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Haïti: le Conseil de sécurité autorise le déploiement pour douze mois de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, une force de police non onusienne

9430e séance – après-midi
CS/15432

Haïti: le Conseil de sécurité autorise le déploiement pour douze mois de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, une force de police non onusienne

Le Conseil de sécurité a autorisé aujourd’hui la création et le déploiement en Haïti d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), pour une période initiale de douze mois, par des États Membres qui ont informé le Secrétaire général de leur participation.  Adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, par 13 voix pour et 2 abstentions (Chine et Fédération de Russie), la résolution 2699 (2023) précise que ce déploiement se fera en coopération et coordination étroites avec le Gouvernement haïtien et « dans le strict respect du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme ».  L’autorisation sera réexaminée dans neuf mois. 

La résolution autorise les États Membres à fournir un appui opérationnel à la Police nationale d’Haïti (PNH), notamment pour renforcer ses capacités par la planification et la conduite d’opérations communes d’appui à la sécurité, alors que celle-ci s’emploie à lutter contre les bandes et à améliorer les conditions de sécurité dans le pays, où règnent enlèvements, violences sexuelles et fondées sur le genre, traite des personnes, trafic de migrants, contrebande d’armes, homicides, exécutions extrajudiciaires et recrutement d’enfants par des groupes armés et des réseaux criminels.  Le texte autorise en outre la MMAS à fournir un appui à la PNH pour assurer la sécurité des infrastructures critiques et des lieux de transit, tels que l’aéroport, les ports, les écoles, les hôpitaux et les principaux points d’intersection.

Tout en reconnaissant la gravité et l’urgence de la situation, et sans s’opposer frontalement à la résolution, la Fédération de Russie et la Chine ont expliqué leur abstention par le fait que le texte ne prend pas en compte leurs préoccupations, insistant notamment sur le fait que la Mission n’a pas vocation de s’éterniser en Haïti et ne doit pas empiéter sur la souveraineté du pays.  Malheureusement, a résumé la Chine, le texte adopté ne va pas dans ce sens.  Pour la Fédération de Russie, il n’atteint pas un niveau de compréhension satisfaisant sur le fait que la détérioration croissante de la situation en Haïti depuis des décennies est en partie due à l’ingérence étrangère. 

Pour les 13 membres ayant voté en faveur du texte, tout comme pour le pays concerné et les délégations de la Jamaïque, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), et du Kenya, appelé à prendre la tête de la Mission, le Conseil de sécurité ne fait que répondre à l’appel réitéré du Gouvernement haïtien lui-même, dont la population, en plus de connaître une situation humanitaire catastrophique, est en prise avec une insécurité liée à l’activité des gangs et autres groupes armés. 

De fait, le projet d’une telle mission de police internationale menée en dehors de l’ONU mais autorisée par le Conseil de sécurité remonte à un an.  Face à la triple crise politique, économique et de sécurité dans laquelle le pays s’enfonçait, le Gouvernement haïtien avait lancé un appel en ce sens le 2 octobre 2022, et le Secrétaire général présenté diverses options possible une semaine plus tard.  Le 17 octobre 2022, les États-Unis et le Mexique annonçaient le dépôt conjoint de deux projets de résolution.  Le premier, qui prévoyait un régime de sanctions contre les responsables de la violence et de l’instabilité, aboutissait à l’adoption unanime, le 21 octobre, de la résolution 2653 (2022) qui imposait, pour une durée initiale de douze mois, un régime de sanctions très ciblées sur le renouvellement duquel le Conseil doit se prononcer le 19 octobre.

L’autre projet envisageait déjà l’envoi d’une force d’intervention, mais se heurtait aux réticences de la Chine et de la Fédération de Russie, en raison de l’opposition affichée immédiatement par certains groupes haïtiens.  Les États Membres ont également été longtemps hésitants, malgré les appels réitérés du Gouvernement haïtien et du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).  Ce n’est que le 29 juillet dernier que le Kenya annonçait sa disposition à prendre la tête d’une opération multinationale de police, lançant un processus qui allait aboutir à la résolution adoptée ce jour, après un mois de négociations.

La plupart des intervenants ont insisté sur le fait que le texte n’est ni une panacée ni une fin en soi.  Les États-Unis l’ont présenté comme « un jalon historique » sur lequel bâtir et qui permettra, dans un premier temps, à la Police nationale d’Haïti de combattre les gangs.  Mais cette assistance est urgente car la moitié de la population du pays a désespérément besoin d’une aide humanitaire et de la restauration de la sécurité, a notamment argumenté la Jamaïque. 

Le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, M. Jean Victor Généus, a parlé d’avancée significative avant de la qualifier de « lueur d’espoir », tout en ajoutant que l’emploi de la force, indispensable comme première étape, devra être accompagné de mesures socioéconomiques pour s’attaquer durablement à l’extrême pauvreté, source de tous les maux.  Le Brésil a affiché la même position.  Les membres africains du Conseil ont appelé à également accompagner un processus politique inclusif capable d’aboutir à des élections libres.  À long terme, seule une solution politique permettra au peuple haïtien de bénéficier de la sécurité et de la prospérité qu’il mérite, a également estimé le Royaume-Uni. 

Quant au Japon, il a rappelé que la résolution n’est un premier pas en ce sens qu’elle doit encore être suivie de discussions sur les questions relatives au financement, au commandement ou aux règles d’engagement de la Mission, qui reste à opérationnaliser. 

Pour leur part, Malte, la Suisse ou encore l’Albanie ont mis l’accent sur le respect du droit international par la future Mission.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI (S/2023/596)

Texte du projet de résolution (S/2023/709)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions et déclarations à la presse sur la situation en Haïti et réaffirmant la résolution 2692 (2023),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité d’Haïti,

Soulignant que c’est avant tout au Gouvernement haïtien qu’il incombe d’assurer la sécurité, la stabilité et le respect de l’état de droit et des droits humains et de protéger les civils sur l’ensemble du territoire haïtien, et se déclarant très préoccupé par les actions de plus en plus violentes menées par les groupes armés et les réseaux criminels,

Réaffirmant que, pour assurer la sûreté publique, faire respecter les droits humains, consolider la démocratie et revitaliser le système judiciaire haïtien, il importe que la Police nationale d’Haïti soit professionnelle, autonome, pleinement opérationnelle, dotée d’un effectif suffisant, bien structurée, bien équipée et capable d’exercer l’ensemble des fonctions de police, et encourageant Haïti à poursuivre activement ses plans à cet égard,

Condamnant avec la plus grande fermeté l’augmentation des violences, des activités criminelles et des violations des droits humains et des atteintes à ces droits, qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité en Haïti et dans la région, notamment les enlèvements, la violence sexuelle et fondée sur le genre, la traite des personnes et le trafic de migrants, les homicides, les exécutions extrajudiciaires et la contrebande d’armes,

Condamnant fermement les violations et atteintes commises sur la personne d’enfants en Haïti et très préoccupé par leur gravité et leur nombre, et exhortant tous les acteurs, en particulier les bandes organisées et les réseaux criminels, à faire cesser immédiatement et à prévenir toutes les violations et atteintes commises sur la personne d’enfants, notamment les meurtres et les atteintes à l’intégrité physique, le recrutement et l’utilisation d’enfants, les viols et les autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, dont sont victimes notamment les filles, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les enlèvements et les refus d’accès humanitaire,

Exhortant tous les acteurs, notamment les bandes organisées haïtiennes et leurs partisans, à cesser leurs activités déstabilisatrices et criminelles, et exhortant également ceux qui ont la capacité d’influencer les bandes à agir pour que les routes permettant le ravitaillement des marchés locaux et l’accès à ceux-ci ne soient plus bloqués et que les sources d’alimentation ne soient plus dégradées, notamment les cultures et le bétail, ainsi que les fournitures médicales et humanitaires, et soulignant le lien qui unit violence et insécurité alimentaire, laquelle a atteint des niveaux sans précédent,

Soulignant qu’il convient d’instaurer en Haïti et dans la région un environnement sûr et sécurisé qui permette de faire respecter les droits humains, en particulier les droits des femmes, et de protéger les enfants, qui favorise l’état de droit, le bon fonctionnement des institutions et une justice efficace et qui facilite l’acheminement, dans un cadre humanitaire, de l’eau, du carburant, de la nourriture et des fournitures médicales indispensables à la survie,

Rappelant la résolution 2653 (2022), dans laquelle il a pris des mesures de sanction face à la menace que font peser sur la paix et la sécurité internationales dans la région l’extrême violence des bandes et d’autres activités criminelles, ainsi que le trafic d’armes et les flux financiers illicites, et rappelant également la résolution 2664 (2022), qui annule et remplace la dérogation au gel des avoirs visée au paragraphe 10 de la résolution 2653 (2022),

Réaffirmant l’engagement pris par la communauté internationale de répondre aux besoins d’Haïti en matière de sécurité et sur le plan humanitaire, notamment en continuant de soutenir le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH),

Insistant sur la nécessité de parvenir à des solutions politiques pour remédier aux causes profondes de l’instabilité en Haïti et soulignant à cet égard qu’il importe de toute urgence d’encourager une plus grande participation au processus politique en forgeant le consensus le plus large possible, l’objectif étant, une fois réunies les conditions de sécurité voulues, de mettre en place un processus électoral transparent, inclusif et crédible, de tenir des élections libres et régulières et de rétablir les institutions démocratiques,

Réaffirmant la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de continuer, notamment avec l’appui du BINUH, de faciliter un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens qui permette l’organisation d’élections présidentielle et législatives libres et régulières, avec la participation pleine, égale et véritable, en toute sécurité, des femmes et la participation des jeunes, de la société civile et des autres parties prenantes concernées, au moyen d’un dialogue national associant toutes les parties haïtiennes, et priant instamment toutes les parties prenantes haïtiennes de convenir de toute urgence d’une feuille de route pour les élections qui soit pérenne, assortie de délais et communément acceptée,

Prenant note des visites que le Groupe de personnalités éminentes de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a menées récemment en Haïti et se félicitant que celui-ci demeure résolu à soutenir le dialogue politique,

Conscient du rôle clé que jouent les pays de la région, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales comme la CARICOM et d’autres partenaires internationaux, en particulier du rôle clé que jouent la CARICOM et son groupe de personnalités éminentes pour faciliter le dialogue politique, et demandant à la communauté internationale de continuer à appuyer les efforts faits par Haïti pour surmonter l’impasse politique actuelle et remédier à l’insécurité et à la situation humanitaire,

Prenant note de l’appel direct lancé le 6 octobre 2022 par le Conseil des ministres d’Haïti, qui a demandé le déploiement d’une force internationale spécialisée et une assistance technique pour aider la Police nationale d’Haïti à combattre l’extrême violence des bandes et à rétablir la sécurité, et prenant note également de la lettre du Secrétaire général (S/2022/747) en date du 8 octobre 2022, du rapport du Secrétaire général (S/2023/274) en date du 14 avril 2023 et de la déclaration faite le 6 juillet 2023, au nom de la CARICOM, par la Jamaïque, visant à ce qu’une action de sécurité multinationale, assortie du mandat approprié, soit autorisée afin de prêter appui à la Police nationale d’Haïti,

Vivement préoccupé par la situation humanitaire en Haïti qui continue de se dégrader fortement et notamment par le déplacement forcé de personnes, et exhortant toutes les parties à mettre fin immédiatement aux violations et atteintes,

Constatant qu’il convient de se coordonner, selon que de besoin, avec le BINUH et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour réduire la violence des bandes et la violence locale, faire respecter les droits humains et renforcer les capacités de protection de l’enfance, et qu’il convient de renforcer encore les activités de formation menées par le BINUH et les partenaires internationaux en vue de développer toutes les capacités de la police nationale, et non uniquement celles nécessaires aux opérations de sécurité, notamment d’accroître les effectifs, de continuer à assurer la vérification des antécédents, d’améliorer les compétences en matière de police de proximité, de renforcer les moyens de prévention et de répression des violences sexuelles et fondées sur le genre, d’assurer la participation et la représentation pleines, égales et véritables des femmes à tous les niveaux, de faire respecter l’état de droit et de remettre en état les postes de police qui ont été détruits dans les zones sous l’emprise des bandes,

Soulignant que, indépendamment des activités menées par la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), une action plus vaste est nécessaire pour remédier durablement aux causes profondes de la violence en bande organisée, qui résultent de l’instabilité politique, institutionnelle et socioéconomique et, à cet égard, rappelant qu’il a demandé à la communauté internationale, y compris aux institutions financières internationales, qu’elles renforcent l’appui qu’elles apportent au développement économique, social et institutionnel à long terme d’Haïti et ce, même après que la stabilité aura été rétablie dans le pays,

Soulignant que la communauté internationale doit s’associer au peuple haïtien dans une action à long terme visant à promouvoir la reconstruction des institutions démocratiques et notamment la tenue d’élections libres et régulières,

Se félicitant que, le 29 juillet, le Gouvernement kényan ait annoncé qu’il envisageait d’accepter de diriger une mission multinationale, à l’invitation d’Haïti et en réponse à l’appel lancé par le Secrétaire général, après consultations avec Haïti et compte tenu du fait que, dans la résolution 2692 (2023), tous les États Membres ont été engagés à apporter à Haïti un appui sur le plan de la sécurité, et se félicitant également que plusieurs États Membres aient dit vouloir y participer,

Prenant note de la lettre datée du 26 septembre 2023 adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2023/726), exprimant l’ardent désir que le Conseil donne son autorisation en vertu du Chapitre VII et disant l’espoir que, à l’issue de la visite d’évaluation menée par une délégation kényane, la Mission multinationale d’appui à la sécurité contribuerait à assurer la sécurité des infrastructures critiques du pays et pourrait mener des opérations ciblées en étroite collaboration avec la Police nationale d’Haïti,

Conscient qu’il importe de refréner de toute urgence le trafic d’armes et de munitions à destination d’Haïti afin de créer un environnement opérationnel sûr permettant la fourniture d’un appui international à la sécurité, dont le déploiement d’une mission multinationale d’appui à la sécurité,

Prenant note de l’appel lancé le 21 septembre 2023 par le Gouvernement kényan, qui a exhorté l’Organisation des Nations Unies à arrêter de toute urgence un cadre permettant le bon déploiement d’une mission multinationale d’appui à la sécurité, au titre d’une action globale face aux problèmes d’Haïti, et qui a demandé au Conseil d’adopter, en vertu du Chapitre VII, une résolution créant une mission d’appui à la sécurité adaptée aux besoins spécifiques d’Haïti et de son peuple,

Considérant que la situation en Haïti continue de menacer la paix et la sécurité internationales et la stabilité dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Autorise les États Membres qui ont informé le Secrétaire général de leur participation à constituer et à déployer, dans le strict respect du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme, une mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dont un pays prendra la tête, en coopération et coordination étroites avec le Gouvernement haïtien, pour une période initiale de douze mois à compter de l’adoption de la présente résolution, autorisation qu’il réexaminera neuf mois après l’adoption de la présente résolution, étant entendu que l’exécution de cette opération temporaire sera financée au moyen des contributions volontaires des États Membres et des organisations régionales et avec leur appui, en vue de soutenir l’action menée par la Police nationale d’Haïti pour rétablir la sécurité en Haïti et créer les conditions de sécurité propices à la tenue d’élections libres et régulières et, à cette fin, de:

a)    fournir un appui opérationnel à la Police nationale d’Haïti, notamment renforcer ses capacités par la planification et la conduite d’opérations communes d’appui à la sécurité, alors que celle-ci s’emploie à lutter contre les bandes et à améliorer les conditions de sécurité dans le pays, où règnent enlèvements, violences sexuelles et fondées sur le genre, traite des personnes, trafic de migrants, contrebande d’armes, homicides, exécutions extrajudiciaires et recrutement d’enfants par des groupes armés et des réseaux criminels;

b)    fournir un appui à la Police nationale d’Haïti pour que soit assurée la sécurité des infrastructures critiques et des lieux de transit comme l’aéroport, les ports, les écoles, les hôpitaux et les principaux points d’intersection;

2.    Demande à la Mission multinationale d’appui à la sécurité de contribuer, dans le cadre de l’appui qu’elle apporte à la Police nationale d’Haïti conformément au paragraphe 1, à permettre aux personnes qui reçoivent une assistance d’accéder, sans entrave et en toute sécurité, à l’aide humanitaire;

3.    Décide que, pour prévenir les pertes en vies humaines, la Mission multinationale d’appui à la sécurité peut, comme l’a demandé Haïti dans sa lettre datée du 22 septembre 2023, en coordination avec la Police nationale d’Haïti, adopter à titre exceptionnel, dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement, des mesures temporaires d’urgence de portée limitée, assorties de délais, proportionnelles et compatibles avec les objectifs énoncés au paragraphe 1 ci-dessus, pour aider la Police nationale d’Haïti à maintenir l’ordre public et la sécurité publique, y compris en procédant si nécessaire à des arrestations et à des mises en détention, dans le strict respect du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme, et prie les responsables de la Mission de l’informer de toute mesure qui pourrait être prise à ce titre;

4.    Demande aux États Membres et aux organisations régionales de fournir d’urgence du personnel, du matériel et les moyens financiers et logistiques nécessaires à la Mission multinationale d’appui à la sécurité, compte tenu de ses besoins les plus pressants, et invite ceux qui voudraient apporter leur contribution à informer par écrit les responsables de la Mission et le Secrétaire général de leur intention de participer à la Mission et à l’en informer par écrit lui aussi, et prie Haïti et les responsables de la Mission de l’informer régulièrement, ainsi que le Secrétaire général, des progrès réalisés dans le déploiement du personnel et du matériel;

5.    Autorise les États Membres qui participent à la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti à prendre toutes les mesures nécessaires à l’exécution de son mandat, dans le strict respect de l’ensemble des dispositions du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient;

6.    Demande à la Mission multinationale d’appui à la sécurité de prendre pleinement en compte, dans tous les aspects de son mandat et lors de la planification et de la conduite de toutes ses opérations, la question transversale que constitue la protection de l’enfance et des autres groupes vulnérables;

7.    Demande aux États Membres qui participent à la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti de prévoir des compétences spécialisées dans les domaines de la lutte antigang, de la police de proximité, de la protection des enfants et des femmes et de la prévention et de la répression des violences sexuelles et fondées sur la genre selon une approche centrée sur les victimes, de prendre les mesures permettant d’assurer une bonne conduite et la discipline et de prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles, notamment en vérifiant les antécédents de tous les membres du personnel et en prenant les autres précautions d’usage lors du recrutement, en encourageant la représentation des femmes à tous les niveaux de la Mission et en dispensant des formations de sensibilisation aux droits humains, à la protection de l’enfance et aux violences sexuelles et fondées sur le genre avant et pendant le déploiement, de repérer les incidents qui se produisent et, lorsqu’ils sont le fait des membres de leur personnel, de veiller à ce que priorité soit donnée aux victimes et rescapés et à leur sécurité, notamment en mettant en place des mécanismes de plainte sécurisés et accessibles et en diligentant promptement des enquêtes sur toutes allégations de faute, d’amener les auteurs de fautes à en répondre et de rapatrier les unités lorsqu’il existe des preuves crédibles de leur mauvaise conduite, notamment si elles ont commis des actes d’exploitation ou des atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique;

8.    Demande aux responsables de la Mission multinationale d’appui à la sécurité de lui communiquer, en coordination avec le Gouvernement haïtien et les États Membres participant à la Mission, avant le déploiement complet de la Mission, des informations concernant notamment le concept des opérations élaboré en consultation et en coopération avec le Gouvernement haïtien et les États Membres participant à la Mission, le calendrier du déploiement, les buts de la mission et le résultat final recherché, les règles d’engagement, une estimation du montant des ressources à financer au moyen de contributions volontaires et l’effectif qu’il est prévu de déployer;

9.    Rappelle que les règles d’engagement et toute directive sur l’emploi de la force doivent être établies par les responsables de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en consultation avec Haïti et les autres États Membres participant à la Mission et qu’elles doivent pleinement respecter la souveraineté d’Haïti et être strictement conformes au droit international, notamment au droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient;

10.   Prie les États Membres participant à la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti d’appliquer les normes les plus élevées de transparence, de déontologie et de discipline à leurs contingents affectés à la Mission et d’établir un cadre réglementaire solide pour prévenir toute violation des droits humains ou atteinte à ces droits en rapport avec la Mission, enquêter, prendre des sanctions ou rendre compte à ce sujet;

11.   Demande à la Mission multinationale d’appui à la sécurité de mettre en place un mécanisme de contrôle visant à prévenir les violations des droits humains et les atteintes à ces droits, en particulier l’exploitation et les atteintes sexuelles, et à veiller à ce que la planification et la conduite des opérations pendant le déploiement soient conformes au droit international applicable;

12.   Prie les États Membres qui participent à la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti de prendre les mesures de gestion des eaux usées et de protection de l’environnement qui s’imposent pour éviter l’apparition et la propagation de maladies transmises par l’eau, conformément au document publié en 2001 par l’Organisation mondiale de la Santé et intitulé « Water Quality.  Guidelines, Standards and Health: Assessment of risk and risk management for water-related infectious disease » (Qualité de l’eau.  Lignes directrices, normes et santé: évaluation et gestion des risques liés aux maladies infectieuses transmises par l’eau), en coopération avec les autorités haïtiennes, auxquelles il incombe également de prévenir les maladies transmises par l’eau;

13.   Prie la Mission multinationale d’appui à la sécurité de coopérer avec le BINUH et les organismes compétents des Nations Unies, dont notamment l’ONUDC et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, afin d’aider la Police nationale d’Haïti à rétablir la sécurité dans le pays et notamment à combattre le trafic et le détournement d’armes et de matériels connexes et à améliorer la gestion et le contrôle des frontières et des ports;

14.   Décide de remplacer le paragraphe 11 de la résolution 2653 (2022) par ce qui suit:

« Décide que tous les États Membres doivent, pour une période initiale d’un an à compter de l’adoption de la présente résolution, prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à Haïti, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armes légères et de petit calibre et de leurs munitions, et décide également que cette mesure ne s’applique pas:

a.    À la fourniture, à la vente ou au transfert d’armes légères et de petit calibre et de leurs munitions à l’Organisation des Nations Unies, à toute mission autorisée par l’Organisation des Nations Unies et aux unités de sécurité opérant sous le commandement du Gouvernement haïtien, dès lors qu’elles sont destinées à être utilisées par ces entités ou en coordination avec elles et dans le seul but de promouvoir les objectifs de paix et de stabilité en Haïti;

b.    À la fourniture, à la vente ou au transfert d’armes légères et de petit calibre et de leurs munitions à Haïti ayant été autorisés au préalable par le Comité créé par la résolution 2653 (2022) afin de favoriser les objectifs de paix et de stabilité en Haïti; »

15.   Demande à toutes les parties présentes en Haïti de coopérer pleinement avec la Mission multinationale d’appui à la sécurité dans l’exécution de son mandat et de respecter la sécurité et la liberté de circulation de la Mission;

16.   Prie le Secrétaire général de créer un fonds d’affectation spéciale pour que des contributions volontaires puissent être versées à la Mission multinationale d’appui à la sécurité afin de permettre la bonne exécution du mandat;

17.   Déclare que le Secrétaire général peut fournir à la Mission des moyens d’appui logistique, lorsque la Mission et ses donateurs en font la demande, dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, à condition que ces moyens soient remboursés en intégralité à l’Organisation des Nations Unies à l’aide des contributions volontaires disponibles;

18.   Prie les responsables de la Mission multinationale d’appui à la sécurité d’appliquer les normes de transparence et de déontologie les plus strictes et, une fois que la Mission sera opérationnelle sur le terrain, à l’occasion des rapports que le Secrétaire général lui fera régulièrement, de rendre compte tous les trois mois de l’exécution de la présente résolution, notamment de la composition de la Mission, des mesures prises pour assurer une bonne conduite et la discipline et prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles et des enquêtes menées en cas d’allégations de faute et d’emploi excessif de la force;

19.   Prie le Secrétaire général de lui présenter, à l’occasion des rapports qu’il lui fera régulièrement et au plus tard neuf fois après l’adoption de la présente résolution, des recommandations concernant une éventuelle adaptation du mandat de la Mission ou, si nécessaire, sa transformation;

20.   Prie les responsables de la Mission multinationale d’appui à la sécurité d’élaborer une stratégie en vue de l’achèvement et du retrait de la Mission et de faire figurer des informations à ce sujet dans les rapports qui lui seront régulièrement présentés;

21.   Souligne que les États Membres, les organes, organismes et institutions des Nations Unies et d’autres organisations internationales, dont les institutions financières internationales, doivent redoubler d’efforts pour favoriser le développement institutionnel, social et économique d’Haïti, en particulier à long terme, afin que le pays puisse retrouver et conserver sa stabilité et faire reculer la pauvreté;

22.   Exhorte les autorités haïtiennes et les autres parties prenantes à coopérer pleinement avec la CARICOM et le BINUH dans l’exercice de leurs bons offices afin de parvenir le plus rapidement possible à un compromis permettant de dégager le consensus le plus large possible;

23.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré qu’avec l’adoption de cette résolution, le Conseil de sécurité rentre dans l’histoire en répondant à l’appel réitéré d’Haïti et d’autres États.  Le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité permettra à Haïti, qui se trouve aux prises avec des groupes armés, de répondre à court terme à ses besoins sécuritaires et humanitaires, a-t-il estimé.  Constatant qu’il avait fallu un an de négociation pour parvenir à ce résultat, le représentant a souligné que la création de cette mission n’est qu’une étape, qui permettra notamment à la Police nationale d’Haïti de combattre les gangs.  Avec l’adoption de cette résolution, les Nations Unies peuvent œuvrer ensemble, s’est-il félicité, avant de remercier les pays qui ont accepté d’envoyer des troupes dans le pays. 

M. ZHANG JUN (Chine), qui s’est abstenu lors du vote, a rappelé que, ces dernières semaines, plusieurs séries de consultations avaient été menées pour déterminer le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Les débats se sont concentrés sur le Chapitre VII de la Charte, notamment les principes de respect de la souveraineté nationale et non-ingérence dans les affaires intérieures, a noté le représentant, qui a rappelé que le Chapitre VII était souvent invoqué par le Conseil pour autoriser le recours à la force et devait être utilisé avec prudence. 

Affirmant la volonté de la Chine d’être constructive dans l’élaboration du texte adopté, le représentant a jugé important que le Conseil consulte fréquemment les autorités d’Haïti pour que la Mission soit acceptée par la population.  Concernant les modalités d’application, il a demandé qu’on évite d’empiéter sur les compétences du pays et mis l’accent sur la non-ingérence. 

La Mission n’a pas vocation à rester longtemps sur place et les diverses factions haïtiennes devront chercher à s’entendre rapidement, a déclaré le représentant, qui a regretté que le texte adopté n’envoie pas de message fort en ce sens.  Il a néanmoins concédé que la résolution reconnaît les efforts déployés par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour arriver à une résolution politique de la crise en Haïti.  Cet élément-là, nous l’avons demandé dans le projet de texte, a-t-il souligné, avant de noter qu’avec le soutien d’une grande majorité de ses membres, le Conseil s’était rallié au point de vue de la Chine.  Il fallait couper à la source l’approvisionnement en armes, a encore fait observer le représentant, pour qui, si le Conseil avait agi plus tôt en ce sens, la situation telle que nous la voyons ne se serait sûrement pas développée. 

Les crises multiples d’Haïti sont liées entre elles, a encore déclaré le représentant, qui a estimé que le Conseil de sécurité aurait l’occasion de revenir sur la situation du pays.  Nous réfléchirons alors au régime de sanctions en vigueur et à l’action du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a-t-il conclu. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré s’être abstenu tout en reconnaissant l’ampleur de la crise de sécurité en Haïti et l’urgence de la résoudre.  Le niveau de violence dans le contexte de l’incapacité du pouvoir et des moyens limités de la Police nationale d’Haïti (PNH) a exigé que l’on envisage la constitution et le déploiement d’une mission multinationale, a-t-il souligné, ajoutant que son pays n’avait aucune opposition à l’initiative tendant à l’envoi d’une force internationale. 

Toutefois, a expliqué le représentant, la planification et la préparation de la mission conformément aux termes de la résolution ne répondent pas aux demandes de la Russie, en particulier en ce qui concerne ses conditions de déploiement et de retrait.  C’est une mesure grave qui vient d’être prise, mais nous n’avons pas l’impression que ce degré de compréhension a été atteint, a-t-il commenté, attribuant la détérioration croissante de la situation en Haïti depuis des décennies à l’ingérence étrangère. 

M. Nebenzia a toutefois mis en relief des éléments positifs dans le texte adopté, comme l’appel à toutes les forces politiques visant à atteindre un large consensus, et l’importance de l’embargo sur les armes, qui permettra d’en réduire les flux illicites.  Une quelconque ingérence extérieure dans un processus politique interne serait intolérable, a-t-il averti, en demandant des informations détaillées sur ce qui est prévu dans la résolution. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), parlant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a espéré que le déploiement de cette mission se fera dans l’intérêt du pays et de sa population.  En envoyant cette mission, le Conseil de sécurité ne fait que remplir son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il estimé, notant que la mission, qui n’est qu’une première étape, répond à la situation intenable dans laquelle se trouve Haïti aujourd’hui.  Le représentant a ensuite appelé tous les États, partenaires et amis du peuple haïtien à apporter leur appui à ladite mission.  Il faut également accompagner un processus politique inclusif capable d’aboutir à des élections libres et inclusives.  Il est à espérer que cette mission, associée à d’autres mesures, comme les sanctions ou l’embargo sur les armes pesant sur les gangs, permettra de faire éclore un meilleur avenir pour Haïti, a-t-il dit. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a indiqué avoir voté en faveur du texte en raison de la situation catastrophique qui prévaut sur le terrain.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités et agir, a-t-elle souligné.  Elle a salué l’offre du Kenya de diriger la Mission multinationale d’appui à la sécurité, et remercié tous les États qui ont promis du personnel.  Cette mission devra être exemplaire, et tous les éléments de la résolution devront être appliqués dans le plein respect du droit international, a-t-elle insisté, notant que l’objectif de cette mission sera la protection des populations civiles.  Cette mission ne sera cependant pas la panacée et tous les problèmes ne pourront pas être réglés du jour au lendemain, a-t-elle prévenu, insistant sur l’importance de l’accompagnement de la communauté internationale.  Elle a également appelé les autorités haïtiennes à privilégier le consensus et à organiser des élections libres. 

Mme ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a estimé que l’autorisation d’une mission multinationale témoigne du fait que les appels à l’aide d’Haïti ont été entendus. Dans cette perspective, elle s’est félicitée que le respect du droit international des droits de l’homme fasse partie intégrante du mandat de cette mission.  Elle a appelé tous les acteurs au respect et à la protection des droits humains de chaque individu, et salué l’importance accordée à la protection de l’enfance et à la prise en compte des dimensions relatives aux violences sexuelles et basées sur le genre.  Elle a encouragé la communauté internationale à assurer l’articulation de cette mission avec les autres composantes de l’aide internationale dans le pays, lesquelles ouvriront la voie, par une approche intégrale et holistique, à la mise en œuvre d’un dialogue interhaïtien afin de répondre aux crises complexes qui affectent le pays. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a déclaré avoir voté en faveur de la résolution, en raison de l’escalade de violences qui prévaut dans le pays et de l’appel lancé par le Gouvernement haïtien lui-même.  L’adoption de cette résolution est un premier pas qui intervient avant les discussions sur les questions relatives au financement, au commandement ou aux règles d’engagement, a noté la représentante, qui a souligné que la Mission, à elle seule, ne suffira pas pour relever les défis du pays.  Il reviendra aux parties haïtiennes de répondre, par la voie politique, aux aspirations de la population, a-t-elle souligné. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que la Mission multinationale d’appui à la sécurité aura un rôle important à jouer pour aider la Police nationale d’Haïti à faire face à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays.  Elle tracera également la voie pour les efforts qui s’imposent pour traiter des crises interconnectées sur le plan sécuritaire, humanitaire, politique et économique, a-t-il ajouté.  Il a salué le rôle de chef de file du Kenya ainsi que l’engagement des États membres de la CARICOM dans cet effort international, tout en soulignant qu’à long terme, seule une solution politique permettra au peuple haïtien de bénéficier de la sécurité et de la prospérité qu’il mérite.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a insisté sur l’action décisive nécessaire pour appuyer le retour d’Haïti à la paix et à la sécurité.  Elle a souligné que les activités de la Mission se feront en étroite coopération avec les autorités haïtiennes.  Elle a en outre salué le fait que le texte adopté prévoit un calendrier de douze mois, ainsi qu’un examen mandaté tous les neuf mois. Elle a encouragé tous les États Membres à fournir les compétences requises à leurs contingents pour lutter contre des crimes spécifiques.  Elle a appelé à une réponse d’ensemble, intégrée et collective en vue du rétablissement de l’état de droit tant en Haïti que dans la région. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a expliqué avoir voté en faveur de la résolution en raison du rôle que la Mission jouera pour rétablir la sécurité et créer les conditions propices à la tenue d’élections.  Il est à espérer que la Mission travaillera en étroite coopération avec les États et respectera les normes internationales et nationales relatives aux droits humains, a dit le représentant. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a espéré que l’adoption de ce texte enverra un message retentissent aux groupes armés en Haïti.  Il a souligné que la communication stratégique est un facteur clef qui précède tout déploiement et a appelé à adopter une approche complète pour régler la crise multidimensionnelle qui sévit en Haïti.  La résolution adoptée aujourd’hui n’est pas une fin en soi, mais un jalon historique sur lequel bâtir, a-t-il estimé.  Notant en outre les dispositions solides de la résolution sur la violence sexuelle et la protection des enfants, entre autres, il a appelé les États Membres à soutenir la Police nationale d’Haïti dans ses efforts visant à protéger les citoyens haïtiens et à garantir leur accès à l’aide humanitaire.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a souligné que, face aux besoins urgents d’Haïti en matière de sécurité, le Conseil a voté pour une résolution complète qui établit un cadre politique et juridique permettant le déploiement de troupes et de matériel et un financement adéquat aux parties intéressées.  Il a insisté sur le fait que l’aide à la sécurité est une étape cruciale, mais que de multiples efforts coordonnés sont essentiels pour une solution durable de la crise haïtienne.  Il a recommandé d’adopter une approche globale qui mobilise le soutien au progrès institutionnel et socioéconomique en Haïti, jugeant d’autre part « absolument impératif » de traiter les causes structurelles sous-jacentes à la violence et à la vulnérabilité du pays.  Un large consensus politique national en Haïti est « urgent et irremplaçable », a-t-il relevé, notant que, sans une solution politique haïtienne, basée sur un processus électoral libre, juste et transparent, aucune assistance en matière de sécurité, d’aide humanitaire et d’aide au développement ne garantira un succès durable.  De même, la solidarité internationale demeurera insuffisante sans le respect de l’embargo total sur les armes auxquelles les gangs et les groupes paramilitaires continuent d’avoir accès impunément. 

M. JEAN VICTOR GÉNÉUS, Ministre des affaires étrangères d’Haïti, a déclaré que le vote de ce texte constitue une avancée significative vers la résolution de la crise multidimensionnelle que traverse son pays.  C’est une lueur d’espoir pour le peuple qui subit, depuis trop longtemps, les conséquences d’une situation politique, socioéconomique, sécuritaire et humanitaire difficile, a-t-il ajouté.  Le Conseil de sécurité a pris la mesure de la crise et a compris la nécessité d’agir en urgence, s’est-il réjoui.

Le Ministre a également déclaré que, si l’emploi de la force, comme première étape, demeure indispensable pour créer un environnement sécuritaire propice au fonctionnement normal des institutions, il n’est pas suffisant.  Le développement socioéconomique doit être pris en compte pour s’attaquer durablement à l’extrême pauvreté, source de tous les maux.  Il est tout aussi nécessaire de soutenir davantage les programmes sociaux du Gouvernement visant à soulager les démunis dans les quartiers défavorisés, terreaux de recrutement des jeunes désorientés et marginalisés, a-t-il ajouté. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a insisté sur l’importance du soutien de la communauté internationale à Haïti.  En raison de la criminalité éhontée perpétrée par les gangs et du niveau élevé d’insécurité qui en résulte, la moitié de la population haïtienne a désespérément besoin d’une aide humanitaire et la situation s’aggrave chaque jour, s’est-il alarmé, insistant sur l’impératif de restaurer la sécurité et contribuer à un environnement politique, social et économique stable capable de favoriser le développement durable en Haïti.

Le représentant a salué l’engagement du Kenya à diriger la Mission, précisant que plusieurs pays de la CARICOM fourniront également du personnel et d’autres soutiens. Il a également exhorté les autres États Membres à fournir du personnel de sécurité ainsi qu’un soutien logistique et financier pour financer les besoins de la Police nationale d’Haïti ainsi que le Plan de réponse humanitaire pour Haïti.  Il a ajouté que la CARICOM continue de jouer un rôle de médiation auprès du Gouvernement haïtien et des parties prenantes dans le but de résoudre l’impasse politique et de rétablir la stabilité dans le pays.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré qu’en adoptant cette résolution, le Conseil s’est fait porteur d’espoir pour le peuple haïtien, tant le texte constitue un apport séminal pour la renaissance de la sécurité en Haïti et un catalyseur de la fortification de la gouvernance, de l’amélioration de la situation socioéconomique et de la primauté du droit. 

Le représentant a rappelé que le Kenya avait répondu au clairon des autorités haïtiennes dans un esprit de solidarité et de responsabilité partagée, et manifesté sa volonté de diriger cette initiative mandatée par le Conseil.  Rappelant que le commandement de la Mission multinationale sera confié à plusieurs États Membres et que le Président du Kenya, M. William Ruto, avait imploré le Conseil –lors de son intervention devant la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale– d’adopter une résolution en vertu du Chapitre VII de la Charte, le représentant a salué la constitution de cette mission.  Il a invité les États Membres à y contribuer activement par la fourniture de personnel, de fonds, d’équipement vital et d’appui logistique.  Il a conclu son propos en réaffirmant l’engagement du Kenya à œuvrer de concert avec les États de la CARICOM pour opérationnaliser la Mission et assuré que le Conseil serait tenu informé des différentes étapes de sa préparation.

Mme RODRIGUES BIRKETT (Guyana) a dit la détermination de son pays à répondre à l’appel lancé par le Conseil de sécurité avec la création de cette mission.  Cette détermination est réelle, a-t-elle insisté, disant espérer qu’à terme, la Police nationale d’Haïti soit à même de remplir ses tâches et recruter pour apporter la sécurité à la population.  En attendant, a-t-elle ajouté, il faut une action internationale coordonnée holistique et pérenne, afin de répondre efficacement aux défis socioéconomiques et humanitaires que connaît Haïti et cela, loin des considérations géopolitiques.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Coup d’envoi des travaux de la Sixième Commission avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

Soixante-dix-huitième session,
1re & 2e séances plénières, Matin & après-midi
AG/J/3685

Coup d’envoi des travaux de la Sixième Commission avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé, ce matin, son programme de travail qui sera marqué par la tenue d’une trentaine de réunions jusqu’au 17 novembre, date prévue pour la dernière séance de cette soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.

Le Président de la Commission, M. Suriya Chindawongse, de la Thaïlande, a souligné « l’autorité unique » et l’expertise de la Sixième Commission parmi les autres grandes commissions de l’Assemblée.  « Je suis persuadé que nous serons en mesure de conduire nos travaux dans un esprit de coopération et d’entente mutuelle et de régler les questions en suspens dans les délais et par consensus, oui par consensus, comme cela est traditionnellement le cas au sein de cette Commission. »

La Commission a ensuite entamé son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en entendant une majorité de délégations souligner les failles de la lutte antiterroriste et le manque de consensus afin d’y remédier.  L’Arabie saoudite, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a ainsi déploré qu’un consensus n’ait pu être forgé, lors du huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en juin dernier, afin de prendre en compte les défis de la xénophobie et de l’islamophobie dans la réponse antiterroriste.

« Nous avons dû nous contenter d’une révision qui a été un peu plus qu’une actualisation technique », a concédé le délégué du Brésil, en appelant les délégations à mieux comprendre ce qui les divise.  « Le Groupe des États d’Afrique souhaite davantage d’ouverture et de négociation pour parvenir à un consensus », a appuyé le délégué de l’Ouganda, au nom de ce groupe, en qualifiant cette stratégie de « document de référence ». 

Il a déploré qu’un tel consensus n’ait pu être atteint pour condamner les groupes racistes et d’extrême droite et inclure une référence à la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie.  De nombreuses délégations, comme le Bangladesh, le Pakistan, les Maldives ou l’Iran, se sont inquiétées des actes islamophobes commis dans certains pays.  Le délégué d’Israël a, lui, considéré que la question de l’incitation à la haine en ligne, ou encore celle du lien entre endoctrinement en ligne et attaques terroristes dans le « monde réel », étaient encore insuffisamment prises en compte.

Comme chaque année, de nombreuses délégations ont réclamé l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international contenant une définition précise du terrorisme.  L’absence d’un tel texte nourrit en effet les perceptions qu’il existe une approche de deux poids, deux mesures dans ce domaine, a argué le Brésil, tandis que l’Iran a dénoncé la « politisation » de la lutte antiterroriste mondiale du fait de certains États « arrogants ».  « Il ne peut y avoir de bons et de mauvais terroristes », a tranché le Venezuela. 

L’Union européenne a jugé essentiel qu’un tel instrument se fonde sur le droit international et sur une définition « claire » du terrorisme.  L’Iran, comme l’Arabie saoudite, ont néanmoins souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance face à une occupation illégale, le délégué saoudien ajoutant que cette distinction est entérinée par le droit.  « La définition du terrorisme doit prendre en compte les actes violents de suprémacistes blancs, les actes xénophobes et islamophobes », a requis le Pakistan.

Au vu des divergences persistantes, l’Égypte et le Ghana ont demandé la tenue d’une conférence internationale afin de les surmonter.  Enfin, si de nombreuses délégations, telles que le Honduras, le Viet Nam ou encore le Soudan, ont demandé un approfondissement de la coopération internationale, Israël a estimé que les « conditions nécessaires à une coopération réussie n’existent pas encore ». 

La Commission a par ailleurs décidé, ce matin, de créer un groupe de travail sur la protection des personnes en cas de catastrophe, présidé par M. Antonio Lagdameo, des Philippines.  Le groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international sera, lui, de nouveau présidé par M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission poursuivra son débat demain, mardi 3 octobre 2023.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/78/221

Débat général

Mme ZAHRA ERSHADI, (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a réaffirmé que les actes de terrorisme violent le droit international et le droit à la vie.  Le terrorisme déstabilise les gouvernements légitimes et l’ordre constitutionnel, a-t-elle estimé, mentionnant ses conséquences négatives sur le développement économique et social.  Cependant, a mis en garde la déléguée, le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte des peuples sous occupation coloniale pour l’autodétermination.  « L’occupation étrangère doit être considérée comme du terrorisme. »  Elle a également souligné que le terrorisme ne devrait pas être assimilé à quelque religion que ce soit, ce qui implique de ne pas axer le profilage des individus sur de tels critères.  Elle a ensuite exhorté les États à s’abstenir d’encourager des activités terroristes dans leurs territoires en évitant de servir de refuge aux terroristes, de financer les actes terroristes et de fournir des armes aux groupes terroristes. 

En outre, le Mouvement des pays non alignés rejette le recours à la force contre tout État du Mouvement sous prétexte de la lutte contre le terrorisme.  La déléguée a estimé que l’élaboration unilatérale de listes accusant des États de terrorisme s’apparentait à du « terrorisme psychologique et politique ».  Le statut de réfugié ne devrait pas faire l’objet d’abus et ne devrait servir de motif de refus pour l’extradition des terroristes, a-t-elle ensuite fait remarquer. Elle a exhorté les États à renforcer leurs capacités de lutte antiterroriste, y compris dans les régions les plus touchées. Par ailleurs, la déléguée a estimé nécessaire de s’attaquer à la « mauvaise utilisation de la religion par les groupes terroristes pour expliquer leurs actes », qui ne fait que nourrir la haine dans le cœur des jeunes.  Elle a appelé la communauté internationale à lutter contre la propagande terroriste grâce à un cadre global en coopération avec les dirigeants communautaires et religieux.  Réaffirmant l’engagement du Mouvement envers le droit international, la représentante a appelé à utiliser les médiateurs et à condamner toute forme d’intolérance et d’extrémisme violent.  La mise en place d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme est importante, a-t-elle conclu, demandant une coopération transparente et une adaptation des cadres aux conditions particulières des États concernés. 

M. MARVIN IKONDERE (Ouganda), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a souhaité voir davantage d’ouverture et de négociation pour parvenir à un consensus sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qu’il a qualifiée de « document de référence », en s’appuyant sur les progrès réalisés sur des questions comme le retour des combattants terroristes étrangers, ou encore l’utilisation abusive d’Internet par les terroristes.  Il a déploré qu’un tel consensus n’ait pu être atteint pour condamner les groupes racistes et d’extrême droite, ou inclure une référence à la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie.  Le délégué a réitéré l’attachement du Groupe des États d’Afrique à la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international et fait part de son soutien à la proposition de conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU pour formuler une réponse internationale au terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.

Au niveau régional, le délégué a fait part de la préoccupation du Groupe des États d’Afrique quant au paiement de rançons aux groupes terroristes, qui constitue « l’une des principales sources de financement des activités terroristes ».  Il a par ailleurs exhorté les États Membres à prendre des mesures pour empêcher que le statut de réfugié ne soit abusé par des terroristes ou leurs facilitateurs.  Appelant à davantage de coopération interétatique dans le domaine de la lutte antiterroriste, il a cité la création et l’opérationnalisation, à Djibouti, du Centre d’excellence pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), mais aussi le rôle de formation joué par le programme pour la lutte contre le terrorisme en Afrique créé, en 2020, par le Bureau de lutte contre le terrorisme, à Rabat, au Maroc.  Rappelant l’impact socioéconomique dévastateur de la pandémie de COVID-19 sur l’augmentation du terrorisme, le délégué a déploré la prolifération de groupes terroristes, notamment ceux affiliés à Daech, sur tout le continent.  Le travail de l’ONU et de ses États Membres en Afrique est d’une importance cruciale pour empêcher la menace terroriste de faire dérailler les acquis durement acquis de l’Afrique, a-t-il conclu.

M. KHALID MOHAMMED H. H. FELEMBAN (Arabie saoudite), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné le terrorisme, qui est une violation flagrante du droit, avant d’appeler au respect de la souveraineté et l’indépendance politique de tous les pays.  Il a réaffirmé que le terrorisme ne peut pas être associé à une religion, une confession ou une appartenance ethnique. Il a dénoncé toute tentative visant à lier l’islam au terrorisme, avant d’appeler à un dialogue entre civilisations. Le représentant a ensuite invité à adopter une approche exhaustive pour lutter contre le terrorisme, en s’attaquant à ses racines, y compris le manque de développement, le manque de perspectives socioéconomiques, les occupations étrangères et différents conflits internationaux.  Il a souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance face à une occupation illégale.  Cette distinction est entérinée par le droit, a-t-il précisé.

Le représentant a jugé en outre essentiel de resserrer la coopération entre les États Membres afin de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et de les empêcher d’accéder à une assistance ou des armes.  Il a souhaité une actualisation de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, en prenant notamment en compte la xénophobie et l’islamophobie, déplorant qu’un consensus n’ait pas pu être forgé autour de ces questions lors du huitième examen de la Stratégie.  Le représentant a également plaidé en faveur d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme, afin de régler des questions en souffrance comme celle de la définition juridique du terrorisme.  Il nous semble important de convoquer une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU, a-t-il conclu.

M. THOMAS RAMOPOULOS, de l’Union européenne, a réaffirmé que le terrorisme est un défi majeur dans le contexte des multiples crises auxquelles le monde fait face actuellement.  La menace de l’extrémisme violent politiquement motivé s’ajoute aux défis posés par les idéologies d’extrême droite et d’extrême gauche, ainsi qu’à l’exploitation des nouvelles technologies par les groupes terroristes, a-t-il précisé.  Il a réaffirmé le soutien de l’Union européenne (UE) à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. 

Le délégué a ensuite exposé les modalités selon lesquelles l’UE souhaite parvenir à une convention générale sur le terrorisme international.  Tout d’abord, il est essentiel qu’un tel instrument se fonde sur le droit international et sur des définitions claires du terrorisme. À cette fin, l’UE soutient le travail du Conseil de l’Europe pour une définition révisée du terrorisme.  Les efforts doivent également être cohérents, en dépit de la polarisation des organisations internationales, et conformes aux valeurs du droit international.  « La lutte contre le terrorisme ne doit en aucun cas servir de prétexte à la violation des droits humains », a mis en garde le délégué, estimant que toute mesure doit aussi tenir compte des questions de genre, du droit international humanitaire et du droit des réfugiés.  Il a également prôné la participation des femmes dans les processus.  Les acteurs de la société civile et les défenseurs des droits humains doivent être protégés, a-t-il rappelé, tout comme il est nécessaire d’œuvrer pour la réhabilitation de toutes les victimes du terrorisme.  Enfin, le non-respect des droits humains a des effets négatifs sur l’application du droit international, y compris sur les accords d’extradition, a-t-il conclu. 

Mme SOPHEA EAT (Cambodge), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est félicitée de l’organisation récente, à New York, de la semaine de lutte contre le terrorisme organisé, notant que ce type d’échanges permettaient de réduire « les marges de manœuvre » de l’extrémisme violent.  L’ASEAN reconnaît l’importance des efforts consentis sur le plan collectif pour faire face à ce fléau, a expliqué la déléguée, en soulignant que, dans la région, la radicalisation et l’extrémisme violent étaient combattus par un plan d’action complet de lutte contre le terrorisme de l’ASEAN et la convention qui s’y rapporte. 

La déléguée a dressé la liste des principales mesures prises par l’ASEAN dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes ses formes: renforcement de la coopération internationale pour identifier les réseaux terroristes et éliminer leur financement; identification des causes profondes du terrorisme; respect des droits humains et de l’état de droit; renforcement des capacités et de l’assistance technique entre États; lutte contre la radicalisation des individus par des programmes, notamment à l’échelon local; protection des cibles « molles » et amélioration de leur sécurité; cybersécurité.  Elle a insisté sur l’importance de rechercher des moyens innovants pour lutter contre ce fléau, dans le respect des législations nationales et du droit international, y compris du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

M. BIGGS (Australie), s’exprimant également au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande, a remarqué que les méthodes des groupes terroristes évoluaient, représentant sans cesse de nouveaux défis pour la communauté internationale.  Les solutions ne peuvent donc être que mondiales, a-t-il estimé, affirmant que les causes du terrorisme et de l’extrémisme sont mieux identifiées quand les partenaires internationaux et locaux coopèrent.  En outre, tout effort pour éliminer les menaces terroristes doivent se faire dans le respect de l’état de droit, des droits humains et des réfugiés, et du droit international, a-t-il exhorté, incitant également les membres du Conseil de sécurité à mettre pleinement en œuvre les résolutions sur le terrorisme international, dont certaines ont déjà démontré leur efficacité. 

Le représentant a ensuite exprimé l’engagement des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande à intégrer tous les niveaux de gouvernance et de la société dans la lutte contre le terrorisme afin d’augmenter la « résilience aux discours de haine », notamment.  À cet égard, il a estimé que la société civile joue un rôle crucial et que la limitation de sa portée par les mesures antiterroristes est inquiétante. Il a ajouté que les mesures doivent inclure les moteurs du terrorisme, tels que les questions de genre, saluant la création du groupe sur les droits humains et les questions de genre au sein du Bureau de lutte contre le terrorisme.  Réitérant son soutien dans ce combat, le représentant a prôné un alignement des travaux de la Sixième Commission avec l’agenda de revitalisation de l’Assemblée générale et le nouveau cycle de trois ans pour les évaluations de la Stratégie antiterroriste mondiale. 

Mme ELVIRA CUPIKA-MAVRINA (Lettonie), s’exprimant également au nom de l’Estonie et de la Lituanie, a réitéré l’engagement des pays baltes à collaborer étroitement avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme.  Afin de lutter efficacement contre les menaces terroristes, elle a encouragé le développement de cadres juridiques communs. Les idéologies extrémistes et les groupes terroristes, tels qu’Al-Qaida et Daech, opèrent à travers le monde, a-t-elle constaté, menaçant la sécurité mondiale et les valeurs de la Charte des Nations Unies.  Une réponse collective gardant les droits humains et l’état de droit en son cœur est nécessaire, a estimé la déléguée, saluant le rapport du Secrétaire général sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Même si la menace terroriste reste faible dans les pays baltes, ces derniers subissent les répercussions des changements géopolitiques et de l’instabilité croissante, a-t-elle indiqué.  Elle a précisé que ces pays ont développé conjointement des outils juridiques permettant d’enrayer la radicalisation, l’extrémisme et le terrorisme, une coopération qu’ils souhaitent poursuivre.  La déléguée a conclu en condamnant l’agression russe contre l’Ukraine qui accroît les risques de radicalisation et d’activités terroristes, appelant les États Membres à soutenir l’Ukraine dans la restauration de sa souveraineté et son intégrité territoriale. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a réitéré l’importance de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme.  Il a cité les mesures prises par son pays pour enrayer cette menace aux niveaux national, régional et mondial.  La stratégie nationale se concentre sur la détection et la dissuasion du financement du terrorisme, ainsi que sur la coordination des actions des organes de contrôle, de supervision et de répression, des décideurs politiques et des acteurs privés.  Au niveau régional, a-t-il poursuivi, Singapour copréside actuellement le Forum des hauts fonctionnaires sur la politique antiterroriste, qui vise à identifier les problèmes de sécurité et de terrorisme dans la région, à développer de nouvelles initiatives, et à étendre la coopération entre les gouvernements et les agences de lutte contre le terrorisme.  Sur le plan international, le délégué a rappelé que Singapour a signé 15 accords internationaux de lutte contre le terrorisme et soutient la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Ma délégation se réjouit de collaborer étroitement avec le Groupe de travail établi par la Sixième Commission afin d’atteindre un consensus concernant le projet de convention sur le terrorisme international, a-t-il conclu. 

M. VIVTOR SILVERIA BRAOIOS (Brésil) a rappelé que les sanctions du Conseil de sécurité sont immédiatement applicables au Brésil, y compris celles relatives au terrorisme.  C’est la preuve que nous nous conformons pleinement à la Charte des Nations Unies, y compris son Article 25, a dit le délégué.  Il a néanmoins souhaité que le processus de désignation des personnes et entités frappées par les sanctions soit plus transparent.  Il a rappelé le consensus forgé, en juin dernier, s’agissant du huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. « Un accomplissement que nous ne devons pas sous-estimer, en particulier en ces temps de polarisation accrue. »  Néanmoins, nous avons dû nous contenter d’une révision qui a été un peu plus qu’une actualisation technique, a-t-il regretté, en appelant les délégations à mieux comprendre ce qui les divise.  Il a souligné qu’il n’y a toujours pas de définition universellement agréée du terrorisme, alors que le monde a besoin de règles claires et consensuelles afin de rendre la lutte antiterroriste plus efficace.  Selon lui, « l’absence d’une convention générale sur le terrorisme international nourrit les perceptions qu’il existe une approche de deux poids, deux mesures dans ce domaine ».

Mme DOROTHY PATTON (États-Unis) a rappelé qu’au niveau multilatéral, de nombreuses mesures avaient été prises pour réduire la menace terroriste, qu’il s’agisse du ciblage des systèmes de financement ou de la lutte contre la propagande et les déplacements.  Elle s’est félicitée de la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et a insisté sur le fait que les États Membres sont appelés à renforcer leurs capacités de rapatriement, réhabilitation et réintégration et, si besoin, à poursuivre en justice des combattants terroristes étrangers et des membres de leurs familles.  La déléguée a souligné que son pays était prêt à aider les États Membres dans leurs efforts à cet égard.

Il reste beaucoup à faire, notamment pour contrer les extrémistes violents à motivation raciale ou ethnique qui ciblent les minorités religieuses et raciales, les immigrés, les femmes et les filles, ou encore la communauté LGBTQI+, a expliqué la déléguée.  Elle a rappelé le défi représenté par la facilité d’accès à la propagande en ligne et hors ligne ou encore par la menace posée par l’utilisation de technologies nouvelles et émergentes.  La lutte contre le terrorisme passe donc aussi par la prévention, a-t-elle noté, dont le développement de l’esprit critique ou encore l’éducation aux médias. À cet égard, la déléguée a insisté sur le renforcement des partenariats public-privé et de la coopération internationale, et préconisé des efforts de recherche plus indépendante pour consolider les capacités collectives à faire face à ces menaces.  Ces efforts, a-t-elle conclu, doivent respecter les droits humains, car étouffer la liberté d’expression au nom de la lutte contre l’extrémisme est « contre-productif ». 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala), rappelant que les actes terroristes entravent les droits humains, augmentent l’instabilité politique et menacent la stabilité internationale, a salué les initiatives du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Elle a fait remarquer que le lien entre la criminalité organisée et le terrorisme est avéré.  Les pays d’Amérique centrale, et particulièrement le Guatemala, font face à des réseaux criminels transnationaux impliqués dans des trafics de stupéfiants, d’armes et d’êtres humains, a-t-elle expliqué.  Ces groupes minent nos capacités, a affirmé la déléguée, et c’est pourquoi nous souhaitons renforcer notre cadre national pour lutter contre ces réseaux. Elle a ensuite souligné l’importance de renforcer la coopération régionale et internationale pour combattre le terrorisme. Elle a salué l’initiative visant à renforcer le système de lutte contre le terrorisme, dont le Guatemala fait partie. Il est toutefois essentiel d’augmenter la coopération internationale entre les États et l’ONU pour combattre toutes les manifestations du terrorisme où qu’elles soient, a-t-elle conclu. 

M. HEIDAR ALI BALOUJI (République islamique d’Iran) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant de dénoncer la « politisation » de la lutte antiterroriste mondiale du fait de certains États « arrogants ».  Il a rappelé que son pays est victime du terrorisme, en dénonçant l’assassinat, en janvier 2020, du général Qassem Soleimani à Bagdad, ainsi que l’assassinat de plusieurs scientifiques iraniens.  Le délégué a aussi souligné les nombreuses attaques perpétrées contre des infrastructures essentielles dans son pays.  Il a rejeté toutes les tentatives visant à assimiler au terrorisme la lutte légitime contre une occupation étrangère, avant de demander la levée des sanctions. Il a dénoncé les profanations de mosquées et du Coran dans certains pays européens.  Enfin, le délégué a demandé le rapatriement des combattants terroristes étrangers, avant de se prononcer en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.

M. NOAM CAPPON (Israël) a déclaré qu’éliminer le terrorisme n’était pas seulement un choix, c’est aussi « un devoir et une valeur partagée » au niveau collectif.  Il a toutefois regretté qu’au niveau mondial, les conditions nécessaires à une coopération réussie n’existent pas encore.  Le délégué a relevé l’augmentation inquiétante des attaques contre les Israéliens et des actes d’antisémitisme visant les juifs dans le monde entier, et indiqué que de tels actes devraient être considérés comme des menaces à la sécurité israélienne, mais aussi comme des manifestations de haine contre la communauté juive et la communauté mondiale dans son ensemble.  Son pays, a-t-il souligné, lutte contre le terrorisme en collaborant de manière tant multilatérale que bilatérale; il a donné comme exemple la contribution d’experts israéliens au Centre de formation du Bureau de lutte contre le terrorisme à Rabat, au Maroc, pour former les responsables de la sécurité publique de différentes branches du Gouvernement à la lutte contre le terrorisme. 

Évoquant la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies récemment révisée, le délégué a considéré que la question de l’incitation à la haine en ligne, ou encore celle du lien entre endoctrinement en ligne et attaques terroristes dans le « monde réel », étaient encore insuffisamment prises en compte.  S’agissant enfin des méthodes de financement du terrorisme, il a expliqué comment les sources de financement utilisées par les terroristes évoluaient, à l’instar de l’utilisation des cryptomonnaies, et souligné l’importance pour la Stratégie antiterroriste mondiale de s’adapter à ces défis.

M. PABLO AGUSTÍN ESCOBAR ULLAURI (Équateur) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Les mesures antiterroristes doivent être conformes au droit international, a-t-il dit, en appelant à une coopération internationale renforcée.  Il s’est dit préoccupé par les liens entre terrorisme et criminalité transnationale organisée.  Il s’est prononcé en faveur d’une convention générale sur le terrorisme international et a souhaité son élaboration lors d’une conférence de haut niveau.  Enfin, le délégué a demandé que la lutte antiterroriste donne la priorité au développement socioéconomique tant que la pauvreté et le manque d’emplois font le lit de l’extrémisme violent.

M. ERIK LAURSEN (Danemark), s’exprimant au nom du Groupe des pays nordiques, a insisté sur le fait que les stratégies de lutte contre le terrorisme devraient toutes avoir comme point de départ des mesures de prévention efficaces qui s’attaquent à ses causes profondes.  Il a condamné toute forme de terrorisme, y compris l’extrémisme violent de droite, menace dont il a rappelé l’impact sur les pays nordiques. Notant les défaites territoriales des groupes terroristes en Syrie et en Iraq, il a dit que les actions de ces groupes restaient un défi sécuritaire dans la région, mais aussi en Afrique, notamment dans les États fragiles du Sahel et dans les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, où ils capitalisent sur la faiblesse de la gouvernance, la pauvreté ou encore les conflits.  Le délégué a par ailleurs rappelé que la Russie y était une autre source de préoccupation, à travers ses interférences politiques, ses campagnes de désinformation et les activités du groupe Wagner. 

Soulignant que la prévention de l’extrémisme passe par des investissements dans la prévention plutôt que dans des interventions sécuritaires, le délégué a insisté sur l’importance d’impliquer les enfants et les jeunes dans les discussions sur la réduction de l’influence des idéologies extrémistes violentes, au niveau local comme en ligne, et d’accroître leur résilience face à cet extrémisme, dans le cadre d’une approche qu’il a décrite comme « pan-sociétale », en collaboration avec les communautés locales et la société civile.  S’agissant de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a jugé impératif que toutes les mesures antiterroristes soient conformes aux obligations des États, en vertu du droit international avec le maintien « d’un langage ferme sur le genre et l’état de droit », approche essentielle, selon lui, pour que la Stratégie reste crédible et efficace. Le délégué a conclu son intervention en soulignant la condamnation ferme du Groupe des pays nordiques de « la guerre d’agression non provoquée et illégale » de la Russie contre l’Ukraine, qu’il a qualifiée de violation flagrante de la norme impérative incorporée à l’Article 2(4) de la 

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a rappelé la politique de tolérance zéro concernant l’utilisation du territoire du Bangladesh à des fins terroristes, son pays ayant une stratégie nationale efficace de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent.  Si le Bangladesh travaille activement à la mise en œuvre des ODD, ses efforts pourraient être sapés par les menaces terroristes, a-t-il averti.  L’ONU doit être à la manœuvre du discours mondial sur le terrorisme et des mesures antiterroristes en tenant compte des contextes locaux et en collaboration avec les gouvernements, a-t-il estimé, encourageant la mise en place d’une convention globale sur le terrorisme.  Par ailleurs, le représentant a salué l’accent mis sur le rôle des responsables locaux et des associations de la société civile menées par des femmes pour atteindre les quatre piliers de la lutte antiterroriste mondiale, réitérant la nécessité d’un appui technique aux pays en développement. Estimant que « les terroristes sont des terroristes peu importe leurs affiliations religieuses », il a condamné les profilages réalisés sur une base religieuse et les autodafés du Coran qui augmentent la discrimination envers les musulmans tout en creusant les divisions sociales entre les populations.  Le représentant s’est également dit préoccupé par les attaques envers les soldats de la paix de l’ONU, exhortant les membres de la communauté internationale à œuvrer de concert à leur protection avec l’Organisation.  Il faut identifier les causes profondes du terrorisme, notamment en mettant un terme aux financements et aux livraisons d’armes, a-t-il ajouté. 

M. PETER MOHANM AITHRI PIERIS (Sri Lanka) a rappelé que les répercussions des actes terroristes se ressentent bien au-delà des frontières nationales, mettant à l’épreuve la résilience des sociétés dans le monde entier.  Son pays ayant fait face aux conséquences dévastatrices du terrorisme, il a appelé la communauté internationale à continuer sa lutte antiterroriste.  Le représentant a également jugé nécessaire d’éliminer le terrorisme sous toutes ses formes, y compris la violation de l’intégration territoriale.  Face à des menaces en constante évolution, notamment via l’utilisation des nouvelles technologies par les groupes terroristes, il est nécessaire d’œuvrer ensemble pour faire face à ces vulnérabilités, a-t-il estimé.  Prônant une approche holistique, il a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, telles que les idéologies extrémistes et les inégalités économiques, ainsi que de promouvoir le dialogue, la réconciliation et les droits humains dans le respect du droit international.  Le représentant a également appelé à lutter contre les organisations terroristes en mettant en œuvre des règlementations de suivi des flux financiers.  Réaffirmant l’attachement de son pays à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a encouragé la rédaction de la convention internationale contre le terrorisme pour combler les lacunes juridiques existantes. 

M. ASSANE DIOUM (Sénégal) a rappelé que le terrorisme reste une « urgence de l’heure » car il sape l’état de droit et le développement durable.  Il a insisté sur la centralité de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies face au fléau du terrorisme et à ses manifestations changeantes.  Le délégué a souligné l’importance du huitième examen de la Stratégie, tout en appelant à écarter tout concept controversé. Il a recommandé d’explorer les liens entre terrorisme et changements climatiques, avant de juger capitale la lutte contre le financement du terrorisme.  Il a noté que « le terrorisme gagne du terrain en Afrique, notamment au Sahel », en appelant à une redynamisation de l’action régionale. Le délégué a notamment demandé un engagement renforcé du Conseil de sécurité sur ce dossier, avec l’apport de moyens accrus.  Enfin, il a souhaité un financement pérenne et prévisible de l’architecture africaine de sécurité.

M. MYKOLA PRYTULA (Ukraine) a déploré le nombre de morts, blessés et déplacés causés par le terrorisme à l’échelle internationale, et a rappelé que son pays avait été à l’initiative de la résolution 2341 (2017) sur la protection des infrastructures critiques face aux attaques terroristes.  Évoquant les hostilités en cours sur le territoire de son pays, le délégué a rappelé que les « extrémistes pro-russes » avaient, en juillet 2014, abattu le vol de la Malaysia Airlines MH17, causant la mort de 298 personnes.  Notant que son pays était confronté à des méthodes de guerre « purement terroristes », comme l’illustrent la destruction d’infrastructures, notamment celle du barrage de Khakhovka le 6 juin 2023, l’organisation d’une « catastrophe environnementale » le long de la ligne de front, le « terrorisme nucléaire » à l’égard d’autres pays, ou encore le minage des unités de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, il a indiqué que de tels actes devraient être considérés comme du terrorisme d’État.  Le délégué a expliqué que, malgré « l’assassinat » de son dirigeant, les pillages et tortures organisés par le groupe Wagner continuaient, eux aussi, de représenter une menace pour la sécurité internationale et que la qualification juridique de tels actes serait menée à bien par la Cour pénale internationale (CPI). Il a fait valoir que toute personne participant à l’agression armée de son pays devrait être jugée et indiqué que son pays coopérait « chaque jour » avec ses partenaires internationaux pour que cet objectif soit atteint. 

Mme NATALIA JIMÉNEZ ALEGRÍA(Mexique) a jugé essentiel d’aboutir à une convention générale sur le terrorisme international.  Dans le but de parvenir à un consensus pour que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies soit à la hauteur des défis actuels, elle a souhaité davantage de souplesse et de volonté politique.  Selon la déléguée, il n’y a pas de solution purement militaire mais bien une approche préventive fondée sur le développement, la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois, la justice sociale et l’égalité de genre.  Elle a attiré l’attention sur le fait que ce sont principalement des hommes jeunes qui intègrent les organisations terroristes, ce qui requiert une véritable analyse de genre afin de comprendre « le rôle des stéréotypes et des inégalités de genre dans les processus de recrutement ».  La déléguée a également demandé que le Conseil de sécurité se penche sur une exemption humanitaire en matière de terrorisme afin que les sanctions imposées par les États ne présentent pas d’obstacles majeurs à l’acheminement de l’aide humanitaire. Enfin, l’invocation « abusive » du droit à la légitime défense représente, selon elle, un dangereux précédent juridique. 

M. BOAROMAN (Royaume-Uni) a rappelé l’acuité de la menace que font peser les groupes terroristes, tels que Daech.  Il a mis l’accent sur la centralité de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, avant de détailler la stratégie nationale de son pays. Il a souligné les liens entre criminalité organisée et terrorisme, et appelé les États à œuvrer de concert face à cette double menace.  Les efforts antiterroristes doivent respecter le droit international, a conclu le délégué.

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a déclaré que le terrorisme pouvait être contenu de manière efficace grâce à l’action concertée des États au niveau mondial, et insisté sur le rôle central de l’ONU à cet égard.  Il a en outre souligné le rôle crucial de la prévention et l’importance d’identifier les causes profondes du terrorisme, comme les conflits prolongés non résolus ou l’exclusion sociale, politique, économique et culturelle.  Rappelant que l’Argentine avait directement souffert du terrorisme international, le délégué a insisté sur l’importance de promouvoir et protéger les droits des victimes dans toute stratégie de lutte contre le terrorisme.  Il a fait observer que pour son pays, terrorisme et criminalité transnationale organisée étaient des problèmes distincts, régis par des cadres juridiques différents.  Il a souligné que les contours des définitions de certains termes, comme « terrorisme », « extrémisme » ou « radicalisation » restaient flous et que l’absence de définition du terrorisme pouvait avoir des conséquences négatives sur les droits humains.  C’est pourquoi il est indispensable de parvenir à une définition juridique internationale pour renforcer l’état de droit dans la lutte contre le terrorisme, a argué le délégué, en appelant les États à « ne plus reporter indéfiniment » le processus menant à une convention générale sur le terrorisme international. 

Mme HAYLEY-ANN MARK (Saint-Vincent-et-les Grenadines), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réitéré l’importance du respect du droit dans la lutte contre le terrorisme et indiqué que, dans le cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, les pays de la CELAC mettaient en avant le droit à la vie privée, pour protéger les individus contre les abus de pouvoir.  Elle s’est inquiétée, à cet égard, des risques liés à la surveillance étatique et à l’interception des communications, rappelant en outre que la CELAC rejetait le « recours aux sanctions unilatérales » contre les États.  S’agissant du Comité des sanctions contre Daech et Al-Qaida, la déléguée a indiqué que la CELAC était favorable à des procédures plus équitables et claires, à l’amélioration des conditions de travail du Bureau du Médiateur, et à un meilleur accès aux preuves pour faciliter son mandat.  Elle a souhaité que les autres régimes de sanctions du Conseil de sécurité incluent, eux aussi, un mécanisme de médiateur renforcé, étant donné la contribution de cette fonction au renforcement de la dimension état de droit des sanctions.  Cependant, les sanctions ne doivent « jamais être une fin en soi », mais être conçues dans le cadre d’une stratégie plus large pour parvenir à une solution pacifique et politique, sans aggraver les souffrances des populations civiles. À cet égard, seule l’ONU a le droit d’adopter des sanctions, a-t-elle noté, en condamnant le recours aux « mesures coercitives unilatérales ». 

Il est nécessaire de renforcer la protection des victimes, a poursuivi la déléguée, en condamnant notamment le recours des groupes terroristes à la violence sexuelle, et en soulignant par ailleurs la nécessité de combattre le financement du terrorisme par la coopération judiciaire, l’assistance juridique ou le partage d’informations.  Elle s’est par ailleurs dite préoccupée par les liens entre certaines formes de criminalité transnationale organisée et le terrorisme, soulignant la nécessité de renforcer la coopération aux niveaux national, régional et international, et d’adopter une définition juridique internationale du terrorisme pour combler un vide juridique « injustifiable ». 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela), au nom du Groupe des Amis de la défense de la Charte des Nations Unies, a rappelé que les actes terroristes sapent la paix et violent les droits humains.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ainsi que tout appui fourni à des organisations terroristes.  « On ne peut assimiler au terrorisme la lutte légitime des peuples contre une occupation étrangère », a dit le représentant.  Il a ajouté que la lutte contre le terrorisme ne peut être utilisée comme un prétexte pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États. Il a en outre demandé une application égale de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, afin d’éviter toute approche de deux poids, deux mesures.  « Il n’y a pas de bons et de mauvais terroristes. »  Enfin, le représentant a appelé à un élargissement de la coopération antiterroriste mondiale et à une élimination des sanctions.

M. AHMAD SAMIR FAHIM HABASHNEH (Jordanie) a réitéré que les actes terroristes constituent une violation flagrante du droit international et des droits humains, condamnant toute forme de terrorisme, y compris quand est menacée l’intégrité territoriale des États.  Selon lui, il faut traiter les causes profondes de l’extrémisme par le biais d’une feuille de route qui ne se base pas uniquement sur la composante militaire, mais aussi sur la « pédagogie de la modération ».  Affirmant que le terrorisme ne doit pas être lié à des religions ou des civilisations, le délégué a fait remarquer que la lutte contre le terrorisme ne devrait pas permettre l’ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a ensuite attiré l’attention sur les taux de pauvreté et de chômage parmi les jeunes qui permettent aux groupes terroristes de les attirer, appelant à autonomiser la jeunesse pour remédier à ce problème.  En outre, il est nécessaire d’empêcher l’utilisation des territoires nationaux par les groupes terroristes, a-t-il exhorté.  Réaffirmant le soutien de la Jordanie à la « lutte légitime des peuples qui vivent sous occupation ou qui sont victimes de la colonisation », le délégué a appelé à accélérer les négociations pour une convention globale qui apportera également une définition claire à ce qui constitue un acte de terrorisme.  Il a mentionné les efforts nationaux pour lutter contre le terrorisme, notamment les rencontres d’Aqaba et un groupe de travail régional, présidé par la Jordanie, pour moderniser la sécurité frontalière.  Il a également évoqué l’organisation d’un symposium concernant le retour des familles des terroristes et une initiative de lutte contre les armes de destruction massive en collaboration avec les États-Unis. 

Mme ISABELLA REGINA RIVERA REYES (Honduras) a déclaré que seuls la solidarité et un travail concerté entre États et organisations régionales et internationales permettront de venir à bout de ce fléau planétaire qu’est le terrorisme.  Nous avons besoin d’une coopération élargie, a-t-elle dit, en condamnant toute forme de terrorisme quelles qu’en soient les raisons et les idéologies. Alors que l’unilatéralisme semble s’imposer sur le plan international, la déléguée a appelé à un changement de paradigme, privilégiant le dialogue.  Elle a notamment souligné la nécessité de prendre en compte le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Enfin, elle a souligné le lien entre terrorisme et criminalité transfrontière organisée.

M. GUSTAVO ADOLFO RAMÍREZ BACA (Costa Rica), s’associant à la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes(CELAC), a souligné la nécessité de s’entendre sur une définition juridique universelle du terrorisme.  Il a regretté que les États n’aient pas été en mesure d’intégrer une perspective droits humains et de genre dans le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Nous restons incapables d’intégrer les leçons tirées de l’examen précédent, et encore moins de convenir de nouveaux objectifs plus ambitieux en termes de transparence, a-t-il constaté.  Saluant l’approche globale du terrorisme contenue dans le Nouvel Agenda pour la paix, le délégué a jugé impératif que les États concentrent leurs efforts sur les approches en matière de sécurité humaine et sur le rôle de la masculinité. Notant qu’aucun État ne peut se mettre à l’abri de la menace terroriste, il a appelé à une réponse commune et coordonnée fondée sur les droits de l’homme.  Il a en outre exprimé son inquiétude quant à l’utilisation des technologies émergentes à des fins terroristes, tout en soulignant que les technologies numériques, le cyberespace et l’intelligence artificielle peuvent contribuer au développement.  Cependant, entre de mauvaises mains aux intentions malveillantes, leurs effets peuvent être catastrophiques, a averti le délégué.

M. ALI EL-HOMOSANY (Égypte) a mentionné les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme, dans le respect de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  S’inquiétant de la propagation du terrorisme dans des zones de plus en plus vastes, il a appelé à une coopération internationale renforcée pour y remédier. Le délégué a invité les pays à adopter des mesures adaptées pour que leur territoire ne serve pas de base arrière pour les terroristes.  Enfin, il a demandé la tenue de discussions de fond pour aplanir les divergences autour de la lutte antiterroriste et souhaité l’organisation d’une conférence internationale sur la question.

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA(Philippines) a rappelé que son pays avait pris des mesures pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour s’attaquer aux causes profondes de ce fléau et tenir compte des problèmes des victimes en leur permettant notamment d’accéder aux procédures judiciaires.  À cet égard, il a rappelé qu’en 2017, la ville de Marawi aux Philippines avait été assiégée par des terroristes, notamment étrangers.  La réhabilitation de cette ville, qui connaît aujourd’hui « une résurrection » après avoir été réduite en cendres, est un exemple qui illustre comment les solutions locales, telle la loi sur l’indemnisation des victimes du siège de Marawi, ou les efforts consentis pour réintégrer d’anciens combattants terroristes dans la société, pouvaient permettre de traiter ces problèmes, a expliqué le délégué.  Il a rappelé que des « synergies » avec le Bureau de lutte contre le terrorisme permettaient actuellement à son pays d’intervenir sur les déplacements des terroristes par voie aérienne ou maritime, et fait part de son attachement aux quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, notamment le respect des droits humains.  C’est dans cet esprit d’engagement constructif qu’une convention reposant sur l’état de droit doit voir le jour, a-t-il conclu. 

M. VATHAYUDH VICHANKAIYAKIJ (Thaïlande) a attiré l’attention sur l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes afin de propager leur idéologie et d’obtenir un accès à des financements supplémentaires.  Puisque ces groupes transcendent les frontières grâce aux outils numériques, il est nécessaire d’adopter une approche pluridimensionnelle incluant cet aspect, a-t-il avancé.  Le délégué a souligné les efforts réalisés par son pays pour lutter contre le terrorisme, à commencer par l’inclusion dans sa stratégie antiterroriste de lignes directrices sur la diversité sociale et la coexistence.  « Nous prônons une culture de paix et le respect de la foi », a-t-il précisé.  Ensuite, la Thaïlande coopère de manière régionale et internationale, notamment au travers de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), pour échanger des bonnes pratiques en matière de lutte contre le terrorisme.  Souhaitant la pérennisation des efforts, le délégué a rappelé l’importance du renforcement des capacités, notamment en collaborant avec l’ONU avant de réaffirmer le soutien de sa délégation au projet de convention générale sur le terrorisme international. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que, pour vaincre le terrorisme, il fallait s’attaquer aux causes profondes de ce fléau, et rappelé que parmi celles-ci figuraient les conflits prolongés et non réglés, l’occupation étrangère ou encore la privation du droit à l’autodétermination de certains peuples, comme au Jammu-et-Cachemire.  Le délégué a souligné que son pays continuait de souffrir du terrorisme « sponsorisé par certains États » et donné comme exemple les deux attentats commis, la semaine dernière, dans son pays.  La lutte contre le terrorisme ne doit cependant pas être manipulée pour violer les droits humains, a-t-il averti, en appuyant pleinement la position de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à savoir que les conventions sur le terrorisme international devraient opérer une distinction claire entre les actes terroristes d’une part, et les combats légitimes pour l’autodétermination des populations sous occupation étrangère, d’autre part.  La définition du terrorisme doit aussi prendre en compte les menaces émergentes, y compris les actes violents de suprématistes blancs, les actes xénophobes et islamophobes.  Les régimes de sanctions et l’architecture de lutte antiterroriste internationale doivent aussi tenir compte de l’existence de nouveaux outils aux mains des terroristes, qu’il s’agisse des cryptomonnaies ou du recrutement en ligne, a-t-il continué. Le délégué a par ailleurs insisté sur le fait qu’aucune religion ne devait être associée au terrorisme, dénonçant les « notions islamophobes » de certains États dans leurs déclarations à l’ONU, qui devraient, selon lui, être « éliminées du vocabulaire onusien ». En conclusion, il s’est dit déçu de constater que la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies n’ait pas pris en considération les actes islamophobes ou encore le terrorisme visant les musulmans et a appelé à une mise en œuvre « équilibrée » de tous les piliers de ladite Stratégie. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a estimé qu’aucun pays n’est à l’abri de la menace terroriste.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant de plaider pour une coopération internationale renforcée.  Il a détaillé la stratégie antiterroriste suivie par son pays au niveau national, articulée notamment autour de « partenariats intelligents avec la société civile » et de l’inclusion des femmes.  « Nous entendons promouvoir une culture de modération et de dialogue », a assuré le délégué.  Enfin, il a appelé à régler les causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté, et plaidé pour le renforcement des capacités nationales en matière de lutte contre le terrorisme.

M. ALI AHMAD M. A. ALMANSOURI (Qatar) a réitéré la condamnation absolue par son pays de tous les actes terroristes, où qu’ils soient commis et pour toute raison que ce soit.  La lutte contre la menace terroriste nécessitant selon lui davantage de coopération, il a prôné l’accélération des négociations pour une convention générale.  Le délégué a ensuite prié la communauté internationale d’éviter de lier le terrorisme à une religion, une nationalité ou une culture. Les groupes terroristes exploitant les conditions de vie humaine et les nouvelles technologies pour renforcer leurs activités, nous sommes maintenant confrontés à de nouveaux défis comme le bioterrorisme, le dark web et les cyberattaques contre les infrastructures essentielles, a-t-il fait remarquer.  Il a également attiré l’attention sur les apports des recherches comportementales pour appréhender le terrorisme.  Saluant les efforts de l’ONU pour renforcer la présence régionale dans la lutte antiterroriste, ainsi que l’organisation de conférences internationales permettant des avancées notables, le délégué a appuyé les travaux du Bureau de lutte contre le terrorisme et s’est félicité de l’organisation du forum annuel des bénéficiaires d’aides techniques à Doha qui a permis de formuler des recommandations pratiques. 

Mme HONG NHAT NGUYEN (Viet Nam) a demandé que toutes les mesures antiterroristes soient conformes à la Charte.  « Nous rejetons toute approche de deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme. »  Elle a appelé à régler les causes profondes du terrorisme, telles que les inégalités socioéconomiques, avant de demander une action internationale unifiée face à ce fléau.  La déléguée a exprimé sa gratitude pour les partenaires du Viet Nam qui ont condamné les attaques terroristes perpétrées dans la province de Dak Lak en juin dernier. Elle a souligné la nécessité d’un appui international afin de poursuivre en justice les terroristes en fuite.  Enfin, elle a détaillé les mesures prises par son pays pour appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a estimé qu’il existe de nombreuses opportunités pour la communauté internationale de renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme.  À cette fin, les États pourraient exploiter le potentiel du Bureau de lutte contre le terrorisme, a-t-il déclaré, soulignant que la Fédération de Russie est un donateur pour ses nombreux projets au profit des pays en développement.  Appelant au renforcement du rôle de coordination de l’ONU, le délégué a souligné que son pays continuera de lutter contre le remplacement des mécanismes antiterroristes de l’Organisation, notamment contre la délégation de ces fonctions à des organisations non gouvernementales.  Le rôle central dans la planification et la mise en œuvre des mesures antiterroristes doit être assumé par les États et leurs autorités compétentes, tandis que la participation de la société civile, du monde universitaire, des acteurs religieux et des médias peut être complémentaire, a-t-il tranché.  Il a ensuite souligné que les accusations portées contre son pays concernant la situation en Ukraine politisent le travail de la Sixième Commission.  Néanmoins, a-t-il conclu, la Fédération de Russie exercera son droit de légitime défense.

M. GERARDO PEÑALVER PORTAL (Cuba) a indiqué que son pays avait subi depuis des décennies les conséquences d’actes terroristes de la part des États-Unis et dénoncé plusieurs actes terroristes passés et récents, notamment contre les installations diplomatiques cubaines à Washington.  Soulignant que les États- Unis n’avaient pas qualifié cette attaque d’acte terroriste, il a rappelé ce pays à ses obligations eu égard aux conventions sur la protection diplomatique.  Il a par ailleurs condamné l’attaque terroriste du 28 juillet 2021 contre l’ambassade de Cuba à Paris, lancée depuis le territoire des États-Unis. Le délégué a dénoncé la pratique nocive contrevenant au droit international qui vise à promouvoir des changements de régime, ou encore « les actes unilatéraux de certains États », notamment l’existence de la liste d’États soutenant le terrorisme, dressée par les États-Unis, qui constitue selon lui une « instrumentalisation » du sujet à des fins politiques.  Apportant son soutien à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a déclaré qu’elle devait être appliquée par les États de manière transparente et déploré que dans le cadre de son huitième examen, il n’y ait pas eu la volonté politique nécessaire pour traiter de la question de l’utilisation de mécanismes unilatéraux pour « intimider ou abattre des gouvernements légitimes à des fins politiques ».  Le délégué a conclu son intervention en appuyant l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, afin de remédier aux défaillances du cadre juridique en vigueur. 

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a salué l’engagement des États à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, notamment en matière de financement du terrorisme, de coopération judiciaire et de non-prolifération des armes nucléaires.  Soulignant l’importance des actions de l’ONU dans la lutte contre le terrorisme, il a toutefois appelé à prendre davantage en compte les avis des pays africains et d’éviter des « amnésies sélectives » qui seraient préjudiciables aux pays africains luttant contre le terrorisme.  Le délégué a ensuite exprimé son inquiétude quant à la mutation des techniques des terroristes en Afrique, appuyant des solutions africaines aux problèmes africains, même si le terrorisme n’en est pas réellement un, a-t-il précisé. Il a néanmoins reconnu qu’aucun pays ne sera à l’abri du terrorisme tant qu’un seul pays le subira.  Il a donc prôné le renforcement des capacités des États en matière de terrorisme sous l’égide d’un mandat du Conseil de sécurité et d’un financement adapté.  Le délégué a également souhaité une mise en œuvre davantage décentralisée du plan contre l’extrémisme violent.  Il a ensuite salué l’Initiative d’Accra et l’assistance apportée par l’ONU dans la prévention du terrorisme, la poursuite d’enquêtes et la protection des droits humains.  Sa délégation espère que le prochain forum organisé par l’ONU permettra d’œuvrer en faveur de l’Agenda pour la paix.  « On ne peut peindre du blanc sur du blanc et du noir sur du noir, chacun a besoin de l’autre pour se relever », a-t-il conclu. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a appelé à une coopération internationale renforcée face au terrorisme et souligné l’importance du rôle des femmes dans la lutte contre la radicalisation.  Elle a estimé que la prévention doit être un élément central de la lutte antiterroriste, avant de prôner une culture de la tolérance et de l’inclusion.  Elle a déclaré que l’absence d’une définition du terrorisme est « préjudiciable » et s’est dite en faveur d’une convention générale sur le terrorisme international.  Enfin, elle a demandé un financement pérenne des efforts antiterroristes des pays en développement.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a, malgré le fait que la Sixième Commission se penche depuis des années sur la mise en place d’une convention générale contre le terrorisme, regretté qu’il n’y ait toujours pas de définition claire de ce qui constitue un acte terroriste.  Elle a mis en exergue les asymétries entre les pays en matière de lutte contre l’utilisation des nouvelles technologies par les groupes terroristes.  Il est nécessaire de mettre en œuvre les instruments juridiques déjà existants et d’échanger les bonnes pratiques dans l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes, a-t-elle exhorté, précisant que le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale contient des références aux utilisations de ces technologies à des fins terroristes.  La déléguée a réitéré le soutien de son pays aux initiatives visant à épauler les États en développement dans la lutte contre le terrorisme.  Dans mon pays, a-t-elle poursuivi, le terrorisme est en lien étroit avec le crime organisé.  El Salvador a mis en œuvre, avec succès, un plan d’action pour renforcer le contrôle du financement du terrorisme et des armes de destruction massive.  Nous rendons également les échanges d’informations plus souples et renforçons nos capacités dans le domaine de la justice pénale avec les autres pays de la région, a- t- elle assuré. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie) a appelé à la vigilance face au terrorisme. Il a détaillé l’action de son pays face à la radicalisation et à l’extrémisme violent, avec notamment l’adoption d’une feuille de route.  Investir dans la prévention et bâtir une culture de la paix doivent être des éléments clefs de toute stratégie, a dit le délégué, en appelant à lutter contre l’islamophobie.  Il s’est prononcé en faveur d’une convention générale sur le terrorisme international, laquelle permettrait de renforcer l’efficacité de la lutte antiterroriste.  Continuons d’en discuter afin de surmonter les divergences qui existent autour d’une définition du terrorisme, a demandé le délégué. 

La représentante de l’Afrique du Sud a déclaré qu’aucune vie ne devrait être perdue dans une attaque terroriste, avant de condamner le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Elle a ainsi dénoncé les attentats récemment perpétrés au Pakistan et en Türkiye.  La déléguée a rappelé que la Stratégie antiterroriste mondiale est le cadre de référence de la lutte antiterroriste, les États y étant très attachés.  Elle s’est dite en faveur d’une convention générale sur le terrorisme international. Enfin, elle a précisé que l’Afrique du Sud a actualisé sa législation antiterroriste afin de l’adapter aux évolutions dans ce domaine.

Mme DAKWAK (Nigéria) a expliqué que le principal problème lié au terrorisme dans son pays est la coopération active entre l’État islamique et Boko Haram. Ces groupes ont la capacité de mener des attaques grâce à des financements importants et à l’acheminement d’armes, a-t-elle déploré.  Face à ces menaces constantes, il est nécessaire de définir une approche collective dans la région et de renforcer les ripostes nationales, régionales et internationales.  Au Nigéria, nous avons mis en place un plan d’action qui vise à renforcer la résilience des communautés touchées par Boko Haram, a informé la déléguée, mentionnant également le développement d’un cadre juridique renforcé et d’une stratégie de prévention de l’extrémisme violent.  Souhaitant s’attaquer aux causes profondes de ce fléau, le Nigéria s’est notamment doté d’un centre de lutte contre le terrorisme, d’un comité de sanctions national pour enrayer le financement du terrorisme, d’un fonds pour les victimes et d’un organisme de contrôle des armes de petit calibre.  D’autres efforts sont déployés, a-t-elle affirmé, citant notamment les opérations de sécurisation des frontières maritimes, l’amélioration de la détection des menaces, la réhabilitation des victimes et les progrès réalisés dans le domaine de la justice pénale.  La déléguée a conclu en réitérant le soutien de son pays aux initiatives de l’ONU en vue du renforcement des capacités antiterroristes en Afrique. 

M. LOK BAHADUR THAPA (Népal) a rappelé que le crime « odieux » du terrorisme ne pouvait être justifié sous aucun prétexte et que l’augmentation des inégalités, l’isolement et l’absence de droits humains constituaient un terrain favorable au terrorisme.  Rappelant le rôle de la désinformation et de l’exploitation des nouvelles technologies par les organisations terroristes, il a souligné combien ces développements rendaient la lutte plus complexe.  Le délégué a indiqué que son pays mettait l’accent sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme que sont la pauvreté, les inégalités et la discrimination.  Le Népal juge nécessaire d’avoir une définition universelle du terrorisme et appelle à la conclusion rapide d’une convention générale sur le terrorisme international.  Soulignant que le Népal était partie à sept instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et disposait d’instruments juridiques de lutte contre le blanchiment d’argent, une loi sur l’entraide judiciaire et une autre sur l’extradition, le délégué a reconnu l’importance de la coopération dans ce domaine, et conclu son intervention en insistant sur l’importance d’une assistance financière et technologique continue aux pays en développement. 

Mme AMINATA OUATTARA CISSE (Burkina Faso) a déploré les attaques terroristes récurrentes perpétrées par des groupes armés en tenue militaire au Burkina Faso, expliquant que ces groupes détruisent la confiance de la population envers sa propre armée.  Elle a regretté les effets néfastes de ces attaques qui menacent le droit à la vie et à la santé, tout en entraînant la fermeture des écoles et le déplacement massif des populations.  Dans ce cadre, le gouvernement burkinabè a entrepris des réformes institutionnelles et judiciaires pour renforcer ses capacités de prévention et de répression du terrorisme.  L’action militaire demeure insuffisante pour faire face au terrorisme qui se nourrit de l’ignorance, a-t-poursuivi la déléguée.  C’est pourquoi le Burkina Faso a adopté une approche inclusive et holistique pour garantir aux femmes et aux jeunes un accès à la santé, à l’éducation, à un emploi décent et aux services publics.  Elle a également mentionné le nouveau plan de développement dont les quatre axes prioritaires sont la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité́ territoriale, la réponse à la crise humanitaire, l’amélioration de la gouvernance et le renforcement de la cohésion sociale.  La déléguée a salué les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, notamment à travers la Stratégie anti-terroriste mondiale des Nations Unies, bien que celle-ci reste « en deçà des attentes ».  Face au lien entre terrorisme et criminalité́ transnationale organisée, elle a appelé à une coopération renforcée pour lutter contre la corruption, le trafic de drogue et d’armes, les flux financiers illicites, le trafic de migrants et la traite des êtres humains. 

Mme GURAISHA (Maldives) a déclaré que son pays a rejoint les instruments de lutte contre le blanchiment d’argent à des fins terroristes.  Elle a noté que les réseaux sociaux peuvent aggraver les vulnérabilités de certains jeunes qui peuvent alors devenir la proie des groupes terroristes.  La déléguée a condamné le terrorisme perpétré au nom de l’Islam qui est une religion de paix. Elle a dénoncé le racisme et l’islamophobie, avant de dénoncer les actes de profanation du Coran commis dans certains pays européens.  « Ces actes ne peuvent être justifiés au nom de la liberté d’expression », a déclaré la déléguée.  Enfin, elle a appelé à un front uni face au terrorisme.

M. HITTI (Liban) a dénoncé la recrudescence d’actes islamophobes dans le monde.  Il a fait observer que l’étiquette de terroriste peut être apposée afin de fermer des organisations de la société civile ou de disqualifier le droit légitime d’un peuple à résister contre une occupation étrangère.  Le respect des droits humains dans la lutte antiterroriste ne saurait être une option, a tranché le délégué.  Au vu de telles confusions, il a souligné la nécessité de disposer d’une définition claire du terrorisme et appelé à la finalisation d’une convention générale sur le sujet.  Il a appelé à régler les causes profondes du terrorisme, telles que le sentiment d’injustice, les discriminations ou bien encore la pauvreté.  Enfin, le délégué a déclaré que la lutte contre l’impunité est un élément essentiel de la prévention du terrorisme et souligné l’importance du Tribunal spécial pour le Liban qui doit fermer ses portes à la fin de cette année.

M. MOHAMMED ALI AHMED AL SHEHHI (Oman) a mentionné les mécanismes mis en place par son gouvernement pour lutter contre la menace terroriste et le financement du terrorisme, que ce soit au sein du Gouvernement lui-même ou de la société civile.  Sur le plan médiatique, Oman a mis en place une stratégie préventive de lutte contre la radicalisation et l’intolérance au moyen d’une politique de neutralité dans le traitement de l’actualité.  Estimant que la lutte contre le terrorisme doit d’abord remédier au sentiment d’injustice présent dans la société, le délégué a exhorté la communauté internationale à mettre fin aux conflits et à respecter les valeurs qu’elle promeut.  Encourageant une approche globale, il a ajouté que la promotion de la tolérance et de la coexistence, ainsi que la lutte contre les discours de haine, sont les meilleurs moyens pour mettre un terme au terrorisme. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a noté la recrudescence des actes terroristes dans le monde, notamment en Afrique.  Près de 70% des décès en raison d’actes terroristes se sont produits en Afrique, a-t-il relevé.  « Rien ne peut justifier le terrorisme. »  Il a plaidé pour des mesures concrètes pour tarir le financement des actes terroristes et indiqué que son pays a renforcé sa coopération antiterroriste avec ses voisins.  Les pays doivent coopérer étroitement pour punir les auteurs d’actes terroristes, dans le plein respect de la Charte et du droit international humanitaire, a déclaré le délégué.  Il a appelé à la finalisation d’une convention générale sur le terrorisme et s’est dit en faveur de la convocation d’une conférence internationale à cette fin.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a expliqué que la menace du terrorisme ne se limitait plus aux zones de conflit, et concernait aussi le trafic de drogue, les activités minières illégales ou encore la traite des personnes. Il a insisté sur les efforts déployés par la Mongolie pour lutter contre le terrorisme au niveau national, notamment la mise en place d’un logiciel d’information sur les passagers pour détecter les déplacements des terroristes et des criminels.  Le délégué a aussi mis en avant les nouvelles technologies que son gouvernement souhaitait mettre en place dans le pays, notamment dans le domaine de la reconnaissance faciale.  Rappelant l’importance de la coopération de tous dans ce domaine, il a insisté sur le fait que la communauté internationale ne devait pas oublier les risques liés au détournement de l’usage de ces technologies par les groupes terroristes. Il a conclu son intervention en rappelant que la Mongolie était résolue à bâtir des défenses solides contre le terrorisme et le financement du terrorisme, en appliquant les normes et recommandations internationales.

Droit de réponse

La déléguée de l’Inde a tenu à répondre aux allégations d’un pays pour rappeler que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: le débat général sur la décolonisation débute par des divergences de vue sur les situations des Îles Falkland (Malvinas) et de Gibraltar

Soixante-dix-huitième session,
2e séance plénière- après-midi
CPSD/775

Quatrième Commission: le débat général sur la décolonisation débute par des divergences de vue sur les situations des Îles Falkland (Malvinas) et de Gibraltar

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a entamé cet après-midi son débat général en dressant le constat d’une décolonisation inachevée, l’une des « dettes » les plus pressantes de l’Organisation des Nations Unies.

C’est le terme employé aujourd’hui par le Mexique, qui a dénoncé un « manque de volonté politique ».  Pour cette délégation, les intérêts politiques d’une poignée d’États continuent de prévaloir, au détriment des idéaux de justice et de cohabitation pacifique des peuples, se traduisant par la poursuite de la colonisation des 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission. 

Concrètement, il s’agit de deux millions de personnes dont les droits politiques et humains sont bafoués quotidiennement en raison de la persistance de structures coloniales, ont déploré plusieurs États Membres, auxquels il appartient d’insuffler un dernier élan au processus de décolonisation. 

Le statut final des îles Falkland (Malvinas) a notamment interpellé nombre de pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui ont pris la parole aujourd’hui.  Le Brésil, qui s’exprimait au nom des États membres du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a qualifié ce différend de «  l’une des dernières questions coloniales du XXIe siècle », avant de réitérer le soutien sans faille des chefs d’État et de gouvernement de cette organisation régionale aux droits légitimes de l’Argentine dans le conflit de souveraineté qui l’oppose au Royaume-Uni sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants. 

Dans cette « situation coloniale particulière », comme l’a décrite El Salvador, il ne convient pas de faire référence au principe d’autodétermination, puisque la population britannique a été introduite illégalement sur ces îles et « ne constitue donc pas un peuple au sens juridique du terme », soutient le MERCOSUR, une position partagée par d’autres pays de la région. 

Les « Malvinas » sont à leurs yeux un territoire argentin auquel seul le principe de l’intégrité territoriale doit s’appliquer.  À l’instar de l’Uruguay, ils ont souhaité un règlement pacifique, juste et durable à ce différend grâce à une solution négociée entre le Royaume-Uni et l’Argentine, une position réitérée dans le communiqué conjoint du Sommet des présidents du MERCOSUR, qui s’est tenu en juillet dernier. 

Au contraire, le Royaume-Uni, qui a exercé son droit de réponse, a déclaré n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les « îles Falkland », ni sur le droit à l’autodétermination de leur peuple.  Il ne peut y avoir de dialogue sur la souveraineté que si les habitants le souhaitent, a‑t‑il rétorqué, avant de mentionner que le dernier référendum en date a clairement démontré que les insulaires tiennent, à plus de 98%, à rester rattachés au Royaume-Uni.

La délégation britannique a reproché à l’Argentine de continuer de nier les droits de la population des Îles Falkland et de profiter des instances internationales pour réaffirmer sa souveraineté, « ce qui n’est pas le comportement attendu d’une démocratie ».  Elle a également affirmé que le Royaume-Uni ne militarise pas cet archipel et que sa présence militaire sur place est strictement défensive, faisant valoir le partenariat qui existe entre Londres et ses territoires d’outre-mer. 

Face à ce constat, l’Argentine a réitéré que îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants font partie intégrante de son territoire, et qu’elles ont été illégalement occupées par le Royaume-Uni.  Le référendum organisé par le Royaume-Uni équivaut, selon la délégation, « à demander aux habitants britanniques s’ils veulent rester britanniques », or il n’existe pas de « peuple colonisé » dans ce différend.  Elle a donc regretté que Londres, en violation des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, persiste à justifier le statut des îles Malvinas par la volonté de ses habitants actuels. 

Sur la question de Gibraltar, l’Espagne et le Royaume-Uni se sont opposés, revendiquant chacun leur souveraineté sur ce territoire.  Pour l’Espagne, là encore, c’est le principe d’intégrité territoriale qui doit régir le processus de décolonisation et non celui d’autodétermination puisqu’il n’existe pas de « peuple colonisé ». L’Espagne ne reconnaît en outre pas de droits au Royaume-Uni sur les eaux avoisinantes de Gibraltar, qui sont sous souveraineté espagnole. 

Le Pakistan a soulevé les différends du Jammu-et-Cachemire et de la Palestine, en regrettant qu’à ce jour le droit à l’autodétermination de leurs peuples soit bafoué et que ces questions ne soient pas inscrites à l’ordre du jour de la Commission. 

En début de séance le Vice-Président du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. Arrmanatha Christiawan Nasir (Indonésie), a présenté, au nom du Rapporteur du Comité spécial, le rapport de ce dernier, tel qu’il figure dans le document A/78/23.

Lui emboîtant le pas, la Présidente dudit Comité spécial de la décolonisation, Mme Menissa Rambally (Sainte-Lucie), a fait le point sur les travaux de cet organe, en notant que cette session a été caractérisée par une atmosphère propice à un dialogue constructif, même si le Comité a dû faire face à des contraintes budgétaires qui ont mis en péril la mise en œuvre de ses activités, telles que le séminaire régional annuel et les missions de visite.

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 3 octobre 2023, à partir de 15 heures et débutera les auditions de pétitionnaires. 

DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Déclarations liminaires

Dans son allocution à la Quatrième Commission, le Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a commencé par constater le large éventail de questions pressantes inscrites au programme de la Quatrième Commission, chacune avec des implications considérables pour des millions de personnes vulnérables dans le monde.  Appelant à s’unir dans la recherche commune de terrains d’entente, à favoriser un dialogue constructif pour obtenir des résultats favorables et à s’efforcer de faire des progrès inclusifs, le Président de l’Assemblée générale a estimé que le principe de l’ONU qui consiste à ne laisser personne de côté doit guider les travaux de la Commission, qu’il s’agisse de la décolonisation complète ou de la réalisation d’une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien.  Il faut répondre aux causes profondes de ces défis et plaider activement pour des solutions politiques justes, équitables et viables, a-t-il poursuivi, en appelant à toujours être guidé par les principes de la Charte des Nations Unies, y compris le principe du règlement pacifique des différends.  Il a également invité les délégués de la Quatrième Commission à s’engager dans une réflexion approfondie sur la manière de maximiser l’efficacité des institutions et des ressources onusiennes, en arguant qu’il est d’une importance capitale de s’engager activement avec toutes les parties prenantes concernées, y compris les organisations régionales et sous-régionales.  Nous ne pouvons pas rester indifférents lorsque notre système multilatéral et ses institutions, y compris les missions de maintien de la paix sur le terrain et les missions politiques spéciales, s’enfoncent toujours plus dans une crise de crédibilité, a martelé M. Francis, en estimant que « là encore », le travail de la Quatrième Commission peut contribuer à éviter cela.  Il s’est inquiété du manque de ressources suffisantes de certaines institutions, en citant le cas de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui connaît un déficit de financement d’un montant de 170 à 190 millions de dollars pour maintenir la fourniture de ses services de base d’ici à la fin de cette année.  M. Dennis a donc appelé à trouver des solutions transformatrices afin de garantir que l’ONU puisse mener à bien son travail essentiel de manière continue et sans heurts.  Parmi les autres questions qu’il a évoquées figurent la lutte contre la mésinformation et la désinformation, le fossé numérique ou encore la participation des femmes à tous les processus de décision.

La Présidente du Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, Mme MENISSA RAMBALLY, a expliqué que lors de ses sessions de travail, tant pendant le séminaire régional que lors de sa session plénière en juin, le Comité a bénéficié de la participation et de la contribution d’un certain nombre de territoires non autonomes, d’États Membres et de parties prenantes.  Cela lui a permis d’intégrer les informations fournies à la Commission dans le libellé des projets de résolution adoptés par le Comité spécial des Vingt-Quatre.  La session de cette année a été caractérisée par une atmosphère propice au dialogue constructif, a indiqué la Présidente. Mais le Comité a dû faire face à des contraintes budgétaires qui ont mis en péril la mise en œuvre de ses activités telles que le séminaire régional annuel et les missions de visite.  Cette situation, à laquelle le Comité continue d’être confronté chaque année, a été particulièrement aiguë en 2023, compte tenu de l’organisation du séminaire régional dans le Pacifique, qui impliquait des exigences financières plus importantes, a regretté Mme Rambally, en demandant qu’il puisse disposer de ressources suffisantes à l’accomplissement de son mandat.  En guise de conclusion, elle a souligné que la coopération et la volonté politique de toutes les parties concernées permettront d’accélérer le processus de décolonisation, au cas par cas.  Pour sa part, le Comité spécial des Vingt-Quatre reste déterminé à défendre la cause du mandat de décolonisation, a‑t‑elle assuré aux délégations. 

Débat général     

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a affirmé que depuis son indépendance, son pays s’est fait le champion des processus de décolonisation.  Il a salué les recommandations du Comité spécial des Vingt-Quatre, qui figurent dans son dernier rapport, notamment celles priant le Secrétaire général de réfléchir à des manières innovantes d’utiliser ses bons offices pour faire avancer ces processus.  Alors que les peuples du Jammu-et-Cachemire et de la Palestine ne figurent pas dans la liste des territoires non autonomes de la Quatrième Commission, on leur refuse pourtant le droit à l’autodétermination.  Le représentant n’a pas hésité à dire que l’occupation indienne du Jammu-et-Cachemire est la pire manifestation du colonialisme d’aujourd’hui. Il a martelé que la résolution 47 du Conseil de sécurité reconnaît pourtant le droit à l’autodétermination du peuple de ce territoire dans le cadre d’un référendum, et que l’Inde et le Pakistan ont accepté ces résolutions.  Pourtant, depuis plus de 75 ans, l’Inde fait tout pour éviter la mise en œuvre de ces textes.  Le représentant a également reproché à New Dehli d’avoir pris des mesures unilatérales et illégales pour annexer ce territoire depuis le 5 août 2019, affirmant que ces mesures unilatérales sont nulles et non avenues, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Dans le cadre d’un projet classique de colonisation, l’Inde cherche à faire d’un État à majorité musulmane un territoire hindou, a tranché le représentant, y voyant une campagne qui s’inscrit dans l’idéologie du Hindutva, qui affirme la suprématie ethnique et religieuse des Hindous. L’organisation Genocide Watch a d’ailleurs émis un avertissement contre la possibilité d’un génocide au Jammu-et-Cachemire, a-t-il précisé, en appelant l’Inde à mettre fin aux mesures illégales et unilatérales qu’elle impose depuis le 5 aout 2019 dans ce territoire.  L’ONU se doit de faire respecter la Charte pour promouvoir un règlement pacifique de différend, a exigé le représentant: « Elle le doit au peuple du Jammu-et-Cachemire. »

Au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a réaffirmé son soutien aux droits légitimes de l’Argentine dans le conflit de souveraineté relatif aux îles de Géorgie du Sud, aux îles Sandwich du Sud et aux espaces maritimes environnants, ainsi que «l’une des dernières questions coloniales du XXIe siècle»: les îles Malvinas.  Dans cette situation particulière, il n’est pas nécessaire selon lui de parler d’autodétermination puisque la population britannique des îles a été introduite sous occupation illégale et « ne constitue pas un peuple au sens juridique du terme ».  Les îles Malvinas étant un territoire argentin, le représentant a estimé que le principe de l’intégrité territoriale devait être respecté. Depuis l’adoption de la résolution 2065 (XX), de 1965 jusqu’à aujourd’hui, l’Assemblée générale et le Comité spécial de la décolonisation ont reconnu que la question des îles Malvinas constitue un différend entre l’Argentine et le Royaume-Uni qui ne peut être réglé qu’au moyen d’une solution négociée.  Les chefs d’État du MERCOSUR ont d’ailleurs réitéré cet avis dans leur communiqué conjoint du Sommet des présidents du MERCOSUR, en juillet dernier. 

Dans l’intervalle, le délégué a rappelé que la résolution 31/49 de l’Assemblée générale exhorte les parties à s’abstenir de prendre des décisions susceptibles d’entraîner des changements unilatéraux dans la situation de l’archipel.  En ce sens, il est essentiel que le Royaume-Uni mette un terme à l’exploration et à l’exploitation des ressources naturelles et s’abstienne de mener des manœuvres militaires dans la zone contestée.  Selon le représentant, l’Argentine est habilitée à mener des actions en justice pour faire cesser les activités non autorisées dans cette zone. Il a ainsi donné son aval pour que de nouvelles représentations soient entreprises auprès du Secrétaire général afin qu’il renouvelle ses efforts en vue de la reprise des négociations. 

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a exprimé, en s’inspirant de l’histoire de son propre pays, son soutien aux aspirations des peuples sous occupation étrangère et domination coloniale à exercer leur droit à l’autodétermination.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne peut être réalisé en laissant de côté les populations des territoires non autonomes.  Il a donc appelé les États Membres à s’efforcer d’améliorer la situation politique, économique et sociale des populations des territoires non autonomes.  À cet égard, la principale responsabilité incombe aux puissances administrantes, qui doivent selon lui formuler des propositions susceptibles de mener à la fin du colonialisme, conformément à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Le représentant a en outre souligné la nécessité d’une visite du Comité spécial de la décolonisation dans les territoires non autonomes, appelant les puissances administrantes à apporter leur plein soutien à la demande des États Membres d’effectuer au moins une visite par an. 

Le représentant a profité de l’occasion pour réitérer sa préoccupation face à l’occupation illégale des territoires palestiniens par Israël et à l’empiétement continu sur les terres et les ressources naturelles palestiniennes.  En cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, le représentant a exhorté l’ensemble des puissances administrantes à assurer la pleine mise en œuvre des résolutions concernant la décolonisation. 

M. ILICHEV (Fédération de Russie) a estimé que l’adoption, en 1960, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, à l’initiative de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), a constitué le point de départ du processus de décolonisation dans le monde.  Or, malgré des réalisations impressionnantes dans la seconde moitié du XXe siècle, ce processus a perdu aujourd’hui de son élan.  Les 17 territoires autonomes et Porto Rico qui demeurent à l’ordre du jour de la Quatrième Commission n’ont toujours pas été en mesure de déterminer leur propre destin, a‑t‑il noté, non seulement leur indépendance politique, mais aussi leur capacité à assurer leur développement économique et social. 

Le représentant a constaté que les puissances administrantes procèdent souvent à la militarisation et à l’exploitation illégale des ressources naturelles des territoires qu’ils administrent, comme c’est le cas dans les Îles Falkland (Malvinas), où le Royaume-Uni a entrainé un contingent militaire de « l’entité non reconnue du Kosovo ». Dans ce contexte, il a plaidé en faveur d’un règlement politique du différend entre l’Argentine et le Royaume-Uni concernant ce territoire, en tenant compte des résolutions de l’ONU. 

Selon le délégué, le Comité spécial de la décolonisation conservera sa pertinence tant que les questions de décolonisation n’auront pas été résolues.  Toutefois, les dernières années ont été marquées selon lui par la prolifération des « pratiques néocoloniales » des anciennes métropoles, lesquelles, sous le couvert des idéaux de liberté et de coopération, s’immiscent ouvertement dans les affaires intérieures des États afin d’assurer leur subordination politique, économique et militaire, en s’appuyant sur les institutions multilatérales, telles que l’ONU, et sur les institutions financières internationales.  Pendant ce temps, a‑t‑il ajouté, la question des crimes commis par les « colonialistes », tels que le nettoyage ethnique ou l’esclavage, demeure tabou, et les « justes » demandes de compensation sont ignorées.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a déploré que la décolonisation continue aujourd’hui d’être une « dette historique » de l’Organisation envers les millions de personnes qui vivent dans les territoires non autonomes.  La représentante a donc estimé nécessaire de placer les habitants de ces territoires au centre des délibérations de la Commission, en identifiant les moyens par lesquels l’ONU peut leur venir en aide, notamment s’agissant des changements climatiques. 

La représentante a réitéré son soutien ferme aux droits légitimes de souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants.  De même, elle a renouvelé sa reconnaissance de la situation particulière des îles Malvinas du fait de l’inapplicabilité du principe de libre détermination des peuples. Plus de 50 ans se sont écoulés depuis l’adoption de la résolution 2065 (XX), la première à qualifier la question des îles Malvinas de situation coloniale impliquant un différend de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  D’autre part, les actes unilatéraux commis illégalement dans la zone, notamment l’exploration et l’exploitation de ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, est à ses yeux profondément préoccupante.  « Il s’agit pour mon pays d’une cause régionale et mondiale », a martelé la déléguée. 

S’agissant du Sahara occidental, Mme González López a salué la visite, en septembre, de l’Envoyé spécial du Secrétaire général dans le cadre des préparatifs en vue de la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur cette question, prévue à la fin octobre.  De façon générale, la représentante s’est dit fermement convaincue de la nécessité d’établir des dialogues orientés vers l’action dans le cadre des travaux de cette Commission, afin de déterminer des mesures « concrètes et viables » permettant de favoriser l’application des mandats de décolonisation. 

Pour M. ISABELLA REGINA RIVERA REYES (Honduras), il est essentiel que l’ONU continue d’aller jusqu’au bout des processus d’autodétermination et d’indépendance des peuples.  Jugeant que les territoires qui n’exercent pas leur droit à l’autodétermination retardent le processus de décolonisation, il a argué que, pour le mener à bien, un dialogue permanent est nécessaire entre les puissances administrantes, le Comité spécial de la décolonisation, et les peuples des territoires, soulignant que cela s’inscrit dans le droit fil des résolutions 1514 (1960) et 1541 (1960), ainsi que d’autres résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Notant que la déclaration de l’Assemblée générale de 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux proclame la nécessité de mettre fin au colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, le représentant a souligné qu’il y est précisé qu’il existe plus d’une forme de colonialisme, et que ladite déclaration énonce différents principes tels que l’autodétermination et l’intégrité territoriale.  S’agissant de la question des îles Malvinas, le représentant a encouragé les efforts de l’Argentine et du Royaume-Uni pour parvenir à une position constructive de part et d’autre, dans le but de recouvrer le plein exercice de la souveraineté argentine sur ces territoires, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Il a réitéré le soutien historique et ferme de son pays aux droits légitimes de l’Argentine en ce qui concerne le conflit de souveraineté sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, un soutien que le Honduras a exprimé à plusieurs reprises à l’Argentine, dans le cadre des organisations, mécanismes et forums multilatéraux auxquels il est partie.

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a constaté les grands progrès réalisés par l’ONU en matière de décolonisation, comme en témoigne l’augmentation constante du nombre d’États Membres.  Il a réaffirmé l’engagement moral et politique de son pays en faveur de la pleine réalisation des droits inaliénables de chaque territoire non autonome, tout en appelant les pays occupants et les puissances administrantes à engager un dialogue permettant de parvenir à une solution juste et globale des questions en suspens.  Le représentant a renouvelé son appel aux puissances administrantes et occupantes afin qu’elles respectent le droit inaliénable des territoires non autonomes à leurs ressources naturelles et qu’elles s’abstiennent de mener des activités économiques ou militaire contraires aux intérêts des peuples de ces territoires. Qui plus est, il incombe selon lui aux pays colonialistes de verser une pleine compensation pour les conséquences économiques, sociales et culturelles de leur occupation.

Alors que plus de 20 ans se sont écoulés depuis que le dernier territoire non autonome est devenu un État indépendant, le représentant s’est demandé combien de temps sera encore nécessaire avant que ne se réalisent les aspirations à l’autodétermination des peuples des 17 territoires non autonomes.  Pourtant, a‑t‑il ajouté, l’existence même du colonialisme, ainsi que ses « pratiques néocoloniales modernes » telles que l’exploitation économique, les mesures coercitives unilatérales et autres tentatives visant à limiter le développement, sont incompatibles avec la Charte des Nations Unies.  Le représentant a rejeté de façon catégorique l’utilisation préjudiciable des pratiques coloniales et néocoloniales modernes dans les relations internationales.  Considérant la promesse des objectifs de développement durable (ODD) de ne laisser personne de côté et l’effet délétère du colonialisme sur le développement, le représentant a formé le vœu qu’il soit mis fin aux pratiques coloniales d’ici à 2030.

M. JASSIM ABDULAZIZ J. A. AL-THANI (Qatar) a affirmé le plein soutien de son pays aux processus de décolonisation et aux combats contre l’occupation étrangère sous toutes leurs formes et manifestations.  Il s’est dit favorable à l’octroi de la souveraineté aux peuples colonisés, conformément à la résolution 1514 (XV), selon laquelle la colonisation constitue une violation de la dignité humaine.  Aussi a‑t‑il préconisé le respect de toutes les résolutions pertinentes de l’ONU sur cette question.  Il a appelé toutes les parties prenantes à coopérer pour régler leurs différends de manière juste, suivant le droit international et selon la situation de chacun. Évoquant la situation au Sahara marocain, le représentant a réaffirmé la position de principe de son pays visant à un règlement pacifique des différends, suivant la voie de la négociation. Dans ce cadre, il a salué les efforts du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution consensuelle et pérenne, conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et dans le but de garantir la souveraineté du Maroc.  Il s’est en conclusion félicité de l’initiative d’autonomie lancée par le Maroc, estimant qu’il s’agit d’une base viable pour trouver une solution.

M. NGUYEN (Viet Nam) a réaffirmé son soutien sans faille au droit à l’autodétermination des peuples des 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.  Il a insisté auprès des puissances administrantes pour qu’elles renforcent davantage leur coopération avec l’ONU afin d’accélérer le processus de décolonisation et la mise en œuvre intégrale de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, sans conditions préalables et de bonne foi, conformément aux objectifs et aux principes de la Charte des Nations Unies et aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. Dans le même temps, l’ONU devrait continuer à promouvoir les efforts multilatéraux pour veiller à ce que les négociations entre les parties concernées soient conduites de manière constructive et substantielle, a poursuivi le représentant, et que les activités menées par les puissances administrantes n’affectent pas négativement les intérêts légitimes des peuples des territoires non autonomes, tout en les aidant à relever les défis nouveaux et émergents, dans l’esprit de « ne laisser personne de côté ».

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a souhaité partager ses observations sur la situation au Sahara marocain.  Il a réitéré son attachement au processus politique, sous les auspices du Secrétaire général de l’ONU, en vue de parvenir à une solution réaliste, pragmatique et acceptée de toutes les parties prenantes. Il s’est notamment félicité des visites de l’Envoyé spécial à Rabat et Alger, ainsi que des entretiens qu’il a menés à New York avec les présidents des deux régions du Sahara marocain.  Le représentant a jugé nécessaire de poursuivre les processus conformément à la résolution 2654 (2022), exhortant le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Front POLISARIO à parvenir à une solution politique.  Il a qualifié de « vital » le règlement pacifique de ces différends régionaux, afin de renforcer la coopération entre les pays membres de l’Union du Maghreb arabe, ainsi que pour la stabilité du Sahel.  Dans ce cadre, il a affirmé le soutien de son pays à la large autonomie du Sahara, telle que présentée par le Maroc en 2007, notant que plus de 100 États Membres de l’ONU soutiennent ce consensus et le jugent conforme à la Charte des Nations Unies.  Selon lui, il est également nécessaire d’accorder de plus larges prérogatives aux populations locales qui participent à la vie économique, sociale et culturelle du Sahara, notamment en les laissant désigner de manière démocratique leurs représentants.  Il a enfin évoqué la situation des droits humains dans les camps de Tindouf, appelant au respect des recommandations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité en la matière, avant de saluer le respect par le Maroc du cessez-le-feu et sa collaboration avec la MINURSO.

M. JOSÉ DE JESÚS CISNEROS CHÁVEZ (Mexique) a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures concrètes susceptibles de permettre des avancées en matière de décolonisation.  L’achèvement du processus de décolonisation constitue l’une des « dettes » les plus pressantes de l’Organisation, a‑t‑il noté, en déplorant le manque de volonté politique nécessaire pour y mettre fin.  Malheureusement, les intérêts politiques d’une poignée d’États continuent de prévaloir face aux idéaux de justice et de cohabitation pacifique des peuples, ce qui se traduit par la poursuite de la colonisation de 17 territoires non autonomes. Il s’agit de deux millions de personnes dont les droits politiques et les droits humains sont bafoués au quotidien du fait de la persistance de structures coloniales, a‑t‑il déploré.  Dans cette optique, il a encouragé les États Membres à insuffler un dernier élan au processus de décolonisation.

Poursuivant, le représentant a réaffirmé l’importance d’écouter la volonté du peuple du Sahara occidental et de respecter son droit à l’autodétermination.  Il a lancé un appel urgent aux parties afin qu’elles appuient les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel afin de susciter la confiance nécessaire pour apaiser les tensions et parvenir à un accord permanent.  Il a en outre réaffirmé la pertinence juridique et historique du droit de l’Argentine dans le cadre du différend de souveraineté avec le Royaume-Uni concernant les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, ainsi que les zones maritimes environnantes.

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a demandé que les peuples des territoires non autonomes soient entendus et qu’on leur offre la possibilité de réaliser leurs aspirations de longue date et de prendre leurs destins entre leurs mains dans le cadre d’un dialogue respectant chacune des parties prenantes de ces territoires.  L’ONU a fait en sorte que plus de 80 territoires aient pu sortir du colonialisme et que d’autres peuples puissent faire librement le choix d’être intégrés à d’autres États, a‑t‑il souligné.  Tout en étant un ardent défenseur du principe d’autodétermination, l’Uruguay reste néanmoins d’avis que c’est le principe de l’intégrité territoriale qui doit s’appliquer dans le cas des îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des espaces maritimes environnants, a souligné le délégué, avant de rappeler qu’il s’agit d’une situation coloniale particulière, comme cela a été reconnu par l’ONU.  Après avoir demandé à l’Argentine et au Royaume-Uni de s’abstenir de prendre des mesures unilatérales tant que ces îles font l’objet de négociations, il a insisté quant au fait qu’il s’agit d’un différend de souveraineté, et que sa solution passe par une solution pacifique, juste et définitive négociée.

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a estimé que l’application des mécanismes multilatéraux destinés à mettre fin à la colonisation est plus urgente que jamais.  Il a jugé essentiel d’appeler l’attention de la Commission sur la situation de la Palestine occupée et assiégée, tout en dénonçant la politique d’Israël visant à l’annexion des territoires occupés.  De même, Cuba défend le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination fondé sur le respect des principes et des objectifs de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU.  Le représentant a réitéré son soutien sans réserve au droit légitime de l’Argentine dans le conflit de souveraineté relatif aux îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants, tout en appelant à une solution négociée.  Plus de 50 ans après l’adoption de la première résolution sur la question coloniale de Porto Rico, le peuple portoricain continue d’être dans l’incapacité d’exercer son droit légitime à une véritable autodétermination du fait de la volonté des États-Unis de renforcer leur domination économique, politique et sociale, s’est inquiété le représentant.  Il a exhorté les États Membres à coopérer avec les habitants des territoires non autonomes afin de favoriser leur développement économique et social de ces territoires.

Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a réclamé la restitution de son intégrité territoriale, mise à mal par la situation coloniale de Gibraltar.  Madrid est victime selon elle d’un « anachronisme historique » ayant pour origine la guerre de Succession à la Couronne d’Espagne, conflit au cours duquel Gibraltar fut occupé militairement par le Royaume-Uni. Chaque année, a‑t‑elle rappelé, l’Assemblée générale et cette Commission réitèrent la nécessité pour l’Espagne et le Royaume-Uni d’entamer des négociations.  L’Espagne réitère sa disponibilité à entreprendre de tels pourparlers, tout comme elle adhère aux résolutions pertinentes à cet effet.  Qui plus est, la présence militaire britannique est au cœur de la situation coloniale à Gibraltar, en violation des résolutions de l’Assemblée générale.  Malheureusement, la Puissance administrante semble ignorer ce cadre juridique.  Si aucun progrès n’a été enregistré dans le processus de décolonisation de Gibraltar, la survie d’une situation coloniale sur notre territoire continue de produire d’autres effets économiques et sécuritaires indésirables, a déploré la représentante. 

Après le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui impliquait la fin des relations exceptionnelles selon lesquelles Gibraltar, par l’intermédiaire de la Puissance administrante, était lié à l’Union, une fenêtre d’opportunité s’est ouverte pour tenter de résoudre certains problèmes, a‑t‑elle noté.  L’Espagne et le Royaume-Uni ont négocié un accord international sur la fiscalité et la protection des intérêts financiers en ce qui concerne Gibraltar, ainsi que quatre protocoles d’accord sur les droits des citoyens, la coopération policière et douanière et l’environnement.  Par ailleurs, le 31 décembre 2020, l’Espagne et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord concernant Gibraltar, qui devrait servir de base à un futur accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, en cours de négociation.  Toutefois, a‑t‑elle précisé, aucune disposition de cet accord n’implique une modification de la position juridique de l’Espagne à l’égard de la souveraineté et la juridiction à l’égard de Gibraltar.

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a commencé par souscrire à la déclaration du Brésil, lancée au nom du MERCOSUR.  Les empires coloniaux, a‑t‑il rappelé, ont étendu leur influence en imposant leurs politiques aux populations colonisées.  Mais, a‑t‑il noté, les revendications historiques en faveur de l’autodétermination sont en hausse.  La décolonisation joue un rôle fondamental, a‑t‑il estimé, permettant aux peuples de bâtir leur État dans le respect de leur vision propre.  Selon lui, la tâche n’a pas été simple.  Il a salué le rôle clé de l’ONU dans ce processus, notamment en reconnaissant dès 1960 le principe de l’autodétermination des peuples.  Plus de 60 ans se sont écoulés, mais ce processus n’est pas achevé, a‑t‑il déploré.  En plein XXIe siècle, il existe encore des territoires sous le joug de la colonisation.

Il a appelé à écouter les peuples colonisés et à garantir le respect de leurs droits fondamentaux, avertissant que les conflits émergent lorsque leurs prérogatives ne sont pas respectées. C’est pourquoi il a estimé nécessaire de régler les conflits liés à la décolonisation, en vue de promouvoir la stabilité dans le monde entier.  Le Comité spécial de la décolonisation est saisi de 17 cas, a‑t‑il rappelé, évoquant les îles Malvinas, la Palestine, le Sahara occidental et Porto Rico.  Il a exhorté les puissances administrantes et les peuples des territoires non autonomes à parvenir à un accord, estimant qu’il s’agissait de la seule manière de mettre un terme au colonialisme.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a rappelé que plus de 750 millions de personnes ont accédé à l’indépendance depuis la création des Nations Unies il y a 78 ans –dont les citoyens de son pays.  En tant que représentant d’une nation ayant connu les « facettes les plus sombres du colonialisme », il a rappelé qu’il s’agissait là d’une violation des droits humains fondamentaux, mais aussi d’un obstacle au développement économique et au bien-être des populations, ainsi que d’une négation du droit à l’autodétermination, tel que défini par la résolution de l’Assemblée générale 1514 (1960).

La Commission continue de jouer un rôle crucial pour que soient respectés les droits des 17 territoires inscrits sur la liste des territoires non autonomes, a‑t‑il estimé.  Il a appelé à une meilleure compréhension des aspirations de ces populations ainsi que de leur situation économique, culturelle et sociale.  Le représentant timorais a attiré l’attention sur la situation au Sahara occidental, exprimant ses préoccupations quant à la reprise des affrontements en novembre 2020 et leurs répercussions sur la stabilité régionale. Dans ce cadre, il a appelé à la consolidation des forces de maintien de la paix de l’ONU, préconisant l’ajout des droits humains au mandat de la MINURSO.  Il a également exhorté la Puissance occupante à permettre des visites de l’ONU et de la Croix-Rouge pour répondre à la crise humanitaire.  Toutes les propositions, dont celle d’autonomie initiées par la Puissance occupante, devraient être examinées par le biais d’un référendum organisé par la MINURSO, a‑t‑il estimé.  Enfin, il a plaidé pour une solution à deux États en Palestine, ainsi qu’au dialogue pour trouver une solution permanente concernant Gibraltar et les îles Falkland (Malvinas). 

Droits de réponse

En réponse aux interventions de nombreux pays, le Royaume-Uni a dit n’avoir aucun doute quant à sa souveraineté sur les Îles Falkland, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  Le peuple des Îles Falkland a le droit de définir son avenir et son statut politique comme tout autre peuple.  En revanche, l’Argentine continue de nier les droits de la population des Îles Falkland et profite des instances internationales pour réaffirmer sa souveraineté, ce qui n’est pas le comportement attendu d’une démocratie. 

En réponse, l’Argentine a martelé que les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud ainsi que les zones maritimes environnantes font partie intégrante de son territoire.  Le différend de souveraineté avec le Royaume-Uni a été reconnu par plusieurs instances internationales et fait l’objet de 10 résolutions de l’Assemblée générale sur cette question, résolutions qui appellent au règlement pacifique de ce différend et à l’ouverture de négociations de bonne foi. 

L’Espagne a rappelé que l’ONU a désigné Gibraltar comme colonie à plusieurs reprises, dans la mesure où elle compromet l’unité nationale et l’intégrité territoriale de son pays.  C’est pourquoi, a-t-elle noté, Gibraltar figure sur la liste des 17 territoires non autonomes en attente de décolonisation.  Depuis 1964, l’Assemblée générale a constamment prié les parties prenantes de régler la question, a-t-elle affirmé, estimant que l’unique solution possible était celle que préconise l’ONU, c’est-à-dire d’entamer des négociations bilatérales.  Seule l’ONU peut décider que le processus est achevé ou non, a-t-elle estimé. 

Elle a rappelé la résolution 2353, selon laquelle toute situation coloniale qui compromet l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les principes de la Charte des Nations Unies.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, l’Assemblée générale avait clairement condamné la tenue d’un référendum en 1967 pour « un soi-disant peuple de Gibraltar qui n’existe pas ».  Dans la foulée, elle a rappelé qu’en 1704, la conquête du territoire avait été suivie par l’expulsion de la population native.  À ce titre, elle a rejeté toute tentative de la Puissance administrante de modifier sa relation politique en évoquant un « hypothétique » droit à l’autodétermination.

Enfin, elle a répondu aux allégations d’espaces non cédés évoqués par le Royaume-Uni, en rappelant que l’Espagne ne reconnaît pas son droit concernant l’espace de Gibraltar, lequel ne figure pas à l’article 10 du Traité d’Utrecht de 1713.  Elle a insisté sur le fait que le Royaume-Uni occupe non seulement une partie de l’isthme, mais aussi des eaux territoriales de l’Espagne, notamment en ayant étendu la piste de l’aéroport.  Les eaux environnantes sont sous souveraineté espagnole, a-t-elle conclu, affirmant que les navires battant pavillon espagnol peuvent circuler depuis toujours dans la zone sans que cela fasse polémique.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: début de la session principale et débat sur la méthode de calcul du barème des quotes-parts

Soixante-dix-huitième session,
1re séance plénière - matin
AG/AB/4425

Cinquième Commission: début de la session principale et débat sur la méthode de calcul du barème des quotes-parts

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, présidée cette année par M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud, de l’Égypte, a lancé sa session principale avec un débat sur le barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses de l’ONU. 

À peine l’ordre du jour adopté, les 23 délégations et groupes de pays qui sont intervenus, ont vu le Groupe des 77 et la Chine rejeter l’idée de modifier la méthode de calcul actuelle du barème des quotes-parts.  Craignant une initiative qui viserait à augmenter les contributions des pays en développement et à leur imposer une charge « injuste », Cuba a rappelé que la méthode actuelle tient compte de plusieurs facteurs « non négociables » dont le revenu national brut, le plafond pour les pays les moins avancés (PMA) ou encore l’ajustement de l’encours de la dette. Le problème vient plutôt du taux de contribution maximal actuel qui a été fixé dans un compromis politique contraire au principe de la capacité de paiement, a ajouté Cuba, en demandant à l’Assemblée générale de réexaminer cette « distorsion ». En effet, a renchéri la Fédération de Russie, le seul élément de la méthode de calcul qui profite à un seul État Membre est le plafond de 22%. 

Compte tenu des changements intervenus dans l’économie mondiale, a plaidé le Japon, il faut améliorer cette méthode pour mieux tenir compte de la « véritable » capacité de paiement des États Membres, en s’appuyant sur les données les plus actuelles, les plus précises et les plus comparables. Il faut aussi, a ajouté la Fédération de Russie, que les organisations intergouvernementales observatrices, telles que l’Union européenne, qui jouissent des mêmes droits et privilèges que les États observateurs, aient les mêmes obligations financières à l’égard des Nations Unies.  L’Assemblée générale doit trancher cette question, a pressé Cuba qui a salué l’idée de verser une partie des contributions dans une monnaie autre que le dollar pour les années 2022, 2023 et 2024, comme le prévoit la résolution 76/238. 

La Cinquième Commission, qui prévoit de fermer ses portes le 1er décembre 2023, a élu à ses vices-présidences MM. Mohammed Khalifa H. Alnasr, du Qatar, ainsi que Mmes Amalia Irina Pufulescu, de la Roumanie, et Kimberly K. Louis, de Sainte-Lucie.  Mme Laurens Den Hartog, va assumer les fonctions de Rapporteuse, en remplacement de Mme María Reyes Fernández, de l’Espagne, démissionnaire. 

Cette année, a conseillé la Tunisie, au nom du Groupe des États d’Afrique, évitons les nuits blanches et les négociations qui se prolongent jusqu’à la fin du mois de décembre. L’année dernière, se sont souvenus les États-Unis, les discussions se sont terminées 30 heures seulement avant que l’ONU ne soit privée d’un budget.  Il faut espérer que cela ne se reproduise pas car « croyez-moi, nous les Américains, nous savons une chose ou deux de l’arrêt d’une administration », a-t-il dit, en suscitant les sourires de ses homologues. 

La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique demain mardi 3 octobre à partir de 10 heures pour poursuivre les débats sur le barème des quotes-parts.

ORGANISATION DES TRAVAUX - A/C.5/78/1A/C.5/78/L.1

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a d’abord prié le Secrétariat de publier au plus vite tous les rapports attendus car tout retard compromet considérablement les travaux de la Commission qui doit pouvoir consacrer suffisamment de temps à chaque point de son ordre du jour.  Notre rôle, a poursuivi le représentant, est de tenir le Secrétariat comptable de la gestion des ressources de l’Organisation et d’examiner minutieusement chaque initiative présentée, en veillant à la bonne exécution des mandats.  Le Secrétariat n’est en aucun cas une entité indépendante.  Il doit faire montre de transparence, de responsabilité et d’équité.  Le représentant a donc réclamé une représentation géographique équitable dans la composition du personnel de l’ONU, gage de la conformité à la Charte des Nations Unies, et d’une Organisation véritablement démocratique, dotée d’un Secrétariat multiculturel et équilibré. 

Il a ensuite réaffirmé le rôle du Comité du programme et de la coordination (CPC), qui devrait être renforcé et non affaibli.  Rappelant la résolution 77/254 sur la planification des programmes, le représentant a demandé aux Présidents de l’Assemblée générale et de la Cinquième Commission à faire tout pour que leurs collègues des autres grandes commissions puissent examiner les programmes sans les recommandations du CPC, si cela s’avère nécessaire.  Il faut éviter tout retard dans le déroulement de la session, s’agissant en particulier de la planification des programmes et du projet de budget-programme pour 2024, a conclu le représentant. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour), partisan du multilatéralisme, a insisté sur l’affectation de ressources au pilier du développement, qui a cruellement besoin de financements, compte tenu des multiples problèmes auxquels le monde fait face.  Il a appelé les États Membres en capacité de payer leurs contributions statutaires à le faire intégralement, à temps, et sans conditions.  Il a promis qu’il suivra de près les délibérations sur le projet de budget-programme pour 2024, la planification des programmes, la gestion des biens, notamment le projet de mise aux normes parasismiques et de remplacement des équipements en fin de vie au siège de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).  Le représentant a aussi promis de prêter une attention soutenue au financement des missions politiques spéciales et de la subvention aux Chambres extraordinaires au sein des Tribunaux cambodgiens. 

Poursuivant, il a estimé que toute contribution au Fonds pour la consolidation de la paix devrait être basée sur le barème des quotes-parts des opérations de paix.  Le Fonds ne devrait pas être financé par le budget ordinaire, étant donné que les décisions relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales sont prises exclusivement par les 15 membres du Conseil de sécurité.  Pour finir, le représentant a dit attendre avec impatience l’évaluation des mesures de flexibilité sur le lieu de travail.  Il a estimé que l’ONU pourrait mieux mettre en œuvre les modalités pour ne pas compromettre la qualité du travail et la présence effective du personnel au Siège, en prenant également en considération les recommandations du Bureau des services de contrôle interne (BSCI).

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TAREK LADEB (Tunisie) a insisté sur l’importance pour les délégations d’avoir tous les documents à temps et ce, dans les six langues officielles de l’ONU.  Il aussi voulu que l’on évite les nuits blanches et les négociations qui se prolongent jusqu’à la fin du mois de décembre.  La priorité de mon groupe, a-t-il dit, est de parvenir à une décision rapide sur le barème des quotes-parts pour que tous les États Membres soient en mesure d’honorer leurs engagements financiers.  Lorsqu’ils se heurtent à des difficultés, il faut qu’ils puissent continuer de participer aux travaux de l’Assemblée générale.  Le représentant a également plaidé pour que l’on dote de ressources adéquates les missions politiques spéciales, en particulier dans les domaines de la prévention et de la consolidation de la paix. Concernant la lutte contre le racisme et la promotion de la dignité pour tous au sein du Secrétariat, il a dit attendre les commentaires du Secrétaire général, avant d’insister une nouvelle fois auprès de la Commission, sur des négociations inclusives et transparentes et menées dans les délais prévus. 

Pour Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse), un des points cruciaux de l’agenda concerne le pilier des droits de l’homme, essentiel pour atteindre les objectifs des Nations Unies.  La déléguée s’est dite déterminée à faire en sorte que ce pilier reçoive les ressources nécessaires dans le budget ordinaire pour assurer une bonne exécution des mandats et une meilleure planification.  Elle a aussi évoqué le Plan stratégique patrimonial qu’elle a présenté comme un projet de conservation des bâtiments et du patrimoine, mais aussi comme un investissement dans le multilatéralisme pour une Organisation moderne, efficace, efficiente et respectueuse de son personnel, de son environnement et des ressources allouées.  Elle a remercié d’avance les États Membres pour leur soutien à ce « projet important », arguant que le monde a plus que jamais besoin des Nations Unies puisque les défis auxquels nous sommes confrontés affectent l’ensemble des peuples.  L’ONU est l’organisation la mieux placée pour y répondre mais elle n’est forte que dans la mesure où nous lui permettons de l’être.  Au sein de cette commission, a souligné la représentante, nous devons veiller à ce qu’elle dispose des ressources dont elle a besoin.  Nous invitons donc nos collègues à assumer cette responsabilité et à utiliser le temps imparti de manière judicieuse afin de conclure les travaux à temps.

Au nom de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie) a rappelé que tous les États Membres continuent de faire face à des contraintes budgétaires causées par les conséquences de la COVID-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Toutefois, le groupe CANZ est déterminé à ce que l’ONU dispose des ressources nécessaires pour s’acquitter de ses mandats avec efficacité et discipline budgétaire.  Rappelant par ailleurs que l’Assemblée générale avait dûment approuvé le financement du Fonds pour la consolidation de la paix par des contributions statutaires, en plus des contributions volontaires, le représentant a jugé qu’il est temps de faire preuve de souplesse pour parvenir à un compromis sur les derniers éléments en suspens.  

Pour ce qui est de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA), il a réitéré les propos du Secrétaire général adjoint, M. Athul Khare, qui a prévenu qu’un retrait précipité, c’est l’augmentation des coûts et des risques tels que la fraude, la corruption et le vol ou encore la sûreté du personnel des Nations Unies. Demandant au Secrétaire général de présenter un nouvel état des besoins, le représentant a aussi plaidé pour un bon financement du pilier « droits de l’homme », avant de dénoncer le fait que les principaux contributeurs n’aient pas encore versé l’intégralité de leur dû, entravant ainsi la planification et l’exécution des programmes.  Tous les États Membres en retard de paiement doivent accorder la priorité à cette question et à convenir avec le Secrétariat d’un calendrier de paiement.

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne (UE), partisane du multilatéralisme, a dit qu’honorer les engagements financiers relève du devoir de l’Union européenne.  Elle s’est donc inquiétée du paiement tardif ou partiel des contributions, en appelant tous les États Membres à s’acquitter de l’intégralité de leur dû dans les temps. La représentante a aussi plaidé pour le bon financement du retrait coordonné de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).  Réitérant en outre son appui aux missions politiques spéciales, outil de prévention et de pérennisation de la paix, la représentante a ensuite encouragé la Commission à assurer l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle des délégués et à s’engager à parvenir rapidement à des résultats grâce à des réunions inclusives et transparentes, basées sur la bonne foi, la collégialité et le consensus.

Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), M. MOHAMED AL HASSAN (Oman) a insisté sur la tradition du consensus au sein de la Commission et en prévision de l’accord sur le budget-programme de 2024, il a réclamé une stratégie sur les technologies de l’information et des communications, en particulier la sécurité numérique des entités des Nations Unies.  Il a aussi rappelé que son groupe a présenté des propositions concrètes, en collaboration avec le Groupe des 77 et la Chine, sur la lutte contre le racisme et la promotion de la dignité au Secrétariat.  Il faut, a-t-il poursuivi, des arrangements pratiques pour promouvoir l’égalité entre tous les membres du personnel de l’ONU. Parmi ces arrangements, le représentant a insisté sur la représentation équitable des ressortissants du CCG, en particulier dans les catégories des administrateurs et supérieures.  S’il faut allouer les ressources nécessaires au Secrétariat, il faut également lutter contre des fléaux qui ne sont pas à l’ordre du jour de la Cinquième Commission, comme l’intolérance et la xénophobie.  Il nous faut une approche globale, a conclu le représentant, sans oublier d’appeler ses homologues à se garder de politiser les droits de l’homme.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a rappelé que la Cinquième Commission a pu progresser ces deux dernières années parce que les États Membres ont su taire leurs divergences politiques.  Il a donc appelé au maintien du consensus, avant de réclamer le bon financement du retrait de la Mission des Nations Unies au mali (MINUSMA), du pilier « droits de l’homme » et de la consolidation de la paix.  L’année dernière, s’est souvenu le représentant, les négociations sur les réformes se sont terminées 30 heures seulement avant que l’ONU ne soit privée d’un budget.  Il faut espérer que cela ne se reproduira pas cette année car « croyez-moi, nous les Américains, nous savons une chose ou deux de l’arrêt d’une administration », a-t-il conclu, en suscitant les sourires de ses homologues.

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a réclamé un budget réaliste, équilibré et agréé en temps voulu afin que le Secrétariat puisse disposer des ressources qui lui permettront d’exécuter les mandats et de mettre en œuvre les programmes. L’accord doit se conclure dans les temps impartis même sans les recommandations du CPC, a pressé le représentant, mettant en garde contre le fait que les négociations « parallèles » pourraient faire traîner la session jusqu’aux derniers jours du mois de décembre.  Les missions politiques spéciales engloutissant plus de 20% du budget ordinaire de l’ONU, le représentant a insisté pour que l’on tienne dûment compte des responsabilités financières de ceux qui sont chargés du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’est félicité des progrès du Fonds pour la consolidation de la paix et a estimé que la Cinquième Commission devrait être en mesure de passer de manière constructive à la phase finale des négociations sur ce point.

M. VATHAYUDH VICHANKAIYAKIJ (Thaïlande) a salué le lancement du projet Web 2.0 du Secrétaire général qui vise à accroître l’efficacité et l’efficience de l’ONU dans l’exécution de son mandat, notamment grâce à une meilleure utilisation des données.  L’argent n’est pas tout, mais tout a besoin d’argent, y compris l’ONU, a poursuivi le représentant, avant d’appeler la Commission à achever ses travaux dans les délais prévus. Pour ce faire, a-t-il souligné, il nous faut les rapports du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) le plus rapidement possible.  Le délégué a exhorté la Commission à tenir compte des « voix régionales » pour une mise en œuvre efficace des mandats de l’ONU. Pays hôte de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), il a souligné le rôle important des commissions régionales et de leurs partenariats avec les États Membres et autres parties prenantes pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. 

M. DAI BING (Chine) a dit que face aux défis mondiaux, les États Membres devraient travailler ensemble.  Le financement constituant la base même d’une bonne gouvernance et de la préservation du rôle de l’ONU, le représentant a pointé le doigt sur un « grand contributeur » qui a pris l’habitude de rechigner à s’acquitter de son dû, sans se soucier de créer une crise de trésorerie. Après avoir appelé à un équilibre entre le financement des trois piliers du travail de l’ONU et à une meilleure représentation géographique des pays en développement au sein du Secrétariat, le représentant a réclamé un budget à un niveau raisonnable qui tienne compte des intérêts légitimes de tous les États Membres.  Les contrôles internes et la discipline doivent être renforcés pour faire en sorte que chaque centime soit dépensé avec responsabilité.  Quant à l’idée d’inscrire le financement de la consolidation de la paix dans le budget ordinaire, le représentant a jugé déraisonnable et injuste de permettre ainsi aux pays développés d’échapper à leur responsabilité financière, tout en continuant de décider de la destinée du Fonds pour la consolidation de la paix.  C’est une question de règles et de principe, a martelé le représentant. 

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a demandé au Secrétariat de publier en temps voulu les rapports dans toutes les langues officielles.  Rappelant que de nombreux pays sont confrontés à des difficultés politiques et économiques, le représentant a appelé la Cinquième Commission à agir rapidement pour inverser cette tendance et contribuer à l’accélération des objectifs de développement durable.  Les Nations Unies doivent disposer de ressources adéquates et bien planifiées qui reflètent les priorités des États Membres.  Les mandats doivent déterminer les propositions budgétaires et non l’inverse, a prévenu le délégué, en réitérant que l’ensemble du processus doit être guidé par les initiatives des États Membres.  Ceux-ci doivent s’acquitter intégralement et à temps de leurs obligations financières afin d’assurer le bon fonctionnement de l’Organisation.  Le représentant a demandé au Secrétariat de renforcer l’exécution du budget, et d’améliorer le contrôle interne et la discipline financière.  Nous voulons une gestion efficiente, efficace, transparente et rationnelle des ressources, a-t-il martelé.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a prévenu qu’il sera très attentif à ce que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et les missions politiques spéciales disposent des ressources nécessaires pour s’acquitter de leur mandat.  Il a par ailleurs jugé impérativement que le retrait de la MINUSMA s’effectue de manière coordonnée, car il en va de la vie de soldats de la paix.  Préoccupé par les problèmes de trésorerie de l’Organisation, il a appelé tous les États Membres à régler leur contribution en temps et en heure. 

Mme MERETE FJELD BRATTESTED (Norvège) a rappelé le travail de la Cinquième Commission qui est de fournir à l’ONU les outils nécessaires pour se renforcer et s’améliorer.  Les tâches essentielles de l’ONU doivent être suffisamment financées, y compris le système des coordonnateurs résidents, la consolidation de la paix, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)  La Norvège est un fervent partisan du programme de réforme du Secrétaire général, a encore rappelé l’oratrice soulignant la nécessité d’une meilleure exécution des mandats sur le terrain.  Félicitant les pays qui ont versé leurs quotes-parts intégralement et à temps, elle a demandé à tous les autres États Membres de faire de même.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dénoncé la politisation « inacceptable » de certains discours, comme celui de l’Australie, au nom du groupe CANZ, laquelle ne perturbera toutefois aucunement les travaux de la Commission.  À son tour, il a insisté sur une publication en temps des rapports attendus et ce, dans les six langues officielles de l’ONU.  Il a conclu en assurant de la volonté de sa délégation de travailler de manière constructive sur tous les points de l’ordre du jour et de terminer les travaux dans les délais impartis.

M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a rappelé que cette session durera deux mois et demi, craignant, comme l’an dernier, des négociations difficiles jusqu’à la toute dernière minute.  Nous devons, a conseillé le représentant, nous efforcer d’être encore plus efficaces et souples pour parvenir au consens dans les délais impartis.  Nous devons, a-t-il aussi suggéré, tirer parti des enseignements de la pandémie de COVID-19 et améliorer nos méthodes de travail.  Le représentant a insisté sur la tradition du consensus qui caractérise la Cinquième Commission.

Mme GABRIELA GONZÁLEZ (Uruguay) s’est dite consciente de l’importance des missions politiques spéciales, tout en estimant que leur financement ne devrait être inscrit au budget ordinaire, dont ils représentent déjà plus de 20%.  Ces missions doivent être financées par un compte distinct, a-t-elle martelé. 

Mme NAJLA AL-KAABI (Émirats arabes unis) a dit que la priorité de la Cinquième Commission est de doter l’ONU d’un budget adéquat pour 2024, y compris pour les missions politiques spéciales.  La représentante a souligné l’importance de publier les rapports et les projets de résolution à temps afin de donner aux États Membres suffisamment de temps pour les examiner.

M. AHMED KAMIL RHAIF ALBU-MOHAMMED (Iraq) a jugé essentiel le travail de la Cinquième Commission, avant de lancer un appel insistant à ses collègues pour que les travaux se déroulent de manière équilibrée. 

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a souligné l’importance d’achever les travaux dans les délais prévus, insistant sur une bonne dotation du pilier « développement » et soulignant le rôle du CPC.  Le représentant a promis de se concentrer sur le financement de la consolidation de la paix et a encouragé ses collègues à trouver des solutions novatrices pour parvenir à un accord et garantir un financement durable.  Il a également exhorté tous les États Membres à s’acquitter de leurs contributions à temps, un acte essentiel pour contrer la crise de trésorerie et garantir la stabilité financière de l’Organisation.

M. SEONG WOONG (République de Corée) a souligné qu’il est indispensable de doter l’ONU des ressources nécessaires pour l’exécution de son mandat. Toute proposition de passer des ressources extra budgétaires à des contributions statutaires doit être discutée sur la base des informations données par le Secrétariat, a estimé le représentant, en faisant observer qu’un projet de budget-programme consolidé donnera une vue d’ensemble plus complète.  Le délégué n’a pas caché sa consternation de voir l’ONU confrontée depuis tant d’années aux mêmes problèmes de liquidités.  Il a donc appelé les États Membres à s’acquitter de leurs contributions à temps, avant d’espérer que cette session sera aussi une excellente occasion de régler « une fois pour toutes » la question du financement de la consolidation de la paix. 

Mme SHERRY ZILBERGELD (Israël) a rappelé aux États Membres que les représailles contre les lanceurs d’alerte ou un membre du personnel des Nations Unies sont des actes de mauvaise conduite.  Elle a aussi estimé que les technologies de l’information et des communications (TIC), thème important pour Israël, doivent s’aligner de façon cohérente et suffisante sur la stratégie informatique de l’ONU.  Elle a dit attendre des discussions fructueuses sur cette question.

BARÈME DES QUOTES-PARTS POUR LA RÉPARTITION DES DÉPENSES DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES - A/78/11A/78/68

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie du Rapport sur la quatre-vingt-troisième session du Comité des contributions (A/78/11) et de celui du Secrétaire général sur les échéanciers de paiement pluriannuels (A/78/68).

Déclarations 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a insisté sur l’obligation faites aux États Membres d’honorer leurs obligations financières à l’égard de l’Organisation.  Tous les États Membres devraient verser leurs quotes-parts intégralement, dans les délais et sans condition.  Le représentant s’est félicité des recommandations du Comité des contributions pour alléger le fardeau des pays en développement qui ont des difficultés particulières à s’acquitter de leur dû.  Il a appelé à la suppression des obstacles imposés à ces pays lesquels entravent leur volonté d’honorer leurs obligations. 

Le délégué a également réaffirmé le principe de la « capacité de paiement » en tant que critère fondamental de la répartition des dépenses de l’ONU.  Il a rejeté toute modification de la méthode actuelle pour l’établissement du barème des quotes-parts qui, visant à augmenter les contributions des pays en développement, leur imposerait une charge injuste.  La méthode actuelle, qui tient compte de la période de référence, du revenu national brut, des taux de conversion, du dégrèvement en faveur des pays à faible revenu par habitant, du gradient, du plancher, du plafond pour les pays les moins avancés (PMA) et de l’ajustement de l’encours de la dette, doivent être maintenus en l’état, a martelé le représentant, en qualifiant ces critères de « non négociables ».  Pour le représentant, le taux de contribution maximal actuel ou plafond a été fixé grâce à un compromis politique mais il est contraire au principe de la « capacité de paiement ».  Il s’agit ni plus ni moins d’une distorsion que l’Assemblée générale doit réexaminer. 

Le Groupe des 77 et la Chine, a insisté le délégué, rejettent toute tentative de retenir unilatéralement ses contributions pour faire pression sur l’ONU. Cette pratique est contraire à la lettre et à l’esprit de la Charte des Nations Unies.  Il a ajouté que les organisations qui ont un statut d’observateur auprès de l’ONU devraient également avoir les mêmes obligations financières que les États observateurs.  Il a prié l’Assemblée générale de prendre une décision sur cette question, avant de saluer l’idée de verser une partie des contributions dans une monnaie autre que le dollar pour les années 2022, 2023 et 2024, comme en a décidé l’Assemblée dans sa résolution 76/238. 

M. GUENSY BETOR (Haïti) a réitéré son engagement à collaborer de manière constructive avec le Bureau de la Commission et a noté, avec intérêt, la proposition du Comité des contributions sur la méthode de calcul du barème des quotes-parts, en insistant sur le respect du principe de la « capacité de paiement ».  Le délégué a promis d’appuyer toute initiative visant à assurer à l’Organisation une bonne santé financière.  Il s’est donc réjoui que son pays ait pu payer la totalité de ses contributions pour 2023. 

Mme WAKABAYASHI SATO (Japon) a réitéré le principe fondamental selon lequel chaque État Membre doit s’acquitter de ses contributions en fonction de sa capacité de paiement.  En outre, a ajouté la représentante, compte tenu des changements dans l’économie mondiale, il faut améliorer la méthode de calcul des quotes-parts pour mieux tenir compte de la capacité réelle des États Membres, et ce, sur la base des données les plus actuelles, les plus précises et les plus comparables.

Pour M. VADIM N. LAPUTIN (Fédération de Russie) a estimé que la méthode actuelle de calcul des quotes-parts a bien fonctionné et doit être respectée et maintenue.  En fait, a-t-il fait observer, le seul élément qui contredit le principe de la « capacité de paiement » et qui profite à un seul État Membre est le plafond de 22%. Le délégué russe s’est également dit convaincu que les organisations intergouvernementales observatrices, telles que l’Union européenne, qui jouissent des mêmes droits et privilèges que les États observateurs, dont le droit de prononcer des discours au débat général, doivent logiquement avoir les mêmes obligations financières à l’égard de l’Organisation des Nations Unies.  Il a dit ne pas voir d’objection à ce que les Comores, la Somalie et Sao Tomé-et-Principe recouvrent leur droit de vote. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: à un moment critique de l’histoire, la Première Commission est sommée d’apporter des réponses globales pour la paix et la sécurité collective

Soixante-dix-huitième session,
2e séance plénière – matin
​AG/DSI/3709​

Désarmement: à un moment critique de l’histoire, la Première Commission est sommée d’apporter des réponses globales pour la paix et la sécurité collective

« Vous tous ici présents aujourd’hui avez un rôle déterminant à jouer pour garantir que le désarmement soit au centre des efforts multilatéraux à ce moment critique de l’histoire. » C’est ainsi que la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a donné, ce matin, le coup d’envoi du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale), appelée à durer jusqu’au 11 octobre.  Une dizaine d’intervenants sont déjà venus rappeler, souvent au nom de groupes d’États ou organisations régionales, les positions et engagements pris en vertu des différents instruments du mécanisme onusien de désarmement, dont les intervenants ont appelé à la nécessaire revitalisation pour renforcer la sécurité collective. 

Aux délégations, Mme Nakamitsu a rappelé la véritable feuille de route que leur a adressée le Secrétaire général de l’ONU à travers son « Nouvel Agenda pour la paix », un document « d’une ampleur considérable » qui reconnaît que le désarmement doit servir d’outil pour apporter des réponses globales en matière de paix et de sécurité, tout en contribuant à la réalisation des objectifs de développement durable.   

Venu s’exprimer comme chaque année devant la Commission, le Président de l’Assemblée générale a rappelé à cet égard que le travail de la Première Commission est essentiel à la poursuite conjointe de la paix et de la prospérité dans le monde.  « Nous devons être conscients que la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale se déroule dans le contexte de la plus grande crise géopolitique depuis des décennies », a déclaré M. Dennis Francis. 

La Haute-Représentante a donc rappelé chacun à ses responsabilités en matière de désarmement nucléaire, appelant les États-Unis et la Fédération de Russie, les deux plus importants détenteurs d’armes nucléaires, à revenir à la pleine mise en œuvre du Traité New START, estimant que ce dernier représente davantage qu’un traité bilatéral en ce qu’il constitue la base de la sécurité collective.  Elle a également appelé à établir davantage de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), saluant les progrès encourageants dans les délibérations sur une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  « L’augmentation des stocks nucléaires ainsi que les progrès technologiques qui rendent les armes nucléaires encore plus meurtrières ont pour conséquence qu’une seule arme peut anéantir l’humanité », a déclaré en écho le Président de l’Assemblée générale, qui a « imploré » les États Membres de ne pas tenir de discours incendiaire sur leur utilisation.   

Les deux hauts responsables onusiens ont exhorté les États Membres à remplir la promesse du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à faire enfin entrer en vigueur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Notant les dangers croissants liés à la militarisation des technologies émergentes, Mme Nakamitsu a demandé aux États Membres de soutenir les travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur la sécurité des technologies de l’information et des communications.  Dans le domaine de l’espace, elle a salué le fait que la Commission du désarmement ait pu formuler cette année des recommandations à l’Assemblée sur des mesures de transparence et de confiance dans les activités spatiales. 

Les positions tranchées des pays membres du Mouvement des pays non alignés (MNA), d’un côté, de l’Union européenne et des États-Unis de l’autre ont donné un avant-goût de la tonalité des débats à venir.  L’Indonésie, au nom des 120 pays membres du MNA, a regretté le manque de progrès de la part des États dotés en matière de désarmement nucléaire, lesquels poursuivent le perfectionnement de leurs arsenaux, allant par là même à l’encontre du TNP.  « Le MNA est favorable à l’instauration d’un instrument juridique non discriminatoire, afin que les États non dotés obtiennent la garantie que les armes nucléaires ne soient pas utilisées contre eux; il en fait une priorité absolue », a indiqué le représentant indonésien.   

Les États-Unis, seul État doté à avoir pris la parole en ce premier jour, ont réagi en se posant comme les champions des efforts de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération, « que ce soit ici, dans le processus de révision du TNP, à Genève ou ailleurs dans le monde ».  La représentante américaine, visant sans la nommer la Fédération de Russie, a souhaité la levée des blocages qui empêchent, à New York comme à la Conférence du désarmement à Genève, d’avancer dans la réalisation des objectifs internationaux de désarmement et de sécurité internationale, qu’ils soient anciens ou nouveaux.  Elle a notamment souhaité que les discussions qui ne peuvent se tenir de manière constructive à Genève aient lieu pendant la session de la Commission.   

Appuyés par l’Union européenne et la République de Corée, les États-Unis ont aussi alerté sur le fait que les activités actuelles de commerce d’armes entre la Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ne font que saper davantage le régime multilatéral de non-prolifération et la sécurité internationale au sens large.  « Chacun ici est confronté à un choix entre ceux qui font preuve de transparence même lorsque cela est difficile et ceux qui agissent de manière opaque, entre ceux qui recherchent le consensus et ceux qui le brisent », ont dit les États-Unis, qui ont invité à opter « pour un TNP plus fort, pour une Conférence du désarmement qui fonctionne » et à rejeter « le fatalisme qui s’est glissé dans nos travaux ».  L’Union européenne a assuré que les États membres qui la composent défendront pendant la présente session l’ordre international fondé sur des règles et la Charte des Nations Unies, et à promouvoir ainsi le renforcement du multilatéralisme et de l’architecture mondiale du contrôle des armements.   

Les déclarations du matin ont déjà donné lieu à des droits de réponse de la part de la Fédération de Russie, de l’Iran et de la RPDC.   

La Commission poursuivra, demain, à 10 heures, son débat général sur tous les points à son ordre du jour.   

 DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE 

Déclarations liminaires 

M. RYTIS PAULAUSKAS, Président de la Première Commission, s’est dit certain que cette session allait certainement être l’occasion d’avoir des discussions fructueuses.  Il a rappelé que le Secrétaire général avait décrit un monde confronté à des défis importants dans le domaine du désarmement.  Après avoir regretté l’impossibilité à mettre en œuvre un consensus dans de nombreux domaines, il a estimé que tous les pays doivent honorer les principes de la Charte des Nations Unies.  L’invasion de l’Ukraine a des implications pour le monde entier et la menace nucléaire est présente, a‑t‑il rappelé, avant de regretter la suspension de la mise en œuvre du Traité New START et le fait que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’agir contre la non-prolifération.   

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que le travail de la Première Commission est essentiel à la poursuite conjointe de la paix et de la prospérité dans le monde.  « Nous devons être conscients que la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale se déroule dans le contexte de la plus grande crise géopolitique depuis des décennies », a‑t‑il déclaré.   

M. Dennis a réaffirmé que la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine constitue une violation grave de la Charte des Nations Unies, ajoutant que « la menace nucléaire, quant à elle, est une véritable menace existentielle qui jette une ombre sur tout ce que nous cherchons à faire pour maintenir la paix et la sécurité mondiales ».  La Première Commission a l’immense responsabilité de sortir de l’impasse et de remettre le programme de désarmement sur les rails, a‑t‑il déclaré. 

L’augmentation des stocks nucléaires ainsi que les progrès technologiques qui rendent les armes nucléaires encore plus meurtrières ont pour conséquence qu’une seule arme peut anéantir l’humanité, a déclaré le Président de l’Assemblée générale, qui a imploré les États Membres de ne pas tenir de discours incendiaire sur leur utilisation.  Il a exhorté les États Membres à remplir la promesse du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à faire entrer en vigueur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).   

M. Dennis a par ailleurs estimé qu’une action résolue est nécessaire pour lutter contre le mauvais usage, le transfert illicite et l’accumulation d’armes classiques, appelant la Première Commission à agir afin d’éviter une telle accumulation.  Il a jugé préoccupant le recours croissant aux armes incendiaires, alors que les systèmes d’armes létaux autonomes (SALA) soulèvent de nouvelles préoccupations éthiques, du fait du risque de s’en remettre à des robots pour prendre des décisions concernant la vie et la mort.  Il a aussi noté une utilisation malveillante croissante du cyberespace et exhorté les États Membres à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le cadre convenu de comportement responsable des États.   

M. Dennis a enfin rappelé que l’espace devait être utilisé à des fins exclusivement pacifiques, déplorant l’augmentation des débris orbitaux, la commercialisation de l’espace et le déploiement d’armes antisatellites dans l’espace, alors qu’une réglementation adéquate fait cruellement défaut.  À cet égard, il a demandé l’adoption de règles juridiquement contraignantes.  Enfin il a encouragé les États Membres à choisir à nouveau « des priorités partagées plutôt que des priorités nationales ».   

M. IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, qui intervenait pour la septième année consécutive devant la Première Commission, a d’abord souligné les signes d’espoir en faveur d’une action multilatérale qui se sont manifestés en 2023, dans un contexte pourtant difficile.  Elle a notamment cité le « Pacte pour l’avenir », adopté par consensus par l’Assemblée générale, qui considère comme fondamentales la paix et la sécurité internationales.  Revenant sur le « Nouvel Agenda pour la paix » du Secrétaire général, qu’elle a qualifié de lucide et d’une ampleur considérable, elle a attiré l’attention sur le fait que ce document reconnaît que le désarmement peut et doit servir d’outil préventif à l’appui de réponses globales en matière de paix et de sécurité, tout en apportant également des contributions essentielles à la réalisation des objectifs de développement durable.   

À la base de ces appels du Secrétaire général se trouve la reconnaissance du rôle primordial de l’Assemblée générale dans la conduite de délibérations de fond dans le domaine du désarmement, a assuré Mme Nakamitsu, pour qui « la Première Commission porte une énorme responsabilité » à cet égard.  « Vous tous ici présents aujourd’hui avez un rôle déterminant à jouer pour garantir que le désarmement soit au centre des efforts multilatéraux à ce moment critique de l’histoire », a‑t‑elle dit.   

La Haute-Représentante a rappelé chacun à ses responsabilités en matière de désarmement nucléaire, appelant à des mesures concrètes telles que le renforcement de la confiance et l’amélioration des outils de communication en cas de crise.  Elle a appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à revenir à la pleine mise en œuvre du Traité New START, estimant que ce dernier représente davantage qu’un traité bilatéral en ce qu’il constitue la base de la sécurité collective.  Elle a appelé au renforcement du régime de non-prolifération nucléaire aux préoccupations croissantes de sécurité régionale et aux progrès technologiques, appelant les États à apporter, dans cette perspective, l’assistance nécessaire à l’Agence internationale de l’énergie atomique pour qu’elle puisse remplir son mandat partout où elle intervient.   

Mme Nakamitsu a également appelé à faire plus pour renforcer les solutions régionales de désarmement, notamment par le biais de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), saluant les progrès encourageants dans les délibérations sur une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Enfin, elle a répété que les États doivent continuer à prendre des mesures qui contribueront, non seulement à instaurer un monde sans armes nucléaires, « mais aussi à le maintenir ». 

Après avoir appelé les États Membres à réaffirmer par des actions concrètes leur soutien à la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC) et la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (CABT), pour en renforcer la portée et l’efficacité, la Haute-Représentante a insisté sur le fait que le succès des instruments de lutte contre les armes classiques dépend de la volonté politique des pays.  Elle a donc invité les États Membres à soumettre sans délais leur rapport en vue de la tenue, en juin prochain, de la quatrième Réunion des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux armes légères et de petit calibre.   

Rappelant que les munitions avaient été longtemps considérées comme « orphelines » du contrôle des armements conventionnels, Mme Nakamitsu s’est félicitée que les discussions approfondies des dernières années aient abouti à l’adoption d’un ensemble d’engagements politiques constituant un nouveau cadre mondial sur la gestion des munitions conventionnelles, parlant d’une « formidable réussite ».  Elle a dit attendre avec attention l’approbation, par la Première Commission, du Cadre mondial et des prochaines étapes de sa mise en œuvre opérationnelle. 

La Haute-Représentante a également souligné ensuite « l’impératif humanitaire » qui doit continuer à guider nos efforts de désarmement.  Notant aussi les dangers croissants liés à la militarisation des technologies nouvelles et émergentes, elle a demandé aux États Membres de soutenir notamment les travaux du Groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) sur la sécurité des technologies de l’information et des communications.  Dans le domaine de l’espace, elle a salué le fait que la Commission du désarmement ait pu formuler des recommandations sur des mesures de transparence et de confiance dans les activités spatiales, y voyant la démonstration « qu’un consensus peut être obtenu sur les questions touchant à la sécurité stratégique ».  Elle a aussi cité les appels du Secrétaire général à élaborer des normes, règles et principes concernant l’utilisation des applications militaires de l’intelligence artificielle. 

Enfin, la Haute-Représentante a exhorté les pays à faire en sorte que le mécanisme de désarmement et de sécurité internationale soit adapté à ses objectifs pour qu’il puisse vraiment faciliter la gestion des menaces dans les domaines traditionnels et nouveaux et afin d’identifier des solutions innovantes.   

Déclarations 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a réaffirmé l’attachement du Mouvement aux dispositions de la Charte des Nations Unies, ajoutant que l’aggravation des tensions politiques rendait le désarmement nucléaire urgent.  Rappelant que cette question demeure l’une des principales priorités de l’ONU, le représentant a regretté le manque de progrès de la part des États dotés, ajoutant que ces derniers s’acquittent au contraire de moins en moins de leurs obligations.  Il a également noté que l’on continue d’améliorer qualitativement les armes existantes et d’en créer d’autres, ce qui, a‑t‑il dénoncé, va à l’encontre du TNP.   

Le Mouvement des pays non alignés est favorable à l’instauration d’un instrument juridique non discriminatoire, afin que les États non dotés obtiennent la garantie que les armes nucléaires ne soient pas utilisées contre eux.  Il en fait une priorité absolue.  Le Mouvement des pays non alignés réaffirme également son engagement en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires, seule véritable garantie contre leur utilisation.  Il plaide pour que les États adhérents au TNP garantissent l’accès de tous les États Membres aux technologies nucléaires à des fins pacifiques, rappelant le Plan d’action global commun (PAGC) signé entre l’Iran et le groupe UE-3, et appelant à sa mise en œuvre pleine et entière par toutes les parties. 

Le représentant a également fait part de son inquiétude face au risque immense que fait planer toute attaque contre des installations nucléaires, tout en rappelant que la sécurité nucléaire incombait avant tout aux États eux-mêmes.  Il a enfin demandé le respect du statut de dénucléarisation des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), soutenant la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Il a appelé toutes les parties à donner suite à ce projet, rappelant qu’il avait été initié en 1974 déjà par l’Iran.  Dans ce cadre, il a demandé qu’Israël renonce à l’arme nucléaire, adhère au TNP et place ses infrastructures nucléaires sous le régime de garantie de l’AIEA.  Enfin, il a rappelé que le Mouvement des pays non alignés est favorable à une adhésion universelle au TICE. 

Par ailleurs, le Mouvement des pays non alignés rejette la déclaration des États-Unis en 2018 selon laquelle l’espace est « le prochain champ de bataille » et souligne la nécessité urgente de commencer un travail de fond, notamment au sein de la Conférence du désarmement sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  Il est déçu que le projet de rapport du Groupe d’experts gouvernementaux (GEC) créé sur cette question soit bloqué du fait d’un État alors qu’il aurait pu représenter une bonne base pour de nouvelles négociations en vue de l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur la question.  Il prend aussi note des discussions en cours au sein du Groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) sur la réduction des menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable dans l’espace. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), au nom du Système d’intégration centraméricain(SICA), a réaffirmé sa conviction que la paix et la sécurité internationales seront obtenues par le respect et l'adhésion aux principes de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’en s'abstenant de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale des États.  

Les défis auxquels la région centraméricaine continue d'être confrontée en termes de sécurité sont nombreux et ont trait à la sécurité publique, a déclaré la représentante. La violence y est liée à la présence de marchés illicites, qui sont le produit de la criminalité transnationale organisée. Pour réduire et éradiquer le détournement d'armes, les États membres du SICA intégreront dans leurs législations nationales respectives le Programme d'action sur les armes légères et l'Instrument international de traçage (ITI), a-t-elle déclaré.  

Par ailleurs, la représentante a réaffirmé l'objectif d’un désarmement nucléaire complet, irréversible et vérifiable, dans l'intérêt d'un monde exempt d'armes nucléaires. Elle s’est opposée au perfectionnement des armes nucléaires existantes, réaffirmant la nécessité d'éliminer le rôle des armes nucléaires dans les doctrines stratégiques et les politiques de sécurité. Elle a dit la fierté des pays membres du SICA d’être tous parties au Traité de Tlatelolco, à l’origine de la première zone exempte d'armes nucléaires, dans une région densément peuplée. À cet égard, elle s’est félicitée des trois sessions de la Conférence pour la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Elle a, de même, rappelé que l’Amérique centrale est la première sous-région dont tous les États ont adhéré au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a dit attendre avec impatience la tenue de la deuxième Réunion des États parties au Traité, qui se tiendra du 27 novembre au 1er décembre 2023 sous la présidence du Mexique. Elle a aussi réaffirmé la nécessité d'une entrée en vigueur rapide du TICE. 

La représentante a réaffirmé le droit inaliénable des États de développer la recherche, la production et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire conformément au TNP. Elle a regretté que la dixième Conférence d'examen du TNP se soit achevée sans qu'un document final ait été adopté. Elle a réaffirmé que le TNP ne confère à aucun État le droit de posséder indéfiniment des armes nucléaires. 

Par ailleurs, les États membres du SICA se félicitent du succès de la onzième réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, tenue le mois dernier à Genève, et de ses conclusions. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie), au nom du Groupe des États arabes, a appelé à la poursuite d’efforts visant à l’universalité du TNP et autres instruments multilatéraux relatifs à ces armes.  Le représentant a ajouté qu’il est essentiel, pour contribuer rapidement à la paix et à la sécurité régionales et internationales, de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, appelant tous les États de la région arabe, ainsi que les États dotés, à participer de bonne foi aux discussions en cours à New York sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, en particulier lors de la quatrième session de la Conférence du même nom qui aura lieu au Siège, sous présidence libyenne, en novembre prochain.   

Le Groupe arabe insiste également sur l’importance de mettre en œuvre les trois piliers du TNP de manière équilibrée, en vue d’aboutir à un document final susceptible de renforcer la confiance dans le Traité en 2026, à l’occasion de la prochaine conférence d’examen des États parties.  Les États dotés doivent honorer leur engagement en matière de non-recours aux armes nucléaires contre des États non dotés, et ce, jusqu’à ce que l’élimination totale et irréversible de tous les stocks d’armes de ce type ait été réalisée, a déclaré le représentant.   

M. ERIK LAURSEN (Danemark), au nom du Groupe des pays nordiques, a déploré l’annonce par la Fédération de Russie de la suspension de sa participation au Traité New START et le déploiement d’armes nucléaires au Bélarus en violation du mémorandum de Budapest, un geste jugé irresponsable de la part de ces deux pays. Les pays nordiques condamnent en outre l’agression illégale, non provoquée et injustifiable de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, ainsi que le Bélarus pour son rôle dans l’agression russe, a-t-il ajouté.   

Dans l’ensemble du mécanisme de désarmement, nous voyons comment la Russie entrave la participation des États Membres, des organisations internationales et de la société civile à divers titres, a poursuivi le représentant, qui a jugé inacceptable et inquiétante cette tendance.  Pour les pays nordiques, le multilatéralisme ne peut être crédible que s’il est appliqué d’une manière qui respecte l’inclusivité et la transparence.   

Les pays nordiques appellent la Chine à s’impliquer davantage et en toute transparence dans les discussions sur le contrôle des armements.  Ils rappellent que le TICE fait partie intégrante dudit mécanisme et exhortent les États visés à l’annexe 2 du Traité à le signer et le ratifier pour permettre son entrée en vigueur.  Ils continuent d’appuyer la conclusion d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, les États devant dans l’immédiat maintenir un moratoire sur la production de celles-ci.   

Après avoir salué le rôle de l’AIEA dans la gestion des crises à Zaporizhzhia et en Iran, le représentant a exhorté la République populaire démocratique de Corée à abandonner de manière vérifiable et irréversible ses programmes nucléaires et balistiques, à répondre favorablement aux offres de dialogue sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et à s’abstenir de procéder à tout essai nucléaire.   

Sur les autres armes de destruction massive, les pays nordiques soutiennent sans équivoque les activités impartiales et indépendantes du Secrétariat technique de l’OIAC et regrettent que la cinquième Conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques se soit achevée en début d’année sans que ne puisse être publié un document final consensuel.   

S’agissant des armes classiques, les pays nordiques plaident pour l’universalisation du Traité sur le commerce des armes et appuient les activités menées dans le cadre des instruments onusiens de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Ils considèrent que la question des systèmes d’armes létaux autonomes doit être examinée dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques.   

Le représentant a également réaffirmé le soutien des pays nordiques à la résolution appelant à un comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique et à la création d’un nouveau groupe de travail à composition non limitée chargé de formuler des recommandations sur l’élaboration de normes, de règles et de principes en faveur d’un tel comportement.   

Un cyberespace accessible, libre, ouvert et sécurisé est fondamental pour la croissance économique et le développement, ainsi que pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a poursuivi le représentant, affirmant la détermination des pays nordiques à promouvoir la pleine application du droit international existant dans le cyberespace, a-t-il dit encore à ce propos.  Enfin, le représentant a rappelé l’attachement des pays nordiques à la féminisation des travaux de fond de la Commission.   

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a fait part de ses préoccupations face aux tensions géopolitiques, à la modernisation des arsenaux nucléaires et aux menaces d’utilisation de ces armes.  La représentante a jugé inacceptable que l’on emploie les armes nucléaires comme un outil de coercition.  Elle a déploré que le monde soit loin aujourd’hui de progresser sur la question du désarmement nucléaire, alors même que l’ONU en a fait sa priorité dès sa création, il y a 78 ans.  Elle a réitéré le soutien de son pays à la création de zones exemptes d’armes nucléaires et au TIAN.  Elle a également apporté son soutien au Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, saluant sa capacité à construire un monde qui dépasse les notions traditionnelles en termes de sécurité.   

La représentante a également évoqué les répercussions « dévastatrices » des armes légères et de petit calibre, responsables de flambées de violence et de nombreuses victimes.  Elle a plaidé pour davantage de collaboration internationale afin de renforcer les mécanismes juridiques existants, préconisant des échanges d’informations, notamment sur les flux financiers, pour mieux contrôler la circulation de ces armes.  Elle a affirmé que les questions relatives aux armes et aux munitions ne sauraient être abordées séparément. 

Enfin, la représentante a rappelé que les progrès scientifiques et technologiques ont permis de créer de nouvelles catégories d’armes, dont l’automatisation remet en cause le contrôle final des humains.  Le Mexique s’efforce de réguler l’utilisation des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA).  En outre, elle a mis en garde contre l’utilisation des espaces extra-atmosphérique et cybernétique à des fins de confrontation et de dissuasion, aux dépens de la sécurité internationale, appelant à leur utilisation pacifique et pour le développement.   

M. OLOF SKOOG, de l'Union européenne (UE), a rappelé les nombreux défis qui empêchent le développement de la paix et de la sécurité internationales et qui, ne pouvant être relevés par un seul pays, doivent être résolus collectivement.  C’est pourquoi, a assuré le représentant, l’Union européenne et ses membres continueront à défendre l’ordre international fondé sur des règles et sur la Charte des Nations Unies, et à promouvoir et renforcer le multilatéralisme, l’architecture mondiale du contrôle des armements, le désarmement et la non-prolifération ainsi que les régimes de contrôle des exportations.  Le représentant a déploré la position d’obstruction de certains États, qui bloquent le consensus dans les forums multilatéraux de désarmement, notamment lors de la première session préparatoire de la onzième Conférence d’examen du TNP, à Vienne.  La viabilité et l’efficacité des accords sur le contrôle des armements, le désarmement et la non-prolifération exigent que ces accords soient pleinement mis en œuvre, respectés et appliqués, a-t-il estimé.   

Le représentant a réaffirmé sa condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  L’UE condamne en outre l’accord entre la Russie et le Bélarus visant à installer des armes nucléaires à la frontière de l’Ukraine.  La Russie sape la paix et sécurité internationales, a affirmé M. Skoog, pour qui elle doit cesser toute action militaire en Ukraine.  Par ailleurs, le représentant s’est dit terrifié par la campagne d’attaques de drones envers des civils en Ukraine et a condamné la République islamique d’Iran pour avoir fourni des drones à la Russie en violation de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité.   

M. Skoog a appelé les États à s’abstenir de toute action qui irait à l’encontre du TICE.  Il s’est dit préoccupé par la poursuite de programmes de missiles balistiques par plusieurs pays, en violation des résolutions du Conseil de sécurité et a demandé le démantèlement immédiat de ces programmes.  Il a aussi soutenu les instruments d’interdiction des armes chimiques et biologiques. 

La réduction des arsenaux nucléaires stratégiques déployés dans le cadre du Traité New Start contribue à la mise en œuvre de l’article VI du TNP par la réduction globale des stocks mondiaux d’armes, a fait valoir le représentant, qui a exhorté la Russie à se conformer immédiatement au Traité New Start.  Il a souligné que les deux États dotés des plus grands arsenaux nucléaires ont une responsabilité particulière dans le domaine du désarmement nucléaire et du contrôle des armements.  En outre, compte tenu de l’augmentation de l’arsenal nucléaire chinois, il a appelé la Chine à adhérer aux futurs accords de contrôle des armements et à prendre des mesures pour améliorer la transparence de ses armes nucléaires et de sa doctrine, afin d’éviter toute escalade.   

L’UE exhorte en outre la République populaire démocratique de Corée à entamer un dialogue menant à la dénucléarisation de la péninsule de Corée.  Enfin, le représentant a accusé la République islamique d’Iran de violer le Plan d’action global commun, condamnant notamment sa décision de réfuter certains des inspecteurs de l’AIEA.   

Mme BONNIE JENKINS (États-Unis) a présenté les États-Unis comme les champions des efforts de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération, « que ce soit ici, dans le processus de révision du TNP, à Genève ou ailleurs dans le monde ».  Si nous n’agissons pas maintenant, le chemin à parcourir ne fera que devenir encore plus semé d’embûches, a averti la représentante, qui a invité ses homologues à œuvrer ensemble au cours des cinq prochaines semaines, pour réaliser les progrès qui demeurent possibles.   

La représentante a appelé, à cette fin, à la levée des blocages qui empêchent, à New York comme à la Conférence du désarmement à Genève, d’avancer dans la réalisation des objectifs internationaux de désarmement et de sécurité internationale, qu’ils soient anciens ou nouveaux.  Elle a notamment souhaité que les discussions qui ne peuvent se tenir de manière constructive à Genève aient lieu pendant la session de la Commission, en particulier sur la nécessité d’établir une norme interdisant l’utilisation d’armes radiologiques et sur celle de finaliser un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  Sur ce dernier point, elle a appelé les États Membres à appuyer de manière unanime le projet de résolution que présentera le Canada.   

Après avoir condamné l’agression illégale de l’Ukraine par la Russie et le danger majeur qu’elle fait peser sur la sûreté nucléaire dans la région et au-delà, la représentante a exhorté l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à renoncer à leurs activités nucléaires illégales au regard du droit international.  Saluant le rôle de l’AIEA dans les régions où elle est amenée à intervenir, elle a alerté sur le fait que les activités actuelles de commerce d’armes entre la Russie et la RPDC ne font que saper davantage le régime multilatéral de non-prolifération et la sécurité internationale au sens large.   

Ces réalités nouvelles rendent notre travail visant à préserver et à renforcer ce que nous avons construit ensemble incroyablement difficile, a admis la représentante, pour qui, toutefois, « cela n’excuse pas l’inaction ».  Chacun en effet ici est confronté à un choix entre ceux qui recherchent l’action et le progrès et ceux qui préfèrent les reporter à plus tard, entre ceux qui font preuve de transparence même lorsque cela est difficile et ceux qui agissent de manière opaque, entre ceux qui recherchent le consensus et ceux qui le brisent, a-t-elle asséné.  Optons pour un TNP plus fort, pour une Conférence du désarmement qui fonctionne, rejetons le fatalisme qui s’est glissé dans nos travaux, a conclu la représentante.   

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a déclaré qu’alors que divers défis persistent dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale, et que de nouvelles menaces continuent d’émerger, l’élimination totale de toutes les armes de destruction massive reste l’une des principales priorités de la politique étrangère de son pays.  Il faut prendre des mesures urgentes pour trouver des solutions, a ajouté la représentante.  Elle a estimé que la première session du comité préparatoire à la onzième Conférence d’examen du TNP avait été l’occasion d’évaluer l’impact des échecs consécutifs des deux dernières Conférences d’examen.  Nous avons assisté à une autre confirmation de la crise persistante du régime de non-prolifération, a-t-elle déclaré.   

Pour l’Afrique du Sud, l’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) est l’un des développements les plus importants vers l’élimination des armes nucléaires depuis 1946.  La représentante a appelé tous les États à y adhérer.  En tant qu’État partie au Traité de Pelindaba, elle s’est dite fière de plaider en faveur des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), qu’elle a jugées essentielles aux efforts de désarmement nucléaire, et pour renforcer la paix et la sécurité mondiales et régionales.  Elle a appelé à l’établissement de ZEAN dans d’autres régions du monde, où elles n’existent pas encore, rappelant que la résolution de la Conférence d’examen du TNP relative à l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient demeure valide jusqu’à sa mise en œuvre complète.   

Par ailleurs, la représentante a soutenu la Convention d’interdiction des armes chimiques, a condamné l’utilisation de telles armes et a soutenu l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en tant que seule autorité internationale techniquement compétente dans ce domaine.  Elle a regretté que la Conférence d’examen de la Conférence sur les armes biologiques ne soit pas parvenue à un accord sur un résultat substantiel. 

Dans le domaine des armes classiques, la représentante a rappelé l’engagement de son pays de soutenir la mise en œuvre intégrale des conventions de désarmement à caractère humanitaire, comme la Convention sur les armes à sous-munitions, la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et la Convention sur certaines armes classiques.  En ce qui concerne la Convention sur les armes à sous-munitions, l’Afrique du Sud a achevé la destruction de son stock d’armes à sous-munitions le 7 septembre 2023, a-t-elle souligné.   

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a souligné que la poursuite par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques, ainsi que ses tirs récurrents, constituent une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.  Toute coopération entre pays qui contribue à renforcer davantage les programmes d’armes de destruction massive de la RPDC ou ses capacités militaires constitue une autre violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.   

En tant que membre élu du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2024-2025, la République de Corée s’acquittera de manière responsable de son devoir de respecter fidèlement les règles et normes établies pour garantir la paix et la sécurité internationales, a assuré le représentant.  Il a appelé la Fédération de Russie à mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et exhorté la RPDC à cesser toute nouvelle provocation, à choisir la voie du dialogue et à contribuer de manière directe à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Après avoir réaffirmé l’attachement de son pays à la réussite du TNP ainsi qu’à l’entrée en vigueur du TICE et d’un traité interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires, le représentant a souligné l’importance d’initiatives telles que le Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire et celles cherchant à créer un environnement pour le désarmement nucléaire.   

Dans le domaine de l’espace, le représentant a souligné que le prétendu lancement d’un « satellite » par la RPDC n’a aucun lien avec l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  Tout tir par la RPDC utilisant la technologie des missiles balistiques, quel que soit l’équipement transporté, ne peut que contribuer au perfectionnement de la militarisation de l’espace, ce qui contrevient aux dispositions de toutes les résolutions du Conseil de sécurité relatives à ces questions, a-t-il insisté.  Il a exhorté la RPDC à cesser ses provocations et à revenir sur son annonce de procéder au troisième lancement d’un prétendu satellite ce mois-ci.   

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que les pays de cette organisation régionale continuent d’appeler tous les États parties au TNP à renouveler leur engagement en faveur de la mise en œuvre pleine et efficace du Traité et à déployer tous les efforts possibles pour protéger la crédibilité et l’intégrité du TNP.  L’ASEAN les appelle à tout mettre en œuvre pour que soit adopté, par consensus, en 2026, un accord significatif lors la onzième Conférence d’examen du TNP.  Elle appelle aussi les États dotés à remplir leurs obligations en matière de désarmement nucléaire conformément à l’article VI du TNP et à reconnaître, dans ce cadre, la nécessité d’éliminer complètement les armes nucléaires.   

Le représentant a rappelé que tous les États membres de l’ASEAN ont ratifié le TICE, exhortant tous les États de l’Annexe 2 à signer et à ratifier le Traité dès que possible « afin que l’entrée en vigueur du Traité puisse enfin se concrétiser ».  Les pays de l’ASEAN présenteront cette année une version actualisée de leur projet de résolution sur le Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok) et appuieront les textes relatifs au TIAN.  S’agissant des armes classiques, l’ASEAN se félicite de la décision de la huitième Réunion biennale des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux armes légères de créer un programme permanent de bourses de formation à ces armes.  Quant à la revitalisation du mécanisme de désarmement, l’ASEAN réaffirme sa confiance dans les principes du multilatéralisme pour instaurer un ordre sécuritaire mondial fondé sur des règles.   

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), au nom des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a cité plusieurs grands défis géopolitiques, dont les « dangers extrêmes » que représentent le terrorisme international, les acteurs non étatiques et les conflits entre États.  Jugeant nécessaire de redoubler d’efforts, le représentant a salué le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général et son appel à s’accorder sur des solutions plus complètes en matière de sécurité, face aux défis émergents. 

Le représentant s’est inquiété de la prolifération des armes légères et de petit calibre, responsables de la mort de nombreuses personnes innocentes.  Dénonçant le point de vue selon lequel ce commerce ne servirait qu’à des fins de défense, il a souligné que les pays de la CARICOM paient le prix des conséquences funestes de ces armes, alors même qu’ils n’en produisent pas.  Il faut mettre l’accent sur l’éducation, impliquer les jeunes et moderniser le système pénal, a‑t‑il préconisé.  À ce titre, la CARICOM se félicite que l’ONU se soit emparée cette année de la question des munitions.  Un cadre mondial sur les munitions classiques permettra de combler un manque pour un meilleur contrôle des armes, a estimé le représentant, ajoutant que le Programme d’action des Nations Unies était un instrument important pour mobiliser la coopération internationale.  Il a rappelé l’engagement des États de la CARICOM en faveur du Traité sur le commerce des armes. 

En outre, la CARICOM réitère son engagement en faveur de l’élimination des armes nucléaires, laquelle représenterait « le plus beau don » que l’on pourrait léguer aux générations futures.  Rappelant l’attachement de la CARICOM au TNP, le représentant a cependant estimé que sa paralysie plaide en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), sur lequel le groupe mise pour progresser vers l’élimination totale des armes nucléaires.  Il a appelé les pays non encore signataires à y adhérer.   

Enfin, le représentant a souligné les sérieuses questions éthiques que soulèvent les nouvelles technologies, notamment quand elles impliquent l’absence de contrôle humain dans l’utilisation d’armes.  Il a estimé que ces armes pourraient avoir de graves répercussions sur la paix et la sécurité, évoquant la possibilité qu’elles tombent entre les mains de gangs et d’organisations criminelles.  Il a appelé à un élargissement du débat, afin de promouvoir un instrument juridiquement contraignant sur l’emploi des systèmes d’armes létaux autonomes.  En conclusion, il a souligné que la CARICOM était déterminée à continuer d’impliquer la société civile dans les débats sur le désarmement. 

Droits de réponse 

Le représentant de la Fédération de Russie a condamné fermement la tentative des États-Unis de transformer la vérité concernant la crise ukrainienne.  De plus, il a appelé le Bureau à s’abstenir de toute déclaration pour ne pas permettre à un groupe de transformer cette commission en arène prooccidentale.  La crise ukrainienne est née dans la période de la chute de l’URSS, a‑t‑il estimé, ajoutant que, dès cette époque, les États-Unis avaient cultivé un sentiment antirusse en ouvrant à l’Ukraine les portes de l’OTAN.  Ces nouvelles modalités n’ont pas été acceptées par la population et en 2014 le régime de Kiev a jeté son armée dans le Donbass où il a mené à une guerre civile.  Kiev a saboté à la mise en œuvre des Accords de Minsk.  Pendant sept ans, l’armée ukrainienne a frappé des infrastructures civiles, les logements, et a mené un blocus cruel de la région.  Pendant toutes ces années, la Russie a tenté de mettre en œuvre le dialogue mais en vain.  Puis, a ajouté le représentant, Zelenskyy a dit qu’il voulait acquérir l’arme nucléaire.  Nous n’avons pas eu d’autre choix et nous avons dû dénazifier l’Ukraine, a-t-il affirmé, ajoutant que la Russie atteindrait l’objectif qu’elle s’est fixé.   

Le représentant de la République populaire de Corée (RPDC) a répondu à l’Union européenne et aux États-Unis, les accusant de chercher à détourner l’attention de ce qui se passe en République de Corée.  Une menace de guerre a été menée chez nous autour de la péninsule de Corée, a‑t‑il déclaré.  Ce n’est pas de la rhétorique ni une menace potentielle, a ajouté le représentant, la guerre nucléaire est une menace tangible.  « Nous avons dû nous assurer que personne ne puisse menacer nos actifs », a‑t‑il souligné.  Par ailleurs, il a condamné la fourniture par les États-Unis de bombes à sous-munitions à l’Ukraine.  Les États-Unis et l’Union européenne n’ont pas le droit de s’opposer au rapprochement de la RPDC avec la Russie, a‑t‑il ajouté, jugeant déplorable que l’Union européenne reproche à son pays d’exercer son droit souverain.   

Le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté les déclarations mettant en accusation son pays, lequel, contrairement à ce qui a été dit, accepte d’être soumis de bonne foi aux activités de vérification de l’AIEA alors qu’il subit les sanctions unilatérales et illégales des États-Unis.   

Le représentant de la République de Corée a rappelé que la RPDC est bien le seul pays au monde à avoir procédé à un essai nucléaire au XXIe siècle.  Les exercices militaires dont il a été fait état sont destinés à défendre la région et ses populations face au comportement dangereux et menaçant de ce même pays à l’encontre du nôtre, a‑t‑il déclaré.   

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a repris la parole pour répliquer à la République de Corée.  Il a dénoncé la présence de sous-marins nucléaires dans le voisinage de son pays, le déploiement d’activités nucléaires stratégiques et les nombreuses manœuvres militaires dans la région, demandant comment on pouvait considérer de telles actions comme pacifiques.  Ces déploiements ont des effets néfastes sur la sécurité internationale, a‑t‑il estimé, arguant qu’ils poussaient la RPDC à accroître ses capacités de défense face aux agissements des « hooligans » de la Corée du Sud et des États-Unis.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Malgré des désaccords, l’Assemblée générale entérine la déclaration adoptée par le forum politique de haut niveau pour le développement durable

Soixante-dix-huitième session,
15e séance - matin
AG/12541

Malgré des désaccords, l’Assemblée générale entérine la déclaration adoptée par le forum politique de haut niveau pour le développement durable

L’Assemblée générale a, ce matin, fait sienne la « déclaration politique issue du forum politique de haut niveau pour le développement durable », malgré des désaccords sur la teneur du texte, portant principalement sur l’absence de référence aux mesures coercitives unilatérales, mais pas seulement.

Menant la charge, Cuba, qui s’est exprimée au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fustigé cette omission, les sanctions constituant à ses yeux un véritable obstacle à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ignorer leurs conséquences pour « un tiers de l’humanité » est une atteinte aux principes mêmes de la Charte des Nations Unies, a renchéri le Groupe des amis pour la défense de la Charte, par la voix du Venezuela, qui y a vu l’influence de « mentalités suprématistes ».  Un point de vue relayé par la République islamique d’Iran, la Syrie, le Nicaragua ou encore l’Afrique du Sud, tandis que des critiques fusaient sur l’opacité supposée du processus de négociations.

Plus nuancés, le Pakistan, l’Égypte et Oman ont relevé dans cette déclaration politique des avancées significatives à même de favoriser des progrès sur la voie des ODD. Parvenues à mi-parcours de l’échéance, les délégations ont en effet constaté avec inquiétude lors du forum que la mise en œuvre de ces objectifs est en péril.  Adoptée lors du forum politique organisé les18 et 19 septembre à New York, la déclaration vise à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, considéré comme le « point de repère cardinal pour […] surmonter les multiples crises que nous traversons ».

Les progrès réalisés sont « soit beaucoup trop lents, soit en régression par rapport à la situation de départ en 2015 », constate la déclaration politique, à peine 15% des cibles étant en voie d’être atteintes. L’élimination de la pauvreté constitue le plus grand défi auquel est confrontée l’humanité, relève encore le document.

Mais comment parvenir à réaliser ces ODD, face aux tentatives qui s’efforcent de réduire au silence ou simplement d’ignorer le sort de millions de personnes dans les pays en développement frappés par des sanctions coercitives unilatérales ? s’est demandé la Fédération de Russie.  Raison pour laquelle le paragraphe 30 du Programme 2030 aurait dû être inclus tel quel dans la déclaration, a recommandé le Zimbabwe. Il y est demandé instamment aux États « de s’abstenir d’adopter et d’appliquer des mesures économiques, financières ou commerciales unilatérales dérogeant au droit international ou à la Charte des Nations Unies et qui font obstacle à la pleine réalisation du développement économique et social, en particulier dans les pays en développement ». 

Saluant au contraire la transparence des négociations menées avec « compétences et patience » par les cofacilitateurs –Qatar et Irlande–, plusieurs autres délégations, dont l’Union européenne, ont assuré que les perspectives du monde en développement avaient été prises en compte dans le libellé de la déclaration. Si les États-Unis, le groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) et la Colombie ont regretté le niveau d’ambition « mitigé » du texte, leurs réserves portaient plutôt sur le manque de référence à l’égalité des sexes. 

La Hongrie s’est de son côté désolidarisée des éléments de langage relatifs aux migrations internationales, lesquelles ne sont pas aux yeux de cette délégation un outil de développement.

La prochaine séance publique de l’Assemblée générale se tiendra jeudi le 5 octobre, à partir de10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: face à un avenir qui leur échappe, les jeunes expriment frustration et volonté de s’emparer des défis contemporains

Soixante-dix-huitième session,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4373

Troisième Commission: face à un avenir qui leur échappe, les jeunes expriment frustration et volonté de s’emparer des défis contemporains

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé, aujourd’hui, sa discussion générale consacrée au développement social, offrant à près d’une cinquantaine de délégations l’occasion d’exprimer leurs vues sur ce premier point à l’ordre du jour, souvent par la voix de délégués de la jeunesse.  Tour à tour, ces derniers ont partagé leur frustration d’être écartés des processus de décision et de ne pouvoir influer sur les crises contemporaines, mais aussi leur aspiration à devenir pleinement acteurs du destin collectif. 

Résumant le sentiment d’une majorité de ses homologues, l’une des déléguées de la jeunesse du Maroc a regretté que les jeunes n’aient pas assez de voix au chapitre dans les processus décisionnels, avant de plaider pour davantage d’inclusion.  « Exclure les jeunes des décisions, c’est exclure la moitié du monde », a renchéri sa collègue de l’Allemagne, non sans souligner les compétences et les contributions que peuvent apporter les jeunes dans nombre de dossiers, y compris dans la résolution des crises et le maintien de la paix. 

« Nous voulons prendre part aux solutions mais la question est la suivante: nous écouterez-vous? », a lancé, quant à elle, la déléguée de la jeunesse de l’Australie, rejointe dans cette interrogation par nombre de ses homologues, notamment par la déléguée de la jeunesse de Malte, selon laquelle l’ONU se doit de montrer l’exemple en intégrant mieux les jeunes dans ses différentes agences.  Un avis partagé par sa collègue de la Hongrie, pour qui le groupe des délégués de la jeunesse ne reçoit pas toujours l’attention méritée.  Beaucoup ont toutefois salué la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, à l’instar des représentants de la Serbie ou de la République dominicaine. 

Être jeune est « devenu à la mode à l’ONU », a estimé, de son côté, le délégué de la jeunesse du Danemark, qui a dit espérer que cette tendance « ne passe pas aussi vite que la fast fashion ».  Car face aux crises interconnectées, les jeunes sont passés du statut de groupe vulnérable à celui de « moteur de changement », a-t-il fait valoir, se faisant l’écho d’une idée largement relayée par les délégations, à savoir que la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) ne pourra se faire sans les jeunes. 

Une majorité de délégués de la jeunesse ont également partagé leurs angoisses face aux incertitudes de l’avenir.  « J’ai peur, non seulement pour l’avenir des générations futures, mais aussi pour l’avenir des Nations Unies », a ainsi confié la déléguée de la jeunesse de la Finlande.  Prenant l’exemple de l’intelligence artificielle, la jeune femme a qualifié cette technologie d’incroyablement prometteuse, mais aussi porteuse d’inégalités numériques accrues.  

Au cœur des inquiétudes des jeunes figurent aussi, et surtout, les effets des changements climatiques et « la perspective lugubre d’un anéantissement possible », pour reprendre la formule d’une déléguée marocaine.  Son confrère de la Belgique s’est, pour sa part, alarmé du lien entre écoanxiété et aggravation des problèmes de santé mentale des jeunes, rejoint sur ce point par la déléguée de la jeunesse de l’Albanie. 

Autre motif de préoccupation pour la santé mentale des jeunes, les conflits armés et leurs impacts sur les populations ont été évoqués à plusieurs reprises.  Le représentant de l’Ukraine, à la fois diplomate et formateur, s’est demandé comment il pouvait parler d’ODD à ses étudiants depuis un abri antibombe.  À sa suite, le délégué de la jeunesse du même pays a confié à quel point il lui avait été difficile d’envisager l’avenir lorsqu’il avait rejoint les forces armées ukrainiennes au début de l’invasion russe.  Il a expliqué avoir prié pour qu’une bombe ne frappe pas sa maison ou son université. 

Loin des lignes de front, d’autres jeunes se sont dit entravés par des questions liées au genre et à l’identité sexuelle.  Parmi eux, la déléguée de la jeunesse de la Suisse a corrélé questions de genre et difficultés d’accès à l’éducation, déplorant que les personnes menstruées ou victimes d’endométriose, particulièrement dans les pays à faible revenu, soient obligées de manquer l’école faute de structures sanitaires adaptées.  Alors que plus de 50% de la population mondiale est constituée de femmes, de personnes non binaires et transsexuelles, celles-ci devraient avoir un accès illimité à la santé et aux droits sexuels et reproductifs d’ici à 2030, a-t-elle encore plaidé, regrettant la lenteur des avancées en la matière. 

Sur un plan plus traditionnel, la structure familiale a été présentée comme le « socle du bien-être » des plus jeunes par plusieurs délégations, notamment celle du Qatar, du Koweït et de l’Iraq; cette dernière appelant à préserver les familles en tant que cellules premières des sociétés, conformément à l’article 23 du Pacte international pour les droits civiques et politiques. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 2 octobre, à partir de 10 heures.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/78/236)

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/78/211)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/78/134A/78/187A/78/188A/78/189A/78/331A/78/157)

Discussion générale 

Mme VALÉRIE CHIARA WAGNER (Suisse) a décrit la tenue du Sommet social mondial en 2025 comme une opportunité susceptible de faire progresser la justice sociale.  Celle-ci ne peut exister sans respect des droits humains, sans protection sociale et sans garantie des libertés fondamentales, a-t-elle fait valoir, avant d’appeler à créer des opportunités pour les plus défavorisés afin d’améliorer leur bien-être et garantir l’égalité des sexes et l’accès aux droits.  Nous devons encourager une « transition juste », c’est-à-dire un changement structurel vers un ordre social et économique climatiquement neutre, inclusif et égalitaire, a souligné la déléguée. 

À sa suite, Mme ANESCHKA BERCHTOLD, déléguée de la jeunesse de la Suisse, a rappelé que plus de 50% de la population mondiale est constituée de femmes, de personnes non binaires et transsexuelles.  D’ici à 2030, ces personnes devraient avoir un accès illimité à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, a-t-elle plaidé, jugeant toutefois que les progrès réalisés sur cette voie sont trop lents. Elle a ensuite mis l’accent sur la précarité menstruelle, faisant observer que près de 539 millions d’enfants dans le monde vont à l’école sans accès à des installations sanitaires de base, selon les chiffres de l’UNICEF.  Cela implique que les personnes menstruées, particulièrement dans les pays à faible revenu, ne vont pas régulièrement à l’école et manquent ainsi une partie des cours, a-t-elle déploré, indiquant qu’en Suisse, certains cantons et villes proposent depuis peu des protections hygiéniques gratuites dans les lieux de formation et les institutions publiques et sportives. 

La déléguée de la jeunesse s’est également alarmée du nombre de jeunes personnes touchées par l’endométriose, qui ne peuvent pas aller à l’école ou suivre leur formation en raison des douleurs causées par cette maladie.  Pour que les jeunes puissent jouer un rôle moteur dans le développement social, il porte selon elle que nul ne soit entravé dans son éducation et sa formation en raison de son cycle menstruel. 

Mme ALMAHA MUBARAK F. J. AL-THANI (Qatar) s’est réjouie que l’approche de son pays axée sur la promotion des droits humains et l’adoption de mesures législatives ait contribué à générer des résultats positifs en matière de développement social.  Elle a également souligné la volonté du Qatar d’assurer, en tant que pays développé, la promotion du développement durable.  La représentante a ensuite rappelé l’engagement de son pays en faveur de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, indiquant qu’une stratégie nationale met l’accent sur l’égalité des chances et la lutte contre la discrimination.  Une importance particulière est également accordée aux jeunes, a-t-elle poursuivi, avant d’évoquer le plan d’action lancé cette année par le Ministre des sports et de la jeunesse, qui vise à intégrer les jeunes dans les processus décisionnels. 

Le développement social est intimement lié au développement durable, a affirmé la représentante, qui a réitéré l’engagement du Qatar à coopérer dans le cadre multilatéral pour contribuer à la reprise post-COVID-19, sans laisser personne de côté.  Avant de conclure, la déléguée a insisté sur le rôle essentiel de la famille dans le développement de la société. 

M. MYKOLA POPADIUK (Ukraine) a relevé que les jeunes Ukrainiens vivent un moment charnière compte tenu de l’invasion de leur pays par la Russie.  Entre les coupures de courant et les missiles, il a demandé comment, en tant que pédagogue, il pouvait parler à ses étudiants des ODD alors que leurs familles sont menacées et qu’il enseigne dans un abri antibombe.  « Aidez-nous à protéger le droit international », a-t-il exhorté.  Assurant que les jeunes de son pays restent des acteurs du changement, il a noté qu’en cette période de guerre, beaucoup ont innové, se sont battus au front, ont créé des ONG et ont contribué à la reconstruction. Selon lui, toutes ces initiatives peuvent permettre de promouvoir la diversité culturelle et d’éviter que le colonialisme et l’impérialisme ne se répandent dans d’autres pays.  Mais nous ne pouvons résoudre les problèmes seuls, a-t-il concédé. 

À sa suite, M. KYRYLO DEMCHENKO, délégué de la jeunesse de l’Ukraine, a expliqué qu’il avait été très difficile pour lui de penser à l’avenir lorsqu’il a rejoint les forces armées ukrainiennes au début de l’invasion.  Dans les tranchées, il pensait aux « minutes à suivre » et priait pour qu’une bombe ne frappe pas sa maison ou son université.  Dans de telles conditions, il est impossible de se projeter dans l’avenir, a-t-il confié. Selon lui, il faut veiller à ce que l’impérialisme et le colonialisme n’aient aucune place dans nos sociétés et faire en sorte que la liberté et le droit international prévalent toujours.  Plaidant pour que davantage de personnes participent aux discussions pour résoudre ce conflit, il a souhaité que les jeunes représentant les peuples autochtones russes, eux aussi colonisés, rejoignent les jeunes ukrainiens et les aident à vaincre. 

Mme GARCÍA HERNÁNDEZ MARTHA (Cuba) a appelé à un processus intergouvernemental en amont du Sommet social mondial, insistant notamment sur les enjeux du vieillissement, la prise en charge des personnes handicapées, la place de la famille et l’attention portée aux jeunes.  C’est le chemin pris par Cuba, qui a adopté un des codes de la famille les plus progressistes au monde, a assuré la représentante.  Ce code, a-t-elle détaillé, reconnaît les droits des groupes les plus discriminés, parmi lesquels les LGBT+, et permet aussi le mariage entre les personnes de même sexe.  Elle a également indiqué que son gouvernement continue de peaufiner ses programmes de prise en charge des personnes handicapées et qu’une grande partie des membres du Parlement cubain a moins de 35 ans.  La représentante a ensuite fustigé la politique hostile des États-Unis à l’égard de son pays, la décrivant comme la principale entrave au respect des droits humains à Cuba. 

Mme ABLA SKALI, déléguée de la jeunesse du Maroc, a regretté que les jeunes n’aient pas assez de voix au chapitre dans les processus décisionnels, appelant à mettre l’accent sur l’inclusion.  Saluant la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, elle a souligné l’importance de l’éducation, tout en regrettant que les inégalité femmes-hommes persistent dans ce domaine et que les filles en soient toujours privées dans de nombreuses régions du monde.  Elle a appelé les délégations à prendre des décisions pour bâtir un avenir durable. 

À son tour, M. NASER-ALLAH CHAQUKI, délégué de la jeunesse du Maroc, s’est inquiété des changements climatiques qui font planer sur plusieurs pays « la perspective lugubre d’un anéantissement possible ».  Il a appelé les États Membres à placer les jeunes au cœur de la lutte contre ce fléau.  

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a affirmé que son pays était proche d’éradiquer l’extrême pauvreté en 2010, mais que, depuis 2011, la Syrie vit des conditions exceptionnelles, emportée dans une guerre de terreur menée contre elle par des forces étrangères.  Il a dénoncé à cet égard l’hostilité israélienne, ainsi que la présence illégale de la Türkiye et des États-Unis sur le territoire national syrien.  Malgré ces défis, le Gouvernement syrien a poursuivi ses efforts envers les plus discriminés, comme les jeunes, les personnes âgées et les femmes, a fait valoir le délégué.

Parmi les mesures sociales prises par son gouvernement, le représentant a notamment cité l’augmentation de 100% des salaires dans le secteur public et le lancement d’un système permettant de mieux répondre aux besoins des malades, en particulier ceux souffrant de paralysie cérébrale.  Il a aussi évoqué une aide gouvernementale aux enfants souffrant de handicaps multiples et aux travailleurs touchés par la pandémie de COVID-19.  Estimant enfin que créer un environnement social favorable nécessite l’implication des autorités nationales mais aussi de la communauté internationale, il s’est élevé contre le blocus imposé à son pays. 

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a souligné l’importance des programmes de filet de sécurité sociale, indiquant que 16% du budget de son pays est dédié à de telles mesures.  Au total, 27 millions de personnes au Bangladesh reçoivent des transferts de liquidités directs, a-t-il précisé, avant d’évoquer les projets mis en place par son gouvernement pour prendre en charge les personnes ayant perdu leurs logements en raison des retombées des changements climatiques.  Il a d’autre part indiqué que son pays fournit désormais une éducation gratuite et de qualité jusqu’au secondaire et sans distinction de sexe, tout en soutenant la création de start-up.

Face aux défis multiples, le représentant a appelé à la mise en place d’un nouveau contrat social pour l’ensemble de l’humanité, qui permettrait de garantir la justice sociale pour tous.  Ce ne sera possible que si l’ODD no 17 est mis en œuvre, a-t-il souligné, saluant à cet égard la convocation du Sommet social mondial en 2025, afin de réexaminer les lacunes et les progrès concernant l’approche de développement centrée sur les populations. 

M LEW TÖPFER, délégué de la jeunesse de l’Allemagne, a relayé les vœux de ses jeunes compatriotes qui, selon lui, demandent une atténuation des effets néfastes des changements climatiques, un accès équitable aux ressources et une société plus juste.  Sur tous ces sujets, il est temps que les États Membres rendent des comptes et tiennent leurs promesses, a-t-il exhorté.  Les jeunes sont touchés de manière disproportionnée par les crises, a souligné le délégué, relevant que la pandémie de COVID-19 a aggravé la pauvreté, particulièrement chez les jeunes.  Souhaitant que les jeunes puissent militer pour leurs droits afin de répondre aux crises mondiales, il y a vu le seul moyen de parvenir à un système inclusif et juste.  De même, il a plaidé pour que toutes les générations travaillent ensemble au règlement des problèmes contemporains. 

Mme ILKA ESSIG, autre déléguée de la jeunesse de l’Allemagne, a rappelé que les jeunes ne sont pas que l’avenir mais également le présent.  Beaucoup sont des innovateurs, des décideurs, des partenaires ou des experts, a-t-elle fait valoir, soulignant notamment le rôle positif des jeunes dans la résolution des crises et le maintien de la paix.  La déléguée a donc exhorté à inclure la jeunesse à tous les niveaux de décision, grâce à des partenariats, afin de profiter des compétences et des contributions de tous.  « Exclure les jeunes des décisions, c’est exclure la moitié du monde », a-t-elle conclu. 

M. BOLA ASAJU (Nigéria) s’est alarmé de l’accumulation de crises gigantesques et du nombre de pays en développement désormais au bord de la famine. Il a rappelé que les pays en développement, comme le sien, demeurent impactés par la pandémie de COVID-19 et sont en outre disproportionnellement touchés par les catastrophes d’origine climatique, qui plongent les populations dans l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  Face à ces défis, le délégué a appelé de ses vœux une collaboration plus significative entre les États, les agences de l’ONU et les partenaires. 

Au plan national, le représentant a évoqué un programme en huit points, mis en place par le Gouvernement nigérian, pour inclure les personnes les plus vulnérables, telles que les femmes et les filles, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Il est notamment revenu sur une loi récemment adoptée, qui établit un système de prêts sans intérêt aux étudiants issus de milieux défavorisés.  Il a également fait état de transferts en espèces destinés à atténuer l’effet de l’inflation due à la suppression des subventions aux carburants. Cette inflation, a-t-il déploré, a entraîné une augmentation du coût des transports mais aussi des biens et services. 

M. HUSSEIN ATHMAN KATTANGA (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son gouvernement accorde la priorité des investissements aux secteurs des services sociaux, de l’agriculture et de l’agro-industrie, ainsi qu’à l’amélioration des compétences des jeunes.  Le pays fournit une éducation gratuite pour tous, de la maternelle au cycle secondaire, et continue par ailleurs d’élargir l’accès aux soins de santé et à la protection sociale.  En outre, la République-Unie de Tanzanie progresse vers la réalisation de l’objectif 50/50 pour les femmes, pose les jalons d’une participation active des personnes handicapées à des postes publics et politiques, et a mis en place un mécanisme de prêt pour les jeunes dans le cadre du Fonds d’affectation spéciale pour les intrants agricoles. 

Face aux conséquences des changements climatiques, notamment en matière de sécurité alimentaire, le pays a établi le Plan directeur environnemental national pour les interventions stratégiques (2022-2032) dont certaines mesures, a détaillé le représentant, ont contribué à l’obtention d’un taux d’autosuffisance alimentaire du pays équivalent à 114% pour la période 2022-2023.  Tenant compte de l’inflation exacerbée par les changements climatiques, les répercussions de la pandémie de COVID-19 et les conflits armés en cours, le pays accorde également des subventions sur le carburant ainsi que des allègements fiscaux sur l’huile comestible et les engrais, a-t-il ajouté, précisant que le budget de l’agriculture, l’élevage, la pêche et le tourisme, ont été revu à la hausse. 

Mme AUFIYAU KHADEEJA (Maldives) a évoqué les défis spécifiques aux petits États insulaires en développement (PEID) du fait la taille de leur population, de leurs capacités économiques et des changements climatiques.  Malgré ces difficultés, l’Administration actuelle reste engagée à promouvoir un développement social inclusif « pour un avenir plus radieux et équitable », a-t-elle affirmé.  Les Maldives se sont engagées à améliorer l’emploi, les opportunités économiques et l’éducation pour les jeunes, qui représentent plus d’un tiers de la population.  Depuis l’introduction du programme d’éducation gratuite à l’université il y a quatre ans, plus de 16 000 étudiants se sont inscrits et plus de 6 000 ont achevé leurs études. 

La représentante a également mis en avant l’extension du régime national d’assurance santé à la santé mentale et aux soins médicaux à l’étranger, et mentionné la création d’un registre national sur le handicap, incluant les personnes en situation de handicap mental.  En matière de santé publique, les Maldives ont réduit la mortalité maternelle, néonatale et infantile de façon significative, et affichent déjà une espérance de vie de 79 ans.  Toutefois, la déléguée a mis en garde contre des problèmes croissants comme les maladies non transmissibles, le vieillissement de la population et les besoins en matière de protection sociale.  Si elle a salué les progrès en matière d’égalité hommes-femmes, elle a toutefois admis qu’il restait encore beaucoup à faire dans ce domaine, sur les plans social, économique et politique.

Mme RAHMA SAMAI (Algérie) a assuré que les modèles de développement en Algérie sont de nature sociale, comme le veut la Constitution.  La pauvreté a ainsi pu reculer, s’est-elle réjouie, avant de revenir sur les politiques déployées par le Gouvernement sur le plan social.  La déléguée a mentionné une agence publique indépendante de développement social, laquelle octroie par exemple des bourses forfaitaires de solidarité.  Dans un pays comptant 70% de jeunes, l’État protège parallèlement les personnes âgées, leur permettant de rester dans leur milieu familial grâce à des aides destinées à ceux qui les reçoivent.

L’Algérie ne ménage aucun effort pour insérer les personnes handicapées dans la société, a ajouté la déléguée.  Autre priorité du Gouvernement algérien, le phénomène des sans-abris: fin 2022, quelques 380 000 logements ont ainsi été distribués sur l’ensemble du territoire. La reprise post pandémique est une occasion nouvelle de créer des sociétés plus justes, de retourner sur la bonne voie, celle qui mènera au Sommet mondial pour le développement social, a-t-elle conclu.

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO, déléguée de la jeunesse de Monaco, a rappelé que 2025 marquera le trentième anniversaire du Programme d’action mondial pour la jeunesse, appelant à reconnaître les jeunes comme des agents clefs du changement.  Elle a indiqué qu’à Monaco, le Conseil économique, social et environnemental des jeunes avait tenu sa seizième session, cette année, avec pour objectif de permettre aux jeunes lycéens de la Principauté de proposer aux autorités des projets, qui seront débattus au Conseil national et approuvés par un vote. Cette année, ils concernaient notamment la mise en place de panneaux géothermiques, la sécurité des cyclistes et une meilleure intégration des personnes avec une déficience auditive, a-t-elle précisé.  La déléguée a également indiqué que le Gouvernement Princier avait organisé, en septembre, la première édition de « Monaco pour l’emploi » qui a réuni près de 150 entreprises, notamment des secteurs bancaire, hôtelier, numérique et du yachting, et plus de 3 600 visiteurs.  Elle a aussi évoqué deux initiatives internationales en faveur de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes appuyées par la coopération monégasque: l’appel à projets J-Med et le réseau « Méditerranée nouvelle chance » qui accompagne des dispositifs d’insertion pour 52 000 jeunes dans neuf pays méditerranéens. 

Mme EMMA DE GABRIELLE, déléguée de la jeunesse de Malte, a vivement critiqué toutes les formes de violence et de discrimination, qu’elles aient lieu « en ligne ou hors-ligne ».  Elle a souligné que les personnes âgées doivent être en mesure de vivre une vie exempte de violences et de négligences.  De même, les personnes handicapées doivent pouvoir participer pleinement à la société, a-t-elle ajouté, insistant sur la situation des enfants handicapés disproportionnellement affectés par les situations de conflit.  La déléguée a également souligné que l’éducation a un rôle primordial à jouer pour offrir à tous un meilleur avenir, rappelant que c’est la priorité que s’est donnée Malte lors de son mandat au Conseil de sécurité, en établissant un lien entre la maîtrise de la lecture et de l’écriture, et l’accès à la sécurité. 

La déléguée a ensuite plaidé pour que les jeunes soient réellement impliqués dans tous les espaces décisionnels, et pas seulement à un niveau symbolique. L’ONU a le devoir de montrer l’exemple en intégrant mieux les jeunes dans ses différentes agences, a-t-elle estimé, avant de défendre en particulier le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse et le programme des délégués de la jeunesse.

Mme CSENGE OFFENBÄCHER, déléguée de la jeunesse de la Hongrie, a déclaré que les nations ne peuvent plus se prétendre isolées les unes des autres et refuser la solidarité qui s’impose face aux défis communs des changements climatiques, de l’inflation et de la guerre en Ukraine.  Elle a également appelé les États Membres à unir leurs forces pour réaliser les ODD.  Indiquant qu’elle venait elle-même d’une zone rurale du nord de la Hongrie, elle a expliqué qu’elle souhaitait tout particulièrement donner une voix aux filles issues de ces zones. Elle a estimé que le groupe des délégués de la jeunesse ne recevait pas toujours l’attention qu’il méritait, déplorant sa marginalisation au sein du système de l’ONU.  Elle a appelé à une meilleure information et à une communication plus transparente des responsables du programme des délégués de la jeunesse.  Elle a également demandé à tous les États Membres de soutenir le programme des délégués de la jeunesse dans leur pays et de leur fournir un financement suffisant pendant leur mandat. 

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a souligné que la justice sociale est un principe fondamental pour son pays, qui a approuvé en 2020 la Journée mondiale de la justice sociale.  Le Kirghizistan a intégré les ODD dans ses plans stratégiques nationaux, à court et à long terme, et élaboré des politiques pour garantir aux familles les plus pauvres l’accès aux services sociaux, a-t-elle fait savoir.  Afin d’y parvenir, des indicateurs précis et des mécanismes d’échange d’informations entre les municipalités et les diverses institutions du pays ont été mis en place.  La représentante a mentionné que son pays faisait tous les efforts possibles pour garantir l’égalité femmes-hommes et la parité à l’horizon 2030.

Le Kirghizistan a ratifié la Convention sur les droits des personnes handicapées en 2019, a-t-elle indiqué, et fait en sorte que celles-ci aient accès aux infrastructures et puissent participer aux décisions dans tous les domaines.  Concernant les personnes âgées, une stratégie a été instaurée pour leur garantir une vie décente.  Enfin, la représentante a annoncé que son pays fait partie du Conseil des droits de l’homme pour la troisième fois de son histoire et qu’à ce titre, il luttait contre la discrimination, la xénophobie et l’intolérance, tout en plaidant pour renforcer les mécanismes de coopération internationale dans ce domaine.

M. MOHAMED ALSHAMSI, délégué de la jeunesse des Émirats arabes unis, a expliqué que son pays ne ménageait pas ses efforts pour améliorer la qualité de vie de ses ressortissants et des jeunes.  Il a précisé que les Émirats arabes unis accordent la plus haute importance aux jeunes, souhaitant augmenter leur capacité d’autonomie et créer une culture de la jeunesse qui encourage le dialogue et l’acceptation de l’autre.  Des conseils de jeunesse contribuent ainsi au renforcement du potentiel des jeunes afin d’atteindre les ODD et permettent des interactions entre les décideurs politiques et les jeunes, a-t-il poursuivi.  En tant que jeune délégué de l’ONU pour la lutte climatique, il a souligné que c’est la plus grande initiative de ce genre qui a été créée pour intégrer les jeunes dans les négociations dans le cadre de la COP28. 

Mme EMAN ALSEYABI, déléguée de la jeunesse des Émirats arabes unis, est revenue sur les initiatives mises en place dans son pays pour garantir une vie digne aux personnes âgées.  Elle a énuméré les grands piliers sur lesquels la politique nationale pour les personnes âgées repose: la santé, l’engagement social, une vie active, le renforcement de la participation à la vie sociétale, l’augmentation de la qualité de vie et l’autonomie financière.  Les personnes handicapées doivent également jouir de leurs droits, particulièrement dans les domaines de la santé et de l’éducation, a-t-elle ajouté.  Il s’agit de les autonomiser, de les faire participer activement à la société et de les protéger contre toute forme d’abus.  La représentante a réitéré l’engagement des Émirats arabes unis à œuvrer pour le développement social de toute sa population, y compris les jeunes, en créant des partenariats avec d’autres pays.  Les pays pourront continuer à se développer et à bâtir leur avenir tant que les jeunes pourront s’épanouir, a-t-elle conclu.

Mme HESSA ALHAMMADI (Bahreïn) a souligné l’intérêt d’une approche axée sur le développement humain et mettant l’accent sur les personnes les plus vulnérables.  Après avoir rappelé que son pays garantit une éducation et un accès aux soins gratuits, elle a mis en avant le Plan national pour les droits humains 2022-2026, qui comporte 20 projets visant à répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables, dont les personnes âgées, les personnes handicapées et les enfants.  La mise en œuvre de ces programmes est associée à un ensemble d’indicateurs, a précisé la représentante.  Cette stratégie vise au respect des droits des personnes les plus vulnérables et au recueil des données.  Les efforts croissants menés par le Royaume doivent en outre permettre de fournir un emploi décent et sans discrimination aux personnes handicapées, ainsi qu’une éducation et des soins de santé de qualité, conformément à la Constitution, a poursuivi la représentante.  Le pays développe également des projets en matière de logement et de soutien psychologique aux personnes âgées. 

Mme MASAKO KAMIYA (Japon) a estimé qu’en cette période de crises multiples et interconnectées, il importe d’en revenir à la dignité humaine en tant que « langage commun ».  Ce faisant, la communauté internationale peut surmonter les différences de valeurs et faire progresser une « coopération internationale centrée sur l’humain », a-t-elle avancé, jugeant que le développement social devrait être abordé dans cette perspective.  Pour illustrer son propos, la représentante a pris pour exemple la façon dont son pays traite de la question des personnes handicapées.  Au-delà de la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de ces personnes, le Japon a désigné un avocat de renom, lui-même sourd de naissance, comme son candidat à l’élection de l’an prochain à la Commission sur les droits des personnes handicapées, a-t-elle précisé. 

Au plan national, a poursuivi la déléguée, le Gouvernement japonais a élaboré en mars dernier son cinquième programme de base pour les personnes handicapées et a amendé la loi sur l’élimination de la discrimination à l’égard de ces personnes, après d’étroites consultations avec diverses parties prenantes, dont des organisations représentatives de ce groupe cible.  Le Japon est par ailleurs candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme, a-t-elle rappelé, indiquant qu’en cas d’élection le mois prochain, son pays fera tout son possible pour responsabiliser les personnes en situation de vulnérabilité et renforcer la dignité humaine, conformément aux principes de la sécurité humaine. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a rappelé que, depuis 2020, 70 millions de personnes supplémentaires étaient tombées dans la pauvreté, 112 millions souffrent de la faim et plus de la moitié des enfants de la planète vivent dans une pauvreté « multidimensionnelle », incluant le manque d’accès à l’éducation et à la santé.  Dans le même temps, elle s’est inquiétée de l’aggravation du déficit de financement pour atteindre les ODD, actuellement estimé à 4 000 milliards de dollars par an, ajoutant que ce n’était pas un problème de ressources mais de priorités.  « Le statu quo n’est plus une option », a-t-elle martelé, ajoutant qu’il était urgent de recentrer l’action des États sur le bien-être humain. 

La déléguée a soutenu l’appel à la tenue d’un Sommet mondial pour le développement social (SMDS) en 2025, qui devrait englober non seulement la Déclaration de Copenhague et son programme d’action, mais aussi les questions de transformation écologique, de vieillissement, de numérisation et de migrations.  Elle a ensuite appelé à l’intégration des populations les plus vulnérables, notamment les jeunes, les personnes handicapées et les personnes âgées.  En tant que Vice-Président de la soixante et unième session de la Commission du développement social, le Costa Rica a présidé le quatrième processus d’examen du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement, donnant de l’élan aux discussions sur la création d’un instrument international contraignant sur les droits des personnes âgées.  Appelant les États Membres à respecter leurs engagements financiers, la déléguée a souligné l’importance d’utiliser le SMDS pour canaliser les investissements et les partenariats public-privé vers la réalisation de véritables biens publics mondiaux, tels que la protection sociale, la couverture santé universelle et l’éducation.

Mme IMOGEN KANE, déléguée de la jeunesse de l’Australie, a salué les premières nations de l’Australie, avant de s’inquiéter des changements climatiques et de l’inflation qui frappe durement les jeunes, particulièrement dans les communautés marginalisées.  Elle a insisté sur les problèmes d’accès au logement, de sans-abrisme et de santé mentale auxquels la jeunesse est confrontée.  Estimant que le fossé entre jeunes et décideurs se creusait, elle a regretté la participation souvent purement symbolique des jeunes, de même que le manque de représentativité des militants qui prennent la parole en leur nom, bénéficiant souvent, selon elle, d’un accès privilégié à ces positions grâce aux ressources financières et au soutien de leurs parents.  « Nous voulons prendre part aux solutions mais la question est la suivante: vous écouterez-nous? », a-t-elle lancé. 

M. MIHAJLO MATKOVIĆ (Serbie) a affirmé que les jeunes constituent la ressource principale pour atteindre les ODD, pour ensuite saluer la décision d’établir le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Il a également indiqué que, dans son pays, une loi sur la jeunesse est en cours de rédaction.  Le représentant a ensuite reconnu qu’en Serbie la question de la représentativité des jeunes au sein des instances décisionnelles se pose.  Le chômage reste également un problème majeur, a-t-il indiqué, avant de souligner le rôle crucial de l’éducation dans le développement social. 

M. JOSÉ EDUARDO PEREIRA SOSA (Paraguay) a expliqué que son pays a renforcé ses institutions afin de garantir les droits essentiels, tels que l’accès à la justice, à la protection pour les plus vulnérables, à la santé, à l’éducation, au logement et au travail.  Les efforts pour passer d’un système basé sur l’assistance à un système de protection sociale élargie qui répond à des problèmes multifactoriels est sont en cours, a-t-il ajouté.  Il a expliqué que son gouvernement fournit les ressources nécessaires pour mettre en place des interventions coordonnées qui se fondent, notamment, sur l’égalité de droit, la dignité humaine et la protection des droits des personnes en fin de vie.  De même, le cabinet social travaille à l’élaboration de politiques publiques et supervise les programmes sociaux pour réduire la pauvreté.  Il a précisé que ce cabinet coopère avec 26 institutions, y compris des entités comme le crédit agricole de développement et la banque de développement, pour parvenir à ses objectifs.  Toutes les décisions prises ont pour but de réduire la pauvreté au Paraguay, a-t-il assuré. 

M. FNU IMANUEL (Indonésie) a appelé à tenir compte des besoins spécifiques des populations sur le terrain.  La Troisième commission doit aboutir à des solutions concrètes et jouer un rôle actif dans la promotion de discours positifs.  Ces solutions, a-t-il ajouté, doivent aider les États Membres à mettre en œuvre leurs priorités de développement social, notamment en ce qui concerne l’autonomisation des femmes et la protection de leurs droits.  Le représentant a ensuite rappelé que l’Indonésie a accueilli une réunion intergouvernementale de haut niveau pour célébrer les progrès réalisés au cours de la Décennie Asie-Pacifique pour les personnes handicapées.  Il a souligné que des délibérations inclusives et productives entre les pays qui respectent l’inclusion sont essentielles pour créer une dynamique positive permettant à la Troisième Commission de faire avancer le programme de développement social.

Mme ANA MARÍA ALONSO GIGANTO (Espagne), rappelant que seuls 15% des ODD étaient en bonne voie de réalisation, a souscrit au plan de relance du Secrétaire général.  Elle a indiqué que son pays s’était engagé à soutenir tous les efforts visant à accroître les investissements en matière de protection sociale, de travail décent, en incluant les groupes exclus ou vulnérables, y compris les travailleurs de l’économie informelle qui restent en grande partie non couverts.  Elle a souligné la dynamique de renforcement mutuel entre le Programme 2030 et le cadre international des droits humains, qui impose des obligations aux États pour sa réalisation. 

L’Espagne comprend qu’elle doit assurer le bien-être de ses citoyens, tout en assumant sa responsabilité à l’échelle mondiale et à l’égard des générations futures, a affirmé la représentante.  Elle a rappelé que son pays avait mis en place un « bouclier social » en 2021 ayant permis de réduire l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la population, notamment grâce à un revenu minimum.  Elle a plaidé en faveur de la lutte contre les quelque 7 000 maladies rares listées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et dont souffrent 300 millions de personnes dans le monde.  Elle a annoncé que lors de cette session, l’Espagne, le Brésil et le Qatar présenteront une résolution sur ce sujet, espérant pouvoir compter sur les délégations pour une adoption par consensus. 

Mme LUZ DEL CARMEN ANDÚJAR (République dominicaine) a rappelé que le Programme 2030 constitue un outil crucial dans le domaine de la protection sociale.  Il est essentiel de continuer de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour éliminer la faim et la pauvreté et atteindre les ODD, a-t-elle poursuivi.  Soulignant le rôle des jeunes, elle a rappelé qu’ils contribuent à bâtir un multilatéralisme efficace.  Leur participation est essentielle, a-t-elle insisté, en estimant que le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse doit permettre de favoriser la participation des jeunes. 

La République dominicaine a mis en œuvre des mesures pour aider les segments les plus vulnérables de la population, a indiqué la représentante, évoquant un programme d’accès au logement pour les personnes handicapées.  Cette mesure s’est accompagnée de politiques de santé ayant garanti un accès aux soins post pandémie.  Par ailleurs, la loi sur le handicap reconnaît le droit à la participation des personnes handicapées.  Le Sommet mondial pour le développement social devra permettre à la communauté internationale de renforcer le cadre des Nations Unies pour un développement social inclusif en relevant les défis existants, a conclu la représentante.

M. DRAGHIA ALEXANDRU, délégué de la jeunesse de la Roumanie, s’est félicité d’appartenir à la génération de jeunes la plus nombreuse de l’histoire à être directement impliquée dans les processus de prise de décision.  Considérant que l’éducation constitue la « pierre angulaire” de la promotion des droits humains, de la cohésion sociale et de la réduction des inégalités, il a regretté que des millions d’enfants et de jeunes adultes n’y aient toujours pas accès.  Il a par ailleurs indiqué que les délégués de la jeunesse de la Roumanie ont fondé une « Académie du développement durable », qui vise à sensibiliser des jeunes dans tout le pays sur l’importance du Programme 2030 et à former des « ambassadeurs de la durabilité ». 

Mme ANA MARIA LAZARUC, déléguée de la jeunesse de la Roumanie, a quant à elle recommandé d’orienter les efforts gouvernementaux vers des projets de recherche innovants dans des domaines clefs afin d’améliorer le développement social.  Elle a aussi demandé instamment aux décideurs de prendre les mesures nécessaires pour que chaque enfant, chaque jeune et chaque adulte ait la possibilité de développer ses connaissances tout au long de sa vie.

M. JACOB BLASIUS, délégué de la jeunesse du Danemark, a appelé les États Membres à ne pas se contenter de grands discours mais à agir pour trouver une voie ambitieuse vers l’avenir et pour autonomiser les jeunes. 

Intervenant à sa suite, Mme CECILIA ZADE ISENI, elle aussi déléguée de la jeunesse du Danemark, s’est inquiétée d’une réduction des droits démocratiques, qui affecte notamment les jeunes.  Elle a appelé les décideurs du monde entier à faire participer les jeunes pour investir dans une transition écologique juste, par le biais d’emplois équitables. 

M KYAW MOE TUN (Myanmar) a noté la prédominance des défis portant préjudice au bien- être social des populations, particulièrement les plus vulnérables.  Il a illustré son propos en prenant l’exemple de son pays, où près de la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté.  De plus, des écoles et des hôpitaux sont régulièrement bombardés par la junte militaire au pouvoir, tandis que les enfants vivent dans la peur et sont privés de scolarité, a alerté le représentant.  Accusant également la junte d’utiliser la distribution des vaccins comme une arme, il a assuré que le Gouvernement d’unité nationale et d’autres mouvements ethniques de résistance s’emploient à garantir un accès aux soins pour les populations.  Il a enfin regretté l’incapacité de l’ONU d’agir de façon décisive au Myanmar, mettant en garde contre le risque d’une propagation du chaos dans la région, et particulièrement dans les pays limitrophes qui accueillent des réfugiés de la minorité Rohingya.  « Il ne faut pas abandonner le peuple du Myanmar », a-t-il conclu. 

M. BRINZ-YANNICK-MICHEL LENANGUY (République centrafricaine) a souligné l’importance de la scolarisation des enfants, en particulier des filles et des jeunes handicapés, pour obtenir une croissance économique soutenue et durable, avant de mettre en avant les efforts de son pays sur cette question.  Dans le domaine économique, il a insisté sur la nécessité de créer plus d’emplois pour les jeunes, objectif conditionné à l’amélioration du climat des affaires et à la sécurisation des investissements, tout en rappelant que la COVID-19 et la crise humanitaire ont fortement impacté son pays et y ont ralenti la mise en place des ODD.  S’agissant de l’égalité femmes- hommes, le délégué a indiqué que son gouvernement s’engageait à mettre en place une politique visant à la fin des discriminations. 

Sur le plan environnemental, le représentant a affirmé que les conditions de vie se sont améliorées dans de nombreuses régions, notamment grâce à de grands travaux d’assainissement et de désenclavement.  Enfin, rappelant que la République centrafricaine sort progressivement de plusieurs décennies de crises, marquées par des manquements politiques, sécuritaires, sociosanitaires, économiques et environnementaux, il a admis que beaucoup reste à faire pour aboutir à la stabilisation et au développement de son pays.

Mme MANON QUINET, déléguée jeunesse de la Belgique, a dénoncé le tabou autour de la santé mentale, notant que depuis la pandémie de COVID-19, il est impossible d’en ignorer les répercussions.  Elle a appelé à la mise en place de mesures structurelles pour protéger la santé mentale des jeunes.  Ces derniers sont préoccupés par leur avenir, a-t-elle signalé, ajoutant que les conflits armés et les changements climatiques ont une incidence sur leur santé mentale.  



À son tour, M. SAMUEL MUAKU, délégué jeunesse de la Belgique, a déclaré que les jeunes aspirent à remettre en cause le statu quo et sont par conséquent les moteurs du changement.  Déplorant leur manque de participation, il a appelé à se pencher sur le traitement réservé aux jeunes qui font face à des formes intersectionnelles de la discrimination. Il a également insisté sur la nécessité de les outiller pour qu’ils soient conscients de leurs droits. 

M. ALDI KASMI (Albanie) a dit que, dans le contexte de la crise climatique, son pays encourage les États Membres à donner la parole aux jeunes. Pour faire face aux problèmes de santé mentale, l’Albanie lutte contre la stigmatisation et a adopté un plan d’action nationale avec des objectifs clairs facilitant un diagnostic précoce, a indiqué le représentant.  La question de la migration de masse des jeunes est un défi de taille se traduisant par une perte de capital humain qui peut faire obstacle au développement humain, s’est-il inquiété.  À ce titre, il s’est félicité de la création de conditions propices à l’entreprenariat et au bien-être, notamment par un programme mené en partenariat avec l’UNICEF. Rappelant la candidature de l’Albanie pour le Conseil des droits de l’homme, il a souligné l’attention particulière qui sera portée aux enfants et aux femmes. 

Mme PAULA PÄTTIKANGAS, déléguée de la jeunesse de la Finlande, a affirmé que les nombreux jeunes militants avec lesquels elle avait travaillé estimaient que la confiance dans le système multilatéral s’estompait parce qu’il ne s’attaquait pas assez rapidement et efficacement aux nouveaux défis existentiels auxquels l’humanité est confrontée.  « J’ai peur, non seulement pour l’avenir des générations futures, mais aussi pour l’avenir des Nations Unies », a-t-elle confié.  Mettant en avant la nécessité d’une gouvernance anticipative, qui se prépare au changement et à l’incertitude, elle a pris l’exemple de l’intelligence artificielle à la fois incroyablement prometteuse mais jetant une ombre sur le paysage des droits humains et porteuse d’inégalités numériques accrues. 

La déléguée a soutenu l’organisation du Sommet de l’avenir en 2024, la nomination d’un responsable de l’ONU pour les générations futures, la création d’un laboratoire des futurs de l’ONU et les propositions de coopération intergouvernementale des commissions parlementaires pour l’avenir, appelant à doter ces initiatives d’un mandat robuste.  Elle a enfin insisté sur l’importance cruciale de l’information scientifique et de la liberté d’expression, qu’elle a qualifiées de « lignes de vie » pour une prise de décision éclairée en vue d’un monde meilleur.  En conclusion, elle a estimé que si la diversité culturelle pouvait parfois sembler en voie de disparition, c’était précisément là que résidaient l’espoir et la résilience.

Estimant que le bien-être mondial est une entreprise commune, Mme SUMAN SONKAR (Inde) a salué les efforts du G20 sous la présidence indienne en faveur du bien-être de toute l’humanité et de la paix dans le monde.  Si le rythme de progression vers les ODD a ralenti en raison de la pandémie, les efforts pour réduire les inégalités, y compris celles entre les hommes et les femmes, doivent se poursuivre, a-t-elle exhorté.  La représentante a ensuite énuméré les progrès réalisés par son pays dans les domaines des carburants durables, de l’accès aux systèmes d’assainissement, de la couverture électrique, de la vaccination des enfants et de la réduction du taux de mortalité infantile.  L’Inde concentre également ses efforts sur le développement des technologies pour contrer les changements environnementaux, a-t-elle signalé. 

La déléguée a par ailleurs indiqué que des efforts ont été réalisés pour augmenter l’accès aux services sociaux et aux services bancaires pour les femmes.  De plus, le programme de construction de logements accessibles en Inde est le plus important au monde, a-t-elle fait remarquer, avant d’évoquer d’autres mesures sociales, telles que la distribution quotidienne de rations alimentaires à des millions de personnes et l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable et en gaz de cuisine dans les foyers ruraux. Elle a enfin estimé que les sociétés éduquées sont le fondement des économies robustes, saluant à cet égard les coopérations au développement Sud-Sud, le système robuste de start-up et le nombre croissant de brevets déposés en Inde. 

Mme WAFIQAH KHALED NAJEEB A. ALMULLA (Koweït) a appelé à aider les sociétés et les individus les plus vulnérables à se relever de la pandémie de COVID-19, plus particulièrement les femmes, les enfants et les personnes âgées. Affirmant que son pays accorde une attention particulière à la protection sociale, elle a rappelé que l’article 11 de la Constitution koweïtienne accorde une aide sociale aux personnes âgées, handicapées ou incapables de travailler.  Elle a également indiqué que l’article 9 de la Constitution consacre la famille comme « l’unité centrale de la société » et que le Gouvernement koweïtien soutient, à ce titre, les familles vulnérables.   

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a appelé à accélérer les efforts dans la mise en œuvre de programmes visant à réduire les inégalités sociales.  Il a indiqué que, dans cette perspective, le Gouvernement ivoirien a mis en place un ambitieux Programme social en vue de l’éradication de l’extrême pauvreté.  La première phase de ce programme, entre 2019 et 2021, a notamment mis en place la couverture maladie universelle, élargi les bénéficiaires du programme de filets sociaux productifs, renforcé l’accès à l’eau potable et à l’électricité en milieu rural, accéléré la construction de logements sociaux et développé l’autonomisation des jeunes et des femmes.  La deuxième phase, couvrant la période 2022-2024, a précisé le délégué, vise à accélérer le rythme de réduction de la pauvreté et résoudre la fragilité dans les zones frontalières au nord du pays.  Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité d’une action collective pour aborder les questions de développement social, citant les défis liés à la migration clandestine comme illustration parfaite de la nécessaire « mutualisation de nos efforts ».

Mme THOA THI MINH LE (Viet Nam) a fait état de difficultés qui entravent la réalisation des progrès et aggravent les écarts au sein des sociétés. Des troubles politiques empêchent la bonne application des programmes de développement, a-t-elle signalé, avant d’appeler à une coopération au niveau mondial et de souligner le rôle de l’ONU. Rappelant que la population est au cœur des politiques conduites, la représentante a évoqué les programmes visant à améliorer la qualité de vie au Viet Nam depuis 40ans.  Près de 80% de la population est connectée et le pays figure parmi les pays avec un indice de développement humain élevé, a-t-elle noté, avant de rappeler que les taux de pauvreté ont baissé d’environ 1,5% par an. 

Mme FIKRIYE ASLI GÜVEN (Türkiye) a noté la persistance de l’insécurité alimentaire en 2023, exacerbée par les conflits et l’instabilité économique.  Elle a mentionné le rôle central de la Türkiye et de l’ONU dans la mise en œuvre de l’Initiative de la mer Noire, que son pays cherche actuellement à relancer en tenant compte des préoccupations de tous les acteurs impliqués.  La représentante a partagé des données alarmantes de l’Organisation internationale du Travail (OIT), selon lesquelles plus de 4 milliards de personnes dans le monde n’ont accès à aucune forme de protection sociale.  « Le développement social restera incomplet sans l’émancipation des femmes », a-t-elle par ailleurs déclaré, appelant à une rémunération équitable et à une plus grande participation des femmes au travail.

En tant que premier pays d’accueil de réfugiés au monde, la Türkiye a mis en place une politique globale de cohésion sociale, a souligné la déléguée, qui a appelé à « libérer le potentiel des migrants ».  Elle a mis en avant l’approche humaniste de son pays en matière de développement, particulièrement dans son aide au développement des pays les moins avancés (PMA).  La représentante a insisté sur le rôle vital des jeunes comme agents du progrès, évoquant l’existence de plusieurs programmes pour répondre aux besoins des 13 millions de jeunes Turcs.  Elle a précisé que la Banque de technologie des Nations Unies pour les PMA, hébergée en Türkiye, s’engage activement auprès de la jeunesse de ces pays pour les doter de compétences numériques.  Enfin, abordant le vieillissement rapide de la population turque, elle a défendu le plan d’action de son gouvernement, qui vise à permettre aux personnes âgées de vieillir en bonne santé et de participer davantage à la vie sociale. 

Mme MARIA PAULA PERDOMO (Chili) s’est inquiétée du retard pris dans la réalisation des ODD, s’alarmant notamment de ce que plus de 600 000 millions de personnes pourraient souffrir de la faim d’ici à 2030.  Deux milliards d’individus travaillent dans des conditions précaires avec des bas salaires, a aussi relevé la représentante, déplorant que les femmes, enfants, jeunes, personnes âgées ou handicapées, migrants, et autochtones restent les premières victimes des crises mondiales. Face à ces défis, la déléguée a prôné la mise en place de systèmes de couverture universelle prenant en compte la dimension de genre, et capables d’augmenter la résilience aux crises. Depuis 2015, on observe un ralentissement des avancées sociales et même des reculs depuis 2020, a-t-elle regretté, notant que les vraies raisons de la pauvreté - le chômage et marginalité – persistent. Elle a ensuite fait part de son soutien à l’organisation du Sommet social mondial en 2025. 

Mme CELINE PIERRE FABRE (Haïti) a détaillé les multiples défis auxquels son pays est confronté, notamment l’insécurité, les changements climatiques, les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire, l’extrême pauvreté, les conséquences de la COVID-19, et le choléra.  Avec un coefficient de Gini de 1 420 dollars par habitant en 2021 (le plus bas de la région), une cent-soixante-troisième place sur 191 au classement de l’indice de développement humain, et 96% de sa population exposée aux aléas naturels, Haïti est donc dans un état de grande fragilité, a-t-elle alerté. 

Malgré cela, les autorités sont pleinement conscientes de leur devoir d’améliorer la qualité de vie de leur peuple, a assuré la déléguée.  À cet effet, elle a évoqué la Stratégie nationale d’assistance sociale, qui inclut un programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire, la promotion de la paysannerie et la lutte contre l’insécurité alimentaire.  Elle a également mentionné un Programme multisectoriel pour l’apaisement et la réinsertion sociale des groupes vulnérables, citant comme exemple la diminution des coûts de transport en commun pour certaines catégories sociales. Elle a finalement plaidé pour une meilleure mobilisation des ressources à travers des coopération internationales, Nord-Sud et Sud-Sud. 

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a déploré les répercussions des multiples crises qui ont effacé les progrès en matière de développement. Alors que les droits fondamentaux et le développement socio-économique sont aujourd’hui menacés, la pauvreté s’aggrave, a-t-il constaté, exhortant la communauté internationale à se pencher sur des solutions pour tous. Il a ensuite expliqué que le plan national de son pays, qui en est à mi-parcours, démontre des progrès tangibles. Il a évoqué la réouverture des écoles et la création de plateformes d’apprentissage numériques qui permettent aux enfants des zones rurales d’accéder à l’éducation. Le gouvernement a fait de l’éducation pour tous, y compris pour les filles et les femmes, une priorité à laquelle davantage de budget est consacré, a-t-il assuré. Il s’est ensuite penché sur les efforts réalisés en matière de santé publique, tels que le renforcement de l’accès aux centres de planning familial et la réduction drastique du taux de mortalité maternelle et infantile. Il a par ailleurs assuré que, les personnes handicapées verront leurs conditions de vie améliorées grâce à un plan d’action. Malgré les succès enregistrés, il reste encore beaucoup à faire pour réduire les écarts entre les zones urbaines et rurales, a-t-il averti. Bien que ce soit notre priorité, a-t-il ajouté, nous avons besoin d’une aide financière. 

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, Observateur permanent du Saint-Siège, a érigé la dimension sociale du développement en un devoir d’action et d’esprit de fraternité.  Il est essentiel de travailler ensemble pour créer les conditions favorables au développement humain, a-t-il déclaré, en commençant par l’éradication de la pauvreté dans le respect des différentes valeurs et priorités.  Le développement humain implique également le bien-être social, spirituel et culturel de tous, a-t-il poursuivi, ce qui demande la reconnaissance d’une humanité commune plutôt que de réduire les individus à une catégorie spécifique ou à un groupe identitaire. 

Le représentant a ensuite réitéré l’importance de la famille en tant qu’« unité de groupe naturelle et fondamentale de la société ».  Les systèmes de protection sociale devraient donc, selon lui, soutenir en priorité les familles et encourager les mères et les pères à œuvrer pour le bien-être de leur progéniture.  L’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants est également primordial pour une société faite de citoyens responsables, a-t-il jugé, et les programmes éducatifs devraient soutenir les parents dans leurs droits et leurs devoirs en tant qu’éducateurs de premier plan.  Il a ajouté que la formation professionnelle devrait aussi permettre aux travailleurs expérimentés d’acquérir de nouvelles compétences ou de se réorienter. Selon ses dires, un système économique équitable doit permettre une autonomie des individus et s’atteler à diminuer le chômage des jeunes, le travail clandestin et les violations des droits de travailleurs.  C’est seulement en mettant la solidarité en pratique, en particulier envers les plus vulnérables, que nous pourrons atteindre le véritable développement social, a-t-il conclu. 

Mme ELEANE YAOSKA PICHARDO URBINA (Nicaragua) a critiqué l'imposition à son pays de sanctions « unilatérales, illégales, injustes et corrosives » qui entravent ses efforts dans l’accomplissement des ODD. Elle a vanté les mérités du modèle sandiniste en place depuis 2007, qui est fondé sur la réduction de la pauvreté et des inégalités, la création d'emplois, la promotion des investissements et la protection des ressources naturelles.  

Affirmant qu’une santé gratuite et de qualité avait toujours été une priorité pour le Front sandiniste de libération nationale au pouvoir, la représentante a mentionné la construction et l'amélioration de 1 250 centres de santé depuis 2007, l’augmentation du nombre de lits d’hôpitaux à plus de 6 000 aujourd’hui et la présence d’au moins une maternité dans chacune des 153 municipalités du pays. 

Concernant le respect des droits humains, la déléguée a évoqué la mise en œuvre d’initiatives pour les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées, ces dernières ayant accès à des services de base grâce à des subventions). Elle a enfin insisté sur le rôle actif de la jeunesse dans la réalisation des programmes sociaux, culturels, éducatifs et environnementaux du pays, renforçant ainsi leur importance dans le développement national. 

M. FIRAS HASSAN JABBAR AL-KHAQANI (Iraq) a indiqué que l’existence de crises multiples constitue une source de préoccupation majeure, citant notamment l’insécurité alimentaire, les changements climatiques, le manque d’accès aux ressources hydrauliques, ou les répercussions sociales de la COVID-19.  Après avoir appelé au renforcement de la coopération Nord-Sud, ainsi qu’au niveau du système de l’ONU, il a évoqué l’adoption, en 2023, de la loi 18 relative à la protection sociale.  Il a précisé que cette législation s’applique à tous les secteurs et assure une vie digne aux travailleurs et leur famille.  Il a également mentionné le plan de développement national pour la période 2023-2027 ainsi que le troisième plan national pour la réduction de la pauvreté.

Soucieux de préserver les familles en tant que cellule première des sociétés conformément à l’article 23 du Pacte international pour les droits civiques et politiques, il a fait état d’une initiative nationale en cours d’exécution visant à mettre à profit les capacités et les talents des jeunes. 

M. EDER ROJAS (Pérou) s’est inquiété de crises multiples qui ont limité la capacité des États Membres de réaliser le Programme 2030, rappelant que 30% des cibles des ODD n’avaient connu aucun progrès depuis 2015. Si ces tendances perdurent, 575 millions de personnes continueront à vivre dans la pauvreté extrême en 2030, et seul un tiers des pays seront parvenus à réduire la pauvreté de moitié, a-t-il averti, rappelant que l’éradication de la pauvreté est le principal défi auquel le monde est confronté.  Indiquant que le Pérou en faisait sa priorité, il a annoncé que son pays présenterait un projet de résolution consacré à la promotion de l’intégration sociale par l’inclusion sociale et espéré pouvoir compter sur le soutien de tous les États Membres.  Le délégué s’est également inquiété du sort des personnes vulnérables, notamment des personnes handicapées et des personnes âgées, rappelant que les plus de 65 ans passeraient de 10% de la population en 2022 à 16% en 2050. Il a assuré que son pays menait une politique multisectorielle pour faire face à ces situations. 

Mme DJENEBA DABO N'DIAYE (Mali) a indiqué que son gouvernement a pris, en 2019, des mesures de protection notamment à travers l’adoption du programme décennal d’éducation qui vise à améliorer et renforcer la résilience du secteur.  À la faveur du programme, des progrès ont été enregistrés, cependant la crise sécuritaire fragilise les efforts obtenus, contraignant, entre autres, à la fermeture d’écoles, a-t-elle déploré.  Sur le plan sanitaire, elle a fait état de la mise en place de plusieurs régimes d’assurance, dont des mutuelles pour les travailleurs des secteurs informels et agricoles.  De plus, le Gouvernement envisage d’instaurer un régime d’assurance maladie universelle, a ajouté la représentante, avant d’évoquer la mise en œuvre de programmes sociaux destinés aux plus vulnérables parmi lesquels figurent les personnes handicapées, et les personnes déplacées.
  Un examen stratégique a par ailleurs été lancé, en 2016, afin d’identifier les obstacles entravant l’atteinte de l’ODD « Faim zéro » au Mali.  



Mme LAETITIA SCHÖNBURG, de l’Ordre souverain de Malte, s’est inquiétée de l’aggravation de la pauvreté extrême, de l’insécurité alimentaire, de l’absence d’éducation de qualité et du chômage, ajoutant que l’agence humanitaire de l’Ordre intervenait notamment pour lutter contre la pauvreté avec pour philosophie l’autonomisation des communautés concernées.  Elle a aussi indiqué que l’Ordre était actif pour lutter contre l’insécurité alimentaire et favoriser l’accès à l’éducation, à l’énergie et au travail. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trafic d’êtres humains: le Conseil de sécurité reconduit pour douze mois des autorisations d’inspecter les bateaux naviguant au large des côtes libyennes

9429e séance - matin
CS/15428

Trafic d’êtres humains: le Conseil de sécurité reconduit pour douze mois des autorisations d’inspecter les bateaux naviguant au large des côtes libyennes

Au lendemain d’une séance consacrée à la situation des migrants en Méditerranée et au rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2240 (2015), le Conseil de sécurité a décidé ce matin de reconduire, pour une nouvelle période de douze mois, les autorisations visées aux paragraphes 7 à 10 de ladite résolution. 

Pour l’essentiel, ces dispositions consistent à autoriser des États et organismes régionaux à inspecter des bateaux naviguant en haute mer au large des côtes libyennes s’ils ont « des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ou la traite d’êtres humains en provenance de Libye », et à condition que ces États Membres et organismes régionaux cherchent de bonne foi à obtenir le consentement de l’État du pavillon avant de procéder à l’inspection.  Les mêmes États sont autorisés à saisir « des navires inspectés dont ils ont la confirmation qu’ils sont utilisés à de telles fins ».  Ces États sont en outre autorisés « à utiliser tous les moyens dictés par les circonstances spécifiques » dans leur lutte contre les trafiquants de migrants et d’êtres humains « dans le strict respect du droit international des droits de l’homme », sachant que ces autorisations ne s’appliquent pas aux navires jouissant de l’immunité souveraine en vertu du droit international, et doivent en outre éviter de causer des dommages au milieu marin ou de porter atteinte à la sécurité de la navigation.

Adoptée par 14 voix et l’abstention de la Russie, la résolution 2698 (2023) reprend le libellé des résolutions annuelles précédentes, mais l’enrichit d’un nombre important de dispositions relatives au droit humanitaire et aux droits de l’homme, tant dans son préambule que dans son dispositif. 

Il est ainsi ajouté un appel du Conseil de sécurité aux États Membres « à placer les droits humains et les besoins immédiats des migrants et des réfugiés au cœur de leurs efforts de prévention et de lutte contre le trafic et la traite des êtres humains ».  De même, le Conseil « affirme avec insistance » que tous les migrants, notamment les demandeurs d’asile, doivent être traités avec humanité et dignité et dans le plein respect de leurs droits et, à cet égard, exhorte tous les États à s’acquitter de leurs obligations au regard du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme et du droit international des réfugiés.  Il exhorte en outre les États à mener des enquêtes et à poursuivre en justice les personnes qui ont commis des actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains en mer, conformément là encore à leurs obligations en vertu du droit international. 

Coauteur du texte avec la France, Malte a déclaré qu’il avait pour but d’envoyer un message fort à tous ceux qui cherchent à tirer parti de ces souffrances humaines, ajoutant qu’il avait cherché à prendre en compte les préoccupations des États Membres sans s’éloigner de l’objet d’une résolution axée sur les droits humains, par laquelle le Conseil peut réaffirmer sa volonté de combattre le trafic et la traite des migrants au large des côtes de Libye.

Si elle a reconnu que les coordonnateurs avaient fait « un travail remarquable » sur le texte adopté en rétablissant dans le texte de la résolution des dispositions importantes tirées de la résolution 2240 (2015) datant de huit ans, la Fédération de Russie a expliqué son abstention en déclarant que, quiconque a lu le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2652 sait que cela ne suffit plus et que le mécanisme prévu par la résolution 2240 et les résolutions ultérieures du Conseil de sécurité « ne fonctionne pas ».  Les trafiquants d’êtres humains ne sont pas soumis à la responsabilité pénale et les migrants finissent en prison et continuent de périr dans la Méditerranée, qui est devenue un cimetière pour des milliers de personnes, a affirmé le représentant russe, qui a réclamé « au minimum » de désigner des ports où ils peuvent débarquer, conformément au droit international, et leur fournir un accès au droit. 

Le représentant russe a ajouté n’avoir aucune raison de croire que l’approche inhumaine de l’Union européenne (UE) vis-à-vis des migrants va changer et que les États membres de l’Union européenne vont cesser leur « pratique honteuse » qui consiste à considérer que ces migrants ne relèvent pas de leur juridiction, ce qui conduit à des destins terribles, notamment en ce qui concerne les femmes et les enfants.  Cela ne nous convient pas et c’est pourquoi nous continuerons de demander le respect strict des droits humains de la part des champions des droits humains européens, a-t-il tranché. 

Aux termes de la résolution, le Secrétaire général devra faire rapport au Conseil de sécurité dans les onze mois sur l’état d’avancement de son application.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES (S/2023/640)

Texte du projet de résolution (S/2023/708)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017), 2437 (2018), 2491 (2019), 2546 (2020), 2598 (2021) et 2652 (2022), ainsi que la déclaration de sa présidence en date du 16 décembre 2015 (S/PRST/2015/25),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général daté du 30 août 2023 (S/2023/640) et notamment ses observations sur la détresse des migrants et des réfugiés en Libye,

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Se félicitant des mesures prises pour mettre en œuvre la résolution 2240 (2015) et souhaitant qu’elles continuent d’être appliquées, et prenant note de l’opération de l’Union européenne en Méditerranée EUNAVFOR MED Irini à cet égard,

Se déclarant vivement préoccupé par le trafic de migrants en Méditerranée, qui provient notamment des côtes libyennes, et par le danger qu’il continue de représenter pour la vie humaine et conscient que parmi ces migrants peuvent se trouver des personnes qui répondent à la définition de réfugié au sens de la Convention de 1951 et du Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés,

Soulignant à ce propos que les migrants, notamment les demandeurs d’asile et quel que soit leur statut migratoire, doivent être traités avec humanité et dignité et dans le plein respect de leurs droits et, à cet égard, exhortant tous les États à s’acquitter des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient, une attention particulière devant être accordée à l’obligation de protéger les droits de l’homme des migrants, quel que soit leur statut migratoire, y compris lorsqu’ils appliquent leurs politiques relatives à la migration et à la sécurité des frontières,

Réaffirmant à ce sujet la nécessité de promouvoir et de défendre les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous les migrants, en particulier des femmes et des enfants, quel que soit leur statut migratoire, et de traiter la question des migrations internationales par la voie de la coopération et du dialogue aux plans international, régional ou bilatéral et d’une manière globale et équilibrée, en tenant compte du rôle et des responsabilités des pays d’origine, de transit et de destination dans la promotion et la défense des droits de l’homme de tous les migrants et en évitant des approches qui pourraient rendre ces derniers encore plus vulnérables, 

Soulignant qu’il importe d’adopter une démarche globale pour s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière et affirmant en outre qu’il est plus urgent que jamais de renforcer la coopération et la solidarité, et que la coopération et les solutions régionales, ainsi que les mesures nationales, doivent placer les droits de l’homme et la dignité des migrants et des réfugiés au premier plan,

Réaffirmant qu’il faut mettre fin à l’expansion actuelle du trafic de migrants et de la traite d’êtres humains en Méditerranée au large des côtes libyennes qui mettent des vies en danger et, à cette fin précise, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Condamne tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ, qui fragilisent davantage le processus de stabilisation de la Libye et mettent en péril les vies de centaines de milliers de personnes;

2.    Appelle les États Membres à placer les droits humains et les besoins immédiats des migrants et des réfugiés au cœur de leurs efforts de prévention et de lutte contre le trafic et la traite des êtres humains;

3.    Décide de reconduire, pour une nouvelle période de douze mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015), réaffirme les dispositions du paragraphe 11 de ladite résolution et réaffirme également ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017), 2437 (2018), 2491 (2019), 2546 (2020), 2598 (2021) et 2652 (2022) ainsi que la déclaration de sa présidence S/PRST/2015/25;

4.    Affirmeavec insistance que tous les migrants, notamment les demandeurs d’asile, doivent être traités avec humanité et dignité et dans le plein respect de leurs droits et, à cet égard, exhorte tous les États à s’acquitter de leurs obligations au regard du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme et du droit international des réfugiés, selon qu’il convient;

5.    Exhorte tous les États tirant juridiction du droit international ou de leur droit interne à mener des enquêtes et à poursuivre en justice les personnes qui ont commis des actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains en mer, conformément aux obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient;

6.    Réitère, à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les demandes formulées au paragraphe 17 de sa résolution 2240 (2015), et prie le Secrétaire général de lui faire rapport, onze mois après la date d’adoption de la présente résolution, sur l’état d’avancement de son application, en particulier pour ce qui est des paragraphes 7 à 10 de sa résolution 2240 (2015);

7.    Entend suivre la situation et, le cas échéant, envisager de reconduire pour des périodes supplémentaires les autorisations découlant de la présente résolution;

8.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission débute sa session 2023 en débattant des effets délétères des changements climatiques, des conflits et de la COVID-19 sur le développement social

Soixante-dix-huitième session
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4372

La Troisième Commission débute sa session 2023 en débattant des effets délétères des changements climatiques, des conflits et de la COVID-19 sur le développement social

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a donné le coup d’envoi aux travaux de sa soixante-dix-huitième session avec une séance entièrement consacrée à la question du développement social.  Les débats ont été dominés par les effets conjugués des changements climatiques, des conflits et de la pandémie de COVID-19, qui, selon le constat de nombreuses délégations, ont entravé les progrès en vue d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. 

« Le tableau n’est certainement pas rose », a regretté le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, relevant qu’à mi-parcours, seulement 15% des cibles des ODD étaient en bonne voie de réalisation.  Soulignant l’importance du travail de la Troisième Commission, M. Li Junhua a estimé qu’ils pouvaient aider à établir des liens clairs entre « l’écologisation de l’économie et la garantie d’un développement social durable ». 

Le responsable de la Division du développement social inclusif au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a renchéri sur ce sombre constat, notant que la progression vers les objectifs du Sommet mondial pour le développement social s’était ralentie, voire inversée, depuis 2015. M. John Wilmoth a en outre rappelé aux États Membres la recommandation de convoquer un Sommet social mondial en 2025, une proposition saluée par plusieurs délégations dont la Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et par la Tunisie, au nom du Groupe des États d’Afrique. 

De nombreuses délégations, dont El Salvador, qui s’exprimait au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA), ont appelé à la solidarité internationale afin de soutenir les pays en développement.  S’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, Cuba a défendu le rôle central de la coopération Nord-Sud, ajoutant que les pays développés devaient s’acquitter de leurs « responsabilités historiques, enracinées dans des siècles d’inégalités, de colonialisme et de commerce déloyal ».  La délégation a également insisté sur l’urgence d’éliminer les mesures coercitives unilatérales qui nuisent au développement économique et social des pays affectés, un point également soutenu par le Bélarus. 

De nombreuses délégations ont également appelé à s’attaquer en priorité aux inégalités croissantes, au sein des pays et entre eux, ainsi qu’à entreprendre une réforme en profondeur du système financier international. L’Argentine a jugé de plus indispensable une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), appelant le Fonds monétaire international (FMI) à se saisir sans délai de la question des paiements supplémentaires imposés aux pays endettés. 

Par la voix de deux délégués de la jeunesse, l’Union européenne a prévenu que si la tendance actuelle se confirme, seulement un tiers des pays auront diminué leur niveau de pauvreté en 2030, quatre milliards de personnes n’auront pas de protection sociale et 600 millions vivront toujours dans la pauvreté extrême.  De même, elle a souligné le rôle de l’éducation dans la « transformation du cycle de la pauvreté », appelant à investir dans les infrastructures, les méthodes d’enseignement novatrices et l’éducation des éducateurs. 

« Pour les jeunes du monde entier le développement durable n’est pas seulement un mot à la mode, mais une véritable bouée de sauvetage », a renchéri l’Autriche par la voix de son délégué de la jeunesse.  Elle a rapporté que les événements actuels laissaient souvent les jeunes « désemparés, désillusionnés et parfois découragés », qu’ils soient réfugiés ou défenseurs de l’environnement par exemple. « Tous ces jeunes méritent d’être entendus », même ceux qui souffrent de difficultés économiques ou de problèmes de santé mentale, a-t-elle estimé. 

Au préalable, au cours d’un dialogue interactif ayant suscité un vif intérêt de la part des délégations, l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a fait le point sur l’impact des catastrophes provoquées par les changements climatiques sur ces droits. Constatant que les seniors étaient particulièrement vulnérables à ces phénomènes, Mme Claudia Mahler a appelé à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur leurs droits humains, une proposition appuyée par le Chili, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis des personnes âgées.  Ce dernier a rappelé que d’ici à 2030, les personnes âgées de 60 ans ou plus devraient être plus nombreuses que les jeunes. 

Évoquant de son côté les questions de logement, le Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat, a rappelé le caractère inédit du rapport « Politiques et programmes inclusifs de lutte contre le sans-abrisme, y compris à la suite de la maladie à coronavirus ».  M. Christopher Williams a notamment indiqué que ce rapport appelle à ériger le sans-abrisme au rang de priorité et recommande aux États Membres d’adopter une définition et des indicateurs communs du phénomène. 

En ouverture de séance, le Président de la Troisième Commission, M. Alexander Marschik, de l’Autriche, insistant sur une gestion efficace du temps imparti, s’est livré à un trait d’humour, en présentant une véritable cloche à vache du Tyrol comme sa baguette de chef d’orchestre pour diriger les débats. Il a également félicité ses Vice-Présidents, Mme Nelly Banaken, du Cameroun, Mme Monica Shahanara, du Bangladesh et M. Tomas Grunwald, de la Slovaquie, ainsi que le Rapporteur de la Commission, M. Robert Poveda Brito, du Venezuela. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 29 septembre à partir de 10 heures.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/78/211)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/78/134A/78/187A/78/188A/78/189A/78/331A/78/157)

Déclarations d’ouverture

En ouverture de cette séance inaugurale, M. ALEXANDER MARSCHIK, Président de la soixante-dix-huitième session de la Troisième Commission, a eu un trait d’humour pour lancer les travaux, indiquant avoir apporté avec lui des montagnes autrichiennes du Tyrol non pas du schnaps ou du chocolat mais « une vraie cloche, pas touristique, à utiliser dans des situations spéciales ».  M. Marschik a précisé à cette occasion que sa présidence sera la troisième de l’Autriche, après celles de 1968 et 1992.  Se disant honoré de présider la Troisième Commission en cette année marquant le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et le trentième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne, il a appelé à redoubler d’efforts pour construire ensemble un avenir où les droits de l’homme ne seront plus de simples paroles mais une réalité vivante pour tous.  C’est particulièrement vrai cette année, alors que de nombreuses crises et de terribles violations des droits humains nous rappellent tout ce qui reste à faire, a-t-il observé.  Il a enfin souhaité qu’en dépit de leurs natures diverses et de leurs différences politiques, les délégations s’écoutent, se respectent et s’engagent dans le dialogue et la coopération ces prochaines semaines.  « Même si nous ne sommes pas toujours d’accord, nous devons travailler ensemble. »

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé la tenue la semaine dernière du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), au cours duquel les dirigeants du monde ont pu faire un point sur l’avancement des ODD, la réforme du financement du développement, la préparation aux pandémies et l’élévation du niveau d’ambition collective en matière de climat.  Tout au long de ces discussions, les États Membres ont clairement indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 « reste le meilleur cadre pour sortir des crises actuelles et parvenir à un monde plus vert et plus inclusif », a souligné le haut fonctionnaire.  Pourtant, a-t-il ajouté, à mi-parcours de la réalisation des ODD, force est de constater que les progrès sont lents et fragiles.  Avec seulement 15% des cibles des ODD en bonne voie, « le tableau n’est certainement pas rose », a commenté M. Li, pour qui il reste néanmoins possible de construire un monde juste, pacifique, inclusif et durable.  Cela nécessite un changement fondamental, a-t-il dit, avant d’appeler à adopter des approches holistiques et intersectorielles qui exploitent les « cobénéfices », évaluent des compromis et valorisent le bien public dans son ensemble.  « Une approche du développement véritablement centrée sur les personnes peut contribuer à éclairer notre voie », a affirmé le Secrétaire général adjoint, en soulignant l’importance du travail de la Troisième Commission à cet égard. 

Notant que cette commission devra examiner plus de 50 projets de résolution au cours de la présente session, M. Li a relevé que les discussions des mois à venir devraient contribuer à relier les questions apparemment disparates qui ont dominé le dialogue entre les dirigeants mondiaux afin de créer une image claire des choix politiques à faire.  « Vos décisions pourraient contribuer à orienter l’élaboration de politiques qui reconnaissent les droits de l’homme et le développement social comme à la fois un moyen et une fin sur notre chemin vers un avenir meilleur. » Selon lui, ces travaux peuvent notamment aider à garantir que des liens clairs soient établis « entre l’écologisation de l’économie et la garantie d’un développement social durable ». Ils peuvent aussi démontrer que les lois respectueuses des droits des peuples autochtones peuvent accélérer nos ambitions climatiques et contribuer à préserver la biodiversité, ou encore rappeler que de véritables progrès ne seront pas réalisés si nous laissons la moitié du monde derrière nous.  En bref, a-t-il poursuivi, « vos résultats peuvent guider et éclairer les actions qui mènent à la reconnaissance, à l’acceptation, à l’autonomisation et à l’inclusion de tous les peuples, partout dans le monde, sur la voie d’une prospérité et d’une durabilité partagées ». 

À cette aune, les domaines d’expertise de la Troisième Commission sont autant de questions transversales qui seront abordées lors du prochain Sommet de l’avenir en 2024, a indiqué le Secrétaire général adjoint, selon lequel le Secrétariat de l’ONU sollicitera également les conseils de cette commission de l’Assemblée générale en vue de la convocation d’un sommet social mondial en 2025 afin d’élaborer un plan d’action pour le développement social « adapté au XXIe siècle ».  Pour finir, M. Li a appelé à avancer vers 2030 et la réalisation des ODD « dans un esprit d’unité et de solidarité ». 

Déclaration liminaire suivie d’un dialogue interactif

M. CHRISTOPHER WILLIAMS, Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat, a indiqué que le rapport « Politiques et programmes inclusifs de lutte contre le sans-abrisme, y compris à la suite de la maladie à coronavirus », soumis à la Troisième Commission conformément à la résolution 76/133 de l’Assemblée générale, est une première.  Il souligne l’aggravation d’inégalités préexistantes à la pandémie et la création de nouvelles formes de vulnérabilités.  Parmi celles-ci, le rapport évoque notamment les logements précaires impropres à l’habitation humaine, l’exposition des populations à faible revenu aux expulsions et la discrimination des populations sans abri. Il souligne également le rôle crucial des gouvernements locaux dans l’apport de solutions, ainsi que l’importance d’inclure les personnes sans abri dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi des politiques destinées à mettre fin à l’itinérance.

M. Williams a précisé que ce rapport recommande aux États Membres d’adopter une définition et des indicateurs communs du sans-abrisme afin d’assurer des activités d’évaluation et d’adapter les investissements publics.  Tout en appelant à ériger le sans-abrisme au rang de priorité en s’attaquant à ses causes locales et nationales, le rapport réaffirme la nécessité de recourir à un groupe de travail intergouvernemental dédié au logement, conformément à la résolution 76/133, a conclu le haut fonctionnaire. 

Dialogue interactif 

À la suite de cette présentation, la Pologne a rappelé les efforts qu’elle a déployés en faveur de l’accueil sur son territoire de 1,6 million de réfugiés ukrainiens, après le début de l’invasion de leur pays par la Russie en février 2022.  Notant ensuite que le rapport présenté défend une approche fondée sur les droits humains pour soutenir les sans-abris, elle a demandé à M. Williams des exemples de pratiques ayant fait leurs preuves en la matière et qui pourraient inspirer d’autres pays.

La Macédoine du Nord a, pour sa part, fait une remarque de procédure, regrettant qu’il n’y ait que des hommes à la tribune.  Elle a appelé le Président à davantage veiller à la représentation des femmes au sein de la Commission, eu égard aux questions dont elle est saisie. 

Déclaration liminaire suivie d’un dialogue interactif

M. JOHN WILMOTH, responsable de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DISD/DESA), a présenté une note et sept rapports du Secrétaire général au titre de l’ordre du jour, à commencer par le rapport relatif à la « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » (A/78/211), qui note que les progrès restent fragiles et inégaux.  De fait, a-t-il relevé, malgré des progrès marqués depuis 1995, les avancées vers les objectifs du Sommet mondial pour le développement social ont ralenti, voire se sont inversées, depuis 2015.  M. Wilmoth a en outre indiqué que le rapport recommande aux États Membres de convoquer un Sommet social mondial en 2025 et de concevoir des politiques qui favorisent le travail décent et le progrès social.

Abordant ensuite le point relatif au développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille, le responsable du DESA a présenté une note du Secrétariat (A/78/157) sur la « Situation sociale dans le monde en 2023: ne laisser personne de côté dans un monde vieillissant », laquelle fait un tour d’horizon des implications économiques et sociales du vieillissement de la population et fournit des recommandations pour gérer équitablement ce phénomène observé à l’échelle mondiale. 

S’agissant du rapport A/78/134 relatif à la « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement », M. Wilmoth a indiqué qu’il met en évidence les principaux problèmes et enjeux liés à l’inclusion pleine et effective des personnes âgées dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le haut fonctionnaire a ensuite présenté le rapport A/78/188 intitulé « Promouvoir l’intégration sociale par l’inclusion sociale »,qui propose une analyse du rôle de l’inclusion et de l’intégration sociales dans la lutte contre la pauvreté multidimensionnelle et propose une série de recommandations à l’adresse des États Membres.

Le rapport A/78/187 centré sur le « Rôle des coopératives dans le développement social » promeut, quant à lui, le renforcement des capacités des coopératives en tant qu’entreprises rentables favorisant le développement durable tout en donnant du pouvoir à de nombreuses personnes vivant dans la pauvreté ou dans des situations vulnérables, a-t-il précisé.

Sur le volet relatif aux jeunes, le rapport A/78/189 sur les « Politiques et programmes mobilisant les jeunes » donne un aperçu des progrès réalisés dans ce domaine, en mettant l’accent sur la solidarité et les partenariats intergénérationnels, la sécurité alimentaire et la consommation durable, et le développement inclusif par le sport, la culture et les loisirs, dans l’optique d’une reconstruction en mieux après la pandémie de COVID-19.

Au titre du point relatif à la famille, le haut fonctionnaire a présenté le rapport A/78/61–E/2023/7 intitulé « Préparation et célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille ».  Enfin, M. Wilmoth a présenté le rapport sur les « Droits des personnes handicapées et Protocole facultatif » contenu dans le document A/78/331.

Dialogue interactif

Intervenant à la suite de cette présentation, le Maroc a relevé que la Décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) a gravement pâti de la pandémie de COVID-19, laquelle a eu une forte incidence sur les sources de revenu des pays en développement.  Cette crise sanitaire s’est transformée en une crise économique et sociale qui a compliqué les efforts de réalisation des ODD, a insisté la délégation.  Enfin, après avoir félicité le DESA pour ses efforts destinés à inspirer de nouvelles politiques en vue de la réalisation effective des ODD, le Maroc a estimé que le renforcement de la confiance, de la cohésion sociale et de la solidarité intergénérationnelle sont des éléments cruciaux pour permettre aux institutions d’atteindre ces objectifs d’ici à 2030. 

Le Responsable de la Division du développement social inclusif du DESA a constaté l’absence de questions et s’est contenté de remercier le Maroc pour ses observations. 

Déclaration liminaire suivie d’un dialogue interactif

Mme CLAUDIA MAHLER, Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a présenté son rapport, consacré à l’impact des catastrophes provoquées par les changements climatiques sur ces droits.  Elle a indiqué que les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur, aux sécheresses, aux typhons et aux inondations, qui ont un « impact disproportionné » sur leurs droits humains, notamment le droit à un niveau de vie décent, à la santé, au logement, aux moyens de subsistance, au bien-être ainsi qu’à l’accès à la nourriture, à la terre, à l’eau et à l’assainissement. Elle a ajouté que cet impact était aggravé par des facteurs négatifs qui les affectaient déjà tels que la pauvreté, la situation géographique excentrée, le manque de moyens de transport et l’interruption des services de soins, ainsi que l’âgisme.  « Les personnes âgées ont tendance à être exclues, isolées et laissées pour compte lorsqu’elles sont confrontées à des catastrophes naturelles », a-t-elle résumé. 

Rappelant que les deux tiers d’entre elles vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, confrontées à un risque plus élevé de catastrophes climatiques, l’Experte a appelé à une action urgente de la part des États, des agences de l’ONU et des sociétés civiles afin de garantir une réponse qui prenne en compte leurs besoins spécifiques.  Elle a relevé que la reconnaissance des impacts des changements climatiques sur les droits humains était limitée dans le droit international, ajoutant que si l’Accord de Paris établissait bien un lien, la couverture « fragmentée et incohérente » des droits des personnes âgées par le droit international des droits humains ne leur offrait pas une protection juridique complète face aux changements climatiques.  Elle a cependant noté que les dispositions des traités relatifs aux droits de la personne pouvaient s’appliquer dans une certaine mesure et que la relation entre changements climatiques, réduction des risques de catastrophe et droits humains des personnes âgées avait été reconnue dans des documents politiques non contraignants et au sein de cadres juridiques régionaux.  

L’Experte a appelé à prendre en compte les droits humains des personnes âgées avant, pendant et après les catastrophes provoquées par les changements climatiques.  Elle a rappelé que si les communautés locales et la société civile avaient un rôle important à jouer pour ces droits et devaient être soutenues, les plans de préparation et de réponse relevaient de la responsabilité première de l’État, soulignant au passage le caractère essentiel de systèmes de protection sociale solides, de solutions de logement adaptées, de services de santé accessibles et de systèmes de communication efficaces.  Elle a aussi estimé que les personnes âgées devaient être prioritaires dans les efforts d’évacuation, quel que soit leur degré de mobilité, et que l’aide humanitaire leur soit rendue accessible, notamment en matière de traitements pour les maladies chroniques, de soins palliatifs et de santé mentale.  De même, elle a appelé les États à faciliter l’accès des personnes âgées aux pensions, aux prêts et aux programmes liés au rétablissement. 

Rappelant que les personnes âgées sont le groupe d’âge dont la croissance est la plus rapide au monde, l’Experte a appelé à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées, qui leur offrirait une meilleure protection dans le contexte des catastrophes d’origine climatique. 

Dialogue interactif

Inaugurant cet échange avec l’Experte indépendante, Israël a voulu savoir quelles mesures permettraient de tendre la main aux personnes âgées dans le contexte des catastrophes provoquées par les changements climatiques.  Un cadre normatif permettrait-il de renforcer les institutions pour assurer une meilleure protection des droits des personnes âgées dans ce contexte, a demandé le Chili, au nom du Groupe des Amis des personnes âgées.  À sa suite, la Slovénie s’est interrogée sur les politiques de réduction des risques prenant en compte l’âge et le genre.  Une approche appuyée par l’Argentine qui a souhaité savoir quelles actions engager pour impliquer les personnes âgées en général, notamment les femmes et les personnes de la communauté LGBTQ+, dans les processus de décision. 

Quelles sont les principales mesures que les systèmes de santé nationaux peuvent prendre pour renforcer leurs plans de gestion des risques de catastrophe de manière à soutenir au mieux les personnes âgées? a demandé l’Autriche.  Il faut « amplifier la voix » des personnes âgées, a recommandé Malte et les impliquer dans la formulation des politiques pour qu’elles aient la voix au chapitre, a complété El Salvador.  En quoi, la mise en place de normes internationales pour protéger les droits humains des personnes âgées peut-elle garantir leur pleine participation à la prise de décisions, a voulu savoir le Nigéria.  Le Portugal et les Philippines se sont inscrits en faveur d’un instrument juridiquement contraignant, une mesure décriée par la Fédération de Russie qui a estimé que le programme d’action de Madrid couvre toutes ces questions.  Il faut réfléchir à des programmes d’action qui prennent en compte la totalité de la population, a martelé la délégation. 

Préconisant de traiter cette question dans le cadre d’une approche holistique, le Mexique a voulu connaître quelques exemples de pratiques optimales.  Comment soutenir les partenariats public-privé et mobiliser des financements de projets de retraite dans les pays les moins avancés (PMA), a demandé le Bangladesh.  Il faut développer une approche basée sur des données ventilées par âge pour garantir une réponse adaptée aux personnes âgées en situation d’urgence, a préconisé la République dominicaine.  Cela permettrait également de fournir des services de meilleures qualités aux personnes concernées, a renchéri la Malaisie qui s’est intéressée à l’expérience des pays ayant mis en place une base de données de ce type.  Qu’en est-il de la budgétisation sensible au genre pour la protection des personnes âgées dans les actions pour le climat? a demandé le Maroc

À son tour, Cuba a voulu avoir l’avis de l’Experte sur l’incidence des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice et les droits des personnes âgées.  Pourquoi cet aspect n’a-t-il pas été mentionné dans le rapport, a demandé la République arabe syrienne.  L’Union européenne a voulu en savoir plus sur les actions de l’ONU pour sensibiliser davantage aux besoins des personnes âgées lors de catastrophes liées aux changements climatiques.  Pour sa part, la délégation des États-Unis s’est enquise des actions envisagées par les États pour soutenir les droits des personnes âgées confrontées aux changements climatiques.  L’Indonésie s’est intéressée quant à elle aux liens entre la participation des personnes âgées dans la réduction du risque de catastrophes et les stratégies de développement durable.  Enfin, en tant que cofaciliateur du mécanisme sur l’identification d’éventuelles lacunes dans la protection des droits humains des personnes âgées, le Brésil a estimé nécessaire de se joindre à cet effort.

Répondant aux nombreuses interrogations soulevées par les délégations, l’Experte indépendante a noté que les personnes âgées ayant moins recours aux TIC, il convient de les identifier pour mieux les informer des risques de catastrophes.  Elle a vanté les mérites d’un instrument juridiquement contraignant qui permettrait de ne plus oublier les personnes âgées, et qui pourrait inclure le péril que représentent, pour elles, les catastrophes naturelles. 

Elle a salué la création de conseils consultatifs qui portent la voix des personnes âgées au sein de plusieurs parlements nationaux.  Beaucoup d’États ne se sont toutefois pas encore pleinement engagés sur ce chemin, a-t-elle regretté, les exhortant à inclure davantage ces personnes.  Même les États aux sociétés encore jeunes devraient s’y atteler, car les jeunes d’aujourd’hui seront les personnes âgées de demain.  Une approche basée sur des données ventilées simplifiera grandement et améliorera ces efforts, de même que le partage d’expériences, a-t-elle ajouté. 

Mme Mahler est ensuite revenue sur la notion d’intersectionnalité, rappelant que toutes les personnes âgées ne sont pas les mêmes, certaines, par exemple, étant à la fois femmes, migrantes, ou autochtones.  Les seniors sont souvent perçus comme un fardeau, a regretté l’Experte indépendante.  Pourtant, leur sagesse est bienvenue face au péril climatique.  Ne sous-estimons plus leurs idées, a-t-elle plaidé. 

Discussion générale  

S’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. ALEJANDRO GONZALEZ BEHMARAS (Cuba) a pris note de la proposition de convoquer un sommet social mondial en 2025. Il a estimé que les efforts multilatéraux devraient s’attaquer en priorité aux inégalités croissantes, au sein des pays et entre eux, citant notamment l’augmentation des taux d’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire, le chômage, le manque d’accès à une éducation de qualité et à l’énergie.  

Il a dénoncé les inégalités structurelles du système financier international qui devrait, selon lui, être réformé en profondeur.  Il a défendu le rôle central de la coopération Nord-Sud, appelant à accorder un soutien financier plus important aux pays en développement et à respecter les engagements en matière d’aide publique au développement.  La coopération Sud-Sud est un complément, et non un substitut, à la coopération Nord-Sud, a-t-il ajouté, les bons exemples de la première n’exonérant pas les pays développés de la seconde en raison de leurs « responsabilités historiques, enracinées dans des siècles d’inégalités, de colonialisme et de commerce déloyal ».  Dans le même ordre d’idées, il a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui ont un impact négatif sur les populations des pays en développement et nuisent à leur développement économique et social, réaffirmant la nécessité urgente de les éliminer immédiatement. 

Le délégué a par ailleurs estimé que la communauté internationale et, en particulier, les pays en développement, devaient se préparer à mieux répondre aux défis du vieillissement des populations, notamment concernant les efforts d’éradication de la pauvreté.  Il a appelé à garantir le plein respect de tous les droits humains des personnes âgées, en intégrant le vieillissement dans les stratégies de développement durable. 

Mme  GIULIA TARIELLO, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne, a rappelé le récent Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), en souhaitant que des mesures supplémentaires soient prises, compte tenu des crises actuelles qui mettent en péril les progrès enregistrés.  Soulignant le rôle de l’éducation, qui constitue le socle des sociétés stables, elle a affirmé que les jeunes ont conscience de l’importance de l’enseignement et de la formation dans la transformation du cycle de la pauvreté. Convaincue que des politiques de développement social globales permettront de garantir l’accès à l’éducation, elle a appelé à investir dans les infrastructures, à développer des méthodes d’enseignement novatrices et à contribuer à l’éducation des éducateurs. La jeune représentante a également rappelé la nécessité de fournir une éducation numérique aux femmes particulièrement touchées par les inégalités.  Les jeunes sont des partenaires clefs, a-t-elle lancé, en soulignant la nécessité de fournir une éducation conforme à leurs aspirations et qui les prépare aux défis du XXIe siècle.  Enfin, elle a fait part de la volonté de l’UE de redoubler d’efforts à travers la coopération, le partage des meilleurs pratiques et le soutien aux initiatives conformes aux ODD. 

À chaque catastrophe, les jeunes souffrent et sont empêchés de façonner leur avenir, s’est ensuite alarmé M. LUKAS SVANA, autre délégué de la jeunesse de l’UE, selon lequel 600 millions de personnes vivront encore dans la pauvreté extrême, en 2030, si la tendance actuelle se confirme. De même, un tiers seulement des pays auront diminué leur niveau de pauvreté et 4 milliards de personnes n’auront pas de protection sociale, a-t-il poursuivi, avant de rappeler que l’Union européenne est attachée à un renforcement des systèmes de protection sociale dans les pays partenaires, avec lesquels elle adopte une approche coordonnée, notamment pour la création d’emplois décents et la promotion des ODD. Le délégué a noté, à cet égard, que la lutte contre la pauvreté est nécessaire dans tous les pays du monde, quel que soit le PIB ou l’indice de développement humain.  Enfin, après avoir souligné l’importance d’un espace civil libre pour faire face aux défis mondiaux, il s’est inquiété du recul de la démocratie dans le monde depuis 2012. 

Au nom du Groupe des Amis de la famille, M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus) a estimé que les préparatifs en vue de la célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille, en 2024, sont l’occasion d’attirer davantage l’attention sur les objectifs de l’Année internationale et d’accroître la coopération à tous les niveaux sur les questions familiales.  Soulignant le rôle « vital » de la famille dans le développement culturel, politique et socioéconomique, il a déclaré voir dans la famille un acteur actif et un bénéficiaire de la mise en œuvre du Programme 2030.  Selon lui, des politiques et programmes efficaces axés sur la famille sont essentiels pour réduire la pauvreté, promouvoir l’équilibre travail-famille, agir pour l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes et des filles, et lutter contre l’exclusion sociale.  La famille étant largement considérée comme un facteur de protection sociale, assurer la solidarité entre les générations et investir dans la famille en tant qu’environnement naturel pour les enfants constituent « la meilleure stratégie de protection sociale », a-t-il ajouté. 

Dans ce droit fil, le représentant a réaffirmé la responsabilité première de la famille dans la protection des enfants, soulignant à cet égard l’importance d’un environnement familial et d’une atmosphère de bonheur, d’amour et de compréhension, exemptes de violence et de privation, pour le développement complet et harmonieux de la personnalité de l’enfant.  Dans ce cadre, il a reconnu la responsabilité parentale partagée comme l’un des éléments centraux des programmes et plans liés à la famille. Il a, d’autre part, jugé que les personnes handicapées et les membres de leur famille devraient bénéficier de la protection et de l’assistance nécessaires pour permettre aux familles de contribuer à la pleine jouissance des droits des personnes handicapées.  De même, il a appelé à renforcer les partenariats et la solidarité entre les générations.  Enfin, le délégué a exprimé le plein soutien du Groupe des Amis de la famille à la résolution annuelle du Groupe des 77 et la Chine sur les préparatifs et la célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille, qui sera présentée lors de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale. 

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili), s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a déclaré que le vieillissement de la population est une source de possibilités sans précédent.  Elle a indiqué que la transformation numérique a un effet particulier sur les femmes âgées.  Étant souvent moins exposées aux nouvelles technologies, ces dernières peinent à développer des compétences appropriées, a expliqué la représentante, qui a appelé à investir dans le développement des compétences numériques des femmes âgées. 

Rappelant que d’ici à 2030, les personnes âgées de 60 ans ou plus devraient être plus nombreuses que les jeunes, la déléguée a regretté que, dans la pratique comme dans les conversations politiques mondiales, les personnes âgées sont souvent négligées.  Face à ces insuffisances, elle a appelé à établir une définition sociale de la personne âgée, d’identifier la contribution des personnes âgées au développement durable, ou encore d’augmenter de manière significative la disponibilité de données ventilées par revenu, sexe, âge, race, ethnicité, statut migratoire, handicap, localisation géographique et autres.  Elle s’est en outre inquiétée de l’intersection de l’âge avancé avec d’autres sources de discrimination et a recommandé la mise en place d'un instrument juridiquement contraignant, jugeant sa création d’autant plus essentielle au vu de l’impact disproportionné de la pandémie sur les personnes âgées.

S’exprimant au nom de l’Association des États de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a rappelé que, grâce à d’importants efforts réalisés aux niveaux régional et national, les États membres de l’ASEAN ont accompli des progrès remarquables en matière de prospérité économique, de développement, d’intégration et d’amélioration de la qualité de vie des habitants de la région.  Il a aussi rappelé qu’au début de l’année, la onzième réunion ministérielle triennale de l’ASEAN pour la protection sociale et le développement a adopté une déclaration commune visant à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes via l’intégration de l’approche de genre et l’inclusion sociale. Il a ajouté que, conformément à leurs engagements, les États membres de l’ASEAN ont mis en place des filets de sécurité sociale solides afin de protéger les groupes vulnérables des bouleversements économiques et sociaux. 

Reconnaissant que de nombreux obstacles continuaient d’entraver la réalisation du plein potentiel des femmes et des filles, il a relevé que les États membres se sont engagés à mettre en œuvre la déclaration de l’ASEAN sur l’égalité des sexes et le développement familial, ainsi que le plan de travail 2021-2025 du Comité des femmes de l’ASEAN, qui s’alignent sur les objectifs définis dans les ODD des Nations Unies.  Il a d’autre part évoqué l’indice de développement de la jeunesse de l’ASEAN, avant de rappeler que tous les États membres de l’Association ont ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapée.  L’ASEAN a également adopté un plan directeur 2025 pour l’intégration des personnes handicapées et soutenu la Déclaration de Jakarta, qui proclame la Décennie Asie-Pacifique pour les personnes handicapées (2023-2032).  En conclusion, il a appelé la communauté internationale à se montrer solidaire avec l’ASEAN « en vue d’un avenir meilleur, où personne n’est laissé pour compte ». 

Au nom des États membres du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA), Mme EGRISELDA ARACELY GONZALEZ LOPEZ (El Salvador) a mis en avant la politique sociale régionale globale pour la période 2020-2040, dont les principes directeurs sont centrés sur l’être humain et intègrent les dimensions intergénérationnelle et pluriculturelle.  Cet ensemble vise à assurer l’intégration professionnelle, éducative et productive de la population en situation de vulnérabilité, à travers la création d’opportunités de travail et d’éducation, tout en renforçant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle précisé.  Il s’agit également de contrer les effets sociaux négatifs générés par d’éventuels chocs économiques et sociaux à la suite d’urgences climatiques ou sanitaires, a ajouté la déléguée. 

Rappelant ensuite l’engagement prioritaire du SICA en faveur des groupes les plus vulnérables, notamment les populations d’ascendance africaine, les peuples autochtones, les personnes handicapées, les personnes âgées, les migrants, les femmes, les enfants et les jeunes, la représentante a indiqué que l’inclusion sociale constitue l’un des cinq piliers du système d’intégration régional. De plus, des instruments de développement social permettent de lutter contre la pauvreté et d’alléger la charge de l’augmentation des coûts en période de chômage, a-t-elle détaillé, signalant à cet égard l’importance de l’émancipation des femmes.  Insistant également sur le rôle de la famille dans le développement social, elle a réaffirmé la nécessité de répondre aux besoins de toutes les familles afin d’améliorer les conditions de vie des populations.  Enfin, la déléguée a souligné le rôle de la coopération et de la solidarité internationales pour soutenir les pays en développement dans le renforcement de leurs potentiels humains, institutionnels et techniques. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a réaffirmé l’engagement de la CARICOM à atteindre les objectifs énoncés dans la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague.  Ils ont été déterminés lors du Sommet mondial pour le développement social il y a près de 30 ans et restent tout aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient lors de leur adoption en 1995, a-t-il souligné, avant de saluer la proposition du Secrétaire général de convoquer un sommet social mondial en 2025.  Le représentant a ensuite rappelé la vulnérabilité de sa région aux chocs extérieurs, une réalité particulièrement alarmante pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien.  Face aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, qui entravent notre développement et menacent nos populations, nous ne pouvons pas lutter seuls, a-t-il lancé, appelant à une réponse forte de la communauté internationale pour soutenir les efforts nationaux visant à renforcer la résilience, à réduire les inégalités et à atténuer la pauvreté, mais aussi pour réformer l’architecture financière internationale.  À cet égard, le délégué a souhaité que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et l’Initiative de Bridgetown soient vigoureusement appuyés.

Le représentant s’est par ailleurs félicité de la convocation de trois réunions de haut niveau liées à la santé lors de la semaine de haut niveau de cette nouvelle session de l’Assemblée générale.  Rappelant que sa région souffre d’un lourd fardeau de maladies non transmissibles, il a précisé que la CARICOM donne la priorité aux services de santé primaires et spécialisés pour la prévention, le dépistage, le traitement et le contrôle de ces pathologies.  En matière de développement social, une autre priorité est l’éducation afin de faire progresser le capital humain, a-t-il poursuivi, indiquant que la CARICOM travaille assidûment à la mise en œuvre de sa stratégie de développement des ressources humaines 2030 et de l’ODD 4 pour une éducation de qualité. Il a enfin assuré que la lutte contre les inégalités, essentielle pour le progrès social, est une bataille permanente au sein de la région, et tout particulièrement pour les PEID. 

Mme ARINA SMIDT, déléguée de la jeunesse de la Slovénie, a indiqué que la jeunesse slovène est confrontée à de nombreux défis, notamment en raison de la crise du logement et du manque de revenus décents, qui peuvent conduire à une fuite des cerveaux inquiétante.  Elle a également affirmé que nous ne sommes pas en mesure de comprendre et d’utiliser de manière responsable les technologies émergentes, l’intelligence artificielle notamment, ce qui contribue à une hausse de l’anxiété et d’autres problèmes de santé mentale.  La déléguée a par ailleurs estimé que, pour parvenir à une véritable égalité des sexes, il importe non seulement à se concentrer sur les jeunes filles et les femmes, mais aussi de remédier à la vulnérabilité des jeunes garçons face à la masculinité toxique.

Mme CARLA MARIA RODRIGUEZ MANCIA (Guatemala) a souligné l’engagement de son pays en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant visant à promouvoir et à protéger les droits des personnes âgées. Elle a indiqué qu’à titre national, le Guatemala recherche un équilibre entre les dimensions sociale, économique et environnementale du développement et la promotion et la protection des droits humains de l’ensemble de sa population.  Cette approche inclut dans son champ les personnes handicapées, a précisé la représentante, en appelant à investir dans leur autonomisation et à faire de leurs droits un élément central du prochain Sommet de l’avenir.  La déléguée a également insisté sur l’importance de la jeunesse, avenir de l’humanité, avant d’appeler à la réduction des écarts limitant leur participation à la vie publique. Parvenir au développement social dans le respect des droits humains nécessite de ne laisser personne de côté, a-t-elle conclu. 

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TAREK LADEB (Tunisie) a dressé la liste des effets délétères de la pandémie de COVID-19, qui a entravé le développement socioéconomique, aggravé les inégalités et frappé durement les plus pauvres.  Il s’est dit favorable à la déclaration politique portant sur le plan de relance des ODD entrepris à la suite de la pandémie.  Il a par ailleurs qualifié les changements climatiques de « défi de notre époque », avant d’inviter l’ensemble des États Membres à respecter pleinement l’Accord de Paris et à tout faire pour limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés Celsius.  Le représentant a ensuite applaudi la convocation du Sommet social mondial en 2025 pour faire le point sur l’avancement des ODD.  Il a également indiqué que parmi les priorités de l’Agenda 2063 de l’Union africaine figure la refondation de l’éducation sur le continent, afin de permettre à tous les enfants d’avoir accès à une éducation de qualité.  Avant de conclure, le délégué a demandé à la communauté internationale de promouvoir un accès inclusif aux marchés mondiaux et d’honorer ses engagements en termes de lutte contre les changements climatiques, y compris par le biais de l’aide publique au développement.  

Mme DANIELA TONON (Italie) a indiqué que son pays s’est doté d’une stratégie mettant l’accent sur la famille, la question du vieillissement et la protection des personnes âgées face aux violences.  Une réforme visant à mieux inclure les personnes handicapées a également été entreprise. À cet égard, elle a appelé à investir dans la jeunesse, avant de se réjouir du programme des jeunes délégués italiens et de donner la parole à l’un d’eux.

M. GIACOMO DI CAPUA, délégué de la jeunesse de l’Italie, a fait part de l’effarement des jeunes face aux effets des changements climatiques sur leurs droits.  Il a déploré que les jeunes n’aient pas suffisamment accès à la prise de décision multilatérale dans ce domaine, et ce, alors qu’ils subiront les conséquences des changements climatiques toute leur vie.  Les jeunes doivent devenir des dirigeants, pas seulement des moteurs du changement, a conclu le délégué, en appelant au financement des délégations de jeunes dans le Nord comme le Sud global.

Mme MALGORZATA DORATA BENSON, déléguée de la jeunesse de la Pologne, a salué la campagne nationale d’accueil des réfugiés ukrainiens menée dans son pays, pour ensuite s’inquiéter des conséquences de la guerre en Ukraine, notamment l’insécurité alimentaire ou les pénuries d’énergies.  Également préoccupée par les répercussions des changements climatiques, elle a souligné que les jeunes peuvent proposer des solutions créatives et avant-gardistes.  Dans ce droit fil, la déléguée a recommandé à l’ONU de promouvoir la création de conseils consultatifs de la jeunesse au sein de ses agences spécialisées, ainsi que parmi les États Membres et les organisations non gouvernementales (ONG).  Enfin la déléguée a appelé à la mise en place d’institutions compétentes chargées de lutter contre tous les obstacles qui empêchent les filles et les femmes de réaliser pleinement leur plein potentiel. 

Mme FLAVIA VMULISA (Rwanda) a fait le point sur les politiques nationales promouvant une croissance économique durable.  Elle a notamment rappelé que le PIB par habitant du pays a plus que triplé au cours des trente dernières années, et que plus de 90% des Rwandais sont désormais couverts par une assurance maladie communautaire.  En outre, le taux d’inscription à l’école primaire atteint 97%, s’est-t-elle félicitée.  Elle est ensuite revenue sur les efforts déployés par le Rwanda en faveur de l’inclusion des personnes handicapées, ainsi que la promotion de la jeunesse, mentionnant, entre autres, la création de conseils de la jeunesse au niveau du gouvernement local et des investissements substantiels dans l’’infrastructure des TIC.  En outre, la déléguée a appelé à l’inclusion des groupes traditionnellement sous-représentés -jeunes, personnes handicapées, personnes âgées, les femmes et les jeunes filles- aux tables de décision. 

« 2030 c’est presque demain », a lancé Mme ZUZANA HELLENOVA, déléguée de la jeunesse de la République tchèque, en constatant que la vision des ODD élaborée, en 2015, est loin d’avoir été concrétisée. Insistant par ailleurs sur l’engagement pris par l’ONU en matière d’égalité hommes-femmes la déléguée a noté que les discriminations contre les femmes et les filles persistent dans de nombreux domaines.  En outre, les inégalités salariales, les violences sexistes, les stéréotypes ou la sous-représentation historique et politique sont toujours d’actualité et, au rythme actuel, « il faudrait 140 ans pour que les femmes soient sur un pied d’égalité en matière de contribution aux prises de décisions », a-t-elle regretté.  La déléguée a signalé que les femmes et les filles subissent de manière disproportionnée les répercussions des changements climatiques, avant d’appeler à intégrer cette problématique dans les stratégies climatiques. 

À sa suite, Mme KRISTYNA BULVASOVA, autre déléguée de la jeunesse de la République tchèque, a souligné le manque de représentativité des jeunes, qui composent la moitié de la population mondiale et ne représentent que 2,6% des membres des instances décisionnelles.  Sans la contribution des jeunes, on ne peut pas bâtir un avenir plus durable, a-t-elle fait valoir, en assurant que les jeunes veulent contribuer au dialogue par le biais de la société civile et des organes de consultation.  À ce titre, elle a salué la résolution 76/306, notamment la création d’un bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Enfin, après avoir appelé à remédier au fossé numérique et technologique, elle a jugé nécessaire d’utiliser des approches scolaires innovantes pour permettre aux jeunes de s’exprimer tout en garantissant l’accès à une éducation de qualité. 

M. BRANDON CHOONG (Singapour) a indiqué qu’en tant que petit pays aux ressources limitées, Singapour fait du développement économique et social une priorité.  Il a notamment évoqué les engagements de son pays en matière d’inclusion des personnes handicapées, et de soutien aux familles, qu’il a qualifiées de fondement de la société singapourienne.  À titre d’exemple, il a fait savoir qu’en 2024, le congé de paternité payé par le Gouvernement sera doublé.  Engagé à bâtir une société tournée vers l’avenir, il s’est félicité de la création de « panels de jeunes » pour leur permettre d’élaborer des recommandations politiques en collaboration avec les responsables politiques du Gouvernement de Singapour.

Parallèlement, le pays s’engage à aider les personnes âgées à rester des membres actifs et autonomes de la société, a aussi assuré le délégué, citant de nombreuses initiatives et programmes tels le Silver Support Scheme, qui fournit des suppléments trimestriels en espèces aux Singapouriens à faible revenu ayant peu ou pas de soutien familial pour leurs vieux jours, ou encore le Senior Mobility and Enabling Fund, qui subventionne les appareils d’assistance et les articles de soins de santé à domicile pour les personnes âgées.

Mme ALMA ESPERANZA SANTA ANA VARA (Mexique) a indiqué que son pays vise à renforcer le bien-être des personnes à travers un État providence où les Mexicains, sujets de droit, bénéficient de l’inclusion et de l’équité. Selon l’indicateur de pauvreté multidimensionnelle, le Mexique a réussi à réduire de 8,7 millions, le nombre de personnes vivant en situation de pauvreté, s’est-elle enorgueillie. 

Un soutien économique est fourni en espèces, afin de réduire les inégalités et de lutter contre la discrimination, notamment en prenant en compte le genre et la culture.  La déléguée a ensuite réitéré son engagement en faveur des jeunes et des adolescents dans toute leur diversité, convaincue de leur capacité d’action, une condition impérative pour leur épanouissement et les préparer pour l’avenir. 

Mme PATSACHOL AKANITVONG, déléguée de la jeunesse de la Thaïlande, a estimé l’heure venue de rétablir la confiance et de raviver la solidarité mondiale à tous les niveaux et entre toutes les générations.  Elle a déclaré que les jeunes ont un rôle important à jouer au vu, notamment, de leur capacité à diriger la transition vers un avenir durable, étant à la pointe du progrès des compétences vertes et des actions respectueuses de l’environnement.  Elle a notamment cité, l’organisation réussie de la Journée de la jeunesse et des générations futures lors de la COP27. 

Sur le volet du numérique, M. PARANUT JUNTNEE, autre délégué de la jeunesse thaïlandaise, a relevé que l’insuffisance de la connexion dans les pays en développement laisse des milliers de jeunes dans l’obscurité numérique. Il a souligné que les jeunes doivent être connectés à des perspectives d’emploi et d’éducation et a appelé les gouvernements à continuer de fournir des plateformes leur permettant de se connecter.  Enfin, les jeunes peuvent s’inspirer les uns les autres, libérant ainsi le potentiel des générations actuelles et futures.  À ce sujet, il a cité l’expérience concluante de la Thailand Policy Lab, coparrainée avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui sert de plateforme pour renforcer les capacités des jeunes en les dotant d’outils d’innovation politique.

M. TOMÁŠ GRÜNWALD (Slovaquie) a déclaré qu’aucun objectif de développement durable ne sera atteignable sans les jeunes, et sans leur participation active au travail de l’ONU.  Il a indiqué que son gouvernement a entrepris une réforme nationale du programme scolaire, afin de rendre l’éducation plus attractive.  Il a insisté sur la nécessité de fournir un espace adéquat à la jeunesse afin qu’elle contribue aux efforts des Nations Unies, et a appelé l’opérationnalisation rapide du bureau jeunesse de l’ONU. 

M. PAVOL BEBLAVY, délégué de la jeunesse de la Slovaquie, a affirmé que l’amélioration de l’éducation, de la sécurité et de la durabilité de l’environnement sont des préoccupations communes à la jeunesse.  Il a prévenu que les efforts déployés pour réaliser les objectifs de développement durable seront insuffisants sans une prise en compte des jeunes.  
Il a ensuite appelé à élargir le programme des délégués de la jeunesse, et à créer des nouveaux programmes consacrés aux jeunes. 

Mme SHIR AVIEL (Israël) a souligné l’approche transministérielle garantissant une intégration nationale des personnes en situation de handicap. Elle a également indiqué que le Ministère de la culture et du sport œuvre à lever les obstacles à la participation des personnes en situation de handicap.  Israël attache une importance aux droits des personnes âgées et lutte contre l’exclusion et l’âgisme, a-t-elle ajouté, avant de mentionner l’existence de programmes qui intègrent le caractère multilingue du pays.  En outre, des centres d’appels crées par le Ministère de l’égalité sociale fournissent des informations sur les droits des personnes âgés relatives à leur emploi ou retraite.  Des formations ont également été dispensées afin de lutter contre la solitude.

La représentante s’est ensuite félicitée de la création du Bureau pour la jeunesse.

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a indiqué que le développement économique avait permis de réduire la pauvreté dans son pays, notamment grâce au Programme de développement 2023-2028.  Son pays est ainsi devenu un État à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.  Une réforme fiscale fera des Philippines une destination de choix pour les investissements, s’est-il aussi réjoui. Un programme spécial aide en outre les familles à résister à des crises comme celle de la pandémie de COVID-19, et de nombreux efforts sont déployés en faveur des jeunes.  Afin de ne laisser personne de côté, a-t-il enchaîné, les Philippines œuvrent également à offrir un cadre de travail aux travailleurs migrants, et veillent au respect des droits des personnes âgées. 

M. MAPVIA HUBER, délégué de la jeunesse de l’Autriche, a regretté que les portes des instances de décision restent trop souvent fermées aux jeunes.  Il a relevé que les événements actuels laissent souvent les jeunes « désemparés, désillusionnés, voire découragés », en particulier s’ils sont réfugiés et défenseurs de l’environnement.  Les jeunes vivant avec un handicap sont, quant à eux, confrontés à des problèmes économiques et de santé mentale qui tendent à les exclure des processus de prise de décision, a-t-il ajouté, plaidant pour que tous les jeunes soient entendus. 

« Si les inégalités sociales, les incertitudes, les crises et les guerres nous concernent tous, ce sont les jeunes générations qui restent les plus vulnérables », a poursuivi le délégué, avant d’exhorter les États Membres à défendre la Déclaration des jeunes sur la jeunesse, la paix et la sécurité, adoptée à Amman, et à mettre en application les plans d’action du Sommet mondial sur la jeunesse.  Pour les jeunes du monde entier, a-t-il souligné, le développement durable « n’est pas seulement un mot à la mode, mais une véritable bouée de sauvetage ».  Voyant dans la finalisation d’un bureau de la jeunesse de l’ONU une étape importante, il a souhaité que cette nouvelle instance multilatérale écoute attentivement les jeunes, en particulier les jeunes défavorisés, et qu’il contribue à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030

Mme PENELOPE RAMATSOBANE MAKGATI (Afrique du Sud) a indiqué que les crises multiples et interdépendants dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie et du financement du développement survenues à l’échelle mondiale ont également affecté négativement son pays.  Parmi ces crises, celle liée à la pandémie de COVID-19 a eu pour effet d’inverser les efforts nationaux d’éradication de la faim et de la pauvreté, a-t-elle souligné, avant de détailler les mesures prises par le Gouvernement sud-africain en faveur des groupes vulnérables.  À titre d’exemple, elle a relevé que 71,9% de toutes les personnes âgées du pays ont reçu des allocations sociales en 2015.  S’agissant des jeunes, la déléguée a évoqué plusieurs instruments de protection sociale au niveau national, tels que les subventions sociales et l’éducation gratuite. 

La représentante a ajouté que l’Afrique du Sud œuvre au développement inclusif par le biais du sport, de la culture et des loisirs, en particulier en ce qui concerne les programmes destinés aux jeunes.  Avant de conclure, elle a exprimé son soutien à la proposition du Secrétaire général de convoquer un Sommet social mondial en 2025 pour examiner les lacunes et les progrès accomplis dans la promotion d’une approche du développement centrée sur l’être humain. 

Mme EKATERINA MOZGOVAYA (Bélarus) a recommandé de créer des politiques propices au développement social, s’enorgueillissant que le soutien social des personnes âgées, handicapées, des anciens combattants, et des jeunes est la « carte de visite » du Bélarus sur son chemin de développement socioéconomique.  Des jeunes formés, motivés et actifs sont la clé et la ressource stratégique du pays, a‑t‑elle ajouté. C’est pourquoi toutes les conditions indispensables à l’épanouissement ont été mises en œuvre sur le plan national. Le Bélarus a également mis en place des mesures pour garantir la pleine participation des personnes âgées à la société et pour renforcer la solidarité entre les générations. Par ailleurs, la déléguée a regretté l’absence de mention des mesures coercitives unilatérales comme sources d’insécurité alimentaire dans le rapport du Secrétaire général. Elle affirmé que les sanctions ciblant les engrais à base de potasse bélarussiens, ainsi que les interdictions de transit d’engrais, entravent la sécurité alimentaire.  

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a d’entrée pointé les divisions et inégalités dans le monde, où un milliard de personnes sont pauvres, près de 350 millions souffrent de la faim, et un tiers est menacé par l’impact des changements climatiques.  Il est revenu sur la pandémie de COVID-19 qui a tué des millions de personnes dans le monde, ébranlé les chaînes d’approvisionnement et fait exploser l’inflation, et mis en avant les inégalités mondiales en matière de distribution des vaccins.  Les changements climatiques et la multiplication des conflits n’ont fait qu’exacerber la crise alimentaire et énergétique auxquels des pays comme le Pakistan sont confrontés. 

Le représentant s’est ensuite félicité de la tenue, en 2025, du Sommet social mondial, tout en souhaitant débattre de ses modalités et conclusions dans un cadre intergouvernemental.  Il a signalé que la capacité des pays en développement à atteindre les ODD et garantir un développement social inclusif a été fortement sapée par le manque de marge de manœuvre budgétaire.  Une refonte de l’architecture financière mondiale s’impose donc, a-t-il affirmé. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine)a appelé à mener des efforts communs pour répondre aux crises économique, sanitaire et environnementale.  Après avoir souligné le rôle de son pays à la tête de la Commission du développement social depuis deux ans, elle a indiqué que, dans ce cadre, l’accent a été mis sur la prise en compte des familles dans leur diversité à travers la promotion de politiques publiques qui garantissent le respect des droits humains.  La représentante a d’autre part plaidé pour une réforme de l’architecture financière internationale afin de promouvoir un développement axé sur la justice sociale.  Jugeant indispensable une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), elle a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à se saisir sans délai de la question des paiements supplémentaires imposés aux pays endettés. 

La déléguée a également rappelé que, d’ici à 2050, le nombre de personnes âgées va doubler dans le monde.  Ce phénomène impose de promouvoir leur protection à travers un mécanisme international juridiquement contraignant, a-t-elle estimé, en souhaitant que les sociétés contemporaines deviennent de plus en plus inclusives.  Sur ce point, elle a noté que le Groupe de travail sur le vieillissement, présidé par son pays, constitue un espace de discussion adapté.  Elle a ajouté que l’Argentine proposera un projet de résolution portant sur le suivi des travaux de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. 

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a salué l’organisation en 2024 du Sommet de l’avenir en vue de revigorer l’action mondiale.  Soulignant l’importance d’inclure les jeunes dans les programmes de développement social, il a indiqué que son gouvernement continue de consacrer une part croissante des dépenses publiques à la protection sociale. Il a également fait état de mesures sociales spécifiques pour les personnes âgées, lesquelles servent de point d’ancrage au sein de leurs communautés et soutiennent leur famille élargie.  Le délégué est ensuite revenu sur les répercussions de la pandémie de COVID-19, insistant sur l’importance d’une approche multidimensionnelle pour améliorer l’accès à une éducation et à des soins de santé de qualité.  Par ailleurs, à l’approche de la COP28, il a invité les États Membres à se pencher sur la lutte contre les changements climatiques et la réalisation d’une transition équitable vers les énergies vertes, jugeant qu’il s’agit d’un « impératif mondial urgent ».  Il a également rappelé que l’action climatique doit être partagée et que les nations développées doivent jouer un rôle de premier plan dans l’aide aux communautés les plus touchées. 

M. DAI BING (Chine)a constaté une décélération du monde en termes d’objectifs de développement, avec de nets revers observés en 2020. Soutenant à cet égard la convocation d’un nouveau Sommet social mondial en 2025, il a jugé que les pays développés doivent accroître leurs contributions au développement du reste du monde.  Le représentant s’est par ailleurs enorgueilli des efforts déployés par la Chine en la matière, qualifiant son pays de « porte-étendard du développement ».  À l’initiative du Président Xi Jinping, la Chine a développé un système d’assurance maladie pour 90% de sa population, ainsi qu’un système de retraite pour 1,4 milliard d’individus, a-t-il encore relevé.  Au niveau international, la Chine est prête à renforcer sa coopération avec tous les pays, a poursuivi le délégué, faisant état de milliards de dollars investis par l’État chinois pour concourir au développement par-delà ses frontières.

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a estimé que le Sommet social mondial de 2025 doit jeter les bases d’un nouveau contrat social mondial, dans le but de réduite les inégalités au niveau international.  Elle est ensuite revenue sur les objectifs et efforts déployés au niveau national, insistant notamment sur les droits humains des jeunes.  Le Portugal soutien un dialogue basé sur la solidarité intergénérationnelle, a ajouté la déléguée. 

M. AHMAD FAISAL MUHAMAD (Malaisie)a noté que la pandémie a transformé le paysage social de notre monde, mais que la reprise postpandémie ouvre de nouveaux horizons.  Il est ainsi revenu sur les efforts déployés au niveau national, citant entre autres le plan « Malaysia Madani » lancé en 2022, qui pose des principes nouveaux en matière de développement durable et de bonne gouvernance.  Dans ce cadre, a‑t‑il précisé, la Malaisie œuvre aussi à l’autonomisation des groupes cibles, notamment des peuples autochtones, des femmes et des jeunes. 

Le délégué a d’autre part indiqué que son pays a réexaminé ses politiques pour les appuyer sur les principes d’égalité hommes‑femmes et renforcer la protection sociale des jeunes et des personnes âgées, tout en améliorant la coordination des programmes de protection sociale, des systèmes de sécurité sociale et de retraite.  Enfin, il fait état de nombreuses mesures entreprises pour ne pas laisser les personnes âgées de côté, son pays anticipant un vieillissement de sa population d’ici à 2030. 

Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a estimé que l’éradication de la pauvreté est une priorité essentielle pour la promotion du développement durable, avant d’évoquer les mesures prises par son pays, conformément aux engagements du Sommet mondial pour le développement social de 1995 et de la Déclaration sur le développement social de Copenhague.  Le Gouvernement colombien a ainsi fait de l’égalité et de la justice sociale des impératifs pour améliorer la redistribution des revenus tout en donnant la priorité à ceux qui sont historiquement marginalisés, a-t-elle souligné, insistant sur la volonté d’éliminer la pauvreté, comme cela est reflété dans le plan de national de développement 2022-2026. 

M. JØRGEN REYMERT JENSEN et Mme KRISTINE MEEK STOKKE, délégués de la jeunesse de la Norvège, se sont tous deux inquiétés de la situation déplorable des femmes et des jeunes filles dans le monde, dénonçant le fait que la violence sexuelle soit utilisée comme arme dans de nombreux conflits, notamment en République démocratique du Congo (RDC), en Syrie et en Ukraine.  Les deux jeunes ont décrié les guerres et les conflits qui font du corps de la femme un « champ de bataille », avant de condamner tout particulièrement les agissements de soldats russes sur le sol ukrainien et leur recours à la violence sexuelle comme méthode de guerre.  En période de conflit, « trop de femmes, trop d’enfants doivent vivre avec les conséquences terribles de la violence sexuelle », s’est emporté le jeune délégué, tandis que sa compatriote appelait les États Membres à transformer les paroles de la résolution 1325 (2000) en action et à forcer les criminels de guerre à répondre de leurs actes. 

Mme HEBA MOSTAFA MOSTAFA RIZK (Égypte) s’est alarmée de l’absence de progrès, voire le recul, dans la lutte contre l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, ainsi que du manque d’accès à une éducation de qualité et aux sources d’énergie.  Elle a relevé que les pays en développement et les pays les moins avancés d’Afrique sont les plus touchés par les défis mondiaux actuels et par les crises consécutives et croisées, alors qu’ils ne se sont pas encore remis du détournement de leurs ressources naturelles, des conflits, du lourd fardeau de la dette et, pour certains, du manque de ressources naturelles. 

 Elle a décrié l’approche uniforme en matière de vieillissement qui ignore les différences de démographie sociale entre les sociétés développées et en développement. Dans un pays comme l’Égypte, par exemple, les jeunes représentent 60% de la population.  La déléguée a ensuite évoqué deux projets clefs de développement social lancés par son gouvernement, et axés sur la solidarité sociale et le rôle central de la famille en tant que pierre angulaire du développement social. 

Mme FATEMEH ARAB BAFRANI (République islamique d’Iran) a déclaré que la famille constitue le fondement de la société, sans laquelle les communautés et les économies ne peuvent survivre.  À ce titre, l’Iran reconnaît l’importance de protéger les familles.  À mi-parcours de l’échéance de 2030, les objectifs de développement durable semblent en grande difficulté, a noté la représentante, appelant les décideurs politiques à évaluer leurs politiques futures à l’aune des familles.  Elle a souligné l’importance de répondre aux besoins et aux priorités des jeunes des pays en développement à travers le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Elle a ensuite appelé l’ONU à recentrer son attention sur les questions familiales en incluant les questions liées à la migration et au dialogue intergénérationnel. 

Mme SALAMATA ODETTE NIAMBA CONGO (Burkina Faso) a indiqué qu’avec une population constituée de 51,78% d’enfants, 32,6% de jeunes, 51,7% de femmes et 5,1% de personnes âgées de 60 ans et plus, le Burkina Faso fait face à des défis tels que la difficulté d’accès aux services sociaux de base, le chômage et le sous-emploi, le faible accès à une formation professionnelle de qualité, et la fracture numérique, entre autres.  En outre, ces défis sont exacerbés par la situation sécuritaire et humanitaire que traverse le pays, depuis 2015, et qui a fortement impacté les secteurs de la santé et de l’éducation, avec plus de 700 établissements de santé affectés et environ 23% des infrastructures scolaires fermées.  La représentante a expliqué que le Burkina Faso s’est doté d’une Stratégie nationale de relèvement des personnes déplacées internes et des communautés d’accueil (SNR-PDICA) 2023-2027.  Le coût pour la mise en œuvre du Plan d’action opérationnel de la SNR-PDICA 2023-2025 est évalué à 1 627,79 millions de dollars dont 30%, sont encore à rechercher, a-t-elle signalé.

M. JOÃO HENRIQUE NASCIMENTO DIAS (Brésil) a souligné, que le développement social n’est pas un concept abstrait, les inégalités étant la mère de toutes les crises.  Il s’est félicité des efforts déployés par le Brésil en la matière, tout en jugeant indispensable que la communauté internationale assume sa responsabilité. Il a indiqué qu’au plan national, le programme Bolsa Familia permet d’éduquer et de vacciner plus d’enfants au Brésil, ajoutant que l’accès à un emploi décent est au cœur des politiques sociales brésiliennes.  Le Gouvernement travaille à améliorer aussi les relations entre les travailleurs et les entreprises, notamment en augmentant les salaires et en garantissant l’égalité salariale. 

M. ROMAN G. KASHAEV (Fédération de Russie) s’est félicité de la perspective du Sommet social mondial en 2025, insistant sur le fait que celui-ci ne devait exclure aucune question.  Il a assuré que son pays permet aux personnes âgées de vivre une bonne vie, et soutient activement aussi ses jeunes, notamment dans la recherche d’emploi.  La jeunesse doit aussi déployer tout son potentiel créatif et sportif, a ajouté le délégué, se félicitant du festival mondial de la jeunesse prévu l’année prochaine en Russie. 

M. GOLIBJON GULOV (Tadjikistan) a mis en avant les efforts entrepris pour l’autonomisation des jeunes qui représentent 70% de la population. Il a également souligné la détermination de son pays à promouvoir et protéger la vie des personnes vulnérables.  Dans cette optique, son gouvernement a adopté un certain nombre de stratégies et de mesures pour répondre aux besoins des personnes handicapées.  De même, il a énuméré les mesures prises pour atténuer l’impact socioéconomiques de la pandémie de COVID-19. 

Le représentant a ensuite évoqué le renforcement du cadre juridique pour garantir la jouissance des droits, notamment celui de vivre dans un environnement propre et sain. Il a appelé à garantir la participation des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des communautés locales dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques et de la prévention des catastrophes. 

M. ISABELLA REGINA RIVERA REYES (Honduras) a indiqué que selon l’Organisation panaméricaine de la santé, 12 à 14% de la population hondurienne est en situation de handicap.  Le Honduras étant le seul pays d’Amérique centrale qui ne dispose pas encore d’un recensement national des personnes handicapées, des travaux sont en cours pour créer un registre national des personnes handicapées afin de faciliter la collecte de données et d’assurer une prise en compte du handicap.

Le représentant a fait état d’un plan gouvernemental pour appuyer la protection sociale en encadrant les stratégies publiques.  À ce titre, il a évoqué la création d’un échéancier qui repose sur une carte actualisée de l’extrême pauvreté.  Cette dernière, a-t-il expliqué, constitue un dispositif central de la méthodologie progressive des programmes sociaux créé par le Honduras, parmi lequel figurent le Réseau de solidarité, qui cible plus de 3,5 millions d’individus.  Par ailleurs, afin d’augmenter les capacités productives du pays et atteindre un certain niveau d’autonomie en matière d’approvisionnement, trois bons de sécurité alimentaire et nutritionnelle ont été créés a-t-il détaillé.  Revenant sur la question du handicap, il a indiqué qu’un fonds de solidarité avait été créé dans le but de financer des projets innovants de développement durable.

Mme VICTORIA SAVOVA, déléguée de la jeunesse de la Bulgarie, a qualifié de titanesques les défis à surmonter tout en y voyant l’occasion de renforcer la confiance et donner un nouveau souffle à la solidarité.  Elle a jugé indispensable d’accélérer l’action pour assurer la réalisation des ODD.  Il faut impliquer les jeunes de manière concrète et non symbolique, car ils sont des parties prenantes et moteurs du changement, a-t-elle précisé, avant de donner la parole à sa collègue.

Mme TSVETELINA GARELOVA, autre déléguée de la jeunesse, s’est alors inquiétée du manque de compréhension des ODD parmi les jeunes bulgares.  Les sujets tels que l’écologie et la durabilité sont intégrées dans le programme scolaire mais les connaissances des élèves n’ont pas augmenté de manière significative, a-t-elle regretté. Déplorant le manque d’engagement du personnel enseignant dans certaines situations, elle a appelé à réorganiser les approches éducatives.  Chaque élève doit être conscient des ODD,  de leurs importances et de la manière de contribuer à leur réalisation, a-t-elle insisté.  Les jeunes doivent être mieux informés sur le fonctionnement des institutions, a- t-elle analysé, avant d’indiquer que la réalisation des objectifs de développement durables nécessite des mesures urgentes.  Nous sommes à un tournant ou les décisions d’aujourd’hui sont le reflet du monde de demain a-t-elle conclu. 

M. FAISAL FAHAD M. BIN JADID (Arabie saoudite) s’est fait l’apôtre d’un « islam modéré », dont son pays promeut les valeurs.  Il a indiqué qu’à cette aune, la « Vision 2030 » du Royaume prône la protection des groupes vulnérables, à commencer par les personnes âgées et les personnes handicapées.  Dans ce cadre, de nombreuses initiatives sont entreprises, a-t-il dit, citant notamment l’adoption par le Conseil des ministres saoudien d’une nouvelle loi sur les personnes en situation de handicap. 

Le représentant a par ailleurs noté qu’un rapport du Secrétaire général mentionne le nombre de programmes concourant à trouver une solution au problème des sans-abris.  Pour répondre à cette problématique, l’Arabie saoudite a lancé un programme ambitieux de logement pour tous, a-t-il expliqué, assurant que la stratégie du Royaume est précisée dans sa Vision 2030.  Il a conclu son propos en réaffirmant la volonté saoudienne de coopérer avec l’ONU en vue de la réalisation des ODD. 

Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun) a mis l’accent sur le rôle primordial de la famille comme unité de représentation sociale et culturelle, appelant à ce titre à ce qu’elle fasse l’objet d’une protection particulière. Elle s’est ainsi référée à la Déclaration universelle des droits de l’homme, selon laquelle « La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'État. ».  À cette aune, la représentante s’est alarmée des tentatives visant à diminuer et à dévaloriser l’importance de la famille.  À ses yeux, on ne peut ambitionner de construire une famille humaine et en même temps saper son fondement même qu’est la famille traditionnelle.  Elle a ajouté que son pays est impatient de partager son expérience en la matière lors du Sommet social mondial en 2025.  À cette occasion, a‑t‑elle indiqué, le Cameroun s’emploiera à réaffirmer le rôle de la famille comme agent de développement et appellera au renforcement des législations et politiques basées sur la famille. 

Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a commencé par dénoncer le « putsch » des milices houthistes, qui, selon elle, entrave les aspirations du peuple yéménite dans son ensemble.

Elle a ensuite indiqué que, dans le cadre de l’engagement de son gouvernement à accorder l’intérêt nécessaire à tous les segments de la population, une stratégie nationale pour les personnes âgées a été mise en place en reconnaissance de leur contribution au pays.  Il s’agit, a-t-elle étayé, de leur fournir les ressources nécessaires à leur épanouissement.  La représentante a par ailleurs réitéré l’engagement du Yémen à réaliser le développement durable pour tous, par le biais de stratégies fondées sur le développement économique et social.  Enfin, après avoir remercié « tous les pays frères, amis et donateurs » qui contribuent à appuyer son pays face aux répercussions de la catastrophe humanitaire qui s’y déroule, elle a appelé à maintenir cette aide pour permettre au Yémen de mettre en œuvre ses objectifs et d’aller de l’avant. 

M. LOK BAHADUR THAPA (Népal) a fait état d’une reprise lente à la suite de la pandémie, avant de rappeler que la Constitution de son pays garantit une approche axée sur les droits humains de tous.  Il a ainsi précisé que la politique de développement national inclut l’ensemble des citoyens, notamment les femmes, les personnes handicapées et les communautés autochtones.  Les droits fondamentaux des femmes et des filles sont également garantis par la Constitution, a‑t‑il ajouté, relevant à ce propos que les femmes représentent 41% des membres des assemblées régionales et du Parlement fédéral du Népal. 

Le représentant a également souligné la détermination de son pays à abolir toutes les formes de travail et d’exploitation des enfants à l’horizon 2025. Le Népal accorde également une attention particulière à la protection des personnes âgées, a‑t‑il dit, mentionnant un programme destiné aux citoyens de plus de 60 ans.  Le Gouvernement népalais propose en outre un accès libre à la santé, à l’éducation et aux transports pour les personnes handicapées et pratique une politique de quotas dans la fonction publique, a‑t‑il indiqué.  Avant de conclure, le délégué a souligné la nécessité pour le Népal d’être soutenu par la communauté internationale, à travers l’aide publique au développement et des partenariats, afin d’atteindre les ODD. 

M. ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan) a souligné que des défis multiples ont aggravé les inégalités dans les pays vulnérables comme le sien et mis en péril les progrès réalisés en matière d’ODD, avant d’appeler à placer le développement social au centre des stratégies de reprise.  À cette fin, a-t-il dit, son pays s’emploie à mettre en place un environnement accessible et inclusif, principe incarné par le concept « Un Kazakhstan juste et équitable ».  Après la pandémie, le Gouvernement a ainsi adopté des mesures anticrises et des politiques monétaires s’élevant à quelque 10 milliards de dollars.  Il a également lancé un programme national de développement de la santé 2020-2025, qui a permis l’élargissement des examens médicaux pour les personnes âgées, s’est enorgueilli le représentant.

Par ailleurs, dans le cadre du programme d’action de Madrid, le Kazakhstan a adopté le programme « longue vie active » à l’horizon 2025 et travaille à un projet de contrat générationnel destiné à faciliter les transferts de compétences grâce au mentorat.  Enfin, observant que le service public numérique joue un rôle crucial dans le soutien social aux tranches les plus vulnérables de la population, le délégué a salué l’adoption, cette année, d’un nouveau code social, qui permet une nouvelle approche conceptuelle en matière de sécurité sociale.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a décrit les jeunes comme des partenaires clefs pour parvenir à une reprise durable et atteindre les objectifs de développement durable.  La Mongolie étant un pays jeune, il s’est réjoui de la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, qui sera chargé de porter les voix des jeunes.  Il a toutefois déploré que des millions de jeunes soient au chômage dans son pays, assurant que tout est mis en œuvre pour répondre à ce défi, notamment par le biais de programmes de stages et d’aide à l’emploi des jeunes. 

Le représentant a d’autre part affirmé que la Mongolie œuvre à l’autonomisation des femmes, tant au niveau économique que sur le plan politique. Reconnaissant à cet égard que l’égalité femmes‑hommes est encore loin d’être atteinte dans son pays, il a fait état d’une réforme du système électoral établissant des quotas minimaux pour que les femmes représentent au moins 30% des candidats.  Il a ajouté que son gouvernement considère les femmes, en particulier celles vivant en milieu rural, comme de véritables agents de lutte contre la pauvreté et la malnutrition, et agit en conséquence pour favoriser le développement social. 

M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA, (Sri Lanka) a indiqué que l’inégalité est devenue un facteur important du marché du travail où de nombreux obstacles entravent l’accès des personnes handicapées à un emploi décent.  Il a enjoint les secteurs public et privé à fournir des efforts pour remédier à la perte des moyens de subsistance des individus liés à la pandémie et aux insécurités mondiales.  Il a par ailleurs fait savoir que suite aux manifestations et aux troubles de l’an dernier, son gouvernement est parvenu à rétablir une stabilité économique, précisant que le mécanisme élargi de crédit du FMI avait été accordé au pays, en mars de cette année.

Le représentant a ensuite appelé à une réforme rapide de l’architecture financière pour répondre aux défis actuels.  À ce titre, il a souligné la nécessité de préserver les acquis du développement en exhortant les États Membres à former des partenariats Sud-Sud et Nord-Sud.  Il a appelé à développer une approche politique concertée et holistique incluant des stratégies à court et à long terme, reposant sur la déclaration politique du Sommet des ODD, adoptée la semaine dernière, pour redynamiser le Programme 2030.

M. MOHAMMAD NAEEM et Mme ALICIA O’SULLIVAN, délégués de la jeunesse de l’Irlande, ont préconisé une approche dénuée de toute hypocrisie en matière de lutte contre les changements climatiques.  En effet, ont-ils reconnu, « nous avons emprunté le mauvais chemin » dans ce domaine.  Si l’on veut la justice climatique, il est urgent d’agir aujourd’hui, car l’inaction est à l’origine des inégalités, ont-ils clamé, appelant à faire en sorte que des fonds soient disponibles et accessibles, notamment pour les communautés qui sont en première ligne des changements climatiques, à commencer par les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID).

Les deux délégués ont donc invité les États Membres à participer à la COP28 avec beaucoup d’ambition et à jouer un rôle moteur pour changer les choses. Pour finir, ils se sont élevés contre le racisme, un problème mondial qui exige une action internationale, « surtout si nous voulons honorer les promesses du Programme de développement à l’horizon 2030 ».

Mme HANNA-STIINA TORNIUS, déléguée de la jeunesse de l’Estonie, s’est alarmée des conséquences de la guerre en Ukraine sur la jeunesse.  Notant que les jeunes sont très touchés par les violences, elle a appelé à les inclure davantage aux processus de résolution des conflits, et ce pour le bien de tous.  Une meilleure inclusion des jeunes permettrait en outre d’améliorer la cohésion sociale des États Membres.  En nous comprenant mieux les uns les autres, nous pourrons poser les jalons d’une paix durable, a espéré la déléguée en guise de conclusion. 

Mme ELIZABETH NORALMA MENDEZ GRUEZO (Équateur) a axé son intervention sur les personnes les plus vulnérables, insistant sur la situation des enfants et des personnes âgées.

Elle s’est notamment félicitée des résultats obtenus par son pays dans la réduction de la malnutrition chez les enfants de moins de deux ans. L’essentiel est de protéger les personnes tout au long de leur vie, a-t-elle souligné, faisant état de programmes qui donnent la priorité aux familles qui vivent dans l’extrême pauvreté et soutiennent les personnes handicapées.  Tout en saluant les progrès enregistrés par l’Équateur sur le plan social, la représentante a reconnu la nécessité de redoubler d’efforts au niveau régional, s’agissant notamment des enfants et des personnes âgées.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

1re séance plénière - après-midi
AG/DSI/3708

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a tenu aujourd’hui sa séance d’organisation sous la présidence de M. Rytis Paulauskas (Lituanie) et a approuvé son programme de travail pour la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.

En présentant le programme de travail, M. Paulauskas a indiqué que la Première Commission tiendrait un total de 28 réunions pour achever ses travaux le 3 novembre.  Il a rappelé que cette session se décline en trois phases, celle du débat général, du 2 au 11 octobre, avec huit réunions dont une, informelle, qui sera l’occasion d’entendre des organisations de la société civile; celle de ses discussions thématiques, durant 13 séances du 13 au 26 octobre; et celle de l’adoption des projets de résolution et décision, avec environ six séances prévues entre le 27 octobre et le 3 novembre.

M. Paulauskas a annoncé que le Président de l’Assemblée générale, M. Dennis Francis, interviendrait à la Commission lundi 2 octobre, à l’ouverture du débat général.  La séance du 13 octobre sera, elle, marquée par le traditionnel échange avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, sur le suivi de l’application des projets de résolution et décision adoptés par l’Assemblée, et par une discussion sur les méthodes de travail et la planification du programme.

Le calendrier des différentes séances de travail figure dans le document A/C.1/78/CRP.1.

Par ailleurs, la Fédération de Russie a attiré l’attention sur le non-octroi de visas par les États-Unis à deux membres de la délégation russe, parlant d’une situation « inacceptable » qui entrave le dialogue entre les États Membres sur les questions de désarmement.  Elle a accusé Washington de « fouler aux pieds » ses engagements internationaux relatifs à l’Accord de Siège, qui prévoit l’octroi sans entrave de la possibilité de se déplacer pour les représentants des délégations de l’ONU.  Les États-Unis ont répondu en assurant que leur pays était déterminé à respecter ses obligations, précisant que 14 des 16 visas requis avaient été délivrés et exprimant son espoir que les deux autres le seraient avant le coup d’envoi de la session de fond.  Il a toutefois fait observer que l’examen de cette question devrait être réservé aux instances compétentes, en particulier le Comité des relations avec le pays hôte. 

Lors de la présente session, le bureau de la Première Commission sera composé, outre son Président M. Rytis Paulauskas, de M. Matías Andrés Eustathiou de los Santos (Uruguay), M. Yaseen Lagardien (Afrique du Sud) et Mme Christine Nam (Nouvelle-Zélande), Vice-Présidents; et de M. Heidar Ali Balouji (Iran), Rapporteur.

La Première Commission entamera son débat général lundi 2 octobre, à partir de 10 heures.

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