9448e séance – matin & après-midi
CS/15458

Conseil de sécurité: les accords régionaux, un outil précieux au service de la prévention des conflits et du règlement pacifique des différends

Rétablir la confiance et encourager la diplomatie préventive.  Telles sont quelques-unes des priorités du Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix, dont le Brésil s’est fait l’écho pour organiser, aujourd’hui, un débat de haut niveau au Conseil de sécurité sur la contribution des accords régionaux, sous-régionaux et bilatéraux à la prévention des conflits et au règlement pacifique des différends.

De fait, le Conseil n’a pas été à la hauteur, continuant de perdre de sa crédibilité et de sa légitimité, aussi bien dans de nouvelles situations de crises que dans le très long conflit entre Israéliens et Palestiniens, a constaté le Brésil, qui préside le Conseil au mois d’octobre.  En outre, cet organe s’est replié sur le recours des mesures coercitives, puisque plus de la moitié des résolutions adoptées l’an dernier se plaçaient sous le signe du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Aussi l’a-t-il invité à mieux exploiter son rôle de prévention, au titre du Chapitre VI de la Charte.

Le Chapitre VI prévoit que tous les États s’appuient sur des moyens pacifiques en première option pour régler tout différend, a rappelé M. Khaled Khiari, Secrétaire général adjoint pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, invitant la diplomatie à prendre des risques et à faire preuve de créativité.  Le monde est en effet entré dans une nouvelle ère et une transition est en cours vers un nouvel ordre mondial, a-t-il fait observer.

Des partenariats solides entre l’ONU et les organisations régionales sont essentiels pour un multilatéralisme efficace, ont reconnu nombre de délégations.  De fait, les violations de la Charte et du droit international renforcent la méfiance et mettent en péril le système multilatéral, alors même que la communauté internationale doit faire face à des menaces existentielles, s’est inquiétée Malte.  Les organisations et cadres régionaux ont un rôle essentiel à jouer à ce titre puisqu’ils peuvent assurer la crédibilité et la légitimité de la diplomatie préventive, tout en contribuant à renforcer la confiance, a abondé M. Khiari. 

En outre, les acteurs régionaux sont les premiers à reconnaître les signes d’un conflit latent, a fait remarquer l’Équateur.  Ils doivent être les premiers à tirer la sonnette d’alarme, à prendre des mesures de prévention et à faciliter la médiation, a renchéri l’Union européenne (UE).

En bref, la recherche de la paix est trop importante pour se permettre de ne pas réunir tous les acteurs désireux de faire une différence, en privilégiant ceux qui sont les mieux à même de rétablir la confiance, ont fait valoir les Émirats arabes unis.  D’autant qu’à l’heure de célébrer les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, leur respect accuse un recul dans toutes les régions, a déploré Mme Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili.  Elle a exhorté à revenir d’urgence aux fondamentaux et à rebâtir le consensus entre États Membres au sein du système multilatéral.

Plusieurs délégations en ont profité pour mettre en avant l’élargissement du Conseil afin qu’il devienne plus représentatif.  De l’avis de l’Égypte, l’approche actuelle de la communauté internationale est en effet dépassée par le temps et les événements, et une présence permanente arabe et africaine au Conseil de sécurité est nécessaire. Selon le Japon, le nouveau conflit entre Israël et la Palestine prouve que les systèmes de gestion de la paix dans l’urgence ne sont pas viables en l’état.  À ce propos, l’Égypte a souligné que son président a convoqué un sommet d’urgence, qui aura lieu demain au Caire, avec la participation des parties prenantes régionales et internationales, pour parvenir à désamorcer la crise en cours.

À l’instar de la Chine, plusieurs pays ont reconnu que les mécanismes et accords régionaux ont joué un rôle important dans le règlement pacifique des différends et dans le maintien de la paix internationale, en complément de celui joué par l’ONU.  L’accord de paix en Colombie a été montré en exemple à plusieurs reprises.  Ainsi, la Directrice de l’institut Peace Accords Matrix (PAM) a fait valoir que l’écoute des victimes est un élément essentiel pour concevoir un accord de paix et surmonter la violence.  De l’avis de Mme Bachelet, la participation des femmes aux efforts de médiation pour parvenir à une paix durable est indispensable. La paix est « une œuvre collective » qui requiert la confiance, a résumé la Suisse, qui accompagne depuis plus de 20 ans le processus de paix en Colombie.

La coopération entre l’ONU et l’Union africaine (UA) a également été citée. M. Thabo Mbeki, ancien Président de l’Afrique du Sud, a ainsi jugé dans « l’intérêt vital » du Conseil de veiller à ce que ses partenaires régionaux, en particulier l’UA, soient suffisamment équipés pour leur permettre de tenir leur rôle dans le cadre de l’architecture mondiale de paix.  Un financement prévisible et durable pour les opérations de paix dirigées par l’UA est indispensable, a plaidé la République de Corée.

Sur ce point précis, le défi actuel pour l’UA et l’ONU, a déclaré l’Algérie, consiste à s’entendre sur une interprétation commune de l’esprit du Chapitre VIII de la Charte, tout en consacrant la primauté du rôle du Conseil de sécurité dans la préservation de la paix et la sécurité internationales.  « Un tel principe devant ouvrir de plein droit aux opérations de soutien à la paix africaines, autorisées par ce Conseil, l’accès aux contributions statutaires des Nations Unies », a ajouté cette délégation. 

L’Afrique du Sud a, elle aussi, mis l’accent sur le rôle des coalitions, parfois efficaces pour soutenir le règlement pacifique des différends, comme ce fut le cas de la troïka au Soudan du Sud.  Le dialogue et la diplomatie, a-t-elle rappelé, ont permis de parvenir à des solutions politiques aux différends en République démocratique du Congo (RDC), au Burundi et, récemment, au Tigré, en Éthiopie.  Quant au Maroc, membre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, il a accueilli, en octobre 2022, la première édition du processus de Tanger pour lutter contre les causes profondes des conflits sur le continent, a fait valoir son représentant.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

La paix par le dialogue: contribution des accords régionaux, sous-régionaux et bilatéraux à la prévention et au règlement pacifique des différends (S/2023/732)

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Secrétaire général adjoint pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix, et des opérations de paix, s’est alarmé de la situation dangereuse et en pleine escalade en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.  En l’absence de solution négociée à deux États, ce cercle vicieux de violence risque de faire sombrer, des années durant, l’ensemble de la région dans un conflit, a averti M. Khiari.

Le monde est entré dans une nouvelle ère, la période de l’après-guerre est terminée et une transition est en cours vers un nouvel ordre mondial, a fait observer M. Khiari.  Les tensions géopolitiques sont au plus haut depuis des décennies, la concurrence entre États mettant de plus en plus à l’épreuve les limites établies par la Charte des Nations Unies.  La perte de confiance consécutive et les risques d’escalade concernent toutes les régions ou presque. 

Par ailleurs, a-t-il noté, un certain nombre d’États sont sceptiques quant à la manière dont le système multilatéral leur profite et expriment de graves doléances concernant les engagements non tenus et les politiques de deux poids, deux mesures. Aussi, les règlements négociés pour les conflits deviennent de plus en plus complexes.  La recherche de solutions militaires devient une caractéristique proéminente des récents conflits, au cours desquels les civils paient un lourd tribut, s’est inquiété M. Khiari.

Dans ce contexte, il a souligné que la diplomatie implique de prendre des risques et de faire preuve de créativité, et qu’elle est cruciale entre pays en désaccord.  Le Chapitre VI de la Charte prévoit que tous les États s’appuient sur des moyens pacifiques en première option pour régler tout différend, et propose un large ensemble d’options en ce sens. M. Khiari a estimé que les organisations et cadres régionaux ont un rôle essentiel à jouer à ce titre.  Ils peuvent assurer la crédibilité et la légitimité de la diplomatie préventive, contribuer à renforcer la confiance, et porter en leur sein des mécanismes de gestion des crises.  Les actions régionales ont déjà permis de prévenir des conflits et des escalades, a-t-il souligné.  Renforcer, établir ou rétablir des cadres régionaux est d’une importance particulière dans les régions où le dispositif sécuritaire de longue date s’effondre ou est dans l’impasse.

Les États Membres ont les moyens de s’acquitter des obligations qui leur ont été confiées par le biais de la Charte des Nations Unies, a assuré M. Khiari.  Les bons offices permettent de gérer ou d’inverser la détérioration des relations mondiales ou régionales.  En ce sens, le Nouvel Agenda pour la paix entend présenter une analyse unificatrice des éléments géopolitiques actuels en faisant fond sur des solutions conjointes.  Parce qu’il est de plus en plus divisé, le monde a besoin d’au moins une institution en laquelle il peut avoir confiance, a fait observer M. Khiari.  Il faut avoir le courage d’écouter et de comprendre le point de vue des autres, ce en quoi les organisations régionales jouent un rôle clef, a-t-il conclu.

Intervenant par visioconférence, Mme MICHELLE BACHELET, ancienne Présidente du Chili, a rappelé que le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies contient des dispositions relatives aux arrangements régionaux, leurs rôles dans le maintien de la paix et la sécurité et leurs relations avec le Conseil de sécurité. Aujourd’hui, plus que jamais, l’ONU est appelée à jouer un rôle vital en encourageant ses membres à atteindre l’objectif du renforcement des organisations régionales et à leur permettre à jouer un rôle accru dans le maintien de la paix et la sécurité, a-t-elle ajouté. Après avoir mis l’accent sur le « Nouvel Agenda pour la paix » qui appelle à l’établissement de cadres régionaux robustes, elle a souligné que les conflits naissent d’une mauvaise gouvernance, des atteintes aux droits de l’homme et du ressentiment face à une distribution inégale des ressources, de la richesse et du pouvoir. 

Mme Bachelet a ensuite constaté qu’au moment où on célèbre le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, leur respect accuse un recul dans toutes les régions, conjointement avec une érosion de l’état de droit, notamment dans les zones de conflit.  Il nous faut revenir d’urgence aux principes fondamentaux, a-t-elle exhorté, en invitant à rebâtir le consensus entre États Membres au sein du système multilatéral.  Partant, la diplomatie s’avère être un outil non seulement pour la réduction des risques de conflit, mais également pour remédier aux fractures grandissantes qui marquent l’ordre géopolitique actuel et pour dégager des espaces de coopération pour des intérêts partagés, a proposé Mme Bachelet, pour qui la participation des femmes dans la médiation pour parvenir à une paix durable est indispensable, ce qui va bien au-delà de faire taire les armes.  Cela permet de garantir aussi la participation des communautés concernées aux processus de paix, a-t-elle encore expliqué, en exhortant à réexaminer les rapports de force. 

Illustrant le caractère décisif des initiatives régionales, elle a achevé son propos en évoquant le vingt-cinquième anniversaire de la signature des Accords de Brasilia (26 octobre 1998) qui furent un tournant historique pour le règlement des différends frontaliers dans les Amériques avec la participation active des garants (Argentine, Brésil, Chili et États-Unis) 

M. THABO MBEKI, ancien Président de l’Afrique du Sud, a rappelé que depuis des décennies, la majorité des Casques bleus ont été déployés sur le continent africain, raison pour laquelle l’Union africaine s’est engagée avec l’ONU dans le domaine du maintien de la paix.  Il a ensuite cité un ancien fonctionnaire de l’ONU qui, en 2015, avait estimé que le maintien de la paix avait globalement échoué en Afrique, notamment au Mali, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) ou encore au Rwanda, lors du génocide de 1994.  Personne, ni les Nations Unies, ni l’Union africaine, ne veut reproduire ces échecs, a-t-il dit.

Poursuivant, M. Mbeki a cité le rapport de 2015 du Groupe consultatif des Nations Unies sur le maintien de la paix, dans lequel il est indiqué qu’une paix pérenne ne peut être obtenue que par le biais d’un soutien technique et la mise en œuvre des accords de paix.  Le rapport précise également que le temps est venu pour l’ONU et l’Union africaine (UA) de reconnaître et de faire valoir leurs avantages comparatifs en matière de maintien de la paix.

Après avoir disserté sur les capacités et avantages comparatifs de l’UA, l’ancien Président a jugé qu’il est dans « l’intérêt vital » du Conseil de veiller à ce que ses partenaires régionaux, en particulier l’Union africaine, soient suffisamment équipés pour leur permettre de tenir leur rôle dans le cadre de l’architecture mondiale de paix.  Dans ce contexte, il est, a-t-il dit, important que des accords soient conclus dans le but d’utiliser les ressources des Nations Unies pour appuyer les opérations de maintien de la paix de l’UA.  Le Conseil a, en effet, besoin de partenaires régionaux solides, capables de l’appuyer pour qu’il s’acquitte de ses responsabilités, dans le respect des Chapitres VI, VII et VIII de la Charte.  Il est à espérer que le débat de ce matin contribuera à réaliser cet objectif, a lancé en conclusion l’ancien chef d’État. 

Mme JOSEFINA ECHAVARRÍA ÁLVAREZ, professeur au « KROC Institute for international peace studies » de University of Notre Dame, où elle dirige Peace Accords Matrix (PAM), a fait remarquer que c’est en cas de désaccords et de difficultés politiques qu’un dialogue soutenu est le plus nécessaire. Ce dialogue permet d’approfondir notre compréhension de comment et quand la mise en œuvre d’accords pacifiques échoue – « ce qui n’est pas rare ».  Il permet aussi de se concentrer sur la façon de concevoir et de mettre en œuvre des accords pacifiques qui peuvent réussir à court, moyen et long terme.  Dans le cadre du projet PAM, elle a mentionné l’analyse de plus de 34 accords de paix intra-étatiques, qui remontent jusqu’à 1989.  L’Institut suit le processus de mise en œuvre jusqu’à 10 ans après la signature de chaque accord, a-t-elle indiqué en expliquant que cela permet de comparer les accords de paix et les résultats de l’application de leurs dispositions.  Grace à sa base de données et à ses analyses, l’Institut offre ainsi des explications pertinentes sur les raisons de l’échec des accords de paix. 

L’intervenante a remarqué en premier lieu que les accords de paix ont plus de chances de réussir lorsque les engagements inclus dans l’accord vont au-delà des dispositions militaires et sécuritaires, telles que celles concernant la démobilisation et la réintégration des anciens combattants.  Ils ont plus de chances de réussir lorsqu’ils intègrent des questions de développement politique et social, de droits ethniques et de droits des femmes, ainsi que des réformes liées à la justice qui profitent à l’ensemble de la société.  Le plus souvent, ces réformes sont apportées à la table des négociations par les victimes de la guerre et d’autres représentants d’organisations de la société civile. 

C’est ce qui explique que la réussite des accords de paix dépend aussi de la présence de ces parties prenantes à la table des négociations, dont les personnes les plus touchées par la guerre, telles que les femmes, les jeunes et les communautés ethniques.  Écouter les voix des victimes permet de mieux comprendre les transformations nécessaires pour surmonter la violence, a fait valoir l’experte.

Le troisième et dernier facteur qui contribue au succès et à la résilience des accords de paix est l’existence de mécanismes de contrôle et de vérification solides, indépendants et fiables.  Les recherches de PAM montrent que les accords de paix dotés de tels mécanismes ont un taux de réussite de mise en œuvre supérieur de près de 47% à ceux qui n’en ont pas.  L’oratrice a donc recommandé d’inclure ces mécanismes dans la conception de l’accord de paix et de les choisir en fonction de leur validité, de leur légitimité et de leur fiabilité.  Elle a souligné à cet égard l’importance des institutions universitaires et des centres de recherche qui prêtent leurs connaissances techniques et leur crédibilité à l’exercice de ce contrôle indépendant, en donnant l’exemple de l’accord de paix en Colombie entre le Président Santos et les FARC.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a commencé par souligner qu’aussi bien dans certaines nouvelles situations de conflit que dans celle, très ancienne, entre Israéliens et Palestiniens, le Conseil de sécurité n’a pas été à la hauteur, continuant de perdre sa crédibilité et sa légitimité.  Il doit revitaliser son rôle dans la prévention des conflits et la promotion des solutions pacifiques, a-t-il recommandé, avant d’avancer présenter deux options: réviser la portée de son mandat et se référer aux initiatives ayant réussi à d’autres mécanismes et ayant fait leurs preuves à d’autres niveaux de gouvernance.

À cette fin, le Chapitre VI confère au Conseil une marge de manœuvre considérable pour faire preuve de créativité.  Malheureusement, ces dernières années, il s’est, de plus en plus, concentré sur des mesures coercitives, puisque, a-t-il documenté, plus de la moitié des résolutions adoptées l’an dernier se plaçaient explicitement sous le signe du Chapitre VII.  Or, cela a rendu plus difficile l’obtention de consensus et limité la capacité de cet organe à s’adapter à des crises spécifiques.  Pourtant, ailleurs, des solutions pacifiques ont continué à être utilisées de manière créative et efficace, a indiqué le représentant, citant l’exemple de sa région, où des règlements bilatéraux directs ont été obtenus dans des différends territoriaux et des règlements diplomatiques trilatéraux dans l’utilisation de fleuves.  Parmi les autres initiatives bilatérales de renforcement de la confiance, couronnées de succès, le délégué a cité l’Agence argentino-brésilienne de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires (ABACC) ainsi que de vastes initiatives régionales, telles que le Groupe de Rio et l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL).  Pour finir, le délégué a plaidé pour un élargissement du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif, car davantage de voix autour de la table pourraient aider à surmonter la logique de rivalité qui paralyse périodiquement de nombreuses décisions ici.

M. IGLI HASANI, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a salué l’organisation de ce débat dans un monde en pleine évolution et confronté à des défis d’ampleur historique.  Le conflit en Ukraine constitue un tournant pour la sécurité européenne et rappelle la nécessité de reprendre le dialogue et la coopération pour faire face aux crises et pour régler les différends.  En outre, a continué le Ministre, l’escalade spectaculaire de la situation au Moyen-Orient suite à l’attaque « ignoble » menée par le Hamas est devenue une immense source de souffrance pour les Israéliens et pour les Palestiniens, et une menace pour le Moyen-Orient dans son ensemble. 

Face aux défis intriqués et complexes dans le monde, il a remarqué que l’ordre international basé sur des règles est une base solide qui permet de traiter ces questions par la coopération et des moyens pacifiques.  Ce n’est pas la panacée, a regretté le Ministre, mais il s’agit d’outils essentiels à la promotion de la paix et de la stabilité au sein du système international.  Le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général appelle à des partenariats plus forts entre les cadres régionaux et les Nations Unies et il devient impératif de réfléchir au fonctionnement de ces partenariats, selon lui.  Cela est d’autant plus indispensable pour les petits États qui ont parfois du mal à se faire entendre, a fait observer M. Hasani. En travaillant ensemble et en défendant leurs intérêts partagés, ces petits États peuvent avoir une incidence sur les affaires mondiales et une voix plus importante dans les processus de décision.

En tant que pays candidat à l’Union européenne (UE), l’Albanie souligne avec conviction le rôle indéniable que joue l’UE sur toute une série de questions.  Il y a quelques jours, l’Albanie a accueilli à Tirana le dixième Sommet du processus de Berlin sur les Balkans occidentaux, le premier à avoir eu lieu en dehors de l’UE.  Cette initiative a permis de lancer un processus délicat mais irréversible de réconciliation entre les pays de la région, s’est félicité le Ministre avant de souligner que la rivalité entre les puissances et leurs intérêts peut soit exacerber les conflits, soit faciliter leur règlement.  Prônant le dialogue, la seule manière de régler les problèmes, il a misé sur les organisations régionales et sous-régionales qui peuvent jouer un rôle clef et dont il faut libérer le potentiel.

L’impact de notre travail de prévention sera jugé à l’aune des résultats et non par nos déclarations, a affirmé Mme NOURA AL KAABI, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères des Émirats arabes unis, qui a souligné que ce débat consiste à examiner dans quelle mesure la responsabilité partagée peut être concrètement mise en œuvre et améliorée.  La recherche de la paix est trop importante pour se permettre de ne pas réunir tous les acteurs désireux de faire une différence, en privilégiant ceux qui sont les mieux à même de rétablir la confiance, a-t-elle poursuivi. Elle a appelé à tirer davantage profit de la diversité des États Membres de l’ONU, tout en appelant le Conseil à parler d’une seule voix sur la crise « catastrophique » qui se déroule à Gaza.  Les efforts déployés au niveau régional sont vitaux pour la fourniture d’une assistance humanitaire sur place et prévenir toute expansion du conflit.  Leurs voix sont indispensables pour réactiver l’horizon politique dont Israël et la Palestine ont désespérément besoin à présent. 

Les accords humanitaires, comme l’échange de détenus, pourraient ouvrir des canaux de communication, a-t-elle suggéré, en exhortant à prendre aussi davantage de mesures humanitaires.  La Ministre s’est ensuite félicitée du soutien des associations et des réseaux de femmes médiatrices, proposant de renforcer l’inclusivité des mécanismes de médiation.  La Ministre a jugé, en conclusion, que la crise qui fait rage au Moyen-Orient n’est que le résultat de la conviction qu’elle pouvait être gérée indéfiniment, sans se pencher sur ses causes profondes.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a relevé que les violations de la Charte des Nations Unies et du droit international renforcent la méfiance et mettent en péril, peut-être irrémédiablement, le système multilatéral dont nous dépendons tous, alors même que la communauté internationale doit faire face à des menaces existentielles telles que les changements climatiques, le terrorisme, la désinformation et la cybercriminalité.  Le recul des droits humains, en particulier des droits des femmes, est évident dans le monde entier, s’est encore inquiétée Mme Frazier.

De l’avis de Malte, les organisations régionales et sous-régionales font partie intégrante du système multilatéral, dont la connaissance en profondeur de leur région est un atout précieux pour avancer vers la paix.  Ainsi, depuis sa création sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, l’Union européenne a joué un rôle fondamental pour assurer la paix et stabilité en Europe.  En outre, l’approche ONU-UE de la gestion des crises, de la médiation, des opérations de paix a aidé plusieurs pays à réaliser la difficile transition du conflit vers la paix.  Mme Frazier a également salué les efforts remarquables de l’Union africaine, citant la coopération trilatérale ONU-UA-UE pour la paix et la sécurité comme un exemple de partenariat entre organisations internationales et régionales.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a réaffirmé l’attachement de son pays au rôle des organisations régionales et sous-régionales dans la recherche de la paix. C’est cet attachement qui a prévalu lorsque des mécanismes de prévention et de gestion des crises et des conflits ont été mis en place dans sa sous-région, a-t-il expliqué, en citant le mécanisme d’alerte rapide du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).  Il a également salué le rôle du bureau régional de l’ONU à Libreville dont le mandat intègre notamment la prévention, ou encore les Accords de Luanda et de Nairobi dans le règlement de la crise dans l’est de la RDC.  Pour le représentant, cela montre que les cadres sous-régionaux peuvent être des relais crédibles des actions internationales ainsi que des mécanismes de maintien de la paix proposés par l’ONU. 

Le délégué a considéré les arrangements régionaux et sous-régionaux comme des partenariats de référence dans la promotion de la paix, en particulier parce qu’ils intègrent les spécificités de chaque situation et saisissent les besoins réels des parties prenantes, notamment des femmes, des jeunes et des communautés vulnérables dont la participation aux processus de paix est un enjeu crucial. Les mécanismes régionaux et sous-régionaux fournissent également une plateforme idéale pour les négociations de paix et pour la médiation, a fait valoir le représentant en faisant référence à la coopération ONU-UA et ONU-UA-IGAD.  Il s’agit d’outils essentiels pour l’efficacité de l’Agenda pour la paix et la sécurité de l’Afrique, a argué le délégué, parce que cette coopération se fonde sur l’indispensable complémentarité et subsidiarité du partenariat entre ces organisations.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a mis en avant le rôle des partenariats pour relever les nouveaux défis mondiaux et régionaux liés aux changements climatiques, à l’insécurité alimentaire et énergétique et au terrorisme.  Il a cité les efforts de coopération entre l’ONU et l’Union africaine (UA) ainsi qu’avec d’autres institutions telles que l’Union européenne, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ou encore la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le processus du Sommet de l’avenir et le Nouvel Agenda pour la paix, seront l’occasion de faire le bilan des outils mentionnés dans le Chapitre VI de la Charte. 

Pour leur part, les États-Unis continueront à appuyer le rôle fédérateur de l’ONU dans les crises émergentes et prolongées pour définir des objectifs clairs et coordonnés parmi le large éventail d’acteurs.  À cet égard, le représentant a salué l’accent mis dans le Nouvel Agenda pour la paix sur la prévention et le rôle de la Commission de consolidation de la paix.  Il a, de même, insisté sur la promotion et le respect des droits humains.  Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, doit répondre à la demande de soutien des organisations régionales.  À cet égard, il a réitéré son appui au processus de transition au Burkina Faso, au Mali et en Guinée.  Évoquant la détérioration de la situation en Haïti qui montre la nécessité d’apporter des réponses souples à l’insécurité croissante, il a réitéré l’engagement de son pays à travailler avec ses « partenaires haïtiens ». Dans ce contexte, il a loué la Communauté des Caraïbes (CARICOM), un partenaire de premier plan pour rétablir la sécurité en Haïti.  Les États-Unis sont déterminés à apporter leur concours, au moment où la mission multidimensionnelle élaborera son plan de déploiement. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a souligné que le dialogue est au cœur de toute résolution de conflit, estimant que la paix par le dialogue est tout aussi importante que la paix par le droit.  Selon lui, lorsque des conflits entre États sont déclenchés par surprise, ils sont le fait d’une absence de dialogue, et par conséquent d’un manque de confiance.  L’Afrique australe a ainsi profondément souffert d’une absence de dialogue, a indiqué le représentant, en expliquant que lorsque ce dialogue est devenu une réalité, le colonialisme a disparu; lorsqu’il a été accepté, l’apartheid, crime contre l’humanité, a été rayé de la carte. 

Pour le Mozambique, la coopération aux niveaux régional et sous-régional, ainsi que les accords bilatéraux, constituent la pierre angulaire des efforts conjoints pour faire face aux conflits, bâtir la confiance, nourrir la paix et promouvoir le développement durable, en Afrique et partout dans le monde.  De l’avis du représentant, l’idée même de « solutions africaines aux problèmes africains » est une reconnaissance claire de la contribution indéniable des entités locales, infrarégionales et régionales, ainsi que des accords bilatéraux pour parvenir à une paix et à une sécurité durables.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a constaté que le monde est dans la tourmente, avec une série de problèmes géopolitiques graves, notamment l’agression contre l’Ukraine, la situation de plus en plus tendue autour de la bande de Gaza, les lancements répétés de missiles balistiques intercontinentaux par la Corée du Nord et les troubles politiques dans plusieurs pays d’Afrique.  Pour faire face à autant de crises variées et complexes, il est impératif que la communauté internationale reste unie et mobilise tous les outils à sa disposition, dont le Chapitre VI de la Charte. 

Les accords bilatéraux, régionaux et sous-régionaux, a fait observer le représentant, se concluent sur la base de la confiance mutuelle et de l’intérêt commun, entre des parties qui ont des affinités et des spécificités géographiques partagées.  Ils visent tous à résoudre les problèmes par le dialogue.  Il faut donc, a reconnu le représentant, recourir davantage à ces accords. Le fait que les résolutions du Conseil de sécurité aient été violées à maintes reprises confirme qu’il faut travailler main dans la main avec les acteurs régionaux.  Le représentant a tenu à insister sur le fait que le succès des opérations de paix, outils essentiels, dépend de la qualité de l’appui du Conseil.  Il a aussi souligné la légitimité et l’efficacité des sanctions comme un outil central au titre du Chapitre VI de la Charte pour autant qu’elles soient judicieusement et rigoureusement appliquées.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a invoqué le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, relatif au règlement pacifique des différends, qui donne aux États Membres la possibilité de parvenir à des solutions durables aux conflits sur la base de la compréhension mutuelle et de la coopération. Le rôle des organisations régionales et sous-régionales à cet égard est incontestable, a-t-il estimé, ajoutant que, souvent, celles-ci jouissent d’une connaissance approfondie des réalités locales et des spécificités culturelles, économiques et sociales.  Ces organisations peuvent jouer un « rôle de passerelle » entre les initiatives nationales et internationales, garantissant une résolution plus ciblée et plus efficace des conflits.  Le délégué a pris pour exemple l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), dont la contribution à la stabilité régionale depuis plus de 20 ans est réelle.  Des travaux sont menés en permanence pour relever les défis régionaux, notamment ceux en provenance du territoire afghan, a-t-il rappelé, en faisant part de l’intention de Moscou de contribuer davantage au renforcement de l’OTSC et de sa coopération avec l’ONU.

Malgré la suspension du statut d’observateur de notre pays auprès de l’Organisation des États américains (OEA), a encore dit le représentant, nous sommes prêts à poursuivre notre coopération avec ceux d’entre eux qui sont encore intéressés. Le délégué s’est félicité du renforcement de l’autorité de l’Union africaine, reflétant le rôle et l’influence croissants du continent dans le monde en tant que l’un des piliers les plus importants du monde multipolaire.  Il a cité à cet égard le travail efficace de l’UA dans la lutte contre les menaces des organisations terroristes, notamment Daech, Al-Qaida, Boko Haram et Al-Shabaab.  Le représentant s’est néanmoins alarmé des décisions de l’Union européenne au cours des dernières années, laquelle bafoue ses propres valeurs en fournissant des armes et munitions dans une zone de conflit.  En effet, l’UE ne contribue en rien à la résolution du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ou encore au Kosovo, a-t-il critiqué, qualifiant le « bloc nord-atlantique » de clair « vestige » de la guerre froide. 

M. ZHANG JUN (Chine) a reconnu que les mécanismes et autres arrangements régionaux ont joué un rôle important dans le règlement pacifique des différends, des conflits et dans le maintien de la paix internationale, en complément du rôle joué par l’ONU.  Dans un monde de plus en plus complexe, avec des crises et conflits qui éclatent partout, il est important que ces mécanismes travaillent avec les Nations Unies pour renforcer leur coopération, a-t-il souligné.  Il a insisté pour que ces mécanismes respectent le droit international, notamment la souveraineté des États, et pour qu’ils usent du dialogue, des bons offices, de la diplomatie préventive et de la plus grande prudence dans la menace d’utilisation de la force.  Ils doivent aussi éliminer les causes premières des conflits et assister les pays dans les périodes de reconstruction après conflits pour arriver à une paix durable. 

Pour le représentant, le nouveau conflit entre Israël et la Palestine a prouvé que les systèmes de gestion de la paix dans l’urgence ne sont pas viables.  Il a dit soutenir l’action des États de la Ligue des États arabes, avant d’appeler l’ONU à en faire autant en entendant les appels pour parvenir à un cessez le feu immédiat et à la livraison d’une aide humanitaire.  Il a exprimé son soutien à l’UA et appuyé ses demandes en faveur du financement, par l’ONU, de ses opérations de paix.  Il a aussi dit appuyer la CARICOM et ses efforts à Haïti, que les Nations Unies devraient aussi soutenir.  Les Nations Unies devraient aussi travailler de concert avec les mécanismes régionaux en Asie pour aider à trouver des solutions aux problèmes régionaux, notamment au Myanmar a encore recommandé le délégué avant de citer l’Union européenne. Celle-ci devrait à son avis pratiquer le vrai multilatéralisme, s’abstenir d’ingérence dans les affaires internes des États et respecter leur volonté de choisir librement la voie de développement qu’ils veulent pour leur population. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que la paix est « une œuvre collective », ce qui requiert la confiance.  C’est une observation que la Suisse a faite dans toutes ses expériences de médiation, et notamment dans celui de la Colombie, qu’elle accompagne depuis plus de 20 ans.  Bien sûr, la confiance ne va pas de soi, a-t-elle concédé, elle se construit et se gagne.  La confiance trouve souvent un terrain fertile dans les organisations régionales qui encouragent un dialogue continu et une coopération technique, a-t-elle relevé, ajoutant que ces organisations sont bien placées pour prendre les devants dans la médiation des conflits.  À cet égard, la déléguée a évoqué l’exemple des discussions internationales, à Genève, sur la Géorgie, sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l’Union européenne (UE) et de l’ONU, où des questions pratiques essentielles pour les populations touchées par les conflits sont abordées. 

« Alors qu’en est-il du Conseil de sécurité lorsque les organisations régionales prennent les devants? »  La déléguée a estimé que le Conseil avait un triple rôle à jouer: gardien normatif, catalyseur et préventif.  À titre normatif, il doit veiller à ce que les arrangements régionaux soient conformes aux normes universelles, comme les droits humains, ce qui favorise la confiance. En tant que catalyseur, le Conseil peut amplifier les efforts régionaux de médiation des conflits notamment par le partage de perspectives et de recommandations grâce aux visites du Conseil sur le terrain, à ses dialogues interactifs informels et au rôle fédérateur de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Enfin, le Conseil doit exercer son rôle préventif en misant sur la coopération au sens large, notamment dans le cadre des missions politiques spéciales de l’ONU qui doivent œuvrer davantage sur le terrain de la prévention. Selon la représentante, le Secrétaire général devrait aussi utiliser pleinement tous ses outils de médiation, comme il s’engage à le faire dans son Nouvel Agenda pour la paix. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a d’entrée tiré la sonnette d’alarme sur le nombre des victimes enregistrées, l’année dernière, dans les 55 conflits qui secouent le monde, un nombre jamais égalé depuis 1984.  Le représentant s’est demandé ce que peuvent faire ce Conseil, l’ensemble des Membres de l’ONU et d’autres acteurs pour inverser cette tendance.  Il a proposé une action plus coordonnée pour aider les acteurs nationaux à prévenir et régler les conflits, reconnaissant la nécessité de prendre parfois des décisions difficiles et accepter l’aide des amis de bonne foi.  Le Royaume-Uni, a-t-il expliqué, a eu le privilège d’être un de ces amis dans plusieurs processus de paix et il continue de soutenir activement les efforts bilatéraux et multilatéraux, notamment en tant que donateur majeur, aux programmes internationaux des Nations Unies pour la paix. 

À cet égard, le représentant a suggéré de renforcer et de mieux coordonner les actions avec les organisations régionales.  Il a d’ailleurs demandé d’approfondir encore le dialogue annuel fructueux entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine (UA).  Ardent défenseur du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, le Royaume-Uni, a-t-il dit, estime qu’en cette période de profonde division géopolitique, il est encore plus important de laisser les organisations régionales jouer un rôle actif.  Si les efforts nationaux et régionaux échouent, alors il est du devoir de ce Conseil de prendre des mesures pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, mais, a-t-il nuancé, dans une position de dernier recours.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a estimé, citant le rapport du Secrétaire général sur le Nouvel Agenda pour la paix, que la sous-utilisation des moyens relatifs au règlement pacifique des différends, présentés dans l’Article 33 de la Charte, est l’une des plus grandes lacunes de la communauté internationale dans le règlement pacifique des différends.  Or, les accords régionaux, sous-régionaux et bilatéraux ont le potentiel de compléter et de renforcer les efforts des Nations Unies visant à prévenir et à régler pacifiquement les différends.  De plus, les acteurs régionaux sont les premiers à reconnaître les signes d’un conflit latent.  De même, ils peuvent garantir la mise en œuvre des accords de paix à travers la création de zones démilitarisées, des cessez-le-feu et l’accompagnement des processus politiques et de négociation, entre autres, a-t-il relevé. 

L’expérience de l’Amérique latine dans ce domaine est révélatrice, selon le représentant. L’histoire de la région, a-t-il rappelé, a été marquée par des conflits armés et des guerres civiles, mais elle a démontré au cours des dernières décennies sa capacité à prévenir et résoudre les conflits de manière pacifique.  L’Équateur et le Pérou ont signé les Accords de paix de Brasilia en 1998, après le conflit armé de Cenepa, survenu au début de 1995.  En février de la même année, les deux pays ont convenu de la Déclaration de paix d’Itamaraty, qui a ouvert la voie à un processus de négociation, dans lequel ils ont été accompagnés par l’Argentine, le Brésil, le Chili et les États-Unis, en tant que pays garants du processus.  Le représentant a encore parlé de la création de la Mission militaire d’observation Équateur-Pérou, sur la base de ce qui avait été convenu dans la Déclaration d’Itamaraty et avec le plein engagement des pays garants.  Cela a permis l’établissement d’une zone démilitarisée qui est devenue l’un des fondements du processus de paix, a, entre autres, illustré le représentant. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a relevé que l’intégration régionale sert le maintien de la paix et de la sécurité internationales, une vision qui continue d’animer la construction européenne jusqu’à ce jour.  C’est encore ce modèle que nous défendons à travers la perspective européenne reconnue à l’Ukraine, depuis la guerre d’agression déclenchée par la Russie, a-t-il ajouté.  La France, a déclaré le délégué, soutient l’ensemble des acteurs régionaux qui partagent cette vision, donnant l’exemple du soutien à l’UA, via la Facilité européenne de paix, qui s’élève à 600 millions d’euros pour 2022-2024. Il a réitéré son appui aux efforts de l’UA et de l’ensemble des acteurs de la région, alors que le conflit au Soudan fait rage depuis six mois.  En Amérique latine, a encore illustré le représentant, le partenariat UE-CELAC est essentiel pour faire face aux défis communs qui dépassent la paix et la sécurité internationales, notamment à la lutte contre les changements climatiques. 

En Asie, la coopération avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) fait aussi partie intégrante de la stratégie Indopacifique de la France pour faire face ensemble aux défis multilatéraux et renforcer la stabilité régionale, a poursuivi le délégué.  Il a également fait savoir que l’action au niveau régional doit rester complémentaire de l’action du Conseil de sécurité qui conserve la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  « C’est impératif alors que des puissances régionales tentent de plus en plus fréquemment de mettre à profit leur influence pour imposer des situations de fait accompli et faire échec aux efforts de médiation régionaux. »  Il a cité le nouvel Agenda pour la paix présenté qui réitère que l’ONU a besoin d’une action collective des États Membres pour remplir efficacement leur mandat, qu’il s’agisse des bons offices du Secrétaire général, de la défense des droits de l’homme ou du maintien de la paix.  Le représentant a soutenu le financement des opérations de paix africaines par les contributions au budget ordinaire de l’ONU. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déclaré que le défi pour le Conseil est de se départir du recours à la force et de recourir à des moyens pacifiques pour résoudre les différends.  Certains États ont l’impression que le recours à des moyens pacifiques ne produirait pas toujours les résultats rapidement, a-t-il relevé, en les rassurant: en matière de paix et de sécurité, les moyens pacifiques ont généralement eu des résultats durables.  Le représentant a donc encouragé les États Membres, et le Conseil en particulier, à approfondir l’utilisation des dispositions du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies dans le règlement des différends.  Ils doivent utiliser l’Agenda pour la paix et réfléchir à une nouvelle approche de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits, et adopter des approches pacifiques. 

Le représentant a encouragé le Conseil à appeler les parties au conflit à régler leurs différends par des moyens pacifiques.  Il a aussi recommandé de renforcer la capacité du Secrétaire général à soutenir les États en conflit pour qu’ils aient confiance aux architectures de soutien de la paix de l’ONU notamment les bons offices du Secrétaire général, la médiation et la diplomatie préventive.  Ces capacités devraient s’imbriquer dans celles des arrangements régionaux de manière à tirer parti des connaissances et de l’expérience régionales, a encore conseillé le représentant, avant de souligner le rôle essentiel des systèmes d’alerte précoce de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA), du Groupe des sages de l’Union africaine ou celui de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Ces mécanismes ont besoin de ressources supplémentaires pour renforcer leur efficacité, a-t-il néanmoins relevé.  Enfin, il a encouragé le Conseil à multiplier les visites sur le terrain et les dialogues avec ces arrangements régionaux.  Le processus de paix en Colombie en est un des bons exemples, a estimé le délégué qui, avant de conclure, a appelé à investir dans la résilience des femmes et des jeunes face aux défis de la paix et de la sécurité. 

M. GERARDO PEÑALVER PORTAL, Premier Ministre adjoint des affaires étrangères de Cuba, a commencé par condamner les bombardements aveugles par Israël dans la bande de Gaza de ces derniers jours et fustiger les États-Unis pour leur « complicité » dans ces « crimes de guerre ».  Le chemin de la paix passe par le multilatéralisme et le plein respect de la Charte des Nations Unies et des normes du droit international, a-t-il insisté, avant de dénoncer dans la foulée les sanctions unilatérales et les tentatives d’imposer un mode de pensée unique.  Saisissant l’occasion de rappeler que l’Amérique latine et les Caraïbes se sont décrétées zones de paix, il y a près de 10 ans, le représentant a fait part de sa fierté pour le rôle joué par Cuba dans l’accord de paix colombien en tant que garant des dialogues entre les parties.  Pour son pays, le Nouvel Agenda pour la paix passe de manière inconditionnelle par une réforme intégrale et profonde du Conseil de sécurité, y compris une meilleure représentation des pays du Sud, et un Conseil plus démocratique, transparent et inclusif, ainsi que la fin de ses interférences dans les travaux d’autres organes comme l’Assemblée générale, a lancé le délégué, pour qui elles portent atteinte à la crédibilité et à l’efficacité de l’ONU.

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a souligné l’importance du Nouvel Agenda pour la paix qui peut servir de base pour la diplomatie préventive, la médiation et la consolidation de la paix de sorte à promouvoir la résilience au sein des sociétés.  C’est pourquoi il souscrit à l’appel lancé par le Secrétaire général, visant à revoir l’approche en matière de règlement pacifique des différends.  En amont du Sommet de l’avenir, il a préconisé de discuter de l’opérationnalisation de cet appel et d’utiliser les structures existantes, tels que les examens nationaux volontaires sur les objectifs de développement durable (ODD) ou la Commission de consolidation de la paix.  Il a demandé au Secrétariat de l’ONU de donner des orientations à ce sujet. 

Passant à l’élaboration des partenariats, il a appelé l’ONU et le Conseil de sécurité à œuvrer pour des partenariats plus robustes avec les organisations régionales et infrarégionales, car tirer « parti d’autrui » est à ses yeux le seul moyen de mettre le multilatéralisme à profit pour relever les défis de l’humanité.  Le délégué a en outre encouragé à mieux appréhender le « multilatéralisme en réseaux » et a exhorté à garantir, à l’international, un financement pérenne des opérations et partenariats régionaux.  Cette approche ne signifie pas toutefois revoir à la baisse les opérations de maintien de la paix qui doivent rester centrales à l’ONU, a-t-il conclu. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) s’est concentré sur le rôle que le Conseil de sécurité peut jouer en Afrique et au Moyen-Orient dans le renforcement des mécanismes régionaux et bilatéraux pour le règlement pacifique des conflits. L’Afrique a toujours été consciente de l’importance de développer de tels mécanismes, selon le principe visant à apporter des solutions africaines aux problèmes africains, a-t-il fait observer. Il a relevé les succès de ces mécanismes, directement liés à l’UA, mais aussi leurs défis de taille, notamment un manque de coordination.  Aussi a—t-il appelé le Conseil à les renforcer et à leur accorder un rôle plus important pour les questions africaines, y compris en finançant les opérations de l’UA pour la paix.  Comme exemple de l’importance de la coordination entre les initiatives, il a cité le récent sommet sur le Soudan qui a eu lieu au Caire et deux réunions ministérielles à New York et N’Djamena pour résoudre la crise soudanaise.

Au sujet de la question palestinienne, le représentant a déploré que le Conseil se montre incapable de mettre un terme à la situation actuelle et de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.  Ces dernières années, l’Égypte n’a pas épargné ses efforts pour éviter une escalade, a-t-il fait remarquer, en disant avoir été le premier pays à avoir signé un accord de paix avec Israël.  L’Égypte, a-t-il ajouté, a une vision claire de la situation et poursuit ses efforts.  Il a souligné que le Président égyptien a demandé la convocation d’un sommet urgent, qui aura lieu demain au Caire, avec la participation des parties prenantes régionales et internationales pour essayer de parvenir à désamorcer la crise et à un règlement juste.  De l’avis de l’Égypte, l’approche actuelle de la communauté internationale est dépassée par le temps et les événements.  Une présence permanente arabe et africaine au Conseil de sécurité est nécessaire, a conclu le représentant.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a voulu que ce débat public ne se limite pas uniquement aux mécanismes régionaux, mais qu’il soit axé sur l’efficacité et l’impact des accords bilatéraux dans le règlement des différends.  Elle a aussi mis l’accent sur le rôle des coalitions qui sont parfois efficaces pour soutenir le règlement pacifique des différends, comme ce fut le cas de la troïka au Soudan du Sud.  La multiplication des conflits rappelle l’importance de donner la priorité à la diplomatie préventive, a plaidé la déléguée, en se demandant pourquoi celle-ci et les mesures prévues au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies sont rarement utilisées.

La représentante a demandé à la communauté internationale de faire preuve de patience pour que les efforts entrepris dans le cadre d’arrangements régionaux portent leurs fruits, en particulier lorsqu’il y a un déficit de confiance. Le rétablissement et l’instauration de la confiance entre les parties en conflit sont un processus fastidieux qui doit être abordé avec délicatesse, a-t-elle conseillé.  Le dialogue et la diplomatie, a rappelé la déléguée, ont permis de parvenir à des solutions politiques aux différends en République démocratique du Congo (RDC), au Burundi et, récemment, au Tigré, en Éthiopie. Elle a expliqué qu’en raison de leur proximité, les organisations régionales sont souvent les mieux placées pour arbitrer les conflits.  La représentante a donc demandé de les soutenir, rappelant que le Nouvel Agenda pour la paix fournit le cadre idoine des relations entre l’ONU et les arrangements régionaux.

Au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie)a rappelé que le règlement pacifique des différends est au cœur même du principe de responsabilité de protéger.  Il a illustré ses propos en invoquant les paragraphes 138 et 139 du Sommet mondial de 2005.  Les organisations régionales, a poursuivi le représentant, sont bien placées pour orienter l’action multilatérale puisqu’elles ont une meilleure compréhension des dynamiques de leur région.  Il a aussi souligné le rôle du Secrétaire général dans la prévention et le règlement pacifique des différends, étant donné qu’il peut actionner la diplomatie préventive, établir les faits, alerter le Conseil et offrir ses bons offices.  Il a donc encouragé M. António Guterres à user des pouvoirs que lui confère l’Article 99 de la Charte pour porter à l’attention du Conseil tout risque ou commission de crimes de génocide, de crimes de guerre, de nettoyage ethnique ou de crimes contre l’humanité susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a enfin exhorté tous les membres du Conseil de sécurité à y répondre, en s’inspirant du Code de conduite du Groupe ACT (Groupe Responsabilité, cohérence, transparence), et de l’Initiative franco-mexicaine sur l’exercice du droit de veto en cas d’atrocités de masse.

M. HYUN WOO CHO (République de Corée) a déclaré que les mécanismes régionaux et sous-régionaux sont bien placés non seulement pour comprendre les causes profondes des conflits grâce à leur connaissance approfondie de la région, mais aussi pour promouvoir la confiance et le dialogue entre les parties concernées au sein de leurs régions respectives.  C’est pourquoi le Conseil de sécurité devrait tirer pleinement partie de leurs avantages comparatifs.  Pour cette raison, il a salué la dix-septième Réunion consultative conjointe annuelle entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui s’est tenue à Addis-Abeba le 6 octobre. Selon le représentant, de tels efforts de coopération doivent se poursuivre, en gardant à l’esprit trois points. Tout d’abord, au-delà de son partenariat ONU-UA plus fort, le Conseil devrait également mettre en lumière d’autres organisations régionales telles que l’ASEAN ou la CEDEAO, où des outils de prévention et de règlement pacifique des conflits ont également été mis au point. Ensuite, a poursuivi le délégué, il faut un financement prévisible, durable et flexible pour les opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA.  Enfin, l’inclusivité doit être garantie à tous les niveaux tout au long des processus, selon le délégué, et les acteurs de la société civile, notamment les femmes et les jeunes, doivent jouer un rôle crucial dans l’instauration de la confiance entre parties, a conclu le représentant.

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a expliqué qu’en tant que fervent défenseur du renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, son pays insiste sur l’importance d’organisations régionales solides pour un multilatéralisme en réseau.  C’est d’autant plus nécessaire pour les régions où les arrangements de sécurité durables sont en train de s’effondrer ou n’ont jamais existé.  Le représentant s’est dit convaincu de la nécessité de renforcer les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales qui luttent pour la paix, la sécurité et le développement dans leurs régions respectives, notamment l’Union européenne, l’Union africaine, l’Association des nations du Sud-Est et la Ligue des États arabes. 

Dans le cas de son pays, il a expliqué que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été assez active sur le terrain depuis le début de l’agression russe en 2014 jusqu’à la deuxième, en février dernier.  Il a en revanche reproché à l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) d’être un bloc militaire dirigé de facto par la Russie.  Cette organisation est devenue un exemple éloquent des outils politiques les plus destructeurs utilisés par la Russie dans la région et renforcer la crédibilité de l’ONU, c’est refuser sa tribune à des organisations comme celle-là, a tranché le représentant.  Il a soutenu l’idée de la Présidence brésilienne d’élargir le champ de la discussion, en abordant le rôle des accords bilatéraux dans le règlement pacifique des conflits.  L’évolution actuelle de la sécurité dans notre région, dont la guerre menée par la Russie, met en lumière l’importance de la contribution des cadres et des réseaux de coopération établis pour aider la victime d’une agression à se défendre, a-t-il fait valoir. 

S’exprimant au nom des cinq pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), M. ERIK LAURSEN (Danemark) a souligné que la paix ne peut être réalisée que par les parties au conflit même si des tiers, acteurs internationaux, pays voisins ou organisations régionales, peuvent les aider à trouver des solutions mutuellement acceptables.  Dans ce contexte, le dialogue est un outil important de règlement des conflits et de la prévention.  Le Conseil devrait donc mieux exploiter son rôle préventif, au titre du Chapitre VI de la Charte.  De plus, les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer un rôle important grâce à leurs connaissances locales et à leurs potentielles relations personnelles.  La Charte, dans son Chapitre VIII, est claire sur ce rôle.  Le représentant a aussi déclaré que, dans le cadre du Nouvel Agenda pour la paix, l’appropriation nationale est essentielle à tout processus de prévention et de règlement des conflits.  Les parties doivent rechercher et s’approprier leurs solutions, de manière inclusive et représentative des besoins et perspectives des populations touchées par le conflit.  

M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a déclaré que le renforcement des entités régionales fait partie du Nouvel Agenda pour la paix dans la perspective du Sommet pour un avenir transformateur qui aura lieu l’an prochain.  Puis il a souligné le rôle crucial des organismes régionaux face à des menaces sécuritaires plus que jamais transfrontalières, comme la criminalité transnationale organisée et ses réseaux. Le représentant a donc jugé judicieux de s’inspirer des mécanismes de coopération, de confiance mutuelle, du savoir et de l’assistance existants aux niveaux régionaux et sous-régionaux. 

Il a également appuyé les mécanismes ad hoc, qui peuvent servir de catalyseur et contribuer à la consolidation de la paix, comme les divers groupes d’amis et les groupes de travail autour de la question femmes, paix et sécurité.  Ces mécanismes sont également susceptibles de rendre plus visibles les causes profondes de leur discrimination et de leur oppression dans les différents pays, ce qui permettra d’offrir des lignes directrices à la mise en œuvre des plans d’action qui les concernent.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a dit que des partenariats solides entre l’ONU et les organisations régionales sont essentiels si l’on souhaite un multilatéralisme efficace.  Les organisations régionales peuvent participer utilement au règlement pacifique des différends et à la prévention, a-t-il constaté.  Le délégué a dit que l’Italie soutient pleinement le Nouvel Agenda pour la paix, invitant les États à s’en inspirer et à élaborer une feuille de route pour la paix fondée sur les droits humains et l’état de droit. Poursuivant, le délégué a déclaré que les organisations régionales peuvent faire la différence en matière de prévention des crises, de pérennisation de la paix, de développement de l’état de droit, de respect des droits humains, d’égalité, d’autonomisation et de coordination entre les organisations régionales elles-mêmes. S’agissant de la consolidation de la paix, le représentant a rappelé que son gouvernement a doublé ses contributions annuelles au Fond de consolidation de la paix.  Enfin, il a souligné l’importance de ressources prévisibles et pérennes pour les opérations de l’UA. 

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a affirmé que, dans un monde en évolution constante, la diplomatie et le dialogue demeurent les instruments les plus efficaces pour régler les conflits.  Ainsi, la politique étrangère iranienne est attachée au dialogue comme pierre angulaire du maintien la paix et de la sécurité régionales et internationales.  Le représentant en a voulu pour preuve la participation significative aux négociations du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire, dénonçant le « retrait illégal et irresponsable » des États-Unis, des « exigences excessives » des parties occidentales et de l’introduction de questions sans rapport avec le sujet.  Toutefois, le retour à la pleine mise en œuvre de l’accord est « encore possible » si les États-Unis et la troïka européenne font preuve de responsabilité et de pragmatisme. 

Le représentant a espéré que les États Membres respecteront leurs engagements en vertu de l’Article 25 de la Charte et lèveront les restrictions prévues par la résolution 2231 (2015).  Il n’a pas manqué d’alerter la communauté internationale sur la situation palestinienne qui exige une attention urgente.  Se déclarant très déçu par l’incapacité du Conseil à adopter une résolution élémentaire sur un cessez-le-feu immédiat et l’aide humanitaire, il a insisté pour que ce dernier et l’ONU mettent fin à ce « supplice » qui constitue un crime de génocide, un crime contre l’humanité et un crime de guerre.  Après sept décennies d’inertie, le Conseil doit assumer enfin ses responsabilités et prendre des mesures décisives pour remédier à la situation critique du peuple palestinien, a-t-il exigé.

M. TESFAYE YILMA SABO (Éthiopie) a déclaré que les mécanismes régionaux en matière de paix et de sécurité ont pour grande caractéristique d’être à même de prendre en compte les contextes locaux pertinents dans la gestion des crises. Il a également déclaré que la paix se pérennise lorsque l’inclusion et le développement se pérennisent aussi. Le représentant a ensuite passé en revue les organes de l’architecture de paix de l’Union africaine, qui, selon lui, dispose d’outils et mécanismes adéquats pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits.  Ces mécanismes ont d’ailleurs déjà fait leur preuve et obtenu de nombreux succès, a-t-il assuré.  Pour cette raison aussi, il a plaidé pour que le système des Nations Unies mette à la disposition de l’architecture de paix de l’UA des ressources financières prévisibles, souples et pérennes, pour lui permettre de remplir sa tâche.

Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a dit apprécier les efforts en cours au Conseil de sécurité pour renforcer la coopération avec les organisations régionales. Elle a toutefois fait observer qu’un Conseil élargi, avec un plus grand nombre de membres élus, serait plus légitime et représenterait mieux la réalité et les préoccupations stratégiques, régionales et sous-régionales contemporaines.

S’agissant de la politique extérieure de l’Espagne, la prévention et la médiation des conflits figurent au rang des priorités, a fait savoir la représentante. En outre, l’Espagne mise sur un multilatéralisme réformé et renforcé, ainsi que sur l’intégration régionale pour améliorer la gouvernance globale.  Ces dernières années, elle s’est concentrée sur le rôle des femmes. Au niveau ibéro-américain, elle a ainsi créé avec le Mexique et une dizaine d’autres pays le Réseau ibéro-américain de femmes médiatrices, qui cherche à dispenser des formations et à créer un comité de femmes expertes en médiation.  L’Espagne a travaillé dans le même sens avec la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest et avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

La représentante a également souhaité mentionner l’Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies, coparrainée par son pays et la Türkiye depuis sa création, et qui, dans son plan d’action 2019-2023, souligne l’importance du dialogue interculturel et interreligieux dans la prévention des conflits, ainsi que le rôle des femmes médiatrices dans ce contexte.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a souligné l’importance des relations bilatérales qui demeurent la pierre angulaire de la paix, la sécurité et la stabilité dans toutes les régions et au niveau du système mondial.  Il s’est dit convaincu que ce sont ces relations bilatérales mutuellement profitables, surtout entre « voisins », qui créent la paix et la stabilité sur le long terme.  C’est pourquoi, a-t-il fait valoir, « nous voulons être l’ami de tous et l’ennemi de personne ».  La voix, les points de vue et les idéaux des régions ont de l’importance, a-t-il souligné, car les pays de la région connaissent très bien les causes de leurs problèmes et par conséquent les solutions appropriées. Dès lors, leur sagesse devrait être entendue, a-t-il lancé en demandant de ne pas sous-estimer la valeur ajoutée des organisations régionales.

À ce titre, le délégué a partagé l’expérience de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), organisation née lors de la guerre froide, qui est devenue une base de paix, de stabilité et de progrès.  Fondée sur des normes et valeurs partagées, elle est, en outre, mue par des intérêts pragmatiques communs.  Dans le même temps, elle fait place à la diversité pour faire émerger le consensus. Voilà qui a contribué à la paix, la sécurité et la stabilité dans sa région, s’est-il enorgueilli.  C’est dans cet esprit qu’il a défendu la volonté de chaque région de créer son « propre chemin » pour parvenir à la paix. 

Pour finir, il a recommandé davantage de coopération entre les organisations régionales, non seulement pour tirer parti des bénéfices mutuels mais également pour contribuer à la paix mondiale.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a rappelé que la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, l’ex-OSCE, avait lancé dès 1992 une initiative spécifique visant à résoudre le conflit du Haut-Karabagh, avec l’aval du Conseil de sécurité.  Coprésidé alors par la France, la Fédération de Russie et les États-Unis, le Groupe de Minsk de l’OSCE, respectueux des principes de la Charte, a par la suite été créé et doté d’un mandat international pour mener des négociations de paix entre les parties, a poursuivi le délégué.  Il a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir torpillé cette initiative quand il s’est lancé dans une guerre destructrice en pleine pandémie, en septembre 2020, et ce, en violation flagrante des accords de cessez-le-feu de 1994 et 1995 et de la Charte des Nations Unies.  L’Azerbaïdjan a opté pour une agression non provoquée et à grande échelle, émaillée d’atrocités commises contre des civils arméniens du Karabakh. Le représentant a accusé ce pays d’avoir cette fois violé ses obligations au titre de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) lorsqu’en décembre 2022, ses forces armées ont décidé d’imposer le blocus inhumain du couloir de Latchine.  Pour l’Arménie, la situation actuelle, découlant d’un non-respect par l’Azerbaïdjan des accords de sécurité régionaux et bilatéraux ayant ouvert la voie à une agression militaire barbare, exige que l’ONU et son Conseil de sécurité protègent la population arménienne du Karabakh d’une destruction pure et simple. 

Nous sommes tous d’accord pour dire que la coopération régionale fonctionne, a déclaré Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal), qui a noté une tendance croissante à la régionalisation des efforts visant à maintenir la paix et la sécurité.  Elle a proposé que les arrangements régionaux et sous-régionaux reprennent plusieurs des recommandations du Nouvel Agenda pour la paix, en particulier celles relatives à l’élaboration de « stratégies de prévention ayant une dimension interrégionale pour faire face aux menaces transfrontalières ». 

Elle a en outre encouragé les organisations régionales et sous-régionales à envisager de collaborer avec la Commission de consolidation de la paix pour partager les pratiques optimales et présenter leurs stratégies.  Plaidant également pour une meilleure synergie du Conseil de sécurité et de la CCP, la déléguée a mis en avant le fait qu’en attendant des progrès dans la réforme sur la composition du Conseil, une telle coopération serait l’un des meilleurs moyens pour faire de la prévention des conflits une priorité.  Cela implique également de s’assurer du financement prévisible et durable de cette commission. Elle a conclu en soulignant qu’outre les répercussions des changements climatiques sur le plan sécuritaire, la valeur intrinsèque du respect des droits humains et leur rôle en matière d’alerte précoce, ainsi que la participation active des citoyens, des groupes communautaires et d’autres parties prenantes, d’autres questions telles que le renforcement des capacités institutionnelles, tant au niveau national que régional, mériteraient une plus grande attention de la part de ce Conseil. 

M. THOMAS PETER ZAHNEISEN (Allemagne) a soutenu les efforts de prévention et de médiation menés par l’ONU et appelé à une meilleure utilisation des outils du Chapitre VI par le Conseil de sécurité.  En tant que donateur majeur de l’unité de soutien à la médiation de l’ONU, de la Commission de consolidation de la paix et des « bons offices » du Secrétaire général, l’Allemagne souhaite qu’il soit fait bon usage des outils disponibles dans le Chapitre VI dans les mandats du Conseil de sécurité.  Faisant valoir le rôle central des organisations régionale dans cette approche, le délégué a exhorté le Conseil à explorer de nouvelles voies pour favoriser la coopération avec elles et tirer le meilleur parti de leur expérience en matière de médiation et de facilitation du dialogue aux niveaux régional et infranational.

Le délégué a, en outre, préconisé d’investir collectivement dans le développement de plans de prévention nationaux et régionaux.  Toutefois, a-t-il nuancé, cette approche ne devrait pas inclure uniquement les gouvernements, mais également les sociétés dans leur ensemble, en particulier les minorités et les groupes marginalisés.  Naturellement, cela inclut les femmes, a-t-il plaidé. C’est pourquoi, a-t-il conclu, son gouvernement s’efforce d’utiliser 100% de son financement pour la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la stabilisation d’une manière sensible au genre et, le cas échéant, ciblée sur le genre. 

Pour M. OMAR HILALE (Maroc), le recours au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies pour le règlement pacifique des différends, notamment la prévention, la médiation et la négociation, doit demeurer au centre des efforts de la communauté internationale pour le maintien de la paix et de la sécurité.  Il s’est fait l’écho du Secrétaire général pour promouvoir la primauté des solutions politiques aux différends.  Il a argué que les arrangements régionaux et sous-régionaux peuvent, lorsque cela est nécessaire, apporter un soutien aux efforts de l’ONU et du Conseil de sécurité, mais ils ne sauraient s’y substituer ou se télescoper avec les efforts du Conseil de sécurité.  Ils doivent faire l’objet de l’accord préalable des parties au processus, a-t-il ajouté.

Le représentant a rappelé la contribution du Maroc aux missions de paix onusiennes, ainsi que ses initiatives de médiation en faveur de la paix et de la sécurité, en particulier sur le continent africain, qui ont abouti à des résultats fructueux. Sur le plan humanitaire, le Maroc contribue constamment aux appels humanitaires, a souligné le représentant, y compris par le développement d’hôpitaux de campagne.  En tant que membre actif du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), et pendant qu’il présidait le Conseil, le Royaume a accueilli, en octobre 2022, la première édition du processus de Tanger pour lutter contre les causes profondes de conflit sur le continent.  Il œuvre inlassablement pour promouvoir le rôle et la coopération entre les organisations régionales et sous-régionales du continent africain.  Par ailleurs, le Maroc a fait de l’Atlantique africain une identité, un lieu d’introspection et une aire de projection à travers un groupement régional pour soutenir l’intégration et le codéveloppement de la côte atlantique, a indiqué le délégué en réaffirmant l’engagement de son pays en faveur des espaces régionaux.

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a souligné que la cohérence, la complémentarité et la coordination des efforts de paix sont de la plus grande importance et à bien des égards, la clef du succès.  La diversité des acteurs peut être un atout si la division du travail est claire, a-t-il insisté.  Les organisations régionales, a-t-il poursuivi, peuvent offrir un espace pour le dialogue et le compromis et, à ce titre, elles doivent être les premières à tirer la sonnette d’alarme, à prendre des mesures de prévention et à faciliter la médiation.  Compte tenu de leur proximité géographique, elles connaissent probablement mieux les questions, la situation et les parties locales, et elles ont tout intérêt à gérer et à atténuer un conflit pour éviter une propagation dans leur région. Toutefois, les efforts de ses organisations ne sont pas exclusifs.  Ils peuvent être complétés ou appuyés par les Nations Unies.  Trop souvent, a constaté le représentant, les organisations régionales n’aiment pas voir le Conseil se saisir de la situation d’un pays de leur région de peur de perdre la main.  Nous voyons les choses autrement, a expliqué le représentant: les efforts régionaux ont parfois du mal à se faire entendre des parties et nécessitent donc un appui de la communauté internationale.  Cela ne veut pas dire que le Conseil se substitue à ces efforts, bien au contraire, il les renforce.

La coopération entre les organisations régionales est aussi une clef du succès, a encore estimé le représentant, en se vantant de la bonne coopération entre l’Union européenne et ses pairs, en particulier l’Union africaine.  Ces organisations peuvent jouer un rôle important même dans les pays qui sortent de leur périmètre géographique.  Par exemple, le réseau des envoyés spéciaux et des médiateurs de l’Union européenne travaillent dans le monde entier pour rétablir la confiance entre les populations locales et les autorités nationales, et bien souvent aux côtés de l’ONU.  Les efforts de consolidation de la paix au Mozambique peuvent être une source d’inspiration, a fait observer le représentant, en parlant d’un processus caractérisé par l’appropriation nationale, un dialogue ouvert et constant entre les parties, un engagement communautaire effectif et l’appui des partenaires régionaux et internationaux, sans oublier l’intégration d’une perspective sexospécifique à tous les niveaux. 

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a souligné le rôle émergent de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, dont son pays a initié la création en 1992, en tant que partenaire important de l’ONU.  Il a noté la compétence de la Conférence en matière d’élaboration de mesures de confiance à ce niveau, notamment dans des domaines tels que l’atténuation des tensions émergentes, la sécurité épidémiologique, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et hydrique ou encore la lutte contre le terrorisme.  Forte de 28 États membres, la Conférence est la seule organisation panasiatique couvrant un vaste territoire allant du Pacifique à la Méditerranée et de l’Oural à l’océan Indien, a-t-il ajouté.  « C’est en outre la seule institution où Israël et la Palestine siègent à la table des négociations en tant que membres à part entière et égaux », a-t-il encore signalé.  Pour conclure, le représentant a insisté sur l’importance de maintenir une synergie dynamique entre le système des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier avec les organisations pancontinentales.

M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a appelé à privilégier le dialogue et la diplomatie, faisant remarquer que laisser faire en pensant que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes est un « postulat fallacieux ».  Aucune crise ne peut être réglée sur le long terme sans une prise en considération des causes sous-jacentes des conflits, a-t-il ajouté. Le représentant a exhorté à agir au lieu de se contenter de gérer des conflits.  Il a donc jugé important de ne jamais céder à la méthode du deux poids, deux mesures, et de veiller, au contraire, à ce que les lois soient appliquées de manière équitable et de façon universelle.  « Votre géographie détermine votre destinée », a-t-il aussi observé, raison pour laquelle son pays a toujours été un chantre de la prise en charge régionale et reste un fervent défenseur du multilatéralisme. Il a donné l’exemple, en termes d’initiatives régionales, de la collaboration de son pays avec l’Iran et la Russie, pour lancer la « plateforme d’Astana » qui a largement contribué au processus politique en Syrie. 

En tant que membre actif de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), la Türkiye, a poursuivi le délégué, concentre à présent ses efforts sur la désescalade du dossier israélo-palestinien en mettant l’accent sur un cessez-le-feu immédiat sans condition préalable, en insistant sur un accès humanitaire rapide et durable à Gaza et en poussant vers une reprise des pourparlers et d’une solution entre les deux États.  Concernant l’Ukraine, il a fait valoir que le dialogue avec les parties a permis de mettre en œuvre l’Initiative de la mer Noire avec l’ONU.  Il a aussi parlé de la plateforme régionale « 3+3 » qui a pour objectif de renforcer le dialogue dans le Caucase du Sud.  La Türkiye travaille en outre à son processus de normalisation avec l’Arménie et à la médiation entre ce pays et l’Azerbaïdjan. La réforme du Conseil est une nécessité, a déclaré le représentant en conclusion, en se félicitant du Nouvel Agenda pour la paix et en assurant que son pays persévérera dans tous ses efforts multilatéraux.

Les organisations régionales possèdent une grande expertise dans l’identification des causes profondes des conflits, a rappelé M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne), avant d’observer que certaines ne disposent pas des ressources et capacités nécessaires.  Un élément important à garder à l’esprit lorsque l’on « externalise » les opérations de paix vers les organisations régionales, a-t-il souligné. Le délégué s’est félicité que l’une des plus grandes réussites de la récente présidence polonaise de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ait été la mobilisation de l’opinion publique internationale, en permettant de voir clairement qui est l’agresseur et qui est l’agressé, et ce, malgré la violation permanente par Moscou des règles de l’OSCE.  La Pologne est fermement convaincue que les organisations régionales sont capables de répondre aux conflits armés, raison pour laquelle la coordination entre le Conseil de sécurité et les mécanismes régionaux doit être améliorée.  Pour que cette tâche soit menée, il est nécessaire que toutes les actions entreprises dans ce cadre soient conformes à la Charte des Nations Unies, au droit international humanitaire et des droits humains, a-t-il conclu. 

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a encouragé le Conseil et les organisations régionales à renforcer la diplomatie préventive, demandant au Conseil d’encourager le règlement pacifique des différends locaux par le biais d’arrangements régionaux.  Ainsi, la détérioration de la crise au Myanmar souligne l’importance de la collaboration entre le Conseil et l’Alliance des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué la représentante.  Elle a mis l’accent sur l’importance du soutien du Conseil aux efforts de médiation, avant de saluer les relations étroites entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. 

La représentante a insisté sur le fait que les décisions du Conseil sont juridiquement contraignantes.  Elle a rappelé l’Article 27 stipulant que « dans les décisions prises en vertu du Chapitre VI et du paragraphe 3 de l’Article 52, une partie à un différend s’abstient de voter ».  Bien que cette limitation s’applique à tous les membres du Conseil, la représentante a noté que l’article qui consacre le droit de veto pour les membres permanents institue également une restriction explicite à son utilisation. L’efficacité du Conseil bénéficierait grandement de l’application de cette disposition, a conclu la représentante. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a commencé par exprimer sa préoccupation face à l’escalade de la violence dans la région du Moyen-Orient.  Il a demandé la cessation de toutes les hostilités afin d’éviter des morts supplémentaires.  Il a ensuite déclaré que 55 ans après sa création, l’ASEAN a beaucoup avancé pour parvenir aux objectifs communs d’un développement et d’une prospérité durables pour tous.  L’Association a promu le dialogue et la coopération pour ce faire.  Le représentant a également déclaré que face aux menaces, il faut défendre l’état de droit.  Cela est plus urgent que jamais, a‑t‑il affirmé. 

Le délégué a appelé l’ASEAN à étudier une architecture régionale de dialogue pour aider le Myanmar, en particulier, à mettre en œuvre le consensus en cinq points, afin de trouver une solution durable pour ce pays qui reste un membre de la famille de l’ASEAN.  Le représentant s’est également dit préoccupé par les tensions dans la région de l’Asie du Sud-Est.  L’ASEAN cherche toutefois à mettre en œuvre des activités de coopération, notamment dans le domaine de l’environnement maritime, afin de promouvoir le dialogue et la confiance mutuelle, au lieu des tensions. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que le Conseil de sécurité n’avait pas réussi à assumer les responsabilités que lui confère la Charte des Nations Unies, notamment dans le cas de l’Ukraine et de la Palestine, où il est « paralysé et ankylosé ».  Il n’arrive pas à faire cesser le massacre à Gaza, a-t-il déploré.  Il a espéré que l’Assemblée générale parviendrait à obtenir le cessez-le-feu et la fourniture d’une aide humanitaire.  De la même manière, le Conseil n’a pas non plus réussi à résoudre la question de l’occupation du Jammu-et-Cachemire, en dépit de ses propres résolutions appelant à l’autodétermination des peuples qui y vivent, a encore regretté le délégué.  Il a rappelé que, « comme dans le cas de la Palestine occupée », cette région est victime d’une occupation de grande ampleur.  Selon le représentant, plus de 900 000 militaires indiens l’occupent, avec pour objectif de supprimer la lutte pour l’indépendance de cette région et d’imposer ce que les dirigeants extrémistes appellent une « solution finale » pour le Jammu-et-Cachemire.

Le délégué a alors estimé nécessaire, pour sortir de cette paralysie et de ces échecs, une réforme du Conseil de sécurité, afin de le rendre plus démocratique, plus large et plus ouvert.  Car, selon le représentant, les lacunes de ce Conseil sont directement liées au droit de veto de certains de ses membres, de manière directe ou non.  Sur la question des mécanismes régionaux, il a reconnu leur rôle dans le maintien de la paix, mais estimé que ce rôle devait rester subsidiaire.  Ces organisations régionales pourraient en revanche représenter leurs membres au Conseil de sécurité, comme ils le font en d’autres lieux, a plaidé le représentant, rappelant les propositions du Groupe du consensus.  Selon lui, elles pourraient servir de base pour une hypothétique réforme du Conseil de sécurité. 

Pour Mme ZORAYA DEL CARMEN CANO FRANCO (Panama), les accords bilatéraux, régionaux et sous-régionaux favorisent la coopération entre des pays partageant des intérêts géographiques, culturels ou économiques communs.  En encourageant la coopération, ils créent un environnement propice à la prévention des conflits.  Le Panama, a dit la représentante, croit fermement aux accords régionaux pour le règlement pacifique des différends.  Elle a cité l’expérience du Groupe de Contadora, que le Panama a formé en 1983 avec la Colombie, le Mexique et le Venezuela, et qui a joué un rôle décisif dans le processus de négociation de la paix en Amérique centrale, au cours de cette décennie.  Le Groupe de Contadora est ensuite devenu le Groupe de Rio, dont le Panama était également membre, et qui a servi de base à la création de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC). 

Les partenariats sous-régionaux jouent un rôle crucial dans la prévention et le règlement des conflits, a poursuivi la représentante.  Ces coalitions peuvent s’attaquer à des problèmes spécifiques qui affectent un groupe de pays géographiquement proches, facilitant ainsi l’identification de solutions appropriées et la mise en œuvre de mesures conjointes.  La représentante s’est attardée sur le succès de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui a promu la paix et la stabilité par le dialogue et la coopération dans des domaines tels que le commerce, la sécurité et le développement durable. Ces instruments représentent une approche proactive et efficace pour relever les défis en matière de paix et de sécurité.  La volonté politique, le dialogue et la diplomatie jouent un rôle central dans leur succès. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a déclaré que le Conseil de sécurité peut et doit faire davantage pour mieux comprendre les crises et les régler en amont, quand les parties sont encore disposées à discuter au sein de processus établis sur la base du respect mutuel.  Prévenir les conflits, a-t-il dit, c’est empêcher des souffrances humaines incommensurables, et, dans cette optique, les initiatives régionales ont un rôle précieux à jouer pour maintenir la confiance entre protagonistes régionaux quand celle-ci commence à s’effriter.  Le représentant a ajouté que les partenariats régionaux incluant l’ONU doivent non seulement être solidifiés mais aussi impliquer les femmes.  Il n’est plus possible de se passer de la moitié de l’humanité dans les efforts internationaux de maintien de la paix et de la sécurité internationale, a-t-il dit.  Par ailleurs, le délégué a attiré l’attention sur les conséquences des changements climatiques sur l’exacerbation des tensions dans les sociétés les plus vulnérables.  Là aussi, le Conseil de sécurité doit coopérer avec les mécanismes régionaux pour mieux appréhender les liens spécifiques entre insécurité climatique et conflits, et, partant, pour envisager l’édification d’une véritable justice climatique, gage de rapprochements entre belligérants potentiels. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a estimé que, grâce à leur connaissance approfondie des facteurs locaux, les organisations régionales et sous-régionales, en particulier en Afrique, sont bien placées pour trouver des solutions aux conflits dans leurs régions respectives.  Il a recommandé que les forces de maintien de la paix soient reconfigurées pour assurer une liaison active avec les forces régionales.  À son avis, il est important de renforcer les capacités des partenaires régionaux potentiels, ainsi que des États hôtes.  C’est ce que son pays a fait avec plusieurs partenaires, notamment en Afrique, a-t-il affirmé.

Tout cela n’aurait aucune importance, a-t-il assené, si nous ne nous attaquions pas au problème de « l’éléphant dans la pièce », à savoir que « nous sommes incapables de résoudre pacifiquement les différends par l’intermédiaire des Nations Unies, parce que son organe principal, le Conseil de sécurité, a été rendu inefficace ».  Selon le représentant, à défaut de mener des réformes globales et de mettre de l’ordre « dans cette maison, nous continuerons à être confrontés à une crise de crédibilité permanente ».  La nouvelle orientation pour un multilatéralisme réformé découle de l’idée qu’il ne peut y avoir de véritable solidarité sans confiance, a-t-il rappelé en affirmant qu’une majorité de pays du Sud partagent la conviction que les réformes de l’architecture de l’ONU ne sont plus une question de pourquoi, mais de quand et de combien de temps.  Il a espéré que l’opportunité offerte par le Sommet de l’avenir de l’année prochaine pousse à changer dans le sens d’un « multilatéralisme réformé », y compris par l’élargissement du Conseil de sécurité dans les deux catégories de ses membres.

M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie) a souligné que la prévention et le règlement efficaces et durables des conflits nécessitent les connaissances, les capacités et l’engagement des groupes régionaux et sous-régionaux.  Tout en reconnaissant le rôle important du Conseil de sécurité pour faciliter le dialogue, la médiation et la conciliation grâce à son pouvoir de convocation en vertu du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, il l’a appelé à collaborer davantage avec les groupes régionaux et sous-régionaux pour tirer parti de leur expertise et faciliter le règlement pacifique des différends.  Cela permettra non seulement d’améliorer l’efficacité du règlement des conflits, mais aussi de donner aux nations -et aux régions- les moyens de mener leurs propres processus de consolidation de la paix et de favoriser une paix plus durable, a fait valoir le représentant. 

Le délégué a également plaidé pour le renforcement du rôle, du financement et de l’inclusivité de la Commission de consolidation de la paix partant du principe qu’une Commission plus forte et proactive contribuera à mobiliser le soutien politique en faveur de la réconciliation.  Elle s’appuiera sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et, surtout, soutiendra la contribution des accords régionaux, sous-régionaux et bilatéraux à la prévention et au règlement pacifique des différends.  Fort de ce constat, le délégué s’est associé à l’appel à la formalisation de la participation des organisations régionales aux travaux de la Commission de consolidation de la paix afin de rendre ses délibérations plus holistiques et inclusives. Favorable à un leadership régional en matière de maintien de la paix, l’Australie a salué la proposition des Fidji de créer une nouvelle association de maintien de la paix dans le Pacifique afin de renforcer les capacités et la coopération de sa région. 

M. OMAR (Malaisie), en tant que membre de l’ASEAN, a mis en avant le rôle précieux joué par cette organisation pour la paix et la sécurité dans la région.  À cette fin, l’esprit de négociation et de médiation guide ses membres dans le règlement des différends, a-t-il expliqué, avant d’encourager la participation active des organisations régionales et sous-régionales –« partenaires fiables des Nations Unies »- en arguant qu’elle est cruciale pour réaliser le mandat de l’Organisation.  Sur le Myanmar, « l’un des dossiers les plus difficiles de la région », le représentant a salué la résolution 2669 (2022) du Conseil de sécurité et a dit vouloir travailler étroitement avec les autres membres de l’ASEAN et du Conseil de sécurité pour parvenir à un règlement pacifique et durable à cette crise.  En tant que membre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), il a salué les efforts de cette dernière pour faire face à la crise au Moyen-Orient avant de réaffirmer le droit à l’autodétermination des Palestiniens.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), évoquant les circonstances exceptionnelles dans le Moyen-Orient, a appelé à la poursuite de la coopération et de la coordination entre les efforts internationaux et régionaux, tant ces événements menacent la paix et la sécurité internationales.  Ce qu’il faut, a‑t‑elle dit, c’est adopter une démarche holistique pour parvenir à une paix juste, complète et durable, y compris en examinant les causes premières des conflits dans cette région.  Il faut, dans le même temps, réfléchir aux aspirations communes dans le cadre du Sommet de l’avenir de 2024 et penser au processus d’examen de la structure de consolidation de la paix de l’ONU, qui doit intervenir en 2025. 

La représentante a ensuite dit la fierté de son pays de mener, dans le cadre de sa politique étrangère, une diplomatie de prévention des conflits.  Le Qatar, depuis le début de son histoire, a accumulé un certain nombre de succès louables en matière de médiation, en adoptant une approche holistique, allant de la prévention aux remèdes à apporter aux causes des conflits, a‑t‑elle détaillé.  Elle a estimé que, pour remplir son mandat, le Conseil de sécurité devrait se fonder sur la Charte et sur ses propres résolutions.  Elle a conclu son intervention en invitant à financer les outils de prévention et d’alerte précoce, comme le recommande le Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix. 

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que son pays a eu recours à divers systèmes, processus et institutions aux niveaux national, régional et sous-régional.  Son pays a dû recourir à des institutions internationales, telle que la Cour internationale de Justice (CIJ) qui, une fois, a statué en sa faveur et déterminé la nécessité de mettre fin à l’occupation de la Namibie.  À une autre occasion, la CIJ n’a pas été en faveur de son pays, qui a « dû faire preuve de magnanimité et accepter » sa décision.  Face à ce monde qui évolue au gré des flux et reflux de la polarisation, il a recommandé de s’en remettre à la Charte des Nations Unies et aux outils prévus par son Chapitre VI, comme première ligne de défense en vue de prévenir les conflits armés.  Le représentant a, toutefois, souligné que le règlement pacifique des différends n’est pas une simple ambition noble, mais nécessite la création de conditions propices au dialogue.  Il a saisi cette occasion pour saluer les efforts déployés par le Gouvernement égyptien et toutes les parties prenantes, notamment le Secrétaire général de l’ONU, pour organiser le Sommet international sur Gaza qui se tiendra ce samedi au Caire. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) s’est enorgueillie du succès des processus sous-régionaux de rétablissement de la confiance lesquels ont permis de passer d’une logique de la confrontation à une logique de la coopération, et de faire de l’Amérique du Sud une zone de paix.  Les organisations d’Amérique latine et des Caraïbes ont exprimé à plusieurs reprises leur intérêt pour le règlement du différend de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni au sujet des Îles Malvinas, de Géorgie du Sud, de Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes.  Ces organisations, qui soutiennent les droits légitimes de l’Argentine, ont appelé à une solution rapide, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.  La représentante a par ailleurs évoqué les alternatives promues aux niveaux régional et sous-régional en matière de paix et de sécurité, en particulier la création de zones exemptes d’armes nucléaires et de zones de paix, qui contribuent à l’architecture internationale de la paix.  En outre, l’Argentine fait partie de la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud, composée de trois États sud-américains et de 21 États africains, et reconnue, en 1986, par la résolution 41/11 de l’Assemblée générale.  La représentante s’est également enorgueillie du Traité de Tlatelolco, tout en appuyant la création de zones régionales exemptes d’armes nucléaires. 

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) s’est félicité de la tenue de ce débat « qui n’aurait pas pu tomber à un meilleur moment », alors que le Conseil de sécurité a convoqué des réunions d’urgence pour éviter l’escalade de la crise en Palestine et sauver des millions de civils dans la bande de Gaza. De plus, les conflits dont le monde est témoin se sont accompagnés de grandes souffrances pour des milliards de personnes, créant des crises alimentaires et énergétiques, entre autres, a-t-il fait remarquer.  Partant des expériences collectives, le représentant a estimé que la seule façon de régler les différends est de s’en remettre au Chapitre VI.  Par conséquent, les accords bilatéraux, régionaux et sous-régionaux ont un rôle crucial à jouer, a-t-il affirmé en soulignant qu’ils ont le potentiel de rétablir la confiance entre tout un éventail de parties et d’aider les parties belligérantes à pérenniser le dialogue. Ces accords sont plus à même de prendre en compte les dynamiques régionales et locales pour trouver les meilleures solutions et éliminer les causes profondes des conflits.  À cet égard, le représentant a renvoyé à la résolution 2669 (2022) qui a salué le rôle de l’ASEAN pour négocier une solution à la crise des Rohingya. 

Il est d’avis que le Conseil de sécurité doit soutenir davantage les organisations régionales et sous régionales dans le règlement des différends, insistant pour que les missions politiques spéciales aient elles aussi un rôle important à jouer dans la collaboration entre celles-ci et l’ONU pour une coopération plus significative.  Enfin, le délégué a estimé que la CCP devrait transmettre ce qui se dit au plan régional et sous régional au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, ce qui contribuerait, à ses yeux, à une architecture sécuritaire collective plus solide. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a estimé qu’un Conseil de sécurité divisé par les rivalités géopolitiques entre ses principales puissances risque de saper les efforts régionaux de promotion de la paix, a-t-il mis en garde.  De plus, il existe des cadres régionaux qui peuvent accroître les risques de conflit armé.  Il faut donc s’efforcer d’adopter des accords régionaux qui s’inscrivent dans le prolongement des valeurs et des normes des Nations Unies, et, à ce titre, le représentant a fait quelques recommandations sur la manière dont le Conseil peut utiliser les Chapitres VI et VIII de la Charte. Tout d’abord, il devrait envisager des évaluations conjointes sur le terrain avec des entités régionales afin d’établir des diagnostics communs sur l’interaction complexe des facteurs menant à un conflit, a souhaité le délégué.  Le groupe de travail ad hoc sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique constitue une autre piste, selon lui, et il serait utile que ce mécanisme soit également adopté pour d’autres régions.  Le représentant a également encouragé le Conseil à approfondir sa coopération avec la Commission de consolidation de la paix, engagée dans un dialogue inclusif avec les mécanismes régionaux et les acteurs nationaux. Enfin, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité peut, selon le représentant, insuffler une nouvelle vie à la recherche de la paix en plaçant les 50% de la population qui sont trop souvent marginalisés au cœur des processus politiques et de la prise de décision. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a rappelé les engagements couronnés de succès de la CEDEAO dans les conflits au Libéria, en Sierra Leone et en Gambie, lesquels illustrent l’efficacité des organisations régionales et sous-régionales dans la recherche de la paix.  Le rôle croissant de l’Union africaine dans les initiatives de paix à travers le continent, cela malgré des ressources limitées, accrédite l’idée qu’il est utile de développer des partenariats efficaces entre l’ONU et les entités régionales pour formuler des réponses rapides aux différends et aux crises émergentes, a-t-il dit.  Il a expliqué que les organisations régionales et sous-régionales sont en effet les mieux placées pour comprendre les causes des conflits, grâce à leur connaissance approfondie des intérêts et des préoccupations des parties aux conflits. Elles ont une meilleure compréhension des relations bilatérales entre les pays et sont les mieux indiquées pour agir en tant que médiateurs crédibles dans les situations de conflit, ce que souligne le Secrétaire général de l’ONU dans son Nouvel Agenda pour la paix, a encore indiqué le délégué.  Après avoir mentionné certains des succès les plus marquants des principaux mécanismes régionaux de paix et de conciliation en Afrique, il a déploré ce mal récurrent qu’est le manque de financement adéquat, prévisible et durable dont ils pâtissent.  C’est en ce sens que son pays souscrit pleinement au document adopté récemment par l’Assemblée de l’Union africaine en faveur d’un tel financement abondé, notamment par des contributions statutaires de l’ONU aux missions hybrides. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a noté que le Brésil a mentionné, dans la note de cadrage du débat d’aujourd’hui, l’Accord final et définitif de paix signé entre le Pérou et l’Équateur en 1998, en tant qu’exemple réussi d’une solution pacifique à un différend qui célébrera son vingtième anniversaire le 26 octobre prochain. Le représentant a rappelé les différentes étapes et les outils utilisés pour atteindre ce résultat, tous relevant du Chapitre VI de la Charte, ainsi que des mécanismes de rétablissement de la confiance et des négociations bilatérales directes.  Lorsqu’il y avait blocage, les parties comptaient sur le concours des pays garants, à savoir l’Argentine, le Brésil, le Chili et les États-Unis qui ont assuré la médiation, la conciliation et l’arbitrage, toujours dans le cadre du Protocole de Rio de Janeiro de 1942.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) s’est dit fier du statut de la région comme zone de paix dénucléarisée, mettant en exergue la collaboration entre ses États membres. Il a mentionné les réunions organisées régulièrement au sein de la CARICOM pour traiter des dossiers de paix et de sécurité ainsi que les mécanismes régionaux, dont l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité chargée du suivi, de l’analyse et du développement de projets de sécurité régionale de la CARICOM. 

Il s’est enorgueilli de la contribution de la CARICOM à la paix et à la sécurité internationales, à la lutte contre le terrorisme, au désarmement nucléaire, à la lutte contre les flux illicites des armes légères et de petit calibre et au partage des renseignements.  Il en a voulu pour preuve l’action de paix, de stabilité et de développement durable menée en Haïti, en collaboration avec la communauté internationale.  Grâce à cette approche, les membres de la CARICOM ont contribué à l’adoption de la résolution 2699 (2023) qui autorise notamment le déploiement d’une mission de soutien sécuritaire multinationale en Haïti pour venir épauler la police nationale. 

Mme NATALIA JIMÉNEZ ALEGRÍA (Mexique) a réitéré l’importance de la diplomatie multilatérale, du recours aux bons offices, de la médiation et de la justice pour régler les différends.  La représentante a rappelé que c’était en Amérique centrale qu’avait vu le jour la première cour internationale permanente, la Cour centraméricaine de justice, créée au début du XXe siècle pour résoudre les conflits dans la région. Le Pacte de Bogota a vu le jour en 1948, a-t-elle précisé.  Elle a ajouté qu’au cours de la dernière décennie, la région a fait appel à la Cour internationale de Justice (CIJ) à 15 reprises.  La Commission interaméricaine des droits de l’homme et la Cour interaméricaine des droits de l’homme sont devenues une référence incontournable aux niveaux national, régional et international, a aussi fait valoir la déléguée en les présentant comme le socle de la démocratie et de l’état de droit. 

Le Mexique, a ajouté la déléguée, a reconnu la compétence de la CIJ depuis 1947. Étonnée de constater qu’à ce jour seuls 74 États avaient accepté la compétence de la CIJ, dont un seul membre permanent de ce Conseil, la représentante a dit soutenir la Déclaration sur la promotion de la compétence de la CIJ.  Elle a demandé l’inclusion de la clause juridictionnelle de la CIJ dans les accords internationaux.  Elle a aussi rappelé la participation de son pays au Groupe de Contadora.  En outre, elle a salué la reprise des négociations et du dialogue entre le Gouvernement du Venezuela et l’opposition, qui ont donné lieu à des accords de grande importance.  Le Mexique est aussi un des pays garants du processus de paix entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale, a rappelé la déléguée, en annonçant que son pays accueillera le cinquième cycle de pourparlers. 

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a affirmé que le règlement des conflits par les moyens pacifiques a toujours été enraciné dans les principes fondateurs de la diplomatie algérienne.  Sa contribution au règlement des crises, notamment dans son environnement immédiat, s’est toujours fondée sur la primauté du dialogue.  C’est ainsi que l’Algérie s’est engagée en 2015, dans un processus de médiation entre les parties maliennes, qui a abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Dans le cadre des efforts de l’Union africaine, l’Algérie préconise également un processus de réconciliation nationale en Libye et au même titre, prône une solution politique à la crise institutionnelle au Niger. L’Algérie rejette toute intervention militaire étrangère dans ce pays, a souligné le représentant. 

Il a ensuite déclaré que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales est un élément essentiel pour la réussite des objectifs communs.  Il s’est félicité de la signature du Cadre commun pour un partenariat renforcé pour la paix et la sécurité en 2017, et applaudi les consultations annuelles entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, appelées, selon lui, à être renforcées.  Il a aussi salué les propos du Secrétaire général appelant à une nouvelle génération de missions de paix dirigées par des forces régionales, dotées d’un financement garanti et prévisible.  Le défi actuel pour l’UA et l’ONU consiste à s’entendre sur une interprétation commune de l’esprit du Chapitre VIII de la Charte, tout en consacrant la primauté du rôle du Conseil de sécurité dans la préservation de la paix et la sécurité internationales.  « Un tel principe devant ouvrir de plein droit aux opérations de soutien à la paix africaines, autorisées par ce Conseil, l’accès aux contributions statutaires des Nations Unies », a ajouté le délégué.

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a demandé une analyse impartiale de l’échec des arrangements régionaux dans la plupart des conflits et des situations d’après conflit. L’expérience de l’Azerbaïdjan de près de 30 ans d’occupation de ses territoires par l’Arménie illustre la nécessité de faire beaucoup plus aux niveaux régional et international pour lutter contre l’interprétation erronée du droit international, a déclaré le représentant.  La communauté internationale, a-t-il dénoncé, n’a pas pu empêcher l’agression, le nettoyage ethnique et les atrocités commises contre l’Azerbaïdjan; elle n’a pas respecté ses propres décisions.  Les efforts de médiation menés dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour aider à résoudre le conflit n’ont donné aucun résultat, a encore regretté le délégué qui a accusé l’Arménie de ne s’être jamais engagée dans le processus de paix. « L’échec de cette politique était inévitable. » 

À la suite d’une guerre de 44 jours, l’Azerbaïdjan a libéré plus de 300 villes et villages de l’occupation, a informé le délégué.  Toutefois, il a déploré que l’Arménie ait opté pour le maintien de ses revendications territoriales et refuse de retirer complètement ses forces armées du territoire de l’Azerbaïdjan.  Le délégué a dit attendre de la communauté internationale qu’elle encourage l’Arménie à respecter ses obligations internationales, à s’abstenir de pratiquer la désinformation et à s’engager dans les efforts visant à instaurer la paix et la stabilité dans la région.  Il a brocardé les tentatives de certains États, qui ne sont pas dans la région, d’imposer leur passé colonial dans le Caucase du Sud et d’étendre leurs « politiques xénophobes » dans la région, ce qui ne sert pas la paix. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) est d’avis que le Conseil de sécurité pourrait être plus efficace dans l’application de ses propres résolutions, en prenant des mesures contre ceux qui ne s’y plient pas.  Le Conseil pourrait également renforcer l’état de droit et promouvoir l’établissement des responsabilités pour les violations des droits de l’homme et les crimes de guerre.  Le délégué a rappelé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité leur influence inégalée sur les questions de paix et de sécurité internationales, dont le droit de veto.  Ils ont donc un rôle essentiel à jouer pour parvenir à un règlement du conflit israélo-palestinien.  Ils les appelés à s’engager dans une diplomatie proactive afin d’encourager des négociations directes entre les parties, à offrir leur expertise de médiation et à donner des incitations aux parties pour les encourager à entamer des négociations et à faire des compromis.  Les membres du Conseil peuvent aussi exercer des pressions ou imposer des sanctions.

Le représentant a plaidé pour un soutien financier et technique aux initiatives visant à consolider la paix et la réconciliation et aux mesures de confiance entre Israéliens et Palestiniens.  Il a pressé les membres du Conseil de réaffirmer collectivement et individuellement leur engagement en faveur du droit international, y compris les résolutions pertinentes des Nations Unies, et veiller à leur mise en œuvre.  Il a conclu en exhortant les membres permanents à exercer leur droit de veto avec la plus grande retenue.

M. AKRAM (Pakistan) a brièvement réagi à la déclaration de l’Inde pour dire que « les mensonges que nous venons d’entendre » se rapportent au fait que « le Jammu-et-Cachemire appartient à l’Inde ».  Le représentant a souligné que toute répétition ne sert à rien car l’Inde a accepté la décision de l’ONU.  Il a rappelé que la question du Jammu-et-Cachemire est un débat au Conseil de sécurité depuis 55 ans, estimant que c’est à celui-ci d’en décider.  « Si l’Inde veut véritablement respecter le droit international et la Charte des Nations Unies, et si elle en a le courage, elle devrait respecter les décisions de l’ONU, en retirant notamment ses troupes du Jammu-et-Cachemire, et laisser son peuple vivre en paix. »

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