À la demande de l’Iran, le Conseil de sécurité se réunit d’urgence après l’attaque ayant causé la mort d’Ismail Haniyeh, le Chef politique du Hamas
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À la demande de la République islamique d’Iran, et à l’initiative de l’Algérie et de la Chine, membres du Conseil de sécurité, celui-ci s’est réuni, cet après-midi, pour entendre la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, faire le point sur la crise au Moyen-Orient, qui connaît une nouvelle escalade, après l’attaque, aujourd’hui à Téhéran, qui a causé la mort d’Ismail Haniyeh, le Chef du bureau politique du Hamas. Israël a dénoncé la tenue de cette réunion convoquée par le « premier sponsor du terrorisme mondial ».
Dans une lettre adressée au Président du Conseil de sécurité, le Représentant permanent de l’Iran accuse Israël d’avoir mené l’attaque dans laquelle Ismail Haniyeh, ainsi qu’un garde du corps, a trouvé la mort, a indiqué Mme DiCarlo. Il y dénonce une « atteinte grave » à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de son pays et une « violation flagrante » du droit international. Le Guide suprême iranien et d’autres hauts responsables gouvernementaux ont juré de venger la mort de M. Haniyeh, promettant à Israël « un châtiment sévère », a précisé la haute fonctionnaire, qui a également prévenu que divers groupes armés non étatiques alliés à l’Iran dans la région ont eux aussi agité la menace d’une riposte. Et il y a quelques heures à peine, a-t-elle ajouté, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’Israël avait lancé ces derniers jours des frappes sur trois fronts, contre le Hamas, le Hezbollah et les houthistes, dans le cadre de la « guerre existentielle » que mène Tel-Aviv contre l’Iran.
Les différentes attaques de ces derniers jours représentent une « escalade grave et dangereuse » de la crise régionale, sur fond de poursuite du conflit à Gaza entre Israël et le Hamas, a constaté la Secrétaire générale adjointe, en appelant à redoubler d’efforts diplomatiques pour ouvrir la voie à la paix et à la stabilité régionales, comme plusieurs membres du Conseil à sa suite, du Japon au Royaume-Uni, en passant par la France. Pour l’Algérie, la communauté internationale ne saurait rester silencieuse, « assourdie par l’indifférence », alors que le « sang innocent » est versé et le droit international réduit en lambeaux.
Accusant directement Israël de s’être livré, en assassinant M. Haniyeh, à un acte de terrorisme international, l’Iran et l’Algérie ont considéré qu’au-delà de l’attaque contre un homme, il s’agissait d’une attaque « vicieuse » contre les fondements mêmes des relations diplomatiques, la sacralité de la souveraineté étatique et les principes qui sous-tendent l’ordre mondial. Pour l’Iran, en agissant de la sorte, Israël poursuivait également un objectif politique, en cherchant à perturber dès son inauguration le nouveau Gouvernement iranien, qui a pourtant donné la priorité au renforcement de la paix et de la stabilité régionales, ainsi qu’à l’amélioration de la coopération internationale.
Rappelant qu’elle a mis en garde à plusieurs reprises contre les graves répercussions des activités malveillantes du « régime d’occupation israélien », la délégation iranienne a fait valoir que, malgré ces provocations, son pays a fait preuve jusqu’à présent de la plus grande retenue. Aujourd’hui toutefois, elle a demandé que soient établies les responsabilités quant à cet acte d’agression, pour lequel le Conseil de sécurité devrait envisager des sanctions et d’autres mesures pour prévenir de nouvelles violations, et signaler que de telles activités malveillantes ne seront plus tolérées de la part d’Israël. Les auteurs de cet assassinat politique, a déploré la Fédération de Russie, portent un « coup dur » aux négociations indirectes entre le Hamas et Israël afin d’instaurer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Négociations auxquelles M. Haniyeh participait activement, a rappelé la délégation russe, en fustigeant la « pratique brutale » des assassinats ciblés, un point de vue repris à son compte par l’Iraq.
Évoquant l’incident survenu à Majdal Shams, la République arabe syrienne a tenu à rappeler que le Golan syrien est occupé par Israël et que ses habitants sont des Arabes syriens, profondément attachés à la Syrie, et qui rejettent l’occupation israélienne. Raison pour laquelle cette délégation -ainsi que le Liban- a dénoncé l’instrumentalisation par Israël de la mort de 12 enfants druzes dans cette attaque. Outrée par la récente frappe israélienne contre une banlieue de Beyrouth et par les violations de la souveraineté du Liban et de l’Iran, la délégation syrienne a affirmé que « les criminels de guerre israéliens » ne pouvaient agir sans l’appui des États-Unis, avant de s’indigner de l’hypocrisie des pays occidentaux.
Les États-Unis ont rejeté les accusations selon lesquelles ils auraient « participé à la mort du dirigeant du Hamas », assurant ne pas avoir d’informations à ce sujet, « et ne pas souhaiter spéculer ». Les délégations américaine et britannique sont toutefois revenues sur l’attaque qui a frappé la localité druze de Majdal Shams, dans le Golan, au bilan particulièrement lourd. Alignés sur la position israélienne, le Royaume-Uni et les États-Unis l’ont attribuée au Hezbollah, dénonçant le rôle de Téhéran dans la déstabilisation de la région par le biais de ses mandataires, notamment le Hezbollah libanais et les houthistes, avant de défendre le droit à l’autodéfense d’Israël face à ces attaques terroristes.
Les qualifiant d’« actes barbares », Israël s’est dit déterminé à continuer à exercer ce droit et à « riposter contre ceux qui nous attaquent », en pointant le Hamas, le Hezbollah et les houthistes, soutenus par l’Iran. « Le monde ne peut se soumettre à la tyrannie des ayatollahs », s’est-il exclamé, en affirmant que c’est à l’Iran de rendre des comptes pour son soutien au terrorisme dans la région. Le massacre du 7 octobre, les tirs de roquettes et la détention des otages qui se poursuit à Gaza sont la conséquence des ambitions impitoyables de l’Iran, a tranché le représentant israélien, avant d’appeler le Conseil à durcir les sanctions contre Téhéran et à désigner le Corps des gardiens de la révolution islamique comme organisation terroriste.
Au contraire, l’observatrice de l’État de Palestine, attristée par l’assassinat d’un nouveau responsable palestinien en la personne d’Ismail Haniyeh, a exhorté le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les États Membres à agir pour qu’Israël cesse son agression, rende des comptes pour cet acte mais aussi pour les 130 000 Palestiniens tués ou blessés au cours des 300 derniers jours « d’horreur et d’enfer à Gaza ».
Tous les membres du Conseil se sont en revanche accordés sur la nécessité de mettre fin au bain de sang dans la bande de Gaza, avec l’instauration rapide d’un cessez-le-feu, la libération des otages israéliens et l’ouverture d’un accès humanitaire sans entrave à l’enclave. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de relancer le règlement pacifique de la question palestinienne sur une base internationalement reconnue, ancrée dans le principe des deux États, ont-ils fait valoir. « L’heure est venue », a souligné la Secrétaire générale adjointe en conclusion de son intervention.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Exposé
Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que, dans une lettre adressée aujourd’hui au Président du Conseil de sécurité, la République islamique d’Iran accuse Israël d’avoir mené l’attaque qui a tué aujourd’hui Ismail Haniyeh, le Chef du bureau politique du Hamas, à Téhéran, ainsi qu’un garde du corps. La lettre fait état d’une « atteinte grave » à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Iran et d’une « violation flagrante » du droit international. Le Guide suprême de l’Iran et d’autres hauts responsables ont juré de venger la mort de M. Haniyeh, annonçant à Israël « une punition sévère ». Divers groupes armés non étatiques alliés à l’Iran dans la région ont également menacé de riposter contre Israël, a relevé la haute fonctionnaire. Dans une adresse en direct à la nation il y a quelques heures, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’Israël avait lancé ces derniers jours des frappes sur trois fronts, notamment contre le Hamas, le Hezbollah et les houthistes, dans le cadre de la « guerre existentielle » que mène le pays contre l’Iran.
Ces événements font suite à plusieurs autres qui signalent une escalade supplémentaire au Moyen-Orient. Le 27 juillet, un incident tragique a fait 12 morts et des dizaines de blessés dans une frappe manifeste contre un terrain de football dans le village druze de Majdal Shams, dans le Golan occupé par Israël. Selon les Forces de défense israéliennes, une roquette Falaq-1 de fabrication iranienne a été tirée par le Hezbollah depuis le village de Chebaa, au Sud-Liban. Le Hezbollah a nié toute responsabilité dans cette frappe, qui a fait suite à des mois d’échanges de tirs de plus en plus nourris de part et d’autre de la Ligne bleue et à des centaines d’attaques aériennes contre Israël, qui les attribue aux forces soutenues par l’Iran. Le 30 juillet, les Forces de défense israéliennes ont rendu publique une déclaration affirmant qu’une « frappe ciblée » avait été menée à Beyrouth contre un commandant du Hezbollah présumé responsable des morts causés à Majdal Shams, a indiqué Mme DiCarlo. Le Hezbollah a confirmé qu’un de ses hauts commandants, Fuad Shukr, également connu sous le nom de Hajj Mohsin, avait été tué. Selon le Ministère libanais de la santé, au moins cinq autres personnes ont été tuées, dont deux enfants, et de nombreuses autres blessées.
Les différentes attaques de ces derniers jours représentent une « escalade grave et dangereuse » de la situation, sur fond de poursuite de la guerre entre Israël et le Hamas, a constaté la haute fonctionnaire. Des efforts diplomatiques pour changer la trajectoire et trouver une voie vers la paix et la stabilité régionales sont donc nécessaires de toute urgence, a estimé Mme DiCarlo. La communauté internationale doit œuvrer de concert à empêcher toute action de nature à aggraver le conflit. Une action diplomatique rapide et efficace est nécessaire pour une désescalade régionale, et ce Conseil joue un rôle crucial à cet égard. « Le moment est venu », a conclu la Secrétaire générale adjointe.