La Cinquième Commission reprend sa session, saisie d’une enveloppe de 5,5 milliards de dollars pour financer les opérations de paix de mi-2025 à mi-2026
La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a ouvert ce matin sa deuxième reprise de session consacrée principalement à l’examen des budgets des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, de la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie), du Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda) et du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix. Dans sa note (A/C.5/79/31) soumise à l’appréciation de la Commission, le Secrétaire général prévoit pour l’exercice allant du 1er juillet 2025 au 30 juin 2026, une enveloppe exacte de 5 498 517 000 dollars.
La délégation des États-Unis, notant une diminution de 2% par rapport au budget de l’année dernière, a observé néanmoins qu’il était prévu de budgétiser « 100 millions de dollars de plus pour les missions actives ». Elle a d’ores et déjà réclamé « l’utilisation d’une méthodologie axée sur les données pour justifier les demandes de ressources, y compris pour les opérations aériennes à risque et les opérations à coût élevé. L’Union européenne (UE), elle, s’est dite alarmée par le niveau historiquement bas du solde de trésorerie des opérations de maintien de la paix au cours de l’exercice financier précédent. Se prévalant d’être le « principal bailleur de fonds des Nations Unies », elle a avoué rester préoccupée par les retards de paiement des sommes dues aux pays fournisseurs de contingents et de forces de police, ainsi que par le maintien du gel des recrutements.
La Fédération de Russie a plaidé en faveur d’une planification budgétaire précise et d’une dotation suffisante en ressources pour les opérations de maintien de la paix, ainsi que du renforcement de la responsabilité, de l’utilisation judicieuse et rationnelle de ces ressources. La recherche de nouvelles économies doit permettre d’améliorer l’efficacité de la gestion des opérations de paix, a estimé la délégation pour qui il est essentiel d’éviter toute réduction qui pourrait compromettre la mise en œuvre des mandats confiés par le Conseil de sécurité. Il est nécessaire de tenir compte des particularités de chaque mission lors de la prise de décisions concernant son effectif et son financement, a-t-elle ajouté à la liste des précautions à prendre dans la budgétisation.
Avant tout, une budgétisation responsable
De même, la République dominicaine a demandé de veiller à une répartition équitable des ressources, à une gestion responsable et à une planification budgétaire qui tienne compte des réalités opérationnelles sur le terrain. L’Égypte, au nom du Groupe des États d’Afrique, a demandé des garanties pour le fonctionnement des missions. Le Groupe s’est dit aussi prêt à un examen budgétaire mission par mission, en prenant le temps qu’il faut. « Nous devons rester réalistes quant à leur financement », a conseillé la Chine demandant également un examen approfondi afin de pouvoir apporter les ressources nécessaires tout en encourageant la performance budgétaire.
« Nous sommes prêts au consensus budgétaire », a annoncé le Canada, au nom de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada (CANZ), parce que les missions demeurent essentielles. L’Uruguay a réclamé un financement adapté pour les missions jugeant que les diminutions des ressources ont des incidences certaines. Cette délégation a appelé à approuver des budgets qui permettent aux missions de s’acquitter de leurs mandats et à promouvoir l’efficacité et l’efficience, ce qui ne doit pas se faire au détriment de l’exécution des mandats conférés par le Conseil. Enfin, le Japon a encouragé les opérations de maintien de la paix à s’adapter aux réalités du terrain dans un contexte financier critique. La déléguée nippone a salué les efforts considérables des missions pour élaborer des budgets réalistes.
Le Rwanda a demandé une évaluation robuste des performances des opérations de maintien de la paix tout en soulignant que la coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales, notamment africaines, est capitale. L’Égypte, au nom du Groupe des États d’Afrique, a formulé la même remarque. Ces opérations doivent être dotées des ressources nécessaires, a martelé le Royaume-Uni qui a dans le même temps rappelé « la gravité de la situation financière de l’ONU ». L’utilisation de tout dollar doit être examinée et réexaminée, a-t-elle plaidé.
Il est impératif de remédier à cette situation, ont renchéri l’UE et bien d’autres délégations, se disant disposées à s’engager sans délai et de manière constructive dans des mesures concrètes visant à renforcer la situation financière de l’Organisation et à garantir la stabilité des opérations de maintien de la paix. « Nous exhortons tous les États Membres à s'acquitter de leurs obligations financières envers les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, intégralement, dans les délais et sans conditions, comme le prévoit la Charte des Nations Unies », a lancé la délégation de l’UE.
Les comptes pour l’exercice clos le 30 juin 2024
Après l’adoption du programme de travail (A/C.5/79/L.35) et la présentation des rapports financiers et états financiers audités et rapports du Comité des commissaires aux comptes, l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a exprimé sa profonde préoccupation face à l’aggravation du déficit financier des comptes des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour l’exercice clos le 30 juin 2024, qui a plus que doublé pour atteindre 541,9 millions de dollars. Cela est dû principalement à la liquidation de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et à la baisse significative des contributions recouvrées.
Cette situation résulte du non-paiement à temps et intégralement des quotes-parts, a déploré le G77 qui a demandé à nouveau à tous les États Membres de verser intégralement, dans les délais et sans conditions, leurs contributions obligatoires. En ce qui concerne les arrangements en matière de recouvrement des coûts, le Groupe s’est dit préoccupé par le surplus combiné de recouvrement des coûts de plus de 400 millions de dollars.
Les questions transversales
L’examen des questions transversales, notamment les dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles, a conduit la Suisse, au nom également du Liechtenstein, à commenter le chiffre de 675 allégations rapportées en 2024, « un chiffre alarmant mais qui ne représente probablement qu’une fraction des cas réels ». « Nous sommes profondément préoccupés par le manque persistant de ressources dédiées, le déficit de coordination sur le terrain et les lenteurs administratives qui compromettent l’assistance aux victimes », a déclaré la délégation insistant sur l’importance d’une mise en œuvre rapide des recommandations du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) à ce sujet.
Israël a souligné l’importance de la question du soutien médical dans le cadre des missions, comme les évacuations. La télémédecine devrait par ailleurs être d’une grande utilité pour les Casques bleus, d’après la déléguée qui a aussi souligné l’importance cruciale de la santé mentale. Elle a donc prié d’accélérer les services de santé mentale pour les soldats de paix en déploiement.
Le financement du Centre de services régional d’Entebbe et autres missions
Par ailleurs, l’examen du financement du Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda) a été l’occasion pour la délégation de l’Ouganda de rappeler au Secrétaire général que les agents recrutés au niveau national du Centre peuvent prétendre à des contrats durée indéterminée lorsqu’ils remplissent les conditions requises.
L’examen des financements prévus pour plusieurs missions, forces et opérations de la paix des Nations Unies a été l’occasion pour la Serbie de dire que la poursuite des activités de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) demeure indispensable compte tenu de la situation au Kosovo. La déléguée serbe a rappelé l’importance du respect des droits de la population non albanophone et souligné les questions qui restent en suspens, comme la protection du patrimoine religieux. La Serbie appuie fermement la MINUK et la normalisation des relations avec l’Albanie, a-t-elle déclaré.
Enfin, s’agissant des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé, le G77 a noté avec satisfaction que, selon le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), aucun prêt provenant d’opérations de maintien de la paix clôturées n'a été accordé au budget ordinaire au cours de la période considérée.
Ces questions seront abordées de manière approfondie au cours de cette deuxième reprise de session de la Cinquième Commission, qui devra examiner dès demain le budget du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet 2025 au 30 juin 2026.
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