L’ECOSOC, véritable « maison du peuple », organise les travaux de sa session de 2025 et élit à sa présidence M. Bob Rae, du Canada
(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)
Le Conseil économique et social a ouvert aujourd’hui sa session de 2025 en élisant son président et son bureau, et en organisant ses travaux. Si la Présidente sortante a contribué à faire de l’ECOSOC une véritable « maison du peuple », le nouveau Président, M. Bob Rae (Canada), a promis de faire de son mieux pour poursuivre en ce sens. Il a souhaité également fédérer les institutions financières internationales et a insisté sur le besoin de protection des personnes déplacées partout dans le monde. Parmi ses autres priorités, il y a l’inclusion des femmes et des filles, car, a-t-il fait valoir, avec leur participation, toute crise peut être mieux réglée et tout objectif mieux réalisé.
Trois Vice-Présidents épauleront M. Rae pour cette session: Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica), M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne) et M. Lok Bahadur Thapa (Népal).
La résolution E/2025/L.1 adoptée ce matin précise les dates des différentes sessions que tiendra l’ECOSOC en 2025, à commencer par le forum des partenariats (5 février) et en finissant par les réunions du débat consacré à la gestion (29 et 30 juillet). Deux réunions sont prévues à Genève, à savoir celle sur le passage de la phase des secours aux activités de développement (17 juin) et le débat consacré aux affaires humanitaires (du 18 au 20 juin).
Les sessions de fond, qui se tiennent en juillet, sont le forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous les auspices de l’ECOSOC (du 14 au 18 juillet) et le débat de haut niveau, y compris la réunion ministérielle de trois jours prévue dans le cadre du forum politique de haut niveau (du 21 au 24 juillet) qui aura pour thème: « Promouvoir des solutions durables, inclusives et fondées sur des données scientifiques et factuelles pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et atteindre les objectifs de développement durable (ODD) qui y sont énoncés et consistent à ne laisser personne de côté ».
L’ECOSOC a également adopté son ordre du jour provisoire qui énumère toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de la session.
La Présidente sortante, Mme Paula Narváez Ojeda (Chili), a rappelé que son mandat s’était déroulé dans un contexte d’escalade des conflits, d’aggravation des inégalités et d’effets grandissants des changements climatiques, en se remémorant les huit objectifs qu’elle avait fixés, dont le renforcement des contacts de l’ECOSOC avec la société civile. Elle s’est dite « fière du travail accompli, ensemble », avant de souligner la pertinence des travaux du Conseil. Elle a dit avoir pris part à près de 300 engagements en sa qualité de présidente du Conseil. Une réunion au Chili et une autre sur l’intelligence artificielle en appui aux ODD font partie des événements qu’elle a énumérés pour souligner la richesse des différents débats.
Les deux semaines de forum politique de haut niveau, en juillet, ont démontré l’engagement des délégations envers les objectifs de développement durable, s’est aussi réjouie la Présidente Narváez Ojeda en informant que 36 pays ont présenté leur examen national et en rappelant que la déclaration ministérielle invite à intensifier l’action d’ici à 2030. Elle a recommandé de tirer parti du riche tissu institutionnel des débats, forums et autres organes subsidiaires comme outils pour faire avancer la réalisation des ODD. « Nous ne pouvons pas nous passer d’une instance aussi importante que l’ECOSOC », a-t-elle dit en expliquant que s’y joue la crédibilité du multilatéralisme.
Son successeur, élu par acclamation, s’est exprimé en français, puis en anglais, en commençant par rendre hommage à l’engagement de Mme Navráez Ojeda qui a attiré l’attention sur des questions clefs, l’intelligence artificielle notamment, et qui a contribué à faire de l’ECOSOC une véritable « maison du peuple ». Elle a aussi accordé une grande attention à la situation en Haïti, a-t-il salué.
Nous sommes à un moment critique pour les Nations Unies, a reconnu M. Rae en rappelant que nous devons encore remettre plus de 80% des ODD sur le bon chemin, sachant que nous avons régressé sur des questions comme l’insécurité alimentaire, la nutrition, la prévalence du paludisme et les émissions de gaz à effet de serre.
Il a aussi parlé de « bonne nouvelle » en citant un chiffre récent: pour de nombreuses priorités des ODD, plus de la moitié des personnes laissées pour compte se trouvent dans seulement cinq pays. De plus, a-t-il ajouté, la plupart des indicateurs montrent des bonnes nouvelles, c’est-à-dire des progrès par rapport à 2015. Face à tout défi, nous devons rester forts, courageux et déterminés, a-t-il lancé. « On ne peut pas lâcher! »
Un motif de préoccupation pour M. Rae est le rétrécissement de l’espace consacré à la société civile. Aussi a-t-il plaidé pour la participation de toutes les parties prenantes, en mettant l’accent sur celle des femmes et des filles. Par ailleurs, il a observé que le réchauffement de la planète nous met au défi de penser aux autres et de « ne laisser personne pour compte ».
Nous remettre sur la bonne voie est possible, a assuré le nouveau Président. Pour atteindre les objectifs, il a misé sur le Sommet de l’avenir, la Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra en décembre au Botswana et la Conférence internationale sur le financement du développement prévue en Espagne en été 2025.
M. Rae a ensuite insisté sur le sort des personnes déplacées qui se retrouvent, pour la plupart, dans des pays en développement. Or ces pays n’ont pas les moyens de fournir un accueil adéquat, a-t-il mis en garde en appelant à partager ce fardeau de manière équitable et responsable.
Nous devons fédérer, a-t-il également recommandé en citant les institutions financières internationales dont le travail de certaines a évolué ces dernières années. Il a aussi parlé de l’inclusion des femmes et des filles, ainsi que de la dignité des personnes, qui exige une approche inclusive. Il a rendu hommage à sa prédécesseure qui, chaque mois, rencontre des personnes de la société civile ainsi que des personnes sous-représentées. Enfin, M. Rae a attiré l’attention sur les incidences des décisions que l’on prend sur la jeune génération.
Les délégations qui, ont exprimé leur confiance à l’égard du nouveau Président, ont également salué la sortante, qui s’est concentrée sur le rétablissement d’un véritable multilatéralisme, comme l’a dit la Fédération de Russie. La rencontre sur le thème du travail et de la société productive, inclusive et durable, qui a eu lieu à Santiago du Chili, a été saluée à plusieurs reprises. La déléguée des États-Unis s’est en outre dite satisfaite de l’accent mis sur les questions de genre. Sri Lanka a noté que la session de 2024 a permis un dialogue entre différentes parties prenantes pour favoriser un changement positif.
Il existe un besoin urgent de multilatéralisme renouvelé afin de protéger les gens et la planète, a reconnu M. Neil Pierre, Directeur par intérim du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable, au Département des affaires économiques et sociales (DESA). Il a mis en avant la responsabilité cruciale de l’ECOSOC pour mettre en œuvre les résultats du Sommet sur les ODD et d’autres. Il faudra avancer dans les préparatifs du Sommet mondial pour le développement social, parmi d’autres conférences à venir, tout en œuvrant pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il dit en conclusion.
Enfin, le Conseil a tiré au sort un pays -la Mauritanie– qui occupera le premier siège dans la salle pendant toute la session. Les autres membres de l’ECOSOC seront assis en suivant l’ordre alphabétique en anglais.