amendement, le Mexique a mis en avant les avantages potentiels que représente la participation d’ONG pour le système des Nations Unies. 

Justifiant son vote contre, la Fédération de Russie a dit être contrainte, une fois de plus, de prendre des mesures visant à empêcher certaines ONG de participer aux travaux de l’Assemblée générale.  Pour la délégation russe, l’amendement dresse une liste d’organisations dont les activités sont davantage axées sur des sujets politiques que sur des questions fondamentales.  Même son de cloche de la part de Cuba, pour qui ce texte « politique » a pour but de miner le principe d’approbation tacite, notamment d’ONG qui n’ont pas de statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC).

Le Brésil, qui a soutenu l’amendement, a toutefois fait observer que la liste des ONG qui y figurent ne comprend que des organisations de pays développés alors même que la question de la lutte contre les agents antimicrobiens touche de manière disproportionnée les pays en développement.  De son côté, l’Indonésie a appelé à respecter le consensus trouvé lors de l’adoption de la décision, non sans déplorer que certains pays ne l’aient pas fait aujourd’hui.  « Cela mine la confiance et l’unité », a-t-elle déclaré après s’être abstenue lors du vote sur le projet d’amendement.

En fin de séance, l’Assemblée générale a débattu du deuxième rapport (A/78/949) du Secrétaire général sur le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, structure créée en 2022 par la résolution 76/306.  Cet échange a été l’occasion pour des pays comme le Portugal de souligner le rôle des jeunes en tant qu’« agents de changement positif ».  Beaucoup ont vu dans la création de ce Bureau un premier résultat attendu de « Notre Programme commun ».

Le rapport note que des progrès significatifs ont été réalisés depuis juillet 2023 pour faire avancer le processus de transition tout en s’acquittant des mandats de fond du Bureau pour la jeunesse tels qu’ils ont été énoncés dans la résolution.  Il met également en avant les avancées réalisées dans la mise en œuvre de la Stratégie pour la jeunesse dans tout le système des Nations Unies, ajoutant que le Bureau pour la jeunesse a commandé un premier bilan intermédiaire des cinq premières années de cette stratégie, qui sera publié sur son site Web. 

Encourageant le Bureau à être ambitieux dans la mise en œuvre de son mandat, l’UE a affirmé avoir contribué à son fonctionnement à hauteur d’un million d’euros.  D’autres intervenants, comme le Guyana, ont souligné le rôle essentiel des jeunes dans la consolidation de la paix, y compris dans les efforts de médiation et les processus de paix.  Sur la même ligne, Malte s’est néanmoins alarmée du fait que le nombre de jeunes invités à s’exprimer au Conseil de sécurité et à la Commission de consolidation de la paix (CCP) a diminué au cours des dernières années.  En tant que membre de la CCP, l’Afrique du Sud s’est, elle, déclarée encouragée par les efforts du Bureau en faveur de la participation des jeunes dans les domaines de la paix et de la sécurité.

Quant à la Fédération de Russie, elle a fait valoir que l’élément central du travail du Bureau doit être le renforcement de la participation significative des jeunes « quasi exclusivement dans les processus décisionnels et le développement des politiques des États ».  Selon elle, les jeunes peuvent en effet être manipulés par des forces destructrices et subir des idées extrémistes, des tendances contre lesquelles elle a appelé à lutter. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la demande de l’Iran, le Conseil de sécurité se réunit d’urgence après l’attaque ayant causé la mort d’Ismail Haniyeh, le Chef politique du Hamas

CS/15782

À la demande de l’Iran, le Conseil de sécurité se réunit d’urgence après l’attaque ayant causé la mort d’Ismail Haniyeh, le Chef politique du Hamas

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

À la demande de la République islamique d’Iran, et à l’initiative de l’Algérie et de la Chine, membres du Conseil de sécurité, celui-ci s’est réuni, cet après-midi, pour entendre la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, faire le point sur la crise au Moyen-Orient, qui connaît une nouvelle escalade, après l’attaque, aujourd’hui à Téhéran, qui a causé la mort d’Ismail Haniyeh, le Chef du bureau politique du Hamas.  Israël a dénoncé la tenue de cette réunion convoquée par le « premier sponsor du terrorisme mondial ». 

Dans une lettre adressée au Président du Conseil de sécurité, le Représentant permanent de l’Iran accuse Israël d’avoir mené l’attaque dans laquelle Ismail Haniyeh, ainsi qu’un garde du corps, a trouvé la mort, a indiqué Mme DiCarlo.  Il y dénonce une « atteinte grave » à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de son pays et une « violation flagrante » du droit international.  Le Guide suprême iranien et d’autres hauts responsables gouvernementaux ont juré de venger la mort de M. Haniyeh, promettant à Israël « un châtiment sévère », a précisé la haute fonctionnaire, qui a également prévenu que divers groupes armés non étatiques alliés à l’Iran dans la région ont eux aussi agité la menace d’une riposte.  Et il y a quelques heures à peine, a-t-elle ajouté, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’Israël avait lancé ces derniers jours des frappes sur trois fronts, contre le Hamas, le Hezbollah et les houthistes, dans le cadre de la « guerre existentielle » que mène Tel-Aviv contre l’Iran. 

Les différentes attaques de ces derniers jours représentent une « escalade grave et dangereuse » de la crise régionale, sur fond de poursuite du conflit à Gaza entre Israël et le Hamas, a constaté la Secrétaire générale adjointe, en appelant à redoubler d’efforts diplomatiques pour ouvrir la voie à la paix et à la stabilité régionales, comme plusieurs membres du Conseil à sa suite, du Japon au Royaume-Uni, en passant par la France. Pour l’Algérie, la communauté internationale ne saurait rester silencieuse, « assourdie par l’indifférence », alors que le « sang innocent » est versé et le droit international réduit en lambeaux. 

Accusant directement Israël de s’être livré, en assassinant M. Haniyeh, à un acte de terrorisme international, l’Iran et l’Algérie ont considéré qu’au-delà de l’attaque contre un homme, il s’agissait d’une attaque « vicieuse » contre les fondements mêmes des relations diplomatiques, la sacralité de la souveraineté étatique et les principes qui sous-tendent l’ordre mondial. Pour l’Iran, en agissant de la sorte, Israël poursuivait également un objectif politique, en cherchant à perturber dès son inauguration le nouveau Gouvernement iranien, qui a pourtant donné la priorité au renforcement de la paix et de la stabilité régionales, ainsi qu’à l’amélioration de la coopération internationale. 

Rappelant qu’elle a mis en garde à plusieurs reprises contre les graves répercussions des activités malveillantes du « régime d’occupation israélien », la délégation iranienne a fait valoir que, malgré ces provocations, son pays a fait preuve jusqu’à présent de la plus grande retenue.  Aujourd’hui toutefois, elle a demandé que soient établies les responsabilités quant à cet acte d’agression, pour lequel le Conseil de sécurité devrait envisager des sanctions et d’autres mesures pour prévenir de nouvelles violations, et signaler que de telles activités malveillantes ne seront plus tolérées de la part d’Israël.  Les auteurs de cet assassinat politique, a déploré la Fédération de Russie, portent un « coup dur » aux négociations indirectes entre le Hamas et Israël afin d’instaurer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.  Négociations auxquelles M. Haniyeh participait activement, a rappelé la délégation russe, en fustigeant la « pratique brutale » des assassinats ciblés, un point de vue repris à son compte par l’Iraq. 

Évoquant l’incident survenu à Majdal Shams, la République arabe syrienne a tenu à rappeler que le Golan syrien est occupé par Israël et que ses habitants sont des Arabes syriens, profondément attachés à la Syrie, et qui rejettent l’occupation israélienne.  Raison pour laquelle cette délégation -ainsi que le Liban- a dénoncé l’instrumentalisation par Israël de la mort de 12 enfants druzes dans cette attaque. Outrée par la récente frappe israélienne contre une banlieue de Beyrouth et par les violations de la souveraineté du Liban et de l’Iran, la délégation syrienne a affirmé que « les criminels de guerre israéliens » ne pouvaient agir sans l’appui des États-Unis, avant de s’indigner de l’hypocrisie des pays occidentaux. 

Les États-Unis ont rejeté les accusations selon lesquelles ils auraient « participé à la mort du dirigeant du Hamas », assurant ne pas avoir d’informations à ce sujet, « et ne pas souhaiter spéculer ». Les délégations américaine et britannique sont toutefois revenues sur l’attaque qui a frappé la localité druze de Majdal Shams, dans le Golan, au bilan particulièrement lourd.  Alignés sur la position israélienne, le Royaume-Uni et les États-Unis l’ont attribuée au Hezbollah, dénonçant le rôle de Téhéran dans la déstabilisation de la région par le biais de ses mandataires, notamment le Hezbollah libanais et les houthistes, avant de défendre le droit à l’autodéfense d’Israël face à ces attaques terroristes. 

Les qualifiant d’« actes barbares », Israël s’est dit déterminé à continuer à exercer ce droit et à « riposter contre ceux qui nous attaquent », en pointant le Hamas, le Hezbollah et les houthistes, soutenus par l’Iran.  « Le monde ne peut se soumettre à la tyrannie des ayatollahs », s’est-il exclamé, en affirmant que c’est à l’Iran de rendre des comptes pour son soutien au terrorisme dans la région.  Le massacre du 7 octobre, les tirs de roquettes et la détention des otages qui se poursuit à Gaza sont la conséquence des ambitions impitoyables de l’Iran, a tranché le représentant israélien, avant d’appeler le Conseil à durcir les sanctions contre Téhéran et à désigner le Corps des gardiens de la révolution islamique comme organisation terroriste. 

Au contraire, l’observatrice de l’État de Palestine, attristée par l’assassinat d’un nouveau responsable palestinien en la personne d’Ismail Haniyeh, a exhorté le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les États Membres à agir pour qu’Israël cesse son agression, rende des comptes pour cet acte mais aussi pour les 130 000 Palestiniens tués ou blessés au cours des 300 derniers jours « d’horreur et d’enfer à Gaza ». 

Tous les membres du Conseil se sont en revanche accordés sur la nécessité de mettre fin au bain de sang dans la bande de Gaza, avec l’instauration rapide d’un cessez-le-feu, la libération des otages israéliens et l’ouverture d’un accès humanitaire sans entrave à l’enclave.  Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de relancer le règlement pacifique de la question palestinienne sur une base internationalement reconnue, ancrée dans le principe des deux États, ont-ils fait valoir.  « L’heure est venue », a souligné la Secrétaire générale adjointe en conclusion de son intervention. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposé

Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que, dans une lettre adressée aujourd’hui au Président du Conseil de sécurité, la République islamique d’Iran accuse Israël d’avoir mené l’attaque qui a tué aujourd’hui Ismail Haniyeh, le Chef du bureau politique du Hamas, à Téhéran, ainsi qu’un garde du corps.  La lettre fait état d’une « atteinte grave » à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Iran et d’une « violation flagrante » du droit international.  Le Guide suprême de l’Iran et d’autres hauts responsables ont juré de venger la mort de M. Haniyeh, annonçant à Israël « une punition sévère ».  Divers groupes armés non étatiques alliés à l’Iran dans la région ont également menacé de riposter contre Israël, a relevé la haute fonctionnaire.  Dans une adresse en direct à la nation il y a quelques heures, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’Israël avait lancé ces derniers jours des frappes sur trois fronts, notamment contre le Hamas, le Hezbollah et les houthistes, dans le cadre de la « guerre existentielle » que mène le pays contre l’Iran.

Ces événements font suite à plusieurs autres qui signalent une escalade supplémentaire au Moyen-Orient.  Le 27 juillet, un incident tragique a fait 12 morts et des dizaines de blessés dans une frappe manifeste contre un terrain de football dans le village druze de Majdal Shams, dans le Golan occupé par Israël.  Selon les Forces de défense israéliennes, une roquette Falaq-1 de fabrication iranienne a été tirée par le Hezbollah depuis le village de Chebaa, au Sud-Liban.  Le Hezbollah a nié toute responsabilité dans cette frappe, qui a fait suite à des mois d’échanges de tirs de plus en plus nourris de part et d’autre de la Ligne bleue et à des centaines d’attaques aériennes contre Israël, qui les attribue aux forces soutenues par l’Iran.  Le 30 juillet, les Forces de défense israéliennes ont rendu publique une déclaration affirmant qu’une « frappe ciblée » avait été menée à Beyrouth contre un commandant du Hezbollah présumé responsable des morts causés à Majdal Shams, a indiqué Mme DiCarlo.  Le Hezbollah a confirmé qu’un de ses hauts commandants, Fuad Shukr, également connu sous le nom de Hajj Mohsin, avait été tué.  Selon le Ministère libanais de la santé, au moins cinq autres personnes ont été tuées, dont deux enfants, et de nombreuses autres blessées.

Les différentes attaques de ces derniers jours représentent une « escalade grave et dangereuse » de la situation, sur fond de poursuite de la guerre entre Israël et le Hamas, a constaté la haute fonctionnaire.  Des efforts diplomatiques pour changer la trajectoire et trouver une voie vers la paix et la stabilité régionales sont donc nécessaires de toute urgence, a estimé Mme DiCarlo.  La communauté internationale doit œuvrer de concert à empêcher toute action de nature à aggraver le conflit.  Une action diplomatique rapide et efficace est nécessaire pour une désescalade régionale, et ce Conseil joue un rôle crucial à cet égard. « Le moment est venu », a conclu la Secrétaire générale adjointe.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité décide de lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine depuis 2013

9695e séance – matin
CS/15780

Le Conseil de sécurité décide de lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine depuis 2013

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2745 (2024), le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine (RCA) par la résolution 2127 (2013), ensuite modifié et reconduit par la résolution 2693 (2023). 

La levée totale de l’embargo sur les armes marque un « tournant historique » pour la paix et la stabilité non seulement en RCA mais également dans la région, s’est félicitée la Ministre centrafricaine des affaires étrangères, de la francophonie et des Centrafricains de l’étranger, qui participait à la réunion. Pour Mme Sylvie Valérie Baipo Temon, cette victoire fait de la diplomatie centrafricaine un modèle de persévérance et de détermination dans la quête d’un monde plus juste et d’un avenir plus pacifique. 

Par cette résolution, le Conseil décide également que, jusqu’au 31 juillet 2025, tous les États Membres prendront les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, à partir de leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armements et de matériels connexes de tous types à des groupes armés et aux personnes qui leur sont associées qui opèrent dans le pays. 

Le Conseil autorise tous les États Membres qui découvrent des articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l’exportation sont interdits par la présente résolution à les saisir, les enregistrer et les traiter, par exemple en les détruisant, en les mettant hors d’usage, en les entreposant ou en les transférant à un État autre que le pays d’origine ou de destination aux fins de leur élimination.  En outre l’État Membre qui saisit et élimine ces articles doit notifier le comité des sanctions créé par la résolution 2127 (2013) dans un délai de 30 jours et tous les États sont tenus de coopérer à cet effort. 

Sur ce dernier point, l’Algérie, qui préside actuellement le Comité 2127, aurait préféré que la responsabilité de la dévolution des articles saisis visés par la résolution revienne à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ou aux autorités de la RCA, « au lieu d’en laisser la responsabilité à l’État ayant opéré la saisie, et ce contre une simple notification. » 

Le texte prévoit en outre de proroger jusqu’au 31 août 2025 le mandat du Groupe d’experts -désormais dénommé « Groupe d’experts faisant suite à la résolution 2745 (2024) ».  Le Conseil réexaminera ce mandat de sorte qu’il porte tout particulièrement sur l’analyse des réseaux transnationaux qui fournissent les groupes armés en RCA et fera le nécessaire concernant sa nouvelle reconduction, le 31 juillet 2025 au plus tard. 

La France, en tant que porte-plume pour la RCA, a dit avoir mené des négociations inclusives et tenu compte des positions de chaque membre du Conseil.  Elle a également salué « l’excellente coordination » avec la RCA, qui a permis d’élaborer un « texte consensuel » et très court, qui permet selon elle de « lever toute ambiguïté ». Outre la levée de l’embargo territorial sur les armes établi sur la RCA en 2013, cette résolution impose des mesures restrictives sur les groupes armés et les individus associés, qui sont une menace pour l’intégrité territoriale du pays et sapent l’autorité de l’État, a insisté la délégation, non sans souligner que ces mesures répondent à la demande de la RCA.  « Il en va de la stabilité de la République centrafricaine et de l’ensemble de la région. »  

La Fédération de Russie a justifié son vote en faveur de ce texte, et par voie de conséquence pour la levée des mesures restrictives à l’encontre du Gouvernement centrafricain, par le fait que cela répond à la position de Bangui. « Ce n’est un secret pour personne » que la situation en RCA s’est améliorée de manière significative depuis 2013, a-t-elle fait valoir, rejointe par la Chine. 

De l’avis de ces deux pays, il serait également opportun, dans le contexte centrafricain, d’envisager la levée de l’embargo sur les armes à l’égard des groupes armés illégaux qui y opèrent.  Cet élément du régime de sanctions a en effet perdu depuis longtemps sa pertinence, a argué la délégation russe, notant que les sanctions n’ont pas été un obstacle jusque-là à l’alimentation de ces groupes en hommes, en armes et en financements.  À ses yeux, le problème des groupes armés illégaux ne peut être réglé que dans le cadre d’efforts souverains visant à stabiliser et à assurer la sécurité à l’intérieur des frontières nationales, en coopération avec les États voisins. 

Pour la Fédération de Russie, il est donc essentiel d’aider la RCA et ses voisins à coordonner et à combler les « lacunes » dans la coopération régionale en matière de sécurité frontalière, ce que Moscou entend continuer à faire de manière bilatérale en vue d’un retour définitif à la paix.  La Ministre centrafricaine a prévenu à cet égard que son pays reste confronté au double défi de la lutte contre les sources d’approvisionnement en armes et les trafics illicites transnationaux. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Texte du projet de résolution (S/2024/576)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République centrafricaine, et rappelant l’importance des principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale,

Insistant sur la décision prise dans la présente résolution de lever totalement l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine, établi par la résolution 2127 (2013) telle que modifiée, et soulignant, afin d’éviter tout doute, que le Gouvernement centrafricain ne fait plus l’objet d’aucun embargo sur les armes,

Se déclarant particulièrement préoccupé par les informations selon lesquelles des réseaux transnationaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés et les personnes qui leur sont associées qui opèrent en République centrafricaine, notant en particulier l’emploi d’engins explosifs, notamment des engins explosifs improvisés et des mines terrestres, qui causent des victimes parmi les civils ainsi que des destructions de biens civils et continuent d’entraver l’accès humanitaire, et condamnant fermement les violations des droits humains et atteintes à ces droits ainsi que les violations du droit international humanitaire,

Condamnant les activités criminelles transfrontières, telles que le trafic d’armes, le commerce illicite, l’exploitation illégale et le trafic de ressources naturelles, notamment de l’or, des diamants et du bois d’œuvre, et le trafic d’espèces sauvages, ainsi que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le détournement d’armes légères et de petit calibre, qui menacent la paix et la stabilité de la République centrafricaine et ont une incidence sur la sécurité de la région, condamnant également l’utilisation de mercenaires et les violations du droit international humanitaire et des droits humains et les atteintes à ces droits commises par ces derniers, et soulignant que la République centrafricaine doit avoir avec les pays voisins une collaboration active et étroite pour sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée et empêcher ainsi l’entrée sur son territoire de combattants armés, d’armes et de minerais provenant de zones de conflit,

Préoccupé par les incidences que la crise au Soudan a sur la situation humanitaire, la sécurité alimentaire et les conditions de sécurité dans les pays voisins en général et en République centrafricaine en particulier, puisqu’elle provoque un afflux important de rapatriés et de réfugiés en République centrafricaine, intensifie les besoins humanitaires et accroît les mouvements d’armes et de combattants dans les zones frontalières, et soulignant les obligations qui découlent du droit international humanitaire, s’agissant notamment de faire en sorte que l’aide humanitaire soit acheminée rapidement, sans entrave et dans des conditions sûres à la population dans le besoin,

Prenant note du lancement, par la Commission nationale en charge de la gestion des frontières, du plan d’action décennal et de la politique et des activités de gestion des frontières,

Soulignant que les mesures imposées par la présente résolution n’ont pas pour objet d’avoir des conséquences humanitaires négatives pour la population civile, rappelant la résolution 2664 (2022) et insistant sur le fait que toute solution durable devrait accorder la priorité à la réconciliation, notamment dans le cadre d’un processus inclusif associant les hommes et les femmes, y compris les personnes qui ont été déplacées du fait de la crise, quelle que soit leur origine sociale, économique, politique, religieuse et ethnique,

Rappelant la nécessité pour les États de faire en sorte que toutes les mesures prises pour mettre en œuvre la présente résolution soient conformes aux obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits humains et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient,

Sachant qu’il faut préserver les garanties d’une procédure régulière et garantir des procédures claires et équitables pour radier des listes relatives aux sanctions des personnes et des entités qui y sont inscrites, conformément à la résolution 2127 (2013) et les résolutions ultérieures, et se félicitant de l’adoption de la résolution 2744 (2024), par laquelle le mandat du Point focal pour les demandes de radiation et la procédure à suivre ont été renforcés,

Prenant note de la lettre datée du 15 mai 2024, adressée à son président par le Secrétaire général (S/2024/391) en application du paragraphe 14 de la résolution 2693 (2023) et du rapport des autorités centrafricaines, communiqué le 15 mai 2024 au comité des sanctions créé par la résolution 2127 (2013) (« le Comité ») conformément au paragraphe 13 de la résolution 2693 (2023),

Prenant note également du rapport final (S/2024/444) du Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé en application de la résolution 2127 (2013) (« le Groupe d’experts ») et prenant note en outre des recommandations du Groupe d’experts,

Constatant que les groupes armés qui opèrent en République centrafricaine constituent une menace contre la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine par la résolution 2127 (2013), telle que modifiée et reconduite par la résolution 2693 (2023);

2.    Décide que, jusqu’au 31 juillet 2025, tous les États Membres prendront les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, à partir de leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armements et de matériels connexes de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes, notamment en interdisant toute assistance technique ou formation et toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ou la fourniture, l’entretien ou l’utilisation de tous armements et matériels connexes, à des groupes armés et aux personnes qui leur sont associées qui opèrent en République centrafricaine;

3.    Décide d’autoriser tous les États Membres qui découvrent des articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l’exportation sont interdits par le paragraphe 2 de la présente résolution à les saisir, les enregistrer et les traiter (par exemple en les détruisant, en les mettant hors d’usage, en les entreposant ou en les transférant à un État autre que le pays d’origine ou de destination aux fins de leur élimination), décide que l’État Membre qui saisit et élimine (en les détruisant, en les mettant hors d’usage, en les entreposant ou en les transférant à un État autre que le pays d’origine ou de destination aux fins de leur élimination) ces articles en donne notification au Comité dans un délai de 30 jours en communiquant une liste détaillée de tous les articles éliminés et de leur mode d’élimination et décide également que tous les États sont tenus de coopérer à cet effort;

4.    Décide de reconduire jusqu’au 31 juillet 2025 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 9, 14 et 16 à 19 de la résolution 2399 (2018) et prorogées par le paragraphe 4 de la résolution 2536 (2020), et rappelle les paragraphes 10 à 13 et 15 de la résolution 2399 (2018);

5.    Réaffirme que les mesures énoncées aux paragraphes 9 et 16 de la résolution 2399 (2018) s’appliquent aux personnes et entités désignées par le Comité, conformément aux dispositions des paragraphes 20 à 22 de la résolution 2399 (2018), prorogées par le paragraphe 5 de la résolution 2693 (2023) et compte tenu de la décision imposée au paragraphe 1 de la présente résolution, s’agissant de lever l’embargo sur les armes établi par la résolution 2127 (2013), et de la décision prise au paragraphe 2 concernant les groupes armés et les personnes qui leur sont associées qui opèrent en République centrafricaine, notamment pour ce qui est de préparer, de donner l’ordre de commettre, de financer ou de commettre, en République centrafricaine, des actes qui compromettent les efforts visant un retour de la paix et sont contraires au droit international humanitaire, notamment les attaques contre le personnel médical ou humanitaire, ainsi que les actes de violences sexuelles et fondées sur le genre, et rappelle le paragraphe 1 de la résolution 2664 (2022);

6.    Décide de proroger jusqu’au 31 août 2025 le mandat du Groupe d’experts [désormais dénommé « Groupe d’experts faisant suite à la résolution X (2024) »], tel qu’il l’a énoncé aux paragraphes 30 à 39 de la résolution 2399 (2018) et reconduit au paragraphe 6 de la résolution 2693 (2023), exprime son intention de réexaminer le mandat de sorte qu’il porte tout particulièrement sur l’analyse des réseaux transnationaux qui fournissent les groupes armés en République centrafricaine et de faire le nécessaire concernant sa nouvelle reconduction le 31 juillet 2025 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les dispositions administratives voulues pour permettre au Groupe d’experts de poursuivre ses travaux sans interruption, en consultation avec le Comité, en faisant au besoin appel aux compétences des membres actuels du Groupe d’experts;

7.    Prie le Groupe d’experts de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport à mi-parcours d’ici au 31 janvier 2025, et un rapport final d’ici au 15 juin 2025, et de lui adresser au besoin des rapports d’étape;

8.    Condamne fermement les attaques et les atteintes aux droits humains commises par des groupes armés et demande au Groupe d’experts, dans le cadre de l’exécution de son mandat, de proposer de nouveaux exposés des motifs ou de les actualiser afin qu’ils puissent être ajoutés à la Liste, si nécessaire, conformément aux paragraphes 20 et 21 de la résolution 2399 (2018), en tenant compte de la décision imposée au paragraphe 1 de la présente résolution pour ce qui est de lever l’embargo sur les armes établi par la résolution 2127 (2013) et de la décision prise au paragraphe 2 concernant les groupes armés et les personnes qui leur sont associées qui opèrent en République centrafricaine;

9.    Demande au Groupe d’experts, dans le cadre de l’exécution de son mandat, de prêter une attention particulière à l’analyse des réseaux transnationaux de trafiquants qui continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine et des menaces liées aux engins explosifs, en coopération avec des experts des communautés sous-régionales (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et Communauté économique des États de l’Afrique centrale), le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, le Service de la lutte antimines et, selon les besoin, avec d’autres groupes d’experts qu’il a créés;

10.   Exhorte toutes les parties et tous les États Membres, ainsi que les organisations internationales, régionales et sous-régionales, à coopérer avec le Groupe d’experts et à assurer la sécurité de ses membres;

11.   Exhorte tous les États Membres et tous les organismes compétents des Nations Unies à permettre au Groupe d’experts de consulter toutes personnes et d’accéder sans entrave à tous documents et sites, afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat, et rappelle qu’il est utile que la MINUSCA et le Groupe d’experts mettent en commun les informations dont ils disposent;

12.   Réaffirme les dispositions relatives au Comité et les dispositions concernant la présentation de rapports et la révision des mesures prises énoncées dans la résolution 2399 (2018) et décide que celui-ci sera désormais dénommé « Comité faisant suite à la résolution XX (2024) »;

13.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: face à la catastrophe humanitaire à Gaza, les délégations rappellent le rôle essentiel de l’UNRWA, menacé de démantèlement

9694e séance – matin
CS/15779

Conseil de sécurité: face à la catastrophe humanitaire à Gaza, les délégations rappellent le rôle essentiel de l’UNRWA, menacé de démantèlement

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Les délégations ont apporté, ce matin, lors d’une séance du Conseil de sécurité demandée par l’Algérie, la Chine et la Fédération de Russie, leur soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui pourrait, la semaine prochaine, être expulsé de Jérusalem-Est et être désigné comme organisation terroriste par Israël.  Face à la catastrophe humanitaire à Gaza, l’Office joue un rôle vital, ont déclaré les intervenants, en appelant à un accès humanitaire sans entrave et à un cessez-le-feu. 

Le Coordonnateur spécial adjoint pour le processus de paix au Moyen-Orient, Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire, M. Muhannad Hadi, a tout d’abord détaillé la gravité de cette catastrophe, qualifiée « d’absolue » par le délégué de l’Algérie.  Les personnes qui survivent aux bombes et aux balles à Gaza doivent faire face à la faim, à l’insalubrité et au manque de soins, a résumé M. Hadi. Il a également évoqué les milliers d'enfants ayant subi de terribles blessures telles que des brûlures au troisième degré, des amputations et de profonds traumatismes mentaux. 

M. Hadi a souligné les efforts de l’ONU et de ses partenaires pour apporter une aide vitale aux Gazaouites dans le besoin.  « Le problème n’est pas notre engagement mais l’incapacité à remplir notre mandat, et cela échappe à notre contrôle », a-t-il déploré.  Rappelant que l’UNRWA assume le plus lourd fardeau de la réponse humanitaire, il a jugé « totalement inacceptable » la campagne visant cette agence.  L’UNRWA est en effet menacé de démantèlement, a indiqué sa Commissaire générale adjointe, Mme Antonia Marie De Meo, en rappelant que 199 de ses employés ont été tués depuis le début de ce conflit. 

Mme De Meo a indiqué que la Knesset israélienne a adopté en première lecture trois projets de loi visant, respectivement, à interdire les opérations de l’UNRWA dans Jérusalem-Est occupée, révoquer les privilèges onusiens de l’agence et la désigner comme organisation terroriste.  Si ces trois lois, qui sapent les fondations mêmes du droit, devaient être adoptées, peut-être dès le début de la semaine prochaine, les conséquences seraient graves et immédiates, a-t-elle averti. « Elles feraient peser un danger direct sur le personnel de l’UNRWA et le mandat de l’Assemblée générale. » 

Or, a rappelé Mme De Meo, il n’existe pas d’alternative crédible à l’UNRWA à Gaza et dans la région.  La Commissaire générale adjointe a également évoqué les accusations portant sur l’implication d’employés de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre dernier.  L’enquête interne sur les individus concernés est en cours, a-t-elle dit.  Elle a précisé que l’UNRWA est pleinement engagé à mettre en œuvre les recommandations du Groupe d’examen indépendant, rendues publiques en avril, s’agissant du respect par l’agence du principe humanitaire de neutralité. 

Les délégations ont apporté leur soutien à l’UNRWA, à l’instar de la Suisse qui a rappelé que l’Office est le plus grand acteur humanitaire dans la bande de Gaza.  Le rôle de l’UNRWA est indispensable, a appuyé la France, en demandant la levée des entraves à son travail.  « Notre soutien pour 2024 s’élève à 38 millions d’euros, ce qui fait de la France le quatrième donateur à l’UNRWA », a fait valoir la délégation française, saluant le lancement par l’agence de son plan d’action de haut niveau visant à mettre en œuvre les recommandations dudit Groupe d’examen. 

Le Royaume-Uni a rappelé le déblocage la semaine dernière de 27 millions de dollars en faveur de l’Office, dont une partie sera affectée à la mise en œuvre de ces recommandations.  De son côté, la Fédération de Russie a estimé que les projets de loi israéliens sont une « gifle » à l’ONU, tandis que la Chine et l’Iraq, au nom du Groupe arabe, ont dénoncé les tentatives visant à la discréditer.  « La réelle cible d’Israël, ce sont les millions de Palestiniens qui dépendent de l’UNRWA pour survivre », a pointé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, tandis que la Sierra Leone appelait à renforcer l’agence plutôt qu’à l’affaiblir. 

Israël a en revanche prononcé un véritable réquisitoire contre l’UNRWA, estimant que l’agence n’est pas en mesure de respecter son obligation de protéger. L’UNRWA n’a encore rien fait de la liste que nous lui avons fournie d’une centaine de noms de terroristes employés à Gaza, a tranché le délégué.  « Pourquoi l’ONU n’a-t-elle pas licencié ces employés terroristes jusqu’à présent ? »  Le délégué israélien a également accusé les bureaux et écoles de l’UNRWA de servir d’entrepôts d’armes pour le Hamas.  Israël a organisé et facilité l’acheminement de l’aide alors même qu’il est soumis aux attaques implacables du Hamas, a-t-il affirmé. 

Les délégations, à l’instar des États-Unis et de la France, ont demandé que l’aide humanitaire soit acheminée sans entrave et que les populations civiles soient préservées des actions militaires.  L’Algérie a demandé l’ouverture de tous les points de passage, y compris celui de Rafah, en souhaitant qu’ils soient opérés uniquement par l’Égypte et l’Autorité palestinienne.  Elle a en outre plaidé pour le déploiement de superviseurs à Rafah afin de mettre en œuvre la résolution 2720 (2023) et assurer la distribution de l’aide. 

« Si le Conseil n’agit pas, qui le peut alors? » a demandé l’Algérie, en appelant à un cessez-le-feu immédiat.  La Fédération de Russie a estimé que le « plan Biden », endossé dans la résolution 2735 (2024) mais resté lettre morte, permet aux États-Unis et à Israël d’empêcher les autres membres du Conseil de prendre des initiatives pour un cessez-le-feu.  La Chine a appelé les États-Unis à accentuer leur pression sur leur allié israélien en vue de cet objectif, avant d’inviter le Conseil à prendre de « nouvelles mesures » pour faire appliquer ses résolutions. 

« Dans un monde parallèle, Netanyahu s’est présenté au Congrès américain pour assurer qu’Israël ne tue ni n’affame les Palestiniens », a constaté l’Observateur permanent de Palestine.  Il a dit y avoir vu « le discours d’un belliciste qui s’est engagé à déshumaniser le peuple palestinien et à lui nier tous ses droits ».  Selon lui, le Gouvernement israélien veut que le Conseil adhère à sa « vision suprémaciste », ce qui le rendrait complice de ses crimes.  Il a également noté que la Vice-Présidente des États-Unis, Mme Kamala Harris, est aujourd’hui critiquée par des voix israéliennes pour avoir exprimé sa compassion à l’égard des victimes palestiniennes. 

« Le Hamas pourrait faire cesser les souffrances à Gaza dès demain s’il acceptait d’appliquer sans condition la proposition de cessez-le-feu qui a été présentée », ont réagi les États-Unis.  La délégation américaine a, par conséquent, invité le Conseil à continuer d’exercer une pression sur le Hamas afin qu’il respecte ses résolutions. Le Conseil devrait discuter du Hamas dont la priorité est la destruction d’Israël orchestrée par l’Iran, a appuyé le délégué israélien, en rappelant que 115 otages sont toujours aux mains du groupe palestinien.  La Suisse, le Royaume-Uni ou encore la France ont exigé la libération inconditionnelle des otages. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

Mme ANTONIA MARIE DE MEO, Commissaire générale adjointe chargée de l’appui opérationnel auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a indiqué que cette agence onusienne, véritable « colonne vertébrale » de la réponse humanitaire à Gaza, fait face à des défis considérables.  Gaza est un champ de ruines et la menace d’une guerre régionale grandit, a-t-elle résumé, avant d’indiquer que l’UNRWA fait face à une menace imminente, celle d’être expulsée de Jérusalem-Est occupée et d’être désignée comme organisation terroriste par le Parlement israélien.  « Notre espace d’opération dans le Territoire palestinien occupé se rétrécit de jour en jour », a-t-elle déploré, estimant que ces développements exigent l’action urgente du Conseil de sécurité. 

Mme De Meo a ensuite déclaré que l’UNRWA, qui a des milliers d’employés sur le terrain à Gaza, n’a pu que constater le peu de changement apporté par les différentes résolutions adoptées par le Conseil.  L’acheminement de l’aide humanitaire demeure une tâche impossible, a constaté l’intervenante.  À Gaza, les violations flagrantes du droit international sont monnaie courante, et femmes, enfants, journalistes et travailleurs humanitaires en paient le prix fort, a-t-elle constaté, affirmant que « l’UNRWA ne fait pas exception ».  Elle a précisé que 199 employés de l’UNRWA ont été tués et que près des deux tiers des bureaux de l’agence, soit 190 immeubles, ont été touchés.  Au cours des deux dernières semaines seulement, huit écoles de l’UNRWA, qui servaient toutes à accueillir des réfugiés, ont été frappées.  Les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être des cibles de guerre, a-t-elle tranché.  « Personne n’est en sécurité à Gaza, y compris les travailleurs humanitaires. » 

Dans ce contexte, Mme De Meo a dénoncé la poursuite des efforts destinés à démanteler l’UNRWA.  Le visa du Commissaire général, qui a expiré il y a plus d’un mois, n’a pas été renouvelé, a-t-elle relevé, ajoutant que, le 22 juillet, la Knesset a adopté en première lecture trois projets de loi visant, respectivement, à interdire les opérations de l’agence dans Jérusalem-Est occupée; révoquer les immunités et privilèges onusiens de l’UNRWA et désigner l’UNRWA comme organisation terroriste.  Si ces trois lois, qui sapent les fondations mêmes du droit international, devaient être adoptées, ce qui pourrait advenir dès le début de la semaine prochaine, les conséquences seraient graves et immédiates, a-t-elle averti. « Elles feraient peser un danger direct sur le personnel de l’UNRWA et le mandat de l’Assemblée générale. » 

La Commissaire générale adjointe a également évoqué les accusations graves sur l’implication d’employés de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre dernier en Israël. Elle a rappelé que l’enquête interne sur les individus concernés est toujours en cours, tandis que le Groupe d’examen indépendant créé par le Secrétaire général sur la neutralité de l’agence a publié ses conclusions.  Selon cette instance, l’UNRWA a une approche plus aboutie en matière de neutralité que d’autres entités onusiennes ou ONG similaires, a-t-elle fait valoir. L’UNRWA est pleinement engagée à mettre en œuvre les recommandations du Groupe d’examen indépendant, a assuré Mme De Meo. 

En conclusion, elle a appelé à poursuivre les efforts pour un cessez-le-feu et à protéger le mandat de l’UNRWA, y compris au sein d’un cadre de transition.  Nous avons plus que jamais besoin d’un soutien politique et financier, a-t-elle ajouté, avant de former l’espoir que le Conseil se prononcera sur les attaques visant l’agence.  À ses yeux, « il n’existe pas d’alternative crédible à l’UNRWA à Gaza et dans la région ». 

M. MUHANNAD HADI, Coordonnateur spécial adjoint pour le processus de paix au Moyen-Orient, Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire, a rappelé que, depuis le 7 octobre dernier, le Secrétaire général et les dirigeants de l’ONU n’ont cessé de réclamer un cessez-le-feu, la capacité de fournir une aide aux Palestiniens de Gaza conformément aux principes humanitaires et la libération immédiate et inconditionnelle des otages.  Il a ensuite fait part de témoignages d’habitants de Gaza, qu’il a pu rencontrer le 9 juillet à Deïr el-Balah.  Tous ont parlé du manque de sécurité, de dignité et d’intimité dans les camps surpeuplés, a-t-il rapporté, ajoutant de que nombreuses femmes ont déclaré avoir des pensées suicidaires.  Il a également évoqué ces milliers enfants qui ont subi d’horribles blessures telles que des brûlures au troisième degré, des membres amputés et de profonds traumatismes mentaux.  Ceux qui survivront auront des handicaps à vie et un avenir triste, a déploré le haut fonctionnaire avant de rappeler que les enfants de Gaza errent 24 heures sur 24 et sept jours sur sept sur les sites de déplacés, souvent non accompagnés, exposés à d’énormes risques et à d’autres blessures en jouant dans les décombres remplis de munitions non explosées.  Ils risquent aussi de contracter des maladies dangereuses telles que la polio à cause des montagnes d’ordures et des rivières d’eaux usées qui traversent les camps de personnes déplacées. 

Dans la bande de Gaza, a poursuivi M. Hadi, ceux qui survivent aux bombes et aux balles sont toujours confrontés aux menaces de la faim, de conditions insalubres et du manque de soins de santé.  Les personnes souffrant de problèmes médicaux préexistants, comme le cancer, l’insuffisance rénale ou le diabète, ne reçoivent pas le traitement dont elles ont besoin et plusieurs dizaines de milliers de patients nécessitent une évacuation sanitaire urgente.  Dans ce contexte, la violence communautaire augmente car il n’y a plus d’ordre public.  Une protection est selon lui nécessaire de toute urgence pour la population civile de Gaza, mais aussi pour les opérations humanitaires.  À cet égard, le Coordonnateur résident et humanitaire a souligné les efforts déployés par l’ONU et les ONG pour apporter une aide vitale aux plus vulnérables.  « Le problème n’est pas notre engagement mais l’incapacité à remplir notre mandat, et cela échappe à notre contrôle », s’est-il lamenté. Rappelant que l’UNRWA a assumé le fardeau de cette crise, il a jugé « totalement inacceptables » la campagne contre cette agence de l’ONU, les attaques contre ses locaux et les efforts législatifs visant à la déclarer organisation terroriste et à mettre fin à ses opérations. 

Pour que l’ONU soit en mesure de fournir l’assistance nécessaire à la population de Gaza, il importe tout d’abord que les civils et les infrastructures civiles, y compris le personnel et les biens humanitaires, soient protégés, ce qui est de la responsabilité des parties belligérantes, a souligné M. Hadi. En deuxième lieu, la réception, l’expédition et la livraison sans entrave et en toute sécurité de toute l’aide humanitaire doivent être immédiatement assurées, a-t-il ajouté, plaidant pour que tous les points de passage soient utilisés simultanément, avec des procédures simplifiées, y compris le point de passage de Rafah, qui doit également être rouvert pour l’évacuation médicale des patients et la circulation des personnes, des travailleurs humanitaires, des marchandises et du carburant.  Afin d’accélérer la livraison de l’aide, il a été demandé que les camions de l’ONU soient autorisés à circuler directement depuis l’Égypte et la Jordanie vers les destinations humanitaires à l’intérieur de Gaza, a encore précisé le Coordonnateur, pour qui l’aide doit aussi pouvoir circuler du sud au nord et vice versa. 

M. Hadi a en outre exigé qu’il n’y ait aucune limitation quant à la quantité et au type d’articles humanitaires pouvant entrer à Gaza et que des visas soient accordés à tous les membres du personnel de l’ONU et des ONG.  Quelle que soit la forme que prendra le conflit dans un avenir proche, les humanitaires doivent pouvoir accéder en toute sécurité aux populations dans le besoin où qu’elles se trouvent dans la bande de Gaza, a-t-il martelé, avant d’assurer que « l’ONU et ses partenaires n’abandonneront jamais ».  Pour cela, nous avons besoin d’un cessez-le-feu et de la libération immédiate et inconditionnelle des otages, a-t-il répété, exhortant les parties à remplir leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie impose une nouvelle discussion sur les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine

9693e séance – matin
CS/15778

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie impose une nouvelle discussion sur les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

À la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité s’est à nouveau penché, ce matin, sur la question des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine.  Dans son exposé, le Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement a confirmé la poursuite des transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes, tout en précisant que, dans le même temps, des États transfèrent ou prévoient de transférer aux forces armées russes des armes et des munitions, dont certaines auraient été utilisées en Ukraine. 

Avant que ne commence formellement cette réunion, la seizième convoquée par la Fédération de Russie sur ce sujet depuis le début de son invasion de l’Ukraine en février 2022, le représentant russe, en tant que président de séance, a justifié l’absence de l’Ukraine et de l’Union européenne par le fait qu’il n’y a pas eu d’unanimité sur la question parmi les membres de l’organe.  Signe de la tension régnant dans la salle, le délégué du Royaume-Uni a alors soulevé une motion d’ordre pour rappeler les « très bonnes raisons » pour lesquelles les États non membres du Conseil peuvent participer aux réunions qui les concernent.  Il revient à ces derniers de décider s’ils souhaitent ou non participer à une réunion, a-t-il fait valoir, appelant à poursuivre la pratique en vigueur.  Il a reçu le soutien appuyé de ses homologues de la France et des États-Unis. 

Le Haut-Représentant adjoint aux affaires de désarmement a ensuite indiqué que, selon les informations accessibles au public, les transferts d’armes et de munitions à l’Ukraine concernent des armes lourdes classiques telles que des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des véhicules aériens de combat sans équipage (drones), ainsi que des munitions télécommandées, des armes légères et de petit calibre, des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions. 

Des armes, telles que des drones et des missiles balistiques, ainsi que des munitions sont également transférées aux forces armées russes, s’est empressé d’ajouter M. Ededeji Ebo, avant de rappeler que tout transfert d’armes et de munitions doit s’effectuer dans le respect du cadre juridique international applicable, y compris des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Reconnaissant que l’afflux d’armes et de munitions dans des zones de conflit armé présente des risques importants de détournement et de prolifération, M. Ebo a plaidé, à titre de prévention, pour une plus grande transparence de la chaîne d’approvisionnement ainsi que pour des échanges d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs.  Il a également préconisé des pratiques de marquage et de traçage, des évaluations des risques de détournement avant transfert, des certificats d’utilisateur final comprenant des clauses de non-transfert, des vérifications après expédition et une surveillance permanente. 

Après s’être ému du nombre d’enfants tués ou blessés en juin dans ce conflit, le plus élevé en 2024, le haut fonctionnaire a constaté que l’utilisation de drones et de missiles continue de faire des victimes parmi les civils et d’endommager les infrastructures civiles.  Il a rappelé la condamnation par le Secrétaire général des attaques de missiles effectuées le 8 juillet par la Fédération de Russie contre des infrastructures résidentielles et civiles dans toute l’Ukraine, notamment contre l’hôpital national spécialisé pour enfants Okhmatdyt à Kyïv, non sans faire état d’un nombre croissant de frappes ukrainiennes contre des villes russes, dont certaines ont entraîné des pertes civiles.  Il a donc sommé les parties de cesser d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées et, à terme, de cesser complètement les combats dans des zones urbaines. 

À l’invitation de la présidence russe du Conseil, l’analyste Karin Kneissl, ancienne cheffe de la diplomatie autrichienne, a, elle, insisté sur la facilité avec laquelle les armes circulent.  « Ceux qui, de Bruxelles à Berlin, demandent plus d’armes pour l’Ukraine ignorent la nature du commerce des armes », a-t-elle affirmé, mettant en garde contre les détournements au profit d’éléments criminels, phénomène observé en Libye après l’intervention de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis en 2011.  Saluant la position de la Hongrie, la seule en Europe à être hostile aux livraisons d’armes à l’Ukraine, elle a pointé le risque sécuritaire que font peser les armes en circulation de même que le retour dans leurs pays d’origine des mercenaires européens déployés sur le théâtre ukrainien. 

Un avis largement partagé par la Fédération de Russie, qui, après avoir une nouvelle fois dénoncé la politique russophobe des Occidentaux, États-Unis en tête, a dénoncé la corruption généralisée qui, selon elle, accompagne les approvisionnements d’armes à l’Ukraine.  Compte tenu de la « réticence totale des Ukrainiens à se battre et à mourir pour les intérêts géopolitiques occidentaux », les États-Unis et leurs alliés sont contraints de s’impliquer davantage dans le conflit et d’envoyer non seulement des mercenaires mais aussi des instructeurs, lesquels deviennent des « cibles légitimes » pour les forces russes, a-t-elle encore asséné. 

Qualifiant de « catastrophique » la situation actuelle de l’armée ukrainienne, malgré l’appui occidental, la délégation russe a pris note de la « prétendue volonté du régime de Kiev » d’entamer des négociations de paix avec la participation de la Russie, une position qui, selon elle, correspond à celle de Moscou, favorable à la voie diplomatique pour résoudre le conflit.  « Nous n’avons jamais refusé les négociations, ce sont Zelenskyy et sa clique qui les ont rejetées à l’instigation de leurs sponsors occidentaux », a-t-elle soutenu, avant d’inviter le dirigeant ukrainien à s’inspirer des « propositions de paix » formulées par le Président Putin il y a un mois.  « Nous lui conseillons de se dépêcher car l’Ukraine n’obtiendra certainement rien de mieux. » 

Tour à tour, les membres occidentaux du Conseil, y compris le Japon et la République de Corée, ont regretté la tenue de cette réunion, fustigeant les distorsions, les menaces et les mensonges proférés par la délégation russe.  La France a ainsi condamné cette « logique d’inversion du réel », qui permet à la Fédération de Russie d’organiser une énième réunion pour accuser les livraisons d’armes à l’Ukraine d’être responsables d’une guerre qu’elle seule a déclenchée. 

« La Russie continue de violer la Charte des Nations Unies en poursuivant sa guerre d’agression contre l’Ukraine et elle utilise le Conseil pour diffuser la désinformation », se sont indignés les États-Unis, avant d’appeler à l’arrêt de toute coopération militaire avec ce pays, qui, en violation des résolutions du Conseil, s’appuie sur l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour renforcer son industrie militaire.  Une ligne également défendue par le Royaume-Uni, tandis que la République de Corée et la Slovénie avertissaient que l’achat d’armes en provenance de la RPDC favorise la prolifération des armes de destruction massive et déstabilise simultanément deux parties du globe. 

Si ces mêmes États ont réaffirmé leur engagement à aider l’Ukraine à exercer son droit à la légitime défense, conformément à l’Article 51 de la Charte, d’autres pays ont fait entendre une autre voix.  Jugeant que l’acheminement d’armes et de munitions aggrave la crise, renforce l’imprévisibilité, conduit à plus de victimes et amenuise l’espoir d’une issue aux combats, la Chine a plaidé pour une désescalade urgente, suivie de négociations pour un règlement politique de la « question ukrainienne ».  À cet égard, elle a dit « faire partie de la solution », comme en atteste le plan sino-brésilien en six points soumis au Ministre ukrainien des affaires étrangères, assurant ne pas être partie au conflit et ne pas livrer d’armes à l’une ou l’autre des parties. 

Le nombre alarmant de victimes civiles et la crise humanitaire en Ukraine soulignent l’urgente nécessité pour toutes les parties de poursuivre une autre option que celle de gagner la guerre sur le champ de bataille, a pour sa part défendu la Sierra Leone.  De fait, le dialogue et la diplomatie devraient être les principaux outils utilisés pour désamorcer les tensions et ouvrir la voie à un règlement pacifique du conflit, a ajouté la délégation, appelant le Conseil à rester inébranlable dans sa recherche d’une paix juste et durable en Ukraine. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposés

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a indiqué que, depuis le dernier exposé au Conseil de sécurité sur ce sujet le 14 juin dernier, la fourniture d’une assistance militaire et les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis dans le contexte de l’invasion à grande échelle de ce pays, lancée par la Fédération de Russie le 24 février 2022.  Selon les informations accessibles au public, ces transferts concernent des armes lourdes classiques telles que des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des véhicules aériens de combat sans équipage (drones), ainsi que des munitions télécommandées, des armes légères et de petit calibre, des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions.  En outre, a-t-il poursuivi, des informations font apparaître que des États transfèrent ou prévoient de transférer des armes, telles que des drones et des missiles balistiques, et des munitions aux forces armées russes, et que ces armes auraient été utilisées en Ukraine.  Le haut fonctionnaire a rappelé que tout transfert d’armes et de munitions doit s’effectuer dans le respect du cadre juridique international applicable, y compris des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Après s’être alarmé des informations faisant état de l’utilisation d’armes à sous-munitions et d’une contamination généralisée en Ukraine par des mines et des restes explosifs de guerre, M. Ebo a reconnu que l’afflux d’armes et de munitions dans des zones de conflit armé présente des risques importants de détournement et de prolifération, même après la fin du conflit. Pour prévenir les détournements, il a fait valoir l’importance de la transparence de la chaîne d’approvisionnement ainsi que de la coopération et de l’échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, plaidant en outre pour des pratiques de marquage et de traçage, des évaluations des risques de détournement avant transfert, des certificats d’utilisateur final comprenant des clauses de non-transfert, des vérifications après expédition et une surveillance permanente.  Saluant par ailleurs la récente adoption par les États de mesures concrètes pour la période 2024-2030 visant à prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre tout au long de leur cycle de vie, il a souhaité que ces engagements soient mis en œuvre, tout comme doivent l’être ceux du Cadre mondial pour la gestion des munitions classiques tout au long de leur cycle de vie. 

M. Ebo a relevé que, depuis le 24 février 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 34 658 victimes civiles, dont 11 430 tués et 23 228 blessés, en Ukraine, des chiffres probablement sous-évalués.  Il a ajouté que 72% des victimes civiles en juin ont été causées par des bombardements d’artillerie, des systèmes de lance-roquettes multiples et des raids aériens, tandis que 26% ont été causées par des missiles et des frappes de munitions errantes.  Notant avec inquiétude que le nombre d’enfants victimes en juin a été le plus élevé en 2024, le Haut-Représentant adjoint a constaté que l’utilisation de drones et de missiles continue de causer des morts et des blessés parmi les civils ainsi que d’endommager les infrastructures civiles.  Il a rappelé que le Secrétaire général a condamné les attaques de missiles effectuées le 8 juillet par la Fédération de Russie contre des infrastructures résidentielles et civiles dans toute l’Ukraine, notamment contre l’hôpital national spécialisé pour enfants Okhmatdyt à Kyïv et un autre établissement médical du district de Dniprovsky, dans la capitale.  Il a également fait état d’un nombre croissant de frappes transfrontalières menées par l’Ukraine à l’intérieur de la Fédération de Russie, à l’aide de missiles et de drones, dont certaines ont entraîné des pertes civiles. Diriger des attaques contre des civils et mener des attaques aveugles et disproportionnées est interdit par le droit international humanitaire, a-t-il rappelé, avant d’enjoindre aux parties de cesser d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées et, à terme, de retirer complètement les combats des zones urbaines. 

Mme KARIN KNEISSL, analyste, a souligné la facilité avec laquelle les armes circulent.  Ceux qui, de Bruxelles à Berlin, demandent plus d’armes pour l’Ukraine ignorent la nature du commerce des armes, a-t-elle dit, en ajoutant que la Hongrie est la seule en Europe à vouloir cesser ces livraisons.  Budapest est en effet consciente de la possibilité que les combattants actuels de l’autre côté de la frontière changent un jour d’activité, a dit Mme Kneissl. 

Elle a pu observer ce phénomène de première main au Liban dans les années 90, les armes vendues au printemps 1991 à Jounieh se retrouvant redistribuées à Dubrovnik en juin 1991.  Le marché des armes en Ukraine, marqué par la corruption, pourrait donner des occasions d’affaires à des éléments criminels, a-t-elle mis en garde. Elle a pris comme autre exemple l’intervention de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis en Libye en 2011.  Le flux d’armes en direction des « bons gars » de Benghazi a naturellement débordé des frontières libyennes, entraînant un effet domino dans le Nord-Ouest de l’Afrique.  En plus des Libyens, les peuples du Burkina Faso, du Tchad et du Mali ont payé le prix des livraisons d’armes européennes, a-t-elle tranché. 

Elle a déploré les appels européens à plus d’armes pour l’Ukraine, les personnes plaidant pour des pourparlers étant qualifiés de « traîtres. » « Je connais bien cette appellation », a-t-elle dit, en déplorant que les « tanks », non les pourparlers, soient la voie choisie par l’Europe.  Elle a estimé que seules la Chine et la Türkiye privilégient la diplomatie.  Enfin, elle a pointé le risque sécuritaire de ces armes en circulation et du retour dans leurs pays d’origine des mercenaires européens déployés en Ukraine. « Ils pourraient décider de combattre par ennui ou pour des raisons financières », a-t-elle conclu, en estimant qu’ils sont probablement plus nombreux que les combattants européens qui ont rejoint Daech et ravagé la Syrie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC, véritable « maison du peuple », organise les travaux de sa session de 2025 et élit à sa présidence M. Bob Rae, du Canada

Session de 2025,
1re séance plénière – matin
ECOSOC/7185

L’ECOSOC, véritable « maison du peuple », organise les travaux de sa session de 2025 et élit à sa présidence M. Bob Rae, du Canada

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

Le Conseil économique et social a ouvert aujourd’hui sa session de 2025 en élisant son président et son bureau, et en organisant ses travaux.  Si la Présidente sortante a contribué à faire de l’ECOSOC une véritable « maison du peuple », le nouveau Président, M. Bob Rae (Canada), a promis de faire de son mieux pour poursuivre en ce sens.  Il a souhaité également fédérer les institutions financières internationales et a insisté sur le besoin de protection des personnes déplacées partout dans le monde.  Parmi ses autres priorités, il y a l’inclusion des femmes et des filles, car, a-t-il fait valoir, avec leur participation, toute crise peut être mieux réglée et tout objectif mieux réalisé.

Trois Vice-Présidents épauleront M. Rae pour cette session: Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica), M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne) et M. Lok Bahadur Thapa (Népal).

La résolution E/2025/L.1 adoptée ce matin précise les dates des différentes sessions que tiendra l’ECOSOC en 2025, à commencer par le forum des partenariats (5 février) et en finissant par les réunions du débat consacré à la gestion (29 et 30 juillet).  Deux réunions sont prévues à Genève, à savoir celle sur le passage de la phase des secours aux activités de développement (17 juin) et le débat consacré aux affaires humanitaires (du 18 au 20 juin).

Les sessions de fond, qui se tiennent en juillet, sont le forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous les auspices de l’ECOSOC (du 14 au 18 juillet) et le débat de haut niveau, y compris la réunion ministérielle de trois jours prévue dans le cadre du forum politique de haut niveau (du 21 au 24 juillet) qui aura pour thème: « Promouvoir des solutions durables, inclusives et fondées sur des données scientifiques et factuelles pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et atteindre les objectifs de développement durable (ODD) qui y sont énoncés et consistent à ne laisser personne de côté ».

L’ECOSOC a également adopté son ordre du jour provisoire qui énumère toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de la session.

La Présidente sortante, Mme Paula Narváez Ojeda (Chili), a rappelé que son mandat s’était déroulé dans un contexte d’escalade des conflits, d’aggravation des inégalités et d’effets grandissants des changements climatiques, en se remémorant les huit objectifs qu’elle avait fixés, dont le renforcement des contacts de l’ECOSOC avec la société civile.  Elle s’est dite « fière du travail accompli, ensemble », avant de souligner la pertinence des travaux du Conseil.  Elle a dit avoir pris part à près de 300 engagements en sa qualité de présidente du Conseil.  Une réunion au Chili et une autre sur l’intelligence artificielle en appui aux ODD font partie des événements qu’elle a énumérés pour souligner la richesse des différents débats.

Les deux semaines de forum politique de haut niveau, en juillet, ont démontré l’engagement des délégations envers les objectifs de développement durable, s’est aussi réjouie la Présidente Narváez Ojeda en informant que 36 pays ont présenté leur examen national et en rappelant que la déclaration ministérielle invite à intensifier l’action d’ici à 2030.  Elle a recommandé de tirer parti du riche tissu institutionnel des débats, forums et autres organes subsidiaires comme outils pour faire avancer la réalisation des ODD.  « Nous ne pouvons pas nous passer d’une instance aussi importante que l’ECOSOC », a-t-elle dit en expliquant que s’y joue la crédibilité du multilatéralisme.

Son successeur, élu par acclamation, s’est exprimé en français, puis en anglais, en commençant par rendre hommage à l’engagement de Mme Navráez Ojeda qui a attiré l’attention sur des questions clefs, l’intelligence artificielle notamment, et qui a contribué à faire de l’ECOSOC une véritable « maison du peuple ».  Elle a aussi accordé une grande attention à la situation en Haïti, a-t-il salué. 

Nous sommes à un moment critique pour les Nations Unies, a reconnu M. Rae en rappelant que nous devons encore remettre plus de 80% des ODD sur le bon chemin, sachant que nous avons régressé sur des questions comme l’insécurité alimentaire, la nutrition, la prévalence du paludisme et les émissions de gaz à effet de serre.

Il a aussi parlé de « bonne nouvelle » en citant un chiffre récent: pour de nombreuses priorités des ODD, plus de la moitié des personnes laissées pour compte se trouvent dans seulement cinq pays. De plus, a-t-il ajouté, la plupart des indicateurs montrent des bonnes nouvelles, c’est-à-dire des progrès par rapport à 2015.  Face à tout défi, nous devons rester forts, courageux et déterminés, a-t-il lancé.  « On ne peut pas lâcher! » 

Un motif de préoccupation pour M. Rae est le rétrécissement de l’espace consacré à la société civile.  Aussi a-t-il plaidé pour la participation de toutes les parties prenantes, en mettant l’accent sur celle des femmes et des filles.  Par ailleurs, il a observé que le réchauffement de la planète nous met au défi de penser aux autres et de « ne laisser personne pour compte ». 

Nous remettre sur la bonne voie est possible, a assuré le nouveau Président.  Pour atteindre les objectifs, il a misé sur le Sommet de l’avenir, la Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra en décembre au Botswana et la Conférence internationale sur le financement du développement prévue en Espagne en été 2025.

M. Rae a ensuite insisté sur le sort des personnes déplacées qui se retrouvent, pour la plupart, dans des pays en développement. Or ces pays n’ont pas les moyens de fournir un accueil adéquat, a-t-il mis en garde en appelant à partager ce fardeau de manière équitable et responsable.

Nous devons fédérer, a-t-il également recommandé en citant les institutions financières internationales dont le travail de certaines a évolué ces dernières années.  Il a aussi parlé de l’inclusion des femmes et des filles, ainsi que de la dignité des personnes, qui exige une approche inclusive.  Il a rendu hommage à sa prédécesseure qui, chaque mois, rencontre des personnes de la société civile ainsi que des personnes sous-représentées. Enfin, M. Rae a attiré l’attention sur les incidences des décisions que l’on prend sur la jeune génération. 

Les délégations qui, ont exprimé leur confiance à l’égard du nouveau Président, ont également salué la sortante, qui s’est concentrée sur le rétablissement d’un véritable multilatéralisme, comme l’a dit la Fédération de Russie.  La rencontre sur le thème du travail et de la société productive, inclusive et durable, qui a eu lieu à Santiago du Chili, a été saluée à plusieurs reprises.  La déléguée des États-Unis s’est en outre dite satisfaite de l’accent mis sur les questions de genre.  Sri Lanka a noté que la session de 2024 a permis un dialogue entre différentes parties prenantes pour favoriser un changement positif.

Il existe un besoin urgent de multilatéralisme renouvelé afin de protéger les gens et la planète, a reconnu M. Neil Pierre, Directeur par intérim du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable, au Département des affaires économiques et sociales (DESA).  Il a mis en avant la responsabilité cruciale de l’ECOSOC pour mettre en œuvre les résultats du Sommet sur les ODD et d’autres.  Il faudra avancer dans les préparatifs du Sommet mondial pour le développement social, parmi d’autres conférences à venir, tout en œuvrant pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il dit en conclusion.

Enfin, le Conseil a tiré au sort un pays -la Mauritanie– qui occupera le premier siège dans la salle pendant toute la session.  Les autres membres de l’ECOSOC seront assis en suivant l’ordre alphabétique en anglais.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième jour de réunion consacrée à la gestion: l’ECOSOC entend les rapports des cinq commissions économiques régionales de l’ONU

Session de 2024,
38e & 39e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7184

Deuxième jour de réunion consacrée à la gestion: l’ECOSOC entend les rapports des cinq commissions économiques régionales de l’ONU

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Au deuxième jour de sa réunion consacrée à la gestion, le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est consacré aux travaux des cinq commissions économiques régionales de l’ONU.  Il a aussi adopté une résolution sur la question de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’ONU.

Le Conseil était également saisi d’une résolution sur les répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans la Golan syrien occupé.  Il devait aussi procéder à des nominations et à des élections dans certains de ses organes subsidiaires.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: deux hauts fonctionnaires de l’ONU préviennent le Conseil de sécurité des risques de retour à un conflit à grande échelle

9692e séance – matin
CS/15775

Yémen: deux hauts fonctionnaires de l’ONU préviennent le Conseil de sécurité des risques de retour à un conflit à grande échelle

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Au Conseil de sécurité, ce matin, l’Envoyé spécial pour le Yémen et la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim ont prévenu les membres « des risques de retour à un conflit à grande échelle » au Yémen, au cours de la réunion mensuelle consacrée à ce pays.  Outre la recherche de solution politique en procédant « étape par étape », les deux hauts fonctionnaires et les délégations ont recommandé des mesures de désescalade des tensions et de reprise économique afin d’améliorer la situation humanitaire et financière du pays.  Ils ont aussi demandé avec fermeté la libération des travailleurs humanitaires détenus par les houthistes. 

La trajectoire du développement au Yémen a pris, depuis le début de l’année, « une mauvaise direction » et, si rien n’est fait, elle pourrait atteindre un point de bascule, a averti l’Envoyé spécial Hans Grundberg.  « Même si les parties se sont montrées disposées à engager un dialogue sur les questions économiques, nous risquons de revenir à une guerre à grande échelle, avec toutes les souffrances humaines prévisibles et les conséquences régionales que cela implique.     » 

Mme Joyce Cleopa Msuya Mpanju, qui est également Coordonnatrice des secours d’urgence par intérim, a dit que l’attaque des houthistes contre Tel-Aviv et les frappes israéliennes sur Hodeïda qui ont suivi, respectivement les 19 et 20 juillet, ont accru les risques de débordement régional et de retour à un conflit à grande échelle au Yémen, comme déjà entendu hier à la séance du Conseil consacrée à ces derniers développements.  De l’avis de M. Grundberg, l’escalade au Yémen et dans la région a en effet atteint un niveau dangereux.  En outre, la navigation internationale continue d’être prise pour cible en mer Rouge et dans les voies navigables environnantes, avec une menace qui gagne en ampleur et en précision.  Des navires commerciaux ont été coulés ou endommagés, des civils ont été tués, l’équipage du Galaxy Leader reste détenu et le commerce international est toujours perturbé. 

Dans le même temps, a continué l’Envoyé spécial, les États-Unis et le Royaume-Uni ont continué à mener des frappes contre des cibles militaires sur le territoire contrôlé par Ansar Allah, la branche politique des houthistes, ce qui fait également courir le risque d’une « escalade dévastatrice à l’échelle de la région ».  La situation sur les lignes de front reste une autre source de préoccupation, a-t-il poursuivi, faisant état d’affrontements ce mois-ci à Dalea, Hodeïda, Lahj, Mareb, Saada et Taëz.  La récente tendance à l’escalade démontre selon lui combien la situation est instable. Le représentant du Yémen n’a pas dit autre chose: « l’escalade risque de ruiner ce qui a été accompli ». 

Les deux hauts responsables ont insisté sur le sort des 13 employés de l’ONU et des personnels d’organisations internationales et nationales, de la société civile et du secteur privé détenus arbitrairement depuis près de sept semaines par Ansar Allah.  Ils ont, en chœur avec les délégations, appelé à la libération immédiate et sans condition de ces personnes qui « travaillent pour le Yémen » et sans lesquelles les effets de la guerre sur la population seraient pires. « Il est temps que le Conseil s’exprime d’une seule et même voix pour exiger leur libération », ont plaidé les États-Unis.  Dénonçant ces « menaces à la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires, qui ont de graves implications sur la réponse humanitaire », la Coordonnatrice des secours d’urgence a appelé les houthistes, les États Membres et tous ceux qui ont de l’influence à obtenir la libération de ces détenus. 

Avant tout, la Suisse, comme d’autres, a exhorté toutes les parties à garantir un accès humanitaire rapide et sans entrave à la population civile dans le besoin. Il est essentiel, selon la Coordonnatrice, que la distribution de nourriture reprenne dans les zones contrôlées par les houthistes.  Étant donné que le financement de l’aide humanitaire est « problématique », comme l’a souligné la Fédération de Russie, Mme Msuya a imploré les donateurs de verser des fonds supplémentaires. 

Un point positif a été noté par M. Grundberg après l’accord trouvé hier par les parties pour désamorcer un cycle de mesures et de contre-mesures qui resserraient leur emprise sur les secteurs bancaire et des transports.  Impatient de pouvoir aider les parties à mettre en œuvre leurs engagements concernant le secteur bancaire et Yemenia Airways, il a insisté sur les objectifs: une monnaie unifiée, une banque centrale unifiée et indépendante, et un secteur bancaire libre de toute ingérence politique. 

La Sierra Leone, qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), et la Secrétaire générale adjointe par intérim ont appuyé la demande de l’Envoyé spécial qui prône des mesures visant à rapprocher les parties sur des questions économiques et autres: « les parties doivent saisir cette occasion pour trouver des solutions durables à ces défis.     »  Le Yémen a reconnu que la situation financière et économique de son pays est « catastrophique » après avoir condamné l’agression israélienne et accusé les houthistes de servir les intérêts du régime iranien.  « Ils doivent mettre fin à leurs activités destructrices », a-t-il lancé. 

Les États-Unis ont plaidé pour une intensification des pressions sur l’Iran et ses intermédiaires pour priver les houthistes des armes et des fournitures dont ils ont besoin pour mener leurs actions.  Ils ont aussi demandé le renforcement du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies pour le Yémen, jugeant « inacceptable » que de nombreux navires aient pu débarquer cette dernière année dans le port de Hodeïda sans être inspectés. 

Accusant les houthistes de contrecarrer, par leurs actions, l’appui de la communauté internationale au Yémen, les États-Unis ont fait remarquer que « ces dernières semaines, les houthistes ont lancé environ 200 missiles et drones sur Israël ».  Ils ont précisé que la récente attaque contre Tel-Aviv avait été menée à l’aide d’un drone Samad-3 de fabrication iranienne, en violation de l’embargo sur les armes. La France a ordonné aux houthistes de cesser immédiatement leurs activités déstabilisatrices dans la région. 

L’insécurité en mer Rouge a, de plus, été mentionnée tout au long de la séance, par les États-Unis, notamment, qui ont appelé à l’arrêt des attaques en mer Rouge, dans le golfe d’Aden et dans les voies d’eau avoisinantes, comme exigé dans la résolution 2722 (2024).  La Chine a aussi exhorté les houthistes à garantir la liberté de navigation en mer Rouge.

Pour résoudre la question yéménite, il faut une approche politique et diplomatique, a rappelé la Chine.  À l’instar d’autres membres du Conseil, elle a dit attendre des parties qu’elles œuvrent en faveur de la paix et s’engagent dans un processus politique global que se seront approprié les Yéménites.  La communauté internationale doit se placer aux côtés du Yémen et être constructive, a-t-elle encore recommandé. 

Travailler sur le plan politique et diplomatique pour mettre un terme à ce conflit est également ce qu’a suggéré la Fédération de Russie qui a craint à ce stade l’éloignement du règlement du conflit.  Afin de surmonter la méfiance entre les parties, la délégation russe a misé sur l’approche étape par étape, « la politique des petits pas », de l’Envoyé spécial.  Ce dernier a assuré que son bureau et lui restent plus déterminés que jamais à aider et encourager les parties et à leur fournir toutes les occasions possibles de trouver des solutions par le dialogue.  « Il est capital de préserver un espace de négociation », a résumé le Royaume-Uni, tandis que la Sierra Leone a insisté sur un processus de paix « dirigé et mené par les Yéménites eux-mêmes ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a débuté son exposé par un avertissement: la trajectoire du développement au Yémen a pris, depuis le début de l’année, une mauvaise direction et, si rien n’est fait, elle pourrait atteindre un point de bascule.  En effet, même si les parties se sont montrées disposées à engager un dialogue sur les questions économiques, nous risquons de revenir à une guerre à grande échelle, avec toutes les souffrances humaines prévisibles et les conséquences régionales que cela implique, a prévenu le haut fonctionnaire. Évoquant ensuite le sort des 13 employés de l’ONU et des dizaines de membres du personnel d’organisations internationales et nationales, de la société civile et d’entités du secteur privé détenus arbitrairement depuis près de sept semaines par Ansar Allah, le bras politique des houthistes, il a dit ignorer où ils se trouvent et dans quelles conditions ils sont détenus.  Quatre autres membres du personnel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sont détenus depuis plus longtemps encore, respectivement depuis 2021 et 2023, a-t-il rappelé, avant d’appeler à la libération immédiate et sans condition de ces personnes qui « travaillent pour leur pays, le Yémen » et sans lesquelles les effets de la guerre sur la population seraient pires. 

De l’avis de M. Grundberg, l’escalade au Yémen et dans la région a atteint un niveau dangereux la semaine dernière avec l’attaque de drones menée par Ansar Allah sur Tel-Aviv le 19 juillet et les représailles israéliennes qui ont suivi contre le port de Hodeïda et ses installations pétrolières et électriques le 20 juillet.  L’Envoyé spécial s’est également dit préoccupé par le fait que la navigation internationale continue d’être prise pour cible en mer Rouge et dans les voies navigables environnantes, avec une menace qui gagne en ampleur et en précision. Des navires commerciaux ont été coulés ou endommagés, des civils ont été tués, l’équipage du Galaxy Leader reste détenu et le commerce international a été perturbé.  Dans le même temps, les États-Unis et le Royaume-Uni ont continué à mener des frappes contre des cibles militaires dans le territoire contrôlé par Ansar Allah, ce qui fait courir le risque d’une « escalade dévastatrice à l’échelle de la région ».  La situation sur les lignes de front reste une autre source de préoccupation, a-t-il poursuivi, faisant état d’affrontements ce mois-ci à Dalea, Hodeïda, Lahj, Mareb, Saada et Taëz.  Même si les niveaux de violence ont été relativement contenus par rapport à la période précédant la trêve de 2022, la récente tendance à l’escalade démontre selon lui combien la situation est instable. 

Malgré la trajectoire globale suivie par le Yémen, M. Grundberg s’est dit encouragé par l’accord trouvé hier par les parties pour désamorcer un cycle de mesures et de contre-mesures qui resserraient leur emprise sur les secteurs bancaire et des transports.  Notant que cet accord fait suite à des mois d’engagement intense de la part de son Bureau pour rechercher des solutions et mettre en garde contre le risque grave que la militarisation croissante de l’économie aurait fait courir au peuple yéménite, il s’est félicité de la décision des parties de choisir la voie du dialogue.  Il a affirmé attendre avec impatience de pouvoir aider les parties à mettre en œuvre leurs engagements concernant le secteur bancaire et Yemenia Airways. L’objectif reste une monnaie unifiée, une banque centrale unifiée et indépendante et un secteur bancaire libre de toute ingérence politique, a-t-il rappelé, saluant le rôle joué par l’Arabie saoudite pour parvenir à cet accord.  L’engagement des parties en faveur de la désescalade et du dialogue doit maintenant se traduire par une volonté de négocier directement, a plaidé le haut fonctionnaire. 

Après s’être réjoui que les parties se soient rencontrées à Oman, sous les auspices de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour discuter de la libération des détenus liés au conflit, comme convenu à Stockholm en 2018, M. Grundberg a regretté que la situation actuelle l’oblige à se concentrer sur le court terme plutôt que sur la recherche d’une solution durable. « Mon bureau et moi restons plus déterminés que jamais à continuer d’aider, d’encourager et de fournir aux parties toutes les occasions de trouver des solutions par le dialogue », a-t-il affirmé, reconnaissant toutefois qu’« en fin de compte, le choix leur appartient ».  Il a donc exhorté les parties à s’engager dans une approche à long terme pour non seulement désamorcer la situation mais aussi permettre la poursuite des travaux en faveur d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et la reprise d’un processus politique dans le cadre des engagements précédemment convenus, qui seront opérationnalisés dans une feuille de route des Nations Unies. 

Mme JOYCE CLEOPA MSUYA MPANJU, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d'urgence par intérim, a pris note des progrès accomplis au Yémen dans le secteur bancaire et de la reprise des travaux en vue d’une feuille de route sous les auspices de l’ONU.  Elle a dit être préoccupée par les attaques des houthistes contre Tel-Aviv et les frappes israéliennes qui ont suivi à Hodeïda, qui augmentent les risques de débordement régional et de retour à un conflit à grande échelle au Yémen.  « Les parties doivent s’abstenir de nouvelles attaques qui pourraient nuire aux civils et endommager les infrastructures civiles. »  Notant que les frappes sur Hodeïda samedi ont tué 9 personnes et blessé 83 autres, elle a précisé qu’aucun travailleur humanitaire n’a été blessé.  Mme Msuya a rappelé que le port est une bouée de sauvetage pour des millions de personnes à travers le Yémen sachant que 85% des approvisionnements alimentaires sont importés et débarqués sur ce port.  Il doit donc rester ouvert et opérationnel, a-t-elle imploré. 

La Coordonnatrice a ensuite abordé les menaces sur la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires, qui ont de graves implications sur la réponse humanitaire. Elle a rappelé que les houthistes détiennent depuis deux mois 13 membres du personnel des Nations Unies et de 5 membres d’ONG internationales, ainsi que de dizaines d’autres membres d’ONG locales et nationales, de la société civile et du secteur privé, sans qu’aucune accusation n’ait été portée contre ces membres de l’ONU et des ONG.  Aucun accès ou contact n’a été possible pour leurs organisations, l’ONU ou toute représentation juridique, s’est-elle impatientée, ajoutant que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) n’a aucune information sur le lieu où se trouvent les détenus ni sur leur état.  Ces événements ont eu un impact terrible sur le personnel, a-t-elle fait savoir en assurant qu’ils reçoivent le soutien nécessaire de l’ONU. 

À ce propos, l’Organisation mène un plaidoyer auprès des houthistes, des États Membres et de tous ceux qui ont de l’influence pour obtenir la libération de ces personnes, a informé Mme Msuya qui a exhorté les membres du Conseil à garantir la liberté du personnel humanitaire.  Elle a prévenu que cette situation compromet l’accès et les programmes humanitaires, entravant la capacité de l’OCHA à aider des millions de personnes dans le besoin. 

Mme Msuya a aussi dénoncé la propagation rapide de la désinformation et de la mésinformation visant la communauté internationale.  Sans les garanties nécessaires pour la sûreté et la sécurité du personnel, et le respect de l’action humanitaire, l’OCHA ne peut pas opérer à une échelle suffisante, a-t-elle mis en garde en se désolant qu’un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre actuellement de malnutrition chronique ou de retard de croissance.  Depuis le début de l’année, les niveaux de privation alimentaire de la population sont passés de 51% à 58%, a-t-elle de plus signalé, ajoutant que près de 1 ménage sur 10 dépend de l’aide pour se nourrir dans les régions contrôlées par les houthistes. 

Selon Mme Msuya, cette situation a été alimentée par la suspension prolongée des distributions alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM) dans les zones contrôlées par les houthistes, conjuguée à la détérioration économique en cours dans tout le pays.  En mai, a-t-elle rappelé, le PAM était venu en aide à plus de 600 000 personnes dans les provinces de Hajja et de Hodeïda.  La Coordonnatrice a jugé absolument essentiel que la distribution de nourriture reprenne dans les zones contrôlées par les houthistes. Elle a regretté le sous-financement de l’aide avant de demander aux donateurs de verser des fonds supplémentaires pour la financer. 

Plus largement, Mme Msuya a mis l’accent sur le fait que l’amélioration de la situation alimentaire et des conditions humanitaires dépend d’une amélioration de la situation économique.  Or, le conflit a diminué de moitié le produit intérieur brut (PIB) du Yémen et la Banque mondiale a prévu une contraction du PIB en 2023, a-t-elle observé. Notant que 1 dollar américain s’échange contre 1 800 rials dans les régions contrôlées par le Gouvernement, elle a constaté que cela rend les prix des denrées alimentaires déjà exorbitants encore plus hors de portée pour des millions de personnes.  En conclusion, Mme Msuya a appuyé l’annonce de l’Envoyé spécial demandant des mesures visant à rapprocher les parties sur des questions économiques et autres.  « Les parties doivent saisir cette occasion pour trouver des solutions durables à ces défis. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au premier jour de sa réunion consacrée à la gestion, l’ECOSOC adopte plusieurs résolutions et décisions

Session de 2024,
37e séance – matin
ECOSOC/7183

Au premier jour de sa réunion consacrée à la gestion, l’ECOSOC adopte plusieurs résolutions et décisions

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Aujourd’hui, le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est réuni pour adopter ses projets de résolution et de décision destinés à l’Assemblée générale et statuer sur ceux proposés par ses organes subsidiaires, tels que la Commission de la population et du développement, le Forum des Nations Unies sur les forêts ou encore l’Instance permanente sur les questions autochtones.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’attaque houthiste sur Tel-Aviv et les représailles d’Israël au Yémen font craindre une escalade régionale

9691e séance – après-midi    
CS/15773

Conseil de sécurité: l’attaque houthiste sur Tel-Aviv et les représailles d’Israël au Yémen font craindre une escalade régionale

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, à la demande des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni qui réagissaient à l’attaque au drone menée par les houthistes, le 19 juillet, contre Tel-Aviv.  Les membres du Conseil ont généralement condamné cette attaque en exprimant leurs craintes d’escalade régionale après les tirs israéliens de représailles au Yémen, qui ont touché le port de Hodeïda et qu’Israël a justifiés par son droit à la légitime défense.  Plusieurs ont pointé du doigt la République islamique d’Iran, qui finance et arme les rebelles houthistes opérant au Yémen, tandis que d’autres ont souligné le besoin d’un cessez-le-feu à Gaza, la clef pour la paix au Moyen-Orient.  La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, s’est désolée de voir les fragiles acquis de la trêve de 2022 au Yémen éclipsés par cette escalade.

Après avoir donné les détails de l’attaque au drone contre Tel-Aviv revendiquée par les houthistes, Mme DiCarlo a fait de même pour les frappes israéliennes qui ont visé le lendemain des cibles militaires houthistes dans le port de Hodeïda et aux alentours.  Le Secrétaire général, a-t-elle rappelé, a condamné l’attaque meurtrière des houthistes et est profondément préoccupé par le risque de tensions accrues dans la région que de tels actes dangereux entraînent.

En effet, les houthistes, qui voient ces frappes comme une « agression brutale contre le Yémen », ont promis d’y répondre.  Ils ont menacé de frapper les cibles vitales de « l’ennemi israélien », a fait savoir la Secrétaire générale adjointe.  Il est vrai que le 21 juillet, comme elle l’a relaté, l’armée israélienne a affirmé « avoir intercepté un missile sol-sol qui s’approchait du territoire israélien depuis le Yémen ».  Qui plus est, les houthistes continuent d’attaquer les navires commerciaux en mer Rouge, en violation des résolutions 2722 (2024) et 2739 (2024) du Conseil de sécurité, a-t-elle déploré en citant l’Organisation maritime internationale qui a vérifié 42 de ces attaques. 

« Le risque d’élargissement du conflit au Moyen-Orient est réel et doit être évité. »  C’est ce qu’a dit lui-même le Secrétaire général, a-t-elle rappelé en soulignant que les attaques contre la navigation internationale dans la région de la mer Rouge mettent en danger la sûreté et la sécurité des chaînes d’approvisionnement mondiales et entraînent des conséquences négatives sur la situation économique et humanitaire dans le monde entier.

Si Mme DiCarlo a jugé « essentiel » que le port de Hodeïda soit ouvert et opérationnel, le général Michael Beary, Chef de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), a rappelé que la Mission est là pour soutenir la mise en œuvre des engagements pris par les parties pour faire respecter le cessez-le-feu à Hodeïda.  Ainsi, la Mission mène régulièrement des patrouilles pour préserver la nature civile du port.  Elle est néanmoins limitée du fait des restrictions imposées par les autorités de facto, a signalé M. Beary demandant au Conseil de prendre conscience des difficultés auxquelles elle fait face pour accéder au port.

S’adressant aux parties, le Chef de la MINUAAH leur a demandé de s’abstenir de prendre des mesures pouvant nuire aux civils et aux infrastructures civiles. « Nous continuerons d’opérer conformément au mandat que nous a confié le Conseil et nous appuierons les efforts de désescalade pour promouvoir la paix dans tout le Yémen », a-t-il promis. 

Le délégué d’Israël a ensuite fait le bilan des attaques visant son pays, « sur sept fronts » différents, à commencer par les attaques du Hezbollah soutenu par l’Iran depuis 1979 jusqu’à celles du Hamas et des houthistes depuis le début de la guerre de Gaza.  Depuis le 7 octobre, ces derniers ont lancé 220 drones sur Israël et l’attaque de Tel-Aviv a tué un père de famille et fait 10 blessés, a-t-il déploré en relevant que « ce petit frère du Hezbollah tente de devenir plus important que son grand frère » en utilisant des drones explosifs et des missiles balistiques ayant une plus grande autonomie.

Israël a accusé l’Iran de financer et d’entraîner tous ses supplétifs, affirmant que le drone tiré sur Tel-Aviv avait été fourni par ce pays.  Il est essentiel de se pencher sur le rôle de l’Iran dans ces attaques et de faire en sorte qu’il rende des comptes, ont plaidé à ce sujet les États-Unis.  Revendiquant son droit à la légitime défense, Israël a dit « ne pas être en conflit avec le Yémen ou sa population ».  Il a lancé la balle au Conseil en lui demandant d’accroître les sanctions, arguant que celles pesant déjà sur les houthistes ne suffisent pas. 

Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et d’autres délégations ont souligné le droit d’Israël à la légitime défense avant de condamner l’attaque des houtistes ou de demander au Conseil de sécurité de la condamner.  La France a appelé les houthistes à cesser ces agissements et à s’engager de bonne foi dans le processus de paix avec le Gouvernement yéménite légitime, sous l’égide de l’Envoyé spécial du Secrétaire général. 

Plusieurs membres ont également demandé aux houthistes de cesser leurs attaques contre la navigation internationale et de libérer sans condition le navire Galaxy Leader et son équipage.  Le Japon a exhorté tous les États Membres à respecter leurs obligations concernant l’embargo sur les armes conformément à la résolution 2216 (2015).  La Slovénie a prié les parties de faire baisser les tensions et de s’abstenir de représailles.  Appelant au dialogue et à la diplomatie, elle s’est dite préoccupée par les conséquences humanitaires de ces tensions au Yémen, le long de la Ligne bleue et en mer Rouge. 

Soucieux également du sort de la population civile, l’Équateur a tenu à rappeler à Israël qu’il doit mener ses actions conformément au droit international, dans le respect des critères de nécessité, de distinction, de proportionnalité et de précaution, afin de protéger les civils et les infrastructures essentielles. 

Pour sa part, tout en assurant ne pas vouloir minimiser la gravité de l’incident ayant provoqué cette réunion, la Fédération de Russie a attiré l’attention sur « une escalade d’une toute autre ampleur », à moins d’une centaine de kilomètres au sud de Tel-Aviv.  L’Algérie a souligné, à cet égard, le besoin crucial d’un cessez-le-feu à Gaza, qui est selon elle « la clef pour la paix au Moyen-Orient ».  Elle a également souhaité la convocation d’une séance du Conseil sur la situation humanitaire à Gaza.

La Chine a, à son tour, demandé à Israël de cesser toutes activités militaires à Gaza et d’œuvrer à la solution des deux États.  La Chine a réitéré son appel à la tenue d’une conférence de paix internationale pour formuler une feuille de route de mise en œuvre de la solution des deux États.  « Une fois que la violence à Gaza cessera, la région entière pourra respirer », a conclu la Fédération de Russie. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposés

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que le 19 juillet, un drone a touché un immeuble résidentiel dans un centre de Tel-Aviv faisant un mort et des blessés.  Les houthistes ont revendiqué la responsabilité de l’attaque affirmant qu’il s’agissait de « représailles » à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. Ils ont annoncé qu’ils avaient lancé un nouveau drone appelé « Yafa » et ont en outre déclaré que Tel-Aviv serait désormais une cible principale.  Les Forces de défense israéliennes ont dit que le drone était d’origine iranienne et appelé « Samad-3 », affirmant avoir intercepté un autre drone dans la foulée.  Le Secrétaire général a condamné cette attaque meurtrière des houthistes.  Il est profondément préoccupé par le risque posé par de tels actes dangereux, un risque de nouvelle escalade dans la région, a cité Mme DiCarlo qui a observé de nouveaux échanges rendant ainsi la situation plus précaire.

Le 20 juillet, a-t-elle poursuivi, Israël a mené plusieurs frappes aériennes sur le port de Hodeïda et aux alentours contre des cibles militaires houthistes.  Les frappes étaient une réponse aux précédentes « attaques terroristes » des houthistes contre Israël, les 200 attaques aériennes menées par les houthistes au cours des neuf derniers mois.  Les Forces de défenses israéliennes, qui affirment avoir agi seules, ont déclaré que c’était la première fois qu’elles frappaient le Yémen. Le Ministre de la défense Yoav Gallant a déclaré que « le feu qui brûle actuellement à Hodeïda est visible à travers le Moyen-Orient et sa signification est claire », a encore cité Mme DiCarlo. 

Les houthistes ont qualifié les frappes d’« agression brutale contre le Yémen ».  Ils ont promis de répondre à « cette agression flagrante » et ont menacé de frapper les « cibles vitales de l’ennemi israélien ».  Ils ont dénombré 9 morts, plus de 80 victimes dues aux frappes, ainsi que des dommages considérables aux infrastructures civiles.  Il n’y a pas de chiffres vérifiés actuellement disponibles, a précisé Mme DiCarlo se réjouissant que le personnel de l’ONU à Hodeïda soit sain et sauf, et qu’il n’y a pas eu de dommages aux locaux de l’ONU à Hodeïda. 

La Secrétaire générale adjointe a indiqué que des déplacements mineurs ont également été signalés dans des quartiers proches du port de Hodeïda.  L’étendue des dommages causés au port reste incertaine et les incendies continuent.  Les autorités locales ont dit que le port fonctionnait à une capacité limitée.  Il est essentiel que le port soit ouvert et opérationnel, a exhorté Mme DiCarlo.  Le Secrétaire général a exhorté « toutes les parties concernées à éviter les attaques qui pourraient nuire aux civils et endommager les infrastructures civiles », a-t-elle rappelé en se disant préoccupée par le risque d’une nouvelle escalade dans la région.  « Il faut faire preuve de la plus grande retenue. »

Poursuivant son compte-rendu, Mme DiCarlo a indiqué que le 21 juillet, l’armée israélienne a affirmé « avoir intercepté un missile sol-sol qui s’approchait du territoire israélien depuis le Yémen ».  En outre, les échanges de tirs de part et d’autre de la Ligne bleue continuent et risquent de provoquer un nouvel embrasement régional, a-t-elle mis en garde.  Le 20 juillet, les Forces de défense israéliennes ont déclaré que 40 roquettes, ainsi que des drones, avaient été tirés au-dessus de la Ligne bleue, blessant deux soldats et provoquant des incendies.  Selon la presse libanaise, les Forces de défense israéliennes ont frappé un dépôt de munitions du Hezbollah et un véhicule faisant des blessés et des dégâts aux infrastructures civiles. 

Il existe un risque réel d’escalade régionale, a insisté Mme DiCarlo avant d’évoquer les frappes israéliennes qui, selon le Gouvernement syrien, ont touché des sites militaires dans le sud du pays et à Damas.  Israël a déclaré qu’il s’agissait d’une réponse au lancement de deux drones depuis la Syrie.  Au Yémen, les fragiles acquis résultant de la trêve de 2022 sous l’égide de l’ONU sont éclipsés par l’escalade de la violence dans la région, a déploré la haute fonctionnaire.  Les houthistes continuent de lancer des attaques contre des navires commerciaux en mer Rouge, en violation des résolutions 2722 (2024) et 2739 (2024) du Conseil de sécurité.  L’Organisation maritime internationale a vérifié 42 attaques houthistes, a-t-elle précisé. 

Les opérations militaires israéliennes se sont intensifiées à Gaza ces dernières semaines, entraînant de nouvelles victimes civiles, des déplacements et la destruction d’infrastructures civiles.  Les groupes armés palestiniens à Gaza ont continué de tirer des roquettes contre Israël, a-t-elle dit en voyant dans ces derniers développements la preuve du danger réel d’une escalade dévastatrice à l’échelle de la région.  Mme DiCarlo a rappelé que, conscient de ce risque, le Secrétaire général avait, le 21 juin, demandé un cessez-le-feu immédiat et durable et la libération inconditionnelle des otages.  Les parties doivent s’engager à nouveau en faveur d’un horizon politique en faveur de la solution des deux États, a tranché Mme DiCarlo.

En ce qui concerne la Ligne bleue, elle a rappelé que le Secrétaire général avait appelé les parties « à s’engager de nouveau d’urgence à appliquer pleinement la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité et à reprendre immédiatement la cessation des hostilités ».  « Les attaques contre la navigation internationale dans la région de la mer Rouge ne sont pas acceptables car elles mettent en danger la sûreté et la sécurité des chaînes d’approvisionnement mondiales et ont un impact négatif sur la situation économique et humanitaire dans le monde entier », a-t-elle cité. 

Enfin, Mme DiCarlo a dit être préoccupée par le bien-être du personnel yéménite des Nations Unies, des organisations non gouvernementales nationales et internationales, des missions diplomatiques et de la société civile, qui sont détenus arbitrairement par les houthistes.  Elle a demandé leur libération immédiate et sans condition.  Ils doivent être traités dans le plein respect de leurs droits humains et avoir la possibilité de contacter leurs familles et leurs avocats, a-t-elle plaidé.

Le général de division à la retraite MICHAEL BEARY, Président du Comité de coordination du redéploiement et Chef de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), a rappelé que, conformément à l’Accord de Stockholm de 2018 et à la résolution 2742 (2024) du Conseil de sécurité, la MINUAAH appuie les parties dans la mise en œuvre des engagements pris pour faire respecter le cessez-le-feu à Hodeïda.  À cette fin, a-t-il indiqué, la Mission mène régulièrement des patrouilles pour préserver la nature civile du port.  S’agissant des derniers événements, il a précisé que, le 20 juillet à 18 h 05 heure locale, de fortes explosions se sont fait entendre dans le port de Hodeïda et ont duré une dizaine de minutes.  Des entrepôts et des grues ont été touchés, ainsi qu’une centrale électrique située à quelques kilomètres du siège de la MINUAAH.  Peu après, les forces israéliennes ont annoncé avoir mené des frappes aériennes. 

Selon le général, des incendies sont toujours en cours aujourd’hui, notamment dans des dépôts de carburant.  Des navires sont endommagés, dont un navire du Programme alimentaire mondial (PAM).  Rappelant que la Mission opère dans un milieu extrêmement contraint, compte tenu des restrictions imposées par les autorités de facto, il a souhaité que le Conseil prenne la mesure des difficultés auxquelles elle fait face pour accéder au port.  En écho à l’appel lancé par le Secrétaire général, qui a exprimé sa vive préoccupation face à une possible escalade, le Chef de la MINUAAH a appelé les parties à s’abstenir de prendre des mesures qui pourraient nuire aux civils et aux infrastructures civiles.  Nous continuerons d’opérer conformément au mandat que nous a confié le Conseil et nous appuierons les efforts de désescalade pour promouvoir la paix dans tout le Yémen, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.