En cours au Siège de l'ONU

Assemblée générale: le Secrétaire général présente ses priorités pour 2025, assurant que l’espoir existe dans notre monde tumultueux

Soixante-dix-neuvième session
56e séance plénière – matin
AG/12673

Assemblée générale: le Secrétaire général présente ses priorités pour 2025, assurant que l’espoir existe dans notre monde tumultueux

Devant l’Assemblée générale, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU a exposé ses priorités pour 2025, année de célébration des 80 ans de « l’Organisation qui représente, depuis le premier jour, la conscience du monde ».  Si l’espoir pour notre monde tumultueux est permis, avec notamment l’annonce aujourd’hui d’un accord sur l’obtention d’un cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza, M. António Guterres a porté un jugement incisif sur la situation actuelle: « nos actions, ou notre inertie, ont ouvert une boîte de Pandore des temps modernes » contenant quatre maux - le déchaînement des conflits, les inégalités généralisées, la crise climatique qui fait rage et la technologie qui échappe à tout contrôle.

L’Assemblée générale a ensuite entendu, dans l’après-midi, des réactions de délégations au rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation au cours de l’année écoulée (A/79/1), avant d’adopter par consensus deux textes.

Les signes d’espoir

Dans son discours, M. António Guterres a commencé par les bonnes nouvelles et ce qu’il a désigné comme « des lueurs d’espoir », jugeant important de ne jamais perdre de vue les progrès et le potentiel, même si le monde est « en pleine tourmente ».

Un accord a enfin été conclu en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages, s’est-il réjoui.  De même, le cessez-le-feu au Liban est en grande partie respecté, a-t-il rappelé en se félicitant que le pays a enfin pu élire un président après plus de deux années d’impasse.  Sur le front du climat, il a souligné que le monde investit aujourd’hui presque deux fois plus dans les énergies propres que dans les combustibles fossiles.  Et presque partout, l’énergie solaire et l’énergie éolienne sont désormais les sources d’électricité les moins chères et celles qui connaissent la croissance la plus rapide de l’histoire. 

De plus, s’est enorgueilli le Secrétaire général, dans une grande partie du monde, la parité entre les filles et les garçons a été atteinte dans le domaine de l’éducation.  La moitié de l’humanité s’est rendue aux urnes l’année dernière, a-t-il encore noté en se réjouissant que les femmes occupent désormais un nombre record de sièges parlementaires à l’échelle mondiale.  Il a aussi noté que jamais autant d’enfants n’ont survécu et que les infections au VIH continuent de diminuer de façon spectaculaire, de même que les taux de mortalité due au paludisme.  Dans la même veine, de nouvelles mesures concrètes ont été prises pour faire diminuer le nombre de mariages d’enfants, protéger les océans et élargir l’accès à Internet. 

« Nous commençons 2025 portés par les engagements du Pacte pour l’avenir, du Pacte numérique mondial et de la Déclaration sur les générations futures », a également fait valoir M. Guterres en misant sur l’effet d’élan de ces promesses.  Des mesures qui confirment de plus le pouvoir et la finalité des Nations Unies, a-t-il ajouté. 

L’ONU, une force de construction

Depuis le premier jour, l’Organisation représente « la conscience du monde », a poursuivi M. Guterres, soulignant que dans un monde qui semble vouloir la destruction, notre Organisation est « une force de construction ».  Pour trouver des solutions mondiales à la hauteur de la situation, il a donc conseillé de passer par l’ONU.  « Plus les Nations Unies agissent ensemble pour relever les grands défis partout dans le monde, moins le fardeau qui pèse sur chaque pays est lourd », a-t-il argué en martelant que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales. 

« Nous avons les plans qui nous permettront de relever ces défis », a-t-il insisté en observant qu’il n’est nul besoin de réinventer la roue. La formule qu’il a proposée passe par l’accélération et la transformation, guidées par le Pacte pour l’avenir, dont l’application sera au cœur de ses priorités en 2025. 

Les défis des conflits en cours

En passant en revue les conflits qui se multiplient, il a relevé que, parallèlement, les droits humains sont constamment pris pour cible.  De même, la menace nucléaire est à son plus haut niveau depuis des décennies, s’est-il inquiété en notant l’aggravation des divisions géopolitiques et la méfiance, qui jettent de l’huile sur le feu. L’impunité est endémique, marquée par des violations récurrentes du droit international, du droit international humanitaire et de la Charte des Nations Unies, ainsi que des attaques systématiques contre nos institutions elles-mêmes, a déploré le Secrétaire général. Il a salué l’accord enfin conclu en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des otages à Gaza et a salué le travail effectué par l’Office de secours et des travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans la réponse humanitaire. 

« En Syrie, après des années d’effusion de sang, verrons-nous un pays qui peut enfin être un havre pour les différentes confessions, traditions et communautés et façonne un avenir inclusif, libre et pacifique, alors que nous continuons à tout faire en ce sens? » s’est-il interrogé avant d’annoncer partir ce jour-même pour le Liban afin d’exprimer sa solidarité au peuple libanais et aux forces onusiennes de maintien de la paix.  Outre le Moyen-Orient, il a évoqué les situations de conflit en Ukraine, au Soudan et au Sahel, où sévissent l’extrémisme violent et la terreur.  Il a également mentionné Haïti où la terreur provient des gangs criminels armés, ainsi que les situations d’insécurité en Somalie, au Myanmar, en République démocratique du Congo et au Yémen. 

Lutter contre les inégalités en finançant la réalisation des ODD

Cette boîte de Pandore moderne propage également les inégalités, a expliqué le Secrétaire général.  Selon lui, ces énormes inégalités sont le signe indéniable que quelque chose est profondément rompu dans nos systèmes sociaux, économiques, politiques et financiers. 

Se montrant néanmoins rassurant, il a affirmé qu’il est possible de venir à bout des inégalités si nous nous engageons à mener des politiques favorisant l’équité, au lieu de nous accrocher aux vieilles recettes qui ont tant échoué. Cela commence selon lui par une accélération des efforts pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), en se concentrant sur les domaines à fort impact comme l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’éducation de qualité pour tous, la protection sociale, la couverture sanitaire universelle, l’accès à l’énergie, la transition numérique et la réduction des effets des changements climatiques. 

Le Chef de l’ONU a appelé à accorder une attention particulière aux besoins de l’Afrique, tout en précisant que le financement est essentiel.  Le Pacte pour l’Avenir apporte un soutien clair à un plan de relance des ODD visant à combler l’écart de financement, a-t-il dit. 

De l’avis de M. Guterres, nous devons également lutter contre les inégalités en réformant et en modernisant les institutions financières mondiales afin qu’elles reflètent l’économie de notre époque, et non celle de 1945. Il a dit avoir demandé à un groupe d’experts de proposer des mesures concrètes en vue de sortir de l’impasse de la dette et d’impulser un élan d’action sur la question. 

« 2025 nous offre des opportunités uniques pour réaliser des avancées majeures dans le financement des ODD », a-t-il espéré, évoquant la Conférence internationale de juillet sur le financement du développement, le Sommet mondial pour le développement social en novembre, le Sommet du G20 sous la présidence de l’Afrique du Sud, et la COP30 au Brésil ou encore Beijing + 30. 

Augmenter les chances d’inclusion pour les femmes et les jeunes

Pour combattre les inégalités, il a également appelé au développement des opportunités pour les femmes et les filles et à lutter contre les inégalités en soutenant la jeunesse, partout dans le monde.  Des communautés inclusives sont essentielles, a-t-il souligné sachant que les inégalités sont notamment alimentées par les fléaux de la discrimination et des discours de haine.  Il a dès lors appelé à mettre fin à la propagation de la haine et de l’intolérance, y compris l’antisémitisme, l’islamophobie et la discrimination envers les communautés chrétiennes minoritaires. 

L’action climatique à accélérer

De la boîte de Pandore a aussi surgi la crise climatique qui dévaste et ravage notre monde, a poursuivi le Chef de l’ONU en notant qu’« il suffit de regarder les collines de Los Angeles ».  Malgré l’élévation des températures, il a évoqué une formidable possibilité s’offrant à nous avec la révolution des énergies renouvelables qui profitera à des gens ordinaires. 

De plus, 10 ans après l’Accord de Paris, 90% des pays du monde sont maintenant engagés à atteindre l’objectif de zéro émission nette, a-t-il salué, tout en demandant de passer la vitesse supérieure pour atteindre collectivement les objectifs dudit Accord.  Il a annoncé une manifestation spéciale en septembre pour faire le point sur les nouveaux plans d’action nationaux pour le climat, pour inciter les pays à se mobiliser afin d’atteindre l’objectif de 1,5 °C et d’assurer la justice climatique.  Il a assuré que l’ONU aidera à mobiliser le soutien en faveur de transitions énergétiques justes. 

Une technologie à contrôler

Comme autre danger sortant de la boîte de pandore, il a cité ceux « d’une technologie incontrôlée », en demandant à l’Assemblée générale de créer sans attendre le Groupe scientifique international indépendant de l’intelligence artificielle (IA).  Il faut, a-t-il exhorté, promouvoir une gouvernance de l’IA qui protège les droits humains tout en favorisant l’innovation; une IA éthique, sûre et sécurisée.  Cela implique d’aider les pays en développement à mettre l’IA au service du développement durable. 

Afin précisément d’aider les pays du Sud à tirer parti de l’IA pour le bien commun, le Secrétaire général a annoncé un rapport à venir sur les modèles innovants de financement volontaire et les initiatives de renforcement des capacités. Il s’est appuyé sur le nouveau Bureau des technologies numériques et émergentes pour apporter une aide aux États Membres et assurer une coordination des efforts. 

Après avoir laissé échapper de la boîte de Pandore ces quatre maux, le Secrétaire général a rappelé que, comme dans le poème ancien évoquant le mythe de Pandore, « seule resta l’Espérance en son infrangible demeure ». « En cette quatre-vingtième année de l’Organisation, bâtissons un monde plus pacifique, plus juste et plus prospère, dont nous savons malgré tout qu’il est à notre portée », a-t-il invité. 

Débat sur l’activité de l’ONU en 2024

Lançant la discussion, la République démocratique du Congo (RDC), qui s’exprimait au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a insisté sur le principe du multilinguisme à l’ONU, qui ne devrait pas, selon elle, être affecté par la crise de liquidités.  Il a demandé au Secrétaire général de publier les directives administratives visant à mettre en œuvre ce principe.  L’Indonésie, elle, a appelé à renforcer le respect de la Charte de l’ONU, et à faire avancer la réforme du Conseil de sécurité et celle de la structure de consolidation de la paix.  La délégation a souhaité des efforts accrus en faveur du développement durable, en mettant en œuvre le Programme 2030 et en réformant l’architecture financière internationale, afin de permettre le développement des pays du Sud. 

« Il faut dépasser les approches cloisonnées, tant au sein du Système des Nations Unies qu’entre les États », a demandé le Costa Rica demandant le groupement de tous les processus et priorités afin de réaliser les ODD.  L’année 2025 devrait être consacrée à l’action pour les océans et au climat, à l’égalité entre les sexes, à l’autonomisation des femmes, à l’accès à des financements durables ainsi qu’au développement durable et inclusif qui protège les populations vulnérables et réduit les écarts freinant le progrès humain. 

En parlant de frein aux progrès, le Zimbabwe a appelé la levée des sanctions unilatérales qui frappent son pays.  Ces mesures coercitives illégales minent le développement national, a-t-il argué.  Cuba a fait de même en se joignant aux voix de ceux qui demandent d’augmenter l’aide aux pays en développement pour réaliser les ODD, dont seuls 17% sont actuellement concrétisés.  Cela nécessite notamment de résoudre la crise de la dette, a plaidé la délégation cubaine qui a aussi dénoncé « la politisation des questions des droits humains ».  Le représentant a salué au passage la décision de « bon sens » des États-Unis de retirer son pays de la liste des pays soutenant le terrorisme.  

Cuba a aussi demandé au Conseil de sécurité de ne pas s’ingérer dans les domaines de compétence de l’Assemblée générale.  À propos du Conseil de sécurité, le Kirghizistan, rappelant qu’il n’y a jamais siégé, a appelé les États Membres à soutenir sa candidature pour la période 2025-2027. 

Le Timor-Leste a listé plusieurs domaines clefs nécessitant en 2025 une attention continue, notamment des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour atténuer les impacts des changements climatiques, pour combler les écarts en matière d’accès à la technologie, à l’éducation et à l’information. 

Le Népal, qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a appelé les pays développés notamment à respecter le taux de 0,7% de PIB consacré à l’aide publique au développement (APD), à ouvrir leurs marchés pour les produits de ces pays, à résoudre la crise de la dette et à débourser 500 milliards de dollars par an pour l’action climatique.  L’année 2025 devrait être celle qui verra changer la donne pour les PMA. 

Adoption de deux résolutions

L’Assemblée a, par ailleurs, adopté par consensus une résolution présentée par l’Angola et intitulée « Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique: progrès accomplis dans la mise en œuvre et appui international » (A/79/L.45).  L’Assemblée prie ainsi les organismes des Nations Unies de continuer à aider le Nouveau Partenariat et les pays d’Afrique à élaborer des projets et des programmes s’inscrivant dans les priorités du Nouveau Partenariat.  S’adressant aussi au Secrétaire général, elle le prie d’encourager le renforcement de la cohérence des activités menées par le système des Nations Unies à l’appui de l’Agenda 2063, de son projet phare et du deuxième plan décennal de mise en œuvre.  Les organismes des Nations Unies devront continuer de prendre en compte les besoins particuliers de l’Afrique dans toutes leurs activités normatives et opérationnelles, invite la résolution. 

Après l’adoption de ce texte, la Fédération de Russie a regretté l’inclusion « de dispositions ambiguës et axées sur les priorités des pays développés, qui risqueraient d’avoir des répercussions négatives sur le fonctionnement de l’ONU ».  Elle a rappelé ne pas approuver l’ensemble du Pacte pour l’avenir.  L’Argentine s’est dissociée des paragraphes qui font référence au Programme 2030 et au Pacte pour l’avenir et à ses documents annexes, ainsi qu’aux mandats qui iraient à l’encontre des principes directeurs de protection de la vie, de la liberté et de la propriété privée.  En particulier, l’Argentine a dit se dissocier du paragraphe 26 du dispositif de la résolution, de même que les États-Unis. 

L’Assemblée a adopté, également par consensus, un autre texte présenté par l’Ouganda et intitulé « Promotion d’une paix durable par la voie du développement durable en Afrique » (A/79/L.47).  Par ce texte, elle demande aux organismes des Nations Unies et aux États Membres, ainsi qu’aux partenaires bilatéraux et multilatéraux d’honorer promptement leurs engagements et de soutenir l’application intégrale et rapide des dispositions de la déclaration politique sur les besoins de développement de l’Afrique, du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Elle appelle de nouveau au renforcement de la participation pleine, égale, véritable et en toute sécurité des femmes à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu’à la consolidation de la paix, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et aux résolutions ultérieures du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité. 

Après l’adoption de ce texte, la Hongrie a rappelé n’avoir pas souscrit aux dispositions relatives au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont elle ne participe pas à la mise en œuvre.  Comme les migrations n’ont pas d’effet positif sur le développement, selon elle, il faut se focaliser sur les pays de départ en apportant un appui au niveau local pour que les populations puissent rester chez elles dans la paix et la prospérité.  Les efforts collectifs doivent se pencher sur les causes profondes de la migration, a plutôt recommandé la Hongrie qui s’est dissociée, pour toutes ces raisons, du paragraphe 27 du préambule et du paragraphe 17 du dispositif de la résolution. 

 

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Le Conseil de sécurité exige des houthistes qu’ils mettent fin à leurs attaques en mer Rouge et demande le respect de l’embargo sur les armes

9836e séance – après-midi
CS/15965

Le Conseil de sécurité exige des houthistes qu’ils mettent fin à leurs attaques en mer Rouge et demande le respect de l’embargo sur les armes

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, exigé que les houthistes mettent fin immédiatement à toutes les attaques qu’ils mènent contre les navires marchands et les navires de commerce en mer Rouge et libèrent immédiatement le navire marchand Galaxy Leader et son équipage, tout en demandant aux États Membres de respecter pleinement l’embargo sur les armes qui vise ce groupe.

Adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Algérie, Chine et Fédération de Russie), la résolution 2768 (2025), qui a été présentée par les États-Unis et la Grèce, prolonge jusqu’au 15 juillet 2025 la demande du Conseil au Secrétaire général de lui présenter des rapports écrits mensuels sur toute nouvelle attaque perpétrée par les houthistes contre des navires marchands et des navires de commerce en mer Rouge, « afin d’éclairer ses futures consultations ».

Le texte engage en outre toutes les parties à redoubler d’efforts diplomatiques afin de prévenir une nouvelle détérioration de la situation en mer Rouge et dans la région, notamment en continuant de favoriser le dialogue et le processus de paix du Yémen sous les auspices de l’ONU.

Dans le préambule du texte, le Conseil rappelle les précédentes attaques menées par les houthistes contre des terminaux pétroliers dans des zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, et se déclare préoccupé par les répercussions désastreuses que ces attaques touchant les exportations de pétrole ont sur la situation économique et humanitaire au Yémen, la monnaie du pays et les moyens d’existence des civils yéménites.

La Somalie s’est dite vivement préoccupée par ces attaques et leurs conséquences économiques, humanitaires, sécuritaires et environnementales.  Cette résolution, a-t-elle estimé, est un pas dans la bonne direction, mais sa mise en œuvre nécessitera la prise en compte des sensibilités et des réalités régionales, la sécurité de ce couloir maritime étant indissociable de la stabilité des États côtiers.  La délégation a rappelé que les autorités de son pays ont récemment réaffirmé, lors d’un dialogue trilatéral avec l’Égypte et l’Érythrée, leur engagement à renforcer leur cadre de sécurité collective afin de lutter contre l’insécurité maritime en mer Rouge, pour qu’elle redevienne un « pont de paix et de prospérité » qui relie peuples et nations.

Nation maritime, « gestionnaire responsable » du canal qui porte son nom, le Panama a condamné les attaques contre les navires commerciaux en mer Rouge, demandant que le droit à la navigation soit garanti par tous.  La République de Corée et le Danemark ont souligné pour leur part l’importance de redoubler d’efforts pour faire respecter l’embargo sur les armes. 

Pour la Fédération de Russie, cette résolution est la suite logique de la résolution « originale » 2722 (2024) du Conseil de sécurité, « à propos de laquelle nous avions déjà de sérieuses questions ».  Si nous avions globalement soutenu l’idée elle-même –assurer la sécurité de la navigation dans les eaux adjacentes au Yémen, y compris en mer Rouge–, sa mise en œuvre pratique n’a malheureusement pas été à la hauteur des attentes, a constaté la délégation.  En outre, la résolution tout juste adoptée est extrêmement « déséquilibrée et politisée ».  En effet, si nous jugeons la situation dans les eaux adjacentes au Yémen uniquement à partir de ce texte, alors on pourrait penser que le facteur déstabilisateur dans la région est l’action d’Ansar Allah.  Il omet pourtant l’aspect le plus important de la situation « sur le terrain » – à savoir la campagne militaire agressive qui dure depuis plus d’un an par la prétendue « coalition internationale » menée par les États-Unis et le Royaume-Uni contre un pays souverain, le Yémen. 

Dans un même ordre d’idées, l’Algérie a justifié son abstention par sa préoccupation quant à la mise en œuvre de la résolution 2722 (2024) et ce qu’elle considère comme une utilisation « à mauvais escient » du droit à la légitime défense « en menant des attaques contre des pays souverains ». En outre, elle a estimé qu’il aurait fallu faire explicitement référence à la situation dévastatrice à Gaza, qui est la cause fondamentale « ou au moins un facteur déclenchant » des tensions actuelles en mer Rouge et dans l’ensemble de la région. 

La Chine a pareillement déploré que la résolution ne fasse pas le lien « évident » entre la situation en mer Rouge et celle à Gaza.  La Sierra Leone, satisfaite de la référence faite à la nécessité de faire face aux causes profondes des attaques des houthistes, s’est félicitée de l’annonce d’un accord pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages israéliens.

De son côté, le Guyana a salué l’inclusion d’un nouveau libellé sur les armes sophistiquées employées par les houthistes, là où la Slovénie a regretté qu’il ne mentionne pas les risques de marée noire provoqués par leurs actions. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Texte du projet de résolution (S/2025/33)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions sur la situation au Yémen et en mer Rouge, notamment les résolutions 2216 (2015), 2722 (2024) et 2739 (2024),

Condamnant les attaques incessantes perpétrées par les houthistes contre les navires marchands et les navires de commerce,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États côtiers de la mer Rouge, et soulignant de nouveau que les États de la région doivent jouer un rôle moteur, en étroite coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, pour contribuer à la paix et à la sécurité,

Rappelant l’importance de la sécurité maritime et conscient que le maintien de la sécurité maritime dans la région de la mer Rouge est essentiel pour la stabilité des chaînes d’approvisionnement et le développement économique,

Rappelant les précédentes attaques menées par les houthistes contre des terminaux pétroliers dans des zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, et se déclarant préoccupé par les répercussions désastreuses que ces attaques touchant les exportations de pétrole ont sur la situation économique et humanitaire au Yémen, la monnaie du pays et les moyens d’existence des civils yéménites,

1.    Prolonge jusqu’au 15 juillet 2025 la demande qu’il a faite au paragraphe 10 de la résolution 2722 (2024) au sujet des informations dont il doit lui être rendu compte;

2.    Exige de nouveau que les houthistes mettent fin immédiatement à toutes les attaques qu’ils mènent contre les navires marchands et les navires de commerce et qu’ils libèrent immédiatement le navire marchand Galaxy Leader et son équipage;

3.    Souligne de nouveau qu’il faut s’attaquer aux causes profondes de ces attaques, y compris les conflits qui alimentent les tensions régionales et contribuent à perturber la sécurité maritime, afin d’intervenir rapidement et en toute efficience et efficacité;

4.    Prend note de l’utilisation d’armes de pointe lors de ces attaques et réaffirme que tous les États Membres doivent respecter les obligations que leur impose la résolution 2216, qui établit un embargo sur les armes ciblé et, à cet égard, enjoint aux États Membres de cesser de fournir des armes aux houthistes et d’empêcher les houthistes de se procureur des armements et matériels connexes qui serviront à mener de nouvelles attaques;

5.    Appelle à la prudence et à la retenue afin de prévenir une nouvelle détérioration de la situation en mer Rouge et dans la région, et engage toutes les parties à redoubler d’efforts diplomatiques à cette fin, notamment en continuant de favoriser le dialogue et le processus de paix du Yémen sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies;

6.    Décide de rester activement saisi de la question.

 

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Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen s’inquiète du risque d’erreurs de calcul

9835e séance - matin
CS/15964

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen s’inquiète du risque d’erreurs de calcul

Dans un contexte marqué par l’internationalisation du conflit au Yémen, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen a dit craindre, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que les parties ne réévaluent leurs options de paix et commettent des erreurs de calcul basées sur des hypothèses erronées. 

« L’unité de ce Conseil et son message cohérent aux parties sur l’importance d’un règlement négocié seront essentiels dans les mois à venir », a notamment souligné M. Hans Grundberg.

Parmi ses préoccupations, l’Envoyé spécial a alerté que des escalades sur plusieurs lignes de front risquent de mettre à mal la stabilité relative et les conditions de sécurité améliorées pour les civils qui existent depuis la trêve de 2022.  Il a également évoqué les dernières frappes d’Ansar Allah en Israël et ses attaques en mer Rouge qui ont entraîné des représailles de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël sur le Yémen. 

L’escalade du cycle de frappes et de contre-attaques entrave les perspectives de paix au Yémen et en détourne l’attention requise et les ressources cruciales, a regretté l’Envoyé spécial qui reste pourtant déterminé à œuvrer à une relance d’un processus politique inclusif et piloté par les Yéménites.  Il n’en reste pas moins, que les agissements d’Ansar Allah menacent la sécurité maritime en mer Rouge, déstabilisent l’économie du Yémen et mettent à mal la stabilité régionale. 

Pas plus tard que la semaine dernière, des frappes aériennes israéliennes ont endommagé des infrastructures civiles essentielles, notamment les ports de Hodeïda et de Ras Issa, et l’aéroport international de Sanaa, a corroboré la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.  Mme Joyce Msuya était d’autant plus alarmée que le Yémen dépend des importations pour plus des deux tiers de la nourriture et environ 90% de tous les médicaments et fournitures médicales pour la population.  Or, le port de Hodeïda ne fonctionne plus qu’à environ 30% de ses capacités.  Aussi a-t-elle appelé le Conseil de sécurité à user de son « influence collective » pour veiller à épargner les infrastructures civiles critiques au Yémen.

De son côté, l’Envoyé spécial a émis l’espoir que les discussions en cours en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages offrent une réelle possibilité de désescalade au Yémen.  Il a également insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu national et de la libération immédiate et sans condition, par Ansar Allah, de tous les membres du personnel de l’ONU, des organisations nationales et internationales, des missions diplomatiques et du secteur privé ainsi que les 25 membres d’équipage du navire Galaxy Leader et des citoyens yéménites détenus arbitrairement. 

Cet appel a été soutenu par la grande majorité des membres du Conseil, à commencer par le Royaume-Uni qui a demandé au Conseil d’exiger la libération immédiate et sans condition des personnes détenues par les houthistes afin de permettre la mise en place d’un environnement sûr pour l’acheminement de l’aide humanitaire aux 20 millions de Yéménites qui en ont besoin. 

Les houthistes, soutenus par l’Iran, portent une responsabilité prépondérante dans la crise régionale en cours et leurs actions démontrent une fois de plus leur indifférence totale vis-à-vis de la souffrance du peuple yéménite, s’est indignée la France.

Aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni, d’autres nations maritimes du Conseil ont condamné les attaques des houthistes contre les navires en mer Rouge. Alors que plus d’une dizaine de navires battant pavillon panaméen y ont été attaqués à ce jour, le Panama, appuyé par le Danemark, a martelé que le droit à la navigation, principe essentiel du droit international, doit être garanti par tous.  De son côté, la Grèce a rappelé qu’elle dirige l’opération ASPIDES de l’Union européenne qui a été mise sur pied pour préserver la liberté de navigation en réponse à la crise en mer Rouge.  La délégation grecque a également appelé les membres du Conseil à soutenir le projet de résolution sur la mer Rouge porté par son pays et les États-Unis qui sera présenté cet après-midi. 

« Il est temps d’agir en s’assurant que l’Iran réponde de ses actes puisqu’il fournit les missiles de longue portée utilisés dans les attaques houthistes », ont plaidé les États-Unis qui se sont exprimés en faveur d’une nouvelle autorisation d’un texte demandant au Secrétaire général un rapport périodique sur la fourniture d’armes utilisées par les houthistes.

La Fédération de Russie a appelé à relancer le processus politique, exhortant puissances mondiales et acteurs régionaux à aider les Yéménites à cette fin. Elle a dénoncé par ailleurs les frappes de la coalition emmenée par « les États-Unis et leurs satellites » contre les infrastructures indispensables au Yémen.  Nous ne justifions en aucun cas les frappes des houthistes contre Israël mais la réponse de ce dernier doit être proportionnée, a souligné le délégué. 

Réagissant à cette condamnation, les États-Unis ont affirmé agir en vertu de leur droit à la légitime défense.  Cela vaut notamment pour ses dernières « frappes chirurgicales » du 8 janvier qui visaient deux sites sous-marins houthistes et des lieux de stockage d’armes utilisés pour cibler des navires marchands américains.

Tout en condamnant les attaques de l’entité israélienne contre le Yémen et la violation de sa souveraineté, la délégation yéménite n’en a pas moins tenu les milices houthistes pour responsables d’avoir entraîné le Yémen dans « cette arène de conflit ».  Ces milices hypothèquent le destin du Yémen et de son peuple, et les embarquent dans leurs « batailles insensées » afin de servir les intérêts du régime iranien et son projet expansionniste dans la région, s’est indigné le représentant yéménite.

Soucieux de parvenir à une paix pérenne au Yémen, il a exhorté les houthistes à s’engager de manière constructive et de bonne foi dans les efforts régionaux et internationaux visant à mettre fin à la crise yéménite. « Cela suppose qu’ils abandonnent l’option de la guerre et de l’escalade et qu’ils fassent primer les intérêts du peuple yéménite sur les intérêts de leurs dirigeants et de leur parrain, le régime iranien.  Cela signifie aussi qu’ils abandonnent leur approche terroriste qui déstabilise la sécurité et la stabilité au Yémen et dans la région ». 

Pour sa part, a affirmé le représentant, le Gouvernement yéménite est ouvert aux efforts de la région et des Nations Unies pour parvenir à un règlement politique global qui garantisse la fin du coup d’État et la restauration des institutions de l’État.

En attendant, il ne faut pas perdre de vue que toute nouvelle escalade risque de compromettre les engagements existants et d’avoir des conséquences humanitaires dévastatrices pour le peuple yéménite, a mis en garde l’Envoyé spécial. Un retour à la violence généralisée entraînerait de nouveaux déplacements, l’effondrement des services essentiels et l’aggravation de la crise humanitaire déjà terrible, éloignant davantage le Yémen de la paix. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué que le contexte s’est de plus en plus internationalisé, notant que les frappes d’Ansar Allah en Israël et ses attaques en mer Rouge ont entraîné des représailles de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël sur le Yémen.  Les récentes frappes aériennes israéliennes ont endommagé des infrastructures civiles essentielles, notamment le port de Hodeïda et l’aéroport international de Sanaa, a-t-il confirmé, ajoutant que les dégâts subis sur le port et les remorqueurs empêchent le déchargement de l’aide humanitaire. 

M. Grundberg a émis l’espoir que les discussions en cours en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages offrent une réelle possibilité de désescalade.  À ce jour, l’escalade du cycle de frappes et de contre-attaques a entravé les perspectives de paix et détourné du Yémen une attention et des ressources cruciales, a-t-il regretté.  Ces actions menacent la sécurité maritime, déstabilisent l’économie du Yémen et mettent à mal la stabilité régionale. 

L’Envoyé spécial a également demandé à Ansar Allah de libérer immédiatement et sans condition tous les membres du personnel de l’ONU, des organisations nationales et internationales, des missions diplomatiques et du secteur privé ainsi que les 25 membres d’équipage du navire Galaxy Leader.  De même, il a dit compter sur le soutien du Conseil pour la libération inconditionnelle de toutes les personnes détenues de façon arbitraire.

Alors que les tensions régionales font la une, le Yémen a connu une escalade le long de plusieurs lignes de front, ce qui risque de remettre en cause la stabilité relative et l’amélioration des conditions de sécurité pour les civils qui existent depuis la trêve de 2022, a mis en garde M. Grundberg.  Il a notamment évoqué un incident tragique qui s’est produit dans le gouvernorat de Taëz, où deux enfants ont été tués et deux autres blessés, et d’informations faisant état d’opérations militaires menées par Ansar Allah dans le village de Hankah Al Masoud, dans le gouvernorat de Beïda. Les parties doivent de toute urgence prendre des mesures concrètes pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à l’échelle nationale, a-t-il insisté, ajoutant que son bureau poursuit ses discussions avec les parties sur les actions nécessaires pour créer les conditions d’un cessez-le-feu. 

À ce stade critique, toute nouvelle escalade risque de compromettre les engagements existants et aura des conséquences humanitaires dévastatrices pour le peuple yéménite, a-t-il mis en garde.  Un retour à la violence généralisée entraînerait de nouveaux déplacements, l’effondrement des services essentiels et l’aggravation de la crise humanitaire déjà terrible, éloignant davantage le Yémen de la paix. 

Poursuivant, M. Grundberg a indiqué que le Gouvernement du Yémen et Ansar Allah ont pris des mesures pour faire face à la détérioration économique, tout en signalant que les défis structurels profonds doivent être réglés par des mesures collaboratives.  Il s’agit notamment de l’unification de la Banque centrale, de la reprise des exportations de combustibles fossiles et du paiement intégral des salaires du secteur public.

Dans le contexte d’escalade dans la région et d’incertitude dans la région et la communauté internationale, l’Envoyé spécial a dit craindre que les parties ne réévaluent leurs options de paix et commettent des erreurs de calcul basées sur des hypothèses erronées.  « L’unité de ce Conseil et son message cohérent aux parties sur l’importance d’un règlement négocié seront essentiels dans les mois à venir », a-t-il souligné. 

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a indiqué que le mois dernier a été marqué par une augmentation inquiétante des attaques contre des infrastructures civiles vitales dont dépendent des millions de personnes. 

Elle a précisé qu’à la suite d’une série de frappes aériennes –la plus récente ayant eu lieu le 10 janvier sur les ports de Hodeïda et de Ras Issa–, les ports yéménites de la mer Rouge ont notamment subi des dommages considérables, entraînant une réduction significative de leurs capacités, celui de Hodeïda ne fonctionnant plus qu’à 30% de ses capacités.  « Or, le Yémen dépend des importations pour plus de deux tiers de son alimentation et à 90% pour ses médicaments. »  Les infrastructures essentielles doivent être préservées, a-t-elle tranché. 

De même, elle a rappelé que la frappe israélienne contre l’aéroport de Sanaa du 26 décembre dernier a causé la mort de trois civils et s’est produite alors que le Directeur général de l’OMS était dans cet aéroport.  Toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire, a-t-elle dit, avant d’exhorter les houthistes à libérer le personnel humanitaire et onusien qu’ils détiennent.

Mme Msuya a indiqué que la crise humanitaire au Yémen ne cesse de s’aggraver, près de la moitié de la population ne pouvant subvenir à ses besoins alimentaires.  Près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de rachitisme en raison de la malnutrition.  Les cas de choléra ont atteint un niveau alarmant.  Et près de 4,8 millions de personnes demeurent déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants, a-t-elle dit. 

Elle a fait état de certains progrès dans l’accès humanitaire, en se félicitant notamment d’une plus grande célérité dans l’octroi de visas pour le personnel humanitaire dans les zones sous contrôle des houthistes.  Enfin, elle a appelé le Conseil à user de son « influence collective » pour faire respecter le droit international humanitaire et veiller à épargner les infrastructures civiles critiques au Yémen. Elle a également plaidé pour l’apport des ressources financières nécessaires afin de remédier à la crise humanitaire.  Seul un règlement politique durable permettra de mettre fin à une décennie de souffrances au Yémen, a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RPDC: le Conseil de sécurité reste divisé après le récent tir d’un nouveau missile balistique à portée intermédiaire par Pyongyang

9833e séance – après-midi
CS/15962

RPDC: le Conseil de sécurité reste divisé après le récent tir d’un nouveau missile balistique à portée intermédiaire par Pyongyang

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Deux jours après le tir d’un nouveau missile balistique à portée intermédiaire par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a appelé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à la reprise urgente des pourparlers, insistant sur l’impératif d’apaiser les tensions dans la péninsule coréenne. 

« Le tir d’un nouveau missile balistique par la RPDC est très préoccupant », a-t-il déclaré rappelant qu’il s’agit du quatrième tir d’un missile balistique à portée intermédiaire depuis le début de l’année 2024.

M. Mohamed Khaled Khiari a précisé que le missile balistique tiré le 6 janvier était chargé d’un véhicule planeur hypersonique et a suivi une trajectoire de vol prédéterminée à une vitesse correspondant à 12 fois la vitesse du son avant de retomber en pleine mer.  Les véhicules planeurs hypersoniques se déplacent à au moins cinq fois la vitesse du son et effectuent des manœuvres d’évitement, ce qui rend les mesures de défense contre ces armes beaucoup plus difficiles, a expliqué le Sous-Secrétaire général qui a reproché à la RPDC d’aggraver les tensions et de contribuer à son isolement de la communauté internationale. 

Affirmant que la RPDC a lancé plus de 100 missiles balistiques depuis le début de l’année 2022, le Japon a appelé le Conseil de sécurité à se montrer uni et capable de parler d’une seule voix sur ce dossier comme dans le passé.  Cependant, depuis le veto posé en mai 2022 à un projet de résolution qui aurait condamné le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC, le Conseil n’a pas réussi à afficher une position ferme et unie face aux provocations répétées de la RPDC, a déploré la délégation japonaise.  Qui plus est, le Groupe d’experts du Comité 1718, chargé de surveiller la mise en œuvre du régime de sanctions applicables en RPDC, a été contraint de mettre fin à son mandat en raison d’un autre veto de la Russie dans le but de « dissimuler sa coopération militaire illégale avec la Corée du Nord ».  La République de Corée s’est dite particulièrement alarmée de la dissolution de ce mécanisme, de même que les États-Unis selon qui ces prises de position russes coïncident avec la coopération militaire actuelle entre la Russie et la RPDC dans le cadre de la guerre en Ukraine. 

Également préoccupée par cette « coopération militaire illicite », la France a noté que ce nouveau tir illégal de missile s’accompagne d’une rhétorique nucléaire « irresponsable » de la part du régime nord-coréen.  De même, elle a déploré la caution apportée par la Russie aux programmes nucléaires et balistiques de Pyongyang, en particulier les propos du Ministre russe des affaires étrangères qui aurait qualifié de « close » la question de la dénucléarisation de la Corée du Nord. 

Il ne fait aucun doute que le régime « le plus isolé et le plus pauvre du monde », soumis à des sanctions strictes du Conseil de sécurité, a de plus en plus accès à une technologie de pointe et à des matériaux à double usage, s’est inquiétée la République de Corée, notant que la RPDC intensifie sa coopération militaire « illégale » avec la Russie.  Même son de cloche du côté du Royaume-Uni, qui a appelé à ne pas se bercer d’illusions quant au coût du silence du Conseil sur ce dossier: le développement des capacités nucléaires et balistiques de la RPDC représente une menace sans équivoque pour la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et dans l’ensemble de la région indo-pacifique. 

A contrario, la Fédération de Russie et la Chine ont reproché au Conseil de sécurité d’être devenu « un outil de propagande de l’Occident et de règlement de comptes politiques ».  En convoquant des réunions à chaque lancement de missile par la RPDC, les délégations occidentales répètent les mêmes thèses, faisant porter l’entière responsabilité à Pyongyang, a constaté la Fédération de Russie, alors que les provocations militaires de Washington, Séoul et Tokyo restent obstinément ignorées.  Il s’agit, a-t-elle dit, de faire du bruit pour pouvoir maintenir le régime de sanctions « dépassé » visant la RPDC et de justifier les mesures agressives des États-Unis et de leurs alliés dans la région.

Les dirigeants de la RPDC ont tout à fait le droit de prendre des mesures pour assurer la sécurité et la souveraineté de leur pays, a souligné la délégation russe selon qui le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, aurait affirmé que le renforcement militaire de la RPDC vise à consolider l’autodéfense de son pays et non à mener des opérations offensives. 

En effet, la RPDC a invoqué son droit à l’autodéfense en tant que pierre angulaire de l’existence et du développement d’un État et de sa souveraineté nationale.  La délégation a ironisé du reste sur le fait que Washington considère les atrocités de masse commises par Israël à Gaza, qui ont fait 45 000 morts, comme relevant de l’exercice du droit à l’autodéfense, tout en déniant à la RPDC d’exercer le sien, alors que cela n’a pas le moindre impact sur les pays voisins.  Après avoir dénoncé l’alliance entre Washington et Séoul, le représentant a expliqué que le développement de l’arsenal nord-coréen n’était rien d’autre que la réponse à un environnement sécuritaire changeant dans la péninsule coréenne. 

Si la situation devait dégénérer dans la péninsule coréenne, alors le Conseil de sécurité devrait être tenu responsable d’avoir criminalisé l’exercice légitime du droit souverain de la RPDC à l’autodéfense en ayant appliqué un deux poids, deux mesures et donné impunité aux agissements des États-Unis et de la République de Corée. La RPDC, pour sa part, continuera à l’avenir à exercer son droit en tant qu’« État doté de l’arme nucléaire responsable », a-t-il affirmé. 

Sur ce point, la Chine a estimé que pour maintenir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et y promouvoir un règlement politique de la crise, il faut prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes des États de la région. Le représentant chinois en a profité pour rappeler que les mesures proposées par la Chine sont une façon efficace de promouvoir un règlement politique et de parvenir à une paix et une sécurité pérennes en péninsule de Corée. 

La Fédération de Russie a assuré pour sa part que sa coopération avec la RPDC est destinée à jouer un rôle stabilisateur dans la région sur la base du principe de l’indivisibilité de la sécurité, à réduire le risque d’une reprise de la guerre dans la péninsule, y compris avec l’utilisation d’armes nucléaires, et à devenir l’un des éléments d’une architecture de sécurité durable dans la région. 

Il n’en reste pas moins que la plupart des membres du Conseil reprochent à la RPDC d’avoir démontré à de nombreuses reprises qu’elle ne se souciait pas de la coopération avec la communauté internationale, ni de ses préoccupations.  Au contraire, elle continue à développer des armes nucléaires et à tester les capacités d’acheminement de ces armes à des milliers de kilomètres de ses frontières.  Avec ce comportement irresponsable, la RPDC menace la paix et la sécurité régionales et mondiales, a tranché la Slovénie. 

 

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NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Exposé

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a indiqué que le 6 janvier à midi, heure locale, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé ce qu’elle a décrit comme étant un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire chargé d’un véhicule planeur hypersonique.  Selon la déclaration officielle de la RPDC, le missile a suivi la trajectoire de vol prédéterminée à une vitesse correspondant à 12 fois la vitesse du son et il est retombé en pleine mer.  Tout en affirmant que le lancement n’a pas eu d’impact négatif sur la sécurité des pays voisins, la RPDC n’a malheureusement pas envoyé de notifications afférentes à la sécurité aérienne ou maritime.  Les véhicules planeurs hypersoniques se déplacent à au moins cinq fois la vitesse du son et effectuent des manœuvres d’évitement, ce qui rend les mesures de défense contre ces armes beaucoup plus difficiles, a expliqué le Sous-Secrétaire général.

Le tir d’un nouveau missile balistique par la RPDC est très préoccupant, a-t-il déclaré rappelant qu’il s’agit du quatrième tir d’un missile balistique à portée intermédiaire depuis le début de l’année 2024.  Au cours de cette même période, la RPDC a également lancé un missile balistique intercontinental et plusieurs missiles balistiques à courte portée, en plus de tenter de lancer un satellite de reconnaissance militaire. 

La RPDC s’emploie activement à l’acquisition de nouvelles capacités militaires conformément à son plan quinquennal de développement militaire, qui entre dans sa dernière année en 2025, a signalé le haut responsable, citant notamment la mise au point d’armes nucléaires tactiques, d’ogives nucléaires « super-larges », et de diverses capacités de missiles balistiques à portée intermédiaire ou longue portée. 

La poursuite par la RPDC de ses programmes nucléaires et de missiles balistiques continue de saper le régime mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires, s’est inquiété le Sous-Secrétaire général lui reprochant d’aggraver par tant les tensions.  Les Nations Unies continuent d’appeler la RPDC à respecter pleinement ses obligations internationales, a-t-il souligné.

Alors que la paix et la sécurité mondiales sont de plus en plus menacées en ce début d’année 2025, il est impératif d’apaiser les tensions dans la péninsule coréenne, a tranché le haut responsable en rappelant les appels à la désescalade et à la reprise urgente des pourparlers du Secrétaire général.  L’engagement diplomatique reste la seule voie vers une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: un mois après la chute du régime Al-Assad, l’Envoyé spécial Geir Pedersen appelle à éviter les faux pas pour ne pas mettre en danger l’avenir du pays

9832e séance – matin
CS/15961

Syrie: un mois après la chute du régime Al-Assad, l’Envoyé spécial Geir Pedersen appelle à éviter les faux pas pour ne pas mettre en danger l’avenir du pays

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Ce sont les « énormes possibilités de jeter les bases d’une paix et d’une stabilité durables en Syrie » qu’a voulu voir l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le pays, ce matin, devant le Conseil de sécurité qui examinait la situation politique et humanitaire du pays, un mois après la chute de Bashar Al-Assad.  M. Geir Pedersen a néanmoins prévenu que « les faux pas ou les occasions manquées pourraient mettre en danger l’avenir de la Syrie et semer l’instabilité ». Il a exprimé, comme la plupart des intervenants, un sentiment ambivalent de « grandes opportunités et de réels dangers » pour le pays, tout comme le vœu de voir préserver l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.

La Syrie cherche à tracer une nouvelle voie après la chute de l’ancien régime, a souligné M. Pedersen, en indiquant que les autorités intérimaires, constituées en grande partie d’individus issus de l’ancien Gouvernement basé à Edleb, ont procédé à la nomination des responsables.  Ceux du nouveau Ministère de la défense semblent provenir de diverses factions, dont Hay’at Tahrir el-Cham, et comprennent des combattants de pays étrangers. M. Pedersen a en outre observé que les autorités intérimaires ont tenu des réunions avec un très large éventail de représentants et d’individus de différents groupes syriens, et qu’elles ont rencontré des ministres des affaires étrangères et de hauts fonctionnaires étrangers.

Préserver l’intégrité territoriale de la Syrie

Pour le moment, le conflit continue et la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie sont menacées, a prévenu l’Envoyé spécial en signalant que des zones importantes échappent encore au contrôle des autorités intérimaires. Ainsi, le nord-est du pays ainsi que des parties de la ville d’Alep restent sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS) et des Unités de protection du peuple kurde.  Malgré un cessez-le-feu négocié par les États-Unis près de Manbej en décembre, il y aurait des affrontements et des échanges de tirs d’artillerie entre les FDS et les forces de l’Armée nationale syrienne, tandis que la Türkiye a prévenu de la possibilité d’intensifier ses opérations militaires dans le nord-est. 

M. Pedersen s’est également inquiété des activités militaires israéliennes en Syrie, notamment au-delà de la zone de séparation, en violation de l’Accord de désengagement de 1974.  Il a demandé à Israël la levée de restrictions à la liberté de mouvement de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) imposées par les Forces de défense israéliennes (FDI).  « Les attaques contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent cesser. »

Une autre préoccupation majeure exprimée par M. Pedersen est la continuation des activités de Daech. Il a craint que l’organisation cherche à tirer profit de la situation sécuritaire instable dans certaines zones. Pour y parer, la coalition dirigée par les États-Unis a poursuivi ses actions contre Daech, a-t-il dit. 

Ce souci pour le respect de la souveraineté de la Syrie a été repris par les membres du Conseil ainsi que par les pays de la région invités à la séance.  Le délégué de la République arabe syrienne, lui-même, a clamé que les acteurs extérieurs ne devraient pas s’immiscer dans le processus politique en Syrie ni chercher à obtenir des avantages qui iraient à l’encontre des intérêts du peuple syrien.  Il a assuré que les autorités syriennes ont la volonté de nouer des relations amicales avec tous les États Membres de l’ONU dans le cadre du respect mutuel, de la coopération constructive et des intérêts communs, « bien loin des politiques clivantes ».  Il a aussi condamné Israël pour ses tentatives d’imposer une nouvelle réalité par la multiplication des incursions militaires en Syrie et dans la région, lui demandant de respecter l’accord de 1974 sur le dégagement du Golan syrien. 

Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le Koweït n’a pas dit le contraire en rappelant que le Golan est un territoire syrien.  Même son de cloche du côté de l’Égypte qui parlait au nom du Groupe des États arabes. La délégation a condamné les actions d’Israël dans le Golan syrien ainsi que ses bombardements d’autres parties du territoire syrien.  Le Groupe des États arabes a également appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre le terrorisme qui met à mal la stabilité de toute la communauté internationale, avant d’insister sur le nécessaire soutien de cette dernière pour accompagner la reconstruction de la Syrie et garantir des conditions sûres pour le retour des réfugiés. 

Si la délégation chinoise s’est étonnée de voir que des combattants étrangers avaient eu des postes au Ministère syrien de la défense, elle a exhorté la communauté internationale à respecter le choix des Syriens qui doivent décider du destin de leur pays. Le respect du territoire de la Syrie a aussi été invoqué, notamment par le représentant russe qui a dénoncé l’occupation de facto des États-Unis, « depuis des années », de la région du nord-est de la Syrie, « la plus riche en ressources ».  De plus, les États-Unis exercent une forte pression sur Damas par le biais de sanctions, a aussi décrié la Russie. 

La République islamique d’Iran a, elle, fait observer qu’Israël pose la principale menace à la Syrie, ayant réussi à étendre de 500 kilomètres carrés son occupation avec l’aide des États-Unis.  Après avoir souligné l’importance du respect des droits de toutes les minorités ethniques dans le pays, le représentant iranien a exprimé sa préoccupation devant la résurgence de la menace terroriste, notamment les opérations de cellules dormantes liées à Al-Qaida et Daech.  À cet égard, il a prié pour le rapatriement dans leurs pays d’origine respectifs des combattants terroristes détenus dans le nord-est de la Syrie.  

Il faut coordonner l’action contre le terrorisme en Syrie, en collaboration avec les autorités nationales, a suggéré l’Algérie qui parlait au nom du Groupe A3+ (Algérie, Guyana, Sierra Leone et Somalie).  Les A3+ ont dit rejeter les tentatives de division de la nation syrienne ou d’annexion de portions de son territoire, ainsi que le viol de sa souveraineté et son intégrité territoriale.  Il n’y a pas de place pour les terroristes en Syrie, a renchéri la Türkiye selon qui « il est illusoire de croire que les Unités de protection du peuple kurde/Forces démocratiques syriennes seraient distinctes du PKK ».  La délégation a également dénoncé les opérations militaires d’Israël en Syrie, avant d’apporter son soutien à une gouvernance inclusive et pluraliste du pays. 

Une transition inclusive dirigée par les Syriens et Syriennes

L’Envoyé spécial a par ailleurs évoqué des inquiétudes sur le manque de transparence par rapport au calendrier, au cadre, aux objectifs et aux procédures de toute conférence de dialogue national, ainsi que sur la participation de toutes les composantes du peuple syrien.  Il a rassuré sur la volonté de l’ONU d’accompagner les autorités dans la transition politique. C’est pourquoi il a dit vouloir renforcer la présence et l’expertise de la mission politique de son bureau à Damas. Alors que moult délégations ont rappelé la place centrale de la résolution 2254 (2015) dans le processus de transition syrien, M. Pedersen a précisé qu’elle ne peut être appliquée de manière littérale.  Par exemple, l’ancien régime ne sera partie à aucun processus futur.  De toute évidence, de nouvelles approches et de nouveaux modes de pensée sont nécessaires sur de nombreux fronts, a-t-il argué. 

Le Pakistan s’est félicité des assurances reçues de la part des nouveaux dirigeants de la Syrie, tout en soulignant la nécessité pour les Syriens eux-mêmes de conduire un processus politique conforme aux objectifs énoncés dans la résolution 2254 du Conseil.   

Soulignant l’importance de la protection des civils, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, M. Thomas Fletcher, s’est inquiété du risque de marginalisation des femmes et des filles dont dépend pourtant l’avenir du pays.  « Leurs voix doivent être entendues durant cette période critique. » Un appel d’ailleurs fortement relayé par les orateurs du jour, y compris la Slovénie selon qui la participation « entière, égale et sûre » des femmes et des minorités aux processus de paix et de sécurité, ainsi qu’à la prise de décisions à tous les niveaux est cruciale.  Les droits des personnes appartenant aux différentes communautés et les droits des femmes doivent être protégés et respectés dans le cadre de la future constitution, a insisté la France. 

Pour la Grèce, il est vital de protéger la communauté orthodoxe grecque historique en Syrie.  Le délégué a appelé à n’épargner aucun effort pour protéger « tous les Syriens touchés, y compris les chrétiens et toutes les minorités religieuses et tous les groupes ethniques ».  Il a aussi demandé de sauvegarder l’héritage culturel et les monuments religieux de la Syrie.  Une préoccupation qui est revenue chez nombre de délégations qui ont rappelé le pluralisme religieux et culturel du pays.

Les États-Unis ont averti qu’ils jugeront les nouvelles autorités à l’aune de leurs actes, et pas seulement de leurs paroles.  Ils ont dit attendre d’elles une franche collaboration avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans le but de détruire ce qui reste d’armes chimiques de l’ancien régime.  Il est temps de clore le dossier des armes chimiques syriennes une fois pour toutes, a embrayé le Royaume-Uni qui a appelé les dirigeants de Damas à éliminer les armes chimiques qu’Al-Assad a utilisées contre sa population. 

Autre attente de la délégation américaine: laisser aux partenaires de la société civile et autres acteurs l’espace nécessaire pour identifier les charniers afin de déterminer les responsabilités de l’ancien régime.  À sa suite, le Danemark a insisté sur l’importance de la reddition de la justice.  C’est dans cette optique que la délégation danoise a exhorté les autorités intérimaires à recueillir les éléments de preuve des crimes commis dans les prisons syriennes et à coopérer avec la commission d’enquête sur la Syrie. 

Situation humanitaire préoccupante

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a parlé, dans son exposé, de « la nécessité de préserver et de reconstruire les services essentiels » en Syrie.  En effet, les services de santé, déjà affaiblis par des années de conflit, ont été fermés ou réduits à un moment où près de 15 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, s’est-il alarmé.  Et près de 13 millions sont toujours confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a été contraint de réduire l’aide de 80% au cours des deux dernières années, en raison d’un manque de financement.  La pénurie de vivres, d’eau et d’électricité est aggravée par le manque de carburant et de liquidités, a-t-il décrit. 

Alors que beaucoup des personnes ayant été déracinées en novembre et décembre derniers sont rentrées chez elles, plus de 620 000 restent déplacées, au moment où l’hiver complique les choses dans de nombreuses régions du pays, a constaté M. Fletcher. À ce chiffre, s’ajoute plus de 7 millions de personnes qui étaient déjà déplacées.  Rien que dans le nord-ouest, 2 millions de personnes continuent de vivre dans des camps et des sites informels, a précisé le Secrétaire général adjoint.  Il a été clair sur le fait que les « les sanctions ne doivent pas entraver l’acheminement de l’aide ».  Il a d’ailleurs salué l’annonce par les États-Unis d’une nouvelle licence générale couvrant les transactions avec les institutions gouvernementales syriennes.  

Cette « Licence 24 » a été délivrée cette semaine à la Syrie, ont confirmé les États-Unis.  Cela vaut autorisation pour six mois pour les échanges commerciaux internationaux, ce qui démontre l’engagement américain à veiller à ce que les sanctions n’entravent pas les activités humanitaires, a fait valoir la délégation.  Le représentant syrien a saisi l’occasion pour appeler les autres pays concernés à lever immédiatement et intégralement des mesures de restrictions qui visaient « l’ancien régime et ses agissements criminels ». 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, s’exprimant par visioconférence, a souligné que la Syrie cherche à tracer une nouvelle voie après la chute de l’ancien régime, il y a à peine un mois. Les décisions prises aujourd’hui détermineront l’avenir pour longtemps, a-t-il estimé, notant qu’il existe « de grandes opportunités et de réels dangers ».  Il a relevé que les autorités intérimaires, constituées en grande partie d’individus issus de l’ancien Gouvernement basé à Edleb, ont procédé à la nomination des responsables, y compris les gouverneurs semblant être des affiliés à ces autorités ou des membres de groupes armés. Il a fait état de rapports selon lesquels existe un accord de principe visant à fusionner les factions sous un seul ministère de la défense, bien que le statut de mise en œuvre reste flou, certaines factions ne faisant pas encore partie de cet accord. 

L’Envoyé spécial a parlé d’incidents où les forces locales ont restreint l’accès des forces affiliées aux autorités intérimaires à certaines zones, en particulier dans le sud du pays.  Parallèlement, un processus a été lancé pour régler le statut des anciens responsables de l’armée par le biais de centres de réconciliation.  Les responsables nommés au sein du nouveau Ministère de la défense semblent provenir de diverses factions, dont Hay’at Tahrir el-Cham, et comprennent également des combattants de pays étrangers.  Dans le même temps, les autorités intérimaires ont tenu des réunions avec un très large éventail de représentants et d’individus de différents groupes et composantes syriens.  Elles ont également rencontré des ministres des affaires étrangères et de hauts fonctionnaires de pays étrangers.  En outre, le Ministre des affaires étrangères intérimaire Al-Shaibani vient de rentrer d’une visite régionale. 

Après avoir donné ces précisions, M. Pedersen a relevé que des signes d’instabilité apparaissent dans les zones sous le contrôle des autorités intérimaires. Celles-ci ont mené des patrouilles et ce qu’elles appellent des « opérations de ratissage », arrêtant d’anciens responsables ou des éléments qu’elles accusent d’avoir commis des crimes de guerre ou de refuser de rendre les armes.  Des affrontements avec ce que l’on décrit comme des éléments de l’ancien régime ont été rapportés, en précisant les victimes qui en résultent, y compris au sein des autorités intérimaires.  Des vidéos circulent montrant ce qui semble être des abus ou des exécutions extrajudiciaires à l’encontre de responsables de l’ancien régime. Il semblerait que les autorités intérimaires aient arrêté certains auteurs de ces actes, a relayé M. Pedersen. 

Il existe selon lui des zones importantes qui échappent au contrôle des autorités intérimaires, ce qui veut dire que le conflit continue et que la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriales de la Syrie sont menacées.  Ainsi, le nord-est du pays, ainsi que certaines parties de la ville d’Alep, restent sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS) et des Unités de protection du peuple kurde.  Malgré un cessez-le-feu négocié par les États-Unis près de Manbej en décembre, des rapports font état d’affrontements et d’échanges de tirs d’artillerie entre les FDS et les forces de l’Armée nationale syrienne.  La Türkiye a fait des déclarations pour signaler la possibilité d’intensifier ses opérations militaires dans le nord-est. 

M. Pedersen s’est également inquiété de la présence et des activités militaires israéliennes continues, y compris au-delà de la zone de séparation, en violation de l’Accord de désengagement de 1974.  Il a de plus demandé la levée sans délai des restrictions à la liberté de mouvement de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) imposées par les Forces de défense israéliennes (FDI). « Les attaques contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent cesser. » 

L’Envoyé spécial a exprimé d’autres préoccupations concernant Daech, qui demeure une préoccupation majeure.  Il a relevé ses activités en cours et a craint qu’il cherche à tirer profit de la situation sécuritaire instable dans certaines zones.  Il a néanmoins relevé que les opérations menées contre Daech par la coalition dirigée par les États-Unis se sont poursuivies, y compris les frappes aériennes ciblées des États-Unis et de la France.  Concernant les sanctions, il a salué la récente délivrance d’une nouvelle licence générale temporaire par le Gouvernement des États-Unis, même s’il faudra des décisions plus importantes pour traiter pleinement des sanctions et des désignations. 

« La voie à suivre pour la transition politique n’est pas claire », a ensuite déclaré l’Envoyé spécial, en relevant des éléments positifs mais aussi des points de préoccupation exprimés par les Syriens, notamment le manque de transparence sur le calendrier, le cadre, les objectifs et les procédures de toute conférence de dialogue national.  De même pour ce qui concerne la participation à ce dialogue, en termes de critères de présence et d’équilibre de représentation.  L’Envoyé spécial s’est dit prêt à travailler avec les autorités intérimaires sur la manière dont les idées et les mesures formulées et initiées jusqu’à présent pourraient être développées vers une transition politique crédible et inclusive. 

Il a également précisé que la résolution 2254 (2015) ne peut pas être appliquée de manière littérale.  Par exemple, l’ancien régime ne sera partie à aucun processus futur. De toute évidence, de nouvelles approches et de nouveaux modes de pensée sont nécessaires sur de nombreux fronts, a-t-il déclaré avant de mettre l’accent sur les femmes syriennes qui ont renforcé leur intention de participer à la prise de décisions tout au long du processus de transition et au-delà, aux niveaux national et local. 

Pour M. Pedersen, s’il existe donc d’énormes possibilités de jeter les bases d’une paix et d’une stabilité durables en Syrie, tout faux pas ou occasion manquée pourrait mettre en danger l’avenir de la Syrie et semer l’instabilité.  Il a dit croire fermement que travailler à une transition politique inclusive est le moyen le plus efficace d’inspirer la confiance et de veiller à ce que la Syrie reçoive rapidement le soutien économique dont elle a désespérément besoin.  Afin de fournir tout l’engagement et le soutien nécessaires, l’Envoyé spécial a dit vouloir renforcer la présence et l’expertise de « notre mission politique à Damas ». 

M. TOM FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a commencé par déclarer que les dernières semaines en Syrie avaient été moins turbulentes, mais que l’ampleur de la crise humanitaire y reste tout aussi importante.  Au cours du mois écoulé, il s’est rendu à Homs, Alep et Edleb pour rencontrer des civils et des humanitaires syriens, ce qui lui a permis de relever trois défis humanitaires cruciaux.  Tout d’abord, la nécessité de préserver et de reconstruire les services essentiels, a déclaré le haut fonctionnaire en s’alarmant de voir les services de santé, déjà affaiblis par des années de conflit, fermés ou réduits à un moment où près de 15 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. En outre, l’accès à l’eau a été restreint, notamment par les combats au barrage de Techrine, à l’est d’Alep, touchant plus de 400 000 personnes.  Et près de 13 millions sont toujours confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a été contraint de réduire l’aide de 80% au cours des deux dernières années en raison d’un manque de financement.  La pénurie de vivres, d’eau et d’électricité est aggravée par le manque de carburant et de liquidités, a-t-il en outre constaté. 

Le deuxième défi sur lequel M. Fletcher a attiré l’attention est la protection des civils.  Si beaucoup des personnes déracinées en novembre et décembre 2024 sont rentrées chez elles, plus de 620 000 restent déplacées, au moment où l’hiver complique les choses dans de nombreuses régions du pays.  À ce chiffre, s’ajoute plus de 7 millions de personnes qui étaient déjà déplacées.  Rien que dans le nord-ouest, 2 millions de personnes restent dans des camps et des sites informels, a précisé le Secrétaire général adjoint.  Le dernier défi qu’il a évoqué, c’est la menace de la marginalisation des femmes et des filles, dont dépend pourtant l’avenir du pays.

La situation sécuritaire s’étant stabilisée, l’OCHA et ses partenaires ont pu reprendre leurs opérations humanitaires à plus grande échelle, s’est félicité le haut fonctionnaire.  Il a déclaré avoir envoyé en décembre 298 convois d’aide par les postes-frontières avec la Türkiye, soit autant que ceux franchis au cours des six mois précédents.  Et l’Organisation mondiale de la Santé a soutenu un pont aérien humanitaire à partir de l’Union européenne, qui a permis d’apporter 50 tonnes de fournitures dans le nord de la Syrie.  « Mais davantage doit être fait », a reconnu le haut fonctionnaire qui prévoit de lancer une évaluation rapide des besoins à l’échelle du pays ce mois-ci.  L’OCHA procède déjà à une réévaluation de ses structures de coordination pour répondre au nouveau contexte opérationnel.

M. Fletcher a fait trois demandes au Conseil de sécurité.  Tout d’abord, qu’il apporte son soutien aux assurances claires reçues des autorités intérimaires selon lesquelles le droit international humanitaire sera respecté, les civils protégés et les organisations humanitaires autorisées à opérer sans entrave.  Ensuite, que l’aide humanitaire soit mieux financée, même si M. Fletcher s’est félicité que le Fonds central pour les interventions d’urgence de l’ONU allouera 8 millions de dollars supplémentaires, soit un total de 20 millions de dollars, pour soutenir l’intensification des opérations humanitaires en Syrie.  Enfin, nous devons garantir un flux efficace du soutien vers et à travers toute la Syrie. « Cela signifie que les sanctions ne doivent pas entraver l’acheminement de l’aide. »  Le haut fonctionnaire a, à ce titre, jugé encourageante l’annonce faite par les États-Unis d’une nouvelle licence générale couvrant les transactions avec les institutions gouvernementales syriennes. Et cela, a-t-il ajouté, signifie également un soutien des voisins de la Syrie.  En effet, les opérations se poursuivent à grande échelle aux postes-frontières avec la Türkiye.  Il a toutefois relevé que les déplacements transfrontaliers demeurent un défi dans le nord-est.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan: au Conseil de sécurité, divergences de vues sur la « seule situation de famine » au monde

9831e séance – matin
CS/15960

Soudan: au Conseil de sécurité, divergences de vues sur la « seule situation de famine » au monde

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« Le Soudan est actuellement le seul pays où une famine est confirmée », en raison de la poursuite d’une guerre menée sans la moindre considération de son « coût civil », avec pour corollaire le nombre de déplacements de populations le plus important au monde.  Un constat « choquant », dressé ce matin par deux hautes fonctionnaires de l’ONU devant le Conseil de sécurité, réuni ce matin à la demande du Royaume-Uni, pour lequel « il est urgent d’agir maintenant, faute de quoi plus de vies seront perdues ». 

Soulignant que le Soudan est aux prises avec une crise humanitaire d’une « ampleur stupéfiante », la Directrice de la Division des opérations et de la communication du Bureau des Nations Unies de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu, a noté que son exposé intervient après la publication d’une nouvelle analyse par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire qui indique que des conditions de famine sont désormais présentes dans cinq zones, notamment les camps de déplacés de Zamzam, camp Salam et Abou Chouk, ainsi que dans l’ouest des monts Nouba. Selon ces prévisions, cinq autres localités –toutes situées au Darfour septentrional– seront touchées d’ici au mois de mai, avec un risque de famine dans 17 autres zones. 

Cette année, a précisé la haute fonctionnaire, les organisations humanitaires ont l’intention de venir en aide à près de 21 millions de personnes à l’intérieur du Soudan, soit près de la moitié de la population du pays.  Une situation dont la plupart des membres du Conseil se sont émus, notamment le Guyana, au nom des points focaux sur le conflit et la faim, que ce pays forme avec la Slovénie. 

C’est à El-Fasher et ses environs, dans l’État du Darfour septentrional, que la situation est « particulièrement catastrophique », a alerté Mme Wosornu.  En décembre, les combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide s’y sont intensifiés, notamment dans le camp de déplacés de Zamzam, où des civils ont été tués et blessés par des tirs d’artillerie.  Mais les combats se sont également poursuivis dans les États de Khartoum, de Gazira, de Sannar, du Kordofan méridional et du Kordofan occidental, tandis que trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont péri le 19 décembre dans une frappe aérienne sur leur base à Yabous, dans l’État du Nil-Bleu, a déploré la Directrice. 

La Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a confirmé que, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, plus de la moitié de la population au Soudan, soit 24,6 millions de personnes, fait face à une insécurité alimentaire aiguë: « soit 3,5 millions de personnes de plus depuis juin 2024 », a ajouté Mme Beth Bechdol, expliquant que le conflit et les déplacements forcés qui en découlent sont les principaux facteurs de la crise, aggravée par les restrictions humanitaires.  Elle a rappelé que, lors de la première année de conflit, la production agricole soudanaise avait baissé de 46% par rapport à l’année précédente, pour s’élever à 4,1 millions de tonnes. Sans cette baisse de production, près de 18 millions de personnes auraient pu être nourries pendant une année, a assuré Mme Bechdol. 

Des affirmations catégoriquement rejetées par le délégué soudanais, pour qui cette situation de famine « est montée de toutes pièces ». Selon lui, le Comité d’examen des situations de famine du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire est mal renseigné, et aurait publié ses conclusions sans concertation avec l’État soudanais, ce qui l’a motivé à ne plus y adhérer, une décision sur laquelle les États-Unis lui ont demandé de revenir.  « L’an dernier, nos récoltes ont été généreuses, passant de 27 à 28 millions de tonnes », s’est enorgueilli le représentant soudanais, en blâmant cependant les milices qui terrorisent les agriculteurs. 

Sur quelque 47 millions d’habitants du Soudan, à peine 1% est concerné par la phase 5 de famine, et non pas 20% comme le prétend le Cadre intégré, a affirmé le représentant qui a également pointé le manque de fiabilité des données utilisées.  Selon lui, si une crise alimentaire était en vue, cela serait dû aux actions des Forces d’appui rapide qui attaquent les humanitaires et les populations, ainsi que les infrastructures. 

Renchérissant, la Fédération de Russie a contesté le rapport du Comité, affirmant que le Soudan « ne connaît pas » de famine.  Pour elle, il ne s’agirait en réalité que d’un « risque de famine » et ce, seulement dans cinq zones limitées du pays, dont quatre constituées de camp pour réfugiés.  D’après le Comité d’examen, le Soudan aurait déjà dû connaître une famine imminente en septembre ou octobre 2024, des évaluations « alarmistes » qui ne se sont pas concrétisées, a-t-elle poursuivi. Ensuite, le rapport a été élaboré « à distance » et son analyse ne concorde pas pleinement avec celle réalisée par l’équipe d’experts, dont deux de l’ONU, sur les questions relatives à la sécurité alimentaire, laquelle est présente sur le terrain. Aussi la Fédération de Russie a-t-elle estimé que le problème de la famine au Soudan est « politisé et instrumentalisé » pour permettre à certains membres du Conseil de faire pression sur le Gouvernement soudanais.  Même son de cloche chez la Chine, qui a mis en cause la méthodologie retenue pour établir le rapport.  Et pour elle, si l’aide doit être fournie par le biais d’organisations humanitaires compétentes, il n’en reste pas moins que l’État soudanais doit être en mesure lui aussi de la fournir, pour éviter que des « desseins destructeurs » ne prennent forme à l’enseigne de l’assistance humanitaire. 

Continuer à nier l’insécurité alimentaire qui se répand au Soudan ne fera qu’exacerber les souffrances, a mis en garde de son côté le Royaume-Uni, la France rappelant aux deux parties belligérantes les engagements qu’elles ont pris le 11 mai 2023 de protéger les civils soudanais, en tant que signataires de la Déclaration de Djedda.  « La cessation des hostilités est la seule mesure qui puisse atténuer le risque de propagation de la famine au Soudan et contenir les niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë », a renchéri la Sierra Leone, au nom du Groupe de A3+ (Algérie, Guyana, Sierra Leone et Somalie), tout en exigeant également la fin des « ingérences étrangères ».  Une demande reprise à leur compte par la Chine, le Pakistan, ainsi que l’Égypte, soucieuse d’éviter un « effondrement des institutions soudanaises ». 

De son côté, Mme Wosornu a réitéré les trois demandes de l’OCHA au Conseil de sécurité au sujet du Soudan: faire pression sur les parties afin qu’elles respectent le droit international humanitaire et qu’elles garantissent l’acheminement sans entraves par tous les moyens logistiques de l’aide humanitaire; et un financement supplémentaire de l’aide, les besoins au Soudan exigeant « une mobilisation sans précédent ».  Le Plan de réponse aux besoins humanitaires pour 2025 nécessitera un montant record de 4,2 milliards de dollars pour prêter assistance à près de 21 millions de personnes dans ce pays, et 1,8 milliard de dollars supplémentaires sont nécessaires pour venir en aide à 5 millions de personnes –principalement des réfugiés– dans sept pays voisins, a précisé la Directrice. 

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ

Exposés

Mme EDEM WOSORNU, Directrice de la Division des opérations et de la communication du Bureau des Nations Unies de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), s’est exprimée au nom de M. THOMAS FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, et a déclaré que le Soudan reste aux prises avec une crise humanitaire d’une « ampleur stupéfiante ».  On estime aujourd’hui que plus de 11,5 millions de personnes sont déplacées, dont près de 8,8 millions depuis avril 2023, tandis que plus de 3,2 millions d’autres ont fui vers les pays voisins.  Cette année, les organisations humanitaires ont l’intention de venir en aide à près de 21 millions de personnes à l’intérieur du Soudan, soit près de la moitié de la population du pays, a précisé la haute fonctionnaire, qui a confirmé la propagation de la famine. 

Malgré les appels répétés à la cessation des hostilités, ce conflit armé continue d’avoir de graves répercussions sur les civils, y compris les travailleurs humanitaires, dans tout le pays.  À El-Fasher et dans ses environs, dans l’État du Darfour septentrional, la situation reste particulièrement catastrophique.  En décembre, les combats se sont intensifiés, notamment dans le camp de déplacés de Zamzam, où des civils ont été tués et blessés par des tirs d’artillerie et où des personnes cherchant à quitter la zone ont été empêchées de le faire, a poursuivi Mme Wosornu.  Les combats se sont également poursuivis dans d’autres régions du pays, notamment dans les États de Khartoum, de Gazira, de Sannar, du Kordofan méridional et du Kordofan occidental. 

Le 19 décembre, trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués par une frappe aérienne sur leur base à Yabus, dans l’État du Nil-Bleu. L’accès aux zones où les besoins sont les plus importants, notamment celles touchées par la famine, reste un défi fondamental.  « Mais nous avons constaté des avancées positives ces dernières semaines », a toutefois fait observer la Directrice.  Ainsi, le 25 décembre, un convoi de 28 camions est arrivé à Khartoum en provenance de Port-Soudan avec à bord de la nourriture et des articles nutritionnels.  Il s’agissait du plus grand convoi de l’ONU à rallier la capitale depuis le début de la crise, à l’issue de plusieurs semaines de négociations.  Et la semaine dernière, un convoi distinct du PAM a pu livrer des vivres dans la ville d’Abou Jibeha et les environs du Kordofan méridional, s’est encore félicitée Mme Wosornu. 

Cependant, a-t-elle observé, nous constatons également un resserrement supplémentaire de l’espace disponible pour opérer dans des zones clefs.  « Le point de passage d’Adré reste une voie d’entrée cruciale, mais à l’intérieur du Darfour, des restrictions additionnelles sont imposées aux organisations humanitaires, et les procédures d’inspection des camions destinés aux zones touchées par le conflit au Darfour septentrional créent de nouveaux goulets d’étranglement », a expliqué la Directrice, qui a indiqué que l’OCHA continue de faire pression sur les autorités pour qu’elles mettent en œuvre leur accord visant à établir une base humanitaire à Zalingei, au Darfour central, qui servirait à mener à bien toutes les opérations dans la région. 

Son exposé, a-t-elle noté, intervient après la publication d’une nouvelle analyse par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, dont les résultats sont « choquants, mais malheureusement pas surprenants ».  « Le Soudan est actuellement le seul endroit au monde où la famine a été confirmée », en raison des décisions prises chaque jour de poursuivre cette guerre, « quel que soit son coût civil ». 

Elle a précisé que selon cette analyse, des conditions de famine sont désormais présentes dans cinq zones, notamment les camps de déplacés de Zamzam, Salam et Abou Chouk, ainsi que dans l’ouest des monts Nouba.  Selon ces prévisions, cinq autres localités –toutes situées au Darfour septentrional– seront touchées d’ici au mois de mai, avec un risque de famine dans 17 autres zones. 

Mme Wosornu a donc réitéré les trois demandes adressées par la communauté humanitaire au Conseil de sécurité.  Tout d’abord, il doit faire pression sur les parties afin qu’elles respectent le droit international humanitaire, a-t-elle déclaré, en appelant une fois de plus à une cessation immédiate des hostilités et à des mesures réelles et inclusives en faveur de la paix durable.  En outre, l’OCHA a également besoin de l’influence des membres du Conseil pour garantir que toutes les voies –par route et par air, à travers les lignes de conflit et de part et d’autre des frontières– soient ouvertes aux secours et au personnels humanitaires.  Enfin, la Directrice a réclamé le financement de l’aide, « l’ampleur sans précédent » des besoins au Soudan exigeant « une mobilisation sans précédent » de l’aide internationale.  Le Plan de réponse aux besoins humanitaires pour le Soudan de 2025 nécessitera un montant record de 4,2 milliards de dollars pour prêter assistance à près de 21 millions de personnes au Soudan. 1,8 milliard de dollars supplémentaires sont nécessaires pour venir en aide à 5 millions de personnes –principalement des réfugiés– dans sept pays voisins, a-t-elle précisé. 

Mme BETH BECHDOL, Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a indiqué que, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, plus de la moitié de la population au Soudan, soit 24,6 millions de personnes, fait face à une insécurité aiguë.  « Soit 3,5 millions de personnes de plus depuis juin 2024. » Le conflit et les déplacements forcés sont les principaux facteurs de la crise, laquelle est aggravée par les restrictions humanitaires, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que près de 11,5 millions de personnes sont déplacées au Soudan, ce qui représente la plus grave crise de déplacement au monde. Elle a rappelé que, lors de la première année de conflit, la production agricole soudanaise a baissé de 46% par rapport à l’année précédente pour s’élever à 4,1 millions de tonnes. Sans cette baisse de production, près de 18 millions de personnes auraient pu être nourries pendant une année, s’est-elle désolée. 

À cette aune, elle a plaidé en faveur d’une action urgente afin de remédier à la famine au Soudan, en soulignant le rôle crucial du Conseil de sécurité.  « Premièrement, nous avons besoin de votre influence politique pour mettre un terme aux hostilités et alléger les souffrances des Soudanais. »  Ces derniers ont urgemment besoin notamment d’eau, de nourriture et de médicaments, a-t-elle déclaré.  « Aujourd’hui, pas demain. »  En second lieu, elle a plaidé pour un accès humanitaire « sans entraves ». 

En troisième lieu, elle a appelé à acheminer une assistance humanitaire multisectorielle.  Elle a en effet estimé que, si l’augmentation de l’aide est cruciale, elle ne pourra pas à elle seule répondre à la crise alimentaire.  Garantir la production alimentaire locale en lui apportant une aide d’urgence est capital pour renforcer la résilience et prévenir toute catastrophe humanitaire, a-t-elle expliqué.  « Lorsque les cultivateurs ont accès aux terres et ressources, ils sont en mesure de produire des denrées. » 

Enfin, elle a détaillé l’action de la FAO en indiquant que plus de 2,7 millions de personnes dans 11 États ont reçu plus de 5 000 tonnes de graines de sorgho et de millet.  « Cette année, nous voulons doter 14,2 millions de personnes –cultivateurs, propriétaires de troupeaux, pêcheurs et femmes– de graines, d’alimentation pour bétail et d’équipement de pêche dont ils ont besoin pour produire leurs propres denrées. »  Si nous n’agissons pas maintenant, des millions de vies sont menacées, a-t-elle prévenu. 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: vives inquiétudes face aux attaques répétées contre les hôpitaux de Gaza

9830e séance – matin   
CS/15959

Conseil de sécurité: vives inquiétudes face aux attaques répétées contre les hôpitaux de Gaza

« Porter une blouse blanche, c’est porter une cible dans le dos. »  C’est en ces termes que la docteure Tanya Haj Hassan a décrit, ce matin devant le Conseil de sécurité, la situation tragique du personnel de santé et de tout le système médical de Gaza, une semaine après l’attaque lancée par Israël contre l’hôpital Kamal Adwan, le dernier hôpital en activité dans le nord de l’enclave palestinienne.

La tenue de cette séance a été demandée par l’Algérie, qui préside les travaux du Conseil pendant le mois de janvier, et qui a dénoncé, comme la plupart des orateurs, la destruction « insensée » des infrastructures médicales à Gaza.  L’agression israélienne a un objectif clair et alarmant: expulser les Palestiniens de leurs territoires par une politique délibérée de purge.  Et un des piliers de cette politique est la destruction systématique du système de santé, a asséné la délégation.

Justement, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Volker Türk, a détaillé les schémas des attaques israéliennes contre les hôpitaux de l’enclave, à commencer par des frappes aériennes, suivies de raids par des troupes terrestres, la détention de certains patients et membres du personnel, le déplacement forcé d’autres et le retrait des troupes, laissant ces installations pratiquement non fonctionnelles.  Il a également fait état d’au moins 136 frappes contre au moins 27 hôpitaux et 12 autres installations médicales à Gaza, ce qui a causé de nombreux morts et blessés parmi le personnel médical et d’autres civils.  D’après le Ministère de la santé de l’État de Palestine, plus de 1 050 professionnels de la santé ont été tués à Gaza, a-t-il précisé.

« Mes collègues et amis ont été tués, mutilés, détenus illégalement et torturés », a dénoncé Mme Haj Hassan qui travaille, en tant que médecin, pour l’organisation caritative Medical Aid for Palestinians. 

Faisant état d’un secteur de la santé « systématiquement démantelé et poussé jusqu’au point de rupture », le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la Cisjordina et Gaza, M. Rik Peeperkorn a précisé que seuls 16 des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement fonctionnels, avec une capacité totale de 1 822 lits seulement, « soit bien en deçà de ce qui est nécessaire pour faire face à l’écrasante crise sanitaire ».  Il a ajouté que les demandes de protection des agents de santé et des hôpitaux, relayées par l’OMS presque chaque semaine depuis octobre 2023 sont restées lettre morte. 

En dépit de ces défis extrêmes, le système de santé de Gaza est profondément atteint et meurtri mais, contre toute attente, les agents de santé, l’OMS et leurs partenaires ont maintenu les services autant que possible, a assuré M. Peeperkorn.

Ce qui est en jeu à Gaza est « l’humanité même ».  Les médecins et soignants palestiniens se battent pour sauver des vies et perdent la leur, a affirmé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, étreint par l’émotion.  Selon lui, rien ne peut expliquer pourquoi depuis 15 mois les Palestiniens de Gaza vivent l’enfer et ont été abandonnés à leur sort, rien ne peut justifier que des médecins soient eux-mêmes devenus des victimes.  Il a mentionné le cas du docteur Hussam Abu Safiya qui indiquait, quelques semaines avant l’assaut donné contre l’hôpital Kamal Adwan, refuser de quitter son poste et d’abandonner ses patients.  En représailles, l’armée israélienne aurait tué son fils.  « Il est de notre responsabilité collective de mettre fin à cet enfer et de mettre un terme à ce génocide », a-t-il lancé.

Le sort du docteur Safiya, victime de disparition forcée, selon Mme Haj Hassan, a préoccupé de nombreuses délégations qui ont exigé sa libération immédiate.  Israël doit se conformer au droit international humanitaire, qui prévoit la protection des infrastructures et personnels médicaux, a souligné la France.

« Cette opération n’était pas une opération de choix mais de nécessité, et les forces israéliennes ont veillé à l’évacuation des patients », s’est dédouané Israël.  La délégation a indiqué que le Directeur de l’hôpital Kamal Adwan, soupçonné d’être un agent du Hamas, fait l’objet d’une enquête et que l’organisation aurait fait de cet établissement de santé un centre de commandement pour le terrorisme.  Selon elle, 240 terroristes y ont été appréhendés dont 15 ayant participé au massacre du 7 octobre.  « Le Conseil de sécurité doit se rendre à l’évidence que le Hamas ne reconnaît pas le caractère sacro-saint des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte qu’il utilise pour ses opérations », a-t-elle affirmé.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a cependant estimé qu’Israël n’a pas fourni suffisamment d’informations pour étayer la plupart de ces allégations « souvent vagues et générales », et qui dans certains cas, « semblent être contredites par des informations accessibles au public ».  Il a appelé à des enquêtes indépendantes, approfondies et transparentes sur toutes les attaques israéliennes contre les hôpitaux, les infrastructures de santé et le personnel médical, ainsi que sur les allégations d’utilisation abusive de ces installations. 

Si ces allégations étaient vérifiées, cela soulèverait de graves inquiétudes quant au fait que les groupes armés palestiniens utilisent intentionnellement la présence de civils pour se protéger des attaques, ce qui équivaudrait à un crime de guerre, a indiqué M. Türk qui a souligné que le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des hôpitaux et des lieux où sont soignés les malades et les blessés, à condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires, constitue également un crime de guerre. 

Les États-Unis ont dit avoir contacté Israël pour en savoir plus sur le sort du docteur Safyia, tout en assurant que l’État hébreu combat le Hamas et non pas les civils palestiniens.  En s’implantant dans des infrastructures civiles, le Hamas a clairement mis en danger les civils palestiniens et le personnel médical, a également regretté le Royaume-Uni.  La délégation a toutefois rappelé que les obligations de protection des hôpitaux et du personnel médical prévues par le droit international humanitaire sont inconditionnelles. 

Le Danemark a pour sa part exhorté les parties à respecter les infrastructures civiles, conformément au droit international humanitaire.  « Tout en reconnaissant le droit d’Israël de se défendre, nous lui rappelons qu’en tant que Puissance occupante, il doit garantir le bon accès des Palestiniens au système de soins », a dit la délégation danoise.  Pour la Fédération de Russie, « l’inhumanité des agissements d’Israël est possible grâce au soutien de Washington ».  La délégation a également souhaité que le Conseil consacre une séance aux enfants de Gaza, « sujet que les membres occidentaux préfèrent ignorer ». 

Nulle part au monde le droit international n’a été bafoué avec une impunité aussi éhontée qu’en Palestine occupée par Israël, s’est emporté le Pakistan. Pour la délégation, « ce n’est pas une guerre, c’est une campagne de dépossession, de nettoyage ethnique et d’annihilation ». 

Au nom du Groupe des États arabes, l’Égypte a elle aussi réfuté les affirmations d’Israël selon lesquelles les hôpitaux de Gaza seraient utilisés à des fins terroristes, affirmant que l’objectif poursuivi par Israël est de rendre la bande de Gaza inhabitable, via une politique de déplacements forcés.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à adopter une résolution sur un cessez-le-feu immédiat et sans condition, au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Il importe aussi, a-t-elle ajouté, d’obliger Israël par tous les moyens juridiques et politiques possibles à mettre en œuvre les résolutions du Conseil et de l’Assemblée générale, ainsi que les mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice (CIJ). 

La Chine a elle aussi exhorté Israël à entendre les appels de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’une levée des restrictions à l’acheminement de l’aide humanitaire et des mesures ciblant l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Rappelant que les opérations de l’UNRWA restent vitales pour la population civile, la Grèce s’est élevée contre la récente législation israélienne qui interdit tout contact entre les entités de l’État israélien et l’agence onusienne.  Soulignant que la crise humanitaire dans la bande de Gaza ne peut être résolue sans dialogue et sans diplomatie, elle a indiqué que la seule solution à long terme pour la région est de revitaliser le processus politique afin d’ouvrir la voie à un horizon politique pour une solution à deux États. 

À ce propos, la France a rappelé qu’elle Coprésidera, en juin prochain, aux côtés de l’Arabie saoudite, une conférence internationale sur la mise en œuvre de la solution des deux États. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué qu’un récent rapport du Haut-Commissariat couvrant la période du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024 documente les schémas d’attaques contre les hôpitaux de Gaza, à commencer par des frappes aériennes israéliennes, suivies de raids par des troupes terrestres, la détention de certains patients et membres du personnel, le déplacement forcé d’autres et le retrait des troupes, laissant ces établissements pratiquement non fonctionnels. Le rapport détaille également les meurtres de patients, de membres du personnel et d’autres civils.

Dans le même temps, a-t-il relaté, le Hamas et d’autres groupes armés continuent de lancer des attaques sporadiques et indiscriminées contre Israël, et d’exposer les civils et les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé, aux attaques, en opérant au milieu d’eux, ce qui est totalement inacceptable.  La destruction causée par les attaques de l’armée israélienne vendredi dernier contre l’hôpital Kamal Adwan, le dernier hôpital en activité dans le nord de Gaza, reflète les schémas d’attaques documentés dans le rapport.  Certains membres du personnel et des patients ont été expulsés de l’hôpital tandis que d’autres, dont le Directeur général, ont été détenus, et de nombreuses informations ont fait état de torture et de mauvais traitements.  L’armée israélienne a annoncé le lendemain que son opération de plusieurs mois dans le nord de Gaza était terminée, avec la séparation du nord de Gaza de la ville de Gaza.  En outre, certaines zones du nord de Gaza auraient été entièrement vidées de Palestiniens. 

Selon le Haut-Commissaire, dans toute la bande de Gaza, les opérations militaires israéliennes dans et autour des hôpitaux et les combats qui y sont associés ont eu un impact terrible, précisément à un moment où les demandes de soins de santé sont massives en raison du conflit en cours.  Les femmes, en particulier celles qui sont enceintes, ont beaucoup souffert.  D’après le Ministère de la santé de l’État de Palestine, plus de 100 000 Palestiniens ont été blessés à Gaza, et beaucoup de ces blessés sont morts en attendant d’être soignés.  Selon la même source, plus de 1 050 professionnels de la santé ont été tués à Gaza. Le récent rapport du Haut-Commissariat fait état d’au moins 136 frappes contre au moins 27 hôpitaux et 12 autres installations médicales à Gaza, ce qui a causé de nombreux morts et blessés parmi le personnel médical et d’autres civils, et endommagé ou détruit de nombreux bâtiments ciblés. 

Les opérations militaires doivent toujours faire la distinction entre les cibles militaires et les civils, a rappelé le Haut-Commissaire, notant que l’utilisation d’armes lourdes contre les hôpitaux est difficile à concilier avec ce principe.  Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des hôpitaux et des lieux où sont soignés les malades et les blessés, à condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires, constitue un crime de guerre, a assené M. Türk. Et si ces actes sont commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile, ils peuvent également constituer des crimes contre l’humanité.

Dans la plupart des cas, Israël allègue que les hôpitaux étaient utilisés de manière inappropriée à des fins militaires par des groupes armés palestiniens, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Il a dit qu’il vient de recevoir une lettre de l’Ambassadeur israélien affirmant que l’hôpital Kamal Adwan a été militarisé par le Hamas et que les forces israéliennes ont pris des mesures extraordinaires pour protéger la vie des civils tout en agissant sur la base de renseignements crédibles.  Mais Israël n’a pas fourni suffisamment d’informations pour étayer la plupart de ces allégations qui sont souvent vagues et générales, et qui dans certains cas, semblent être contredites par des informations accessibles au public, a-t-il constaté.  Si ces allégations étaient vérifiées, a-t-il ajouté, cela soulèverait de graves inquiétudes quant au fait que les groupes armés palestiniens utilisent intentionnellement la présence de civils pour se protéger des attaques, ce qui équivaudrait également à un crime de guerre.

Il a appelé à des enquêtes indépendantes, approfondies et transparentes sur toutes les attaques israéliennes contre les hôpitaux, les infrastructures de santé et le personnel médical, ainsi que sur les allégations d’utilisation abusive de ces installations.  Il a souhaité en outre que les futurs efforts de relèvement et de reconstruction donnent la priorité à la restauration du système de santé à Gaza.

M. RIK PEEPERKORN, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour les territoires palestiniens occupés, a dit se rendre tous les deux mois dans la bande de Gaza et participer à des missions de l’OMS dans les hôpitaux de l’enclave palestinienne.  Il a indiqué que, depuis octobre 2023, environ 7% des habitants de la bande de Gaza ont été tués ou blessés, et que plus de 25% des 105 000 blessés auront besoin de soins tout au long de leur vie.  Il a expliqué que le secteur de la santé local est « systématiquement démantelé et poussé jusqu’au point de rupture », sa résilience étant mise à l’épreuve par les graves pénuries de fournitures médicales, d’équipements et de personnels spécialisés.  Seuls 16 des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement fonctionnels, avec une capacité totale de 1 822 lits seulement, « soit bien en deçà de ce qui est nécessaire pour faire face à l’écrasante crise sanitaire ».  Il a également déploré la lenteur des évacuations médicales, précisant que, depuis octobre 2023, seuls 5 383 patients ont été transférés à l’étranger pour y recevoir des soins médicaux avec le soutien de l’OMS.  Parmi eux, seulement 436 ont été évacués depuis la fermeture du passage de Rafah le 6 mai 2024.  Alors que plus de 12 000 personnes ont besoin d’une évacuation sanitaire, il faudrait, au rythme actuel, entre 5 et 10 ans pour évacuer tous ces patients gravement malades, dont des milliers d’enfants, a-t-il constaté.

Malgré cet environnement difficile, l’OMS et ses partenaires font tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir les hôpitaux et les services de santé opérationnels, a affirmé le docteur Peeperkorn.  Il a cependant reconnu que la capacité à acheminer l’aide est gravement compromise, l’entrée des fournitures dans et à travers Gaza restant extrêmement lente en raison des restrictions, des retards dans le dédouanement des articles entrants et des obstacles posés aux missions.  En 2024, seules 111 missions de l’OMS sur 279, soit 40%, ont été facilitées, « ce qui a eu un impact direct sur notre capacité à réapprovisionner les hôpitaux, à transférer les patients critiques et à déployer des équipes médicales d’urgence ».  Il a ajouté qu’en dépit des demandes de protection des agents de santé et des hôpitaux, effectuées par l’OMS presque chaque semaine depuis octobre 2023, ces appels « restent lettre morte ».  À ce jour, a-t-il dit, l’OMS a vérifié 654 attaques contre des établissements de santé à Gaza, lesquelles ont fait 886 morts et 1 349 blessés.  Notant que la situation sanitaire et humanitaire continue de se détériorer dans le nord de Gaza, assiégé depuis environ 90 jours, il a indiqué que seul l’hôpital Al-Awda reste à peu près fonctionnel et qu’il n’y a aucun établissement de soins de santé primaires dans ce secteur. 

L’hôpital Kamal Adwan, le principal établissement de santé du nord de Gaza, a été mis hors service à la suite d’un raid la semaine dernière et d’attaques incessantes depuis octobre de cette année, a poursuivi le docteur Peeperkorn. Il a dénoncé que les difficultés d’accès imposées à l’OMS pendant cette période, précisant que seules 10 missions sur 21 ont été partiellement facilitées.  Le 27 décembre, a-t-il ajouté, l’hôpital a été vidé, la majorité des patients ont été contraints de se rendre dans un endroit proche, tandis que les blessés graves ont été transférés vers un hôpital indonésien non fonctionnel, dépourvu de l’équipement et des fournitures nécessaires pour prodiguer des soins adéquats.  Il s’est dit profondément préoccupé par le sort du docteur Hussam Abu Safiya, Directeur de l’hôpital Kamal Adwan, arrêté lors du raid, et a exigé sa libération immédiate.  Alors que des informations font état de graves dommages infligés à plusieurs zones clefs de l’hôpital, notamment le laboratoire, l’unité chirurgicale, le service de maintenance, la salle d’opérations et le magasin médical, l’intervenant a déploré que les efforts déployés par l’OMS et ses partenaires pour soutenir les opérations des hôpitaux aient été « réduits à néant ». Réclamant qu’un accès urgent à l’hôpital soit accordé à l’OMS pour évaluer les dégâts, il a également demandé que soit facilité le transfert du matériel médical de Kamal Adwan vers Al-Awda et d’autres hôpitaux de la ville de Gaza.

Avant de conclure, le représentant de l’OMS a souligné qu’en dépit de ces défis extrêmes, « le système de santé de Gaza ne s’est pas effondré ». Il est profondément atteint et meurtri mais, contre toute attente, les agents de santé, l’OMS et leurs partenaires ont maintenu les services autant que possible, a-t-il assuré.  L’hôpital Chifa et le complexe médical Nasser, qui ont été restaurés après avoir été laissés en ruines à la suite de graves attaques au début de cette année, constituent selon lui « d’excellents exemples de la résilience du système de santé de Gaza et du dévouement inspirant de ses agents de santé ».  Cet « exploit » montre ce qui peut être réalisé si les soins de santé sont protégés et si l’on donne une chance à la paix, a-t-il affirmé, rappelant que les hôpitaux bénéficient d’une protection particulière en vertu du droit international humanitaire.  À cette aune, il a appelé à garantir de toute urgence que les hôpitaux du nord de Gaza puissent être aidés pour redevenir fonctionnels, à accélérer le rythme des évacuations médicales et à utiliser tous les couloirs depuis l’enclave pour faire sortir les patients et garantir un accès durable aux hôpitaux. 

Mme TANYA HAJ HASSAN, médecin au Medical Aid for Palestinians (MAP) Charity, a dénoncé les attaques « systématiques et intentionnelles » contre les institutions de santé à Gaza, des attaques qui, a-t-elle souligné, ont été largement documentées par les organes de l’ONU.  Elle a indiqué que malgré le siège, les professionnels de la santé de Gaza ont réussi à mettre en place un vaste système de soins de santé de qualité, et prennent très au sérieux leur serment de soigner leurs patients. Elle a notamment relaté les propos du docteur Hamman Alloh, à qui on avait demandé pourquoi il n’avait pas quitté son hôpital lorsqu’il était assiégé: « Mais qui s’occuperait de mes patients alors? ».  L’intervenante a ajouté que le docteur Alloh a ensuite été tué par une frappe aérienne israélienne le 12 novembre 2023, à l’âge de 36 ans.

Depuis le mois d’octobre de l’année dernière, les professionnels de la santé sont devenus une cible de la violence militaire israélienne, s’est indignée la docteure Haj Hassan.  « Mes collègues et amis ont été tués, mutilés, détenus illégalement et torturés. »  Plus d’un millier de professionnels de la santé ont été tués à Gaza, et des centaines ont été retenus en captivité par Israël, dont au moins quatre ont été tués pendant leur détention.  « Porter une blouse blanche, c’est comme porter une cible dans le dos. » Pourtant, les hôpitaux et les professionnels de la santé représentent la vie et la volonté de maintenir les gens en vie, a-t-elle rappelé, avant de s’inquiéter du sort de ses collègues palestiniens, y compris le docteur Hussam Abu Safiya, Directeur de l’hôpital Kamal Adwan, qui a plaidé à plusieurs reprises pour une protection internationale de son hôpital, de son personnel médical et de ses patients, avant de disparaître de force.

L’intervenante s’est indignée du fait que malgré tous les témoignages accablants de première main, la communauté internationale n’a toujours pas pris de mesures significatives.  En dépit d’innombrables discours dans les médias et même ici aux Nations Unies, on en est encore à essayer de convaincre « qui veut bien écouter qu’il faut que cela cesse », a-t-elle déploré. 

On en est encore là alors que 96% des enfants de Gaza croient que leur mort est imminente, et que beaucoup d’entre eux souhaitent leur propre mort. On en est encore là après que sept nourrissons sont morts d’hypothermie –littéralement morts de froid– la semaine dernière.  On en est encore là alors que la violence militaire d’Israël a créé la plus grande cohorte d’amputés pédiatriques de l’histoire, la plus grande cohorte de journalistes tués, et la plus grande cohorte de travailleurs de l’ONU tués. Et on en est encore là alors qu’Israël a tué 90 Palestiniens à Gaza dans le peu de temps qui s’est écoulé depuis que j’ai reçu l’appel hier soir me demandant de m’adresser à vous ici aujourd’hui, s’est-elle indignée.

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Face à l’intensification des hostilités entre les houthistes et Israël, les membres du Conseil de sécurité appellent à la désescalade

9829e séance - matin
CS/15958

Face à l’intensification des hostilités entre les houthistes et Israël, les membres du Conseil de sécurité appellent à la désescalade

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Réuni à la demande d’Israël, le Conseil de sécurité a consacré sa dernière séance programmée de l’année à l’intensification du conflit entre Israël et les houthistes basés au Yémen depuis le début du mois de décembre.  Ses membres ont également observé une minute de silence en l’honneur de l’ancien Président des États-Unis décédé, Jimmy Carter.

Le Moyen-Orient est en proie à une nouvelle escalade dangereuse, s’est alarmé le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, M. Mohamed Khaled Khiari, en affirmant qu’elle pourrait hypothéquer la stabilité régionale, avec des retombées politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires. 

Depuis la signature de l’Accord de Stockholm en 2018, les houthistes ont constamment violé le cessez-le-feu, refusé de démilitariser les ports de la mer Rouge et enfreint l’embargo sur les armes imposé par le Conseil avec l’appui de l’Iran, a rappelé M. Michael Knights, associé principal de recherche au Washington Institute for Near East Policy.  Cette « junte militaire clanique qui cherche ouvertement la destruction des États-Unis et d’Israël » pose en outre une menace pour les États de la région, a-t-il accusé. 

M. Khiari a expliqué que depuis le 13 décembre, les houthistes ont lancé plus de 11 attaques contre Israël au moyen de missiles balistiques et de drones, dont 3 n’ont pas été interceptés par les systèmes de défense aérienne israéliens et ont touché des zones civiles, y compris une école primaire et une aire de jeu.

Israël a riposté par des frappes aériennes contre les zones contrôlées par les houthistes au Yémen, ciblant des infrastructures énergétiques et portuaires dans les ports de Hodeïda, Salif et de Ras Issa.  Le 26 décembre, l’Aéroport de Sanaa et deux centrales électriques ont été prises pour cible.  Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, ainsi que plus d’une douzaine d’autres membres du personnel de l’ONU, se trouvaient à l’aéroport de Sanaa au moment de l’attaque israélienne au cours de laquelle un membre du Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS) a été blessé.

Tout en condamnant avec la plus grande fermeté les multiples attaques menées par les houthistes en mer Rouge, dans le golfe d’Aden et contre Israël depuis plusieurs semaines, la priorité pour la plupart des membres du Conseil doit être aujourd’hui à la désescalade au nom de la stabilité régionale.  Ce cycle de représailles incessant n’est dans l’intérêt de personne, a tranché la Slovénie, en appelant à œuvrer pour la paix. 

Lors d’un conflit armé, les principes clefs de distinction, de proportionnalité et de précaution doivent guider toutes les actions militaires, ont rappelé la France et la Suisse.  S’adressant aux houthistes, les membres du Conseil leur ont rappelé leurs obligations au regard du droit international, y compris celle de protéger le personnel de l’ONU, les acteurs humanitaires et les civils. 

Si plusieurs d’entre eux se sont dits préoccupés par l’attaque israélienne visant l’aéroport de Sanaa, le groupe des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) se sont montrés plus sévères.  De concert avec la Fédération de Russie, ils ont condamné les attaques israéliennes contre les civils et les infrastructures civiles du Yémen, y voyant une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays. « Les cibles civiles, y compris les aéroports, les ports et les centrales électriques, ne devraient jamais faire l’objet d’un assaut militaire », s’est indigné le groupe, alors que la Fédération de Russie a jugé que la réponse israélienne, appuyée par les États-Unis, était disproportionnée.

Invoquant la « légitime défense », Israël a reproché au Conseil de sécurité et à l’ONU d’avoir enhardi les houthistes par son mutisme face aux violations répétées de l’embargo sur les armes établi par la résolution 2216 (2015).  « Nous n’attendrons pas que le monde agisse.  Nous protégerons nos citoyens », a affirmé haut et fort son représentant, qui s’est dit indigné à l’idée de voir son pays mis sur un pied d’égalité avec le « bourreau ».  Il a d’ailleurs reproché au Conseil de sécurité de n’avoir toujours pas condamné les actions des houthistes. 

S’adressant directement à ces derniers, dans un « dernier avertissement », le délégué israélien a expliqué « qu’Israël n’hésitera pas » et « qu’Israël ne pardonnera pas », avant de leur rappeler le sort infligé au Hamas, au Hezbollah et au régime d’Assad.  « Vous partagerez le même destin misérable », a-t-il tranché.

Les États-Unis ont réaffirmé à leur tour le droit d’Israël à l’autodéfense dans le contexte des récentes attaques houthistes.  La délégation a exhorté le Conseil de sécurité à engager de nouvelles mesures contre les houthistes et exiger des comptes de l’Iran qui les soutient, une position partagée par le Royaume-Uni.  Il faut renforcer le mécanisme d’inspection des Nations Unies, afin de veiller à ce que les armes ne soient pas détournées par l’Iran ou tout autre acteur malveillant, a demandé la délégation américaine. 

Sur ce point, la Suisse, et la République de Corée notamment, ont insisté sur l’importance de faire respecter l’embargo sur les armes établi par la résolution 2216.  Il constitue un outil essentiel pour limiter la prolifération d’armements dans une région déjà déstabilisée, ont-ils argué.  Les armes, qu’elles soient introduites par des voies clandestines ou par le biais d’un trafic organisé, représentent un facteur aggravant du conflit, a souligné la Suisse, en invitant le Conseil, en s’appuyant sur le travail du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2140 (2014), à veiller au respect scrupuleux de cet embargo. 

En attendant, les États-Unis n’hésiteront pas à défendre leurs personnels et navires, a assuré la délégation.  C’est ainsi que lors d’une opération récente, les forces américaines ont bombardé un centre de commandement houthiste à Sanaa et détruit, le 21 décembre dernier, plusieurs drones houthistes et un missile ciblant des navires en mer Rouge. 

Alors que l’escalade entre les houthistes et Israël se fait dans un contexte régional plus large, les appels à faire le choix de la diplomatie, à ce moment critique, se sont multipliés.  Que ce soit en mer Rouge, au Yémen ou au Moyen-Orient, le seul chemin viable est celui d’une solution politique et, pour cela, la cessation des attaques au Yémen, en Israël, et en Syrie ainsi qu’un cessez-le-feu inconditionnel à Gaza et la libération des otages ont une importance cruciale, ont reconnu la plupart des membres du Conseil. 

Les parties prenantes et celles pouvant exercer une influence sur elles ont été invitées à s’abstenir de toute rhétorique ou action de nature à exacerber les tensions.  Seule une solution politique permettra une cessation complète et durable des hostilités, ont argué de concert les intervenants.  Et seule une solution politique permettra de mettre fin aux souffrances du peuple yéménite et à l’insécurité alimentaire, conséquences des restrictions imposées par les houthistes à l’aide humanitaire et aux libertés de la population civile yéménite, a renchéri la France.  Dès lors, les efforts diplomatiques de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg, pour faciliter un processus politique dirigé et pris en charge par les Yéménites sous les auspices des Nations Unies ont été très largement soutenusLa stratégie politique de l’Envoyé spécial pour le Yémen est limpide, ont insisté les A3+: « ce n’est que par une approche unie et coordonnée que nous pouvons espérer parvenir à la paix et à la sécurité pour tous les peuples du Yémen et de la région. »

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MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposés

Le Moyen-Orient est en proie à une nouvelle escalade dangereuse, s’est alarmé le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, M. MOHAMED KHALED KHIARI, en pointant les hostilités entre Israël et les houthistes des dernières semaines.  Depuis le 13 décembre, les houthistes ont revendiqué au moins 11 attaques visant Israël, en se servant de missiles balistiques et de drones.  Le 19 décembre, Israël a mené des frappes aériennes contre des infrastructures énergétiques et portuaires dans les ports de Hodeïda, Salif d’Hezyaz et de Ras Kanatib, contrôlés par les houthistes, ainsi qu’à Sanaa.  Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont affirmé qu’elles visaient des cibles militaires.  Neuf civils auraient été tués et les ports de la mer Rouge ont subi des dommages considérables.  Israël a également frappé deux centrales électriques à Sanaa, provoquant des coupures de courant temporaires à Sanaa et à Hodeïda.

Bien que de nombreux missiles et autres projectiles tirés par les houthistes depuis le Yémen aient été interceptés, le 20 décembre, une ogive a endommagé une école primaire à Ramat Gan, dans le centre d’Israël.  Le 21 décembre, un autre missile a atterri dans un quartier résidentiel de Jaffa, endommageant les résidences environnantes. Seize civils auraient été blessés lors de ce dernier incident, dont un enfant de trois ans.  Le 26 décembre, les frappes aériennes israéliennes ont visé l’aéroport international de Sanaa, les ports de la mer Rouge sur la côte occidentale du Yémen, ainsi que des centrales électriques à Sanaa et Hodeïda qui, selon les Forces de défense israéliennes, étaient utilisées à des fins militaires. À l’aune de ce bilan, M. Khiari s’est inquiété des risques de perturbation des opérations humanitaires vitales au Yémen, où des millions de personnes ont besoin d’une aide vitale. 

Revenant sur les frappes israéliennes du 26 décembre au Yémen, qui auraient fait au moins six morts et des dizaines de blessés, le Sous-Secrétaire général a précisé qu’un membre de l’équipage du Service aérien d’aide humanitaire des Nationa Unies fait partie des blessés.  Il a été touché par la frappe visant l’aéroport de Sanaa, où une délégation onusienne de haut niveau, menée par le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, se trouvait au moment de l’attaque.  La délégation venait de traiter de la situation humanitaire au Yémen et de la remise en liberté du personnel de l’ONU et d’autres individus détenus par les houthistes, a précisé M. Khiari, en réitérant cet appel.

Le Sous-Secrétaire général a ensuite relayé les graves préoccupations du Secrétaire général concernant cette escalade, en appelant au respect du droit international, y compris le droit humanitaire, par toutes les parties.  Il a condamné les attaques revendiquées par les houthistes.  Les forces américaines ont pris pour cible des installations militaires et des systèmes d’armes des houthistes au Yémen les 16 et 21 décembre, apparemment en réponse à des attaques maritimes de ces derniers, a également indiqué M. Khiari. En outre, des rapports non confirmés font état de frappes aériennes les 27, 28 et 29 décembre dans différentes parties du Yémen.  Les attaques provenant des zones contrôlées par les houthistes au Yémen doivent cesser, a exigé le haut fonctionnaire, en appelant au plein respect de la résolution 2722 (2024).

Les attaques en Israël et au Yémen, ainsi qu’en mer Rouge, sont très préoccupantes, a-t-il poursuivi.  Une nouvelle escalade militaire pourrait hypothéquer la stabilité régionale, avec des retombées politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires délétères, a mis en garde le Sous-Secrétaire général.  Des millions de personnes au Yémen, en Israël et dans toute la région continueraient à faire les frais d’une escalade sans fin, a-t-il souligné, en appelant à tout mettre en œuvre pour inverser cette trajectoire négative et soutenir les efforts globaux visant à mettre fin aux conflits au Moyen-Orient. 

M. MICHAEL KNIGHTS, associé principal de recherche au Washington Institute for Near East Policy, a indiqué que les houthistes, avec l’appui robuste de l’Iran, exploitent la faiblesse du Gouvernement yéménite depuis le Printemps arabe de 2011.  Les houthistes, a-t-il souligné, sont une junte militaire clanique qui a pris pour modèle le Hezbollah libanais et prône une idéologie suprémaciste en faveur de leur propre caste.  De surcroît, ils cherchent ouvertement la destruction des États-Unis et d’Israël. « Les houthistes sont expansionnistes et agressifs, et posent une menace multidimensionnelle », a affirmé le chercheur.  Loin d’être un mouvement isolé et localisé, ils bénéficient désormais d’un soutien militaire, de renseignements et financier de la part de partenaires mondiaux, parmi lesquels l’Iran, le Hezbollah, les milices soutenues par l’Iran en Iraq, les organisations terroristes Al-Qaida et Chabab, « et, semble-t-il, également la Fédération de Russie ». 

Selon M. Knights, la première menace vise le Yémen lui-même.  Les houthistes y ont commis de graves violations des droits humains, enrôlant des enfants soldats et torturant des opposants, a-t-il accusé, ajoutant que, depuis la signature de l’Accord de Stockholm en 2018, ils ont constamment violé le cessez-le-feu, refusé de démilitariser les ports de la mer Rouge et enfreint l’embargo onusien sur les armes, avec l’appui de l’Iran. 

Au-delà du Yémen, les houthistes posent une menace pour les États de la région, a poursuivi M. Knights.  Entre 2015 et 2021, ils ont lancé plus de 430 missiles contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, a-t-il précisé. Après les attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, les houthistes ont délibérément entraîné le Yémen dans le conflit à Gaza en lançant près de 200 missiles contre Israël.  Pour le chercheur, la dernière dimension de la menace des houthistes est globale, comme l’atteste la campagne contre les navires civils et militaires en mer Rouge et dans l’océan Indien.  En conséquence, pas moins de 29 grandes compagnies maritimes ont décidé de contourner le continent africain plutôt que d’utiliser le canal de Suez.  Les navires de plus de 85 pays sont touchés, y compris ceux de tous les membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que la Suisse, Malte, la République de Corée et la Suisse.  « Les houthistes sont un couteau fiché dans l’une des artères commerciales les plus importantes au monde », a-t-il asséné. 

En conclusion, le chercheur a invité le Conseil à exiger que les houthistes cessent leurs attaques contre les navires et contre Israël.  Le Conseil devrait également veiller au respect de l’embargo sur les armes et élaborer des sanctions contre les navires qui violent ses résolutions en échappant aux inspections de l’ONU, a-t-il plaidé. M. Knights a enfin exhorté le Conseil à réaffirmer la légitimité du Gouvernement yéménite et à souligner son droit inaliénable à se défendre contre l’agression houthiste. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité approuve la nouvelle mission de l’Union africaine en Somalie au « modèle de financement exceptionnel »

9828e séance – matin 
CS/15955

Le Conseil de sécurité approuve la nouvelle mission de l’Union africaine en Somalie au « modèle de financement exceptionnel »

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité a approuvé, ce matin, la décision de l’Union africaine de remplacer la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), dont le mandat s’achève le 31 décembre 2024, par la Mission d’appui et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM).  Les délégations ont salué la voie tracée par la résolution vers un financement prévisible et durable de l’AUSSOM, la République de Corée louant son « modèle de financement exceptionnel ». 

En adoptant la résolution 2767 (2024), par 14 voix pour et une abstention, celle des États-Unis, le Conseil autorise également les États membres de l’Union africaine, pour une période initiale de 12 mois à compter du 1er janvier 2025, à prendre toutes les mesures nécessaires, dans le respect du droit international, pour soutenir le Gouvernement fédéral somalien dans son action visant à affaiblir les Chabab, continuer d’appuyer la stabilisation du pays et contribuer à la création des conditions de sécurité propices à l’acheminement de l’aide humanitaire. 

Le Conseil prend note que, dans le concept général d’opérations, la nouvelle mission est dotée d’un effectif total de 11 911 personnes au maximum, dont 11 826 agents en tenue et 85 civils, et qu’elle s’articule en quatre phases.  La phase 1, du 1er janvier 2025 au 1er juillet 2025, prévoit le redéploiement des troupes et la remise des sites aux forces de sécurité somaliennes, dans le but d’assurer un transfert sans heurt des tâches de l’ATMIS sous l’égide de l’AUSSOM. 

Lors de la phase 2, du 1er juillet 2025 au 31 décembre 2027, la Mission assurera notamment la sécurisation de ses sites et apportera un appui aux opérations offensives.  La Mission entamera sa transition et réduira ses effectifs durant la phase 3, du 1er janvier 2028 au 31 décembre 2028, avant son retrait durant la phase 4, du 1er janvier 2029 au 31 décembre 2029. 

Le Conseil note d’autre part qu’il est prévu de créer un mécanisme, qui, dans les cas où des membres de l’AUSSOM seraient accusés de violations de droits humains, permettrait d’amener les auteurs de tels actes à en répondre.  S’agissant de l’appui logistique de l’ONU, le Conseil prie le Secrétaire général de l’apporter au moyen des ressources financières provenant des contributions statutaires, au bénéfice du personnel en tenue de l’AUSSOM et de son personnel civil, dont le nombre pourra être porté à 85 membres. 

Enfin, pour ce qui est de l’épineuse question du financement, le Conseil prend note des formules présentées, ainsi que du nouveau taux de remboursement proposé pour les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à la Mission et de l’engagement pris par l’ONU et l’Union africaine de dégager des gains d’efficacité dans le cadre de la « mise en œuvre hybride ». 

Le Secrétaire général est prié d’accélérer les préparatifs en vue de la mise en application à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) et notamment de mobiliser les ressources extrabudgétaires nécessaires auprès de la communauté internationale.  Le Secrétaire général devra également procéder, une fois achevé l’examen stratégique prévu par la présente résolution et dans les limites des ressources rendues disponibles par le recalibrage de l’effectif du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), à la « mise en œuvre hybride » à l’AUSSOM dudit cadre, à compter du 1er juillet 2025, « y compris en autorisant l’accès aux contributions mises en recouvrement par l’ONU ». 

Ces contributions ne devront pas dépasser 75% du budget total annuel de l’AUSSOM, dès lors que le Conseil aura confirmé la demande faite au Secrétaire général et aura pris une décision à cette fin, précise la résolution.  Dans le cadre de cette « mise en œuvre hybride », le montant restant du budget total annuel de l’AUSSOM devra être mobilisé conjointement par l’Union africaine et l’ONU auprès de la communauté internationale sous la forme de ressources extrabudgétaires. 

Le Conseil se déclare résolu à envisager toutes les options viables au cas où les fonds levés seraient insuffisants.  La « mise en œuvre hybride » à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) « ne saurait constituer un précédent pour l’avenir », avertit le Conseil.  Enfin, il encourage les donateurs traditionnels et tous nouveaux donateurs à appuyer l’AUSSOM, y compris en versant des contributions volontaires à son budget. 

La question du financement de la nouvelle mission a été au cœur des interventions, le Royaume-Uni, délégation porte-plume, insistant sur la « modification profonde » qui interviendra à la mi-2025.  L’Algérie, qui s’exprimait au nom du Groupe des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), a indiqué que cette problématique a dominé le processus de négociation, avant de rappeler l’appui robuste de l’Union africaine à la « mise en œuvre hybride » précitée.  « Il s’agit de la seule option applicable », a dit l’Algérie, en soulignant l’impératif d’un financement « prévisible, durable et souple » de l’AUSSOM. 

Tout en voyant dans cette nouvelle mission la preuve que l’Union africaine est en mesure de proposer des solutions africaines aux problèmes africains, la délégation algérienne a fait valoir que les contributions de l’organisation continentale ne peuvent excéder ses capacités de financement.  De fait, a-t-elle ajouté, cette mission est « le premier test de la volonté de la communauté internationale d’appuyer l’Union africaine dans sa réponse aux défis sécuritaires ». 

À l’instar de la France, de la Fédération de Russie ou encore de la Slovénie, la Suisse a salué la « voie claire » tracée par la résolution 2767 (2024) vers un financement prévisible et durable de l’AUSSOM, par le biais d’une mise en œuvre hybride de la résolution 2719 (2023). « Il est crucial que les préparatifs nécessaires soient entrepris par l’ONU et l’Union africaine dans les meilleurs délais pour permettre au Conseil de confirmer cette mise en œuvre à compter du 1er juillet 2025 », a soutenu la délégation helvétique, tandis que la Chine qualifiait d’« avancée majeure » cette nouvelle modalité de financement, tout en mettant en garde contre d’éventuels déficits aux différentes phases de la mission. 

« Ce modèle de financement exceptionnel devrait permettre de résoudre efficacement les problèmes de financement chroniques rencontrés par les missions précédentes », a résumé la République de Corée.  Une satisfaction partagée par la Somalie, pour qui les appels du Conseil à privilégier cette « mise en œuvre hybride » constituent une reconnaissance du contexte opérationnel unique du pays.  « L’accès aux contributions obligatoires de l’ONU jusqu’à 75% peut fournir un financement adéquat, prévisible et durable à l’AUSSOM et améliorer considérablement sa capacité à faire face aux défis de sécurité posés par les Chabab », s’est-elle réjouie. 

La délégation éthiopienne a, elle, souscrit à l’approche prudente du Conseil, selon laquelle toute nouvelle transition devrait s’appuyer sur une amélioration progressive de la capacité des forces de sécurité somaliennes à assumer pleinement leurs responsabilités. 

Une note quelque peu dissonante est venue des États-Unis, qui ont expliqué que leur décision de s’abstenir n’a pas été prise « à la légère ».  Les conditions d’application de la résolution 2719 (2023) à l’AUSSOM ne sont pas encore réunies, a tranché la délégation américaine.  Selon elle, la résolution adoptée ce matin fait monter la contribution onusienne venant des recouvrements obligatoires à près de 90% du budget total de la Mission, au lieu du maximum de 75% prévu par la résolution 2719 (2023). « Nous ne pouvions pas soutenir un texte qui utiliserait ce nouveau modèle sans faire référence à la nécessité d’assurer la transition vers un budget intégré », a-t-elle conclu, non sans promettre que son pays poursuivra néanmoins son soutien aux opérations de soutien à la paix de l’Union africaine. 

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LA SITUATION EN SOMALIE

Texte du projet de résolution (S/2024/961)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence sur la situation en Somalie,

Réaffirmant son attachement total à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie,

Rappelant qu’il incombe au premier chef au Gouvernement fédéral somalien d’assurer la sécurité dans le pays, et prenant acte de la demande du Gouvernement tendant à ce que la communauté internationale continue de lui prêter soutien pour qu’il puisse réaliser progressivement son objectif d’être un pays démocratique, uni, paisible, stable et sûr,

Saluant la contribution à la paix et à la sécurité en Somalie, depuis le début des opérations en Somalie il y a près de 18 ans, de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et de sa successeure, la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS),

Rendant hommage à toutes les personnes qui ont servi avec honneur l’AMISOM et l’ATMIS, ainsi qu’aux personnes qui ont donné leur vie dans l’accomplissement des mandats de ces missions,

Soulignant l’importance de consolider les acquis en matière de paix et de sécurité en Somalie, conscient que l’action militaire ne permettra pas à elle seule de venir à bout des menaces contre la paix et la sécurité en Somalie, soulignant que la protection des civils est indispensable pour instaurer une paix durable, et réaffirmant qu’il est nécessaire de suivre une démarche intégrée qui consolide les assises de la paix et de la stabilité, dans le respect des priorités définies par le Gouvernement fédéral somalien,

Soulignant que le soutien international devrait être fourni conformément aux orientations stratégiques définies par la Somalie dans le Plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie et le dispositif national de sécurité afin de soutenir la mise en place d’un secteur de la sécurité somalien qui soitcomptable de son action, d’un coût abordable et durable,

Déterminé à continuer de soutenir la Somalie pour qu’elle parvienne à une paix et à une sécurité durables,

Insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, plus durable et plus souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies,

Prenant note du rapport présenté par le Gouvernement fédéral somalien le 11 avril 2024, conformément au paragraphe 10 de la résolution 2710 (2023), dans lequel celui-ci demandait que soit maintenu l’appui au développement de son secteur de la sécurité,

Prenant note également du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 20 juin 2024, qui contient une analyse du conflit et une évaluation stratégique conjointe de la situation en Somalie, élaborées par la Commission de l’Union africaine en consultation avec la Somalie, et qui envisage diverses propositions d’intervention possibles par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et lui-même et demande l’élaboration d’un projet de concept général d’opérations,

Se félicitant du communiqué en date du 1er août 2024 par lequel le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a adopté et lui a transmis pour examen le concept général d’opérations pour la Mission d’appui et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), opération de soutien à la paix dirigée par l’Union africaine destinée à remplacer l’ATMIS,

Prenant acte du rapport que lui a présenté le 26 novembre 2024 le Secrétaire général en application de la résolution 2748 (2024), rapport qui a été établi conjointement avec le Président de la Commission de l’Union africaine et en consultation avec la Somalie et les parties prenantes internationales (ci-après le « rapport conjoint »), qui expose la conception générale de l’AUSSOM et présente trois formules de financement et une recommandation aux fins de la mise en œuvre hybride de la résolution 2719 (2023), les tâches étant réparties rationnellement entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies (ci-après la « mise en œuvre hybride »),

Se félicitant des progrès accomplis à ce jour par le Groupe de travail conjoint ONU-Union africaine pour la mise en œuvre de la résolution 2719 (2023), y compris en ce qui concerne les quatre axes de travail définis dans la Feuille de route conjointe ONU-Union africaine, constatant que la Feuille de route conjointe ONU-Union Africaine aux fins de la mise en œuvre de la résolution 2719 (2023) a été approuvée lors de la huitième Conférence annuelle ONU-Union africaine tenue le 21 octobre 2024 et qu’y figurent des échéances pour chaque activité, et soulignant qu’il importe d’arrêter rapidement les dispositions régissant la mise en œuvre des modalités énoncées dans la résolution 2719 (2023), notamment en ce qui concerne l’appui aux missions, le financement et la budgétisation, étant entendu qu’il revient aux organes compétents de l’Organisation des Nations Unies d’en débattre et de donner leur approbation, conformément à leurs mandats et à la Charte des Nations Unies,

Soulignant qu’il importe que l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies resserrent leur collaboration sur les plans de l’appui opérationnel, de la planification, du contrôle, de l’application du principe de responsabilité, de la conformité et de la prise de décisions afin que l’Union africaine puisse gérer en toute autonomie ses opérations de soutien à la paix grâce à une plus grande autosuffisance et à une meilleure résilience des opérations qu’elle sera amenée à conduire à l’avenir;

Se déclarant profondément préoccupé de ce que les tentatives des Chabab visant à compromettre la paix, la sécurité et la stabilité en Somalie et dans la région, notamment par des actes de terrorisme, continuent de menacer la paix et la sécurité internationales,

S’inquiétant vivement de la présence persistante en Somalie d’éléments affiliés à Daech,

Condamnant dans les termes les plus énergiques les attaques terroristes en Somalie et dans les États voisins, se déclarant profondément préoccupé par les pertes en vies humaines parmi les civils que provoquent ces attaques et le risque qu’elles posent pour les forces internationales, réaffirmant qu’il est déterminé à appuyer l’action globale visant à dissiper la menace posée par les Chabab, et exhortant les autorités somaliennes, notamment le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération, à lutter ensemble contre le terrorisme,

Insistant sur l’importance d’une démarche globale associant l’ensemble des pouvoirs publics et mobilisant toute la société, y compris de la pleine participation des femmes à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent conduisant au terrorisme, menée dans le respect du droit international applicable, ainsi que sur des mesures tenant compte des aspects du problème liés à la gouvernance, à la sécurité, aux droits humains et au développement ou ayant trait aux dimensions humanitaires et socioéconomiques, comme le chômage des jeunes et la pauvreté, et soulignant l’importance de la coopération régionale et internationale pour combattre le terrorisme, désorganiser le financement du terrorisme et les flux financiers illicites et mettre un terme au trafic d’armes,

Déclarant que le renforcement des capacités et la réforme du secteur de la sécurité sont essentiels si l’on veut donner aux forces et aux institutions de sécurité somaliennes intégrées les moyens de faire face efficacement aux menaces contre la sécurité, et soulignant qu’il importe que le Gouvernement fédéral somalien, l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et les partenaires internationaux de la Somalie agissent en coordination de manière que le renforcement des capacités et la réforme du secteur de la sécurité se fassent de façon conjointe et permettent à la Somalie d’assumer l’entière responsabilité de sa sécurité,

Notant le potentiel qu’offrent la coopération et le soutien internationaux pour la consolidation de la paix, la prévention des conflits et la reconstruction et le développement après le conflit en Somalie, s’ils se font selon les priorités définies par les autorités somaliennes, et prenant note à cet égard de la politique de l’Union africaine en matière de reconstruction et de développement post-conflit et du Centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement post-conflit sis au Caire,

Soulignant qu’il est essentiel que le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération concluent des accords politiques inclusifs, les exhortant à collaborer au sujet de la sécurité et d’autres priorités nationales, notant qu’il incombe à toutes les parties d’améliorer la coopération et de participer aux pourparlers pour le bien de tous les Somaliens et soulignant qu’une pleine coopération de toutes les parties permettrait d’avancer dans la réalisation des priorités nationales, à savoir:

a)    mettre en œuvre le Plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie,

b)    assurer le bon fonctionnement du système fédéral,

c)    achever la révision de la Constitution, qui constitue le fondement juridique et politique du Gouvernement et des institutions somaliens,

Se félicitant du soutien apporté par la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) à cet égard, se réjouissant de la poursuite de l’appui fourni par les Nations Unies par l’intermédiaire de la Mission d’assistance transitoire des Nations Unies en Somalie (MATNUSOM), et notant que la MATNUSOM et l’AUSSOM ont des mandats complémentaires qui se renforcent mutuellement pour soutenir la paix et la réconciliation en Somalie,

Rappelant sa résolution 1325 (2000) et ses résolutions ultérieures, conscient du rôle important des femmes dans la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix, et soulignant qu’il importe qu’elles participent et soient associées pleinement et véritablement, sur un pied d’égalité et en toute sécurité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité, à tous les niveaux, et qu’il convient de les faire participer davantage aux décisions prises en vue de la prévention et du règlement des conflits et de leur donner un plus grand rôle de direction à cet égard, comme le prévoit la Charte des femmes somaliennes,

Condamnant les violations des droits humains et atteintes à ces droits et les violations du droit international humanitaire commises en Somalie, et demandant à toutes les parties d’agir dans le strict respect des obligations que leur imposent le droit international humanitaire et, s’il y a lieu, le droit international des droits humains,

Se déclarant vivement préoccupé par la situation humanitaire en Somalie, demandant à toutes les parties au conflit d’autoriser et de faciliter, conformément aux dispositions pertinentes du droit international, notamment du droit international humanitaire applicable, et dans le respect des principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence (résolution 46/182 de l’Assemblée générale), dont l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, la fourniture d’une aide humanitaire à toutes les personnes qui en ont besoin, soulignant qu’il importe de protéger le personnel humanitaire et le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, comme prescrit dans les résolutions sur la question, notamment les résolutions 78/118 et 79/138 de l’Assemblée générale et les résolutions 2175 (2014) et 2730 (2024), et rappelant les résolutions 2664 (2022) et 2761 (2024),

Félicitant tous les intervenants humanitaires qui participent aux activités de secours en Somalie, félicitant également la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie de l’action qu’elle mène pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire aux personnes qui en ont besoin, et demandant à la communauté internationale de continuer d’appuyer le Plan de réponse aux besoins humanitaires en Somalie,

Soulignant qu’il importe que le Gouvernement fédéral somalien et l’Organisation des Nations Unies mettent en place des stratégies appropriées en matière d’évaluation et de gestion des risques liés aux changements climatiques, à d’autres changements écologiques, aux catastrophes naturelles et à d’autres facteurs ayant une influence sur la stabilité de la Somalie,

Considérant que la situation en Somalie continue de menacer la paix et la sécurité régionales et internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Somalie

1.    Note que la révision des quatre premiers chapitres de la Constitution fédérale provisoire de la Somalie est achevé, réaffirme son soutien à l’engagement pris de longue date par la Somalie d’organiser des élections suivant le principe « une personne, une voix », encourage la Somalie à prendre des mesures progressives pour mettre en œuvre des systèmes électoraux bénéficiant d’un large soutien politique par des processus inclusifs et transparents aux niveaux national et local, dans des délais réalisables, et demande au Gouvernement fédéral somalien et aux États membres de la fédération de veiller à ce que tout différend soit réglé de façon pacifique afin que les opérations électorales puissent se dérouler sans nouvelle interruption et qu’adviennent des élections libres et régulières;

2.    Souligne qu’il importe de progresser dans la réalisation des priorités nationales que sont notamment la mise en place du Plan de développement du secteur de la sécurité, du dispositif national de sécurité, du Plan national de développement et du Plan de stabilisation, et de parvenir à un accord sur une police et une justice fédérales, le fédéralisme budgétaire, le partage du pouvoir et des ressources, la révision constitutionnelle et la réconciliation aux niveaux local et national;

3.    Engage la Somalie à ne pas fléchir dans sa lutte contre les Chabab et l’invite vivement à tirer parti des possibilités offertes par l’appui continu de la communauté internationale pour, en priorité, mettre en œuvre le Plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie et le dispositif national de sécurité et constituer et intégrer, à un coût abordable, des forces de sécurité qui soient compétentes, comptables de leurs actes, autonomes et capables d’opérer durant les phases dites de libération de zone, d’occupation du terrain et de renforcement, l’objectif étant que l’AUSSOM puisse procéder au transfert ordonné des tâches de sécurité à la Somalie et que cette dernière puisse entièrement prendre en charge sa sécurité, dans le plein respect du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, notamment en faisant en sorte que les responsables de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits, ainsi que de violations du droit international humanitaire, aient à en répondre, et demande instamment au Gouvernement fédéral somalien et aux États membres de la fédération de collaborer davantage aux fins de la constitution des forces et de l’intégration des forces régionales, en coordination avec l’AUSSOM et les partenaires internationaux s’il y a lieu;

4.    Souligne qu’il incombe au premier chef au Gouvernement fédéral somalien d’assurer la protection des civils et réaffirme qu’il a l’obligation de protéger les civils conformément aux dispositions pertinentes du droit international des droits humains et du droit international humanitaire;

5.    Exhorte le Gouvernement fédéral somalien à accorder la priorité au relèvement rapide, à la stabilisation et à la réconciliation dans les zones libérées des Chabab, y compris par la mise en œuvre du Plan de stabilisation aux échelons local et national, et l’encourage à planifier ces activités en vue de la poursuite de ses opérations offensives contre les Chabab, voire de les mener en parallèle;

6.    Encourage le Gouvernement fédéral somalien à communiquer des informations sur les opérations de sécurité à l’AUSSOM et au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) en vue d’une planification rapide et efficace de l’appui requis conformément à leur mandat respectif, aux autorisations et à la politique de diligence voulue en matière de droits humains, et lui demande en outre de faire figurer des informations à ce sujet dans les rapports qui lui seront présentés périodiquement comme prévu au paragraphe 46 de la présente résolution;

7.    Réaffirme qu’il importe que les femmes participent pleinement et véritablement, sur un pied d’égalité et en toute sécurité à la prévention et au règlement des conflits, aux processus de réconciliation, aux activités de protection, à la consolidation de la paix et à l’édification de l’État, que tous les Somaliens, y compris les jeunes, les personnes handicapées, les personnes déplacées et les réfugiés, soient associés à ces activités et que tous les électeurs somaliens puissent voter aux élections, sait la contribution que la société civile peut apporter à cet égard et demande à la Somalie d’instaurer des conditions sûres pour que les organisations de la société civile puissent travailler en toute liberté et de protéger celles-ci contre toutes menaces et représailles;

8.    Demande à toutes les parties de permettre et de faciliter, conformément au droit international humanitaire applicable, le passage rapide, en toute sécurité et sans entrave de la totalité de l’aide humanitaire à toutes les personnes qui en ont besoin sur tout le territoire somalien, conformément aux principes humanitaires, et condamne fermement tout détournement de l’aide humanitaire et toute entrave à cette aide;

9.    Exprime sa vive inquiétude au sujet du nombre élevé de cas confirmés ayant trait aux six violations graves commises contre des enfants, recensés dans le rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés (S/2024/384), y compris le nombre élevé de cas relevant des six violations graves qui sont attribués aux Chabab, et exhorte les autorités gouvernementales somaliennes à redoubler d’efforts pour faire cesser et prévenir les violations et les atteintes dont sont victimes les enfants, notamment en continuant de collaborer avec l’équipe de pays des Nations Unies afin d’honorer les engagements qu’elles ont pris en vue de faire cesser et de prévenir les six violations graves commises contre les enfants;

10.   Condamne toutes les formes de violences sexuelles et fondées sur le genre commises par les parties au conflit armé en Somalie et demande au Gouvernement fédéral somalien de continuer de collaborer avec l’Organisation des Nations Unies pour donner effet le plus rapidement possible au Communiqué conjoint et d’adopter et d’appliquer le Plan d’action national visant à mettre fin aux violences sexuelles commises en période de conflit;

Corne de l’Afrique

11.   Souligne que la coopération et la collaboration régionales, notamment avec l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), renforceront l’efficacité des interventions face aux menaces transnationales, notamment les conflits armés, le terrorisme et l’extrémisme violent conduisant au terrorisme, ainsi que la menace particulière posée par les Chabab;

12.   Exhorte le Gouvernement fédéral somalien à garantir la coordination des opérations de sécurité régionales et bilatérales et celles de l’AUSSOM en Somalie, afin d’en maximiser la cohérence et l’efficacité, et encourage ses partenaires à coordonner leur soutien;

13.   Condamne avec la plus grande fermeté les attaques dirigées par les Chabab contre les forces de sécurité et le personnel de l’ATMIS en Somalie et dans la région et les attaques terroristes qu’ils commettent contre les représentants du Gouvernement, les civils, y compris le personnel humanitaire et médical, et les infrastructures civiles, ainsi que les prises d’otages et les enlèvements de civils, le recrutement, l’entraînement et l’utilisation de combattants terroristes étrangers qui sont de leur fait, et note avec préoccupation que ces tentatives de compromettre la paix, la sécurité et la stabilité en Somalie et dans la région menacent l’intégration régionale, le développement régional et la paix et la sécurité internationales et exacerbent la crise humanitaire;

14.   Prie le Gouvernement fédéral somalien de continuer à renforcer la coopération et la coordination avec d’autres États Membres, en particulier ceux de la région, pour prévenir et combattre le financement du terrorisme, en application des résolutions 1373 (2001), 2178 (2014) et 2462 (2019), et demande instamment à la Somalie, agissant avec l’appui de l’Union africaine, à l’Organisation des Nations Unies et à d’autres États Membres de collaborer plus étroitement pour intensifier l’appui non militaire visant à affaiblir les Chabab et Daech, de les empêcher de mener des activités qui compromettent la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Somalie, de contrer leurs activités de terrorisme, de financement illicite et de criminalité organisée, leur accès aux armes et munitions, y compris les armes légères et de petit calibre et les drones aériens, le trafic de ces armes et leurs activités de fabrication d’engins explosifs improvisés, et de travailler avec la communauté internationale pour appliquer les mesures énoncées dans la résolution 2713 (2023), y compris celles imposées contre les individus et groupes qui ont été désignés par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite à la résolution 2713 (2023) concernant les Chabab;

AUSSOM

15.   Se félicite des progrès accomplis à ce jour par la Somalie pour prendre en charge progressivement une part plus grande de sa sécurité nationale, les forces de sécurité somaliennes assurant notamment désormais les tâches des 7 000 membres de l’ATMIS qui se sont retirés depuis 2022 et la gestion de plus de 24 bases opérationnelles avancées anciennement gérées par l’ATMIS;

16.   Approuve la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de remplacer l’ATMIS par la Mission d’appui et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), et autorise, en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, pour une période initiale de 12 mois à compter du 1er janvier 2025, les États membres de l’Union africaine à prendre toutes les mesures nécessaires, dans le plein respect des obligations qu’impose aux États participants le droit international, dont le droit international humanitaire et le droit international des droits humains, ainsi que de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et de l’unité de la Somalie, afin de:

a)    soutenir le Gouvernement fédéral somalien dans son action visant à affaiblir les Chabab et les éléments affiliés à l’EIIL/Daech, à donner la priorité à la protection des civils en Somalie et à assurer la protection du personnel, des installations et du matériel de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies;

b)    continuer d’appuyer la stabilisation en Somalie et de permettre la réalisation des priorités en matière d’édification de l’État, notamment par le renforcement des capacités des forces de sécurité et de police somaliennes et le transfert ordonné des tâches de sécurité à la Somalie;

c)    contribuer, en étroite coordination avec les intervenants humanitaires, à créer des conditions de sécurité propices à l’acheminement de l’aide humanitaire;

17.   Autorise les composantes militaire, policière et civile de l’AUSSOM à exécuter les tâches décrites aux paragraphes 16 à 18 du rapport conjoint et rappelle que, dans le rapport conjoint, il est prévu que celles-ci s’acquittent des tâches suivantes:

a)    aider les forces de sécurité somaliennes à affaiblir les Chabab en faisant obstacle à leurs déplacements et en les empêchant d’avoir accès à des financements illicites;

b)    soutenir les forces de sécurité somaliennes en coordonnant et en apportant un appui tactique aux capacités de combat;

c)    aider les forces de sécurité somaliennes à assurer la sécurité des processus politiques à tous les niveaux, conformément au Plan de stabilisation;

d)    aider les forces de sécurité somaliennes à mieux se préparer à prendre entièrement en charge la sécurité de la Somalie et leur prêter appui à cette fin, conformément au Plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie;

e)    aider les forces de sécurité somaliennes à assurer la sécurité des grandes agglomérations choisies, dont la capitale fédérale et les capitales des États membres de la fédération, ainsi que la sécurité des grandes installations et des infrastructures essentielles comme les aéroports et les ports maritimes;

f)    protéger le personnel, les installations et les biens de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies;

g)    donner priorité à la protection des civils;

h)    aider les forces de sécurité somaliennes à maintenir l’ordre public, à protéger les populations et à assurer la sécurité intérieure;

i)    prêter appui aux forces de police somaliennes en les conseillant sur l’élaboration des politiques et en les aidant à concevoir des programmes de formation et à dispenser des formations spécialisées, notamment sur les questions de direction et d’encadrement, comme convenu avec elles;

j)    apporter un appui technique aux forces de police somaliennes en matière de constitution de forces;

k)    élaborer des stratégies propres aux missions, notamment en matière de protection des civils et de protection des enfants, ainsi que des plans de formation consacrés au cadre de conformité et de responsabilisation de l’Union africaine et destinés au personnel des missions;

l)    veiller à ce que les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police s’acquittent de leurs mandats dans le plein respect des normes de déontologie et de discipline et des obligations qu’impose aux États participants le droit international, notamment le droit international humanitaire et les dispositions applicables du droit international des droits humains, et conformément au cadre de conformité et de responsabilisation de l’Union africaine, et qu’ils coopèrent avec la MINUSTAH et les autres entités des Nations Unies présentes en Somalie aux fins de la mise en œuvre de la politique de diligence voulue en matière de droits humains;

m)    contribuer à faciliter l’accès humanitaire et l’acheminement de l’aide humanitaire, conformément aux principes humanitaires, en coordination notamment avec les intervenants humanitaires et le Gouvernement fédéral somalien;

n)    observer l’application des normes de déontologie et de discipline et la suite donnée aux allégations de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits et de violations du droit humanitaire international et prendre les mesures appropriées, y compris des mesures d’atténuation, d’enquête et de réparation, afin qu’il soit répondu de toute infraction;

o)    aider le Gouvernement fédéral somalien à mettre en œuvre le Plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie;

18.   Déclare que, dans la résolution 2713 (2023), « ATMIS » doit s’entendre comme désignant l’AUSSOM;

19.   Note que, dans le concept général d’opérations, la mission est dotée d’un effectif total de 11 911 personnes au maximum, dont 11 826 agents en tenue et 85 civils, et qu’elle s’articule en quatre phases, la phase 1 (du 1er janvier 2025 au 1er juillet 2025) prévoyant le redéploiement des troupes et la remise des sites aux forces de sécurité somaliennes, le but étant d’assurer un transfert sans heurt des tâches de l’ATMIS sous l’égide de l’AUSSOM;

20.   Autorise les États membres de l’Union africaine à continuer de déployer auprès de l’AUSSOM 12 626 agents en tenue au maximum, dont 1 040 policiers, jusqu’au 30 juin 2025, date de fin de la phase 1 de la mission, et d’achever au plus tard à cette date le redéploiement de toutes les troupes de l’Union africaine de l’ATMIS à l’AUSSOM, y compris s’il y a lieu le retrait des 800 agents en tenue surnuméraires par rapport à l’effectif total fixé dans le concept général d’opérations;

21.   Note que, dans le concept général d’opérations, il est prévu que, durant la phase 2 (du 1er juillet 2025 au 31 décembre 2027), la mission assure la sécurisation de ses sites (phase 2a) et apporte un appui aux opérations offensives (phase 2b) et un appui au soutien logistique autonome (phase 2c), et autorise les États membres de l’Union africaine à déployer auprès de l’AUSSOM 11 826 agents en tenue au maximum, dont 680 policiers, du 1er juillet au 31 décembre 2025, pendant les six premiers mois de cette phase;

22.   Note également que, dans le concept général d’opérations, il est prévu que la mission entame sa transition et réduise ses effectifs durant la phase 3 (du 1er janvier 2028 au 31 décembre 2028) et qu’elle se retire durant la phase 4 (du 1er janvier 2029 au 31 décembre 2029), souligne qu’il appartient à la Somalie et à ses partenaires internationaux d’examiner et d’atténuer les risques pesant sur la sécurité de chaque site, y compris les conséquences qui en résultent pour la protection des civils, la situation humanitaire et la fourniture de l’aide humanitaire, lors du transfert ordonné des tâches de sécurité à la Somalie, note que la stratégie de retrait de la mission dépendra de l’amélioration progressive de la capacité des forces de sécurité somaliennes à prendre entièrement à leur charge la sécurité du pays, y compris aux fins de l’extension de l’autorité de l’État et des fonctions gouvernementales, et exprime son intention d’autoriser les États membres de l’Union africaine à poursuivre leur déploiement au cours de ces futures phases, y compris à procéder s’il y a lieu à des réductions d’effectifs dans leurs forces, compte tenu de la situation en Somalie et à la lumière des évaluations techniques conjointes périodiques et de la stratégie de retrait actualisée demandées au paragraphe 45 de la présente résolution;

23.   Prie l’Union africaine et l’ONU, le cas échéant, de veiller à ce que des structures soient en place pour:

a)    assurer une supervision rigoureuse de l’AUSSOM et le fonctionnement de mécanismes de responsabilité pour la mission et ses contingents;

b)    assurer un commandement et un contrôle rigoureux de la mission et la coordination opérationnelle entre ses contingents;

c)    garantir une prise de décisions opérationnelles coordonnée entre le commandant de la force et les commandants de secteur;

d)    assurer le commandement et le contrôle des unités de soutien de la mission, y compris des moyens aériens, et en rendre compte;

e)    assurer la création et le déploiement de forces mobiles dans les secteurs de l’AUSSOM;

f)    donner la priorité à la protection des civils, notamment dans le cadre des règles d’engagement de l’AUSSOM, des politiques et documents d’orientation applicables en l’espèce et de l’appui apporté au renforcement des capacités des forces de sécurité somaliennes, et garantir la neutralité politique des instructions, le cas échéant;

24.   Souligne qu’il importe que les forces de l’AUSSOM continuent de coopérer avec l’ONU aux fins de l’application de la politique de diligence voulue en matière de droits humains pendant les quatre phases d’opérations, notamment dans le cadre des opérations menées conjointement ou en coordination avec l’Armée nationale somalienne et les forces de police somaliennes, et souligne le rôle que le cadre de conformité et de responsabilisation de l’Union africaine et sa mise en œuvre future à l’AUSSOM jouent dans le renforcement du respect du droit international des droits humains et du droit international humanitaire au moyen d’outils et de mécanismes globaux de prévention, de répression et de réparation;

25.   Note que, dans le concept général d’opérations, il est prévu de créer un mécanisme qui, dans les cas où des membres de l’AUSSOM seraient accusés de violations de droits humains ou d’atteintes à ces droits, de violations du droit international humanitaire ou de manquements aux normes de déontologie et de discipline, permettrait d’amener les auteurs de tels actes à en répondre, y compris par des mesures de répression et de réparation, demande à l’AUSSOM d’ouvrir promptement des enquêtes minutieuses en cas d’allégations et, le cas échéant à l’Union africaine et à l’ONU, d’en assurer un suivi régulier, leur demande également de veiller à ce que les normes les plus strictes de transparence, de déontologie et de discipline soient appliquées et à ce que, s’il y a lieu, les procédures soient harmonisées avec celles de l’ONU, et exhorte les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à resserrer leur coopération avec l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies afin de renforcer l’efficacité des mesures de responsabilité applicables et leur bonne application;

26.   Prend acte de l’appel lancé dans le rapport conjoint en faveur du renforcement des mécanismes d’atténuation définis dans le contexte de la politique de diligence voulue en matière de droits humains et du cadre de conformité et de responsabilisation de l’Union africaine, y compris la cellule de suivi, d’analyse et d’intervention concernant les victimes civiles, outil essentiel à disposition de l’AUSSOM pour s’acquitter des tâches de protection des civils qui lui ont été confiées, demande instamment à l’AUSSOM de rendre opérationnelle la cellule dans tous les secteurs, souligne qu’il importe de veiller à ce que l’information soit communiquée aux acteurs compétents, dont l’ONU, à ce qu’elle soit intégrée dans les rapports de l’AUSSOM et à ce qu’il en soit tenu compte dans les directives et plans opérationnels, et demande aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police d’apporter leur plein appui à ladite cellule, en collaboration avec les intervenants humanitaires, les défenseurs des droits humains et les acteurs de la protection;

27.   Demande à l’AUSSOM d’appuyer la mise en œuvre du Communiqué conjoint et du Plan d’action national de lutte contre les violences sexuelles en temps de conflit, de tenir compte de ces préoccupations spécifiques dans toutes les activités des composantes de l’AUSSOM et de veiller à ce que les risques de violence sexuelle en période de conflit soient pris en compte dans la collecte des données, l’analyse des menaces et les systèmes d’alerte rapide, réaffirme qu’il importe d’assurer la mise en œuvre et le respect de la Politique de l’Union africaine sur la prévention et la réponse à l’exploitation et aux abus sexuels dans les opérations de soutien à la paix, souligne qu’il faut prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles, prie l’Union africaine et les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police de vérifier les antécédents du personnel, et l’ONU le cas échéant, de procéder à des évaluations des risques, de dispenser toute formation pertinente au personnel, de protéger les personnes rescapées qui dénoncent des atteintes, d’appuyer leur rétablissement, de diligenter promptement des enquêtes en cas d’allégations afin d’amener les auteurs à répondre de leurs actes et de rapatrier les unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation ou d’atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique, et engage l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies à coopérer étroitement dans ce domaine;

28.   Encourage les mesures visant à garantir le déploiement, par les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police, de personnel féminin en tenue à l’AUSSOM, et exhorte l’AUSSOM à veiller à ce que les femmes participent pleinement, effectivement et véritablement à toutes ses opérations et à tenir systématiquement compte des questions de genre dans l’exécution de son mandat;

Appui logistique assuré par l’Organisation des Nations Unies

29.   Prie le Secrétaire général de continuer d’assurer, au moyen des ressources financières provenant des contributions statutaires et dans le cadre des modalités administratives existantes, un dispositif d’appui logistique et, en concertation avec l’Union africaine et le Gouvernement fédéral somalien, d’actualiser le plan de soutien logistique en tant que de besoin, par l’intermédiaire du BANUS, dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains, pour:

a)    la Mission d’assistance transitoire des Nations Unies en Somalie, selon le principe du recouvrement des coûts;

b)    le personnel en tenue de l’AUSSOM, compte tenu des paragraphes 20 et 21 de la présente résolution et selon les modalités énoncées au paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015);

c)    le personnel civil de l’AUSSOM, dont le nombre pourra être porté à 85 membres, afin d’appuyer les opérations militaires et les opérations de police de ladite mission et d’améliorer la coordination entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Somalie;

30.   Rappelle le paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015), décide de reconduire jusqu’au 31 décembre 2025 les dispositions prévues à ses alinéas f) et g) concernant 20 900 membres de l’Armée nationale somalienne ou de la Police somalienne susceptibles de participer aux opérations menées ou coordonnées conjointement avec l’AUSSOM dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains, et encourage les donateurs traditionnels et tous nouveaux donateurs à soutenir le fonds d’affectation spéciale administré par le BANUS à l’appui des forces de sécurité somaliennes;

31.   Rappelle également le paragraphe 29 de la résolution 2687 (2023) et demande au BANUS et à la MATNUSOM, de concert avec le Gouvernement fédéral somalien, d’aider la Somalie à planifier et à développer ses capacités souveraines en matière de soutien logistique;

32.   Souligne qu’il importe que l’AUSSOM et le Gouvernement fédéral somalien continuent de travailler conjointement avec le BANUS pour apporter un soutien logistique, notamment pour le prépositionnement des ressources nécessaires dans les plateformes logistiques sectorielles afin de permettre la conduite efficace et le maintien des opérations, le soutien aux activités de relèvement rapide et de stabilisation et, entre autres, qu’ils associent le BANUS à la planification des opérations suivantes:

a)    opérations militaires;

b)    sécurité des convois et des aérodromes;

c)    protection des civils;

d)    protection des principales voies de ravitaillement;

33.   Note que le rapport conjoint prévoit qu’il faut reconfigurer les opérations du BANUS compte tenu de la présence réduite de l’AUSSOM et de la modification de ses modalités opérationnelles, et:

a)    souligne qu’il importe que le BANUS, l’AUSSOM, le Gouvernement fédéral somalien et les partenaires bilatéraux se coordonnent étroitement aux fins du bon fonctionnement du dispositif d’appui logistique pendant la réorganisation de l’AUSSOM au cours de la phase 1;

b)    prie le Secrétaire général de collaborer étroitement avec l’Union africaine pour appuyer l’application de la présente résolution, notamment de continuer de lui fournir des conseils techniques et spécialisés relatifs à la planification, au déploiement et à la gestion stratégique de l’AUSSOM;

c)    note que, à titre exceptionnel, des ressources supplémentaires seront peut-être nécessaires pour permettre la reconfiguration des opérations du BANUS et la réorganisation de l’AUSSOM au cours de la phase 1 de son mandat, ce qui nécessitera que les organes compétents de l’Organisation des Nations Unies débattent de la question et donnent leur approbation conformément à leurs mandats et à la Charte des Nations Unies;

34.   Prie le Secrétaire général de continuer d’apporter un appui à la Somalie au moyen d’activités de formation et de mentorat et de matériel, afin de contrer la menace que représentent les engins explosifs improvisés et encourage les entités des Nations Unies à se concerter avec l’autorité somalienne de gestion des explosifs et d’autres organismes nationaux compétents ainsi qu’avec les partenaires bilatéraux de la Somalie en matière de formation à des fins de coordination et d’harmonisation;

Financement de l’AUSSOM

35.   Prend note du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 22 octobre, dans lequel ce dernier recommande d’utiliser une partie des intérêts produits par les investissements du Fonds pour la paix de l’Union africaine, y compris la Facilité de réserve de crise, pour contribuer de manière substantielle au financement de l’AUSSOM, et note en outre que, dans le cadre de la « mise en œuvre hybride » recommandée dans le rapport conjoint, l’Union africaine financerait le coût du personnel civil de la Mission;

36.   Accueille avec satisfaction l’aide financière, les contributions en nature et l’appui logistique fournis par l’Union européenne et ses États membres depuis le début des opérations en Somalie en 2007, ainsi que l’appui financier et les autres formes d’aide fournis par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, la République de Corée, la République de l’Inde, la République populaire de Chine et le Japon, et les contributions en nature et l’appui technique et logistique fournis par les États-Unis d’Amérique à l’ATMIS, et les contributions de tous les États Membres à la paix et à la stabilité en Somalie;

37.   Prend note des formules de financement de l’AUSSOM présentées dans le rapport conjoint, ainsi que du nouveau taux de remboursement proposé pour les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à la Mission et de l’engagement pris par l’ONU et l’Union africaine de dégager des gains d’efficacité dans le cadre de la « mise en œuvre hybride », prie le Secrétaire général d’accélérer les préparatifs en vue de la mise en application à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) et notamment de mobiliser les ressources extrabudgétaires nécessaires auprès de la communauté internationale, conjointement avec le Président de la Commission de l’Union africaine, dans le respect des principes de prévisibilité, de souplesse et de pérennité; 

38.   Rappelle le paragraphe 4 de la résolution 2719 (2023), redit que les opérations de soutien à la paix menées par l’Union africaine qu’il autorise et qui utilisent des contributions des États Membres se conformeront au Règlement financier et aux règles de gestion financière de l’Organisation des Nations Unies, aux normes de contrôle financier et aux mécanismes d’application du principe de responsabilité, et réaffirme la procédure établie aux fins de l’élaboration et de la présentation des rapports du Secrétaire général comportant des propositions d’ouverture de crédits et des rapports ultérieurs sur l’exécution du budget, rapports qui sont examinés et approuvés par l’Assemblée générale par l’intermédiaire du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires et de la Cinquième Commission conformément à la procédure budgétaire établie concernant les contributions statutaires au maintien de la paix et qui intègrent, selon qu’il convient, des informations relatives au budget des opérations de soutien à la paix;

39.   Prie le Secrétaire général de procéder, une fois achevé l’examen stratégique demandé au paragraphe 44 de la présente résolution et dans les limites des ressources rendues disponibles par le recalibrage de l’effectif du BANUS, à la « mise en œuvre hybride » à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) à compter du 1er juillet 2025, y compris en autorisant l’accès aux contributions mises en recouvrement par l’ONU, qui ne doivent pas dépasser 75 pour cent du budget total annuel de l’AUSSOM, dès lors que lui, le Conseil, aura confirmé la demande faite au Secrétaire général au présent paragraphe et pris une décision à cette fin, à la lumière du rapport demandé au paragraphe 43 de la présente résolution, le 15 mai 2025 au plus tard, affirme en outre que, dans le cadre de cette « mise en œuvre hybride », le montant restant du budget total annuel de l’AUSSOM doit être mobilisé conjointement par l’Union africaine et l’ONU auprès de la communauté internationale sous la forme de ressources extrabudgétaires, et se déclare résolu à envisager toutes les options viables au cas où les fonds levés seraient insuffisants;

40.   Souligne le caractère exceptionnel de la présence de l’ONU et de l’Union africaine en Somalie, y compris la présence d’un Bureau d’appui des Nations Unies préexistant fournissant un soutien logistique à une opération préexistante de soutien à la paix dirigée par l’Union africaine, rappelle que les éventuelles opérations de soutien à la paix menées par l’Union africaine exigeant un appui logistique, financier et autre au moyen des contributions des États Membres doivent être autorisées au cas par cas, et souligne que la « mise en œuvre hybride » à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023), recommandée dans le rapport conjoint, ne saurait constituer un précédent pour l’avenir;

41.   Encourage les donateurs traditionnels et tous nouveaux donateurs à appuyer l’AUSSOM en fournissant les fonds pouvant lui permettre de s’acquitter pleinement de son mandat dès le début de la phase 1, y compris en versant des contributions volontaires au budget de l’AUSSOM une fois qu’y est mis en œuvre le cadre établi par la résolution 2719 (2023) conformément au paragraphe 39 de la présente résolution, et souligne que tout appui supplémentaire à l’AUSSOM et aux forces de sécurité somaliennes permettra à la Somalie d’intensifier sa lutte contre les Chabab et d’améliorer la paix et la sécurité dans le pays et dans la région;

42.   Souligne que la Somalie et ses partenaires doivent se coordonner davantage dans l’appui apporté à l’AUSSOM et aux réformes des institutions politique et du secteur de la sécurité dirigées par les Somaliens, afin d’en garantir la cohérence, d’en optimiser les effets et de permettre un transfert progressif et durable des tâches de sécurité à la Somalie et, de ce fait:

a)    engage vivement le Gouvernement fédéral somalien, l’AUSSOM, l’Organisation des Nations Unies et, s’il y a lieu, d’autres partenaires internationaux à s’entendre sur toutes les opérations conjointes ou coordonnées et à se concerter sur toutes décisions stratégiques et opérationnelles;

b)    demande à l’Organisation des Nations Unies et à l’Union africaine de continuer de soutenir les réunions d’échange d’informations, de coordination technique et de collaboration consacrées à la mise en œuvre du mandat de l’AUSSOM et au versement des contributions volontaires des donateurs qui sont organisées régulièrement par le Gouvernement fédéral somalien et auxquelles participent l’AUSSOM, le BANUS, la MATNUSOM, les donateurs de l’AUSSOM, les partenaires de la Somalie en matière de sécurité et, s’il y a lieu, l’équipe de pays des Nations Unies et d’autres partenaires multilatéraux, régionaux et bilatéraux de la Somalie;

Évaluation et communication de l’information

43.   Prie le Secrétaire général de lui présenter, d’ici au 1er mai 2025, un rapport détaillant l’état d’avancement des préparatifs de la mise en application à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) au titre de la « mise en œuvre hybride » visée dans le rapport conjoint, en tenant compte de l’examen stratégique demandé au paragraphe 44 de la présente résolution en vue de permettre l’application du cadre au moyen des ressources rendues disponibles par le recalibrage de l’effectif du BANUS, y compris:

a)    le calendrier des débats devant avoir lieu au sein des organes de l’Organisation des Nations Unies dont l’approbation est nécessaire, conformément à leurs mandats et à la Charte des Nations Unies, et les mesures prises à cette fin;

b)    un état des ressources extrabudgétaires levées conjointement auprès de la communauté internationale par l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies et devant constituer 25 pour cent du budget annuel de l’AUSSOM;

c)    un point des préparatifs visant à permettre, sans heurt et de façon concrète, la « mise en œuvre hybride » à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) à compter du 1er juillet 2025;

44.   Prie le Secrétaire général, agissant en concertation avec le Président de la Commission de l’Union africaine, la Somalie et les parties prenantes internationales, de procéder à un examen stratégique indépendant du BANUS et de le lui soumettre, ainsi qu’à l’Assemblée générale, au plus tard le 1er avril 2025, afin que le cadre établi par la résolution 2719 (2023) puisse être appliqué à l’AUSSOM à compter du 1er juillet 2025, dans la limite des ressources rendues disponibles par le recalibrage de l’effectif du BANUS, et d’y formuler des recommandations détaillées aux fins de l’optimisation de l’efficacité, de la performance, de la gestion et des structures du Bureau dans le contexte de l’autorisation de l’AUSSOM, en analysant les conséquences opérationnelles pouvant en résulter pour l’appui apporté aux activités de l’AUSSOM et en proposant des mesures d’atténuation;

45.   Demande à l’Organisation des Nations Unies, agissant conjointement avec l’Union africaine et le Gouvernement fédéral somalien et en consultation avec les donateurs, d’effectuer régulièrement des évaluations techniques conjointes des progrès accomplis, notamment au regard des objectifs fixés dans le rapport conjoint, afin d’orienter la façon dont les phases ultérieures de l’AUSSOM seront autorisées, et de lui faire rapport d’ici au 30 septembre 2025, en y faisant figurer une stratégie de retrait de l’AUSSOM actualisée, assortie d’un nouveau plan de réduction des effectifs de la force déployée, compte tenu des progrès accomplis au regard des objectifs durant les phases 2, 3 et 4 de la mission;

46.   Prie également l’Union africaine de lui rendre compte au plus tard le 30 mars et le 30 septembre 2025, dans les rapports que le Secrétaire général a été prié d’établir périodiquement au paragraphe 9 de la résolution 2753 (2024), de l’exécution du mandat de l’AUSSOM et demande que ces rapports couvrent en particulier les points suivants:

a)    les progrès réalisés dans les opérations conjointes, y compris dans le renforcement des mécanismes de coordination établis avec le Gouvernement fédéral somalien;

b)    les progrès réalisés au regard du mandat défini au paragraphe 16 de la présente résolution;

c)    les mesures prises afin qu’il soit répondu de toute infraction, notamment pour lutter contre les violations des droits humains et atteintes à ces droits, les violations du droit international humanitaire et les manquements aux normes de déontologie et de discipline;

d)    les mesures prises pour protéger les civils;

et exprime son intention d’inviter l’Union africaine, le Secrétariat et les parties prenantes internationales, selon qu’il convient, à participer aux réunions conjointes de l’AUSSOM et de la MATNUSOM consacrées à la réception et à l’examen de chaque rapport, et demande en outre à la Somalie de le tenir informé à cet égard des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan de développement du secteur de la sécurité et du dispositif national de sécurité, la constitution et l’intégration des forces et les opérations de sécurité menées avec l’AUSSOM et le BANUS;

47.   Rappelle le paragraphe 15 de la résolution 2719 (2023) et prie le Secrétaire général de veiller, lors de la mise en application à l’AUSSOM du cadre établi par la résolution 2719 (2023) conformément au paragraphe 39 de la présente résolution, à ce que le deuxième rapport prescrit au paragraphe 46 de la présente résolution soit remis conjointement par l’ONU et l’Union africaine;

48.   Prie le Secrétaire général de le tenir informé, dans les rapports que celui-ci établira périodiquement en application du paragraphe 9 de la résolution 2753 (2024), des aspects de l’application de la présente résolution dont il n’a pas demandé qu’il soit rendu compte spécifiquement;

49.   Décide de rester activement saisi de la question

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: le consensus vole en éclat mais le Secrétariat de l’ONU s’en sort avec une enveloppe de 3,7 milliards de dollars pour 2025

Soixante-dix-neuvième session
22e séance plénière (reprise) – matin
AG/AB/4487

Cinquième Commission: le consensus vole en éclat mais le Secrétariat de l’ONU s’en sort avec une enveloppe de 3,7 milliards de dollars pour 2025

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Avec ses 11 jours de retard et la multiplication des votes, la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a donné tort à sa propre Présidente qui le 7 octobre, au début des travaux, imputait son optimisme au « changement générationnel » qu’elle constatait dans la salle.  

Malgré leur jeunesse, les délégués ont négocié avec la même hargne et la même ténacité que leurs aînés les projets de résolution recommandés aujourd’hui à l’Assemblée générale, dont le moindre n’est pas celui sur un budget de 3,7 milliards de dollars pour le Secrétariat de l’ONU en 2025 (A/C.5/79/L.25).  

La Présidente de la Commission, Mme Egriselda Aracely González López, d’El Salvador, a dirigé « la session la plus ardue », selon ses propres mots.  Soulagée à la fin d’une séance mouvementée, la Présidente a salué des résultats très importants, « avant Noël ».  Nous devons être fiers de ce qui a été fait ici.  Le Groupe des 77 s’est félicité des résultats concernant le financement du système des coordonnateurs résidents et les prévisions révisées pour le Pacte pour l’avenir.  Il a aussi jugé qu’il était préférable à ce stade, de préserver les éléments essentiels de la méthodologie pour le barème des quotes-parts. 

Il s’est aussi réjoui des 50 millions de dollars versés au Fonds de consolidation de la paix ainsi que du consensus sur les prévisions révisées pour l’UNRWA.  Le Groupe des États d’Afrique a salué l’accord sur les orientations politiques pour les missions politiques spéciales, avant que l’Union européenne (UE) ne mette en lumière plusieurs tendances préoccupantes, dont la multiplication des votes et des amendements. 

Elle a réclamé une réflexion approfondie sur les méthodes de travail pour préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.  Les engagements de fin de journée, les réunions de fin de semaine et les propositions de dernière minute excluent de nombreuses délégations du processus de négociation, et nuisent considérablement à la transparence, à l’inclusivité et au multilinguisme.  

Après avoir rappelé qu’ils ont versé 13 milliards de dollars l’année dernière, soit l’équivalent des contributions des quatre autres plus grands argentiers, les États-Unis ont souligné qu’il est de l’intérêt de tous de mettre de côté les différences afin de renforcer l’ONU.  Les membres de la Cinquième Commission devraient respecter et défendre l’esprit du consensus, a acquiescé le Japon. 

Le Viet Nam s’est d’ailleurs félicité de ce que la résolution sur le Fonds de pension dont il a coordonné les négociations ait été adoptée par consensus.  La Commission, a commenté le Royaume-Uni, souffre de la politisation des questions techniques et d’un manque de volonté de négocier de bonne foi.  Après que le Botswana s’est dit heureux de la fin des travaux, l’Australie a rappelé que les budgets ne sont pas que des chiffres.  Ce qui est important, ce sont les valeurs et les principes qu’ils incarnent.  Mais un budget sans argent ne mène pas très loin, a prévenu le contrôleur de l’ONU, M. Chandramouli Ramanathan. 

Réfugiés de Palestine 

Certes, mais il prévoit tout de même un montant de 84,3 millions de dollars pour les réfugiés de Palestine, dans une résolution (A/C.5/79/L.4) qui, selon le Groupe des 77 et de la Chine, réaffirme le mandat essentiel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  

Après un vote demandé par Israël qui a qualifié le texte de précédent troublant puisqu’il introduit des éléments politiques dans une question essentiellement budgétaire, le projet a été adopté par 105 voix pour, 5 voix contre et 50 abstentions.  L’Union européenne, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et le Royaume-Uni, qui se sont abstenus, ont eux aussi rejeté la politisation des résolutions de la Cinquième Commission.  

Israël a ensuite présenté un autre projet de résolution (A/C.5/79/L.14), en insistant sur la nécessité de respecter l’Article 17 de la Charte des Nations Unies qui réaffirme que la Cinquième Commission n’a pas pour mandat de discuter des questions politiques.  Ne minons pas la neutralité et la technicité de nos travaux.  

Invoquant l’article 116 du Règlement intérieur, le Groupe des 77, appuyé par la Ligue des États arabes, a présenté une motion d’ajournement, adoptée par 94 voix pour, 17 voix contre et 45 abstentions, consistant à ce que la Commission ne se prononce pas sur le projet israélien.  Le message est clair, a commenté Israël: des États Membres peuvent être réduits au silence et le consensus n’a plus aucune valeur.    

Cela ne l’a pas empêché de présenter un autre texte sur les prévisions révisées pour l’UNRWA (A/C.5/79/L.16), afin d’insister sur la mise en œuvre des 50 recommandations du Rapport Colonna élaboré à la suite ses accusations sur l’implication des membres de l’Office dans l’attaque du 7 octobre.  En réponse, le Groupe des 77, soutenu par la Ligue des États arabes et Cuba, a invoqué une nouvelle fois l’article 116 du Règlement intérieur dans une motion, adoptée par 99 voix pour, 16 voix contre et 40 abstentions.  Il faut croire, a taclé Israël, que les conclusions de l’ONU ne comptent pas quand elles ne correspondent pas à certaines idées politiques.  L’essentiel est de couvrir la vérité.    

Questions relatives au budget-programme 

Venant à ces questions relatives au budget-programme (A/C.5/79/L.21), adopté finalement sans vote, Israël a présenté un amendement oral visant à donner « zéro dollar » à l’UNRWA car il n’est pas digne de confiance.  Bien au contraire, il incite à la violence.  Sans surprise, le Groupe des 77 a demandé un vote à l’issue duquel, l’amendement israélien a été rejeté par 149 voix contre, 6 voix pour et 4 abstentions.  L’Union européenne a regretté l’initiative d’Israël contre un Office qu’elle soutient fermement.  

À son tour, la Fédération de Russie a voulu, par son propre amendement, priver d’un financement le Mécanisme international impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.  L’Union européenne a vivement protesté et demandé un vote qui a rejeté l’amendement russe par 78 voix contre, 11 voix pour et 53 abstentions.  

Elle a ensuite présenté son propre amendement oral, en insistant sur le montant de 19,3 millions à octroyer au Mécanisme.  Après une mise aux voix demandée par la Fédération de Russie, l’amendement européen a été adopté par 76 voix pour, 11 voix contre et 52 abstentions.  Sri Lanka s’est étonnée de la prorogation des mandats sans l’assentiment des États Membres. 

Planification des programmes 

La Fédération de Russie avait déjà manifesté la même opposition à l’adoption du projet de résolution sur la planification des programmes (A/C.5/79/L.19), contrée par l’amendement oral du Qatar, soutenu par l’Union européenne.  Demandant un vote, la délégation russe, appuyée par le Groupe des Amis de la défense de la Charte des Nations Unies, a vu l’amendement être adopté par 85 voix pour, 11 voix contre, dont le Bélarus, la Fédération de Russie, le Nicaragua et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), et 47 abstentions.  

Barème des quotes-parts pour les dépenses de l’ONU 

À la surprise générale, elle a aussi demandé un vote sur le projet de texte relatif au barème des quotes-parts pour les dépenses de l’Organisation (A/C.5/79/L.5) qui a finalement été adopté par 151 voix pour, 5 voix contre et une abstention.  Avant cela, appuyée par les Comores, elle avait présenté un amendement (A/C.5/79/L.7) pour s’opposer à la discrimination sélective vis-à-vis des États Membres et au deux poids, deux mesures dans la sélection des données statistiques.  

Le Royaume-Uni, qui a reçu le soutien de l’Ukraine et de l’Union européenne, a estimé que l’amendement russe pourrait saper les processus statistiques qui existent depuis longtemps et détruire le mandat du Comité des contributions.  Il a demandé un vote qui a rejeté l’amendement par 68 voix contre, 21 voix pour et 51 abstentions.  

Questions spéciales relatives au budget-programme 

Sur ces questions (A/C.5/79/L.24), Israël a, par un amendement oral, voulu priver l’UNRWA de toute ressource, avant que le Groupe des 77 ne demande un vote à l’issue duquel l’amendement israélien a été rejeté par 151 voix contre, 6 voix pour et 4 abstentions.  L’Union européenne a regretté l’initiative israélienne dans une Commission exclusivement administrative et budgétaire et chargée de financer les mandats.  Elle n’a pas manqué de réitérer son ferme appui à l’UNRWA. 

Appuyée par le Nicaragua, le Venezuela, l’Iran et le Bélarus, Cuba s’est opposée, par un amendement oral, au financement du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour la responsabilité de protéger, un concept jamais agréé par l’Assemblée générale dont la résolution 60/1 ne mentionne ni la création d’un tel bureau ni ses prérogatives.  Il est également scandaleux que le Bureau actuel n’ait rien dit sur le génocide dont est victime le peuple palestinien, s’est emportée Cuba.  Le vote demandé par le Canada, soutenu par l’Union européenne, a donné lieu au rejet de l’amendement cubain par 75 voix contre, 17 voix pour et 54 abstentions.  

Pas en reste, Israël est venu avec son propre amendement pour priver de ressources tous les fonds prévus pour les activités humanitaires à Gaza, en Cisjordanie et dans le Golan syrien.  Un vote a été demandé par l’Arabie saoudite et l’amendement a été rejeté par 136 voix contre, 7 voix pour et 10 abstentions.  

La Pologne a insisté sur le rôle de la Commission qui est d’assurer l’exécution et le financement des mandats confiés par l’ONU.  Le rôle n’est en aucun cas de renégocier les mandats, a-t-elle martelé, avant que la Serbie, appuyée par la Fédération de Russie, le Bélarus et le Nicaragua, ne se dissocie du consensus sur l’allocation de ressources pour la Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, tirée d’une résolution politisée et préparée dans le secret.  La Géorgie a parlé des discussions de Genève, avant que la Fédération de Russie ne rejette ses propos sur le conflit.  

Autres projets de texte 

Les résolutions sur les dépenses imprévues et extraordinaires (A/C.5/79/L.8), le fonds de roulement (A/C.5/79/L.9), le Fonds de consolidation de la paix (A/C.5/79/L.15) et le barème des quotes-parts des dépenses pour les opérations de paix (A/C.5/79/L.6), le Régime des pensions de l’ONU (A/C.5/79/L.12); ou encore le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (A/C.5/79/L.13) ont été adoptées sans vote.  

Incidences budgétaires des textes du Conseil des droits de l’homme 

En revanche, les incidences budgétaires des 62 résolutions et 3 décisions du Conseil des droits de l’homme, contestées de vive voix par l’Iran, le Bélarus, le Nicaragua, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Venezuela, l’Érythrée et le Soudan, ont donné lieu à un vote.  

Présentant un projet d’amendement (A/C.5/79/L.11), la Fédération de Russie s’est opposée au financement des résolutions spécifiques à des pays car il est inacceptable que l’Occident instrumentalise ainsi les droits humains afin d’empiéter sur la souveraineté des États et promouvoir une domination idéologique, politique et économique.  À la demande de l’Union européenne, l’amendement a été mis aux voix et rejeté par 80 voix contre, 15 voix pour et 52 abstentions.  

En début de séance aujourd’hui, l’Argentine s’est d’emblée dissociée des dispositions relatives au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et au Pacte pour l’avenir, qui sont contraires à la protection de la vie, à la liberté, à la propriété privée.  Nous n’appuierons pas les programmes qui se veulent supranationaux. 

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