9303e séance – matin
CS/15255

Colombie: en dépit de violences persistantes, la  « politique de paix totale » du Président Petro progresse favorablement, salue le Représentant spécial

À l’occasion de sa réunion trimestrielle sur la situation en Colombie, le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies dans ce pays faire état de progrès significatifs dans la mise en œuvre de la « politique de paix totale » du Président colombien Gustavo Petro Urrego, marquée notamment par la promotion du dialogue avec les groupes armés et l’application de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable conclu en 2016 avec les anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP). 

M. Carlos Ruiz Massieu a débuté son exposé en se félicitant de la présence à cette réunion du Ministre des affaires étrangères de la Colombie, M. Álvaro Leyva, et de M. Rodrigo Londoño, ancien commandant des FARC-EP, aujourd’hui Président du parti des Communs.  La participation de ce dernier témoigne, selon lui, de l’engagement de milliers d’anciens combattants en faveur de l’Accord final. 

Le Représentant spécial n’a pas manqué d’évoquer la récente rencontre entre le Président Petro et M. Londoño à Bogota, ainsi que leur visite conjointe dans l’ancienne zone territoriale de formation et de réintégration de Mesetas, dans le département de Meta, à la suite des menaces proférées par un groupe armé illégal à l’encontre de dizaines d’ex-combattants et de leurs familles.  Il y a vu un « exemple frappant » de la manière dont les parties peuvent travailler ensemble pour relever les multiples défis auxquels le processus de paix reste confronté. 

Au cours de cette visite, s’est félicité M. Massieu, le Président Petro a annoncé plusieurs mesures visant à renforcer le processus de réintégration des anciens combattants et à assurer leur sécurité, mais aussi à accélérer la mise en œuvre de l’Accord final, notamment par le biais d’efforts de dialogue destinés à réduire les niveaux de violence des groupes armés illégaux.  Le Chef de la Mission de vérification des Nations Unies a ainsi salué « l’esprit constructif » qui a caractérisé les deux premiers cycles de négociations entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), au Venezuela et au Mexique.  Il a formé le vœu que les pourparlers du prochain cycle, qui se tiendront prochainement à Cuba, donneront des résultats supplémentaires en matière de réduction de la violence et de participation de la société à la construction de la paix. 

« Les groupes armés doivent reconnaître que le Gouvernement actuel est démocratique et progressiste, et que leur lutte contre lui est inutile », a abondé le Président du parti des Communs, avant de les appeler à un cessez-le-feu immédiat.  Pour M. Londoño, la victoire des « forces progressistes et pacifiques » lors de l’élection présidentielle de l’an dernier est « une chance pour le pays ».   Toutefois, a-t-il nuancé, les groupes dissidents ayant repris les armes ne représentent qu’un « pourcentage minuscule » des signataires de l’accord et l’État colombien n’a jamais pleinement respecté son engagement d’occuper les régions abandonnées par les anciennes FARC-EP, ce qui a permis à divers groupes criminels de se reconstituer. 

L’ex-commandant des FARC-EP a ajouté que la situation des groupes signataires est aujourd’hui « critique » en raison du manque de terres à exploiter et du manque de projets productifs qui garantiraient leur réinsertion.  Cette situation, a-t-il expliqué, a entraîné une « diaspora de signataires » dans différentes régions, rendant difficile la mise en œuvre de l’accord de 2016 et renforçant le découragement.  En appui de ce constat, M. Ivan Šimonović, Président de la Commission de consolidation de la paix, a plaidé pour une accélération de la mise en œuvre des programmes de développement à visée territoriale et de la réforme rurale globale de l’accord, essentiels à ses yeux pour permettre un accès plus équitable aux terres pour les populations rurales et touchées par le conflit, en particulier les anciens combattants.  Le Brésil, qui figure parmi les pays garants de l’accord, a souligné à son tour que la pleine réintégration des anciens combattants dans la vie civile dépend de l’accès à la terre, au logement, à la sécurité et aux projets productifs. 

À l’instar du Royaume-Uni, les membres du Conseil ont été nombreux à déplorer que la violence et la faible présence de l’État dans de nombreuses régions du pays continuent d’entraîner des conséquences graves sur la vie quotidienne des Colombiens.  Cela entrave la mise en œuvre de nombreux aspects de l’Accord final, y compris la sécurité des anciens combattants et le volet ethnique, a regretté la délégation britannique, rejointe sur ce point par la France, Malte et les Émirats arabes unis.  La consolidation de la paix dépend à la fois de la mise en œuvre intégrale de l’accord et de la capacité des autorités à contrôler la violence encore perpétrée par des groupes armés, qui affecte de manière disproportionnée les Afro-Colombiens, les populations autochtones, les femmes et les populations les plus vulnérables, a fait valoir le Brésil. 

Dans ce contexte, la demande de la Colombie, réitérée aujourd’hui par son Ministre des affaires étrangères, d’un élargissement éventuel du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies à la surveillance des accords de cessez-le-feu passés avec les groupes armés a globalement été soutenue.  L’Équateur a toutefois insisté sur le fait que ces accords doivent être mis en œuvre de bonne foi et ne sauraient en aucun cas être utilisés comme passe-droit pour affaiblir la présence de l’État, au détriment du bien-être de la population, avec le risque de voir proliférer les activités illicites.  La Fédération de Russie a, pour sa part, souhaité qu’on évalue en premier lieu les risques et les menaces, tandis que le Japon en appelait à une discussion constructive au sein du Conseil sur la meilleure façon de procéder. 

Considérant qu’il est de son « devoir » d’attirer l’attention du Conseil sur le fait que la Colombie « a des ennemis qui s’opposent au processus de paix », le Chef de la diplomatie colombienne s’est prononcé pour une commission d’enquête internationale des Nations Unies afin de se pencher sur les allégations de violations du droit international dans le pays.  Le processus de paix ne peut pas être mis à mal par des « parties externes » qui ont conduit à la formation de groupes dissidents afin d’affaiblir l’accord de 2016, a-t-il martelé.  Il est, selon lui, indispensable d’envisager la création d’une telle commission d’enquête ou d’un groupe d’experts indépendants, dans le but de ramener la paix totale dans tout le pays et au-delà.   

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53, S/2023/222)

Déclarations

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui présentait au Conseil le dernier rapport du Secrétaire général sur cette mission, a salué la présence à cette réunion du Ministre des affaires étrangères de la Colombie, M. Álvaro Leyva, et de M. Rodrigo Londoño, ancien commandant des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), partie signataire de l’Accord final, et aujourd’hui président du parti des Communs.  Le leadership de M. Londoño dans la transition de la guerre à la paix a été et continuera d’être fondamental, a-t-il dit, voyant dans sa participation un témoignage de l’engagement de milliers d’anciens combattants en faveur de l’Accord final.  La récente rencontre entre le Président Gustavo Petro et M. Londoño à Bogota, ainsi que leur visite conjointe à l’ancienne zone territoriale de formation et de réintégration de Mesetas, dans le département de Meta, à la suite d’une grave menace proférée par un groupe armé illégal à l’encontre de dizaines d’ex-combattants et de leurs familles, sont un exemple de la manière dont les parties peuvent travailler ensemble pour relever les multiples défis auxquels le processus est confronté et pour faire progresser la mise en œuvre, a fait valoir le Représentant spécial, qui a lui-même participé à la visite. 

M. Ruiz Massieu a indiqué qu’au cours de cette visite, le Président Petro, dont c’était le premier déplacement dans l’une de ces zones, a annoncé plusieurs mesures visant à renforcer le processus de réintégration et la sécurité, ainsi qu’à accélérer la mise en œuvre de l’Accord final de manière plus générale.  Regrettant que les anciens combattants aient dû quitter la zone en question où ils avaient investi beaucoup d’efforts en vue de leur réintégration à la vie civile, il s’est néanmoins réjoui qu’un plan de réinstallation ordonnée dans un nouveau lieu, avec une plus grande sécurité et un accès à des terres productives, ait été convenu pour eux et leurs familles.  Il a assuré que la Mission continuera à accompagner les anciens combattants et leurs familles, et à suivre les progrès des mesures annoncées, avant de souligner que la sécurité des anciens combattants des FARC-EP, ainsi que celle des leaders sociaux, hommes et femmes, est et doit demeurer une priorité de premier plan. 

Le Représentant spécial a souhaité, à cet égard, mettre en exergue l’importance cruciale des deux aspects de la « politique de paix totale » mise en avant par le Gouvernement actuel en Colombie: d’une part, la tâche essentielle qui consiste à mettre pleinement en œuvre l’Accord final et, d’autre part, ses efforts par le dialogue, aussi difficiles soient-ils, pour réduire les niveaux de violence des autres groupes armés illégaux afin d’élargir le champ de la paix dans le pays.  Ces derniers jours, a-t-il noté, le Gouvernement a clairement manifesté son engagement en faveur de l’Accord final, notamment en décidant de créer un bureau dirigé par un fonctionnaire de haut niveau au sein de la présidence, chargé de veiller à la mise en œuvre globale de l’Accord final.  En outre, le Président a également annoncé son intention de lever les entraves juridiques et bureaucratiques à la mise en œuvre dudit accord, s’est-il félicité. 

Faisant remarquer que, pour la première fois, le rapport du Secrétaire général inclut des questions liées à la réforme rurale globale et au chapitre ethnique de l’Accord final, le Représentant spécial a précisé qu’il s’agit d’apporter aux zones rurales reculées les infrastructures et les investissements dont elles ont besoin, de garantir un accès équitable à la terre et de remédier aux conséquences spécifiques subies par les communautés ethniques au cours du conflit.  La Mission coopère déjà avec le Gouvernement et les entités de l’État, ainsi qu’avec les mécanismes créés par l’accord, alors qu’ils s’efforcent de répondre aux attentes des paysans colombiens, des communautés indigènes et afro-colombiennes, a indiqué M. Ruiz Massieu.  Dans les régions gravement touchées par le conflit, comme la côte pacifique, les progrès réalisés dans l’application des dispositions de l’accord visant à accroître la présence de l’État et à offrir des possibilités de développement aux communautés historiquement négligées peuvent contribuer à s’attaquer aux causes profondes du conflit, tandis que les mesures de désescalade par le dialogue peuvent contribuer à réduire la violence, créant ainsi de meilleures conditions pour sa mise en œuvre, a-t-il souligné. 

S’agissant de la Juridiction spéciale pour la paix, le Représentant spécial a fait état de progrès dans l’accomplissement de son mandat, qui consiste à enquêter sur les crimes commis par toutes les parties au cours du conflit et à les sanctionner.  Alors que les entités de l’État se préparent à mettre en œuvre les premières peines réparatrices, la phase de jugement a commencé dans des affaires impliquant d’anciens commandants des FARC-EP, des membres des forces de sécurité publique et des tierces parties civiles, a-t-il signalé.  M. Ruiz Massieu a également évoqué les processus de dialogue de paix en cours, et plus précisément les négociations entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN) qui continuent de progresser.  Saluant l’esprit constructif qui a caractérisé les deux premiers cycles de dialogue au Venezuela et au Mexique, il a espéré que les pourparlers du prochain cycle, qui aura lieu à Cuba le mois prochain, donneront des résultats supplémentaires en termes de réduction de la violence et de participation de la société à la construction de la paix.  La perte tragique de vies humaines lors d’événements récents souligne toutefois la nécessité urgente pour les parties de progresser dans la négociation d’un cessez-le-feu bilatéral, a insisté le haut fonctionnaire, en rappelant qu’un processus de dialogue est en cours entre le Gouvernement et le groupe qui se présente comme le haut commandement central, groupe dissident des anciennes FARC-EP. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie), Président de la Commission de consolidation de la paix, a encouragé le Conseil de sécurité à continuer d’apporter un soutien unifié au Gouvernement colombien dans ses efforts destinés à mettre en œuvre l’Accord final, notamment les dispositions relatives aux populations autochtones et afro-colombiennes.  Un soutien particulier devrait, selon lui, être apporté aux efforts du Gouvernement pour mettre en œuvre les programmes de développement à visée territoriale (PDET) et la réforme rurale globale de l’Accord final, qui sont essentiels pour renforcer la présence de l’État dans les zones touchées par les conflits et pour permettre un accès plus équitable aux terres pour les populations rurales et touchées par le conflit, y compris les femmes rurales et les anciens combattants.  Pour le Président de la Commission de consolidation de la paix, il faut également appuyer le Gouvernement dans la réintégration socioéconomique des anciens combattants en tant qu’élément clef pour une paix durable en Colombie.  Le Conseil, a-t-il ajouté, devrait par ailleurs souligner la nécessité de garantir la sécurité et la protection des anciens combattants, des dirigeants sociaux et des communautés, en particulier les communautés afro-colombiennes et autochtones, qui continuent d’être victimes de violences dans les zones encore touchées par les agissements de groupes armés illégaux et où la présence de l’État est limitée.

M. RODRIGO LONDOÑO, Président du parti des Communs, formation politique fondée par les anciennes FARC-EP, a rappelé que le point 1 de l’Accord final prévoyait, afin de trouver une solution raisonnable à la concentration « scandaleuse » de la propriété rurale, la création d’un fonds foncier entre les mains de l’État, composé initialement de 3 millions d’hectares sur une période de 12 ans, à remettre à ceux en ayant le plus besoin et étant disposés à les exploiter.  Or, aujourd’hui, plus de six ans après la signature de l’accord, les chiffres officiels indiquent que seulement 251,122 hectares -soit à peine 8,37%- ont été attribués, a-t-il déploré.  Il y a vu un manque de volonté politique du précédent Gouvernement d’Iván Duque Márquez, selon lui « manifestement opposé » à la mise en œuvre de l’accord.  Concernant les autres grands aspects du point 1, qui consiste en des plans de réforme rurale visant à réduire la pauvreté rurale de 50% en 15 ans, M. Londoño a qualifié leur mise en œuvre de « médiocre » en raison, une fois de plus, d’une absence de volonté politique de l’Administration Duque et d’un risque élevé de corruption.  Il a ainsi parlé d’un détournement par des fonctionnaires de l’État de plus de 500 milliards de pesos.  Quant au point 2 de l’accord, relatif à la participation politique, il accuse un retard considérable du fait de l’insuffisance des ressources allouées, a-t-il encore dénoncé.  Estimant que le système « n’a jamais été mis en œuvre », il a accusé le Gouvernement précédent de n’avoir rien fait pour créer une chaîne de télévision pour les partis et les organisations d’inspiration sociale, et de n’avoir pas non plus pris la peine de procéder aux ajustements réglementaires nécessaires. 

Selon M. Londoño, les groupes dissidents ayant repris les armes représenteraient un « pourcentage minuscule » des signataires de l’accord.  Si leurs activités laissent beaucoup à désirer moralement et politiquement, l’État colombien, lui, n’a jamais respecté son engagement d’occuper les régions abandonnées par les anciennes FARC-EP après avoir déposé les armes, ce qui a permis à divers groupes criminels de se reconstituer, a-t-il regretté.  Le Président du parti des Communs a ajouté que la situation des groupes signataires est « critique » en raison du manque de terres à exploiter et du manque de projets productifs qui garantiraient leur réinsertion.  Cette situation, a-t-il expliqué, a entraîné une « diaspora de signataires » dans différentes régions du pays, rendant difficile la mise en œuvre de l’accord et renforçant le découragement.  En outre, le Gouvernement précédent a alloué des sommes « dérisoires » à son programme de substitution des cultures illicites prévu au point 4 de l’accord, rendant inapplicable une politique d’éradication dans les campagnes colombiennes.

De l’avis de M. Londoño, la victoire électorale des « forces progressistes et pacifiques » lors de l’élection présidentielle de l’an dernier est une chance pour le pays.  « Les groupes armés doivent reconnaître que le Gouvernement actuel est démocratique et progressiste, et que leur lutte contre lui est inutile », a-t-il déclaré, avant de les appeler à un cessez-le-feu.  Louant le soutien de la communauté internationale, en particulier des Nations Unies, il a fait part d’un sentiment d’espoir.  Le Président Petro a proposé d’acheter les 3 millions d’hectares du fonds foncier aux éleveurs avec une somme « astronomique », a-t-il applaudi, invitant la communauté internationale à contribuer à la réalisation de cet objectif, alors que les anciens combattants ont un besoin urgent de logements et de terres pour travailler sur des projets productifs durables.  Cela suppose une condition essentielle: que leur vie, leur sécurité et leur stabilité soient garanties, comme l’a promis l’État aux points 2 et 3 de l’accord, a ajouté le Président du parti des Communs, pour qui il est de la plus haute importance que le Conseil de sécurité influence les parties en ce sens. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déploré que la violence et la faible présence de l’État dans de nombreuses régions du pays continuent d’entraîner des conséquences graves sur la vie quotidienne de trop de Colombiens, en particulier dans les communautés rurales, afro-colombiennes et autochtones.  Cela entrave la mise en œuvre de nombreux aspects de l’Accord final, y compris la sécurité des anciens combattants, a-t-elle constaté, soulignant l’importance pour le Gouvernement colombien de réduire la violence dans tout le pays, y compris au cours de la prochaine série de pourparlers avec l’Armée de libération nationale (ELN).  Dans ce contexte, la représentante a accueilli favorablement la demande de la Colombie d’élargir le rôle de la Mission de vérification des Nations Unies.  Notant que la violence est motivée par la criminalité liée au trafic de drogue, elle a encouragé le Gouvernement à s’attaquer à ceux qui profitent de la misère et de la destruction.  Elle a dit attendre avec intérêt de travailler avec les autorités colombiennes pour s’attaquer à ce problème avec une vigueur renouvelée.  S’agissant de la réforme rurale, la déléguée a appelé à créer un nouvel élan dans l’application du plan national de développement et à soutenir les anciens combattants vivant en dehors des zones de réintégration.  À ses yeux, la Colombie reste un exemple du pouvoir de transformation de la paix, mais il convient de tirer parti de l’Accord final et d’assurer une paix durable dans tout le pays, ce qui nécessitera des investissements continus. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), a salué la détermination et les efforts de l’Administration du Président Petro en faveur de l’Accord final de 2016 en Colombie.  Il a exprimé le soutien des A3 au processus de réconciliation nationale dans le contexte de la consolidation de la paix en Colombie, ainsi qu’au dialogue inclusif auquel le Gouvernement colombien a associé la société civile, les anciens membres des FARC-EP, les femmes et les populations autochtones.  Il s’est également félicité de l’accord conclu entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP afin de prolonger de quatre ans le mandat de la Commission de suivi, de promotion et de vérification de la mise en œuvre de l’Accord final.  Le représentant a d’autre part applaudi les actions entreprises par le Président Petro dans le cadre de sa politique de paix totale, en engageant divers groupes armés dans des pourparlers de paix.  À ce sujet, il a noté avec satisfaction les résultats du deuxième cycle de négociations de paix entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), le 10 mars à Mexico.  Les A3 encouragent les parties à maintenir le même niveau d’engagement en vue de la tenue du troisième cycle de négociations qui aura lieu ce mois-ci à Cuba, a-t-il ajouté.  De même, les A3 soutiennent la demande du Gouvernement colombien d’étendre le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies afin d’inclure le contrôle et la vérification des futurs accords avec d’autres groupes armés.

Notant que, malgré les efforts déployés par le Gouvernement colombien, le processus de paix se heurte encore à des difficultés, le représentant a condamné l’attaque perpétrée par l’ELN le 29 mars dernier, avant d’encourager vivement toutes les parties concernées à accorder toute leur attention au processus de négociation et à s’abstenir de toute mesure susceptible de compromettre les efforts de paix et de stabilité.  Alors que la question de la réforme rurale est de la plus haute importance pour la construction d’une société durable, pacifique et égalitaire, les A3 saluent la proposition de plan de développement national, y compris l’allocation d’un budget important à cet effet, ainsi que les actions en justice visant à restituer plus d’un million d’hectares de terres aux cinq territoires prioritaires que sont Chocó, Guaviare, Nariño et Córdoba, a conclu le délégué.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) s’est félicitée de la mise en œuvre ciblée de l’Accord final en Colombie ainsi que des dialogues en cours avec les groupes non-signataires dans le cadre de la politique de « paix totale », notamment les pourparlers de paix engagés entre le Gouvernement et l’ELN sur le prochain cycle de négociations relatif à un cessez-le-feu.  Prenant note de la demande faite au Conseil par le Ministre colombien des affaires étrangères concernant l’élargissement éventuel du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies pour soutenir les efforts menés dans le cadre de la politique de « paix totale », la déléguée a plaidé pour que des discussions constructives aient lieu avec les autres membres du Conseil sur la meilleure façon de progresser à cet égard.  Comme l’a souligné le Président de la Commission de consolidation de la paix, une réforme rurale globale et la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, notamment sur la base de l’inclusivité et des principes de sécurité humaine, sont essentielles à la consolidation de la paix, a-t-elle souligné.  La représentante s’est cependant déclarée préoccupée par le niveau de violence dans le pays, considérant qu’il est crucial d’établir et de mettre en œuvre des mécanismes de sécurité et de justice appropriés. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a dit soutenir toute action qui contribuerait à la mise en œuvre de l’Accord final.  Il a également reconnu la pertinence du plan de développement national présenté par le Gouvernement colombien, dans lequel les réformes rurales font figure de priorité.  Permettre un accès plus équitable et plus large à la terre pour la population affectée par le conflit est en effet de la plus haute importance pour continuer à construire le chemin vers la paix, a-t-il soutenu.  Jugeant que la réussite du projet de réintégration des ex-combattants est aussi un élément essentiel pour une paix stable et durable, le délégué a salué l’approbation de nouveaux projets pour leur réinsertion socioéconomique.  Il a aussi souligné l’importance pour l’État colombien de s’engager dans le processus de justice transitionnelle.  Favoriser une meilleure coordination entre le Gouvernement et la Commission Vérité, coexistence et non-répétition est selon lui crucial pour bannir l’impunité et susciter la confiance en la justice, en particulier pour toutes les victimes du conflit.

Saluant d’autre part les efforts déployés par le Gouvernement colombien pour dialoguer avec d’autres groupes armés, le représentant a appuyé la décision de suspendre, le cas échéant, les décrets bilatéraux de cessez-le-feu.  En effet, les accords de cessez-le-feu doivent être mis en œuvre de bonne foi, a-t-il fait valoir.  Ils ne peuvent en aucun cas être utilisés comme passe-droit pour affaiblir la présence de l’État, au détriment du bien-être de la population, avec le risque de voir proliférer les activités illicites, a souligné le délégué.

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a noté que, depuis janvier dernier, la Colombie fait preuve de détermination vers une paix durable.  Malgré les progrès, le pays souffre de niveaux élevés de violence, y compris à l’encontre des femmes dirigeantes et d’anciens combattants, a déploré la représentante en demandant que des ressources soient allouées à leur sécurité.  Elle s’est dite particulièrement préoccupée par les risques auxquels sont confrontés les Afro-Colombiens et les peuples autochtones, qui continuent d’être touchés de manière disproportionnée par les déplacements massifs et l’emprisonnement.  Plus de 25 000 membres de ces communautés ont été déplacés ou emprisonnés de force au cours des trois premiers mois de 2023, a-t-elle déploré, avant de dénoncer le recrutement d’enfants par des groupes armés illégaux, notamment parmi les enfants autochtones et afro-colombiens.  La déléguée s’est également alarmée des disparitions forcées dans le pays, dont le nombre est estimé à plus de 100 000.  Les familles méritent des réponses sur le sort de leurs proches, a-t-elle plaidé, appelant le Gouvernement à accorder la priorité à cette question cruciale, y compris la recherche des personnes disparues.  Enfin, après avoir exprimé son soutien au système de justice transitionnelle et aux progrès accomplis pour assurer la vérité, la justice et des réparations aux victimes de toutes les parties au conflit armé, elle a demandé l’ouverture d’enquêtes sur les cas de violence sexuelle et sexiste. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que la recherche de la paix doit passer par le dialogue.  À cette aune, elle a salué la conclusion du deuxième cycle de négociations organisé à Mexico avec l’Armée de libération nationale (ELN) en espérant que ces discussions permettront d’aboutir à un cessez-le-feu durable.  Elle a également salué les efforts déployés par les autorités colombiennes pour consolider les cessez-le-feu en cours avec plusieurs groupes armés.  À ses yeux, la Mission de vérification des Nations Unies devra jouer, le moment venu, un rôle pour surveiller la mise en œuvre de ces différents engagements afin de faire reculer la violence.  À cet égard, la représentante s’est déclarée préoccupée par le niveau de violence qui touche certaines régions, avant de condamner les attaques qui ont ciblé récemment les forces de l’ordre colombiennes.  Selon elle, cela montre que les garanties de sécurité demeurent insuffisantes pour les anciens combattants, les défenseurs des droits de l’homme et les représentants de la société civile. 

Saluant par ailleurs l’engagement du Gouvernement colombien en matière d’accès à la terre et de réforme rurale, la représentante a estimé que la présentation du plan de développement national au Congrès constitue une occasion d’avancer sur ce dossier, à condition toutefois d’y consacrer les financements nécessaires.  La France salue également la priorité donnée par le Gouvernement à la mise en œuvre des chapitres ethniques de l’Accord final, a-t-elle indiqué, appelant le Gouvernement à poursuivre sur cette voie afin d’offrir de nouvelles opportunités socioéconomiques viables aux populations qui ont souffert du conflit.  La déléguée s’est d’autre part félicitée des progrès constants accomplis par la Juridiction spéciale pour la paix, notamment le début de la phase de procès, qui ouvre la voie à l’édiction de peines restauratives et à un nouveau chapitre sur le chemin de la réconciliation.  Jugeant enfin que l’Accord final en Colombie est un « acquis historique », elle a vu dans l’extension de quatre années supplémentaires de la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final une étape importante. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERSWYL (Suisse) s’est alarmée de la violence à l’encontre des dirigeantes et dirigeants sociaux, des défenseuses et défenseurs des droits de l’homme et des anciens combattants en Colombie.  La violence liée au conflit et les déplacements et confinements de civils, principalement d’origine afro-colombienne et autochtone, qui en résultent nécessitent des mesures humanitaires et de désescalade rapide, a-t-elle estimé.  Elle a aussi condamné l’utilisation de mines antipersonnel, qui touchent de manière disproportionnée les civils.  La représentante s’est ensuite félicitée de l’ouverture, notamment grâce au plaidoyer continu de la société civile, de la onzième et dernière affaire jugée par la Juridiction spéciale pour la paix sur les violences sexuelles et fondées sur le genre.  « Le processus d’élaboration participatif de recommandations en matière de réparations souligne l’approche centrée sur les victimes du processus de justice transitionnelle en Colombie », a-t-elle souligné.  La déléguée a donc appelé à optimiser la coordination institutionnelle et l’allocation financière pour le système intégral, afin d’assurer une capacité de mise en œuvre adéquate, y compris des recommandations de la Commission vérité, coexistence et non-répétition.  Enfin, elle a souhaité que le Conseil de sécurité puisse une nouvelle fois faire preuve d’unité en répondant à l’appel de la Colombie visant à élargir le mandat de la Mission de vérification à la surveillance des cessez-le-feu.  Dans cette éventualité, la Suisse reste disposée à soutenir de tels efforts basés sur son expérience de longue date. 

Mme AMEIRAH AL-HEFEITI (Émirats arabes unis) a salué les efforts continus du Gouvernement colombien pour la mise en œuvre de l’Accord final.  Elle demeure cependant préoccupée par la persistance de la violence et des menaces dirigées contre les civils, y compris les anciens combattants, ainsi que contre les dirigeants politiques et communautaires.  Face à cela, la mise en œuvre des garanties de sécurité prévues par l’accord reste selon elle l’un des outils clefs pour améliorer leur situation et leur offrir la protection nécessaire.  La paix et la sécurité durables en Colombie reposent à la fois sur la mise en œuvre complète de l’accord et sur la poursuite des mesures visant à réduire la violence au sein des communautés colombiennes: ces deux éléments se renforcent mutuellement, a-t-elle souligné.  Qualifiant d’encourageants les progrès réalisés dans le cadre du dialogue et des différents processus de paix, elle a cependant rappelé la nécessité de cesser toute hostilité pour que ces efforts paient.  La représentante a donc dit attendre avec impatience le prochain cycle de pourparlers de paix à Cuba, qui pourrait contribuer à consolider la paix.  Les recommandations du Secrétaire général sur le rôle que pourrait jouer à l’avenir la Mission de vérification seront également utiles pour soutenir ces efforts, a-t-elle ajouté. 

La déléguée a aussi insisté sur le bien-fondé d’initiatives de réinsertion basées sur les communautés et menées localement, pour enraciner le processus et garantir que les victimes de violence soient au centre des préoccupations.  La participation pleine, égale et significative des femmes et l’inclusion des jeunes sont tout aussi fondamentales.  À cet égard, l’augmentation de la participation des femmes ex-combattantes de près de 15% en un an, selon le rapport du Secrétaire général, est un pas dans la bonne direction, a-t-elle noté.  Enfin, concernant la Commission Vérité, coexistence et non-répétition, elle a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur la lutte contre les crimes de violence sexuelle. 

M. GENG SHUANG (Chine) a salué les efforts pour parvenir à une « paix totale » en Colombie, notamment la mise en œuvre l’Accord final.  Toutes les parties doivent travailler de concert pour avancer sur la voie d’une stabilité à long terme et de la paix, a-t-il plaidé.  Le représentant a notamment souhaité que le nouveau cycle de pourparlers prévus à Cuba en mai permette de parvenir à un cessez-le-feu permanent et à une solution politique.  Il a demandé à la communauté internationale de promouvoir les pourparlers de paix.  Selon lui, des investissements durables sont nécessaires pour la mise en œuvre de l’accord et du plan national de développement, en particulier pour la réforme rurale, la réintégration des ex-combattants et combattantes et la substitution des cultures illicites.  Dans ce contexte, le délégué s’est dit inquiet face à l’insécurité et à la violence dans certaines régions du pays.  Il a encouragé le Gouvernement colombien à redoubler d’efforts pour le déploiement de forces dans les zones touchées par le conflit afin de dissuader les éléments violents et de protéger les femmes, les enfants et des minorités ethniques.  Il a conclu son propos en saluant le travail de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord final en Colombie, notamment en ce qui concerne la réforme rurale, la participation politique des anciens combattants et l’attention portée aux victimes du conflit.  La récente extension, en janvier, du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, notamment au suivi des chapitres de l’accord relatifs à la réforme rurale et à l’approche ethnique, représente un pas important vers le renforcement du processus de paix dans le pays, a-t-il estimé.  Félicitant le Gouvernement du Président Petro pour les efforts qu’il déploie afin de parvenir à une « paix totale » sur son territoire, le représentant a estimé que la consolidation de la paix dépend à la fois de la mise en œuvre intégrale de l’accord et de la capacité des autorités à contrôler la violence encore perpétrée par d’autres groupes armés, qui affecte de manière disproportionnée les Afro-Colombiens, les populations indigènes, les femmes et les populations les plus vulnérables. 

Le représentant a d’autre part réaffirmé l’engagement du Brésil à soutenir, en tant que pays garant, le dialogue entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN), se félicitant des résultats du deuxième cycle de négociations et de la perspective de progrès à la suite de l’accord de Mexico.  Il a toutefois noté que, malgré les défis importants déjà surmontés, des difficultés subsistent dans la mise en œuvre du processus de paix.  Selon lui, la situation en matière de sécurité des anciens combattants, des dirigeants sociaux et des défenseurs des droits humains reste préoccupante et les efforts visant à garantir leur protection et à prévenir la violence doivent être intensifiés.  La pleine réintégration des ex-combattants dans la vie civile dépend de l’accès à la terre, au logement et aux projets productifs, a-t-il souligné, appelant aussi à renforcer les politiques visant à résoudre le grave problème de la violence fondée sur le sexe. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré que son pays reste déterminé à appuyer la Colombie dans la mise en œuvre de l’Accord final.  Les États-Unis s’efforcent de promouvoir la diversité, l’inclusion et l’équité en Colombie, en s’attaquant aux inégalités et à l’exclusion socioéconomique, questions qui touchent de manière disproportionnée les communautés afro-colombiennes et autochtones, a-t-il fait remarquer.  La présentation du plan national de développement du Président colombien est un pas important, a estimé ensuite le représentant, avant de prendre note des efforts du Gouvernement colombien pour négocier avec les groupes dissidents et autres groupes armés non signataires de l’accord de 2016.  Les efforts actuellement déployés doivent aussi tenir compte de la nécessité de lutter contre la production illicite de stupéfiants, a rappelé le délégué, qui s’est alarmé de la violence persistante visant les communautés afro-colombiennes et autochtones, les activistes environnementaux et des droits humains ainsi que les femmes.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a loué l’engagement sans faille des parties colombiennes pour consolider la paix.  Il a également jugé essentiel de promouvoir l’Accord final, saluant au passage la présence à cette réunion du Ministre des affaires étrangères de la Colombie.  La coopération entre le Gouvernement colombien et les groupes armés demeure pertinente, et la mise en œuvre de l’accord prioritaire pour consolider la confiance, qui est « l’ingrédient le plus important pour parvenir à la paix », selon le délégué.  Si d’importants défis subsistent, notamment pour améliorer la sécurité dans les zones touchées par le conflit, tout doit être mis en œuvre pour que la violence ne soit pas un obstacle et pour mettre l’accent sur la composante rurale de l’accord, a-t-il encore plaidé.  Il a par ailleurs dit soutenir toute proposition visant à élargir le mandat de la Mission des Nations Unies, en particulier pour qu’elle vérifie la bonne mise en place du cessez-le-feu.  La Colombie est devenue un « exemple de succès » et l’Albanie continuera de soutenir les efforts pour une « paix totale », a conclu le représentant. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a noté que le processus de paix en Colombie évolue à un rythme rapide.  Toutefois, le problème fondamental réside dans les garanties offertes aux anciens combattants.  En outre, les violences persistent, marquées par les affrontements entre l’État et les groupes armés pour le contrôle de territoires et la lutte contre le trafic de drogue.  Le représentant a dit attendre avec intérêts les conclusions des prochaines négociations entre les autorités et les groupes rebelles, appelant de ses vœux un cessez-le-feu.  Pour parvenir à ce résultat, il importe que toutes les parties colombiennes participent à ces initiatives, a-t-il dit.  Concernant l’élargissement éventuel du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, le délégué a souhaité que soient d’abord évalués les risques et les menaces.  Il a aussi recommandé de vérifier un cessez-le-feu bilatéral entre les forces gouvernementales et les groupes armés et de désarmer les autres groupes concurrents.  Soulignant l’importance du dialogue dans ces processus, il a cependant estimé qu’il ne doit pas se tenir au détriment de la mise en œuvre de l’Accord final.  Enfin, après avoir déploré les incidents enregistrés au mois de mars, le représentant a estimé que la réconciliation ne pourra se faire « en un clin d’œil ».  À ses yeux, il est encourageant de voir que les autorités colombiennes sont « conscientes de la difficulté de la tâche » et prêtes à la poursuivre. 

M. ÁLVARO LEYVA DURÁN, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a expliqué qu’en tant que chef de la diplomatie de son pays, son devoir consiste à surveiller et à suivre de près les choses pour que « la paix totale y advienne réellement ».  Alors même que le monde est « en danger », que l’humanité assiste, « perplexe », aux événements qui surviennent jour après jour, c’est un honneur pour mon pays d’être un « modèle », a-t-il déclaré.  « Nous sommes une fois encore réunis pour constater que le dialogue et la paix sont réellement la victoire et non la guerre », a-t-il poursuivi.  Le Ministre a souhaité que le Conseil de sécurité donne une suite favorable à l’élargissement du rôle de la Mission de vérification en Colombie.  Il a ensuite estimé qu’il faut établir une distinction sur le plan juridique entre les négociations de portée politique et les pourparlers qui ont eu lieu relativement à la compétence des tribunaux ordinaires, soulignant à cet égard l’importance d’accepter le cadre normatif existant.  « Le Gouvernement colombien veut ramener une paix totale dans le pays, mais on ne va pas demander au Conseil de sécurité de s’occuper de quelque chose qui relève des tribunaux ordinaires, d’où la nécessité d’éviter toute confusion », a précisé le Ministre.  S’il s’est dit disposé à signer et approuver chacun des paragraphes du rapport qui a été présenté aujourd’hui, il a fait état de certains points « préoccupants », notamment le paragraphe 15, où il est indiqué que la Juridiction spéciale pour la paix a déposé une plainte au pénal contre d’anciens membres du Bureau du Procureur général pour obstruction à la justice, escroquerie au jugement et dissimulation de preuves, infractions qui auraient été commises en 2018 au cours de la procédure de garantie de non-extradition de l’ancien chef des FARC-EP, Seuxis Paucias Hernández Solarte, alias Jesús Santrich, qui a depuis repris les armes.

Pour moi, a souligné le chef de la diplomatie colombienne, « c’est un devoir que d’appeler l’attention du Conseil de sécurité sur le fait que nous avons des ennemis qui s’opposent au processus de paix ».  Aussi a-t-il suggéré de créer une commission d’enquête internationale des Nations Unies pour enquêter sur les allégations de violation du droit international.  Le processus de paix ne peut pas être mis à mal par des parties externes qui ont conduit à la création de groupes dissidents afin d’affaiblir l’accord, a-t-il fait valoir.  Il est selon lui indispensable d’envisager la création d’une telle commission d’enquête ou d’un groupe d’experts indépendants, dans le but de ramener la paix totale dans tout le pays et au-delà. 

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