L’Assemblée générale proclame la Décennie d’action pour les sciences cryosphériques et décide du champ d’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle
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Trente ans après l’appel lancé par le Plan d’action de la Barbade, l’Assemblée générale a décidé par acclamation, ce matin, de faire avancer les travaux sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle. Concernant en premier lieu les petits États insulaires en développement (PEID), cet indice vise à rendre compte des vulnérabilités exogènes et du manque de résilience face aux chocs exogènes de tous les pays en développement.
Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également décidé de proclamer la période 2025-2034 Décennie d’action pour les sciences cryosphériques afin de faire face aux problèmes liés à la fonte des glaciers et aux modifications de la cryosphère, en adoptant sans vote un texte présenté par la France et le Tadjikistan (A/78/L.99).
De même, elle a proclamé le 25 juillet Journée internationale des femmes et des filles d’ascendance africaine, un adoptant sans vote et telle qu’oralement amendée la résolution A/78/L.96 présentée par la Vice-Présidente de la Colombie. Mme Francia Márquez a décrit des crimes tels que des viols que subissent les femmes d’ascendance africaine dans son pays et ailleurs. Elle a expliqué que ces femmes sont effacées des statistiques officielles, d’où le besoin de mettre sur pied des politiques qui tiennent compte d’elles afin qu’elles puissent participer à la vie sociale et prendre des décisions. L’amendement en question, proposé par l’Afrique du Sud, a été adopté à l’issue d’un vote.
Le consensus a prévalu en revanche au sujet d’une résolution présentée par l’Ouzbékistan et visant à encourager la gestion durable des forêts, notamment le boisement et le reboisement, comme solution efficace aux problèmes environnementaux (A/78/L.95).
Pour ce qui est des océans, le Secrétaire général a été prié, à l’issue d’un vote, de convoquer les première et deuxième sessions de la Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit Accord BBNJ) du 14 au 25 avril et du 18 au 29 août 2025, respectivement, et de convoquer au moins une session de 10 jours ouvrables en 2026. La résolution A/78/L.102, présentée par le Belize, a été adoptée par 146 voix pour, 2 contre (Fédération de Russie et République arabe syrienne) et une abstention (Zimbabwe).
Le Secrétariat a précisé que les implications financières de ce texte sont évaluées entre 1,8 et 2,2 millions de dollars pour l’année 2025 et entre 1,4 et 1,7 million pour 2026.
Avant l’adoption, la Fédération de Russie a rappelé qu’elle n’a pas l’intention de devenir partie à l’Accord BBNJ qui, selon elle, va à l’encontre de certains accords internationalement agréés. La délégation a décrié le fait que les États n’y ayant pas adhéré semblent être mis de côté et deviendraient de facto des figurants.
Au nom de l’Union européenne, la Hongrie a expliqué que le projet de décision a pour seul objectif la préparation des prochaines échéances et ne devraient pas faire polémique. Même son de cloche pour Saint-Kitts-et-Nevis qui a rappelé, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que la Commission préparatoire doit entamer ses travaux. Le Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a encouragé les partenaires à apporter un soutien à la participation des PEID aux futurs travaux de la Commission préparatoire. Vanuatu, au nom des PEID du Pacifique, a assuré que ces pays entendent poursuivre leur engagement en faveur de l’Accord BBNJ.
Après l’adoption, la Belgique a indiqué que Bruxelles souhaiterait accueillir le Secrétariat technique de l’Accord BBNJ.
L’Assemblée générale a par ailleurs demandé à son Président de tenir une réunion de haut niveau à sa soixante-dix-neuvième session sur les recommandations figurant dans la décision 14/1 du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement, intitulée « Recommandations concernant le recensement d’éventuelles lacunes dans la protection des droits humains des personnes âgées et les moyens de les combler ».
Après la présentation du projet A/78/L.104/Rev.1 par le Chili, la République islamique d’Iran a relevé que le processus de négociations de ce texte s’est fait de manière hâtive.
La Fédération de Russie a estimé que le titre du document suscite la confusion, puisque l’Assemblée générale n’a jamais statué sur le Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement. La délégation a en outre décrié le fait que ce texte ait été présenté seulement 24 heures avant son adoption. Le Cameroun a estimé que le Groupe de travail n’a pas rempli son mandat, et que les délégations ne lui ont pas accordé l’attention nécessaire au cours des 14 dernières années. Pourquoi une telle précipitation en adoptant ce texte à deux mois de la tenue des travaux de la Troisième Commission? Même son de cloche de Cuba qui aurait souhaité que la Troisième Commission statue sur le bilan des délibérations du Groupe de travail.
Les autres intervenants sur la question seront entendus à une date qui sera déterminée ultérieurement.
Enfin, l’Assemblée générale a nommé l’Inde au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables pour un mandat allant du 13 août 2024 au 20 mars 2026.
Indice de vulnérabilité multidimensionnelle
Explications de position
En adoptant sans vote la résolution L.98 qui définit le champ d’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, l’Assemblée générale prie notamment les entités du système des Nations Unies pour le développement d’envisager d’utiliser celui-ci en tant que complément aux mesures existantes, dans leurs programmes de travail et leurs rapports.
Elle décide en outre que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle sera tenu à jour par une entité des Nations Unies existante compétente qui calculera l’indice périodiquement, un groupe consultatif d’experts indépendants et la Commission de statistique. De son côté, le Secrétaire général est prié d’élaborer un manuel électronique contenant des conseils pour l’établissement des profils nationaux en matière de vulnérabilité et de résilience, entre autres.
Dans une explication de position, le Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a indiqué que cet indice permettra de donner une idée plus claire des vulnérabilités de ces États en matière de développement. La délégation a également dit espérer que ledit indice permettra d’envisager une nouvelle manière d’appréhender le développement. C’est le point de départ en vue d’un avenir meilleur, s’est-elle félicitée.
Saluant un pas important dans la bonne direction, l’Australie, au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a reconnu la nécessité de ne pas prendre des décisions uniquement sur la base des revenus des États.
La prise en compte des vulnérabilités est essentielle, a appuyé Saint-Kitts-et-Nevis, au nom de la Communauté des Caraïbes, en notant que cet indice permet à la communauté internationale de mieux comprendre le sort des PEID et l’importance de leur fournir un appui concret. Cet indice doit faire partie des processus de décision et influencer l’allocation des ressources, a-t-elle souligné.
Au nom de l’Union européenne, le Danemark a noté que cet indice permettra de prendre des décisions en toute connaissance de cause. Cet instrument d’analyse va stimuler l’action, a-t-elle ajouté, un point de vue largement partagé par le Royaume-Uni.
Le Portugal, intervenant également au nom d’Antigua-et-Barbuda, les deux cofacilitateurs du processus intergouvernemental sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, a noté que 30 ans après l’appel lancé par le Plan d’action de la Barbade, la communauté internationale dispose à présent d’une définition objective de la vulnérabilité structurelle et d’une boîte à outils pour le mesurer.
À son tour, Antigua-et-Barbuda a salué un moment historique et un effort visionnaire, notant que les outils employés jusqu’à présent, le produit intérieur brut (PIB) notamment, ne permettaient de tenir compte de la vulnérabilité des PEID. Il faut repenser notre approche collective du développement et de la durabilité, a insisté la délégation, soulignant que cet indice est bien trop important pour se retrouver embourbé dans l’inertie bureaucratique. Les Seychelles ont relevé que le recours à cet indice permettra au PEID de quitter la catégorie des PMA et de créer un environnement plus propice à un avenir prospère. Cet outil « vivant » permettra d’étoffer le revenu national brut (RNB) et le PIB, ont renchéri les Fidji qui ont souhaité que l’indice bénéficie d’un soutien international renforcé.
La Colombie a elle aussi insisté sur la nécessité de mieux prendre en compte les enjeux en matière de développement en allant au-delà du PIB afin de tenir compte du contexte de chaque pays. Cet indice, qui donne plus de visibilité aux facteurs externes qui influent sur le développement, est un pas dans la bonne direction et ne doit pas servir d’outil pour restreindre la coopération du développement ou limiter les négociations en cours ailleurs, a-t-elle estimé.
Les États-Unis ont fait observer pour leur part que les institutions financières, les banques internationales et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) disposent de leur propre processus de prise de décisions et doivent appuyer les objectifs de leurs membres. La délégation a renvoyé à son explication de vote quant à la portée de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et l’indépendance des organisations internationales.
L’adoption de cette résolution a également été saluée par le Président de l’Assemblée générale.
Proclamation de la Journée internationale des femmes et des filles d’ascendance africaine
Explications de vote et de position
Avant le vote, le Cameroun, au nom du Groupe des pays d’Afrique, a regretté qu’il ne soit pas fait mention de la Déclaration de Durban et de son Programme d’action dans le libellé du projet de résolution, avant que l’Afrique du Sud ne propose un amendement oral au paragraphe 7 du préambule afin d’y faire figurer ladite Déclaration. Devant cette proposition, les deux délégations qui ont conduit les négociations, le Brésil et la Colombie, ont dit préférer s’abstenir au cours du vote demandé par Israël. Elles ont argué que l’amendement a été présenté tardivement alors que le libellé du texte était agréé de manière consensuelle. Les États-Unis ont aussi rappelé que le consensus avait été agréé il y a un mois déjà. De ce fait, la délégation préfère également s’abstenir.
Pour que le texte soit juste, il serait louable d’introduire la Déclaration et le Programme d’action de Durban, a toutefois estimé la République arabe syrienne.
L’amendement oral a été adopté par 61 voix pour, une voix contre (Israël) et 78 abstentions, et le texte de la résolution a ensuite été adopté par consensus, tel qu’amendé.
Après l’adoption, le Mexique a relevé à son tour que cet amendement arrive tardivement et qu’il aurait fallu respecter le principe de bonne foi des négociations au sein des Nations Unies. Israël s’est dissocié du paragraphe 7 du préambule amendé et a assuré de sa volonté de lutter contre toutes les formes de discrimination.
La République islamique d’Iran s’est dissociée du paragraphe 3 du dispositif dont des termes ne sont pas conformes au contexte culturel du pays. La Hongrie a dit regretter que l’amendement ait été présenté tardivement et de ce fait, la délégation ne souhaite plus parrainer le texte final adopté. Le Togo a suivi son exemple en retirant son parrainage au texte. La Déclaration et le Programme d’action de Durban sont le pilier de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, a rappelé Cuba qui s’est dite fière de son héritage africain. L’Argentine a appelé à respecter les spécificités de chaque pays, alors que la Tunisie et le Nigéria ont assuré soutenir l’amendement de l’Afrique du Sud. Il en va de même de l’Égypte qui a félicité l’initiative sud-africaine.
La République arabe syrienne a en outre accusé « quelqu’un » en coulisse de s’être opposé à l’amendement de l’Afrique du Sud, en estimant que la question de l’amendement ne méritait pas des consultations des capitales. Réagissant aux propos de la délégation israélienne, elle a lancé que le seul pays à avoir voté contre l’amendement ne fait pas de discrimination entre les différentes populations de Gaza.
La Déclaration et le Programme d’action de Durban, adoptés il y a plus de 20 ans, sont cruciaux pour lutter contre la discrimination raciale, a souligné pour sa part l’Afrique du Sud.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.