La Commission de la population et du développement évalue le programme de travail du Secrétariat des Nations Unies dans le domaine de la population
La Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA) va continuer à améliorer le travail du Secrétariat de l’ONU dans le domaine de la population et du développement, a promis ce matin son directeur, M. John Wilmoth, au quatrième jour de la cinquante-sixième session de la Commission de la population et du développement. Avant le débat général qui s’est poursuivi aujourd’hui, quatre experts et des représentants d’États Membres ont commenté, au cours d’une table ronde, les travaux de la Division ainsi que la coopération entre États sur ces questions.
Le travail de la Division a été examiné à l’aide du rapport (E/CN.9/2023/5) du Secrétaire général intitulé « Exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2022 », qui fournit notamment une analyse des tendances mondiales de la fécondité, de la mortalité, des migrations, de l’urbanisation et du vieillissement de la population. Il apparaît que la Division a également élaboré des estimations et projections démographiques à l’échelle mondiale, fait le suivi des politiques démographiques, et mené des études de liens entre le développement durable et les questions de population. En outre, elle a exercé ses missions de diffusion de données et d’informations démographiques, de coopération technique et de renforcement des capacités en faveur des États Membres, en apportant son soutien aux mécanismes intergouvernementaux.
M. Ayaga A. Bawah, le Directeur de l’Institut régional d’études de populations de l’Université du Ghana, a salué le travail accompli par la Division, dont la Commission de la population et du développement formule les lignes directrices et supervise le déroulement. Il a tout de même constaté que de nombreux pays d’Afrique n’ont pas les capacités appropriées pour analyser les données que fournit la Division. En présentant le tableau de la démographie en Afrique, il a fait remarquer que ce sont les problèmes démographiques du continent qui poussent les jeunes à vouloir partir. Des jeunes qui empruntent alors des voies parfois mortelles, comme le désert ou la mer. Cette question de la migration a été abordée plus en détail par Mme Piedad Urdinola Contreras, Directrice générale du Département administratif du Bureau national des statistiques de la Colombie. L’intervenante a rappelé que la région d’Amérique latine était considérée auparavant comme un lieu d’origine des migrants, alors qu’on la considère aujourd’hui davantage comme une zone de transit et d’accueil. Le représentant de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a de plus souligné que cette région est celle ayant le plus perdu en espérance de vie en raison de la pandémie.
À sa suite, la professeure Elżbieta Gołata, vice-rectrice chargée de la recherche et des relations internationales de l’Université de Posznań (Pologne), a évoqué le besoin pour la Division de contribuer au renforcement des capacités des chercheurs des régions. Elle a aussi insisté sur le besoin de davantage vulgariser les résultats des travaux de la Division, notamment sur Internet. L’experte a ensuite donné les grandes tendances démographiques de la Pologne en signalant une baisse de la fertilité et l’accélération du vieillissement de la population. Comme d’autres orateurs, le représentant de la Fédération de Russie a appuyé l’idée de tenir compte des priorités diverses de chaque État dans le travail de la Division, demandant que cette dernière mène davantage d’études sur la famille. Le Directeur de la Division a promis que les diverses doléances allaient être prises en compte, puisque cette séance est organisée pour écouter les suggestions des États Membres.
Un autre expert, du Bangladesh, M. Mohammad Mainul Islam, professeur au Département des sciences de la population de l’Université de Dhaka, a joint sa voix aux autres intervenants qui ont salué les données fournies par la Division et qui sont utiles aux États Membres. Il s’est réjoui que les indicateurs démographiques du Bangladesh soient « dans le vert », même s’il reste des défis comme les grossesses non désirées d’adolescentes, les mariages précoces (une fille sur six se marie avant l’âge de 16 ans). Le professeur a attiré l’attention sur les migrations de Bangladais causées par les inondations, celles-ci étant à l’origine de 70% des migrations, sans compter le fait que plus d’un million de Rohingya ont fui le Myanmar et se sont établis au Bangladesh.
Saluant ce vœu de fournir des données pouvant aider les pays, Cuba a aussi appelé la Division à produire des données en rapport avec les pays en situation particulière, notamment les pays en développement sans littoral (PDSL), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA). Une représentante de la société civile s’est émue du fait que la participation des groupes vulnérables de la population dans les débats de la Commission n’est pas de mise. Elle a rappelé que les vies et les personnes ne sont pas que des chiffres, évoquant par exemple le martyr des femmes noires dans le monde du travail. Le racisme dont elles sont victimes doit nous obliger à établir des liens entre le genre et la race dans les données fournies par la Division, a-t-elle plaidé. Elle a aussi voulu que les États Membres tiennent compte de la diversité des populations quand ils établissement les politiques en matière de population.
Il faut pouvoir effectivement comptabiliser tous ces groupes vulnérables, qui sont essentiels, a reconnu l’experte de Colombie. D’un autre côté, Mme Urdinola Contreras a fait part de la difficulté des autorités locales à collecter des informations face à la réticence des populations. Il est vrai, a acquiescé l’experte de la Pologne, que collecter des données sur les migrations est très ardu, que ce soit dans les pays d’origine, de transit comme de destination. Le Directeur de la Division de la population a observé à ce propos que celle-ci, même si elle fournit des informations démographiques sur les pays, n’a pas le mandat d’établir des données concernant des sous-couches de population dans les pays tiers. Il a tout de même promis que la Division allait poursuivre sa politique d’ouverture et de partage d’informations avec les États.
La Commission se réunira de nouveau demain, vendredi 14 avril, à partir de 10 heures, pour la clôture de sa cinquante-sixième session.