Conseil de sécurité: des tensions politiques et sécuritaires au Kosovo conjuguées à une impasse du dialogue entre Belgrade et Pristina, selon la Représentante spéciale
Les derniers mois ont été marqués par des tensions politiques et sécuritaires croissantes dans le nord du Kosovo, parallèlement à l’absence de progrès tangibles dans le dialogue facilité par l’Union européenne (UE) entre Belgrade et Pristina, a constaté, cet après-midi au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Kosovo lors de la première séance consacrée à cette question depuis mars dernier.
Venue présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général sur les activités de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qu’elle dirige, Mme Caroline Ziadeh est revenue sur le grave incident sécuritaire survenu le 24 septembre dernier près du village de Banjska/Banjskë, de la municipalité de Zvečan/Zveçan, dans le nord du Kosovo, au cours duquel un policier kosovar a été tué et deux autres blessés. Des coups de feu ont ensuite été échangés entre la police du Kosovo et des « éléments lourdement armés », faisant quatre morts.
Cet incident, a-t-elle ajouté, est venu exacerber un environnement précaire, marqué par une atmosphère de « suspicion mutuelle » et de « perceptions contradictoires » au sein de la population, en particulier dans le nord du Kosovo et parmi les communautés serbes du Kosovo, a expliqué la Représentante spéciale. La Première Ministre de la Serbie, Mme Ana Brnabić, et Mme Vjosa Osmani-Sadriu, du Kosovo, ont en effet présenté des visions diamétralement opposées de la crise.
La situation est si grave, a déclaré la Cheffe de gouvernement serbe, qu’il devient nécessaire pour tous de la comprendre, « non pas en tant que politiciens, mais en tant qu’êtres humains », pour éveiller une « lueur d’espoir » pour celles et ceux qui souffrent dans la « province autonome du Kosovo-Metohija ». Pour Mme Brnabić, Pristina a trois principaux messages à adresser aujourd’hui.
Le premier, c’est que les Serbes partis après 1999, ou durant le « nettoyage ethnique » de 2004, ne sont pas les bienvenus au Kosovo-Metohija, le territoire avec le plus petit nombre de rapatriés au monde, selon la Première Ministre. Le deuxième, a-t-elle poursuivi, c’est que les Serbes qui sont restés doivent partir, culmination d’années d’atteintes systématiques à leurs droits les plus élémentaires ainsi qu’à ceux d’autres non-Albanais, « transformant leur vie en véritable cauchemar ». Enfin, le troisième message, a ajouté Mme Brnabić, c’est qu’il ne faut pas que les accords conclus soient mis en œuvre, et que ceux qui l’ont été en partie soient « annulés, démantelés ou bloqués », a-t-elle encore soutenu.
« Comme l’indique ce rapport, et du reste ceux des 10 dernières années, pas un mot du Premier Accord sur les principes gouvernant la normalisation des relations n’a été effectivement mis en œuvre par Pristina », a-t-elle dénoncé. Fustigeant également une « campagne de nettoyage ethnique silencieux », la Première Ministre a réclamé l’exécution de tous les accords passés et l’établissement de l’Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo, conformément à l’accord de 2015.
Mme Osmani-Sadriu, du Kosovo, a rejeté ces allégations, en commençant par désigner l’État serbe comme le commanditaire de « l’agression commise, le 24 septembre dernier, par des groupes terroristes et paramilitaires », preuve selon elle que la détermination de Belgrade à « déstabiliser la région et à reproduire les scénarios de Milošević et de Putin est à son apogée ». Sans doute s’attendait-elle ce jour-là à réussir son projet d’annexion du nord du Kosovo, « à la manière de la Russie en Crimée », a-t-elle ironisé. L’Albanie s’est dite de son côté surprise d’entendre l’analyse de la Première Ministre serbe, dont les éléments ne sont « pas reflétés » dans le rapport du Secrétaire général ni dans celui de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Mme Osmani-Sadriu a par ailleurs invité les membres du Conseil à se rendre au Kosovo pour y constater les progrès accomplis, au travers de l’établissement de cadres constitutionnels et juridiques « parmi les plus avancés au monde ». Elle a souligné que la minorité serbe du Kosovo, qui représente environ 3 à 4% de la population totale, détient un droit de veto sur les amendements constitutionnels. Ce qui signifie donc que, même si plus de 90% des membres du Parlement votent en faveur d’un projet de loi, rien ne peut être adopté sans leur consentement, signe de l’engagement du Kosovo à créer une société inclusive et diversifiée, s’est enorgueillie Mme Osmani-Sadriu.
Reste que la réunion de haut niveau du 14 septembre à Bruxelles n’a produit aucun consensus sur le calendrier de mise en œuvre des accords antérieurs, a relevé la Représentante spéciale, en déplorant une nouvelle occasion manquée par les parties, qui ont en revanche échangé des allégations incendiaires au cours de la période à l’examen. En outre, le boycott, par les Serbes du Kosovo, des élections locales du 23 avril dans le nord du Kosovo, les questions liées à la représentation politique, ainsi que les « terribles violences » du 29 mai, lorsque 93 membres de la Force de paix au Kosovo ont été blessés lors d’échauffourées dans le nord du Kosovo, représentent à ses yeux de graves dangers pour l’instauration d’une paix durable.
Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont abondé en ce sens, la Suisse jugeant urgente la désescalade, tous les acteurs devant s’abstenir de promouvoir la violence, ou d’y recourir, ainsi qu’à des actions « unilatérales et provocatrices ». Un sentiment dont se sont fait l’écho l’Équateur, le Japon ou encore les Émirats arabes unis.
Tel n’a pas été l’avis de la Fédération de Russie, qui s’est élevée contre les visées des « prétendues autorités » de Pristina sur le nord du Kosovo, une « région » peuplée de Serbes. S’il n’est pas mis fin à l’arbitraire, les conséquences pourraient être extrêmement graves, « voire conduire à la reprise d’un conflit armé », a prévenu la délégation. Rejetant ces « fantaisies », l’Albanie a affirmé que « la balkanisation a été remplacée aujourd’hui par l’européanisation, parce que la région est de nouveau connectée à sa véritable identité, qui est européenne ».
RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2023/735)
Déclarations
Mme CAROLINE ZIADEH, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a évoqué le grave incident sécuritaire survenu le 24 septembre près du village de Banjska/Banjskë, de la municipalité de Zvečan/Zveçan, dans le nord du Kosovo, au cours duquel un policier kosovar a été tué et deux autres blessés. La police du Kosovo et des éléments lourdement armés ont ensuite échangé des coups de feu, faisant quatre morts. La police kosovare a saisi un nombre important de véhicules, de matériels militaires et d’armes. La MINUK s’est jointe à la communauté internationale pour condamner sans équivoque cet incident, tout en appelant à la retenue. Cet incident, a-t-elle ajouté, est venu exacerber un environnement sécuritaire dégradé, caractérisé par une atmosphère de suspicion mutuelle et de perceptions contradictoires au sein de la population, en particulier dans le nord du Kosovo et parmi les communautés serbes du Kosovo.
Les mois qui ont précédé cet incident ont été marqués par des tensions politiques et sécuritaires croissantes dans le nord du Kosovo, a noté la Représentante spéciale, parallèlement à l’absence de progrès tangibles dans le dialogue facilité par l’Union européenne. La réunion de haut niveau tenue le 14 septembre à Bruxelles n’a produit aucun consensus sur le calendrier de mise en œuvre des accords antérieurs, a-t-elle ajouté. Elle a déploré une nouvelle occasion manquée de s’engager en faveur d’un programme de mise en œuvre des engagements pris par les parties dans le cadre des accords conclus cette année à Bruxelles et Ohrid. Depuis, celles-ci ont échangé des allégations incendiaires, fragilisant encore plus les canaux de communication intercommunautaires au Kosovo et entre Belgrade et Pristina. Plutôt que d’attiser les tensions, les dirigeants élus ont, selon la haute fonctionnaire, la responsabilité de répondre aux besoins sécuritaires et socioéconomiques de tous les segments de la société, indépendamment de leur origine ethnique, linguistique ou politique. Le boycott, par les Serbes du Kosovo, des élections locales du 23 avril dans le nord du Kosovo, les questions liées à la représentation politique et les « terribles violences » du 29 mai représentent à ses yeux de graves dangers pour l’instauration d’une paix durable.
Or, l’impasse politique actuelle ne peut être surmontée que par un compromis élaboré dans le cadre du dialogue entre Belgrade et Pristina, a relevé la Représentante spéciale. Pour y parvenir, elle a souhaité que les réunions dirigées par l’Union européenne et les États-Unis, qui se sont tenues à Pristina et à Belgrade le 21 octobre, permettent de mettre en œuvre les mesures de désescalade et les propositions formulées. Les deux parties s’engagent à nouveau à mettre pleinement en œuvre tous les accords de dialogue antérieurs. En conséquence, la mise en place de l’Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo devrait commencer sans délai ni conditions préalables, en même temps que tous les autres accords essentiels. À cet égard, elle a noté que les retards accusés dans la mise en œuvre des accords de dialogue ont conduit au report d’une conférence des donateurs de l’Union européenne. Selon la haute fonctionnaire, les initiatives régionales de coopération et d’intégration doivent être saluées et priorisées.
Poursuivant, Mme Ziadeh a souligné la nécessité d’une communication claire avec le public sur les questions affectant leurs moyens de subsistance et les droits humains, en particulier s’agissant de l’expropriation des terres et la liberté de circulation des personnes et des biens, y compris à travers la ligne de démarcation administrative. « Le dialogue est la seule voie à suivre », a-t-elle conclu.
Mme ANA BRNABIĆ, Première Ministre de la Serbie, a expliqué qu’elle s’abstiendrait de recourir à un langage trop bureaucratique pour présenter ses vues de façon à la fois claire et directe. Au cours des deux années écoulées, et plus particulièrement durant les 12 derniers mois, la situation est devenue si grave, a-t-elle avancé, qu’il devient nécessaire pour tous de la comprendre, non pas en tant que politiciens, mais en tant qu’êtres humains, pour susciter une lueur d’espoir pour ceux qui souffrent dans la province autonome du Kosovo-Metohija. Mme Brnabić a signalé que l’Administration à Pristina avait trois principaux messages pour les Serbes, pour d’autres non-Albanais dans la province autonome et pour la communauté internationale. Le premier, c’est que les Serbes qui sont partis après 1999, ou durant le « nettoyage ethnique, pogrom » de 2004, ne devraient pas revenir. Dès lors, elle a jugé profondément troublant que la province autonome du Kosovo-Metohija soit un territoire avec le plus petit nombre de rapatriés au monde, soit moins de 2% des personnes déplacées. Pour la Cheffe de gouvernement, ce « n’est pas un accident », puisque ceux qui retournent chez eux découvrent que leurs propriétés ont été illégalement saisies. Et s’ils s’avisent de recourir aux autorités, ils sont arrêtés et mis en prison. Elle a cité les exemples du plusieurs personnes placées en détention au cours des derniers mois et accusées de crimes de guerre, qui sont pourtant entrées plusieurs fois dans le territoire et n’ont jamais été inquiétées jusqu’à ce qu’elles demandent à récupérer leurs propriétés et leurs terres.
Le second message « brutal » adressé aux Serbes, a poursuivi la Première Ministre, c’est que ceux qui sont restés doivent partir, ce qui s’est manifesté par des mois et des années d’atteintes systématiques aux droits les plus élémentaires des Serbes et d’autres non-Albanais, transformant leur vie en véritable cauchemar.
Mme Brnabić a indiqué que le rapport du Secrétaire général (S/2023/735) montre clairement qu’il existe une violence politique, juridique, institutionnelle et physique à l’encontre des Serbes, en évoquant l’incident survenu lors d’une procession de Noël durant laquelle il a été attenté à la vie de Stefan Stojanović, un enfant âgé de 11 ans, et de son cousin, Miloš, âgé de 21 ans, par Azem Kurtaj, un membre des forces de sécurité du Kosovo, pourtant illégales en vertu de l’article 15 de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité. L’amnistie accordée à Kurtaj équivaut foncièrement à une invitation à d’autres individus à commettre de tels actes, s’est-elle emportée, en énumérant toute une série d’exactions en présence même de la KFOR, d’EULEX et de la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). La Première Ministre a précisé qu’au cours des deux ans et demi écoulés, on a dénombré 434 attaques à motivation ethnique contre les Serbes et leurs propriétés, soit une hausse de 50% par rapport à la période antérieure à l’Administration Kurti, et l’on ignore si des chefs d’accusation ont été émis à l’encontre de leurs auteurs.
Le troisième message pour les Serbes, a poursuivi Mme Brnabić, en précisant qu’il s’adressait aussi à la communauté internationale, c’est qu’il ne faut pas que les accords conclus soient mis en œuvre, et que ceux qui l’ont été en partie seront annulés, démantelés ou bloqués. Comme l’indique ce rapport, et du reste ceux des 10 dernières années, pas un mot du Premier Accord sur les principes gouvernant la normalisation des relations n’a été effectivement mis en œuvre par Pristina, a-t-elle dénoncé. Fustigeant également une « campagne de nettoyage ethnique silencieux », elle a réclamé l’exécution de tous les accords passés et l’établissement de l’Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo conformément à l’accord de 2015; la sécurité des Serbes et de tous les habitants de la province autonome du Kosovo-Metohija; le plein respect de la résolution 1244 et la création d’un climat propice à la paix et la stabilité. À cette fin, a déclaré la Première Ministre, il faut un « partenaire sincère/honnête » que la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR), en vertu de son mandat, assume provisoirement la pleine responsabilité de la sécurité dans le nord de la province autonome, et que de nouvelles élections municipales soient organisées, dans les plus brefs délais, dans le nord, dans le cadre des efforts de désescalade.
Mme VJOSA OSMANI-SADRIU, du Kosovo, s’est adressée au Conseil en tant que « présidente » d’un pays qui a perdu environ 13 000 personnes en quelques mois de guerre, mais qui, une fois de plus, a choisi de se relever et de bâtir un avenir pour tous ses citoyens, « quelle que soit leur origine », et tendre la main de la coopération à son voisin, la Serbie. Malheureusement, a-t-elle déploré, celle-ci est toujours dans le déni, n’a jamais demandé pardon, ni montré de repentir pour les crimes commis par le régime de Milošević, et redouble d’efforts pour ramener la région dans les années 90.
Mais si aujourd’hui, Mme Osmani-Sadriu est ici, c’est pour dire que « nous ne laisserons pas cela se reproduire » et confirmer l’engagement du peuple kosovar à aller de l’avant. L’occasion pour elle de dénoncer l’agression commise, le 24 septembre dernier, par des groupes terroristes et paramilitaires soutenus par la Serbie, qui a provoqué la mort d’un policier et blessé un autre. Cela prouve à ses yeux que si l’engagement du Kosovo à protéger sa souveraineté, à promouvoir et faire progresser l’état de droit et à favoriser des relations de voisinage positives, reste inébranlable, la détermination de la Serbie à déstabiliser la région et à reproduire les scénarios de Milošević et de Putin est à son apogée. Ce jour-là, la Serbie s’attendait à réussir son projet d’annexion du nord du Kosovo, à la manière de la Russie en Crimée, a-t-elle ironisé. Elle a ensuite affirmé que les groupes terroristes et forces paramilitaires qui ont mené cette opération ont été financés, entraînés, armés par l’État serbe. Pour preuve, a-t-elle étayé, les armes et véhicules blindés ont été introduits par des voies illégales et certaines armes introduites par des véhicules portant de faux sigles de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Poursuivant, Mme Osmani-Sadriu a dévoilé l’élément le plus important qui étaye, à ses yeux, ses accusations, à savoir que « Radoicic, le chef du groupe terroriste qui a ouvertement admis être à l’origine de cet attentat », est l’un des plus proches collaborateurs et partenaires du Président serbe. L’intervenante a voulu mettre une chose au clair: ce qui s’est passé le 24 septembre n’était pas seulement une attaque contre le Kosovo. Il s’agissait d’un plan visant à déstabiliser l’ensemble des Balkans occidentaux, a-t-elle prévenu. De fait, a-t-elle appuyé, la quantité et le type d’armes confisquées représentaient une menace importante pour la sécurité non seulement des citoyens du Kosovo, mais aussi du personnel international, dont les troupes de l’OTAN. Elle a ensuite pointé du doigt les motivations profondes de Vučić, qui veut plus de territoire et plus d’instabilité.
Enfin, elle a invité les membres du Conseil à se rendre au Kosovo pour constater de visu les progrès accomplis, au travers notamment de l’établissement de cadres constitutionnels et juridiques parmi les plus avancés dans le monde et qui protègent résolument les droits des communautés. Illustrant son propos, elle a souligné que la minorité ethnique serbe du Kosovo, qui représente environ 3 à 4% de la population totale, détient un droit de veto sur les amendements constitutionnels. En d’autres termes, même si plus de 90% des membres du Parlement votent en faveur de la loi, rien ne peut être adopté sans leur consentement. Tout cela témoigne de l’engagement du Kosovo à créer une société inclusive et diversifiée, où les droits de tous ses citoyens, y compris les minorités, sont protégés et respectés, a-t-elle soutenu. Pour finir, elle a voulu assurer à « chaque Serbe vivant au Kosovo, que le Kosovo est sa maison autant que la mienne ».
M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a estimé que la voie vers une relation normalisée et prospère entre le Kosovo et la Serbie se dessine en trois étapes: la désescalade, une solution politique et l’instauration de la confiance, notamment par le traitement du « passé ». La désescalade est urgente, a embrayé le représentant qui a condamné les actes de violence et appelé la Serbie et le Kosovo à revenir au calme. Tous les acteurs doivent s’abstenir de l’usage et de la promotion de la violence ainsi que d’actions unilatérales et provocatrices, a-t-il lancé. Il faut mettre en œuvre les solutions politiques, a conseillé le délégué qui a appelé tous les acteurs à coopérer pleinement dans le cadre de l’enquête sur l’attaque du 24 septembre pour que ses auteurs soient traduits en justice. La Suisse, a poursuivi le représentant, appelle les parties à s’investir pleinement dans le dialogue facilité par l’Union européenne et à mettre en œuvre leurs engagements pris dans le cadre de l’accord sur la voie de la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie.
Le délégué a fait valoir que son pays offre un cadre informel dans lequel des représentants de haut niveau des partis politiques des deux pays peuvent discuter des mesures concrètes en vue d’une normalisation. La participation des femmes et l’intégration de la perspective de genre doivent être garanties tout au long du processus, a-t-il rappelé en soulignant aussi que l’instauration d’un climat de confiance, tant entre les parties au dialogue qu’entre les communautés au Kosovo, est cruciale. Un pas important sur cette voie est « le traitement du passé », qui doit bénéficier à toutes les communautés, y compris les plus marginalisées telles que les Roms, a encouragé le représentant. Afin de parvenir à une stabilité durable, il faut répondre aux préoccupations de tous les habitants et habitantes du Kosovo, a-t-il encore dit en réitérant le soutien de son pays au Kosovo dans ses efforts pour renforcer l’état de droit et le respect des droits humains.
M. GENG SHUANG (Chine) a encouragé les parties concernées à trouver une solution mutuellement acceptable sur le dossier du Kosovo. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Serbie doivent être respectées, a plaidé le représentant rejetant toute pratique du « deux poids, deux mesures » sur ce dossier crucial. Préoccupé par la situation dans le nord du Kosovo, le délégué a dénoncé les mesures unilatérales prises par les autorités du Kosovo. Il a demandé à celles-ci de se remettre sur le droit chemin du dialogue et des consultations, de prendre des mesures positives pour réduire les tensions ethniques et de respecter le droit légitime de toutes les communautés.
Le représentant a souhaité que les rencontres entre la Serbie et le Kosovo, initiées par l’Union européenne (UE), depuis le début de l’année, aboutissent à des solutions politiques dès que possible. Il a rappelé que la médiation de l’UE a permis la création de l’Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo. Les autorités du Kosovo devraient selon lui prendre des mesures concrètes pour lever des obstacles au dialogue direct entre les deux parties. S’agissant du rôle de la MINUK, le représentant a exhorté les autorités du Kosovo à garantir la sécurité du personnel de la Mission et à faciliter son travail.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a exprimé sa préoccupation face à la multiplication des incidents sécuritaires au cours des six derniers mois au Kosovo, lesquels ont affecté le processus de dialogue. Il a condamné les incidents de mai dernier au cours desquels des civils et des membres de la force de l’OTAN ont été grièvement blessés, ainsi que ceux du 24 septembre qui ont coûté la vie à un policier. Dans ce contexte, le représentant a appelé les parties à faire preuve de la plus grande responsabilité dans la conduite de leurs actions et à s’abstenir de toute action ou rhétorique susceptible d’exacerber les tensions. Il a jugé regrettable que les parties ne soient pas parvenues à un consensus sur les mesures d’application de l’accord et des mesures de désescalade dans le nord du Kosovo, en dépit de la réunion de haut niveau de septembre dernier facilitée par l’Union européenne. Pour y parvenir, les parties doivent, selon lui, maintenir un processus transparent et inclusif, tout en s’engageant dans le dialogue facilité par l’Union européenne. Le délégué a également jugé prioritaire de mettre en œuvre la Déclaration sur les personnes disparues afin d’appuyer le processus de réconciliation et de renforcer les mesures de confiance.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a réaffirmé l’attachement de son pays au maintien de la stabilité dans les Balkans occidentaux avant de déplorer, pour les condamner, les violences du 24 septembre dans le nord du Kosovo, qui se sont soldées par la mort d’un policier. Il a exigé que les auteurs rendent des comptes, et que les individus ayant fui vers d’autres pays soient recherchés, retrouvés et extradés.
Le représentant américain a mis en garde les deux parties face à toute mesure négative et les a exhortées à reprendre le dialogue piloté par l’UE afin de prendre des mesures concrètes dans le cadre de tous les engagements pris. La présence de la KFOR dans le nord du Kosovo doit être maintenue et pérennisée, a-t-il recommandé avant d’encourager le Kosovo à collaborer avec elle à l’avenir. Les événements récents ont prouvé que l’ONU peut jouer son rôle mais le Chapitre VII ne l’oblige pas à le faire, a-t-il encore souligné, ajoutant que la MINUK s’est déjà acquittée de son mandat et n’a plus de rôle à jouer dans la sécurité au Kosovo. Il a en conséquence demandé au Conseil de sécurité de mettre fin au déploiement de la MINUK.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a exhorté les deux parties à concentrer tous leurs efforts sur la désescalade des tensions et à s’abstenir de toute action unilatérale ou discours de division qui pourrait saper les efforts diplomatiques déployés au cours des derniers mois. Le dialogue est essentiel pour résoudre les questions en suspens, et la collaboration est le seul moyen de garantir la paix et la stabilité dans la région, a-t-elle insisté. À cet égard, la représentante a encouragé la participation pleine et inconditionnelle de tous les acteurs aux élections locales dans les municipalités du nord du Kosovo.
Elle a saisi cette occasion pour réitérer le plein soutien de son pays aux aspirations d’adhésion de la Serbie et du Kosovo à l’UE. À cette fin, la déléguée a dit avoir pris « bonne note » des progrès réalisés jusqu’à présent par le Kosovo sur la voie des réformes, l’invitant à s’assurer de la pleine participation des diverses parties prenantes de la société civile, notamment les communautés vulnérables et marginalisées. Malte reconnaît également l’importance du rôle de la MINUK dans la promotion de la sécurité, de la stabilité ainsi que de la préservation et de la promotion des droits humains.
Pour finir, la représentante a exhorté à la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie, faisant valoir que cela favorisera non seulement la paix dans la région, mais également la prospérité économique et sociale dans les Balkans occidentaux.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a constaté que « la situation politique et sécuritaire se dégrade au nord du Kosovo », citant les événements du 24 septembre dernier comme la dernière illustration de cette situation. La représentante a condamné fermement l’attaque visant la police du Kosovo et souhaité que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cette attaque pour que les responsables soient traduits en justice. Elle a appelé les parties à faire preuve de retenue et à entreprendre les efforts nécessaires pour s’engager dans la voie de l’apaisement. Cette montée des tensions ne peut être dissociée de la dimension politique du dossier, a analysé la représentante, déplorant « la faiblesse des avancées dans la mise en œuvre des accords de Bruxelles-Ohrid ». Selon elle, le contexte actuel plaide pour que la Serbie comme le Kosovo reviennent rapidement et sans conditions au dialogue facilité par l’Union européenne (UE) pour la normalisation de leurs relations.
La représentante a lancé un appel aux parties pour qu’elles s’engagent sans réserve, dans un esprit de responsabilité et de compromis, dans la mise en œuvre de l’ensemble des engagements prévus au titre des accords conclus. Cela inclut la mise en place d’une Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo, a-t-elle précisé. L’organisation rapide de nouvelles élections inclusives dans le nord du Kosovo est également primordiale, selon la déléguée pour qui ces différents processus sont des éléments clefs pour le renforcement de la perspective européenne des deux pays. La France reste pleinement attachée à une intégration dès que possible des Balkans occidentaux au sein de l’UE, a-t-elle déclaré, avant de saluer les actions de la MINUK à destination des femmes et des jeunes, notamment, ainsi que son travail de sensibilisation contre les mariages d’enfants ou encore l’appui au retour des personnes réfugiées ou déplacées.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a exprimé ses vives préoccupations face aux tensions croissantes dans le nord du Kosovo, appelant les deux parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui pourraient conduire à une nouvelle escalade. Il a aussi estimé que la situation sécuritaire dans le nord du Kosovo doit être stabilisée et renforcée pour éviter une nouvelle crise sur le terrain. Pour cette raison, il a salué la récente décision de renforcer la KFOR, qui continue de jouer un rôle important pour la stabilité et la sécurité au Kosovo. Il sera utile de garantir un environnement propice au retour des Serbes dans la police et les institutions du Kosovo, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite exhorté les deux parties à réaffirmer leur engagement dans le dialogue Belgrade-Pristina facilité par l’Union européenne, qui est essentiel à la paix et à la stabilité dans les Balkans occidentaux. Elles doivent mettre pleinement en œuvre, rapidement et de bonne foi, leurs obligations respectives au titre des accords visant à normaliser les relations entre la Serbie et le Kosovo. Le représentant a par ailleurs dit reconnaître que la situation au Kosovo est très différente de celle qui prévalait lors de la création de la MINUK en 1999. Dans ce contexte, il a estimé que le rôle de la Mission devrait être revu.
M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a déploré la détérioration de la situation sécuritaire au Kosovo au cours des six dernier mois, après les espoirs suscités par la conclusion des accords d’Ohrid et de Bruxelles, facilités par l’Union européenne, et l’adoption de la déclaration commune sur les personnes portées disparues. Après une période électorale difficile, des violences ont éclaté en mai, a-t-il rappelé, au cours desquelles des dizaines de soldats de la paix de la KFOR ont été blessés. Le représentant a fait état d’un « sentiment collectif de peur et d’incertitude » depuis les événements du 24 septembre dernier, au cours desquels un policier a été tué, ce qui risque de ramener la région « à une période plus sombre de son histoire ». Il a salué les mesures prises par les dirigeants du Kosovo et de la Serbie pour désamorcer la situation, tout en appelant à la mise en œuvre des accords conclus sous les auspices du dialogue facilité par l’Union européenne. À ses yeux, il est plus important que jamais que les parties se concentrent sur un dialogue constructif et évitent toute rhétorique incendiaire qui ne ferait qu’exacerber les tensions. À cet égard, il a encouragé la MINUK à poursuivre ses efforts visant à instaurer la confiance entre les communautés du Kosovo, en coordination avec le Gouvernement et les dirigeants communautaires.
Mme ANNETTE ANDRÉE ONANGA (Gabon) a déclaré que les suites de la démission massive de milliers de Serbes du Kosovo des institutions locales, ainsi que du boycott des élections municipales de décembre 2022 doivent trouver une solution durable par le droit, afin de restaurer la confiance et promouvoir le vivre ensemble. Elle a estimé cruciale la création du statut pour l’Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo, appelant les autorités de Pristina à mettre en œuvre les accords de Bruxelles, ce qui, selon elle, constituera un jalon décisif dans la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina. La représentante a regretté que les parties n’aient pu s’accorder sur ce statut, et que les tentatives visant à renouer le dialogue soient restées stériles.
Elle a donc exhorté l’Union européenne et d’autres acteurs régionaux bilatéraux à poursuivre leurs actions en vue de surmonter les incompréhensions et blocages qui subsistent, appelant les parties à prendre en considération le plan en neuf points de l’OSCE pour sortir de l’impasse. La représentante a salué d’autre part la création du « centre Barabar » avec l’appui de la MINUK et de nombreuses actions multiformes que cette dernière mène et visant au renforcement des droits de communautés non majoritaires, des femmes et des jeunes. Dans cette perspective, la représentante a demandé aux parties de réprimer les discours de haine, la stigmatisation et la violence et de s’abstenir de toute action unilatérale et de fait accompli qui nuisent aux efforts politiques. Cela est également vrai des attaques visant les symboles religieux, a-t-elle ajouté, en appelant également à des solutions pour les milliers de personnes des communautés non majoritaires déplacées à l’intérieur ou réfugiées à l’extérieur du Kosovo qui souhaitent revenir chez elles.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana), compte tenu des conditions politiques prévalant dans la région, a soutenu le rôle vital de la MINUK dans la promotion de la sécurité, de la stabilité et du respect des droits humains. Ce faisant, la représentante a salué les initiatives menées par la MINUK en faveur du renforcement de la confiance, de la cohésion sociale et du renforcement des contacts intercommunautaires. Dans le même temps, elle s’est dite préoccupée par la violation des bureaux de la MINUK et réaffirmé l’inviolabilité de ses locaux et de ses biens, invitant à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le bon déroulement des opérations de la Mission.
Sur le plan politique, la déléguée s’est dite alarmée par les tensions persistantes qui entravent la poursuite de la mise en œuvre de l’accord sur la voie de la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie, ainsi que de son annexe. Elle s’est dite convaincue que cet accord offre une nouvelle opportunité de parvenir à une « normalisation globale des relations entre la Serbie et la région du Kosovo », nécessaire à la paix, à la sécurité et à la prospérité à long terme dans la région des Balkans.
M. PEDRO COMMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a encouragé les efforts diplomatiques de la MINUK pour promouvoir la paix et la sécurité, la stabilité et les droits humains au Kosovo. Il a demandé aux partenaires nationaux, régionaux et internationaux de tout faire pour préserver les progrès accomplis depuis l’adoption de la résolution 1244 (1999). Le représentant a dit être préoccupé par les tensions entre Belgrade et Pristina qui contribuent à la détérioration de la situation sécuritaire. Ces incidents mettent en péril la mise en œuvre de l’accord de Bruxelles sur la normalisation et constituent une menace à la paix, la stabilité et la sécurité. Le représentant a appelé les parties serbe et kosovare à jeter les bases d’un véritable dialogue et de la réconciliation entre les communautés. Les parties, a-t-il insisté, doivent s’abstenir de tout acte susceptible de susciter la violence et d’autres tensions. Les incidents et les affrontements armés doivent faire l’objet d’enquêtes impartiales et transparentes et leurs responsables doivent répondre de leurs actes. L’implication des femmes, des jeunes et des acteurs de la société civile est essentielle pour promouvoir la paix, non seulement au Kosovo, mais aussi dans la région, a déclaré le représentant en conclusion.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé le désir des soi-disant autorités de Pristina d’établir un contrôle total sur le nord du Kosovo, une région peuplée de Serbes. Il a dénoncé la reconnaissance par les États-Unis et l’Union européenne des prétendues élections municipales dûment boycottées par la population serbe et qui n’ont eu qu’un taux de participation de 3,47%. Les derniers événements éclairent Pristina sous un jour peu glorieux et pour détourner l’attention, on rejette la responsabilité sur Belgrade et on la calomnie. S’il n’est pas mis fin à l’arbitraire, les conséquences pourraient être extrêmement graves, voire conduire à la reprise d’un conflit armé. Le représentant a jugé « significatif » que Pristina déclare une continuité entre la police et l’Armée de libération du Kosovo, « une organisation terroriste » dont les dirigeants et parmi eux, Hashim Thaçi, sont jugés actuellement pour crimes de guerre à La Haye. Nous espérons, a-t-il dit, que l’on ne répétera pas les erreurs du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et que tous les responsables recevront la peine qu’ils méritent.
Reprochant aux pays occidentaux de détruire les principes du droit international et de faire passer les projets unilatéraux pour un compromis réussi, le représentant a estimé que le fameux accord sur la voie de la normalisation néglige les intérêts fondamentaux de la Serbie et exige la reconnaissance de la souveraineté du Kosovo. Cet accord ignore la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité de même que les accords de Bruxelles. Or, les premiers pas vers la désescalade devraient être le retrait des forces spéciales albanaises du Kosovo du nord de la région et le démantèlement de leurs bases et points de contrôle. Il faut également revenir au mandat de la KFOR, clairement défini par la résolution 1244 (1999), car il n’y a pas d’alternative aux paramètres juridiques internationaux fixés par ce document « fondamental », a conclu le représentant.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a annoncé une « bonne nouvelle », à savoir la liberté de mouvement dans l’espace Schengen accordée aux citoyens du Kosovo, une mesure qui n’avait selon lui que trop tardé. Il a rappelé la dissolution « brutale » de l’ex-Yougoslavie qui a précédé la séparation du Kosovo de la Serbie, laquelle s’est accompagnée de « crimes contre l’humanité et de crimes de guerre » dont nous découvrons encore aujourd’hui les « charniers ». Le représentant s’est dit surpris d’entendre l’analyse de la Première Ministre serbe concernant la situation au Kosovo, dont les éléments ne sont pas reflétés dans le rapport du Secrétaire général ni dans celui de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Malgré les problèmes, on ne peut nier l’existence de lois et d’institutions démocratiques au Kosovo, a-t-il noté. Il a rejeté les « fantaisies » évoquées par la Fédération de Russie en parlant de la « Grande Albanie ». « La balkanisation a été remplacée aujourd’hui par l’européanisation, parce que la région est de nouveau connectée à sa véritable identité, qui est une identité européenne », a-t-il insisté. Lors du dixième sommet entre l’UE et les Balkans, qui s’est tenu la semaine dernière à Tirana, les participants ont appelé à faire fond sur la dynamique actuelle pour tracer une voie claire vers un avenir commun, a-t-il ajouté.
Le Parlement européen a qualifié l’incident sécuritaire du 24 septembre « d’attentat terroriste » préparé en Serbie, a rappelé le représentant. Selon lui, cet incident a opposé des terroristes aux forces de l’ordre d’un pays. Il a donc appelé à l’ouverture d’une enquête afin d’éviter la « pente glissante de l’impunité ». Le Kosovo et la Serbie « ne vivront plus jamais sous le même toit, mais ils seront toujours voisins et, nous l’espérons, de bons voisins », a ajouté le délégué. En adoptant les accords conclus cette année à Bruxelles et Ohrid, le Kosovo et la Serbie se sont entendus pour normaliser leurs relations, a-t-il rappelé, notamment en créant un comité de suivi conjoint. Le représentant a également salué l’adoption de la Déclaration sur les personnes disparues. « Ceux qui pensent pouvoir résoudre les problèmes par des manipulations, des menaces et des jeux de guerre doivent être sanctionnés », a-t-il conclu.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), soulignant que son pays est le plus ancien appui du Kosovo en tant qu’État indépendant et souverain, a salué les progrès constants du Gouvernement dans des dossiers comme l’état de droit, la justice transitionnelle, la lutte contre la criminalité organisée et la corruption. Le Royaume-Uni a pleinement appuyé la déclaration sur les personnes disparues, endossée par le Kosovo et la Serbie, a dit le représentant en précisant qu’il s’agit d’une question prioritaire qu’il ne faut pas politiser. Il s’est également fait l’écho de l’appel de la MINUK au Gouvernement du Kosovo pour l’exécution de la décision de la Cour constitutionnelle du Kosovo, en 2016, relative la propriété du monastère de Dečani: cela adressera un message positif aux communautés minoritaires et prouvera l’engagement du Kosovo en faveur d’un avenir inclusif et pluriethnique.
Le représentant a exprimé par ailleurs sa profonde inquiétude face aux défis sécuritaires immédiats dans le nord du Kosovo. Il a catégoriquement condamné les attaques ayant visé le personnel international, en mai, et celles contre la police du Kosovo, le 24 septembre. Il a jugé indispensable que leurs auteurs comparaissent devant la justice, demandant à la Serbie de pleinement coopérer avec les enquêtes en cours et de prendre les mesures qui s’imposent pour remédier à la criminalité organisée et à la contrebande d’armes transfrontières. Le Kosovo doit être en mesure de faire régner l’état de droit sur l’ensemble de son territoire, en étroite coordination avec l’EULEX et la KFOR, a estimé le représentant. Il a conclu en exprimant sa fierté d’avoir 600 soldats britanniques au Kosovo en réponse à une demande de l’OTAN, afin d’aider à remplir le mandat de la KFOR, qui consiste à maintenir un climat sûr et sécurisé au Kosovo.
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a dit avoir suivi avec inquiétude les événements de ces dernières semaines qui menacent les importantes avancées réalisées dans le cadre du dialogue négocié par l’Union européenne. Il a exhorté les parties à prendre toutes les mesures possibles pour éviter de nouveaux affrontements, à exercer leur influence et à inciter à la retenue. Le représentant a vivement encouragé les dirigeants à démontrer, par la parole et les actes, leur volonté de maintenir la paix. Rétablir la confiance entre les deux parties, a-t-il professé, passera nécessairement par une solution à la crise de représentation dans le nord du Kosovo. Il a dit voir derrière le boycott des institutions locales et des élections municipales d’avril, des inquiétudes « raisonnables » qui méritent considération, compréhension et respect.
Le représentant a réitéré son appel à la création rapide de l’Association/Communauté des municipalités serbes du Kosovo, sans condition préalable ni retard supplémentaire, conformément aux engagements pris à Bruxelles. Il a, en outre, encouragé les parties à maintenir leur engagement de respecter les sites d’importance historique, culturelle ou religieuse et de préserver la liberté de mouvement. Enfin, le représentant a félicité la MINUK pour son rôle dans la prévention des conflits et la lutte contre la désinformation et les discours de haine.
La Première Ministre de la Serbie , Mme BRNABIĆ, s’est dite attachée au dialogue contrairement au Kosovo qui refuse de mettre en œuvre les accords de Bruxelles et de créer l’Association/Communauté des municipalités serbes et ce, depuis 10 ans. Les Serbes, a-t-elle dénoncé, n’ont le droit de vote que sur le papier. S’ils avaient pu voter, la création des forces de sécurité du Kosovo n’aurait jamais été envisagée. La Première Ministre a aussi dénoncé le fait que les églises orthodoxes, y compris le monastère de Visoki Dečani, soient l’unique site religieux au monde sous protection militaire. Rappelant que 11% des Serbes ont quitté le Kosovo, elle a souligné qu’ils n’auraient pas pris cette décision si le Kosovo avait été cet exemple brillant de démocratie et d’état de droit. Le Kosovo, a-t-elle dit, est le champion du monde des réfugiés sans espoir de retour. Jusqu’à ce jour, a-t-elle rappelé, l’ONU reconnaît la République de Serbie dans son intégrité territoriale, avec la province autonome du Kosovo-Metohija. En revanche, le Kosovo-Metohija n’est pas reconnu comme pays.
Mme OSMANI-SADRIU, du Kosovo, a remercié tous les pays qui ont participé au débat et salué leur travail sur le terrain, ajoutant que la démocratie au Kosovo demeure un processus en cours. Comme nous ne craignons pas la justice, nous avons créé une chambre spécialisée pour éviter l’amalgame entre les génocidaires et les victimes. C’est au nom des souffrances endurées par notre peuple que nous ne voulons pas la guerre, a-t-elle insisté, fustigeant la propagande de la Fédération de Russie et de la Première Ministre de la Serbie. Nous ne renoncerons jamais au dialogue, car nous sommes mus par un désir de paix. C’est notre identité et notre ADN, car nous sommes une nation qui a payé le prix de sa liberté.